Prédiction de l'avènement terrestre du Christ

 

 

James E. Talmage (1862-1933)

 

Président de l'université d'Utah de 1894 à 1897

Membre du collège des Douze de 1911 à 1933 

  

  

     

      La venue du Christ sur la terre pour entrer dans un tabernacle de chair n'était ni inattendue ni imprévue. Des siècles avant ce grand événement, les juifs professaient attendre l'avènement de leur Roi ; et dans les rites prescrits du culte comme dans les dévotions privées, la venue du Messie promis était l'un des sujets principaux des supplications d'Israël à Jéhovah. Il y avait, il est vrai, beaucoup de divergences dans les opinions laïques et dans les exposés rabbiniques quant au temps et à la manière dont il apparaîtrait ; mais la certitude du fait était profondément enracinée dans les croyances et les espoirs de la nation hébraïque.

 

      Les documents que nous appelons les livres de l'Ancien Testament, de même que d'autres écrits inspirés considérés autrefois comme authentiques mais exclus des compilations ultérieures comme n'étant pas strictement canoniques, étaient courants parmi les Hébreux à l'époque de la naissance du Christ et longtemps avant. Ces Écritures tirent leur origine de la proclamation de la loi par Moïse (Deutéronome 31:9, 24-26 ; cf. 17:18-20), qui écrivit celle-ci et remit le texte écrit à la garde officielle des prêtres avec le commandement formel de le lire dans les assemblées du peuple à des époques prescrites. Au cours des siècles, on ajouta à ces premiers écrits les déclarations de prophètes divinement nommés, les notes d'historiens officiels et les cantiques de poètes inspirés ; de sorte qu'à l'époque du ministère de notre Seigneur, les Juifs possédaient une grande accumulation d'écrits qu'ils acceptaient et respectaient comme faisant autorité. Ces documents sont riches en prédictions et en promesses relatives à l'avènement terrestre du Messie, comme le sont d'autres Écritures auxquelles l'Israël d'autrefois n'avait pas accès.

 

      Adam, le patriarche du genre humain, se réjouit lorsqu'il fut mis au courant du ministère dont le Sauveur avait été chargé, assuré qu'il était que s'il l'acceptait, il pourrait, lui, le transgresseur, obtenir la rédemption. Une brève mention du plan de salut, dont l'auteur est Jésus-Christ, apparaît dans la promesse donnée par Dieu après la chute : certes le diable, représenté par le serpent en Éden, aurait le pouvoir de blesser le talon de la postérité d'Adam, mais par la postérité de la femme viendrait la puissance qui écraserait la tête de l'adversaire (Genèse 3:15 ; cf. Hébreux 2:14 ; Apocalypse 12:9 ; 20:3). Il est significatif que cette assurance de la victoire finale sur le péché et son effet inévitable, la mort, qui furent tous deux introduits sur la terre par l'intermédiaire de Satan, l'ennemi juré de l'humanité, devait être assurée par la postérité de la femme ; la promesse ne fut pas faite formellement à l'homme, ni au couple. Le seul cas où la postérité de la femme est dissociée de la paternité mortelle est la naissance de Jésus, le Christ, qui était le fils terrestre d'une mère mortelle, engendré par un Père immortel. Il est le seul engendré du Père éternel dans la chair et naquit d'une femme.

 

      Des Écritures autres que celles qui se trouvent dans l'Ancien Testament nous informent d'une manière plus complète de la révélation de Dieu à Adam concernant la venue du Rédempteur. Conséquence naturelle et inévitable de sa désobéissance, Adam avait perdu la grande bénédiction dont il bénéficiait précédemment: celle d'être en rapport direct et personnel avec son Dieu ; néanmoins dans son état déchu il reçut la visite d'un ange du Seigneur, qui lui révéla le plan de la rédemption : « Et après de nombreux jours, un ange du Seigneur apparut à Adam, et lui dit : Pourquoi offres-tu des sacrifices au Seigneur ? Et Adam lui dit : je ne le sais, si ce n'est que le Seigneur me l'a commandé. Alors l'ange parla, disant : C'est une similitude du sacrifice du Fils unique du Père, qui est plein de grâce et de vérité. C'est pourquoi tu feras tout ce que tu fais au nom du Fils, tu te repentiras, et invoqueras dorénavant Dieu au nom du Fils. Ce jour-là, le Saint-Esprit, qui rend témoignage du Père et du Fils, tomba sur Adam, disant : je suis le Fils unique du Père, depuis le commencement, dorénavant et à jamais, afin que de même que tu es tombé, tu puisses être racheté, ainsi que toute l'humanité, à savoir tous ceux qui le veulent » (Moïse 5:6-9, dans la Perle de grand prix).

