Dieu et la Sainte Trinité

 

 

James E. Talmage (1862-1933)

 

Président de l'université d'Utah de 1894 à 1897

Membre du collège des Douze de 1911 à 1933

 

 

 

 

L'existence de Dieu

 

      Puisque la foi en Dieu constitue le fondement de la croyance et de la pratique religieuse et vu qu'il est essentiel de connaître les attributs et la nature de la Divinité pour manifester sa foi en elle d'une manière intelligente, ce sujet réclame la première place dans notre étude des doctrines de l'Église.

      L'existence de Dieu n'est guère matière à dispute rationnelle ; elle ne demande pas non plus de preuve par les faibles démonstrations de la logique de l'homme, car le fait est admis par la famille humaine, sans être pratiquement mis en doute, et la conscience d'une sujétion à un pouvoir suprême est un attribut inné de l'humanité. Les Écritures anciennes ne se consacrent pas à démontrer avant tout l'existence de Dieu ni à attaquer les sophismes de l'athéisme et de ce fait, nous pouvons déduire que les erreurs du doute se développèrent à une période plus tardive. L'assentiment universel de l'humanité au sujet de l'existence de Dieu le confirme du moins fortement. Il y a, dans la nature humaine, une passion filiale qui lance ses feux vers le ciel. Chaque nation, chaque tribu, chaque individu soupire après quelque objet d'adoration. Il est de la nature de l'homme d'adorer ; son âme n'est satisfaite que lorsqu'elle trouve une divinité. Lorsque les hommes, par la transgression, tombèrent dans les ténèbres au sujet du Dieu vrai et vivant, ils se donnèrent d'autres divinités et c'est ainsi que naquirent les abominations de l'idolâtrie. Et cependant, même les plus révoltantes de ces pratiques témoignent de l'existence d'un Dieu, en montrant la passion héréditaire de l'homme pour le culte.

      Les preuves sur lesquelles l'humanité base sa conviction de l'existence d'un Être suprême, peuvent être rangées, pour en faciliter l'étude, dans les trois catégories suivantes

1. Le témoignage de l'histoire de la tradition.

2. Le témoignage de l'exercice de la raison humaine.

3. Le témoignage concluant de la révélation directe de Dieu.

 


1. L'histoire et la tradition

 

      L'histoire écrite par l'homme et la tradition authentique transmise de génération en génération avant la date de tout écrit dont nous disposions actuellement, donnent des preuves que la Divinité existe réellement et qu'il y eut des rapports étroits et personnels entre Dieu et l'homme, aux premiers âges de l'existence humaine. Un des plus anciens écrits connus, la Sainte Bible, nomme Dieu comme Créateur de toutes choses (voir Genèse, chapitre 1 ; voir aussi Moïse, chapitre 2 et Abraham, chapitre 4, dans la Perle de Grand Prix) et, de plus, déclare qu'il s'est révélé personnellement à nos premiers parents terrestres et à beaucoup d'autres personnages saints dans les premiers temps du monde. Adam et Ève entendirent sa voix (voir Genèse 3:8 ; voir aussi Moïse 4:14) dans le Jardin et, même après leur transgression, ils continuèrent à prier Dieu et à lui offrir des sacrifices. Il est donc clair, qu'ils emportèrent, du Jardin, une connaissance personnelle de Dieu. Après leur expulsion, ils entendirent « la voix du Seigneur venant de la direction du Jardin d'Éden », mais ils ne le virent point ; et il leur donna des commandements auxquels ils obéirent. Alors, un ange se présenta devant Adam et le Saint-Esprit inspira l'homme et rendit témoignage du Père et du Fils (voir Moïse 5:6-9 dans la Perle de grand prix).

      Caïn et Abel apprirent à connaître Dieu, grâce aux enseignements de leurs parents aussi bien que par les manifestations qu'ils reçurent personnellement. Quand l'offrande d'Abel eut été acceptée et celle de Caïn rejetée, ce qui fut suivi du crime fratricide de Caïn, le Seigneur parla avec Caïn, et Caïn répondit au Seigneur (voir Genèse 4:9-16 ; voir aussi Moïse 5:22-26, 34-40). Caïn dut donc emporter, d'Éden, au pays où il alla vivre, une connaissance personnelle de Dieu (voir Genèse 4:16 ; voir aussi Moïse 5:41). Adam vécut neuf cent trente ans et beaucoup d'enfants lui naquirent. Il les instruisit dans la crainte de Dieu et beaucoup d'entre eux reçurent des manifestations directes. Des descendants d'Adam, Seth, Énoch, Kénan, Mahalaléel, Jéred, Hénoc, Métuschélah, et Lémec, le père de Noé, chacun représentant une génération distincte, vécurent tous du vivant d'Adam. Noé naquit cent vingt-six ans seulement après la mort d'Adam et, de plus, il vécut presque six cents ans avec son père Lémec, par lequel il fut, sans aucun doute, instruit dans les traditions relatives aux manifestations personnelles de Dieu, que Lémec avait apprises de la bouche d'Adam. Par Noé et sa famille, une connaissance de Dieu, par tradition directe, fut transmise après le déluge et de plus, Noé reçut des communications directes de Dieu (voir Genèse 6:13 ; 7:1-4 ; 8:15-17 ; 9:1-17) et vécut assez longtemps pour instruire dix générations de ses descendants. Ensuite vint Abraham qui jouit aussi d'une communion personnelle avec Dieu (voir Genèse chapitre 12 ; voir aussi Abraham 1:16-19 ; 2:6-11, 19, 22-24 ; 3: 3-10, 12-21, 23) et, après lui, Isaac et Jacob ou Israël, parmi les descendants duquel le Seigneur accomplit de grands prodiges par l'intermédiaire de Moïse. Ainsi, n'y eût-il eu aucun récit écrit, la tradition aurait conservé et transmis la connaissance de Dieu.

