À
propos des enfants vivant dans des foyers
dont
les parents sont de même sexe
D.
Todd Christofferson
Membre
du Collège des Douze
Entretien
de D. Todd Christofferson, du Collège des Douze, avec Michael
Otterson, directeur général des Affaires publiques de
l’Église, en novembre 2015
Michael
Otterson : Comment décririez-vous votre rôle de
dirigeant dans l’Église ?
D.
Todd Christofferson : Les responsabilités comprennent
bien entendu des questions administratives mais, avant tout, il
s’agit d’un ministère. Mes collègues
et moi nous rendons très souvent dans de nombreux endroits du
monde pour faire ce que le Seigneur a commandé à Pierre
de faire et nous nourrissons ses brebis. Nous comprenons les questions
qui se posent. Elles sont difficiles, délicates ; elles
touchent nos cordes sensibles et sont bien réelles. Il s’agit
de la famille ; il s’agit d’amour et particulièrement
de l’amour du Sauveur et de la manière dont il veut que
les gens soient aidés, nourris et édifiés ; ce
sont toutes les motivations qui sous-tendent nos efforts.
Michael
Otterson : Le 5 novembre, l’Église a apporté des
changements au Manuel d'instructions au sujet du mariage entre personnes de même
sexe et de sa politique en ce qui concerne les enfants de partenaires
homosexuels. Pouvez-vous expliquer pourquoi cela était
nécessaire ?
D.
Todd Christofferson : Nous considérons le mariage entre
personnes de même sexe comme un type de péché
particulièrement grave ou important, et sérieux, qui
exige une action disciplinaire de l’Église. Cela
signifie que l’action disciplinaire est obligatoire. La
clarification n’impose pas les conclusions, mais stipule qu’une
action disciplinaire est nécessaire dans de tels cas. C’est
une déclaration qui écarte toute question ou tout doute
pouvant exister. Nous reconnaissons que les mariages entre personnes
de même sexe sont maintenant légaux aux États-Unis
et dans d’autres pays et que les gens ont le droit, s’ils
le désirent, de contracter une telle union, et nous le
comprenons. Mais ce droit n’existe pas dans l’Église.
Voilà en quoi consiste la clarification.
Michael
Otterson : Au cours des dernières années, l’Église
a fait preuve de compréhension et d’acceptation envers
les personnes qui ressentent une attirance pour des personnes de même
sexe ; cependant, cette politique semble plutôt radicale.
Qu’est-ce qui a vraiment mené à ce changement
dans le manuel ?
D.
Todd Christofferson : Dans une certaine mesure, c’est venu de
questions qui se sont posées dans différentes parties
du monde et des États-Unis. À la suite de la décision
de la Cour suprême des États-Unis, il fallait faire une
distinction entre ce qui est légal et ce qui est la loi de
l’Église et la loi du Seigneur, et déterminer
comment réagir. C’est donc une question de clarté,
une question de distinction entre ce qui est bien et ce qui est
mal, une question de politique ferme qui ne laisse pas place au
questionnement ni au doute. Nous pensons qu’il est possible et
indispensable, et qu’il nous incombe, en tant que disciples du
Seigneur Jésus-Christ, de prodiguer de l’amour et de la
sympathie, de l’aide et de la fraternité, et des
services, en faisant tout ce que nous pouvons pour les autres, et en
même temps de conserver les principes qu’il a fait
valoir. C’était le modèle du Seigneur. Il a
toujours été ferme sur ce qui était bien et
ce qui était mal. Il n’a jamais trouvé d’excuse
ni fermé les yeux devant le péché. Il n’en
a jamais redéfini les normes. Il n’a jamais changé
d’avis. C’était ce que c’était et
c’est ce que c’est ; voilà notre position mais,
bien entendu, sa compassion était sans égale et son
désir, son empressement et ses efforts à s’occuper
des gens, à les guérir, à les bénir, à
les édifier et à les amener sur le chemin qui conduit
au bonheur n’ont jamais cessé.C’est ce que nous
faisons. Nous n’allons pas nous arrêter. Nous n’allons
pas renoncer aux efforts que nous faisons pour aider les gens à
trouver ce qui apporte le bonheur, mais nous savons que le péché
n’y contribue pas. Nous allons donc rester fermes parce que
nous ne voulons pas tromper les gens. Ce n’est pas faire preuve
de bonté que d’égarer les personnes et de les
amener à une mauvaise compréhension de ce qui est vrai,
de ce qui est juste, de ce qui est injuste, de ce qui conduit au
Christ et de ce qui éloigne du Christ.
Michael
Otterson : En quoi les enfants de partenaires de même sexe
posent-ils un problème ?
D.
Todd Christofferson : Pour répondre à votre
question, laissez-moi vous dire que je ne parle pas seulement en tant
qu’apôtre dans l’Église, mais en tant que
mari, père et grand-père. Comme ceux qui ont ces appels
plus durables, j’éprouve de la compassion, de la
sympathie et de tendres sentiments. Cette politique est donc née
de la compassion. Elle procède d’un désir de
protéger l’innocence des enfants jusqu’à
leur majorité. Par exemple, lors d’une bénédiction
officielle et de l’attribution d’un nom à un
nouveau-né, ce qui se produit quand les deux parents d’un
enfant sont membres de l’Église, cela entraîne
beaucoup de choses. Tout d’abord, un dossier de membre est créé.
