La sainte Bible
James E. Talmage (1862-1933)
Président de l'université d'Utah de 1894 à 1897
Membre du collège des Douze de 1911 à 1933
Comment nous acceptons la Bible.
- L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours accepte la sainte Bible comme le premier de ses livres
canoniques, le premier des livres qui ont été proclamés
être ses guides écrits en foi et en doctrine. Dans le
respect sacré que les saints des derniers jours ont pour la
Bible, ils ont la même position que les confessions chrétiennes
en général ; mais là où ils
diffèrent d'elles c'est lorsqu'ils reconnaissent, en outre,
certaines autres Écritures comme authentiques et sacrées,
Écritures qui concordent avec la Bible et servent à
soutenir et à souligner ses faits et ses doctrines.
Les données historiques et autres sur lesquelles repose la foi
chrétienne actuelle, quant à l'authenticité des
écrits bibliques, sont acceptées sans réserve
par les saints des derniers jours, comme elles le sont par les
membres de n'importe quelle confession, et en interprétation
littérale, il est probable que cette Église
excelle.
Néanmoins,
l'Église fait des réserves en cas de traduction
erronée, celle-ci pouvant résulter de l'incapacité
humaine, et même dans cette mesure de précaution, nous
ne sommes pas seuls car les érudits bibliques admettent
généralement la présence d'erreurs de ce genre à
la fois de traduction et de transcription du texte. Les saints des
derniers jours croient que les textes originaux sont la parole de
Dieu à l'homme, et que, pour autant que ces textes ont été
traduits correctement, les traductions en sont considérées
comme d'authenticité égale. La Bible anglaise professe
être une traduction faite par la sagesse de l'homme ; les
hommes les plus savants ont été enrôlés
pour la préparer et cependant pas une seule version n'a été
publiée sans que des erreurs aient été admises.
Cependant, un chercheur impartial trouvera plus de raisons de
s'étonner du petit nombre d'erreurs qui ont été
commises que du fait qu'on y trouve des erreurs.
Il n'y a pas et il ne peut y avoir de traduction absolument exacte et
sûre de ces Écritures ou d'autres Écritures à
moins qu'elle ne soit faite grâce au don de traduction, l'un
des dons du Saint-Esprit. Le traducteur doit avoir l'esprit du
prophète s'il veut rendre dans une autre langue, les paroles
du prophète ; et la sagesse humaine seule ne suffit pas
pour posséder cet esprit. Que la Bible soit donc lue avec
révérence et un soin pieux, le lecteur recherchant
toujours, par la prière, la lumière de l'Esprit afin de
pouvoir discerner les erreurs des hommes.
Le nom « Bible ».
- Selon l'usage actuel, le terme sainte
Bible désigne
la collection d'écrits
sacrés connus encore sous le nom d'Écritures
hébraïques, qui contiennent un récit des relations
de Dieu avec la famille humaine ; récit qui est
entièrement limité - à l'exception du récit
des événements antédiluviens - au
Proche-Orient. Le mot Bible,
quoique de nombre singulier, est la forme française d'un
pluriel grec, Biblia,
qui signifie littéralement livres.
L'emploi de ce mot remonte probablement au quatrième siècle,
époque à laquelle nous trouvons Chrysostome employant
ce terme pour désigner les livres scripturaux reconnus alors
comme canoniques par les chrétiens grecs. Il faut noter que
l'idée d'une collection de livres prédomine dans tous
les usages anciens du mot Bible ;
les Écritures étaient alors, comme maintenant,
composées des écrits de nombreux auteurs, séparés
les uns des autres par de longues périodes de temps. On peut
trouver, dans l'harmonie et l'unité qui règnent dans
toutes ces productions diverses, une preuve importante de leur
authenticité.
Le mot
Biblia
fut ainsi doté d'un sens particulier en grec, signifiant les
livres saints, pour distinguer les Écritures sacrées
des autres écrits. Le terme devint bientôt courant en
latin, langue dans laquelle il fut employé, dès le
début, dans son sens particulier. Par l'usage du latin
- peut-être au cours du treizième siècle -
le mot finit par être considéré comme nom
singulier signifiant le
livre ; cette
déviation du sens pluriel, invariablement associé au
terme dans le grec original, tend à obscurcir les faits. Il
semble peut-être que la dérivation d'un mot soit de peu
d'importance ; cependant, dans ce cas, la forme originale et
l'usage premier du titre maintenant courant de ce volume sacré
présentent un intérêt instructif, étant
donné qu'ils projettent une certaine lumière sur la
compilation du livre dans sa forme actuelle.
