C'est quoi, les saints des derniers jours ?

 

 

Gordon B. Hinckley (1910-2008)

 

Assistant des Douze de 1958 à 1961

Membre du collège des Douze de 1961 à 1981

Conseiller dans la Première Présidence de 1981 à 1995

Président de l’Église de 1995 à 2008

 

 


  

C’est quoi, les saints des derniers jours ?

 

     Cette question est posée très sérieusement depuis plus d'un siècle et demi. Au cours de toutes ces années, on y a répondu de diverses manières. Les ouvrages qui ont été écrits sur la question remplissent à eux seuls des mètres de rayons de bibliothèque. C'est le sujet d'innombrables articles de magazines, de feuilletons, de brochures et de discours. Dans les premiers temps de l’Église, ces écrits et ces discours avaient surtout pour objectif de lui porter préjudice car, le plus souvent, la question était posée dans un esprit d'ironie et de médisance alimentés par l’ignorance et le fanatisme. Fort heureusement, cela a changé. Une question posée honnêtement demande une réponse honnête. C'est quoi, les saints des derniers jours ? Qui sont-ils ? Quelles sont leurs croyances ? Quel est leur programme ? Comment sont-iIs organisés ?

 

Qui sont-ils ?

 

     Ils sont membres de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Tout comme les convertis de l'Église du Christ au premier siècle furent appelés chrétiens, de même, au dix-neuvième siècle, ceux qui déclarèrent croire au Livre de Mormon furent appelés mormons. Ce surnom est resté, et il ne semble pas qu'il soit question de le changer, bien que, progressivement, il soit remplacé par le terme saint des derniers jours. Cette expression aussi demande une explication. Il ne faut pas comprendre le terme saint au sens que lui ont donné la tradition et les pratiques du catholicisme romain, mais au sens général, celui dans lequel Paul l'utilisait quand il écrivait à ceux qui avaient accepté d'être membres de l'Église primitive. Car les saints des derniers jours ne se considèrent comme des saints que dans le sens où ils croient en Jésus-Christ et sont membres de son Église.

 

Protestants ou catholiques ?

 

     Comme ils ne sont pas catholiques, on les range, en général, dans la catégorie des protestants. En réalité, ils ne sont pas plus proches du protestantisme que du catholicisme. On ne peut les rattacher à l'un ou à l'autre, ni historiquement ni par la théologie ou les pratiques. Le mouvement n'est pas issu d’une dissension avec une Église chrétienne déjà existante. Il ne provient pas non plus d'un schisme au sein d'une Église. Nous parlerons de ses origines plus en détail par la suite. Qu'il suffise de dire que sa théologie, son organisation et ses pratiques sont, par de nombreux aspects, totalement originales parmi les Églises chrétiennes d'aujourd'hui.

 

Qui sont ces gens ?

 

     Ce sont des enseignants, des fermiers, des artisans, des médecins, des banquiers, des commerçants, etc. Ils couvrent toutes les branches du monde actif. On les trouve aux postes de responsabilité du gouvernement, du monde de la finance et de l'industrie. Leurs noms figurent dans les facultés de plusieurs grandes universités américaines. On en trouve un pourcentage inhabituel dans le Who's Who in America, l’annuaire des gens importants ou célèbres en Amérique. Plus de cent mille d'entre eux ont servi dans les forces armées pendant la Seconde Guerre mondiale.

 

     Ce sont des hommes et des femmes comme les autres. Ils ne portent pas de vêtements distinctifs, mais ils professent des croyances et accomplissent des choses qui les distinguent des autres.

 

Où vivent-ils ?

 

     Partout dans le monde. On trouve des assemblées fortes de l'Église dans tous les États des États-Unis et dans toutes les provinces du Canada. On en trouve dans tous les États du Mexique, dans tous les pays d’Amérique centrale et dans tous les pays d’Amérique du Sud. On en trouve en Australie, en Nouvelle-Zélande et dans les îles d’Océanie. L’Église est bien implantée dans les nations de l’orient. Elle est dans tous les pays d’Europe occidentale et dans une grande partie d’Europe de l’Est ; Elle est également fermement établie en Afrique. Elle s’étend à quelque 160 pays et compte plus de quatorze millions de croyants.

 

     La doctrine de l'Église est la même à Stockholm qu'à Salt Lake City. Sa philosophie, ses enseignements, son organisation locale sont semblables dans le monde entier. Cependant, comme on peut s’y attendre, les programmes de l'Église sont mieux développés, et les fruits en sont plus visibles dans les régions où il y a le plus de membres de l’Église et où son action se poursuit depuis plus longtemps qu’ailleurs.

 

     Depuis 2002, il y la plus de membres de l’Église à l’extérieur qu’à l’intérieur États-Unis. L’Église est, par le nombre de ses membres, la cinquième religion des États-Unis. C’est dans l’État d’Utah qu’on en compte le plus. On trouve cependant une assez grande population de saints des derniers jours en Idaho, en Arizona, en Californie et dans d'autres États de l'Ouest, et des assemblées nombreuses dans toutes les grandes villes et dans la plupart des villes moyennes.

 

     Parce que la région qui est située entre les montagnes Rocheuses a été, à l'origine, colonisée par les pionniers mormons, Salt Lake City est appelée la ville mormone et l'Utah un État mormon. Mais ce sont les gens de l'extérieur qui les appellent ainsi. Ceux qui y habitent, qu'ils soient ou pas saints des derniers jours, n'y pensent pas. Il n'y a pas de distinctions de classes ni aucune trace de ségrégation religieuse. L'un des maires les plus respectés de Salt Lake City était juif et il fut aussi l'un des gouverneurs les plus remarquables de l'État.

 

     Bien sûr, tous les membres de l'Église ne sont pas pratiquants. Comme dans toute autre grande organisation, il y en a qui ne sont membres que de nom. Cependant, et cela plus qu'ailleurs, il y en a un grand nombre qui sont très pratiquants. C'est un phénomène religieux moderne que de trouver une centaine de grandes assemblées de l’Église qui se réunissent tous les dimanches dans une ville de moins de 200 000 habitants.

