C’est en tant qu’instructeur que je
m’adresse à vous aujourd’hui. Je suis le reflet d’un professeur que
j’ai eu il y a plus de cinquante ans. Comme c’est souvent le cas,
l’influence
de ce professeur ne se limitait pas au sujet qu’il enseignait. Monsieur
Schaefer était professeur de mathématiques à l’université d’État de
Washington à Pullman. Il avait une
apparence banale. Je ne me souviens pas de son premier prénom, mais je
n’oublierai jamais la première chose qu’il a dite le premier jour où
nous nous sommes rencontrés.
C’était pendant la Deuxième Guerre mondiale. Nous étions en formation
de pilotage et nous avions été envoyés à l’université pour ce qu’on
nous avait décrit comme un « Crash course », cours accéléré de météo,
de conditions climatiques, de navigation aérienne, de physique,
d’aérodynamique et d’autres matières techniques. Pour nous, élèves
pilotes, le nom « Crash Course » n’était pas très encourageant. (Jeu de
mots : « crash », veut dire « accéléré » et « s’écraser », ndt) Le mot
intense aurait été préférable.
La pression était énorme. En effet ceux qui ne validaient pas ce cours
étaient éliminés du programme de formation des pilotes. J’étais en
compétition avec des élèves de l’école de l’air, dont beaucoup avaient
commencé leurs études supérieures, et certains avaient reçu une
formation poussée alors que je sortais tout juste du lycée.
Monsieur Schaefer devait nous enseigner les mathématiques de la base
jusqu’aux intégrales en quelques semaines à peine. Je jugeais la
situation désespérée jusqu’aux toutes premières minutes du premier
cours. Il a commencé son cours par cette annonce : « Certains d’entre
vous ont fait des études supérieures et même des études poussées sur
les sujets que nous devons traiter, mais mon but est d’instruire les
débutants. Je demande à ceux qui connaissent le sujet de faire preuve
de patience pendant que j’enseigne les bases aux débutants. »
Encouragé par ses paroles et encore plus par sa manière d’enseigner,
j’ai validé le cours assez facilement. Cela aurait vraisemblablement
été impossible autrement. Lorsque j’ai décidé de devenir enseignant,
l’exemple de monsieur Schaefer m’a poussé à essayer d’enseigner les
vérités simples et de base du mieux que je pouvais et de la manière
la plus compréhensible. J’ai appris combien il est difficile de simplifier.
Des années après la guerre, je suis retourné à l’université de l’État
de Washington et j’ai trouvé monsieur Schaefer. Lui, bien sûr, ne se
souvenait pas de moi. Je n’étais qu’un
« cadet » parmi les centaines d’étudiants de ses classes. Je l’ai
remercié de ce qu’il m’avait enseigné. J’avais oublié depuis longtemps
les maths et les intégrales mais pas son exemple d’enseignant.
Je veux donc, suivant cet exemple, vous dire aujourd’hui quelque chose
au sujet de l’Église. Ce que je vais vous dire n’est pas expliqué dans
les Écritures bien que ce soit
conforme aux principes qui y sont enseignés. Un principe est une
vérité, une loi, une règle durable que vous pouvez adopter pour vous
aider à prendre des décisions. En général, les principes ne sont pas
énoncés en détails. Cela vous laisse libre de les adapter et de trouver
votre voie grâce à des vérités durables, des principes qui sont pour
vous comme une ancre.
Les choses que je vais vous dire ne sont pas expliquées dans nos
manuels d’instructions ni dans nos recueils de leçons. Même si elles y
figuraient, la plupart d’entre vous ne disposent pas des manuels
d’instructions, des manuels d’instructions de la Prêtrise de
Melchisédek ou de la Société de Secours, parce qu’ils ne sont remis
qu’aux dirigeants.
Je vais parler de ce que j’appelle « l’ordre non écrit des choses ». Ma
leçon pourrait s’intituler « Les choses ordinaires concernant l’Église
que tout membre devrait savoir ». Ce sont des choses très ordinaires
mais très importantes. Nous partons parfois du principe que tout le
monde connaît déjà toutes les choses ordinaires. Si vous les
connaissez, vous devez les avoir apprises par l’observation et
l’expérience, car elles ne sont écrites nulle part et ne sont
enseignées dans aucun cours. Si, après ce préambule, vous faites partie
des gens qui connaissent tout cela, faites donc preuve de patience
pendant que je les enseigne aux personnes qui ne les connaissent pas :
faites une sieste.