Il est évident que le nom Bible,
avec sa signification courante, ne peut pas être de lui-même
un terme biblique ; son emploi pour désigner les
Écritures hébraïques est tout à fait
extérieur à ces Écritures elles-mêmes.
Dans sa première application, qui date des temps
post-apostoliques, il embrassait la plupart sinon tous les livres de
l'Ancien et du Nouveau Testament. Antérieurement à
l'époque du Christ, les livres de l'Ancien Testament n'étaient
pas connus sous un seul nom collectif, mais étaient désignés
par groupe : (1) le Pentateuque, ou les cinq livres de la Loi ;
(2) les Prophètes ; et (3) les Hagiographes, qui
comprennent tous les livres sacrés non inclus dans les autres
groupes. Mais nous pouvons le mieux considérer les différentes
parties de la Bible en prenant les divisions principales séparément.
La Bible est divisée tout naturellement par le ministère
terrestre de Jésus-Christ ; les écrits des temps
pré-chrétiens prirent le nom d'Ancienne Alliance ;
ceux qui datent de l'époque du Sauveur et des années
qui suivirent immédiatement, prirent le nom de Nouvelle
Alliance (voir 1 Corinthiens 11:25 ; comparer avec Jérémie
31:31-33). Le terme Testament
fut de plus en plus employé et les termes
Ancien
Testament et
Nouveau Testament
devinrent communs.
L'ANCIEN
TESTAMENT
Son origine et son
développement.
- À l'époque du ministère de notre Seigneur dans
la chair, les Juifs étaient en possession de certaines
Écritures qu'ils considéraient comme canoniques ou
faisant autorité. Il ne peut guère y avoir de doute
quant à l'authenticité de ces ouvrages, car ils furent
fréquemment cités par le Christ et ses apôtres,
qui les appelaient « les Écritures »
(Jean 5:39 Actes 17:11). Le Seigneur les mentionne expressément
sous les termes acceptés pour les classifier : la loi de
Moïse, les prophètes et les Psaumes (voir Luc 24:24). Les
livres ainsi acceptés par le peuple à l'époque
du Christ sont parfois désignés sous le nom de « canon
juif des Écritures ». Le terme
canon,
employé couramment aujourd'hui, suggère non pas des
livres qui sont simplement
dignes de foi, authentiques ou même inspirés, mais les
livres qui sont reconnus comme des guides faisant autorité en
foi et en pratique. Le terme a une dérivation instructive. Son
original grec, kanôn,
signifiait règle droite à mesurer et, de là, il
prit le sens de critère de comparaison, loi, épreuve,
s'appliquant aux sujets moraux aussi bien qu'aux objets
matériels.
Quant à
la formation du canon juif, ou Ancien Testament, nous lisons que
Moïse en écrivit la première partie, c'est-à-dire
la Loi, et qu'il la confia aux soins des prêtres ou Lévites,
en leur donnant l'ordre de la conserver dans l'arche de l'alliance
(voir Deutéronome 31:9,24-26) pour être témoin
contre Israël dans ses transgressions. Prévoyant
qu'Israël serait un jour gouverné par un roi, Moïse
donna le commandement que le monarque fit une copie de la Loi pour
lui servir de guide (voir Deutéronome 17:18). Josué,
qui succéda à Moïse dans certaines des fonctions
de conducteur du peuple d'Israël, écrivit davantage sur
les relations de Dieu avec le peuple, et les préceptes
divins ; et, selon toute évidence, il ajouta cet écrit
à la loi telle qu'elle avait été écrite
par Moïse (voir Josué 24:26). Trois siècles et
demi après l'époque de Moïse, pendant lesquels la
théocratie fut remplacée par une monarchie, Samuel, le
prophète approuvé du Seigneur, écrivit au sujet
de ce changement, « dans un livre, qu'il déposa
devant l'Éternel » (Samuel 10:25). Ainsi la loi de
Moïse s'augmenta d'écrits ultérieurs faisant aussi
autorité. D'après les écrits d'Ésaïe,
nous apprenons que le peuple avait accès au Livre du
Seigneur ; car le prophète exhorta à le chercher
et à le lire (voir Ésaïe 34:16). Il est évident,
alors, qu'à l'époque d'Ésaïe le peuple
disposait d'une autorité écrite en doctrine et en
pratique.