      Mais même si les récits de la plus ancienne communion personnelle de l'homme avec Dieu s'étaient estompés avec le temps et s'étaient affaiblis dans leurs effets, ils n’auraient pu que faire place à d'autres traditions fondées sur des manifestations ultérieures de la personne divine. Le Seigneur se fit connaître à Moïse, non seulement derrière le rideau de feu et l'écran de nuages (voir Exode 3:4 ; 19:18 ; Nombres 12:5), mais par une communion face à face, grâce à laquelle l'homme vit même « la représentation » de son Dieu (Nombres 12:8 - La « Revised Version » anglaise dit : « la forme de l'Éternel », ndt ; voir aussi Moïse 1:1, 2, 11, 31). Ce récit de communion directe entre Moïse et Dieu, à une partie de laquelle le peuple était autorisé à prendre part (voir Exode 19:9, 11, 17-20) dans la mesure où sa foi et sa pureté le permettaient, a été conservé par Israël à travers toutes
les générations. Et d'Israël, les traditions de l'existence de Dieu se sont répandues dans le monde entier, de sorte que nous retrouvons des traces de cette ancienne connaissance même dans les mythologies perverties des nations païennes.



2. La raison humaine

 

      La raison humaine, se basant sur l'observation de la nature, déclare fortement l'existence de Dieu. L'esprit déjà imbu des vérités historiques de l'existence divine et de ses relations étroites avec l'homme, trouvera de tous côtés des preuves confirmatives dans la nature et même celui qui rejette le témoignage du passé et estime son propre jugement supérieur à la croyance commune des âges, ressent l'appel des preuves multiples de l'existence d'un but dans la nature. L'observateur est impressionné par l'ordre et le système manifeste de la création ; il note la succession régulière du jour et de la nuit, pourvoyant des périodes alternées de travail et de repos à l'homme, aux animaux et aux plantes ; la suite des saisons ayant, chacune, ses périodes plus longues d'activité et de récupération ; la dépendance mutuelle des animaux et des plantes ; le cycle de l'eau, de la mer aux nuages et, de nouveau, des nuages à la terre, avec ses effets bienfaisants. Quand l'homme se met en devoir d'examiner les choses de plus près, il découvre que, par l'étude et la recherche scientifique, ces preuves sont multipliées de nombreuses fois. Il peut apprendre les lois qui gouvernent la terre et les mondes qui lui sont associés dans leurs orbites, qui gardent les satellites subordonnés aux planètes et les planètes aux soleils ; il peut contempler les merveilles de l'anatomie des végétaux et des animaux ainsi que le mécanisme supérieur de son propre corps ; et comme ces appels à sa raison augmentent à chaque pas, sa perplexité concernant l'ordonnateur de tout cela fait place à l'adoration pour le Créateur dont la présence et le pouvoir sont ainsi proclamés avec tant de force ; et l'observateur devient un adorateur.

      Partout dans la nature, il y a évidence de la cause et de l'effet ; de tous côtés, il y a démonstration de moyens adaptés à une fin. Mais de telles adaptations, écrit un penseur, « indiquent une invention dans un but donné et l'invention est une preuve d'intelligence et l'intelligence est l'attribut de l'esprit, et l'esprit intelligent qui construisit cet univers prodigieux c'est Dieu ». Admettre l'existence d'un dessinateur par la preuve que constitue le dessin, dire qu'il doit y avoir un inventeur dans un monde d'inventions intelligentes, croire en un être qui adapte, quand la vie de l'homme dépend directement des adaptations les plus parfaites qu'on puisse concevoir, n'est qu'admettre des vérités qui vont de soi. Le soin de prouver la non-existence de Dieu doit être laissé à celui qui met en doute la vérité solennelle que Dieu vit. « Chaque maison est construite par quelqu'un ; mais celui qui a construit toutes choses, c'est Dieu » (Hébreux 3:4). Si claire que soit la vérité ainsi exprimée, il y en a, parmi les hommes, quelques-uns qui professent mettre en doute les preuves de la raison et nier l'auteur de leur propre existence. Étrange, n'est-ce pas, que ça et là, quelqu'un qui trouve dans l'ingéniosité dont fait preuve la fourmi qui bâtit sa maison, dans l'architecture de la ruche et dans les myriades d'exemples de l'existence d'un instinct de l'ordre parmi les moindres créatures vivantes, une preuve d'intelligence dont l'homme peut s'inspirer et tirer profit, mettra cependant en doute l'opération de l'intelligence dans la création des mondes et la constitution de l'univers ?

