La loi de la dîme



LeGrand Richards (1886-1983)

Évêque Président de 1938 à 1952
Membre du Collège des Douze de 1952 à 1983




La loi financière du Seigneur

Il semble que le Seigneur ait eu en vue deux objectifs majeurs en donnant à son Église la loi de la dîme en ces derniers jours :

Premièrement, c'est la manière la plus équitable de financer son Église, car le fardeau est réparti selon les possibilités pécuniaires de chacun, et l'obole de la veuve est égale à la pièce d'or du riche.

Deuxièmement, c'est une façon d'éprouver la foi de son peuple, car l'obéissance à la loi de la dîme s'accompagne d'une bénédiction. C'est donc, de la part du Seigneur, une loi de bénédiction pour son peuple.

Voici la révélation que le Seigneur donna le 8 juillet 1838 au prophète Joseph Smith à Far West, dans le Missouri, en réponse à la supplication : « Ô Seigneur, montre à tes serviteurs combien tu requiers des biens de ton peuple pour la dîme » :

En vérité, ainsi dit le Seigneur, je requiers d'eux qu'ils remettent entre les mains de l'évêque de mon Église, en Sion, tout le surplus de leurs biens, Pour la construction de ma maison, pour la pose des fondations de Sion, pour la prêtrise et pour les dettes de la Présidence de mon Église. Ce sera le commencement de la dîme de mon peuple. Et après cela, ceux qui auront été ainsi dîmés, payeront annuellement un dixième de tous leurs revenus ; et ce leur sera une loi permanente à jamais, pour ma sainte prêtrise, dit le Seigneur. En vérité, je vous le dis, il arrivera que tous ceux qui se rassemblent au pays de Sion seront dîmés du surplus de leurs biens, et observeront cette loi ; sinon ils ne seront pas considérés comme dignes de demeurer parmi vous. Et je vous le dis, si mon peuple n'observe pas cette loi pour la sanctifier et pour me sanctifier par elle le pays de Sion afin que mes statuts et mes jugements y soient gardés, afin qu'il soit très saint, voici, en vérité, je vous le dis, il ne sera pas pour vous un pays de Sion. Et ce sera un exemple pour tous les pieux de Sion. J'ai dit. Amen. (D&A 119)

But et destination de la dîme

Tandis que les saints s'efforçaient d'établir Sion dans le Missouri, ils obéirent à cette exigence formulée par le Seigneur et remirent le surplus de leurs biens entre les mains de l'évêque de son Église en Sion. Depuis lors ils s'efforcent de satisfaire à la « loi permanente » qui leur a été donnée « à jamais ».

Et après cela, ceux qui auront été ainsi dîmés, payeront annuellement un dixième de tous leurs revenus ; et ce leur sera une loi permanente à jamais, pour ma sainte prêtrise, dit le Seigneur (D&A 119:4).

Dans cette révélation, le Seigneur précise à quel usage cette dîme sera affectée :

Pour la construction de ma maison, pour la pose des fondations de Sion, pour la prêtrise et pour les dettes de la Présidence de mon Église. (D&A 119:2)

Le Seigneur a encore précisé qui sera responsable de l'affectation du produit de la dîme :

Il en sera disposé par un conseil composé de la Première Présidence de mon Église, de l'évêque et de son conseil, et de mon grand conseil ; et par ma propre voix que je leur ferai entendre, dit le Seigneur. (D&A 120)

Dans une révélation donnée le 11 septembre 1831 au prophète Joseph Smith à Kirtland, en Ohio, le Seigneur souligna l'importance de l'observance de la loi de la dîme :

Voici, le temps qui nous sépare de la venue du Fils de l'Homme s'appelle aujourd'hui, et en vérité, ce jour est un jour de sacrifice, et un jour où la dîme est levée sur mon peuple ; car celui qui est dîmé ne sera pas brûlé à sa venue. (D&A 64:23)