 

     Il y a des localités où tant de personnes participent à la vie de l'Église, qu'il a fallu les diviser en deux groupes ou davantage, qui tiennent leurs réunions à tour de rôle dans un même bâtiment, le seul disponible. Plusieurs églises reçoivent trois paroisses de membres, chacune se composant d'environ neuf cents personnes. Leurs réunions s’étalent depuis tôt le dimanche matin jusqu'au soir tard, selon un emploi du temps soigneusement établi. Des soirs de la semaine, ainsi que quelques après-midi, sont aussi occupés par des activités de l'Église auxquelles les membres viennent en nombre croissant. De nombreux projets de construction sont en cours de réalisation pour remédier à ces conditions.

 

Comment l'Église est-elle organisée ?

 

     Chaque membre de l'Église appartient à une paroisse (dans les grands centres de population) ou à une branche (dans les régions où la population est moindre). Les branches, comme les paroisses, sont des unités de l'Église regroupant tous les membres d'un secteur géographique précis.

 

     Une paroisse comprend en général de 450 à 1 200 membres. Dans des endroits comme Salt Lake City, le territoire de la paroisse peut ne comprendre que trois ou quatre pâtés d’immeubles, tandis que dans les régions rurales, il peut s’étendre sur de nombreux kilomètres carrés. En général, chaque paroisse a son propre bâtiment qui comprend une chapelle, des salles culturelles et des salles de classe. Cependant, comme cela a été mentionné, il arrive souvent depuis ces dernières années que deux ou plusieurs paroisses partagent un même bâtiment.

 

     Plusieurs paroisses forment une unité ecclésiastique plus grande appelée pieu. Un pieu correspond en gros à un diocèse. Il y a dans l'Église plus de vingt-six mille paroisses et branches groupées en plus de deux mille six cent pieux. On trouve des pieux dans tous les États-Unis, dans les îles Britanniques, en Europe, dans les îles du Pacifique, en Amérique centrale, en Amérique du Sud, etc.

 

     Dans les régions où les membres de l’Église sont moins nombreux, plusieurs branches forment un district et plusieurs districts forment une mission.

 

     Et le clergé ? Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est différent de ce que I’on connaît de nos jours. Il n’y a pas de ministère rémunéré ou professionnel. Seule une centaine d’Autorités générales et les présidents de mission reçoivent une indemnité pour vivre. Ajoutez à ceux-ci quelques spécialistes et une équipe d'employés qui travaillent à plein temps pour l'Église. Ce sont les seuls qui peuvent être classés comme personnel rémunéré. Sur le terrain, les responsabilités sont assumées par l'ensemble des membres qui non seulement ne reçoivent aucune rémunération mais encore sacrifient généreusement, en plus de leur temps et de leurs talents, de leur argent. Chaque paroisse est présidée par un évêque. Ce peut être un avocat, un professeur, un commerçant, un artisan ou tout homme qui exerce un métier honorable. Ce doit être un homme intègre, actif et dévoué à l'Église. Il doit avoir une bonne réputation dans la collectivité où il vit. Il a des responsabilités semblables à celles des pasteurs ou des prêtres des autres Églises. Il prépare et dirige les services de culte, bénit les malades, veille à ce que de l’aide soit apportée aux nécessiteux, dirige les funérailles et a mille autres tâches qui viennent naturellement s'ajouter lorsqu’on doit s'occuper du bien-être d'un groupe important de personnes.

 

     Comment peut-il faire ceci tout en gagnant sa vie et celle de sa famille ? Il faut bien admettre que c'est un lourd fardeau, mais qui est porté en général avec joie. Cependant, il serait impossible à un homme de le porter tout seul. La solution à ce problème, c'est l'organisation. Tous ceux qui sont pratiquants et qui sont assez âgés pour participer à l’édification de l’Église peuvent recevoir une responsabilité, si ce n’est plusieurs. En général, on trouve le plus grand enthousiasme chez ceux qui en font le plus. L’organisation qui rend possible cette œuvre fera l'objet d'une explication dans les paragraphes suivants.

 

Quelles sont  leurs croyances ?

 

     Les saints des derniers jours ont pour doctrine religieuse toutes les doctrines fondamentales et les principes de vie du Nouveau Testament. Ils enseignent la Règle d'Or, la nécessité des oeuvres, de la foi, de la repentance, du baptême, de la vertu et de l'honneur, la nécessité et l'efficacité de la prière. En cela, ils peuvent n'apparaître que comme une Église de plus parmi les nombreuses Églises chrétiennes.

 

     Pourtant, ils ont souvent été considérés comme des hérétiques. En effet, on ne trouve pas dans leur théologie les croyances officielles des Églises romaine et protestante. Et c’est bien normal puisque leur Église n’est issue d’aucune Église actuelle.

 

     Les enseignements de la Bible sont complétés par ce que les saints des derniers jours appellent la révélation moderne. C'est cette combinaison de la révélation ancienne et moderne qui a donné au mouvement sa vigueur particulière et son cachet.

 

Dieu et l'homme

 

     Le premier enseignement de l’Église, c'est la croyance en Dieu le Père, en son Fils Jésus-Christ, et au Saint-Esprit. Mais cette conception ne se présente pas sous forme de vagues croyances. Elle est simple et précise.

 

     Dieu a la forme d'un homme. C'est un personnage réel. Il parle et il a parlé à l'homme. Par rapport aux normes humaines, il est tout-puissant et d'une sagesse infinie. Mais il est également bon et compatissant. Il est le père des esprits de tous les hommes et il porte à ses enfants l’intérêt et l'affection d'un père. Son oeuvre et sa gloire, c'est leur bonheur éternel de l’humanité.

 

     Jésus-Christ est son Fils, engendré dans la chair. Il a vécu, il est mort, et il est ressuscité au sens littéral du texte du Nouveau Testament. Il est le Sauveur et le Rédempteur des hommes, conformément à un plan établi avant que le monde ne fût créé. Mais c'est un être vivant, ayant une forme et une personnalité distinctes. Le Saint-Esprit est un personnage d'esprit, mais il a lui aussi une personnalité individuelle distincte.

 

     Ces trois personnages constituent la divinité. La doctrine est explicite. Elle est le résultat d'une expérience remarquable qui sera relatée ici. L'effet de cette doctrine est puissant. Ceux qui l'ont acceptée prient Dieu comme étant réellement une personne proche d'eux.

 

Et l'homme ?

 

     L'homme est en réalité un enfant de Dieu. Rien, dans l'univers, n'est plus important que l’être humain. Son esprit fut engendré de Dieu ; en conséquence, tous les êtres humains sont frères et sœurs au sens littéral du terme. Dans cette conception, les expressions « paternité de Dieu » et « fraternité humaine » prennent un sens plein et nouveau.