      La perception de l'homme lui parle de sa propre existence ; son observation lui prouve l'existence d'autres êtres de son espèce et d'ordres innombrables d'êtres organisés. Nous en concluons qu'il a toujours dû exister quelque chose, car s'il y avait eu un temps de non-existence, une période de néant, l'existence n'aurait jamais pu commencer, car rien ne peut provenir de rien. L'existence éternelle de quelque chose est donc un fait
incontestable et la question qui demande réponse est : Quelle est cette chose éternelle - cette existence qui n'a ni commencement ni fin ? La manière et l'énergie sont des réalités éternelles ; mais la matière, d'elle-même, n'est ni vitale, ni active, ni la force, intelligente par elle-même ; cependant la vitalité et l'activité caractérisent les choses vivantes et les effets de l'intelligence sont universellement présents. La nature n'est pas Dieu ; et prendre l'un pour l'autre, c'est appeler l'édifice architecte, l'ouvrage inventeur, le marbre sculpteur et la chose le pouvoir qui la fit. Le système de la nature est la manifestation d'un ordre qui dénote une intelligence directrice ; et cette intelligence est de nature éternelle, du même âge que l'existence elle-même. La nature elle-même est la déclaration d'un être supérieur dont elle exhibe la volonté et le but, dans ses aspects variés. Au-delà et au-dessus de la nature il y a le Dieu de la nature.

      Bien que l'existence soit éternelle et que, par conséquent, il n'y ait jamais eu de commencement et qu'il n'y aura jamais de fin à l'être dans un sens relatif, chaque stade d'organisation doit avoir eu un commencement et, pour chaque phase de l'existence manifestée dans chacun des ordres innombrables de choses créées, il y a eu un premier comme il y aura un dernier ; quoique chaque fin ou consommation ne soit, dans la nature, qu'un autre commencement. Ainsi l'ingéniosité de l'homme a inventé des théories pour illustrer, sinon pour expliquer, une suite possible d'événements par lesquels la terre a été transformée d'un état de chaos à sa condition habitable actuelle ; mais, selon ces hypothèses, ce globe fut autrefois une sphère stérile, sur laquelle aucune des formes innombrables de la vie qui l'occupent maintenant n'aurait pu exister. Le théoricien doit donc admettre un commencement à la vie sur terre et un tel commencement n'est explicable que si l'on suppose un acte créateur, une génération spontanée ou un apport provenant du dehors de la terre. S'il admet que la vie a été introduite sur terre d'une autre sphère plus âgée, il ne fait que reculer les bornes de son enquête sur le commencement de la vie ; car expliquer l'origine d'un rosier qui se trouve dans notre jardin en disant qu'il fut transplanté sous forme de pousse provenant d'un rosier qui croissait ailleurs ne répond pas à la question de l'origine des roses. La science se trouve dans la nécessité d'attribuer un commencement aux phénomènes de la vie sur cette planète et admet que la terre a une durée limitée dans le cours de changement progressif actuel ; et il en va des corps célestes en général comme de la terre. L'éternité de l'existence n'indique donc pas plus positivement l'existence d'un souverain éternel que la suite sans fin de changements dont chaque phase a un commencement et une fin. La génération des choses créées, le commencement d'un univers organisé, sont absolument inexplicables, si on suppose que des changements spontanés se sont produits dans la matière ou qu'il y a eu des opérations fortuites ou accidentelles de ses propriétés.

      La raison humaine, si sujette à se tromper quand elle traite de questions de moindre importance, ne pourrait pas, d'elle-même, mener son possesseur à une connaissance convaincante de Dieu ; cependant l'exercice de la raison aidera l'homme dans sa recherche, fortifiant et confirmant l'instinct héréditaire qui le porte vers son Créateur. « L'insensé dit en son cœur : Il n'y a point de Dieu » (Psaumes 14:1). Dans ce passage, comme dans l'usage scriptural ailleurs, l'insensé (voir Psaumes 107:17 Proverbes 1:7 ; 10:21 ; 14:9) est un méchant qui a perdu sa sagesse en faisant le mal, jetant les ténèbres sur son esprit au lieu de la lumière et l'ignorance au lieu de la connaissance. Engagé dans une telle voie, l'esprit devient dépravé et incapable d'apprécier les arguments plus raffinés de la nature. Le pécheur volontaire devient sourd à la voix de l'intuition et de la raison dans les choses saintes, et perd le privilège de communier avec son Créateur, perdant ainsi les moyens les plus puissants de parvenir à une connaissance personnelle de Dieu.

 

3. La révélation

 

      La révélation donne à l'homme sa connaissance la plus sûre de Dieu. Les Écritures abondent en exemples où le Seigneur, plus particulièrement Jéhovah, s'est manifesté à ses prophètes dans les temps anciens comme dans les temps plus récents. Nous avons déjà noté que le fondement de nombreuses traditions qui se rapportent à l'existence et à la personnalité de Dieu est constituée par ses révélations de lui-même à Adam et à d'autres patriarches antédiluviens ; ensuite, à Noé, à Abraham, à Isaac, à Jacob et à Moïse. Un exemple brièvement mentionné dans la Genèse est celui d'Hénoc, le père de Métuschélah ; nous lisons de lui qu'il marcha avec Dieu (voir Genèse 5:18-24 ; voir aussi Hébreux 11:5 et Jude 14) et, de plus, que le Seigneur se manifesta, de façon particulièrement distincte, à ce juste prophète (voir Moïse chapitres 6 et 7), lui révélant le cours des événements jusqu'à l'époque du ministère prévu de Jésus dans la chair, le plan de salut par le sacrifice du Fils unique, et ce qui suivrait, jusqu'au jugement final.