Les bases de la connaissance et du témoignage ne changent jamais ; il
s’agit du témoignage que Dieu le Père est vivant, que Jésus est le
Christ, que le Saint-Esprit nous inspire, qu’il y a eu un
rétablissement, que la plénitude de l’Évangile et la même organisation
que celle qui existait dans l’Église primitive nous ont été révélées.
Ces choses sont révélées partout et tout le temps : dans nos cours,
dans les Écritures, dans les manuels d’instructions et dans les manuels
de leçons, dans tout ce que nous faisons. On trouve également la
doctrine et les instructions fondamentales sur l’organisation de
l’Église dans les Écritures.
En outre, il existe une autre source de connaissance concernant ce qui
fait fonctionner l’Église. Nous apprenons par l’expérience personnelle
et par l’observation. Si vous apprenez ces choses qui ne sont pas
écrites, l’ordre non écrit des choses, vous serez mieux qualifiés pour
être dirigeants et c’est ce que vous allez être. Les postes de
direction les plus importants sont dans votre foyer ; ce sont ceux de
père, de mère, de femme, de mari, de frère et de sœur aînés. Ensuite,
dans l’Église, des postes de direction et des occasions d’enseigner
nous sont données plus que partout ailleurs.
Ce dont je vais parler n’est pas écrit, mais est très facile à
apprendre. Soyez seulement conscients de l’ordre non écrit des choses
et intéressez-vous-y, et vous vous apercevrez que votre compétence et
votre valeur se développent aux yeux du Seigneur.
Avant de vous donner quelques exemples de cet ordre non écrit des
choses, je vais vous rappeler ce que le Seigneur a déclaré : « Ma
maison est une maison d’ordre, dit le Seigneur Dieu » (D&A 132:18).
Il a également dit à son prophète : « Veillez à ce que tout cela se
fasse avec sagesse et ordre ; car il n’est pas requis que l’homme coure
plus vite qu’il n’a de force. Et en outre, il est nécessaire qu’il soit
diligent, afin qu’il remporte ainsi le prix ; c’est pourquoi, tout doit
se faire avec ordre » (Mosiah 4:27). Paul a dit aux Corinthiens que
tout devait se faire avec bienséance et avec ordre (voir 1 Corinthiens
14:40). Nous reviendrons à cette idée dans quelques instants.
Les choses dont je vais vous parler ne sont pas rigides au point que
l’Église s’écroule si l’on ne les suit pas tout le temps. Mais elles
donnent le ton, la norme de la dignité et de
l’ordre, et amélioreront nos réunions et notre travail en classe ;
elles amélioreront les activités. Si vous les connaissez et les
comprenez, elles amélioreront beaucoup votre vie.
Nos réunions doivent être dirigées de telle sorte que les membres
puissent être régénérés spirituellement et rester à l’écoute de
l’Esprit quand ils affrontent les difficultés de
la vie. Nous devons établir des conditions grâce auxquelles les membres
pourront, par inspiration, résoudre leurs propres problèmes. Il existe
des choses simples qui sont utiles à ce propos, et des choses qui
gênent. Alma a enseigné que c’est par des choses petites et simples que
de grandes choses sont réalisées et que de petits moyens confondent,
dans de nombreux cas, les sages (voir Alma 37:6).
Comme première illustration de cet ordre non écrit des choses, je donne
un point aussi simple que le suivant : « La personne qui préside une
réunion doit siéger sur l’estrade
et être assise à côté de celle qui la dirige. Il est un peu difficile
de présider une réunion en se trouvant dans l’assemblée. La personne
qui préside la réunion est responsable de la direction de cette réunion
et a le droit et la responsabilité de recevoir l’inspiration. Elle peut
être poussée par l’Esprit à adapter ou à corriger quelque chose qui se
déroule au sein de la réunion. Cela est vrai, qu’il s’agisse d’une
réunion d’auxiliaire présidée par les sœurs ou de n’importe laquelle de
nos réunions.