 

      La révélation du Seigneur à Adam communiquant le plan officiel selon lequel le Fils de Dieu devait se munir de chair au midi des temps, et devenir le Rédempteur du monde, fut attestée par Énoch, fils de Jéred et père de Metuschélah. Les paroles d'Énoch nous apprennent que le nom par lequel le Sauveur serait connu parmi les hommes lui fut révélé aussi bien qu'à son grand ancêtre, Adam, en ces termes : « Jésus-Christ, le seul nom qui sera donné sous les cieux par lequel le salut viendra aux enfants des hommes » (Moïse 6:52, étudier les versets 50-56 ; voir aussi Genèse 5:18, 21-24 ; Jude 14). L’alliance écrite de Dieu avec Abraham, et sa répétition et sa confirmation avec Isaac et ensuite avec Jacob - que par leur postérité toutes les nations de la terre seraient bénies - présageait la naissance du Rédempteur par ce lignage élu (Genèse 12:3 ; 18:18 ; 22:18 ; 26:4 ; 28:14 ; cf. Actes 3:25 ; Galates 3:8). Son accomplissement est l'héritage béni des siècles.

 

      En donnant sa bénédiction patriarcale à Juda, Jacob prophétisa : « Le bâton (de commandement) ne s'écartera pas de Juda, ni l'insigne du législateur d'entre ses pieds, jusqu'à ce que vienne le Chilo et que les peuples lui obéissent ; et c'est auprès de lui que le peuple se rassemblera » (Genèse 49:10, version du roi Jacques). On a la preuve que Chilo désignait le Christ parce que la stipulation décrite dans la prédiction s'accomplit dans l'État de la nation juive à l'époque de la naissance de notre Seigneur.


      Moïse proclama la venue d'un grand prophète en Israël, dont le ministère devait être tellement important que tous les hommes qui ne l'accepteraient pas seraient sous la condamnation ; et des Écritures ultérieures prouvent d'une manière concluante que cette prédiction ne pouvait se rapporter qu'à Jésus-Christ. Ainsi parla le Seigneur à Moïse : « Je leur susciterai du milieu de leurs frères un prophète comme toi, je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui commanderai. Et si quelqu'un n'écoute pas mes paroles qu'il dira en mon nom, c'est moi qui lui en demanderai compte » (Deutéronome 18:15-19 ; cf. Jean 1:45 ; Actes 3:22 ; 7:37 ; voir aussi la confirmation formelle de notre Seigneur après sa résurrection, 3 Néphi 20:23 dans le Livre de Mormon). Le système de sacrifices formellement imposé dans le code mosaïque était essentiellement un prototype de la mort sacrificatoire que le Sauveur devait accomplir sur le Calvaire. Le sang d'innombrables victimes sur l'autel, tuées par les prêtres d'Israël au cours des rituels prescrits, coula pendant tous les siècles qui séparèrent Moïse du Christ comme un flot prophétique à la ressemblance du sang du Fils de Dieu qui devait être versé comme sacrifice expiatoire pour la rédemption du genre humain. Mais, comme nous l'avons déjà montré, l'institution du sacrifice sanglant pour représenter la mort future de Jésus-Christ remonte au commencement de l'histoire humaine, depuis que l'offrande de sacrifices d'animaux par l'effusion de sang fut requise d’Adam, à qui l'importance de l'ordonnance, « une similitude du sacrifice du Fils unique du Père », fut expressément définie.

