Brève histoire de l’Église

 

 

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Une bannière pour les nations

 

(1847-1880)

 

 

 

      Après avoir réussi à faire traverser les plaines par le premier convoi jusqu'en Utah, Brigham Young tourna son attention vers l'établissement du royaume de Dieu dans le désert. Grâce à sa vision et à sa direction, ce qui était un désert total devint une civilisation prospère et un havre pour les saints. La franchise avec laquelle il dirigeait permit aux saints de voir les possibilités qu'offrait leur nouvelle patrie et les aida à poursuivre leur œuvre d’édification du royaume de Dieu.  

 

      Deux jours après l'arrivée du premier convoi, Brigham Young et plusieurs des Douze montèrent sur un promontoire à flanc de montagne dont le président Young avait eu la vision avant de quitter Nauvoo. Ils contemplèrent la vaste étendue de la vallée et prophétisèrent que toutes les nations du monde seraient les bienvenues en ce lieu et que les saints y connaîtraient la prospérité et la paix. Ils appelèrent la colline Ensign Peak, d'après l'Écriture d'Ésaïe qui promettait : « Il élèvera une bannière pour les nations, il rassemblera les exilés d'Israël » (Ésaïe 11:12) (Journal of Discourses, 13:85-86).  

 

      Le premier acte public du président Young, le 28 juillet 1847, fut de choisir un site central pour un temple et de mettre des hommes au travail pour en planifier la conception et la construction. En posant sa canne à l'endroit choisi, il dit : « Ici nous construirons un temple à notre Dieu ». Cette déclaration dut réconforter les saints qui, si peu de temps auparavant, avaient été obligés d'abandonner le culte au temple.  

 

      En août, les dirigeants de l'Église et la plus grande partie du premier convoi de pionniers retournèrent à Winter Quarters pour préparer leurs familles à se rendre dans la vallée du lac Salé l'année suivante. Peu après leur arrivée, Brigham Young et le Collège des Douze eurent le sentiment que le moment était venu de réorganiser la Première Présidence. En qualité de président du Collège des Douze, Brigham Young fut soutenu comme président de l'Église. Il choisit Heber C. Kimball et Willard Richards comme conseillers, et les saints soutinrent leurs dirigeants à l'unanimité.

  

 

Première année dans la vallée  

 

      Deux autres convois de saints arrivèrent dans la vallée du lac Salé avant la fin de l'été 1847, et les saints, dont le nombre s'élevait à près de deux mille, furent organisés pour former le pieu de Salt Lake. On fit des semailles tardives, mais la récolte fut maigre, et lorsqu’arriva le printemps, beaucoup souffraient du manque de nourriture. John R. Young, qui était enfant à l'époque, écrira :  

 

      « Lorsque l'herbe commença à pousser, la famine était devenue grave. Pendant plusieurs mois, nous n'eûmes pas de pain. Du bœuf, du lait, de l'herbe à cochon, des ségos [racines de plantes] et des chardons constituaient notre ordinaire. J'étais le berger, et pendant que j'étais dans les champs à surveiller le troupeau, je mangeais des tiges de chardon jusqu'à en avoir l'estomac aussi rempli que celui d'une vache. Finalement la faim fut si forte que papa descendit de la branche la vieille peau de bœuf picorée par les oiseaux, et on en fit le plus délicieux des potages » (John R. Young, Memoirs of John R. Young, 1920, p. 64).

