Un fait religieux hors du commun


Jean Dressayre

Article mis à jour le 1er janvier 2003 




En ce début du 21ème siècle, alors que le souffle d’un renouveau spirituel balaie nos sociétés, il est remarquée l'étonnante croissance de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Les études statistiques à son égard prévoient un nombre de fidèles de près de 180 millions en 2050, c’est-à-dire dans seulement 50 ans. Ils n’étaient que 5 millions en 1980 et 11 millions en l'an 2000 (15 millions en 2015, ndlr). En vingt ans, l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours a vu le nombre de ses fidèles doubler. C’est cette croissance spectaculaire qui fait dire à Rodney Stark, sociologue à l’université de Washington, que cette Église est la « prochaine grande religion mondiale ».

On appelle « mormons » ceux et celles qui reconnaissent le Livre de Mormon comme un autre témoignage de la réalité de Jésus-Christ, le premier étant la Bible. En fait, le nom officiel de l'Église mormone est Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Sa dénomination souligne le fait qu'elle est une Église chrétienne, et que ses membres sont, au même titre que les premiers disciples du Christ, des saints au sens où ils bénéficient de la présence du Saint-Esprit qui sanctifie. Quant à la notion de temps, elle met l'accent sur le fait qu'il s'agit de l'Église de Jésus-Christ rétablie de nos jours.

Les débuts de l'Église

C’est à Fayette, dans l’Etat de New York, que le 6 avril 1830 une soixantaine de personnes se réunit chez Peter Whitmer pour assister à son organisation officielle. Dix ans auparavant, un jeune garçon du nom de Joseph Smith, alors âgé de quatorze ans, avait eu une vision au cours de laquelle Dieu le Père et Jésus-Christ répondirent aux questions qu’il se posait à propos des multiples confessions qui tentaient de s'imposer à ce moment-là. En 1823, trois ans après cette première vision, le jeune Joseph eut la visite d’un ange se présentant sous le nom de Moroni, un messager envoyé de Dieu. L’ange expliqua qu’il existait, déposé en lieu sûr, un livre écrit sur des plaques d'or relatant une partie de l’histoire du continent américain et contenant l’Évangile dans sa plénitude, tel qu’il avait été donné par le Sauveur à ses anciens habitants.

Ce n’est que quelques années plus tard, en 1827, que Joseph Smith prit possession des plaques d'or sur lesquelles étaient gravés des caractères qu’il finit de traduire au cours de l’année 1829. Le texte traduit était un abrégé des annales tenues par les historiens de ce peuple au cours des mille années de son existence (de 600 av. J.-C. à 421 apr. J-C.), abrégé fait par Mormon et terminé par son fils Moroni, celui-là même qui allait apparaître plus tard à Joseph Smith pour le lui remettre.

Dès le départ, la Bible et le Livre de Mormon constituèrent les ouvrages canoniques de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, la Bible témoignant du ministère de Jésus-Christ sur le vieux continent, le Livre de Mormon de son ministère sur le nouveau continent. C'est pour cela que, lorsque l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours commença à être connue, ses détracteurs lui donnèrent le surnom d'Église mormone.

Au-delà du sobriquet « mormon » sous lequel sont connus les fidèles de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, il est intéressant de connaître la place que cette Église occupe dans le monde chrétien. Est-elle rattachée au traditionnel mouvement catholique ou à l’une des confessions protestantes ? Quel crédit accorder au Livre de Mormon alors que la Bible est le véhicule traditionnel de la diffusion de la parole de Dieu dans le monde chrétien ? Quelle est la doctrine de cette Église et, enfin, comment est-elle organisée ?

La place de l’Église de Jésus-Christ

Si l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours était issue d’un mouvement religieux chrétien existant, elle ne présenterait pas plus d’intérêt que les centaines d'autres Églises qui façonnent le monde chrétien. Son originalité tient justement au fait qu’elle n’est issue d’aucun mouvement chrétien existant. Le nom même de l’Église est un début d’explication à cette originalité. Associés à l’identité de Jésus-Christ, les termes « saints des derniers jours » renvoient nécessairement à l’Église de Jésus-Christ des « saints des premiers jours ». On peut s'interroger sur ce qui s'est passé entre la période au cours de laquelle Jésus-Christ mit en place son Église des « premiers jours » et l’année 1830 au cours de laquelle Joseph Smith dit avoir reçu la mission de la rétablir dans les « derniers jours » ?

Il découle de passages de la Bible tels que Éphésiens 4:11-15 qu'au cours de son ministère terrestre Jésus-Christ a fondé une Église. Ce n’était pas l’Église de Jean-Baptiste, ni celle de Pierre, ni celle de Paul, ni celle d’aucun autre de ses disciples, c’était son Église. Au-delà de sa mission salvatrice, il dirigea son Église au sein de laquelle les disciples pouvaient travailler à leur salut, à celui des autres, et recevoir de l’aide et du réconfort. Ceux et celles qui acceptaient Jésus-Christ comme étant le Fils de Dieu se joignaient à l’Église par le baptême par immersion, symbole de l'ensevelissement du « vieil homme du péché », pour utiliser l'expression de Paul, et de la nouvelle naissance à l'Évangile.

Le Sauveur savait qu’il quitterait bientôt la terre, aussi se soucia-t-il du devenir de son Église fraîchement organisée. C’est dans ce but qu’il appela ses apôtres afin qu’ils siègent à la tête de l’Église. Tout comme les prophètes de l'Ancien Testament, ils recevaient les révélations du Seigneur pour diriger le peuple. Sans ces directives célestes, il semble évident que, laissée à elle-même, l’Église se serait égarée. Ainsi, le rôle des apôtres prit-il un sens profond et capital en l’absence du Seigneur. Par ailleurs, ils avaient reçu le commandement d’aller de par le monde prêcher l’Évangile. Leur nombre ne leur permettait pas de s'occuper de tous les lieux dont ils avaient la charge, et notamment de veiller sur les nouveaux convertis. Aussi nommèrent-ils des officiers locaux, appelés parfois « anciens » ou « évêques », pour mener à bien les affaires de l’Église. Un évêque régissait habituellement une assemblée plus importante que celle dirigée par un ancien. Chaque évêque avait une autorité égale à celle des autres évêques. Son ministère était purement local, puisque le collège des douze apôtres exerçait l’autorité générale sur l’Église. On ne songeait pas alors à faire présider certains évêques sur d’autres. Ainsi prenait forme la toute jeune Église. Néanmoins, la bonne volonté des premiers chrétiens ne tarda pas à rencontrer l’opposition, tant sur le plan spirituel que sur celui de l’organisation de leur nouvelle communauté. En effet, les chrétiens vécurent constamment dans un environnement hostile. Il est vrai qu’avec sa nouvelle façon de voir la religion, le christianisme bouscula les habitudes du milieu juif d’où il était issu. Les chefs religieux juifs s’opposèrent furieusement aux enseignements de Jésus qui, selon eux, divisaient le peuple. Ainsi, les premiers chrétiens furent-ils persécutés tout d’abord par leurs propres frères juifs, puis par le pouvoir politique romain. Nombreux furent ceux qui perdirent la vie pour ne pas avoir renié leur témoignage de Jésus-Christ.