 

      L’agneau pascal, tué pour chaque foyer israélite lors de la fête annuelle de la Pâque, était un type particulier de l’Agneau de Dieu qui serait sacrifié en son temps pour les péchés du monde. La crucifixion du Christ se produisit à l'époque de la Pâque ; et la consommation du Sacrifice suprême, dont les agneaux de la Pâque n'avaient été que des prototypes secondaires, amena Paul l'apôtre à affirmer plus tard : « Car Christ, notre Pâque, a été immolé » (1 Corinthiens 5:7 ; on trouvera le Christ qualifié d'Agneau de Dieu dans Jean 1:29,36 ; 1 Pierre 1:19 ; Apocalypse chapitres 5, 6, 7, 12, 13, 14, 15, 17, 19, 21, 22 ; voir aussi dans le Livre de Mormon : 1 Néphi 10:10, et les chapitres 11, 12, 13, 14 ; 2 Néphi 31:4,5,6 ; 33:14 ; Alma 7:14 ; Mormon 9:2,3 ; et dans Doctrine et Alliances : 58:11 ; 132:19).

 

      À l'époque de ses cruelles afflictions, Job se réjouit du témoignage qu'il pouvait rendre du futur Messie et déclara avec une conviction prophétique : « Je sais que mon Rédempteur est vivant, et qu'il se lèvera le dernier sur la terre » (Job 19:25 ; voir aussi versets 26-27). Les cantiques de David, le psalmiste, abondent en allusions répétées à la vie terrestre du Christ, dont beaucoup de circonstances sont décrites en détails et sont confirmées dans les Écritures du Nouveau Testament (par exemple : Psaumes 2:7 ; cf. Actes 13:33, Hébreux 1:5 ; 5:5 ; Psaumes 16:10 ; cf. Actes 13:34-37 ; Psaumes 22:18 ; cf. Matthieu 27:35 ; Marc 15:24 ; Luc 23:34 ; Jean 19:24 ; Psaumes 41:9 ; cf. Jean 13:18 ; Psaumes 69:9 et 21 ; cf. Matthieu 27:34,48 ; Marc 15:23 ; Jean 19:29 et Jean 2:17 ; Psaumes 110:1, 4 ; cf. Matthieu 22:44 ; Marc 12:35-37 ; Luc 20:41-44 et Hébreux 5:6 ; Psaumes 118:22,23 ; cf. Matthieu 21:42 ; Marc 12:10 ; Luc 20:17 ; Actes 4:11 ; Éphésiens 2:20 ; 1 Pierre 2:4, 7 ; les psaumes suivants sont considérés comme psaumes messianiques : 2, 21, 22, 45, 67, 69, 89, 96, 110, 132 ; le psalmiste y exalte poétiquement les excellences du Messie et la certitude de sa venue).  

 

      Ésaïe, dont l'office prophétique fut honoré du témoignage personnel du Christ et des apôtres, manifesta en de nombreux passages sa conviction que le Sauveur viendrait exercer son ministère sur la terre. Avec la force de la révélation directe, il parla de la maternité divine de la Vierge, de qui naîtrait Emmanuel, et sa prédiction fut répétée par l'ange du Seigneur, plus de sept siècles plus tard (Ésaïe 7:14 ; cf. Matthieu 1:21-23). Contemplant les siècles futurs, le prophète vit l'accomplissement des desseins divins comme si c'était déjà fait et chanta triomphalement : « Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la souveraineté reposera sur son épaule ; on l'appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix. Renforcer la souveraineté et donner une paix sans fin au trône de David et à son royaume, l'affermir et le soutenir par le droit et par la justice dès maintenant et à toujours : voilà ce que fera le zèle de l'Éternel des armées » (Ésaïe 9:5, 6).

 

      Immédiatement avant sa réalisation, la promesse bénie fut répétée par Gabriel, envoyé de la présence de Dieu à la Vierge élue de Nazareth (Luc 1:26-33). Comme cela avait été révélé au prophète et proclamé par lui, le Seigneur futur était le rameau vivant qui jaillirait de la racine immortelle représentée par la famille d'Isaï (Ésaïe 11:1, 10 ; cf, Romains 15:12 ; Apocalypse 5:5 ; 22:16 ; aussi Jérémie 23:5, 6), la pierre de fondement assurant la stabilité de Sion (Ésaïe 28:16 ; cf. Psaumes 118:22 ; Matthieu 21:42 ; Actes 4:11 ; Romains 9:33 ; 10:11 ; Éphésiens 2:20 ; 1 Pierre 2:6-8), le berger de la maison d'Israël (Ésaïe 40:9-11 ; cf. Jean 10:11, 14 ; Hébreux 13:20 ; 1 Pierre 2:25 ; 5:4 ; voir aussi Ézéchiel 34:23), la lumière du monde (Ésaïe 42:1 ; voir aussi 9:2 ; 49:6 ; 60:3 ; cf. Matthieu 4:14-16 ; Luc 2:32 ; Actes 13:47 ; 26:18 ; Éphésiens 5:8, 14), pour le Gentil aussi bien que pour le Juif ; le Chef et Dominateur de son peuple (Ésaïe 55:4 ; cf. Jean 18:37). La même voix inspirée prédit l'avènement du précurseur qui crierait dans le désert : « Ouvrez le chemin de l'Éternel, nivelez dans la steppe une route pour notre Dieu » (Ésaïe 40:3 ; cf. Matthieu 3:3 ; Marc 1:3 ; Luc 3:4 ; Jean 1:23).