Un nouveau président de pieu demandera parfois : « Dois-je siéger sur
l’estrade au cours de chaque réunion qui se tient dans le pieu ? Ne
puis-je pas m’asseoir avec ma famille ? Je lui dis : « Pendant que vous
présidez, vous devez siéger sur l’estrade. » Je suis tenté d’ajouter,
ce que je ne fais pas : « je ne peux pas avoir cet avantage, pourquoi
l’auriez-vous ? »
Voici un autre exemple : Si vous regardez la Première Présidence, vous
verrez que le premier conseiller siège toujours à droite du président
et le deuxième à sa gauche. C’est un exemple de la manière de faire les
choses « avec bienséance et avec ordre », comme Paul nous l’a dit.
D’ordinaire, mais pas toujours, si l’officier président prend la
parole, c’est à la fin de la réunion. Il lui est alors possible
d’apporter des éclaircissements ou des corrections. J’ai souvent eu
l’occasion d’entendre, à la fin de réunions : « Eh bien, frère Untel et
sœur Untel ont dit ceci et cela, et je suis sûr qu’ils voulaient dire
ceci et cela. »
Voici un autre exemple : Dans l’Église, nous n’ambitionnons pas
d’obtenir des appels et nous ne demandons pas non plus à en être
relevés. C’est par inspiration que nous sommes appelés à des postes
dans l’Église. Même si l’appel est présenté maladroitement, il n’est
pas sage de le refuser. Nous devons présupposer que l’appel vient du
Seigneur. Dans le cinquième article de foi, il est dit : « Nous croyons
que l’on doit être appelé de Dieu par prophétie et par l’imposition des
mains de ceux qui détiennent l’autorité, pour prêcher l’Évangile et en
administrer les ordonnances. »
Si, pour une raison quelconque, il nous devient difficile de continuer
de servir, nous pouvons consulter le dirigeant qui nous a appelé. Ce
n’est pas nous qui nous appelons
ni nous qui nous relevons. Il arrive parfois qu’un dirigeant ou un
instructeur apprécie tellement l’aspect éminent d’un poste que même
après avoir servi longtemps dans ce
poste, il ne veut pas en être relevé. C’est un signe de l’opportunité
de la relève. Nous devons faire comme il nous est demandé. Nous devons
accepter les appels et accepter les relèves par la même autorité.
Lorsque J. Reuben Clark a été appelé comme deuxième conseiller dans la
Première Présidence après avoir servi de nombreuses années comme
premier conseiller, il a répondu ainsi à l’assemblée solennelle où a eu
lieu le soutien de la nouvelle Première Présidence : « Au service du
Seigneur, ce n’est pas l’endroit où l’on œuvre, mais la manière de le
faire qui compte. Dans l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours, on prend la place à laquelle on est dûment appelé, place que
l’on ne brigue ni ne refuse » (Conference Report, avril 1951, p. 154).
L’Église a reçu alors une leçon de grande valeur dans l’ordre non écrit
des choses.
Il y a des années, j’ai appris que nous ne choisissons pas l’endroit où
nous servons, que nous répondons seulement à l’appel. Peu après mon
mariage, j’ai été appelé comme
greffier adjoint de pieu. Mon évêque n’a pas voulu me relever de mon
poste d’instructeur de la classe de Doctrine de l’Évangile. Il m’a dit
que j’avais beaucoup plus à donner en tant qu’instructeur que dans
l’appel quasi-inconnu de greffier de pieu adjoint. Mais il savait que,
selon l’ordre non écrit des choses, le président de pieu présidait et
que son appel avait la préséance.
Je ne peux pas vous dire tout ce que j’ai appris dans cet appel. J’ai
pu voir comment fonctionne une présidence. J’ai été témoin de la
révélation dans l’appel et la relève d’officiers de pieu et de
paroisse. En observant notre président de pieu et par expérience, j’ai
appris de nombreuses choses qui ne figurent pas dans le manuel
d’instructions. C’est dans cet appel que j’ai rencontré pour la
première fois les membres des Douze et d’autres Frères qui venaient à
la conférence. Cela a été un temps d’apprentissage de l’ordre non écrit
des choses.