Ces persécutions eurent pour conséquence la déstabilisation de l’Église. Les saints des premiers jours ne pouvaient plus se réunir librement, et rares étaient les moments où ils pouvaient communiquer entre eux. Les dirigeants locaux ne pouvaient plus être nommés et remplacés par les apôtres puisque ces derniers étaient eux-mêmes persécutés. L’un après l’autre, les apôtres perdirent la vie. Le dernier d’entre eux, l’apôtre Jean, fut saisi par ses persécuteurs et soumis à de cruels traitements. Il fut enfin exilé sur l’île de Patmos d’où il dirigea pendant un temps encore l’activité de l’Église, en qualité de dernière autorité ecclésiastique. Le collège des douze apôtres n’était plus et l’Église alla à la dérive. Les évêques et les anciens se retrouvèrent isolés et livrés à eux-mêmes. C’est ainsi qu’après la mort de Jésus-Christ et celle des apôtres, les saints des premiers jours évoluèrent sans guide spirituel. Chaque unité locale de l’Église grandissait seule avec ses propres interprétations de l’Évangile.

Il fallut attendre le règne de l’empereur romain Constantin le Grand (274-337) pour que le christianisme soit reconnu comme religion à part entière. Maître de Rome, Constantin promulgua en 313 l’Edit de Milan qui établissait la liberté religieuse. Cet acte fut accueilli avec enthousiasme par les chrétiens, d'autant plus que la conversion de Constantin au christianisme, qui dut avoir lieu vers 323, donna à l’Église chrétienne une prédominance certaine dans la société romaine. Constantin affirma la victoire du christianisme par des actes dont le plus significatif fut la convocation du concile de Nicée (Concile oecuménique qui favorisa l'adoption d'une doctrine unique). Sa gloire a cependant été ternie par des cruautés qui font douter de la profondeur de sa conversion. Quoi qu’il en soit, le monde chrétien était enfin regroupé sous une seule autorité, celle de l’empire. Les évêques qui ne reconnurent pas Constantin comme chef de l’Église furent écartés de leurs responsabilités ecclésiastiques et remplacés par ceux qui lui reconnaissaient l’autorité religieuse suprême.

L’autorité divine pour guider et diriger l’Église détenue par Jésus-Christ et les douze apôtres n'étant plus sur terre, Constantin s’appropria cette autorité et dirigea l’Église chrétienne comme il dirigeait ses armées, ses finances et toutes les autres administrations de l’empire. Par la suite, les empereurs romains continuèrent à être les chefs de l’Église et à nommer les hauts dignitaires ecclésiastiques. De leur côté, les évêques mis en place par les empereurs successifs s’arrogèrent de plus en plus de droits au sein de l’Église et ceux qui présidaient de grandes communautés devinrent l’autorité hiérarchique de ceux qui en présidaient de plus petites.

Rome, si longtemps la « maîtresse du monde » dans les affaires séculières, s'appropria donc la prééminence dans les affaires de l’Église, et l’évêque de Rome réclama la prépondérance. Mais la suprématie des évêques de Rome, ou des pontifes romains comme on les appela par la suite, ne tarda pas à être remise en cause. En effet, quand l’empereur Constantin fit de Byzance (Constantinople) la capitale de l’empire, l’évêque de Constantinople réclama l’égalité des pouvoirs. La dispute divisa l’Église, et pendant cinq cents ans la dissension s’accrut. Au 9ème siècle, en 855 plus précisément, cette rivalité aboutit à un grand schisme et l’évêque de Constantinople, qui se distinguait par le titre de patriarche, refusa l’allégeance à l’évêque de Rome. Cette première grande division de l’Église catholique romaine est visible encore aujourd’hui par la distinction faite entre les catholiques romains et les catholiques orthodoxes.

L’Église de Rome régna sans rivale sur l’Europe jusqu’à l’éveil de l’activité intellectuelle dans la deuxième moitié du 14ème siècle. L’une des premières révoltes contre le despotisme temporel et spirituel de l’Église des papes fut celle des Albigeois en France, au cours du 13ème siècle. Ces révoltes furent écrasées par l’autocratie papale avec beaucoup de cruauté et d’effusion de sang. Un peu plus tard, au 14ème siècle, en Angleterre, John Wyclif, théologien anglais et professeur à l’université d’Oxford, critiqua courageusement le pouvoir croissant et abusif des moines et dénonça la corruption de l’Église. Il s’opposa particulièrement à l’interdiction papale de la lecture des Écritures bibliques par le peuple. Jusqu’au début du 16ème siècle, et au-delà des quelques cas précités, peu de gens s'opposèrent à l’autorité suprême et « infaillible » du pape de Rome.

Vint la Réforme. Le mouvement commença en Allemagne, vers 1517, quand Martin Luther, moine de l’ordre des Augustins et professeur à l’université de Wittenberg, s’opposa publiquement à la papauté en dénonçant la vente des Indulgences, titres qui assuraient le pardon des péchés à qui pouvait les payer. Luther écrivit ses célèbres quatre-vingt-quinze thèses contre la pratique des indulgences et en afficha un exemplaire sur la porte de l’Église de Wittenberg, invitant tous les érudits à la critique. La nouvelle se répandit rapidement et on discuta de ces thèses dans les milieux culturels européens. Luther critiqua ensuite d’autres pratiques et doctrines de l’Église romaine. Le pape Léon X promulgua alors un décret contre Luther, lui demandant de reconnaître publiquement ses thèses comme hérétiques sous peine d’excommunication. En réponse, Luther brûla publiquement le document du pape et déclara ainsi ouvertement sa révolte. La controverse religieuse se répandit dans toute l’Europe et le pape promulgua en 1529 un édit contre les réformateurs. Les représentants des sept principautés allemandes s’y opposèrent en une protestation solennelle à la suite de quoi les réformateurs furent appelés « protestants ». Le prince allemand Frédéric de Saxe accepta de protéger Luther contre les tentatives d’élimination perpétrées par l’Église de Rome. À la mort de Frédéric de Saxe, son frère Jean de Saxe déclara que les enseignements de son protégé étaient incompatibles avec ceux de Rome. Le prince décida alors de retirer son appui au pape et de l’accorder désormais à Luther. Ainsi Jean de Saxe fonda-t-il une Église séparée et distincte de celle de Rome. Il chargea Luther d’en établir les formes de culte, traça le genre de gouvernement ecclésiastique qui correspondait aux idées de Luther et décida quels seraient les devoirs et les salaires des religieux. La nouvelle Église réformée fut placée sous la protection et l’autorité de l’Etat. Luther mourut en 1546 et les protestants se divisèrent progressivement en de nombreuses sectes rivales.

En Scandinavie, les rois eux-mêmes prirent activement part au dépouillement des biens des évêques catholiques. Ils adoptèrent la nouvelle foi protestante de Luther comme religion d’Etat. En Suisse, où Calvin réalisa la réforme parallèlement à Luther, le pouvoir politique intervint une fois encore. Le gouvernement civil de Genève prit en main les affaires religieuses en dessaisissant de leurs pouvoirs les évêques catholiques au profit de la nouvelle doctrine protestante.

Au 16ème siècle, le roi Henri VIII d’Angleterre décida de répudier sa femme Catherine d’Aragon pour en épouse une autre. Irrité par la position hostile du pape qui lui refusait l'annulation du mariage, le Parlement, sous l’influence évidente d’Henri VIII, enleva au pontife romain tout pouvoir religieux et vota en 1535 l’Acte de Suprématie qui fit du roi le chef de l’Église en Angleterre. Henri VIII saisit les biens de l’Église catholique pour fonder et organiser sa propre Église. Il releva les évêques catholiques qui ne voulurent pas le suivre et en nomma d’autres qui prirent la direction de la nouvelle Église : l’Église anglicane.

