ENCYCLOPÉDIE DU MORMONISME
 

Macmillan Publishing Company, 1992


– Extraits –

 

Traduction : Marcel Kahne
Source : www.idumea.org (avec autorisation)




A  B  C  D  E  F  G  H  I  J  K  L  M  N  O  P  R  S  T  V  Y





A

Abinadi
Auteur  : CRAMER, LEW W.
 
Abinadi (150 av. J.-C.) est un prophète courageux et le martyr le plus connu du Livre de Mormon. Son ministère et son exécution racontés au cœur du livre de Mosiah renforcent le contraste entre le roi juste Benjamin et le méchant roi Noé. Alma l’Ancien, un témoin oculaire converti, écrira les paroles principales d'Abinadi peu de temps après qu’elles auront été prononcées (Mos. 17:4).
 
Abinadi appartient à un petit groupe de Néphites réactionnaires qui était retourné de Zarahemla, une génération plus tôt, pour récupérer auprès des Lamanites la ville de Néphi, la capitale néphite traditionnelle, et son temple. Quand les excès du roi et des prêtres néphites apostats deviennent intolérables, Abinadi reçoit du Seigneur le commandement de dénoncer publiquement leurs abominations ; il prophétise leur captivité et leurs afflictions à venir. Noé le condamne à mort pour ceci, mais il s’échappe.
 
On ne sait pas où il vit pendant son exil. Les ressemblances entre ses paroles et celles de Benjamin (cf. Mos. 16:1 ; 3:20 ; 16:5 ; 2:38 ; 16:10-11 ; 3:24-25) pourraient signifier qu'il a passé un certain temps à Zarahemla avec le roi Benjamin et son peuple (Pa. 1:16-17) ou qu’il a reçu des révélations semblables pendant cette période.
 
Après deux ans, ayant de nouveau reçu du Seigneur le commandement de prophétiser, Abinadi retourne, déguisé, dans la ville de Néphi. Devant la foule, il lance, au nom du Seigneur, une malédiction contre le peuple impénitent, contre son pays et son grain, prédisant sans détour la destruction et une servitude humiliante, rappelant les souffrances d'Israël en Égypte. Dans une malédiction sans appel, comme celles utilisées au Proche-Orient antique pour condamner ceux qui violent leurs alliances, il témoigne que la vie de Noé « sera estimée comme un vêtement dans une fournaise ardente » (Mos. 12:3).
 
Le peuple se saisit de lui, le ligote, le livre à Noé et l’accuse de mentir au sujet du roi et de prophétiser faussement. Les deux chefs d’accusation sont des violations en vertu de leur loi, la Loi de Moïse (Mos. 13:23 ; Ex. 20:16 ; De. 18:20-22). La nature double des accusations semble avoir compliqué le procès qui en résulte, le roi ayant comme d’habitude pouvoir en matière de politique et les prêtres en matière de questions religieuses.
 
Le procès se concentre d'abord sur l’accusation de fausse prophétie. Les prêtres invitent Abinadi à interpréter Ésaïe 52:7-10. Ils pensaient sans doute que ce texte montre que Dieu a consolé leur propre peuple puisque celui-ci a vu le pays « racheté ». Selon eux, alors qu'Ésaïe chantait les louanges de ceux qui apportaient de « bonnes nouvelles », Abinadi, lui, dit du mal. Selon cette interprétation, les malédictions d'Abinadi sont en conflit avec Ésaïe et les prêtres les considèrent comme fausses et illégales.
 
Abinadi réfute les prêtres de plusieurs manières. Il les accuse de mal comprendre la loi et d’y désobéir. Il parvient à leur faire admettre que le salut exige l'obéissance à la loi, après quoi il leur rappelle les dix commandements, la loi fondamentale de l'alliance qu'ils n'ont pas gardée. Il résiste miraculeusement à la tentative du roi de le faire taire « et son visage brillait d'un resplendissement extrême, comme celui de Moïse pendant qu'il était sur la montagne du Sinaï » (Mos. 13:5). Il cite ensuite Ésaïe 53 et explique le rapport de ce passage avec le futur Messie.
 
Les paroles prophétiques d'Abinadi sont parmi les plus puissantes du Livre de Mormon. Il explique l’ « aspect » et la venue de Dieu mentionnés dans Ésaïe 52:14 et 53:2 (Mos. 13:34 ; 14:2) comme la venue d'un Fils dans la chair, étant « le Père et le Fils » (Mos. 15:1-5). Il enseigne aussi que Dieu souffrira comme une « brebis muette devant ceux qui la tondent » (És. 53:7 ; Mos. 14:7). Abinadi est alors en mesure de répondre à la question des prêtres au sujet d'Ésaïe 52:7-10. Il proclame que ceux qui « déclareront sa postérité » (voir Mos. 15:10) et « publient la paix » (voir Mos. 15:14) sont les prophètes de Dieu et qu’eux et tous ceux qui écoutent leurs paroles sont sa « postérité » (Mos. 15:11, 13). Ils sont ceux qui apportent vraiment des « bonnes nouvelles » de salut, de rédemption, de réconfort par le Christ et du règne de Dieu au jour du jugement.
 
Utilisant le texte d'Ésaïe, Abinadi montre que Dieu ne pourrait pas racheter le peuple de Noé qui s'est obstinément rebellé contre la Divinité et que la vraie rédemption n’est possible que par le repentir et l'acceptation du Christ. Il montre aussi que ses prophéties ne contredisent pas le texte d'Ésaïe cité par les prêtres.
 
Noé veut qu'Abinadi soit mis à mort, l’accusant d’avoir porté un faux témoignage contre lui, le roi. Un jeune prêtre appelé Alma atteste vaillamment l'exactitude du témoignage d'Abinadi, sur quoi il est expulsé et le procès est suspendu pendant trois jours pendant lesquels Abinadi est gardé en prison.
 
Quand le procès reprend, Abinadi est probablement accusé de blasphème (Mos. 17:8), encore une infraction capitale en vertu de la loi de Moïse (Lé. 24:10-16). Noé lui donne l'occasion d’abjurer, mais Abinadi refuse de changer le message de Dieu, même face à des menaces de mort.
 
Noé est intimidé et pense à le libérer, mais les prêtres accusent Abinadi d'un quatrième délit, celui d’insulter le roi (Mos. 17:12 ; Ex. 22:28). C’est pour ce motif que Noé va condamner Abinadi, et les prêtres vont le flageller et le brûler. Il était normal, en vertu de la loi mosaïque, que ce soient les accusateurs qui infligent le châtiment, mais la mort par le feu est une forme extraordinaire d'exécution. Elle reflète le crime dont Abinadi est accusé : il est brûlé tout comme il a dit que la vie de Noé serait estimée comme un vêtement dans une fournaise ardente. En mourant, il prophétise que ses accusateurs connaîtront le même destin. Cette prophétie ne tardera pas à s’accomplir (Mos. 17:15-18 ; 19:20 ; Al. 25:7-12).
 
Les Néphites vont se rappeler Abinadi dans au moins trois rôles :
 
1. Pour Alma, son converti principal, Abinadi est un prophète du Christ. Alma enseignera les paroles d'Abinadi au sujet de la mort et de la résurrection du Christ, de la résurrection des morts, de la rédemption du peuple de Dieu (Mos. 18:1-2) et du grand changement de cœur par la conversion (Al. 5:12). Grâce aux descendants d'Alma, Abinadi va influencer les Néphites pendant des siècles.
 
2. Pour Ammon, qui sera témoin du martyre de 1.005 de ses propres convertis (Al. 24:22), Abinadi reste le martyr par excellence « à cause de sa croyance en Dieu » (Al. 25:11 ; cf. Mos. 17:20 ; voir aussi Mos. 7:26-28). C’est ce qui est reconnu comme étant la vraie raison de la mort d'Abinadi, puisque l’accusation d’insulte au roi lancée par les prêtres se révèle être un faux prétexte.
 
3. Pour Mormon, témoin de la décadence et de la destruction des Néphites cinq cents ans plus tard, Abinadi reste celui qui a prophétisé que, pour cause de méchanceté, le malheur s’abattrait sur le pays et que les méchants seraient totalement détruits (Mrm. 1:19 ; cf. Mos. 12:7-8).
 
Bibliographie
Welch, John W. "Judicial Process in the Trial of Abinadi". Provo, Utah, 1981.
LEW W. CRAMER
 
Abraham
 
[Cette rubrique comprend cinq articles :
Livre d’Abraham : Origine du livre d’Abraham
Abraham : Traduction et publication du livre d’Abraham
Abraham : Contenu du livre d’Abraham
Abraham : Fac-similés du livre d’Abraham
Abraham : Études sur le livre d’Abraham
 
Le livre d’Abraham rapporte de manière autobiographique la première partie de la vie d’Abraham et est l’un des textes du recueil d’Écritures des saints intitulé Perle de grand prix. L’article Origine du livre d’Abraham raconte la découverte et l’achat des papyrus de Joseph Smith et les événements aboutissant à la publication du livre d’Abraham lui-même. L’article Traduction et publication du livre d’Abraham donne quelques brefs détails sur le processus par lequel Joseph Smith a produit le texte du livre d’Abraham et l’histoire de sa parution comme ouvrage imprimé. L’article Contenu du livre d’Abraham examine d’une manière générale les événements relatés dans le livre, notamment la délivrance miraculeuse d’Abraham de la mort et l’alliance de Dieu avec lui avant qu’il quitte sa patrie. Fac-similés du livre d’Abraham donne une introduction aux illustrations égyptiennes antiques qui sont actuellement publiées avec l’œuvre et évalue leur lien avec le texte. Les études publiées jusqu’ici sur le livre d’Abraham sont traitées dans Études sur le livre d’Abraham.]
 
Livre d’Abraham  : Origine du livre d’Abraham
Auteur : PETERSON, H. DONL
 
En juillet 1835, tandis qu’il habitait Kirtland (Ohio), le prophète Joseph Smith acheta, au nom de l’Église, pour $2400, quatre momies égyptiennes et les papyrus qui les accompagnaient à Michael H. Chandler, un montreur itinérant de Pennsylvanie. Chandler avait acquis onze momies début 1833 et avait vendu les sept autres dans l’Est des États-Unis avant de rencontrer Joseph Smith. Peu après avoir obtenu les antiquités, Joseph Smith annonça que les papyrus contenaient des écrits des patriarches Abraham et Joseph, qui avaient tous deux habité en Égypte (Ge. 12:37, 39-50).
 
Ces antiquités avaient été exhumées par Antonio Lebolo sur la rive occidentale du Nil en face de la ville antique de Thèbes (aujourd’hui Louxor), probablement entre 1817 et 1821. Lebolo, né à Castellamonte, au Piémont (nord de l’Italie), avait été gendarme pendant l’occupation de la botte italienne par Napoléon. Quand celui-ci fut battu, Lebolo préféra l’exil à la perspective de l’emprisonnement au moment de la réapparition de la monarchie sarde. Il alla s’installer en Égypte, où il fut employé par Bernardino Drovetti, ancien consul général de France en Égypte, pour superviser ses fouilles en Haute-Égypte. Drovetti permit également à Lebolo de faire ses propres fouilles. Lebolo découvrit onze momies bien conservées dans un grand tombeau. Du fait que Lebolo dirigeait plusieurs centaines d’hommes qui faisaient des fouilles à différents emplacements, l’endroit exact n’a pas été identifié. Les momies furent envoyées à Trieste, où Lebolo autorisa Albano Oblasser, un magnat de l’import export, à les vendre en son nom. Lebolo mourut le 19 février 1830 à Castellamonte. Oblasser expédia les onze momies à deux compagnies maritimes à New York, McLeod et Gillespie, et à Maitland et Kennedy, pour qu’ils les vendent à quiconque payerait une somme appropriée. Le montant devait être envoyé aux héritiers de Lebolo. Chandler les acheta en hiver ou au début du printemps 1833. Il prétendait que Lebolo était son oncle, mais cette parenté n’a pas été confirmée.
 
On sait maintenant qu’une partie de la littérature abrahamique révèle des liens avec l’Égypte. Par exemple, le Testament d’Abraham – probablement d’abord écrit en grec – provient presque certainement d’Égypte. L’insertion d’une personnalité biblique telle qu’Abraham dans les scènes hiéroglyphiques égyptiennes est une technique juive connue depuis la période hellénistique (Grobel, p. 373-382). Il n’est donc pas étonnant que des textes égyptiens soient d’une certaine façon liés à la parution du livre d’Abraham.
 
Selon certains égyptologues, les écrits d’Abraham acquis par Joseph Smith doivent dater du début de l’ère chrétienne. Cette datation n’est pas sans précédent. Le Testament d’Abraham, édité au départ par M. R. James en 1892, a été décrit par lui comme étant « un écrit judéo-chrétien du deuxième siècle composé en Égypte » (Nibley, p. 20-21).
 
L’identité des momies n’est pas connue, puisqu’il n’y a aucune source primaire qui les identifie.
 
Bibliographie
Grobel, K. « … Whose Name Was Neves ». New Testament Studies 10 (1963-1964), p. 373-382.
Nibley, Hugh W. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.
Peterson, H. Donl. The Pearl of Great Price : A History and Commentary. Salt Lake City, 1987.
H. DONL PETERSON
 
Livre d’Abraham : Traduction et publication du livre d’Abraham
Auteur : PETERSON, H. DONL
 
Le 10 octobre 1880, lors d’une conférence générale, les membres de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours votèrent pour accepter le livre d’Abraham comme ouvrage scripturaire. Plusieurs idées ont été avancées concernant le processus par lequel le prophète Joseph Smith a réalisé l’œuvre. Bien que ses associés et lui aient commencé un « alphabet et grammaire égyptiens » tandis qu’ils étudiaient les papyrus, le but de ce travail est obscur. Il n’a jamais été fini, expliqué ou publié par Joseph Smith ni aucun de ses successeurs. Cependant, il est certain qu’il a commencé à travailler à Kirtland sur les papyrus égyptiens concernés peu après les avoir achetés à Michael H. Chandler en 1835.
 
Il est probable que personne aux États-Unis en 1835 n’aurait pu interpréter des hiéroglyphes égyptiens par les techniques ordinaires de traduction. Le prophète dit que quand il avait traduit les plaques d’or du Livre de Mormon » à partir du texte en « égyptien réformé » (1827-1829), il l’avait fait « par le don et le pouvoir de Dieu ». De même, ce fut principalement l’inspiration divine plutôt que sa connaissance des langues qui fut à l’origine du texte anglais du livre d’Abraham. Sa méthodologie précise demeure inconnue.
 
Le 5 juillet 1835, le prophète écrivit : « J’ai commencé la traduction de certains des caractères ou hiéroglyphes et, à notre grande joie, j’ai constaté qu’un des rouleaux contenait les écrits d’Abraham… Vraiment nous pouvons dire que le Seigneur commence à révéler l’abondance de la paix et de la vérité » (HC 2:236). Après quelques retards, Joseph Smith désigna, le 2 novembre 1837, deux hommes pour lever des fonds pour aider à la traduction et à l’impression du livre d’Abraham. Mais à cause d’autres difficultés, il ne put rien publier pendant les quatre années qui suivirent. Le livre d’Abraham fut imprimé pour la première fois dans trois numéros du Times and Seasons, les 1er mars, 15 mars et 16 mai 1842. Ces numéros contenaient tout le livre actuel d’Abraham, dont les trois fac-similés. En février 1843, Joseph Smith promit que davantage du livre d’Abraham serait publié. Malheureusement, le harcèlement continu de ses ennemis empêcha le prophète de publier davantage du document. Il reçut une notoriété considérable quand plusieurs grands journaux de l’Est des États-Unis réimprimèrent le fac-similé 1 et une partie du texte publié dans le Times and Seasons.

En 1851, les écrits d’Abraham furent publiés en Angleterre dans la Perle de grand prix, une petite compilation faite par Franklin D. Richards, contenant certaines des traductions et des révélations de Joseph Smith. C’est cette compilation qui fut canonisée en 1880 à Salt Lake City, ce qui la plaçait au niveau des trois autres recueils ou ouvrages canoniques sacrés : la Bible, le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances.
 
En 1856, les papyrus furent vendus par la veuve de Joseph à Abel Coombs. À l’exception de quelques fragments rendus à l’Église en 1967, la localisation actuelle des papyrus est inconnue. [Voir également Papyrus, Joseph Smith.]
 
Bibliographie
Nibley, Hugh. "The Meaning of the Kirtland Egyptian Papers". BYU Studies 11, n° 4, été 1971, p. 350-399.
Peterson, H. Donl. The Pearl of Great Price : A History and Commentary. Salt Lake City, 1987.
H. DONL PETERSON
 
Livre d’Abraham : Contenu du livre d’Abraham
Auteur : THOMPSON, STEPHEN E.
 
Le livre d’Abraham dans la Perle de grand prix se compose d’un récit des relations d’Abraham avec le Seigneur dans quatre pays : la Chaldée, Charan, Canaan et l’Égypte. Cette observation est en accord avec l’expression qui introduit l’œuvre, « au pays de ». Excepté pour les événements rapportés au premier chapitre, Saraï (Sara) participe pleinement aux vicissitudes et aux triomphes de son mari.

Au début du texte, Abraham vit parmi peuple idolâtre de Chaldée (Abr. 1:1, 5-7). Mais sous le coup de fortes persécutions (1:12, 15) pour avoir prêché contre sa méchanceté, il décide d’émigrer. L’opposition officielle qui en résulte vaut presque à Abraham d’être la victime d’un sacrifice humain (1:12-15). Quand il prie pour avoir l’aide divine, un ange le sauve et lui promet qu’il sera conduit dans un nouveau pays et qu’il recevra la prêtrise (1:15-19).
 
Quand la famine prophétisée par l’ange arrive en Chaldée (1:29-30), Abraham part avec Saraï, son neveu Lot, et sa famille, avec son père, Térach, dans son sillage (2:4). Une fois qu’ils sont installés à Charan, le Seigneur commande à Abraham de continuer vers Canaan et lui révèle les éléments de base de l’alliance abrahamique (2:6-11). À cause de la famine, Abraham va en Égypte, où le Seigneur lui commande – et c’est là un détail qui est absent dans Genèse 12:11-13 – de présenter Saraï comme sa sœur, afin que les Égyptiens ne le tuent pas (2:21-25).
 
Au troisième chapitre, Abraham décrit une vision qu’il a reçue par un urim et un thummim au sujet des mondes créés par Dieu, des esprits prémortels des hommes et du Conseil dans les cieux où les dieux (cf. Jn. 1:1-4, 14 ; Hé. 1:1-3) planifièrent la création de la terre et de l’humanité. Les quatrième et cinquième chapitres racontent la réalisation de ces plans et le placement d’Adam et Ève dans le jardin d’Éden.
 
Selon le récit du livre, la Chaldée était sous l’hégémonie égyptienne du vivant d’Abraham. La religion locale comprenait le culte solaire égyptien, le culte du pharaon et les sacrifices humains. La découverte du pays d’Égypte est attribuée à Égyptus, fille de Cham et d’Égyptus ; son fils aîné, dont le nom était Pharaon, créa son premier gouvernement.
 
Les contributions doctrinales du livre sont une explication plus complète de l’alliance d’Abraham et de son rapport avec l’Évangile (2:6-11) et une meilleure compréhension de la vie prémortelle (3:22-28). Pour ce qui concerne l’astronomie, il donne le nom de l’astre le plus proche de la demeure de Dieu, Kolob (3:2-4) et détaille la création de la terre par un conseil des Dieux au quatrième chapitre. Abraham 1:26-27 a été interprété par certains comme base scripturaire du refus dans le passé de donner la prêtrise aux noirs.
 
Pour ce qui est des liens avec la Bible, l’idolâtrie de Térach (cf. Jos. 24:2) et la délivrance d’Abraham par le Seigneur (cf. És. 29:22) sont détaillés dans le livre d’Abraham et dans d’autres textes antiques sur Abraham.
 
Beaucoup de thèmes du livre apparaissent dans d’autres documents littéraires antiques, notamment la lutte d’Abraham contre l’idolâtrie (Jubilés 12 ; Charlesworth, vol. 2, p. 79-80), la tentative de sacrifice d’Abraham (Pseudo-Philon 6 ; Charlesworth, vol. 2, p. 310-312) et la vision d’Abraham de l’endroit où Dieu habite, les événements dans le jardin d’Éden et les esprits prémortels (Apocalypse d’Abraham 22-23 ; Charlesworth, vol. 1, p. 700). Le commandement de Dieu à Abraham de présenter Saraï comme étant sa sœur trouve son écho dans l’Apocryphe de la Genèse (colonne 19) comme lui ayant été donné dans un songe. Abraham enseignant l’astronomie aux Égyptiens (fac-similé 3 du livre d’Abraham) se retrouve dans le Pseudo-Eupolème 9.17.8 et 9.18.2 (Charlesworth, vol. 2, p. 881-82) et dans Josèphe (Histoire ancienne des Juifs 1.8.2).
 
Bibliographie
Charlesworth, James H., dir. de publ. The Old Testament Pseudepigrapha, 2 vols. Garden City, N.Y., 1983, 1985.
Millet, Robert L., et Kent P. Jackson, dir. de publ. Studies in Scripture, Vol. 2. Salt Lake City, 1985.
Peterson, H. Donl, et Charles D. Tate, dir. de publ. The Pearl of Great Price : Revelations from God. Provo, Utah, 1989.
STEPHEN E. THOMPSON
 
Livre d’Abraham : Fac-similés du livre d’Abraham
Auteur : RHODES, MICHAEL D.
 
Trois fac-similés sont publiés avec le texte du livre d’Abraham dans la Perle de grand prix. Tous sont semblables aux illustrations égyptiennes connues par d’autres sources.
 
FAC-SIMILÉ NUMÉRO 1. Les représentations semblables au fac-similé 1 abondent dans les textes religieux égyptiens. Un exemple typique apparaît au chapitre 151 du Livre des Morts, montrant le dieu Anubis embaumant Osiris, qui se trouve sur un lit en forme de lion. Dans certains détails, tels que la position du personnage couché, le fac-similé 1 diffère des autres textes égyptiens.
 
On ne connaît l’existence du document original que pour le fac-similé 1. La comparaison des fragments de papyrus ainsi que du texte hiéroglyphique qui accompagne ce dessin démontre qu’il faisait partie d’un texte religieux égyptien connu sous le nom de Livre des Respirations. Sur la base des indications paléographiques et historiques, la date de ce texte peut être estimée avec certitude comme étant le premier siècle apr. J.-C. Étant donné que le livre d’Abraham fait allusion à cette illustration (Abr. 1:12), beaucoup en ont conclu que le Livre des Respirations doit être le texte que le prophète Joseph Smith a utilisé dans sa traduction. Comme il est clair que le Livre des Respirations n’est pas le livre d’Abraham, les détracteurs affirment que c’est la preuve concluante que Joseph Smith était incapable de traduire les documents antiques.
 
Dans les documents historiques que l’Église possède actuellement, Joseph Smith n’a jamais décrit le processus qu’il utilisait pour traduire les documents antiques. Parlant du Livre de Mormon, il a dit qu’il « n’était pas utile » qu’il raconte tous les détails de sa parution (HC 1:220 ; voir Traduction du Livre de Mormon par Joseph Smith). À plusieurs reprises, il a qualifié le livre d’Abraham de traduction (HC 4:543, 548) ; et quand le livre d’Abraham fut publié par sections dans le Millennial Star, il fut décrit comme « traduit par Joseph Smith » (juillet 1842, p. 34). Wilford Woodruff (dans son journal personnel) et Parley P. Pratt (dans le Millennial Star de juillet 1842) affirment que la traduction avait été faite au moyen de l’urim et du thummim, bien que Joseph Smith lui-même ne mentionne pas l’utilisation de cet instrument à un endroit quelconque de la traduction.
 
On doit cependant tenir compte de ce que Joseph Smith entendait par traduction. La section 7 des Doctrine et Alliances nous propose une mesure standard. Ici, le prophète, utilisant l’urim et le thummim, a traduit des « écrits faits sur parchemin par Jean ». Bien qu’on ne sache pas si Joseph Smith a eu ce document en sa possession, il en a donné une traduction. Puisqu’on ne sait pas au juste comment Joseph Smith traduisait, il est raisonnable de postuler que, en étudiant les papyrus égyptiens achetés à Michael Chandler, Joseph Smith a demandé au Seigneur de lui donner la révélation à leur sujet et a reçu dans ce processus le livre d’Abraham. Il se peut alors qu’il ait recherché dans les papyrus en sa possession des illustrations semblables à celles qu’il avait apprises par révélation. C’est une explication possible de la façon dont des dessins faits aux environs du premier siècle apr. J.-C. ont été utilisés pour illustrer le livre d’Abraham.
 
FAC-SIMILÉ NUMÉRO 2. Les égyptologues appellent le fac-similé 2 un hypocéphale (« sous la tête » en grec) et de nombreux exemplaires sont conservés dans les musées de par le monde. Leur but officiel était de maintenir le corps chaud (c.-à-d., prêt pour la résurrection) et de transformer le défunt en un dieu dans l’au-delà. Joseph Smith a expliqué que le fac-similé 2 contenait des représentations de Dieu, de la terre, du Saint-Esprit, etc. Ses explications sont généralement raisonnables à la lumière des connaissances modernes en égyptologie. Par exemple, les quatre personnages debout dans la partie inférieure du fac-similé représentent, selon Joseph Smith, « les quatre coins de la terre ». Les Égyptiens les appelaient les quatre fils d’Horus et, entre autres, ils étaient les dieux des quatre coins de la terre.
 
FAC-SIMILÉ NUMÉRO 3. Le fac-similé 3 est une scène que l’on retrouve sans cesse dans la littérature égyptienne, une scène particulièrement connue grâce au chapitre 125 du Livre des Morts. Il représente le jugement des morts devant le trône d’Osiris. Il est probable qu’il se trouvait à la fin du texte du Livre des Respirations, dont le fac-similé 1 constituait le commencement, puisque d’autres exemplaires contiennent des vignettes semblables à celle-ci. De plus, le nom de Hor, propriétaire du papyrus, apparaît dans les hiéroglyphes au bas de ce fac-similé.
 
Joseph Smith explique que le fac-similé 3 représente Abraham assis sur le trône du pharaon, enseignant les principes de l’astronomie à la cour égyptienne. Les critiques ont fait remarquer que le deuxième personnage, que Joseph Smith dit être le roi, est la déesse Hathor (ou Isis). Il y a cependant des exemples dans d’autres papyrus, qui n’étaient pas dans la possession de Joseph Smith, où le pharaon est représenté sous les traits d’Hathor. En fait, la scène entière est typique des drames rituels égyptiens dans lesquels des acteurs costumés jouaient les rôles de divers dieux et déesses.
 
En résumé, le fac-similé 1 constituait le commencement et le fac-simile 3 la fin d’un document connu sous le nom de Livre des Respirations, un texte religieux égyptien que la paléographie date de l’époque de Jésus. Le fac-similé 2, l’hypocéphale, est également un texte religieux égyptien tardif. On pourrait expliquer l’association de ces fac-similés au livre d’Abraham comme étant une tentative de Joseph Smith de trouver, dans les papyrus qu’il possédait, les illustrations qui correspondaient le mieux à ce qu’il avait reçu par révélation en traduisant le livre d’Abraham. De plus, les explications que le prophète donne de chacun des fac-similés s’accordent avec ce qui est connu aujourd’hui des pratiques religieuses égyptiennes.
 
Bibliographie
Harris, James R. "The Book of Abraham Facsimiles." Dans Studies in Scripture, Vol. 2, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson. Salt Lake City, 1985.
Nibley, Hugh. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.
Rhodes, Michael D. "A Translation and Commentary of the Joseph Smith Hypocephalus." BYU Studies 17, printemps 1977, p. 259-274.
MICHAEL D. RHODES
 
Livre d’Abraham : Études sur le livre d’Abraham
Auteur : RHODES, MICHAEL D.
 
COMMENTAIRES DOCTRINAUX. Les études doctrinales du livre d’Abraham ont habituellement été des composants de commentaires généraux sur la Perle de grand prix qui ne se concentraient pas sur le livre d’Abraham en particulier. Le Commentary on the Pearl of Great Price de George Reynolds et Janne Sjodahl (Salt Lake City, 1965) en est un exemple typique. L’étude la plus complète de cette sorte est le Doctrinal Commentary on the Pearl of Great Price (Salt Lake City, 1969) par Hyrum Andrus.
 
ÉTUDES HISTORIQUES. En 1912, la brochure Joseph Smith, Jr., as a Translator par F. S. Spaulding, évêque épiscopalien d’Utah, tentait de réaliser la première étude non mormone officielle du livre d’Abraham. Elle contenait des lettres de huit grands égyptologues sur les trois fac-similés commentant sur « l’exactitude » de leur interprétation par le prophète Joseph Smith. Les savants s’accordaient unanimement pour dire que le prophète se trompait. À l’époque, aucun savant parmi les saints des derniers jours n’était capable de réfuter leurs affirmations. Ce ne fut qu’en 1936 que J. E. Homans, qui n’était pas saint des derniers jours et qui écrivait sous le pseudonyme R. C. Webb, publia Joseph Smith as a Translator, défendant les capacités du prophète comme traducteur, mais sans traiter directement les remarques faites par les égyptologues.
 
En 1967, onze fragments des papyrus égyptiens qui avaient jadis appartenu à Joseph Smith furent redécouverts par Aziz S. Atiya et furent ensuite présentés à l’Église par le Metropolitan Museum of Art de New York. On constata que plusieurs fragments faisaient partie d’un texte religieux égyptien connu sous le nom de Livre des Respirations. Trois égyptologues de renom procédèrent rapidement à une traduction et à des commentaires sur les fragments, ce qui eut comme conséquence de nouvelles attaques à propos de « l’incapacité » de Joseph Smith comme traducteur. Les détracteurs affirmèrent que le Livre des Respirations n’avait rien à voir avec le livre d’Abraham que Joseph Smith prétendait apparemment avoir traduit de ces mêmes papyrus. En effet, le Livre des Respirations est un texte tardif qui remonte aux environs du premier siècle apr. J.-C., quelque deux mille ans après le temps d’Abraham. Hugh Nibley a systématiquement défendu Joseph Smith avec une grande compétence contre les critiques de ce type, en affirmant que le livre d’Abraham devait être évalué sur la base de ce qu’il prétend être : le récit fait par Abraham de sa vie. Les recherches de Nibley ont montré qu’il existe un nombre important de liens entre le livre d’Abraham et les textes antiques qui traitent d’Abraham. Ces ressemblances sont trop nombreuses et trop subtiles pour qu’on puisse les attribuer à la seule coïncidence.
 
Dans son explication du fac-similé 2 du livre d’Abraham, Joseph Smith affirmait que certaines informations qui s’y trouvaient ne devaient pas être révélées au monde, « mais peu[ven]t s’obtenir dans le saint temple de Dieu ». Les études sur le rituel du temple égyptien faites depuis le temps de Joseph Smith ont révélé des parallèles avec les célébrations et la doctrine du temple chez les saints des derniers jours, notamment la représentation de la création et de la chute de l’humanité, les ablutions et les onctions et le retour final des personnes en la présence de Dieu. De plus, mari, femme et enfants sont scellés ensemble pour l’éternité, la généalogie est prise au sérieux ; les hommes seront jugés selon leurs actes dans cette vie et la récompense d’une vie juste est de vivre éternellement en la présence de Dieu avec sa famille. Il n’est guère raisonnable de vouloir faire croire que tous ces parallèles se sont produits par pur hasard.
 
Un certain nombre de textes pseudépigraphiques prétendant être des récits de la vie d’Abraham sont apparus depuis le temps de Joseph Smith, comme l’Apocalypse d’Abraham et le Testament d’Abraham, des documents qui montrent des ressemblances remarquables avec le livre d’Abraham. Par exemple, au chapitre 12 du Testament d’Abraham, il y a une description du jugement des morts qui correspond dans le plus grand détail à la scène montrée dans le fac-similé 3 du livre d’Abraham et, par ailleurs, au chapitre 125 du Livre des Morts égyptien. En fait, on peut trouver dans les écrits pseudépigraphiques sur Abraham des parallèles avec presque chaque verset du livre d’Abraham.

En résumé, les nombreuses ressemblances que le livre d’Abraham et les points de doctrine des saints des derniers jours qui lui correspondent ont en commun avec les textes religieux égyptiens et les écrits pseudépigraphiques récemment découverts peuvent être une confirmation supplémentaire de l’authenticité de la traduction de Joseph Smith connue sous le nom de livre d’Abraham. Une question importante au sujet de son authenticité continue à tourner autour du point de savoir si Joseph Smith a traduit l’ouvrage au départ des fragments de papyrus que l’Église a maintenant en sa possession ou s’il a utilisé l’urim et le thummim pour recevoir le texte du livre d’Abraham par révélation, comme c’est est le cas pour la traduction du rouleau de Jean le Révélateur, que l’on trouve à la section 7 des Doctrine et Alliances ou du livre de Moïse, qui est extrait de la traduction de la Bible par Joseph Smith et qui se trouve aussi dans la Perle de grand prix. Ces exemples montrent que Joseph Smith n’avait pas besoin de posséder un texte original pour que sa traduction lui soit révélée. Dans sa fonction comme prophète, voyant et révélateur, beaucoup de voies lui étaient ouvertes pour recevoir des informations par l’inspiration divine. [Voir aussi Livre d’Abraham : Fac-similés du livre d’Abraham.]
 
Bibliographie
Ashment, Edward H. "The Facsimiles of the Book of Abraham : A Reappraisal." Sunstone 4, n° 5-6, déc. 1979, p. 33-48.
Baer, Klaus. "The Breathing Permit of Hor." Dialogue 3, n° 3, 1968, p. 109-134.
Homans, J. E. Joseph Smith as a Translator. Salt Lake City, 1936.
Nibley, Hugh. The Message of the Joseph Smith Papyri. Salt Lake City, 1975.
Nibley, Hugh. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.
Parker, Richard. "The Joseph Smith Papyri : A Preliminary Report." Dialogue 3, n° 2, 1968, p. 86-92, 98-99.
Rhodes, Michael D. "A Translation and Commentary on the Joseph Smith Hypocephalus." BYU Studies 17, printemps 1977, p. 259-274.
Spaulding, F. S. Joseph Smith, Jr., as a Translator. Brochure. Salt Lake City, 1912.
Wilson, John. "A Summary Report." Dialogue 3, n° 2, 1968, p. 67-85.
MICHAEL D. RHODES
 
Abraham
Auteur : CLARK, E. DOUGLAS
 
Peu de personnages bibliques ont une place aussi importante dans la religion des saints qu’Abraham. D’autres croient aussi qu’il a réellement existé, mais l’approche des saints est unique : Les révélations reçues par Joseph Smith confirment l’historicité de base de la Genèse et ajoutent des informations auxquelles font écho des sources antiques dont beaucoup ont été retrouvées après l’époque du prophète.
 
Le livre d’Abraham tel que rétabli par Joseph Smith raconte de manière autobiographique la jeunesse d’Abraham, expliquant pourquoi il a été choisi comme destinataire clef des promesses divines destinées au bien de l’humanité. Non seulement il avait été préordonné dans la vie prémortelle (Abr. 3:23 ; cf. Apocalypse d’Abraham 22:1-5), mais dans sa jeunesse à Ur il s’opposa à l’idolâtrie et aux sacrifices humains, ce qui, ironie des choses, lui valut d’en devenir presque victime (Abr. 1:5-20 ; cf. Genèse Rabbah 38:13). Ce qui est encore plus ironique, c’est que la délivrance de dernière minute d’Abraham par Dieu préfigurait ce qui allait se passer quand Abraham offrirait Isaac.
 
Après avoir épousé Sara et appris son droit par lignage à l’ordre patriarcal de la prêtrise tel que révélé dans les « annales des pères » (Abr. 1:2-4, 26, 31 ; 2:2 ; Jubilés 12:27 ; cf. D&A 107:40-57), Abraham se rendit à Charan, où il reçut apparemment son ordination (Abr. 2:9-11 ; WJS, p. 245, 303). Il vit aussi le Seigneur, qui lui fit des promesses remarquables : Abraham serait béni au-delà de toute mesure ; sa postérité porterait l’Évangile à toutes les nations et tous ceux qui le recevraient porteraient son nom, seraient comptés dans sa postérité et le béniraient comme étant leur père (Abr. 2:6-11 ; cf. Ge. 12:1-3).
 
Accompagnés de leurs convertis, Abraham et Sara se rendirent à Canaan (Abr. 2:15 ; Genèse Rabbah 39:14). La famine ne tarda pas à les forcer à aller en Égypte, non sans que Dieu commande au préalable à Abraham de demander à Sara de se faire passer pour sa sœur (Abr. 2:22-25 ; Apocryphe de la Genèse 19:14-21) et lui donna ensuite une vision du cosmos et de la création pour lui permettre de les enseigner aux Égyptiens (Abr. 3-5 ; cf. Sefer Yetsirah).
 
Le récit du livre d’Abraham prend fin ici, mais le dernier fac-similé du livre (le n° 3) dépeint Pharaon – qui prétend traditionnellement être seul détenteur de la prêtrise et de la royauté (Abr. 1:25-27) – honorant la prêtrise d’Abraham en lui permettant d’occuper le trône et d’enseigner l’astronomie à la cour (cf. Pseudo-Eupolème ; Josèphe, Histoire ancienne 1.viii.2). Le fait que le pharaon ait reconnu la prêtrise d’Abraham était inconnu dans toutes les autres sources antiques jusqu’à la découverte, en 1947, de l’Apocryphe de la Genèse, censé, comme le livre d’Abraham, contenir un récit autobiographique d’Abraham mais continuant le récit en Égypte (Apocryphe de la Genèse 20:8-34) : Quand le pharaon emmène Sara au palais, Abraham, en larmes, fait appel à Dieu, lequel la protège immédiatement en affligeant le pharaon. L’affliction empire, mais le pharaon finit par faire un rêve où Abraham le guérit ; le patriarche est alors convoqué et rend la santé au pharaon en lui mettant les mains sur la tête. C’est le seul exemple connu dans l’Ancien Testament ou dans les pseudépigraphes apparentés d’une guérison par imposition des mains, et il plante le décor pour la scène du livre d’Abraham. Ensemble ces deux sources expliquent pourquoi les anciens considéraient la rencontre d’Abraham avec le pharaon comme « un événement crucial dans l’histoire de l’humanité » (Nibley, 1981 [citant Wacholder], p. 63).
 
Mais c’est Sara qui se trouve face au dilemme le plus difficile en Égypte : Si elle honore la demande d’Abraham (en feignant être vierge) et ses vœux matrimoniaux (en refusant les avances du pharaon), elle risque une mort certaine. L’autre choix est simplement d’accepter son nouveau rôle avec sa richesse et son influence éblouissantes. Sara prouve sa fidélité au péril de sa vie et, comme Abraham et Isaac, est finalement sauvée par Dieu. Son sacrifice prouve son égalité avec Abraham et leur dépendance mutuelle (CWHN 1:98 ; IE 73, avr. 1970, p. 79-95).
 
D’autres sources mormones éclairent des événements ultérieurs de la vie d’Abraham, comme quand Sara, encore sans enfant après être retournée à Canaan, donne sa servante Agar à Abraham (Ge. 16:1-3) et ainsi « servit Abraham selon la loi » (D&A 132:65 ; voir aussi le verset 34) en accord avec d’anciennes sources originaires du Proche-Orient que l’on a maintenant et qui décrivent l’obligation légale d’une épouse sans enfant. Le geste de Sara démontre, dit un apôtre moderne, « son amour et sa fidélité à son mari » (JD 23:228) et est, dit Philon, l’une « des preuves innombrables » de son « amour conjugal… Partout et en tout temps elle était à ses côtés… sa vraie partenaire dans la vie et dans les événements de la vie, résolue à partager au même titre le bon et le mauvais » (À propos d’Abraham, p. xlii-xliii).
 
Les sources de l’Église décrivent en outre comment Abraham fut instruit au sujet de Jésus-Christ par Melchisédek (EPJS, p. 260-261), qui, comme prototype du Christ (TJS Ge. 14:26-36 ; Al. 13:17-19), donna à Abraham la prêtrise selon l’Ordre du Fils de Dieu (voir D&A 84:14 ; 107:2-4 ; cf. Genèse Rabbah 43:6) avec accompagnement d’ordonnances du temple préfigurant le Christ (Abraham, fac-similé 2 ; Al. 13:2, 16 ; cf. Cave of Treasures [Budge], p. 148). Plus tard, Abraham « regarda et vit les jours du Fils de l’Homme, et se réjouit » (TJS Ge. 15:9-12 ; Hél. 8:17 ; Jn. 8:56).

L’épreuve suprême d’Abraham, le sacrifice d’Isaac, fut à la fois le rappel de l’expérience antérieure d’Abraham et la préfiguration de choses à venir. Des siècles avant Jésus, un prophète du Livre de Mormon dit du sacrifice d’Isaac par Abraham qu’il était une « similitude de Dieu et de son Fils unique » (Jcb 4:4-5) tout comme beaucoup de pères chrétiens allaient le dire rétrospectivement. La vie d’Abraham symbolise donc et témoigne de son éminent descendant, Jésus, qui, parce qu’il était également le Fils de Dieu, pouvait expier pour Abraham et tous les autres.
 
La vie d’Abraham préfigure aussi celle d’un autre descendant, Joseph Smith (D&A 132:30-31), dont la prière à l’âge de quatorze ans fait écho à celle du jeune Abraham au même âge (Jubilés 11:16-17 ; JS–H 1:7-17). Les deux hommes avaient été préordonnés ; tous les deux avaient reçu la prêtrise, prêché l’Évangile et rencontré une opposition redoutable ; tous deux parlèrent face à face avec des messagers divins et avec Dieu lui-même, tous deux possédaient un urim et un thummim, traduisirent des documents antiques et rédigèrent des Écritures et tous deux fondèrent une communauté influente de saints.
 
Mais le lien est plus direct. John Taylor dit qu’Abraham a visité Joseph Smith (JD 20:174-75 ; 21:94), dont la mission était aussi de révéler des connaissances perdues sur Abraham (cf. 2 Né. 3:7, 12) et dont le ministère de rétablissement tout entier a aidé à accomplir l’alliance d’Abraham que dans sa postérité toutes les nations seraient bénies (2 Né. 29:14 ; 3 Né. 20:27, 29). Un but central de ce rétablissement est de rendre les promesses d’Abraham efficaces pour ses descendants, qui, par les ordonnances du temple, peuvent recevoir les bénédictions d’Abraham et être scellés dans une chaîne d’ancêtres remontant jusqu’à Abraham et à Adam (D&A2 ; EPJS, p. 289-290).
 
Pour atteindre la gloire d’Abraham, il est commandé aux saints des derniers jours d’aller au Christ en « [faisant] les œuvres d’Abraham » dont la vie constitue un modèle (D&A 132:32 ; cf. És. 51:1-2 ; Jn. 8:39 ; Coran 16:120-123). Ces œuvres commencent par le baptême et la réception du Saint-Esprit, sur quoi le bénéficiaire doit « avancer résolument » (2 Né. 31:19-20) dans la justice, comme Abraham, en obéissant à Dieu, en recevant la prêtrise et les ordonnances du temple, en honorant les alliances, en fondant une cellule familiale, en instruisant les enfants, en tenant des annales sacrées, en prêchant l’Évangile et en se montrant fidèle dans l’opposition (Abr. 1-2 ; Ge. 12-25). Quand on progresse le long de ce chemin, on se calque de plus en plus sur Abraham et Sara et les bénédictions qui leur ont été promises. Par exemple, quiconque n’est pas descendant d’Abraham mais reçoit le Saint-Esprit devient la postérité d’Abraham (EPJS, p. 116-117 ; Abr. 2:10 ; cf. Ga. 3:29), tandis que tout homme qui magnifie la Prêtrise de Melchisédek devient de même la postérité d’Abraham (D&A 84:33-34). Et tout couple marié éternellement dans le temple reçoit la promesse des bénédictions d’Abraham – une postérité comme les étoiles du ciel et le sable au bord de la mer, signifiant un accroissement éternel de sa postérité dans le royaume céleste (D&A 132:30 ; JD 11:151-152 ; 15:320).
 
Cette bénédiction d’une postérité innombrable a été promise en plusieurs occasions à Abraham (Abr. 3:13-14 ; Ge. 13:16 ; 15:5 ; 17:2, 6), mais ce n’est que quand il a démontré qu’il était disposé à offrir Isaac comme sacrifice que le Seigneur a garanti les promesses (Ge. 22:16-18), montrant, explique Joseph Smith, que toute personne qui veut atteindre la vie éternelle « doit tout sacrifier » (EPJS, p. 260). En conséquence, le peuple du Seigneur doit être « mis à l’épreuve comme Abraham » pour devenir sanctifié par le descendant d’Abraham, le Christ (D&A 101:4-5 ; Mro. 10:33) en vue de « s’asseoir dans le royaume de Dieu avec Abraham » et Sara (Al. 5:24) sur un trône de gloire pour hériter les mêmes bénédictions de l’exaltation dont jouit déjà ce couple exemplaire (D&A 132:34-37 ; cf. Testament d’Isaac 2:5-7).
 
Bibliographie
Kimball, Spencer W. "The Example of Abraham." Ensign 6, juin 1975, p. 3-7.
Nibley, Hugh. "A New Look at the Pearl of Great Price" IE 71-73, janv. 1968-mai 1970, une série d’articles couvrant deux années.
Nibley, Hugh. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.
E. DOUGLAS CLARK
 
Abraham – Évangile d’
Auteur : FLAKE, JOËL A.
 
Le 3 avril 1836, les clefs de la « dispensation de l’Évangile d’Abraham » furent remises au prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland dans le cadre du rétablissement de toutes choses dans la dispensation de la plénitude des temps (D&A 110:12). Il fut promis que par ceux qui recevraient l’Évangile dans les derniers jours et leur postérité, toutes les générations qui l’accepteraient seraient bénies (HC 2:434-436). Ceci a renouvelé la promesse faite jadis à Abraham (Ge. 12:1-3 ; Abr. 2:6, 9-11 ; cf. Ga. 3:7-9, 29).
 
Les saints des derniers jours enseignent qu’Adam, Hénoc, Noé, Abraham et beaucoup d’autres ont été à la tête de dispensations de l’Évangile. Les bénédictions et les commandements divins ont été conférés en fonction des circonstances du peuple fidèle de Dieu dans chaque dispensation.

La dispensation de l’Évangile d’Abraham comprend l’ordre patriarcal de la prêtrise et l’alliance du mariage éternel (D&A 131:1-4 ; 132:28-30 ; voir aussi Mariage : Mariage éternel), par lesquels l’alliance abrahamique est perpétuée de génération en génération parmi les fidèles. Abraham reçut la promesse qu’il aurait une postérité innombrable dans le monde et hors du monde. Cette promesse est renouvelée à tous ceux qui obéissent à l’Évangile de Jésus-Christ et reçoivent l’alliance sacerdotale du mariage céleste, « et c'est par cette loi que se perpétuent les œuvres [du] Père » parmi l’humanité tant dans le temps que dans l’éternité (D&A 132:31-33). Le rétablissement de toutes choses comprenait la restitution des clefs à Joseph Smith pour la rendre possible à l’époque moderne pour tous ceux qui font les œuvres d’Abraham pour hériter l’alliance et les bénédictions d’Abraham. [Voir aussi Postérité d’Abraham.]
JOEL A. FLAKE
 
Abrahamique – Alliance
Auteur : RASMUSSEN, ELLIS T.
 
L’alliance divine archétypale, dont l’alliance d’Abraham est un exemple, est l’alliance éternelle de l’Évangile de Jésus-Christ. En acceptant l’Évangile, l’humanité peut être rachetée de l’issue fatale de la mort et de la tache du péché pour jouir de la vie éternelle avec Dieu.

La mission d’Abraham n’était pas nouvelle ; elle était comme la mission d’Adam, de Hénoc et de Noé. Le même pouvoir divin ou prêtrise qui leur donnait l’autorité de promulguer l’alliance de la rédemption divine pour les enfants de Dieu à leur époque a été renouvelée avec Abraham et sa postérité ; elle devait être explicitement perpétuée par lui et ses héritiers littéraux et spirituels pour toujours (Ge. 12:1-3 ; Abr. 1:18-19 ; 2:6, 9-11).
 
ACCOMPLISSEMENT PAR ABRAHAM DE LA MISSION DE L’ALLIANCE Abraham apprit dans les annales de ses ancêtres ce qui concernait le Dieu vrai et vivant et les pouvoirs salvateurs de la prêtrise. Bien que ses ascendants directs eussent apostasié de l’Évangile, il désirait et reçut, de la part de Melchisédek, cette vraie prêtrise avec ses pouvoirs et ses responsabilités (Abr. 1:1-7, 18, 19, 31 ; D&A 84:14 ; Al. 13:14-19 ; Ge. 14:18-20).
 
Les Chaldéens idolâtres avaient rejeté Abraham et l’avaient mis sur un autel pour le sacrifier (Abr. 1:5-12) mais le Seigneur le sauva et lui commanda de partir de chez lui à Ur pour une nouvelle terre promise (Ge. 11:27-32 ; 12:1-3 ; Abr. 1:1, 17 ; 2:1-5). Abraham emmena d’autres membres de sa famille dans un endroit qu’ils appelèrent Charan, où il gagna d’autres convertis aux voies du Seigneur. Il partit avec eux pour entreprendre son ministère au pays qui lui était promis, à lui et à tous ses descendants qui écouteraient la voix du Seigneur (Abr. 2:6, 14-20 ; Ge. 12:4-8).
 
Abraham et son groupe s’installèrent d’abord dans la région de Béthel, bâtirent un autel et proclamèrent le nom du Seigneur, façon de faire qu’il perpétua dans les foyers qu’il fonda par la suite (Ge. 12:8 ; 13:4, 18). Près de Béthel, les promesses et les responsabilités de l’alliance furent renouvelées et la circoncision devint le signe de l’alliance, pour rappeler à tous les détenteurs de rester purs et exempts de péché (Ge. 17). Abraham devint un homme de bonne réputation (Ge. 14:13, 18-20 ; 23:1-16) et eut la confiance de Dieu, qui fit son éloge en disant : « Je l'ai choisi, afin qu'il ordonne à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l'Éternel, en pratiquant la droiture et la justice » (Ge. 18:19). Il connut l’épreuve suprême et une révélation de la signification de l’alliance rédemptrice lorsque Dieu exigea qu’à titre de préfiguration du sacrifice du Sauveur, il soit disposé à sacrifier son propre fils. Il réussit l’épreuve, son fils fut sauvé et il apprit comment tous peuvent être sauvés par le Rédempteur divin (Ge. 22:1-18 ; Jn. 8:56 ; Jcb. 4:5 ; Ga. 3:8).
 
PERPÉTUATION DE LA MISSION PAR LES HÉRITIERS D’ABRAHAM. Les successeurs littéraux et spirituels d’Abraham apprirent à garder l’alliance par les choses qu’ils subirent. Leurs efforts eurent parfois du succès et leurs voisins furent impressionnés (Ge. 17:1-7 ; 26:1-5, 24-28 ; 28:13-22 ; 30:25-27 ; 32:24-29 ; 35:1-15 ; 39:1-6, 21-23 ; 40:8 ; 41:9-16, 37-42).
 
Une bénédiction patriarcale donnée par Jacob (Israël), petit-fils d’Abraham, à ses douze fils définit les rôles futurs de l’alliance pour ses descendants, en particulier ceux issus de Juda et de Joseph (Ge. 49:10, 22-26).
 
En plus de la postérité de Jacob, Abraham eut des descendants par Ismaël, le fils d’Agar, servante de Sara. Dans la famille d’Ismaël, on cite « douze princes » qui fondèrent des « parcs » et des « enclos » (Ge. 25:12-16). Six fils par Ketura, autre épouse d’Abraham, sont également cités parmi ses familles : Zimran, Jokschan, Medan, Madian, Jischbak et Schuach (Ge. 25:2). Il leur promit à tous des dons avant de mourir (Ge. 25:1-7), notamment des dons spirituels. Un descendant, Jéthro (ou Reuel), sacrificateur de Madian, fournit à Moïse une épouse, l’ordonna à la prêtrise et le conseilla sur la façon d’organiser, de gouverner et de juger Israël (Ex. 2:16-22 ; 18:12-27 ; D&A 84:6-16). De nombreux descendants d’Ésaü, avec leurs chefs tribaux et leurs rois, sont également mentionnés (Ge. 36).
Aujourd’hui, des millions de personnes considèrent Abraham comme leur père. Tous peuvent avoir les bénédictions de son alliance : il leur suffit de faire les œuvres d’Abraham. Le Seigneur n’a jamais dit à Abraham que lui seul serait béni par l’alliance ou qu’elle ne bénirait que sa postérité littérale ; la mission était qu’en lui et en sa postérité toutes les familles de toutes les nations seraient bénies. Tous ceux qui acceptent l’alliance du divin Rédempteur deviennent spirituellement la postérité d’Abraham et reçoivent les mêmes bénédictions que ses descendants biologiques (Ge. 12:1-3 ; Abr. 2:8-11 ; Ga. 3:7-9, 26-29 ; cf. Jean 8:33, 37, 39 ; Ro. 9:6-8).
 
L’HÉRITAGE ABRAHAMIQUE PAR MOÏSE ET LES PROPHÈTES La mission de Moïse était de délivrer les enfants d’Israël du joug de l’esclavage et de la mort en Égypte et de les ramener dans la Terre promise. Ils ne devaient entrer dans le pays que lorsque l’iniquité des habitants précédents serait devenue si excessive qu’ils se seraient plus dignes de le conserver (1 Né. 17:35 ; Ge. 15:13-16 ; 17:7-9 ; TJS Ge. 17:4-7 ; Ex. 4:22-23 ; 6:1-8). Par Moïse, le Seigneur donna aux Israélites des lois, des ordonnances, des statuts et des commandements pour les aider à se rappeler leurs devoirs envers Dieu et pour faire d’eux un royaume de sacrificateurs, un peuple saint, un peuple acquis en tant que serviteurs exemplaires de Dieu (Ex. 19:1-6, 20 et suiv. ; De. 4:1-6 ; Mos. 13:27-30).
Israël vécut effectivement selon l’alliance dans les derniers jours de Moïse et du temps de son successeur, Josué ; mais à l’époque des juges et au-delà, les Israélites tombèrent dans la manière de vivre des tribus voisines au lieu de suivre les lois morales et religieuses du vrai Dieu (Jg. 2:7-13 ; 17:6 ; 21:25). Parce que les cycles d’apostasie se répétèrent pendant toute l’histoire d’Israël, les Israélites furent périodiquement réprimandés par les prophètes pour leurs péchés et appelés au repentir (par exemple, És. 1:1-4 ; Os. 4:1-6 ; Am. 3 ; Mi. 3 ; Jé. 2 ; Éz. 2).
 
Deux thèmes dominent les messages des prophètes de l’Ancien Testament : (1) le Rédempteur promis viendrait et, quoique rejeté par beaucoup, il ouvrirait le chemin promis vers le salut pour tous ; (2) dans les derniers jours, l’alliance d’Abraham serait rétablie (Es. 2:2-5, 11 ; 7:14-16 ; 9:1-7 ; 52:13-15, 53 ; Jé. 23:5-8 ; Éz. 37:11-28 ; Da. 9:21-27 ; Mi. 5:2-5 ; Za. 9:9-11 ; 11:10-13 ; 13:6 ; 14:4-9).
 
ACCOMPLISSEMENT ET PERPÉTUATION Le Rédempteur est venu, et les lois et les prophéties ont préparé les fidèles à le recevoir (Ga. 3:16-24, 25-29 ; Ac. 2:47 ; 5:14 ; 1 Co. 15:6). Il a accompli sa mission d’enseignement et de sacrifice personnels sur la terre, puis il a chargé les nouveaux héritiers chrétiens de l’alliance de la faire connaître au monde entier (Mt. 24:14 ; 28:19-20 ; Mc. 16:15-16). Cependant, pendant des siècles, le pouvoir sacerdotal d’administrer les ordonnances appropriées de l’alliance et certaines facettes essentielles de doctrine ont été perdus. Tous ont maintenant été rétablis dans la dispensation moderne de l’Évangile (D&A 110:11-16) et sont de nouveau accessibles à toutes les familles et nations de la terre.
 
Bibliographie
Brandt, Edward J. "The Covenants and Blessings of Abraham" Ensign 3, févr. 1973, p. 42-43.
Kimball, Spencer W. Abraham : An Example to Fathers. Salt Lake City, 1977.
Nyman, Monte S. "Abraham, the Father of the Faithful" Sperry Lecture Series. Provo, Utah, 1975.
Guide par sujet, "Abrahamic Covenant" ; et Dictionary, "Abraham, Covenant of." Dans l’édition de l’Église de la King James Version de la Bible. Salt Lake City, 1979.
ELLIS T. RASMUSSEN
 
Adam

Cette rubrique se compose de deux sections :
Adam : Sources mormones
Adam : Sources antiques
Le premier article traite des enseignements mormons au sujet d’Adam. Le second propose plusieurs sources apocryphes et pseudépigraphiques comme points de comparaison. On trouvera de plus amples renseignements sur Adam dans Adamique, langue, Ève, Chute d’Adam, Condition mortelle, Péché originel, et Plan du salut, Plan de Rédemption ; concernant les débuts de la vie terrestre, voir Création ; Création, récits de la, Terre, Évolution, Jardin d’Éden, Origine de l’homme, But de la vie terrestre : Perspective mormone, et Mondes.
 
Adam, Chute d'
Auteur : MATTHEWS, ROBERT J.
 
Les saints des derniers jours voient dans la chute d'Adam et Ève un événement réel qui s'est produit dans le jardin d'Éden et a affecté la terre entière et chaque individu du genre humain. La Chute était une étape nécessaire à la progression éternelle de l'humanité et a introduit les conditions qui ont rendu la mission de Jésus-Christ absolument nécessaire pour le salut. Les quatre ouvrages canoniques et les enseignements de beaucoup de dirigeants éminents de l'Église sont les sources de la doctrine de la Chute chez les saints. Ces sources s’étendent longuement sur les effets bénéfiques de la Chute comme élément du « grand plan du bonheur » de Dieu (Al. 42:8) pour ses enfants et témoignent qu'Adam et Ève doivent être honorés pour ce qu’ils ont fait.
 
La création de la terre a été un processus en plusieurs étapes dans lequel la chute d'Adam et Ève et leur expulsion du jardin d'Éden ont été les étapes finales nécessaires pour réaliser la condition mortelle. Sans la Chute, Adam et Ève n'auraient pas eu d’enfants (2 Né. 2:23) ; par conséquent, le genre humain n'aurait pas existé sur cette terre dans les conditions et les circonstances existant dans le jardin. Le prophète Léhi explique : « Adam tomba que les hommes fussent » (2 Né. 2:25) et Hénoc déclare : « C’est parce qu’Adam tomba que nous sommes » (Moï. 6:48).
 
Après la Chute, l'Évangile de Jésus-Christ fut enseigné à Adam et à Ève et ils se réjouirent de leur situation. Adam bénit Dieu en disant : « À cause de ma transgression, mes yeux sont ouverts, et j'aurai de la joie dans cette vie, et je verrai de nouveau Dieu dans la chair » (Moï. 5:10). Et Ève fut heureuse, disant : « Sans notre transgression, nous n'aurions jamais eu de postérité et nous n'aurions jamais connu le bien et le mal, la joie de notre rédemption et la vie éternelle que Dieu donne à tous ceux qui obéissent » (Moï. 5:11).
 
La Chute n’a pas été un accident, ni une obstruction au plan de Dieu, ni une fausse route dans le parcours de l'humanité. « Le Seigneur… a créé la terre afin qu'elle soit habitée » par ses enfants (1 Né. 17:36), et puisque Adam et Ève n'auraient pas eu d’enfants dans leur état édénique, la Chute a été tout bénéfice pour l'humanité. Cela faisait partie du plan du Père, connu de lui à l’avance et essentiel au genre humain. Tout « a été fait dans la sagesse de celui qui sait tout » (2 Né. 2:24).
 
La Chute a apporté deux genres de mort à Adam, à Ève et à leur postérité : la séparation de l'esprit et du corps physique, que les Écritures appellent « la mort temporelle » (Al. 11:42-43) et l’exclusion de la présence de Dieu, qui est appelée la mort spirituelle (2 Né. 9:6 ; D&A 29:41). Jésus-Christ rachète de manière inconditionnelle toute l'humanité des deux morts introduites par la chute d'Adam, relève toute l'humanité du tombeau et la ramène en la présence de Dieu pour le jugement (Hél. 14:16-17). L'Expiation rachète également les individus des conséquences de leurs propres péchés à condition qu’ils se repentent.
 
Le Livre de Mormon explique : « L'homme naturel est ennemi de Dieu, et l'est depuis la chute d'Adam, et le sera pour toujours et à jamais, à moins qu'il ne se rende aux persuasions de l'Esprit-Saint, et ne se dépouille de l'homme naturel, et ne devienne un saint par l'expiation du Christ, le Seigneur » (Mos. 3:19 ; cf. Al. 22:14 ; 42:9-15). Dieu « a créé Adam, et par Adam vint la chute de l'homme. Et à cause de la chute de l'homme vint Jésus-Christ… et à cause de Jésus-Christ est venue la rédemption de l'homme » (Mrm. 9:12 ; cf. 2 Né. 9:6).
 
Les Doctrine et Alliances disent que la Chute est le résultat de la transgression : « Le diable tenta Adam, et celui-ci prit du fruit défendu et transgressa le commandement… C'est pourquoi, moi, le Seigneur Dieu, je le fis chasser du jardin d'Éden, de ma présence, à cause de sa transgression, en quoi il devint spirituellement mort » (D&A 29:40-41). Par la suite, Dieu envoya des anges enseigner à Adam et à sa postérité « le repentir et la rédemption par la foi au nom de [son] Fils unique » (D&A 29:42 ; cf. Moï. 5:6-8).
 
La Chute n'était pas un péché contre la chasteté. Adam et Ève étaient « mari et femme » et Dieu leur avait commandé de se multiplier (Ge. 1:27-28 ; Moï. 3:21-25 ; Abr. 5:14-19). Joseph Fielding Smith, un apôtre, explique : « La transgression d'Adam n'était pas un péché sexuel comme certains le croient et l’enseignent erronément. Adam et Ève furent mariés par le Seigneur pendant qu'ils étaient encore des êtres immortels dans le jardin d'Éden et avant que la mort n’entrât dans le monde » (DS1, p. 116 ; cf. JC, p. 30-33).
 
L'Écriture ancienne et moderne établit un rapport indissociable entre la chute d'Adam et l'expiation de Jésus-Christ. Paul résume cela comme suit : « Comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ » (1 Co. 15:22). La révélation moderne souligne en outre que le Christ rachètera tout de la mort et des effets de la Chute.
 
Le prophète Joseph Smith a enseigné que le rôle d'Adam était d’ « ouvrir la voie vers le monde » (EPJS, p. 7) ; il a donc été le premier homme à entrer dans la condition mortelle, et la chute d'Adam a un effet mortel sur la terre entière. La terre mourra (D&A 88:25-26), mais par le pouvoir expiatoire de Jésus-Christ, « la terre sera renouvelée et recevra sa gloire paradisiaque » (10e A de F). « Tout deviendra nouveau, le ciel et la terre et toute leur plénitude, les hommes et les bêtes, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer. Et ni un cheveu, ni un fétu de paille ne seront perdus, car c'est l'œuvre de ma main » (D&A 29:24-25 ; cf. 101:24-26 ; És. 51:6).
 
Comme Léhi l’a déclaré : « Si Adam n'avait pas transgressé, il ne serait pas tombé, mais il serait resté dans le jardin d'Éden. Et toutes les choses qui avaient été créées auraient dû rester exactement dans l'état dans lequel elles étaient après avoir été créées ; et elles auraient dû rester à jamais et ne pas avoir de fin » (2 Né. 2:22 ; cf. Moï. 3:9). Diverses interprétations ont été suggérées au sujet de la nature de la vie sur la terre avant la Chute et sur la façon dont la Chute a physiquement affecté le monde, mais elles vont au-delà de la doctrine clairement exprimée par l'Église. L'Église et les Écritures sont cependant formelles pour dire que la Chute a apporté les deux genres de mort à Adam et à sa postérité.
 
Bibliographie
McConkie, Joseph Fielding, et Robert L. Millet, dir. de publ. The Man Adam. Salt Lake City, 1990.
Packer, Boyd K. "The Law and the Light." Dans The Book of Mormon : Jacob Through Words of Mormon, to Learn With Joy, p. 1-31. Provo, Utah, 1990.
Smith, Joseph Fielding. Man, His Origin and Destiny. Salt Lake City, 1954.
ROBERT J. MATTHEWS
 
Adam : Sources mormones
Auteur : BAILEY, ARTHUR A.
 
Pour des saints des derniers jours, Adam est l’un des plus nobles et des plus grands de tous les hommes. Les informations que l’on trouve dans les Écritures et dans les déclarations des apôtres et des prophètes modernes révèlent des détails au sujet d’Adam et de son rôle important dans la vie préterrestre, en Éden, dans la condition mortelle et dans sa vie postmortelle. Elles donnent à Adam des noms et des titres tels que Michel (D&A 27:11 ; 29:26), archange (D&A 88:112) et Ancien des jours (D&A 138:38).
 
Le prophète Joseph Smith a enseigné que Michel, dont il est question dans la Bible (Da. 10:13 ; Jud. 1:9 ; Ap. 12:7), est Adam. Dans sa vie prémortelle, Adam reçut la prêtrise (EPJS, p. 124), se vit enseigner le plan de Dieu (EPJS, p. 133) et fut désigné pour être à la tête de la famille humaine (EPJS, p. 125). Il participa à la création de la terre et occupa un poste d’autorité à côté de Jésus-Christ (EPJS, p. 125), sous la direction duquel il fonctionne en tout temps (D&A 78:16). Il mena les forces de la justice contre le diable et « ses anges », qui furent vaincus et expulsés du ciel.
 
Les Écritures modernes certifient qu’Adam est un fils de Dieu, que son corps physique a été créé par les Dieux à leur propre image et placé dans le jardin d’Éden (Moï. 6:9, 22 ; Abr. 5:7-11 ; EPJS, p. 279-286 ; cf. 2 Né. 2:14-19). Dans cet état physique/spirituel en Éden, Adam fut appelé le « premier homme » (Moï. 1:34) et reçut la responsabilité de cultiver le jardin et d’ « ouvrir la voie vers le monde » (EPJS, p. 7). Il reçut la domination et la responsabilité de la terre, et il donna des noms à ses créatures (Moï. 3:19). Il fut uni à Ève par le mariage (Abr. 5:4-19), mais dans leur état prémortel « ils n’auraient pas eu d’enfants » (2 Né. 2:23). Adam reçut les grandes clefs de la prêtrise (Abr., fac-similés 2, 3) et ses ordonnances furent confirmées sur Adam et Ève (cf. EPJS, p. 133).
 
Pour obéir au commandement de Dieu de multiplier et de peupler la terre, Adam et Ève transgressèrent la loi. Leur action délibérée eut comme conséquence leur chute, et ils furent expulsés du jardin. « Adam tomba pour que les hommes fusent, et les hommes sont pour avoir la joie » (2 Né. 2:25). Leur action précipita donc, comme Dieu l’avait projeté, la phase terrestre du plan du salut.
 
Dans leur condition mortelle, des messagers célestes continuèrent à instruire Adam et Ève au sujet du plan du salut (Moï. 5:4-9 ; 6:50-54). Ils reçurent les ordonnances de la prêtrise (Moï. 5:59 ; 6:64-65) et tout ce qui était nécessaire pour instruire leurs enfants (Moï. 5:12). Les sources mormones disent qu’avec Ève, Adam eut des fils et des filles avant que Caïn et Abel ne naissent (Moï. 5:2-3, 16-17). Ils souffrirent des effets des tentations du diable et connurent le chagrin de dissensions familiales qui conduisirent au meurtre et à la méchanceté parmi certains de leurs enfants (Moï. 5:12-53).
 
Adam et Ève avaient une langue pleinement développée et tenaient des annales (Moï. 6:5-9). Ils tinrent leur généalogie et le récit de la Création. Trois ans avant sa mort, Adam convoqua sa postérité juste à Adam-ondi-Ahman et lui donna sa bénédiction finale (D&A 107:53).
 
Premier sur cette terre à recevoir les clefs de la prêtrise, Adam continue à dispenser de l’autorité à d’autres et à superviser l’administration de la prêtrise sur la terre ; ceux à qui des clefs ont été données doivent les rendre ou en rendre compte à Adam, et lui, de son côté, les remettra ou en rendra compte au Christ (EPJS, p. 124, 133). Ceci se produira quand l’ancien des jours (Adam) assistera à un conseil à Adam-ondi-Ahman précédant l’avènement du Christ (Da. 7:9-10 ; cf. EPJS, p. 95).
 
À la fin du millénium, Adam, en tant que Michel, mènera de nouveau les justes au combat contre le diable et ses armées. Michel et les armées du ciel l’emporteront de nouveau (D&A 88:111-115). Quand Adam sonnera de la trompette, les tombes s’ouvriront et le reste des morts se lèvera pour être jugé (D&A 29:26-27). Soumis au Père et au Christ, Adam présidera alors éternellement sur sa postérité (EPJS, p. 124).
 
Les divers titres d’Adam ont trait à des phases particulières de sa mission. Dans son rôle prémortel et postmortel, il est connu sous le nom de Michel et comme archange (D&A 29:26). En hébreu, Michel veut dire un « qui est comme Dieu », et dans son rôle puissant et principal comme archange, Adam est le capitaine des armées du Seigneur dans la bataille contre le diable et ses forces. Adam est le nom qui lui a été donné pour la condition mortelle (Moï. 1:34). En hébreu, adam veut dire « homme » ou « humanité ». Dans les sources mormones, les autres significations du mot sont « premier homme » (D&A 84:16), « beaucoup » (Moï. 1:34) et « premier père » (Abr. 1:3), dénotant son rôle historique de « grand ancêtre » de la famille humaine tout entière (EPJS, p. 133). « Ancien des jours » semble être son titre parce qu’il est « le premier et le plus vieux de tous » (EPJS, p. 133).
 
Adam a été tenu en haute estime par tous les prophètes anciens et modernes. Brigham Young a exprimé en 1852 et au cours des années suivantes l’idée qu’Adam « est notre Père et notre Dieu, et le seul Dieu auquel nous ayons affaire » (JD 1:50). Cette réflexion en a amené certains à penser que Brigham Young voulait dire qu’Adam, qui était sur terre notre ancêtre, était en réalité Dieu le Père. Mais cette interprétation a été officiellement rejetée comme incorrecte (Kimball, p. 77). Plus loin dans le même discours, Brigham Young dit clairement « que la terre a été organisée par trois personnes distinctes, à savoir Élohim, Yahovah et Michel » (JD 1:51). On peut aussi trouver d’autres renseignements sur les sentiments de Brigham Young à propos d’Adam dans un discours de conférence donné le 8 octobre 1854 (JD 1:50), clarifiant quelque peu sa précédente déclaration. Il y laisse entendre que par un processus connu sous le nom d’investiture divine, Dieu délègue son pouvoir à ses enfants. Adam fut le premier sur terre à recevoir cette autorité, qui comprend toutes les clefs, tous les titres et tous les pouvoirs essentiels possédés par le Père (D&A 84:38 ; cf. 88:107). Il lui avait ainsi conféré tout ce qui était nécessaire à l’accomplissement de ses nombreuses responsabilités et Adam est un nom-titre signifiant qu’il est le premier homme et père de tous.
 
Adam : Sources antiques
Auteur : PALMER, MARTIN J.
 
Les sources juives et chrétiennes antiques disent d’Adam qu’il est le premier humain et l’ancêtre du genre humain. Beaucoup de textes apocryphes retouchent le récit adamique de l’Ancien Testament et contiennent ou reflètent des traditions antiques précieuses. Certains saints des derniers jours ont comparé utilement quelques-unes de ces idées avec certains concepts au sujet d’Adam mentionnés dans les sources des saints des derniers jours.
 
Dans le judaïsme, Genèse 1-2 est utilisé comme base pour comprendre la relation de l’humanité avec Dieu. La postérité d’Adam a hérité de sa nature déchue, et pourtant Adam est considéré comme le modèle archétypal de l’humanité, comme cela ressort de textes qui remontent au moins aux temps hellénistiques (IIe siècle av. J.-C.) et est amplifié dans la philosophie juive médiévale. Philon, suivant un modèle platonicien, voit, dans les deux récits de la création de la Genèse, une distinction entre un homme céleste ou spirituel, créé d’abord spirituellement à l’image de Dieu (Ge. 1:27 ; cf. Moï. 3:5), et un deuxième, un homme terrestre, formé avec la poussière (Ge. 2:7). La plupart des exégètes juifs acceptaient l’historicité du récit biblique ; toutefois, Genèse 2:8-3:24 était souvent interprété allégoriquement. Le Talmud et la Haggada ont ajouté de riches détails à l’histoire adamique, notamment une description impressionnante dans laquelle toutes les générations futures – et leurs prophètes – passèrent devant Adam, qui les contempla (Sanh. 38b ; Av. Zar. 5a ; Ge. R. 24:2 ; cf. D&A 107:55-57). Adam reçut les lois noachides (Sanh. 56b) et la loi du sabbat (Mid. Ps. jusqu’à 92:6). Il fut le premier homme à offrir des sacrifices (Av. Zar. 8a ; cf. Moï. 5:5). Les kabbalistes médiévaux ajoutèrent aussi des interprétations mystiques, bien qu’Adam ne soit jamais identifié ici comme étant Michel, comme dans les Écritures des saints des derniers jours (voir D&A 27:11 ; 107:54 ; 128:21).
 
La théologie chrétienne orthodoxe, articulée pendant le deuxième siècle par Irénée et d’autres en réponse aux contestations avancées par le gnosticisme, voyait fidèlement l’Ancien Testament à travers le rôle du Christ. Le christianisme primitif considérait l’incarnation et l’expiation de Jésus-Christ comme l’accomplissement de l’œuvre commencée par Adam. Alors qu’Adam était le prototype du vieil homme mortel, le Christ devint le prototype du nouvel homme, jouissant de la promesse de l’immortalité. Jésus devint « le deuxième Adam », dont l’Expiation permettait à l’humanité de surmonter les effets de la Chute (1 Co. 15:22, 45).
 
L’histoire de la création et le récit adamique de la Genèse étaient particulièrement importants dans le gnosticisme, qui interprétait la Chute comme l’effondrement du principe divin dans le monde matériel. Ceci contribua à l’attitude négative du gnosticisme envers la création physique. Plusieurs écrits gnostiques traitent d’Adam. L’un d’eux, l’Apocalypse d’Adam, trouvé à Nag Hammadi, dépend fortement des traditions apocalyptiques juives et ne contient aucun point de doctrine chrétien explicite. Il prétend être une révélation donnée à Adam après la Chute par trois messagers célestes, expliquant la nature et l’ampleur de la Chute et apportant la promesse d’un Rédempteur futur. Cette connaissance est alors passée d’Adam à Seth et à ses descendants (cf. D&A 107:41-57).
 
La Vie d’Adam et Ève est une œuvre apocryphe importante traitant de la vie et de la mort d’Adam. Elle fut probablement écrite en Palestine entre 100 av. J.-C. et 200 apr. J.-C. Elle a été conservée dans les révisions grecque, latine et slave, chacune considérablement différente des autres. Cette œuvre décrit en détail le repentir d’Adam et d’Ève après leur départ du jardin d’Éden (cf. Moï. 6:50-68). Aucun point de doctrine clair et central ne s’en dégage, mais le texte souligne les idées de jugement final et de résurrection. Les autres éléments eschatologiques sont absents. On n’y trouve aucune indication de la doctrine traditionnelle du péché originel. Adam est parfait ; Ève, faible mais pas méchante, déplore ses propres imperfections tout en aimant Adam et en lui obéissant.
 
Un élément central de la Caverne des trésors, une œuvre syriaque, est son histoire d’une caverne où Adam a vécu et a été enterré. Son corps est récupéré par Noé, qui l’emporte dans l’arche et l’enterre de nouveau sur le Golgotha. Selon ce récit, le sang rédempteur de Jésus, également appelé « le dernier Adam », versé à la crucifixion, a d’abord coulé sur la tombe d’Adam, démontrant un lien inexorable entre la chute d’Adam et l’expiation du Christ. Ainsi, dans l’Évangile de Barthélemy 1:22, Jésus dit à Adam : « J’ai été mis en croix pour toi et pour tes enfants » et dans 2 Hénoc 42, Adam dans le paradis est amené dehors « avec les ancêtres… pour qu’ils puissent être remplis de joie » et de richesse éternelle.
 
Il existe de nombreux textes antiques au sujet d’Adam, notamment le livre éthiopien d’Adam et Ève et les livres arméniens de La mort d’Adam, l’Histoire de l’expulsion d’Adam du paradis, l’Histoire de Caïn et Abel, les Fils d’Adam, et Des bonnes nouvelles de Seth.
 
Bibliographie
Ginzberg, Louis. Legends of the Jews, Vol. 1, p. 3-142. Philadelphie, 1937.
Johnson, M. D. "The Life of Adam and Eve". Dans The Old Testament Pseudepigrapha, dir. de publ. J. Charlesworth, Vol. 2, p. 249-95. Garden City, N.Y., 1985.
Robinson, James M., dir. de publ. The Nag Hammadi Library, 2e éd. New York, 1989.
Robinson, Stephen E. "The Apocalypse of Adam". BYU Studies 17, hiver 1977, p. 131-153.
Robinson, Stephen E. "The Book of Adam in Judaism and Early Christianity". Dans The Man Adam, dir. de publ. J. McConkie et R. Millet, p. 131-150, donnant une liste de titres de nombreux ouvrages antiques. Salt Lake City, 1990.
MARTIN J. PALMER
 
Adamique, Langue
Auteur : ROBERTSON, JOHN S.
 
La notion de langue adamique s’est développée parmi des saints des derniers jours à partir de passages d’Écriture, de commentaires des premiers dirigeants de l’Église et de la tradition qui a suivi. Elle ne joue pas un rôle doctrinal essentiel et il n’y a pas de position officielle de l’Église qui définisse sa nature ou son statut.
 
Les Écritures disent que cette langue, écrite et parlée par Adam et ses enfants, était « pure et sans tache » (Moï. 6:5-6). Brigham Young a enseigné qu’elle a continué d’Adam à Babel, lorsque le Seigneur « a fait oublier au peuple sa propre langue maternelle… le dispersant au-dehors sur la face de la terre entière », excepté sans doute en ce qui concerne Jared et sa famille dans le Livre de Mormon (JD 3:100 ; cf. Ge. 11:1-9 ; Mos. 28:17). Cette déclaration reflète la croyance mormone très répandue que les membres fondateurs de la civilisation jarédite ont conservé la langue adamique lors de leur émigration vers le Nouveau Monde (Ét. 1:33-43 ; 3:24-28). Ainsi, la description que fait le frère de Jared de sa vision apocalyptique a été rendue linguistiquement inaccessible sans l’aide interprétative divine, puisque « la langue que tu écriras, [moi, Dieu] je l'ai confondue » (Ét. 3:21-28).

Dans les premières années de l’Église, quelques mots de la langue adamique ont pu avoir été révélés à Joseph Smith (JD 2:342) et à d’autres dirigeants de l’Église, dont Brigham Young (HC 1:297) et Elizabeth Ann Whitney (Woman’s Exponent 7, 1er nov. 1878, p. 83) dont on a dit qu’ils ont parlé en langues. Plus récemment, le président Benson a fait allusion à son rétablissement universel possible pour résoudre la diversité linguistique (Teachings of Ezra Taft Benson, Salt Lake City, 1988, p. 93 ; cf. Brigham Young, JD 3:100).
 
Puisqu’on considère généralement qu’une langue reflète sa culture, il est possible que l’érosion de la pureté de la culture adamique après Babel ait conduit à une perte concomitante de pureté d’expression dans la langue qui en est le reflet.
JOHN S. ROBERTSON
 
Adam-ondi-Ahman
Auteur : BERRETT, LAMAR C.
 
Adam-ondi-Ahman, une colonie dans le comté de Daviess (Missouri), reçut en 1838 son nom peu commun du prophète Joseph Smith au moment où les saints des derniers jours entraient dans la région. Les membres de l’Église avaient été expulsés du comté de Jackson (Missouri) en 1833 après trois ans d’asile provisoire et avaient été plus tard priés de quitter le comté de Clay. Quand ils avaient fait appel à la législature de l’État pour qu’elle crée un nouveau comté « pour des mormons », les comtés de Caldwell et de Daviess avaient été organisés. Les saints s’installèrent immédiatement dans le comté de Caldwell avec Far West comme siège du comté et se mirent sans tarder à coloniser le comté avoisinant de Daviess. En mai 1838, Joseph Smith conduisit des arpenteurs à une courbe en fer à cheval de la Grand River, à cent-dix kilomètres au nord de l’actuelle Kansas City et proclama une nouvelle communauté qu’il appela Adam-ondi-Ahman parce que, dit-il, « c’est l’endroit où Adam viendra visiter son peuple, l’endroit où l’Ancien des jours siégera, comme le dit Daniel, le prophète » (HC 3:35 ; D&A 116). Orson Pratt a interprété le nom comme voulant dire « vallée de Dieu où Adam a demeuré » (JD 18:343).
 
Les révélations du prophète indiquaient plusieurs choses au sujet de la région : (1) le jardin d’Éden était situé au comté de Jackson (Missouri) et après avoir été expulsé du jardin, Adam se rendit à Adam-ondi-Ahman ; (2) trois ans avant sa mort, Adam réunit les justes de sa postérité à Adam-ondi-Ahman et leur conféra sa dernière bénédiction ; (3) cet emplacement serait l’endroit d’une future réunion du Seigneur avec Adam et les saints, comme annoncé par le prophète Daniel (Da. 7:9-14, 21-27 ; 12:1-3).
 
Quand il arriva dans la vallée avec l’équipe d’arpenteurs, Joseph Smith trouva trois ou quatre familles de saints des derniers jours qui y vivaient déjà et fit de la cabane de rondins de Lyman Wight son quartier général. De juin à octobre 1838, la population des trois kilomètres carrés d’Adam-ondi-Ahman grimpa jusqu’à environ 400 âmes. 600 autres, dispersées dans tout le comté de Daviess considéraient Adam-ondi-Ahman comme leur capitale.
 
Quelque 90% des saints du comté de Daviess s’installèrent sur des terres en vertu des « droits de préemption », ce qui voulait dire que le gouvernement n’avait pas encore rendu les terres disponibles pour l’achat. Croyant qu’ils finiraient par posséder la terre, les saints des derniers jours travaillèrent dur pour développer leurs fermes. En juin 1838, quand le troisième pieu de l’Église fut organisé à Adam-ondi-Ahman, avec John Smith comme président de pieu, une atmosphère de paix semblait régner. Cependant, en juillet, les colons reçurent une mise en demeure publique de partir du comté de Daviess sous peine d’avoir à subir des conséquences graves. Les saints mirent leur milice en état d’alerte pour se défendre. Quand les hostilités éclatèrent en août, la milice du siège de l’Église à Far West alla à Adam-ondi-Ahman, mais aucune bataille ne s’ensuivit. Une action semblable se produisit en septembre.
 
Le 11 octobre, les émeutiers forcèrent les saints des derniers jours à quitter DeWitt, au comté de Carroll, puis se tournèrent vers le comté de Daviess, bien décidés à les chasser tous de l’état. Ils brûlèrent les cabanes, volèrent les animaux et harcelèrent les familles. Quand la milice de Far West arriva pour la troisième fois, en octobre 1838, les membres de l’Église de tout le comté de Daviess se réunirent à Adam-ondi-Ahman pour y chercher la sécurité et la population de la communauté passa à plus de mille. L’obligation de vivre sous la tente et dans des chariots et une tempête de neige soudaine aggravèrent leurs misères.
 
Tandis que Joseph Smith et la milice de Far West étaient à Adam-ondi-Ahman en octobre, les membres de l’Église se réunirent pour assister à la dédicace de la place publique par Brigham Young. C’est à ce moment-là que Joseph Smith indiqua un endroit où Adam avait jadis construit un autel. En mai, le prophète avait identifié ce même emplacement comme un endroit qui avait également été utilisé par les anciens Indiens d’Amérique.
 
Après les pillages et les incendies d’octobre par les émeutiers et les actes de représailles des saints des derniers jours, bien décidés à se défendre, la milice d’État les força à rendre leurs armes le 7 novembre 1838, et leur donna dix jours pour aller s’installer à Far West. Adam-ondi-Ahman fut abandonné et tomba aux mains de colons non mormons. Les familles du comté de Daviess passèrent l’hiver à Far West avant d’être expulsés de l’État au printemps de 1839.
 
Les Missouriens qui étaient responsables de l’expulsion des membres de l’Église hors du comté de Daviess savaient que dans quatre jours leurs terres seraient mises en vente par le gouvernement des États-Unis. Les mormons partis, ces résidants achetèrent les terres exploitées et profitèrent du travail des saints.

John Cravens acheta la majeure partie de la zone centrale de la ville d’Adam-ondi-Ahman et la renomma Cravensville. La localité exista pendant trente-deux ans et eut assez de résidants pour concourir avec Gallatin pour être le chef-lieu du comté de Daviess, mais après 1871, les terres retournèrent à l’agriculture et à l’élevage.
 
En 1944, Wilford C. Wood 1944 acheta pour l’Église quinze hectares à Adam-ondi-Ahman et, depuis lors, on a acheté 1200 hectares supplémentaires. Les recherches dans les archives et les fouilles archéologiques ont aidé à déterminer l’emplacement, la taille, la nature, et l’histoire de la localité.
 
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The Millennial Messiah, p. 575-588. Salt Lake City, 1982.
LAMAR C. BERRETT

Alliances
Auteur : Van Beek, Wouter

Le mot « alliance » dans la Bible est la traduction de l’hébreu berith et du grec diathêkê. Le concept, tel qu’il se trouve dans le Livre de Mormon, semble proche de l’hébreu, qui désigne toute relation rendue officielle entre deux parties, comme un contrat, un pacte ou une convention. Comme tel, le terme est utilisé pour les pactes de non-agression entre peuples (Genèse 26:26-31), une promesse de propriété foncière (Genèse 15:18-21), une libération des esclaves (Jérémie 34:8-9) ou un serment de garder le secret (2 Rois 11:4). Le grec diathêkê est un terme plus légaliste, impliquant un legs officiel (Galates 3:17). Dans le Nouveau Testament, le terme est souvent traduit par « testament », mais est clairement utilisé pour le même type de convention que « alliance » (cf. Hébreux 7:22 ; 8:6 ; Anderson, p. 5). Cet aspect juridique ressort également dans les Doctrine et Alliances (p. ex., D&A 132:7), où certaines questions d’organisation sont rédigées en termes d’alliance (par exemple, D&A 82:11-12). Le terme « alliance », qui signifie « union », porte sur l’aspect relationnel. Dans d’autres langues, le terme utilisé peut avoir une connotation plus juridique.

Les membres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours se disent être un « peuple de l’alliance ». L’un des aspects les plus importants de leur vie est de conclure des alliances de justice et autorisées avec Dieu. Ils considèrent leurs alliances comme l’équivalent moderne des alliances des temps bibliques.

La plupart des alliances mentionnées dans les Écritures sont faites par Dieu avec l’humanité, soit avec des individus, soit avec un groupe. Dans une alliance de groupe, comme celle de l’Israël d’autrefois ou des Néphites, le chef ou le roi « coupe l’alliance » (comme on le dit en hébreu) pour et en faveur de son peuple, qui à son tour affirme son entrée dans l’alliance par un serment collectif ou par le repentir (par exemple, 2 Chroniques 34:29-32). Cette alliance peut être réaffirmée et rétablie, comme cela se produit dans le discours du roi Benjamin (Mosiah 1-6; voir Ricks, 1984). Lorsqu’une alliance de ce genre est contractée, le pacte collectif avec Dieu tient aussi longtemps que le peuple obéit aux commandements explicites ou implicites de l’alliance. On peut néanmoins constater, entre l’Ancien et le Nouveau Testament, un glissement progressif de l’alliance collective vers l’alliance individuelle. C’est également le cas dans le Livre de Mormon et dans les enseignements de l’Église. Il reste une certaine tension entre l’association avec les « élus » (Psaumes 89:3-4 ; D&A 88:130-133 ) et l’alliance plus générale pour toute l’humanité (Ésaïe 55:3). En tous cas, les alliances individuelles sont essentielles dans la doctrine et dans la religion des saints des derniers jours, tant dans l’histoire sacrée que dans la pratique actuelle.

Quand une alliance est contractée, Dieu prend l’initiative avec une promesse conditionnelle, spécifiant les bénédictions accessibles et fixant les conditions pour les recevoir. Parfois un signe est donné pour commémorer le pacte, comme les tables de l’alliance (Deutéronome 9:9-11). Des révélations (Jérémie 11:1-5) et des miracles (Deutéronome 5:1-6) accompagnent parfois les alliances. On contracte l’alliance habituellement par un rituel, un signe visible. Les sacrifices par effusion de sang (« le sang de l’alliance », Exode 24:8), « l’alliance du sel » (Nombres 18:19; 2 Chroniques 13:5 ), la circoncision des garçons (Actes 7:8), le baptême (D&A 22:1; Mosiah 18:7-11 ), la Sainte-Cène (Hébreux 8:6; 3 Néphi 18:1-14 ), le don de la prêtrise avec son "serment et [son] alliance » (D&A 84:33-42), le mariage (D&A 132) et d’autres rites du temple, tous ces rituels révélés sont appelés sacrements ou ordonnances, donnés comme alliances. Ils sont le signal que les gens concluent ou réaffirment des alliances personnelles avec le Seigneur. Comme Dieu est lié par ses promesses (D&A 82:10), la conclusion d’une alliance doit être guidée par la révélation et effectuée par l’intermédiaire de l’autorité de la prêtrise. Dans le cas contraire, Dieu n’est pas vraiment partie prenante dans le contrat. Étant donné que les rites d’alliance sont essentiels au salut et à l’exaltation de l’homme, le rôle de la prêtrise dans l’administration de ces sacrements d’alliance est crucial. Sans l’autorité de la prêtrise, il n’y a pas d’alliances éternelles. Pourtant, ces obligations d’alliance sont toujours directement en rapport avec le commandement général d’aimer Dieu et son prochain, appelé « l’alliance du cœur » (Hébreux 10:16; Jérémie 31:31-34 ; Ésaïe 55:3 ).

Les alliances du Seigneur couvrent essentiellement le plan du salut tout entier. La promesse que Dieu fait est d’envoyer un Sauveur pour tous les humains, en demandant de leur part leur obéissance à la volonté du Seigneur. Chaque alliance répond à des aspects de la « plénitude de son Évangile » (D&A 133:57). Bien que diverses dispensations puissent avoir leur spécificité, comme « l’alliance des œuvres » d’Israël et « l’alliance de la grâce » de Paul, les saints des derniers jours regroupent toutes les alliances divines sous l’unité d’un seul Évangile. En conséquence, toutes les alliances sont toujours nouvelles, éternelles et sans cesse renouvelées.

Les saints des derniers jours concluent, lors du baptême, une alliance éternelle avec Dieu, dans laquelle ils promettent de prendre sur eux le nom de Jésus-Christ, de garder ses commandements, de porter les fardeaux les uns des autres, de se tenir comme témoins de Dieu en tout temps, de se repentir et de servir et de toujours se rappeler le Christ (voir Mosiah 18:8-10 ; D&A 20:37). Ils renouvellent cette alliance en prenant la Sainte-Cène. Ils contractent d’autres alliances impliquant des obligations de fidélité, de zèle dans leur appel, de sacrifice, d’obéissance, de justice, de chasteté et de consécration quand ils sont ordonnés à la Prêtrise de Melchisédek (voir Serment et Alliance de la Prêtrise), quand ils reçoivent la dotation du temple, et quand un homme et une femme contractent le mariage éternel (voir Mariage : mariage éternel ).

De nombreux commentaires soulignent le caractère unilatéral des alliances scripturaires. Étant donné que les promesses du Seigneur dépassent largement les obligations de l’homme, les bénédictions de la Divinité éclipsent de loin les efforts exigés (voir Mosiah 2:21), bien que la notion de réciprocité soit toujours présente. Quelque chose est exigé en retour étant donné qu’une alliance est essentiellement à deux sens ; avant toute chose, c’est une relation, le moyen par lequel Dieu et l’homme sont réconciliés dans l’Expiation offerte à tous par Jésus-Christ.

Une alliance est un rapport particulier avec le Seigneur qu’une personne ou un groupe peut contracter. Les termes ont été fixés par le Seigneur tant pour les récompenses (bénédictions, salut, exaltation) que pour les efforts exigés (obéissance aux règles et aux commandements). Une alliance est accomplie lorsque les gens tiennent leurs promesses et persévèrent jusqu’à la fin dans la foi, tandis que le Seigneur donne des bénédictions au cours de la vie et le salut et l’exaltation à la fin.

Il y a rupture de l’alliance quand une promesse n’est pas tenue, c’est-à-dire, quand il y a transgression des commandements. En brisant cette relation, la personne perd ses bénédictions. Celles-ci ne peuvent lui être rendues dans leur intégralité que si elle se repent et contracte à nouveau l’alliance. Les alliances réconfortent les justes (Daniel 9:4) et soulagent le coeur des opprimés (D&A 74:20-21), mais causent la honte chez les impénitents (Ézéchiel 16:60-63 ).

Les saints des derniers jours croient que les premières alliances personnelles ont été faites dans la vie prémortelle, pour être contractées à nouveau plus tard sur la terre. Dans l’histoire sacrée de la terre, Dieu a fait alliance avec Adam et Ève et tous les anciens patriarches et prophètes et leurs épouses. Par exemple, Dieu a fait des alliances de toutes sortes avec Hénoc, Abraham et Sara, Moïse, les rois d’Israël et de Juda, David, Salomon et Josias (2 Chroniques 34:29-32) et avec beaucoup de prophètes. Jésus-Christ a institué la Sainte-Cène comme une alliance établissant des relations personnelles avec chacun de ses disciples (Hébreux 8:6), son sang remplaçant le vieux sang des sacrifices, le “sang d’une alliance éternelle » (Hébreux 13:20). Par l’intermédiaire de Joseph Smith, les alliances éternelle ont été rétablies (voir Nouvelle Alliance éternelle ; D&A 1:15 , 22 ; 22:1 ; 132 ).

Pour chaque groupe respectif de peuples de l’alliance, cette relation importante avec la Divinité est également un marqueur d’identité distinguant des personnes ou un groupe de leurs pairs. On utilise souvent des signes extérieurs tels que la circoncision (Genèse 17:2-14), le jour du sabbat (Exode 31:12-17), l’endogamie ou l’interdiction du mariage en dehors du groupe (Esdras 10:3), les salutations (D&A 88:131-133) et les interdits en matière de nourriture, tels que les tabous alimentaires du Lévitique ou le code de santé moderne de la Parole de Sagesse (D&A 89).

D’un point de vue historique, l’accent mis sur les alliances, parmi les églises chrétiennes, s’est renforcé à partir de la Réforme. Dans la Genève de Jean Calvin, la notion d’alliance était cruciale (Lillback, 1987), une tradition qui s’est transmise à de nombreuses confessions protestantes, notamment aux Puritains (van Pohr, 1986). Dans l’histoire ecclésiastique américaine, les alliances ont aussi été cruciales, et les Puritains de la Nouvelle-Angleterre se sont clairement vus comme étant le peuple de l’alliance du Seigneur (Miller, 1966). Ce concept est resté important dans la culture américaine et est un élément vital et essentiel de la religion mormone.

Bibliographie
Anderson, Richard L. "Religious Validity: The Sacramental Covenants in 3 Nephi." Dans By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, tome 2, p. 1-51. Salt Lake City, 1990.
Cooper, Rex E. Promises Made to the Fathers: Mormon Covenant Organization. Salt Lake City, 1990.
Lillback, P. A. The Binding of God: Calvin’s Role in the Development of Covenant Theology. Ann Arbor, Mich., 1987.
Miller, P. Life of the Mind in America from the Revolution to the Civil War. Londres, 1966.
Pohr, J. van. The Covenant of Grace in Puritan Thought. AAR Studies in Religion 45. Atlanta, Georgia, 1986.
Ricks, Stephen D. "The Treaty/Covenant Pattern in King Benjamin’s Address (Mosiah 1- 6)." BYU Studies 24, printemps 1984, p. 151-162.
WOUTER VAN BEEK

Alliances aux temps bibliques
Auteur : Tate, George S.

L'idée de contracter et de respecter des alliances est essentielle pour les saints des derniers jours, qui seraient tout à fait d’accord « que le message central de la Bible est l'alliance de Dieu avec les hommes » (Bruce, p. 139). Le thème de l’alliance « imprègne les enseignements de l'Ancien Testament » et toutes les Écritures (Ludlow). L’utilisation d’alliances sacrées pour unir les hommes à Dieu et les uns aux autres est un procédé systématique et durable dans les relations de Dieu avec l'humanité depuis le début de l'histoire de la terre jusqu'à l'heure actuelle.

Se basant sur des révélations extrabibliques pour leur compréhension des alliances bibliques, les saints des derniers jours considèrent l'histoire des relations de Dieu avec l'humanité comme organisée selon des « dispensations » de l'Évangile, à l’occasion desquelles l'Évangile (et notamment la prêtrise et toutes les ordonnances nécessaires) est accordé par Dieu à l'homme et reçu par alliance. Chaque dispensation est présidée par des dirigeants de la prêtrise détenant des clés qui leur donnent le droit de faire contracter aux hommes des alliances qui font force de loi au ciel comme sur la terre. Ainsi, Moïse (De. 29:10-15), Josué (Jo 24:14-28) et Pierre (Mt 16:19) ont été parmi ceux qui avaient l’autorité d'agir au nom de Dieu quand ils faisaient et renouvelaient des alliances qui liaient entre eux Dieu et son peuple.

Les relations d’alliance de Dieu avec l'humanité ont commencé avec Adam et Ève. Les textes de la Perle de Grand Prix montrent qu’Adam et Ève ont été les premiers, après la Chute, à contracter des relations par alliance avec Dieu par le sacrifice, le baptême (Moïse 6:64-66) et la réception de la prêtrise et d’ordonnances liées au temple : « C’est ainsi que tout fut confirmé pour Adam par une sainte ordonnance » (Moïse 5:59 ; voir aussi 4:4-5, 8, 10-12). Adam et Ève reçurent la promesse d’un Sauveur et il leur fut commandé d'être obéissants, d'être repentants et de tout faire au nom du Fils de Dieu (Moïse 5:6-8).
Alors que la Bible utilise pour la première fois le terme « alliance » avec Noé (6:18 ; 9:9-17), c’est avec Hénoc (Moïse 7:51 ; 8:2) que les autres écritures des saints des derniers jours l’emploient en premier lieu. Les érudits bibliques non mormons (p. ex., Fensham) organisent généralement les principales alliances bibliques en une quintuple séquence (Noé, Abraham, Moïse, David et l'alliance du Nouveau Testament), mais les saints des derniers jours suivent une séquence de sept dispensations principales (Adam, Hénoc, Noé, Abraham, Moïse, Jésus-Christ et ses apôtres et Joseph Smith) et reconnaissent aussi celles du frère de Jared, de Léhi et d’Alma dans l'histoire du Livre de Mormon. Alors que les savants non mormons s’efforcent de comprendre ce qu’il y a de commun et de différent entre les alliances mentionnées dans la Bible (par exemple, l’alliance patriarcale d'Abraham a continué même quand l'alliance au Sinaï a été violée), les saints des derniers jours, eux, trouvent que les grandes alliances ont toutes un point commun à savoir qu’on y retrouve les mêmes principes sous-jacents de l'Évangile de Jésus-Christ.
Étant donné le rôle essential qu’elles jouent dans les alliances mentionnées plus tard dans la Bible (p. ex., Ex. 2:24; Luc 1:72-73; Actes 3:25; Galates 3:13-14), les promesses faites de manière explicite dans l'alliance abrahamique revêtent une importance particulière dans les enseignements de l’Église (Ricks, 1985 ; Nyman). Le livre d'Abraham dans la Perle de grand prix augmente la compréhension que nous avons des promesses faites à Abraham et à Sara. Aux promesses d'une terre d'héritage (Genèse 15:18 ;17:8 ; cf. Abr 2:6) et d'une postérité innombrable (Genèse 15:5 ; 17:2-6 ; cf. Abr 2:9 ; 3:14), le livre d'Abraham ajoute les bénédictions de la prêtrise (Abr 1:3-4, 18) et la promesse que la postérité d'Abraham sera le moyen par lequel l'Évangile sera répandu sur toute la terre afin que le monde entier puisse recevoir l'Évangile et obtenir le salut (Abr 2:10-11). Les saints des derniers jours croient que le pouvoir de faire ces promesses antiques au moyen d’une alliance a été rétabli le 3 avril 1836, quand Élie, Élias, Moïse et autres prophètes anciens ont rendu à Joseph Smith et à Oliver Cowdery les clés de « la dispensation de l'Évangile d'Abraham, disant qu'en nous et en notre postérité toutes les générations après nous seraient bénies » (D&A 110:12 ; 124:58 ; 132:30-31).

Aux temps bibliques, on faisait des alliances politiques et juridiques de diverses manières. Les alliances religieuses s’inspiraient souvent de ces pratiques profanes. Par exemple, dans la langue de la Bible, on « coupe » une alliance, ce qui rappelle le procédé légal consistant à couper un petit animal lors d'une cérémonie scellant un contrat ou un traité (Genèse 15:10; Hillers, p. 40-45).

Le processus de renouvellement des alliances, individuellement et collectivement, était également un élément important de la vie religieuse à l'époque biblique. Tout comme les saints des derniers jours « renouvellent » leur alliance du baptême en prenant la Sainte-Cène, il y a des cas scripturaires de rites communautaires de renouvellement d'alliance (par exemple, De 31:10-13; Jo 1:16-18). On trouve aussi des renouvellements d'alliance dans le Livre de Mormon où l’on constate des analogies avec les pratiques du Proche-Orient (surtout hittites) (Ricks, 1984, 1990).

Malgré ces renouvellements, il est clair que l'ancienne alliance, ou loi de Moïse, devait être remplacée par une nouvelle, comme Jérémie le prophétise (Jérémie 31:31). Les saints des derniers jours croient que cette prophétie s’est réalisée dans le Nouveau Testament (ou, plus exactement, la Nouvelle Alliance). Le Christ « est le médiateur d'une alliance plus excellente, qui a été établie sur de meilleures promesses » (Hébreux 8:6). Le symbole récurrent du renouvellement dans la nouvelle alliance est la Sainte-Cène, instituée lors de la dernière Cène et centrée sur l'engagement à se souvenir toujours du Christ, ce qui fait penser à la Pâque de l'ancienne alliance et à l’appel des prophètes de l’alliance à connaître Dieu (Osée 4:6).

Bibliographie
Bruce, F. F. "Bible." Dans The New Bible Dictionary, 2e éd., dir. de publ. J. D. Douglas et autres, p. 137-140. Wheaton, Ill., 1982.
Fensham, F. C., "Covenant, Alliance." Dans The New Bible Dictionary, 2e éd., dir. de publ. J. D. Douglas et autres, p. 137-140. Wheaton, Ill., 1982.
Hillers, Delbert R. Covenant: The History of a Biblical Idea. Baltimore, 1969.
Ludlow, Victor L. "Unlocking the Covenant Teachings in the Scriptures." Religious Studies Center Newsletter, Brigham Young University 4, no. 2, 1990, p. 1, 4.
Nyman, Monte S. "The Covenant of Abraham." Dans The Pearl of Great Price: Revelations from God, p. 155-170, dir. de publ. H. Donl Peterson et C. Tate. Provo, Utah, 1989.
Ricks, Stephen D. "The Treaty/Covenant Pattern in King Benjamin's Address (Mosiah 1- 6)." BYU Studies 25, printemps 1984, p. 151-162.
Ricks, Stephen D. "The Early Ministry of Abraham." Dans Studies in Scripture, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson, vol. 2, p. 217-224. Salt Lake City, 1985.
Ricks, Stephen D. "Deuteronomy: A Covenant of Love." Ensign 20, avr. 1990, p. 55-59.
Whittaker, David J. "A Covenant People: Old Testament Light on Modern Covenants." Ensign 10, août 1980, p. 36-40.
GEORGE S. TATE

 
Alma l’Ancien
Auteur : LAMBERT, L. GARY
 
Alma l’Ancien (vers 174-92 av. J.-C.) est le premier des deux Alma du Livre de Mormon. Il est descendant de Néphi 1, fils de Léhi, et est le jeune prêtre de la cour du roi Noé qui va essayer de faire libérer pacifiquement le prophète Abinadi. Cela va lui valoir la vengeance royale, l'exil et des menaces de mort. Il est impressionné par les accusations portées par Abinadi concernant l'immoralité et les abus du gouvernement et de la société et par son témoignage de l'Évangile de Jésus-Christ (Mos. 17:2). Forcé plus tard de passer dans la clandestinité, Alma met par écrit les enseignements d'Abinadi, puis en fait part à d'autres, attirant suffisamment d’adhérents – 450 – pour organiser une société de croyants ou Église. Les croyants s’assemblent dans une région isolée et non exploitée appelée Mormon. Ceux qui participent à la vie de l'Église s’engagent à « porter les fardeaux les uns des autres », à « pleurer avec ceux qui pleurent » et à « consoler ceux qui ont besoin de consolation » et à « être les témoins de Dieu en tout temps, et en toutes choses » (Mosiah 18:8-9). Cet engagement est alors scellé par le baptême, considéré comme « témoignage que tu as conclu l'alliance de le servir [le Dieu Tout-Puissant] jusqu'à ce que tu sois mort quant au corps mortel » (verset 13). Les croyants se donnent le nom de « l'Église de Dieu, ou l'Église du Christ » (verset 17).
 
Alma ordonne des prêtres laïcs – un par cinquante membres – et il leur dit de subvenir à leurs propres besoins et de limiter leurs sermons à ses enseignements et à la doctrine « qui avai[t] été dit[e] par la bouche des saints prophètes… le repentir et la foi au Seigneur » (Mos. 18:19-20). Il exige aussi l’observance fidèle du sabbat, des remerciements quotidiens à Dieu et aucune controverse, « leurs cœurs étant enlacés dans l'unité et l'amour les uns envers les autres » (18:21-23). Les prêtres se réunissent au moins une fois par semaine avec le peuple pour l’instruire lors d'une réunion de culte (18:25). Par des dons généreux, tous prennent soin les uns des autres, chacun selon ce qu'il a (18:27-28).
 
Les croyants finissent par être découverts et le roi Noé accuse Alma de sédition, commandant à son armée de l’écraser, lui et ses disciples. Forcé de partir en exil, Alma conduit le peuple plus loin dans le désert où il prospère pendant vingt ans dans une région qu'il appelle Hélam (Mos. 18:32-35 ; 23:1-5, 20). Alma décline fermement les efforts bien intentionnés de le faire roi et réussit à dissuader son peuple d'adopter un gouvernement monarchique, l’invitant à jouir de cette nouvelle « liberté qui [l’] a rend[u] libr[e] et de ne se fier « à aucun homme pour qu'il soit [son] roi » (Mos. 23:13). Il ne s'oppose pas à la monarchie en tant que telle. Ce sont plutôt ses limites fondamentales qui le préoccupent : « S'il était possible que vous eussiez toujours des hommes justes comme rois, il serait bien que vous ayez un roi » (23:8).
 
Alma et son peuple seront plus tard opprimés par Amulon, un autre ex-prêtre qui a déserté la cour du roi Noé, et qui, avec le reste d'une armée de Lamanites, découvre le peuple d'Alma dans son refuge du désert. Pendant leurs souffrances, la voix du Seigneur promet soulagement et délivrance à cause de leur alliance avec lui : « Moi, le Seigneur Dieu, j'interviens effectivement en faveur de mon peuple dans ses afflictions » (Mos. 24:14). Une fois de plus, à la manière de Moïse, Alma guide son peuple hors de la servitude et, par un voyage de douze jours, le conduit dans une nouvelle terre, le pays de Zarahemla, où il s’unit au peuple de Zarahemla et aux Néphites exilés pour former une nation néphite nouvelle et plus forte (Mos. 24:24-25).
 
Mosiah II, roi de Zarahemla, lui aussi descendant de Néphites croyants transplantés, approuve et autorise même l'expansion de l'Église d'Alma dans son royaume ; toutefois, l'Église fonctionne séparément et indépendamment de l'État. Le roi confie aussi les rênes de la direction à Alma (Mos. 25:19 ; 26:8), qui dirige l’Église avec succès pendant vingt années caractérisées en grande partie par des épreuves, beaucoup d’affrontements entre non-croyants et membres de l'Église avec, pour résultat, des moments pénibles aussi bien pour lui que pour l'Église (Mos. 26:1-39). Plus tard, l'antagonisme généralisé va obliger le roi à publier un décret pour diminuer la tension (27:1-6). Même un des fils d'Alma se retrouve dans les rangs des ennemis de l'Église, son agitation et ses critiques aggravant encore les persécutions contre les membres de l'Église (27:8-10).
 
De son vivant, Alma voit le roi Mosiah démanteler la monarchie et la transformer en un système de juges élus par le peuple (Mos. 29:2) ; il voit aussi son propre fils, Alma le Jeune, celui qui lui a précédemment causé du chagrin ainsi qu’à l’Église, devenir le premier grand juge (Mos. 29:1-44). Cette transformation politique va s’avérer cruciale dans l'histoire du pays de Zarahemla. Alma y est pour quelque chose, aussi bien directement qu’indirectement ; l’histoire de ses souffrances et de celles de son peuple sous des gouverneurs oppresseurs est bien connue dans tout le royaume (25:5-6) et est restée distincte dans l'esprit du roi Mosiah (29:18). On voit donc que l'influence d'Alma dépasse les limites spirituelles immédiates de son intendance sur l'Église. C’est, en effet, à cause de cette influence que la nation néphite tout entière connaît des changements sans précédent dans presque toutes les dimensions de la vie quotidienne : politiques, sociaux et économiques aussi bien que religieux. Ces changements et toutes leurs ramifications pour l'ordre social et la population préparent le contexte dans lequel va se dérouler la visite du Christ ressuscité en Amérique. Aimé de ses disciples pour son dévouement et sa foi, estimé par ses pairs pour sa direction efficace, Alma sera probablement toujours connu surtout comme fondateur de l'Église à Zarahemla. Sa postérité va devenir la première famille néphite pendant plus de 400 ans, jusqu’à Ammaron en 321 apr. J.-C. (4 Né. 1:48). Alma meurt à quatre-vingt-deux ans, moins de cent ans avant la naissance de Jésus-Christ.
 
L. GARY LAMBERT
 
Alma le Jeune
Auteur : Millet, Robert L.
 
Peu de personnes ont eu une plus grande influence sur une civilisation qu'Alma le Jeune, fils d'Alma l’Ancien. Il est une personnalité-clef dans la naissance de l'Église et de la république néphites, et le premier grand juge à Zarahemla, commandant en chef de l'armée néphite et grand prêtre (vers 90-73 av. J.-C.). Ses efforts pour protéger son peuple contre la guerre, les dissensions et la méchanceté ne le cèdent qu’à son dévouement total au Sauveur, qu'il apprend à connaître par la révélation.
 
Ce champion de la justice apparaît d'abord dans le Livre de Mormon comme un jeune homme rebelle. Lui et quatre des fils du roi Mosiah II, décrits comme « les plus vils des pécheurs » (Mos. 28:4), se rebellent contre les enseignements de leurs parents et cherchent à renverser l'Église. Tandis qu’ils se livrent à ce travail (vers. 100-92 av. J.-C.), l'ange du Seigneur leur apparaît, leur parle avec une voix de tonnerre et les appelle au repentir et il leur dit qu’il le fait à cause des prières du peuple et du père d'Alma. Pendant trois jours et trois nuits, Alma reste couché dans un état physiquement comateux et, pendant ce temps, il se retrouve spirituellement face à tous ses péchés, à cause desquels, dira-t-il plus tard, il était « tourmenté par les souffrances de l'enfer » (Al. 36:12-14).
 
Au plus profond de l’angoisse de son âme, Alma se rappelle les paroles de son père au sujet de la venue de Jésus-Christ pour expier les péchés du monde. Il en appelle, dans son cœur, au Christ, demandant grâce et suppliant d’être délivré du « fiel de l’amertume » et des « chaînes éternelles de la mort » Et, dit-il, « je ne pus plus me souvenir de mes souffrances ; oui, je n'étais plus déchiré par le souvenir de mes péchés » (Al. 36:17-19). Après leur conversion, Alma et les fils de Mosiah vont consacrer leur vie à la prédication du repentir et au joyeux Évangile (Al. 36:24).
 
Pendant quelque neuf années, Alma va être à la fois grand prêtre de l'Église et grand juge ou gouverneur d'un nouveau système politique de juges parmi les Néphites. Il est instruit, gardien des registres sacrés et civils, orateur inspirant et écrivain habile. Jeune dirigeant civil et religieux, il doit affronter un certain nombre de problèmes. Plusieurs factions politico-religieuses sont en train d’apparaître dans la société néphite, notamment les Zoramites, les Mulékites, des membres de l'Église et un groupe hostile à l’Église, les disciples de Néhor (voir Livre de Mormon – Peuples). Conserver la direction néphite de tous ces groupes va se révéler impossible. Lors d’un procès-phare dans sa première année comme grand juge, Alma juge le populaire Néhor coupable d’imposer par l’épée des supercheries de prêtres, ce qui aura comme conséquence son exécution (Al. 1:2-15). Ceci débouche bientôt sur une guerre civile au cours de laquelle Alma tue lui-même au combat le nouveau chef rebelle, l’un des protégés de Néhor (Al. 2-3). Il s’ensuit une grave épidémie d'orgueil et d'inégalité parmi beaucoup dans l'Église (Al. 4) et la sécession des arrogants Zoramites. « Ne voyant aucun autre moyen de le ramener qu'en lui opposant un témoignage pur » (Al. 4:19), Alma démissionne de son poste de grand juge et se consacre entièrement à l’œuvre du ministère (Al. 4:19 ; 31 :5). Son travail religieux, particulièrement dans les villes néphites de Zarahemla (Al. 5, 30) et de Gidéon (Al. 7), le bastion néhorite d'Ammonihah (Al. 8-16) et le centre zoramite d’Antionum (Al. 31-35) revitalise l'Église et fournit le modèle de l'administration pour le siècle à venir jusqu’à l'avènement du Christ.
 
C’est dans ses sermons et les bénédictions qu’il donne à ses enfants que l’on trouve les apports les plus durables d’Alma. Certainement en raison de sa propre conversion (Mos. 27), ses paroles portent fréquemment sur le sacrifice expiatoire du Rédempteur et sur la nécessité pour les hommes et les femmes de naître de Dieu, d’être changés et renouvelés par le Christ. Parlant au peuple de Gidéon, il prononce un oracle prophétique profond concernant la naissance de Jésus et l'Expiation qu'il va accomplir, « subissant des souffrances, et des afflictions, et des tentations de toute espèce… afin de détacher les liens de la mort qui lient son peuple ; et il prendra sur lui ses infirmités, afin que ses entrailles soient remplies de miséricorde… afin qu'il sache, selon la chair, comment secourir son peuple selon ses infirmités » (Al. 7:11-12). À Zarahemla, Alma met l’accent sur la nécessité de la nouvelle naissance et d'acquérir l'image et les attributs du Maître ; ce faisant, il propose une série de plus de quarante questions qui évaluent la profondeur de la conversion et de la préparation à rencontrer le Créateur (voir Al. 5).
 
À Ammonihah, Alma et son converti Amulek sont accusés de crime, provoqués et emprisonnés pendant plusieurs semaines sans vêtements ni nourriture suffisante. Après avoir été forcés d’être témoins de la mort par le feu de plusieurs femmes et enfants fidèles, Alma et Amulek sont miraculeusement délivrés et leurs persécuteurs annihilés. Les discours d'Alma et d'Amulek sur la Création, la Chute et l'Expiation sont parmi les déclarations théologiques les plus claires et les plus fondamentales de l’Écriture sur ces sujets (voir Al. 11-12, 34, 42). En expliquant l'humilité, la foi et la prière aux pauvres d’Antionum (Al. 32-34), Alma et Amulek exposent le procédé par lequel ceux qui n’ont pas la foi au Christ (ou ceux dans la bergerie qui désirent fortifier leur croyance) plantent la semence de la parole du Christ dans leur cœur et finissent par recevoir le témoignage qui est donné par le pouvoir du Saint-Esprit.
 
Certains des renseignements doctrinaux les plus pénétrants du Livre de Mormon nous viennent des paroles d'Alma à ses fils. Parlant à Hélaman I, son fils aîné et successeur, Alma raconte avec éloquence l'histoire de sa propre conversion, lui fait des recommandations paternelles affectueuses et lui confie la garde des plaques d’airain, des plaques de Néphi, des plaques d'Éther et du liahona (Al. 36-37). À Shiblon, il donne des conseils pratiques sages (Al. 38). À Corianton, son fils cadet dévoyé, qui finira par œuvrer vaillamment dans l'Église, Alma explique la gravité du péché sexuel, que la méchanceté n’a jamais été le bonheur (Al. 39, 41:10), que tous les esprits seront jugés après la mort et se tiendront un jour devant Dieu après une résurrection parfaite (Al. 40) et que le mot « restauration » ne signifie pas que Dieu remettra le pécheur dans un certain ancien état de bonheur (Al. 41), parce que la miséricorde divine ne peut pas dérober la justice quand la loi de Dieu a été violée (Al. 42).
 
Relativement jeune au moment de sa conversion, Alma vivra moins de vingt ans après cela. Pourtant, en ces deux décennies, il va presque à lui tout seul revigorer et faire triompher la cause de la vérité et de la liberté dans l'Église et la société néphites. N'oubliant jamais la voix de tonnerre de l'ange au moment de sa conversion, Alma est sans cesse animé de ce désir invariable : « Oh, que je voudrais être un ange et satisfaire le souhait de mon cœur, d'aller et de parler avec la trompette de Dieu, d'une voix qui fait trembler la terre, et d'appeler tous les peuples au repentir !… afin qu'il n'y ait plus de tristesse sur toute la surface de la terre » (Al. 29:1-2). Quand il s’en va un jour et qu’on ne le revoit plus jamais, ses fils et l'Église supposent que « [le Seigneur] a aussi reçu Alma en esprit à lui » tout comme Moïse (Al. 45:19), faisant une comparaison justifiée entre ces deux grands législateurs, juges, gouverneurs, chefs spirituels et prophètes.
 
Pour les saints des derniers jours, la vie et les leçons d'Alma sont riches et éternelles. Il donne de l’espoir aux parents qui ont des enfants rebelles et est comme une balise pour ceux qui s’égarent. C’est un homme public modèle, un exemple remarquable de la nouvelle vie en Christ, un prédicateur courageux, un missionnaire et un théologien doué. Alma est un prophète qui a reçu la récompense d'un prophète.
 
Bibliographie
Holland, Jeffrey R. "Alma, Son of Alma". Ensign 7, mars 1977, p. 79-84.
Perry, L. Tom. "Alma the Younger." CR avril 1979, p. 16-17.
ROBERT L. MILLET

Ancien, Prêtrise de Melchisédek
Auteur : Vetterli, Richard R.

« Ancien » est un office de la Prêtrise de Melchisédek de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours auquel les membres masculins dignes peuvent être ordonnés à l'âge de dix-huit ans ou plus. Le nom « ancien » est également utilisé comme titre général pour tous les détenteurs de cette prêtrise, quel que soit l’office de prêtrise spécifique qu'ils détiennent (D & A 20:38 ; cf. 1 Pierre 5:1 ; 2 Jean 1:1 ; 3 Jean 1:1).

En mai 1829, Jean-Baptiste, qui leur avait conféré la Prêtrise d'Aaron, promit à Joseph Smith et à Oliver Cowdery qu'ils deviendraient « en temps voulu » les premier et deuxième anciens de l'Église (JS — H 1:72 ; HC 1:40-41). Peu après, ils prièrent pour plus d'informations :

« Il n’y avait pas longtemps que nous nous livrions à une prière fervente et solennelle, quand la parole du Seigneur nous parvint dans la chambre, nous commandant que j’ordonne Oliver Cowdery ancien dans l'Église de Jésus Christ et qu'il devrait aussi m'ordonner au même office et puis en ordonner d'autres selon que cela nous serait commandé de temps à autre. Il nous fut cependant commandé de postposer notre ordination jusqu'à ce qu'il fût possible de rassembler nos frères qui avaient été et qui allaient être baptisés [HC 1:60-61 ; cf. JS — H 1:72].

Ces ordinations furent accomplies le 6 avril 1830, lors de l'organisation de l'Église (D&A 20:1-4).

Les anciens ont pour devoir d’être des « ministres permanents » (D&A 124:137) afin de veiller sur l'Église, aider à en gérer les affaires, enseigner et conseiller. Ils ont l’autorité de conférer le don du Saint-Esprit par l'imposition des mains et de donner des bénédictions, y compris la guérison des malades. Les anciens peuvent accomplir toutes les fonctions de la Prêtrise d’Aaron, notamment baptiser et bénir la Sainte-Cène. Ils ont l'autorité, sous la direction de l’évêque de la paroisse ou du président de pieu, de conférer la Prêtrise d'Aaron ou la Prêtrise de Melchisédek aux bénéficiaires dignes et d'ordonner d’autres anciens, instructeurs, prêtres et diacres. Ils peuvent faire une mission (voir D&A 20:38-50, 70 ; 42:12, 44) et peuvent être appelés à divers autres postes de direction ou de service. À la conférence générale d’octobre 1904, le président Joseph F. Smith dit que les anciens devaient être des « ministres permanents au pays , être prêts à répondre à l'appel des officiers présidents de l'Église et de pieu, à travailler dans le ministère au pays et à officier dans tout appel qui peut leur être confié, que ce soit pour travailler dans les temples ou dans l’œuvre du ministère au pays, ou que ce soit pour aller dans le monde avec les soixante-dix prêcher l'Évangile » (CR, octobre 1904, p. 4). Dans les endroits où l'Église n'est pas complètement organisée, les membres se réunissent dans des branches sous la direction d’un ancien appelé président de branche (voir Organisation : Organisation contemporaine).

Tous les anciens résidant dans une paroisse sont organisés en un collège comptant jusqu’à quatre-vingt-seize membres (D&A 107:89). Ils sont dirigés par un président, deux conseillers et un secrétaire appelés parmi les membres du collège par le président de pieu. La présidence du collège des anciens fait rapport au président de pieu, mais pour tous, le service et les activités locales demeurent sous la juridiction de l'évêque de la paroisse. Les anciens se réunissent en collège au moins chaque dimanche. Ils ont la responsabilité de s’intégrer mutuellement et d’aider à administrer les programmes et les activités du collège, dans la paroisse et dans le pieu, avec l'intention d'améliorer la condition de l'humanité (voir Services d'entraide). Les anciens sont dirigés par révélation pour fonctionner dans un esprit d'amour, de gentillesse, de persuasion patiente et de justice (D&A 121:41-46).

L'utilisation du mot « ancien » diffère de l'usage de ce terme dans les sociétés où il désigne les personnes âgées qui exercent une influence et de l'autorité dans la communauté en raison de leur âge, de leur statut, de leur sagesse, de leur expérience et de leur réputation, ou sur désignation par le groupe. Le terme était commun aux sociétés anciennes comme celles de l'Égypte, de Madian et de Moab (Genèse 50:7 ; Nombres 22:7). Les anciens (c.-à-d., les zeqenim, les « vieux ») étaient des dirigeants éminents des tribus israélites pendant l'exode (Exode 4:29). Apparemment, ils assistaient Moïse dans l'administration de la justice (Lévitique 4:13-21 ; 9:1 ; Nombres 16:25), et certains étaient manifestement autorisés à participer à des cérémonies religieuses sacrées (Exode 24:9-11 ; Nombres 11:16-26). Après la conquête de Canaan, l'autorité municipale des anciens augmenta et ils aidèrent au gouvernement des communautés tribales. Ils jouèrent un rôle quand il s’agit d’accepter un roi (2 Samuel 3:17-21 ; 5:3) et dans d'autres fonctions communautaires et religieuses (1 Rois 8:1-3 ; 20:7-8). Des dizaines de fonctions de ce genre sont mentionnées dans les livres historiques de l'Ancien Testament. Avec le prophète Ézéchiel, ces anciens furent les principaux dirigeants pendant la captivité à Babylone (605 av. J.-C., par exemple, Ézéchiel 8:1 ; 14:1-5). Plusieurs années après le retour d'exil, les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens composèrent le Sanhédrin, le conseil qui gouvernait Juda. Un conseil local de vingt-trois anciens gouvernait chaque communauté. À l'époque du Nouveau Testament, des anciens étaient nommés comme dirigeants ecclésiastiques pour chacune des assemblées chrétiennes locales (Actes 14:23 ; 15:6 ; 20:17-28 ; Tite 1:5 ; Jacques 5:14 ; 1 Pierre 5:1-4). Ils se retrouvaient avec les apôtres dans les conseils et le gouvernement de l'Église et fonctionnaient parmi leurs frères chrétiens d’une manière semblable au Sanhédrin juif (Actes 11:30 ; 15:2 ; 16:4 ; 21:18). Des « superviseurs » ou « évêques » peuvent avoir été choisis parmi les anciens de bonne réputation (Actes 20:17-28 ; Tite 1:5-9 ; cf.1 Timothée 3:1-7).


Bibliographie
Davies, G. Henton. "Elder in the Old Testament." Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 72-73. Nashville, Tenn., 1962.
McConkie, Bruce R. Only an Elder. Salt Lake City, 1978.
Shepherd, M. H., Jr. "Elder in the New Testament." Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 73-75. Nashville, Tenn., 1962.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. rév. Salt Lake City, 1954.
R. RICHARD VETTERLI

 
Ancien Testament
Auteur : RASMUSSEN, ELLIS T.
 
L’Ancien Testament est l’un des ouvrages canoniques admis par l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, qui l’estime pour ses enseignements prophétiques, historiques, doctrinaux et moraux. Il raconte une série de dispensations antiques pendant lesquelles le peuple a reçu des conseils périodiques par des alliances et des commandements divins dont beaucoup restent fondamentaux et intemporels. À ce propos, il est significatif pour les saints des derniers jours qu’en septembre 1823 l’ange Moroni ait cité une série de prophéties de l’Ancien Testament quand il a révélé au prophète Joseph Smith l’endroit où se trouvait un document antique écrit sur des plaques d’or, dont la traduction a donné le Livre de Mormon (JS–H 1:36-41). De plus, les travaux considérables de Joseph Smith sur l’Ancien Testament et les révélations qui lui ont été données à ce propos (juin 1830 à juillet 1833), qui ont mené à la traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS) et à certaines sections instructives des Doctrine et Alliances, soulignent l’importance de ces textes scripturaires. En outre, il ressort du Livre de Mormon qu’avant 600 av. J.-C. le prophète Léhi et sa colonie ont apporté de Jérusalem sur le continent américain un document sur des plaques d’airain qui contenait beaucoup de textes de l’Ancien Testament (1 Né. 5:10-15), amenant Léhi et ses descendants à attendre la venue d’un Rédempteur (1 Né. 19:22-23) et leur donnant un guide pour leur épanouissement moral et spirituel (Mos. 1:3, 5).
 
L’Ancien Testament, même s’il porte aussi le nom d’Ancienne Alliance, n’est donc pas démodé aux yeux des saints. Il contient des récits, de la sagesse et des textes écrits part des prophètes anciens, et même si des « parties claires et précieuses » ont été perdues, beaucoup ont été rendues dans les Écritures des saints (1 Né. 13:40). Il contient une série d’alliances anciennes avec Jéhovah (Jésus-Christ) qu’il faut distinguer des alliances supérieures du Nouveau Testament (par exemple, Mt. 26:28 ; Lu. 22:20 ; 1 Co. 11:25 ; 2 Co. 3:6 ; Hé. 7:22). Les saints des derniers jours les considèrent toutes comme éléments du même plan de salut divin.
 
ALLIANCES ET COMMANDEMENTS ÉTERNELS. Les saints des derniers jours éprouvent le besoin d’apprendre et de pratiquer les principes prescrits dans toutes les alliances et tous les commandements divins, qui sont éternellement valides. Pour connaître et comprendre les buts éternels de Dieu, il faut étudier les époques passées dont il est question dans l’Ancien Testament, ainsi que celles accessibles dans d’autres Écritures anciennes et modernes. Par exemple, les révélations modernes aident les saints des derniers jours à lire l’Ancien Testament en appréciant plus complètement la pérennité des notions éternellement importantes enseignés par les prophètes dans les Écritures.
 
Depuis le commencement, les alliances divines liées au salut sont enseignées par les prophètes et certaines sont symbolisées par des ordonnances sacrificatoires. Une révélation donnée à Moïse et rétablie par Joseph Smith dit que les sacrifices d’animaux ont été exigés depuis le temps d’Adam et Ève (Moï. 5:5) et que ces sacrifices étaient « une similitude du sacrifice du Fils unique du Père » (Moï. 5:7).
 
Une autre alliance de l’Ancien Testament confirmée dans la révélation moderne est l’alliance abrahamique. Elle ne concerne pas seulement les descendants littéraux d’Abraham mais également ceux qui sont adoptés dans sa famille à cause de leur foi dans le vrai Dieu et de leur baptême dans l’Évangile du Christ (Ge. 12:1 ; Ga. 3:26-29). Ces « descendants » d’Abraham sont chargés d’apporter les bénédictions de cette alliance à toutes les nations, en enseignant le Dieu vrai et vivant et en faisant connaître son plan de salut (Abr. 2:9-11). La responsabilité de connaître l’alliance d’Abraham et d’agir en conséquence a été transmise aux héritiers modernes par la révélation (D&A 110:12). De plus, il y a, dans le Livre de Mormon, une promesse de Jésus ressuscité selon laquelle les descendants de son peuple d’Israël, le peuple de son ancienne alliance, qui ont été dispersés au-dehors, « seront rassemblés de l’est, et de l’ouest, et du sud, et du nord ; et ils seront amenés à connaître le Seigneur, leur Dieu, qui les a rachetés » (3 Né. 20:13). Ils doivent être installés dans les pays de leur héritage et s’acquitter de leur responsabilité antique et suprême d’édifier le royaume du Seigneur (3 Né. 20:21-46 ; cf. És. 52:1-15). Pour les saints des derniers jours, le rétablissement « de toutes choses » (Ac. 3:21) inclut beaucoup de principes, de points de doctrine et d’idéaux de l’Ancien Testament.
 
LOIS TEMPORAIRES ET ÉTERNELLES. Les saints des derniers jours ne croient pas que quand il a accompli la loi de Moïse Jésus a de ce fait abrogé la loi, les prophètes et les écrits de l’Ancien Testament (3 Né. 15:5-8). En fait, il a accompli la loi du sacrifice en permettant que son propre sang soit versé (Al. 34:13) et en remplaçant certaines pratiques religieuses d’autrefois (3 Né. 12:18-20 ; 15:2-10). Ainsi, la fête de la pâque est devenue la Sainte-Cène commémorant le dernier repas du Seigneur (Lu. 22:1-20) : L’agneau pascal a trouvé son point culminant dans l’Agneau de Dieu (Ex. 12:5, 21 ; 1 Co. 5:7 ; 1 Pi. 1:19 ; Ap. 5:6). Le sacrifice d’animaux a trouvé son point culminant dans le sacrifice final de Jésus, dont ils étaient de simples symboles, mais le sacrifice « d’un cœur brisé et d’un esprit contrit » continue (3 Né. 9:19-20 ; cf. Ro. 12:1).
 
Jésus a réitéré beaucoup de lois morales et spirituelles enseignées par Moïse et les prophètes. Celles-ci comprennent les lois concernant la révérence pour Dieu, le respect des parents, la chasteté dans la conduite morale, le renoncement à la violence et au meurtre et la pratique de l’honnêteté avec ses semblables (par exemple, Mt. 5:17-48 ; cf. 3 Né. 12:17-48 ; Lu. 16:19-31 ; 24:13-47). Abinadi, prophète du Livre de Mormon, a réitéré les dix commandements et était formel quant à la nécessité d’en enseigner et d’en vivre les principes (Mos. 12:33-37 ; 13:12-26). Et la révélation moderne confirme la même nécessité pour quiconque veut être agréable au Seigneur (par exemple, D&A 20:17-19 ; 42:18-29 ; 52:39).
 
Pour les saints des derniers jours, tous les principes de moralité et de justice enseignés par les prophètes de l’Ancien Testament demeurent valides. Michée, par exemple, dit : « Ce que l’Éternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu » (Mi. 6:8). Le Seigneur enseigne par Habacuc que les visions divinement inspirées s’accompliront sûrement, même si c’est à une époque lointaine ; c’est pourquoi, « le juste vivra par sa foi » (Ha. 2:3-4). Moïse invite les Israélites à vivre selon les lois de Dieu en tant que bons exemples pour les autres : « Vous les observerez [les lois et les prescriptions] et vous les mettrez en pratique ; car ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples, qui entendront parler de toutes ces lois et qui diront : Cette grande nation est un peuple absolument sage et intelligent ! » (De. 4:6). Jésus fait appel au Deutéronome et au Lévitique au sujet des premier et deuxième commandements, aimer Dieu et son prochain (De. 6:4-5 ; Lé. 19:18, 33-34 ; Mc. 12:28-34).

Cela ne veut cependant pas dire que toutes les pratiques en matière de culte recommandées dans « la loi et les prophètes » devaient être perpétuées éternellement. Vers 150 av. J.-C., le prophète Abinadi du Livre de Mormon a expliqué : « Et maintenant, vous avez dit que le salut vient par la loi de Moïse. Je vous dis qu’il est nécessaire que vous gardiez, pour le moment, la loi de Moïse ; mais je vous dis que le temps viendra où il ne sera plus nécessaire de garder la loi de Moïse » (Mos. 13:27). Jésus ressuscité a répété aux disciples sur le chemin d’Emmaüs et aux onze apôtres réunis à Jérusalem les enseignements de la loi et des prophètes, des psaumes et de « toutes les Écritures » qu’il avait accomplis, (Lu. 24:13, 27, 33, 44). Certaines choses seulement ont pris fin en lui (3 Né. 15:8 ; Ga. 3:24).
 
Les saints des derniers jours chérissent donc les lois et les points de doctrine de l’Ancien Testament qui sont éternels, croyant qu’ils sont inspirés par l Dieu » et sont « utile[s] pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Ti. 3:16).
 
ATTENTE DU MESSIEPAR LES PROPHÈTES. Plus de cinq siècles avant le temps du Christ, Jacob, un prophète du Livre de Mormon, disait que son peuple était informé sur le Christ par les enseignements de Moïse et des prophètes, et avait ainsi l’espoir de sa venue (Jcb. 4:4-5). Et Néphi 1 ajoute : « Car c’est à cette fin que la loi de Moïse a été donnée, et tout ce qui a été donné par Dieu à l’homme depuis le commencement du monde est une figure de lui [le Christ] » (2 Né. 11:4). À une autre occasion, Jacob dit que « tous les saints prophètes … ont cru au Christ », et que son peuple a fidèlement gardé la loi de Moïse, celle-ci « tournant notre âme vers [le Christ]. » En effet, ils voyaient dans l’offrande d’Isaac par Abraham « une similitude de Dieu et de son Fils unique » (Jcb. 4:4-5). Amulek, un prédicateur ultérieur du Livre de Mormon (v. 75 av. J.-C.), en parlant du « grand et dernier sacrifice » du Fils de Dieu, déclare que « c’est là toute la signification de la loi, tout jusqu’au moindre détail annonçant ce grand et dernier sacrifice… [du] Fils de Dieu » (Al. 34:13-14).
 
La capacité des enseignements et des ordonnances des prophètes d’amener les hommes au Christ est démontrée par le fait même que Jésus fait allusion à ces rites et à ces enseignements. En descendant de la montagne de la Transfiguration, il rappelle à Pierre, à Jacques et à Jean qu’il est « écrit du Fils de l’homme qu’il doit souffrir beaucoup et être méprisé » (Mc. 9:12 ; cf. És. 53:3-7). Dans sa ville natale de Nazareth, il annonce que la prophétie d’Ésaïe que le Messie guérira et délivrera le peuple est accomplie en lui (Lu. 4:21 ; És. 61:1-2). Après avoir guéri un homme le jour du sabbat, Jésus dit à ceux qui veulent le condamner que le temps est proche où même les morts entendront sa voix, faisant certainement allusion aux prophéties concernant cet événement (Jn. 5:25 ; cf. És. 24:22). Ses paroles d’adieu à ce même auditoire sont : « Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, parce qu’il a écrit de moi » (Jn. 5:46 ; cf. De. 18:15-19 et Ac. 3:22-23 ; 1 Né. 22:21 ; 3 Né. 20:23). Même en sa dernière heure mortelle, en souffrant et en accomplissant les promesses de la rédemption, Jésus cite le premier vers du Psaume 22: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » comme pour faire ressortir l’accomplissement imminent des vers restants du psaume (Mt. 27:46 ; cf. Ps. 22:7-8, 12-19).
 
Les premiers missionnaires chrétiens ont converti beaucoup de gens au Christ parmi ceux qui « examinaient chaque jour les Écritures » (Ac. 17:10-12). Ces Écritures étaient ce qui est maintenant appelé l’Ancien Testament. Les prédicateurs chrétiens ont réussi à montrer « par les Écritures que Jésus était le Christ » (Ac. 18:24-28). Paul a déclaré que les Écritures, « tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience, et par la consolation que donnent les Écritures, nous possédions l’espérance » du salut (Ro. 15:4).
 
Pour ce qui est de l’avènement futur du Christ, plus d’une vingtaine de psaumes « royaux » et « messianiques » annoncent le règne du Seigneur à l’époque finale. Les psaumes 72 et 100 sont typiques (voir Psaumes, prophéties messianiques dans les). De plus, dans les livres prophétiques de l’Ancien Testament, il y a plus de chapitres qui annoncent son règne final triomphant que de chapitres à propos de sa première venue et de son sacrifice (par exemple, És. 40, 43, 45, 52, 60, 63, 65 ; Éz. 37-48 ; Da. 12 ; Za. 12-14).
 
PROPHÉTIES POUR LE PRÉSENT ET LE FUTUR. Pour les saints des derniers jours, l’ère actuelle de l’Évangile de Jésus-Christ a commencé non seulement par la première vision de Joseph Smith mais également par les visites d’autres messagers divins, qui ont cité des prophéties de l’Ancien Testament avec la promesse qu’elles étaient sur le point de s’accomplir. L’ange Moroni a cité à Joseph Smith certaines des prophéties eschatologiques de Malachie, Ésaïe, Joël et, selon Wilford Woodruff, Daniel, et a promis leur accomplissement (JS–H 1:29, 33, 36-41 ; JD 24:241).
 
Les saints des derniers jours utilisent les prophéties antiques et modernes pour apporter la lumière de l’Évangile aux gentils pour que tous soient mutuellement bénis (És. 49:5-22 ; D&A 86:11 ; 110:12 ; 124:9). Dans les derniers jours, le Dieu du ciel établira son royaume pour qu’il englobe tous les hommes, allant de l’avant jusqu’à ce qu’il remplisse la terre (Da. 2:31-45 ; D&A 65). Le Seigneur « ramènera Sion » et, de cette manière, publiera la paix et le salut, en proclamant : « Ton Dieu règne ! » Alors toutes les nations verront le salut de Dieu (És. 52:7-10). Tous peuvent faire partie de Sion, « ceux qui ont le cœur pur » (D&A 97:19-21). « Des libérateurs monteront sur la montagne de Sion », comme le dit Abdias, « et à l’Éternel appartiendra le règne » (Ab. 1:21 ; D&A 103:7-10).
 
Bibliographie
Ludlow, Daniel H. A Companion to Your Study of the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Ludlow, Victor L. Unlocking the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Matthews, Robert J. "A Plainer Translation" : Joseph Smith’s Translation of the Bible. Provo, Utah, 1975.
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah. Salt Lake City, 1978.
Nyman, Monte S., dir. de publ. Isaiah and the Prophets. Provo, Utah, 1984.
Reynolds, Noel B. "The Brass Plates Version of Genesis." Dans By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, vol. 2, p. 136-173. Salt Lake City, 1990.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israel’s Prophets. Salt Lake City, 1965.
Sperry, Sidney B. The Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
 
ELLIS T. RASMUSSEN
 
Anges
 
[Cette rubrique se compose de trois articles : Anges : Anges ; Anges : Archanges ; Anges : Anges gardiens. Le premier article traite de la nature des anges en ce qui concerne leur ministère auprès des habitants de la terre, montrant que différentes catégories accomplissent différents types de service. Le deuxième article examine une hiérarchie parmi des anges, et désigne Michel comme archange. Le dernier article explore la notion d’ange gardien et examine ce que les Écritures et les Frères ont dit. Il propose le Saint-Esprit comme type d'ange gardien.]
 
Anges : Anges
Auteur : MCCONKIE, OSCAR W.
 
Les saints des derniers jours acceptent la réalité de l’existence des anges comme messagers du Seigneur. Des anges sont mentionnés dans les Ancien et Nouveau Testaments, le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix et jouent un rôle important dans l'histoire des débuts de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Les anges sont de divers types et accomplissent diverses fonctions pour assurer l’œuvre du Seigneur sur la terre.
 
Le scepticisme de l'époque moderne a eu tendance à diminuer la croyance dans les anges. Cependant, Jésus-Christ a fréquemment parlé des anges, littéralement et au figuré. Quand les disciples de Jésus lui ont demandé : « Explique-nous la parabole de l’ivraie du champ », il a répondu : « Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de l’homme ; le champ, c’est le monde… les moissonneurs, ce sont les anges » (Mt. 13:36-39). Les anges sont des êtres réels qui participent à beaucoup d’incidents racontés dans les Écritures (par exemple, Lu. 1:13, 19 ; 2:25 ; Jn. 20:12, etc.). Ils font partie de toute la famille des cieux » (voir Ép. 3:15). Tout le monde, y compris les anges, est la postérité de Dieu.
 
Les anges, en ce qui concerne la forme, sont semblables aux êtres humains. Ils n’ont bien entendu pas les ailes que beaucoup de peintres montrent symboliquement (EPJS, p. 129). À propos des deux anges qui rendent visite à Lot à Sodome, les habitants de l’endroit demandent : « Où sont les hommes qui sont entrés chez toi cette nuit ? » (Ge. 19:1, 5, italiques ajoutés). Daniel décrit l'ange Gabriel comme ayant « l'apparence d'un homme » (Da. 8:15). Au sépulcre du Sauveur ressuscité, « un ange du Seigneur descendit du ciel » (Mt. 28:2) sous la forme d’un « jeune homme… vêtu d’une robe blanche » (Marc 16:5). Joseph Smith fait la description tout à fait détaillée d'un ange quand il rapporte la visite de l'ange Moroni (JS–H 1:30-33, 43).
 
Les anges qui visitent cette terre sont des personnes qui ont été affectées comme messagers auprès de cette terre : « Aucun ange ne s'occupe de cette terre en dehors de ceux qui y appartiennent ou qui y ont appartenu » (D&A 130:5).
 
Il y a plusieurs types et sortes d'êtres, à divers niveaux de progression, que le Seigneur a utilisés comme anges dans des circonstances variables. Une sorte est un enfant d'esprit du Père éternel qui n'est pas encore venu au monde mais qui est destiné à vivre dans la condition mortelle terrestre. C’est probablement le type d'ange qui est apparu à Adam (Moï. 5:6-8).
 
Dans les premiers temps du monde mortel, beaucoup de justes ont été enlevés de la terre (voir Êtres enlevés). Hénoc et son peuple (Moï. 7:18-21, 31, 63, 69 ; Hé. 11:5), Moïse (Al. 45:19) et Élie (2 R. 2:11-12) ont tous été enlevés. Le prophète Joseph Smith a enseigné que des êtres enlevés « sont prévus pour des missions futures » (EPJS, p. 153) et par conséquent peuvent être des anges chargés d’un ministère.
 
Un autre genre d'ange peut être quelqu’un qui a terminé son existence mortelle mais dont les travaux continuent dans le monde d'esprit tandis qu'il attend la résurrection du corps. Ceux-là sont qualifiés d’ « esprits des justes parvenus à la perfection » (Hé. 12:22-23 ; D&A 76:69 ; EPJS, p. 263). « Ne sont-ils pas tous des esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut ? » (Hé. 1:13-14).
 
Depuis la résurrection de Jésus-Christ, certains anges ont été « des personnages ressuscités, ayant un corps de chair et d'os » (D&A 129:1). Le prophète Joseph Smith a dit que les anges ressuscités ont avancé plus loin dans la lumière et la gloire que les esprits (EPJS, p. 263). C’est le cas des êtres qui ont contribué au rétablissement de l'Évangile dans la dispensation de la plénitude des temps. C’est à propos de ce type d'ange que Jean écrit : « Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, ayant un Évangile éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple » (Ap. 14:6). Élias, Moïse, Élie, Moroni, Jean-Baptiste, Pierre et Jacques sont des exemples d’anges ressuscités qui ont servi le prophète Joseph Smith.
 
Conformément à la prophétie de Jean dans Ap. 14:6, la plénitude de l'Évangile, dans la parole et la puissance, a été rétablie sur la terre par le ministère d’anges. L'ange Moroni, être ressuscité, a révélé les annales du Livre de Mormon qui contiennent la plénitude de l'Évangile de Jésus-Christ (D&A 20:8-11 ; voir Moroni, Visitations de). Plus tard celui qui était appelé Jean-Baptiste dans le Nouveau Testament, étant maintenant aussi ressuscité, vint, le 15 mai 1829, comme ange rendre la Prêtrise d'Aaron à Joseph Smith et à Oliver Cowdery (D&A 13 ; JS–H 1:68-72 ; voir Prêtrise d'Aaron : Rétablissement). De même, Pierre, Jacques et Jean, messagers incarnés de Dieu, rétablirent la Prêtrise de Melchisédek (D&A 27:12-13 ; voir Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek). Moïse, Élias et Élie apparurent chacun comme anges et rendirent les « clefs du rassemblement d'Israël », la « dispensation de l'Évangile d'Abraham » (dont le mariage céleste ou patriarcal) et les clefs du pouvoir de scellement pour « tourner le cœur des pères vers les enfants, et les enfants vers les pères » (D&A 110:11-16).
 
D'autres « divers anges » sont venus remettre des clefs, du pouvoir, de la prêtrise et de la gloire (D&A 128:18-21), pour enseigner (2 Né. 10:3 ; Mosiah 3:2-3 ; Ap. 1:1), guider et inspirer (Ap. 5:11) et rendre l'Évangile actif dans la vie des hommes et des femmes. Cependant, l’œuvre des anges du Rétablissement n'est pas complète et les Écritures disent qu'il y aura encore d'autres ministères d’anges avant que « l'heure [du jugement de Dieu soit] venue » (D&A 88:103-104 ; 133:36).
 
Les anges messagers apportent la connaissance, la prêtrise, le réconfort et les assurances de Dieu aux mortels. Cependant, quand c’est la prêtrise ou les clefs qui doivent être transmises, l'ange exerçant ce ministère possède un corps de chair et d'os, soit ressuscité, soit enlevé. Les esprits peuvent donner des informations, mais ils ne peuvent pas conférer la prêtrise à des mortels, parce que les esprits ne font pas l’imposition des mains aux mortels (cf. D&A 129).
 
Parfois le Seigneur lui-même peut aussi être qualifié d’ange, puisque le terme signifie « messager ». Il est le « messager du salut » (D&A 93:8) et le « messager de l'alliance » (Mal. 3:1), et est « l’ange qui m’a délivré » dont Jacob parle dans Genèse 48:15-16.
 
Certains des enfants d'esprit du Père « n’ont pas gardé leur dignité » (Jud. 1:6 ; D&A 29:36-38 ; Ap. 12:3-9) et, comme Peter l’explique : « Dieu n’a pas épargné les anges qui ont péché, mais s’il les a précipités dans les abîmes de ténèbres » (2 Pi. 2:4). Ce sont des anges au diable. Ainsi, Satan et ceux qui ont choisi de le suivre sont parfois qualifiés d’anges (2 Co. 11:14-15 ; 2 Né. 2:17 ; voir aussi Premier état ; Guerre dans le ciel).
 
Une utilisation différente du terme « ange » est appliquée à ceux qui, parce qu'ils n'ont pas obéi aux principes de la nouvelle alliance éternelle du mariage, ne se qualifient pas pour l'exaltation mais restent séparés et seuls en tant qu'anges chargés d’un ministère, privés d’exaltation dans leur état sauvé pour toute l'éternité (D&A 132:16-17).
 
Bibliographie
McConkie, Bruce R. Mormon Doctrine. Salt Lake City, 1966.
McConkie, Oscar W. Angels. Salt Lake City, Utah, 1975.
Pratt, Parley P. "Angels and Spirits." Dans Key to the Science of Theology, 10e éd., p. 112-119. Salt Lake City, 1973.
OSCAR W. MCCONKIE
 
Anges : Archanges
Auteur : GILES, JERRY C.
 
Traditionnellement, les anges ont été considérés comme des gardiens de personnes ou de lieux et porteurs des nouvelles de Dieu. Le préfixe « arch- » intensifie cette signification pour dénoter quelqu’un qui règne ou est éminent, principal ou prépondérant. Plusieurs textes bibliques donnent la prééminence à quatre, six ou sept anges (Éz. 9:2 ; Ap. 8:2). Denis, un théologien chrétien du VIe siècle, prétend qu’il existe neuf ordres d’anges appelés chœurs, dont un est appelé « archanges ». Le Paradis Perdu de Milton fait apparaître les archanges Raphaël et Michel à Adam au sujet de la chute des anges, de la Création et de l'histoire du monde. Dante parle aussi d’archanges dans la Divine Comédie.
 
Dans la littérature de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, un archange est un ange en chef, détenant une position d'autorité dans la prêtrise dans la hiérarchie céleste. Michel (Adam) est le seul à être ainsi formellement désigné dans l'Écriture (D&A 29:26 ; 88:112 ; 107:54 ; 128:21 ; 1 Th. 4:16 ; Jud. 1:9), bien que d'autres (Gabriel, qui est également Noé ; Raphaël, Raguël, etc.) soient mentionnés dans les ouvrages scripturaires, apocryphes, et pseudépigraphiques. Les enseignements des prophètes modernes indiquent qu'il existe une organisation de prêtrise parmi les armées célestes (EPJS, p. 124, 167). Cependant, les commentaires sur des postes ou des fonctions spécifiques dans la hiérarchie céleste au-delà des Écritures citées ci-dessus sont de la conjecture.
JERRY C. GILES

Anthon, Transcription
Auteur : Bachman, Danel W.

La transcription Anthon était une feuille de papier, considérée comme perdue, sur laquelle Joseph Smith avait copié des échantillons de caractères d’« égyptien réformé » provenant des plaques du Livre de Mormon. Au cours de l'hiver de 1828, Martin Harris montra ces caractères au professeur Charles Anthon du Columbia College (aujourd'hui Université de Columbia), d’où le nom.

En février 1828, Martin Harris, un agriculteur de Palmyra, New York, rendit visite au prophète Joseph Smith, qui résidait alors à Harmony (Pennsylvanie), où il venait de commencer à traduire le Livre de Mormon (voir Livre de Mormon, Traduction par Joseph Smith). Smith s’était précédemment adressé à Harris pour avoir son soutien financier pour la traduction ; maintenant, Harris se rendait à Harmony pour prélever des échantillons des caractères égyptiens réformés des plaques d'or (cf. Mrm. 9:32), dans le but d’obtenir l’avis de scientifiques à propos de leur authenticité. Smith remit à Harris une copie de certains des caractères, ainsi que d'une traduction, que Harris présenta ensuite à au moins trois érudits de l'Est des États-Unis. Le plus important d'entre eux, étant donné la nature de la demande, était Charles Anthon, classiciste renommé au Columbia College.

Les comptes rendus de la rencontre faits par les deux hommes diffèrent. Harris dit que le professeur Anthon lui remit un certificat attestant l'authenticité des caractères, mais que quand il apprit que Joseph Smith disait avoir reçu les plaques d'un ange, il reprit le certificat et le déchira. Anthon, pour sa part, laissa, en 1834 et en 1841, des comptes rendus écrits dans lesquels il se contredit sur le point de savoir s’il avait donné à Harris une opinion écrite sur le document. Dans les deux comptes rendus, apparemment pour que l’on n’aille pas penser qu’il s’associait à la publication du livre, il prétendit avoir déclaré à Harris qu'il (Harris) était victime d'une escroquerie. Les recherches modernes permettent de dire que, compte tenu de l'état des connaissances de l'égyptien en 1828, les idées d’Anthon n’auraient guère été plus qu'une opinion. Quoi qu’il en soit, Harris retourna à Harmony prêt à aider Joseph Smith à faire sa traduction.

L'Église Réorganisée de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (maintenant appelée Community of Christ) possède un texte manuscrit appelé Transcription Anthon, qui contient sept lignes horizontales de caractères apparemment copiés des plaques. David Whitmer, à qui le document appartint à un moment donné, dit que c'est ce texte que Martin Harris montra à Charles Anthon. Cette affirmation reste toutefois incertaine car la transcription ne correspond pas à l'affirmation d’Anthon, à savoir que le manuscrit qu'il avait vu était disposé en colonnes verticales. Même si le document n'est pas l'original, il représente presque certainement des caractères copiés à partir des plaques en la possession de Joseph Smith ou copiés à partir du document utilisé par Harris. À deux reprises, fin 1844, après le martyre du prophète, certaines parties de ces symboles furent publiées comme étant les caractères que Joseph Smith avait copiés à partir des plaques d'or – une fois sur une affiche et une fois dans le numéro du 21 décembre du journal mormon The Prophet (voir Magazines). En 1980 parut un document qui semblait correspondre à la description faite par Anthon et qui avait l’air d’être la Transcription Anthon originale. Mais en 1987, Mark W. Hofmann reconnut que c’était un faux dont il était l’auteur (voir Falsifications de Documents historiques).

La visite rendue par Harris à des savants est plus qu’une curiosité intéressante dans l'histoire du mormonisme. Selon ses propres dires, Harris retourna à Harmony, convaincu que les caractères étaient authentiques. Par la suite, il consacra de bon cœur de son temps et de ses ressources pour assurer la publication du Livre de Mormon. De plus, le prophète, Harris lui-même et les générations suivantes de saints des derniers jours ont vu dans sa visite la réalisation d’Ésaïe 29:11-12, qui parle « d’un livre cacheté » remis à « un homme qui sait lire » et qui ne peut pas le lire (PJS 1:9; cf. 2 Né 27:6-24; voir aussi Livre de Mormon, Prophéties bibliques sur). Ses efforts encouragèrent apparemment Joseph Smith dans la phase initiale de la traduction. La Transcription Anthon est également importante pour les générations suivantes comme un échantillon authentique des caractères gravés sur les plaques d'or et donc l'une des rares preuves tangibles de leur existence. [Voir aussi Livre de Mormon, langue.]

Bibliographie
Kimball, Stanley B. "I Cannot Read a Sealed Book." IE 60, févr. 1957, 80-82, 104, 106.
Kimball, Stanley B. "The Anthon Transcript: People, Primary Sources, and Problems." BYU Studies 10, printemps 1970, 325-352.
"Martin Harris' Visit to Charles Anthon: Collected Documents on Short-hand Egyptian." F.A.R.M.S. Preliminary Report. Provo, Utah, 1985.
DANEL W. BACHMAN

 
Antimormons – Publications 
Auteur : NELSON, WILLIAM O.

L’antimormonisme comprend toute opposition hostile ou polémique au mormonisme ou aux saints des derniers jours, comme la diffamation du prophète fondateur, ses successeurs ou les points de doctrine ou les pratiques de l’Église. Bien que parfois bien intentionnées, les publications antimormones prennent souvent la forme d’injures, de mensonges, de caricatures dégradantes, de préjugés et de harcèlement juridique, donnant lieu à des assauts verbaux et physiques. Dès ses débuts, l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours et ses membres ont été les cibles de publications antimormones. Mis à part le fait qu’elle les a rassemblées à des fins historiques et ce, en réponse aux directives divines, l’Église a essentiellement ignoré cette littérature, parce que la plupart des membres y voient de fausses déclarations irresponsables.
 
Peu d’autres groupes religieux aux États-Unis ont été l’objet de critiques et d’une hostilité aussi constantes et aussi rabiques. Depuis l’organisation de l’Église en 1830 jusqu’en 1989, au moins 1.931 livres, romans, brochures, tracts et feuillets volants antimormons ont été publiés en anglais. De nombreux autres bulletins, articles et lettres ont été distribués. Depuis 1960, ces publications ont augmenté considérablement.
 
Une raison importante d’hostilité à l’égard de l’Église a été sa croyance en la révélation extrabiblique. Les fondements théologiques de l’Église reposent sur l’affirmation du prophète Joseph Smith que Dieu le Père, Jésus-Christ et des anges lui sont apparus et lui ont commandé de rétablir une dispensation de l’Évangile.
 
Le scepticisme auquel le témoignage de Joseph Smith s’est heurté au début était compréhensible parce que d’autres avaient émis des prétentions semblables à la réception de révélations de Dieu. De plus, Joseph Smith avait fait paraître le Livre de Mormon, ce qui constituait une preuve tangible de ses prétentions à la révélation, et ceci demandait à être vérifié. Son témoignage que le livre provenait d’un document antique gravé sur des plaques en métal qu’il avait traduit par le don et le pouvoir de Dieu était considéré comme absurde par les incroyants. Les écrits antimormons hostiles et les autres abus ont découlé en grande partie de la nécessité de trouver une autre explication à l’origine du Livre de Mormon. Les premiers détracteurs se sont tout d’abord ingéniés à discréditer la famille Smith, en particulier Joseph Smith, fils, et ont essayé de prouver que le Livre de Mormon était entièrement du XIXe siècle. Les détracteurs ultérieurs se sont davantage concentrés sur des points de doctrine, différents dirigeants et le fonctionnement de l’Église.
 
PREMIÈRES CRITIQUES (1829-1846). L’affirmation de Joseph Smith que des messagers célestes lui avaient rendu visite fut accueillie avec dérision, en particulier par certains ecclésiastiques locaux. Quand les efforts de le dissuader eurent échoué, il devint l’objet de railleries. À partir de l’époque de la Première Vision (1820) jusqu’à la première visite de l’ange Moroni (1823), Joseph « subit toutes sortes d’opposition et de persécutions de la part des différents ordres de religieux » (Lucy Mack Smith, History of Joseph Smith, p. 74).
 
La première tentative sérieuse de discréditer Joseph Smith et le Livre de Mormon fut celle d’Abner Cole, rédacteur du Reflector, un journal local de Palmyra. Écrivant sous le pseudonyme d’Obadiah Dogberry, Cole publia dans son journal des extraits de deux chapitres piratés de l’édition de 1830 du Livre de Mormon, mais fut obligé de renoncer parce qu’il violait la loi du copyright. Cole recourut à la satire. Il essaya de diffamer Joseph Smith en l’associant à la recherche de trésors et il prétendit que Joseph était influencé par un magicien appelé Walters.
 
Alexander Campbell, fondateur des Disciples du Christ, écrivit la première brochure antimormone publiée. Le texte parut d’abord sous forme d’articles dans son propre journal, le Millennial Harbinger (1831), et puis dans une brochure intitulée Delusions [tromperies] (1832). Campbell conclut : « Je ne doute pas un seul instant que [Joseph Smith] soit l’unique auteur et propriétaire [du Livre de Mormon]. » Deux ans plus tard, il revint sur cette conclusion et accepta une nouvelle théorie de l’origine du Livre de Mormon, à savoir que Joseph Smith avait d’une certaine façon collaboré avec Sidney Rigdon pour produire le Livre de Mormon à partir du manuscrit de Spaulding (voir ci-dessous).

L’ouvrage antimormon le plus notable de cette période, Mormonism Unvailed (sic), fut publié par Eber D. Howe en 1834. Howe collabora avec l’apostat Philastus Hurlbut, excommunié de l’Église à deux reprises pour immoralité. Hurlbut fut engagé par un comité d’antimormons pour trouver des gens qui certifieraient la malhonnêteté de Smith. Il « rassembla » des déclarations sous serment de soixante-douze contemporains qui professaient connaître Joseph Smith et étaient disposés à parler contre lui. Mormonism Unvailed essaya de discréditer Joseph Smith et sa famille en assemblant ces déclarations sous serment et neuf lettres écrites par Ezra Booth, également apostat qui avait quitté l’Église. Ces documents prétendent que les Smith étaient des chercheurs de trésors et des irresponsables. Howe avança la théorie que Sidney Rigdon s’était procuré un manuscrit écrit par Solomon Spaulding, le réécrivit dans le Livre de Mormon et convainquit ensuite Joseph Smith de dire au public qu’il avait traduit le livre à partir de plaques reçues d’un ange. Cette théorie servit d’alternative au récit de Joseph Smith jusqu’à ce que le manuscrit de Spaulding soit découvert en 1884 et se révèle n’avoir rien à voir avec le Livre de Mormon.
 
Le recueil Hurlbut-Howe et Delusions de Campbell furent les sources principales de presque tous les autres écrits antimormons du XIXe siècle et quelques-uns du XXe siècle, notamment les ouvrages d’Henry Caswall, John C. Bennett, Pomeroy Tucker, Thomas Gregg, William Linn et George Arbaugh. La plupart de ces auteurs puisèrent de manière routinière dans le même groupe de légendes antimormones (voir H. Nibley, « How to Write an Anti-Mormon Book » Brigham Young University Extension Publications, 17 fév. 1962, p. 30).
 
La manifestation la plus infâme de l’antimormonisme se produisit lors du conflit du Missouri, pendant lequel Lilburn W. Boggs, gouverneur de l’état, lança un ordre d’extermination. « Les mormons, écrivit-il, doivent être traités comme des ennemis et être exterminés ou chassés de l’état, si c’est nécessaire, pour le bien public » (HC 3:175). Cet ordre fut à l’origine de l’expulsion des mormons hors du Missouri et de leur réinstallation en Illinois.
 
Tandis qu’il était incarcéré à la prison de Liberty en 1839, Joseph Smith écrivit aux saints et leur dit de ne pas répondre par une polémique mais de « réunir les publications diffamatoires qui sont en circulation, et toutes celles qui se trouvent dans les magazines et dans les encyclopédies et toutes les histoires diffamatoires qui sont publiées, qui sont écrites, et par qui » de manière à mettre en lumière tous les rapports trompeurs et faux au sujet de l’Église (D&A 123:4-5, 12-13). Ce procédé a été appliqué par les saints des derniers jours au cours des années.
 
Après l’installation des saints à Nauvoo (Illinois), leur principal antagoniste fut Thomas C. Sharp, rédacteur du Warsaw Signal. Alarmé par le pouvoir civil de l’Église, il utilisa son journal pour s’y opposer. En 1841, il publia Mormonism Portrayed, de William Harris.
 
Six livres antimormons notables furent édités en 1842. Le premier fut History of the Saints ; or, An Exposé of Joe Smith and Mormonism, par John C. Bennett, qui avait été conseiller de Joseph Smith dans la Première Présidence et avait aussi été le premier maire de Nauvoo. Après son excommunication de l’Église pour immoralité, il se tourna contre les mormons et publia une série de lettres dans un journal de Springfield (Missouri). Il accusa Joseph Smith d’être « l’un des imposteurs les plus vils et les plus infâmes qui soient jamais apparus sur la face de la terre ». L’histoire de Bennett empruntait fortement à Mormonism Portrayed.
 
Cette même année, Joshua V. Himes publia Mormon Delusions and Monstrosities, qui reprenait une grande partie de Delusions d’Alexander Campbell. Le Révérend John A. Clark publia Gleanings by the Way et Jonathan B. Turner, Mormonism in All Ages. Ces deux livres se basaient fortement sur Howe et Mormonism Unvailed de Hurlbut. Mormonism and the mormons, de Daniel P. Kidder, amplifia la théorie Spaulding des origines du Livre de Mormon en y incluant Oliver Cowdery en plus de Joseph Smith et de Sidney Rigdon.
 
Appelé l’ « Antimormon Extraordinaire », le Révérend Henry Caswall publia The City of the mormons, or Three Days at Nauvoo. Il prétendit avoir donné à Joseph Smith une copie d’un manuscrit grec des psaumes et que Smith l’identifia comme étant un dictionnaire d’hiéroglyphes égyptiens. Caswall inventa un dialogue entre lui et Smith pour dépeindre Joseph Smith comme ignorant, grossier et fourbe. En 1843, Caswall publia « The Prophet of the Nineteenth Century » à Londres, empruntant la majeure partie de sa matière à Clark et à Turner.
 
En 1844 Joseph Smith dut affronter de graves dissensions au sein de l’Église. Plusieurs de ses plus proches collaborateurs étaient en désaccord avec lui concernant la révélation du mariage plural et d’autres points de doctrine. Parmi les principaux dissidents il y avait William et Wilson Law, Austin Cowles, Charles Foster, Francis et Chauncey Higbee, Charles Ivins et Robert Foster. Ils s’allièrent avec les éléments antimormons locaux et éditèrent un numéro d’un journal, le Nauvoo Expositor. Ils y accusaient Joseph Smith d’être un prophète déchu, coupable de fornication et malhonnête en matière financière.
 
Le conseil municipal de Nauvoo et le maire Joseph Smith déclarèrent le journal « nuisance » illégale et commandèrent au marshal de la ville de détruire la presse. Cette destruction mit en rage les antimormons hostiles autour de Nauvoo. Le 12 juin 1844, le Warsaw Signal, le journal de Thomas Sharp, exigea l’extermination des saints des derniers jours : « La guerre et l’extermination sont inévitables ! Citoyens, levez-vous tous ! ! ! Pouvez-vous rester là et laisser ces démons infernaux ! dépouiller des hommes de leurs biens et de leurs droits sans les venger… Que [votre commentaire] se fasse avec la poudre et les balles ! ! ! » Quinze jours plus tard, Joseph Smith et son frère Hyrum étaient assassinés à la prison de Carthage tandis qu’ils attendaient d’être jugés sur accusation de trahison.
 
Sharp justifia la tuerie sous prétexte que « les citoyens les plus respectables » l’avaient réclamée. Lui et quatre autres furent par la suite jugés pour les meurtres, mais furent acquittés faute de preuves.

Beaucoup pensaient que l’Église périrait avec ses fondateurs. Quand les membres s’unirent sous la direction des douze apôtres, les attaques antimormones reprirent de plus belle. Sharp réclama de nouveau l’expulsion des mormons de l’Illinois. En septembre 1845, plus de 200 maisons de membres de l’Église avaient été brûlées dans les régions environnant Nauvoo. En février 1846, les saints traversèrent le Mississippi et commencèrent l’exode vers l’Ouest.
 
Il est possible que le mobile de certains antimormons, particulièrement des apostats, ait été la vengeance. Philastus Hurlbut, Simonds Ryder, Ezra Booth et John C. Bennett voulaient se venger parce que l’Église les avait disciplinés. Alexander Campbell était furieux parce qu’il avait perdu beaucoup de ses disciples campbellites quand ils s’étaient joints aux saints des derniers jours. Mark Aldrich avait investi dans un développement immobilier qui fit faillite parce que les immigrés mormons ne l’avaient pas soutenu et Thomas Sharp avait perdu beaucoup de ses perspectives dans les affaires.
 
CARICATURE DES mormons ET CROISADE CONTRE LA POLYGAMIE (1847-1896). L’installation dans l’Ouest permit un isolement bienvenu pour l’Église, mais la révélation publique de la pratique de la polygamie en 1852 suscita un nouveau barrage de moqueries et un affrontement avec le gouvernement fédéral.
 
Les années de 1850 à 1890 furent turbulentes pour l’Église parce que les réformateurs, les ecclésiastiques et la presse attaquèrent ouvertement la pratique de la polygamie. Les opposants fondèrent des sociétés antipolygames et le Congrès publia une législation antipolygame. Les mormons furent caricaturés comme étant des gens qui défiaient la loi et étaient immoraux. Le but clair de la croisade juridique et politique contre les mormons était de détruire l’Église. Seul le manifeste de 1890, une déclaration de Wilford Woodruff, président de l’Église, qui abolissait officiellement la polygamie, apaisa le gouvernement, permettant la restitution à l’Église de ses biens confisqués. Les écrits, conférences et dessins satiriques antimormons volumineux de l’époque caricaturèrent l’Église comme une théocratie qui défiait les lois de la société conventionnelle ; beaucoup décrivaient ses membres comme bercés d’illusions et fanatiques ; et ils prétendaient que la polygamie, les rituels secrets et l’expiation par le sang constituaient les fondements théologiques de l’Église. Les motifs principaux étaient de discréditer les croyances des saints, de réformer moralement ce qui était perçu comme un mal ou d’exploiter la polémique à des fins financières et politiques. La tactique diffamatoire utilisée consistait en attaques verbales contre les dirigeants de l’Église, en caricatures dans les périodiques, les magazines et les conférences, en inventions dans les romans et en mensonges purs et simples.
 
L’ouvrage antimormon le plus influent au cours de cette période fut probablement Origin, Rise, and Progress of Mormonism, de Pomeroy Tucker (1867). Imprimeur employé par E.B. Grandin, éditeur du Wayne Sentinel et imprimeur de la première édition du Livre de Mormon, Tucker affirma avoir été en relations étroites avec Joseph Smith. Il soutint l’accusation de Hurlbut-Howe que les Smith étaient malhonnêtes et prétendit qu’ils volaient leurs voisins. Il reconnaissait cependant que ses insinuations n’étaient pas « confirmées par une enquête judiciaire ».
 
The Golden Bible or the Book of Mormon : Is It from God ? (1887) du Révérend M. T. Lamb se moquait du Livre de Mormon qu’il qualifiait de « verbeux, maladroit, stupide… improbable… impossible… [et] une conjecture idiote. » Pour lui le livre était inutile et de loin inférieur à la Bible et il disait de ceux qui croyaient au Livre de Mormon qu’ils étaient mal informés.
 
Sur les cinquante-six romans antimormons publiés au cours du XIXe siècle, quatre devinrent le modèle de tous les autres. Ces quatre romans étaient des romans à sensation érotiques se focalisant sur le soi-disant triste sort des femmes dans l’Église. Boadicea, the Mormon Wife, d’Alfreda Eva Bell (1855), faisait des membres de l’Église « des meurtriers, des faussaires, des escrocs, des joueurs, des voleurs et des adultères ! » Dans Mormonism Unveiled, d’Orvilla S. Belisle (1855), l’héroïne était prise au piège dans un harem mormon sans espoir d’en sortir. Mormon Wives, de Metta Victoria Fuller Victor (1856) fait des mormons des gens affreux et aveuglés. Maria Ward (un pseudonyme) dépeint les tortures infligées par les mormons aux femmes dans Female Life Among the mormons (1855). Les auteurs écrivaient des passages choquants dans le but de vendre les publications. Des membres excommuniés essayèrent de profiter de leur ancienne appartenance à l’Église pour vendre leurs histoires. Tell It All, de Fanny Stenhouse (1874), Wife No. 19 d’Ann Eliza Young (1876) étaient des histoires à sensation sur le thème de la polygamie. William Hickman vendit son histoire à John H. Beadle, qui exagéra le mythe danite dans Brigham’s Destroying Angel (1872) pour présenter les mormons comme des gens violents.
 
Les dirigeants de l’Église ne répondirent à ces attaques et à cette publicité défavorable que par des sermons et des exhortations. Ils défendirent la doctrine fondamentale de l’Église qu’étaient la révélation et l’autorité venant de Dieu. Pendant la période des poursuites fédérales, la Première Présidence condamna les actes contre l’Église de la part du Congrès des États-Unis et de la Cour Suprême comme violations de la Constitution des États-Unis.
 
LA RECHERCHE D’UNE EXPLICATION PSYCHOLOGIQUE (1897-1945). Après que l’Église eut officiellement mis fin à la polygamie en 1890, l’image publique du mormonisme s’améliora et devint modérément favorable. Cependant, en 1898, l’Utah élut au Congrès des États-Unis B.H. Roberts, qui avait contracté des mariages pluraux avant le Manifeste. Son élection ranima les accusations de polygamie et de nouvelles dénonciations par les reporters à scandale des magazines et le Congrès refusa de le valider. Pendant le débat au Congrès, l’Order of Presbytery d’Utah publia une brochure, Ten Reasons Why Christians Cannot Fellowship the Mormon Church [Dix raisons pour lesquelles les chrétiens ne peuvent pas recevoir l’Église mormone dans leur communion], s’opposant principalement à la doctrine de la révélation moderne.
 
L’élection de Reed Smoot au Sénat des États-Unis (le 20 janvier 1903) causa une polémique de plus. Bien que n’ayant pas été polygame, Smoot était membre du Collège des douze apôtres. Dix mois après qu’il eut été assermenté en tant que sénateur, son cas fut passé en revue par le Senate Committee on Privileges and Elections. Les auditions pour l’affaire Smoot durèrent de janvier 1904 à février 1907. Finalement, en 1907, le sénat vota de lui permettre de prendre son siège. La Première Présidence publia alors An Address to the World (une déclaration au monde), expliquant la doctrine de l’Église et répondant aux accusations. La Salt Lake Ministerial Association (l’association des pasteurs de Salt Lake City) réfuta, le 4 juin 1907, cette déclaration dans le Salt Lake Tribune.
Pendant 1910 et 1911, les magazines Pearson's, Collier's, Cosmopolitan, McClure's et Everybody's publièrent des articles antimormons rabiques. McClure accusa les mormons de toujours pratiquer la polygamie. Cosmopolitan compara le mormonisme à une vipère essayant de saisir, avec des tentacules, la richesse et le pouvoir. Les rédacteurs qualifièrent l’Église d’ « institution méprisable » dont « l’emprise gluante » avait servi le pouvoir politique et économique dans une douzaine d’États de l’Ouest. Les historiens de l’Église appellent ces articles « la croisade des magazines ».
 
L’arrivée du cinéma donna lieu à une répétition du stéréotype antimormon. De 1905 à 1936, on sortit au moins vingt et un films antimormons. Les plus sordides furent A Mormon Maid (1917) et Trapped by the mormons (1922). Les films montraient des dirigeants polygames cherchant des converties pour satisfaire leurs convoitises et les mormons assassinant des voyageurs innocents dans des rites secrets. Certains des écrits antimormons les plus virulents de l’époque venaient de Grande-Bretagne. Winifred Graham (Mme Theodore Cory), romancière antimormone professionnelle, accusa les missionnaires mormons de profiter de la Première Guerre mondiale pour faire du prosélytisme auprès des femmes dont les maris étaient partis faire la guerre. Le film Trapped by the mormons était basé sur l’un de ses romans.
 
Quand la théorie Spaulding sur l’origine du Livre de Mormon fut discréditée, les partisans antimormons se tournèrent vers la psychologie pour expliquer les visions et les révélations de Joseph Smith. Walter F. Prince et Theodore Schroeder proposèrent des explications aux noms du Livre de Mormon en ayant recours à des associations psychologiques ingénieuses mais ténues. I. Woodbridge Riley prétendit dans The Founder of Mormonism (New York, 1903) que « Joseph Smith, fils, était épileptique ». Il fut le premier à suggérer que View of the Hebrews, d’Ethan Smith (1823) et The Wonders of Nature and Providence, Displayed, de Josiah Priest (1825) étaient les sources du Livre de Mormon.
 
Lorsque l’Église commémora son centenaire en 1930, l’historien américain Bernard De Voto affirma dans l’American Mercury : « Il est incontestable que Joseph Smith était paranoïaque. » Il reconnut plus tard que l’article du Mercury était « une attaque malhonnête » (IE 49, mars 1946, p. 154).

Harry M. Beardsley, dans Joseph Smith and His Mormon Empire (1931), avança la théorie que les visions de Joseph Smith, ses révélations et le Livre de Mormon étaient des sous-produits de son subconscient. Vardis Fisher, un romancier populaire ayant des racines mormones en Idaho, publia Children of God : An American Epic (1939). L’ouvrage a une certaine sympathie pour l’héritage mormon, tout en proposant une origine naturaliste à la pratique mormone de la polygamie et décrit Joseph Smith en termes d’ « impulsions névrotiques ».
 
En 1945, Fawn Brodie publia No Man Knows My History, une histoire psychobiographique de Joseph Smith. Elle le décrivit comme un « faiseur de mythes prodigieux » qui avait puisé ses idées théologiques dans son environnement de New York. Le livre rejetait la théorie de Rigdon-Spaulding, en revenait à la thèse d’Alexander Campbell que seul Joseph Smith était l’auteur du livre et postulait que View of the Hebrews (suivant Riley, 1903) avait fourni la matière de base comme source du Livre de Mormon. Les interprétations de Brodie ont été suivies par plusieurs autres auteurs.

Les savants de l’Église ont critiqué pour plusieurs raisons les méthodes de Brodie. Tout d’abord, elle ignore des documents manuscrits précieux qui lui étaient accessibles dans les archives de l’Église. En second lieu, ses sources étaient principalement des documents antimormons tendancieux rassemblés surtout à la bibliothèque publique de New York, à la bibliothèque de Yale et à la bibliothèque historique de Chicago. Troisièmement, elle commençait par une conclusion prédéterminée qui façonna son ouvrage : « J’étais convaincue, écrit-elle, avant même de commencer à écrire que Joseph Smith n’était pas un vrai prophète » et se sentit obligée de fournir une autre explication à ses œuvres (cité dans Newell G. Bringhurst, « Applause, Attack, and Ambivalence-Varied Responses to Fawn M. Brodie's No Man Knows My History » Utah Historical Quarterly 57, hiver 1989, p. 47-48). Quatrièmement, en utilisant une approche psychobiographique, elle imputait des pensées et des motifs à Joseph Smith. Même Vardis Fisher critiqua son livre en écrivant que c’était « presque plus un roman qu’une biographie parce qu’elle hésite rarement à dire ce qui se passe dans l’esprit d’une personne ou à expliquer des motifs que l’on ne peut tout au plus que conjecturer » (p. 57).

REGAIN DES VIEILLES THÉORIES ET ALLÉGATIONS (1946-1990). Les auteurs antimormons ont surtout été prolifiques pendant l’après-Brodie. En dépit d’une presse généralement favorable envers l’Église pendant beaucoup de ces années, de tous les livres, romans, brochures, tracts et feuillets publiés en anglais avant 1990, plus de la moitié l’ont été entre 1960 et 1990 et le tiers d’entre eux entre 1970 et 1990.
 
Des réseaux d’organisations antimormones fonctionnent aux États-Unis. L’annuaire 1987 des organismes de recherche sur les cultes contient plus de cent listes antimormones. Ces réseaux distribuent de la littérature antimormone, font des conférences qui attaquent publiquement l’Église et font du prosélytisme auprès des mormons. La Pacific Publishing House en Californie donne une liste de plus de cent publications antimormones.
 
Un large éventail d’auteurs antimormons a produit la littérature d’invectives de cette période. Les évangeliques et certains mormons apostats affirment que les saints des derniers jours ne sont pas chrétiens. La base principale de ce jugement est le fait que la croyance mormone en la Divinité chrétienne est différente de la doctrine chrétienne traditionnelle de la Trinité. Ils prétendent que les saints des derniers jours adorent « un autre Jésus » et que leurs Écritures sont contraires à la Bible. Une autre tactique courante est d’essayer de montrer qu’il y a des contradictions entre les déclarations des dirigeants de l’Église du passé et celles des dirigeants actuels sur des points tels qu’Adam-Dieu, l’expiation par le sang et le mariage plural.
 
Un exemple actuel de moquerie et de déformation des croyances des saints des derniers jours vient d’Edward Decker, mormon excommunié et cofondateur d’Ex-mormons for Jesus, maintenant connus sous le nom de Saints Alive in Jesus (saints vivants en Jésus). Prétendant aimer les saints, Decker s’est attaqué à leurs croyances. Les saints des derniers jours considèrent son film et son livre, tous deux intitulés The Godmakers, comme une distorsion grossière de leurs croyances, particulièrement des ordonnances du temple. Un directeur régional de la ligue anti-diffamation de B’nai B’rith et le conseil régional de l’Arizona de la conférence nationale des chrétiens et des juifs sont parmi ceux qui ont condamné le film.
 
Bien que les critiques, les distorsions et les mensonges antimormons soient blessants pour les membres de l’Église, la Première Présidence leur a conseillé de ne pas réagir et de ne pas engager de débats avec ceux qui les commanditent et les a invités à donner leurs réponses « sous forme d’explications positives des points de doctrine et des pratiques de l’Église » (Church News, 18 déc. 1983, p. 2).
 
Jerald et Sandra Tanner sont deux chercheurs antimormons prolifiques. Ils ont commencé à écrire début 1959 et proposent maintenant plus de 200 publications. Leur approche principale est de démontrer des contradictions, dont beaucoup sont considérées par les saints des derniers jours comme artificielles ou insignifiantes, entre les enseignements actuels et passés de l’Église. Ils agissent et éditent sous le nom de Utah Lighthouse Ministry, Inc. Leur ouvrage le plus notable, Mormonism – Shadow or Reality ? (1964, révisé 1972, 1987), contient l’essentiel de leurs affirmations contre l’Église.
 
Pendant les années 1950, 1960 et le début des années 1970, l’Église a eu une image publique généralement favorable et cela s’est reflété dans les médias d’information. Cette image est devenue plus négative dans les années 1970 qui ont suivi et le début des années 1980. L’opposition de l’Église à l’amendement sur l’égalité des droits et l’excommunication de Sonia Johnson pour apostasie, la position de l’Église en ce qui concerne la prêtrise et les noirs (changée en 1978), une déclaration de la Première Présidence s’opposant au missile MX, l’épisode de John Singer avec l’attentat à la bombe contre un bâtiment de l’Église, les tensions entre certains historiens et les dirigeants de l’Église, la lettre à la « Salamandre » (un faux) et les autres faux et meurtres de Mark Hofmann ont apporté de l’eau au moulin de la presse et de la télévision pour leurs commentaires négatifs. L’influence politique de l’Église et ses avoirs financiers ont également fait l’objet d’articles ayant une forte orientation négative.
 
Un livre antimormon largement diffusé, The Mormon Murders, par Steven Naifeh et Gregory White Smith (1988), utilise plusieurs stratégies rappelant l’antisémitisme d’autrefois. Les auteurs utilisent les contrefaçons et les meurtres de Hofmann comme tremplin et suivent les thèmes et les méthodes antimormons traditionnels que l’on trouve dans les ouvrages plus anciens. Ils expliquent le mormonisme en termes de richesse, de pouvoir, de tromperie et de crainte du passé.

Les dirigeants de l’Église ont constamment fait appel à l’impartialité des lecteurs et les ont invités à examiner eux-mêmes le Livre de Mormon et les autres Écritures et documents modernes plutôt que de porter un jugement tout fait sur l’Église sur la base de publications antimormones. En 1972, l’Église a créé le Département de la Communication, avec siège à Salt Lake City, pour diffuser des informations publiques sur l’Église.
 
Bibliographie
 
Il n’existe pas d’histoire définitive des activités antimormones. Voici un échantillon de sources de l’Église sur l’antimormonisme :
 
Allen, James B., et Leonard J. Arrington. "Mormon Origins in New York : An Introductory Analysis." BYU Studies 9 (1969) :241-74. Analyse les approches promormones et antimormones.
Anderson, Richard Lloyd. "Joseph Smith's New York Reputation Reappraised." BYU Studies 10 (1970) :283-314. Analyse les attestations Hurlbut-Howe publiées dans Mormonism Unvailed.
Bunker, Gary L., et Davis Bitton. The Mormon Graphic Image 1834-1914. Salt Lake City, 1983. Fait l’historique de la caricature antimormone.
Bushman, Richard L. Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism. Urbana, Ill., 1984. Traite des écrits antimormons de Campbell, Howe et Hurlbut.
Kirkham, Francis W. A New Witness for Christ in America, 2 vols. Independence, Mo., 1942, et Salt Lake City, 1952. Examine les premiers articles de journaux et les explications antimormones de l’origine du Livre de Mormon.
Nibley, Hugh W. The Mythmakers. Salt Lake City, 1961. Passe en revue les auteurs antimormons du temps de Joseph Smith.
Nibley, Hugh W. "Censoring the Joseph Smith Story" IE 64 (juill., août, oct., nov. 1961). Série d’articles examinant comment cinquante ouvrages antimormons traitent l’histoire de Joseph Smith.
Nibley, Hugh W. Sounding Brass. Salt Lake City, 1963. Passe en revue les auteurs antimormons de l’époque de Brigham Young.
Nibley, Hugh W. The Prophetic Book of Mormon, CWHN 8 chaps. 4-8, 10-12, examine les arguments antimormons.
Scharff, Gilbert W. The Truth About the Godmakers. Salt Lake City, 1986. Traite du film The Godmakers.
WILLIAM O. NELSON
 
Anges : Anges gardiens
Auteur : MCCONKIE, OSCAR W.
 
Une des fonctions des anges est d'avertir et de protéger les mortels. Le Seigneur chuchote à David : « Aucun malheur ne t’arrivera, aucun fléau n’approchera de ta tente. Car il ordonnera à ses anges de te garder dans toutes tes voies ; ils te porteront sur les mains, de peur que ton pied ne heurte contre une pierre » (Ps. 91:10-12). L'ange de la présence du Seigneur sauve Israël (És. 63:9). Daniel répond au roi : « Mon Dieu a envoyé son ange et fermé la gueule des lions, qui ne m’ont fait aucun mal … » (Da. 6:22).
 
Cette fonction bien connue de gardien attribuée aux anges a provoqué la théorie chez certains que toutes les personnes, ou du moins les justes, se voient affecter un ange comme gardien durant toute leur vie. Il n'y a aucune justification scripturaire à cette tradition qui a parfois été entretenue parmi les saints des derniers jours et d'autres (EPJS, p. 298).
 
Les saints des derniers jours croient que quiconque vient au monde se voit accorder un soin et une direction protecteurs par Dieu, assurés en partie par la lumière du Christ (D&A 84:44-48 ; Mro. 7:12-19). Ceux qui ont le don du Saint-Esprit peuvent être avertis, gardés ou protégés par l'esprit de révélation (D&A 8:2-4). La meilleure façon de considérer le terme « ange gardien » est d’y voir une façon de parler désignant la sollicitude protectrice et la direction de Dieu ou, dans des cas spéciaux, un ange expédié sur la terre en accomplissement des desseins de Dieu.
OSCAR W. MCCONKIE
 
Apostasie
Auteur : COMPTON, TODD
 
Les saints des derniers jours croient que l’apostasie se produit toutes les fois qu’une personne ou une communauté rejette les révélations et les ordonnances de Dieu, change l’Évangile de Jésus-Christ ou se rebelle contre les commandements de Dieu, perdant de ce fait les bénédictions du Saint-Esprit et de l’autorité divine. L’apparition de communautés basées sur la révélation, d’apostasies et de rétablissements s’est produite de manière cyclique pendant toute l’histoire de l’humanité dans une série de dispensations depuis Adam et Hénoc (Moïse 7) jusqu’au temps présent. Les saints des derniers jours considèrent qu’une « grande apostasie » historique accompagnée de la perte de l’autorité a commencé à l’époque du Nouveau Testament et s’est répandue au cours des siècles qui ont suivi cette époque. Bien que les saints des derniers jours n’aient pas insisté autant sur la grande apostasie que sur la notion que l’Église est un rétablissement basé sur la révélation, la nécessité d’un rétablissement implique que quelque chose d’important a été perdu après le départ de l’Église chrétienne primitive.
 
Le mot « apostasie » dérive du grec apostasía ou apóstasis (« défection, révolte » ; utilisé dans un sens politique par Hérodote et Thucydide) ; il est mentionné dans un contexte religieux dans la Septante et le Nouveau Testament (par exemple, Jos. 22:22 et 2 Ch. 29:19 ; 2 Th. 2:3 dit qu’une apostasía doit venir avant la seconde venue du Christ). Il peut signifier l’intransitif « se tenir loin de » ou l’actif « faire se tenir loin de ». Une apostasie peut donc être une rébellion active et collective.
 
Le Christ a dit à Joseph Smith dans sa première vision (1820) que toutes les Églises existantes s’étaient égarées dans leurs enseignements et dans leurs pratiques, bien qu’ayant « une forme de piété » (JS–H 1:18-19). Il était donc nécessaire qu’un « rétablissement » de l’Évangile ait lieu.

En outre, dans le Livre de Mormon (1 Né. 11-14 ; 2 Né. 28 ; cf. Mrm. 8), le prophète Néphi 1 a une vision de l’Église chrétienne primitive et de ses douze apôtres que les « multitudes de la terre » et la maison d’Israël combattent (1 Né. 11:34-35). Il prédit une « grande et abominable Église » qui va persécuter les vrais chrétiens et les pauvres et dont les membres seront motivés par des choses telles que l’orgueil, le port de vêtements précieux et la pratique de l’immoralité sexuelle (voir Grande et abominable Église). Elle va changer insidieusement la simplicité de l’Évangile, éliminer les alliances, exciser des Écritures importantes et nier l’existence des miracles. Cette apostasie peut être rattachée, dans l’allégorie de Zénos, à la dispersion d’Israël quand tous arbres de la vigne du Seigneur deviennent corrompus (Jcb. 5:39-48) et elle va de pair avec l’apostasie désastreuse des Néphites dans le Nouveau Monde (1 Né. 12:15-19 ; 4 Né. 1:24-46).
 
Cependant, d’après Néphi, cette « grande Église » n’est pas une Église spécifique ; dans sa vision apocalyptique, il n’y a que deux Églises, et « quiconque n'appartient pas à l'Église de l'Agneau de Dieu appartient à cette grande Église » (1 Né. 14:10). L’expression est typologique, symbolique de beaucoup de mouvements historiques et sociaux (2 Né. 27:1) ; même ceux qui sont membres de nom de l’Église du Christ, s’ils sont poussés par l’orgueil, la richesse, le prestige et consorts, peuvent se retrouver membres de cette « grande Église » (cf. 1 Né. 8:27-28).
 
Pendant toute leur histoire, les saints des derniers jours ont écrit et émis des théories sur les événements historiques liés à la « grande apostasie, » un thème traité dans plusieurs écrits restaurationnistes de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle (voir Restaurationnisme protestant). En 1833, à propos de Marc 16:17-18 et 1 Corinthiens 12, Joseph Smith a dit : « Les témoignages précités nous permettent de regarder le monde chrétien et de voir l’apostasie qui s’est produite par rapport à l’enseignement apostolique » (EPJS, p. 9). Oliver Cowdery a écrit sur l’apostasie dans le premier numéro du Messenger and Advocate (1834). En 1840, Orson Pratt a parlé d’une « apostasie générale et terrible par rapport à la religion du Nouveau Testament » (Listen to the Voice of Truth, 1.1). Il souligne en particulier le manque d’ordonnances à cause de l’absence d’autorité dans la prêtrise ; le baptême en est un exemple flagrant. Selon le point de vue de Pratt, toutes les Églises antérieures au Rétablissement étaient erronées par certains côtés, doctrinalement et rituellement, même si elles étaient justes dans d’autres. Benjamin Winchester, auteur mormon de brochures, a écrit un long traité à l’aide des sources du Nouveau Testament pour démontrer qu’une apostasie avait été prophétisée (A History of Priesthood, Philadelphie, 1843, p. 72-96). Dans les années 1850 et 1860, les saints ont beaucoup parlé de « la grande apostasie » (O. Pratt, JD 12:247 ; W. Woodruff, JD 8:262) dans leurs sermons.
 
Cette idée – la rupture avec la religion établie parce qu’elle semble en désaccord avec le christianisme du Nouveau Testament – a des accents protestants évidents, mais la conception mormone diffère de l’attitude protestante typique dans son insistance sur la perte et le rétablissement d’une autorité exclusive et bien claire de la prêtrise, d’ordonnances correctes et de la révélation continue. Par contre, les protestants s’appuient typiquement avant tout sur la réinterprétation biblique.
 
En 1909, James E. Talmage a écrit La grande Apostasie, dans laquelle il rassemble les passages du Nouveau Testament que les saints des derniers jours ont cités pour montrer qu’une grande apostasie a été annoncée par Jésus-Christ, Paul et d’autres apôtres et prophètes (en particulier Mt. 24:4-13, 23-26 ; Ac. 20:29-30 ; Ga. 1 ; 2 Th. 2:7-8 ; 1 Ti. 4:1-3 ; 2 Ti. 3:1-6 ; 4:1-4 ; Jud. 1:3-4 ; Ap. 13:4-9 ; 14:6-7 et, dans l’Ancien Testament, Am. 8:11-12). Talmage raconte aussi la persécution des premiers chrétiens qui a accéléré l’apostasie et montre que l’Église primitive a changé intérieurement à plusieurs égards. Il affirme que les principes simples de l’Évangile ont été mêlés aux systèmes philosophiques païens de l’époque (Trinitarianisme, ayant pour résultat le credo de Nicée ; fausse opposition du corps et de l’esprit, donnant lieu à un ascétisme excessif), que les rituels ont été changés et amplifiés de manière non autorisée (remplacement des rites chrétiens primitifs simples par des cérémonies complexes influencées par le paganisme, perte du baptême par immersion, introduction du baptême des petits enfants [cf. Mro. 8], changement de la communion) et que l’organisation de l’Église a été changée (les apôtres et les prophètes, fondements nécessaires de l’Église du Christ, ayant été martyrisés, laissaient un vide qui ne pouvait pas être comblé par des évêques ; l’Église médiévale montrait donc peu de ressemblances avec l’organisation ou les pratiques de l’Église du Nouveau Testament).
 
Les enseignements des saints sur l’apostasie du début de l’ère chrétienne ont reçu un appui supplémentaire au XXe siècle lorsque certains savants ont affirmé que l’Église primitive a commencé comme une organisation judaïque centralisée, a affronté le défi posé par un christianisme hellénisé oriental gnostique ascétique et est devenu comme son ennemi afin de le concurrencer. L’idée même d’un christianisme centralisé a cédé la place à une image d’un christianisme primitif diversifié et fragmenté où il est difficile de déterminer ce qui est orthodoxe et ce qui est hérétique, ce qui est gnostique et ce qui est « courant principal ». Par exemple, Peter Brown et William Phipps affirment que la doctrine influente d’Augustin concernant le péché originel, avec le rituel qui l’accompagne, le baptême des bébés, était un résultat de son passé gnostique et était, en réalité, hérétique, alors que l’opposition de Pélage à ces idées était orthodoxe. Mais ce furent les doctrines d’Augustin qui l’emportèrent et qui continuent à influencer la théologie et la culture occidentales. Un autre point de doctrine chrétien primitif qui n’a pas survécu dans le christianisme occidental est la déification, bien qu’il soit demeuré au centre du christianisme orthodoxe.
 
Un milieu religieux et culturel complexe a alimenté et a transformé le christianisme primitif. Il faut tenir compte de beaucoup de facteurs lors de l’analyse de cette transformation du christianisme. Par exemple, certains ont imputé la responsabilité de l’apparition de la grande apostasie exclusivement à la philosophie grecque et à l’influence de la philosophie sur le gnosticisme. Mais l’ascétisme (c.-à-d., la haine du corps, de la sexualité, du monde physique) a joué un rôle important dans l’apostasie de l’Église primitive et l’ascétisme extrême est typiquement oriental. On a d’ailleurs constaté que beaucoup de choses dans la philosophie grecque sont conformes à l’Évangile ; Orson F. Whitney qualifiait Platon et Socrate de « serviteurs du Seigneur », bien que dans un « sens moindre » que les prophètes (CR d’avril 1921, p. 33).
 
L’idée d’une apostasie historique par rapport au christianisme primitif peut dresser une barrière entre les saints des derniers jours et les autres personnes intéressées par les rapports interconfessionnels. Mais les saints des derniers jours ne considèrent pas ces événements comme une condamnation ; beaucoup de choses ayant une valeur spirituelle se sont produites pendant le Moyen-Âge dans les autres Églises chrétiennes. Brigham Young a souligné que des hommes de bien avant le Rétablissement avaient « l’esprit de révélation » et a dit que John Wesley était l’un des meilleurs hommes « qui aient jamais vécu sur cette terre » (JD 7:5 ; 6:170 ; 11:126). Le président Young a affirmé que toutes les Églises et religions avaient « plus ou moins de vérité » (JD 7:283) et il a exhorté les saints à rechercher et à accepter les vérités partout où ils pourraient les trouver. Dans les discours de conférence, les Autorités générales, notamment Spencer W. Kimball et Thomas S. Monson, ont cité ou fait l’éloge de sommités telles que Billy Graham et mère Teresa.
 
Bibliographie
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TODD COMPTON
 
Apostat
Auteur : SCHARFFS, GILBERT W.
 
Les membres de l’Église diffèrent dans leur niveau de participation ou de croyance (voir Activité dans l’Église). Les saints des derniers jours qui ont gravement enfreint ou ignoré les enseignements cardinaux de l’Église (publiquement ou en privé) sont considérés comme apostats, qu’ils aient quitté officiellement l’Église ou non ou soient entrés dans une autre religion. Quelqu’un qui n’assiste pas aux réunions de l’Église n’est pas considéré comme apostat. Cependant, quand une personne demande à ce que son nom soit rayé des registres, la règle veut que cette demande soit honorée. Une commission disciplinaire de l’Église peut être convoquée pour tout membre qui viole des commandements importants et « ne se repent pas » (Mosiah 26:32 ; D&A 42:28). Le reniement ouvert de l’Église, de ses dirigeants et de ses enseignements est une raison d’excommunication.
 
Les étapes menant à l’apostasie sont habituellement progressives. Il est recommandé à tous les membres de se garder de toutes les manifestations d’apostasie personnelle (DS 3:293-312 ; Asay, p. 67-68). Les causes les plus fréquentes d’apostasie sont le non respect de principes stricts de moralité, le fait de se sentir offensé (à tort ou à raison), le mariage avec une personne d’une autre religion ou irréligieuse, le fait de négliger la prière et d’entretenir sa spiritualité ou une mauvaise compréhension des enseignements de l’Église.
 
L’apostasie peut être accélérée par l’idée fausse que l’Écriture ou les dirigeants de l’Église sont infaillibles. Joseph Smith a enseigné qu’ « un prophète était un prophète uniquement quand il agissait comme tel » (HC 5:265). Il a également déclaré qu’il « n’étai[t] qu’un homme, et que [les gens] ne devaient pas attendre de [lui qu’il soit] parfait » (HC 5:181). Ni l’Église ni ses dirigeants ni ses membres ne prétendent à l’infaillibilité.
 
Par-dessus tout, l’Église affirme que ses membres doivent rechercher la révélation personnelle pour connaître la vérité et vivre en accord avec l’Esprit de Dieu. Ceux qui ne l’ont pas fait risquent de se perdre en chemin quand leur foi est mise à l’épreuve ou quand des difficultés surgissent.
Les apostats deviennent parfois ennemis de l’Église. Le fait de quitter l’Église, qui affirme être l’Église officielle de Dieu, contenant la plénitude de l’Évangile, a souvent comme conséquence des sentiments de culpabilité. Si beaucoup reviennent, d’autres sont pris du besoin de défendre leurs actions, « réfutent » l’Église ou deviennent des ennemis. Les fruits de l’apostasie sont généralement amers. Le Livre de Mormon met en garde contre les conditions défavorables qui résultent de transgressions « à l’encontre de la lumière et à de la connaissance » que l’on a (Al. 9:23).
 
Les Écritures modernes ont, envers les apostats, une attitude aimante et animée par l’espoir. Il est vivement conseillé aux saints des derniers jours d’aimer ceux qui ont abandonné la foi et d’encourager ceux qui se sont écartés, de plaider et de travailler avec eux, invitant « les brebis perdues » à revenir à la bergerie (Lu. 15:3-7). Le Sauveur ressuscité a enseigné à propos des égarés : « Vous ne le[s] chasserez pas de vos… lieux de culte, car vous continuerez à servir de telles personnes ; car vous ne savez pas si elles ne reviendront pas et ne se repentiront pas, et ne viendront pas à moi d'un cœur pleinement résolu, et je les guérirai ; et vous serez le moyen qui leur apportera le salut » (3 Né. 18:32). Le désir de revenir est motivé par la réalité du repentir rendu possible par l’expiation de Jésus-Christ. « Celui qui s'est repenti de ses péchés est pardonné, et moi, le Seigneur, je ne m'en souviens plus. C'est à ceci que vous saurez si un homme se repent de ses péchés : voici, il les confessera et les délaissera » (D&A 58:42-43). [Voir aussi Antimormons – publications ; Groupes schismatiques.]
 
Bibliographie
Asay, Carlos E. "Opposition to the Work of God." Ensign 11, nov. 1981, p. 67-68.
Foster, Lawrence. "Career Apostates : Reflections on the Works of Jerald and Sandra Tanner." Dialogue 17, été 1984, p. 35-60.
Howard, F. Burton. "Come Back to the Lord." Ensign 16, nov. 1986, p. 76-78.
GILBERT W. SCHARFFS
 
Apôtre
Auteur : BROWN, S. KENT
 
Un « apôtre » est un dirigeant ordonné à la Prêtrise de Melchisédek dans l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Les apôtres sont choisis par inspiration par le président de l’Église, soutenus par l’ensemble des membres de l’Église et ordonnés par l’imposition des mains par la Première Présidence et le Collège des douze apôtres. Ce sont des Autorités générales – contrairement aux autorités locales et régionales – détenant leur office d’apôtre pour la durée de leur vie. Le doyen des apôtres est le président de l’Église.
 
En plus d’être témoins de Jésus-Christ auprès du monde entier (D&A 107:23), comme les apôtres de Jésus, les membres du Collège actuel des douze apôtres détiennent les clefs de la prêtrise – c’est à dire le droit de présidence (D&A 107:35 ; cf. 124:128). Le président Brigham Young a déclaré à propos de leur autorité dans la prêtrise : « Les clefs de la prêtrise éternelle, qui est selon l’ordre du Fils de Dieu, sont détenues quand on est apôtre. Toute la prêtrise, toutes les clefs, tous les dons, toutes les dotations et tout ce qui est préparatoire à l’entrée dans la présence du Père et du Fils est dans, composé de, circonscrit par, ou je pourrais dire incorporé dans la circonférence de l’apostolat » (JD 1:134-35). Comme collège de la prêtrise, le Collège des douze apôtres suit en autorité le Collège de la Première Présidence (D&A 107:24). De plus, il dirige le ministère domestique et international des collèges des soixante-dix (D&A 107:34 ; cf. 124:139-40), et excepté en présence d’un membre de la Première Présidence ou d’un membre plus ancien des Douze, un apôtre préside partout où il peut être dans l’Église.
 
Dans le Nouveau Testament, un apôtre (du grec apostellein, envoyer [comme représentant ou agent]) était un envoyé choisi par Dieu (Mc. 3:14 ; Jn. 15:16 ; Ac. 1:21-26) qui était témoin de la résurrection du Christ et avait l’obligation missionnaire d’en témoigner.
 
Jésus lui-même était un apôtre par qui Dieu parlait (Hé. 1:2 ; 3:1). Le Père a envoyé Jésus, et celui qui le reçoit reçoit celui qui l’a envoyé (Mc. 9:37 ; Jn. 8:16-19). De même que le Père l’a envoyé, Jésus a envoyé ses apôtres (Jn. 20:21). Au commencement, ils ont été appelés d’entre ceux « qui nous [les apôtres] ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu avec nous » (Ac. 1:21). Le nombre douze, lié aux apôtres, fait écho au nombre de tribus d’Israël que les apôtres doivent juger (Mt. 19:28 ; Lu. 22:30). À cet égard, ils étaient la base de l’Église chrétienne primitive (Ép. 2:19-21 ; 4:11-14).
 
Parfois, le terme englobe plus que les Douze, comme l’impliquent l’expression « tous les apôtres » (1 Co. 15:7) – qui suit la mention expresse des « douze » par Paul (1 Co. 15:5) – et les mentions de personnes appelées comme apôtres que l’on savait ne pas faire partie des Douze (Ac. 14:14 ; Ro. 16:7). Il est probable qu’en 54 apr. J.-C., Jacques, le frère du Seigneur, était devenu l’un des Douze (1 Co. 15:7 ; Ga. 1:19). Néanmoins, la plupart des mentions des apôtres dans le Nouveau Testament désignent les membres des Douze apôtres originels de Jésus ou Paul. Ils étaient les garants ou les témoins principaux de la résurrection de Jésus, laquelle constituait elle-même l’assurance qu’il était le Messie et le Seigneur de gloire attendu (Ac. 1:8-11). Au premier siècle, les apôtres étaient les témoins itinérants de la résurrection de Jésus, envoyés par lui dans le monde à cette fin (Ac. 1:8 ; cf. Mt. 28:19-20). Au centre du groupe – et à la base de l’Église – se trouvaient Pierre, Jacques et Jean, qui avaient été avec ou près de Jésus lors d’expériences critiques, notamment sa Transfiguration (Mc. 9:2-9) et son agonie à Gethsémané (Mc. 14:32-34).
 
L’importance des douze apôtres de Jésus est soulignée dans le Livre de Mormon. D’abord, vers 600 av. J.-C., Léhi et son fils Néphi 1 ont eu la vision des Douze comme disciples de Jésus en Palestine et comme victimes de la persécution (1 Né. 1:10-11 ; 11:29, 34-36). En second lieu, ces Douze doivent juger les douze tribus d’Israël et les douze autres disciples que Jésus ressuscité a choisis pendant son ministère en Amérique vers 34 apr. J.-C. (1 Né. 12:9-10 ; Mrm. 3:18-19 ; cf. D&A 29:12). Troisièmement, ces douze disciples – qu’il faut distinguer des douze apôtres de Jésus en Palestine – doivent juger leur propre peuple qui descend de la maison d’Israël (3 Né. 27:27). Quatrièmement, pendant sa visite en Amérique, Jésus ressuscité a créé l’office des Douze dans son Église quand il les a choisis et les a instruits soigneusement de son Évangile (3 Né. 11:18-12:1 ; cf. 13:25-34 ; 15:11-16:20 ; 18:36-37 ; 27:13-21). Il leur a conféré l’autorité d’enseigner l’Évangile et d’administrer ses ordonnances – c’est à dire de baptiser d’eau et d’Esprit – faisant ainsi d’eux les transmetteurs de la doctrine et des pratiques de l’Église (3 Né. 11:22 ; 18:36-37 ; 19:6-14 ; 26:17). Cinquièmement, conformément au modèle du Nouveau Testament, le Livre de Mormon rapporte que Jésus a été envoyé par le Père (3 Né. 18:27 ; cf. 16:3) et qu’il a à son tour commandé à ces douze disciples : « Allez vers ce peuple et annoncez les paroles que j'ai dites » (3 Né. 11:41).
 
La révélation moderne ajoute d’autres d’informations. La fonction et l’autorité apostoliques ont été rendues au prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery par Pierre, Jacques et Jean, ce qui souligne l’importance continue de cet office dans l’Église (D&A 27:12 ; voir aussi Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek). Dès juin 1829, presque une année avant que l’Église soit organisée, Oliver Cowdery et David Whitmer, rejoints plus tard par Martin Harris, recevaient des instructions concernant le genre d’hommes qu’ils devaient choisir comme apôtres et ont été chargés de choisir les premiers Douze de l’ère moderne (D&A 18:26-38). Cette mission a été exécutée les 14-15 février 1835, quand Cowdery, Whitmer et Harris ont choisi douze hommes comme apôtres et ont ordonné les neuf qui étaient présents (HC 2:186-198).
 
L’Écriture moderne stipule que « toute décision… doit être à l’unanimité des voix » du Collège des douze apôtres (D&A 107:27). De plus, ses membres ont le pouvoir de baptiser, de déclarer l’Évangile, et d’en ordonner d’autres à la prêtrise (D&A 18:26-36). Le Seigneur a dit que le nombre d’apôtres dans le Collège des Douze doit être maintenu (D&A 118:1) et que leurs clefs « sont descendues des pères… envoyées du ciel » (D&A 112:32). Ceux qui remplissent cet office doivent « [se purifier] le cœur et les vêtements, de peur que le sang de cette génération ne soit requis de [leurs] mains » (D&A 112:33).
 
Bibliographie
Kittel, Gerhard, dir. de publ., et Geoffrey W. Bromiley, dir. de publ. et trad. Theological Dictionary of the New Testament, Vol. 1, p. 407-447. Grand Rapids, Mich., 1964-1976.
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah, Vol. 2, p. 99-114, 303-326. Salt Lake City, 1980.
S. KENT BROWN
 
Articles de foi
Auteur : WHITTAKER, DAVID J.
 
En 1842, en réponse à la demande expresse de John Wentworth (rédacteur du Chicago Democrat), Joseph Smith envoya un aperçu succinct de ses expériences religieuses personnelles et l’histoire de l’Église qu’il présidait (voir Wentworth, Lettre à). À la fin de l’esquisse historique, il annexa une liste résumant « la foi des saints des derniers jours ». Intitulés plus tard « articles de foi », ces treize articles furent publiés pour la première fois en mars 1842 dans le Times and Seasons de Nauvoo et furent plus tard inclus dans la brochure de la mission Britannique de 1851, La Perle de grand prix, compilée par Franklin D. Richards. Cette brochure fut révisée en 1878 et de nouveau en 1880. En 1880, une conférence générale de l’Église vota d’ajouter la Perle de grand prix aux ouvrages canoniques de l’Église, incluant ainsi les treize articles. Les articles de foi ne constituent pas une synthèse de toutes les croyances des saints et ils ne sont pas un credo au sens chrétien traditionnel du terme, mais ils fournissent un sommaire autorisé des Écritures et des croyances fondamentales des saints.
Les articles commencent par l’affirmation que la Divinité se compose de trois personnalités : le Père, son Fils Jésus-Christ et le Saint-Esprit (cf. Ac. 7:55-56 ; 2 Co. 13:14 ; 2 Né. 31:21 ; JS–H 1:17).
 
Le deuxième article concentre l’attention sur le commencement de l’histoire mortelle et affirme que les êtres humains ont le libre arbitre moral et donc la responsabilité de leurs actes : « Les hommes seront punis pour leurs propres péchés, et non pour la transgression d’Adam » (cf. De. 24:16 ; 2 Né. 2:27).
Le troisième article concentre l’attention sur l’importance cruciale de l’expiation du Christ et sur l’avantage qu’en retire l’humanité : « Par l’expiation du Christ, tout le genre humain peut être sauvé en obéissant aux lois et aux ordonnances de l’Évangile » (Mos. 3:7-12 ; D&A 138:4).
 
Le quatrième article définit les principes et les ordonnances de base : la foi en Jésus-Christ, le repentir, le baptême par immersion pour la rémission des péchés et l’imposition des mains pour le don du Saint-Esprit (cf. Ac. 8:14-19 ; Hé. 6:1-2 ; 3 Né. 11:32-37).
 
Les deux articles suivants abordent les questions d’autorité et d’organisation : Un homme doit être appelé de Dieu, confirmé par l’inspiration divine et par l’imposition des mains par ceux qui ont l’autorité, pour prêcher l’Évangile et en administrer les ordonnances (cf. 1 Ti. 4:14 ; D&A 42:11) ; de plus, l’Église est essentiellement « la même organisation qui existait dans l’Église primitive, savoir : apôtres, prophètes, pasteurs, docteurs, évangélistes, etc. » (cf. Ép. 4:11).
 
Le septième article affirme la croyance des saints aux dons de l’Esprit et en cite expressément plusieurs : le don des langues, de prophétie, de révélation, de vision, de guérison et d’interprétation des langues (cf. 1 Co. 12:10 ; D&A 46:10-26).
 
La place des Écritures sacrées est traitée dans le huitième article : Les saints des derniers jours croient « que la Bible est la parole de Dieu dans la mesure où elle est traduite correctement » ; ils croient aussi « que le Livre de Mormon est la parole de Dieu » (cf. Éz. 37:16 ; Jn 10:16 ; 2 Ti. 3:16).
Le neuvième article dit que l’Évangile rétabli n’est pas limité à un ensemble fermé de livres, mais déclare plutôt le principe de la révélation continue et donc d’un canon ouvert. Les saints des derniers jours affirment croire à toute la révélation passée et présente, et ils s’attendent à recevoir beaucoup de futures révélations (cf. Am. 3:7 ; D&A 76:7).
 
L’article dix récapitule quatre grands événements des derniers jours : le rassemblement littéral d’Israël et le rétablissement des dix tribus ; l’édification de Sion, la nouvelle Jérusalem en Amérique, le règne du Christ en personne sur terre et le renouvellement final de la terre elle-même, quand elle recevra sa gloire paradisiaque, l’état de pureté qu’elle avait avant la chute d’Adam (voir 3 Né. 21-22).
 
Le onzième article déclare la croyance des saints en la liberté de culte et de conscience tant pour les autres que pour eux-mêmes. Il dit : « Nous affirmons avoir le droit d’adorer le Dieu Tout-Puissant selon les inspirations de notre conscience et reconnaissons le même droit à tous les hommes, qu’ils adorent comme ils veulent, où ils veulent ou ce qu’ils veulent. » Et le douzième article énonce la position politique des saints des derniers jours en tant que citoyens respectueux des lois (D&A 134 ; voir Politique : Enseignements politiques ; Tolérance).
 
La déclaration finale propose une perspective ouverte à la vie et une invitation à approcher la vie comme le font les saints : « Nous croyons que nous devons être honnêtes, fidèles, chastes, bienveillants et vertueux, et que nous devons faire du bien à tous les hommes ; en fait, nous pouvons dire que nous suivons l’exhortation de Paul : nous croyons tout, nous espérons tout, nous avons supporté beaucoup et nous espérons pouvoir supporter tout. Nous recherchons tout ce qui est vertueux ou aimable, tout ce qui mérite l’approbation ou est digne de louange » (cf. 1 Co. 13:7 ; Ph. 4:8).
 
La lettre à Wentworth n’était pas la première tentative de résumer les croyances de base des saints. Des listes plus anciennes, dont certaines ont pu influencer la liste de la lettre à Wentworth, avaient paru avant 1842. Dès juin 1829, Joseph Smith et Oliver Cowdery mettaient sur papier les « Articles et Alliances » de l’Église qui allait bientôt être organisée. Appelé plus tard la section 20 des Doctrine et Alliances, ce texte énumère un certain nombre de croyances de base, notamment l’existence de Dieu, la création et la chute de l’homme, la place centrale de Jésus-Christ, les ordonnances fondamentales de l’Évangile, dont le baptême et les devoirs de base des membres (20:17-36). Ce document, le premier à être accepté par le vote d’une conférence de l’Église, n’était pas une liste exhaustive de toutes les croyances mais plutôt une charte de base pour l’organisation naissante, enracinée dans la Bible et le Livre de Mormon.
 
Dans le premier numéro du Messenger and Advocate (oct. 1834), édité à Kirtland (Ohio), Oliver Cowdery mentionnait huit « principes » qui avaient tous leur parallèle à la section 20.
 
Il y eut, dans les premiers temps, d’autres listes, antérieures à la lettre à Wentworth, qui résumaient les grands principes des croyances des saints : une liste préparée par Joseph Young pour publication par John Hayward dans The Religious Creeds and Statistics of Every Christian Denomination in the United States (Boston, 1836, p. 139-140). En cinq paragraphes, il esquissait les points de doctrine (1) de la divinité et de l’expiation de Jésus-Christ ; (2) les premiers principes et ordonnances de l’Évangile accomplis par l’autorité apostolique comme dans l’Église primitive du Christ, (3) le rassemblement d’Israël perdu et la restitution des dons spirituels, (4) l’avènement du Christ et (5) la résurrection et le jugement de toute l’humanité.
 
Une autre liste de dix-huit « principes et points de doctrine » fut incluse par Parley P. Pratt dans son introduction à son document « Late Persecution of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints » (New York, 1840, p. iii-xiii). Par exemple, « le premier principe de théologie entretenu par cette Église est la foi en Dieu, le Père éternel, et en son Fils Jésus-Christ, qui a en vérité été crucifié pour les péchés du monde… et au Saint-Esprit, qui rend témoignage d’eux » (p. iii-iv). Beaucoup de formules de la liste de Pratt sont semblables à celles de la lettre à Wentworth.

Orson Pratt propose une « esquisse [détaillée et éloquente] de la foi et de la doctrine » de l’Église dans son « Interesting Account of Several Remarkable Visions » (Édimbourg, 1840, p. 24-31). L’ordre dans lequel il présente ses thèmes en dix-neuf paragraphes (dont beaucoup commencent par « nous croyons que… ») est presque identique à celui des treize points de la lettre à Wentworth. Les explications d’Orson Pratt contiennent des références bibliques et son témoignage personnel de la véracité et des origines divines de ces enseignements.
 
Orson Hyde publia en allemand une histoire de l’Église qui comprenait un chapitre de seize articles (réellement des essais) sur des sujets tels que la Divinité, l’utilisation des Écritures, la foi, le repentir, le baptême, la confirmation, la Sainte-Cène, la confession des péchés et la discipline dans l’Église, les enfants, les révélations, la prêtrise laïque, le baptême pour les morts, la prière, les fêtes, le lavement des pieds et les bénédictions patriarcales (Ein Ruf aus der Wüste, Francfort, 1842).
 