Je me suis trouvé un jour dans un avion, avec le président Kimball qui,
je crois, a été greffier de pieu pendant dix-neuf ans. Un membre qui
habitait dans le pieu à cette époque se trouvait aussi dans l’avion. Il
m’a dit : « Si j’avais su que notre greffier de pieu allait être
président de l’Église, je l’aurais traité beaucoup mieux. »
Frère Kimball était en fait deuxième conseiller dans la présidence de
pieu quand le greffier de pieu est parti. Ils ont appelé un greffier et
ce dernier a déménagé. Frère Kimball a alors assumé cette
responsabilité. Melvin J. Ballard est venu à la conférence et a dit : «
Vous ne devriez pas être deuxième conseiller et greffier de pieu en
même temps. Choisissez ce que vous préférez. » Frère Kimball n’avait
pas l’habitude d’avoir le choix. Il voulait que frère Ballard lui dise
quel appel il devait garder mais celui-ci a répondu : « Non, c’est vous
qui choisissez. » Frère Kimball a donc répondu : « J’ai une machine à
écrire » [à cette époque, très peu de gens avaient une machine à
écrire]. Je connais le système. Je crois que je peux apporter une plus
grande contribution si je reste greffier de pieu. » Et c’est ce qui
s’est passé.
À cette époque, le greffier de pieu recevait une petite somme d’argent
tous les mois, pour acheter des fournitures, je suppose. Une sœur, qui
le connaissait bien, a écrit : « Spencer, cela me surprend de vous :
accepter un appel simplement parce qu’il est rémunéré. » Puis elle a
ajouté : « Si vous ne changez pas d’attitude, dans deux mois, vous
aurez quitté l’Église. » Eh bien, elle s’est un peu trompé dans le
délai !
Voici un autre exemple. Un jour, Harold B. Lee présidait notre
conférence de pieu. Entre les sessions, nous avons déjeuné chez le
président Zundell. Donna et moi sommes arrivés en retard parce que nous
étions passés chez nous voir si tout allait bien pour nos enfants.
Frère Lee était allé chercher quelque chose dans sa voiture et se
trouvait sur l’allée quand nous sommes arrivés. Je suis sûr qu’il était
très évident que nous étions émus de pouvoir parler personnellement
avec un apôtre et lui serrer la main. Il a fait un geste en direction
de la maison et, en parlant de la présidence de pieu qui était
assemblée à cet endroit, a dit [pour s'effacer en mettant en avant la
présidence de pieu, ndlr] : « Ce sont des hommes de valeur. Ne manquez
jamais d’apprendre d’hommes de cette classe. » Et, grâce à un apôtre,
j’avais appris quelque chose de l’ordre non écrit des choses.
Vous pouvez tant apprendre en observant les dirigeants expérimentés des
paroisses et des pieux dans lesquels vous habitez. Vous pouvez tant
apprendre en écoutant les frères et sœurs plus âgés qui ont toute une
vie d’expérience à l’école de la vie.
Voici un autre exemple. Il existe un ordre des choses quant aux
personnes à qui nous devons demander des conseils ou des bénédictions.
C’est simple : nous allons trouver
nos parents. S’ils ne sont plus là et qu’il s’agisse d’une bénédiction,
alors nous pouvons nous adresser à notre instructeur au foyer. Pour les
conseils, vous vous adressez à
votre évêque. Il peut choisir de vous envoyer à son supérieur
hiérarchique, le président de pieu. Mais nous ne devons pas nous
adresser aux Autorités générales. Nous ne devons pas leur écrire pour
leur demander conseil ni supposer que quelqu’un donnera un conseil plus
inspiré parce qu’il occupe un poste supérieur. Si nous pouvions obtenir
que cela soit enseigné dans l’Église, nous en tirerions un grand
pouvoir.
Joseph F. Smith a enseigné que s’il y a un malade dans un foyer et que
des apôtres ou même des membres de la Première Présidence de l’Église
soient présents, le père est là. C’est son droit et son devoir de
présider (voir Gospel Doctrine, p. 286).
Il y a un seul moyen de passer outre l’évêque, le président de pieu,
l’Autorité générale et toutes les autres personnes dans notre ligne
d’autorité. C’est de s’adresser à notre Père par la prière. Si nous
faisons cela, dans la plupart des cas, nous résolvons notre problème.
