Enseigner, prêcher, guérir

 

 

Jeffrey R. Holland

 

du Collège des douze apôtres

 

 

 

      Nous voyons tout naturellement dans le Christ un instructeur. Le plus grand Maître qui ait jamais vécu ou qui vivra jamais. Le Nouveau Testament est rempli de ses enseignements, de ses paroles, de ses sermons, de ses paraboles. D’une manière ou d’une autre, il enseigne dans toutes les pages de ce livre. Mais alors même qu’il enseignait, il faisait délibérément quelque chose de plus que cela, quelque chose qui donnait du relief à son enseignement.

 

      Après l’appel des tout premiers disciples (pas encore apôtres), l’oeuvre commence. Voici ce que Matthieu dit : « Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple » (Matthieu 4:23).

 

      L’enseignement et la prédication, nous les connaissons et nous nous y attendons. Par contre nous ne sommes peut être pas prêts à considérer la guérison sous le même angle. Et pourtant, c’est à partir de ce tout début, de la première heure, que la guérison est mentionnée comme si elle était synonyme d’enseignement et de prédication. La relation est tout du moins évidente entre les trois. En fait, le passage cité continue à parler davantage de guérison que d’enseignement et de prédication.

 

      Matthieu continue : « Sa renommée se répandit dans toute la Syrie, et on lui amenait tous ceux qui souffraient de maladies et de douleurs de divers genres, des démoniaques, des lunatiques, des paralytiques ; et il les guérissait » (v. 24).

 

      Vient maintenant le magistral sermon sur la montagne, qui compte six pages et demie. Pour l’enseigner convenablement, il faudrait, je suppose, six ans et demi. Mais dès la fin de ce sermon, le Sauveur descend de la montagne, et le voilà qui guérit de nouveau. Il guérit successivement un lépreux, le serviteur du centenier, la belle-mère de Pierre, puis un groupe décrit simplement comme « plusieurs démoniaques » (Matthieu 8:16). En résumé, dit le texte, il « guérit tous les malades » (v. 16).

 

      Obligé de traverser la mer de Galilée à cause de la foule qui se presse maintenant autour de lui, il chasse les démons de deux personnes qui vivent dans les sépulcres des Gadaréniens et remonte ensuite dans la barque pour retourner « dans sa ville » (Matthieu 9:1) où il guérit un homme cloué au lit par la paralysie, et une femme qui souffre depuis douze ans d’une perte de sang (dans ce que je considère comme un des moments les plus beaux et les plus remarquables de tout le Nouveau Testament), et ressuscite ensuite la fille de Jaïrus.

 

      Ensuite il rend la vue à deux aveugles, après quoi il chasse un démon qui avait rendu un homme muet. Voilà le bref résumé des six premiers chapitres du Nouveau Testament consacrés au ministère du Christ. Voyez si le verset suivant éveille en vous un écho. « Jésus parcourait toutes les villes et les villages, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité » (Matthieu 9:35).

 

      À l’exception de quelques mots, nous avons ici exactement le verset que nous avons lu cinq chapitres plus tôt. Vient ensuite ceci :

 

      « Voyant la foule, il fut ému de compassion pour elle, parce qu’elle était languissante et abattue, comme des brebis qui n’ont point de berger.

 

      « Alors il dit à ses disciples : La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers.

 

      « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson » (v. 36-38).

 

      Là-dessus, il appelle les Douze et leur donne ce commandement : « Allez, dit-il, vers les brebis perdues de la maison d’Israël.

 

      « Allez, prêchez, et dites : Le royaume des cieux est proche.

 

      « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Matthieu 10:6-8).

 

      Nous connaissons le Sauveur comme le Maître pédagogue. C’est ce qu’il est et davantage. Et quand il dit que le gros de la moisson nous attend encore et qu’il y a beaucoup trop peu d’ouvriers, nous pensons immédiatement aux missionnaires et à d’autres personnes qui doivent enseigner. Mais l’appel est destiné à une certaine sorte d’instructeur, à un instructeur qui, tout en enseignant, guérit.