Même après que la lettre à Wentworth eut été publiée en mars 1842, beaucoup d’autres listes de croyances des saints continuèrent à paraître pour la génération suivante. En avril 1849, James H. Flanigan inclut une liste de quatorze déclarations dans une brochure éditée en Angleterre, et cette liste fut citée et parfois modifiée dans diverses publications tout au long du XIXe siècle. Par exemple, elle est citée dans le livre populaire de Charles MacKay The mormons ; or the Latter-day Saints (Londres, 1851, p. 46-47). Cette liste suit la lettre à Wentworth presque mot à mot, ajoutant des points tels que « la Cène du Seigneur » à l’article 4, ajoutant « la sagesse, la charité, [et] l’amour fraternel » parmi les dons de l’Esprit dans le septième article et insérant un quatorzième article concernant la résurrection littérale du corps. D’autres listes (habituellement composées par des missionnaires) furent publiées tout au long de cette période dans diverses régions du monde.
 
La canonisation, en 1880, de la lettre à Wentworth en tant qu’élément de la Perle de grand prix en refléta et en assura la priorité incontestée. Et quand la Première Présidence demanda, en 1891, à James E. Talmage de rédiger un ouvrage sur la théologie qui servirait de manuel dans les écoles de l’Église, c’est de ces articles de foi qu’il se servit pour le schéma de son volume. Publié en 1899 et toujours en usage aujourd’hui, le livre Les Articles de foi, de Talmage, détaille considérablement les thèmes de la liste de Joseph Smith pour Wentworth. En vingt-quatre chapitres, Talmage donne un commentaire en profondeur et les références scripturaires concernant chacun des concepts mentionnés dans les treize articles, plus des sections sur la dernière Cène et sur la résurrection du Seigneur (comme dans la liste de Flanigan) et finalement une section sur la religion pratique (la bienveillance, la dîme et les offrandes, la consécration, l’ordre social dans l’Église, le mariage éternel, la sainteté du corps et la sanctification du jour du sabbat).
 
Dès les années 1850, les missionnaires mormons imprimaient des affiches qui contenaient les articles de foi. Avec le temps, ces affiches missionnaires furent réduites au format de poche et sont toujours utilisées par les missionnaires dans le monde entier. Dans les classes de la Primaire de l’Église, les enfants apprennent par cœur les articles de foi en vue de leur sortie de la Primaire à l’âge de douze ans et les adultes ont aussi été encouragés à les apprendre et à les utiliser pour l’étude personnelle et dans l’œuvre missionnaire.
 
Bien que n’étant pas un credo officiel, les articles de foi sont une synthèse merveilleuse (moins de 400 mots) des croyances de base de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. De nombreuses variantes ont été publiées depuis le temps de Joseph Smith, mais le noyau de croyances énoncées dans ces articles vient des toutes premières années du Rétablissement, un fait qui témoigne à la fois de sa cohérence interne et de sa constance.
 
Bibliographie
Lyon, T. Edgar. "Origin and Purpose of the Articles of Faith." Instructor 87, août-octobre 1952, p. 230-231, 264-265, 275, 298-299, 319.
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith. Salt Lake City, 1985.
Sondrup, Steven P. "On Confessing Faith : Thoughts on the Language of the Articles of Faith". Dans Literature of Belief, dir. de publ. N. Lambert, p. 197-215. Provo, Utah, 1981.
Talmage, James E. AF. Salt Lake City, 1899.
Welch, John W. "[Joseph Smith and Paul] Co-Authors of the Articles of Faith ?" Instructor 114, nov. 1969, p. 422-426.
Whittaker, David J. "The ‘Articles of Faith' in Early Mormon Literature and Thought". Dans New Views of Mormon History, A Collection of Essays in Honor of Leonard J. Arrington, dir. de publ. D. Bitton et M. Beecher, p. 63-92. Salt Lake City, 1987.
DAVID J. WHITTAKER
 
Autel
Auteur : PORTER, BRUCE H.
 
Un point focal du culte religieux tout au long des siècles, et dans la plupart des cultures, a été l’autel, une construction naturelle ou faite par l’homme utilisée pour la prière, le sacrifice et des buts de ce genre. Le sacrifice sur l’autel était un rite de base. La pratique caractéristique en matière de culte du temps de l’Ancien Testament était sacrificatoire de nature, et par conséquent l’autel est devenu l’un des objets rituels les plus importants décrits dans ce livre d’Écriture.
 
Une signification sacrée et symbolique est attribuée à l’autel. Les stipulations de la « loi de l’autel » (Ex. 20:24-26) suggèrent que sa construction est associée à la création du monde et aux alliances de Dieu avec l’humanité. Quand les eaux de la création se sont retirées, la terre sèche est apparue et on l’appelle le monticule primordial (première colline). Ici, selon la légende, les dieux se sont tenus afin de terminer la création. À cause de la présence divine, cet endroit est devenu un sol sacré ou saint, un point de contact entre ce monde et le monde céleste. L’autel a été construit pour que le peuple puisse s’y mettre à genoux pour communiquer et faire des alliances avec son Dieu. L’autel dans Ézéchiel 43:15 est appelé « la montagne de Dieu » (terme hébreu hahar’el) et devient l’incarnation symbolique de la Création, du monticule primordial et de la présence de Dieu.
 
C’est devant un autel qu’Adam a appris la signification du sacrifice (Moïse 5:5-8). Après le Déluge, le patriarche Noé a immédiatement construit un autel et a offert ses sacrifices au Très-Haut. Quand il a reçu la promesse et l’alliance d’un héritage pour sa postérité, Abraham a marqué cet événement sacré par la construction d’un autel (Ge. 12:6-7). C’est sur le mont Morija que le jeune Isaac a été lié sur la table ou autel du sacrifice en vue de l’offrande suprême et de la démonstration d’obéissance de son père (Ge. 22:9-14). La tradition veut que l’endroit de cet autel consacré soit devenu le site du temple de Jérusalem.
 
Le complexe du temple de Jérusalem avait quatre autels. Par ordre croissant de supériorité sacrale, c’étaient les suivants : D’abord, l’autel du sacrifice, souvent appelé autel des holocaustes ou table du Seigneur (Mal. 1:7, 12 ; 1 Co. 10:21), était placé en dehors du temple lui-même dans la cour d’Israël et était plus public que les autres. Des sacrifices pour les péchés d’Israël y étaient offerts, annonçant l’accomplissement par le sacrifice de Jésus-Christ (Hé. 9:25-26 ; Al. 34:9-10, 14-16). En second lieu, l’autel des encens se trouvait dans « le saint » devant le voile à l’intérieur du temple proprement dit. Jean décrit la fumée de cet autel comme étant « les prières de tous les saints, sur l’autel d’or qui est devant le trône » (Ap. 8:3-4). Troisièmement, dans la même enceinte du temple se trouvait l’autel des pains de proposition, sur lequel on mettait douze pains, de l’encens et une offrande de boisson. Et quatrièmement, l’arche de l’alliance se trouvait dans le saint des saints, la chambre la plus intérieure et la plus sacrée du temple. L’arche était pour Israël le trône ou propitiatoire et symbolisait la présence du Seigneur. C’était ici que le grand prêtre, une fois par an le jour des expiations (Hé. 9:7 ; Lé. 16:1-17), faisait des alliances avec le Seigneur pour tout Israël, comme s’il représentait tout le monde à l’autel.
 
Dans les temples des saints, des autels d’une sorte différente jouent un rôle majeur. Les saints s’y agenouillent pour se livrer à des cérémonies dans lesquelles se contractent des alliances. Ils font ces alliances, comme cela se faisait anciennement, dans la présence symbolique de Dieu à l’autel (Ps. 43:4 ; cf. Ps. 118:27). Ainsi, en se mettant à genoux à un autel dans un temple, un homme et une femme font des alliances avec Dieu dans une cérémonie de mariage qui va être en vigueur dans la condition mortelle et dans le monde éternel. C’est là que, si des parents n’étaient pas mariés précédemment dans un temple, eux et leurs enfants peuvent être scellés ensemble pour le temps et l’éternité par le pouvoir et l’autorité de la prêtrise. De même, ces ordonnances peuvent être accomplies par des représentants à un autel dans le temple au nom de personnes identifiées dans des documents généalogiques comme étant décédées sans ces bénédictions.
 
Les gens d’autrefois allaient à l’autel pour communiquer et communier avec Dieu ; de même les membres de l’Église, dans le temple, font un cercle de prière autour de l’autel. Unis de cœur et d’esprit, les saints demandent à Dieu ses bénédictions sur l’humanité, son Église et ceux qui ont des besoins spéciaux.
 
Dans une réunion de Sainte-Cène plus publique, l’autel du sacrifice est symbolisé par la « table de Sainte-Cène ». Sur cette table se trouvent les emblèmes du sacrifice de Jésus-Christ, le pain et l’eau représentant respectivement le corps et le sang du Sauveur (Luc 22:19-20). Chaque semaine on peut participer à la Sainte-Cène et renouveler ses alliances.
 
Aujourd’hui les membres de l’Église font des alliances sacrées avec Dieu et consacrent leur vie et tout ce qu’ils ont eu en bénédiction en « allant au Christ » et déposent symboliquement tout sur l’autel comme sacrifice. Pour eux un autel sacré est un symbole réel de la présence de Dieu devant lequel ils se mettent à genoux « le cœur brisé et l’esprit contrit » (2 Né. 2:7 ; 3 Né. 11:20).
 
Bibliographie
Eliade, Mircea. Patterns in Comparative Religion. New York, 1974.
Talmage, James E. The House of the Lord. Salt Lake City, 1971.
Packer, Boyd K. The Holy Temple. Salt Lake City, 1980.
BRUCE H. PORTER
 
Autorité
Auteur : CAMERON, KIM S.
 
La prétention de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours à être la seule Église vraie et vivante sur la terre est basée sur la notion d’autorité. La croyance des saints a été bien énoncée par le président Joseph F. Smith : « Quant à la question de l’autorité, presque tout en dépend. Aucune ordonnance ne peut être accomplie de manière à être acceptée de Dieu sans l’autorité divine. Quelle que soit la ferveur avec laquelle les hommes croient ou prient, s’ils ne sont pas dotés de l’autorité divine, ils ne peuvent qu’agir en leur propre nom, pas légalement ni de manière acceptable au nom de Jésus-Christ, au nom de qui tout doit se faire » (Smith, p. 102).
 
Étant donné que plusieurs définitions sont associées à l’autorité dans les Écritures, ce point de doctrine a souvent été mal compris :
 
1. L’autorité désigne le pouvoir officiel lié au poste, à la fonction ou à la désignation légale comme dans l’exemple de l’autorité donnée à Joseph en Égypte par le Pharaon (Ge. 41:40-41), par l’homme qui donne à ses serviteurs autorité sur sa maison pendant son absence (Mc. 13:34) et par les officiers de l’Église désignés pour détenir l’autorité sur les membres (Mt. 8:9 ; D&A 107:8). L’autorité dans ces cas présume un commandement en vertu du poste conféré.
 
2. L’autorité est force, pouvoir ou maîtrise de ressources. Un exemple en est le pouvoir sur Juda installé par les Philistins (Jg. 15) et par la domination de la Judée par Rome du temps du Christ (Mt. 27:2). Dans ce sens, l’autorité désigne la supériorité ou la suprématie par rapport aux autres découlant d’acquisitions, de possessions ou de la force.
 
3. L’autorité est affaire de compétence, comme dans le cas d’un expert dans un domaine. Les exemples sont l’autorité attribuée à Jésus, douze ans, suite à ses enseignements dans le temple (Lu. 2:42, 46-47) et l’autorité liée à la prédication de prophètes tels que Néphi 1, Léhi, Abinadi et les fils de Mosiah 2 (Mos. 13:6 ; Al. 17:3 ; Hél. 5:18).
 
4. L’autorité est un mandat divin ou appel de Dieu. Par exemple, Jésus a donné à ses apôtres l’autorité spécifique de prêcher et d’administrer son Évangile (Mt. 10:1 ; Jn. 15:16 ; 3 Né. 12:1), et certaines personnes ont reçu le pouvoir de baptiser et d’accomplir des miracles par cette autorité (Ac. 5:12-16 ; 8:5-17 ; Al. 5:3 ; Mos. 18:13, 18 ; Mro. 2:1-3). Transmise par Jésus-Christ, cette autorité signifiait que les ordonnances accomplies sur terre seraient honorées au ciel et, réciproquement, que délier (dissoudre une ordonnance) sur terre signifierait délier dans le ciel (Mt. 16:19). Le nom donné à ce genre d’autorité dans les Écritures est la prêtrise (Hé. 7:11-12, 14, 24 ; 1 Pi. 2:5, 9 ; D&A 84:107).

Ces sens ont souvent été confondus comme le montre la question posée par les scribes à Jésus concernant la base de sa propre autorité : « Par quelle autorité fais-tu ces choses ? » (Mt. 21:23-27). Ton autorité est-elle politique (définition 1) ou un pouvoir d’en haut (définition 4) ? ont-ils demandé.

De même que l’autorité du Christ était basée sur le pouvoir d’en haut, de même l’Église appuie sa prétention à être la seule Église vraie et vivante sur la possession de l’autorité divine d’agir pour Dieu. Cette autorité différencie l’Église de toutes les autres. Les autres systèmes et organisations peuvent posséder d’autres types d’autorité, mais l’autorité divine liée à l’Église du Christ, la prêtrise, réside seulement dans celle-ci.
 
Une explication des caractéristiques de l’autorité divine permet d’éclaircir les prétentions de l’Église. D’abord, « Nul ne s’attribue cette dignité, s’il n’est appelé de Dieu, comme le fut Aaron » (Hé. 5:4). L’autorité divine ne s’obtient pas par l’étude, un diplôme décerné par une école ou le simple désir (Ac. 19:13-16). On doit l’obtenir de la manière désignée par Dieu, comme ce fut le cas d’Aaron (Ex. 28:41).
En second lieu, on obtient l’autorité d’agir au nom de Dieu par l’imposition des mains par quelqu’un qui détient déjà cette autorité ou prêtrise (1 Ti. 4:14 ; 2 Ti. 1:6 ; Mro. 2:1-3 ; De. 34:9). Simon, par exemple, désirait acheter l’autorité des apôtres, comme il avait pu le faire avec d’autres types d’autorité. Pierre le condamna pour avoir désiré obtenir le « don de Dieu » à prix d’argent (Ac. 8:14-20), et l’achat de l’autorité porte son nom, c’est la simonie.
 
Troisièmement, les ordonnances accomplies dans l’Église ne font spirituellement force de loi que quand elles le sont en vertu de cette autorité divinement conférée et reçue de la manière appropriée (Mos. 23:17 ; D&A 20:73 ; 132:13 ; 2 S. 6:6-7). Par exemple, Paul a rebaptisé des Éphésiens qui avaient été précédemment baptisés par une personne non autorisée (Ac. 19:1-6). Le roi Limhi et beaucoup de ses disciples ont été convertis au Christ et étaient désireux d’être baptisés, mais ils ont attendu pour recevoir cette ordonnance parce que celui qui avait l’autorité ne se sentait pas digne (Mos. 21:33-35).
 
Un quatrième fait concernant l’autorité divine est qu’elle a disparu de la terre peu après la résurrection et l’ascension du Christ au ciel (voir Apostasie), de sorte qu’un rétablissement de l’autorité divine était nécessaire (2 Th. 2:1-4 ; 1 Ti. 4:1-3 ; 2 Ti. 3:1-7). En 1829, des messagers célestes, précédemment dotés d’autorité divine par le Christ lui-même, conférèrent l’autorité à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le cadre du rétablissement de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (voir Prêtrise d’Aaron : Rétablissement ; Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek). Les membres de l’Église ordonnés à cette autorité notent maintenant leur « ligne d’autorité personnelle ». Ce document indique le cheminement des ordinations reliant leur autorité dans la prêtrise à Jésus-Christ lui-même.
 
Cinquièmement, l’autorité de présider n’est efficace pour une personne que quand elle est accompagnée du consentement commun des membres de l’Église que cette personne présidera (D&A 20:65 ; 26:2 ; 42:11).
 
Les abus d’autorité et l’autoritarisme sont inhérents à tout système organisé, et ces abus sont particulièrement associés à une autorité basée uniquement sur les postes, la force ou la connaissance. Les personnes de l’extérieur perçoivent parfois des organisations telles que l’Église comme autoritaires, principalement à cause de la confusion concernant le sens du mot autorité. Si l’autorité dans l’Église était basée sur la politique, des caractéristiques ou des compétences personnelles, l’accusation d’autoritarisme pourrait se justifier. Or, l’autorité divine (définition 4) est inséparablement liée aux principes de la justice et « lorsque nous entreprenons de couvrir nos péchés ou d'assouvir notre orgueil, notre vaine ambition, ou d'exercer, avec quelque degré d'injustice que ce soit, une emprise, une domination ou une contrainte sur l'âme des enfants des hommes, voici, les cieux se retirent ; l'Esprit du Seigneur est attristé, et lorsqu'il est retiré, c'est la fin de la prêtrise ou de l'autorité de cet homme » (D&A 121:37).
 
Les membres de l’Église comprennent que l’exercice de l’autorité divine comporte la responsabilité de faire du bien au peuple et de vaquer à son bien-être. L’utilisation convenable de cette autorité est contraire à l’autoritarisme et aux abus d’autorité, de sorte que les connotations négatives parfois associées à l’autorité ne sont généralement pas présentes dans l’Église.
 
Bibliographie
Ehat, Andrew F., et Lyndon W. Cook, dir. de publ. The Words of Joseph Smith. Provo, Utah, 1980.
Richards, LeGrand. Une œuvre merveilleuse et un prodige. Salt Lake City, 1968.
Smith, Joseph F. Gospel Doctrine. Salt Lake City, 1977.
Talmage, James E. AF. Salt Lake City, 1977.
KIM S. CAMERON

B
 
Baptême
Auteur : HAWKINS, CARL S.
 
Le quatrième article de foi de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours déclare que « le baptême par immersion pour la rémission des péchés » est l’un des « premiers principes et ordonnances de l’Évangile ». Les saints des derniers jours croient, comme beaucoup de chrétiens, que le baptême est une ordonnance initiatrice essentielle pour toutes les personnes qui deviennent membres de l’Église, car elle les admet dans l’Église du Christ sur terre (Jn. 3:3-5 ; D&A 20:37, 68-74). C’est une étape primaire dans le processus, qui comprend la foi, le repentir, le baptême de feu et du Saint-Esprit et la persévérance jusqu’à la fin, étape par laquelle les membres peuvent recevoir la rémission de leurs péchés et accéder au royaume céleste et à la vie éternelle (par exemple, Mc. 16:15-16 ; 2 Né. 31:13-21 ; D&A 22:1-4 ;84:64, 74 ; MD, p. 69-72).
 
Les baptêmes modernes sont accomplis pour les convertis qui ont été dûment instruits et ont au moins huit ans (l’âge de responsabilité). Le baptême doit être fait par quelqu’un qui a l’autorité appropriée dans la prêtrise. Celui qui baptise lève la main droite, récite la prière de baptême prescrite et immerge complètement le candidat (3 Né. 11:23-26 ; D&A 20:71-74 ; 68:27). Le baptême symbolise l’alliance par laquelle les gens promettent d’entrer dans la bergerie de Dieu, de prendre sur eux le nom du Christ, d’être témoins de Dieu, de garder ses commandements et de porter les fardeaux les uns des autres, se montrant décidés à le servir jusqu’à la fin et de se préparer à recevoir l’esprit du Christ pour la rémission des péchés. Le Seigneur, c’est sa contrepartie de l’alliance, doit déverser son Esprit sur eux, les racheter de leurs péchés, les faire participer à la première résurrection et leur donner la vie éternelle (Mos. 18:7-10 ; D&A 20:37).
 
Le symbolisme riche de l’ordonnance invite des candidats et des observateurs à réfléchir à ses significations. L’ensevelissement dans l’eau et la sortie de l’eau symbolisent la foi du candidat en la mort, l’ensevelissement et la résurrection de Jésus-Christ aussi bien qu’en la résurrection future de tous les hommes. Il représente également la nouvelle naissance du candidat à une vie en Christ, étant né de Dieu, donc né de nouveau d’eau et de l’Esprit (Ro. 6:3-6 ; Mos. 18:13-14 ; Moï. 6:59-60 ; D&A 128:12-13).

Les Écritures modernes disent que l’histoire de cette ordonnance antidate le ministère de Jean-Baptiste. En commençant par Adam (Moï. 6:64-66), le baptême par immersion dans l’eau a été introduit comme pratique officielle et a été observé dans toutes les dispensations suivantes de l’Évangile quand l’autorité de la prêtrise était sur la terre (D&A 20:25-27 ; 84:27-28). Comme variantes de tels précédents, les saints des derniers jours retrouvent des initiations par le baptême dans beaucoup de religions préchrétiennes (voir Meslin, 1987). Comme le rapporte le Livre de Mormon, Léhi et Néphi 1 ont eu la vision du baptême de Jésus-Christ et ont enseigné à leur peuple à suivre son exemple de justice (1 Né. 10:7-10 ; 11:27 ; 2 Né. 31:4-9). De plus, avant le temps de Jésus-Christ, Alma 1 introduisait les convertis dans l’Église de Dieu par le baptême comme signe de leur alliance (Mos. 18:8-17 ; Al. 4:4-5).
 
Selon le récit de son apparition aux Néphites, Jésus a enseigné la nécessité de la foi, du repentir, du baptême et du don du Saint-Esprit, et il a donné autorité à douze disciples de baptiser (3 Né. 11:18-41 ; 19:11-13 ; 26:17-21). Le Livre de Mormon donne les instructions utiles pour le baptême et les paroles de la prière de baptême (3 Né. 11:23-28 ; Mro. 6:1-4 ; cf. D&A 20:73).
 
En plus des informations du Livre de Mormon, les saints des derniers jours suivent les enseignements de Nouveau Testament sur le baptême. Jésus a enseigné que le baptême est nécessaire au salut. Il a dit à Nicodème : « Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jean 3:1-5). Il exigeait le baptême de la part de ceux qui professaient devenir ses disciples (Jn. 4:1-2). La mission finale qu’il a donnée à ses apôtres était qu’ils devaient aller à toutes les nations, enseignant et baptisant (Mt. 28:19), et il a déclaré : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné » (Mc. 16:16). Paul, après sa vision miraculeuse sur le chemin de Damas, s’entendit enseigner l’Évangile par Ananias, qui lui dit : « Lève-toi, sois baptisé, et lavé de tes péchés » (Ac. 22:16). À la multitude pénitente le jour de la Pentecôte, Pierre a proclamé : « Repentez–vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus–Christ, pour le pardon de vos péchés » (Ac. 2:38).
 
Les saints des derniers jours n’acceptent pas les pratiques et les enseignements relatifs au baptême qui sont apparus chez certains groupes chrétiens au cours des siècles qui ont suivi la mort des apôtres, notamment le baptême des petits enfants, le baptême par d’autres moyens que l’immersion et l’idée que le baptême n’est pas nécessaire au salut. Le prophète néphite Mormon a dénoncé la pratique du baptême des petits enfants, qui s’était apparemment introduite parmi son peuple, et a déclaré que quiconque pensait que les petits enfants avaient besoin du baptême niait la miséricorde du Christ, ignorant la valeur de son expiation et le pouvoir de sa rédemption (Mro. 8:4-20).
 
Jean-Baptiste a rendu l’autorité de baptiser à Joseph Smith et à Oliver Cowdery le 15 mai 1829 (JS–H 1:68-72). Dès le début de l’Église rétablie, des missionnaires ont été envoyés pour « annoncer le repentir, la foi au Sauveur et la rémission des péchés par le baptême » (D&A 19:31 ; 55:2 ; 84:27, 74). « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, et celui qui ne croira pas et ne sera pas baptisé sera damné » (D&A 112:29). C’est l’enseignement central de l’Évangile de Jésus-Christ (3 Né. 11:31-40).
 
En conséquence, les personnes qui entrent dans l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours à l’âge de huit ans ou plus doivent de soumettre au baptême, même si elles ont été précédemment baptisées dans d’autres Églises (D&A 22). De même, les excommuniés passent de nouveau par le baptême une fois qu’ils se sont qualifiés pour la réadmission dans l’Église.
 
La forme de l’ordonnance est prescrite dans la révélation moderne, qui dit de manière explicite que le baptême doit être accompli par une personne qui a l’autorité de la prêtrise et qu’il faut pour cela immerger complètement le candidat pénitent et le sortir ensuite de l’eau (3 Né. 11:25-26 ; D&A 20:72-74). Le baptême est suivi de l’imposition des mains pour le don du Saint-Esprit.
 
La pratique courante dans l’Église veut que le candidat soit interrogé et approuvé par un officier autorisé de la prêtrise (habituellement l’évêque ou un autre dirigeant présidant l’assemblée ou un dirigeant de mission), qui détermine si le candidat remplit les conditions d’un repentir véritable, de la foi au Seigneur Jésus-Christ, d’une compréhension des lois et des ordonnances de l’Évangile et de la volonté d’y obéir. Il est également nécessaire qu’un document officiel de chaque baptême soit tenu par l’Église.
 
Le baptême peut se faire dans les fonts baptismaux existant dans beaucoup d’églises ou dans tout plan d’eau convenant à cette occasion sacrée et suffisamment profond pour permettre l’immersion complète. Le candidat et la personne accomplissant l’ordonnance doivent être vêtus de vêtements blancs simples et pudiques. La cérémonie est sans prétention et a habituellement lieu en la présence de la famille du candidat, les amis intimes et les membres de l’assemblée que cela intéresse. Un orateur ou deux peuvent donner quelques enseignements et souhaiter une joyeuse bienvenue au candidat.
 
La pratique antérieure du rebaptême pour manifester le repentir et le renouvellement de l’engagement ou pour le retour à la santé en temps de maladie n’a plus cours dans l’Église.
 
La croyance que le baptême est nécessaire au salut de toutes les personnes qui atteignent l’âge de responsabilité (D&A 84:64, 74) ne condamne pas les personnes qui sont mortes sans avoir eu l’occasion d’entendre le véritable Évangile de Jésus-Christ ou de recevoir le baptême par l’autorité appropriée de la prêtrise. Les saints des derniers jours croient qu’un baptême doit être accompli par procuration pour les morts (1 Co. 15:29 ; D&A 124:28-35, 127-128) et qu’il devient effectif si le bénéficiaire décédé accepte l’Évangile tandis qu’il est dans le monde d’esprit à attendre la résurrection (voir 1 Pi. 3:18-20 ; 4:6 ; cf. D&A 45:54). Cette œuvre par procuration au profit des générations précédentes, liant le cœur des enfants à leurs pères (Mal. 4:5-6), est une des ordonnances sacrées accomplies dans les temples modernes (D&A 128:12-13).
 
Bibliographie
Meslin, Michel. « Baptism. » Dans Encyclopedia of Religion, Mircea Eliade, dir. de publ. vol. 2, p. 59-63. New York, 1987.
Smith, Joseph Fielding, Doctrines du Salut, vol. 2, p. 323-337. Salt Lake City, 1955.
Talmage, James E. AF p. 109-142. Salt Lake City, 1984.
CARL S. HAWKINS
 
Baptême - Prière
Auteur : WILSON, JERRY A.
 
Les paroles de la prière du baptême utilisées dans l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours sont prescrites dans la compilation la plus ancienne d’instructions pour le fonctionnement de l'Église (D&A 20). Quand quelqu’un est baptisé, la personne qui a l'autorité appropriée dans la prêtrise descend dans l'eau avec le candidat, lève le bras droit à angle droit, appelle l'intéressé par son nom légal complet et dit : « Ayant reçu l’autorité de Jésus-Christ, je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Amen » et immerge ensuite le candidat (D&A 20:73). La même version de la prière est donnée par Jésus-Christ aux Néphites et se trouve dans le Livre de Mormon (3 Né. 11:25).
 
Plus tôt dans le Livre de Mormon il y a une mention quelque peu différente de la prière de baptême. Quand Alma l’Ancien, au deuxième siècle av. J.-C., fonde l'Église parmi les Néphites, il prie : « Ô Seigneur, déverse ton Esprit sur ton serviteur, afin qu'il fasse cette œuvre avec sainteté de cœur » (Mosiah 18:12). La prière de baptême qui suit souligne l'alliance représentée par le baptême et la nécessité de procéder ensuite à un baptême de l'Esprit : « Je te baptise, ayant autorité du Dieu Tout-Puissant, en témoignage que tu as conclu l'alliance de le servir jusqu'à ce que tu sois mort quant au corps mortel ; et que l'Esprit du Seigneur soit déversé sur toi ; et qu'il t'accorde la vie éternelle, par l'intermédiaire de la rédemption du Christ, qu'il a préparé dès la fondation du monde » (Mosiah 18:13 ; voir Baptême de feu et du Saint-Esprit).
 
Bibliographie
Il est instructif de comparer la pratique et les récits scripturaires des saints des derniers jours à la tradition chrétienne rapportée dans E. C. Whitaker, Documents of the Baptismal Liturgy, Londres, 1970.
JERRY A. WILSON
 
Baptême de feu et du Saint-Esprit
Auteur : BRADSHAW, WILLIAM S.
 
Le baptême de feu et du Saint-Esprit désigne l'expérience de la personne qui reçoit l'ordonnance de l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit. C'est la seconde partie d’une séquence et il suit le baptême par immersion dans l'eau par lequel la personne repentante qui s'est engagée vis-à-vis du Christ et de son Évangile est née de Dieu ou née de nouveau. Comme Jésus l’a expliqué à Nicodème, « si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jn. 3:5). À propos de ce passage, Joseph Smith a dit : « Le baptême d'eau n’est qu’un demi-baptême et n’est bon à rien sans… le baptême du Saint-Esprit » (EPJS, p. 254). Le baptême de feu, assuré par le Saint-Esprit, se manifeste à travers un ensemble de sensations, d'impressions et de découvertes personnelles qui constituent le témoignage spirituel de la Divinité que l'on a reçu la rémission de ses péchés (2 Né. 31:17). Le baptême de feu inaugure la transmission de dons spirituels aux fidèles pour les aider durant toute leur vie à rester fidèles à leur alliance du baptême (1 Co. 12 ; Mro. 10:8-23 ; D&A 46:10-33).
 
La doctrine des deux baptêmes a été enseignée par Jean-Baptiste : « Moi, je vous baptise d'eau… mais celui qui vient après moi… vous baptisera du Saint–Esprit et de feu » (Mt. 3:11). Au baptême du Christ, le Saint-Esprit s’est manifesté par le signe d'une colombe (Lu. 3:22) et il est apparu aux disciples le jour de la Pentecôte sous forme de langues de feu (Ac. 2:3 ; voir Jéhovah, Jésus-Christ). L'ordonnance du don du Saint-Esprit a commencé avec les premiers convertis chrétiens (Ac. 8:12-17 ; 3 Né. 18 ; Mro. 2-3 ; 6) et est une pratique (souvent désignée sous le nom de confirmation) rendue à l'Église d’aujourd’hui et administrée par la Prêtrise de Melchisédek (D&A 20:38-41).
 
Symboles du baptême, l'eau (utilisée pour laver) et le feu (utilisé pour la fonte des métaux) représentent les agents qui nettoient et purifient, la première extérieurement, l’autre intérieurement, menant à la sanctification (Al. 13:12 ; Mro. 6:4). En outre, le feu suggère la chaleur et la lumière, réalisées sous forme de sensations tangibles telles qu'une brûlure dans la poitrine et le sentiment d’illumination accompagnant la réception de l'esprit divin (D&A 9:8 ; 88:49).
 
Pour les saints des derniers jours, le baptême par le feu et le Saint-Esprit est un phénomène réel en accomplissement littéral de l'alliance de Dieu avec ceux qui se repentent et sont baptisés (2 Né. 31:10-21). Par cette expérience, la personne peut réaliser les promesses faites par Jésus en ce qui concerne le rôle de Consolateur joué par le Saint-Esprit, témoin de l'Expiation, instructeur et guide vers la vérité (Jn. 14:16, 26 ; 15:26).
 
Bibliographie
Cannon, Elaine, et Ed J. Pinegar. The Mighty Change. Salt Lake City, 1978.
WILLIAM S. BRADSHAW
 
Baptême Alliance du
Auteur : WILSON, JERRY A.
 
Quand une personne contracte le baptême chez les saints des derniers jours, elle fait une alliance avec Dieu. Le baptême est un « signe… que nous faisons la volonté de Dieu, et il n’y a sous le ciel aucun autre moyen ordonné par Dieu pour permettre à l’homme de venir à lui » (EPJS, p. 160).
Les candidats promettent d’ « entrer dans la bergerie de Dieu et être appelés son peuple… [de] porter les fardeaux les uns des autres… [de] pleurer avec ceux qui pleurent… [et d’] être les témoins de Dieu… jusqu’à la mort » (Mos. 18:8-9). La personne qui contracte cette alliance doit le faire avec l’attitude appropriée d’humilité, de repentir et de détermination de garder les commandements du Seigneur et de servir Dieu jusqu’à la fin (2 Né. 31:6-17 ; Mro. 6:2-4 ; D&A 20:37). De son côté, Dieu promet la rémission des péchés, la rédemption et la purification par le Saint-Esprit (Ac. 22:16 ; 3 Né. 30:2). Cette alliance se fait au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
 
Le baptisé peut renouveler cette alliance à chaque réunion de Sainte-Cène en prenant la Sainte-Cène. Cette volonté permanente de se rappeler le Christ et de garder ses commandements apporte la réalisation de la promesse du Seigneur qu’il donnera son Esprit et produit les « fruits » (Ga. 5:22) et les « dons » (D&A 46) qui mènent à la vie éternelle.
 
Bibliographie
Tripp, Robert M. Oaths, Covenants and Promises, p. 11-19. Salt Lake City, 1973.
JERRY A. WILSON
 
Baptême pour les morts
 
Cette rubrique se compose de deux articles :
Baptême pour les morts : Pratique chez les saints des derniers jours
Baptême pour les morts : Sources antiques
Le premier article suit le développement de la doctrine mormone du baptême pour les morts. Dans le deuxième article, le doyen de la faculté de théologie de Harvard traite de la pratique dans les temps anciens.
 
Baptême pour les morts : Pratique chez les saints des derniers jours
Auteur : BURTON, H. DAVID
 
Le baptême pour les morts est l’accomplissement par procuration de l’ordonnance du baptême pour un défunt. Joseph Smith a enseigné : « Si nous pouvons baptiser un homme au nom du Père [et] du Fils et du Saint-Esprit pour la rémission des péchés, c’est tout autant notre devoir d’agir comme agents et d’être baptisés pour la rémission des péchés pour et en faveur de nos aïeux décédés qui n’ont pas entendu l’Évangile ou sa plénitude » (Kenney, p. 165).
 
La première déclaration publique concernant l’ordonnance du baptême pour les morts dans l’Église a été le sermon funèbre prononcé en août 1840 à Nauvoo par Joseph Smith à l’occasion du décès de Seymour Brunson. S’adressant à une veuve qui avait perdu un fils qui n’avait pas été baptisé, il a appelé le principe « de bonnes nouvelles d’une grande joie » contrairement à la tradition du temps qui voulait que toute personne non baptisée soit damnée. Les premiers baptêmes pour les morts des temps modernes ont eu lieu dans le Mississippi, près de Nauvoo.
 
Des révélations éclaircissant la doctrine et la pratique ont été données de temps en temps :
 
1. C’était une pratique du Nouveau Testament (1 Co. 15:29 ; cf. D&A 128 ; voir Baptême pour les morts : Sources antiques).
 
2. Le ministère du Christ dans le monde d’esprit était au profit de ceux qui étaient morts sans entendre l’Évangile ou sa plénitude (1 Pi. 4:6 ; voir Salut des morts).
 
3. De tels baptêmes doivent avoir lieu dans un temple, dans des fonts baptismaux consacrés à cette fin (EPJS, p. 248 ; cf. D&A 124:29-35). En novembre 1841, les fonts baptismaux du temple inachevé de Nauvoo étaient consacrés.
 
4. Le langage de la prière de baptême est le même que pour les vivants, avec l’ajout de « en lieu et faveur de » [les défunts].
 
5. Des témoins doivent être présents aux baptêmes par procuration et ceux-ci doivent être enregistrés dans les archives de l’Église (D&A 128:3, 8).
 
6. Des femmes doivent être baptisées pour les femmes et des hommes pour les hommes.
 
7. Ce n’est pas seulement le baptême, mais aussi la confirmation et les ordonnances supérieures du temple qui peuvent être accomplis par procuration (EPJS, p. 294).
 
8. La loi du libre arbitre est inviolée dans ce monde et dans le monde à venir. Ainsi, ceux qui sont servis par procuration ont le droit d’accepter ou rejeter les ordonnances.
 
Dans les premières années de l’Église, les baptêmes par procuration ne se faisaient que pour les ancêtres directs par le sang, en ne remontant habituellement pas plus de quatre générations. Aujourd’hui, les saints des derniers jours sont baptisés non seulement pour leurs propres ancêtres mais également pour d’autres personnes non apparentées, identifiées par le programme d’extraction des noms. Cette pratique est l’expression du désir des enfants de retrouver leurs parents et des parents de retrouver leurs enfants, ainsi que des sentiments charitables pour les autres, pour qu’ils reçoivent la plénitude des bénédictions de l’Évangile de Jésus-Christ. Dans la perspective mormone, quoi que l’on fasse d’autre pour faire son deuil, enterrer honorablement, chérir ou se souvenir des morts, cette ordonnance divinement autorisée du baptême est une démonstration d’amour et a des implications éternelles.
 
Baptême pour les morts : Sources antiques
Auteur : STENDAHL, KRISTER
 
Dans sa première épître aux Corinthiens Paul a écrit : « Autrement, que feraient ceux qui se font baptiser pour les morts ? Si les morts ne ressuscitent absolument pas, pourquoi se font–ils baptiser pour eux ? » (Conzelmann, 1 Corinthiens 15:29).
 
Ce verset fait partie de l’argumentation de Paul contre ceux qui niaient une résurrection future (cf. 2 Ti. 2:18, Justin, Dial. 80). Il fait allusion à une pratique de baptême par procuration, une pratique pour laquelle nous n’avons aucune autre preuve dans les écrits de Paul ou les autres écrits du Nouveau Testament ou écrits du début du christianisme. Les interprètes ont été intrigués par le fait que Paul semble accepter cette pratique. Il n’estime en tous cas pas utile de la condamner comme hérétique, mais Paul fait clairement allusion à un groupe distinct dans l’Église, un groupe qu’il accuse de contradiction entre rituel et doctrine.
 
Les anciens commentateurs considéraient comme hérétique la pratique du baptême par procuration pour les morts (par exemple parmi les Marcionites, 150 apr. J.-C.). Ils interprétaient donc les paroles de Paul dans 1 Corinthiens 15:29 de manière à ce qu’elles ne puissent être invoquées à l’appui de telles pratiques ou de toute théologie qui y était implicite. Au fil des siècles, leurs interprétations ont persisté et se sont multipliées (B.M. Foschini rapporte et évalue quarante explications distinctes de ce verset). La plupart des pères grecs interprétaient « les morts » comme désignant le propre corps d’une personne ; d’autres ont interprété le verset comme désignant les païens désirant le baptême « pour se joindre à » des parents chrétiens perdus. D’autres encore ont suggéré différentes structures de la phrase : « Autrement que réaliseront ceux que l’on baptise ? Quelque chose simplement pour leur corps mort ? »
 
Une fois que l’on se sent moins menacé par les pressions théologiques exercées par des développements ultérieurs éventuels de la pratique et de la doctrine, le texte semble parler clairement d’une pratique de baptême par procuration pour les morts dans l’Église. C’est le point de vue de la plupart des exégètes critiques contemporains. Pareille pratique peut se comprendre par une analogie partielle avec l’allusion de Paul au fait que les conjoints païens et les enfants communs dans les mariages mixtes sont sanctifiés et purifiés par les partenaires chrétiens (1 Co. 7:14). On a souvent fait le rapport avec 2 Maccabées 12:39-46, où Judas Maccabée, « tenant compte de la résurrection », fait l’expiation pour ses camarades morts. (C’était le passage même que le Dr. Eck a utilisé en faveur du purgatoire dans son débat de 1519 à Leipzig avec Martin Luther. C’est ainsi devenu une partie de la raison pour laquelle les bibles protestantes ont exclu les Apocryphes ou les ont relégués dans une annexe.)
 
On pourrait ajouter à ceci que le lien suivant dans l’argumentation de Paul en faveur d’une future résurrection est sa propre exposition au martyre (1 Co. 15:30-32), un martyre que Paul pense certainement avoir un effet par procuration (Ph. 2:17, Ro. 15:16, cf. Col. 1:24).
 
Pareil lien peut être conscient ou inconscient. Dans l’un ou l’autre cas, cela rend tout à fait raisonnable l’idée que la remarque de Paul a trait à la pratique d’un baptême par procuration pour les morts.
 
Bibliographie
Conzelmann, H. 1 Corinthians. Hermeneia Series. Philadelphia, 1975.
Foschini, B. "Those Who Are Baptized for the Dead ; 1 Cor. 15:29." Catholic Biblical Quarterly 12 (1950) :260-276, 378-388 ; 13 (1951) :46-78, 172-198, 276-285.
KRISTER STENDAHL
 
Bénédictions patriarcales
Auteur : MORTIMER, WILLIAM JAMES
 
La pratique pour un père de bénir ses fils et ses filles remonte aux temps les plus anciens. Adam, premier patriarche et père du genre humain, a béni son fils Seth, promettant « que sa postérité serait l’élue du Seigneur et qu’elle serait préservée jusqu’à la fin de la terre » (D&A 107:42). Abraham, Isaac, et Jacob ont béni leurs enfants, ouvrant une vision de leur héritage et de leur destinée (par exemple, Ge. 28:4 ; 49:3-27).
 
Chaque famille dans l’Église et la grande famille qu’est l’Église perpétuent cet héritage. Les membres ont le droit d’aller trouver le patriarche de pieu pour avoir une bénédiction de l’Église. Des patriarches de pieu sont ordonnés partout où l’Église est organisée afin que tous puissent avoir cette possibilité.

La bénédiction patriarcale est donnée par l’autorité de la Prêtrise de Melchisédek qui « est de détenir les clefs de toutes les bénédictions spirituelles de l’Église » (D&A 107:18). Quand il a fait alliance avec Abraham qu’à travers sa postérité toutes les familles de la terre seraient bénies, Dieu a promis les « bénédictions de l’Évangile, lesquelles sont les bénédictions du salut, de la vie éternelle » (Abr. 2:11). La portée de ces promesses, tant ici que dans l’au-delà, est décrite dans les Écritures modernes :
 
« Abraham reçut des promesses concernant sa postérité, le fruit de ses reins… promesses qui devaient continuer tant qu’elle était dans le monde ; et en ce qui concerne Abraham et sa postérité, ils devaient continuer hors du monde… Cette promesse est également pour toi, parce que tu es d’Abraham, et que la promesse fut faite à Abraham » [D&A 132:30-31].
 
Une partie essentielle de la bénédiction patriarcale est la déclaration du lignage. Le patriarche demande l’inspiration pour indiquer le lignage dominant qui remonte à Abraham. La majorité des bénédictions modernes désignent Éphraïm ou Manassé comme chaînon principal, mais d’autres de toutes les tribus d’Israël ont également été mentionnés. Qu’il s’agisse d’une déclaration de descendance par le sang ou par adoption est sans importance (voir Abr. 2:10). C’est considéré comme le lignage et l’héritage par lesquels les bénédictions de la personne lui sont transmises. C’est ainsi que les bénédictions « d’Abraham, d’Isaac et de Jacob » sont conférées.
 
En outre, selon l’inspiration de l’Esprit, le patriarche peut être poussé à donner des exhortations, des promesses et des assurances. Il peut mentionner différents traits de personnalité et des points forts et des faiblesses. Dans le contexte des prophéties sur les événements mondiaux, il peut mentionner le rôle et l’appel de chacun. Il peut préciser les dons, les talents, les qualifications et le potentiel spirituel de la personne avec la gratitude et la consécration qui doivent les accompagner. Karl G. Maeser a décrit ces bénédictions comme étant des « paragraphes du livre de nos possibilités » (Alma P. Burton, Karl G. Maeser : Mormon Educator, p. 82 [Salt Lake City, 1953]).
 
On enseigne continuellement dans l’Église que l’accomplissement des bénédictions patriarcales, comme celui de toutes les promesses divines, est conditionné par la foi et les œuvres de la personne. Les bénédictions se terminent habituellement par une déclaration telle que : « Je prononce ces bénédictions sur votre tête selon votre foi et votre diligence à garder les commandements du Seigneur. »
 
La pratique de donner des bénédictions patriarcales est un rappel constant de l’honneur et de la gloire de la famille : que l’on n’est pas seul et que chaque personne se tient sur les épaules de ceux qui l’ont précédée. Elle incite ceux qui reçoivent les bénédictions à « porte[r] les regards sur Abraham, [leur] père » (2 Né. 8:2), à faire « les œuvres d’Abraham » (D&A 132:32 ; cf. Jn. 8:39), à être disposé à être « châti[é] et mis à l’épreuve comme Abraham » (D&A 101:4) et à reconnaître que la disposition d’Abraham à offrir son fils était « une similitude de Dieu et de son Fils unique » (Jcb. 4:5). En bref, le commandement d’honorer son père et sa mère ne finit pas à la mort, ni avec la croissance du genre humain.
 
Toutes les bénédictions patriarcales sont enregistrées et transcrites ; les copies sont conservées dans les archives officielles de l’Église et par le bénéficiaire. Elles sont considérées comme sacrées par ceux qui les reçoivent.
 
Dans l’histoire d’Israël, comme des saints des derniers jours, l’effet moteur de ces bénédictions est incalculable. Elles ouvrent beaucoup de portes à la prise de conscience de soi. Elles ont inspiré des hommes et des femmes célèbres, aussi bien que ceux qui se trouvent dans les endroits les plus obscurs et les plus isolés, à se plonger dans l’accomplissement d’une mission, à œuvrer et à donner dans l’esprit de consécration. Elles ont été une force au milieu des épreuves et des tentations de la vie, un réconfort dans les ténèbres du deuil et une ancre dans les tourmentes, « une aide quotidienne dans toutes les affaires de la vie » (Widtsoe, p. 74).
 
Bibliographie
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations. Salt Lake City, p. 72-77.
WILLIAM JAMES MORTIMER
 
Benjamin
Auteur : RICKS, STEPHEN D.
 
Benjamin, fils de Mosiah 1, est un roi important dans l'histoire néphite († v. 121 av. J.-C.). Son règne se produit à un moment crucial de l'histoire des Néphites et est culturellement et politiquement important. Son père, Mosiah 1, « averti par le Seigneur » a emmené les Néphites hors du pays de Néphi au pays de Zarahemla (Om. 1:12, 19). Par la suite, pendant son règne, Benjamin a combattu, comme le faisaient habituellement les rois dans le monde antique (cf. Mos. 10:10), « avec la force de son bras » contre les envahisseurs lamanites (Pa. 1:13), empêchant son peuple « de tomber entre les mains de [ses] ennemis » (Mos. 2:31). Il réussit à consolider le règne néphite sur le pays de Zarahemla (Om. 1:19) et y règne « en justice » sur son peuple (Pa. 1:17).
 
Benjamin, décrit comme étant « un saint homme » (Pa. 1:17) et « un homme juste devant le Seigneur », dirige également son peuple en tant que prophète (Om. 1:25) et est, avec l'aide d'autres prophètes et de saints hommes, capable surmonter les querelles parmi son peuple et fait « encore une fois régner la paix dans le pays » (Pa. 1:18). En conséquence, Amaléki, qui n’a « pas de postérité », lui confie les annales des « petites plaques » (Om. 1:25). Vivement intéressé par la conservation des annales sacrées, Benjamin instruit ses fils « dans toute la langue de ses pères » et « concernant les annales qui étaient gravées sur les plaques d’airain » (Mos. 1:2-3).
 
Mosiah 2-6 rapporte le discours d'adieu de Benjamin visant principalement à provoquer un « changement de cœur » chez son peuple et à l’amener à Jésus-Christ. Il traite des obligations de l'homme vis-à-vis de ses semblables et vis-à-vis de Dieu, du châtiment en cas de rébellion contre Dieu, de la reconnaissance, de la foi et du service. Ce discours conserve aujourd’hui toute sa pertinence. En outre, rapportant les paroles qu’un ange lui a dites, Benjamin prophétise que « le Seigneur Omnipotent… descendra du ciel avec puissance parmi les enfants des hommes » en tant que Messie, « accomplissant de grands miracles » (Mosiah 3:5). De plus, Benjamin déclare que le Messie « sera appelé Jésus-Christ, le Fils de Dieu… et sa mère sera appelée Marie » (3:8). La toute première mention du nom de celle-ci dans le Livre de Mormon. En outre, Jésus « souffrira les tentations, et la souffrance du corps, la faim, la soif et la fatigue, plus encore que l'homme ne peut en souffrir » (3:7). Après avoir été crucifié, Jésus « se lèvera d'entre les morts ; et voici, il se tient pour juger le monde » (3:10). Chose importante, Benjamin enseigne que le pouvoir de l'expiation de Jésus-Christ vaut pour lui et son peuple, « comme s'il était déjà venu » sur terre (3:13).
 
On peut mesurer l'impact du discours de Benjamin sur les générations néphites suivantes par le nombre de fois qu’on le mentionne plus loin dans le Livre de Mormon. Après la mort de Benjamin, son fils et successeur, Mosiah 2, envoie Ammon et quinze autres représentants de Zarahemla au pays de Néphi (Mos. 7:1-6) où ils trouvent le roi Limhi et son peuple néphite asservis aux Lamanites. Après que les représentants se sont identifiés, Limhi réunit son peuple au temple local où il s'adresse à lui. Ensuite, Ammon « leur répéta aussi les dernières paroles que le roi Benjamin leur avait enseignées, et les expliqua au peuple du roi Limhi, pour qu'il pût comprendre toutes les paroles qu'il disait » (Mos. 8:3). De même, Hélaman 2 (v. 30 av. J.-C.) avertit ses fils Léhi 4 et Néphi 2 en ces termes : « Souvenez-vous… des paroles que le roi Benjamin a dites à son peuple ; oui, souvenez-vous qu'il n'y a aucune autre manière ni aucun autre moyen par lesquels l'homme puisse être sauvé, si ce n'est par le sang expiatoire de Jésus-Christ » (Hél. 5:9). Ces paroles rappellent l’un des thèmes centraux du discours de Benjamin : « Le salut a été, et est, et sera, dans et par le sang expiatoire du Christ » (Mos. 3:18-19 ; cf. Hél. 14:12).
 
Après un règne long et prospère, Benjamin décède vers 121 av. J.-C. Le plus grand de tous les hommages à sa grandeur, c’est son fils Mosiah 2 qui le lui rendra. Dans un discours prononcé à la fin de son propre règne, dans lequel il soupèse les avantages et les pièges de diverses formes de gouvernement, Mosiah dit : « S'il était possible que vous ayez pour rois des hommes justes, qui établiraient les lois de Dieu et jugeraient ce peuple selon ses commandements, oui, si vous pouviez avoir pour rois des hommes qui feraient ce que mon père Benjamin a fait pour ce peuple… alors il serait opportun que vous ayez toujours des rois pour vous gouverner » (Mos. 29:13).
 
Bibliographie
Nibley, Hugh W. An Approach to the Book of Mormon. Dans CWHN 4:295-310.
 
Bible
 
La rubrique consacrée à la Bible donne une idée de l’estime que les saints ont pour ce recueil d’écrits et de l’usage considérable qu’ils en font. Les articles sont :
 
Bible
Croyance des saints en la Bible
La King James Version
Édition de la Bible créée par l’Église
 
Le premier article explique l’importance de la Bible au sein des ouvrages canoniques de l’Église. Le deuxième explore la profondeur de la croyance en la Bible. Le troisième examine l’utilisation de la King James Version de la Bible par l’Église. Le dernier donne des informations sur ce que contient la Bible éditée par l’Église en 1979 et des détails sur la publication. Les articles qui traitent de thèmes apparentés sont Ancien Testament et Nouveau Testament. On trouvera un traitement sur l’éventail des sujets liés aux conceptions qu’ont les saints des Écritures en général dans Ouvrages canoniques et en particulier l’ensemble des articles repris sous le titre général Écritures.
 
Bible : Bible
Auteur : LUDLOW, VICTOR L.
 
La Bible est à la base de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, constitue l’un de ses ouvrages canoniques et est acceptée comme étant la parole de Dieu. C’est un passage du Nouveau Testament dans l’épître de Jacques qui incita, en 1820, le jeune Joseph Smith à interroger Dieu au sujet des religions de son temps, sur quoi il reçut sa Première Vision dans laquelle il vit Dieu le Père et Jésus-Christ (Ja. 1:5 ; JS–H 1:11-12, 17-18). Trois ans plus tard, ce furent des passages de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament qui furent la base scripturaire de la deuxième grande expérience spirituelle de Joseph quand l’ange Moroni lui apparut et l’instruisit en s’appuyant sur Malachie, Ésaïe, Joël, Daniel et d’autres Écritures (JS–H 1:36-41 ; JD 24:241 ; Messenger and Advocate 1, avr. 1835, p. 109). Après avoir terminé la traduction du Livre de Mormon et organisé l’Église rétablie de Jésus-Christ en 1830, le prophète Joseph Smith étudia à fond la Bible comme le Seigneur le lui avait commandé et fit la Traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS).
 
Dès l’enfance, les saints des derniers jours sont exposés aux enseignements de la Bible. Certains passages sont soulignés dans l’enseignement des enfants. La plupart des enfants de la Primaire – et en particulier ceux qui font partie de familles qui tiennent la soirée familiale et appliquent un programme de lecture des Écritures – se familiarisent avec les événements racontés dans la Genèse, notamment les histoires d’Adam et Ève, Noé, Abraham, Jacob et Joseph. Les épisodes ultérieurs des prophètes, des juges, et des rois (tels que Moïse, Samson, Samuel, David, Salomon, Jonas et Daniel), aussi bien que ceux des personnalités du Nouveau Testament (par exemple, Pierre, Paul et Étienne), sont également des favoris. Les histoires de Débora, de Ruth, d’Esther et de Marie comptent parmi les préférées des filles. Ce sont cependant la vie et les enseignements de Jésus-Christ qui sont les plus étudiés et les plus appréciés (voir Jésus-Christ : Ministère de Jésus-Christ).
 
Lorsque les saints des derniers jours se livrent à une étude répétée de la Bible, il s’en dégage des enseignements évangéliques plus riches. Outre qu’ils reçoivent l’enseignement dispensé par l’École du Dimanche, les adolescents qui suivent les cours du séminaire passent deux ans de leurs quatre années à étudier la Bible. Il en va de même des cours de religion de niveau supérieur dans les universités du Département d’Éducation de l’Église et dans les cours des instituts de religion dans d’autres universités. Les missionnaires mormons se réfèrent souvent à des passages de la Bible dans l’enseignement qu’ils donnent aux amis de l’Église. Une des preuves les plus convaincantes de l’importance de l’étude de la Bible pour les saints des derniers jours ressort du programme de l’École du Dimanche pour les adultes. Dans les cours de Doctrine de l’Évangile, deux années sur chaque cycle de quatre ans sont consacrées à la lecture, à l’étude et aux discussions sur la Bible. Une autre grande preuve de l’importance que les saints accordent à la Bible réside dans les efforts et les dépenses quoi ont été consentis pour assurer la publication de l’édition anglaise de l’Église de la Bible en 1979. Les Autorités générales de l’Église citent fréquemment la Bible dans leurs écrits et leurs discours de conférence générale et lors des conférences de pieu. La Bible constitue donc un fondement d’Évangile important pour tous les membres de l’Église, depuis les nouveaux baptisés jusqu’aux officiers présidents.
 
ENSEIGNEMENTS ET PRATIQUES BIBLIQUES PRINCIPAUX. Parmi les enseignements de la Bible, il y en a sur lesquels on insiste particulièrement. Par exemple, les saints des derniers jours n’ont aucun mal à se reconnaître dans la pratique du Dieu de l’Ancien Testament de parler par l’intermédiaire des prophètes de l’époque (Am. 3:7), une façon de faire que l’on peut constater dans l’Église d’aujourd’hui. Ils se sentent aussi proches de la maison d’Israël grâce à leur bénédiction patriarcale individuelle, qui précise habituellement une ascendance généalogique remontant à l’une des tribus d’Israël. La notion de peuple de l’alliance, telle qu’enseignée dans la Genèse, l’Exode et le Deutéronome, cadre bien avec la croyance des saints qu’ils sont un peuple de l’alliance aujourd’hui. Beaucoup de lois et de commandements, en particulier un code de santé, caractérisent l’Israël antique et son équivalent spirituel moderne dans l’Église (Lé. 11 ; D&A 89 ; voir Parole de Sagesse). Les errances de l’Israël antique et les difficultés à coloniser la Terre Promise ont aussi leur pendant dans le début de l’histoire des saints à tel point que Brigham Young a été qualifié de Moïse moderne (par exemple, Arrington, 1985 ; voir aussi Persécution ; Pionniers).
 
Les enseignements du Nouveau Testament sur lesquels les saints des derniers jours mettent l’accent sont les enseignements du Sauveur et des apôtres sur les principes de base de l’Évangile, particulièrement la foi et le repentir, et les ordonnances de l’alliance, en particulier le baptême et le don du Saint-Esprit (voir Premiers principes de l’Évangile). L’organisation, les offices dans la prêtrise et l’œuvre missionnaire de l’Église du Nouveau Testament ont leurs contre-parties dans les croyances, les pratiques et l’organisation de l’Église actuelle (voir Organisation de l’Église à l’époque du Nouveau Testament).
 
IMPORTANCE DES TEXTES BIBLIQUES DANS LE LIVRE DE MORMON. Parmi des écrits de l’Ancien Testament, ceux de Moïse, d’Ésaïe et de Malachie retiennent particulièrement l’attention des saints des derniers jours à cause de leur place importante dans le Livre de Mormon. Les enseignements de Moïse tels qu’ils se trouvent dans le Pentateuque (avec l’expansion de Genèse 1-6 qui se trouve dans la Perle de grand prix) constituent la matière qui permet de comprendre la dispensation mosaïque de la maison d’Israël. Les annales du Livre de Mormon, qui commencent avec Léhi et avec le peuple de Zarahemla (voir Mulek), proviennent essentiellement de ce cadre israélite. Il y est question d’Adam et Ève et des événements du jardin d’Éden (par exemple, 2 Né. 2:15-25) et du déluge du temps de Noé (par exemple, Al. 10:22), de gens amenés par Dieu en Amérique à l’époque de la tour de Babel (Ét. 1:3-5, 33), d’événements de la vie des patriarches (par exemple, 2 Né. 3:4-16), et de l’appel, des œuvres et des paroles de Moïse (par exemple, 1 Né. 17:23-31 ; 2 Né. 3:16-17 ; voir aussi Loi de Moïse). Le cinquième chapitre de 1 Néphi mentionne les documents bibliques que la famille de Léhi a emportés de Jérusalem (voir Plaques et annales du Livre de Mormon) et, avec 1 Néphi 17, met l’accent sur les événements bibliques principaux, en particulier l’exode israélite d’Égypte, bien que sans les détails fournis par le Pentateuque. L’exemple et les enseignements des prophètes, des juges et des rois de l’Ancien Testament se trouvaient aussi dans les documents bibliques de la communauté de Léhi. Puisque ce groupe se conforme à la loi de Moïse (2 Né. 25:24), les pratiques religieuses de l’Ancien Testament se poursuivent dans le Livre de Mormon.
 
On trouve un bon tiers des écrits d’Ésaïe dans le Livre de Mormon, ce qui fait qu’Ésaïe est le livre biblique qui y est le plus souvent cité. Vingt-deux des soixante-six chapitres d’Ésaïe sont cités en tout ou en partie dans le Livre de Mormon (en tout 433 sur les 1.292 versets d’Ésaïe). Les prophètes et les auteurs du Livre de Mormon choisissaient les chapitres qui mettaient l’accent sur les relations de Dieu dans le cadre de l’alliance et de ses promesses à Israël, sur le rôle et l’appel du Messie et sur les prophéties au sujet des derniers jours. Ces thèmes sont également répandus dans la théologie contemporaine des saints (A de F 3, 4, 9, 10).
 
Les enseignements de Malachie dans le Livre de Mormon sont importants parce que Jésus ressuscité les cite et par conséquent les souligne (cf. 3 Né. 24-25 ; Mal. 3-4 ; D&A 2:1-3). Les paroles de Malachie concernant un messager envoyé pour préparer la voie à l’avènement du Christ, le paiement de la dîme et des offrandes et la mission d’Élie dans les derniers jours constituent ainsi un autre noyau important des enseignements de l’Ancien Testament au sein de la société des saints des derniers jours.
 
Comme la colonie principale du Livre de Mormon a quitté Jérusalem approximativement six cents ans avant le début de la période du Nouveau Testament, les auteurs du Livre de Mormon n’avaient pas accès aux écrits du Nouveau Testament. Ils avaient toutefois accès à deux sources importantes de doctrine qui étaient en parallèle avec une partie du Nouveau Testament : le Christ ressuscité et la révélation divine. Le Christ ressuscité a prononcé devant ses auditeurs en Amérique un sermon essentiellement le même que celui qu’il avait prononcé près du lac de Galilée. Il a également apporté des ajouts et des éclaircissements importants qui traitent de lui-même en tant que Rédempteur et Seigneur, de l’accomplissement de la loi de Moïse et des derniers jours (3 Né. 11-18 ; voir aussi Béatitudes ; Sermon sur la montagne). En outre, il a amplifié les enseignements donnés dans Jean 10, particulièrement le verset 16, au sujet de son rôle de Bon Berger des tribus dispersées d’Israël (3 Né. 15:12-24). Les enseignements importants de Mormon au sujet du baptême et au sujet de la foi, de l’espérance et de la charité constituent des parallèles avec les enseignements du Nouveau Testament, particulièrement avec ceux de Paul dans 1 Corinthiens 13.
 
LA BIBLE EST-ELLE COMPLÈTE ? Les saints des derniers jours vénèrent la Bible comme étant la parole de Dieu révélée à l’humanité. Cependant, Joseph Smith a reconnu que les traductions ne rendent pas complètement et exactement les mots de l’original ni les intentions des prophètes antiques et des autres auteurs bibliques. Ainsi, dans la lettre à Wentworth, il écrit : « Nous croyons que la Bible est la parole de Dieu dans la mesure où elle est traduite correctement » (8e A de F). Joseph Smith a observé que « nous pouvons déterminer notre latitude et notre longitude dans l’hébreu originel avec une bien plus grande précision que dans la version anglaise. Il y a une importante distinction à faire entre ce que les prophètes voulaient réellement dire et la traduction actuelle » (EPJS, p. 334). Bien qu’acceptant explicitement ce que la Bible dit maintenant, les saints des derniers jours se rendent compte qu’il y a bien plus à dire que ce qui se trouve dans le document biblique existant.

En plus des difficultés qu’engendre la traduction de langues anciennes vers des langues modernes, d’autres Écritures déclarent également que certaines parties du texte biblique original ont été perdues ou corrompues (par exemple 1 Né. 13:28-29 ; D&A 6:26-27 ; 93:6-18). Joseph Smith a fait ce commentaire sur le caractère incomplet de la Bible : « Il était clair que beaucoup de points importants concernant le salut des hommes avaient été enlevés de la Bible ou perdus avant qu’elle ne fût compilée » (EPJS, p. 6). Il dit plus tard : « L’homme a reçu depuis le commencement beaucoup d’instructions que nous ne possédons pas maintenant… Nous avons ce que nous avons, et la Bible contient ce qu’elle contient » (EPJS, p. 46). Il a dit en outre : « Je crois la Bible telle qu’elle est sortie de la plume des auteurs originels. Des traducteurs ignorants, des copistes négligents ou des prêtres conspirateurs et corrompus ont commis beaucoup d’erreurs » (EPJS, p. 264-265). Ainsi, des contre-sens, des lacunes et d’autres erreurs affaiblissent la Bible ; mais l’esprit de ses messages en révèle malgré tout assez de la parole de Dieu pour réaliser les desseins qu’il s’est fixés. Joseph Smith résume les choses comme suit : « Grâce à la bonté de notre Père, une partie de sa parole qu’il a communiquée à ses saints d’autrefois est tombée entre nos mains [et] nous est présentée avec la promesse d’une récompense si nous y obéissons et d’un châtiment si nous y désobéissons » (EPJS, p. 46). Les saints des derniers jours ont continué à faire confiance à l’exactitude générale des textes bibliques tout en sachant que le texte peut ne pas toujours être correct. Ainsi, ils étudient et vénèrent la Bible, particulièrement dans le contexte d’autres Écritures et de la révélation moderne, qui ont beaucoup à dire à son sujet et sur la façon dont elle doit être interprétée, et pendant qu’ils étudient, ils méditent et prient pour recevoir l’inspiration de Dieu et comprendre les messages de la Bible tels qu’ils doivent être appliqués à leur vie (cf. Mro. 10:3-5).
 
LA PREMIÈRE PRÉSIDENCE APPROUVE LA LECTURE DE LA BIBLE. Chacun des présidents de l’Église a encouragé les saints des derniers jours à lire les Écritures et à appliquer leurs enseignements à leur vie, comme les Écritures nous le recommandent aussi (cf. 2 Ti. 3:16 ; 1 Né. 19:23). Exemple de cette importance accordée à la Bible, en 1983, année déclarée « année de la Bible » aux États-Unis, les membres de la Première Présidence de l’Église ont publié une déclaration énergique à l’appui de la lecture et de l’application de la Bible : « Nous recommandons à tous les hommes de partout la lecture, la méditation et l’application quotidiennes des vérités divines de la sainte Bible. » Elle a aussi proclamé l’attitude de l’Église vis-à-vis de la Bible en disant que « l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours accepte la sainte Bible comme essentielle à la foi et à la doctrine » et que l’Église tient à ce qu’on lise la Bible et qu’on en devienne spécialiste comme le prouve la publication d’une édition augmentée de la King James Version. « De plus, ajoutait-elle, la sainte Bible est chaque année le manuel des classes des adultes, des jeunes et des enfants dans toute l’Église. »
 
Dans la même déclaration, la Première Présidence met en évidence le rôle et la valeur de la Bible dans la vie des gens. Elle fait la réflexion que quand « on la lit avec respect et dans l’esprit de la prière, la sainte Bible devient un volume inestimable, convertissant l’âme à la justice. Sa vertu principale est sa déclaration que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, par qui le salut éternel peut être donné à tous. » Elle ajoute la promesse que « quand nous lisons l’Écriture, nous profitons de ce qu’il y a de mieux dans la littérature de ce monde » et elle encourage tout le monde à « aller à la source de la vérité en sondant les Écritures, en les lisant chez nous et en enseignant à nos enfants ce que le Seigneur a dit par l’intermédiaire des passages inspirés et inspirants de la sainte Bible » (« Déclaration de la Première Présidence », p. 3).
 
L’usage que font les saints des derniers jours de la Bible diffère de la norme judéo-chrétienne parce qu’elle n’est pas la source unique d’autorité pour eux (voir Écritures : Autorité des Écritures). Les saints interprètent et comprennent la Bible par quatre moyens importants : (1) les autres Écritures de l’Église qui enrichissent la compréhension des enseignements bibliques et lui apportent un contexte ; (2) les déclarations des prophètes et des apôtres modernes sur la signification de certains passages bibliques ; (3) la traduction de la Bible par Joseph Smith et (4) la révélation personnelle par le don du Saint-Esprit, qui améliore la compréhension des Écritures. Les saints des derniers jours ne sont donc pas laissés sans information sur la signification de beaucoup de passages difficiles qui divisent le monde chrétien tout entier depuis deux millénaires.
 
La vision que les saints ont de la Bible est bien résumée dans la déclaration de Heber J. Grant, septième président de l’Église, qui a dit : « Ma vie durant, je n’ai cessé de trouver de nouvelles preuves de ce que la Bible est le Livre des livres et que le Livre de Mormon est le plus grand témoin de la véracité de la Bible qui ait jamais été publié » (IE 39, nov. 1936, p. 660).
 
Bibliographie
Anderson, Richard L. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
Arrington, Leonard. Brigham Young : American Moses. New York, 1985.
Barlow, Philip L. mormons and the Bible. New York, 1990.
Harrison, Roland Kenneth. Introduction to the Old Testament. Grand Rapids, Mich., 1969.
Ludlow, Daniel H. A Companion to Your Study of the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Ludlow, Victor L. Unlocking the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Ludlow, Victor L. Isaiah : Prophet, Seer, and Poet. Salt Lake City, 1982.
Matthews, Robert J. A Bible ! A Bible !. Salt Lake City, Utah, 1990.
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah. Salt Lake City, 1979.
Nyman, Monte S., ed. Isaiah and the Prophets. Provo, Utah, 1984.
Reynolds, Noel B. "The Brass Plates Version of Genesis." Dans By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2, p. 136-173. Salt Lake City, 1990.
Sperry, Sidney B. Paul’s Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israel’s Prophets. Salt Lake City, 1965.
Sperry, Sidney B. The Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
"Statement of the First Presidency." Church News, Mar. 20, 1983, p. 3.
Talmage, James E. Jésus le Christ. Salt Lake City, 1915.
Welch, John W. The Sermon at the Temple and the Sermon on the Mount. Salt Lake City, 1990.
VICTOR L. LUDLOW
 
Bible : Croyance des saints en la Bible
Auteur : HEDENGREN, PAUL
 
L’Église croit à la parole de Dieu contenue dans la Bible. Elle accepte la Bible « comme le premier de ses livres canoniques, le premier des livres qui ont été proclamés être ses guides écrits en foi et en doctrine. Dans le respect sacré que les saints des derniers jours ont pour la Bible, ils ont la même position que les confessions chrétiennes en général » (AF, éd. française, p. 291).
 
Les saints des derniers jours chérissent la Bible pour plusieurs raisons. La Bible présente les révélations de Dieu dans plusieurs dispensations ou ères, chacune dirigée par des prophètes. Ils lisent et suivent aussi la Bible pour la valeur instructive et spirituelle des événements qu’elle décrit. Bien qu’une partie de l’Ancien Testament décrive la loi de Moïse dont les saints des derniers jours croient qu’elle a été accomplie avec l’expiation du Christ (3 Né. 9:17), néanmoins les histoires, les commandements, les ordonnances, les proverbes et les écrits prophétiques de l’Ancien Testament expriment malgré tout les notions de base de la volonté de Dieu à l’égard de ses enfants et de la façon dont ils doivent agir envers lui.
 
Les saints des derniers jours vénèrent le Nouveau Testament pour son récit de la naissance, du ministère, de l’expiation et de la résurrection du Sauveur, Jésus-Christ. Les enseignements de Jésus dans le Nouveau Testament constituent le cœur de la doctrine des saints et leur prééminence apparaît clairement du fait qu’elles apparaissent fréquemment dans d’autres ouvrages canoniques de l’Église et dans les écrits et les discours des saints.
 
Les écrits des apôtres du Nouveau Testament sont acceptés et appréciés pour leur doctrine et leurs conseils sages et inspirés et pour leur mise en œuvre de la mission apostolique de proclamer l’Évangile, d’adhérer aux enseignements originaux du Christ, d’assurer l’unité de la foi et de favoriser la justice des croyants dans une Église en croissance rapide. Les saints des derniers jours trouvent aussi dans plusieurs épîtres des premiers apôtres des mentions de l’apostasie (voir Apostasie) qui a rendu nécessaire le Rétablissement, avertissant les fidèles qu’ils doivent rester ardents et actifs dans la foi et fidèles à l’amour de Jésus-Christ.
 
Malgré leur dévotion pour la Bible, les saints des derniers jours ne la considèrent pas comme la source unique d’instruction religieuse et de conseils personnels. Ils étudient également les récits des relations de Dieu avec d’autres peuples antiques comme ceux qui se trouvent dans le Livre de Mormon ainsi que les enseignements du prophète Joseph Smith et des prophètes et apôtres actuels (voir Doctrine et Alliances ; Autorités générales ; Traduction de la Bible par Joseph Smith [TJS] ; Perle de grand prix). Les saints des derniers jours considèrent la révélation personnelle comme la source suprême de l’homme pour comprendre l’Écriture et connaître la volonté de Dieu.
 
Quand on les voit comme harmonieuses entre elles, toutes ces sources se renforcent et s’éclairent mutuellement et aident le lecteur moderne à comprendre et à traduire correctement ces textes.

Les saints des derniers jours croient tout ce que Dieu a révélé. Ils cherchent à connaître et à appliquer la parole de Dieu partout où elle a été révélée en vérité et avec autorité. Ils croient que le salut est en Jésus-Christ et pas dans une combinaison quelconque de mots ou de livres. Ils croient en Dieu et en son Fils Jésus-Christ, dont on peut connaître les paroles et les voies par une vie d’étude des Écritures, de service et de prière, et par révélation personnelle par le pouvoir du Saint-Esprit.
 
Bibliographie
Matthews, Robert J. A Bible ! A Bible ! Salt Lake City, 1990.
PAUL HEDENGREN
 
Bible : La King James Version
Auteur : OGDEN, D. KELLY
 
Dans les divers pays où elle est installée, l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours utilise une traduction de la Bible dans la langue locale. Dans les régions d’expression anglaise, elle utilise la King James Version (ou Authorized Version) (KJV), principalement parce que c’était le texte anglais de base utilisé par le prophète Joseph Smith et parce que les dirigeants suivants de l’Église ont approuvé son utilisation. L’Église ne prétend pas que la KJV est parfaite, mais elle est actuellement la version anglaise préférée et elle a été utilisée dans l’édition de 1979 et dans les impressions ultérieures de l’édition de l’Église de la Bible.
 
Les livres de la Bible ont été écrits à l’origine en hébreu, en araméen ou en grec. Il n’existe aujourd’hui aucun manuscrit biblique original, mais ils ont été copiés et traduits en beaucoup de langues dans l’Antiquité. Beaucoup de papyrus et de parchemins anciens sont parvenus jusqu’à nous. De nombreuses traductions modernes ont été faites à partir de ces documents.
 
De 1604 à 1611, cinquante-quatre savants ont travaillé pour créer la KJV. Ce n’était pas la première traduction en anglais. En 1382, John Wycliffe avait traduit la Bible à partir de la Vulgate latine ; une édition révisée avait été publiée en 1388. De 1523 à 1530, William Tyndale traduisit le Pentateuque de l’hébreu et le Nouveau Testament du grec. Plus tard encore dans les années 1500, d’autres traductions apparurent, notamment la Bible protestante de Genève en 1560 et la Bishop’s Bible en 1568. La première eut du succès auprès des laïcs et la dernière auprès des évêques protestants. La Bible catholique de Reims-Douai fut achevée en 1609 (l’Ancien Testament en 1582, le Nouveau Testament en 1609) sur la base de la Vulgate latine.
 
Dans le but d’aplanir les différends entre Anglicans et Puritains, le roi James chargea un groupe de savants de créer une version de la Bible dont l’utilisation serait autorisée dans les Églises anglaises. Ils utilisèrent les meilleurs textes dont ils disposaient, principalement « le texte reçu du Nouveau Testament dans les éditions multilingues (« polyglottes »), présentant les Ancien et Nouveau Testaments en hébreu et en grec respectivement, et d’autres langues. La lignée longue et respectée des Bibles anglaises fut aussi diligemment comparée et utilisée.
 
Le résultat, c’est-à-dire la King James Version, fut publié en 1611. Diverses éditions de la KJV parurent tout au long des années 1600, ce qui donna lieu à de nombreuses erreurs d’impression. Les éditions de Cambridge (1762) et d’Oxford (1769) présentaient un texte révisé, une orthographe mise à jour, une ponctuation corrigée, des italiques accrus et des notes marginales changées.
 
Beaucoup d’autres versions anglaises ont paru, particulièrement à la lumière de la découverte d’autres manuscrits anciens en commençant par la première découverte, en 1844, par Constantin von Tischendorf au monastère de sainte Catherine dans la péninsule du Sinaï. Ces traductions ont généralement essayé de rendre les textes antiques dans le langage contemporain tout en reflétant, autant que possible, la forme des manuscrits les plus anciens disponibles.
 
Les saints des derniers jours n’ont pas fait un usage intensif de ces autres traductions. Beaucoup estiment que la vulgarisation tend à diluer la nature sacrée de la Bible. Ils trouvent également que les variantes textuelles antiques sont relativement insignifiantes, ne changeant habituellement pas les messages importants de la Bible, dont la plupart sont, de toutes façons, corroborés ailleurs dans les Écritures modernes.
 
Bien que la KJV ait été sa Bible anglaise, Joseph Smith ne la considérait pas comme une traduction parfaite ou officielle ; c’est pourquoi il étudia l’hébreu et entreprit la tâche de faire une révision inspirée des Écritures. Il a fait la réflexion qu’il préférait certains aspects de la traduction de Martin Luther (HC 6:307, 364) et plusieurs autres dirigeants de l’Église au XIXe siècle ont souligné le besoin d’une plus grande exactitude et de plus de vérité dans les traductions de la Bible.
 
Les dirigeants de l’Église au XXe siècle ont donné diverses raisons au maintien de l’utilisation de la KJV : c’était la traduction courante utilisée dans le monde d’expression anglaise à l’époque du Rétablissement ; c’est sa terminologie que l’on retrouve dans tous les ouvrages canoniques ; un grand nombre de passages du Livre de Mormon, qui sont parallèles à ceux de la Bible, ont été traduits dans le style anglais de la KJV ; la traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS) était basée sur la KJV, 90 % des versets n’ayant subi aucun changement. Tous les prophètes modernes ont utilisé la KJV, et son emploi dans toutes les publications de l’Église a permis de standardiser les annotations et les index.
 
Beaucoup considèrent la KJV comme un chef d’œuvre de la littérature anglaise. Elle a été appelée « le monument le plus noble de la prose anglaise » et elle est certainement la plus influente ; ses traducteurs « ont montré une grande sensibilité » et le résultat était « destiné à une influence et à un accueil extraordinaires » (Speiser, p. lxxiii-iv). H. L. Mencken l’a louée comme étant « probablement le plus bel écrit de toute la littérature du monde » (Paine, p. viii).
 
La KJV est une traduction relativement conservatrice. C’est généralement un point fort, bien qu’elle rende parfois les choses de manière obscure. De plus, sa langue est maintenant en partie archaïque et grammaticalement incorrecte par rapport à l’usage actuel et elle n’est pas logique dans l’orthographe des noms dans l’Ancien et le Nouveau Testament (par exemple, Isaiah/Esaias et Elijah/Elias). Des mots identiques dans les Évangiles synoptiques sont parfois traduits différemment et certaines fautes d’impression n’ont jamais été corrigées (par exemple, dans Mt. 23:24, « strain at a gnat » aurait dû être rendu par « strain out a gnat »).
 
Néanmoins, après avoir étudié plusieurs traductions anglaises modernes, le Président J. Reuben Clark, fils, conseiller dans la Première Présidence, a dit en 1956 que La KJV était « la meilleure version à ce jour » (Clark, p. 33). Par exemple, il estimait que les traducteurs de la KJV avaient clairement dépeint Jésus comme étant le Messie promis et comme Fils de Dieu et acceptait le don de prophétie, la réalité des miracles et le caractère unique de l’amour du Christ, alors que les traductions modernes tendaient à favoriser les explications naturalistes à l’action divine, préféraient le mot « signe » à « miracle » et utilisaient « amour » au lieu de « charité » et « nommer » au lieu de « ordonner ». Ses idées ont influencé la plupart des saints des derniers jours. Bien entendu, toutes les traductions alternatives ne souffrent pas des problèmes relevés par le président Clark.
 
Bibliographie
Barlow, Philip L. mormons and the Bible, p. 132-62. New York, 1990.
Bruce, F. F. History of the Bible in English, 3e éd. New York, 1978.
Clark, J. Reuben, Jr. Why the King James Version. Salt Lake City, 1956.
Daiches, David. The King James Version of the English Bible. Chicago, 1941.
Metzger, Bruce M. The Text of the New Testament. New York, 1968.
Paine, G. The Learned Men, p. viii. New York, 1959.
Speiser, E. Genesis, p. lxiii-iv. Garden City, N.Y., 1964.
D. KELLY OGDEN
 
Bible : Édition de la Bible créée par l’Église
Auteur : MORTIMER, WILLIAM JAMES
 
Une édition de la King James Version de la Bible avec de nouvelles aides à l’étude a été publiée en 1979 par l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours après sept années de travail de la part des dirigeants et des érudits de l’Église. Le but était de rendre l’étude de la Bible plus intéressante pour les membres de l’Église en ajoutant des cartes, des diagrammes, des définitions, des chapeaux de chapitre, des notes de bas de page et des références croisées entre les quatre ouvrages canoniques et aussi de fournir une édition unique de la Bible pour utilisation dans le programme d’études de l’Église.
 
Ce projet commença en 1972, vers le moment où l’étude des Écritures devint le sujet principal du programme d’études des adultes de l’Église. Précédemment, les instructeurs de l’Église s’étaient principalement appuyés sur des manuels de leçons composés par des personnes ou des comités. Le travail fut commandité par la Première Présidence, qui créa un Comité des Aides à l’étude de la Bible pour superviser le projet. Ce comité (appelé plus tard Comité de publication des Écritures) se composait au départ de Thomas S. Monson, Boyd K. Packer et Marvin J. Ashton, du Collège des douze apôtres. Ashton reçut plus tard une autre tâche et Bruce R. McConkie fut nommé à sa place.
 
Le comité appela des savants, des rédacteurs et des spécialistes en publication de l’université Brigham Young, du Département d’Éducation de l’Église et de la Deseret Book Company pour élaborer des aides orientées sur les saints des derniers jours pour permettre aux lecteurs de mieux comprendre le texte de la King James. Dès les premiers temps du projet, la Première Présidence décida que le texte de la King James serait utilisé tel quel. Il fut saisi dans une base de données avec le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix. Chaque verset fut examiné et les sujets et les termes clefs furent relevés. Des listages d’ordinateur furent créés, qui comportaient de longues listes de correspondances possibles parmi lesquelles on choisit les citations utiles. L’accent fut mis sur les références du Livre de Mormon, des Doctrine et Alliances et de la Perle de grand prix qui permettaient d’éclaircir les passages de Bible ainsi que d’abondantes références croisées à l’intérieur de la Bible. Elles se retrouvent maintenant dans les notes de bas de page et dans le Guide par sujet (un index détaillé des sujets et une concordance modifiée). Un dictionnaire de la Bible, 24 pages de cartes en couleur et un répertoire complet ont été ajoutés. Le Dictionnaire de la Bible donne des explications concises sur des sujets bibliques et ajoute souvent des détails intéressants pour les saints des derniers jours. De brèves explications de certains mots ou expressions hébraïques et grecs furent également incluses comme notes de bas de page, avec environ 600 passages de la Traduction de la Bible par Joseph Smith (JST). Les sommaires au début de chaque chapitre de cette édition de la King James donnent une idée du contenu doctrinal et historique du chapitre d’un point de vue mormon.
 
Le système de notes de bas de page organise toutes les aides disponibles dans cette édition de la Bible. Certaines éditions plus anciennes de la Bible mettent les renvois dans une colonne centrale de la page, mais ce format limite la quantité de données qu’on peut y afficher. Un système souple de trois colonnes de notes de bas de page a été conçu pour chaque page, avec des appels de note (a, b, c, etc.) prévus verset par verset selon les besoins. Les notes de bas de page contiennent des références croisées à d’autres Écritures, au Guide par sujet et au Dictionnaire de la Bible, ainsi que des explications sur les idiomes grecs et hébreux et d’autres éclaircissements.
 
Une fois que le travail d’érudition et d’édition fut terminé au début de 1978, la composition commença. La Cambridge University Press à Cambridge (Angleterre) fut choisie pour la composition, parce que cette presse, l’un des premiers imprimeurs de la King James Version après sa publication en 1611, a été sans interruption occupée à des publications de la Bible depuis les années 1500. Son personnel expert joua un rôle d’une valeur inestimable auprès des membres de l’Église qui travaillaient avec eux à l’édition de l’exemplaire destiné à la composition et à la préparation des pages finales. La composition fut entièrement réalisée en Monotype hot metal. Chaque page fut préparée de telle manière que chaque note de bas de page se trouve sur la même page que le verset auquel elle se rapporte. Pour répondre aux besoins des programmes du Département d’Éducation de l’Église, l’équipe s’imposa septembre 1979 comme date limite pour la livraison des premiers exemplaires de la Bible. La tâche redoutable de composer et de paginer 2.423 pages de texte complexe fut menée à bien en mai 1979 après quinze mois d’efforts intenses.
 
L’impression et la reliure furent confiées à la University Press et à la Publishers Book Bindery de Winchester (Massachusetts), qui sous-traitèrent une partie du travail à la National Bible Press à Philadelphie (Pennsylvanie). Ce qui au début semblait être un délai de production irréalisable fut accompli et les premiers exemplaires sortirent le 8 août 1979. Beaucoup de saints des derniers jours reconnurent la main de Dieu dans la réalisation de cette publication monumentale.
 
Cette édition de la King James Version de la Bible a renforcé l’intérêt pour l’étude de la Bible dans toute l’Église. Elle a permis aux membres d’avoir une compréhension et une appréciation accrues et approfondies de la Bible en tant que parole de Dieu. Elle a également démontré que tous les ouvrages sacrés des saints des derniers jours se recoupent de nombreuses manières de telle sorte qu’ils se soutiennent et s’enrichissent mutuellement.
 
Bibliographie
Anderson, Lavina Fielding. "Church Publishes First LDS Édition of the Bible." Ensign 9 (Oct. 1979) :8-18.
Matthews, Robert J. "The New Publications of the Standard Works-1979, 1981." BYU Studies 22 (Fall 1982) :387-424.
Mortimer, William James. "The Coming Forth of the LDS Éditions of Scripture." Ensign 13 (Aug. 1983) :35-41.
Packer, Boyd K. "Scriptures." Ensign 12 (Nov. 1982) :51-53.
WILLIAM JAMES MORTIMER
 
Bible – Érudition biblique
Auteur : ROBINSON, STEPHEN E.
 
Les saints des derniers jours acceptent l’érudition biblique et l’étude intellectuelle de la Bible. Joseph Smith et ses associés ont étudié le grec et l’hébreu et ont enseigné que la connaissance religieuse s’obtient par l’étude et aussi par la foi (D&A 88:118). Cependant, les saints des derniers jours préfèrent utiliser l’érudition biblique plutôt que d’être menés ou dominés par elle.
 
Le prophète Joseph Smith a proposé quelques paramètres généraux pour l’étude critique de la Bible par les saints : « Nous croyons que la Bible est la parole de Dieu dans la mesure où elle est traduite correctement ; nous croyons aussi que le Livre de Mormon est la parole de Dieu » (8e A de F). Parce que les saints des derniers jours préfèrent les prophètes aux savants comme guides spirituels, et l’inspiration de l’Écriture et le Saint-Esprit au raisonnement de textes secondaires, l’érudition biblique joue un rôle plus restreint dans leur spiritualité que dans certaines confessions.
 
Un principe de fonctionnement fondamental des religions « révélées » est que toute la vérité ne peut pas être complètement découverte par la seule raison humaine. Sans l’aide de Dieu, personne ne peut obtenir les données essentielles, les perspectives convenables et les clefs d’interprétation pour le connaître (voir Raison et révélation). Parce qu’ils croient que leur religion est révélée par les prophètes vivants de Dieu, les saints des derniers jours subordonnent la raison humaine à la vérité révélée.
 
Dans cet ordre d’idées, les saints des derniers jours ont certaines affinités avec l’érudition biblique conservatrice catholique et évangélique contemporaine. Ils acceptent et utilisent la plupart des résultats objectifs de l’érudition biblique tels que la linguistique, l’histoire et l’archéologie, tout en rejetant les thèses naturalistes de la discipline et ses méthodes et ses théories plus subjectives. Dans les cas où l’érudition biblique et la religion révélée sont en conflit, les saints des derniers jours s’en tiennent aux interprétations de la Bible qui apparaissent dans les autres Écritures modernes et dans les enseignements des prophètes actuels.
 
De ces observations découlent trois principes de base pour le fonctionnement de l’érudition biblique chez les saints des derniers jours :
 
1. Les manières d’aborder la Bible doivent accepter l’inspiration et la révélation divines dans le texte biblique original : il présente la parole de Dieu et n’est pas simplement une production humaine. Par conséquent, toute méthodologie critique qui ignore ou nie implicitement ou explicitement la participation importante de Dieu au texte biblique est rejetée. À de rares exceptions près, comme le Cantique des Cantiques, que Joseph Smith considérait comme non inspiré (cf. IE 18 mars 1915, p. 389), le texte ne doit pas être traité d’une manière fondamentalement naturaliste. La participation de Dieu est considérée comme importante tant dans les événements eux-mêmes que dans le processus de leur mise par écrit. Son activité est donc l’un des effets avec lesquels il faut compter lors de l’interprétation des événements et dans la compréhension des textes qui les rapportent.
 
2. En dépit de l’inspiration divine, le texte biblique n’est pas exempt de l’influence du langage humain et n’est pas à l’abri des influences négatives de son environnement humain, et il n’y a aucune garantie que les révélations données aux prophètes antiques aient été parfaitement préservées (cf. 1 Né. 13:20-27). Ainsi, l’étude critique de la Bible est justifiée pour expliquer les erreurs humaines dans la formulation, la transmission, la traduction et l’interprétation des documents antiques et proposer les corrections qui s’indiquent.
 
3. Ce genre d’érudition critique, en plus de reconnaître les origines divines de la Bible, doit, dans ses conclusions, tenir compte des enseignements du Livre de Mormon et des autres révélations données aux prophètes modernes dans les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix, puisque pour les saints des derniers jours ces sources ont non seulement la priorité sur les révélations rapportées dans l’Antiquité (cf. D&A 5:10) mais aident aussi à interpréter le texte biblique.
 
Les saints des derniers jours insistent sur une herméneutique objective, c’est-à-dire qu’ils affirment que le texte biblique a une signification précise et objective et que l’intention de l’auteur originel est à la fois importante et en grande partie récupérable. Pour cette raison, les savants de l’Église, comme d’autres conservateurs, se sont orientés vers les outils plus objectifs de l’érudition biblique, tels que la linguistique, l’histoire et l’archéologie – tout en reconnaissant que ces outils eux-mêmes doivent être évalués de manière critique – et ont généralement évité les méthodes plus subjectives de la critique littéraire.
 
Les commentateurs mormons de la Bible les plus influents sont James E. Talmage, Bruce R. McConkie, Sidney B. Sperry et Hugh W. Nibley, bien que l’œuvre de Talmage ait été accomplie avant beaucoup de découvertes importantes et que celle de McConkie se soucie moins de faire de l’exégèse critique que de comprendre le Nouveau Testament au sein de l’ensemble de la doctrine de l’Église.
 
Bibliographie
Anderson, Richard L. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, 3 vols. Salt Lake City, 1965-1973.
Nibley, Hugh W. Collected Works of Hugh Nibley. Salt Lake City, 1986-.
Sperry, Sidney B. Paul’s Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israel’s Prophets. Salt Lake City, 1961.
Sperry, Sidney B. The Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
Talmage, James E. Jésus le Christ. Salt Lake City, 1915.
STEPHEN E. ROBINSON
 
But de la vie sur terre
 
Cette rubrique se compose de deux articles : But de la vie sur terre : Perspective des Saints – traite de la compréhension que les saints ont du but de la vie. But de la vie sur terre : Perspective comparative – contraste la compréhension des saints avec celle des grandes religions du monde.
 
But de la vie sur terre : Perspective des saints
Auteur : BELL, JAMES P.
 
Les prophètes modernes ont affirmé le but de la vie dans le cadre de trois questions : (1) D’où venons-nous ? (2) Pourquoi sommes-nous ici ? (3) Qu’est-ce qui nous attend dans l’au-delà ? Le contexte scripturaire de ces questions est l’assurance que l’âme est éternelle et que la terre a été créée pour que la famille de Dieu y habite.
 
Tous les hommes et femmes ont vécu comme êtres d’esprit dans un état prémortel et tous sont la postérité spirituelle de Dieu (Abr. 3:21-22). Dans le monde en question, Dieu a enseigné à toute sa famille ses plans et ses buts. « Lors de la première organisation dans le ciel, nous étions tous présents et nous avons vu choisir et nommer le Sauveur et établir le plan de salut et nous l’avons sanctionné » (EPJS, p. 145). Tous les enfants d’esprit de Dieu ont acquis divers degrés d’intelligence et de maturité. Ceux qui ont volontairement souscrit aux conditions de la vie ici-bas ont été incarnés et soumis à la lumière du Christ « qui éclaire tout homme qui vient au monde » (D&A 93:2). Pour que la vie terrestre puisse être une épreuve, un voile d’oubli a été tiré sur notre ancienne vie.
Dans la condition mortelle, six buts au moins sont ouverts à l’humanité :
 
1. Recevoir un corps, dont les expériences et la maturation, et la résurrection permanente finale, sont essentielles au perfectionnement de l’âme. « Nous sommes venus sur cette terre afin d’avoir un corps et de le présenter pur devant Dieu dans le royaume céleste » (EPJS, p. 145 ; voir Corps physique ; Résurrection).
 
2. Progresser dans la connaissance et développer des talents et des dons (voir Intelligence). « Si vous voulez aller là où est Dieu, vous devez être comme Dieu ou posséder les principes que Dieu possède, car si nous ne nous approchons pas de Dieu par le principe, nous nous éloignons de lui et nous dirigeons vers le diable » (EPJS, p. 174).
 
3. Être mis à l’épreuve. « Nous les mettrons ainsi à l’épreuve, dit le livre d’Abraham, pour voir s’ils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera » (Abr. 3:25). Dans la condition mortelle, on connaît des contrastes et des opposés – la santé et la maladie, la joie et le chagrin, les bénédictions et les problèmes – et on apprend ainsi à apprécier le bien. « Adam tomba pour que les hommes fussent, et les hommes sont pour avoir la joie » (2 Né. 2:25). Cette joie, comme B. H. Roberts, des soixante-dix, l’a écrit, n’est possible que « si on a sondé les profondeurs de l’âme, éprouvé toutes les émotions dont l’esprit est capable, testé toutes les qualités et toute la force de l’intellect » (Roberts, p. 439 ; voir Joie ; Condition mortelle ; Souffrance dans le monde).
 
4. Remplir et accomplir les missions et les appels qui ont été donnés ou préordonnés (voir Préordination ; Vie prémortelle). Les saints des derniers jours disent souvent de la vie terrestre qu’elle est un second état et font allusion à la promesse donnée à et par l’intermédiaire d’Abraham que « ceux qui gardent leur second état [c.-à-d., réalisent les buts de la condition mortelle] recevront plus de gloire sur leur tête pour toujours et à jamais » (Abr. 3:26).
 
5. Exercer le libre arbitre sans souvenir de l’existence prémortelle et donc « marcher par la foi » et voir « renouvelées et confirmées les réalités prévues dans le monde d’esprit » (voir Libre arbitre ; Foi en Jésus-Christ).
 
6. Poser les fondements de relations familiales éternelles, d’abord comme fils et filles, puis comme pères et mères. La famille unie est l’épitomé de la vie accomplie et sainte (voir Mariage : Mariage éternel).
 
La vie à venir est le prolongement et l’accomplissement du séjour sur terre : entrer et vivre pour toujours en la présence de Dieu. Mais la mise à l’épreuve ne finit pas avec la mort. Pas plus que les occasions d’entendre, accepter et appliquer les vérités et les pouvoirs du Christ. En effet, Joseph Smith a enseigné que même pour les fidèles, « il n’est pas question de saisir tout cela dans ce monde ; ce sera une grande œuvre que d’apprendre notre salut et notre exaltation même au-delà de la tombe » (EPJS, p. 282). Il a ajouté que quand l’esprit est séparé du corps, le processus est quelque peu freiné, d’où l’importance d’utiliser, pour la rédemption, le temps tandis que l’on est dans la condition mortelle et la folie de remettre à plus tard son repentir et son renouvellement.
 
Dans tout cela, la continuité de la vie précédente avec celle-ci et ensuite de cette vie avec la prochaine est clairement enseignée. La tendance de beaucoup de religions, orientales et occidentales, à diviser la vie en deux mondes et à affirmer qu’ils sont absolument distincts et différents est inversée. La vie est changement, transformation et exaltation. La condition mortelle est une répétition générale en vue du prochain monde. Là, la lumière, la gloire et la domination seront conférées dans leur plénitude à ceux qui ont accompli les paroles de la vie éternelle dans ce monde et sont donc préparés pour la vie éternelle dans le monde à venir.
 
Bibliographie
Roberts, B. H. "Modern Revelation Challenges Wisdom of Ages to Produce More Comprehensive Conception of the Philosophy of Life." Liahona the Elders’ Journal 20, 8 mai 1923, p. 433-439.
JAMES P. BELL
 
But de la vie sur terre : Perspective comparative
Auteurs : SMITH, HUSTON et PETERSON, DANIEL C.
 
Les religions ont tendance à présenter la vie comme ayant un sens quand elle se conforme à un plan cosmique, un plan qui est soit intentionnellement institué par Dieu soit est le fait d’un cosmos qui est divin d’origine. Pour les saints des derniers jours, l’Écriture tout entière parle d’un cosmos dont l’ordre est voulu par Dieu. Dans ce contexte, les Écritures modernes soulignent les thèmes entremêlés de l’importance cruciale du corps physique, des épreuves, de l’expérience de l’opposition, du caractère éternel de la famille et de la vision de la joie et de la gloire à l’image de Dieu (voir But de la vie sur terre : Perspective des Saints).
 
Les autres conceptions vont dans deux directions. Pour certains, s’il n’y a pas de Dieu et si le sort ultime de toute vie humaine est l’annihilation personnelle, la vie n’a pas de sens. C’est la position, par exemple, d’Arthur Schopenhauer. Les existentialistes, qui affirment, de manière générale, que les humains créent leur propre sens dans un univers athée et objectivement absurde, prennent une position semblable. D’autres, notamment certains naturalistes et humanistes, soutiennent que la vie est valable même si les prétentions des religions au surnaturel sont fausses. Les marxistes, par exemple, affirment qu’une société calculée, sinon un cosmos ayant un sens, émerge comme une entité objective sous l’action des processus inexorables de l’histoire.
 
Certains penseurs affirment que la vie a un sens même si ce sens est enveloppé de mystère. L’hédonisme affirme que l’on ne peut pas répondre aux questions sur le sens ultime des choses et que par conséquent il faut les ignorer et plutôt calculer un maximum de plaisir et un minimum de souffrance. Le confucianisme a tendance à ne pas aborder cette question. Il affirme l’existence d’un ordre spirituel qui est antérieur et supérieur à l’ordre social, mais se concentre sur les questions relatives aux choses de ce bas monde. Beaucoup de versions du judaïsme adoptent la même approche, croyant que la vie à venir est secondaire par rapport à la tâche de créer et de maintenir une communauté sanctifiée dans ce monde et d’envisager un jour où, pour employer les termes d’une prière hébraïque vénérable, « le monde sera rendu parfait sous le règne du Tout-Puissant ».
 
Les saints des derniers jours voient la vie comme un processus en trois étapes : une existence prémortelle, mortelle et postmortelle. Toutes les étapes sont essentielles à l’épanouissement et au perfectionnement de soi, ce qui est l’œuvre et la gloire de Dieu. On peut caractériser le processus comme étant à la fois de ce monde et hors du monde (voir Dieu le Père : Œuvre et gloire de Dieu ; Condition mortelle ; Préexistence (Existence préterrestre) ; Résurrection).
 
Le « mythe de la caverne » de Platon dépeint la condition humaine comme un asservissement à de fausses croyances et à des illusions que le vrai philosophe vise à dépasser. Dans le Phédon, Socrate dit que le philosophe « est sans cesse occupé à poursuivre la mort et à mourir ». Le sage aspire à la séparation de son âme et de son corps, à l’absence de maladie, de fatigue et des tromperies des sens et à sa libération dans un monde de contemplation intuitive. Le gnosticisme, un mouvement apparenté au platonisme, avait la notion de la chute et de l’ascension espérée d’une âme divine, mais niait fréquemment le caractère bon de l’univers physique et de la Divinité qui l’avait fait. Au XIIIe siècle, Thomas d’Aquin a proposé l’énoncé classique de la position catholique que le but le plus élevé de l’homme, même dans ce monde matériel, est « la vie contemplative », qui sera rendue parfaite après la mort. Le bonheur des saints consistera en une « vision » intellectuelle de l’essence divine, pas une vision des yeux, mais une vision de l’esprit. Les Écritures modernes affirment à la fois la vie de l’intelligence, définie comme la lumière et la vérité, et la rédemption de l’âme, définie comme étant l’esprit et le corps. Le but de la vie n’est pas l’évasion mais la transformation – de l’homme, de la communauté et du cosmos.
 
Dans les grandes traditions religieuses de l’Asie orientale et méridionale, Dieu (ou les dieux) a parfois un rôle marginal. L’hindouisme enseigne que le désir humain le plus profond est l’infinité, l’existence, la connaissance et la joie sans fin. On doit donc rechercher le « mukti », la libération d’avec la finitude et les limitations qui semblent être l’état normal de l’humanité. Le mot « semblent » est crucial parce que l’hindouisme insiste sur le fait que derrière les personnalités individuelles et finies se trouve l’Atman-Brahman, la Divinité elle-même. Les hommes et les femmes sont déjà infinis ; la libération consiste simplement – bien que ce ne soit pas aussi simple ! –¬ à reconnaître ce fait. Le bouddhisme, sorti du terreau hindou et souvent considéré comme une sorte de réforme de la religion plus ancienne, confirme essentiellement ce diagnostic de la condition humaine, bien que ses formes non théistes diffèrent dans la manière dont il explique la nature humaine. Le Bouddha (le titre vient d’un mot signifiant en gros « être illuminé ») disait que le problème humain fondamental est le désir d’être séparé et que le but de la vie est l’extinction de ce désir, permettant ainsi aux hommes et aux femmes de surmonter, dans cette vie ou une série de vies, les désirs égoïstes qui sont la source principale de leurs souffrances et de leur misère. La pensée mormone rejette et la réincarnation et la théorie de la souffrance humaine comme illusoires (voir Réincarnation ; Souffrance dans le monde).
 
La notion que le but de la vie est la libération de l’âme n’est pas étrangère aux religions de la tradition abrahamique, notamment celle des saints des derniers jours, bien qu’elle ne soit pour ainsi dire jamais devenue le paradigme dominant. L’affirmation des Écritures hébraïques que Dieu a déclaré le cosmos matériel « bon » est restée la norme. Pour cette raison, entre autres, les pensées chrétienne, musulmane et juive traditionnelles s’accordent pour considérer que le Dieu infiniment bon est directement responsable de la situation générale dans laquelle les êtres humains se trouvent. Mais aucune tradition ne souligne plus que celle des saints que chaque être humain s’est « soumis volontairement » aux conditions de la vie ici-bas (EPJS, p. 262 ; cf. D&A 93:30-31 ; voir aussi Théodicée). Les saints des derniers jours s’accordent de même pour dire que l’union finale avec Dieu n’implique aucune perte de l’identité individuelle finie, mais plutôt une relation avec lui.
 
L’opinion chrétienne généralement acceptée est exprimée par le Westminster Shorter Catechism de 1647, qui déclare que « le but principal de l’homme est de glorifier Dieu et de jouir de lui pour toujours ». Dieu nous a créés pour acquérir de la gloire, ce qui n’était pas de la vanité de sa part puisqu’il mérite entièrement cette gloire au contraire des êtres humains – et récompensera ceux qu’il sauve en les faisant jouir de sa présence. On peut comparer ceci à la position de la tradition islamique qui attribue à Dieu les mots : « J’étais un trésor caché mais je souhaitais être connu, c’est pourquoi j’ai créé le monde. » Le but des êtres humains dans l’islam est donc de se soumettre (aslama) à la volonté de Dieu et de le glorifier par leurs actes. Le judaïsme et l’islam sont étroitement apparentés dans l’accent qu’ils mettent sur la loi et la bonne conduite et dans leur déclaration que l’obéissance aux commandements de Dieu est le but de la vie. Toutefois le judaïsme diffère de l’islam dans sa croyance que la gamme complète des commandements divins (mitzvoth) n’incombe qu’aux juifs, les non-juifs n’étant soumis qu’aux quelques « préceptes noachiques » de base. Par contre, l’islam insiste sur le fait que les exigences de Dieu sont identiques pour tous les êtres humains. « Je n’ai créé les djinns et les hommes, dit Allah dans le Coran, que pour m’adorer. »
 
Certains penseurs protestants ont affirmé que les êtres humains existent pour manifester les attributs divins, pour incarner dans leur propre vie imparfaite quelque chose de la gloire de Dieu. On trouve une idée semblable dans la déclaration du catéchisme catholique de Baltimore que « Dieu nous a faits pour montrer sa bonté et pour partager avec nous son bonheur éternel au ciel ». Les Écritures modernes affirment que Dieu partagera non seulement ses dons et son état béni mais aussi sa nature divine (voir Déification, Premiers chrétiens). Mais les formes catholiques et protestantes de christianisme s’éloignent l’une de l’autre ; pour la première, les objectifs de Dieu pour l’humanité se réalisent idéalement dans une vie de culte sacramentel et liturgique, tandis que la dernière met l’accent sur l’acceptation de la grâce gratuite du Christ. Les saints des derniers jours affirment qu’une vie de sainteté est impossible sans accès à la grâce du Christ, l’obéissance librement consentie aux alliances, lois et ordonnances divinement données dans lesquelles l’expiation et la grâce du Christ se manifestent et ensuite le don de soi par une consécration totale comme disciple.
 
Bibliographie
Palmer, Spencer J. et Roger R. Keller. Religions of the World : A Latter-day Saint View. Provo, Utah, 1989.
Romney, Thomas C. World Religions in the Light of Mormonism. Independence, Mo., 1946.
DANIEL C. PETERSON
HUSTON SMITH

C
 
Catholicisme et Mormonisme
Auteurs : BENNEY, ALFRED et KELLER, ROGER R.
 
Les catholicismes romain et orthodoxe sont basés sur la même tradition théologique. Ils se ressemblent du point de vue doctrinal et ont des enseignements qui diffèrent du mormonisme.

DIEU. Les Églises catholique et orthodoxe croient que Dieu est le Créateur de l'univers et que Dieu est trinitaire, que les personnes du Père, du Fils et du Saint-Esprit existent simultanément en une seule nature divine. Pour sa part, la doctrine des saints des derniers jours est trithéiste ; elle est subordinationiste. Le Fils est subordonné au Père et le Saint-Esprit « est envoyé par la volonté du Père par l’intermédiaire de Jésus-Christ, son Fils ». Les deux traditions catholiques enseignent que Dieu est un mystère qui se révèle lui-même et dont la manifestation parfaite est en Jésus-Christ, qui est présent dans le monde dans l'Église. Les saints des derniers jours affirment que Jésus-Christ a une nature distincte et est une entité séparée du Père, et que de même que Jésus-Christ était et est visible, incarné et glorifié, de même en est-il du Père (voir Doctrine : Enseignements distinctifs).
 
LE CHRIST. Selon la croyance catholique, Jésus est né d'une vierge et est « le Fils incarné de Dieu ». À la fois Dieu et homme, il est le « Sauveur du monde ». Pour des saints des derniers jours, le Christ n'était pas, n'est pas maintenant et ne sera jamais uni ni en nature ni en substance au Père. Son unité avec le Père est spirituelle en objectif et en volonté. Jésus, dans la croyance des saints, est le Fils unique du Père dans la chair. Il est entré dans la condition mortelle, sujet à progression, et a accompli la volonté du Père comme modèle, sauveur et médiateur. Il n'a obtenu tout pouvoir sur terre et dans les cieux que quand il a reçu la plénitude de la gloire du Père (voir Divinité).
 
L’EXPIATION. Dans les deux traditions catholiques, l’expiation du Christ permet d'accéder à la grâce salvatrice. La mort-résurrection du Christ est l'événement sauveur et la croix, le symbole du salut. Pour les saints des derniers jours, l'expiation de Jésus-Christ a été une descente au-dessous de toutes choses afin de l’élever au-dessus de tout. Il a souffert « selon la chair » parce qu’il n’aurait pu d’aucune autre façon connaître l'angoisse du péché et de l’état du pécheur, donner l’exemple de l'amour rédempteur et réconcilier la justice et la miséricorde. L'Expiation réunit l'homme à Dieu par la sanctification et la résurrection. Tout ce que le Christ a reçu du Père, l’homme peut le recevoir du Père par le Christ. Cette transformation est apparentée à la conception que l’Église orthodoxe a de la théose. Le but de l’appartenance à l’Église est de devenir, par le Christ, l'image et la ressemblance de Dieu (voir Expiation de Jésus-Christ ; Déification chez les premiers chrétiens).
 
AUTORITÉ. Les catholiques croient que Jésus a accordé son autorité pastorale à Pierre, qui est ainsi devenu le premier « Vicaire du Christ » et chef de l'Église et que cette autorité d’enseigner et de sanctifier a été transmise dans une succession ininterrompue dans l'institution de la Papauté. L'Église orthodoxe considère que Pierre était le premier d’entre des égaux, par conséquent les patriarches ont une autorité égale. Ils attribuent également une autorité spéciale aux sept premiers conseils œcuméniques. Les saints des derniers jours croient que Pierre détenait les clefs de l'autorité apostolique, qui avaient également été conférées aux douze apôtres. Les pouvoirs de la prêtrise ne sont pas indélébiles mais inséparablement liés à la justice. La perte des clefs complètes de la prêtrise fut due à l’absence de transmission. Leur réapparition aujourd’hui s’est faite sous les mains de Pierre, Jacques et Jean (voir Prêtrise d'Aaron : Rétablissement). Tout homme digne dans l'Église doit recevoir l'ordination à la prêtrise avec l'autorité d’accomplir des ordonnances salvatrices et tout père doit fonctionner comme patriarche de sa famille.
 
ÉCRITURE. Pour les catholiques et les orthodoxes, l'Ancien et le Nouveau Testament sont « la source inépuisable de la foi chrétienne ». Le canon est fermé. Pour les saints des derniers jours, le canon reste ouvert. L'Écriture est le réceptacle des paroles des prophètes prononcées sous l'inspiration. Il n'y a pas de révélation finale. La révélation est permanente. Ni les Écritures ni la théologie naturelle ne remplacent « les oracles vivants » (voir Expérience religieuse ; Révélation ; Écriture).
 
ÉGLISE. Le catholicisme romain et le catholicisme orthodoxe voient dans l'Église une « communion des saints ». Le Saint-Esprit anime l'Église par la grâce, en lui donnant le pouvoir de continuer l’œuvre du Christ dans l'histoire. C'est une communauté de salut où l’on prêche l'Évangile et où l’on reçoit les sacrements. Les saints des derniers jours croient que le rétablissement de la prêtrise supérieure s’est accompagné de trois éléments perdus par l'Église du Nouveau Testament : (1) la structure organisationnelle et les offices qui s’y rapportent, dont un collège de douze apôtres ; (2) l'esprit de prophétie et tous les dons spirituels et (3) le temple avec ses ordonnances et ses pratiques essentielles (voir Dons de l'Esprit ; Organisation ; Temples). Les catholiques affirment que la grâce est centrée sur le don gratuit de Dieu offert par l’intermédiaire du Christ dans les sacrements et est infusée à l'âme. Le baptême est essentiel au salut. Tous les sacrements sont les moyens nécessaires pour obtenir la grâce requise pour le salut. Les rites ou les ordonnances mormons sont des processus de nouvelle naissance spirituelle dans lesquels les pouvoirs du divin se manifestent. Tout le monde les reçoit et toutes les ordonnances sont essentielles au salut, depuis le baptême jusqu’aux ordonnances supérieures du temple. Leur efficacité exige les formes appropriées, l'autorité de personnes ordonnées dans la prêtrise et la foi et le repentir de la personne. Il y a des degrés de salut et la plénitude du salut ou exaltation exige la totalité des ordonnances (voir Baptême ; Confirmation ; Dotation ; Ordonnances du temple).
 
EUCHARISTIE. Pour les deux traditions catholiques, l'eucharistie est un sacrement dans lequel le corps et le sang réels de Jésus sont physiquement présents, c'est-à-dire, la réalité salvatrice du Seigneur. L'acte liturgique de consécration est un vrai sacrifice dans lequel, par transsubstantiation, les éléments du pain et du vin deviennent le corps et le sang du Christ. Les orthodoxes associent le geste du prêtre dans cette liturgie à la vénération pour les icônes, qui représentent leur prototype, qui est le Christ. Les saints des derniers jours voient dans la Sainte-Cène le souvenir du corps et du sang du Christ. La sanctification vient de l'Esprit et se produit chez les bénéficiaires qui se présentent le cœur brisé et l’esprit contrit (voir Sainte-Cène).
 
MARIAGE ET FAMILLE. Bien que le catholicisme romain et le catholicisme orthodoxe considèrent le célibat comme un idéal spirituel, le mariage est un sacrement accompagné de grâce qui symbolise le lien entre le Christ et l'Église. Pour les catholiques c'est un contrat pour toute la vie et ils ne permettent pas le divorce. Les saints des derniers jours enseignent que la glorification éternelle de la famille et de la communauté des familles dans l'Église est la possibilité spirituelle la plus élevée qui soit. De même que le grand prêtre qui officiait dans le temple autrefois était marié et que les apôtres étaient mariés, de même aujourd'hui le mariage est une ordonnance supérieure que les autres préparent. Le renforcement et l'amour de la famille de l'homme, qui est en fin de compte la famille de Dieu, est l’œuvre et la gloire propres à une vie de sainteté. Une fois scellées et sanctifiées par l'autorité de la prêtrise, les alliances, les relations et les devoirs de la condition de parents continuent dans l’autre monde (voir Célibat ; Mariage : Mariage éternel).
 
Tout en honorant Marie, les saints des derniers jours n'ont aucun équivalent de la doctrine de l’immaculée conception, de la virginité perpétuelle ni de l'assomption de Marie, ni de la vénération orthodoxe des icônes. Il y a d'autres enseignements des saints qui diffèrent profondément de l'enseignement catholique traditionnel : une modification de la compréhension classique de l'omnipotence et de l'omniprésence de Dieu, l'existence prémortelle des esprits de toute l'humanité, l'affirmation que l'esprit est une matière raffinée, la Chute comme quelque chose de planifié, de volontaire et d’essentiel à la progression de l'âme au milieu des contrastes et de l'opposition, la dénégation du péché originel et le refus du baptême des petits enfants, la nature universelle de l'alliance abrahamique et le remplacement de la distinction ciel-enfer par l'enseignement des degrés de gloire dans la résurrection.
 
Bibliographie
Florovsky, Georges. Bible, Church, Tradition : An Eastern Orthodox View. Belmont, Mass., 1972.
McBrien, Richard P. Catholicism, Study Edition. San Francisco, 1981.
McManners, John, dir. de publ. The Oxford Illustrated History of Christianity. New York, 1990.
Patrinacos, Rev. Nicon D. A Dictionary of Greek Orthodoxy. Pleasantville, N.Y., 1984.
Rahner, Karl, et Herbert Vorgrimler. Dictionary of Theology. New York, 1981.
ALFRED BENNEY
ROGER R. KELLER
 
Chasteté, loi de
Auteur : CHRISTENSEN, BRYCE J.
 
Dans la loi de chasteté, le Seigneur commande la retenue dans l’exercice des pouvoirs sexuels et procréateurs du corps. Comme révélé dans l’Écriture, cette loi interdit tous rapports sexuels en dehors du mariage. Les autorités de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours condamnent également les actes sexuels pervers ou coercitifs dans le mariage.
 
« Tu ne commettras point d’adultère » déclare le Seigneur dans le Décalogue (Ex. 20:14). Ailleurs dans l’Écriture, il interdit la fornication, l’homosexualité, l’inceste et la bestialité (Ex. 22:16 ; Lé. 18:6-23). Enseignant dans l’Ancien et le Nouveau Monde, Jésus a dénoncé l’impudicité en pensée comme dans les actes (Mt. 5:27-28 ; 3 Né. 12:27-28). Le Seigneur affirme dans le Livre de Mormon qu’il se « réjoui[t] de la chasteté des femmes », condamnant l’infidélité des maris comme étant une offense à l’égard des femmes et des enfants (Jcb. 2:28 ; 31-35). Le prophète Abinadi condamne les prêtres du roi Noé pour relations avec des prostituées et pour refus de vivre et d’enseigner la loi de Moïse qui interdit l’adultère (Mos. 12:29 ; 13:22). Alma l’Ancien enseigne à son fils, Corianton, que le péché sexuel est « extrêmement abominabl[e] par-dessus tous les péchés, si ce n’est l’effusion du sang innocent ou le reniement du Saint-Esprit » (Alma 39:5). Mormon déplore la dégénérescence totale des soldats qui violent les prisonnières, leur ravissant « ce qu’elles avaient de plus cher et de plus précieux, la chasteté et la vertu » (Mro. 9:9).
 
Dans la révélation moderne, les dirigeants de l’Église sont tenus d’excommunier les adultères s’ils refusent de se repentir. Les Doctrine et Alliances condamnent les désirs adultères comme étant un reniement de la foi, disqualifiant les coupables de la compagnie de l’Esprit (D&A 42:23-26 ; 63:16). Le prophète Joseph Smith a vu en vision que les adultères et les fornicateurs non repentants seront avec les menteurs et les sorciers dans le royaume téleste (D&A 76:103).
 
Les dirigeants de l’Église ont à maintes reprises insisté sur l’obéissance à la loi de chasteté. Dans une déclaration officielle en 1942, la Première Présidence a promis « les exaltations des éternités » à ceux qui restent chastes, déplorant l’immoralité sexuelle, destructrice des personnes et des nations. « La doctrine de l’Église, a-t-elle dit, est que le péché sexuel – les relations sexuelles illicites entre hommes et femmes – ne le cède, dans son énormité, qu’au meurtre. Le Seigneur n’a fait aucune distinction essentielle entre la fornication, l’adultère et la fréquentation des prostituées ou la prostitution. Chacun est tombé sous sa condamnation solennelle et terrible » (CR 112, oct. 1942, p. 10-12). Les violations sexuelles profanent ce qui est saint, notamment les pouvoirs de procréation qui nous sont donnés par Dieu, la sainteté de la vie, du mariage et de la famille. David O. McKay a dit que la chasteté est « la partie la plus essentielle des fondements d’un mariage heureux et… la source de la force et de la perpétuation du genre humain » (CR 137, avr. 1967, p. 8). Les dirigeants de l’Église ne reconnaissent qu’une seule règle de chasteté pour les hommes et les femmes. Parlant en 1980, Spencer W. Kimball a affirmé : « La chasteté totale avant le mariage et la fidélité totale après sont toujours la norme dont on ne peut s’écarter sans qu’il y ait péché, malheur et chagrin » (CR 150, oct. 1980, p. 4).
 
La loi de chasteté s’applique non seulement au comportement mais également à l’habillement, à la parole et à la pensée. Il est recommandé aux saints des derniers jours de s’habiller de manière pudique, d’utiliser un langage digne en parlant des fonctions corporelles et de cultiver des pensées vertueuses. En conséquence, ils doivent éviter tout ce qui est pornographique dans la littérature, le cinéma, la télévision et la conversation. Bien que beaucoup en dehors de l’Église considèrent la masturbation comme normale, les dirigeants de l’Église enseignent que la pratique est mauvaise, qu’elle alimente des appétits vils et peut mener à d’autres comportements pécheurs. De même, les couples non mariés qui se livrent à des caresses intimes violent la loi de chasteté et stimulent des pulsions qui peuvent mener à d’autres péchés.
 
La chasteté favorise la paix et la confiance personnelles (voir D&A 121:45). Parlant expressément de l’impudicité, Alma écrit que « la méchanceté n’a jamais été le bonheur » (Alma 41:10). L’Église enseigne que ceux qui se rendent coupables d’infidélité perdent l’Esprit du Seigneur et attirent sur eux-mêmes et leur famille la jalousie, le chagrin, la colère et la méfiance.
 
Les personnes coupables d’impudicité peuvent recevoir le pardon par un repentir complet. Parce que l’impudicité viole les vœux du baptême et les vœux explicites du temple, les coupables pénitents doivent confesser ce genre de péché à leur évêque, leur président de branche ou tout autre dirigeant compétent de l’Église. Après avoir examiné la transgression dans l’esprit de la prière, le dirigeant de l’Église peut – particulièrement dans les cas d’adultère, de fornication ou d’homosexualité – réunir une commission disciplinaire pour aider le transgresseur par le repentir et pour protéger l’intégrité de l’Église. Selon l’offense et la maturité spirituelle du contrevenant, la commission disciplinaire peut excommunier, disqualifier, mettre à l’épreuve ou acquitter la personne.
 
Les commissions disciplinaires exigent habituellement des transgresseurs qu’ils demandent pardon aux personnes qu’ils ont entraînées dans le péché sexuel et aux conjoints trahis par l’infidélité. Les transgresseurs doivent aussi demander pardon à Dieu en réformant leur vie, en abandonnant les actes et les pensées impudiques. Dieu promet qu’il ne se rappellera pas les péchés de ceux qui se repentent entièrement (És. 1:18 ; D&A 58:42-43). Cependant, la récidive peut faire revenir le poids de l’ancien péché (D&A 82:7) et avoir des conséquences plus graves (D&A 42:26).
 
Vivre la loi de chasteté n’est pas synonyme d’ascétisme. Il s’agit plutôt de « tenir toutes [s]es passions en bride, afin d'être rempli d'amour » (Alma 38:12). Dans le mariage, l’intimité physique renforce le lien voulu par Dieu entre le mari et la femme. En protégeant l’âme contre l’esprit charnel, la chasteté sauvegarde les joies du mariage dans cette vie et l’exaltation dans la vie à venir. Seuls ceux qui sont moralement purs peuvent entrer dans le temple, où les saints des derniers jours font solennellement alliance de rester chastes de manière à pouvoir recevoir la plus grande bénédiction de Dieu, la vie éternelle (D&A 14:7). En recevant les ordonnances du temple et en restant dignes, le mari et la femme peuvent accéder à une union parfaite scellée par le Saint-Esprit de promesse, réalisant ainsi un mariage qui dure au-delà de la tombe, ayant en bénédiction une progéniture d’esprit dans les éternités (D&A 132:19 ; cf. 131:1-4).
 
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. The Teachings of Ezra Taft Benson, p. 277-86. Salt Lake City, 1988.
Kimball, Spencer W. The Miracle of Forgiveness, p. 61-89. Salt Lake City, 1969.
McKay, David O. Gospel Ideals, p. 458-76. Salt Lake City, 1953.
BRYCE J. CHRISTENSEN
 
Chrétiens et christianisme
Auteur : KELLER, ROGER R.
 
L’origine du mot « chrétien » dans le Vieux Monde est obscure. Il a probablement été utilisé pour la première fois par les païens d’Antioche pour désigner ceux qui suivaient le Christ. Cependant, vers la fin du premier siècle apr. J.-C., c’était un mot que les membres de l’Église acceptaient pour parler d’eux-mêmes comme le montrent les écrits d’Ignace (v. 35-v. 107 apr. J.-C.). Le mot est utilisé trois fois dans le Nouveau Testament (Ac. 11:26 ; 26:28 ; 1 Pi. 4:16).
 
Dans le Nouveau Monde (le monde du Livre de Mormon), il y avait un terme semblable pour désigner les membres de l’Église (Mos. 18:12-17 ; Al. 46:13-16 ; 48:10). « Chrétien » désignait ceux qui étaient « de vrais croyants au Christ » et qui étaient « heureux de prendre sur eux le nom du Christ, ou de chrétiens comme on les appelait, à cause de leur croyance au Christ qui allait venir » (Al. 46:15). Ici le terme « chrétien » désignait ceux qui croyaient que le Christ viendrait, et pas seulement, comme dans le Nouveau Testament, ceux qui croyaient qu’il était venu.
 
Le terme d’abord utilisé par les chrétiens du Vieux Monde pour se désigner fut sans doute le mot grec haguioï, signifiant les « saints ». Les saints des derniers jours ont adopté cette désignation du Nouveau Testament (Ac. 9:13 ; 32, 41 ; Ro. 1:7 ; 1 Co. 1:2 ; Ph. 1:1). On retrouve cette terminologie dans le Livre de Mormon (1 Né. 13:5, 9 ; 14:12, 14 ; 2 Né. 9:18-19 ; Mrm. 8:23 ; Mro. 8:26), les Doctrine et Alliances (1:36 ; 84:2 ; 88:114 ; 104:15) et la Perle de grand prix (Moï. 7:56).
 
L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours ne se considère pas comme une confession chrétienne de plus, mais plutôt comme le rétablissement par Dieu, dans les derniers jours, de la plénitude de la foi et de la pratique chrétiennes. C’est ainsi que, dès les tout premiers temps, les chrétiens saints des derniers jours ont cherché à se distinguer des chrétiens d’autres traditions. Ils considèrent que les autres formes de christianisme, quoique contenant beaucoup de vérité et faisant beaucoup de bien sous la direction du Saint-Esprit, sont incomplètes, dépourvues de l’autorité de la prêtrise de Dieu, des ordonnances du temple, de la compréhension complète du plan du salut et de la compréhension non paradoxale de la Divinité. Par conséquent, la désignation « saint » reflète l’attachement à l’Église du Nouveau Testament et indique également une différence par rapport au christianisme catholique, orthodoxe et protestant dans la dispensation actuelle.
 
En réponse à cela, et pour diverses autres raisons, certains chrétiens catholiques, orthodoxes et protestants ont été réticents à appliquer le terme « chrétien » aux saints des derniers jours. L’une de ces raisons est que ceux-ci affirment que c’est dans l’Église que se trouve la seule ligne d’autorité établie par Dieu. Si cette autorité divine n’a pas été transmise après la mort des premiers apôtres, la Sainte-Cène, les ordinations, les formulations de croyance et les structures ecclésiastiques des autres groupes chrétiens sont dépourvues de la sanction divine. Pour beaucoup de chrétiens traditionnels, cette prise de position place les saints des derniers jours en dehors de la famille chrétienne telle que définie par certaines confessions de foi et ordonnances admises.
 
De plus, les saints des derniers jours affirment que Dieu a parlé et s’est manifesté non seulement aux personnes des temps bibliques, mais également au peuple du Livre de Mormon, et qu’il continue à parler aujourd’hui à son peuple par la révélation. C’est ainsi qu’ils ne sont pas toujours considérés comme des « chrétiens bibliques » quand ce terme exige la croyance que le canon de l’Écriture est complet dans la Bible. Pour les mormons, Dieu est toujours le Dieu de la révélation continue, ce qui signifie que les credo ne sont pas définitifs. Il n’est pas de confession, ni même l’ensemble des confessions, qui puisse englober complètement le dynamisme de Dieu. Il faut l’écouter et ses paroles doivent être mises par écrit pendant qu’il continue à nous guider divinement par la révélation. Par conséquent, le canon des saints des derniers jours est ouvert ; les Doctrine et Alliances deviennent un réceptacle officiel et ouvert pour les révélations qui affectent toute l’Église ; et des révélations continuent à être données aux prophètes, aux voyants et aux révélateurs vivants de l’Église, pour être communiquées aux membres.
 
Les saints des derniers jours considèrent que les chrétiens, au sens le plus large du terme, sont ceux qui basent leurs croyances sur les enseignements de Jésus et qui ont une relation personnelle avec lui. Selon cette définition, ils reconnaissent les catholiques romains, les catholiques orthodoxes, les protestants et les saints des derniers jours comme chrétiens, étant bien entendu que le christianisme des saints des derniers jours est la plénitude rétablie de l’Évangile du Christ. La vie des saints des derniers jours est leur affirmation de leur foi chrétienne. Comme l’a dit Brigham Young : « Si nous ne sommes pas à l’image du Christ nous ne sommes pas chrétiens » (Watson).
 
Le christianisme traditionnel subordonne souvent la qualité de chrétien à l’acceptation de certaines croyances et de certains dogmes. Comme les saints des derniers jours n’acceptent pas certains dogmes extra-scripturaires, en particulier ceux qui portent la marque philosophique d’un enseignement chrétien ultérieur au Nouveau Testament, certains, dans d’autres Églises, estiment que les saints des derniers jours ne peuvent pas être chrétiens. Ils ne sont pas « orthodoxes » dans ce sens. Mais pour les mormons, les croyances correctes (orthodoxie) et les comportements corrects (orthopraxie) sont ceux qui sont conformes à la volonté révélée du Seigneur. Certains des malentendus entre les communautés traditionnelles et les saints des derniers jours relèvent du point de savoir si, pour être chrétien, l’on doit d’abord croire aux dogmes traditionnels pour mener « une vie chrétienne correcte ».
 
Il y a, dans le Livre de Mormon, une définition qui décrit bien le christianisme des saints des derniers jours : « Et nous parlons du Christ, nous nous réjouissons dans le Christ, nous prêchons le Christ, nous prophétisons concernant le Christ, et nous écrivons selon nos prophéties, afin que nos enfants sachent vers quelle source ils peuvent se tourner pour obtenir la rémission de leurs péchés » (2 Né. 25:26). Le Christ et son sacrifice expiatoire sont, depuis le commencement, le message de base de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Le Christ a été le message central de tous les prophètes et apôtres modernes. Ils savent que les prophètes de l’Ancien Testament ont prévu sa venue, que les apôtres du Nouveau Testament l’ont prêché et ont témoigné de lui, que les prophètes du Livre de Mormon l’ont annoncé, et les Doctrine et Alliances présentent sa parole à notre génération. Jésus-Christ est le Seigneur vivant de l’Église. Hors de lui il n’y a pas de salut.
 
Le président Kimball a déclaré : « Il ne peut y avoir de christianisme réel et vrai, même avec de bonnes œuvres, que si nous sommes profondément, intimement convaincus que Jésus-Christ est véritablement le Fils unique du Père qui nous a achetés dans le grand acte de l’Expiation » (Kimball, p. 68). Il a également exprimé l’espoir que tout le monde finira par se rendre compte que chaque prière, chaque cantique, chaque sermon chez les saints a le Seigneur Jésus-Christ pour élément central. « Nous sommes de vrais disciples de Jésus-Christ et nous espérons que le monde arrivera finalement à la conclusion que, s’il y a des chrétiens dans le monde, c’est bien nous » (Kimball, p. 434).
 
Bibliographie
Gealy, F. D. "Christian." In The Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 1, p. 571-572. Nashville, Tenn., 1962.
Grundmann, Walter. "Chiro." Theological Dictionary of the New Testament, Vol. 9, p. 27-580. Grand Rapids, Mich., 1964-1974.
Kimball, Edward L., dir. de publ. The Teachings of Spencer W. Kimball. Salt Lake City, 1982.
Watson, Eldon J., comp. Brigham Young Addresses, Vol. 4, p. 5 pour le 14 juillet 1861. Non publié, mars 1980.
ROGER R. KELLER
 
Collège des douze apôtres
Auteur : NELSON, WILLIAM O.
 
Douze hommes ordonnés à l’office d’apôtre dans la Prêtrise de Melchisédek constituent le Collège des douze apôtres, le deuxième collège président dans le gouvernement de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Le premier collège président est la Première Présidence, trois grands prêtres qui ont généralement été apôtres, qui détiennent toutes les clefs (autorité) concernant les affaires spirituelles et temporelles de l'Église. Les Douze exercent leurs fonctions sous la direction de la Première Présidence. Les saints des derniers jours soutiennent ces quinze hommes comme prophètes, voyants et révélateurs pour l'Église, qui reçoivent « une dotation spirituelle spéciale en rapport avec l’enseignement qu’ils donnent au peuple…. Les autres Autorités générales ne reçoivent pas cette Dotation et cette autorité spirituelles spéciales couvrant leur enseignement » (J. Reuben Clark, Jr., Church News, 31 juillet 1954, p. 9).
 
Plusieurs titres désignent le groupe des douze apôtres : Collège des Douze, Conseil des Douze ou simplement les Douze. La désignation Collège des Douze est le titre scripturaire et le nom officiel utilisé par la Première Présidence quand elle présente les Douze aux membres de l'Église pour leur vote de soutien. La désignation Conseil des Douze est couramment utilisée dans les publications de l’Église et lorsque l’on communique avec des personnes d'autres cultes religieux.
 
HISTOIRE. Les premiers membres du Collège des Douze dans les temps modernes ont été ordonnés le 14 février 1835. Ce type de collège a ses racines dans le précédent du Nouveau Testament (Mt. 10:1) et dans la révélation moderne (D&A 18:26-39). Après l'expédition du Camp de Sion de 1834, le prophète Joseph Smith convoqua en 1835 ceux qui avaient participé et révéla que « c'était la volonté de Dieu que ceux qui étaient allés en Sion, bien décidés à donner leur vie… fussent ordonnés au ministère » (HC 2:182). Il dit alors aux Trois Témoins du Livre de Mormon (Oliver Cowdery, David Whitmer et Martin Harris) de choisir dans l'esprit de la prière les Douze conformément à une révélation précédente (D&A 18:37). La Présidence imposa ensuite les mains aux Trois Témoins, leur donnant le pouvoir de faire le choix (HC 2:186-87). Furent choisis : Thomas B. Marsh, David W. Patten, Brigham Young, Heber C. Kimball, Orson Hyde, William E. McLellin, Parley P. Pratt, Luke S. Johnson, William B. Smith, Orson Pratt, John F. Boynton et Lyman E. Johnson. Ces douze hommes furent ensuite ordonnés apôtres par les Trois Témoins et reçurent les clefs relatives à leur saint appel. La Première Présidence leur fit aussi l’imposition des mains et confirma ces bénédictions et ces ordinations (T&S 2, 15 avr. 1845, p. 868). Oliver Cowdery donna ensuite aux Douze la mission de « prêcher l'Évangile à toutes les nations » (HC 2:195).
 
Un mois plus tard, les Douze, qui se préparaient à prêcher, demandèrent encore d'autres instructions divines. La réponse fut une révélation qui définissait leurs fonctions et celles du collège récemment formé des soixante-dix (voir D&A 107:21-39). Les fonctions premières du Collège des Douze sont d'être « les témoins spéciaux du nom du Christ dans le monde entier » « officie[r] au nom du Seigneur, sous la direction de la présidence de l'Église » « pour édifier l'Église et en régler toutes les affaires » et « ouvrir la porte [de toutes les nations] par la proclamation de l'Évangile de Jésus-Christ » (D&A 107:23, 33, 35 ; cf. 112:16-21 ; 124:128).
 
Joseph Smith chargea les membres du Collège des Douze de gérer les branches dispersées de l'Église. Plus tard, il les envoya en mission de prosélytisme dans des pays étrangers. En 1840-1841, neuf des Douze firent une mission spéciale dans les îles Britanniques. Quand ils quittèrent la Grande-Bretagne après douze mois, plus de quatre mille personnes étaient devenues membres de l’Église. Ces neuf frères jetèrent aussi les bases d’un programme continu d’émigration des saints britanniques convertis vers l’Amérique (voir Îles Britanniques, l'Église dans les ; Mission des Douze dans les îles Britanniques.)
 
Le succès missionnaire en Grande-Bretagne unit les membres des Douze en un collège soudé sous la direction du président du collège, Brigham Young, nommé le 19 janvier 1841. Quand ils retournèrent au siège de l’Église à Nauvoo (Illinois), Joseph Smith étendit leurs devoirs à la gestion des affaires du pieu là-bas.
 
Vers la fin mars 1844, Joseph Smith conféra au Collège des Douze toutes les ordonnances, clefs et autorité qu'il possédait. Décrivant cet événement, Wilford Woodruff dit que Joseph Smith « a vécu jusqu'à ce que chaque clef, pouvoir et principe de la sainte prêtrise aient été scellés sur les Douze et sur le président Young en tant que leur président. » Il cite ensuite l'explication et l'injonction du prophète aux Douze : « J'ai vécu jusqu'à ce que j'aie vu ce fardeau, qui reposait sur mes épaules, passer sur celles d'autres hommes… les clefs du royaume sont plantées sur la terre pour ne plus jamais être enlevées… À vous d’arrondir les épaules pour emporter le royaume. Peu importe ce qu’il advient de moi » (JD 13:164).
 
Après que des émeutiers eurent assassiné Joseph Smith, le 27 juin 1844, et que la Première Présidence eut été dissoute, l'Église affronta pour la première fois la question de la succession à la présidence. La confusion qui en résulta fut résolue quand le Collège des Douze, second collège président, s’avança et fut soutenu pour succéder à la Première Présidence. De juin 1844 à décembre 1847, les Douze gouvernèrent l'Église sous la direction de leur président, Brigham Young. En leur qualité de collège président, ils publièrent, en 1845, une proclamation aux rois du monde et au président des États-Unis d'Amérique (voir Proclamations de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres). Le président Young fut soutenu, le 5 décembre 1847, comme président de l'Église par les Douze et par les saints réunis en conférence le 27 décembre 1847.
 
Cette transition dans la direction de l’Église a créé le précédent et l’ordre qui ont été suivis lors de toutes les réorganisations ultérieures de la Première Présidence. À la mort d'un président de l’Église, la Première Présidence est dissoute et le Collège des Douze devient le conseil président de l'Église. Le président des Douze, qui est le doyen des apôtres sur la terre, devient l’officier président de l'Église et le reste jusqu'à ce qu'une nouvelle Première Présidence soit organisée.
 
Un événement d’une grande importance pour les Douze se produisit à la fin du mandat du président Lorenzo Snow en 1901. Pendant plus de cinq décennies jusque là, les Douze avaient passé moins de temps à porter l'Évangile aux autres nations à cause de la nécessité de présider les saints au pays. En outre, les poursuites engagées par le gouvernement des États-Unis contre les polygames avaient contraint certains d'entre eux à l'exil. Peu avant la conférence générale d'octobre 1901, le président Snow rappela aux Douze que les Écritures leur imposaient le devoir de prêcher l'Évangile au monde entier ; il ne suffisait pas de présider les pieux (Juvenile Instructor 36, nov. 1901, p. 689-690.)
 
À la session finale de cette conférence, le président Snow définit les devoirs des apôtres, des soixante-dix, des grands prêtres et des anciens. Les Douze devaient « s'occuper des intérêts du monde » (CR oct. 1901, p. 61). Le président Snow décéda quatre jours après la conférence, mais les Douze avaient reconnu l'importance de ses instructions. Joseph F. Smith, président du Collège, écrivit : « Nous acceptons ce que [le président Snow a dit] sur les devoirs des Douze… comme étant la parole que le Seigneur nous adresse à tous » (Juvenile Instructor 36, nov. 1901, p. 690). En conséquence, les Douze renouvelèrent leur effort missionnaire international. Depuis cette époque, sur directive de la Première Présidence, les Douze ont consacré beaucoup de pays à la prédication de l'Évangile et continuent à superviser l'œuvre missionnaire dans toute l'Église.
 
NOMINATION. Un membre de Collège des Douze est choisi par la Première Présidence, qui peut envisager plusieurs candidats. La présidence choisit alors une personne par révélation et l'appelle au poste. Ceci implique essentiellement les mêmes principes que le choix de Matthias pour remplir la vacance laissée par la mort de Judas Iscariot (Ac. 1:15-26).
 
Quand une nouvelle nomination au Collège doit être annoncée (habituellement à une conférence générale), un membre de la Première Présidence présente les noms des Autorités générales, dont le nouvel apôtre, et des autres dirigeants généraux de l'Église qui doivent être soutenus par les membres de l’Église. Le soutien respecte le principe du consentement commun (D&A 26:2).

Après que les membres de l'Église ont soutenu la personne nouvellement appelée, la Première Présidence et le Collège des Douze l'ordonnent à l’office d'apôtre et lui donnent toutes les clefs du saint apostolat. Ce sont les mêmes clefs que Jésus-Christ a conférées aux Douze qu’il a appelés à l’époque du Nouveau Testament et également les mêmes clefs remises par Pierre, Jacques et Jean à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans notre dispensation. Les clefs données au nouvel apôtre comprennent l'autorité de prêcher l'Évangile dans le monde entier et de sceller sur terre des ordonnances qui seront scellées éternellement (Mt. 16:19 ; 28:19-20 ; Jn. 20:22-23).
 
Les appels au Collège des Douze sont à vie. La date à laquelle une personne devient membre du collège (habituellement celle de son soutien en tant qu'apôtre) situe son ancienneté dans le Collège. Celle-ci détermine qui sera le prochain président de l'Église, car cet office passe au doyen des apôtres. Cet ordre divinement révélé désigne l'apôtre le plus expérimenté comme futur président et empêche toute lutte pour le pouvoir ou le poste (voir Succession à la présidence).
 
DEVOIRS. Conformément aux révélations antérieures, les Douze d’aujourd'hui sont chargés d’ouvrir les nations du monde à la prédication de l'Évangile (D&A 107:35). Par désignation de la Première Présidence, les membres des Douze rencontrent les chefs d'État pour obtenir la permission officielle pour que l'Église enseigne l'Évangile conformément aux lois de ces pays.
 
Quand ils agissent sous la direction de la Première Présidence, les Douze ont l'autorité pour recevoir la révélation pour leurs tâches, qui comprennent la supervision des soixante-dix, celle des pieux et la formation des dirigeants (D&A 107:33). Toutefois, seul le président de l'Église a le droit et l'autorité de recevoir la révélation pour toute l'Église (D&A 28:2-3).
 
Les membres des Douze font partie de comités créés par la Première Présidence et d’autres au sein du Collège. Les tâches au sein des comités font l’objet d’une rotation périodique.

Le Collège des Douze dirige le travail des soixante-dix. Les Douze doivent « faire appel, avant tous autres, aux Soixante-dix, lorsqu'il[s ont] besoin d'aide » (D&A 107:38). Les présidents des collèges des soixante-dix font rapport aux Douze.
 
Les Douze se réunissent dans le temple de Salt Lake City, habituellement chaque semaine, pour traiter toutes les affaires qui réclament une décision du Collège. Une fois ces décisions prises, celui-ci les défère normalement à ses réunions avec la Première Présidence. Ces deux corps constituent ensemble le Conseil de la Première Présidence et des douze apôtres. Ce conseil prend les décisions finales sur tous les sujets qui affectent l'Église, notamment les nouveaux appels de dirigeants de l’Église, la fixation des règles, des marches à suivre et des programmes, la création, la division et la réorganisation des missions et des pieux. Les collèges de la prêtrise de l’Église s’efforcent de parvenir à l'unanimité dans leurs décisions, comme le demande la révélation (D&A 107:27). Le Collège des Douze ne prend aucune mesure tant qu’un consensus n’est pas atteint. Le président des Douze reporte habituellement le sujet pour un nouvel examen. L'unanimité dans les collèges présidents de l'Église donne aux membres l’assurance que « la voix unie de la Première Présidence et des Douze » « n’égarera jamais les saints ni n’enverra au monde des instructions contraires à la volonté du Seigneur » (Joseph Fielding Smith, Ensign 2, juillet 1972, p. 88).
 
La Première Présidence charge les membres des Douze et les autres Autorités générales de parler aux conférences générales semestrielles de l'Église, mais ne leur impose normalement pas de sujet. Les membres de la Première Présidence et les Douze parlent à chaque conférence générale ; les autres Autorités générales parlent périodiquement quand elles sont désignées. Les membres de l'Église considèrent les messages de la Première Présidence et des Douze comme inspirés (D&A 68:4).
 
Chaque pieu a des conférences semestrielles de pieu. Une Autorité générale préside habituellement l’une de ces conférences par an sur désignation par le président du Collège des Douze. À cause du nombre considérable et croissant des pieux, les membres des Douze ne sont généralement désignés pour assister aux conférences de pieu que pour organiser de nouveaux pieux, pour diviser les pieux existants ou pour réorganiser des présidences de pieu.
 
Le président du Collège charge aussi les membres du Collège d’assister aux conférences là où plusieurs pieux se réunissent ensemble. Ces conférences multirégionales donnent aux membres de l’Église l’occasion de voir et entendre plus souvent les membres de la Première Présidence et des Douze.
 
Les membres des Douze sont les « témoins spéciaux » du nom de Jésus-Christ dans le monde entier ; ils possèdent la connaissance, par révélation, de la résurrection littérale du Christ et celle qu'il dirige les affaires de son Église aujourd'hui. Cette conviction commune unit les Douze dans un lien d'unité et d'amour.
 
Bibliographie
Allen, James B., et Malcolm R. Thorp. « The Mission of the Twelve to England, 1840-41: Mormon Apostles and the Working Classes. » BYU Studies 15, été 1975, p. 499-526.
Esplin, Ronald K., « The Emergence of Brigham Young and the Twelve to Mormon Leadership, 1830-1841 », p. 427-512. Thèse de Doctorat, université Brigham Young, 1981.
Larsen, Dean L. « Apostle and Prophet : Divine Priesthood Callings. » Priesthood, p. 38-47. Salt Lake City, 1981.
McConkie, Bruce R. “Succession in Presidency.” Church News, 23 mars 1974, p. 7-9.
Smith, Joseph Fielding. “The Holy Apostleship.” DS, vol. 3, p. 144-159.
Id. “The Twelve Apostles.” IE 59, nov. 1956, p. 786-788.
Id. “The First Presidency and the Council of the Twelve.” IE 69, nov. 1966, p. 977-979.
Talbot, Wilburn D. “The Duties and Responsibilities of the Apostles of The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 1835-1945.” Thèse de doctorat, université Brigham Young, 1978.
WILLIAM O. NELSON
 
Commandements
Auteur : COONS, DIX S.
 
Les saints des derniers jours croient que les commandements sont des directives divines pour une vie juste, qu’ils apportent le bonheur et des bénédictions spirituelles et temporelles et qu’ils font partie de la manière de Dieu de racheter ses enfants et de les doter de la vie éternelle. Par conséquent, les commandements constituent non seulement une épreuve de la foi, de l’obéissance et de l’amour pour Dieu et pour Jésus-Christ mais également une occasion d’éprouver l’amour de Dieu et de la joie dans cette vie et dans la vie à venir. Les commandements sont donnés par révélation directement de la part de la Divinité ou par ses prophètes. Les comptes rendus de ces révélations se trouvent dans les Écritures, qui comprennent la Bible, le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances, et la Perle de grand prix.
 
Le 6 avril 1830, lors de l’organisation de l’Église, Joseph Smith fut désigné comme voyant, traducteur, prophète, apôtre et ancien. À cette occasion, le Seigneur dit à l’Église : « Vous prêterez l’oreille à toutes ses paroles [de Joseph Smith] et à tous les commandements qu’il vous donnera à mesure qu’il les reçoit, marchant en toute sainteté devant moi. Car vous recevrez sa parole, en toute patience et avec une foi absolue, comme si elle sortait de ma propre bouche » (D&A 21:4-5 ; cf. D&A 1:37-38 ; 5:10 ; 68:34). Sur la base de ces instructions, les membres de l’Église acceptent les instructions justes de ceux qui sont autorisés par Dieu comme des commandements faisant force de loi sur l’Église et sur les personnes.
 
En 1831, le Seigneur redit à l’Église le « premier et grand » commandement (cf. Mt. 22:37-38) : « C’est pourquoi, je leur donne un commandement qui dit ceci : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de tout ton pouvoir, de tout ton esprit et de toute ta force ; et tu le serviras au nom de Jésus-Christ » (D&A 59:5). Cette répétition fut suivie des injonctions divines précédemment données de ne pas voler, ne pas commettre d’adultère ni de tuer (D&A 59:6).
 
Dans les Doctrine et Alliances, la section 42, que le Seigneur appelle la « loi de l’Église » (D&A 42:2, 59), les versets 19-27 réaffirment beaucoup d’instructions qui se trouvent dans les dix commandements. Ces commandements de base ont été réitérés lors de dispensations ou ères successives, essentiellement sous la même forme (Ex. 20:3-17 ; De. 5:6-21 ; Mos. 12:34-36 ; D&A 42:19-27 ; cf. Mt. 5:17-48).
 
À l’époque de l’Ancien Testament, comme l’accent était mis sur l’interdiction de certains actes extérieurs, on insistait apparemment davantage sur les conséquences de la désobéissance que sur la rédemption spirituelle et physique par l’obéissance (voir Loi de Moïse). Le Nouveau Testament et le Livre de Mormon mettent au contraire l’accent sur le processus purificateur de l’obéissance. Le Christ a bien dit que les commandements devaient concerner non seulement les actes des hommes et des femmes mais également leurs pensées et leurs mobiles. Dans le sermon sur la montagne, il oppose l’ancienne loi et la nouvelle. Par exemple, il définit le fait de regarder une femme avec convoitise dans le cœur comme un type d’adultère (Mt. 5:28). Se mettre en colère contre son prochain, c’est se mettre en danger du jugement (Mt. 5:21-22). Plutôt que de chercher vengeance et l’ « oeil pour oeil », les disciples de Jésus doivent tendre l’autre joue et faire le deuxième mille (Mt. 5:38-42). Pour résumer la nouvelle loi, le Christ dit : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent… Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Mt. 5:43-44, 48 ; cf. 3 Né. 12:43-48).
 
Aux auditeurs du continent américain qui avaient survécu à la destruction de 34 apr. J.-C., le Christ ressuscité a expliqué le rapport entre la loi et l’Évangile : « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, pas un seul iota, pas un seul trait de lettre n’est passé de la loi, mais en moi elle a été toute accomplie. Et voici, je vous ai donné la loi et les commandements de mon Père, afin que vous croyiez en moi, et que vous vous repentiez de vos péchés et veniez à moi, le cœur brisé et l’esprit contrit. Voici, vous avez les commandements devant vous, et la loi est accomplie » (3 Né. 12:17-19). La nouvelle loi du Christ exige clairement que ce ne soient pas seulement les actes extérieurs mais également les pensées et les sentiments intérieurs qui se conforment à l’esprit de la loi (cf. Al. 12:12-14 ; D&A 88:109).
 
Dans l’Église d’aujourd’hui, le Seigneur a souligné que parmi ses commandements il y a la responsabilité de l’individu de se gérer personnellement : « Car voici, il n’est pas convenable que je commande en tout, car celui qu’il faut contraindre en tout est un serviteur paresseux et sans sagesse ; c’est pourquoi il ne reçoit pas de récompense. En vérité, je le dis, les hommes doivent œuvrer avec zèle à une bonne cause, faire beaucoup de choses de leur plein gré et produire beaucoup de justice. Car ils ont en eux le pouvoir d’agir par eux-mêmes » (D&A 58:26-28). Quand la « loi de l’Église » fut donnée en 1831 (D&A 42), cette responsabilité individuelle fut également soulignée : « Tu aimeras ta femme de tout ton cœur, et tu t’attacheras à elle et à personne d’autre » (42:22), et « Tu ne médiras pas de ton prochain et tu ne lui feras aucun tort » (42:27). Plus tard, le Seigneur dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tu ne déroberas pas et tu ne commettras pas d’adultère, ni ne tueras, ni ne feras rien de semblable » (D&A 59:6). Il est évident que Dieu exige que l’on soit conscient de son libre arbitre et accorde effectivement à chacun le pouvoir de se diriger. Quand on vit en accord avec les commandements et que l’on devient de ce fait plus sensible aux chuchotements du Saint-Esprit, les observances extérieures deviennent moins importantes et l’on accorde plutôt son attention à la perfection des pensées et des mobiles.
 
C’est ainsi que les saints des derniers jours trouvent l’épanouissement et le bonheur dans l’obéissance non seulement à des commandements spécifiques tels que la Parole de Sagesse (D&A 89) et la loi de la dîme (D&A 119) mais également aux recommandations que les dirigeants inspirés font lors des conférences de l’Église et dans les sources écrites approuvées telles que les publications officielles de l’Église.
 
Bibliographie
Richards, Stephen L. "Keep the Commandments." IE 52, mai 1949, p. 273, 345-348.
Sill, Sterling W. "Keep the Commandments." Ensign 3, janv. 1973, p. 82-83.
DIX S. COONS

Confirmation
Auteur : Craven, Rulon G.

La confirmation dans l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est une ordonnance sacrée essentielle au salut. Cette ordonnance suit le baptême par immersion pour la rémission des péchés et n'est efficace que par la foi au Seigneur Jésus-Christ et le repentir. Elle est conférée par l’imposition des mains par des hommes ayant l'autorité, dont l'un accomplit l'ordonnance et bénit le candidat. C’est de cette façon qu’on devient membre de l'Église et que l’on reçoit le don du Saint-Esprit (Actes 2:37-38;19:1-7). Le baptême et la confirmation sont pour les personnes qui ont au moins huit ans, l'âge de responsabilité (D&A 68:25-27).

La pratique de l'ordonnance de la confirmation est attestée dans les Écritures à l'époque du Nouveau Testament. Lorsqu’ils allèrent à Samarie et y trouvèrent des disciples qui avaient reçu le baptême d’eau de Jean, Pierre et Jean « leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit » (Actes 8:17; voir aussi les versets 14-22).

La confirmation ne peut être faite que par ceux qui détiennent la Prêtrise de Melchisédek. Le Livre de Mormon rapporte que Jésus « toucha, un par un, de la main les disciples qu'il avait choisis, jusqu'à ce qu'il les eût touchés tous, et leur parla tandis qu’il les touchait. [Ainsi] il leur donna le pouvoir de donner le Saint-Esprit » (3 Né 18:36-37 ; Mro. 2:1-3). Les Doctrine et Alliances spécifient : « Quiconque aura la foi, vous le confirmerez dans mon Église par l'imposition des mains, et je lui conférerai le don du Saint-Esprit » (D&A 33:15).

L'ordonnance de la confirmation est habituellement accomplie lors du service de baptême ou lors d’un service de Sainte-Cène. Un ou plusieurs détenteurs de la Prêtrise de Melchisédek posent les mains sur la tête du nouveau baptisé et le porte-parole, appelant la personne par son nom, dit quelque chose comme : « Au nom de Jésus-Christ et par l'autorité de la sainte Prêtrise de Melchisédek, je vous confirme membre de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours et je vous dis : ‘Recevez le Saint-Esprit.’ » Il donne ensuite les bénédictions que lui inspire l’Esprit du Seigneur, invoquant les conseils divins, prononçant des paroles de réconfort, des exhortations, des instructions ou des promesses. Il est souvent rappelé aux initiés que, grâce à ce don, ils discerneront le bien du mal et que l'Esprit les éclairera en chemin.

La réception du don du Saint-Esprit peut ou peut ne pas être manifeste immédiatement, bien que le droit de recevoir ce don soit conféré à la confirmation. L'exhortation à recevoir le Saint-Esprit implique qu’il faut vivre de manière à être réceptif aux lumières de l'Esprit. Joseph Smith a enseigné : « Nul ne peut recevoir le Saint-Esprit sans recevoir des révélations. Le Saint-Esprit est un révélateur » (EPJS, p. 265). On est de même exhorté à rechercher avec ferveur les dons spirituels (1 Co. 12:1-11, 31; D&A 46:9-26) et « les fruits de l'Esprit », notamment l'amour, la joie, la paix et la patience (Ga. 5 ; Mro. 7:45-48).

Les Écritures appellent parfois l'influence sanctifiante du Saint-Esprit le « baptême de feu » (Mt 3:11; 3 Né 19:13; Mrm. 7:10). La confirmation commence ce processus. Il est considéré comme une recherche qui dure toute une vie, recherche officiellement renouvelée chaque sabbat quand on prend la Sainte-Cène, dont les prières se terminent en demandant que ceux qui ont pris sur eux le nom de Jésus-Christ « aient toujours son Esprit avec eux » (Mro. 4:3).

Une fois qu’une personne a été confirmée membre de l'Église et a reçu le don du Saint-Esprit, elle peut conserver ce don en restant digne, en apportant les correctifs nécessaires, dans un processus constant de repentir et de fidélité.

RULON G. CRAVEN

 
Consécration
 
[Les deux articles suivants traitent de la notion mormone de consécration. Consécration : Loi de Consécration, donne un aperçu de l’origine et de la pratique des principes de la consécration chez les saints des derniers jours. L’article Consécration : Consécration en Ohio et au Missouri, traite spécialement des efforts des saints pour vivre ces principes et de l’impact économique qui en est résulté pour les communautés de saints qui ont été florissantes dans ces États entre 1832 et 1846.]
 
Consécration : Loi de consécration
Auteur : HIRSCHI, FRANK W.
 
La loi de consécration a été introduite par des révélations données au prophète Joseph Smith. Dès 1829, il recevait du Seigneur le commandement : « Cherchez à promouvoir et à établir la cause de Sion » (D&A 6:6 ; 11:6 ; 12:6 ; 14:6). Dans l’Antiquité, la Sion d’Hénoc était constituée d’un peuple qui « était d’un seul cœur et d’un seul esprit, et [qui] demeurait dans la justice ; et il n’y avait pas de pauvres en son sein » (Moï. 7:18). Ces qualités ont caractérisé le peuple du Seigneur qui a accepté et appliqué la plénitude de l’Évangile dans sa vie, comme le peuple de la ville d’Hénoc (Moï. 7:17-18) et l’âge d’or des Néphites (4 Né. 1:2-3, 15-17) et certains des premiers chrétiens (Ac. 4:32-37). Les saints des derniers jours ont également reçu la loi de consécration comme idéal et promesse d’avenir (D&A 42:32-39).
 
Le niveau de la consécration requis pour vivre la loi de consécration a de nombreux échos dans le monde antique. La Bible rapporte des actes de consécration expressément liés à l’institution d’alliances avec Dieu (par exemple, Ge. 9:8-17 ; No. 6). Le fait qu’Abraham était disposé à sacrifier Isaac signifie qu’il était totalement dévoué aux ordres de Dieu (Ge. 22:1-18). L’Exode et le Lévitique mentionnent également divers actes sacrificatoires impliquant la consécration à Dieu, principalement de la part d’Aaron et de ses fils (cf. Ex. 40:12-16 ; Lé. 1-7). Le Nouveau Testament rapporte que les premiers chrétiens étaient invités à donner la priorité au royaume de Dieu et à avoir « tout en commun » (Ac. 2, 4, 5).
 
Après que Jésus ressuscité eut fondé son Église en Amérique vers 34 apr. J.-C., le peuple du Livre de Mormon observa la pratique de la consécration pendant presque 200 ans. « Le peuple fut entièrement converti au Seigneur, sur toute la surface du pays, tant les Néphites que les Lamanites, et il n’y avait pas de querelles ni de controverses parmi eux, et tous les hommes pratiquaient la justice les uns envers les autres. Et ils avaient tout en commun ; c’est pourquoi il n’y avait ni riches ni pauvres, ni esclaves ni hommes libres, mais ils étaient tous affranchis et participants du don céleste » (4 Né. 1:2-3).
 
Le 2 janvier 1831, le Seigneur révéla au prophète Joseph Smith à Fayette, New York, qu’autrefois il avait pris à lui la Sion d’Hénoc et lui commanda ensuite d’aller en Ohio recevoir la loi (D&A 38:4, 32 ; cf. Moï. 7:21). Quand Joseph Smith arriva à Kirtland en février, il trouva les saints organisés en une société communale appelée « la Famille ». Il les persuada d’abandonner cette pratique pour « la loi plus parfaite du Seigneur ». Le 9 février, tandis qu’il se trouvait en la présence de douze anciens, il reçut la révélation qui contenait « la loi de l’Église » (HC 1:146-148 ; D&A 42). Cette révélation introduisait les lois du gouvernement de l’Église et de la conduite morale pour les membres et énonçait les principes de base de la consécration (D&A 42:32-39).
 
Les principes clefs donnés dans les révélations sont conformes à ceux qui sont requis pour la vie céleste : tout appartient à Dieu et son peuple en est l’intendant (D&A 38:17 ; 104:11-14) ; les hommes doivent estimer les autres comme eux-mêmes (D&A 38:24-27 ; 51:3, 9 ; 70:14 ; 78:6 ; 82:17) ; l’humanité doit conserver le libre arbitre (D&A 104:17) ; les hommes et les femmes sont rendus égaux selon leurs besoins et la situation de leur famille (D&A 51:3) et il doit y avoir responsabilité (D&A 72:3 ; 104:13-18). Bien que la mise en application de la loi de consécration des biens révélée au début des années 1830 ait été temporairement suspendue (cf. HC 4:93), les principes eux-mêmes n’ont pas été abandonnés.

LES ALLIANCES DE LA CONSÉCRATION AUJOURD’HUI. Le Seigneur a révélé plusieurs buts de la loi de consécration : amener l’Église à être indépendante de toutes les autres institutions (D&A 78:14) ; fortifier Sion, l’ornant de beaux vêtements, comme une jeune mariée préparée et digne de l’époux (D&A 33:17 ; 58:11 ; 65:3 ; 82:14, 18 ; etc.) ; et préparer les saints pour qu’ils aient une place dans le royaume céleste (D&A 78:7).
 
À ce sujet, John Taylor a dit que la consécration est une loi céleste et que lorsqu’ils la respectent, ceux qui y adhèrent deviennent le peuple céleste (JD 17:177-181). Ainsi, les hommes et les femmes d’aujourd’hui peuvent devenir comme ceux du temps d’Hénoc, « d’un seul cœur et d’un seul esprit » sans pauvres parmi eux » (Moï. 7:18). Orson Pratt, l’un des premiers apôtres, a observé que si le peuple du Seigneur aspire au royaume céleste, il doit commencer à apprendre l’ordre de vie qui y existe (JD 2:102-103).
 
APPLICATION DE LA LOI DE CONSÉCRATION. La loi de consécration exige que l’on consacre tout son temps, tous ses talents et tous ses biens à l’Église et à ses objectifs (D&A 82:19 ; 64:34 ; 88:67-68 ; 98:12-14). John A. Widtsoe, un apôtre, a fait remarquer que son fonctionnement était tout simple. Ceux qui entraient dans un tel ordre devaient mettre tous leurs biens dans un trésor commun, les riches leur richesse, les pauvres leurs maigres revenus. Ensuite, chaque membre devait recevoir une part suffisante, appelée « héritage », du trésor commun pour permettre à cette personne de continuer dans l’artisanat, les affaires ou la profession libérale comme elle le désirait. Le fermier recevait la terre et l’équipement ; l’artisan, les outils et les matériaux ; le négociant, le capital nécessaire ; la personne exerçant une profession libérale, les instruments, les livres et autres. Les membres travaillant pour d’autres devaient recevoir des intérêts proportionnels dans les entreprises qu’ils servaient. Personne ne serait sans propriété. Tous auraient un héritage (Widtsoe, p. 302-303).
 
L’héritage d’une personne devait se composer de biens personnels qu’elle devait gérer de manière permanente et à son gré à son profit et à celui de la famille. Si la personne se retirait de l’ordre, elle pourrait emporter son héritage, mais elle n’aurait aucun droit sur les donations ou les biens excédentaires déposés au commencement dans le trésor commun (D&A 51:3-6). Au bout d’un an ou d’une période déterminée, le membre qui avait gagné plus que nécessaire pour sa famille devait confier volontairement l’excédent au trésor commun. Les bénéfices substantiels devaient être administrés par le groupe plutôt que par une seule personne. Les hommes et les femmes qui, en dépit de leur diligence, avaient des pertes de fonctionnement se verraient compenser leurs pertes par le trésor général pour pouvoir recommencer ou pourraient – avec leur accord – être placés dans une activité convenant mieux à leurs dons. En bref, le trésor général devait installer chaque personne dans son domaine préféré et s’occuper de ceux qui n’arrivaient pas à tirer profit de leur héritage. Le trésor général, détenant les excédents des membres, devait également financer les travaux publics et permettre toutes les entreprises de la communauté décidées par le groupe (D&A 104:60-77).
 
J. Reuben Clark, Jr., conseiller dans la Première Présidence, a expliqué que la loi de consécration, telle qu’elle fut pratiquée, n’était pas une vie entièrement communale. Il n’y avait pas de table commune. Chaque famille vivait de son côté. Les biens qui n’étaient pas rendus au donateur par le consentement mutuel du donateur et de l’évêque devenaient propriété de l’Église et étaient mis dans le magasin de l’évêque. Chaque membre de l’Église avait un accès égal au contenu du magasin selon les besoins et la situation personnels et les besoins de la famille (Clark, p. 3).
 
EFFORTS POUR VIVRE LA LOI DE CONSÉCRATION. Un premier effort pour vivre la loi de consécration fut tenté en mai 1831 à Thompson (Ohio) par les membres de la branche de Colesville venue de New York et installée là. Il y eut des complications quand un des participants reprit son terrain et que certains des membres partirent pour le Missouri pour aider à la création du lieu central de Sion avant que la pratique ne puisse s’enraciner (Stewart, p. 125). Les efforts persistants pour apporter les améliorations nécessaires à l’application de la loi en Ohio finirent par échouer. On fit en même temps une tentative semblable pour instaurer la loi de consécration et d’intendance au Missouri, mais l’intolérance et les querelles entre certains des saints ainsi que l’absence de surplus à consacrer la firent échouer (voir Consécration en Ohio et au Missouri ci-dessous).
 
Après ces échecs du début, le Seigneur adapta les exigences de la loi de consécration aux capacités des saints et révéla la loi de la dîme comme pratique à suivre (HC 3:44 ; D&A 119). Bien qu’elle n’exige pas de tout donner au Seigneur, la dîme enseigne les éléments fondamentaux sur lesquels repose le caractère d’un peuple de Sion : maîtrise de soi, générosité, amour de ses semblables, amour pour Dieu et désir d’établir le royaume de Dieu. En donnant la dîme pendant plus d’un siècle, les saints prouvèrent leur capacité de vivre ce commandement et cela les prépara à accepter aussi le programme d’entraide présenté en 1936 par Heber J. Grant, président de l’Église (CR, oct. 1936, p. 3). Cinq ans après, J. Reuben Clark, Jr., observa que les pratiques de la dîme, des dons de jeûne et de l’entraide de l’Église avaient rapproché davantage les membres des principes originaux de l’ordre uni et de la loi de consécration (CR, oct. 1942, p. 57).
 
Pour ce qui concerne le futur, Sion ne peut être rachetée que par l’obéissance à la loi de consécration. Le moment venu, les dirigeants du Seigneur mettront en application le programme. On ignore quel procédé sera révélé, mais les saints des derniers jours prévoient que tous les participants finiront par adopter les principes de l’intendance, de l’égalité, du libre arbitre et de la responsabilité et que les buts recherchés dès le départ seront atteints (D&A 78:7, 14 ; 82:14).
 
Bibliographie
Clark, J. Reuben, Jr. "Testimony of Divine Origin of Welfare Plan." Deseret News, Church Section, 8 août 1951, p. 3.
Cook, Lyndon W. Joseph Smith and the Law of Consecration. Provo, Utah, 1985.
Nelson, William O. "To Prepare a People." Ensign 9, janv. 1979, p. 18-23.
Stewart, George, et al. Priesthood and Church Welfare. Salt Lake City, 1939.
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations. Salt Lake City, 1943.
FRANK W. HIRSCHI
 
Consécration : Consécration en Ohio et au Missouri
Auteur : ANDERSON, KARL RICKS
 
Les principes de la consécration furent mis en application sous diverses formes dans les années 1830 en Ohio et au Missouri pour pourvoir aux besoins des pauvres et d’une Église financièrement en difficulté (voir Kirtland, Ohio ; Kirtland, économie). Beaucoup parmi les saints des derniers jours émigrant en Ohio et au Missouri n’avaient pas les moyens de s’entretenir et l’Église avait peu de ressources pour construire des bâtiments tels que le temple ou pour financer des publications. Les diverses mises en application de la loi de consécration permirent de répondre à ces besoins pratiques ainsi que d’enseigner aux participants à vivre une loi céleste.
 
La loi de consécration ne fut jamais pratiquée complètement en Ohio, mais fut mise en application sous plusieurs formes entre 1831 et 1839 au Missouri. Sous sa forme de 1831, la loi de consécration exigeait de tous les participants ou « intendants » qu’ils consacrent ou transfèrent leurs possessions au magasin de l’Église. L’évêque rendait alors à chaque personne ou famille une « intendance » en terres, en argent et en autres biens selon ses justes besoins. Les bénéfices excédentaires produits par ces intendances étaient versés au magasin pour aider les pauvres et pour servir à d’autres fins générales. Pour administrer le système, des évêques et des magasins distincts furent installés dans les deux centres de l’Église : Kirtland et Missouri.
 
En 1833, la pratique de la consécration fut modifiée pour intégrer la possession privée des intendances et en 1838, le principe de la dîme introduisit un autre changement. La loi de la dîme exigeait des saints qu’ils donnent « tout le surplus de leurs biens » à l’évêque et, par la suite, « annuellement un dixième de tous leurs revenus » (D&A 119:1, 4).
 
La mise en application de la consécration fut difficile pour les premiers saints des derniers jours et ne se produisit que par intermittence. Les saints appauvris du Missouri furent chassés et persécutés par les émeutiers et perdirent à plusieurs reprises leurs biens, leurs terres et leur récoltes. Les biens de l’Église furent souvent pris ou détruits (voir Conflit au Missouri). Dans de telles circonstances, la plupart des membres avaient besoin de plus pour leur intendance que ce qu’ils pouvaient contribuer au fonds commun des ressources. D’autres étaient réticents à donner leur excédent et certains qui avaient quitté l’Église eurent recours à des moyens juridiques pour récupérer les biens consacrés. Face à de tels obstacles, les efforts sincères de certains saints fidèles pour mettre la loi en application sont d’autant plus remarquables.
 
La Firme Unie, plus généralement connue sous le nom d’Ordre Uni, une entreprise basée sur les principes de la consécration, fut une deuxième application, plus limitée, de la consécration, qui fonctionna à Kirtland, avec une branche au Missouri, de mars 1832 à avril 1834. Une douzaine d’hommes consacrèrent leurs possessions et reçurent des intendances dans cette entreprise. Les excédents devaient aller au magasin pour imprimer les révélations et pour répondre aux autres besoins de l’Église. La firme fut dissoute quand les remboursements de prêts ne purent être effectués.

La Firme Littéraire, une troisième application des principes de la consécration, dura plus longtemps que les deux autres. Créée en novembre 1831 pour imprimer les révélations et d’autres publications pour l’Église, elle fonctionna sous plusieurs formes jusqu’en août 1837. Après les émeutes de 1833 au Missouri, les travaux d’impression furent transférés d’Independence à Kirtland. Il y eut jusqu’à huit hommes qui furent désignés comme intendants des révélations et qui consacrèrent leurs efforts à réaliser la publication. Bien que constamment assaillie par des problèmes, la société publia les Doctrine et Alliances (1ère éd.), le Livre de Mormon (2ème éd.) et d’autres livres et périodiques de l’Église.
 
Bibliographie
Arrington, Leonard J., Feramorz Y. Fox, et Dean L. May. Building the City of God : Community and Cooperation Among the mormons. Salt Lake City, 1976.
Cook, Lyndon W. Joseph Smith and the Law of Consecration. Salt Lake City, 1985.
KARL RICKS ANDERSON
 
Conseil dans les cieux
Auteur : LUND, JOHN L.
 
L’expression Conseil dans les cieux ou Grand Conseil dans les cieux désigne une réunion de Dieu le Père avec ses fils et ses filles d’esprit pour discuter des modalités et des conditions selon lesquelles ces esprits pourraient venir sur la terre en tant qu’êtres physiques. Elle n’apparaît pas dans les Écritures, mais est utilisée par le prophète Joseph Smith à propos de ces activités prémortelles auxquelles il est fait allusion dans plusieurs Écritures (Job 38:4-7 ; Jé. 1:5 ; Ap. 12:3-7 ; Al. 13:3-9 ; D&A 29:36-38 ; 76:25-29 ; Moï. 4:1-4 ; Abr. 3:23-28 ; cf. EPJS, p. 281, 289, 296 ; T&S 4, 1er févr. 1843, p. 82).
 
L’un des buts du conseil dans les cieux était de donner aux esprits l’occasion d’accepter ou de rejeter le plan de salut du Père, qui proposait la création d’une terre où ses enfants d’esprit pourraient demeurer, chacun dans un corps physique. Cette vie servirait de mise à l’épreuve « pour voir s’ils [feraient] tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commander[ait] » (Abr. 3:25). Les esprits de toute l’humanité étaient libres d’accepter ou de rejeter le plan du Père mais ils étaient également responsables de leur choix. La Création, la Chute, la condition mortelle, l’Expiation, la Résurrection et le jugement final furent envisagés et expliqués au Conseil (EPJS, p. 177, 281-282 ; MD, p. 163-164 ; voir aussi Premier état). Le plan prévoyait les erreurs dues au manque d’expérience et au péché et prévoyait des remèdes. Beaucoup d’esprits furent préordonnés à des rôles et à des missions spécifiques pendant leur expérience terrestre, en fonction de leur bonne volonté et de leur fidélité dans la sphère prémortelle et leur promesse de rester fidèles sur la terre. Le prophète Joseph Smith explique : « Quiconque est appelé à exercer un ministère auprès des habitants du monde a été ordonné à ce but même dans le grand conseil des cieux avant que le monde fût. Je suppose que c’est dans ce Grand Conseil que j’ai été ordonné à cet office même » (EPJS, p. 296 ; cf. 1 Pi. 1:20 ; Jé. 1:5 ; Abr. 3:22-23).
 
Bien qu’on le présente comme un conseil unique, il a pu y avoir des réunions multiples où l’on a enseigné l’Évangile et où des désignations ont été faites. Jésus et les prophètes ont été préordonnés lors de ce conseil. Un rédempteur devait accomplir la double mission de racheter l’humanité de la mort physique et de la mort spirituelle causées par la chute d’Adam et d’assurer la rédemption, après repentir, pour les péchés commis par les personnes. À un certain moment du conseil, le Père demanda : « Qui enverrai-je [comme Rédempteur] ? » Jésus-Christ, alors connu comme étant le grand JE SUIS et comme Jéhovah, répondit : « Me voici, envoie-moi » et accepta de suivre le plan du Père (Moï. 4:1-4 ; Abr. 3:27). S’inscrivant en faux contre ce plan, Lucifer se proposa moyennant un amendement au plan de salut conçu par le Père, amendement qui ne respecterait pas le libre arbitre de l’humanité. La proposition visait également à élever Lucifer au-dessus du trône de Dieu. La réponse du Père fut : « J’enverrai le premier » (voulant dire Jéhovah). Lucifer se rebella et devint Satan ou « le diable ». Une division se produisit parmi les esprits et aucun d’eux ne resta neutre (DS 1:69). Il y eut guerre dans les cieux (Ap. 12:7-8) et le tiers des armées qui suivirent Lucifer fut chassé (Ap. 12:4 ; D&A 29:36). Ces esprits rebelles furent précipités avec Lucifer sur la terre sans corps physique (Ap. 12:9 ; cf. És. 14:12-17). Le prophète Joseph Smith explique : « Le conflit dans les cieux provient de ce que Jésus dit qu’il y aurait certaines âmes qui ne seraient pas sauvées et le diable dit qu’il pouvait les sauver toutes et exposa ses plans au grand conseil, lequel donna son vote en faveur de Jésus-Christ. Le diable se souleva donc contre Dieu, se révoltant contre lui, et il fut précipité avec tous ceux qui prirent son parti » (EPJS, p. 290). Notre Père céleste et les esprits fidèles dans les cieux pleurèrent sur eux (D&A 76:25-29). Satan et ses disciples sont toujours en guerre contre ces esprits qui sont venus au monde dans la condition mortelle (Ap. 12:9 ; cf. « Guerre dans les cieux » p. 788).
 
Bibliographie
Bible Dictionary. "War in Heaven." Dans LDS Edition of the King James Version of the Bible, p. 788. Salt Lake City, 1977.
McConkie, Joseph F. "Premortal Existence, Foreordinations and Heavenly Councils". Dans Apocryphal Writings and the Latter-day Saints, dir. de publ. W. Griggs, p. 173-198. Provo, Utah, 1986.
JOHN L. LUND
 
Consentement commun
Auteur : QUINN, ROBERT E.
 
Le consentement commun est un principe fondamental de la prise de décision à tous les niveaux de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Quand ils choisissent de nouveaux dirigeants et prennent des décisions administratives, les dirigeants de l’Église sont tenus de chercher la volonté de Dieu. Une fois que le Seigneur a fait connaître sa volonté et qu’une décision est prise, l’affaire est portée devant le collège ou le groupe concerné de membres de l’Église, lequel est invité à soutenir la mesure ou à s’y opposer. Grâce à ce processus, l’Église peut être dirigée par révélation, tout en protégeant le libre arbitre des membres de s’assurer personnellement si les décisions ont été correctes et prises selon la volonté de Dieu.
 
Le principe du consentement commun fonctionne dans l’Église depuis son commencement, bien que les pratiques proprement dites dans lesquelles ce principe fonctionne aient évolué sensiblement. La révélation sur le gouvernement de l’Église, reçue quand elle a été organisée en avril 1830, dit : « Nul ne doit être ordonné à un office dans l’Église, lorsqu’il y a une branche dûment organisée de celle-ci, sans le vote de cette Église » (D&A 20:65). Cette règle fut soulignée à nouveau trois mois plus tard : « tout se fera par le consentement commun dans l’Église » (D&A 26:2). Les pratiques des saints peuvent avoir été influencées au cours de ces toutes premières années par le modèle de gouvernement théocratique du Livre de Mormon qui gérait ses « affaires par la voix du peuple » (Mosiah 29:25-26), et par l’exemple biblique (par exemple, Ex. 24:3 ; No. 27:19).
 
Il ressort des comptes rendus de certaines réunions et conférences des débuts de l’Église que beaucoup de dirigeants de l’Église provenant de la Nouvelle-Angleterre considéraient que les membres devaient être directement impliqués lors des réunions de prise de décision, notamment en faisant des propositions sur les questions de politique à suivre, conformément au procédé parlementaire courant dans les réunions publiques, et en votant quand il s’agissait de prendre les décisions finales. Il arrivait que des membres exercent à titre personnel la prérogative de convoquer une réunion et, une fois qu’elle était en cours, n’importe qui avait le droit de s’adresser au groupe. La direction de leurs réunions suivait le modèle congrégationaliste qu’ils connaissaient bien. Cependant, les premiers saints des derniers jours ne tardèrent pas à se rendre compte que le fait d’avoir un prophète à leur tête était une réalité dont il fallait tenir compte dans la prise de décision, et qu’ils ne pourraient pas suivre le modèle congrégationaliste traditionnel sans nier l’autorité et les révélations que Dieu avait accordées à Joseph Smith, celles-ci étant les éléments essentiels du rétablissement qui les avaient réunis dans l’Église.
 
Un incident qui se produisit en septembre 1830, lors duquel Hiram Page prétendit avoir reçu des révélations pour la direction de l’Église, mit la question à l’ordre du jour. La prétention de Page à être un deuxième révélateur, qui sema le trouble chez Oliver Cowdery et d’autres membres de l’Église, fut l’occasion d’une révélation donnée à Joseph Smith clarifiant le rôle distinctif de Joseph en tant que prophète. Cette révélation disait aussi que « tout doit se faire avec ordre et par consentement commun dans l'Église » (D&A 28:13). L’autorité de Joseph Smith et de ses successeurs dans la fonction de président de l’Église continua à être éclaircie les années suivantes par d’autres révélations (D&A 107:65-67, 91-92) et le principe qu’il fallait obtenir le vote de soutien des membres de l’Église fut également réaffirmé à plusieurs reprises (D&A 38:34 ; 42:11 ; 102:9 ; 124:144). Lorsque les conseils de prêtrise et les collèges de prêtrise furent introduits dans l’organisation de l’Église, ce furent surtout eux qui se virent confier la responsabilité de l’examen général des questions de politique intérieure et de la prise de décision lors des sessions de conseil et ce fut moins un point de l’ordre du jour des conférences, qui, de leur côté, se concentrèrent plus sur la prédication de l’Évangile.
 
Aujourd’hui l’Église continue à fonctionner par révélation divine et consentement commun. Les appels à des postes dans l’Église à tous les niveaux de l’organisation et l’ordination à la prêtrise se font par l’inspiration des dirigeants autorisés et sont ensuite portés devant l’assemblée concernée pour avoir son soutien ou son opposition. Les membres ne proposent pas des personnes à un office, mais sont invités à émettre leur vote de soutien aux décisions des conseils de présidence en levant la main droite et n’importe qui peut émettre un vote d’opposition de la même manière. Ce procédé est également suivi quand il s’agit d’accepter des révélations importantes et des ajouts aux Écritures.

Selon une pratique beaucoup moins visible mais tout aussi importante, les décideurs à tous les niveaux présentent les décisions de politique et les appels aux conseils de la prêtrise pour que ceux-ci donnent leurs commentaires et leur approbation. Au niveau local, l’évêque discute d’habitude des décisions avec ses conseillers dans l’épiscopat avant de présenter un sujet au vote de soutien des membres de la paroisse. Sur beaucoup de décisions de politique et de programmes, l’épiscopat consulte le conseil de paroisse et s’efforce d’obtenir le consensus dans ce groupe avant d’agir. De la même manière, le président de pieu consulte ses conseillers dans la présidence de pieu et puis le grand conseil. La Première Présidence procède de la même façon lors des réunions régulières avec le Collège des douze apôtres pour ce qui est de la politique générale de l’Église et des mesures à prendre.
 
L’unanimité est l’idéal pour tous ces processus de décision à cause de l’importance de l’unité dans l’Église : « Si vous n'êtes pas un, vous n'êtes pas de moi » (D&A 38:27). Les trois collèges qui président l’ensemble de l’Église ont une autorité égale dans leur sphère propre (D&A 107:22-26), mais leurs décisions n’ont « le même pouvoir ou la même validité » qu’une fois prises « à l’unanimité des voix » du collège (D&A 107:27). Il faut ce qui semble être de longues périodes pour que des décisions importantes prennent forme parce que les collèges tiennent beaucoup à réaliser l’unanimité.
À cause de l’accent mis sur la direction divine et prophétique et à cause de normes et de valeurs bien établies dans les processus de prise de décision, les contestations publiques concernant une proposition d’appel ou de politique sont rares. Il y a, cependant, des mécanismes qui permettent de tenir compte des divergences d’opinion. Normalement, si un ou plusieurs membres trouvent à redire à la mesure proposée, ils sont invités à rencontrer l’officier président en privé pour lui faire part de la raison de la question ou de l’objection. Après avoir examiné les objections, les officiers présidents sont libres de prendre la décision qu’ils pensent être juste.
 
Bibliographie
Cannon, Donald Q., et Lyndon W. Cook, dir. de publ. Far West Record : Minutes of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 1830-1844. Salt Lake City, 1983.
Quinn, D. Michael. « The Evolution of the Presiding Quorums of the LDS Church ». Journal of Mormon History 1, 1974, p. 21-38.
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations, p. 269-275. Salt Lake City, 1960.
Zuckerman, Michael. Peaceable Kingdoms. New York, 1970.
 
ROBERT E. QUINN
 
Contributions financières
Auteur : NADAULD, STEPHEN D.
 
Les membres de l’Église peuvent apporter leurs contributions financières de plusieurs manières, notamment par le paiement de la dîme, l’offrande de dons de jeûne et des contributions à l’œuvre missionnaire. Chaque type de contribution vise un but spécifique et est basé sur les exhortations des Écritures anciennes et modernes (Mal. 3:8 ; D&A 119:4 ; cf. 2 Ch. 3:5-12 ; Ro. 15:26).
 
Le paiement de la dîme est attendu de chaque membre quels que soient son âge, le niveau de ses revenus ou sa situation. Les saints des derniers jours fidèles donnent annuellement un dixième de leurs revenus à l’Église. Les membres considèrent ces fonds de dîme comme de l’argent sacré et les dirigeants gèrent soigneusement leur utilisation à chaque niveau d’organisation de l’Église. La dîme est utilisée pour payer la plupart des dépenses de fonctionnement de l’Église et finance maintenant aussi la construction de bâtiments, notamment d’églises et de temples.
 
Le don de jeûne est un deuxième type de contribution financière attendu de tous les membres de l’Église. Une fois par mois, ceux-ci doivent se priver de nourriture pour au moins deux repas et contribuer l’équivalent de l’argent ainsi épargné comme « don de jeûne » pour aider les pauvres et les nécessiteux. Ces contributions sont réparties aux niveaux local et général de l’Église ; elles sont partagées selon les nécessités dans toute l’Église et sont à la disposition des évêques locaux pour aider les personnes nécessiteuses de leurs paroisses. Dans des circonstances extraordinaires, comme dans le cas de la famine de 1985 en Éthiopie, l’Église a demandé un jeûne spécial pour lever des fonds de secours pour un désastre précis (voir Aide économique ; Service humanitaire). Pendant de nombreuses années, la valeur des deux repas non consommés pendant le jeûne a déterminé le montant de la contribution mensuelle du don de jeûne. Aujourd’hui, les dirigeants de l’Église demandent que le montant de l’offrande volontaire soit associé moins à la valeur des deux repas et plus à la capacité de répondre généreusement aux besoins.
 
Un troisième type de contribution fait par les membres de l’Église soutient l’œuvre missionnaire, une activité importante de l’Église qui est financée en grande partie par les familles. Les jeunes gens et les jeunes filles peuvent être « appelés » en mission, habituellement à dix-neuf et vingt et un ans respectivement et sont responsables de la majeure partie de leur propre soutien financier, notamment la nourriture, le loyer, les vêtements et le transport local. Les frais importants de déplacement et de soins médicaux sont payés par les fonds de l’Église. Les parents et les dirigeants de l’Église invitent les jeunes à commencer à gagner et à épargner dès leur enfance de l’argent pour leur mission. Les apports des parents, des membres de la famille et des amis complètent les fonds des missionnaires pour constituer le soutien financier total nécessaire. Depuis 1991, le soutien des missionnaires est donné directement à l’Église à un taux uniforme, mais est redistribué par l’Église aux missionnaires selon les coûts variables de la vie dans les différentes régions du service missionnaire. Les couples mariés peuvent aussi être appelés en mission, et eux aussi sont responsables de leur soutien financier.
 
Les membres remettent confidentiellement la dîme et les autres dons à leur évêque local. Chaque évêque de paroisse reçoit la dîme et la remet aux bureaux centraux de l’Église. Avec l’aide du greffier financier, l’évêque remet une fiche de dons aux donateurs et enregistre tout. Une fois par an, il passe confidentiellement en revue le relevé des dons avec chaque membre. Les enregistrements des dons sont expédiés au siège de l’Église selon des pratiques uniformes. Les dirigeants de pieu font des audits réguliers de ces enregistrements et de ces pratiques.
 
L’évêque, aidé par d’autres dirigeants de paroisse, établit et envoie un budget annuel de paroisse qui doit être approuvé par le président de pieu (voir Budget de paroisse). L’importance du financement est déterminée par le nombre des membres et l’activité de la paroisse. L’un des résultats de ce procédé est que les dépenses locales sont déterminées par les besoins locaux et pas par les ressources des membres d’une paroisse donnée.
 
Jusqu’en 1990, les budgets de fonctionnement de paroisse dépendaient essentiellement des dons des membres locaux faits en plus de la dîme, du don du jeûne et des contributions au fonds missionnaire. Les activités des jeunes et des adultes, les manuels et le matériel pédagogique, ainsi que l’entretien du bâtiment étaient financés localement. Depuis 1990, la dîme payée par les membres de l’Église sert à financer tous les programmes et activités locaux ainsi que l’entretien des bâtiments. Les membres prennent en charge une partie de l’entretien à titre de service bénévole.
 
La manière de financer la construction des bâtiments de l’Église a également varié considérablement avec le temps. Pendant de nombreuses années, la construction des églises a été financée en grande partie par les contributions des membres locaux qui allaient utiliser le bâtiment. Ces dons au fonds de construction venaient en plus de la dîme, du don de jeûne et du fonds missionnaire payés par les membres de l’Église. L’argent pour le fonds de construction pouvait être obtenu en demandant une quote-part aux membres, par toutes sortes de projets de levée de fonds (banquets, fêtes, etc.) et parfois par des dons de main-d’œuvre et de matériaux (voir Programme de construction). Les temples, qui sont des bâtiments réservés à des cérémonies religieuses spéciales, ont été financés pendant de nombreuses années plus ou moins de la même façon que les églises locales. Aujourd’hui les églises et les temples sont construits en grande partie avec les fonds de dîme.
 
L’Église n’ayant pas de clergé professionnel, elle est administrée à tous les niveaux par la participation et la direction de laïcs et les dirigeants autres que les Autorités générales donnent de leur temps et de leurs talents sans rémunération. Ainsi, des événements tels que les mariages, les enterrements et les baptêmes sont organisés par des laïcs dans les bâtiments appartenant à l’Église sans que les membres n’aient à payer pour les services ou les locaux. Étant donné qu’elles sont obligées de quitter leur métier pour œuvrer à temps plein pour l’Église, les Autorités générales reçoivent une allocation modeste provenant des revenus procurés par les investissements de l’Église.
STEPHEN D. NADAULD
 
Conversion
Auteur : SMITH, KAY H.
 
Depuis le commencement jusqu’à nos jours, l’Église a eu une forte orientation missionnaire. Elle enseigne que la conversion est essentiellement un processus de repentir et une expérience spirituelle personnelle (voir Témoignage ; Expérience religieuse ; Devenir membre de l’Église).
 
NATURE DE LA CONVERSION. Les sociologues ont avancé un certain nombre de théories pour expliquer pourquoi les gens sont susceptibles de se convertir à une autre confession religieuse. Pour Glenn M. Vernon, la conversion implique plusieurs sous-processus qui doivent être expliqués, notamment (1) la façon dont le converti prend conscience du groupe possédant l’idéologie, (2) l’acceptation de nouvelles définitions religieuses et (3) l’intégration du nouveau converti dans le groupe. John Lofland et Rodney Stark voient dans la conversion un processus de résolution de problèmes dans lequel l’individu utilise les équipements, les programmes et l’idéologie de l’organisation pour résoudre divers problèmes de la vie. Plus récemment, David A. Snow, Louis A. Zurcher et Sheldon Ekland-Olson ont mis l’accent sur le fait que la proximité structurelle, la disponibilité et l’interaction affective avec les membres de la nouvelle confession sont les influences qui ont le plus de chances de déterminer ceux qui vont s’y rallier. Pour Roger A. Straus, la conversion religieuse est une initiative de la personne qui se convertit. Il pense que les théories précédentes se concentrent trop fortement sur l’idée que la conversion est quelque chose qui arrive à une personne en raison de circonstances externes à elle-même. De même, C. David Gartrell et Zane K. Shannon avancent que la conversion doit être caractérisée comme un choix rationnel basé sur l’évaluation que la recrue fait des résultats sociaux et cognitifs de la conversion ou du refus de conversion.

Il est certain qu’une sortie de crise, la proximité sociale avec des membres de l’Église et la résolution de problèmes personnels interviennent dans une certaine mesure au moins dans certaines conversions. Cependant, les recherches sur les personnes qui se sont converties à diverses Églises, (Snow et Phillips ; Heirich) dont l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (Seggar et Kunz), n’ont pas apporté un grand appui à la théorie de la résolution de problèmes de Lofland et Stark. Les recherches faites par David A. Snow et Cynthia L. Phillips et par Max Heirich vont plutôt dans le sens de l’influence des réseaux sociaux dans la conversion.
 
Les théories scientifiques ne parlent cependant pas de l’influence, dans la conversion, du Saint-Esprit qui est l’élément dominant dans ce que les saints des derniers jours entendent par conversion. L’apparition de Jésus-Christ à Paul sur le chemin de Damas (Ac. 9:1-9) n’entre dans aucune catégorie théorique profane. Paul ne cherchait pas une nouvelle foi pour résoudre des problèmes dans sa vie. Il n’a pas commencé à servir le Christ pour être accepté par ses amis. Il a persécuté les chrétiens parce qu’il pensait qu’ils avaient apostasié de la vraie foi. Homme religieux, il a reconnu la voix de Dieu quand elle lui a parlé.
 
On trouve des récits de conversion semblables dans le Livre de Mormon. Par exemple, tandis qu’ils s’en allaient enseigner que la religion de leurs pères n’était pas vraie, Alma le Jeune et les fils du roi Mosiah 2 furent arrêtés par l’ange du Seigneur qui leur demanda pourquoi ils persécutaient les croyants. Alma le Jeune fut frappé de mutisme et tomba par terre, incapable de bouger. Tandis que son père et d’autres jeûnaient et priaient pour lui pendant deux jours et deux nuits, il connut une souffrance atroce et finit par implorer la miséricorde de Jésus-Christ pour qu’il lui ôte ses péchés. Immédiatement, la souffrance disparut et son âme fut remplie d’une joie exquise (Al. 36:6-22). Il se leva et proclama qu’il était né de nouveau par l’Esprit du Seigneur. Alma et les fils de Mosiah consacrèrent le reste de leur vie à prêcher le Christ et à faire beaucoup de bonnes œuvres (Mos. 27:8-31 ; cf. la nouvelle naissance spirituelle du peuple de Zarahemla du temps du roi Benjamin dans Mosiah 4-5).
 
La plupart des conversions ne sont pas aussi spectaculaires que celles de Paul et d’Alma le Jeune et des fils de Mosiah. La conversion d’Alma l’Ancien est plus proche de ce que ressentent la plupart des gens qui deviennent membres de l’Église (Mos. 17:2-4 ; 18:1). Quand Abinadi les appela, lui et les autres prêtres du méchant roi Noé, au repentir, Alma sut dans son cœur qu’Abinadi avait dit la vérité. Il se repentit de ses péchés et commença à garder les commandements, qu’il connaissait déjà. Cela produisit un changement crucial dans sa vie.
 
De ces exemples et d’autres récits du processus de conversion, il ressort que la conversion « n’implique pas une simple acceptation mentale de Jésus et de son enseignement mais également une foi motivante en lui et en son Évangile, une foi qui accomplit une transformation, un changement réel dans la compréhension que l’on a du sens de la vie et dans sa fidélité à Dieu – en intérêt, en pensée et en conduite » (Romney, p. 1065). La conversion implique une nouveauté de vie, qui est réalisée quand on reçoit le pardon divin qui remet les péchés (voir Né de Dieu). Elle se caractérise par la volonté de faire continuellement le bien, l’abandon de tous les péchés et la guérison de l’âme par le pouvoir du Saint-Esprit, étant rempli de paix et de joie (cf. Romney, p. 1066).
 
PROCESSUS DE LA CONVERSION A L’ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST DES saints des derniers jours. Les trois sous-processus proposés par Vernon correspondent tout à fait aux trois aspects les plus évidents de la conversion à l’Église. Le premier est « la façon dont le converti prend conscience du groupe possédant l’idéologie ». Ceci correspond à ce qu’on appelle dans les milieux missionnaires mormons « trouver ». Les gens entrent de différentes façons en contact avec les missionnaires. La source la plus efficace est la référence donnée par les membres de l’Église qui invitent des amis ou des membres de la famille à rencontrer les missionnaires pour qu’ils leur parlent de l’Évangile. Une deuxième manière, c’est le porte à porte par les missionnaires pour inviter les gens à se renseigner sur l’Église. Ils peuvent également parler avec les gens qu’ils rencontrent dans la rue ou dans n’importe quelle autre forme de contact social normal. Les missionnaires installent de temps en temps des stands aux foires ou aux expositions. L’Église met aussi des annonces dans les médias pour proposer de la documentation sur l’Église. Elle gère également plusieurs centres de visiteurs, habituellement dans le voisinage d’un temple de l’Église ou d’un site historique. Les deux les plus connus sont ceux de Temple Square à Salt Lake City et de la cité historique de Nauvoo, en Illinois. Tous ces centres pour visiteurs donnent aux personnes intéressées l’occasion d’accepter des visites des missionnaires pour les instruire.
 
Le deuxième des sous-processus de Vernon, l’acceptation de nouvelles définitions religieuses, correspond à la deuxième grande activité missionnaire, l’enseignement. Les missionnaires enseignent les principes de base du plan du salut de Dieu. Ils invitent ceux qu’ils instruisent à en apprendre plus en étudiant la Bible et le Livre de Mormon par eux-mêmes. Ils encouragent, informent, enseignent et témoignent. L’étude est une partie importante du processus de conversion, parce que l’intellect joue un rôle quand l’ami de l’Église apprend à comprendre et à méditer la sagesse, la logique et l’éthique des principes de l’Évangile. Comme B.H. Roberts l’a dit un jour : « Il arrive fréquemment que la présentation d’un sujet, faite convenablement, rende sa véracité évidente… Pour être connue, la vérité doit être énoncée et plus l’énoncé est clair et complet, meilleure sera l’occasion pour le Saint-Esprit de témoigner à l’âme de l’homme que l’œuvre est vraie » (Vol. 2, p. vi-vii).
 
Les convertis éventuels sont invités à demander par la prière le témoignage spirituel du Saint-Esprit pour leur faire connaître la vérité. Comme Roberts l’a dit concernant le Livre de Mormon : « [Le Saint-Esprit] doit toujours être la source principale de preuve de la véracité du Livre de Mormon. Toute autre preuve est secondaire à celle-ci, la principale et l’infaillible. Aucune logique, aussi habilement qu’elle soit construite, aucun argument, aussi adroitement qu’il soit conçu, ne pourront jamais prendre sa place » (p. vi-vii). Une citation du Livre de Mormon est généralement utilisée pour inviter le converti éventuel à rechercher cette manifestation spirituelle de l’exactitude du Livre de Mormon et du message de l’Évangile : « Et lorsque vous recevrez ces choses, je vous exhorte à demander à Dieu, le Père éternel, au nom du Christ, si ces choses ne sont pas vraies ; et si vous demandez d'un cœur sincère, avec une intention réelle, ayant foi au Christ, il vous en manifestera la vérité par le pouvoir du Saint-Esprit. » (Mro. 10:4).
 
La plupart des convertis à l’Église ne semblent pas avoir des caractéristiques personnelles qui les prédisposent à la conversion. Bien que ceux qui commencent à examiner l’Église aient tendance à être plus jeunes que la moyenne de la population et à être un peu plus souvent des femmes, ces facteurs ne prédisent pas qui acceptera finalement le baptême. Ceux qui recherchent le baptême n’ont pas tendance à avoir plus de problèmes personnels que ceux qui n’en veulent pas, et ils ne diffèrent pas non plus de manière importante des autres personnes dans les traits de caractère ou les dispositions personnelles.
 
La conversion à l’Église n’est habituellement pas précipitée. Le processus commence par les premiers signes d’intérêt et peut continuer pendant de nombreuses années, même après le baptême. Ce n’est pas simplement une question d’acceptation et de foi aux enseignements de l’Église. Beaucoup qui acceptent le baptême disent qu’ils ne comprennent pas entièrement les enseignements, mais qu’ils en sont venus à sentir qu’accepter le baptême est la bonne chose à faire. La plupart d’entre eux parviennent à une compréhension et à une acceptation plus complètes de la doctrine de l’Église quand ils s’intègrent en devenant membres. Ce genre d’intégration est le troisième processus mentionné par Vernon (voir Intégration des membres).
 
Devenir membre de l’Église a de plus grandes implications que le simple fait d’adopter un nouvel ensemble de croyances religieuses. Pour beaucoup de nouveaux membres, cela signifie adopter un nouveau mode de vie tout à fait différent de celui auquel ils étaient accoutumés. Pour presque tous les nouveaux membres, cela signifie également qu’ils s’intègrent à un nouveau réseau social d’amis et de connaissances. Dans certains cas, le nouveau membre de l’Église est rejeté et banni par la famille et les anciens amis. Cette transition sociale est facilitée si le nouveau converti s’est précédemment fait des amis et des connaissances parmi des membres de l’Église.
 
ŒUVRE MISSIONNAIRE DANS L’ÉGLISE. Ceux qui ont été convertis veulent habituellement parler de leur nouvelle foi à d’autres (cf. Perry, p. 16-18). Paul, Alma l’Ancien et Alma le Jeune ont enseigné passionnément la véracité de la mission salvatrice du Christ tout le reste de leur vie après leur conversion. Pour le converti qui aime les gens, il y a un équilibre à trouver entre avoir une tolérance véritable pour les croyances des autres et remplir le désir et l’obligation de leur faire part de la joie de la conversion. Les grandes religions juives et chrétiennes sont passées par des phases où l’esprit de prosélytisme était dominant et d’autres périodes où le désir de convertir était restreint (Marty et Greenspahn).
 
L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours a fait un prosélytisme actif dès ses débuts. Ses dirigeants et ses membres ont accepté la tâche de proclamer l’Évangile rétabli « à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple » (Ap. 14:6 ; D&A 133:37), à tous ceux qui écoutent. Peu après l’organisation officielle de l’Église, Samuel Smith, un frère de Joseph Smith, est allé d’un endroit à l’autre, offrant le Livre de Mormon à ceux qui voulaient bien le recevoir. Les missionnaires n’ont pas tardé à amener des convertis des États-Unis, du Canada, d’Angleterre, de Scandinavie et d’Europe de l’Ouest.
 
Quand le gros des membres se fut installé dans l’Intermountain West, l’œuvre missionnaire continua. La responsabilité missionnaire fut de plus en plus donnée aux jeunes hommes qui ne s’étaient pas encore mariés. Leurs convertis continuèrent à émigrer vers l’Ouest américain jusque bien après le début du vingtième siècle, malgré le fait qu’à partir du changement de siècle, les dirigeants de l’Église eussent commencé à encourager les convertis à rester là où ils étaient et à édifier l’Église dans leur patrie.
Le taux de croissance de l’Église depuis 1860 n’a jamais été inférieur à trente pour cent par décennie. Depuis 1950, la croissance de l’Église a accéléré (voir Statistiques démographiques), progressant à plus de cinquante pour cent par décennie de 1950 à 1980 (Cowan).
 
Ces dernières années, l’Église est devenue de moins en moins une Église confinée à l’Ouest des États-Unis. En 1960 encore, plus de la moitié des membres de l’Église se trouvaient dans l’Intermountain West, avec seulement dix pour cent en dehors des États-Unis. En 1980, presque un tiers des membres de l’Église vivaient en dehors des États-Unis, avec seulement quelque quarante pour cent dans l’Intermountain West. En 1989, moins d’un converti sur quatre était un citoyen américain.
 
La croissance de loin la plus forte du nombre de convertis en dehors des États-Unis s’est produite en Amérique latine, en particulier au Mexique, au Brésil, au Chili, au Pérou et en Argentine (voir Amérique du Sud, l’Église en). Il y a également eu une augmentation considérable du nombre de baptêmes en Asie et dans les Philippines. En 1979, il y avait trois missions aux Philippines ; elles sont passées à douze en 1990 et le nombre annuel des baptêmes de convertis a triplé au cours de cette même période (voir Asie, l’Église en : Est de l’Asie). De nouvelles missions ont été ouvertes en Europe de l’Est en 1989 et en 1990. En 1990, l’Église avait plus de 40.000 missionnaires à plein temps dans 257 missions dans le monde.
 
Les saints des derniers jours croient, comme l’a dit le président Marion G. Romney : il se peut que « relativement peu parmi les milliards d’habitants de la terre soient convertis. Néanmoins… il n’y a aucun autre moyen par lequel les âmes des hommes malades du péché puissent être guéries ou pour qu’un monde perturbé trouve la paix » (p. 1067).
 
Bibliographie
Burton, Theodore M. "Convince or Convert ?" Dans BYU Speeches of the Year. Provo, Utah, 1964.
Cowan, Richard O. The Church in the Twentieth Century. Salt Lake City, 1985.
Gartrell, C. David, et Zane K. Shannon. "Contacts, Cognitions, and Conversion : A Rational Choice Approach." Review of Religious Research 27, sept. 1985, p. 32-48.
Heirich, Max. "Change of Heart : A Test of Some Widely Held Theories About Religious Conversion". American Journal of Sociology 83, nov. 1977, p. 653-680.
Lofland, John, et Rodney Stark. "Becoming a World-Saver : A Theory of Conversion to a Deviant Perspective". American Sociological Review 30, 1965, p. 862-875.
Marty, Martin E., et Frederick E. Greenspahn, dir. de publ. Pushing the Faith : Proselytism and Civility in a Pluralistic World. New York, 1988.
Perry, L. Tom. "When Thou Art Converted, Strengthen Thy Brethren", Ensign 4, nov. 1974, p. 16-18.
Roberts, B. H. New Witnesses for God, Vol. 2, p. vi-vii. Salt Lake City, 1926.
Romney, Marion G. "Conversion." IE 66, 1963, p.1065-1067.
Seggar, John, et Phillip Kunz. "Conversion : Evaluation of a Step-like Process for Problem-solving". Review of Religious Research 13, printemps Spring, 1972, p. 178-184.
Snow, David A., et Cynthia L. Phillips. "The Lofland-Stark Conversion Model : A Critical Reassessment". Social Problems 27, avr. 1980, p. 430-447.
Snow, David A., Louis A. Zurcher, Jr. et Sheldon Ekland-Olson. "Social Networks and Social Movements : A Microstructural Approach to Differential Recruitment". American Sociological Review 45, oct. 1980, p. 787-801.
Straus, Roger A. "Religious Conversion as a Personal and Collective Accomplishment". Sociological Analysis 40, été 1979, p. 158-165.
Vernon, Glenn M. Sociology of Religion, p. 101-112. New York, 1962.
KAY H. SMITH
 
Cowdery, Oliver
Auteur : ANDERSON, RICHARD LLOYD
 
Oliver Cowdery (1806-1850) était, en 1830, le second en autorité par rapport à Joseph Smith (D&A 21:10-12) et fut le deuxième témoin de beaucoup d’événements clefs du rétablissement de l’Évangile. En tant que l’un des trois témoins du Livre de Mormon, il témoigna qu’un ange avait montré les plaques d’or et que la voix de Dieu avait proclamé qu’elles étaient traduites correctement. Il était avec Joseph Smith quand Jean-Baptiste leur rendit la Prêtrise d’Aaron et quand Pierre, Jacques et Jean les ordonnèrent à la Prêtrise de Melchisédek et à l’apostolat et de nouveau lors des visions importantes dans le temple de Kirtland (D&A 110).
 
Il provenait d’une famille de la Nouvelle-Angleterre avec de fortes traditions de patriotisme, d’individualité, d’instruction et de religion. Il naquit le 3 octobre 1806 à Wells, dans le Vermont. C’est sa sœur cadette qui nous donne les seuls renseignements fiables sur sa jeunesse : « Oliver a grandi à Poultney, comté de Rutland, Vermont, et quand il est arrivé à l’âge de vingt ans, il est parti pour l’État de New York où ses frères aînés étaient mariés et installés… Il a été employé de magasin jusqu’en 1829, quand il a enseigné à l’école de district de la localité de Manchester » (Lucy Cowdery Young à Andrew Jenson, 7 mars 1887, Archives de l’Église).
 
Pendant qu’il était en pension chez les parents de Joseph Smith, il apprit leurs convictions au sujet des annales antiques que leur fils traduisait de nouveau après que Martin Harris eut perdu le manuscrit en 1828. Le jeune instituteur pria et reçut les réponses que Joseph Smith mentionne dans une révélation (D&A 6:14-24). La première histoire du prophète dit que « le Seigneur apparut… à Oliver Cowdery et lui montra les plaques en vision et… ce que le Seigneur était sur le point de faire par moi, son indigne serviteur. Par conséquent il était désireux de venir écrire pour que je traduise » (PJS 1:10).
 
À partir du 7 avril jusqu’à la fin de juin 1829, quand ils finirent la traduction, Joseph dicta tandis qu’Oliver écrivait, avec « la plus grande gratitude » pour ce privilège (Messenger and Advocate 1:14). Oliver écrivit alors une lettre, exprimant un amour profond pour le Christ, un thème qui le suivit toute sa vie. Il raconta plus tard comment Joseph et lui interrompirent leur travail tandis qu’ils traduisaient le compte rendu du ministère du Sauveur en Amérique après sa résurrection, et comment, pendant qu’ils priaient à propos du baptême, ils entendirent « la voix du Rédempteur » et furent visités par Jean-Baptiste, qui leur donna l’autorité de baptiser (JS–H 1:71, note).
 
En 1835, Oliver aida Joseph Smith à corriger et à éditer les révélations pour les Doctrine et Alliances. La section 27 énumère les principaux messagers de prêtrise du Rétablissement : Jean-Baptiste, que « je vous ai envoyé, mes serviteurs Joseph Smith, fils, et Oliver Cowdery, pour vous ordonner à la première prêtrise que vous avez reçue » (D&A 27:8) et « Pierre, Jacques et Jean, que je vous ai envoyés, par lesquels je vous ai ordonnés et confirmés pour que vous soyez apôtres et témoins spéciaux de mon nom, et pour que vous portiez les clefs de votre ministère » (D&A 27:12).
 
La moindre prêtrise fut rétablie le 15 mai 1829, deux semaines avant que le prophète et Cowdery n’aillent s’installer chez les Whitmer à New York pour terminer la traduction du Livre de Mormon (HC 1:39-41, 48-49). La prêtrise supérieure fut également donnée avant ce déménagement ; David Whitmer se rappelait avoir été ordonné ancien quelques semaines seulement après leur arrivée dans sa ferme dans le nord de l’État (Whitmer, p. 32). Les apôtres antiques apparurent avec des clefs de la prêtrise pendant que Joseph et Oliver étaient en route entre leur maison de Pennsylvanie et Colesville, New York (D&A 128:20), où Joseph Knight, père, vivait. Knight se rappelait qu’ils avaient besoin qu’on les aide à vivre pendant qu’ils traduisaient en avril ou en mai (Jessee, p. 36).
Après l’installation à la ferme de Whitmer, l’ange montra les plaques à Joseph Smith et aux trois témoins en juin 1829. Oliver supervisa l’impression du Livre de Mormon cet automne et cet hiver-là. Après la publication du livre, le 26 mars, l’Église fut organisée le 6 avril 1830. Oliver parla à la réunion le dimanche suivant, et ce fut « le premier discours public prononcé par l’un de nous » (HC 1:81).
 
Peu ont fait mieux que Cowdery dans la logique de l’argumentation et le style soutenu. De plus, ses discours et ses écrits portent la marque de la connaissance personnelle. Remplissant d’une manière générale les fonctions de rédacteur ou de rédacteur adjoint lors des premières publications de l’Église, Oliver écrivit avec une régularité peu commune pendant deux décennies au cours desquelles ses écrits et ses lettres personnelles furent édités. Il insistait sur le fait qu’une relation avec Dieu exigeait le contact constant : « Toutes les fois que [Dieu] a eu un peuple sur terre, il s’est toujours révélé à lui par le Saint-Esprit, le ministère d’anges ou sa propre voix » (Messenger and Advocate 1:2). Oliver Cowdery dirigea la mission auprès des Lamanites, première grande mission de l’Église (D&A 28:8 ; 30:5), qui doubla le nombre des membres de l’Église et porta le Livre de Mormon aux natifs américains. Après que l’emplacement de temple eut été indiqué en 1831 dans le comté de Jackson, il s’y rendit avec des copies des révélations pour leur première impression. Comme la publication était essentielle pour répandre l’Évangile et donner des instructions aux membres, Oliver fut appelé à travailler avec William W. Phelps, un rédacteur expérimenté (D&A 55:4 ; 57:11-13). Après que les voyous du Missouri eurent détruit la presse, Cowdery retourna en Ohio pour y tenir conseil avec les dirigeants de l’Église, qui le chargèrent de relocaliser les publications de l’Église là-bas. À cause de l’importance de disposer d’informations précises, Sidney Rigdon et lui restèrent en 1834 en Ohio où beaucoup d’hommes fidèles marchèrent vers le Missouri avec le camp de Sion pour aider les saints à retourner dans leurs maisons et leurs terres dans le comté de Jackson.
 
En 1830-1831, Oliver Cowdery fut le premier greffier de l’Église, appel qu’il remplit de nouveau entre 1835 et 1837 (voir Historiens de l’Église). Même au cours des autres années, il tint souvent les procès verbaux officiels des réunions et fut souvent rédacteur et correspondant pour les premiers journaux de l’Église. Il écrivit, pour le Messenger and Advocate, des articles qui nous donnent des renseignements sur les débuts de l’histoire de l’Église. De juin à octobre 1830, il remplit les fonctions de secrétaire tandis que le prophète achevait des parties importantes de sa Traduction de la Bible.
 
Une révélation de 1830 situe Oliver Cowdery à la deuxième place après Joseph Smith dans la direction de la prêtrise (D&A 20:2-3), une situation rendue officielle en décembre 1834, quand il fut classé au-dessus de Sidney Rigdon, qui avait longtemps rempli les fonctions de premier conseiller de Joseph. Chacun devait « officier en l’absence du président, selon son rang et sa désignation, à savoir : le président Cowdery premier, le président Rigdon ensuite et le président Williams troisième » (PJS 1:21). Cowdery écrivit que cet appel avait été prédit lors de la première ordination céleste, bien que les devoirs d’impression au Missouri fussent intervenus : « Cette promesse fut faite par l’ange tandis qu’il était en compagnie du président Smith, au moment où ils reçurent l’office de la moindre prêtrise » (PJS 1:21 ; cf. HC 1:40-41). Son poste de second du Prophète – parfois appelé « président associé » – fut donné en 1841 à Hyrum Smith (D&A 124:94-96), après l’excommunication de Cowdery (voir Première Présidence).
 
La carrière d’Oliver dans l’Église atteignit son apogée de 1834 à 1836. Les procès verbaux et les lettres le décrivent comme un prédicateur, auteur et administrateur extrêmement efficace. Son journal de 1836 existe encore, montrant son dévouement à la religion et à la famille, ses activités politiques, son étude de l’hébreu et le pouvoir spirituel qu’il partagea lors de l’achèvement du temple de Kirtland. La dernière inscription de Cowdery dans ce journal, portée le jour de la consécration du temple, dit à propos de la réunion du soir : « J’ai vu la gloire de Dieu, comme une grande nuée, descendre et reposer sur la maison… J’ai également vu des langues séparées les unes des autres comme de feu reposer sur beaucoup … tandis qu’ils parlaient en d’autres langues et prophétisaient » (Arrington, p. 426).
 
Oliver fit également allusion à d’autres choses. Un an plus tard, il écrivit un « éditorial d’adieu ». Après avoir mentionné sa « mission de la part du saint messager » avant l’organisation de l’Église, il écrivit qu’il fallait s’attendre à de telles manifestations puisque l’Ancien Testament promettait que Dieu « révélerait son bras glorieux » dans les derniers jours « et parlerait face à face avec son peuple » (Messenger and Advocate 3:548). Les mots « face à face » qu’il souligna correspondaient à sa vision récente du Christ le 3 avril 1836 dans le temple, vision qu’il eut en compagnie du prophète (D&A 110:1-10). Ce fut aussi le moment où ces premiers dirigeants de la prêtrise reçurent des clefs spéciales de la prêtrise de Moïse, d’Élias et d’Élie, terminant le rétablissement des « clefs du royaume » (D&A 27:6-13) et menant à bien la mission de Cowdery comme « second témoin » de ce rétablissement. Oliver avait une confiance profonde dans les apparitions divines. En 1835, il dit aux Douze nouvellement nommés : « Ne cessez jamais de faire des efforts jusqu’à ce que vous ayez vu Dieu face à face » (HC 2:195).
 
En dépit de ces expériences spirituelles profondes, les lettres d’Oliver révèlent un éloignement personnel et familial par rapport à Joseph Smith à partir du début de 1838. Les trois témoins avaient vu un ange avec Joseph Smith, mais plus tard ils eurent tendance à concurrencer plutôt qu’à coopérer avec sa gestion. Cowdery n’était pas d’accord avec le programme économique et politique du prophète et recherchait une indépendance financière personnelle qui allait à l’encontre de l’économie coopérative essentielle à la société de Sion que Joseph Smith envisageait. Néanmoins, quand il passa en jugement pour son excommunication, il envoya une lettre de démission dans laquelle il insistait sur le fait que la véracité de la révélation moderne n’était pas en question : « Ne tirez aucune conclusion des considérations ci-dessus autre que ma croyance en ce qui concerne le gouvernement extérieur de cette Église » (Far West Record, p. 165-166).
 
Ce procès était en rapport avec l’excommunication de John Whitmer et de David Whitmer, beaux-frères d’Oliver, également à ce moment-là ; ceci était en parallèle avec le soutien apporté précédemment par Oliver à la famille Whitmer dans la question des révélations concurrentes de Hiram Page (D&A 28:11-13). Le tribunal ecclésiastique examina cinq accusations contre Cowdery : inactivité, accusation d’adultère à l’encontre du prophète et trois accusations pour avoir commencé à exercer le droit et avoir cherché à faire payer des dettes après la faillite de la banque de Kirtland (voir Économie de Kirtland).
 
L’accusation d’adultère portée par Oliver contre le prophète était simpliste, parce qu’il était déjà au courant du principe du mariage plural. Plutôt que de nier l’accusation, le prophète témoigna que parce qu’Oliver avait été son « ami intime », il lui avait « confié beaucoup de choses » (Far West Record, p. 168). Brigham Young dit plus tard que ce point de doctrine avait été révélé à Joseph et à Oliver pendant la traduction du Livre de Mormon (cf. Jcb. 2:30) ; il est clair qu’une compréhension plus complète du principe du mariage plural fut donnée en 1832, lorsque Joseph Smith traduisit la Genèse (cf. D&A 130:1-2). Brigham Young ajouta qu’Oliver alla impétueusement de l’avant sans la permission de Joseph, ne connaissant pas « l’ordre, la façon de faire ni les résultats » (Charles Walker Journal, 26 juillet 1872, Archives de l’Église). Oliver épousa Elizabeth Ann Whitmer en 1832, et les problèmes avec la polygamie le poussèrent apparemment, ainsi que la famille Whitmer, à s’opposer plus tard au principe.
 