 

     L'être humain est la plus grande création de Dieu. C'est pour lui que le monde a été formé. C'est son bonheur qui est le plus grand souci du Père. Mais Dieu n'a pas fait de l'homme un pion. Il exhorte, il dirige mais ne force jamais. L'homme est libre de choisir son chemin. Il n'y a rien, dans la théologie des saints des derniers jours, qui ressemble à la doctrine de la prédestination. Le libre arbitre est un don sacré accordé par Dieu. Voilà la réponse à la vieille question : Si Dieu aime vraiment ses enfants, pourquoi permet-il la guerre et le mal ? C'est parce qu'il ne veut pas violer le droit donné à l'homme de choisir son chemin entre le bien et le mal, entre la vie et la destruction.

 

     Est-ce que Dieu aide ceux qui le cherchent ? Oui, mais toutes les bénédictions sont promises sous réserve d'obéissance à la loi. L'homme, par conséquent, doit vivre selon les principes divins s'il veut avoir droit aux bénédictions de Dieu. Seuls ceux qui le cherchent et veulent faire sa volonté sont en mesure de réclamer ses bénédictions.

 

Quelle est la durée de la vie ?

 

     L'homme est un être éternel. C'est en tant qu’individu, formé d'une substance spirituelle, qu'il a vécu avant de venir sur la terre. C'est cette grande vérité que le poète anglais William Wordsworth a exprimée en ces vers :

 

          Notre naissance n'est qu'un sommeil et un oubli

          L'âme qui s'élève avec nous, étoile de notre vie,

          A pris ailleurs son départ

          Et vient de bien loin ;

          Nous n'avons pas complètement oublié

          Et nous ne sommes pas entièrement nus,

          C'est en traînant des nuées de gloire que nous venons

          De Dieu, qui est notre foyer.

 

     La vie sur terre, dans un corps mortel, n'est qu'une étape dans la grande marche éternelle. Ici, nous avons la possibilité de faire notre expérience, de nous améliorer, de progresser. Et c'est sur la base de ce que nous croyons ici que nous continuerons à vivre et à progresser dans la vie au-delà de la tombe.

 

     Dans la vie à venir, nous ne serons pas arbitrairement divisés en deux groupes fixes : ceux qui vivront au ciel et ceux qui vivront en enfer. Jésus a déclaré : « II y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ». Il y aura de nombreux degrés et paliers. Nous pourrons être actifs et continuer à apprendre. Nous nous connaîtrons là-bas, comme nous nous connaissons ici. Notre personnalité sera la même. « Quel que soit le principe d'intelligence que nous atteignions dans cette vie, il se lèvera avec nous dans la résurrection ». « La gloire de Dieu, c'est l'intelligence ». Ces phrases sont bien connues des saints des derniers jours. La vie a un sens. Elle est un facteur de progression. Elle mène à la divinité. Il n'y a rien, dans la philosophie des saints des derniers jours, qui ressemble à la réincarnation, au nirvâna, à un paradis statique, ni à un enfer aux flammes dévorantes. Le ciel, c'est le niveau atteint par les efforts faits pour s'améliorer, s'accomplir. C'est l'endroit où se trouveront ceux qui ont atteint leur but par l'obéissance aux commandements de Dieu.

 

La prêtrise

 

     La prêtrise a un sens à peu près semblable à celui qu'on lui donne dans les autres Églises : le droit d'agir au nom de Dieu. Mais chez les saints des derniers jours, elle n'est pas réservée à un petit nombre qui a reçu une formation particulière dans des séminaires et des universités.

 

     Chaque homme et chaque garçon de plus de douze ans peut détenir la prêtrise s'il se conforme aux principes de l'Église.

 

     Il y a deux ordres de la prêtrise : la prêtrise d'Aaron et la prêtrise de Melchisédek. La prêtrise d'Aaron s'occupe des affaires temporelles de l'Église ; la prêtrise de Melchisédek, qui est l'ordre le plus élevé, embrasse toute l'autorité de la prêtrise d'Aaron et s'occupe surtout des affaires spirituelles.

 

     À l'intérieur de ces deux ordres, il y a différents degrés : diacres, instructeurs et prêtres, dans la prêtrise d'Aaron ; ancien, soixante-dix et grand-prêtre, dans la prêtrise de Melchisédek. Les garçons sont ordonnés diacres à douze ans, à condition qu'ils mènent une vie conforme aux principes de l'Évangile. Au fur et à mesure qu'ils avancent en âge, ils sont ordonnés aux divers offices de la prêtrise, selon leur dignité. Chaque office comporte des responsabilités et des pouvoirs particuliers. Parmi ceux-ci, il y a l'autorité de baptiser, d'administrer la Sainte-Cène, de présider un groupe et, dans le cas le plus élevé, de présider l'Église elle-même.

 

     Si la prêtrise confère l'autorité de gouverner l'Église et ses membres dans leurs activités religieuses, la façon dont elle doit être exercée est clairement définie. La loi de l'Église, que les saints des derniers jours croient être édictée par Dieu, est la suivante : « Aucun pouvoir, aucune influence ne peuvent ou ne devraient être exercés en vertu de la prêtrise autrement que par la persuasion, par la longanimité, par la gentillesse et la douceur, et par l'amour sincère, par la bonté et la connaissance pure qui élèveront considérablement l'âme sans hypocrisie et sans fausseté ».

 

La révélation

 

     Le principe de la révélation moderne est fondamental dans la théologie de l'Église. « Nous croyons tout ce que Dieu a révélé, tout ce qu'il révèle maintenant, et nous croyons qu'il révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de Dieu ». Telle est l’affirmation officielle de la doctrine.

 

     Les juifs et les chrétiens affirment en général que Dieu s'est révélé et a dirigé des hommes choisis dans les temps anciens. Les saints des derniers jours affirment que la nécessité d'être guidé par Dieu est aussi grande dans le monde moderne, qui est complexe, qu'elle l'était à l'époque relativement simple des Hébreux. Il est vrai que les vérités fondamentales de l'Ancien et du Nouveau Testament doivent être appliquées de la même façon qu'au temps où elles ont été prononcées. Cependant, la vie moderne pose des problèmes qui étaient inconnus il y a plusieurs siècles. De plus, quelques-uns des enseignements bibliques ont été interprétés de façons si différentes que de nombreuses personnes ne savent plus qui croire.

