Le
don de la grâce
Dieter
F. Uchtdorf
Deuxième
conseiller dans la Première Présidence
Discours
publié dans Le Liahona de mai 2015
Le
dimanche de Pâques, nous célébrons l’événement
le plus glorieux et le plus attendu de l’histoire du monde.
C’est
le jour qui a tout changé.
Ce
jour-là, ma vie a changé.
Votre
vie a changé.
Le
destin de tous les enfants de Dieu a changé.
Ce
jour béni, le Sauveur de l’humanité, qui avait
pris sur lui les chaînes du péché et de la mort
qui nous retenaient captifs, a brisé ces chaînes et nous
a libérés.
En
raison du sacrifice de notre Rédempteur bien-aimé, la
mort n’a plus d’aiguillon, la tombe n’est plus
victorieuse (Voir 1 Corinthiens 15:55 ; Mosiah 16:8), le pouvoir
durable de Satan n’est plus et nous sommes « régénérés
[…] pour une espérance vivante, par la résurrection
de Jésus-Christ » (1 Pierre 1:3).
Oui,
l’apôtre Paul avait raison quand il a dit que nous
pouvions nous « console[r] […] les uns les autres par
ces paroles » (1 Thessaloniciens 4:18 ; voir aussi versets
13-17).
La
grâce de Dieu
Nous
parlons souvent de l’expiation du Sauveur et nous avons raison
!
Comme
Jacob l’a dit : « Pourquoi ne pas parler de l’expiation
du Christ et parvenir à une connaissance parfaite de lui ? »
(Jacob 4:12). Mais quand nous « parlons du Christ,… nous
réjouissons dans le Christ,… nous prêchons le
Christ [et] prophétisons concernant le Christ… »
(2 Néphi 25:26), à chaque occasion, nous ne devons
jamais perdre notre émerveillement et notre profonde
reconnaissance envers le sacrifice du Fils de Dieu.
L’expiation
du Sauveur ne peut pas devenir banale dans notre enseignement, notre
conversation ou notre cœur. Elle est sacrée et sainte
car c’est grâce à ce « sacrifice infini et
éternel » que Jésus-Christ a apporté le «
salut à tous ceux qui croiront en son nom » (Alma 34:10,
15).
Je
m’émerveille quand je pense que le Fils de Dieu a
condescendu à nous sauver, aussi imparfaits, impurs, enclins à
commettre des fautes et ingrats que nous sommes souvent. J’ai
tenté de comprendre l’Expiation avec mon esprit limité
et la seule explication que je peux trouver est celle-ci : Dieu nous
aime profondément, parfaitement et éternellement. Je ne
peux même pas entrevoir « la largeur, la longueur, la
profondeur et la hauteur […] [de] l’amour du Christ »
(Éphésiens 3:18-19).
Une
expression puissante de cet amour est ce que les Écritures
appellent souvent la grâce de Dieu, l’aide et la dotation
divines de forces par lesquelles nous devenons, d’êtres
imparfaits et limités que nous sommes maintenant, des êtres
exaltés de « vérité et de lumière,
jusqu’à ce que [nous soyons] glorifié[s] dans la
vérité et [connaissions] tout » (Doctrine et
Alliances 93:28).
Cette
grâce est une chose des plus merveilleuses. Cependant, elle est
souvent incomprise (voir Doctrine et Alliances 78:17). Malgré
cela, nous devons connaître ce qu’est la grâce de
Dieu si nous avons l’intention d’hériter ce qui a
été préparé pour nous dans son royaume
éternel.
À
cette fin, je vais parler de la grâce. En particulier, tout
d’abord de la façon dont la grâce déverrouille
les portes des cieux et, ensuite, de la manière dont elle
ouvre les écluses des cieux.
Premièrement
: La grâce déverrouille les portes des cieux
Parce
que nous avons tous « péché et [sommes] privés
de la gloire de Dieu » (Romains 3:23) et parce que « rien
d’impur ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (1 Néphi
15:34 ; voir aussi 1 Néphi 10:21 ; Moïse 6:57) nous
sommes tous indignes de retourner en sa présence.