En 1838, après son excommunication, Oliver retourna en Ohio, mais, contrairement à ce que dit un acte fictif, il ne paya pas alors à l’évêque Edward Partridge $1.000 pour la parcelle du temple à Independence au nom de ses enfants, John, Jane et Joseph Cowdery. Ces enfants n’ont jamais existé ; Oliver n’avait pas cet argent et ne montra aucun intérêt pour le comté de Jackson que ce soit alors ou plus tard. En fait, il continua l’étude du droit et exerça à Kirtland, mais en 1840 il déménagea pour Tiffin (Ohio), où il devint une personnalité en vue en tant que fervent démocrate. Ses annonces juridiques et son service public parurent régulièrement dans les journaux locaux et il fut personnellement mentionné dans les mémoires cordiaux de William Lang, avocat éminent d’Ohio, qui fit son apprentissage sous Cowdery et le décrivit comme étant un homme menu, mesurant environ un mètre soixante-cinq, propre et courtois. Du point de vue professionnel, Cowdery était décrit comme un « avocat capable », bien informé, avec une capacité de parole « brillante » ; pourtant « il était modeste et réservé, ne disait jamais du mal de personne, ne se plaignait jamais » (Anderson, 1981, p. 41).
 
En 1847, il s’installa au Wisconsin où il poursuivit son métier d’homme de loi et faillit être élu à la première législature d’État malgré les articles de journaux ridiculisant sa déclaration publiée d’avoir vu l’ange et les plaques. Au cours des dix années qu’il passa en dehors de l’Église, Cowdery ne succomba jamais aux pressions considérables l’incitant à renier son témoignage du Livre de Mormon. En effet, les lettres qu’il écrivit à ses parents membres de l’Église montrent qu’il était blessé de voir l’Église rejetée mais qu’il continuait à croire profondément. Estimant que sa réputation avait été diffamée, il demanda une disculpation publique, expliquant que n’importe qui serait sensible au sujet de sa réputation « si vous vous étiez tenus en la présence de Jean avec notre frère décédé Joseph, pour recevoir la moindre prêtrise, et en la présence de Pierre pour recevoir la plus grande » (Gunn, p. 250-251).
 
Ces déclarations contredisent une brochure qu’Oliver aurait prétendument publiée en 1839 comme « Défense » pour avoir quitté l’Église (voir Contrefaçons de documents historiques). Apparaissant en 1906, elle dépeint Oliver comme incertain d’avoir vu Jean-Baptiste. Mais aucun original n’existe, ni aucune allusion à cette brochure pendant le siècle de Cowdery. Son style emprunte des expressions de Cowdery qui ont été publiées mais réarrange ses conclusions. Il y a une contrefaçon plus maladroite, appelée « Confession d’Oliver Overstreet », qui prétend que l’auteur a été suborné pour personnifier Cowdery et retourner dans l’Église. Des documents abondants prouvent qu’Oliver est revenu à Council Bluffs (Iowa) en 1848 avec sa femme et sa jeune fille.
 
Des journaux intimes et des procès verbaux officiels rapportent les paroles prononcées par Oliver Cowdery à son retour dans l’Église. Il voulait uniquement être rebaptisé et retourner dans la communion des saints, pas avoir un poste. Il déclara publiquement qu’il avait vu et manipulé les plaques du Livre de Mormon et qu’il était présent avec Joseph Smith lorsque « de saints anges » avaient rendu les deux prêtrises (Anderson, BYU Studies, 1968, p. 278). Le grand conseil l’interrogea soigneusement sur sa lettre (à David Whitmer) publiée dans laquelle Oliver prétendait qu’il conservait les clefs de la direction de la prêtrise après la mort de Joseph Smith. C’était son avis, dit Oliver, avant de voir la révélation de Nauvoo donner tous les pouvoirs à Hyrum Smith « qui furent autrefois placés sur celui qui était mon serviteur Oliver Cowdery » (D&A 124:95). « C’est cette révélation qui a changé mon point de vue à ce sujet » (Anderson, IE, nov. 1968, p. 19).
 
Comme elle s’était mise en route pour Council Bluffs tard dans la saison, la famille Cowdery fut forcée de passer l’hiver à Richmond (Missouri), où vivait la majeure partie de la famille Whitmer. Les lettres écrites pendant toute l’année 1849 répètent l’espoir d’Oliver de partir pour l’Ouest et révèlent également son manque de moyens. Elles disent qu’il crachait du sang, un problème respiratoire de longue durée qui allait finir par lui coûter la vie le 3 mars 1850. Le tribunal de circuit enregistra une résolution de ses collègues avocats selon laquelle dans la mort d’ « Oliver Cowdery, sa profession [avait] perdu un membre doué et la collectivité, un citoyen précieux et digne » (Anderson, 1981, p. 46).
 
David Whitmer et d’autres parents vivant près d’Oliver Cowdery dans sa dernière année affirmèrent plus tard qu’il était en désaccord avec beaucoup de points de doctrine de Kirtland et de Nauvoo, mais les critiques d’Oliver connues avec certitude à l’époque ne concernent que l’intolérance et une inquiétude permanente concernant la polygamie. David Whitmer considérait Joseph comme un prophète déchu, mais en 1848, Cowdery dit publiquement et en privé « que Joseph Smith avait accompli fidèlement sa mission devant Dieu jusqu’à la mort » (Geo. A. Smith à Orson Pratt, MS 11, 20 oct. 1848, p. 14) et « que la prêtrise était avec ce peuple et que « les Douze étaient les seuls hommes qui pouvaient diriger l’Église après la mort de Joseph » (Anderson, IE, nov. 1968, p. 18). Dans sa dernière lettre connue, Oliver accepta, de la part des Douze, la mission de faire du lobbying à Washington et reconnut la direction des « bons frères de la vallée de [Salt Lake City] » (Gunn, p. 261).
 
Elizabeth Ann Whitmer Cowdery (1815-1892), la femme d’Oliver, l’avait connu quand il écrivait sous la dictée pendant la traduction du Livre de Mormon. Elle dit à propos de son engagement indéfectible : « Il a toujours affirmé sans l’ombre d’un doute… la divinité et la véracité du Livre de Mormon » (Anderson, 1981, p. 63). Cette assurance a résisté à l’épreuve de la persécution, de la pauvreté, de la perte de standing, d’une santé défaillante et de la mort tragique de cinq de ses six enfants. Mourant à quarante-trois ans, Oliver était entouré par les membres de sa famille qui ont dit qu’il avait réaffirmé la divinité du Livre de Mormon et de la prêtrise rétablie – et avait exprimé une confiance totale au Christ. Juste avant rejoindre l’Église, il exprima ses espoirs intérieurs dans une lettre à David Whitmer, qui avait été témoin avec lui : « Que le Seigneur défende notre réputation et fasse briller notre témoignage, et alors les hommes seront sauvés dans son royaume » (Oliver Cowdery à David Whitmer, 28 juillet 1847, Ensign of Liberty, 1:92).
 
Bibliographie
Anderson, Richard L. "Reuben Miller, Recorder of Oliver Cowdery's Reaffirmations." BYU Studies 8, printemps 1968, p. 277-293.
Id. "The Second Witness of Priesthood Restoration". JE 71, sept. 1968, p. 15-24 et 71, nov. 1968, p. 14-20.
Id. Investigating the Book ofMonnon Witnesses. Salt Lake City, 1981.
Arrington, Leonard J. "Oliver Cowdery's Kirtland, Ohio, 'Sketch Book."' BYU Studies 12, été 1972, p. 410-426.
Cannon, Donald Q. , et Lyndon W. Cook. Far West Record. Salt Lake City, 1983.
Gunn, Stanley R. Oliver Cowdery, Second Eider and Scribe. Salt Lake City, 1962.
Jessee, Dean C. "Joseph Knight's Recollection of Early Mormon History". BYU Studies 17, 1976, p.36.
Porter, Larry C. "Dating the Restoration of the Melchizedek Priesthood". Ensign 9, juin 1979, p. 5-10.
Whitmer, David. Address to All Believers in Christ. Richmond, Mo., 1887.
RICHARD LLOYD ANDERSON
 
Création, récits de la Création
Auteurs : Nielsen, F. Kent et Ricks, Stephen D.
 
Les saints des derniers jours ont, en plus de la Genèse biblique, deux restaurations modernes de récits scripturaires antiques de la Création dans le livre de Moïse et le livre d’Abraham. Des informations faisant autorité sur le sujet apparaissent également dans le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la cérémonie du temple. Puisant dans cette abondance de textes sur la création, les saints des derniers jours comprennent que Jésus-Christ, agissant sous la direction de Dieu le Père, a créé ce monde-ci et d’autres pour rendre possible l’immortalité et la vie éternelle d’êtres humains qui existaient déjà comme enfants d’esprit du Père. Cette compréhension diffère des récits scientifiques et des récits traditionnels chrétiens parce qu’elle affirme le but et le rôle de Dieu, tout en reconnaissant la création comme l’organisation de matériaux préexistants et pas comme un événement ex nihilo (création à partir du néant). En outre, ces récits décrivent un rôle actif pour les enfants d’esprit de Dieu dans la création et contiennent une version plus détaillée des origines du mal.
 
L’occurrence fréquente de récits de la création dans les Écritures et les cérémonies sacrées mormones correspond à ce que l’on trouve d’une manière générale dans le monde antique, et dans l’Israël antique en particulier, où la Création était régulièrement récitée ou rejouée. Les Israélites et les autres peuples du Proche-Orient antique considéraient la Création – et notamment sa récitation et sa reconstitution rituelles – comme possédant une nature dynamique, pas statique. Selon Raffaele Pettazzoni, un historien bien connu des religions, « ce qui s’est produit au commencement a une valeur exemplaire et déterminante pour ce que se passe aujourd’hui et ce qui arrivera à l’avenir » (p. 26).
 
La Création joue un rôle théologique central dans le Livre de Mormon. Les événements entourant la Création sont liés à la chute de l’ange qui est devenu le diable (2 Né. 2:17 ; 9:8). Sa chute a, à son tour, mené à celle d’Adam, à l’opposition comme partie intégrante de la condition mortelle et, finalement, au besoin de rédemption divine de l’humanité (2 Né. 2:18-27). Les prophètes du Livre de Mormon voyaient la Création comme un symbole de la bonté de Dieu et comme une pierre de touche de l’intendance humaine : « Voici, le Seigneur a créé la terre afin qu’elle soit habitée ; et il a créé ses enfants afin qu’ils la possèdent » (1 Né. 17:36). Ceux qui rejettent la bonté de Dieu symbolisée par la Création (et l’Expiation) seront inévitablement jugés et punis (cf. 2 Né. 1:10).
 
Le récit de la Création dans le livre de Moïse (révélé en 1830 comme commencement de la traduction de la Bible par Joseph Smith) apporte plusieurs informations en plus de celles qui sont dans la Genèse.
 
D’abord, le livre de Moïse montre que Moïse est bien l’auteur de son récit de la Création et précise que celui-ci est le résultat d’une révélation qui lui a été donnée à un certain moment entre l’épisode du buisson ardent et l’exode (Moï. 1:17, 25).
 
Deuxièmement, il éclaircit le rôle de Jésus-Christ dans la Création : « Et je les ai créées [ces terres et leurs habitants], par la parole de mon pouvoir, qui est mon Fils unique, lequel est plein de grâce et de vérité » (Moï. 1:32-33) ; « Puis moi, Dieu, je dis à mon Fils unique, qui était avec moi depuis le commencement : Faisons l’homme à notre image » (Moï. 2:26-27) ; « Et moi, le Seigneur Dieu, je dis à mon Fils unique : Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, pour la connaissance du bien et du mal » (Moï. 4:28). Ceci est conforme aux enseignements de Jean et de Paul dans le Nouveau Testament (Jn. 1:3, 10 ; Ép. 3:9 ; Col. 1:13-16 ; Hé. 1:2, 10).
 
Troisièmement, la Création est placée dans un contexte beaucoup plus vaste de créations continuelles de terres habitées innombrables avec leurs cieux respectifs (dans lesquels le Christ a joué un rôle central) : « Et j’ai créé des mondes sans nombre ; et je les ai également créés dans un dessein qui m’est propre, et je les ai créés par le Fils, qui est mon Fils unique… pour le mien possèdent le but ; et par le fils je les ai créés, qui est le mien seulement engendré…. Et lorsqu’une terre et ses cieux passeront, une autre viendra. Et il n’y a pas de fin à mes œuvres ni à mes paroles. » (Moï. 1:33, 38 ; voir aussi Mondes). Moïse reçoit des détails de la création de « ce ciel, et cette terre » seulement (Moï. 2:1 ; cf. 1:35).
 
Quatrièmement, l’origine du mal est retracée jusqu’à la rébellion de Satan, qui cherchait (1) à remplacer le Fils bien-aimé de Dieu, qui « était [l’]élu depuis le commencement » et (2) à recevoir et à utiliser le pouvoir de Dieu de racheter tous les humains en détruisant leur libre arbitre (Moï. 4:1-4). L’importance du libre arbitre humain est réaffirmée dans le commandement donné à Adam et à Ève au sujet de l’arbre de la connaissance du bien et du mal : « Tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ; néanmoins, tu peux choisir par toi-même, car cela t’est donné ; mais souviens-toi que je le défends, car le jour où tu en mangeras, tu mourras » (Moï. 3:17).
 
Cinquièmement, le récit dans Moïse précise que tous les êtres vivants ont été créés spirituellement dans les cieux avant leur création physique sur la terre : « Moi, le Seigneur Dieu, je créai spirituellement toutes les choses dont j’ai parlé, avant qu’elles fussent naturellement sur la surface de la terre… Et moi, le Seigneur Dieu, j’avais créé tous les enfants des hommes, mais pas encore d’homme pour cultiver le sol ; car c’est dans le ciel que je les avais créés ; et il n’y avait pas encore de chair sur la terre, ni dans l’eau, ni dans l’air » (Moï. 3:5).
 
Certains commentateurs mormons ont exploré la possibilité que le récit de Moïse puisse résoudre le conflit existant dans l’ordre des actes créateurs de Dieu entre Genèse 1 et Genèse 2 en traitant la première comme une création d’esprit (O. Pratt, p. 21-22 ; Roberts, p. 264-268 ; cf. DS1:74-76 qui expose un point de vue différent). Les révélations ultérieures expliquent que la création d’esprit de l’humanité avait eu lieu longtemps avant que les événements décrits dans aucun des récits de la création de la terre. Dieu, notre Père céleste, est littéralement le « Père des esprits » (Hé. 12:9). « L’homme comme esprit a été engendré et est né de parents célestes et a été élevé jusqu’à sa maturité dans les demeures éternelles du Père avant de venir sur la terre dans un corps temporel » (voir Première Présidence, « L’origine de l’homme », nov. 1909 [Annexe] ; voir aussi Corps d’esprit).

Le récit abrahamique est distinctif parmi les récits de la Création. Il décrit un cosmos structuré, avec beaucoup d’étoiles, les unes au-dessus des autres, avec leurs différentes périodes et ordres de gouvernement (Abr. 3:1-10). Dans ce contexte, Abraham se renseigne également sur les esprits éternellement existants, l’un au-dessus de l’autre en intelligence, jusqu’au « Seigneur, ton Dieu », qui est « plus intelligent qu’eux tous » (Abr. 3:19 ; voir les discours cités dans la bibliographie). On lui montre un groupe d’intelligences organisées (ou esprits ou âmes, les mots sont ici utilisés l’un pour l’autre), au-dessus desquelles règne Dieu et parmi lesquelles il demeure, et il apprend que Dieu « au commencement » est descendu parmi elles et a dit de certaines qui étaient « nobles et grandes » : « De ceux-ci je ferai mes gouverneurs… et il me dit : Abraham, tu es l’un d’eux ; tu fus choisi avant ta naissance » (Abr. 3:18-23). L’un des buts de cette assemblée prémortelle dans les cieux est formulé par quelqu’un « parmi eux qui était semblable à Dieu » qui dit à ceux qui sont avec lui : « Nous descendrons là-bas… et nous ferons une terre sur laquelle ceux-là pourront habiter ; nous les mettrons ainsi à l’épreuve, pour voir s’ils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera » (Abr. 3:24-25). Ceci est suivi d’une mention de la gloire qui sera accordée à ceux qui se montrent dignes, du choix de quelqu’un « qui était semblable au Fils de l’Homme » (qui doit être envoyé pour réaliser ceci) et du rejet de Satan, le tout fait par « le Seigneur », qui est identifié ailleurs comme étant Jéhovah (Abr. 3:25-28 ; cf. Abr. 1:15-16 ; 2:7-8). Ensuite, « le Seigneur dit : Descendons », sur quoi les Dieux « organisèrent et formèrent les cieux et la terre » (Abr. 4:1). Un élément important de ce récit révélé est que l’espace et les matériaux pour créer la terre existaient explicitement avant sa création.
 
C’est dans ce contexte de l’assemblée divine, ou Conseil dans les cieux, que le récit d’Abraham concernant la Création va de l’avant en suivant, de manière générale, la structure de la Genèse. Au moment où il publia cette « traduction » en 1842, Joseph Smith avait acquis une compréhension beaucoup plus profonde grâce à des révélations supplémentaires et certaines par l’étude de l’hébreu. À la lumière de la doctrine du Conseil dans les cieux, Joseph Smith avait fait remarquer que le terme hébreu Élohim, qui est un pluriel, devrait être rendu par « Dieux » dans le récit de la Création et non par le « Dieu » traditionnel (WJS, p. 379). C’est ainsi qu’il est rendu dans tout le récit d’Abraham. À la lumière de la doctrine de la nature éternelle de la matière, le mot traditionnellement traduit par « créa » devient « organisa ». L’expression « informe et vide » (hébreu tohu va-bohu) est rendue, tout à fait correctement, par « vide et désolée » et décrit l’état de la terre après qu’elle a été organisée, pas avant (Abr. 4:2).
 
Le terme « jour » (yom en hébreu) pour les sept « jours » de la création est rendu par « temps », une option permise en hébreu et il est explicitement précisé que le « temps » dans lequel Adam devrait mourir s’il prenait du fruit défendu « était selon le temps du Seigneur, qui était selon le temps de Kolob [une grande étoile dont Abraham avait vu qu’elle était le plus près du trône de Dieu, dont la révolution, d’une durée de mille ans selon notre manière de calculer, est un jour pour le Seigneur] ; car les Dieux n’avaient pas encore désigné à Adam le calcul de son temps » (Abr. 5:13 ; 3:2-4).
 
Sur la base du passage ci-dessus, qui exclut clairement la possibilité que des jours terrestres de vingt-quatre heures soient les « jours » ou « périodes » de la création, certains saints des derniers jours ont avancé que les « temps » de la création aussi bien que le « temps » de la vie terrestre d’Adam après la Chute étaient des périodes de mille ans ; d’autres sont partisans de périodes indéterminées, le temps nécessaire pour accomplir l’œuvre concernée. Le récit d’Abraham contient effectivement le passage intéressant, en rapport avec « l’organisation » des luminaires dans « l’étendue » du ciel : « Et les Dieux observèrent les choses auxquelles ils avaient donné des ordres jusqu’à ce qu’elles eussent obéi » (Abr. 4:14-18). Le récit d’Abraham comprend en fait douze « travaux » des Dieux, répartis parmi les « jours » à la manière de la Genèse. Le récit ultérieur de la création au temple donne une version abrégée de ces travaux, divisés différemment parmi les sept jours tout en maintenant le même ordre, ce qui veut peut-être dire que le jour où un travail donné est accompli importe peu.
 
Abraham relie les récits apparemment différents de Genèse 1 et 2 dans le contexte du Conseil dans les cieux. Le récit en sept jours d’Abraham suit l’œuvre des cinq premiers temps créateurs et d’une partie du sixième comme création physique de la terre et sa préparation pour recevoir la vie avant que celle-ci n’y soit effectivement placée. Ainsi, pendant le troisième temps, « les Dieux organisèrent la terre afin qu’elle produisît de la verdure… et la terre afin qu’elle produisît les arbres à partir de leur semence » (Abr. 4:12 ; italiques ajoutés). Et pendant le cinquième temps, « les Dieux préparèrent les eaux afin qu’elles produisissent de grands poissons et tous les animaux vivants… tous les oiseaux ailés selon leur espèce. » (Abr. 4:21). De même, au sixième temps, « les Dieux préparèrent la terre afin qu’elle produisît des animaux vivants selon leur espèce… et les Dieux virent qu’ils obéiraient » (Abr. 4:24-25). Ensuite lors du sixième temps, les Dieux se consultèrent à nouveau et décidèrent de former l’homme et de lui donner la domination sur les plantes et les animaux qui devaient venir sur la terre (Abr. 4:26-29). « Et les Dieux se dirent entre eux : Au septième temps, nous achèverons l’œuvre que nous sommes convenus de faire, et nous nous reposerons… Et telles furent leurs décisions à l’époque où ils convinrent entre eux » (Abr. 5:2-3). Le récit parallèle à Genèse 2 vient ensuite tout naturellement comme récit du placement proprement dit de la vie sur la terre : « Et les Dieux descendirent et formèrent les origines des cieux et de la terre, quand ils furent formés le jour où les Dieux formèrent la terre et les cieux. Selon tout ce qu’ils avaient dit concernant chaque plante des champs avant qu’elle fût sur la terre » (Abr. 5:4-5).
 
Plusieurs thèmes que l’on trouve dans d’autres récits antiques de la création – le conflit prémortel dans les cieux, la victoire divine sur les pouvoirs d’opposition du chaos et la promulgation de la loi au moment de la création – sont également connus dans les récits de la création des Écritures et de la théologie des saints des derniers jours (2 Né. 2:17 ; 9:8 ; Moï. 4:3-4 ; Abr. 3:27-28 ; voir aussi Guerre dans le ciel ; Préexistence (Existence Préterrestre)). Il y a des allusions à ces idées dans plusieurs passages de la Bible (cf. Ex. 15 ; Job 38-41 ; És. 40-42 ; Ps. 18 ; 19 ; 24 ; 33 ; 68 ; 93 ; 104 ; Prov. 8:22-33 ; Ha. 3:8 ; Ap. 12:7-12). Du début de l’ère chrétienne jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’interprétation chrétienne traditionnelle a généralement traité ces textes bibliques de manière allégorique ou n’en a pas du tout tenu compte dans l’étude de la Création. Une transformation profonde de l’interprétation chrétienne de ces passages a eu lieu pendant la dernière partie du XIXe siècle avec la découverte et la traduction de récits de la Création venant de la Mésopotamie et de l’Égypte anciennes. Bien qu’ils varient considérablement dans les détails, ces récits mentionnent habituellement des combats prémortels, l’établissement de l’ordre divin avant la création et la création à partir du chaos. Les passages bibliques mentionnés ci-dessus sont maintenant souvent compris à la lumière de ces descriptions des récits extrabibliques.
 
La doctrine de la création ex nihilo a été l’explication chrétienne traditionnelle. Dans les commentaires récents sur le sujet, beaucoup d’érudits juifs se sont accordés pour dire qu’on ne trouve pas de croyance en une création ex nihilo avant la période hellénistique, tandis que les savants chrétiens ne trouvent aucun signe de pareille doctrine dans l’Église chrétienne avant la fin du IIe siècle apr. J.-C. Le rejet de la création ex nihilo dans l’enseignement des saints des derniers jours s’accorde ainsi avec ce que l’on sait de la conception la plus ancienne de la Création dans l’Israël antique et dans le christianisme primitif. De même, les saints des derniers jours ont vu dans des passages bibliques tels que Jean 9:2 et Jérémie 1:4-5 une allusion à une existence individuelle prémortelle, avec des implications pour l’existence terrestre ultérieure. À l’appui de ceci, on peut préciser que divers chrétiens et groupes chrétiens des premiers siècles du christianisme ont enseigné la même doctrine (cf. Origène, De Principiis 1:7 ; 2:8 ; 4:1) et qu’on la trouve également dans les croyances juives de la même période, notamment Philon (De mutatione nominum 39 ; De opificio mundi 51 ; De cherubim 32), dans certains écrits apocryphes (Sagesse de Salomon 8:19-20 ; 15:3) et chez les Esséniens (Josèphe, Guerre des Juifs 2.8.11, aussi bien que dans le Talmud et le Midrash juifs).
 
Bibliographie
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Eliade, Mircea. "The Prestige of the Cosmogonic Myth." Diogenes 23, automne 1958, p. 1-13.
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McConkie, Bruce R. "Christ and the Creation". Ensign 12, juin 1982, p. 9-15.
Pettazzoni, Raffaele. "Myths of Beginnings and Creation-Myths". Dans Pettazzoni, Essays on the History of Religions, H. J. Rose, trans., Vol. 1, p. 24-36. Leiden, 1954.
Pratt, Orson. "The Pre-existence of Man." Série d’articles dans The Seer (1853-1854). Photo repr., Salt Lake City, 1990.
Pratt, Parley P. "Origin of the Universe". Dans Pratt, The Key to the Science of Theology, p. 26-32. Salt Lake City, 1978.
Roberts, B. H. The Gospel and Man’s Relationship to Deity, p. 256-273. Salt Lake City, 1966.
Salisbury, Frank B. The Creation. Salt Lake City, 1976.
Smith, Joseph. Voir discours rapportés dans WJS, p. 9, 33, 60, 341, 346, 351-352 et 359 et leurs contextes.
Smith, Joseph Fielding. Man, His Origin and Destiny. Salt Lake City, 1954.
Winston, David. "Creation Ex Nihilo Revisited : A Reply to Jonathan Goldstein". Journal of Jewish Studies 37, printemps 1986, p. 88-91.
Young, Brigham. Discourses of Brigham Young, chaps. 2, 4, 9. Salt Lake City, 1954.
F. KENT NIELSEN
STEPHEN D. RICKS

D
 
Damnation
Auteur : HOLZAPFEL, RICHARD NEITZEL
 
« Damnation » est un terme qui dérive du latin damnum, signifiant « dommages » et « perte » et suggère souvent l’idée de privation de ce que l’on aurait dû posséder. Tout comme il y a des degrés et des types divers de salut, liés à une progression éternelle dans certains domaines (D&A 76:96-98 ; 131:1-4), de même il y a des degrés et des types divers de damnation. Dans la doctrine des saints, être damné signifie être arrêté, bloqué ou limité dans sa progression. Les individus sont damnés toutes les fois qu’ils sont empêchés d’atteindre leur plein potentiel d’enfants de Dieu. La damnation, c’est ne pas atteindre ce dont on aurait pu jouir si l’on avait accepté la loi tout entière de l’Évangile et si on y avait été fidèle. Dans ce sens, tous ceux qui ne parviennent pas au degré le plus élevé du royaume céleste sont damnés même s’ils sont sauvés dans un degré de gloire. Ils sont damnés dans le sens qu’ils ne jouiront pas d’un accroissement éternel ou de la continuation de la cellule familiale dans l’éternité (D&A 132:4, 19). Dans ce contexte, la damnation ne désigne pas nécessairement la souffrance éternelle en enfer avec le diable, parce que la perte de bénédictions est en soi un type d’enfer et de damnation. Les conceptions des saints sur ce sujet sont liées à des écrits bibliques enrichis et clarifiés par des révélations supplémentaires ; par conséquent, le terme damnation a une application plus large que ne pourrait le laisser croire l’usage moderne (voir Degrés de gloire ; Exaltation ; Héritiers).

Dans les Écritures, damnation désigne habituellement le jugement ou la condamnation qui seront prononcés par Jésus-Christ sur les méchants à la fin du monde (Mt. 25:41-46). « Damnation » est l’équivalent de l’hébreu « rasha », qui signifie être méchant, impie ou coupable, et du grec krino, qui implique une mise sous condamnation. Si le mot « damnation » apparaît régulièrement dans la King James Version de la Bible, (c.-à-d., dans le Nouveau Testament) on ne le trouve pas dans la version Segond, qui utilise plutôt « condamnation ».
 
Beaucoup de juifs et de chrétiens rejettent l’idée de la damnation comme étant une notion théologique désuète, mais certains juifs orthodoxes et chrétiens conservateurs entretiennent une croyance en une damnation finale et éternelle. Les chrétiens conservateurs croient généralement que Dieu lui-même condamnera les pécheurs impénitents sur la base de la justice méritée par les intéressés (Mt. 12:41-42 ; Jn. 12:48 ; Ro. 3:8). Ils croient, en outre, que le Christ, le Rédempteur, est venu pour sauver plutôt que pour condamner (Jn. 3:17) et que lui seul libère l’individu de la damnation finale (Ro. 8:1-2).
 
La damnation résulte du refus de croire en l’Évangile (Mc. 16:16), d’accepter une lumière et une connaissance supplémentaires (Al. 12:9-11), du fait de croire à de fausses doctrines (2 Pi. 2:1), d’être paresseux et de devoir être commandé en tout (D&A 58:26-29) et de refuser de s’humilier, de se repentir et de vivre selon les principes de l’Évangile. Le prophète Joseph Smith a expliqué : « Dieu a décrété que tous ceux qui ne veulent pas obéir à sa voix n’échapperont pas au châtiment de la géhenne. Qu’est-ce que le châtiment de la géhenne ? Se retrouver dans la société de ceux qui n’ont pas obéi à ses commandes » (EPJS, p. 160 ; cf. p. 262-263).
 
Il y a aussi damnation quand on prend la Sainte-Cène indignement (1 Co. 11:29), quand on se complaît dans l’injustice (2 Th. 2:12), que l’on se livre à des relations adultères (1 Ti. 5:11-12), que l’on rejette la loi de l’Église (D&A 42:60), que l’on néglige l’alliance du mariage éternel (D&A 132:4), que l’on change la sainte parole de Dieu (Mrm. 8:33) et que l’on rejette Jésus-Christ (D&A 49:5). Si des personnes font ces choses et ne se repentent pas, elles ne jouissent pas de la protection de la loi de Dieu et n’ont pas la nourriture spirituelle qu’elles auraient pu avoir et, en conséquence, elles connaissent la damnation.
 
Il ne faut pas confondre la damnation avec le tourment ou le châtiment sans fin. Une révélation à Joseph Smith explique : « Il n'est pas écrit qu'il n'y aura pas de fin à ce tourment, mais il est écrit tourment infini. Il est aussi écrit damnation éternelle ; ceci est plus explicite que d'autres Écritures afin d'agir sur le cœur des enfants des hommes » (D&A 19:6-7 ; voir aussi Infini et éternel). Le président Brigham Young explique : « Nous croyons que seront damnés tous ceux qui n’acceptent pas l’Évangile de Jésus-Christ ; mais nous ne croyons pas qu’ils iront dans un étang de feu et de soufre et qu’ils subiront des tourments sans nom, infligés à toute éternité par des démons cruels et malveillants. La doctrine sectaire des récompenses et des châtiments finaux me paraît aussi étrange que leur Dieu sans corps, sans parties et sans passions. Chaque homme recevra selon les actes accomplis dans le corps, qu’ils soient bons ou mauvais. Tous les hommes, sauf ceux qui pèchent contre le Saint-Esprit, qui versent le sang innocent ou qui y consentent, seront sauvés dans un royaume ; car dans la maison de mon Père, dit Jésus, il y a plusieurs demeures » (JD 11:125-126).
 
La damnation finale et totale ne revient qu’au diable et à ses anges, qui se sont rebellés dans le premier état, et aux fils de perdition, qui sont damnés éternellement et se voient refuser l’entrée dans un quelconque royaume de gloire dans l’au-delà (D&A 76:32-34). Les fils de perdition sont ceux qui sont coupables du péché impardonnable contre le Saint-Esprit (D&A 132:27 ; cf. Mc. 3:29), qui inclut le reniement obstiné du « Fils unique du Père, [l’ayant] crucifié, pour leur part, et [l’ayant] exposé à l'ignominie » (D&A 76:35).
 
Bibliographie
Kimball, Spencer W. "Marriage and Divorce". Dans 1976 Speeches of the Year, p. 154. Provo, Utah, 1977.
Lee, Harold B. "Spiritual Rebirth and Death". IE 50, nov. 1947, p. 716, 752, 754.
Stuy, Brian, dir. de publ. Discours de George Q. Cannon. Dans Collected Discourses, 3 vols. ; Vol. 2, p. 64-76. Sandy, Utah, 1987-1989.
RICHARD NEITZEL HOLZAPFEL

Daniel, prophéties de
Auteur : Chadwick, Jeffrey R.

L'Église de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours considère le livre de Daniel comme les écrits du Daniel qui fut déporté de Jérusalem à Babylone (v. 606 av. J.-C.) et accepte l’œuvre comme Écriture. Elle y voit des prophéties importantes sur les derniers jours, notamment l'apostasie et le rétablissement de l'Évangile de Jésus-Christ.
Selon Wilford Woodruff, l'ange Moroni a cité au prophète Joseph Smith le chapitre 2 de Daniel, qui contient une prophétie du rétablissement de l'Évangile dans les derniers jours dans le songe de Nebucadnetsar concernant « ce qui arrivera dans la suite des temps » (Daniel 2:28 ; Whittaker, p. 159). Daniel voit dans la « tête d'or » du songe un symbole de l'empire de Nebucadnetsar et les prophètes modernes ont précisé que la pierre « détach[ée] sans le secours d’aucune main » (Daniel 2:34) représente le Royaume de Dieu dans les derniers jours (D&A 65 ; HC 1:xxxiv-xi). Les autres symboles ont été interprétés comme suit : « La poitrine et les bras d'argent » représentent le royaume perse qui remplaça Babylone. « Le ventre et les cuisses d'airain » préfigurent les états hellénistiques qui allaient suivre. Les deux « jambes de fer » sont l'empire romain, annonçant la division entre Rome et Constantinople. Les pieds de l'image, « en partie de fer et en partie d’argile » symbolisent les royaumes européens issus de la dissolution de l'empire romain à partir du cinquième siècle. Ces royaumes fusionnèrent la culture de Rome avec celle des tribus européennes du nord et de l’est ; d’où le mélange symbolique du fer et de l'argile.

Dans le temps de ces royaumes, prédit Daniel, « le Dieu des cieux suscitera un royaume... [qui] subsistera éternellement » (2:44). Ce royaume final, représenté par la pierre « détach[ée] sans le secours d’aucune main », est l'Église de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours rétablie en 1830, lorsque les monarques européens gouvernaient encore. On voit que l'Église se propagerait partout dans le monde par le fait que « la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne, et remplit toute la terre. » (2:34-35 ; Kimball, p. 8).

La vision de Daniel au chapitre sept s’interprète aussi dans le contexte des derniers jours. Les « quatre grands animaux » (Daniel 7:3) semblent représenter les empires successifs de Babylone, Perse, Macédoine et Rome et les « dix cornes » (7:7) du quatrième animal semblent symboliser encore une fois les royaumes qui succédèrent à l'empire romain. Les prophètes modernes identifient « l’ancien des jours » (7:22) comme étant Adam, qui présidera une réunion qui se tiendra à Adam-ondi-Ahman, dans le Missouri, avant la seconde venue de Jésus (D&A 116). Lors de cette assemblée, Jésus, « le Fils de l'homme », apparaîtra. Agissant pour les dirigeants de la prêtrise de toutes les dispensations, Adam rendra à Jésus ressuscité les clefs de la prêtrise qui représentent la domination éternelle.

La prophétie des « soixante-dix semaines » au chapitre 9 intéresse les saints des derniers jours parce qu'elle suggère que l'Église du Nouveau Testament tomberait dans l'apostasie. Les soixante-neuf semaines (Daniel 9:24-26) pourraient symboliser la période comprise entre le retour des juifs à Jérusalem (537 av. J.-C.) et la venue de Jésus, le Messie, qui expierait pour son peuple. Le verset 27 rapporte que le Seigneur « fera une solide alliance avec plusieurs pour une semaine ». Cette soixante-dixième semaine pourrait symboliser les décennies que la vraie Église du Christ a duré, alors dirigée par des apôtres et des prophètes vivants, pour prendre fin peu après 100 de notre ère, après le ministère de Jean l'apôtre. La prophétie fait également remarquer que Jérusalem et son temple seraient détruits « durant la moitié de la semaine » (an 70), mentionnant l'abomination de la désolation et la cessation des sacrifices au temple (cf. Marc 13:14).
Bibliographie
Kimball, Spencer W. "A Stone Cut Without Hands." Ensign 6, mai 1976, p. 4-9.
McConkie, Bruce R. The Millennial Messiah, chap. 11, 47. Salt Lake City, 1982.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israel's Prophets. Salt Lake City, 1952.
Whittaker, David J. "The Book of Daniel in Early Mormon Thought." Dans By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 1, p. 155-201. Salt Lake City, 1990.
JEFFREY R. CHADWICK

 
Degrés de gloire
Auteur : DAHL, LARRY E.
 
L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours a une vision optimiste des récompenses éternelles qui attendent l'humanité dans l'au-delà. Les membres de l'Église croient qu'il y a « plusieurs demeures » (Jn. 14:2) et que l'expiation et la résurrection du Christ sauveront toute l'humanité de la mort et finalement récupéreront tout le monde de l'enfer excepté les fils de perdition (D&A 76:43-44). Ceux qui sont sauvés ne sont cependant pas placés dans un état monolithique appelé le ciel. Dans la résurrection du corps, ils sont affectés à différents degrés de gloire en fonction de la loi à laquelle ils ont obéi. Il y a trois royaumes de gloire : le céleste, le terrestre et le téleste. L’apôtre Paul parle de trois gloires qui diffèrent entre elles comme le soleil, la lune et les étoiles diffèrent en éclat. Il appelle céleste et terrestre les deux premières gloires, mais la troisième ne reçoit pas de nom dans la Bible (1 Co. 15:40-41 ; cf. D&A 76:70-81, 96-98.) Le mot « téleste » est un terme mormon, utilisé pour la première fois par le prophète Joseph Smith et Sidney Rigdon quand ils rapportent une vision qu'ils reçoivent le 16 février 1832 (D&A 76 ; voir aussi Royaume céleste ; Royaume terrestre ; Royaume téleste).
 
Lors du jugement final, tous, excepté le diable, ses anges et ceux qui deviennent fils de perdition pendant la condition mortelle seront affectés à l’un des trois royaumes de gloire. Le diable et ses disciples seront affectés à un royaume sans gloire (D&A 76:25-39 ; 88:24, 32-35).
 
SOURCES SCRIPTURAIRES mormoneS. Bien que la Bible contienne des mentions de divers niveaux de résurrection et de ciel (1 Co. 15:39-58 ; 2 Co. 12:2), la connaissance que les saints ont de la question vient principalement des révélations données au prophète Joseph Smith. La première révélation traitant directement ce sujet fut donnée le 16 février 1832 et est appelée « la Vision » (D&A 76). Pour ce qui est des circonstances dans lesquelles cette révélation fut donnée, Joseph Smith explique : À mon retour de la conférence d'Amherst, je repris la traduction des Écritures. D'après diverses révélations qui avaient été reçues, il était clair que beaucoup de points importants concernant le salut des hommes avaient été enlevés de la Bible ou perdus avant qu'elle ne fût compilée. D'après les vérités qui restaient, il semblait qu'il allât de soi que si Dieu récompensait chaque homme selon les actions accomplies dans le corps, le terme ‹ciel›, signifiant la demeure éternelle des saints, devait comprendre plus d'un royaume. En conséquence, tandis que nous traduisions l'Évangile de Jean, nous eûmes, frère Rigdon et moi-même, la vision suivante » [HC 1:245 et chapeau de la section ; voir aussi la traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)]).
 
Des révélations ultérieures, particulièrement D&A 88, 131, 132, 137 et 138, ajoutent des informations à ce sujet.
 
LA GLOIRE CÉLESTE. Le Royaume céleste est réservé à ceux qui reçoivent le témoignage de Jésus et embrassent pleinement l'Évangile, c'est-à-dire, ont la foi en Jésus-Christ, se repentent de leurs péchés, sont baptisés par immersion par quelqu’un ayant l'autorité, reçoivent le Saint-Esprit par l'imposition des mains et persévèrent dans la justice. Tous ceux qui atteignent ce royaume « demeureront pour toujours et à jamais dans la présence de Dieu et de son Christ » (D&A 76:62). Il y a, cependant, différentes bénédictions et différents pouvoirs dans ce royaume. « Il y a, dans la gloire céleste, trois cieux ou degrés. Pour obtenir le plus haut, l'homme doit entrer dans cet ordre de la prêtrise [à savoir : la nouvelle alliance éternelle du mariage], sinon, il ne peut l'obtenir. Il peut entrer dans l'autre, mais c'est là la fin de son royaume ; il ne peut avoir d'accroissement » (D&A 131:1-4). L’ « accroissement », dans ce cas, signifie le fait d’avoir des enfants d'esprit après la condition mortelle (voir Vies éternelles, Accroissement éternel). Joseph Smith explique : « Si un homme et sa femme ne contractent pas une alliance éternelle et ne sont pas mariés pour l'éternité par le pouvoir et l'autorité de la Sainte Prêtrise, ils cesseront de s’accroître quand ils mourront ; c'est-à-dire qu’ils n'auront pas d’enfants après la résurrection » (EPJS, p. 242). Les saints des derniers jours croient que ceux qui atteignent le plus haut niveau du Royaume céleste deviennent des dieux, reçoivent l'exaltation et sont cohéritiers avec le Christ de tout ce que le Père a (cf. Ro. 8:14-17 ; D&A 76:50-70 ; 84:33-39 ; 132:19-25).
 
Il n'y a aucune explication scripturaire concernant ceux qui vont dans les deux catégories inférieures du Royaume céleste si ce n’est qu'ils « ne sont pas dieux, mais anges de Dieu, pour toujours et à jamais » des serviteurs chargés d’un ministère, qui « restent à toute éternité séparés et seuls, sans exaltation, dans leur état sauvé » (D&A 132:16-17).
 
LA GLOIRE TERRESTRE. Les habitants du Royaume terrestre sont décrits comme étant les gens honorables de la terre qui ont reçu le témoignage de Jésus mais n'ont pas été suffisamment vaillants dans ce témoignage pour obéir à tous les principes et ordonnances de l'Évangile (D&A 76:71-80). En outre, ceux « des nations païennes » qui « sont morts sans loi », qui sont honorables mais qui n'acceptent pas la plénitude de l'Évangile dans le monde d'esprit post-terrestre, sont candidats à la gloire terrestre (D&A 45:54 ; 76:72). Dans l'au-delà, ils reçoivent la présence du Fils, mais pas la plénitude du Père. La gloire du Royaume terrestre diffère de celle du céleste comme la lumière que nous voyons de la lune diffère en gloire de celle du soleil. Il n'y a aucune mention de différents degrés ou niveaux dans le Royaume terrestre, mais il est raisonnable de croire que là, comme dans les royaumes céleste et téleste, les personnes différeront en gloire les unes des autres (voir D&A 76:97-98).
 
LA GLOIRE TÉLESTE. Ceux qui, sur terre, sont des menteurs, des sorciers, des fornicateurs et des adultères, qui ne reçoivent pas l'Évangile, ni le témoignage de Jésus, ni celui des prophètes, vont dans le Royaume téleste. Ils sont jugés indignes de ressusciter à l'avènement du Christ et reçoivent un temps supplémentaire en « enfer » pour se repentir et se préparer pour une résurrection et un placement ultérieurs dans un royaume de gloire moindre. Pendant cette période, ils apprennent à respecter des lois qu'ils ont rejetées par le passé. Ils fléchissent le genou et admettent leur dépendance vis-à-vis de Jésus-Christ, mais ils n’acceptent toujours pas la plénitude de l'Évangile. À la fin du millénium, ils sont extraits de l'enfer et sont ressuscités dans une gloire téleste. Là, « ils seront les serviteurs du Très-Haut ; mais là où Dieu et le Christ demeurent, ils ne peuvent aller, aux siècles des siècles » (D&A 76:112). Cependant, ils reçoivent « de l'Esprit-Saint par le ministère des terrestres » (verset 86). Bien que différant de la gloire des royaumes terrestre et céleste comme la lumière que nous percevons des étoiles diffère de celle de la lune et de celle du soleil, la gloire du Royaume téleste « défie [malgré tout] toute compréhension » (verset 89 ; voir D&A 76:81-90, 98-112 ; 88:100-101).
 
OCCASION DONNÉE À TOUS. L'Église enseigne que tous les hommes, à l’exception des fils de perdition, trouveront, dans l’au-delà, une place dans l’un des royaumes de gloire et qu'ils choisissent eux-mêmes l'endroit par la vie qu’ils mènent ici sur terre et dans le monde d'esprit post-terrestre. Même la gloire la plus basse défie toute compréhension pour les mortels. Tout le monde reçoit son libre arbitre (D&A 93:30-32). Tous ont accès au pouvoir révélateur de la Lumière du Christ, qui, à condition qu’ils la suivent, les conduira à la vérité de l'Évangile (Jn. 1:1-13 ; Al. 12:9-11 ; Mro. 7:14-19 ; D&A 84:45-48). Tout le monde entendra l'Évangile de Jésus-Christ sur terre ou dans le monde d'esprit post-terrestre et aura suffisamment l'occasion de démontrer à quel point il l’accepte (D&A 138 ; cf. 1 Pi. 4:6). Ceux qui n'ont pas l’occasion de recevoir l'Évangile sur cette terre, mais qui l’auraient entièrement accepté s’ils avaient pu l'entendre, et qui le reçoivent donc dans le monde d'esprit, sont héritiers du royaume céleste de Dieu (D&A 137:7-8). Ils accepteront les ordonnances salvatrices accomplies pour eux par procuration dans un temple sur la terre (voir Salut des morts). Le Christ, victorieux et plein de grâce, accorde à tous le désir de leur cœur, leur permettant de choisir leur récompense éternelle selon la loi qu’ils sont disposés à respecter.
 
Bibliographie
Dahl, Larry E. “The Vision of the Glories”. Dans Studies in Scripture, dir. de publ. R. L. Millet et K. P. Jackson, vol. 1, p. 279-308. Sandy, Utah, 1984.
Smith, Joseph Fielding, DS, vol. 2, p. 20-24. Salt Lake City ? 1955.
Talmage, James E. AF, p. 375-394. Salt Lake City, 1968.
LARRY E. DAHL
 
Déification chez les premiers chrétiens
Auteur : NORMAN, KEITH E.
 
Du deuxième au huitième siècle, le terme chrétien standard pour désigner le salut était théopoièse ou théose, littéralement, « faire Dieu » ou déification. Ce langage a survécu sporadiquement dans la tradition mystique de l'Occident et est toujours utilisé dans l'Église catholique orthodoxe. La doctrine des saints relative à la progression éternelle et à l'exaltation à l'état divin exprime une conception similaire du salut.
 
Sous sa forme classique, en particulier dans les ouvrages d'Athanase (évêque d'Alexandrie au IVe siècle), la déification était basée sur la notion de l'incarnation du Christ. Le Conseil de Nicée (325 apr. J.-C.) a défini le Fils comme homoousios (de la même substance) avec le Père et donc pleinement Dieu. En prenant sur lui notre chair par la naissance, Jésus, en tant que Dieu, a uni l'essence de l'humanité à la nature divine. Finalement, la divinité du Christ a surmonté les limites de la chair par la résurrection et la glorification, transformant et élevant son corps au niveau complet de l'état divin. Comme Athanase l’a résumé : « Dieu a été fait homme pour que nous puissions être faits Dieu » (De l'incarnation du Logos, 54).
 
Bien que ce point de doctrine ait été écarté par les savants ultérieurs comme une simple « théorie physique de la rédemption » concentrée sur la Résurrection, la déification est plus qu'un synonyme de l'immortalité. Les Pères de l'Église affirmaient que la déification non seulement rétablit l'image de Dieu qui a été perdue au moment de la Chute, mais permet également à l'humanité de dépasser la nature humaine de manière à posséder les attributs de Dieu. « Je peux devenir Dieu dans la mesure où il est devenu homme », disait Grégoire de Nazianze vers la fin du IVe siècle (Homélies 29.19). Les descriptions de la déification mentionnaient l'incorruptibilité physique, l'immunité par rapport à la souffrance, la vertu parfaite, la pureté, la plénitude de la connaissance et de la joie, la progression éternelle, la communion avec Dieu, l’héritage de la gloire divine et la possibilité de régner conjointement à jamais avec le Christ dans le royaume de Dieu dans les cieux.
 
Les racines de la doctrine chrétienne de la déification sont essentiellement bibliques. En commençant par la création de l'humanité à l'image de Dieu (Ge. 1:26-27), les Pères de l’Église ont élaboré des aspects de la déification à partir de notions telles que le commandement de parvenir à la perfection et à la sainteté morales (par exemple, Lé. 19:1-2 ; Mt. 5:48 ; 1 Jn. 3:2 ; 1 Co. 11:1 ; 2 Pi. 1:3-7), l’adoption comme héritiers de Dieu (Ro. 8:15-17 ; Ga. 4:4-7), l’unification avec Dieu en Christ (Jn. 17:11-23) et la participation aux souffrances du Christ afin de d'être élevés avec lui dans la gloire (par exemple, Ro. 8:16-18 ; 2 Co. 3:18 ; 4:16-18 ; Ph. 3:20-21 ; 2 Ti. 2:10-12). Ils ont également mentionné des exemples d’humains décrits comme étant des « dieux » dans l'Écriture (Ex. 4:16 ; 7:1 ; Ps. 82:6 ; Jn. 10:34-36).
 
La pensée juive, en particulier en réponse à l’expansion de la christologie et ce qu’elle considérait comme une menace pour le monothéisme, avait plus de réticence à parler d’humains atteignant l’état divin. Néanmoins, les juifs avaient aussi certains des textes bibliques cruciaux sous-tendant la déification. Le judaïsme talmudique avait tendance à souligner l'obligation de l'humanité d'imiter la sainteté de Dieu puisqu’elle avait été créée à l'image divine. On disait de Moïse et d'autres prophètes qu’ils partageaient la gloire de Dieu et devenaient des « dieux secondaires » par rapport aux autres mortels (Meeks, p. 234-235). Philon dit de la glorification de Moïse qu’elle était le « prototype… de l’accession au ciel que chaque disciple espérait se voir accorder » (Meeks, p. 244).
 
Du fait de son incompatibilité avec la doctrine de Dieu dans le christianisme occidental, la déification a cessé d’être la manière préférée de décrire le salut. La théologie catholique a de plus en plus mis l’accent sur la transcendance de Dieu, seul être nécessaire et éternel. Tous les autres êtres étaient créés ex nihilo, « à partir du néant », et n’avaient qu’une existence contingente. Cette évolution théologique trouve son aboutissement chez Augustin. Pour lui, l'unité absolue et l'altérité de Dieu étaient si différentes du statut d’être créé et dépendant vis-à-vis de la grâce divine qu’était celui de l'humanité que le salut ne pouvait pas franchir le fossé entre le Créateur éternel et les créatures dépendantes de lui. Depuis lors, toute mention de déification a été suspecte ou hérétique dans le christianisme occidental et a constitué un point de friction majeur entre les chrétiens traditionnels et les enseignements des saints des derniers jours sur le sujet.
 
Bibliographie
Barlow, Philip L. "Unorthodox Orthodoxy : The Idea of Deification in Christian History". Sunstone 8, sept.-oct. 1983, p. 13-18.
Benz, Ernst W. "Imago Dei : Man in the Image of God." Dans Reflections on Mormonism, ed. T. Madsen, p. 201-219. Provo, Utah, 1978.
Gross, Jules. La divinisation du chrétien d'après les pères grecs. Paris, 1938.
Meeks, Wayne A. The Prophet-King : Moses Tradition and the Johannine Christology. Leiden, 1967.
Norman, Keith E. "Deification : The Content of Athanasian Soteriology". Thèse de doctorat, Duke University, 1980.
Norman, Keith E. "Divinization : The Forgotten Teaching of Early Christianity". Sunstone 1, 1975, p. 15-19.
Pelikan, Jaroslav. The Christian Tradition, Vols. 1 and 2. Chicago, 1971-1974.
KEITH E. NORMAN
 
Diable, Démons
Auteur : RIDDLE, CHAUNCEY C.
 
Dans la terminologie des saints, les mots « diable, démon » désignent quiconque favorise la cause du mal, mais ils s’appliquent particulièrement aux esprits non incarnés qui se sont rebellés contre Dieu dans la vie prémortelle et ont été précipités du ciel sur cette terre. Le diable, qui les dirige, est également connu sous les noms de Lucifer dans l’existence prémortelle et de Satan depuis qu’il a été précipité.
 
Le nom Lucifer signifie « porteur de lumière » en latin et est la traduction de l’hébreu heylel ben shakhar, qui signifie « annonciateur fils de l’aube » ou « étoile du matin ». Dans la vie prémortelle, Lucifer était un ange ayant autorité en présence de Dieu. Il joua un rôle important lors du Conseil dans les cieux. Après que le Père céleste eut offert le plan de justice pour aider ses enfants à devenir comme lui, Lucifer proposa un plan différent.
 
Le plan du Père était de sauver et d’exalter tous ses enfants obéissants. Pour être obéissants, ils devaient garder ses commandements et faire le bien. Dans le plan du Père, on savait d’avance que beaucoup rejetteraient l’exaltation et recevraient donc une gloire inférieure.
 
Le plan de Lucifer proposait de « sauver » tous les enfants du Père en forçant chacun à obéir en toutes choses à la loi du Père. Lucifer désirait être récompensé de ce grand exploit du salut universel en s’octroyant l’honneur et la gloire du Père. Comme les mortels ne peuvent être sauvés que par leur propre repentir librement consenti, la proposition de Lucifer fut rejetée. Dans la guerre qui s’ensuivit dans les cieux, il s’acquit l’allégeance du tiers des enfants d’esprit du Père. Lucifer et ses partisans furent alors précipités du ciel sur la terre où il est devenu Satan et ils sont tous devenus des démons (Moï. 4:1-3 ; D&A 29:36-37 ; 76:25-38).
 
Le nom Satan vient d’une racine hébraïque signifiant « adversaire, ennemi », de là « agresseur, accusateur » (voir Ap. 12:10). Sur cette terre, le rôle de Satan et de ses démons est d’empêcher l’accomplissement d’œuvres de justice et de les détruire dans la mesure du possible (Moï. 4:4 ; D&A 10:20-23 ; 93:39).
 
La justice c’est apporter le plus grand bonheur possible à toutes les personnes concernées. On ne peut atteindre une pleine justice qu’avec l’aide d’un être omniscient et omnipotent. Cette pleine justice est l’ordre spécial du royaume céleste où le Père demeure. Quand la volonté du Père est faite et que son ordre est en place, chaque personne et chaque chose atteint, ou est en voie d’atteindre, le potentiel qu’elle a de s’épanouir et de connaître le bonheur. Cette justice est le côté « bien » du bien et du mal. Elle doit faire contraste avec les désirs humains qui sont contraires à l’ordre et à la volonté du Père.
 
Une bonne personne (juste) est un être libre qui ne choisit et ne fait que ce qui est juste. Aucun mortel n’est intrinsèquement et parfaitement bon et, à lui seul, aucun mortel ne peut atteindre ce stade (Mt. 19:17). Mais les mortels peuvent poser des actes justes et devenir justes par l’intermédiaire du salut offert par Jésus-Christ. Le Christ est la source de toute justice (Et. 12:28). Les enfants de Dieu peuvent atteindre l’ordre de justice du Père par le Christ s’ils choisissent cet ordre en rejetant expressément le mal.
 
Le mal est toute façon d’exister qui n’est pas juste. Un état de choses, un acte ou une personne qui n’est pas dans l’ordre de la justice est donc mauvais. Laisser son prochain languir dans la pauvreté quand on a soi-même l’abondance, voler autrui ou lui souhaiter du mal, tout cela est mal. Satan fait progresser le mal partout il peut pour contrecarrer la justice de Dieu (voir D&A 10:27). Ainsi, Satan tente les gens pour qu’ils fassent le mal au lieu de la volonté du Père. Satan lui-même n’est pas nécessaire au mal, mais il accélère et encourage le mal partout où il peut.
 
Les premières cibles de Satan sur terre ont été Adam et Ève dans le jardin d’Éden. Sachant que le Père leur avait commandé de ne pas manger du fruit défendu sous peine de mort, Satan chercha à détruire l’œuvre du Père en les incitant à en manger malgré tout. Le succès de Satan a marqué le commencement du monde (pas de la création de la terre), du royaume de Satan sur cette terre (voir TJS, Mt. 1:55).
 
En obéissant à Satan, Adam et Ève lui ont ouvert la porte pour qu’il ait une domination partielle sur eux, sur la terre et sur tous leurs enfants (voir Chute d’Adam). Les exemples de sa domination partielle sur la terre accordée par le Père sont sa capacité de posséder les corps des animaux (Mt. 8:28-32) et d’utiliser l’eau pour détruire les gens (D&A 61:14-19). Satan a acquis le pouvoir de tenter ceux qui sont responsables de faire le mal (D&A 29:39), de communiquer avec des individus pour leur enseigner des choses (habituellement mais pas toujours des mensonges), de posséder leur corps, de provoquer la maladie et de causer la mort physique. Il stimule le péché, les mauvaises actions, ce qui apporte la mort spirituelle au pécheur et le malheur à toutes les personnes touchées. Dans chacune de ces occasions, le pouvoir de Satan est limité : Il ne peut faire que ce que Dieu lui permet expressément de faire (D&A 121:4 ; Lu. 8:30-33). On peut lui ôter son pouvoir en écoutant Dieu et en utilisant correctement la sainte prêtrise pour limiter ses activités (D&A 50:13-35).
 
Ce que Satan n’a pas réalisé en Éden est que ce qu’il faisait en essayant de détruire l’œuvre du Père était en réalité la chose même qui était requise pour accomplir son plan (Moï. 4:6). Les hommes ne pouvaient pas démontrer suffisamment leur amour pour Dieu et leur disposition à accomplir l’œuvre de la justice pour les qualifier pour l’exaltation sans être exposés à des adversaires mauvais tels que Satan et ses armées et les vaincre (2 Né. 2:11-22).
 
Sur terre, Satan est donc le père de la tromperie, du mensonge et du péché – de tout ce qui est mal – car il les encourage vigoureusement. Il peut apparaître comme une contrefaçon d’un ange de lumière ou en tant que prince des ténèbres, mais ses manifestations habituelles aux mortels revêtent habituellement la forme d’une révélation mauvaise dans le cœur et l’esprit d’une personne ou indirectement par d’autres personnes. Sa mission est de tenter chacun de choisir le mal de sorte que les choix de chaque être humain responsable puissent servir de base suffisante à un jugement final.

Cette vie terrestre est une épreuve mortelle pour tous ceux qui ont l’occasion d’accepter et de mettre en pratique la nouvelle alliance éternelle tandis qu’ils vivent ici-bas. Ceux qui n’ont pas une occasion complète dans cette vie terrestre verront leur épreuve se prolonger à travers l’existence dans le monde d’esprit qui la suit. Quand viendra la résurrection, chacun des enfants du Père aura fait un choix final entre le bien et le mal et chacun sera récompensé selon le bien ou le mal choisi pendant l’épreuve (Al. 41:10-15).
 
Quand Satan tente une personne de faire le mal, il y a des limites à ce qu’il peut accomplir. Il peut mettre devant une personne n’importe quel genre d’occasion de mal faire, mais ce mal attire seulement si la personne tentée désire déjà cette chose. Quand les gens sont tentés, c’est en réalité par leur propre convoitise (Ja. 1:12-15).
 
Satan n’a de pouvoir sur terre que dans la mesure où les gens le lui donnent en succombant à ses tentations (EPJS, p. 149). Le libre arbitre des êtres humains consiste à choisir la justice par le Saint-Esprit de Dieu ou l’égoïsme par la chair en succombant aux tentations de Satan (2 Né. 2:26-29). (La chair n’est pas mauvaise en soi, mais Satan peut tenter les humains par leur chair.) Ceux qui se repentent dans cette vie sont néanmoins tentés par Satan jusqu’à leur mort ; alors Satan n’a plus jamais aucun pouvoir sur eux. Ceux qui meurent sans s’être repentis sont toujours au pouvoir de Satan dans la prison d’esprit (Al. 34:34-35). Tous sauf les fils de perdition finiront par accepter le Christ et lui obéir et échapperont ainsi à la domination de Satan (D&A 76:110). C’est ainsi que le plan
de libre arbitre du Père s’accomplit.
 
Les trois tentations que Satan impose au Sauveur peuvent être considérées comme représentatives de toutes les tentations humaines (voir David O. McKay, Gospel Ideals, p. 154, Salt Lake City, 1953). La tentation de créer du pain et de le manger alors qu’il ne devrait pas le faire représente la tentation humaine de la chair, d’assouvir les sens de manière inique. La tentation de se jeter en bas du temple et d’être sauvé par des anges alors que cela ne devrait pas être représente la tentation humaine de la notoriété. La tentation de recevoir les royaumes de ce monde alors que cela ne devrait pas être représente la tentation d’exercer une domination ou un pouvoir impie sur les autres. Le Sauveur n’a cédé à aucune de ces tentations parce que son cœur était pur et qu’il savait que la voie de la justice résidait seulement dans l’accomplissement de la volonté du Père en toutes choses.
 
Tous les mortels responsables sont tentés, tout comme notre Sauveur l’a été. Quand les mortels succombent, Satan acquiert du pouvoir et la vie sur terre devient un enfer. Tout le monde peut résister à la tentation en choisissant le bien plutôt que le mal. Mais les fausses informations, les traditions culturelles mauvaises (D&A 93:39), le désespoir et les besoins humains impératifs, tout cela rend difficile le choix du bien, même si la personne ne désire pas particulièrement un mal déterminé (2 Néphi 28 fait une description détaillée des stratagèmes de Satan).
 
Grâce à Jésus-Christ et à la participation à sa nouvelle alliance éternelle, les mortels ont la possibilité d’acquérir le pouvoir de toujours choisir infailliblement le bien plutôt que le mal. Ce faisant, ils sont à même d’établir la justice de Dieu et par conséquent le ciel sur terre (Moï. 7:18 ; D&A 50:34-35 ; voir aussi Sion).
 
Les êtres humains résistent à Satan et au mal en dominant leurs désirs, c’est-à-dire (1) en ne désirant pas le mal que Satan propose, (2) en acquérant plus de connaissance de manière à être capables de voir que les tentations de Satan ne sont pas ce qu’ils veulent vraiment et (3) en ayant le cœur purifié par Jésus-Christ de sorte qu’ils ne désireront plus rien de mal mais désireront au lieu de cela faire la volonté du Père en toutes choses (Mro. 7:48 ; cf. les réponses du Sauveur dans Mt. 4:1-10).
 
La grande aide à la résistance à la tentation est le Saint-Esprit. Le but de Satan est de demeurer dans et avec toutes les personnes qui n’ont pas le Saint-Esprit avec elles, allant parfois jusqu’à prendre totalement possession du corps d’une personne au point de lui faire perdre son libre arbitre pendant un certain temps. Il peut également y avoir possession partielle parce que toutes les fois qu’un être humain se met en colère, il est au moins partiellement possédé par Satan (Ja. 1:20).
 
Dans son rôle de destructeur, Satan peut causer la maladie et la mort, mais seulement avec la permission de Dieu. Il ne peut pas prendre les gens avant leur temps à moins qu’ils ne désobéissent à Dieu et ne renoncent ainsi à leur mission (Job 1:6-12).
 
Père du mensonge, Satan est lancé dans une campagne de désinformation. Il répand des idées fausses à son propre sujet, au sujet de Dieu, au sujet des gens, au sujet du salut – tout cela dans le but d’empêcher les actes de foi en Jésus-Christ. Les mortels croient ses mensonges parce que ceux-ci sont agréables à l’esprit charnel et parce qu’ils favorisent ou soutiennent les désirs égoïstes de celui qui les croit. À propos de lui-même, Satan dit aux hommes qu’il n’y a pas de diable, que pareille idée est de l’imagination pure (2 Né. 28:22). À propos de Dieu, Satan désire que les êtres humains croient soit qu’il n’existe pas soit qu’il est un être lointain, inconnaissable ou redoutable. Il dit aux hommes qu’ils doivent conquérir dans ce monde selon leur force et que ce que l’on fait, peu importe ce que c’est, n’est pas un crime (Al. 30:17). Ses mensonges préférés au sujet du salut sont soit qu’il est accordé à tous quoi qu’ils fassent (Al. 21:6) ou qu’il est réservé à un petit nombre d’heureux élus (Al. 31:17). Ces croyances incorrectes des pères, inculquées à leurs enfants sous forme de faux credo, les Écritures les appellent « les chaînes de l’enfer » (Al. 12:11 ; D&A 123:7-8).
 
Les combinaisons secrètes sont un autre moyen diabolique de répandre le malheur et de bloquer la cause de la justice (Ét. 8:16-26 ; Hél. 6:16-32). Satan incite les individus égoïstes à profiter des autres en les opprimant. Le secret est essentiel pour empêcher toute revanche de la part des victimes et l’application juste des lois contre de telles combinaisons. Les combinaisons secrètes emploient un pouvoir personnel, économique, éducatif, politique ou militaire qui domine ou asservit certaines personnes pour le plaisir et le profit d’autres.
 
Satan a également une influence sur l’esprit de personnes mauvaises qui ont quitté la condition mortelle par la mort et qui habitent la prison d’esprit (parfois appelée hadès). Les habitants de cette prison ne souffrent pas encore de la douleur purificatrice qui viendra plus tard, mais continuent à être sujets aux mensonges et aux tentations de Satan (Al. 40-41). Ils ont également l’occasion d’entendre les serviteurs du Christ (D&A 138:28-37) et s’ils n’ont pas eu l’occasion sur terre, ils peuvent maintenant se repentir en vue de l’exaltation. S’ils ont eu l’occasion sur terre mais ne l’ont pas utilisée, le passage par la prison d’esprit leur permet de nouveau de rejeter Satan, ses mensonges et ses tentations, mais avec la récompense d’une gloire moindre (D&A 76:71-79).
 
Pendant le millénium, Satan sera lié (Ap. 20:2). Il sera toujours sur terre, essayant de tenter tout le monde comme il le fait depuis la chute d’Adam, mais il sera lié parce que personne n’écoutera ses tentations (1 Né. 22:26).
 
Vers la fin du millénium, Satan sera libéré (D&A 88:110-115) parce que les hommes l’écouteront de nouveau. Mais il sera vaincu et envoyé de cette terre dans les ténèbres du dehors, où lui et ses disciples, tant esprits que fils de perdition ressuscités (Satan est la Perdition), demeureront à jamais dans le malheur et les ténèbres de l’égoïsme et de l’isolement.
 
Bibliographie
On trouvera un traitement plus complet du concept du diable du point de vue des saints des derniers jours dans LaMar E. Garrard, « A Study of the Problem of a Personal Devil and Its Relationship to Latter-day Saint Beliefs » (Mémoire de maîtrise, université Brigham Young, 1955). Un ouvrage particulièrement précieux est son recueil de citations des premières Autorités générales de l’Église à ce sujet. Les quatre ouvrages de Jeffrey Burton Russel, The Devil : Perceptions of Evil from Antiquity to Primitive Christianity (Ithaca, N.Y., 1977), Satan : The Early Christian Tradition (Ithaca, N.Y., 1981), Lucifer : The Devil in the Middle Ages (Ithaca, N.Y., 1984) et Mephistopheles : The Devil in the Modern World (Ithaca, N.Y., 1986) constituent une histoire complète du concept du diable à travers la littérature, les arts et la philosophie depuis les temps anciens jusqu’à nos jours. La présentation est un traitement approfondi mais ne découle pas de la façon de penser des saints.
CHAUNCEY C. RIDDLE
 
Dieu
Auteur : YARN, DAVID H.
 
Les saints des derniers jours déclarent : « Nous croyons en Dieu, le Père éternel, et en son Fils, Jésus-Christ, et au Saint-Esprit » (A de F 1). Joseph Smith propose l’éclaircissement suivant : « Le Père a un corps de chair et d’os aussi tangible que celui de l’homme, le Fils aussi ; mais le Saint-Esprit n’a pas de corps de chair et d’os, c’est un personnage d’esprit » (D&A 130:22 ; voir Dieu le Père ; Saint-Esprit ; Jéhovah, Jésus-Christ).
 
Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont trois êtres séparés et distincts qui constituent une Divinité unique. D’une manière générale, le Père est le Créateur, le Fils est le Rédempteur et le Saint-Esprit est le Consolateur et le Témoin (cf. MFP 5:26-34 ; EPJS, p. 152). Beaucoup de passages scripturaires illustrent le caractère distinct des membres de la Divinité. Par exemple, au baptême de Jésus, alors qu’il était dans l’eau, la voix du Père s’est fait entendre du ciel et le Saint-Esprit est descendu « comme une colombe » et s’est posé sur le Fils (Mt. 3:13-17 ; voir Jésus-Christ : Baptême de Jésus-Christ). Chacune des trois personnes s’est manifestée séparément et simultanément. En outre, Jésus dit : « Mon Père est plus grand que moi » (Jean 14:28) et ailleurs : « Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils » (Jn. 5:22). De plus, Jésus indique que le Père et lui-même sont deux témoins séparés de la divinité de son œuvre (Jn. 5:32-37 ; 8:12-18). Sur la montagne de la Transfiguration, notre Père céleste, parlant à Pierre, Jacques et Jean, appelle l’homme mortel qu’est Jésus, « mon Fils bien-aimé » (Mt. 17:5). Par ailleurs, le Fils prie souvent son Père. À Gethsémané, il prie le Père tandis qu’il est dans une angoisse profonde (Mc. 14:32-39 ; cf. Lu. 22:40-46 ; D&A 19:16-19), et sur la croix, il crie au Père : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt. 27:46 ; Mc. 15:34 ; cf. Ps. 22:1). Tous ces passages prouvent bien que le Père est un être distinct du Fils. Bien qu’ils soient un pour ce qui est de la volonté et des buts, ils sont deux individus séparés et rendent témoignage l’un de l’autre (cf. 3 Né. 11:7-11).
 
La nature de l’unité de la Divinité est illustrée dans la prière où Jésus souhaite que ses disciples soient un de même que le Père et lui sont un (Jn. 17:21-22 ; cf. 3 Né. 11:27, 32-36 ; 28:10-11). Il prie ici pour que ses disciples soient unis en esprit, en but, et en témoignage, pas pour qu’il y ait fusion de leur identité en un être unique. Il prie pour qu’ils soient un en désir, en but et en objectif, exactement comme son Père et lui (EPJS, p. 301-302 ; voir Unité).
 
Le Père, en tant que Dieu, est omnipotent, omniscient et, par son Esprit, omniprésent (voir Lumière du Christ). Il est miséricordieux et généreux, lent à la colère, abondant en bonté. Sa voie est une ronde éternelle. Il est un Dieu de vérité et ne fait pas acception de personnes. Il personnifie l’amour.
 
Bien que les saints des derniers jours utilisent abondamment les Écritures pour s’informer sur Dieu, leur connaissance fondamentale à son sujet est basée sur la première vision de Joseph Smith, les révélations suivantes du prophète et la révélation personnelle de chacun. L’humanité peut raisonner ou échafauder des théories sur l’existence de Dieu et sa nature, mais si elle veut connaître Dieu, cela dépendra essentiellement de Sa disposition à se révéler à elle (voir Témoignage de Jésus-Christ).
 
Avant 325 apr. J.-C., date du premier concile œcuménique chrétien à Nicée, la nature de Dieu faisait l’objet de débats chez les philosophes et les croyants. Depuis lors, le concept de Dieu a été le sujet de conciles œcuméniques, de discussions philosophiques et d’articles de foi. Aucun d’eux n’est la source de la compréhension que les saints ont de Dieu. Il va de soi que beaucoup d’arguments classiques en faveur de l’existence de Dieu ont été avancés, notamment les arguments ontologiques d’Anselme, les cinq « preuves » de saint Thomas d’Aquin, l’argument téléologique de Descartes, l’argument éthique de Leibniz et les postulats de la raison pratique de Kant. Aussi impressionnants qu’ils puissent être comme réalisations de l’intellect humain, aucun d’eux n’est la source de la foi en Dieu des saints des derniers jours, dont la foi est basée sur le témoignage personnel enraciné dans une expérience personnelle (voir Épistémologie ; Foi en Jésus-Christ ; Raison et révélation).
 
Le dernier chapitre du Livre de Mormon fait cette promesse : « Et lorsque vous recevrez ces choses, je vous exhorte à demander à Dieu, le Père éternel, au nom du Christ, si ces choses ne sont pas vraies ; et si vous demandez d'un cœur sincère, avec une intention réelle, ayant foi au Christ, il vous en manifestera la vérité par le pouvoir du Saint-Esprit. Et par le pouvoir du Saint-Esprit, vous pouvez connaître la vérité de toutes choses. » (Mro. 10:4-5). La manifestation personnelle qu’on reçoit en réponse à la prière s’appelle un témoignage. Les saints des derniers jours enseignent que, grâce à cette source, on peut recevoir le témoignage certain que Dieu vit, la confirmation des divers principes que les Écritures enseignent et les éclaircissements là où ils sont nécessaires.
 
Il est essentiel d’avoir une croyance en Dieu ou du moins une certaine foi en lui pour découvrir qu’il existe réellement. Puisque Dieu existe et que les êtres humains sont ses enfants, il est important que les hommes et les femmes connaissent ces faits parce qu’une telle connaissance est un composant de la vie éternelle (Jn. 17:3). Les hommes doivent savoir qu’ils sont eux-mêmes des êtres éternels, que leur existence terrestre dépend de Dieu (cf. Mosiah 2:21) et que leur état futur dépend des relations qu’ils établissent avec Dieu et du respect de ses commandements (voir Commandements ; Obéissance).
 
Dieu aime ses enfants et leur a donné le moyen de réaliser leur potentiel divin (voir État divin). Dieu a donné à l’humanité le programme pour l’ensemble de ses enfants (voir Plan de salut, Plan de rédemption) et, par le don du Saint-Esprit, il guide spirituellement les personnes qui le désirent (voir Inspiration). Dieu a révélé sa volonté aux prophètes dans les temps anciens et aux apôtres au midi des temps, et il continue à se révéler aux prophètes et aux apôtres vivants des derniers jours.
 
L’étude de l’existence de Dieu crée le désir de le connaître et de savoir ce qu’il veut de nous. À mesure que notre foi et notre connaissance de Dieu augmentent, nous désirons de plus en plus garder les commandements et nous sentir proches de lui (voir Foi en Jésus-Christ). Le prophète Joseph Smith a enseigné que le fait de connaître la véritable personnalité de Dieu constitue la base de la foi qui mène au salut (Lectures on Faith 4:1 ; voir Discours sur la Foi). Jésus a promis que le Consolateur ou Saint-Esprit sera envoyé à celui qui garde les commandements de Dieu (Jn. 14:26). L’idéal est de jouir continuellement de cette influence.
 
Le prophète Joseph Smith a dit : « Le premier principe de l’Évangile est de connaître avec certitude la nature de Dieu et de savoir que nous pouvons converser avec lui comme un homme converse avec un autre, et qu’il a jadis été un homme comme nous : oui, que Dieu lui-même, notre Père à tous, a demeuré sur une terre tout comme Jésus-Christ lui-même » (EPJS, p. 280). En outre : « Dieu lui-même a jadis été tel que nous sommes maintenant et est un homme exalté et siège sur son trône dans les cieux là-haut ! Voilà le grand secret. Si le voile était déchiré aujourd’hui et si le grand Dieu qui maintient notre monde dans son orbite et qui soutient tous les mondes et toutes choses par son pouvoir devait se rendre visible – je dis, si vous deviez le voir aujourd’hui, vous le verriez sous la forme d’un homme – comme vous-mêmes dans toute la personne, l’image et la forme d’un homme ; car Adam fut créé à la manière, à l’image et à la ressemblance mêmes de Dieu, reçut des instructions de lui et marcha, parla et conversa avec lui, comme un homme parle et communie avec un autre » (EPJS, p. 279).
 
Ainsi, tous les humains doivent apprendre de Dieu qui ils sont, d’où ils viennent, pourquoi ils sont sur terre, où ils vont et ce qui est leur potentiel éternel en étudiant les Écritures et en recevant la révélation personnelle. Tout est centré sur Dieu.
 
Bibliographie
« Le Père et le Fils : Un exposé de doctrine par la Première Présidence et les Douze », MFP 5:26-34.
Kimball, Spencer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball. Salt Lake City, 1982.
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith. Salt Lake City, 1985.
Smith, Joseph Fielding. DS 1:11-61. Édition française, Francfort, n.d.
Talmage, James E. AF, p. 61-68. Édition française révisée, 1962.
DAVID H. YARN, Jr.
 
Dieu le Père
 
Cette rubrique se compose de quatre articles :
Dieu le Père : Aperçu
Dieu le Père : Noms et titres
Dieu le Père : Gloire de Dieu
Dieu le Père : Œuvre et gloire de Dieu
 
Le premier article est une introduction à la doctrine relative à Dieu le Père et aux sources où l’on peut la trouver. Le deuxième article mentionne les noms et les titres principaux donnés à Dieu dans les Écritures de l’Église. Le troisième article traite brièvement de la gloire de Dieu. L’article final va dans le détail de la notion des buts de Dieu par rapport à l’humanité.
 
Dieu le Père : Aperçu
Auteur : ROBINSON, STEPHEN E.
 
Les saints des derniers jours appellent généralement Dieu, le Père éternel, Élohim, un pluriel hébreu (‘elohim) signifiant Dieu ou dieux, et son Fils Jésus-Christ, Jéhovah (voir Élohim ; Jéhovah, Jésus-Christ). Il n’est pas possible de distinguer les personnes du Père et du Fils par des termes plus ambigus comme « Dieu ». Le fait d’appeler le Père « Élohim » est donc une convention utile tant que l’on se rappelle que, dans certains passages de la Bible hébraïque, le titre élohim ne désigne pas exclusivement la personne de Dieu le Père. Un terme moins ambigu pour désigner Dieu le Père dans le langage des saints pourrait être « Ahman »(cf. D&A 78:15, 20), qui, selon Orson Pratt, est un nom du Père (JD 2:342).
 
Dans la théologie de l’Église, la doctrine de la nature de Dieu est davantage précisée par la première vision du prophète Joseph Smith que par toute autre chose. Ici, Joseph Smith a vu par lui-même que le Père et le Fils étaient deux êtres séparés et distincts, possédant chacun un corps à l’image et à la ressemblance duquel les mortels sont créés. Pour les saints des derniers jours, aucune conception théologique ou philosophique de Dieu ne peut l’emporter sur l’expérience directe du prophète (voir Première Vision).
 
Dans un certain sens, c’est créer une légère distorsion que se concentrer sur un seul membre de la Divinité et traiter de ses caractéristiques en l’isolant de celles des deux autres, car Père, Fils et Saint-Esprit sont un en volonté, en but et en personnalité (Jn. 10:30 ; 17:11, 21-23). La majeure partie de ce qui peut être dit du Père est également vrai du Fils et vice-versa. Le prophète Joseph Smith a dit que le Fils ne fait rien dont le Père ne soit pas l’exemple (EPJS, p. 252 ; cf. Jn. 5:19-20).
 
Pourtant Dieu le Père n’est pas un en substance avec le Fils ou le Saint-Esprit, mais est un être séparé. Le Père a existé avant le Fils et le Saint-Esprit et est la source de leur divinité. En termes classiques, la théologie des saints est subordinationniste, c’est-à-dire qu’elle considère le Fils et le Saint-Esprit comme subordonnés et dépendants de Dieu, le Père éternel. Ils descendent de lui. C’est pour cela que Joseph Smith appelle le Père « Dieu le premier » pour souligner sa primauté dans la Divinité (EPJS, p. 152). Le Fils et le Saint-Esprit étaient « au commencement avec Dieu », mais seul le Père a existé avant le commencement de l’univers tel qu’on le connaît. Il est la source ultime de tout et le Père de tout, parce qu’au commencement il a engendré le Fils et, par l’entremise de son agent, le Fils, le Père a réalisé la création de tout.
 
Les saints des derniers jours perçoivent le Père comme un Homme exalté dans le sens le plus littéral et le plus anthropomorphique du terme. Ils ne considèrent pas la terminologie de la Genèse comme allégorique ; les êtres humains sont créés dans la forme et à l’image d’un Dieu qui a une forme et une image physiques (Ge. 1:26). Le prophète Joseph Smith explique : « Le Père a un corps de chair et d’os aussi tangible que celui de l’homme ; le Fils aussi ; mais le Saint-Esprit n’a pas de corps de chair et d’os, c’est un personnage d’esprit » (D&A 130:22). Ainsi, « Dieu est esprit » (Jn. 4:24) en ce sens que le Saint-Esprit, le membre de la Divinité qui traite le plus souvent et le plus directement avec les humains, est un Dieu et un esprit, mais Dieu le Père et Dieu le Fils sont des esprits ayant un corps physique et ressuscité. Les saints des derniers jours nient la nature abstraite de Dieu le Père et affirment qu’il est un être concret, qu’il possède un corps physique et qu’il est dans l’espace et le temps. Ils rejettent en outre toute idée que Dieu le Père est le « totalement autre », inconnaissable ou incompréhensible. Selon la doctrine de l’Église, connaître le Père et le Fils est une condition préalable à la vie éternelle (Jn. 17:3 ; D&A 88:49). De l’avis de beaucoup de saints des derniers jours, le concept d’une Divinité abstraite et incompréhensible constitue une intrusion des catégories philosophiques grecques dans le message biblique.
 
Le Père, Élohim, est appelé le Père parce qu’il est le Père littéral de l’esprit des mortels (Hé. 12:9). Cette paternité n’est pas allégorique. Tous les esprits humains ont été engendrés (et pas créés de rien ou faits) par le Père dans un état prémortel, où ils ont vécu et ont été éduqués par des Parents célestes. Ces enfants d’esprit du Père viennent sur terre recevoir un corps mortel ; il y a des liens familiaux littéraux entre les hommes. Joseph Smith a enseigné : « Si les hommes ne comprennent pas la personnalité de Dieu, ils ne se comprennent pas eux-mêmes » (EPJS, p. 278). Les Dieux et les humains représentent une lignée divine unique, la même espèce d’être, bien qu’eux et lui soient à différentes étapes de progression. Ce point de doctrine est énoncé avec concision dans un couplet bien connu du président Lorenzo Snow : « Ce que l’homme est maintenant, Dieu le fut autrefois ; ce que Dieu est maintenant, l’homme peut le devenir » (voir État divin). Ce principe est clairement démontré dans la personne de Jésus-Christ, un Dieu qui est devenu mortel, et cependant un Dieu comme qui les mortels peuvent devenir (Ro. 8:29 ; 2 Co. 3:18). Mais la maxime vaut aussi bien pour le Père. Comme le prophète Joseph Smith l’a dit : « Dieu lui-même a jadis été tel que nous sommes maintenant et est un homme exalté et siège sur son trône dans les cieux là-haut ! Voilà le grand secret » (EPJS, p. 279). Ainsi, le Père est devenu le Père à un moment donné avant « le commencement » tel que les humains le connaissent, en passant par une condition mortelle semblable à celle que nous vivons sur terre. Il y a eu des théories parmi certains saints des derniers jours sur les implications de ce point de doctrine, mais rien n’a été révélé à l’Église au sujet de ce qui existait avant « le commencement » tel que les mortels le connaissent. Les points importants de cette doctrine pour les saints des derniers jours sont que les Dieux et les humains sont la même espèce d’êtres, mais à différentes étapes du développement dans un continuum divin et que le Père et la Mère célestes sont le modèle et l’exemple célestes de ce que les mortels peuvent devenir par l’obéissance à l’Évangile (voir Mère céleste). Le fait de savoir qu’ils sont la descendance littérale de parents célestes et qu’ils peuvent devenir comme eux par l’Évangile de Jésus-Christ est une source intarissable de motivation religieuse. Avec Dieu comme Père littéral et les humains comme dotés de la capacité de devenir comme lui, la réponse aux questions religieuses de base « D’où viens-je ? », « Pourquoi suis-je ici ? » et « Quel est mon destin ? » trouvent fondamentalement leur réponse.
 
Les saints des derniers jours attribuent également l’omnipotence et l’omniscience au Père. Il sait tout ce qui concerne l’univers dans lequel les mortels vivent et est lui-même la source et le possesseur de tout le vrai pouvoir qui s’y manifeste. Cela fait partie de ce que signifie être exalté et c’est pour cela que les êtres humains peuvent sans risque mettre leur foi et leur confiance en Dieu le Père, un être exalté. Néanmoins, dans la plupart des choses relatives à ce monde, le Père agit par l’intermédiaire d’un médiateur, son Fils, Jésus-Christ. À de rares exceptions près, les mentions de Dieu ou même du Père dans les Écritures se rapportent en réalité à Jésus-Christ parce que le Père est représenté par son Fils. Dans les quelques occasions où le Père s’est clairement manifesté, il a apparemment limité sa participation personnelle à rendre témoignage du Fils, comme au baptême de Jésus (Mt. 3:17), à la Transfiguration (Mt. 17:5), lors de son témoignage aux Néphites et aux Lamanites (3 Né. 11:7) et lors de la Première Vision de Joseph Smith (JS–H 1:17). Le Christ est l’agent du Père, et puisque lui seul, par son expiation, a rendu possible l’accès au Père, les saints des derniers jours adorent et prient le Père et lui offrent toutes les autres observances au nom du Fils, Jésus-Christ (Moï. 5:8).
 
Un autre attribut personnel important du Père est son amour parfait (1 Jn. 4:8). À cause de cet amour, il est de la nature du Père d’améliorer tout et tout le monde dans la mesure où on le lui permet. A partir du chaos préexistant, de la matière non organisée, le Père a créé un univers ordonné. À partir d’intelligences préexistantes, il a engendré des enfants d’esprit. Même ceux de ses enfants qui ne veulent pas coopérer ni obéir et qui ne peuvent donc pas devenir comme lui, il les sauve malgré tout, s’ils le permettent, et les place dans des royaumes de gloire moindre (D&A 76:42-43 ; voir Salut) : « Car voici mon œuvre et ma gloire : réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme » (Moï. 1:39). L’amour du Père ne se limite pas à ceux qui l’adorent et lui obéissent, bien que ce soient eux qui auront la plus grande récompense, mais il s’étend à tous ses enfants. L’œuvre et la gloire du Père sont d’aimer et d’édifier tous ses enfants dans la mesure où ils le permettent. Les saints des derniers jours croient que l’intention du Père est de rendre tous les êtres humains aussi heureux qu’il leur est possible de l’être. C’est dans ce but que le Père a créé le plan du salut. Il désire que tous les êtres humains soient exaltés comme lui, reçoivent les pouvoirs et les joies qu’il possède et éprouvent une plénitude de joie dans l’éternité. La limite est la mesure dans laquelle les humains, en manifestant leur foi et leur obéissance et en faisant des choix sages, permettent au Père de les bénir en réalisant ce but. Parfois avoir foi en Dieu signifie avoir la foi que le plan du Père accomplira ce qu’il est censé devoir accomplir : apporter le bonheur maximum aux êtres humains. Néanmoins, les saints des derniers jours croient, contrairement à certaines autres conceptions, que le Père ne viole jamais le libre arbitre individuel en forçant ses enfants à l’exaltation et au bonheur. La coercition, à quelque niveau que ce soit, même sous forme de prédestination au royaume céleste, est contraire à la nature du Père. Tout rapport avec lui, toute association avec lui est volontaire.
 
Bibliographie
Cannon, Donald Q., et Larry E. Dahl. The Prophet Joseph Smith's King Follett Discourse : A Six Column Comparison of Original Notes and Amalgamations. Provo, Utah, 1983.
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith, p. 58-65. Salt Lake City, 1985.
Smith, Joseph Fielding. DS, Vol. 1, p. 11-27.
STEPHEN E. ROBINSON
 
Dieu le Père : Noms et titres
Auteur : BURGON, GLADE L.
 
Les noms et les titres connus de Dieu le Père éternel sont peu nombreux, particulièrement une fois qu’on les compare aux noms appliqués à Jésus-Christ (voir Jésus-Christ, noms et titres de). Pour les saints des derniers jours, la Divinité se compose de trois personnes distinctes : le Père, Jésus-Christ, son Fils, et le Saint-Esprit (D&A 130:22). Par conséquent, quand il est nécessaire de distinguer Dieu le Père des deux autres membres de la Divinité, les membres de l’Église choisissent parmi les noms qui se trouvent dans les Écritures.
 
DIEU. Chez les saints des derniers jours, le titre « Dieu » désigne généralement Dieu le Père. De temps en temps, le mot Dieu peut désigner la Divinité unifiée du Père, du Fils et du Saint-Esprit (cf. 2 Né. 31:21 ; D&A 20:28) et parfois chaque membre séparément (AF, p. 60-68). Cette caractéristique rend parfois très difficiles les tentatives de distinguer le Père de Jésus-Christ dans les Écritures. Chose importante, les déclarations de Jésus selon lesquelles le Père et lui sont « un » et que connaître l’un c’est connaître l’autre, indiquent que l’unité de la Divinité – en but et en esprit et témoignant l’un de l’autre – est l’essentiel et semble diminuer l’importance des distinctions entre ses membres. Les Écritures enseignent que pour connaître le Père il faut d’abord connaître le Christ (Jn. 14:6-23 ; D&A 84:35-38 ; 93:1-22 ; 132:12). Les instructions de Jésus selon lesquelles ses fidèles doivent être « un » avec lui comme il est « un » avec le Père sont fondamentales dans sa doctrine (cf. Jn. 17:1-26 ; 3 Né. 11:32-36).
 
PÈRE, PÈRE CÉLESTE. Le nom-titre « Père céleste » se rapporte à celui qui a dirigé la création et est le Père des esprits de toute l’humanité (MFP 5:26-27). Jésus a utilisé les termes « mon Père », « notre Père » et « le Père » dans son enseignement sur le Père et en le priant. Le mot araméen abba (père) est resté dans la traduction du Nouveau Testament (Mc. 14:36 ; Ro. 8:15 ; Ga. 4:6). Dans le Livre de Mormon, Jésus ressuscité utilise continuellement le titre « Père » en parlant du Père céleste (par exemple, 3 Né. 11:11 ; 19:20-23). Parfois, cependant, Père peut désigner le Fils (voir Jésus-Christ, Paternité et Filiation de). Selon le Nouveau Testament et le Livre de Mormon, les âmes fidèles qui sont converties à Jésus-Christ et qui font des alliances personnelles avec lui naissent spirituellement de nouveau, devenant « ses fils et ses filles » (par exemple, Mosiah 5:7 ; cf. 1 Co. 4:15 ; 2 Co. 6:18 ; MFP 5:27-31).
 
DIEU LE PÈRE. La combinaison du titre « Dieu » et de l’appellatif « le Père » indique qu’il s’agit du Père de Jésus-Christ et de tous les esprits. Les saints des derniers jours adorent Dieu le Père et Jésus-Christ et prient le Père au nom du Christ comme le Seigneur l’a commandé (D&A 88:64).
 
ÉLOHIM. Le terme généralement utilisé pour « Dieu » ou « dieux » dans la Bible hébraïque est élohim, une forme plurielle dont le singulier est eloah ou el et a le sens d’ « élevé » ou « exalté ». Les premiers dirigeants de l’Église ont pris pour habitude de désigner Dieu le Père par le nom-titre exalté « Élohim » (cf. MFP 5:26 ; voir Élohim ; Nom de Dieu). Cette terminologie est toujours utilisée.
 
JÉHOVAH, SEIGNEUR, SEIGNEUR DIEU. Le terme « Seigneur », imprimé en majuscules dans beaucoup de versions anglaises de l’Ancien Testament, remplace le nom Jéhovah (yhwh dans la Bible hébraïque). Bien qu’identifiant Jésus-Christ à Jéhovah (3 Né. 15:3-5 ; cf. D&A 110:1-4 ; voir Jéhovah, Jésus-Christ), les saints des derniers jours utilisent le titre « Seigneur » pour le Père et le Fils, comme c’est courant dans toute l’Écriture. Le titre « Seigneur Dieu » dans la Bible hébraïque est un composé d’élohim précédé soit de yhwh (Jéhovah) ou d’adonaï (seigneur ou maître). Ce nom-titre combiné désigne surtout Jéhovah dans l’Ancien Testament. Dans le Nouveau Testament, dans le Livre de Mormon et dans d’autres Écritures modernes « Seigneur Dieu » peut désigner soit le Père (par exemple, Moïse 4:1-4) soit le Fils (Mosiah 3:21). [NdT : Pour ce qui est de la Version Segond, l’auteur utilise uniquement les termes Éternel, Éternel Dieu. Il est à remarquer que le Tétragramme IHVH doit probablement se prononcer Yahvé. La prononciation Jéhovah provient du fait que les voyelles du mot « adonaï », Seigneur, couramment utilisé parce qu’il était interdit de prononcer le nom divin, ont été intégrées aux consonnes du Tétragramme.]
 
AHMAN. Dans deux révélations à Joseph Smith (D&A 78:20 ; 95:17), Jésus-Christ se désigne lui-même par le nom « Fils Ahman », ce qui veut dire qu’il est possible que « Ahman » signifie Dieu et soit l’un des noms du Père (voir Ahman). Le nom apparaît également dans un nom de lieu composé, Adam-ondi-Ahman (D&A 116:1 ; 117:8, 11).
 
HOMME DE SAINTETÉ. Adam a appris par révélation qu’un des noms de Dieu le Père est « Homme de Sainteté » (Moïse 6:57). Hénoc a également noté les paroles de Dieu : « Voici, je suis Dieu ; Homme de Sainteté est mon nom ; Homme de Conseil est mon nom ; et Infini et Éternel est mon nom aussi. » (Moïse 7:35 ; voir Infini et Éternel).
 
Dans la Bible et les Écritures modernes, d’autres titres de Dieu portent une signification précieuse : « Père des esprits », « Dieu de tous les autres Dieux », « Infini », « le Dieu vivant » et « Seigneur des armées, ce qui est, par interprétation, le créateur du premier jour, le commencement et la fin. » (D&A 95:7).
 
Bibliographie
Talmage, James E. AF. Salt Lake City, 1915.
 
Dieu le Père : Gloire de Dieu
Auteur : TURNER, RODNEY
 
La gloire est un attribut et une émanation intrinsèques de Dieu, que les Écritures modernes associent à la loi divine et au pouvoir et à l’Esprit qui « sort de la présence de Dieu pour remplir l’immensité de l’espace » (D&A 88:7-13). Les termes les plus importants qui désignent « l’Esprit de gloire » (1 Pi. 4:14) sont l’Esprit de Dieu, le Saint-Esprit, l’Esprit du Seigneur, la lumière de la vérité, la Lumière du Christ et l’Esprit du Christ. Cet Esprit qui imprègne tout est si pur et si raffiné qu’il n’est pas perceptible aux mortels dans les circonstances ordinaires (D&A 131:7-8 ; EPJS, p. 167). Il est pourtant arrivé, comme en témoignent les prophètes, que la gloire innée ait été manifestée de manière visible sous la forme d’un feu spirituel flamboyant (Ex. 24:17 ; Ac. 2:3 ; Hél. 5:43-45 ; 3 Né. 17:24 ; 19:13-14 ; HC 1:30-32). Moïse et Jésus ont été transfigurés par le même pouvoir glorificateur (Ex. 34:29-35 ; Mt. 17:2).

Parce que la gloire rayonne de Dieu, il est décrit comme étant un « feu dévorant » (De. 4:24 ; cf. És. 33:14). Dieu peut retenir ou cacher sa gloire (EPJS, p. 129, 144, 262). Mais il peut également rayonner de lui une lumière et une chaleur si transcendantes qu’aucune chair mortelle ne peut supporter sa présence (Mal. 4:1 ; D&A 133:41, 49 ; HC 1:17, 37). Ce n’est que quand on est revêtu de l’Esprit que l’on peut supporter la présence glorieuse de Dieu (Moï. 1:2, 11 ; D&A 67:11).
 
L’esprit de gloire imprègne les créations de Dieu (D&A 63:59 ; 88:41). Par conséquent, elles sont des royaumes de gloire et voir la moindre de ses créations c’est voir une partie de sa gloire (Moï. 1:5 ; Ps. 19:1 ; D&A 88:45-47 ; EPJS, p. 284). Étant donné que les œuvres de Dieu sont sans fin, sa gloire est sans cesse croissante (Abr. 3:12 ; Moï. 1:38 ; 7:30). Son œuvre et sa gloire c’est réaliser l’immortalité et la vie éternelle de ses enfants (Moï. 1:39). De même que le fait pour Jésus de se soumettre à la volonté de son Père les a glorifiés tous les deux, de même l’obéissance de ses enfants les glorifie, Dieu et eux (Jn. 13:31 ; 17:1). On parvient à être un avec Dieu par cette relation de gloire (Jn. 17:21-23 ; D&A 88:60).
 
La mesure dans laquelle les hommes et les femmes mortels acquièrent et vivent les principes moraux et spirituels de la lumière et de la vérité inhérents à l’intelligence divine détermine la mesure dans laquelle ils seront remplis de la gloire de Dieu quand ils ressusciteront et, en conséquence, la sphère de gloire qu’ils hériteront dans l’éternité (D&A 88:22-32 ; 93:20, 28 ; 130:18-19 ; EPJS, p. 296). RODNEY TURNER
 
Dieu le Père : Œuvre et gloire de Dieu
Auteur : LARGEY, DENNIS L.
 
Une révélation reçue par Moïse entre son expérience du buisson ardent (Ex. 3:1-4:17) et son retour en Égypte (Ex. 4:20 ; cf. Moï. 1:26) dit que l’œuvre et la gloire de Dieu consistent à « réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme » (Moï. 1:39). Ce passage, qui est l’un de ceux qui sont le plus souvent cités de l’Écriture dans les sermons décrit le but principal des actions de Dieu en faveur de ses enfants.
 
Précédemment dans cette vision, Moïse avait vu « beaucoup de pays. Chaque pays était appelé terre, et il y avait des habitants à sa surface » (Moï. 1:29). Alors le Seigneur lui dit que « lorsqu'une terre et ses cieux passeront, une autre viendra. Et il n'y a pas de fin à mes œuvres ni à mes paroles » (1:38). Après avoir reçu cet aperçu global des créations de Dieu, Moïse demande au Seigneur : « Dis-moi, je te prie, pourquoi ces choses sont ainsi, et par quoi tu les as faites ? » (1:30).
 
Le Seigneur répond à la première question en expliquant : « Voici mon œuvre et ma gloire : réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme » (Moï. 1:39). Créer des mondes et les peupler de ses enfants, c’est ce qui constitue la majeure partie de « l’œuvre » de Dieu. Il crée des terres où ses enfants d’esprit peuvent demeurer, où ils reçoivent un corps physique et apprennent à marcher par la foi. Tandis que l’immortalité est la vie sans fin, la vie éternelle signifie devenir comme Dieu (voir État divin). Ainsi, la « gloire » de Dieu consiste à permettre à l’humanité de parvenir à la gloire éternelle, l’ultime étant la vie éternelle.
 
En réponse à la deuxième question de Moïse (c.-à-d., « par quoi tu les as faites ? » ), le Seigneur dit que les mondes ont été créés par le pouvoir du « Fils unique, qui est plein de grâce et de vérité » (Moï. 1:32). Ce passage souligne la conception que les actes créateurs de Dieu, qui comprennent tous les mondes habitables (Moï. 1:33 ; cf. Jn. 1:1-2), sont faits par l’intermédiaire du Fils unique, agent de Dieu, et sont faits en grâce et en vérité au profit de ses enfants.
 
DENNIS L. LARGEY
 
Dispensation de la plénitude des temps
Auteur : PACKER, RAND H.
 
La dispensation de la plénitude des temps est la dispensation finale pour cette terre. Les dispensations sont des périodes où l'Évangile de Jésus-Christ est administré par de saints prophètes appelés et ordonnés par Dieu pour remettre son message aux habitants du monde. L’œuvre centrale de la « dispensation de la plénitude des temps » consiste à rassembler toutes les ordonnances et vérités d'Évangile des dispensations passées et certains points propres aux derniers jours. Paul a parlé d'un temps futur où toutes les choses qui sont dans le ciel et sur terre seraient enfin rassemblées, et il l’a appelé la « dispensation de la plénitude des temps » (Ép. 1:10 selon la KJV).
Cette dispensation a commencé par la Première Vision de Joseph Smith, le prophète, et toutes les révélations et tous les dons divins des anciennes dispensations s’y déversent continuellement. À ce sujet, Joseph Smith a écrit le 6 septembre 1842: « Il est nécessaire pour l'inauguration de la dispensation de la plénitude des temps, laquelle dispensation commence à être inaugurée, qu'une union et un rattachement complets et parfaits de dispensations, de clefs, de pouvoirs et de gloires se produisent et soient révélés depuis le temps d'Adam jusqu'à nos jours » (D&A 128:18).
 
David W. Patten, membre de Collège des douze apôtres, a dit en 1838: « La dispensation de la plénitude des temps se compose de toutes dispensations qui ont jamais eu lieu depuis que le monde a commencé jusqu'aujourd’hui… Tous [les prophètes] ont reçu de leur temps une dispensation par révélation de Dieu pour accomplir le grand plan du rétablissement… dont la fin est la dispensation de la plénitude des temps, dans laquelle s’accomplira tout ce dont il a été parlé depuis que la terre a été faite » (HC 3:51).
 
La révélation et le rétablissement caractérisent la plénitude des temps. La prêtrise, les clefs (autorisation d'agir), les ordonnances, les alliances et les enseignements des dispensations passées ont été, ou seront encore rétablis, et ceci n’est possible que par révélation. Des messagers célestes ont exercé leur ministère auprès de Joseph Smith et Oliver Cowdery, leur donnant l'autorité, les clefs, les points de doctrine et les ordonnances des dispensations passées qui avaient été perdus pour le monde pour des raisons de fragmentation, d'abus et d'apostasie. Les Doctrine et Alliances rapportent plusieurs situations où ces deux hommes ont vu des prophètes anciens ressuscités, ont parlé avec eux et ont reçu de l’autorité de leur part. Le 15 mai 1829, Jean-Baptiste les a ordonnés à la Prêtrise d'Aaron (D&A 13). Peu de temps après, Pierre, Jacques et Jean, trois des apôtres originels du Christ, leur ont conféré la Prêtrise de Melchisédek (D&A 27:12). Le 3 avril 1836, dans le temple de Kirtland, Moïse leur a donné « les clefs pour rassembler Israël des quatre coins de la terre et pour ramener les dix tribus du pays du nord » (D&A 110:11) ; Élias leur a confié les clefs de la dispensation de l'Évangile d'Abraham (D&A 110:12) et Élie a accompli la promesse de Malachie 4:5-6 en leur conférant le pouvoir de scellement, « de tourner le cœur des… enfants vers leurs pères » et de rendre accessibles les ordonnances salvatrices de l'Évangile à tous ceux qui ont vécu sur terre (D&A 110:13-15). Dans le cadre du rétablissement, le Livre de Mormon, témoin scripturaire de Jésus-Christ et de ses relations avec le peuple ancien d’Amérique, a été traduit par Joseph Smith par la puissance divine. Ces événements faisaient partie du programme visant à « réunir toutes choses en Christ » (Ép. 1:10 ; D&A 27:7-13 ; voir aussi Rétablissement de toutes choses). La prêtrise a été révélée « pour la dernière fois » et ceux qui détiennent maintenant les clefs, les ont « conjointement avec tous ceux qui ont reçu une dispensation, à quelque époque que ce soit, depuis le début de la création » (D&A 112:30-31).
 
Le prophète Joseph Smith a écrit à propos des choses qui sont propres à la dispensation de la plénitude des temps : « Ces choses qui n'ont jamais été révélées depuis la fondation du monde, mais ont été cachées aux sages et aux intelligents, seront révélées à de petits enfants et à des nourrissons en cette dispensation, qui est la dispensation de la plénitude des temps » (D&A 128:18). Bien que le plan du salut soit le même dans chaque dispensation, la plénitude des temps verra l'accomplissement d’événements spécifiques et uniques, notamment la reconstruction de la vieille Jérusalem, la construction de la nouvelle Jérusalem, la prédication de l'Évangile à toutes les nations, familles, langues et peuples, le rassemblement d'Israël et la seconde venue de Jésus-Christ. Tout ce qui est nécessaire pour introduire le millénium rentre dans le domaine de la dispensation de la plénitude des temps, qui continuera jusqu'à ce que le Christ ait soumis tous ses ennemis et ait rendu parfaite son œuvre (D&A 76:106 ; EPJS, p. 186).
 
Bibliographie
Matthews, Robert J. "The Fulness of Times." Ensign 19, déc. 1989, p. 46-51.
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith, p. 137, 320. Salt Lake City, 1985.
RAND H. PACKER
 
Dispensations de l'Évangile
Auteur : LASSETTER, COURTNEY J.
 
Le terme « dispensation » est une traduction du grec oïkonomia, dénotant une idée d'intendance et de mise en ordre des affaires d'un ménage. Les « dispensations » sont également des périodes de temps au cours desquelles le Seigneur met sur la terre la connaissance, la prêtrise et les clefs d'autorité nécessaires pour mettre en application son plan de salut pour ses enfants. Ce plan, avec la prêtrise, a d’abord été donné à Adam (Moï. 5:4-12 ; 6:62-68 ; D&A 84:16-18 ; EPJS, p. 124, 133), mais par suite de l'apostasie et de la fragmentation qui se sont produites plus tard parmi ses descendants, il n'est pas resté constamment sur la terre. Par conséquent, le Seigneur a de temps en temps appelé de nouveaux prophètes et a de nouveau révélé le plan et conféré l'autorité sacerdotale nécessaire, créant une nouvelle dispensation.
 
Chaque nouvelle dispensation ou période de vérité rétablie propose aux hommes et aux femmes une intendance divine qui est d’accomplir l’œuvre du Seigneur sur la terre. Les bénéficiaires deviennent gardiens et collaborateurs de Dieu dans la réalisation de ses buts. Ils œuvrent selon son dessein ordonné et révélé. Son plan tient compte des faiblesses humaines et prévoit des périodes de renouvellement après apostasie, tout comme il prévoit une rédemption par rapport aux manquements des gens par le repentir et l'obéissance (D&A 121:31-32). Les notions d'intendance et d'ordre sont des thèmes importants dans la théologie des saints.
 
Les prophètes sont des intendants qui prêchent et organisent l’œuvre de rédemption dans chaque dispensation. Il est devenu traditionnel, dans certains commentaires mormons non officiels, de compter sept grandes dispensations appelées du nom du prophète principal de chacune d’elles : Adam, Hénoc, Noé, Abraham, Moïse, Jésus-Christ (qui a dirigé la dispensation du midi des temps) et Joseph Smith (qui a introduit la dispensation de la plénitude des temps ; voir Actes 3:21). Cependant, cette liste ne tient pas compte d'autres dispensations, comme celle chez les Jarédites, les Néphites et les dix tribus perdues d'Israël.
 
Il est rare que des dispensations de l'Évangile aient été universelles, touchant toutes les nations, bien que ce soit l'idéal (par exemple, Abr. 2:11). Le plus souvent, c’est un seul peuple qui a été sensible, alors que les autres nations languissaient dans l'ignorance et l'incrédulité. Cependant, la dispensation adamique a dû être communiquée de son temps à toute la famille d'Adam (voir Moï. 5:12) et de nouveau, dans la dispensation finale, la plénitude des temps, l'Évangile « sera prêché à toute nation, famille, langue et peuple » (voir D&A 133:37 ; cf. 90:9-11). Le midi des temps a reçu le même mandat (Mt. 28:19-20), mais nous n'avons aucun document permettant de dire que l'Évangile a touché toutes les nations de l’époque.
 
Plusieurs éléments fondamentaux sont communs à toutes les dispensations : l’autorité de la prêtrise, le baptême par immersion et l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit, le pouvoir de scellement (D&A 128:9-11) et le culte du temple. Les points de doctrine de base de l'Évangile, notamment la chute d'Adam, la foi en Jésus-Christ, le repentir et la nécessité d'une expiation infinie ont été enseignés à chaque époque à partir du temps d'Adam toutes les fois qu'il y a eu des prophètes vivants choisis par le Seigneur (Moï. 5:4-12 ; D&A 112:29-32).
 
Certains prophètes ont reçu des clefs et la responsabilité d’aspects spécifiques du plan de Dieu pour cette terre. Dans le sens de dispensation ou d'intendance, chacune de ces tâches pourrait être appelée, à bon droit, une dispensation spéciale. Joseph Smith a enseigné qu'Adam, en tant que « père de tous les vivants », se trouve à la tête de l'ordre patriarcal de la prêtrise pour cette terre sous le Christ (EPJS, p. 125 ; D&A 78:16) et détient les clefs de génération en génération. Toutes les fois que l'Évangile est révélé à nouveau, c’est sous la direction d'Adam. Noé, le « père de tous les vivants » après Adam, est également connu comme Gabriel et suit Adam en autorité dans la prêtrise (EPJS, p. 124, 133). Moïse détient les clefs du rassemblement d'Israël (D&A 110:11) et Élie, celles du scellement des générations (D&A 2 ; 110:13-16 ; JS-H 1:38-39). Jean-Baptiste a eu pour rôle spécial de préparer la venue du Messie (TJS Mt. 11:13-15 ; 17:10-14). Pierre, Jacques et Jean ont reçu les clefs de la Prêtrise de Melchisédek (EPJS, p. 125) de Jésus, de Moïse, et d'Élie). Moroni a la responsabilité du Livre de Mormon (D&A 27:5). Chacun de ces prophètes a reçu une dispensation de clefs dont il assume l’intendance et dont il rendra compte au Seigneur (D&A 27:5-13). Dans une future réunion, tous ceux qui détiennent des clefs feront un rapport d'intendance à Adam, et lui, au Christ (EPJS, p. 124 ; cf. TJS Lu. 3:8-9).
 
Pour l’installation de la dispensation finale, le Seigneur a préparé Joseph Smith en envoyant des prophètes de dispensations précédentes lui conférer leurs clefs (voir D&A 110 ; 112:32 ; 128:20-21). Ainsi, dans la dispensation de la plénitude des temps, toutes choses seront réunies (voir Ép. 1:10 ; D&A 27:13). Puisque la dispensation finale est le point culminant de tout ce qui a précédé, Joseph Smith est vénéré comme une personnalité éminente sous Jésus-Christ (D&A 128:18 ; 135:3).
 
Chaque dispensation, en commençant par celle d’Adam, a été une dispensation de l'Évangile du salut par Jésus-Christ. C'est-à-dire que, dans chaque dispensation, le même plan de rédemption par l’intermédiaire du Sauveur et la sainte prêtrise nécessaire a été révélé par Dieu d'une façon semblable et cohérente.
 
La logique générale du plan n'exclut pas des différences dans les recommandations révélées et les directives appropriées à la diversité des temps et des cultures des différentes dispensations. La circoncision, par exemple, importante dans les dispensations précédentes comme signe d'alliance, n'était plus essentielle dans les dispensations ultérieures. Les sacrifices sanglants exigés du temps de l'Ancien Testament pour préfigurer l'Expiation ont été accomplis en Christ, lequel a prescrit les nouveaux emblèmes rédempteurs du pain et du vin. Les saints des derniers jours sont fortement conscients des changements et de la progression dans l'histoire sacrée. La progression personnelle et ce que cela implique dans l’optique de la création d'une société de Sion rendue parfaite est essentielle dans l'eschatologie des saints (voir Progression éternelle). Cette notion de la progression est démontrée dans le concept que la dispensation finale bâtit sur les précédentes et réalise leurs buts à toutes avec la célestialisation de la terre. La terre deviendra alors une résidence glorieuse pour ceux de toutes les dispensations qui auront été ressuscités et rendus parfaits en Christ (D&A 88:17-26).
Une lignée précise d'autorité de la prêtrise est un composant essentiel de la compréhension que les saints ont des dispensations. Ainsi, Moïse et Élie ont visité Pierre, Jacques et Jean sur la montagne de la Transfiguration pour rétablir certaines clefs d'autorité et, comme déjà souligné, ceux-ci et beaucoup d'autres prophètes anciens ont visité Joseph Smith pour lui donner la même autorité (voir Rétablissement de l'Évangile de Jésus-Christ).
 
Bien que l'Église du Seigneur, dans des dispensations successives, ait cessé de fonctionner sur terre pour cause d'apostasie, l’œuvre du Seigneur dans chaque dispensation n’est jamais clôturée, menant à la dispensation finale. L’œuvre du Seigneur qui n'a pas été achevée dans une dispensation précédente continuera dans la dispensation finale, qui s'appelle, à juste titre, « la plénitude des temps ». Dans cette dernière dispensation, certains idéaux, qui n’avaient encore jamais été atteints sur la terre, seront réalisés (p. ex., le rassemblement d'Israël, la seconde venue de Jésus-Christ et le millénium).
 
Bibliographie  :
Arrington, F. L. "Dispensationalism". Dans Dictionary of Pentecostal and Charismatic Movements, dir. de publ. Stanley M. Burgess et Gary B. McGee. Grand Rapids, Mich., 1988.
Hunter, Milton R. The Gospel Through the Ages. Salt Lake City, 1945.
Matthews, Robert J. "The Fulness of Times". Ensign 19, déc. 1989, p. 46-51.
Roberts, B. H., dir. de publ. A Comprehensive History of The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, Introduction. Salt Lake City, 1930.
COURTNEY J. LASSETTER

Divinité
Auteur : Dahl, Paul E.

[On trouvera un traitement sur les trois membres de la Divinité et leurs attributs divins, ainsi que leurs manifestations dans le monde, dans Dieu ; Dieu le Père ; Élohim ; Homme de sainteté ; Jéhovah ; Jésus-Christ ; Saint-Esprit ; Don du Saint-Esprit ; Colombe, signe de la.Voir aussi État divin ; Infini et éternel ; Nom de Dieu ; Intelligence ; Prescience de Dieu ; Dieu omnipotent ; Omniprésence de Dieu ; Omniscience de Dieu.]

Les saints des derniers jours croient en Dieu le Père, en son Fils, Jésus Christ, et au Saint-Esprit (1er art. de foi). Ces trois Dieux forment la Divinité, qui détient les clefs du pouvoir sur l'univers. Chaque membre de la Divinité est un personnage indépendant, séparé et distinct des deux autres, les trois étant dans une unité et dans une entente parfaites entre eux (AF, chap. 2).

Cette connaissance concernant la Divinité découle principalement de la Bible et des révélations de Joseph Smith, le Prophète (voir Smith, Joseph : Enseignements de Joseph Smith). Par exemple, les trois membres de la Divinité se manifestent séparément au baptême de Jésus (Matthieu 3:16-17) et à la lapidation d'Étienne (Actes 7:55-56). Joseph Smith fait ce commentaire : « Pierre et Étienne témoignent qu'ils ont vu le Fils de l'Homme debout à la droite de Dieu. Quiconque a vu les cieux ouverts sait qu'il y a trois Personnages dans le ciel qui détiennent les clés du pouvoir, et que l’un préside sur tous » (EPJS, p. 252).
Le 16 juin 1844, dans son dernier sermon dominical avant son martyre, Joseph Smith déclara que « dans toutes les assemblées », il avait enseigné « la pluralité des Dieux » depuis quinze ans : « Je tiens à vous déclarer que Dieu est un Personnage distinct, que Jésus-Christ est un Personnage distinct et séparé de Dieu le Père, et que le Saint-Esprit est un Personnage distinct et un Esprit : et ces trois-là constituent trois Personnages distincts et trois Dieux » (EPJS, p. 300). Les deux récits les plus anciens qui existent encore de la première vision de Joseph ne donnent pas de détails sur la Divinité, mais il est clairement démontré, documents à l’appui, qu'il a toujours enseigné, dans la plupart des périodes de sa vie, que le Père et le Fils étaient des personnages séparés (p. ex., D&A 76:23 [1832], 137:3 [1836], sa Première Vision, JS–H 1:17[écrite en 1838], D&A 130:22 [1843]). Bien que n'identifiant pas le Saint-Esprit comme étant un « personnage », le cinquième discours sur la foi (1834) affirme que « le Père, le Fils et le Saint-Esprit constituent la Divinité » (cf. Millet, p. 223-234).

Bien que les trois membres de la Divinité soient des personnages distincts, leur Divinité est « une » en ce que tous les trois sont unis dans leurs pensées, leurs actes et leur but, chacun ayant une plénitude de connaissance, de vérité et de puissance. Chacun est un Dieu. Cela n'implique pas une union mystique de la substance ou de la personnalité. Joseph Smith a enseigné : « Beaucoup d'hommes disent il y a un seul Dieu ; le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu'un seul Dieu. Je dis que c'est là un Dieu étrange de toutes façons : trois en un et un en trois ! C'est une curieuse organisation. ‘Père, je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés... afin qu'ils soient un comme nous’… Je veux vous lire moi-même le texte : ‘Je suis d'accord avec le Père et le Père est d'accord avec moi, et nous sommes d'accord comme une seule personne.’ Le grec montre que ce devrait être ‘être d’accord’. ‘Père, je prie pour ceux que tu m'as donnés hors du monde... afin qu’eux aussi soient d’accord avec nous’ et que tous viennent tous demeurer dans l'unité » [EPJS, p. 302 ; cf. Jean 17:9-11, 20-21 ; cf. aussi WJS, p. 380].

L'unité demandée dans Jean 17 constitue le modèle de ce que les mormons entendent par l'unité de la Divinité : celle que l’on atteint par l’unité d'intention, par la foi et par la volonté et l'action divines. Joseph Smith a enseigné que la Divinité était unie par « une alliance éternelle [qui] fut faite entre [ces] trois personnages avant que notre terre ne fût organisée » à propos de ce qu’ils devaient dispenser à ses habitants (EPJS, p. 152). L'objectif principal de la Divinité et de tous ceux qui sont unis avec elle est de « réaliser l'immortalité et la vie éternelle de l'homme » (Moïse 1:39 ; Hinckley, p. 49-51).

Chaque membre de la Divinité s'acquitte de fonctions particulières à l'égard de chacun des autres et de l'humanité. Dieu le Père préside la Divinité. Il est le Père de tous les esprits humains et du corps physique de Jésus-Christ. Le corps humain a été créé à son image.
Jésus-Christ, Fils Premier-né de Dieu le Père dans l'esprit et Fils unique dans la chair, est l'agent créateur de la Divinité et le médiateur rédempteur entre le Père et l'humanité. C’est par lui que Dieu a tout créé et c’est par son intermédiaire que Dieu a révélé les lois du salut. C’est en lui que tous seront rendus vivants et c’est par son expiation que toute l'humanité peut être réconciliée avec le Père.

Le Saint-Esprit est un personnage d'esprit qui témoigne de la vérité. Le Père et le Saint-Esprit témoignent du Fils et le Fils et le Saint-Esprit témoignent du Père (3 Néphi 11:32; cf. Jean 8:18). C’est par l'intermédiaire du Saint-Esprit que les révélations du Père et du Fils sont données.

La doctrine mormone de la Divinité se distingue des divers concepts de la Trinité. Plusieurs doctrines trinitaires postbibliques sont apparues dans le christianisme. Cette « évolution du dogme se produisit progressivement dans le contexte de la philosophie émanationniste du stoïcisme et du néoplatonisme (notamment de la théologie mystique de ce dernier) et dans le cadre du monothéisme juif strict » (ER 15:54). Les doctrines trinitaires cherchaient à élever l'unicité de Dieu, allant dans certains cas jusqu’à qualifier Jésus de consubstantiel avec le Père afin d'exclure toute possibilité de prétendre que Jésus n'était pas pleinement divin. La conception mormone, formulée par la révélation moderne par l'intermédiaire de Joseph Smith, rejette l'idée que Jésus ou qui que ce soit d’autre perd son individualité en atteignant l’état divin ou en se retrouvant dans des relations divines et éternelles avec les autres êtres exaltés. [Voir aussi Christologie ; Déification chez les premiers chrétiens.]

Bibliographie
Hinckley, Gordon B. "The Father, Son, and Holy Ghost." Ensign 16, nov. 1986, p. 49-51.
Millet, Robert L. "The Supreme Power over All Things: The Doctrine of the Godhead in the Lectures on Faith." Dans The Lectures on Faith in Historical Perspective, dir. de publ. L. Dahl et C. Tate, p. 221-240. Provo, Utah, 1990.
Roberts, B. H. "The Doctrine of the Church in Respect of the Godhead." IE 1, août 1898, p. 754-769.
PAUL E. DAHL

 
Doctrine
 
[Cette rubrique se compose de cinq articles :
Doctrine : Signification, source et histoire du mot
Doctrine : Enseignements distinctifs
Doctrine : Doctrine mormone comparée aux autres doctrines chrétiennes
Doctrine : Harmonisation des paradoxes
Doctrine : Traités sur la doctrine
 
On trouvera des articles apparentés dans Articles de foi ; Évangile de Jésus-Christ ; Jéhovah, Jésus-Christ ; et Plan de salut, Plan de rédemption. Voir aussi Histoire intellectuelle et Smith, Joseph : Enseignements de. Joseph Smith. Pour des articles à caractère philosophique, voir, entre autres, Épistémologie ; Éthique ; Connaissance ; Métaphysique ; Philosophie ; Raison et révélation ; Théologie ; et Vérité.]
 
Doctrine : Signification, source et histoire du mot
Auteurs : BRADFORD, GERALD M. et DAHL, LARRY E.
 
SIGNIFICATION DU MOT DOCTRINE. Le mot « doctrine » dans les Écritures signifie « enseignement, ce qu’on enseigne ». Le plus souvent, dans l’Église, il désigne les enseignements ou la doctrine de Jésus-Christ, compris dans un sens assez spécifique. Donc du point de vue scripturaire, le terme « doctrine » signifie le message central de Jésus le Christ, à savoir que Jésus est le Messie, le Rédempteur. Tous les autres enseignements sont subordonnés à ceux par lesquels tout le monde « sait comment aller au Christ et être sauvé » c’est-à-dire, aux « points de doctrine » comme la foi, le repentir, le baptême et la réception du don du Saint-Esprit. Un jour, en soulignant la prééminence et la nature fondamentale de ce message, Jésus a enseigné : « Et quiconque annonce plus ou moins que cela et l'établit comme étant ma doctrine, celui-là vient du mal et n'est pas bâti sur mon roc » (3 Né. 11:40).
 
Dans la King James Version (KJV) de l’Ancien Testament, le mot « doctrine » apparaît six fois (De. 32:2 ; Job 11:4 ; Pr. 4:2 ; És. 28:9, 29:24 ; Jé. 10:8), habituellement comme traduction du mot hébreu leqakh, signifiant « instruction » ou, plus littéralement, « ce qui doit être reçu ». Dans le Nouveau Testament de la KJV, il est utilisé une cinquantaine de fois, le plus souvent en rapport avec l’enseignement ou les instructions de Jésus-Christ, moins fréquemment avec les enseignements d’autres personnes.
 
La « doctrine de Jésus-Christ », que les auditeurs du Sauveur trouvaient frappante (Mt. 7:28) et « nouvelle » (Mc. 1:27) et qu’il attribuait au Père (Jn. 7:16-19), est synonyme de son message central, l’Évangile de Jésus-Christ. Selon les termes de Paul, c’était la bonne nouvelle que le royaume de Dieu est proche et que Dieu « nous a réconciliés à lui par Christ » (2 Co. 5:18).
 
Les apôtres, après la mort et la résurrection du Sauveur, continuèrent à enseigner ce message essentiel (Ac. 13:12 ; 1 Ti. 6:1). Ils utilisaient le mot « doctrine » le plus souvent pour désigner ce qu’une personne devait croire et faire pour être sauvée (Ac. 2:41-47 ; 1 Ti. 4:16 ; Hé. 6:1-3).
La plupart des occurrences du terme « doctrine » dans le Nouveau Testament sont au singulier et se rapportent à la « doctrine de Jésus-Christ ». Le pluriel « doctrines » désigne habituellement les enseignements des hommes et des démons, des enseignements faux et vains contraires à la « doctrine » du Sauveur ou la niant. Le message de Jésus vient du Père et a son contenu en Jésus-Christ, le Messie et le Rédempteur, le chemin du salut. La « doctrine » de Jésus-Christ est la base sur laquelle tous les autres enseignements, principes et pratiques reposent.
 
Le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances utilisent le mot « doctrine » de la même manière. Au singulier, il désigne toujours la « doctrine de Jésus-Christ » ou les « points de sa doctrine » et signifie « ce qui assurera le salut de ceux qui l’acceptent et agissent en conséquence ». Au pluriel, il désigne les faux enseignements des démons ou d’autres (2 Né. 3:12 ; 28:9 ; D&A 46:7). Le Livre de Mormon utilise « doctrine » dans ce sens spécial comme étant la « doctrine de Jésus-Christ » ou l’Évangile (vingt-huit fois). Jésus attribuait son enseignement au Père : « Et ceci est ma doctrine… que le Père commande à tous les hommes de partout de se repentir et de croire en moi. Et quiconque croit en moi et est baptisé, celui-là sera sauvé ; et ce sont ceux-là qui hériteront le royaume de Dieu » (3 Né. 11:32-33). Plus tard il déclara : « Ceci est l'Évangile que je vous ai donné : que je suis venu au monde pour faire la volonté de mon Père… Et mon Père m'a envoyé pour que je sois élevé sur la croix… et… quiconque se repent et est baptisé en mon nom sera rassasié ; et s'il persévère jusqu'à la fin, voici, je le tiendrai pour innocent devant mon Père en ce jour où je me tiendrai pour juger le monde » (3 Né. 27:13-16 ; cf. D&A 76:40-42).
 
Ainsi, la « doctrine de Jésus-Christ » est le seul enseignement qui puisse être qualifié correctement de « doctrine ». Elle est fixe et invariable. Elle ne peut pas être modifiée ou contredite, mais simplement amplifiée par la révélation de vérités supplémentaires qui approfondissent la compréhension et l’appréciation de sa signification. C’est la base sur laquelle se fait l’épreuve de la foi et le roc ou le fondement de tous les autres enseignements, principes et pratiques révélés.
 
Certains de ces autres enseignements comportent ce qui est parfois désigné sous le nom de plan de salut, qui est le cadre historique général dans lequel la « doctrine de Jésus-Christ » est située et par conséquent mieux comprise. C’est le plan élaboré dès le commencement par le Père, qui a pour centre l’expiation de Jésus-Christ, moyen nécessaire par lequel tous les hommes sont sauvés et exaltés. Tous les autres enseignements révélés sont soit des aspects de la doctrine de Jésus-Christ, soit des prolongements, des amplifications ou des annexes de cette doctrine. Le prophète Joseph Smith a enseigné : « Les principes fondamentaux de notre religion sont le témoignage des apôtres et des prophètes concernant Jésus-Christ, qu’il est mort, a été enterré et est ressuscité le troisième jour et est monté au ciel ; et toutes les autres choses qui ont trait à notre religion n’en sont que des annexes » (EPJS, p. 95).
 
Les « annexes » qui sont explicitement mentionnées dans les Écritures comme éléments de la doctrine de Jésus-Christ sont (1) la foi au Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu ; (2) le repentir de tous les péchés ; (3) le baptême par immersion pour la rémission des péchés ; (4) le don du Saint-Esprit par l’imposition des mains par ceux qui ont l’autorité ; (5) la persévérance jusqu’à la fin dans la justice et (6) la résurrection de tous les êtres humains pour être jugés par le Christ (3 Né. 9:1-16 ; 11:23-39 ; 19:7-28 ; 27:13-21 ; D&A 10:62-69 ; 33:10-15 ; 39:5-6 ; 76:40-43). Les enseignements supplémentaires, qui sont étroitement liés à ce fondement, sont la connaissance de la nature de Dieu, de la création et de la chute d’Adam, du libre arbitre, de la révélation continue, d’un canon ouvert et de la recherche continuelle de la vérité de toutes choses, de la vie prémortelle, du rassemblement d’Israël, du rôle d’un peuple de l’alliance, la diffusion de l’Évangile, l’espérance et la charité, l’établissement de Sion, l’avènement du Christ, le règne du Christ sur terre pendant mille ans, les ordonnances du temple pour les vivants et les morts, la prédication de l’Évangile dans le monde d’esprit post-terrestre, la nécessité de la prêtrise, les degrés de gloire dans l’au-delà, le mariage éternel et le concept de l’exaltation finale en présence de Dieu pour partager sa gloire et sa vie.
 
En plus de son utilisation scripturaire, le mot « doctrine » a un sens très général dans le langage mormon de tous les jours, où il est utilisé pour désigner pratiquement tout ce qui est ou a été enseigné ou est cru par les saints des derniers jours. Dans ce sens, les enseignements doctrinaux répondent à une foule de questions. Certains sont étroitement liés au message essentiel de l’Évangile de Jésus-Christ ; d’autres sont plus éloignés et débordent de manière non systématique sur des disciplines telles que l’histoire, la psychologie, la philosophie, les sciences, la politique, les affaires, l’économie. Certaines de ces croyances peuvent être considérées comme doctrine officielle et sont données aux saints à titre de conseil, d’exhortation, de réprimande et d’instructions (2 Ti. 3:16). Des efforts continuels sont faits pour harmoniser et mettre en application ces principes et cette doctrine dans une vie juste. D’autres enseignements, qui ne jouissent pas d’un statut officiel ni ne font autorité, peuvent également être répandus à n’importe quel moment parmi des membres de l’Église.

SOURCE DE LA DOCTRINE. Dieu est la source de la doctrine. Elle n’est pas créée ni élaborée par l’homme. Elle est basée sur la vérité éternelle et est révélée par Dieu à l’homme. Elle ne peut être correctement comprise que par révélation par l’intermédiaire de l’Esprit de Dieu (1 Co. 2:11-14 ; Jcb. 4:8).
 
Dieu dispense les vérités éternelles « ligne sur ligne, précepte sur précepte » (2 Né. 28:30). Parfois, il a révélé la plénitude de l’Évangile et ceux qui l’ont acceptée et l’ont vécue ont été reçus dans sa présence. Quand les hommes ont ignoré ou rejeté son Évangile, Dieu a occasionnellement retenu son Esprit et les hommes ont dû vivre dans un état de ténèbres spirituelles (voir Apostasie).
Dieu révèle autant de lumière que ce que l’humanité est disposée à respecter. Par conséquent, des quantités variables de la vraie doctrine ont existé sur la terre à différentes époques et ceux qui habitaient la terre pendant la même époque ont connu des quantités différentes de vérité. Dans ce sens, on peut dire qu’il y a une histoire de la doctrine, c’est-à-dire un récit de la façon dont l’humanité, au cours des temps, a soit grandi soit diminué dans la connaissance des choses de Dieu, de l’homme et du monde. Joseph Smith a enseigné : « Tel est le principe sur lequel le gouvernement du ciel est géré, par la révélation adaptée aux circonstances dans lesquelles sont placés les enfants du royaume » (EPJS, p. 206).
 
Beaucoup de facteurs influencent la quantité que Dieu révèle, à qui et dans quelles circonstances. Parmi ces facteurs il y a : (1) qui saisit l’occasion de demander au Père au nom du Christ ; (2) quelle foi ont ceux qui cherchent la connaissance ; (3) ce qu’ils demandent ; (4) ce qu’il est bon qu’ils reçoivent (D&A 18:18) ; (5) à quel point ils sont disposés à obéir à ce qui est donné (Al. 12:9-11) ; (6) ce qu’exigent la volonté et la sagesse de Dieu, car il donne « tout ce qu'il juge bon qu'[ils] aient » (Al. 29:8) ; (7) si la foi des gens a besoin d’être mise à l’épreuve (Mormon était sur le point d’en écrire plus, mais « le Seigneur me l'interdit, disant : Je veux éprouver la foi de mon peuple » [3 Né. 26:8-11]) ; et (8) comment les gens spirituellement préparés doivent recevoir la révélation (par exemple, Jésus a enseigné par paraboles afin de protéger ceux qui n’étaient pas prêts à comprendre [Lu. 8:10 ; D&A 19:22]). Les vérités éternelles constituant l’Évangile ne changent pas et finalement tous ceux qui sont exaltés dans le royaume de Dieu les comprendront et les appliqueront entièrement. Cependant, la connaissance et la compréhension que l’humanité a de ces vérités changent au même titre que les règles et les pratiques relevant des niveaux correspondants de compréhension et d’obéissance.

Puisque la maison de Dieu « est une maison d’ordre… et pas une maison de confusion » (D&A 132:8), il doit y avoir quelqu’un qui peut parler pour Dieu pour toute l’Église et également pour aplanir les différends. Dans l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, le prophète en vie est le seul autorisé à recevoir des révélations et des commandements faisant force de loi pour l’Église entière (D&A 28:1-7 ; 43:1-7 ; 128:11). Depuis le moment où l’Église a été organisée, il y a eu et il y aura toujours « un prophète, reconnu de Dieu et de son peuple, qui continuera à interpréter la volonté du Seigneur » (Spencer W. Kimball, Ensign 7, mai 1977, p. 78). D’habitude, le prophète agit de concert avec ses conseillers dans la Première Présidence et le Collège des douze apôtres, ceux qui détiennent, avec le prophète, les « clefs du royaume » (D&A 81:2 ; 112:30), avec le principe que l’unanimité du collège et le consentement commun des membres de l’Église donnent pouvoir et validité à leurs décisions (D&A 26:2 ; 107:27-31). Agissant collectivement et sous l’inspiration de Dieu, ces dirigeants ont autorité pour définir à n’importe quel moment la position de l’Église en matière de doctrine, de règles et de pratique. C’est le canal par lequel les changements se produisent. Les saints des derniers jours croient que Dieu « révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de Dieu » (9e A de F). Ces révélations sont censées permettre une compréhension accrue de la doctrine.
 
Beaucoup de gens écrivent ou prêchent leurs idées. Certains, par l’étude et l’obéissance, peuvent apprendre des vérités qui vont au-delà de la position déclarée de l’Église, mais cela ne les autorise pas à parler officiellement pour elle ni à présenter leurs idées comme faisant force de loi sur l’Église. Il y a beaucoup de sujets sur lesquels les Écritures ne sont pas claires et à propos desquels l’Église n’a fait aucune déclaration officielle. Dans de tels cas, on peut trouver des divergences d’opinion entre les membres et les dirigeants de l’Église. Tant que la vérité dans ces domaines n’est pas manifestée par la révélation, il y a place pour différents niveaux de compréhension et d’interprétation des questions non réglées.
 
HISTOIRE DE LA DOCTRINE. La doctrine de l’Église a été révélée principalement par le prophète Joseph Smith, bien que des ajouts et des éclaircissements aient été apportés plus tard. Ces vérités font partie de la plénitude de l’Évangile de Jésus-Christ, connues autrefois sur terre mais maintenant perdues, rendant un rétablissement par révélation nécessaire.
 
Le prophète Joseph Smith a reçu et a communiqué ligne sur ligne sa compréhension doctrinale, depuis le moment de sa première vision en 1820 jusqu’à sa mort en 1844. Dans beaucoup de cas, sa propre compréhension a été progressivement augmentée. Dans d’autres domaines, il a appris rapidement certains principes mais ne les a enseignés qu’à mesure que ses disciples étaient aptes et disposés à les accepter. Pour ce qui concerne l’au-delà, par exemple, il a dit : « Je pourrais en expliquer cent fois plus que je ne l’ai jamais fait sur les gloires des royaumes qui m’ont été manifestées dans la vision, si cela m’était permis et si le peuple était prêt à le recevoir » (EPJS, p. 246).
 
Il n’y a pas de structure simple ni d’ordre prévisible dans la croissance de la connaissance de Joseph Smith. Sa compréhension doctrinale s’est graduellement développée par les révélations qu’il recevait en réponse aux diverses situations et circonstances contemporaines que dut affronter l’Église naissante mais en croissance rapide. D’autres enseignements ont paru tout à fait spontanément. Ses perceptions devenaient plus complètes et plus détaillées, mais elles ne perdaient pas leur ancrage historique dans les dispensations passées ni leur but immuable d’amener les hommes au Christ.

Un catalyseur important dans ce processus fut l’examen systématique de la Bible auquel Joseph Smith se livra (voir Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)]), qui produisit des interprétations bibliques et des restaurations de textes inspirées. En outre, beaucoup de sections des Doctrine et Alliances sont des révélations répondant aux questions qui se présentèrent lors de ce processus (par exemple, D&A 76, 91, 132).
 
Les enseignements de Joseph au sujet de la Divinité illustrent les points précédents. Au début, il enseignait simplement que Dieu le Père et le Fils étaient des personnages distincts, sans mentionner explicitement la nature de leurs corps, même si 3 Néphi 11:15 (traduit en 1829) disait clairement que le corps ressuscité de Jésus était tangible. Plus tard, à Nauvoo, il déclara que « il n’y a pas d’autre Dieu dans le ciel que ce Dieu qui a chair et os » (EPJS, p. 145, commentaire fait en 1841 sur le texte biblique de Jean 5:26) et que le Père et le Fils ont tous deux un corps « de chair et d’os aussi tangible que celui de l’homme » (D&A 130:22). Deux mois avant sa mort, Joseph, pour la première fois dans un sermon public enregistré, en fait dans son ultime sermon sur la nature de Dieu, le discours sur King Follett, enseigna que Dieu est un homme exalté. Et deux semaines avant sa mort, il parla d’une « pluralité de Dieux », accroissant notre compréhension, dans Genèse 1, du pluriel hébreu élohim, ou « dieux » (Joseph avait étudié l’hébreu en 1835), expliquant que « il y a plusieurs Dieux et plusieurs Seigneurs, mais pour nous il n’y en a qu’un seul et c’est à celui-là que nous devons être assujettis », déclarant que pendant quinze ans il avait toujours prêché « la pluralité de Dieux » (EPJS, p. 301 ; cf. 1 Co. 8:5-6).
 
De même, les enseignements de Joseph concernant des choses telles que la nature de l’homme, son existence prémortelle, son libre arbitre et son potentiel éternel d’accéder à l’état divin lui ont également été graduellement dévoilés, à lui et à son entourage. Il apprit en décembre 1830 que « tous les enfants des hommes » ont été créés « spirituellement, avant [de l’être] naturellement sur la surface de la terre » (Moï. 3:5). Une révélation de 1833 lui apprit qu’une composante de tout individu existait avant sa création spirituelle, une composante appelée intelligence, qui « n'a été ni créée ni faite et ne peut assurément pas l'être » (D&A 93:29). Pendant la période de 1835 à 1842, tout en traduisant le livre d’Abraham, Joseph Smith apprenait qu’Abraham avait regardé à l’intérieur du monde prémortel et contemplé les myriades d’ « intelligences qui furent organisées avant que le monde fût » en la présence de Dieu (Abr. 3:22). Beaucoup d’entre elles étaient « nobles et grandes » et choisirent de suivre le Christ. À ceci il fut ajouté en 1841 que « lors de la première organisation dans le ciel, nous étions tous présents et nous avons vu choisir et nommer le Sauveur et établir le plan de salut et nous l’avons sanctionné » (EPJS, p. 145).
 
On peut montrer que les enseignements du Prophète sur l’expiation de Jésus-Christ, la création, la préordination, le salut pour les morts, la prêtrise, les ordonnances du temple, le mariage éternel, l’exaltation et beaucoup d’autres sujets ont tous fait l’objet d’un développement similaire pendant son ministère (Cannon, Dahl et Welch).
 
En 1844, la structure doctrinale de base de l’Église était en place. Toutefois, depuis cette époque, il y a eu des déclarations officielles clarifiant la compréhension doctrinale ou adaptant les applications doctrinales à des circonstances particulières. Certaines font maintenant partie des Doctrine et Alliances ; d’autres sont publiées sous forme de messages officiels de la Première Présidence (cf. MFP). Au cours des années, on a mis plus ou moins d’accent sur diverses manières de procéder et pratiques à mesure que des changements se produisaient dans la situation économique (voir Consécration : Loi de consécration ; Dîme ; Ordres unis ; Entraide), les circonstances politiques (voir Église et État ; Politique ; Guerre et paix), l’atmosphère intellectuelle (voir Histoire intellectuelle), la croissance de l’Église (voir Organisation), et beaucoup d’autres domaines. Mais la doctrine essentielle de l’Église est demeurée constante parmi ces changements.
 
Certains dirigeants de l’Église ont beaucoup écrit sur ce qu’ils comprenaient de la doctrine de l’Église et, par conséquent, ont eu une influence importante sur ce que beaucoup de membres croient (voir traités de doctrine ci-dessous). Parmi ceux-ci, Parley P. Pratt, Orson Pratt, James E. Talmage, John A. Widtsoe, B. H. Roberts, Joseph Fielding Smith et Bruce R. McConkie. Leurs écrits révèlent quelques divergences de vues sur des questions non réglées, tout comme il existe différentes écoles de pensée parmi les membres de l’Église en général sur certaines questions. Il y a, par exemple, les efforts pour réconcilier les enseignements scientifiques actuels et les vérités révélées, pour réfléchir à la nature de l’intelligence incréée et pour définir la progression éternelle. Les saints des derniers jours ont la foi que les réponses seront un jour révélées et sont invités, en attendant, à chercher la connaissance par tous les moyens disponibles et à montrer de la tolérance à l’égard de ceux qui entretiennent des avis différents sur de tels sujets.
 
Bibliographie
Cannon, Donald Q., Larry E. Dahl et John W. Welch. "The Restoration of Major Doctrines Through Joseph Smith : The Godhead, Mankind, and the Creation." Ensign 19 (janv. 1989) :27-33 ; et "The Restoration of Major Doctrines Through Joseph Smith : Priesthood, the Word of God, and the Temple", Ensign 19 (févr. 1989) :7-13.
Lyon, T. Edgar. "Doctrinal Development of the Church During the Nauvoo Sojourn, 1839-1846." BYU Studies 15, été 1975, p. 435-46.
M. GERALD BRADFORD
LARRY E. DAHL
 
Doctrine : Enseignements distinctifs
Auteur : BURTON, ALMA P.
 
Peu d’enseignements doctrinaux religieux sont uniques au sens strict du terme, mais beaucoup sont suffisamment rares pour être considérés comme des éléments distinctifs de telle ou telle religion ou confession. Plusieurs points de doctrine des saints des derniers jours sont distinctifs dans ce sens, bien que dans la plupart des cas d’autres chrétiens aient à un moment donné entretenu des croyances identiques ou similaires. Les saints des derniers jours insistent sur le fait que leurs points de doctrine distinctifs ont été révélés par Dieu dans de précédentes dispensations dirigées par Adam, Hénoc, Noé et ainsi de suite jusqu’au temps du Christ. Ainsi, alors qu’ils peuvent être distincts parmi les confessions modernes, ces points de doctrine nouvellement révélés étaient partagés par la seule vraie Église de Jésus-Christ dans les temps anciens.
 
Quelque chose qui est unique dans la théologie de l’Église moderne est la conception que la Divinité se compose de trois êtres distincts, dont deux possèdent un corps de chair et d’os et un, un corps d’esprit. Une déclaration officielle au sujet de la Divinité dit : « Le Père a un corps de chair et d’os aussi tangible que celui de l’homme ; le Fils aussi ; mais le Saint-Esprit n’a pas de corps de chair et d’os, c’est un personnage d’esprit » (D&A 130:22). Les saints des derniers jours prennent la Bible, Ancien et Nouveau Testaments, dans un sens littéral et anthropomorphe, attribuant à Dieu à la fois une forme humaine et des émotions. Ils acceptent aussi bien l’unicité que la « tricité » de la Divinité comme enseignée dans la Bible. Cependant, ils rejettent la doctrine traditionnelle de la Trinité et croient, au contraire, que la Divinité est une en pensée, en dessein et en témoignage, mais trois en nombre. Ainsi, ils croient que Dieu est esprit dans le sens qu’il est empreint d’esprit, et dans le sens que le Saint-Esprit est un esprit, mais ils ne limitent pas le Père ou le Fils à l’immatérialité.
 
Les saints des derniers jours identifient expressément Jéhovah, Dieu de l’Ancien Testament, à Jésus-Christ. Ils croient que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu qui a marché avec Hénoc et qui a parlé avec Moïse sur le mont Sinaï, était Jésus-Christ prémortel, ou Dieu le Fils, agissant en tant qu’agent de son Père.
 
Les saints des derniers jours ont également des points de doctrine distincts en ce qui concerne la nature de l’univers et la façon dont il a commencé. Parce qu’ils croient que l’esprit et la matière sont en fait la même chose à des degrés différents de raffinement (voir D&A 131:2), ils conçoivent l’univers comme deux domaines, le physique et le spirituel, mais ceux-ci ne sont pas antithétiques. Ils nient la dichotomie esprit/matière et soulignent que l’esprit et la matière constituent un univers éternel unique.
 
De plus, pour eux, « au commencement » veut dire « au commencement de notre partie de l’histoire » ou, dans l’état prémortel, « quand Dieu a commencé à créer notre monde ». Ils ne croient pas en un commencement absolu, car dans leur théologie, l’esprit, la matière et l’élément sont tous éternels. Les créations peuvent passer d’un ordre inférieur à un ordre supérieur, et l’œuvre et la gloire de Dieu est de réaliser cette évolution (Moï. 1:39), mais il n’y a jamais eu de temps où la matière n’existait pas. Les saints des derniers jours rejettent l’idée courante d’une création ex nihilo – que Dieu ait tiré tout ce qui existe du néant. Ils enseignent au contraire que Dieu a tout créé à partir de matériaux préexistants mais non organisés. Il a organisé les éléments préexistants pour créer des mondes et il a organisé l’intelligence préexistante pour engendrer des esprits. Les esprits de tous les êtres humains ont existé en tant qu’enfants d’esprit de Dieu avant leur naissance ici-bas.
 
L’eschatologie mormone présente également plusieurs points de doctrine distinctifs. Par exemple, les saints des derniers jours croient en un état temporaire entre la mort et la résurrection que les Écritures appellent le monde d’esprit. Ce monde temporaire d’esprit comprend le paradis, où les esprits des justes attendent leur résurrection glorieuse, et l’enfer, où les esprits des méchants souffrent pour leurs péchés tandis qu’ils attendent la résurrection vers un degré de gloire inférieur (Al. 40:11-14 ; cf. Lu. 16:22-23). La doctrine des saints enseigne que tout être humain ressuscitera. Beaucoup ont été ressuscités peu après la résurrection de Jésus ; les justes restants seront ressuscités lors de la seconde venue du Christ et les méchants à la fin du règne millénaire du Christ sur terre. L’enfer est un état temporaire, qui rendra ses esprits captifs à la résurrection, tout comme la mort rendra ses corps (2 Né. 9:10-14 ; cf. Ap. 20:13-14). Dans la Résurrection, toute souffrance prendra fin (D&A 76:84, 88-89) et tous les êtres humains, excepté les fils de perdition, seront sauvés dans l’un des trois royaumes ou degrés de gloire : le céleste, le terrestre ou le téleste (D&A 76:1-19 ; 88:29-32 ; cf. 1 Co. 15:4-42).
 
Parmi les points de doctrine distinctifs des saints sur la nature de l’Église, il y a la croyance que l’Église de Jésus-Christ a été plusieurs fois sur la terre, en commençant par Adam, plus ou moins sous la même forme que maintenant et avec la même doctrine. L’Église et l’Évangile de Jésus-Christ sont éternels. Ils ont été révélés au peuple d’Adam, de Hénoc, de Noé, d’Abraham, de Moïse, de Jared, de Léhi, et d’autres. Adam a connu l’Évangile, a été baptisé par immersion au nom de Jésus-Christ et a reçu le don du Saint-Esprit, tout comme les saints dans toutes les autres dispensations. Parfois l’humanité a rejeté ou a déformé l’Évangile et est tombée dans l’apostasie. Mais, par la suite, l’Évangile a été rétabli dans sa pureté originelle par des prophètes appelés à lancer une nouvelle dispensation. Tout récemment, ce même Évangile éternel a été rétabli par le prophète moderne Joseph Smith. Ainsi, la fondation de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours n’a pas été le résultat d’une longue évolution religieuse, ni simplement le rétablissement du christianisme primitif, mais a été le rétablissement final sur la terre d’un Évangile éternel de Jésus-Christ révélé bien des fois à l’humanité depuis le commencement.
 
Ce qui distingue « l’Église vraie et vivante » de toutes les autres Églises est la possession des clefs de la prêtrise du royaume des cieux (voir Mt. 16:19). La croyance que la possession des clefs apostoliques est nécessaire dans la véritable Église n’est pas propre aux saints des derniers jours ; ce qui l’est, c’est l’insistance qu’une de ces clefs accorde nécessairement les dons de prophétie et de révélation. Détenir les clefs du royaume comme Pierre l’a fait, c’est être prophète, voyant et révélateur comme lui. Et pour être « vraie et vivante », une Église doit recevoir ces clefs apostoliques exercées et transmises par l’intermédiaire de ses prophètes vivants. Comme un arbre n’est vivant que quand ses branches sont attachées à son tronc et à ses racines, une Église n’est vivante que quand elle est rattachée par un chenal ouvert de révélation à sa source divine. Quand les dirigeants ecclésiastiques n’ont aucun lien prophétique de ce genre avec les cieux, une Église peut même enseigner des points de doctrine vrais, mais elle ne peut pas être « vraie et vivante » (voir D&A 1:30 ; 27:12-13), parce qu’il lui manque la communication nécessaire avec ses racines divines.
 
Étant donné l’accent mis sur le besoin de prophètes vivants, il s’ensuit que la parole de Dieu est principalement la parole adressée aux prophètes et communiquée par eux. La parole mise sur papier, les Écritures, est toujours importante comme précédent historique et comme compte rendu de ce que le Seigneur a dit à son peuple dans le passé, mais elle n’est qu’un complément et est secondaire par rapport à ce qu’il peut dire maintenant par son prophète vivant. Comme les saints des derniers jours croient au don véritable de prophétie, il s’ensuit que les révélations reçues par les prophètes modernes doivent être estimées au même niveau que celles reçues par ceux d’autrefois. Par conséquent, le canon des Écritures des saints des derniers jours ne peut jamais être fermé : « Nous croyons tout ce que Dieu a révélé, tout ce qu’il révèle maintenant, et nous croyons qu’il révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de Dieu » (9e A de F).

Les saints des derniers jours sont également uniques dans plusieurs aspects de leur conception du salut. Si la plupart des points de doctrine des saints sont connus des autres chrétiens – par exemple, l’Expiation, la justification, la sanctification et la grâce – il y a, chez eux, plusieurs points distinctifs. Ils font une distinction entre le « salut » général, qui signifie pour eux que par l’expiation du Christ on est délivré de la tombe et du pouvoir de Satan et de l’enfer pour entrer dans un degré de gloire, et « l’exaltation », qui signifie que par l’expiation du Christ et l’obéissance personnelle aux principes et aux ordonnances de l’Évangile de Jésus-Christ on est élevé au degré le plus haut de gloire pour prendre part aux pouvoirs et aux privilèges de Dieu, s’asseoir sur son trône et régner dans l’éternité (voir D&A 76:1-119 ; 88:22-23 ; cf. Ap. 1:6 ; 3:21). Être exalté, c’est devenir comme Dieu (voir Déification chez les premiers chrétiens).
 
Les saints des derniers jours fidèles reçoivent dans les temples de l’Église les ordonnances et la connaissance nécessaires à l’exaltation céleste. Une partie de ces rites sacrés est appelée la dotation du temple parce qu’elle constitue un élément majeur du don suprême accordé à l’humanité par l’expiation du Christ. Une autre ordonnance du temple est le scellement du mari et de la femme, des parents et des enfants dans des familles qui dureront pendant le temps et toute l’éternité. Le royaume céleste se composera de la famille céleste de Dieu unie dans l’amour comme maris et femmes, parents et enfants, et frères et sœurs pour toujours. En tant que personnes isolées, les êtres humains peuvent être sauvés dans des degrés de gloire moindres, mais seules les familles peuvent être exaltées.
 
Tout le monde n’a pas l’occasion d’entendre l’Évangile du Christ et de recevoir toutes ordonnances de l’exaltation ici-bas. Les saints des derniers jours enseignent que Dieu a pris des dispositions pour que tous entendent l’Évangile de manière à pouvoir accepter ou rejeter ses bénédictions. Ceux qui n’en ont pas l’occasion dans la condition mortelle la recevront dans le monde d’esprit. Le Nouveau Testament enseigne que Jésus lui-même a visité le monde d’esprit après sa mort sur la croix et a prêché aux esprits qui s’y trouvaient : « Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous amener à Dieu, ayant été mis à mort quant à la chair, mais ayant été rendu vivant quant à l’Esprit, dans lequel aussi il est allé prêcher aux esprits en prison » (1 Pi. 3:18-19). Le but de sa prédication aux esprits est révélé au chapitre suivant : « Car l’Évangile a été aussi annoncé aux morts, afin que, après avoir été jugés comme les hommes quant à la chair, ils vivent selon Dieu quant à l’Esprit » (1 Pi. 4:6). Cet enseignement a été amplifié et expliqué dans la révélation moderne (D&A 137, 138 ; voir Salut des morts).
 
D’autres domaines dans lesquels les idées des saints des derniers jours diffèrent sensiblement de celles du monde religieux contemporain sont les concepts de temps et d’éternité, la Lumière du Christ, le don du Saint-Esprit, l’évaluation positive de la création et de la terre physique, la nécessité éternelle des ordonnances, la place centrale de l’alliance abrahamique pour les chrétiens modernes et le concept que le ciel est un Royaume céleste situé sur cette terre renouvelée et glorifiée.
 
Bibliographie
Keller, Roger R. Reformed Christians and Mormon Christians : Let's Talk. Ann Arbor, Mich., 1986.
Madsen, Truman G. "Are Christians Mormon ?" BYU Studies 15, automne 1974, p. 73-94.
McConkie, Bruce R. MD. Salt Lake City, 1966.
Robinson, Stephen E. Are mormons Christians ?, chaps. 6-8. Salt Lake City, 1991.
Talmage, James E. AF. Salt Lake City, 1924.
ALMA P. BURTON
 
Doctrine : Comparaison entre la doctrine des saints et d’autres doctrines chrétiennes
Auteur : ROBINSON, STEPHEN E.
 
Comme le savant biblique W. D. Davies l’a un jour fait remarquer, la doctrine des saints peut être décrite comme étant le christianisme biblique séparé du christianisme hellénisé, une conjonction du judaïsme et du christianisme du premier siècle. Les saints des derniers jours acceptent la Bible et ses enseignements apostoliques comme étant la parole de Dieu, mais rejettent beaucoup d’interprétations ultérieures de la Bible qui sont l’expression de préoccupations philosophiques grecques – ils acceptent Jean et Paul mais rejettent Augustin. Par exemple, les saints des derniers jours acceptent le caractère triple de Dieu et son unité comme étant des enseignements bibliques. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont trois personnalités divines qui constituent ensemble une seule Divinité. Mais les mormons rejettent les tentatives du christianisme post-biblique et non apostolique de définir la relation entre l’unicité et le caractère triple de Dieu. Ils acceptent la doctrine biblique de la Trinité, mais rejettent la doctrine philosophique de la Trinité telle que définie au Concile de Nicée et plus tard. En bref, les saints des derniers jours rejettent l’autorité et les conclusions des théologiens et des philosophes lorsqu’il s’agit de définir ou d’interpréter ce que la Bible, les apôtres ou les prophètes n’ont pas précisé. Ils acceptent le christianisme biblique, mais pas son extension dans les credo et les traditions extra-bibliques.
 
Pour les chrétiens qui ont soudé la Bible à son interprétation ultérieure et ne peuvent pas séparer Platon et Augustin de Pierre et de Paul et qui ne peuvent pas concevoir le « vrai » christianisme d’après les catégories du premier siècle, la doctrine des saints peut sembler iconoclaste en ce qu’elle sépare les textes bibliques de leur interprétation « traditionnelle » ultérieure. Néanmoins, les saints des derniers jours estiment que les saints du Nouveau Testament auraient été tout aussi mal à l’aise qu’eux devant les credo philosophiques du christianisme ultérieur.
 
Le rejet par les saints d’une grande partie du christianisme post-biblique est basé sur la croyance en une apostasie antique annoncée et rapportée dans le Nouveau Testament (par exemple, 2 Th. 2:1-5 ; 3 Jn. 9-10). L’autorité apostolique a cessé juste après la période du Nouveau Testament et, sans la direction ni l’autorité apostoliques, l’Église a vite été submergée par des pressions intellectuelles et culturelles étrangères. Les affirmations simples de la foi biblique ont été remplacées par les propositions complexes de la théologie. Bien que les Églises qui s’en sont suivies aient toujours été « chrétiennes », aux yeux des saints des derniers jours elles ne possédaient plus la plénitude de l’Évangile de Jésus-Christ ni de l’autorité apostolique. Les saints seraient d’accord avec les catholiques et les protestants de la « Haute Église » que l’autorité apostolique est essentielle dans la vraie Église mais seraient d’accord également avec d’autres protestants pour dire que l’autorité apostolique était absente dans l’orthodoxie médiévale. On trouve un parallèle étroit dans le rejet protestant des prétentions catholiques à détenir une autorité apostolique faisant force de loi. Tandis que les saints des derniers jours font remonter l’apostasie en gros au deuxième siècle et rejettent l’orthodoxie qui lui succède, la plupart des protestants la placeraient quelque part plus près du quinzième siècle et rejetteraient ensuite le catholicisme qui l’a suivie.
 
Les protestants qui niaient la nécessité de la succession apostolique ou qui ne croyaient pas que son enchaînement était interrompu par la Réforme affirmaient généralement que la plénitude de l’Évangile pouvait être réalisée en réformant l’Église romaine. Les saints des derniers jours, qui insistent sur la nécessité de la succession apostolique mais croient que son enchaînement a été très vite rompu, considèrent qu’une réforme ne suffit pas pour retrouver la plénitude de l’Évangile et rétablir le christianisme originel. Seul le rétablissement total de la doctrine et de l’autorité apostoliques pouvait rétablir le christianisme pur du premier siècle. L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours se considère comme constituant ce rétablissement.
 
Le rejet par les saints de la philosophie hellénistique en matière de doctrine explique les nombreuses différences caractéristiques entre les saints des derniers jours et les autres chrétiens. Par exemple, les saints des derniers jours rejettent la dichotomie platonique esprit-matière, qui soutient que l’esprit et la matière sont opposés et hostiles entre eux. Ils croient, au contraire, que l’esprit est une matière raffinée et que l’esprit et la matière sont éternels, n’étant ni créés ni détruits. Le prophète Joseph Smith a enseigné que « la matière immatérielle, cela n’existe pas. Tout esprit est matière, mais il est plus raffiné ou plus pur et ne peut être discerné que par des yeux plus purs » (D&A 131:7).
 
Il n’y a donc, pour les saints des derniers jours, aucune incompatibilité finale entre l’esprit et la matière ou entre les domaines spirituel et physique. Dans la théologie des saints, les éléments physiques sont coéternels avec Dieu. Les saints rejettent l’idée que la matière physique est transitoire, corrompue ou incompatible avec la vie spirituelle ou éternelle. Ils définissent habituellement le « spirituel » comme « imprégné d’esprit » plutôt que comme « non physique ». Cette conception unitaire de l’esprit et de la matière leur permet d’accepter le Père et le Fils comme les êtres concrets et anthropomorphiques qu’ils sont dans les Écritures et de rejeter la définition de Dieu comme le non-être abstrait, le « totalement autre » de la théologie philosophique. Pour les saints, Dieu existe dans le sens normal en association avec le temps et l’espace plutôt que dans le sens platonicien abstrait au-delà du temps et de l’espace. La conception traditionnelle qui avilit la matière et l’état d’existence physique n’est pas bien fondée du point de vue biblique et les saints des derniers jours croient qu’elle est un produit de la pensée hellénistique. Ils pensent également que le concept de Dieu « sans corps, ni parties ni passions » tient trop peu compte des données bibliques ou les allégorise excessivement.
 
Du fait que les mormons croient que les éléments sont éternels, il s’ensuit qu’ils nient la création ex nihilo. L’univers, au contraire, a été créé (organisé) à partir d’éléments préexistants que Dieu a organisés en imposant des lois physiques. Le prophète Joseph Smith a aussi enseigné que l’intelligence est également éternelle et incréée : « L’intelligence des esprits n’a pas de commencement et n’aura pas de fin… l’intelligence est éternelle et existe en vertu d’un principe existant par lui-même » (EPJS, p. 286-287).
 
De même qu’il a organisé la matière préexistante pour créer l’univers, de même Dieu a organisé l’intelligence préexistante pour créer les esprits qui sont par la suite devenus des êtres humains. En conséquence, les saints des derniers jours ne considèrent pas Dieu comme la cause totale de ce que sont les êtres humains. L’intelligence humaine n’est pas créée par Dieu et est donc indépendante de son contrôle. Les saints insistent donc sur le fait que les êtres humains sont libres dans le sens le plus complet du terme et nient la doctrine de la grâce prévenante et celle de la grâce irrésistible, selon lesquelles c’est le choix de Dieu qui détermine le salut ou la damnation. Dieu ne contraint pas des volontés indépendantes et existant par elles-mêmes. Bien qu’il désire l’exaltation de tous et l’offre de manière égale à tous, son accomplissement exige la coopération individuelle, une relation par alliance. De cette façon, la théologie des saints échappe au dilemme classique de la prédestination et de la théodicée qu’impose la croyance que Dieu a tout créé de rien et est donc seul responsable du produit final. Leur doctrine radicale du libre arbitre individuel permet également aux saints de contester la théorie de la dépravation humaine. La chute d’Adam n’a pas rendu les humains totalement incapables de faire quoi que ce soit de bien – ils restent capables de choisir et d’accomplir le bien ou le mal. De plus, les saints des derniers jours acceptent le concept de « l’heureuse faute » (mea culpa). La Chute était une étape nécessaire dans la progression de l’humanité : « Adam tomba pour que les hommes fussent, et les hommes sont pour avoir la joie » (2 Né. 2:25).
 
La vision positive de l’univers physique et de l’homme permet également aux saints des derniers jours de prévoir une vie physique après la mort, le Royaume céleste, une communauté d’êtres physiquement ressuscités transformés et rendus parfaits. À la différence de beaucoup de pères de l’Église d’autrefois, ils n’aspirent pas à échapper au royaume de la chair, mais à le sanctifier. Par conséquent, aux yeux des saints, même les rapports physiques de la famille et du mariage peuvent continuer dans un état sanctifié dans les éternités. Ainsi il n’y a guère d’ascétisme et pas de célibat dans la théologie des saints, qui voit dans ces deux tendances un refus de la bonté de la création physique accomplie par Dieu (Ge. 1:31) et leur théologie évite le dénigrement traditionnel du corps humain et le mépris pour la sexualité humaine qui sont dus en grande partie au néoplatonisme de la fin de l’Antiquité.
 
Bien que l’acceptation de la Bible et de ses enseignements, problèmes d’interprétation mis à part, soit le point commun des saints des derniers jours et des autres chrétiens, le mormonisme s’accorde avec l’orthodoxie de la « Haute Église » contre le protestantisme conservateur sur la doctrine de la suffisance des Écritures. Bien qu’ils acceptent la Bible, les saints des derniers jours, comme les catholiques romains et orthodoxes orientaux, par exemple, ne croient pas que le texte biblique soit à lui seul suffisant pour le salut. L’enseignement biblique, quoique vrai et accepté, a été imparfaitement préservé et ne peut être entièrement reconstitué que grâce à des révélations supplémentaires. Ce n’est pas parce que le christianisme du Nouveau Testament était défectueux, mais parce qu’il n’est préservé que partiellement dans la Bible moderne. Les points de doctrine qui n’ont pas été préservés doivent être rétablis ; par conséquent, les mormons nient l’infaillibilité biblique et l’idée qu’elle est suffisante. Puisque les apôtres et les prophètes du christianisme le plus ancien recevaient la révélation directe de la part de Dieu (voir, par exemple, Actes 10:9-16, 28), les saints des derniers jours croient qu’une Église qui affirme avoir la plénitude de l’Évangile doit également jouir de ce don.

Ce principe crucial de la révélation continue est illustré dans l’expérience du prophète Joseph Smith, dont des visions et les révélations forment la base de la doctrine des saints. Tout comme le magistère de l’Église est fondamental pour les catholiques romains et comme les Écritures sont la base pour les protestants, pour les saints des derniers jours, la plus haute autorité en matière de religion, c’est la révélation continue venant de Dieu, donnée par les apôtres et les prophètes vivants de son Église, commençant avec Joseph Smith et continuant jusqu’aux dirigeants actuels.
 
Les saints des derniers jours insistent sur le fait que le canon des Écritures et la structure de la théologie sont toujours ouverts et que Dieu peut toujours y ajouter par la révélation à ses prophètes (9e A de F). Grâce à cela, ils ont reçu des éclaircissements sur des points de doctrine biblique qui sont contestés dans d’autres confessions, par exemple, le ministère du Christ auprès des morts dans 1 Pi. 3:18 et 4:6 (voir D&A 128 ; 137 ; 138). En outre, par la révélation moderne, les saints des derniers jours ont reçu certains points de doctrine distinctifs que l’on ne trouve pas explicitement dans la Bible. Dans ces cas la révélation moderne n’a pas reconstitué un point de doctrine qui n’est pas clair, mais en a rétabli un qui avait été entièrement perdu.
 
Les saints des derniers jours partagent avec la plupart des chrétiens la conviction que le salut n’est rendu possible que par l’expiation de Jésus-Christ, dont la nature est représentative, exemplaire et vicariale. Le Christ est le médiateur de l’humanité auprès du Père au lieu d’Adam qui est déchu ; il donne un exemple que les humains peuvent imiter et il prend la place de l’humanité en souffrant pour les péchés.
 
Les saints des derniers jours sont monophysites dans leur christologie, c’est-à-dire qu’ils croient que le Christ n’a qu’une seule nature, qui est simultanément humaine et divine. C’est possible parce que l’humain et le divin ne sont pas des catégories qui s’excluent mutuellement dans la pensée des saints, contrairement à la christologie duophysite de beaucoup de confessions traditionnelles. Comme Lorenzo Snow l’a dit : « Ce que l’homme est maintenant, Dieu le fut autrefois. Ce que Dieu est maintenant, l’homme peut le devenir » (Snow, p. 46). La plupart des chrétiens seraient d’accord avec la première moitié de ce couplet tel qu’appliqué à la personne du Christ, mais les saints des derniers jours l’appliquent aussi au Père. La deuxième moitié du couplet est plus orthodoxe au sens confessionnel du terme que le sont les protestants ou les catholiques, parce que les saints des derniers jours partagent la doctrine biblique antique de la déification (apothéose) avec l’orthodoxie orientale. Plusieurs des premiers théologiens du christianisme ont dit essentiellement la même chose que Lorenzo Snow. Irénée a dit : « Si la parole est devenue homme, c’est pour que les hommes puissent devenir des dieux » (Contre les hérésies, 4. Pref.) et Athanase a maintenu que « [le Christ] est devenu homme pour que nous puissions être rendus divins " (De l’Incarnation, 54). Pourtant les saints des derniers jours combinent les deux moitiés du couplet pour parvenir à ce qu’ils estiment être la seule conclusion : l’humain et le divin ne sont pas des catégories qui s’excluent mutuellement. Pour eux, les deux catégories ne font qu’un : Les humains sont de la lignée des dieux. Les saints des derniers jours seraient entièrement d’accord avec C.S. Lewis dans Mere Christianity : Il a dit (dans la Bible) que nous étions des « dieux » et il va donner suite à ses paroles. Si nous le lui permettons – car nous pouvons l’en empêcher si nous le voulons – il transformera le plus faible et le plus souillé d’entre nous en un Dieu ou une Déesse, un être éclatant, radieux, immortel, palpitant, dans toute sa personne, d’une énergie, d’une joie, d’une sagesse et d’un amour que nous ne pouvons pas imaginer maintenant [p. 175].
 
Bibliographie
Dodds, Erwin. Pagan and Christian in an Age of Anxiety. New York, 1970.
Keller, Roger. Reformed Christians and Mormon Christians : Let's Talk. Ann Arbor, Mich., 1986.
Lash, Symeon. "Deification." Dans The Westminster Dictionary of Christian Theology, dir. de publ. A. Richardson et J. Bowden. Philadelphie, 1983.
Madsen, Truman, dir. de publ. Reflections on Mormonism : Judaeo-Christian Parallels. Salt Lake City, 1978.
Robinson, Stephen. Are the Latter-day Saints Christians ? Salt Lake City, 1991.
Snow, Eliza R. Biography and Family Record of Lorenzo Snow. Salt Lake City, 1884.
STEPHEN E. ROBINSON
 
Doctrine : Harmonisation du paradoxe
Auteur : PAULSEN, DAVID L.
 
Parce qu’ils rejettent l’influence du néoplatonisme sur la théologie chrétienne originale, les saints des derniers jours ne sont pas concernés par les dilemmes que posent certains des paradoxes de la théologie chrétienne traditionnelle. Cela ne veut cependant pas dire que la vie éthique des saints et leur pensée religieuse soient exemptes de paradoxes. La perspective des saints a tendance à harmoniser beaucoup de paradoxes par sa conception que l’opposition est nécessaire en toutes choses et que Dieu et l’humanité sont dans le même ordre de réalité mais à des étapes différentes de connaissance et de progression.
 
Tel qu’utilisé dans le vocabulaire courant, le mot « paradoxe » désigne habituellement une déclaration qui, à première vue, est incroyable parce qu’elle est apparemment contradictoire avec elle-même ou est contraire à des faits bien établis, au bon sens ou aux croyances généralement reçues. Si beaucoup de paradoxes sont indubitablement faux, tous ne le sont pas nécessairement. En effet, dans l’histoire de la pensée humaine, beaucoup de paradoxes effrontés ont renversé une croyance généralement reçue mais fausse, pour devenir eux-mêmes, par la suite, généralement acceptés « paradoxe à un moment donné, mais maintenant le temps lui apporte sa preuve » (Hamlet 3.1.115).

La théologie chrétienne classique est paradoxale à beaucoup d’égards. C’est souvent le résultat des fusions théologiques instables qui se sont produites au cours des premiers siècles du christianisme quand (a) les idées qui provenaient de la révélation personnelle judéo-chrétienne ont été (b) refondues par interprétation au sein d’une conception néoplatonicienne impersonnelle de la réalité. En voici quelques-unes :
 
1. (a) Le Dieu aimant qui est profondément touché par le sentiment de nos infirmités est (b) sans passions et ne subit aucune influence extérieure.
 
2. (a) Le Dieu qui agit dans l’histoire humaine et répond aux prières personnelles est (b) intemporel et immuable.
 
3. (b) Le Dieu sans corps ni parties est devenu (a) incarné en la personne de Jésus de Nazareth.
 
4. Le Dieu qui est (b) absolument illimité et bon et qui a tout créé de rien (a) a créé un monde où les maux abondent.
 
5. (a) La Divinité se compose de trois personnes parfaites et séparées qui (b) constituent collectivement une substance métaphysique unique.
 
Tout en affirmant (a) les dimensions judéo-chrétiennes des propositions précitées concernant Dieu, la doctrine mormone rejette (b) le cadre néoplatonicien et la métaphysique néoplatonicienne à l’intérieur desquels la révélation judéo-chrétienne a été historiquement interprétée. C’est à cause de cela que la compréhension que les saints ont de la doctrine chrétienne ne manifeste pas les paradoxes qui sont le résultat de l’union de ces deux croyances incompatibles.
 
La pensée des saints des derniers jours construit des ponts entre des entités et des quantités qui sont normalement considérées comme incongrues (voir Métaphysique). Ils ne considèrent pas la réalité comme une dichotomie mais comme une continuité graduelle : ainsi, l’on considère que l’esprit est une forme de matière, mais une forme hautement raffinée ; et le temps fait partie de l’éternité. Un Dieu corporel est omniprésent par la lumière qui émane de lui et qui est dans et à travers toutes choses (D&A 88:12-13).
 
Dans le discours moral, le principe axiomatique et éternel du libre arbitre exige qu’il y ait « une opposition en toutes choses » (2 Né. 2:11) pour garantir que l’on pourra faire des choix valables, non seulement entre le bien et le mal mais également parmi un choix de possibilités justes (voir Éthique ; Mal ; Souffrance dans le monde ; Théodicée). La faiblesse existe pour apporter la force (Ét. 12:27). Ainsi, la vie morale des saints des derniers jours se situe entre des options qui sont souvent paradoxales : les impératifs de s’améliorer ou de servir les autres, de passer du temps chez soi ou de servir l’Église, de favoriser l’individualité ou l’institutionnel, d’obtenir la richesse ou de donner aux pauvres, de trouver sa vie en la perdant au service d’autrui (Mt. 10:39).
 
Ces opposés n’empêchent cependant pas les saints d’agir et on ne les transcende pas par le mysticisme, l’ironie ou la résignation (que ce soit dans le sens optimiste ou pessimiste du terme). Ils sont englobés dans une série de principes évangéliques agissant les uns sur les autres qui guident la vie des saints, notamment
 
la révélation personnelle (par le Saint-Esprit chacun peut savoir ce qui mène au Christ [Mro. 7:12-13 ; 10:5-6])
 
l’obligation d’agir (la connaissance de ce qui est juste s’obtient en le faisant [Jn. 7:17])
 
l’engagement volontaire dans des alliances (on s’engage par ce qu’on accepte de faire)
 
une notion étendue du moi (aider les autres revient à s’aider soi-même)
 
l’expiation de Jésus-Christ (son jugement englobera la grâce divine et les oeuvres humaines, la justice punitive et la miséricorde compatissante)
 
la relativité éternelle des royaumes et de la progression (malgré toutes leurs différences, tous sont sur le même chemin de la perfection).
 
Pour les saints des derniers jours, les paradoxes de la connaissance sont généralement résolus en vertu du concept de « la révélation continue » (voir Épistémologie ; Révélation). S’ils sont enclins à croire que toute vérité est logique avec elle-même et avec toute autre vérité, les saints des derniers jours reconnaissent également l’imperfection de la compréhension humaine. Les tentatives de la part des mortels de comprendre ou d’exprimer les vérités divines sont par nature exposées à l’erreur pour au moins deux raisons : (1) le cadre linguistique et conceptuel dans lequel ces faits sont exprimés et interprétés est conditionné par la culture et manifestement insatisfaisant ; et (2) la conscience que l’humanité a de ces faits est fragmentaire et incomplète, « Car… autant les cieux sont élevés au–dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au–dessus de vos voies, et mes pensées au–dessus de vos pensées » (És. 55:8-9) et, dans la condition mortelle, « l'homme ne comprend pas tout ce que le Seigneur peut comprendre » (Mosiah 4:9). Mais par la révélation, la connaissance humaine peut augmenter : « Nul n'a connaissance [des voies de Dieu], si cela ne lui est révélé » (Jacob 4:8). « L’homme animal ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu… et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge » (1 Co. 2:14).
 
Ainsi, là où une révélation définitivement claire semble contredire l’opinion généralement reçue, le bon sens ou des faits bien établis, les saints des derniers jours accordent la priorité à la révélation et espèrent que le temps fournira la preuve de ce qui semble maintenant paradoxal ou que, dans la compréhension plus complète des choses que Dieu possède, il puisse y avoir des principes intermédiaires permettant de réconcilier deux vérités partielles apparemment contradictoires. Cette confiance, cet espoir de révélations futures permettent d’apaiser des paradoxes aussi insondables que le point de savoir comment la connaissance totale de Dieu peut être conciliée avec le libre arbitre de l’humanité, comment les récits scripturaires et scientifiques de la création peuvent être harmonisés ou comment, d’une manière générale, l’étude et la foi, la raison et la révélation, la vision symbolique et l’esprit pratique et littéral peuvent être satisfaits simultanément. La doctrine des saints résiste aux extrêmes : ce qui fait son autorité n’a pas été transformé en abstractions ou en absolus et ses révélations ne se sont pas égarées dans le mysticisme ou le flou. C’est ainsi que la doctrine de l’Évangile éternel conserve son propre ensemble de tensions dans un monde mortel.
 
Bibliographie
Hafen, Bruce C. "Love Is Not Blind : Some Thoughts for College Students on Faith and Ambiguity." Dans BYU Speeches of the Year, p. 8-17. Provo, Utah, 1979.
DAVID L. PAULSEN
 
Doctrine : Traités sur la doctrine
Auteur : KNOWLES, ELEANOR
 
Les ouvrages de doctrine – c’est-à-dire les périodiques, les brochures et les livres – ont été nombreux dans la tradition des saints, reflet du caractère laïque du ministère, du grand nombre d’Écritures et du souci permanent d’une croyance correcte aussi bien que d’une conduite juste.
 
Des lettres officielles, notamment les exposés de doctrine, de la Première Présidence sont éditées dans Messages of the First Presidency, dir. de publ. James R. Clark, 6 vols, Salt Lake City, 1965-1975. Des brochures influentes ont été compilées dans le Handbook of the Restoration et dans le ScrapBook of Mormon Literature, comp. Ben E. Rich, 2 vols, Chicago, n.d..
 
En plus des volumes sur les enseignements de Joseph Smith (EPJS, WJS), il y a des déclarations doctrinales dans le Journal of Discourses, 1980. Les compilations des discours des présidents de l’Église, toutes publiées à Salt Lake City, contiennent Brigham Young, Discourses of Brigham Young, dir. de publ. John A. Widtsoe, 1954 ; John Taylor, The Gospel Kingdom, dir. de publ. G. Homer Durham , 1987 ; Discourses of Wilford Woodruff, dir. de publ. G. Homer Durham , 1946 ; Teachings of Lorenzo Snow, comp. Clyde J. Williams , 1984 ; Joseph F. Smith, Gospel Doctrine , 1939 ; Heber J. Grant, Gospel Standards , 1941 ; George Albert Smith, Sharing the Gospel with Others , 1948 ; David O. McKay, Gospel Ideals , 1953 ; Joseph Fielding Smith, Doctrines of Salvation, comp. Bruce R. McConkie, 3 vols. , 1954-1956 ; Harold B. Lee, Stand Ye in Holy Places and Ye Are the Light of the World , 1974 ; Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball , 1982 ; et Teachings of Ezra Taft Benson, 1988.
 
On trouvera ci-après une liste de livres qui ont fait des apports importants à la compréhension de la doctrine, sauf indication contraire, ces ouvrages ont été publiés à Salt Lake City : Parley P. Pratt, A Voice of Warning, New York, 1837, et Key to Theology, 1856 ; Orson Pratt, An Interesting Account of Several Remarkable Visions and of the Late Discovery of Ancient American Records, Edimbourg, 1840 ; Orson Spencer, Spencer's Letters, Liverpool ey Londres, 1852 ; John Taylor, Mediation and Atonement, 1882, et The Government of God, 1884 ; Franklin D. Richards et James Little, A Compendium of the Doctrines of the Gospel, 1882 ; B. H. Roberts, The Gospel, Liverpool, 1888, Mormon Doctrine of Deity and Jesus Christ : The Revelation of God, 1903 et The Seventy's Course in Theology, 5 vols., 1907-1912 ; James E. Talmage, Articles of Faith, 1899 et Jesus the Christ, 1915 ; Orson F. Whitney, Gospel Themes, 1914, et Saturday Night Thoughts, 1921 ; Joseph F. Smith, Gospel Doctrine, 1919 ; Brigham Young, Discourses of Brigham Young, dir. de publ. John A. Widtsoe, 1926 ; John A. Widtsoe, Priesthood and Church Government, 1939, A Rational Theology, 1945, et Evidences and Reconciliations, 3 vols. en 1, 1960 ; Joseph Smith, Teachings of the Prophet Joseph Smith, comp. by Joseph Fielding Smith, 1938 ; Orson Pratt, Orson Pratt's Works, dir. de publ. Parker P. Robison, 1945, et Masterful Discourses of Orson Pratt, dir. de publ. N. B. Lundwall, 1946 ; Milton R. Hunter, The Gospel Through the Ages, 1945 ; Daniel H. Ludlow, dir. de publ., Latter-day Prophets Speak, 1948 ; J. Reuben Clark, Jr., On the Way to Immortality and Eternal Life, 1949 ; Writings of Parley P. Pratt, dir. de publ. Parker P. Robison, 1952 ; Bruce R. McConkie, Mormon Doctrine, 1958, rév. 1966 ; Spencer W. Kimball, The Miracle of Forgiveness, 1969 ; et George Q. Cannon, Gospel Truth, dir. de publ. Jerreld Newquist, 2 vols., 1972, 1974.
 
Traités plus courts : Oliver Cowdery, "General Charge to the Twelve", 1835 ; Collège des Douze, "A Proclamation to the World", 1845 ; Lorenzo Snow, "Law of Tithing", 1899 ; James E. Talmage, "The Honor and Dignity of the Priesthood", 1914 ; J. Reuben Clark, Jr., "The Charted Course of the Church in Education", 1938, et "When Are the Writings or Sermons of Church Leaders Entitled to the Claim of Scripture ?", 1954 ; Harold B. Lee, "Priesthood… Core of All Activity", 1961, et "Priesthood Correlation", 1961 ; Spencer W. Kimball, "When the World Will Be Converted", 1974, "Lengthening Our Stride", 1974, et "Becoming Pure in Heart", 1978 ; N. Eldon Tanner, "Church Administration", 1979.
ELEANOR KNOWLES
 
Doctrine et Alliances : Aperçu
Auteur : DOXEY, ROY W.
 
Les Doctrine et Alliances sont une compilation de révélations dont la plupart ont été reçues par le prophète Joseph Smith pour l'établissement et le gouvernement du royaume de Dieu dans les derniers jours. C'est un ouvrage canonique de l’Église qui représente sa Constitution ecclésiastique ouverte et sans cesse croissante. Son objectif principal est d'édifier l’Église de Jésus-Christ et d'amener les hommes à se mettre en accord avec le royaume du Christ. Il est considéré comme la pierre de faîte de l’Église ; le Livre de Mormon, qui est l’ouvrage qui va de pair avec lui, est considéré comme la clef de voûte (Benson, p. 83-85). Le Livre de Mormon a été écrit pour convaincre tous les hommes que Jésus est le Christ (voir Livre de Mormon : Aperçu) ; les Doctrine et Alliances ont été données pour les organiser et les orienter selon la volonté et le royaume de Dieu.
 
Des 138 sections et des 2 déclarations actuellement dans ce recueil, 133 ont été reçues principalement par Joseph Smith, le premier prophète et président de l’Église. Les sept sections restantes ont été reçues ou écrites par ou sous la direction d'Oliver Cowdery (sections 102 et 134), de John Taylor (section 135), de Brigham Young (section 136), de Joseph F. Smith (section 138), de Wilford Woodruff (Déclaration officielle – 1) et de Spencer W. Kimball (Déclaration officielle – 2).

La plupart des passages des Doctrine et Alliances ont un cadre historique précis et pratiquement chaque verset contient de la sagesse, des enseignements généraux, des principes religieux ou de la doctrine. La plupart des révélations ont été reçues en réponse à des demandes précises faites dans la prière. Bien que beaucoup aient été données au profit de personnes déterminées, leurs conseils sont, de manière générale, d'application universelle, ce qui rend ces révélations aussi actuelles aujourd'hui que lorsqu’elles ont été reçues. Elles ont été données aux serviteurs du Seigneur « dans leur faiblesse, selon leur langage, afin qu'ils les comprennent » (1:24). Les saints des derniers jours y voient « la volonté du Seigneur… l'avis du Seigneur… la parole du Seigneur… la voix du Seigneur et le pouvoir de Dieu pour le salut » (68:4).
 
Les révélations des Doctrine et Alliances ont été reçues de diverses façons. Certaines l’ont été par l'inspiration, l'esprit étant éclairé par le Saint-Esprit (par exemple, les sections 20-22), d'autres sont venues d'un ange (les sections 2, 13, 27, 110), dans des visions, habituellement par les yeux spirituels du prophète (les sections 76, 137-138), par le murmure doux et léger, une voix qui se fait entendre dans l'esprit (la section 85) ou par une voix audible (section 130:12-13). À certaines occasions, d'autres personnes étaient présentes et partageaient les manifestations spirituelles (voir Visions de Joseph Smith).
 
Les sections sont de types variés, contenant divers genres de textes et de documents historiques. Par exemple, la section 102 contient le compte rendu d'une session du Grand Conseil ; la section 113 répond à des questions sur les écrits d'Ésaïe ; les sections 121-123 font partie d'une lettre écrite par Joseph Smith au sujet des persécutions ; les sections 127-128 sont des épîtres sur les baptêmes pour les morts ; la section 134 est un article sur le gouvernement et les lois et la section 135 rapporte le martyre de Joseph et de Hyrum Smith. La section 7 est la traduction d'un document écrit et caché par l'apôtre Jean ; les sections 65 et 109 sont des prières ; d'autres sections sont des enseignements (les sections 130-131) et des prophéties (les sections 87 et 121). La section 1 est la préface du Seigneur aux autres révélations. La section 133 est appelée l’appendice ; elle a été donnée deux jours après la préface et contient des données eschatologiques. Les deux sections 1 et 133 ont été fournies en vue de la publication des révélations.
 
La première compilation des révélations données à Joseph Smith fut imprimée en 1833 sous le nom de Livre des Commandements, pour le gouvernement de l’Église du Christ (voir Livre des Commandements). Elle contenait soixante-cinq chapitres. Ce recueil fut proposé le 1er novembre 1831 à une conférence de la prêtrise de l’Église pour approbation avant publication. Comme le langage des révélations n’était pas d’un haut niveau, un membre mit en doute leur authenticité. Une révélation, la section 67 dans les éditions modernes, défia toute personne d'écrire une révélation ; quand le sceptique admit qu'il ne pouvait pas le faire, le recueil fut approuvé par les personnes assemblées. L’imprimerie de l’Église à Independence (Missouri) ayant été détruite en juillet 1833 par des émeutiers alors que le livre était en cours d’impression, quelques exemplaires seulement de ce premier recueil compilation sont parvenus jusqu’à nous.
 
Au cours des années qui suivirent la première impression, d'autres révélations furent reçues et certains textes plus anciens furent supprimés. Une édition de 1835, publiée à Kirtland (Ohio), fut intitulée Doctrine et Alliances de l’Église des saints des derniers jours et contenait 103 sections. Lors des éditions suivantes, d’autres sections furent ajoutées (voir Doctrine et Alliances – Éditions). Les ajouts les plus récents sont les sections 137 (1836) et 138 (1918) sur le salut des morts, et la Déclaration Officielle – 2 annonçant que la prêtrise pouvait être donnée à tous les membres masculins de l’Église qui étaient dignes (1978). Un article sur le mariage écrit par Oliver Cowdery en 1835 fut supprimé de l'édition de 1876. À partir de l'édition de 1921, un ensemble de leçons appelé Lectures on Faith ne fut plus inclus.
 
Cent des révélations ont été reçues avant 1834, pendant les premières années formatrices de l’Église. Beaucoup d’entre elles s’adressaient à des personnes précises qui voulaient que le prophète leur dise ce que Dieu avait pour elles. Les points de doctrine de l'Évangile ne furent généralement pas révélés dans leur plénitude au début, mais furent reçus progressivement, de temps en temps. Tandis que l’Église se développait et déménageait, les questions concernant l'administration de l’Église, les devoirs des officiers, les conseils pour les membres de l’Église et les événements du futur devinrent le sujet d'autres révélations.
 
Toutes les révélations reçues par Joseph Smith ne se trouvent pas dans les Doctrine et Alliances (voir Révélations non publiées). Il y en a qui se trouvent dans la History of the Church, donnant des recommandations et des instructions à des particuliers (HC 1:229), sur le déplacement des saints vers les montagnes Rocheuses (HC 5:85) et une prophétie sur Stephen A. Douglas (HC 5:393-394).

La décision quant aux révélations à inclure dans les Doctrine et Alliances est une prérogative de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres. Le choix est alors confirmé par le consentement commun des membres de l’Église.
 
Les Doctrine et Alliances s’adressent aux hommes de notre génération. Pour les saints des derniers jours, c'est la voix du Seigneur Jésus-Christ qui confirme et révèle le chemin du salut et donne des instructions pour le gouvernement de son Église. Elles menacent les hommes et les nations d’une destruction imminente s'ils ne se repentent pas. Elles témoignent de la réalité de la vie après la mort.

Parmi leurs enseignements, il y a tout particulièrement les principes, les alliances et les ordonnances spécifiques qui mènent à la vie éternelle. Elles prescrivent les ordonnances de la prêtrise depuis le baptême jusqu’au mariage scellé pour l'éternité. Le salut des morts est également révélé par des révélations au sujet du baptême pour les morts et des visions de la prédication aux esprits qui attendent la résurrection.
 
L’accent qu’elles mettent sur la nature spirituelle de questions temporelles renforce l'appréciation et le respect pour cette vie. Par exemple, son code de santé, connu sous le nom de Parole de Sagesse, promet la santé spirituelle et physique à ceux qui y obéissent (section 89).
 
Les Doctrine et Alliances contiennent de nombreux enseignements et des déclarations vigoureuses qui influencent fortement la vie et les sentiments quotidiens des saints des derniers jours, qui donnent le ton du service dans l’Église et insufflent de la vitalité dans le travail. Parmi ses passages fréquemment cités il y a les maximes, les recommandations et les assurances divines suivantes : « Si vous êtes préparés vous ne craindrez pas » (D&A 38:30) ; « ne cherche pas la richesse mais la sagesse » (11:7) ; « celui qui accomplit les œuvres de la justice recevra sa récompense, c’est-à-dire la paix dans ce monde et la vie éternelle dans le monde à venir » (59:23) ; « cherchez des paroles de sagesse dans les meilleurs livres ; cherchez la connaissance par étude et aussi par la foi » (88:118) ; « sans la foi, tu ne peux rien faire » (8:10) ; « de vous il est requis de pardonner à tous les hommes » (64:10) ; « les hommes doivent œuvrer avec zèle à une bonne cause, faire beaucoup de choses de leur plein gré et produire beaucoup de justice » (58:27) ; « toutes ces choses te donneront de l'expérience et seront pour ton bien » (122:7) ; « je me susciterai un peuple pur qui me servira avec justice » (100:16) ; « ne vous lassez pas de bien faire » (64:33) ; « cherchez diligemment, priez toujours et croyez, et tout concourra à votre bien » (90:24) ; et « or, qu'entendons-nous dans l'Évangile que nous avons reçu ? Une voix d'allégresse ! Une voix de miséricorde venant du ciel et une voix de vérité sortant de la terre, de bonnes nouvelles pour les morts, une voix d'allégresse pour les vivants et les morts, de bonnes nouvelles d'une grande joie » (128:19).
 
Doctrine et Alliances : Contenu
Auteur : CALDWELL, C. MAX
 
Les révélations compilées dans les Doctrine et Alliances contiennent les directives et les points de doctrine nécessaires pour inspirer, organiser et administrer les affaires de l’Église. Elles n'ont pas été reçues ou écrites comme manuel, comme traité ou comme un ensemble de plans de leçons, mais ont été reçues par intermittence quand le prophète Joseph Smith et d'autres désiraient la volonté de Dieu dans diverses circonstances.
 
Malgré le fait que beaucoup de ces révélations s’adressent personnellement à certaines personnes ou groupes dans des circonstances propres au dix-neuvième siècle, elles contiennent des principes qui ont une application éternelle et donc une valeur actuelle. Les révélations contiennent des avertissements de jugements divins sur les méchants, des enseignements sur la progression des âmes humaines vers l'exaltation et la vie éternelle grâce à l'Évangile de Jésus-Christ, des informations sur les Écritures, notamment la parution du Livre de Mormon et la traduction de la Bible par Joseph Smith, des instructions sur la prêtrise, son rétablissement, ses fonctions, ses offices et ses ordonnances, des commandements et des instructions au peuple de l’Église concernant la conduite personnelle, l'éducation, les terres et la propriété, les bâtiments et le soin des pauvres et des appels et des conseils sur la prédication et la pratique de l'Évangile.
 
La section 1 est la Préface, donnée le 1er novembre 1831, lors d’une conférence de l’Église. Elle constitue la réponse à la demande de Joseph Smith d’avoir l’autorisation du Seigneur de publier certaines des révélations qu'il avait précédemment reçues. Le Seigneur y accepte la demande et publie le défi et la déclaration suivants à tous ceux qui la liront : « Sondez ces commandements, car ils sont vrais et dignes de foi, et les prophéties et les promesses qu’ils contiennent s’accompliront toutes » (D&A 1:37).
 
Les sections 2-19 sont des révélations reçues avant l'organisation de l’Église en 1830. Le Seigneur y instruit Joseph Smith et ses compagnons sur beaucoup de sujets, particulièrement sur la traduction, la publication et la valeur du Livre de Mormon, et sur la nécessité de se fier complètement au Seigneur et de sauvegarder les choses sacrées (sections 3, 5, 10, 17, 20). Elles enseignent à Joseph Smith, père, Hyrum Smith, Joseph Knight, père, John, Peter et David Whitmer, Oliver Cowdery et Martin Harris comment participer à l’œuvre qui était sur le point de paraître et reçoivent un enseignement sur son caractère sacré (sections 4, 6, 8-9, 11-12, 14-19). Elles leur conseillent aussi de devenir dignes de recevoir l'Esprit du Seigneur afin de pouvoir reconnaître les révélations de Dieu et de faire sa volonté (sections 6, 8-9, 11).
 
C’est aussi à cette époque que l'autorité d'agir au nom du Seigneur fut rétablie (voir Prêtrise) et que le but et la portée de cette autorité furent expliqués (sections 13, 18, 20 ; cf. 27). Le Seigneur donne des recommandations concernant la valeur des âmes et encourage ses serviteurs à travailler chacun pour le salut des autres en enseignant l'Évangile rétabli et en amenant les hommes au repentir (section 18). La valeur et la nécessité de l’expiation de Jésus-Christ sont révélées et il est commandé aux hommes d’aller à lui pour obtenir le pardon et la     force spirituelle (section 19).
 
Les sections 20-40 donnent en 1830 des instructions à l’Église nouvellement organisée à New York. Les points de doctrine de base de l’Église tels que contenus dans la Bible et le Livre de Mormon et les critères pour contracter des alliances avec le Seigneur sont résumés et les responsabilités des membres et des détenteurs de la prêtrise dans l’Église sont définies (section 20).
 
Le Seigneur donna une révélation au sujet des relations entre le prophète et le Seigneur et entre les membres de l’Église et la parole du Seigneur par l’intermédiaire de son prophète (section 21). C'est un sujet majeur des Doctrine et Alliances et il constitue la base de la compréhension du processus de la révélation continue via le président de l’Église (section 28 ; cf. 43, 68, 81, 90, 124).
 
D'autres révélations furent reçues au profit de diverses personnes et pour l’Église en général, révélations qui contiennent beaucoup de points de doctrine sur des sujets tels que le baptême (section 22), la mise en pratique des conseils donnés, (sections 23-24, 31), la musique et des recommandations à Emma Smith, épouse du prophète (section 25), le consentement commun (section 26), la Sainte-Cène (section 27), le Saint-Esprit (sections 29-30, 34, cf. 46, 50, 75, 79), la prédication aux Indiens d'Amérique ou Lamanites (sections 30, 32), la proclamation de l'Évangile au monde entier dans les derniers jours (sections 29, 33, 35, 38 ; cf. 43, 45, 86-87, 90, 101, 116, 133) et le travail de Joseph Smith sur la traduction de la Bible et d’autres documents (sections 35, 37 ; cf. 41-42, 45, 73-74, 76-77, 86, 91, 93-94, 124:89). C’est par ce travail de traduction que beaucoup de points de doctrine de l’Église furent révélés à Joseph Smith (voir Joseph Smith – Matthieu).
 
Le Seigneur commanda aux membres de l’Église de se rassembler en Ohio, où il promit de leur donner sa loi, d’établir Sion et de les doter du pouvoir d'en haut (sections 37-38, 42). C’est sur la base des alliances qu’ils contractent et respectent que les hommes deviennent le peuple de Dieu ou ses disciples (sections 39-41).
 
Les sections 41-123 furent données pendant que l’Église était en Ohio et au Missouri (1831-1839) et contiennent diverses instructions au sujet des affaires de l’Église. Au cours de ces années seront révélés beaucoup de points de doctrine et de principes de l'Évangile qui permettront la création d’un cadre doctrinal essentiel pour l’Église. La première révélation enregistrée par Joseph Smith en Ohio appelait Edward Partridge à remplir les fonctions de premier évêque de l’Église (section 41). Comme promis, les saints reçurent les lois du Seigneur par lesquelles les membres de l’Église sont régis, notamment la loi de l'enseignement (sections 42, 68, 88, 93, 100), les lois morales (sections 42, 58-59), la loi de consécration (sections 42, 51, 54, 70, 78, 82-83, 104), la loi du travail (sections 42, 60, 68, 75 ; voir Travail, rôle du), des instructions concernant l’imposition des mains aux malades (sections 42, 46, 63), des lois concernant la rémunération pour les marchandises et les services (sections 42, 43, 70, 106) et les lois relatives aux transgresseurs (sections 42, 58, 102, 107). Joseph Smith reçut aussi des instructions au sujet de l'importance du mariage et de la famille (section 49 ; cf. 131-32) et le Seigneur révéla des informations sur la façon de détecter et d’éviter les contrefaçons et les pratiques mauvaises (sections 43, 46, 50, 52 ; cf. 129).
 
Un thème majeur des Doctrine et Alliances est l'établissement et l’édification de Sion, tant comme lieu (voir Nouvelle Jérusalem) que comme état d’esprit du peuple (ceux qui ont le cœur pur ; D&A 97:21). Joseph Smith fut chargé d’aller au Missouri où l'emplacement de la ville de Sion serait révélé (section 52). Une fois là-bas, il recevrait des directives du Seigneur au sujet de l'établissement de Sion et de son peuple (sections 57-59). Les saints commencèrent à se rassembler au Missouri pour répondre aux exigences du Seigneur et des révélations supplémentaires furent reçues concernant leurs responsabilités respectives (sections 63-64). Il leur fut enseigné qu’il fallait construire et avoir un temple ou maison du Seigneur pour devenir un peuple de Sion (sections 57, 84, 88, 97, 101, 109-110 ; cf. 124). Certains membres n'ayant pas atteint le niveau de consécration et d'obéissance attendu d'une société de Sion, ils ne réussirent pas à créer Sion à ce moment-là. Ils furent expulsés du Missouri et l’édification de Sion à cet endroit fut temporairement suspendue (sections 101, 103, 105).
 
Pendant ce même temps et plus tard, d'autres révélations instructives furent données à propos des règles de santé (sections 49, 89), la vie, la lumière, l'esprit et le pouvoir du Christ (sections 50, 84, 88, 93), l’œuvre missionnaire (sections 75, 79-80, 84, 99), le sabbat (section 59), l’obéissance et le sacrifice (sections 58-59, 82, 97, 117-18), le pardon – l’obtenir et l’accorder (sections 58, 64, 82, 98), le plan du salut pour toute l'humanité (sections 76, 93 ; cf. 131, 137-38), les fonctions et les collèges de la prêtrise (sections 81, 84, 90, 107, 112, 121 ; cf. 124 ; et Déclaration Officielle – 2 de 1978), les guerres imminentes (section 87), les textes bibliques (sections 74, 77, 113) et la dîme (sections 119-120).
 
Les sections 124-135 furent écrites à Nauvoo pendant les dernières années de la vie de Joseph Smith (1839-1844). Elles contiennent des directives à l’Église concernant le temple de Nauvoo, le premier temple dont les ordonnances étaient complètes (section 124), les ordonnances et le salut pour les morts (sections 124, 127-128) ; la nature de la Divinité et des êtres exaltés (sections 130, 132), le mariage éternel et plural (sections 131-32 ; voir aussi Manifeste de 1890), les lois et les gouvernements politiques (section 134) et un énoncé des apports de Joseph Smith et de son témoignage au moment de son martyre (sections 135-136).
 
Doctrine et Alliances : Section 1
Auteur : PACE, GEORGE W.
 
La section 1 des Doctrine et Alliances est appelée la « Préface ». C'est une révélation reçue le 1er novembre 1831 par Joseph Smith entre les sessions d'une conférence à Hiram (Ohio). La conférence avait été convoquée pour examiner la publication de soixante-trois des révélations que Joseph Smith avait reçues (voir Livre des Commandements). La conférence vota unanimement de les publier comme étant la parole du Seigneur. Conformément à la déclaration du Seigneur, cette section fut publiée à titre de « ma préface au livre de mes commandements » (D&A 1:6). Elle donne le ton de la totalité des Doctrine et Alliances, qui est pressant.
 
Comme les révélations qu’elle introduit, la section 1 est écrite principalement à la première personne comme étant la parole du Seigneur : « Ce que moi, le Seigneur, ai dit, je l’ai dit » (verset 38). Elle proclame au monde que par le rétablissement de son Église, Dieu s’est mis en devoir pour la dernière fois de racheter ses enfants et de préparer la terre pour le retour du Sauveur.
 
La section 1 est la déclaration hardie que Dieu voit tout et parle à tous les hommes, que ses paroles iront à toutes les nations par l’intermédiaire des disciples qu’il s’est choisis, que chaque personne finira par entendre l'Évangile dans sa propre langue de sorte que chacune puisse comprendre et que les choses faibles du monde vaincront les puissantes et les fortes et que l’Église sera amenée hors de l'obscurité par le pouvoir de Dieu (voir aussi la révélation donnée deux jours plus tard, D&A 133).
 
La section 1 présente de manière équilibrée le jugement et le soulagement. C'est une voix d'avertissement de jugements imminents : « Préparez-vous, préparez-vous » (verset 12). Elle avertit que ceux qui ne se repentent pas connaîtront de grandes douleurs, parce que l’état de péché du monde a allumé « la colère du Seigneur » et que les hommes « se sont écartés de [ses] ordonnances et ont rompu [son] alliance éternelle » (versets 13-15). Il est par contre promis, à ceux qui écoutent, des enseignements, des châtiments, des corrections, de la connaissance et des bénédictions de Dieu.
 
La section finit sur la garantie du Seigneur que toutes ses prophéties et promesses, quoique données aux hommes dans leur faiblesse, sont vraies et seront accomplies.GEORGE W. PACE
 
Doctrine et Alliances : Sections 20-22
Auteur : UNDERWOOD, GRANT
 
Sections 20-22
Les sections 20-22 des Doctrine et Alliances sont les documents formateurs fondamentaux des débuts de l'histoire de l’Église. Elles continuent à remplir la fonction de déclaration définitive de la foi et des devoirs de la prêtrise. À l’origine, les sections 20 et 22 ont été publiées ensemble sous le titre « articles et alliances de l’Église du Christ ». Elles ont été publiées pour la première fois dans le Painesville Telegraph (Ohio) en avril 1831 et plus tard sur la première page du premier numéro de l’Evening and Morning Star en juin 1832. La version la plus ancienne connue de la section 20 est datée de juin 1829. Beaucoup de copies anciennes ont été faites à partir d’un brouillon de la main d'Oliver Cowdery.
 
Les sections 20-22 furent officiellement adoptées en tant que révélations doctrinales par l’Église lors de sa première conférence, le 9 juin 1830, et furent les premières sections des Doctrine et Alliances à être approuvées comme telles. Plus tard, les missionnaires lurent souvent des copies manuscrites de ces « articles » aux réunions et aux conférences publiques parce qu'on leur avait dit d'inclure les « Articles de l’Église » dans leurs enseignements (D&A 42:13). La section 20 était le chapitre II de l'édition 1835 des Doctrine et Alliances, directement après la Préface révélée. L'ordre actuel date de l'édition de 1876.
 
La section 20 est un texte composite qui se divise en un prologue historique (versets 1-16), une déclaration de croyances (versets 17-36) et un recueil de règles et de procédures (versets 37-84). Non seulement ses principes continuent à guider les saints des derniers jours aujourd'hui, mais ses dispositions donnent aussi un aperçu de la vie de l’Église dans ses premières années. Le prologue contient les mentions publiées les plus anciennes de l'ordination de Joseph Smith et d'Oliver Cowdery comme apôtres (versets 2-3) et de la première vision de Joseph Smith : « il [fut] vraiment… manifesté à ce premier ancien qu'il avait reçu la rémission de ses péchés » (verset 5). La dimension personnelle de ce récit est cohérente avec les récits faits par Joseph en 1832 et 1835 de sa Première Vision.
 
La section 20 contient également la déclaration de foi la plus ancienne connue de l’Église. Elle affirme des points de doctrine chrétiens de base, suivant la façon commune de faire de la plupart des confessions protestantes, commençant par la nature de Dieu (verset 17), la création (versets 18-19), la chute (verset 20), Jésus-Christ, l'Expiation et le plan de salut (versets 21-28). Les autres commentaires parlent de la possibilité de « déchoir de la grâce » et de la nature de la sanctification, qui étaient des questions à l’ordre du jour dans les années 1820. Le verset 35 exprime une conscience du monde chrétien environnant, assurant que ces articles n’ajoutent ni ne retranchent rien « à la prophétie [du livre de Jean], aux saintes Écritures ou aux révélations de Dieu qui viendront plus tard ».
 
La majeure partie de la section 20 donne des directives pour le gouvernement de l’Église. S’appuyant en partie sur les textes du Livre de Mormon, elle explique les ordonnances du baptême et de la Sainte-Cène et les devoirs des membres baptisés. À l'origine, les prêtres, les instructeurs et les diacres étaient les dirigeants adultes locaux de la prêtrise, ce qui explique la charge pastorale importante qui leur est donnée (versets 46-59) et leur fonction de signer les certificats de dignité pour les membres qui se déplaçaient d'une branche de l’Église à l'autre (verset 84). La Prêtrise d'Aaron avait pour ministère public de « prêcher, enseigner, expliquer, exhorter » (verset 46) et devait avoir une « licence » (verset 64).
 
Reçue le jour où l’Église a été juridiquement reconnue, la section 21 définit le rôle directeur de Joseph Smith dans la nouvelle Église comme « voyant, traducteur, prophète, apôtre de Jésus-Christ » (verset 1), avec Oliver Cowdery comme ancien « sous sa main » (verset 11). Il est conseillé aux membres de l’Église de tenir des registres et de recevoir la parole de Joseph « comme si elle sortait de ma propre bouche » (versets 1, 5).
 
La section 22, reçue le même mois, requiert de tous, même de ceux qui ont été précédemment baptisés, qu’ils soient baptisés dans « une nouvelle alliance éternelle » (verset 1).
Ensemble, ces trois sections constituent une base d'organisation ferme pour l’Église rétablie du Christ.
 
Doctrine et Alliances : Section 25
Auteur : VOLKENING, KLIS HALE
 
Cette révélation fut donnée à Harmony (Pennsylvanie), en juillet 1830, trois mois après l'organisation de l’Église. Elle fut intégrée en 1833 comme chapitre Xxvi au Livre des Commandements. Elle s’adresse à Emma Smith, épouse du prophète Joseph Smith. Dans la version la plus ancienne, Emma Smith est appelée « ma fille en Sion ». Joseph Smith augmenta plus tard ce verset en ajoutant : « tous ceux qui reçoivent mon Évangile sont des fils et des filles dans mon royaume. »
La section a cinq composants principaux :
 
1. Emma est désignée comme « dame élue » (verset 3). Plus tard, le 17 mars 1842, quand elle devint la première présidente de la Société de secours et que les femmes furent organisées selon l'ordre de la prêtrise, Joseph expliqua que c'était le devoir de son appel d’ « élue ». L'organisation de bienfaisance qu'elle dirigea devait passer à plus de 3 millions de femmes en 1990.
 
2. Emma est exhortée à l'unité avec son mari : « Tu lui serviras de secrétaire » et « tu partiras avec lui lorsqu'il partira » (verset 6). Elle accepta ces appels, bien qu'elle dût plus tard abandonner sa maison et sa sécurité.
 
3. Emma est appelée à être « ordonnée sous sa main [de Joseph] pour expliquer les Écritures et pour exhorter l'Église, selon que cela te sera donné par mon Esprit » (verset 7). Il lui est aussi commandé d'étudier et de consacrer son temps « à écrire et à apprendre beaucoup » (verset 8). Au cours de sa vie, elle enseigna, expliqua, exhorta, présida et oeuvra dans beaucoup d’organisations de l’Église. Les femmes de l’Église ont toujours pour tâche de maîtriser les Écritures, de manière à diriger avec d’autant plus de puissance, à enseigner, à exercer leur ministère et à servir.
 
4. Emma est chargée de choisir des cantiques sacrés et un manifeste est donné du pouvoir spirituel de la musique : « Le chant des justes est une prière pour moi » (verset 12). Son livre de cantiques fut publié en 1836 (bien que ce soit 1835 qui apparaisse à la page de titre). Ce recueil utilise beaucoup de paroles et de mélodies chrétiennes classiques mais contient aussi des chants liés à la plupart des événements et des enseignements propres au Rétablissement (voir Cantiques ; Musique).
 
5. Emma reçoit l’avertissement qu’elle ne doit pas murmurer, mettre son ministère public avant son rôle comme compagne de son mari, rechercher « les choses de ce monde » (verset 10) et faire preuve d'orgueil. « Que ton âme se réjouisse de ton mari » (verset 14). Elle doit faire honneur à son mari tandis qu'elle s’occupe de son ministère public. Emma s’acquitta de chacun de ces appels, subit la perte de cinq enfants et soutint Joseph jusqu'à son martyre. Cette inclusion des femmes dans des rôles de direction dans l’Église, la présidence dans certaines organisations et sur certaines fonctions sacrées, s’écartait de manière marquante de ce qui se pratiquait au dix-neuvième siècle. Les dirigeants de l’Église, hommes et femmes, continuent à mentionner des passages de cet appel inspiré d'Emma pour citer en exemple certains des potentiels des femmes et pour faciliter leur participation pleine et entière à tous les appels et bénédictions spirituels de l'Évangile.
 
Bibliographie
Hinckley, Gordon B. « If Thou Art Faithful » Ensign 14 (nov. 84), p. 89-92.
KLIS VOLKENING HALE
 
Doctrine et Alliances : Section 42
Auteur : BROWN, VICTOR L., SR.
 
Cette section est appelée la « Loi du Christ » et la « Loi de l’Église » et sa réception accomplit une promesse faite le 2 janvier 1831, dans Doctrine et Alliances 38:32, que la loi serait donnée à l’Église en Ohio. Comme condition préalable (voir D&A 41:2-3), les anciens devaient s’unir dans la prière de la foi. Les soixante-dix premiers versets de la section 42 furent donnés le 9 février 1831, tandis que douze anciens étaient, comme le dit le document, « unis en prière fervente ». Les versets 71-93 furent reçus deux semaines plus tard dans des circonstances semblables. La révélation fut publiée dans The Evening and The Morning Star en juillet et octobre 1832, et fut incluse en 1833 en tant que chapitres 44 et 47 du Livre des Commandements.
 
Des conditions strictes étaient imposées ici à une Église naissante à la population réduite et dispersée qui avait peu de formation et d’expérience. On peut les répartir en six domaines principaux :
 
1. La responsabilité missionnaire de se rendre dans l’Ouest (versets 1-17). Ses membres devaient aller deux par deux, avec l'ordination et l'autorité appropriées, enseigner les principes de l'Évangile à l’aide de la Bible et du Livre de Mormon et n’enseigner que « par l'Esprit ».
 
2. La réaffirmation des dix commandements (versets 18-29). Le décalogue antique de Moïse mettait l’accent sur les lois du comportement. Le Nouveau Testament, particulièrement le sermon sur la montagne, et un sermon semblable dans 3 Néphi soulignent l'acte et l’état mental, la lettre et l'esprit. La section 42 affirme également les attentes et les aspirations plus larges de la nouvelle alliance éternelle. On trouve en plus : « Tu ne mentiras pas … tu ne médiras pas de ton prochain et tu ne lui feras aucun tort » et « Tu aimeras ta femme de tout ton cœur, et tu t'attacheras à elle et à personne d'autre. » Il est dit du contrevenant qu’il « n'aura pas l'Esprit » et qu’il sera dans la crainte.
 
3. Une déclaration sur les lois de l'intendance et de la consécration (versets 30-39). Les biens devaient être consacrés par une alliance « qui ne [peut] être rompu[e] » pour le soutien des pauvres, chaque personne agissant comme intendant de ses propres biens et un grand conseil et un évêque comme intendants du magasin de l’Église. Ce dernier, rempli par les surplus, pourvoirait aux besoins des pauvres et des indigents. « Dans la mesure où vous le faites aux plus petits de ceux-ci, c'est à moi que vous le faites. » Par ces principes, l’Église devait obtenir des terres, construire des maisons de culte et finalement fonder la nouvelle Jérusalem.
 
4. Mises en garde contre l'orgueil du cœur, l'ostentation, l'oisiveté et l'impureté (versets 40-42).
 
5. Exhortation aux soins compatissants pour les malades qui n’ont pas le don de la foi pour guérir (versets 43-52). Des signes, notamment la guérison, suivront des dons spécifiques de foi, mais la forme la plus élevée de foi est « le pouvoir de devenir mes fils ». Ceux qui meurent dans le Seigneur se voient assurés que leur mort « leur sera douce » (verset 46).
 
6. Instructions sur les procédures de l’Église concernant les transgresseurs, les procès, les témoins, la discipline de l’Église par rapport aux lois du pays et le mode de confession et de réconciliation (versets 53-93). [Voir également Mesures disciplinaires.]
 
Bibliographie
Otten, L.G., et C.M. Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, vol. 1, p. 195-206. Springville, Utah, 1982.
VICTOR L. BROWN, SR.
 
Doctrine et Alliances : Section 45
Auteur : CALDWELL, C. MAX
 
Cette révélation des Doctrine et Alliances fut reçue au début de mars 1831, une époque où « beaucoup de faux bruits, de mensonges et d’histoires insensées étaient publiés dans les journaux et circulaient en tous sens pour empêcher les gens d'étudier l’œuvre ou d'embrasser la foi » (HC 1:158). Le Seigneur y appelle les saints à écouter sa voix et fait remarquer qu’il plaide pour eux auprès du Père (D&A 45:1-7). Il leur dit ensuite qu'il « prophétiserai[t] comme aux hommes d’autrefois » et leur donne ce qu'il a donné à ses disciples à Jérusalem au sujet des événements qui auraient lieu en ce jour-là, dans les derniers jours et à sa seconde venue.
 
Trois événements auraient lieu au cours de la génération même du Sauveur : (1) le temple de Jérusalem serait détruit (versets 18-20) ; (2) la nation juive serait dévastée et détruite (verset 21) ; et (3) les juifs seraient dispersés parmi toutes les nations (verset 24). L'histoire prouve que ces prophéties se sont accomplies. Avant la fin du premier siècle, les conquêtes romaines causèrent l’accomplissement littéral et exact de tout ce que Jésus avait décrit. Certains de ceux qui l'entendirent prophétiser vécurent assez pour être témoins de ces événements.
 
Beaucoup d’événements se produiraient dans les derniers jours précédant la seconde venue du Seigneur : 1. Les juifs seront rassemblés à Jérusalem (verset 25). 2. Il y aura des guerres et des bruits de guerres (verset 26). 3. Le cœur des hommes leur manquera (verset 26). 4. Certains affirmeront que le Christ retarde sa venue (verset 26). 5. L'amour des hommes se refroidira (verset 27). 6. L'iniquité abondera (verset 27). 7. La plénitude de l'Évangile sera rétablie (verset 28). 8. Les temps des Gentils seront accomplis (verset 30). 9. Il y aura un fléau débordant et une maladie dévastatrice (verset 31). 10. Les méchants maudiront Dieu (verset 32). 11. Il y aura des tremblements de terre et beaucoup de désolations (verset 33). 12. Il y aura des manifestations de phénomènes célestes : soleil, lune, étoiles (versets 40-44).
 
Les temps des Gentils mentionnés au point 8 ont commencé quand les apôtres ont porté l'Évangile aux Gentils après la mort du Christ. Les Gentils ont eu une deuxième occasion lorsque Joseph Smith a rétabli l'Évangile pour qu’il soit prêché d'abord aux Gentils et puis aux Juifs.
 
Quand il reviendra, le Sauveur fera au moins trois apparitions générales :
 
1. Il apparaîtra aux saints ou membres de l’alliance de son Église (versets 45-46, 56-57). Le Sauveur a comparé ces membres fidèles aux cinq vierges sages qui avaient pris le Saint-Esprit pour guide (cf. Mt. 25:1-13).
 
2. Il apparaîtra aux juifs de Jérusalem (versets 47-53). Quand ceux-ci seront engagés dans une bataille pour leur survie, le Sauveur apparaîtra et interviendra en leur faveur et ils le reconnaîtront comme leur Messie.
 
3. Il apparaîtra au monde (versets 74-75). Cette apparition ne sera pas limitée à un groupe choisi, mais sera au contraire d'une telle ampleur que les méchants seront détruits, ne laissant que les justes pour jouir du règne millénaire du Sauveur. La seconde venue du Sauveur coïncidera avec la résurrection des membres fidèles de l'alliance de son Église qui seront enlevés à sa rencontre quand il viendra en gloire (verset 45). Et les païens qui ont vécu sans loi seront ressuscités, ainsi que « ceux qui n’ont pas connu de loi » (verset 54).
 
