À propos du couplet de Lorenzo Snow
Stephen E. Robinson
Les saints des derniers
jours sont monophysites dans leur christologie, c’est-à-dire
qu’ils croient que le Christ n’a qu’une seule
nature, qui est simultanément humaine et divine. C’est
possible parce que l’humain et le divin ne sont pas des
catégories qui s’excluent mutuellement dans la pensée
des saints, contrairement à la christologie duophysite de
beaucoup de confessions traditionnelles.
Comme Lorenzo Snow l’a
dit : « Ce que l’homme est maintenant, Dieu le
fut autrefois. Ce que Dieu est maintenant, l’homme peut le
devenir » (Eliza R. Snow, Biography
and Family Record of Lorenzo Snow, Salt Lake City,
1884, p. 46). La plupart des
chrétiens
seraient d’accord avec la première moitié de ce
couplet tel qu’appliqué à la personne du Christ,
mais les saints des derniers jours l’appliquent aussi au Père.
La deuxième moitié du couplet est plus orthodoxe au
sens confessionnel du terme que le sont les protestants ou les
catholiques, parce que les saints des derniers jours partagent la
doctrine biblique antique de la déification (apothéose)
avec l’orthodoxie orientale. Plusieurs des premiers théologiens
du christianisme ont dit essentiellement la même chose que
Lorenzo Snow. Irénée a dit : « Si la
parole est devenue homme, c’est pour que les hommes puissent
devenir des dieux » (Contre les hérésies, 4.
Pref.) et Athanase a maintenu que « [le Christ] est devenu
homme pour que nous puissions être rendus divins »
(De l’Incarnation, 54).
Pourtant les saints des derniers jours
combinent les deux moitiés du couplet pour parvenir à
ce qu’ils estiment être la seule conclusion :
l’humain et le divin ne sont pas des catégories qui
s’excluent mutuellement. Pour eux, les deux catégories
ne font qu’un : Les humains sont de la lignée des
dieux. Les saints des derniers jours seraient entièrement
d’accord avec C.S. Lewis dans Mere Christianity : « Il a dit que
nous étions des « dieux »
[Psaumes 82:6 ; Jean 11:34] et il va donner suite à ses paroles. Si
nous le lui permettons
– car nous pouvons l’en empêcher si nous le voulons
– il transformera le plus faible et le plus souillé
d’entre nous en un Dieu ou une Déesse, un être
éclatant, radieux, immortel, palpitant, dans toute sa
personne, d’une énergie, d’une joie, d’une
sagesse et d’un amour que nous ne pouvons pas imaginer
maintenant. » [p. 175]
Sources : Encyclopédie
du mormonisme, Macmillan Publishing
Company, 1992 (traduction Marcel Kahne) ; Craig L. Blomberg et
Stephen E. Robinson, How Wide the Divide? InterVarsity Press, Illinois,
1997, p. 15.