 

      Il fut permis à Ésaïe de lire dans le parchemin de l'avenir les nombreuses conditions spéciales qui accompagneraient l'humble vie et la mort expiatoire du Messie. Le prophète vit en lui quelqu'un qui serait méprisé et rejeté des hommes, un Homme de douleur, accoutumé à la souffrance, quelqu'un qui serait blessé et meurtri pour les transgressions du genre humain, sur qui serait placée notre iniquité à tous : un sacrifice patient et volontaire, silencieux dans l'affliction, comme un agneau amené à l'abattoir. La mort du Seigneur, avec des pécheurs, et son ensevelissement dans le tombeau du riche furent annoncés de même avec une certitude prophétique (Ésaïe, chapitre 53 ; cf. Actes 8:32-35).

 

      Jérémie reçut clairement la parole du Seigneur, déclarant la venue certaine du Roi qui assurerait la sécurité de Juda et d'Israël (Jérémie 23:5, 6 ; voir aussi 33:14-16) ; le Prince de la Maison de David, par l'intermédiaire duquel la promesse divine faite au fils d’Isaï serait réalisée (Jérémie 30:9) Ézéchiel (Ézéchiel 34:23 ; 37:24, 25), Osée (Osée 11:11 ; cf. Matthieu 2:15) et Michée (Michée 5:2 ; cf. Matthieu 2:6 ; Jean 7:42) prophétisèrent dans le même esprit. Zacharie s'arrêta au milieu d'une prédiction sinistre pour chanter le cantique joyeux d'actions de grâce et de louange en contemplant en vision la procession toute simple de l'entrée triomphale du Roi dans la ville de David (Zacharie 9:9 ; cf. Matthieu 21:4-9). Puis le prophète se lamenta sur la douleur de la nation frappée par sa conscience, par qui, comme il avait été prévu, le Sauveur de l'humanité serait percé, jusqu'à en mourir (Zacharie 12:10 ; cf. Jean 19:37) ; il montra que, une fois soumis par la contrition, son propre peuple demanderait : « Qu'est-ce que ces blessures que tu as aux mains ? », le Seigneur répondrait : « C'est dans la maison de ceux qui m'aimaient que j'ai été frappé » (Zacharie 13:6). Même le prix qui serait payé pour trahir le Christ et le livrer à la mort fut prédit comme dans une parabole (Zacharie 11:12, 13 ; cf. Matthieu 26:15 ; 27:3-10).

 

      Il ne fait aucun doute que ces prédictions des prophètes de l'Ancien Testament concernaient Jésus-Christ et lui seul : le Seigneur ressuscité l'affirme lui-même. Il dit aux apôtres assemblés : « C'est là ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous ; il fallait que s'accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. Alors il leur ouvrit l'intelligence pour comprendre les Écritures. Et il leur dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, qu'il ressusciterait d'entre les morts le troisième jour » (Luc 24:44, 46 ; voir aussi les versets 25 et 27).

 

      Jean-Baptiste, dont le ministère précéda immédiatement celui du Christ, proclama la venue de quelqu'un qui serait plus puissant que lui, de quelqu'un qui baptiserait du Saint-Esprit, et reconnut formellement Jésus de Nazareth comme étant ce quelqu'un, le Fils de Dieu, l'Agneau qui prendrait sur lui le fardeau des péchés du monde (Mathieu 3:11 ; Marc 1:8 ; Luc 3:16 ; Jean 1:15, 26, 27, 29-36 ; voir aussi Actes 1:5, 8 ; 11:16 ; 19:4).