La révélation connue sous le nom de section 45 se concentre ensuite sur l’œuvre de Joseph Smith sur la traduction de la Bible (versets 60-62) et mentionne également des guerres à l'étranger et au pays (verset 63). Les derniers versets appellent les saints à se rassembler « d'un seul cœur et d'un seul esprit… [pour édifier] la nouvelle Jérusalem, pays de paix, ville de refuge, lieu de sécurité pour les saints du Dieu Très-Haut » (versets 65-66).
 
Bibliographie
Département d’Éducation de l’Église. Doctrine et Alliances, manuel de l'étudiant. Salt Lake City, 1981.
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, 1981.
Otten, Leaun G. et C. Max Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, vol. 1. Springville, Utah, 1982.
C. MAX CALDWELL
 
Doctrine et Alliances : Section 76
Auteur : CANNON, DONALD Q.
 
La section 76 présente une vision sur le plan du salut, en particulier la nature des trois royaumes ou cieux de gloire que l'humanité peut hériter après la résurrection selon la fidélité de chacun (voir Degrés de gloire).
 
Le 16 février 1832, tandis qu’ils travaillaient à la traduction de la Bible (TJS), Joseph Smith et Sidney Rigdon arrivèrent à Jean 5:29 au sujet de la résurrection des justes et des injustes. Joseph explique à ce propos : « Il était clair que… si Dieu récompensait chaque homme selon les actions accomplies dans le corps, le terme ‘ciel’, signifiant la demeure éternelle des saints, devait comprendre plus d’un royaume… Tandis que nous traduisions l'évangile de Jean, nous eûmes, frère Rigdon et moi-même, la vision suivante » (HC 1:245). Il y avait au moins dix personnes dans la pièce quand cette révélation fut donnée. L'une d'elles, Philo Dibble, raconta soixante ans plus tard comment Joseph et Sidney, presque immobiles pendant une heure environ, rapportaient alternativement et se confirmaient mutuellement ce qu'ils voyaient simultanément dans la vision (Cannon, p. 303-304).
 
La révélation contient une série de six visions : Ils voient le Fils de Dieu à la droite de Dieu (versets 1-24) ; ils voient comment le diable et ses partisans se sont rebellés et ont été précipités (25-49) ; ils voient le royaume céleste (50-70), le royaume terrestre (71-80) et le royaume téleste (81-90), et ceux qui hériteront chacun de ces degrés de gloire ; et ils voient les trois royaumes de gloire comparés (91-119). Le texte fut publié en juillet 1832 dans l’Evening and Morning Star et fut inclus en tant que section 91 dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances.
 
Du fait que cette section, appelée « la Vision », s'éloigne considérablement de la conception chrétienne traditionnelle qui est un seul ciel et un seul enfer, certains eurent du mal à l’accepter au début. Brigham Young dit : « Mes traditions étaient telles que quand j’ai lu la Vision pour la première fois, elle était si totalement contraire et opposée à mon ancienne éducation que j'ai dit : un instant ; je ne l'ai pas rejetée, mais je ne pouvais pas la comprendre » (Deseret News, Extra, 14 septembre 1852, p. 24). Des branches entières de l’Église eurent le même problème. John Murdock et Orson Pratt, qui faisaient à l’époque une mission en Ohio, eurent du mal à aider les membres de l’Église de là-bas à accepter ce nouveau regard sur l'éternité. Néanmoins, la plupart des membres ne tardèrent pas à croire et à comprendre les concepts, et finirent par vénérer cette vision comme l’une des plus belles et des plus impressionnantes jamais données.
 
Joseph Smith lui-même se réjouit de « la lumière qui a jailli sur le monde grâce à la vision précitée » (EPJS p. 6), qu'il dit être « une transcription des registres du monde éternel. La sublimité des idées, la pureté de la langue, le domaine laissé à l'action, le temps prolongé accordé pour mener l’action à bien, afin que les héritiers du salut puissent confesser le Seigneur et fléchir le genou, les récompenses pour la fidélité et les châtiments pour les péchés se situent tellement au-delà de la mesquinerie des hommes que chacun est contraint de s’exclamer : « Elle vient de Dieu » (EPJS, p. 6-7).
 
Bibliographie
Cannon, George Q., dir. de publ. "Recollections of the Prophet Joseph Smith." Juvenile Instructor, 27 (15 mai 1892), p. 302-304.
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith, p. 157-166, 311-312. Provo, Utah, 1981.
Dahl, Larry E. "The Vision of the Glories." Dans Studies in Scripture, Vol. 1, p. 279-308. Sandy, Utah, 1984.
DONALD Q. CANNON
 
Doctrine et Alliances : Section 84
Auteur : OTTEN, LEAUN G.
 
Donnée les 22-23 septembre 1832, à Kirtland (Ohio), la section 84 fut d’abord publiée en tant que chapitre Iv dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances. On l’appelle la révélation sur la prêtrise et elle fut donnée en la présence de six anciens qui venaient de rentrer de mission des États de l’Est. La révélation comporte quatre thèmes principaux.
 
SION. Précédemment, l'établissement de Sion et la nécessité d’un temple comme centre avaient été révélés (D&A 57:1-3). La section 84 rend l’Église responsable du rassemblement des saints et de l’édification de la nouvelle Jérusalem (Sion), en commençant par le temple. Les deux entreprises doivent être achevées en une « génération ». Sion doit être établie par le pouvoir et l'autorité de la Prêtrise de Melchisédek (versets 1-5).
 
PRÊTRISE. La prêtrise est le pouvoir et l'autorité délégués à l’homme d’agir pour Dieu pour sauver les âmes et on ne peut pas se l’attribuer, mais elle doit être transmise de quelqu’un qui l’a déjà. La section 84 distingue clairement deux prêtrises, à savoir, celle de Melchisédek et celle d’Aaron. Moïse, par exemple, reçut la Prêtrise de Melchisédek de Jéthro, qui l'avait reçue d’héritiers légitimes remontant jusqu’à « Adam, qui était le premier homme » (versets 6-17). La Prêtrise de Melchisédek administre l'Évangile et détient les clefs des mystères du royaume et de la connaissance de Dieu. Grâce aux ordonnances administrées par cette prêtrise, les hommes et les femmes participent aux pouvoirs de la piété. Ce n’est qu’ainsi qu’ils peuvent voir son visage et supporter sa présence (versets 19-22).
 
La Prêtrise d'Aaron détient les clefs du ministère d’anges et de l'Évangile préparatoire. Elle a continué dans une ligne ininterrompue depuis Aaron et était la prêtrise de la Loi de Moïse. C'était également la prêtrise détenue par Jean-Baptiste. Cet Évangile préparatoire comporte la foi, le repentir et le baptême, et mène à la Prêtrise de Melchisédek et à ses ordonnances (versets 26-27).
 
SERMENT ET ALLIANCE DE LA PRÊTRISE. Quand des hommes dignes reçoivent la Prêtrise de Melchisédek, ils entrent dans un rapport d'alliance avec le Seigneur. Ils font alliance de magnifier leurs appels dans la fidélité et l'obéissance – c’est-à-dire qu’ils honoreront et rempliront avec fidélité et obéissance leurs intendances. En gardant cette alliance, le détenteur de la prêtrise reçoit le serment du Père, qui mène à recevoir le royaume du Père et « tout ce que [le] Père a » (verset 38). Ceux qui violent ou rompent cette alliance et s’en détournent complètement « n'aur[ont] pas la rémission des péchés dans ce monde ni dans le monde à venir » (verset 41 ; voir aussi Serment et alliance de la prêtrise).
 
Les anciens de l’Église s’entendent dire qu’à cause de la « vanité » et de « l'incrédulité », eux et tous les enfants de Sion ont été spirituellement enténébrés et sont sous la condamnation devant le Seigneur. Ils doivent se repentir et se rappeler la « nouvelle alliance », à savoir le Livre de Mormon. S’ils obéissent à cette recommandation, leurs péchés leur seront pardonnés et ils produiront du fruit digne du royaume (versets 54-61).
 
CONSEILS MISSIONNAIRES. La section 84 donne des instructions et fait des promesses à ceux qui sont émissaires de Jésus-Christ. Sous leur direction, l'Évangile doit être porté au monde entier. Ceux qui désirent entrer dans le royaume du Christ doivent être baptisés et recevoir le don du Saint-Esprit. Des signes suivront ceux qui croient. Les missionnaires se voient promettre la protection aussi bien que les nécessités de la vie (versets 62-119, cf. Mt. 10).
 
En résumé, il est recommandé aux détenteurs de la prêtrise d’apprendre leurs devoirs et de remplir fidèlement leurs offices et leurs appels. Chaque appel est essentiel dans le royaume du Christ (versets 109-110).
 
Bibliographie
Otten, Leaun G., et C. Max Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, 2 vols. Springville, Utah, 1983.
Smith, Hyrum M., et Janne M. Sjodahl. Doctrine and Covenants Commentary, éd. rév. Salt Lake City, 1978.
LEAUN G. OTTEN
 
Doctrine et Alliances : Section 88
Auteur : CARTER, BARBARA R.
 
La section 88 fut donnée par Joseph Smith dans la « salle de traduction » du magasin de Whitney à Kirtland. Les versets 1-126 furent donnés les 27 et 28 décembre 1832, et les versets 127-141 le 3 janvier 1833. La révélation fut enregistrée dans le Minutier du Conseil de Kirtland et des parties en furent publiées en février et mars 1833 dans The Evening and The Morning Star. Elle fut imprimée en tant que section 7 dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances.
 
Le jour de Noël de 1832, Joseph Smith reçut ce qui a pris le nom de prophétie sur la guerre (D&A 87), qui prédisait « la mort et la misère de beaucoup d’âmes ». Cela perturba ses frères. Ils s’unirent dans le jeûne et la prière devant le Seigneur, voulant connaître sa volonté au sujet de l’édification de Sion. Le prophète appela la révélation suivante (D&A 88) « la feuille d’olivier » et « le message de paix que le Seigneur nous adresse » (HC 1:316).
 
La section s’ouvre sur une promesse intime « sur vous, mes amis » qui est donnée de Dieu par Jésus-Christ, son Fils (D&A 88:3-5) et est comparable à la promesse de Jean 14 sur le Consolateur et le Saint-Esprit de promesse.
 
Suivent des passages sur l'immanence universelle de la lumière divine : La Lumière du Christ illumine les yeux et vivifie l’intelligence (voir Lumière et ténèbres). Elle est en et à travers tout, la lumière même du soleil, de la lune et des étoiles. Elle « sort de la présence de Dieu pour remplir l’immensité de l'espace » (verset 12). Elle est mise sur le même pied que la vie, la loi et le pouvoir de Dieu.
Dans ce contexte les points de doctrine suivants sont clarifiés :
 
L'esprit et le corps sont l'âme de l'homme. Il y a trois degrés de gloire et trois ordres de corps glorifiés. On reçoit un corps ressuscité selon la loi à laquelle on se conforme ici-bas : « Votre gloire sera cette gloire par laquelle votre corps sera vivifié » (verset 28). Dans la résurrection on reçoit en entier ce qu'en ce monde on n’a eu qu’en partie. Un quatrième ordre de corps ressuscités concerne les fils de Perdition, qui, bien que ressuscités, ne reçoivent aucune gloire (versets 32-33).
 
La terre elle-même est vivante. Elle mourra et sera glorifiée, et les corps qui sont vivifiés par un esprit céleste hériteront ; « c’est dans ce but qu’elle a été faite et créée, et c’est dans ce but qu’ils sont sanctifiés » (verset 20).
 
Il y a des mondes multiples, des créations multiples, tous régis par la loi. « À tout royaume est donnée une loi ; et à toute loi il y a certaines limites et certaines conditions » (verset 38). La loi comporte des temps, des saisons et des ordres cosmiques aussi bien que les attributs et les pouvoirs divins de la miséricorde, de la justice et du jugement. « Tous les êtres qui ne se conforment pas à ces conditions ne sont pas justifiés » (verset 39 ; voir Justification). Ceux qui cherchent à se faire la loi à eux-mêmes ne seront pas et ne peuvent pas être sanctifiés.
 
Une parabole sur des ouvriers dans un champ enseigne l'ampleur des créations du Seigneur (versets 46-61), que la glorification ne se produit qu’à un moment et dans un ordre désignés, « chacun en son ordre » (verset 60).
 
L'appel est donné de construire un temple et de tenir une assemblée solennelle. Le temple doit devenir une maison de Dieu : de prière, de jeûne, de foi, de science, de gloire et d'ordre. Toutes les entrées et les sorties et les salutations seront au nom du Seigneur. Il est commandé aux saints qu’ils « s'organisent, et se préparent, et se sanctifient » (verset 74) par la solennité et l'étude sobre, pour être prêts pour l'expérience de temple. (Voir Temple de Kirtland ; Temples : Consécrations de temples de l’Église.)
 
Un programme d'études complet pour l'école des prophètes est présenté. Il comprend des langues, l’histoire et une étude « des guerres et [d]es perplexités des nations… et aussi une connaissance des pays et des royaumes » (verset 79).
 
Des prophéties sont réitérées au sujet des changements, des tremblements de terre, des tempêtes et des bouleversements de la terre et des cieux qui précéderont la seconde venue du Christ. Six périodes ou époques de mille ans chacune sont désignées. Elles doivent trouver leur point culminant à la septième ou ère millénaire. Un ange et une trompette sonnée par un ange symbolisent chaque période.
 
La révélation conclut sur des instructions précises sur la conduite des réunions, les devoirs de la présidence, l'admission à l'école des prophètes et le lavement des pieds, sur le modèle de Jean 13, comme ordonnance d’initiation et de purification pour les membres de l'école.
 
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, Utah, 1981.
BARBARA R. CARTER
 
Doctrine et Alliances : Section 89
Auteur : PETERSON, PAUL H.
 
Cette section, connue sous le nom de Parole de Sagesse d’après ses premiers mots, fut reçue le 27 février 1833 lors d'une réunion de l'école des prophètes à l’étage du magasin des Whitney, à Kirtland. Selon Zebedee Coltrin, l’un des vingt-deux dirigeants de l’Église présents, Joseph Smith reçut la révélation dans une pièce voisine en présence de deux ou trois frères, entra avec le document en mains et en lut le contenu aux membres de l’école réunis. La révélation fut imprimée en décembre 1833 ou en janvier 1834 sur une feuille grand format et fut incluse dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances.
 
La Parole de Sagesse fut donnée « en conséquence des mauvaises intentions et des desseins qui existent et existeront dans les derniers jours dans le cœur des conspirateurs » (verset 4). Comme certains de ces desseins concernent ce que l’on mange et boit, la Parole de Sagesse donne des directives de base sur ce qui est bon et pas bon et pose en principe une forte relation entre ce que les gens ingèrent et leur bien-être physique et spirituel. La révélation interdit trois choses : le tabac, les boissons fortes et les boissons brûlantes (versets 5-9). On a interprété les « boissons fortes » comme étant les boissons alcoolisées ; les premiers dirigeants de l’Église ont défini les « boissons brûlantes » comme étant le thé et le café. Les dirigeants de l’Église ont traditionnellement limité les conditions requises pour la dignité aux interdits. La révélation recommande également l'utilisation prudente des herbes et des fruits, la consommation fugale de la viande et l'utilisation de « tout grain » mais particulièrement du « blé pour l'homme » (versets 10-17). La santé et la force, la sagesse et la connaissance et la protection contre l'ange exterminateur sont promises aux saints qui obéissent aux recommandations (versets 18-21).
 
La Parole de Sagesse était une réponse inspirée à des problèmes ou à des paradoxes précis dans l’Église et à des problèmes sociaux d’actualité dans la société américaine de l’époque. Brigham Young rappela en 1868 que Joseph Smith était perturbé par le caractère manifestement incongru de discussions concernant des sujets spirituels dans un nuage de fumée de tabac et par le fait que cela dérangeait Emma Smith, femme de Joseph, de devoir nettoyer le plancher taché de chiques. Il est également probable que le prophète était sensible et favorable au mouvement généralisé en faveur de la tempérance des années 1830. Comme il le faisait d’habitude, le prophète demanda des instructions au Seigneur et la section 89 se distingue par le fait que c'est un code de santé divinement approuvé.
 
Les interprétations et les applications de la Parole de Sagesse ont graduellement changé au cours des années. Ce changement correspond en partie à la croyance de l’Église en la révélation continue par les prophètes modernes. En ce qui concerne cette section particulière, les interprétations diverses reflètent également une certaine ambiguïté du verset 2, qui dit que la révélation a été donnée « non par commandement ou par contrainte ». Comme les versets 1-4 faisaient partie de l'introduction de cette section dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances, il y a eu, au cours des années, des divergences de vues quant à savoir si la Parole de Sagesse est un commandement dans le sens que son observance est obligatoire pour jouir de la pleine communion de l’Église comme de savoir si l'observance implique l'abstinence ou simplement la modération.
 
Au milieu des années 1830, beaucoup de membres de l’Église estimaient que l'abstinence d'alcool, de tabac, de thé et de café était un critère pour jouir de la communion des saints. L’unique exception possible à cette interprétation sinon stricte était le vin, que certains des premiers dirigeants de l’Église ont pu ne pas considérer comme « boisson forte ». Cette insistance du début sur l'abstinence ou une quasi-abstinence ne fut pas généralement ni officiellement acceptée dans l’Église, en dépit de la déclaration de Joseph Smith qu’aucun membre n’était « digne de détenir un office » une fois que la Parole de Sagesse lui avait été enseignée et « s’il néglige de s’y conformer et d’y obéir » (EPJS, p.91.). Néanmoins, la déclaration d’origine fit graduellement place à un accent sur la modération. Joseph F. Smith enseigna plus tard que le Seigneur n'avait pas insisté sur la conformité stricte dans ces premières années afin d'accorder à une génération intoxiquée par des substances nocives quelques années pour se débarrasser de mauvaises habitudes. Cette pratique de la modération, que l’on a pu observer dès les années 1840, continua pendant tout le dix-neuvième siècle. Le président Taylor entreprit, au début des années 1880, une réforme dans laquelle il soulignait que tous les dirigeants de l’Église devaient s'abstenir des produits interdits, mais ses efforts furent réduits à néant par la désintégration sociale provoquée par les raids fédéraux contre la polygamie. Au XIXe siècle, les dirigeants de l’Église n'exigèrent pas l'abstinence, mais ils insistèrent sur la modération, mirent fortement en garde contre l'ivrognerie et s’opposèrent à la création de distilleries et de débits de boissons ou les limitèrent soigneusement. Les nombreuses observations faites par les visiteurs du territoire d'Utah attestent du bon ordre et de la sobriété générale des communautés mormones et démontrent l'efficacité de ces prédications.
 
Le cheminement qui allait mener à la position actuelle sur la Parole de Sagesse commença avec la présidence de Joseph F. Smith (1901-1918) et aboutit avec l'administration de Heber J. Grant (1918-1945), qui, plus que n'importe quel autre dirigeant de l’Église, prêcha fréquemment et avec ferveur le respect strict du principe. Au début des années 1930, l'abstinence d'alcool, de tabac, de thé et de café étaient devenue un test officiel de la participation à la communion des saints. Il n'y eut pas de révélation expresse pour produire ce résultat. Il découla des préoccupations que les dirigeants de l’Église avaient à l’égard des effets physiques et spirituels nocifs de l'alcool, du tabac, du thé et du café sur les personnes et sur les collectivités. L'agitation nationale et locale en Amérique concernant la Prohibition et l’accumulation des preuves scientifiques attestant des effets nocifs de certaines substances intensifièrent ce souci.
 
La Parole de Sagesse a eu, entre autres, pour résultat une meilleure santé physique dans la population de l’Église (voir Statistiques démographiques) et la confirmation concrète des vérités reçues par la révélation. Elle constitue aussi un signe distinctif qui rappelle aux saints des derniers jours leurs engagements et leurs responsabilités dans le domaine religieux.
 
Bibliographie
Alexander, Thomas G. Mormonism in Transition, p. 258-271. Urbana, Illinois, 1986.
Bush, Lester E., Jr. « The Word of Wisdom in Early Nineteenth-Century Perspective » Dialogue 14 (automne 1981) p. 47-65.
PAUL H. PETERSON
 
Doctrine et Alliances : Section 93
Auteur : WORKMAN, DAN J.
 
La section 93 est une révélation reçue le 6 mai 1833 par le prophète Joseph Smith pendant une conférence des grands prêtres à Kirtland, Ohio. Elle fut imprimée en tant que chapitre 82 de l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances. Les idées contenues dans cette révélation sont à la base de la compréhension que les saints des derniers jours ont de la nature et des rapports de Dieu et de l'homme.
 
Elle commence par la promesse divine que toute âme qui abandonne le péché, va au Christ, invoque son nom, obéit à sa voix et garde ses commandements verra sa face « et saura que je suis, que je suis la vraie lumière qui éclaire tout homme qui vient au monde » (versets 1-2).
Les versets suivants mentionnent des paroles d'un document de Jean qui doit encore être révélé dans son intégralité. Ils font penser au prologue à l'Évangile de Jean, mais ils témoignent également du baptême de Jésus par Jean-Baptiste.
 
Le Christ est appelé le Père et est un avec lui parce qu’il lui « a donné de sa plénitude » (verset 4). Il est appelé la Parole parce qu'il est le « messager du salut » (verset 8). En lui est « la vie des hommes et la lumière des hommes » (verset 9). « Les mondes ont été faits par lui, les hommes ont été faits par lui, tout a été fait par lui, par son intermédiaire et de lui » (verset 10).
 
Contrairement aux théologies de l’existence statique, plusieurs versets affirment le devenir du Christ. Trois fois ils réitèrent que le Christ n'a pas reçu de plénitude au début mais a reçu « grâce sur grâce » jusqu'à recevoir une plénitude de la gloire du Père (versets 12, 13, 14 ; cf. Lu. 2:40 ; Hé. 5:8-9). Le Christ n’est devenu comme le Père, dans le sens exalté du terme, qu’après sa résurrection et sa glorification (cf. Ap. 5:12-13). La compréhension de ce processus est la base d’un culte authentique.
 
La révélation nie la notion de la création ex nihilo. L'intelligence de l'homme, « la lumière de la vérité » (verset 29), n'est pas créée mais existe d’elle-même. L’homme, comme le Christ lui-même, « était… au commencement avec Dieu » (verset 29). En outre, « les éléments sont éternels » (verset 33).
 
La vérité est la « connaissance des choses telles qu’elles sont, telles qu’elles étaient et telles qu’elles sont à venir » (verset 24). La vérité et l'intelligence sont indépendantes dans la sphère dans laquelle Dieu les a placées (verset 30). L'esprit de l'homme fait partie intégrante de l'esprit de vérité, qui « est clairement manifesté » dès le commencement (verset 31). C'est la base du libre arbitre et de la responsabilité. « Tout homme dont l’esprit ne reçoit pas la lumière est sous la condamnation » (verset 32).
 
Le Christ est le modèle en toutes choses. Tous peuvent « ven[ir] au Père en mon nom » (verset 19) et, en temps voulu, être « glorifié[s] en moi, comme je suis dans le Père » (verset 20). L'homme est un temple et un temple souillé sera détruit. « L’esprit et l'élément » inséparablement liés (ressuscités) peuvent recevoir une plénitude de joie. « La gloire de Dieu est l’intelligence » définie comme étant « la lumière et la vérité ». Quelqu’un qui reçoit la lumière et la vérité délaisse le Malin (verset 37).
 
« L’esprit de tout homme était innocent au commencement ; et Dieu ayant racheté l'homme de la chute, les hommes redevinrent, dans leur prime enfance, innocents devant Dieu » (verset 38). Par la désobéissance les hommes deviennent pécheurs, « la lumière et la vérité » leur étant enlevées quand ils adoptent « la tradition de leurs pères » (verset 39).
 
La révélation clôture en exhortant les grands prêtres rassemblés à mettre leur maison en ordre en enseignant plus complètement l'Évangile à leur famille (versets 42-50). Sidney Rigdon doit proclamer « l'Évangile de salut » (verset 51) et les Frères doivent se hâter « de traduire mes Écritures » (Bible) et « obtenir la connaissance de l'histoire, des pays, des royaumes, des lois de Dieu et de l'homme » tout cela « pour le salut de Sion » (verset 53). DAN J. WORKMAN
 
Doctrine et Alliances : Section 107
Auteur : BOWEN, WALTER D.
 
La section 107 est l'une des déclarations les plus importantes des Écritures modernes sur les divisions, les offices, les collèges et les conseils de la prêtrise. La section 107 définit un arrangement ordonné des responsabilités d’une prêtrise laïque à plusieurs niveaux. Elle fut publiée en tant que chapitre lii dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances et fut intitulée « De la Prêtrise ». Au fil des années elle a été acceptée comme un document d’importance majeure et a été considérée comme une charte sage et efficace sur les clefs et les offices de la prêtrise. Elle est la base de l'administration de l’Église par la prêtrise (voir Organisation).
 
Le 28 mars 1835, à Kirtland (Ohio), le Collège des douze apôtres récemment organisé se réunit en vue de sa mission dans l'Est des États-Unis. Éprouvant le sentiment de ne pas être à la hauteur de son nouvel appel comme témoin spécial du Christ, le collège rédigea une lettre au prophète Joseph Smith demandant une révélation en sa faveur : « Le moment où nous sommes sur le point de nous séparer est proche et Dieu seul sait quand nous nous réunirons de nouveau ; nous souhaitons donc demander à celui que nous avons reconnu comme notre Prophète et Voyant qu'il s'enquière auprès de Dieu pour nous et obtienne une révélation (si c’est faisable) afin que nous puissions la regarder quand nous serons séparés, que notre cœur puisse être consolé » (HC 2:209-210).
 
Joseph « consulta le Seigneur » et reçut la section 107:1-57. Le document distingue la Prêtrise de Melchisédek de la Prêtrise d'Aaron et définit quels offices relèvent de chacune : La Première Présidence, et sous elle les douze apôtres, les grands prêtres et les anciens, officient dans la Prêtrise de Melchisédek et agissent dans toutes les « choses spirituelles » (versets 1-12, 18-19, 21-26) ; l'évêque, avec ses conseillers, agit dans la Prêtrise d'Aaron, qui administre « les ordonnances extérieures » de l’Église, notamment le baptême (versets 13-17, 20). La Première Présidence préside l’Église ; les Douze sont « les témoins spéciaux du nom du Christ dans le monde entier » (verset 23) ; et les soixante-dix sont appelés à prêcher l'Évangile à l'étranger (verset 25).
 
Les principes de l'organisation de la prêtrise fixés par cette révélation combinent des éléments démocratiques et hiérarchiques. « Il y a nécessairement des présidents » sur les divers offices (verset 21), mais toute décision d'un des trois collèges qui gouvernent l’Église « doit être à l’unanimité des voix qui le composent » (verset 27), prise « en toute justice, en sainteté, avec humilité de cœur » (verset 30). La Première Présidence, le Collège des Douze et les collèges des soixante-dix sont « éga[ux] en autorité » mais fonctionnent sous les clefs de prêtrise de la Première Présidence ou du Collège des Douze quand la présidence est dissoute à la mort du président (versets 22-26). La révélation remonte aussi le lignage de la prêtrise patriarcale dans les temps anciens d'Adam à Noé (versets 39-57).
 
À peu d'exceptions près, les versets 58-100 ont été extraits d'une révélation et d'une vision que Joseph Smith avait reçues précédemment. Elle déclare que le Président de la Haute Prêtrise doit « présider l’Église entière… et… être semblable à Moïse » (verset 91), et définit les devoirs, les présidences et le nombre maximum de membres des collèges d’anciens, de prêtres, d’instructeurs et de diacres. Elle précise aussi les devoirs de l'évêque en tant que juge en Sion et donne la marche à suivre pour juger de la conduite d'un officier général de l’Église.
 
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith, p. 215-216, 326-329. Provo, Utah, 1981.
WALTER D. BOWEN
 
Doctrine et Alliances : Sections 109-110
Auteur : WILCOX, S. MICHAEL
 
La section 109 est la prière de consécration du temple de Kirtland. Joseph Smith écrit qu'il a reçu cette prière par l'esprit de révélation (HC 2:420). La prière contient un certain langage propre au temple, tiré de Doctrine et Alliances 88 (voir, par exemple, 88:119-121) et quelques passages qui s’y trouvent et qui ont trait à la rédemption de Jérusalem se retrouvent dans la prière d'Orson Hyde prononcée cinq ans plus tard sur le mont des Oliviers.
 
La section 109 est hébraïque dans le ton et rappelle la consécration par Salomon du premier temple et les bénédictions que la tradition juive lie au temple (cf. 1 R. 8).
 
Elle commence par des actions de grâces : « Grâces soient rendues à ton nom, ô Seigneur Dieu d'Israël, toi qui gardes l'alliance et fais preuve de miséricorde », demande l’approbation divine et la manifestation visible de la gloire divine sur le temple et les fidèles, demande que Dieu accepte ce qui a été fait dans l'esprit de sacrifice, désigne le bâtiment comme maison de Dieu, de prière, de jeûne, de foi, d'étude, de gloire et d'ordre (verset 8 ; cf. verset 16), où le nom divin peut être mis sur ses serviteurs, demande le pardon et l’effacement des péchés, plaide pour que les émissaires de la vérité aillent avec puissance et scellent leur témoignage avec pouvoir, demande protection contre les ennemis et que l’on soit délivré des calamités du Missouri, et prie pour la miséricorde sur les nations de la terre, pour l'expansion des pieux, pour le rassemblement de Jacob et de Juda dispersés, pour la rédemption de Jérusalem « dès cette heure » (verset 62), et finalement pour des bénédictions sur les maisons et les familles des dirigeants de l’Église. Elle finit par « Ô entends, ô entends, ô entends-nous, ô Seigneur ! … afin que nous mêlions nos voix à celles de ces séraphins resplendissants qui entourent ton trône » et « Amen et amen » (versets 78, 80).
 
La section 110 rend compte d’événements qui ont suivi la consécration du temple le 3 avril 1836. Le récit (non canonique dans l’Église Réorganisée) fut écrit par Warren Cowdery, secrétaire de Joseph, et publié une semaine après les événements qu’il décrit dans le Messenger and Advocate, et fut plus tard inclus dans l'édition de 1876 des Doctrine et Alliances (voir l’introduction). Après avoir pris la Sainte-Cène et s’être prosternés « en prière solennelle et silencieuse », Joseph Smith et Oliver Cowdery reçurent une vision commune. Le Sauveur apparut et accepta le temple en disant : « Mon nom sera ici ; et je me manifesterai avec miséricorde à mon peuple dans cette maison » (verset 7). Moïse apparut ensuite pour rétablir « les clefs pour rassembler Israël des quatre coins de la terre » (verset 11) en vue du renouvellement des temples et du culte du temple (voir Israël : Rassemblement d'Israël ; Ordonnances du temple). Élias « remit la dispensation de l'Évangile d'Abraham » (verset 12) pour rétablir la promesse de l'alliance faite à Abraham que par lui et par sa postérité toutes les générations seraient bénies (voir Alliance abrahamique ; Évangile d'Abraham). Enfin Élie apparut et conféra les clefs du scellement pour toutes les ordonnances de la prêtrise, notamment le scellement des familles, et annonça l'imminence de la seconde venue du Messie (versets 13-16). Ceci était en accord avec la prophétie finale de Malachie qu'Élie viendrait pour tourner le cœur des enfants vers les pères avant le jour grand et redoutable du Seigneur (Ma. 4:5-6 ; voir Élie, Esprit d’).
 
Bibliographie
Sperry, Sidney B. Doctrine and Covenants Compendium. Salt Lake City, 1960.
S. MICHAEL WILCOX
 
Doctrine et Alliances : Sections 121-123
Auteur : HOWE, SUSAN
 
Sections 121-123  : Ces sections sont des extraits d’une longue lettre écrite par Joseph Smith le 20 mars 1839, dans la prison de Liberty (Missouri), adressée « à l’Église des saints des derniers jours à Quincy (Illinois) et dispersée à l'étranger et à l’évêque Partridge en particulier » (HC 3:289). La puissance et la richesse de la lettre, son contenu doctrinal et ses images littéraires sont sans doute le résultat de la souffrance personnelle du prophète.
 
La section 121 commence par une prière, un cri de « Ô Dieu, où es-tu ? » une supplication pour que Dieu reconnaisse les souffrances des saints, punisse leurs ennemis et venge le mal qu’on leur a fait (versets 1-6). Au verset suivant, le prophète entend la voix consolatrice de l'inspiration dire : « Mon fils, que la paix soit en ton âme ! Ton adversité et tes afflictions ne seront que pour un peu de temps » (verset 7). Il lui est rappelé : « tes amis se tiennent à tes côtés » et il s’entend promettre que « ils t'accueilleront de nouveau, le cœur chaleureux et la main amicale » (verset 9). « Tu n’es pas encore comme Job » (verset 10). La justice des actions des saints est confirmée ; au moment voulu par le Seigneur, ceux qui ont affligé les saints seront punis (des versets 11-25).
 
Les versets 26-33 promettent des bénédictions de connaissance qui seront bientôt déversées par le Saint-Esprit sur les saints des derniers jours, notamment la connaissance de toutes les dominations de Dieu et les lois par lesquelles elles fonctionnent. La dernière partie de la section 121 sont des versets qui sont parmi les plus sensibles et les plus puissants des Écritures modernes. Ici le prophète s’oppose à toutes les formes de domination mauvaise. La vraie autorité, écrit-il, est toujours liée à l’amour. « Aucun pouvoir, aucune influence ne peuvent ou ne devraient être exercés en vertu de la prêtrise autrement que par la persuasion, par la longanimité, par la gentillesse et la douceur, et par l'amour sincère » (verset 41).
 
La section 122 est une révélation adressée expressément à Joseph Smith pour l'aider à comprendre les épreuves par lesquelles il passe. Elle l'assure qu'il sera connu en bien parmi les nobles et vertueux de la terre et que son propre peuple ne se tournera jamais contre lui à cause « du témoignage de traîtres » (verset 3). Les versets décrivent d’une manière percutante les dangers et les trahisons qu'il a soufferts ou qu’il va encore souffrir puis ajoute : « Sache, mon fils, que toutes ces choses te donneront de l'expérience et seront pour ton bien » (verset 7). La section finit en rappelant au jeune prophète que « Le Fils de l'Homme est descendu plus bas que tout cela » (verset 8).
 
La section 123 instruit les saints des mesures qu'ils devraient prendre pour demander réparation pour leur persécution et leurs pertes au Missouri. Il leur est recommandé de faire la liste des torts infligés aux propriétés, aux personnes et à leur réputation, de faire des déclarations sous serment et de rassembler les publications diffamatoires afin de pouvoir présenter leur cas devant les autorités. Il leur est expliqué que cette façon de faire est le dernier devoir qu'ils doivent à Dieu, à leur famille et à la génération montante. La section finit en assurant aux saints que ces efforts, même s’ils n’en comprennent pas la valeur, seront importants à l’avenir pour l’Église (verset 15).
 
Doctrine et Alliances : Section 124
Auteur : RICHARDS, PAUL C.
 
La section 124, donnée le 19 janvier 1841 au prophète Joseph Smith, est la plus longue révélation des Doctrine et Alliances. C'est la première section reçue à Nauvoo et elle a été imprimée dans l'édition de 1844 des Doctrine et Alliances sous le numéro 103.
 
En 1839, les membres de l’Église s'étaient enfuis du Missouri en Illinois pour échapper à l'ordre d'extermination du Gouverneur Lilburn W. Boggs. La rive orientale du fleuve Mississippi devint un lieu de refuge et le siège de l’Église. Dès 1841, Nauvoo y avait été créée et le village avait grandi jusqu’à compter quelque 3.000 habitants. Dans ce cadre, la section 124 constituait une inauguration importante, un genre de constitution pour le développement ultérieur de Nauvoo et de l’Église. Elle donne des instructions sur des sujets temporels, doctrinaux et d'organisation et donne des tâches et des recommandations à cinquante-cinq personnes.
 
La section 124 comprend ce qui suit :
 
Une mission confiée à Joseph Smith de « faire une proclamation solennelle » de l'Évangile aux souverains de tous les pays (versets 2-14, 16-17, 107).
 
Des directives pour construire la Maison de Nauvoo, un hôtel où « le voyageur fatigué trouve la santé et la sécurité tandis qu'il contemple la parole du Seigneur » (versets 22-24, 56-82).
 
Un commandement aux membres d’aider à construire le temple de Nauvoo, commencé trois mois plus tôt. Il devait être un endroit où le Seigneur pourrait rétablir la plénitude de la prêtrise et révéler « des choses qui ont été cachées dès avant la fondation du monde » concernant la dispensation de la plénitude des temps » (versets 25-28, 40-44 ; voir aussi Ordonnances du temple).
 
Une promesse que si les membres écoutent la voix de Dieu et de ses serviteurs, « ils ne seront pas enlevés de leur place » (versets 45-46).
 
Des éclaircissements sur le baptême pour les morts, défini comme une ordonnance du temple. La révélation dit que Moïse avait reçu la même mission de construire un tabernacle pour des ordonnances (versets 25-48).
 
La déclaration que les efforts des saints pour créer une ville et un temple au Missouri ont été acceptés par le Seigneur, même si les persécutions ont empêché leur création à ce moment-là (versets 49-54).
 
Des appels et des confirmations de divers postes dans l’Église, notamment une liste de nouveaux officiers et la répétition de certains appels précédents. Par exemple, Hyrum Smith est appelé comme patriarche en remplacement de son père, décédé le 14 septembre 1840. Joseph Smith, Sidney Rigdon et William Law sont nommés à la Première Présidence. Brigham Young reçoit le nouveau titre de président du Collège des douze apôtres (il avait été soutenu à ce poste le 14 avril 1840) et des tâches sont confiées à ce collège. Douze membres sont appelés pour former un grand conseil de pieu et d'autres sont appelés dans des présidences de grands prêtres, d’anciens, de soixante-dix, de deux épiscopats, et de prêtres. Il est fait mention d’organisations d’instructeurs, de diacres et de pieux, mais aucun appel de direction dans ces dernières n'est fait (versets 20-21, 123-142). PAUL C. RICHARDS
 
Doctrine et Alliances : Sections 127-128
Auteur : DURRANT, GEORGE D.
 
Sections 127-128
Les sections 127 et 128 sont deux lettres doctrinales dictées par le prophète Joseph Smith tandis qu’il est « en exil » près de Nauvoo pendant la première semaine de septembre 1842. Son secrétaire était William Clayton. Les sections furent publiées dans The Times and Seasons les 14 septembre et 1er octobre 1842, et parurent d'abord en 1844 dans les Doctrine et Alliances sous les numéros 105 et 106.
 
Ces documents éclaircissent et officialisent la doctrine et la pratique du baptême pour les morts, pratique attestée au premier siècle à Corinthe (1 Co. 15:29). Deux ans plus tôt, le 15 août 1840, lors d’un discours prononcé à l’occasion d’obsèques, Joseph Smith annonça pour la première fois en public la responsabilité des membres de l’Église d'accomplir des baptêmes pour les morts (EPJS, p. 143). « Il présente l'Évangile du Christ sur une échelle probablement plus vaste que certains l'ont imaginé » (EPJS, p. 143). Immédiatement après, les membres de l’Église commencèrent à accomplir des baptêmes par procuration dans le Mississippi. Un an après, Joseph Smith déclarait : « Il n’y aura plus de baptêmes pour les morts avant que l’ordonnance ne puisse être accomplie dans les fonts de la Maison du Seigneur » (HC 4:426). Le 21 novembre 1841, quand les fonts baptismaux du temple de Nauvoo furent achevés, des baptêmes pour les morts y furent accomplis (HC 4:454).
 
Les sections 127 et 128 soulignent la nécessité de la présence de témoins oculaires et d’un greffier à tous les services de baptême de ce genre. Sans documents authentifiés sur terre et dans le ciel, un baptême n'est pas considéré comme valide (D&A 127:6-9 ;128:3-10).
 
À la section 128, le prophète commente Malachie 4:5-6 et explique que le baptême pour les morts est « un chaînon » entre les parents et les enfants (D&A 128:18). Il explique, en outre, qu'à moins que les enfants ne soient scellés par les ordonnances du temple à leurs ancêtres décédés, lesquels sont à leur tour scellés entre eux dans la famille de Dieu, ni les uns ni les autres ne peuvent être entièrement sauvés et exaltés (versets 14, 15, 18). « sans nous ils ne peuvent parvenir à la perfection — et sans nos morts, nous ne pouvons pas non plus parvenir à la perfection » (verset 15 ; cf. Hébreux 11:40).
 
Les baptêmes et les autres ordonnances du temple pour les morts restent une partie essentielle de la doctrine et de la pratique de l’Église. GEORGE D. DURRANT
 
Doctrine et Alliances : Sections 131-132
Auteur : GRANT, PAUL
 
Sections 131-132
Ces sections expliquent que le principe du mariage éternel est une condition pour parvenir au degré le plus élevé de gloire dans le royaume céleste (D&A 131:1-4 ; cf. 76:50-70). Dans cet état exalté, les hommes et les femmes deviennent des dieux (voir Divinité), continuent à avoir des enfants (voir Vies éternelles, Accroissement éternel) et parviennent à la connaissance totale de Dieu (D&A 132:23-24).
La section 131 contient un recueil de déclarations faites par Joseph Smith du 16 au 17 mai 1843, pendant une visite aux membres de l’Église à Ramus (Illinois), à 35 kilomètres à l'est de Nauvoo (HC 5:391-93). Elles ont été notées par William Clayton dans son journal intime. En plus de ses enseignements sur le mariage éternel, la section 131 définit également l’expression « parole prophétique plus certaine », déclare que personne ne peut être sauvé dans l'ignorance (cf. EPJS, p. 243) et explique que l'esprit est de la matière purifiée.
 
La section 132 contient la base doctrinale de la pratique du mariage plural. Si elle fut une cause de désarroi pour certains, d'autres estimèrent que le mariage plural était « le point de doctrine le plus saint et le plus important jamais révélé » (W. Clayton, dans A. Jensen, Historical Record, 6:226). Cette révélation fut mise par écrit le 12 juillet 1843, dans le magasin de briques de Nauvoo. Sur l’insistance de Hyrum Smith, afin qu'Emma Smith puisse être convaincue de sa véracité, le prophète Joseph Smith la dicta phrase par phrase. Clayton écrivit que « lorsque le tout fut écrit, Joseph me demanda de la lire lentement et soigneusement, ce que je fis, et il la déclara correcte » (CHC 2:106-7). Ce soir-là, l’évêque Newel K. Whitney reçut la permission de copier la révélation. Le jour suivant, son secrétaire, Joseph C. Kingsbury, copia le document, et Whitney et Kingsbury comparèrent la copie à l’original. Cette copie fut donnée à Brigham Young en mars 1847 ; elle fut officiellement adoptée comme révélation en août 1852, lors d’une conférence générale à Salt Lake City et fut publiée en septembre 1852 dans le Deseret News.
 
Les points de doctrine de cette révélation furent probablement reçus en 1831 tandis que le prophète traduisait la Bible. En réponse à des questions sur la légitimité des mariages pluraux des prophètes antiques, le Seigneur révéla à Joseph Smith les conditions requises dans lesquelles le mariage plural devait être observé. Lyman Johnson dit à Orson Pratt que « Joseph lui avait fait connaître [à lui, Johnson] dès 1831 que le mariage plural était un principe correct » mais avait dit que ce n'était pas encore le moment de l'enseigner ni de le pratiquer (MS. 40 [1878], p. 788). Cette date fut plus tard confirmée dans diverses déclarations et déclarations sous serment rassemblées par Joseph F. Smith et d'autres auprès de ceux qui avaient été proches de Joseph Smith à Nauvoo.
 
La section 132 dit que toutes les alliances doivent être faites de la manière appropriée, par l’autorité compétente, et être scellées par le Saint-Esprit de promesse pour être valides éternellement (versets 7-19) et que par leur fidélité, des bénédictions éternelles sont garanties à ceux qui se marient selon cette nouvelle alliance éternelle : « Alors ils seront dieux, parce qu'ils n'ont pas de fin ; c'est pourquoi, ils seront de toute éternité à toute éternité, parce qu'ils continuent » (verset 20). Cette loi fut décrétée avant que le monde fût, et par elle Abraham reçut la promesse de vies éternelles par sa postérité (versets 28-37). Des interdictions strictes en ce qui concerne l'adultère accompagnent la loi du mariage éternel (versets 38-44, 61-63). Dans les derniers versets, Dieu confirme à Joseph Smith sa situation éternelle auprès de lui et accepte ses œuvres (versets 45-50) ; il exhorte Emma et d'autres à observer cette loi et à multiplier et remplir la terre pour que Dieu puisse être glorifié (versets 51-66).
 
Bibliographie
Danel W. Bachman. « New Light on an Old Hypothesis : The Ohio Origins of the Revelation on Eternal Marriage ». Journal of Mormon History 5 (1978), p. 19-32.
PAUL GRANT
 
Doctrine et Alliances : Sections 137-138
Auteur : HARTSHORN, LEON R.
 
La section 137 rapporte une vision du royaume céleste notée dans le journal intime de Joseph Smith. Le 21 janvier 1836, lui et plusieurs autres dirigeants de l’Église se réunirent dans le temple de Kirtland pour les ordonnances des ablutions et de l'onction. Joseph bénit et oignit son vieux père, Joseph Smith, père, qui à son tour oignit les membres de la présidence de l’Église et scella des bénédictions sur le prophète. Joseph écrit que quand la présidence posa les mains sur sa tête et prophétisa, « les cieux s'ouvrirent à nous, et je vis le royaume céleste de Dieu et la gloire de ce royaume » (verset 1). Il en vit les rues comme pavées d’or. Le Père et le Fils étaient assis sur un trône flamboyant. Adam et Abraham étaient là, de même que les parents de Joseph, qui étaient encore vivants au moment de la vision, et son frère Alvin, qui était mort avant que la prêtrise n’ait été rétablie et par conséquent n'avait pas été baptisé pour la rémission des péchés. La vision continua au-delà de ce qui se trouve à la section 137 (HC 2:380-81 ; Pwjs, p. 145-146). Beaucoup parmi les personnes présentes reçurent des visions et témoignèrent que la gloire de Dieu remplissait la salle.
 
La vision de Joseph fut la première révélation doctrinale donnée à l’Église révélant que le Seigneur donnera à tous ceux qui meurent sans entendre l'Évangile l’occasion de l'entendre et de l’accepter dans le monde d'esprit de manière à pouvoir entrer dans le royaume céleste (D&A 137:8-9, explicitant 76:72) et que les enfants qui meurent avant l'âge de responsabilité (huit ans) sont héritiers du royaume céleste (D&A 137:10).
 
La section 138 est le compte rendu d'une vision reçue le 3 octobre 1918 par le président Joseph F. Smith, tandis qu’il réfléchissait à la nature universelle de l'expiation de Jésus-Christ et se demandait comment le Sauveur avait instruit les esprits en prison dans le bref laps de temps entre sa mort et sa résurrection (D&A 138:1-11 ; cf. 1 Pi. 3:19 ; 4:6). Il y voit la visite du Sauveur auprès des esprits des justes au paradis. Il remarque aussi que Jésus ne va pas en personne parmi les méchants et les désobéissants mais qu’il organise parmi les esprits des justes des représentants pour porter l'Évangile « à tous les esprits des hommes » (D&A 138:30). Ceux à qui l'Évangile n’a pas été enseigné sur terre recevront l'occasion de l'entendre et d'accepter sa plénitude exaltante quand il est enseigné par les représentants autorisés du Christ dans le monde d'esprit ; les esprits qui sont « dans les ténèbres et dans la servitude du péché… qui se repentent seront rachetés » (versets 138:57-58 ; cf. 76:74).

Les récits de ces deux visions ont été canonisés lors de la conférence générale d'avril 1976 comme ajouts à la Perle de grand prix. En 1981, Ils sont devenus des sections des Doctrine et Alliances.
 
Bibliographie
Millet, Robert L. "Salvation Beyond the Grave (D&C 137 et 138)." Dans Studies in Scripture, Vol. 1, p. 549-563, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson. Sandy, Utah, 1984.
LEON R. HARTSHORN
 
Doctrine et Alliances : Déclaration officielle – 2
Auteur : JACOBSON, CARDELL
 
La déclaration – 2 révèle que « le jour promis depuis si longtemps est venu où tous les hommes fidèles et dignes de l'Église pourront recevoir la Sainte Prêtrise. » Cette « révélation sur la prêtrise » permettait que tous les membres masculins dignes soient ordonnés à tous les niveaux de la prêtrise. La prêtrise était précédemment refusée aux membres noirs de l’Église, ce qui les empêchait de détenir des appels dans la prêtrise et de participer à la plupart des ordonnances du temple.
 
Ce fut le président Spencer W. Kimball qui reçut la révélation « après avoir supplié longuement et avec ferveur » dans le temple de Salt Lake City. Cette même révélation fut donnée à ses conseillers et au Collège des douze apôtres au temple. Elle fut ensuite présentée à toutes les autres Autorités générales, qui l'approuvèrent à l'unanimité. Elle fut annoncée par courrier à tous les dirigeants de la prêtrise de l’Église et à la presse le 8 juin 1978. La déclaration – 2 contient le texte de cette lettre et constitue le compte rendu de sa présentation et de son acceptation le 30 septembre 1978 en conférence générale par le consentement commun des membres de l’Église. La révélation résolut des problèmes pour beaucoup de membres qui avaient été tourmentés par la pratique antérieure (Bush et Mauss), dont les origines et les ramifications historiques étaient devenues le sujet de beaucoup de débats et de réflexions.
 
Depuis l'annonce, les missionnaires ont fait un prosélytisme actif dans beaucoup de pays ayant de fortes populations noires où des milliers de personnes sont devenues membres de l’Église. Dallin H. Oaks, un apôtre, a mentionné cette croissance lors du colloque afro-américain tenu à l'université Brigham Young à l'occasion du dixième anniversaire de la révélation (Oaks). Il a particulièrement relevé la croissance rapide des convertis noirs dans les Caraïbes, l'Afrique Occidentale et le Brésil.
 
Bibliographie
Bush, Lester E., et Armand L. Mauss, dir. de publ. Neither White nor Black : Mormon Scholars Confront the Race Issue in a Universal Church. Midvale, Utah, 1984.
Grover, Mark L. "The Mormon Priesthood Revelation and the Sao Paulo Brazil Temple." Dialogue 23 (Spring 1990), p. 39-53.
McConkie, Bruce R. "All Are Alike unto God." Dans Second Annual CES Symposium, p. 3-5. Salt Lake City, 1978.
Oaks, Dallin H. "For the Blessing of All His Children." Discours, LDS Afro-American Symposium. Provo, 8 juin 1988.
CARDELL JACOBSON
 
Doctrine et Alliances – Éditions
Auteur : Woodford, Robert J.
 
Les Doctrine et Alliances contiennent les révélations de Dieu données à Joseph Smith et à d’autres présidents de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours et d'autres écrits inspirés et déclarations doctrinales admises comme Écritures par les saints des derniers jours. La première édition parut en 1835. Les éditions ultérieures intègrent des révélations supplémentaires et des aides de référence. Les Doctrine et Alliances ont été traduites en beaucoup de langues, mais c’est l'édition anglaise qui est la version officielle.
 
Dès l’automne 1831, Joseph Smith avait écrit soixante-dix révélations ou plus, dont la plupart contenaient des instructions à des membres de l’Église. Lors d’une conférence spéciale tenue le 1er novembre 1831 à Hiram (Ohio), l’Église décida d'éditer un choix de ces révélations ou « commandements ». Une nouvelle révélation fut reçue à cette occasion en tant que « ma préface au livre de mes commandements » ce qui est peut-être à l’origine du titre de la compilation de 1833, le Livre des Commandements (D&A 1:6). Cette édition ne fut jamais terminée ; des émeutiers détruisirent, en juillet 1833, la presse d’imprimerie d'Independence (Missouri) et tout sauf une centaine d’exemplaires inachevés. Ces quelques exemplaires du Livre des Commandements furent distribués au sein de l’Église et furent souvent appelés le « Livre des Alliances » en référence à la section principale, qui avait connu une grande diffusion dans des versions manuscrites sous le titre de « Articles et Alliances de l’Église ». Reçue le jour où l’Église fut organisée, cette révélation est maintenant la section 20 des Doctrine et Alliances.
 
L'ÉDITION DE 1835. Peu de temps après l’échec de l'effort d'impression du Livre des Commandements en 1833, on envisagea la publication des révélations à Kirtland. Sous le nouveau titre Doctrine et Alliances de l’Église des saints des derniers jours, le livre fut présenté aux membres de l’Église et accepté par eux comme parole de Dieu lors d’une conférence en août 1835. Le changement de nom en Doctrine et Alliances correspond à un changement de contenu. À la différence du Livre des Commandements, qui ne contenait que des révélations, les Doctrine et Alliances étaient divisées en deux parties. La nouvelle première partie se composait de sept présentations théologiques maintenant connues sous le nom de Lectures on Faith mais intitulées à l’époque « De la doctrine de l’Église des saints des derniers jours ». La partie contenant les révélations éditées précédemment, la préface originelle et un certain nombre de nouvelles révélations qui ne se trouvaient pas dans la compilation de 1833, étaient intitulées « Deuxième Partie, Alliances et Commandements ». Le titre : Doctrine et Alliances, fait écho aux sous-titres de ces deux parties.
 
En préparant l'édition de 1835, Joseph Smith et un comité désigné pour la tâche le 24 septembre 1834 (HC 2:165, 243-244) publièrent les révélations qui apparaissaient précédemment dans le Livre des Commandements. Ils corrigèrent les fautes de rédaction et d’impression et éclaircirent le texte çà et là. Ils ajoutèrent des explications sur les devoirs des dirigeants qui étaient nouveaux dans l'organisation de l’Église depuis que les révélations précédentes avaient été reçues. Ils combinèrent aussi certaines des révélations pour simplifier la publication et corrigèrent les problèmes grammaticaux.
 
L'édition de 1835 des Doctrine et Alliances contenait 103 sections, mais comme deux d’entre elles avaient reçu erronément le numéro 66, le numéro de la dernière était 102. Les sections 1-100 étaient des révélations à Joseph Smith. La section 101 prescrivait les pratiques en matière de mariage. La section 102 déclarait les relations que l’Église devait avoir avec le gouvernement (voir Politique : Enseignements politiques). Ces deux sections n'étaient pas des révélations mais furent incluses comme expressions de la croyance de l’Église à l’époque. Ce fut Oliver Cowdery (et probablement W.W. Phelps) qui les écrivit, probablement en réponse à ceux qui critiquaient la doctrine et les activités de l’Église. Joseph Smith approuva plus tard la déclaration sur le gouvernement, mais il y a des indications qu’il était opposé dès le départ à ce que l’on inclue la déclaration sur le mariage et on finit par la supprimer (voir Cook, p. 348-349, n. 11).
 
L'ÉDITION DE NAUVOO DE 1844. Dès 1840, l’Église eut besoin d’une nouvelle édition des Doctrine et Alliances. L'édition de 1835 était épuisée et Joseph Smith avait reçu des révélations supplémentaires. La nouvelle édition parut à Nauvoo peu de temps après la mort de Joseph Smith en 1844. Les huit nouvelles révélations ajoutées sont les sections 103, 105, 112, 119, 124, 127, 128 et 135 dans l'édition de 1981. Les plaques d’imprimerie de métal de l'édition de 1844 furent utilisées pour les réimpressions de 1845 et de 1846.
 
L'ÉDITION DE LIVERPOOL DE 1845. En 1847, Brigham Young conduisit les membres de l’Église dans la vallée du lac Salé, où ils n'avaient pas l’équipement pour imprimer des livres. En 1845, Wilford Woodruff imprima 3.000 exemplaires des Doctrine et Alliances en Angleterre pour la population croissante de l’Église dans les îles Britanniques. Cette édition contenait les nouvelles révélations publiées dans l'édition de Nauvoo de 1844. D'autres représentants de l’Église procédèrent à des réimpressions en Angleterre en 1849, 1852, 1854, 1866 et 1869 et envoyèrent la majeure partie de l’impression de 1854 à Salt Lake City à cause du manque d’équipement pour imprimer là-bas.
L'ÉDITION DE 1876. En 1876, Orson Pratt, membre du Collège des douze apôtres et historien de l’Église, agissant sous la direction de Brigham Young, créa une nouvelle édition des Doctrine et Alliances à Salt Lake City. Il divisa chaque révélation en versets et ajouta vingt-six révélations qui ne s’y trouvaient pas précédemment. Ce sont maintenant les sections 2, 13, 77, 85, 87, 108-111, 113-118, 120-123, 125, 126, 129-132 et 136. Du fait que la section 132 contenait sur le mariage plural des informations qui étaient en contradiction avec l'article de 1835 sur le mariage, ce dernier fut éliminé.

L'ÉDITION DE 1879. Trois ans plus tard, Pratt publia en Angleterre une autre édition où il ajouta des notes de bas de page au texte. Il demanda aussi au président John Taylor la permission de laisser tomber les « Lectures on Faith » mais il lui fut répondu que le moment n’était pas encore venu. Cette édition fut publiée en 1879 en Angleterre et en 1880 à Salt Lake City à partir de copies de plaques. George Q. Cannon, conseiller dans la Première Présidence, présenta cette édition aux membres de l’Église lors de la cinquantième conférence, dite conférence de jubilé, tenue en octobre 1880 ; le livre fut accepté comme Écriture.
 
De 1880 à 1920, l’Église publia au moins vingt-huit réimpressions de cette édition. À partir de 1908, chaque impression comporta une concordance et des extraits du « Manifeste » de Wilford Woodruff, président de l’Église, déclaration officielle mettant fin au mariage plural.
 
L'ÉDITION DE 1921. En 1920, le président Heber J. Grant chargea un comité de six membres du Conseil des douze de préparer une nouvelle édition des Doctrine et Alliances. Le changement principal apporté dans l'édition 1921 fut la suppression des « Lectures on Faith » qui n'étaient pas considérées comme des révélations. Le comité mit aussi à jour les notes de bas de page et divisa les pages en doubles colonnes. Malgré le fait que le nom du recueil eût été changé dans l'édition de 1835 pour signaler l'ajout des « Lectures on Faith », il ne fut pas rechangé quand les « Lectures » furent supprimées. L'édition de 1921 resta inchangée jusqu'en 1981.
 
L'ÉDITION DE 1981. Un comité désigné par la Première Présidence de l’Église dirigea la publication d'une nouvelle édition des Doctrine et Alliances en 1981. Les nouveautés étaient des notes de bas de page complètement révisées et de nouvelles introductions pour chaque section. Deux sections supplémentaires et une deuxième déclaration officielle furent également incorporées. La section 137 est une partie d'une vision du royaume céleste donnée le 21 janvier 1836 à Joseph Smith dans le temple de Kirtland. La section 138 est une vision sur la rédemption des morts donnée en 1918 à Joseph F. Smith, sixième président de l’Église. La Déclaration Officielle – 2 est l'annonce faite en 1978 par la Première Présidence que tous les membres masculins de l’Église qui étaient dignes pouvaient être ordonnés à la prêtrise.
 
ÉDITIONS EN LANGUES ÉTRANGÈRES. L’Église a également édité les Doctrine et Alliances dans beaucoup de langues autres que l'anglais. La première traduction fut faite en gallois en 1851, et depuis lors les Doctrine et Alliances ont été traduites et publiées dans leur intégralité dans une vingtaine de langues et des extraits dans beaucoup d'autres.
 
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith : A Historical and Bibliographical Commentary of the Doctrine and Covenants. Salt Lake City, 1985.
Gentry, Leland H. "What of the Lectures on Faith ?" BYU Studies 19 (Automne 1978), p. 5-19.
Lambert, A. C. The Published Editions of the Book of Doctrine and Covenants of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints in All Languages, 1833 -1950. Provo, Utah, 1950.
Woodford, Robert J. "The Historical Development of the Doctrine and Covenants" 3 vols. Thèse de doctorat, université Brigham Young, 1974.
Woodford, Robert J. "The Doctrine and Covenants : A Historical Overview". Dans Studies in Scripture, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson, Vol. 1, p. 3-22. Sandy, Utah, 1984.
ROBERT J. WOODFORD
 
Les Doctrine et Alliances en tant que littérature
Auteur : Walker, Steven C.
 
La qualité littéraire des Doctrine et Alliances se voit particulièrement bien dans ses ressemblances avec une proche parente littéraire, « le monument le plus noble de la prose anglaise », la King James Version de la Bible. Bien qu'étant un texte religieux véritablement unique, les Doctrine et Alliances contiennent plus de 2.000 parallèles étroits avec des passages bibliques et la manière littéraire du livre est semblable à la Bible pour ce qui est des thèmes. Comme les Écritures précédentes, les Doctrine et Alliances offrent un éventail de genres littéraires. Le recueil de révélations va de formes aussi transcendantes que des visions (sections 3, 76, 110), des annonces par des anges (sections 2, 13, 27) et des prophéties (sections 87, 121), en passant par des proclamations ecclésiastiques telles que prières (sections 109, 121), épîtres (sections 127, 128), explications scripturaires (sections 74, 77, 86), commandements (section 19) et déclarations officielles, jusqu’à des instructions terre à terre (sections 130, 131) et des comptes rendus de réunions (section 102).
 
La parenté littéraire des Doctrine et Alliances avec la Bible est plus évidente dans le ton que dans le style. Les Doctrine et Alliances, par exemple, impressionnent par un ton direct simple et condensé qui se prête à des déclarations remarquablement riches dans leurs implications. Les deux exemples suivants proviennent d’une même section : « La vérité, c'est la connaissance des choses telles qu'elles sont, telles qu'elles étaient et telles qu'elles sont à venir » (D&A 93:24). « La gloire de Dieu c'est l'intelligence ou, en d'autres termes, la lumière et la vérité » (93:36). Ces lignes sont moins des lignes placées dans un contexte qui les illumine que des conclusions de sorites sans utilisation de thèse et d'antithèse.
 
La richesse du ton s'exprime parfois en des métaphores frappantes. Une même section des Doctrine et Alliances, par exemple, expose une séquence délicate d’images d’eau en mouvement comme les « eaux qui coulent » qui ne peuvent pas « rester impures » (D&A 121:33), les projets pervers qui « fondront comme la gelée blanche fond sous les rayons ardents du soleil levant » (121:11) et une doctrine qui « se distillera sur ton âme comme la rosée des cieux » (121:45).
 
Compilation la plus récente des prophéties divines de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, les Doctrine et Alliances ont l'avantage littéraire inestimable qu’est leur caractère immédiat ; grâce à ce livre, le lecteur moderne peut aborder naturellement et directement le divin. Il localise le lecteur non pas dans le passé lointain d'Ophir ou de Tarse mais dans l'histoire récente de paysages familiers tels que New York et Boston, où Dieu se révèle de près. Cette proximité est visible dans sa façon de s’exprimer ; les bénéficiaires de ses révélations, il les appelle une demi-douzaine de fois ses « amis » dans le livre (D&A 84:63 ; 84:77 ; 94:1 ; 98:1 ; 100:1 ; 104:1).
 
C'est comme cela que la voix du Dieu d'Abraham et d'Isaac et de Pierre et de Paul appelle « amis » les lecteurs des Doctrine et Alliances. La caractéristique littéraire la plus saisissante du livre est le caractère direct de son accès à Dieu. Quand Joseph Smith s’écrie dans une longue et douloureuse prière de reproche : « Ô Dieu, où es-tu ? » la réponse du Père apporte une consolation aussi immédiate au lecteur d’aujourd’hui qu'au prophète : « Mon fils, que la paix soit en ton âme » (D&A 121:1, 7). Les Doctrine et Alliances répondent avec une force biblique aux conditions immédiates de la vie moderne. Dans les moments les plus difficiles des circonstances actuelles, les Doctrine et Alliances élèvent le regard du lecteur au-dessus des déceptions mortelles vers des espoirs éternels : « Toutes ces choses te donneront de l'expérience et seront pour ton bien » (122:7).
 
Bibliographie
Sperry, Sidney B. Doctrine and Covenants Compendium. Salt Lake City, 1960.
Walker, Steven C. "The Voice of the Prophet." BYU Studies 10 (Automne 1969), p. 95-106.
STEVEN C. WALKER
 
Don du Saint-Esprit
Auteur : PORTER, BRUCE D.
 
Le don du Saint-Esprit est le droit de recevoir des manifestations divines, des dons spirituels et des directives du Saint-Esprit. Ce don est conféré aux membres de l’Église par l’imposition des mains après le baptême. On le considère comme l’une des ordonnances essentielles de l’Évangile de Jésus-Christ et comme absolument nécessaire au salut.
 
Le Saint-Esprit est le troisième membre de la Divinité, tandis que le don du Saint-Esprit consiste à avoir le droit de recevoir l’inspiration, les manifestations et d’autres dons et bénédictions spirituels de ce membre de la Divinité (EPJS, p. 160). Parmi les bénédictions spirituelles les plus importantes liées au don du Saint-Esprit il y a le pouvoir sanctificateur ou purificateur du Saint-Esprit par lequel les hommes et les femmes naissent de Dieu. Par ce baptême de feu et du Saint-Esprit, les cœurs et les désirs sont purifiés et l’esprit est rendu pur, ce qui est le point culminant du processus du repentir et du baptême (2 Né. 31:13, 17 ; 3 Né. 27:20). Les autres manifestations importantes du Saint-Esprit sont le témoignage de Jésus-Christ et des vérités divines, l’inspiration et les avertissements, si cela s’indique, et le discernement du bien et du mal.
 
Le don du Saint-Esprit est la clef de tous les « dons spirituels » que l’on trouve dans l’Église, notamment les dons de prophétie et de révélation, de guérison, de parler en langues et de traduction et d’interprétation des langues. Ces dons distinctifs de l’Esprit ne se manifestent normalement que parmi ceux qui ont reçu le don du Saint-Esprit et qui se qualifient par leurs besoins et leur dignité pour recevoir cette aide divine, de même que les apôtres originaux du Christ ne reçurent ces dons qu’une fois que le Saint-Esprit fut venu sur eux le jour de la Pentecôte (Ac. 2:1-17).
 
Dans la pratique, le don du Saint-Esprit est donné, chez les saints, par l’imposition des mains comme indiqué dans le Nouveau Testament (voir Ac. 8:17-18 ; 19:2-6 ; 2 Ti. 1:6 ; Hé. 6:2), normalement juste après ou quelques jours après le baptême d’eau. Un détenteur de la Prêtrise de Melchisédek (auquel se joignent habituellement quelques autres hommes détenant la même prêtrise) pose les mains sur la tête du membre nouvellement baptisé, appelle la personne par son nom, la confirme membre de l’Église et dit : « Recevez le Saint-Esprit. » La formulation exacte de cette ordonnance n’est pas prescrite, mais elle mentionne toujours la confirmation comme membre, l’octroi du don du Saint-Esprit et l’autorité dans la prêtrise par laquelle l’ordonnance est accomplie. Ces composants de base de l’ordonnance sont souvent suivis d’une bénédiction verbale qui donne des recommandations au nouveau membre. Dans les ordonnances par procuration du temple pour les personnes décédées, la même confirmation de base suit l’ordonnance du baptême pour les morts.
 
Le récit, qui apparaît dans le Nouveau Testament, de la façon dont les saints de Samarie reçurent le don du Saint-Esprit précise que l’octroi de ce don nécessite une plus haute autorité que celle qui est nécessaire pour accomplir le baptême (voir Ac. 8:14-17).
 
Quand il visite les Néphites, Jésus-Christ donne d’abord l’autorité de baptiser (3 Né. 11:22) et lors d’une autre visite, il confère l’autorité de donner le Saint-Esprit en touchant et en parlant à chacun des douze disciples individuellement (3 Né. 18:36-37). Alors que le baptême peut être fait par des prêtres dans la Prêtrise d’Aaron, le Saint-Esprit ne peut être conféré que par des détenteurs de la prêtrise supérieure ou Prêtrise de Melchisédek (Mro. 2:2 ; JS–H 1:70). Jean-Baptiste fait allusion à cette distinction fondamentale entre les deux prêtrises : « Moi, je vous baptise d’eau, pour vous amener à la repentance ; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi… Lui, il vous baptisera du Saint–Esprit et de feu » (Mt. 3:11).
 
Le don du Saint-Esprit n’est conféré officiellement qu’une seule une fois à une personne donnée, mais les bienfaits spirituels liés à ce don peuvent et doivent être constants pendant toute une vie. On enseigne aux saints des derniers jours qu’ils doivent vivre de manière à avoir le Saint-Esprit comme « compagnon constant » pour les fortifier et pour les aider à choisir le bien (D&A 121:46). Toutefois, le seul fait que le don est conféré ne garantit pas ces inspirations. La réception proprement dite du Saint-Esprit est fonction de l’humilité, de la foi et de la dignité de la personne qui se voit accorder le don. Joseph F. Smith a enseigné que le don du Saint-Esprit confère aux membres dignes et désireux « le droit de recevoir… le pouvoir et la lumière de la vérité du Saint-Esprit, bien qu’[ils] puissent souvent être laissés à [leur] esprit et à leur jugement » (GD, p. 60-61).
 
Le prophète Joseph Smith considère le don du Saint-Esprit comme l’un des principes et des ordonnances de base de l’Évangile, étant intégralement lié à la foi en Jésus-Christ, au repentir et au baptême par immersion pour la rémission des péchés (voir Premiers principes de l’Évangile ; 4e A de F). Ensemble ces quatre constituent les « premiers principes » de l’Évangile de Jésus-Christ (voir Évangile de Jésus-Christ ; 3 Né. 27:19-21) et le seul moyen par lequel les hommes et les femmes puissent être purifiés de tout péché pour devenir purs et immaculés et dignes d’entrer en la présence de Dieu.
 
Le Saint-Esprit continue à aider au processus de purification spirituelle par « le baptême de feu », qui a été décrit en ces termes : « Par le pouvoir du Saint-Esprit – qui est le Sanctificateur (3 Né. 27:19-21) –l’impureté, l’iniquité, le charnel, la sensualité et tout ce qui est mauvais est consumé dans l’âme repentie comme par le feu ; la personne purifiée devient littéralement une nouvelle créature du Saint-Esprit… Elle naît de nouveau » (MD, P. 73). C’est de cette nouvelle naissance spirituelle que le Sauveur voulait parler quand il a dit à Nicodème : « Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jn. 3:5).
 
Le seul fait de passer par la nouvelle naissance n’assure pas le salut. Il est également nécessaire de « persévérer jusqu’à la fin », un élément essentiel de l’Évangile du Christ (2 Né. 31:20 ; 3 Né. 27:16-17). Le prophète Néphi 1 a enseigné que pour persévérer jusqu’à la fin, il faut se faire « un festin des paroles du Christ » en suivant l’inspiration du Saint-Esprit dans « tout ce que vous devez faire » (2 Né. 32:3-5). Le don du Saint-Esprit garantit ainsi que la direction divine et le renouvellement spirituel se produisent durant toute la vie, à condition que le repentir et l’humilité requis soient manifestés.
 
Bibliographie
Lampe, G. W. H. "Holy Spirit". Dans The Interpreter’s Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 626-639. Nashville, Tenn., 1962.
Shepherd, M. H., Jr. "Hands, Laying on of." Dans The Interpreter’s Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 521-522. Nashville, Tenn., 1962.
Talmage, James E. AF, p. 157-170.
BRUCE D. PORTER
 
Dons de l’Esprit
Auteur : BICKERSTAFF, H. GEORGE
 
Le septième article de foi de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours dit : « Nous croyons au don des langues, de prophétie, de révélation, de visions, de guérison, d’interprétation des langues, etc. » Toutes ces dotations célestes viennent sous forme de dons de l’Esprit, c’est-à-dire par la grâce de Dieu et l’action et le pouvoir du Saint-Esprit. Pour pouvoir obtenir de tels dons, il faut avoir préalablement reçu les ordonnances du baptême et du don du Saint-Esprit de la part d’un détenteur de la prêtrise autorisé, chercher avec ferveur à obtenir le ou les dons et faire des efforts sincères pour garder les commandements du Seigneur.
 
Il est clair que l’Esprit peut accorder n’importe quel don susceptible de répondre à un besoin donné ; par conséquent, aucune liste exhaustive n’est possible, mais beaucoup de dons ont été promis à l’Église. Grâce au Nouveau Testament, les lecteurs connaissent les six mentionnés ci-dessus : les deux liés aux dons des langues et de leur interprétation ou du pouvoir de parler dans une langue non apprise précédemment et la capacité d’interpréter un tel discours ; le don de prophétie, parfois manifesté dans son sens prédictif mais plus souvent dans le sens que « le témoignage de Jésus est l’esprit de la prophétie » (Ap. 19:10) ; la révélation ou la réception inspirée par le ciel de connaissance, de sagesse ou d’orientation ; les visions ou manifestations spirituelles visuelles telles que les prophètes en ont reçu à toutes les époques et comme Joël les a prédites pour beaucoup d’autres dans les derniers jours (Jo. 2:28-29) ; la guérison ou le pouvoir « d’imposer les mains aux malades » pour qu’ils puissent se remettre (Mc. 16:18).
 
Selon les Écritures, les dons de l’Esprit comptent parmi les signes qui « accompagneront ceux qui auront cru » (Mc. 16:17). Impatients de recevoir ces dons promis mais manquant de compréhension, certains des premiers convertis à l’Église (1831-1832) se livrèrent aux excès « spirituels » qui étaient courants lors des réunions en plein air des réveils religieux et qu’ils connaissaient bien. Dans les premiers temps à Kirtland, dit le prophète Joseph Smith, « beaucoup de faux esprits furent introduits… on se livra à beaucoup de choses ridicules de nature à… amener l’Esprit de Dieu à se retirer » (EPJS, p. 172). Dans les assemblées autour de Kirtland, Parley P. Pratt releva des activités spirituelles « dégoûtantes », « des gestes inconvenants », des gens qui entraient en « extase et… déformés par des contorsions… des crises » (Pratt, p. 61). Joseph Smith condamna ces pratiques comme n’étant pas naturelles et sans utilité, puisqu’elles ne communiquaient aucune information (EPJS, p. 164, 172). Dissociant ainsi l’Église des extravagances spirituelles du christianisme de la frontière américaine, les autorités agirent promptement contre de telles pratiques, récupérant les membres qu’elles pouvaient et excommuniant ceux qui persistaient dans leur erreur.
 
Au cours du développement doctrinal de la jeune Église, Joseph Smith reçut des révélations concernant les dons spirituels, notamment celle du 8 mars 1831 (maintenant D&A 46). Après avoir d’abord mis en garde contre les tromperies par de faux esprits, la révélation énonçait les dons tout comme Paul et Moroni 2 l’avaient fait respectivement pour l’Église du premier siècle et l’Église néphite, (voir 1 Co. 12 ; Moroni 10). En plus des six évoqués ci-dessus étaient mentionnés la connaissance, la sagesse, la foi pour guérir, l’accomplissement de miracles, la connaissance de la façon dont les dons peuvent être administrés et le discernement des esprits, s’ils sont de Dieu ou du diable. Étaient aussi repris le don du témoignage de l’Esprit concernant Jésus-Christ et son expiation pour les péchés du monde et, pour certains, le don de croire aux paroles de celui qui proclame ce témoignage (D&A 46:14).
 
La révélation promet au moins un don à tous les saints des derniers jours fidèles. Les évêques et les autres officiers présidents, en vertu de leur appel à veiller sur l’Église, peuvent recevoir des dons multiples, notamment le don spécial du discernement pour détecter les faux esprits des vrais. À propos de ce dernier point, Joseph Smith a mis en garde contre « l’erreur courante de considérer toutes les manifestations surnaturelles comme étant de Dieu », avertissant que les esprits mauvais peuvent, tout comme les célestes, par exemple, parler en langues et les interpréter ; et que dans leur volonté de tromper, ils peuvent même en attribuer le mérite au Sauveur et à ses serviteurs autorisés (EPJS, p. 166-172, 186 ; aussi Lu. 4:33-35 ; Ac. 16:16-18).
 
Beaucoup de journaux intimes des premiers saints racontent des expériences en matière de dons spirituels : En 1830, Newel Knight eut une vision du ciel apparemment semblable à celle décrite par le martyr Étienne (« Newel Knight’s Journal » p. 52-53). À Kirtland, en 1831, Chloe Smith, qui avait langui aux portes de la mort, recouvra immédiatement la santé après une bénédiction de Joseph Smith (Pratt, p. 66-67). Lors d’une réunion en Ontario (Canada) en 1833, Lydia Bailey (plus tard Knight) parla en langues (Journal History, 19 oct. 1833). Suivant la promesse prophétique de Heber C. Kimball en 1836 qu’un fils naîtrait de Parley et Thankful Pratt, qui étaient sans enfants après dix ans de mariage, un fils leur naquit un an plus tard (Pratt, p. 130-131, 165). Alors comme maintenant, les dirigeants et les membres en général jouissaient de ces dons.
 
On doit rechercher les dons de l’Esprit pour leur effet bénéfique plutôt que pour leur caractère remarquable (voir 1 Co. 14). En fait, comme Joseph Smith l’a observé, il n’y a qu’un ou deux des dons qui sont visibles quand ils sont en action. Dans le sens où il est généralement compris, le don des langues est l’un de ceux-là, mais le président Joseph F. Smith a souligné son aspect plus pratique : « J’ai eu besoin une fois du don des langues et le Seigneur me l’a donné. J’étais dans un pays étranger, envoyé prêcher l’Évangile à un peuple dont je ne pouvais pas comprendre la langue. Alors j’ai prié avec ferveur pour avoir le don des langues, et grâce à ce don et à l’étude, cent jours après avoir débarqué sur ces îles, je pouvais parler aux gens dans leur langue comme je vous parle maintenant dans ma langue maternelle. C’était un don qui était digne de l’Évangile. Il avait un but » (Smith, p. 201). C’est ainsi que les missionnaires de l’Église jouissent fréquemment aujourd’hui de ce don.
 
Dans le monde entier, les saints des derniers jours rapportent toutes sortes de dons spirituels dans le cours normal de leur vie. Les membres fidèles reçoivent couramment par l’Esprit le don du témoignage de Jésus-Christ et de son Évangile rétabli et ces témoignages individuels constituent la force de l’Église ; un très grand nombre ont le don de la connaissance des choses spirituelles ; quotidiennement, les détenteurs de la prêtrise font l’imposition des mains aux membres de leur famille ou de leurs amis malades, à leur demande (voir Ja. 5:14-15) et leur apportent les pouvoirs de guérison du ciel, fréquemment avec un effet instantané ; des hommes, des femmes et des jeunes reçoivent, selon les besoins, la révélation pour eux-mêmes, leur famille ou ceux qu’ils servent dans les appels dans l’Église. Pratiquement toutes ces activités et d’autres d’une importance spirituelle équivalente ont lieu dans l’intimité du foyer et du cœur à l’insu du public.
 
Tous les dons spirituels sont nécessaires dans l’Église (1 Co. 12), mais les écrits de Paul montrent que certains sont plus désirables que d’autres : On doit chercher les meilleurs dons. Ce qui est spécialement important pour tous ceux qui désirent « une voie par excellence » (1 Co. 12:31), c’est de recevoir et de cultiver le don de la charité. Cet « amour pur du Christ » est une marque fondamentale du vrai disciple, une chose nécessaire à la vie éternelle et une qualité pour laquelle on doit donc prier et travailler de toute l’énergie de son cœur (Mro. 7:47-48 ; 10:21 ; Ét. 12:34). L’exposé magistral de Paul sur la charité (1 Co. 13) définit davantage cette qualité et confirme que l’amour est le grand commandement et le besoin crucial du chrétien. Les disciples doivent manifester ce don et en désirer également d’autres (1 Co. 14:1), en agissant par le pouvoir de Dieu et par les dons de l’Esprit (Mro. 10:25).
 
Bibliographie
"Newel Knight's Journal". Dans Scraps of Biography. Salt Lake City, 1883.
Pratt, Parley P. Autobiography of Parley Parker Pratt. Salt Lake City, 1967.
Smith, Joseph F. Gospel Doctrine. Salt Lake City, 1977.
H. GEORGE BICKERSTAFF
 
Dotation
Auteur : BURTON, ALMA P.
 
Une dotation est généralement un cadeau, mais dans un sens spécialisé, c'est un ensemble d’instructions, d’ordonnances et d’alliances donné seulement dans les temples consacrés de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. [Les mots « doter, dotation » n’apparaissent pas dans la version Segond où ils sont remplacés par des verbes exprimant l’idée équivalente d’être habillé, revêtu, doté d’attributs]. Le Christ commande à ses apôtres de rester à Jérusalem « jusqu’à ce [qu’ils soient] revêtus de la puissance d’en haut » (Luc 24:49), une promesse accomplie, au moins en partie, le jour de la Pentecôte (Ac. 2). À l’époque moderne, une révélation semblable a été donnée : « Je vous ai donné le commandement de bâtir une maison, maison dans laquelle j'ai dessein de doter du pouvoir d'en haut ceux que j'ai élus. Car telle est la promesse que le Père vous fait ; c'est pourquoi, je vous commande de demeurer, comme mes apôtres à Jérusalem » (D&A 95:8-9).
 
Bien qu'il y ait eu des déversements spirituels préliminaires et préparatoires sur les saints des derniers jours en Ohio et au Missouri, la Dotation dans son plein sens ne sera reçue qu’à l’époque du temple de Nauvoo. Quand, en 1842, il introduisit les ordonnances du temple à Nauvoo, le prophète Joseph Smith enseigna qu’elles « concernaient les choses spirituelles et ne devaient être reçues que par ceux qui étaient tournés vers les choses spirituelles » (EPJS, p. 191). La dotation était nécessaire, dit-il, pour organiser complètement l'Église, afin que les saints soient organisés selon les lois de Dieu, et, comme demandé dans la prière de consécration du temple de Kirtland, qu’ils « se préparent à recevoir tout ce qui est nécessaire » (D&A 109:15). La Dotation avait pour but de donner « une vue globale de notre situation et de nos rapports véritables avec Dieu » (EPJS, p. 262), de « préparer les disciples pour leurs missions auprès du monde » (p. 221), d’empêcher d’être « vaincus par ces maux » (p. 209), de leur permettre de « s’assurer la plénitude des bénédictions qui ont été préparées pour l’Église du Premier-né » (p. 191).
 
La Dotation de « pouvoir d’en haut » dans les temples modernes a quatre aspects principaux. Tout d'abord il y a l'ordonnance préparatoire, des ablutions et une onction cérémonielles, après quoi l’usager du temple met le vêtement sacré du temple.
 
Vient ensuite une série d’instructions sous forme d’exposés et de représentations. Ceux-ci comportent le récit des événements les plus importants de la Création, une description figurée de l'arrivée d'Adam et Ève et de tous les hommes et femmes, de l'entrée d'Adam et Ève dans le jardin d'Éden, de l'expulsion hors du jardin, de leur situation dans le monde et de leur réception du plan du salut conduisant au retour en la présence de Dieu (Talmage, p. 83-84). Les instructions de la Dotation utilisent toutes les facultés humaines pour que la signification de l'Évangile soit éclaircie par l'art, le théâtre et les symboles. Tous les participants portent la robe blanche du temple symbolisant la pureté et l'égalité de toutes les personnes devant Dieu le Père et son Fils Jésus-Christ. Le temple devient une maison de révélation par laquelle on est instruit plus parfaitement « en théorie, en principe et en doctrine » (D&A 97:14). « Le caractère complet de ce tour d’horizon et de cette explication du plan de l’Évangile fait du culte du temple l’une des méthodes les plus efficaces de rafraîchir la mémoire concernant la totalité de la structure de l'Évangile » (Widtsoe, 1986, p. 5).
 
Troisièmement, il y a la conclusion d’alliances. On voit dans la Dotation du temple l’épanouissement ou l’apogée des alliances contractées au baptême. Les alliances du temple donnent des « tests permettant de voir la disposition et la capacité de pratiquer la justice » (Widtsoe, p. 335). EIles comportent « l’engagement et la promesse d'observer la loi de la vertu la plus stricte et de la chasteté, d’être charitable, bienveillant, tolérant et pur ; de consacrer ses talents et ses moyens matériels à la propagation de la vérité et au progrès [du genre humain], de rester dévoué à la cause de la vérité, et de chercher à contribuer de toutes les manières possibles aux grands préparatifs faits en vue que la terre puisse recevoir… Jésus-Christ » (Talmage, p. 101). On promet également de garder sacrées ces alliances et de ne pas « prend[re] les choses sacrées à la légère » (D&A 6:12).
 
Quatrièmement, il y a le sentiment de la présence divine. Dans la prière de consécration du temple de Kirtland, le prophète Joseph Smith demande « que tous ceux qui passeront le seuil de la maison du Seigneur sentent ta puissance et se sentent contraints de reconnaître que tu l'as sanctifiée et qu'elle est ta maison, lieu de ta sainteté » (D&A 109:13). Il est promis à propos des temples construits par le sacrifice au nom du Seigneur Jésus-Christ, consacrés par son autorité et révérés dans son Esprit : « mon nom sera ici ; et je me manifesterai avec miséricorde à mon peuple dans cette maison » (D&A 110:7). Dans les temples il y a une « aura de divinité » qui se manifeste à ceux qui sont dignes (Kimball, p. 534-535). Par la Dotation du temple, on peut chercher « une plénitude du Saint-Esprit » (D&A 109:15). Les ordonnances du temple sont considérées comme le moyen de recevoir l'inspiration et des instructions par l'Esprit-Saint et de se préparer à retourner en la présence de Dieu.
 
À Nauvoo, le prophète Joseph a enseigné pour la première fois que les saints des derniers jours ont la bénédiction d'agir en tant qu'agents en faveur de leurs ancêtres décédés. Après réception de leur propre Dotation au temple, ils y retournent souvent pour participer à la cérémonie de dotation par procuration pour et en faveur de personnes décédées. Ils croient que, conformément à la loi du libre arbitre, ceux qui sont ainsi servis sont tout à fait libres dans le monde d'esprit d’accepter ou de rejeter la bénédiction spirituelle qui leur est ainsi offerte (HC 5:350). [Voir aussi Baptême pour les morts ; Salut des morts ; Ordonnances du temple.]
 
Bibliographie
Kimball, Spencer W. Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball. Salt Lake City, 1982.
Packer, Boyd K. The Holy Temple. Salt Lake City, 1980.
Talmage, James E. La Maison du Seigneur, éd. française n. d..
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government. Salt Lake City, 1939.
Widtsoe, John A. Temple Worship. Salt Lake City, 1986.
ALMA P. BURTON

E
 
Écritures
Auteurs : DAVIES, W.D. et MADSEN, TRUMAN G.

Bien que le mot « Écritures » désigne habituellement des documents écrits, dans les sources mormones il se définit aussi comme « tout ce qu’ils [les représentants de Dieu] diront sous l’inspiration du Saint-Esprit » (D&A 68:2-4 ; cf. 1:38 ; 2 Pi. 2:21 ; 2 Ti. 3:16). Cette compréhension plus large du terme est à la fois un principe global et une définition fonctionnelle, tenant compte des modes écrits et verbaux de l’inspiration.

Le corpus des Écritures mormones est sensiblement plus volumineux que celui du canon protestant traditionnel. Il comprend la Bible, le Livre de Mormon (531 pages, édition anglaise de 1981), les Doctrine et Alliances (294 pages, édition de 1981) et la Perle de grand prix (61 pages, édition de 1981). Dès le départ, l’engagement des saints des derniers jours vis-à-vis de la Bible et du Livre de Mormon et leur tentative de formuler et de standardiser immédiatement leur enseignement par rapport aux cultures environnantes ont fait d’eux un peuple « livresque ». Par contre, dans le judaïsme, le christianisme et l’islam, le processus de compilation et de fixation des écrits sacrés comme « canoniques » a eu lieu relativement longtemps après leur origine et dans chaque cas le processus a eu comme conséquence un canon fermé.

Les saints des derniers jours acceptent la Bible comme étant la parole de Dieu « dans la mesure où elle est traduite correctement » (8e A de F). Ils reconnaissent que bien que les messages de l’Écriture soient d’origine et d’impulsion divines, les paroles dans lesquels elles sont formulées sont d’origine humaine (cf. Mrm. 8:16-17 ; Ét. 12:23-27). La page de titre du Livre de Mormon dit : « S’il y a des fautes, ce sont les erreurs des hommes. » Pour certains, de telles affirmations renforcent plutôt que d’affaiblir leur respect pour la révélation véritable (Stendahl, p. 100). Cette prise de position évite à la fois la doctrine de l’inerrance verbale et le point de vue naturaliste que la Bible est un document entièrement humain et vieillissant en plus.

Les Écritures des saints des derniers jours sont qualifiées d’ouvrages canoniques. Le mot « canon » est rarement utilisé, en partie parce qu’il suggère la finitude, l’achèvement, la clôture. En principe et en fait, des ajouts aussi bien que des clarifications et des traductions officielles occasionnelles, sont apportés aux ouvrages canoniques dans le double processus de la présentation par les dirigeants vivants et, en accord avec la loi du consentement commun, l’acceptation par les membres de l’Église. De cette façon, les saints des derniers jours s’engagent par alliance à les considérer comme Écriture. L’ajout aux Doctrine et Alliances d’une révélation au sujet du royaume céleste reçue par Joseph Smith et d’une vision de la rédemption des morts reçue par Joseph F. Smith en sont des exemples modernes (D&A 137, 138).

Le caractère perpétuel de l’Écriture, un corpus sans cesse augmenté par des témoins vivants dans un cadre de prophétie et de témoignage, est un signe et un symbole de l’universalité de la foi des saints (Davies, p. 61). Pareille position fait contraste avec la conception minimaliste (« un seul canon suffit »). Les Samaritains, par exemple, n’accordaient le statut d’Écriture qu’au seul Pentateuque. Pour les saints des derniers jours, l’Écriture n’est pas une « révélation définitive ». Il n’y a pas de « cercle de la foi » non extensible. Il n’y a aucun texte sacré qui, à cause de sa sainteté reconnue, interdise l’addition d’autres textes sacrés. Aucun document ou recueil ne suffit en lui-même pour la rédemption, pour le salut, pour l’éclaircissement complet ou pour le perfectionnement de l’âme.

Deux principes se dégagent quand il s’agit de définir ce qui doit être considéré comme Écriture. D’abord, on ne sait si un autre parle avec l’autorité du Saint-Esprit que grâce à l’influence du Saint-Esprit. C’est ainsi qu’en dernière analyse, c’est au lecteur et à l’auditeur qu’incombe la responsabilité de prouver le statut scripturaire d’un document (cf. Brigham Young, JD 7:2). Les saints des derniers jours enseignent que tous ont droit à cette assurance et à ce témoignage. En second lieu, le président de l’Église et ceux qui lui sont associés comme prophètes, voyants et révélateurs ont reçu une dotation et une juridiction spirituelles spéciales. Seul le président parle ou écrit pour l’Église et à l’Église dans son ensemble. Les autres peuvent fonctionner de la même manière mais seulement dans leur office et appel propre. De plus, « un prophète n’est pas toujours prophète ; uniquement quand il agit comme tel » (HC 5:265 ; 2:302 ; EPJS, p. 224). Ceux qui sont officiellement appelés et ordonnés pour diriger sont, selon la terminologie des saints, « les oracles vivants » et « là où les oracles de Dieu ne sont pas, le royaume de Dieu n’est pas » (WJS, p. 156). Seul le président de l’Église a la responsabilité et la charge d’exercer toutes les clefs de la présentation et de la proclamation des Écritures. Ces principes et ces pratiques sont établis pour sauvegarder la sainteté et veiller à l’application des paroles et des écrits inspirés, tant passés que présents.

Au-dessus de l’autorité du document écrit se trouve l’autorité du prophète vivant et, au-delà de lui, l’autorité suprême du Seigneur lui-même. « Vous pouvez étreindre la Bible tout contre vous, a dit Joseph Smith, mais si vous ne pouvez pas, par la foi en elle, obtenir la révélation pour vous-même, la Bible ne vous profitera guère » (Osborne). De plus, « La meilleure manière d’obtenir la vérité et la sagesse n’est pas de la demander à des livres, mais d’aller trouver Dieu dans la prière et d’obtenir l’enseignement divin » (EPJS, p. 154). Brigham Young a affirmé : « Je préfère avoir les oracles vivants que tout ce qui est écrit dans les livres » (cité dans CR, oct. 1897, p. 22-23). Mais les oracles vivants et les laïcs responsables ne sont pas, dans la théorie ou dans la tradition, complètement indépendants de l’écrit. B. H. Roberts, historien de seconde génération faisant autorité et Autorité générale, a écrit à propos du corpus de l’Écriture : Il fixe de manière permanente les vérités générales que Dieu a révélées. Il préserve, pour tous les temps et pour toutes les générations des hommes, le grand cadre du plan de salut : l’Évangile. Il y a des vérités qui ne sont pas affectées par les circonstances sans cesse changeantes, des vérités qui sont toujours les mêmes, aussi souvent qu’elles soient révélées, des vérités qui sont élémentaires, permanentes, fixées, dont on ne doit ni ne peut s’écarter sans risquer la condamnation. La parole de Dieu mise par écrit protège le peuple de Dieu des traditions vaines et insensées, qui, tandis qu’elles dérivent le long du fleuve du temps, sont sujettes à des changements par déformation, par ajouts ou soustractions ou par le jeu capricieux de la fantaisie d’esprits fantasques auxquels on ne peut pas se fier. Elle constitue un critère grâce auquel même les oracles vivants de Dieu peuvent s’instruire, s’évaluer et se corriger. Elle met à la portée du peuple le pouvoir de confirmer les paroles et le ministère des oracles vivants, et d’ajouter ainsi la foi à la foi et la connaissance à la connaissance [IE 3, mai 1900, p. 576-577].

Par contre, dans le judaïsme, le remplacement des prophètes par des rabbins ou des savants comme gardiens et interprètes de l’Écriture a été poussé à l’extrême : « Même s’ils [les sages] te disent que la gauche est la droite et que la droite est la gauche, écoute ce qu’ils disent » (Midrash Siphre sur De. 17:10-11 ; cf. Talmud de Jérusalem, traité Horayoth 1:1, 45d). Ce qui rassurait face à l’erreur, même les erreurs de la communauté, c’était que même les erreurs commises dans les décisions de la loi faisaient force de loi. Dans un cas spectaculaire, Rabbi Eliezer prétendit qu’une voix céleste avait sanctionné son opinion minoritaire. Mais Rabbi Joshua insista sur le fait que la Torah, ou texte d’Écriture, est non dans le ciel mais sur la terre et que c’était l’opinion de la majorité qui devait l’emporter (voir aussi Davies, Paul and Rabbinical Judaism, 1980, p. 374, 212n). Dans le christianisme traditionnel, les conseils ecclésiastiques se sont parfois arrogé des prérogatives semblables.

Dans leur doctrine concernant les Écritures, les saints des derniers jours ont réduit ces tensions et d’autres encore de ce type qui existent entre le judaïsme biblique et le judaïsme talmudique (c.-à-d., entre la loi écrite et la loi orale) ou, comme dans les traditions chrétiennes romaine et orientale, entre l’héritage biblique et les affirmations de la tradition et des credo ou, comme dans le protestantisme, entre l’intention originale associée à l’esprit de l’Écriture et l’affirmation que l’interprétation personnelle est valide.

L’idée d’un canon ouvert a signifié historiquement une certaine ouverture à d’autres sources historiques, apocryphes et pseudépigraphiques. L’Écriture moderne assure aux saints des derniers jours que des documents importants vont encore venir au jour (cf. 2 Né. 29:10-14 ; 9e A de F). Les Apocryphes de l’Ancien Testament contiennent beaucoup de choses « qui sont vraies » mais également beaucoup d’interpolations (D&A 91). « À ceux qui le désirent, il devrait être donné par l’Esprit de discerner le vrai du faux » (HC 1:363). Par analogie, d’autres documents récemment récupérés (par exemple, les manuscrits de la mer Morte, la bibliothèque de Nag Hammadi et les inscriptions et les fragments qui y ont trait) sont considérés comme instructifs, bien que non canoniques. Dans certains cas, leurs enseignements précèdent et font écho à des documents scripturaires authentiques.

L’importance des approches linguistique, contextuelle, historique et littéraire de l’Écriture a été soulignée de plusieurs manières dans l’Église : une école des prophètes a été organisée dans les tout débuts de l’Église, où l’on étudiait l’hébreu, le grec et l’allemand en tant qu’aides bibliques ; on se servait des traductions alternatives de la Bible, notamment les révisions de la Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS) ; on préférait officiellement la King James Version en raison de son style littéraire et de son accessibilité à d’autres groupes chrétiens, et d’autres ; on se servait de diverses éditions des Écritures bibliques et modernes, y compris des textes critiques, des dictionnaires bibliques et on faisait une utilisation sélective des efforts naissants des sciences bibliques mondiales (voir Erudition bibique).

Il y a toute une constellation de significations qui accompagne la notion de parole vivante venant de la voix d’un prophète vivant. De plus, la voix vivante est généralement plus riche que n’importe quel écrit, qui est tout au plus une synthèse à décrypter. C’est pour cela que Joseph Smith disait qu’on ne devrait jamais croire qu’une lettre puisse dire ce qui pourrait être dit de vive voix. « Aussi pures que soient vos intentions, aussi élevée que soit votre position, vous ne pouvez pas toucher le cœur de l’homme quand vous êtes absent autant que quand vous êtes présent » (Woman’s Exponent 3, 1er avril 1875, p. 162). Les risques de malentendus sont sensiblement accrus quand on n’a que le texte.

Dans l’histoire du canon, diverses étapes ou périodes ont été témoins d’exégèses, d’expansions ainsi que de gloses et d’altérations stylistiques qui changent également le contenu. On peut avancer l’argument qu’au cours des siècles ce processus a contribué à l’amélioration et à la force des textes, mais on peut également affirmer qu’il y a eu des écarts, de la dilution et de la corruption des textes. Les saints des derniers jours estiment que les deux processus ont joué. « Des traducteurs ignorants, les copistes négligents ou des prêtres conspirateurs et corrompus ont commis beaucoup d’erreurs » (EPJS, p. 264-265). D’autre part, la Bible et d’autres textes sont conservés d’une manière impressionnante, avec suffisamment de lumière pour bénir et condamner. Pour leur part, les saints des derniers jours font finalement confiance à l’inspiration de l’Esprit.

Les saints des derniers jours ne sont pas les seuls à penser ainsi. Par exemple, H. J. Schoeps montre que la critique juive des idées du temple et du sacrifice a été modifiée quand la Bible a été assemblée (Davies, p. 61). Et au fil des siècles, les changements ont souvent éloigné plutôt que rapproché d’un affinement des normes et des pratiques chrétiennes originales.

Le pouvoir de révélation des Écritures dépend en partie de sa faculté d’adaptation. Le Seigneur dit à propos des Écritures modernes et, implicitement, de toutes les Écritures antérieures : « Ces commandements sont de moi et ont été donnés à mes serviteurs dans leur faiblesse, selon leur langage, afin qu’ils les comprennent » (D&A 1:24).

Le sens évident a également été un principe directeur dans l’exégèse des saints. « Mon âme met ses délices dans la clarté », dit le prophète du Livre de Mormon Néphi 1 (2 Né. 31:3). Rien ne peut l’emporter sur la signification évidente du texte (cf. traité talmudique Shabbath 63a). Cette position n’est ni un refus de voir les significations subtiles et sous-jacentes du texte ni un a priori théologique permettant des excès allégoriques, comme dans les enseignements de certains rabbins et de certains érudits chrétiens d’autrefois. On ne peut pas superposer les significations plus profondes à un texte d’Écriture ; on doit les trouver avec l’aide divine dans l’intention et l’esprit de l’auteur original (cf. 2 Pi. 1:20-21). Malgré toute leur complexité et toute leur diversité, les Écritures sont rédigées en une langue ordinaire ; par exemple, le vocabulaire fonctionnel du Livre de Mormon comporte moins de 2.300 mots de base.

Dans la pratique, les saints des derniers jours considèrent certains autres textes avec un respect spécial, basé sur leur utilisation, chacun avec sa propre mesure d’autorité. Par exemple, des prières fixes sont indiquées pour le baptême et pour la Sainte-Cène (voir Prière de baptême ; Prière). Les autres textes et paroles faisant autorité – avec des niveaux différents d’autorité – sont les messages de la Première Présidence, les ordonnances et les alliances du temple, les bénédictions patriarcales, le livre de cantiques, les manuels pour la prêtrise et les organisations auxiliaires et les manuels pour enseigner dans les diverses organisations de paroisse.

C’est une unité de la foi, souvent considérée comme remarquable, qui découle de cette ouverture sans pareille à davantage de révélations et du système de freins et de contrepoids de l’Église. La participation des laïcs de l’Église, qui nécessite le partage des responsabilités, et la loi du consentement commun fonctionnent ensemble lors du processus de présentation, de confirmation et d’acceptation des paroles inspirées.

Pour les saints des derniers jours, on ne peut pas réduire les Écritures à l’histoire scientifique, à la sociologie ou au folklore, à un simple ensemble de principes fondamentaux, de commandements et d’appareil juridique, à des paraboles pleines de charme, à des noms ésotériques et cachés avec des liens mystiques qui auraient un pouvoir et une vie propres. Les Écritures sont le résultat d’un déversement d’en haut dont la signification et l’application actuelles à une personne donnée nécessitent une étude soigneuse et l’inspiration directe.

Martin Buber, faisant objection à ceux qui considèrent la Torah comme un monde fermé, écrit : « Pour vous, Dieu est quelqu’un qui a créé dans le passé et ne crée plus ; mais pour nous, Dieu est celui qui ‘renouvelle chaque jour l’œuvre de la création’. ‘Pour vous, Dieu est quelqu’un qui s’est révélé dans le passé et ne se révèle plus ; mais pour nous il parle depuis le buisson ardent du présent… dans les révélations du fond de notre cœur – plus grandes que les paroles » (p. 204). Cette déclaration exprime une grande partie de l’esprit de la façon dont les saints des derniers jours abordent les Écritures. La signification et la force se dressent contre le « durcissement » des traditions et favorisent la confiance dans le témoignage vivant de l’Esprit pour illuminer, clarifier et sanctifier les Écritures en tant que « vérité actuelle ».

Bibliographie
Buber, Martin. Great Jewish Thinkers of the Twentieth Century, dir. de publ. S. Noveck. Clinton, Mass., 1963.
Clark, J. Reuben, Jr. "When Are Church Leaders’ Words Entitled to Claim of Scripture ?" Church News, 31 juillet 1954, p. 9-11.
Davies, W. D. "Reflections on the Mormon Canon." Harvard Theological Review 79, 1986, p. 44-66. Réimprimé dans Christians Among Jews and Gentiles, dir. de publ. G. W. E. Nicklesburg et George W. MacRae, S.V., p. 44-66. Philadelphia, 1986.
Osborne, D. Juvenile Instructor 27, 15 mars 1892, p. 173.
Stendahl, Krister. "The Sermon on the Mount and Third Nephi in the Book of Mormon." Dans Meanings, p. 100. Philadelphie, 1984.
Welch, John W., et David J. Whittaker. "Mormonism’s Open Canon : Some Historical Perspectives on Its Religious Limits and Potentials." F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1986.
W. D. DAVIES
TRUMAN G. MADSEN 

Écritures : Autorité des Écritures
Auteur : JACKSON, KENT P.
 
Pour les saints des derniers jours, la notion d’Écriture entraîne deux définitions complémentaires, une définition générale, qui englobe toute révélation de Dieu comme étant « Écriture », et une vision plus restreinte, qui n’inclut que les ouvrages canoniques comme « Écriture ». Les deux catégories font autorité puisque les deux sont considérées comme venant de Dieu.

La première définition utilise le mot « Écriture » comme synonyme de termes tels que « inspirée » ou « divinement révélée ». Pour ce qui concerne ceux qui ont été appelés et ordonnés pour proclamer la parole de Dieu, c’est une révélation des Doctrine et Alliances qui fournit la base : « Tout ce qu’ils diront sous l’inspiration du Saint-Esprit sera Écriture, sera la volonté du Seigneur, sera l’avis du Seigneur, sera la parole du Seigneur, sera la voix du Seigneur et le pouvoir de Dieu pour le salut » (D&A 68:4). Dans cette lumière, les saints des derniers jours tiennent en haute estime les paroles des dirigeants de l’Église à tous les niveaux. Font particulièrement autorité les déclarations officielles de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres qui sont soutenus par les membres de l’Église comme « prophètes, voyants et révélateurs ». Leurs écrits et leurs discours – en particulier ceux de conférence générale – sont cités fréquemment comme guides pour la vie et comme interprétation autorisée en matière de doctrine. Les déclarations publiées par la Première Présidence représentent la position et la politique officielles de l’Église.

Joseph Smith a enseigné que « un prophète n’est pas toujours prophète ; uniquement quand il agit comme tel » (HC 5:224). Ainsi donc, les paroles des prophètes n’ont force d’Écriture que quand elles sont prononcées sous l’influence du Saint-Esprit. Les saints des derniers jours reconnaissent volontiers cette influence divine dans les enseignements et les conseils des dirigeants et considèrent que c’est une bénédiction d’être instruits par eux. Ils considèrent cette direction inspirée comme étant « Écriture » au sens général du terme et s’efforcent d’y faire coïncider leur vie.

La conception plus restrictive de ce qui constitue l’Écriture ne comprend que ce qui est appelé « les Écritures » c’est-à-dire les quatre ouvrages canoniques : la Bible, le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix. Ils constituent le corpus canonisé, faisant autorité des Écritures révélées par rapport auquel tout le reste est évalué. Le président Joseph Fielding Smith a enseigné : « Mes paroles et les enseignements de n’importe quel autre membre de l’Église, grand ou petit, s’ils ne cadrent pas avec les révélations, nous ne devons pas les accepter… Nous avons accepté les quatre ouvrages canoniques comme critères ou balances que nous utilisons pour mesurer les doctrines de tous les hommes » (DS3, p. 183).

Bien que l’Église considère ses Écritures comme un canon dans un sens strict, elle ne considère pas celui-ci comme fermé. La doctrine de la révélation continue est l’une des croyances fondamentales de l’Église. Comme l’a dit Joseph Smith, « nous croyons tout ce que Dieu a révélé, tout ce qu’il révèle maintenant, et nous croyons qu’il révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de Dieu » (9e A de F). Tout en acceptant « tout ce que Dieu a révélé », que ce soit canonisé dans les Écritures ou pas, les saints des derniers jours croient également que la révélation continue à éclairer leurs dirigeants. De plus, elle s’attend à des directives divines supplémentaires parce que Dieu « révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes ». Ces futures révélations seront Écriture, selon la définition générale, et il est probable que certaines d’entre elles seront ajoutées en temps voulu aux Écritures.

Bibliographie
Jackson, Kent P. "Latter-day Saints : A Dynamic Scriptural Process." Dans The Holy Book in Comparative Perspective, dir. de publ. F. Denny and R. Taylor, p. 63-83. Columbia, S.C., 1985. 
Jackson, Kent P. "The Sacred Literature of the Latter-day Saints." Dans The Bible and Bibles in America, dir. de publ. E. Frerichs, p. 163-91. Atlanta, Ga., 1988. 
Talmage, James E. AF, p. 291-387.
KENT P. JACKSON 

Écriture : Paroles des prophètes vivants
Auteur : ANDERSON, A. GARY
 
Tout message qui vient de Dieu à l’homme par le pouvoir du Saint-Esprit est Écriture pour celui qui le reçoit, que ce soit sous forme écrite ou verbale (MD, p. 682 ; cf. 2 Né. 32:3). Paul a écrit à Timothée que « Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Ti. 3:16). De plus, toute personne peut recevoir des révélations personnelles pour son profit personnel. Néanmoins, Dieu a toujours désigné des prophètes pour parler pour lui, ce qui est à l’origine des Écritures saintes. Quand Aaron fut appelé comme porte-parole de Moïse, le Seigneur dit : « Il parlera pour toi au peuple ; il te servira de bouche, et tu tiendras pour lui la place de Dieu » (Ex. 4:15-16).

Les membres de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours croient en la révélation continue, particulièrement aux prophètes qui dirigent l’Église. Ce point de doctrine a été annoncé dans une révélation reçue par le prophète Joseph Smith en novembre 1831: « Et tout ce qu'ils [les serviteurs de Dieu] diront sous l'inspiration du Saint-Esprit sera Écriture, sera la volonté du Seigneur, sera l'avis du Seigneur, sera la parole du Seigneur, sera la voix du Seigneur et le pouvoir de Dieu pour le salut » (D&A 68:4). Les paroles inspirées du prophète et président de l’Église ont été et peuvent à l’avenir être ajoutées aux ouvrages canoniques par le consentement commun de l’Église.

Les saints des derniers jours soutiennent la Première Présidence et le Collège des douze apôtres comme prophètes, voyants et révélateurs. Puisque le prophète et président de l’Église est soutenu comme prophète, voyant, et révélateur, il est le porte-parole officiel qui parle au nom du Seigneur à l’Église (D&A 21:4-5 ; 28:2). Ces autres prophètes, voyants et révélateurs ont le droit, le pouvoir et l’autorité de déclarer la volonté de Dieu à son peuple, mais dépendent de l’autorité du président (D&A 132:7).

Les paroles inspirées du président de l’Église ont force de loi sur les membres de l’Église, qu’elles soient acceptées officiellement comme élément du canon écrit ou pas. Les paroles inspirées du prophète vivant remplacent et deviennent plus importantes pour des saints des derniers jours que le canon écrit ou les déclarations prophétiques antérieures (D&A 5:10). Le salut et l’exaltation des membres de l’Église dépendent de leur acceptation de cette inspiration divine par le prophète vivant, qui vient comme une voix d’avertissement au monde (D&A 1:4-5).

Ce point de doctrine apparaît dans l’Ancien Testament. Par exemple, les gens n’auraient pu être sauvés du déluge qu’en écoutant la voix de Dieu par son prophète Noé. De même, il était attendu des Israélites qu’ils acceptent et obéissent de manière responsable aux paroles de Moïse comme si le Seigneur lui-même les avait prononcées (De. 18:18-22). Le Seigneur a également enseigné que « Lorsqu’il y aura parmi vous un prophète, c’est dans une vision que moi, l’Éternel, je me révélerai à lui, c’est dans un songe que je lui parlerai » (No. 12:6).

On peut trouver l’insistance des premiers chrétiens sur « la voix vivante » dans les écritures de Papias (v. 130 apr. J.-C.) : « S’il arrivait à quelqu’un de venir qui avait été réellement disciple des anciens, je m’informais sur les discours des anciens, de ce qu’André ou Pierre disaient ou Philippe ou Thomas ou Jacques ou Jean ou Matthieu ou tout autre des disciples du Seigneur…. Car je pensais que ce qui était dans les livres ne me profitait pas autant que les paroles d‘une voix vivante et durable » (Eusèbe, Histoire ecclésiastique 3.39.4).

Les saints des derniers jours acceptent la doctrine que ce que Dieu déclare, « que ce soit par [sa] propre voix ou par la voix de [ses] serviteurs, c’est la même chose » (D&A 1:38). D’autre part, les prophètes ont droit à leur opinion personnelle, par conséquent tout ce qu’ils disent n’est pas considéré comme une déclaration ou une interprétation officielle d’Écriture. Ce n’est que quand ils sont inspirés à parler à l’Église par le Saint-Esprit qu’ils parlent Écriture. Pour que l’auditeur détermine si un prophète parle en tant que tel, le pouvoir du Saint-Esprit doit lui témoigner que le message est divinement inspiré. Le Saint-Esprit est donné à tous pour connaître la vérité de toutes choses (Mro. 10:5).

Bibliographie
Benson, Ezra Taft. "Fourteen Fundamentals in Following the Prophet." BYU Speeches of the Year, 1977 -80, p. 26-30. 26 févr. 1980.
Département d’Education de l’Église. Teachings of the Living Prophets, p. 6-22. Salt Lake City, 1982. 
Clark, J. Reuben, Jr. "When Are Church Leaders' Words Entitled to Claim of Scripture ?" Church News, 31 juillet 1954, p. 9-11.
Horton, George A., Jr. Keys to Successful Scripture Study, p. 2-11. Salt Lake City, 1989. 

A. GARY ANDERSON 

Écritures : Écritures à venir
Auteur : CLOWARD, ROBERT A.
 
Les saints des derniers jours croient que Dieu « révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes » (9e A de F), que les cieux ne sont pas fermés et que Dieu continue à « déverser la connaissance du haut des cieux sur [leur] tête » (D&A 121:33). On s’attend à ce que les révélations à venir incluent à la fois des vérités antiques rétablies et de nouvelles vérités dévoilées.

Les Écritures prédisent spécifiquement le rétablissement de beaucoup de livres qui feront connaître les choses claires et précieuses ôtées du monde (1 Né. 13:39-40). Celles-ci comprennent le livre d’Hénoc (D&A 107:57), un récit complémentaire des événements qui se sont produits sur la montagne de la Transfiguration (D&A 63:20-21), la totalité du livre de Jean et des visions au sujet de la fin du monde (1 Né. 14:18-27 ; Ét. 4:16 ; D&A 93:6, 18), la partie scellée du Livre de Mormon, y compris la vision du frère de Jared (2 Né. 27:7-11 ; Ét. 3:25-27 ; 4:7), les plaques d’airain (Alma 37:4-5 ; voir aussi Plaques et Annales du Livre de Mormon), un compte rendu plus complet des enseignements de Jésus-Christ aux Néphites (3 Né. 26:6-11) et les annales des tribus perdues d’Israël (2 Né. 29:12-13).

Nous ignorons comment ou quand ces Écritures paraîtront au-delà de la croyance générale que d’autres révélations viendront au temps voulu par le Seigneur lorsque les hommes se repentiront, feront preuve de foi et seront prêts à les recevoir (2 Né. 28:30 ; Ét. 4:1-12). Les saints des derniers jours croient que le monde n’a vu que le commencement du grand rétablissement doctrinal et scripturaire par lequel la volonté de Dieu réunira « toutes choses en Christ » (Ép. 1:10). Les annales célestes et terrestres de toutes les dispensations doivent être rassemblées (1 Né. 13:41), et « rien ne sera retenu » (D&A 121:28).

Bibliographie
Maxwell, Neal A. "God Will Yet Reveal." Ensign 16, nov. 1986, p. 52-59.
McConkie, Bruce R. "The Doctrinal Restoration." Dans The Joseph Smith Translation, dir. de publ. M. Nyman et R. Millet, p. 1-22. Provo, Utah, 1985.
ROBERT A. CLOWARD
 
Écriture, interprétation dans l’Écriture
Auteur : THOMAS, CATHERINE
 
La clef de l’interprétation des passages scripturaires se situe souvent dans le corps même de l’Écriture. Par exemple, certains passages de l’Ancien Testament reçoivent un commentaire et une interprétation dans le Nouveau Testament. Jésus-Christ enseignait fréquemment à l’aide de l’Ancien Testament, donnant non seulement une interprétation, comme dans l’incident où David doit manger les pains de proposition du temple (1 S. 21:1-6) pour justifier le fait que ses disciples arrachaient des épis de blé le jour du sabbat (Mc. 2:23-26), mais soulignant souvent aussi que les Écritures témoignent qu’il était le Messie (Lu. 4:18-21 ; Jn. 5:39). Les Écritures supplémentaires que les saints des derniers jours acceptent – le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix – citent et interprètent aussi la Bible. En fait, beaucoup d’entre les interprétations les plus claires de la doctrine proviennent des révélations modernes ou des Écritures rétablies.

Dans la Perle de grand prix, le livre de Moïse et le livre d’Abraham détaillent le récit de la Création donné par la Genèse de l’Ancien Testament (Moï. 2-3 ; Abr. 4-5), affirment le libre arbitre de l’homme (Moï. 3:17 ; 7:32), éclaircissent la chute d’Adam (Moï. 4 ; Abr. 5) et expliquent par conséquent la nécessité d’un Rédempteur (Moï. 6:59 ; cf. 4:1-2 ; 5:7-8). En outre, ces deux livres ajoutent des informations sur les prétentions de Satan et le fait que c’est le Christ qui a été choisi dans le monde prémortel (Moï. 4:1-4 ; Abr. 3:27-28) où tous les esprits de l’humanité ont vécu avant leur arrivée sur la terre (voir Vie prémortelle).

Dans Joseph Smith–Matthieu, le prophète Joseph Smith reçoit des éclaircissements sur les commentaires du Sauveur dans Matthieu 24 concernant les événements qui doivent précéder la chute de Jérusalem et ceux qui doivent précéder la venue de Jésus dans les derniers jours. Selon Joseph Smith–Histoire, Moroni 2 lui cite Malachie 4:6 différemment de la version de l’Ancien Testament, suggérant que l’expression « les pères » se rapporte aux Patriarches, particulièrement à Abraham, avec qui Dieu fit des alliances concernant la postérité d’Abraham, qui porterait les ordonnances de la prêtrise au monde pour l’exaltation de la famille humaine (JS–H 1:39 ; D&A 27:9-10).

Le Livre de Mormon éclaircit beaucoup d’écrits des prophètes de l’Ancien Testament. Le prophète Néphi 1 cite Ésaïe 48-49 (1 Né. 20-21) et fait ensuite un commentaire clair sur les points principaux de ces chapitres dans 1 Néphi 22, soulignant que les Néphites sont un reste de l’Israël dispersé, qui serait par la suite rassemblé avec l’aide des Gentils. Dans un autre exemple, vers 148 av. J.-C., le prophète néphite Abinadi identifie « l’homme de douleur » d’Ésaïe 53 comme étant Jésus-Christ (Mos. 15:2-5) et amplifie les commentaires d’Ésaïe sur l’expiation du Messie (Mos. 14-15).

Le Livre de Mormon illumine également le sermon sur la montagne (Mt. 5-7). Dans un sermon semblable donné sur le continent américain (3 Né. 12-14), Jésus ressuscité dit : « Bénis sont les pauvres en esprit qui viennent à moi » (3 Né. 12:3 ; italiques ajoutés). Ces mots supplémentaires, plus le contexte dans lequel le discours de Jésus est donné, indiquent qu’on doit aller au Sauveur par le baptême et par la justice pour recevoir les bénédictions promises dans les béatitudes.

Les Doctrine et Alliances proposent une interprétation sur plusieurs points obscurs du livre de l’Apocalypse qui concernent des événements des derniers jours, tels que le rassemblement d’Israël et le fait qu’il va recevoir les ordonnances de la prêtrise (D&A 77:8-9, 11). On trouve spécialement dans Doctrine et Alliances 45 et 86 des éclaircissements sur des passages bibliques traitant des signes des derniers jours qui précéderont l’avènement de Jésus. Tandis qu’il méditait sur 1 Pierre 3:18-20, le président Joseph F. Smith reçut une vision de la rédemption des morts (maintenant D&A 138) qui éclaircissait et étendait l’œuvre rédemptrice du Sauveur au monde d’esprit après sa crucifixion.

Le prophète Joseph Smith a reçu beaucoup de révélations modernes en réponse aux questions découlant de son travail sur la traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS). Par exemple, en méditant sur la résurrection pour la vie ou la damnation mentionnée dans Jean 5:29, Joseph Smith et Sidney Rigdon reçurent la révélation sur les degrés de gloire dans la résurrection (D&A 76). Joseph Smith a noté plusieurs cas où, tout en réfléchissant à un passage d’Écriture (par exemple, Ja. 1:5, une invitation à demander au Seigneur la sagesse), il a prié et a reçu du Seigneur des Écritures supplémentaires qui rendaient le premier plus de clair ou en confirmait la réalité (JS–H 1:11-20). Pendant qu’il traduisait les plaques du Livre de Mormon, Joseph Smith et Oliver Cowdery prièrent après avoir lu un passage qui avait trait au baptême. En réponse à cela, Jean-Baptiste vint avec de l’autorité et des instructions sur le baptême (JS–H 1:68-72). Après leur baptême, le prophète écrivit qu’ils étaient remplis du Saint-Esprit : « Notre esprit étant maintenant éclairé, nous commençâmes à voir les Écritures se dévoiler à notre entendement, et la véritable signification et le sens des passages les plus mystérieux se révéler à nous d'une manière à laquelle nous n'avions jamais pu parvenir précédemment, à laquelle nous n'avions même jamais pensé auparavant » (JS–H 1:74).

Néphi dit qu’il est essentiel d’avoir l’esprit de prophétie pour saisir le sens correct des Écritures. Il mentionne en particulier Ésaïe, « car, si les paroles d'Ésaïe ne sont pas claires pour vous, néanmoins elles sont claires pour tous ceux qui sont remplis de l'esprit de prophétie » (2 Né. 25:4). Aux chapitres 25-30, Néphi donne une explication prophétique des enseignements d’Ésaïe.

La révélation moderne et les Écritures rétablies offrent des interprétations indispensables de la Bible, aidant les saints des derniers jours à la comprendre plus complètement. Jésus réprimanda ceux qui avaient emporté la « clef de la connaissance » ou le moyen de comprendre les écrits bibliques (TJS Lu. 11:53), causant de ce fait la confusion dans l’interprétation des Écritures. Le Seigneur a dit : « Parce que vous avez une Bible, vous ne devez pas penser qu'elle contient toutes mes paroles ; et vous ne devez pas non plus penser que je n'en ai pas fait écrire davantage… Je parlerai aux Juifs, et ils l'écriront ; et je parlerai aussi aux Néphites, et ils l'écriront ; et je parlerai aussi aux autres tribus de la maison d'Israël, que j'ai emmenées, et elles l'écriront ; et je parlerai aussi à toutes les nations de la terre, et elles l'écriront… et ma parole sera aussi rassemblée en une seule » (2 Né 29:10, 12, 14 ; cf. Éz. 37:16-20). Les saints des derniers jours interprètent la Bible à la lumière de l’Écriture rétablie et de la révélation moderne parce que celles-ci ont rétabli la clef perdue de la connaissance.

Bibliographie
Gileadi, Avraham. "Isaiah : Four Latter-day Keys to an Ancient Book." Dans Isaiah and the Prophets, dir. de publ. M. Nyman. Provo, Utah, 1984.
McConkie, Bruce R. "The Bible, a Sealed Book." Dans Supplement to a Symposium on the New Testament, Département d’Education de l’Eglise, p. 1-7. Salt Lake City, 1984.
Rust, Richard Dilworth. “’All Things Which Have Been Given of God…Are the Typifying of Him’ : Typology in the Book of Mormon." Dans Literature of Belief, dir. de publ. N. Lambert. Provo, Utah, 1981.
CATHERINE THOMAS

Éducation : Positionnement vis-à-vis de l'éducation
Auteur : GARDNER, DAVID P.

Les Articles de foi soulignent le rôle profond et fondamental que joue la connaissance dans les enseignements de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours : « Nous recherchons tout ce qui est vertueux ou aimable, tout ce qui mérite l'approbation ou est digne de louange. » (13e A de F). À propos de l’intérêt des saints pour les études et l'éducation, M. Lynn Bennion a écrit : « Je doute qu’il existe une organisation qui oriente plus complètement son peuple vers une éducation de plus en plus poussée que l'Église mormone. Le programme éducatif de l'Église est aujourd'hui le prolongement cohérent des théories promulguées par ses fondateurs »(Bennion, p. 2).

Les idées et les pratiques de l'Église sont directement issues de certaines révélations reçues par Joseph Smith, qui soulignent la nature éternelle de la connaissance et le rôle vital que joue dans le développement spirituel, moral et intellectuel de l'humanité. Par exemple: « Il est impossible à un homme d'être sauvé dans l'ignorance » (D&A 131:6 ) de sa nature et de son rôle éternels. « La gloire de Dieu c’est intelligence ou, en d'autres termes, la lumière et la vérité » (D&A 93:36 ). « Quel que soit le principe d'intelligence nous atteignions dans cette vie, il se lèvera avec nous dans la résurrection. Et si, par sa diligence et son obéissance, une personne acquiert dans cette vie plus de connaissance et d'intelligence qu'un autre, elle en sera avantagée d’autant dans le monde à venir » (D&A 130:18-19). « La connaissances sauve l’homme. Et dans le monde des esprits, nul ne peut être exalté autrement que par la connaissance » (EPJS, p. 289). Un passage fréquemment cité du Livre de Mormon dit : «Être instruit est une bonne chose si on écoute les recommandations de Dieu » (2 Néphi 9:29). En juin 1831, Joseph Smith reçut une révélation concernant « le choix et la rédaction de livres pour les écoles de l’Église » (D&A 55:4) et une autre le 27 décembre 1832, fixant les grandes missions d'éducation dans l'Église :

« Et je vous donne le commandement de vous enseigner les uns aux autres la doctrine du royaume. Enseignez diligemment, et ma grâce vous accompagnera, afin que vous soyez instruits plus parfaitement de la théorie, des principes, de la doctrine, de la loi de l'Évangile, de tout ce qui a trait au royaume de Dieu, qu'il est opportun que vous compreniez ; des choses qui se trouvent dans le ciel, sur la terre et sous la terre; des choses qui ont été, des choses qui sont, des choses qui doivent arriver sous peu; des choses qui se passent au pays, des choses qui se passent à l'étranger; des guerres et des perplexités des nations, et des jugements qui sont sur le pays; et aussi d'une connaissance des pays et des royaumes, afin que vous soyez préparés en tout »[D&A 88:77-80].

L'Église a été édifiée sur la conviction que la progression éternelle dépend d’une vie vertueuse et de la progression dans la connaissance religieuse et laïque. « En effet, la nécessité d’apprendre est probablement le thème le plus fréquemment répété des révélations modernes » (L. Arrington, «The Founding of the L.D.S. Institutes of Religion », Dialogue 2, été 1967, p. 137).

Joseph Smith et bon nombre des premiers pionniers mormons étaient issus du milieu puritain de la Nouvelle-Angleterre, avec sa vénération pour la connaissance et l'instruction (Salisbury, p. 258). La perspective mormone suppose la perfectibilité de l'homme et sa capacité d'évoluer vers des niveaux moraux, spirituels et intellectuels toujours plus élevés. En outre, dans cette philosophie, toutes les espèces de connaissance sont utiles dans la tentative de l'homme de se réaliser dans ce monde et dans l'au-delà. « C'est l'application de la connaissance pour le bien-être spirituel de l'homme qui constitue l'idéal mormon de l'éducation » (Bennion, p. 125). C’est pourquoi, les premiers dirigeants de l'Église ne voyaient guère de points de discorde entre l'instruction laïque et religieuse correcte. Vaste dans sa portée et spirituelle dans son l'intention, la philosophie de l’éducation chez les saints a tendance à fusionner le profane et le religieux, parce que, dans le contexte mormon, les deux font partie d'une trame unique sans raccord (Bennion, p. 120-123).

En 1833, Joseph Smith fonda la première entreprise éducative de l'Église, l'école des prophètes, à Kirtland (Ohio). Cette école se consacrait à l'étude de l'histoire, des sciences politiques, des langues (dont l'hébreu), de la littérature et de la théologie. Son but principal était de préparer les dirigeants de l’Église à magnifier leur appel missionnaire d’avertir tout le monde et de témoigner de l'Évangile (D&A 88:80 -81). Elle donna aussi l'exemple d'études pour adultes qui fut suivi « au Missouri, en Illinois et en Utah, où les parents rejoignirent leurs enfants dans la recherche de la connaissance » (Bennion, p. 10).

En 1840, Joseph Smith demanda l'incorporation de la ville de Nauvoo (Illinois) et avec elle l'autorité pour fonder une université. La Charte de Nauvoo contenait l'autorité pour « fonder et organiser un établissement d'enseignement dans les limites de la ville pour l'enseignement des arts, des sciences et des professions érudites, qui sera appelé ‘Université de la ville de Nauvoo’ » (cité dans Salisbury, p. 269).

La première année académique à Nauvoo fut celle de 1841-42. L'université fut probablement l’une des premières universités municipales des États-Unis (Rich, p. 10). C'était, en tous cas, une entreprise optimiste et ambitieuse. Le programme comprenait des langues (allemand, français, latin, grec et hébreu), des mathématiques, de la chimie et de la géologie, de la littérature et de l’histoire, mais « les éléments d’appréciation sont trop maigres pour qu’on puisse en dégager le niveau de l’enseignement dispensé. Il était probablement supérieur au niveau secondaire moyen de l’époque. Le personnel enseignant était d’un haut niveau et était en effet un groupe plutôt remarquable pour une ville de la frontière » (Bennion, p. 25).

Le meurtre de Joseph Smith en 1844 mit brutalement fin au rêve de l'université de la ville de Nauvoo et déclencha le difficile voyage vers le Grand Bassin. Malgré les difficultés, l'éducation ne fut pas oubliée. Brigham Young demanda aux saints d’emporter, dans leur émigration, « au moins un exemplaire de chaque traité précieux sur l'éducation – chaque livre, carte, schéma ou diagramme qui peut contenir une matière intéressante, utile et attrayante, pour attirer l'attention des enfants et les amener à aimer apprendre à lire ; et aussi toutes les variétés historiques, mathématiques, philosophiques, géographiques, géologiques, astronomiques, scientifiques, pratiques et tous les autres écrits, cartes, etc., utiles et intéressants, à présenter au greffier général de l’Église, lorsqu'ils arriveront à leur destination, où l’on peut glaner des sujets importants et intéressants pour compiler les ouvrages les plus précieux sur toutes les sciences et tous les sujets au profit de la génération montante » [MS 10, 1848, p. 85].

La charte de l'université de la ville de Nauvoo a servi de base pour l'université de Deseret (maintenant l'université d'Utah), créée en 1850 par Brigham Young à Salt Lake City. « L’éducation » a-t-il dit un jour au conseil d’administration de cette école, « est le pouvoir de penser clairement, le pouvoir d'agir correctement dans l’œuvre du monde et le pouvoir d'apprécier la vie » (Bennion, p. 115). Il disait : « Un bon enseignant est un des membres les plus essentiels de la société » (JD 10:225).

En 1851, la législature territoriale accorda une charte prévoyant « la création et la réglementation des écoles » (Bennion, p. 40), mais pendant quelques années, la lutte pour la survie éclipsa les efforts pour mettre en place un système officiel d'éducation. Les premières écoles d'Utah furent privées, payées par les parents ou par des étudiants adultes et les cours se faisaient pendant la journée ou le soir selon les besoins locaux, les intérêts et les ressources (Rich, p. 13, 17 et 18). La fréquentation augmentait et diminuait avec les saisons et les exigences d'une société agricole dans laquelle la main d’œuvre était rare et précieuse. Les programmes variaient également et dépendaient souvent des compétences ou des centres d’intérêt de l'enseignant ; certaines écoles proposaient les branches traditionnelles, d'autres des activités plus pratiques telles que la menuiserie ou la maçonnerie. L'existence de ces écoles de frontière était toujours précaire et leur fonctionnement intermittent (Rich, p. 18), mais elles témoignent de manière éloquente et souvent émouvante du désir d’éducation des pionniers mormons, parce qu’elles exigeaient le sacrifice considérable d’un temps et de ressources limités.

La philosophie de l'éducation de Brigham Young était pratique et pragmatique, mais il n'était pas opposé, comme on l'a parfois cru, à une éducation libérale ; il estimait tout simplement qu’on y tenait trop dans l'environnement éducatif de son époque (Bennion, p. 107). « L’éducation va-t-elle vous nourrir et vous vêtir, vous garder au chaud par une froide journée ou vous permettre de construire une maison ? Pas du tout. Faut-il pour autant discréditer l’éduction ? Non. À quoi sert-elle ? À nous cultiver, à nous instruire de tous les arts et sciences, de l'histoire du monde, des lois des nations, à nous permettre de comprendre les lois et les principes de la vie et la façon dont nous pouvons être utiles de notre vivant » (JD 14:83). Il croyait que « tous les arts et toutes les sciences connus et étudiés par les enfants des hommes sont inclus dans l'Évangile » (JD 12:257).

La philosophie du président Young en matière d’éducation fut renforcée par Karl G. Maeser, un pédagogue allemand qui devint membre de l'Église et émigra en 1860 à Salt Lake City. En 1876, Brigham Young nomma Maeser directeur de l'Académie Brigham Young à Provo (voir Académies). « C’est cet éducateur allemand qui fut en grande partie à l’origine du mouvement des académies et de la direction que prit la politique de l'Église en matière d'éducation » (Bennion, p. 117). Sa conception de l'éducation était marquée par la conviction que « la connaissance doit être soutenue par des qualités morales correspondantes. La formation de la personnalité dépend de la nature de la formation morale qui accompagne la progression intellectuelle » (Maeser, p. 43). Pour lui, la religion était « le principe fondamental de l'éducation » et en était « le moteur le plus efficace » (Maeser, p. 56). School and Fireside, (1898), son traité influent et largement diffusé, mettait clairement en évidence le fait que les fonctions essentielles de l'éducation étaient de préparer les gens pour la vie pratique dans la famille et dans le pays et de leur inculquer les principes fondamentaux du développement spirituel.

Dans les premiers temps des pionniers, la plupart des écoles du Territoire de l'Utah étaient des écoles de l'Église et la religion faisait partie intégrante du programme des cours. Avec la diversification croissante de la population de l'Utah et l'adoption de la Loi Edmunds-Tucker en 1887, qui eut pour effet d'interdire l'enseignement de la religion dans les écoles publiques, l'Église chercha d’autres moyens d'assurer un enseignement spirituel pour ses jeunes. Entre 1890 et 1929, l'Église parraina des cours spéciaux de religion organisés dans les églises de quartier pour les enfants du premier au neuvième degré dans un mouvement qui fut « le premier effort des mormons pour compléter (mais pas pour remplacer) l’éducation laïque » ; ce fut « la première expérience de l'Amérique pour assurer une formation religieuse distincte en semaine pour les enfants de l'école publique » (Quinn, p. 379).

Cette entreprise déboucha sur le département d’éducation de l'Église, qui se compose de plusieurs niveaux. Il y a tout d'abord le séminaire, un programme d'éducation religieuse quotidienne donné dans un bâtiment construit près de l'école pour le neuvième au douzième degré, qui prévoit l'étude du Livre de Mormon, de l’Ancien Testament, du Nouveau Testament et de Doctrine et Alliances/Histoire de l’Église. Deuxièmement, des instituts de religion avoisinant les campus desservent les étudiants inscrits dans les programmes postsecondaires en proposant des cours de religion, habituellement organisés deux fois par semaine pour convenir aux horaires de l’université. En troisième lieu, l'Église parraine quatre établissements d'enseignement supérieur : l’université Brigham Young à Provo, Utah, l’université Brigham Young-Hawaii à Laie, Hawaii, le Ricks College à Rexburg, Idaho, et le LDS business College à Salt Lake City. En outre, au Mexique et dans le Pacifique, l'Église gère sept écoles primaires, treize facultés universitaires et neuf écoles secondaires qui assurent une formation tant laïque que religieuse.

En 1988-1989, le département d’éducation de l'Église couvrait 90 pays ou territoires et desservait environ 250 000 étudiants de séminaire, 124 500 étudiants d’institut, 37 600 étudiants dans les universités et les collèges de l'Église et 9 300 étudiants dans d'autres écoles de l'Église. Le département emploie plus de 4 100 employés à temps plein et à temps partiel en plus des 15 000 membres qui sont appelés à enseigner dans les programmes de séminaire et d'institut.

En somme, l'attitude de l'Église vis-à-vis de l’éducation est spéciale à plusieurs égards. Tout d'abord, l'Église se distingue par le degré auquel ses membres, les adultes aussi bien que les enfants, participent aux nombreuses activités éducatives de l'Église : « Notre peuple croit en l'éducation : l’acquisition de connaissances et la culture de l'esprit. L'Église elle-même est en fait une institution éducative. Par tradition, nous sommes un peuple épris d'éducation » (Widtsoe, 1944, p. 666). Deuxièmement, elle considère l'éducation comme une composante essentielle de la vie religieuse : « Toute vie est centrée sur certaines idées fondamentales... Le fait que [Dieu] a promis d’autres révélations est pour moi une invitation à garder l’esprit ouvert et à être prêt à suivre partout où ma recherche de la vérité peut me conduire » (Brown, 1969, p. 11). En troisième lieu, elle entretient la conviction profonde que la connaissance a une dimension éternelle parce qu’elle fait avancer le libre arbitre et la progression de l'homme ici-bas et dans le monde à venir : « La science créatrice et la religion révélée trouvent leur expression la plus complète et la plus vraie dans un climat de liberté... N’ayez pas peur des idées nouvelles, car elles sont comme un tremplin vers le progrès. Vous devez, bien sûr, respecter les opinions des autres mais n’ayez pas peur de marquer votre désaccord – si vous êtes informé » (Brown, 1958, p. 2-3). Quatrièmement, elle insiste sur le fait que l’instruction laïque et l’instruction spirituelle ne s’opposent pas mais s’accordent entre elles : les saints des derniers jours ne mettent pas l'accent sur « l'éducation spirituelle de l'homme au détriment de son éducation intellectuelle et physique... Il ne s’agit pas d’estimer moins l'éducation intellectuelle et physique, mais d’estimer davantage l'éducation spirituelle » (Roberts, p. 122-123). « La connaissance profane doit être désirée » comme un outil entre les mains des justes, mais « la connaissance spirituelle est une nécessité » (S. Kimball, Faith Precedes the Miracle, p. 280).

Bibliographie
Bennion ; Milton Lynn. Mormonism and Education. Salt Lake City, 1939.
Brown, Hugh B. “An Eternal Quest – Freedom of the Mind”. BYU Speeches of the Year, 13 mai 1969.
Brown, Hugh B. “What Is Man and What He May Become”, BYU Speeches of the Year, 25 mars 1958.
Clark, J. Reuben, Jr. “The Charted Course of the Church in Education”. Provo, Utah, 1936.
Clark, Marden J. « On the Mormon Commitment to Education. Dialogue 7, hiver 1972, p. 11-19.
Gardner, David P. et Jeffrey R. Holland. « Education in Zion : Intellectual Inquiry and Revealed Truth ». Sunstone 6, janv. févr. 1981, p. 59-61.
Kimball, Spencer W. “Second Century Address”. BYU Studies, été 1976, p. 445-457.
Maeser, Karl G. School and Fireside. Utah, 1898.
Nibley, Hugh W. « Educating the Saints » et « Zeal Without Knowledge”. Dans Nibley on the Timely and the Timeless, dir. de publ. T. Madsen, p. 229-277. Provo, Utah, 1978.
Quinn, D. Michael. « Utah’s Educational Innovation : LDS Religious Classes, 1890-1929 ». Utah Historical Quarterly 43, 1975, p. 379-389.
Rich, Wendell O. Distinctive Teachings of the Restoration, p. 7-34, 161-188. Salt Lake City, 1962.
Roberts, B. H. « The Mormon Point of View in Education ». IE 2, déc. 1898, p. 119-126.
Salisbury, H. S. “History of Education in the Church of Jesus Christ of Latter Day Saints”. 15 juillet 1922, p. 257-281.
Widtsoe, John A. “The Returning Soldier”. IE 47, nov. 1944, p. 666, 701-702.
Young Brigham, Discourses of Brigham Young, comp. John A. Widtsoe, p. 245-263. Salt Lake City, 1968.
DAVID P. GARDNER

 
Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours
Auteur : PORTER, BRUCE DOUGLAS

Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est le nom officiel de l’Église fondée, le 6 avril 1830, à Fayette (New York), sous la direction du prophète Joseph Smith. On l’appelle communément Église mormone à cause de sa croyance au Livre de Mormon et les membres sont souvent appelés mormons ou saints des derniers jours. Créée officiellement, à l’origine, avec six membres, l’Église a grandi pour devenir une organisation internationale qui compte des millions de membres dans beaucoup de pays du monde.

De 1830 à 1838, les membres de l’Église l’appelaient « Église des saints des derniers jours » ou « Église du Christ ». Le 26 avril 1838, le titre officiel de l’Église a été donné par révélation : « Car c’est là le nom que portera mon Église dans les derniers jours, c’est-à-dire l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours » (D&A 115:4).

Chaque partie de ce nom est importante. « Église de Jésus-Christ » indique que Jésus-Christ se tient à la tête de l’Église et que son Évangile, ses enseignements et son autorité divine constituent les fondements de l’Église. Le terme « saints » a le même sens que le mot utilisé dans le Nouveau Testament pour désigner un membre du groupe de l’alliance (Ac. 9:13, 32, 41 ; Ro. 1:7 ; Phil. 1:1 ; voir saints des derniers jours). Il n’a rien à voir avec le sens que lui donnent les traditions catholique ou orthodoxe. Le terme « des derniers jours » indique que l’Église a été rétablie dans la dernière ère de l’histoire humaine précédant l’avènement du Christ et distingue également l’Église actuelle de l’organisation « des premiers jours » fondée par le Christ pendant son ministère terrestre en Palestine. L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est un rétablissement divin de l’Église originelle de Jésus-Christ et la gardienne désignée de sa doctrine, de son autorité et de sa mission divine (voir Organisation : Organisation contemporaine).

L’Église est le royaume de Dieu sur la terre, une institution divinement créée par laquelle Dieu accomplit ses buts concernant le salut de ses enfants. Pour le président Spencer W. Kimball, l’Église a trois objectifs principaux pour aider les gens à aller au Christ, des objectifs parfois appelés sa triple mission. La première est de proclamer l’Évangile à toute l’humanité. L’Église le fait grâce à une grande armée de missionnaires, ainsi que par les efforts de ses membres. La deuxième est de perfectionner les saints, ce qui veut dire leur enseigner l’Évangile du Christ, administrer les ordonnances essentielles du salut et les aider dans un processus de repentir, de service et de préparation pour la vie éternelle, qui durera toute une vie. La troisième mission de l’Église est de racheter les morts, permettant à des générations de défunts, qui n’ont eu aucune occasion d’accepter l’Évangile dans la condition mortelle, de recevoir les vérités et les ordonnances du salut. Cette œuvre se fait grâce à des ordonnances accomplies par procuration dans les temples de l’Église. Pour ce faire, l’Église invite ses membres à faire leur histoire familiale. Plus tard, les présidents de l’Église pourront modifier ces missions ou y ajouter selon les directives ou l’inspiration du Seigneur.

L’Église est également une société de croyants qui crée un cadre permettant un effort coopératif, un soutien mutuel et une aide temporelle quand c’est nécessaire. Les liens de l’amour entre les saints sont une condition essentielle à l’accomplissement des buts de l’Église et sont identifiés dans les Écritures comme étant un signe de la véritable Église de Dieu (Jn. 13:35 ; voir Signes de la véritable Église). Les saints des derniers jours se considèrent comme le « peuple de l’alliance » du Seigneur, héritiers de l’alliance antique entre Dieu et Abraham et, par naissance ou adoption, membres de la maison d’Israël. L’Église est l’instrument par lequel Dieu rassemble les tribus dispersées d’Israël dans les derniers jours selon ses promesses à Abraham et à d’autres prophètes bibliques.

L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours se distingue de plusieurs manières fondamentales des autres Églises chrétiennes. La plupart de ces différences proviennent de la croyance essentielle de l’Église en la révélation continue. Ainsi, les saints des derniers jours acceptent la sainte Bible comme étant la parole de Dieu et ils acceptent aussi le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix comme Écritures et comme ouvrages canoniques. Ils acceptent l’appel des prophètes et des apôtres modernes, en de Joseph Smith à nos jours. La doctrine des saints concernant la nature de la Divinité, le plan du salut, la réalité de l’autorité dans la prêtrise et l’interprétation des prophéties scripturaires diffère également à divers égards de celle des branches catholique, orthodoxe ou protestante du christianisme. Les saints des derniers jours mettent l’accent sur la liberté et la tolérance religieuses. L’Église ne participe pas aux activités œcuméniques officielles ; elle tient cependant à coopérer avec d’autres organismes religieux, civils et éducatifs à l’avancement d’objectifs éthiques et sociaux communs (voir Relations interconfessionnelles).

L’Église est gouvernée par l’autorité de la prêtrise. Le terme « prêtrise », chez les saints des derniers jours, désigne non seulement l’ensemble des hommes qui détiennent des postes ecclésiastiques dans l’Église, mais également l’autorité ou le pouvoir proprement dit qui leur a été donné par ordination à la prêtrise. Il y a deux divisions dans la prêtrise, une Prêtrise d’Aaron, et une prêtrise supérieure ou Prêtrise de Melchisédek. Tous les membres masculins dignes de l’Église à partir de douze ans sont ordonnés à la prêtrise, détenant normalement, de douze à dix-huit ans, des offices dans la Prêtrise d’Aaron et ensuite des offices dans la Prêtrise de Melchisédek. Les offices de la Prêtrise d’Aaron sont : diacre, instructeur, prêtre et évêque. Les offices de la Prêtrise de Melchisédek sont ancien, grand prêtre, patriarche, soixante-dix et apôtre.

L’Église se considère comme organisée selon le modèle de base de l’Église du Christ du premier siècle et conformément à une série de révélations données à Joseph Smith (D&A 20 et 107 ; 6e A de F). Les présidents successifs de l’Église ont affiné l’organisation pour répondre aux besoins et aux exigences d’une organisation internationale en expansion mais n’ont pas changé la structure fondamentale de l’Église telle qu’organisée à l’origine. L’Église est sous la direction d’un président, qui a généralement deux conseillers ; à eux trois, ils constituent la Première Présidence de l’Église.

Le deuxième groupe dirigeant, le Collège des douze apôtres, se compose de douze hommes appelés à être les « témoins spéciaux du nom du Christ dans le monde entier » (D&A 107:23). Le Collège des Douze détient collectivement, de manière latente, la même autorité de prêtrise que le président de l’Église et, en cas de décès de celui-ci, est le corps constitué qui gouverne l’Église et installe un nouveau président. Les membres de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres sont considérés et soutenus par la voix des saints des derniers jours comme prophètes, voyants et révélateurs, recevant la révélation directe de Jésus-Christ. Ces frères sont aidés par les membres des collèges des soixante-dix et par l’Épiscopat Président.

Les collèges des soixante-dix, chacun composé d’un nombre d’hommes pouvant aller jusqu’à soixante-dix, ont la responsabilité spéciale de l’œuvre missionnaire et dirigent également les activités de l’Église dans des régions géographiques sous la direction des Douze. L’Épiscopat Président est responsable des affaires temporelles de l’Église, notamment les finances, les registres et les bâtiments et de la gestion du programme du service d’entraide de l’Église. Tous ces hommes sont considérés par les saints des derniers jours comme Autorités générales parce que leur autorité s’étend sur l’Église entière. Le siège social et les bureaux administratifs centraux de l’Église sont situés à Salt Lake City (Utah).

Le président de l’Église reçoit la révélation de Dieu qui a trait à toute l’Église, mais tous les dirigeants et membres ont droit à l’inspiration dans le domaine dont ils sont responsables et concernant leur vie personnelle. Ce principe de la révélation contribue à susciter l’unité et un but commun dans l’Église et en fait comme un organisme vivant, le « corps du Christ » (1 Co. 12:12-28 ; Col. 1:18).

Les Autorités générales président l’Église dans le monde entier, supervisant ceux qui administrent les unités géographiques appelées paroisses, pieux, régions et interrégions. Un pieu est un groupe de paroisses, une région est un groupe de pieux et une interrégion est un groupe de régions. Une paroisse est une assemblée de saints comptant habituellement de deux cents à six cents membres. Les paroisses sont habituellement organisées selon des frontières géographiques et tous les membres vivant dans ces limites appartiennent à la même paroisse. Une paroisse est dirigée par un évêque qui remplit habituellement cette fonction pendant cinq ans environ et est appelé d’entre les membres de l’assemblée ; sous la direction de l’évêque, les offices dans la paroisse sont normalement confiés aux membres de celle-ci. Un ensemble de paroisses, habituellement pas plus de dix, constitue un pieu, dirigé par un président de pieu, également appelé d’entre les membres du pieu. Le terme « pieu » a été donné par révélation (D&A 101:21) et est lié à la terminologie de l’Ancien Testament désignant Sion comme une grande tente maintenue par des cordes et des pieux ou des piquets (És. 33:20 ; 54:2). Dans les régions où la population de l’Église est trop petite pour que des paroisses et des pieux soient organisés, elle est administrée par des missions, des districts et des branches. Bien que la fonction principale des missions soit de proclamer l’Évangile, dans certaines régions du monde, elles administrent également de plus petites unités de l’Église appelées districts, qui se composent de branches habituellement constituées de moins de deux cents membres. Il peut également y avoir des branches dans les pieux si les unités sont trop petites pour constituer une paroisse.

Dans les paroisses et les branches de l’Église, il y a des organisations auxiliaires spécialisées dont le but est de répondre aux besoins spécifiques des groupes au sein de l’Église. Elles fournissent un appui important aux collèges de la prêtrise. La plus grande d’entre elles est la Société de secours, l’organisation des femmes créée en 1842 sous la direction du prophète Joseph Smith. Elle assure l’enrichissement culturel, social et spirituel des femmes de l’Église et rend également des services compatissants aux familles dans le besoin, d’où le nom Société de secours.

Les autres auxiliaires de l’Église sont la Primaire, responsable de l’enseignement des enfants de moins de douze ans, l’organisation des Jeunes Gens, pour les garçons de douze à dix-huit ans, l’organisation des Jeunes Filles pour les filles du même groupe d’âge et l’organisation de l’École du Dimanche, qui gère l’enseignement dominical de la doctrine de l’Évangile aux jeunes et aux adultes.

Les officiers et les instructeurs locaux de l’Église ne reçoivent aucune rémunération. Aucune formation officielle n’est exigée pour détenir des postes dans l’Église et il n’y a aucune espèce de carrière sacerdotale (voir Participation et direction laïques). Une personne reçoit un appel, une invitation officielle, à remplir un poste déterminé par les autorités de l’Église responsables de l’unité de l’Église concernée ; ces appels se font sous l’inspiration divine.

Des offices religieux réguliers ont lieu dans chaque paroisse. Les membres de la paroisse se réunissent chaque dimanche pour un service général de culte appelé réunion de Sainte-Cène. La Sainte-Cène est bénie et distribuée, les affaires de paroisse sont traitées, on chante des cantiques et des membres de l’assemblée font des discours inspirants sur des sujets d’Évangile. Les membres se réunissent aussi chaque dimanche en groupes plus restreints de prêtrise ou d’organisations auxiliaires. En tout, les réunions officielles du dimanche peuvent durer jusqu’à trois heures. Les communautés de saints des derniers jours participent à tout un mode de vie et une famille typique est susceptible de passer plusieurs heures chaque semaine à des activités, des réunions et du service en rapport avec l’Église (voir Réunions principales de l’Église). Les conférences régulières de paroisse, de pieu, de région, d’interrégion et générales assurent la continuité et l’intégration dans l’ensemble de la communauté de l’Église.

Les saints des derniers jours considèrent la famille comme l’unité de base de l’Église et de la société et mettent l’accent sur la sainteté du mariage et l’importance des liens familiaux. Les mormons croient que le mariage et les relations familiales peuvent continuer au-delà de cette vie dans les éternités, que les hommes et les femmes sont égaux aux yeux de Dieu et que les bénédictions de l’Évangile tournent autour de la famille.

Dans le passé, les observateurs ont pu considérer l’Église comme étant essentiellement un phénomène propre à l’Ouest des États-Unis ou du moins comme une église américaine. Cependant, en 1990, presque quarante pour cent des membres vivaient en dehors des États-Unis. La croissance internationale de l’Église a été rapide depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, particulièrement en Amérique latine, dans le Pacifique sud, en Australie et dans des régions de l’Asie et de l’Afrique. Cette croissance a sans doute été le plus grand défi que l’Église a dû relever ces dernières décennies. À la fin de 1990, presque 50.000 membres faisaient une mission d’un à trois ans, la majorité d’entre eux en dehors des États-Unis. Ce corps de missionnaires, devenu expert dans beaucoup de langues, donne une dimension cosmopolite à l’Église contemporaine.

Parlant au prophète Joseph Smith, le Seigneur a décrit l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours comme « la seule Église vraie et vivante sur toute la surface de la terre et en laquelle moi, le Seigneur, je me complais » (D&A 1:30).
BRUCE DOUGLAS PORTER

Église et État
Auteur : Durham, W. Cole

Les saints des derniers jours croient que la séparation de l'Église et de l'État est essentielle dans les sociétés modernes avant l’arrivée du millénium. Les Écritures modernes enseignent que les lois civiles ne doivent pas s’ingérer dans les pratiques religieuses et que les institutions religieuses ne doivent pas manipuler les gouvernements à leur profit. De nombreux enseignements chez les saints mettent l'accent sur le rôle des gouvernements dans la protection de la liberté de conscience individuelle. L'Église est active dans des pays ayant différents types de gouvernement et encourage ses membres à participer à la vie publique et à respecter les lois du pays (voir Devoirs civiques). Les pratiques des saints avaient tendance à être plus intégrationnistes et plus théocratiques dans les premiers temps d’isolation en Utah et sont devenues plus séparatistes au vingtième siècle.

Le discours au sein de l'Église sur les questions relatives à l'Église et l'État se situe au moins à deux niveaux : (1) dans les discussions sur les relations Église-État historiques et contemporaines et (2) dans les discussions sur les paramètres idéaux, tels qu'ils existeront au millénium, quand « le Christ régnera personnellement sur la terre » (10e art. de foi) ou dans le Royaume céleste.

Les principes du libre arbitre et de la liberté de conscience, qui sont fondamentaux dans la relation Église-État, s’appliquent aux deux plans du discours. Cependant, les implications institutionnelles de ces principes sont différentes dans les deux contextes. Dans le monde actuel, où les croyants sont soumis aux imperfections du gouvernement humain, la séparation de l'Église et de l'État est indispensable à la protection de la liberté religieuse. En revanche, sur le plan idéal, les saints des derniers jours s’attendent à des institutions théocratiques plus intégrées ou à ce que Joseph Smith a appelé des institutions « théodémocratiques » (T & S 5, 15 avril 1844, p. 510), tant à cause de la légitimité inhérente du règne divin que parce que ceux qui participeront aux sociétés millénaires ou célestes accepteront volontiers ce genre de gouvernement. Néanmoins, les prophètes mormons ont toujours enseigné que même dans la société millénaire la liberté de conscience sera respectée. Par exemple, Brigham Young a déclaré : « Au cours du Millénium les hommes auront droit à leur propre croyance » (JD 12:274; cf. DS 3:63-64). L'Église ne préconise pas la théocratie pour le monde prémillénaire. Elle dit à ses membres d’être « soumis aux pouvoirs qui existent jusqu'à ce que règne celui dont c’est le droit de régner" (D&A 58:22), c'est-à-dire, jusqu'à ce que le Christ vienne.

Entre-temps, plusieurs principes sont d'application. Comme nous le disions plus haut, l'idée fondamentale est que les êtres humains ont le libre arbitre et un certain nombre de droits humains inhérents, notamment « la liberté de conscience » (D&A 134:2). L'Église déclare : « Nous croyons que la religion est instituée par Dieu, et que les hommes sont responsables… devant lui seul, de l'exercice de leur religion, à moins que leurs opinions religieuses ne les portent à empiéter sur les droits et les libertés d'autrui … que les magistrats civils doivent réprimer le crime, mais ne doivent jamais contraindre la conscience ; punir les délits, mais ne jamais supprimer la liberté de l'âme » (D&A 134:4). Cette reconnaissance de la liberté de conscience inclut une volonté de tolérance, comme le souligne le onzième article de foi de l'Église : « Nous affirmons avoir le droit d'adorer le Dieu Tout-Puissant selon les inspirations de notre conscience et reconnaissons le même droit à tous les hommes: qu'ils adorent comme ils veulent, où ils veulent ou ce qu'ils veulent. »

Un corollaire de la liberté de conscience, c'est que les lois humaines n'ont pas le droit « de s'immiscer en prescrivant des règles de culte pour enchaîner la conscience des hommes, ni de dicter des formes de dévotion publique ou privée » (D&A 134:4). Ce principe de non-ingérence de l'État dans les affaires religieuses implique qu’il proscrit non seulement toute atteinte à la pratique individuelle, mais aussi toute atteinte à l'autonomie de l'Église en tant qu’institution poursuivant sa mission religieuse. La position de l'Église à cet égard a reçu l’aval de la Cour suprême des États-Unis dans Corporation de l'évêque président de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours et al. c. Amos et al. (483 US 327, 1987) et est conforme à la conception internationale de la liberté religieuse (par exemple, le Principe 16 du Document de clôture de la réunion de Vienne de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, 1989). Conformément à cette position, l'Église croit qu’elle doit conserver une indépendance stricte pour elle-même et pour les institutions qui lui sont affiliées, comme les écoles et les universités gérées par elle, et par conséquent n'accepte aucune aide ou subvention directe provenant de sources gouvernementales à cause de l'ingérence réelle ou potentielle dans la gestion que cela pourrait entraîner.

L'Église tient également à la séparation de l'Église et de l'État du point de vue religieux. «Nous ne croyons pas qu'il soit juste de mêler l'influence religieuse au gouvernement civil, de sorte qu'une organisation religieuse est favorisée et qu'une autre se voit entravée dans ses droits spirituels et que ses membres se voient dénier personnellement leurs droits de citoyens. » (D&A 134:9). Cela ne signifie pas que l'Église ne peut pas prendre position sur des questions morales ou autres lorsqu’elle est motivée religieusement à le faire ou que des valeurs religieuses risquent d’être mises à l’écart de la vie publique ; cela ne signifie pas non plus que l'Église ne peut pas avoir une influence indirecte sur l'État suite aux efforts qu’elle fait pour enseigner des principes religieux et pour apporter une contribution positive dans la vie de ses membres. Ce que cela veut dire, c’est qu'il ne convient pas qu’une organisation religieuse manipule les rouages du pouvoir civil pour s’assurer des avantages pour elle-même ou des inconvénients pour les autres.

L'Église ne se considère pas comme une organisation de ce monde. Elle utilise les structures juridiques, telles que les sociétés ou autres organisations qui sont à sa disposition dans divers pays pour régler ses affaires temporelles et elle se conforme à toutes les exigences légales que cela implique, mais son autorité spirituelle ne dépend d’aucune institution profane. Les saints des derniers jours croient que leur Église est établie et guidée par Dieu par l’intermédiaire d’un prophète et d’apôtres qui détiennent les clés et l'autorité de la prêtrise requises pour enseigner les vérités de l'Évangile et pour officier dans les ordonnances nécessaires au salut et à l'exaltation.

L'Église enseigne l'importance du gouvernement et encourage ses membres à respecter la loi du pays où ils vivent. Les lois et les gouvernements humains sont certes imparfaits, mais ils jouent un rôle important en ce qu’ils préservent l’ordre et qu’ils assurent un contexte stable au sein duquel les individus peuvent chercher la vérité et s'efforcer de vivre selon ce que leur dicte leur conscience. Les autorités gouvernementales sont responsables devant Dieu «de leurs actes… tant pour la promulgation de lois que pour leur application pour le bien et la sécurité de la société » (D&A 134:1; cf. 124:49-50).

L’application dans l'histoire des principes qui précèdent a connu plusieurs phases. Dans la phase la plus ancienne, l'Église était essentiellement un petit groupe religieux persécuté cherchant la liberté religieuse et un endroit pour s'installer, tout d'abord dans l'ouest de l’état de New York, puis en Ohio, au Missouri et en Illinois. Pendant une grande partie de cette période, l'Église s'est fortement appuyée sur sa propre organisation pour gérer sa structure sociale. La Charte de Nauvoo a permis certains chevauchements entre l’Église et l’État. Vers la fin de la période de Nauvoo, Joseph Smith organisa le Conseil des cinquante, qui devait fournir un cadre potentiel au sein duquel le règne millénaire de Christ pourrait être organisé.

Pendant l'exode de Nauvoo jusqu’au Grand Bassin, qui eut lieu au milieu du XIXe siècle, l’organisation sociale, politique et économique fut gérée par l'Église, puisqu’il n’existait aucune autre organisation efficace. Les dirigeants de l'Église travaillèrent à la création d’institutions gouvernementales distinctes, d'abord sous la forme d'un État de Deseret, puis dans le Territoire d'Utah et à la poursuite des efforts pour que l'Utah obtienne le statut d’État. Cependant, durant une grande partie du XIXe siècle, le gouvernement fédéral en particulier se révéla être une force hostile plutôt qu'une force neutre dans la collectivité. Cela renforça la tendance dans l'Église à gérer la société par ses propres moyens. Le rêve d’édifier Sion contribua aussi à la tendance à passer par l'Église.

Lorsque le manifeste mit officiellement fin au mariage plural en 1890 et que l’Utah fut devenu un État en 1896, les tensions entre l'Église et les institutions de l'État se tassèrent progressivement et la confiance réciproque grandit. C’est pourquoi, au cours du XXe siècle, l'Église a poursuivi plus systématiquement une politique de séparation et a été libre de mettre l’accent sur sa mission essentiellement spirituelle. Elle existe maintenant dans plus de cent pays et cette internationalisation a encore renforcé l'idée que la mission essentielle de l'Église peut s’accomplir dans un large éventail de systèmes juridiques et politiques tant qu'il y a une séparation suffisante de l'Église et de l'État pour protéger efficacement la liberté religieuse. Les enseignements de l'Église renforcent chez ses membres une constellation de valeurs que la plupart des gouvernements considèrent comme bienvenues : la stabilité familiale, l’honnêteté, le travail, le refus de la drogue, la loyauté envers le pays et l'obéissance à la loi. Il en résulte que, si l'Église contribue au pluralisme religieux partout où elle se trouve, elle contribue simultanément à la stabilité sociale et à l'amélioration de diverses sociétés. [Voir aussi Devoirs civiques ; Lois constitutionnelles ; Histoire juridique et judiciaire de l'Eglise ; Politique : histoire politique ; Politique : enseignements politiques.]

Bibliographie
Firmage, Edwin Brown et Richard Collin Mangrum. Zion in the Courts: A Legal History of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 1830 -1900. Urbana, Ill., 1988.
Jensen, Therald N. "Mormon Theory of Church and State." thèse de doctorat, Université de Chicago, 1938.
Mangrum, Richard Collin. "Mormonism, Philosophical Liberalism, and the Constitution." BYU Studies 27, été 1987, p. 119-137.
Melville, J. Keith. "Theory and Practice of Church and State During the Brigham Young Era." BYU Studies 3, automne 1960, p. 33-55.
Taylor, John. The Government of God. Liverpool, 1852.
W. COLE DURHAM, JR.

 
Élie

[À cause du rôle qu’il doit jouer selon la prophétie (Mal. 4:5-6), Élie est devenu un sujet de traditions et de légendes comme l’explique l’article Élie : Sources antiques. De plus, comme l’exprimé l’article Élie : Sources de l’Église, les enseignements modernes éclairent le rôle actuel d’Élie aussi bien que l’accomplissement de l’attente prophétique qui lui est associée.]

Élie : Sources de l’Église
Auteur : DAY, FRANKLIN D.
 
Lors d’une manifestation divine accordée le soir du 21 septembre 1823 au jeune Joseph Smith, l’ange Moroni cita Malachie 4:5-6, une prophétie qui concerne les activités d’Élie dans les derniers jours. La version de Moroni, qui diffère du texte biblique actuel, décrit et éclaircit le rôle prophétisé d’Élie :

« Voici, je vous révélerai la Prêtrise par la main d'Élie, le prophète, avant que le jour de l'Éternel arrive, ce jour grand et redoutable. Et il implantera dans le cœur des enfants les promesses faites aux pères, et le cœur des enfants se tournera vers leurs pères ; s'il n'en était pas ainsi, la terre serait entièrement dévastée à sa venue » [JS–H 1:38-39 ; D&A 2].

La prophétie de Malachie prévoyait qu’Élie jouerait un rôle important « avant que le jour de l'Éternel arrive, ce jour grand et redoutable » (Mal. 4:5). Élie était doté du pouvoir de la prêtrise de Dieu. Avec ce pouvoir, il déclara au roi Achab qu’aucune pluie ne tomberait sur la terre (1 R. 17:1). En conséquence, les cieux furent scellés et l’Israël antique connut, pendant trois ans et demi, une période de sécheresse désastreuse. Quand Élie fut enlevé au ciel sur un char de feu, sa mission terrestre semblait terminée. Mais le pouvoir de scellement qu’il exerçait ne faisait que marquer le commencement de sa responsabilité concernant ce pouvoir éternel de la prêtrise.

À la fin de sa vie terrestre, Élie fut enlevé, c’est-à-dire qu’il connut une sorte de changement par rapport à la condition mortelle sans passer par la mort (voir Êtres enlevés). Les saints des derniers jours concluent qu’une raison importante de l’enlèvement d’Élie était de lui permettre de revenir sur terre pour conférer des clefs d’autorité aux trois principaux apôtres avant la crucifixion et la résurrection de Jésus (voir Montagne de la Transfiguration). Puisque les esprits ne peuvent pas imposer les mains aux mortels (D&A 129) et puisque Moïse et Élie ne pouvaient pas revenir comme êtres ressuscités parce que Jésus devait être le premier à ressusciter (Packer, p. 109 ; cf. EPJS, p. 153), la nécessité de l’enlèvement d’Élie et de Moïse est évidente. Sur la montagne de la Transfiguration (Mt. 17:1-9), Élie rétablit spécifiquement les clefs de prêtrise du scellement, le pouvoir qui lie et valide dans les cieux toutes les ordonnances accomplies sur la terre (cf. EPJS, p. 273).

Le 3 avril 1836, dans une vision donnée à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le temple récemment terminé de Kirtland, Élie apparut et annonça que le moment était venu où la prophétie de Malachie devait s’accomplir. Il conféra les clefs de scellement de la prêtrise à Joseph Smith et à Oliver Cowdery (D&A 110:13-16). Ce rétablissement était nécessaire pour que les ordonnances de scellement et les alliances de Dieu puissent être administrées en justice sur la terre (DS 2:116). Joseph Smith expliqua : 

« L’esprit, le pouvoir et l’appel d’Élie c’est que vous avez le pouvoir de détenir les clefs des révélations, des ordonnances, des oracles, des pouvoirs et des dotations de la plénitude de la Prêtrise de Melchisédek et du royaume de Dieu sur la terre et de recevoir, d’obtenir et d’accomplir toutes les ordonnances appartenant au royaume de Dieu… Ce que vous scellez sur la terre, par les clefs d’Élie, est scellé au ciel ; et c’est là le pouvoir d’Élie » [EPJS, p. 273].

Par le pouvoir de scellement de la prêtrise, hommes et femmes peuvent être scellés l’un à l’autre dans le mariage pour toute l’éternité dans un des temples de Dieu. En outre, les enfants peuvent être scellés pour toujours à leurs parents. Ainsi l’organisation familiale continue éternellement (Sperry, p. 139).

Parce que beaucoup sont morts sans la connaissance des principes de l’Évangile ni l’occasion de recevoir les ordonnances de la prêtrise, la mission moderne d’Élie permet de faire accomplir ces ordonnances de scellement par procuration sur la terre pour ceux qui sont morts, donnant ainsi à tous la possibilité d’être sauvés (cf. DS 2:117-118). Le prophète Joseph Smith a proposé l’explication suivante : 

« L’esprit d’Élie doit venir, l’Évangile doit être rétabli… et les saints monter comme sauveurs sur le mont de Sion. Mais comment vont-ils devenir sauveurs sur le mont de Sion ? En construisant leurs temples, en érigeant leurs fonts baptismaux et en s’avançant et en recevant toutes les ordonnances, les baptêmes, les confirmations, les ablutions, les onctions, les ordinations et les pouvoirs de scellement sur leur tête en faveur de tous leurs ancêtres qui sont morts, et en les rachetant… et c’est en cela que se trouve la chaîne qui lie le cœur des pères aux enfants et les enfants aux pères, ce qui accomplit la mission d’Élie » [EPJS, p. 267].

Quand ils parlent de l’esprit d’Élie (voir Élie, Esprit d’), les saints des derniers jours veulent dire au moins deux choses. D’abord, la promesse du salut faite aux pères a été renouvelée à l’Église moderne (JS–H 1:38-39 ; D&A 27:9-10). En second lieu, le cœur des hommes et des femmes s’est considérablement tourné vers leurs pères comme le prouve l’augmentation spectaculaire du nombre de sociétés et de bibliothèques généalogiques, ainsi que d’organisations de recherche généalogique ou d’histoire familiale diverses dans une grande partie du monde. L’esprit d’Élie a motivé des milliers de personnes à faire des investissements considérables en argent et en temps pour découvrir les documents des ancêtres de leur famille et pour réunir ces documents pour former une histoire familiale (DS 2:122-126 ; voir Généalogie, Histoire familiale). En plus des nombreux centres d’histoire familiale, l’Église a construit beaucoup de temples où les ordonnances salvatrices sacrées de la prêtrise peuvent être accomplies pour les vivants et les morts (voir Salut des morts).

Bibliographie
Packer, Boyd K. Le Temple sacré. Salt Lake City, 1980.
Smith, Joseph Fielding. DS 2:100-128. Salt Lake City, 1955.
Sperry, Sidney B. The Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
Widtsoe, John A. "Elijah, The Tishbite." Utah Genealogical and Historical Magazine 27, avril 1936, p. 53-60.
FRANKLIN D. DAY 

Élie : Sources antiques
Auteur : WERBLOWSKY, R.J. ZVI
 
Élie, dans la tradition juive, était un prophète israélite qui était actif dans le royaume du nord pendant les règnes du roi Achab (et sa femme Jézabel) et du roi Achazia (IXe s. av. J.-C.). Son nom est peut-être un surnom : Eli-yahu (YHWH, ou Jéhovah, est Dieu), exprimant sa mission première comme prophète : le culte exclusif et pur de YHWH et l’opposition intransigeante au culte cananéen païen de Baal. Ses activités sont décrites dans 1 Rois 17-2 Rois 2, et expliquent qu’il soit devenu dans la tradition juive le symbole du zèle religieux intransigeant. Ce dernier connut son point culminant dramatique dans son affrontement sur le mont Carmel avec les prêtres de Baal après une longue période de sécheresse dont Élie avait prophétisé qu’elle viendrait comme châtiment pour le culte idolâtre de Baal. (L’ordre monastique catholique des Carmélites, prenant pour modèle la vie ascétique d’Élie dans le désert, le considère comme son père spirituel.) Contrairement aux prophètes « littéraires » ultérieurs, Élie est également décrit comme faiseur de miracles, mais il a en commun avec eux la forte insistance sur la justice sociale, comme le prouve son autre grand différend avec le roi et la reine à propos de la vigne de Naboth (1 R. 21) que le couple royal convoitait.

Selon le récit biblique, Élie ne connut pas une mort ordinaire mais fut enlevé au ciel dans un tourbillon par un char de feu tiré par des chevaux de feu. Par conséquent, à la différence des autres prophètes, un grand nombre de légendes et de croyances sont apparues à son sujet. On dit qu’il revient fréquemment sur terre, habituellement déguisé en paysan, en mendiant ou même en païen incognito pour aider ceux qui sont dans la détresse ou en danger, disparaissant aussi soudainement qu’il est apparu. On dispose une chaise et on verse une coupe de vin pour Élie à chaque célébration de la pâque. On croit aussi qu’il est présent à chaque cérémonie de circoncision et une chaise spéciale (« la chaise d’Élie ») pour sa présence invisible est placée à côté de celle du parrain qui tient le bébé masculin. Cette croyance particulière peut être due à deux facteurs : le statut angélique d’Élie (puisqu’il est monté au ciel) et le fait que le prophète Malachie l’appelle « le messager de l’alliance » (Mal. 3:1). Dans l’usage juif, le terme berith (« alliance ») signifie plus spécifiquement « l’alliance de la circoncision » (cf. Ge. 17:9-10). Élie joue également un rôle important dans le mysticisme juif où il apparaît comme messager céleste révélant des mystères divins.

Mais il y a quelque chose de plus important que tous les autres aspects, c’est le rôle eschatologique d’Élie dans la tradition juive. Comment et pourquoi ce rôle s’est développé, c’est quelque chose de difficile à reconstituer, mais dès le temps de Malachie, l’un des derniers prophètes de l’Ancien Testament, certaines de ces croyances semblent avoir déjà existé : « Voici, je vous enverrai Élie, le prophète, avant que le jour de l’Éternel arrive, ce jour grand et redoutable » (Mal. 4:5). Élie a graduellement assumé le rôle de précurseur du Messie et de messager annonçant sa venue. Certains des contemporains de Jésus (cf. Mt. 16:13-14) semblent avoir pensé qu’il pouvait être Élie (Mt. 11:14 ; 17:10-13) d’une manière qui suggère que Jean-Baptiste, comme précurseur et héraut du Messie, était Élie, c’est-à-dire qu’il s’acquittait de sa fonction eschatologique. Les écrits apocryphes ultérieurs (par exemple, l’Apocalypse d’Élie) rattachent à Élie les « révélations » concernant les dernières choses qu’ils rapportent. Des éléments des traditions et des légendes juives sur Élie ont également été adoptés et développés de différentes manières par l’islam.

Bibliographie
"Elijah." Encyclopaedia Judaica, vol. 6. Jérusalem, 1972.
Il y a un recueil pratique des sources juives post-bibliques dans Louis Ginzberg, Legends of the Jews, vol. 6, 3ème réimpression. Philadelphie, Pennsylvanie, 1967, p. 133-135 (sous « Elijah »). On peut trouver un très bon résumé dans M.J. Stiassny, "Le Prophète Élie dans le Judaïsme", dans Élie le Prophète, Études Carmélitaines, vol. 2, 1956, p. 199-255.
Pour les traditions islamiques, voir « Ilyas » et « Al-Khadir » dans Encyclopaedia of Islam.
R.J. ZVI WERBLOWSKY
 
Élie, Esprit d’
Auteur : FINLAYSON, MARY
 
Pour les membres de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, l'esprit d'Élie est l'esprit de la parenté et de l'unité de la famille. C'est l'esprit qui motive le souci de découvrir les membres de la famille ancestrale par l’histoire familiale et d’accomplir en leur faveur des baptêmes par procuration, des dotations au temple et des ordonnances de scellement (HC 6:252). Ceci est considéré comme l’accomplissement de la prophétie de Malachie que dans les derniers jours Élie « ramènera le cœur [en hébreu, la partie la plus intime, comme l’âme, les affections] des pères à leurs enfants, et le cœur des enfants à leurs pères » (Mal. 4:5-6).

L'apparition d'Élie en 1836 au prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland a renouvelé cet esprit (D&A 110:13). L'esprit d'Élie est actif dans l'impulsion que l’on ressent à trouver et à chérir les membres de la famille et les liens familiaux passés et présents. Au sens global du terme, l'esprit d'Élie est l'esprit d'amour qui pourra finalement vaincre toutes les aliénations de la famille humaine. Alors le pouvoir de la prêtrise pourra lier les générations entre elles dans des relations familiales éternelles et « sceller les enfants aux pères et les pères aux enfants » dans l'Évangile de Jésus-Christ (WJS, P. 329).

Bibliographie
Smith, Joseph Fielding. "Elijah the Prophet and His Mission." Utah Genealogical and Historical Magazine 12, janvier 1921, p. 1-20.
MARY FINLAYSON
 
Élohim
Auteur : MESERVY, KEITH H.

Élohim (Dieu ; dieux ; Père céleste) est la forme plurielle du nom ‘eloah (comparer avec l’arabe Allah) dans la bible hébraïque, où elle est employée 2.570 fois par rapport à 57 fois pour le singulier. Mais comme un commentateur l’a noté, la raison pour laquelle cette « forme plurielle pour désigner Dieu est employée n’a pas encore été expliquée d’une manière satisfaisante » (Botterweck, vol. 1, p. 272).

UTILISATION AU SINGULIER. Élohim apparaît dans la Bible hébraïque comme nom commun identifiant le Dieu d’Israël : « Au commencement, Dieu [elohim] créa [verbe singulier] les cieux et la terre » (Ge. 1:1). Il était également souvent employé parallèlement à Jéhovah, nom propre du Dieu d’Israël : « Jacob dit : Dieu [elohim] de mon père Abraham… Éternel [Jéhovah] qui m’as dit : Retourne dans ton pays » (Ge. 32:9 ; voir aussi Jéhovah, Jésus-Christ).

Les saints des derniers jours emploient le nom Élohim dans un sens plus restrictif comme nom propre et titre pour désigner le Père céleste (voir le Dieu le Père). La Première Présidence de l’Église a écrit : « Dieu, le Père éternel, que nous désignons sous le nom-titre exalté ‘Élohim’, est le Père littéral de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ et des esprits du genre humain » (MFP 5:26 ; voir aussi les Exposés doctrinaux de la Première Présidence, « Le Père et le Fils » dans les annexes du vol. 4).

UTILISATION AU PLURIEL. Les anciens Israélites utilisaient aussi élohim comme forme plurielle pour désigner les dieux de nations autres qu’Israël. En de telles occasions, les verbes et les adjectifs utilisés avec ce nom étaient également au pluriel. « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » (Ex. 20:3 ; ici « autres » est un adjectif au pluriel).

Il arrive que les saints des derniers jours emploient Élohim dans son sens pluriel comme nom commun désignant la pluralité des dieux que l’on sait exister (EPJS, p. 300-303). Cependant, en dépit de leur croyance qu’il existe beaucoup de seigneurs et de dieux en plus d’Élohim, de Jéhovah et du Saint-Esprit (D&A 121:28-32), ils suivent l’exemple de Jésus et de Paul, qui adoraient leur Père céleste (Mt. 19:17 ; 1 Co. 8:4-6).

Bibliographie
Botterweck, G. Johannes, et Helmer Ringgren, dir. de publ. « Elohim ». Dans Theological Dictionary of the Old Testament, éd. rév., vol. 1, p. 267-284. Grand Rapids, Mich., 1977.
KEITH H. MESERVY
 
Éphraïm
Auteur : SMITH, BRIAN L.

Éphraïm était le fils de Joseph et d’Asenath et le frère cadet de Manassé (Ge. 41:50-52). Selon la Bible, quand Joseph amena ses deux fils à son père, Jacob, pour une bénédiction, Éphraïm reçut la bénédiction du droit d’aînesse au lieu de Manassé (Ge. 48:13-20), l’un des écarts que l’on trouve dans la Bible par rapport à la coutume d’accorder au fils aîné les droits spéciaux qui lui revenaient par droit de primogéniture. Le Seigneur continua à reconnaître la bénédiction d’Éphraïm des siècles plus tard quand il dit : « Je suis un père pour Israël, et Éphraïm est mon premier-né » (Jé. 31:9 ; cf. 1 Ch. 5:1-2). Les descendants d’Éphraïm continueront à exercer un rôle important. Le Livre de Mormon rapporte que le Joseph d’autrefois « a obtenu du Seigneur la promesse que, du fruit de ses reins, le Seigneur Dieu susciterait une branche juste à la maison d'Israël, non pas le Messie, mais une branche qui serait rompue pour être néanmoins gardée en mémoire dans les alliances du Seigneur » (2 Né 3:5). De plus, « un voyant de choix » sortirait des descendants de Joseph, voyant qui allait « accomplir, pour le fruit [des reins de Joseph], ses frères, une œuvre qui aura une grande valeur pour eux, à savoir, de les faire parvenir à la connaissance des alliances que [le Seigneur a] faites avec tes pères » (2 Né. 3:7). Beaucoup de saints des derniers jours croient qu’ils sont de la branche d’Éphraïm sur laquelle Joseph a prophétisé (2 Né. 3:5-16 ; D&A 133:30-34) et que le prophète Joseph Smith est le « voyant de choix » (3 Né. 3:6).

En raison de leur rébellion contre le Seigneur il y a de nombreux siècles, les descendants d’Éphraïm ont été dispersés parmi les nations des Gentils, avec des membres des autres tribus, à partir de la chute du royaume d’Israël v. 722 av. J.-C. (2 R. 17:5-6 ; voir aussi Israël : Dispersion d’Israël ; Israël : Tribus perdues d’Israël).

Dans les derniers jours, les descendants d’Éphraïm ont la bénédiction et la responsabilité de porter le message du rétablissement de l’Évangile au monde et de rassembler Israël dispersé (D&A 113:3-6). « Nous croyons au rassemblement littéral d'Israël et au rétablissement des dix tribus. Nous croyons que Sion (la nouvelle Jérusalem) sera bâtie sur le continent américain » (10e A de F ; cf. De. 4:27-31 ; 28 ; 29 ; 30 ; 3 Né. 20-21). Le 3 avril 1836, Moïse a remis les clefs du rassemblement d’Israël au prophète Joseph Smith dans le temple de Kirtland (D&A 110:11). Beaucoup de descendants d’Éphraïm sont rassemblés d’abord, parce qu’ils ont la responsabilité de préparer la voie au rassemblement des autres tribus (D&A 113). « Et ils [d’autres des tribus d’Israël] apporteront leurs riches trésors aux enfants d'Éphraïm, mes serviteurs… Et là, ils tomberont et seront couronnés de gloire en Sion, par les mains des serviteurs du Seigneur, c'est-à-dire les enfants d'Éphraïm. Et ils seront remplis de cantiques de joie éternelle » (D&A 133:30-33 ; voir aussi Israël : Rassemblement d’Israël).

Un des instruments qui seront utilisés dans le rassemblement est le Livre de Mormon, également connu parmi des saints des derniers jours comme étant le bois de Joseph ou bois d’Éphraïm (Éz. 37:15-19 ; 2 Né. 3:12 ; D&A 27:5). Il doit jouer le rôle important de convaincre les Lamanites, les Juifs et les Gentils que Jésus est le Messie et que Dieu se souvient de son peuple de l’alliance (voir Livre de Mormon : Page de titre du Livre de Mormon).

Pour les saints des derniers jours, l’identification de la lignée d’une personne dans l’Israël de l’alliance moderne se fait sous les mains de patriarches inspirés lors de bénédictions patriarcales qui déclarent le lignage. John A. Widtsoe, un apôtre, a dit : « En donnant une bénédiction, le patriarche peut déclarer notre lignage, c’est-à-dire que nous sommes d’Israël, donc de la famille d’Abraham et d’une tribu spécifique de Jacob. Dans la grande majorité des cas, les saints des derniers jours sont de la tribu d’Éphraïm, la tribu à laquelle a été confiée la direction de l’œuvre des derniers jours. Peu importe que ce lignage soit par le sang ou par adoption » (p. 73 ; cf. Abr. 2:10).

Les bénédictions patriarcales de la plupart des saints des derniers jours disent qu’ils sont descendants littéraux par le sang d’Abraham et d’Israël. Ceux qui ne sont pas descendants littéraux sont adoptés dans la famille d’Abraham quand ils reçoivent le baptême et la confirmation (voir Loi de l’adoption). Ils ont alors tous les droits des héritiers (EPJS, p. 117-119). Cette doctrine de l’adoption était comprise des prophètes et des apôtres d’autrefois (par exemple, Ro. 11 ; 1 Né. 10:14 ; Jcb. 5 ; cf. D&A 84:33-34).

Bibliographie
McConkie, Bruce R. A New Witness of the Articles of Faith, p. 541-575. Salt Lake City, 1985.
Smith, Joseph Fielding. DS 3:219-235.
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations, p. 72-77. Salt Lake City, 1943.
BRIAN L. SMITH
 
Épiscopat Président
Auteur : DYER, Wm. GIBB, Jr. et BURTON, H. DAVID

L’Épiscopat Président se compose de trois hommes, l’évêque président et ses deux conseillers, qui constituent l’un des conseils présidents de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Ces Autorités générales, qui détiennent chacune le titre d’évêque, remplissent leurs fonctions sous la supervision directe de la Première Présidence. Depuis sa formation, l’Épiscopat Président a été responsable de beaucoup d’affaires temporelles de l’Église. Parmi celles-ci, la responsabilité de recevoir, distribuer et comptabiliser la dîme, les offrandes et les contributions des membres ; la gestion des programmes pour aider les pauvres et les nécessiteux ; la conception, la construction et l’entretien des lieux de culte et l’apurement et le transfert des certificats de membre (voir Évêque, Histoire de l’office ; Contributions financières ; Tenue des registres ; Entraide). Les hommes choisis pour être évêques présidents ont été connus pour leur compétence en matière de gestion ainsi que pour leur engagement religieux. Historiquement, l’Épiscopat Président a présidé la Prêtrise d’Aaron. En tant qu’Autorités générales, les membres de l’Épiscopat Président parlent régulièrement aux conférences générales, s’adressant souvent expressément aux jeunes hommes de l’Église.

L’évêque président est choisi par la Première Présidence et puis approuvé par le Collège des douze apôtres. Il choisit comme conseillers deux hommes qui sont également approuvés par la Première Présidence et le Collège des Douze. Tous sont ensuite soutenus par les membres de l’Église. L’évêque président et ses conseillers sont mis à part et investis par la Première Présidence et reçoivent les clefs et l’autorité de prêtrise pour agir dans leurs fonctions respectives. Au début, les évêques présidents détenaient leur office à vie, mais au XXe siècle ils ont été relevés et remplacés selon que les circonstances et les besoins de l’Église l’ont dicté.

Le 4 février 1831, le prophète Joseph Smith a appelé Edward Partridge comme premier évêque de l’Église. Celui-ci allait passer la majorité de son temps à gérer la réception, la vérification et l’affectation des biens consacrés et des dons reçus par l’Église (voir Consécration : Loi de consécration ; Dons de jeûne ; Dîme). Il devait prendre soin des pauvres et des nécessiteux et stocker les produits excédentaires pour les besoins futurs de l’Église. Après l’appel de l’évêque Partridge, il fut révélé à Joseph Smith que d’autres évêques seraient choisis. Le 4 décembre 1831, Newel K. Whitney fut également appelé, par révélation (D&A 72:8), pour remplir les fonctions d’évêque. Les deux évêques avaient une juridiction différente, Whitney en Ohio et Partridge au Missouri. À Nauvoo, ils avaient tous les deux une juridiction générale, mais ils supervisaient également les dons et le soin des pauvres dans une paroisse particulière de la ville. En 1847, Newel K. Whitney fut désigné comme premier évêque président.

Pendant toute l’histoire de l’Église, la Première Présidence a confié aux épiscopats présidents des responsabilités étendues mais variables auprès de la Prêtrise d’Aaron et des jeunes de l’Église. En 1873, le président Brigham Young chargea l’Épiscopat Président d’organiser dans la Prêtrise d’Aaron des collèges complets de prêtres, d’instructeurs et de diacres dans toute l’Église. En 1876, il expliqua que le poste d’évêque président était celui de président général de la Prêtrise d’Aaron. En 1937, l’Épiscopat Président se vit confier la responsabilité de la Société d’amélioration mutuelle des jeunes gens et en 1946, celle de la Société d’amélioration mutuelle des jeunes filles. Ces programmes étaient conçus de manière à assurer un équilibre entre l’étude religieuse, l’art de vivre en société, la conscience de la collectivité et l’épanouissement physique pour les jeunes saints des derniers jours (voir Jeunes Gens ; Jeunes Filles). Depuis 1977, la Première Présidence administre directement les programmes de la Prêtrise d’Aaron par l’intermédiaire d’une présidence des Jeunes Gens appelée d’entre les collèges des soixante-dix.

Avant 1847, les évêques Partridge, Whitney et George Miller, le remplaçant de Partridge, étaient évêques généraux de l’Église. Après 1847, les évêques présidents et leurs mandats ont été Newel K. Whitney (1847-1851), Edward Hunter (1851-1883), William B. Preston (1884-1908), Charles W. Nibley (1907-1925), Sylvester Q. Cannon (1925-1938), LeGrand Richards (1938-1952), Joseph B. Wirthlin (1952-1961), Jean H. Vandenberg (1961-1972), Victor L. Brown (1972-1985), Robert D. Hales (1985-1994), Merrill J. Bateman (1994-1995) et H. David Burton (1995-).

Jusqu’aux années 1980, ces hommes rendaient visite aux paroisses et aux pieux, donnaient des sessions de formation pour les évêques aux conférences générales et publiaient des bulletins et de la documentation de formation pour les évêques et les collèges locaux de la prêtrise. À l’heure actuelle, l’Épiscopat Président ne supervise plus directement d’autres évêques ni ne préside des paroisses locales de l’Église.

Comme le stipulent les Écritures, l’Épiscopat Président, la Première Présidence et le Collège des douze apôtres constituent le Conseil pour l’affectation des dîmes (D&A 120). Ce conseil contrôle la réception des dîmes et vérifie les dépenses. Il se réunit périodiquement pour examiner les questions ayant une importance financière et pour autoriser les budgets pour les organisations et les départements de l’Église (voir Finances de l’Église). Les membres de l’Épiscopat Président, désignés par la Première Présidence, font partie, en outre, de divers autres comités et conseils administratifs, exécutifs et directeurs, tels que le Comité d’affectations, le Comité général des services d’entraide, le Conseil exécutif de la prêtrise, le Conseil exécutif du temple et de l’histoire familiale et le Conseil exécutif missionnaire (voir Organisation : Organisation contemporaine).

En 1977, une restructuration importante en matière d’organisation a eu lieu dans l’Église sous la direction de la Première Présidence. Avec la croissance importante du nombre des membres de l’Église, l’Épiscopat Président s’est vu confier des responsabilités beaucoup plus étendues dans le domaine de l’administration temporelle dans le monde entier. Sous la direction de l’Épiscopat Président, des directeurs pour les affaires temporelles ont été envoyés dans un certain nombre d’endroits internationaux pour diriger la gestion de la construction des églises et les temples, celle des certificats de membre et la préparation et la distribution des Écritures et d’autres documents pour le programme d’études. La direction des départements centraux responsables des opérations temporelles a également été confiée à l’Épiscopat Président. Depuis lors, celui-ci nomme les directeurs administratifs pour les divers départements qui soutiennent les activités des directeurs des affaires temporelles, comprenant les finances et les registres, la LDS Foundation, les services d’imprimerie, la distribution du matériel du programme d’études, les achats, la traduction des Écritures et des cours du programme d’études, la confection de vêtements du temple, le transport, les systèmes informatiques et la communication, la sécurité, les investissements, les temples et les chantiers spéciaux de construction et de transformation, les acquisitions et les ventes immobilières, la construction d’églises, la production et la manutention de l’entraide, les LDS Social Services et la gestion des propriétés.

En 1986, la Première Présidence a appelé des présidences d’interrégion pour superviser les activités ecclésiastiques dans des régions géographiques déterminées dans le monde. Ces présidences d’interrégion assurent actuellement la supervision directe des directeurs des affaires temporelles dans les secteurs internationaux, de l’entraide et des bâtiments aux États-Unis et au Canada. L’Épiscopat Président, ainsi que les départements centraux, assurent la formation, l’évaluation, la planification des effectifs, l’appui technique et la conception des programmes pour aider les présidences d’interrégion dans leur rôle.
 
Bibliographie 
Cowan, Richard O. The Church in the Twentieth Century, p. 140, 270, 297, 406-407, 420. Salt Lake City, 1985.
Palmer, Lee A. Aaronic Priesthood Through the Ages, p. 321-331. Salt Lake City, 1964.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. rév., p. 277-279. Salt Lake City, 1954.
H. DAVID BURTON 
WM. GIBB DYER, JR
 
Ésaïe

[L’accent que les Écritures modernes mettent sur les paroles d’Ésaïe rend nécessaire un traitement de ses écrits sous quatre titres :
Ésaïe : Paternité littéraire
Ésaïe : Textes dans le Livre de Mormon
Ésaïe : Interprétations dans les Écritures modernes
Ésaïe : Commentaires sur Ésaïe
L’article « Ésaïe : Paternité littéraire » traite de la thèse qu’à la lumière de l’existence d’un texte d’Ésaïe en la possession de peuples du Livre de Mormon dès 600 av. J.-C., le livre d’Ésaïe n’a qu’un seul auteur. L’article « Ésaïe : Textes dans le Livre de Mormon » traite de ce que l’on peut apprendre sur l’histoire du texte du livre d’Ésaïe grâce aux passages conservés dans le Livre de Mormon. Une grande partie du texte d’Ésaïe qui est conservée et commentée dans les Écritures modernes concerne les derniers jours, un sujet repris dans l’article « Ésaïe : Interprétations dans les Écritures modernes ». L’intérêt pour Ésaïe qui en est résulté chez les saints a donné lieu à un certain nombre d’études qui sont traitées dans l’article « Ésaïe : Commentaires sur Ésaïe ».]

Ésaïe : Paternité littéraire
Auteur : LUDLOW, VICTOR L.

De tous les écrits de l’Ancien Testament, c’est le message d’Ésaïe qui a la priorité chez les saints des derniers jours. Cette focalisation découle principalement de l’utilisation intensive d’Ésaïe dans le Livre de Mormon. Secondairement, le chapitre 11 d’Ésaïe a été cité à Joseph Smith au cours d’une vision tout au début de son expérience comme prophète (JS–H 1:40) et fait l’objet d’une section des Doctrine et Alliances (D&A 113). En outre, Jésus-Christ a donné des révélations sur les paroles d’Ésaïe en instruisant les saints, et les prophètes et les apôtres modernes les ont fréquemment citées et commentées.

Traditionnellement, le livre d’Ésaïe a été attribué à un prophète vivant dans le royaume de Juda entre 740 et 690 av. J.-C. En Allemagne, vers la fin du XVIIIe siècle, plusieurs savants ont contesté cette idée en affirmant que les chapitres 40-66 ont été écrits par une ou plusieurs autres personnes aussi tard que 400 av. J.-C., cela à cause de mentions expresses d’événements qui se sont produits après la mort d’Ésaïe. Ce point de vue imprègne maintenant beaucoup de commentaires de la Bible et a conduit à la thèse de l’existence d’un deuxième prophète-auteur que l’on appelle généralement dans les milieux érudits le « Deutéro-Ésaïe ». Il existe, en effet, maintenant une grande variété de théories concernant la date et la paternité littéraire d’Ésaïe. Cependant, la croyance des saints en la révélation et au pouvoir de voyance des prophètes, avec, en outre, les citations d’Ésaïe dans le Livre de Mormon et l’exhortation de celui-ci d’étudier ses écrits, ont renforcé chez les saints des derniers jours le point de vue traditionnel au sujet de la date et de la paternité d’Ésaïe et ce, de la manière suivante.

D’abord, alors que certains savants estiment que les prophètes ne pouvaient pas voir le futur et que, par conséquent, les derniers chapitres d’Ésaïe doivent avoir été écrits après l’époque de celui-ci (par exemple, És. 45 au sujet de Cyrus), les saints des derniers jours reconnaissent que les prophètes peuvent voir le futur et prophétiser à son sujet. Aux chapitres 40-66, Ésaïe prophétise sur le futur, tout comme l’apôtre Jean dans Apocalypse 4-22 et le prophète Néphi 1 dans 2 Néphi 25-30.

En second lieu, le prophète Léhi du Livre de Mormon et sa famille ont quitté Jérusalem vers 600 av. J.-C. et ont emporté des écrits sacrés sur des plaques d’airain contenant une grande partie de l’Ancien Testament, notamment Ésaïe (1 Né. 5:13 ; 19:22-23). Les prophètes du Livre de Mormon enseignaient à l’aide des annales des plaques d’airain, non seulement les chapitres 1-39, que les savants attribuent habituellement au prophète Ésaïe du VIIIe siècle av. J.-C., mais également les chapitres ultérieurs, ce que l’on appelle le Deutéro-Ésaïe. Par exemple, les chapitres 48-54 d’Ésaïe sont tous cités dans le Livre de Mormon, certains passages plusieurs fois (1 Né. 20-21 ; 2 Né. 6:16-8:25 ; Mos. 12:21-24 ; 14 ; 15:29-31 ; 3 Né. 16:18-20 ; 20:32-45 ; 22). Par conséquent, l’existence d’un texte pratiquement complet d’Ésaïe vers la fin du VIIe siècle av. J.-C., comme en témoigne le Livre de Mormon, annule les arguments en faveur de l’idée d’une pluralité d’auteurs ultérieurs, que ces arguments soient historiques, théologiques ou littéraires.

Enfin, il existe d’autres témoins importants de l’existence d’un seul auteur pour Ésaïe, tout particulièrement Jésus-Christ (cf. Mt. 13:14-15 ; 15:7-9 ; Lu. 4:17-19 ; 3 Né. 16, 20-22). En effet, après avoir cité abondamment Ésaïe 52 (3 Né. 16:18-20 ; 20:32-45) et répété Ésaïe 54 dans sa totalité (3 Né. 22), Jésus-Christ ressuscité recommande à ses disciples du Livre de Mormon d’étudier les paroles d’Ésaïe et ajoute : « Je vous donne le commandement de sonder diligemment ces choses ; car grandes sont les paroles d'Ésaïe. Car, assurément, il a parlé de tout ce qui concerne mon peuple qui est de la maison d'Israël » (3 Né. 23:1-2).

Depuis les temps les plus reculés, les traditions juive et chrétienne sont pour la paternité unique d’Ésaïe. La Septante, les manuscrits de la mer Morte et d’autres textes antiques ne fournissent aucune indication d’une multiplicité d’auteurs. Les saints des derniers jours acceptent ce que dit Jésus ressuscité, à savoir qu’Ésaïe était un voyant et un révélateur dont les prophéties, telles qu’on les trouve tout au long de son livre, finiront toutes par s’accomplir (3 Né. 23:1-3). C’est en particulier parce que Jésus attribue Ésaïe 52 et 54 au prophète d’autrefois que les saints des derniers jours ont conclu que le livre d’Ésaïe est l’ouvrage inspiré d’Ésaïe, fils d’Amots, le prophète du VIIIe siècle.

Bibliographie
Adams, Larry L., et Alvin C. Rencher. "A Computer Analysis of the Isaiah Authorship Problem". BYU Studies 15, automne 1974, p. 95-102.
Anderson, Francis I. "Style and Authorship". The Tyndale Paper 21, juin 1976, p. 2.
Gileadi, Avraham. A Holistic Structure of the Book of Isaiah. Thèse de doctorat, université Brigham Young, 1981.
Kissane, E. J. The Book of Isaiah, 2 vols. Dublin, Irlande, 1941, 1943.
Ludlow, Victor L. Isaiah : Prophet, Seer, and Poet. Salt Lake City, 1981.
Tvedtnes, John A. "Isaiah Variants in the Book of Mormon". Dans Isaiah and the Prophets, dir. de publ. M. Nyman. Provo, Utah, 1984.
Young, Edward J. Introduction to the Old Testament. Grand Rapids, Mich., 1949.
VICTOR L. LUDLOW 

Ésaïe : Textes dans le Livre de Mormon
Auteur : DAVIES, LEGRANDE

Les textes d’Ésaïe cités dans le Livre de Mormon sont uniques. Ils sont les seuls textes existants d’Ésaïe qui n’ont aucune source linguistique « originale » à laquelle la traduction puisse être textuellement comparée. Ces textes anglais datent de la traduction et de la publication initiale du Livre de Mormon (1829).

Ces textes d’Ésaïe ont été cités et paraphrasés par beaucoup de prophètes du Livre de Mormon qui avaient une copie d’Ésaïe sur les plaques d’airain. Les tentatives de déterminer l’authenticité de ces textes d’Ésaïe dans le Livre de Mormon en les comparant aux textes hébreu, grec et latin d’Ésaïe ne manquent pas d’intérêt, mais de tels efforts sont discutables parce que l’on ne dispose pas des textes antiques qui sont à la base de la traduction d’Ésaïe du Livre de Mormon pour pouvoir les étudier. On peut cependant apprendre beaucoup de choses en comparant les nombreuses versions et traductions anciennes d’Ésaïe aux textes d’Ésaïe dans le Livre de Mormon. Ce genre de comparaisons a pour résultat de faire d’Ésaïe dans le Livre de Mormon un véritable objet de recension.

Les passages d’Ésaïe dans le Livre de Mormon contiennent beaucoup de ressemblances avec ceux de la traduction de la Bible, ce qui semblerait indiquer que les deux partagent une origine massorétique hébraïque. Cependant, beaucoup d’autres particularités des textes du Livre de Mormon impliquent une origine liée à des textes semblables à ceux dont la Septante grecque et la Vulgate latine dérivent. Ces variantes particulières sont suffisamment importantes pour que l’on ne puisse reléguer les textes d’Ésaïe du Livre de Mormon au rang d’une simple copie de la King James Version. Les textes d’Ésaïe que l’on trouve dans la traduction anglaise du Livre de Mormon possèdent un caractère distinctif qui indique une origine textuelle propre. La question importante n’est pas : « Les textes d’Ésaïe dans le Livre de Mormon sont-ils authentiques ? » La question est plutôt : « Trouve-t-on dans les textes d’Ésaïe du Livre de Mormon la preuve de la présence de variantes en plus des textes normalement reconnus ? » Ne devraient-ils pas être considérés comme aussi valides que, par exemple, les textes d’Ésaïe de la mer Morte ?

L’une des critiques principales à l’égard des textes d’Ésaïe du Livre de Mormon est qu’ils contiennent des parties de ce que les spécialistes de la Bible en sont venus à appeler le « Proto-Ésaïe » et le « Deutéro-Ésaïe ». Il est évident que les textes d’Ésaïe du Livre de Mormon contiennent des données qui vont à l’encontre des théories modernes sur la paternité multiple du livre d’Ésaïe (voir Ésaïe : Paternité littéraire) ; car si l’on accepte les origines des passages d’Ésaïe dans le Livre de Mormon comme le disent ses auteurs, cela veut dire que, dès 600 av. J.-C., le livre d’Ésaïe était essentiellement ce qu’il est aujourd’hui. La valeur principale de la critique textuelle, dans ce cas-ci, est de permettre de dégager des thèmes et des structures de langage spéciaux, c’est-à-dire de permettre une meilleure compréhension du message, pas de déterminer qui est l’auteur. L’option la plus viable et certainement la plus productive pour déterminer l’origine des textes d’Ésaïe dans le Livre de Mormon est donc un examen interne.

Le Livre de Mormon dit que dans « la première année du règne de Sédécias, roi de Juda » (1 Né. 1:4) le prophète Néphi 1 et ses frères récupérèrent à Jérusalem des « annales » écrites par leurs ancêtres sur des plaques d’airain (1 Né. 3-4), qu’ils emportèrent en Amérique. Elles contenaient les prophéties d’Ésaïe (1 Né. 19:22-23 ; cf. 5:13). Tous les textes d’Ésaïe dans le Livre de Mormon sont des citations de ces annales, excepté peut-être les passages cités par Jésus ressuscité (cf. 1 Né. 16, 21-22). Que ce soit en citant directement ou en paraphrasant, les prophètes du Livre de Mormon essayaient de faire deux choses : « persuader [les gens] de croire au Seigneur, leur Rédempteur » (1 Né. 19:23) et révéler les plans de Dieu pour son peuple, comme le note le prophète Ésaïe (par exemple, 2 Né. 25:7 ; Hél. 8:18-20 ; 3 Né. 23:1-2). Ces éléments donnent une qualité singulière aux textes d’Ésaïe du Livre de Mormon, parce qu’ils préservent presque exclusivement les textes concernant le salut et les principes sauveurs et ignorent les passages historiques d’Ésaïe. Les préoccupations des prophètes du Livre de Mormon étaient doctrinales et les passages étaient utilisés pour exposer leur témoignage. De plus, les passages qui concernent le salut dans les derniers chapitres d’Ésaïe sont présentés pour prouver que Jésus était le Messie promis (cf. Mos. 13:33-15:31, qui cite És. 53 ; 52:7, 8-10). Alors que les spécialistes de la Bible au XIXe siècle affirmaient que la notion de « Messie sauveur » était apparue après l’exil babylonien (587-538 av. J.-C.) et que par conséquent les derniers chapitres d’Ésaïe doivent être datés de la fin du VIe siècle ou plus tard, les textes du Livre de Mormon sapent manifestement cette théorie.

Des changements mineurs ont été apportés aux textes d’Ésaïe du Livre de Mormon depuis la publication de l’ouvrage en 1830. Ces changements des éditions récentes ont essayé de corriger les fautes d’impression originelles et de rendre le texte d’Ésaïe de l’édition actuelle « conforme aux manuscrits anglais antérieurs à la publication et aux premières éditions anglaises publiées par Joseph Smith, le prophète » (« Brève explication concernant le Livre de Mormon » édition anglaise de 1981 du Livre de Mormon). Aucun de ces changements n’a été conséquent.

Bibliographie
Eissfeldt, Otto. The Old Testament : An Introduction, p. 303-346. New York, 1965.
Nibley, Hugh. Since Cumorah, p. 111-134. Dans CWHN 7.
Sperry, Sidney B. Answers to Book of Mormon Questions. Salt Lake City, 1967.
Tvedtnes, John A. “The Isaiah Variants in the Book of Mormon". F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1981.
LEGRANDE DAVIES

TABLEAU DES CITATIONS D’ÉSAÏE DANS LE LIVRE DE MORMON
Livre de Mormon                 Ésaïe 
1 Né. 20-21                        48-49
1 Né. 22:6                          49:22
1 Né. 22:8                          49:22-23 ; 29:14
1 Né. 22:10-11                    52:10
2 Né. 6:6b-7                       49:22-23
2 Né. 6:15                          29:6
2 Né. 6:16-8:25                   49:24-52:2
2 Né. 9:50-51                      55:1-2
2 Né. 12-24                         2-14
2 Né. 25:17 (mélangé)         11:11 et 29:14
2 Né. 26:15-16, 18               29:3-5
2 Né. 26:25                         55:1
2 Né. 27:2-5                        29:6-10
2 Né. 27:6-9                        29:4, 11
2 Né. 27:15-19                     29:11-12
2 Né. 27:25-35                     29:13-24
2 Né. 28:9b                         29:15
2 Né. 28:14b                       29:13b
2 Né. 28:16a                       29:21
2 Né. 28:30a                       28:10, 13
2 Né. 28:3                           29:12-13
2 Né. 29:1                           29:14, 11:11
2 Né. 30:9, 12-15                 11:4-9
Mosiah 12:21-24                  52:7-10
Mosiah 14:1-12                    53
Mosiah 15:10                      53:10
Mosiah 15:14-18                  52:7
Mosiah 15:29-31                  52:8-10
3 Né. 16:18-20                     52:8-10
3 Né. 20:32-35                     52:8-10
3 Né. 20:36-46                     52:1-3, 6-7, 11-15
3 Né. 21:8b                          52:15b
3 Né. 21:29                          52:12
3 Né. 22:1b-17                     54
Mro. 10:31                           52:1-2 ; 54:2 

Ésaïe : Interprétations dans les Écritures modernes
Auteur : NYMAN, MONTE S.

Ésaïe était l’un des prophètes-auteurs les plus importants de l’Ancien Testament. Le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances, Écritures modernes des saints, confirment cette évaluation et contiennent des commentaires abondants sur ses écrits. Le Livre de Mormon cite 425 versets du livre d’Ésaïe et en paraphrase beaucoup d’autres, tirés des plaques d’airain, annales apportées en Amérique par le prophète Léhi et sa famille (v. 600 av. J.-C.). Les citations d’Ésaïe dans le Livre de Mormon sont accompagnées des interprétations des prophètes néphites et de Jésus-Christ ressuscité. Les Doctrine et Alliances contiennent de même des citations et des paraphrases d’Ésaïe, dont beaucoup éclairent le cadre et la pertinence de l’accomplissement de ses prophéties.

LE LIVRE DE MORMON. Les prophètes du Livre de Mormon louent explicitement les écrits d’Ésaïe et les commentent dans le détail. Outre les trois premiers prophètes néphites, Néphi 1, Jacob et Abinadi, qui citent abondamment et expliquent les significations d’Ésaïe, Jésus-Christ ressuscité, quand il visite les Néphites (34 apr. J.-C.), commande à ses auditeurs « de sonder diligemment ces choses ; car grandes sont les paroles d'Ésaïe » (3 Né. 23:1). La plupart des citations d’Ésaïe dans le Livre de Mormon concernent deux thèmes : (1) le témoignage que Jésus-Christ viendrait au monde pour le sauver (1 Né. 19:23 ; cf. 2 Né. 9:5-12) et (2) des déclarations selon lesquelles même si le Seigneur dispersait Israël, il le rassemblerait et le rétablirait, accomplissant les alliances qu’il avait faites avec Abraham et Israël (2 Né. 6:5 ; cf. 9:1-2).

Pour ce qui est de la maison d’Israël, la citation la plus ancienne d’Ésaïe par Néphi (chaps. 48-49) souligne deux types de dispersion : celle de grosses parties des tribus d’Israël et celle de petits groupes parmi les nations de la terre (1 Né. 22:3-5 ; cf. És. 49:1-13). Les deux sortes d’Israélites dispersés seraient nourris temporellement et spirituellement parmi les Gentils. L’aide temporelle aux Israélites conduirait ceux-ci à une dépendance vis-à-vis des Gentils pour la survie. Les soins spirituels se feraient grâce à « une œuvre merveilleuse » qui rassemblerait Israël hors de l’obscurité et des ténèbres et l’amènerait à connaître son Rédempteur (1 Né. 22:6-12).

Néphi présente sa plus longue citation d’Ésaïe 2-14 (2 Né. 12-24) comme étant un troisième témoin du Rédempteur d’Israël. Néphi, son frère Jacob et Ésaïe avaient chacun vu le Rédempteur (sous l’aspect du Jésus-Christ prémortel) face à face (2 Né. 11:2-3 ; cf. 2 Né. 16:1-7). La vision personnelle de Néphi (1 Né. 11:13-20) éclaircit les paroles d’Ésaïe annonçant l’avènement du Christ (cf. 2 Né. 17:14 ; 19:6-7 [c.-à-d., És. 7:14 ; 9:6-7]).

Le commentaire de Néphi sur Ésaïe 2-14 décrit ce qui devait arriver aux juifs (2 Né. 25:9-21 ; cf. És. 3:1-15 ; 5:1-7), au peuple de Néphi (2 Né. 25:22-26:11 ; cf. És. 29:1-4) et parmi les Gentils (2 Né. 26:12-28:32 ; cf. És. 3:16-4:1). Néphi savait par révélation que quand le Livre de Mormon paraîtrait chez les Gentils, les Églises seraient remplies d’orgueil et d’érudition, des combinaisons secrètes régneraient et les supercheries de prêtres seraient florissantes (2 Né. 26:14-33 ; cf. És. 3:16-4:1 ; 2 Né. 13:16-14:1). En revanche, il vit que de belles branches d’Israël seraient purifiées et grandiraient tant en Sion qu’à Jérusalem et qu’elles seraient protégées par le Seigneur (És. 4:2-6 ; 2 Né. 14:2-6). Amplifiant la prophétie d’Ésaïe, Néphi prophétisa que les Gentils qui se repentaient seraient comptés avec la maison d’Israël et deviendraient héritiers des bénédictions promises (2 Né. 30:1-3). Il affirma que son propre peuple recevrait de nouveau l’Évangile de Jésus-Christ et deviendrait un peuple pur et agréable (2 Né. 30:4-6). Il prédit le rassemblement des juifs à Jérusalem quand ils commenceraient à croire au Christ et deviendraient aussi un peuple agréable (2 Né. 30:7).

Le prophète Abinadi (v. 150 av. J.-C.) dit que tous les prophètes avaient parlé de la venue du Christ (Mos. 13:33-35) et il cite Ésaïe 53 comme exemple (cf. Mosiah 14). Dans une des explications les plus lucides du ministère et de l’expiation du Christ, Abinadi explique que le chapitre 53 d’Ésaïe souligne que « Dieu lui-même descendra parmi les enfants des hommes et rachètera son peuple » et que, grâce à sa rédemption, il tiendrait « entre eux et la justice, ayant rompu les liens de la mort, prenant sur lui leur iniquité et leurs transgressions … et ayant satisfait aux exigences de la justice [de Dieu] » (Mos. 15:1-9).

Pendant sa première visite parmi les peuples du Livre de Mormon, Jésus ressuscité cite, parmi ses principaux textes, Ésaïe 52 et 54. Il déclare que quand les paroles d’Ésaïe s’accompliront, les alliances faites avec la maison d’Israël seront accomplies (3 Né. 20:11-12). L’Évangile sera enseigné aux juifs dans les lieux où ils sont dispersés et, après qu’ils l’auront accepté, ils retourneront à Jérusalem et instruiront leur propre peuple (3 Né. 20:29-35 ; cf. És. 52:8-10). Jésus donne à ses auditeurs un signe que le retour des juifs à Jérusalem indiquera que le rétablissement aura déjà commencé chez d’autres Israélites en Sion, en Amérique (3 Né. 21:1-7 ; És. 52:1-3, 6-7, 11-12). Dans une allusion au serviteur « défiguré » d’Ésaïe 52:13-15, il parle de « l’œuvre merveilleuse » du serviteur. Si le serviteur défiguré est clairement Jésus dans sa condition mortelle (Mos. 15:1-9), les paroles d’Ésaïe constituent une double prophétie parce que Jésus ressuscité dit qu’elle désigne également un serviteur dans les derniers jours. Les saints des derniers jours croient que ce serviteur est le prophète Joseph Smith et que l’œuvre merveilleuse mentionnée était la parution du Livre de Mormon et le rétablissement de l’Évangile (3 Né. 21:8-11).

Tout en amplifiant les paroles d’Ésaïe, Jésus prédit l’édification de la nouvelle Jérusalem sur le continent américain par un reste de la maison d’Israël avec l’aide de Gentils convertis (3 Né. 21:22-25 ; cf. 20:22). L’Évangile doit être prêché parmi les divers groupes de la maison d’Israël, notamment les Lamanites et les tribus perdues (3 Né. 21:26).

LES DOCTRINE ET ALLIANCES. Autre source riche pour interpréter et appliquer les prophéties d’Ésaïe, les Doctrine et Alliances comptent plus de soixante-dix citations ou paraphrases d’Ésaïe. Deux thèmes dominent : l’Évangile sera rétabli et Israël sera rassemblé ». Par exemple, l’œuvre prodigieuse et miraculeuse mentionnée dans Ésaïe 29:14 est la parution du Livre de Mormon (D&A 6:1) ; L’œuvre « étrange » de Dieu (És. 28:21) est le rétablissement de l’Église et de ses ordonnances du temple (D&A 95:4) ; les « bonnes nouvelles » publiées « sur les montagnes » (És. 52:7) consistent en la prédication de l’Évangile à toutes les nations (D&A 19:29) et le retour des tribus de Jacob de parmi les nations (És. 49:6) signifie le retour d’Israël dispersé dans ses terres promises (D&A 133:26-33).

Les autres thèmes sont l’édification de la Sion des derniers jours et de ses pieux (És. 54:1-2 ; D&A 82:14) aussi bien que de la vieille Jérusalem (És. 52:1-2 ; D&A 113:7-10), la confirmation que Jésus est le seul Sauveur du monde (És. 43:11 ; D&A 76:1) et des détails de sa seconde venue (És. 63:3-6 ; 64:1-5 ; D&A 133:37-52). Enfin beaucoup d’événements attendus sont interprétés comme étant des événements millénaires (És. 65 ; D&A 101:30-31).

Bibliographie
Ludlow, Victor L. Isaiah : Prophet, Seer, and Poet. Salt Lake City, 1982.
Nyman, Monte S. Great Are the Words of Isaiah. Salt Lake City, 1980.
MONTE S. NYMAN

TABLEAU DES CITATIONS D’ÉSAÏE DANS LES DOCTRINE ET ALLIANCES
Les listes suivantes proposent un échantillonnage de passages d’Ésaïe qui sont cités, paraphrasés ou interprétés dans les Doctrine et Alliances.
Ésaïe                      Doctrine et Alliances 

1:27                         6:1
1:18                         45:10 ; 50:10-12
1:19                         64:34
2:2-31                      33:12-13
4:5                           45:63-75 ; 84:5
4:6                           115:6
5:1-7                        101:43-62
8:16                          88:84 ; 133:72
11:1-5                       113:1-4
11:4                          19:15
11:10                        113:5-6
11:16                        133:26-29
13:1                          133:14
13:10                         29:14 ; 34:9 ; 45:42 ; 
88:87 ;                        133:49
13:13                          21:6 ; 35:24
14:12                          76:26
24:5                           1:15
24:20                          49:23 ; 88:87
25:6                            58:8
28:10                          98:12 ; 128:21
28:15, 18                    45:31 ; 5:19 ; 97:23
28:21                          95:4 ; 101:95
29:14                          4:1 ; 6:1 ; 11:1 ; 12:1 ; 14:1 ; 18:44 ; 76:9
32:2                            21:13
34:5                            38:22
35:1-2                         49:24-25 ; 117:7
35:3                            81:5
35:7-10                       133:27-33
35:10                          45:71 ; 66:11
40:3                            33:10 ; 45:9 ; 65:1 ; 84:28
40:4                            88:66
40:5                            49:23 ; 133:22
40:6                            101:23 124:7-8
40:31                           89:20 ; 124:99
42:7                            128:22
43:11                          76:1
45:17                          35:25 ; 38:33
45:23                          76:110 ; 88:104
49:1                            1:1
49:2                            6:2 ; 11:2 ; 12:2 ; 14:2 ; 15:2 ; 16:2 ; 33:1 ; 86:9
49:6                            86:11
49:22                          45:9 ; 115:5
50:2-3                         35:8 ; 133:66-69
50:11                          133:70
51:9-11                       101:18
52:18                          2:14 ; 113:7-8
52:2                            113:9-10
52:7                            19:29 ; 31:3 ; 113:10
52:8                            39:13 ; 84:98-99 ; 133:10
52:10                          113:10 ; 133:3
52:1                            138:42 ; 133:5
52:12                          49:27 ; 58:56 ; 101:68, 72 ; 133:15
52:15                          101:94
54:2                            82:14 ; 133:9
54:17                          71:9 ; 109:25
55:6                            88:62-63
59:17                          27:15-18
60:1-4                         64:41-42
60:2                            112:23
60:22                          133:58
61:11                          28:22
62:4                            133:23-24
62:10                          45:9 ; 115:5
63:1-21                       33:46-48
63:3-6                         76:107 ; 88:106 ; 133:50-52
63:7-9                         133:52-53
64:1-2                         34:8 ; 133:40-42
64:3-5                         76:10 ; 133:43-45
65:17                          29:23
65:20                          63:51 ; 101:30
65:21-22                     101:101
66:1                            38:17
66:24                           76:44 

Ésaïe : Commentaires sur Ésaïe
Auteur : MADSEN, ANN N.