      Quant à Moïse, nous lisons qu'il entendit la voix de Dieu, qui lui parla du milieu du buisson ardent sur le mont Horeb, disant : « Je suis le Dieu de ton Père, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. Moïse se cacha le visage, car il craignait de regarder Dieu » (Exode 3:6). Dieu apparut, dans une nuée, à Moïse et à Israël assemblés, accompagné du bruit terrifiant des tonnerres et des éclairs, sur le Sinaï : « Tu parleras ainsi aux enfants d'Israël : Vous avez vu que je vous ai parlé depuis les cieux » (Exode 20:18-22). Nous apprenons, au sujet d'une manifestation ultérieure : « Moïse monta avec Aaron, Nadab et Abihu, et soixante-dix anciens d'Israël. Ils virent le Dieu d'Israël ; sous ses pieds c'était comme un ouvrage de saphir transparent, comme le ciel lui-même dans sa pureté » (Exode 24:9, 10).

      Au temps de Josué et des Juges et au cours du règne des Rois, le Seigneur manifesta sa présence et son pouvoir à Israël. Ésaïe vit le Seigneur sur son trône, au milieu d'une compagnie glorieuse, et il s'écria : « Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j'habite au milieu d'un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le roi, l'Éternel des Armées » (Ésaïe 6:1-5). À une période ultérieure, lorsque le Christ émergea des eaux du baptême, la voix du Père se fit entendre, déclarant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection » (Matthieu 3:16, 17 ; Marc 1:11). Et à l'occasion de la transfiguration de notre Seigneur, la même voix répéta ces mêmes paroles glorieuses et solennelles (voir Matthieu 17:1-5 ; voir aussi Luc 9:35). Tandis qu'Étienne subissait le martyre que ses compatriotes, cruels et fanatiques, lui infligeaient, les cieux furent ouverts et il vit « la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu » (Actes 7:54-60).

      Le Livre de Mormon est rempli d'exemples de communications entre Dieu et son peuple, la plupart par des visions et par le ministère d'anges mais aussi par la manifestation directe de la présence divine. Ainsi, nous lisons qu'une colonie quitta la tour de Babel et se rendit sur le continent américain sous la conduite d'un homme, connu dans le récit sous le nom de frère de Jared. Au cours des préparatifs pour le voyage à travers l'océan, cet homme pria pour que le Seigneur touchât du doigt et rendît ainsi lumineuses certaines pierres pour que les voyageurs eussent de la lumière dans leurs vaisseaux. En réponse à cette requête, le Seigneur étendit la main et toucha les pierres, révélant son doigt qui, à la grande surprise de l'homme, ressemblait à un doigt humain. Alors le Seigneur, heureux de voir la foi de l'homme, se rendit visible et montra au frère de Jared que l'homme avait été littéralement formé à l'image de son Créateur (voir Éther, chapitre 3). Aux Néphites, qui habitaient le continent occidental, le Christ se révéla après sa résurrection et son ascension. À ces brebis du troupeau de l'ouest, il rendit témoignage du
mandat qu'il avait reçu du Père, montra les blessures de ses mains, de ses pieds et de son côté, et servit de nombreuses façons les multitudes croyantes (voir 3 Néphi, chapitres 11 à 28).

      Dieu s'est révélé à son peuple au cours de la dispensation actuelle (ndlr : une dispensation de l'Évangile est une époque au cours de laquelle le Seigneur a au moins un serviteur autorisé sur la terre qui détient les clefs de la Sainte Prêtrise). Grâce à sa foi et à la sincérité de ses intentions, Joseph Smith, bien qu'encore tout jeune, obtint personnellement une manifestation de la présence de Dieu, et même le privilège de voir, ensemble, le Père éternel et Jésus-Christ, le Fils. Son témoignage de l'existence de Dieu ne dépend pas de la tradition ni de déductions étudiées ; il déclara au monde que Dieu le Père et Jésus-Christ, le Fils, sont tous deux vivants, car il avait vu leurs personnes et entendu leur voix. En plus de la manifestation citée, Joseph Smith et son compagnon de service, Sidney Rigdon, affirment que, le 16 février 1832, ils virent le Fils de Dieu et conversèrent avec lui dans une vision céleste. Décrivant cette manifestation, ils disent ceci : « Et tandis que nous méditions ces choses, le Seigneur toucha les yeux de notre intelligence et ils furent ouverts, et la gloire du Seigneur resplendit tout à l'entour. Et nous vîmes la gloire du Fils, à la droite du Père, et reçûmes de sa plénitude. Nous vîmes les saints anges et ceux qui sont sanctifiés devant son trône, adorant Dieu et l'Agneau, qu'ils adorent pour toujours et à jamais. Et maintenant, après les nombreux témoignages qui ont été rendus de lui, voici le témoignage, le dernier de tous, que nous rendons de lui : Qu'il vit ! Car nous le vîmes, et ce à la droite de Dieu ; et nous entendîmes la voix rendre témoignage qu'il est le Fils unique du Père - que par lui, à travers lui et en lui, les mondes sont et furent créés, et que les habitants en sont des fils et des filles engendrés pour Dieu » (D&A 76:19-24).