 

     Si Dieu a parlé autrefois, est-il déraisonnable de croire qu'il peut parler à notre époque ? Quel homme contesterait à Dieu le droit de s'exprimer ?

 

     L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours affirme être la révélation moderne d'anciens principes donnés par Dieu, confirmés et complétés par lui de nos jours.

 

Et la Bible ?

 

     La Bible est la parole de Dieu, écrite par les hommes. Elle est à la base des enseignements de l'Église. Mais les saints des derniers jours reconnaissent que des erreurs se sont glissées dans cet ouvrage sacré au cours de sa propagation. De plus, ils ne le considèrent pas comme un guide complet. Les dizaines et les dizaines de différentes organisations religieuses fondées sur la Bible et les interprétations différentes des doctrines de base qui ont mené à la création de centaines d’Églises différentes représentent un témoignage évident que la Bible n'est pas suffisante.

 

     Chez les saints des derniers jours, trois livres saints complètent la Bible. Ils constituent, avec la Bible, les ouvrages canoniques de l'Église. Ce sont : le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de Grand Prix. Les enseignements qu'ils contiennent confirment ceux de la Bible. Ils affirment que les Écritures hébraïques sont de source divine et éclairent de nombreuses doctrines qui y sont mentionnées et pour lesquelles les hommes se disputent depuis des siècles.

 

Le mariage

 

     Pour beaucoup de gens, l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours signifie une seule chose : la polygamie. On en a fait des gorges chaudes dans tous les pays du monde, et ces histoires ont été très populaires. Mais, comme peu à peu la réalité des faits a fini par s'imposer, de tels écrits ont pratiquement disparu.

 

     La vérité à ce sujet est que l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours affirme être le rétablissement de l'œuvre que Dieu a accomplie à toutes les époques qui nous ont précédés, depuis le commencement. L'Ancien Testament enseigne que les patriarches, les hommes qui avaient la faveur de Dieu aux temps anciens, avaient plusieurs femmes, et cela par ordre divin. Au cours du développement de l'Église au XIXe siècle, il fut révélé au chef de l'Église que cette pratique du mariage plural devait être rétablie.

 

     Ce fut un rude choc à l'annonce de cette doctrine. La plupart des convertis étaient d'anciens puritains de la Nouvelle-Angleterre. On raconte que peu de temps après que Brigham Young ait eu connaissance de cette doctrine, il dit, en voyant passer dans la rue un cortège funèbre, qu'il prendrait bien volontiers la place de l'homme qui était dans le cercueil plutôt que d'affronter la mise en application de cette doctrine.

 

     Néanmoins, les dirigeants de l’Église l'acceptèrent comme un commandement venu de Dieu. Et ce ne fut pas facile. Seuls ceux qui avaient la foi la plus forte et qui s'étaient montrés capables de subvenir aux besoins de plus d'une famille furent autorisés à contracter le mariage plural. Il n'y eut jamais à aucune époque plus de 3% des familles de l'Église qui fussent polygames. Cette pratique était considérée comme un principe strictement religieux.

 

     À la fin des années 1880, le Congrès américain prit diverses mesures interdisant cette pratique et, quand la Cour Suprême des États-Unis déclara que la loi était constitutionnelle, l'Église manifesta sa volonté de s'y soumettre. Il ne pouvait d’ailleurs pas en être autrement, l'un des enseignements de base de l’Église étant l'obéissance à la loi du pays. Ceci se passait en 1890. Depuis cette date, les officiers de l'Église n'ont jamais célébré de mariage plural et les membres qui l'ont pratiqué ont été excommuniés. Cependant, à cause de faux renseignements habilement colportés, de nombreuses idées ridicules de cette pratique ont persisté et ont abîmé la véritable image de la doctrine du mariage chez les saints des derniers jours.

 

     Le mariage, dans la théologie de l'Église, est un contrat sacré, divinement ordonné. Par l'autorité de la prêtrise, un homme et une femme sont unis pour être époux et épouse légitimes, non seulement pour cette vie, mais encore pour l'éternité. Ces mariages sont célébrés seulement dans les temples sacrés (il y en a plus de 120 de nos jours) et ne peuvent l'être que par ceux qui en ont reçu l'autorité.

 

     L'Église insiste beaucoup sur la sainteté du foyer et enseigne que les enfants sont une bénédiction de Dieu. Il n'y a pas de principe sur lequel les saints des derniers jours insistent davantage que celui du caractère sacré de l'alliance du mariage. Dans la théologie de l'Église, la gravité de l'adultère vient immédiatement après celle du meurtre. L'Église enseigne une moralité stricte et met tout en oeuvre pour montrer aux jeunes la nécessité de la pureté morale et les bénédictions qu’elle engendre d'un mariage heureux.

 

La Parole de sagesse

 

     La théologie de l'Église traite de sujets aussi éloignés que la nature du ciel et les méfaits de l'alcool. C'est que, dans la philosophie de ce système, les deux sont étroitement liés. Notre corps est sacré. L'homme est créé à l'image de Dieu. Son énergie doit être utilisée pour l'amélioration de sa propre condition, celle de ses proches et de son entourage. Son corps est le tabernacle de son esprit et se lèvera avec lui dans la résurrection.

 

     En résumé, le corps humain est considéré comme sacré. C'est pourquoi on ne doit pas détériorer et gaspiller sa santé. À la lumière de cette philosophie, les membres de l'Église sont encouragés à s'abstenir d'alcool, de tabac et de toute autre substance nocive qui porterait atteinte à leur santé et à leur équilibre. L'effet de ces enseignements sur cent cinquante ans de mise en pratique est démontré par la comparaison des statistiques de santé. Établies sur des moyennes de groupes, elles font ressortir que les saints des derniers jours vivent plus longtemps et ont une meilleure santé que les autres habitants des États-Unis et des autres pays dont les statistiques ont été publiées par la Ligue des Nations.

 

L'éducation

 

     Selon la théologie de l'Église, s’instruire est non seulement souhaitable mais encore nécessaire dans la progression éternelle. Ce que nous apprenons ici, nous le retiendrons et nous continuerons à apprendre dans le monde à venir. Il faut rechercher la vérité - la vérité dans tous les domaines. Dans les tout premiers temps de l'Église, Dieu révéla cette vérité : « II est impossible à un homme d'être sauvé dans l'ignorance ». L'éducation, avec tout ce qu'elle implique, est, par conséquent, une des préoccupations de l'Église. Elle utilise une bonne partie de ses ressources pour patronner des écoles. Elle encourage constamment les jeunes à pousser leurs études aussi loin que possible et à leur donner une application concrète.