Le livre d’Ésaïe est l’un des ouvrages prophétiques les plus souvent cités dans les Écritures des saints. Quand les peuples du Livre de Mormon quittèrent Jérusalem, ils emportèrent des annales sur des plaques d’airain qui contenaient beaucoup de livres de l’Ancien Testament antérieurs à 600 av. J.-C., notamment Ésaïe. Très vite dans leurs récits, Néphi 1 et son frère, Jacob, citent considérablement Ésaïe. Plus tard, Jésus ressuscité exhortera ses auditeurs d’Amérique à sonder diligemment les paroles d’Ésaïe, car « grandes sont les paroles d’Ésaïe » (3 Né. 23:1).

Les saints des derniers jours voient beaucoup de prophéties d’Ésaïe s’accomplir dans les événements contemporains. Quand il apparaît, les 21-22 septembre 1823, au prophète Joseph Smith, l’ange Moroni cite Ésaïe 11 et dit qu’il est « sur le point de s’accomplir » (JS–H 1:40). Ésaïe 29 est également considéré comme une prophétie annonçant la parution du Livre de Mormon. Les enseignements de Joseph Smith contiennent beaucoup d’allusions à Ésaïe, particulièrement en ce qui concerne les derniers jours précédant l’avènement du Christ. En plus, Ésaïe est souvent cité dans les Doctrine et Alliances (par exemple, 45:10 ; 50:10-12 ; 64:34-35 ; 133) et dans certains cas des interprétations sont ajoutées (par exemple, D&A 113).

Plusieurs livres écrits par des auteurs mormons depuis 1950 ont cherché à aider les membres de l’Église et d’autres à comprendre les paroles d’Ésaïe. Certains de ces commentaires s’adressaient à un auditoire érudit, d’autres ont été écrits pour les lecteurs ordinaires.

En 1952, Sidney B. Sperry a présenté ses observations sur Ésaïe dans les dix premiers chapitres de son livre The Voice of Israel's Prophets (Salt Lake City). Son but principal était de proposer des commentaires sous l’angle des saints des derniers jours, notamment les idées de Joseph Smith, et d’analyser le livre entier d’Ésaïe du point de vue historique et philologique. Il y a inclus l’interprétation de divers passages donnée par le Livre de Mormon et un traitement en faveur d’une paternité unique. Il a également utilisé la Septante et sa maîtrise de l’hébreu pour expliquer et parfois retraduire des passages. Bien que ce soit la plus ancienne étude du genre, elle reste un classique de son espèce.

En 1982, Avraham Gileadi a publié The Apocalyptic Book of Isaiah (Provo, Utah), une nouvelle traduction du texte hébreu avec des clefs interprétatives pour les lecteurs ordinaires. Le livre apporte sa traduction et sa perspective judéo-mormone. En 1988, il a publié un deuxième volume, The Book of Isaiah (Salt Lake City), qui contenait sa précédente traduction et une introduction augmentée contenant quatre clefs interprétatives qu’il a tirées du Livre de Mormon. Cet ouvrage note les lectures alternatives dans le texte d’Ésaïe des manuscrits de la mer Morte et la Septante.

Deux volumes ont servi de manuels. En 1980, Monte S. Nyman publiait Great Are the Words of Isaiah (Salt Lake City) à titre de commentaire et de guide d’étude. L’apport le plus distinctif du livre est un ensemble de mentions d’Ésaïe dans les écrits de Joseph Smith, le Nouveau Testament, le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et les Autorités générales de l’Église. En 1982, Victor L. Ludlow a écrit Isaiah : Prophet, Seer, and Poet (Salt Lake City). Les éléments importants sont son commentaire chapitre par chapitre, ses propositions d’interprétations multiples de certains passages du texte, des cartes et des notes historiques utiles et des commentaires doctrinaux mormons utilisant diverses traductions du texte.

D’autres livres ont été écrits pour un auditoire mormon non spécialisé. The Living Message of Isaiah, de L. LaMar Adams (Salt Lake City, 1981), visant à aider ses lecteurs à apprécier les prophéties d’Ésaïe. Son apport distinctif est son annexe sur l’ouvrage apocryphe L’Ascension d’Ésaïe.

En 1984, W. Cleon Skousen a publié Isaiah Speaks to Modern Times (Salt Lake City) avec l’intention d’aider un auditoire de saints à comprendre Ésaïe comme quelqu’un qui a vu l’époque moderne et en a parlé.

Mark E. Petersen est la seule Autorité générale à avoir écrit un livre sur Ésaïe, Isaiah for Today (Salt Lake City, 1981). Son but était d’aider un auditoire non spécialisé à rattacher les prophéties d’Ésaïe aux événements actuels. 
ANN N. MADSEN
 
Esprit
Auteur : JENSEN, JAY E.

L'existence d’êtres d'esprit bons et mauvais est un point de doctrine important dans la théologie des saints. L'esprit est une matière organisée intelligente, qui existe par lui-même et est régi par des lois éternelles. De plus, tous les êtres vivants ont eu une existence d'esprit pré-terrestre. Les conceptions des saints sur ce sujet découlent des écrits bibliques et modernes et des enseignements des prophètes modernes.

La révélation moderne déclare que « tout esprit est matière, mais il est plus raffiné ou plus pur » que les matériaux physiques de la vie terrestre (D&A 131:7-8). Le prophète Joseph Smith explique : 

« Il y a une différence très sensible entre le corps et l’esprit ; le corps est censé être de la matière organisée et beaucoup considèrent que l’esprit est immatériel, sans substance. Nous ne sommes pas d’accord avec cette dernière opi¬nion et disons que l’esprit est une substance, qu’il est matériel, mais que c’est une matière plus pure, plus souple et plus raffinée que le corps, qu’elle existait avant le corps, peut exister dans le corps et existera séparément du corps, lorsque le corps tombera en poussière, et lui sera de nouveau réunie dans la résurrection » [EPJS, p. 167].

Bien que le Seigneur ait révélé beaucoup de choses dans les Écritures anciennes et modernes sur la matière d'esprit et les êtres d'esprit, il reste beaucoup d’inconnues, particulièrement la pleine signification de termes tels que « intelligence », « lumière » et « vérité », qui sont utilisés dans les révélations en rapport avec le mot « esprit ». La matière d'esprit est identifiée à l’intelligence ou la lumière de la vérité (D&A 93:29). Joseph Smith enseignait que les éléments n'ont pas été créés ni faits, mais peuvent être organisés pour donner un être d’esprit. Cet esprit, intelligence ou lumière a toujours existé, étant coéternel avec Dieu. Il peut se mouvoir et être mû ; il peut être organisé, mais il ne peut pas être détruit. Les esprits existent d’eux-mêmes et « tous les esprits que Dieu a jamais envoyés dans le monde peuvent se développer » (EPJS, p. 287), voulant dire qu’ils sont capables de progresser et de mûrir intellectuellement et que « il n'y a jamais de moment où l'esprit est trop vieux pour s’approcher de Dieu » (EPJS, p. 154).

Il ressort de la doctrine que l'esprit humain est la postérité littérale de parents exaltés rendus parfaits, d’un Père et d’une Mère célestes (cf. No. 16:22 ; Hé. 12:9). Dieu a instauré un plan de salut par lequel ses enfants d'esprit peuvent avancer et devenir comme lui (voir Conseil dans les cieux). Paul dit que les hommes sont de la race de Dieu (Ac. 17:28). Hommes et femmes ont tous vécu avec Dieu en tant qu'enfants personnels et individuels d'esprit dans une vie prémortelle avant de naître dans un corps physique. De même, l'existence spirituelle personnelle et individuelle de chacun se prolonge au-delà de la mort du corps mortel.

Jésus-Christ était l'aîné de tous les enfants d'esprit de Dieu et est donc le frère aîné du reste de l'humanité (voir Jésus-Christ : Premier-né dans l'esprit). Grâce à sa foi, il fut permis au frère de Jared (vers 2200 av. J.-C.), de voir le corps d'esprit prémortel du Seigneur. Celui-ci lui expliqua : « Vois-tu que vous êtes créés à mon image ? Oui, tous les hommes ont été créés au commencement à mon image. Voici, ce corps, que tu vois maintenant, est le corps de mon esprit… et j'apparaîtrai à mon peuple dans la chair comme je t'apparais dans l'esprit » (Éther 3:15-16). Puisque les esprits sont la progéniture de Parents célestes, ils sont à leur image et à leur ressemblance, hommes et femmes (Ge. 1:26-27 ; Moï. 3:4-7 ; Abr. 3:18-23).

Hénoc eut la vision des esprits de tous les hommes et femmes qui avaient vécu ou qui allaient encore vivre sur la terre et qui avaient d’abord été créés comme esprits dans les cieux (Moï. 6:28 ; 7:38-40, 57). Abraham vit également les esprits prémortels de l'humanité et remarqua qu'ils différaient en intelligence et en obéissance (Abr. 3:18-19). Il y avait parmi eux beaucoup de nobles et de grands dont Dieu dit qu’il ferait des gouverneurs et des dirigeants dans son royaume. Il fut dit à Abraham qu'il était l'un d’eux et qu’il avait été choisi avant sa naissance (Abr. 3:22-23). Beaucoup furent préordonnés pour accomplir certaines tâches quand ils seraient sur la terre (voir Préordination). Dans l'état prémortel, les esprits reçurent leurs premières leçons dans l'Évangile et dans l’œuvre de Dieu qu'ils allaient accomplir sur la terre (D&A 138:55-56 ; cf. Jé. 1:5 ; Ép. 1:3-4 ; Tit. 1:2). Beaucoup de ces êtres d’esprit furent appelés et préparés dès la fondation du monde à cause de leur foi et de leurs bonnes œuvres, pour détenir la prêtrise et enseigner l'Évangile et les commandements de Dieu dans la condition mortelle (Alma 13:1-6).

Le libre arbitre est Inhérent à leur nature intelligente et ils sont capables de faire des choix. Les Écritures enseignent que les esprits sont capables d’avoir toutes les émotions, toutes les passions et toutes les expériences intellectuelles qui existent chez les mortels, notamment l'amour, la colère, la haine, l'envie, la connaissance, l'obéissance, la rébellion, la jalousie, le repentir, la fidélité, l'activité, la pensée et la compréhension. Utilisant leur libre arbitre, certains des enfants de Dieu se rebellèrent dans la vie prémortelle et il s’ensuivit une guerre dans les cieux. Les esprits rebelles suivirent Lucifer et furent précipités avec lui sur la terre et devinrent des démons ou des esprits mauvais, qui n’allaient jamais recevoir de corps physique sur terre (Moï. 4:1-4 ; D&A 76:25-27 ; cf. Ap. 12:4, 7-9 ; D&A 29:36). Satan et ses disciples restent des êtres d'esprit faits à l'image de Dieu mais sont toujours rebelles et mauvais. Ils désirent avoir un corps mortel. Le prophète Joseph Smith explique : « Le grand principe du bonheur consiste à avoir un corps. Le diable n’a pas de corps, et c’est en cela que réside son châtiment. Il est heu¬reux quand il peut obtenir la tente de l’homme, et lorsqu’il fut chassé par le Sauveur, il demanda à entrer dans le troupeau de pourceaux, montrant qu’il préférait le corps d’un pourceau à ne pas en avoir du tout » (EPJS, p. 145 ; cf. p. 240).

La révélation moderne n'a pas identifié ni éclairci la nature des séraphins ou des chérubins mentionnés dans la Bible (Ge. 3:24 ; Es. 6:2) ni si ce sont des êtres d'esprit ou simplement des représentations symboliques. Certains esprits sont des messagers du Seigneur et servent les mortels (Hé. 1:14 ; D&A 129), mais les esprits qui les servent ne peuvent pas remplir toutes les fonctions des anges qui ont un corps ressuscité (EPJS, p. 153, 262).

Un être d’esprit qui n'est jamais entré dans la condition mortelle est dans un état « non incarné ». Un esprit qui se trouve dans un corps mortel est dans un état « incarné » et le corps et l'esprit constituent l'âme (D&A 88:15). La mort est la séparation du corps physique mortel d’avec l'esprit (Ja. 2:26), après quoi l'esprit vit dans un état « désincarné » dans le monde d'esprit postmortel, tandis que le corps physique mortel, privé de vie, se décompose dans la tombe. Dans le monde postmortel, l'esprit attend d’être « réincarné » dans la résurrection, qui est la réunion définitive de l'esprit et du corps (Al. 11:44-45). Toute personne qui se trouve dans la condition mortelle vient du monde d'esprit et tous finiront par mourir et ensuite ressusciter.

La révélation moderne enseigne que Dieu le Père et Jésus-Christ sont des êtres ressuscités et exaltés, ce qui veut dire qu’ils ont un corps glorifié de chair et d’os (D&A 130:22). L'homme existe « pour avoir la joie » (2 Né. 2:25) et les révélations enseignent qu'on ne peut connaître de plénitude de joie que dans l’état ressuscité lorsque l'esprit et le corps sont inséparablement unis (D&A 93:33-34). Par conséquent, l'existence en tant qu’esprit seulement, que ce soit dans le monde d’esprit prémortel ou dans le monde d'esprit postmortel, a ses limites. Les esprits des morts qui connaissent le plan de Dieu et la valeur du corps physique sont impatients de ressusciter (D&A 45:17 ; 138:50). Pour avoir rejeté le plan du salut de Dieu, Lucifer et ses disciples se sont vu refuser à jamais la possibilité d’avoir un corps physique et sont donc limités ou restreints dans leur progression. Le Seigneur a déclaré : « Là où je suis ils ne peuvent venir, car ils n'ont aucun pouvoir » (D&A 29:29).

La création d'esprit ne concerne pas le seul genre humain, mais tous les êtres vivants. Les Écritures modernes enseignent que l'esprit humain est à l’image de ce qui est physique, comme cela a été démontré dans le cas de l'esprit de Jésus-Christ, qui apparut au frère de Jared, comme mentionné plus haut. Ainsi, « l'esprit de l'homme [est] à l’image de sa personne, de même que l’esprit de la bête et de toute autre création de Dieu » (D&A 77:2 ; voir aussi Animaux). Moïse écrit que chaque plante des champs, chaque herbe, en fait chaque chose, a été créée « dans le ciel » avant d’être naturellement sur la face de la terre (Moï. 3:5-7). [Voir aussi Premier état ; Enfer ; Corps d'esprit ; Prison d'esprit.]

Bibliographie
« Le Père et le Fils : Un exposé de doctrine par la Première Présidence et les Douze. » AF, p. 60-68. Salt Lake City, 1963.
Millet, Robert L., et Joseph F. McConkie. The Life Beyond. Salt Lake City, 1986.
"The Origin of Man", An official declaration dans MFP 4:200-206.
Packer, Boyd K. "The Law and the Light." Dans The Book of Mormon : Jacob Through the Words of Mormon, To Learn with Joy, dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, p. 1-31. Provo, Utah, 1990.
Smith, Joseph. Enseignements du Prophète Joseph Smith, dir. de publ. Joseph Fielding Smith, p. 163-173. Traduction française.
Top, Brent, L. The Life Before. Salt Lake City, 1988.
JAY E. JENSEN
 
Évangile de Jésus-Christ

[Cette rubrique présente deux sujets : Évangile de Jésus-Christ : L'Évangile dans l’enseignement de l'Église. Évangile de Jésus-Christ : Considérations étymologiques sur « Évangile ». Le premier article décrit la conception que les saints des derniers jours ont de l'Évangile de Jésus-Christ, l'enseignement fondamental de l'Église tel qu’il est présenté dans les Écritures et dans les enseignements des prophètes modernes. Le deuxième explore l'histoire complexe de ce terme et ses significations possibles, en particulier à l’époque du Nouveau Testament en grec. ]

Évangile de Jésus-Christ : L'Évangile dans l'enseignement de l’Église
 
Jésus-Christ, ses apôtres et ses prophètes ont à diverses reprises annoncé « la bonne nouvelle » ou « Évangile » que l’on peut être sauvé en allant au Christ. Le Père est l'auteur de l'Évangile, mais celui-ci est appelé Évangile de Jésus-Christ parce que, en accord avec le plan du Père, c’est l'expiation du Christ qui rend l'Évangile actif dans la vie des hommes. L'Évangile du Christ est le seul véritable Évangile et « il n'y aura aucun autre nom donné, ni aucune autre voie ni moyen par lesquels le salut puisse parvenir aux enfants des hommes, si ce n'est dans et par le nom du Christ, le Seigneur Omnipotent » (Mos. 3:17 ; cf. Ac. 4:12).

Quoique les saints des derniers jours utilisent le terme « Évangile » de plusieurs manières, dont les utilisations chrétiennes traditionnelles, le Livre de Mormon et les autres Écritures modernes le définissent avec précision comme le moyen par lequel une personne peut aller au Christ. Dans tous ces passages scripturaires, l'Évangile ou doctrine du Christ enseigne que le salut est accessible, par l’intermédiaire de ses serviteurs autorisés, à tous ceux qui (1) croient au Christ, (2) se repentent de leurs péchés, (3) sont baptisés dans l'eau en témoignage de leur volonté de prendre son nom sur eux et de garder ses commandements, (4) reçoivent le Saint-Esprit par l’imposition des mains et (5) persévèrent jusqu'à la fin. Tous ceux qui obéissent à ces commandements, reçoivent le baptême de feu et du Saint-Esprit et persévèrent avec foi, espérance et charité seront trouvés innocents au dernier jour et entreront dans le royaume des cieux (Al. 7:14-16, 24-25 ; Hé. 6:1-2).

LE PLAN DE SALUT. Le président Brigham Young a enseigné que « l’Évangile du Fils de Dieu qui a été révélé est un plan ou un système de lois et d’ordonnances, grâce auquel les habitants de cette terre sont assurés de pouvoir retourner en la présence du Père et du Fils sous condition d’obéissance stricte » (JD, 13:233). L'Évangile de Jésus-Christ est une partie cruciale du plan de salut (ou plan de rédemption), qui donne à tous les hommes le moyen d'obtenir la vie éternelle. À cause de la chute d'Adam, dont les effets se sont étendus par héritage à toute l’humanité, tous sont sujets à la mort physique et à la mort spirituelle (2 Né. 9:4-12 ; D&A 29:39-45 ; 1 Co. 15:12-22) et ne peuvent pas se sauver eux-mêmes. Dieu, le Père aimant de tous les esprits, a déclaré que son œuvre et sa gloire sont de « réaliser l'immortalité et la vie éternelle de l'homme » (Moï. 1:39). Dans ce but, il a donné un Sauveur, Jésus-Christ, qui, à cause de son amour parfait, de sa pureté et du fait qu’il est le Fils unique du Père dans la chair, était à la fois disposé et capable de s’offrir en sacrifice pour les péchés du monde (Jn. 3:16). Par son expiation, le Christ a racheté inconditionnellement tous les hommes, femmes et enfants des deux morts occasionnées par la transgression d'Adam et Ève et les rachètera également de leurs propres péchés, s’ils acceptent son Évangile et y obéissent (Moï. 6:62 ; D&A 20:17-25 ; 76:40-53).

ÉLÉMENTS DE BASE. Les révélations modernes disent que le Livre de Mormon contient « la plénitude de l'Évangile » (D&A 20:9 ; 27:5 ; 42:12). De tous les ouvrages canoniques, c’est le Livre de Mormon qui contient l'exposé le plus détaillé de l'Évangile. Dans trois passages distincts, les éléments de base de l'Évangile sont expliqués par un prophète ou par Jésus lui-même (2 Né. 31:2-32:6 ; 3 Né. 11:31-41 ; 27:13-21). Chacun de ces passages est encadré par l'affirmation que « c'est ma doctrine » ou « c'est mon Évangile. » Les révélations données au prophète Joseph Smith confirment dans le moindre détail ces déclarations du Livre de Mormon sur l'Évangile (voir D&A 18:17-23 ; 19:29-31 ; 20:25-29).

Ces textes fondamentaux répètent plusieurs fois, avec de légères variantes, les éléments de base du message de l'Évangile. Joseph Smith les appelle en résumé « les premiers principes et ordonnances de l'Évangile » (4e A de F).

1. La Foi. L'enseignement de l’Église fait de la foi en Jésus-Christ le premier principe de l'Évangile. La primauté de la foi est double. La personne qui accepte l'Évangile doit commencer par la foi en Jésus-Christ et croire qu’il a le pouvoir de sauver les hommes de leurs péchés. Sans la foi, personne ne serait fortement motivé à se repentir et à vivre le reste des principes de l'Évangile. La foi est également à la base des autres éléments de l'Évangile en ce sens que chacun d’eux dépend considérablement d’actes de foi. Dans ce sens, Néphi 1 compare la pratique de l'Évangile à l’entrée dans un chemin étroit et resserré qui conduit à la vie éternelle. La porte par laquelle on peut entrer dans ce chemin est le repentir et le baptême. Avec l'inspiration du Saint-Esprit, on peut suivre le chemin en faisant preuve de foi et en persévérant jusqu'à la fin. Ainsi, la foi en Jésus-Christ est un lien entre ce qu'on fait pour franchir la porte et ce qu’on doit faire ensuite. On ne peut franchir la porte en se repentant et en faisant les alliances du baptême « que par la parole du Christ, avec une foi ferme en lui, vous reposant entièrement sur les mérites de celui qui est puissant à sauver » (2 Né. 31:19). Après être entré sur ce chemin étroit et resserré, on ne peut atteindre le salut qu’en avançant « résolument, avec constance [foi] dans le Christ… vous faisant un festin de la parole du Christ » (2 Né. 31:20), ce qui inclut les choses que le Saint-Esprit nous dit de faire (2 Né. 32:3, 5).

2. Le Repentir. Le caractère essentiel de la foi est souligné par la façon dont l'Évangile est présenté dans le Livre de Mormon où la foi est habituellement mentionnée au centre et l'appel au repentir au début. Les individus doivent abandonner leurs péchés et offrir le « sacrifice [d’]un cœur brisé et [d’]un esprit contrit ». Ceci exige du pécheur qu’il descende dans les profondeurs de l'humilité et devienne « comme un petit enfant » (3 Né. 9:20-22).

3. Le Baptême. L'Évangile souligne la nécessité absolue du baptême pour ceux qui sont responsables et capables de pécher. Comme le repentir, le baptême est aussi un commandement et les candidats au salut doivent être baptisés afin d'obéir au commandement (voir 2 Né. 31:6-7).

Cette ordonnance essentielle est un témoignage au Père que la personne repentante a fait alliance avec Dieu de garder ses commandements et a pris sur elle le nom du Christ. La foi en Jésus-Christ, le repentir et le baptême sont la porte par laquelle on entre dans le chemin qui conduit à la vie éternelle (2 Né. 31:13-15). Comme les enfants en bas âge sont incapables de pécher ou de contracter de telles alliances, il est commandé aux parents de les préparer pour le baptême avant qu'ils atteignent huit ans, l'âge de responsabilité fixé par la révélation (D&A 68:25-28 ; voir Baptême des petits enfants).

4. Le Saint-Esprit. Tandis que le baptême d'eau symbolise la purification et le passage de la mort à la vie, la purification ou rémission proprement dite des péchés découle de l’obéissance comme don de Dieu « par le feu et par le Saint-Esprit » (2 Né. 31:17 ; Mt. 3:11), par lequel la personne naît de Dieu, étant devenu une « nouvelle créature » (Mos. 27:24-26 ; 1 Pi. 1:23). Cette expérience spirituelle est un témoignage du Père et du Fils que le sacrifice du pénitent a été accepté. Après que Jésus eut instruit les Néphites et qu’ils eurent été baptisés, « le Saint-Esprit tomba sur eux et ils furent remplis du Saint-Esprit et de feu » (3 Né. 19:13 ; cf. Ac. 2:4).

Le don du Saint-Esprit, conféré par l'imposition des mains par quelqu’un ayant l'autorité, contient la promesse que « si vous voulez entrer par le chemin et recevoir le Saint-Esprit, il vous montrera tout ce que vous devez faire » (2 Né. 32:5). Ce don est un compagnon constant par lequel l'individu reçoit directement « les paroles du Christ » pour guider sa vie, en plus des enseignements inspirés des dirigeants de l’Église (2 Né. 32:3 ; voir aussi Jn. 14:26 ; 16:13).

5. Persévérer jusqu'à la fin. « Persévérer jusqu'à la fin » est l'expression scripturaire qui décrit le reste de la vie du membre de l'Église du Christ qui a adopté les premiers principes de l'Évangile et a franchi la porte qui conduit à la vie éternelle. Une fois sur ce chemin étroit et resserré, le membre doit avancer résolument avec foi et continuer dans l'obéissance à tous les commandements de Dieu. La foi est liée à l'espérance et à la charité. Le fait de recevoir la rémission des péchés produit l’espérance du salut. C'est plus qu'un désir et cela donne un sentiment d'assurance. Ce genre d’espérance devient sans cesse plus lumineux sous l’action du Saint-Esprit si l’on est constamment obéissant (Ét. 12:4). La charité, « l'amour pur du Christ », est une caractéristique de ceux qui obéissent aux commandements (Mro. 7:3-4, 47). Ce genre de personnes reproduit auprès des autres le même genre d'amour pur qu'il reçoit du Seigneur.

6. Le Salut. En plus de recevoir des bénédictions quotidiennes, Jésus-Christ promet que ceux qui se conforment à tous les principes et ordonnances recevront la vie éternelle. Comme révélé au prophète Joseph Smith, le salut nécessite qu’on devienne héritier de la plénitude du royaume céleste (D&A 76:50-70).

Tous les ouvrages canoniques de l’Église contiennent des énoncés clairs de l'Évangile de Jésus-Christ (voir D&A 10:63-70 ; 11:9-24 ; 19:29-32 ; 20:37 ; 33:10-13 ; 39:6 ; 68:25 ; Moï. 5:14-15, 58 ; 6:50-53). Les saints des derniers jours trouvent le même concept dans beaucoup de passages du Nouveau Testament (Mt. 3:11 ; 24:13-14 ; Ac. 2:38 ; 19:4-6 ; Ro. 1:16), bien que qu’il n’y ait souvent que quelques-uns des six éléments principaux qui soient spécifiquement mentionnés dans un passage donné. C'est également vrai du Livre de Mormon. Par exemple, la promesse que « ceux qui croient en lui seront sauvés » (2 Né. 2:9) peut être comprise comme un mérisme (abréviation d'une formule qui ne conserve que le premier et le dernier élément) qui appelle implicitement chacun des six composants même s’ils ne sont pas mentionnés explicitement. Un autre mérisme dit que la vie éternelle, c’est croire en Jésus et persévérer jusqu'à la fin (2 Né. 33:4 ; cf. v. 9).

AUTRES SIGNIFICATIONS. Bien que l'accent soit mis sur les vérités nécessaires au salut, l'utilisation du terme « Évangile » chez les saints des derniers jours ne se limite pas à la définition scripturaire. Les saints appellent habituellement « Évangile » l’ensemble de leurs croyances religieuses. Selon l’interprétation la plus large, toute vérité ayant Dieu pour origine peut être incluse dans l'Évangile. Le président Joseph F. Smith a dit : « Au sens théologique du terme, l'Évangile signifie plus que simplement la bonne nouvelle avec la joie qui l’accompagne dans l’âme des hommes, parce qu’il englobe tous les principes de la vérité éternelle. Il n'y a pas de principe fondamental ou de vérité, où que ce soit dans l'univers, qui ne soit englobé dans l'Évangile de Jésus-Christ et il ne se limite pas aux premiers principes simples, tels que la foi en Dieu, le repentir du péché, le baptême pour la rémission des péchés et l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit, bien que ceux-ci soient absolument essentiels au salut et à l'exaltation dans le royaume de Dieu » [p. 85-86].

Malgré cet éventail de significations liées à l'Évangile, comme l’explique le président Smith, les vérités salvatrices englobées dans les premiers principes sont indispensables et doivent être respectées si l’on veut obtenir le salut. C’est sur elles que l'Église concentre ses enseignements et ses pratiques. Les saints des derniers jours sont strictement tenus de parler des principes fondamentaux, des premiers principes de l'Évangile, aux autres pour que tous aient une chance égale d'obtenir le salut. Les efforts missionnaires des membres et des missionnaires à plein temps ont pour but d’inviter les autres à aller au Christ par l'obéissance aux principes et aux ordonnances de l'Évangile.

Le président Ezra Taft Benson a de même expliqué que « l'Évangile peut être considéré sous deux perspectives. Au sens le plus large, l'Évangile englobe toute la vérité, toute la lumière, toute la connaissance révélées à l'humanité. Dans un sens plus restrictif, l'Évangile signifie la doctrine de la Chute… [et de] l'Expiation ». Pour clarifier le sens restrictif, il explique : Quand le Sauveur parlait de son Évangile, il voulait dire… les lois, les alliances et les ordonnances auxquelles les hommes doivent satisfaire pour assurer leur salut. Il voulait dire la foi au Seigneur Jésus-Christ, le repentir de tous les péchés, le baptême par immersion par une personne autorisée pour la rémission de nos péchés et la réception du don du Saint-Esprit, et finalement être vaillant jusqu'à la fin de ses jours dans son témoignage de Jésus. C'est là l'Évangile que Jésus a prêché » [p. 30].

Ceux qui meurent sans entendre l'Évangile tandis qu’ils étaient dans la condition mortelle recevront cette occasion dans le monde d'esprit. Les ordonnances nécessaires du baptême et de l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit seront accomplies en faveur des morts dans les temples modernes par les membres vivants. Les défunts décideront par eux-mêmes d’accepter ou de rejeter les ordonnances accomplies en leur faveur (voir Salut des morts).

LA NATURE ÉTERNELLE DE L'ÉVANGILE. Les saints des derniers jours croient que l'Évangile a toujours existé et continuera à exister à toute éternité. Le prophète Joseph Smith a dit : « Le grand Jéhovah envisagea l’ensemble des événements liés à la terre, relatifs au plan de salut avant qu'elle ne prenne son départ dans l'existence ou même avant que ‘les étoiles du matin éclatent en chants de joie » (EPJS, p. 177). La nature éternelle de l'Évangile a également été soulignée par le président John Taylor, qui a déclaré que « l'Évangile est un principe vivant, permanent, éternel et immuable qui a existé à égalité avec Dieu et existera toujours, aussi longtemps que le temps et l'éternité dureront, partout où il est développé et rendu manifeste » (p. 88).

Les Écritures modernes expliquent qu'après que le Seigneur eut enseigné le plan du salut et l'Évangile à Adam et Ève (Moï. 5:4-11), Adam « fut enlevé par l'Esprit du Seigneur » dans l'eau où il fut baptisé. Après son baptême, « l’Esprit du Seigneur descendit sur lui, et c'est ainsi qu'il naquit de l'Esprit » (Moï. 6:48-68). En décrivant plus tard cette expérience, Hénoc explique que Dieu appela Adam de sa propre voix, lui enseignant le même Évangile que celui exposé dans les autres Écritures : « Si tu veux te tourner vers moi, écouter ma voix, croire, te repentir de toutes tes transgressions et être baptisé dans l'eau, au nom de mon Fils unique, qui est plein de grâce et de vérité, lequel est Jésus-Christ, le seul nom qui sera donné sous le ciel par lequel le salut sera donné aux enfants des hommes, tu recevras le don du Saint-Esprit » [Moï. 6:52].

L’Écriture moderne rapporte qu'Adam et Ève enseignèrent l’Évangile à leurs enfants, mais que Satan vint parmi eux et persuada certains de l'aimer plus que Dieu (Moï. 5:13 ; voir Démons). Ainsi en a-t-il été des descendants d'Adam et Ève et, dans cette situation, le Seigneur invita les hommes de partout à croire au Fils et à se repentir de leurs péchés afin d’être sauvés. Ce message d'Évangile était « un ferme décret » envoyé « dans le monde jusqu'à la fin de celui-ci » et fut prêché dès le commencement par des anges, par la voix de Dieu et par le Saint-Esprit (Moï. 5:12-15, 58-59).

Les saints des derniers jours comprennent l'histoire du monde en termes de périodes de fidélité et d'apostasie. Bien qu'il y ait eu beaucoup de périodes où l'Évangile de Jésus-Christ a été perdu sur la terre, il a été à plusieurs reprises rétabli par des prophètes envoyés pour annoncer de nouvelles dispensations de l'Évangile. L'Évangile a été donné à des générations successives et conservera éternellement son efficacité. Le rétablissement de la plénitude de l'Évangile avec Joseph Smith lance la « dernière dispensation » ou dispensation de la plénitude des temps et il a été promis que l'Évangile ne sera plus jamais enlevé de la terre. L'Évangile de Jésus-Christ continue à être le seul moyen donné sous le ciel par lequel les hommes et les femmes puissent aller vers leur Sauveur et être sauvés et est la norme selon laquelle tous les hommes seront jugés (voir Jugement dernier).

Évangile de Jésus-Christ : Considérations étymologiques sur « Évangile »
Auteur : REYNOLDS, NOEL B.
 
Le mot « Évangile » dérive du grec euaggelion (latin, evangelium) ou « bonne nouvelle ». Le terme est utilisé dans le Nouveau Testament principalement pour désigner le message du salut par Jésus-Christ, souvent désigné par le nom « Évangile de Jésus-Christ » (Marc 1:1), « Évangile de Dieu » (Mc. 1:14) ou « bonne nouvelle du royaume de Dieu » (Lu. 8:1). L'Évangile, dans le Nouveau Testament, est la « bonne nouvelle » pour tous les hommes que s'ils vont au Christ et gardent ses commandements, ils seront sauvés (Mt. 7:21 ; Mc. 16:15-16). Paul utilise davantage euaggelion que les autres auteurs du Nouveau Testament, adoptant aussi bien la forme nominale que la forme verbale du terme grec. La pratique d’appeler « évangiles » les récits écrits de la vie et du ministère de Jésus, est apparue parmi les chrétiens au premier siècle et était d’usage courant dès le deuxième.

Bien que les Écritures modernes aient une notion plus définie de l'Évangile, leur enseignement est conforté par les réflexions des savants sur l’étymologie possible du terme tel qu’utilisé dans le Nouveau Testament. On y trouve des formes verbales et des noms dérivés dont le sens premier est la remise de messages, en particulier de bonnes nouvelles – la victoire au combat en étant un exemple courant. Ce sens est étendu dans Ésaïe par application au héraut qui annonce le retour des exilés à Jérusalem, proclamant la bonne nouvelle de la prospérité et de l'affranchissement ainsi que de la royauté de Jéhovah (És. 52:7 ; voir Friedrich, p. 708).

En grec, euaggelion comportait les idées de libération vis-à-vis des ennemis et d'affranchissement par rapport aux puissances démoniaques. Il pouvait désigner les oracles ou plus exactement leur accomplissement. Ce faisceau de significations a fait d’euaggelion un terme approprié pour les auteurs du Nouveau Testament qui voyaient dans l'Évangile le moyen par lequel les hommes peuvent échapper aux puissances mauvaises de ce monde et l’accomplissement des prophéties antiques concernant un Messie à venir.

L’utilisation religieuse d'euaggelion avant l’époque chrétienne était commune aux cultes impériaux populaires dans lesquels le culte des empereurs grecs et romains était censé apporter la richesse et le pouvoir sous diverses formes. Quand les chrétiens ont commencé à s’en servir, ils ont dû le faire avec ironie, forçant les auditeurs et les lecteurs à comparer César sur son trône au Christ sur la croix et à faire le choix correspondant entre la recherche universelle du pouvoir et de la richesse (les avantages matériels) de ce monde et la voie singulière de la foi, du repentir et de l'Esprit enseignée par Jésus. Cette comparaison implicite devient explicite quand trois évangiles du Nouveau Testament font dire à Jésus qu’il faut rendre « à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mc. 12:17 ; cf. Mt. 22:21 et Lu. 20:25). Paul utilise la même ironie quand il qualifie l'Évangile de mystère (voir Friedrich, p. 712, 723-25 ; Ép. 6:19). Ce qui a déçu certains chez Jésus comme Messie c’était justement qu'il n'était pas le genre de sauveur que l’on adorait dans le culte des empereurs.

Le Livre de Mormon utilise les termes « Évangile » et « doctrine » l'un pour l'autre, d'une manière qui correspond à l'usage du Nouveau Testament, du moins dans la mesure où tous les deux impliquent des communications qui peuvent être ramenées à des déclarations verbales (voir Doctrine). Le terme « doctrine » (didaskalia) dans le Nouveau Testament signifie « enseignement » et désigne soit la doctrine du Christ, soit les enseignements vains du peuple ou des démons. De même, les auteurs du Livre de Mormon utilisent « Évangile » et « doctrine » pour désigner un enseignement qui peut être ramené à un ensemble de déclarations ou « points… de doctrine » (1 Né. 15:14 ; Hél. 11:22).

Bibliographie
Benson, Ezra Taft. Teachings of Ezra Taft Benson. Salt Lake City, 1988.
Collins, Raymond F. "Gospel." Encyclopedia of Religion, Vol. 6, p. 79-82. New York, 1987.
Friedrich, Gerhard. "Euaggelizomai, Euaggelion,…" Dans Theological Dictionary of the New Testament, Gerhard Kittel, dir. de publ., Vol. 2, p. 707-737. Grand Rapids, Mich., 1964.
Nibley, Hugh. "Prophets and Glad Tidings." dans CWHN 3:259-267.
Piper, O. A. "Gospel," Dans Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 442-48. Nashville, Tenn., 1962.
Roberts, B. H. The Gospel : An Exposition of Its First Principles and Man's Relationship to Deity. Salt Lake City, 1966.
Smith, Joseph F. GD, p. 85-86, 95-106.
Talmage, James E. AF, p. 52-170.
Taylor, John. Gospel Kingdom, Salt Lake City, 1964.
Yarn, David H., Jr. The Gospel : God, Man, and Truth. Salt Lake City, 1965.

NOEL B. REYNOLDS

Évangile, Plénitude de
Auteur : Farnsworth, Dean B.

L'expression « plénitude de l'Évangile » désigne la totalité de la doctrine de la rédemption démontrée et enseignée dans le ministère et la vie de Jésus-Christ. Elle « se compose des lois, des ordonnances, de la doctrine, des pouvoirs et de l’autorité nécessaires pour permettre aux hommes d'acquérir la plénitude du salut » (MD, p. 333).

Plénitude est un terme parfois utilisé dans les Écritures pour décrire le Christ lui-même, tant en ce qui concerne sa situation comme Fils de Dieu qu’en ce qui concerne ce qu'il a offert à l'humanité. Jean, en témoignant du Sauveur, a dit : « … et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce » (Jean 1:16). Recevoir la plénitude de ce que le Sauveur a offert, c’est l'accepter comme étant celui qui a rendu le salut possible pour tous grâce à l’Expiation et suivre ses enseignements. Ainsi, pour connaître une plénitude de joie il faut observer les commandements de Dieu (D&A 93:27).

Le Christ lui-même a déclaré la plénitude de son Évangile : « Car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé… La volonté de mon Père, c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6:38-40).

Les saints des derniers jours croient que chaque prophète, de quelque dispensation que ce soit, a prophétisé sur le Christ. Mais l'expression plénitude de l'Évangile implique qu’il y a eu des périodes où l'Évangile n'était pas sur la terre dans sa plénitude, soit dans la doctrine, soit dans les ordonnances. En 1820, un messager céleste a décrit le Livre de Mormon à Joseph Smith comme « donnant l’histoire des anciens habitants de ce continent » et « contena[n]t la plénitude de l'Évangile éternel, telle qu’elle avait été donnée par le Sauveur » (JS — H 1:34).

Le président Ezra Taft Benson explique : « Le Livre de Mormon contient la plénitude de l'Évangile de Jésus-Christ (D&A 20:9). Cela ne signifie pas qu’il contient chaque enseignement, chaque point de doctrine jamais révélé. Ce que cela signifie, c’est que, dans le Livre de Mormon, nous trouverons la plénitude des points de doctrine qui sont nécessaires à notre salut. Et ils sont enseignés clairement et simplement pour que même les enfants puissent apprendre les voies du salut et de l'exaltation » (Benson, p. 18-19).

Néphi 1, un prophète du Livre de Mormon vivant des siècles avant la venue du Christ, a dit que la plénitude de l'Évangile ne serait pas toujours sur la terre. Dans une vision du ministère futur du Seigneur, il a vu que certaines parties de l'Évangile seraient modifiées et trafiquées. Néphi a écrit à propos de la Bible : « Lorsqu'il sortit de la bouche d'un Juif, il contenait la plénitude de l'Évangile du Seigneur dont les douze apôtres rendent témoignage. » Mais les hommes ont enlevé de la Bible « beaucoup de parties qui sont claires et extrêmement précieuses; et il y a aussi beaucoup d'alliances du Seigneur [qu’ils ont] ôtées », ce qui a entraîné la perte de l'Évangile (cf. 1 Néphi 13:24-29).

Les saints des derniers jours croient que cette apostasie et la corruption des Écritures ont nécessité un rétablissement ultérieur de la plénitude de l'Évangile par l’intermédiaire de prophètes appelés par Dieu. Ce rétablissement a commencé avec la première vision de Joseph Smith, le prophète, en 1820, et s'est poursuivi avec des révélations ultérieures, notamment les Écritures modernes et l'autorité de la prêtrise, qui restent aujourd'hui dans l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. [Voir aussi Rétablissement de toutes choses ; Rétablissement de l'Évangile de Jésus-Christ.]

Bibliographie
Ezra Taft Benson. A Witness and a Warning. Salt Lake City, 1988.
DEAN B. FARNSWORTH


Évangile, Premiers principes de
Auteur : Hafen, Marie Kartchner
Les premiers principes et ordonnances de l'Évangile sont « premièrement la foi au Seigneur Jésus-Christ, deuxièmement le repentir, troisièmement le baptême par immersion pour la rémission des péchés, quatrièmement l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit » (4e A de F). Le Sauveur ressuscité a enseigné que ces principes constituent son « Évangile »: « Repentez-vous, toutes les extrémités de la terre, et venez à moi, et soyez baptisées en mon nom, afin d'être sanctifiées par la réception du Saint-Esprit, afin de vous tenir sans tache devant moi au dernier jour. En vérité, en vérité, je vous le dis, c'est là mon Évangile » (3 Néphi 27:20-21 ; cf. Actes 2:37-38). Ces quatre principes préparent les hommes à entrer dans le « sentier étroit et resserré qui conduit à la vie éternelle » (2 Néphi 31:17-18).

Tout d'abord, la foi en Jésus Christ commence souvent par le désir de croire (Alma 32:26-28), qui peut être suscité quand on entend ou lit des témoignages vrais du Christ et de son expiation rendus par d’autres personnes. On nourrit la foi par l’obéissance patiente aux commandements de Dieu. La foi grandit ensuite selon un processus qui comprend le repentir, le baptême pour la rémission des péchés, une confiance accrue dans le Christ et finalement une nature semblable à celle du Christ (Hafen, p. 141-200).

Le repentir implique (1) la prise de conscience de sa culpabilité ; (2) une tristesse et une souffrance selon Dieu ; (3) la confession pour être soulagé des effets nuisibles du péché ; (4) la réparation, dans la mesure du possible ; (5) le remplacement du péché par l’obéissance aux commandements de Dieu ; et (6) l’acceptation du sacrifice expiatoire du Christ. Grâce à l'Expiation, si on se repent, la miséricorde du Christ satisfait aux exigences de la justice.

Le baptême, troisième principe et première ordonnance essentielle, est le fruit du repentir et est requis de tous ceux qui veulent être sauvés dans le royaume de Dieu (Jean 3:3-5 ; cf. 2 Néphi 9:23). Le baptême a plusieurs objectifs. C'est un lavage, une purification symbolique des péchés et il est nécessaire pour pouvoir entrer dans l'Église. Lorsqu'il est suivi de la réception du Saint-Esprit, c'est la porte ouverte à la sanctification personnelle (Moroni 6:1-4). La méthode prescrite du baptême est par immersion dans l'eau par un prêtre de la Prêtrise d'Aaron ou par un détenteur de la Prêtrise de Melchisédek. « Le symbolisme du rite n’est conservé sous aucune autre forme » (AF, p. 137).

Quand on « naît de l'Esprit » ou que l’on reçoit le don du Saint-Esprit, on obtient le droit à l'aide, aux conseils et au réconfort constants du Saint-Esprit. « La tâche spéciale du Saint-Esprit est d'éclairer et d'ennoblir l'esprit, de purifier et de sanctifier l'âme, d'inciter aux bonnes œuvres et de révéler les choses de Dieu » (AF, p. 167). Quand on lui demanda en quoi l'Église différait des autres religions de l'époque, Joseph Smith répondit : « Nous différons par le mode de baptême et le don du Saint-Esprit... [et] que toutes les autres considérations [les différences avec les autres églises] étaient contenues dans le don du Saint-Esprit » (HC 4:42). Le don du Saint-Esprit est conféré par l’imposition des mains par un détenteur de la Prêtrise de Melchisédek.

Résumant le processus partant de la foi et du repentir pour aboutir à la sanctification, le prophète Mormon, du Livre de Mormon, a déclaré : « Les prémices du repentir, c'est le baptême; et le baptême vient par la foi pour accomplir les commandements; et l'accomplissement des commandements apporte le pardon des péchés; et le pardon des péchés apporte la douceur et l'humilité de cœur; et à cause de la douceur et de l'humilité de cœur vient la visitation du Saint-Esprit, lequel Consolateur remplit d'espérance et d'amour parfait, amour qui subsiste, par la diligence dans la prière, jusqu'à ce que vienne la fin, lorsque tous les saints demeureront avec Dieu » (Moroni 8:25-26).

Ces quatre principes et ordonnances de l'Évangile sont les « premiers » parce qu'ils lancent et activent le processus d’évolution depuis la nouvelle naissance spirituelle jusqu’à l’accession à une nature divine.

Bibliographie
Hafen, Bruce C. The Broken Heart : Applying the Atonement to Life’s Experiences. Salt Lake City, 1989.
Kimball, Spencer W. The Miracle of Forgiveness, Salt Lake City, 1969.
MARIE KARTCHNER HAFEN

Ève
Auteur : Campbell, Beverly

Les saints des derniers jours honorent Ève, première femme de la création terrestre, compagne d'Adam et mère et matriarche du genre humain, comme l'une des personnes les plus importantes, les plus vertueuses et les plus héroïques de toute la famille humaine. Le don suprême d'Ève à l'humanité, la possibilité de vivre sur cette terre, découle de la décision qu’elle a prise de devenir mortelle.

Ève, Adam, Abraham et d’autres étaient parmi les nobles et les grands impliqués dans la création de la terre (Abr 3:22-24; cf. McConkie, p. 59). Dieu la préordonna et l’appela Ève, « la mère de tous les vivants » ; dans le jardin d'Éden, Adam l’appela Ève, ce qui reflète cet appel (Moïse 4:26). Elle fut créée spirituellement et physiquement de la même manière qu’Adam (MD, p. 242). Dieu leur donna le nom d’Adam et « à l'image de son corps, il créa l’homme et la femme » (Moïse 6:9).

Ève et Adam rencontrèrent un dilemme dans leurs efforts pour obéir aux commandements de Dieu. Ils ne pouvaient pas garder le commandement principal d’avoir des enfants tant qu'ils restaient non mortels dans le jardin (2 Néphi 2:22-23). L'interdiction de manger de l'arbre de la connaissance du bien et du mal était toutefois nuancée par les mots « néanmoins, tu peux choisir par toi-même »(Moïse 3:16-17), et la conséquence expressément indiquée était qu’ils deviendraient mortels.

Satan était là pour tenter Adam et Ève, tout comme il allait essayer d”en faire échouer d'autres dans leur mission divine: « Et [il] essaya aussi de séduire Ève, car il ne connaissait pas la pensée de Dieu, c'est pourquoi il essaya de détruire le monde » (Moïse 4:6 ; cf. Mt 4:3-11 ; Moïse 1:12-22; JS–H 1:15-16). Ève avait le choix entre la facilité égoïste et affronter avec désintéressement les tribulations et la mort (Widtsoe, p. 193). Comme le réclamait son appel, elle comprit qu'il n’y avait aucun autre moyen et choisit délibérément la condition mortelle pour faire avancer le dessein de Dieu et faire venir des enfants au monde.

L'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours affirme qu’en prenant du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, Ève, aussi bien qu’Adam, a agi d'une manière agréable à Dieu et en accord avec le plan prévu par lui (voir Chute d'Adam). Brigham Young explique : « Le Seigneur savait qu'ils agiraient ainsi et il avait prévu qu'ils le feraient » (JD 10:103). « Nous ne devrions en aucun cas en vouloir à Ève, en aucune façon » (JD 13:145). Adam et Ève « ont relevé un grand défi... Ils ont choisi judicieusement conformément à la loi céleste de l'amour pour les autres » (Widtsoe, p. 194). Par la suite, dans l’une des plus anciennes déclarations que l’on trouve dans les Écritures, Ève résumera le Plan du Salut en parlant de la joie réservée à l'humanité dans l'éternité: « Sans notre transgression, nous n’aurions jamais eu de postérité et nous n'aurions jamais connu le bien et mal, la joie de notre rédemption et la vie éternelle que Dieu donne à tous ceux qui obéissent » (Moïse 5:10-11).

Des parents célestes aimants ont préparé Ève et Adam à leur rôle dans la condition mortelle. Après la Chute, Dieu donna à Adam et Ève la loi du sacrifice afin qu'ils puissent obtenir le pardon des péchés commis dans la condition mortelle (Moïse 5:5). Il mit une inimitié (une horreur du mal) entre la postérité d'Ève et Satan et ses disciples (Moïse 4:21). Dieu accorda à Ève le pouvoir d’être mère et lui révéla le difficile travail de l'accouchement (Genèse 3:16-17)."

Adam et Ève étaient mari et femme. Tandis qu’ils étaient dans le jardin, Dieu les avait scellés en un mariage éternel (Genèse 2:22-24). Dieu dit à Ève : « Tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi » (3:16). Le président Spencer W. Kimball a expliqué que le mot hébreu traduit par « dominera » pourrait être mieux compris comme voulant dire « ‘présidera’, parce que c'est ce qu'il fait » (Ensign, mars 1976, p. 72), et le mari ne préside que quand il le fait dans la justice (voir Famille : Enseignements sur la famille). Dans le même ordre d’idées, Dieu présenta Ève à Adam en des termes qui sont rendus en français par l'expression « une aide semblable à lui », indiquant l’égalité entre les deux.

Le Seigneur lui-même fit des vêtements de peaux et revêtit Adam et Ève (Moïse 4:27). Ève donna à Adam des fils et des filles. Elle travailla avec lui. Ils prièrent le Seigneur et entendirent sa voix (Moïse 5:4-5). Ils révélèrent tout à leurs enfants et leur apprirent à lire, à écrire et à tenir les annales des souvenirs de la famille (Moïse 5:12 ; 6:5-6).

Ève « participe avec Adam à tout son ministère, [et] héritera conjointement avec lui de toutes les bénédictions attachées à son état suprême d'exaltation" (MD, p. 242). Le président Joseph F. Smith la vit en vision en 1918 : parmi les grands et les puissants dans l’assemblée céleste des justes, il vit « notre glorieuse mère Ève avec beaucoup de ses filles fidèles qui avaient vécu au cours des siècles et adoré le Dieu vrai et vivant » (D&A 138:39).
La chute d'Ève et d’Adam est profondément significative : ils ont ouvert la voie de la condition mortelle à l'humanité tout entière et ils se sont assujettis à mort afin de permettre une progression continue vers la vie éternelle. Notre mère Ève a donné à ses filles et à ses fils un héritage d'honneur, car elle a agi avec sagesse, amour et un sacrifice désintéressé.

Bibliographie
McConkie, Bruce R. "Eve and the Fall." Dans Woman, p. 57-68. Salt Lake City, 1979.
Nibley, Hugh W. "Patriarchy and Matriarchy." CWHN 1:87-114.
Smith, Joseph Fielding. "Was the Fall of Adam Necessary?" Answers to Gospel Questions, Vol. 4, p. 79-83. Salt Lake City, 1963.
Widtsoe, John A. "Was the "Fall' Inevitable?" Evidences and Reconciliations, p. 192-195. Salt Lake City, 1987.
BEVERLY CAMPBELL


Ézéchiel, prophéties d’
Auteur : MESERVY, KEITH H.

Les prophéties d'Ézéchiel (593-v. 570 av. J.-C.) intéressent les saints des derniers jours parce qu'elles contiennent des informations uniques sur des aspects de l’œuvre salvatrice de Dieu pour ses enfants, telles que les responsabilités de la sentinelle ou dirigeant (chap. 3, 33), la nature du libre arbitre et de la responsabilité personnels (chap. 18), la miséricorde et le pardon (chap. 18) et les relations de l'alliance de Dieu avec Israël et Juda (chap. 34-39). Quand ils étudient le livre d’Ézéchiel, la plupart des saints des derniers jours se concentrent sur les chapitres 34-48 parce qu'ils jettent de la lumière sur l’œuvre de Dieu dans les derniers jours, notamment sur le retour d'Israël dans ses terres, le retour du pays à une pleine productivité, la reconstruction du temple pour servir de résidence à Dieu et la parution d’annales importantes qu'ils identifient à la Bible et au Livre de Mormon.

Au chapitre 34, Ézéchiel décrit la dispersion des Israélites parmi les nations de la terre comme une défaillance des dirigeants : les « bergers » d’Israël avaient exploité les « brebis » au lieu d’en prendre soin (voir Israël : Dispersion d'Israël). En conséquence, le Seigneur deviendra le Berger pour chercher les brebis perdues et pour les rassembler « des diverses contrées… dans leur pays » (34:11, 13). Enfin un David moderne deviendra leur dirigeant (34:24), l’aridité du pays sera surmontée (36:8-11), la mer Morte sera poissonneuse (47:1, 7-10) et Israël, comme les nations, saura que le Seigneur est avec lui et « [il saura] que je suis l’Éternel » (34:23-28, 30).

Les chapitres 35-36 décrivent les tensions qui apparaîtront quand les Israélites de retour trouveront leur pays habité par d'autres qui le réclameront comme le leur (35:10, 12, 15 ; 36:2-5). Le Seigneur a cependant promis qu'il diviserait la terre « par le sort » parmi les Israélites de retour pour leur héritage, assurant en même temps à tous les non-Israélites vivant parmi eux qu'eux aussi se verraient accorder un « héritage… parmi les enfants d'Israël » (47:22 [13-23]).

Le Seigneur insiste sur le caractère littéral de ce rassemblement (37:1-14). Comme dans la Résurrection, les Israélites dispersés, comme des ossements desséchés, pourraient quand même espérer être réunis une fois de plus dans leur propre pays en un seul corps, avec les muscles et la chair, le souffle et l'esprit. La Résurrection est donc une métaphore du rassemblement aussi bien que le moyen par lequel cela se fera, comme promis par le Seigneur : « J'ouvrirai vos sépulcres, je vous ferai sortir de vos sépulcres, ô mon peuple, et je vous ramènerai dans le pays d'Israël » (37:12).

Une fois que les Israélites se seront réunis et seront devenus prospères, ils vivront paisiblement dans « des habitations sans murailles », « tranquilles », « en sécurité », « n’ayant ni verrous ni portes » (38:11). C’est alors qu’ils seront attaqués par Gog, dont le but est de piller leur terre prospère. Dans les batailles qui s’ensuivront, le Seigneur raffinera Israël tout en faisant tomber le jugement les nations, aussi bien celles qui attaquent Israël que celles qui vivent dans des pays lointains (cf. És. 4:4 ; Za. 12:2-3 ; 14:2-3 ; So. 3:8 ; Éz. 39:2-4, 6, 11, 21-24). Jérusalem sera reconstruite comme centre divin, le temple de Dieu sera érigé au milieu d’eux (chap. 40-47), et il y résidera de sorte que Jérusalem sera appelée « sainte, parce que le Seigneur y sera » (TJS Éz. 48:35).

Dans ce contexte de rassemblement, Ézéchiel parle de la réunion des « bois » de Juda et d’Éphraïm (c.-à-d., Israël), une réunion qui signale non seulement le commencement du rassemblement d'Israël (Éz. 37:15-22 ; cf. 3 Né. 20:46 ; 21:1-3, 7-13) mais également le moyen par lequel le rassemblement ultime, celui qui ramène les peuples à Dieu, se fera (cf. 1 Né. 22:12 ; 2 Né. 6:11).

Les saints des derniers jours voient dans les annales de Juda la Bible et dans celles d’Éphraïm le Livre de Mormon (D&A 27:5). Ils considèrent que quand le Livre de Mormon a été traduit et publié, il est devenu possible d’unir les deux documents. Et puisque le but explicite du Livre de Mormon est de convaincre « Juif et Gentil que Jésus est le Christ, le Dieu éternel, qui se manifeste à toutes les nations » (page de titre du Livre de Mormon), ils voient dans cette union des témoignages le moyen principal par lequel Israël sera ramené à Dieu (voir Livre de Mormon, Prophéties bibliques concernant).

Bibliographie
Meservy, Keith H. "Ezekiel's Sticks and the Gathering of Israel." Ensign 17, févr. 1987, p. 4-13.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israel's Prophets, p. 218-237. Salt Lake City, 1952.
KEITH H. MESERVY

F

Famille

[Cette rubrique se compose de deux articles : Famille : Enseignements au sujet de la famille. Famille : Vie de famille. Le premier article présente les enseignements principaux au sujet de la famille qui tendent à mettre les saints des derniers jours à part des autres et se concentre sur les Écritures modernes et sur les enseignements des dirigeants de l’Église. Le deuxième article donne une explication substantielle de la manière dont la famille fait ensemble son expérience de membre de l’Église, notamment du fait que les programmes de l’Église sont principalement axés sur la famille. Celle-ci est au centre de la théologie, de la religion, de la société et de la culture des saints. En plus des articles ci-dessous, voir Enfants, Paternité, Mariage, Maternité, et Mère en Israël. Concernant les règles et pratiques spécifiques de l’Église à propos de la famille, voir Maltraitance, Conjoint et Enfant ; Adoption d’enfants ; Contrôle des naissances ; Divorce ; Soirée familiale ; et Prière en famille.]

Famille : Enseignements au sujet de la famille
Auteur : BRADFORD, REED H.
 
L'unité de base de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est la famille : « Le foyer est la base d'une vie juste et aucun autre instrument ne peut prendre sa place ni accomplir ses fonctions essentielles » (McKay, préface). C’est au sein de la famille que les gens connaissent la plupart des plus grandes joies et des plus grands chagrins de la vie. Les relations familiales de chaque personne sur terre sont d'importance cardinale, et de tous organismes sociaux créés pour les êtres humains, seule la famille est conçue pour continuer dans la vie suivante.

LES FAMILLES SUR TERRE SONT LE PROLONGEMENT DE LA FAMILLE DE DIEU. Selon le concept de la famille entretenu par les saints, toute personne est un enfant de parents célestes aussi bien que de parents mortels. Chacun individu a été créé spirituellement et physiquement à l'image de Dieu et du Christ (Moï. 2:27 ; 3:5). La Première Présidence a déclaré : « Tous les hommes, toutes les femmes sont à la ressemblance du Père et de la Mère universels, et sont littéralement les fils et les filles de la Divinité » (MFP 4:203). Tout le monde, avant de venir sur cette terre, a vécu avec notre Père et notre Mère célestes, et tout le monde a été aimé et instruit par eux en tant que membre de leur famille éternelle (voir Vie prémortelle). La naissance unit l'esprit à un corps physique de sorte qu'ensemble ils puissent recevoir « une plénitude de joie » (D&A 93:33 ; cf. 2 Né. 2:25).

LE MARIAGE EST ORDONNÉ DE DIEU. « Quiconque interdit de se marier n'est pas mandaté par Dieu, car le mariage est institué par Dieu pour l'homme » (D&A 49:15). Le mariage sanctionné par Dieu donne à l’homme et à la femme l'occasion d'accomplir leur potentiel divin. « Dans le Seigneur, la femme n’est point sans l’homme, ni l’homme sans la femme » (1 Co. 11:11). Maris et femmes sont uniques par certains côtés et libres de développer leurs dons éternels, et cependant étant égaux aux yeux de leurs parents célestes, ils sont un dans les buts divins qu'ils poursuivent, dans leur dévotion aux principes et aux ordonnances éternels, dans leur obéissance au Seigneur et dans leur amour divin l'un pour l'autre. Quand un homme et une femme qui ont été scellés l’un à l’autre dans un temple sont unis spirituellement, mentalement, émotionnellement et physiquement, assumant la pleine responsabilité de s'entretenir mutuellement, ils sont vraiment mariés. Ensemble ils s’efforcent d’imiter le prototype du foyer céleste dont ils viennent. L'Église leur enseigne à se compléter, à se soutenir et à s’enrichir l’un l’autre.

LA FAMILLE PEUT DEVENIR UNE CELLULE ÉTERNELLE. Les membres dignes peuvent être scellés par le pouvoir de la prêtrise pour le temps et l'éternité dans un saint temple soit quand ils se marient soit après le mariage. Au moment de leur scellement au temple, le mari et la femme entrent dans « un ordre de la prêtrise [appelé] la nouvelle alliance éternelle du mariage » (D&A 131:1-4). Sans dignité ni autorité, un mariage ne peut pas durer éternellement et est « sans efficacité, vertu ou force dans et après la résurrection des morts » (D&A 132:7). Si un mari et sa femme sont fidèles à leur mariage au temple, ils continueront comme co-créateurs dans le royaume céleste de Dieu à toute éternité. Ils administreront les affaires de leur famille dans l'unité avec les conseils du Saint-Esprit. Concernant les membres de l'Église non nés dans de tels foyers ou non mariés dans cette vie sans que cela ne soit de leur faute, le président Spencer W. Kimball a enseigné que ceux « qui auraient fait le nécessaire s’ils en avaient eu l’occasion appropriée recevront toutes ces bénédictions dans le monde à venir » (Kimball, p. 295).

LE POUVOIR DE CRÉER LA VIE EST UN DON DE DIEU. Parce que le pouvoir de procréation vient de Dieu, la pureté sexuelle est spirituelle et mentale, aussi bien que physique et émotionnelle (voir Sexualité). Jésus a dit : « Quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis l'adultère dans son cœur. Voici, je vous donne le commandement de ne permettre à aucune de ces choses d'entrer dans votre cœur » (3 Né. 12:28-29). La chasteté est sacrée (cf. Jcb. 2:28).

LA PROCRÉATION EST UN COMMANDEMENT DE DIEU. Par l'expérience sexuelle, le mari et la femme enrichissent leur mariage et créent des corps physiques pour que des esprits viennent sur terre réaliser les buts divins. Les saints des derniers jours s’efforcent de créer une vie au foyer consacrée à atteindre ces buts. C’est à la fois une joie et une responsabilité pour les parents de faire venir des esprits célestes dans ce monde. Adam et Ève reçurent le commandement : « Soyez féconds, multipliez » (Ge. 1:22). La révélation moderne a donné les mêmes instructions. On enseigne aux membres de l’Église à ne pas retarder et à ne pas refuser d'avoir des enfants pour des raisons égoïstes ou matérialistes. Pour ce qui est de la question de savoir combien d'enfants un couple aura, de l'espacement des enfants et de la régulation des naissances, les saints des derniers jours sont censés faire usage de leur libre arbitre et de choisir, comme mari et femme, une façon de faire qui soit conforme aux principes divins en recherchant la confirmation du Saint-Esprit.

LES PARENTS ONT LA RESPONSABILITÉ D'ENSEIGNER L'ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST À LEURS ENFANTS. « S'il y a des parents qui ont des enfants… qui ne leur enseignent pas à comprendre la doctrine du repentir, de la foi au Christ, le Fils du Dieu vivant, du baptême et du don du Saint-Esprit… le péché sera sur la tête des parents… Et ils enseigneront aussi à leurs enfants à prier et à marcher en droiture devant le Seigneur » (D&A 68:25, 28). Les parents sont exhortés à être des exemples pour leurs enfants, conscients de ce que ceux-ci sont également leurs frères et sœurs d'esprit.

UN ENVIRONNEMENT D'AMOUR EST NÉCESSAIRE POUR ÉLEVER DES ENFANTS. L'esprit d'un foyer juste est l’amour. Le Seigneur a dit : « Vous vivrez ensemble dans l'amour » (D&A 42:45), l’amour des parents célestes, du Seigneur Jésus-Christ et du Saint-Esprit ; du mari et de la femme et des parents pour les enfants, des enfants pour les parents et des enfants les uns pour les autres.

FAIRE DU FOYER UN LIEU DE PAIX ET DE JOIE DEMANDE DES EFFORTS. Les efforts consentis pour créer un foyer de paix exigent une planification, des prières et une collaboration constantes. L'Église encourage les familles à organiser des soirées familiales hebdomadaires, où tous les membres de la famille étudient les principes et les ordonnances éternels de l'Évangile et font ensemble des choses qui leur apportent de la joie. Deux présidents de l’Église ont dit : « L’œuvre du Seigneur la plus importante que vous ferez jamais sera celle que vous faites dans les murs de votre maison » (Lee, p. 7), et « Aucun autre succès ne peut compenser l'échec au foyer » (McKay, p. iii).

LES MEMBRES D’UNE FAMILLE QUI SONT DIGNES S’ATTENDENT AVEC FOI ET ESPÉRANCE À L’ÉTERNITÉ DE LEURS RELATIONS FAMILIALES. Les familles terrestres, avec leurs ancêtres et leurs descendants comptent bien vivre à nouveau en tant que familles au sens large avec les proches qui sont morts. Elles deviennent ceux « qui ont accepté le témoignage de Jésus, ont cru en son nom… et sont scellés par le Saint-Esprit de promesse que le Père répand sur tous ceux qui sont justes et fidèles » (D&A 76:51, 53).

LES JUSTES SONT BÉNIS. Toutes les personnes justes qui conservent leur dignité, leur amour et leur fidélité personnels, ont la promesse des richesses de l'éternité, dont la bénédiction finale d’être scellées à d'autres membres de la famille qui se qualifient également pour les bénédictions célestes.

Bibliographie
Benson, Ezra Taft. God, Family, Country : Our Three Great Loyalties, p. 167-273. Salt Lake City, 1974.
Kimball, Spencer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball, Salt Lake City, 1982.
Lee, Harold B. Strengthening the Home (brochure) Salt Lake City, 1973.
McConkie, Oscar W. Jr. “LDS Concept of the Family”, Journal of the Collegium Aesculapium 2, juillet 1984, p. 46-51.
McKay, David O. Family Home Èvening Manual. Salt Lake City, 1965.
White, O. Kendall Jr. « Ideology of the Family in Nineteenth-Century Mormonism ». Sociological Spectrum 6, 1986, p. 289-306.

REED H. BRADFORD

Famille : Vie de famille
Auteur : THOMAS, DARWIN L.
 
DÉMOGRAPHIE FAMILIALE. L'insistance inhérente sur la famille à la théologie des saints des derniers jours s’exprime dans des schémas démographiques qui sont différents chez les saints par comparaison avec l’ensemble de la population. D'abord, le taux de fertilité chez les saints a toujours été plus haut que la moyenne nationale. L'Utah a traditionnellement le taux de fertilité le plus élevé de tous les États de l'Union à cause du pourcentage élevé de saints des derniers jours dans l'État (approximativement 70%).

Les recherches prouvent que le fait que la famille est plus grande que la moyenne chez les saints des derniers jours n’est pas dû à leur répugnance à utiliser diverses méthodes de régulation des naissances. Les recherches de Heaton et Calkin (1983) prouvent que dans un échantillon national il y a autant de chances pour qu’ils utilisent des méthodes modernes de régulation des naissances que le reste du pays. Mais pour les saints des derniers jours, les contraceptifs ne sont souvent utilisés qu'après que les enfants aient été élevés et sont utilisés moins fréquemment afin de pouvoir obtenir la famille plus nombreuse désirée. Heaton conclut que le fait que les familles sont plus grandes chez les saints des derniers jours est lié au fait que les saints croient qu’il est important d’avoir des enfants, qu’ils font partie d’un groupe de référence de saints des derniers jours et qu’ils sont socialisés dans un contexte qui favorise la procréation d’enfants (1988, p. 112).

Dans la population en général, quand la taille de la famille augmente, la discipline coercitive augmente aussi. Les relations familiales affectueuses diminuent. Mais les recherches effectuées chez les saints des derniers jours révèlent une tendance inverse, les familles plus nombreuses signalant des relations d'affection accrues (Thomas, 1983, p. 274).

Les saints des derniers jours révèlent systématiquement un taux d’expériences sexuelles prénuptiales, de grossesses d'adolescentes et d'expériences sexuelles extra-conjugales inférieur à la moyenne nationale (Heaton, 1988). Cependant, les recherches faites par Smith (1976) prouvent que les saints non pratiquants évoluaient vers une attitude et un comportement sexuels plus libéraux pendant les années 1970, alors même que les saints des derniers jours pratiquants ne montraient aucune évolution vers une attitude ou un comportement plus libéraux. Les pourcentages ne signalant aucune activité sexuelle prénuptiale chez les saints des derniers jours pratiquants ont en fait augmenté entre 1950 et 1972, passant de 95% à 98% pour les hommes et de 96% à 98% pour les femmes (p. 79-81).

Les données actuelles montrent qu'un pourcentage plus élevé de saints des derniers jours se marieront que dans l’ensemble de la population. Ils se marient aussi plus jeunes, ont un taux de divorce moindre et sont plus nombreux à se remarier après un divorce que l’ensemble de la population (Heaton, 1988, p. 110-111).

En ce qui concerne le divorce, il est clair que les saints des derniers jours les plus religieusement engagés ont un taux de divorce considérablement inférieur à celui des membres de l’Église non pratiquants ou non engagés, en dépit du fait que l'Utah est l’un des États des montagnes de l’Ouest qui ont généralement un taux moyen de divorce plus élevé que la moyenne nationale (Thomas, 1983, p. 277). Les recherches de Heaton et de Goodman (1985) montrent que parmi les saints des derniers jours fréquentant régulièrement l’Église, 10% des hommes et 15% des femmes passent par le divorce, pour 21% des hommes et 26% des femmes qui n’assistent pas régulièrement. En outre, parmi les hommes ayant contracté un mariage au temple, 5,4% divorcent par rapport aux 27,8% de ceux qui ne sont pas mariés au temple. Pour les femmes mariées au temple, 6,5 divorcent par rapport aux 32,7% des femmes non mariées au temple.

LE RÔLE DE LA FAMILLE ET L'ÉGLISE. Du fait que toutes les organisations de l’Église insistent sur la famille, depuis la Primaire jusqu’aux collèges de la prêtrise, le mari et la femme deviennent les points de contact principaux entre la famille et l'Église. La participation de l'épouse à la vie de l'Église se situera très probablement dans les activités de la Primaire et de la Société de secours. Le contact du mari avec l'Église peut se situer dans presque n'importe quelle organisation excepté la Société de secours, qui est limitée aux femmes.

L'Église étant organisée autour d'une prêtrise masculine laïque, les maris remplissent plus de postes de direction que les femmes. En outre, la réorganisation des procédures et des fonctions de l’Église entreprise sous la politique générale de « coordination de la prêtrise » a remis l’accent sur le rôle du père de présider les conseils de famille, considérés comme faisant partie du système des conseils qui doit gérer l'Église et qui s’étend jusqu’au conseil de la Première Présidence. La famille est considérée comme l’unité la plus fondamentale de l'Église et tous les programmes de l’Église sont conçus pour fortifier la famille.

Étant donné le rôle de la prêtrise dans le gouvernement de l’Église, aussi bien que les enseignements au sujet de la famille, les saints des derniers jours sont généralement considérés comme encourageant la répartition traditionnelle du travail en fonction des sexes dans la famille, tout en mettant l’accent sur l'autorité du père par la lignée de la prêtrise. Quand les chercheurs ont demandé qui devait remplir diverses fonctions dans la famille, les saints des derniers jours ont eu tendance à se situer haut sur l’échelle des croyances traditionnelles concernant qui doit faire quoi dans une famille (Brinkerhoff et Mackie, 1988). Cependant, dans les recherches dans lesquelles on demande aux maris et aux femmes ce qu'ils font réellement dans la prise de décision dans la famille ou comment ils s’acquittent de divers devoirs (que l’on considérait traditionnellement comme revenant au mari ou à la femme), les saints des derniers jours se situent systématiquement haut sur l’échelle égalitaire (Thomas, 1983 ; Brinkerhoff et Mackie, 1983, 1988). Il n’y a pas d’explication satisfaisante à ces schémas quelque peu paradoxaux. L’explication habituelle, à savoir que les pressions égalitaires de l’ensemble de la société changent le comportement des maris et des femmes de l’Église n'est pas convaincante à la lumière de ces résultats de recherches récentes. Wuthnow conseille à ceux qui étudient l'influence religieuse de conserver un scepticisme sain à l’égard de toute description de la religion « comme une force au service du conservatisme social » (1973, p. 128). Son conseil semble particulièrement d’application à cette question de l’attitude et des croyances des saints.

En outre, alors que le père chez les saints des derniers jours reçoit la responsabilité de diriger la famille, il est attendu de lui qu’il le fasse d’une manière qui aide chaque membre de la famille à se développer et à s’épanouir. Les croyances des saints soulignent également la nature égalitaire des rapports hommes-femmes. La doctrine de l’Église enseigne qu'il y a une Mère dans les cieux aussi bien qu'un Père, que le fait qu’Ève ait mangé du fruit défendu a fait avancer le Plan du salut de Dieu (voir Chute d'Adam), que les femmes doivent accomplir certaines ordonnances essentielles de la prêtrise dans le temple et que l’ordre le plus élevé de la prêtrise et les bénédictions complètes de l'exaltation ne sont accessibles qu’aux couples mariés ; ni l'un ni l'autre ne peuvent entrer dans l'exaltation sans l’autre.

Ce rapport égalitaire entre les hommes et les femmes est symbolisé dans la façon dont les saints représentent les relations entre Adam et Ève après leur expulsion du jardin d'Éden. Les deux doivent gagner leur pain à la sueur de leur front et « Ève, sa femme, travaillait également avec lui » (Moï. 5:1). Il est commandé aux deux d’offrir des sacrifices et ils enseignent tout cela à leurs enfants (Moï. 5:5, 12). Ève se lamente avec Adam de la méchanceté de leurs enfants et ils prient le Seigneur ensemble (Moï. 5:13-16). Après avoir reçu des informations de Dieu, Ève instruit à son tour Adam de quelques points de base de l'Évangile (Moï. 5:11).

Un autre accent égalitaire apparaît dans les cérémonies et les ordonnances du temple. S’il n’y avait pas de femmes pour accomplir les ordonnances sacrées de la prêtrise dans le temple, les ordonnances salvatrices les plus élevées qui doivent se faire sur terre par les hommes et les femmes ne pourraient pas être accomplies. C'est symbolique des rapports hommes-femmes en général. Seuls ils restent incomplets tandis que l'homme et la femme unis réalisent leur potentiel divin le plus élevé.

CROYANCES DES PARENTS ET COMPORTEMENT EN FAMILLE. L'engagement vis-à-vis de la famille est considéré comme crucial aussi bien pour le mari que pour la femme, bien que celle-ci ait normalement la responsabilité principale de la gestion du foyer et de l’éducation des enfants. Thomas (1988) a étudié un échantillonnage de parents de l’Église et a démontré que la mesure dans laquelle maris et femmes partageaient leurs devoirs dans l’éducation des enfants était le deuxième élément de satisfaction dans le mariage. Une recherche plus récente (Thomas et Cornwall, 1990) a montré que c'est la satisfaction matrimoniale de la femme qui est en rapport étroit avec le partage de l’éducation des enfants, alors que la satisfaction matrimoniale du mari est indépendante du partage de l’éducation des enfants. Cette constatation corrobore un schéma général de longue date dans les recherches sur la famille qui prouve que ce qui se passe dans la vie de famille est plus essentiel à la définition que la femme donne de la satisfaction que celle que le mari en donne. Cela montre aussi que les maris dans l’Église doivent se rendre compte que leur participation accrue aux soins à donner aux enfants sera l'une des meilleures contributions qu'ils peuvent apporter à la satisfaction matrimoniale de leur femme. En outre, les familles qui se situent haut sur l’échelle de l'observance religieuse au foyer (prière en famille, lecture des Écritures et conseil de famille) signalent aussi le plus haut niveau d’éducation partagée des enfants.

Dans des résultats apparentés, le fait que le couple ait été marié dans le temple était le meilleur indicateur que la famille s’acquitterait de son observance religieuse au foyer. Ces données soutiennent la conclusion que le mariage au temple est lié aux comportements familiaux qui incluent plus d'activités religieuses au foyer, une participation accrue du mari à l’éducation partagée des enfants et par conséquent une satisfaction matrimoniale accrue.

L'accent mis sur la famille chez les saints des derniers jours peut souvent déboucher sur davantage de relations avec les membres de la famille au sens large. L'Église encourage les familles à s’organiser à travers les générations pour stimuler l’histoire familiale et l’œuvre généalogique considérées comme essentielles au bien-être de la famille dans l'éternité. On discute souvent de cette œuvre lors des réunions de famille. Il n’existe cependant pas de bonnes recherches comparatives pour savoir dans quelle mesure les familles de l’Église diffèrent des autres familles ou leur ressemblent en matière d'interaction avec la famille au sens large.

L'ÉGLISE ET LE FONCTIONNEMENT DE LA FAMILLE. Ces réalités démographiques signifient que généralement les familles de l’Église sont plus grandes, ont plus de chances d’éviter le divorce, se caractérisent par leur engagement religieux et des activités centrées sur l'éducation des enfants et ont besoin de grandes ressources financières. Outre qu’ils doivent pourvoir aux besoins financiers de la famille, gérer le ménage et élever les enfants, les adultes ont habituellement un ou plusieurs appels dans l'Église qui peuvent exiger beaucoup de temps au service d'autrui. Et, puisque le nombre de femmes de l’Église qui sont employées en dehors de la maison est pratiquement égal à la moyenne nationale aux États-Unis (voir Mason, p. 103 ; Heaton, 1986, p. 184, 190), donner la priorité absolue au foyer est un défi véritable. Quand les enfants grandissent, les parents sont encouragés à les inclure dans les tâches ménagères, afin que les qualifications et le comportement qui en résulteront puissent contribuer à la qualité de la vie de famille, aussi bien que les préparer à avoir de l’assurance et de la compétence dans le monde extérieur à la famille. Les dirigeants de l’Église sont encouragés à réduire au minimum le temps qu’eux et les autres membres consacrent à leurs appels et à protéger le temps pour la famille des intrusions constantes de l’extérieur.

Parfois, l’accent mis par les activités de l’Église sur la famille à deux parents va à l’encontre de la vérité que tous les membres ne sont pas à une étape de la vie où ils peuvent élever des enfants avec un conjoint dévoué. Ceux qui ne se sont jamais mariés, sont divorcés, sont veufs, sont des parents seuls ou sont mariés avec une personne qui n’est pas membre de l’Église sont toujours dans des paroisses de l’Église et, idéalement, ils sont inclus dans la communauté des saints. Les collèges de la prêtrise et la Société de secours ont la responsabilité d’intégrer ces familles aux activités de la paroisse ainsi que de veiller aux besoins spéciaux. Et, quand les membres d’une famille quelconque se retrouvent dans des activités telles que la consommation de drogue, le divorce ou la violence dans la famille, l'Église prévoit que les dirigeants fournissent un réseau d'appui émotionnel, de prévention et de réadaptation.

Bibliographie 

Bahr, Howard M. ; S. J. Condie et K. L. Goodman. Life in Large Families. Washington, D.C., 1982.
Brinkerhoff, Merlin B. et Marlene MacKie. "Religious Sources of Gender Traditionalism". Dans The Religion and Family Connection : Sociol Science Perspectives, dir. de publ. D. Thomas, p. 232-257. Provo, Utah, 1988.
Heaton, Tim B. "The Demography of Utah mormons". Dans Utah in Demographic Perspective, dir. de publ. T. Martin ; T. Heaton et S. Bahr, p. 181-193. Salt Lake City, 1986.
Id. "Four C's of the Mormon Family : Chastity, Conjugality, Children, and Chauvinism." Dans The Religion and Family Connection : Social Science Perspectives, dir. de publ. D. Thomas, p. 107-124. Provo, Utah, 1988.
Id. et S. Calkins. "Family Size and Contraceptive Use among mormons : 1965-1975. " Review of Religious Research 25, no.2 (1983) :103-114.
Id. et Kristen L. Goodman. "Religions and Family Formation." Review of Religious Research 26, no.4 (1985) :343-59.
Lee, Harold B. Strengthening the Home. Salt Lake City, 1973 (brochure).
Mason, Jerry. "Family Economics." ln Utah in Demographic Perspective, dir. de publ. T. Martin ; T. Heaton et S. Bahr, p. 91-109. Salt Lake City, Utah, 1986.
Smith, W. E. "Mormon Sex Standards on College Campuses, or Deal Us Out of the Sexual Revolution." Dialogue 10, no.2 (1976) :76-81.
Thomas, Darwin L. "Future Prospects for Religion and Family Studies : the Mormon Case". Dans The Religion and Family Connection : Social Science Perspectives, dir. de publ. D. Thomas, p. 357-382. Provo, Utah, 1988.
Id. "Family in the Mormon Experience". Dans Families and Religions : Conflict and Change in Modem Society, dir. de publ. W. D'Antonio et J. Aldous, p. 267-288. Beverly Hills, Calif. , 1983.
Id. et Marie Cornwall. "The Religion and Family Interface : Theoretical and Empirical Explorations". Paper presented at the XII World Congress of Sociology , International Sociological Assn., Madrid, Espagne, 13 juillet 1990.
Wuthnow, R. "Religious Commitment and Conservatism : ln Search of an Elusive Relationship. " Dabs Religion in Sociological Perspective, dir. de publ. C. Glock. Belmont, Calif. , 1973.
DARWIN L. THOMAS

Féminisme
Auteur : Richards, Mary Stovall


Le féminisme est la croyance philosophique qui prône l'égalité entre femmes et hommes et cherche à supprimer les inégalités et à réparer les injustices commises contre les femmes. Loin d'être une idéologie monolithique, la théorie féministe englobe une variété de vues sur la nature des femmes et plaide en faveur d'une vision plurielle du monde qui considère comme tout aussi importantes les expérience des femmes de toutes races et de toutes classes.

Aux États-Unis, le « féminisme » est un terme générique qui englobe une coalition des femmes et des hommes qui ont en commun leur dévouement à la cause des droits des femmes, mais qui diffèrent souvent dans les détails relatifs aux objectifs et à la tactique. Les valeurs personnelles, religieuses et politiques influent toutes sur les réformes et les mesures pour lesquelles le ou la féministe va opter.

La doctrine de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours converge dans certains domaines avec les idéaux du féminisme et diffère dans d'autres. Elle insiste sur l'égalité spirituelle absolue des femmes et des hommes, proclamant que « tous sont pareils pour Dieu », « noirs et blancs, esclaves et libres, hommes et femmes?» (2 Néphi 26:33; Galates 3:28). Les dons de l'Esprit sont accordés de manière égale aux hommes et aux femmes?: «?Et maintenant, il communique sa parole par des anges aux hommes, oui, non seulement aux hommes, mais aussi aux femmes?» (Alma 32:23). Les principes des saints des derniers jours sont, sans équivoque aucune, en faveur du développement de tout le potentiel de chaque personne sans distinction de sexe.

L'égalité de tous les êtres humains devant le message du Christ est à ce point central que, durant son ministère terrestre, le Christ a rejeté ouvertement les interdits culturels qui reléguaient les femmes à un statut d'infériorité spirituelle et politique. Il reconnaissait l’intelligence des femmes?; il les instruisait directement (Luc 10:38-42) ; il s’est présenté à une femme comme étant le Messie, première affirmation de ce genre que l’on trouve dans le Nouveau Testament (Jean 4:26) ; il a guéri des femmes (Matthieu 15:22-28) et a ressuscité une femme d'entre les morts (Luc 8:49-56). Après sa résurrection, il est d’abord apparu à une femme à qui il a demandé d’informer ses apôtres de ce merveilleux événement (Jean 20:11-18), alors que, selon la loi juive, les femmes n’étaient pas considérées comme étant des témoins juridiquement compétents.

Cette égalité des femmes et des hommes est basée sur le modèle céleste de parents célestes, Père et Mère, qui ont en commun « tout pouvoir » et à qui «?tout… est soumis?» (D&A 132:20) et qui invitent leurs enfants à imiter leur exemple d'amour et d'unité parfaits et à devenir comme eux. On enseigne aux mormons que le pouvoir juste détenu par les parents célestes et partagé avec leurs enfants n'est jamais coercitif mais se caractérise « par la persuasion, par la longanimité, par la gentillesse et la douceur, et par l'amour sincère » (D&A 121:41). S’il est vrai que les implications de ces croyances globales sont toujours sujettes à la mise en application par chacun, hommes et femmes dans l’Église ont trouvé dans ces points de doctrine des sources de force spirituelle, et notamment le désir d'en savoir plus sur notre Mère céleste.

Néanmoins, la doctrine mormone est en désaccord avec plusieurs versions du féminisme, dont celles qui mettent l’accent sur une autonomie féminine excluant les hommes. Parce que la doctrine de l'Église souligne la nécessité de surmonter les différences et de créer une unité céleste entre mari et femme pour atteindre l'exaltation (cf. 1 Corinthiens 11:11), la critique féministe radicale à l’égard de la famille, qu’elle considère comme une institution répressive à l’égard de la femme et dont elle réclame le remplacement trouve peu d’écho chez les saints des derniers jours. Si certaines familles peuvent être répressives et dysfonctionnelles, la plupart des saints des derniers jours croient que le défaut n'est pas inhérent à la structure. En fait, la famille est considérée comme étant la source de la plus grande œuvre et de la plus grande joie tant pour les femmes que pour les hommes, pas seulement sur terre mais aussi dans l'éternité.

Bibliographie
Beecher, Maureen Ursenbach, et Lavina Fielding Anderson, dir. de publ. Sisters in Spirit: Mormon Women in Historical and Cultural Perspective. Urbana, Ill., 1987.
Dialogue 6, été 1971, et 14, hiver 1981. Les deux numéros présentent un certain nombre d’articles sur les femmes dans l’Église.
Donovan, Josephine. Feminist Theory: The Intellectual Traditions of American Feminism. New York, 1985.
MARY STOVALL RICHARDS

 
Femmes dans le Livre de Mormon
Auteurs : BOWEN, DONNA LEE et WILLIAMS, CAMILLE S.
 
On peut tirer certaines conclusions générales concernant les femmes du Livre de Mormon à partir des passages fragmentaires du livre sur le mariage, la famille et l'organisation religieuse. Six femmes sont mentionnées par leur nom : Sariah, Isabel, Abish, Ève, Sara et Marie. Puisque aucune femme n'est mentionnée comme dirigeante religieuse ou militaire et un petit nombre seulement comme dirigeantes politiques, il apparaît que les hommes détenaient quasiment tous les postes de direction dans cette société. En outre, comme il a été écrit principalement pour rappeler à de futurs lecteurs la bonté de Dieu et pour les persuader de croire au Christ, le Livre de Mormon ne contient aucun livre de loi et peu d’histoire intellectuelle ou sociale traitant de la combinaison des pratiques familiales et religieuses. Il est cependant raisonnable de supposer que ces peuples ont commencé avec beaucoup de coutumes semblables à celles de leurs cultures sémitiques héréditaires et que leurs pratiques ont changé quelque peu au cours des années.

Le mariage et l’enfantement, investis d’une importance et de responsabilités religieuses, étaient un fait de la société néphite (1 Né. 7:1 ; Mos. 4:14-15 ; 4 Né. 1:11). Le mariage était peut-être arrangé dans les groupes ethniques (1 Né. 16:7 ; Al. 17:24) et limités à l’extérieur de certains groupes (Al. 3:8). La polygamie et le concubinage étaient interdits et dédaignés ; la monogamie était de règle sauf si le Seigneur voulait se « susciter une postérité » (Jcb. 2:27-30).

Il était attendu des maris et des femmes qu’ils soient fidèles l’un à l’autre (Jcb. 3:7). Il y a un cas qui prouve qu'une épouse avait de la valeur même si elle était incapable de concevoir. Le roi jarédite Coriantum, qui était un juste, reste avec son épouse stérile jusqu'à sa mort à l'âge de 102 ans. Il épouse alors une jeune servante et engendre des fils et des filles (Ét. 9:23-24). Il est de même considéré comme un signe de grande méchanceté que les prêtres du roi Noé abandonnent leurs familles. Tandis qu'ils se cachent, ils enlèvent vingt-quatre femmes lamanites pour les épouser. Mais quand les Lamanites de leur tribu découvrent et veulent tuer les prêtres plusieurs années après, ces femmes plaident fidèlement pour que leurs maris aient la vie sauve (Mos. 23:33).

Les hommes étaient censés entretenir leurs épouses et leurs enfants, de même que les veuves et les enfants des hommes tués à la guerre (Mos. 21:17). Les hommes devaient prier pour leur ménage (Al.34:21) et beaucoup prenaient les armes pour défendre leurs familles.

Les deux parents se préoccupaient de leur progéniture (1 Né. 5:1-7 ; 8:37). Léhi bénit ses petites-filles et petits-fils et leur fait des recommandations (2 Né. 4:3-9). On enseignait aux enfants à honorer leurs père et mère. Hélaman l’Ancien et ses 2.000 jeunes guerriers attribuent à leurs mères ammonites le mérite de leur avoir inculqué la foi que « s’ils ne doutaient pas, Dieu les délivrerait » (Al. 56:47).
Dans la vie religieuse, les femmes participaient aux assemblées au temple (Jcb. 2:7 ; Mos. 2:5-8), instruisaient leurs enfants concernant Dieu (Al. 56:46-47) et offraient des sacrifices (1 Né. 5:9). De toute évidence, elles n’étaient pas exclues du culte ni isolées au cours de celui-ci (2 Né. 26:28-33) ; il n’y a aucune indication non plus qu'elles aient été considérées comme rituellement impures pendant la menstruation. L’Évangile enseigné par les Néphites et par le Christ dans le Livre de Mormon s’adresse à tous, quels que soient le sexe, l'âge ou l’origine (2 Né. 26:33 ; Mos. 27:25 ; Al. 11:44 ; 32:23 ; 3 Né. 17:25). Le baptême était offert à tous les hommes et femmes qui croyaient (Mos. 18:16 ; Mro. 9:10). Les femmes faisaient preuve d’une foi profonde et étaient mises à l'épreuve par de grands sacrifices. À Ammonihah, des femmes sont brûlées vives avec leurs enfants pour avoir refusé de renoncer à leur foi au Christ (Al.14:7-11). Apparemment le liahona répondait à la foi et à la diligence collectives du groupe entier, hommes et femmes (1 Né. 16:28).

Pendant les années passées dans le désert, les femmes léhites travaillèrent dur et étaient fortes, mais on ne sait rien de leurs activités, à part la grossesse et l'accouchement. Le filage est le seul travail explicitement attribué aux femmes (Mos. 10:5 ; Hél. 6:13). La danse chez les femmes est associée aux loisirs et parfois à la méchanceté (1 Né. 18:9 ; Mos. 20:1 ; Ét. 8:10-11). Les prostituées échangeaient leurs faveurs contre leur entretien (Mos. 11:14).

Politiquement, les femmes avaient des droits de succession au trône chez les Lamanites, parce que quand Amalickiah assassine un roi lamanite, le règne passe à la reine, qu'Amalickiah épouse alors pour obtenir le trône (Al. 47:32-35). Dans des crises extrêmes les femmes prenaient les armes à la guerre aux côtés de leurs maris (Al. 54:12 ; 55:17 ; Ét. 15:15).

On ne constate pas d'attribution de tâches dans la famille ou dans l’ensemble de l’économie – le commerce, les semailles et les moissons et l’entretien des animaux. Il est certain que les cycles de colonisation, d'agriculture, d'urbanisation, de guerre, de destruction et de renouveau, aussi bien que les différents systèmes de croyances ont affecté la façon de vivre des familles et la manière de travailler.

Les femmes du Livre de Mormon Sariah, Abish et Isabel peuvent être considérées non seulement comme des figures historiques mais également comme des archétypes respectivement de la mère juste, de la servante pieuse et de l’étrangère attirante mais sexuellement impure.

Sariah est la mère fidèle des nations néphite et lamanite. Elle quitte une maison confortable près de Jérusalem avec Léhi et leur famille pour subir les rigueurs de la traversée du désert et de l'océan, donnant naissance à deux autres fils, Jacob et Joseph, à un âge avancé tandis qu’ils sont dans le désert (1 Né. 18:7, 17-19). Elle se plaint de Léhi quand elle pense que leurs fils sont morts, mais affirme son appel et la puissance de Dieu quand ils reviennent sains et saufs (1 Né. 5:2-8). Avec Léhi elle offre un sacrifice d’actions de grâces. Elle est mère de six fils et d’au moins deux filles (2 Né. 5:6).

Abish, convertie lamanite d’une foi exceptionnelle, servante de la reine du roi Lamoni, reconnaît que c’est la puissance de Dieu qui a accablé le roi, la reine et Ammon quand ils tombent à terre sans connaissance ; elle rassemble le peuple pour qu’il soit témoin de l'événement, puis elle touche la reine pour la relever quand la confusion de la foule se transforme en querelle. Beaucoup vont croire au témoignage de la reine revenue à elle, qui relève alors le roi, lequel va également témoigner de Jésus (Al. 19:16-36).

Isabel, selon Alma le Jeune (Al. 39:3-4), est une prostituée qui en séduit beaucoup, dont Corianton, fils d'Alma, qui pendant un certain temps abandonne le ministère pour aller après elle (Al. 39:3).

Les trois autres femmes qui ont un nom sont des figures bibliques : Ève (par exemple, 2 Né. 2:15-20 ; cf. plusieurs mentions de « nos premiers parents », par exemple 2 Né. 9:9), Sara (2 Né. 8:2) et Marie, mère de Jésus (par exemple, Mos. 3:8). Ève est mentionnée dans le contexte d'une explication de la doctrine de la chute d'Adam, précurseur du salut de l'humanité. Sara est reconnue comme mère fidèle des nations. Marie est qualifiée de « vierge d'une très grande beauté et plus belle que toutes les autres vierges » (1 Né. 11:15).

Il y a, dans le Livre de Mormon, d'autres femmes qui ne sont connues que par les actes qu’elles posent : la femme de Néphi 1, une fille d'Ismaël, essaie d’adoucir des cœurs mauvais par ses larmes (1 Né. 7:19 ; 18:19) ; la femme d'Ismaël et trois de leurs filles soutiennent Néphi (1 Né. 7:6) ; une servante se sauve du camp de Morianton après avoir été violemment battue par lui, pour avertir Moroni 1 des plans de son maître rebelle (Al. 50:30-31) ; une fille de Jared ourdit un complot pour regagner le royaume pour son père par la séduction, la violence et la duperie (Ét. 8-9) ; deux reines lamanites sont converties par les fils de Mosiah 2 (Al. 19:29-30 ; 22:19-24). Peut-être que, comme dans certaines cultures sémitiques d’aujourd'hui, la manière officielle ou plus polie de désigner une femme était-elle non d’utiliser son nom, mais de décrire sa place dans la famille, comme « la fille de Jared ». Les autres femmes désignées de cette façon sont la femme d'Ismaël, les filles d'Ismaël, la fille aînée d'Ismaël, femme de Zoram, les filles de Léhi et les sœurs de Néphi, la fille de Lamoni et les filles impénitentes de Coriantumr.

Le comportement et le traitement des femmes étaient considérés comme un indice de santé sociale et spirituelle. Beaucoup d’allusions aux femmes concernent leurs souffrances pendant la guerre, la captivité et les vicissitudes. Néphi et ses frères mesurent la difficulté de leurs voyages en termes de souffrances de leurs femmes, bien que Néphi souligne que les femmes sont rendues fortes comme les hommes, alors que ses frères décrivent les souffrances de leurs épouses comme pires que la mort (1 Né. 17:1, 20). Jacob établit un vif contraste entre l'infidélité masculine et la tendresse des femmes (Jcb. 2-3) ; il décrit l'immoralité comme étant la cause de l'effondrement de la famille et de la société. L'inhumanité et la dépravation des civilisations mourantes sont également décrites en termes de souffrances de la part des femmes : les Lamanites font manger aux femmes et aux enfants la chair de leurs maris et pères morts (Mro. 9:8) ; les femmes néphites sont sacrifiées aux idoles (Mrm. 4:15, 21) ; les Néphites violent les femmes lamanites capturées, les torturent à mort et ensuite mangent leur chair comme marque de leur courage (Mro. 9:9-10).

Une grande partie des images impliquant les femmes du Livre de Mormon correspond à celles de la Bible. Par exemple, le Christ compare ses efforts pour rassembler les repentis à une mère poule rassemblant ses poussins sous ses ailes. Comme dans Proverbes 3:13-20, la sagesse est féminine (Mos. 8:20), de même que la miséricorde (Al. 42:24). Il arrive que des images féminines soient appliquées au Seigneur, comme dans le cas de l’image de la mère allaitant son enfant utilisée pour dire que le Seigneur console et se rappelle les enfants de son alliance (1 Né. 21:15).

Dans un sens, la femme est l'image du peuple de Dieu. Le langage figuré biblique faisant de Dieu l’époux et de son peuple l’épouse se poursuit dans le Livre de Mormon, essentiellement dans les écrits d'Ésaïe. Israël décadent est décrit comme dépourvu d'hommes honorables, du fait qu’ils considèrent les femmes comme des objets sexuels décoratifs (2 Né. 13:16-26 ; És. 3:16-26). Quand le peuple de Dieu lui devient infidèle, il est qualifié de « prostituée de toute la terre » (2 Né. 10:16). Quand il appelle son peuple au repentir, le Seigneur pose la question rhétorique : « T'ai-je répudié… Où est la lettre de divorce par laquelle j'ai répudié votre mère ? » (2 Né. 7:1 ; És. 50:1). Les images de la mère trop faible pour nourrir son enfant et de la femme enceinte si proche de l’accouchement qu’elle ne peut pas fuir la destruction servent à motiver les Néphites à se repentir (Hél. 15:1-2) ; la femme dont les enfants sont perdus est l'image de la désolation (1 Né. 21:20-21). Ceux qui acceptent le « mariage » avec le Seigneur éprouveront une joie aussi abondante que celle d'une femme stérile qui devient mère de beaucoup d’enfants et le Seigneur console son peuple en disant : « Car ton créateur est ton époux : le Seigneur des armées est son nom… Dans un instant de colère, je t'avais un moment dérobé ma face, mais avec un amour éternel j'aurai compassion de toi, dit ton Rédempteur, le Seigneur » (3 Né. 22:1, 5-8 ; Es. 54:1, 5-8).

Bibliographie

Spencer, Marjorie Meads. « My Book of Mormon Sisters ». Ensign 7, sept. 1977, p. 66-71.
DONNA LEE BOWEN et CAMILLE S. WILLIAMS
 
Femmes, rôle des : Évolution historique et sociologique
Auteur : BECK, MARTHA NIBLEY
 
Les croyances des saints créent une identité féminine très particulière qui encourage les femmes à développer leurs capacités d’individus potentiellement divins, tout en affirmant que les activités les plus importantes pour les hommes et les femmes sont centrées sur la création et l’entretien de relations familiales.

Le potentiel éternel des femmes a toujours été basé sur le canon doctrinal, qui est resté essentiellement inchangé depuis que l’Église a été organisée. Cependant, le rôle temporel des femmes a pris différentes formes selon les situations auxquelles l’Église a dû faire face à divers moments de son histoire. À travers toutes les périodes historiques, l’application aux circonstances pragmatiques de la perspective théologique à l’égard des femmes a signifié que les membres féminins de l’Église ont toujours joué un rôle central qui a assuré le succès du mormonisme comme religion et comme société.

RÔLE DES FEMMES DANS LA PÉRIODE FORMATRICE DE L’ÉGLISE (1830-1847). Comme le font typiquement la plupart des adhérents des religions nouvellement créées qui cherchent leur place, les premiers saints des derniers jours réagissaient aux tensions en donnant à la vie de tous les jours une orientation intensément spirituelle. Bien que l’autorité pour administrer la plupart des ordonnances et pour présider la plupart des assemblées ait été limitée à une prêtrise masculine, les dons de l’Esprit n’étaient pas considérés comme appartenant aux hommes uniquement. Les femmes recevaient la révélation personnelle, guérissaient les malades, prophétisaient les événements futurs et accomplissaient diverses autres actions qui nécessitaient des dons spirituels. La foi de ces femmes et leur capacité de développer des qualités spirituelles furent essentielles pour maintenir l’Église en vie pendant ses premières années difficiles. Elles votaient sur les affaires de l’Église, aidaient aux cérémonies du temple et contribuaient aux activités d’entraide. En tant que groupe, les femmes obtinrent une identité ecclésiastique par la création de la Société de secours, que le prophète Joseph Smith considérait comme partie intégrante et essentielle de l’Église. De plus, les femmes fournissaient une grande partie du travail physique, soignaient les malades et les blessés, aidèrent à la création d’une succession de nouvelles communautés et s’occupaient des besoins des membres dont les familles avaient affronté des difficultés.

RÔLE DES FEMMES DANS LA PÉRIODE DE CONSOLIDATION (1847-1920). L’émigration à grande échelle des saints des derniers jours hors du Midwest des États-Unis vers la région peu peuplée du Grand Bassin de l’Ouest marqua le commencement de la consolidation de la religion mormone. Séparés de la civilisation anglo-américaine dominante par des centaines de kilomètres de territoire hostile et non colonisé, les saints des derniers jours pouvaient créer leur communauté selon les directives dictées par leur religion. Parmi les pratiques sociales qui devinrent importantes après la migration vers l’Ouest et qui eurent un impact important sur la vie des femmes, il y eut le mariage plural et l’affectation des hommes adultes à de longues tournées comme missionnaires de l’Église. Une femme dont le mari divisait son temps entre des épouses multiples et/ou le service missionnaire était souvent obligée de pourvoir toute seule au soutien matériel et émotionnel de ses enfants et d’elle-même.

La croissance de la population et sa socialisation dans l’Église furent des facteurs importants de la consolidation et du renforcement de l’organisation de l’Église et une grande partie de cette responsabilité incomba aux femmes. À cause de l’absence de leurs maris, les femmes étendirent leur rôle en tant que « mères en Sion » dans des domaines qui n’étaient généralement pas liés à la domesticité féminine du XIXe siècle. Le président Brigham Young encouragea l’éducation des filles et des garçons dans « les us et coutumes des royaumes et des nations éloignés, avec leurs lois, leur religion, leur localisation géographique… leur climat, leurs productions naturelles, l’ampleur de leur commerce et la nature de leur organisation politique » (JD 9:188-89 ; Widtsoe, p. 211). Il proposa également que les femmes « tiennent des registres et vendent des marchandises » (JD 12:374-75 ; Widtsoe, p. 218), et les exhorta « à voter… parce que les femmes sont les personnalités qui dominent l’urne électorale » (JD 1:218 ; Widtsoe, p. 367). Certaines femmes de l’Église participèrent à des actions politiques relatives à leur sexe, comme le montre le fait qu’elles furent la deuxième population féminine, après celle du Wyoming, à voter lors d’une élection nationale.

Les exhortations du président Young montrent une conception de la responsabilité féminine tirée aussi bien de la croyance que les femmes et les hommes sont éligibles pour la même « progression éternelle » que de la dépendance de l’Église d’Utah de l’époque vis-à-vis du maintien d’une population féminine capable et inventive. La réponse des femmes à la nécessité de développer de larges capacités pratiques et à un dévouement intense à la famille forgea une image des femmes mormones qui résultait de facteurs pratiques aussi bien que religieux au cours de cette période.

RÔLE DES FEMMES DANS LA PÉRIODE D’EXPANSION (1920 à nos jours). Pendant tout le début des années 1900, l’idéal des convertis s’assemblant en Utah de tous les coins du globe pour édifier une « Sion » isolée se transforma graduellement en la volonté d’établir l’Église dans beaucoup de différents pays et cultures. Ce changement, accompagné de l’intrusion de colons non membres en « pays mormon », obligea l’Église à affronter le problème social de l’intégration de ses membres à des sociétés non mormones. L’un de ces problèmes fut la délimitation et la formulation de la position des femmes de l’Église ; cependant, le rôle des femmes n’était pas un sujet qui suscitait beaucoup de polémique.

La place centrale de la famille dans la culture et la doctrine des saints s’adaptait facilement à l’idéal victorien populaire du XIXe siècle du rôle hautement, pour ne pas dire exclusivement, domestique des femmes. La nécessité de consolider l’Église en tant que communauté et en tant qu’organisation fut remplacée par le désir de former une population stable qui pourrait s’adapter confortablement dans les cultures ambiantes, en particulier la culture des États-Unis.

Jusqu’à la dernière moitié du XXe siècle, le rôle traditionnel des femmes opposa peu d’obstacles à la réalisation de ce but. Comme l’industrialisation poussait progressivement la sphère des hommes américains hors de la maison, et celle des femmes de plus en plus dedans, la plupart des saints des derniers jours suivirent simplement le modèle de la société profane. Conformément à sa doctrine centrée sur la famille, l’Église soutint aisément l’idéal des femmes ménagères, épouses et mères. Le succès du féminisme dans les années 1970 présenta aux femmes de l’Église un ensemble complexe d’attentes et de priorités qui se faisaient concurrence. Les analyses profanes opposaient la réalisation des buts personnels ou l’avancement de la personne au dévouement à la famille ; les croyances des saints définissent les deux comme inextricablement entrelacés.

Le décalage entre les croyances religieuses des saints et la base théorique de la société profane met les femmes de l’Église d’aujourd’hui devant un ensemble de dilemmes en ce qui concerne leur rôle. D’une part, la doctrine de l’Église et les exemples historiques d’autres femmes de l’Église leur ont inculqué la double croyance qu’elles doivent développer leurs capacités personnelles et qu’elles doivent centrer leur vie sur leur famille. D’autre part, comme toutes les femmes, elles agissent dans le contexte social général de systèmes juridiques, politiques et économiques dans lesquels ces deux idéaux sont parfois considérés comme s’excluant mutuellement.

Bibliographie

Arrington, Leonard J., et Davis Bitton. "Marriage and Family Patterns." Dans The Mormon Experience : A History of the Latter-day Saints, p. 185-205. New York, 1979.
Beecher, Maureen et Lavinia F. Anderson, dir. de publ.. Sisters in Spirit : Mormon Women in Historical and Cultural Perspective. Chicago, 1987.
LeCheminant, Ileen Ann Waspe. "The Status of Women in the Philosophy of Mormonism, 1830-1845." Thèse de maîtrise, Brigham Young University, 1942.
Shipps, Jan. Mormonism : The Story of a New Religious Tradition. Chicago, 1985.
Young, Brigham. The Discourses of Brigham Young, dir. de publ. John A. Widtsoe, p. 194-218. Salt Lake City, 1977.
MARTHA NIBLEY BECK 

Femmes, rôle des : Les principes de l’Évangile et le rôle des femmes
Auteurs : SMITH, BARBARA B. et THOMAS, SHIRLEY W.
 
Le rôle actuel des femmes dans la société mormone est singulier dans la mesure où il est le reflet des enseignements et de la doctrine de l’Église. L’un des plus fondamentaux de ceux-ci est le libre arbitre individuel ou le droit de choisir. Conformément à ce point de doctrine, le rôle d’une femme varie selon sa situation et les choix qu’elle fait dans le contexte des croyances de l’Église ; elle peut remplir plusieurs rôles simultanément.

L’une des fonctions des femmes est l’attention constante aux besoins des autres – non seulement la famille mais tous ceux qui sont à la portée de leur aide. La plupart soignent personnellement en période de maladie, de décès ou d’autres crises de la vie, mais souvent elles agissent dans un effort concerté avec d’autres membres de la Société de secours. « Porter les fardeaux les uns des autres, afin qu'ils soient légers » (Mos. 18:8) est un principe et une attente liés à l’essence même de l’appartenance d’une femme à l’Église (voir Baptême ; Fraternité).

Le fait de s’occuper de ceux qui sont dans le besoin amène souvent les femmes à élaborer de meilleures manières de gérer les problèmes et d’acquérir des qualifications spécialisées. Au début de l’histoire de l’Église, les femmes devinrent infirmières, sages-femmes et médecins ; certaines fondèrent des hôpitaux et des services pédiatriques, tandis que d’autres créaient des écoles pour les jeunes (voir Deseret Hospital, Maternité et pédiatrie). Elles créèrent également des industries locales, entretinrent des cultures prospères de la soie et mirent sur pied un grand programme d’ensilage de blé (voir Entraide).

La communauté des saints des derniers jours dans les montagnes de l’Ouest, peut-être à cause de la polygamie, peut-être parce que les hommes étaient souvent partis en mission, accordait une indépendance peu commune aux femmes – et une interdépendance parmi les épouses polygames. Ces conditions fournirent à la fois l’impulsion et la possibilité aux femmes d’acquérir une éducation et une formation rares chez les femmes de leur temps. Aujourd’hui, et ce n’est pas moins typique, les femmes de l’Église continuent à aider « à promouvoir et à établir la cause de Sion » (D&A 6:6). Elles prennent soin des pauvres et des malades, font des missions de prosélytisme, d’entraide et humanitaires et instruisent les enfants et les jeunes, réalisant leur contribution au bien-être temporel et spirituel des saints.

Le rôle de compagne est celui qui est le plus souvent attribué aux femmes de l’Église. Adam « commença à cultiver la terre » et « Ève, sa femme travailla aussi avec lui » (Moï. 5:1). Le président Spencer W. Kimball a fait remarquer que les femmes sont « partenaires à part entière » avec les hommes (Kimball, p. 42). Cette compagnie ne se limite pas au partenariat du mari et de la femme mais comprend les femmes qui œuvrent en coopération avec les hommes (par exemple, la prêtrise et la Société de secours) pour accomplir l’œuvre de l’Église. Depuis le début, « les femmes de l’Église votent côte à côte avec les hommes sur toutes les questions proposées au vote des membres de l’Église… une idée progressiste en 1830 quand aucune femme et peu d’hommes votaient dans les Églises et où peu de femmes jouissaient des droits politiques » (History of the Relief Society p. 102).

À la base de ce rôle de compagne il y a l’égalité inhérente des hommes et des femmes suggérée par le récit de la Création : « À l'image de son corps, il créa l'homme et la femme, il les bénit » (Moï. 6:9). Les dons spirituels, les promesses et les bénédictions du Seigneur sont donnés à ceux qui se qualifient, quel que soit leur sexe. La réception des dons spirituels est fonction de l’obéissance, pas du sexe (D&A 46:9-25).

Bruce R. McConkie du Conseil des Douze a souligné l’égalité des hommes et des femmes dans les choses de l’esprit : 

« Pour ce qui est des choses spirituelles, comme ce qui concerne tous les dons de l’Esprit, la réception de révélations, l’acquisition d’un témoignage et la réception de visions, pour tout ce qui touche au divin et à la sainteté et qui se réalise en conséquence de la justice personnelle – dans toutes ces choses hommes et femmes se trouvent en situation… d’égalité devant le Seigneur » [Ensign 9, juin 1979, p. 61].

Les ordonnances du temple sont une autre preuve que « dans le Seigneur, la femme n’est point sans l’homme, ni l’homme sans la femme » (1 Co. 11:11). 

« Il faut remarquer que les bénédictions les plus élevées qui y sont accessibles [dans le temple] ne sont conférées que conjointement à un homme et à une femme. Ni l’un ni l’autre ne peut les recevoir seul. Dans l’Église du Christ, la femme n’est pas une adjonction à mais une partenaire égale à l’homme » [Widtsoe, p. 373].

Les femmes et les hommes, bien que jouissant d’un statut égal, remplissent certains rôles séparés et différents dans l’œuvre de l’Église. Aux hommes est donnée la responsabilité de détenir la prêtrise avec de nombreux devoirs prescrits. Le rôle des femmes est défini avec moins de précision, bien qu’étant non moins réel. Selon Neal A. Maxwell, du Collège des Douze : 

« Nous savons tellement peu de choses sur les raisons de la répartition des devoirs entre femmes et hommes aussi bien qu’entre mères et prêtrise. Ils ont été définis par Dieu à une autre époque et à un autre endroit. Nous sommes habitués à nous concentrer sur les hommes de Dieu parce qu’ils ont la ligne de prêtrise et de leadership. Mais en parallèle avec cette ligne d’autorité, il y a un véritable courant d’influence constructive, reflet des femmes remarquables qui ont existé à toutes les époques et dans toutes les dispensations, y compris la nôtre » [Maxwell, p. 94].

Exerçant une influence bénéfique, les femmes remplissent une foule de tâches dans l’Église : elles président, dirigent et constituent le personnel des organisations pour les femmes (Société de secours), les Jeunes Filles (jeunes filles) et les enfants (Primaire) aux niveaux paroisse, pieu et général ; elles donnent les cours de doctrine de l’Évangile pour les adultes, les jeunes et les enfants ; elles dirigent les chœurs et les œuvres théâtrales ; elles officient dans les cérémonies de temple ; elles sont membres des comités d’entraide à tous les niveaux de l’Église et elles organisent des manifestations culturelles et récréatives auxquelles tous les membres participent.

Les femmes de l’Église accomplissent également des rôles sociaux en tant que médecins, avocats, professeurs, spécialistes en économie domestique, administrateurs, enseignantes, auteurs, secrétaires, artistes et femmes d’affaires. En plus, beaucoup ont des fonctions dans la collectivité, la politique et le bénévolat. Conformément à la croyance des saints que l’endroit où les parents font le plus de bien est dans leur propre foyer et qu’aucune autre activité ne doit avoir la préséance sur leurs préoccupations pour la famille, les membres sont invités à prendre des décisions essentielles en ce qui concerne leur effet sur la famille. Cette priorité de la famille influence inévitablement les attentes en ce qui concerne le rôle des femmes, notamment celui de mère, d’épouse, de ménagère et d’enseignante. On leur apprend dès leur jeunesse à se préparer au mariage et au ménage aussi bien qu’à un métier. Camilla Kimball, épouse de Spencer W. Kimball, a conseillé à chaque fille et à chaque femme : « Qualifiez-vous dans deux métiers : celui de ménagère et celui de vous préparer un gagne-pain en dehors de la maison pour le cas où la situation l’exigerait. Une femme mariée peut devenir veuve sans avertissement…. Elle peut donc se trouver dans la nécessité de gagner elle-même sa vie et d’entretenir ses enfants dépendants » (Ensign 7, mars 1977, p. 59).

Depuis longtemps, les dirigeants de l’Église exhortent les femmes, aussi bien à titre individuel qu’en tant que groupe, à faire toutes les études qu’elles peuvent, à consacrer leur « temps à écrire et à apprendre beaucoup » (D&A 25:8). Les femmes ont été encouragées à faire des études non seulement pour leur propre épanouissement mais également parce que cela contribue à les aider à faire du foyer un lieu d’instruction et de raffinement et pour son importance dans la vie des enfants. Même si la formation et l’éducation peuvent ouvrir beaucoup de perspectives de carrière pour les femmes, le rôle de mère est dominant pour celles qui ont de jeunes enfants et elles sont invitées à utiliser leur formation au profit de leurs enfants.

L’Église n’a pas d’opposition de principe à ce que les femmes travaillent en dehors de la maison et reconnaît leurs apports dans la vie de la société. Marvin J. Ashton du Collège des Douze a expliqué que « la femme doit se sentir libre d’aller sur le marché du travail et au service de la collectivité que ce soit comme salariée ou comme bénévole si elle le souhaite, quand sa situation familiale lui permet de le faire sans que cela empiète sur elle » (Ashton, p. 93). Il est clair que certaines mères sont obligées de travailler pour entretenir leurs enfants, mais on espère qu’autant que possible, les mères avec des enfants dans la maison feront de la maison leur carrière prioritaire.

Toutes les femmes sont des filles de la « glorieuse mère Ève » (D&A 138:39) qui, en tant que « mère de tous les vivants » (Moï. 4:26), a laissé un legs qui est l’héritage de toute femme. Ce rôle dépasse le soin de la famille immédiate. Il décrit une nature et une attitude qui sont fondamentales pour toutes les femmes. Le président Harold B. Lee a exprimé ceci quand il s’est adressé aux femmes de l’Église assemblées au Tabernacle : « Vous, mères de l’Église…. » (voir Mère en Israël). Toute femme, quel que soit son statut familial, appel ou métier joue le rôle de quelqu’un qui éduque, encourage, console ; qui donne de l’amour et qui protège et préserve la famille.

Bibliographie

Ashton, Marvin J. "Woman's Role in the Community." Dans Woman. Salt Lake City, 1979.
History of the Relief Society, 1842-1966. Salt Lake City, 1966.
Kimball, Spencer W. "Privileges and Responsibilities of Sisters." New Era 9, janvier 1979, p. 42.
Maxwell, Neal A. "The Women of God." Dans Woman. Salt Lake City, 1979.
Widtsoe, John A. "The "Mormon' Women." Relief Society Magazine 30, juin-juillet 1943, p. 372-375.
BARBARA B. SMITH
SHIRLEY W. THOMAS
 
Finances de l'Église
Auteurs : EDGLEY, RICHARD et EDLING, WILFORD G.

La force financière de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours découle principalement de l'engagement de ses membres vis-à-vis du principe scripturaire de la dîme et d'autres formes de contributions et de service volontaires. La collecte et les dépenses de tous les fonds sont soigneusement gérées dans le monde entier selon des procédures standard et sous la supervision directe de la Première Présidence. L'Église a également des investissements et des réserves financières limités dans le cadre de sa stratégie générale pour alimenter des programmes ecclésiastiques de plus en plus étendus. La gestion de tous les fonds est régulièrement apurée conformément à des pratiques financières éprouvées.

Les saints des derniers jours prennent au sérieux le commandement de payer la dîme et les promesses faites par le Seigneur dans l'Ancien Testament : 

« Un homme trompe–t–il Dieu ? Car vous me trompez, et vous dites : En quoi t'avons–nous trompé ? Dans les dîmes et les offrandes. Vous êtes frappés par la malédiction, et vous me trompez, la nation tout entière ! Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, afin qu'il y ait de la nourriture dans ma maison ; mettez–moi de la sorte à l'épreuve, dit l'Éternel des armées. Et vous verrez si je n'ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance » [Mal. 3:8-10].

Cette loi des finances pour l'Église de Dieu a été réitérée dans les Écritures modernes. En 1838, le Seigneur a souligné cette loi importante dans une révélation donnée au prophète Joseph Smith et a défini la dîme comme étant « annuellement un dixième de tous leurs revenus » (D&A 119:4).

Les années précédant le début du XXe siècle furent financièrement pénibles pour la jeune Église en difficulté à cause de la dépression des années 1890 et de la confiscation des fonds de l'Église pendant la longue campagne du gouvernement fédéral contre la polygamie. En mai 1899, Lorenzo Snow, président de l'Église, se rendit, malgré son grand âge, de Salt Lake City à St-George (Utah) pour réconforter les membres dont les terres subissaient une sécheresse catastrophique. Les cours d’eau et les puits étaient asséchés et ils étaient menacés de famine. Pendant cette visite, le président Snow fut inspiré d’évoquer les paroles de Malachie et de promettre aux saints, dans leur situation de grand dénuement, que s'ils payaient une dîme honnête, les « écluses des cieux s’ouvriraient ». Les saints l’écoutèrent, la pluie vint et la population fut bénie (Cowan, p. 15-18).

À partir de cet événement, le principe de la dîme connut une importance renouvelée dans toute l'Église. Les membres réagirent avec un engagement et une foi accrus et, en quelques années, l'Église fut financièrement saine et l’est restée depuis. Par la foi et les sacrifices de ses membres, l'Église a pu faire face à une croissance mondiale régulière. Les saints des derniers jours considèrent le paiement de la dîme comme une bénédiction et parlent souvent des bénédictions spirituelles et financières qui ont découlé de l'obéissance à cette loi.

En plus de payer la dîme, les membres peuvent contribuer à plusieurs fonds spécialement conçus (voir Contributions financières). Le premier dimanche de chaque mois, les membres jeûnent deux repas et donnent, au minimum, l'équivalent en argent de deux repas au fonds d’offrandes de jeûne utilisé exclusivement pour aider les pauvres et les nécessiteux. Le soutien des missionnaires est avant tout une responsabilité familiale. Depuis le 1er janvier 1991, le coût mensuel pour les missionnaires et leurs familles a été normalisé dans le monde entier aux dépenses mensuelles moyennes des missionnaires. Cependant, les membres sont également invités à contribuer pour aider les missionnaires qui ont des finances insuffisantes.

GESTION FINANCIÈRE. La collecte et l’utilisation des fonds se pratiquent selon des procédés de gestion de trésorerie éprouvés. La dîme est donnée à la paroisse ou à la branche locale et est remise à l’administration de l'Église qui a reçu compétence en la matière. Les bureaux interrégionaux et régionaux de par le monde collectent et dépensent les fonds selon les directives des officiers présidents au siège de l’Église.

Les fonds du don de jeûne sont recueillis dans les paroisses où ils sont d'abord utilisés pour prendre soin des nécessiteux de la paroisse. L’excédent des dons de jeûne dont on n’a pas besoin localement est envoyé au siège de l’Église ou aux bureaux interrégionaux. Tous les déficits causés par le soin des pauvres dans l'unité locale sont comblés par les dons de jeûne excédentaires des fonds généraux. C’est ce qui permet à l’évêque local de répondre aux besoins de sa paroisse en matière d'entraide.

Le 8 juillet 1838, le prophète Joseph Smith reçut une révélation précisant la méthode à suivre pour l’utilisation de la dîme reçue par l'Église : « En vérité, ainsi dit le Seigneur, le temps est maintenant venu où leur affectation [des dîmes] sera décidée par un conseil composé de la Première Présidence de mon Église, de l'évêque et de son conseil, et de mon grand conseil » (D&A 120:1).

Plus tard fut créé le Conseil d’Affectation des dîmes, comprenant la Première Présidence de l'Église, le Collège des douze apôtres et l'Épiscopat Président. Ce conseil se réunit régulièrement et supervise les dépenses de tous les fonds de l’Église dans le monde entier. Il approuve les budgets et la stratégie financière et définit la politique financière.

Deux sous-comités du Conseil d’Affectation des dîmes sont le Comité du Budget et le Comité d’Allocations. Les deux comités comprennent la Première Présidence, des membres choisis du Collège des douze apôtres et les membres de l'Épiscopat Président.

Le Bureau du Budget de l’Église fournit un appui en personnel à la Première Présidence et donne l’orientation administrative générale à la préparation du budget annuel de l’Église. Au début de chaque cycle budgétaire annuel, des directives concernant le budget sont données aux chefs de service des départements administratifs de l’Église, aux bureaux internationaux, aux missions, aux temples et à d'autres unités. C’est en fonction de ces directives que les budgets sont élaborés aux niveaux de responsabilité les plus bas et scrupuleusement passés en revue par les divers niveaux de gestion et de conseils. Le Comité du Budget se réunit périodiquement pour faire un passage en revue approfondi du budget et pour formuler des recommandations en matière de budget au Conseil d’Affectation des dîmes.

Le Comité d’Allocations se réunit chaque semaine. Toutes les demandes de dépense dans le monde entier, à l’exception du petit nombre qui ont été déléguées à un niveau inférieur d'administration par le Conseil d’Affectation des dîmes, sont examinées, vérifiées pour s'assurer que la demande se situe dans le budget et reçoivent leur allocation. Les dépenses qui ont été déléguées font l’objet d’un rapport au comité.

CONTRÔLES FINANCIERS. Les contrôles financiers sont administrés par l'utilisation d’une politique financière, d'une mise au budget, d’une structure d'organisation et d’audits réguliers et complets. La politique financière principale vient du Conseil d’Affectation des dîmes. Des directives de politique et de procédure financières supplémentaires sont publiées par le Département des finances et des registres, lequel, sous la direction de la Première Présidence et de l'Épiscopat Président, est responsable des aspects gestion/contrôle de la comptabilité de la trésorerie, de la taxation et de la gestion des risques.

L'Église a un Comité d'audit composé d'hommes d'affaires expérimentés qui ne sont pas associés à l'Église comme employés ou Autorités générales. Ce comité fait directement rapport à la Première Présidence de l'Église et travaille en collaboration étroite avec le Département des finances et des registres et avec le Département des apurements pour garantir le respect strict des principes moraux et des règles et des procédures financières rigides. Le Département d’apurement fait, lui aussi, directement rapport à la Première Présidence de l'Église et conserve ainsi son indépendance par rapport à tous les autres départements. Son personnel d’experts-comptables agréés exécute des audits continus des systèmes financiers, opérationnels et informatiques pour les départements de l’Église et les autres organisations gérées par l’Église. Des réactions à tous les audits sont exigées et un suivi est assuré.

PARTICIPATION ET INVESTISSEMENTS DANS LES ENTREPRISES. La Première Présidence a créé d’autres conseils et comités pour superviser la gestion des investissements et des réserves de l'Église (voir Entreprises : Participation de l’Église dans les entreprises). Chacun de ces comités essentiels est présidé par un membre de la Première Présidence ou par une autre Autorité générale désignée.

Le Comité de la politique d'investissement est présidé par la Première Présidence et inclut le président du Conseil des Douze, d'autres membres des Douze désignés et l'Épiscopat Président. Son but est de définir la politique et la stratégie d'investissement et de passer en revue les décisions principales d'investissement.

La Deseret Management Corporation (DMC) est une société avec son propre conseil d'administration. DMC fonctionne comme un holding pour la plupart des entreprises commerciales appartenant à l'Église. Ces compagnies payent tous les impôts dont doivent s’acquitter les sociétés commerciales. Certains biens sont également détenus pour des raisons autres que l'investissement. En plus de protéger les environs des propriétés sacrées, ces investissements peuvent être maintenus pour soutenir les efforts ecclésiastiques de l'Église.

L'Église détient toujours quelques propriétés créées à l’origine pour soutenir le commerce dans les communautés des saints (voir Histoire économique de l’Église). Cependant, suite à une évaluation de ces avoirs et de leurs contributions à sa mission, l'Église en a liquidé beaucoup.

Bibliographie

Cowan, Richard O. The Church in the Twentieth Century. Salt Lake City, 1985.
Doxey, Roy W. Tithing : The Lord's Law. Salt Lake City, 1976.
RICHARD EDGLEY et WILFORD G. EDLING

Foi en Jésus-Christ
Auteur : Brinley, Douglas E.


La foi en Jésus Christ est le premier principe de l'Évangile de Jésus-Christ (4e A de F). Celui qui a cette foi croit qu'il est le Fils vivant de Dieu, a confiance en sa bonté et en sa puissance, se repent de ses péchés et suit ses directives. La foi au Seigneur Jésus-Christ naît quand on entend son Évangile (Romains 10:17). Par la foi, on entre par la porte du repentir et du baptême et on reçoit le don du Saint-Esprit, qui mène au mode de vie voulu par le Christ (2 Néphi 31:9, 17-18). Ceux qui répondent sont « vivants dans le Christ à cause de [leur] foi » (2 Néphi 25:25). Parce que la voie de Dieu est la seule voie qui mène au salut, « il est impossible de lui être agréable" sans la foi (Hébreux 11:6). La foi doit précéder les miracles, les signes, les dons de l'Esprit et la justice, car « s’il n'y a pas de foi... Dieu ne peut faire aucun miracle » (Éther 12:12). Le prophète Moroni 2 dans le Livre de Mormon résume ces points :

« Le Seigneur Dieu prépare le chemin pour que le reste des hommes ait foi au Christ, pour que le Saint-Esprit ait place dans leur cœur, selon son pouvoir; et c'est de cette manière que le Père accomplit les alliances qu'il a faites avec les enfants des hommes. Et le Christ a dit: Si vous avez foi en moi, vous aurez le pouvoir de faire tout ce qui est utile en moi. Et il a dit: Repentez-vous, toutes les extrémités de la terre, et venez à moi, et soyez baptisées en mon nom, et ayez foi en moi, afin que vous soyez sauvées » [Moroni 7:32-34].

Bien que dans l’usage courant on parle d’avoir foi dans les gens, les principes ou les choses, dans son sens éternel, la foi existe en Jésus-Christ, et uniquement en lui. Il ne suffit pas d'avoir foi en n'importe quoi : elle soit être axée sur « le seul vrai Dieu et celui qu’il a envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17:3). Avoir la foi signifie avoir pleinement confiance que Jésus-Christ seul peut sauver l'humanité du péché et de la finalité de la mort. Par sa grâce, « vous êtes sauvés, par le moyen de la foi » (Éphésiens 2:8). Si « Christ n’est pas ressuscité… votre foi… est vaine » et « vous êtes encore dans vos péchés » (1 Corinthiens 15:14, 17). Faire confiance aux pouvoirs de ce monde, c’est placer sa « confiance dans le bras de la chair » et, en fait, rejeter le Christ et son Évangile (2 Néphi 4:34).

Paul explique : « Or la foi est une ferme assurance des choses qu'on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas » (Hébreux 11:1). Les mortels doivent vivre par la foi, étant donné que les réalités divines sont voilées à leurs sens physiques. Les vérités invisibles de l'Évangile sont rendues manifestes par l'Esprit Saint et sont visibles dans la vie des gens qui vivent par la foi, suivant les indications quotidiennes de cet Esprit. Bien que la plupart des mortels n'aient pas vu les réalités spirituelles au-delà de ce monde physique, ils peuvent accepter de telles idées dans la foi, sur la base de témoignages spirituels personnels et ce qui a été écrit par les témoins spéciaux des temps anciens et modernes que Dieu a appelés et qui ont vécu personnellement ces réalités.

La vraie foi est la croyance plus l'action. La foi implique non seulement l’assentiment mental ou le fait de savoir que l’on croit mais aussi sa mise en œuvre. La croyance en des choses spirituelles et profanes pousse les gens à agir. Ne pas mettre en application les enseignements et les commandements du Christ c’est faire preuve d'absence de foi en lui. La foi en Jésus-Christ oblige les gens à agir au nom du Christ, à suivre son exemple, à faire ses œuvres. Jésus a dit : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux ; mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 7:21; italiques ajoutés). Jacques souligne en outre que « la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même. Mais quelqu’un dira : Toi, tu as la foi ; et moi, j’ai les œuvres. Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, je te montrerai la foi par mes œuvres » (Jacques 2:17-18; Voir aussi Grâce).

La justice conduit à une plus grande foi, tandis que le péché et la méchanceté diminuent la foi. « Le juste vivra par sa foi » (Habacuc 2:4). Quand on viole les commandements de Dieu, on subit une perte de l'Esprit du Seigneur et une perte de la foi, car la foi en Jésus-Christ est incompatible avec la désobéissance. Le prophète Alma 2 du Livre de Mormon caractérise les paroles du Christ comme une semence qui est testée quand on la sème dans son cœur et qu’on la nourrit. Si l’on désire voir la semence grandir, on doit lui laisser de la place et la nourrir avec sa foi. Si c'est une bonne semence, elle va gonfler et pousser, et on saura qu’elle est bonne. Par contre, si l’on néglige la semence, elle va dépérir. Mais si l’on « nourri[t] la parole... par [sa] foi, avec grande diligence », elle deviendra un arbre de vie et on goûtera son fruit, qui est la vie éternelle (Alma 32:26-43).

La foi peut être nourrie et renouvelée par l'étude des Écritures, la prière et des œuvres compatibles avec les commandements de l'Évangile. Parce que ceux qui agissent selon leur foi, se repentent et sont baptisés reçoivent la rémission des péchés, ils ont des raisons d'espérer en la vie éternelle (Moroni 7:41). Avec cet espoir, leur foi en Jésus-Christ inspire davantage les gens à se servir les uns les autres dans la charité, tout comme le Christ l’aurait fait (Moroni 7:44), car « le but du commandement, c’est la charité… d’une foi sincère » (1 Timothée 1:5). « La charité est l'amour pur du Christ, et elle subsiste à jamais » (Moroni 7:47). Ainsi, la foi, ou la « constance dans le Christ », permet aux hommes de persévérer jusqu'à la fin en continuant dans la foi et la charité (2 Néphi 31:20; 1 Timothée 2:15; D&A 20:29). La vraie foi est durable et conduit à l'assurance que les efforts que l’on fait ne sont pas passés inaperçus et que Dieu est satisfait de l’attitude que l’on a et de l’effort que l’on fait pour mettre en application les principes de l'Évangile de Jésus-Christ dans sa vie personnelle.

Si Alma a expliqué comment la foi mène à la connaissance, les commentaires faits dans l’Église moderne font aussi remarquer comment certains types de connaissance fortifient la foi (MD, p. 261-267). La connaissance que Dieu existe, la compréhension correcte de sa personnalité et l’assurance qu'il approuve notre conduite peuvent aider notre foi à « devenir parfaite et féconde, abondant en justice » (« Lectures on Faith », p. 65-66).

Le rétablissement de l'Évangile dans les temps modernes a été déclenché par un acte de foi de la part du jeune Joseph Smith. En lisant la Bible, il a été frappé par l'encouragement de Jacques à tous ceux qui manquent de sagesse à demander « avec foi, sans douter » (Jacques 1:6). Les visions qu’il a reçues en réponse à ses prières (voir Visions de Joseph Smith) sont la preuve que les prières sont « exaucées selon [sa] foi » (Mosiah 27:14). Si Dieu prend plaisir à bénir ses enfants, il lui faut « d’abord… éprouver leur foi... alors les choses qui sont plus grandes leur seront manifestées » (3 Néphi 26:9). Mais il n’y aura « de témoignage qu'après la mise à l'épreuve de votre foi » (Éther 12:6), ou : « sans la foi, tu ne peux rien faire » (D&A 8:10 ). « Les signes viennent par la foi, non par la volonté des hommes » (D&A 63:10).

Parce que la foi implique que le Saint-Esprit guide les gens, elle les mène par une main invisible à « l'unité de la foi » (Éphésiens 4:13). Par la force des autres et une confiance accrue dans la façon de faire du Seigneur, la foi constitue un bouclier contre l'adversaire (Éphésiens 6:16). De même, la foi a été décrite comme faisant partie de notre armure, agissant comme une « cuirasse de la foi et de la charité » (1 Thessaloniciens 5:8) pour protéger les fidèles contre le mal.

Bibliographie
Benson, Ezra Taft. The Teachings of Ezra Taft Benson, p. 65-69. Salt Lake City, 1988.
Kimball, Spencer W. Faith Precedes the Miracle. Salt Lake City, 1973.
“Lectures on Faith”. Dans The Lectures on Faith in Historical Perspective, dir. de publ. L. Dahl et C. Tate, p. 29-104. Provo, Utah, 1990.
DOUGLAS E. BRINLEY

Fondamentalistes

L’expression « fondamentalisme mormon » désigne les croyances et les pratiques de groupes schismatiques contemporains qui prétendent suivre tous les enseignements de Joseph Smith, le prophète. Ils se disent souvent croyants en la « plénitude de l’Évangile », ce qui, selon eux, doit inclure le mariage plural et parfois l’ordre uni.

Le mouvement fondamentaliste a commencé après la publication du Manifeste de 1890, qui déclarait publiquement la fin officielle du mariage plural dans l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Les années 1890 à 1904 furent, pour certains, une période de confusion concernant l’application et l’étendue de l’interdiction de nouveaux mariages pluraux dans l’Église. Par exemple, du fait que le Manifeste parlait de mariages allant « à l’encontre des lois du pays », certains estimaient que l’interdiction ne s’appliquait pas à l’extérieur des États-Unis. Pour cette raison, le Manifeste fut, en 1904, proclamé officiellement et publiquement d’application mondiale.

À la suite de cette deuxième proclamation, des fondamentalistes récalcitrants continuèrent d’affirmer que Dieu exige de tous les « vrais » croyants qu’ils respectent le principe de la polygamie sans tenir compte des décisions de l’Église. Cette insistance a séparé les fondamentalistes du mormonisme traditionnel. Dans les années 1820, Lorin C. Woolley, de Centerville (Utah), prétendit que Dieu l’avait autorisé à perpétuer le mariage plural, disant qu’il avait reçu cette connaissance en 1886, dans sa jeunesse, par le ministère de Jésus-Christ, de John Taylor et de Joseph Smith. Cette affirmation ne fit que renforcer l’opposition entre les fondamentalistes et l’Église.

Certains fondamentalistes des années 1920 rejetèrent les prétentions de Woolley à l’autorité et partirent de leur côté. Charles Kingston s’installa à Bountiful (Utah) et y fonda une communauté du type ordre uni qui existe encore sous la forme d’une société relativement fermée. Alma Dayer LeBaron alla s’installer à Mesa (Arizona) puis à Juarez (Mexique) et jeta les bases de l’Église du Premier-né de la Plénitude des Temps et de ramifications telles que l’Église de l’Agneau de Dieu. Au fil des années, d’autres fondamentalistes sont apparus avec des prétentions religieuses diverses.

En dépit de ces défections, la majorité des fondamentalistes sont restés un groupe organisé, obtenant un nombre d’adhérents réduit mais constant. Au milieu des années 1930, une colonie d’ordre uni fut fondée dans une localité isolée près de la frontière entre l’Utah et l’Arizona appelée Short Creek, aujourd’hui Colorado City (Arizona). Les propriétés étaient détenues par des administrateurs appelés l’Effort Uni. Cette colonie est devenue un havre pour beaucoup de fondamentalistes, bien que la majorité de leurs partisans résident toujours dans la région de Salt Lake City.

Au milieu des années 1940, les forces de police de l’Utah et de l’Arizona lancèrent un raid contre la communauté de Short Creek et brisèrent les familles polygames, mettant les maris en prison et les enfants dans des familles d’accueil. Les dirigeants fondamentalistes restèrent en prison jusqu’au 24 septembre 1945 (cinquante-cinquième anniversaire du Manifeste de Woodruff) quand ils publièrent une déclaration publique indiquant leur intention de cesser d’ignorer la loi du pays. Ils retournèrent auprès de leurs familles et s’abstinrent un certain temps de violer la loi.

Quelques années plus tard se produisit un schisme majeur dans le groupe de Colorado City au sujet de la question de l’autorité de la prêtrise et du droit de gouverner. Joseph Musser (le dirigeant ostensible du groupe), Rulon Allred, ses frères et quelques autres se détachèrent et fondèrent leur propre groupe qui atteint maintenant les deux mille membres par des conversions et des naissances et s’appelle aujourd’hui les Frères apostoliques Unis. En 1976, Rulon Allred, alors dirigeant du groupe, fut assassiné, manifestement par une épouse plurale d’Ervil LeBaron, de l’Église de l’Agneau de Dieu. Owen Allred remplaça son frère à la tête du groupe. Le groupe de Colorado City se réorganisa avec Leroy Johnson comme chef et était, en 1990, un des plus grands groupes fondamentalistes, avec des milliers de membres. À la mort de Johnson (25 novembre 1986 à Hilldale, Utah), il y eut une lutte pour le pouvoir ; les schismes continuent au sein du groupe de Colorado City pour des questions d’autorité et de droits de propriété.

Les fondamentalistes affirment croire aux quatre ouvrages canoniques, à l’histoire des débuts de l’Église et aux prophètes du Rétablissement jusque et y compris John Taylor. La doctrine fondamentaliste, en ce qui concerne la présidence de la prêtrise, découle d’une interprétation particulière de la section 84 des Doctrine et Alliances, laquelle, prétendent-ils, parle d’un conseil de prêtrise ou hiérarchie de sept hommes désignés comme apôtres « grands prêtres ». Diverses prétentions à la succession ont conduit aux schismes actuels dans ces groupes. Beaucoup de fondamentalistes indépendants croient que les prétentions à l’autorité des deux groupes principaux sont infondées ; par conséquent ils croient et vivent séparément de ces groupes.

Le lien qui unit tous les fondamentalistes est leur croyance que l’Église a changé, alors qu’elle n’en avait pas le droit, des points de doctrine et des pratiques. Un fondamentaliste indépendant a publié un livre où il fait la liste de quatre-vingt-quinze soi-disant changements, imitant ainsi les quatre-vingt-quinze thèses de Martin Luther. Parmi ces critiques, il y a notamment l’abrogation du mariage plural, l’abandon de l’ordre uni, la prétendue perte de la révélation à l’Église depuis 1890, la soi-disant perte des clefs de la prêtrise due à l’abandon de la pratique du mariage plural, la répudiation supposée de la « vraie » connaissance de la Divinité, des changements de méthode dans l’œuvre missionnaire (le fait de ne pas prêcher sans bourse ni sac), la corruption des vêtements et des ordonnances du temple, l’arrêt du rassemblement d’Israël en Utah, le changement de la façon de conférer la prêtrise et le fait que l’on permet à tous les hommes dignes de détenir la prêtrise quelle que soit la race.
Bibliographie
Anderson, J. Max. The Polygamy Story : Fiction and Fact. Salt Lake City, 1977.
Kraut, Ogden. Ninety-Five Theses. Dugway, Utah, n. d.
Truth Magazine, Salt Lake City, 1935-1956.
J. MAX. ANDERSON
 
Franc-maçonnerie à Nauvoo
Auteur : GODFREY, KENNETH W.

L'introduction de la franc-maçonnerie à Nauvoo eut des implications politiques et religieuses. Quand il se rendit à Nauvoo le 15 mars 1842 pour y installer la loge maçonnique, Abraham Jonas, Grand Maître de l’Illinois inaugura une période de difficultés avec les autres francs-maçons de l'Illinois et présenta à Nauvoo un rituel antique ayant une certaine ressemblance avec les ordonnances du temple (voir Franc-maçonnerie, la, et le temple).

La procédure maçonnique habituelle exige qu’une loge existante patronne chaque nouvelle loge proposée. Au début de l’été de 1841, plusieurs saints des derniers jours qui étaient francs-maçons, notamment Lucius N. Scovil, personnage-clef dans la franc-maçonnerie de Nauvoo, demandèrent à la loge Bodley n° 1, à Quincy (Illinois), de proposer que la Grande Loge d'Illinois nomme certaines personnes comme officiers d'une loge à Nauvoo. Faisant remarquer que les personnes mentionnées étaient inconnues à Quincy comme francs-maçons, la loge renvoya la lettre avec des instructions sur ce qu’il convenait de faire.

Moins qu'un an plus tard, Nauvoo avait une loge sans le patronage normal. Apparemment le Grand Maître Jonas avait écarté la règle et accordé à Nauvoo « une dispense spéciale » pour s’organiser. Il fit aussi Joseph Smith et son conseiller, Sidney Rigdon, « francs-maçons à vue ». Certains croient que Jonas était disposé à agir ainsi parce qu'il voyait le vote mormon croissant soutenir ses propres ambitions politiques (voir Politique à Nauvoo). Si ce geste lui valut la faveur de certains saints des derniers jours, il lui mit à dos d'autres francs-maçons. Joseph Smith avait des raisons d’espérer que les saints pourraient tirer bénéfice du réseau d'amitié et de soutien qui est normalement le fait de cette organisation fraternelle, mais au lieu de cela, la loge de Nauvoo ne fit que causer des frictions.

Jonas publia dans son journal, Columbia Advocate, le récit de l'installation, le 15 mars, de la loge de Nauvoo. « Jamais de ma vie je n’ai vu une assemblée mieux habillée ou plus ordonnée et plus polie », écrivit-il (HC 4:565-66). Pendant la cérémonie d'installation, tenue dans le bosquet près de l'emplacement du temple, Joseph Smith officia comme Grand Aumônier. Ce soir-là, les francs-maçons étant rassemblés dans son bureau, le prophète reçut le premier degré de la franc-maçonnerie. Les francs-maçons de Nauvoo commencèrent alors les réunions matinales hebdomadaires.

En août 1842, la loge Bodley n° 1 protesta contre l'octroi d'une dispense à la loge de Nauvoo, ce qui eut pour résultat la suspension provisoire des activités. Une enquête fit apparaître que quelque trois cents saints des derniers jours étaient devenus francs-maçons pendant la brève existence de la loge, mais ne découvrit aucune irrégularité justifiant sa dissolution. La Grande Loge non seulement autorisa le rétablissement de la loge de Nauvoo mais accorda plus tard des dispenses pour d'autres loges voisines composées principalement de saints des derniers jours. Finalement près de 1.500 saints devinrent associés à la franc-maçonnerie d'Illinois, notamment beaucoup de membres des conseils dirigeants de la prêtrise de l'Église – et cela à une époque où le nombre total de francs-maçons non mormons des loges d'Illinois atteignait à peine 150.

Rivaux de longue date de Nauvoo pour l'ascendant politique et économique, les francs-maçons voisins craignaient la domination mormone de la franc-maçonnerie et y résistèrent. Accusant la Loge de Nauvoo de voter pour plus d'un candidat à la fois, de recevoir les candidats dans la fraternité sur la base qu'ils se corrigeraient à l'avenir et de faire Joseph Smith Maître Maçon à vue, les ennemis imposèrent une enquête en octobre 1843. La Grande Loge convoqua les officiels de Nauvoo à Jacksonville (Illinois). Armés des livres et des papiers pertinents, Lucius Scovil et Henry G. Sherwood répondirent aux allégations. Tout en faisant rapport que tout semblait être en règle, le comité examinateur exprima la crainte qu'il pourrait y avoir quelque chose de pas correct et recommanda une suspension d'un an. À ce moment-là, le Grand Maître Jonas, dans un discours passionné, déclara que les livres de la Loge de Nauvoo étaient les mieux tenus qu’il eût jamais vus et exprima sa conviction que s’il n’y avait pas le fait que la Loge de Nauvoo était composée de mormons, elle serait la plus haute loge de l'état. Un comité fut nommé pour faire une enquête approfondie à Nauvoo. Le comité ne signala aucun méfait ; néanmoins la Loge de Nauvoo fut de nouveau suspendue. L'injonction fut retirée plus tard, mais la Loge de Nauvoo continua à être privée du soutien des autres francs-maçons.

En avril 1844, la Loge de Nauvoo dédia une nouvelle salle maçonnique. Entre-temps, la loge avait été scindée de la Grande Loge et un franc-maçon d'Illinois avait été expulsé de sa loge pour avoir assisté à la dédicace. La Loge de Nauvoo continua ses activités dans le bâtiment nouvellement construit jusqu'au 10 avril 1845, quand Brigham Young recommanda à Lucius Scovil de suspendre le travail des francs-maçons à Nauvoo. Il n’y eut que quelques réunions supplémentaires avant le départ des saints des derniers jours en 1846 pour le Grand Bassin.

Joseph Smith n’eut qu’une participation minime à la franc-maçonnerie et, autant que l’on sache, n’assista que trois fois aux réunions de la loge maçonnique de Nauvoo. Néanmoins, les francs-maçons mormons affirmèrent qu’il maîtrisait ses ordres, sa doctrine et ses principes et qu’il comprenait le symbolisme allégorique de ses instructions.

La plupart des spécialistes qui ont examiné soigneusement la loge maçonnique de Nauvoo conviennent qu’elle fut plutôt victime que coupable. Tous conviennent que ce furent les sentiments anti-mormons généralisés et la haine intense des saints des derniers jours que leur vouaient leurs rivaux locaux, et non les irrégularités ou la mauvaise conduite qui causèrent la polémique concernent la loge maçonnique de Nauvoo.

Bibliographie

Hogan, Mervin B. "Mormonism and Freemasonry : The Illinois Episode". Dans Little Masonic Library, dir. de publ. Silas H. Shepherd, Lionel Vibert et Roscoe Pound, Vol. 2, p. 267-326. Richmond, Va., 1977.
Ivins, Anthony W. The Relationship of "Mormonism" and Freemasonry. Salt Lake City, 1934.
McGavin, E. Cecil. Mormonism and Masonry. Salt Lake City, 1954.
KENNETH W. GODFREY

Franc-maçonnerie, et le temple
Auteur : GODFREY, KENNETH W.
 
Ceux qui étudient et le mormonisme et la franc-maçonnerie ont réfléchi aux rapports possibles entre le rite maçonnique et la cérémonie du temple. Bien que certains prétendent que Joseph Smith a emprunté des éléments à la franc-maçonnerie quand il a élaboré la cérémonie du temple, la Dotation est plus proche des Écritures modernes (particulièrement du livre d'Abraham et du livre de Moïse) et des rituels antiques que de la franc-maçonnerie. Les saints des derniers jours considèrent les ordonnances comme le rétablissement révélé de cérémonies antiques du temple et qu’elles sont seulement accessoirement apparentées à la franc-maçonnerie. Les deux ne sont cependant pas antithétiques ni ne se menacent réciproquement et aucune des deux institutions ne s’oppose aux recherches concernant les origines antiques de leurs deux cérémonies.

Il y avait beaucoup de cérémonies sacrées dans le monde antique. Modifiés au cours des siècles, ces rituels ont existé sous une certaine forme chez les anciens Égyptiens, les chrétiens coptes, les Israélites et les francs-maçons et dans les liturgies catholique et protestante. Ils ont comme éléments communs le port de vêtements spéciaux, des termes ritualistes, la présentation théâtralisée de thèmes archétypaux, des instructions et l'utilisation de gestes symboliques. Un thème commun à beaucoup – que l’on trouve dans le Livre des Morts égyptien, les Textes égyptiens des Pyramides et les cercles de prière coptes, par exemple – est le voyage de l'homme à travers la vie et ses efforts, après la mort, pour passer avec succès devant les sentinelles gardant l'accès au bonheur éternel avec les dieux. Bien que ces cérémonies varient considérablement, les points importants qu’elles ont en commun soulèvent la possibilité d'une source commune lointaine.

Les textes égyptiens des pyramides, par exemple, comportent six thèmes principaux : (1) l’insistance sur l’existence d’un document écrit originel derrière les rites ; (2) la purification (notamment l’onction, la lustration et l’habillement) ; (3) la création (textes de résurrection et de réveil) ; (4) le jardin (comprenant les motifs de l’arbre et du repas rituel) ; (5) le voyage (protection, passeur et textes osiriens) ; et (6) l’ascension (notamment victoire, couronnement, admission dans la compagnie céleste et textes de Horus). Comme ces anciennes cérémonies, la dotation du temple chez les saints des derniers jours présente des aspects de ces thèmes en termes figuratifs. Elle aussi présente, non pas une image de la réalité immédiate, mais un modèle montrant le schéma de la vie humaine sur terre et le plan divin dont elle fait partie.

Les cérémonies maçonniques sont également allégoriques, représentant les étapes de la vie : la jeunesse, l’âge adulte et la vieillesse – chacune avec les fardeaux et les difficultés qui l’accompagnent, suivies de la mort et de l'immortalité espérée. Il n'y a pas d’accord universel sur le point de savoir quand la franc-maçonnerie a commencé. Certains historiens font remonter l'origine de l'ordre à Salomon, à Hénoc ou même à Adam. D'autres affirment que même si une partie du symbolisme maçonnique peut être ancien, la franc-maçonnerie en tant qu’institution a commencé au Moyen-Âge ou plus tard.

Bien que dans notre dispensation la Dotation chez les saints date de Kirtland et de Nauvoo (voir Temple de Kirtland ; Temple de Nauvoo), les saints des derniers jours croient que les ordonnances du temple sont aussi anciennes que l'homme et que l’essentiel de l'Évangile de Jésus-Christ, notamment son rituel et ses enseignements nécessaires, a été révélé pour la première fois à Adam. Ces principes et ordonnances salvateurs ont été plus tard révélés à Seth, à Noé, à Melchisédek, à Abraham et à chaque prophète à qui la prêtrise a été donnée, notamment à Pierre. Les saints des derniers jours croient que les ordonnances accomplies dans les temples modernes reproduisent aujourd'hui des rituels qui faisaient partie des enseignements de Dieu dès le commencement.

Pour le prophète Joseph Smith, la Dotation chez les saints et la franc-maçonnerie découlent en partie de la même source antique. Ainsi, certains francs-maçons de Nauvoo pensaient que la Dotation était le rétablissement d'un rituel qui n’était conservé qu’imparfaitement dans la franc-maçonnerie et considéraient Joseph Smith comme maître des principes et du symbolisme allégorique sous-jacents (Heber C. Kimball à Parley P. Pratt, 17 juin 1842, archives de l'Église). La philosophie et les enseignements principaux de la franc-maçonnerie ne sont pas fondamentalement incompatibles avec l'enseignement, la théologie et la doctrine des saints des derniers jours. Les uns et les autres mettent l’accent sur la moralité, le sacrifice, la consécration et le service, et condamnent l'égoïsme, le péché et la cupidité. En outre, le but du rituel maçonnique est d’enseigner – de rendre la vérité accessible pour que l'homme puisse la suivre.

Les ressemblances entre les deux rituels sont limitées à une petite proportion d'actions et de mots ; en fait, certains trouvent que la Dotation des saints des derniers jours a plus de similitudes avec les Textes des Pyramides et les documents coptes qu'avec la franc-maçonnerie. Même là où les deux rituels partagent le symbolisme, le contenu des significations est différent. En plus des thèmes de la création et de la vie, une ressemblance est que l’un et l’autre demandent que les participants fassent des alliances. Cependant, seule la Dotation rattache les alliances à des bénédictions éternelles et à Jésus-Christ. La cérémonie maçonnique ne met pas l’accent sur la prêtrise ni sur la nécessité d'être mandaté par Dieu pour le représenter. La participation active de Dieu dans le monde et dans la vie des hommes est distinctement un motif du temple. Tandis que les francs-maçons croient en un Dieu non défini et impersonnel, tout dans la Dotation chez les saints émane de Dieu ou est dirigé vers Dieu qui est un personnage et le Père éternel de l'homme. La Dotation vise les éternités et les vies éternelles, mais la franc-maçonnerie est terre à terre, imprégnée de légendes humaines et de l’espérance de quelque chose de mieux.

La franc-maçonnerie est une société fraternelle et dans son rituel toutes les promesses, tous les serments et conventions se font entre les membres. Dans la Dotation du temple toutes les alliances sont entre l'individu et Dieu. Dans la franc-maçonnerie, la mise à l’épreuve, l’évaluation, la pénalisation ou la condamnation sont en accord avec les règles de la fraternité ou les votes des membres. Dans la Dotation, Dieu seul est le juge. Dans la franc-maçonnerie, le rang et les promotions ont une grande importance, alors que dans les rites du temple il n'y a aucune distinction : tous les participants sont égaux devant Dieu. Le conflit entre le bien et le mal, notamment le rôle de Satan, est essentiel et est représenté de manière frappante dans la Dotation, mais est essentiellement absent dans les rites maçonniques. Les cérémonies du temple mettent l’accent sur le salut pour les morts par les ordonnances par procuration, comme le baptême pour les morts ; rien dans le rituel maçonnique ne prévoit que des représentants agissent au nom des morts. Les femmes participent à tous les aspects des rites du temple ; bien que la franc-maçonnerie ait des auxiliaires pour les femmes, le rituel maçonnique les exclut. L'inclusion des femmes dans la Dotation met l’accent sur ce qui est sans doute la différence la plus fondamentale entre les deux rites : Les rites du temple chez les saints unissent maris et femmes et leurs enfants en des familles éternelles (voir Vies éternelles, Accroissement éternel ; Mariage). Les scellements chez les saints des derniers jours seraient complètement déplacés dans le contexte des cérémonies maçonniques.

Ainsi, les saints des derniers jours considèrent leurs ordonnances du temple comme fondamentalement différentes des rituels maçonniques et autres et voient dans les ressemblances des restes d'un original antique.

Bibliographie

Ivins, Anthony W. The Relationship of "Mormonism" and Freemasonry. Salt Lake City, 1934.
Madsen, Truman G., dir. de publ. The Temple in Antiquity. Provo, Utah, 1984.
Nibley, Hugh W. The Message of the Joseph Smith Papyri : An Egyptian Endowment. Salt Lake City, 1975.
Packer, Boyd K. Le Temple sacré. Salt Lake City, 1980.
Shepherd, Silas H., Lionel Vibert et Roscoe Pound, dir. de publ. Little Masonic Library, 5 vols. Richmond, Va., 1977, sp. Mervin B. Hogan, "Mormonism and Freemasonry : The Illinois Episode," Vol. 2, p. 267-326.
KENNETH W. GODFREY

G
 
Grâce
Auteur : HAFEN, BRUCE C.

L’un des sujets les plus controversés de la théologie chrétienne est le point de savoir si le salut est le don gratuit d’une grâce imméritée ou si on le gagne par de bonnes œuvres. La déclaration de Paul que « l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi » (Ro. 3:28) est fréquemment citée à l’appui du premier point de vue, tandis que l’on cite souvent la déclaration de Jacques que la « foi sans les œuvres est morte » (Ja. 2:20) en faveur de l’autre. La révélation moderne, selon laquelle le salut nécessite et la grâce et les œuvres, est une réconciliation de bon sens de ces prises de position contradictoires.

C.S. Lewis a écrit à propos de ce conflit : « Pour moi, c’est comme si l’on demandait quelle est la branche d’une paire de ciseaux qui est la plus nécessaire » (p. 129). Et d'une manière ou d'une autre presque toutes les confessions chrétiennes acceptent finalement le besoin de grâce et d'œuvres, mais les divergences en matière de signification et d'importance parmi les diverses traditions doctrinales demeurent substantielles.

Pour ce qui est de l’interaction entre la grâce et les œuvres, la doctrine de l’Église a une conception qui lui est propre non seulement en ce qui concerne ces notions mais aussi en ce qui concerne la nature de l'homme, la chute d'Adam, l'Expiation et le processus du salut. En même temps, le point de vue des saints contient des idées qui sont semblables aux éléments de base de certaines autres traditions. Par exemple, le précepte de l’Église qui veut que des oeuvres telles que les ordonnances soient accomplies par l'autorité appropriée de la prêtrise ressemble à l'enseignement catholique que la grâce passe obligatoirement par ses sacrements. D’autre part, l’accent mis par les saints sur le caractère indispensable de la foi personnelle et du repentir dans une relation directe avec Dieu fait écho aux enseignements protestants traditionnels. La position de l’Église « n'est pas un éclectisme commode, mais le retour [par le Rétablissement] à une compréhension du Nouveau Testament qui réconcilie Paul et Jacques » (Madsen, p. 175).

On pourrait penser que l'accent que l'Église met sur la responsabilité personnelle et la nécessité d'une obéissance obtenue par de la discipline de soi diminue le rôle de la grâce du Christ ; cependant, pour des saints des derniers jours, l'obéissance n’est qu’une branche de la paire de ciseaux. L’ensemble de la théologie de l’Église reproduit également la thèse principale du Livre de Mormon que sans la grâce il n’y a pas de salut : « Car nous savons que c'est par grâce que nous sommes sauvés, après tout ce que nous pouvons faire » (2 Né. 25:23). La source de cette grâce est le sacrifice expiatoire de Jésus-Christ : « La miséricorde est accordée à cause de l'expiation » (Alma 42:23).

Les enseignements de la théologie chrétienne depuis le Moyen-Age sont enracinés dans la croyance que, principalement à cause des effets de la Chute et du péché originel, la nature humaine est intrinsèquement mauvaise. Dans les traditions catholique et protestante, seule la grâce de Dieu peut vaincre ce mal naturel. Divers auteurs chrétiens ont débattu de la mesure dans laquelle l'octroi de la grâce surmonte complètement la nature perverse de l'homme. Au cinquième siècle, reflet de sa lutte personnelle contre ce qu'il considérait être sa nature intrinsèquement mauvaise, Augustin voyait dans la grâce le seul moyen d’échapper au mal que constituaient les plaisirs terrestres et à l'influence de la « cité [profane] de l'homme ». Au treizième siècle, Thomas d’Aquin était plus optimiste, reconnaissant la blessure grave provoquée par le péché originel, mais défendant aussi le potentiel naturel de l'homme de faire le bien.

Au début du seizième siècle, Martin Luther, suite à sa lecture de Paul et en réaction à la vente des indulgences, conclut que la foi, don unilatéral de Dieu à des individus choisis, était la vraie source de la grâce et, en conséquence, de la justification devant Dieu. Luther mit ainsi (peut-être involontairement) fin au contrôle de l'Église médiévale sur la grâce, libérant de ce fait la force politique de la réforme protestante. Pour Luther, l’effort individuel de l’homme ne peut en aucune façon « gagner » ou faire autrement partie de la justice infusée par la grâce. Même les bonnes oeuvres démontrées par une vie d'obéissance à Dieu ne sont que les effets visibles de la grâce. Cette idée a plus tard influencé le développement de l'éthique puritaine. Jean Calvin, le contemporain de Luther, élabora une doctrine complète de la prédestination basée sur l'idée de Luther que Dieu choisit unilatéralement ceux à qui il accorde les dons de la foi et de la grâce.

La réponse catholique au défi de Luther rejeta la prédestination et réaffirma que la grâce passe par les sacrements de l’Église et que la grâce ne peut pas écarter totalement le libre arbitre humain. En même temps, la pensée catholique soulignait la préséance de l'initiative de Dieu. La « grâce prévenante » agit sur la volonté humaine avant qu'on se tourne vers Dieu ; cependant, une fois touché par la grâce, on est toujours libre de coopérer ou pas. L'interaction entre la grâce divine et la liberté humaine n'est pas totalement claire ; cependant, la grâce augmente quand on obéit aux commandements de Dieu et la grâce élève les bonnes oeuvres naturelles de l’homme à des actes de la valeur surnaturelle dans un processus de régénération spirituelle.

Ces dernières années, certains théologiens protestants se sont attaqués à l’idée que l’accent mis exclusivement sur la grâce en dehors de tout mérite détruit le sens de la responsabilité personnelle. Dietrich Bonhoeffer, par exemple, a condamné l'idée « de la grâce bon marché » qui suppose à tort que parce que « la facture a été payée à l'avance… on peut tout avoir pour rien » (The Cost of Discipleship, 1963, p. 45). John MacArthur s’inquiétait de ce que l'évangélisme contemporain promet aux pécheurs qu'ils « peuvent avoir la vie éternelle tout en continuant à vivre dans la rébellion contre Dieu » (The Gospel According to Jesus, 1988, p. 15-16). Et Paul Holmer a écrit que mettre l’accent sur les dangers des œuvres « n’est pas indiqué si les auditeurs n’essaient même pas ! La plupart des auditeurs à l’église ne risquent pas beaucoup d’arriver au ciel par leur travail » (« Law and Gospel Re-examined » Theology Today 10, 1953-1954, p. 474).

Certains saints des derniers jours se sont également préoccupés des limites que l’on s’impose quand on se range d’un côté seulement dans la controverse concernant la grâce et les œuvres, tout comme ils partagent les préoccupations catholiques concernant une doctrine de la grâce qui sape la nature fondamentale du libre arbitre. Pour les saints des derniers jours, les écrits de Paul sur l'insuffisance des œuvres et « des œuvres de la loi » (Ro. 3:27-28) concernent principalement l'insuffisance des œuvres rituelles de la loi de Moïse, « qui avait été remplacées par les exigences supérieures de l'Évangile [de Jésus-Christ] » ; ainsi, Paul considérait à juste titre que « les formes et les cérémonies extérieures » de la loi de Moïse étaient « des oeuvres non essentielles » (AF, p. 146). Comme le prophète Abinadi le dit dans le Livre de Mormon (v. 150 av. J.-C.), « le salut ne vient pas par la loi seule ; et s'il n'y avait pas l'expiation, que Dieu lui-même fera pour les péchés et les iniquités de son peuple, il devrait périr, malgré la loi de Moïse » (Mos. 13:28).

Dans un sens plus large, l’attachement des saints au rôle primordial de la grâce, tout en soulignant parallèlement l'autonomie, provient d'une vision doctrinale particulière de la nature et du destin de l'homme. Comme le fait remarquer John Dillenberger, spécialiste de la Réforme, « en mettant l’accent sur les possibilités humaines, le mormonisme a mis les choses au point, non pas en renonçant à la place centrale de la grâce mais en insistant sur le fait que [les vrais] pouvoirs de l'humanité… reflètent l'état réel de l'humanité en tant que telle… Le mormonisme a rendu compréhensible ce qui était devenu un problème insoluble au sein de l'évangélisme : comment réconcilier le nouveau pouvoir de l'humanité avec les idées négatives héritées concernant l'humanité, sans abandonner la nécessité de la grâce. » De cette façon, conclut Dillenberger, « c’est peut-être le mormonisme… qui est la théologie américaine authentique, parce que l'autonomie des groupes revivalistes fondamentalistes faisait un contraste marqué avec la notion de misère de l'humanité dont ils avaient hérité » (p. 179).

Dans les enseignements de l’Église, la chute d'Adam rend la rédemption du Christ nécessaire, mais pas parce que la Chute en elle-même a rendu l'homme mauvais. À cause de la transgression, Adam et Ève ont été expulsés d'Éden vers un monde sujet à la mort et aux influences mauvaises. Cependant, le Seigneur a révélé à Adam, à son entrée dans la condition mortelle, que « le Fils de Dieu a expié la faute originelle » ; les enfants d'Adam n'étaient donc pas mauvais, mais étaient « purs dès la fondation du monde » (Moï. 6:54). Ainsi, « L'esprit de tout homme était innocent au commencement ; et Dieu ayant racheté l'homme de la chute, les hommes redevinrent, dans leur prime enfance, innocents devant Dieu. » (D&A 93:38).

Lorsque les descendants d'Adam et Ève deviennent ensuite responsables de leurs propres péchés à l’âge de huit ans, tous goûtent au péché suite à leur propre libre choix. « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Ro. 3:23). Quelqu’un que ses expériences successives conduisent à aimer « Satan plus que Dieu » (Moï. 5:28) finit par devenir « charnel, sensuel et diabolique » (Moï. 5:13 ; 6:49) de nature. Par contre, celui qui accepte consciemment la grâce du Christ via l'Expiation par la foi, le repentir et le baptême, cède aux « persuasions de l'Esprit-Saint, et… se dépouille de l'homme naturel, et [devient] un saint par l'expiation du Christ, le Seigneur » (Mos. 3:19). De cette façon, c’est l'individu qui prend l'initiative d’accepter la grâce mise à sa disposition par l'Expiation, faisant preuve de foi en étant disposé à croire (voir Alma 32:27). Ce désir est souvent allumé quand on entend d'autres personnes rendre témoignage du Christ. Quand cette parole du Christ est semée et puis nourrie par l’interaction de l'obéissance avec la grâce, comme résumé ci-dessous, l'individu peut « devenir un saint » de nature, jouissant de ce fait de la vie éternelle (c’est-à-dire une vie semblable à celle de Dieu).

La grâce est ainsi la source de trois catégories de bénédictions liées au salut de l'humanité. D'abord, beaucoup de bénédictions de la grâce sont inconditionnelles, des dons gratuits et immérités n'exigeant aucune action individuelle. La grâce de Dieu, dans ce sens, est un facteur de la Création, de la Chute, de l'Expiation et du plan de salut. En particulier en ce qui concerne la Chute, et en dépit de la mort et des autres conditions résultant de la transgression d'Adam, la grâce du Christ a expié le péché originel et assure la résurrection de toute l'humanité : « Nous croyons que les hommes seront punis pour leurs propres péchés et non pour la transgression d'Adam » (2e A de F).

En second lieu, le Sauveur a également expié de manière conditionnelle les péchés personnels. L'application de la grâce aux péchés personnels est conditionnelle parce qu'elle n’est accessible que quand un individu se repent, ce qui peut être une forme exigeante d'œuvres. De ce fait, la miséricorde peut satisfaire aux exigences de la justice sans que la miséricorde ni la justice ne se dépouillent mutuellement. Le repentir personnel est donc une condition nécessaire au salut, mais il n'est pas suffisant par lui-même pour assurer le salut (voir Justice et miséricorde). En outre, on doit accepter les ordonnances du baptême et de l’imposition des mains pour recevoir le don du Saint-Esprit, par lequel on naît de nouveau en tant qu'enfant d'esprit du Christ et peut être un jour sanctifié (cf. D&A 76:51-52 ; voir aussi Évangile de Jésus-Christ).

Troisièmement, après avoir reçu l'Évangile de foi, de repentir et de baptême pour la rémission des péchés, se reposant « entièrement sur les mérites de celui qui est puissant à sauver », tout ce qu’on a fait, c’est entrer « par la porte » sur « le chemin étroit et resserré qui mène à la vie éternelle » (2 Né. 31:17-20). Dans cette étape du développement spirituel, qui se situe après le baptême, on doit faire de son mieux, d’autres efforts, pour « persévérer jusqu'à la fin » (2 Né. 31:20). Ces efforts consistent à obéir aux commandements du Seigneur et à recevoir les ordonnances supérieures accomplies dans les temples et poursuivre le processus du repentir « pour conserver le pardon de vos péchés » (Mosiah 4:12).

Dans les enseignements de Martin Luther, ces œuvres de justice ne sont pas le résultat d’une l'initiative personnelle mais sont les effets spontanés de la grâce interne que l’on a reçue, intégralement les fruits de l'arbre généreux. En revanche, dans la doctrine de l’Église, « les hommes doivent œuvrer avec zèle à une bonne cause, faire beaucoup de choses de leur plein gré et produire beaucoup de justice. Car ils ont en eux le pouvoir d'agir par eux-mêmes. » (D&A 58:27-28). En même temps, les hommes n’ont pas la capacité d’acquérir une nature chrétienne par leurs propres efforts. Les attributs qui permettent l’accès à la perfection, tels que l'espérance et la charité sont finalement accordés « à tous ceux qui sont de vrais disciples de… Jésus-Christ » (Mro. 7:48) par la grâce via son expiation. Cette relation interactive entre les pouvoirs humains et divins dans la théologie des saints des derniers jours dérive à la fois de l'importance qu’elle attache au libre arbitre et de son optimisme à l’égard des « fruits de l'Esprit » (Ga. 5:22-25) parmi ceux qui sont vraiment convertis, « ceux qui m'aiment et gardent tous mes commandements, et… celui qui cherche à faire ainsi » (D&A 46:9).

Dieu accorde de manière conditionnelle ces expressions supplémentaires de la grâce qui donnent accès à la perfection, comme il confère la grâce qui permet le pardon du péché. Elles sont données « après tout ce que nous pouvons faire » (2 Né. 25:23) c'est-à-dire en plus de nos meilleurs efforts. D’une manière générale, cette condition est moins liée à l’obéissance à des commandements particuliers qu'à notre personnalité spirituelle fondamentale, comme « la douceur et l’humilité de cœur » (Mro. 8:26) et la possession d’ « un cœur brisé et un esprit contrit » (Ps. 51:17 ; 3 Né. 9:20 ; Hafen, chap. 9). Ou, comme Moroni l’écrit à la fin du Livre de Mormon : « Si vous vous refusez toute impiété et aimez Dieu de tout votre pouvoir, de toute votre pensée et de toute votre force, alors sa grâce vous suffit, afin que par sa grâce vous soyez parfaits dans le Christ… alors vous êtes sanctifiés dans le Christ, par la grâce de Dieu, grâce à l'effusion du sang du Christ » (Mro. 10:32-33).

Bibliographie

Dillenberger, John. "Grace and Works in Martin Luther and Joseph Smith." Dans Reflections on Mormonism : Judaeo-Christian Parallels, dir. de publ. Truman G. Madsen. Provo, Utah, 1978.
Hafen, Bruce C. The Broken Heart : Applying the Atonement to Life's Experiences. Salt Lake City, 1989.
Holmer, Paul L. "Law and Gospel Re-examined." Theology Today 10, 1953-1954, p. 474.
Keller, Roger R. Reformed Christians and Mormon Christians : Let's Talk ! Urbana, Ill., 1986.
Lewis, C. S. Mere Christianity. New York, 1943.
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Millet, Robert L. By Grace Are We Saved. Salt Lake City, 1989.
Rahner, Karl, dir. de publ. The Teaching of the Catholic Church. Regensburg, Allemagne, 1965.
BRUCE C. HAFEN

Grande et abominable Église
Auteur : WRIGHT, DENNIS A.

L’expression « grande et abominable Église », qui apparaît dans une vision apocalyptique reçue au sixième siècle av. J.-C. par le prophète Néphi 1 dans le Livre de Mormon (1 Né. 13:6), désigne l'Église du diable et les saints des derniers jours y voient l’équivalent de « la grande prostituée qui est assise sur les grandes eaux » décrite dans Apocalypse 17:1. Jacob, frère de Néphi, voit dans cette « grande prostituée de toute la terre » tous ceux qui sont contre Dieu et qui luttent contre Sion à toutes les époques (2 Né. 10:16). Néphi ne fait pas de récit détaillé de tout qu'il a vu dans la vision, car cette responsabilité était réservée à Jean, l'apôtre, qui devait recevoir la même vision ; néanmoins, Néphi mentionne plusieurs fois son contenu et ses enseignements en utilisant diverses images et expressions (1 Né. 13:4-9, 26-27, 34 ; 14:1-4, 9-17).

Comme Jean, Néphi et Jacob décrivent les persécutions que les méchants infligeront au peuple de Dieu, en particulier dans les derniers jours. L'ange qui explique la vision à Néphi souligne que cette grande et abominable Église ôtera de la Bible et « de l'Évangile de l'Agneau beaucoup de parties qui sont claires et extrêmement précieuses ; et il y a aussi beaucoup d'alliances du Seigneur qu'elle [ôtera] » (1 Né. 13:26), faisant « trébucher » les hommes et donnant à Satan un « grand pouvoir » sur eux (1 Né. 13:29 ; D&A 86:3 ; Robinson, « Early Christianity », p. 188). Bien que beaucoup de protestants, suivant l'exemple de Martin Luther, aient rattaché cette force mauvaise décrite dans Apocalypse 17 à l'Église catholique, ces Écritures modernes et néotestamentaires mettent plutôt l’accent sur des agents d'apostasie plus anciens dans les traditions juives et chrétiennes (voir A. Clarke, Clarke’s Commentary, vol. 6, p. 1036-1038, Nashville, Tenn., 1977).

Quand il parle symboliquement plutôt qu'historiquement, Néphi identifie tous les ennemis des saints à l'Église du diable (1 Né. 14:9-10 ; 2 Né. 10:16). Ce sont ceux qui, dans tous les pays et à toutes les époques, désirent « obtenir du gain, et… du pouvoir sur la chair, et… devenir populaires aux yeux du monde… qui recherchent les convoitises de la chair et les choses du monde et à commettre toutes sortes d'iniquités » (1 Né. 22:23). Parmi les autres termes scripturaires liés à la grande et abominable Église, il y a « Babylone » et la « grande prostituée » (Ap. 17:5 ; 1 Né. 22:13 ; D&A 1:16). Des images d'orgueil, de cupidité et d'abandon d'alliances sont associées à ces termes, tout au contraire de l'Église de Dieu. Les Écritures avertissent régulièrement les hommes de fuir l'Église du mal et de se réfugier dans l'Église de Dieu (Jé. 51:6 ; Ap. 18:4 ; 1 Né. 20:20 ; D&A 133:14 ; voir aussi P. Minear, « Babylon » dans Interpreter's Dictionary of the Bible, 1:338, Nashville, Tenn., 1962). L'image donnée par le Livre de Mormon d'une grande et abominable Église complète les images bibliques de Babylone et de la prostituée.

Le destin de la grande et abominable Église est décrit dans les Écritures anciennes et modernes (Jé. 51:37 ; Ap. 18:21 ; 1 Né. 14:15-16 ; 22:14 ; D&A 1:16) : Même si les nations de la terre se rassemblent contre lui, la rédemption est promise au « peuple de l'alliance du Seigneur, qui a été dispersé sur toute la face de la terre » même s’il faut qu’un pouvoir descende des cieux, comme si c’était par le feu (1 Né. 14:14 ; 22:17). Quand Jésus-Christ reviendra, il réclamera les siens et rejettera ceux qui se sont opposés à lui (Ma. 4:1-3 ; 2 Th. 2:6-10 ; 1 Né. 22:23-26 ; voir Jésus-Christ : Seconde venue de Jésus-Christ). Lorsque le Sauveur instaurera son règne millénaire, grande sera la chute de Babylone, la prostituée, et de la grande et abominable Église (Ap. 18 ; 2 Né. 28:18), parce que tout genou fléchira et toute langue confessera, avec reconnaissance, que Jésus est le Christ (És. 45:23 ; Mos. 27:31).

Bibliographie

Nibley, Hugh W. "The Passing of the Primitive Church : Forty Variations on an Unpopular Theme". Dans CWHN 4:168-208.
Nibley, Hugh W. "Prophecy in the Book of Mormon : The Three Periods". Dans CWHN 7:410-435.
Robinson, Stephen E. "Warring Against the Saints of God". Ensign 18, janv. 1988, p. 34-39.
Robinson, Stephen E. "Early Christianity and 1 Nephi 13-14". Dans The Book of Mormon : First Nephi, The Doctrinal Foundation, dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, p. 177-191. Provo, Utah, 1988.
DENNIS A. WRIGHT

H
 
Hébreux, épître aux
Auteur : DRAPER, RICHARD D.

Beaucoup de passages de cette lettre du Nouveau Testament ont une importance particulière pour les saints des derniers jours. Lors des conférences générales de l'Église, les passages les plus souvent cités dans l’épître aux Hébreux sont ceux qui concernent la Divinité (Hé. 1:1-3 ; 12:9 ; 13:8), la souffrance obéissante de Jésus (Hé. 2:14-18 ; 4:15-16 ; 5:8-9 ; voir aussi Jésus-Christ, Expiation de), la prêtrise éternelle de Jésus-Christ (Hé. 7-8), la nécessité d’être appelé de Dieu pour détenir la prêtrise (Hé. 5:1-4), la nature de la vraie foi, qui motive les hommes à agir selon la justice (Hé. 11), tendre « à ce qui est parfait » (Hé. 6:1) et persévérer jusqu'à la fin (Hé. 12:4-11). Ces thèmes sont les piliers essentiels de l'Évangile de Jésus-Christ.

Le point principal au cœur de l'épître est que Jésus-Christ est le « souverain sacrificateur [éternel], qui s’est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux, comme ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle » de Dieu (Hé. 8:1-2). Ce thème est développé dans toute l'épître, montrant comment le salut éternel nous est apporté grâce à la grandeur, à la validité et à la suprématie de Jésus-Christ. L’épître s’adresse aux juifs convertis à l'Église chrétienne primitive, qui ont déjà compris les premiers principes de l'Évangile et ont reçu ses ordonnances de base (Hé. 6:1-4). Étape par étape, elle s’efforce systématiquement de les persuader « de se raccrocher à leur foi » (Buchanan, p. 266), de garder l'alliance et de réaliser l'espérance incomparable et les promesses irrévocables que Dieu leur a données grâce au sacrifice de Jésus-Christ. Avec son explication de l'Expiation en termes de prêtrise, de serments, d’alliances et d’images du temple, cette épître tout entière vibre au diapason des concepts et des pratiques des saints modernes.

Le chapitre 1 commence en déclarant hardiment que Jésus est le seul médiateur entre Dieu et tous les êtres humains ; il est supérieur aux prophètes et aux anges et les remplace. Personnalité séparée et distincte dans la Divinité, il est le Dieu de la Création et la révélation parfaite de la Divinité pour toujours. Il est, spirituellement et physiquement, l’empreinte de la personne de son Père ; lui seul a payé pour les péchés de l'humanité et est assis à la droite de Dieu le Père (Hé. 1:1-3). Le Père a introduit le Sauveur (qui était son « premier-né » dans l'existence prémortelle) « dans le monde » (Hé. 1:6 ; cf. D&A 93:21 ; 1 Né. 11:18). En tant que premier-né, Jésus est l'héritier de toutes choses (Hé. 1:2) et ceux qui sont fidèles deviennent cohéritiers avec lui (voir Héritiers).

Le chapitre 2 invite fortement à écouter la parole de Dieu donnée par Jésus-Christ (Hé. 2:1-4). L’autre monde est entièrement assujetti au Christ (Hé. 2:5-10). Dieu l’a rendu de peu inférieur « à Dieu ». Parce que Dieu est le Père de tous, même le Christ lui est soumis. Le Christ ne le cède qu’au Père, et pourtant il est le frère d'esprit de l'humanité (Hé. 2:17). Comme ses frères et ses sœurs dans la condition mortelle, il a connu la tentation, mais contrairement à eux, il n’a jamais péché (Hé. 2:18 ; 4:15-16). Par ce qu’il a souffert, il a appris l'obéissance et a acquis de la compassion pour tous les enfants de Dieu.

Le chapitre 3 recommande aux hommes de contempler la grandeur du Seigneur et de s'engager vis-à-vis de lui. L'obéissance absolue montrée par le Sauveur à son Père montre le chemin. C’est aujourd’hui qu’il faut s’engager. L'Évangile n'est pas toujours accessible à l'humanité, il est donc nécessaire de faire alliance « aujourd’hui » de peur de connaître le sort des Israélites rebelles et de mourir dans le désert de leur propre vie (Hé. 3:7-17 ; cf. Jos. 24:14-25 ; Jcb. 6:5-7 ; D&A 64:23-25).

Le chapitre 4, empruntant partiellement au symbolisme du temple israélite, invite les saints à entrer dans le repos du Seigneur (Hé. 4:1, 11). On y parvient en croyant, en ne s’endurcissant pas le cœur, en travaillant, en étant à découvert devant Dieu, en se reposant sur la compassion de Jésus, le souverain sacrificateur, et en s’approchant avec assurance du trône de la grâce de Dieu afin d’obtenir miséricorde en temps de besoin (Hé. 4:7, 11, 13, 15, 16).

Le chapitre 5 explique comment Jésus a obtenu son autorité d’agir comme souverain sacrificateur d'Israël. Il ne s’est pas attribué cette dignité. Comme dans le cas d’Aaron, Dieu l'a choisi et lui a conféré l'autorité comme « sacrificateur pour toujours, selon l'ordre de Melchisédek » (Hé. 5:6 ; Ps. 110:4).

Le chapitre 6 invite tous les membres de l'Église à « saisir l’espérance » de la perfection et de la vie éternelle, qui leur a été offerte par un serment et une alliance immuables (Hé. 6:1, 13-20 ; voir aussi Prêtrise, Serment et alliance de la). La diligence à servir le Christ apporte la pleine assurance de promesses extraordinaires, comme Dieu a fait alliance avec Abraham et lui a promis un accroissement éternel (Hé. 6:13-14 ; cf. D&A 132:30). Cette espérance, rendue possible dans le Christ, est une ancre pour l'âme, puisque Dieu ne peut pas mentir. Toutefois, ceux qui ont une fois goûté la bonne parole de Dieu et ont eu part au Saint-Esprit et qui tombent et « crucifient pour leur part le Fils de Dieu », commettent un péché si grave qu'ils ne peuvent être renouvelés et amenés à la repentance (Hé. 6:6-10).

Les promesses que Dieu a faites à Abraham sont offertes à tous ceux qui vont au Christ : Jésus était prêtre selon l'ordre de Melchisédek, qui était le prêtre qui a béni Abraham, dans les reins duquel était Lévi. La supériorité de la Prêtrise de Melchisédek du Christ par rapport à la prêtrise lévitique et à la loi de Moïse est détaillée au chapitre 7. Melchisédek était un symbole du Christ. Sa prêtrise était plus permanente que la prêtrise lévitique, qui était limitée aux lignées par le sang et n'était pas donnée avec un serment et dont les prêtres ne continuaient pas à cause de la mort et qui avaient besoin d’un renouvellement quotidien (Hé. 7:3, 21, 23, 27). Par contre, l'ordre de Melchisédek de la prêtrise était dirigé par Jésus-Christ, qui, à la différence du souverain sacrificateur dans la loi de Moïse le jour annuel des expiations (Lé. 16:4), n'avait pas besoin « d'offrir de sacrifice pour ses propres péchés, parce qu’il n'avait pas de péché » (TJS Hé. 7:26). Sa prêtrise était « aparabatos », ce qui veut dire « permanente, immuable et incomparable » (Hé. 7:24). Aucune autre prêtrise ne lui succédera. Ce sera pour toujours le pouvoir permanent du salut et des vies éternelles dans l'Église du Christ (EPJS, p. 132, 260).

En tant que souverain sacrificateur, Jésus s'est offert comme sacrifice expiatoire éternel et est devenu le médiateur de cette nouvelle alliance plus excellente (Hé. 8:6), mettant la loi de Dieu dans le cœur de son peuple (Hé. 8:10 ; 10:16). La vieille loi (de Moïse), avec ses observances et ses sacrifices, était accomplie. Par la nouvelle alliance, Dieu promettait de ne plus se rappeler les péchés de ceux qui se repentaient (Hé. 10:17) et chaque saint était invité à s’engager sur « une route nouvelle et vivante » par le sang du Christ (Hé. 10:15-20). Ceux qui étaient disposés à le faire avec patience et foi seraient justifiés et recevraient la promesse (Hé. 10:35-38).

Le chapitre 11 se concentre sur la foi et ses effets extérieurs sur la vie des héros spirituels d'Israël. La foi est la substance ou la justification ou l'assurance réelle (hypostase) et la preuve ou démonstration (elenchos) de choses qu’on ne voit pas, qui sont vraies (Hé. 11:1 ; Al. 32:21). La vraie foi se manifeste nécessairement dans des œuvres de justice.

Le chapitre 12 exhorte donc les fidèles à supporter les réprimandes et les corrections de Dieu, qui est le Père de leur esprit. En héritant des bénédictions de l'éternité comme fils du Dieu vivant, ses saints sont en mesure d’aller à la nouvelle montagne de Sion, la Jérusalem céleste, étant rendus parfaits, une assemblée de « premiers-nés » (prototokon), ayant hérité de tout avec le Premier-né.

Le chapitre 13 conclut en recommandant que « le mariage soit honoré » et en conseillant à tous : « persévérez dans l'amour fraternel », « ne vous livrez pas à l’amour de l’argent » et soyez fidèles à Jésus seul « en portant son opprobre, car nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir » (Hé. 13:1, 4-5, 13-14). Ceux qui entrent dans ce saint ordre et en gardent les alliances se préparent pour la vie éternelle et l'accomplissement de la prière « que le Dieu de paix, qui a ramené d’entre les morts le grand pasteur des brebis, par le sang d’une alliance éternelle, notre Seigneur Jésus, vous rende capables de toute bonne œuvre pour l'accomplissement de sa volonté » (Hé. 13:20-21).

Bibliographie
Anderson, Richard L. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
Buchanan, George W. To the Hebrews. Garden City, N.Y., 1972.
Gentry, Leland H. "Let Us Go On unto Perfection : Paul's Message in the Book of Hebrews". Dans Sidney B. Sperry Symposium, p. 135-144. Provo, Utah, 1983.
RICHARD D. DRAPER
 
Hélaman 1
Auteur : Thorne, Melvin J.

Le premier Hélaman mentionné dans le Livre de Mormon (v. 130 av. J.-C.) est l'un des trois fils de Benjamin, roi des Néphites et du peuple de Zarahemla. Il n’est mentionné qu’une fois à propos des efforts de son père pour l'instruire, lui et ses frères, Mosiah 2 et Hélorum. Benjamin leur enseigna la langue de leurs pères et les prophéties prononcées par eux, « afin qu'ils devinssent ainsi des hommes pleins de jugement » (Mosiah 1:2).
 
MELVIN J. THORNE 

Hélaman 2
Auteur : Cheesman, Paul R.

Hélaman 2 (v. 100-57 av. J.-C.) est un commandant et un prophète militaire remarquable du Livre de Mormon. Fils aîné d'Alma le Jeune, il est le frère de Shiblon et de Corianton (Al. 31:7) et père d’Hélaman 3. Il devient grand prêtre (Al. 46:38) et est connu pour son enseignement du repentir à son peuple.

Pendant sa jeunesse, il reste en arrière pendant la mission de son père et de ses frères chez les Zoramites (Al. 31:7), apparemment pour gérer les affaires domestiques et ecclésiastiques en l'absence d'Alma. Plus tard, son père lui donne une bénédiction spéciale, qui est souvent citée parmi les saints des derniers jours, l'exhortant à garder les commandements de Dieu et lui promettant que, s'il le fait, il prospérera dans le pays (Al. 36:30 ; 37:13). Son père lui commande aussi de continuer les annales de son peuple et lui confie la garde sacrée des annales néphites, des plaques d’airain, des vingt-quatre plaques des Jarédites, des interprètes et du liahona, c'est-à-dire le compas divin qui a conduit la famille de Léhi à la nouvelle terre promise en Amérique (Al. 37:1-47). Avant la mort de son père, Hélaman mettra par écrit la prophétie de celui-ci concernant la destruction finale du peuple néphite (45:9-14).

Bien que simplement connu pour avoir été l'un des « grands prêtres de l'Église » (Al. 46:6), il est manifestement le prêtre en chef parce que « Hélaman et ses frères » (45:22-23 ; 46:1, 6 ; 62:45) ou « Hélaman et les grands prêtres » (46:38) accomplissent toujours les fonctions ecclésiastiques ; aucun autre grand prêtre président n'est cité. Quand Hélaman et ses frères tentent « d'établir de nouveau l'Église dans tout le pays » (45:22) après une guerre prolongée avec les Lamanites (43-44), leur action déclenche une agitation populaire menée par Amalickiah, ce qui va précipiter les Néphites dans une de leurs guerres les plus dévastatrices.

Pendant la jeunesse d’Hélaman, un grand nombre de convertis lamanites, appelés Ammonites (voir Livre de Mormon, Peuples du), vont s’installer dans le territoire néphite de Jershon (Al. 27). Ils s’engagent par serment à ne plus jamais ôter la vie à qui que ce soit (Al. 24:17-18). Plus tard, quand d'autres Lamanites attaquent leurs protecteurs néphites, les Ammonites proposent de rompre leur serment afin d'aider l'armée néphite à défendre leurs familles et leurs terres. Ce sont « Hélaman et ses frères » qui vont les persuader de ne pas rompre leur alliance. Ils accueillent cependant 2.060 jeunes Ammonites, qui ne sont pas tenus par le serment de leurs parents, qui se proposent pour combattre pour la cause néphite et choisissent Hélaman pour les diriger (53:10-22). En acceptant leur proposition, il devient à la fois chef militaire et père spirituel, une observation que l’on trouve dans la longue lettre d’Hélaman à son commandant Moroni 1 (Al. 56-58). Hélaman conduit ses « jeunes soldats » (53:22) dans de nombreuses batailles, mais aucun d’eux n’est tué, bien que tous aient reçu des blessures (56:56 ; 57:25 ; 58:39). Ces jeunes hommes attribuent à Dieu leur protection et rendent hommage à leurs mères qui les ont formés dans la foi (56:47). Pendant sa campagne militaire comme chef de ces jeunes hommes, Hélaman remporte victoire sur victoire, capturant souvent des ennemis sans effusion de sang. Manifestant une ingéniosité et une personnalité extraordinaires, il reconnaît toujours les bénédictions de Dieu dans ses succès (56:19 ; 57:35 ; 58:33).
 
Après la guerre, Hélaman retournera chez lui et passera les années qui lui restent à régler les affaires de l'Église, convainquant « beaucoup de gens de leur méchanceté, ce qui les amena à se repentir de leurs péchés et à être baptisés pour le Seigneur, leur Dieu » (Al. 62:45). Une ère de paix résulte de ses efforts finaux. Il meurt en 57 av. J.-C. 

PAUL R. CHEESMAN

Hélaman 3
Auteur : BAKER, CHRISTINE PURVES

Hélaman 3, fils de Hélaman 2, est le gardien des annales et le grand juge du pays de Zarahemla pendant les quatorze années qui précèdent sa mort en 39 av. J.-C. On ne sait pas grand-chose de ses affaires personnelles. Son oncle, Shiblon, lui confie la charge des documents historiques en 53 av. J.-C. (Al. 63:11-13), et le livre d’Hélaman dans le Livre de Mormon porte son nom.

Après l'assassinat du grand juge Pacumeni en 50 av. J.-C., Hélaman est élu par le peuple à cette fonction, qui est la plus haute du pays. Un complot contre lui est découvert plus tard et Kishkumen, l'assassin potentiel, est mortellement blessé. La bande d’assassins, menée par Gadianton, s'enfuit dans le désert. Mormon écrit à propos de Gadianton : « À la fin de ce livre [le Livre de Mormon], vous verrez que ce Gadianton se révéla être la chute… du peuple de Néphi » (Hél. 2:13 ; voir aussi Combinaisons secrètes).

Pendant la période de trois ans de 48 à 46 av. J.-C., un nombre substantiel de personnes quitte Zarahemla à cause de dissensions non spécifiées, et va « dans le pays situé du côté du nord » (Hél. 3:3). Cette émigration est si importante qu’une fraction seulement de son impact pourra être mentionnée dans les annales de Mormon (Hél. 3:14). En dépit des dissensions, de l'émigration et de la guerre, « Hélaman occupa le siège du jugement avec justice et équité ; oui, il s'appliqua à garder les lois, et les ordonnances, et les commandements de Dieu ; et il fit continuellement ce qui était droit aux yeux de Dieu ; et il marcha dans les voies de son père, de sorte qu'il prospéra dans le pays » (3:20). Pendant son mandat, des dizaines de milliers de personnes sont baptisées dans l'Église au grand étonnement des grands prêtres et des instructeurs (3:24-25). Par la force de sa personnalité, Hélaman maintiendra la paix pendant deux-tiers de sa carrière politique.

Quand il meurt, Hélaman laisse les responsabilités spirituelles et les annales sacrées entre les mains de son fils, Néphi 2 (Hél. 3:37 ; 5:5-14 ; 16:25).
 
Hénoc

[Cette rubrique traite en trois parties d’Hénoc, de ses visions, de sa manière de diriger comme prophète et de son importance.]

Hénoc : Sources de l’Église
Auteur : EAMES, RULON D.
 
Hénoc a une place importante dans les Écritures et la tradition des saints des derniers jours comme prophète, voyant et bâtisseur de Sion. La Bible dit que « Hénoc marcha avec Dieu ; puis il ne fut plus, parce que Dieu le prit » (Ge. 5:21-24). Dans les révélations données à Joseph Smith il y a beaucoup d’informations supplémentaires sur Hénoc, sur sa connaissance de l’expiation sanctifiante du Christ, les visions il a eues du futur du monde, les messages qu’il a proclamés, la méchanceté à laquelle il s’est opposé, les miracles qu’il a accomplis, les ordonnances de la prêtrise qu’il a accomplies et les promesses qu’il a reçues du Seigneur Jésus-Christ prémortel (voir Livre de Moïse). Hénoc et sa ville de Sion sont des symboles puissants parmi les saints des derniers jours, affirmant qu’il est possible de parvenir à une justice suprême sur terre comme au ciel.

MOÏSE 6-7 DANS LA PERLE DE GRAND PRIX. Hénoc était le septième dans une chaîne de patriarches remontant jusqu’à Adam (Moï. 6:10-22). Énosch, petit-fils d’Adam, s’était enfui avec « le reste du peuple de Dieu » d’un pays méchant appelé Schulon dans « une terre de promission » qu’Énosch baptisa du nom de son fils, Kénan (6:17). Le texte implique que Hénoc naquit dans ce « pays de justice » (6:41). Suivant l’exemple d’Adam et Ève, le père d’Hénoc lui enseigna « toutes les voies de Dieu » (6:21, 41 ; cf. 5:12).

Alors qu’il n’était « qu’un jeune garçon » (bien qu’il eût probablement plus de 65 ans, Moï. 6:25, 31), Hénoc fut appelé à prêcher le repentir aux méchants : « L'Esprit de Dieu descendit du ciel et demeura sur lui » (6:26-30). Comme d’autres prophètes, il ne se sentait absolument pas à la hauteur de la tâche : « Tout le peuple me hait, car je suis lent à m'exprimer » (6:31-34 ; cf. 1:25-26 ; Ex. 4:10-12 ; Jé. 1:4-10 ; És. 6:1-10). Le Seigneur dit à Hénoc de se mettre de l’argile sur les yeux et de les laver, sur quoi il eut une vision des « esprits que Dieu avait créés ; et… des choses qui n'étaient pas visibles à l'œil naturel » (Moï. 6:35-36). Le mot « voyant » s’applique donc à lui.

Il alla alors prêcher dans les collines et sur les hauts lieux, mais le peuple s’en offensa et le considéra comme « un homme sauvage » (6:37-38). Un homme du nom de Mahijah eut la hardiesse de demander à Hénoc qui il était et d’où il venait. Hénoc expliqua alors sa vision du ciel et sa compréhension de la chute d’Adam ; il enseigna qu’après la chute, les humains étaient devenus charnels et diaboliques en adorant Satan, mais montra comment, selon le Plan de Salut, ils pouvaient se repentir et devenir des « fils de Dieu » par le sang de Jésus-Christ, le Fils unique de l’Homme de Sainteté (6:42-7:1).

Poursuivant son ministère, Hénoc parla d’une autre vision qu’il avait reçue dans laquelle il se tenait sur une montagne et voyait le Seigneur face à face. Le Seigneur lui montra les jugements sous forme de guerres et la stérilité qui s’abattraient sur les méchants et lui commanda de nouveau de prêcher le repentir et le baptême au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (7:2-11).

Hénoc amena un grand nombre de convertis à l’Évangile de Jésus-Christ, mais son succès n’alla pas sans rencontrer une opposition féroce (7:12-13). Les ennemis des justes se mobilisèrent contre eux. Le récit scripturaire décrit des miracles d’une puissance extraordinaire. Selon les termes d’Hénoc : « la terre trembla, et les montagnes s'enfuirent… et les rivières d'eau furent détournées de leurs cours » (7:13). Frappés de crainte, les ennemis d’Hénoc et les géants de la terre se tinrent au loin et « le Seigneur vint demeurer avec son peuple, et ils demeurèrent dans la justice » (7:16).

Sous la direction inspirée d’Hénoc, les fidèles parvinrent à une unité de cœur et d’esprit extraordinaire. L’obéissance aimante aux lois du Christ fut maintenue ; un état d’égalité économique fut atteint et « il n’y avait pas de pauvres » parmi eux (7:18). L’unité spirituelle du peuple d’Hénoc prit des dimensions physiques par la construction d’une ville « qui fut appelée la Ville de la Sainteté, SION » (7:19). Leur vie était basée sur « l'ordre de celui qui était sans commencement de jours ni fin d'années [Jésus-Christ] » (6:67) et « selon l’ordre de l’alliance que Dieu avait faite avec Hénoc » (TJS, Ge. 14:27). Cette communauté unique mûrit pendant 365 ans, après quoi elle fut reçue au ciel. Accomplissant son alliance de préserver la lignée d’Hénoc sur la terre, le Seigneur y laissa Metuschélah et Lémec, le fils et le petit-fils d’Hénoc (Moï. 8:2, 5). Noé, fils de Lémec naquit quatre ans après que la ville d’Hénoc eut été enlevée au ciel.

Dans une troisième vision, Hénoc vit « tous les habitants de la terre » (7:21). Dans cette révélation panoramique, il fut témoin de la méchanceté et de la violence de l’époque de Noé ; il vit Satan rire, une grande chaîne à la main, et le Seigneur pleurer sur ses créations parce que l’humanité avait rejeté Dieu et était devenue « sans affection » (7:33). Il vit le sacrifice expiatoire de Jésus-Christ (7:47-48) et reçut la promesse « qu'il se trouverait toujours un reste de sa postérité parmi toutes les nations » (7:52). Finalement, il vit la joyeuse réunion de sa ville avec une Sion moderne bâtie en prévision de l’avènement de Jésus (7:63-67).

Selon le récit biblique, Hénoc vécut 365 ans (Ge. 5:23) ; selon le livre de Moïse, 430 ans (8:1 ; c.-à-d., 365 plus 65, qui était l’âge d’Hénoc quand il engendra Metuschélah et fut ordonné).

DOCTRINE ET ALLIANCES 76, 84, 107. L’accession rapide d’Hénoc à la maturité spirituelle ressort du fait qu’il reçut la prêtrise avant son père et son grand-père. La prêtrise détenue par Hénoc est décrite dans plusieurs passages des Doctrine et Alliances. Il fut ordonné à l’âge vingt-cinq ans de la main d’Adam. Sa prêtrise était « selon le plus saint ordre de Dieu », détenant « la clef des mystères du royaume, oui, la clef de la connaissance de Dieu » (D&A 84:15-19). Les Écritures confirment que Hénoc « vit le Seigneur, marcha avec lui et fut continuellement devant sa face » (D&A 107:48-49). Quelque chose qui montre bien la place éternelle d’Hénoc dans la prêtrise, c’est que les héritiers du royaume céleste sont décrits comme « prêtres du Très-Haut, selon l'ordre de Melchisédek, qui était selon l'ordre d'Hénoc, qui était selon l'ordre du Fils unique » (D&A 76:57).

Hénoc reçut deux bénédictions d’Adam : une quand il fut ordonné à la prêtrise, l’autre 240 ans plus tard lors du conseil d’Adam-ondi-Ahman, qui semble être davantage une bénédiction publique (D&A 107:48, 53). Tous les patriarches dans le lignage héréditaire d’Hénoc étaient présents à cette réunion finale de la postérité juste d’Adam, et Adam prophétisa l’avenir de ses descendants « jusqu’à la dernière génération » (107:56). Ces prophéties furent écrites dans le livre d’Hénoc.

HÉNOC ET LES saints des derniers jours. Les saints des derniers jours croient que la justice d’Hénoc était basée sur les mêmes principes de l’Évangile qui s’appliquent dans toutes les dispensations et éternellement. Pour cette raison, les saints des derniers jours se sentent une parenté spirituelle avec Hénoc et avec son peuple : La Sion d’Hénoc représente tous les idéaux spirituels auxquels les saints des derniers jours travaillent. Appelé à édifier une Sion moderne, le prophète et voyant Joseph Smith utilisa le nom Hénoc comme l’un des noms de code pour se désigner lui-même dans les premières éditions des Doctrine et Alliances. Un système économique conçu pour favoriser l’égalité matérielle et spirituelle dans l’Église, l’Ordre d’Hénoc (voir Ordres unis), fut mis en application à diverses reprises dans l’histoire de l’Église. Les membres de l’Église aspirent au jour où les justes édifieront la contre-partie de la Ville de la Sainteté d’Hénoc, la nouvelle Jérusalem, au comté de Jackson, dans le Missouri. Les missionnaires prêchent le repentir dans le monde entier, parce que la terre doit être purifiée par le feu, comme elle l’a été par le déluge qui a suivi le ministère d’Hénoc. Les membres de l’Église s’attendent au retour de la ville d’Hénoc d’en haut pour se réunir avec la Sion d’en bas (Moï. 7:58), quand la terre se reposera sous le règne millénaire de Jésus-Christ.

Bibliographie

Maxwell, Neal A. Of One Heart : The Glory of the City of Énoch. Salt Lake City, 1975.
Millet, Robert L. "Énoch and His City (Moses 6, 7)". Dans Studies in Scripture, Vol. 2, p. 131-44. Salt Lake City, 1985.
Nibley, Hugh W. Énoch the Prophet. Dans CWHN 2.
Ricks, Stephen D. "The Narrative Call Pattern in the Prophetic Commission of Énoch (Moses 6)". BYU Studies 26, automne 1986, p. 97-105.

RULON D. EAMES 
 
Hénoc : Sources antiques
Auteur : CHARLESWORTH, JAMES H.
 
Selon Ge. 5:22-25, « Hénoc, après la naissance de Metuschélah, marcha avec Dieu trois cents ans ; et il engendra des fils et des filles. Tous les jours d'Hénoc furent de trois cent soixante–cinq ans. Hénoc marcha avec Dieu ; puis il ne fut plus, parce que Dieu le prit. » (Segond).

Hénoc, père de Metuschélah et arrière-grand-père de Noé, était honoré par juifs et chrétiens pour les raisons suivantes : (1) Genèse 5 dit qu’il vécut 365 ans, un nombre attrayant pour les juifs qui plaidaient pour que le culte soit aligné sur le calendrier solaire (1 Énoch). (2) Il « marcha avec Dieu » et fut donc agréable à Dieu et était parfait (Sagesse de Salomon 4:13). (3) il ne mourut pas – « Dieu le prit » – et par conséquent il reviendrait du ciel (1 Énoch 14:21-24) pour concrétiser les promesses de Dieu à son peuple. (4) Il était le « septième » (sept est un chiffre parfait) après Adam (Ge. 5 ; 1 Énoch 93:3 ; Jude 14). « Un ange » dit de lui qu’il est « le fils de l’homme » (1 Énoch 71:14). Lui seul a tout vu (1 Énoch 19). Il réprimandera les anges déchus (1 Énoch 14), révélera tout (1 Énoch 91), intercédera pour les humains (1 Énoch 15:2) et introduira la paix éternelle dans le monde à venir, comme indiqué à la création, puisque la justice ne l’abandonne jamais (1 Énoch 71:14-17).

LIVRES D’ÉNOCH. Il est clair que les premiers juifs et chrétiens honoraient les livres d’Énoch. Les extraits les plus anciens de ces derniers se trouvent dans ce qui s’appelle maintenant 1 Énoch (éthiopien). Selon les estimations de la plupart des experts d’aujourd’hui, tous les documents préservés dans 1 Énoch sont juifs et antidatent la destruction de Jérusalem en 70 apr. J.-C. Dans l’ordre chronologique probable, ces livres d’Énoch sont les suivants : Le Livre de l’Astronomie (1 Énoch 72-82) décrit le mouvement du soleil, la réception de sa lumière par la lune (73:7, 78:10) et le calendrier solaire divinement ordonné. Le Livre des Veilleurs (1 Énoch 1-36) est un ouvrage composite comprenant les Paraboles d’Énoch (1-5), les Veilleurs (6-16) et les Voyages d’Énoch (17-19 et 20-36) ; le but principal de cette compilation est d’expliquer que le mal est entré dans ce monde à cause de la chute des anges (cf. Ge. 6). Le Livre des Songes visionnaires (1 Énoch 83-90) contient une vision du déluge (83-84) et une Apocalypse animale (85-90), qui décrit l’histoire du monde depuis avant le déluge jusqu’à l’apparition d’une « grande corne », qui est probablement Juda Maccabée. L’Épître d’Énoch (1 Énoch 91-105 ; 106-107 provient probablement du livre de Noé, un livre perdu, et 108 est une addition ultérieure) vise les pécheurs riches (94:8-9 ; 95:3 ; 96:4-8 ; 97:8-10), contient un examen plus ancien de l’histoire (l’Apocalypse des Semaines, 1 Énoch 93:1-10, et 91:11-17, qui est mal placée) et exhorte les justes à persévérer dans leur espérance (104), à marcher dans la voie de la justice et à éviter la voie de la méchanceté. Les Similitudes d’Énoch (1 Énoch 36-71) sont l’un des documents théologiques les plus brillants du judaïsme d’avant la destruction de Jérusalem en 70 apr. J.-C. ; elles décrivent l’apparition future du Messie, le Juste, l’Élu et Fils de l’homme et ont tendance à les fusionner en une seule personne qui s’avère finalement être Énoch. Apparenté aux livres d’Énoch il y a le Livre des Géants, qui est conservé dans des fragments qumraniques qui datent du premier siècle av. J.-C.

2 Énoch est l’un des écrits juifs les plus difficiles à dater et à comprendre parce qu’il n’est parvenu jusqu’à nous que dans des manuscrits slaves médiévaux. Il était cher aux Bogomils, qui étaient formés par des sources juives antiques mais qui créèrent ou refaçonnèrent aussi des documents antiques. Beaucoup de savants font remonter 2 Énoch à un juif qui vivait avant 100 apr. J.-C. Après une introduction dans laquelle il informe ses fils de son assomption imminente, Énoch décrit son ascension à travers les sept cieux (3-21). Ensuite le Seigneur révèle des secrets à Énoch (22-38), qui exhorte ses fils (39-66) et est enlevé au ciel le plus élevé (67 ; le chap. 68 n’existe que dans la révision longue). L’apocalypse termine sur une description de la naissance miraculeuse de Melchisédek de Sophanima, qui est morte. Il est alors emporté au paradis par l’archange Michel et reviendra à la fin des temps pour être le chef des prêtres (69-73).

3 Énoch sous sa forme actuelle est un ouvrage juif médiéval ; mais il se peut qu’il remonte à un document plus ancien et il est certain qu’il conserve des traditions très anciennes. Les quarante-huit chapitres de 3 Énoch contiennent des informations cosmologiques, particulièrement concernant le monde céleste du trône et du char de Dieu. L’archange Metatron informe le voyant Ismaël qu’il est Énoch, qui a été transformé en ange.

LA FIN D’ÉNOCH. Malgré le fait que l’auteur de Jude (verset 9) cite 1 Énoch comme prophétie et que l’Église éthiopienne a canonisé le livre et célébré de nombreux autres ouvrages qui l’interprètent, les livres d’Énoch ont fini par perdre la faveur du judaïsme et du christianisme traditionnels. Avec la compilation de la Michna par Rabbi Juda vers 200 apr. J.-C. et la tendance à dénigrer l’apocalypticisme, Énoch tomba en disgrâce. Ce furent Hillel et son école qui furent la norme du rabbinisme. Avec la clôture du canon chrétien, à cause de l’apparition du Saint Empire Romain au quatrième siècle, les livres d’Énoch furent stigmatisés comme extracanoniques et la vénération jadis accordée au sage scribe Énoch fut transférée ou réservée à Jésus-Christ.

Bibliographie

Black, M., avec J. C. VanderKam. The Book of Énoch or I Énoch : A New English Edition. Leiden, 1985.
Charles, R. H. The Book of Énoch or 1 Énoch. Oxford, 1912.
Charlesworth, J. H. The Old Testament Pseudepigrapha, 2 vols. Garden City, N.Y., 1983, 1985. (Contient des introductions, des traductions et des notes sur 1 Énoch, 2 Énoch et 3 Énoch).
Knibb, M., avec E. Ullendorff. The Ethiopic Book of Énoch : A New Edition in the Light of the Aramaic Dead Sea Fragments, 2 vols. Oxford, 1978.
Milik, J. T., avec M. Black. The Books of Énoch : Aramaic Fragments of Qumr-n Cave 4. Oxford, 1976.
VanderKam, J. C. Énoch and the Growth of an Apocalyptic Tradition. Washington, D.C., 1984.
 
JAMES H. CHARLESWORTH 

Hénoc : Livre d’Hénoc
Auteur : CHURCH, LEWIS R.

Le livre d’Hénoc est l’un des écrits antiques que les saints des derniers jours s’attendent à recevoir un jour (voir Écritures : Écritures à venir). Ce livre ne doit pas être confondu avec les livres pseudépigraphiques d’Énoch, qui néanmoins ont suscité l’intérêt de certains saints des derniers jours depuis au moins 1840 (Pratt, p. 61). Dans Doctrine et Alliances 107:53-57, il est fait mention d’une réunion de la postérité juste d’Adam tenue à Adam-ondi-Ahman trois ans avant la mort d’Adam. L’influence du Saint-Esprit se manifesta avec puissance en prophétie pendant qu’Adam bénissait sa postérité. Ces versets donnent un précis de ce qui s’est produit, mais bien d’autres choses « furent écrites dans le livre d'Hénoc, et il en sera témoigné en temps voulu » (D&A 107:57). À propos de ce livre, en décembre 1877, Orson Pratt dit : « Je pense que quand nous recevrons cela, nous connaîtrons beaucoup de choses sur les antédiluviens dont nous savons actuellement si peu de choses » (JD 19:218). Un extrait de la prophétie d’Hénoc fut révélé et publié dans le livre de Moïse (chap. 6-7), le dernier chapitre étant publié dans The Evening and The Morning Star d’août 1832 (HC 1:130-131).

Bibliographie
Pratt, Parley P. "The Apocryphal Book of Énoch." MS 1, juillet 1840, p. 61.
LEWIS R. CHURCH
 
Histoire de l’Église
 
Cette rubrique traite de l’histoire de l’Église au cours des six périodes suivantes : Histoire de l’Église : 1820-1831, Antécédents, fondation, période de New York. Histoire de l’Église : 1831-1844, Périodes d’Ohio, du Missouri et de Nauvoo. Histoire de l’Église : 1844-1877, Périodes de l’exode et du début de l’Utah. Histoire de l’Église : 1878-1898, Fin de la Période pionnière d’Utah. Histoire de l’Église : 1898-1945, Transitions : Période du début du XXe siècle. Histoire de l’Église : 1945-1990, Période de l’ère internationale suivant la Deuxième Guerre mondiale. En outre, plusieurs autres articles traitent de l’Histoire de l’Église à la lumière de disciplines ou d’approches historiques spécifiques : voir Doctrine : Signification, source et histoire de la doctrine ; Histoire économique de l’Église ; Histoire intellectuelle ; Histoire juridique et judiciaire de l’Église ; Politique : Histoire politique ; Histoire sociale et culturelle ; et Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours.
 
Les sources bibliographiques relatives à toutes ces périodes sont : B. Allen et Glen M. Leonard, The Story of the Latter-day Saints, Salt Lake City, 1976 ; Leonard J. Arrington et Davis Bitton, The Mormon Experience, New York, 1979 ; Département d’Éducation de l’Église, Histoire de l’Église dans la Plénitude des Temps, Salt Lake City, 1989 ; et Joseph Fielding Smith, L’Essentiel de l’Histoire de l’Église, Salt Lake City, 1950.

Histoire de l’Église : 1820-1831, Antécédents, fondation, période de New York
Auteurs : BUSHMAN, RICHARD L. et PORTER, LARRY C.
 
[On trouvera d’autres articles sur les événements principaux de la première période de l’histoire de l’Église dans Première Vision ; Moroni, Visitations de ; diverses rubriques reprises sous Livre de Mormon ; les articles sur le rétablissement de la Prêtrise d’Aaron et de la Prêtrise de Melchisédek et sur l’organisation de l’Église, 1830. On peut trouver les premières données biographiques dans les articles sur les Ancêtres de la famille Smith, Smith, Joseph, Smith, Emma Hale et plusieurs autres membres de la famille Smith, en plus de Harris, Martin, de Cowdery, Oliver, de Whitmer, David et de Rigdon, Sidney. La liste des emplacements et des communautés des saints de cette période se trouve sous New York, premières localisations de saints des derniers jours.]

La création de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours commence dans les années 1820 par des événements qui se produisent principalement dans l’État de New York. Le prophète Joseph Smith reçoit sa première vision en 1820, obtient les plaques d’or du Livre de Mormon sur la colline Cumorah en 1827, reçoit l’autorité de la prêtrise en 1829 et organise officiellement l’Église le 6 avril 1830. Avant que celle-ci ne quitte New York pour l’Ohio au début de 1831, elle aura été organisée et sa direction de base aura été clairement établie.

Dans ses années formatrices, l’Église naissante va surtout apprendre à compter sur la révélation pour la diriger. Joseph Smith, qui est jeune et peu instruit, ne prétend pas élaborer la doctrine de la nouvelle Église tout seul. Des révélations directes de Dieu le conduisent pas à pas. L’idée sans doute la plus révolutionnaire dans l’Église est sa croyance en une révélation chrétienne au-delà de la Bible. Les saints des derniers jours n’ont jamais douté de l’inspiration de la Bible ; elle a été un principe essentiel dès le commencement (voir Bible : Croyance des saints des derniers jours en la Bible). Leur expérience va cependant les amener à se rendre compte que Dieu a aussi parlé à des prophètes qui n’étaient pas repris dans ce canon conventionnel d’Écriture : c’est le Livre de Mormon qui va le leur montrer (2 Né. 29:10-14) et ils vont entendre Joseph Smith parler avec la même autorité que les apôtres et les prophètes bibliques. En conséquence, les saints des derniers jours vont commencer à concevoir autrement la révélation et le principe de la révélation continue va considérablement déranger les autres chrétiens, mais, dès le commencement, rien ne sera plus fondamental pour l’Église.

L’histoire de l’Église commence par la famille de Joseph Smith, père, et de Lucy Mack Smith, parents du prophète (voir Famille Smith), qui, avec des milliers d’autres habitants de la Nouvelle-Angleterre se répandent dans l’État de New York au début du dix-neuvième siècle à la recherche de meilleures terres. Ils apportent leur intensité religieuse calviniste, mais avec une ardeur modifiée par les nouvelles conditions de vie de l’Amérique républicaine et pluraliste. Ils ont longtemps recherché sans succès une religion sur laquelle ils pouvaient compter. Le nombre croissant de confessions chrétiennes et une foule de nouvelles influences intellectuelles provenant des Lumières font qu’il est plus difficile d’adopter une foi religieuse que quand le congrégationalisme prédominait en Nouvelle-Angleterre. Joseph Smith commence sa recherche du salut par la question de savoir quelle Église est la vraie. Cette question s’impose probablement à lui à cause de l’incertitude de ses parents et de la multiplicité des Églises – presbytérienne, baptiste, méthodiste, quaker – dans son propre village.