Au sein de ces grandes divisions, à partir du 16ème siècle, un grand nombre de communautés chrétiennes vit le jour, comme les Anabaptistes en 1521, les Mennonites en 1536, les Presbytériens en 1560, les Baptistes en 1609, l’Église réformée américaine en 1628, les Quakers en 1647, les Méthodistes en 1739, les Adventistes dès 1833, les Témoins de Jéhovah en 1870 et l’Armée du Salut en 1888.

Ainsi, en l’absence d’autorité divine, les hommes ont créé leurs propres Églises. La Bible parle clairement de la période d’apostasie qui suivrait le ministère du Christ, période durant laquelle pouvoir et direction célestes seraient enlevés aux hommes à cause de leur méchanceté et de leur incrédulité : « Voici, les jours viennent, dit le Seigneur, l’Éternel, où j’enverrai la famine dans le pays. Non pas la disette de pain et la soif de l’eau, mais la faim et la soif d’entendre les paroles de l’Éternel. Ils seront alors errants d’une mer à l’autre, du septentrion à l’orient, ils iront çà et là pour chercher la parole de l’Éternel, et ils ne la trouveront pas » (Amos 8:11-12).

Dans le Nouveau Testament, Paul, s’adressant aux Thessaloniciens, parle d’une façon non équivoque de la période d’apostasie qui doit précéder le retour triomphal du Seigneur : « Pour ce qui concerne l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ et notre réunion avec lui, nous vous prions, frères, de ne pas vous laisser facilement ébranler dans votre bon sens, et de ne pas vous laisser troubler, soit par quelque inspiration, soit par quelque parole, ou par quelque lettre qu’on dirait venir de nous, comme si le jour du Seigneur était déjà là. Que personne ne vous séduise d’aucune manière, car il faut que l’apostasie soit arrivée auparavant, et qu’on ait vu paraître l’homme du péché, le fils de la perdition, l’adversaire, qui s’élève au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu ou de ce qu’on adore, jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu, se proclamant lui-même Dieu » (2 Thessaloniciens 2:1-4). Comment ignorer tant de précisions bibliques, corroborées par l’histoire séculière ?

Un prophète appelé aujourd’hui par Dieu marquerait la fin de la longue période d’apostasie et le rétablissement de toutes choses offriraient à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté la possibilité de faire un pas vers l’Église de Jésus-Christ.

L’origine de l’Église de Jésus-Christ

Nombreux furent ceux qui quittèrent l’Europe occidentale au cours des 18ème et 19ème siècles pour coloniser les nouvelles terres des Amériques, terres sur lesquelles pouvaient, entre autres, s’exprimer librement certains sentiments religieux souvent contraires aux dogmes des Églises traditionnelles.

C’est en ces lieux nouveaux, loin du carcan ecclésiastique des grandes confessions chrétiennes, et en rupture avec elles, que se développa de nombreux petits mouvements religieux. C’est dans ce contexte qu'eut lieu le rétablissement. Le moment et le lieu étaient des plus favorables. D'une part, le 18ème, le siècle des Lumières, avait permis de développer chez l’homme le sens de la réflexion et le désir de l’indépendance intellectuelle. Il n’était plus le sujet d’un roi omnipotent, mais un citoyen avec des droits personnels. D’autre part, rares étaient les pays libres de toute influence religieuse comme l’était alors le continent nord-américain au début du 19ème siècle. Aucune des grandes religions du monde n’y était encore implantée structurellement. C’est dans ces conditions idéales que pouvait être rétablie l’Église de Jésus-Christ.

En 1820, Joseph Smith avait quatorze ans, et il allait vivre à ce moment-là l'expérience spirituelle qui est à l’origine du rétablissement de l’Église de Jésus-Christ. Joseph raconte son histoire :

« À un moment donné, au cours de la deuxième année qui suivit notre installation à Manchester, il y eut, dans l’endroit où nous vivions, une agitation peu commune à propos de la religion. Elle commença chez les méthodistes, mais devint bientôt générale chez toutes les confessions de cette région du pays. En effet, toute la contrée paraissait en être affectée, et de grandes multitudes s’unirent aux différents partis religieux, ce qui ne causa pas peu de remue-ménage et de divisions parmi le peuple, les uns criant : Par ici !, les autres : Par là ! Les uns tenaient pour les méthodistes, les autres pour les presbytériens, d’autres pour les baptistes (...) On s’aperçut que les bons sentiments apparents des prêtres et des convertis étaient plus prétendus que réels, car il s’ensuivit une grande confusion et de mauvais sentiments, prêtre luttant contre prêtre et converti contre converti...J’étais alors dans ma quinzième année (...) Pendant cette période de grande agitation, mon esprit fut poussé à réfléchir sérieusement et à éprouver un grand malaise mais, quoique mes sentiments fussent profonds et souvent poignants, je me tins cependant à l’écart de tous ces partis tout en suivant leurs diverses assemblées aussi souvent que j’en avais l’occasion (...) La confusion et la lutte étaient si grandes entre les diverses confessions, qu’il était impossible à quelqu’un d’aussi jeune et d’aussi peu au courant des hommes et des choses que je l’étais, de décider d’une manière sûre qui avait raison et qui avait tort (...) Au milieu de cette guerre de paroles et de ce tumulte d’opinions, je me disais souvent : Que faut-il faire ? Lequel de tous ces partis a raison ? Ou ont-ils tous tort ? Si l’un d’eux a raison, lequel est-ce, et comment le saurai-je ? Tandis que j’étais travaillé par les difficultés extrêmes causées par les disputes de ces partis de zélateurs religieux, je lus, un jour, l’épître de Jacques, chapitre 1, verset 5, qui dit : « Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu qui donne à tous simplement et sans reproche et elle lui sera donnée ». Jamais aucun passage de l’Écriture ne toucha le cœur de l'homme avec plus de puissance que celui-ci ne toucha alors le mien. Il me sembla qu’il pénétrait avec une grande force dans toutes les fibres de mon cœur. J’y pensais constamment, sachant que si quelqu’un avait besoin que Dieu lui donne la sagesse, c’était bien moi, car je ne savais que faire, et à moins de recevoir plus de sagesse que je n’en avais alors, je ne le saurais jamais, car les professeurs de religion des diverses confessions comprenaient si différemment les mêmes passages de l’Écriture que cela faisait perdre toute confiance de régler la question par un appel à la Bible.
 