 

      Je tiens à être parfaitement clair. Quand je parle de « guérir », comme je l’ai fait, ce n’est pas de l’utilisation officielle de la prêtrise, de l’imposition des mains aux malades ni de rien de tel que je parle. Là n’est pas le rôle de ceux qui sont appelés comme instructeurs dans les organisations de l’Église.

 

      Mais je crois que notre enseignement mène à une guérison de nature spirituelle. Je ne peux pas croire qu’une si grande partie des écrits de Matthieu ait pu se concentrer à un tel point sur le contexte du ministère du Sauveur auprès de personnes dans la détresse, de personnes perturbées, de personnes dans le désarroi, s’il n’y avait pas une raison à cela. Comme c’est le cas du Maître, ne serait-il pas merveilleux de mesurer le succès de notre enseignement à la guérison qui se produit dans la vie des autres ?

 

      Laissez-moi préciser un peu. Plutôt que simplement faire une leçon, essayez un peu plus d’aider le champion de basket-ball aveugle à réellement voir, ou la « reine d’un jour » sourde à réellement entendre, ou le président du corps estudiantin spirituellement paralysé à réellement marcher. Pourrions-nous essayer un peu plus de fortifier les autres avec tant de puissance que, quelles que soient les tentations que les démons de l’enfer leur lancent, ils puissent résister et ainsi être véritablement, à ce moment là, à l’abri du mal ? Pourrions-nous essayer un peu plus fort d’enseigner avec une puissance et une spiritualité suffisantes pour aider la personne qui avance seule, qui vit seule, qui pleure au fond de la nuit ?

 

 

« Et maintenant ? »

 

      Peut-être qu’une leçon tirée de la vie quotidienne du Collège des Douze m’aidera à exprimer ce que je voudrais dire à ce sujet et à éviter toute confusion de votre part. Boyd K. Packer, président suppléant du Collège des douze apôtres, lui-même pédagogue de premier ordre, a une question qu’il pose souvent quand nous, les Douze, avons fait un exposé ou que nous nous sommes exhortés d’une manière ou d’une autre. Il lève les yeux comme pour dire : « Avez-vous fini ? » et ensuite il dit à l’orateur (et implicitement au reste du groupe) : « Et maintenant ? »

 

      « Et maintenant ? » Je pense que c’est à cela que le Sauveur répondait jour après jour et c’était un élément indissociable de son enseignement et de sa prédication. Ses sermons et ses exhortations n’auraient servi à rien si la vie de ses disciples n’avait pas réellement changé.

 

      « Et maintenant ? » Nous savons, vous et moi, que trop de personnes n’ont pas fait le lien entre ce qu’elles disent croire et la façon dont elles mènent leur vie.

 

      Priez pour que votre enseignement apporte un changement. Priez pour que, comme le disent les paroles d’une chanson maintenant oubliée, vos leçons incitent littéralement quelqu’un « à se tenir droit et à bien voler » (Nat King Cole, « Straighten Up and Fly Right », 1943). Nous voulons que les gens se tiennent droit et nous voulons qu’ils soient bien. Nous les voulons heureux, heureux dans cette vie et sauvés dans le monde à venir.

 

 

Dieu est aux commandes

 

      Le livre des Actes, qui introduit la partie post-résurrection du Nouveau Testament, s’appelle techniquement « Actes des Apôtres ». C’est une idée ecclésiastique importante dans le livre, à savoir que les apôtres étaient les représentants ordonnés du Seigneur Jésus-Christ et étaient ainsi autorisés à continuer à diriger l’Église en son nom.

 

      Mais pensez à ce qu’ils devaient affronter. Réfléchissez à la situation critique, à la crainte, à la confusion, à la détresse des membres de la nouvelle petite Église chrétienne après la crucifixion du Christ. Ils comprenaient sans doute un peu ce qui se passait, mais ils ne pouvaient pas avoir tout compris. Le peuple a dû être très effrayé et se trouver dans une grande confusion, et les frères avaient fort à faire pour le diriger.