Comment la conscience de l'homme pourrait-elle s'empêcher de brûler en lui à la venue du Fils de l'Homme s'il se rend compte qu'il n'a apporté aucune contribution aux frais de l'établissement du royaume de Dieu sur la terre, surtout s'il arrive à comprendre que, tout ce qu'il a, il le tient du Seigneur qui a créé la terre et toute sa plénitude, nous a donné la vie et l'existence sur cette terre en nous promettant que nous pourrions hériter éternellement la terre, si nous étions fidèles. Ne devons-nous pas alors accepter de payer quelque chose pour un tel héritage ? Il n'est pas rare de voir un homme donner de l'argent pendant dix à vingt-cinq ans de sa vie ici-bas pour acheter une petite parcelle de terrain qu'il utilisera pendant la durée de sa vie sur terre. Aurait-il moins d'intérêt, à acquérir un héritage éternel ?

Donner la dîme développe la foi

Le Seigneur a toujours su que demander à quelqu'un d'abandonner une partie des biens de ce monde qu'il a acquis, pour prouver sa foi religieuse, cela demande une grande foi dans l'obéissance. C'est pourquoi, afin de développer et de mettre à l'épreuve la foi de ses enfants, le Seigneur leur a donné la loi de sacrifice, même quand il n'avait pas besoin de leurs dons pour le financement de son Église.

Prenez, par exemple, Caïn et Abel ; le Seigneur leur avait donné la loi du sacrifice :

Caïn fit à l'Éternel une offrande des fruits de la terre ; Et Abel, de son côté, en fit une des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. L'Éternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande ; Mais il ne porta pas un regard favorable sur Caïn et sur son offrande. Caïn fut très irrité, et son visage fut abattu. Et l'Éternel dit à Caïn : Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu ? Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte. (Gen. 4:3-7)

Le Seigneur n'avait besoin ni des fruits de la terre de Caïn, ni des premiers-nés du troupeau d'Abel, car ils étaient brûlés en sacrifice au Seigneur, mais Caïn et Abel avaient besoin d'offrir ce sacrifice afin de prouver leur amour pour Dieu et leur foi en lui.

Une lecture attentive de ce texte révélera que le cœur d'Abel était droit, c'est pourquoi il offrit « les premiers-nés de son troupeau et leur graisse », tandis que l'offrande de Caïn était faite selon les instructions de Satan (voir Moïse 5:18). C'est pourquoi « L'Éternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande, mais il ne porta pas un regard favorable sur Caïn et sur son offrande. Caïn fut très irrité, et son visage fut abattu », et les ténèbres pénétrèrent dans son cœur et il tua son frère Abel.

Examinons maintenant l'épisode de Jésus et du jeune homme riche :

Et voici un homme s'approcha, et dit à Jésus : Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? Il lui répondit : Pourquoi m'interroges-tu sur ce qui est bon ? Un seul est bon. Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. Lesquels ? dit-il (voir Matt. 19:16-18).

Jésus lui énuméra alors la plupart des dix commandements, à quoi le jeune homme répondit :

J'ai observé toutes ces choses ; que me manque-t-il encore ? Jésus lui dit : Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens et suis-moi. Après avoir entendu ces paroles, le jeune homme s'en alla tout triste ; car il avait de grands biens. (Matt. 19:20-22)

Il faut remarquer que le jeune homme riche demanda : « Que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » C'est alors que Jésus lui dit de garder les commandements. Quand le jeune homme lui eut dit qu'il le faisait depuis son enfance, Marc nous dit : « Jésus l'ayant regardé, l'aima » (Marc 10:21).

Comme c'est merveilleux ! Jésus aime tout homme qui garde les commandements, mais Jésus essayait de lui enseigner la loi de la perfection, aussi, en réponse à la question du jeune homme : « Que me manque-t-il encore ? », il répondit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis, viens et suis-moi. »

Après avoir entendu ces paroles, le jeune homme s'en alla tout triste, car il avait de grands biens. (Matt. 19:22)

Dans cet épisode, nous voyons le Sauveur enseigner au jeune homme riche qu'il doit être prêt à sacrifier tout ce qu'il a, y compris son temps, et à suivre Jésus pour arriver à la perfection. L'Évangile de Jésus-Christ, rétabli sur terre en ces derniers jours ne serait pas parfait s'il ne nous fournissait pas tout ce qui est nécessaire aux enfants de notre Père céleste pour arriver à la perfection, car c'est ce qu'enseignait Jésus : « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Matt. 5:48).