      De nouveau, le 3 avril 1836, dans le Temple de Kirtland, en Ohio, le Seigneur se manifesta à Joseph Smith et à Oliver Cowdery, qui décrivent l'événement comme suit : « Nous vîmes le Seigneur debout sur la balustrade de la chaire, devant nous ; sous ses pieds, il y avait un pavement d'or pur, d'une couleur semblable à l'ambre. Ses yeux étaient de flamme, ses cheveux étaient blancs comme la neige immaculée, son visage était plus brillant que l'éclat du soleil et sa voix était comme le bruit du déferlement des grandes eaux, savoir la voix de Jéhovah, disant : Je suis le premier et le dernier ; je suis celui qui vit, je suis celui qui a été immolé ; je suis votre avocat auprès du Père » (D&A 110:2-4).



La Divinité : La Trinité

 

      Trois personnages, composant le grand conseil président de l'univers, se sont révélés à l'homme : (1) Dieu, le Père éternel ; (2) son Fils Jésus-Christ et (3) le Saint-Esprit. Les récits acceptés des rapports divins avec l'homme démontrent que ces trois Êtres sont des individus séparés, physiquement distincts l'un de l'autre. À l'occasion du baptême du Sauveur, Jean reconnut le signe du Saint-Esprit ; il vit devant lui, dans un corps de chair, le Christ auquel il venait d'administrer la sainte ordonnance et il entendit la voix du Père (voir Matthieu 3:16, 17 ; voir aussi Marc 1:9-11 ; Luc 3:21, 22). Les trois personnages de la Divinité étaient présents, se manifestant chacun d'une façon différente et chacun distinct des autres. Plus tard, le Sauveur promit à ses disciples que le Consolateur (voir Jean 14:26 ; 15:26), qui est le Saint-Esprit, leur serait envoyé par son Père ; ici encore les trois membres de la Divinité sont définis séparément. Étienne, au moment de son martyre, fut béni du pouvoir de vision céleste et vit Jésus à la droite de Dieu (voir Actes 7:55, 56). Joseph Smith, alors qu'il invoquait le Seigneur en une ardente prière, vit le Père et le Fils debout au milieu d'une lumière qui dépassait en clarté celle du soleil et l'un d'eux déclara en montrant l'autre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoute-le ! » Chacun des membres de la Trinité est appelé Dieu (voir 1 Corinthiens 8:6 ; Jean 1:1-14 ; Matthieu 4:10 ; 1 Timothée 3:16 ; 1 Jean 5:7 Mosiah 15:1, 2) ; ensemble, ils constituent la Divinité.



Unité de la Divinité

 

      La Divinité est un type d'unité dans les attributs, les pouvoirs et les buts de ses membres. Jésus, alors qu'il se trouvait sur terre (voir Jean 10:30, 38 ; 17:11, 22), se manifestant à ses serviteurs néphites (voir 3 Néphi 11:27, 36 ; 28:10 ; voir aussi Alma 11:44 ; Mormon 7:7), a témoigné souvent de l'union qui existait entre le Père et lui et entre eux et le Saint-Esprit. Rationnellement, on ne peut pas interpréter cela comme signifiant que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont un en substance et en personne ni que les noms représentent le même personnage sous différents aspects. Une seule référence suffira à prouver l'erreur de tout point de vue de ce genre. Immédiatement avant d'être trahi, le Christ pria pour ses disciples, les Douze et les autres convertis, pour qu'ils fussent préservés dans leur union (voir Jean 17:11-21) « afin qu'ils soient parfaitement un » comme le Père et le Fils sont un. Nous ne pouvons pas supposer que le Christ pria pour que ses disciples perdissent leur individualité et ne devinssent qu'une personne, même si un changement aussi directement opposé à la nature eût été possible. Le Christ désirait que tous fussent unis de cœur, ayant la même volonté et le même but, car telle est l'unité qui existe entre son Père et lui, et entre eux et le Saint-Esprit.

      Cette unité est un modèle de perfection ; la volonté de n'importe quel membre de la Trinité est la volonté des autres ; voyant, comme chacun d'eux le fait, avec l’œil de la perfection, ils voient et comprennent de la même façon. Dans n'importe quelle circonstance donnée, chacun agirait de la même manière, guidé par les mêmes principes de justice et d'équité infaillibles. L'unité de la Divinité dont les Écritures témoignent si abondamment, n'implique aucune union mystique de substance, ni aucune fusion contre nature et, par là, impossible de personnalités. Père, Fils et Saint-Esprit sont aussi distincts l'un de l'autre dans leur personne et leur individualité que trois personnages quelconques dans la mortalité. Cependant leur unité de but et d'action est telle que leurs décisions sont unanimes et leur volonté la volonté de Dieu. Le Père et le Fils sont semblables même en apparence physique, c'est pourquoi, alors que Philippe l'importunait pour qu'il lui montrât le Père, le Christ lui parla en ces termes : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu, Philippe ! Celui qui m'a vu a vu le Père ; comment dis-tu : Montre-nous le Père ? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même, et le Père, qui demeure en moi, c'est lui qui fait les oeuvres. Croyez-moi, je suis dans le Père et le Père est en moi » (Jean 14:9-11 ; voir aussi Hébreux 1:3).