Près de quatre
siècles plus tard, vers 640-630 av. J.-C., alors que l'intègre
roi Josias occupait le trône de Juda, après la division
d'Israël, Hilkijah, grand-prêtre et père du
prophète Jérémie, découvrit, dans le
temple, « un livre de la loi du Seigneur » (2
Chroniques 34:14,15 ; voir aussi Deutéronome 31:26), qui
fut lu devant les rois (voir 2 Rois 22:8-10). Ensuite, au cours du
cinquième siècle av. J.-C., à l'époque
d'Esdras, l'édit du Cyrus permit au peuple captif de Juda,
reste du peuple d'Israël autrefois uni, de retourner à
Jérusalem (voir Esdras 1:1-3) pour y rebâtir le temple
du Seigneur, selon la loi (voir Esdras 7:12-14) de Dieu qui se
trouvait alors entre les mains d'Esdras. Nous pouvons en déduire
que la loi écrite était connue alors ; et c'est à
Esdras qu'est généralement attribué le mérite
d'avoir compilé les livres de l'Ancien Testament tel qu'il
pouvait se présenter à son époque ; il y
ajouta ses propres écrits (voir le livre d'Esdras). Il fut
probablement assisté dans ce travail de compilation par
Néhémie et les membres de la grande synagogue, collège
juif composé de cent vingt savants (cette information
historique est donnée dans certains ouvrages apocryphes ;
voir Esdras). Le livre de Néhémie, qui continue les
annales historiques commencées par Esdras, est supposé
avoir été écrit par le prophète dont il
porte le nom et, en partie du moins, du vivant d'Esdras. Ensuite, un
siècle plus tard, Malachie (Malachie, chapitres 3, 4), le
dernier de cette lignée de grands prophètes qui
fleurirent avant la dispensation du Christ (ndlr : une
dispensation de l'Évangile est une époque au cours de
laquelle se trouve sur la terre au moins un serviteur de Dieu qui
détient les clefs de la sainte prêtrise), ajouta ses
écrits, complétant et fermant virtuellement le canon
pré-chrétien, par une promesse prophétique sur
le Messie et sur le messager dont la tâche serait de préparer
les voies du Seigneur, surtout en ce qui concerne les derniers jours,
notre époque actuelle.
Ainsi, il est évident que l'Ancien Testament se développa
par l'apport des écrits successifs d'auteurs autorisés
et inspirés, de Moïse à Malachie, et que sa
compilation fut un procédé naturel et graduel, chaque
addition étant « déposée devant le
Seigneur », comme le disent les Écritures sacrées,
en compagnie des écrits précédents. Sans aucun
doute les Juifs connaissaient beaucoup d'autres livres qui ne sont
pas inclus dans l'Ancien Testament
tel que nous le connaissons à présent ; nous
trouvons d'abondantes allusions à ces livres dans les
Écritures elles-mêmes, allusions qui prouvent que
beaucoup de ces livres extra-canoniques étaient considérés
comme ayant une autorité considérable. Mais nous
étudierons cette question plus loin à propos des
Apocryphes. La canonicité reconnue des livres de l'Ancien
Testament est attestée par les nombreuses mentions que l'on
trouve dans les derniers livres au sujet des premiers, et par les
nombreuses citations de l'Ancien Testament que l’on trouve dans
le Nouveau. On a relevé environ deux cent trente citations ou
mentions directes, et, en plus de cela, on y rencontre des centaines
d'allusions moins directes.
Le
langage de l’Ancien Testament.
- Presque tous les livres de l'Ancien Testament ont été
écrits à l'origine en hébreu. Des savants
affirment avoir trouvé des preuves que des petites parties des
livres d'Esdras et de Daniel ont été écrites en
chaldéen ; mais le fait que l'hébreu prévaut
comme langue des Écritures originales a valu à l'Ancien
Testament l'appellation commune de Canon Juif ou Hébreu. Du
Pentateuque, deux versions ont été reconnues - la
version hébraïque, propre, et la samaritaine, qui fut
conservée dans les caractères hébreux les plus
anciens par les Samaritains, qui étaient méprisés
des Juifs.
La
version des Septante et le Peshito.