Des assignations pour les instructrices visiteuses et les
instructeurs au foyer sont données. On s’attend aussi à
ce que l’enfant fasse partie de la Primaire et d’autres
organisations de l’Église. Et cela risque de ne pas être
acceptable dans le milieu familial, dans le foyer où ils
vivent avec deux parents de même sexe. Nous ne voudrions pas que
des conflits surviennent à cause de ce genre de situations.
Nous ne voulons pas que l’enfant vive le dilemne dans lequel ses parents sont d’un certain avis
alors que les attentes dans l’Église sont très
différentes. Ainsi en est-il de toutes les ordonnances, y
compris le baptême. Le temps viendra pour cela, quand l’enfant
atteindra sa majorité, s’il ressent que c’est ce
qu’il veut et qu’il peut prendre une décision
éclairée à ce sujet. Rien n’est perdu pour
lui au bout du compte si c’est la direction qu’il
choisit. Entre-temps, l’enfant ne sera pas placé dans
des situations où les difficultés, les défis et
les conflits pourraient nuire à son développement dans
sa tendre enfance.
Il
existe un parallèle entre les familles polygames et les
couples de même sexe unis par le mariage. Depuis des
générations, nous appliquons le même genre de
lignes directrices en ce qui a trait aux enfants issus de familles
polygames ; nous ne leur administrons pas ces
ordonnances quand ils sont dans ce genre de contexte familial, et ce,
jusqu’à leur majorité. Nous faisons face à
une situation similaire ici ; elle nous est familière. C’est
une pratique qui a cours depuis des générations et qui
est comparable.
Michael
Otterson : Il y a aussi des conditions provisoires pour une personne
qui a atteint l’âge de la majorité et qui souhaite
remplir une mission dans l’Église, mais qui provient
d’une union ou d’une famille de conjoints de même
sexe. Une condition énonce qu’elle doit rejeter la
notion de mariage de même sexe. Non pas rejeter ses parents,
mais le mariage de même sexe. Qu’est-ce qui sous-tend ce
raisonnement ?
Elder
Christofferson : On peut une fois de plus faire un parallèle
avec la polygamie. Pour quiconque provient d’un contexte
polygame et souhaite faire une mission, il doit être entendu
que la polygamie est un péché et que cette personne ne
doit pas y adhérer. Ces personnes doivent rejeter le concept
du mariage plural. On a affaire au même type de cas ici. Elles
rejetteraient – elles accepteraient serait une meilleure façon
de dire les choses, la doctrine et les pratiques de l’Église
en ce qui a trait au mariage homosexuel. Elles ne diraient pas, comme
vous l’avez précisé, qu’elles rejettent
leurs parents mais plutôt qu’elles rejettent cette
pratique.
Michael
Otterson : Récemment, beaucoup
d’attention a été accordée à la
campagne et au message de l’Église sur l’importance
d’être juste envers tout le monde – le concept «
d’équité pour tous », qui a été
souvent repris. Comment cette conception, particulièrement en
ce qui a trait à l’attirance entre personnes de même
sexe, s’insère-t-elle dans ce contexte ?
D.
Todd Christofferson : Elle s’insère très bien.
C’est en fait deux aspects d’une même question.
D’une part, nous avons travaillé avec des gens – et nous
continuerons de le faire – pour protéger les droits, les
logements, les emplois et des choses de ce genre pour tous. D’autre
part, il doit exister un respect et une reconnaissance des droits des
communautés religieuses afin qu’elles puissent établir
leurs propres normes, vivre conformément à ces
principes, enseigner leur doctrine – le mariage dans le cas qui
nous occupe – et s’y conformer. L’Église ne
vise évidemment pas à faire une quelconque manipulation
mentale ; les gens ont d’ailleurs des opinions différentes.
Les problèmes surgissent quand des personnes se posent en
défenseurs et militent contre les normes établies et
contre les positions claires et déclarées de l’Église,
qui ont été répétées à
maintes reprises, comme c’est le cas aujourd’hui.
Michael
Otterson : Il existe d’autres ordonnances, comme les
bénédictions pour les malades quand un bébé
n’est pas bien. La politique exclue-t-elle aussi ce genre de
bénédictions, ou s’applique-t-elle seulement à
l’appartenance officielle d’un membre ?
D.
Todd Christofferson : Quand nous parlons de bénédictions,
des bénédictions de la prêtrise, données
aux malades ou à ceux qui ont besoin de réconfort et de
conseils, nous parlons de bénédictions offertes à
tous. Elles peuvent être données
tout au long de la vie, depuis l’enfance et tant que ce sera le
désir des parents et de l’enfant. Nous tenons à cela.
Michael
Otterson : Si, par exemple, un grand-père souhaitait donner
une bénédiction pour les malades ou une bénédiction
de guérison à son petit-enfant, avec la permission des
parents, cela serait autorisé ?
D.
Todd Christofferson : Assurément. Partout
où le besoin d’une bénédiction pour être
guidé ou aidé se présente, elle peut être donnée. Nous
tenons à cela.
Source
:
http://mormonmediastahiti.blogspot.fr/2015/11/interview-delder-d-todd-christofferson.html