Voici un autre principe : La révélation dans l’Église est verticale. En
général, elle ne dépasse pas les limites administratives ou
géographiques de l’affectation de la personne
appelée. Par exemple, un évêque qui essaie de résoudre un problème
n’obtiendra pas de révélation en demandant conseil à l’évêque d’une
autre paroisse ou d’un autre pieu avec lequel il est parent ou collègue
de travail. J’ai appris par expérience que la révélation vient
verticalement et non horizontalement. Même si quelqu’un à côté de nous
a plus
d’expérience, est plus âgé ou plus spirituel, il est préférable que nous remontions le canal approprié.
Principe : L’une des principales caractéristiques d’un bon dirigeant
est d’être un bon suiveur. Dans une réunion avec les évêques, un nouvel
évêque qui s’efforçait de bien faire
m’a demandé : « Comment obtenir que les gens me suivent ? J’ai demandé
à neuf sœurs d’être présidente de la Primaire, mais aucune d’entre
elles n’a accepté. » La réunion était marquée par la bonne humeur et un
bon esprit, ce qui en faisait une excellente occasion pédagogique. J’ai
répondu que je doutais qu’il ait « appelé » aucune de ces neuf sœurs.
Il devait n’avoir fait que leur demander leur avis ou le leur proposer.
Je lui ai dit que s’il avait prié sincèrement et discuté avec ses
conseillers pour savoir qui devait présider la Primaire, la première
sœur aurait accepté l’appel. Il aurait peut-être
découvert au cours de l’entretien une raison pour laquelle il n’était
pas sage ni opportun que cette sœur remplisse l’appel et il l’aurait
dispensée de le faire. Mais certainement pas plus d’une ou de deux
sœurs. Si autant de sœurs ont décliné l’appel, c’est que quelque chose
n’allait pas, quelque chose n’était pas conforme à l’ordre non écrit
des choses.
Du fait de l’excellent esprit qui régnait dans la réunion, je lui ai
dit : « Frère, je sais quelque chose d’autre à votre sujet. Vous n’êtes
pas un bon suiveur, n’est-ce pas ? N’êtes-vous pas quelqu’un qui remet
toujours en cause ce que le président de pieu demande de ses évêques ?
Les autres évêques dans la salle se sont mis à rire doucement et à
acquiescer : c’était le cas. Il a ri doucement et a dit que cela devait
être vrai. J’ai dit : « Peut-être que la raison pour laquelle vos
membres ne suivent pas leur dirigeant, c’est que vous ne suivez pas les
vôtres. L’une des caractéristiques essentielles d’un dirigeant de
l’Église est de suivre fidèlement et loyalement. C’est justement
l’ordre des choses : l’ordre non écrit des choses. »
Quand j’étais jeune homme, Spencer W. Kimball est venu assister à notre
conférence et il a raconté cette expérience. Quand il était président
du pieu de Safford, dans l’Arizona, le poste de surintendant des Jeunes
Gens de pieu, comme on appelait alors ce poste, était vacant. Spencer
W. Kimball est sorti de son bureau, un jour, a fait quelques pas dans
la rue et a discuté avec un commerçant. Il a dit : « Jack, aimerais-tu
être surintendant de l’organisation des Jeunes Gens de pieu ? » Jack a
répondu : « Oh, non, Spencer ; pas moi. » Spencer W. Kimball a répondu
: « Bien sûr que si. Tu t’entends bien avec les jeunes. » Il a essayé
de le convaincre, mais l’homme a refusé.
Plus tard dans la journée, après avoir ressassé son échec et se
rappelant enfin ce que Jacob avait dit dans le Livre de Mormon, « ayant
tout d’abord obtenu mon mandat du
Seigneur » (Jacob 1:17), il est retourné voir Jack. En l’appelant «
frère » et par son nom de famille, il a dit : « Nous avons un poste
vacant à un poste de pieu. Mes conseillers et moi en avons discuté et
nous avons prié à ce sujet pendant quelque temps. Dimanche, nous nous
sommes agenouillés et avons demandé au Seigneur de nous faire savoir
par inspiration qui devait être appelé à ce poste. Nous avons reçu
l’inspiration que c’est vous qui devez être appelé. En tant que
serviteur du Seigneur, je suis venu vous donner cet appel. » Jack a
répondu : « Eh bien, Spencer, si tu le dis de cette manière… » « Oui,
je le dis de cette manière. » Vous connaissez le résultat. Cela aide de
suivre l’ordre correct des choses, l’ordre non écrit des choses.