- Nous reconnaissons d'abord la traduction importante du canon hébreu
connue sous le nom de Version
des Septante. C'est
une version grecque de l'Ancien Testament, traduite de l'hébreu
sur les instances d'un monarque égyptien, probablement
Ptolémée Philadelphe, vers l'an 286 av. J.-C. Le nom
Version des Septante
a été donné, dit-on, parce que la traduction fut
l’œuvre de soixante-douze anciens, soixante-dix ou
septante en chiffres ronds ; ou, selon d'autres traditions,
parce que le travail fut accompli en soixante-dix ou soixante-douze
jours ; ou bien encore, selon d'autres histoires, parce que la
version reçut la sanction du conseil ecclésiastique
juif, le Sanhédrin, qui comprend soixante-douze membres. Ce
qui est certain, c'est que la version des Septante, parfois désignée
par les chiffres romains LXX, était la version courante parmi
les Juifs à l'époque du ministère terrestre du
Christ, et fut citée par le Sauveur et ses apôtres dans
leurs allusions à l'ancien canon. Elle est considérée
comme la plus authentique des versions anciennes, et elle est en
usage de nos jours parmi les catholiques grecs et les autres églises
orientales. Il est ainsi évident que depuis environ trois
cents ans avant Jésus-Christ, l'Ancien Testament a été
d'usage courant, à la fois en hébreu et en grec ;
et cette duplication a été un moyen de protection
efficace contre les altérations.
Une autre compilation, le Peshito, fut faite, selon la tradition, à
une date assez ancienne mais indéterminée et est
appelée « la plus ancienne version syriaque de là
Bible ». Elle contient les livres canoniques de l'Ancien
Testament et un grand nombre de livres du Nouveau Testament, omettant
toutefois 2 Pierre, 2 et 3 Jean, Jude et l'Apocalypse. Le Peshito est
considéré par les érudits comme un ouvrage d'une
grande valeur critique.
La
compilation actuelle
reconnaît trente-neuf livres dans l'Ancien Testament ;
ceux-ci furent originellement combinés en vingt-deux livres,
correspondant aux lettres de l'alphabet hébreu. Les
trente-neuf livres, tels qu'ils sont constitués à
présent, peuvent être classés de façon
commode comme suit :
Le
Pentateuque ou les Livres de la Loi : 5
Les Livres Historiques :
12
Les Livres Poétiques : 5
Les Livres des Prophètes
: 17
Les livres de la loi.
- Les cinq premiers livres de la Bible portent collectivement le nom
de Pentateuque (pente - cinq, teukhos
- volume) et s'appelaient, parmi les anciens Juifs, la Torah,
ou la loi. Moïse est traditionnellement considéré
comme leur auteur (voir Esdras 6:18 ; 7:6 Néhémie
8:1 Jean 7:10) et, par conséquent, « Les Cinq
Livres de Moïse » est une autre appellation
communément employée. Ils donnent l'histoire, aussi
brève qu'elle soit, du genre humain de la création au
déluge, et de Noé à Israël ; ensuite
un récit plus détaillé de la vie des Israélites
lors de leur esclavage en Égypte ; et de là, des
quarante années de voyage dans le désert jusqu'au
moment où les Israélites campèrent du côté
le plus éloigné de la Jordanie.
Les livres historiques, au nombre de douze, comprennent:
Josué, les Juges, Ruth, les deux livres de Samuel, les deux
livres des Rois, les deux livres des Chroniques, Esdras, Néhémie,
Esther. Ils racontent l'histoire de l'entrée des Israélites
dans la terre promise et du chemin qu'ils parcoururent ensuite à
travers trois périodes distinctes de leur existence de peuple
(1) en tant que nation théocratique, organisée en
tribus unies par les liens de la religion et du sang ; (2) en
tant que monarchie, d'abord royaume uni, ensuite nation divisée
contre elle-même ; (3) en tant que peuple partiellement
conquis dont les vainqueurs devaient restreindre
l'indépendance.
Les
livres poétiques, sont au nombre de cinq : Job, les
Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste et le Cantique des
Cantiques. On les appelle fréquemment ouvrages doctrinaux ou
didactiques et le terme désignatif grec Hagiographes (hagios
- saint et graphe - écrit) est encore
appliqué (comme il a été dit, on entend
généralement par « Hagiographes »
ou écrits sacrés, les cinq ouvrages poétiques de
l'Ancien Testament. Certaines autorités étendent la
liste pour lui faire inclure tous les livres, mentionnés dans
le Talmud comme hagiographes, à savoir : les Proverbes,
l'Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, les Lamentations et
Daniel). Ils proviennent d'époques très différentes
et le fait qu'ils sont associés dans la Bible est probablement
dû au fait que les Églises juives les ont employés
comme règles à suivre dans leurs dévotions.
Les livres des prophètes comprennent les ouvrages plus
volumineux : Ésaïe, Jérémie, y compris
ses Lamentations, Ézéchiel et Daniel, communément
appelés les écrits des quatre grands prophètes ;
et les douze livres suivants, plus petits - Osée, Joël,
Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habakuk, Sophonie, Aggée,
Zacharie, et Malachie, appelés les livres des petits
prophètes. Ils donnent la teneur de la parole du Seigneur
à son peuple, de l'encouragement, des avertissements et des
reproches, selon leur condition, avant, pendant et après leur
captivité.
