Questions sur le but de la vie

 

 
Joseph Fielding Smith (1876-1972)
 
Membre du collège des Douze de 1910 à 1950
Président suppléant du collège des Douze de 1950 à 1951
Président du collège des Douze de 1951 à 1965
Membre de la Première Présidence de 1965 à 1970
Historien de l'Église de 1921 à 1970
Président de l’Église de 1970 à 1972
 
 



QUESTION : Si Dieu est tout-puissant, pourquoi n’a-t-il pas créé un monde où il n'existe ni chagrin ni souffrance ?
 
RÉPONSE :
 
Nous n'avons pas été envoyés ici pour mener une simple vie de plaisir, à l'abri des épreuves, de la maladie, de la douleur physique et des déceptions. Le vrai but de la mortalité est double : tout d'abord obtenir des corps de chair et d'os, deuxièmement vivre des expériences que l'on ne pouvait vivre que dans la mortalité.
 
Nous sommes venus ici pour connaître l'amer aussi bien que le doux, pour obtenir la connaissance et la sagesse par les expériences que la mortalité offre, qui nous préparent à avancer vers la perfection éternelle.
 
La vie mortelle est une école où nous sommes formés dans toutes les expériences nécessaires qui nous prépareront pour la vie éternelle. Par conséquent, une certaine proportion de douleur, de chagrin, peut-être de déception, aussi bien que les choses agréables de la vie, est essentielle pour nous préparer, en tant que fils et filles de notre Père éternel, à retourner à lui et à recevoir les bénédictions de la vie éternelle. Nous nous préparons ainsi pour la vie à venir. Nous sommes ici à l'école et nous sommes formés dans les préparatifs nécessaires à l'existence future. Il est essentiel que nous ayons l’expérience de ce qui est désagréable pour pouvoir apprécier ce qui est agréable et que notre éducation terrestre puisse être complète. Si nous n'avions pas l’expérience de ce qui est désagréable, notre formation mortelle serait défectueuse et de nombreux aspects qui sont essentiels à l'exaltation qui nous attend si nous sommes fidèles nous manqueraient.
 
Si nous venions dans ce monde pour ne vivre que ce qui est agréable, le but tout entier de la vie serait manqué. La mortalité est à tous points de vue une école nécessaire, une école où nous sommes formés et recevons une connaissance et une expérience qui ne pourraient pas nous être données d'une autre manière.
 
Un prophète ancien du continent américain a donné des enseignements merveilleux à son fils sur le but de la vie :
 
« Car il doit nécessairement y avoir une opposition en toutes choses. S'il n'en était pas ainsi, mon premier-né dans le désert, la justice ne pourrait pas s'accomplir, ni la méchanceté, ni la sainteté ni la misère, ni le bien ni le mal. C'est pourquoi, chaque chose doit nécessairement être un composé ; c'est pourquoi, si c'était un seul corps, cela devrait nécessairement rester comme mort, n'ayant ni vie ni mort, ni corruption ni incorruptibilité, ni bonheur ni malheur, ni sensibilité ni insensibilité.
 
« C'est pourquoi, cela aurait nécessairement été créé pour rien ; c'est pourquoi, il n'y aurait pas eu de sens au but de sa création. C'est pourquoi, cela allait nécessairement détruire la sagesse de Dieu et ses desseins éternels, et aussi le pouvoir, et la miséricorde, et la justice de Dieu » (2 Néphi 2:11-12).
 
Aucun être mortel n'a jamais souffert aussi intensément que notre divin Sauveur Jésus-Christ. Sa vie tout entière a été remplie des chagrins aussi bien que des joies que la vie apporte. La description qu'il fait des ses souffrances est enregistrée dans les Doctrine et Alliances (19:16-19).
 
Quel droit avons-nous, nous qui sommes si grandement bénis, de nous plaindre parce que le monde dans lequel nous vivons est soumis à la douleur, à la maladie et au chagrin quand nous commettons le péché ? Notre Père éternel a-t-il exigé plus de nous que ce qu'il a souffert lui-même ? Avez-vous jamais pensé aux souffrances de son Fils bien-aimé qui étaient si grandes que son corps tremblait de douleur et qu’il transpirait du sang de tous les pores de son corps ? Et pourquoi a-t-il souffert ? Non pas pour lui-même, mais pour toute âme vivante qui se repent et accepte l'Évangile. Quelle manifestation de son grand amour pour nous tous, êtres mortels !
 
Oui notre Rédempteur a fait tout ceci pour vous et pour moi et pour tous les autres êtres vivants de ce monde. Comme nous devrions être reconnaissants de cette manifestation de son grand amour pour nous ! Grâce à cela, nous sommes à même d'obtenir la résurrection et, si nous sommes fidèles à ses commandements, l'exaltation dans le royaume du Père.
 