 

      Les colons collaboraient généreusement et partageaient entre eux. Ils purent ainsi survivre à cette période difficile. En juin 1848, les colons avaient ensemencé entre deux mille et deux mille cinq cents hectares de terre, et la vallée commençait à avoir un aspect vert et fertile. Mais à la consternation des saints, des nuées de sauterelles noires s'abattirent sur les cultures. Les colons firent tout ce qu'ils pouvaient. Ils creusèrent des tranchées et détournèrent des cours d'eau sur les sauterelles. Ils tapèrent sur les insectes à coups de bâton et de balai et essayèrent de les brûler, mais leurs tentatives furent inutiles. Les sauterelles continuaient à arriver et leur nombre paraissait infini. John Smith, patriarche et président du pieu de Salt Lake, demanda un jour de jeûne et de prière. De grands vols de mouettes apparurent bientôt dans le ciel et s'abattirent sur les sauterelles. Susan Noble Grant dit à propos de cette expérience : « Nous eûmes la surprise de voir les mouettes gober, presque avec voracité, les sauterelles qui grouillaient partout » (Carter E. Grant, Le royaume de Dieu rétabli, 1964, p. 450). Les saints regardèrent avec joie et admiration. Ils étaient sauvés.  

 

      Les saints travaillèrent avec énergie et avec foi en dépit de leur situation difficile, et ils ne tardèrent pas à faire de grands progrès. Un voyageur, en route pour la Californie, traversa Salt Lake City en septembre 1849 et leur fit cet éloge : « Je ne me suis jamais trouvé parmi un peuple plus ordonné, plus sérieux, plus industrieux et plus poli que celui-ci, et il est incroyable de voir tout ce que ces gens ont fait en si peu de temps dans ce désert. Dans cette ville, où il y a de quatre à cinq mille habitants, je n'ai pas rencontré un seul oisif, aucune personne qui ait l’air d'un vagabond. Ils ont de bonnes perspectives de récolte, et il y a, dans tout ce qu'on voit, un esprit et une énergie qu'on ne retrouve dans aucune des localités, aussi grandes ou petites soient-elles, où je suis allé » (cité dans B. H. Roberts, Life of John Taylor, 1963, p. 202). 

 

 

Explorations  

 

      À la fin de l'été 1848, Brigham Young fit de nouveau le voyage de Winter Quarters à la vallée du lac Salé. Quand il arriva, il se rendit compte que les saints avaient besoin d'apprendre quelles ressources existaient dans leur nouvel environnement. On apprit beaucoup des Indiens qui vivaient dans la région, mais le président Young envoya également des membres de l'Église en exploration pour découvrir les propriétés médicinales des plantes et les ressources naturelles existantes.  

 

      Il envoya d'autres groupes d'explorateurs trouver des emplacements à coloniser. Au cours de leur voyage, ces groupes découvrirent des dépôts minéraux, du bois en abondance, des sources d'eau et des herbages ainsi que des régions convenant pour la colonisation. Pour empêcher la spéculation immobilière, le prophète recommanda aux saints de ne pas diviser le terrain qui leur était confié pour le vendre à d'autres. La terre était leur intendance et devait être gérée avec sagesse et industrie et non pour un gain financier.  

 

      Pendant l'automne 1849, on créa le fonds perpétuel d'émigration sous la direction du président Young. Sa raison d'être était d'aider les pauvres qui n'avaient pas le moyen de voyager à rejoindre le gros de la population de  l'Église. Au prix de grands sacrifices, beaucoup de saints contribuèrent au fonds, et des milliers de saints purent ainsi faire le voyage jusqu'à la vallée du Lac Salé. Dès qu'ils le pouvaient, ceux qui étaient aidés étaient censés rembourser l'aide qu'ils avaient reçue, de sorte que ces fonds furent utilisés pour en aider d'autres encore. Grâce à cet esprit coopératif, les saints soulagèrent ceux qui étaient dans le besoin.