 

      Nous ne devons pas nous étonner que, dès le départ (du moins dès le premier verset du livre des Actes), il ait été déclaré que l’Église continuerait à être dirigée de manière divine, non par des mortels. Et il était important que le peuple l’entende en cette heure de confusion et de crainte terribles. En fait, si l’on voulait donner un titre plus complet au livre des Actes, on pourrait l’appeler à bon escient : « Actes du Christ ressuscité agissant par le Saint-Esprit dans la vie et le ministère de ses apôtres ordonnés ». Cela dit, vous pouvez comprendre pourquoi on a dû voter pour un titre plus court – mais le titre que je propose est plus précis ! Écoutez les premières lignes de Luc :

 

      « Théophile, j’ai parlé dans mon premier livre de tout ce que Jésus a commencé de faire et d’enseigner dès le commencement

 

      « jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir donné ses ordres, par le Saint-Esprit, aux apôtres qu’il avait choisis » (Actes 1:1-2).

 

      La direction de l’Église était la même. L’endroit où se trouvait le Sauveur avait changé, mais la direction de l’Église était exactement la même. Cela ayant été précisé d’entrée de jeu, nous avons à chaque instant des manifestations de la puissance du Seigneur par l’intermédiaire du Saint-Esprit. Le premier enseignement donné aux Douze par le Christ ressuscité dans le livre des Actes est celui-ci : « Vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit » (Actes 1:5) et « vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous » (v. 8).

 

      Une fois le Christ monté au ciel sous leurs yeux, Pierre va rassembler les membres de l’Église – ils sont cent vingt (vous rendez-vous compte de l’effet que ces problèmes et cette opposition avaient eu sur leur nombre ?) Cent vingt personnes se rassemblent, et Pierre leur dit : « Hommes frères, il fallait que s’accomplît ce que le Saint-Esprit, dans les Écritures, a annoncé d’avance, par la bouche de David, au sujet de Judas » (v. 16). Quand ils remplissent la place laissée vacante par Judas parmi les apôtres, ceux-ci prient exactement comme le font aujourd’hui le Collège des Douze et la Première Présidence : « Seigneur, toi qui connais les coeurs de tous, désigne lequel… tu as choisi » (v. 24). Et c’est Matthias qui est appelé.

 

      Mais ce premier chapitre, qui les fait tous se tourner vers le ciel, et qui marque si clairement la direction divine qui va continuer à guider l’Église, ne sert qu’à nous mettre en condition pour le chapitre 2. Dans ces passages, le nom même de la Pentecôte entre dans le vocabulaire chrétien comme synonyme de manifestations spirituelles stupéfiantes et de déversement divin du Saint-Esprit sur le peuple. La révélation descendit du ciel avec « un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il remplit toute la maison » (Actes 2:2) et remplit les frères. « Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent... Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler… selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer » (v. 3-4).

 

      Pierre, principal apôtre et président de l’Église, se lève et prend acte de ce déversement. Il cite Joël, où il est dit : « Dans les derniers jours, je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions, et vos vieillards auront des songes.

 

      « Oui, sur mes serviteurs et sur mes servantes je répandrai de mon Esprit ; et ils prophétiseront » (v. 17-18).

 

      Pierre poursuit : « Hommes israélites [il s’adresse ici à l’ensemble de l’auditoire], écoutez ces paroles ! Jésus de Nazareth, cet homme à qui Dieu a rendu témoignage devant vous... c’est ce Jésus que Dieu a ressuscité... Élevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père le Saint-Esprit qui avait été promis, et il l’a répandu, comme vous le voyez et l’entendez » (v. 22, 32-33).

