Les Seekers attendaient le Rétablissement

 

 

Gary W. Ellsworth

 

 

 

 

      Le 18 mars 1612, Bartholomew Legate mourut en martyr et fut l'un des derniers hommes brûlés vif au pilori pour hérésie en Angleterre. Son crime ? Il attendait le rétablissement de la véritable Église du Christ.

 

      Legate est considéré comme le fondateur des Seekers (chercheurs), bien qu'il n'ait jamais rien organisé formellement. Les Seekers étaient des gens qui pensaient que « Dieu allait bientôt faire une nouvelle révélation par l'intermédiaire ‘d'apôtres miraculeux’ et d'un ‘envoyé miraculeux’ et que jusqu'à l'apparition de cette nouvelle révélation, il n'y avait pas d' ‘Église véritable’, pas de ‘baptême véritable’ et pas de ‘chrétien que l'on pût voir’ » (Rutus M. Jones, Mystical Religion, Londres, 1909, p.454). Legate recherchait un « homme remarquable qui serait suscité par Dieu » pour relever l'Église véritable « des cendres ».

 

      D'où venaient ces idées ? Legate reçut peut-être ses idées des chercheurs memmonites en Zélande dans les îles du Danemark où il se rendait souvent pour affaires. Mais ces idées en elles-mêmes datent de bien avant cela. Un siècle auparavant, un contemporain de Martin Luther du nom de Johannes Denck (1495-1527), avait passé la majeure partie de sa vie à enseigner les doctrines anabaptistes à Augsbourg, en Allemagne, mais avait conclu alors qu'il n'avait même pas autorité pour prêcher ou baptiser puisque cette autorité devrait venir de Dieu.

 

      Un autre auteur anabaptiste, Sebastian Frank, qui vécut vers les années 1500, exprima ce qui suit : « En raison de l'avènement de l'Antéchrist et de la dévastation qu'il a semée juste après la mort des apôtres... je suis... tout à fait certain que depuis maintenant quatorze siècles il n'y a pas eu d'Église établie ni d'ordonnances » (lettre écrite en 1531, voir George Hunston Williams, Spiritual and Anabaptist Writers, Cambridge, Massachussetts, Harvard Press, 1957, p. 49).

 

      Ces mêmes idées, prêchées avec éloquence par Legate, se perpétuèrent après son décès. En Nouvelle-Angleterre, vers 1639, Roger Williams eut la conviction que personne n'était autorisé à accomplir des baptêmes sur la terre. Il conseilla à ses fidèles d' « attendre la venue de nouveaux apôtres » (Cotton Mather, Magnalia Christi Americana, or the Ecclesiastical History of New England, édité et abrégé par Raymond J. Cunningham, New York, Frederick Unger Publishing Co., 1970, p. 129) et ils se séparèrent pour devenir « ce genre de secte appelée ‘Seekers’ » (Oliver Cromwell, « Letter to His Daughter, 25 oct. 1643 », dans Cromwell, édition Maurice Ashiey, Englewood Cliffs, New Jersey, Prentice Hall, 1969, p. 14). Il est intéressant de remarquer que Roger Williams, quand il était enfant, vécut près de la place de Smithfield où Legate fut exécuté ; il est possible qu'il ait entendu certaines de ses doctrines.

 

      La société anglaise comptait, parmi ses membres les plus éminents, de nombreux Seekers et sympathisants. Par exemple : Sir Henry Vane, principal porte-parole au Parlement ; John Jackson, ministre des finances sous Oliver Cromwell ; le poète John Milton ; et Oliver Cromwell en personne. Cromwell conclut une lettre à sa fille Élizabeth par cette phrase : « Et donc le fait d'être un Seeker consiste à faire partie de la meilleure secte après celle des ‘trouveurs’, ce que deviendront à la fin tous les Seekers fidèles et humbles. Heureux celui qui cherche, car il trouvera ».

 

      Que devinrent les Seekers ? Ils n'établirent pas d'Église parce qu'ils ne croyaient pas détenir l'autorité. Ils ne purent donc pas subvenir à leurs propres besoins spirituels. Ce même John Jackson qui servit Cromwell dit que beaucoup de fidèles, fatigués d'attendre, partirent en disant : « Venez, retournons en Égypte chercher du pain. Il vaut mieux être nourri par les corbeaux (les ministres presbytériens portant des soutanes noires) que de mourir de faim » (John Garrett, Roger Williams, Witness Beyond Christianism, Londres, The Macmillan Co., 1970, p.171).  D'autres devinrent Quakers.

 

      Le petit groupe de Seekers vécut et mourut au cours du dix-septième siècle. Ce n’est que 170 ans plus tard, en 1830, que Joseph Smith reçut les clefs du Rétablissement. Les saints des derniers jours sont les « heureux qui ont trouvé » dont parlait Oliver Cromwell. Ils ont reçu le don tant recherché par les Seekers. Grâce au travail généalogique des saints des derniers jours, de nombreux Seekers du dix-septième siècle ont désormais accès aux bénédictions de l'Évangile qu’ils recherchaient. 

 

 

Source : L’Étoile, août 1984, p. 56-57