La vie prémortelle



Boyd K. Packer





La vie ne commence pas par la naissance mortelle. Nous avons vécu sous forme d’esprit avant d’entrer dans la vie mortelle.

Cette doctrine de la vie prémortelle était connue des anciens chrétiens. Pendant près de cinq cents ans la doctrine a été enseignée, mais elle a ensuite été rejetée comme une hérésie par un clergé qui avait sombré dans les ténèbres de l’apostasie.

Quand ils eurent rejeté cette doctrine, celle de la vie prémortelle et celle de la rédemption des morts, ils ne purent plus débrouiller le mystère de la vie. Ils devinrent comme un homme qui essaie d’assembler une rivière de perles sur un fil trop court. Il n’y a aucun moyen de les mettre toutes ensemble.

Pourquoi est-ce si étrange de penser que nous avons vécu en tant qu’esprits avant d’entrer dans la mortalité ? La doctrine chrétienne proclame la résurrection, ce qui signifie que nous vivrons après la mort physique. Si nous vivons après la mort physique, pourquoi serait-il étrange que nous ayons vécu avant la naissance ?

Le monde chrétien en général accepte l’idée que notre condition dans la résurrection sera déterminée par nos actions dans cette vie. Pourquoi ne peut-il pas croire que certaines circonstances de cette vie sont déterminées par nos actions avant que nous venions dans la mortalité ?

Les Écritures nous enseignent cette doctrine, la doctrine de la vie prémortelle. Pour des raisons qui lui sont propres, le Seigneur donne des réponses à certaines questions avec des morceaux mis çà et là dans toutes les Écritures. Nous devons les trouver; nous devons les mériter. C’est ainsi que les choses sacrées sont cachées à ceux qui ne sont pas sincères.

Parmi les nombreux versets qui révèlent cette doctrine, je citerai deux courtes phrases du témoignage de Jean dans la quatre-vingt-treizième section de Doctrine et Alliances. La première qui parle du Christ dit simplement : « Il était au commencement, avant que le monde fût » (D&A 93:7).

Et l’autre qui parle de nous dit aussi clairement : « Vous étiez aussi au commencement avec le Père » (D&A 93:23).

Les faits essentiels concernant notre vie prémortelle ont été révélés. Bien qu’il soient sommaires, ils débrouillent le mystère de la vie.

Quand nous comprenons la doctrine de la vie prémortelle, nous savons que nous sommes les enfants de Dieu, que nous avons vécu avec lui en esprit avant d’entrer dans la mortalité.

Nous savons que cette vie est une expérience, que la vie n’a pas commencé par la naissance et qu’elle ne se term inera pas par la mort.

C’est alors que vie prend un sens et un objectif malgré tout le chaos de maux que le genre humain s’inflige.

Imaginez que vous assistiez à un jeu de football. Les équipes semblent équilibrées. Une équipe a été entraînée à suivre les règles. L’autre à faire le contraire. Ses membres trichent et désobéissent à chaque règle de sportivité.

Comme la partie se termine sur un score égal, on décide de poursuivre jusqu’à la victoire définitive de l’une des équipes.

Le terrain se transforme rapidement en bourbier.

Les joueurs des deux côtés s’enfoncent dans la boue. La tricherie de l’autre équipe se transforme en brutalité.

Des joueurs sont évacués du terrain. Certains ont été gravement blessés ; d’autres, murmure-t-on, sont morts. Ce n’est plus un jeu, c’est une lutte.

Vous êtes très déçu et très troublé. « Pourquoi laisser cela se poursuivre ? Aucune équipe ne peut gagner. Il faut arrêter. »

Imaginez que vous alliez trouver l’organisateur du match et que vous lui demandiez d’interrompre cette bataille inutile et superflue. Vous dites que cela n’a pas de sens ni d’objectif. N’a-t-il aucune pitié pour les joueurs ?

Il répond calmement qu’il ne va pas interrompre le match. Que vous vous trompez. Qu’il y a un grand objectif. Que vous n’avez pas compris.

Il vous dit que ce n’est pas un sport pour les spectateurs mais pour les participants. C’est pour leur bien qu’il permet que le match se poursuive. Ils peuvent en tirer beaucoup d’avantages en raison des épreuves qu’ils affrontent.

Il montre les joueurs assis sur le banc, en vêtements de sports et impatients de prendre part. « Quand chacun d’entre eux sera entré, quand chacun aura vu le jour pour lequel nous nous sommes préparés pendant si longtemps et nous nous sommes entraînés si durement, alors et seulement alors j’interromprai le match. »

Jusqu’alors, peu importe qui semble mener. Ce qui compte, ce n’est pas le score présent. Il y a des matchs dans les matchs, vous savez. Quoi qu’il arrive à l’équipe, chaque joueur aura son jour.