Cette étude de l'épisode du jeune homme riche nous permettra de mieux comprendre cet enseignement du Maître :

Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l'un, et aimera l'autre ; ou il s'attachera à l'un, et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon. (Matt.6:24)

Abel avait choisi de servir le Seigneur. « L'Éternel porta un regard favorable sur Abel et- sur son offrande. » Caïn, semble-t-il, avait au cœur un sentiment plus fort pour Mamon, et son offrande ne fut pas acceptée. Le jeune homme riche ne pouvait se résoudre à se séparer de ses biens terrestres, exerçant ainsi son libre arbitre, et « il s'en alla tout triste, car il avait de grands biens », montrant ainsi qu'il choisissait de servir Mamon plutôt que Dieu, et prouvant par là-même qu'il ne pouvait vivre la loi de perfection que Jésus avait essayé de lui enseigner.

L'Église de Jésus-Christ fournit à tous les hommes l'occasion de formuler leur choix. Jésus l'a bien montré :

Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas : Que mangerons-nous ? Que boirons-nous ? De quoi serons-nous vêtus ? Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent ; votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. (Matt. 6:31-33)

La loi de la dîme dans l'Israël antique

La loi de la dîme était respectée par les prophètes d'Israël. Abraham paya la dîme à Melchisédek :

En effet, ce Melchisédek, roi de Salem, sacrificateur du Dieu Très-Haut, - qui alla au-devant d'Abraham lorsqu'il revenait de la défaite des rois, qui le bénit, Et à qui Abraham donna la dîme de tout, - qui est d'abord roi de justice, d'après la signification de son nom, ensuite roi de Salem, c'est-à-dire, roi de paix... Considérez combien est grand celui auquel le patriarche Abraham donna la dîme du butin. (Héb. 7:1, 2, 4)

Le Seigneur, sur le mont Sinaï, a donné ce commandement aux enfants d'Israël :

« Toute dîme de la terre, soit des récoltes de la terre, soit du fruit des arbres, appartient à l'Éternel ; c'est une chose consacrée à l'Éternel. (Lév. 27:30)

Tu lèveras la dîme de tous ce que produira ta semence, de ce que rapportera ton champ chaque année. Et tu mangeras devant l'Éternel, ton Dieu, dans le lieu qu'il choisira pour y faire résider son nom, la dîme de ton blé, de ton moût, et de ton huile, et les premiers-nés de ton gros et de ton menu bétail, afin que tu apprennes à craindre l'Éternel ton Dieu. » (Deut. 14:22, 23)

Le but en était donc ce qu'il est encore maintenant : « que tu apprennes à craindre l'Éternel ton Dieu ».

« Lorsque la chose fut répandue, les enfants d'Israël donnèrent en abondance les prémices du blé, du moût, de l'huile, du miel, et de tous les produits des champs ; ils apportèrent aussi en abondance la dîme de tout. » (2 Chron. 31:5)

« Honore l'Éternel avec tes biens, et avec les prémices de tout ton revenu. » (Prov. 3:9)

Jacob promit de donner la dîme de tout ce que le Seigneur lui donnait :

« Cette pierre, que j'ai dressée pour monument, sera la maison de Dieu ; et je te donnerai la dîme de tout ce que tu me donneras. » (Gen. 28:22)

Les fils de Lévi furent désignés pour recevoir les dîmes :

« Ceux des fils de Lévi qui exercent le sacerdoce ont, d'après la loi, l'ordre de lever la dîme sur le peuple, c'est-à-dire sur leurs frères, qui cependant sont issus des reins d'Abraham. » (Héb. 7:5)