« Enfin, j’en vins à la conclusion que je devais, ou bien rester dans les ténèbres et la confusion, ou bien suivre le conseil de Jacques, c’est-à-dire demander à Dieu. Je me décidai finalement à « demander à Dieu » concluant que s’il donnait la sagesse à ceux qui en manquaient, et la donnait libéralement et sans faire de reproche, je pouvais bien essayer. Ainsi donc, mettant à exécution ma détermination de demander à Dieu, je me retirai dans les bois pour tenter l’expérience. C’était le matin d’une belle et claire journée du début du printemps de l’an mil huit cent vingt. C’était la première fois de ma vie que je tentais une chose pareille, car au milieu de toutes mes anxiétés, je n’avais encore jamais essayé de prier à haute voix. Après m’être retiré à l’endroit où je m’étais proposé au préalable de me rendre, ayant regardé autour de moi et me voyant seul, je m’agenouillai et me mis à exprimer à Dieu le désir de mon cœur (…) Je vis, exactement au-dessus de ma tête, une colonne de lumière, plus brillante que le soleil, descendre peu à peu jusqu’à tomber sur moi (…) Quand la lumière se posa sur moi, je vis deux Personnages dont l’éclat et la gloire défient toute description, et qui se tenaient au-dessus de moi dans les airs. L’un d’eux me parla, m’appelant par mon nom et dit, en me montrant l’autre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoute-le ! » Mon but, en allant interroger le Seigneur, était de savoir laquelle des confessions avait raison, afin de savoir à laquelle je devais me joindre. C’est pourquoi, dès que je fus assez maître de moi pour pouvoir parler, je demandai aux Personnages qui se tenaient au-dessus de moi, dans la lumière, laquelle de toutes les confessions avait raison (…) et à laquelle je devais me joindre. Il me fut répondu de ne me joindre à aucune, car elles étaient toutes dans l’erreur ; et le personnage qui me parlait dit que tous leurs credos étaient une abomination à ses yeux ; que ces docteurs étaient tous corrompus ; qu’ils « s’approchent de moi des lèvres, mais leur coeur est éloigné de moi ; ils enseignent pour doctrine des commandements d’hommes, ayant une forme de piété, mais ils en nient la puissance ». Il me défendit de nouveau de me joindre à aucune d’elles et me dit encore beaucoup d’autres choses que je ne puis écrire maintenant. Quand je revins à moi, j’étais couché sur le dos, regardant au ciel. » (Joseph Smith, Histoire, 5-8, 10-20).

Ce récit du jeune Joseph est connu sous l'appellation de « La Première Vision ». Il s'agit d'un événement capital dans l’histoire de la religion chrétienne dans la mesure où la communication avec les cieux, par la révélation directe, est rétablie. En effet, comme Dieu l’avait fait auparavant, il allait à nouveau parler à l’homme par l’intermédiaire d’un prophète.

Le jeune garçon fut persécuté dès lors qu’il raconta avoir eu une telle vision et, bien qu’il ne fût encore qu’un adolescent, l’ensemble des chefs religieux de toute la région s’opposèrent à lui. « Personne ne peut voir Dieu et vivre ! » (Exode 33:20), déclaraient-ils. Leur argument, en fait, était : les apparitions et les visions n'existent plus depuis le temps du Christ. En disant cela, ils s’arrogeaient le droit de limiter les pouvoirs de leur Créateur. Si Dieu avait décidé d’apparaître à ce jeune garçon, qui eût pu l’en empêcher ?

Cette histoire laisse parfois perplexe le commun des croyants. Pourtant, celui-ci ne croit-il pas à des choses tout aussi surnaturelles, comme par exemples : la construction d’une arche par Noé et la séparation des eaux de la mer Rouge par Moïse. Il croit à l’histoire du prophète Daniel qui sortit indemne d’une fosse aux lions, à celle du jeune David qui vainquit le géant Goliath ou, encore, à la résurrection du Christ. Le fait que Dieu ait parlé à un jeune garçon au cours du 19ème siècle semble invraisemblable pour certains chrétiens, alors qu'il ne fait aucun doute pour les mêmes que Dieu parla à Adam, à Abraham, à Moïse, à David et à un grand nombre d’autres personnes. Il semble qu’il soit plus facile de croire à des événements surnaturels qui eurent lieu il y a plusieurs siècles que de croire à ce même type d’événements s’ils ont lieu à notre époque. Comment avoir foi en l'existence de prophètes anciens et ne pas se demander si Joseph Smith ne fut pas également un prophète de Dieu ?

Au cours du mois de mai 1829, Joseph Smith et Oliver Cowdery (un des premiers témoins du rétablissement de l'Église) reçurent la visite de Jean-Baptiste être alors ressuscité, celui-là même qui baptisa Jésus-Christ. Joseph reçut alors l’autorité de baptiser. Un peu plus tard, Pierre, Jacques et Jean, apôtres ressuscités de Jésus-Christ, posèrent les mains sur la tête du jeune Joseph, puis sur celle d’Oliver, pour leur conférer l’autorité qu’ils avaient eux-mêmes reçue de Jésus-Christ. L’année suivante, en 1830, soit dix ans après la Première Vision, et après avoir reçu la visite d’autres personnages célestes, Joseph Smith rétablit l’Église de Jésus-Christ.

Alors que les Églises chrétiennes avaient à leur tête des hommes choisis par d’autres hommes, et cela depuis des siècles, l’Église de Jésus-Christ avait à sa tête un homme choisi et appelé de Dieu, dès son adolescence. Depuis ce temps-là, l’Église revendique l’autorité d’agir au nom de Dieu, celle qui fut donnée aux premiers apôtres pour diriger l’Église et pour administrer les ordonnances.

Le Livre de Mormon : la clef de voûte de l’Église

La première originalité de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est de ne pas être issue d'un mouvement religieux contemporain. La deuxième réside dans le fait qu’elle a été rétablie par un jeune garçon âgé de quatorze ans seulement, dénué de toute formation théologique et universitaire. La troisième originalité se trouve être l’existence d’un ouvrage spirituel qui, comme la Bible, est un témoignage du Christ : Le Livre de Mormon.

Joseph Smith n’a donc pas créé une nouvelle Église chrétienne, mais rétabli ce qui avait existé à l'origine, à savoir l’Église organisée par Jésus-Christ. C’est en ce sens que le jeune Joseph restaura « toutes choses ». Il ne pouvait pas le faire sur le fondement de la Bible uniquement car la diversité des interprétations données à celle-ci a contribué à la multiplication des Églises chrétiennes. S’il avait agi ainsi, Joseph Smith ne serait alors qu’un théologien de plus parmi tous ceux qui écrivirent de nombreux livres commentant et expliquant la Bible. Joseph Smith n’est pas l’auteur du Livre de Mormon, il en est seulement le traducteur.

Le Livre de Mormon est un volume de saintes Écritures comparable à la Bible ; il contient le récit des relations entre Dieu et les anciens habitants du continent américain. Il révèle la plénitude de l’Évangile éternel. Ce livre fut écrit par de nombreux prophètes dont les paroles furent abrégées et gravées par le prophète-historien Mormon. Ces annales racontent l’histoire de deux grandes civilisations : l’une venue de Jérusalem en 600 av.J.-C. se sépara en deux nations, les Néphites et les Lamanites. L’autre, arrivée beaucoup plus tôt, à l’époque où le Seigneur avait confondu la langue des hommes à la tour de Babel, vers 2200 av. J.-C. est appelée Jarédites. Des milliers d’années plus tard, ces civilisations furent détruites à l’exception des Lamanites qui sont les ancêtres de certains Indiens d’Amérique. L’événement suprême relaté dans le Livre de Mormon est le ministère personnel de Jésus-Christ parmi les Néphites peu après sa résurrection.

On peut douter de la réalité de la vision de Joseph Smith. On peut douter de la réalité des visites de personnages ressuscités. On peut douter de la façon dont les plaques d’or sont arrivées entre les mains de Joseph Smith. On peut douter de l’authenticité de celles-ci. On peut douter du pouvoir que le jeune Joseph reçu pour les traduire. On peut douter de tout ce qui est subjectif, mais comment douter de la réalité matérielle de l’existence du Livre de Mormon ? Il existe, c’est incontestable. Les plus sceptiques d’entre les chrétiens peuvent le consulter à leur gré. Les éminents théologiens peuvent le lire. L’opinion du monde entier peut ne pas croire en la vision de Joseph Smith, cela ne change rien au fait que le Livre de Mormon est une réalité absolue. C’est la preuve matérielle que quelque chose s’est réellement produit autour de Joseph Smith.