Les
Apocryphes comprennent un certain nombre de livres d'authenticité
douteuse, bien qu'ayant été, à certaines
époques, tenus en grande estime. C'est ainsi qu'ils furent
ajoutés à la version des Septante, et, pendant un
certain temps, ils furent acceptés par les Juifs d'Alexandrie.
Cependant, leur origine étant trop douteuse, ils n'ont jamais
été généralement admis. Ils ne sont pas
cités dans le Nouveau Testament. Le qualificatif apocryphe
signifiant caché ou secret, fut appliqué pour la
première fois à ces livres par Jérôme.
L'Église romaine professe les reconnaître comme
Écritures, cette décision ayant été prise
par le Concile de Trente (1546), quoique un certain doute sur
l'authenticité de ces ouvrages semble exister toujours, même
parmi les autorités de l'Église catholique romaine. Le
sixième article de la Liturgie de l'Église anglicane
définit les vues orthodoxes de l'Église quant au but et
à la signification des saintes Écritures ; et,
après avoir spécifié les livres de l'Ancien
Testament qui sont considérés comme canoniques,
poursuit ainsi : « Et les autres livres (comme le dit
Hiérome [Jérôme]), l'Église les lit en
tant qu'exemple pour la vie et instruction pour la conduite ;
mais, cependant, elle ne les applique pas pour établir de
doctrine ; et voici ces livres : Le Troisième Livre
d'Esdras ; Le Quatrième Livre d'Esdras ; Le Livre de
Tobie ; Le Livre de Judith ; Le reste du Livre d'Esther ;
Le Livre de la Sagesse ; Jésus, le Fils de Sirach ;
Baruch le Prophète ; Le Cantique des Trois Enfants ;
L'Histoire de Suzanne ; de Bel et le Dragon ; La Prière
de Manassé ; Le Premier Livre des Machabées ;
Le Second Livre des Machabées ».
LE
NOUVEAU TESTAMENT
Son
origine et son authenticité. - Depuis la dernière
partie du quatrième siècle de notre ère, il ne
s'est guère élevé de question importante au
sujet de l'authenticité des livres du Nouveau Testament, tel
qu'il est constitué à présent. Pendant des
siècles, le Nouveau Testament a été accepté
comme canon des Écritures par ceux qui professent la foi
chrétienne. On trouve couramment, au quatrième siècle,
des listes des livres du Nouveau Testament tels que nous les
possédons maintenant ; nous pouvons mentionner, parmi ces
listes, les catalogues d'Athanase, d'Épiphane, de Jérôme,
de Rufin, d'Augustin d'Hippone, et la liste publiée par le
troisième Concile de Carthage. À ces catalogues on peut
en ajouter quatre autres qui diffèrent des précédents
en ce qu'ils omettent l'Apocalypse de Jean dans trois cas, et
l'Épître aux Hébreux dans un.
Cette abondance de preuves au sujet de la constitution du Nouveau
Testament au quatrième siècle est un résultat
des persécutions anti-chrétiennes de cette époque.
Au début du siècle en question, les mesures
d'oppression de Dioclétien, empereur de Rome, étaient
dirigées non seulement contre les chrétiens
individuellement et collectivement, mais aussi contre leurs écrits
sacrés, que le monarque fanatique essaya de détruire
(voir The Great Apostasy, du même auteur, p. 73).
Certaines mesures de clémence étaient prévues à
l'intention de ceux qui livraient les livres saints confiés à
leur garde ; et pas mal de gens saisirent cette occasion de
sauver leur vie. Lorsque les rigueurs de la persécution se
relâchèrent, les Églises essayèrent de
juger ceux de leurs membres qui avaient faibli dans leur fidélité
à la foi, en livrant les Écritures, et tous furent
frappés d'anathème pour trahison. Étant donné
qu'un grand nombre de livres ainsi livrés sous menace de mort
n'étaient pas, à cette époque, acceptés
généralement comme sacrés, ce devint une
question de première importance de décider quels livres
au juste étaient reconnus à ce point sacrés que
leur abandon ferait d'un homme un traître (voir Hisforic
Evidence of the Origin... of the Books of the New Testament 12,
par Tregelles). C'est de là que nous trouvons Eusèbe
répartissant les livres de l'époque messianique et
apostolique en deux classes : (1) ceux dont la canonicité
était reconnue ; les Évangiles, les Épîtres
de Paul, les Actes, 1 Jean, 1 Pierre et probablement l'Apocalypse ;
(2) ceux dont l'authenticité était discutée :
les Épîtres de Jacques, 2 Pierre, 2 et 3 Jean, et Jude.