 

      C’est là un passage splendide. Ceux qui ne sont pas encore baptisés ce jour-là, touchés par cet Esprit, demandent ce qu’ils doivent faire. Pierre leur dit de se faire baptiser pour la rémission des péchés et de recevoir le don du Saint-Esprit (v. 38), et c’est ce que vont faire trois mille d’entre eux. Plus tard, quand la santé est rendue au boiteux sur les marches du temple et que la foule pense que Pierre et Jean ont fait quelque chose de merveilleux, Pierre la réprimande et lui dit que ce n’est pas leur pouvoir en tant que mortels ni la sainteté des disciples qui ont fait que l’homme a marché, mais le pouvoir et la sainteté de Jésus, que la foule avait « livré » et « fait mourir » (Actes 3:13, 15). Il témoigne ensuite que Jésus dirige toujours l’Église par l’intermédiaire du Saint-Esprit et continuera à la diriger jusqu’à ce qu’il revienne « aux temps du rétablissement de toutes choses » (v. 21).

 

      Les pharisiens et les sadducéens locaux sont médusés quand ils voient que cinq mille autres personnes entrent dans l’Église. Ils exigent qu’on leur explique comment tout cela se fait. Pierre fait la réponse classique que vous devez toujours donner aux autres. « Rempli du Saint-Esprit », il déclare que cela se fait dans et « par le nom de Jésus-Christ de Nazareth » (Actes 4:8, 10). Le Christ ne dirige pas seulement les actions de ses apôtres par l’intermédiaire du Saint-Esprit, il parle aussi par eux grâce au même Esprit. C’est une leçon sur la façon dont est gouvernée l’Église de Jésus-Christ, tant ancienne que moderne.

 

      Le Père et le Fils dirigent toujours cette oeuvre, marquant de leur empreinte les dirigeants de l’Église, les instructeurs et les personnes par l’intermédiaire du Saint-Esprit. Et c’est par ce même moyen que nous devons marquer de notre empreinte ceux que nous instruisons.

 

Enseignez par l’Esprit

 

      Enseignez par le Saint-Esprit. Si nous n’enseignons pas comme cela, alors, par la définition qu’en donnent les Écritures, nous enseignons « d’une autre façon » (D&A 50:17). Et si c’est d’une autre façon, « ce n’est pas de Dieu » (v. 20). Donnez accès de toutes les manières possibles à une expérience spirituelle à vos élèves. C’est ce que le Nouveau Testament essaye de faire pour vous. C’est le message des évangiles. C’est le message du livre des Actes. C’est le message de toute l’Écriture. Ce sont les expériences spirituelles provenant de ces écrits sacrés qui garderont les gens sur la voie et dans l’Église à notre époque, tout comme cela s’est fait pour ces membres à l’époque du Nouveau Testament.

 

      Les Écritures disent : « L’Esprit vous sera donné par la prière de la foi ; et si vous ne recevez pas l’Esprit, vous n’enseignerez pas » (D&A 42:14). Ce n’est pas simplement que vous n’enseignerez pas ou que vous ne pouvez pas enseigner ou que ce sera un enseignement de médiocre qualité. Non, c’est plus fort que cela. C’est la forme impérative du verbe. « Vous n’enseignerez pas. » Mettez un « tu » à la place du « vous » et vous aurez le langage du mont Sinaï. C’est un commandement. Ce sont les élèves de Dieu, pas les vôtres, tout comme c’est l’Église de Dieu, pas celle de Pierre, de Paul, de Joseph ou de Brigham.

 

      Prenez courage. Que l’Esprit agisse en vous d’une façon que vous n’aurez peut-être pas la chance de voir ou même de reconnaître. Il se passera plus de choses que vous ne le pensez, si vous êtes profondément honnêtes et si vous essayez de vivre de la manière la plus pure possible. Lorsque vous arrivez à ces moments suprêmes et presque impossibles à enseigner que sont Gethsémané, le Calvaire et l’Ascension, je vous demande de vous souvenir, entre autres nombreuses choses, des deux applications suivantes que vous pourriez en faire.

 

 

Le Christ est resté fidèle

 

      Premièrement, dans cette souffrance indiciblement atroce et inhumaine, le Christ est resté fidèle.