Opposition à la loi de la dîme dans les temps modernes

Lorsque les saints des derniers jours commencèrent à enseigner la loi de la dîme dans le cadre de l'Évangile de Jésus-Christ, ils rencontrèrent l'opposition du clergé comme des laïques, sous prétexte que la dîme appartenait à la loi de Moïse, qui avait été accomplie dans le Christ, mais qu'elle ne faisait pas partie des enseignements du Nouveau Testament. Il est cependant clair que Jésus a enseigné qu'ils ne devaient pas négliger le paiement de leur dîme :

« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous payez la dîme de la menthe, de l'aneth et du cumin, et que vous laissez ce qui est plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité : c'est là ce qu'il fallait pratiquer sans négliger les autres choses. » (Matt. 23:23 ; cf. aussi Luc 11:42)

Toutefois, l'opposition a maintenant cessé et beaucoup d'Églises ont essayé d'adopter la loi de la dîme. Nous savons que la dîme fait partie de l'Évangile de Jésus-Christ, car, comme nous l'avons déjà dit, le Seigneur a donné ce principe à son Église par révélation à son prophète à notre époque, afin qu'il soit « une loi permanente à jamais » (D&A 119:4).

Israël doit revenir à la loi de la dîme

Nous avons encore reçu pour notre instruction le troisième chapitre de Malachie (qui fut aussi donné aux Néphites, 3 Néphi, chapitre 24) ; nous allons l'étudier ici :

« Voici, j'enverrai mon messager ; il préparera le chemin devant moi. Et soudain entrera dans son temple le Seigneur que vous cherchez ; et le messager de l'alliance que vous désirez, voici, il vient, dit l'Éternel des armées. Qui pourra soutenir le jour de sa venue ? Qui restera debout quand il paraîtra ? Car il sera comme le feu du fondeur, comme la potasse des foulons. Il s'assiéra, fondra et purifiera l'argent ; il purifiera les fils de Lévi, il les épurera comme on épure l'or et l'argent, et ils présenteront à l'Éternel des offrandes avec justice. Alors l'offrande de Juda et de Jérusalem sera agréable à l'Éternel, comme aux anciens jours, comme aux années d'autrefois. Je m'approcherai de vous pour le jugement, et je me hâterai de témoigner contre les enchanteurs et les adultères, contre ceux qui jurent faussement, contre ceux qui retiennent le salaire du mercenaire, qui oppriment la veuve et l'orphelin, qui font tort à l'étranger et ne me craignent pas, dit l'Éternel des armées. Car je suis l'Éternel, je ne change pas ; et vous, enfants de Jacob, vous n'avez pas été consumés. » (Mal. 3:1-6)

Ceci constitue la promesse formelle que le Seigneur enverra son messager préparer la voie devant lui, et qu'il entrera soudain dans son temple. Ceci ne peut être une allusion à sa première venue, car il n'est pas entré soudain dans son temple.

Mais le Seigneur a envoyé son messager en ces derniers jours, comme nous l'avons montré dans cet ouvrage. Quand Jésus reviendra régner mille ans sur la terre, comme il l'a promis, il « entrera soudain dans son temple ».

Tous ont été capables de soutenir le jour de sa première venue, mais quand il réapparaîtra, il aura le jugement en mains, et les méchants redouteront sa venue et imploreront les rochers de les dissimuler, comme l'a déclaré Jean le Révélateur :

« Et ils disaient aux montagnes et aux rochers : Tombez sur nous, et cachez-nous devant la face de celui qui est assis sur le trône, et devant la colère de l'agneau ; Car le grand jour de sa colère est venu, et qui peut subsister ? » (Apoc. 6:16, 17)

Malachie nous dit encore que le Seigneur s'approchera de nous pour le jugement (Malachie 3:55) ; tout cela s'applique, non à sa première venue, mais à sa seconde.

Le Seigneur a fait savoir, par son prophète Malachie, qu'il ne change pas et laisse entendre que c'est pour cette raison que les fils de Jacob n'ont pas été consumés (verset 6 ; nous ne devons pas oublier les promesses faites par le Seigneur à Jacob et à sa postérité, ainsi que nous l'avons déjà vu).