À ces deux catégories il en ajouta une troisième
comprenant les livres qui étaient reconnus comme faux (voir
Eusèbe, Ecclesiastical History, 3:25).
La liste publiée par Athanase, qui date approximativement du
milieu du quatrième siècle, donne la constitution du
Nouveau Testament, tel que nous le possédons maintenant; et, à
cette époque, tout doute sur l'exactitude de l'énumération
semble avoir été écarté ; et nous
trouvons le Nouveau Testament, accepté communément par
les chrétiens de Rome, d'Égypte, d'Afrique, de Syrie,
d'Asie Mineure et de la Gaule. Le témoignage d'Origène,
qui écrivit au troisième siècle, et celui de
Tertullien, qui vécut au deuxième furent examinés
et prononcés concluants, par les auteurs qui vinrent après,
en faveur de la canonicité des Évangiles et des écrits
apostoliques. Chaque livre fut jugé d'après ses propres
mérites, et tous furent déclarés, par
consentement commun, faisant autorité et obligatoires dans les
églises.
S'il faut
remonter plus haut, nous pouvons noter le témoignage d'Irénée,
connu dans l'histoire ecclésiastique comme Évêque
de Lyon ; il vécut dans la seconde moitié du
deuxième siècle et fut, dit-on, disciple de Polycarpe,
qui fut personnellement associé avec Jean le Révélateur.
Ses écrits volumineux affirment l'authenticité de la
plupart des livres du Nouveau Testament et déterminent les
auteurs de ces livres tels qu'ils sont admis à présent.
À ces témoignages peuvent être ajoutés
ceux des saints de Gaule, qui écrivirent à leurs
compagnons de souffrance en Asie, citant à profusion les
Évangiles, les épîtres et l'Apocalypse (voir
Eusèbe, livre 4) ; les déclarations de Méliton,
évêque de Sardes, qui fit un voyage dans l'Est pour
déterminer quels étaient les livres canoniques,
particulièrement de l'Ancien Testament (Eusèbe 4:26) ;
et les attestations solennelles de Justin Martyr, qui embrassa le
christianisme après l'avoir étudié sérieusement
et savamment et qui subit la mort pour ses convictions. En plus des
témoignages individuels nous avons ceux des conciles
ecclésiastiques et des collèges officiels par lesquels
les questions d'authenticité furent jugées et
tranchées. À cet égard, on peut mentionner le
Concile de Nicée, en 325 ap. J.-C. ; le Concile de
Laodicée, en 363 ap. J-C. ; le Concile d'Hippone, en 393
ap. J.-C. ; les troisième et sixième Conciles de
Carthage, en 397 et 419 ap. J.-C.
Depuis cette dernière date, aucune dispute au sujet de
l'authenticité du Nouveau Testament n'a réclamé
beaucoup d'attention. Il est maintenant trop tard et la distance qui
nous sépare de son origine est trop grande pour qu'il soit
sage de remettre la question sur le tapis. Le Nouveau Testament doit
être accepté pour ce qu'il affirme être ; et
bien que beaucoup de parties précieuses en aient peut-être
été supprimées ou perdues, tandis que certaines
corruptions ont pu se glisser dans les textes et des erreurs
s'introduire par inadvertance, suite à l'incapacité des
traducteurs, dans l'ensemble, le volume doit être accepté
comme authentique et digne de foi, et comme partie essentielle des
sainte Écritures (comparez avec Jean 5:39).
Classification du Nouveau Testament. - Le Nouveau Testament
comprend vingt-sept livres, classés commodément comme
suit :
Historiques
: 5
Didactiques : 21
Prophétiques : 1
Les livres historiques comprennent les quatre Évangiles
et les Actes des Apôtres. Les auteurs de ces ouvrages sont
appelés évangélistes et sont Matthieu, Marc, Luc
et Jean ; c'est à Luc que sont attribués les Actes
des Apôtres.
Les
livres didactiques comprennent les épîtres ; et
celles-ci peuvent être rangées en trois groupes :
(1) Les Épîtres de Paul comprenant (a) ses
lettres doctrinales adressées aux Romains, aux Corinthiens,
aux Galates, aux Éphésiens, aux Philippiens, aux
Colossiens, aux Thessaloniciens et aux Hébreux ; (b) ses
communications pastorales à Timothée, à Tite et
à Philémon ; (2) Les Épîtres
Générales de Jacques, Pierre, Jean et Jude.