 

      Matthieu dit qu’il « commença à éprouver de la tristesse et des angoisses » et qu’il était « triste jusqu’à la mort » (Matthieu 26:37-38). Il s’en alla seul dans le jardin, laissant intentionnellement les frères attendre à l’extérieur. Il fallait qu’il fasse cela tout seul. Il tomba à genoux et ensuite, dit l’apôtre, il « se jeta sur sa face » (v. 39). Luc dit qu’il était « en agonie » et qu’il priait avec tant de ferveur que « sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre » (Luc 22:44). Marc dit qu’il se jeta contre terre et s’écria : « Abba, Père. » Nous ne sommes pas ici dans de la théologie abstraite. Nous avons ici affaire à un Fils qui supplie son Père. « Toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe ! » (Marc 14:36)

 

      Qui pourrait résister à cela venant d’un enfant quel qu’il soit, et surtout de l’Enfant parfait ? « Tu peux tout faire. Je sais que tu peux tout faire. Éloigne de moi cette coupe ».


      Comme le note Marc, la teneur de cette prière était que si c’était possible, cette heure soit supprimée du plan. Ce qu’il dit, c’est en fait : « S’il y a un autre chemin, c’est celui-là que je préférerais suivre. S’il y a une autre manière – quelle qu’elle soit – je serais heureux de l’adopter. » « Que cette coupe s’éloigne de moi ! », note Matthieu (Matthieu 26:39). « Éloigne de moi cette coupe », écrit Luc (Luc 22:42). Mais en fin de compte la coupe ne s’éloignera pas.

 

      Jésus finit par se soumettre à la volonté de son Père et dit : « Que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne » (v. 42). C’est pratiquement le dernier moment de conversation divine entre le Père et le Fils dans le ministère de Jésus sur la terre. Désormais les dés sont jetés. Il ira jusqu’au bout, quoi qu’il arrive.

 

      Et à partir de cette dernière déclaration dans l’ancien monde, nous obtenons cette première déclaration dans le nouveau. Il dira aux Néphites rassemblés au temple : « Voici, je suis Jésus-Christ... la lumière et la vie du monde ; et j’ai bu à cette coupe amère que le Père m’a donnée, et... j’ai souffert la volonté du Père en tout depuis le commencement » (3 Néphi 11:10-11). Voilà comment il se présente, voilà la déclaration qui, selon lui, dira le mieux à ces gens qui il est.

 

      Si vous pouvez laisser à vos élèves ne serait-ce qu’un domaine d’engagement en réponse au sacrifice incomparable du Sauveur pour eux, au fait qu’il a payé pour leurs transgressions, à sa tristesse pour leurs péchés, essayez de leur faire voir la nécessité d’obéir – de s’abandonner, dans leurs difficultés et leurs heures de décision, à « la volonté du Père » (v. 11), quoi qu’il en coûte. Ils ne le feront pas toujours, pas plus que vous et moi n’avons été capables de le faire, mais cela devrait être leur but, cela devrait être leur objectif. Ce que le Christ semble le plus vivement désireux de souligner en parlant de sa mission – au-delà des vertus personnelles et au-delà des sermons merveilleux et même de la guérison – c’est qu’il soumettait sa volonté à la volonté du Père.

 

      Nous sommes tous des gens obstinés, peut-être même trop souvent. C’est pourquoi, le message que le Sauveur a pour chacun de nous est que notre offrande, à la similitude de la sienne, est un coeur brisé et un esprit contrit (voir 3 Néphi 9:20 ; D&A 59:8). Nous devons sortir de notre moi mesquin et pleurer sur nos péchés et sur les péchés du monde. Nous devons supplier les autres de se soumettre au Père, de se soumettre au Fils, de se soumettre au Saint-Esprit. Il n’y a pas d’autre moyen. Sans nous comparer à lui, parce que ce serait un sacrilège, sachez néanmoins que la coupe qui ne peut s’éloigner est une coupe qui entre dans notre vie comme dans la sienne. Nous l’y retrouvons d’une manière bien moindre et avec une intensité bien plus faible, mais elle apparaît assez souvent pour nous enseigner que nous devons obéir quoi qu’il nous en coûte.