De ce fait, nous sommes mieux à même de comprendre pourquoi le Seigneur appelle les hommes à la repentance :

« Depuis le temps de vos pères, vous vous êtes écartés de mes ordonnances, vous ne les avez point observées. Revenez à moi, et je reviendrai à vous, dit l'Éternel des armées. Et vous dites : En quoi devons-nous revenir ? Un homme trompe-t-il Dieu ? Car vous me trompez, et vous dites : En quoi t'avons-nous trompé ? Dans les dîmes et les offrandes. Vous êtes frappés par la malédiction, et vous me trompez, la nation toute entière ! » (Mal. 3:7-9)

Ainsi, le Seigneur, s'adressant à Israël, c'est-à-dire aux descendants de Jacob, les accusait de s'être écartés de ses ordonnances, et de ne pas les avoir observées. Puis il les invitait à revenir à lui, et, de son côté, il promettait de revenir à eux. Ce n'est pas une vaine promesse. Comment Israël pouvait-il y résister ? Puis le Seigneur les accusait de l'avoir trompé, eux, toute la nation d'Israël. Il indiquait ensuite en quoi ils l'avaient trompé : « dans les dîmes et les offrandes ».

Autant que nous le sachions, toute la nation de Jacob, ou Israël, s'était écartée de l'observance de ce principe lorsque le Seigneur envoya son messager rétablir l'Évangile dans les derniers jours. Toutefois, une des étapes de ce rétablissement fut l'invitation que le Seigneur voulait adresser à Israël : revenir à lui dans le paiement de leurs dîmes et de leurs offrandes. Lisez la suite de la promesse :

« Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, afin qu'il y ait de la nourriture dans ma maison ; mettez-moi de la sorte à l'épreuve, dit l'Éternel des armées. Et vous verrez si je n'ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance. Pour vous je menacerai celui qui dévore, et il ne vous détruira pas les fruits de la terre, et la vigne ne sera pas stérile dans vos campagnes, dit l'Éternel des armées. » (Mal. 3:10, 11)

Quelle promesse ! Comment une personne ou un peuple ayant foi en Dieu pourrait-il refuser ou négliger de répondre à une telle invitation !

Les saints des derniers jours, qui sont parmi les descendants de Jacob, ont répondu à cette invitation. Le Seigneur a tenu sa promesse : le désert et les lieux arides sont devenus fertiles et fleurissent comme le narcisse. Et grâce aux bénédictions ainsi reçues du Seigneur, ils ont pu contribuer libéralement de leurs moyens et de leurs talents à la poursuite de la grande oeuvre de l'Église et, par l'envoi de missionnaires aux nations de la terre, proclamer la bonne nouvelle du rétablissement de l'Évangile à ceux des enfants de notre Père qui n'ont pas encore eu l'occasion de l'entendre.

Lorsque Malachie fit, de la part du Seigneur, cette promesse à ceux à qui il allait envoyer son messager pour préparer la voie à sa venue, il voyait, semble-t-il, qu'ils allaient accepter l'invitation du Seigneur à revenir à lui et il décrivit l'accomplissement de la promesse que le Seigneur leur avait faite : « Toutes les nations vous diront heureux, car vous serez un pays de délices, dit l'Éternel des armées. » (Mal. 3:12)