Même
si nous devions servir Dieu de toute notre âme, ce ne serait
pas assez ; car nous serions encore « des serviteurs inutiles »
(Mosiah 2:21). Nous ne pouvons mériter notre place dans les
cieux ; les exigences de la justice sont un obstacle que nous sommes
impuissants à franchir par nos propres moyens.
Mais
tout n’est pas perdu.
La
grâce de Dieu est notre grande espérance éternelle.
Grâce
au sacrifice de Jésus-Christ, le plan de miséricorde
apaise les exigences de la justice (voir Alma 42:15) « et
fournit aux hommes le moyen d’avoir la foi qui produit le
repentir » (Alma 34:15).
Nos
péchés, même s’ils sont comme le cramoisi,
peuvent devenir blancs comme la neige (voir Mosiah 1:18). Parce que
notre Sauveur bien-aimé « s’est donné
lui-même en rançon pour tous » (1 Timothée
2:6), une entrée dans son royaume éternel nous est
accordée (voir 2 Pierre 1:11).
La
porte est déverrouillée !
Mais
la grâce de Dieu ne nous rétablit pas simplement dans
notre état d’innocence précédent. Si le
salut signifie seulement effacer nos fautes et nos péchés,
alors, aussi merveilleux soit-il, ce salut ne satisfait pas les
aspirations du Père à notre égard. Son but est
bien plus élevé : Il veut que ses fils et ses filles
deviennent comme lui.
Avec
le don de la grâce de Dieu, le chemin des disciples ne mène
pas en arrière ; il conduit plus haut.
Il
mène à des hauteurs que nous pouvons difficilement
comprendre ! Il conduit à l’exaltation dans le royaume
de notre Père céleste où, entourés de nos
êtres chers, nous recevons « de sa plénitude et de
sa gloire » (D&A 76:56). Toutes choses sont à nous
et nous sommes au Christ (voir D&A 76:59). En effet, tout ce que
le Père a nous sera donné (voir D&A 84:38).
Pour
hériter de cette gloire, nous avons besoin de plus qu’une
porte déverrouillée ; nous devons la franchir avec le
désir sincère de subir un changement, un changement si
important que les Écritures le décrivent comme le fait
de « naître de nouveau ; oui, naître de Dieu,
changer de [notre] état [profane] et déchu à un
état de justice, étant rachetés par Dieu,
devenant ses fils et ses filles » (Mosiah 27:25).
Deuxièmement
: La grâce ouvre les écluses des cieux
Un
autre élément de la grâce de Dieu est l’ouverture
des écluses des cieux, par lesquelles Dieu déverse des
bénédictions de pouvoir et de force, nous permettant
d’accomplir des choses qui seraient autrement totalement hors
de notre portée. C’est la grâce stupéfiante
de Dieu qui permet à ses enfants de surmonter les courants
sous-jacents et les sables mouvants du trompeur, de se libérer
du péché et d’être « rendus parfaits
en Christ » (Moroni 10:32).
Bien
que nous ayons tous des faiblesses, nous pouvons les surmonter. En
effet, c’est par la grâce de Dieu que, si nous nous
humilions et avons la foi, les choses faibles peuvent devenir fortes
(voir Éther 12:27).
Tout
au long de notre vie, la grâce de Dieu accorde des bénédictions
temporelles et des dons spirituels qui accroissent nos capacités
et enrichissent notre vie. Sa grâce nous raffine. Elle nous
aide à donner le meilleur de nous-mêmes.
Qui
peut se qualifier ?
Dans
la Bible, nous lisons le récit de la visite du Christ chez
Simon le pharisien.
Extérieurement,
Simon semblait être un homme bon et honnête. Il vérifiait
régulièrement sa liste d’obligations religieuses
à faire : Il respectait la loi, il payait sa dîme, il
observait le sabbat, il priait quotidiennement et il allait à
la synagogue.
Mais,
pendant que Jésus était avec Simon, une femme s’est
approchée, a lavé les pieds du Maître de ses
larmes et les a oints d’huile précieuse.