 

     Cette philosophie est sans aucun doute, dans une certaine mesure, à l’origine de la place que tient l'État d'Utah dans le domaine de l'Education Nationale. Une étude (Rankings of the States, 1969, NEA, Research Report 1969 R-1) montre que l’Utah est en tête des États-Unis en ce qui concerne les résultats scolaires, le niveau d’études et l’essor de la formation pour adultes.

 

     Dès les premières années de son installation en Utah, l'Église s'est déclarée pour un enseignement laïc dans les écoles publiques. En même temps, elle reconnaît le besoin d'une instruction religieuse en parallèle à la scolarité.

 

     Pour répondre à ce besoin, elle a établi des séminaires et des instituts de religion adaptés aux lycéens et aux universitaires. Les étudiants y reçoivent des cours sur l'Ancien et le Nouveau Testament, sur la doctrine et l'histoire de l'Église. Il y a actuellement des séminaires qui fonctionnent en partenariat avec les lycées dans tous les USA et dans de nombreux autres pays. Il y a des instituts de religion partout aux États-Unis. Beaucoup sont de beaux bâtiments adjacents aux universités.

 

     De plus, l'Église a fondé l'Université Brigham Young à Provo (Utah), institution entièrement accréditée qui compte plus de 30 000 étudiants. Elle dirige aussi des écoles et des collèges en Idaho, à Hawaï, en Nouvelle-Zélande, au Tonga, à Samoa, à Tahiti, au Mexique et au Chili.

 

Parlons argent

 

     Il peut sembler étrange de parler des opérations financières de l'Église en présentant sa théologie. Mais l'argent est essentiel dans la gestion d'une organisation religieuse comme de toute autre organisation et la façon dont cet argent est perçu est présentée, dans les Écritures, comme principe religieux.

 

     Il n'y a pas de collecte dans les réunions de l’Église. La loi financière de l'Église, c'est l'ancienne loi de la dîme. Les saints des derniers jours croient en cette loi et l'acceptent comme commandement de Dieu. Chaque membre est appelé à soutenir l'Église par un dixième de ses revenus. C'est un principe religieux comme un autre.

 

     Il n'y a cependant pas obligation dans ce domaine. Un membre qui ne paie pas sa dîme n'est pas excommunié. Il n'y a aucun rapport de publié à ce sujet. Ceci reste strictement confidentiel entre la personne et son évêque. Aucun officier de l'Église n’est autorisé à divulguer une information à ce sujet à qui que ce soit.

 

     La dîme ainsi perçue alimente les fonds généraux de l'Église. L’argent est ensuite redistribué selon les besoins. Parmi ceux-ci il y a l'édification et l'entretien des bâtiments scolaires, des temples, des autres bâtiments de l'Église et tout ce qui va avec.

 

     L'argent utilisé pour l'entraide ne vient pas de la dîme mais d'un autre fonds. Le premier dimanche de chaque mois est un jour de jeûne. Ce jour-là, les membres de l’Église sont appelés à s'abstenir de deux repas et à en verser la valeur au fonds d’entraide destiné au secours aux pauvres. C’est à cette fin exclusivement qu’est utilisée la totalité de l’argent ainsi recueilli, à commencer par la localité dans laquelle il est recueilli. L'excédent, s'il y en a, est reversé à un fonds commun dans lequel peuvent tirer les paroisses qui n’ont pas de fonds suffisant.

 

Quel est leur programme ?

 

     Par toutes ses ramifications, l'organisation de l’Église paraît complexe. Mais pour ses membres, pour qui elle fait partie de la vie de tous les jours, elle est à la fois simple et efficace.

 

     La meilleure façon d'expliquer son programme est probablement de montrer quelle est son incidence sur une famille type. Étant donné que c'est dans les zones urbaines où la population de saints des derniers jours est la plus importante, que le programme y est le mieux développé, nous prendrons l'exemple d'une famille vivant dans un pieu de Salt Lake City, sachant cependant que la situation est la même dans n'importe quel pieu d'une région urbaine, ainsi que dans la plupart des pieux ruraux. Dans l’exemple suivant, le nom de la famille, de la paroisse et du pieu sont fictifs, mais les situations correspondent à la réalité.

 

     Ainsi, la famille Jones est composée du père, de la mère et de cinq enfants : Richard, 21 ans, Brigitte, 19 ans, Elisabeth, 16 ans, Thomas, 14 ans et Suzanne, 8 ans. M. Jones est expert comptable. Il fait aussi partie d’une association d'action civique. Il pourrait être républicain ou démocrate. La famille habite une maison confortable mais modeste.

 

Quelle importance l'Église a-t-elle dans leur vie ?

 

     La famille Jones appartient à la paroisse de Hill Height, l'une des huit paroisses du pieu de Blue Ridge. Il y a 900 membres environ dans leur paroisse. Ils parlent de leur paroisse comme ils parlent de leur maison. Ils ont contribué à la construction du bâtiment, et tous les mois ils participent à son entretien. Ils en ont la fierté du propriétaire. Ils s'y sentent chez eux. Ils y vont très souvent, non seulement le dimanche, mais aussi dans la semaine.

 

     M. Jones est conseiller dans l'épiscopat de la paroisse. L'épiscopat comprend un évêque et deux conseillers. En langage d'affaires moderne, on pourrait dire que M. Jones est un vice-président. Il est à ce poste depuis deux ans et pour une période indéterminée ; il y restera jusqu'à ce que lui et les autres soient relevés de leur poste par un vote de remerciement pour leur travail. Trois autres hommes seront alors appelés à leur place.

 

Le programme du dimanche

 

     Chez les Jones, le dimanche matin, tout le monde se prépare à aller à l'église. L'aîné, Richard, n'est pas à la maison. On parlera de lui après.

 

     Toute la famille arrive un peu avant 9 heures à l’église, et les membres de la famille se répartissent dans les différentes réunions qui les concernent. Le père et Thomas vont à la réunion de prêtrise, la mère et Brigitte à la réunion de la Société de secours, Elisabeth à la réunion des Jeunes Filles, et Suzanne, la petite dernière, à la Primaire. 