Personnalité de chaque membre de la Divinité

 

      Les preuves déjà présentées montrent clairement que le Père est un être personnel, possédant une forme définie, des parties corporelles et des passions spirituelles. Jésus-Christ, qui était avec le Père (voir Jean 17:5), en esprit, avant de venir habiter dans la chair et par qui les mondes furent créés (voir Jean 1:3 ; Hébreux 1:2 ; Éphésiens 3:9 ; Colossiens 1:16), vécut, homme parmi les hommes, avec toutes les caractéristiques physiques d'un être humain ; après sa résurrection, il apparut sous la même forme (voir Jean 20:14, 15, 19, 20, 26, 27 ; 21:1-14 ; Matthieu 28:9 ; Luc 24:15-31, 36-44) ; c'est sous cette forme qu'il monta aux cieux (voir Actes 1:9-11) et c'est sous cette forme qu'il se manifesta aux Néphites et aux prophètes modernes. Nous sommes assurés que le Christ était à l'image expresse de son Père (voir Hébreux 1:3 ; Colossiens 1:15 ; 2 Corinthiens 4:4), à l'image duquel l'homme aussi a été créé (voir Genèse 1:26, 27 ; Jaques 3:8, 9). C'est pourquoi, nous savons que le Père et le Fils sont des hommes parfaits en forme et en stature : Chacun d'eux possède un corps tangible infiniment pur et parfait, revêtu d'une gloire transcendante, mais qui est néanmoins un corps de chair et d'os (voir D&A 130:22).

      Le Saint-Esprit, appelé aussi Esprit et Esprit du Seigneur (voir 1 Néphi 4:6 ; 11:1-12 ; Mosiah 13:5 ; Marc 1:10 ; Jean 1:32 ; Actes 2:4 ; 8:29 ; 10:19 ; Romains 8:10, 26 ; 1 Thessaloniciens 5:19), Esprit de Dieu (voir Matthieu 3:16 ; 12:28 ; 1 Néphi 13:12, 13), Consolateur (voir Jean 14:16, 26 ; 16:7) et Esprit de Vérité (voir Jean 15:26 ; 16:13), n'est pas revêtu d'un corps de chair et d'os, mais est un personnage d'esprit (voir D&A 130:22). Nous savons cependant que l'Esprit s'est manifesté sous la forme d'un homme (voir 1 Néphi 11:11). C'est par le ministère de l'Esprit que le Père et le Fils opèrent dans leurs communications avec les hommes (voir Néhémie 9:30 ; Ésaïe 42:1 ; Actes 10:19 ; Alma 12:3 ; D&A 105:36 ; 97:1) ; c'est par lui que la connaissance est communiquée (voir Jean 16:13 ; 1 Néphi 10:19 ; D&A 35:13 ; 50:10), et c'est par lui que s'accomplissent les buts de la Divinité (voir Genèse1:2 ; Job 26:13 ; Psaumes 104:30 ; D&A 29:31). Le Saint-Esprit est le témoin du Père et du Fils (voir Jean 15:26 ; Actes 5:32 ; 20:23 ; 1 Corinthiens 2:11 ; 12:3 ; 3 Néphi 11:32), déclarant leurs attributs à l'homme et rendant témoignage des autres membres de la Divinité (voir Jean 16:26 ; Actes 5:32 ; 1 Corinthiens 2:11 ; 3 Néphi 11:32).



Quelques-uns des attributs divins

 

      Dieu est omniprésent - Il n'y a pas d'endroit de la création, si éloigné soit-il, dans lequel Dieu ne puisse pénétrer ; au moyen de l'Esprit, la Divinité est en communication directe avec toutes choses en tout temps. Il a été dit, pour cette raison, que Dieu est présent partout ; mais cela ne signifie pas que la personne même d'un membre quelconque de la Divinité puisse être physiquement présente en plus d'un lieu à la fois. Les sens de chaque membre de la Trinité sont doués d'une puissance infinie, leur esprit d'une capacité illimitée ; leur pouvoir de se transporter d'un lieu à l'autre sont infinis. Il est clair, cependant, que leur personne ne peut pas être en plus d'un endroit à la fois. Si nous admettons la personnalité de Dieu, nous sommes forcés d'accepter le fait qu'il est matériel ; en effet, un « être immatériel » - terme sans signification par lequel certains ont voulu désigner la condition de Dieu - ne peut pas exister, car l'expression elle-même est contradictoire en ses termes. Si Dieu possède une forme, cette forme est, nécessairement, de proportions déterminées et, par conséquent, de dimensions limitées dans l'espace. Il lui est donc impossible d'occuper, à la fois, plus d'un espace de mêmes dimensions et, pour cette raison, il n'est pas étonnant d'apprendre, par les Écritures, qu'il se meut d'un lieu à l'autre. C'est ainsi que nous lisons, en relation avec le récit de la Tour de Babel : « L'Éternel [c'est-à-dire Jéhovah, le Fils] descendit pour voir la ville et la tour » (Genèse 11:5). De plus, Dieu apparut à Abraham et ayant déclaré qu'il était « le Dieu Tout-Puissant », il parla avec le patriarche et établit une alliance avec lui. Nous lisons ensuite : « Lorsqu'il eut achevé de lui parler, Dieu s'éleva au-dessus d'Abraham » (Genèse 17:1, 22).

     
Dieu est omniscient - C'est par lui que la matière a été organisée et l'énergie dirigée. Il est donc le Créateur de tout ce qui a été créé, « le Seigneur, qui fait ces choses, et à qui elles sont connues de toute éternité » (Actes 15:18 ; voir Moïse 1:6, 35, 37 ; 1 Néphi 9:6). Son pouvoir et sa sagesse sont également incompréhensibles à l'homme, car ils sont infinis. Étant lui-même éternel et parfait, sa connaissance ne peut être autrement qu'infinie. Pour se comprendre lui-même, Être infini, il doit posséder une intelligence infinie. Par l'entremise des anges et de ses serviteurs, il est en communication permanente avec toutes les parties de la création et peut les visiter personnellement, selon sa volonté.

