La justice


Marvin K. Gardner


La justice constitue un vaste groupe de concepts et de traits. Comme pour le « tsédek » en hébreu biblique et le « dikaïosunê » grec, le mot « justice » décrit la vie religieuse idéale dont la norme est un comportement saint. La justice est une bonne conduite à tous points de vue devant Dieu et parmi les hommes. Les Écritures donnent les perspectives suivantes :

La justice est finalement synonyme de sainteté ou de piété. Le Christ lui-même est connu comme « juste » (Moï. 7:45, 47) et en tant que « Fils de la Justice » (3 Né. 25:2). Ses « voies sont la justice à jamais » (2 Né. 1:19).

L'état de justice est accessible à l'humanité par la rédemption du Christ quand on naît de Dieu : « Ne t'étonne pas de ce que toute l'humanité, oui, les hommes et les femmes… doivent naître de nouveau ; oui, naître de Dieu, changer de leur état charnel et déchu à un état de justice, étant rachetés par Dieu, devenant ses fils et ses filles » (Mos. 27:25).

Les termes « juste » et « justice » s'appliquent également aux mortels qui, quoique assaillis par les faiblesses et la fragilité, cherchent à aller au Christ. Dans ce sens, justice n'est pas synonyme de perfection. C'est un état dans lequel une personne va vers le Seigneur, aspirant à la sainteté, se repentant continuellement de ses péchés et s’efforçant honnêtement de connaître et d’aimer Dieu et de suivre les principes et les ordonnances de l'Évangile. Les saints de Dieu sont invités à faire « les œuvres de la justice » (D&A 59:23) et à « produire beaucoup de justice » (D&A 58:27).

La notion de justification est inhérente au concept de justice. Il est impossible aux mortels limités de vivre dans l'obéissance parfaite aux lois de Dieu ou d’expier de manière infinie leurs péchés. « Car tous ont péché, écrit Paul, et sont privés de la gloire de Dieu » (Ro. 3:23). L'expiation du Christ réconcilie miséricordieusement les exigences de la justice, permettant aux mortels repentants d’être justifiés devant Dieu.

Quand Saul de Tarse vit le Christ ressuscité sur le chemin de Damas, « tremblant et saisi d'effroi, il dit : Seigneur, que veux–tu que je fasse ? » (Ac. 9:6). À partir de ce moment-là, il chercha à connaître la volonté de Dieu et à vivre en conséquence. Mais il se lamenta aussi de ses faiblesses de mortel : « Car je sais qu’en moi, c'est-à-dire dans ma chair, ne demeure rien de bon … seulement en Christ » (TJS, Ro. 7:19). « Il n'y a point de juste, pas même un seul » (Ro. 3:10). Cependant, comme tous les apôtres et prophètes, Paul enseigna également le message glorieux que, par la grâce du Christ, les mortels peuvent se « dépouiller… du vieil homme » – leur moi déchu et pécheur – et « revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité » (Ép. 4:22, 24).

Les Écritures abondent en exhortations semblables de fuir la méchanceté, d’accepter la grâce du Seigneur et d’aller au Christ en justice. « Ô misérable que je suis ! s’exclame Néphi. Oui, mon cœur est dans l’affliction à cause de ma chair ; mon âme est dans la désolation à cause de mes iniquités. » Mais reconnaissant le Sauveur comme « rocher de [sa] justice », Néphi s’écrie : « Ô Seigneur, veux-tu racheter mon âme ?… Veux-tu me rendre tel que je tremble à la vue du péché ?… Veuille m’envelopper du manteau de ta justice ! » (2 Né. 4:17-35).

La justice commence dans le cœur – le « cœur brisé ». Elle commence quand les personnes se voient là où elles sont vraiment : dans un état déchu, comme des « créatures indignes » qui sont incapables de s’extraire de leurs péchés. Quand elles se rendent compte du gouffre monumental entre « la grandeur de Dieu et [leur] propre néant », leur cœur se brise et elles « [s’humilient] dans les profondeurs de l'humilité, invoquant quotidiennement le nom du Seigneur, et demeurant avec constance dans la foi » (Mos. 4:11).