Les détracteurs de l’Église ont pendant longtemps émis l’hypothèse selon laquelle le Livre de Mormon n’était rien d’autre que le récit d’une histoire inventée par Joseph Smith. Le littéraire rendra caduque cette hypothèse car il rencontrera des styles différents d'expression. L'ouvrage n'est pas l’oeuvre d’un seul auteur mais d’une quinzaine d’écrivains, chacun ayant un style littéraire particulier. Cette explication correspond à la structure même du Livre de Mormon, lequel est une compilation de différents récits et témoignages relatifs, d'une part, à une période d’environ mille ans (600 ans avant J.-C. jusqu’à 400 ans après J.-C.) et, d'autre part, à une période plus longue s'agissant de l'histoire abrégée du peuple de Jared qui trouve ses origines au moment de la destruction de la tour de Babel.

En outre, comment un jeune homme de vingt-trois ans (c’était l’âge qu'avait Joseph Smith au moment de la traduction des annales), issu d’une famille d’humbles paysans et d’un niveau scolaire primaire, ou n'importe qui d'autre d'ailleurs, que ce soit à son époque ou à la nôtre, pouvait-il écrire un ouvrage aussi complexe ? Pour juger de la difficulté d'une telle entreprise, que le lecteur s'imagine qu'il va écrire, sur la seule base des connaissances qu'il a actuellement, l’histoire d’une ancienne civilisation comme celle du Tibet, s’étendant sur une période allant de 2200 avant J.-C. à 400 ans après, avec notamment le récit de deux nations distinctes dont il faudrait décrire les cultures, les institutions politiques, économiques, sociales et religieuses. À cela, il faudrait ajouter, sans choquer le lecteur, l’histoire de Jésus-Christ et son influence quasi-permanente tout au long de 653 pages à raison d’une moyenne de 400 mots par page (édition française 1998). Il faudrait encore introduire quelque 180 nouveaux noms propres dont la formation soit vraisemblable, sachant que Shakespeare n’en a ajouté qu’une trentaine à la langue anglaise. De plus, l’auteur devrait décrire des civilisations inconnues au moment où il composait le récit. En effet, à l'époque où Joseph Smith traduisait les plaques d'or, les recherches archéologiques des civilisations précolombiennes dont parle le Livre de Mormon étaient quasi-inexistantes. Enfin, il faudrait écrire cette histoire en 65 jours, temps que mit Joseph Smith pour traduire les annales, tout en s’assurant d'éviter des déclarations absurdes ou contradictoires.

Certains théologiens avancent la thèse selon laquelle la Bible se suffirait à elle-même en invoquant les versets 18 et 19 du chapitre 22 du livre de l’Apocalypse qui disent : « Je déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre : Si quelqu’un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre ; et si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l’arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre ». Ces paroles bibliques sont censées prouver que Dieu ne s’adressera plus à l’homme après ces versets. C’est ignorer l’histoire même de la mise en forme de la Bible qui est une compilation de livres soigneusement choisis parmi d’autres afin d’en faire un livre canonique défini. Ainsi, les versets précités se réfèrent seulement au livre de l’Apocalypse. S’il en était autrement, comment expliquer alors l’avertissement similaire du verset 4 du deuxième chapitre du Deutéronome qui précise : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris ». Si l’on devait interpréter ce verset comme certains interprètent les derniers versets du livre de l’Apocalypse, il faudrait alors enlever de la Bible tout ce qui le suit et se priver ainsi des deux tiers de l’ouvrage.

Le fait que Joseph Smith ait restitué les plaques d’or à l’ange qui les lui avait confiées trouble encore l’esprit des plus critiques qui, pour y croire, auraient bien voulu les voir. Il ne faut pas oublier que la religion est une affaire de foi et que, sans la foi, elle devient une science exacte : l’effort spirituel n’a alors plus raison d’être. Tout comme les chrétiens du monde entier croient en la véracité du contenu de la Bible dont ils n'ont jamais vu l'ensemble des textes originaux, les Saints des Derniers Jours croient en la véracité du Livre de Mormon en l'absence des plaques d'or. En outre, si l'on avait les plaques, on ne serait pas plus avancé. Il faudrait encore trouver un Champollion pour les déchiffrer. En réalité, ce n'est pas la détention des plaques qui constitue la preuve de l'authenticité du Livre de Mormon, c'est son contenu dont chacun peut juger.

Le Livre de Mormon est la clef de voûte de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. S’il est bien un ouvrage révélé par Dieu au jeune Joseph Smith, alors ce dernier est nécessairement un prophète au sens biblique du mot. Le récit de la vision qu’il eut de Dieu le Père et de Jésus-Christ prend alors une crédibilité certaine et, enfin, le rétablissement de l’Église de Jésus-Christ en 1830 devient, pour l’humanité, l’événement le plus important depuis l’avènement du Christ.

La doctrine de l’Église de Jésus-Christ

Tous les points doctrinaux de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours ont été révélés à des prophètes et rassemblés dans les livres canoniques qui sont : la Bible (Ancien et Nouveau Testaments), le Livre de Mormon, le livre intitulé « la Perle de grand prix » (qui contient des points doctrinaux-clés, comme la préexistence et la rébellion de Lucifer et de ses anges) et le livre Doctrine et Alliances, ce dernier livre contenant les révélations les plus récentes. Grâce à ces livres canoniques, l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est en mesure de répondre aux questions fondamentales que se pose tout homme : D'où venons-nous ? Quel est le but de notre vie sur cette terre ? Que se passe-t-il à notre mort ?

La vie pré-terrestre

L’homme n’est pas le fruit du hasard mais l’élément majeur d’un plan organisé. Il est la réunion de deux composants, le corps et l’esprit. Le corps est la partie biologique de l’être humain. L’esprit est la vie du corps. Encore scientifiquement indéfinissable, l’esprit est une réalité tout comme les ondes radio que l’on ne voit pas. Cette dualité de l’être humain est régulièrement mise en opposition lorsque les appétits corporels sont freinés par ce que l’on appelle la conscience. C’est parce que l’homme est doté d’un code de valeurs indépendant du corps physique qu’il peut contrôler la plupart de ses pulsions.

Le corps physique est biologiquement créé par l’homme et la femme, l’esprit est créé par des parents d’un « autre monde ». Ainsi sommes-nous enfants de deux familles : enfants de nos parents terrestres, géniteurs de notre corps, et enfants de Dieu, créateur de notre esprit. Le regroupement familial instinctif que nous connaissons est une reproduction de ce que nous avons vécu avec nos parents célestes. Nous avons passé un certain temps auprès d’eux et acquis la connaissance qui nous a permis de progresser dans différents domaines. Nous n'avions alors pas besoin d'exercer notre foi puisque nous étions en leur présence. Tous étaient ainsi frères et sœurs. Nos parents célestes avaient un corps de chair et d’os parfait dans le sens où la douleur, la maladie et la mort n’avaient pas de pouvoir sur lui. Leurs enfants, quant à eux, s'ils disposaient d’un corps d’esprit, n’avaient pas de corps physique. Aussi était-il dans la logique des choses qu’ils reçussent à leur tour ce type de corps afin de devenir semblables à leurs parents. La nécessité de venir dans un corps de chair et d’os s’explique par le fait que l’esprit ne progresse autrement qu’en passant par l’épreuve terrestre. La conception même de l’esprit est, par définition, insensible à la douleur physique, aux pulsions charnelles, aux frustrations du handicap, au besoin de nourrir un corps, et aux diverses tentations, humiliations et souffrances étroitement liées à l’organisation biologique du corps. Autant de choses que l’esprit devait apprendre à maîtriser grâce au corps physique pour devenir semblable au Père (Dieu).