J’ai sur mon bureau la lettre d’un frère qui est très ennuyé de ne pas
avoir été appelé correctement à un office. Il a accepté l’appel et il
est disposé à servir, mais il dit que son
évêque n’a pas d’abord consulté sa femme et qu’il ne s’y est pas pris
correctement par ailleurs. Quand je lui répondrai, j’essayerai de lui
enseigner quelque chose de l’ordre non écrit des choses qui a trait au
fait de faire preuve d’un peu de patience concernant la manière dont
les choses se font dans l’Église. Dans la première section des Doctrine
et Alliances, le Seigneur a exhorté chacun à parler « au nom de Dieu,
le Seigneur, le Sauveur du monde » (D&A 1:20). Je crois que je vais
lui faire remarquer qu’il sera peut-être évêque un jour, surchargé de
problèmes dans la paroisse et dépassé par des soucis personnels, et je
lui suggérerai de donner maintenant ce qu’il apprécierait de recevoir
s’il était dans le même cas.
Voici un autre élément de l’ordre non écrit : Les évêques ne doivent
pas laisser les membres décider des réunions. Ils ne doivent pas
laisser la famille d’un défunt ou d’un missionnaire décider de l’office
funèbre ou des adieux missionnaires. Il n’est pas conforme à l’ordre
correct des choses que les membres ou les familles demandent de décider
eux-mêmes qui prendra la parole et pendant combien de temps. Il est
bien sûr conforme de faire des suggestions mais l’évêque ne doit pas
leur confier la réunion. Nous sommes inquiets de la dérive qui a lieu
dans nos réunions.
Les services funèbres pourraient et devraient impressionner le plus par
leur spiritualité. Ils deviennent des réunions de famille sans règles
devant les membres de la paroisse. On chasse souvent l’Esprit par des
histoires humoristiques ou des plaisanteries alors que le temps devrait
être consacré à l’enseignement de choses de l’Esprit, de choses
sacrées. Lorsqu’une famille insiste pour que plusieurs parents prennent
la parole lors de l’office funèbre, on parle du défunt au lieu de
parler de l’Expiation, de la résurrection et des promesses
réconfortantes révélées dans les Écritures. Il convient toutefois qu’un
membre de la famille prenne la parole lors de l’office funèbre mais
dans ce cas, ses remarques doivent être conformes à l’esprit de la
réunion.
J’ai dit à mes Frères que le jour de mes funérailles, si l’un d’eux y
parle de moi, je me dresserai et je le corrigerai. Il faut prêcher
l’Évangile. Je ne connais pas d’autre réunion que les offices funèbres, où l’assemblée est mieux préparée à recevoir
la révélation et l’inspiration d’un orateur. Cette occasion nous est
retirée parce que nous ne connaissons pas l’ordre des choses, l’ordre
non écrit des choses, se rapportant à l’administration de l’Église et à
la réception de l’Esprit.
Nos évêques doivent garder le contrôle des réunions. C’est vrai de nos
réunions d’adieux missionnaires. Nous sommes profondément inquiets
qu’elles deviennent maintenant un genre de réunion de famille et d’amis
devant les membres de la paroisse. La profondeur de la formation et de
l’enseignement spirituels qui pourraient s’y donner est en train de
disparaître. Nous oublions qu’il s’agit d’une réunion de Sainte-Cène et
que c’est l’évêque qui la préside.
Je pourrais en rajouter beaucoup, entre autres sur le fait de porter
des vêtements du dimanche. Savez-vous ce que signifient ces mots ? On
le savait auparavant. Nous voyons
maintenant dans nos réunions, et même dans nos réunions de Sainte-Cène,
des tenues vestimentaires de plus en plus détendues, voire négligées,
qui entraînent un comportement détendu et négligé.