Au début du printemps de 1820, poussé par des réveils religieux évangéliques, Joseph Smith demande à Dieu de lui indiquer la vraie religion. Bien que n’ayant que quatorze ans, il a confiance en la promesse biblique qu’il pourra obtenir une réponse (Ja. 1:5). Il va dans les bois près de chez lui, se met à genoux et prie. Dans ses récits de l’événement, il témoigne que la réponse qu’il reçoit l’étonne. Dieu le Père et Jésus-Christ apparaissent et lui disent de ne se joindre à aucune des Églises existantes. Il reçoit l’assurance que Dieu l’agrée, s’entend dire beaucoup de choses qu’il ne peut pas mettre par écrit, après quoi la vision prend fin, le laissant accablé. Les saints des derniers jours considèrent cette révélation du Père et du Fils comme l’événement qui inaugure le rétablissement de l’Évangile.

Pendant trois ans et demi, Joseph ne reçoit aucune autre communication des cieux. Se demandant s’il ne s’est pas disqualifié pour cause d’indignité, Joseph se livre à la prière le soir du 21 septembre 1823, quand, à son grand étonnement, un ange lui apparaît dans la chambre et annonce qu’il est Moroni et qu’il vient avec des instructions de Dieu. Il lui parle d’annales écrites sur des plaques d’or donnant l’histoire des anciens habitants de l’Amérique. Le Sauveur ressuscité, Jésus-Christ, était apparu à ces gens et leur avait donné la plénitude de l’Évangile. L’ange ajoute que les plaques ont été enterrées dans une colline près de chez Joseph. Au cours de la nuit, il revient à trois reprises, remettant le même message de base et ajoutant chaque fois d’autres informations. Bien qu’épuisé, Joseph se rend le lendemain à la colline et trouvé les plaques déposées dans une boîte en pierre juste au-dessous de la surface du sol, mais il ne lui est pas permis de les retirer. L’ange apparaît de nouveau et lui dit qu’il doit revenir le même jour, le 22 septembre, l’année suivante. Pendant les quatre années qui suivent, Joseph va scrupuleusement retourner à cet endroit. Le 22 septembre 1827, il est finalement autorisé à prendre possession des plaques (voir Moroni, Visitations de).

Les événements de l’intervalle de quatre ans entre 1823 et 1827 vont sans aucun doute aider Joseph Smith à mûrir en vue des responsabilités et des difficultés qu’il va rencontrer plus tard. Certains indices font penser que son père se livrait à la chasse aux trésors, une activité courante parmi les fermiers pauvres de la Nouvelle-Angleterre qui espéraient découvrir, grâce à la magie, de l’argent enterré, et Joseph devra se dégager des idées erronées de cette superstition. L’ange dit à Joseph qu’une des raisons pour lesquelles il a dû attendre pour recevoir les plaques d’or est que son esprit s’est attardé sur leur valeur monétaire (PWJS, p. 7). En novembre 1825, Joseph et son père travaillent brièvement avec un homme appelé Josiah Stowell de South Bainbridge (New York) qui croit qu’un trésor espagnol se trouve à Harmony (Pennsylvanie), près du fleuve Susquehannah. L’entreprise ne donne rien et les Smith prennent graduellement leurs distances par rapport aux fouilles de leurs voisins à la recherche d’argent, pour se concentrer sur la mission religieuse décrite par l’ange. Conséquence heureuse des travaux entrepris à Harmony, Joseph y rencontre Emma Hale (voir Smith, Emma Hale) et l’épouse le 18 janvier 1827. Entre-temps, Alvin, son frère aîné, décède ; Joseph se fait arrêter en 1826 comme « glass looker » en vertu d’une loi new-yorkaise qui rend illégal « le fait de dire la bonne aventure ou l’endroit où l’on peut trouver des objets perdus ou volés » (voir la définition légale de « Disorderly Persons » The Justice’s Manual, Albany, New York, 1829, p. 144 ; voir aussi Smith, Joseph : Procès de Joseph Smith) ; et ses parents perdent leur ferme parce qu’ils n’arrivent pas à effectuer le dernier paiement sur leur hypothèque. Ces malheurs, ainsi que d’autres expériences, vont approfondir et fortifier le jeune homme qui apprend à discerner le bien du mal et à supporter l’opposition.

Une fois que Joseph a obtenu les plaques en 1827, les voisins curieux et parfois malveillants de Manchester et de Palmyra le mettent dans l’impossibilité de commencer le travail de traduction. Ils fouillent de fond en comble la maison et la grange des Smith et ce n’est qu’en déplaçant et en cachant constamment les plaques qu’il réussit à assurer leur sécurité. Il lui a été strictement défendu de les montrer à qui que ce soit, mais cela ne satisfait pas les chercheurs de curiosités. Alva, le frère d’Emma, propose son aide ; il transporte le couple avec ses affaires et les plaques – cachées dans un tonneau – à Harmony, en Pennsylvanie, à deux cents kilomètres de là, où le père d’Emma habite. Joseph obtient de son beau-père, Isaac Hale, un terrain et une petite maison. C’est là que la traduction va commencer (voir Livre de Mormon – Traduction par Joseph Smith).

Martin Harris, un voisin de Palmyra bien disposé, va s’intéresser suffisamment aux plaques pour rendre visite à Joseph à Harmony. Avec les plaques, Joseph a reçu un instrument appelé interprètes, ou urim et thummim, qui va lui permettre de traduire les caractères gravés sur les plaques métalliques. Joseph copie quelques caractères que Martin va porter à des linguistes à Albany et à New York pour vérifier le travail de Joseph. Il y a une certaine confusion au sujet de ce qui s’est passé lors de ces entretiens, mais il ne fait pas de doute que Martin Harris a été satisfait (voir Transcription Anthon). Quand il revient à Harmony, il se propose pour écrire sous la dictée pendant que Joseph traduit. Entre le 12 avril et le 14 juin 1828, ils vont à eux deux remplir 116 pages de manuscrit. C’est à ce moment-là que Harris, qui subit les doutes de sa femme au sujet de l’existence des plaques, demande la permission de lui montrer le manuscrit ainsi qu’à quatre autres membres de la famille. Joseph Smith cède à contre-cœur. Plusieurs semaines se passent sans aucune nouvelle de Martin. Joseph décide alors de se rendre chez ses parents à Manchester (New York) pour lui demander des comptes. Martin, désespéré, lui avoue qu’il ne retrouve pas le manuscrit. Cédant aux instances de son entourage, il a montré le manuscrit aux voisins contrairement à ce qui avait été convenu et quelqu’un l’a volé (voir Manuscrit, 116 pages perdues).

À l’occasion de cette crise, Joseph reçoit, par l’urim et le thummim, une révélation dans laquelle le Seigneur le réprimande vertement. Il le tient plus que Martin pour responsable de la perte du manuscrit. « Tu n’aurais pas dû craindre l’homme plus que Dieu », lui dit-il (D&A 3:7). Martin ne transcrira plus pour Joseph, et à partir de ce moment-là jusqu’au printemps de 1829, Joseph avance peu dans la traduction. En avril, Oliver Cowdery, un jeune instituteur qui a pris pension chez les Smith à Manchester, entend parler du Livre de Mormon. Ayant lui-même reçu une vision du Seigneur et des plaques, il est persuadé que l’œuvre est divine et se propose pour remplir les fonctions de secrétaire (PWJS, p. 8). À partir du 7 avril 1829, Joseph et Oliver, vont travailler ensemble presque constamment jusqu’à ce que la traduction soit finie en juin, un peu plus de deux mois plus tard.

Au cours de la traduction d’une partie de 3 Néphi, qui décrit la façon de baptiser, Joseph et Oliver se demandent s’ils n’ont pas besoin, eux aussi, de baptême. Comme il en a pris l’habitude, Joseph demande des instructions à Dieu. Le 15 mai 1829, alors que Oliver et lui sont occupés à prier, un messager céleste leur apparaît. Il se présente comme étant Jean-Baptiste et leur confère la Prêtrise d’Aaron, qui leur donne l’autorité de baptiser (voir Prêtrise d’Aaron : Rétablissement). Avec cette nouvelle autorité et sous la direction de l’ange, les deux hommes se baptisent mutuellement dans la Susquehannah. Cette révélation crée un principe important dans l’Église, à savoir que des ordonnances divines telles que le baptême ne peuvent être accomplies que par les personnes qui ont reçu l’autorité dans la prêtrise par ordination. Jean-Baptiste dit à Joseph et à Oliver qu’ils recevront plus tard une seconde prêtrise, une prêtrise supérieure appelée Prêtrise de Melchisédek. Plus tard, Pierre, Jacques et Jean leur apparaissent au bord de la Susquehannah, quelque part entre Harmony et Colesville (New York) et les ordonnent apôtres (voir Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek).

Arrivée la fin mai 1829, l’opposition religieuse contre Joseph s’est développée à Harmony et Oliver et lui vont avoir besoin d’un endroit plus calme pour travailler. Oliver écrit à un ami, David Whitmer, qui accepte de les installer dans la ferme familiale à Fayette (New York). Emma les y rejoint peu après. Le copyright du Livre de Mormon est obtenu le 11 juin 1829 et la traduction est bientôt terminée. Au moment où ils finissent le livre, Joseph Smith apprend par la révélation que d’autres seront autorisés à voir les plaques d’or. Le Livre de Mormon lui-même promet des témoins et les associés de Joseph sont avides de savoir qui va avoir ce privilège. Martin Harris, David Whitmer et Oliver Cowdery sont choisis ; l’ange Moroni leur montre les plaques et ils entendent la voix de Dieu leur déclarer que l’ouvrage a été traduit par le pouvoir de Dieu. Quelques jours plus tard, à Manchester, Joseph Smith reçoit l’autorisation de montrer les plaques à huit autres hommes. Ils vont les examiner de manière approfondie et les soupeser. Les déclarations de ces deux groupes de témoins seront imprimées sur les dernières pages de l’édition de 1830 du Livre de Mormon et apparaissent sur les premières pages de toutes les éditions récentes (voir Témoins du Livre de Mormon).

La recherche d’un imprimeur disposé à publier le Livre de Mormon s’avère laborieuse. Les gens de Palmyra, qui se méfient de Joseph Smith, se coalisent pour intimider l’imprimeur local, Egbert B. Grandin, en menaçant de ne pas en acheter d’exemplaires. D’autres, comme Lucy Harris, l’épouse de Martin, contestent les mobiles financiers de Joseph. Après être allé jusqu’à Rochester pour entrer en contact avec des imprimeurs, Joseph persuade Grandin d’accepter le travail. La garantie de Martin Harris a raison des hésitations de Grandin. Le 25 août 1829, Harris hypothèque sa ferme, s’engageant à payer $3.000 pour 5.000 exemplaires. Joseph et Martin espèrent vendre assez d’exemplaires pour lever au moins $3.000, mais Martin finira par devoir vendre 60 hectares pour tenir son engagement. La composition commence en août 1829 et les exemplaires terminés sont disponibles le 26 mars 1830.

La publication du Livre de Mormon est l’aboutissement du travail qui occupe Joseph Smith depuis qu’il a reçu les plaques en 1827. Entre-temps, les révélations qu’il reçoit l’informent que la traduction du Livre de Mormon n’est pas la fin de sa mission divine. Il doit aussi organiser une Église. Samuel Smith avait été baptisé à Harmony fin mai 1829 ; Hyrum Smith, David et Peter Whitmer, fils, et d’autres avaient été baptisés en juin dans le lac Seneca. Ils avaient commencé à se réunir et ils avaient enseigné et avaient essayé de persuader tous ceux qui demandaient des renseignements. Le 6 avril 1830, chez Peter Whitmer, père, à Fayette (New York), Joseph Smith organise l’Église de Jésus-Christ (voir Organisation de l’Église, 1830 ; Nom de l’Église). Six hommes s’inscrivent comme membres en la présence de plus de cinquante personnes. Le groupe soutient deux officiers comme dirigeants de l’Église, Joseph Smith comme premier ancien et Oliver Cowdery comme deuxième ancien. Joseph reçoit aussi les titres de voyant, de traducteur et de prophète. En outre, une révélation prévoit l’ordination d’anciens, de prêtres, d’instructeurs et de diacres comme prêtrise laïque (voir Doctrine et Alliances : Sections 20-22). Certaines des personnes laïques présentes lors de l’organisation sont ordonnées ce jour-là et, dès le départ, l’Église ne prend aucune disposition pour créer un clergé spécial (voir Participation des laïcs et direction).

Trois groupes de croyants sont organisés en branches de l’Église débutante peu après son organisation : un à Fayette, un autre à Manchester dans la vieille maison des Smith et un troisième à Colesville, dans le sud de l’État de New York, près de la ferme de Josiah Stowell (dans la circonscription de South Bainbridge, comté de Chenango), ancien employeur et partisan loyal de Joseph. Les membres de la famille de Joseph Knight, qui ont fourni à Joseph et à ses collaborateurs de la nourriture et des vêtements pendant la traduction, habitent à Colesville et constituent le noyau de la branche. Joseph et Emma retournent dans leur maison de Harmony, mais se réunissent avec les trois branches lors de conférences trimestrielles prescrites tenues à la ferme de Peter Whitmer en juin et en septembre 1830.

Pendant l’été de 1830, les ennuis commencent. À deux reprises, Joseph est convoqué devant les tribunaux pour trouble de l’ordre public. Les deux fois il est acquitté. Mais ce qui perturbe davantage Joseph, c’est que certains de ses propres disciples mettent en cause son autorité et prétendent à leurs propres révélations et à leurs propres prérogatives. Hiram Page, mari de Catherine Whitmer et ordonné instructeur en juin 1830, écrit une série de révélations qu’il prétend venir de Dieu. Bien qu’encore jeune et inexpérimenté, Joseph se rend compte de la confusion et du danger que présente un grand nombre de voix essayant de parler avec autorité. À la conférence de septembre à Fayette, Joseph reçoit une révélation qui détermine qu’une seule personne, approuvée par le consentement commun, doit recevoir des commandements et des révélations pour l’Église entière (D&A 20:65 ; 28:1-3, 11-13). Hiram Page n’a pas cette autorisation. Après avoir entendu Joseph, la conférence le confirme comme révélateur unique pour l’Église (D&A 28:2 ; D. Cannon et L. Cook, dir. de publ., Far West Record, Salt Lake City, 1983, p. 3). Ce principe qui veut que la révélation pour toute l’Église vienne de l’homme soutenu comme prophète est, aujourd’hui encore, la pratique de l’Église.

Dans les six mois qui suivent l’organisation de l’Église, des convertis s’ajoutent en petit nombre. Samuel, frère de Joseph Smith, s’en va avec des exemplaires du Livre de Mormon à donner à ceux que cela intéresse. Joseph Smith, père, rend visite à ses frères, sœurs et parents dans le comté de St Lawrence (New York), où la plupart d’entre eux habitent, pour leur dire ce qui est arrivé. Ces expéditions donneront plus tard des conversions, mais très peu au moment même. Parley P. Pratt, un fermier de l’Ohio, croit que Dieu l’a conduit à la maison de Hyrum Smith, frère de Joseph, pour qu’il puisse s’informer sur le Livre de Mormon.

L’entreprise missionnaire la plus réussie de l’époque est lancée en septembre et octobre 1830, quand Oliver Cowdery, Peter Whitmer, fils, Parley Pratt et Ziba Peterson sont appelés à instruire les Indiens (voir Mission lamanite de 1830-1831). Le Livre de Mormon présente un intérêt particulier pour les Indiens américains parce que c’est un document religieux de l’Amérique antique, et les quatre sont chargés de porter ce message aux Indiens qui sont occupés à s’assembler dans le territoire à l’ouest du Missouri. La mission va cependant être notable autant pour ce qui se passe en cours de route que pour la prédication aux Indiens. Après avoir quitté New York, les missionnaires s’arrêtent dans la région de Mentor-Kirtland dans le nord-est de l’Ohio près de l’ancienne ferme de Pratt. Avant de devenir membre de l’Église, Pratt avait fait partie du mouvement campbellite, qui était en train de devenir l’Église des Disciples du Christ. Ce groupe croit qu’il faut adhérer rigoureusement aux enseignements et aux pratiques de l’Église du Nouveau Testament, éliminant tous les ajouts ultérieurs. Les enseignements de Joseph Smith séduisent beaucoup d’entre eux parce que sa doctrine contient pour eux le rétablissement pur du vrai christianisme. Quelque 130 personnes vont se convertir, dont le prédicateur campbellite principal de la région, Sidney Rigdon. En quelques semaines, les quatre missionnaires vont presque doubler le nombre des membres de l’Église. Ils poursuivent leur chemin cet hiver-là vers le territoire indien, endurant de grandes souffrances au cours de leur long voyage à pied de St Louis à travers le Missouri. Dans l’ouest du Missouri, ils vont trouver une région dans laquelle l’Église commencera bientôt à s’installer. Ils enseignent aussi chez les Delaware et les Shawnee jusqu’à ce que les autorités gouvernementales leur ordonnent de cesser à cause d’une interdiction de faire du prosélytisme auprès des tribus.

Peu après le départ des missionnaires de l’Ohio pour l’Ouest en décembre 1830, Sidney Rigdon part pour New York, accompagné d’Edward Partridge. Ils apportent la nouvelle des conversions en Ohio et insistent auprès de Joseph Smith et des membres pour qu’ils aillent s’installer là-bas. Joseph est disposé à prendre la suggestion au sérieux à cause des révélations qu’il a reçues au sujet du rassemblement de l’Église (D&A 37:1-4 ; 38:31-33). En effet, pendant le reste du siècle, les convertis à l’Église vont se réunir dans un lieu de rassemblement central, d’abord en Ohio, puis au Missouri, en Illinois et finalement en Utah. Une autre révélation traite de l’avènement de Jésus-Christ et des destructions qui vont s’abattre sur le monde avant que cet événement ne se produise. Elle dit qu’avant ces tribulations, le peuple de Dieu sera « rassemblé en un seul endroit à la surface de ce pays » (D&A 29:8). Une autre révélation parle d’une ville de Sion qui doit être construite quelque part dans l’Ouest (D&A 28:9). Ces allusions amènent les membres de l’Église à se rendre compte qu’ils ne vont pas demeurer longtemps à New York.

Quand une révélation arrive en décembre 1830 (D&A 37) leur disant de partir pour l’Ohio, la plupart l’acceptent. À une conférence tenue le 2 janvier 1831, des directives et une révélation supplémentaire (D&A 38) sont données pour le déménagement. Le prophète, Emma et quelques autres partent les premiers et arrivent à Kirtland le 1er février 1831 pour préparer l’arrivée des autres. La branche de Colesville, sous Newel Knight, la branche de Fayette, sous la mère du prophète et Thomas Marsh et la branche de Manchester, sous Martin Harris, se rendent en Ohio en des convois distinct pendant avril et mai 1831. À la mi-mai, pratiquement tous les mormons de New York des branches citées sont à Kirtland.
 
Bibliographie
Backman, Milton V., Jr., Eyewitness Accounts of the Restoration, éd. rév. Salt Lake City 1986.
Bushman, Richard L., Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism, Urbana, Ill., 1984.
Madsen, Truman G., éd. invité, BYU Studies 9, printemps 1969, p. 235-404 (numéro entièrement consacré aux origines des saints des derniers jours à New York). 
Porter, Larry C., « A Study of the Origins of The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints in the States of New York and Pennsylvania, 1816-1831 », thèse de doctorat université Brigham Young, 1971.
Smith, Lucy Mack, History of Joseph Smith, dir. de publ. Preston Nibley, Salt Lake City, 1958.
Whittaker, David J., “Sources on Mormon Origins in New York and Pennsylvania”, Mormon History Association Newsletter n° 43, mars 1980, p. 8-12.

Histoire de l’Église : 1831-1844, Périodes de l’Ohio, du Missouri et de Nauvoo
Auteurs : BACKMAN, MILTON V., Jr. et ESPLIN, RONALD K.
 
[Cet article se concentre d’abord sur l’Église dans le nord-est de l’Ohio, où Kirtland est le siège de l’Église, et dans l’ouest du Missouri. À partir de 1839, l’attention se porte sur l’ouest de l’Illinois où Nauvoo devient le nouveau siège. On trouvera dans Conflit au Missouri un traitement sur les difficultés qui ont été à l’origine des violences et finalement de l’expulsion hors du Missouri.

Cet article décrit l’évolution de l’organisation et de la doctrine et examine les tensions et les conflits entre les saints et leurs voisins, et au sein de l’Église elle-même. Beaucoup d’entre eux sont le résultat de la tentative de créer une communauté sacrale étroitement unifiée répondant à la révélation continue au sein d’une société souvent hostile à ces buts. Le prophète Joseph Smith, dont le martyre met fin à cette période, en est une figure dominante ; voir les rubriques sous Smith, Joseph, et Visions de Joseph Smith. Le Rassemblement et les Temples sont les préoccupations principales ; voir Temple de Kirtland et Temple de Nauvoo.] 

En octobre 1830, quatre missionnaires en route pour prêcher aux Indiens à l’ouest du Missouri (voir Mission lamanite de 1830-1831) présentent l’Évangile rétabli aux communautés du nord-est de l’Ohio. Avant de reprendre leur voyage, ils baptisent quelque 130 convertis, organisent les nouveaux membres en petites « branches » et nomment des dirigeants pour chaque groupe. Trente-cinq de ces membres habitent à Kirtland (Ohio), localité située directement à l’est de ce qui est aujourd’hui le Cleveland métropolitain.

Sidney Rigdon, prédicateur restaurationiste de cet endroit devient membre de l’Église en novembre 1830 et informe Joseph Smith du succès des missionnaires. À la suite de cela, le prophète consulte le Seigneur et reçoit des révélations (D&A 37:3 ; 38:32) appelant les convertis de l’Église récemment organisée à New York à se rassembler en Ohio. Sa famille et lui sont à Kirtland dès le début de février 1831 et quelque deux cents saints de New York l’auront suivi quand arrive l’été, faisant du nord-est de l’Ohio le premier lieu de rassemblement des saints.

La plupart des saints de New York et beaucoup des premiers convertis de l’Ohio ne vont pas rester en Ohio. Pendant l’été de 1831, Joseph Smith se rend à la frontière du Missouri et désigne Independence (comté de Jackson, Missouri) comme deuxième lieu de rassemblement. Les saints des derniers jours s’attendent à ce qu’une ville sainte, une nouvelle Jérusalem, soit fondée dans une nouvelle Sion nord-américaine, une ville de refuge contre les tribulations qui vont affliger les méchants dans les derniers jours (D&A 29:7-9 ; 45:65-71 ; 57:1-3). Sidney Rigdon consacre le pays pour le rassemblement et Joseph Smith précise l’emplacement exact où un temple sera construit, et, après en avoir nommé divers autres pour superviser le rassemblement en Sion, retourne en Ohio.

À Hiram (Ohio), un village d’agriculteurs situé à une cinquantaine de kilomètres au sud de Kirtland, Joseph Smith travaille à sa traduction inspirée de la Bible (voir Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)]), une entreprise qui va assurer son écolage. La nécessité dans laquelle il se trouve de demander, dans l’esprit de la prière, des éclaircissements sur certains passages et certains points de doctrine va fréquemment susciter de nouvelles révélations et apporter une nouvelle compréhension. Après avoir été battus et enduits de goudron et de plumes par des émeutiers en mars 1832, le prophète et Sidney Rigdon, qui lui sert de secrétaire, vont s’installer avec leurs familles à Kirtland.

Les deux lieux de rassemblement du début des années 1830 auront chacun eu un but différent. Bien que les saints des derniers jours émigrent vers la frontière du Missouri pour poser les fondements d’une nouvelle Sion, le siège administratif de l’Église, responsable de la direction du programme missionnaire et de la construction du premier temple, reste en Ohio. Il y a une certaine concurrence entre les deux centres, les deux ayant besoin de ressources et de membres et les deux voulant la présence du prophète Joseph Smith. Mais, comme l’explique la révélation, les buts des deux sont complémentaires : la « dotation d’en haut » promise associée au temple de Kirtland est un préalable au succès en Sion (D&A 105:9-13, 33). Joseph Smith résidera à Kirtland jusqu’en 1838, restant en contact avec les membres du Missouri par courrier et messager, et s’y rendant cinq fois pour instruire les membres de l’Église en ce qui concerne la politique, les programmes et la croyance.

Au comté de Jackson, les saints des derniers jours publient deux périodiques, The Evening and The Morning Star et The Upper Missouri Advertiser, et essayent de mettre sur pied un ordre économique unique basé sur la consécration et l’affectation d’intendances sur des propriétés et d’autres actifs, suivant les directives données par révélation à Joseph Smith (voir Missouri : Les Communautés de saints des derniers jours dans les comtés de Jackson et de Clay). Les désaccords au sujet des exigences juridiques et l’égoïsme individuel vont entraver la mise en œuvre du système, mais l’obstacle de base est que les saints ont trop peu de capital et très peu à consacrer. Malgré tout, certains participants sont inspirés par les idées fondatrices et les idéaux qui sous-tendent l’effort vont laisser un legs important (voir Ordres unis).

Bien qu’émigrant dans l’ouest du Missouri pour construire une ville de paix et de refuge, les saints des derniers jours rencontrent une forte hostilité. Les colons déjà installés considèrent ces nouveaux venus comme une menace à leur propre manière de vivre. Les Missouriens se plaignent que les mormons cherchent à influencer les esclaves, que leur mode de vie « de l’Est » est incompatible avec la frontière du Missouri, qu’ils sont une menace économique et politique, que leur amitié pour les Indiens menace la sécurité de la région et qu’ils ont des croyances religieuses peu orthodoxes. Ces accusations révèlent un conflit culturel important entre les saints immigrés et les « vieux » colons. L’immigration rapide des saints des derniers jours dans le comté de Jackson intensifie les tensions, ce qui va donner lieu à des affrontements.

Des violences s’étant produites pendant l’été de 1833, le gouverneur Daniel Dunklin envoie une milice locale dans la région pour rétablir la paix. Pensant que la milice va protéger tous les colons, les saints des derniers jours rendent leurs armes à cette force militaire. Mais les autres Missouriens ne seront pas désarmés, laissant les membres de l’Église sans défense. Au début de novembre 1833, les émeutiers chassent plus de mille saints des derniers jours du comté de Jackson, les forçant à abandonner leurs maisons et leurs fermes. La plupart d’entre eux traversent le fleuve Missouri pour se réfugier au comté de Clay.

Entre novembre 1833 et l’été de 1836, le comté de Clay va être le lieu de rassemblement principal des saints des derniers jours au Missouri. Pendant ces années, les membres de l’Église vont essayer sans succès d’obtenir réparation pour la perte de leurs propriétés du comté de Jackson. Ils vont aussi demander la protection du gouvernement pour une tentative de retour à leurs terres. En 1834, croyant que le gouverneur Dunklin a accepté d’accorder l’aide de la milice de l’État pour seconder leurs propres efforts, les membres de l’Église réunissent une petite force paramilitaire venant d’Ohio et d’ailleurs pour accompagner les réfugiés du Missouri lors de leur retour au comté de Jackson. Le camp de Sion, nom donné à l’expédition, n’obtiendra pas l’appui du gouverneur et se dissoudra en juin plutôt que de provoquer un conflit armé.

Bien qu’ayant échoué dans son but premier, le camp de Sion aura un effet profond sur beaucoup de ses participants et aura son importance sur le long terme. Pour la plupart, la marche forcée d’Ohio au Missouri, plus de 1300 kilomètres par une chaleur humide, aura été le défi physique le plus difficile de leur vie. Cela fera encore plus mal à certains de se rendre compte que, malgré cette épreuve, ils n’auront pas aidé les saints du Missouri à retourner dans leurs terres. Ils vont critiquer le leadership de Joseph Smith et l’expérience contribuera plus tard à leur dissidence. Mais pour beaucoup de participants, le camp de Sion aura été une occasion sans pareille de vivre jour et nuit avec le prophète du Seigneur – réminiscence de l’Israël antique sous Moïse. L’expérience va les unir à Joseph et les uns aux autres et c’est du creuset du camp de Sion que vont sortir beaucoup de dirigeants futurs de l’Église. Les deux réactions représentent des conceptions divergentes de la façon dont un prophète doit diriger et de la façon dont une société basée sur la révélation et la prêtrise doit être organisée – des divergences qui vont s’exacerber plus tard à Kirtland.

La révélation qui dissout le camp de Sion réoriente l’attention sur l’Ohio et sur la nécessité de terminer sans retard le temple de Kirtland (D&A 105). Avant de retourner en Ohio, Joseph Smith organise un pieu au Missouri et nomme une présidence et un grand conseil, l’équivalent de ce qu’il a fait à Kirtland le mois de février précédent. Bientôt, plusieurs dirigeants de l’Église du Missouri vont partir pour Kirtland pour aider à la construction du temple.

Tous les intéressés savent que le séjour des saints au comté de Clay est provisoire. Le retour au comté de Jackson étant maintenant peu probable, la pression monte pour qu’ils trouvent un autre endroit. Exhortés par les dirigeants de la communauté à partir avant que les violences n’éclatent, la plupart des saints des derniers jours vont émigrer vers le nord et créer à Far West un nouveau siège de l’Église dans l’Ouest. Répondant à ce mouvement de milliers de saints des derniers jours vers le nord-ouest inhabité du Missouri, le gouvernement du Missouri va créer, vers la fin de 1836, deux nouveaux comtés, Caldwell et Daviess (voir Missouri : Communautés de saints des derniers jours dans les comtés de Caldwell et de Daviess). Comme la plupart des saints des derniers jours s’installent à Caldwell, on va l’appeler le comté mormon.

Joseph Smith enseignera plus tard qu’un des premiers buts du rassemblement des fidèles à n’importe quelle époque est de construire une maison du Seigneur où pourront être révélées les ordonnances de son temple. Pendant que la construction du temple progresse, la population des saints à Kirtland va passer d’une centaine d’âmes en 1832 à plus de 1.500 en 1836. Les saints des derniers jours arrivent de la Nouvelle Angleterre, de New York et d’ailleurs pour aider à la construction de la maison du Seigneur, dans laquelle, leur a-t-il été promis dès janvier 1831, ils seront dotés du pouvoir d’en haut (D&A 38:32).

En mars 1836, le temple de Kirtland est achevé et consacré et, pendant les mois qui précèdent et suivent la consécration, les saints vont jouir d’une période de Pentecôte peu commune. Dans le temple, une semaine après sa consécration, les clefs de la prêtrise vont être conférées à Joseph Smith et à Oliver Cowdery lors de visitations de Moïse, Élias et Élie. Les bénédictions et les instructions reçues dans le temple sont particulièrement importantes pour les missionnaires (voir Missions), dont les voyages de prosélytisme au départ de Kirtland pendant les années 1830 s’étendent du Canada au sud américain et, en 1837, aux îles Britanniques, outre une œuvre missionnaire intensive en Ohio.

Tandis que son siège reste à Kirtland, l’Église va connaître un développement doctrinal et administratif majeur. Un certain nombre parmi les révélations les plus importantes des Doctrine et Alliances vont été données dans les régions de Kirtland et de Hiram, notamment la vision de la résurrection et des trois degrés de gloire (D&A 76), la loi de consécration et d’intendance (D&A 42), la Parole de Sagesse, parfois appelée la loi de santé du Seigneur (D&A 89), des révélations sur la prêtrise et sur son organisation (D&A 84, 107) et la venue du millénium (D&A 1, 29, 88, 133). Beaucoup de ces révélations constituent la réponse aux questions soulevées par la traduction de la Bible faite par Joseph Smith. Joseph Smith reçoit aussi une révélation concernant le mariage plural (D&A 132), mais elle ne sera mise par écrit qu’en 1843. Le livre d’Abraham, qui ne sera publié qu’en 1842, résulte de l’acquisition par le prophète en 1835 d’une collection de momies et de papyrus venus d’Égypte.

Comme la croissance nécessite un développement de l’organisation, une série de révélations commande la création de dirigeants locaux et généraux de l’Église. Il s’agit de l’office d’évêque en 1831, de la Première Présidence de l’Église en 1832 et d’un grand conseil permanent en 1834. En février 1835, le Collège des douze apôtres et le collège des soixante-dix sont organisés, choisis principalement parmi les vétérans du camp de Sion. Les deux collèges ont la responsabilité du prosélytisme. Bien qu’il soit dit que les Douze viennent en second par rapport à la Présidence, leurs tâches immédiates sont de diriger l’œuvre des soixante-dix et de superviser l’Église à l’extérieur de ses pieux organisés.

La révélation commande aussi aux dirigeants de l’Église d’étudier abondamment dans beaucoup de domaines de la connaissance en vue de leur ministère et ordonne qu’une école des prophètes soit organisée dans ce but (D&A 88:77-80, 118-141). L’attitude et les impératifs exprimés dans la révélation vont exercer une grande influence non seulement dans la création de cette première école patronnée par l’Église mais aussi dans l’attitude de l’Église vis-à-vis des études et de l’éducation pendant toute son histoire.

La publication de The Evening and The Morning Star, interrompue au Missouri par l’expulsion hors du comté de Jackson, va reprendre pendant près d’un an à Kirtland. Le Latter Day Saints’ Messenger and Advocate, successeur du Star, sera le premier périodique de l’Église à publier certaines des lettres d’Oliver Cowdery traitant de l’histoire de Joseph Smith. Les Doctrine et Alliances, contenant beaucoup de révélations données à Joseph Smith, sont publiées en 1835 à Kirtland.

La promulgation de nouveaux points de doctrine et la création d’une hiérarchie dans l’Église vont offenser certains saints des derniers jours qui préfèrent la foi moins compliquée qu’ils avaient embrassée dans la petite enfance de l’Église. Ceux qui ne partagent pas la vision du prophète Joseph Smith d’une nouvelle société organisée sous la prêtrise vont aussi être perturbés par le nombre accru de directives que les dirigeants de l’Église donnent aux membres dans les questions temporelles et par la participation importante du prophète aux affaires économiques. L’effondrement d’une Société de Sécurité de Kirtland non dotée d’une charte patronnée par les dirigeants de l’Église va contribuer à pousser le mécontentement à son maximum (voir Économie à Kirtland). Des procès vont être intentés à Joseph Smith, des menaces vont être proférées contre sa vie et contre celle de ses partisans les plus vigoureux et un certain nombre de membres en vue dans l’Église vont apostasier. Au milieu de cette agitation, le prophète va envoyer certains de ses partisans les plus fidèles en mission dans les îles Britanniques. Là, en moins d’un an, ils feront plus de 1.500 convertis et jetteront les bases pour que des milliers d’autres les suivent (voir Missions des Douze dans les îles Britanniques).

En 1837, les saints des derniers jours dépassent en nombre les autres résidants de la circonscription de Kirtland. Cette année-là, des candidats mormons sont élus à tous les principaux offices de la ville sauf celui d’agent de police. Beaucoup de membres de l’Église de Kirtland sont relativement pauvres et vivent dans des groupes de petites maisons provisoires. Certains non-mormons s’irritent de cet afflux de pauvres et d’une direction de l’Église qui leur semble antidémocratique et donc anti-américaine. Des rivalités économiques et politiques apparaissent, accompagnées de menaces et d’actes de violence. La pression monte à l’extérieur pour que les mormons quittent Kirtland au moment même où de violentes dissensions internes assaillent l’Église. En janvier 1838, Joseph Smith, Sidney Rigdon et d’autres dirigeants de l’Église dont la vie est menacée fuient vers l’ouest du Missouri, suivis graduellement par la plupart des résidants de Kirtland et du voisinage qui sont membres de l’Église.

En 1837-1838, l’émigration des saints vers l’ouest du Missouri augmente rapidement. Cette croissance déclenche une agitation accrue parmi les voisins qui craignent une domination économique et politique de la part des mormons et qui voient dans l’afflux une menace contre leur mode de vie. Les griefs qui ont été exprimés en 1833 par les citoyens du comté de Jackson vont se répéter et s’amplifier. Les rumeurs et les accusations deviennent la base d’actes d’intolérance. Certains insistent sur le fait que puisque le comté de Caldwell a été créé pour les mormons, les saints des derniers jours ne doivent pas s’installer en dehors des frontières de ce comté.

L’affrontement décisif est déclenché par une bataille qui éclate quand des voyous essaient d’empêcher les saints de voter à Gallatin (comté de Daviess). Des rapports exagérés sur cette mêlée provoquent une agitation qui ne cesse de grandir et mènent à la formation de groupes d’émeutiers décidés à chasser tous les mormons du comté de Daviess. Les émeutiers menacent aussi les saints des derniers jours habitant à DeWitt (comté de Carroll) jusqu’à ce que, le 11 octobre 1838, ils soient forcés d’abandonner leurs maisons et leurs fermes. Pendant qu’ils sont en route vers le bastion mormon de Far West, les réfugiés sont continuellement harcelés et plusieurs meurent.

Le gouverneur Lilburn Boggs ayant rejeté les demandes de protéger les saints de DeWitt, les dirigeants de l’Église mobilisent la milice du comté de Caldwell et se préparent à se protéger. Certains membres des Danites, organisés à l’origine pour aider au développement de la communauté mormone, se livrent à des activités paramilitaires, brûlant notamment le siège des émeutiers à Gallatin et à Millport qui les avaient menacés de destruction. Entre-temps, une milice locale force les saints des derniers jours à abandonner leurs fermes dans le comté de Ray et menacent de tuer des membres de l’Église accusés d’être des espions. Pour essayer d’empêcher que la menace ne soit exécutée, une unité de la milice du comté mormon de Caldwell affronte, le 25 octobre, celle de Ray à la Crooked River. Des hommes sont tués de part et d’autre et de folles rumeurs parlant de raids mormons jettent de l’huile sur le feu dans la contrée. Le 27 octobre, sans aucun examen des accusations et des contre-accusations, le gouverneur Boggs accuse les membres de l’Église d’être à l’origine des hostilités et commande à la milice de l’État d’exterminer les mormons ou de les chasser de l’État (voir Ordre d’extermination). Trois jours plus tard, le massacre de Haun’s Mill, au cours duquel plus de deux cents miliciens attaquent une colonie minuscule de saints des derniers jours et en tuent froidement dix-sept, rend évidente la probabilité que l’ordre de Boggs sera exécuté littéralement.

Face à des forces de milice écrasantes, les saints des derniers jours se rendent à Far West et acceptent de quitter l’état. Quelque 10.000 membres de l’Église sont forcés de quitter le Missouri, la plupart en hiver et au milieu d’une hostilité intense. Prenant la direction de l’est, ils vont traverser le fleuve Mississippi vers l’Illinois. Après avoir subi d’immenses pertes de propriété et certaines pertes en vies humaines, la plupart atteignent, au début de 1839, Quincy et d’autres localités de l’ouest de l’Illinois dont les résidants offrent aide et abri.

Entre-temps, les dirigeants de l’Église au Missouri sont arrêtés et accusés de trahison. La plupart seront rapidement libérés, mais dix seront emprisonnés sans procès pendant l’hiver de 1838-1839, certains à la prison de Richmond et d’autres à la prison de Liberty. Pendant la demie année de son séjour à la prison de Liberty, le prophète Joseph va mettre sur papier certains des écrits inspirés les plus pénétrants et les plus éloquents de sa carrière (D&A 121-23), et il en sortira en avril 1839 avec une compréhension claire de ce qu’il doit faire pour terminer sa mission d’une manière satisfaisante et bien décidé à faire ce qu’il faut pour cela.

Les saints prennent des dispositions pour acheter des terres pour un nouveau lieu de rassemblement des deux côtés d’une courbe du fleuve Mississippi au nord de Quincy. Nauvoo va remplacer le hameau de Commerce et devenir le siège de l’Église. Beaucoup de membres s’installent aussi de l’autre côté du fleuve dans le comté de Lee, en Iowa.

Tourmentés par la malaria, les saints de la région de Nauvoo vont chercher à faire face à de plus grands problèmes en même temps qu’ils en sont encore à se démener pour créer une communauté viable après le désastre du Missouri. Essayant d’obtenir réparation pour les pertes du Missouri, le président Joseph Smith va rendre visite aux dirigeants politiques nationaux à Washington, D.C, mais l’accent mis sur les droits des États exclut l’aide fédérale. En dépit de la maladie et de la pauvreté, neuf membres du Collège des douze apôtres remplissent un appel à faire du prosélytisme dans les îles Britanniques. Ils arrivent en Angleterre au début de 1840 et pendant les quinze mois qui vont suivre ils vont voir près de 5.000 convertis se joindre aux quelque 1.500 qu’ils ont trouvés à leur arrivée. L’année suivante, Orson Hyde, un apôtre, visite Jérusalem et consacre la Palestine au rassemblement des juifs (voir Israël : Rassemblement d’Israël).

En Angleterre, les Douze créent le Latter Day Saints’ Millennial Star et publient un livre de cantiques et une deuxième édition du Livre de Mormon, fondant par la même occasion ce qui va devenir un centre important de publications mormones pendant le demi-siècle qui va suivre. Les Douze lancent en 1840 l’émigration des convertis britanniques vers l’Amérique et pendant les six années suivantes, près de 5.000 personnes émigrent vers Nauvoo (voir Immigration et émigration). Sous la direction de Brigham Young, le Collège des Douze devient une force administrative efficace pendant cette mission. Quand ils retournent à Nauvoo, ils reçoivent de nouvelles responsabilités. En août 1841, Joseph Smith annonce que les Douze se tiennent maintenant « à côté de la Première Présidence » et leur juridiction est étendue de manière à comprendre la supervision des pieux de l’Église aussi bien que des régions de mission.

Drainant les marécages et accueillant un nombre de plus en plus important de colons, les saints de Nauvoo créent une communauté prospère qui finira par compter presque 12.000 âmes, rivalisant avec Chicago pour être la plus grande ville de l’Illinois. La construction et la croissance alimentent l’économie, la vie culturelle prospère et les saints mettent sur pied la communauté religieuse la plus importante de leur brève histoire. Ayant appris par expérience qu’ils ne peuvent pas compter sur la bonne volonté des autres pour les protéger, ils recherchent des garanties institutionnelles. Dans les chartes de Nauvoo, le gouvernement de l’État d’Illinois assure les protections que constituent l’autonomie locale, un système judiciaire municipal et une milice urbaine. Décidés à ne plus jamais être sans défense comme ils l’ont été au Missouri, ils font de leur Légion agréée de Nauvoo la plus grande milice de l’Illinois.

Joseph Smith va se trouver, comme cela n’arrive quasiment jamais, dans une situation de pouvoir politique aussi bien qu’ecclésiastique, remplissant à divers moments les fonctions de conseiller municipal, de maire, de général commandant de la Légion de Nauvoo et de rédacteur du principal journal local, le Times and Seasons. Ces postes lui laissent toute latitude pour fonder une société sacrale et pour accomplir les choses qu’il considère comme les plus essentielles à sa mission.

Après avoir reçu, en 1836, des clefs supplémentaires de la prêtrise dans le temple de Kirtland, Joseph Smith désire vivement voir arriver le jour où il pourra remplir ses responsabilités en ce qui concerne le temple et donner des enseignements et des ordonnances supplémentaires aux saints. Quand il sort de la prison de Liberty, il est convaincu que le temps qui lui reste pour le faire est court et que Nauvoo sera sa dernière occasion. Dès que les saints se sont regroupés et sont en sécurité dans leur nouvelle demeure, il commence à exposer un ensemble d’enseignements, d’ordonnances et de schémas d’organisation supplémentaires – dont beaucoup ont trait au temple – qui vont éloigner les saints encore plus de leurs propres idées précédentes et des croyances de leurs voisins. Ce processus commence par une révélation importante en janvier 1841 (D&A 124) qui, entre autres, lance la construction du temple de Nauvoo et va continuer pendant plus de trois ans. En avril 1844, juste trois mois avant sa mort, le processus est complet.

À Nauvoo, Joseph Smith fait des exposés sur la nature de la Divinité et sur l’origine et la destinée du genre humain, mettant l’accent sur la notion de progression éternelle dans le contexte du plan du salut (voir Discours sur King Follett). Enseignant que le salut est accessible à tous, il introduit les ordonnances par procuration pour les personnes décédées, notamment le baptême pour les morts. Malgré le fait qu’il rencontre une certaine résistance à la nouveauté en matière de doctrine et de pratique, poussé qu’il est par le pressentiment qu’il doit éviter tout retard, le Prophète commence en 1841-1842 à introduire le mariage plural et les ordonnances sacrées du temple (voir Dotation) en privé à un petit nombre d’associés de confiance, dont les membres du Collège des Douze, qui devront plus tard les enseigner aux membres de l’Église dignes une fois le temple achevé.

Parmi les nouveautés les plus importantes dans le domaine de l’organisation à Nauvoo, il y a la fondation, en mars 1842, de la Société de secours, une organisation de bienfaisance sociale et religieuse pour les femmes (voir Société de secours à Nauvoo). La Société de secours donne aux femmes une structure qui va faciliter les œuvres caritatives et la fraternité entre femmes. Chose plus importante encore, elle va mettre les femmes en relation étroite avec l’organisation de la prêtrise et contribuer à les préparer aux futures expériences du temple. Les premières paroisses de l’Église sont fondées à Nauvoo et des responsabilités supplémentaires sont définies pour les évêques. Le conseil des cinquante sera le dernier élément d’organisation créé par Joseph Smith. Bien qu’il ait joué un rôle pratique utile pendant plusieurs années après son organisation en mars 1844, sa plus grande importance est qu’il fournit un modèle de gouvernement pour le futur royaume de Dieu sur terre.

Depuis le temple jusqu’au conseil des cinquante, les membres du Collège des douze apôtres vont se tenir aux côtés du Prophète comme ses conseillers et ses assistants les plus proches. Prévoyant le jour où les saints pourraient avoir besoin d’un asile plus sûr dans l’isolement de l’Ouest, Joseph Smith, en février 1844, charge les Douze de mener une expédition pour trouver un tel endroit (voir Émigration vers l’Ouest : Planification et prophétie), mais met, peu après, le projet en attente. Il veut d’abord qu’ils aillent dans l’Est pour une mission plus politique. Quand les démarches auprès des candidats à la présidence lors des élections nationales présidentielles proches ne révèlent personne qui soit disposé à défendre les droits des mormons, le prophète Joseph Smith lance sa propre campagne présidentielle, élaborant un programme électoral pour faire connaître ses idées et s’exprimer au nom de son peuple. Pendant leur prosélytisme d’été habituel, les Douze et d’autres partisans vont se rendre dans l’Est, combinant prédication et campagne électorale. Avant leur départ, vers le 26 mars 1844, Joseph Smith leur donne ses dernières instructions. Il déclare qu’il leur a maintenant donné toutes les clefs de la prêtrise qu’il possède et qu’il est de leur responsabilité d’assumer la charge du royaume tandis que lui se reposera. Il sera assassiné avant leur retour de l’Est.

Bien que Nauvoo grandisse rapidement, les travaux sur ses projets de construction les plus ambitieux, le temple de Nauvoo et l’hôtel de la Maison de Nauvoo, traînent, en partie à cause du manque de capitaux. L’espoir de faire de Nauvoo un centre industriel ne se réalisera pas pour la même raison (voir Nauvoo, Économie). Mais le succès continu du prosélytisme et l’afflux d’immigrés combinés avec la solidarité et le courage au travail des saints des derniers jours vont transformer Nauvoo en un concurrent redoutable sur les plans économique et politique par rapport aux autres villes du comté de Hancock.

Les voisins de Nauvoo qui lui étaient hostiles ont aussi d’autres sujets de se plaindre. L’organisation théocratique de la communauté des saints, avec son unité de but manifeste et son autonomie locale, suscite le ressentiment. La tendance des saints des derniers jours à voter en bloc pour les candidats locaux et de l’État qui sont le plus susceptibles de les favoriser va leur aliéner aussi bien les whigs que les démocrates (voir Nauvoo, Politique). La puissante milice de Nauvoo provoque l’envie et la méfiance. Le fait que le système juridique de la ville protège Joseph Smith des poursuites judiciaires le fait accuser de se mettre hors de portée de la loi.

Comme cet état de choses augmente l’hostilité des adversaires de l’Église, Thomas Sharp, rédacteur d’un journal de la localité voisine de Warsaw, fait de son Warsaw Signal la voix de ces préoccupations et entreprend une croisade sputenue contre Joseph Smith et Nauvoo. Au printemps de 1844, plusieurs anciens compagnons mécontents prennent fait et cause pour les antimormons pour monter une offensive contre le prophète dans Nauvoo même. Ils publient un journal, le Nauvoo Expositor, qui attaque l’Église et lance des accusations incendiaires contre Joseph Smith. Le conseil municipal de Nauvoo décrète le journal danger public et commande au shérif de le détruire, une mesure qui cause la fureur des ennemis du prophète et sert de base à son arrestation. Le 27 juin 1844, Joseph et son frère Hyrum sont assassinés à la prison de Carthage, chef-lieu du comté, pendant qu’ils attendent d’être jugés (voir Prison de Carthage ; Martyre de Joseph et de Hyrum Smith).

Le prophète Joseph Smith a jeté les fondements doctrinaux et les bases de l’organisation de l’Église moderne et a préparé Brigham Young et le Collège des douze apôtres à construire sur la base qu’il a créée (voir Succession à la présidence). Son ministère et sa mission sont terminés.
 
Bibliographie
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Underwood, Grant, “Millenarianism and the Early Mormon Mind”. Journal of Mormon History 9, 1982, p. 41-51.

Histoire de l’Église : 1844-1877, périodes de l’exode et du début de l’Utah
Auteurs : ARRINGTON, LEONARD J. et MAY, DEAN L.
 
[Après une esquisse des événements qui se sont produits à Nauvoo, après le martyre de Joseph Smith, cet article suit l’exode de Nauvoo vers l’Ouest. Il se concentre ensuite principalement sur les faits politiques et économiques liés à la création d’une nouvelle communauté dans le Grand Bassin sous la direction de Brigham Young. Il examine aussi l’organisation de l’Église, le mariage plural et la construction de temples. 

Pour comprendre la vie quotidienne et ce que cela signifiait être saint des derniers jours pendant cette période, voir Vie pionnière et Culte et Histoire sociale et culturelle. On trouvera de plus amples détails sur la direction et l’organisation de l’Église dans Organisation : Histoire de l’organisation et de l’administration, Organisations auxiliaires, École du Dimanche, Association de retranchement, Jeunes Gens. Pour l’exode : Émigration vers l’Ouest : Planification et prophétie ; Piste pionnière mormone ; Sites historiques ; Council Bluffs (Kanesville), Iowa ; Iowa, Communautés de saints en ; Monument « Voici le lieu ». Pour l’évolution de la communauté mormone, consulter : Agriculture ; Histoire économique de l’Église ; Économie pionnière ; Immigration et émigration ; Convois de charrettes à bras ; Planification de ville ; Alphabet de Deseret ; Université de Deseret ; Indiens américains ; et les articles sur les colonies pionnières dans Arizona, Colonies pionnières en ; Californie, Colonies pionnières en ; Colorado, Colonies pionnières au ; Idaho, Colonies pionnières en ; Nevada, Colonies pionnières au ; Nouveau-Mexique, Colonies pionnières au ; Wyoming, Colonies pionnières au ; voir aussi Politique : Histoire politique et Suffrage des femmes.]

Le martyre de Joseph et de Hyrum Smith, le 27 juin 1844, provoque une crise majeure. Conséquence immédiate de la perte de leur prophète fondateur, beaucoup de saints des derniers jours, choqués, connaissent une crise de la foi : Quelqu’un peut-il prendre sa place ? Le Seigneur va-t-il continuer à être avec l’Église ? Tout le monde ne voit pas non plus directement qui doit diriger : Sera-ce Sidney Rigdon, conseiller de Joseph Smith dans la Première Présidence ? Le Collège des douze apôtres, dirigé par Brigham Young ? Quelqu’un d’autre ? Celui qui héritera de la direction de l’Église devra affronter la tâche de résoudre les tensions existant dans l’Église et les adversaires puissants de l’extérieur.

Au moment de l’assassinat, la plupart des membres du Collège des Douze sont en mission dans l’Est des États-Unis. Sidney Rigdon, qui a quitté Nauvoo pour Pittsburgh juste avant le martyre, revient le 3 août et prétend prendre la direction en tant que « Tuteur ». Trois jours plus tard plusieurs des Douze, dont Brigham Young, arrivent juste à temps pour une réunion tenue le 8 août déjà convoquée pour décider de la tutelle. Rigdon parle le premier, avançant ses prétentions. Il est suivi de Brigham Young, qui affirme que c’est la responsabilité des Douze de diriger l’Église en l’absence de Joseph et d’édifier sur les fondements qu’il a posés. La grande majorité votera pour soutenir les Douze. Beaucoup affirmeront que Brigham Young a été transfiguré devant eux, parlant avec la voix du prophète décédé et ayant son apparence et sa façon d’être.

Le vote du 8 août règle définitivement la question de la succession : personne d’autre n’a pu prétendre de manière convaincante avoir l’autorité ou la pleine confiance du Prophète. Le vote soutient le Collège des Douze, avec Brigham Young à sa tête, en tant que dirigeants de l’Église, mais cela ne va pas déboucher immédiatement sur une nouvelle Première Présidence ; cela viendra plus tard, après que les Douze auront terminé le temple de Nauvoo et trouvé une nouvelle patrie pour l’Église dans l’Ouest, responsabilités dont ils estiment qu’ils doivent s’acquitter en tant que collège. Le vote ne satisfera pas non plus ceux qui aspirent à une façon d’être des saints des derniers jours mais sans les innovations de Nauvoo qu’ils considèrent comme douteuses et que les Douze vont conserver – des choses telles que l’accent mis sur le temple, les nouveaux points de doctrine dont le mariage plural et l’unité des affaires temporelles et ecclésiastiques sous la prêtrise. Certaines de ces personnes vont brièvement en suivre d’autres qui se proclament dirigeants, mais beaucoup vont simplement s’éloigner. Des années plus tard, certains se grouperont pour former l’Église réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jours avec une orientation tout à fait différente de celle de Joseph Smith à Nauvoo ou des Douze dans le Grand Bassin (voir Groupes schismatiques).

Les priorités des Douze sont de terminer le temple de Nauvoo tout en se préparant en privé à l’exode vers l’Ouest (voir Émigration vers l’Ouest : Planification et prophétie) qu’ils se sont engagés à retarder jusqu’à ce que les saints aient reçu les ordonnances du temple. Les saints vont tellement se rallier derrière le temple que la pierre angulaire sera mise en place en mai 1845 et l’édifice sera prêt pour les ordonnances en décembre. En fin de compte, près de 6.000 hommes et femmes recevront les ordonnances du temple avant de partir pour l’Ouest. Au printemps de 1845, l’achèvement du temple étant proche, les dirigeants de l’Église commencent les préparatifs pour partir dans l’Ouest. En septembre, peu de temps après que des violences d’émeutiers éclatent contre les colonies périphériques autour de Nauvoo, les Douze annoncent publiquement que les saints vont tous partir.

Brigham Young est soutenu dans ces efforts par huit des Douze, ceux-là mêmes qui ont œuvré à l’étranger sous sa direction en 1840-1841, et par les membres du Conseil des cinquante. Organisé en mars 1844 par Joseph Smith, le Conseil de cinquante a participé à deux activités majeures avant sa mort : des négociations secrètes avec la République du Texas pour y créer éventuellement des colonies et une campagne publique pour soutenir la candidature de Joseph Smith à la présidence des États-Unis. Plus de soixante-quinze pour cent des membres survivants du Conseil original des cinquante soutiendront Brigham Young, mais William Smith, John E. Page, Lyman Wight, tous apôtres, et William Marks, le président de pieu de Nauvoo, feront dissidence et n’accepteront jamais le temple ni l’exode vers le Grand Bassin et ses implications. Le Conseil des cinquante, quant à lui, aidera à organiser l’exode hors de Nauvoo et, au début de l’Utah, contribuera à fonder une théocratie économique et politique.

L’exode commence en février 1846, avant que de nouvelles hostilités n’éclatent. Pendant tout le printemps et l’été, un flot de chariots traverse les prairies de l’Iowa. Les saints des derniers jours ne sont pas encore installés en Iowa quand un officier militaire des États-Unis arrive le 26 juin avec une demande pour que 500 volontaires participent à la campagne contre le Mexique. Bien que parfois considéré comme une oppression imposée aux mormons réfugiés par le gouvernement des États-Unis, l’appel est en réalité le résultat de négociations secrètes avec James Polk, président des États-Unis (voir Bataillon mormon). S’il est vrai que le bataillon leur enlève 500 hommes valides, il va apporter $70.000 bien nécessaires qui seront utilisés pour aider les familles des hommes et pour financer le programme général de l’exode.

Comme l’évacuation de Nauvoo et la traversée de l’Iowa ont occupé la plus grande partie de la saison pendant laquelle on peut voyager, les saints se préparent à passer l’hiver sur les bords du fleuve Missouri. Ils créent des colonies provisoires à Winter Quarters, sur la rive occidentale du fleuve, aujourd’hui Florence, dans le Nebraska, banlieue d’Omaha, et sur la rive est à Kanesville, renommée plus tard Council Bluffs, en Iowa. Les préparatifs de la grande migration vers les bassins intérieurs de l’Amérique du Nord vont s’y poursuivre. Le 14 janvier 1847, Brigham Young annonce une révélation selon laquelle les saints doivent s’organiser « en compagnies [de cent, de cinquante et de dix], avec l’alliance et la promesse de garder tous les commandements… du Seigneur, notre Dieu » (D&A 136:2-3). Le 5 avril 1847, il emmène le premier convoi de pionniers au départ de Winter Quarters.

Après un voyage de trois mois, les éclaireurs entrent dans la vallée du Grand Lac Salé. Trois jours plus tard, le 24 juillet 1847 (voir Fête des pionniers), Brigham Young entre dans la vallée. Le 28 juillet, il indique un emplacement pour un temple et annonce aux 157 pionniers que « c’est le bon endroit », voulant dire que lui et les saints ont prévu un long séjour à proximité du Grand Lac Salé.

Après son retour d’Utah à Winter Quarters en octobre 1847, Brigham Young pose aux apôtres la question de la réorganisation de la Première Présidence. Bien qu’aucune révélation écrite n’autorise explicitement les Douze à réorganiser la présidence, beaucoup considèrent que ce droit est implicite dans la révélation de 1835 concernant l’autorité de ce collège par rapport à la Première Présidence (D&A 107:21-24). Les Douze soutiennent Brigham Young comme président de l’Église, avec Heber C. Kimball et Willard Richards comme conseillers, mesure ratifiée plus tard ce mois-là par les membres de l’Église lors d’une conférence spéciale à Kanesville et l’année suivante à Salt Lake City.

En Utah, Brigham Young se met en devoir de réaliser le rêve de Joseph Smith de créer un refuge permanent pour les saints. Cela comprend la création d’un État politique dans lequel l’Église jouera un rôle dominant. La nature théocratique de ce gouvernement ressort du fait qu’un grand conseil de l’Église, présidé par John Smith, oncle de Joseph Smith, gérera à la fois les affaires religieuses et civiles dans la vallée du lac Salé depuis l’automne de 1847 jusqu’au retour de Brigham Young dans la vallée en septembre 1848, quand les Douze et le Conseil des cinquante assumeront la direction.

Au cours des derniers mois de 1848, le Conseil des cinquante commence les discussions en vue de la mise sur pied d’un gouvernement plus permanent. Prévoyant que le Grand Bassin deviendra un territoire des États-Unis, le Conseil examine les mérites respectifs d’une demande au Congrès pour obtenir le statut de territoire ou celui d’état. Il opte d’abord pour le territoire mais peu après, en juillet 1849, se basant sur les précédents au Texas et en Californie, il demande à devenir un État et commence à organiser l’État provisoire de Deseret (voir Deseret, État de). Brigham Young est élu gouverneur et d’autres autorités de l’Église constituent l’exécutif et le judiciaire et une grande partie du législatif. Le gouvernement se réunit en décembre 1849, et l’État de Deseret va fonctionner comme État autonome au sein du domaine national jusqu’au 28 mars 1851, date à laquelle il va être officiellement dissous et remplacé par le Territoire d’Utah, qui avait déjà été créé dans le cadre du Compromis national de 1850 (voir aussi État d’Utah).

Les frontières de l’État de Deseret sont vastes, englobant tout l’Utah actuel, la majeure partie du Nevada et de l’Arizona, plus d’un tiers de la Californie et des parties de l’Oregon, de l’Idaho, du Wyoming, du Colorado, et du Nouveau-Mexique. Pour assurer le contrôle de ce territoire, Brigham Young va entreprendre un programme vigoureux de colonisation, qui, avant sa mort en 1877, aura créé près de 400 colonies, et un système énergique de prosélytisme, en particulier dans les îles Britanniques et en Scandinavie, avec des milliers de convertis, dont presque 90.000 vont émigrer en Utah avant la fin du siècle. L’Église favorise, organise et gère cette immigration. Pour le profit de ceux qui sinon n’auraient pas le moyen de se payer le voyage, l’Église crée le Fonds perpétuel d’Émigration. Créée en 1850 par l’État de Deseret, pendant les trente-sept années qui vont suivre, la Compagnie du Fonds perpétuel d’Émigration va lever des fonds et utiliser les ressources de l’Église pour aider quelque 26.000 émigrants d’Europe à atteindre les montagnes de l’Ouest.

C’est avec l’État de Deseret que l’Église se sera rapprochée le plus de son but de réaliser le modèle théocratique précédemment conçu par Joseph Smith. Les autorités de l’Église remplissent des postes civils importants. Quand les juges désignés par le gouvernement fédéral auront quitté le territoire en 1851, les tribunaux des successions, avec des évêques comme juges, auront juridiction dans le civil et le pénal. La volonté derrière tout cela est que l’influence des saints sur la vie politique du territoire élimine les persécutions qui se sont maintes fois produites. Bien plus tard, le succès même de cette société théocratique va créer des conflits moins violents mais finalement plus dangereux avec la société américaine (voir Politique : Histoire politique).

Une pratique inséparable du sempiternel conflit avec le gouvernement fédéral sera celle du mariage plural. Bien que la polygamie ait été pratiquée en privé avant l’exode, les dirigeants de l’Église en auront retardé l’aveu public jusqu’en 1852. En août de cette année-là, à une conférence spéciale de l’Église à Salt Lake City, Orson Pratt, un apôtre, annoncera officiellement le mariage plural comme point de doctrine et de pratique de l’Église. Une longue révélation sur le mariage pour l’éternité et sur la pluralité des épouses, dictée par Joseph Smith le 12 juillet 1843, sera publiée après cette annonce (D&A 132). Considérant que c’est une obligation religieuse que les frères fidèles épousent plus d’une femme, les saints des derniers jours croient que la polygamie est protégée par la garantie constitutionnelle de la liberté religieuse. Il n’y a, à l’époque, aucune loi fédérale contre la polygamie, et l’incorporation territoriale de l’Église lui permet de « célébrer des mariages compatibles avec les révélations de Jésus-Christ » (Arrington et Quinn, p. 261). Dans certaines localités, jusqu’à vingt à vingt-cinq pour cent de la population des saints finiront par vivre dans des ménages polygames, la plupart des hommes qui ont pratiqué la polygamie ayant une à quatre épouses plurales.

Pendant les quelques premières années, la vie dans leur nouveau refuge dans l’Ouest semble précaire. Un hiver doux en 1847-1848 est suivi de gelées printanières et d’un été décourageant. Ensuite la sécheresse endommage et une invasion de sauterelles dévore une bonne partie des cultures. Beaucoup croient qu’ils n’auront sauvé un reste de leurs cultures que grâce à l’intervention miraculeuse d’un grand nombre de mouettes qui descendent sur les champs et dévorent les sauterelles (voir Mouettes, miracle des). Cependant, après l’hiver difficile de 1848-1849, les pionniers pourront faire, la plupart des années, des récoltes suffisantes pour tenir l’hiver suivant. Une aubaine inattendue se présente en 1849 quand des centaines de voyageurs en route pour les gisements d’or de la Californie passent par l’Utah et s’empressent d’échanger des produits manufacturés rares, des animaux épuisés et même de la farine contre les produits locaux. Entre-temps, les premières colonies sont suffisamment bien installées pour que puisse commencer la colonisation dans toute la région des montagnes Rocheuses.

Les saints vont fonder des dizaines de colonies, au début surtout dans ce qui est maintenant l’Utah. La première zone colonisée est une région centrale s’étendant au nord et au sud du siège de l’Église à Salt Lake City le long du bord occidental des montagnes. Les colonies suivantes vont se trouver dans les vallées plus hautes de montagne de la région, telles que les vallées de Cache et de Heber. Presque en même temps, d’autres colonies vont être fondées dans des régions plus éloignées en réponse à des besoins particuliers comme la fondation d’une industrie métallurgique (Parowan, janvier 1851, Cedar City, novembre 1851), la création de stations le long des itinéraires d’immigration (San Bernardino, 1851, achat de Fort Bridger, 1855), les missions auprès des Indiens (fort Lemhi dans l’Idaho actuel, Las Vegas, Nevada, Fort Supply en 1853, dans le Wyoming actuel et la mission d’Elk Mountain dans le centre-est de l’Utah, le tout en 1855), la culture de plantes de climat chaud, comme le coton et le sucre (St-George, 1861) ou, plus tard, la recherche d’un refuge pour les familles polygames.

Le motif le plus commun pour la colonisation est la nécessité de trouver des terres pour une population croissante de fermiers, un besoin qui sera à l’origine de la colonisation de la plupart des emplacements favorables en Utah dès 1880 aussi bien que d’autres dans le nord de l’Arizona, le sud-ouest du Colorado, le nord-ouest du Nouveau-Mexique, l’ouest du Wyoming et le sud-est de l’Idaho. On ouvre souvent de nouvelles régions par un « appel en mission » (voir Appels), ce qui signifie que des colons installés sont invités à entreprendre une mission patronnée par l’Église pour fonder une colonie. Une fois la colonie mère établie, les régions voisines sont colonisées spontanément par les jeunes devenus adultes à la recherche de terres à cultiver.

La fondation d’un empire dans l’Ouest ne va pas se faire sans conflits ni difficultés. Une période de sécheresse prolongée en 1855 va être suivie d’une invasion catastrophique de sauterelles. L’insécurité ainsi créée va sans doute alimenter les flammes de la réforme de 1856-1857, une période de remise en question intense et d’engagement renouvelé. Les sermons enflammés et parfois immodérés de la Réforme intensifieront les inquiétudes des pionniers quand, au début de 1857, sur la foi de rapports exagérés selon lesquels les mormons sont en rébellion, James Buchanan, président des États-Unis commande secrètement l’envoi d’une armée de 2.500 soldats fédéraux en Utah. Agissant sans avoir fait d’enquête, Buchanan relève Brigham Young de ses fonctions de gouverneur, poste auquel Young avait été redésigné, même après l’annonce, en 1852, de la polygamie. Malheureusement, Buchanan fait tout en secret, interrompant même le courrier à destination de l’Utah pour donner aux troupes l’avantage de la surprise.

Quand il reçoit la confirmation confidentielle de la décision du gouvernement, Brigham Young commande à tous les missionnaires de retourner en Utah, fait fermer les missions et abandonner les colonies les plus isolées. Habitués aux persécutions de la part des milices d’état, les saints des derniers jours voient dans l’avance des forces armées vers l’Utah le prélude au pillage, au viol et au massacre. Pendant qu’ils se préparaient à la résistance armée, une hystérie de guerre balaie le territoire.

Lorsque qu’elle approche de Fort Bridger, l’avant-garde de l’expédition d’Utah se heurte aux saints qui lui opposent la politique de la « terre brûlée ». Les raids mormons saisissent et brûlent les convois fédéraux d’approvisionnement et détruisent le fourrage devant les troupes en marche. L’arrivée opportune de fortes chutes de neige embourbe l’armée pour l’hiver, donnant aux médiateurs, et particulièrement à Thomas L. Kane, du temps pour une conciliation. Pendant ce temps, le président Young ordonne l’abandon des colonies du nord de l’Utah et organise « l’Exode vers le Sud ». S’ils doivent quitter leur refuge, les saints des derniers jours laisseront le Grand Bassin aussi désertique qu’ils l’ont trouvé. Les négociations réussissent avant le printemps, juste au moment où l’armée se remet en mouvement. Alfred Cumming est installé comme gouverneur et, le 12 juin 1858, Brigham Young accepte le pardon pour sa soi-disant rébellion. Quinze jours plus tard, le général Albert Sidney Johnston fait traverser à ses troupes une Salt Lake City abandonnée et dresse un Camp Floyd isolé à soixante-cinq kilomètres au sud-ouest. La guerre d’Utah va être qualifiée, à juste titre, de gaffe de Buchanan.

L’hystérie de guerre aura pour conséquence désastreuse le massacre de Mountain Meadows de septembre 1857, pour lequel les dirigeants locaux du sud de l’Utah s’unissent aux Indiens pour massacrer un convoi de colons en route pour la Californie. Il est prouvé que l’ordre de Brigham Young était de laisser les voyageurs passer en paix, mais sa recommandation va arriver trop tard pour empêcher le massacre et les autorités locales vont faire croire à une attaque par les Indiens. Répondant aux accusations que des blancs sont impliqués, le président Young invite le nouveau gouverneur à enquêter, mais celui-ci considère que si des blancs sont impliqués, ils bénéficieront du pardon en vertu de l’amnistie générale accordée en 1858. Par la suite, quand de plus amples renseignements se feront jour, certains des principaux protagonistes seront excommuniés de l’Église et l’un d’eux, John D. Lee, sera condamné par un tribunal fédéral et exécuté.

Bien que préoccupé par la guerre de Sécession, le gouvernement fédéral s’intéresse néanmoins au Territoire d’Utah. En 1862, Fort Douglas est créé à l’extrémité est de Salt Lake City, sous la direction de Patrick Edward Connor, un anti-mormon virulent. Connor et ses troupes sont chargés de garder les itinéraires de transport, mais ils publient aussi le Union Vedette, une publication agressivement anti-mormone, encouragent les exploitations minières et favorisent l’immigration de non-mormons dans le Territoire. En 1863, les troupes de Connor attaquent un groupe d’Indiens Shoshones du nord sur la Bear River, dans le nord de la Cache Valley, tuant quelque 250 hommes, femmes et enfants.

La décennie suivant la guerre d’Utah est une ère d’expansion générale pour l’Église. En 1862, le Congrès décrète une loi interdisant la polygamie dans les territoires et dissolvant l’Église, mais elle ne sera pas appliquée avant Reynolds contre les États-Unis en 1879. Les immigrants de l’Église continuent d’arriver par milliers et Brigham Young continue d’implanter des colonies pour les recevoir. Mais l’afflux régulier de non-mormons en Utah et la construction d’un chemin de fer transcontinental annoncent de futurs défis à la domination par les mormons de leur empire du Grand Bassin.

L’achèvement du chemin de fer transcontinental s’accompagne à la fois de possibilités nouvelles et de problèmes. Brigham Young s’attend depuis longtemps à la fin de l’isolement physique et, par certains côtés, l’encourage. En 1852 et en 1854, les saints demandent au Congrès qu’un chemin de fer transcontinental passe par l’Utah. Il simplifierait l’immigration et permettrait aux dirigeants de l’Église d’établir des liaisons ferroviaires reliant beaucoup de colonies éloignées à Salt Lake City. Le 1er juillet 1862, quand le Pacific Railroad Act est promulgué, le président Young souscrit pour $10.000 d’actions auprès de la Union Pacific Railroad Company nouvellement organisée, dont il devient l’un des directeurs en 1865.

Si le chemin de fer permet aux immigrants de l’Église d’atteindre plus facilement l’Utah, il encourage aussi l’immigration de non-mormons. La fin de l’isolement menace également l’indépendance économique et politique de l’Utah. Pour renforcer l’économie locale et retarder la création d’un milieu d’affaires non-mormon puissant, les autorités de l’Église ont longtemps lutté pour décourager l’importation de produits manufacturés venus de l’Est des États-Unis. Elles vont maintenant lancer une campagne énergique pour décourager l’achat de produits de luxe importés, notamment le thé, le café, l’alcool et le tabac et réinsister sur la révélation de 1833 donnée à Joseph Smith déconseillant l’utilisation de ces produits (voir Parole de Sagesse).

En dépit de l’opposition opiniâtre de Brigham Young au développement de l’extraction de métaux précieux en Utah, l’approche du chemin de fer relance l’enthousiasme pour l’exploitation des richesses minières de l’Utah. Sous la direction de plusieurs hommes d’affaires et intellectuels en vue de l’Église tels que William Godbe, Edward W. Tullidge et Eli B. Kelsey, un « Nouveau Mouvement » se développe dans l’Église contre ce qu’ils appellent « l’autocratie de la prêtrise ». Ces hommes écrivent des articles persuasifs dans le Utah Magazine, recommandant l’exploitation des ressources minières de l’Utah afin de maintenir l’industrie sous le contrôle local (et donc mormon). Brigham Young, qui prévoit un résultat différent, dénonce les « Godbeites », les accusant d’inciter à la domination « gentile » de l’Utah. Par la suite, Godbe, dont le manque d’orthodoxie doctrinale pose un problème supplémentaire, est excommunié. Bien qu’ayant rejeté la solution godbeite, Brigham Young reconnaît les réalités de la nouvelle situation économique et lance une série de programmes pour renforcer la solidarité spirituelle et l’indépendance économique.

Une partie du programme de Brigham Young comprend l’organisation de l’École des Prophètes en 1867. L’École des Prophètes originelle avait été fondée en 1833 par Joseph Smith pour donner un enseignement aux adultes et pour se préparer pour le temple. Dans l’organisation d’Utah, les discussions sur la théologie s’accompagnent de l’adoption d’un programme économique. Les Écoles des Prophètes enseignant aux propriétaires fonciers les méthodes pour s’assurer des titres de propriété, sollicitent des contributions en main d’œuvre et en fonds pour financer des chemins de fer secondaires, créent des coopératives de vente et de fabrication locales, poussent à la diminution des salaires pour permettre une plus grande exportation des marchandises d’Utah, organisent le boycott des établissements des gentils hostiles et exigent des membres qu’ils s’engagent à observer la Parole de Sagesse. Les Écoles passent aussi des contrats avec les chemins de fer de l’Union Pacific et du Central Pacific pour créer l’infrastructure de la ligne transcontinentale en Utah, limitant ainsi l’afflux de travailleurs non-mormons et apportant des revenus en argent liquide aux saints des derniers jours. Au bout de quelques années, avec le changement de la situation économique, ces organisations vont graduellement disparaître.

Ce qui va être plus permanent que les Écoles des Prophètes, ce sont les organisations que Brigham Young crée pour les femmes et les jeunes de l’Église. Entre la renaissance de la Société de secours en 1867 et la mort de Brigham Young une décennie plus tard, la présidente générale, Eliza R. Snow, aidant les évêques à constituer les organisations locales, la société se répand dans toutes les colonies de l’Église du Grand Bassin. En plus de ses buts charitables, la Société de secours travaille avec les Écoles des Prophètes pour encourager l’industrie locale et déconseiller l’achat des importations. Parmi les réalisations principales de la Société de secours, il y a le commencement d’un programme de stockage du blé, le lancement de la culture de la soie, la fondation du Woman’s Exponent, la construction de salles pour la Société de secours dans la plupart des colonies, la mise sur pied d’un magasin de distribution pour les industries locales et l’appui impressionnant de la formation médicale des femmes (voir Maternité et soins de santé des enfants). Les dirigeantes de la Société de secours participent aussi activement à la campagne pour le suffrage des femmes et en Utah les femmes vont être les secondes après les femmes du Wyoming à recevoir le droit de vote.

En 1869, Brigham Young crée, pour les jeunes filles, une organisation portant le nom peu maniable de « Département des jeunes demoiselles de l’Association coopérative de retranchement ». Il exhorte les jeunes filles à éviter toute extravagance et à « cesser d’accorder [leur] clientèle au négociant qui envoie [leur] argent hors du Territoire pour de beaux vêtements faits dans l’Est » (Susa Young Gates, History of the Young Ladies Mutual Improvement Association of the Church, p. 9 [Salt Lake City, 1911]). La Société d’amélioration mutuelle des Jeunes Filles, comme on l’appellera plus tard, va devenir une organisation s’occupant principalement d’activités culturelles, sociales et religieuses (voir Jeunes Filles ; Association de retranchement).

Après l’achèvement du chemin de fer transcontinental en 1869, l’Union Pacific et le Central Pacific ne respectent pas leurs engagements contractuels concernant l’infrastructure. Les pertes pour l’économie mormone sont massives : $500.000 en liquide et des pertes cumulées encore plus grandes pour les sous-traitants, les commerçants et les ouvriers. Pour essayer de compenser ces pertes, les dirigeants de l’Église financent des chemins de fer dans le territoire en utilisant le fer, le matériel de construction et le matériel roulant pour une valeur d’un demi million de dollars dont la Union Pacific en faillite s’était servi pour payer ses obligations. Ces chemins de fer apporteront du profit en Utah, mais leur succès ne soulagera pas complètement l’amertume que les saints auront ressentie à l’égard des revers causés par le chemin de fer transcontinental.

En plus d’intensifier son appel à pratiquer l’industrie locale et à boycotter les marchands non-mormons au moment où le chemin de fer se rapproche de l’Utah, Brigham Young met sur pied un système coopératif de vente. En octobre 1868, il organise la Zion’s Cooperative Mercantile Institution (ZCMI) pour « apporter des marchandises ici et les vendre aussi bon marché qu’il est possible de le faire et que les bénéfices soient répartis parmi l’ensemble du peuple » (Arden Olsen, History of the Mormon Mercantile Cooperation in Utah, p. 80 [thèse de doctorat, université de Californie, Berkeley, 1935]). Largement soutenu, le nouveau grand magasin va devenir une entreprise profitable qui reste le plus grand détaillant de Salt Lake City. Des succursales sont créées dans beaucoup de localités, de même que d’autres coopératives : tanneries, meuneries, laiteries, boucheries, banques, usines sidérurgiques, scieries, fabriques de laine et usines de coton. Tout cela va aider les saints à retarder d’une décennie la mainmise « extérieure » que l’arrivée du chemin de fer présage.

Le succès remarquable du Mouvement Coopératif va inspirer à Brigham Young l’idée qu’une renaissance de « l’Ordre uni d’Hénoc », longtemps son but, pourrait maintenant être réalisable. Inauguré par Brigham Young pendant l’hiver de 1873-1874, le Mouvement de l’Ordre est inspiré par le désir d’imiter les tentatives de vivre la loi de consécration dans les années 1830 et par le succès de la coopérative de Brigham City. Sous la direction de Lorenzo Snow, Brigham City était devenue autonome à quatre-vingt-cinq pour cent, effectuant pratiquement toute l’agriculture, la construction, la fabrication et le commerce dans la région environnante. Presque toute la population était employée dans les divers départements de la coopérative et était rémunérée par des produits plutôt que par de l’argent liquide. La Coopérative de Brigham City avait eu tant de succès qu’elle n’avait quasiment pas été affectée été par la panique financière de 1873.

Brigham Young lance donc le mouvement de l’Ordre Uni et plus de 200 ordres sont créés dans tout l’Utah, le sud de l’Idaho, le nord de l’Arizona et le Nevada. Du fait qu’il laisse le fonctionnement de ces ordres entre des mains locales, plusieurs types différents apparaissent. Certains, comme Orderville, dans le sud de l’Utah, sont presque totalement communaux. Dans les villes plus grandes, où les ordres communaux fortement structurés sont impossibles, les diverses paroisses financent différentes entreprises coopératives, telles que des fermes ou des usines et échangent ensuite les produits. Les manifestations de l’Ordre Uni d’Hénoc varient, mais elles représentent un effort véritable du peuple pour devenir « un » comme le commandaient les premières révélations. Comme dans le cas de presque toutes les entreprises volontaires de cette nature, ces ordres vont finir par se dissoudre en raison de tensions internes et de pressions externes. Le mouvement lui-même prend fin en 1877, bien que quelques ordres, comme celui d’Orderville, continuent pendant une décennie encore.

Avant sa mort en 1877, Brigham Young aura vu la réalisation d’une de ses aspirations les plus sacrées : l’achèvement d’un temple en Utah. Toute l’importance des temples et de leurs ordonnances remonte à la période de Nauvoo, quand Joseph Smith a introduit le baptême pour les morts, le mariage pour l’éternité et un ensemble d’instructions religieuses et d’alliances appelé dotation. Depuis l’abandon du temple de Nauvoo en 1846, Brigham Young rêve d’un temple dans l’Ouest. En arrivant dans la vallée, il consacre, à Salt Lake City, un terrain pour un temple, mais il faudra quarante ans pour terminer cet imposant édifice. En attendant, une Maison des dotations provisoire, construite en 1855, fournira un endroit pour les ordonnances sacrées. Après avoir décidé de construire un édifice moins imposant dans le sud, Brigham Young consacrera le temple de St-George, achevé le 6 avril 1877. Pendant la décennie qui suivra sa mort, deux temples supplémentaires seront construits en Utah (Logan et Manti) avant que le temple de Salt Lake City ne soit finalement consacré en 1893.

Après la consécration du temple de St-George, Brigham Young lance une réorganisation massive de l’Église, principalement au niveau local, clarifiant et redéfinissant, par la même occasion, les responsabilités de la prêtrise. Toutes les paroisses et tous les pieux sont touchés et la plupart reçoivent de nouveaux dirigeants.

Quand il meurt, le 29 août 1877, Brigham Young a amené les saints des derniers jours à un point culminant de croissance dans leur retraite et leur royaume de montagne. Ses dernières paroles, « Joseph ! Joseph ! Joseph ! » sont appropriées pour quelqu’un qui a vécu sa vie, comme il le disait souvent, en tant qu’apôtre de Jésus-Christ et de Joseph Smith. À sa façon parfois inflexible, Brigham Young aura travaillé pendant plus de quarante ans pour atteindre les buts de Joseph Smith. Les saints sont parvenus à un pouvoir économique et politique unifié, même s’ils vont bientôt être forcés de se plier face à une pression fédérale persistante. Chose plus importante encore, en affrontant courageusement leurs difficultés et en poursuivant leurs rêves dans le désert, ils sont devenus un peuple fort, solidaire et plein de foi. Attaché à l’idéal évangélique quel qu’en soit le coût, il laissera un héritage qui continue à inspirer les saints des derniers jours du monde entier.
 
Bibliographie
Ouvrages généraux sur cette période : Leonard J. Arrington, Brigham Young, American Moses, New York, 1985 et Great Basin Kingdom, Cambridge, Mass., 1958 ; Eugene E. Campbell, Establishing Zion : The Mormon Church in the American West, 1847-1869, Salt Lake City, 1988 ; Dean L. May, Utah : A People’s History, Salt Lake City, 1987 et un bref compte rendu dans Leonard J. Arrington et D. Michael Quinn, “The Latter-day Saints in the Far West, 1847-1900”, dans F. Mark McKiernan, Alma R. Blair et Paul M. Edwards, dir. de publ., The Restoration Movement : Essays in Mormon History, Lawrence, Kans., 1973, p. 257-270.

En plus de nombreux articles sur le sujet dans le Journal of Mormon History, BYU Studies, Dialogue, Sunstone et le Utah Historical Quarterly, voir : Richard E. Bennett, mormons at the Missouri 1846-1852, Norman, Okla., 1987, pour la période débouchant sur la colonisation de l’Utah ; Wallace Stegner, The Gathering of Zion, New York, 1964, récit classique de migration vers l’Utah ; Leonard J. Arrington, Feramorz Y. Fox et Dean L. May, Building the City of God : Community and Cooperation Among the mormons, Salt Lake City, 1976, qui se concentre sur le communautarisme ; et Norman F. Furniss, The Mormon Conflict, 1850-1859, New Haven, Conn., 1960, la meilleure étude sur la Guerre d’Utah.

Histoire de l’Église : 1878-1898, Fin de la période pionnière d’Utah
Auteurs : SESSIONS, GENE A. et HARTLEY, WILLIAM G.
 
[Cet article traite de la période de tension et d’adaptation qui suit la mort de Brigham Young, période au cours de laquelle l’Église doit affronter une forte pression visant à l’obliger à se conformer aux mœurs américaines contemporaines. Après présentation d’une vue d’ensemble de la période, l’article traite des changements d’organisation, des programmes économiques, de la création de nouvelles colonies de saints des derniers jours et de l’œuvre missionnaire, puis se concentre sur le conflit au sujet de la polygamie, aboutissant au Manifeste de 1890 qui annonce la fin officielle du mariage plural. Le Manifeste est suivi de la question de l’autonomie de l’Utah (voir Utah l’État d’), de l’extension du prosélytisme, des tentatives de consolider l’éducation religieuse (voir Académies) et d’une participation plus limitée de l’Église à la vie économique (voir Économie pionnière). 

Pour comprendre la vie quotidienne et ce que signifie être saint des derniers jours pendant cette période, voir Vie pionnière et Histoire sociale et culturelle et cultuelle. Pour des renseignements supplémentaires sur la colonisation de nouvelles régions par l’Église, voir les rubriques sur les colonies pionnières dans Mexique et Amérique Centrale, l’Église au, Canada, l’Église au, et Arizona, colonies pionnières en, Colorado, colonies pionnières au, Idaho, colonies pionnières au, Nevada, colonies pionnières au, Nouveau-Mexique, colonies pionnières au, et Wyoming, colonies pionnières au. Sur les événements relatifs au mariage plural, voir : Histoire juridique et judiciaire de l’Église ; Législation contre la polygamie ; Reynolds contre les États-Unis ; et Manifeste de 1890.]

Pendant la période de croissance, de problèmes graves et de changements marquants de 1878-1898, l’Église affronte de nombreuses difficultés sous les présidents de l’Église John Taylor et Wilford Woodruff. La décision de la Cour suprême en 1879, confirmant la législation contre la polygamie introduit une décennie d’une application de plus en plus féroce de lois de plus en plus dures. Face à la persécution par le gouvernement et dans une tentative d’obtenir l’autonomie en accédant au rang d’état, l’Église prend des mesures pour mettre fin à la pratique du mariage plural et pour abandonner son contrôle jadis ferme de la politique et de l’économie du Territoire d’Utah. Dans les années 1890, le Territoire d’Utah et ses résidants mormons prennent le chemin de « l’américanisation ».

Bien que cette période soit caractérisée par son affrontement prolongé avec le gouvernement fédéral, elle l’est aussi de manière frappante par la croissance. La population de l’Église double (de 115.065 à 229.428), de même que le nombre de pieux (20 à 40) et de paroisses (252 à 516). Les colonies de saints vont jusqu’au Mexique et au Canada. Les efforts missionnaires augmentent et le nombre de missions s’accroît (de 8 à 20). L’activité des collèges de la prêtrise devient plus ordonnée et plus normalisée. Les Autorités générales assistent régulièrement aux conférences trimestrielles de pieu et aux conférences de paroisse. Les organisations auxiliaires se généralisent dans les pieux et les paroisses, et des présidences et des bureaux généraux d’auxiliaires sont désignés. L’Église termine aussi trois temples, portant le total en Utah à quatre.

Après la mort du président Young en août 1877, le Collège des douze apôtres n’organise pas immédiatement une nouvelle Première Présidence. John Taylor préside l’Église comme président des Douze jusqu’en octobre 1880. Sous sa direction, les Douze achèvent la réorganisation des paroisses et des pieux commencée par le président Young.

Ils étendent aussi les organisations auxiliaires. En 1880, ils choisissent trois des leurs (Wilford Woodruff, Joseph F. Smith et Moses Thatcher) pour former une surintendance générale de la Société d’amélioration mutuelle des Jeunes Gens (SAMJG ; voir Jeunes Gens) et pour superviser de nouveaux bureaux ou comités centraux de la SAMJG créés d’abord pour les comtés et plus tard pour les pieux. L’Association de Retranchement des Demoiselles devient en 1878 la Société d’amélioration mutuelle des Jeunes Filles (SAMJF) avec la création de bureaux dans les pieux à partir de cette année et le début, en 1880, d’une organisation dans toute l’Église avec Elmina S. Taylor comme présidente (voir Jeunes Filles). La Primaire, une nouvelle organisation pour le profit des enfants, est lancée en 1878 à Farmington (Utah). Après que d’autres paroisses ont copié le programme, une Primaire est créée en 1880 au niveau de l’Église, dirigée par Louie B. Felt. Eliza R. Snow, présidente de la Société de secours, continue à diriger l’œuvre de toutes les femmes dans l’Église, qui comprend maintenant la SAMJF et la Primaire. George Q. Cannon, de la Première Présidence, reste, tout au long de cette période, surintendant général des Écoles du Dimanche. Les Écoles du Dimanche, la Société de secours, et la SAM sont organisées dans les îles Britanniques et en Scandinavie à partir de la fin des années 1870 et du début des années 188.

Les complications juridiques entourant la succession du domaine de Brigham Young deviennent un gros problème pour les Douze. Lorsque la législation fédérale avait sévèrement limité les avoirs fonciers de l’Église, le président Young avait été à la tête d’un mélange compliqué de biens personnels et de propriétés de l’Église. En 1879, ses héritiers et l’Église finiront par régler la question par compromis en dehors des tribunaux.

En 1880, son cinquantième anniversaire, l’Église proclame une année de jubilé, modelée sur une coutume hébraïque antique, pour soulager les pauvres. Elle efface des livres pour $802.000 de dettes auprès du Fonds perpétuel d’Émigration, la moitié du total encore dû. En plus de distribuer du bétail et des moutons aux nécessiteux, les autorités remettent aux pauvres dignes la moitié de leur dîme impayée. La Société de secours prête aussi près de 1250 tonnes de blé provenant de ses réserves pour aider les fermiers touchés par la sécheresse.

Après avoir dirigé l’Église pendant trois ans, John Taylor et les Douze réorganisent, en octobre 1880, une Première Présidence : John Taylor, président de l’Église, avec George Q. Cannon et Joseph F. Smith, qui avaient précédemment fait partie de la Première Présidence sous Brigham Young, comme conseillers.

Les révélations données au président Taylor en 1882 et 1883 conduisent à une réorganisation des soixante-dix. Pour la première fois, les soixante-seize collèges locaux sont organisés sur une base géographique, inscrivant tous les soixante-dix dans leurs limites respectives. En outre, entre 1884 et 1888, vingt-cinq nouveaux collèges sont créés. Cette réorganisation redonne une vitalité aux soixante-dix, et le nombre de soixante-dix qui remplissent une mission à plein temps augmente directement après la mise en application du changement.

Cette période voit aussi une augmentation des publications liées à l’Église. Deux nouveaux magazines desservent les jeunes : The Contributor (1879-1896) pour les jeunes gens et The Young Woman’s Journal (1889-1929) pour les jeunes filles. Le Morgenstjernen (1882-1885), une publication historique en danois, continue en anglais sous le titre The Historical Record (1886-1890). L’École du Dimanche publie son premier cahier de musique (1884) et le Livre de Mormon paraît pour la première fois dans une traduction suédoise (1878). En 1880, l’Église accepte par vote la Perle de grand prix comme Écriture, ce qui lui donne le quatrième de ses ouvrages canoniques. Elle publie aussi, en 1879, des éditions du Livre de Mormon et des Doctrine et Alliances, avec les divisions en chapitres et versets, les correspondances et les notes d’Orson Pratt.

Le président Taylor met aussi en application un nouveau programme économique. Moins rigidement structuré que les ordres unis précédents, il assure l’équilibre entre l’entreprise privée et la planification économique de groupe. La Chambre centrale de Commerce de Sion stimule l’activité économique coopérative en favorisant le commerce, en cherchant de nouveaux marchés, en fournissant des informations aux fermiers et aux fabricants, en empêchant une concurrence nuisible à l’industrie locale et parfois en réglementant les salaires et les prix. Les chambres de commerce de pieu travaillent en coordination avec l’agence centrale. Malheureusement, en 1885, les croisades antimormones vont forcer ces chambres de commerce à se dissoudre. Edward Hunter, pionnier et évêque président, qui est en fonction depuis les années 1850, décède en 1883 et est remplacé en 1884 par William B. Preston.

Pendant les années 1880, la Société de secours continue à élaborer des programmes qui ont commencé dans les années 1870: entreposage de blé, entretien des salles de Société de secours et des magasins de distribution de paroisse, gère des programmes de formation d’infirmières et d’obstétrique, supervise les organisations pour les enfants et les jeunes filles, veille au bien-être spirituel des femmes de l’Église et améliore le soin permanent des pauvres. Les nouveautés sont l’ouverture, en 1882, de l’hôpital de Deseret, deuxième hôpital d’Utah, le premier géré par l’Église. La mort de d’Eliza R. Snow en 1887 marque la fin d’une ère pour la Société de secours ; en 1888, Zina Diantha H. Young la remplace comme présidente.

Malgré des problèmes graves, les dirigeants de l’Église tiennent toujours à apporter les bénédictions des temples à un plus grand nombre de saints. Pour ajouter à l’unique temple en fonctionnement à St-George, John Taylor consacre, le 17 mai 1884, le temple de Logan, deuxième en Utah. Construit principalement à l’aide de dons en argent, en matériaux et en main d’œuvre, il va coûter $800.000 environ. Un troisième temple, à Manti (Utah), construit pour un coût de près de $1 million, est consacré en 1888 par Lorenzo Snow, membre du Collège des Douze. Les travaux continuent aussi sur le grand temple de Salt Lake City, commencé en 1853, mais achevé seulement en 1893.

La colonisation se poursuit. Entre 1876 et 1879, pas moins de cent nouvelles colonies sont créées en dehors de l’Utah et plus de vingt à l’intérieur du Territoire. Les colonies de saints en Arizona augmentent rapidement. Les pieux créés en 1878 et 1879 à proximité de la Little Colorado River sont absorbés, en 1887, par les pieux nouvellement créés de St-Johns et de Snowflake. Entre-temps, le long des Gila et Salt Rivers, les pieux de St-Joseph et de Maricopa sont créés 1883. De nouvelles colonies de saints apparaissent au Nevada, dans l’est de l’Utah, où le pieu d’Emery est créé en 1882 et dans le sud-est de l’Utah et les régions voisines du Colorado et du Nouveau-Mexique, où le pieu de San Juan est créé en 1883. Beaucoup de convertis venus des États du sud s’installent dans la San Luis Valley, dans le centre-sud du Colorado et, en 1883, leurs colonies deviennent le pieu de San Luis.

Les poursuites judiciaires en matière de polygamie amènent les dirigeants de l’Église à fonder des colonies au Mexique et au Canada, hors de portée des lois des États-Unis. Après la visite du président Taylor en 1885 au Mexique, des centaines de saints vont affluer au Chihuahua et créer des villages dans une région que l’on appelle encore aujourd’hui « les colonies mormones » du Mexique (voir Mexique, colonies pionnières au). Ces colonies font d’abord partie de la mission mexicaine. En une décennie, plus de 3.000 saints vont s’y installer, d’autres colonies vont être fondées et en décembre 1895, le pieu de Juarez est créé pour diriger les saints dans les colonies mexicaines.

Sur instructions du président Taylor, Charles Ora Card, président du pieu de Cache, découvre en 1886 un lieu de refuge dans le sud de l’Alberta pour les colons de l’Église (voir Canada, colonies pionnières des saints au). Le printemps suivant, des colons venus d’Utah fondent Cardston, à vingt-deux kilomètres au nord de la frontière des États-Unis. Des colonies apparaissent tout près à Aetna (1888) et à Mountain View (1893). En juin 1895, le pieu d’Alberta devient le premier pieu organisé en dehors des États-Unis (à l’exception du pieu de Salt Lake City, alors situé en territoire mexicain).

L’œuvre missionnaire connaît un succès impressionnant et apporte des problèmes frustrants. Entre 1879 et 1889, l’Église gère, au Mexique, une petite mission qui connaît quelque 242 convertis. En Nouvelle-Zélande, une branche est organisée en 1883 chez les Maoris. En 1884, Jacob Spori ouvre la mission turque, qui comprend la Palestine. Le nombre des missionnaires à destination de l’Europe augmente. Le rassemblement de convertis européens en Utah continue en dépit de la publicité anti-mormone qui incité les autorités américaines à demander aux gouvernements européens d’empêcher les mormons d’émigrer. Aucune suite ne sera donnée à cette demande.

Après l’organisation d’une mission des États du Sud en 1875, les conversions donnent de temps en temps lieu à des violences. Les missionnaires sont chassés de certaines localités et, en 1879, des émeutiers de Géorgie tuent Joseph Standing. En 1884, à Cane Creek, au Tennessee, des émeutiers assassinent deux missionnaires et deux résidants qui manifestent de l’intérêt pour l’Église.
Voulant voir leur histoire racontée équitablement, les dirigeants de l’Église fournissent des renseignements considérables à l’historien californien Hubert Howe Bancroft. La History of Utah de Bancroft (1889) est l’une des premières histoires écrites par un véritable historien non mormon à traiter l’Église avec impartialité.

En 1879, la Cour suprême confirme le caractère constitutionnel de la loi contre la Bigamie de 1862, affirmant l’illégalité du mariage plural (voir Reynolds contre les États-Unis). De nouvelles lois sont passées, les poursuites deviennent plus acharnées et les maris et pères polygames se retrouvent devant quatre choix : abandonner leurs familles, entrer dans la clandestinité, affronter les poursuites judiciaires ou quitter les États-Unis. En dépit de cette crise, le président Taylor, déclarant que quand les lois de l’homme et celles de Dieu sont en conflit, il obéit à Dieu, refuse d’abandonner ses propres familles plurales ou de dire aux autres frères d’abandonner les leurs. Les attaques contre la polygamie, souvent menées par des organisations religieuses, viennent de toutes parts. Quand les groupes nationaux de femmes insistent auprès du président Rutherford B. Hayes pour qu’il poursuive les polygames de l’Utah, 2.000 femmes de l’Église signent une résolution affirmant que le mariage plural est une pratique religieuse protégée en vertu de la Constitution.

L’hostilité entre les saints et les gentils couve au niveau national et en Utah. La pression publique amène le Congrès à passer en 1882 la loi Edmunds, qui impose jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et $500 d’amende pour polygamie et jusqu’à six mois et $300 d’amende pour cohabitation illégale (voir Lois contre la polygamie). Les personnes pratiquant la polygamie ou la cohabitation illégale perdent leurs droits civiques, ne pouvant faire partie d’un jury, détenir une fonction publique et voter. La loi crée un conseil de cinq commissaires pour gérer l’enregistrement des électeurs et les élections. Elle déclare légitimes les enfants nés des polygames avant le 1er janvier 1883 et donne au président le pouvoir d’accorder des amnisties à sa discrétion.

La Commission d’Utah commence son travail en 1882 en déclarant que quiconque a jamais pratiqué le mariage plural, même avant la loi de 1862 contre la bigamie, ne peut pas voter. Comme la commission exige des électeurs de faire un « serment-test » jurant qu’ils ne violent pas la loi, dans l’année la loi va priver de leurs droits plus de 12.000 saints des derniers jours. Mais en 1885, la Cour suprême des États-Unis décidera que ce serment-test est anticonstitutionnel.

La croisade judiciaire contre des polygames va gravement perturber la société de l’Église en Utah, en Idaho et en Arizona. Les polygames et leurs familles vont beaucoup en souffrir, de même que l’Église comme organisation. Des maris et des pères sinon respectueux des lois – et certaines épouses et certains enfants – se réfugient dans une « clandestinité » mormone, se déplaçant fréquemment d’un endroit à l’autre pour échapper aux federal marshalls pourchassant les « cohabs ». Les saints créent des cachettes secrètes dans les maisons, les granges et les champs, des codes pour s’avertir mutuellement et des guetteurs à l’affût des marshalls. Les « deps » (deputy marshalls, officiers de police adjoints) fédéraux se déguisent en marchands ambulants ou en recenseurs et engagent leurs propres guetteurs pour interroger les enfants et les voisins et pour violer la vie privée des foyers. Des récompenses sont offertes pour chaque cohab capturé. Les familles souffrent, en particulier les épouses livrées à elles-mêmes pour entretenir les cultures tandis que leurs maris se cachent. Les épouses qui refusent de témoigner contre leurs maris sont incarcérées. Hommes, femmes et enfants connaissent de longues périodes de privation et de peur.

En Utah, entre 1884 et 1893, 939 saints iront en prison sur des accusations relatives à la polygamie. En Idaho et en Arizona les saints sont poursuivis avec la même férocité. Quand les prisons de l’Arizona sont pleines, les cohabs sont envoyés dans un pénitencier de Detroit. Un Utahan, Edward M. Dalton, est tué par un adjoint lancé à sa poursuite, ce qui aigrit les saints contre le gouvernement. Ce sera aussi le cas suite à une décision de la Cour suprême des États-Unis qu’un homme qui a cessé de vivre avec son épouse mais qui lui a fourni nourriture et abri est coupable de cohabitation.

La croisade perturbe considérablement les activités normales de l’Église. Le président Taylor évite de se faire arrêter en voyageant. Dans son dernier sermon public, il condamne ce qu’il qualifie d’outrage judiciaire, après quoi il entre dans la clandestinité. Plusieurs apôtres vont en exil, faisant des missions spéciales dans des régions isolées de l’Ouest, au Mexique, au Canada et à Hawaï. Plusieurs autres font une mission en Europe et auprès des Amérindiens. Beaucoup de présidents de pieu et d’évêques essaient de même d’éviter l’arrestation.

Entre 1884 et 1887, des conférences générales sont tenues à Provo, à Logan et à Coalville plutôt qu’à Salt Lake City, pour aider les participants à éviter l’arrestation. Peu d’Autorités générales sont présentes. Franklin D. Richards, un apôtre qui ne risque pas l’arrestation parce que son épouse plurale est morte, préside certaines des conférences. Les épîtres générales du président Taylor et du président Cannon donnent des directives aux conférences.

Le président Taylor dirige l’Église par lettre. Pendant plus de deux ans, il va rester dans la clandestinité, séparé de la plus grande partie de sa famille et de ses amis. Il meurt caché à Kaysville (Utah), le 25 juillet 1887, après avoir été Autorité générale pendant près de quarante-neuf ans. À sa mort, les marshalls fédéraux auront fait des descentes dans presque toutes les colonies d’Utah, des centaines de saints se seront réfugiés au Mexique ou au Canada et presque tous les dirigeants auront dû se cacher. À son enterrement à Salt Lake City, on l’honorera comme double martyre dont le sang a été versé à la prison de Carthage avec Joseph et Hyrum Smith et qui est ensuite mort en exil à cause de la persécution du gouvernement.

Une fois de plus, le Conseil des Douze, dirigé par Wilford Woodruff, le doyen des apôtres, va prendre le gouvernail de l’Église et en orienter le cours, en grande partie depuis la clandestinité jusqu’à ce qu’il organise une nouvelle Première Présidence à la conférence générale d’avril 1889. Wilford Woodruff devient président de l’Église et George Q. Cannon et Joseph F. Smith sont ses conseillers. Ce sera la dernière fois que les Douze auront postposé la réorganisation de la Première Présidence à la mort du président. En décembre 1892, le président Woodruff, déclarant qu’un retard prolongé n’est pas agréable au Seigneur, invite Lorenzo Snow, le doyen des apôtres, à réorganiser immédiatement à sa mort.

Les dirigeants politiques nationaux, voyant que l’Église ne se plie pas à la loi, le Congrès décrète en 1887 une mesure plus radicale, la loi Edmunds-Tucker, qui vise à détruire l’Église en tant qu’entité politique et économique afin de forcer les saints à abandonner le mariage plural. La loi dissout l’Église en tant qu’entité juridique, exige la confiscation de toute propriété dépassant $50.000, dissout la Compagnie du Fonds perpétuel d’Émigration et en réclame la propriété, et met fin à la Légion de Nauvoo (milice territoriale). Pour faciliter les poursuites, la loi exige la présence obligatoire des témoins aux procès et confirme qu’il est légal de forcer les épouses à témoigner contre leurs maris. Les juges de validation du comté, qui procèdent à la constitution des jurys, doivent être nommés par le président des États-Unis. Des fonctionnaires désignés par le fédéral prennent la direction des écoles. Des tribunaux de validation certifient tous les mariages. Le décret déshérite tous les enfants nés des mariages pluraux un an ou plus après le passage de la loi. Le suffrage des femmes est aboli et un nouveau serment-test est élaboré. Personne ne pourra voter, faire partie d’un jury ou exercer un mandat public sans signer un serment de soutien des lois contre la polygamie.

Les représentants fédéraux de la loi s’efforcent avec zèle d’arrêter et emprisonner les dirigeants de l’Église. Le président Woodruff reste dans la clandestinité près de St-George (Utah), dirigeant l’Église par courrier et par réunions privées. George Q. Cannon, premier conseiller du président Woodruff, est arrêté en février 1886, obtient sa libération sous caution, puis disparaît dans la clandestinité jusqu’en 1888 quand il se rend à un juge plus clément. Il passe 175 jours en prison et paie une amende de $450. Les visites étant permises en prison, il peut gérer beaucoup d’affaires de l’Église et d’affaires personnelles. Il supervise les Écoles du Dimanche et finit d’écrire une biographie de Joseph Smith. Sa présence donne du courage aux autres cohabs de la prison. Les saints des derniers jours considèrent ces prisonniers comme des martyrs et leur offrent une réception de gala quand ils sont libérés.

Les arrestations sont un problème, mais ce qui fait le plus de tort à l’Église, c’est son incapacité d’acquérir et d’utiliser des fonds pour promouvoir son œuvre et la perte des droits politiques. Pour protéger de la confiscation des biens personnels fonciers pour une valeur de $3 millions, l’Église demande à des membres éminents de prendre en charge la propriété de certains biens à titre d’administrateurs. Des associations sans but lucratif se créent pour détenir les propriétés, notamment les trois temples de l’Utah. Des associations de paroisse et de pieu reprennent les églises, les maisons de dîme et le bétail locaux de l’Église. Beaucoup de pieux créent des académies avec la dîme que l’Église leur confie.

Les receveurs fédéraux confisquent pour environ $800.000 de propriétés non confiées à des privés ou à des associations et ensuite rendent à l’Église certaines propriétés à titre locatif, comme le Temple Block à Salt Lake City. Les dirigeants de l’Église mettront à l’épreuve le caractère constitutionnel des confiscations, mais en 1890 la Cour suprême confirmera la nouvelle loi par un vote de 5 contre 4. La destruction économique de l’Église paraît certaine.

Cette croisade économique va de pair avec un assaut politique. Toutes les femmes, des milliers de saints masculins et tous les immigrants convertis ayant perdu leurs droits civiques, les politiciens anti-mormons prennent le contrôle des gouvernements d’Ogden et de Salt Lake City. En Idaho, pratiquement tous les membres de l’Église ont perdu leurs droits civiques par un serment-test exigeant d’eux qu’ils disent sous serment qu’ils ne croient pas ou n’appartiennent pas à une Église qui croit au mariage plural. Quand la Cour suprême confirme en 1890 le serment-test de l’Idaho, les anti-mormons présentent au Congrès le projet de loi Cullom-Struble qui veut ôter leurs droits civiques à tous les saints des derniers jours de partout (voir Histoire juridique et judiciaire de l’Église).

Économiquement paralysée, ses membres privés de leurs droits politiques, l’Église se trouve devant des perspectives d’avenir catastrophiques si elle ne met pas fin à sa pratique du mariage plural. Le président Woodruff consulte les dirigeants et prie avec ferveur pour savoir quoi faire. Après réception d’une révélation divine, il publie, le 24 septembre 1890, le Manifeste qui annonce la fin officielle du mariage plural. « Le Seigneur, par la vision et la révélation, m’a montré très exactement ce qui se produirait si nous n’arrêtions pas cette pratique, dira plus tard le président Woodruff. Il m’a dit exactement quoi faire, et ce que serait le résultat si nous ne le faisions pas » (Deseret Evening News, 14 nov. 1891). Le Manifeste affirme que l’Église a mis fin à l’enseignement du mariage plural et ne permet pas de nouveaux mariages pluraux. Le président Woodruff déclare qu’il se soumet aux lois du pays et invite les membres de l’Église à faire de même. À la conférence générale du 6 octobre 1890, l’Église accepte le Manifeste. Celui-ci sera intégré aux Doctrine et Alliances en 1908.

Parlant pour la Première Présidence, George Q. Cannon explique qu’une révélation de 1841 est d’application en 1890 ; elle donnait pour instructions aux membres de l’Église que quand des « ennemis tombent sur eux et les empêchent d’accomplir cette œuvre, voici, il me convient de ne plus la requérir de la part de ces… hommes, mais d’accepter leurs offrandes » (D&A 124:49). La plupart des saints accepteront la nouvelle directive, mais pas facilement et pas tous. En effet, un nombre limité de nouveaux mariages pluraux vont se faire au cours de la décennie suivante jusqu’à ce que les dirigeants de l’Église déclarent que quiconque persiste dans cette pratique risque l’excommunication.

Avec la publication du Manifeste, les hostilités s’apaisent et l’Église écrit une nouvelle ère de coopération. Il sera généralement admis que les maris ne seront pas tenus de répudier leurs épouses plurales et leurs enfants, et les procureurs locaux deviendront très cléments quand il s’agira de punir ceux qui sont accusés de polygamie. Benjamin Harrison, président des États-Unis, qui, en 1891, visite l’Utah et serre la main au président Woodruff, accorde, en 1893, une amnistie limitée aux saints suivie d’une amnistie générale accordée, en 1894, par Grover Cleveland. Après le Manifeste et les amnisties, les Autorités générales vont reprendre leurs fonctions administratives normales.

Voulant obtenir le statut d’État pour l’Utah, les dirigeants de l’Église invitent les saints d’Utah à se joindre aux partis politiques nationaux et à devenir démocrates ou républicains. Un Congrès républicain passe, en 1894, une loi d’habilitation que le président démocrate Grover Cleveland signe. L’Utah écrit une nouvelle constitution qui interdit le mariage plural et assure la séparation de l’Église et de l’État. Le 4 janvier 1896, l’Utah devient un état, presque cinquante ans après que Brigham Young a réclamé ce statut (voir Utah en tant qu’état).

En 1896, les Autorités générales acceptent un « Manifeste politique » stipulant qu’aucune d’elles ne se présentera pour un poste élu sans l’approbation préalable des autorités présidentes de l’Église. Quand Moses Thatcher, un apôtre, refuse de signer le document, il est relevé du Collège des Douze.

Pendant les années 1890, le nombre de missionnaires de l’Église va presque tripler. Dans le Pacifique, l’œuvre missionnaire pénètre à Samoa en 1888 et au Tonga en 1891. En 1898, la mission australasienne est divisée en mission australienne et mission de Nouvelle-Zélande. Certains saints hawaïens émigrent en Utah et créent une colonie à Iosepa, dans l’ouest de l’Utah. L’œuvre missionnaire reprend en Californie en 1892 et dans l’Est des États-Unis en 1893. Le prosélytisme continue en Europe, bien que l’émigration en provenance de là diminue de 50% dans les années 1890 par rapport aux années 1880. Dans les années 1890, l’Église, bien ancrée en Amérique et occupant la plupart des bonnes terres dans l’Ouest, demande que l’émigration prenne fin et que les convertis d’outre-mer édifient des pieux dans leur patrie plutôt que de se rassembler en Sion.

La loi Edmunds-Tucker renforce les écoles d’État, qui excluent l’enseignement de la religion. En réaction, l’Église commence à donner des cours de religion après école dans les églises et fonde des académies ou des lycées dans les colonies plus importantes. Entre 1888 et 1891 on ouvre trente et une académies de l’Église en Utah, en Idaho, en Arizona, au Canada et au Mexique.

Les années 1890 voient les femmes de l’Église étendre leur action et démontrer leurs droits politiques. Continuant leur affiliation aux mouvements des femmes dans l’Est, elles deviennent membres du Conseil national des femmes et trouvent auprès de leurs collègues de l’Est des alliées importantes dans leur combat contre la privation des droits civiques. Les efforts soutenus par la Société de secours pour obtenir le droit de vote ont pour résultat que le suffrage des femmes est garanti dans la Constitution de l’État d’Utah de 1895.

Après quarante ans, la construction du temple de Salt Lake City est terminée et le temple est consacré en avril 1893. Après de brèves portes ouvertes le 5 avril, première occasion donnée aux non-membres de visiter un temple, l’édifice sacré est consacré le 6 avril, quarante ans après la pose de la pierre angulaire. Le service de consécration sera répété entre le 6 avril et le 18 mai et comprend cinq sessions réservées aux enfants en dessous de l’âge du baptême ; quelque 75.000 saints des derniers jours seront présents. Ensuite les membres de l’Église n’entreront dans le temple que pour accomplir des ordonnances pour les vivants et les morts. L’année suivante, le président Woodruff annonce par révélation que les groupes de familles n’ont plus besoin d’être scellés par adoption à des dirigeants éminents de la prêtrise (voir Loi de l’adoption), mais qu’ils doivent être scellés par lignage en remontant aussi loin que possible dans le temps. En conséquence, les membres vont commencer à faire leur généalogie et à accomplir des ordonnances de scellement pour leurs ancêtres sur plusieurs générations. L’Église crée la Société généalogique d’Utah pour aider des chercheurs.

En 1893, le Chœur du Tabernacle de Salt Lake City, pendant qu’il fait une grande tournée, chante à l’Exposition universelle de Chicago et remporte le deuxième prix dans un concours important. La Première Présidence entière accompagne le chœur, ce qui est la première fois qu’un président de l’Église se rend dans l’Est depuis l’émigration vers l’Ouest presque cinquante ans plus tôt. Cette représentation inaugure une nouvelle image publique de l’Église, bien que cette même année l’Église se voie refuser une représentation au Parlement mondial des Religions, également réuni à Chicago.

Il y aura d’autres événements importants sous la direction de Wilford Woodruff : en novembre 1896, le jour de jeûne mensuel de l’Église passe du premier jeudi au premier dimanche du mois, une pratique qui existe encore aujourd’hui ; en 1897, la coutume du rebaptême prend fin. La même année, Wilford Woodruff, lui-même pionnier de 1847, préside la commémoration par toute l’Église de l’entrée dans la vallée du lac Salé cinquante ans auparavant. Salt Lake City organise des célébrations avec des défilés, des programmes, et l’inauguration d’un monument à Brigham Young.

Pendant les années 1890, l’Église et l’Utah entrent, économiquement aussi bien que politiquement, dans la société américaine. Beaucoup d’entreprises coopératives deviennent privées et la plupart des commerces patronnés par l’Église sont vendus ou se lancent dans la concurrence en tant qu’entreprises productrices de revenus. Mais l’intégration dans l’économie nationale ne se fait pas sans douleur. La précédente confiscation des propriétés et la diminution du paiement de la dîme provoquées par la croisade contre la polygamie ont fait beaucoup de mal à l’Église, de même que la dépression nationale de 1893. Les dirigeants sont forcés d’emprunter massivement aux financiers de l’Est pour payer les dettes et satisfaire aux obligations et en 1898 les dettes de l’Église dépassent $1.250.000. Cependant, en dépit de la dette et d’une dépression nationale, l’Église favorise et investit dans des industries de base telles que la fabrication de sucre de betteraves, l’énergie hydroélectrique et un choix d’entreprises minières et de transport pour étendre la base économique du Grand Bassin et profiter aux collectivités des saints des derniers jours (Voir Histoire économique de l’Église).

Avec la fin des mariages pluraux et le fait que l’Utah devient un État et entre dans le système général américain en matière de politique et de finances, les saints des derniers jours entrent de plein pied dans une nouvelle ère. Quelque chose qui donne une idée du changement est la réponse de l’Église à la guerre hispano-américaine de 1898: la Première Présidence invite les jeunes gens de l’Église à soutenir l’effort national, démontrant ainsi le patriotisme et la loyauté des saints.

Wilford Woodruff décède le 2 septembre 1898, à San Francisco, à l’âge de quatre-vingt-onze ans. Selon ses instructions, une nouvelle Première Présidence est immédiatement désignée, Lorenzo Snow devenant le cinquième président de l’Église.
 
Bibliographie
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Arrington, Leonard J. Great Basin Kingdom : An Economic History of the Latter-day Saints, 1830-1900. Lincoln, Neb., 1966.
Larson, Gustive O. The “Americanization” of Utah for Statehood. San Marino, Calif, 1971.
Lyman, Edward Leo. Political Deliverance : The Mormon Quest for Utah Statehood. Urbana et Chicago, 1986.
Roberts, B. H. A Comprehensive History of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, Century 1. Vol 6. Provo, Utah, 1965 (réimpression).

Histoire de l’Église : 1898-1945, Transitions : Période du début du vingtième siècle
Auteurs : SADLER, RICHARD W. et WALKER, RONALD W.
 
[Au moment où s’ouvre le nouveau siècle, les finances de l’Église souffrent des séquelles de la croisade fédérale contre la polygamie et le public doute que sa proclamation récente de la cessation du mariage plural soit vraiment entrée en vigueur. Après avoir traité de l’évolution dans ces deux domaines, cet article examine l’intégration des saints des derniers jours dans la société américaine, notamment la position de l’Église sur la guerre et la paix. Il passe aussi en revue les efforts de systématisation qui accompagnent la croissance régulière tout au long de cette période. 

En plus des correspondances qui se trouvent dans le texte, les articles généraux sur le sujet sont : Organisation : Histoire de l’organisation et de l’administration et Histoire économique de l’Église. Une fête du Centenaire accompagne le centième anniversaire de l’Église en 1930. Lorenzo Snow, Joseph F. Smith et Heber J. Grant sont les présidents de l’Église pendant cette période.]

L’Église aborde le vingtième siècle en état de siège et dans l’isolement. L’expérience des saints jusqu’ici est constituée d’une fondation, d’un exode vers l’Ouest américain isolé, de la création à cet endroit d’un royaume spirituel et temporel de Dieu et d’affrontements avec une société américaine peu compréhensive et souvent hostile. Pourtant l’année 1898 est une plaque tournante. Après la mort de Wilford Woodruff en septembre, Lorenzo Snow (1898-1901) lui succède et entreprend une série de changements visant à produire un renouveau et une redéfinition. Avec ses successeurs, Joseph F. Smith (1901-1918) et Heber J. Grant (1918-1945), il réagit aux changements radicaux de la première moitié du vingtième siècle et s’efforce de préserver les vieilles valeurs dans un monde en mutation rapide. Il en résulte qu’au milieu du siècle l’Église est acceptée et intégrée dans la société américaine, et qu’elle est plus vigoureuse et plus vivante que personne sauf ses défenseurs les plus vigoureux aurait pu le prévoir un demi-siècle plus tôt.

Les finances constituent le problème le plus urgent. La croisade contre la polygamie (voir Législation contre la polygamie) a gravement détérioré les revenus et les capitaux, d’abord par l’incarcération des dirigeants qui gèrent normalement les dons et en second lieu par la saisie et la mauvaise gestion des biens de l’Église. La panique de 1893 et la dépression qui en est résultée ont encore aggravé la situation. Espérant fournir de l’emploi et stimuler l’économie locale, les dirigeants ont emprunté de l’argent pour financer des travaux publics et des entreprises commerciales. Le président Snow met rapidement fin à cette pratique. Son administration sabre dans les dépenses, vend les biens non essentiels et exhorte les disciples fidèles à augmenter leurs contributions financières.

Il annonce de manière spectaculaire cette nouvelle politique lors d’une tournée de prédication dans le sud de l’Utah. En mai 1899, parlant aux membres assemblés à St-George, il promet que s’ils se conforment fidèlement au code de la dîme, un code de l’Église qui existe de longue date, ils en seront bénis et que cela libérera en même temps l’Église de ses dettes. Une année après la campagne du président Snow en faveur de la dîme, les revenus de l’Église auront doublé. Les dirigeants invitent aussi à faire des dons en argent liquide au lieu de denrées en nature et instituent des procédures systématiques de dépenses et d’apurement. Grâce à ces réformes, le président Smith pourra annoncer, dès 1907, que l’Église est enfin sortie de dettes. Les recettes annuelles de dîme s’élèvent à $1,8 millions, alors qu’en 1898 la dette de l’Église était de $1.25 millions. De plus, l’Église a des propriétés pour plus de $10 millions. L’Église n’aura plus jamais recours au déficit budgétaire, même pendant la grande Dépression.

Les réformes du président Snow n’excluent pas la détention de biens d’investissement ni l’administration d’entreprises par des dirigeants et des directeurs de l’Église (voir Histoire économique de l’Église). Certaines entreprises, comme le Deseret Telegraph, la Utah Light and Railway Company et le Saltair Resort au Grand Lac Salé seront privatisées, mais l’Église investira particulièrement dans les entreprises qui font progresser ses buts sociaux ou institutionnels. Elle conserve le Deseret News et, au début des années 1920, les dirigeants créent l’une des premières stations radio du pays, qui deviendra plus tard radio KSL. Le Salt Lake Theater, le théâtre pionnier, est rendu à l’Église pour donner des spectacles autorisés – mais ce sera pour fermer au début de la Dépression par manque de rentrées et à cause de ce que les dirigeants de l’Église considèrent comme un déclin des valeurs théâtrales. 

S’inspirant du précédent de la maison de Nauvoo, on construit l’hôtel Utah de Salt Lake City pour détourner les touristes des hôteliers non mormons hostiles et pour améliorer l’image de l’Église. La Beneficial Life Insurance Company fournit des assurances bon marché. La Utah Sugar Company, transformée en Utah-Idaho Sugar Company, continue à fournir aux fermiers locaux un marché pour leur récolte la plus importante en argent liquide, tandis que la Zion’s Cooperative Mercantile Institution (ZCMI) et la Zion’s Savings Bank & Trust fournissent au public des services de la vente au détail et des services bancaires concurrentiels. Cette politique altruiste d’investissement est également pratiquée à un niveau plus vaste. Les dirigeants de l’Église font partie du conseil d’administration d’autres sociétés importantes pour la région.

Ces investissements et les préoccupations sociales qu’ils expriment remontent à l’idéal pionnier de préoccupation pour le bien-être de la collectivité. Ce n’est d’ailleurs par le seul reste du passé. Le mariage plural continue à être un problème perturbant pour les saints des derniers jours et attire l’attention de tout le pays sur l’Église, en particulier pendant les mandats des présidents Snow et Smith. Si beaucoup de membres ont pu croire que le Manifeste de 1890 a mis fin au mariage plural, d’autres interprètent la déclaration comme un simple transfert de la responsabilité de sa pratique de l’Église à l’individu. En conséquence, de 1890 à 1904 certains mariages pluraux vont continuer, quoique à un niveau considérablement réduit. De plus, si certains maris cessent de vivre avec leurs épouses plurales, la plupart estiment avoir l’obligation morale et spirituelle de continuer de s’occuper de leurs familles.

Cette confusion et cette ambiguïté débordent sur la politique. En 1898, B.H. Roberts, membre du premier conseil des soixante-dix, et mari de trois épouses, est élu à la chambre des représentants des États-Unis. La Salt Lake Ministerial Association [association de pasteurs] et des organisations semblables dans d’autres endroits vont se servir de l’élection de Roberts pour concentrer l’attention sur la poursuite du mariage plural, accusant l’Église de ne pas respecter les accords qui ont permis à l’Utah de devenir un état. Des pétitions anti-Roberts contenant sept millions de signatures inondent le Congrès et la Chambre finit par lui refuser son siège.

Plus grave encore est le cas de Reed Smoot. L’élection en 1903 de Smoot, membre monogame du Collège des douze apôtres au Sénat des États-Unis provoque une fois de plus un tollé national. La commission sénatoriale sur les privilèges et les élections commence en 1904 des audiences sur Smoot (voir Smoot – Audiences), mais le Congrès se concentre plus souvent sur l’Église elle-même. Est-ce que l’Église et l’État sont vraiment séparés en Utah ? L’Église contrôle-t-elle la conduite de ses membres ? Incite-t-elle à la polygamie et à la cohabitation polygame ? Pendant l’enquête, qui va durer deux ans, Joseph F. Smith et d’autres dirigeants vont témoigner devant le comité. D’autres, comme Matthias F. Cowley et John W. Taylor, soupçonnés d’accomplir des mariages pluraux depuis le Manifeste, refusent. Pour mettre fin à la polémique et démontrer la bonne volonté de l’Église de faire de la question une affaire de discipline, le président Smith annonce un « Second Manifeste » qui interdit formellement tout futur mariage plural. Il exige aussi la démission de Cowley et de Taylor du Conseil des Douze. En 1907, le Sénat, suite à un vote serré, permet à Smoot de conserver son siège.

Le mariage plural ne va quand même pas disparaître entièrement, même devant la politique maintenant résolue du président Smith et plus tard du président Grant. Les frères Cowley et Taylor, par exemple, vont subir une action disciplinaire supplémentaire pour poursuite des mariages pluraux, le premier en étant « disqualifié » tandis que Taylor, après avoir pris une épouse plurale supplémentaire, sera excommunié. Leur conduite est semblable à celle d’un nombre de plus en plus important d’anciens mormons au vingtième siècle. Qualifiés de fondamentalistes, ils préfèrent accepter l’excommunication automatique plutôt que d’abandonner le mariage plural ou de renoncer à d’autres pratiques du dix-neuvième siècle. À la différence de la généralité des saints des derniers jours, qui sont renforcés dans leur croyance en la révélation donnée aux prophètes du jour et abordent donc les temps nouveaux d’une manière nouvelle, les Fondamentalistes affrontent le monde moderne en regardant en arrière.

La question du mariage plural ne disparaît pas non plus dans la presse populaire. Pendant la première décennie du vingtième siècle et même plus tard, l’Église va être harcelée publiquement par les journalistes à scandale et les adversaires politiques en Utah. Les journaux, les périodiques et le cinéma, tant en Europe qu’aux États-Unis, vont faire du sensationnel (souvent romancé) avec la polygamie, décrire les dirigeants de l’Église comme des autocrates et traiter l’Église d’antiaméricaine et antichrétienne (voir Publications antimormones ; Stéréotypes sur les saints des derniers jours). Les vieilles accusations d’atrocités commises par les Danites et d’expiation par le sang refont surface. En Utah, l’assaut est mené par deux anciens sénateurs américains, Frank J. Cannon et Thomas Kearns, qui se servent du Salt Lake Tribune pour lancer des attaques virulentes contre Smoot et l’Église et pour soutenir l’American Party. Ce parti politique antimormon éphémère dominera le gouvernement de Salt Lake City de 1905 à 1911.

L’Église va essayer d’affronter ce barrage d’insultes malgré la violence de l’opposition. Les premiers efforts vont consister à transformer le Saltair Resort et le Temple Square de Salt Lake City en centres pour visiteurs. Avec les orgues et le Chœur du Tabernacle mormon comme attractions, ce dernier site va, dès 1905, recevoir annuellement 200.000 visiteurs. À partir de ce moment-là, le nombre de visiteurs va augmenter rapidement. Quand c’est possible, les dirigeants publient des réfutations dans les journaux à sensation. En outre une réfutation systématique sera lue en 1911 pendant la conférence générale de l’Église. La réplique la plus compétente et la plus durable viendra de B.H. Roberts. De 1909 à 1915, il publie une série d’articles sur l’histoire mormone dans le périodique Americana. Ils seront plus tard rassemblés pour constituer les six tomes de la Comprehensive History of the Church de Roberts.

De plus en plus, des hommes et des femmes extérieurs à l’Église vont aussi défendre les saints des derniers jours. Déjà en 1900, C. C. Goodwin, ancien rédacteur du journal antimormon Salt Lake Tribune et détracteur de longue date, qualifie franchement les mormons d’efficaces, prospères et généralement agréables. L’éminent sociologue Richard T. Ely fait l’éloge de la vie de groupe des saints. Morris R. Werner publie une biographie de Brigham Young où l’on ne retrouve pas les stéréotypes et l’hostilité antérieurs. Ces ouvrages qui rompent avec les habitudes vont être suivis d’autres. À la fin des années 1920, le président Grant peut concéder que l’on peut mettre dans les médias quasiment tout ce que l’Église pourrait demander. En fait, le magazine Time met le président Grant en couverture, tandis que les studios de Hollywood font des films aussi favorables que Union Pacific et Brigham Young. 

Le changement d’attitude du public est dû en partie à l’intégration des membres de l’Église dans la société américaine. Les saints des derniers jours du dix-neuvième siècle avaient étendu leurs colonies agricoles dans tout l’Ouest montagneux et même au Canada et au Mexique (voir Colonisation), mais leurs communautés agraires étaient souvent des enclaves provinciales très unies. Par contre, du fait de l’émigration des saints vers l’extérieur au vingtième siècle, les membres de l’Église vont maintenant fréquenter leurs concitoyens américains en milieu urbain. Pendant les années 1920, par exemple, le pourcentage de saints des derniers jours vivant dans l’Intermountain West diminue tandis que celui des saints vivant sur la côte occidentale américaine augmente. En 1923 est créé le pieu de Los Angeles, premier pieu moderne en dehors de la zone culturelle mormone traditionnelle. Entre 1919 et 1927, le nombre de saints des derniers jours en Californie augmente de moins de 2.000 à plus de 20.000. La dispersion de l’Église au vingtième siècle commence tout d’abord par la migration d’un grands nombre vers la Côte ouest, ensuite et de plus en plus vers l’Est et le Midwest.

Le contact direct avec les voisins diminue les barrières culturelles, religieuses et même émotionnelles, permettant aux mormons et aux non-mormons de mieux s’apprécier. Le nombre de plus en plus important d’Américains prospères qui sont aussi saints des derniers jours ou nés en Utah accélère le processus. Maud Adams connaît un immense succès en incarnant Peter Pan dans un spectacle à grand succès. Les inventions de Philo T. Farnsworth sont à l’origine de la télévision. Cyrus Dallin et Mahonri Young se distinguent dans les arts.

Les saints des derniers jours sont particulièrement attirés vers les affaires publiques. Edgar B. Brossard devient membre et puis président de la Commission tarifaire des États-Unis. J. Reuben Clark, Jr., parvient aux échelons supérieurs de la bureaucratie du Département d’État et termine sa carrière au gouvernement comme ambassadeur au Mexique. Pendant le New Deal, Marriner S. Eccles est président du système de la Réserve fédérale. James H. Moyle est adjoint du Secrétaire au Trésor de 1917 à 1921, tandis que William Spry est commissaire aux terres publiques de 1921 à 1929. Heber M. Wells est trésorier du US Shipping Board. Richard W. Young devient commissaire des États-Unis aux Philippines et reviendra de la Première Guerre mondiale en tant que premier général de l’armée régulière que compte l’Utah. Pour les membres d’une minorité religieuse jadis persécutée, chaque succès personnel de ce genre est le signe que l’Église est de plus en plus acceptée et que son prestige s’accroît. Les « gens du dehors » deviennent des « gens du dedans ».

Deux membres de l’Église ont une influence disproportionnée dans la création de la nouvelle image de l’Église. L’un d’eux est Reed Smoot. Distant, mais honnête et tout à fait inlassable dans son dévouement aux devoirs du gouvernement et aux intérêts de l’Église, Smoot restera trente ans au sénat. Président du puissant Comité des finances du sénat, il exerce une influence majeure dans la politique économique américaine. Plus que n’importe quel autre saint des derniers jours dans les services publics, il personnifie l’Église, apaisant les doutes au sujet de son patriotisme et de son intégrité par sa personnalité et sa présence.

L’autre est le président Heber J. Grant. Il est dans les affaires par goût et c’est son premier métier. Ses manières simples et son sens des affaires charment une époque vouée à l’esprit d’entreprise. Les non-mormons apprécient tout particulièrement ses discours. Quand il termine une allocution devant le San Francisco Commonwealth Club, il est applaudi par des cris de « Encore ! Encore ! » Quand il parle à la deuxième conférence de l’agriculture, de l’industrie et de la Science de Dearborn, les « Chemurgicians » lui font à deux reprises une ovation. Son ministère de relations publiques est plus que faire des discours. Il organise des tournées du Chœur du Tabernacle. Il fait personnellement visiter Salt Lake City à des personnalités de renommée nationale dans les affaires et la politique et cultive leur amitié. Il rend visite à la Maison Blanche aux présidents des États-Unis Warren G. Harding, Calvin Coolidge, Herbert Hoover et Franklin D. Roosevelt. Si le président Grant est respecté par son propre peuple, les non-mormons l’aiment et l’idéalisent aussi.

La croissance vigoureuse de l’Église pendant cette période témoigne de ce que son image est plus positive. La population va plus que tripler pendant le demi-siècle ; les totaux des années 1900 à 1945 passent de 268.331 à 979.454. Avant 1898 l’Église avait organisé 37 pieux (16 seront supprimés) ; en 1945, 116 autres auront été ajoutés. Le nombre de missionnaires de l’Église change et augmente en conséquence, rajeunissant, attirant plus de célibataires et, après 1898, comprenant un nombre croissant de jeunes filles. À la fin du siècle, on appelle moins de 900 missionnaires par an ; en 1940, il y en aura 2.117.

L’œuvre missionnaire continue à être une préoccupation importante. La nouvelle mission la plus ambitieuse est le Japon, ouvert en 1901 par des missionnaires dirigés par Heber J. Grant, alors apôtre. Trois ans plus tard, la mission mexicaine est rouverte. Les années 1920 vont voir plus de 11.000 convertis de langue allemande. Néanmoins c’est des régions d’expression anglaise que viennent la plupart des convertis : de Grande-Bretagne, du Canada et des États-Unis et c’est la mission des États du Sud qui a le plus de succès. Malheureusement, là comme ailleurs, les missionnaires sont soumis à des actes de violence physique. Au début du siècle, le nombre annuel de baptêmes de convertis était de 3.786 ; un demi-siècle plus tard, il atteint 7.877.

L’Église cherche à rendre son prosélytisme plus efficace. Au lieu d’être envoyés sans « bourse ni sac », la plupart des missionnaires sont maintenant soutenus financièrement par leur famille ou leur assemblée locale. Des cours de formation des missionnaires sont organisés dans les académies et les universités de l’Église. Au milieu des années 1920, on inaugure un « Foyer de mission » à Salt Lake City pour les sœurs et les anciens qui partent. Les missionnaires y reçoivent pendant quinze jours des leçons sur le régime alimentaire, l’hygiène, les bonnes manières et surtout les techniques missionnaires et la doctrine de l’Église. La période produit aussi de nouvelles brochures missionnaires. Charles W. Penrose écrit une série intitulée Rayons de Lumière vivifiante, James Talmage écrit La grande Apostasie et Ben E. Rich écrit Une Discussion amicale. Pour conserver l’esprit de son héritage et pour aider à raconter son histoire, l’Église achète des sites importants pour les débuts de son histoire (voir Sites historiques) : la prison de Carthage en Illinois (1903), où Joseph Smith et son frère Hyrum ont été tués, une partie de l’emplacement du temple d’Independence (Missouri) (1904), le lieu de naissance de Joseph Smith à Sharon (Vermont) (1905-1907) et la ferme des Smith à Manchester (New York) (1907). À chacun de ces endroits, l’Église construira par la suite un centre pour visiteurs.

Ce qui caractérise sans doute plus l’époque que l’expansion, c’est la consolidation interne. La succession de Lorenzo Snow à la présidence est symptomatique. Pour la première fois, l’accession du doyen des apôtres au poste de président de l’Église se fait en quelques jours au lieu des interrègnes d’environ trois ans du passé (voir Succession à la présidence). Conscient de la complexité croissante de l’Église, le président Snow exhorte les Autorités générales à consacrer leur temps plein à leur ministère. En 1941, il ne s’agit plus simplement d’une question d’efficacité de la direction, mais d’expansion. « La croissance rapide de l’Église ces derniers temps, la création d’un nombre toujours plus grand de paroisses et de pieux… [et] la nécessité constamment pressante d’augmenter le nombre et l’efficacité de nos missions », remarque la Première Présidence en 1941, « ont donné lieu à un service apostolique de la plus grande magnitude » (CR d’avr. 1941, p. 94-95). En réponse à ces nouvelles exigences, cinq hommes sont nommés Assistants des Douze. Contrairement aux officiers à court terme qui continuent à occuper la plupart des postes de l’Église, les officiers « généraux » de l’Église, une trentaine, sont maintenant rétribués et accomplissent un ministère à temps plein pour le reste de leur vie.

Le gouvernement de la prêtrise va aussi changer. La première moitié du siècle assiste à une décentralisation graduelle de la prise de décision, les dirigeants de pieu et les dirigeants locaux recevant une autorité accrue. L’Église réduit la taille des pieux pour les rendre plus fonctionnels et met davantage l’accent sur « l’enseignement de paroisse » (voir Enseignement au foyer). Avec des districts plus petits et un nombre plus grand de garçons et d’hommes affectés à l’enseignement, le pourcentage des familles recevant des visites mensuelles passe de 20% en 1911 à 70% une décennie plus tard. Finalement, et c’est un changement important par rapport à la pratique pionnière, les membres sont invités à porter les conflits profanes devant les tribunaux civils et pénaux plutôt que devant les tribunaux de l’Église. Jadis le moyen de trancher les problèmes sociaux et économiques, les tribunaux de l’Église s’occupent maintenant exclusivement de discipline religieuse.

Les collèges de la prêtrise sont renforcés. Les réunions de prêtrise se tiennent maintenant chaque semaine et la qualité des réunions est améliorée grâce à des manuels de cours créés au niveau central. En 1906, Joseph F. Smith élabore un programme d’avancement progressif dans la prêtrise pour les jeunes gens. Sous condition de dignité, les jeunes gens reçoivent l’ordination à l’office de diacre à l’âge de douze ans, d’instructeur à quinze et de prêtre trois ans plus tard. De leur côté, les hommes dignes reçoivent l’office d’ancien et de grand prêtre, ce qui change la pratique du dix-neuvième siècle de nommer une majorité de soixante-dix parmi les adultes. En 1910, les collèges de grands prêtres et de soixante-dix sont réalignés pour coïncider avec les frontières de pieu, ce qui permet aux autorités locales d’exercer une meilleure direction.

La tendance à la consolidation se manifeste aussi dans les organisations auxiliaires de l’Église. Les programmes des jeunes, précédemment informels, divers et administrés localement, cèdent de plus en plus la place à des programmes de groupes d’âge centralisés et à des programmes d’études unifiés. La Primaire des enfants ne dessert plus les jeunes plus âgés, tandis que la Société d’amélioration mutuelle des Jeunes Gens (SAMJG) et sa contre-partie chez les jeunes filles (SAMJF) comprend lles adolescents à partir de douze ans (voir Jeunes Gens ; Jeunes Filles). On utilise d’abord les programmes nationaux des Boy Scouts et des Campeuses pour les jeunes membres de la SAM (voir Supervision), mais on ne tardera pas à abandonner ce dernier programme en faveur d’un programme interne. Les programmes d’activité prennent de plus en plus d’importance. Maintenant que l’École du Dimanche et les collèges de prêtrise donnent une formation doctrinale, la SAM se tourne de plus en plus vers la danse, le théâtre, la musique et le sport. Le siège de l’Église crée un magazine pour chaque auxiliaire : La Primaire a le Children’s Friend (1902) l’École du Dimanche, le Juvenile Instructor (1900), qui deviendra l’Instructor (1929). La SAMJG a l’Improvement Era (1897), la SAMJF le Young Woman’s Journal (1889) ; en 1929, les deux fusionnent et l’Improvement Era     devient la publication des deux. Les articles, les cours et les programmes sont périodiquement passés en revue et coordonnés. Par exemple, un Comité général de coordination de l’Église et le Comité consultatif social s’unissent pour publier un rapport crucial et de grande envergure en 1921 (voir Coordination de l’administration de l’Église).

La Société de secours connaît ces mêmes tendances. Ses trois premières présidentes du vingtième siècle, c à d Zina D. H. Young (1888-1901), Bathsheba W. Smith (1901-1910) et Emmeline B. Wells (1910-1921), se souvenaient toutes de l’organisation de Nauvoo. Pour elles, les réunions des femmes devaient être spontanées, spirituellement actives et conçues localement. Mais le nouveau siècle va redéfinir leur vision. En 1901, quelques plans de leçons sont créés provisoirement. Douze ans après, avec la recommandation d’un comité de coordination de l’Église, les dirigeantes de la Société de secours vont adopter un programme d’études uniforme prescrit. Elles mettent aussi en application un jour uniforme de réunion (le mardi), des registres et un message mensuel pour les instructrices visiteuses qui font des visites mensuelles dans les foyers. En 1915, un magazine officiel de la Société de secours remplace le semi-indépendant Woman’s Exponent, qui était l’organe de la Société de secours depuis 1872. Bien que la Première Présidence approuve au début la poursuite de la pratique de la guérison par la prière par les femmes, souvent entreprise de matière impromptue lors des réunions, celle-ci va diminuer et sera abolie au milieu du siècle. Autre signe de centralisation sous la direction de la prêtrise, la Société de secours est abritée dans le Bishop’s Building et reçoit de plus en plus ses directives de l’Épiscopat Président plutôt que de la Première Présidence. Bien que la Société de secours ait précédemment joué un rôle dans l’élaboration et la supervision de la Primaire et de la SAMJG, cette supervision des auxiliaires des enfants et des jeunes prend fin.

Clarissa S. Williams (1921-1928), Louise Y. Robison (1928-1939) et Amy Brown Lyman (1940-1945), présidentes successives de la Société de secours, collaborent à ces changements. Parlant pour le modernisme et l’efficacité, elles et leurs comités consultatifs abandonnent des tâches du passé telles que l’industrie locale, la culture de la soie et la vente au détail par magasin de distribution, en faveur de l’action au sein de la collectivité, de l’œuvre sociale « scientifique » ou professionnellement qualifiée, des campagnes contre l’alcool, le tabac et la délinquance et, pendant la grande Dépression, le secours public. Ce dernier effort est crucial. « Dans la mesure où les organisations de Société de secours dans les paroisses fonctionnent en coopération avec les collèges de la prêtrise et les épiscopats », déclare Harold B. Lee, qui dirige les efforts d’entraide de l’Église, « il y a, dans cette même mesure, un programme de sécurité [entraide] dans cette paroisse » (Relief Society Magazine 24, 1e mars 1937, p. 143). Ces efforts répondent à l’idéal féminin mormon du début du vingtième siècle. Les femmes doivent encourager, adoucir et aider. Tandis que les dirigeantes des femmes continuent à jouer un rôle actif au Conseil national et international des femmes, les femmes ordinaires sont moins actives dans les rôles politiques, sociaux et professionnels que dans le ménage.

Plusieurs problèmes doctrinaux sont réglés, autre indication que la systématisation est en cours. À partir des premières années de l’administration de Lorenzo Snow, les autorités de l’Église débattent du point de savoir avec quelle rigueur la Parole de Sagesse, la révélation de 1833 sur la santé, doit être respectée. En 1921, on tranche la question en faisant de l’abstinence d’alcool, de tabac, de thé et de café l’une des conditions d’admission dans les temples. Pendant les trois premières décennies du siècle, le code de santé va inciter la plupart des saints des derniers jours à soutenir la Prohibition au niveau local, de l’État et national.

En 1909, la Première Présidence publie une déclaration visant à clarifier la position de l’Église sur l’évolution. La déclaration ne traite pas de la façon dont la création a eu lieu, mais soutient que « Adam était le premier homme et qu’il a été créé à l’image de Dieu. » Mais le sujet continue à poser problème. Avec la question de la haute critique biblique, elle va causer, en 1911, la démission de trois professeurs de l’université Brigham Young et, deux décennies plus tard, à des discussions privées intensives parmi des dirigeants de l’Église.

En 1916, la Première Présidence et le Collège des Douze publient un deuxième exposé doctrinal important intitulé « le Père et le Fils ». Apparemment occasionné par des pamphlets antimormons accusant les dirigeants de l’Église de conférer la divinité à Adam, la déclaration définit les rôles respectifs des deux premiers membres de la Divinité. Peu avant sa mort, Joseph F. Smith reçoit une vision de l’œuvre missionnaire et de l’existence spirituelle dans l’au-delà, qui sera par la suite incluse en tant que section 138 dans les Doctrine et Alliances. En plus des sujets spécifiques, la doctrine et l’histoire générales de l’Église reçoivent un traitement systématique, souvent pour la première fois, par des ouvrages tels que Doctrine de l’Évangile, du président Smith, Les Articles de Foi et Jésus le Christ, de James E. Talmage les trois tomes de New Witnesses for God de B.H. Roberts.

Comme sa population est toujours essentiellement américaine, l’Église est particulièrement affectée par les événements qui se produisent pendant cette période aux États-Unis. Presque dès le début, l’administration du président Grant connaît des temps difficiles. L’agriculture et l’exploitation minière, deux des industries principales de l’Utah, s’effondrent dans les années 1920 et particulièrement dans les années 1930 pendant la grande Dépression. Le président Grant économise soigneusement les finances de l’Église, réduisant les dépenses et les projets de construction. Utilisant ses contacts avec le commerce et les dirigeants politiques du pays, il maintient à flot les principales entreprises appartenant à l’Utah et à l’Église. Il se préoccupe aussi du saint individuel. Après une préparation soigneuse, il annonce en 1936 le programme d’entraide de l’Église (voir Services d’entraide), qui essaie d’obtenir l’autonomie et les moyens de subsistance pour les nécessiteux en fournissant aussi bien du travail que les denrées nécessaires.

En dépit des temps difficiles, l’Église maintient ses fonctions premières. Juste avant l’affaissement économique, elle construit un bâtiment imposant de quatre étages à Salt Lake City. Des temples sont construits à Hawaï (1919), à Cardston (Alberta, Canada) (1923) et à Mesa, en Arizona (1927). L’éducation retient aussi l’attention. Entre 1875 et 1911, l’Église crée trente-quatre académies polyvalentes. Cependant, au fil des années, la détresse financière et l’acceptation croissante de l’instruction publique produisent des changements et beaucoup d’académies ferment ou sont reprises par l’État (voir aussi Éducation). L’Église ne va cependant pas abandonner entièrement son rôle éducatif. Un programme de séminaire hors école pour les lycéens est lancé en 1912 (voir Séminaires), et pendant les années 1920, des instituts de religion sont créés à l’intention des étudiants d’université, le premier à l’université d’Idaho.

Les guerres du vingtième siècle montrent le chemin que l’Église a parcouru par rapport à l’aliénation et à l’isolement du dix-neuvième siècle. Les saints des derniers jours soutiennent l’effort de guerre lors de la guerre hispano-américaine et l’intervention des États-Unis dans les deux guerres mondiales du vingtième siècle. Lors de la première, la Première Présidence publie une déclaration affirmant la loyauté des saints des derniers jours et télégraphie aux dirigeants locaux pour inviter à l’enrôlement. L’Utah sera l’un des premiers États à atteindre son contingent initial. La participation à la Première Guerre mondiale sera encore plus substantielle. Incertaine, au départ, du rôle qui lui incombe, l’Église àva finalement aider les Utahans à donner plus que la quote-part financière réclamée par le gouvernement pour l’état. En septembre 1918, l’Utah aura plus de 18.000 hommes sous les armes, dont près de la moitié volontaires. La participation à la Seconde Guerre mondiale sera plus réservée, peut-être à cause des appréhensions privées du président Grant et de son conseiller J. Reuben Clark à propos de la politique du New Deal. Néanmoins, en avril 1942, 6% de toute la population de l’Église en Amérique sera sous les drapeaux ou dans les industries liées à la défense ; d’autres s’engageront au Canada, en Grande-Bretagne et en Allemagne.

Bien que chacun des conflits connaisse certains courants pacifistes et même de l’opposition, la tendance générale est de reconnaître la nécessité de faire preuve de loyauté envers le gouvernement constitué. « L’Église est et doit être contre la guerre », déclare la Première Présidence en avril 1942. Pourtant quand « la loi constitutionnelle… appelle les hommes de l’Église au service armé du pays auquel ils doivent leur allégeance, leur devoir civique suprême exige qu’ils donnent suite à cet appel » (CR, p. 88-97 ; voir Guerre et paix).

Bien qu’il soit difficile d’évaluer la vie religieuse, les statistiques donnent une idée de l’impact de l’Église sur la vie quotidienne de son peuple. L’assistance aux réunions révèle une croissance vigoureuse tout au long de cette époque. En 1920, l’assistance hebdomadaire moyenne à la réunion de Sainte-Cène est de 16% ; en 1930, 19% ; en 1940, 23% et en 1950, 25%. Symptomatique de l’idéal familial de l’Église, le taux des naissances chez les saints dépasse la moyenne nationale, de même que le taux des mariages. Il ne fait aucun doute que le code de santé de l’Église se reflète dans le fait qu’en 1945 le taux de mortalité des saints est à peu près la moitié de la moyenne nationale.

Une étude plus précise des statistiques révèle que dans les premières décennies du vingtième siècle le nombre de naissances par famille de saints diminue, que l’âge au moment du mariage augmente et que le taux des divorces reflète souvent la tendance nationale – à la traîne mais allant dans la même direction que la tendance nationale, comme si l’assimilation était simplement incomplète (voir Statistiques démographiques).

Le demi-siècle aura apporté l’intégration sociale, culturelle et politique, la croissance et la consolidation, et des programmes qui ont redéfini et ont appliqué de nouveau des idéaux plus anciens de l’Église. Mais l’époque révèle aussi des indications que les membres de l’Église ne sont pas immunisés contre de grands courants tels que la laïcisation et même le matérialisme. Pour l’observateur, au milieu du siècle, les questions de base sont toujours là : L’Église pourra-t-elle préserver ses valeurs et son énergie traditionnelles ? Ou son entrée dans le monde moderne coûtera-t-elle au mouvement son identité et sa mission ?
 
Bibliographie
Survols de la période : 
Alexander, Thomas G. Mormonism in Transition : A History of the Latter-day Saints, 1890-1930. Urbana et Chicago, 1985.
Allen, JamesB. et Glen M. Leonard, The Story of the Latter-day Saints. Salt Lake City, 1976.
Arrington, Leonard J. et Davis Bitton. The Mormon Experience. New York, 1979.
Cowan, Richard O. The Church in the Twentieth Century. Salt Lake City, 1985.
Département d’Éducation de l’Église. Histoire de l’Église dans la Plénitude des temps. Salt Lake City, 1989.
Roberts, B. H. A Comprehensive History of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints. Salt Lake City, 1930.
Programmes, politique et enseignements de l’Église durant cette période :
Alexander, Thomas G. “Between Revivalism and the Soicial Gospel : The Latter-day Saints Social Advisory Committee, 1916-1922.” BYU Studies 23, Hiver 1983, p. 19-39.
Id., “The Reconstruction of Mormon Doctrine : From Joseph Smith to Progressive Theology”. Sunstone 5, juillet-août 1980, p. 24-33.
Id., « ‘To Maintain Harmony’ : Adjusting to External and Internal Stress, 1890-1930 ». Dialogue 15, Hiver 1982, p. 44-58.
Hartley, William G. “The Priesthood Reform Movement, 1908-1922”. BYU Studies 13, Hiver 1973, p. 137-156.
Hefner, Loretta L. « This Decade Was Different : Relief Society’s Social Services Department, 1919-1929 ». Dialogue 15, Automne 1982, p. 64-73.

Histoire de l’Église : 1945-1990, période internationale suivant la Deuxième Guerre mondiale
Auteurs : ALLEN, JAMES B. et COWAN, RICHARD O.
 
[Depuis la Deuxième Guerre mondiale, l’Église connaît une croissance internationale rapide… qu’elle doit gérer. Après avoir résumé le renouveau de l’après-guerre et l’accroissement du nombre de membres qui l’accompagne, l’article examine plus particulièrement les adaptations qui vont de pair avec la croissance et l’internationalisation. En passant en revue l’évolution récente, il donne une introduction à l’Église contemporaine. 

On trouvera des renseignements supplémentaires sur la croissance de l’Église pendant cette période dans Statistiques démographiques et les articles sur l’Église dans : Afrique, l’Église en ; Asie, l’Église en : Asie de l’Est ; Asie, l’Église en : Asie du Sud et du Sud-est ; Australie, l’Église en ; Îles Britanniques, l’Église dans les ; Canada, l’Église au ; Europe, l’Église en ; Hawaï ; Mexique et l’Amérique Centrale, l’Église au ; Proche-Orient, l’Église au ; Nouvelle-Zélande, l’Église en ; Océanie, l’Église en ; Scandinavie, l’Église en ; Amérique du Sud, l’Église en : Brésil ; Amérique du Sud, l’Église en : L’Amérique du Sud, Nord ; Amérique du Sud, l’Église en : Amérique du Sud, Sud ; et Antilles, l’Église dans les. Pour l’évolution dans l’organisation et la manière de faire les choses, voir Organisation : Histoire de l’organisation et de l’administration ; Organisation : Organisation contemporaine. Consultez aussi les biographies de ceux qui ont été présidents de l’Église au cours de cette période : George Albert Smith (1945-1951), David O. McKay (1951-1970), Joseph Fielding Smith (1970-1972), Harold B. Lee (1972-1973), Spencer W. Kimball (1973-1985) et Ezra Taft Benson (1985-1992).]

Pendant toute sa vie et son ministère, le message principal de George Albert Smith sera un message d’amour. Il n’est donc que naturel que ce soit au cours de son administration que des marchandises soient envoyées d’Amérique en Europe pour soulager les souffrances des saints après la Deuxième Guerre mondiale, particulièrement ceux d’une Allemagne dévastée par la guerre. En 1946, Ezra    Taft Benson, du Conseil des douze apôtres, fait rouvrir la mission européenne et y dirige les secours de l’Église. Il trouve des branches désorganisées, des églises détruites et beaucoup de membres sans abri. La plupart ont tout perdu et partout il y a un besoin pressant de nourriture et de vêtements. Le service d’entraide de l’Église va devenir un facteur important de la remise à flot de beaucoup de saints aussi bien que de certains non-membres.

Puisque la guerre a tout remis à plus tard, depuis l’œuvre missionnaire jusqu’à la construction de bâtiments, il va falloir remettre partout les programmes de l’Église sur pied et leur redonner de la vigueur. Le nombre des missionnaires est rapidement reconstitué et des centaines d’églises sont construites. La moitié de toutes chapelles en service au milieu des années 1950 sont érigées au cours des années suivant la Deuxième Guerre mondiale, une période où plus de la moitié de toutes les dépenses de l’Église va à des chantiers de construction.

UNE ÉGLISE DEVENUE INTERNATIONALE. La fin de la Deuxième Guerre mondiale marque l’aube d’une ère nouvelle dans l’histoire de l’Église dont un thème dominant est la croissance internationale. En 1947, la population de l’Église atteint le million, et en 1990 le total est de plus de sept millions. La croissance est particulièrement forte le long de la Côte Ouest de l’Amérique, en Amérique latine et, après 1978, en Afrique. En 1950, l’Église a 180 pieux organisés, dont près de la moitié en Utah ; en 1990, il y a 1.700 pieux, dont moins d’un quart sont en Utah. En 1950, l’Église est organisée dans moins de 50 pays ou territoires, mais en 1990, elle est passée à 128. En 1950, moins de 8% de l’Église vit en dehors des États-Unis et du Canada, mais quarante ans après, le chiffre est d’approximativement 35%. Pendant la même période, le nombre de missionnaires passe de 6.000 à 40.000 et le nombre de temples passe de huit, dont un seulement en dehors des États-Unis, à quarante-quatre, dont vingt-trois en dehors des États-Unis.

Cette croissance remarquable est le résultat d’efforts renouvelés pour accomplir la révélation donnée à Joseph Smith « que le royaume… devienne une grande montagne et remplisse toute la terre » (D&A 109:72). Au début de son administration, le président David O. McKay, le premier à voyager autant comme président de l’Église, visite les missions d’Europe, d’Amérique latine, d’Afrique et du Pacifique Sud, consacrant deux emplacements de temples en Europe et annonçant qu’un temple sera construit en Nouvelle-Zélande. En 1955, il déclare que l’Église doit « faire tous les efforts raisonnables et réalisables pour mettre à la portée des membres dans ces missions éloignées toutes les possibilités éducatives et spirituelles qu’elle a à offrir » (CR avr. 1955, p. 25). Construire des temples, augmenter le nombre de missions, organiser des pieux dans le monde entier, persuader les saints d’édifier Sion dans leur pays plutôt que d’émigrer en Amérique et enfin remettre la direction de l’Église entre les mains de la population locale de chaque pays, voilà toutes les mesures importantes qu’il faudra prendre pour atteindre ce but. En outre, on va mettre de plus en plus l’accent sur l’appel de missionnaires locaux qui, dans certaines régions, remplaceront essentiellement les missionnaires américains.

La croissance ne se produira cependant pas sans problèmes, dont le moindre n’est pas de décider quels sont les pratiques, les enseignements et les programmes qui constituent vraiment l’essence de l’Évangile et quels sont ceux qui sont le reflet de la culture américaine dans laquelle l’Église s’est développée. Pour ouvrir les yeux des membres, des Américains en particulier, sur la nécessité de définir l’Évangile en termes de principes universels, les dirigeants de l’Église vont s’exprimer avec une fréquence croissante. En 1971, par exemple, Bruce R. McConkie rappellera à certains saints américains qu’à l’époque du Nouveau Testament, même les apôtres étaient tellement endoctrinés dans l’idée que le plan du salut se limitait à un peuple particulier qu’ils ont eu du mal à le porter aux païens, et il appliquera la leçon à l’Église moderne. Il invitera les saints américains à dépasser leurs idées reçues, même s’il y aura « en chemin des luttes et certaines difficultés, certains préjugés et certaines incertitudes ». Les autres peuples, fera-t-il remarquer, « ont d’autres antécédents que nous, ce qui n’a aucune importance pour le Seigneur…. Avoir des coutumes sociales différentes n’est pas plus étonnant que parler des langues différentes… Et le Seigneur connaît toutes les langues » (Palmer, p. 143, 147). En 1987, Boyd K. Packer rappellera à un groupe de dirigeants de l’Église : « Nous ne pouvons pas entrer [dans divers pays] avec une Église d’Utah de 1947 ! Il se peut que nous ne soyons pas prêts à porter l’Évangile parce que nous ne sommes pas prêts à porter (et qu’ils ne sont pas prêts à recevoir) toutes les choses que nous avons emballées avec lui comme bagages supplémentaires » (tel que cité dans Dialogue 21, automne 1988, p. 97). Le but est d’ennoblir des gens appartenant à des cultures et ayant des perspectives diverses pour qu’ils trouvent plus complètement la vraie fraternité au sein des limites spirituelles communes de l’Église.

En 1974, le président Spencer W. Kimball invite les membres à « allonger la foulée » en portant l’Évangile à toute la terre. Il les exhorte à prier que les barrières soient levées. Il désigne David M. Kennedy, anciens secrétaire au trésor et ambassadeur extraordinaire, comme représentant international de l’Église pour travailler avec les gouvernements à résoudre les problèmes qui ont gêné les activités de l’Église. En 1977, l’Église est légalement reconnue en Pologne et en 1985, un temple est consacré en République démocratique allemande. Les révolutions politiques spectaculaires de 1989-1990 ouvrent d’autres pays du Bloc de l’Est et conduisent au commencement de l’œuvre missionnaire de l’Église en Union Soviétique.

L’un des changements radicaux du vingtième siècle est la révélation reçue par le président Spencer W. Kimball en juin 1978, accordant les bénédictions de la prêtrise à tous les membres masculins dignes. Résultat d’une prière longue et fervente, la révélation signifie que « le jour promis depuis si longtemps est venu où tous les hommes fidèles et dignes de l'Église pourront recevoir la Sainte Prêtrise… sans considération de race ou de couleur » (voir Doctrine et Alliances : Déclaration officielle - 2). Tout de suite, des noirs dignes sont scellés dans les temples et beaucoup recevront des affectations comme missionnaires et dirigeants. Au Ghana et au Nigeria, où les noirs plaidaient depuis des années pour l’établissement de l’Église, celle-ci se développe rapidement, mais elle s’étend aussi dans d’autres régions qui comptent de grandes populations noires. La première Autorité générale noire, Helvécio Martins, du Brésil, sera soutenu à la conférence générale de l’Église en avril 1990.

CHANGEMENTS ADMINISTRATIFS. Les changements administratifs nombreux répondent aussi aux besoins d’une Église en pleine croissance. En 1967, les pieux sont organisés en régions. À partir de 1975, plusieurs régions sont organisées en interrégions et en 1984, des présidences d’interrégion, chacune constituée de trois Autorités générales, se voient confier la responsabilité des pieux dans le monde entier.

En 1975, le président Kimball annoncé l’organisation du premier collège des soixante-dix, dont les membres sont Autorités générales de l’Église, à savoir les anciens Assistants des Douze. En 1989, le deuxième collège des soixante-dix est organisé ; ces Autorités générales sont appelées pour trois à cinq ans. En 1978 commence la pratique d’élever les membres des soixante-dix à l’éméritat pour des raisons de santé ou d’âge, et l’année suivante le patriarche de l’Église accède aussi à l’éméritat.

Les Autorités générales prennent aussi des mesures pour coordonner plus efficacement les programmes de l’Église et, à partir de 1961, mettent davantage l’accent sur la « coordination de la prêtrise » (voir Prêtrise ; Coordination de l’administration de l’Église). Sous la présidence de Harold B. Lee, des comités au siège de l’Église planifient, élaborent et révisent les programmes d’études et les activités pour toutes les organisations ou groupes d’âge. Ils définissent plus soigneusement les rôles propres à chaque organisation et éliminent les doubles emplois. Les dirigeants se concentrent sur le foyer, endroit le plus efficace pour enseigner et appliquer les principes de l’Évangile. L’accent est remis sur la soirée familiale et, à partir de 1965, on publie des manuels attrayants fournissant des aides aux leçons.

Au début des années 1970, il y a aussi un regroupement des responsabilités administratives au siège de l’Église. Les organismes sont groupés en plusieurs grands départements, chacun sous la juridiction d’une ou plusieurs Autorités générales, la gestion générale des opérations étant assurée au jour le jour par des professionnels à temps plein. Par exemple, l’entraide, les services sociaux et les programmes de santé sont regroupés pour former le Département d’Entraide. Le symbole visible de ce regroupement est le nouveau bâtiment des bureaux de l’Église de vingt-huit étages à Salt Lake City, réunissant la plupart des unités administratives. En 1970, les fonctions de la Prêtrise d’Aaron et de la Société d’amélioration mutuelle des Jeunes Gens sont combinées (voir Jeunes Gens). En 1971, le programme des publications est regroupé (voir Magazines). Les magazines en d’autres langues que l’anglais sont unifiés en 1967 et leur contenu standardisé à l’exception des sujets locaux (voir Magazines internationaux).

D’autres changements se produisent du fait que la croissance internationale rapide augmente le nombre des voyages et la charge administrative des dirigeants de l’Église. Dans les années 1970, les présidents de pieu sont autorisés à « mettre à part » les missionnaires à plein temps (voir Mise à part), ordonner les évêques et les patriarches et consacrer les églises. Les Autorités générales se réunissent moins fréquemment en conférence avec les pieux mais, à partir de 1971, l’Église commence à tenir des « conférences interrégionales » où une délégation d’Autorités générales rencontre les saints rassemblés d’une région géographique. En 1979, le nombre des conférences de pieu par an est réduit de quatre à deux, et dans les années 1980 des conférences régionales ou des multirégionales remplacent les conférences interrégionales (voir Conférences).

L’ÉDUCATION DANS L’ÉGLISE. Entre 1950 et 1990, le nombre total d’inscriptions aux programmes éducatifs de l’Église passe de 38.400 à 442.500 (voir Département d’éducation de l’Église (DEE)). Les inscriptions à temps plein à l’université Brigham Young montent en flèche de 5.400 en 1950 à presque 25.000 en 1975, le maximum possible. Plutôt que de consacrer des montants toujours plus élevés aux études supérieures, l’Église emploie de plus en plus les fonds à satisfaire les besoins plus fondamentaux liés à la croissance mondiale. L’expansion principale dans l’enrôlement se produit dans le domaine de l’éducation religieuse. Depuis le début du vingtième siècle, les étudiants des localités à prédominance mormone suivaient des cours de séminaire « hors école » dans des bâtiments contigus à leur école secondaire. Dans les années 1950, en commençant en Californie, le séminaire « matinal » va se tenir dans des bâtiments de l’Église près des écoles secondaires publiques. Après 1968, dans les régions où les membres sont encore plus dispersés, les jeunes vont recevoir de quoi faire le « séminaire d’étude à domicile ». L’Église augmente aussi le nombre d’instituts de religion placés à côté des campus universitaires. En 1990, il y a des programmes de séminaire ou d’institut dans soixante-quatorze pays ou territoires.

L’Église accorde aussi une attention particulière à la vie religieuse des étudiants d’université. En 1956, le premier pieu estudiantin, avec douze paroisses, est organisé sur le campus de l’université Brigham Young. Cela rend accessibles des services de l’Église qui répondent directement aux besoins des étudiants et qui donnent de plus nombreuses occasions d’assurer une direction. Le plan s’étendra à d’autres endroits où il y a assez d’étudiants pour le justifier. L’idée est d’assurer une plus grande croissance spirituelle, et dans des domaines statistiquement mesurables comme le mariage au temple et l’assistance aux réunions, les paroisses estudiantines viennent en tête dans l’Église.

Dans certaines régions du Pacifique et de l’Amérique latine, des régions où la croissance de l’Église est particulièrement rapide et où l’instruction publique est limitée, l’Église en revient à son ancienne pratique de fonder des écoles pour l’instruction religieuse et d’assurer un enseignement élémentaire. Elle fonde quarante écoles primaires et secondaires au Mexique et crée une faculté de premier cycle à la périphérie de Mexico. Lorsque de meilleurs établissements d’enseignement public apparaîtront, l’Église fermera beaucoup de ces écoles.

PROGRAMME DE CONSTRUCTION. Les nouvelles assemblées ont besoin de nouveaux bâtiments. Même si deux ou trois paroisses se partagent la plupart des bâtiments, l’Église se trouve dans la nécessité de construire plus d’une nouvelle église par jour. Les coûts potentiels sont énormes et dans beaucoup de régions les saints locaux ne sont pas en mesure de lever leur quote-part.

Une solution apparaît quand l’Église se trouve devant une pénurie de main-d’œuvre pendant qu’elle bâtit des bâtiments scolaires dans le Pacifique Sud. À partir de 1950, elle appelle des jeunes gens en tant que « missionnaires bâtisseurs » pour faire don de leur main d’œuvre pendant deux ans. Tandis qu’ils construisent des bâtiments à un coût beaucoup moindre, les constructeurs expérimentés leur enseignent des techniques de construction ; les missionnaires bâtisseurs apprennent aussi auprès des constructeurs expérimentés des compétences commercialisables. Dans les années 1950 et 1960, les missionnaires bâtisseurs construisent des écoles et des chapelles dans le Pacifique Sud, l’Amérique latine, l’Europe et ailleurs. Plus tard, pour réduire au minimum les coûts de construction et d’entretien, le département des constructions élaborera une série de plans standardisés qui peuvent être adaptés à différents endroits et agrandis si nécessaire.

Bien que les fonds généraux de l’Église aident à la construction et à l’entretien des églises, il est attendu des assemblées locales qu’elles contribuent non seulement en main d’œuvre, mais aussi une partie importante de l’argent nécessaire, cela en plus du paiement de la dîme et des offrandes habituelles. Pour soulager le fardeau financier pesant sur les assemblées locales, la part supportée par les saints locaux diminue graduellement jusqu’à ce qu’en 1989, les contributions locales ne soient plus requises.

À partir des années 1980, les nouvelles églises sont généralement plus petites et parfois plus austères que les plus anciennes, mais cela permet à l’Église de construire des centaines d’églises par an et surtout de fournir des lieux de réunion bien nécessaires dans les régions en voie de développement. C’est aussi un mouvement vers l’égalité. L’argent qui aurait pu être consacré à la construction de bâtiments plus coûteux dans des régions riches est plutôt utilisé pour fournir des lieux confortables pour le culte dans toute l’Église.

LA TECHNOLOGIE ET L’ÉGLISE MODERNE. L’Église cherche activement à maîtriser les découvertes étonnantes de la technologie moderne pour améliorer ses capacités administratives et pour mieux diffuser son message spirituel. Depuis qu’elle a installé, en 1962, son premier ordinateur au Département financier, elle se sert de cette technologie d’innombrables façons, notamment dans la conception architecturale, un système automatisé de certificats de membre, une comptabilité automatisée, le traitement des dossiers des missionnaires, la tenue des registres au niveau général et local, et en fournissant des ressources pour la recherche historique et généalogique.

Il n’est pas d’activité de l’Église qui ait ressenti l’impact de la technologie moderne autant que l’œuvre généalogique. Comme la population de l’Église augmente, le besoin de moyens plus efficaces pour recueillir et traiter les noms pour l’œuvre du temple s’accroît également. Le Département généalogique (maintenant Département d’histoire familiale) microfilme les registres d’état civil de partout dans le monde, les rendant disponibles dans sa bibliothèque de Salt Lake City (voir Bibliothèque d’histoire familiale) et dans des centaines de centres d’histoire familiale dans le monde entier. Dans les années 1960, le Département généalogique commence aussi à utiliser l’ordinateur pour organiser les noms obtenus à partir de ces documents. Depuis 1978, des membres de l’Église désignés pour cela consacrent quatre heures ou plus de service hebdomadaire à « extraire » des renseignements des microfilms pour l’œuvre du temple. Le Département d’histoire familiale crée aussi le PAF (Personal Ancestral File), un programme généalogique automatisé couramment utilisé et commence à rendre les données généalogiques principales disponibles sur des disques laser.

La technologie touche encore le temple autrement. Le cinéma et la technologie de la vidéo permettent de présenter plus efficacement les instructions du temple. Ceci pouvant se faire dans une seule salle au lieu de l’ancienne série de quatre salles, les temples peuvent être construits plus petits et leur construction peut ainsi être moins coûteuse, ce qui va permettre à plus de membres dans le monde entier d’avoir un temple près de chez eux. La nouvelle technologie permet aussi de présenter les ordonnances simultanément en plusieurs langues si besoin est.

L’effet de la télévision sur les communications de l’Église et son image publique est spectaculaire, lui aussi. Les conférences générales de l’Église sont d’abord diffusées en 1949 sur KSL Television à Salt Lake City et dès le milieu des années 1960, une ou plusieurs sessions de chaque conférence sont télévisées partout aux États-Unis. Dans les années 1980, l’Église élabore un système de communication par satellite relié aux centres de pieu dans le monde entier, de sorte que les saints des derniers jours vont pouvoir regarder la conférence et les autres programmes créés par l’Église.

L’ŒUVRE MISSIONNAIRE. En 1990, plus des deux-tiers de la croissance annuelle de l’Église viennent des baptêmes de convertis. Quelque 30.000 des plus de 40.000 missionnaires à plein temps sont des jeunes gens de dix-neuf à vingt et un ans ; des femmes célibataires de vingt et un ans ou plus et des couples ayant atteint l’âge de la retraite constituent la majeure partie du reste.

Une attention considérable est apportée à l’amélioration des techniques et des capacités missionnaires. Après beaucoup d’expérimentation, un plan systématique basé sur une série de leçons est officiellement adopté dans les années 1950. Après beaucoup d’améliorations et de modifications, en 1990, le plan se concentre moins sur la mémorisation de la part des missionnaires et plus sur leur capacité de compter sur l’Esprit dans la présentation du canevas mis à leur disposition.

Les missionnaires reçoivent aussi une formation plus efficace, particulièrement dans les langues. En 1963, une mission de formation linguistique, plus tard connue sous le nom de centre de formation des missionnaires est créée près de l’université Brigham Young et cinq ans plus tard un programme semblable s’ouvre près de l’université de l’Église à Hawaï (voir Université Brigham Young : Campus de l’université Brigham Young – Hawaï). En 1990, les missionnaires reçoivent une formation linguistique et missionnaire intensive dans quatorze centres de formation des missionnaires de par le monde, quoique 75% environ d’entre eux aillent au centre de Provo.

Les innovations dans le programme missionnaire comprennent une incitation à plus d’activités en dehors du prosélytisme et de service chrétien. En 1971, par exemple, les « missionnaires des services de santé » commencent à enseigner l’ABC de l’alimentation, de l’hygiène et de la prévention des maladies, particulièrement dans les pays en voie de développement. En 1990, tous les missionnaires sont invités à passer deux à quatre heures par semaine au service de la collectivité, en plus du prosélytisme. En outre, les couples missionnaires d’âge mûr sont souvent affectés à des services non missionnaires tels que les services de santé et l’entraide, la formation des dirigeants, le personnel des centres pour visiteurs d’autres activités de relations publiques, l’aide aux personnes se présentant dans les divers centres d’histoire familiale de l’Église, les missions de service au temple et les missions d’enseignement.

QUESTIONS D’INTÉRÊT PUBLIC ET DE SOCIÉTÉ. Bien que l’Église ait essayé de prendre ses distances par rapport à toute participation directe à la politique, les dirigeants de l’Église prennent néanmoins de temps en temps officiellement position sur les questions de moralité. La Première Présidence déplore publiquement l’invasion croissante de la pornographie, la pratique répandue du contrôle des naissances, l’avortement et le déclin général de la moralité, notamment le nombre croissant des divorces et l’importance de plus en plus grande de l’homosexualité. En 1968, l’Église s’implique directement dans le processus politique de l’Utah en s’opposant ouvertement à la vente de boissons alcoolisées. Elle fait aussi des déclarations publiques en faveur des lois sur la fermeture le dimanche et les lois des États sur le droit au travail et contre les loteries d’État (voir Jeux de hasard).

Au milieu du conflit intense sur les droits civiques qui caractérise les États-Unis dans les années 1960, la Première Présidence demande ouvertement « l’égalité civique complète pour tous les enfants de Dieu » et invite expressément les saints des derniers jours à travailler pour les droits civiques des noirs. Dans les années 1970, quand la polémique concernant les droits de la femmes s’intensifie en Amérique, la Première Présidence prend publiquement position en faveur de l’égalité complète des femmes devant la loi mais, en même temps, s’oppose publiquement au Equal Rights Amendment (l’amendement sur l’égalité des droits) qu’elle considère comme opposé à la famille. La Première Présidence se préoccupe aussi vivement de la moralité de la course aux armements nucléaires et la dénonce officiellement en 1980 et de nouveau en 1981 (voir Guerre et paix).

Contrairement à ce qui s’est passé au début du vingtième siècle quand la plupart des saints des derniers jours vivaient essentiellement en milieu rural, depuis le milieu du siècle, la plupart vivent dans des centres urbains. Le mode de vie effréné des grandes villes crée des tensions émotionnelles supplémentaires et un éventail d’attractions et de tentations a tendance à écarteler la famille. En réaction à ces besoins et à d’autres, l’Église institue une série de programmes sociaux. Depuis 1919, la Société de secours gère une agence d’adoption et propose des foyers d’accueil pour les enfants défavorisés. Elle va être étendue. Le service de placement des étudiants indiens, créé dans les années 1950 sous la présidence de Spencer W. Kimball, offre à des milliers de petits Amérindiens l’avantage d’aller dans de bonnes écoles tout en vivant dans l’environnement sain de familles de l’Église. Un programme « de guidance de jeunes » conseille les familles dans le besoin. Ces trois programmes, qui sont tenus par la loi d’employer les travailleurs sociaux professionnels autorisés, sont fusionnés en 1969 pour former le Département des services sociaux de l’Église. Ce département patronne aussi des camps de jour pour jeunes, des programmes pour les membres en prison et de la consultance pour ceux qui abusent de l’alcool ou de la drogue.

Les dirigeants de l’Église commencent aussi à se préoccuper davantage des besoins spéciaux des célibataires. Qu’ils soient divorcés, veufs ou ne se sont tout simplement jamais mariés, leurs besoins sociaux et spirituels ne sont souvent pas satisfaits par les activités traditionnelles de l’Église orientées vers le couple et la famille. Dans les années 1970, des programmes spéciaux pour les jeunes adultes seuls aussi bien que pour les personnes seules plus âgées sont créés sous les auspices de la prêtrise et de la Société de secours. Sous le patronage de conseils autonomes de paroisse, de pieu et de région, ils vont à des bals et à d’autres activités culturelles et ont de meilleures occasions de faire la connaissance d’autres membres de leur âge qui partagent leurs intérêts. En outre, des paroisses pour jeunes adultes sont organisées, d’abord dans le pieu d’Émigration à Salt Lake City, et puis dans d’autres régions.

RETOUR AUX FONDEMENTS. Un des appels de clairon du président Ezra Taft Benson aux saints dans les années 1980 est le retour aux valeurs traditionnelles. Il invite en particulier à l’étude régulière du Livre de Mormon comme moyen de fortifier la foi au Christ et d’avoir un guide pour affronter les difficultés du jour. Mais son appel n’est qu’une des manifestations des efforts que font les dirigeants modernes de l’Église pour répondre aux problèmes sans cesse plus complexes du monde et pour conduire les saints dans un retour aux fondements.

En 1972, le cours des adultes, celui de Doctrine de l’Évangile à l’École du Dimanche, entreprend l’étude systématique des ouvrages canoniques. Les Écritures sont les seuls manuels et elles doivent être étudiées successivement au cours d’une période de huit ans (de quatre ans par la suite). Bientôt tous les programmes d’études de l’Église sont rattachés aux Écritures. Pour soutenir le programme d’études et inciter à l’étude individuelle des Écritures, les dirigeants de l’Église procèdent à la publication de nouvelles éditions des ouvrages canoniques, chacun muni de renvois aux autres. La publication par l’Église, en 1979, de la King James Version de la Bible contient une annexe importante de 800 pages qui comprend un dictionnaire de la Bible, un guide par sujet de toutes les Écritures, des cartes et des extraits de la traduction de la Bible par Joseph Smith. En 1981, de nouvelles éditions des autres ouvrages canoniques paraissent avec des aides supplémentaires à l’étude.

Le thème du « retour aux fondements » trouve aussi un écho dans beaucoup d’autres changements de la politique et des programmes de l’Église. En 1980, le système des réunions de l’Église est regroupé en un bloc unique de trois heures le dimanche en remplacement du système traditionnel des réunions de prêtrise et d’École du Dimanche le matin, de réunion de Sainte-Cène en fin d’après-midi ou en soirée et de réunions des auxiliaires pendant la semaine (voir Réunions principales de l’Église). Cette mesure simplifie les problèmes de transport de beaucoup de membres, mais les dirigeants de l’Église soulignent que l’objectif central est de laisser plus de temps aux familles pour étudier les Écritures ou se livrer ensemble à d’autres activités convenant au sabbat.

À partir de 1990 aux États-Unis et au Canada et de 1991 dans d’autres régions du monde, il n’est plus demandé aux membres de faire des dons au budget de paroisse et de pieu ; tous les frais de fonctionnement des unités locales seront payés avec la dîme et les offrandes. Ce système uniforme permet une plus grande égalité, réduisant beaucoup de budgets de fonctionnement locaux tout en en augmentant d’autres (voir Finances de l’Église ; Contributions financières). En expliquant la nouvelle politique, Boyd K. Packer, du Conseil des douze, qualifiera cela de « correction de trajectoire » inspirée, un élément de l’effort global pour en revenir aux fondements (Ensign 10, mai 1990, p. 89-91). La métaphore pourrait très bien être appliquée à une grande partie de ce qui s’est produit depuis 1945.

D’une manière générale, les membres de l’Église acceptent bien ces changements et y voient une occasion de progresser davantage spirituellement. En conséquence, en 1990, l’Église se prépare plus rapidement que jamais à s’adapter à des nationalités, à des groupes de langues et à des cultures divers. Les dirigeants de l’Église continuent à souligner les points de doctrine traditionnels, mais les discours de conférence générale ont de plus en plus tendance à définir ce qu’est un saint en termes de ce que M. Russell Ballard caractérise, en avril 1990, comme étant des « choses petites et simples » : l’amour, le service, le foyer, la famille et le culte du Sauveur (Ensign 10, mai 1990, p. 6-8). Ce sont là les principes universels qui constituent l’essence de ce que signifie être saint des derniers jours.
 
Bibliographie
On a beaucoup écrit sur cette période dans les revues professionnelles. Quelques grands traitements sont mentionnés dans l’introduction de cette section historique. Voir aussi Spencer J. Palmer, The Expanding Church, Salt Lake City, 1978. On trouvera des renseignements supplémentaires dans les bibliographies qui accompagnent les biographies des présidents de l’Église qui ont exercé leur mandat pendant cette période : George Albert Smith, David O. McKay, Joseph Fielding Smith, Harold B. Lee, Spencer W. Kimball et Ezra Taft Benson.

Histoire familiale (Généalogie)
Auteur : Pratt, David H.


Les termes « histoire familiale » et « généalogie » sont synonymes pour les saints des derniers jours. Dallin H. Oaks, membre du collège des douze apôtres, a dit : « Le processus par lequel nous déterminons notre place dans notre famille éternelle s'appelle généalogie. La généalogie est l’histoire de la famille » (séminaire des représentants régionaux, 3 avril 1987). Pour souligner le caractère familial de la généalogie, la Première Présidence a changé, en 1987, le nom du Département généalogique en Département d'Histoire familiale et le nom de la Bibliothèque généalogique en Bibliothèque d’Histoire familiale.

L’intérêt des saints des derniers jours pour l'histoire familiale repose sur les points de doctrine fondamentaux que sont le salut, le libre arbitre et l’exaltation. Le plan de Dieu veut que toute personne ait la possibilité d'entendre l'Évangile de Jésus-Christ et de recevoir les ordonnances salvatrices, peu importe où elle a vécu sur terre. Si les gens ne s’entendent pas prêcher l'Évangile dans cette vie par les serviteurs autorisés du Seigneur, ils l'entendront dans le monde des esprits après la mort. Les saints identifient leurs ancêtres et prennent les dispositions nécessaires pour que le baptême et d’autres ordonnances soient effectués par procuration, c'est-à-dire qu’ils font en sorte qu’une personne vivante représente le défunt dans un temple. Ce n'est pas un élément facultatif dans la croyance des saints, c’est, au contraire, un commandement de Dieu. Comme Dallin Oaks l’a encore expliqué : « L’œuvre généalogique n’est pas un passe-temps pour nous. Nous faisons l'histoire familiale afin de fournir les ordonnances du salut aux vivants et aux morts"(1989, p. 6 ; voir aussi Salut des morts).

Les membres de l'Église ont été instruits en 1894 du rôle sacré de l'histoire familiale lorsque le président Wilford Woodruff a déclaré : « Nous voulons que les saints des derniers jours fassent dorénavant remonter leur généalogie aussi loin que possible et soient scellés à leurs pères et mères. Faites sceller les enfants à leurs parents et remontez cette chaîne autant que vous le pouvez... C'est la volonté du Seigneur pour ce peuple » (p. 543 ; voir aussi Scellement). Le but de l’histoire familiale, a expliqué le président Woodruff, est d’obtenir des noms et des données statistiques afin que les ordonnances du temple puissent être effectuées en faveur des ancêtres décédés qui n'ont pas eu l'occasion d'entendre l'Évangile rétabli de leur vivant. Il a enseigné à une autre occasion que « nous devons entrer dans ces temples racheter nos morts – pas seulement les morts de notre propre famille, mais les morts de tout le monde d'esprit » (JD 21:192).

À la base de la doctrine du salut des morts se trouve l’exercice du libre arbitre. Lorsque les personnes meurent, leur esprit continue à vivre dans le monde postmortel et est capable de faire des choix. Les saints des derniers jours accomplissent des baptêmes pour les morts afin que ceux qui vivent en tant qu’esprits puissent décider s’ils acceptent ou non le baptême dans la véritable Église de Jésus-Christ dans le monde des esprits. S'ils n'acceptent pas le baptême, il est sans effet. Il en va de même pour les autres ordonnances salvatrices que les membres accomplissent dans les temples en faveur des morts.

L’amour est la motivation centrale de l'histoire familiale. Identifier les ancêtres et accomplir les ordonnances salvatrices pour eux est une expression d'amour. C'est l'esprit et le pouvoir d'Élie, qui a donné, en 1836, les clefs de ce pouvoir à Joseph Smith dans le Temple de Kirtland pour « tourner le cœur des pères vers les enfants, et les enfants vers les pères » (D&A 110:15 ; voir aussi Malachie 4:5-6; JS–H 1:39; D&A 2:2). Le désir de découvrir ses ancêtres et d’accomplir toutes les ordonnances du temple pour eux est parfois appelé l'esprit d'Élie (voir Élie, Esprit d’). Le président Joseph Fielding Smith a associé l’histoire familiale et l’œuvre du temple à l’amour pour l'humanité en déclarant que travailler en faveur des morts est « une œuvre qui épanouit l'âme de l'homme, lui donne des idées plus larges sur le bien-être de son prochain et implante dans son cœur l’amour pour tous les enfants de notre Père céleste. Il n'y a pas d’œuvre égale à celle du temple pour les morts pour enseigner à l’homme à aimer son prochain comme lui-même » (p. 3).

En réponse à l'enseignement du président Woodruff au sujet de leurs responsabilités en matière d’histoire familiale, les saints des derniers jours ont créé en 1894 la société généalogique d’Utah à Salt Lake City. Au fil des années, la société, par le biais de la Bibliothèque d’Histoire Familiale et de son réseau mondial de plus de 1 500 centres d'histoire familiale, est devenue un soutien majeur des efforts consentis par l’Église pour l’enseignement de l’histoire familiale par des informations sur la recherche (d'abord sous forme de livres et plus tard par microfilms puis en disques compacts) et en mettant à disposition un personnel compétent pour aider les chercheurs à identifier leurs ancêtres.
L’intérêt pour l'histoire familiale n'est pas limité aux saints des derniers jours. Il y a eu une croissance remarquable de l'intérêt pour la généalogie et l'histoire familiale depuis 1836, quand Élie a remis les clefs à Joseph Smith, le prophète. Dans de nombreux pays, des milliers de personnes ont rejoint des sociétés généalogiques et historiques et plus de la moitié des clients de la Bibliothèque d’Histoire familiale et de ses centres d'histoire familiale sont membres d'autres religions. L'Église participe à des efforts de coopération avec des centaines de sociétés généalogiques et d’histoire familiale, archives et bibliothèques pour identifier les documents généalogiques et conserver les données qui s’y trouvent (voir Conférences mondiales sur les annales).

La technologie moderne a joué un rôle important dans les progrès de l’histoire familiale dans la seconde moitié du XXe siècle. L'Église a mis au point un vaste programme de microfilmage dans le monde entier. Depuis 1938, elle a fait du microfilmage dans plus d'une centaine de pays et a accumulé plus de 1,3 milliards de clichés avec quelque huit milliards de noms. Les documents microfilmés constituent la base d’une expansion fulgurante de la recherche généalogique. Ils ont permis une croissance rapide des collections de la Bibliothèque d’Histoire familiale et a permis à la fois la distribution de renseignements généalogiques aux centres d'histoire familiale de l'Église et les programmes d'extraction de noms qui ont permis l'automatisation généralisée des renseignements généalogiques contenus dans le système informatique de FamilySearch.

Il en résulte qu’il n’a jamais été aussi facile de faire de la recherche généalogique. Grâce à FamilySearch, les clients de la Bibliothèque d’Histoire familiale et des centres d'histoire familiale ont accès aux 147 millions de noms qui se trouvent dans l'Index généalogique International et au nombre croissant des 9,67 millions de noms raccordés par lignage d’Ancestral File™. Les programmes d’extraction de noms convertissent les informations provenant de documents papier (par exemple, le recensement fédéral américain de 1880 et le recensement britannique de 1881) et du fait que des gens de partout dans le monde apportent des renseignements à Ancestral File, les programmes informatiques associés à FamilySearch peuvent simplifier considérablement l’identification des ancêtres.

L'Église enseigne que les devoirs des membres en matière d’histoire familiale sont triples. Tout d'abord, ils doivent acquérir le désir d'aider à racheter les morts. Une fois qu’ils ont acquis le témoignage du principe du salut des morts, ils sentent qu’ils ont la responsabilité personnelle d’y aider. Ils se préoccupent également de ceux dans le monde des esprits qui attendent que les ordonnances du temple soient accomplies.

En second lieu, ils doivent déterminer ce qu'il faut faire. Chaque saint des derniers jours peut faire quelque chose pour faire avancer l’histoire familiale. Dallin H. Oaks conseille : « Nous ne devons pas essayer d’obliger tout le monde à tout faire, mais encourager chacun à faire quelque chose » (1989, p. 6). En conséquence, les saints des derniers jours sont encouragés à participer à des activités liées au salut des morts. Ce que l’on fait et la quantité de ce que l’on fait dépend des capacités et de la situation de chacun, de ce que la famille peut avoir déjà accompli, de l’inspiration personnelle venant de l'Esprit et des lignes directrices proposées par les dirigeants de l'Église. Parmi les activités, il y a l’identification des ancêtres et l’accomplissement des ordonnances du temple en leur faveur, la participation à des organisations familiales, au programme d'extraction des noms, la tenue d’un journal personnel, la rédaction d’une histoire personnelle et familiale et l’acceptation d’appels de l'Église au service dans le temple et dans l'histoire familiale. Pour identifier les premières générations d’ancêtres, il n’est habituellement pas nécessaire de faire beaucoup de recherches à la bibliothèque ou d’avoir recours à des outils de recherche avancés. Au début, les recherches généalogiques consistent généralement à consulter les documents familiaux connus (voir Journaux intimes), à se renseigner, soit oralement, soit par écrit, auprès des membres de la famille, à chercher dans les archives publiques d’accès facile telles que les extraits d’acte de naissance. Pour identifier les ancêtres au-delà des quelques premières générations, il faut habituellement avoir recours aux bibliothèques, aux outils informatiques disponibles dans des systèmes tels que FamilySearch et l’aide de spécialistes. Les organisations familiales permettent aux membres de mettre en commun les renseignements et les ressources pour promouvoir l’histoire de la famille. Le Programme d’extraction des Noms permet de convertir les données qui se trouvent sur les copies microfilmées d’archives sur papier – registres paroissiaux, recensements, etc. – en un format informatique pour les intégrer dans des fichiers de FamilySearch ou de fournir les noms nécessaires aux temples.

Troisièmement, les membres doivent continuer à œuvrer. Le travail du département d'histoire familiale ne sera terminé que quand tous les noms seront enregistrés et toutes les ordonnances accomplies.

Bibliographie
Come unto Christ Through Temple Ordinances and Covenants, 2e éd. Salt Lake City, 1988.
Greenwood, Val D. The Researcher's Guide to American Genealogy, 2e éd. Baltimore, 1990.
Instructions for Priesthood Leaders on Temple and Family History Work. Salt Lake City, 1990.
Oaks, Dallin H. "Family History: "In Wisdom and Order'." Ensign 19, juin 1989, p. 6-8.
Smith, Joseph Fielding. Church News, 24 octobre 1970, p. 3.
Woodruff, Wilford. Deseret Weekly, 21 avril 1894, p. 543.
DAVID H. PRATT

I
 
Israël : Aperçu
Auteur : BROWN, S. KENT
 
Le nom Israël (« Dieu règne » ou « Dieu brille » en hébreu) a deux applications modernes particulièrement distinctives pour les saints des derniers jours. D'abord, il désigne les membres de l'Église. Ensuite, il désigne les descendants modernes des Israélites d’autrefois, qui, à cause de la fidélité de Dieu aux alliances antiques faites avec leurs ancêtres, vont être les bénéficiaires de ses bénédictions dans les derniers jours.
 
HISTOIRE DU NOM. Le nom Israël apparaît pour la première fois dans la Bible comme le deuxième nom accordé par Dieu à Jacob (Ge. 32:28 ; 35:10). Les « fils d'Israël » ou les « enfants d'Israël » désignaient au commencement les fils de Jacob et leurs familles (Ge. 50:25 ; Ex. 1:1) et, de manière plus lointaine, tous les descendants de Jacob (p. ex., Ex. 1:7, 9). Après que la postérité de Jacob se fut installée au pays de Canaan, le nom Israël désigna la ligue de tribus liées entre elles par une alliance avec le Seigneur (Jos. 24). Plus tard, la monarchie unie de Saül, de David et de Salomon s’appela Israël (p. ex., 1 S. 9:16 ; 13:13 ; 2 S. 5:3). Après le schisme qui suivit la mort de Salomon, le nom Israël désigna le royaume du nord (1 R. 11:34-39 ; 12:3, 16), tandis que celui du sud recevait le nom de Juda (1 R. 12:23, 27). Lorsque le royaume du nord fut tombé devant les Assyriens en 722 av. J.-C., le nom Israël devint une désignation spirituelle pour le royaume du sud (p. ex., És. 5:7 ; Mi. 3:1 ; Za. 12:1 ; 1 M. 1:11, 62). Le terme « juif » fut appliqué pour la première fois par des gens étrangers à ceux qui vivaient dans le royaume de Juda et apparaît pour la première fois dans 2 R. 16:6.
 
Dans le Nouveau Testament, le nom Israël désigne le peuple de Dieu, habituellement pas dans un sens nationaliste, mais ceux qui sont ou seront réunis à Jésus-Christ en obéissant à la parole de Dieu (p. ex., Mt. 10:6-7 ; Lu. 24:21 ; Jn. 1:31, 49 ; Ac. 2:22, 36). Il se rapporte également au royaume du Christ (Mt. 27:42 ; Mc. 15:32), sur lequel les Gentils seront greffés comme sur un olivier (Ro. 11:17-21). Deux passages dans Galates identifient clairement Israël avec l'Église chrétienne primitive (Ga. 3:27-29 ; 6:15-16) et le lien est également affirmé par la déclaration de Jésus que ses apôtres jugeront les tribus d'Israël (Mt. 19:28 ; cf. 1 Né. 12:9 ; D&A 29:12).

Dans le Livre de Mormon, plusieurs expressions apparaissent avec des applications distinctes. L'expression « enfants d'Israël » renvoie régulièrement aux descendants de Jacob de l'ère mosaïque, faisant écho à la terminologie du récit de l'Exode (p. ex., Ex. 19:1 ; 1 Né. 17:23 ; Jcb. 1:7 ; Mos. 7:19 ; cf. 3 Né. 29:1-2). Le titre de Dieu, le Saint d'Israël, tiré d'Ésaïe (p. ex. 48:17 ; 1 Né. 20:17), apparaît dans les commentaires sur les alliances de Dieu, affirmant qu’il est le Dieu fidèle qui a fait des alliances avec l’Israël antique (p. ex. 1 Né. 19:14-17). Ce titre apparaît également dans les prophéties au sujet du futur règne de Dieu « en domination, et en puissance, et en pouvoir, et en grande gloire » (1 Né. 22:24-25). Le Saint d'Israël est identifié comme étant Jésus-Christ (2 Né. 25:29). L’expression « Maison d'Israël » désigne la postérité en ligne directe de Jacob et est fréquemment utilisée dans les paroles prophétiques qui ont trait à sa dispersion ou à son rassemblement dans les derniers jours. De plus, les peuples du Livre de Mormon se considéraient comme un « reste » ou « branche » de la maison d'Israël dont les descendants recevraient les bénédictions promises à Israël dans les derniers jours (1 Né. 19:24 ; 3 Né. 20:16).
 
Il y a deux raisons principales pour lesquelles les saints des derniers jours s'appliquent aujourd'hui le nom Israël. D'abord, Moïse est apparu, le 3 avril 1836, à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland et leur a conféré les clefs, ou autorisation, pour « le rassemblement d'Israël » (D&A 110:11 ; cf. PWJS, p. 145-146). Ce rassemblement consiste non seulement à rétablir les personnes d'ascendance israélite « dans les pays de leur héritage » mais également à les tirer « de l'obscurité et des ténèbres ; et ils sauront que le Seigneur est… le Puissant d'Israël » (1 Né. 22:12). Cette action signifie les amener dans l'Église. En second lieu, les saints des derniers jours ont souvent appris par leur bénédiction patriarcale qu'ils sont littéralement du lignage d'Israël (D&A 86:8-9), principalement des tribus d'Éphraïm et de Manassé. Le Seigneur a révélé qu'il est de la responsabilité particulière d'Israël de diffuser le message de l'Évangile rétabli au monde et Éphraïm a la responsabilité de diriger cette œuvre (D&A 133:26-34 ; cf. EPJS, p. 163). Ceux qui ne sont pas du lignage d'Israël le deviennent par l'adoption au moment de leur baptême et de la réception du Saint-Esprit (EPJS, p. 149-50 ; Ro. 8:15-17 ; Ga. 4:5-7 ; Abr. 2:10 ; voir aussi Loi de l'adoption).
 
ISRAËL EN LIGNE DIRECTE. La conscience qu’avait Israël d’être un peuple distinct par son lignage provenait, du moins en partie du fait que Dieu l’avait officiellement adopté par alliance sur la sainte montagne. « Maintenant, si vous écoutez ma voix, et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez entre tous les peuples… vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte » (Ex. 19:5-6). En tant que peuple élu de Dieu, Israël avait l’obligation imposée par Dieu de porter l'alliance et ses promesses aux autres, obligation précédemment imposée à Abraham et à sa postérité (Abr. 2:9-11 ; voir aussi Alliance abrahamique).
 
Les peuples du Livre de Mormon étaient littéralement d'Israël. Ceux qui se rendirent de Jérusalem en Amérique avec Léhi vers 600 av. J.-C. descendaient de Joseph d'Égypte par ses fils Manassé et Éphraïm (Alma 10:3 ; cf. 1 Né. 5:14-16 ; JD 23:184-85). Un deuxième groupe avait des liens avec la maison royale de Juda par Mulek, fils de Sédécias (Hél. 6:10 ; Om. 1:14-16). Plusieurs prophéties traitent du rétablissement final de l'alliance de Dieu parmi les descendants de ces peuples (p. ex., 1 Né. 22:3-12 ; 3 Né. 20:22-27 ; 21:1-7). Comme corollaire normal, plusieurs prophéties se concentrent sur la dispersion et le retour final de beaucoup de juifs à Jérusalem et sur les bénédictions qui les y attendent (p. ex., 2 Né. 6:10-14 ; 3 Né. 20:29-46 ; Ét. 13:5). Comme pour les autres alliances, les promesses ne s’accomplissent que quand les hommes – qu’ils soient Gentils ou Israélites – obéissent aux commandements de Dieu (p. ex., 1 Né. 14:5-6 ; 22:17-22).
 
Aujourd'hui, les membres de l'Église – l’Israël moderne, en grande partie des descendants de Joseph soit par sang soit par l’adoption – doivent aller à la recherche des autres descendants d'Israël et de ceux qui veulent devenir Israélites par l'adoption par le baptême. Le prophète Joseph Smith a observé que « lorsque le Saint-Esprit tombe sur quelqu’un de la postérité littérale d'Abraham, il est calme et serein… tandis que l'effet du Saint-Esprit sur un Gentil est de purifier le vieux sang et de faire de lui un membre véritable de la postérité d'Abraham. Celui qui n'a rien du sang d'Abraham (par nature) doit recevoir une création nouvelle du Saint-Esprit » (EPJS, p. 117 ; cf. Ro. 6:4 ; 12:2).
 
ISRAËL SPIRITUEL. Dans des temps anciens comme dans les temps modernes, le respect des alliances de Dieu a été la clef par laquelle on devient et reste le peuple de Dieu (p. ex., Ex. 19:5-6 ; De. 4:32-40 ; D&A 100:15-16). Au centre physique d'Israël, pour ainsi dire, se trouvait la maison des bénédictions spirituelles de Dieu, où les alliances étaient faites et refaites, d'abord la tente d’assignation dans le camp et plus tard le temple à Jérusalem. Presque immédiatement après avoir donné les dix commandements et d'autres conditions de l'alliance (Ex. 20-23), Dieu a donné les directives pour la construction de la tente d’assignation (Ex. 24-27), l’édifice le plus sacré de l'Israël de Moïse, « et j’habiterai [moi, Dieu] au milieu d’eux » (Ex. 25:8). Le Dieu d'Israël a aussi commandé aux saints des derniers jours de construire des temples pour le culte et pour faire des alliances de sorte que la vie des hommes et des femmes soit enrichie par le scellement éternel des familles (D&A 110:6-10 ; cf. EPJS, p. 149 ; WJS, p. 212 ; voir aussi Temples).
 
À l'époque du Nouveau Testament, les païens se virent offrir une grande occasion de participer pleinement aux bénédictions d'Israël. Bien que limitant son ministère personnel aux Israélites (Mt. 15:24 ; cf. 3 Né. 15:23) et disant aux Douze de ne faire du prosélytisme que parmi Israël (Mt. 10:5), Jésus visita les païens dans la Décapole, près de la Galilée (Mt. 8:28-34) et envoya ses soixante-dix disciples dans des régions où il y avait beaucoup de païens (Lu. 10:1-17). Il prophétisa que beaucoup « viendr[aie]nt de l’orient et de l’occident, et ser[aie]nt à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux » (Mt. 8:11). Jean-Baptiste a proclamé que « de ces pierres–ci Dieu peut susciter des enfants à Abraham. » (Mt. 3:9), allusion évidente à l'adoption des païens dans la maison d'Israël (EPJS, p. 258). Pierre a appris que les justes « en toute nation » qui écoutent Dieu lui sont « agréables » (Ac. 10:35). Paul rappelle néanmoins au lecteur : « Ne te glorifie pas au dépens de ces branches » de l'arbre d'Israël quand elles vacillent parce que « tout Israël sera sauvé » (Ro. 11:18, 26).
 
Le Livre de Mormon conserve une prophétie de Joseph d'Égypte (2 Né. 3:5-21) dans laquelle le Seigneur promet à Joseph : « Je susciterai un voyant de choix du fruit de tes reins… [pour] les faire parvenir à la connaissance des alliances que j'ai faites avec tes pères. » (2 Né. 3:7). L’œuvre de ce voyant consistera à faire paraître un document écrit par les descendants de Joseph, qui sera joint à un document de la tribu de Juda, pour faire parvenir les Israélites « à la connaissance de [leurs] pères dans les derniers jours, et aussi à la connaissance de mes alliances, dit le Seigneur » (2 Né. 3:11-12). Le document de la lignée de Joseph est le Livre de Mormon et celui de Juda est la Bible (cf. Éz. 37:15-23 ; voir aussi Livre de Mormon, Prophéties bibliques sur). La prophétie dit que le voyant « sera appelé du même nom que moi [Joseph] et ce sera le même nom que celui de son père. Et il sera semblable à moi » (2 Né. 3:15). Pour les saints des derniers jours, ce voyant est Joseph Smith. De plus, le Livre de Mormon est un instrument pour réaliser le rétablissement des alliances de l'Évangile et le rassemblement d'Israël. Vers 600 av. J.-C., le Seigneur parla à Néphi 1 de la postérité des Gentils et de Néphi : « Je me manifesterai à ta postérité, et elle écrira beaucoup de choses que je lui enseignerai, qui seront claires et précieuses… voici, ces choses seront cachées pour parvenir aux Gentils par le don et le pouvoir de l'Agneau. Et c'est en elles que sera écrit mon Évangile, dit l'Agneau, et mon rocher, et mon salut. » (1 Né. 13:35-36). À la page de titre du Livre de Mormon, on trouve ces mots écrits vers 400 apr. J.-C. disant le but de l’œuvre : « de montrer au reste de la maison d'Israël les grandes choses que le Seigneur a faites pour ses pères ; et aussi de lui faire connaître les alliances du Seigneur, qu'il sache qu'il n'est pas rejeté à jamais » (voir Livre de Mormon : Page de titre du Livre de Mormon).
 
Le rassemblement d'Israël ne pouvait avoir lieu avant le rétablissement des clefs ou de l'autorisation pour cet effort. Le 3 avril 1836 (époque de la pâque), Moïse et Élie apparurent à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland, Élie rétablissant les pouvoirs de scellement pour tourner le cœur des enfants vers les promesses faites à leurs ancêtres (cf. Mal. 4:5-6 ; D&A 2:1-3 ; JS–H 1:38-39) et Moïse les clefs pour le rassemblement d'Israël (D&A 110:11, 13-16 ; cf. EPJS, p. 272 ; PWJS, p. 186-187).
 
TERRE D'ISRAËL. Bien que l'expression « terre d'Israël » soit utilisée assez rarement dans les parties les plus anciennes de l'Ancien Testament et soit probablement l’œuvre d'une main ultérieure (p. ex. 1 S. 13:19 ; 2 R. 5:2), la notion d'une terre définissable donnée à Israël comme héritage est au moins aussi ancienne qu'Abraham (p. ex. Ge. 12:7 ; Abr. 2:6 ; voir aussi Terre promise, Notion de). En outre, il est clair que l'obéissance permanente était requise pour en conserver la possession. Car le Seigneur promit à Abraham – avec une mise en garde – que ses descendants recevraient « un pays étranger que je donnerai en possession éternelle à ta postérité après toi, lorsqu'elle écoutera ma voix » (Abr. 2:6 ; cf. aussi Lé. 18:25-28 ; Jé. 16:12-13).
 
La notion de terres d’héritage multiples est enseignée dans le Livre de Mormon. Cette pluralité de territoires est jointe à l’idée d’héritage, comme l’exprime Ésaïe. Dans la plupart des cas, l'auteur du Livre de Mormon cite Ésaïe au sujet du rassemblement d'Israël dans ses terres. Par exemple, Jacob prédit que ceux de la maison d'Israël « seront rassemblés chez eux dans les pays de leur héritage et seront établis dans toutes leurs terres de promission » (2 Né. 9:2, après avoir cité És. 49:24-52:2 ; cf. 2 Né. 6:11 ; 10:7-8). Chose significative, dans chaque cas, une transformation spirituelle d'Israël doit accompagner le rassemblement dans les terres : « et ils seront tirés de l'obscurité et des ténèbres ; et ils sauront que le Seigneur est leur Sauveur et leur Rédempteur, le Puissant d'Israël » (1 Né. 22:12). Et : Dieu « a parlé aux Juifs, par la bouche de ses saints prophètes, oui, dès le commencement [et il continuera]… jusqu'à ce que vienne le moment où ils seront rendus à la vraie Église et au vrai troupeau de Dieu » (2 Né. 9:2 ; cf. 30:2 ; 3 Né. 16:4 ; 20:13, 31).
 
Jésus ressuscité a dit qu'il y a au moins deux terres auxquelles les descendants de la maison d'Israël doivent être rassemblés. Aux auditeurs de la lignée de Joseph sur le continent américain, il a déclaré que « le Père m'a commandé de vous donner ce pays en héritage » (3 Né. 20:14 ; cf. 20:22 ; Ét. 13:6-10). 20:29 ; cf. Ét. 13:5, 11). Les Écritures modernes disent que les dix tribus se rendront d'abord en Amérique, où elles « seront couronnées de gloire en Sion » (D&A 133:26-34) et hériteront ensuite le pays de leurs ancêtres (3 Né. 20-21).
 
ÉTAT D'ISRAËL. Les dirigeants de l’Église ont vu dans la création de l'État moderne d'Israël au Proche-Orient un événement mondial d’importance mais pas comme l’accomplissement complet de la prophétie. Après avoir noté la gloire de l’œuvre de Dieu qui doit encore se faire parmi toutes les branches d'Israël et avoir traité de la rédemption promise à Juda, Bruce R. McConkie, un apôtre, écrit à propos de l'immigration actuelle de quelques millions de juifs en Terre Sainte : « Est-ce là le rassemblement moderne dont parlent les Écritures ? Non ! … C’est néanmoins une partie du plan divin » d'un rassemblement plus complet qui doit encore se produire (p. 229).
 
Bibliographie
Hunter, Howard W. "All Are Alike unto God." Ensign 9, juin 1979, p. 72-74.
McConkie, Bruce R. The Millennial Messiah, p. 182-329. Salt Lake City, 1982.
Nelson, Russell M. "Thanks for the Covenant." Devotional and Fireside Speeches [BYU], 1988-89, p. 53-61. Provo, Utah, 1989.
S. KENT BROWN
 
Israël : Dispersion d'Israël
Auteur : STEWART, DOUGLAS A.
 
La dispersion d'Israël, prédite dans toute la Bible et tout le Livre de Mormon, est une preuve d’accomplissement des prophéties. D'une part, Abraham a reçu la promesse que ses enfants posséderaient un lieu de résidence tant qu’ils resteraient fidèles aux commandements de Dieu (Abr. 2:6) ; de l'autre, les prophètes à partir de Moïse ont prévenu que la rébellion spirituelle mènerait à leur expulsion de la terre promise (Lé. 18:26-28 ; 26:21-33). Pendant le schisme monarchique, les prophètes israélites plaidèrent pour le retour aux alliances négligées afin d’assurer la protection promise par le Seigneur (p. ex., Os. 6:1-3 ; Am. 5:4-9 ; És. 49 ; 50:1-3 ; 51-52 ; Jé. 3:12-19 ; 18:11). Israël et Juda ayant rejeté les avertissements prophétiques, ils furent dispersés.
 
La dispersion se produisit en trois phases principales : (1) la captivité assyrienne du royaume du nord de dix des tribus d'Israël (v. 722 av. J.-C.) ; (2) la captivité babylonienne du royaume de Juda (v. 587 av. J.-C.) ; et (3) la destruction de l'État judéen et du deuxième temple par Rome (66-70 apr. J.-C.). Bien que d'autres cas de dispersion se soient produits, ces phases accomplissaient les buts du Seigneur de punir son peuple de l'alliance en le dispersant ; mais, dans sa miséricorde, il fit les préparatifs du rassemblement de ses descendants dans les années ultérieures quand ils « parviendront à la connaissance de leur Rédempteur » (2 Né. 6:8-14).
 
On trouve de nombreuses mentions de la dispersion d'Israël dans les Écritures. Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel, Néphi 1, et d'autres ont beaucoup écrit à ce sujet (p. ex., És. 50-53 ; Jé. 3 ; 18 ; Éz. 6:8-10 ; 11-12 ; 36 ; 2 Né. 10). Le plus remarquable de ces passages est sans aucun doute la prophétie de Zénos donnée à « la maison d'Israël » et citée dans le Livre de Mormon par Jacob, fils de Léhi (Jcb. 5). Dans un langage semblable à Ésaïe 5:1-7 et dont on retrouve l’écho dans Ro. 11:17-24, Zénos compare l'histoire de la maison d'Israël à un olivier planté dans une vigne, l’assimilant à un « olivier franc » qui commence à se corrompre. Des Gentils, représentés dans l'allégorie de Zénos par les branches d'un olivier sauvage, sont greffés sur l'arbre franc afin de conserver son fruit naturel. Des serviteurs aident le seigneur de la vigne à créer les meilleures conditions de croissance : ils bêchent, taillent, engraissent et finalement transplantent, greffent et élaguent. Entre--temps, ils plantent des branches de l'arbre d’origine dans des parties lointaines de la vigne. Au cours de trois « visites » de la vigne (Jcb. 5:4, 16, 30), le seigneur et ses serviteurs travaillent pour produire des olives valables qui pourraient être conservées pour « la saison qui arrive rapidement » (5:76). Finalement, le fruit désiré apparaît, ce qui fait un grand plaisir au seigneur de la vigne (5:38-75).
 
Joseph Fielding Smith, un apôtre moderne, a résumé ainsi cette allégorie : « Elle rapporte l'histoire d'Israël au cours des siècles, la dispersion des tribus dans tous les coins de la terre… ou en d'autres termes le mélange du sang d'Israël parmi les Gentils par lequel les grandes bénédictions et promesses du Seigneur à Abraham s’accomplissent » (Answers to Gospel Questions, Salt Lake City, 1963, vol. 4, p. 141-142).
 
Les prophètes du Livre de Mormon et le Sauveur ressuscité ont également parlé de la dispersion. À propos de la situation de son peuple dans une nouvelle terre, Néphi 1 remarque qu'il fait partie d'Israël dispersé qui un jour sera rassemblé (1 Né. 22:3-5, 7-12). Jacob observe : « Nous avons été chassés du pays de notre héritage ; mais nous avons été conduits dans un pays meilleur » (2 Né. 10:20-22). Jésus ressuscité dit à ses auditeurs en Amérique que bien que la dispersion prophétisée ne fût pas encore complète, le rassemblement promis allait certainement se produire (3 Né. 20:11-18, 29-46 ; 21:1-9, 26-29).
 
La dispersion d'Israël intéresse les saints des derniers jours à cause de la promesse du rassemblement dans les derniers jours, qui a commencé en 1829 quand le Seigneur a rétabli la prêtrise par le prophète Joseph Smith. Puis, le 3 avril 1836, Moïse est apparu et a donné les clefs, ou l'autorisation, du rassemblement à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland. Aujourd'hui, mandatés par ceux qui ont l'autorité dans la prêtrise, les missionnaires ramènent l’Israël moderne à l'alliance, à l'acceptation de son Rédempteur, l’instruisant dans les pays dans lesquels ses ancêtres ont été dispersés il y a bien longtemps.
 
Bibliographie
Jackson, Kent P. "Nourished by the Good Word of God." Dans Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson, Vol. 7, p. 185-195. Salt Lake City, 1987.
Richards, LeGrand. Israel, Do You Know ? Salt Lake City, 1982.
DOUGLAS A. STEWART
 
Israël : Rassemblement d'Israël
Auteur : NIEDERHAUSER, TERRY L.
 
Les saints des derniers jours croient « au rassemblement littéral d'Israël et au rétablissement des dix tribus ; [et] que Sion (la nouvelle Jérusalem) sera bâtie sur le continent américain » (10ème A de F). Du point de vue des saints des derniers jours, le rassemblement d'Israël dans les derniers jours comprend ce qui suit : (1) le rassemblement spirituel, qui comprend la prise de conscience que Jésus est le Christ, et le fait de devenir membre de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours ; (2) le rassemblement des membres de l’Église dans des pieux organisés et (3) le rassemblement des descendants des douze fils de Jacob – notamment les dix tribus perdues (D&A 110:11) – dans les terres de leur héritage. Ces rassemblements sont nécessaires à cause des apostasies antiques qui ont eu pour conséquence la dispersion d'Israël dans toutes les nations (De. 4:27 ; 28:64 ; Jé. 16:13 ; Osée 9:17).
 
Les prophètes israélites, voyant d’avance la dispersion d’Israël, ont également prédit son rassemblement dans les derniers jours (1 R. 22:17 ; Jé. 31:7-12 ; 32:37-40 ; Éz. 36:24 ; etc.). Selon Ésaïe, Israël apprendra que le Seigneur est Sauveur, sera rassemblé, dirigera ses propres affaires et reconstruira Jérusalem (És. 52:1-2 ; D&A 113:7-10). Anciennement, le Seigneur a fait sortir Israël d'Égypte et Ésaïe a prophétisé un retour futur d'Israël de beaucoup de pays (És. 11:11-13 ; cf. 2 Né. 6:14 ; EPJS, p. 9 ; Benson, 1977, p. 137-138).
 
Le rassemblement spirituel d'Israël par la conversion à l’Évangile rétabli de Jésus-Christ doit être accompli par les anciens de l'Église (D&A 133:8) qui sont mis à part et envoyés comme « pêcheurs » et « chasseurs » « et ils les chasseront de toutes les montagnes et de toutes les collines, et des fentes des rochers » (Jé. 16:16) et ils les appelleront à Sion et à ses pieux (D&A 133:4-9 ; És. 54).
 
Le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances sont considérés comme des instruments « pour rassembler mes élus » de toute la terre (Moï. 7:62 ; Benson, Ensign 16, nov. 1986, p. 78-80). Jésus ressuscité a déclaré : « que lorsque les paroles d'Ésaïe s’accompliraient… alors s’accomplira l'alliance » que le Père a faite de rassembler Israël (3 Né. 20:11-13). En outre, il a proclamé que le Livre de Mormon paraîtrait comme signe qu'Israël dispersé était sur le point d'être rassemblé (3 Né. 20-21). Néphi 1 cite Ésaïe 48 et 49, qu'il considère comme le héraut du rassemblement et de la gloire futurs d'Israël (1 Né. 20-22).
 
Les clefs de la prêtrise, ou autorisation, pour rassembler Israël furent données le 3 avril 1836 au prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery, dans le temple de Kirtland. « Moïse apparut devant nous et nous remit les clefs pour rassembler Israël des quatre coins de la terre et pour ramener les dix tribus du pays du nord » (D&A 110:11). Cette autorité est maintenant détenue par le président de l'Église. La partie d'Israël connue sous le nom de Dix Tribus doit encore être ramenée du nord. Son rassemblement s’accomplira en partie par sa conversion au Seigneur, la réception des bénédictions de l'Évangile et son retour au « pays de son héritage antique » (McConkie, 1982, p. 321, 324-326).
 
Le Seigneur met en évidence les caractéristiques spirituelles et littérales du rassemblement dans l'interprétation suivante de la parabole de l’ivraie : « Je dois rassembler mon peuple selon la parabole du bon grain et de l'ivraie, afin que le bon grain soit mis en sûreté dans les greniers pour posséder la vie éternelle et être couronné de gloire céleste » (D&A 101:65 ; aussi 86:7-10). Joseph Smith a déclaré qu’à toutes les époques, le but divin du rassemblement est la construction de temples pour que les enfants du Seigneur puissent recevoir les ordonnances les plus élevées et parvenir ainsi à la vie éternelle (EPJS, p. 248, 254).
 
Le rassemblement d'Israël continue dans le monde post-terrestre d'esprit où le Christ « organisa ses forces et désigna des messagers… et les chargea d'aller porter la lumière de l'Évangile à ceux qui étaient dans les ténèbres, oui, à tous les esprits des hommes » pour qu'eux aussi puissent être rassemblés (D&A 138:30, 34 ; cf. 1 Pi. 3:18-19). Pour la réalisation de ce rassemblement, les membres de l’Église accomplissent des ordonnances telles que le baptême et la confirmation dans les temples modernes en faveur des morts (cf. 1 Co. 15:29).
 