Simon
n’a pas apprécié cet étalage de
vénération, car il savait que cette femme était
une pécheresse. Il a pensé que, si Jésus ne le
savait pas, c’était qu’il n’était pas
un prophète, sinon il n’aurait pas laissé la
femme le toucher.
Percevant
ses pensées, Jésus s’est tourné vers Simon
et lui a posé une question. « Un créancier avait
deux débiteurs : l’un devait cinq cents deniers, l’autre
cinquante.
«
Comme [ni l’un ni l’autre] n’avaient de quoi payer,
il leur remit à tous deux leur dette. Lequel l’aimera le
plus ? »
Simon
répondit que c’était celui à qui il avait
remis la plus grande dette.
Ensuite,
Jésus a enseigné une leçon profonde : «
Vois-tu cette femme ?… Ses nombreux péchés ont
été pardonnés ; car elle a beaucoup aimé.
Mais celui à qui on pardonne peu aime peu » (Luc
7:36-50).
À
laquelle de ces deux personnes ressemblons-nous le plus ?
Ressemblons-nous
à Simon ? Sommes-nous convaincus et satisfaits de nos bonnes
actions, avons-nous confiance en notre justice personnelle ?
Sommes-nous peut-être un peu impatients avec les personnes qui
ne vivent pas à la hauteur de nos principes ? Sommes-nous sur
pilote automatique, agissant mécaniquement, assistant à
nos réunions, bâillant pendant la classe de Doctrine de
l’Évangile et consultant notre téléphone
portable pendant la réunion de Sainte-Cène ?
Ou
bien ressemblons-nous à cette femme qui pensait qu’elle
était complètement et désespérément
perdue en raison de ses péchés ?
Aimons-nous
beaucoup ?
Comprenons-nous
notre dette envers notre Père céleste et supplions-nous
de toute notre âme pour obtenir la grâce de Dieu ?
Quand
nous nous agenouillons pour prier, est-ce pour présenter les
meilleurs moments de notre justice personnelle ou bien est-ce pour
confesser nos fautes, implorer la miséricorde divine et verser
des larmes de gratitude pour le plan de rédemption
extraordinaire (voir Luc 18:9-14) ?
Le
salut ne s’achète pas avec l’argent de
l’obéissance, il s’acquiert par le sang du Fils de
Dieu (voir Actes 20:28). Penser que nous pouvons échanger nos
bonnes œuvres contre le salut revient à acheter un
billet d’avion et supposer ensuite que nous sommes
propriétaires de la compagnie aérienne. Ou penser
qu’après avoir payé le loyer de notre maison,
nous possédons la terre entière.
Alors
pourquoi obéir ?
Si
la grâce est un don de Dieu, alors pourquoi l’obéissance
à ses commandements est-elle si importante ? Pourquoi nous
préoccuper des commandements de Dieu ou même du repentir
? Pourquoi ne pas admettre que nous sommes pécheurs et laisser
Dieu nous sauver ?
Ou,
pour traduire la question dans les paroles de Paul, «
Demeurerions-nous dans le péché, afin que la grâce
abonde ? » La réponse de Paul est simple et claire : «
À Dieu ne plaise ! » (Romains 6:1-2).
Frères
et sœurs, nous obéissons aux commandements de Dieu, par
amour pour lui !
Nos
efforts pour comprendre le don de la grâce de Dieu, de tout
notre cœur et de tout notre esprit, nous donnent d’autant
plus de raisons d’aimer notre Père céleste et de
lui obéir avec humilité et reconnaissance. Emprunter le
chemin des disciples nous raffine, nous améliore, nous aide à
lui ressembler et nous ramène en sa présence. L’Esprit
du Seigneur [notre Dieu] » produit « un [tel] changement
en nous […] de sorte que nous n’avons plus de
disposition à faire le mal, mais à faire
continuellement le bien » (Mosiah 5:2).
