La conscience du divin, but suprême de la vie


David O. McKay

Discours prononcé lors de la session de la prêtrise de la conférence générale d'avril 1946
Nous avons volontairement omis les extraits de poèmes anglais cités par l'auteur



Un jour on a demandé à Joseph Smith, le prophète, quelle était la force de Sion. Il a répondu : « La force de Sion est de détenir le pouvoir de la prêtrise. »


Frères, vous rayonnez de ce pouvoir. Personne ne peut être en votre présence, vous qui remplissez cet édifice et représentez des milliers d'autres détenteurs de la prêtrise de l'Église, sans ressentir une profonde gratitude pour l'occasion d'être en votre compagnie. Que Dieu vous bénisse !

La Sainte-Cène

Je voudrais, ce soir, dire quelques mots à propos de l'administration de la Sainte-Cène. Je n'ai pas l'intention de répéter l'excellent discours prononcé hier par Marion G. Romney sur le même sujet, mais si je peux bénéficier de l'esprit de cette réunion et de l'inspiration du Seigneur, je vais compléter ce qu'il a dit.

Le plus grand réconfort dans cette vie est l’assurance d’avoir une relation étroite avec Dieu. Je parle à des hommes qui ont déjà vécu cela. La Sainte-Cène devrait être le moment de prendre conscience de cette relation. Le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain « et, après avoir rendu grâces, le rompit, et dit : Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. De même, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez. Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. C’est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe. » (1 Corinthiens 11: 23-28)

Dans l’Église du Christ, aucune ordonnance n’est aussi sacrée que la Sainte-Cène. Elle a été inaugurée juste après que Jésus et les Douze ont pris leur dernier repas et les saints des premiers jours ont suivi cette coutume. Ils ont mangé avant d'administrer la Sainte-Cène, mais cette coutume a par la suite été abandonnée lorsque Paul a recommandé aux saints de prendre leur repas chez eux afin que, lorsqu'ils se retrouvaient pour le culte, ils le fassent pour prendre la Sainte-Cène en souvenir de la vie et en particulier de la mort de leur Seigneur.

Le but de la Sainte-Cène

L’ordonnance de la Sainte-Cène revêt trois aspects fondamentaux. Le premier est le discernement personnel. C’est l’introspection. « Faites-ceci en mémoire de moi », cependant nous devons prendre la Sainte-Cène dignement, en examinant chacun notre dignité.

Deuxièmement, on contracte une alliance, une alliance plus encore qu’une promesse. Certains d'entre vous ont eu l'occasion de lever la main, ou si vous êtes en Angleterre lors de la signature d'un document, vous mettez la main sur la Bible pour signifier la valeur de votre promesse ou du serment que vous prêtez. Cela indique le caractère sacré d'une alliance. Rien n’est plus important dans la vie que cela. Tant que les nations ne comprendront pas la valeur des alliances et des promesses et ne se conduiront pas en conséquence, elles n'auront que peu de confiance entre elles. Leurs représentants auront des soupçons et des doutes et leurs accords seront signés sur papier, parce qu'ils ne font pas confiance à la parole donnée. Une alliance, une promesse, doit être aussi sacrée que la vie. Ce principe est implicite chaque dimanche quand nous prenons la Sainte-Cène.

Troisièmement, il y a une autre bénédiction : la conscience de notre relation étroite avec le Seigneur. C’est l’occasion de communier avec soi et avec le Seigneur. Nous nous réunissons dans la maison qui lui est consacrée ; nous la lui avons dédiée ; nous l’appelons sa maison.

Eh bien, vous pouvez être assurés qu’il sera présent pour nous inspirer si nous venons prêts à le rencontrer. Nous ne sommes pas prêts à le rencontrer si nous entrons dans cette salle en pensant à notre métier ou pire, si nous entrons dans ce lieu de culte avec de la haine pour notre prochain ou de l’inimitié et de la jalousie envers les autorités de l’Église. Assurément personne ne peut espérer entrer en communion avec le Père en nourrissant de tels sentiments. Ces sentiments sont si étrangers au culte et si étrangers surtout à l’acte de prendre la Sainte-Cène.

La valeur de la méditation

Je pense que nous accordons trop peu de valeur à la méditation, qui est un principe de piété. Dans le culte, il y a deux aspects : L’un est la communion spirituelle qui résulte de notre méditation personnelle, l’autre, ce que l’on apprend des autres, surtout de ceux qui ont autorité pour nous guider et nous instruire. Des ces deux aspects, le plus profitable personnellement est la méditation. La méditation est le langage de l’âme. On la définit comme « une forme de piété privée, ou un exercice spirituel, consistant en une réflexion profonde et continue sur un thème religieux ». La méditation est une forme de prière.