 

 

Missionnaires

 

      Pendant que le bourdonnement du travail et de la vie domestique remplissait l'air, Brigham Young s'occupait des affaires de l'Église. Lors de la conférence générale tenue le 6 octobre 1849, il chargea plusieurs membres des Douze, ainsi que des missionnaires nouvellement appelés, de partir en mission à l'étranger. Ils acceptèrent cet appel qui les obligeait à laisser derrière eux leurs familles, leurs maisons neuves et beaucoup de tâches inachevées. Erastus Snow et plusieurs anciens ouvrirent l'œuvre missionnaire en Scandinavie, tandis que Lorenzo Snow et Joseph Toronto se rendaient en Italie. Addison et Louisa Barnes Pratt retournèrent dans l'ancien champ de mission d'Addison dans les îles de la Société. John Taylor fut envoyé en France et en Allemagne. Au cours de leur voyage vers l'Est, les missionnaires croisèrent des saints en route pour la nouvelle Sion des montagnes Rocheuses.  

 

      Dans le champ de la mission, les missionnaires furent témoins de miracles et baptisèrent beaucoup de gens. Quand Lorenzo Snow, qui devint plus tard président de l'Église, prêcha en Italie, il vit un garçon de trois ans qui était sur le point de mourir. Il y vit une occasion de guérir l'enfant et d'ouvrir le cœur des gens de la région. Cette nuit-là il pria longtemps et avec ferveur pour avoir les instructions de Dieu, et le lendemain son compagnon et lui jeûnèrent et prièrent pour le garçon. Cet après-midi-là, ils lui firent l'imposition des mains et firent une prière silencieuse pour avoir de l'aide. Le garçon dormit paisiblement toute la nuit et fut miraculeusement guéri. La nouvelle de cette guérison se répandit dans les vallées du Piémont, en Italie. Les portes s'ouvrirent alors aux missionnaires et les premiers baptêmes de la région eurent lieu (Francis M. Gibbons, Lorenzo Snow : Spiritual Giant, Prophet of God, 1982, p. 64).  

 

      En août 1852, lors d'une conférence tenue à Salt Lake City, cent six anciens furent appelés à partir en mission vers des pays du monde entier. Ces missionnaires, ainsi que ceux qui furent appelés plus tard, prêchèrent l'Évangile en Amérique du Sud, en Chine, en Inde, en Espagne, en Australie, à Hawaï et dans le Pacifique sud. Dans la plupart de ces régions, ces missionnaires eurent peu de succès au départ. Mais ils plantèrent des semences qui donnèrent plus tard un grand nombre de conversions en présence d’une autre génération de missionnaires.

 

      Edward Stevenson fut appelé à la mission de Gibraltar, en Espagne. Cet appel signifiait qu'il retournait là où il était né, et il y proclama hardiment l'Évangile rétabli à ses concitoyens. Il fut arrêté parce qu'il prêchait et passa un certain temps en prison, jusqu'à ce que les autorités s'aperçoivent qu'il instruisait les gardes, et qu'il avait presque converti l'un d'eux. Libéré, il baptisa deux personnes, et dès janvier 1854, une branche de dix membres de l’Église était organisée. En juillet, la branche comptait dix-huit membres. Six d’entre eux étaient en Asie, enrôlés par l'armée britannique. La branche comptait un soixante-dix, un ancien, un prêtre et un instructeur, ce qui lui permettait de continuer à grandir (The Church in Spain and Gibraltar, Friend, mai 1975, p. 33).

 

      Les gouvernements locaux de Polynésie française expulsèrent les missionnaires en 1852. Mais les saints convertis maintinrent l'Église en vie jusqu'à ce que de nouveau des missionnaires soient envoyés en 1892. Les frères Tihoni et Maihea furent particulièrement vaillants. Ils subirent l'emprisonnement et d'autres épreuves plutôt que de renier leur foi. Chacun d'eux essaya de maintenir les saints pratiquants et fidèles à l'Evangile (R. Lamer Britsch, Unto the Islands of the Sea : A History of the Latter-day Saints in the Pacific, 1986, pp. 21-22).