 

 

Le Christ connaît le chemin

 

      La deuxième leçon de l’Expiation que je vous demande de vous rappeler est liée à la première. Si ceux que vous instruisez ont le sentiment qu’ils n’ont déjà fait que trop d’erreurs, s’ils ont le sentiment qu’ils agissent et vivent à un niveau trop bas pour que la lumière du Christ puisse les atteindre, enseignez-leur que Dieu « est enclin à pardonner », que le Christ « est miséricordieux et plein de grâce, lent à la colère, longanime et plein de bonté » (Lectures on Faith, 1985, p. 42). La miséricorde, et les vertus liées que sont le repentir et le pardon, sont au coeur même de l’expiation de Jésus-Christ. Tout dans l’Évangile nous enseigne que nous pouvons changer si nous le voulons réellement, que nous pouvons avoir de l’aide si nous la demandons vraiment, que nous pouvons être guéris, quels que soient les problèmes du passé.

 

      En dépit des tribulations de la vie, il y a de l’aide pour nous tous au cours de ce voyage. Quand le Christ nous demande de nous soumettre, d’obéir au Père, il sait comment nous y aider. Il est passé par là, et il nous demande de faire ce qu’il a fait, mais il nous a rendu le voyage beaucoup plus aisé. Il sait où se trouvent les cailloux pointus et les pierres d’achoppement et où les ronces et les épines sont les plus denses. Il sait où le chemin est dangereux et il sait de quel côté il faut aller à la croisée des chemins à la nuit tombante. Il le sait parce qu’il a connu « des souffrances, et des afflictions, et des tentations de toute espèce... afin qu’il sache... comment secourir son peuple selon ses infirmités » (Alma 7:11-12). Secourir signifie « courir vers ». Je témoigne que le Christ courra vers nous, qu’il court déjà maintenant ; nous n’avons qu’à vouloir accepter le bras qu’il nous tend dans sa miséricorde.

 

      Quand nous chancelons ou que nous trébuchons, il est là pour nous remettre sur nos pieds et nous fortifier. En fin de compte, il est là pour nous sauver et pour tout cela il a donné sa vie. Quelque sombres que nous paraissent nos jours, ils ont été beaucoup plus sombres pour le Sauveur du monde. Pour nous rappeler ces jours, Jésus a choisi, même dans un corps ressuscité et à d’autres égards rendu parfait, de conserver pour le profit de ses disciples les plaies de ses mains, de ses pieds et de son côté – le signe, en quelque sorte, que des choses douloureuses arrivent même à ceux qui sont purs et parfaits, le signe que la souffrance dans ce monde n’est pas la preuve que Dieu ne vous aime pas, le signe que les problèmes passent et que nous pouvons connaître le bonheur. Rappelons-nous que c’est le Christ blessé qui est le capitaine de notre âme, lui qui porte encore les cicatrices de son pardon, les lésions de son amour et de son humilité, la chair déchirée de son obéissance et de son sacrifice.

 

      Ces blessures sont le signe principal auquel nous le reconnaîtrons quand il viendra. Il peut nous inviter à nous avancer, comme il l’a fait avec d’autres, pour voir et sentir ces marques. Si ce n’est pas avant, alors sûrement à ce moment-là, nous nous rappellerons avec Ésaïe que c’est pour nous que Dieu a été « méprisé et abandonné... homme de douleur et habitué à la souffrance », qu’il a été « blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités » ; que « le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et [que] c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris » (Ésaïe 53:3, 5).

 

      J’aime cette oeuvre. Chérissez l’occasion qui vous est donnée de vous plonger cette année dans le majestueux Nouveau Testament et dans la vie de celui dont il est témoin. Nous sommes son Église et nous sommes engagés dans une grande œuvre avec la merveilleuse bénédiction d’aimer les Écritures, d’en tirer les leçons et de nous témoigner les uns aux autres qu’elles sont vraies.

 

 

Adapté d’un discours prononcé le 8 août 2000 à l’université Brigham Young, lors d’une conférence du Département d’Éducation de l’Église pour les instructeurs de religion. 

 

Source : Le Liahona, janvier 2003, p. 13-22