Les ouvrages prophétiques, qui consistent en la
Révélation de Jean, connue aussi sous le nom
d'Apocalypse.
LA
BIBLE DANS L'ENSEMBLE
Premières versions de la Bible. - De nombreuses
versions de l'Ancien Testament et des Testaments combinés ont
paru à différentes époques. Nous avons déjà
noté le texte hébreu et le double samaritain du
Pentateuque, et la version grecque des Septante avec une mention sur
le Peshito. Des révisions et des traductions modifiées
rivalisèrent avec la version des Septante aux premiers siècles
de l'ère chrétienne ; Théodose, Aquila et
Symmaque publièrent chacun une nouvelle version. Une des
premières traductions latines fut la Version Italique,
probablement préparée au cours du deuxième
siècle ; cette version fut, plus tard, corrigée et
amendée, et reçut le nom de Vulgate, que
l'Église catholique romaine considère encore
aujourd'hui comme la version authentique. Cette version comprend
l'Ancien et le Nouveau Testament.
Versions modernes de la Bible. - Jean des Vignes fut le
premier à traduire une partie des saintes Écritures,
les Épîtres et les Évangiles, en langue
française. La première version française
protestante du Nouveau et de l'Ancien Testament fut publiée
par Olivétan, avec l'aide de Jean Calvin, à Neuchâtel,
en Suisse, en 1535, et à Genève en 1540. Une autre
édition de cette Bible parut en 1588 et fut appelée
Bible de Genève parce qu'elle avait été revue
par le Collège des Docteurs de Genève. David Martin
publia en 1707, à Amsterdam, une révision de cette
Bible, édition qui fut revue et corrigée dans la suite
par l'évêque Luscombe. D'autre part, Pierre de Vaux fit
publier, à Lyon, vers 1160, une version du Nouveau Testament
en langue populaire.
Quant aux
versions françaises catholiques, nous citerons celle de
Lemaistre de Sacy, du dix-septième siècle, celle de
Glaire et la version moderne de Crampon.
En 1611, fut publiée la version anglaise autorisée, ou
traduction du roi Jacques ; c'était une nouvelle
traduction de l'Ancien et du Nouveau Testament, faite d'après
les textes hébreux et grecs, par quarante-sept savants, sur
l'ordre du roi Jacques 1er, d'Angleterre. Cette version remplaça
toutes les versions précédentes et est restée,
jusqu'à présent, en dépit des défauts
nombreux et graves qu'elle contient, la version la plus populaire et
la plus couramment employée par les protestants dans les pays
de langue anglaise. En 1885, une Version Revisée fut publiée ;
- cependant celle-ci n'a pas encore été acceptée
généralement.
Authenticité de la Bible. - Aussi intéressantes
et instructives que puissent être ces données
historiques et littéraires sur les Écritures
hébraïques, l'examen de celles-ci est subordonné à
celui de l'authenticité des livres. Car puisque, en commun
avec le reste du monde chrétien, nous les avons acceptés
comme la parole de Dieu, il convient particulièrement que nous
examinions l'authenticité des écrits sur lesquels notre
foi se base dans une si grande mesure. Toutes les preuves présentées
par la Bible elle-même, tels sa langue, les détails
historiques et la cohérence de son contenu, s'unissent pour
confirmer la prétention de la Bible que les différents
livres ont bien été écrits par les auteurs
auxquels ils sont attribués. Dans une multitude de cas, la
comparaison est aisée entre le récit de la Bible et
l'histoire séculière, surtout en ce qui concerne les
biographies et les généalogies ; et, dans de tels
cas, il a été découvert que les deux
concordaient généralement. Nous trouvons une autre
preuve dans l'individualité dont fait preuve chaque écrivain,
ce qui a pour résultat une diversité bien marquée
de styles ; tandis que l'unité qui règne dans
l'ensemble de l'ouvrage proclame l'opération d'une influence
directrice à travers tous les âges du développement
du livre ; et celle-ci ne peut être rien moins que le
pouvoir d'inspiration, qui influença tous ceux qui furent
acceptés comme instruments de la volonté divine pour
préparer ce livre des livres. La tradition, l'histoire,
l'analyse littéraire, et par-dessus tout cela, l'épreuve
de la recherche par la prière et de l'étude tournée
vers la découverte de la vérité, s'unissent pour
prouver l'authenticité de ce volume d'Écritures et pour
montrer la voie, définie dans ses pages, qui ramène les
hommes dans la Présence Éternelle.