 

     Thomas est diacre, son père est grand-prêtre. Chacun d'eux appartient à un collège, c'est-à-dire un groupe de personnes détenant le même office dans la prêtrise. À l'ouverture de la réunion, les hommes et les garçons sont ensemble pour chanter un cantique, prier et traiter des affaires courantes. Puis ils se séparent en collèges pour la leçon.

 

     Ce dimanche-là, l'évêque fait une annonce d'ordre pratique qui concerne tous les hommes et les garçons. Il leur dit que les trottoirs en ciment qui bordent l’église sont très abîmés et que les massifs ont besoin d’être nettoyés et la pelouse tondue. Remarquez comme l'Église s'occupe de questions temporelles comme spirituelles ; c'est pourquoi, pour ceux qui sont présents, la question de l’entretien des abords de l’église ne paraît pas inappropriée au sein d’une réunion de prêtrise.

 

     Selon l'évêque, cette question a été préalablement examinée par un comité. Il demande qu'on s'en occupe au plus vite. Il informe que frère Taylor (entre eux, les saints des derniers jours s'appellent « frères ») prêtera son camion et sa bétonneuse jeudi soir, si tous ceux qui le peuvent viennent l'aider. L'évêque fait remarquer qu'en procédant ainsi, le travail peut être fait en une seule soirée.

 

     Les garçons apporteront des outils pour s'occuper de la pelouse et des massifs, les hommes enlèveront l'ancien ciment, placeront les formes et feront les nouveaux trottoirs. Les soeurs de la Société de secours apporteront des sandwiches et de la boisson.

 

     Après avoir présenté le projet, l'évêque demande si quelqu'un a des suggestions à faire. Deux ou trois hommes prennent la parole pour souligner qu'il est important de faire ce travail et exhortent les frères à soutenir ce projet. Alors, selon l'habitude, on procède à un vote à main levée qui révèle l’unanimité du soutien. Tout le monde est d'accord pour se retrouver le jeudi suivant et travailler à l’entretien des abords de l’église.

 

     Après avoir réglé ce point pratique, ils se répartissent en collèges où chaque groupe s'occupe de savoir comment va chacun de ses membres et étudie un sujet prévu au calendrier. Dans de telles réunions de collège, on exprime la fraternité dans sa meilleure application. On y reçoit une instruction religieuse et des projets de service sont entrepris pour secourir les paroissiens qui ont un ennui, prendre soin des veuves, soutenir la famille d'un membre du collège décédé, etc. Cette réunion a lieu le dimanche, mais a des répercutions sur toute la semaine.

 

     Mme Jones et Brigitte, pendant ce temps, sont à la réunion de la Société de secours. La Société de secours, c'est l’organisation auxiliaire de l'Église pour les femmes. C'est en fait, en Amérique, sur le plan national, la plus ancienne association féminine, puisqu'elle a été fondée en 1842. Le programme de cette réunion est presque identique à celui de la réunion de prêtrise, si ce n’est que les femmes restent groupées.

 

     Pendant ce temps, Elisabeth assiste à la réunion des Jeunes Filles où elle reçoit un enseignement sur l’Évangile, et la petite Suzanne est à la Primaire, l’organisation auxiliaire de l'Église pour les enfants. Ceux-ci y reçoivent une instruction religieuse, apprennent à s’exprimer devant leurs petits camarades et à s’acquitter de diverses tâches.

 

     À 10 heures, pendant que Suzanne reste à la Primaire, les autres membres de la famille assistent à l'École du Dimanche. C'est une réunion destinée à tous les membres de l'Église de plus de douze ans. Il existe une classe pour chaque groupe d'âges, chaque groupe ayant un programme d'étude de l’Évangile.

 

     Après l’École du dimanche commence un service de culte auquel assiste toute la famille. Brigitte et sa mère chantent au choeur de la paroisse et quelquefois, c'est M. Jones qui dirige la réunion. Thomas, qui est diacre, distribue la Sainte-Cène à l’assemblée, avec d'autres garçons.

 

     Chaque dimanche, des orateurs différents parlent pendant le service de culte. L’occasion est ainsi offerte à tous de préparer et d’adresser un discours à l'assistance. Parfois, cette occasion est donnée à des visiteurs d'autres paroisses. Parfois aussi, il y a un discours de cinq minutes donné par un des jeunes de la paroisse. Brigitte, Elisabeth et Thomas ont ainsi déjà eu l'occasion de faire un discours.

 

     En fin d’après-midi de ce dimanche-là, M. Jones et l'évêque vont à l'hôpital voir un membre de la paroisse qui est gravement malade. C'est un des hôpitaux patronnés par l'Église et ouverts aux malades de toutes les confessions. M. Jones et l’évêque vont, par l'autorité de la prêtrise qu'ils détiennent, imposer les mains au malade et prononcer une bénédiction.

 

En semaine

 

     Le lundi soir, la famille Jones reste chez elle. C'est le jour de la soirée familiale. Les autorités de l'Église ont recommandé à toutes les familles de passer au moins un soir de la semaine ensemble, pour favoriser et entretenir l'unité et l'amour dans le foyer. Il n'y a pas de réunion ou d’activité de paroisse ce jour-là, qui puisse interférer avec la soirée familiale.

 

     Un soir de la semaine, Elisabeth et Thomas vont participer aux activités des Jeunes Gens et des Jeunes Filles. Elisabeth retrouve un groupe de jeunes filles de son âge. Elles suivent différents cours, y compris de théâtre, d'art oratoire, de danse et de musique. Thomas est scout ; il est fier de ce qu’il réalise dans ce domaine. De toutes les organisations religieuses aux États-Unis, l'Église est celle qui a le plus grand pourcentage de garçons enrôlés dans le scoutisme (Thirty-four Annual Report, Boy Scouts of America, p. 47). Dans les bâtiments de la paroisse, une salle est réservée aux scouts et tous les garçons de douze ans et plus sont encouragés à devenir scouts.

 

     En semaine, Brigitte et sa mère vont aussi à l’église pour la répétition du choeur, qui dure une heure et demie. M. Jones, lui, assiste à une réunion de l'épiscopat pour discuter de tous les problèmes inhérents au fonctionnement de la paroisse.

 

     Comme convenu, ce jeudi soir, M. Jones et Thomas vont travailler sur le terrain de l'église. Mme Jones viendra un peu plus tard apporter les sandwiches et la boisson. Tous ces hommes et ces garçons forment un groupe intéressant ; ils sont tous en tenue de travail et passent un bon moment ensemble. Il y a là, Nelson, le banquier ; Walker, le dentiste ; Peterson, le contremaître de fonderie ; Barkley, le mécanicien ; Taylor, l'entrepreneur ; Meyers, le professeur de philosophie, et de nombreux autres, de toutes les professions.