Les âmes justes cherchent alors à devenir justes devant le Seigneur en demandant sincèrement pardon. Quand le Seigneur leur donne les bénédictions de sa grâce, elles réagissent avec une fidélité encore plus grande, un amour plus grand, une obéissance plus grande. Même si elles ne peuvent pas atteindre la justice parfaite dans la condition mortelle, leur vie est irréprochable « ainsi qu’il convient à des saints » (Ép. 5:3).

Les Écritures permettent de se faire une bonne idée de ce que sont l’attitude, le comportement et les croyances qui constituent la base d'une vie juste (par exemple, 2 Pi. 1:4-8 ; D&A 4:5-6). Notamment, dans le sermon sur la montagne (Mt. 5-7 ; cf. 3 Né. 12-14), Jésus révèle la signification de la justice, le modèle qu’il a montré par sa propre vie :

Ceux qui cherchent la justice deviennent humbles, pauvres en esprit. Ils révèrent le Seigneur, reconnaissant que « tout ce qui est bien vient de Dieu » (Mro. 7:12).

Ils pleurent pour leurs péchés et leur « tristesse selon Dieu produit une repentance » (2 Co. 7:10). Pleins de compassion, ils sont prêts « à pleurer avec ceux qui pleurent, oui, et à consoler ceux qui ont besoin de consolation » (Mos. 18:9).

Les justes s’efforcent d'être doux – gentils et longanimes, généreux, dévoués, patients, remplis d’amour pour leurs ennemis, ils « ne s’enfle[nt] point d’orgueil » et « ne s’irrite[nt] point » (1 Co. 13:4-5).

Ayant faim et soif de justice, ils recherchent continuellement le Seigneur par la prière sincère, le jeûne, l'étude des Écritures, le culte du sabbat et le service dans les saints temples.

Ils cherchent à être compatissants, à pardonner comme ils voudraient être pardonnés, à juger comme ils voudraient être jugés, à aimer comme ils voudraient être aimés, à servir comme ils voudraient être servis (D&A 38:24-25).

Ils cherchent à avoir le cœur pur en ne soupçonnant point le mal, en n’étant point envieux et en ne se réjouissant point de l'iniquité, mais en se réjouissant de la vérité (1 Co. 13:4-6). Ils sont honnêtes dans leurs alliances avec Dieu et dans leurs relations avec leurs semblables. Ils sont chastes et aussi vertueux.

Ceux qui recherchent la justice procurent la paix. Ils évitent les querelles, la colère et la médisance. Ils sont pour la bonne volonté et la fraternité ; ils cherchent à réaliser la volonté de Dieu et son royaume sur terre comme ils le sont aux cieux.

Persécutés à cause de la justice ou quand ils sont l’objet d’insultes ou de diffamation pour leur loyauté au Seigneur, ils endurent tout et supportent tout (1 Co. 13:7).

Ces descriptions de la justice que l’on trouve dans les Écritures ne doivent pas être ramenées à des listes que l’on peut cocher hypocritement. Elles sont des rappels constants qui se trouvent sur le chemin qui mène à Dieu, qui a promis un Consolateur – le Saint-Esprit – pour servir de guide sur ce chemin (Jn. 14:26).

Le Seigneur prend plaisir à « honorer ceux qui [le] servent en justice » (D&A 76:5). Au dernier jour, « les justes, les saints du Saint d'Israël, ceux qui ont cru au Saint d'Israël, ceux qui ont enduré les croix du monde et en ont méprisé la honte, hériteront le royaume de Dieu qui a été préparé pour eux dès la fondation du monde, et leur joie sera pleine à jamais » (2 Né. 9:18).

Bibliographie

Benson, Ezra T. "A Mighty Change of Heart." Ensign 19 (Oct. 1989) :2-5.

McConkie, Bruce R. "The Dead Who Die in the Lord." Ensign 6 (Nov. 1976) :106-8.

Scoresby, A. Lynn. "Journey Toward Righteousness." Ensign 10 (Jan. 1980) :52-57.


Encyclopédie du mormonisme, 1992, traduction Marcel Kahne