Témoignage du Livre de Mormon concernant la Bible. -
Les saints des derniers jours acceptent le Livre de Mormon comme
volume d'Écritures sacrées qui, de même que la
Bible, contient la parole de Dieu. Il peut être utile de
mentionner les preuves collatérales fournies par cet ouvrage
en faveur de l'authenticité des Écritures juives ;
et de l'intégrité générale de ces
dernières dans leur forme actuelle. Selon le Livre de Mormon,
le prophète Léhi et sa famille, en compagnie de
quelques autres personnes, quittèrent Jérusalem, sur
l'ordre de Dieu, en 600 av. J.-C., au cours de la première
année du règne de Sédécias. Avant de
quitter leur pays natal, les voyageurs se procurèrent
certaines annales, gravées sur des plaques d'airain. Parmi ces
écrits, se trouvaient une histoire des Juifs et certaines
Écritures considérées à l'époque
comme authentiques.
Léhi
examina les annales : « Et il vit qu'elles
contenaient les cinq livres de Moïse, qui donnaient l'histoire
de la création du monde, et aussi d'Adam et d'Ève, qui
furent nos premiers parents ; et aussi une histoire des Juifs
depuis le début jusqu'au commencement du règne de
Sédécias, roi de Juda ; et aussi les prophéties
des saints prophètes, depuis le début jusqu'au
commencement du règne de Sédécias ; et
aussi, beaucoup de prophéties qui ont été dites
de la bouche de Jérémie » (1 Néphi
5:10-13). Cette allusion directe au Pentateuque et à certains
prophètes juifs est une preuve externe précieuse de
l'authenticité de ces parties des annales bibliques.
Néphi, fils de Léhi, apprit dans une vision de
l'avenir, les desseins de Dieu concernant la famille humaine et vit
qu'un livre de grande valeur, contenant la parole de Dieu et les
alliances du Seigneur avec Israël, parviendrait des Juifs aux
Gentils (voir 1 Néphi 13:21-23). Nous apprenons, plus loin,
que la compagnie de Léhi, qui, comme nous le verrons, fut
conduite à travers les eaux sur le continent occidental, où
elle s'établit et devint, par la suite, un peuple nombreux et
puissant, avait l'habitude d'étudier les Écritures
gravées sur les plaques d'airain ; et, de plus, leurs
écrivains en incorporèrent de longues citations dans
leurs propres annales grandissantes (voir 1 Néphi chapitres
20-21 ; 2 Néphi chapitres 7-8, 12-24). Voilà
pour le témoignage du Livre de Mormon sur l'authenticité
de l'Ancien Testament ou du moins de ces parties du canon juif qui
étaient complètes lorsque la petite colonie d'émigrants
de Léhi quitta Jérusalem, pendant le ministère
du prophète Jérémie.
Mais, en outre, cette voix de l'Ouest n'est pas muette au sujet des
Écritures du Nouveau Testament. Dans des visions prophétiques,
de nombreux prophètes néphites virent et ensuite
prédirent le ministère du Christ au midi des temps, et
écrivirent des prédictions concernant les événements
principaux de la vie et de la mort du Sauveur, le tout avec une
fidélité et des détails frappants. Ce témoignage
est rapporté de Néphi (voir 1 Néphi 10:4,5 ;
chapitres 11-14 ; 2 Néphi 25:26 ; 26:24), de
Benjamin (Mosiah, chapitre 3 ; 4:3), qui était à
la fois prophète et roi, d'Abinadi (Mosiah, chapitres 13-16),
de Samuel, le Lamanite converti (voir Hélaman 14:12) et
d'autres. En plus de ces prophéties et de beaucoup d'autres
concernant la mission de Jésus-Christ, qui concordent toutes
avec le récit de leur accomplissement rapporté par le
Nouveau Testament, nous trouvons dans le Livre de Mormon, le récit
de la mission du Sauveur ressuscité parmi les Néphites,
au cours de laquelle il établit son Église parmi eux,
selon le modèle que nous trouvons dans le Nouveau Testament;
et, de plus, il leur donna ses instructions en employant des paroles
presque identiques à celles de ses enseignements parmi les
Juifs, en Orient (voir 3 Néphi, chapitres 9-26 ;
comparer, pour les références du Nouveau Testament,
avec Matthieu, chapitres 5-7, etc. ; et pour les mentions de
l'Ancien Testament, avec Ésaïe, chapitre 54 ;
Malachie, chapitres 3, 4).
Source : James E. Talmage, Articles of Faith, Salt Lake City, 1890