C'est une idée erronée et ridicule que de penser que la mortalité doit être un endroit où les enfants de notre Père céleste devraient être à l'abri de la douleur, de la maladie, de l'épreuve et de la mort. Nous sommes venus ici pour vivre la douleur aussi bien que le plaisir, la maladie aussi bien que le bien-être, et finalement la mort. Ces expériences seront essentielles à notre progression dans le monde à venir, progression qui aurait été retardée si nous avions été libérés de toutes ces choses. Il est absolument essentiel que toute âme connaisse ces expériences. Elles nous renforcent.
 
Notre Seigneur et Rédempteur est venu ici et a souffert comme aucun autre être humain n'a jamais souffert, et il a passé par cette terrible épreuve pour vous et pour moi et pour tout être vivant sur la surface de cette terre et pour la terre elle-même, afin que tous obtiennent la résurrection et vivent de nouveau là où il n'y a pas de mort.
 
Ceci étant, ne devons-nous pas, en tant que mortels sur la terre, l'aimer, apprendre à garder ses commandements et éprouver de la reconnaissance et de l’amour pour tout ce qu'il a fait pour nous ?

 
QUESTION : Dans Alma 34:31-34, nous lisons ce qui suit : « Oui, je voudrais que vous vous avanciez et ne vous endurcissiez plus le cœur, car voici, c'est maintenant le moment et le jour de votre salut ; et c'est pourquoi, si vous vous repentez et ne vous endurcissez pas le cœur, c'est immédiatement que le grand plan de rédemption se réalisera pour vous. Car voici, cette vie est le moment où les hommes doivent se préparer à rencontrer Dieu ; oui, voici, le jour de cette vie est le jour où les hommes doivent accomplir leurs œuvres. Et maintenant, comme je vous l'ai dit précédemment, puisque vous avez eu tant de témoignages, je vous supplie donc de ne pas différer le jour de votre repentir jusqu'à la fin ; car après ce jour de vie, qui nous est donné pour nous préparer pour l'éternité, voici, si nous ne faisons pas meilleur usage de notre temps pendant que nous sommes dans cette vie, alors vient la nuit de ténèbres où aucun travail ne peut être accompli. Vous ne pouvez pas dire, lorsque vous êtes amenés à cette crise affreuse : Je vais me repentir, je vais retourner à mon Dieu. Non, vous ne pouvez pas le dire ; car ce même esprit qui possède votre corps au moment où vous quittez cette vie, ce même esprit aura le pouvoir de posséder votre corps dans le monde éternel ». Comment ce passage peut cadrer avec la doctrine du salut pour les morts ? Il apparaît que ceux qui ont échoué dans cette vie se voient ainsi interdire tout espoir de salut dans la vie à venir. Alors pourquoi faisons-nous l'oeuvre du temple pour les morts ?
 
RÉPONSE :
 
Ces gens du pays d'Antionum, qu'on appelait Zoramites, avaient précédemment été membres de l'Église et étaient les descendants des Néphites. Les propos d'Amulek étaient une supplication pour qu'ils reviennent à l'Église et en observent les alliances. Il attira leur attention sur les nombreux témoignages qu'ils avaient reçus et les invita à abandonner leurs voies mauvaises avant qu'il ne fût trop tard. Ils s'étaient écartés des commandements du Seigneur et avaient enfreint ses statuts auxquels ils avaient précédemment cru, au profit d'un faux système qui reniait l'expiation de Jésus-Christ. Par conséquent, les paroles d'Amulek étaient opportunes. Il y avait encore de l'espoir pour eux s'ils se repentaient et revenaient à la vraie foi et suivaient notre Rédempteur.
 
Il convient de dire un mot ici à propos de ceux qui sont dignes de recevoir les bénédictions de l'Évangile, mais qui sont morts sans en avoir eu l’occasion. Grâce à la miséricorde de notre Père éternel et de son Fils Jésus-Christ, il est décrété que toute âme aura l’occasion d'entendre et d'accepter la vérité. C'est un des merveilleux principes de l'Évangile, un principe que le monde religieux a méprisé. Dans sa préface aux Doctrine et Alliances, le Seigneur dit :
 
« Car, en vérité, la voix du Seigneur s'adresse à tous les hommes, et il n'en est aucun qui puisse s'y dérober ; et il n'est pas d'œil qui ne verra, pas d'oreille qui n'entendra, pas de cœur qui ne sera pénétré.
 
« Et les rebelles seront transpercés d'un grand chagrin, car leurs iniquités seront publiées sur les toits, et leurs actions secrètes seront révélées » (D&A 1:2-3).
 