     
Dieu est omnipotent - Il est, à juste titre, appelé le Tout-Puissant. L'homme peut discerner de toutes parts les preuves de l'omnipotence divine, dans les forces qui contrôlent les éléments de la terre et guident les sphères célestes dans leur course prescrite. Ce que sa sagesse indique qu'il est nécessaire de faire, Dieu peut le faire et le fera. Les moyens par lesquels il opère peuvent ne pas être d'une capacité infinie en eux-mêmes, mais ils sont dirigés par un pouvoir infini. Une conception rationnelle de son omnipotence serait : le pouvoir de faire tout ce qu'il peut vouloir faire.

     
Dieu est bon, bienveillant et aimant - tendre, prévenant et indulgent, supportant patiemment les faiblesses de ses enfants. Il est juste et miséricordieux dans ses jugements (voir Deutéronome 4:31 ; 2 Chroniques 30:9 ; Exode 20:6 ; 34:6 ; Néhémie 9:17, 31 ; Psaumes 116:5 ; 103:8 ; 86:15 ; Jérémie 32:18) ; cependant ces qualités plus douces sont combinées avec une grande fermeté à venger les torts (voir Exode 20:5 ; Deutéronome 7:21 ; 10:17 ; Psaumes 7:11). Il est jaloux (Exode 20:5 ; 34:14 ; Deutéronome 4:24 ; 6:14, 15 ; Josué 24:19, 20) de son propre pouvoir et du respect qu'on lui rend ; c'est-à-dire qu'il a le zèle des principes de vérité et de pureté, qui ne sont manifestés nulle part à un plus haut degré que dans ses attributs personnels. Cet Être est l'auteur de notre existence, c'est à lui qu'il nous est permis de nous adresser comme Père. Notre foi en lui augmentera avec la connaissance que nous acquérons de lui.



Idolâtrie et athéisme

 

      D'après les preuves abondantes de l'existence de la Divinité dont l'idée est si généralement acceptée par la famille humaine, il semble qu'il y ait peu de raisons sur lesquelles l'homme puisse, rationnellement, appuyer et maintenir une incroyance en Dieu et, étant donné les preuves nombreuses de la nature bienveillante des attributs divins, il ne devrait y avoir que peu de tendance à se tourner vers de faux et indignes objets de culte. Cependant, l'histoire du genre humain montre que le théisme, qui est la doctrine de la croyance en Dieu et de l'acceptation de Dieu, se voit opposer de nombreuses variétés d'athéisme ; que l'homme est enclin à démentir ses prétentions à la raison et à offrir son culte dans des sanctuaires idolâtres. L'athéisme s'est probablement développé au cours d'époques plus récentes, tandis que l'idolâtrie se révèle être un des premiers pêchés du genre humain. Même au temps de l'exode d'Israël hors d'Égypte, Dieu jugea nécessaire de commander, par statut : « Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face » (Exode 20:3) ; cependant, alors même qu'il gravait ces paroles sur les tables de pierre, son peuple se souillait devant le veau d'or, façonné sur le modèle d'une idole égyptienne.

      L'homme possède l'instinct du culte ; il aspire à un objet d'adoration et en trouvera un. Lorsqu'il tomba dans les ténèbres d'une transgression persistante et oublia son Créateur et le Dieu de ses pères, il chercha d'autres divinités. Les uns en arrivèrent à considérer le soleil comme type du suprême et ils se prosternèrent devant ce luminaire, pour l'invoquer. Les autres choisirent des phénomènes terrestres pour objet de leur culte ; ils s'émerveillèrent devant le mystère du feu et adorèrent la flamme. D'autres virent ou crurent voir en l'eau l'emblème de la pureté et du bien et firent leurs dévotions près des cours d'eau. D'autres encore, frappés de crainte et de respect par la grandeur des
montagnes gigantesques, se rendirent dans ces temples naturels et adorèrent l'autel au lieu de Celui par le pouvoir duquel il avait été élevé. Une autre classe, plus imbue de respect pour tout ce qui est emblème, chercha à se créer des objets artificiels d'adoration. Ils se firent des images en taillant des figurines grossières dans des troncs d'arbres et en ciselant des formes étranges dans la pierre et ils se prosternèrent devant cela.

      Les pratiques idolâtres, dans certains de leurs aspects, finirent par s'associer à des rites d'une cruauté horrible comme dans la coutume de sacrifier des enfants à Moloch et, parmi les Hindous, au Gange ; comme aussi dans le massacre d'êtres humains sous la tyrannie des druides. Les dieux que les hommes se sont donné sont sans cœur, sans pitié et cruels.

      L'athéisme est la négation de l'existence de Dieu ; sous une forme moins prononcée, il peut consister à ignorer la Divinité. Mais celui qui professe l'athéisme est sujet, comme ses frères mortels croyants, à la passion universelle de l'homme pour le culte. Quoiqu'il refuse de reconnaître le Dieu vrai et vivant, il déifie consciemment ou inconsciemment quelque loi, quelque principe, quelque attribut de l'âme humaine ou, à l'occasion, quelque création matérielle. Et il se tourne vers cela pour chercher un semblant du réconfort que le croyant trouve en abondance dans la prière qu'il adresse à son Père et son Dieu. Je doute qu'il existe un véritable athée, un athée qui, avec la sincérité d'une conviction bien établie, nie en son cœur, l'existence d'un pouvoir intelligent et suprême.