 

      Les prédictions que nous avons citées jusqu'à présent et qui ont trait à la vie, au ministère et à la mort du Seigneur Jésus sont les paroles prononcées par des prophètes qui, à l'exception d'Adam et d'Énoch, vécurent et moururent au Moyen-Orient. À l'exception de Jean-Baptiste, ils appartiennent tous à l’Ancien Testament, et Jean-Baptiste, contemporain du Christ dans la mortalité, apparaît dans les premiers chapitres des évangiles. Il est important de savoir que les Écritures des Amériques déclarent d'une manière tout aussi explicite la grande vérité que le Fils de Dieu naîtrait dans la chair. Le Livre de Mormon contient l'histoire d'une colonie d'Israélites, de la tribu de Joseph, qui quitta Jérusalem en 600 av. J.-C. durant le règne de Sédécias, roi de Juda, à la veille de la conquête de Juda par Nebucadnetsar et de la captivité babylonienne. Cette colonie fut conduite par la direction divine vers les Amériques, où elle s'accrut pour former un peuple nombreux et puissant ; toutefois, divisé par la dissension, celui-ci donna naissance à deux nations opposées, les Néphites et les Lamanites. Ceux-là cultivèrent les arts de l'industrie et du raffinement et conservèrent un document écrit contenant à la fois de l'histoire et des Écritures, tandis que ceux-ci dégénérèrent et s'avilirent. L’extinction des Néphites se produisit vers 400 ap. J.-C., mais les Lamanites continuèrent à exister dans leur état dégénéré. Leurs descendants sont aujourd'hui les Amérindiens.

 

      Dès leur début, et jusqu'à l'époque de la naissance de notre Seigneur, les annales néphites prédisent et promettent abondamment la venue du Christ ; et cette chronique est suivie d'un récit rapportant la visite en personne du Sauveur ressuscité aux Néphites et l'établissement de son Église parmi eux. Le Seigneur révéla à Léhi, chef de la colonie, l'époque, le lieu et la manière dont se produirait l'avènement alors futur du Christ, en même temps que beaucoup de faits importants de son ministère et l’œuvre préparatoire de Jean le précurseur. Cette révélation fut donnée tandis que le groupe voyageait dans le désert d'Arabie avant de traverser les grandes eaux.

 

      Voici comment Néphi, fils de Léhi et son successeur à l'appel prophétique, formule la prophétie : « Et aussi, que six cents ans après le départ de mon père de Jérusalem, le Seigneur Dieu susciterait un prophète parmi les juifs, même un Messie, ou, en d'autres termes, un Sauveur du monde. Et il leur parla aussi des prophètes, leur montrant combien était considérable le nombre de ceux qui avaient rendu témoignage de ce Messie, ou de ce Rédempteur du monde dont il avait parlé. Et que tout le genre humain était dans un état de chute et de perdition et le serait toujours, à moins qu'il n'ait recours à ce Rédempteur. Et il parla aussi d'un prophète qui devait précéder le Messie afin de préparer la voie du Seigneur. Et qui irait, criant dans le désert : Préparez la voie du Seigneur ; aplanissez ses sentiers, car il y en a un parmi vous que vous ne connaissez point ; et il est plus puissant que moi ; et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses chaussures. Et mon père parla beaucoup de cela. Mon père dit que celui-là baptiserait à Béthabara, au-delà du Jourdain ; et il dit aussi qu'il baptiserait d'eau ; et même qu'il baptiserait d'eau le Messie. Et que lorsqu'il aurait baptisé d'eau le Messie, il verrait et rendrait témoignage d'avoir baptisé l'Agneau de Dieu, qui allait effacer les péchés du monde. Et lorsque mon père eut dit ces paroles, il parla à mes frères de l'Évangile qui serait prêché parmi les Juifs, et aussi de l'incrédulité dans laquelle les Juifs tomberaient. Et qu'ils tueraient le Messie qui devait venir, et qu'après avoir été tué, il ressusciterait d'entre les morts et se manifesterait par le Saint-Esprit aux Gentils » (1 Néphi 10:4-11, dans le Livre de Mormon).