 

      C'était l’époque du rassemblement en Sion. Pour ceux qui devinrent membres de l'Église en dehors des États-Unis, cela signifiait se rendre en Amérique. Elizabeth et Charles Wood partirent en 1860 d'Afrique du Sud, où ils avaient travaillé plusieurs années pour gagner l'argent nécessaire à leur voyage. Elizabeth fit le ménage pour un homme riche, et son mari fit des briques jusqu'à ce qu'ils obtinssent les fonds nécessaires. Elizabeth fut transportée à bord du bateau dans un lit vingt-quatre heures après avoir accouché d'un fils, et on lui donna la cabine du capitaine pour qu'elle fût plus à l'aise. Elle fut très malade pendant le voyage et manqua à deux reprises de mourir, mais elle survécut et s'installa à Fillmore (Utah).  

 

      Les missionnaires devinrent très chers aux saints dans les pays où ils servaient. Vers la fin de sa mission à Hawaï en 1857, Joseph F. Smith tomba malade d'une forte fièvre qui l'empêcha de travailler pendant trois mois. Il eut la bénédiction d'être confié aux bons soins de Ma Mahuhii, sainte hawaïenne fidèle. Elle le soigna comme s'il était son propre fils, et un puissant lien d'affection se créa entre eux. Des décennies plus tard, lorsqu'il fut président de l'Église, Joseph F. Smith rendit visite à Honolulu et juste après son arrivée, vit qu'on lui amenait une vieille femme aveugle qui tenait quelques belles bananes dans la main pour les offrir. Il l'entendit crier : « Iosepa, Iosepa » (Joseph, Joseph). Il courut directement vers elle, la serra dans ses bras et l'embrassa encore et encore en lui tapotant la tête et en disant : « Mama, Mama, ma chère vieille Mama » (Charles W. Nibley, « Reminiscences of President Joseph F. Smith », Improvement Era,  janvier 1919, pp. 193-94).

 

 

La colonisation  

 

      De nombreuses localités furent fondées en Utah et au sud de l'Idaho et plus tard dans certaines parties de l'Arizona, du Wyoming, du Nevada et de Californie, par des personnes et des familles appelées lors des conférences générales de l’Église. Brigham Young commanda la création de ces communautés où des milliers de nouveaux colons pouvaient vivre et cultiver la terre. De son vivant, toute la vallée du Lac Salé et beaucoup de régions avoisinantes furent colonisées. Dès 1877, année de la mort de Brigham Young, plus de trois cent cinquante colonies avaient été créées et en 1900 il y en avait presque cinq cents. Brigham Henry Roberts, une des Autorités générales de l'époque, attribua le succès de la colonisation mormone à « la loyauté du peuple à ses dirigeants et ses sacrifices désintéressés et dévoués » dans l'exécution des missions données par le président Young (cité dans Russell R. Rich, Ensign to the Nations, 1972, p. 349). Les colons sacrifièrent le confort matériel, la compagnie d’amis et parfois leur vie pour suivre un prophète du Seigneur.  

 

      Aux conférences générales de l’Église, le président Young lisait les noms des frères et de leurs familles qui étaient appelés à s'installer dans des régions reculées. Ces colons considéraient qu'on les appelait en mission et ils savaient qu'ils resteraient jusqu'à leur relève dans les lieux où ils étaient affectés. Ils se rendaient dans leur nouveau territoire à leurs propres frais et avec leur propre équipement. Sur place, leur succès dépendait de l'habileté avec laquelle ils utilisaient les ressources disponibles. Ils mesuraient et défrichaient des champs, construisaient des moulins à blé, creusaient des fossés d'irrigation pour amener de l'eau, clôturaient des pâturages pour leur bétail, construisaient des routes, plantaient des cultures, créaient des jardins, construisaient des églises et des écoles et essayaient d'entretenir des relations amicales avec les Indiens. Ils s'entraidaient dans toutes les circonstances, comme la maladie, les naissances, les décès et des mariages.