La méditation est l’une des portes les plus secrètes et les plus sacrées pour entrer en présence du Seigneur. Jésus nous en a montré l’exemple. Dès son baptême et son approbation par le Père qui a dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection » (Matthieu 3:17), Jésus s’est retiré sur ce qu’on appelle maintenant la montagne de la Tentation. J’aime la considérer comme la montagne de la méditation où, pendant les quarante jours de jeûne, il a été en communication avec lui-même et avec son Père, et a réfléchi à la responsabilité de sa grande mission. Grâce à cette communion spirituelle, il a reçu la force qui lui a permis de dire au tentateur : « Retire-toi, Satan ! Car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul. » (Matthieu 4:10)

Avant de donner aux Douze le beau sermon sur la montagne, il est resté seul pour communier avec son Père. Il a fait de même après ce jour de sabbat bien occupé, quand il s’est levé de bonne heure après avoir passé la nuit chez Pierre. Pierre a sans aucun doute trouvé la chambre d’hôtes vide. Les disciples ont cherché [Jésus], et l’ont trouvé seul. C’est ce matin-là que Pierre a dit : 'Tous te cherchent' (Marc 1:37). Là encore, après avoir nourri les cinq mille personnes, Jésus a dit au Douze de renvoyer la foule, mais il est allé chercher la solitude dans la montagne. L’historien raconte : 'comme le soir était venu, il était là seul' (Matthieu 14:23). La méditation ! La prière !

J'ai lu un livre écrit par un homme très sage, dont j'ai oublié le nom, qui contenait un chapitre important sur la prière. L'auteur n'était pas membre de l'Église, mais avait manifestement le désir de rester en étroite communion avec Dieu, et il voulait trouver la vérité. Entre autres choses, il a écrit, en substance :

« Dans une prière secrète, entrez dans la pièce, fermez la porte, abaissez les stores et agenouillez-vous au centre de la pièce. Pendant environ cinq minutes, ne dites rien. Pensez simplement à ce que Dieu a fait pour vous, à vos plus grands besoins spirituels et temporels. Lorsque vous ressentez cela et que vous sentez sa présence, déversez-lui votre âme en remerciement. »

La Sainte-Cène, moment de communion avec Dieu

Je crois que le court instant de l’ordonnance de la Sainte-Cène est l’une des meilleures occasions que nous ayons de méditer. Pendant cet instant sacré, il ne devrait rien se faire qui détourne notre attention de l’objectif de cette ordonnance.

Dans l’une des réunions les plus mémorables à laquelle j’aie jamais assisté, on bénissait la Sainte-Cène pour plus de huit cents personnes ; pendant l’ordonnance on n’entendait rien d’autre que l’horloge : huit cents âmes, dont chacune a eu au moins l’occasion de communier avec Dieu. Il n’y avait aucun sujet de distraction, ni orchestre, ni chant ni discussion. Chacun a eu l’occasion de faire son examen de conscience et de méditer sur sa dignité ou son indignité pour prendre la Sainte-Cène. Chacun a eu l’occasion de se rapprocher de son Père céleste. C’est à cela qu’il faut tendre !

Frères, nous vous recommandons d'entourer cette ordonnance sacrée de plus de recueillement, d’un ordre parfait, afin que quiconque vient dans la maison de Dieu puisse méditer sur sa bonté et exprimer en silence et en prière sa reconnaissance pour la bonté de Dieu. Que la Sainte-Cène soit une expérience pendant laquelle les personnes venant adorer Dieu essaient au moins de se rendre compte qu’elles ont la possibilité de communier avec lui.

Ce genre de communion a produit de grands événements dans l’Église grâce à la réceptivité de l’âme à l’inspiration du Tout-Puissant. Je sais que cette réceptivité est réelle. Le président Woodruff avait ce don-là dans une large mesure. Il était réceptif ; il connaissait le murmure doux et léger auquel certains sont encore étrangers. Vous découvrirez que, lorsque ces moments particulièrement inspirants se présentent, vous êtes seul avec vous-même et avec Dieu. Ils se présentent probablement à vous lorsque vous avez une grande épreuve, lorsque votre route est barrée, que vous avez l’impression d’être devant un obstacle insurmontable ou que vous avez le cœur lourd à cause d’une expérience tragique. Je le répète, le plus grand réconfort qui puisse nous être apporté, c’est de ressentir que nous communions avec Dieu.

Le témoignage de mon père

Nous recevons de grands témoignages dans ces moments-là. C'est exactement ce qui est arrivé à mon père dans le nord de l'Écosse lorsque, comme je l'ai déjà dit à certains d'entre vous, il a prié Dieu de le débarrasser de l'esprit de tristesse et de découragement qui le submergeait.

Après une nuit d'inquiétude et d'agitation, il se leva à l'aube et se rendit dans une grotte au bord de la mer du Nord. Il s'était déjà rendu à cet endroit pour prier. Là, alors que les premières lueurs du matin apparaissaient au-dessus de la mer, il épancha son âme à Dieu comme un fils faisant appel à son père. La réponse vint en ces termes : « Témoigne que Joseph Smith est un prophète de Dieu ! » La cause de son découragement apparaissant soudainement dans son esprit, il dit à haute voix : « Seigneur, il suffit ! »

Il y en a parmi vous qui ont connu mon père et peuvent témoigner de son intégrité et de son honnêteté. Un témoignage de ce genre est d'une valeur inestimable.