Les joueurs de l’équipe qui garde les règles ne seront pas éternellement désavantagés par l'apparence que leur équipe semble toujours en train de perdre.

Dans le champ de la destinée, aucune équipe ni aucun joueur ne sera éternellement désavantagé parce qu’elle ou il respecte les règles. Ils peuvent être mis à l’écart, maltraités ou même vaincus pendant un moment. Mais chaque joueur de cette équipe, quel que soit le score, peut déjà vaincre.

Chaque joueur aura une épreuve suffisante pour ses besoins; l’épreuve réside dans la manière de réagir.

Quand le match est enfin terminé, vous verrez avec eux l’objectif de tout cela, peut-être même exprimerez-vous votre reconnaissance d’avoir été sur le terrain pendant le moment le plus noir de la partie.

Je ne crois pas que le Seigneur soit aussi désespéré que nous quant à ce qui se passe dans le monde. Il pourrait mettre un terme à tout cela n’importe quand. Mais il ne le fera pas ! Pas tant que chaque joueur n’aura pas eu l’occasion de connaître l’épreuve pour laquelle nous nous sommes préparés avant que le monde fût et avant notre venue dans la mortalité.

La même épreuve en temps troublés peut avoir des effets diamétralement opposés sur les gens. Trois versets du Livre de Mormon, un témoignage du Christ, nous enseigne qu’« ils avaient eu des guerres, des effusions de sang, des famines et des afflictions durant de nombreuses années.

« Et il y avait eu des meurtres, des contentions, des dissensions et toutes sortes d’iniquités parmi le peuple de Néphi; cependant, à cause des justes, oui, à cause des prières des justes, ils avaient été épargnés.

« Mais voici, à, cause de la durée extrême de la guerre entre les Néphites et les Lamanites, beaucoup s’étaient endurcis à cause de la durée extrême de la guerre ; et beaucoup d’autres s’étaient adoucis à cause de leurs afflictions de sorte qu’ils s’humilièrent devant Dieu, même dans les profondeurs de l’humilité. » (Alma 62:39-41)

Vous connaissez probablement certains dont la vie a été pleine d’adversité et qui ont été adoucis, fortifiés et raffinés par elle tandis que d’autres sont sortis de la même épreuve aigris et malheureux.

Il n’y a pas de moyens de donner un sens à la vie sans connaître la doctrine de la vie prémortelle.

L’idée que la vie mortelle est le début est prétentieuse. Il n’y a aucun moyen d’expliquer la vie si vous croyez cela.

La notion que la vie se termine avec la mort physique est ridicule. Il n’y a aucun moyen d’affronter la vie quand on croit cela.

Quand nous comprenons la doctrine de la vie prémortelle, alors les choses prennent leur place et prennent un sens. Nous savons alors que les petits garçons et les petite filles ne sont pas des singes, pas plus que leurs parents, ni les parents de leurs parents jusqu’à la toute première génération.

Nous sommes les enfants de Dieu et nous sommes créés à son image.

Nos relations d’enfants à parents avec Dieu sont claires.

L’objectif de la création de cette terre est clair.

L’épreuve que nous connaissons dans la mortalité est claire.

Le besoin d’un rédempteur est clair.

Quand nous comprenons ce principe de l’Évangile, nous voyons notre Père céleste et son Fils ; nous voyons le sacrifice expiatoire et la rédemption.

Nous comprenons pourquoi les ordonnances et les alliances sont nécessaires.

Nous comprenons la nécessité du baptême par immersion pour la rémission des péchés. Nous comprenons pourquoi nous renouvelons cette alliance en prenant la Sainte-Cène.

Je n’ai fait qu’aborder la doctrine de la vie prémortelle.

Je vous assure qu’il y a sous les programmes et sous les activités de cette Église une profondeur, une portée et une grandeur de doctrine qui répond aux questions de la vie.

Quand on connaît l’Évangile de Jésus-Christ, il y a une raison de se réjouir. Les mots joie et se réjouir apparaissent à plusieurs reprises. Les saints des derniers jours sont un peuple heureux. Quand on connaît la doctrine, le fait d’avoir et d’élever des enfants devient une obligation sacrée, le fait de donner la vie un honneur sacré. Personne ne penserait au suicide. Et toutes les inconstances et tous les problèmes du genre humain disparaîtraient.

Nous avons des raisons de nous réjouir, et nous nous réjouissons, même jusqu’à l’exaltation.

« La gloire de Dieu c’est l’intelligence ou, en d’autres termes, la lumière et la vérité » (D&A 93:36).


(Source : L'Étoile, avril 1984)