 

      En 1862, Charles Lowell Walker fut appelé à s'installer dans le sud de l'Utah. Il assista à une réunion pour ceux qui avaient été appelés et écrivit : « J'ai appris ici un principe que je n'oublierai pas de si tôt. Il m'a montré que l'obéissance était un grand principe dans le ciel et sur la terre. Il y a maintenant sept ans que je travaille ici par tous les temps, en ayant faim et dans des situations difficiles, et j'ai fini par avoir une maison, avec beaucoup d'arbres fruitiers qui commencent tout juste à porter et à avoir belle allure. Eh bien, il faut que je quitte cela et que j'aille faire la volonté de mon Père céleste, qui décide souverainement pour le bien de ceux qu'il aime et le craignent. Je prie Dieu qu'il me donne la force d'accomplir d'une manière acceptable devant lui ce qui est requis de moi » (Diary of Charles Lowell Walker, éd. A. Karl Larson et Katharine Miles Larson, 2 volumes, 1980, 1:239).

 

      Charles C. Rich, membre du Collège des douze apôtres, reçut aussi un appel à participer à la colonisation. Brigham Young l'appela, lui et quelques autres frères, à partir avec leurs familles s'installer dans la Bear Lake Valley, à environ deux cent quarante kilomètres au nord de Salt Lake City. La vallée était située à une très haute altitude et était très froide et recouverte d'une épaisse couche de neige en hiver. Frère Rich venait de rentrer d'une mission en Europe et n'était pas pressé de déplacer sa famille et de recommencer à zéro dans des circonstances difficiles. Mais il accepta l'appel et, en juin 1864, arriva dans la Bear Lake Valley. L’hiver suivant fut particulièrement rigoureux et, au printemps, certains des autres frères avaient décidé de partir. Frère Rich se rendait compte que la vie ne serait pas facile dans ce climat froid mais dit :  

 

      « Il y a eu beaucoup de vicissitudes, cela je le reconnais... et nous les avons subies ensemble. Mais si vous voulez aller ailleurs, c'est votre droit, et je ne veux pas vous en priver... Mais je dois rester ici, dussé-je rester seul. Le président Young m'a appelé ici, et c'est ici que je resterai jusqu'à ce qu'il me relève et me permette de partir ». Charles C. Rich et sa famille restèrent, et il devint pendant les quelques décennies qui suivirent le dirigeant d'une communauté prospère (Leonard J. Arrington, Charles C. Rich, 1974, p. 264). Comme des milliers d'autres, il obéit de bon cœur à ses dirigeants pour contribuer à l'édification du royaume du Seigneur.  

 

 

Les Indiens  

 

      En pénétrant plus avant dans le territoire, les colons étaient souvent en rapport avec les Indiens. Au contraire de certains colons de l'Ouest, le président Young enseigna aux saints qu'ils devaient nourrir leurs frères et sœurs indigènes et essayer de les amener dans l'Église. On entreprit du prosélytisme parmi les Indiens à Fort Lemhi, dans la région de la Salmon River du territoire d'Idaho et dans la colonie de Elk Mountain (haut Colorado) dans le territoire d'Utah. En 1875, Daniel D. MacArthur baptisa 130 Indiens de la tribu Shivwits, dont le chef, Qwi-Tus. Le président Young créa aussi des Sociétés de secours dont les membres cousaient des vêtements pour leurs frères et sœurs indiens et réunissaient de l'argent pour les nourrir.  

 

      Quand Elizabeth Kane, épouse de Thomas L. Kane, grand ami des saints, non membre de l'Église, traversa l'Utah, elle logea chez une mormone. Elle ne fut pas très impressionnée par la femme jusqu'au moment où elle vit comment elle traitait les Indiens. Quand la femme appela ses invités pour le dîner, elle adressa aussi quelques mots aux Indiens qui attendaient. Elizabeth demanda ce qu'elle avait dit aux Indiens et l'un des fils de la famille lui dit : « Ces étrangers sont arrivés avant vous, et j'ai cuisiné juste assez pour eux ; mais votre repas est en train de cuire, et je vous appellerai dès qu'il est prêt ». Incrédule, Elizabeth demanda si elle allait vraiment nourrir les Indiens. Le fils lui dit : « Maman va les servir comme elle vous sert, et elle leur donnera une place à sa table ». Elle les servit et s'occupa d'eux pendant qu'ils mangeaient (Elizabeth Wood Kane, Twelve Mormon Homes Visited in Succession on a journey through Utah to Arizona, 1974, pp. 65-66).