      L'idée de Dieu est une caractéristique inhérente de l'âme humaine. Le philosophe reconnaît la nécessité d'une telle idée dans ses théories de l'être. Il peut se refuser à reconnaître ouvertement l'existence d'un Dieu personnel, cependant il suppose l'existence d'un pou voir directeur, d'un grand inconnu, de l'inconnaissable, de l'illimitable, de l'inconscient. Ô homme savant quoique peu sage, pourquoi rejeter les privilèges qui te sont accordés par l'Être omnipotent et omniscient à qui tu dois la vie, et dont tu ne veux cependant pas reconnaître le nom ? Aucun mortel ne peut s'approcher de lui et contempler ses perfections et sa puissance sans éprouver de la crainte et du respect. Rien déjà qu'en le considérant comme Créateur et Dieu, nous sommes confondus lorsque nous pensons à lui. Mais il nous a donné le droit d'aller vers lui parce que nous sommes ses enfants, et de l'invoquer sous le nom de Père. Même l'athée éprouve, aux heures les plus solennelles de sa vie, un élan de l'âme vers un Père spirituel, aussi naturellement que ses affections humaines le tournent vers le père qui lui a donné la vie mortelle. L'athéisme d'aujourd'hui n'est, après tout, qu'une forme de paganisme.



Vues confessionnelles de la Divinité

 

      La doctrine cohérente, simple et authentique de la nature et des attributs de Dieu, telle qu'elle a été enseignée par le Christ et ses apôtres, dégénéra lorsque la révélation cessa et lorsque les ténèbres, résultant de l'absence d'autorité divine, se répandirent sur le monde, après que les apôtres et la prêtrise eurent été chassés de la terre. À la place de cette doctrine, apparurent de nombreux dogmes et théories, de facture humaine, dont beaucoup sont absolument incompréhensibles à cause de leur inconséquence et de leur mysticisme.

      En 325, le Concile de Nicée fut convoqué sur l'ordre de l'empereur Constantin, qui chercha à obtenir de cette assemblée une déclaration de foi chrétienne qui serait acceptée comme faisant autorité, et qui serait le moyen d'arrêter les dissensions sans cesse croissantes occasionnées par le désaccord qui régnait au sujet de la nature de la Divinité
et d'autres sujets théologiques. Le Concile condamna certaines théories alors courantes, y compris celle d'Arius qui affirmait que le Fils avait été créé par le Père et, par conséquent, ne pouvait pas être co-éternel avec le Père. Le Concile promulgua ce qui est connu sous le nom de credo de Nicée ; et ce credo fut suivi, plus tard, par le credo d'Athanase, au sujet duquel des controverses se sont cependant élevées quant à son véritable auteur (voir La Grande Apostasie, du même auteur, chap. 7). Voici ce credo : « Nous adorons un seul Dieu dans la Trinité, et la Trinité en Unité, sans confondre les personnes ni diviser la substance, car il y a une personne pour le Père, une autre pour le Fils, et une autre pour le Saint-Esprit. Mais la Divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit est tout une ; la gloire égale, la majesté coéternelle. Tel que le Père est, tel est le Fils et tel est le Saint-Esprit. Le Père incréé, le Fils incréé et le Saint-Esprit incréé. Le Père incompréhensible, le Fils incompréhensible et le Saint-Esprit incompréhensible. Le Père éternel, le Fils éternel et le Saint-Esprit éternel, mais un seul éternel. Et il n'y a pas non plus, trois incompréhensibles ni trois incréés ; mais un seul incréé et un seul incompréhensible. De même, le Père est Tout-Puissant, le Fils Tout-Puissant et le Saint-Esprit Tout-Puissant ; et cependant il n'y a pas trois Tout-Puissants, mais un seul Tout-Puissant. De même, le Père est Dieu, le Fils est Dieu, et le Saint-Esprit est Dieu et cependant il n'y a pas trois Dieux, mais un seul Dieu. » Il serait difficile de concevoir un plus grand nombre d'incohérences et de contradictions exprimées en si peu de mots.

      L'Église anglicane enseigne actuellement comme orthodoxe la conception suivante de Dieu : « Il n'y a qu'un seul Dieu vrai et vivant, éternel, sans corps, sans parties ni passions ; d'une puissance, d'une sagesse et d'une bonté infinies ». L'immatérialité de Dieu, affirmée par ces déclarations confessionnelles, diffère totalement des Écritures et est absolument contredite par les révélations de la personne et des attributs de Dieu, comme le démontrent les citations déjà faites.

      Nous affirmons que nier la matérialité de la personne de Dieu est nier Dieu ; car une chose sans parties n'a pas de tout et un corps immatériel ne peut pas exister. L'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours s'élève contre la notion d'un Dieu incompréhensible, sans « corps, sans parties ni passions », affirmant qu'une telle chose ne peut pas exister, et proclame sa croyance et sa fidélité au Dieu vrai et vivant des Écritures et de la révélation.
 

 
Source : James E. Talmage, Articles of Faith, Salt Lake City, 1890