Par
conséquent, notre obéissance aux commandements de Dieu
est le résultat naturel de notre amour et de notre gratitude
infinis pour sa bonté. Par cette forme d’amour et de
reconnaissance sincères, nos œuvres et la grâce de
Dieu fusionneront miraculeusement. La vertu ornera sans cesse nos
pensées et notre assurance deviendra grande en la présence
de Dieu (voir D&A 121:45).
Chers
frères et sœurs, vivre l’Évangile n’est
pas un fardeau. C’est une répétition joyeuse, une
préparation pour hériter la gloire magnifique des
éternités. Nous nous efforçons d’obéir
à notre Père céleste parce que notre esprit
s’accordera davantage aux choses spirituelles. Des perspectives
dont nous ignorions jusque-là l’existence s’ouvrent
à nous. Quand nous faisons la volonté du Père,
la lumière et la compréhension nous sont accordées
(voir Jean 7:17).
La
grâce est un don de Dieu et notre désir d’être
obéissant à chacun de ses commandements est la façon
dont nous lui faisons savoir que nous voulons recevoir ce don sacré
de notre Père céleste.
Tout
ce que nous pouvons faire
Le
prophète Néphi a contribué grandement à
notre compréhension de la grâce de Dieu quand il a
déclaré : « Nous travaillons diligemment […]
pour persuader nos enfants, et aussi nos frères, de croire au
Christ et d’être réconciliés avec Dieu ;
car nous savons que c’est par la grâce que nous sommes
sauvés, après tout ce que nous pouvons faire » (2
Néphi 25:23).
Cependant,
je me demande si parfois nous interprétons mal l’expression
« après tout ce que nous pouvons faire ». Nous
devons comprendre que « après » ne signifie pas «
en raison de ».
Nous
ne sommes pas sauvés « en raison » de tout ce que
nous pouvons faire. Qui d’entre nous a fait ce tout ce qu’il
pouvait faire ? Dieu attend-il que nous ayons épuisé
chaque effort avant d’intervenir dans notre vie en appliquant
sa grâce salvatrice ?
Beaucoup
de gens sont découragés parce qu’ils sont
constamment en deçà de ce qu’ils voudraient
faire. Ils savent personnellement que « l’esprit est bien
disposé, mais [que] la chair est faible » (Matthieu
26:41 ; voir aussi Romains 7:19). Ils élèvent leur voix
avec Néphi en proclamant : « Mon âme est dans la
désolation à cause de mes iniquités » (2
Néphi 4:17).
Je
suis certain que Néphi savait que la grâce du Sauveur
nous permet et nous rend capables de surmonter le péché
(voir 2 Néphi 4:19-35 ; Alma 34:31). C’est pourquoi il a
travaillé si diligemment à persuader ses enfants et ses
frères de « croire au Christ, et d’être
réconciliés avec Dieu » (2 Néphi 25:23).
Après
tout, c’est ce que nous pouvons faire ! Et c’est notre
tâche dans la condition mortelle !
La
grâce est accessible à tous
Quand
je pense à ce que le Sauveur a fait pour nous qui a conduit à
ce premier dimanche de Pâques, je veux élever ma voix et
crier des louanges au Dieu Très-Haut et à son Fils,
Jésus-Christ !
Les
portes des cieux sont déverrouillées !
Les
écluses des cieux sont ouvertes !
Aujourd’hui
et à tout jamais, la grâce de Dieu est accessible à
toutes les personnes dont le cœur est brisé et l’esprit
est contrit (voir 3 Néphi 9:19-20). Jésus-Christ a
ouvert la voie pour que nous atteignions des hauteurs
incompréhensibles à l’esprit humain (voir 1
Corinthiens 2:9).
Je
prie pour que nous voyions avec de nouveaux yeux et un nouveau cœur
la signification éternelle du sacrifice expiatoire du Sauveur.
Je prie pour que nous montrions notre amour pour Dieu et notre
reconnaissance pour le don de la grâce infinie de Dieu en
respectant ses commandements et en « march[ant joyeusement] en
nouveauté de vie » (Romains 6:4). Au nom sacré de
notre Maître et Rédempteur, Jésus-Christ. Amen.