Ces prières privées, ces moments graves de méditation, ces aspirations de l'âme à ressentir la présence de Dieu, tel est le privilège de ceux qui détiennent la Prêtrise de Melchisédek.

Éliminer les pensées perturbantes

Je sais que certains d'entre vous se disent que la musique contribue à ce sentiment de communion. Quand vous y réfléchissez, vous vous rendez compte que pendant l’ordonnance de la Sainte-Cène, rien n’est aussi important que de se souvenir de notre Seigneur et Sauveur, rien n’est aussi digne d’attention que la valeur de la promesse que nous faisons. Pourquoi devrions-nous nous laisser distraire ? Y a-t-il une chose plus sublime ?

Là, en présence les uns des autres et devant notre Père, nous attestons que nous sommes disposés à prendre sur nous le nom du Christ, que nous nous souviendrons toujours de lui, toujours, et que nous garderons les commandements qu’il nous a donnés. Est-il possible, à vous ou à qui que ce soit de vivant qui réfléchit un moment, de nous présenter quelque chose de plus sacré ou de plus profond ? Si nous prenons la Sainte-Cène par automatisme, nous ne sommes pas honnêtes ou, disons, nous nous laissons distraire d’une ordonnance très sacrée.


J'en parlais récemment à un homme qui m'a dit : « Oh, mais la belle musique du choeur nous aide à nous concentrer. » Sur quoi vous concentrez-vous ? Plus la musique est belle, plus votre attention est attirée par elle, par le musicien ou le compositeur. Si cette belle musique est mal jouée, les imperfections détournent alors votre attention. Considérez la musique comme une préparation, mais au moment de la prière, quand le jeune prêtre parle pour l'assemblée, souvenons-nous que nous nous plaçons alors sous l'alliance. Ce serait idéal si, pendant quelques minutes, chaque homme, femme et enfant faisait tout son possible pour penser à la signification de cette ordonnance sacrée.

Il y a un autre point que l'on peut associer à la distribution de la Sainte-Cène. C'est magnifique et impressionnant que nos garçons l'administrent. Ce sont les serviteurs. Ils nous attendent et attendent le Seigneur. Et ils sont venus parce que, si l'évêque les a bien enseignés, ils sont dignes d'officier.

« Soyez purs, qui portez les vases du Seigneur » (Ésaïe 52:11)

Si chaque garçon pouvait le sentir, tranquillement et avec dignité, il nous transmettrait la Sainte-Cène. Parfois, ils le passent d'abord à l'organiste, comme si aucun moment ne devait être perdu avant que la musique ne commence à détourner notre attention. La musique commence aussitôt. Aussi justes soient-ils, les sons de l'orgue, si nous sommes respectueux de l'organiste, détournent notre attention de la prière qui vient d'être faite.

L'officier président doit recevoir la Sainte-Cène en premier

Le jeune homme devrait plutôt présenter la Sainte-Cène au président, non pas pour l'honorer, mais pour honorer son office, comme vous avez honoré notre président ce soir. Ce président peut être l'évêque de la paroisse ; si c'est le cas, que le jeune homme porte d'abord la Sainte-Cène à l'évêque. Ensuite, présentez-la à ceux qui sont assis soit à sa gauche, soit à sa droite. Ne revenez pas à son premier puis son deuxième conseillers. L'enseignement est suffisant lorsque la Sainte-Cène est remise d'abord au président. Le dimanche suivant, le président de pieu sera peut-être là et sera alors la plus haute autorité ecclésiastique. Voyez-vous quelle est la responsabilité des diacres et des prêtres ? Il est de leur devoir de savoir qui préside la réunion ce jour-là. Le dimanche suivant, il y aura peut-être l'une des Autorités générales. Ces jeunes gens doivent se demander : « Aujourd'hui, qui est l'autorité qui préside ? »

La compagnie du Saint-Esprit

Le message que je souhaite donner ce soir est le suivant : Faisons de ce temps de Sainte-Cène l’un des moyens les plus forts d’entrer en contact avec l’Esprit de Dieu. Puisse le Saint-Esprit, auquel nous avons droit, nous faire entrer en présence de Dieu et puissions-nous ressentir cette proximité et avoir au cœur une prière qu’il entendra.

Que Dieu nous aide, frères, à vivre de sorte que nous puissions savoir intimement que, comme je vous l'atteste ce soir, nous pouvons communier avec notre Père céleste. Si nous vivons de sorte d'être dignes de la compagnie de l'Esprit Saint, il nous guidera dans toute la vérité. Il nous montrera les choses à venir. Il rappellera tout à notre souvenir. Il témoignera de la divinité du Seigneur Jésus-Christ et du rétablissement de l'Évangile, comme je le fais ce soir, au nom du Seigneur Jésus-Christ. Amen.