La promesse est donc donnée à tous ceux qui se repentent, qu'ils soient vivants ou morts, qu'ils ne seront pas privés de l'occasion d'entendre et d'accepter la vérité. Par conséquent, il doit y avoir un moment pour enseigner les morts qui sont décédés sans avoir eu l’occasion d'entendre et d'accepter l'Évangile. Cette merveilleuse doctrine fut révélée au prophète Joseph Smith et il reçut l'autorité divine de faire accomplir les ordonnances pour les morts dans les temples construits dans ce but. C'est un principe juste, conforme à l'esprit de miséricorde, d'amour et de justice.
 
Un des plus grands principes de l'Évangile, c'est que toutes les âmes auront leur chance. Dieu est miséricordieux et juste, mais ces Zoramites ne pouvaient pas le voir parce qu'ils s'étaient rebellés contre la vérité, s'étaient tournés vers le culte des faux dieux et s'étaient ainsi placés sur le territoire où il n'y aurait pas d'espoir s'ils continuaient dans leurs voies mauvaises. Nous voyons ainsi qu'il n'y a pas de conflit entre les enseignements d'Amulek et la doctrine de la perte du salut pour les morts qui se détourneront dans cette vie et se mettent au-delà de tout espoir de rédemption. Cette situation dans laquelle se trouvaient les Zoramites est conforme à celle des apostats dont Pierre et Paul parlent dans leurs épîtres :
 
« Car mieux valait pour eux n'avoir pas connu la voie de la justice, que de se détourner, après l'avoir connue, du saint commandement qui leur avait été donné » (2 Pierre 2:21).
 
« Car il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir, et qui sont tombés, soient encore renouvelés et amenés à la repentance, puisqu'ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l'exposent à l'ignominie » (Hébreux 6:4-6).
 
Le Seigneur n'a pas condamné aux tourments des damnés tous ceux qui ont rejeté ou rejetteront peut-être un jour l'Évangile. Il a décrété que toute âme peut avoir l'occasion d'être sauvée dans son royaume si elle veut se repentir et garder ses commandements. Ceci s'applique comme nous l'avons dit ici à tous ceux qui sont morts sans avoir eu l'occasion de se repentir et d'accepter l'Évangile. Selon ce qui est écrit, beaucoup d'hommes honorables qui, lorsqu'ils étaient vivants, ont rejeté le message du salut et qui se sont repentis plus tard dans le monde des esprits, recevront un certain degré de salut. Le Seigneur a dit à leur sujet :
 
« Et aussi ceux qui sont les esprits des hommes gardés en prison, que le Fils visita et à qui il prêcha l'Évangile, afin qu'ils fussent jugés selon les hommes dans la chair ; qui n'ont pas accepté le témoignage de Jésus dans la chair, mais qui l'ont accepté par la suite. Ce sont les hommes honorables de la terre qui ont été aveuglés par la fourberie des hommes. Ce sont ceux qui reçoivent de sa gloire, mais pas de sa plénitude. Ce sont ceux qui reçoivent de la présence du Fils, mais pas de la plénitude du Père. C'est pourquoi ce sont des corps terrestres et non des corps célestes, et ils diffèrent en gloire comme la lune diffère du soleil » (D&A 76:73-78).
 
 
QUESTION : Le président Joseph F. Smith a écrit que tout ce par quoi nous passons dans la mortalité fait partie du plan divin. Devons-nous en déduire que Dieu est responsable de tout le mal et de toute la souffrance du monde, que c'est le plan du Seigneur de permettre les massacres, que Dieu a créé tous les microbes, bacilles et virus qui produisent tant de souffrances au genre humain et que tout cela est nécessaire à notre apprentissage et essentiel à notre progression éternelle ?
 
RÉPONSE :
 
Il est indiscutable que les êtres humains ne viennent pas dans ce monde simplement pour goûter à ce qui est agréable et vivre sans douleur ni souffrance. La mortalité fait partie de notre apprentissage éternel. Nous sommes venus ici pour vivre une expérience que nous ne pourrions vivre d’aucune autre façon. Cette expérience est essentielle pour augmenter notre connaissance et notre compréhension, pour nous adapter au monde éternel à venir et nous préparer à devenir fils et filles de notre Père éternel. Par conséquent, nous sommes sujets à toutes les vicissitudes relatives à la mortalité. Aucune vie mortelle ne serait complète sans l’expérience de la déception, de la douleur et de l’inconfort.
 
La plupart des êtres humains n'apprennent jamais dans la mortalité quel est le but réel de leur présence dans ce monde mortel. La vérité toute simple est que c'est une partie essentielle du plan divin. La mortalité est, dans notre progression éternelle, un degré essentiel pour que l'homme puisse, par l'obéissance à la volonté divine, devenir fils de Dieu, recevoir l’exaltation et posséder toute autorité, tout pouvoir et toute sagesse.


Source : Joseph Fielding Smith, Réponses aux questions sur l'Évangile - Sélection, Cours d'étude de la Prêtrise de Melchisédek 1972/73, volume 1 , leçon 10