Ainsi, selon cette explication, chacun des hommes ici-bas est de naissance divine, a vécu un certain temps en présence de ses parents célestes, a acquis une certaine connaissance de la vie, est venu sur terre pour prendre un corps de chair et d’os afin de parfaire sa personnalité. Tout cela dans le but de ressembler à son Père et de revenir auprès de lui. N’est-ce pas ce que l’homme (père et mère), à différents degrés, reproduit dans sa propre cellule familiale ?

La vie terrestre

Avant de prendre un corps physique, chacun progressa selon l’attention qu’il voulut bien porter aux enseignements du Père. Certains restèrent fidèles à ses recommandations, d’autres s’en éloignèrent plus ou moins. Ceux qui restèrent fidèles progressèrent à tel point que la nécessité d’apprendre davantage en passant par la condition terrestre perdit de son intérêt ; aussi, ceux-ci ne vinrent sur terre que pour peu de temps, juste le temps de prendre un corps de chair et d’os en prévision de la résurrection. Cette façon de concevoir les choses donne une toute autre vision du décès des nouveau-nés et des petits enfants. Ces derniers ont été si fidèles auprès de leurs parents célestes que l’épreuve terrestre est devenue inutile à leur égard. Sans enlever le poids de la douleur de la perte d’un enfant, cette explication amène une réponse réconfortante et cohérente.

La vie est le temps pour devenir meilleur et les épreuves sont le moyen d'y arriver. Que représente le temps de la vie pour celui qui a une vision éternelle de l'existence ? Cette façon spirituelle de concevoir les choses permet de mieux comprendre le plan de Dieu et la misère du monde. La vie terrestre est un grand apprentissage pendant lequel le corps et l’esprit sont réunis pour un temps limité. Il convient pour l’esprit de croître en sagesse afin de devenir semblable à Dieu. Malheureusement, ce sont les appétits du corps temporel qui croissant plus vite engendrent ainsi la misère du monde. Appétit du pouvoir, amour des richesses, égoïsme et orgueil, tant de maux qui provoquent leurs lots de drames et de malheurs. Ce n’est pas l’indifférence de Dieu qui est mise en cause lorsque des populations entières meurent de faim, mais bien l'utilisation égoïste du libre arbitre de certains quant à la répartition inégale des richesses de la terre et l'exploitation de leurs semblables. Dans la vision éternelle des choses, la richesse matérielle utilisée égoïstement est un cadeau empoisonné pour celui qui la possède. Tant qu’il ne connaîtra pas ou n’acceptera pas son ascendance divine, l’homme agira selon ses impulsions. Il sera alors égoïste, ami de l’argent, fanfaron, hautain, blasphémateur, rebelle, ingrat, irréligieux, insensible, déloyal, calomniateur, intempérant, cruel, traître, emporté, jaloux, orgueilleux, pervers, menteur, tricheur, grossier, coléreux et impudique (2 Thimotée 3:2-4).

M.Russell Ballard, un des dirigeant de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, a dit : « Trop de gens succombent aux pressions exercées par un monde saturé de messages mauvais et de comportements immoraux. Ce qui était autrefois impensable ou inacceptable est aujourd’hui chose courante. La perspective du monde a tellement changé que ceux qui choisissent de suivre des principes traditionnels de moralité sont considérés comme étranges, presque comme s’ils devaient justifier leur désir de garder les commandements de Dieu. Une chose est cependant certaine : les commandements n’ont pas changé. Que personne ne se trompe à ce sujet. Le bien est toujours le bien. Le mal est toujours le mal, même lorsqu’il est habilement revêtu de respectabilité ou présenté de manière politiquement correcte. »

En vivant avec nos parents célestes en tant qu’esprits, nous avons reçu un enseignement moral et religieux. Selon nos choix et notre obéissance nous nous sommes qualifiés pour l'épreuve terrestre. Durant cette épreuve physique nous progressons tantôt vers le bien, tantôt vers le mal, cela avec à notre libre arbitre. Les choix que nous faisons durant cette vie, qu’elle soit courte ou longue, que nous soyons pauvres ou riches, malades ou en bonne santé, handicapés ou non, sont des choix qui auront nécessairement des conséquences éternelles.

La mort, la résurrection et le jugement.

Quelle que soit sa situation, l'homme est destiné à mourir. La naissance et la mort sont les deux seules égalités absolues entre les hommes, ce qui se passe entre ces deux extrémités génère la différence. Comme l'esprit a pris un corps physique en naissant, il le quitte lorsqu’il meurt. Le corps inanimé retourne à la poussière et l’esprit rejoint le « monde des esprits », lieu où se retrouvent les êtres désincarnés. Etant donné que tous n’ont pas eu les mêmes comportements lors de cette expérience terrestre, les hommes sont séparés : ceux qui ont eu une vie honorable et les justes d'un côté, ceux qui ont délibérément choisi d’être les disciples du mal de l'autre. Ceux qui n'ont pas eu l'occasion de connaître le plan de leur Créateur le recevront à ce moment-là, sachant que chacun a toujours le choix d’accepter ou de refuser ce qui lui est enseigné. Ainsi, tous les enfants de Dieu auront l’occasion de connaître le plan de salut. Lorsque toute l’humanité aura reçu la connaissance du plan de Dieu, que les choix auront été fait, alors arrivera le moment de la résurrection et du jugement final.

La résurrection se définit par la réunion de l'esprit et du corps ressuscité devenu parfait dans le sens où la douleur, la maladie et la mort n’ont plus de pouvoir sur lui. Si tous ressuscitent, les bons comme les méchants, si tous deviennent éternels, tous n’ont pas le même type d’éternité (voir 1 Corinthiens 15:22-23, 40-42). L’attitude des hommes déterminera leur propre jugement, tel un miroir qui réfléchit l'aspect de la personne. L’éternité devient alors soit une éternité de bonheur auprès de nos parents célestes accompagnés des êtres chers qui ont suivi la même voie, soit une éternité bien différente, avec des degrés de solitude, de remords et d’angoisse à la mesure de ce que chacun aura été.

Dieu savait que plusieurs de ses enfants seraient défaillants dans l'obéissance et la perfectibilité, il prévit un moyen pour chacun de se racheter.

Le moyen de revenir : Jésus-Christ.