Cela me gêne de lire dans un programme de réunion de Sainte-Cène que Liz, Bill et Dave (diminutifs, ndt) y participeront. Ne devrait-ce pas être Elizabeth, William et David ? Cela me gêne de devoir soutenir Buck, Butch ou Chuck
(diminutifs, ndt) comme membre du grand conseil. Je dirai simplement :
« N’est-il pas possible d’avoir leurs noms complets sur ce document important ? » Le formalisme et la
dignité se perdent et c’est lourd de conséquences. Ce que dit Paul sur
la manière de faire les choses « avec bienséance et avec ordre » n’est
pas sans importance.
Eh bien, j’ai tant de choses à dire sur l’ordre non écrit des choses,
mais c’est quelque chose que vous devez apprendre par vous-mêmes. Si
seulement nous réussissions à vous permettre d’entrevoir et de
commencer à obtenir cette formation, alors vous sauriez à quel point
l’Église doit fonctionner et pourquoi elle fonctionne de cette manière.
Vous découvririez que c’est conforme aux principes énoncés dans les
Écritures. Si seulement vous voulez « amasser continuellement dans
votre esprit les paroles de vie », le Seigneur vous bénira et vous
indiquera « à l’heure même » ce que vous devez dire et ce que vous
devez faire (D&A 84:85). Apprenez de ce grand modèle : les choses
que nous acquérons rien qu’en observant et en participant.
Peu après l’ouverture de l’Espagne à la prédication de l’Évangile, je
me suis trouvé à Barcelone. Deux des premiers missionnaires envoyés
dans ce pays l’ont été à Barcelone
pour ouvrir la ville. Ils avaient demandé quarante chaises au président
Smith Griffin. Il se trouvait alors à Paris et ne comprenait pas
pourquoi ils voulaient quarante chaises alors qu’ils n’avaient aucun
membre. Il hésitait à faire cette dépense mais il a voulu encourager
ces missionnaires. Il a donc approuvé l’achat des quarante chaises.
Quand nous sommes arrivés au lieu où se tenaient les réunions de
l’Église, à l’étage d’un bâtiment commercial, les quarante chaises
étaient occupées. Il y avait des gens debout. Les missionnaires avaient pris des dispositions pour que leur
premier converti, un homme d’âge mûr qui travaillait dans un marché aux
poissons, dirige la réunion. Nous les avons vu lui apprendre comment
s’y prendre en se levant parfois pour lui murmurer quelque chose.
Avec leur aide, frère Byish a dirigé toute la réunion. Ensuite, tandis
qu’il se levait pour conclure la réunion, l’Esprit du Seigneur s’est
emparé de lui et il a longuement prêché avec une grande puissance. Cela
a été un témoignage inspiré et un moment inoubliable. Les deux jeunes
missionnaires, tous deux convertis d’Amérique du Sud, avaient d’une
certaine manière appris quelque chose de l’ordre non écrit des choses.
Ils établissaient l’Église à Barcelone dans l’ordre qui convient. Il y
a maintenant quatre pieux dans cette ville. Et ainsi vont les choses.
Le Seigneur utilise les saints ordinaires, les saints de la base, pour
faire avancer son œuvre.
N’est-ce pas bizarre que princes et rois,
Et fous qui cabriolent dans la sciure de la piste
Et des gens ordinaires comme vous et moi
soient les artisans de l’éternité ?
À chacun est donné une caisse à outils
Une matière informe et un recueil de règlement,
Et chacun doit créer avant la fin de sa vie
Un marchepied ou une pierre d’achoppement.
(R. L. Sharpe, « Stumbling-Block or Stepping Stone »)
L’Église ira de l’avant et va de l’avant ; et c’est uniquement parce
que les membres de la base apprennent par l’observation, l’enseignement
et l’expérience. Par dessus tout, nous apprenons parce que nous sommes
motivés par l’Esprit. Un jour, bien sûr, vous serez des dirigeants de
l’Église, vous, les jeunes. Si, en attendant, vous voulez bien
apprendre et étudier l’ordre non écrit des choses, le pouvoir du
Seigneur vous sera donné afin que vous puissiez être des serviteurs
utiles.
Je vous témoigne que cette Église est l’Église de Dieu, l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours, et je prie le Seigneur pour
que, comme il l’a dit, « chacun parle au nom de Dieu, le Seigneur, le Sauveur du monde » (D&A 1:20).
Je prie pour qu’il vous bénisse et je rends témoignage au nom de Jésus-Christ. Amen.