Le rassemblement physique d'Israël va de pair avec le rassemblement spirituel. Les serviteurs du Seigneur doivent s’unir et venir « en Sion ou dans ses pieux, les lieux désignés par toi » (D&A 109:39). En 1830, le Seigneur a commandé aux saints de se rassembler en « un seul endroit » (D&A 29:8), le premier endroit étant en Ohio. En juillet 1831, il a révélé que « le pays de Missouri » était « désigné et consacré pour le rassemblement des saints » et Independence (Missouri) était désigné comme « lieu central » (D&A 57:1-3). En 1838, après que l'Église a grandi, le Seigneur a parlé de se rassembler « au pays de Sion et dans ses pieux » (D&A 115:6 ; cf. És. 54:2-3 ; D&A 101:21-22).
 
Des missionnaires ont été envoyés après que l'Église a été organisée (1830) pour rassembler l’Israël spirituel et l’Israël par le sang. Dans l'esprit du rassemblement, beaucoup de convertis ont émigré des États de l’Est des États-Unis, du Canada, de Grande-Bretagne et d’Europe occidentale, d'abord en Ohio, puis au Missouri, en Illinois, et par la suite dans les montagnes Rocheuses. Entre 1840 et 1890, plus de quatre-vingt mille convertis sont venus d'Europe continentale et cinquante-cinq mille de Grande-Bretagne (P.A.M. Taylor, Expectations Westward, Édimbourg, 1965, p. 144).
 
Au changement de siècle et par la suite, on n’a plus demandé aux convertis d’émigrer en Amérique et dans l'Ouest. Comme Spencer W. Kimball l’a de nouveau souligné, les convertis devaient rester dans leur pays d’origine où des pieux de Sion seraient créés et des temples construits, accordant aux membres toutes les bénédictions de l'Évangile dans leur propre pays. Il a invité les saints à fonder des « Sions multiples » et à se rassembler dans « leur culture et leur nation propres » (Kimball, p. 438-440 ; cf. Palmer, p. 33-42).
 
Le rassemblement d'Israël inclut les Lamanites. Jésus ressuscité avait promis à leurs ancêtres en Amérique : « J'établirai ce peuple dans ce pays, pour l'accomplissement de l'alliance que j'ai faite avec votre père Jacob » (3 Né. 20:22, 25 ; 21:1-7).
 
Le rassemblement des juifs dans l'État d'Israël continuera. Les associés et les successeurs de Joseph Smith ont prédit que leur premier rassemblement se ferait dans l'incrédulité (JD 4:232 ; 11:245 ; 18:64-66 ; cf. 16:352 ; 18:225). Bruce R. McConkie appelle ceci un « rassemblement des non convertis en Palestine… un rassemblement politique » (1982, p. 229-230). Ce « rassemblement préliminaire » doit précéder l’avènement du Christ auprès des juifs sur le mont des Oliviers, quand il se manifestera personnellement à eux (2 Né. 6:14 ; cf. Za. 13:6 ; D&A 45:48-53 ; JS–M 1:37).
 
Le pays de Canaan a été promis à Abraham et à sa postérité si toutefois ils sont justes (Abr. 2:6), promesse réitérée plus tard à Isaac et à Jacob (Ge. 12:7 ; 26:3 ; 35:12). Parmi les descendants de Jacob, les juifs ont conservé leur identité tout au long des siècles. Descendant d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le peuple de Juda doit retourner à ses terres héréditaires (D&A 109:64). Lors de la consécration du temple de Kirtland, Joseph Smith a supplié le Seigneur « que les enfants de Juda commencent à retourner dans les terres que tu as données à Abraham, leur père » (D&A 109:62-64). Orson Hyde, l’un des premiers apôtres, fut appelé et ordonné par Joseph Smith pour consacrer la Palestine pour le retour des juifs. Le 24 octobre 1841, Hyde monta sur le mont des Oliviers, pria pour « dédier et consacrer cette terre… pour le rassemblement des restes dispersés de Juda » et érigea un monticule de pierres pour commémorer l'événement (HC 4:456-459).
 
Le Livre de Mormon dit que les juifs « seront rassemblés de leur longue dispersion, des îles de la mer et des quatre coins de la terre » (2 Né. 10:8 ; cf. 25:15-17). De plus, Mormon, rédacteur et compilateur du Livre de Mormon, déclare que « vous n'aurez plus lieu de siffler, ni de traiter avec mépris, ni de tourner en dérision les juifs, ni personne parmi le reste de la maison d'Israël ; car voici, le Seigneur se souvient de son alliance avec eux, et il leur fera selon ce qu'il a juré » (3 Né. 29:8). [Voir aussi Sionisme.]
 
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. "A Message to Judah from Joseph." Ensign 6, déc. 1976, p. 67-72.
Benson, Ezra Taft. This Nation Shall Endure. Salt Lake City, 1977.
Kimball, Spencer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball. Salt Lake City, 1982.
McConkie, Bruce R. "Come : Let Israel Build Zion." Ensign 7, mai 1977, p. 115-118.
McConkie, Bruce R. The Millennial Messiah : The Second Coming of the Son of Man. Salt Lake City, 1982.
Palmer, Spencer J. The Expanding Church. Salt Lake City, 1978.
Talmage, James E. "Le rassemblement d’Israël" Dans AF, p. 406-422.
TERRY L. NIEDERHAUSER
 
Israël : Tribus perdues d'Israël
Auteur : BOLLINGER, DAVID L.
 
Les événements qui ont provoqué la division avec les dix tribus d'Israël, appelées plus tard les dix tribus perdues, sont liés à la scission de la monarchie israélite (v. 930 av. J.-C.). Emboîtant le pas à Jéroboam, son roi arriviste, le royaume du nord, Israël, apostasia des alliances qu'il avait faites avec le Seigneur (1 R. 12:26-30). Ésaïe prévint que l'armée assyrienne deviendrait « la verge [de la colère de Dieu] » (És. 10:5) ; la prophétie s’accomplit quand les Assyriens emmenèrent en captivité la plus grande partie du peuple des tribus du nord (2 R. 17:23). Pour des saints des derniers jours, les tribus perdues sont des Israélites autres que le peuple juif ou les Lamanites du Livre de Mormon (2 Né. 29:13). Les sources de l’Église fournissent quelques informations sur leur situation et annoncent que les descendants de ces tribus perdues auront une participation essentielle aux événements des derniers jours.
 
Le Seigneur a révélé par les prophètes de l'Ancien Testament que les dix tribus retourneraient et recevraient les bénédictions promises. Ésaïe a prophétisé que « le Seigneur étendra une seconde fois sa main, pour racheter le reste de son peuple » (És. 11:11). Jérémie a déclaré qu’un « reste » reviendrait « du pays du septentrion » (Jé. 3:18 ; 16:14-15 ; cf. 23:7-8 ; 31:8) et que le Seigneur ferait « une alliance nouvelle » avec lui (Jé. 31:31).
 
Les prophètes du Livre de Mormon ont affirmé que le Seigneur n'avait pas oublié les dix tribus, et qu'elles tiennent des annales qui seront révélées un jour (2 Né. 29:12-14). Quand il est apparu en Amérique, Jésus-Christ ressuscité a dit que le Père lui avait commandé d’exercer son ministère auprès des tribus perdues, « car elles ne sont pas perdues pour le Père » (3 Né. 17:4). Jésus a également promis que l’œuvre de rédemption du Seigneur dans les derniers jours inclurait « les tribus qui ont été perdues » (3 Né. 21:26).
 
Pour que les tribus perdues reçoivent leurs bénédictions promises dans les derniers jours, des clefs de la prêtrise, ou autorisation, ont dû être rétablies. Le 3 avril 1836, Moïse est apparu au prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland et leur a conféré « les clefs du rassemblement d'Israël… et pour ramener les dix tribus du pays du nord. » (D&A 110:11). Ces clefs sont toujours détenues par le président de l'Église. En temps voulu, les dix tribus « seront couronnées de gloire… par les mains des serviteurs du Seigneur, c’est-à-dire les enfants d'Éphraïm » (D&A 133:26-34). James E. Talmage a également affirmé que « les tribus viendront ; elles ne sont pas perdues pour le Seigneur ; on les fera sortir, comme prédit » (CR, oct. 1916, p. 76). C’est clair : selon les Écritures et les enseignements des dirigeants de l’Église, les descendants des tribus perdues, où qu’ils soient, ont continué à retenir l'attention divine et recevront de futures bénédictions.
 
Bibliographie
Smith, Joseph Fielding. Le chemin de la perfection, chap. 20.
Talmage, James E. "La dispersion d’Israël." Dans AF, p. 389-404
DAVID L. BOLLINGER

J
 
Jean le Bien-aimé
Auteur : GRIGGS, C. WILFRED
 
Jean le Bien-aimé est l’auteur de cinq écrits du Nouveau Testament, un évangile, l’Apocalypse (voir Jean, Révélations de) et trois épîtres. Bien que l’auteur s’identifie comme étant Jean dans l’Apocalypse (Ap. 1:1, 4, 9), il n’est connu que comme « l’ancien » dans les épîtres et comme « le disciple que Jésus aimait » dans l’évangile. La tradition ancienne et les éléments de style vont dans le sens d’une origine commune de ces écrits, mais certains estiment que « le bien-aimé » et « l’ancien » étaient deux personnes différentes.
 
Jean souligne les qualités spirituelles dans ses écrits, notamment certaines paires contrastantes de caractéristiques qui illustrent les deux forces spirituelles opposées dans le monde. Parmi les exemples il y a la lumière et les ténèbres, l’amour et la haine, la vérité et le mensonge et Dieu et le diable (voir Opposition). Jean souligne également des idées telles que porter un témoignage vrai, connaître le Seigneur, persévérer jusqu’à la fin et être ressuscité par le Sauveur.
 
Jean et son frère, Jacques étaient fils de Zébédée (certains pensent que Salomé était la femme de Zébédée, basant leur identification sur Mt. 27:56 et Mc. 15:40) et les hommes de la famille étaient pêcheurs sur la mer de Galilée. Leurs affaires étaient prospères au point qu’ils employaient des serviteurs (Mc. 1:19-20) à l’époque où Jésus appela les frères au ministère à plein temps. Bien que les évangiles de Matthieu et de Luc citent Pierre, André, Jacques et Jean au début de leur liste, Marc et Actes situent Pierre, Jacques et Jean au début de la liste des Douze. Ces trois apôtres étaient seuls avec Jésus en des occasions spéciales, comme lors de la résurrection de la fille de Jaïrus (Mc. 5:37-43), sur la montagne de la Transfiguration (Mt. 17:1-9) et lors des souffrances de Jésus dans le jardin de Gethsémané (Mt. 26:37-45). Le prophète Joseph Smith a enseigné que ces trois apôtres antiques reçurent les clefs de la prêtrise pendant l’expérience de la Transfiguration (EPJS, p. 125).
 
Jean est habituellement identifié comme étant l’un des deux disciples de Jean-Baptiste mentionnés dans l’évangile de Jean qui devinrent disciples de Jésus après son baptême (Jean 1:35-40). Jacques et Jean furent appelés Boanergès (« fils du tonnerre ») par Jésus, peut-être à cause de leur personnalité forte et impulsive. Eux (Mc. 10:35-40) ou leur mère en leur nom (Mt. 20:20-23) demandèrent à Jésus de leur accorder une place d’honneur dans son royaume céleste. Bien que réprimandés pour leur ambition, ils exprimèrent leur volonté de participer à ses épreuves et à ses souffrances et Jésus déclara que c’est ce qui se passerait.
 
Jean se décrit comme étant « couché sur le sein de Jésus » pendant la dernière cène (Jn. 13:23) ; plus tard, quand Jésus fut lié et emmené devant le souverain sacrificateur, Jean (qui « était connu du souverain sacrificateur ») et Pierre l’accompagnèrent (Jn. 18:15). Jean continua à suivre le Sauveur au cours des événements qui s’ensuivirent et fut le seul des Douze dont il soit écrit qu’il était présent à la crucifixion. Jésus lui demanda de prendre soin de sa mère, Marie, et Jean la prit chez lui (Jn. 19:26-27).
 
Après la résurrection du Christ, Pierre et Jean coururent au tombeau lorsque Marie Madeleine leur eut dit que la pierre qui le fermait avait été enlevée. Jean courut plus vite et fut le premier à arriver au tombeau vide (Jn. 20:1-8). Plus tard, le Seigneur dit à Pierre que Jean resterait (sur terre) jusqu’à sa seconde venue (Jn. 21:20-23), ce qui fut la source de la tradition chrétienne ancienne que Jean n’est pas mort. Le prophète Joseph Smith a confirmé et a corrigé cette tradition dans une révélation qui dit que Jean, ayant reçu « pouvoir sur la mort », reste sur la terre « comme un feu flamboyant et je ferai de lui un ange chargé d’un ministère… en faveur de ceux… qui seront héritiers du salut » jusqu’à ce que le Sauveur revienne (D&A 7 ; voir Êtres enlevés). Pendant sa visite au peuple du Livre de Mormon, le Christ ressuscité a également mentionné la permanence du ministère terrestre de Jean (3 Né. 28:6-8).
Pierre et Jean apparaissent ensemble dans plusieurs événements des premiers chapitres des Actes et quelque temps après la mort de Jacques (Ac. 12:1-2), ces deux apôtres seront rejoints par un autre Jacques, « frère du Seigneur » (Ga. 1:19), dans une responsabilité de présidence sur l’Église ; Jacques, Pierre et Jean étaient les « colonnes » reconnues (Ga. 2:9).
 
Après la mort de Pierre (que la tradition fixe à 67 apr. J.-C.), Jean dut être le doyen et l’apôtre président. Beaucoup de sources disent que des années plus tard, Jean vécut à Éphèse, fut exilé à Pathmos (v. 90 apr. J.-C.) par l’empereur Domitien et revint à Éphèse pendant le règne de Nerva (96-98 apr. J.-C.), successeur de Domitien. Pendant son exil à Pathmos, Jean reçut l’Apocalypse, qu’il lui fut commandé d’envoyer avec une lettre d’accompagnement à sept Églises d’Asie Mineure. L’importance de l’Apocalypse pour les saints des derniers jours est soulignée par la vision de Néphi 1 dans le Livre de Mormon, où un ange dit à ce prophète de ne pas écrire tout ce qu’il a vu, car les annales des derniers jours seront faites pour le monde par Jean, un apôtre du Seigneur (1 Né. 14:18-27 ; cf. Ét. 4:16).
 
Après son retour à Éphèse, Jean écrivit les trois épîtres qui portent son nom dans le Nouveau Testament. Certains pensent qu’il a également écrit son évangile à Éphèse à cette date tardive, mais d’autres en fixent la date plus tôt. D’autres écrits ont été attribués à Jean, notamment les Actes apocryphes de Jean, et diverses versions de l’Apocryphon [écrit secret] de Jean, mais aucun de ces écrits n’a été généralement considéré comme écrit authentique de l’apôtre.
 
En mai-juin 1829, les trois apôtres d’autrefois, Pierre, Jacques et Jean, apparurent à Joseph Smith et à Oliver Cowdery, les ordonnèrent à la Prêtrise de Melchisédek et leur donnèrent les mêmes clefs qu’ils avaient reçues sur la montagne de la Transfiguration (voir D&A 27:12-13). Joseph Smith reçut plus tard une révélation, dont certaines parties sont parallèles au prologue de l’évangile de Jean, et il lui fut dit que « la plénitude du livre de Jean » serait donnée à une date future (D&A 93:6, 18).
 
Bibliographie
Brown, Raymond E. The Gospel According to John, 2 vols. Garden City, N.Y., 1966, 1970.
Brown, Raymond E. The Epistles of John. New York, 1982.
Charles, R. H. Revelation, 2 vols. Edinburgh, 1920 ; rep. 1970.
Ford, J. Massyngberde. Revelation. New York, 1975.
Morris, Leon. Commentary on the Gospel of John. Grand Rapids, Mich., 1971.
Schnackenburg, Rudolf. The Gospel According to St. John, 3 vols. English trans., London, 1968-1982.
C. WILFRED GRIGGS
 
Jean, Révélations de
Auteur : LUND, GERALD N.
 
L’apôtre Jean, parfois désigné sous le nom de Jean le Bien-aimé et de Jean le Révélateur, et les textes scripturaires liés à son nom sont tenus en haute estime par les saints des derniers jours. Les Écritures modernes ajoutent à la compréhension de l’homme et de ses écrits dans trois domaines importants : Jean en tant qu’être enlevé, un document supplémentaire de Jean et des éclaircissements sur l’Apocalypse.
 
JEAN COMME ÊTRE ENLEVÉ. En avril 1829, le prophète Joseph Smith reçut une révélation (D&A 7) qui éclaircit la déclaration du Sauveur que Jean resterait sur terre jusqu’à son retour (Jn. 21:22). Cette révélation enseigne que Jean a demandé d’obtenir pouvoir sur la mort pour pouvoir amener plus d’âmes au Christ (3 Né. 28:6-11), que le Seigneur lui a promis qu’il pourrait demeurer « jusqu’à ce que je vienne dans ma gloire » et que Jean est un être enlevé dont l’état est « comme un feu flamboyant et un ange chargé d’un ministère » (D&A 7:1-3, 6).
 
DOCUMENT SUPPLÉMENTAIRE DE JEAN. Dans une autre révélation donnée le 6 mai 1833 à Joseph Smith apparaît un extrait de onze versets de ce qui est appelé la « plénitude des annales de Jean » (D&A 93:7-18). Il y a des ressemblances importantes entre ces versets et les premiers versets de l’évangile de Jean (Jn. 1:1-34), mais il y a aussi des liens avec les expériences de Jean-Baptiste qui sont également évidents (cf. D&A 93:15 ; Jn. 1:32-34). Puisque Doctrine et Alliances 93 ne mentionne que le nom de Jean, sans annotation, on ne sait pas s’il s’agit de Jean le Bien-aimé ou de Jean-Baptiste (cf. McConkie, 1979, vol. 1, p. 426-427).
 
Quelle qu’en soit la source, ces quelques lignes des « annales de Jean » rendent un témoignage important du Sauveur, réaffirmant que Jésus est la Parole, « le messager du salut » (D&A 93:7-8), qu’il est la lumière et le Rédempteur du monde et l’esprit de vérité (93:9-10) et qu’il ne reçut pas la plénitude dès l’abord, mais continua « de grâce en grâce » jusqu’à ce qu’il eût reçu « tout pouvoir, tant dans le ciel que sur la terre » (93:11-17).
 
L’APOCALYPSE. Deux passages du Livre de Mormon soulignent l’importance de l’Apocalypse de Jean pour les derniers jours. Le prophète Néphi 1 (v. 600 av. J.-C.) eut la vision de beaucoup d’événements futurs, mais il lui fut interdit de les écrire car « le Seigneur Dieu a établi l'apôtre de l'Agneau de Dieu pour les écrire… [Et] le nom de l'apôtre de l'Agneau était Jean » (1 Né. 14:25, 27). De plus, à propos des derniers jours, le Seigneur dit : « Et alors mes révélations, que j'ai fait écrire par mon serviteur Jean, seront dévoilées aux yeux de tout le peuple » (Ét. 4:16).
 
À cet égard, trois sources importantes facilitent l’interprétation de l’Apocalypse.
 
1. Doctrine et Alliances section 77. Reçue par Joseph Smith tandis qu’il travaillait à la Traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS), cette révélation contient quinze questions et réponses au sujet de l’Apocalypse. « Cette révélation [D&A 77] n’est pas une interprétation complète du livre. C’est une clef… Elle ouvre la porte par laquelle un accès est possible, mais après que la clef a été tournée, le chercheur de trésor doit le trouver par lui-même » (Smith, p. 478).
 
2. La Traduction de Joseph Smith. En plus des questions et des réponses de la section 77, Joseph Smith a fait des révisions importantes du texte de l’Apocalypse dans la TJS.
 
3. D’autres écrits scripturaires et prophétiques. Une grande partie de l’Apocalypse est formulée dans un langage figuré. Les Écritures modernes et les écrits des Autorités générales fournissent des interprétations qui aident à déverrouiller ce langage figuré. Il y a    , par exemple, la « verge de fer » qui est la parole de Dieu (Ap. 2:27 ; cf. 1 Né. 15:23-24), les « êtres vivants » du chapitre 13, qui représentent les royaumes dégénérés du monde (EPJS, p. 233) et Babylone, qui est le symbole de la méchanceté spirituelle (Ap. 17:5 ; cf. D&A 133:14).
 
En bref, l’Apocalypse est divisée en deux grandes sections : les épîtres aux sept Églises d’Asie (chap. 2-3) et la vision de « ce qui doit arriver dans la suite » (4:1 ; voir chap. 4-22).
 
Les sept épîtres écrites aux Églises d’Asie sont importantes pour les chrétiens de toutes les époques. Elles décrivent les croyances et les pratiques que le Seigneur trouvait louables aussi bien que celles qui lui déplaisaient. Sous une forme succincte, ces chapitres récapitulent les bénédictions qui attendent les fidèles.
 
La vision du futur (Ap. 4-22) tourne autour d’un « livre » scellé de sept sceaux, qui était dans la main de Dieu (5:1-8). Selon la section 77 des Doctrine et Alliances, ce livre représente le plan de Dieu pour cette terre pendant les sept mille années de son « existence temporelle », chaque sceau représentant mille ans (D&A 77:6-7). « Par les sept mille années de l’existence temporelle on entend la période de la durée de la terre de la chute d’Adam jusqu’à la fin du temps, qui viendra après le millénium » (Joseph Fielding Smith, dans Smith et Sjodahl, p. 474).
 
Les cinq premiers sceaux donnent, en deux ou trois versets (Ap. 6:1-11), les grandes caractéristiques de chacune des cinq mille premières années (voir aussi McConkie, 1973, vol. 3, p. 476-485). Dans le sixième sceau, représentant le sixième millénaire, Jean voit quatre anges tenant les jugements de Dieu (Ap. 7:1 ; D&A 77:8) et un autre ange qui représentait l’œuvre du Rétablissement (Ap. 7:2-3 ; D&A 77:9-11 ; McConkie, 1973, vol. 3, p. 489-494).
 
Le septième sceau s’ouvre au chapitre 8. Mais la prédiction du retour du Christ ne se produit qu’au chapitre 19. Ainsi, une partie importante du livre se concentre sur la période qui précède directement la seconde venue de Jésus (cf. D&A 77:13). Pierre a déclaré que le Christ ne reviendrait pas « jusqu’aux temps du rétablissement de toutes choses » (Ac. 3:21). Il est essentiel à ce rétablissement moderne que des anges chargés d’un ministère (Moroni 2, Jean-Baptiste, Pierre, Jacques, Jean, Moïse, etc.) rapportent non seulement la plénitude de l’Évangile éternel et ses clefs et ses ordonnances mais également le « pouvoir de scellement », qui est le pouvoir de lier des choses sur terre de telle sorte que cela fasse force de loi au ciel (Mt. 16:19 ; voir Scellement). Le rétablissement de l’Évangile et du pouvoir de scellement sont des conditions importantes de l’avènement du Christ. Pendant cette période, trois caractéristiques régneront : des jugements, le royaume du Christ par opposition aux royaumes du monde et la destruction de la Babylone des derniers jours.
 
Pendant que les trompettes retentissent et que les « coupes » de destruction sont déversées, les fléaux dévastateurs se succèdent, dont de vastes pollutions, une méchanceté effrénée et la bataille d’Harmaguédon (Ap. 8-11, 16). Au milieu de ces jugements permis par Dieu, une voix déclare que « le royaume du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ » (Ap. 11:15). Le chapitre 12 dépeint l’Église du Christ et le royaume de Dieu (TJS Ap. 12:7 ; McConkie, 1973, vol. 3, p. 516). Au chapitre 13, les royaumes de Satan s’opposent aux saints et à l’œuvre de Dieu. Le chapitre 14 montre ensuite le triomphe du royaume du Christ et ce qui mène à cette victoire. Le Christ vient à la montagne de Sion avec ses serviteurs (14:1-5) et un ange, ayant l’Évangile éternel à prêcher à la terre, vole par le milieu du ciel (14:6-7). (Le verset 6 est ce qui a inspiré le placement de la statue bien connue de l’ange Moroni au sommet de la plupart des temples de l’Église.) Ensuite la chute de Babylone est annoncée (14:8-11). Comme l’ange qui montait du soleil levant (Ap. 7:2), cet ange est interprété comme représentant l’œuvre du Rétablissement (McConkie, 1973, vol. 3, p. 530). C’est cette œuvre, dirigée par le Christ et ses serviteurs, qui provoque la destruction finale de tous les royaumes profanes. La chute de Babylone (Ap. 16-18) est si spectaculaire que toutes les armées du ciel s’écrient spontanément : « Alléluia » (Ap. 19:1-6).
 
Après la venue du Christ (Ap. 19:7-21), la vision conclut, dans une succession rapide, avec le millénium (Ap. 20:1-6), la libération de Satan « pour un peu de temps » (Ap. 20:7-10 ; D&A 88:111-115), le grand Jugement (Ap. 20:11-15) et la célestialisation de la terre (Ap. 21:22-5). Ainsi, l’Apocalypse de Jean montre que, malgré tous les efforts de Satan en sens contraire, l’œuvre de Dieu triomphera et le Christ reviendra régner avec ses saints pendant mille ans pendant le millénium et pendant toute l’éternité.

Bibliographie
Lund, Gerald N. "Insights from the JST into the Book of Revelation." The Joseph Smith Translation, dir. de publ. M. Nyman et R. Millet. Provo, Utah, 1985.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 3, p. 476-485, 489-494, 516, 530. Salt Lake City, 1973.
McConkie, Bruce R. "Understanding the Book of Revelation". Ensign 5, sept. 1975, p. 85-89.
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah, Vol. 1, p. 426-27. Salt Lake City, 1979.
Smith, Hyrum M., et Janne M. Sjodahl. Doctrine and Covenants Commentary, éd. rév. Salt Lake City, 1951.
GERALD N. LUND
 
Jean-Baptiste
Auteur : NOVAK, LOUIS
 
Jean-Baptiste naquit en Judée environ six mois avant le Sauveur Jésus-Christ. La mission terrestre principale de Jean était de préparer la voie à Jésus et de le baptiser. Le rôle qu’il devait jouer plus tard dans le rétablissement de la Prêtrise d’Aaron en 1829 est particulièrement important aux yeux des saints des derniers jours.
 
Les savants bibliques discernent des différences subtiles dans la manière dont chacun des quatre évangiles du Nouveau Testament présente des informations sur Jean-Baptiste. Marc semble souligner le fait que Jean a préfiguré Jésus en ce que les deux ont proclamé l’Évangile et puis ont été livrés à la mort. Luc traite des relations personnelles entre Jean et Jésus, avec les liens importants que le Baptiste fournit entre l’Ancien Testament et le Nouveau. Matthieu rapporte plusieurs parallèles entre le ministère de Jean et celui de Jésus, tout en précisant clairement que Jean était subordonné à Jésus, qui identifie Jean comme étant « l’Élie qui devait venir » (cf. Mt. 11:14). D’autre part, l’Évangile grec de Jean semble minimiser ses enseignements apocalyptiques, lui fait nier être cet Élie (Jn. 1:21) et n’utilise jamais le titre « Baptiste » apparemment pour souligner son rôle comme première personne à ce moment-là à savoir par révélation et à témoigner que Jésus était le Fils de Dieu (voir J. Meier, « John the Baptist in Matthew’s Gospel » Journal of Biblical Literature 99, 1980, p. 383-386).
 
Pour les saints des derniers jours, ces nuances sont dépassées par des rôles de Jean plus importants englobés dans le Plan du Salut. Par exemple, son ministère illustre le concept de la nécessité d’un prophète, parce que « le Seigneur, l’Éternel, ne fait rien sans avoir révélé son secret à ses serviteurs les prophètes » (Am. 3:7) ; il est venu comme une voix d’avertissement, proclamant l’Évangile du repentir, rendant témoignage de Jésus-Christ, baptisant par immersion, détenant l’autorité divine, promettant le don du Saint-Esprit et la persévérance jusqu’à la fin, allant jusqu’à souffrir le martyre. Il était l’Élie qui devait « préparer toutes choses » (JST Mt. 11:15), mais pas l’Élie « qui devait rétablir toutes choses » (TJS Jn. 1:22, 26).
 
Les parents de Jean étaient tous deux descendants d’Aaron : Zacharie était un prêtre qui officiait dans le temple de Jérusalem et Élisabeth, des filles d’Aaron, était parente de Marie, mère de Jésus (Lu. 1:5, 36). Sa naissance fut promise par l’ange Gabriel (voir Noé), qui rendit visite à Zacharie tandis qu’il officiait dans le temple. Bien qu’ils eussent ardemment prié pour avoir des enfants, Zacharie et Élisabeth n’en avaient jamais eu. Dans leur vieillesse, Zacharie avait accueilli la promesse de Gabriel avec un certain doute. Pour lui donner un signe, Gabriel frappa Zacharie de surdité et de toute évidence aussi de mutisme jusqu’à ce que Jean, huit jours après sa naissance, fût circoncis selon la loi de Moïse et reçût son nom. Contrairement à la coutume, sur l’ordre préalable de Gabriel, le bébé reçut le nom de Jean au lieu de Zacharie comme son père. Zacharie donna à cette occasion une bénédiction à son fils, dont les paroles sont appelées le Benedictus dans la terminologie catholique et protestante (Luc 1:68-79).
 
On sait peu de choses sur la jeunesse et l’éducation de Jean. Quand Marie rendit visite à Élisabeth pendant leurs grossesses, Jean « tressaillit dans son sein » (Luc 1:41). Il « était rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère » et « fut ordonné à ce pouvoir par l’ange de Dieu » alors qu’il avait huit jours (D&A 84:27-28). Puisque ses parents étaient vieux, certains se sont demandé s’il n’avait pas tardé à les perdre ou s’il n’avait pas intégré une secte religieuse dans le désert de Judée. Ce qui est certain, c’est qu’il fut soigneusement élevé dans les principes de l’Évangile, car il sortit du désert pour prêcher le repentir (Mt. 3:2) et était bien préparé. Il connaissait sa mission et la source de son autorité.
 
Jésus a dit de lui : « Parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’y en a point de plus grand que Jean » (Luc 7:28). Le Sauveur aimait profondément Jean-Baptiste. Celui-ci eut des privilèges peu communs : personne d’autre ne proclamerait la venue immédiate de Jésus ; personne d’autre n’aurait l’honneur de baptiser l’Agneau de Dieu ; personne d’autre n’était l’administrateur légal des affaires du royaume alors sur la terre ni le détenteur des clefs du pouvoir. « Ces trois raisons font de lui le plus grand prophète né d’une femme » (EPJS, p. 222).
 
Avec ces qualifications, Jean s’avança vigoureusement, prêchant le repentir et beaucoup de principes de l’Évangile dans le désert de Judée près du Jourdain (Mc. 1:4-5). Il mangeait des aliments rituellement purs, des sauterelles (Lé. 11:22) et du miel sauvage ; il ne buvait « ni vin ni liqueur enivrante » (Lu. 1:15) et il portait le vêtement traditionnel du prophète, des poils de chameau et une ceinture en cuir (Mc. 1:6). Il jeûnait aussi (Mt. 11:18). Il attirait de grandes foules et tomba sous la condamnation croissante des dirigeants juifs qu’il contestait dans sa prédication.
 
Au bout d’un certain temps, « celui qui est plus puissant que moi », à savoir Jésus, aborda Jean et lui demanda le baptême (voir Jésus-Christ : Baptême de Jésus-Christ). Dans son humilité, Jean résista d’abord, déclarant que c’était plutôt lui qui devrait être baptisé par Jésus. Sur l’insistance de ce dernier, Jean le baptisa, après quoi il vit le signe de la colombe descendre du ciel sur le Christ (Jn. 1:32).
 
À ce stade, seul Jean semblait porter la responsabilité d’enjamber deux dispensations. Il était un enfant de la promesse dont la mission avait été prophétisée des années plus tôt par Ésaïe, Léhi et Néphi 1 (És. 40:3 ; 1 Né. 10:7-10 ; 2 Né. 31:4-8).
 
Jean avait commencé sa prédication et ses baptêmes près du Jourdain probablement un an environ avant que Jésus ne commence son ministère public. Il « n’avait pas l’intention de fonder une nouvelle secte » (Scobie, p. 131) ; son appel était de préparer la voie à Jésus et beaucoup de ses disciples devinrent les tout premiers disciples de Jésus et les plus proches. Sa prédication intense du repentir avait profondément irrité ceux qui étaient au pouvoir. Il dénonça le mariage de Hérode Antipas avec Hérodias, l’épouse de son frère, ce qui était une violation claire de la loi juive (Lé. 20:21 ; Josèphe, Histoire ancienne des Juifs 18.5.1-2). Hérodias voulait la mort de Jean, mais Hérode Antipas était préoccupé de la popularité de Jean auprès du peuple. Il le fit emprisonner (Mc. 6:17), ce qui calma quelque peu les pharisiens et Hérodias. Pendant que tout ceci se passait, Jésus alla en Galilée. Tandis qu’il était en prison, Jean lui envoya deux de ses disciples pour confirmer leur foi en l’identité du Sauveur et Jésus le soutint (Lu. 7:24-28). Grâce à un complot subtil et la danse de séduction de sa fille Salomé, Hérodias finit par manipuler Hérode de manière à le faire décapiter Jean.
 
Jean-Baptiste était parmi les prophètes et les saints qui étaient avec le Christ dans sa résurrection (D&A 133:55). Quelque dix-huit siècles plus tard, le vendredi 15 mai 1829, ce précurseur du Sauveur apparut de nouveau, cette fois comme ange du Seigneur préparant le monde pour l’avènement du Sauveur, et conféra les clefs de la Prêtrise d’Aaron. Ceci se produisit quand Joseph Smith et Oliver Cowdery se retirèrent dans un endroit isolé sur le fleuve Susquehanna près d’Harmony (Pennsylvanie) et prièrent pour avoir des instructions. Ils avaient à peine commencé qu’un messager céleste apparaissait, se présentant comme étant Jean-Baptiste. Posant les mains sur leur tête, il leur conféra la Prêtrise d’Aaron (D&A 13). Il commanda ensuite aux jeunes hommes de se baptiser dans le fleuve voisin, la Susquehanna, et puis de se faire mutuellement l’imposition des mains pour se reconférer la prêtrise qu’il leur avait accordée. Le messager promit que la Prêtrise de Melchisédek, ou prêtrise supérieure, leur serait donnée plus tard par les apôtres Pierre, Jacques et Jean (JS–H 1:72).
 
Bibliographie
Matthews, Robert J. A Burning Light. Provo, Utah, 1972.
Scobie, Charles H. John the Baptist. Philadelphie, 1964
LOUIS NOVAK
 
Jésus-Christ : Aperçu
Auteur : MILLET, ROBERT L.
 
Jésus-Christ est la figure centrale de la doctrine de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Le prophète Joseph Smith a expliqué que « les principes fondamentaux de notre religion sont le témoignage des apôtres et des prophètes concernant Jésus-Christ, qu’il est mort, a été enterré et est ressuscité le troisième jour et est monté au ciel ; et toutes les autres choses qui ont trait à notre religion n’en sont que des annexes » (EPJS, p. 95). Les saints des derniers jours croient que le salut complet n’est possible que par la vie, la mort, la résurrection, la doctrine et les ordonnances de Jésus-Christ et d’aucune autre manière.
 
Les rapports du Christ avec l’humanité se définissent en termes de ses rôles divins dans les trois phases de l’existence : prémortelle, mortelle et postmortelle.
 
JÉSUS PRÉMORTEL. Dans la vie prémortelle, Jésus-Christ, dont le titre principal était Jéhovah, était le premier-né des enfants d’esprit de Dieu le Père et par conséquent le frère aîné et le plus éminent de tous les autres enfants d’esprit de Dieu. Dans ce premier état, il est devenu plus intelligent que tous les autres esprits, quelqu’un de « semblable à Dieu » (Abr. 3:19, 24) et a rempli les fonctions de représentant du Père dans la création de « mondes sans nombre » (Hé. 1:1-3 ; D&A. 76:24 ; Moï. 1:33 ; 7:30). Les dirigeants de l’Église ont déclaré que toute la révélation depuis la chute d’Adam s’est faite par et à travers Jéhovah (Jésus-Christ) et que toutes les fois que le Père est apparu à l’homme, cela a été pour présenter le Fils et rendre témoignage de lui (TJS Jn. 1:19 ; DS 1:35). Adam le connaissait et les patriarches d’Adam à Noé l’ont adoré avec une humble vénération. Il était le Dieu Tout-Puissant d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu-Législateur du Sinaï, le Saint d’Israël. Les documents scripturaires affirment que tous les prophètes depuis le commencement ont parlé ou écrit sur le moment où Jéhovah viendrait sur terre sous la forme d’un homme, dans le rôle d’un Messie. Pierre dit : « Tous les prophètes rendent de lui… témoignage » (Ac. 2:25-31 ; 10:43). Jacob a enseigné que « aucun des prophètes n'a écrit ni prophétisé sans parler de ce Christ » (Jcb. 7:11 ; cf. Mos. 3:5-10 ; 13:33 ; 3 Né. 20:24).
 
JÉSUS MORTEL. Jéhovah est venu au monde à Bethléhem de Judée et a grandi à Nazareth. Il est venu par condescendance en laissant son rang de Seigneur omnipotent pour entreprendre une mission de souffrance et d’humiliation qui allait avoir des conséquences éternelles pour l’humanité (voir 1 Né. 11 ; Mos. 3:5-10 ; voir aussi Condescendance de Dieu). Sa vie a été une vie de perfection morale : il était sans péché et complètement soumis à la volonté du Père (Jn. 5:30 ; 2 Co. 5:21 ; Hé. 4:15 ; 1 Pi. 2:22 ; Mos. 15:2). Jésus est le modèle et l’exemple de tous ceux qui cherchent à acquérir la nature divine. Comme l’a enseigné Joseph Smith, le Sauveur « a subi de plus grandes souffrances et a été exposé à des contradictions plus puissantes que n’importe qui. » Malgré tout cela, « il a gardé la loi de Dieu et est resté sans péché » (Lectures on Faith, sermon 5, paragraphe 2). Le Seigneur ressuscité a demandé aux Néphites : « Quelle sorte d’hommes devriez-vous être ? En vérité, je vous le dis, tel que je suis » (3 Né. 27:27 ; cf. 12:48).
 
Jésus était cependant plus qu’innocence, bonté et amour. Il était plus qu’un modèle et un instructeur, plus que l’incarnation de la compassion. Il a pu accomplir son ministère sans pareil, un ministère de réconciliation et de salut, grâce à ce qu’il était. Ezra Taft Benson a dit : « L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours proclame que Jésus-Christ est le Fils de Dieu au sens le plus littéral. Le corps dans lequel il a accompli sa mission dans la chair a été engendré par ce même Être saint que nous adorons comme Dieu, notre Père éternel. Jésus n’était pas le fils de Joseph et n’a pas été engendré par le Saint-Esprit. Il est le Fils du Père éternel ! » (Benson, p. 4). De Marie, femme mortelle, Jésus a hérité la condition mortelle, notamment la capacité de mourir. De son Père exalté il a hérité l’immortalité, la capacité de vivre pour toujours. La nature double du Sauveur – homme et Dieu – lui a permis d’accomplir une expiation infinie, un exploit que n’aurait pu faire aucune autre personne, aussi capable ou douée qu’elle fût (cf. Al. 34:9-12). Tout d’abord, il a pu, à Gethsémané, d’une façon majestueuse mais incompréhensible, prendre sur lui les fardeaux et les effets des péchés de toute l’humanité et, de cette manière, assumer une souffrance et une torture dépassant ce qu’un simple mortel pourrait supporter (2 Né. 9:21 ; Mos. 3:7 ; D&A. 18:11 ;19:16 ; Taylor, p. 148). En second lieu, il a pu se soumettre à la mort physique, donner volontairement sa vie et ensuite reprendre son corps dans la résurrection (Jn. 5:26 ; 10:17, 18 ; 2 Né. 2:8).
 
JÉSUS POSTMORTEL. Les saints des derniers jours croient qu’entre sa mort sur la croix au Calvaire et sa résurrection, l’esprit de Jésus est entré dans le monde d’esprit, un endroit postmortel où se trouvent les désincarnés, ceux qui attendent et se préparent pour la réunion de leur corps et de leur esprit. Pierre enseigne que le Christ est allé dans ce monde pour prêcher aux esprits en prison (1 Pi. 3:18-20 ; 4:6). Une révélation moderne explique que Jésus n’est pas allé lui-même parmi les méchants et les désobéissants qui avaient rejeté la vérité. Ce qu’il a fait, c’est instruire les justes au paradis, les organiser et leur donner le pouvoir d’instruire ces esprits qui étaient restés dans les ténèbres sous la servitude du péché et de l’ignorance (voir D&A. 138:29-32). Ainsi, la mission du Messie de « porter de bonnes nouvelles aux malheureux », « guérir ceux qui ont le cœur brisé… proclamer aux captifs la liberté, aux prisonniers la délivrance » (És. 61:1 ; Lu. 4:18-19) s’est prolongée après la mort dans l’au-delà (voir Salut des morts ; Prison d’esprit).
 
Jésus « a détaché les liens de la mort » ; il a été « les prémices de ceux qui sont morts » (1 Co. 15:20 ; Al. 11:40-41). Il s’est levé du tombeau avec un corps immortel et glorifié et a lancé la première résurrection ou résurrection des justes, celle des justes qui avaient vécu depuis le temps d’Adam jusqu’à celui du Christ (Mt. 27:52-53 ; Mos. 15:21-25 ; Hél. 14:25-26 ; 3 Né. 23:7-13). Jésus-Christ reviendra sur terre avec puissance et gloire. La première résurrection, commencée au moment de la résurrection du Christ, reprendra lorsque les justes décédés depuis le midi des temps jusqu’à sa seconde venue reviendront avec lui, ressuscités dans une gloire immortelle. Cette seconde venue signalera également le début du millénium, mille ans de la paix terrestre où Satan sera lié et n’aura aucun pouvoir sur le cœur de ceux qui restent sur terre (Ap. 20:1-2 ; 1 Né. 22:26). Joseph Smith a enseigné que « le Christ et les saints ressuscités régneront sur la terre pendant les mille années. Ils ne demeureront probablement pas [constamment] sur la terre, mais la visiteront quand cela leur plaira ou quand ce sera nécessaire pour la gouverner » (EPJS, p. 216). Pendant cette ère, Jésus se révélera et, pour employer les termes d’Ésaïe, « la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel, comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent » (És. 11:9 ; Hé. 2:14).
 
Jésus-Christ est le Dieu de la terre entière et invite toutes les tribus et tous les peuples à venir à lui. Son ministère terrestre, comme décrit dans le Nouveau Testament, était principalement parmi les juifs. Après sa mort et sa résurrection, il est apparu à ses « autres brebis », des groupes d’Israélites dispersés. D’abord, comme décrit dans le Livre de Mormon, il a exercé son ministère auprès des Néphites en Amérique. Il leur a enseigné son Évangile et leur a donné autorité pour officier en son nom. Il a ensuite visité les tribus perdues, les dix tribus du nord d’Israël, qui ont été dispersées du temps de la captivité assyrienne en 721 av. J.-C. (Jn. 10:16 ; 3 Né. 15:12-16 ; 17:4). En plus des apparitions mentionnées dans la Bible et le Livre de Mormon, qui sont les témoins scripturaires antiques du Rédempteur, Joseph Smith a témoigné que Jésus-Christ, en compagnie de son Père éternel, lui est apparu près de Palmyra (New York) au printemps de 1820 pour ouvrir la dispensation de la plénitude des temps (JS–H 1:1-20 ; voir Première Vision). Par la suite, le Sauveur ressuscité a visité plusieurs fois ses prophètes modernes et s’est révélé à eux et continue à diriger son Église et son royaume actuels (voir Jésus-Christ : Apparitions de Jésus-Christ de nos jours).
 
Les saints des derniers jours centrent leur culte sur Dieu, le Père éternel, et c’est à lui qu’ils adressent leurs prières. Ils le font, comme pour tout le reste : sermons, témoignages, prières et sacrements ou ordonnances, au nom de Jésus-Christ (2 Né. 25:16 ; Jcb. 4:4-5 ; 3 Né. 18:19 ; D&A. 20:29 ; Moï 5:8). Les saints adorent également le Christ, le Fils, le reconnaissant comme la source de la vérité et de la rédemption, comme la lumière et la vie du monde, comme le chemin qui mène au Père (Jn. 14:6 ; 2 Né. 25:29 ; 3 Né. 11:11). C’est auprès de lui qu’ils recherchent la délivrance et ils s’efforcent d’être comme lui (voir D&A. 93:12-20 ; McConkie, 1978, p. 568-569). Mettant l’accent sur le pouvoir de transformation de l’exemple du Christ, David O. McKay a observé que « nul ne peut prendre sincèrement la résolution d’appliquer à sa vie quotidienne les enseignements de Jésus de Nazareth sans sentir un changement dans sa propre nature » (IE 65, juin 1962, p. 405).
 
Jésus-Christ a réalisé la résurrection corporelle de tous ceux qui ont vécu ou qui vivront un jour sur la terre (1 Co. 15:21-22 ; Al. 11:40-42). Parce qu’il a vaincu le monde, tous les hommes et toutes les femmes peuvent, en faisant preuve de foi en lui, en ayant confiance en ses mérites et en recevant sa grâce, se repentir de leurs péchés et connaître la paix de la pureté et de l’intégrité spirituelle (Jn. 14:27 ; Ph. 4:7 ; 2 Né. 2:8 ; 25:23 ; Én. 1:1-8 ; Mos. 4:1-3). Ceux qui ont appris à se fier au Seigneur et à s’appuyer sur ses tendres miséricordes « chantent le cantique de l’amour rédempteur » (Al. 5:26). Néphi 1, le prophète et dirigeant du Livre de Mormon, exulte ainsi : « Je mets ma gloire en mon Jésus, car il a racheté mon âme de l’enfer » (2 Né. 33:6). « Nous parlons du Christ, nous nous réjouissons dans le Christ, nous prêchons le Christ, nous prophétisons concernant le Christ… afin que nos enfants sachent vers quelle source ils peuvent se tourner pour obtenir la rémission de leurs péchés » (2 Né. 25:26). Un apôtre moderne a écrit :
 
Oui, je crois en Christ :
Seigneur, mon Dieu.
À lui je dois mes jours heureux.
Car dans ma peine ou mon chagrin,
j’entends sa voix qui me soutient.
Oui, je crois en Christ ; il régnera.
Ce jour béni, je serai là
En dépit de l’adversité ;
À ses côtés je me tiendrai.
[Bruce R. McConkie : « Oui, je crois en Christ », Cantiques, n° 71]
 
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. Come unto Christ. Salt Lake City, 1983.
Dahl, Larry E. et Charles D. Tate, dir. de publ. The Lectures on Faith in Historical Perspective. Provo, Utah, 1900.
McConkier, Bruce R. The Promised Messiah. Salt lake City, 1978.
Idem, The Mortal Messiah, 4 vols. Salt Lake City, 1979-1981.
Idem, The Millennial Messiah, Salt Lake City, 1982.
Talmage, James. M. Jesus the Christ. Salt Lake City, 1972.
Taylor, John. The Mediation and Atonement of Our Lord and Savior Jesus Christ. Salt Lake City, 1882.
 
Jésus-Christ - Expiation
Auteur : HOLLAND, JEFFREY R.
 
L’expiation de Jésus-Christ est l’acte préordonné mais volontaire du Fils unique de Dieu. Il a offert sa vie, dont son corps, son sang innocents et son angoisse spirituelle, comme rançon rédemptrice (1) pour l’effet de la Chute d’Adam sur toute l’humanité et (2) pour les péchés personnels de tous ceux qui se repentent, d’Adam jusqu’à la fin du monde. Les saints des derniers jours croient que c’est là le fait central, le fondement crucial, la doctrine principale et la plus grande expression de l’amour divin dans le plan du salut. Le prophète Joseph Smith a déclaré que toutes les « choses qui ont trait à notre religion [ne] sont que des annexes » à l’expiation du Christ (EPJS, p. 95).
 
L’expiation de Jésus-Christ était indispensable à cause de la transgression, ou Chute, d’Adam, qui a introduit la mort dans le monde quand Adam et Ève ont mangé du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Ge. 2:9 ; 3:1-24). Les saints des derniers jours admettent sans difficulté la mort physique et spirituelle qu’Adam et Ève ont attirée tant sur eux-mêmes que sur toute leur postérité, la mort physique causant la séparation provisoire de l’esprit et du corps, la mort spirituelle éloignant l’esprit et le corps de Dieu. Mais ils croient aussi que la Chute faisait partie d’un plan divin préordonné sans lequel Adam et Ève n’auraient jamais pu avoir d’enfants mortels. Si ces premiers parents n’avaient pas choisi librement de quitter le jardin d’Éden par leur transgression, il n’y aurait pas eu de genre humain sur cette terre pour connaître l’opposition et la progression, le libre arbitre et le choix, et la joie de la résurrection, de la rédemption et de la vie éternelle (2 Né. 2:23 ; Moï. 5:11).
 
La nécessité d’une expiation future a été expliquée lors d’un Conseil prémortel dans les cieux auquel les esprits de la famille humaine tout entière assistaient et que Dieu le Père présidait. Les deux principaux associés de Dieu à ce conseil étaient Jésus prémortel (également connu sous le nom de Jéhovah ; voir Jéhovah, Jésus-Christ) et Adam prémortel (également connu comme étant Michel). C’est dans ce contexte prémortel que le Christ a volontairement contracté une alliance avec le Père, acceptant de renforcer le libre arbitre de l’humanité tout en expiant ses péchés et a laissé au Père tout l’honneur et toute la gloire de cet acte désintéressé. Ce rôle préordonné du Christ comme médiateur explique pourquoi l’Apocalypse décrit le Christ comme « l’agneau qui a été immolé… dès la fondation du monde » (Ap. 13:8) et pourquoi les prophètes, les prêtres et les rois de l’Ancien Testament, notamment Moïse (De. 18:15, 17-19), Job (19:25-27), le Psalmiste (Ps. 2, 22), Zacharie (9:9 ; 12:10 ; 13:6), Ésaïe (7:14 ; 9:6-7 ; 53) et Michée (5:2), ont pu parler du Messie et de son rôle divin des siècles avant sa naissance physique. Un prophète du Livre de Mormon a écrit : « Aucun des prophètes n’a écrit ni prophétisé sans parler de ce Christ » (Jacob 4:4 ; 7:11). Le Christ prémortel a déclaré au frère de Jared, qui vivait environ deux mille ans avant la naissance du Rédempteur : « Voici, je suis celui qui a été préparé dès la fondation du monde pour racheter mon peuple » (Et. 3:14). Ces préfigurations scripturaires se reflètent dans la conversation que le Christ a eue avec deux de ses disciples sur le chemin d’Emmaüs : « Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Luc 24:27 ; cf. aussi 24:44).
 
Pour les saints des derniers jours, il est capital de voir la chute de l’homme, convenue et comprise, uniquement dans le contexte de la rédemption de l’homme, également convenue et comprise, rédemption assurée par l’expiation de Jésus-Christ. Ainsi, l’un des passages les plus importants et les plus souvent cités des Écritures modernes dit : « Adam tomba pour que les hommes fussent, et les hommes sont pour avoir la joie. Et le Messie vient dans la plénitude du temps, afin de racheter de la chute les enfants des hommes » (2 Né. 2:25-26).
 
Les Écritures modernes enseignent que la mission du Christ comme Rédempteur et le commandement d’offrir des sacrifices d’animaux comme rappel et symbole anticipés de cette expiation divine à venir ont été enseignés à l’origine à Adam et à Ève peu après leur expulsion du jardin d’Éden (Moï. 5:4-8). L’expiation du Christ a été enseignée aux parents de la famille de l’homme pour qu’eux et leur postérité observent les ordonnances du sacrifice pendant toutes leurs générations, gardant ainsi en mémoire la mission et la miséricorde du Christ qui devait venir. Les saints des derniers jours enseignent formellement que l’envergure de cette expiation est universelle, ouvrant la voie à la rédemption de toute l’humanité, des non-chrétiens aussi bien que des chrétiens, des athées aussi bien que des croyants, de l’enfant en bas âge ignorant aussi bien que de l’adulte entièrement converti et bien informé. « Il est nécessaire qu’il y ait un grand et dernier sacrifice », dit Amulek dans le Livre de Mormon, « un sacrifice infini et éternel… il n’est rien moins qu’une expiation infinie qui suffise pour les péchés du monde » (Alma 34:10, 12).
 
Cette expiation infinie du Christ – et du Christ seulement – a été possible parce que (1) il a été le seul homme sans péché à jamais vivre sur cette terre et n’était donc pas sujet à la mort spirituelle qui découle du péché ; (2) il était le Fils unique du Père et possédait donc les attributs de l’état divin, qui lui donnaient pouvoir sur la mort physique (voir 2 Né. 9:5-9 ; Al. 34:9-12) ; et (3) il était le seul à être suffisamment humble et disposé au conseil prémortel à y être préordonné à ce service (JC, p. 24-73).
 
L’expiation de Jésus-Christ a plusieurs aspects universels, infinis et inconditionnels. Ils comportent sa rançon pour la transgression originelle d’Adam, de sorte qu’aucun membre de la famille humaine ne sera jugé responsable de ce péché (2e A de F ; voir Péché originel). Un autre don universel est la résurrection des morts pour chaque homme, femme et enfant qui vit, a jamais vécu ou vivra jamais sur la terre. Ainsi, l’Expiation est non seulement universelle dans le sens qu’elle sauve la famille humaine entière de la mort physique, mais elle est également infinie dans le sens que son impact et son efficacité à rendre la rédemption est accessible à tous, puisqu’elle est rétroactive jusqu’au début des temps et s’étend dans le futur à toute éternité. En bref, l’Expiation a des conséquences universelles, infinies et inconditionnelles pour toute l’humanité à toute éternité.
 
Mettant l’accent sur ces dons inconditionnels découlant du sacrifice expiatoire du Christ, les saints des derniers jours croient que d’autres aspects du don du Christ sont fonction de l’obéissance et de la diligence à garder les commandements de Dieu. Par exemple, alors que les membres de la famille humaine sont libéralement et universellement soulagés du péché d’Adam sans aucun effort ou action de leur part, ils ne sont pas libéralement et universellement soulagés de leurs propres péchés à moins de s’engager à avoir foi au Christ, de se repentir de leurs péchés, d’être baptisés en son nom, de recevoir le don du Saint-Esprit et la confirmation dans l’Église du Christ, d’aller résolument de l’avant avec une espérance ferme et la persévérance fidèle pour le reste du voyage dans la vie. Le Christ a dit à propos de ce défi personnel : « Car voici, moi, Dieu, j’ai souffert ces choses pour tous afin qu’ils ne souffrent pas s’ils se repentent. Mais s’ils ne se repentent pas, ils doivent souffrir tout comme moi. Et ces souffrances m’ont fait trembler de douleur, moi, Dieu, le plus grand de tous, et elles m’ont fait saigner à chaque pore et m’ont fait souffrir de corps et d’esprit — et j’ai voulu ne pas devoir boire la coupe amère, mais je n’ai pas non plus voulu me dérober » (D&A 19:16-18).
 
En outre, bien que la rupture des liens de la mort temporelle par la résurrection du corps soit un don libéral et universel du Christ, un produit de sa victoire sur la mort et le tombeau, le genre ou la nature du corps (ou le « degré de gloire » du corps), ainsi que le moment de la résurrection de la personne sont affectés d’une manière très directe par la mesure de fidélité dont elle a fait preuve dans cette vie (voir Degrés de gloire). L’apôtre Paul explique, par exemple, que ceux qui auront été totalement engagés vis-à-vis du Christ « ressusciteront premièrement » (1 Th. 4:16). Paul parle aussi de différents ordres de corps ressuscités (1 Co. 15:40). Les corps des ordres ou degrés de gloire les plus élevés dans la résurrection sont promis à ceux qui adhèrent fidèlement aux principes et aux ordonnances de l’Évangile de Jésus-Christ ; ils jouiront non seulement de l’immortalité (un don universel fait à chacun) mais également de vies éternelles dans le royaume céleste de gloire (D&A 88:4 ; 132:24 ; voir aussi Résurrection).
 
Les saints des derniers jours soulignent le fait que ni les bénédictions inconditionnelles ni les bénédictions conditionnelles de l’Expiation ne seraient à la disposition de l’humanité s’il n’y avait la grâce et la bonté du Christ. Il est évident que les bénédictions inconditionnelles de l’Expiation sont imméritées, mais que les conditionnelles ne sont pas non plus entièrement méritées. En vivant fidèlement et en gardant les commandements de Dieu, on peut recevoir des bénédictions supplémentaires ; mais elles sont malgré tout données libéralement, pas entièrement gagnées. Elles sont toujours et dans tous les cas le fait de la grâce de Dieu. Les Écritures modernes disent formellement que « il n’y a aucune chair qui puisse demeurer en la présence de Dieu, si ce n’est par les mérites, et la miséricorde, et la grâce du saint Messie » (2 Né. 2:8).
 
L’Église est également formelle en ce qui concerne le salut des petits enfants, des handicapés mentaux, de ceux qui ont vécu sans jamais entendre l’Évangile de Jésus-Christ et ainsi de suite : ceux-ci sont rachetés par le pouvoir universel de l’expiation du Christ et auront l’occasion de recevoir la plénitude de l’Évangile dans le monde d’esprit (voir Salut des morts).
 
Pour satisfaire aux exigences de l’Expiation, le Christ, qui était sans péché, est d’abord allé au jardin de Gethsémané pour y connaître l’agonie spirituelle de l’âme que lui seul pouvait supporter. « Il commença à éprouver de la frayeur et des angoisses », disant à ses trois disciples principaux : « Mon âme est triste jusqu’à la mort » (Marc 14:34). Les laissant monter la garde, il alla plus loin dans le jardin, où il allait subir « les souffrances de tous les hommes, oui, les souffrances de tous les êtres vivants, tant des hommes que des femmes et des enfants, qui appartiennent à la famille d’Adam » (2 Né. 9:21). Là il « [lutta et gémit] sous un fardeau dont aucun autre être qui a vécu sur la terre ne pourrait même concevoir la possibilité » (JC, p. 745).
 
L’expiation du Christ répondait aux exigences de la justice et de ce fait payait la rançon et rachetait les âmes de tous les hommes, femmes et enfants « afin que ses entrailles soient remplies de miséricorde, selon la chair, afin qu’il sache, selon la chair, comment secourir son peuple selon ses infirmités » (Alma 7:12). Ainsi, les saints des derniers jours enseignent que le Christ « est descendu au-dessous de tout » – y compris de toutes les espèces de maladies, d’infirmités et de désespoir ressenties par chaque mortel – « en sorte qu’il a compris toutes choses, afin d’être en tout et à travers tout, la lumière de la vérité » (D&A 88:6). C’est essentiellement dans le jardin de Gethsémané qu’il a senti cette angoisse spirituelle sonder les profondeurs de la souffrance et de la douleur humaines. C’est là qu’il était « en agonie » et « priait plus instamment ». C’est là que sa sueur « devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre » (Lu. 22:44) car il saigna « à chaque pore » (D&A 19:18). C’est là qu’il entreprit la marche finale vers le Calvaire.
 
La majesté et le triomphe de l’Expiation atteignirent leur point culminant quand, après des mauvais traitements sans nom de la part des soldats romains et d’autres, le Christ supplia sur la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font » (Lu. 23:34). Le pardon était la clef du sens de toute la souffrance qu’il était venu endurer.
 
Cette mission si absolument solitaire et atroce est exprimée de manière poignante dans ce presque dernier cri, le plus douloureux de tous : « Éli, Éli, lama sabachthani ? c'est–à–dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as–tu abandonné ? » (Mt. 27:46). Dans les profondeurs de cette angoisse, la nature elle-même a été ébranlée : « Il y eut des ténèbres sur toute la terre… Le soleil s’obscurcit… le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent » (Lu. 23:43-45 ; Mt. 27:51-52). Finalement, même ce qui était apparemment insupportable fut supporté et Jésus dit : « Tout est accompli » (Jn. 19:30), puis en disant : « Père, je remets mon esprit entre tes mains », « il expira » (Lu. 23:46). Les saints des derniers jours croient que toutes les langues confesseront un jour, quelque part, comme le centurion romain à la crucifixion : « Assurément, cet homme était Fils de Dieu » (Mt. 27:54).
 
« Le Sauveur devient ainsi maître de la situation : la dette est payée, la rédemption faite, l’alliance accomplie, la justice satisfaite, la volonté de Dieu faite et tout pouvoir est maintenant remis entre les mains du Fils de Dieu : le pouvoir de la résurrection, le pouvoir de la rédemption, le pouvoir du salut… Il devient l’auteur de la vie éternelle et de l’exaltation. Il est le Rédempteur, le Ressusciteur, le Sauveur de l’homme et du monde » (Taylor, p. 171). En outre, son expiation touche toute vie : animaux, poissons, oiseaux et la terre elle-même.
 
C’est, pour la femme et l’homme qui réfléchissent, « une source d’étonnement sans bornes » (AF, p. 100) que le sacrifice volontaire et miséricordieux d’un seul être puisse satisfaire aux exigences infinies et éternelles de la justice, expier toutes les transgressions et tous les méfaits humains, et amener ainsi toute l’humanité dans les bras protecteurs de son étreinte compatissante. Un président et prophète de l’Église des saints des derniers jours, écrivant à ce sujet, a déclaré :
 
« D’une certaine manière, mystérieuse et incompréhensible, Jésus a assumé la responsabilité qui aurait normalement incombé à Adam, mais qui ne pouvait être accomplie que par sa propre Médiation, et en prenant sur lui leurs souffrances, en assumant leurs responsabilités et en supportant leurs transgressions ou leurs péchés. D’une manière qui est incompréhensible et inexplicable pour nous, il a pris sur lui le poids des péchés du monde entier, non seulement d’Adam, mais de sa postérité ; et en faisant cela, il a ouvert le royaume des cieux non seulement à tous les croyants et à tous ceux qui ont obéi à la loi de Dieu, mais à plus de la moitié de la famille humaine qui meurt avant d’atteindre la maturité aussi bien qu’aux païens qui, étant morts sans loi, ressusciteront, grâce à sa médiation, sans loi, et seront jugés sans loi, et participeront ainsi… aux bénédictions de son expiation » [Taylor, p. 148-149].
 
Les saints des derniers jours chantent un de leurs cantiques préférés, écrit par Charles H. Gabriel, qui exprime leurs sentiments les plus profonds concernant ce don, le plus grand de tous :
Merveilleux l’amour que Jésus, le Christ, m’a donné !
Avec quelle grâce souvent il m’a pardonné !
Je tremble d’apprendre qu’il mourut pour moi, pécheur,
Souffrant sur la croix pour que j’obtienne le bonheur.
Oh ! que c’est merveilleux que son amour pour moi
L’ait fait mourir pour moi !
Oh ! que c’est merveilleux, merveilleux pour moi !
[Cantiques, n° 117].
 
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah. Salt Lake City, 1978.
Nibley, Hugh W. “The Atonement of Jesus Christ”, Ensign 20, juillet 1990, p. 18-23 ; août 1990, p. 30-34 ; sept. 1990, p. 221-226 ; oct. 1990, p. 26-31.
Taylor, John. The Mediation and Atonement. Salt Lake City, 1882.
 
Jésus-Christ : Prophéties sur Jésus-Christ
Auteur : WALKER, GARY LEE
 
La Bible abonde en prophéties sur la naissance, le ministère terrestre et le ministère de Jésus-Christ après la Résurrection. De plus, les Écritures modernes utilisées par les membres de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, le Livre de Mormon, qui porte le sous-titre moderne « un autre témoignage de Jésus-Christ », les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix contiennent de nombreux passages prophétiques au sujet du Messie qui sont en général plus claires que ceux de la Bible. Pour les saints des derniers jours, ces quatre volumes d’Écriture constituent les sources principales des prophéties sur la vie et la mission de Jésus. Cet article passe en revue les prophéties sur Jésus les plus souvent mentionnées par les saints des derniers jours.
 
Le Nouveau Testament enseigne que la divinité de Jésus-Christ a été reconnue par certains dès son vivant, aussi bien que par les prophètes antiques de Dieu. Par exemple, André a annoncé à son frère Simon Pierre qu’il avait trouvé le Messie (Jn. 1:41). Les prophètes du Livre de Mormon Abinadi et Néphi 2, fils d’Hélaman 2, ont enseigné que tous les prophètes de Dieu, notamment Moïse et Abraham : « ont témoigné de la venue du Christ » (Mos. 13:33 ; Hél. 8:16-22 ; cf. Jcb. 4:4).

Les Écritures sont riches en détails prophétiques sur la naissance de Jésus. Ésaïe déclare : « Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d’Emmanuel » (És. 7:14), passage dont Matthieu dit qu’il s’applique à Jésus (Mt. 1:22-23). Michée proclame poétiquement : « Et toi, Bethléhem Éphrata, petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël, et dont l’origine remonte aux temps anciens, aux jours de l’éternité » (Mi. 5:2). Parmi les peuples du Livre de Mormon, Néphi 1 a prédit que « six cents ans après le moment où mon père [Léhi] quitta Jérusalem » le Sauveur serait suscité (1 Né. 10:4 ; 19:8). Samuel le Lamanite (vers 6 av. J.-C.) a parlé à une génération sceptique des signes qui seraient donnés sur le continent américain pour accompagner la naissance du Christ (Hél. 14:2-8). Il s’agirait de l’apparition d’une nouvelle étoile et de deux jours et une nuit sans obscurité (Hél. 14:4-5).
 
Certaines prophéties de la naissance du Messie se sont accomplies quand l’ange du Seigneur a annoncé aux bergers près de Bethléhem : « C’est qu’aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur » (Luc 2:11). De l’autre côté du monde, le jour avant sa naissance, le Seigneur a annoncé à son prophète Néphi 3 « Prends courage, car voici, le moment est proche, et cette nuit le signe sera donné, et demain je viens au monde, pour montrer au monde que j'accomplirai tout ce que j'ai fait dire par la bouche de mes saints prophètes » (3 Né. 1:13).
 
Les saints des derniers jours croient que la mission de Jésus-Christ est connue depuis les temps les plus reculés. L’ange du Seigneur a déclaré à Adam que le Fils était « le Fils unique du Père depuis le commencement » et qu’Adam serait « racheté, ainsi que toute l'humanité, tous ceux qui le veulent », s’ils « se repentent et invoquent dorénavant Dieu au nom du Fils » (Moï. 5:8-9). Le message que Jésus-Christ est l’Avocat, le Rédempteur et le Médiateur et que « il n'y a aucune autre manière ni aucun autre moyen par lesquels l'homme puisse être sauvé, si ce n'est par le sang expiatoire de Jésus-Christ » (Hél. 5:9), a été répété par les représentants de Dieu à toutes les époques (voir Moï 5:14-15 ; És. 53:4-5 ; Ac 4:12 ; 2 Né. 2:9-10 ; 9:6-7 ; Mos. 4:8 ; 5:8 ; Al. 11:40 ; D&A. 45:3).
 
On trouve des événements de la vie et du ministère mortels de Jésus dans de nombreuses prophéties. Dans la Traduction que Joseph Smith a faite de la Bible (TJS), un passage révélateur dit que « Jésus grandit avec ses frères, et devint fort, et fut dans l’attente du Seigneur et du moment de son ministère … [et] on ne pouvait pas non plus l’instruire » (TJS Mt. 3:24-25). Néphi 1 a vu dans une vision et le roi Benjamin a appris d’un ange que le Sauveur accomplirait des guérisons, chasserait des démons et ressusciterait des morts (1 Né. 11:31 ; Mos. 3:5-6). Selon les auteurs du Nouveau Testament, l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem sur une bête de somme était connue de Zacharie (Za. 9:9 ; Mt. 21:5 ; Jn. 12:14-15), de même que le fait qu’il serait trahi pour trente pièces d’argent (Za. 11:12-13 ; Mt. 27:9-10). De l’ange, le roi Benjamin a appris que du sang lui sortirait « de chaque pore, si grande sera son angoisse [de Jésus] pour la méchanceté et les abominations de son peuple » (Mos. 3:7). Le rejet du Christ par son propre peuple a été prophétisé par lui-même et par d’autres (par exemple Ps. 69:8 ; Mos. 15:5 ; 3 Né. 9:16 ; Jn. 1:11).
 
De nombreuses années avant l’événement, des prophètes tels que Hénoc et Néphi 1 ont vu le Seigneur élevé sur la croix (Moï 7:47, 55 ; 1 Né. 11:33). Ésaïe a prophétisé que le serviteur, homme de douleur, ferait « son sépulcre parmi les méchants, son tombeau avec le riche » (És. 53:9). Le prophète Abinadi, dans le Livre de Mormon (vers 150 av. J.-C.), associe ce passage d’Ésaïe à Jésus (Mos. 15) et son accomplissement est rapporté par Luc (23:32-33). Matthieu parle des perturbations naturelles qui se sont produites au moment où Jésus a donné sa vie (Mt. 27:50-54), événements dont Zénos avait eu la vision des centaines d’années plus tôt (1 Né. 19:10-12).
 
Le Christ a prédit sa mort et sa résurrection quand on lui a demandé un signe : « Détruisez ce temple [corps physique] et en trois jours je le relèverai » (Jn. 2:19). Les anciens savaient que Jésus finirait par vaincre la mort, parce que Dieu a dit à Hénoc : « Je ferai descendre la justice des cieux, et je ferai monter la vérité de la terre, pour rendre témoignage de mon Fils unique, de sa résurrection des morts, oui, et aussi de la résurrection de tous les hommes » (Moï. 7:62). Plus tard, des hommes inspirés d’Amérique ont été informés de cet événement. Néphi 1, Jacob, Benjamin et Samuel ont proclamé le moment où le Christ « donne sa vie selon la chair et la reprend par le pouvoir de l'Esprit, afin de réaliser la résurrection des morts, étant le premier à ressusciter » (2 Né. 2:8 ; cf. 1 Né. 10:11 ; Mos. 3:10 ; Hél. 14:15-17).
 
Ésaïe annonce le ministère de Jésus-Christ dans la prison d’esprit (1 Pi. 3:18-19) quand il écrit que « après un grand nombre de jours [les prisonniers rassemblés dans la fosse] seront visités » (KJV És. 24:22). La section 138 des Doctrine et Alliances contient une vision de cet événement, reçue par Joseph F. Smith, un prophète moderne, quand il a vu « les multitudes des morts, petits et grands… attendant l’avènement du Fils de Dieu dans le monde des esprits pour annoncer leur rédemption des liens de la mort » (D&A. 138:11, 16).
 
Les justes des temps passés ont espéré l’avènement de Jésus-Christ. Jésus a dit à ses disciples : « Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour, ni l’heure » de la venue du Fils de l’homme (Mt. 25:13 ; cf. D&A. 49:6-7) et a ajouté qu’il viendrait « comme un voleur dans la nuit » (1 Th. 5:2 ; Ap. 3:3 ; 16:15). Il a révélé à Joseph Smith qu’une révélation universelle serait donnée de sorte que « toute chair à la fois [le] verra » (D&A. 101:23 ; cf. És. 40:5). Ésaïe a vu d’avance des événements de la Seconde Venue (És. 63-66), de même que Daniel, Michée, Zacharie et Malachie (Da. 7:13 ; Mi 1:3 ; Za. 12:10 ; 13:6 ; Mal. 3:12). Quand il est apparu parmi les Néphites, le Seigneur ressuscité a parlé de son retour triomphal final sur la terre en citant les chapitres 3 et 4 de Malachie (3 Né. 24-25).
 
Le prophète Joseph Smith a clarifié et amplifié les prophéties des événements entourant la seconde venue de Jésus, notamment le rétablissement de l’Évangile (D&A. 133:36-37), la résurrection des morts (D&A. 88:95-102), le début du millénium (D&A. 43:30-31) et l’enchaînement de Satan pendant mille ans (D&A. 45:55). Les prophètes anciens et modernes ont prédit qu’après mille ans de paix, Satan serait délié et que la bataille finale entre le bien et le mal aurait lieu (Ap. 20:7-8 ; D&A. 43:31). Jean le Révélateur et le prophète ancien Éther, qui ont tous deux eu la vision de tous ces événements, ont vu le renouvellement de la terre et l’établissement de la nouvelle Jérusalem (Ap. 21 ; Ét. 13:1-10). Cette ville n’aura « besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer ; car la gloire de Dieu l’éclaire, et l’agneau est son flambeau » (Ap. 21:23).
 
Bibliographie
Jackson, Kent P. "The Beginnings of Christianity in the Book of Mormon". Dans The Book of Mormon : The Keystone Scripture, dir. de publ. P. Chessman. Provo, Utah, 1988.
Matthews, Robert J. "The Doctrine of the Atonement – The Revelation of the Gospel to Adam." Dans Studies in Scripture, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson, Vol. 2, p. 111-29. Salt Lake City, 1985.
Matthews, Robert J. A Bible ! A Bible ! Salt Lake City, 1990.
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah. Salt Lake City, 1978.
McConkie, Bruce R. The Millennial Messiah. Salt Lake City, 1982.
GARY LEE WALKER
 
Jésus-Christ : Premier-né dans l’esprit
Auteur : GILES, JERRY C.
 
Un principe fondamental des enseignements de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est l’idée que tous les êtres humains sont nés fils et filles d’esprit de parents célestes avant de naître mortels de parents terrestres. Les saints des derniers jours croient que l’enfant d’esprit aîné et premier-né de Dieu est Jéhovah et que c’est lui qui est né plus tard avec un corps physique de Marie pour être Jésus-Christ. C’est-à-dire que le Jéhovah de l’Ancien Testament est devenu le Jésus-Christ du Nouveau Testament quand il est né dans la condition mortelle. Le Psalmiste appelle le Messie le premier-né (Ps. 89:28) et l’apôtre Paul qualifie Jésus de « premier-né entre plusieurs frères » (Ro. 8:29 ; cf. Hé. 2:17) et de « premier-né de toute la création » (Col. 1:15). La déclaration la plus autorisée sur le sujet est sans aucun doute celle du Sauveur lui-même, qui a déclaré au prophète Joseph Smith : « J’étais au commencement avec le Père et je suis le Premier-né » (D&A. 93:21 ; voir aussi Église du Premier-né). En 1909, la Première Présidence de l’Église a déclaré :
 
« Le Père de Jésus est aussi notre Père. Jésus lui-même a enseigné cette vérité, quand il a dit à ses disciples comment prier : « Notre Père qui es aux cieux », etc. Toutefois, Jésus est le premier-né parmi tous les fils de Dieu – le premier-né dans l’esprit et le fils unique dans la chair. Il est notre frère aîné et nous sommes, comme lui, à l’image de Dieu. Tous les hommes et femmes sont à la ressemblance du Père et de la Mère universels et sont littéralement les fils et les filles de la Divinité » [MFP 4:203].
[Voir aussi « Origin of Man », inclus dans les Exposés doctrinaux de la Première Présidence dans l’Annexe.]
JERRY C. GILES
 
Jésus-Christ : Fils unique dans la chair
Auteur : HANSEN, GERALD, JR.
 
Les Écritures anciennes et modernes utilisent le titre Fils unique pour souligner la nature divine de Jésus-Christ. Les saints des derniers jours reconnaissent Jésus comme étant littéralement le Fils unique de Dieu le Père dans la chair (Jn. 3:16 ; D&A. 93:11 ; Moï. 6:52). Ce titre signifie que le corps physique de Jésus est la progéniture d’une mère mortelle et du Père éternel (Lu 1:35, 1 Né. 11:18). C’est un point de doctrine de l’Église que Jésus-Christ est l’enfant de Marie et de Dieu le Père, « non pas en violation des lois naturelles, mais conformément à une manifestation supérieure de celles-ci » (JC, p. 97).
 
Le fait que Jésus est le Fils littéral de Dieu dans la chair est crucial pour l’Expiation, qu’un homme ordinaire n’aurait pas pu accomplir. À cause de la Chute d’Adam, toute l’humanité est sujette à la mort physique et est exclue de la présence de Dieu. La famille humaine est incapable de se sauver elle-même. La loi divine exigeait le sacrifice d’un être sans péché, infini et éternel – d’un Dieu – de quelqu’un qui n’était pas dominé par la Chute, pour racheter l’humanité de son état perdu et déchu (Al. 34:9-14 ; cf. 42:15). Ce prix de la rédemption était plus que ce qu’un quelconque mortel pouvait payer et comprenait les souffrances spirituelles et la torture à Gethsémané (Lu. 22:44 ; Mos. 3:7 ; D&A. 19:18). Pour accomplir l’Expiation par la mort et la résurrection physiques, il était nécessaire que Jésus puisse déposer son corps physique et aussi le reprendre. Il ne pouvait le faire que parce qu’il avait la vie en lui-même, qu’il avait héritée de Dieu son Père (Jn. 5:26 ; 10:17-18). Le Christ a hérité de sa mère mortelle la capacité de mourir et de son Père immortel le pouvoir de se ressusciter. Mourir a été pour lui un acte volontaire et délibéré pour l’humanité, rendu possible seulement parce qu’il était le Fils unique du Père (D&A. 20:18-26).
 
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah, p. 467-73. Salt Lake City, 1978.
GERALD HANSEN, JR.
 
Jésus-Christ : Naissance de Jésus-Christ
Auteur : SKINNER, ANDREW C.
 
Les Écritures modernes affirment sans équivoque que la naissance de Jésus-Christ a été l’avènement dans la condition mortelle d’un Dieu réel, d’un deuxième membre distinct de la Divinité. Adam a été assuré de la rédemption par le Fils unique du Père et chaque vrai prophète a eu l’espoir de la gloire du Christ (Moï. 5:6-10 ; Jcb. 4:4).
 
Les prophéties et les récits bibliques de la naissance de Jésus sont confirmés et amplifiés dans les Écritures modernes. Tandis que le récit de la naissance dans Matthieu met l’accent sur la royauté du Christ (en attirant l’attention sur les mages, le roi Hérode et Bethléhem, ville du roi David) et le récit de Luc accentue l’humilité et la sainteté de Jésus (en mentionnant l’humble crèche, les bergers et les chœurs célestes), le Livre de Mormon se concentre sur sa venue comme accomplissement du plan d’un Dieu aimant qui a été établi dès avant la fondation du monde.
 
Le moment de la naissance de Jésus, ainsi que les buts de son ministère terrestre, ont été fixés dans la vie prémortelle (voir Conseil dans les cieux ; Moï. 4:1-4 ; 1 Né. 10:2-4 ; Mos. 3:5-10). Néphi 1, prophète du Livre de Mormon, rapporte une vision détaillée de la naissance attendue du Sauveur peu de temps après 600 av. J.-C. (1 Né. 11:7-24). Il y voit, dans la ville de Nazareth, une vierge qui est ravie en esprit. Il la revoit ensuite avec, dans les bras, un enfant qu’un ange identifie comme étant le Fils de Dieu. Néphi qualifie la venue du Christ comme une condescendance de Dieu, ce que l’on peut comprendre de deux façons : d’abord, en ce que Dieu le Père, personnage parfait et glorifié de chair et d’os, a condescendu à devenir le père d’une progéniture mortelle, née de Marie ; et en second lieu, en ce que Jésus (Jéhovah), le Dieu qui a créé des mondes sans nombre (Moï. 1:32-33 ; Jn. 1:1-4, 14 ; Hé. 1:1-2), s’est volontairement soumis à toutes les épreuves et toutes les souffrances de la condition mortelle (Mos. 3:5-8 ; MD, p. 155).
 
Pour les saints des derniers jours, la paternité de Jésus n’est pas obscure. Il était le Fils littéral et biologique d’un Père immortel et tangible et de Marie, une femme mortelle (voir Naissance virginale). Jésus est la seule personne née qui mérite le titre de « Fils unique de Dieu » (Jn. 3:16 ; Benson, p. 3 ; voir Jésus-Christ : Fils unique dans la chair). Il n’était pas le fils du Saint-Esprit ; ce n’est que par le Saint-Esprit que le pouvoir du Très-Haut a recouvert Marie (Lu. 1:35 ; 1 Né. 11:19).
 
L’endroit où la nativité devait se produire était un sujet de polémique publique du temps de Jésus (Jn. 7:40-43). Alma le Jeune, prophète du Livre de Mormon, vers 83 av. J.-C., prédit que le lieu de naissance du Christ serait « à Jérusalem, qui est le pays de nos ancêtres » (Al. 7:10), faisant allusion à la région entourant la ville elle-même : « Le Christ naquit dans un village à une dizaine de kilomètres de la ville de Jérusalem… dans ce que nous savons maintenant que les anciens eux-mêmes appelaient ‘le pays de Jérusalem’ » (CWHN 6:102).
 
La Bible et le Livre de Mormon rapportent l’apparition de grands signes en Amérique au moment de la naissance du Messie au profit des fidèles. Par exemple, vers 6 av. J.-C., Samuel le Lamanite prophétise que des lumières apparaîtront dans le ciel et qu’il n’y aura pas d’obscurité pendant la nuit où naîtrait le Christ (Hél. 14:3-7). Le jour où la prophétie des cinq années de Samuel était sur le point d’expirer et où les incroyants étaient par conséquent sur le point d’exécuter ceux qui avaient cru en ses paroles, les prophéties de Samuel sur la naissance du Sauveur se sont accomplies (3 Né. 1:4-23). Dans le Nouveau Monde, comme dans le vieux, « des anges apparurent à des hommes, à des sages, et leur annoncèrent la bonne nouvelle d’une grande joie » (Hél. 16:14). [Voir aussi Six avril ; Livre de Mormon – Chronologie ; Noël.]
 
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. Come Unto Christ. Salt Lake City, 1983.
Brown, Raymond E. The Birth of the Messiah. Garden City, N.Y., 1977.
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah, Vol. 1, p. 313-366. Salt Lake City, 1981.
ANDREW C. SKINNER
 
Jésus-Christ : Baptême de Jésus-Christ
Auteur : SCHAELLING, J. PHILIP
 
Au commencement de son ministère public, Jésus est allé de Galilée jusqu’au Jourdain où il a été baptisé par Jean-Baptiste. Il « s’humilie devant le Père » et lui témoigne « qu’il lui obéira » (2 Né. 31:7). Pour des saints des derniers jours cet événement montre que Jésus a enseigné par son propre exemple que tous les hommes doivent être baptisés par immersion par quelqu’un ayant l’autorité. Toutes les personnes doivent également recevoir le Saint-Esprit pour obtenir le témoignage de Jésus (voir Jn. 1:32-34 ; Ap. 1:2 ; 19:10) et entrer dans le royaume des cieux.
 
Jésus a été baptisé par immersion par Jean, qui avait été ordonné à l’âge de huit jours par un ange de Dieu pour « pour aplanir le chemin du Seigneur » (D&A. 84:28). Pendant que Jésus sortait de l’eau, Jean a vu les cieux ouverts et l’Esprit de Dieu descendre sur Jésus (voir Colombe, le signe de la) et la voix de Dieu le Père a déclaré à Jean : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection » (Mt. 3:17). Ensuite Jean a rendu témoignage que Jésus était le Fils de Dieu (Jn. 1:33-34 ; D&A. 93:15-17). Au baptême de Jésus, chacun des trois membres de la Divinité s’est manifesté, révélant ainsi l’identité séparée du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
 
Beaucoup se sont demandé pourquoi Jésus avait besoin du baptême, puisqu’il était sans péché. Certains y ont vu « un acte de simple obéissance docile de la part du Parfait » (A. Edersheim, Life and Times of Jesus the Messiah, réimpression, Grand Rapids, Mich., 1971, p. 280) ; d’autres ont suggéré que Jésus se trouvait encore devant « la possibilité d’un péché subtil : le péché de reculer devant ce qui pourrait l’attendre » et qu’il s’est donc fait baptiser pour se fortifier par « une consécration totale » et pour exprimer à sa nation « l’urgence de l’engagement » (Interpreter's Bible, vol. 8, p. 78).
 
Les saints des derniers jours, quant à eux, retirent de la Bible et du Livre de Mormon que Jésus s’est fait baptiser « pour accomplir tout ce qui est juste », ce qui signifie que Jésus s’est humilié devant le Père, a témoigné au Père qu’il lui obéirait et a de ce fait montré à humanité l’étroitesse de la porte qui mène à la vie éternelle (2 Né. 31:6-9). En se soumettant au baptême Jésus « a donné l’exemple » à toute l’humanité, car si Jésus, étant saint, a été baptisé « pour accomplir tout ce qui est juste… a combien plus forte raison nous, qui ne sommes pas saints, avons-nous besoin d’être baptisés ? » (2 Né. 31:5 ; voir aussi AF, chap. 6). Ceux qui suivent son exemple et son Évangile d’un cœur pleinement résolu, avec honnêteté devant Dieu et « avec une intention réelle, se repentant [de leurs] péchés », reçoivent la promesse qu’ils recevront le baptême du feu et du Saint-Esprit et pourront « parler dans la langue des anges et crier des louanges » à Dieu (2 Né. 31:13).
 
Bibliographie
Farley, S. Brent. "The Baptism and Temptation of Jesus". Dans Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson et R. Millett, Vol. 5, p. 175-187. Salt Lake City, 1986.
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah, Vol. 1, p. 399-404. Salt Lake City, 1979.
J. PHILIP SCHAELLING
 
Jésus-Christ : Ministère de Jésus-Christ
Auteur : PETERSON, DANIEL C.
 
Le rôle central joué par le ministère terrestre de Jésus dans la doctrine et la croyance des saints des derniers jours est bien exprimé dans la déclaration de Joseph Smith que « les principes fondamentaux de notre religion sont le témoignage des apôtres et des prophètes concernant Jésus-Christ, qu’il est mort, a été enterré et est ressuscité le troisième jour et est monté au ciel ; et toutes les autres choses qui ont trait à notre religion n’en sont que des annexes » (EPJS, p. 95 ; HC 3:30).
 
Les saints des derniers jours partagent avec beaucoup d’autres chrétiens la conviction que les quatre évangiles du Nouveau Testament et Ac. 1:1-11 sont essentiellement des récits historiques exacts du ministère terrestre de Jésus-Christ. Sans être des inerrantistes bibliques, leur confiance en la Bible est renforcée de deux manières uniques : D’abord, ils croient que des éléments bien précis du ministère terrestre du Christ ont été révélés à l’avance aux prophètes préchrétiens. Ces révélations s’accordent avec les récits ultérieurs des évangiles. En second lieu, ils croient que Jésus ressuscité a lui-même affirmé beaucoup de détails de ce récit biblique. Ainsi, le Livre de Mormon et d’autres textes du canon des Écritures propre aux saints des derniers jours sont considérés comme « prouvant au monde que les Saintes Écritures sont vraies » (D&A. 20:11 ; cf. 1 Né. 13:39).
 
Beaucoup de prophètes savaient, par exemple, d’avance que le Fils de Dieu viendrait sur terre prendre un corps physique (1 Né. 13:42 ; Én. 1:8 ; Mos. 3:5 ; Hél. 8:13-22 ; Ét. 3:15-17). La date approximative de son avènement était également connue (1 Né. 10:4 ;19:8 ; 2 Né. 25:19 ; Hél. 14:2). Plusieurs croyants de l’antiquité ont eu la faveur de le voir avant son avènement dans la condition mortelle (2 Né. 2:4 ;11:2 ; Al. 19:13 ; Ét. 3:14 ; 9:22 ; D&A. 107:49, 54 ; Moï. 1:2 ; 7:4 ; Abr. 2:6-11 ; cf. És. 6:1-3). Son nom-titre, Jésus-Christ (c.-à-d., « Sauveur oint ») était connu longtemps à l’avance, de même que le nom et la virginité de sa mère, et le lieu de sa naissance (1 Né. 11:13-14, 18-20 ; 2 Né. 25:19 ; Mos. 3:8 ; Al. 7:10 ; Ét. 3:14 ; Moï. 6:52, 57 ; 7:50 ; cf. Mi. 5:2). Les prophètes de l’antiquité ont annoncé son baptême, prédisant même l’endroit et des détails précis de la mission de Jean-Baptiste (1 Né. 10:8-10). Néphi 1 savait que le Sauveur appellerait douze apôtres pour l’aider dans son ministère (1 Né. 11:34-36 ; 12:9 ; 13:26, 40-41 ; 14:20, 24, 27) et le roi Benjamin a prophétisé sur ses nombreux miracles (Mos. 3:5-6). La mort expiatoire de Jésus par la crucifixion était bien connue des prophètes préchrétiens, qui comprenaient qu’elle s’accompagnerait de trois jours de ténèbres précédant sa résurrection (1 Né. 10:11 ; 11:33 ; 19:10 ; 2 Né. 25:14 ; Mos. 3:9-10 ; Al. 7:11 ; Hél. 14:14, 20, 27 ; Moï. 7:55). En fait, les pratiques sacrificatoires à partir d’Adam, notamment les rituels de la loi de Moïse, préfiguraient le Christ et, en outre, ont été reconnues comme telles par beaucoup de ceux qui les ont accomplies (Jcb 4:5 ; Moï. 5:5-7).
 
Les Écritures ultérieures de l’Église, notamment les paroles de Jésus ressuscité lui-même, confirment des détails du Nouveau Testament tels que l’unité du sermon sur la montagne (3 Né. 12-14) et l’authenticité de certaines de ses paroles séparées (3 Né. 15:12-24). Sa souffrance dans le jardin de Gethsémané est attestée (D&A. 19:18 ; cf. Mos. 3:7), de même que sa crucifixion (D&A. 20:23 ; 21:9 ; 35:2 ; 45:52 ; 46:13 ; 53:2), sa résurrection le troisième jour (Mrm. 7:5 ; D&A. 18:12 ; 20:23) et le fait qu’il est le Sauveur plein de souffrances attendu depuis longtemps (3 Né. 11:10-11). Il est dit que ses douleurs terrestres le qualifient comme Médiateur entre Dieu et l’homme (D&A. 45:4 ; cf. És. 53:12). Dans des textes tels que la section 7 des Doctrine et Alliances et la traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS), les saints des derniers jours croient qu’ils se sont vu accorder des renseignements plus complets sur le ministère palestinien de Jésus. (Chose intéressante, la TJS précède l’accent mis par les savants modernes sur le caractère individuel des évangiles du Nouveau Testament en qualifiant chacun comme « témoignage » de son auteur respectif. Cette même vue semble être à la base de Doctrine et Alliances 88:141.)
 
Les récits des évangiles documentent et soulignent la compréhension que les saints des derniers jours ont du ministère terrestre de Jésus, en qui ils voient Dieu physiquement parmi son peuple. Non seulement Jésus a accompli des miracles, exprimant de ce fait son pouvoir tant sur les démons que sur les éléments naturels, mais il a explicitement affirmé son unité de but avec le Père (Jn. 14:8-10 ; 17:21) et le fait qu’il est le Jéhovah de l’Ancien Testament (Jn. 8:56-59). Alors que Moïse est monté la montagne pour recevoir la vieille loi, Jésus est monté sur une montagne pour en proclamer une nouvelle (cf. 3 Né. 15:4-5). Moïse lui-même était présent lors de la transfiguration (Mt. 17:1-8). Les Écritures modernes confirment en outre le portrait chaleureux que les évangiles du Nouveau Testament font de la compassion de Jésus pour les pécheurs, de son souci pour les pauvres et de son amour pour les enfants. Ils le dépeignent comme un Maître populaire qui enseignait à l’aide de paraboles, prêchait dans les synagogues, affrontait l’hypocrisie et s’attirait l’amour et l’admiration de beaucoup de ses auditeurs.
 
Les saints des derniers jours se rappellent aussi la réaction des auditeurs de Jésus lors du sermon sur la montagne : « Car il enseignait comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes » (Mt. 7:29). De même qu’il ne faisait pas appel aux pouvoirs d’autres personnes pour accomplir des miracles, Jésus n’avait besoin d’aucun précédent pour justifier ses enseignements. Il avait en lui-même pouvoir sur la mort, tant sur celle des autres (comme dans la guérison de Lazare, de la fille de Jaïrus et du fils de la veuve de Naïn) que sur sa propre mort (Jn. 5:26 ; 10:17-18). Les saints des derniers jours partagent donc avec les autres chrétiens la conviction que Jésus de Nazareth est celui qui les rachète de la mort. Mais il est également la source de l’autorité dans la prêtrise, qui a appelé et a autorisé des hommes ordinaires et non formés à le servir dans une Église nouvellement organisée et, agissant pour lui en sa qualité de « bon Berger », de « paître ses brebis » (Jn. 21:15-17) tant par les enseignements que par les ordonnances de la prêtrise. Ils rejettent l’affirmation selon laquelle il existerait une dichotomie entre le sacerdotal et le prophétique dans son ministère. Ils notent qu’il a enseigné la nécessité du baptême et qu’il s’est soumis lui-même à cette exigence (Jn. 3:1-5 ; Mt. 3:15). Ils se rappellent qu’il révérait le temple de son époque et attendait des autres qu’ils fassent de même (Lu. 2:41-50 ; Jn. 2:13-17).
 
La compréhension qu’ont les saints des derniers jours du rôle de la foi et des œuvres dans le salut est fondée sur l’insistance de Jésus que l’amour pour lui s’exprime par l’obéissance à ses commandements (Jn. 14:15 ; cf. Jn. 15:14 ; Mt. 5-7). Son invitation à ses disciples d’être parfaits (Mt. 5:48) est rendue plausible par le fait qu’il a surmonté les mêmes tentations qui les assaillaient (Hé. 4:15-16 ; Mt. 4:1-11 ; Lu. 4:1-13) et qu’il a souffert pour leurs transgressions (Mos. 3:7 ; És. 53:3-12). En effet, les saints des derniers jours apprennent par leurs Écritures que c’est au moins en partie grâce à l’expérience acquise et à l’empathie obtenue pendant son séjour terrestre que Jésus sait comment pourvoir aux besoins de ceux qui ont confiance en lui (Al. 7:12 ; D&A. 62:1 ; 88:6).
 
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah, 4 vols. Salt Lake City, 1979-1981.
Talmage, James E. JC Salt Lake City 1915.
Taylor, John, The Mediation and Atonement of Jesus Christ. Salt Lake City, 1882, réimpr. 1964.
 
Jésus-Christ : Crucifixion de Jésus-Christ
Auteur : OAKS, MERRILL C.
 
La crucifixion a été la forme d’exécution subie par Jésus-Christ sur le Calvaire comme conclusion nécessaire à son sacrifice expiatoire infini et volontaire commencé à Gethsémané (voir Expiation de Jésus-Christ). Beaucoup de gens ont soutenu et suivi Jésus, mais un petit groupe de dirigeants judéens influents, qui étaient en désaccord avec sa doctrine et se sentaient menacés par sa popularité, ont réussi à le faire condamner à mort par le gouverneur romain, Ponce Pilate.

Les Écritures modernes donnent le témoignage de prophètes que la crucifixion serait la méthode par laquelle le Sauveur mourrait (par exemple, 1 Né. 19:10-13 ; 2 Né. 10:3-5 ; Mos. 3:9 ;15:7 ; Moï. 7:55). Les Israélites ne crucifiaient pas. Ils accrochaient les cadavres des condamnés pour les exposer à la honte « à un bois » pendant une partie d’une journée (De. 21:22-23 ; cf. Ac. 5:30), mais pour la crucifixion il était nécessaire d’avoir recours à la loi et aux pratiques romaines.
 
La crucifixion est une forme d’exécution probablement inventée par les Perses et utilisée en Égypte et à Carthage. Les Romains l’ont perfectionnée pour en faire une torture visant à produire un maximum de souffrance et une mort lente. Réservée aux criminels les plus vils et rarement appliquée aux citoyens romains, la crucifixion était, de manière routinière, précédée d’une flagellation du dos, des fesses et des jambes avec un fouet court constitué de lanières en cuir garnies de petites boules de fer ou d’esquilles d’os de mouton. On forçait ensuite la victime affaiblie à porter au moins une partie de la croix jusqu’à l’emplacement de la crucifixion. Les Romains utilisaient généralement de grands clous pour fixer les poignets et les paumes à la barre de traverse et les pieds à la partie verticale de la croix. Les clous causaient une douleur terrible mais ne constituaient pas une menace immédiate pour la vie. Une personne pouvait vivre dans l’agonie pendant des heures ou même des jours. La position du corps rendait la respiration difficile puisque le fait d’être pendu par les bras maintenait la poitrine étendue de sorte que l’expiration exigeait l’utilisation active du diaphragme. Si elle poussait avec les pieds, la victime relevait son corps, ce qui mettait la poitrine dans une position plus naturelle et lui facilitait la respiration. Les soldats accéléraient parfois la mort en brisant les jambes de la victime, la mettant presque dans l’impossibilité de remonter suffisamment le corps pour respirer.
 
Après être resté pendu à la croix pendant plusieurs heures, Jésus a pardonné aux soldats qui l’avaient crucifié (Lu. 23:34 ; TJS Lu. 23:35) et a volontairement donné sa vie (cf. Jn. 10:18), remettant son esprit entre les mains de son Père. Les Romains ont brisé les jambes des deux hommes qui avaient été crucifiés avec Jésus, mais croyant qu’il était déjà mort, ils lui ont simplement enfoncé une lance dans le côté (Jn. 19:33-34).
 
Bibliographie
Edwards, William D. ; Wesley J. Gabel et Floyd E. Hosmer. “On the Physical Death of Jesus Christ.” Journal of the American Medical Association, 255, 1986, p. 1455-1463.
Hengel, Martin. Crucifixion. Philadelphie, 1977.
 
Jésus-Christ : Résurrection de Jésus-Christ
Auteur : CALLISTER, TAD R.
 
Les saints des derniers jours considèrent la résurrection de Jésus-Christ comme l’événement le plus glorieux de tous les temps. Ayant le pouvoir de déposer son corps et de « l[e] reprendre » (Jn. 10:18), le Sauveur a vaincu la mort pour lui-même et pour toute l’humanité (1 Co. 15:22). La foi des saints des derniers jours en la résurrection littérale et physique de Jésus est considérablement renforcée par les témoignages anciens et modernes de nombreux témoins.
 
Le Livre de Mormon contient des prophéties de la résurrection de Jésus faites des années avant l’événement proprement dit. Le prophète Néphi 1 a déclaré : « Voici, ils le crucifieront ; et… il se lèvera d’entre les morts » (2 Né. 25:13 ; aussi 1 Né. 19:10). Dans la Bible, Jésus lui-même a prophétisé que « le troisième jour il ressuscitera » (Mt. 17:23).
 
Le troisième jour est venu et Jésus est devenu les « prémices de ceux qui sont morts » (1 Co. 15:20), son esprit se réunissant de manière permanente à son corps dans un état glorifié et immortel. Son corps ressuscité n’était pas sujet à la souffrance, à la maladie ou à la mort. Il pouvait traverser les murs ; il pouvait défier les lois terrestres de la pesanteur ; mais c’était « un corps glorieux » tangible (Ph. 3:21) composé de chair et d’os. Jésus a dit à ses disciples : « Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi ; touchez-moi et voyez ; un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai » (Lu. 24:39). Il a ensuite mangé du poisson rôti et un rayon de miel en leur présence comme témoignage supplémentaire de sa nature corporelle.
 
Les saints des derniers jours se distinguent fermement de ceux qui nient la résurrection physique de Jésus ou affirment que sa nature divine est seulement spirituelle, ses apparitions postmortelles n’étant que des manifestations physiques ou mystiques temporaires (Nibley, p. 156-159). Ils estiment pareil enseignement contraire aux paroles de Paul, qui enseignait que le Christ ressuscité « ne meurt plus » (Ro. 6:9), voulant dire que son corps ressuscité ne serait plus jamais séparé de son esprit (Ja. 2:26 ; Al. 11:45).
 
Dans son état ressuscité, Jésus a conservé les empreintes des clous dans ses mains et dans ses pieds comme manifestation spéciale au monde. Ces marques ne sont cependant que provisoires. Lorsque tous auront confessé qu’il est le Christ, son corps ressuscité, comme ceux de toute l’humanité, retrouvera « sa forme propre et parfaite » (Al. 40:23).
 
Une fois que ressuscité, Jésus « a obtenu les clefs… [pour] ouvrir les tombeaux pour tous les hommes » (DS1:129) et avec ces clefs il a ouvert les portes de la résurrection : « Les sépulcres s’ouvrirent » et « beaucoup de saints sont ressuscités, et sont apparus à un grand nombre » (Mt. 27:52 ; 3 Né. 23:11).
 
La résurrection du Christ n’a pas été cachée. Les témoins de cet événement étaient aussi légion que divers : les femmes au tombeau (Lu. 24:1-10), Marie dans le jardin (Jn. 20:11-18), dix apôtres ensemble (Lu. 24:36-43), onze apôtres dont Thomas le sceptique (Jn. 20:24-29), deux disciples sur le chemin d’Emmaüs (Lu. 24:13-24), « plus de cinq cents frères à la fois » (1 Co. 15:6) et Paul sur le chemin de Damas (Ac. 9:3-9). De tous ces rapports, aucun n’est plus profond que celui de son apparition aux Néphites, où, un par un, 2500 hommes, femmes et enfants « [virent] de leurs yeux et [touchèrent] de leurs mains, et [connurent] avec certitude… [que c’était lui] » (3 Né. 11:15). À ces récits, les saints des derniers jours ajoutent les apparitions modernes du Seigneur ressuscité à Joseph Smith et à d’autres (par exemple, JS–H 1:17 ; D&A. 76:22-23).
 
Jésus-Christ apparaîtra encore dans les derniers jours et témoignera : « Ces blessures sont celles que j’ai reçues dans la maison de mes amis » (D&A. 45:52 ; cf. Za. 13:6), visitant tous les royaumes dont il est le créateur (D&A. 88:51-61). Des témoins honnêtes et crédibles de toutes les époques ont témoigné et témoigneront encore, comme les anges messagers d’autrefois : « Il est ressuscité » (Mt. 28:6).
 
Bibliographie
Nibley, Hugh W. « Easter and the Prophets ». The World and the Prophets, dans CWHN 3, p. 154-162.
Romney, Marion G. “The Resurrection of Jesus”. Ensign 12, mai 1982, p. 6-9.
 
Jésus-Christ : Ministère de quarante jours et autres apparitions de Jésus-Christ après la Résurrection
Auteur : GEE, JOHN
 
Après sa résurrection, Jésus a passé une grande partie des quarante jours suivants avec ses disciples : « parlant des choses qui concernent le royaume de Dieu » (Ac. 1:3) et leur ouvrant « l’esprit, afin qu’ils comprissent les Écritures », à savoir ce qui est sur lui « dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes » (Luc 24:44-45). Pour les saints des derniers jours, ces quarante jours sont importants en tant qu’éléments du ministère de Jésus. En outre, une partie importante du Livre de Mormon est consacrée au ministère qu’il a exercé après sa résurrection sur le continent américain.

Le Nouveau Testament mentionne le ministère de quarante jours mais ne fournit que des détails limités. Par exemple, pendant ce temps, Jésus est apparu aux Douze, Thomas étant présent (Jn. 20:26-29) et a parlé « des choses qui concernent le royaume de Dieu » (Ac. 1:3). « Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d’autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre » (Jn. 20:30). Paul mentionne que Jésus, un jour, « est apparu à plus de cinq cents frères à la fois » (1 Co. 15:6). Enfin, avant son ascension, Jésus a commandé aux apôtres : « Allez par tout le monde et prêchez l’Évangile à toute la création » (Mc. 16:15-16 ; cf. Mt. 28:18-20 ; Lu. 24:47-48 ; Jn. 21:15-17 ; Ac. 1:4-5).
 
Plus de quarante récits extérieurs aux Écritures prétendent dire ce que Jésus a dit et fait pendant son ministère de quarante jours. Les saints des derniers jours croient que certains de ces récits, comme les Apocryphes, contiennent « beaucoup de choses qui sont vraies », mais aussi « beaucoup de choses qui ne sont pas vraies » (D&A. 91).
 
Ces récits rapportent ce qui suit : Jésus enseigne aux apôtres l’Évangile qu’ils doivent prêcher au monde. Il parle d’une vie prémortelle et de la création du monde, ajoutant que cette vie est un état probatoire où nous avons le choix entre le bien et le mal et que ceux qui choisissent le bien pourront retourner dans la gloire de Dieu. Il prédit les événements des derniers jours, notamment le retour d’Élie. Il dit aussi aux disciples que l’Église primitive sera pervertie après une génération et leur enseigne à se préparer pour les tribulations. Ces récits apocryphes disent que la résurrection du Christ donne à ses disciples l’espoir de leur propre résurrection en gloire. Outre le salut pour les vivants, celui des morts est un thème majeur, de même que les ordonnances : le baptême, la Sainte-Cène ou Eucharistie, l’ordination des apôtres à l’autorité, le fait qu’ils sont bénis un à un et une initiation ou Dotation (cf. Lu. 24:49, habituellement appelés « mystères »), l’accent étant mis sur les vêtements, le mariage et les cercles de prière. Ces récits, habituellement appelés secrets (grec apokryphon ; copte, hep), sont souvent rattachés d’une façon ou d’une autre au temple ou comparés à la montagne de la Transfiguration. Parfois on dit que les apôtres montent au ciel où ils voient des choses merveilleuses. Que tout dans de tels récits soit vrai ou pas, les actions des apôtres après les visites de Jésus ultérieures à sa résurrection diffèrent radicalement de celles d’avant.
 
Beaucoup de gens écartent les récits extérieurs au Nouveau Testament en leur collant l’étiquette d’apocryphes, le pseudépigraphes, de fiction ou de mythe. Certains les attribuent à des hallucinations psychologiques que le traumatisme de la mort de Jésus a suscitées chez les disciples. D’autres rejettent ces traditions parce que des sectes stigmatisées plus tard comme « hérésies » s’en faisaient les championnes. La plupart les ignorent. Les saints des derniers jours ont généralement tendance à leur accorder une considération soigneuse, principalement à cause du long récit détaillé du Livre de Mormon sur le ministère du Christ, après sa résurrection parmi les Néphites et les Lamanites « qui avaient été épargnés » (3 Né. 11-28).
 
Beaucoup d’éléments trouvés dans la littérature des quarante jours du Vieux Monde apparaissent également dans 3 Néphi dans le Livre de Mormon. Ce récit dit comment Jésus a été annoncé par son Père à certains des survivants néphites et lamanites et comment il est descendu du ciel au temple d’Abondance pour y instruire la multitude pendant trois jours. Les gens « [virent] de leurs yeux, et touch[èrent] de leurs mains, et connu[rent] avec certitude et… témoign[èrent] » que Jésus était ressuscité d’entre les morts (3 Né. 11:13-17). Jésus a choisi douze disciples, leur a donné l’autorité d’accomplir des ordonnances et leur a commandé d’instruire tout le monde (3 Né. 11:18-41 ; 18:36-39 ; 19:4-13 ; Mro. 2). Il a déclaré sa doctrine, interdisant qu’on se dispute à son sujet : « Le Père commande à tous les hommes de partout de se repentir et de croire en moi. Et quiconque croit en moi et est baptisé, celui-là sera sauvé » (3 Né. 11:32-33). Les enseignements de Jésus, dont une version du sermon sur la montagne très semblable à celle contenue dans le Nouveau Testament, comportent « la loi et les commandements » pour le peuple (3 Né. 12:19). Jésus a guéri leurs malades, a béni leurs enfants et a prié pour la multitude (3 Né. 17:2-25 ; 19:5-36). Beaucoup ont été transfigurés quand des anges sont descendus pour les servir (3 Né. 17:22-25 ; 19:14-16). Jésus a institué les ordonnances du baptême et du sacrement du pain et du vin (3 Né. 11:22-29 ; 18:1-14, 26-35 ; 19:10-13 ; 20:3-9) et a enseigné à la multitude comment mener une vie exempte de péché (3 Né. 18:12-25). Il a également enseigné que le péché empêche la participation aux ordonnances, mais il n’est interdit à personne d’aller à la synagogue ou de se repentir et d’aller à lui (3 Né. 18:25-33). Il décrit le futur en termes d’alliances faites avec la maison d’Israël, citant les prophéties de Moïse dans l’Ancien Testament (De. 18:15-19 = 3 Né. 20:36-38 ; Ge. 12:3 ; 22:18 = 3 Né. 20:25, 27), Ésaïe (És. 52:1-3, 6-8, 9-10, 11-15 = 3 Né. 20:36-40, 32, 34-35, 41-45 ; És. 52:8-10 = 3 Né. 16:18-20 ; És. 52:12, 15 = 3 Né. 21:29, 8 ; És. 54 = 3 Né. 22), Michée (Mi. 4:12-13 ; 5:8-15 = 3 Né. 20:18-19, 16-17 ; 21:12-18) et Habacuc (Ha. 1:5 = 3 Né. 21:9), que les restes d’Israël seront rassemblés quand les prophéties d’Ésaïe commenceront à s’accomplir et quand les restes commenceront à croire au Christ, le Livre de Mormon lui-même étant un signe du commencement de ces événements (3 Né. 16:4-20 ; 20:10-23:6 ; 26:3-5). Après inspection de leurs annales, Jésus leur a donné les prophéties supplémentaires qu’ils n’avaient pas eues (Mal. 3-4 = 3 Né. 24-25) et leur a tout expliqué (3 Né. 20:10-26:11).
 
Des choses encore plus sacrées dites et faites par Jésus pendant sa visite de trois jours en Amérique n’ont pas été incluses dans les annales actuelles (3 Né. 26:6-12). Les ministères qu’il a accomplis après sa résurrection auprès du peuple de Néphi et des disciples du Vieux Monde n’étaient que deux de ceux dont il s’est acquitté et qui ont été enregistrés (3 Né. 15:11-16:3 ; cf. D&A. 88:51-61 ; EPJS, p. 153). Les saints des derniers jours espèrent se préparer à recevoir les récits plus complets qui sont encore à venir (2 Né. 29:11-14 ; D&A. 25:9 ; 101:32-35 ; 121:26-33 ; 9e A de F).
 
Bibliographie
Brown, S. Kent, et C. Wilfred Griggs. "The Forty-Day Ministry of Christ." Ensign 5, août 1975, p. 6-11, aussi dans Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson, Vol. 6, p. 12-23. Salt Lake City, 1987.
Nibley, Hugh W. "Evangelium Quadraginta Dierum." Vigiliae Christianae 20, 1966, :1-24, réimprimé dans CWHN 4:10-44.
Pour des comparaisons avec le Livre de Mormon, voir H. Nibley, "Christ Among the Ruins", Ensign 13 juin 1983, p. 14-19, dans CWHN 8:407-434 ; et Since Cumorah, CWHN 7. Les études spécialisées sont H. Nibley, "The Early Christian Prayer CircIe", BYU Studies 19, 1978, p. 41-78, dans CWHN 4:45-99.
 
Pour les sources primaires, voir les références dans les ouvrages précédents ; beaucoup sont en traduction anglaise dans Edgar Hennecke et Wilhelm Schneemelcher, New Testament Apocrypha, 2 vols., Philadelphie, 1965, et James M. Robinson, The Nag Hammadi Library, San Francisco, 1978, éd. rév. 1988.
JOHN GEE
 
Jésus-Christ : Apparitions de Jésus-Christ de nos jours
Auteur : FLAKE, JOEL A.
 
Comme le montrent le Nouveau Testament et le Livre de Mormon, après sa résurrection, Jésus-Christ peut apparaître et apparaît vraiment dans notre dispensation moderne de l’Évangile. Quand ces manifestations sacrées sont données pour fournir un enseignement personnel, on n’en parle pas ouvertement. Cependant, quand cela s’indique, la communication divine est rendue publique. C’est un principe de l’Évangile que le Seigneur Jésus-Christ peut se manifester et se manifeste à son peuple, même à des personnes privées « au moment qui lui semble bon, à sa manière et selon sa volonté » (D&A. 88:68).
 
L’apparition la plus importante du Sauveur dans cette dispensation s’est produite quand le Père et lui se sont présentés à Joseph Smith au printemps de 1820. Cette théophanie, généralement appelée la Première Vision, a révélé la nature séparée de ces deux membres de la Divinité et a inauguré la dispensation de la plénitude des temps et le rétablissement de toutes choses.
 
En 1832, Jésus-Christ est encore apparu en vision à Joseph Smith et à Sidney Rigdon. Les deux hommes l’ont vu et ont conversé avec lui (D&A. 76:14). Ils ont aussi témoigné d’une vision des royaumes auxquels l’humanité sera affectée dans l’au-delà. Le Seigneur est aussi apparu à Joseph Smith et à Oliver Cowdery en avril 1836 dans le temple de Kirtland, peu de temps après la consécration de celui-ci et a manifesté qu’il acceptait ce premier temple des derniers jours (D&A. 110:1-10).
 
Une révélation concernant le salut des morts a été donnée à Joseph Smith lors d’une apparition antérieure de Jésus-Christ et du Père dans le temple de Kirtland le 21 janvier 1836 : « Les cieux s’ouvrirent à nous, et je vis… le trône flamboyant de Dieu sur lequel étaient assis le Père et le Fils » (D&A. 137:1, 3). Joseph Smith dit que des visions ont été données à beaucoup de personnes lors de la réunion et que « certaines d’entre elles ont vu le visage du Sauveur » (HC 2:382).
 
Joseph Smith a également noté d’autres occasions où des membres de l’Église ont vu le Sauveur. Le 18 mars 1833, il parle d’une réunion importante de l’école des prophètes : « Beaucoup de frères ont eu une vision céleste du Sauveur et des concours d’anges et beaucoup d’autres choses, dont chacun a mis par écrit ce qu’il a vu » (HC 1:335). Il parle d’une expérience semblable de Zebedee Coltrin (HC 2:387) et une autre fois il signale que « le Sauveur est apparu à certains » lors d’une réunion la semaine qui a suivi la consécration du temple de Kirtland (HC 2:432).
 
Les apparitions de Jésus-Christ ne se sont pas limitées aux premiers temps de l’Église. En 1898, le Sauveur est apparu à Lorenzo Snow, cinquième président de l’Église, et lui a donné des instructions importantes concernant celle-ci (My Kingdom Shall Roll Forth, p. 68-70, Salt Lake City, 1980). Joseph F. Smith, sixième président de l’Église, a eu une vision du Sauveur en 1918, comme rapporté dans la vision de Doctrine et Alliances, section 138. Cette vision rapportait la visite du Sauveur aux esprits des morts tandis que son corps était dans le tombeau entre le moment de sa crucifixion et celui de sa résurrection. En 1985, Ezra Taft Benson, treizième président de l’Église, a dit : « Aujourd’hui, dans l’Église rétablie du Christ, l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, il se révèle, lui et sa volonté, depuis Joseph Smith, premier prophète du Rétablissement, jusqu’à ce jour » (p. 4).

C’est un enseignement de la révélation moderne que des membres peuvent, à titre individuel, avoir une visite personnelle du Sauveur, voir son visage et recevoir des instructions de lui quand ils sont prêts et quand le Seigneur choisit d’accorder une telle expérience (D&A. 93:1 ; voir Jésus-Christ ; Second Consolateur).
 
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. « Joy in Christ ». Ensign 16, mars 1986, p. 4.
 
Jésus-Christ : Seconde venue de Jésus-Christ
Auteur : LUND, GERALD N.
 
Dans la pensée juive et chrétienne il y a deux manières de base de concevoir la venue du Messie. Certains considèrent la promesse d’un Messie et d’une ère millénaire comme symbolisant le moment où les hommes apprendront finalement à vivre dans la paix et l’entente et où le monde entrera dans une nouvelle ère de lumière et de progrès ; ce ne sera pas une personne seule ni un événement déterminé quelconque qui inaugureront cette ère. L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours s’oppose à cette conception et est d’accord avec les nombreux autres groupes juifs et chrétiens qui affirment qu’il y a un Messie réel, qu’il viendra sur terre à une époque future et que ce n’est que par son avènement et les événements qui l’accompagneront qu’une ère millénaire de paix, d’entente et de joie commencera. Les juifs attendent la première venue du Messie ; les saints des derniers jours et d’autres chrétiens attendent la seconde venue de Jésus-Christ.
 
Les Écritures, tant bibliques que modernes, témoignent abondamment que l’ère qui précédera directement la seconde venue du Sauveur sera « difficile » (2 Ti. 3:1) et remplie de « détresse » (Mt. 24:21). À ce moment-là « le diable aura pouvoir sur ses possessions » (D&A. 1:35). Les jugements qui en découleront sur les méchants font partie des préparatifs du millénium.
 
Les justes aussi bien que ceux qui ne sont pas éclairés connaîtront ces temps de détresse. Les sources de l’Église enseignent que le Seigneur rassemblera les justes dans des « lieux saints » (D&A. 101:22), qui sont Sion et ses pieux (D&A. 115:6). Ces lieux sont décrits comme des lieux de « paix », de « refuge » et de « sécurité pour les saints du Dieu Très-Haut » (D&A. 45:66). La promesse est que Dieu « ne souffrira pas que les méchants détruisent les justes. C’est pourquoi il préservera les justes par son pouvoir… les justes n’ont rien à craindre » (1 Né. 22:16-17).
 
Les tentatives de prédire le temps de la venue du Messie sont légion dans les traditions juives et chrétiennes. Les saints des derniers jours considèrent que la seconde venue est « proche, et même à la porte » (D&A. 110:16). Mais ils acceptent également le décret de l’Écriture que « l’heure et le jour [de la venue du Christ] nul ne les connaît, ni les anges dans le ciel, et ils ne le sauront pas avant qu’il ne vienne » (D&A. 49:7 [italiques ajoutés] ; cf. Mt. 24:36).
 
Avec beaucoup d’autres chrétiens, les mormons croient que la Seconde Venue sera précédée de la bataille d’Armaguédon et de l’apparition du Christ sur le mont des Oliviers (voir Derniers jours). Les Doctrine et Alliances disent de cet événement : Et alors les Juifs tourneront les regards vers moi et diront : D’où viennent ces blessures que tu as aux mains et aux pieds ? Alors ils sauront que je suis le Seigneur, car je leur dirai : Ces blessures sont celles que j’ai reçues dans la maison de mes amis. Je suis celui qui a été élevé. Je suis Jésus qui a été crucifié. Je suis le Fils de Dieu. Et alors, ils pleureront à cause de leurs iniquités ; alors ils se lamenteront parce qu’ils ont persécuté leur roi [D&A. 45:51-53 ; cf. Za. 13:6].
 
« À partir de ce jour-là, a-t-il été proclamé, la nation juive devient sainte et sa ville et son sanctuaire deviennent saints. C’est là également que le Messie établit son trône et le siège de son gouvernement » (Clark, p. 258).
 
Avant la venue du Christ en gloire, « il y aura du silence dans le ciel pendant une durée d’une demi-heure ; et immédiatement après cela, le rideau du ciel sera ouvert… et la face du Seigneur sera dévoilée » (D&A. 88:95). C’est apparemment le moment où « toute chair à la fois [le] verra » (D&A. 101:23 ; Ap. 1:7).
 
Les Doctrine et Alliances déclarent que « la terre passera comme par le feu » (D&A. 43:32). Certains ont imaginé que ceci pourrait se produire suite à un holocauste nucléaire. Bien que certains passages apocalyptiques puissent sembler décrire les effets d’une guerre nucléaire (par exemple, És. 34:1-10), une révélation moderne enseigne que le « feu » de la Seconde Venue est la présence du Sauveur, une gloire céleste comparable à la gloire du soleil (D&A. 76:70) ou un « feu dévorant » (Hé. 12:29 ; cf. Mal. 3:2 ; 4:1). « Si grande sera la gloire de sa présence, que le soleil se cachera la face de honte » (D&A. 133:49). « La présence du Seigneur sera comme le feu de forge qui brûle et comme feu qui fait bouillir les eaux » (D&A. 133:41 ; cf. És. 64:2 ; JS–H 1:37). « L’élément embrasé fondra » (D&A. 101:25) et « les montagnes s’ébranleront devant toi » (D&A. 133:44). Les Doctrine et Alliances répètent la déclaration d’Ésaïe que « les habits du Seigneur seront rouges et ses vêtements comme celui qui foule au pressoir » (D&A. 133:48 ; cf. És. 63:2).
 
L’apôtre Paul a écrit aux saints de Thessalonique que ceux qui vivraient sur la terre au moment de l’apparition du Christ seraient enlevés à sa rencontre (1 Th. 4:16-17). Les Doctrine et Alliances, dans des termes semblables, ajoutent que ces saints justes seront « vivifiés » et se joindront à ceux « qui auront dormi dans leurs tombeaux », qui seront également « enlevés à sa rencontre au milieu de la colonne du ciel » (D&A. 88:96-97 ; voir Résurrection). Le Christ descendra sur la terre « de la même manière que vous l’avez vu allant au ciel » (Ac. 1:11).
 
Avec l’avènement du Christ, l’ère millénaire de paix, d’entente et de justice commencera. Satan n’aura alors « pas de pouvoir sur le cœur du peuple, car celui-ci demeure dans la justice, et le Saint d’Israël règne » (1 Né. 22:26 ; voir aussi Millénium).
 
Bibliographie
Clark, James R., comp. "Proclamation of the Twelve". Dans Messages of the First Presidency, Vol. l, p. 258. Salt Lake City, 1965.
Lund, Gerald N. The Coming of the Lord. Salt Lake City, 1971.
McConkie, Bruce R. The Millennial Messiah : The Second Coming of the Son of Man. Salt Lake City, 1982.
Smith, Joseph Fielding. The Signs of the Times. Salt Lake City, 1964.
GERALD N. LUND
 
Jésus-Christ dans la Bible
Auteur : MATTHEWS, ROBERT J.
 
Les saints des derniers jours considèrent Jésus-Christ comme la figure centrale de toute la Bible. Les Ancien et Nouveau Testaments sont des documents divinement inspirés qui révèlent la mission de Jésus comme Créateur, Dieu d'Israël, Messie, Fils de Dieu, Rédempteur et Roi éternel. La Bible contient l'histoire, les enseignements doctrinaux et les prophéties de futurs événements, avec Jésus-Christ comme sujet principal dans chaque catégorie.
 
L'Ancien Testament contient le récit de la Création, et des relations de Dieu avec la famille humaine d'Adam jusque vers 400 av. J.-C. La promesse d'un Messie est un thème qui imprègne tout. Le Nouveau Testament fait le récit des principaux événements de la vie terrestre de Jésus le Messie de sa naissance jusqu’à sa mort, sa résurrection et son ascension au ciel, avec la promesse qu'il reviendra sur la terre pour juger le monde et pour régner ensuite comme Roi. Les saints des derniers jours identifient Jésus à Jéhovah, le Créateur, le Dieu d'Adam, d'Abraham, de Moïse et d'Israël. Jésus est Jéhovah venu sur la terre comme Messie promis (voir Jéhovah, Jésus-Christ). Par conséquent, les relations de Dieu avec la famille humaine tout au long de la période de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament constituent l’histoire de Jésus-Christ prémortel et mortel.
 
JÉSUS, PERSONNAGE HISTORIQUE. Les saints des derniers jours prennent au pied de la lettre le message biblique sur Jésus (voir Ministère de Jésus-Christ). Le Jésus de l’histoire est celui de la Bible : le Fils unique de Dieu dans la chair, né de la Vierge Marie à Bethléhem, baptisé par Jean-Baptiste. Il a accompli divers miracles, a enseigné l'Évangile en parlant de temps en temps en paraboles et « allait de lieu en lieu faisant du bien » (Ac. 10:38). Il a choisi douze apôtres, organisé une Église, rassemblé beaucoup de disciples et a été rejeté par les dirigeants juifs. Son attitude envers les Samaritains, les femmes, les dirigeants politiques (par exemple, Hérode, César), les lois rituelles et la prière étaient plutôt révolutionnaires pour son temps. Il a souffert à Gethsemané, a saigné à chaque pore, a été crucifié, est mort, est ressuscité des morts et est plus tard monté aux cieux du haut du mont des Oliviers. Les saints des derniers jours considèrent aussi bien la partie historique du compte rendu de la vie de Jésus que la partie prophétique comme exactes. La promesse que ce même Jésus reviendra en personne en gloire pour juger le monde, puis régnera sur la terre comme Roi des rois est une réalité future que nous prenons à la lettre.
 
REPRÉSENTATION DE JÉSUS PAR LE RITE. Dans toute la Bible, la mission de Jésus-Christ est dépeinte dans des rites qui sont des types et des symboles d'événements réels. Pour les prophètes de l'Ancien Testament, les sacrifices d’animaux préfiguraient et caractérisaient la venue de Jésus pour verser son sang et sacrifier sa vie pour les péchés de l'humanité. Comme on offrait souvent des agneaux, Jésus est qualifié dans le Nouveau Testament d’Agneau de Dieu (Jn. 1:29, 36 ; cf. 1 Né. 11:21).
 
Pour que le sacrifice d’un animal symbolise le sacrifice de Jésus, il devait être l’un des premiers-nés du troupeau (c’est-à-dire le premier-né masculin de sa mère) sans défaut, offert sans qu’on lui brise les os, et son sang devait être versé. Chacun de ces points a eu sa contre-partie dans la vie de Jésus sur terre. Même les détails du service de la Pâque, qui voulaient que le sang de l'agneau soit badigeonné sur les poteaux de porte pour que l'ange exterminateur passe outre de cette maison (Ex. 12:3-24, 46) préfiguraient la mission et le pouvoir sauveur de Jésus, l'Agneau de Dieu, qui fut crucifié au moment de la célébration annuelle de la Pâque. Paul, comprenant ce symbolisme, s’exclame : « car Christ, notre pâque, a été immolé » (1 Co. 5:7).
 
Paul dit de la loi de Moïse qu’elle a été « comme un pédagogue pour nous conduire à Christ » (Ga. 3:24). Pour ce faire, elle a annoncé et symbolisé le Christ. Quand il a fait l'Expiation, le Christ a accompli toute la loi ; la loi prenait donc fin en lui et a été remplacée par la plénitude de l'Évangile (3 Né. 9:17 ; cf. Mt. 5:17-18 ; Hé. 10:1). La compréhension qu’ont les saints des derniers jours du rôle de la loi de Moïse et d'autres ordonnances de l'Ancien Testament est clairement exprimée par le prophète Néphi du Livre de Mormon vers 600 av. J.-C. : Voici, mon âme met ses délices à prouver à mon peuple la vérité de la venue du Christ ; car c'est à cette fin que la loi de Moïse a été donnée, et tout ce qui a été donné par Dieu à l'homme depuis le commencement du monde est une figure de lui. [2 Né. 11:4 ; cf. Jcb. 4:5].
 
Quand il a pris le repas de la Pâque avec les Douze lors de la dernière Cène, Jésus leur a donné le pain représentant sa chair, qui serait brisée, et le vin représentant son sang, qui serait versé. Il a été commandé aux croyants de participer souvent à ce rite symbolique : « Faites ceci en mémoire de moi » (Luc 22:17-20 ; cf. 3 Né. 18:3-13 ; 20:8-9).
 
PRÉFIGURATIONS DANS L’ANCIEN TESTAMENT. Les auteurs des quatre évangiles ont vu dans l'Ancien Testament des choses qui annonçaient les événements de la vie de Jésus. Matthieu (1:23) cite Ésaïe 7:14 : « La jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, Et elle lui donnera le nom d’Emmanuel » nom qui signifie « Dieu avec nous ». Il cite de même Osée 11:1 : « J’ai appelé mon fils hors d’Égypte » (Mt. 2:15).
 
Jean (13:8-11) note que la trahison de Jésus par un ami est mentionnée dans une Écriture ancienne (Ps. 41:9). Jean (19:24) cite aussi le partage de la tunique de Jésus par les soldats comme l’accomplissement de Psaumes 22:18 et l'éponge avec du vinaigre présentée aux lèvres de Jésus (Jn. 19:28-30) comme une allusion à Psaumes 69:21. Jean (19:33-36) note aussi que les jambes de Jésus n'ont pas été brisées sur la croix, conformément à Exode 12:46.
 
Ésaïe a prophétisé qu’en Israël un fils naîtrait de la lignée de David et qu’il serait appelé « Dieu puissant », « prince de la paix » (És. 9:6-7). La mission du Messie comme Rédempteur, souffrant pour les péchés de l'humanité, est dépeinte dans Ésaïe 53 et 61.
 
LE DIEU D'ISRAËL EST JÉSUS DE NAZARETH. La révélation donnée au prophète Joseph Smith prouve que, à partir d’Adam, il y a eu plusieurs dispensations de l'Évangile sur la terre. Les prophètes de chacune de ces dispensations ont connu le Christ, ont enseigné son Évangile (notamment les rites et les ordonnances) et ont détenu la sainte prêtrise, qui était appelée « la sainte prêtrise, selon l'Ordre du Fils de Dieu » (D&A 107:3 ; cf. Alma 13:1-16). Ces prophètes antiques non seulement connaissaient la venue future de Jésus en tant que Messie, mais ils savaient aussi que Jéhovah, le Dieu qu'ils adoraient, viendrait sur la terre et deviendrait ce Messie (cf. Mos. 13:33-35). Comme noté plus haut, dans És. 7:14, le nom Emmanuel identifie Jésus à Dieu. Les passages de Nouveau Testament illustrent ce concept.
 
Jésus a invité ses auditeurs à sonder les Écritures, parce que « ce sont elles qui témoignent de moi » (Jn. 5:39). Il a dit aux dirigeants juifs que Moïse « a écrit de moi » (Jn. 5:45-46 ; cf. Jn. 1:45 ; 1 Co. 10:1-4). Plus tard il leur a dit : « Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour : il l’a vu, et il s’est réjoui. » (Jn. 8:56). Quand on lui a demandé comment Abraham et lui auraient pu se connaître alors qu’ils vivaient à des époques tellement différentes, Jésus a répondu : « Avant qu'Abraham fût, je suis » (Jn. 8:58). Le terme grec traduit ici par « je suis » est identique à l'expression de la Septante dans Ex. 3:14 qui identifie Jéhovah comme s’appelant « JE SUIS ».
 
Il est évident que ses auditeurs avaient bien compris qu'il leur avait clairement dit qu'il n'était autre que Jéhovah, également connu sous le nom de JE SUIS, Dieu d'Abraham et de Moïse, car « Là–dessus, ils prirent des pierres pour les jeter contre lui » (Jn. 8:59) parce qu'ils estimaient qu'il avait blasphémé. Une autre preuve de ce qu'ils comprenaient l'affirmation de Jésus qu'il était Dieu venu sur terre est donnée plus tard quand ils « prirent de nouveau des pierres pour le lapider » et que Jésus demanda : « Je vous ai fait voir plusieurs bonnes œuvres venant de mon Père : pour laquelle me lapidez–vous ? Les Juifs lui répondirent : Ce n’est point pour une bonne œuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème, et parce que toi, qui es un homme, tu te fais Dieu » (Jn. 10:31-33). Après sa résurrection Jésus passa en revue les passages de l'Ancien Testament avec ses disciples « et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Lu. 24:27) et leur montra « dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes » les prophéties concernant sa mission (Lu. 24:44 ; voir Jésus-Christ : Prophéties concernant Jésus-Christ).
 
Pierre écrit que les prophètes antiques « ont fait de ce salut l’objet de leurs recherches et de leurs investigations » et avaient « l’Esprit de Christ » qui « attestait d’avance les souffrances de Christ » et que ces prophètes « étaient les dispensateurs [de leur temps] de ces choses qui sont maintenant « annoncées » au sujet de Jésus-Christ (1 Pi 1:10-12). Et Paul déclare que dans tous ses enseignements sur Jésus, il ne s’est écarté « en rien de ce que les prophètes et Moïse ont déclaré devoir arriver » (Ac. 26:22).
 
On trouve dans Matthieu (16:27 ; 24:1-51) et Joseph Smith–Matthieu (1:1-55) des prophéties détaillées selon lesquelles Jésus reviendra sur terre comme Juge et Roi (voir Jésus-Christ : Avènement de Jésus-Christ). Les saints des derniers jours croient que de même que les préfigurations et les prophéties de l'Ancien Testament sur le Christ se sont accomplies lors de son premier avènement, de même les prophéties sur sa seconde venue s’accompliront littéralement.

ÉCLAIRCISSEMENTS DONNÉS PAR LA RÉVÉLATION MODERNE. Les passages susmentionnés de la Bible, auxquels s’ajoutent ceux de la révélation moderne sur le même sujet, amènent les membres de l'Église à considérer les Ancien et Nouveau Testaments comme des documents fiables concernant la mission prémortelle, mortelle et postmortelle, et la future mission millénaire de Jésus-Christ. Les saints des derniers jours acceptent pleinement le message biblique au sujet de Jésus-Christ et, en outre, à cause d'autres Écritures sacrées qui fortifient et complètent le document biblique (voir Ouvrages canoniques), ils apprécient la mission de Jésus dans un sens plus large que ne le permet la Bible seule. Par exemple, Jésus a parlé à ses auditeurs juifs « d’autres brebis » ne faisant pas partie des juifs, à qui il rendra visite et qui « entendront [sa] voix » (Jn. 10:16). On pense généralement qu’il s’agit là des Gentils. Cependant, dans le Livre de Mormon, Jésus ressuscité désigne expressément ces autres brebis comme étant la branche de la maison d'Israël située sur le continent américain qu'il visitait, leur montrant personnellement son corps et leur enseignant de sa propre voix son Évangile (3 Né. 15:13-24). Le Livre de Mormon explique ainsi un passage au sujet du Sauveur au-delà de ce que la Bible offre et étend également la notion de ministère de Jésus.
 
La révélation moderne permet aussi d’apprécier de manière plus approfondie les événements qui se sont produits sur la montagne de la Transfiguration que ne le permet la seule Bible. Ce que le Nouveau Testament offre est accepté comme historiquement correct mais incomplet. La révélation moderne nous apprend que sur la montagne, Jésus, Moïse et Élie ont donné les clefs de la prêtrise à Pierre, à Jacques et à Jean en accomplissement de la promesse du Sauveur dans Matthieu 16:19 (EPJS, p. 126). Les trois apôtres ont également eu la vision de la glorification future de la terre (D&A 63:2-21). Ces points manquent dans le récit biblique. Moïse et Élie « apparaissant dans la gloire, parlaient de son départ [de Jésus] qu’il allait accomplir à Jérusalem » (Luc 9:30-31), ce qui prouve qu'ils le connaissaient et étaient au courant de sa mission.
 
Le ministère de Jésus est également éclairci dans d'autres cas par la révélation moderne. Jean 3:23 a l’air de dire que Jésus accomplissait personnellement des baptêmes dans l'eau, mais ceci est essentiellement nié par Jean 4:2, qui dit que ce n'était en fait pas Jésus, mais ses disciples, qui accomplissaient les baptêmes. Grâce à la traduction de Joseph Smith de la Bible, le texte de Jean 4:2-3 est rendu plus clair et affirme que Jésus a effectivement accompli des baptêmes dans l'eau, mais pas autant que ses disciples. (On trouvera d'autres éclaircissements concernant le ministère terrestre de Jésus dans la Traduction de Joseph Smith de la Bible [TJS].) Parmi les sujets traités dans ce dernier ouvrage, il y a Jésus au temple à l'âge de douze ans, son enfance précoce, ses tentations dans le désert, ses paraboles, sa capacité de racheter les petits enfants et sa compassion pour les gens.
 
Bibliographie
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, 3 vols. Salt Lake City, 1965, 1970, 1973.
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah ; The Mortal Messiah ; The Millennial Messiah, 6 vols. Salt Lake City, 1978, 1979, 1980, 1981, 1982.
Matthews, Robert J. "A Greater Portrayal of the Master." Ensign 13, mars 1983, p. 6-13.
Talmage, James E. Jesus the Christ. Salt Lake City, 1963.
ROBERT J. MATTHEWS
 
Jésus-Christ dans le Livre de Mormon
Auteur : WELCH, JOHN W.
 
Le but principal du Livre de Mormon est de convaincre tous les hommes « que Jésus est le Christ, le Dieu éternel, qui se manifeste à toutes les nations » (page de titre). Grâce aux expériences spirituelles de ses auteurs, dont beaucoup étaient des prophètes et des témoins oculaires de la gloire du Christ, le Livre de Mormon communique de manière claire et personnelle la connaissance que Jésus-Christ vit. Il explique sa mission depuis la création jusqu’au jugement final et exprime son amour pur et expiatoire pour toute l'humanité.
 
Le Livre de Mormon est une Écriture intime. Il exhorte le lecteur à : « venir au Christ, et à [se] saisir de tout bon don » en n’oubliant pas que « tout bon don vient du Christ » (Mro. 10:18, 30).

Le livre se focalise sur une seule chose. Pour employer les termes de Néphi 1, « nous parlons du Christ, nous nous réjouissons dans le Christ, nous prêchons le Christ, nous prophétisons concernant le Christ » (2 Né. 25:26). Ce n’est que par le sacrifice de Jésus que celui qui se repent peut « satisfaire aux exigences de la loi » (2 Né. 2:7). « Il n'y a aucun autre titre auquel vous pouvez être affranchis. Il n'y a aucun autre nom donné par lequel le salut vienne » (Mos. 5:8).
 
Tous les prophètes du Livre de Mormon ont proclamé la même parole de Jésus-Christ (Jcb. 4:5). Dans leurs visions, leurs discours publics et leurs déclarations personnelles ils ont systématiquement déclaré (1) que Jésus est le Fils de Dieu, le Créateur, le Seigneur Dieu Omnipotent, le Père du ciel et de la terre et le Saint d'Israël, (2) qui descendrait et est effectivement venu sur terre pour vivre en tant que mortel né de la vierge Marie, (3) pour guérir les malades, chasser les démons et subir les tentations, (4) pour prendre sur lui les péchés du monde et racheter son peuple, (5) pour être mis à mort par crucifixion et ressusciter d’entre les morts, (6) pour réaliser la résurrection de toute l'humanité et (7) pour juger tous les hommes au dernier jour selon leurs œuvres (1 Né. 11-14 ; Mos. 3:5-27 ; Al. 33:22 ; voir Christologie).
 
La personnalité et les attributs de Jésus sont exprimés dans le Livre de Mormon (voir Black, p. 49-64). Il est une personne qui invite, réconforte, répond, exhorte, aime, pleure, est perturbé par les péchés de l'humanité et est rempli de joie. Il accueille tous ceux qui vont à lui. Il plaide patiemment auprès du Père en faveur de tous ceux qui sont devenus saints par son sang expiatoire. C’est un ami véritable et compatissant. Il visite ceux qui croient en lui. Il guérit ceux qui pleurent à la pensée d’être séparés de lui. Avec des mains qui portent toujours les plaies de sa mort, il touche, est touché et donne du pouvoir. Il se rappelle toutes ses alliances et tient toutes ses promesses. Il est tout-puissant, jugeant le monde et vainquant les méchants. Il est « la lumière, et la vie, et la vérité du monde » (Ét. 4:12).
 
Parmi les prophètes du Livre de Mormon qui ont donné de nombreux enseignements sur le Christ avant que sa naissance il y a le frère de Jared (Ét. 3), Léhi (1 Né. 10 ; 2 Né. 2), Néphi 1 (1 Né. 11, 19 ; 2 Né. 25, 31-33), Jacob (2 Né. 9), Abinadi (Mos. 13-16), Benjamin (Mos. 3-5) ; Alma 2 (Al. 5, 7, 12-13, 33, 36, 42), Amulek (Alma 34), Samuel le Lamanite (Hél. 14) et Néphi 3 (3 Né. 1). Le point culminant du document néphite est l'apparition du Seigneur Jésus-Christ ressuscité à une assemblée de 2.500 hommes, femmes et enfants qui s'étaient réunis devant leur temple au pays d’Abondance. Pendant trois jours, Jésus les a personnellement instruits (3 Né. 11-28 ; voir Livre de Mormon : Trois Néphi). Le Livre de Mormon termine par des témoignages sur Jésus par Mormon (Mrm. 7 ; Mro. 7) et son fils Moroni 2 (Ét. 4 ; Mro. 10). On trouve 101 appellations pour Jésus dans les 3.925 mentions du Christ dans les 6.607 versets du Livre de Mormon (Black, p. 16-30).
 
En plus de ses visitations de 3 Néphi, Jésus est apparu à Léhi (1 Né. 1:9), Néphi 1, Jacob (2 Né. 11:2-3), au roi Lamoni (Al. 19:13), Mormon (Mrm. 1:15), Moroni 2 (Ét. 12:39) et au frère de Jared (Ét. 3:14). Chacun a rendu un témoignage personnel de Jésus-Christ. Beaucoup d'autres ont entendu sa voix.

Grâce aux visions et aux révélations qu’il avait reçues avant de quitter Jérusalem vers 600 av. J.-C., Léhi était au courant des tendres miséricordes du Messie promis. Pour lui, le Messie allait être le Rédempteur qui rétablirait ceux qui étaient déchus, perdus et exilés. Dans une vision, Léhi lut un livre céleste qui « annonçai[t] clairement la venue d'un Messie et aussi la rédemption du monde » (1 Né. 1:19). Cette connaissance a focalisé toutes les prédications et interprétations ultérieures des Néphites concernant la mission du Sauveur. Il fut également révélé à Léhi qu’au bout de six cents ans « le Seigneur Dieu susciterait un prophète parmi les Juifs, un Messie, ou, en d'autres termes, un Sauveur du monde » (1 Né. 10:4), le même serviteur compatissant sur lequel d'autres prophètes avaient écrit, notamment Zénos dans son allégorie de l'olivier du Seigneur représentant Israël (Jacob 5). Léhi voyait dans le fait d’être « greffé » sur cet arbre celui de « parv[enir] à la connaissance du vrai Messie » (1 Né. 10:14).

Grâce aux prophéties d'Ésaïe aussi bien qu’à ses propres visions, Léhi savait qu'un prophète préparerait la voie au Seigneur avant sa venue (1 Né. 10:8 ; cf. És. 40:3) et que « lorsqu'il aurait baptisé d’eau le Messie, il verrait et témoignerait avoir baptisé l'Agneau de Dieu, qui allait ôter les péchés du monde » (1 Né. 10:10 ; voir Jean-Baptiste). En outre, Ésaïe parlait du serviteur du Seigneur « méprisé et abandonné… blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités… semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie » (És. 53:3-7) ; et Léhi a prophétisé que les juifs tueraient le Messie, ajoutant que le Rédempteur ressusciterait d’entre les morts (1 Né. 10:11).
 
Néphi 1 a demandé au Seigneur une plus grande compréhension des visions de son père, particulièrement une compréhension plus claire de l'arbre de vie. Il a éprouvé de l’amour pour la condescendance de Dieu qui ferait descendre le Fils de Dieu pour demeurer dans la chair, né d'une belle vierge. La bonté du Christ fait un vif contraste avec son rejet et sa crucifixion (1 Né. 11:13-33 ; 19:10 ; cf. De. 21:22). Néphi 1 (qui savait lui-même ce que voulait dire être persécuté à cause de la justice) mentionne plus de soixante fois l'offrande divine de cet Agneau sacrificatoire de Dieu (1 Né. 11:21). Comme gouverneur et instructeur de son peuple, Néphi souligne le fait qu'ils doivent suivre le règne du Christ, le seul vrai Sauveur qui viendrait jamais, la source unique de leur vie et de leur loi, le seul en qui tout s’accomplirait (2 Né. 25:16-18, 25-27).
 
Dans le cadre de son appel de prêtre et d’instructeur, Jacob, frère de Néphi 1, parle de l'expiation du Christ. Il dit que le Christ souffrirait et mourrait pour toute l'humanité pour qu’elle puisse lui être assujettie par son « expiation infinie », qui surmonte la Chute et apporte la résurrection et l'incorruptibilité (2 Né. 9:5-14).
 
Léhi, Néphi 1 et Jacob utilisent souvent certains termes tels que « Messie » (oint) et « Agneau de Dieu » pour désigner le Christ avant qu'un ange ne révèle que le nom du Messie « sera Jésus-Christ, le Fils de Dieu » (2 Né. 25:19 ; cf. 2 Né. 10:3 ; Mos. 3:8). Le nom Jésus, comme Josué, dérive de la racine hébraïque yasha', « délivrer, sauver » ; et Christos est l'équivalent grec de l’hébreu mashiyach, signifiant « oint » ou « Messie » (voir Jésus-Christ, noms et titres de). Ainsi, les Néphites utilisaient le nom intime et cependant librement exprimé porté par Jésus sur terre comme nom pour désigner Dieu, alors que le YHWH indicible (voir Jéhovah, Jésus-Christ) n’apparaît que deux fois dans le livre (2 Né. 22:2 ; Mro. 10:34).
 
Certains, tels que Shérem, dont les racines culturelles plongent dans le monde monothéiste de Jérusalem, résistent au culte du Messie, prétendant que c’est une violation de la loi de Moïse (Ex. 20:3 ; Jcb. 7:7 ; voir Antéchrists). Néphi avait précédemment déclaré que le Père, le Fils et le Saint-Esprit étaient « un seul Dieu » (2 Né. 31:21), mais les contestataires néphites continueront à attaquer la proposition que Jésus est Dieu, à nier que son expiation puisse être efficace avant qu’elle ne se produise et à argumenter qu'il ne peut pas y avoir plusieurs Dieux qui soient malgré tout un seul Dieu (par exemple, Mos. 17:8 ; Al. 11:28). Abinadi et d'autres donnent des explications inspirées (Mos. 14-16 ; voir Jésus-Christ, Père et Fils), mais jusqu'à ce que Jésus ressuscité apparaisse, annoncé par le Père et le priant, ces questions ne seront jamais définitivement réglées.
 
Vers 124 av. J.-C., le roi Benjamin reçut d'un ange une déclaration succincte de la mission expiatoire du Christ (Mos. 3:2-27). ElIe mettait l’accent sur le sang expiatoire du Christ et confirmait que du sang sortirait de chaque pore de Jésus à cause de son angoisse pour son peuple (Mos. 3:7 ; voir aussi Lu. 22:43-44 ; D&A 19:18 ; Irénée, Contre les hérésies 22.2 ; voir Gethsémané). Le sang du Christ expiera les péchés de tous ceux qui se repentent ou ont péché par ignorance (voir Mos. 3:11, 15, 16, 18). Quand le peuple de Benjamin demande passionnément à l'unisson que Dieu « applique le sang expiatoire du Christ, afin que nous recevions le pardon de nos péchés » (Mos. 4:2), Benjamin lui donne par alliance le nom du Christ, le seul nom « par lequel le salut vienne » (Mos. 5:7-8).
 
Alma 2, le défenseur juridique et religieux de la liberté de croyance (v. 100-73 av. J.-C.), enseignait que la foi en Jésus-Christ était le maître de la conversion personnelle. Alma avait goûté la joie transformatrice qu’il avait éprouvée quand il avait invoqué le nom de Jésus-Christ pour avoir miséricorde (Al. 36:18), et dans ses sermons ultérieurs, il décrivit comment on pouvait avoir « l’image de Dieu gravée sur le visage » (Alma 5:19), et comment la parole de Dieu doit être plantée dans l'âme de chaque converti, où, à condition d’être nourrie, elle grandira pour devenir un arbre de vie éternel (Al. 32:40 ; 33:22-23 ; on trouve la même image dans un document des débuts du christianisme, les Odes de Salomon 11:18).
 
Vers 30 av. J.-C. un groupe de Lamanites fut converti au Christ quand la lumière de Dieu brilla et que sa voix parla dans la nuée de ténèbres qui les enveloppait (Hél. 5:33-43). Vingt-cinq ans plus tard, un prophète appelé Samuel le Lamanite prédit que des signes lumineux plus importants apparaîtraient au moment de la naissance de Jésus et que l’on verrait des destructions et des ténèbres massives à sa mort (Hél. 14:2-27). Cinq ans après Samuel, Néphi 3 entendit la voix de Jésus déclarer qu'il viendrait au monde « demain » et les signes de la naissance de Jésus apparurent ; trente-trois ans et quatre jours après cela, tout le pays entendit la voix du Christ parler au milieu des ténèbres épaisses qui, sur le continent américain, accompagnèrent sa crucifixion et sa mort (3 Né. 9).
 
Au cours de cette même année, ils virent Jésus-Christ ressuscité descendre du ciel (3 Né. 11:8). Il apparut à une assemblée de Néphites justes devant leur temple et les laissa toucher les plaies de ses mains et de ses pieds et mettre la main dans son côté (3 Né. 11:15). Ils entendirent la voix du Père dire : « Voici mon Fils bien-aimé, en qui je me complais, en qui j’ai glorifié mon nom : écoutez-le » (3 Né. 11:7).
 
Jésus fut avec ces gens pendant trois jours. Il appela et ordonna douze disciples et enseigna son Évangile de foi, de repentir, de baptême et de don du Saint-Esprit. Étant celui qui avait donné et avait accompli la loi de Moïse, il donna au peuple des commandements d'obéissance, du sacrifice d'un cœur brisé, d'amour fraternel et de réconciliation, de fidélité à son conjoint, de chasteté, d'intégrité, de charité et de consécration (voir Dotation). Il lui enseigna à jeûner et à prier, en secret et en famille. Il guérit leurs malades et, en présence d’anges et de témoins, il bénit les parents et leurs enfants. Ils contractèrent une alliance sacrée avec lui et il promit que s'ils faisaient sa volonté et gardaient ses commandements, ils auraient toujours son esprit avec eux (voir Sainte-Cène), connaîtraient personnellement le Seigneur et seraient accueillis dans sa présence au dernier jour (3 Né. 14:21-23 ; voir Welch, p. 34-83).
 
Comme révélé dans le Livre de Mormon, Jésus veut que tous les hommes deviennent comme leur Père céleste et lui. Jésus a dit : « C’est pourquoi, quelle sorte d’hommes devriez-vous être ? En vérité, je vous le dis, tels que je suis » (3 Né. 27:27). Il a invité tout le monde en disant : « Je voudrais que vous soyez parfaits tout comme moi, ou comme votre Père qui est dans les cieux est parfait » (3 Né. 12:48). Son but constant et aimant a été de rendre cela possible.
 
Bibliographie
Black, Susan E. Finding Christ Through the Book of Mormon. Salt Lake City, 1987.
Charlesworth, James H. “Messianism in the Pseudepigrapha and the Book of Mormon.” Dans “Reflections on Mormonism, dir. de publ. T. Madsen, p. 99-137, Provo, Utah, 1978.
Roberts, B. H. “Christ in the Book of Mormon”. IE 27, 1924, 188-192.
Scharffs, Stephen. “Unique Insights on Christ from the Book of Mormon”. Ensign 18, décembre 1988, p. 8-13.
Welch, John W. The Sermon at the Temple and the Sermon on the Mount. Salt Lake City, 1990.
JOHN W. WELCH
 
Jésus-Christ dans les Doctrine et Alliances
Auteur : JOHNSON, CLARK V.
 
Les Doctrine et Alliances sont un recueil unique de révélations et d'écrits inspirés rendant témoignage au monde moderne que Jésus-Christ vit. À la différence des autres ouvrages canoniques de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, les révélations qui se trouvent dans les Doctrine et Alliances ont été reçues de nos jours par des prophètes modernes et ne sont donc pas des traductions de documents antiques. La figure centrale des Doctrine et Alliances est en effet Jésus-Christ. Il s'y identifie à de nombreuses reprises avec divers titres exprimant son état divin et son pouvoir rédempteur.
 
Les Doctrine et Alliances présentent plus de soixante noms ou titres pour Jésus. Quand il parle de lui-même ou de son œuvre, le Seigneur utilise au moins dix-huit titres descriptifs, notamment « Seigneur » (plus de 300 fois), « Jésus-Christ » (81 fois), « Rédempteur » (24 fois), « Sauveur » et « Jésus » (19 fois chacune), « Alpha et Oméga » et « Fils unique » (13 fois chacune), « le commencement et la fin » (12 fois), « Éternel » (11 fois), « Jéhovah » (6 fois), « Avocat », « Infini » et « Époux » (5 fois chacun) ; « Législateur » et « Je Suis » (3 fois chacun). Ces titres imposent un respect spécial pour Jésus-Christ. « Voici, je suis d’en haut… Je suis au-dessus de tout, en tout, à travers tout. Et le jour vient où tout me sera soumis. Voici, je suis l’Alpha et l’Oméga, oui, Jésus-Christ » (D&A 63:59-60 ; voir aussi Jésus-Christ, Noms et titres de).
 
Jésus affirme son rôle de Créateur. « Ainsi dit le Seigneur, votre Dieu, oui, Jésus-Christ, le grand JE SUIS, l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin, celui-là même qui contempla la vaste étendue de l'éternité… avant que le monde ne fût fait… Je suis celui-là même qui parla, et le monde fut fait, et tout vint par moi. » (D&A 38:1-3).
 
Une seule fois Jésus est appelé Fils Ahman. « Ahman » pourrait être une expression dans la langue adamique (D&A 78:20 ; 95:17 ; voir aussi JD 2:342). Un autre passage unique appelle le Christ Seigneur des armées, tant celles du ciel que celles de la terre ; il est donc « le créateur du premier jour, le commencement et la fin » (D&A 95:7).
 
Dans un passage mémorable, Jésus décrit sa souffrance comme Rédempteur de l'humanité. Les détails autobiographiques exprimés ici ne se retrouvent nulle part ailleurs dans l'Écriture : « Et ces souffrances m'ont fait trembler de douleur, moi, Dieu, le plus grand de tous, et elles m'ont fait saigner à chaque pore et m'ont fait souffrir de corps et d'esprit — et j'ai voulu ne pas devoir boire la coupe amère, mais je n'ai pas non plus voulu me dérober » (D&A 19:18). Il a « souffert ces choses pour tous afin qu'ils ne souffrent pas s'ils se repentent » (19 :16). Fidèle à lui-même, le Sauveur donne la gloire et l'honneur à son Père céleste : « Néanmoins, gloire soit au Père, j'ai bu et j'ai terminé tout ce que j'avais préparé pour les enfants des hommes. » (D&A 19:19 ; cf. 78:4). Ayant fait le sacrifice, le Christ peut intercéder auprès du Père pour les pénitents : « Je suis le Christ et j'ai plaidé devant le Père pour eux, en mon propre nom, par la vertu du sang que j'ai versé. » (D&A 38:4 ; cf. 45:1-4).
 
Jésus dit de lui-même qu’il est l’Époux, attirant l'attention sur sa parabole des vierges donnée dans Matthieu 25, quand il a prophétisé sur son avènement : « Soyez fidèles, priant toujours, tenant votre lampe prête et allumée et ayant de l'huile avec vous afin d'être prêts au moment de la venue de l'Époux » (D&A 33:17).
 
Dans la révélation moderne le Seigneur donne également du réconfort : « Prenez courage et ne craignez pas, car moi, le Seigneur, je suis avec vous et je me tiendrai à vos côtés » (D&A 68:6) ; et « Sois humble, et le Seigneur, ton Dieu, te conduira par la main et te donnera la réponse à tes prières » (D&A 112:10). Jésus avertit également l'humanité de la nécessité d'être humble, disant que « car bien qu'un homme puisse avoir beaucoup de révélations et le pouvoir de faire beaucoup de grandes œuvres, s'il se vante de sa force, méprise les recommandations de Dieu et obéit aux caprices de sa volonté et de ses désirs charnels, il tombera et encourra la vengeance qu'un Dieu juste fera tomber sur lui » (D&A 3:4).
 
Dans plusieurs sections des Doctrine et Alliances, le Seigneur témoigne qu'il est celui qui donne l'Écriture par l'inspiration et il commande que l’on étudie ses paroles (D&A 1:29 ; 3:16-20 ; 11:22 ; 20:8-9 ; 84:57). En résumé il dit : « Sondez ces commandements, car ils sont vrais et dignes de foi, et les prophéties et les promesses qu'ils contiennent s'accompliront toutes » (D&A 1:37).

Le Seigneur explique des passages et des concepts scripturaires pas très clairs dans l'Évangile de Jean, dans 1 Corinthiens, dans l’Apocalypse et dans Ésaïe (D&A 7 ; 77 ; 86 ; 113). Il souligne des concepts scripturaires au sujet de l'histoire sacrée, de la prêtrise et de la lignée patriarcale dans d'autres révélations (D&A 84:6-28 ;107:1-14, 40-57). Il restaure aussi des fragments d’Écriture perdus (par exemple, D&A 7 ; 93:7-17).
 
Le Seigneur dit pourquoi il donne ces révélations à l'humanité : « Je vous donne ces paroles afin que vous compreniez et sachiez comment adorer et sachiez ce que vous adorez, afin que vous veniez au Père en mon nom et receviez sa plénitude en temps voulu » (D&A 93:19).
 
La voix de Jésus-Christ dans les Doctrine et Alliances est la parole du Seigneur consolant et encourageant ses saints, témoignant de sa propre divinité et de sa mission sacrée, avertissant le monde des jugements à venir, déclarant sa majesté et son pouvoir et promettant pardon et miséricorde aux pénitents. Les saints des derniers jours acceptent ces révélations comme des proclamations modernes de la volonté du Seigneur Jésus-Christ.
 
Bibliographie
Maxwell, Neal A. « "The Doctrine and Covenants : The Voice of the Lord." » Ensign 8, décembre 1978, p. 4-7.
CLARK V. JOHNSON
 
Jésus-Christ dans la Perle de grand prix
Auteur : HARRIS, JAMES R.
 
L’ouvrage canonique appelé la Perle de grand prix contient un choix de textes allant d’Adam aux temps présents, notamment des paroles d'Adam, de Hénoc, de Noé, d’Abraham, de Moïse, de Jésus-Christ et de Joseph Smith. Il présente quelque trois cents mentions de Jésus-Christ, notamment des titres tels que le Commencement et la Fin, Fils Bien-aimé, Créateur, Dieu, Jéhovah, Jésus, Jésus-Christ, Roi de Sion, Seigneur, Seigneur Dieu, Messie, Fils unique, Roc du Ciel, Sauveur, Fils et Fils de l'Homme. Une contribution particulière est l’idée que Jésus-Christ a été au centre de toutes les dispensations, d'Adam à Joseph Smith.
 
JÉSUS LE CRÉATEUR. Dans Moïse, chapitres 2 et 3, Jésus est identifié comme le Créateur sous l'égide de Dieu le Père. Le livre d'Abraham ajoute l’éclaircissement que Jésus n'agissait pas seul mais avec un conseil d'esprits intelligents, dont Abraham (Abr. 3:23).
 
LA RÉBELLION DE SATAN. Dans l’état prémortel, le Père a choisi Jésus pour devenir le Fils unique et le Rédempteur. Satan s'est rebellé contre le choix du Père et est devenu l'ennemi juré de Jésus et de tous ceux qui le suivent (Moï. 4:1-4 ; voir aussi Premier état ; Guerre dans le ciel).
 
ADAM ET ÈVE ET LE PLAN DU SALUT. Adam et Ève (Moï. 1:34 ; 4:26 ; 5:5-9) ont été les premiers qui ont été instruits et qui ont accepté le plan du salut du Père sur cette terre. Dieu a commandé à Adam d’offrir les prémices de ses troupeaux. Après bien des jours, un ange du Seigneur lui a demandé pourquoi il faisait des sacrifices. Quand Adam a reconnu qu’il ne savait pas pourquoi, l’ange lui a expliqué : « C'est une similitude du sacrifice du Fils unique du Père, qui est plein de grâce et de vérité… Ce jour-là, le Saint-Esprit, qui rend témoignage du Père et du Fils, descendit sur Adam, disant : Je suis le Fils unique du Père, depuis le commencement, dorénavant et à jamais, afin que de même que tu es tombé, tu puisses être racheté, ainsi que toute l'humanité, tous ceux qui le veulent » (Moïse 5:7-9).
 
L'expiation de Jésus-Christ s'est appliquée à l'humanité dès le commencement. Adam croyait en l'avènement du Christ, fut baptisé en son nom et reçut le don du Saint-Esprit et les clefs de la prêtrise d'une dispensation (Moï. 6:51-68 ; D&A 107:41-42 ; voir aussi Adam : Sources de l’Église).

HÉNOC, UN TÉMOIN DU FILS DE L'HOMME. Hénoc a prêché la foi en Jésus-Christ, le repentir, le baptême, la réception du don du Saint-Esprit, la progression dans la connaissance de Dieu, la justification et la sanctification, le tout pouvant être réalisé par le sang expiatoire du Christ (Moï. 6:46-62).
 
Hénoc était un prophète témoin du Seigneur Jésus-Christ et savait que Jésus était le Dieu des prophètes antiques, le Rédempteur et Sauveur, le Fils de « l’Homme de sainteté » qui est Dieu le Père. Il eut la vision de l’avènement du Sauveur au midi des temps, de sa crucifixion et de son ascension triomphale vers le Père (Moïse 7:47, 53, 55). Hénoc le voyant (Moï. 6:36) a vu aussi l’avènement du « Fils de l'Homme, dans les derniers jours, pour demeurer sur la terre dans la justice pendant mille ans » (Moï. 7:65).
 
NOÉ, PRÉDICATEUR DE LA DÉLIVRANCE PAR LE CHRIST. Noé a supplié le peuple disant : « Croyez, repentez-vous de vos péchés et soyez baptisés au nom de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, tout comme nos pères, et vous recevrez le Saint-Esprit, afin que tout vous soit manifesté ; si vous ne le faites pas, les flots viendront sur vous » (Moï. 8:24).
 
ABRAHAM. Abraham a été visité par Jéhovah (Abr. 1:16) et l'a connu comme quelqu’un « qui était semblable à Dieu », le Créateur, le Fils de l'Homme et l'adversaire de Satan (Abr. 3:24-28).
 
MOÏSE, LIBÉRATEUR ET PRÉFIGURATION DU CHRIST. Après avoir été mis à l’épreuve par un affrontement avec le diable et s’être tenu deux fois en la présence de Dieu (Moï. 1:2-39), Moïse entend : « Et maintenant, Moïse, mon fils, je vais te parler de cette terre sur laquelle tu te tiens, et tu écriras les choses que je vais te dire » (Moï. 1:40). Il lui est également dit qu’il est à « l’image » du Fils unique, le Sauveur, qui est plein de grâce et de vérité (Moï. 1:6). Quand Moïse doit affronter les puissances des ténèbres, il demande à Dieu la force et, au nom du Fils unique, commande à Satan de s’éloigner (Moï. 1:20-22). Moïse a servi Dieu d'Israël, qu'il savait être le Messie, le Fils unique, le Sauveur et le Créateur de « mondes sans nombre » (Moï. 1:32-33).
 
MATTHIEU, HISTORIEN DU MINISTÈRE DU SEIGNEUR. Dans un discours à ses disciples trois jours avant sa crucifixion, Jésus leur a donné des conseils sur la façon de survivre à la destruction proche de Jérusalem et comment les futurs disciples devraient survivre à une dévastation similaire qui se produirait dans les derniers jours comme prélude à sa seconde venue (Mt. 24). La traduction de ce discours par Joseph Smith est présentée sous le titre Joseph Smith–Matthieu.
 
JOSEPH SMITH. Le prophète Joseph Smith a appris par expérience divine qu'il y a un Sauveur, qui est Fils, et un Dieu qui est Père. Ceci il l’a appris lors de sa Première Vision quand une colonne de lumière est apparue « plus brillante que le soleil » et est descendue sur lui. Dans cette lumière il a vu « deux Personnage dont l’éclat et la gloire défient toute description, et qui se tenaient au-dessus de [lui] dans les airs. L'un d'eux [lui] parla, [l’]appelant par [son] nom, et dit, en [lui] montrant l’autre : ‘Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoute-le ! » Dans cette vision, Joseph Smith a parlé au Père et au Seigneur Jésus-Christ (JS–H 1:15-17). Le prophète devait écrire plus tard : « J'avais réellement vu une lumière, et au milieu de cette lumière, je vis deux Personnages, et ils me parlèrent réellement ; et quoique je fusse haï et persécuté pour avoir dit que j'avais eu cette vision, cependant c'était la vérité » (JS–H 1:25).
 
Dans les articles de foi, Joseph Smith a déclaré la position de Jésus comme membre de la Divinité, a énoncé les premiers principes de l'Évangile de Jésus-Christ et a affirmé que le Christ viendra un jour régner personnellement sur la terre.
 
Bibliographie
Peterson, H. Donl. The Pearl of Great Price : A History and Commentary, p. 20, 74-75. Salt Lake City, 1987.
JAMES R. HARRIS
 
Jésus-Christ, Noms et titres de
Auteur : ROBINSON, STEPHEN E.
 
Étant donné que Jésus-Christ est au centre tant du culte de l’Église que des Écritures, il est naturellement connu sous beaucoup de noms et de titres, notamment ceux qui suivent :
JÉSUS. L’hébreu yeshoua ou yehoshoua, signifiant « Jéhovah sauve », se transcrit dans nos caractères par Josué. En grec, il est devenu Iesous, ce qui a donné Iesus en latin et Jésus. Jésus étant véritablement Jéhovah effectuant une œuvre salvatrice, son nom yeshoua, « Jéhovah sauve », lui convient parfaitement.
 
MESSIE. Ce titre vient du mashiyach hébreu, « oint ». Chez les Israélites, les prophètes, les prêtres et les rois étaient oints, ce qui les désignait comme successeurs légitimes. Généralement, « Messie » désigne une figure attendue par Israël pour être son roi. Appliqué à Jésus, le titre conserve son sens plein de prophète, de prêtre et de roi « oint ».
 
CHRIST. Messie (oint), en grec, se dit Christos, le Christ. Jésus-Christ est donc à la fois un nom et un titre et signifie Jésus le Messie.
 
FILS DE DIEU. Jésus n'était le fils d'aucun homme mortel. Son père biologique était Dieu, le Père. Comme Fils de Dieu, Jésus représente le Père et agit comme son agent en toutes choses.
 
FILS DE L'HOMME. De sa mère Jésus hérita la condition mortelle. L'hébreu ben ‘adam désigne un « fils d'Adam », c'est-à-dire tout homme mortel (Da. 8:17). Ainsi, en tant que fils d'Adam, Jésus représente les enfants d'Adam, agissant en tant que leur agent auprès du Père. En tant que Fils de Dieu et Fils de l'Homme, Jésus se tient entre Dieu et l'homme comme médiateur. Avec l'article défini, le Fils de l'Homme décrit une figure céleste apocalyptique attendue, identique au Messie (Da. 7:13). Jésus est le Fils de l'archétype de l’Homme, l'Homme céleste parfait, le Père éternel (Moï. 6:57 ; 7:35). Dans ce sens, « Fils de l'Homme » est égal à « Fils de Dieu » et crée une ambiguïté intentionnelle, reflétant l’ascendance mortelle et immortelle de Jésus.
 
FILS DE DAVID. Les juifs s’attendaient à ce que le Messie appartienne à la lignée de David. Les prophètes avaient prédit qu'un fils (descendant) de David rétablirait le royaume d'Israël à son ancien zénith (voir És. 11:1-9 ; Jé. 23:5-6). Selon Mt. 1:1-16, Jésus descendait de David. « Fils de David » désigne en particulier le caractère messianique de Jésus dans son aspect politique comme roi davidique.
 
JÉHOVAH. Les saints des derniers jours croient que Jésus est Jéhovah lui-même, le Dieu d'Israël, pas fils de Jéhovah (És. 41:14 ; 43:11, 14 ; Mos. 3:5 ; 3 Né. 11:14 ; 15:5). Le nom Jéhovah prononcé de cette façon ne se trouve pas dans les textes antiques, mais est une convention moderne. Dans les temps anciens, le texte hébreu n'avait pas de voyelles ; les consonnes du nom de Dieu étaient donc yhwh. Les juifs évitaient de prononcer ces consonnes quand ils lisaient à haute voix et disaient plutôt adonaï, mot signifiant « Seigneur ». Se conformant à cette pratique, les traducteurs de la King James rendent habituellement yhwh par « the Lord » [le Seigneur]. Dans les textes hébreux médiévaux, les voyelles d'adonai furent ajoutées aux consonnes de yhwh pour rappeler aux lecteurs juifs qu’ils devaient dire « ‘adonaï ». Les traducteurs anglais adoptèrent cette convention, créant la forme artificielle « Jéhovah ». Les saints des derniers jours acceptent Jéhovah comme nom pour le Christ prémortel parce que c'est la forme anglaise courante de yhwh.
 
EL El n'est pas un nom, mais est le nom courant de Dieu en hébreu (pluriel, élohim). Les saints des derniers jours utilisent souvent Élohim pour le Père, ce qui permet de faire une distinction entre les membres de la Divinité. Néanmoins, dans l'Ancien Testament, El et ses dérivés, tels que Élohim et El Shaddaï (Dieu Tout-Puissant), désignent habituellement Jésus prémortel, Dieu ('el) de l'Ancien Testament.
 
EMMANUEL. Puisque Jésus était l'El antique, l'ange (Mt. 1:23) lui donne correctement le nom d’Emmanuel (hébreu, immanou'el), voulant dire El (le dieu) avec nous.
 
LE SEIGNEUR. Puisque les juifs prononçaient adonaï (Seigneur) au lieu du nom divin, la Bible grecque (v. 200 av. J.-C.) traduit habituellement yhwh par ho kurios, « le Seigneur ». Ainsi, « le Seigneur », que ce soit adonaï ou kurios, était l’équivalent de « Jéhovah ». Il ne faut donc pas s’étonner que « le Seigneur » soit le titre le plus courant de Jésus dans le Nouveau Testament. La confession de l'Église primitive : « Jésus est Seigneur » ne pouvait signifier que Jésus est Jéhovah.
 
JE SUIS. Dans Ex. 3:14, Jéhovah (Jésus-Christ) s'identifie comme étant « JE SUIS », affirmant peut-être que Jésus est le Créateur, qui existe indépendamment de sa création. Les savants voient des liens entre ce vieux titre de l'Ancien Testament et les nombreuses fois que Jésus dit « je suis » dans le Nouveau Testament, par exemple : « Je suis le bon berger » (Jn. 10:11, 14), ou « avant qu'Abraham fût, je suis » (Jn. 8:58).
 
PÈRE. Jésus est Père dans trois sens au moins : (1) il est le créateur de l'univers physique, (2) il est l'agent du Père dans tout ce qui concerne cette création et ses habitants et (3) il est le Père de tous les êtres humains éternels et ressuscités. Jésus-Christ engendre spirituellement et donne la vie éternelle à celui qui est « né de nouveau », lequel devient ainsi fils du Christ (Mos. 27:25). De plus, les saints des derniers jours appellent le Christ leur « frère aîné ». Dans le contexte prémortel ceci est correct, parce que là Jésus était « le Premier-né » de tous les enfants d'esprit du Père (D&A 93:21). Néanmoins, « Père » décrit surtout les relations actuelles et futures du Christ avec les mortels qui sont nés spirituellement de nouveau.
 
SECOND CONSOLATEUR. Le Saint-Esprit, le Consolateur, réconforte les fidèles en leur donnant l'assurance qu’ils hériteront le royaume de Dieu. Cependant, par la foi au Christ, on peut recevoir un second Consolateur, l’apparition de Jésus lui-même, qui assure l'individu de sa place dans le royaume. Après un témoignage de l'Esprit, le second Consolateur est un témoin personnel du Seigneur ressuscité (Jn. 14:16-23).
 
SAUVEUR. Sauveur, le plus sublime des titres, souligne le rôle de Jésus dans le plan divin. Les Ancien et Nouveau Testaments précisent tous deux que le Sauveur est Dieu (És. 45:21-23 ; Lu. 1:47 ; etc.). Par l'agonie et la mort souffertes pour les autres, Jésus peut effacer des imperfections et conférer la dignité, à condition qu’il y ait repentir. Puisque des êtres imparfaits ne peuvent pas résider en la présence de Dieu (D&A 1:31), Jésus sauve les croyants de leur imperfection, de leurs péchés et de ce qu’ils ont de pire. (Voir aussi, ci-dessus, la définition de son nom, « Jésus ».)
 
LA PAROLE. De même que les mots portent les pensées d'un esprit à celui des autres, de même Jésus communique la volonté du Père aux mortels. De plus, de même que les mots sont les agents de l'expression, de même depuis le commencement (Jn. 1:1-3) Jésus est l'agent qui exprime et accomplit la volonté du Père. Le Christ est le messager et le message.
 
L’ALPHA ET L’OMÉGA. Équivalents de l’expression « le premier et le dernier » dans l'Ancien Testament (par exemple, És. 44:6), l'Alpha et l'Oméga sont les première et dernière lettres de l'alphabet grec. De même qu’il n’y a aucune lettre avant alpha ou après oméga, il n'y a aucun autre dieu dans cette création à part celui représenté en Jésus-Christ. Il englobe tout, du commencement jusqu'à la fin ; il se prolonge au-delà de toutes les extrémités et catégories.
 
FILS UNIQUE. Jésus-Christ est le seul que le Père ait engendré dans la condition mortelle. Son titre complet est « Fils unique du Père dans la chair ». Étant donné que les saints des derniers jours croient que tous les humains ont été spirituellement engendrés par le Père avant la création, « Fils unique » est compris comme limité à la condition mortelle.
 
AGNEAU DE DIEU. Lors de la première Pâque, on badigeonnait le sang d'un agneau tué sur les maisons des Israélites pour que l’ange exterminateur passe outre. Dans le Nouveau Testament, Jésus est considéré comme l’agneau pascal fourni par Dieu, et la Pâque est la préfiguration de la mort de Jésus, l'agneau de Dieu, dont le sang, par le baptême et la Sainte-Cène, protège les chrétiens du destructeur, Satan. Selon Moï. 5:6-8, les sacrifices d’animaux étaient censés être « une similitude du sacrifice du Fils unique du Père ».
ROBINSON de STEPHEN E.
 
Jésus-Christ, Père et Fils
Auteur : MILLET, ROBERT L.
 
Les Écritures modernes appellent Jésus-Christ le Père et le Fils. Dans le Livre de Mormon, tout particulièrement, le Christ se présente au frère de Jared en disant : « Je suis le Père et le Fils » (Ét. 3:14) ; Néphi 1 appelle l'Agneau de Dieu « Père éternel » (1 Né. 11:21, éd. 1830), et le prophète Abinadi dit que le Messie serait « le Père… et le Fils » (Mos. 15:3). Cette pratique a été expliquée de plusieurs façons d’une manière conforme à la compréhension fondamentale de la Divinité entretenue par les saints des derniers jours, à savoir que ce sont trois êtres distincts.
 
Tout est parfaitement clair en ce qui concerne la filiation du Christ. Jésus est le Fils de Dieu de trois manières au moins. D'abord, il est l'enfant aîné d'esprit de Dieu le Père et de ce fait le frère aîné des esprits de tous les hommes et femmes, comme Dieu le Père, connu également par le nom-titre exalté Élohim, est le Père des esprits de toute l'humanité (No. 16:22 ; Hé. 12:9 ; Jn. 20:17). Ainsi, quand le Christ est appelé le Premier-né (par exemple, Ro. 8:29 ; Col. 1:15 ; D&A 93:21), les saints des derniers jours acceptent ceci comme une allusion possible à la naissance spirituelle du Christ. En second lieu, il est le Fils physique littéral de Dieu, le Fils unique dans la chair (par exemple, Jn. 1:14 ; 3:16 ; 2 Né. 25:12 ; Jcb. 4:11 ; D&A 29:42 ; 93:11 ; Moï. 1:6 ; 2:26). Troisièmement, spirituellement il est également Fils en vertu de sa soumission à la volonté du Père (Hé. 5:8).
 
Jésus-Christ est également connu par le titre de Père. Le sens des Écritures qui utilisent cette nomenclature n'est pas toujours immédiatement clair, ceci étant principalement dû au fait que le Christ et son Père sont pratiquement inséparables dans leurs buts, leur témoignage, leur gloire et leur pouvoir. Mais dans la plupart des cas, l'usage scripturaire peut s’expliquer de plusieurs manières :
Le Christ est parfois appelé Père à cause de son rôle comme Créateur dès le commencement (voir Création, Récits de la création). Avant sa naissance dans la condition mortelle, agissant sous la direction du Père, Jésus était Jéhovah, le Seigneur Omnipotent, par qui Dieu a créé des mondes sans nombre (Moï. 1:33 ; 7:30 ; Jn. 1:1-3 ; Hé. 1:2). À cause de son rôle de créateur, Christ-Jéhovah est appelé, dans le Livre de Mormon, « le Père du ciel et de la terre, le Créateur de tout depuis le commencement » (Mos. 3:8 ; voir aussi 2 Né. 25:16 ; Al. 11:39 ; 3 Né. 9:15). Le rôle de Jésus comme Créateur est pareillement attesté dans la Bible (par exemple, Jn. 1:3 ; Ép. 3:9 ; Col. 1:16) et les Doctrine et Alliances (par exemple, D&A 38:1-3 ; 45:1 ; 76:24 ; 93:9).
 
Jésus-Christ est également connu comme Père par la nouvelle naissance spirituelle de l'humanité (voir Né de Dieu). En tant que Rédempteur préordonné, il est devenu « pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel » (Hé. 5:9). Il est le Sauveur. Nul ne vient au Père que par lui et par son nom (Jn. 14:6 ; Ac. 4:12 ; Mos. 3:17). Ceux qui acceptent l'Évangile de Jésus-Christ, reçoivent ses ordonnances salvatrices par alliance et vivent de manière à être dignes de ses pouvoirs sanctificateurs, « naissent de nouveau » au Christ et deviennent les enfants du Christ, « ses fils et ses filles », sa postérité (Mos. 5:5-8 ; 15:10-13 ; 27:25-26 ; Al. 5:14). Le Christ devient ainsi le Père de leur salut, le Père de la vie dans l'esprit, le Père de la nouvelle naissance. Dans le même ordre d’idées, il est également le Père de toute l'humanité parce que la résurrection de la famille humaine entière vient par lui (Sperry, p. 35).
 
En outre, Jésus est appelé Père à cause de l'autorité que Dieu lui a donnée d’agir pour le Père. Il a expliqué à Jérusalem : « Je ne puis rien faire de moi–même… Je suis venu au nom de mon Père » (Jn. 5:30, 43). Un dirigeant de l’Église a éclairci ceci : « Toute la révélation depuis la chute est venue par Jésus-Christ, qui est le Jéhovah de l'Ancien Testament… Le Père n'a jamais traité directement et personnellement avec l'homme depuis la chute, et il n’est jamais apparu autrement que pour présenter le Fils et rendre témoignage de lui » (DS 1:35). Les saints des derniers jours comprennent ceci comme voulant dire que, sauf quand il présente le Fils, Dieu agit toujours et parle toujours à l'humanité par Jésus-Christ. Le Père a donc placé son nom sur le Fils, l’a autorisé et lui a donné pouvoir de parler même à la première personne pour lui, comme s'il était le Père. Par exemple, quand le Seigneur Jéhovah (qui allait venir plus tard sur la terre comme Jésus de Nazareth) parle à Moïse : « Moïse, mon fils… tu es à l'image de mon Fils unique ; et mon Fils unique est et sera le Sauveur » (Moï. 1:6). Parfois le Sauveur parle en tant que Père (Élohim) et en tant que Fils (Jésus) dans la même révélation (par exemple, D&A 29:1 et 42 ; 49:5 et 28).
 
En outre, le Christ est Père du fait qu’il a littéralement hérité des attributs et des pouvoirs de son Père (Élohim). De Marie, sa mère, Jésus a hérité la condition mortelle, la capacité de mourir. De Dieu, son Père, il a hérité l'immortalité, la capacité de vivre pour toujours : « Comme le Père a la vie en lui–même, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en lui–même » (Jn. 5:26 ; cf. Hél. 5:11). Le Christ est « le Père parce qu'il a été conçu par le pouvoir de Dieu » (Mos. 15:3). « Son Père éternel l'ayant investi du pouvoir d'en haut, il est devenu le Père parce qu'il exerce le pouvoir de cet être éternel » (McConkie, p. 371).
 
Le Christ est également Père du fait qu’il a reçu spirituellement tout ce que le Père a. « Je suis dans le Père… le Père est en moi et… le Père et moi sommes un : Le Père parce qu'il m'a donné de sa plénitude, et le Fils parce que j'ai été dans le monde » (D&A 93:3-4).
 
D'autres explications sont de même possibles. Tout le monde a des rôles multiples dans la vie. Un homme peut être père, fils et frère ; une femme peut être mère, fille et sœur. Ces titres décrivent des rôles ou des fonctions à un moment donné, aussi bien que des rapports avec d'autres. Pour les saints des derniers jours, il en va de même du Christ. Il a beaucoup de noms et de titres. Il exerce un ministère en tant que Père et que Fils. Après avoir expliqué que le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob viendrait sur la terre prendre un corps et exercer un ministère comme Père et comme Fils, Abinadi résume : « Et ils sont un seul Dieu, oui, le Père éternel même du ciel et de la terre » (Mos. 15:4 ; voir aussi Mos. 7:26-27 ; D&A 93:14). Le Père et le Fils, l'Esprit et la chair, le Dieu et l’homme – ces titres, ces rôles et ces attributs sont merveilleusement fusionnés dans un seul être, Jésus-Christ, en qui « habite corporellement toute la plénitude de la divinité » (Col. 2:9).
 
Bibliographie
""The Father and the Son' : A Doctrinal Exposition of the First Presidency and the Twelve" 30 juin 1916. Dans MFP 5:26-34. Salt Lake City, 1971.
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah, chaps. 4, 9, 20. Salt Lake City, 1978.
Smith, Joseph Fielding. DS 1:26-34. Salt Lake City, 1954.
Sperry, Sidney B. Answers to Book of Mormon Questions, p. 31-38. Salt Lake City, 1967.
ROBERT L. MILLET
 
Jésus-Christ, prendre sur soi le nom de
Auteur : WARNER, PAUL R.
 
C'est un point de doctrine de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours que la seule manière d'obtenir le salut est de prendre sur soi le nom de Jésus-Christ. Ceci est catégoriquement dit dans plusieurs révélations modernes. Bien que ce ne soit pas spécifiquement dit dans la Bible, le concept est implicite dans ce que dit Paul : « Revêtez–vous du Seigneur Jésus–Christ » (Ro. 13:14 ; Ga. 3:27), dans la déclaration de Pierre que Jésus-Christ est le seul nom donné « parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Ac. 4:12 ; Ex. 15:2 ; 1 S. 2:1 ; Ps. 27:1) et dans l'ordre du Seigneur à Moïse : « Ils mettront mon nom sur les enfants d’Israël » (No. 6:27 ; cf. Jé. 15:16). Pour prendre sur soi le nom du Christ dans cette dispensation il faut commencer par être baptisé dans son Église et garder les commandements.
 
Le Seigneur a déclaré au prophète Joseph Smith que toutes les personnes qui désirent une place dans le royaume du Père doivent prendre sur eux le nom du Christ (D&A 18:24-25, 27). Amulek, dans le Livre de Mormon, conseille aux Zoramites égarés : « Pren[ez] sur vous le nom du Christ » (Al. 34:38). Jésus ressuscité promet : « Quiconque prend sur lui mon nom, et persévère jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé au dernier jour » (3 Né. 27:5-6 ; cf. Mos. 25:23 ; 26:18). Le Seigneur dit à Abraham : « Je te prendrai pour mettre sur toi mon nom » (Abr. 1:18).
 
Quand on prend sur soi le nom de Jésus, on contracte des alliances sacrées. Le roi Benjamin a dit : « Il n'y a aucun autre nom donné par lequel le salut vienne ; c'est pourquoi, je voudrais que vous preniez sur vous le nom du Christ, vous tous qui avez conclu avec Dieu l'alliance d'être obéissants jusqu'à la fin de votre vie » (Mos. 5:8 ; cf. 18:8-12 ; Al. 46:15). Les alliances du baptême (D&A 20:37 ; cf. 2 Né. 31:13) et de la Cène du Seigneur (D&A 20:77 ; Mro. 4:3) nécessitent que l’on prenne sur soi le nom de Jésus-Christ. Bruce R. McConkie, apôtre moderne, a dit : « Nous avons pris sur nous son nom dans les eaux du baptême. Nous renouvelons l'alliance que nous avons contractée à ce moment-là quand nous participons à la Sainte-Cène [à la Cène du Seigneur]. Si nous sommes nés de nouveau, nous sommes devenus des fils et des filles du Seigneur Jésus-Christ » (McConkie, p. 393).
 
Dallin H. Oaks, apôtre lui aussi, a expliqué en outre que « nous prenons sur nous le nom du Christ quand nous nous faisons baptiser en son nom, quand nous appartenons à son Église et que nous professons notre croyance en lui, et quand nous accomplissons l’œuvre de son royaume. Il y a d'autres significations aussi, des significations plus profondes que les membres plus mûrs de l'Église doivent comprendre et méditer » (Oaks, p. 80). « Les significations plus profondes » c’est hériter la plénitude de la gloire de Dieu et obtenir l'exaltation dans le royaume céleste (Oaks, p. 81-83).
 
Bibliographie
McConkie, Bruce R. "Jesus Christ and Him Crucified." Dans BYU Devotional Speeches of the Year, p. 391-405. Provo, Utah, 1976.
Oaks, Dallin H. "Taking Upon Us the Name of Jesus Christ," Ensign 15, mai 1985, p. 80-83.
PAUL R. WARNER
 
Jésus-Christ, second Consolateur
Auteur : SHERRY, THOMAS E.
 
Le terme « second Consolateur » désigne Jésus-Christ dans le sens où il sert personnellement ses disciples fidèles (Jn. 14:21-23 ; D&A 93:1 ; 130:3). Jésus a enseigné à ses disciples que le Saint-Esprit était un consolateur (Jn. 14:26), mais il a également parlé d'un second Consolateur (Jn. 14:16-21). Joseph Smith a donné aux saints des derniers jours une compréhension supplémentaire concernant le second Consolateur : « Lorsqu’une personne a foi au Christ, se repent de ses péchés, est baptisée pour la rémission de ses péchés et re¬çoit le Saint-Esprit (par l’imposition des mains), ce qui est le premier Consolateur, qu’elle continue à s’humilier devant Dieu, ayant faim et soif de justice, et vivant se¬lon toute parole de Dieu, et le Seigneur lui dira bientôt : Mon fils, tu seras exalté. Lorsque le Seigneur l’aura totalement mis à l’épreuve et constatera que l’homme est décidé à le servir à tout prix, alors l’homme verra affermies sa vocation et son élec¬tion, alors il aura le droit sacré de recevoir l’autre Consolateur que le Seigneur a promis aux saints comme le rapporte le témoignage de saint Jean, au quatorzième chapitre, du douzième au vingt-septième versets…
 
Or quel est cet autre Consolateur ? Ce n’est ni plus ni moins que le Seigneur Jésus-Christ lui-même… quand quelqu’un reçoit ce dernnier Consolateur, il aura la personne de Jésus-Christ pour s’occuper de lui, ou lui ap¬paraître de temps en temps, et il lui manifestera même le Père, et ils feront leur de¬meure chez lui, les visions des cieux lui seront ouvertes, le Seigneur l’instruira face à face et il pourra avoir la connaissance parfaite des mystères du royaume de Dieu ; et tels sont l’état et le lieu auxquels arrivaient les saints d’autrefois lorsqu’ils avaient d’aussi merveilleuses visions : Ésaïe, Ézéchiel, Jean sur l’île de Patmos, saint Paul dans les trois cieux, et tous les saints qui étaient en communion avec l’assemblée gé¬nérale et l’Église du Premier-né » [EPJS, p. 117-118].
 
Le Seigneur a conseillé à ses saints : « Cherchez… sa face » (D&A 101:37-38). Aucun pécheur ne peut supporter sa présence et par conséquent n'obtiendra pas la bénédiction (D&A 67:10-13 ; TJS Ex. 33:11, 20). Dans la sagesse de Dieu, certains individus fidèles ont en bénédiction le second Consolateur tandis qu’ils demeurent dans la condition mortelle. [Voir aussi Vocation et élection ; Jésus-Christ : Apparitions modernes de Jésus-Christ.]
 
Bibliographie
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith, p. 492-499, 549. Salt Lake City, 1985.
THOMAS E. SHERRY
 
Jésus-Christ, Sources des paroles de
Auteur : SCHAELLING, J. PHILIP
 
Pour les disciples de Jésus-Christ, rien n'a plus d'autorité ou d'importance que ses propres paroles. Appelées ipsissima verba ou logia, elles ne sont pas colorées par la paraphrase ou l'interprétation, mais représentent ses instructions exactes, qu’elles aient été prononcées par Jésus lui-même à la première personne ou par d’autres personnes autorisées par lui, parlant à la première personne – comme si c’était Dieu – par le pouvoir du Saint-Esprit (2 Né. 32:3 ; 33:10-11 ; D&A 1:38 ; cf. Ap. 19:1-10).
 
Le statut donné aux paroles de Jésus remonte au début du christianisme. Une grande partie de l’intérêt actuel pour les apocryphes du Nouveau Testament repose sur l'espoir de retrouver des paroles authentiques de Jésus. Par exemple, pour employer les termes d’un éditeur moderne : « L'Évangile de Thomas n'est pas un ‘évangile’ au sens propre…. il n'est pas autre chose et rien de moins qu’un recueil de 114 logia, le recueil le plus étendu de paroles de Jésus ou de paroles attribuées à Jésus, qui nous soit parvenu indépendamment de la tradition néotestamentaire » (Puech, p. 284-285).
 
Certaines sources antiques et contemporaines propres à l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours viennent augmenter le corpus connu des paroles de Jésus. L'Église enseigne que Jésus-Christ est le Dieu de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament. Par conséquent, elle considère les citations attribuées à Dieu dans l'Ancien Testament comme ipsissima verba de Jésus. Par exemple, le commandement de Dieu à Moïse « Étends ta main sur la mer, et fends-la » est considéré comme étant de Jésus-Christ (Ex. 14:16 ; cf. 1 Co. 10:1-4). De plus, quand les prophètes antiques citent Dieu à la première personne, comme dans « Moi, l’Éternel, j’aime la justice, je hais la rapine avec l’iniquité » (És. 61:8), ces paroles sont considérées comme ipsissima verba de Jésus.
 
Tandis qu’il faisait sous l'inspiration la Traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS), le prophète Joseph Smith a noté beaucoup de logia. Par exemple, après que Moïse eut brisé le premier jeu de tables avec les dix commandements, le Seigneur lui commanda d’en faire d’autres. Dans les manuscrits hébreux actuels, Dieu dit qu'il va réécrire ce qui était sur les premières. Mais dans la TJS, le Seigneur ajoute : « Ce ne sera pas comme les premières [tables de la Loi], car j’enlèverai la prêtrise de leur sein ; c’est pourquoi mon saint ordre et ses ordonnances n'iront pas devant eux » (TJS Ex. 34:11-12 ; De. 10:1-2 ; cf. D&A 84:18-27).
 
La TJS ajoute aussi des logia au Nouveau Testament. Comme arrière-plan à l’illustration de Jésus qu’il ne faut pas mettre du vin nouveau dans de vieilles outres, la TJS ajoute : « Alors les pharisiens lui dirent : Pourquoi ne veux-tu pas nous recevoir avec notre baptême, vu que nous gardons toute la loi ? Mais Jésus leur dit : Vous ne gardez pas la loi. Si vous aviez gardé la loi, vous m'auriez reçu, car c’est moi qui ai donné la loi. Je ne vous reçois pas avec votre baptême, car il ne vous sert à rien. Car lorsque ce qui est nouveau est arrivé, ce qui est ancien est prêt à être mis de côté » (TJS Mt. 9:18-21). De tels passages, bien que ne se trouvant dans aucun texte grec existant, sont acceptés par les saints des derniers jours comme paroles authentiques de Jésus.
 
En plus d'accepter les écrits bibliques, l'Église a canonisé d'autres Écritures qui préservent des ipsissima verba de Jésus-Christ : la Perle de grand prix, le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances.
 
Dans la Perle de grand prix, le livre de Moïse – un extrait de la TJS – conserve la déclaration bien connue parmi des saints des derniers jours, « car voici mon œuvre et ma gloire : réaliser l'immortalité et la vie éternelle de l'homme » (Moï. 1:39). Le livre d'Abraham contient également des enseignements de Jéhovah ou du Christ. Au chapitre 3, Jéhovah compare la nature de l'univers à la variété des esprits ou intelligences, qui l’habitent. Racontant les relations de Dieu avec le peuple habitant le continent américain, le Livre de Mormon conserve également des paroles données à leurs prophètes. En plus des paroles spécifiques du « Fils » écrites par Néphi 1 (2 Né. 31:12, 14) et d'autres (par exemple, Moroni 2 dans Ét. 12:26-28), les paroles dites par Jésus au peuple du continent américain peu après sa résurrection apparaissent également. Outre un discours semblable au sermon sur la montagne rapporté dans Matthieu 5-7 (3 Né. 12-14), Jésus ressuscité parla du baptême (3 Né. 11), de la Sainte-Cène (chapitre 18), du rassemblement d'Israël et de l’aide apportée par les Gentils (chapitres 16, 20-21).
 
Les Doctrine et Alliances contiennent des paroles du Christ adressées aux hommes du monde contemporain : « Écoute, ô peuple de mon Église… en vérité, je le dis : Écoutez, peuples lointains, et vous qui êtes dans les îles de la mer, prêtez tous l'oreille » sont des paroles prononcées en 1831 (D&A 1:1). Ce volume contient un recueil important des paroles de Jésus-Christ comme voix d'avertissement et d'instructions sur la façon de préparer la terre et son propre cœur à son avènement.
 
Une source contemporaine supplémentaire de paroles du Christ réside dans les déclarations des présidents de l'Église. Le Seigneur a déclaré que « vous recevrez sa parole… comme si elle sortait de ma propre bouche » (D&A 1:38 ; 21:5). Ainsi, toutes les fois que le président de l'Église parle officiellement dans le cadre de son appel, les saints des derniers jours considèrent que ses paroles ont la même autorité que les paroles du Seigneur lui-même.
 
Bibliographie
Millet, Robert L. "The Formation of the Canonical Gospels." Dans Apocryphal Writings and the Latter-day Saints, dir. de publ. W. Griggs. Provo, Utah, 1986.
Puech, Henri-Charles. "Gnostic Gospels and Related Documents." Dans New Testament Apocrypha, dir. de publ. ed. Edgar Hennecke et Wilhelm Schneemelcher, Vol. 1, p. 231-362. Philadelphie, 1963.
J. PHILIP SCHAELLING
 
Jésus-Christ, types et préfigurations de
Auteur : READ, LENET HADLEY
 
Les saints des derniers jours croient que beaucoup d’événements, de personnes et d’objets dans l'Ancien Testament et d'autres Écritures étaient des « types » ou des préfigurations de Jésus-Christ. Jésus a enseigné, par exemple, que la manne était une préfiguration de lui-même, le véritable pain céleste (Jn. 6:30-35) et que les trois jours de Jonas dans le poisson représentaient sa mort et son ensevelissement (Mt. 12:38-41).
 
Paul affirme que l'eau que Moïse a fait jaillir d'un rocher était une indication de la nourriture spirituelle qui serait donnée par Jésus (Ex. 17:6 ; 1 Co. 10:4) ; il affirme, en outre, que le premier Adam préfigurait Jésus, le second Adam, qui a apporté la vie à sa postérité spirituelle contrairement à Adam qui a apporté la mort (Ro. 5:12-21 ; 1 Co. 15:45). De même, les héritages d'Ismaël et d’Isaac annoncent les différences entre l’ancienne alliance et la nouvelle (Ga. 4:22-31).
 
Selon Hébreux 7:15, le Messie est venu « à la ressemblance de Melchisédek » (en hébreu, « roi de justice ») qui préfigurait les rôles de prêtre et de roi. La généalogie de Jésus dans Matthieu 1:2-17 a été écrite pour montrer que Jésus était à la fois descendant de David et était annoncé par lui comme roi d'Israël. Certains dirigeants de l’Église ont enseigné que la vie de beaucoup de prophètes a été un symbole du Christ (McConkie, p. 448-453).
 
On peut aussi trouver des prototypes et des indices dans le symbolisme des cérémonies sacrées de l'Israël antique. Par exemple, le bouc émissaire et les rites de purification du jour des Expiations signifient le salut du Christ accompli par la souffrance et la mort (Hé. 9:7-14). De plus, la fête des Tabernacles, avec ses connotations de moisson et de lumière, enseigne le règne du Messie (2 Ba. 29:4-8 ; Jn. 8:12).
 
Des passages du Livre de Mormon renforcent la notion de types scripturaires. Amulek observe que « toute la signification de la loi [mosaïque]… annon[ce] ce grand et dernier sacrifice … [du] Fils de Dieu » (Al. 34:14). De plus le sacrifice d'Isaac par Abraham a été qualifié de « similitude de Dieu et [du sacrifice] de son Fils unique » (Jcb. 4:5). Dieu a montré à l'Israël d’autrefois « beaucoup de signes, et de prodiges, et de figures, et de préfigurations concernant sa venue [du Christ] » (Mos. 3:15). Le prophète Alma appelait le Liahona, un compas donné par Dieu, une « figure » du Christ, qui guide vers la vie éternelle (Al. 37:38-46). Au sens large, « tout ce qui a été donné par Dieu à l'homme… est une figure de lui [le Christ] » (2 Né. 11:4).
 
La Perle de grand prix enseigne également que toute la création rend témoignage du Christ (Moï. 6:63). Ceci inclut le soleil, qui renvoie vers lui, la lumière du monde (voir D&A 88:5-13). De même, chaque ordonnance révélée comporte un lien symbolique avec un élément ou l’autre du ministère de Jésus. Par exemple, de même que les sacrifices quotidiens au temple de Jérusalem annonçaient le sacrifice du Christ (Hé. 7:26-28), de même les saints des derniers jours considèrent que les ordonnances de l'Évangile renvoient vers lui et vers le chemin qui ramène en sa présence.
 
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah, p. 374-453. Salt Lake City, 1978.
Read, Lenet H. "Symbols of the Harvest : Old Testament Holy Days and the Lord's Ministry." Ensign, janvier 1975, p. 32-36.
LENET HADLEY READ
 
Jeûne
Auteur : HILLS, DAWN M.
 
La pratique de l’abstinence périodique de nourriture et de boisson à des fins cultuelles est mentionnée depuis les temps anciens. La Bible et le Livre de Mormon attestent du jeûne sous ses différentes formes, publiques ou privées, institutionnalisées ou spontanées. Dans une révélation au prophète Joseph Smith, le Seigneur commande aux saints des derniers jours « de persévérer dorénavant dans la prière et le jeûne » (D&A 88:76).
 
Les membres de l’Église jeûnent généralement ensemble le premier dimanche de chaque mois en vue de la réunion de jeûne et de témoignages. Ils s’abstiennent habituellement de nourriture et de boissons pour deux repas consécutifs, assistent aux offices religieux et font un don de jeûne pour l’entretien des nécessiteux. En plus, une personne, une famille ou une assemblée peuvent jeûner pour une cause spécifique telle qu’une personne qui est malade ou autrement affligée. Une personne peut désirer une communication intime avec la Divinité rendue possible par un jeûne accompagné de prières quand elle se prépare à une tâche difficile ou à un changement crucial de situation dans la vie. Une personne peut jeûner quand elle recherche des éclaircissements spirituels ou qu’elle a besoin d’être guidée dans une prise de décision, d’avoir de la force pour surmonter une faiblesse ou pour endurer une épreuve, avoir un réconfort dans la douleur ou de l’aide lors d’autres besoins spéciaux.

Les principes généraux du jeûne sont la préparation dans la prière concernant l’objet du jeûne et la réflexion et la méditation fréquentes pendant tout le jeûne pour parvenir à l’unité de but et d’esprit avec le Seigneur ; une conduite réservée, humble et joyeuse convenant à quelqu’un qui recherche une bénédiction ou un éclaircissement spirituel (Mt. 6:16-18 ; cf. 3 Né. 13:16-18) et une prière de reconnaissance et d’actions de grâces pour finir le jeûne.
 
De riches bénédictions sont promises à ceux qui jeûnent et aident les nécessiteux (És. 58:8-9). La maîtrise de soi, la communion avec le Seigneur et la force et le pouvoir spirituels accompagnent l’obéissance à la loi. L’esprit du jeûne est bien représenté dans l’Écriture moderne : « En vérité, c'est là le jeûne et la prière, ou, en d'autres termes, la joie et la prière » (D&A 59:14).
 
Bibliographie
Ricks, Stephen D. "Fasting in the Bible and Book of Mormon." Dans Book of Mormon : The Keystone Scripture, dir. de publ. Paul R. Cheesman. Provo, Utah, 1988, p. 127-136.
Smith, Joseph F. Gospel Doctrine, 10e éd. Salt Lake City, 1956.
DAWN M. HILLS
 
Jeûne, Dons du
Auteur : FERGUSON, ISAAC C.
 
Le premier dimanche de chaque mois est désigné comme dimanche de jeûne, et les saints des derniers jours sont invités à jeûner pendant vingt-quatre heures et à donner au moins la valeur des repas non consommés comme don de jeûne. Les dons de jeûne sont des dons en argent ou en nature remis à l’évêque pour aider les nécessiteux après une brève période de jeûne.
 
La notion de dons du jeûne apparaît dès le temps d’Ésaïe, qui encourageait le peuple à jeûner et, ce faisant, à « partage[r s]on pain avec celui qui a faim » et à « fai[re] entrer dans [s]a maison les malheureux sans asile » (És. 58:7). Le jeûne était également pratiqué dans l’Église postapostolique, dans laquelle plusieurs des premiers pères chrétiens disaient que « pour aider les pauvres à l’aide de la nourriture épargnée, le jeûne est une bonne œuvre » (Kittel, vol. 4, p. 934). Au milieu du deuxième siècle, certaines Églises organisaient deux fois par semaine des jeûnes volontaires et les dirigeants recueillaient des fonds pour les pauvres après les services hebdomadaires du culte (Swenson, p. 373-378).
 
Le prophète Joseph Smith institua la pratique de collecter des dons de jeûne pour les pauvres à Kirtland (JD 12:115), où les membres de l’Église avaient commencé à se rassembler au début des années 1830. Plus tard, le 17 mai 1845, à Nauvoo, le Collège des douze apôtres envoya une lettre générale à l’Église définissant « les principes du jeûne », disant :
 
« Que ceci soit un exemple pour tous les saints et il ne manquera jamais de pain : Quand les pauvres ont faim, que ceux qui ont jeûnent pendant une journée et donnent aux évêques, pour les pauvres, ce qu’ils auraient sinon mangé et chacun abondera pendant longtemps ; et c’est là un grand et important principe du jeûne approuvé par le Seigneur. Et tant que les saints vivront tous ce principe, le cœur heureux et le visage joyeux, ils auront toujours de l’abondance » [HC 7:413].
 
Pendant l’exode de Nauvoo, les pionniers observaient rarement un jour de jeûne commun mais ils étaient souvent invités à donner aux pauvres. Il apparaît que l’offrande régulière de dons le jour du jeûne fut de nouveau instaurée dans la vallée du lac Salé pendant la sécheresse de 1855-1856. George A. Smith écrit à propos de cette période :
 
« Lors de toutes ces périodes de disette … des mesures étaient prises pour pourvoir aux besoins de ceux qui ne pouvaient le faire eux-mêmes. Un jour de jeûne fut proclamé pour l’Église le premier jeudi de chaque mois et la nourriture économisée de cette manière fut distribuée parmi les pauvres ; et des milliers de personnes, qui avaient du pain en abondance, rationnèrent leurs familles pour l’économiser pour ceux qui n’auraient pas pu en avoir autrement » [CHC 4:109-110].
 
Depuis cette époque, l’observance du jeûne mensuel de deux repas le premier dimanche de chaque mois et l’offrande de dons de jeûne sont devenues des pratiques régulières dans l’Église. Dans l’économie pionnière, la plupart des dons – tant la dîme que les offrandes – consistaient en nourriture ou en bétail, et les membres portaient les dons au bureau local de la dîme ou magasin de l’évêque. Les marchandises étaient alors distribuées aux nécessiteux. Aujourd’hui, les dons de jeûne consistent habituellement en argent. Les diacres de la Prêtrise d’Aaron remplissent souvent les fonctions d’agents de l’évêque pour collecter les dons de jeûne.
 
Les paroisses et les pieux sont encouragés à être indépendants pour le soin de leurs pauvres. Les évêques sont chargés de chercher ceux qui sont dans le besoin et de leur fournir le nécessaire vital. Les fonds excédentaires du don de jeûne dans les pieux sont expédiés au siège social de l’Église, où ils sont redistribués aux régions où les besoins sont les plus grands.
 
La Première Présidence proclame de temps en temps un jeûne spécial quand des besoins urgents se font sentir. Ce fut le cas le 15 mai 1845, quand « on donna suffisamment pour pourvoir aux besoins des pauvres jusqu’à la moisson » (HC 7:411). En 1985, les membres de l’Église observèrent deux jours de jeûne spéciaux et firent don de $10.465.000 à des projets de lutte contre la famine et de développement économique en Afrique, en Amérique du Sud et ailleurs.

Historiquement, les dons de jeûne ont rarement suffi pour répondre à tous les besoins d’assistance sociale de l’Église et les pénuries ont été comblées par les fonds généraux de l’Église. La recommandation de Spencer W. Kimball, président de l’Église, reste valable : « Je pense que quand nous sommes aisés, comme beaucoup d’entre nous le sont, nous devons être très, très généreux… Je pense que nous devrions… donner, au lieu du montant que nous avons épargné par nos deux repas de jeûne, peut-être beaucoup, beaucoup plus, dix fois plus quand nous sommes en mesure de le faire » (CR, avr. 1974, p. 184).
 
Bibliographie
Kittel, Gerhard, dir. De publ. Theological Dictionary of the New Testament, Vol. 4, p. 924-35. Grand Rapids, Mich., 1964.
Swenson, Russel B. "Welfare Work in the Early Christian Church." Instructor 82, août 1947, p. 373-378.
ISAAC C. FERGUSON
 
Jeûne et réunion de témoignages
Auteur : JOLLEY, MARY
 
Une réunion de jeûne de témoignages est normalement tenue le premier dimanche de chaque mois chez les saints, où les membres fidèles de l’Église sont invités à rendre un témoignage verbal de leurs sentiments vis-à-vis de l’Évangile de Jésus-Christ. La réunion suit habituellement un jeûne fait par les membres, d’au moins de deux repas consécutifs et de boissons. Le jeûne est officiellement rompu par la participation à la Sainte-Cène. Dans les Écritures modernes, le jeûne est décrit comme étant « la joie et la prière » (D&A 59:14), ce qui implique que c’est plus que le simple fait de s’abstenir de nourriture. C’est aussi le sentiment que l’on éprouve en faisant des dons de jeûne, en donnant pour les pauvres l’équivalent ou davantage de ce qu’auraient coûté les repas. La réunion de jeûne et de témoignages devient le lieu où s’expriment la sensibilité spirituelle et la contrition, le lieu de la concentration sur les choses de Dieu.
 
Un membre de l’épiscopat ou de la présidence de branche dirige la réunion de jeûne et de témoignages. Habituellement elle commence par un cantique et une prière d’ouverture ou une prière, qui peuvent être suivies de la bénédiction de nouveau-nés et de la confirmation de membres récemment baptisés.
 
Après la bénédiction de la Sainte-Cène, la personne qui dirige la réunion exprime son témoignage et invite ensuite les membres de l’assemblée de tout âge à faire de même. Parfois ils restent sur place pour parler ; à d’autres moments, ils montent au podium. Chacun se lève selon qu’il y est poussé par l’Esprit et rend un témoignage improvisé à l’assemblée. Dans cette ambiance on exprime souvent des sentiments profonds : de l’appréciation pour de bonnes relations familiales, des actions de grâces pour les bénédictions de l’Évangile, l’aveu de changements importants dans une vie et les fruits de l’obéissance. Il peut y avoir un récit édifiant ou un témoignage concernant un point de doctrine ou attestant d’une inspiration divine. On conclut habituellement ces témoignages par une prière ou une demande au nom du Seigneur. L’expérience est à la fois éclairante, émouvante et fait réfléchir. Les larmes ne sont pas rares parmi les confessions de faiblesses et les efforts pour s’améliorer, parallèlement à la reconnaissance pour la bonté divine.
 
Ces exposés durent rarement plus de cinq ou six minutes. Ainsi, un certain nombre d’enfants et d’adultes participent généralement à la réunion, qui dure habituellement un peu plus d’une heure, mais peut être prolongée ou raccourcie à la discrétion de l’officier président. Au cours d’une année quelconque, la majorité des membres de l’Église, jeunes et vieux, auront participé à cette forme solennelle de témoignages le dimanche de jeûne.
 
Un précédent de la pratique de rendre officiellement témoignage a été donné lors de la consécration du temple de Kirtland. À cette occasion, plusieurs personnes se sont levées et, sous le déversement de l’Esprit, ont parlé de choses qu’elles ont vues et ressenties. À Kirtland, il était de coutume de tenir des réunions de jeûne le jeudi après-midi. Depuis 1896, ces réunions se tiennent habituellement le dimanche.
MARY JOLLEY
 
Justice
Auteur : GARDNER, MARVIN K.
 
La justice constitue un vaste groupe de concepts et de traits. Comme pour le « tsédek » en hébreu biblique et le « dikaïosunê » grec, le mot « justice » décrit la vie religieuse idéale dont la norme est un comportement saint. La justice est une bonne conduite à tous points de vue devant Dieu et parmi les hommes. Les Écritures donnent les perspectives suivantes :
 
La justice est finalement synonyme de sainteté ou de piété. Le Christ lui-même est connu comme « juste » (Moï. 7:45, 47) et en tant que « Fils de la Justice » (3 Né. 25:2). Ses « voies sont la justice à jamais » (2 Né. 1:19).
 
L'état de justice est accessible à l'humanité par la rédemption du Christ quand on naît de Dieu : « Ne t'étonne pas de ce que toute l'humanité, oui, les hommes et les femmes… doivent naître de nouveau ; oui, naître de Dieu, changer de leur état charnel et déchu à un état de justice, étant rachetés par Dieu, devenant ses fils et ses filles » (Mos. 27:25).
 
Les termes « juste » et « justice » s'appliquent également aux mortels qui, quoique assaillis par les faiblesses et la fragilité, cherchent à aller au Christ. Dans ce sens, justice n'est pas synonyme de perfection. C'est un état dans lequel une personne va vers le Seigneur, aspirant à la sainteté, se repentant continuellement de ses péchés et s’efforçant honnêtement de connaître et d’aimer Dieu et de suivre les principes et les ordonnances de l'Évangile. Les saints de Dieu sont invités à faire « les œuvres de la justice » (D&A 59:23) et à « produire beaucoup de justice » (D&A 58:27).
 
La notion de justification est inhérente au concept de justice. Il est impossible aux mortels limités de vivre dans l'obéissance parfaite aux lois de Dieu ou d’expier de manière infinie leurs péchés. « Car tous ont péché, écrit Paul, et sont privés de la gloire de Dieu » (Ro. 3:23). L'expiation du Christ réconcilie miséricordieusement les exigences de la justice, permettant aux mortels repentants d’être justifiés devant Dieu.
 
Quand Saul de Tarse vit le Christ ressuscité sur le chemin de Damas, « tremblant et saisi d'effroi, il dit : Seigneur, que veux–tu que je fasse ? » (Ac. 9:6). À partir de ce moment-là, il chercha à connaître la volonté de Dieu et à vivre en conséquence. Mais il se lamenta aussi de ses faiblesses de mortel : « Car je sais qu’en moi, c'est-à-dire dans ma chair, ne demeure rien de bon … seulement en Christ » (TJS, Ro. 7:19). « Il n'y a point de juste, pas même un seul » (Ro. 3:10). Cependant, comme tous les apôtres et prophètes, Paul enseigna également le message glorieux que, par la grâce du Christ, les mortels peuvent se « dépouiller… du vieil homme » – leur moi déchu et pécheur – et « revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité » (Ép. 4:22, 24).
 
Les Écritures abondent en exhortations semblables de fuir la méchanceté, d’accepter la grâce du Seigneur et d’aller au Christ en justice. « Ô misérable que je suis ! s’exclame Néphi. Oui, mon cœur est dans l’affliction à cause de ma chair ; mon âme est dans la désolation à cause de mes iniquités. » Mais reconnaissant le Sauveur comme « rocher de [sa] justice », Néphi s’écrie : « Ô Seigneur, veux-tu racheter mon âme ?… Veux-tu me rendre tel que je tremble à la vue du péché ?… Veuille m’envelopper du manteau de ta justice ! » (2 Né. 4:17-35).
 
La justice commence dans le cœur – le « cœur brisé ». Elle commence quand les personnes se voient là où elles sont vraiment : dans un état déchu, comme des « créatures indignes » qui sont incapables de s’extraire de leurs péchés. Quand elles se rendent compte du gouffre monumental entre « la grandeur de Dieu et [leur] propre néant », leur cœur se brise et elles « [s’humilient] dans les profondeurs de l'humilité, invoquant quotidiennement le nom du Seigneur, et demeurant avec constance dans la foi » (Mos. 4:11).
 
Les âmes justes cherchent alors à devenir justes devant le Seigneur en demandant sincèrement pardon. Quand le Seigneur leur donne les bénédictions de sa grâce, elles réagissent avec une fidélité encore plus grande, un amour plus grand, une obéissance plus grande. Même si elles ne peuvent pas atteindre la justice parfaite dans la condition mortelle, leur vie est irréprochable « ainsi qu’il convient à des saints » (Ép. 5:3).
 
Les Écritures permettent de se faire une bonne idée de ce que sont l’attitude, le comportement et les croyances qui constituent la base d'une vie juste (par exemple, 2 Pi. 1:4-8 ; D&A 4:5-6). Notamment, dans le sermon sur la montagne (Mt. 5-7 ; cf. 3 Né. 12-14), Jésus révèle la signification de la justice, le modèle qu’il a montré par sa propre vie :
 
Ceux qui cherchent la justice deviennent humbles, pauvres en esprit. Ils révèrent le Seigneur, reconnaissant que « tout ce qui est bien vient de Dieu » (Mro. 7:12).
 
Ils pleurent pour leurs péchés et leur « tristesse selon Dieu produit une repentance » (2 Co. 7:10). Pleins de compassion, ils sont prêts « à pleurer avec ceux qui pleurent, oui, et à consoler ceux qui ont besoin de consolation » (Mos. 18:9).
 
Les justes s’efforcent d'être doux – gentils et longanimes, généreux, dévoués, patients, remplis d’amour pour leurs ennemis, ils « ne s’enfle[nt] point d’orgueil » et « ne s’irrite[nt] point » (1 Co. 13:4-5).
Ayant faim et soif de justice, ils recherchent continuellement le Seigneur par la prière sincère, le jeûne, l'étude des Écritures, le culte du sabbat et le service dans les saints temples.
 
Ils cherchent à être compatissants, à pardonner comme ils voudraient être pardonnés, à juger comme ils voudraient être jugés, à aimer comme ils voudraient être aimés, à servir comme ils voudraient être servis (D&A 38:24-25).
 
Ils cherchent à avoir le cœur pur en ne soupçonnant point le mal, en n’étant point envieux et en ne se réjouissant point de l'iniquité, mais en se réjouissant de la vérité (1 Co. 13:4-6). Ils sont honnêtes dans leurs alliances avec Dieu et dans leurs relations avec leurs semblables. Ils sont chastes et aussi vertueux.
 
Ceux qui recherchent la justice procurent la paix. Ils évitent les querelles, la colère et la médisance. Ils sont pour la bonne volonté et la fraternité ; ils cherchent à réaliser la volonté de Dieu et son royaume sur terre comme ils le sont aux cieux.
 
Persécutés à cause de la justice ou quand ils sont l’objet d’insultes ou de diffamation pour leur loyauté au Seigneur, ils endurent tout et supportent tout (1 Co. 13:7).
 
Ces descriptions de la justice que l’on trouve dans les Écritures ne doivent pas être ramenées à des listes que l’on peut cocher hypocritement. Elles sont des rappels constants qui se trouvent sur le chemin qui mène à Dieu, qui a promis un Consolateur – le Saint-Esprit – pour servir de guide sur ce chemin (Jn. 14:26).
 
Le Seigneur prend plaisir à « honorer ceux qui [le] servent en justice » (D&A 76:5). Au dernier jour, « les justes, les saints du Saint d'Israël, ceux qui ont cru au Saint d'Israël, ceux qui ont enduré les croix du monde et en ont méprisé la honte, hériteront le royaume de Dieu qui a été préparé pour eux dès la fondation du monde, et leur joie sera pleine à jamais » (2 Né. 9:18).
 
Bibliographie
Benson, Ezra T. "A Mighty Change of Heart." Ensign 19 (Oct. 1989) :2-5.
McConkie, Bruce R. "The Dead Who Die in the Lord." Ensign 6 (Nov. 1976) :106-8.
Scoresby, A. Lynn. "Journey Toward Righteousness." Ensign 10 (Jan. 1980) :52-57.
MARVIN K. GARDNER

K
 
Kirtland (Ohio)
Auteur : BACKMAN, MILTON V., Jr.
 
[Cette rubrique présente l'histoire de l’installation des saints à Kirtland et donne une idée de ce que cela devait être de vivre parmi les saints dans cette collectivité des années 1830.]

Pendant la majeure partie des années 1830, il y eut deux lieux de rassemblement pour les saints des derniers jours, un dans l’ouest du Missouri et l'autre dans le nord-est de l’Ohio. Bien qu’un nombre plus grand de membres se soit rassemblé à la frontière du Missouri, c’est Kirtland qui fut, de 1831 jusqu'au début de 1838, le centre administratif principal de l'Église et la base d’où était dirigée l'œuvre missionnaire.
 