En principe, l'homme qui commet un acte considéré comme antisocial par la société est puni. Le transgresseur est alors arrêté, jugé et condamné à une peine. La peine peut prendre des formes diverses : elle peut aller de la réprimande solennelle du juge à l’égard d’un mineur jusqu'à la détention à perpétuité. Dans certains pays même, la peine de mort. Ainsi existe-t-il dans le conscient collectif la nécessité de sanctionner celui qui cause du tort à autrui. Il semble que la paix sociale soit à ce prix. Toute proportion gardée, on retrouve ce schéma partout. Le salarié qui commet une faute réelle et sérieuse sera licencié. Le sportif qui se dope sera exclu. Le père de famille punira son fils dès lors que ce dernier aura désobéi à la règle familiale. En tout et partout il y a des règles et des sanctions. Dans un tel système, la notion de justice est incontournable. Règles, transgressions et sanctions forment un tout indissociable où le pardon, la compassion et la miséricorde semblent n'avoir pas beaucoup de place.

Qu’en est-il de la « justice divine » ? Là aussi, celui qui commet l’iniquité doit être châtié. Le méchant, le menteur, le voleur et l’assassin devront tous rendre des comptes à leur Créateur, la justice divine fera son oeuvre. S’il en était différemment, Dieu serait alors injuste et ne pourrait plus être Dieu. Il existe néanmoins une différence entre la justice des hommes et celle de Dieu. Elle provient du fait que tous sont ses enfants, qu’il éprouve pour chacun des sentiments particuliers d’amour, même à l’égard des plus mauvais. Le juge, selon la loi des hommes, se soucie peu de l’âme de celui qu’il condamne, seule compte l’application de la loi. Quel est le père qui, alors qu’il doit juger son propre fils, le voyant sincèrement repentant, le cœur brisé et l’âme déchirée, vaillant à réparer ses fautes, ne fera pas preuve de compassion ? Pourtant, si c’est un juge intègre, il devra prononcer la sanction. Quel affreux dilemme ! Comment le résoudre ? S'il ne semble pas y avoir de solution dans le système des hommes, le plan de Dieu, quant à lui, en a prévu une : le Sacrifice expiatoire de Jésus-Christ qui permet à la justice et à l’amour de triompher.

Le Sacrifice Expiatoire

Parce que les hommes sont imparfaits et libres de choisir, tous pèchent nécessairement et tous doivent subir le joug de la justice, sauf si, par le sacrifice de sa vie, quelqu'un prend sur lui le poids de la condamnation. Or, aucun homme ne peut sacrifier son sang pour expier les péchés d’un autre. Si un homme commet un meurtre, ôtera-t-on la vie de son frère pour le punir ? La loi exige la vie de celui qui commet le meurtre, pas celle d'un autre. Pourtant, Jésus-Christ est prêt à payer le prix de la condamnation pour celui qui vient à lui. C’est en ce sens qu’il y a sacrifice, expression parfaite de l’amour d’un Père qui offre son Premier-Né pour le salut de ses enfants. C’est aussi l’expression parfaite de l’altruisme d’un fils aîné qui accepte ce grand sacrifice pour l’amour de ses frères et sœurs et celui de son Père. Ainsi, la miséricorde de cette expiation satisfait aux exigences de la justice. C’est en ce sens que Jésus-Christ est le Sauveur des hommes, car il prend sur lui le poids de la culpabilité et des remords de ceux qui viennent à lui. Celui qui vient vers lui en se repentant est de ce fait exempté du châtiment et déclaré innocent par le pardon.

Le sacrifice expiatoire de Jésus-Christ peut paraître une théorie abstraite, mais de réels effets spirituels en découlent. Celui qui l’accepte avec foi et se rapproche des enseignements de Jésus-Christ constate un véritable changement dans sa vie. Il obtient le pardon spirituel, son âme est élevée et sa vie s'enrichit d'un sens nouveau. Telle est la Doctrine de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. C’est pour enseigner ces merveilles que Jésus-Christ est venu lui-même parmi les siens. C’est pour que ce plan soit connu de tous qu’il a organisé son Église des premiers jours. C’est pour qu’il se réalise qu’il a accepté de prendre sur lui les péchés du monde. C’est pour permettre la résurrection des morts qu’il est ressuscité. C’est pour partager tout cela aujourd’hui qu’il a rétabli son Église dans les derniers jours.

L’organisation de l’Église de Jésus-Christ

Jésus-Christ existait avant son Église. C’est pour que son message soit connu de tous qu'il organise une « Église ». C'est une institution et un moyen, non le coeur de l’Évangile. Elle n’a de sens que si elle favorise l’épanouissement de l’âme. L’Église doit être à la disposition des gens afin de leur donner ce dont ils ont besoin pour revenir en présence de leur Créateur.

Lorsque Joseph Smith reçut la mission de rétablir « toutes choses », l’une d’elles était le rétablissement de l’Église primitive. Choisi comme premier prophète contemporain, Joseph appela douze hommes qui devinrent le nouveau collège des douze apôtres. Ainsi, dès 1830, avec le soutien de douze apôtres, un prophète de Dieu dirigeait l’Église de Jésus-Christ. Par ailleurs, un collège de soixante-dix hommes fut constitué à l'image de celui qu'organisa Jésus-Christ au midi des temps (Luc 10:1). Ces « soixante-dix » ont pour tâche de diriger l'Église dans le monde entier. Cette organisation continue ainsi depuis ce temps. Aujourd'hui, un prophète vivant dirige toujours l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Dans sa mission, il est aidé par deux apôtres. Ensemble, ils forment la Première Présidence de l’Église. Vient ensuite le Collège des douze apôtres dont la tâche essentielle est de rendre témoignage du Sauveur dans le monde entier. Pour aider ce collège d’apôtres, des collèges de « soixante-dix » sont créés. Ces hommes sont choisis pour organiser et diriger le développement de l’Église dans toutes les régions du monde. On les appelle également les « Autorités générales ». Vient ensuite une circonscription géographique plus petite qui regroupe généralement une dizaine de paroisses et que l’on appelle un « pieu », du mot pieu, pièce de bois que l’on enfonce dans la terre pour soutenir une tente (Ésaïe 54:2). La tente de l'Éternel étant dans ce cas l’Église. Un pieu est dirigé par un président de pieu et deux conseillers. Enfin, localement, chaque paroisse est dirigée par un Evêque accompagné dans sa tâche par deux conseillers, l’ensemble des trois hommes forme l'épiscopat de la paroisse.

En 1844, Joseph Smith fut assassiné par la populace qui l’accusait d’être un faux prophète. Qui allait alors diriger l’Église ? En fait, tout comme Pierre, le doyen des apôtres des premiers jours, prit la direction de l’Église après le départ du Sauveur, Brigham Young, le doyen des apôtres des derniers jours, prit la direction de l’Église après Joseph Smith. La succession dans la présidence de l'Église s'établit ainsi depuis Joseph Smith. Cette succession à l’autorité ecclésiastique est d’un intérêt particulier lorsqu’on sait que les chefs religieux des Églises chrétiennes traditionnelles sont élus par leurs pairs. Au sein de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, celui qui est le doyen des apôtres, au moment de la mort du prophète, devient le nouveau prophète/président de l’Église. En fait, personne ne sait aujourd’hui qui sera le doyen des apôtres au moment de la mort du prophète, le doyen actuel pouvant décéder avant le prophète. Le choix du président de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours n’appartient pas aux hommes religieux via l’élection, mais bien à Dieu lui-même, selon le temps de vie qu’il accorde à l’homme. Ainsi sont exclues toutes formes de spéculations, de luttes pour le pouvoir, d’alliances électoralistes, de conflits de personnes, de malveillances procédurales, de groupes partisans, de déchirures psychologiques et de déceptions personnelles. C’est ce type même de succession à l’autorité suprême de l’Église qui fait d’elle un fait religieux hors du commun, d’autant que cette pratique tranche avec ce que le monde chrétien connaît traditionnellement.

