Les principes de l’Évangile
et le rôle de la femme


Barbara B. Smith et Shirley W. Thomas


Article tiré de l'Encyclopédie du mormonisme (Macmillan Publishing Company, 1992)
Traduction : Marcel Kahne
Source : www.idumea.org avec autorisation

 
 
Le rôle actuel des femmes dans la société mormone est singulier dans la mesure où il est le reflet des enseignements et de la doctrine de l’Église. L’un des plus fondamentaux de ceux-ci est le libre arbitre individuel ou le droit de choisir. Conformément à ce point de doctrine, le rôle d’une femme varie selon sa situation et les choix qu’elle fait dans le contexte des croyances de l’Église ; elle peut remplir plusieurs rôles simultanément.

L’une des fonctions des femmes est l’attention constante aux besoins des autres – non seulement la famille mais tous ceux qui sont à la portée de leur aide. La plupart soignent personnellement en période de maladie, de décès ou d’autres crises de la vie, mais souvent elles agissent dans un effort concerté avec d’autres membres de la Société de secours. « Porter les fardeaux les uns des autres, afin qu'ils soient légers » (Mos. 18:8) est un principe et une attente liés à l’essence même de l’appartenance d’une femme à l’Église.

Le fait de s’occuper de ceux qui sont dans le besoin amène souvent les femmes à élaborer de meilleures manières de gérer les problèmes et d’acquérir des qualifications spécialisées. Au début de l’histoire de l’Église, les femmes devinrent infirmières, sages-femmes et médecins ; certaines fondèrent des hôpitaux et des services pédiatriques, tandis que d’autres créaient des écoles pour les jeunes. Elles créèrent également des industries locales, entretinrent des cultures prospères de la soie et mirent sur pied un grand programme d’ensilage de blé.

La communauté des saints des derniers jours dans les montagnes de l’Ouest, peut-être à cause de la polygamie, peut-être parce que les hommes étaient souvent partis en mission, accordait une indépendance peu commune aux femmes – et une interdépendance parmi les épouses polygames. Ces conditions fournirent à la fois l’impulsion et la possibilité aux femmes d’acquérir une éducation et une formation rares chez les femmes de leur temps. Aujourd’hui, et ce n’est pas moins typique, les femmes de l’Église continuent à aider « à promouvoir et à établir la cause de Sion » (D&A 6:6). Elles prennent soin des pauvres et des malades, font des missions de prosélytisme, d’entraide et humanitaires et instruisent les enfants et les jeunes, réalisant leur contribution au bien-être temporel et spirituel des saints.

Le rôle de compagne est celui qui est le plus souvent attribué aux femmes de l’Église. Adam « commença à cultiver la terre » et « Ève, sa femme travailla aussi avec lui » (Moï. 5:1). Le président Spencer W. Kimball a fait remarquer que les femmes sont « partenaires à part entière » avec les hommes (Kimball, p. 42). Cette compagnie ne se limite pas au partenariat du mari et de la femme mais comprend les femmes qui œuvrent en coopération avec les hommes (par exemple, la prêtrise et la Société de secours) pour accomplir l’œuvre de l’Église. Depuis le début, « les femmes de l’Église votent côte à côte avec les hommes sur toutes les questions proposées au vote des membres de l’Église… une idée progressiste en 1830 quand aucune femme et peu d’hommes votaient dans les Églises et où peu de femmes jouissaient des droits politiques » (History of the Relief Society p. 102).

À la base de ce rôle de compagne il y a l’égalité inhérente des hommes et des femmes suggérée par le récit de la Création : « À l'image de son corps, il créa l'homme et la femme, il les bénit » (Moï. 6:9). Les dons spirituels, les promesses et les bénédictions du Seigneur sont donnés à ceux qui se qualifient, quel que soit leur sexe. La réception des dons spirituels est fonction de l’obéissance, pas du sexe (D&A 46:9-25).

Bruce R. McConkie du Collège des Douze a souligné l’égalité des hommes et des femmes dans les choses de l’esprit :

« Pour ce qui est des choses spirituelles, comme ce qui concerne tous les dons de l’Esprit, la réception de révélations, l’acquisition d’un témoignage et la réception de visions, pour tout ce qui touche au divin et à la sainteté et qui se réalise en conséquence de la justice personnelle – dans toutes ces choses hommes et femmes se trouvent en situation… d’égalité devant le Seigneur » (Ensign 9, juin 1979, p. 61).

Les ordonnances du temple sont une autre preuve que « dans le Seigneur, la femme n’est point sans l’homme, ni l’homme sans la femme » (1 Co. 11:11).

« Il faut remarquer que les bénédictions les plus élevées qui y sont accessibles [dans le temple] ne sont conférées que conjointement à un homme et à une femme. Ni l’un ni l’autre ne peut les recevoir seul. Dans l’Église du Christ, la femme n’est pas une adjonction à mais une partenaire égale à l’homme » (Widtsoe, p. 373).