 

      Néphi écrit encore plus tard, n'agissant plus en qualité de scribe de son père mais comme prophète et révélateur, héraut de la parole de Dieu qui lui a été révélée. Il lui permit d'avoir une vision et d'exposer à son peuple les circonstances de la naissance du Messie, son baptême par Jean et le ministère du Saint-Esprit avec le signe de la colombe qui l'accompagnerait ; il vit notre Seigneur parmi le peuple, comme un Maître de justice, guérissant les affligés et réprimandant les esprits du mal ; il vit et rapporta les scènes terribles du Calvaire ; il vit et prédit l'appel des douze élus, les apôtres de l'Agneau, car c'est ainsi que les nommait celui qui lui accordait cette vision. Il parla en outre de l'iniquité des Juifs, qu'il vit en conflit avec les apôtres ; et ainsi prend fin cette importante prophétie : « Et l'ange du Seigneur me parla de nouveau, disant : C'est ainsi que seront détruites toutes les nations, toutes les familles, langues et peuples qui combattront les douze apôtres de l'Agneau » (1 Néphi chapitres 11 et 12 ; voir aussi 19:10). Peu après la défection qui établit la distinction entre les Néphites et les Lamanites, Jacob, frère de Néphi, poursuivit la lignée prophétique en assurant que le Messie viendrait, précisant que son ministère se situerait à Jérusalem et affirmant que sa mort expiatoire était nécessaire, c'était le moyen prévu pour racheter les hommes (2 Néphi 9:5, 6 ; 10:3 ; voir aussi la prophétie de  2 Néphi 25:12-14 ; et chapitre 26). Le prophète Abinadi, dénonçant hardiment les péchés du méchant roi Noé, prêcha à propos du Christ qui devait venir (Mosiah 13:33-35 ; 15:1-13) ; et Benjamin, le juste, qui était à la fois prophète et roi, proclama la même vérité à son peuple vers 125 av. J.-C. C'est ce qu'enseigna encore Alma (Alma 39:15 ; 40:1-3) dans son exhortation inspirée à son fils dépravé, Corianton ; et c'est ce que fit également Amulek (Alma 11:31-44) dans sa querelle avec Zeezrom. Le prophète lamanite, Samuel, proclama la même chose, cinq ans seulement avant que l'événement même ne se produisît ; en outre, il précisa les signes qui révéleraient aux peuples des Amériques la naissance de Jésus en Judée. Il dit : « Voici, je vous donne un signe ; encore cinq ans, et voici, le Fils de Dieu vient racheter tous ceux qui croiront à son nom. Et voici, je vous donnerai ceci comme signe au moment de sa venue ; car voici, il y aura de grandes lumières dans les cieux, au point que la nuit qui précédera sa venue, il n'y aura pas de ténèbres, en sorte qu'il semblera à l'homme qu'il fait jour. C'est pourquoi, il y aura un jour, une nuit et un jour, comme si c'était un jour sans nuit ; et ce sera pour vous un signe ; car vous verrez le lever du soleil et son coucher ; c'est pourquoi, on saura avec certitude qu'il y aura deux jours et une nuit ; néanmoins, la nuit ne sera pas assombrie ; et ce sera la nuit qui précédera sa naissance. Et voici, une nouvelle étoile se lèvera, telle que vous n'en avez jamais vue, et cela aussi vous sera un signe. Et voici, ce n'est pas tout, il y aura beaucoup de signes et de prodiges dans le ciel » (Hélaman 14:1-6 ; cf. 3 Néphi 1:4-21).

 

      Ainsi donc les Écritures de l'ancien et du nouveau monde et à toutes les époques préchrétiennes témoignèrent solennellement que l'avènement du Messie était certain ; c'est ainsi que les saints prophètes de jadis proclamèrent la parole de la révélation prédisant la venue du Roi et du Seigneur du monde, par qui seul la révélation est donnée, et la rédemption de la mort assurée. Il est caractéristique des prophètes envoyés de Dieu qu'ils possèdent et proclament l'assurance personnelle concernant le Christ, car « le témoignage de Jésus est l'esprit de la prophétie » (Apocalypse 19:10). Jamais aucune parole de la prophétie inspirée relative au grand événement ne s'est avérée vaine. L’accomplissement littéral des prédictions atteste amplement que leur origine se trouve dans la révélation divine et prouve de manière concluante la divinité de celui dont la venue fut prédite si abondamment.

 

 

Source : James E. Talmage, Jesus the Christ, Salt Lake City, 1915