  

 

La prêtrise et les organisations auxiliaires  

 

      À la fin de sa vie, le président Young clarifia et fixa certaines responsabilités importantes de la prêtrise. Il dit aux Douze de tenir des conférences dans tous les pieux. Sept nouveaux pieux et cent quarante paroisses furent ainsi créés un peu partout en Utah. Les devoirs des présidences de pieu, des grands conseils, des épiscopats, des présidences de collège furent clairement définis, et des centaines d'hommes furent appelés à remplir ces postes. Brigham Young recommanda aux membres de l'Église de mettre leur vie en ordre et de payer leur dîme, leurs offrandes de jeûne et les autres dons.  

 

      En 1867, le prophète nomma George Q. Cannon surintendant général de l'École du dimanche et, au bout de quelques années, l'École du dimanche fut un élément permanent de l'organisation de l'Église. En 1869, il commença à donner à ses filles un enseignement régulier sur la façon de mener une vie pudique. En 1870, il étendit ces instructions à toutes les jeunes filles en créant la Retrenchment Association (« retrench » signifie éliminer tout ce qui est excessif). Ce fut le commencement de l'organisation des Jeunes Filles. En juillet 1877, il se rendit à Ogden (Utah) pour organiser la première Société de secours de pieu.

  

 

Mort et legs de Brigham Young  

 

      Le président Young était un homme pratique et énergique. Il se rendait dans les colonies de l'Église pour instruire les saints et les encourager. Par le précepte et par l'exemple, il leur enseigna à s'appliquer dans l’accomplissement de leurs devoirs dans l'Église. En évaluant sa vie, le président Young écrivit ce qui suit en réponse au rédacteur en chef d'un journal de New York :  

 

      « Résumés brièvement, les résultats de mes travaux au cours des 26 dernières années sont : le peuplement de ce territoire par environ cent mille saints des derniers jours ; la fondation de plus de deux cents villes, bourgs et villages habités par notre peuple... et l'établissement d'écoles, de fabriques, d'usines et d'autres institutions destinées à améliorer nos communautés et à les faire prospérer... Ma vie tout entière est consacrée au service du Tout-Puissant » (cité dans Gordon B. Hinckley, La Vérité rétablie, 1980, p. 132).   

 

      En septembre 1876, le président Young témoigna puissamment du Sauveur : « Je témoigne que Jésus est le Christ, le Sauveur et le Rédempteur du monde ; j'ai obéi à ses paroles et réalisé sa promesse, et la connaissance que j'ai de lui, la sagesse de ce monde ne peut ni me la donner ni me l'enlever » (Journal of Discourses, 18:233).  

 

      En août 1877, le président Young tomba gravement malade, et en dépit des soins des médecins, il décéda au bout d'une semaine. Il avait soixante-seize ans et avait dirigé l'Église pendant trente-trois ans. Nous voyons en lui un prophète dynamique qui conduisit l'Israël moderne dans sa terre promise. Ses sermons traitaient de tous les aspects de la vie quotidienne, montrant bien que la religion fait partie de la vie de tous les jours. La compréhension qu'il avait de la frontière américaine et sa direction pleine de bon sens incitèrent son peuple à accomplir des tâches apparemment impossibles, et à créer, avec la bénédiction du ciel, un royaume dans le désert.   

 

 

Source : Our Heritage : A Brief History of The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 1996, chapitre 7