Les femmes et les hommes, bien que jouissant d’un statut égal, remplissent certains rôles séparés et différents dans l’œuvre de l’Église. Aux hommes est donnée la responsabilité de détenir la prêtrise avec de nombreux devoirs prescrits. Le rôle des femmes est défini avec moins de précision, bien qu’étant non moins réel. Selon Neal A. Maxwell, du Collège des Douze :

« Nous savons tellement peu de choses sur les raisons de la répartition des devoirs entre femmes et hommes aussi bien qu’entre mères et prêtrise. Ils ont été définis par Dieu à une autre époque et à un autre endroit. Nous sommes habitués à nous concentrer sur les hommes de Dieu parce qu’ils ont la ligne de prêtrise et de leadership. Mais en parallèle avec cette ligne d’autorité, il y a un véritable courant d’influence constructive, reflet des femmes remarquables qui ont existé à toutes les époques et dans toutes les dispensations, y compris la nôtre » (Maxwell, p. 94).

Exerçant une influence bénéfique, les femmes remplissent une foule de tâches dans l’Église : elles président, dirigent et constituent le personnel des organisations pour les femmes (Société de secours), les jeunes-filles (Jeunes Filles) et les enfants (Primaire) aux niveaux paroisse, pieu et général ; elles donnent les cours de doctrine de l’Évangile pour les adultes, les jeunes et les enfants ; elles dirigent les chœurs et les œuvres théâtrales ; elles officient dans les cérémonies de temple ; elles sont membres des comités d’entraide à tous les niveaux de l’Église et elles organisent des manifestations culturelles et récréatives auxquelles tous les membres participent.

Les femmes de l’Église accomplissent également des rôles sociaux en tant que médecins, avocats, professeurs, spécialistes en économie domestique, administrateurs, enseignantes, auteurs, secrétaires, artistes et femmes d’affaires. En plus, beaucoup ont des fonctions dans la collectivité, la politique et le bénévolat. Conformément à la croyance des saints que l’endroit où les parents font le plus de bien est dans leur propre foyer et qu’aucune autre activité ne doit avoir la préséance sur leurs préoccupations pour la famille, les membres sont invités à prendre des décisions essentielles en ce qui concerne leur effet sur la famille. Cette priorité de la famille influence inévitablement les attentes en ce qui concerne le rôle des femmes, notamment celui de mère, d’épouse, de ménagère et d’enseignante. On leur apprend dès leur jeunesse à se préparer au mariage et au ménage aussi bien qu’à un métier. Camilla Kimball, épouse de Spencer W. Kimball, a conseillé à chaque fille et à chaque femme : « Qualifiez-vous dans deux métiers : celui de ménagère et celui de vous préparer un gagne-pain en dehors de la maison pour le cas où la situation l’exigerait. Une femme mariée peut devenir veuve sans avertissement…. Elle peut donc se trouver dans la nécessité de gagner elle-même sa vie et d’entretenir ses enfants dépendants » (Ensign 7, mars 1977, p. 59).

Depuis longtemps, les dirigeants de l’Église exhortent les femmes, aussi bien à titre individuel qu’en tant que groupe, à faire toutes les études qu’elles peuvent, à consacrer leur « temps à écrire et à apprendre beaucoup » (D&A 25:8). Les femmes ont été encouragées à faire des études non seulement pour leur propre épanouissement mais également parce que cela contribue à les aider à faire du foyer un lieu d’instruction et de raffinement et pour son importance dans la vie des enfants. Même si la formation et l’éducation peuvent ouvrir beaucoup de perspectives de carrière pour les femmes, le rôle de mère est dominant pour celles qui ont de jeunes enfants et elles sont invitées à utiliser leur formation au profit de leurs enfants.

L’Église n’a pas d’opposition de principe à ce que les femmes travaillent en dehors de la maison et reconnaît leurs apports dans la vie de la société. Marvin J. Ashton du Collège des Douze a expliqué que « la femme doit se sentir libre d’aller sur le marché du travail et au service de la collectivité que ce soit comme salariée ou comme bénévole si elle le souhaite, quand sa situation familiale lui permet de le faire sans que cela empiète sur elle » (Ashton, p. 93). Il est clair que certaines mères sont obligées de travailler pour entretenir leurs enfants, mais on espère qu’autant que possible, les mères avec des enfants dans la maison feront de la maison leur carrière prioritaire.

Toutes les femmes sont des filles de la « glorieuse mère Ève » (D&A 138:39) qui, en tant que « mère de tous les vivants » (Moï. 4:26), a laissé un legs qui est l’héritage de toute femme. Ce rôle dépasse le soin de la famille immédiate. Il décrit une nature et une attitude qui sont fondamentales pour toutes les femmes. Le président Harold B. Lee a exprimé ceci quand il s’est adressé aux femmes de l’Église assemblées au Tabernacle : « Vous, mères de l’Église…. ». Toute femme, quel que soit son statut familial, appel ou métier joue le rôle de quelqu’un qui éduque, encourage, console ; qui donne de l’amour et qui protège et préserve la famille.


Bibliographie

Ashton, Marvin J. "Woman's Role in the Community." Dans Woman. Salt Lake City, 1979.
History of the Relief Society, 1842-1966. Salt Lake City, 1966.
Kimball, Spencer W. "Privileges and Responsibilities of Sisters." New Era 9, janvier 1979, p. 42.
Maxwell, Neal A. "The Women of God." Dans Woman. Salt Lake City, 1979.
Widtsoe, John A. "The "Mormon' Women." Relief Society Magazine 30, juin-juillet 1943, p. 372-375.