Une autre grande différence se trouve être l’absence de clergé rémunéré. En effet, depuis le président de l’Église jusqu’à l’évêque, en passant par les apôtres, les « soixante-dix » et les présidents de pieu, tous ceux qui ont en charge le devenir de l’Église sont des volontaires bénévoles. Bien qu'indemnisés des frais engendrés par leur mission, aucun décideur n’est rémunéré. Par ailleurs, chaque fidèle, dans la mesure où il s’efforce de suivre les principes de l’Évangile, peut être amené à prendre en charge des responsabilités plus ou moins importants au sein de l'Église. Ainsi, une femme pourra servir comme dirigeante générale des jeunes filles pour l’ensemble de l’Église, sera responsable des femmes seules de sa paroisse, instructrice dans une classe d’éveil spirituel auprès des enfants ou encore s’occupera de scoutisme féminin. Un homme, sans être diplômé de théologie, pourra être appelé à servir comme Evêque de sa paroisse, ou secrétaire ou encore instructeur d'un cours de l'Évangile. Ainsi, la plupart des fidèles sont acteurs de la vie de l'Église. Au-delà du prophète et des apôtres qui sont appelés à vie à servir bénévolement, tous les autres le sont pour une durée déterminée. Ainsi, une personne assumera différentes responsabilités pour un temps alors même qu’elle est mariée, qu'elle a une charge de famille et une activité professionnelle. En revanche, il convient de noter la place privilégiée qui est donnée au mariage à l’égard des postes à responsabilité, cela contrairement à la plupart des Églises traditionnelles, où le célibat est la condition essentielle. Enfin, tout fidèle a la faculté d’accomplir certains sacrements qui, dans la plupart des Églises, sont réservées au seul clergé. Par exemple, un père de famille pourra baptiser lui-même ses propres enfants dès lors qu'il s'efforcera de respecter les principes de l'Église. C’est l’ensemble de ces particularités qui donne à l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours une vitalité hors du commun, où chacun de ses fidèles a le réel sentiment de participer, personnellement, à une oeuvre merveilleuse.

Au-delà de sa surprenante origine, au-delà de la cohérence de sa doctrine, au-delà de son organisation originale, où l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours trouve-t-elle les moyens économiques pour fonctionner ?

Avec les dix commandements que Dieu donna à Moïse, que la plupart des chrétiens connaissent, l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours reçut le commandement de payer la dîme. La façon dont l'argent est perçu est décrit dans les Écritures comme un principe religieux. Il n'y a pas de collecte, la dîme est une loi ancienne acceptée par les saints des derniers jours comme un commandement. La Bible témoigne à plusieurs reprises de la pratique de cette loi (Malachie 3:8-12). Abraham payait déjà la dîme à Melchisédek (Genèse 14:20) ; Jacob fit alliance de donner la dîme à Dieu (Genèse 28:22) et Moïse commanda aux enfants d’Israël qu’ils donnent la dîme à l’Éternel (Lévitique 27:30-34). Pour un saint des derniers jours, payer la dîme consiste à remettre à l’Église un dixième de ses revenus.

Deux principes gouvernent l’application du principe de la dîme. Le premier est d’ordre spirituel : en nous créant et en organisant cette terre, Dieu nous a tout donné. Le principe de la dîme consiste à apprendre à se détacher des choses matérielles en donnant une partie de ce que l’on possède au profit des autres. Le deuxième est d’ordre matériel : il permet à chacun de contribuer au développement de l’Église. Grâce à la dîme des fidèles il est possible de construire des églises (400 nouveaux lieux de culte par an), de les entretenir et de payer les frais afférents à leur utilisation, tels que le chauffage et l'électricité ; d'éditer des ouvrages pédagogiques et de les distribuer gratuitement aux fidèles ; de gérer des établissements scolaires, notamment l'Université Brigham Young à Provo (Utah) la plus grande université privée d'Amérique financée par une Église, avec une population de plus de 28.000 étudiants. Avec d'autres fonds à vocation humanitaire qu'elle récolte auprès de ses fidèles (le don de jeûne), l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours apporte une aide conséquente aux victimes des guerres, des séismes, des inondations, des sécheresses et d'autres désastres. Elle participe à cette œuvre caritative avec bon nombre d'organisations non gouvernementales telles le Secours catholique, le Mercy Corps International, la Croix-Rouge américaine, le Croissant Rouge, l'Armée du Salut, l'Habitat for Humanity et d'autres groupes de par le monde. Au cours de l'année 1999, l'Église a envoyé une aide humanitaire en participant à 829 projets dans 101 pays, donnant 11,2 millions de dollars en argent liquide et 44 millions de dollars en matériel, soit un total de 55,2 millions de dollars (Gordon B. Hinckley -Magazine « Liahona » août 2000-).

Il n'y a pas d'obligation, pour un membre de l'Église, de payer la dîme. Chacun dispose de l’entière liberté de le respecter ou non. Un saint des derniers jours qui ne paie pas sa dîme à l'Église en reste membre. Tout comme le denier du culte et les quêtes, propres à d'autres Églises, sont des dons volontaires, chacun apprécie le don de la dîme selon son degré de foi. Charge au croyant de donner ou non le denier du culte ou la dîme. À combien s’élèvent les exigences financières pour un saint des derniers jours ? À rien, si celui-ci n’a pas acquis la conviction personnelle que la dîme est un commandement de Dieu, au même titre que les Dix commandements. À un dixième de ses revenus s’il pense que c’est une bonne chose pour sa progression spirituelle et le soutien matériel de l’Église.

Une telle organisation des hommes et des biens animée par la foi en Jésus-Christ et l’espérance de la vie éternelle en famille, éclairée par la révélation d’un prophète vivant est nécessairement promise à une croissance certaine.

Conclusion

La vision du jeune Joseph Smith, le Livre de Mormon, la doctrine du sacrifice expiatoire de Jésus-Christ associée au salut de l’âme et à la famille éternelle, une organisation sur le modèle de l’Église primitive, sont autant de choses nouvelles qui sortent de l’ordinaire traditionnel chrétien. Des faits étonnants qui ne passent pas inaperçus et poussent nécessairement le commun des croyants à se poser des questions.

Le succès grandissant de l'Église repose essentiellement sur la clarté de sa doctrine, notamment à l’égard des questions essentielles que se pose l’humanité : d’où venons-nous ? Quel est le but de la vie ? Y a-t-il une vie après la mort ? Nombre de religions répondent partiellement et différemment à ces questions, il semble que seule l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours y réponde pleinement de façon cohérente. D’autant plus qu’elle affirme être en possession de l’Évangile éternel contenu dans le Livre de Mormon, et être guidée par un prophète vivant.

Si, en effet, le Livre de Mormon est bien ce qu'il prétend être, à savoir l'histoire vraie d'un certain nombre de civilisations précolombiennes, la plupart du temps guidées par des prophètes, au même titre que ceux qui guidèrent les Hébreux, alors Joseph Smith, celui-là même qui reçu les plaques d'or desquelles est issu le Livre de Mormon, est un être spécial, tout comme le furent les prophètes bibliques. Si tel est le cas, alors l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est un fait hors du commun et, en même temps, une Église amenée à devenir la prochaine religion mondiale.