Remarque d'un ecclésiastique à propos de la dîme

Il y a quelques années, alors qu'il travaillait dans le champ de la mission, l'auteur assista à une réunion dans une grande ville américaine ; au cours de cette réunion, un ecclésiastique itinérant, qui allait de ville en ville dans ce but, présenta à l'assemblée la loi de la dîme, disant que c'était le moyen de sortir leur Église de ses difficultés financières, citant à l'appui de ses dires le troisième chapitre de Malachie, expliquant à ses auditeurs que la dîme est la loi par laquelle le Seigneur accorde ses bienfaits à son peuple, et les assurant que s'ils voulaient payer leur dîme ne fût-ce que pendant dix mois, ils pourraient dégager leur Église de ses dettes, et le Seigneur les bénirait comme il l'avait promis. À l'issue de la réunion, l'auteur eut l'occasion d'être présenté à cet ecclésiastique et lui déclara qu'il était bien près de la vérité, que les saints des derniers jours pratiquaient le principe de la dîme avec succès, depuis plus de cent ans, mais qu'il y avait un point de son exhortation qu'il ne pouvait comprendre : si la dîme était le plan du Seigneur pour accorder ses bienfaits à son peuple, pourquoi ne demandait-il pas à ces gens de payer la dîme toute leur vie : s'il est bon de recevoir les bénédictions du Seigneur pendant dix mois, il serait bien meilleur encore d'en jouir pendant toute son existence. À quoi l'ecclésiastique répondit : « Nous ne pouvons pas encore aller jusque-là ; nous nous estimerons heureux si nous pouvons les amener à payer pendant dix mois. »

Encore une fois, la voie du Seigneur est meilleure que la voie de l'homme, et ce n'est pas par la lecture de la Bible seulement que nous avons reçu les détails et l'application de cette vérité, mais bien par les révélations que le Seigneur a données à notre époque par l'intermédiaire de son prophète.

Bénédictions reçues du fait du paiement de la dîme

Retournons encore au troisième chapitre de Malachie où le Seigneur invite les descendants de Jacob à revenir à lui dans le paiement de leurs dîmes et de leurs offrandes en les assurant que s'ils veulent le mettre à l'épreuve en le faisant, il ouvrira pour eux les écluses des cieux et répandra sur eux la bénédiction en abondance. On peut raisonnablement supposer que si le Seigneur récompensait chacun sur-le-champ pour son obéissance et punissait immédiatement la désobéissance, tous observeraient ses commandements, ne serait-ce que par appât du gain et par crainte du châtiment. Le Seigneur savait que cette situation pourrait se présenter et permit donc à Malachie de mettre le peuple en garde par ces mots :

« Vos paroles sont rudes contre moi, dit l'Éternel. Et vous dites : Qu'avons-nous dit contre toi ? Vous avez dit : C'est en vain que l'on sert Dieu ; qu'avons-nous gagné à observer ces préceptes, et à marcher avec tristesse à cause de l'Éternel des armées ? Maintenant nous estimons heureux les hautains ; oui, les méchants prospèrent ; oui, ils tentent Dieu, et ils échappent ! Alors ceux qui craignent l'Éternel se parlèrent l'un à l'autre ; l'Éternel fut attentif, et il écoute ; et un livre de souvenir fut écrit devant lui pour ceux qui craignent l'Éternel et qui honorent son nom. Ils seront à moi, dit l'Éternel des armées, ils m'appartiendront, au jour que je prépare ; j'aurai compassion d'eux, comme un homme a compassion de son fils qui le sert. Et vous verrez de nouveau la différence entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas. » (Mal. 3:13-18)

Donc, dans leur raisonnement sur ce point, ils soulignaient que les méchants, les hautains, étaient heureux et peut-être avaient plus de satisfaction que ceux qui servaient le Seigneur (et nous supposons que Malachie parle toujours du paiement de la dîme puisque tout ce chapitre semble traiter de ce sujet et de son importance).

Il semble donc bien que l'ultime désir du Seigneur soit que personne n'ait l'esprit troublé par les discussions du jour, mais que, grâce à leur fidélité, leur nom puisse être enregistré dans son livre de souvenir, afin qu'ils soient à lui au jour qu'il prépare, avec l'assurance qu'alors ils reviendront et verront la différence « entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas ».

Nous sommes convaincus que celui qui accepte l'invitation du Seigneur à revenir à lui ne fait pas un plus grand sacrifice en donnant sa dîme que le fermier en confiant la semence au sol. Dans les deux cas il faut la foi, dans les deux cas il y a la récompense.


Source : LeGrand Richards, Une oeuvre merveilleuse et un prodige, 1950, chapitre 26