 

     Celui qui supervise ce groupe est frère Barnum, un petit homme au large sourire, dont le métier est la pose du ciment. Ce soir-Ià le ciment est coulé, les pelouses sont tondues, les massifs sont taillés, les sandwiches sont mangés, et tout le monde a passé un bon moment.

 

     Le lendemain est une soirée très attendue par Elisabeth. Le pieu de Blue Ridge tient son grand bal de printemps. Toutes les paroisses du pieu se réunissent six fois par an pour ces bals dans une belle salle, avec un excellent orchestre. À regarder évoluer ces cinq cents couples, ces jeunes filles en robes de soirée, on ne penserait jamais qu'il s'agit du programme d'une Église. Le seul indice qui puisse le révéler, c'est une prière pour ouvrir la soirée et le fait que personne ne fume ni ne boit. La soirée est empreinte de dignité et de raffinement. Mais il n'y a rien de morose ni de dévot chez ces danseurs. Ils sont en train de bien s'amuser.

 

     Le lendemain samedi, dans l’après-midi, Thomas et son père vont au jardin de la paroisse cultiver des petits pois pour le projet d'entraide. Avec cinquante autres volontaires, ils ont vite fait. Mais il y aura encore du travail dans les semaines à venir, car cette paroisse a reçu la tâche de fournir, entre autres, 8 tonnes de petits pois écossés pour le programme d'entraide de l'Église.

 

     La plus grande partie des besoins de ceux qu'il faut assister sont couverts par ce programme, et cela grâce aux efforts combinés de la famille Jones et de tous ceux qui s'associent à eux dans de nombreuses régions.

 

     Voilà une semaine bien chargée pour la famille Jones. Mais l'Église influe sur leur vie encore par d'autres côtés.

 

     Brigitte va à l'université et, après les cours ou quand elle a une heure de libre, elle va à l'institut de religion. C'est un centre tenu par l'Église qui a été construit près du campus universitaire. Là, elle fait des connaissances et assiste à un cours sur le Nouveau Testament, enseigné par un homme qualifié.

 

     Elle aurait pu aller à l'Université Brigham Young à Provo, en Utah, institution agréée par l’État et dirigée par l'Église, mais elle a préféré l'université d'État pour pouvoir vivre chez elle.

 

Et Richard ?

 

     Dans tout cela on n'a pas parlé de Richard, l'aîné, le garçon de 21 ans. Il est en Angleterre où il remplit une mission pour l'Église. Il a économisé de l'argent depuis tout petit dans cet objectif. Quand l'évêque lui a parlé de partir en mission, il a accepté avec enthousiasme. Quand ses économies ne suffiront plus, son père pourvoira à ses besoins. Et si cela s’avère nécessaire, son collège de prêtrise le soutiendra aussi.

 

     Il est parti pour deux ans prêcher l’Évangile, sans indemnisation de l'Église. Entre 50.000 et 60.000 jeunes gens et jeunes filles sont, comme lui, dans le champ de la mission. Lorsque Richard aura terminé sa mission, il retournera chez lui. Il a l'intention, à ce moment-là, de terminer ses études de droit.

 

     Telle est, de façon abrégée, la relation qui existe entre l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours et la famille Jones, à l’image des millions d'autres familles membres de l’Église réparties dans toutes les parties du monde. Le programme de l’Église est conçu pour répondre aux besoins spirituels, intellectuels, sociaux et matériels de ses membres. Elle les aide à devenir de meilleurs parents, de meilleurs enfants, de meilleurs citoyens, de meilleurs voisins, de meilleurs amis.

 

Quelle est leur organisation ?

 

     L'organisation de l'Église existait déjà à l'époque du Nouveau Testament. D’un autre côté, pour son efficacité d'action, on l'a souvent considérée comme résolument moderne. Ces deux aspects ne sont pas contradictoires.

 

     Les saints des derniers jours affirment que l'organisation fondamentale de leur Église est la même que celle de l'Église établie par le Sauveur lui-même.

 

     Dès le début de son ministère, Jésus appela douze hommes qu'il ordonna à l’office d’apôtre. Il leur donna le pouvoir de guérir les malades, de ressusciter les morts, d'administrer les sacrements de l'Église, les ordonnances de l’Évangile. « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement », leur recommanda-t-il. Ensuite, ils furent envoyés vers les villes d'Israël pour rendre témoignage de lui et de son royaume. Trois d'entre eux, Pierre, Jacques et Jean apparaissent dans les Écritures comme les dirigeants, surtout après la mort et la résurrection du Sauveur.

 

     Le Seigneur appela aussi les soixante-dix pour l'aider dans son oeuvre. Il les envoya deux par deux avec l'autorité de parler en son nom. Leur ministère fut couronné de succès puisqu'il nous est dit qu' « ils revinrent avec joie ».

 

     Après la mort de Jésus, cette oeuvre fut poursuivie par-delà les confins d'Israël jusqu'aux villes de la Syrie, puis en Asie Mineure et, plus tard, en Grèce et à Rome. La parole fut répandue de telle façon que Paul, quelque trente ans plus tard, déclara que l'Évangile avait été prêché à toute créature sous les cieux.

 

     Comme différentes branches de l'Église s'organisaient, des évêques et des anciens furent ordonnés pour présider ces branches, et d'autres offices de la prêtrise furent remplis. Paul parle très précisément des apôtres, des prophètes, des évêques, des anciens, des évangélistes, des prêtres, des instructeurs, des diacres et des pasteurs. Il souligne aussi la nécessité de ces divers offices « pour le perfectionnement des saints en vue de l'oeuvre du ministère et de l'édification du corps de Christ, jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ ». Les Écritures mettent en évidence autre chose à propos des officiers de l'Église. Jésus dit à ses apôtres : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi ; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis... » Paul développe cette idée en disant que « nul ne s'attribue cette dignité s'il n'est appelé de Dieu comme le fut Aaron... » En ce temps-là, les hommes de l'Église acceptaient et recevaient des offices sans les avoir recherchés. Ils étaient choisis et ordonnés par ceux qui avaient reçu l'autorité et le pouvoir du Seigneur.

 

     Les saints des derniers jours croient que cette organisation, avec ces offices, a été rétablie sur la terre et que les hommes doivent recevoir et remplir ces offices de la même manière que dans les temps anciens. Ils croient que dans une telle organisation résident les clés et l’autorité pour une action valide et efficace de l'Église.

 

Les officiers généraux

 

     Il y a trois niveaux d’administration dans l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours : le niveau général, les pieux et les paroisses. Un conseil de trois hommes compose la Première Présidence, qui préside l'Église au niveau mondial. Il est composé du président de l’Église et de ses deux conseillers. La Première Présidence est assistée par un collège de douze hommes, les douze apôtres, dont la mission est d’être « les témoins spéciaux du nom du Christ dans le monde entier ». Ils forment un collège de voyageurs qui dirigent l’implantation et la croissance de l’Église dans le monde entier. Le président de l'Église est choisi parmi les douze apôtres.

 

     Les collèges de soixante-dix et l’épiscopat président complètent l’organisation des officiers généraux de l’Église. Les soixante-dix ont la même responsabilité que celle donnée aux soixante-dix que Jésus appela, à savoir : prêcher l'Évangile.

 

     Un épiscopat président, formé de trois hommes, s'occupe des affaires temporelles de l'Église. Aidés d'architectes, d'experts paysagistes, d'ingénieurs et d'autres spécialistes, ils gèrent les bâtiments construits un peu partout dans le monde et les autres constructions, dont l’investissement se chiffre à des millions de dollars.

 

     Mais l'épiscopat président ne s'occupe pas seulement des affaires de nature temporelle. Ses membres sont les dirigeants de la prêtrise d'Aaron. À ce titre ils supervisent plusieurs dizaines de milliers de collèges de garçons et de jeunes gens ordonnés à la prêtrise.

 

     Les membres de la Première Présidence, du collège des douze apôtres, les présidents des soixante-dix, les deux premiers collèges des soixante-dix et l’épiscopat président composent le groupe des Autorités générales de l’Église.

 

     En plus des officiers généraux, il y a des bureaux généraux à la tête des organisations auxiliaires et des programmes de l’Église. Ces bureaux supervisent le travail des organisations et des programmes au niveau de l'Église tout entière, en établissant des règles, en préparant des cours d'étude et en dirigeant les activités en rendant visite aux groupes locaux. Les personnes composant ces bureaux sont très qualifiées et soigneusement choisies pour leurs compétences.

 

     Le président de l'Église est choisi par le collège des Douze au sein de celui-ci et soutenu par une mainlevée de tous les membres de l’Église. Le principe du consentement commun s'applique à tous les offices, à tous les niveaux de l’Église. Le soutien des officiers de l’Église est à l'ordre du jour de toutes les conférences générales et, une fois par an, à l’ordre du jour des conférences de pieu et de paroisse.

 

Les officiers de pieu

 

     Un pieu englobe plusieurs paroisses et est présidé par trois hommes, le président et deux conseillers. Ils sont assistés, eux aussi, par un conseil de douze hommes, les membres du grand conseil du pieu.

 

     Le bureau de pieu supervise le travail des organisations auxiliaires des paroisses du pieu. Ce bureau se compose des meilleurs instructeurs et administrateurs des diverses paroisses. Au cours de leurs visites des paroisses, ils forment les officiers de paroisse. Les officiers de paroisse sont ainsi constamment soutenus dans leurs responsabilités, et leur enseignement gagne en efficacité.

 

Les officiers de paroisse

 

     Comme cela a déjà été mentionné, l'unité locale de l'organisation de l'Église est la paroisse. L'épiscopat, formé de trois hommes, est aidé par un ensemble d'officiers et d'instructeurs. Le nombre de personnes qui reçoivent un appel à servir dans l’Église est, dans une paroisse moyenne, d’environ deux cents. Chacune d’elles a une responsabilité bien définie. Il serait impossible à l'évêque et à ses conseillers de visiter le foyer de tous les membres de la paroisse plus d'une fois par an. C’est pourquoi l'épiscopat dispose d’un ensemble de collèges de la prêtrise parmi lesquels des frères sont appelés à travailler comme instructeurs au foyer. Les instructeurs au foyer rendent visite à chaque foyer de la paroisse au moins une fois par mois. Ils forment des équipes de deux chargées de veiller au bien-être temporel et spirituel de quelques familles. Lorsque l'épiscopat veut transmettre un message à ces familles, il peut le faire par les instructeurs au foyer. Ceux-ci sont attentifs aux besoins des familles qu’ils visitent. Si une aide matérielle s’avère nécessaire, les instructeurs au foyer en font immédiatement part à leurs dirigeants pour que les mesures nécessaires soient prises.

 

     Chaque collège de la prêtrise est dirigé par un président et deux conseillers, assistés par un secrétaire et des comités qui veillent à ce que le travail du collège soit réalisé et à ce qu’il soit pourvu aux besoins des membres de la paroisse.

 

     Chaque organisation auxiliaire est dirigée par une présidence de trois personnes, un secrétaire, un directeur de la musique, un organiste et un groupe d'instructeurs.

 

     C'est dans l'organisation démocratique de ces groupes que réside le génie de l'Église en tant qu'institution. Chaque membre de l'Église qui le désire et qui en est capable reçoit une ou plusieurs tâches à remplir. Ainsi, au cours de sa vie, de nombreuses possibilités se présentent à lui de servir dans l’Église, de se découvrir des talents cachés et de les développer au profit des ses semblables. Chacun qui le désire reçoit une responsabilité. En l’assumant il développe ses capacités, accroît ses compétences, et s’accomplit au service des autres. Et son attachement à la cause de l'Église grandit.

 

     Avec le temps, l’Église devient un vivier de dirigeants expérimentés. Soulignons qu’aucun gain financier ne compense ces services. Ils impliquent, au contraire, un sacrifice de temps et d'argent. Mais c’est alors qu’apparaît l’idéal du service chrétien.

 

     Ces hommes et ces femmes qui remplissent les nombreuses obligations liées aux responsabilités de l’Église sont des citoyens ordinaires. Leur capacité inhabituelle de travail vient de leur foi en l'efficacité de l'Évangile de Jésus-Christ et de leur volonté de le faire triompher.

 

 

Actualisation de What of the Mormons?, Gordon B. Hinckley (1947)


Mise à jour : 09/07/2019

 

Voir aussi : L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours en 20 points (M. Russel Ballard)