La croissance des saints des derniers jours dans le nord-est de l’Ohio commença peu après l’organisation de l’Église en 1830. Celle-ci fut introduite en Ohio fin octobre 1830 et acquit, dans le mois, 135 nouveaux membres, dont environ 35 vivaient dans la circonscription de Kirtland. Joseph Smith et sa famille s’y installèrent au début de 1831 et au printemps et au début de l'été de cette année-là, d'autres saints des derniers jours, principalement d'Ohio et New York, suivirent. Le prophète fit deux voyages au Missouri et vécut un certain temps dans la localité proche de Hiram (Ohio), mais ce fut la région de Kirtland qui fut, de l'été de 1832 jusqu'à 1838, sa résidence principale.
 
La plus grande partie de la première vague de colons mormons à Kirtland partit pour le Missouri avant la fin de 1831. La croissance principale de la population de saints à Kirtland commença en 1833. Le nombre passa d’une centaine cette année-là à 2.000 en 1838. Pendant la décennie précédant l'immigration mormone, la population de l’arrondissement doubla, passant de 481 en 1820 à 1.018 en 1830. Pendant les sept années suivantes, principalement en raison de l'immigration des saints des derniers jours, la population tripla.
 
Dans une description de la situation dans la localité de Kirtland au milieu des années 1830, un contemporain écrit : « Ils sont arrivés, hommes, femmes, enfants, de toutes les manières imaginables, certains avec des chevaux, des bœufs et des véhicules inconfortables, tandis que d'autres avaient fait tout ou partie du trajet à pied. La future ‘cité des saints’ donnait l’impression d’être assiégée. Toutes les maisons, magasins, huttes ou granges disponibles étaient pleines à ras bord. On utilisait même des caisses comme abris rudimentaires improvisés en attendant la découverte de quelque chose de plus permanent » (History of Geauga and Lake Counties, Ohio, p. 248).
 
L'afflux soudain des saints des derniers jours à Kirtland eut un impact important sur la communauté. L’un des changements visibles fut l'augmentation de petits logements provisoires. Des maisons de rondins et des petites maisons de bois parsemèrent le paysage pendant les deux premières décennies de la colonisation, des bâtiments de bois et de briques plus grands et plus permanents avaient été érigés avant 1830. Les squatters ou les locataires, qui constituaient la moitié de la population en 1830, vivaient dans de petites maisons de bois. Mais à mesure que l'immigration mormone augmentait, des îlots de petites cabanes simples, retour aux logements des tout premiers colons, apparurent, principalement dans la partie nord-ouest de la circonscription.
 
La plupart des saints des derniers jours étaient plus pauvres que les vieux colons, en partie parce qu’ils étaient des immigrés récents. Avant de devenir membres de l’Église, la plupart des membres n'étaient pas des gens de passage ; ils n’appartenaient pas non plus aux couches économiques les plus défavorisées de l'Est. Mais beaucoup perdirent du terrain, économiquement parlant, en émigrant à Kirtland. Certains vendirent des fermes à New York ou en Nouvelle-Angleterre pour moins que la valeur marchande et beaucoup laissèrent du matériel dans l'Est à cause du coût du transport. Tous consacrèrent une partie du produit de ces ventes à déménager leur famille et leurs provisions vers l’ouest. Les quelques saints qui déménagèrent du comté de Jackson (Missouri) vers Kirtland étaient également dans une situation économique difficile. Au cours de leur expulsion de ce comté en 1833, leurs maisons furent brûlées et leurs biens volés. À leur arrivée à Kirtland, les nouveaux colons durent affronter une augmentation de la valeur des terrains. Étant donné que le prix des terrains augmentait en fonction de la croissance de la population, la plupart des nouveaux venus (mormons et non-mormons) n’avaient pas les moyens d'acheter suffisamment de terres pour entretenir leur famille.

Après leur arrivée à Kirtland, les saints des derniers jours connurent d’autres revers économiques parce qu’ils devaient donner de la main d’œuvre et de leurs rares ressources à des entreprises de l’Église. Celle-ci érigea toute une série de bâtiments à Kirtland entre la branche orientale de la Chagrin River et la partie orientale d'un plateau qui surplombait le cours d’eau. L’édifice principal était le temple de Kirtland. Pendant près de trois ans, entre l'été de 1833 et le printemps de 1836, presque tous les membres s’unirent pour construire les trois niveaux de la « Maison du Seigneur » qui devait servir d’église et d’école. En plus de vaquer à leurs tâches ménagères habituelles, préparer la nourriture pour leur famille, s'occuper des enfants en bas âge, tricoter et faire des vêtements, et travailler dans le potager, les femmes et les filles fournissaient aussi de la nourriture et des vêtements aux ouvriers du temple et amenaient les chariots d'approvisionnement au chantier du temple. Entre-temps, les hommes et les garçons travaillaient à la ferme, coupaient du bois pour l'hiver, tannaient des peaux, chassaient et pêchaient, et en plus transportaient des pierres au chantier du temple. Ils coupaient, sciaient et transportaient le bois de charpente pour la construction.
 
Tout en travaillant au temple, les saints des derniers jours construisirent un bâtiment plus petit à l'ouest qui fut utilisé comme école, imprimerie et bâtiment administratif. Ils construisirent aussi une scierie pour assister leur programme de construction, créèrent une tannerie et une fabrique de potasse et construisirent des magasins et des entrepôts qui fournissaient aux colons des marchandises et des possibilités d'emploi.
 
Parallèlement à tous ces sacrifices, beaucoup parmi les hommes remirent à plus tard l'amélioration de leur niveau la vie pour faire des missions à titre bénévole. Pendant les années 1830, des missionnaires voyageurs prêchèrent l'Évangile un peu partout aux États-Unis et dans l’est du Canada et Heber C. Kimball emmena en 1837 un groupe de missionnaires (dont beaucoup de Kirtland) en Angleterre.
 
Tout en construisant le temple et en soutenant l'œuvre missionnaire, les saints de Kirtland trouvaient du temps pour l'école. Bien qu’influencés par la culture de la Nouvelle-Angleterre dans l'environnement de l'Ohio, les efforts des saints en matière d’instruction reçurent leur plus grande impulsion des révélations enregistrées à Kirtland par Joseph Smith. Pendant qu’il vivait dans un appartement au-dessus du magasin de Newel K. Whitney, le prophète reçut une révélation qui déclarait : « Enseignez-vous les uns aux autres des paroles de sagesse ; oui, cherchez des paroles de sagesse dans les meilleurs livres ; cherchez la connaissance par l'étude et aussi par la foi » (D&A 88:118 ; cf. D&A 88:78-79 ; 93:36).
 
Suite à ce commandement divin et à d’autres, Joseph Smith invita, en 1833, une vingtaine d’anciens à assister à une École des Prophètes. Après les premières sessions de cette école, les dirigeants et les membres de l’Église fondèrent une école des anciens, une école primaire et diverses écoles privées où adultes et jeunes étudiaient la théologie, la philosophie, le gouvernement, la littérature, l'histoire, la géographie, la grammaire anglaise, la calligraphie, l'arithmétique, le latin, le grec et l'hébreu. En 1836, plus de cent saints des derniers jours commencèrent l’étude de l'hébreu. Les femmes allaient à l'école à Kirtland et y enseignaient et étudiaient diverses branches avec leurs maris.
 
Pour aider les saints des derniers jours dans leurs efforts pour s’instruire et pour favoriser l'œuvre missionnaire, les dirigeants de l’Église lancèrent, à partir de 1834, un grand programme d’édition à Kirtland. En quatre ans, les saints éditèrent un périodique, le Latter-day Saints' Messenger and Advocate ; un journal profane et politique, Northern Times, un livre de cantiques (1835), une deuxième édition du Livre de Mormon et un recueil de 102 sections des révélations enregistrées par Joseph Smith dans la première édition des Doctrine et Alliances (1835), qui comprenait les « Lectures on Faith » (Discours sur la foi). Les informations historiques et doctrinales qui se trouvent maintenant dans la traduction de Joseph Smith de la bible (TJS) et des parties de la Perle de grand prix (livre de Moïse) furent également imprimées au Missouri et à Kirtland au début des années 1830.
 
En plus de travailler de longues heures et d'étudier, les saints des derniers jours participaient à des services de culte réguliers. On observait le premier jour de la semaine (dimanche) comme jour du Seigneur, au cours duquel les membres se reposaient de leurs travaux quotidiens. Les réunions furent d’abord tenues dans les maisons et les écoles. Après la construction du temple de Kirtland, des réunions y furent également tenues. Dès le milieu des années 1830, un schéma de culte du dimanche avait été élaboré. Les membres assistaient le matin et l'après-midi à des offices pendant lesquels ils chantaient, priaient et écoutaient les sermons prononcés par les dirigeants et d'autres membres. Ils prenaient généralement la Sainte-Cène non seulement au cours des réunions de l'après-midi mais également parfois chez eux en semaine. La confirmation des nouveaux membres et les mariages se faisaient également le dimanche dans le temple et, les autres jours, dans les maisons. Le premier jeudi de chaque mois, une réunion de jeûne et de témoignages avait lieu dans le temple et beaucoup de ces réunions continuaient de dix heures du matin à quatre heures de l’après-midi, les membres chantant, priant, rendant témoignage et s’instruisant mutuellement.
 
Pendant cette décennie, les membres de l’Église connurent aussi une période de pentecôte extraordinaire. Peu avant et après la consécration du temple de Kirtland, beaucoup de saints des derniers jours écrivirent avoir eu des visions, parlé en langues et reçu l'esprit de prophétie. Pendant une série de réunions tenues entre fin janvier et début mai 1836, plusieurs saints des derniers jours déclarèrent avoir vu le Sauveur et beaucoup affirmèrent avoir communié avec d'autres messagers célestes. Beaucoup témoignèrent aussi avoir chanté accompagnés d'un chœur de personnages célestes.
 
Parallèlement à leurs autres activités, les saints des derniers jours trouvaient du temps pour se divertir. La chasse, la pêche, la natation, la luge, le patinage, la lutte, l’équitation et les promenades en carriole comptaient parmi les loisirs préférés. Les enfants avaient peu de jouets, mais ils jouaient au ballon, aux billes, aux sifflets et avec des poupées faites maison (Backman, p. 275-283).

Certains des résidants non mormons considéraient l'intrusion des saints des derniers jours dans la communauté comme une menace à leur mode de vie traditionnel. Certains se plaignaient de ce que la pratique mormone de vivre en accord avec des révélations enregistrées par un prophète était hostile à l'esprit américain de démocratie. Les résidants non seulement rejetaient les croyances des saints en matière de visions, de révélations et de rétablissement, mais prétendaient aussi que les saints des derniers jours avaient augmenté la pauvreté de la communauté et étaient une menace politique et économique. La concurrence politique atteignit son paroxysme en 1837 lorsque des saints des derniers jours furent élus à toutes les fonctions locales de la circonscription excepté celle d’agent de police. Avant cette année-là, quatre saints des derniers jours seulement avaient été élus à une fonction importante et les citoyens avaient eu tendance à réélire les plus anciens colons. En plus de prendre le contrôle du gouvernement local, les saints des derniers jours changèrent les habitudes de vote de la circonscription de whig à démocrate. Comme Kirtland se trouvait dans un fief whig de l'Ohio et que toutes les circonscriptions du comté de Geauga au milieu des années 1830, excepté Kirtland, soutenaient ce parti, les whigs du nord-est de l’Ohio s’unirent pour s’opposer aux mormons. Les plaintes et les accusations s’envenimèrent pour donner lieu à des menaces et à des émeutes.

Au début de 1838, au milieu de pressions croissantes de l'extérieur de l'Église et de l'apostasie à l’intérieur, accentuées par la faillite de la Kirtland Safety Society et la panique de 1837, l'exode des saints des derniers jours de Kirtland et des environs commença. Joseph Smith, Sidney Rigdon et d'autres dirigeants fuirent les émeutiers en janvier. D'autres membres les suivirent graduellement.
 
Dans la plupart des cas, ce furent de petits groupes de moins de cinquante personnes qui partirent vers l'ouest. Mais le 5 juillet 1838, plus de cinq cents membres partirent en un convoi de cinquante-neuf chariots avec vingt-sept tentes, quatre-vingt-dix-sept chevaux, vingt-deux bœufs, soixante-neuf vaches et un taureau. Tandis que ce long convoi de chariots, connu sous le nom de camp de Kirtland, traversait les États d'Ohio, Indiana, Illinois et Missouri, des spectateurs se rassemblaient pour voir le spectacle. Certains offraient des encouragements, tandis que d'autres raillaient et menaçaient d’user de violence. À cause de problèmes financiers, les dirigeants demandèrent à beaucoup de ce groupe de quitter le camp, de sorte qu’ une partie seulement d’entre eux atteignit la frontière du Missouri.

À la mi-juillet 1838, plus de 1.600 saints des derniers jours de la région de Kirtland avaient à contre-cœur laissé le temple, évacué leurs maisons et pris la direction de l'ouest. Seuls quelques-uns restèrent dans un voisinage de cabanes essentiellement vides et la majeure partie de ces gens partirent vers l'ouest avant le milieu des années 1840.
 
Bibliographie
Anderson, Karl Ricks. Joseph Smith’s Kirtland : Eyewitness Accounts. Salt Lake City, 1989.
Backman, Milton V., Jr. The Heavens Resound : A History of the Latter-day Saints in Ohio 1830-1838. Salt Lake City, 1983.
Hill, S. Marvin, Keith Rooker et Larry T. Wimmer. The Kirtland Economy Revisited : A Market Critique of Sectarian Economics”. BYU Studies 17, été 1977, p. 389-475
History of Geauga and Lake Counties, Ohio. Philadelphie, 1878.
MILTON V. BACKMAN, Jr.

L
 
Lamanites
Auteur : THOMASSON, GORDON C.
 
Le nom Lamanite désigne un peuple israélite dont il est question dans le Livre de Mormon et qui descendait de Léhi et d'Ismaël, lesquels étaient tous deux descendants de Joseph d'Égypte (1 Né. 5:14). Il faisait partie de la colonie du prophète Léhi, à qui le Seigneur avait commandé de quitter Jérusalem et d'aller dans une nouvelle terre promise (sur le continent américain). Les peuples lamanites du Livre de Mormon sont tous, pendant les six cents premières années de leur histoire, liés d'une manière ou d’une autre à Laman et à Lémuel, les fils aînés de Léhi. Parfois le nom désigne « le peuple de Laman » ; d'autres fois il peut désigner des incroyants et ignorer le lignage, selon des détails contextuels relatifs aux peuples, à l’époque et au lieu.
 
LES LAMANITES DANS LE LIVRE DE MORMON. Après la mort du prophète Léhi (v. 582 av. J.-C.), la colonie se divise en deux groupes principaux, les Lamanites et les Néphites, (2 Né. 5), chacun prenant le nom de son dirigeant. Ces patronymes deviennent plus tard des titres royaux (Mos. 24:3 ; cf. Jcb. 1:11). Le Livre de Mormon, bien que document néphite, traite aussi bien des Lamanites que des Néphites au moyen de contrastes complexes entre les deux groupes. Dans le texte, les autres peuples sont généralement repris sous l’une de ces deux divisions principales :
 
« Or, ceux qui n'étaient pas Lamanites étaient Néphites ; néanmoins, ils étaient appelés Néphites, Jacobites, Joséphites, Zoramites, Lamanites, Lémuélites et Ismaélites. Mais moi, Jacob, je ne les distinguerai dorénavant plus par ces noms, mais j'appellerai Lamanites ceux qui cherchent à détruire le peuple de Néphi, et ceux qui sont amicaux envers Néphi, je les appellerai Néphites, ou peuple de Néphi, selon les règnes des rois » [Jcb. 1:13-14].
 
Au commencement, des différends politiques et religieux se produisirent entre Lamanites et Néphites. Plus tard, une différentiation culturelle croissante entre les peuples lamanite et néphite semble avoir découlé de leurs réactions différentes aux enseignements religieux de Léhi. Des changements sociaux apparurent rapidement dans beaucoup de domaines. En conséquence, le nom Lamanite peut désigner les descendants de Laman et de ses partisans, une nationalité naissante basée sur une idéologie, avec sa propre histoire ancestrale et ses propres croyances religieuses (Mos. 10:12-17) ou une ou plusieurs cultures. Le Livre de Mormon décrit plusieurs cultures et modes de vie lamanites, dont la chasse et la cueillette (2 Né. 5:24), le commerce (Mos. 24:7), l’élevage sédentaire, un gouvernement de type cité-État (Al. 17), et le nomadisme (Al. 22:28). Le caractère politisé de la société lamanite à ses débuts ressort du fait que les dissidents de la société néphite cherchent refuge chez les Lamanites, sont acceptés et en viennent à s'identifier à eux, tout comme certains Lamanites évoluent en sens contraire.
 
Au début du sixième siècle de l'histoire lamanite (v. 94-80 av. J.-C.), les conversions à grande échelle de Lamanites divisent encore plus les populations lamanites dont beaucoup adoptent la foi messianique en Jésus-Christ enseignée par les missionnaires néphites (Al. 17-26). Le roi Lamoni, roi vassal lamanite, son père, qui est son suzerain et beaucoup de leurs sujets acceptent le Christ prophétisé et rejettent leur ancien mode de vie. Ils contractent une alliance pacifiste, enterrant leurs armes et renonçant à la guerre, et s’installent en territoire néphite par mesure de sécurité (Al. 27:21-26 ; 43:11-12). Ce schéma de conversion lamanite durera pendant au moins quatre-vingt-quatre ans et pendant plusieurs générations (cf. Al. 24:5-6, 15-19, 20-24 ; 26:31-34 ; 44:20 ; Hél. 5:51 ; 15:9). Cette grande division de la société lamanite aura un impact politique important : l'identité de certains de ces convertis restera lamanite, mais distincte de ceux qui rejettent la religion ; d'autres préféreront être comptés parmi les Néphites (3 Né. 2:12, 14-16) et les Lamanites non convertis seront fortifiés par les nombreux sous-groupes néphites dissidents (Al. 43:13) dont certains décideront explicitement de conserver leur ancienne identité (3 Né. 6:3).
 
Après les destructions qui vont se produire au moment de la crucifixion du Christ et les conversions qui vont en résulter (3 Né. 11-28), apparaît une société nouvelle dans laquelle les différences ethniques aussi bien qu’économiques sont gommées et où il n’y a pas « de Lamanites, ni aucune sorte d'-ites ; mais ils étaient un, enfants du Christ » (4 Né. 1:17). Cette situation persistera presque jusqu’à la fin du deuxième siècle apr. J.-C., quand ceux qui rejettent l'Église chrétienne, indépendamment de leur ascendance, « s'étai[en]t révolté[s], et avai[en]t quitté l'Église, et avai[en]t pris sur [eux] le nom de Lamanites ; c'est pourquoi il recommença à y avoir des Lamanites dans le pays » (4 Né. 1:20). Les divisions vont s’accroître de sorte qu’en 231 apr. J.-C. « s'éleva un peuple qui fut appelé les Néphites, et ils étaient de vrais croyants au Christ ; et parmi eux, il y avait ceux que les Lamanites appelaient Jacobites, et Joséphites, et Zoramites… et… ceux qui rejetaient l'Évangile furent appelés Lamanites, et Lémuélites, et Ismaélites » (4 Né. 1:36-45).
 
Il avait été prophétisé qu’en fin de compte les peuples lamanites et ceux qui se seraient joints à eux seraient tout ce qui resterait des groupes originaux (Al. 45:13-14). Après les batailles finales entre Lamanites et Néphites, seuls ceux qui auront accepté le gouvernement des Lamanites survivront dans les pays du Livre de Mormon (Mrm. 6:15).
 
LES LAMANITES AU DÉBUT DE L'HISTOIRE DE L’ÉGLISE. Au début de l'histoire de l’Église, l’une des raisons de la publication du Livre de Mormon était qu'il puisse être apporté aux Lamanites (D&A 19:26-27). Dans les six mois de l'organisation de l'Église, des missionnaires furent envoyés auprès de populations dont on pensait qu’elles étaient d’origine lamanite (D&A 28:8 ; 32:2).
 
Bibliographie
"The Church and Descendants of Book of Mormon Peoples". Ensign 5, déc. 1975, le numéro tout entier est consacré à ce sujet.
De Hoyos, Arturo. The Old and the Modern Lamanite. Provo, Utah, 1970.
Sorenson, John L. An Ancient American Setting for the Book of Mormon. Salt Lake City, 1985.
Tyler, S. Lyman. Modern Results of the Lamanite Dispersion : The Indians of the Americas. Provo, Utah, 1965.
Widtsoe, John A., et Franklin S. Harris, Jr. Seven Claims of the Book of Mormon. Independence, Mo., 1935.
GORDON C. THOMASSON
 
Léhi
Auteurs : BROWN, S. KENT et SZINK, TERRENCE L.
 
Le patriarche et prophète Léhi conduisit sa famille de Jérusalem au continent américain vers 600 av. J.-C. et fut l'ancêtre de deux grands peuples du Livre de Mormon, les Néphites et les Lamanites. Ses visions et ses prophéties portaient principalement sur la destruction imminente de Jérusalem, le ministère terrestre du Messie – notamment le temps de sa venue et le prophète qui le précéderait – et les événements futurs parmi ses propres descendants dans la terre promise. Ses enseignements ont guidé spirituellement les deux lignées de sa postérité pendant leur histoire mutuelle (1 Né. 1, 8, 10 ; 2 Né. 1-3). Plusieurs de ses prophéties au sujet de sa postérité doivent encore s’accomplir. Bien que Léhi ait beaucoup écrit, seules des parties ont été conservées dans le Livre de Mormon actuel dans les annales de deux de ses fils, Néphi 1 et Jacob (cf. 1 Né. 1:16-17 ;19:1 ; Jcb. 2:23-34 ; 3:5 ).
 
Au moment de sa première vision connue, Léhi vivait près de Jérusalem, connaissait « la science des Juifs » et possédait de l’or et de l’argent et toutes sortes de richesses (voir 1 Né. 1:2 ; 3:16). Il connaissait l’égyptien et la vie nomade du désert. Certains érudits pensent qu’il était marchand ou forgeron et avait des liens avec l’Égypte (CWHN 5:34-42 ; 6:58-92).
 
Sa vie subit un changement radical quand il voit une « colonne de feu » et « vit et entendit beaucoup de choses » pendant qu’il prie au sujet de la chute prédite de Jérusalem (1 Né. 1:6). Dans une vision, il voit Dieu et un être radieux, accompagné de douze autres, qui lui donne un livre dans lequel il lit la destruction imminente de la ville, « la venue d'un Messie et aussi la rédemption du monde » (1 Né. 1:19). Comme les discours de son contemporain Jérémie, les avertissements de Léhi au peuple de Jérusalem susciteront une forte opposition. Environné d’une haine croissante, il est averti par Dieu que le peuple veut lui ôter la vie ; il devra donc fuir avec sa famille, composée de sa femme, Sariah, de ses fils Laman, Lémuel, Sam et Néphi et de ses filles (1 Né. 1:8-2:5).
 
À un moment donné, Sariah accuse son mari d'être « un visionnaire » lors d’une mise à l’épreuve pénible de sa foi (1 Né. 5:2). L'expression caractérise bien Léhi, parce qu’il a des songes et des visions grâce auxquels Dieu guide sa famille vers la terre promise. Après s’être enfui de Jérusalem, Léhi, répondant à un ordre divin, renvoie deux fois ses fils : une fois pour se procurer des annales (contenant les Écritures saintes, les annales des juifs depuis le commencement, la loi, les prophéties et les archives généalogiques) nécessaires pour conserver l’histoire, la langue et la religion de la famille et une deuxième fois pour inviter Ismaël et sa famille, qui compte des filles en âge de se marier, à participer à l’exode (chap. 3-4, 7).
 
Par révélation, Léhi dit à ses fils où ils peuvent aller pour chasser dans le désert (16:30-31). En cela il est aidé par un objet curieux semblable à un compas qui fonctionne selon la foi, la diligence et l'attention qu'ils lui apportent (16:10, 28-29).
 
Une des plus grandes visions de Léhi est celle de l'arbre de vie (1 Né. 8). Dans un contexte fortement symbolique, Léhi voit les perspectives d’avenir des membres de sa famille mesurées par rapport au plan du salut. Néphi a la même vision et donne des détails et l'interprétation de ce que son père a vu (1 Né. 11-14). Léhi voit d’abord un homme vêtu de blanc qui lui fait traverser « un désert sombre et désolé ». Après avoir voyagé de nombreuses heures, il prie pour avoir l'aide divine et se retrouve dans un vaste champ où pousse un arbre dont le fruit est blanc et désirable (symbole de l'amour de Dieu). Quand il exhorte sa famille à venir en manger, tous viennent excepté Laman et Lémuel. Léhi voit aussi un sentier le long duquel court une barre de fer (représentant la parole de Dieu) et qui conduit à l'arbre en longeant la berge d’une rivière. Beaucoup de gens qui avancent résolument pour atteindre le sentier se perdent dans un brouillard de ténèbres (les tentations) ; certains parviennent à l'arbre et mangent, puis sont pris de honte et s’éloignent ; d'autres, suivant la barre de fer, atteignent l'arbre et mangent de son fruit. De l'autre côté de la rivière, Léhi voit un grand édifice (l'orgueil du monde) dont les habitants se moquent de ceux qui mangent du fruit. Les savants mormons soulignent que les détails du songe de Léhi sont tout à fait à leur place dans le désert dans lequel Léhi voyageait (CWHN 6:253-264 ; cf. Griggs ; Welch).
 
Les prophéties de Léhi traitent de la rédemption future d'Israël. Il parle de la destruction de Jérusalem (587 av. J.-C.), de la déportation des juifs à Babylone et de leur retour ultérieur à Jérusalem. Il prédit la mission de Jean-Baptiste et la venue, la mort et la résurrection du Messie. Enfin, Léhi compare la dispersion finale d'Israël « à un olivier dont les branches seraient rompues et dispersées sur toute la surface de la terre » (1 Né. 10:12 ; cf. Allégorie de Zénos).
 
Dans le désert, Sariah a deux fils, Jacob et Joseph (1 Né. 18:7). Apparemment le voyage est si difficile que Léhi et elle vieillissent sensiblement. Pendant le voyage transocéanien, le chagrin que leur cause la rébellion de leurs deux fils aînés les conduit aux portes de la mort (18:17-18).
Dans le Nouveau Monde, Léhi réunit sa famille avant sa mort pour lui donner d’ultimes enseignements et bénédictions (2 Né. 1-4). Il leur enseigne qu'il a reçu une grande promesse concernant ses descendants et le pays qu'ils possèdent maintenant. Cette promesse dépend de leur justice : « Si vous gardez mes commandements, vous prospérerez dans le pays ; mais si vous ne gardez pas mes commandements, vous serez retranchés de ma présence » (2 Né. 1:20 ; cf. Abr. 2:6).
 
Léhi parle du plan du salut à son fils Jacob (2 Né. 2). Au lieu d'utiliser des images, il l'explique simplement et logiquement. Il enseigne que si tout le monde distingue le bien du mal, beaucoup n’agissent pas en conséquence. Néanmoins, le Messie a payé la dette si les hommes et les femmes acceptent son aide avec un esprit contrit. Il explique, en outre, qu’il existe une opposition fondamentale en toutes choses de sorte que les hommes doivent choisir. Il raisonne en disant que comme la liberté d'Adam et Ève a permis leur chute, de même, elle permet à chacun de choisir entre « la liberté et la vie éternelle, par l'intermédiaire du grand Médiateur de tous les hommes, ou de choisir la captivité et la mort, selon la captivité et le pouvoir du diable » (2 Né. 2:27).
 
Avant de donner sa bénédiction finale à d'autres membres de la famille (2 Né. 4:3-11), Léhi parle à Joseph, son cadet (2 Né. 3), mentionnant deux autres Joseph : Joseph vendu en Égypte et un autre, sur lequel le premier Joseph a prophétisé, Joseph Smith. Il explique alors la mission de Joseph Smith de faire paraître le Livre de Mormon, prophétisant qu'un « cri [venu] de la poussière » appellerait la postérité de Léhi (2 Né. 3:19-25), et il promet aux fils et aux filles de Laman et Lémuel : « à la fin, votre postérité sera bénie » (2 Né. 4:9).
 
Après la mort de Léhi, des dissensions familiales forcent Néphi et les autres qui croient aux révélations de Dieu à se séparer du groupe dirigé par les deux frères aînés, causant une rupture dans la colonie. Du vivant de Léhi, sa famille était restée ensemble, preuve de ses capacités de dirigeant.
 
Bibliographie
Brown, S. Kent. "Lehi's Personal Record : Quest for a Missing Source". BYU Studies 24, hiver 1984, p. 19-42.
Griggs, C. Wilfred. "The Book of Mormon As an Ancient Book". BYU Studies 22, été 1982, p. 259-278.
Nibley, Hugh. Lehi in the Desert, An Approach to the Book of Mormon, et Since Cumorah. Dans CWHN, Vols. 5-7.
Welch, John W. "The Narrative of Zosimus and the Book of Mormon". BYU Studies 22, été 1982, p. 311-332.
S. KENT BROWN
TERRENCE L. SZINK

Liberté
Auteur : Bohn, David E.


L'Évangile de Jésus-Christ ne représente pas la liberté simplement comme un concept philosophique ou une possibilité abstraite, mais il la situe à la base de la création du monde et comme condition fondamentale des relations de Dieu avec ses enfants. Dans le sens général du terme, le mot « liberté » désigne le libre arbitre, l’indépendance et l’autonomie. La liberté, ou la possibilité authentique de choisir, constitue nécessairement la situation la plus élémentaire des êtres humains dans le monde temporel.

Les Écritures modernes enseignent que la vie prémortelle était un environnement permettant le choix dans lequel Dieu a proposé à ses enfants d'esprit un Plan de Salut pour leur progression et leur avancement (voir Job 38:6-7; 2 Né 2:17; D&A 29:36; Abr 3:22-28). Dans la vie terrestre, avec le corps de chair et d'os et de vastes possibilités nouvelles d'action, les enfants de Dieu seraient libres de faire des choix dans tout l’éventail du bien et du mal. Ils subiraient également les conséquences nécessaires de ces choix. « nous prendrons de ces matériaux, et nous ferons une terre sur laquelle ceux-là pourront habiter ; nous les mettrons ainsi à l'épreuve, pour voir s'ils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera » (Abr 3:24-25).

Dieu a promis à ceux qui feraient sa volonté qu'ils seraient rachetés de leurs erreurs et de leurs péchés et obtiendraient la vie éternelle. Satan s'est opposé au plan du Père, conscient que cette plus grande liberté comportait le risque de mort spirituelle où certains seraient séparés du Père par leurs péchés, ne se repentiraient pas et ne pourraient donc pas rentrer demeurer dans son Royaume. Pour éviter pareille séparation, Satan a proposé un environnement sans liberté et donc sans péché. Par conséquent, tous reviendraient au Père, mais sans amélioration ou avancement moral. L’ « honneur » de leur retour appartiendrait à Satan (Ésaïe 14:13; Moïse 4:1).

La majorité des enfants d'esprit de Dieu ont joyeusement préféré la liberté à la servitude, la connaissance à l'ignorance, la progression à la stagnation et même le danger à la sécurité. Le monde temporel a donc été créé, avec la liberté comme fondement inconditionnel. Le monde temporel est un environnement permettant des choix et donc de l'action et de la responsabilité morales, un environnement dans lequel les hommes sont tenus de faire la volonté de Dieu. Hommes et femmes ne peuvent pas éluder leur liberté ni y échapper, car la réalité apparaît toujours comme une série de choix déterminés par une certaine compréhension du bien, dont le résultat définit dans une certaine mesure le cours des événements humains. Le Livre de Mormon dit à propos de cette décision : « C'est pourquoi, les hommes sont libres selon la chair, et tout ce qui est nécessaire à l'homme leur est donné. Et ils sont libres de choisir la liberté et la vie éternelle, par l'intermédiaire du grand Médiateur de tous les hommes, ou de choisir la captivité et la mort, selon la captivité et le pouvoir du diable; car il cherche à rendre tous les hommes malheureux comme lui. » [2 Néphi 2:27].

La liberté et le choix humain. Les saints des derniers jours sont toutefois conscients de ce que tous les enfants de Dieu ne se retrouvent pas dans des situations de liberté égale. Tous les hommes naissent dans un monde créé par les actes et les croyances de ceux qui ont vécu avant eux. Ces différences sont préservées dans les traditions, les institutions et les pratiques qui ont été transmises. Alors que Dieu donne à chacun la Lumière du Christ qui attire l’homme vers le bien, les traditions et les pratiques dans lesquelles certains sont nés peuvent cacher la vérité et conduire ces personnes à des actes nuisibles et pécheurs. Ceux-là, Dieu sera miséricordieux à leur égard (Alma 9:15-16).

D’autres encore naissent dans des situations où la vérité est largement répandue et les occasions de faire le bien, nombreuses. Pourtant, ils font le mal, face à la vérité et créent ainsi des conséquences qui réduisent leurs choix, les distancient de l'Esprit de Dieu et leur valent le malheur, la destruction et les ténèbres sous le pouvoir de Satan (Galates 5:13-25). En outre, ils ne sont pas seuls à souffrir des conséquences de leurs choix. Le mauvais usage que les uns font de leur liberté peut entraîner la souffrance imméritée des autres, et bien que ce soit injuste, le risque de souffrance injustifiée est nécessairement présent dans un monde où le mal existe. Néanmoins, cet état de choses sert aussi les desseins de Dieu, car une certaine adversité rend les hommes humbles devant Dieu (Alma 32:12-16). Grâce aux épreuves terrestres, hommes et femmes sont testés, mais cela les fait progresser et déployer les talents et les dons que Dieu leur a accordés (2 Né 2:11 ; Alma 62:41 ; D&A 122:1-9). Cependant, quand tout un peuple choisit les ténèbres plutôt que la lumière, il crée, pour les générations suivantes, un héritage d'enfermement qui doit parfois être divinement corrigé (par exemple, Genèse 6:5-7; Lévitique 18:24-30; Moïse 8:22-30; Hélaman 10:11-12).

En revanche, ceux qui choisissent le bien sont rendus plus libres par une plus grande présence du Saint-Esprit dans leur vie et un plus grand pouvoir de connaître et de faire la volonté de Dieu (Jean 7:16-18 ; 8:29-32; Alma 19:33). Par conséquent, les bons choix des uns peuvent être bénéfiques pour les autres. Suite aux œuvres justes de quelques-uns (voir Galates 5-6), des vies précédemment limitées peuvent se développer pour jouir de possibilités nouvelles et positives, tandis que les vieilles injustices et les vieux griefs sont réglés. Dans la mesure où les institutions et les croyances d'un peuple incarnent la vérité et la vertu et s'opposent à la corruption et à la dépravation, un environnement de plus grande liberté se développe. La plénitude est atteinte lorsque Dieu établit son royaume sur la terre et révèle à l'humanité la connaissance, le pouvoir, les dons et les ordonnances qui ouvrent la voie au salut et à l'exaltation complets. La ville d'Énoch, ainsi que le peuple juste qui a vécu en Amérique pendant deux cents ans après la visite du Sauveur ressuscité (voir 4 Néphi 1), ont marqué l’apogée de l'histoire de la liberté humaine. En ce sens, Dieu non seulement appelle les hommes à mener une vie vertueuse, mais les invite, comme étant son peuple, à faire des alliances avec lui et à exercer son pouvoir d’une manière juste en tant que communauté de fidèles. Il ne faut donc pas considérer la liberté comme une simple possibilité pour des individus, car elle ne s'épanouit dans sa plénitude qu’au sein du royaume des justes (voir D&A 138, surtout le v. 18).

Liberté et gouvernement. Les Écritures enseignent en outre que Dieu a institué les gouvernements pour le bien de l'humanité sur la terre. Un bon gouvernement doit faire plus que préserver l'ordre ; il doit protéger la liberté, garantir la justice et assurer le bien-être général. « Et cette loi du pays, qui est constitutionnelle et qui soutient le principe de la liberté en préservant les droits et les garanties, appartient à toute l'humanité et se justifie devant moi » (D&A 98:5). Dieu proclame : « Moi, le Seigneur Dieu, je vous affranchis; c'est pourquoi vous êtes vraiment libres, et la loi aussi vous affranchit » (D&A 98:8). La loi protège les personnes et leurs libertés contre les actes arbitraires et délétères des autres. Le règne véritable de la loi exige que tous soient soumis de manière égale à des règles qui sont prospectives, largement connues et conçues publiquement grâce à des mécanismes de gouvernement qui ont fait l’objet et continuent à faire l’objet d’un accord consensuel. La loi garantit la paix en interdisant les choix préjudiciables aux autres, assure la justice en rendant tout le monde responsable devant la loi conformément à des procédures équitables et sécurise le bien-être général grâce à l'adoption de lois qui réglementent et coordonnent les relations sociales dans l'intérêt de tous. En contrepartie de ces avantages, les citoyens doivent remplir leurs obligations de soutenir et aider le gouvernement. En fin de compte, l'environnement de la liberté est amélioré et élargi grâce à une bonne gouvernance.

Néanmoins, les gouvernements sont souvent oppresseurs et agissent de manière à restreindre la liberté et à donner des privilèges au petit nombre en fixant arbitrairement des règles publiques et en les appliquant de manière inégale sans garanties appropriées. C’est quand la liberté de conscience et son expression dans la liberté de parole et le droit d'adorer Dieu ouvertement selon ses croyances sont réprimées que l'abus du pouvoir politique est le plus offensif et la servitude la plus complète. En fin de compte, les saints des derniers jours croient que les prétentions du gouvernement doivent se limiter à son propre domaine et ne doivent pas empiéter sur le territoire de la liberté d'agir selon sa conscience morale. Pour éviter ce mal politique, les saints des derniers jours sont invités non seulement à soutenir le gouvernement constitutionnel et les processus qu'il fixe, mais aussi à travailler à l’élaboration de lois qui apportent la liberté et encouragent la vertu. Dans ce sens plus large, les Écritures incitent ceux qui suivent Jésus à faire un effort supplémentaire, à donner plus qu'ils ne reçoivent, à faire le bien sans penser à ce qu'ils pourraient gagner en retour. Ainsi, en tant que citoyens, les saints des derniers jours sont tenus d'aller au-delà de la recherche de l'intérêt personnel ; ils s'engagent à servir les autres, à travailler au bien commun et à assurer le bien-être général du peuple.


Bibliographie
Oaks, Dallin H. "Free Agency and Freedom." Dans The Book of Mormon: Second Nephi, The Doctrinal Structure,dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, p. 1-17. Salt Lake City, 1989.
DAVID E. BOHN


Livre de Moïse
Auteur : Taylor, Bruce T.

Le livre de Moïse est un extrait de plusieurs chapitres de la Genèse dans la Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS) et constitue l'un des textes de la Perle de Grand Prix. Le Prophète Joseph Smith commença en juin 1830 une révision inspirée de l'Ancien Testament pour restaurer et éclaircir des points essentiels d'histoire et de doctrine absents dans la Bible.

Comme pour d’autres livres anciens, les premiers mots du texte, “Paroles de Dieu”, ont pu constituer le titre original du premier chapitre de Moïse (Moïse 1:1). Le récit traite de la révélation de Moïse et, à partir du chapitre 2, correspond essentiellement à Genèse 1:1-6:13. Moïse reçoit sa révélation après son appel à délivrer les Israélites de l'esclavage en Égypte (Moïse 1:26). Une grande partie du récit concerne les relations de Dieu avec Adam et Ève et leur postérité immédiate après leur expulsion du jardin d'Éden, sujet sur lequel le texte actuel de la Genèse est silencieux. Structurellement parlant, une série de visions d’orientation (chap. 1) est suivie d'une révélation de la Création et de ses conséquences (2:1-8:1). À cette révélation s’intègre un long récit concernant Hénoc (6:25-51 ; 7:1-8:1), qui cite, pour sa part, des annales tenues par Adam (6:51-68). Vient ensuite un texte concernant les descendants d’Hénoc, en particulier Noé (8:2-30).

Schéma du livre de Moïse :

Chapitre 1 . Dieu se révèle, lui-même et ses créations, à Moïse ; Satan essaie de tromper Moïse ; définition de l’œuvre et la gloire de Dieu.

Chapitre 2 . Dieu révèle à Moïse – et lui commande d'écrire – la création des cieux et de la terre ; l'homme a la domination sur les autres êtres vivants.

Chapitre 3 . Tout a été créé dans un état d'esprit avant de l’être naturellement sur la terre ; l’homme et la femme sont créés à l'image de Dieu.

Chapitre 4. Satan, qui s'était rebellé lors du Conseil préterrestre, tente Ève ; Adam et Ève transgressent et sont expulsés du jardin, devenant assujettis à la mort.

Chapitre 5 . Adam et Ève ont des enfants ; Adam offre des sacrifices d'animaux comme type et préfiguration du sacrifice expiatoire futur du Sauveur ; l'Évangile du futur Jésus-Christ est prêché ; Caïn se rebelle et la méchanceté se répand.

Chapitre 6. Adam et sa postérité fidèle ont une langue « pure et sans tache », tant écrite que parlée et tiennent des annales ; Hénoc prêche la parole de Dieu et proclame que le Plan du Salut a été révélé à Adam ; la foi, le repentir, le baptême et le don du Saint-Esprit sont enseignés.

Chapitre 7 . Dieu se révèle à Hénoc, qui prêche et fonde la ville de Sion. Hénoc annonce la venue du Christ, son expiation et sa résurrection. Il annonce le rétablissement de l'Évangile dans les derniers jours, la nouvelle Jérusalem et la seconde venue du Sauveur.

Chapitre 8 . Une grande méchanceté se produit à l'époque de Noé ; ses fils et lui prêchent l'Évangile, mais cela reste lettre morte ; toute chair est détruite par le déluge.

Quand on compare le livre de Moïse avec les textes pseudépigraphiques de l'Ancien Testament, on découvre des parallèles qui ne se trouvent pas dans le texte actuel de la Genèse. Par exemple, Adam et Ève doivent offrir des sacrifices à Dieu après avoir été chassés du jardin (Moïse 5:5-7) et Satan se rebelle contre Dieu et est expulsé du ciel (Moïse 4:3-4).

Un point de doctrine important rétabli par le livre de Moïse, c'est que l'Évangile du Salut a été prêché « depuis le commencement » (Moïse 5:58), une idée reprise par la déclaration de Paul que l'Évangile a été prêché à Abraham (Ga. 3:8) et par le Livre de Mormon (Jacob 4:4-5; 07:10-11 cf. D & A 29: 41-42 ). De même, Eusèbe (vers 263-339 apr. J.-C.) affirme que l'enseignement du christianisme n'est ni nouveau ni étrange et que la religion des patriarches était identique à celle des chrétiens (Histoire ecclésiastique 1.2.1-22).

Dans cet ordre d’idées, le livre de Moïse montre qu'Adam et Ève comprenaient la mission future de Jésus-Christ (Moïse 6:51-63). Adam va apprendre que les offrandes des sacrifices sont « une similitude du sacrifice du Fils unique » (5:6-8). En outre, Adam est baptisé d'eau, reçoit le Saint-Esprit (5:9 ; 6:64-68) et se fait enseigner le Plan du Salut (6:62). Adam et Ève et leur postérité se font également enseigner le but de la Chute et se réjouissent du plan de rédemption du Seigneur (5:10-12).

Le livre de Moïse amplifie le récit biblique d'Hénoc, qui est brièvement mentionné dans Genèse 5:22-24 comme étant quelqu’un qui « marcha avec Dieu ». Cette restauration du récit de Moïse nous apprend que Hénoc a eu une vision du ministère du Sauveur (Moïse 7:55-57), du monde des esprits (6:35-36 ; 7:56-57), du rétablissement de l'Évangile dans les derniers jours (7:62) et du second avènement du Sauveur (7:60, 65). L’importance d'Hénoc dans le livre de Moïse fait écho au rôle important qu’il joue dans d'autres textes sur Énoch (Nibley, p. vii).

Bibliographie
Charlesworth, James H. The Old Testament Pseudepigrapha, Vol. 2, p. 285. Garden City, N.Y., 1983, 1985.
Nibley, Hugh. Enoch The Prophet. Dans CWHN, 2. Salt Lake City, 1986.
Reynolds, Noel B. "The Brass Plates Version of Genesis." Dans By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2, pp. 136-73. Salt Lake City, 1990.
BRUCE T. TAYLOR

 
Livre de Mormon
 
Cette rubrique présente le Livre de Mormon, l’aperçu décrivant sa nature, son contenu et ses objectifs de base, suivi d’un bref article sur la page de titre ; les articles restants sont consacrés à une brève explication de chaque livre qu’il contient.
 
Livre de Mormon : Aperçu
Livre de Mormon : Page de titre du Livre de Mormon
Livre de Mormon : Premier livre de Néphi
Livre de Mormon : Deuxième livre de Néphi
Livre de Mormon : Livre de Jacob
Livre de Mormon : Livre d'Énos
Livre de Mormon : Livre de Jarom
Livre de Mormon : Livre d'Omni
Livre de Mormon : Paroles de Mormon
Livre de Mormon : Livre de Mosiah
Livre de Mormon : Livre d'Alma
Livre de Mormon : Livre d’Hélaman
Livre de Mormon : Trois Néphi
Livre de Mormon : Quatre Néphi
Livre de Mormon : Paroles de Mormon
Livre de Mormon : Livre d'Éther
Livre de Mormon : Livre de Moroni
 
Les enseignements du Livre de Mormon sont traités dans des articles doctrinaux répartis sur toute l'encyclopédie ; voir Doctrine ; Évangile de Jésus-Christ. Voir aussi Enseignements et pratiques religieux du Livre de Mormon ; Jésus-Christ dans les Écritures ; Prophéties dans le Livre de Mormon.
Pour ce qui est de ses rapports essentiels avec la Bible et les autres Écritures, voir Bible ; Livre de Mormon – Prophéties bibliques sur ; Livre de Mormon dans une culture biblique ; Ésaïe ; Écritures ; Ouvrages canoniques.
 
Sur l'écriture et la composition du Livre de Mormon, voir Livre de Mormon – Auteurs ; Livre de Mormon – Langue ; Livre de Mormon – Littérature ; Livre de Mormon – Plaques et annales.
Pour des informations sur son origine et sa publication, voir Livre de Mormon – Éditions (1830-1981) ; Livre de Mormon – Manuscrits ; Livre de Mormon – Traduction de Joseph Smith ; Livre de Mormon – Traduction ; Livre de Mormon – Témoins ; Manuscrit, 116 pages perdues ; Moroni, Visites de. Voir, d’une manière générale, Livre de Mormon – Études.
 
On peut trouver des articles séparés sur Livre de Mormon – Peuples ; Jarédites ; Lamanites ; Néphites ; Femmes dans le Livre de Mormon ; les articles sur les principaux personnages de cette Écriture sont repris sous Livre de Mormon – Personnalités.
 
Les aspects internes de la culture et de la civilisation du Livre de Mormon sont traités dans des rubriques telles que Livre de Mormon – Chronologie ; Livre de Mormon – Économie et technologie ; Livre de Mormon – Géographie ; Livre de Mormon – Gouvernement et histoire juridique ; Livre de Mormon – Histoire de la guerre dans ; Jésus-Christ : Ministère de quarante jours et autres apparitions de Jésus-Christ après sa résurrection ; Liahona ; Combinaisons secrètes ; Épée de Laban ; Trois Néphites ; Arbre de vie.]
 
Table des matières
1 Livre de Mormon : Aperçu
Livre de Mormon 2 : Page de titre du Livre de Mormon
2.1 Bibliographie
Livre de Mormon 3 : Premier livre de Néphi
Livre de Mormon 4 : Deuxième livre de Néphi
4.1 Bibliographie
Livre de Mormon 5 : Livre de Jacob
5.1 Bibliographie
Livre de Mormon 6 : Livre d'Énos
Livre de Mormon 7 : Livre de Jarom
Livre de Mormon 8 : Livre d'Omni
Livre de Mormon 9 : Paroles de Mormon
Livre de Mormon 10 : Livre de Mos.
10.1 Bibliographie
Livre de Mormon 11 : Livre d'Alma
11.1 Bibliographie
Livre de Mormon 12 : Livre d’Hélaman
12.1 Bibliographie
Livre de Mormon 13 : Trois Néphi
Livre de Mormon 14 : Quatre Néphi
14.1 Bibliographie
Livre de Mormon 15 : Livre de Mormon
15.1 Bibliographie
Livre de Mormon 16 : Livre d'Éther
16.1 Bibliographie
Livre de Mormon 17 : Livre de Moroni
17.1 Bibliographie
 
Livre de Mormon : Aperçu
Auteur : NYMAN, MONTE S.
 
Le prophète Joseph Smith a dit du Livre de Mormon qu’il était « le plus correct de tous les livres de la terre et la clef de voûte de notre religion » et a ajouté qu'une personne « se rapprocherait davantage de Dieu en en suivant les préceptes que par n'importe quel autre livre » (EPJS, p. 156), parce qu’il contient la plénitude de l'Évangile de Jésus-Christ (D&A 20:8-9).Pour les membres de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, le Livre de Mormon constitue la base doctrinale de l'Église et communique la parole de Dieu au monde entier.
 
Le Livre de Mormon confirme et complète la Bible : « Voici, ceci [le Livre de Mormon] est écrit dans l'intention que vous croyiez cela [la Bible] ; et si vous croyez cela [la Bible], vous croirez ceci [le Livre de Mormon] aussi » (Mrm. 7:9). La Bible est principalement un compte rendu des relations de Dieu avec les ancêtres et les descendants de Jacob ou Israël dans le Proche-Orient antique. Les saints des derniers jours croient que le Livre de Mormon est un compte rendu des relations de Dieu avec un autre groupe d'Israélites qu'il a amenés vers 600 av. J.-C. de Jérusalem sur le continent américain. Ils attendaient la naissance et l’avènement de Jésus-Christ et croyaient en son expiation et en son Évangile. Leurs annales complexes et longues ont été abrégées par un prophète appelé Mormon, inscrites sur des plaques d'or et enterrées par son fils, Moroni 2, après que des guerres fratricides ont exterminé tous ceux qui croyaient au Christ dans le Nouveau Monde excepté Moroni (385 apr. J.-C.).
 
JOSEPH SMITH ET LE LIVRE DE MORMON. Dans sa courte vie, Joseph Smith a fait paraître beaucoup d’Écritures. Son premier appel prophétique fut de faire paraître le Livre de Mormon. En 1823 – il avait alors dix-sept ans – Moroni, qui était devenu un ange de Dieu, un messager ressuscité, lui montra les annales qu’il avait cachées (JS–H 1:27-54). Après plusieurs visites pendant les quatre années qui suivirent, Joseph fut autorisé à enlever les annales sacrées du lieu où elles reposaient dans la colline Cumorah, près de Palmyra (New York). En dépit de beaucoup d’interruptions et de persécutions persistantes (JS–H 1:57-60), Joseph Smith traduisit les longues annales en une soixantaine de jours de travail. Les saints des derniers jours rendent témoignage qu'il l’a fait « grâce à la miséricorde de Dieu et par la puissance de Dieu » (D&A 1:29), « par l'inspiration du ciel » (Messenger and Advocate, oct. 1834, p. 14-16 ; JS–H 1:71, n.). Il eut l'aide de plusieurs secrétaires, principalement Oliver Cowdery, qui écrivit sous sa dictée. Le livre fut publié en 1830 à Palmyra. Onze témoins au moins, en plus de Joseph Smith, ont vu et/ou ont soupesé les plaques du Livre de Mormon avant qu'il les rende à Moroni.
 
OBJECTIFS ET CONTENU. Le Livre de Mormon, comme le dit son sous-titre, va de pair avec la Bible en tant que « autre témoignage de Jésus-Christ ». Ses objectifs principaux sont récapitulés dans sa page de titre : montrer aux restes des peuples du Livre de Mormon les grandes choses que Dieu a faites pour leurs ancêtres, faire connaître les alliances du Seigneur et convaincre « Juif et Gentil que Jésus est le Christ, le Dieu éternel, qui se manifeste à toutes les nations ». L'événement central du Livre de Mormon est l'apparition du Christ ressuscité aux habitants justes du continent américain après son ascension au ciel à Jérusalem. Pendant sa visite, le Christ a prononcé un sermon qui est semblable au sermon sur la montagne que l’on trouve dans le Nouveau Testament, mais avec certains éclaircissements et ajouts essentiels. Il a déclaré sa doctrine, la plénitude de son Évangile nécessaire pour entrer dans le royaume de Dieu et il a établi son Église avec ses ordonnances essentielles et a ordonné des disciples pour la présider. Le Christ a également expliqué à ce moment-là les promesses que Dieu a faites à Israël, a guéri les malades et les invalides, béni les enfants et leurs parents et exprimé son grand amour, permettant à chaque personne de s’avancer et de toucher les plaies qu’il avait subies pendant sa crucifixion (voir 3 Né. 11-26). Le compte rendu de la visite de Jésus et beaucoup d'autres passages du Livre de Mormon démontrent la filiation divine, le ministère, l'Expiation, la résurrection et le statut éternel du Seigneur Jésus-Christ et prouve que la plénitude de son Évangile est la même pour tous les peuples, quels que soient les endroits ou l’époque où ils ont vécu.
 
Les ancêtres de ces gens à qui Jésus est apparu étaient sur le continent américain depuis 600 ans environ. Le Livre de Mormon s'ouvre avec la famille de Léhi à Jérusalem du temps du prophète biblique Jérémie. Vers 600 av. J.-C., Dieu avertit Léhi qu’il doit prendre sa famille et s’enfuir de Jérusalem avant qu'elle ne soit détruite par Babylone (1 Né. 1:1-2). Le récit, écrit par Néphi 1, fils de Léhi, parle d'abord du départ de sa famille de Jérusalem et du retour risqué de Néphi à la ville avec ses frères pour obtenir les annales sacrées qui contiennent leur lignage, les cinq livres de Moïse, une histoire des Juifs et les écrits des prophètes jusqu’à Jérémie (1 Né. 3-5).
 
Le groupe voyage dans le désert jusqu'à ce qu'il atteigne une région plaisante au bord de la mer où Néphi, sur les instructions de Dieu, construit un bateau qui les emmène au Nouveau Monde (1 Né. 17-18). Laman et Lémuel, les frères aînés de Néphi, expriment leur ressentiment de voir que Néphi est proche du Seigneur et ne veulent pas qu'il règne sur eux (1 Né. 16:37-39 ; 18:10). Quand la famille atteint le Nouveau Monde, cet antagonisme mène à un schisme entre les Néphites et les Lamanites qui imprègne tout le Livre de Mormon.
 
Lors de la rédaction et de la transmission des sermons, des prophéties et des annales historiques, les auteurs insistent sur l’idée que ceux qui gardent les commandements de Dieu prospèrent. Malheureusement, beaucoup de ceux qui prospèrent deviennent orgueilleux et persécutent les autres, ce qui conduit à la guerre. Les désolations causées par la guerre ramènent les hommes à l’humilité et ils recommencent à invoquer Dieu.
 
Les anciens prophètes américains, comme des prophètes bibliques tels que Moïse, Ésaïe et Daniel, ont des visions du futur de diverses nations. Par exemple, Néphi voit la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, l'afflux de Gentils dans le Nouveau Monde et la guerre d’Indépendance américaine (1 Né. 13:12-15, 18-19), ainsi que la naissance et le ministère terrestre de Jésus-Christ. La naissance, le ministère et la mort du Christ sont prophétisés par Léhi, Néphi, Benjamin, Samuel le Lamanite et d'autres prophètes. Quand Mosiah 1 découvre un peuple qui a quitté Jérusalem avec Mulek, un fils de Sédécias (voir Jé. 52:10 ; Om. 1:12-15 ; Hél. 8:21), et que les envoyés du roi Limhi trouvent les annales des Jarédites frappés d’extinction, les Néphites apprennent qu'ils ne sont pas les seuls que Dieu a amenés sur le continent américain.
 
Après l'apparition de Jésus-Christ, les Néphites et les Lamanites connaissent la paix pendant plus de 160 ans (4 Né. 1:18-24). Par la suite, beaucoup de ceux qui avaient mené une vie juste vont rompre leurs alliances avec Dieu et l'Église et leur civilisation commence à s'effondrer. Enfin, en 385 apr. J.-C., les quelques Néphites restants seront pourchassés et tués par les Lamanites. Le livre finit avec Moroni, le dernier Néphite, qui écrit aux hommes des temps modernes pour leur lancer l’invitation : « Venez au Christ, et soyez rendus parfaits en lui » (Mro. 10:32).
 
APPLICATIONS MODERNES. Les saints des derniers jours considèrent le Livre de Mormon comme un livre pour tous les hommes. En plus d'instruire leurs contemporains et leurs descendants, les prophètes qui ont écrit ces annales antiques ont vu d’avance la situation de l’époque moderne et ont choisi les leçons dont on a besoin pour relever les défis de ce monde (Mrm. 8:34-35). Leur livre est l’histoire d’un peuple déchu, qui invite tout le monde à vivre dans la justice et à empêcher une chute semblable aujourd'hui.
 
Le Livre de Mormon a eu un effet profond sur l'Église et ses membres. Il est si fondamental que Joseph Smith a dit : « Enlevez le Livre de Mormon et les révélations, et où est notre religion ? Nous n’en avons pas » (EPJS, p. 53).
 
Le Livre de Mormon enseigne que le Dieu vivant a parlé à plusieurs peuples de par le monde qui ont écrit des annales sacrées comme il l’a commandé (2 Né. 29:11-12). Le Livre de Mormon est un document de ce genre.
 
Il est également une preuve pour les saints des derniers jours que Dieu a rétabli son Église vraie et vivante par l’intermédiaire de Joseph Smith. L'importance de cette croyance pour des saints des derniers jours ne saurait être surestimée, parce qu’ils ont la certitude que Dieu veille sur les habitants de la terre et les aime et qu'il continue de leur parler par les prophètes contemporains qui appliquent les principes immuables de l'Évangile aux problèmes d'aujourd'hui.
 
Le Livre de Mormon est également important pour les saints des derniers jours comme aide dans la compréhension de la Bible et de la volonté de Dieu. Néphi a prophétisé que beaucoup de vérités et d’alliances « claires et précieuses » seraient ôtées de l'Évangile et de la Bible après le décès des apôtres (1 Né. 13:26-27). Beaucoup de questions que l’on se pose à propos de la Bible trouvent une réponse pour les saints des derniers jours dans le Livre de Mormon, comme le mode et les raisons du baptême (2 Né. 31 ; 3 Né. 11:23-26), la bonne manière de pratiquer le sacrement du repas du Seigneur (Mro. 4-5), la nature de la résurrection (Alma 40), les effets de la chute d'Adam et les raisons du mal et de la souffrance dans le monde (2 Né. 2). Le Livre de Mormon renforce la notion mormone que l'Évangile de Jésus-Christ a existé avant la Création et a été révélé aux prophètes et aux croyants tout au long du temps.
 
Le Livre de Mormon est également sacré pour les saints des derniers jours parce qu’il enseigne comment discerner les chuchotements du Saint-Esprit. Beaucoup de saints des derniers jours, y compris ceux nés dans l’Église, attribuent leur conversion à Jésus-Christ et leur engagement envers l'Église à l'étude accompagnée de prière du Livre de Mormon et c’est par lui qu’ils apprennent à reconnaître le Saint-Esprit. Ainsi, le livre devient un symbole permanent de la révélation personnelle et de l'amour de Dieu et de son attention aux besoins de chacun. Il déclare également que toute l'humanité sera jugée par ses préceptes et ses commandements (Mos. 3:24 ; Mro. 10:27). Il prouve que Dieu se rappelle chaque être qu'il a créé (Mos. 27:30) et chaque alliance qu’il a faite (1 Né. 19:15 ; 3 Né. 16:11). Le Livre de Mormon est la base sur laquelle des millions de personnes ont entrepris un cheminement personnel de progression spirituelle et de service aux autres.
 
Pour les enfants mormons, le Livre de Mormon est une source d’histoires et de héros valant celles de la Bible : Joseph en Égypte, Daniel dans la fosse aux lions, Ruth la fidèle et la courageuse reine Esther. Ils racontent et chantent avec enthousiasme l’histoire de l'armée de jeunes hommes fidèles menés par Hélaman 1 (Al. 56:41-50) ; celle du courage d'Abinadi, le prophète, devant le méchant roi Noé (Mos. 11-17) ; celle de Néphi et de son indéfectible fidélité (1 Né. 3-18) ; celle d'Abish, une Lamanite qui, pendant de nombreuses années semble avoir été la seule à croire au Christ à la cour du roi Lamoni jusqu'à ce que le missionnaire Ammon enseigne l'Évangile au roi et à la reine (Al. 19) et celle des apparitions de Jésus aux Néphites (3 Né. 11-28). Il y a beaucoup de passages célèbres. Le livre est utilisé pour enseigner aux enfants la doctrine, pour donner des exemples de vie chrétienne et pour leur rappeler le grand amour et l'espoir de Dieu pour tous ses enfants.
 
Le livre joue un rôle essentiel dans l'œuvre missionnaire. C'est l'outil missionnaire le plus important de l'Église et il est destiné à aller à toutes les nations, tribus, langues et peuples (Ap. 14:6-7). Tous les missionnaires encouragent ceux avec qui ils entrent en contact à lire le livre et à prier à son sujet car c’est le moyen de recevoir soi-même le témoignage de Dieu concernant la véracité du Livre de Mormon, un témoin de Jésus-Christ.
 
Les saints des derniers jours sont régulièrement exhortés à faire un usage plus important du Livre de Mormon. En 1832, deux ans et demi après la publication du livre, la parole du Seigneur avertit les saints qu'ils avaient traité les révélations trop à la légère et avaient négligé de se souvenir « de la nouvelle alliance, c’est-à-dire le Livre de Mormon » (D&A 84:57). Les dirigeants de l’Église encouragent régulièrement les membres à intégrer davantage le Livre de Mormon à leur vie. Le président Benson a conseillé aux saints des derniers jours de lire le livre quotidiennement et d’en parler, ainsi que du message de l'Évangile, à tout monde.
 
LECTURE DU LIVRE DE MORMON. Ces annales sacrées demandent au lecteur d'aborder ce qu’elles disent avec la foi et la prière. Un de leurs enseignements est que le lecteur ne recevra « de témoignage qu’après la mise à l'épreuve de [sa] foi » (Ét. 12:6). Par conséquent, même si certains aspects du livre semblent étranges ou improbables au début, il invite ses lecteurs à les considérer comme des possibilités jusqu'à ce que le tableau d’ensemble devienne clair et que l’on éprouve d'autres sentiments et que d’autres pensées se présentent. En outre, la note finale de Moroni 2 à la page de titre demande au lecteur de regarder au delà des faiblesses humaines du livre : « S'il y a des fautes, ce sont les erreurs des hommes ; c'est pourquoi, ne condamnez pas les choses de Dieu. » Il termine son propre livre dans le Livre de Mormon en exhortant tous ceux qui reçoivent ces choses à demander à Dieu, d’un cœur sincère, avec une intention réelle, ayant foi au Christ, si elles ne sont pas vraies, et promet que Dieu leur en manifestera la véracité (Mro. 10:4).
 
Quels que soient leur âge et leurs intérêts, les saints des derniers jours trouvent la lecture du Livre de Mormon enrichissante. Au début, on a tendance à concentrer son attention sur ses messages et ses récits. Une fois qu’on lit mieux et que l’on y réfléchit, on découvre de nombreux thèmes, des nuances importantes, des détails intéressants et des expressions spirituelles profondes.
 
Néphi, Jacob et Abinadi, prophètes du Livre de Mormon, citent abondamment Ésaïe (voir, par exemple, 2 Né. 6-8 [És. 49-51] ; 2 Né. 12-24 [És. 2-14] ; Mos. 14 [És. 53]), un prophète de l'Ancien Testament dont le style et les allusions poétiques posent des problèmes aux lecteurs de la Bible et se sont également révélés difficiles pour beaucoup de ceux qui étudient le Livre de Mormon. Certains dirigeants de l’Église recommandent à ceux qui lisent le livre pour la première fois de survoler, dans un premier temps, ces chapitres, comprenant ce qui est accessible et laissant le reste pour une étude ultérieure. Dans les écrits d'Ésaïe, les saints des derniers jours trouvent un témoignage important du Christ et de l'accomplissement des alliances de Dieu avec la maison d'Israël. Le Christ a exhorté ses disciples à « sonder diligemment ces choses, car grandes sont les paroles d'Ésaïe » (3 Né. 23:1).

Un autre obstacle possible pour le lecteur, ce sont les insertions hors chronologie du livre. Néphi et Jacob et les descendants de Jacob ont écrit des récits à la première personne de 590 av. J.-C. jusqu'à environ 150 av. J.-C., ensuite Mormon (v. 385 apr. J.-C.) y a inséré un chapitre plus court pour expliquer qu’il est celui qui a abrégé les autres annales. Le lecteur est ensuite ramené par l'intermédiaire de l'abrégé de Mormon à l'histoire des successeurs de Néphi et des descendants d'Alma 1. Lorsque des groupes de personnes se détachent de la population principale puis y reviennent, des parties de leurs annales sont incorporées au livre, ce qui fait revenir le lecteur à des événements antérieurs. De même, l'abrégé fait par Moroni du livre très antique d'Éther apparaît en dehors de l'ordre chronologique vers la fin. En outre, le Livre de Mormon, comme l'Ancien Testament, décrit des événements qui se situent à des intervalles très séparés. C’est un abrégé et, comme tel, il ne contient qu’une petite partie de l’histoire de ces peuples antiques.
 
APPROCHE DU TEXTE. La façon dont le Livre de Mormon est disposé se prête à plusieurs approches. Trois méthodes qui se renforcent mutuellement sont généralement utilisées. D'abord, le livre est une source d’instructions et de doctrine d’où se dégagent des leçons et de la sagesse applicables à la vie contemporaine. Cette approche est recommandée dans les écrits de Néphi, qui dit qu'il « appliquai[t] toutes les Écritures à [son peuple], afin que cela fût pour [son] profit et [son] instruction » (1 Né. 19:23). Les saints des derniers jours trouvent ses pages riches en récits édifiants, en points de doctrine clairs, en vérités éternelles, en formules mémorables et en principes. Connaissant les conditions des derniers jours, les prophètes antiques s'adressent périodiquement de manière directe au lecteur. Les saints des derniers jours soulignent la nécessité de lire le Livre de Mormon dans l'esprit de la prière, avec foi en Dieu, pour bénéficier personnellement de ses enseignements et aller au Christ.
 
Une deuxième approche du Livre de Mormon, qui ajoute une dimension historique à la première, est d'étudier le livre comme un texte antique. Le lecteur qui accepte le Livre de Mormon comme l’histoire d’un lignage hébreu antique écrite par des prophètes dans le Nouveau Monde verra que le livre répond bien à cette description et à ce cadre. Le livre parle de cultures antiques qui sont aussi éloignées du lecteur moderne que celles des Ancien et Nouveau Testaments. Les recherches en cours ont montré que des formes poétiques hébraïques, des structures littéraires et les idiomes, ainsi que beaucoup de symboles, de traditions et d’objets façonnés mésoaméricains sont implicites dans le livre ou compatibles avec lui.
 
Enfin, on peut lire le Livre de Mormon comme une œuvre littéraire. Bien que le style puisse parfois sembler fastidieux ou répétitif, il y a un ordre, un but et de la clarté dans son langage. Ses paroles sont souvent aussi belles et aussi mémorables que des passages des Psaumes, de l'Évangile de Jean et d'autres œuvres religieuses notables en prose et en poésie.
 
Cependant, la plupart des lecteurs fidèles du Livre de Mormon ne se limitent pas à une approche ou méthodologie unique, car toutes ces approches ne sont que secondaires par rapport aux implications de l'origine divine et des buts éternels du livre. L’étude et la foi, la réflexion et l’application, tout cela aide à connaître et à comprendre les messages du Livre de Mormon. Mais pour des millions de saints des derniers jours, leur expérience la plus importante avec le Livre de Mormon a été la connaissance spirituelle qu'ils ont reçue de sa véracité. Elle a changé et enrichi leur vie et les a rendus plus proches de Jésus-Christ et de ses enseignements.
 
Livre de Mormon : Page de titre du Livre de Mormon
Auteur : RICKS, ELDIN
 
Joseph Smith a écrit un jour : « Je tiens à préciser ici que la page de titre du Livre de Mormon est la traduction littérale, tirée de la toute dernière feuille, située du côté gauche du recueil ou livre de plaques, qui contenait le document qui a été traduit … et que ladite page de titre n'est en aucune façon un écrit moderne, que ce soit de moi ou de tout autre homme qui ait vécu ou vive à notre époque » (HC 1:71.).
 
La page de titre est donc la traduction d'un document antique, au moins partiellement écrit par Moroni 2, fils de Mormon, au cinquième siècle apr. J.-C. Elle décrit le livre comme étant un « abrégé des annales du peuple de Néphi et aussi des Lamanites » et « aussi un abrégé tiré du livre d’Éther, qui contient les annales du peuple de Jared ».

Selon la page de titre, le Livre de Mormon s’adresse aux Lamanites, aux Juifs et aux Gentils et vise à informer les Lamanites des promesses faites à leurs ancêtres et à convaincre « Juif et Gentil que Jésus est le Christ, le Dieu éternel, qui se manifeste à toutes les nations. »
 
La page de titre a été utilisée comme description du Livre de Mormon sur la demande de copyright fédéral introduite le 11 juin 1829, avec R.R. Lansing, greffier du Tribunal de district des États-Unis pour le district nord de New York, à Albany.
 
Bibliographie
Ludlow, Daniel H. “The title page”, dans The Book of Mormon : First Nephi, The Doctrinal Foundation, dir. de publ. Monte S. Nyman et Charles D. Tate, p. 19-33. Provo, Utah, 1988.
ELDIN RICKS
 
Livre de Mormon : Premier livre de Néphi
Auteur : EAMES RULON D.
 
Écrit par Néphi 1, prophète antique qui s'enfuit de Jérusalem avec son père, Léhi et la famille de celui-ci peu après 600 av. J.-C., ce livre raconte leurs voyages sous la direction divine jusque sur le continent américain. Avec son témoignage détaillé de la mission de Jésus-Christ et sa vue panoramique de l'histoire sacrée, 1 Néphi est la base doctrinale et historique de tout le Livre de Mormon. Son intention avouée est de témoigner que le Dieu d'Israël peut sauver tous ceux qui se repentent et font preuve de foi en lui (1 Né. 1:20 ; 6:4).
 
Composées plusieurs années après l’arrivée de Néphi dans la « Terre promise », les annales, dont le premier livre de Néphi faisait partie, contiennent des prophéties et des prédications sacrées « à cause du Christ, et à cause de [son] peuple » (Jacob 1:4). Son message fondamental est que le Dieu d'Israël est miséricordieux et a le pouvoir de sauver ceux qui lui obéissent (1 Né. 1:20 ; 6:4 ; 22:30-31). Néphi étaie cette thèse par des arguments historiques et prophétiques. Il cite deux fois l'exode d'Israël hors d'Égypte comme preuve du pouvoir rédempteur de Dieu et voit le même pouvoir en action dans l'exode de sa famille hors d’une Jérusalem condamnée. Voyant d’une envergure spirituelle remarquable, Néphi témoigne que des actes rédempteurs plus grands attendent à l'avenir : Dieu lui-même viendra sur terre racheter l'homme de la mort et du péché (1 Né. 11:33 ; 19:10), et avant la fin du monde, Israël sera racheté.
 
Le récit de 1 Néphi est vivant et mouvementé ; les actes d'intervention divine dominent ce récit. Il commence la première année du roi judéen Sédécias (1 Né. 1:4 ; cf. 2 R. 24:8-18, dont la date, selon les documents babyloniens, est 597 av. J.-C.). Jérusalem vient de capituler après un bref siège babylonien et le roi Jojakin, ainsi que beaucoup de citoyens éminents de Juda, ont été déportés. Quand Jérusalem persiste dans son arrogance, une foule de prophètes, notamment Jérémie et Léhi, annoncent sa destruction. Comme le peuple conspire pour tuer Léhi, le Seigneur le prévient et il fuit vers le sud dans le désert. À deux reprises, ses quatre fils retournent dans la région, une fois pour obtenir une copie des Écritures écrites sur des plaques d’airain et une fois pour convaincre Ismaël et sa famille de fuir avec eux (chapitres 3-7). Guidé par un compas d’airain miraculeux, le groupe de Léhi accomplit une odyssée épuisante qui va prendre huit ans dans le désert, pour arriver dans un endroit verdoyant sur la côte méridionale de la péninsule arabe. Là, le Seigneur convoque Néphi sur une montagne où il lui commande de construire un bateau pour transporter le groupe vers une terre de promission. Grâce à l'inspiration et à la protection fréquentes de Dieu, le bateau est achevé et le dangereux voyage a lieu (chapitres 16-18).
 
Pendant tout ce temps, Léhi et Néphi sont en butte à l’opposition de Laman et Lémuel, les fils aînés de la famille, qui sont non seulement sceptiques mais parfois violents dans leur opposition. Les annales prennent la défense de Néphi de plusieurs manières. Un ange intervient une fois pour protéger Néphi contre ses frères ; Néphi leur échappe deux fois, étant rempli de pouvoir de Dieu. À plusieurs reprises, par sa foi, il réussit là où ils échouent.
 
Le récit est parsemé de grandes visions. Léhi reçoit son mandat de prophète dans une vision tandis qu’il prie en faveur de Jérusalem : Il voit une colonne de feu demeurer sur un rocher et Dieu assis sur son trône et il reçoit un livre à lire qui décrète des jugements sur la ville (chapitre 1). Peu après, Néphi entend la voix du Seigneur dire que lui, Néphi, instruirait et gouvernerait ses frères aînés (chapitre 2) ; et Léhi a un songe qui tourne autour d’un arbre magnifique, une rivière, une barre de fer et un grand et spacieux édifice (chapitre 8). La fuite de la famille hors d’une Jérusalem orgueilleuse et matérialiste et sa recherche du salut dans le désert sont fortement mises en évidence dans le langage figuré de ce songe. Léhi prophétise aussi sur la captivité babylonienne des Juifs, sur leur retour final en Palestine et sur la venue d'un Messie qui rachètera l'humanité de son état perdu et déchu (chapitre 10).
 
Inspiré des expériences spirituelles de Léhi et voulant connaître la signification du songe de son père, Néphi cherche à avoir et reçoit la même vision ainsi que son interprétation. Cette révélation met les expériences de Léhi et de sa postérité dans le contexte du plan rédempteur de Dieu et fournit une grande partie du cadre historique et doctrinal de la prophétie suivante du Livre de Mormon : (1) Néphi voit la naissance, le ministère et le sacrifice expiatoire du Fils de Dieu et le rejet de ses apôtres par Israël ; (2) il assiste à la division de la famille de Léhi suivie de la naissance, du déclin et de la destruction de sa propre postérité par les descendants de ses frères et il voit que l'agneau de Dieu visitera diverses branches d'Israël, notamment la postérité de Néphi ; (3) il voit une grande et abominable Église parmi les Gentils ainsi qu’une dispensation de l'Évangile chez les Gentils et leur rôle crucial dans le rassemblement d’Israël et d'un reste de la postérité de Néphi ; et (4) la victoire finale de Dieu sur les puissances du mal à la fin du monde lui est montrée (chapitres 11-14).
 
Citant d'autres prophéties allant dans le même sens, 1 Néphi 19-22 renforce ces quatre thèmes, les piliers des perspectives néphites sur l'histoire du monde. Néphi donne d'abord un témoignage détaillé du sacrifice expiatoire du Dieu d'Israël, de son rejet et de la dispersion du peuple de l'alliance de Dieu, citant Zénos, Zénock, et Néum (chapitre 19) ; il cite ensuite Ésaïe pour prouver que Dieu différera sa colère et rassemblera finalement son peuple grâce à l'aide de rois et de reines gentils (chapitres 20-21) ; et finalement, il exhorte tout le monde à obéir aux commandements de Dieu et à être sauvé, parce que dans les derniers jours les méchants brûleront et les saints d'Israël régneront (chapitre 22).
 
Livre de Mormon : Deuxième livre de Néphi
Auteur : BALL, TERRY B.
 
Le deuxième livre de Néphi (2 Néphi) est une œuvre écrite vers 550 av. J.-C. par celui-là même qui a écrit 1 Néphi et qui l’a inclus dans ses petites plaques. Le deuxième livre contient quatre discours et traités prophétiques de trois prophètes du Livre de Mormon, Léhi, Jacob et Néphi 1, ainsi que des extraits substantiels des prophéties d'Ésaïe tirées des plaques d'airain. En plus, 2 Néphi rapporte brièvement la transition difficile de la génération fondatrice de la colonie de Léhi à la génération suivante dans leur nouvelle patrie.
 
La première section du livre se compose des exhortations et du testament de Léhi à sa postérité avant sa mort (1:1-4:11). Il adresse ses premières paroles à ses fils aînés, Laman, Lémuel et Sam, aussi bien qu’aux fils d'Ismaël. Il leur rappelle la miséricorde de Dieu qui les a conduits dans une terre promise, les a instruits de l'alliance de pratiquer la justice qui se rattache au pays, met en garde contre la perte de liberté et de prospérité qui découle de la désobéissance à Dieu et les supplie de se réconcilier avec leur frère Néphi, leur gouverneur (1:1-27).
 
Après cette exhortation, Léhi prononce des bénédictions spécifiques sur tous ses descendants, que ce soit à titre individuel ou comme groupes de familles. Ses bénédictions contiennent des prophéties et des promesses au sujet du futur de chaque individu ou groupe dans le pays de l’alliance et sont suivies de recommandations « selon l’inspiration de l'Esprit » (1:6). Ses instructions à Jacob et Joseph, ses fils cadets, sont importantes d’un point de vue doctrinal. Il parle à Jacob du plan du salut de Dieu pour ses enfants, enseignant les principes qui sont fondamentaux pour la compréhension de l'Évangile de Jésus-Christ, notamment la doctrine de la rédemption par le Messie, la nécessité de l'opposition et du libre arbitre, le rôle de Satan et l'importance de la chute d'Adam et Ève (2:1-30). Léhi instruit son fils Joseph sur les prophéties de son ancêtre Joseph d'Égypte, qui a prédit la mission, dans les derniers jours, d'un autre Joseph (le prophète Joseph Smith) et la parution du Livre de Mormon (3:1-25).
 
Néphi 1, fils de Léhi, est l’auteur de la section suivante, la seule partie historique du document (4:12-5:34). Après avoir raconté la mort de Léhi et la rébellion de Laman, de Lémuel et des fils d'Ismaël (4:12-13), Néphi précise qu'il tient deux annales : les grandes plaques, sur lesquelles il écrit l'histoire profane, et les petites plaques, sur lesquelles il écrit « ce qui est agréable à Dieu » notamment beaucoup d’extraits des plaques d’airain (4:14-15 ; 5:29-33).
 
En parlant du plaisir qu’il a à méditer les Écriture et « les choses du Seigneur », Néphi se sent poussé à composer un beau psaume (4:16-35). Dans ces versets, tout comme le Psalmiste biblique, Néphi utilise des images inspirantes et des parallélismes poétiques pour louer Dieu de sa bonté, se lamenter sur ses propres faiblesses et déclarer sa dévotion au Seigneur.
 
Néphi clôture cette section en racontant la division de la postérité de Léhi en deux peuples distincts, les Néphites (les croyants) et les Lamanites (les incroyants). Il décrit les divisions théologiques, culturelles et géographiques qui se produisent entre les partisans des frères, déplorant le fait que dans les quarante années de leur séparation, ils étaient en guerre (5:1-34).
 
Un sermon de Jacob constitue la troisième inscription dans 2 Néphi (chapitres 6-10), suivi de la quatrième et dernière partie, un long discours écrit de Néphi (chapitres 11-33). Citant des parties substantielles d'Ésaïe, Néphi et Jacob soulignent deux grands thèmes : l'histoire et le futur du peuple de l'alliance de Dieu et la mission du Messie. Pour son discours sur ces sujets, Néphi cite d’abord le texte d'És. 2-14 dans 2 Né. 12-24 et les commente ensuite aux chapitres 25-30, en intégrant des parties d'Ésaïe 29 dans ses commentaires. Jacob cite És. 50:1-52 :2 aux chapitres 7-8. Apparemment, Joseph Smith a mis ces citations d'Ésaïe dans l’anglais de la King James Version, mais avec beaucoup de variantes reflétant la source néphite.
 
En citant Ésaïe et en réfléchissant à son texte, Jacob et Néphi se concentrent sur des événements tels que la captivité babylonienne et le retour (6:8-9 ; 25:10-11) ; l'apostasie, la dispersion et l'oppression de la maison d'Israël et le rassemblement de ses descendants dans les derniers jours, son rétablissement par la conversion à l’Évangile du Christ et l'établissement de Sion – des thèmes qui les préoccupent à cause de leur propre ascendance israélite (6:6-18 ; 8:1-25 ; 10:1-25 ; 25:14-17 ; 26:14-30:18). Ils prophétisent en outre la destruction des méchants avant la seconde venue du Sauveur suivie de l'ère de paix (12:1-22 ; 21:1-24 :3).

Dans leurs discours, Jacob et Néphi parlent du ministère terrestre, du rejet et de la crucifixion du Messie (6:9 ; 7:1-11 ; 9:1-54 ; 10:3-5 ; 17-19) et des principes fondamentaux de son Évangile : la foi, le repentir, le baptême et l'obéissance (9:23-24 ; 31:1-21) ; ensuite ils prophétisent son baptême, son sacrifice expiatoire et sa résurrection suivie de son ministère parmi les Néphites, sa seconde venue finale et le jugement dernier (9:5-27 ; 26:1-9 ; 31:4-12).
 
Au chapitre 29, Néphi mentionne tout spécialement le désir du Seigneur que le Livre de Mormon soit utilisé comme une « bannière » par son peuple, conjointement avec la Bible (29:2), notant que d'autres livres paraîtront. En clôturant les annales, Néphi témoigne que les paroles qui s’y trouvent sont les paroles du Christ, celles par lesquelles les lecteurs seront jugés (33:10-15).
 
Bibliographie
Jackson, Kent P., dir. de publ., Studies in Scripture, Vol. 7, p. 86-174. Salt Lake City, 1987.
McConkie, Joseph Fielding, et Robert L. Millet. Doctrinal Commentary on the Book of Mormon, Vol. 1, p. 182-376. Salt Lake City, 1987.
Nyman, Monte S., et Charles D. Tate, dir. de publ.. The Book of Mormon : Second Nephi, The Doctrinal Structure. Provo, Utah, 1989.
TERRY B. BALL
 
Livre de Mormon : Livre de Jacob
Auteur : WILLIAMS, CLYDE J.
 
Écrite par Jacob, cinquième fils de Léhi, peu après 545 av. J.-C., l’œuvre suit le modèle donné par Néphi 1 pour porter des inscriptions sur les petites plaques : inclusion de sermons sacrés, de révélations importantes, de prophéties et de quelques données historiques. Jacob, prophète néphite, écrit pour persuader tous les hommes de « venir au Christ » (Jacob 1:7).
 
Le livre semble avoir été écrit en trois étapes. La première est un discours important de Jacob au temple, dans lequel il appelle son peuple à se repentir de l'immoralité, du matérialisme et de l'orgueil (chapitres 2-3). Il conseille aux hommes et aux femmes d’être généreux de leurs biens, promettant que, s’ils cherchent le royaume de Dieu avant de rechercher la richesse, ils auront en bénédiction suffisamment de richesse pour aider les autres (2:17-19). Il met vivement son peuple en garde contre les péchés d'immoralité parce que beaucoup ont transgressé la loi de chasteté, notamment en pratiquant une polygamie non autorisée par le Seigneur (2:30). Il rappelle à ses auditeurs que le Seigneur « [fait ses délices] de la chasteté des femmes » et que les péchés des hommes ont brisé le cœur de leurs femmes et de leurs enfants (2:22-35).
 
La deuxième partie contient des prophéties sur l'expiation du Christ, le rejet de Jésus de Nazareth par beaucoup de juifs et la dispersion et le rassemblement d'Israël (chapitres 4-6). Jacob désire que les générations ultérieures « sachent que nous [avons] connaissance du Christ et que nous [avons] l’espérance de sa gloire bien des centaines d’années sa venue » (4:4). L’élément principal de cette section est la citation par Jacob de l'allégorie des oliviers francs et sauvages (chapitre 5). Conçue par Zénos, un prophète israélite dont les écrits sont conservés sur les plaques d'airain, cette allégorie donne sous forme de récit symbolique l'histoire prophétique de la dispersion et du rassemblement d'Israël, y compris les descendants de Léhi, depuis la fondation d'Israël jusqu'à la fin de la terre.
La troisième section raconte la rencontre de Jacob avec un antéchrist appelé Shérem qui, avec habileté et un art consommé de la parole, essaie, par la flatterie et la tromperie, d’éloigner le peuple de la foi au Christ (7:1-4). Shérem accuse Jacob de blasphème et de fausse prophétie et essaie de convaincre le peuple qu'il n'y aura pas de Christ. Il finit par être confondu par Jacob et, après avoir cherché un signe, est frappé par Dieu et meurt peu après (7:7-8, 13-20). Débarrassé des enseignements séparatistes de Shérem en sondant les Écritures, le peuple de Jacob peut à nouveau connaître la paix et l'amour de Dieu (7:23).
 
Bibliographie
Matthews, Robert J. "Jacob : Prophet, Theologian, Historian." Dans The Book of Mormon : Jacob Through Words of Mormon, dir. de publ.. M. Nyman et C. Tate, Provo, Utah, 1990..
CLYDE J. WILLIAMS
 
Livre de Mormon : Livre d'Énos
Auteur : ARNOLD, MARILYN
 
Suivant le modèle donné par son père et ses prédécesseurs (Jcb. 1:2-4 ; cf. En. 1:13-16), Énos, fils de Jacob, met personnellement par écrit le témoignage et les promesses prophétiques qui lui ont été communiqués. Énos (v. 515-417 av. J.-C.) est une personnalité qui touche le cœur. Il incarne la conversion, la compassion, et la confiance devant le Seigneur. Tandis qu'il chasse, les paroles de son père « concernant la vie éternelle et la joie des saints pénétraient profondément [son cœur] » et son « âme était affamée » (1:3-4). Toute la journée et jusque dans la nuit il « lutte… devant Dieu » en une « supplication fervente » jusqu'à ce qu'il reçoive le pardon de ses péchés. Il prie successivement pour son propre bien-être, pour celui de ses frères, les Néphites, qui s’éloignent trop facilement de la justice, et puis pour le bien-être de ses frères les Lamanites, qui sont devenus de plus en plus féroces et sauvages. Énos reçoit une déclaration d'alliance du Seigneur que les annales néphites seront apportées aux Lamanites. Il sait avec certitude qu'il aura la joie de voir le visage de son Rédempteur et qu’il recevra une place dans les demeures du Père (1:27). MARILYN ARNOLD
 
Livre de Mormon : Livre de Jarom
Auteur : ARNOLD, MARILYN
 
Jarom, fils d'Énos, fait un bref résumé de l’évolution des Néphites de son vivant (v. 440-355 av. J.-C.). À deux reprises il justifie la brièveté de son récit, prétextant le manque de place et le peu de doctrine nouvelle à ajouter aux paroles de ses prédécesseurs. Faisant apparaître une ère de conservatisme strict dans la colonie florissante, Jarom raconte les grands efforts faits par les Néphites pour observer la loi de Moïse et annoncer la venue du Messie. En dépit de leur supériorité numérique, les Lamanites échouent dans leurs attaques fréquentes contre les Néphites prospères et Jarom attribue les succès des Néphites aux prophètes, aux prêtres et aux instructeurs qui les poussent continuellement au repentir. MARILYN ARNOLD
 
Livre de Mormon : Livre d'Omni
Auteur : ARNOLD, MARILYN
 
Ce livre conclut et remplit les petites plaques de Néphi. Il contient de brèves déclarations par une succession de gardiens des annales qui étaient descendants de Jacob mais n’étaient apparemment pas des dirigeants spirituels : Omni, Amaron, Chémish, Abinadom et Amaléki (IVe-IIe siècles av. J.-C.). Amaléki, dont le récit est le plus long des cinq, décrit la transition importante qui se produit dans l'histoire du Livre de Mormon quand Mosiah 1 dirige la fuite d’un groupe de Néphites fidèles du pays de Néphi vers Zarahemla (v. 200 av. J.-C.). Ils y découvrent les descendants d'un groupe qui a quitté Jérusalem avec Mulek, mais qui a perdu sa religion et sa langue. Amaléki relie la corruption de sa langue à l'absence de documents écrits, montrant l'importance de la conservation des annales. Mosiah apporte les plaques d’airain contenant « les annales des Juifs » (Om. 1:14), notamment les lois que les rois sont tenus de respecter en vertu de la loi de Moïse (voir De. 17:18-19). Il est accepté comme roi de ces deux peuples et va régner une génération. Amaléki survit à Mosiah mais n'a pas d’héritier. Il transfère donc ses annales au roi Benjamin, fils de Mosiah. MARILYN ARNOLD
 
Livre de Mormon : Paroles de Mormon
Auteur : RICKS, ELDIN
 
Mormon est occupé à faire son abrégé des grandes plaques de Néphi 1 quand il découvre les petites plaques de Néphi, des annales prophétiques du début de l'histoire néphite (P de M 1:3). Profondément impressionné par les prophéties messianiques qu'il trouve sur les petites plaques et en réponse à « l’inspiration de l'Esprit », Mormon annexe ce jeu de plaques à son résumé (P de M 1:4-7). Mais étant donné que ces annales finissent quelques années avant que le livre de Mosiah ne commence (v. 130 av. J.-C.), Mormon s’octroie des prérogatives d'éditeur et annexe ce post-scriptum historique aux petites plaques pour rattacher sa conclusion à l'ouverture du livre de Mosiah. Cette annexe, appelée Paroles de Mormon, sera écrite vers 385 apr. J.-C. ELDIN RICKS
 
Livre de Mormon : Livre de Mosiah
Auteur : GOFF, ALAN
 
Le livre de Mosiah est religieusement riche, symboliquement significatif, chronologiquement complexe et politiquement important. Bien que ses événements disparates aillent de 200 à 91 av. J.-C., ils sont unifiés en particulier par le thème de la délivrance et par le règne du roi néphite Mosiah 2.
 
Plusieurs groupes ressortent dans cette histoire : (1) le gros des Néphites sous le roi Benjamin et son fils Mosiah 2 ainsi que le peuple de Zarahemla (Mulékites), dont le nombre dépasse celui de ses gouverneurs et voisins néphites ; (2) le peuple de Zénif, qui a échoué dans sa tentative de réoccuper la patrie néphite, le pays de Néphi ; et (3) le peuple d'Alma 1, qui s’est détaché du peuple de Zénif et est devenu le peuple d'Alma, disciple du prophète martyrisé Abinadi. Les deux derniers groupes retournent à Zarahemla peu de temps après que Mosiah est devenu roi.
 
Le livre de Mosiah est tiré de plusieurs sources textuelles sous-jacentes : le discours de Benjamin (124 av. J.-C.) ; les annales de Zénif (v. 200-120 av. J.-C.), contenant le compte rendu du procès d'Abinadi par Alma (v. 150 av. J.-C.) et de son peuple (v. 150-118 av. J.-C.) et les annales de Mosiah (124-91 av. J.-C.).
 
LE DISCOURS DE BENJAMIN (CHAPITRES 1-6). Le couronnement de Mosiah a lieu selon des dispositions semblables à l’assemblée israélite traditionnelle au temple, avec les sacrifices, le renouvellement des alliances, les confessions, les déclarations concernant le sang expiatoire du Christ et l’invitation à servir Dieu et à aider les pauvres. Benjamin décède et Mosiah règne. Il autorise l'expédition d'Ammon pour retrouver le peuple de Zénif (7:1-8 :21).
 
ANNALES DE ZÉNIF (CHAPITRES 9-22). Retour en arrière de soixante-quinze ans. Zénif a fondé sa colonie ; il a combattu dans deux guerres et son fils, le méchant Noé, lui a succédé. À deux reprises, le prophète Abinadi lance une condamnation contre Noé ; il répète les dix commandements, cite Ésaïe 53 et discourt sur l'expiation de Jésus-Christ et sur la résurrection. Tandis qu’il subit la mort par le feu, il prophétise que sa mort préfigure celle de Noé. Alma 1, l’un des prêtres de Noé, croit en la prédication d’Abinadi, s’enfuit dans le désert et rassemble un groupe de convertis qui ont échappé ensemble aux soldats de Noé. Entre-temps, un officier de l’armée appelé Gédéon s’oppose à Noé, les Lamanites attaquent et Noé s’enfuit et est plus tard exécuté par son propre peuple de la façon prédite par Abinadi. Il reste Limhi, fils de Noé, qui va régner plusieurs années en tant que roi vassal asservi aux Lamanites. À la longue, Limhi et son peuple sont délivrés et s’échappent vers Zarahemla.

ANNALES D'ALMA (CHAPITRES 23-24). Les disciples d'Alma 1 pratiquent le baptême et mettent fortement l'accent sur l'unité, l’amour mutuel et le refus des querelles. Dans un discours qui présage les derniers mots de Mosiah établissant le règne des juges, Alma 1 refuse de devenir roi, voulant que son peuple ne soit asservi à personne. Néanmoins, ils tombent sous la servitude cruelle des Lamanites, maintenant dirigés par certains des anciens collègues d'Alma, les méchants prêtres de Noé. Plusieurs années plus tard, le peuple d'Alma est miraculeusement délivré.
 
ANNALES DE MOSIAH (CHAPITRES 25-29). Les Néphites, le peuple de Zarahemla (Mulékites), le peuple de Limhi et le peuple d'Alma 1 sont unifiés sous Mosiah comme roi, avec Alma comme grand prêtre. Alma reçoit l'autorité d’organiser et de réglementer les Églises, mais beaucoup de membres apostasient et persécutent les justes. Parmi les méchants, il y a son fils Alma 2 et les quatre fils de Mosiah. Quand un ange du Seigneur leur apparaît, ils se repentent et se convertissent. Mosiah traduit les annales jarédites, passe les annales néphites et les objets sacrés à Alma 2 et installe Alma 2 comme premier grand juge selon la voix du peuple.
 
Les récits du livre de Mosiah mettent l’accent sur le thème de la délivrance de la servitude, qu’elle soit physique ou spirituelle. Dans son discours, Benjamin parle de délivrance spirituelle par le sang expiatoire du Christ, soulignant la dépendance de l'humanité à l'égard Dieu et sa responsabilité vis-à-vis des pauvres (les deux thèmes ou symboliques sont créés de la même façon dans la Bible par la tradition de l'Exode). Le récit de la conversion d'Alma 2 est un cas remarquable de délivrance de la servitude spirituelle par l’invocation du nom de Jésus-Christ (Mos. 27 ; Al. 36). Deux groupes sont délivrés de la servitude et de l'oppression physiques : le peuple de Limhi et les convertis d'Alma après leur asservissement par les Lamanites. Comme dans l'Exode, ils invoquent le Seigneur, qui les entend et les délivre de la servitude. Un émissaire appelé Ammon compare expressément la délivrance du peuple de Zénif à l'exode d'Israël hors d'Égypte et à celui de Léhi hors de Jérusalem (Mos. 7:19-22, 33).
 
Le livre de Mosiah élabore plusieurs paires de comparaisons d’une manière semblable à une technique littéraire souvent employée dans la Bible : Alma 1 et Amulon sont des exemples de bons et de mauvais prêtres ; Benjamin et Noé sont des exemples contrastants de royauté noble et de royauté corrompue. Mosiah cite le contraste extrême entre ces rois à la fin de son règne pour expliquer pourquoi il est sage de passer, dans le gouvernement des Néphites, de la royauté à un règne de juges (Mos. 29).
 
Les annales jarédites sont mentionnées trois fois (Mos. 8:9 ; 21:27 ; 28:11-19). Pour essayer d'obtenir l'aide de la colonie de Mosiah, Limhi lance une expédition d’exploration qui ne trouvera pas Mosiah, mais tombera sur des restes humains, des armes de guerre et vingt-quatre plaques d'or. L’expédition remet ces annales à Limhi, qui va les donner à Mosiah, lequel va les traduire à l’aide de deux pierres appelées « interprètes ». Les annales racontent la naissance et la chute des Jarédites.
 
Bibliographie
Tate, George S. "The Typology of the Exodus Pattern in the Book of Mormon." dans Literature of Belief, dir. de publ. N. Lambert, p. 245-266. Provo, Utah, 1981.
Thomasson, Gordon C. "Mosiah : The Complex Symbolism and the Symbolic Complex of Kingship in the Book of Mormon" F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1982.
Tvedtnes, John A. "King Benjamin and the Feast of Tabernacles". Dans By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2, p. 197-237. Salt Lake City, 1990.
ALAN GOFF
 
Livre de Mormon : Livre d'Alma
Auteur : BROWN, CHERYL
 
Le livre d'Alma est le livre le plus long du Livre de Mormon. Il a été abrégé par Mormon, principalement à partir des annales de trois hommes, Alma 2 (chapitres 1-16, 27-44), Ammon (chapitres 17-26) et le fils d’Alma, Hélaman 1 (chapitres 45-62) et conclut avec des réflexions de Mormon (chapitre 63). Son thème général est que la prédication de la parole de Dieu avec un témoignage pur est plus puissante que la politique ou l'épée pour assurer la paix, la justice, l'égalité et la bonté (Al. 4:19 ; 31:5). Le livre démontre ce thème par des exemples répétés de personnes qui sont converties à la foi au Sauveur prédit, Jésus-Christ, et des exemples de gens à qui Dieu donne la victoire sur leurs ennemis méchants et ambitieux.
 
Le livre d'Alma couvre trente-neuf ans (91-52 av. J.-C.). Les quatorze premières années sont couvertes par deux récits parallèles englobant les enseignements et les activités d'Alma 2, qui démissionne de sa fonction de juge pour se livrer à l'œuvre missionnaire au pays de Zarahemla (chapitres 1-16), et l'autre contenant les paroles et les actes des fils du roi Mosiah 2 et de leurs compagnons, qui font des sacrifices personnels considérables pour essayer de prêcher l'Évangile parmi les Lamanites (chapitres 17-26).
 
La première section commence par le procès de Néhor devant le grand juge Alma ; Néhor sera condamné et exécuté pour avoir commis le crime d'imposer les intrigues de prêtres par l'épée (chapitre 1). Alma mène ensuite une guerre civile contre les disciples de Néhor et l’emporte (chapitres 2-4), mais il abandonne bientôt la fonction de juge pour se consacrer à plein temps au ministère. Il fait des sermons puissants aux villes de Zarahemla (chapitres 5-6), Gédéon (chapitre 7), et Mélek (chapitre 8) et se rend à la ville méchante d'Ammonihah où il est chassé, mais un ange lui commande d’y retourner. À Ammonihah pour deuxième fois, il rencontre et est aidé par Amulek, qui a été chargé par un ange de trouver Alma (chapitre 8). Bien qu'ils doivent affronter un docteur de la loi habile appelé Zeezrom, ils finissent par en convertir beaucoup, dont Zeezrom. Cependant, leurs convertis masculins sont expulsés de la ville et Alma et Amulek sont mis en prison et forcés d’être témoins de la mise à mort par le feu des femmes et des enfants de leurs convertis. Alma et Amulek seront délivrés quand un tremblement de terre détruira la prison et tuera leurs geôliers (chapitres 9-14). Peu après, cette ville apostate est annihilée par une invasion lamanite (chapitre 16).
 
Pendant les quatorze mêmes années, les fils de Mosiah et leurs compagnons sont dans le pays situé du côté du sud. Ammon se rend au pays d’Ismaël et, grâce à la façon dont il sert le roi Lamoni et à l’amour qu’il lui porte, il convertit le roi et beaucoup de son peuple (chapitres 17-19), à qui il enseigne à pratiquer la loi de Moïse dans l’attente de la venue du Christ (Al. 25:15). Ammon et Lamoni iront ensuite au pays de Middoni libérer ses collègues missionnaires de prison. En cours de route, ils affrontent le père de Lamoni, roi de tous les Lamanites, qui a recours à l'épée. Ammon résiste à ses coups, prend le dessus sur le roi et lui fait promettre d’accorder la liberté à ses frères et l'autonomie pour Lamoni et son peuple (chapitre 20). Une fois libérés, Aaron, frère d'Ammon, et ses compagnons vont chez le père de Lamoni, l’instruisent et le convertissent, lui, sa maison et beaucoup de son peuple. Ces Lamanites convertis, ne tenant pas à ce que la culpabilité de leurs crimes sanglants antérieurs ne revienne sur eux, font le serment de ne plus jamais verser le sang (chapitre 23). D'autres Lamanites et des dissidents néphites attaquent ces convertis et en tuent 1.005, qui ne voulaient pas se défendre à cause de ce serment. Beaucoup parmi les agresseurs lamanites (mais pas les dissidents néphites) éprouvent du remords pour ce qu’ils ont fait, déposent les armes et se convertissent aussi (chapitres 24-25). Par la suite, Ammon conduira ces convertis, appelés Anti-Néphi-Léhis, en territoire néphite, où ils s’installeront au pays de Jershon (chapitre 27). Les Lamanites restés en arrière se mettent en colère contre les Néphites et attaquent et détruisent Ammonihah (Al. 25:1-2 ; décrit plus en détail dans Al. 16:1-11).
 
Après ces événements, Korihor, un antéchrist et propagandiste de doctrines blasphématoires, défie Alma, grand prêtre, à la cour du grand juge, où il demande un signe de Dieu, est frappé de mutisme et meurt peu de temps après (chapitre 30). Après cela, Alma part à la tête d’une délégation prêcher aux Zoramites, un groupe néphite dissident. Beaucoup de Zoramites victimes de la pauvreté sont reconvertis et expulsés par les autres Zoramites. Les non-convertis s’empressent de s’allier aux Lamanites, attaquent les Néphites et sont battus (chapitres 31-35, 43-44).
 
Les chapitres qui traitent tout particulièrement d’Alma contiennent également ses bénédictions et ses instructions à ses trois fils (chapitres 36-42) et le récit de sa disparition (son enlèvement au ciel, chapitre 45). Le livre d'Alma finit par les récits détaillés faits par Hélaman 1 d'autres guerres entre les Néphites et les Lamanites (chapitres 43-62). Le chapitre final (chapitre 63) annonce le décès de Pahoran, de Moroni, de Hélaman et de son frère Shiblon, qui marque la fin de cette ère de domination juste des Néphites à Zarahemla. Il parle aussi de Hagoth, constructeur de navires qui transporte des gens vers le nord et dont on n’entendra plus jamais parler après son deuxième départ.
 
Le livre d'Alma couvre une période critique de l'histoire néphite, les premières années du règne des juges néphites. La survie de cette forme de gouvernement sur base populaire est menacée plusieurs fois au cours du livre. Cela commence quand Amlici, disciple de Néhor, cherche à devenir roi. Elle est de nouveau menacée quand les Zoramites (décrits ci-dessus) font défection. D’autres conflits apparaissent quand le Zoramite Amalickiah persuade beaucoup de juges inférieurs de le soutenir comme roi. Un général appelé Moroni rallie les troupes néphites en brandissant une bannière qu'il appelle Titre de la liberté ; elle proclame la nécessité de se rappeler et de défendre leur Dieu, leur religion, leur liberté, leur paix, leurs épouses et leurs enfants. Amalickiah et quelques-uns de ses hommes se sauvent chez les Lamanites où, par la trahison et le meurtre, il devient roi et entraîne les Lamanites dans une longue guerre contre les Néphites. Amalickiah est tué après sept ans de guerre, mais les guerres continuent encore pendant six autres années sous son frère Ammoron. Ces années deviennent particulièrement périlleuses pour les Néphites quand des « hommes-du-roi » apparaissent à Zarahemla et expulsent le gouvernement néphite de la capitale (traité dans CWHN 8:328-79). Moroni est obligé de quitter le front pour reprendre la capitale avant de pouvoir concentrer toute son attention sur la victoire sur les Lamanites. Dans chaque cas, les Néphites finissent par l’emporter et rendent grâces et louanges à Dieu.
 
Dans le livre d'Alma, la démarcation entre les nations néphite et lamanite le long de frontières ancestrales devient floue. Plusieurs groupes de Néphites-Amlicites (chapitres 2-3), de Zoramites (chapitres 31-35, 43), d’Amalickiahites (chapitres 46-62) et d’hommes-du-roi (chapitres 51, 61) rejettent les principes religieux néphites et rejoignent les Lamanites afin d'essayer de renverser le gouvernement néphite. Plusieurs groupes lamanites – les Anti-Néphi-Léhis (chapitres 17-27), les convertis de l'armée qui a marché contre les Anti-Néphi-Léhis (chapitre 25) et certains soldats lamanites capturés par Moroni (chapitre 62) – adoptent l'Évangile et le mode de vie néphite et vont vivre parmi eux. Vers la fin du livre, ces populations se distinguent plus par leur idéologie que par leur lignage. Ceux qui désirent le gouvernement par « la voix du peuple » et adoptent les enseignements de l'Évangile sont comptés parmi les Néphites, alors que ceux qui s’y opposent s sont appelés Lamanites.
 
On trouve beaucoup d’enseignements religieux importants dans le livre d'Alma. Alma 5 est un discours prononcé par Alma appelant le peuple de la ville de Zarahemla à se repentir et enseignant à tous les disciples du Christ à juger de l'état de leur ancienne nouvelle naissance spirituelle et de leur bien-être actuel. Alma 7, prononcé devant la ville juste de Gédéon, enseigne aux croyants à faire de l'expiation du Christ une réalité dans leur vie. Les chapitres 12 et 13 expliquent les mystères de la rédemption, de la résurrection et de la prêtrise selon l'ordre du Fils de Dieu. Alma 32 et 33 sont un sermon fait par Alma aux Zoramites pauvres, expliquant la façon correcte de prier, le rapport entre l'humilité et la foi en Jésus-Christ et le processus par lequel on augmente la foi. Alma 34 est le discours d'Amulek sur la nécessité du « sacrifice infini et éternel » fait par le Fils de Dieu. Amulek y enseigne aussi au peuple comment prier et lui dit comment vivre de telle sorte que ses prières ne soient pas vaines.
 
Alma enseigne à ses fils la confiance en Dieu en racontant sa conversion personnelle (chapitre 36). Il donne aussi des instructions sur la tenue des annales sacrées et explique comment les desseins de Dieu sont accomplis par de petits moyens (chapitre 37). Il enseigne le caractère mauvais du péché sexuel (chapitre 39), la nature de la résurrection et du rétablissement (chapitres 40-41), le but et les conséquences de la chute d'Adam, notamment la mort spirituelle et temporelle et le rapport entre la justice et la miséricorde (voir le chapitre 42).
 
Les chapitres traitant des guerres comportent des exemples de raisons justifiant la guerre (chapitre 48), parallèlement à l'exemple du pouvoir protecteur de la foi exercée par les jeunes guerriers qui se battent sous Hélaman et dont aucun ne meurt au combat, parce qu’ils croient aux enseignements de leurs mères que « Dieu les délivrerait » (Al. 56:47-48).
 
De façon générale, le livre d'Alma enseigne par des récits vifs et détaillés comment l'ambition personnelle peut mener à l'apostasie et à la guerre et montre comment le Seigneur rassemble son peuple par la prédication de l'Évangile du Christ et le délivre en justice de l'agression.
 
Bibliographie
Pour des essais sur Alma le Jeune, Ammon, le roi Lamoni, Ammonihah, la sophistique de Korihor, Amlici, plusieurs dissidents, le capitaine Moroni, les grands juges néphites et d'autres figures du livre d'Alma, voir Jeffrey R. Holland, The Book of Mormon : It Begins with a Family, p. 79-170. Salt Lake City, 1983.
CHERYL BROWN
 
Livre de Mormon : Livre d’Hélaman
Auteur : CHEESMAN, PAUL R.
 
Le livre d’Hélaman raconte l'une des périodes les plus tumultueuses de l'histoire des Néphites et des Lamanites (52-1 av. J.-C.). Le récit se concentre sur les difficultés inattendues (par exemple, l'invasion et l’occupation sans précédent du pays de Zarahemla par les Lamanites relatée aux chapitres 4 et 5) et les résolutions inattendues qui viennent de Dieu (par exemple, le retrait des forces lamanites résultant directement de l'œuvre missionnaire de deux fils d’Hélaman, Néphi 2 et Léhi, dans 5:49-52).

Ce livre doit son nom à son premier auteur, Hélaman 2, fils d’Hélaman 1. Les autres personnes qui participent à l’élaboration des annales sont Néphi et Léhi, fils d’Hélaman 2 (16:25), et Mormon, rédacteur principal du Livre de Mormon, qui ajoute le commentaire politique et religieux.
 
Le récit s'ouvre après qu’Hélaman a reçu de son oncle Shiblon la garde des annales néphites (Al. 63:11) la quarantième année du règne des juges (v. 52 av. J.-C. ; Hél. 1:1). Le récit se répartit en six sections principales : les annales d’Hélaman (chapitres 1-3), les annales de Néphi (chapitres 4-6), la prophétie de Néphi (chapitres 7-11), les réflexions rédactionnelles de Mormon sur la puissance de Dieu (chapitre 12), la prophétie de Samuel le Lamanite (chapitres 13-15) et une brève déclaration sur la période de cinq ans précédant la naissance de Jésus (chapitre 16). Plusieurs discours religieux sont intégrés au récit, notamment les exhortations d’Hélaman à ses fils (5:6-12), le psaume de Néphi (7:7-9), le sermon fait par Néphi du haut de la tour de son jardin (7:13-29 ; 8:11-28), la prière de Néphi (11:10-16) et le long discours de Samuel du haut des murs de Zarahemla (13:5-39 ; 14:2-15:17).
 
La personne la plus en vue mentionnée dans le livre est sans aucun doute Néphi 2. Après avoir démissionné de son poste de grand juge, Néphi, en compagnie de son frère Léhi, va se consacrer entièrement à la prédication du message de l'Évangile (5:1-4). Sa défense de la providence de Dieu affirme le pouvoir de la prophétie (8:11-28) et, à un niveau pratique, conduit à la condamnation du meurtrier du grand juge (9:21-38). Le Seigneur lui confie le pouvoir de sceller les cieux de sorte qu'aucune pluie ne tombe (10:4-11), un pouvoir que Néphi utilise pour provoquer la fin des conflits et de la perversion civils (11:1-18).
 
L'apparition des brigands de Gadianton (1:9-12 ; 2:3-11), une société hostile et secrète au sein du corps politique des Néphites et des Lamanites est incontestablement l’événement le plus décourageant et le plus inquiétant de ces cinquante et une années. Mormon informe ses lecteurs de la nature de l'organisation (6:17-30) et de son impact débilitant sur la société (2:13-14 ; 6:38-39 ; 11:24-34).
 
Par contraste avec ces observations désespérantes, il y a l’un des thèmes centraux du livre : l'ascendant étonnant des Lamanites dans le domaine spirituel. Les Néphites se font écraser en 35 av. J.-C. par une armée lamanite menée par des dissidents néphites et ne réussissent pas à récupérer les territoires perdus (4 :5-10). Néphi et Léhi vont alors chez les Lamanites prêcher l'Évangile (5:16-20). Le succès remarquable avec lequel ils convertissent leurs auditeurs au Christ leur vaut d’être jetés en prison (5:21). Mais dans un déversement extraordinaire de l'Esprit de Dieu, tous ceux qui sont dans la prison sont convertis, un événement qui provoque un revirement spirituel chez les Lamanites et, en fin de compte, le retrait des forces militaires lamanites des terres néphites (5:22-52). À partir de ce moment-là, ce sont les Lamanites qui accomplissent l’œuvre de l'Église, prêchant tant aux Néphites qu’à leur propre peuple (6:1-8, 34-36).
 
Presque trente ans après (v. 6 av. J.-C.), un prophète lamanite appelé Samuel prophétise à Zarahemla. Il condamne la décadence de la société néphite et met en garde contre la destruction des individus et de la société (13:5-39, en particulier 38 ; 14:20-15:3). Il prophétise aussi que des signes visibles sur le continent américain accompagneront la naissance et la mort de Jésus (14:2-25). Il déclare que l’Expiation a le pouvoir de racheter l'humanité de la chute d'Adam et de réaliser la Résurrection. Il parle enfin de la justice des Lamanites et des promesses de Dieu à leur égard dans les derniers jours (15:4-16).
 
Bibliographie
Jackson, Kent P., dir. de publ. Studies in Scripture, vol. 8, p. 92-124. Salt Lake City, 1988.
PAUL R. CHEESMAN
 
Livre de Mormon : Trois Néphi
Auteur : PAUL, CHARLES RANDALL
 
Le livre de 3 Néphi est le point culminant historique et spirituel du Livre de Mormon. Il se concentre sur trois avènements de Jésus : d'abord, comme l’enfant né à Bethléhem ; en second lieu, comme Seigneur ressuscité visitant les Néphites ; et troisièmement, à sa seconde venue comme juge final à la fin du monde. Dans l’année qui suit les destructions dévastatrices qui se sont produites moment de sa crucifixion, Jésus ressuscité descend parmi un groupe de justes dans la ville néphite d’Abondance. Il se révèle sans aucun doute possible comme le Seigneur et Sauveur du monde, expose son Évangile et établit son Église.
 
Néphi 3, l'auteur du livre, est le chef religieux d'un groupe ethniquement mélangé de Néphites et de Lamanites à l'époque de la naissance du Christ. Son livre couvre les événements allant de ce moment-là à 34 apr. J.-C. Il est évident que Mormon a copié in extenso dans son abrégé une grande partie du texte de Néphi.
 
Les annales de Néphi commencent au moment où l'accomplissement des prophéties messianiques de Samuel le Lamanite sauve miraculeusement les croyants de menaces de persécutions anti-messianiques. Les signes de la naissance de Jésus apparaissent : une nuit sans obscurité et une nouvelle étoile, ce qui donne raison à la foi de ceux qui ont cru aux prophéties que Jésus viendrait au monde (chapitre 1).
 
Après ces signes, beaucoup sont convertis à l’Église dirigée par Néphi. D'autre part, la cupidité, la recherche du plaisir et l'orgueil augmentent radicalement et le gouvernement ne tarde pas à être infiltré par une corruption organisée qui cause une anarchie complète et une désintégration du peuple en tribus familiales et en bandes de brigands. Les attaques incessantes de ces bandes harcèlent les Néphites, qui finissent par abandonner leurs propriétés et se regroupent en un seul corps avec assez de provisions pour subsister pendant sept ans. Les Néphites l’emportent finalement, mais ces perturbations et cette méchanceté causent l'effondrement du gouvernement central. Bien que la plupart des gens rejettent les avertissements et les miracles de Néphi 3, il baptise et ordonne ceux qui croient et le suivent (chapitres 2-7).
 
Les croyants commencent à attendre les signes désastreux de la mort du Christ, également prophétisés par Samuel. Un orage violent se produit ainsi que des tremblements de terre massifs qui démolissant beaucoup de villes, tuent des milliers de méchants et laissent pendant trois jours de deuil les survivants plus justes dans une épaisse vapeur de ténèbres. Une fois que le tumulte s’apaise, la voix de Jésus-Christ se fait entendre dans les ténèbres, exprimant sa tristesse pour les morts impénitents et son espoir que ceux qui ont été épargnés le recevront, lui et sa rédemption. Il annonce que son sacrifice a mis fin à la nécessité des sacrifices sanglants pratiqués en vertu de la loi de Moïse (chapitres 8-10).
 
Plus tard, revêtu d’un blanc rayonnant, le Christ ressuscité va descendre montrer ses plaies, guérir, enseigner et ordonner des dirigeants pour son Église. Le premier jour de plusieurs de ces visites, Jésus apparaît à un groupe de 2.500 hommes, femmes et enfants rassemblés au temple d’Abondance. Il ordonne douze disciples et leur donne le pouvoir de baptiser et de conférer le don du Saint-Esprit ; il enseigne au peuple les principes, les ordonnances et les commandements de son Évangile ; il explique qu'il a accompli la loi de Moïse ; il guérit les malades et bénit leurs familles. Il annonce son projet de se montrer à d'autres personnes encore inconnues alors des Juifs et des Néphites. Finalement, il contracte une alliance avec eux. Le peuple promet de garder les commandements qu'il lui a donnés et il bénit pour lui le sacrement du pain et du vin en souvenir de son corps ressuscité qu'il lui a montré et du sang par lequel il a accompli l'Expiation (chapitres 11-18).
 
Le matin du deuxième jour, les disciples baptisent les fidèles et leur confèrent le don du Saint-Esprit et ils sont environnés d’anges et du feu du ciel. Jésus apparaît de nouveau et fait trois prières merveilleuses, explique l'alliance de Dieu avec Israël et son accomplissement promis, passe en revue et corrige quelques points des Écritures néphites et prédit les événements du monde futur, citant les prophéties d'Ésaïe, de Michée et de Malachie. Il inspire même les bébés à révéler « des choses merveilleuses » (3 Né. 26:16). Ensuite il explique l'histoire passée et future du monde, en soulignant le fait que le salut sera accordé à tous ceux qui le suivent (chapitres 19-26).
 
Une troisième fois, Jésus apparaît aux douze disciples néphites seuls. Il donne un nom à son Église et explique les principes du jugement final. Trois des disciples sont transfigurés et ont des visions célestes. Jésus accorde à ces trois disciples leur souhait de rester sur la terre comme serviteurs spéciaux jusqu'à la fin du monde (chapitres 27-28).

Le Christ revisite les Néphites pendant une période prolongée et leur dit qu'il visitera aussi les tribus perdues d'Israël.
 
Son Église grandit en ayant tout en commun, sans riches ni pauvres. Cet état de paix dure presque 180 ans et « assurément il ne pouvait y avoir de peuple plus heureux » (4 Né. 1:16).
 
Mormon va écrire son abrégé de 3 Néphi plus de trois cents ans après les événements. Entre-temps, les descendants des Néphites qui ont été si bénis ont dégénéré et se livrent des guerres génocidaires. Le témoignage final et sobre de Mormon à ses futurs lecteurs parle de la venue du Seigneur dans les derniers jours, qui, comme sa venue au pays d'Abondance, sera désastreuse pour les impies mais glorieuse pour les justes (chapitres 29-30).
 
Le texte de 3 Néphi entre dans plusieurs catégories. Tout d'abord, c'est un testament chrétien, un évangile chrétien. Il contient beaucoup de citations directes de Jésus et établit sa nouvelle alliance. Mis par écrit sur un ton personnel émouvant par un témoin oculaire participant à des événements extrêmement tragiques et beaux, le récit invite d'une façon convaincante le lecteur à croire en l'Évangile de Jésus-Christ et à sentir l'amour qu'il a pour tous.
 
Le texte a aussi été comparé à la littérature pseudépigraphique des quarante jours qui décrit le ministère du Christ auprès des fidèles en terre sainte après sa résurrection. D'autres ont vu dans les chapitres 11-18 un rituel d'alliance qui amplifie fortement la signification du sermon sur la montagne dans l'Évangile de Matthieu (Welch, p. 34-83). Le récit ressemble également au message apocalyptique des livres d’Énoch : Depuis le type et le but du cataclysme initial jusqu’au caractère sublime de ses révélations aux fidèles et à la création d'une société juste, 3 Néphi est une histoire de théodicée, de théophanie et de théocratie.

Le texte donne des instructions pratiques pour mener une vie sainte. Ce n'est pas un texte exprimant un rêve utopique mais un manuel pratique de commandements à accepter dans des ordonnances d’alliance et à respecter strictement avec dévotion et une consécration pure à Dieu. Ce n'est pas le genre de la littérature de sagesse, pas simplement un livre de suggestions morales pour une bonne vie. Il explique clairement l'Évangile du Christ et rend les idéaux élevés du sermon sur la montagne vivables par tous ceux qui reçoivent le Saint-Esprit. Dotés de pouvoir par de véritables ordonnances chrétiennes et les dons du Saint-Esprit, les Néphites vont créer un paradis que ne surpassé en justice que la Sion d’Hénoc.
 
Cette Sion fait bon accueil à chacun, d’où qu’il vienne, de quelque époque il vienne. Il promet des bénédictions à « tous ceux qui ont le cœur pur » qui vont au Christ (3 Né. 12:3-9, italiques ajoutés). Ainsi, 3 Néphi invite tout le monde à accepter et à vivre l'Évangile du Christ pour perfectionner la société terrestre et à se joindre à la Sion de tous les peuples justes passés et à venir de sorte que, comme le dit Malachie, la terre ne soit pas « frappée d’interdit » à la seconde venue du Christ (JS–H 1:39). C'est l’exploit antique de Hénoc et l’espoir moderne de Joseph Smith. Le texte ne traite pas du royaume millénaire de Dieu et le Christ ne prie pas non plus ici : « Que ton règne vienne. » Car parmi ces heureux Néphites, il est déjà venu.
 
Livre de Mormon : Quatre Néphi
Auteur : REEVE, REX C.
 
Abrégé par Mormon, ce bref récit contient les écrits de quatre prophètes néphites (34-320 apr. J.-C.) : Néphi 4, fils de Néphi 3, qui était un disciple de Jésus ressuscité, Amos, fils de Néphi 4 et Amos et Ammaron, deux fils d’Amos. La première section de 4 Néphi résume brièvement quatre générations de paix, de justice et d'égalité qui ont résulté de la conversion du peuple à l’Évangile de Jésus-Christ après la visite du Sauveur ressuscité. Par contre, la dernière section annonce la destruction future de la nation néphite qui va suivre le rejet progressif et conscient du message de l'Évangile.
 
4 Néphi relate une époque inégalée dans la société humaine où tout le monde suit les enseignements du Christ pendant presque deux siècles. Ce que l’on retient le plus dans le livre, c’est sa description du pouvoir social et religieux de l'amour de Dieu qui a vaincu les querelles et les autres maux sociaux et politiques (4 Né. 1:15-16). Le peuple connaît un renouvellement urbain, une vie de famille stable, l'unité dans l'Église et l'égalité sociale et économique, ainsi que des miracles divins (1:3-13, 15-17). « Assurément il ne pouvait y avoir de peuple plus heureux… créé par la main de Dieu » (1:16).
 
Le livre annonce aussi l'apostasie future de la majeure partie de la population par rapport aux enseignements du Christ, introduisant un état de méchanceté et de chaos qui va finir par mener à une destruction totale. Selon le récit, le déclin individuel et collectif va être progressif, étape par étape, avec la perte de l'ordre social et religieux manifestée dans des querelles, l'orgueil engendré par la prospérité, les distinctions de classe avec une amplification des divisions sociales, le rejet du Christ et de son Évangile et la persécution de l'Église (1:24-46).
 
Bibliographie
Skinner, Andrew C. "The Course of Peace and Apostasy." Dans Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson, vol. 8. Salt Lake City, 1988.
REX C. REEVE, Jr.
 
Livre de Mormon : Livre de Mormon
Auteur : REEVE, REX C.
 
Le bref livre de Mormon (320-400/421 apr. J.-C.), à l’intérieur du Livre de Mormon, raconte l'effondrement extraordinaire de la civilisation néphite, comme cela a été prédit (1 Né. 12:19-20 ; Al. 45:10-14). Il consiste en l'abrégé fait par Mormon de son histoire plus détaillée et plus complète (Mrm. 1-6), en son exhortation finale aux futurs Lamanites et aux autres restes de la maison d'Israël (chapitre 7), et dans les avertissements prophétiques de Moroni 2, fils de Mormon, aux futurs lecteurs des annales (chapitres 8-9). Comme les Néphites du temps de Mormon ont rejeté Jésus-Christ et son Évangile, la superstition et la magie ont remplacé la révélation divine (Mrm. 1:13-19). Une escarmouche à la frontière (1:10) se transforme en guerre majeure, chassant les Néphites de leurs terres traditionnelles (2:3-7, 16, 20-21). Après une paix négociée de dix ans, ils repoussent une attaque lamanite, mais ils le font sans Mormon, ancien commandant de l'armée néphite, qui a refusé d’encore les diriger. La situation s’aggravant, Mormon accepte à contrecœur de commander l'armée néphite à Cumorah, où elles sont détruites (chapitres 3-6). Avec une angoisse intense, Mormon se lamente sur son peuple massacré : « Ô belles créatures, comment avez-vous pu rejeter ce Jésus qui se tenait, les bras ouverts, pour vous recevoir ? » (6:17-22).
 
Mormon termine ses annales en invitant les Lamanites et les autres restes de la maison d'Israël à s’informer sur leurs ancêtres, à déposer leurs armes de guerre, à se repentir de leurs péchés et à croire que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. Ses paroles finales sont : « Si vous croyez au Christ, et êtes baptisés, premièrement d'eau, ensuite de feu et du Saint-Esprit… tout ira bien pour vous au jour du jugement. Amen » (7:10).
 
Après la bataille finale (385 apr. J.-C.), Moroni 2, solitaire et incertain de sa propre survie, note la mort de son père et termine les annales de celui-ci (8:1-5). Quinze ans plus tard (400 apr. J.-C.), Moroni écrit que les survivants de son peuple ont été pourchassés d'un endroit à l'autre jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus sauf lui. Il observe aussi que les Lamanites se font la guerre et que tout le pays est témoin de continuelles effusions de sang. Une deuxième fois il termine l’ouvrage en promettant que ceux qui recevront ces annales dans le futur et ne les condamneront pas apprendront des choses spirituelles plus grandes (8:6-13).
 
Moroni va apparemment revenir une troisième fois aux annales (entre 400 et 421 apr. J.-C.). Après avoir eu une vision du futur (8:35), il témoigne que les plaques du Livre de Mormon paraîtront par le pouvoir de Dieu un jour où les gens ne croiront plus aux miracles. Les combinaisons secrètes abonderont, les Églises seront souillées et il y aura des guerres, des bruits de guerres, des tremblements de terre et de la souillure sur la terre. Moroni lance aussi des avertissements à ceux des derniers jours qui ne croient pas au Christ et qu nient les révélations de Dieu, s’opposant de ce fait aux œuvres du Seigneur (8:14-9 :27). Il mentionne la difficulté de tenir des annales, écrites comme elles l’étaient en « égyptien reformé » (9:31-33 ; cf. Ét. 12:23-25). Moroni termine le volume de son père par le témoignage de la véracité de ses paroles (9:35-37).
 
Bibliographie
MacKay, Thomas W. "Mormon and the Destruction of Nephite Civilization." Dans Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson, vol. 8. Salt Lake City, 1988.
REX C. REEVE, Jr.
 
Livre de Mormon : Livre d'Éther
Auteur : TANNER, MORGAN W.
 
Le livre d’Éther est le récit abrégé par Moroni 2 de l'histoire des Jarédites, qui sont allés sur le continent américain à l'époque de la « grande tour » de Babel et ont vécu dans la région plus tard connue sous le nom de « pays situé du côté du nord » chez les Néphites, bien avant la colonie de Léhi. Moroni raconte leur histoire, écrite sur les vingt-quatre plaques d'or trouvées par le peuple de Limhi et traduites par Mosiah 2 (Mos. 28:11-19). Éther, dernier prophète des Jarédites et survivant de leur annihilation, grave ces plaques peu après la destruction finale de son peuple. On ne sait pas si Moroni s'est basé sur la traduction de Mosiah ou s’il a retraduit entièrement ou partiellement les annales jarédites. Moroni affirme humblement n’avoir pas écrit « la centième partie » des annales d’Éther (Ét. 15:33).
 
La structure du livre d’Éther ressemble beaucoup au reste du Livre de Mormon. Il parle de l'émigration d’un peuple par voie de terre et de mer du Proche-Orient, de l’intervention de Dieu pour conduire ce peuple par l’intermédiaire de prophètes, de sa croissance, de sa prospérité et de sa chute, le tout en rapport direct avec son obéissance aux commandements du Seigneur dans sa terre promise. Moroni inclut le livre d’Éther parce que son père Mormon avait projeté de le faire (Mos. 28:19) mais pour une raison quelconque ne l’a pas fait. Tous les deux connaissaient la valeur de ces annales et pouvaient voir que l'histoire des Jarédites ressemblait fort à certains événements néphites.
 
Moroni va annexer cette histoire au récit néphite comme deuxième témoin contre les maux et les combinaisons secrètes qui ont conduit à l'annihilation des Jarédites et des Néphites. Plusieurs de ses thèmes renforcent les messages de la section néphite du Livre de Mormon : la nécessité de suivre les prophètes et de s’éloigner de la méchanceté persistante et pernicieuse, le pouvoir de la foi au Seigneur manifesté par Jared et le frère de Jared, le témoignage que Jésus-Christ est le Dieu éternel sauveur et l'effondrement d'une nation quand son peuple choisit délibérément la méchanceté. Néanmoins, il y a des différences culturelles notables entre les civilisations jarédite et néphite ; par exemple, les Jarédites étaient exclusivement gouvernés par des rois et ils n’avaient pas les lois et les coutumes israélites puisqu'ils étaient antérieurs à Moïse.
 
Bien que condensé, le livre reflète un style épique (voir CWHN 5:153-449 ; 6:329-58). Il commence par l'émigration des Jarédites, partis « de la grande tour » (Ét. 1:33, cf. Ge. 11:9) et de la vallée de « Nimrod » (Ét. 2:1 ; cf. Ge. 10:8) vers une nouvelle terre de promission sur le continent américain. Il abrège ensuite l’histoire des rois et des guerres jarédites et conclut par la destruction de la civilisation jarédite. Voici une brève esquisse du livre : Le lignage royal d’Éther est donné (chapitre l) ; Jésus prémortel apparaît au frère de Jared en réponse à ses prières et touche seize petites pierres, les faisant briller pour fournir de la lumière pendant que les barques jarédites traversent la mer (chapitres 2-6) ; les générations des rois jarédites vivent, chassent, se disputent, entrent dans des combinaisons secrètes et les prophètes jarédites mettent en garde contre la destruction imminente (chapitres 7-11) ; Moroni certifie qu’Éther était un prophète qui avait une grande foi et une grande connaissance (chapitres 12-13) ; Éther est témoin de l'annihilation des armées jarédites et la rapporte (chapitres 14-15).
 
Les personnages principaux et les déclarations doctrinales principales apparaissent pour le plupart au commencement et à la fin du livre d’Éther. Le choix des textes fait par Moroni est d'importance capitale, parce qu’il imprègne l'histoire d’idées, d’exhortations et de comparaisons majeures. Jared est mentionné dès le départ comme fondateur du peuple jarédite. Les révélations et la foi du frère de Jared se voient accorder une importance spéciale au commencement et à la fin du livre. Shiz et Coriantumr sont des figures historiques et symboliques cruciales parce qu'ils deviennent les instruments de l'annihilation. Éther, l'auteur du texte sous-jacent, est témoin oculaire des batailles finales et Moroni considère ses prophéties comme « grandes et merveilleuses » (Ét. 13:13). Le milieu du livre raconte les événements plus banals liés aux règnes des rois jarédites.
 
Plusieurs points de doctrine enseignés dans le livre d’Éther sont très estimés chez les saints des derniers jours, à savoir que la prospérité dans la terre promise (l’Amérique) est conditionnée par le service du « Dieu du pays qui est Jésus-Christ » (Ét. 2:12), que le Christ prémortel avait un corps d'esprit « semblable à la chair et au sang » (3:6), que Dieu est un Dieu de puissance et de vérité (3:4, 12), que trois témoins confirmeront la véracité du Livre de Mormon (5:3), que la corruption et la chute de la société peuvent venir des combinaisons secrètes (8:22), que le Seigneur montrera à l’humanité sa faiblesse pour que par l'humilité les choses faibles puissent devenir des forces (12:27) et qu’une nouvelle Jérusalem sera un jour édifiée sur le continent américain (13:3-12).
 
Bibliographie
Sperry, Sidney B. Book of Mormon Compendium, p. 460-481. Salt Lake City, 1968.
Welch, John W. "Sources Behind the Book of Ether" F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1986.
MORGAN W. TANNER
 
Livre de Mormon : Livre de Moroni
Auteur : WILCOX, S. MICHAEL
 
Entre 400 et 421 apr. J.-C., Moroni 2, le dernier gardien des plaques d'or, compile le livre final des annales du Livre de Mormon. Il écrit : J'avais pensé que je n’écrirais plus ; mais j'écris encore un petit nombre de choses, afin qu’elles aient peut-être de la valeur pour mes frères » (Mro. 1:4). Il rassemble ensuite des points plus ou moins apparentés mais importants, notamment les ordonnances accomplies dans l'Église de son temps et dans le l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours aujourd'hui (chapitres 2-6), l’un des sermons de son père (chapitre 7) et deux des lettres de son père (chapitre 9). Il conclut par son propre témoignage et ses exhortations au lecteur (chapitre 10).
 
ORDONNANCES (CHAPITRES 2-6). Le chapitre 2 contient des instructions données par Jésus-Christ ressuscité à ses douze disciples sur le continent américain au moment où il leur confère le don du Saint-Esprit. Ce don est conféré au nom de Jésus-Christ et par l’imposition des mains de quelqu’un qui a reçu l'autorité. Le chapitre 3 explique que les prêtres et les instructeurs étaient ordonnés au nom de Jésus-Christ par l’imposition des mains par quelqu’un détenant l’autorité requise. La fonction principale des prêtres et des instructeurs était d'enseigner le repentir et la foi en Jésus-Christ. Les chapitres 4 et 5 contiennent les prières fixes pour bénir le sacrement du repas du Seigneur, prières actuellement utilisées dans l'Église. Le chapitre 6 décrit les conditions pour le baptême, notamment le « cœur brisé », l’esprit contrit et le repentir véritable. Moroni explique ensuite comment les membres de l’Église enregistrent les noms de tous les membres, s’instruisent mutuellement, se réunissent dans le jeûne et la prière et prennent souvent la Sainte-Cène.
 
SERMON ET LETTRES DE MORMON (CHAPITRES 7-9). Le sermon de Mormon (chapitre 7) traite de la foi, de l’espérance et de la charité et comprend des enseignements sur la façon de distinguer le bien du mal, la nécessité des dons spirituels, la nature des miracles et des instructions sur la façon d’obtenir la charité, « l'amour pur du Christ » (7:47).
 
La première lettre (chapitre 8) condamne le baptême des petits enfants. Mormon enseigne que les enfants sont rendus purs par l'expiation du Christ et n'ont pas besoin du pouvoir purificateur du baptême tant qu’ils ne sont pas assez âgés pour être responsables de leurs actions et être capables de se repentir de leurs péchés.
 
La deuxième lettre (chapitre 9) expose le niveau de dépravation auquel les Néphites et les Lamanites sont tombés (avant 385 apr. J.-C.), donnant les raisons de leur destruction prophétisée (« [ils sont] sans principes et [ont] perdu toute sensibilité », verset 20), ainsi que la charge donnée par Mormon à son fils de rester fidèle au Christ malgré la méchanceté de leur société.
 
EXHORTATION ET ADIEU (CHAPITRE 10). Moroni recommande instamment à tous ceux qui lisent le Livre de Mormon de réfléchir et de prier pour avoir le témoignage divin de sa véracité (versets 3-5) et de ne pas nier les dons du Saint-Esprit, qu'il énumère (versets 8-19). Il rend son témoignage personnel de Jésus-Christ et lance cette invitation à tout le monde : « Venez au Christ, et soyez rendus parfaits en lui, et refusez-vous toute impiété » (verset 32). Il dit adieu à ses lecteurs jusqu'à ce qu'il les rencontre le jour final du jugement « devant la barre agréable du grand Jéhovah » (verset 34).
 
Bibliographie
Jackson, Kent P., dir. de publ., Studies in Scripture, Vol. 8, p. 282-312. Salt Lake City, 1988.
S. MICHAEL WILCOX
 
Livre de Mormon – Auteurs
Auteur : Wirth, Diane E.
 
Beaucoup d’études ont été faites pour savoir qui étaient les auteurs du Livre de Mormon parce que le livre se présente comme l’œuvre composite de plusieurs auteurs antiques. Ceux qui rejettent l'affirmation de Joseph Smith qu'il a traduit le livre par la puissance divine considèrent que c’est lui ou l’un de ses contemporains qui a écrit le livre. Divers arguments ont été avancés pour appuyer ou réfuter ces points de vue opposés.
 
La controverse sur le point de savoir qui était l’auteur du livre a commencé dès que son existence est devenue de notoriété publique. La première réaction générale a été la moquerie. L’esprit moderne n'accepte pas facilement l'idée qu'un ange puisse remettre des documents antiques à un jeune homme sans formation pour qu’il les traduise. De plus, la plupart des chrétiens de 1830 considéraient le canon de l'Écriture comme complet avec la Bible ; par conséquent, le simple fait d’envisager qu’il puisse exister des Écritures supplémentaires était une violation d’un dogme de base de leur foi. Les adversaires de Joseph Smith, comme par exemple Alexander Campbell, affirmaient aussi que le Livre de Mormon plagiait la Bible et qu’on y retrouvait des thèmes et une phraséologie courants à New York dans les années 1820. Beaucoup de critiques ont avancé la supposition que Sidney Rigdon ou Solomon Spaulding ont joué un rôle dans la rédaction du livre. On a également avancé que Joseph Smith a emprunté des idées à un autre livre. Bien que ces diverses objections et théories soient encore défendues dans beaucoup de milieux, elles ne sont pas confirmées par les études modernes en matière d’auteurs et continuent à soulever autant de questions que celles auxquelles elles essayent de répondre (par exemple, CWHN 8:54-206).
 
Certains ont prétendu que Joseph Smith avait reconnu qu'il était l'auteur du Livre de Mormon parce que la page de titre de la première édition le présente comme « auteur et propriétaire ». Mais cette formule était exigée par les statuts fédéraux sur le copyright et les formules juridiques fédérales qui avaient cours en 1829 (1 Stat. 125 [1790], modifié 2 Stat. 171 [1802]). Dans la préface de la même édition de 1830, Joseph Smith dit avoir traduit les écrits de Mormon « par le don et le pouvoir de Dieu ». La position de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours a invariablement été que la véracité du témoignage de Joseph Smith peut être validée par le témoignage du Saint-Esprit.
 
La recherche a fait ressortir une diversité d’éléments à l'appui de l'affirmation que les textes du Livre de Mormon ont été écrits par des auteurs antiques multiples. Ces études augmentent de manière considérable le caractère plausible des dires de Joseph Smith concernant l'origine du livre.
 
La complexité interne du Livre de Mormon est souvent citée comme une forte indication de l’existence d'auteurs multiples. Les nombreux écrits censément abrégés par Mormon sont entremêlés d’une manière complexe et souvent expressément identifiés. Les divers livres à l’intérieur du Livre de Mormon diffèrent entre eux par le cadre historique, le style et les caractéristiques distinctives tout en étant précis et cohérents dans le moindre détail.
 
Les études historiques ont démontré que beaucoup de choses, soit inconnues soit d’accès difficile en 1829 en ce qui concerne le Proche-Orient antique, se retrouvent avec précision dans le Livre de Mormon. Cet ensemble de recherches historiques a été étendu par l’œuvre de Hugh W. Nibley, qui a récemment découvert que des communautés antiques telles que Qumran ont beaucoup de caractéristiques parallèles à celles des peuples du Livre de Mormon (CWHN 5-8). Les juifs de Qumran étaient des « sectaires », des puristes qui avaient quitté Jérusalem pour éviter la corruption de leurs alliances ; ils pratiquaient des ablutions (un type de baptême) avant la période du Christ et ont écrit l’un de leurs documents sur un rouleau de cuivre qu'ils ont scellé et ont caché en vue de sa parution un jour futur. L’une des analyses de Nibley démontre que le discours d'adieu du roi Benjamin à son peuple (Mos. 2-5) est un bon exemple d’une fête antique de nouvel an (CWHN 6:295-310). Des études ultérieures ont suggéré que le peuple du roi Benjamin a pu célébrer la fête israélite de soukkoth et fait des choses requises par des lois juives qui n’ont été traduites en anglais qu'après la parution du Livre de Mormon (Tvedtnes, 1990).
 
Les études sur la structure du livre ont dégagé une forme littéraire artistique, le chiasme, qui apparaît dans une riche diversité dans la Bible et dans le Livre de Mormon. Les études structurelles les plus importantes du Livre de Mormon découlent de l'analyse de John W. Welch (Reynolds, p. 33-52). Peu connue en 1829, cette forme littéraire crée un parallélisme inversé comme on en trouve dans ce passage biblique du Lévitique 24:17-21 :
 
Celui qui frappera un homme mortellement…
   Celui qui frappera un animal mortellement…
      Si quelqu’un blesse son prochain …
         Fracture pour fracture,
            oeil pour œil,
            dent pour dent.
         Il lui sera fait la même blessure …
      Celui qui tuera un animal …
Celui qui tuera un homme ….
 
Et dans le Livre de Mormon, dans Alma 41:13-14 (cf. Welch, p. 5-22) :
 
Le bien à ce qui est bien,
   le droit à ce qui est droit,
      le juste à ce qui est juste,
         le miséricordieux à ce qui est miséricordieux.
            C’est pourquoi, mon fils,
         veille à être miséricordieux…
      agis avec justice,
   juge avec droiture
et fais continuellement le bien.
 
Bien que le chiasme puisse apparaître dans presque n'importe quelle langue ou littérature, il était répandu à l’époque biblique vers le début du septième siècle av. J.-C., époque des prophètes Léhi et Néphi 1 du Livre de Mormon. La rédaction particulièrement précise et belle de plusieurs textes du Livre de Mormon confirme l'idée que leurs auteurs suivaient délibérément et minutieusement les conventions littéraires antiques, ce qui contredit la conception selon laquelle Joseph Smith, né en Nouvelle Angleterre, a pu être l’auteur de ces passages.
 
D'autres études stylistiques ont examiné la fréquence des mots racines, des idiomes et de la syntaxe hébraïques dans le Livre de Mormon (Tvedtnes, 1970). Certains noms du Livre de Mormon qui n'ont pas d’équivalent anglais ont des noms hébreux apparentés (Hoskisson ; CWHN 6:281-294). Il y a aussi des différences perceptibles entre les vocabulaires et les techniques d'abrègement de Mormon et de son fils Moroni.
 
Des études statistiques intensives, notamment la stylométrie (ou wordprinting), ont été entreprises sur le Livre de Mormon (Reynolds, p. 157-188 ; cf. Hilton). Des blocs de texte ont été analysés pour mettre en évidence la tendance quasiment inconsciente des auteurs à utiliser des mots non contextuels avec une fréquence et dans des combinaisons qui leur sont propres. La technique du wordprinting [NdT : le mot « wordprint » a été créé à partir de « fingerprint », voulant dire que de même qu’un individu donné a des empreintes digitales qui l’identifient à coup sûr, de même toute personne qui écrit a une empreinte sémantique, caractérisée par une utilisation de mots non liés au contexte qui lui est propre et donc l’identifie] a été utilisée pour découvrir qui était l’auteur de documents tels que les douze Federalist Papers dont l’origine faisait l’objet de controverses et un roman de Jane Austen publié à titre posthume. Appliquée au Livre de Mormon, la technique du wordprinting révèle que les tendances dans l’utilisation de mots non contextuels dans Livre de Mormon diffèrent considérablement des écrits personnels de Joseph Smith, de Salomon Spaulding, de Sidney Rigdon et d'Oliver Cowdery, qui ont été les secrétaires de Joseph Smith. En outre, celles de Néphi 1 sont cohérentes entre elles mais différentes de celles d'Alma 2. Les résultats de la mesure objective de ces phénomènes sont qu’il est statistiquement hautement improbable que le Livre de Mormon ait pu être écrit par un seul auteur. L'introduction d’un vocabulaire nouveau dans le texte est très lente, ce qui cadre avec le rôle uniforme joué par Joseph Smith comme traducteur.
 
Bibliographie
Hilton, John L. "On Verifying Wordprint Studies : Book of Mormon Authorship." BYU Studies 30 (Summer 1990), p. 89-108.
Hoskisson, Paul. "An Introduction to the Relevance of and a Methodology for a Study of the Proper Names of the Book of Mormon." Dans By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2, p. 126-135. Salt Lake City, 1990.
Keller, Roger R. "Mormon and Moroni as Authors and Abridgers." F.A.R.M.S Update, avr. 1988.
Reynolds, Noel B., dir. de publ. Book of Mormon Authorship : New Light on Ancient Origins. Provo, Utah, 1982.
Tvedtnes, John. "Hebraisms in the Book of Mormon : A Preliminary Survey." BYU Studies 2 (Autumn 1970), p. 50-60.
Tvedtnes, John. "King Benjamin and the Feast of Tabernacles." Dans By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2, p. 197-237. Salt Lake City, 1990.
Welch, John W. "Chiasmus in Biblical Law." Dans Jewish Law Association Studies IV, dir. de publ. B. Jackson, p. 5-22. Atlanta, 1990.
Wirth, Diane E. A Challenge to the Critics : Scholarly Evidences of the Book of Mormon. Bountiful, Utah, 1986.
D. BRENT ANDERSON
DIANE E. WIRTH
 
Livre de Mormon – Chronologie
Auteur : Pratt, John P.
 
Le Livre de Mormon contient une chronologie qui a une cohérence interne sur les mille années d'histoire néphite, avec des dates néphites précises pour plusieurs événements, notamment la crucifixion de Jésus-Christ. Cependant, on n’a pas pu relier sa chronologie de manière formelle à d'autres calendriers à cause du caractère incertain des dates bibliques et du manque de détails concernant les calendriers néphites. Il existe encore moins de renseignements sur la chronologie jarédite (Sorenson, 1969).
 
CHRONOLOGIE NÉPHITE INTERNE. Les Néphites tenaient avec précision le calcul de leur temps par rapport à au moins trois points de référence : 1. Les années étaient comptées à partir du moment où Léhi avait quitté Jérusalem (Én. 1:25 ; Mos. 6:4) ; c’était non seulement une date d'origine importante, mais un ange avait également dit que le Sauveur viendrait « 600 ans » après cette date (1 Né. 19:8).
 
2. Le temps était également mesuré à partir du commencement du règne des juges (v. 91 av. J.-C. ; cf. 3 Né. 1:1), qui a marqué une réforme politique importante mettant fin à cinq siècles de royauté néphite (Jcb. 1:9-11 ; Al. 1:1), pendant lesquels les années du règne de chaque roi étaient comptées selon les pratiques typiques du monde antique (1 Né. 1:4 ; Mos. 29:46).
 
3. Les Néphites ont calculé plus tard le temps à partir du signe de la naissance du Christ (3 Né. 2:8).
Le Livre de Mormon relie les trois systèmes dans plusieurs passages qui sont manifestement cohérents. Le tableau 1 mentionne plusieurs événements utilisant les systèmes néphite.
La majeure partie des annales néphites concerne trois périodes historiques : l’époque de Léhi et de ses fils (v. 600-500 av. J.-C.), les événements précédant et suivant la venue du Christ (v. 150 av.-34 apr. J.-C.), et la destruction des Néphites (v. 300-420 apr. J.-C.). C’est ainsi que le livre relativement grand d'Alma ne couvre que trente-neuf ans, alors que les livres beaucoup plus petits d'Omni et de 4 Néphi couvrent chacun plus de deux cents ans.
 
Les éditions du Livre de Mormon publiées par l’Église donnent les dates en années néphites, déduites du texte, au bas des pages. Il n’y a cependant pas de description de la nature exacte de l'année néphite. Elle commençait par le « premier jour » du « premier mois » (Al. 51:37-52:1 ; 56:1), et elle comptait probablement douze mois parce que le onzième mois était « tout à la fin » de l'année (Al. 48:2, 21 ; 49:1), mais la durée des mois et de l'année elle-même n’est pas mentionnée.
 
Jusqu'à la venue du Christ, les Néphites ont observé la loi de Moïse (2 Né. 25:24 ; Al. 25:15), qui utilisait généralement les mois lunaires (de nouvelle lune à nouvelle lune). Le Sauveur a été crucifié le quatorzième jour du premier mois lunaire du calendrier juif (Jn. 19:14 ; Lé. 23:5), mais le quatrième jour du premier mois néphite (3 Né. 8:5). Cela peut vouloir dire que les mois néphites n'étaient pas lunaires à ce moment-là et que leur calendrier civil a pu être différent de leur calendrier religieux.
John L. Sorenson (1990) a observé que pendant le règne des juges les guerres se limitaient la plupart du temps à quatre mois néphites consécutifs. On peut faire correspondre approximativement ces mois à notre calendrier parce que même aujourd'hui les guerres en Mésoamérique (la région probable de la géographie du Livre de Mormon pendant la majeure partie de l'histoire néphite) ont lieu la plupart du temps pendant la saison sèche après la moisson d’automne. Cette corrélation implique que l'année néphite commençait à ce moment-là en décembre. Cela signifierait que parce que la crucifixion du Christ (vraisemblablement début avril) s'est produite le premier mois néphite, les Néphites ont probablement décalé leur calendrier pour faire commencer le premier mois en avril en même temps qu’ils ont commencé à compter le temps à partir de la naissance du Christ. Cette conclusion correspond à ce que disent les annales néphites que le Christ est né peu après la fin de l'année néphite (3 Né. 1:1-9).
 
CHRONOLOGIE EXTERNE. Les éléments dont nous disposons nous permettent d’attribuer deux longueurs possibles à l’année néphite : 365 jours et 360 jours. On peut faire correspondre chacune d’elles à l'histoire externe. La chronologie interne est cohérente, de sorte que si l’on connaissait la nature exacte du calendrier néphite, il suffirait d’un seul point de référence dans l'histoire externe pour fixer la chronologie néphite tout entière. Il faudrait cependant au moins deux dates de ce genre pour déterminer la durée de l'année néphite. Trois événements principaux sont communs aux sources néphites et à celles du Vieux Monde : (1) la première année du règne de Sédécias, roi de Juda ; (2) la naissance du Christ et (3) la mort du Christ. Comme il y a divers degrés d'incertitude au sujet de ces trois points de référence, on a proposé des méthodes de corrélation alternatives, chacune utilisant deux de ces dates.
 
D'abord, Orson Pratt a proposé la théorie que les Néphites utilisaient une année de 365 jours, comme les Égyptiens avant eux et comme les Mésoaméricains après eux (Millennial Star 28, 22 déc. 1866, p. 810). On a noté (Lefgren) qu'une telle année correspond, au jour près, à l’un des choix pour les dates de naissance et de décès du Christ, à savoir respectivement le jeudi 6 avril de l’an 1 av. J.-C., et le vendredi 1er avril de l’an 33 apr. J.-C. (calendrier grégorien). Ces deux dates sont soutenues par d'autres arguments (J. Pratt, 1985 et 1990). Cette théorie suppose que le troisième système du calcul néphite a commencé le jour même de la naissance du Christ, ce qui n'est pas dit explicitement dans le Livre de Mormon mais correspond aux conclusions de Sorenson ci-dessus.
 
En second lieu, la plupart des historiens croient que la première année du roi Sédécias a commencé en 598-596 av. J.-C. Léhi a quitté Jérusalem peu après (1 Né. 1:4 ; 2:4). La date de la naissance du Christ n'est pas connue directement d’après les sources historiques, mais on croit que le roi Hérode est mort en 5-4 av. J.-C., ce qui veut dire que le Christ a dû naître un peu plus tôt (Mt. 2:1). En prenant ces deux événements comme points de référence, Huber a proposé une année néphite de 360 jours parce que 600 années de ce genre correspondent à l'intervalle entre Léhi et le Christ (3 Né. 1:1) ; pareil système a un précédent historique et est apparemment à la base de certaines prophéties dans lesquelles le mot « temps » peut être égal à 360 jours (par exemple, Ap. 12:14).
 
Bibliographie
Brown, S. Kent ; C. Wilfred Griggs et H. Kimball Hansen. "Review of April Sixth by John C. Lefgren." BYU Studies 22 (Summer 1982), p. 375-383. Voir réfutation et réponse dans BYU Studies 23 (Spring 1983), p.252-255.
Huber, Jay H. "Lehi's 600 Year Prophecy and the Birth of Christ." F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1982.
Lefgren, John C. April Sixth. Salt Lake City, 1980.
Pratt, John P. "The Restoration of Priesthood Keys on Easter 1836. Part 1: Dating the First Easter." Ensign 15 (juin 1985), p. 59-68.
Pratt, John P. "Yet Another Eclipse for Herod." The Planetarian 19 (déc. 1990), p. 8-14.
Sorenson, John L. "The Years of the Jaredites." F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1969.
Sorenson, John L. "Seasonality of Warfare in the Book of Mormon and in Mesoamerica." Dans Warfare in the Book of Mormon, dir. de publ. S. Ricks et W. Hamblin, p. 445-477. Salt Lake City, 1990.
JOHN P. PRATT
 
Livre de Mormon dans une culture biblique
Auteur : Smith, Timothy L.
 
Point n’est besoin de voir plus loin que les sectes revivalistes qui régnaient en Amérique pour découvrir pourquoi les tout premiers missionnaires mormons ont trouvé directement des gens pour les écouter au sujet de leur livre sacré. Les appels fermes à la justice et à l'obéissance personnelles aux exigences morales des Écritures judéo-chrétiennes étaient, en 1830, les motifs dominants de toutes les confessions protestantes. De plus, toutes les sectes américaines avaient leur théorie au sujet de l'histoire ancienne et future des Indiens et des Juifs.
 
Ces intérêts et ces croyances étaient également prédominants parmi les pasteurs méthodistes, congrégationalistes et baptistes desservant des assemblées dans et autour du Cheshire, dans le nord de l’Angleterre. Le Journal de Heber C. Kimball, où se trouve le récit de sa mission en Grande-Bretagne, montre comment l’épanouissement de l'étude biblique et des théories millénaristes y avait préparé le terrain à une première évangélisation mormone. Il raconte que même les ecclésiastiques de l’Église anglicane disaient à leurs assemblées que les enseignements des saints des derniers jours révélaient les mêmes principes que les apôtres d’autrefois avaient enseignés.
 
Le Livre de Mormon donne aussi des indications précises sur plusieurs sujets que les Écritures chrétiennes semblent avoir laissés peu clairs, notamment le baptême par immersion et les promesses selon lesquelles tous les croyants, et pas simplement les apôtres, peuvent « être remplis du Saint-Esprit », que les croyants chrétiens peuvent être rendus purs de cœur (comme John Wesley l’avait souligné le siècle précédent), que tout le monde, et pas simplement les « élus », peut faire l'expérience de recevoir le salut en répondant librement à une grâce accordée gratuitement et que l’obéissance et les œuvres de justice sont le fruit de cette expérience. Le livre affirme aussi la véracité des récits bibliques concernant la dispersion d'Israël en affirmant que les indigènes Américains proviennent de descendants de Joseph et de Juda.
 
Le pouvoir de persuasion des nouvelles Écritures et des missionnaires qui les ont exposées résidait donc dans leur témoignage de croyances qui étaient essentielles pour les sectes protestantes évangéliques tant dans l’Amérique jacksonienne que dans l’Angleterre victorienne de l’époque. Parley P. Pratt, l’un de ces premiers missionnaires mormons, disait à ses auditeurs anglais que deux erreurs dans l'interprétation de la Bible avaient causé une incertitude généralisée. L’une d’elles était la croyance que l'inspiration directe par le Saint-Esprit n'était pas prévue pour toutes les époques de l'Église et l'autre était que les Écritures juives et chrétiennes contenaient toute la vérité nécessaire au salut ainsi qu’une règle suffisante pour la foi et la pratique.
 
Certains diacres et anciens du XIXe siècle et un petit nombre de pasteurs évangéliques se débattaient contre la tentation grave de douter de la vérité et de la pertinence de grandes parties du livre sur lequel on leur avait enseigné à faire dépendre leur destin éternel. C’est vrai que les détails des histoires racontées dans les deux livres sacrés étaient radicalement différents. Mais ils s’adaptaient merveilleusement l’un à l’autre. Et leur structure morale, l'histoire qu'ils racontaient sur Jésus, leur promesse de salut et leur description des derniers jours de l'humanité étaient remarquablement semblables. Bien que les nouvelles Écritures eussent des ressemblances avec l’arminianisme évangélique aux dépens des idées calvinistes longtemps dominantes dans l’Amérique coloniale, il en allait de même des enseignements dispensés au début du XIXe siècle par beaucoup de protestants, même presbytériens, sans parler des méthodistes et des disciples du Christ. Les saints des derniers jours déclaraient que, par la voix de deux témoins, la Bible et le Livre de Mormon, la vérité était confirmée, tout comme le prophète Néphi 1 l’avait prédit (cf. 2 Né. 29:8).
 
Aux yeux de certains qui ne sont pas membres de l'Église, le Livre de Mormon renforce l'autorité de l'Écriture sainte de cinq manières importantes. La toute première en importance est l'affirmation du volume que la religion chrétienne est basée sur les Ancien et Nouveau Testaments. Le livre affirme ce que les recherches bibliques récentes rendent certain : la continuité de la théologie, de l'éthique et de la spiritualité que les deux testaments ont proclamées. Dans le Livre de Mormon, Jésus est le Seigneur qui a donné la loi à Moïse et le Christ ressuscité est identique au Messie d'Ésaïe le prophète. Il remet exactement le même message de rédemption, de foi et d'une nouvelle vie de justice par le Saint-Esprit que le Nouveau Testament lui attribue.
 
Deuxièmement, le Livre de Mormon renforce la vision unificatrice de la religion biblique, la fondant sur la conviction d'une humanité commune que les histoires de la création déclarent, que la promesse de Dieu à Abraham implique et que Jésus affirme. Le millénarisme puritain a pu inspirer une conception ethnocentrique de la destinée anglo-saxonne, mais l'image du futur dans le Livre de Mormon va tout à fait à l’opposé. Elle envisage une conversion mondiale des croyants et leur rassemblement final dans le royaume de Dieu. Cela commence là où la « paroisse mondiale » de John Wesley s’arrête.

Troisièmement, le lien biblique qui rattache la sainteté à l'espérance de salut, tant individuel que social, trouve aussi sa confirmation dans le Livre de Mormon. Il est certain que les méthodistes n'avaient pas l’exclusivité de ce rattachement, car les prédicateurs baptistes, les congrégationalistes de Charles G. Finney, les disciples du Christ d'Alexander Campbell et des unitariens comme William E. Channing l'ont affirmé. Les anciens Néphites écoutaient la parole de leurs prophètes et attendaient la seconde venue de Jésus-Christ, le Fils de la Justice. Quand il est apparu à leurs descendants dans le Nouveau Monde, Jésus a répété d’une manière encore plus claire les paroles du sermon sur la montagne qu'il avait proclamé dans le Vieux.
 
Quatrièmement, la traduction par Joseph Smith d'un livre sacré ancien a contribué à amener à maturité un autre mouvement, qui grandissait depuis longtemps chez les puritains, les piétistes, les quakers et les méthodistes, celui de restaurer dans la doctrine chrétienne l'idée de la présence du Saint-Esprit dans la vie des croyants. Charles G. Finney en vint finalement à croire, par exemple, que le baptême du Saint-Esprit ou l'expérience de la sanctification complète remédierait aux insuffisances de la justice et de l’amour qu’il voyait chez ses convertis. C’était, bien entendu, aussi le cas pour presque tous les méthodistes. Les observateurs tant de l’intérieur que de l’extérieur de l'Église rétablie ont témoigné que dans les premières années quelque chose d’apparenté aux phénomènes de pentecôte modernes se produisait au moins le cercle intérieur des saints. Dans les années 1830, les évangéliques de plusieurs traditions ont considérablement étendu leur utilisation de l'exemple du jour de la Pentecôte pour déclarer que la puissance de Dieu est à l’œuvre dans le monde.
 
Cinquièmement, le Livre de Mormon a eu sa part dans le rétablissement de certaines espérances chrétiennes que dans les derniers temps les prophéties bibliques s’accompliront littéralement. Ceux qui par la foi et le baptême deviennent des saints seront inclus parmi le peuple de Dieu, choisis à la « onzième heure ». Eux aussi doivent se rassembler en Sion, une nouvelle Jérusalem pour le Nouveau Monde, et dans une Jérusalem rétablie dans le Vieux ; et le Christ reviendra effectivement.

Quelles que soient les interprétations de la King James Version des Écritures que les saints des derniers jours aient élaborées plus tard, le rôle de soutien mutuel de la Bible et du Livre de Mormon était au cœur de la pensée de Joseph Smith, des premiers missionnaires et de leurs convertis.
 
Bibliographie
Kimball, Heber C. Journal. Nauvoo, Ill., 1840.
Smith, Timothy L. "The Book of Mormon in a Biblical Culture." Journal of Mormon History 7 (1980) :3-21.
TIMOTHY L. SMITH
 
Livre de Mormon – Économie et technologie
Auteur : Peterson, Daniel C.
 
Le Livre de Mormon donne des renseignements sur trois peuples américains préhispaniques. Bien que ses auteurs ne donnent pas une image détaillée de la culture économique et matérielle de leurs sociétés, de nombreux détails accessoires sont préservés dans le récit. Dans beaucoup de cas, bien que pas dans tous, l'archéologie confirme les détails généraux. Les problèmes que l’on a encore à faire entrer le Livre de Mormon dans son cadre ancien présumé sont dus sans aucun doute à la rareté des informations fournies dans le livre lui-même et au caractère incomplet des données archéologiques.
 
Tester ce que le Livre de Mormon dit au sujet de la culture matérielle précolombienne est plus difficile qu’on pourrait le croire au premier abord. Par exemple, c'est un fait historiquement bien établi que les techniques artisanales peuvent se perdre ; on ne peut donc pas considérer sans risque de se tromper que les technologies mentionnées pour les populations limitées du Livre de Mormon ont survécu après la destruction des Néphites. On ne peut pas non plus considérer que l’on a réussi à transférer les technologies du Vieux Monde dans le Nouveau. Beaucoup d’artisanats devaient être inconnus des petits groupes de colons, et même parmi les techniques qui ont été transportées de l’autre côté de la mer, beaucoup ont pu ne pas s’avérer utiles ou adaptables dans le nouvel environnement. On ne peut même pas avoir la certitude que les techniques attestées dans les premières parties du Livre de Mormon ont survécu dans l'histoire ultérieure au sein du livre lui-même.
 
L'économie des peuples du Livre de Mormon paraît, dans l'ensemble, avoir été relativement simple. Bien que beaucoup de Néphites et de Jarédites aient vécu dans des villes de taille modeste (un fait dont la plausibilité a été augmentée par les recherches récentes), leurs sociétés étaient basées sur l’agriculture. Le commerce est mentionné pour certaines époques, mais il était entravé par des guerres fréquentes. Dans les périodes rarement mentionnées de liberté de déplacements, les barrières aux échanges commerciaux tombaient et les Lamanites et les Néphites prospéraient comme on pouvait le prévoir (par exemple, Hél. 6:7-9).
 
En dépit de la base agraire de l'économie, la richesse se manifestait sous forme de troupeaux de gros et de petit bétail, de vêtements coûteux, d’or, d’argent et de « choses précieuses » plutôt que de terres (Jcb. 2:12-13 ; Én. 1:21 ; Jm. 1:8 ; Mos. 9:12 ; Al. 1:6, 29 ;17:25 ;32:2 ; Ét. 10:12). L'idéologie des principaux peuples du Livre de Mormon a sans aucun doute contribué à ce phénomène : Ils se considéraient comme un reste juste obligé d’abandonner ses demeures confortables et de partir dans le désert à cause de ses convictions religieuses. Puisque des populations entières semblent s'être déplacées souvent, les terres ne devaient pas être une source stable de richesse (2 Né.. 5:5-11 ; Om. 12-13, 27-30 ; Mos. 9 ;18:34-35 ; 22 ; 24:16-25 ; Al. 27 ; 35:6-14 ; 63:4-10 ; Hél. 2:11 ; 3:3-12 ; 4:5-6, 19 ; 3 Né. 3:21-4 :1 ; 7:1-2). Idéalement, la richesse devait être partagée avec les pauvres et pour le bien commun, mais ce que l’on observe le plus souvent, ce sont les contrastes marqués entre riches et pauvres.
 
L'agriculture dans le Livre de Mormon portait sur le bétail et la culture. Par exemple, au cinquième siècle av. J.-C., le peuple néphite « laboura la terre, et cultiva toutes sortes de grains, et de fruits, et éleva de nombreux troupeaux, et des troupeaux de toutes sortes de bétail de toute espèce, et des chèvres, et des chèvres sauvages, et aussi beaucoup de chevaux » (Én. 1:21). Au deuxième siècle av. J.-C., le peuple de Zénif cultive le maïs, le blé, l'orge, le « néas » et le « shéum » (Mos. 9:9 ; cf. Al. 11:7). Le maïs était et est l’aliment de base du régime alimentaire de la plupart des populations indigènes d'Amérique. Certains des autres points énumérés restent moins sûrs. Ce n’est qu’en 1982 que l’on a publié des éléments de preuve démontrant la présence de cultures d’orge précolombiennes dans le Nouveau Monde (Sorenson, 1985, p. 184). Le « néas » n'est pas identifiable ; mais le mot « shéum » semble apparenté au vieux she-um akkadien, un grain probablement du type orge.
 
La mention dans le Livre de Mormon de chevaux en Amérique précolombienne a donné lieu à beaucoup de critiques et l’on ne dispose à ce jour d’aucune réponse définitive à cette question. Les données linguistiques suggèrent que le « cheval » du Livre de Mormon ne doit pas forcément désigner l'equus, mais pourrait désigner un autre quadrupède pouvant être monté par l’homme, comme le donne à penser l'art mésoaméricain (Sorenson, 1985, p. 295). Il existe, en outre, des données archéologiques auxquelles on n’a pas prêté grande attention qui tendent à montrer que dans certaines régions le cheval du pléistocène américain a pu survivre jusque dans les temps du Livre de Mormon (Update, juin 1984).
 
La plupart des transports se faisaient manifestement à dos d’homme ; dans les deux contextes où le Livre de Mormon mentionne des « chars » il s'avère que leur utilisation a été très limitée (Al. 18:9-12 ;20:6 ; 3 Né. 3:22). Les chars ne sont jamais mentionnés dans un contexte militaire. La roue n’est mentionnée nulle part dans le Livre de Mormon (sauf dans une citation d'Ésaïe). Cela veut dire qu’on ne sait pas ce que pouvaient être les « chars » néphites. On nous dit que les Néphites utilisaient des « routes » et des « grandes routes » (3 Né.. 6:8). Certains saints des derniers jours pensent qu’il doit s’agir là des systèmes routiers considérablement attestés du Mexique antique. Des « bateaux » de forme inconnue ont été utilisés au milieu du premier siècle av. J.-C. pour faire du cabotage dans « la mer de l’ouest » (Al. 63:6) et pour transporter le bois de construction vers le nord (Hél. 3:10) et il semble évident que les voyages maritimes étaient parfois importants (Hél. 3:14). Le texte mentionne aussi les perles fines comme articles coûteux (4 Né. 1:24).
 
Il est question de « soie » et de « fin lin retors » (par exemple dans Al. 1:29 ; Ét. 10:24) en même temps que du tissu simple (de coton ?). Il est peu probable que la « soie » ait été produite par des vers à soie comme en Chine, mais des tissus du même genre étaient connus, du moins en Mésoamérique. Par exemple, au Guatemala on se servait de la fibre de la plante d'ananas blanc, et chez les Aztèques de poils de lapin pour faire des tissus semblables à la soie. Bien que le lin n'ait apparemment pas été connu en Amérique avant l'arrivée des Espagnols (le linge était fait de lin dans le Vieux Monde), plusieurs tissus d’origine végétale ayant des caractéristiques semblables sont bien attestés en Amérique antique (Update, nov. 1988).
 
Quand on lit le Livre de Mormon ou n'importe quel autre texte provenant d'une culture étrangère ou antique, il faut veiller à éviter de se méprendre sur ce qui est inconnu sur la base de ce qui est connu. Par exemple, on dit que les Néphites se servaient d’ « argent » mais comme les Israélites du temps de Léhi ne savaient pas battre monnaie, « l’argent » néphite n’était probablement pas sous forme de pièces.
 
Alma 11 décrit un système bien intégré de mesures de capacité pour matières sèches et d’unités de métal pesé ; certains analystes ont fait remarquer que le système esquissé est étonnamment simple, efficace et rationnel (Smith). Dans sa configuration mathématique binaire et son utilisation d'orge et d'argent comme moyens monétaires de base, le système néphite rappelle les systèmes semblables connus en Égypte et dans les lois babyloniennes d'Eshnunna (personnel de F.A.R.M.S., « Weights and Measures » ; Update, mars 1987).
 
Les Néphites ne parlent de fabrication d’armes en « acier » et en « fer » que pendant leurs quelques premières générations (2 Né. 5:15 ; Jm. 1:8) ; le fer n’est mentionné que comme un métal ornemental « précieux » du temps de Mosiah (Mos. 11:8). On ne sait pas au juste ce que ces termes signifient à l'origine. De l’ » acier » et du « fer » et d'autres métaux jarédites sont mentionnés deux fois mais ne sont pas décrits (Ét. 7:9 ;10:23). Les armes du soldat ordinaire étaient nettement plus simples : des pierres, des massues, des lances et l'arc et la flèche (par exemple, Al. 49:18-22).
 
La simplicité relative de la société dans le Livre de Mormon n'implique pas une absence d’évolution selon les normes antiques. Par exemple, il semblerait que l'instruction n'ait pas été rare parmi les Néphites ou les Jarédites. Les dirigeants fondateurs des migrations étaient à coup sûr instruits et il est dit des Néphites, au milieu de leur histoire, qu’ils avaient produit « beaucoup de livres, et beaucoup d’annales de toute espèce » (Hél. 3:15). Par contre, les Lamanites et les Mulékites tenaient moins bien leurs annales (Om. 1:17-18 ; Mos. 24:4-6 ; Hél. 3:15). Les Jarédites et les Néphites tenaient leurs annales les plus sacrées sur des plaques de métal presque impérissables, bien que certains de leurs livres aient été écrits sur des supports inflammables (Al. 14:8). Les plaques que Joseph Smith avait en sa possession, et que lui et d'autres témoins oculaires contemporains ont décrites, semblent tout à fait relever de la compétence des métallurgistes préhispaniques (Putnam ; Sorenson, 1985, p. 278-288) et il y a, pour la façon dont elles ont été enterrées, de riches précédents dans le Vieux Monde (Wright).

 
Livre de Mormon – Éditions (1830-1981)
Auteur : Skousen, Royal
 
Les deux grands objectifs de chaque édition du Livre de Mormon ont été (1) de reproduire fidèlement le texte et (2) de rendre le texte accessible au lecteur. L’objectif de la fidélité au texte a amené les vérificateurs ultérieurs à retourner aux éditions plus anciennes et, là où ils étaient accessibles, au manuscrit original et à celui de l'imprimeur. L’objectif de l'accessibilité a conduit à une certaine modernisation et à une certaine standardisation du texte lui-même et à l’ajout d’aides au lecteur (texte introductif, division en versets, notes de bas de page, sommaires de chapitre, dates, guide de prononciation et index).
 
Quatre éditions ont été publiées du vivant de Joseph Smith : 1. 1830 : 5.000 exemplaires édités par E. B. Grandin à Palmyra (New York). D’une manière générale, la première édition est une copie fidèle du manuscrit de l'imprimeur (bien qu'à un moment donné, ce soit le manuscrit original plutôt que celui de l'imprimeur qui ait été utilisé pour la composition). Pour l’essentiel, cette édition reproduit ce que John H. Gilbert, le compositeur, considérait comme des « erreurs grammaticales ». Gilbert a ajouté la ponctuation et déterminé la division en paragraphes pour la première édition. Dans la préface, Joseph Smith explique la perte du livre de Léhi, 116 pages du manuscrit. Les témoignages des trois et des huit témoins sont placés à la fin du livre. Dans cette édition et toutes les autres éditions primitives, il n’y a pas de division en versets.
 
2. 1837: 3.000 ou 5.000 exemplaires publiés par Parley P. Pratt et John Goodson à Kirtland (Ohio). Pour cette édition, des centaines de changements grammaticaux et quelques corrections ont été apportés au texte. L'édition de 1830 et le manuscrit de l'imprimeur ont été utilisés comme base pour cette édition.
 
3. 1840 : 2.000 exemplaires publiés pour Ebenezer Robinson et Don Carlos Smith (par Shepard et Stearns, Cincinnati, Ohio) à Nauvoo. Joseph Smith a comparé le texte imprimé au manuscrit original et a découvert un certain nombre d'erreurs commises lorsque le manuscrit de l'imprimeur a été copié de l'original. L'édition de 1840 rétablit donc certaines des formulations du manuscrit originel.
 
4. 1841 : 4.050 (5.000 prévus au contrat) publiés pour Brigham Young, Heber C. Kimball et Parley P. Pratt (par J. Tompkins, Liverpool, Angleterre). Cette première édition européenne a été imprimée avec la permission de Joseph Smith ; elle est essentiellement une réimpression de l'édition de 1837 avec l’orthographe britannique.
 
Deux autres éditions britanniques, l’une de 1849 (publiée par Orson Pratt) et l'autre de 1852 (publiée par Franklin D. Richards) comportent des changements mineurs du texte. Dans l'édition de 1852, Richards a ajouté des numéros aux paragraphes pour aider à trouver les passages, créant de ce fait la première division en versets, quoique primitive, du Livre de Mormon.
 
Trois autres éditions importantes comportent des changements majeurs de format ainsi que des modifications mineures : 1. 1879: Publiée par Orson Pratt. Les grands changements dans le format du texte consistent en la division des longs chapitres du texte original, un véritable système de versets (qui a été suivi dans toutes les éditions suivantes de l’Église) et des notes de bas de page (essentiellement des références scripturaires).
 
2. 1920: Publié par James E. Talmage. Autres changements : introduction, doubles colonnes, sommaires de chapitres et de nouvelles notes de bas de page. Une partie des retouches mineures que l’on trouve dans cette édition se trouvaient déjà dans les éditions de 1905 et de 1911, aussi sous la direction rédactionnelle de Talmage.
 
3. 1981: Publiée par un comité dirigé par des membres du Collège des Douze. Cette édition est un remodelage important de l'édition de 1920 : Le texte paraît de nouveau en deux colonnes, mais contient une nouvelle introduction, de nouveaux sommaires de chapitre et de nouvelles notes de bas de page. Une vingtaine d’erreurs textuelles importantes qui s’étaient glissées dans le manuscrit de l'imprimeur sont corrigées grâce à un retour au manuscrit originel. D'autres corrections ont été faites suite à une comparaison avec le manuscrit de l'imprimeur et l'édition de Nauvoo de 1840.
 
L'Église réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jour (RLDS) a également sa propre tradition textuelle. Avant 1874, les RLDS utilisaient une édition du Livre de Mormon publiée par James O. Wright (1858, New York), fondamentalement une réimpression de l'édition de Nauvoo de 1840. Les première et deuxième éditions RLDS (1874, Plano, Illinois et 1892, Lamoni, Iowa) suivaient le texte de 1840 et avaient leur propre système de division en versets. À la différence des éditions ultérieures de l’Église, toutes les éditions des RLDS ont maintenu les chapitres plus longs originaux.
 
En 1903 les RLDS ont obtenu le manuscrit de l'imprimeur et l'ont utilisé pour créer leur troisième édition (1908, Lamoni, Iowa). Le texte de l'édition de 1908 rétablit beaucoup de formulations qui se trouvent dans ce manuscrit, mais, d‘une manière générale, ne touche pas aux changements grammaticaux apportés dans l'édition de Kirtland de 1837. Cette édition comporte aussi une nouvelle division en versets, qui est restée sans changement dans toutes les éditions RLDS suivantes. En 1966, les RLDS ont publié un texte complètement modernisé du Livre de Mormon. On peut se procurer les éditions de 1908 (avec des retouches mineures) et de 1966, mais seule l'édition de 1908 est autorisée pour utilisation dans l'Église réorganisée.
 
Un texte critique du Livre de Mormon a été publié en 1984-1987 par la Foundation for Ancient Research and Mormon Studies. C'est le premier texte publié du Livre de Mormon qui montre l'histoire précise de nombreuses variantes textuelles. Bien que cette étude textuelle des éditions et des manuscrits du Livre de Mormon soit inachevée et préliminaire, elle est utile comme aperçu général de l'histoire textuelle du Livre de Mormon.
 
Bibliographie
Anderson, Richard L. "Gold Plates and Printer's Ink." Ensign, 6 (Sept. 1976), p.71-76.
Heater, Shirley R. "Gold Plates, Foolscap, & Printer's Ink ; Part II : Editions of the Book of Mormon." Zarahemla Record 37-38 (1987), p. 2-15.
Larson, Stanley R. "A Study of Some Textual Variations in the Book of Mormon Comparing the Original and the Printer's Manuscripts and the 1830, the 1837, and the 1840 Editions." Mémoire de maîtrise, université Brigham Young, 1974.
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ROYAL SKOUSEN
 
Livre de Mormon – Enseignements et pratiques en matière de religion
Auteur : Welch, John W.
 
La majeure partie du Livre de Mormon traite d’un groupe d'Israélites qui était guidé par des prophètes, qui avait la doctrine et les ordonnances de l'Évangile de Jésus-Christ, mais qui a pratiqué la loi de Moïse jusqu'à l’avènement du Christ. Après sa résurrection, Jésus est apparu à certains d'entre eux et a organisé son Église et, pendant quatre générations, ils ont vécu dans la paix et le bonheur. Beaucoup de détails sur les enseignements et les pratiques religieuses de ces gens sont donnés dans le Livre de Mormon. Les saints des derniers jours croient que ces enseignements chrétiens sont applicables dans le monde d’aujourd'hui, parce que la doctrine éternelle de Dieu fait autant force de loi sur une génération que sur la suivante et parce que le contenu du Livre de Mormon a été sélectionné et préservé par des prophètes qui avaient le monde moderne à l'esprit. On trouve aussi ces enseignements dans les révélations qui ont fondé les pratiques et les ordonnances des saints des derniers jours contemporains.
 
Dans 3 Néphi et Moroni, des documents enregistrés par des témoins oculaires conservent beaucoup de paroles de Jésus ressuscité et donnent les points de doctrine, les alliances et les ordonnances de base de son Église. En voici les points principaux :

1. Jésus a défini sa doctrine. Les hommes doivent « se repentir et… croire en moi… et être baptisés en mon nom, et devenir semblables à un petit enfant…. c'est ma doctrine » (3 Né. 11:32, 38-39). La promesse est donnée que Dieu visitera ces personnes « de feu et du Saint-Esprit » (3 Né. 11:35).
2. Jésus a commandé au peuple de se faire baptiser par immersion et a donné les paroles de la prière baptismale (3 Né. 11:26-27). Seuls ceux qui étaient « responsables et capables de commettre le péché » étaient baptisés (Mro. 8:9-15 ; cf. 6:3).
 
3. Jésus a ordonné douze disciples et leur a donné l'autorité de baptiser (3 Né. 11:21-22). Moroni 2:2 conserve les mots que Jésus a prononcés quand il a posé les mains sur ces disciples et leur a donné le pouvoir de conférer le Saint-Esprit (3 Né. 18:36-37). Les paroles utilisées par les disciples lors d’ordinations ultérieures de prêtres et d’instructeurs se trouvent dans Moroni 3:1-4.
 
4. Les prières de la Sainte-Cène se trouvent dans Moroni 4-5. Les mots de ces prières dérivent des expressions à la première personne que Jésus a prononcées quand il a administré la Sainte-Cène dans 3 Néphi 18:6-11.
 
5. L'Église néphite se réunissait souvent « pour jeûner et pour prier, et pour se parler l’un à l’autre du bien-être de leur âme, et… pour prendre le pain et le vin en souvenir du Seigneur Jésus » (Mro. 6:5-6).
 
6. Ces chrétiens renouvelaient régulièrement leur alliance de garder les commandements que Jésus leur avait donnés : par exemple, de n’avoir ni querelles, ni colère, ni dérision, d’offrir le sacrifice d'un cœur brisé et d'un esprit contrit, de respecter la loi de chasteté dans la pensée et dans les actes, d’aimer leurs ennemis, de donner de leurs biens aux pauvres, d’accomplir des actes de charité en secret, de prier seuls et avec les autres, de ne servir que Dieu, pas les choses du monde et de s’efforcer d’être rendus parfaits comme Dieu et Jésus (3 Né. 11-14). Ils avaient la promesse que l'esprit de Jésus resterait avec eux et qu'ils seraient ressuscités au dernier jour.
 
7. Cette Église était dirigée par Néphi 3, l’un des douze disciples choisis par Jésus et envoyés pour prêcher les choses qu'ils l'avaient entendu dire et l'avaient vu faire (3 Né. 27:1). Le peuple a reçu cette exhortation : « Prêtez attention aux paroles de ces douze » (3 Né. 12:1).
 
8. Sur l’ordre du Seigneur, l'Église a reçu le nom de Jésus-Christ et les membres ont invoqué le Père au nom du Christ en toutes choses (3 Né. 27:8-9).
 
9. Les disciples ont guéri les malades et accompli des miracles au nom de Jésus (4 Né. 1:5 ).
 
    1. Ils ont suivi l’exemple de Jésus et ont prié, révéré et loué Dieu, demandé le pardon et prié pour que la volonté de Dieu se fasse (3 Né. 13:9-13 ; 19:16-35). Le peuple a reçu le commandement : « Priez… dans vos familles » (3 Né. 18:21).

11. « Ils avaient tout en commun, tous agissant avec justice l’un envers l’autre… c’est pourquoi il n'y avait ni riches ni pauvres » (3 Né. 26:19 ; 4 Né. 1:3).
12. Comme Jésus l’avait commandé, ses disciples étaient stricts à garder l'iniquité hors de leurs communautés et de leurs synagogues, « trois témoins de l'Église » étant requis pour excommunier les contrevenants ; néanmoins, tous étaient aidés, et ceux qui se repentaient sincèrement étaient pardonnés (3 Né. 18:28-32 ; Mro. 6:7-8).
 
Pendant les siècles qui précédèrent le Christ, les prophètes néphites avaient enseigné la plénitude de l'Évangile et avaient préparé le peuple à la venue de Jésus-Christ. En ce qui concerne les points mentionnés ci-dessus, comparez les antécédents suivants dans l'histoire néphite. Certains peuvent remonter à l'Israël antique, d'autres ont été introduits à diverses occasions par l'inspiration ou la révélation :
 
1. La doctrine du Christ – la foi au Seigneur Jésus-Christ, le repentir, le baptême et la purification du péché par le feu du Saint-Esprit – est enseignée dans le Livre de Mormon dès le temps de Néphi 1 (2 Né. 31). Les prophètes néphites parlaient souvent du « plan de rédemption » ou, comme Alma l'appelait : « le grand plan du bonheur » (Al. 42:8). Ils attendaient l’avènement de Dieu lui-même sur la terre pour racheter l'humanité de son état perdu et déchu. Ils savaient qu'il expierait la transgression d'Adam et tous les péchés de ceux qui ne différeraient pas le jour de leur repentir (voir Al. 34:33) et que toute l'humanité ressusciterait physiquement et serait ensuite jugée selon la justice et la miséricorde de Dieu (Al. 40-42).
 
2. Des baptêmes d’alliance ont été accomplis dès le début des annales, notamment par Alma 1 aux eaux de Mormon (Mos. 18). Sa prière baptismale demandait la sanctification du cœur, tandis que celui qui contractait l’alliance promettait de servir Dieu « même jusqu'à la mort » pour se voir accorder la vie éternelle par la rédemption du Christ (Mos. 18:12-13). Le groupe d'Alma resta intact même après son, installation chez les autres Néphites et les Néphites qui s’étaient soumis au baptême « comme il [avait baptisé] ses frères dans les eaux de Mormon » appartinrent à cette Église (Mos. 25:18).
 
3. Des siècles avant le temps du Christ, des prêtres et des instructeurs néphites furent consacrés (2 Né. 5:26), désignés (Mos. 6:3 ; Al. 45:22-23) ou ordonnés par l’imposition des mains (Al. 6:1 ; cf. No. 27:23). Ils veillaient sur l'Église, incitaient le peuple à se rappeler ses alliances (Mos. 6:3), prêchaient la loi et la venue du Fils de Dieu (Al. 16:18-19) et offraient les premiers-nés de leurs troupeaux « afin d’offrir des sacrifices et des holocaustes, selon la loi de Moïse » (Mos. 2:3 ; cf. De. 15:19-23), qu'ils savaient être un symbole du Christ (2 Né. 11:4). Les Néphites et les Lamanites avaient des temples, le premier étant construit « à la manière du temple de Salomon » (2 Né. 5:16). L'autel était un lieu de culte où le peuple se réunissait, « veillant et priant continuellement, afin d’être délivré[s] de Satan, et de la mort, et de la destruction » (Al. 15:17). Les prêtres néphites enseignaient aussi dans les synagogues ou lieux de réunion et idéalement personne n’était exclu (2 Né. 26:26 ; Al. 32:2-12). Parce qu'ils détenaient la Prêtrise de Melchisédek (Al. 13:6-19), ils pouvaient fonctionner dans les ordonnances de la Prêtrise d’Aaron bien que n’étant pas Lévites. Les prêtres néphites étaient ordonnés de telle manière que « le peuple pût ainsi attendre le Fils de Dieu, [l’ordination étant] une figure de son ordre » (Al. 13:16).
 
    1. La terminologie de l’alliance employée par le roi Benjamin (v. 124 av. J.-C.) était semblable à la celle des prières de la Sainte-Cène néphite. Le peuple de Benjamin témoignait qu'il était disposé à toujours garder les commandements de Dieu, prenait sur lui le nom du Christ et promettait de « [se souvenir] de toujours retenir le nom écrit dans [leur] cœur » (Mos. 5:5-12 ; cf. No. 6:27).
5. Les Néphites se réunissaient pour jeûner et prier pour avoir des bénédictions spirituelles (Mos. 27:22 ; Hél. 3:35). En outre, comme leurs ancêtres israélites, ils jeûnaient lors du deuil pour les morts (Hél. 9:10 ; cf. 2 S. 3:35).
 
6. Les renouvellements d'alliances faisaient de longue date partie de la Loi de Moïse, conformément à laquelle tous les hommes, femmes et enfants étaient tenus de se réunir autour du temple à des moments désignés pour entendre la loi de Dieu et s’engager de nouveau à la respecter (De. 31:10-13 ; cf. Mosiah 2:5). La loi religieuse néphite du temps d'Alma 2 interdisait la sorcellerie, le culte des idoles, l'oisiveté, le babillage, l'envie, les querelles, le port de vêtements coûteux, l’orgueil, le mensonge, la duperie, la méchanceté, les moqueries, le vol, le brigandage, la fornication, l'adultère, le meurtre et toutes les espèces de méchanceté (Al. 1:32 ; 16:18). En outre, Néphi 2 mettait en garde contre l’oppression des pauvres, le refus de nourriture aux affamés, le sacrilège, le refus de reconnaître l'esprit de prophétie et la désertion vers les Lamanites (Hél. 4:12).
 
7. Les justes parmi les Néphites étaient habitués à être dirigés par des prophètes, des rois inspirés, des grands prêtres et des grands juges. Ces dirigeants tenaient les annales sacrées qui étaient fréquemment citées dans les observances religieuses néphites. Les institutions de la prophétie néphite changeaient de temps en temps : certains prophètes étaient également des rois ; des prophètes secondaires travaillaient sous le roi Benjamin (Pa. 1:17-18) ; d'autres, comme Abinadi, étaient des voix solitaires appelant au repentir. Néanmoins ceux de leurs messages qui nous sont parvenus étaient constants et précis : ils prêchaient l'Évangile et la venue du Christ et ils savaient que quand il viendrait il ordonnerait douze dirigeants autorisés tant à l’Est (1 Né. 1:10 ; 11:29) que dans l'Ouest (1 Né. 12:7-10).
 
8. Le nom de Jésus-Christ fut révélé aux premiers prophètes néphites (2 Né. 10:3 ; 25:19) et ensuite les Néphites prièrent et agirent au nom de Jésus-Christ (2 Né. 32:9 ; Jcb. 4:6). Alma 1 appelait ses disciples « l'Église du Christ » (Mos. 18:17).

9. Comme les prophètes israélites, les prophètes néphites faisaient des miracles au nom du Seigneur. Comme Élie (1 R. 17), par exemple, Néphi 2 ferma les cieux et causa une famine (Hél. 11:4) et Néphi 3 ressuscita les morts et guérit les malades (3 Né. 7:19-22).

10. Les Néphites veillaient et priaient continuellement (Al. 15:17). Il leur était conseillé de prier trois fois par jour, matin, midi et soir, pour la miséricorde, pour être délivrés de la puissance du diable, pour la prospérité et pour le bien-être de leurs familles (Al. 34:18-25 ; cf. Ps. 55:17). Ils enseignaient que pour être efficace, la prière devait s’accompagner d’actes charitables (Al. 34:26-29), qui sont nécessaires pour conserver le pardon des péchés (Mos. 4:26).

11. Concernant la richesse et les possessions, beaucoup des premiers prophètes du Livre de Mormon condamnaient la perversion qu’était la recherche du pouvoir et de la richesse. Le cycle qui menait de la prospérité à l’orgueil, à la méchanceté et ensuite à la catastrophe se répétait souvent, faisant écho à des formules caractéristiques du Deutéronome. Les justes parmi les Néphites faisaient alliance de donner libéralement aux pauvres et de supporter les fardeaux les uns des autres.

12. Typiquement, ceux qui contractaient l'alliance requise étaient « comptés » parmi les Néphites. S'ils transgressaient, leurs noms étaient « effacés », vraisemblablement retirés d’une liste (Mos. 5:11 ; 6:1). Des procédures détaillées pour excommunier les transgresseurs furent créées par Alma 1, qui avait reçu du roi Mosiah 2 l’autorité de juger les membres de l'Église. Le pardon devait être accordé « toutes les fois que [le] peuple se repentira[it] » (Mos. 26:29-30).
 
Des enseignements et des pratiques de ce type ont spécifiquement préparé la voie à la venue personnelle de Jésus-Christ après sa résurrection. En dépit d’années de préparation, la réaction immédiate d'une partie de la multitude néphite aux premières paroles du Christ ressuscité fut quand même de se demander « ce qu'il voulait concernant la loi de Moïse » (3 Né. 15:2). Malgré le fait que les prophètes avaient expliqué depuis longtemps la fonction limitée de la loi, elle continua à faire partie intégrante et sacrée de leur vie jusqu'à ce qu'elle fût accomplie par Jésus (par exemple, 2 Né. 25:24-25 ; Al. 30:3 ; 3 Né. 1:24). Quand Jésus parla, il devint évident que les vieilles choses « étaient devenues nouvelles » (3 Né. 15:2).
 
La diversité des expériences religieuses du Livre de Mormon ressort aussi du grand nombre des communautés religieuses qu’il mentionne dans des situations variables. En dehors des cercles néphites orthodoxes (dont le succès variait de temps en temps), il y avait le culte royal extravagant du roi Noé et de ses prêtres du temple (Mos. 11) ; une Église rivale fausse à Zarahemla constituée par Néhor (Al. 1) ; des centres de culte chez les Lamanites (Al. 23:2) ; le méchant et agnostique Korihor (Al. 30) ; une étonnante chaire de prière aristocratique et apostate (une plate-forme élevée recevant un seul adorateur à la fois) des Zoramites (Al. 31:13-14) et des combinaisons ou sociétés secrètes avec des adhérents assermentés convaincus résolus à assassiner et à obtenir du gain (3 Né. 3:9). Des missionnaires tels qu’Alma 2, Ammon et Néphi 2, firent des efforts fréquents pour convertir les personnes appartenant à ces groupes à l’Évangile de Jésus-Christ et pour les organiser en Églises et en communautés justes. Il arrivait que les convertis deviennent plus justes que tous leurs contemporains. Même parmi les justes, il y avait des niveaux variables de compréhension et de connaissance, parce que les mystères de Dieu étaient donnés par Dieu et par ses prophètes selon la diligence des auditeurs (Al. 12:9-11).
 
Beaucoup de points doctrinaux et d’idées pratiques remplissent les pages du Livre de Mormon. En voici quelques-uns : Alma 2 explique que Jésus a souffert « afin qu’il sache, selon la chair, comment secourir son peuple » (Al. 7:12). Alma 2 décrit comment on peut nourrir la foi pour qu’elle devienne connaissance (Al. 32). Benjamin définit le péché comme une « rébellion contre Dieu » (Mos. 2:36-37) et propose de belles perspectives d’avenir à tous ceux qui « se rende[nt] aux persuasions de l'Esprit-Saint et… se dépouille[nt] de l'homme naturel » (Mos. 3:19). Alma 2 décrit la situation des esprits après la mort quand ils retournent à Dieu, « qui leur a donné la vie » (Al. 40:11). Jacob parle de manière émouvante de la nudité de ceux qui sont impénitents, qui resteront souillés devant le jugement de Dieu (2 Né. 9:14). Benjamin exalte « l'état béni et bienheureux » des justes qui goûtent l'amour et la bonté de Dieu (Mos. 2:41 ; 4:11). Et Léhi énonce le but de l'existence : « Les hommes sont pour avoir la joie » (2 Né. 2:25). Le Livre de Mormon enseigne l'unique chemin du bonheur éternel à l’aide de nombreuses images, instructions et exemples inspirants.
 
Beaucoup d’enseignements prophétiques du Livre de Mormon se sont déjà accomplis (par exemple, 1 Né. 13 ; 2 Né. 3 ; Hél. 14), mais plusieurs concernent toujours le futur. Une raison pour laquelle certains furent intrigués quand Jésus déclara qu’il avait accompli la loi et les prophètes était que beaucoup de prophéties d'Ésaïe, de Néphi 1 et d'autres restaient en suspens : en particulier, les Néphites n'avaient pas encore été réunis à un peuple d'Israël racheté. Jésus expliqua : « Je ne détruis pas ce qui a été dit concernant les choses qui sont à venir » (3 Né. 15:7). Doivent encore s’accomplir dans la perspective prophétique du Livre de Mormon, les promesses que les branches de l'Israël dispersé seront rassemblées dans le Christ et combineront leurs annales en une seule (2 Né. 29:13-14), que les restes des descendants de Léhi seront considérablement renforcés dans le Seigneur (2 Né. 30:3-6 ; 3 Né. 21:7-13), et qu’une grande division se produira : les justes édifieront une nouvelle Jérusalem sur le continent américain (3 Né. 21:23 ; Éther 13:1-9), tandis que les méchants seront détruits (1 Né. 30:10). « Alors, dit Jésus, le pouvoir du ciel descendra parmi eux, et je serai aussi au milieu » (3 Né. 21:25).
 
Bibliographie
La plupart des écrits doctrinaux des saints des derniers jours se rapportent au Livre de Mormon sur des sujets déterminés, mais aucune analyse complète de l'expérience religieuse néphite en tant que telle n'a été écrite.
Voir généralement Sidney B. Sperry, Book of Mormon Compendium, Salt Lake City, 1968, et Rodney Turner, "The Three Nephite Churches of Christ" dans The Keystone Scripture, dir. de publ. P. Cheesman, p. 100-126 (Provo, Utah, 1988).
On trouvera le point de vue d'un anthropologue sur les institutions et les pratiques religieuses néphites dans John L. Sorenson, An Ancient American Setting for the Book of Mormon, Salt Lake City, 1985.
JOHN W. WELCH
 
Livre de Mormon et Proche-Orient
Auteur : Nibley, Hugh W.
 
Selon le Livre de Mormon, les Jarédites, les Néphites et les « Mulékites » émigrèrent du Proche-Orient vers le continent américain dans l'Antiquité, une affirmation qui a été contestée. Les spécialistes du Livre de Mormon reconnaissent volontiers qu'il n'existe actuellement aucune preuve directe et concrète qui confirme les liens avec le Proche-Orient antique indiqués dans le livre, mais on peut citer des indices – en grande partie externes et indirects – qui imposent le respect pour les affirmations du Livre de Mormon en ce qui concerne son enracinement dans le Proche-Orient antique (CWHN 8:65-72). Quelques exemples donneront une idée de la nature et de la force de ces liens, en particulier parce que Joseph Smith, le traducteur du Livre de Mormon, n’aurait pu trouver aucun de ces détails dans aucune des sources qui existaient au début du XIXe siècle.
 
1. Léhi (v. 600 av. J.-C.) était un homme juste et de bonne naissance de la tribu de Manassé, qui vivait à ou près de Jérusalem. Il voyageait beaucoup, avait une riche propriété à la campagne et s’y connaissait en beaux ouvrages en métal. Sa famille était fortement influencée par la culture égyptienne contemporaine. À une époque où les tensions allaient croissant à Jérusalem (les édiles tenaient des réunions secrètes la nuit), il était pour le parti de la réforme religieuse de Jérémie, alors que les membres de sa famille étaient déchirés par les options politiques. Faisant partie des nombreux prophètes qui annonçaient le malheur sur le pays, visionnaire, il fut forcé de se sauver avec sa famille, craignant d’être poursuivi par les troupes d'un certain Laban, haut fonctionnaire militaire de la ville. Des documents importants dont Léhi avait besoin étaient conservés chez Laban (1 Né. 1-5 ; CWHN 6:46-131 ; 8:534-535). Une situation qui a des parallèles étroits avec celle de Lakisch à l’époque, comme la décrivent les documents contemporains découverts en 1934-1935 (H. Torczyner, The Lachish Letters, 2 vols., Oxford, 1938 ; cf. CWHN 8:380-406). Les lettres de Bar Kochba, découvertes en 1965-1966, racontent la manière dont les riches fuyaient Jérusalem dans des circonstances semblables au cours des siècles précédents et ultérieurs (Y. Yadin, Bar Kokhba, chapitres 10 et 16, Jérusalem, 1971 ; Cf, CWHN 8:274-288).
 
2. La fuite de Léhi fait penser à la décision que prirent plus tard les membres de la secte qui se retira dans le désert près de la mer Morte, les deux groupes visant à « garder les commandements du Seigneur » (cf. 1 Né. 4:33-37 ; Rouleau de la Guerre [1QM] x. 7-8). Parmi les sectaires du désert, tous les volontaires prêtaient serment par alliance (Rouleau de la Guerre [1QM] vii. 5-6). Dans le cas de Néphi 1, fils de Léhi, il est accusé d’avoir « pris sur lui d'être notre gouverneur et notre instructeur… Il dit que le Seigneur a parlé avec lui… [pour] nous entraîner dans quelque désert étrange » (1 Né. 16:37-38). Plus tard, dans le Nouveau Monde, Néphi, puis Mosiah 1 et ensuite Alma 1 (vers 150 av. J.-C.) emmèneront d’autres adeptes, par exemple, le dernier cité, dans un lieu d’arbres près des « eaux de Mormon » (2 Né. 5:10-11 ; Om. 1:12-13 ; Mos. 18). L'organisation et les pratiques mises sur pied par Alma sont semblables à celles des communautés du Vieux Monde : serment, baptême, un prêtre pour cinquante membres, des instructeurs ou inspecteurs itinérants, un jour spécial pour l'assemblée, tous travaillent et partagent de la même façon, appelés « enfants de Dieu », tous se réclament d’un Maître prééminent et ainsi de suite (Mos. 18 ; 25). Les parallèles avec les communautés des manuscrits de la mer Morte sont frappants, jusqu’aux colonies rivales de la mer Morte menées par le Faux Maître (CWHN 6:135-144, 157-167, 183-193 ; 7:264-270 ; 8:289-327).
 
3. « Et mon père demeurait sous une tente » (1 Né. 2:15). Mentionnée quatorze fois dans 1 Néphi, la tente du cheik est le centre de tout. Quand les fils de Léhi reviennent sains et saufs de Jérusalem après s'être enfuis devant les hommes de Laban et s'être cachés dans des cavernes, « ils se réjouirent… et offrirent des sacrifices… [sur] un autel de pierres… et rendirent grâces » (1 Né. 2:7 ;5:9). Prenant des « semences de toutes sortes » pour un séjour prolongé « dans les parties plus fertiles du désert », ils chassent en cours de route, ne faisant « pas beaucoup de feu », vivant de viande crue, parfois guidés par un « Liahona », une boule d’airain « d’une exécution habile » avec deux flèches de divination qui montrent le chemin. Un campement de longue durée a lieu « à l’endroit que nous avions appelé Shazer » (cf. arabe shajer, arbres ou lieu d’arbres) ; et ils enterrent Ismaël à Nahom, où ses filles pleurent et réprimandent Léhi (1 Né. 16 ; cf. l’arabe Nahm, gémissements ou soupirs collectifs, réprimande). Léhi décrit de manière vivante un sayl, une crue subite « d’eau souillée » sortant d’un oued ou du lit d’un cours d’eau qui peut balayer un camp (1 Né. 8:13, 32 ; 12:16), un événement courant dans la région où il voyageait. À leur première « rivière d'eau », Léhi récite un « qasida », une vieille forme de poésie de désert, à ses fils Laman et Lémuel, les exhortant à être semblables au cours d’eau et à la vallée dans le respect des commandements de Dieu (1 Né. 2). Il décrit la terreur de ceux qui dans « un brouillard de ténèbres… perdirent leur chemin, de sorte qu’ils s’éloignèrent et se perdirent. » Il voit « un grand et spacieux édifice » semblant se dresser haut « en l’air … rempli de gens… et leur façon de s’habiller était très raffinée » (1 Né. 8 ; cf. les « gratte-ciel » de l'Arabie méridionale, par exemple, la ville de Shibam). Le bâtiment tombe dans tout son orgueil comme le château fabuleux de Ghumdan. Il y a de nombreuses autres images du désert (CWHN 5:43-92).
 
4. Parmi des récits d’une certaine longueur, Moroni 1 (vers 75 av. J.-C.), menant un soulèvement contre un oppresseur, « s’en alla parmi le peuple, agitant la partie déchirée de son vêtement » pour montrer ce qui était écrit dessus (Al. 46:19-20). Le héros perse légendaire Kawe fait la même chose avec son vêtement. Le peuple de Moroni « accourut … déchirant ses vêtements… comme alliance [disant]… [Dieu] peut nous jeter aux pieds de nos ennemis… pour être foulés aux pieds » (Al. 46:21-22). Déchirer et piétiner les vêtements étaient des pratiques antiques (CWHN 6:216-218 ; 7:198-202 ; 8:92-95). L'inscription sur l’étendard, « en souvenir de notre Dieu, de notre religion, et de notre liberté, et de notre paix, de nos épouses, et de nos enfants » (Al. 46:12), ressemble aux étendards et aux trompettes des armées dans le Rouleau de la Guerre ([IQM] iii. 1 iv.2). Avant la bataille, Moroni va devant l'armée et consacre le pays situé du côté du sud du pays de Désolation comme « pays de choix, et terre de liberté » (Al. 46:17). Dans le Rouleau de la Guerre ([1QM] vii.8 et suiv.) le grand prêtre va pareillement devant l'armée et consacre le pays de l'ennemi à la destruction et celui d'Israël au salut (CWHN 6:213-216). Moroni compare son vêtement-étendard déchiré à la tunique de Joseph, dont la moitié a été préservée et dont l’autre s’est décomposée : « Souvenons-nous des paroles de Jacob avant sa mort… Comme ce reste [de la tunique] a été préservé, de même un reste de [Joseph] sera préservé. » C’est ainsi que Jacob a connu simultanément la tristesse et la joie (Al. 46:24-25). Une histoire presque identique est racontée par Tha'labi, savant du dixième siècle, collectionneur des traditions des réfugiés juifs en Perse (CWHN 6:209-221 ; 8:249, 280-281).
 
5. Il y a, dans le Livre de Mormon, une description détaillée d'un couronnement qui n’a de parallèles que dans les sources non bibliques antiques, particulièrement la description par Nathan haBablil du couronnement du Prince de la Captivité. La version du Livre de Mormon dans Mos. 2-6 (vers 125 av. J.-C.) est un compte rendu classique du « Rite de l'année » antique, un rite bien attesté : (a) Le peuple se réunit au temple, (b) apportant des prémices et des offrandes (Mos. 2:3-4) ; (c) il campe par familles, toutes les ouvertures des tentes faisant face au temple ; (d) une tour spéciale est érigée, (e) du haut de laquelle le roi s'adresse au peuple, (f) lui dévoilant « les mystères » (le vrai souverain est Dieu, etc.) ; (g) tous acceptent l'alliance dans une grande acclamation ; (h) c'est l'anniversaire universel, tous naissent de nouveau ; (i) ils reçoivent un nouveau nom, sont dûment scellés et enregistrés dans un recensement national ; (j) il y a une musique chorale émouvante (cf. Mos. 2:28 ; 5:2-5), (k) ils festoient par familles (cf. Mos. 2:5) et rentrent chez eux (CWHN 6:205-310). Ce schéma n’est reconnu que depuis les années 1930.
 
6. Les indications littéraires des liens entre le Vieux Monde et le Livre de Mormon sont centrées sur les influences égyptiennes, ce qui nécessite un traitement spécial. Le colophon d'ouverture de l'autobiographie de Néphi dans le Livre de Mormon est caractéristique : « Moi Néphi… je les fais de ma propre main » (1 Né. 1:1, 3). Les caractères de l’écrit originel du Livre de Mormon ressemblent très fort au méroïtique, « un égyptien reformé » utilisé par une colonie égyptienne établie à la même période dans le cours supérieur du Nil. Parmi les noms propres du Livre de Mormon il y a Ammon (le nom le plus commun tant dans l’Égypte de la XXVIe Dynastie [664-525 av. J.-C.] que dans le Livre de Mormon) ; Alma, dont on s’est longtemps moqué pour son utilisation comme nom d'homme (que l’on trouve maintenant dans les lettres de Bar Kochba dans l’expression « Alma, fils de Juda ») ; Aha, général néphite (cf. l’égyptien aha, « guerrier ») ; Paankhi (nom royal important de la période égyptienne récente [525-332 av. J.-C.]) ; Hermounts, région de bêtes sauvages (cf. l’égyptien Hermonthis, dieu des lieux sauvages) ; Laman et Lémuel, « noms jumeaux » généralement donnés aux fils aînés (cf. Qabil et Habil, Harout et Marout) ; Léhi, nom propre (trouvé sur un tesson de poterie antique à Ebion Guézer vers 1938) ; Manti, forme du dieu égyptien Month ; Korihor (cf. l’égyptien Herhor, Horihor) ; et Giddianhi (cf. l’égyptien Djhwti-ankhi, « Thoth est ma vie »), etc. (CWNH 5:25-34 ; 6:281-292 ; 7:149-152, 168-172 ; 8:281-282).
 
7. L'authenticité des Plaques d'or sur lesquelles le Livre de Mormon était gravé a souvent été mise en doute jusqu'à la découverte des plaques de Darius en 1938. Depuis lors, on a trouvé beaucoup d'autres exemples d'écrits sacrés et historiques sur des plaques métalliques (C. Wright dans By Study and Also by Faith, 2:273-334, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Salt Lake City, 1990). Les plaques d’airain (de bronze) rappellent le rouleau de cuivre des manuscrits de la mer Morte, le métal étant employé pour préserver les informations particulièrement précieuses, à savoir les cachettes des trésors – manuscrits, argent, ustensiles sacrés – cachés à l'ennemi. Il est commandé aux Néphites : « [ils] cacheront leurs trésors lorsqu’ils fuiront devant leurs ennemis » mais si ces trésors sont employés par la suite à des fins privées, « parce qu'ils ne les cacheront pas pour [Dieu], maudits soient-ils et aussi leurs trésors » (Hél. 13:19-20 ; CWHN 5:105-107 ; 6:21-28 : 7:56-57, 220-221, 272-274).
 
8. Contrairement aux autres cultures du livre, les Jarédites conservent les techniques guerrières des steppes de l'Asie sur « ce pays du nord » (Ét. 1, 3-6). Originaires du centre de dispersion bien connu des grandes migrations d’Asie occidentale, ils ont accepté tous les volontaires pour une migration massive (Ét. 1:41-42). Parcourant l'Asie centrale, ils traversent les mers peu profondes dans des barques (Ét. 2:5-6). Ces grandes mers intérieures étaient ce qui restait de la dernière période glaciaire (CWHN 5:183-185, 194-196). Arrivés à la « grande mer » (probablement le Pacifique), ils construisent des bateaux munis de ponts fermés et d’extrémités pointues, « comme l'arche de Noé » (Ét. 6:7), ressemblant fort aux « magours » préhistoriques de la Mésopotamie. Les huit bateaux sont éclairés par des pierres lumineuses, comme l’était l'arche de Noé selon le Talmud palestinien, les pierres mentionnées dans le Talmud et ailleurs étant produites par un processus particulier décrit dans les légendes antiques. Ces dispositions étaient nécessaires en raison du « vent furieux… [qui] ne cessa jamais de souffler » (Ét. 6:5, 8). À ce propos, il y a beaucoup de récits anciens sur le « Déluge de vent » – des vents terribles et soutenus pendant tout un temps – qui suivirent le Déluge et détruisirent la Tour (CWHN 5:359-379 ; 6:329-334 ; 7:208-210).
 
9. La société du livre d'Éther est celle « du milieu épique » ou de « l'âge héroïque », un produit du bouleversement du monde et des migrations forcées (cf. descriptions dans H. M. Chadwick, The Growth of Literature, 3 vols., Cambridge, 1932-1940). Sur les plaines illimitées, la fidélité doit être garantie par des serments, qui sont violés parce que les individus recherchent toujours plus de puissance et de gain. Les fils ou les frères des rois se rebellent pour former de nouvelles armées et de nouveaux empires, assignant parfois le roi et sa famille à résidence à vie, tout en « détournant » des partisans à coups de cadeaux et de terres à la manière féodale. La splendeur royale s’édifie sur le travail effectué en prison ; il y a des complots et des contre complots, des querelles et des vendettas. La guerre se joue comme un jeu d'échecs, avec des moments et des endroits fixés pour la bataille et des défis à coups de trompette et de messagers, le tout aboutissant au duel personnel des souverains, le gagnant s’emparant de tout. Cela conduit à des guerres d'extermination et à une désintégration sociale totale, « chacun avec sa bande combattant pour ce qu'il désirait » (Ét. 7-15 ; CWHN 5:231-237, 285-307).
 
10. Des éléments du matriarcat archaïque sont apportés du Vieux Monde par les peuples du Livre de Mormon (Ét. 8:9-10). Par exemple, une reine jarédite complote de mettre un jeune successeur sur le trône par traîtrise ou un duel et puis le supplante par un autre, tout en gardant les choses en main comme l’éternelle Grande Mère antique dans une cour royale (cf. CWHN 5:210-213). La déesse-mère apparaît apparemment aussi chez les Néphites dans un endroit de culte (Siron), où la prostituée Isabel et ses disciples reçoivent la visite d’une foule d’adeptes (Al. 39:3-4, 11) ; Isabel était le nom de la grande hiérodule des Phéniciens (CWHN 8:542).
 
Livre de Mormon – Études
Auteur : Ricks, Stephen D.
 
Depuis la publication du Livre de Mormon en 1830, on a publié un nombre considérable d’écrits qui l’analysent, le défendent et l'attaquent. Les études de ce document complexe ont abordé la question de diverses manières, parce que le livre lui-même invite à un approfondissement minutieux et récompense les recherches patientes et réfléchies.
 
Pour la plupart des saints des derniers jours le but premier de l'étude des Écritures n'est pas de se prouver à eux-mêmes la véracité des documents scripturaires – ils les acceptent déjà – mais d’acquérir de la sagesse et la compréhension des enseignements de ces Écritures sacrées et d’appliquer à la vie quotidienne les principes de l'Évangile qu’ils y ont appris. Cependant, à cause de l’origine du Livre de Mormon, beaucoup de gens ont également exploré les composants secondaires de ce document : son vocabulaire, son style, les faits qu’il avance, ses thèmes principaux et ses nuances subtiles.
 
Les recherches dans le Livre de Mormon ont généralement suivi les mêmes formes que la recherche biblique. Dans les deux domaines, les écrits vont des textes narratifs aux commentaires doctrinaux, historiques, géographiques, textuels, littéraires et comparatifs. Mais il y a également plusieurs différences marquées. Par exemple, à la différence des auteurs de la Bible, les prophètes, les compilateurs et les abréviateurs du Livre de Mormon donnent souvent de manière explicite les dates auxquelles ils ont travaillé, les buts de leurs écrits et les sources dans lesquelles ils ont puisé, clarifiant ainsi beaucoup de questions relatives à la rédaction et à l’interprétation ; en outre, les études scientifiques et archéologiques du Livre de Mormon sont plus limitées que dans la recherche biblique parce que le texte le plus ancien qui existe est la traduction anglaise de 1829 faite par Joseph Smith et que l’emplacement exact des concentrations de population du Livre de Mormon est inconnu. Néanmoins, un grand nombre d'analyses internes et comparatives a été fait. Les travaux les plus notables sont ceux des personnes suivantes.
 
ALEXANDER CAMPBELL. Fondateur des Disciples du Christ et collègue de Sidney Rigdon avant que celui-ci ne se convertisse au mormonisme, Alexander Campbell (1788-1866) a rédigé une réponse au Livre de Mormon qu'il a publiée le 7 février 1831 dans son périodique le Millennial Harbinger (réimprimé sous forme d’une brochure intitulée Delusions). Il y conteste l'idée que le Livre de Mormon ait été écrit par des prophètes antiques multiples et attaque la personnalité de Joseph Smith. Pour lui, le livre est l’œuvre du seul Joseph Smith, écrit uniquement par lui et « certainement conçu dans un seul crâne » (p. 13). Il affirme que le livre représente simplement les réflexions de Joseph Smith sur les polémiques sociales, politiques et religieuses de son temps : « le baptême des petits enfants, l’ordination, la Trinité, la régénération, le repentir, la justification, la chute de l'homme, l'Expiation, la transsubstantiation, le jeûne, le châtiment, le gouvernement de l'Église, l’expérience religieuse, l'appel au ministère, la résurrection générale, le châtiment éternel, qui peut baptiser et même la question de la franc-maçonnerie, le gouvernement républicain et les droits de l'homme » (p. 13). Il affirme aussi que le Livre de Mormon se méprend sur l’histoire israélite et juive (du fait qu’il décrit les Néphites comme étant chrétiens des centaines d'années avant la naissance du Christ) et qu’il est écrit dans une grammaire anglaise épouvantable. Il qualifie Joseph Smith de « filou ignorant et effronté » (p. 11). Delusions est important parmi les études du Livre de Mormon parce qu’à bien des égards il détermine le programme de la plupart des détracteurs ultérieurs du Livre de Mormon (par exemple, que le livre découle de, ou correspond à diverses tendances existant au début du dix-neuvième siècle dans le nord de l’État de New York). Plus tard, cependant, Campbell changera d’attitude et adoptera la théorie Spaulding-Rigdon, selon laquelle Sidney Rigdon aurait volé un exemplaire d'un manuscrit écrit par Solomon Spaulding, en aurait élaboré ce qui allait devenir le Livre de Mormon, qu'il transmit à Joseph Smith vers la fin des années 1820, prétendant plus tard avoir rencontré Joseph pour la première fois en 1830.
 
ORSON PRATT. Dans Divine Authenticity of the Book of Mormon (1850-1851), une série de six brochures, Orson Pratt (1811-1881), membre du Collège des douze apôtres, rassemble les idées des premiers saints des derniers jours sur le Livre de Mormon. Il argumente, pour des raisons logiques, en faveur de l'authenticité divine du Livre de Mormon, affronte les critiques qu’on en fait et présente les éléments en faveur de sa véracité en s’appuyant fortement sur les preuves bibliques et historiques. Il ne traite pas directement du contenu du Livre de Mormon, mais des idées des autres Églises qui les empêchent d’accepter ou même d’examiner sérieusement le Livre de Mormon.
 
Les trois premières brochures traitent de la nature de la révélation, avançant des arguments étayant l’affirmation de Pratt que la communication continue de la part de Dieu est nécessaire et scripturaire. Les trois dernières brochures signalent les nombreux témoins qui ont reçu des visions célestes confirmant les affirmations de Joseph Smith et déclarent que la divinité du Livre de Mormon est confirmée par les nombreux miracles, semblables à ceux que l’on trouve dans la Bible, vécus par les saints des derniers jours. Enfin, il fait appel aux éléments prophétiques en faveur du Livre de Mormon, tirés de Daniel et d'Ésaïe. Dans un discours prononcé en 1872, Pratt propose une géographie pour le Livre de Mormon qui a considérablement influencé la pensée des saints.
 
GEORGE REYNOLDS ET JANNE M. SJODAHL. Pendant le dix-neuvième siècle, la plupart des défenses du Livre de Mormon et des attaques contre lui ont été basées principalement sur la raison, sur l’examen de l’environnement contemporain du livre ou sur la Bible. Mais George Reynolds (1842-1909) et Janne M. Sjodahl (1853-1939), dans leur Commentary on the Book of Mormon en sept volumes (réédité 1955-1961), ont étudié la plausibilité des affirmations du Livre de Mormon en examinant des éléments de preuve externes à caractère historique, culturel, linguistique ou religieux du Vieux Monde et du Nouveau. Bien que leurs exemples et leurs explications soient souvent insuffisamment documentés et soient parfois erronés, cet ouvrage a été le premier grand effort fait pour étudier les contextes culturels et historiques du Livre de Mormon (c.-à-d., pour placer le livre dans un contexte historique en faisant intervenir la documentation correspondante en provenance du monde antique).
 
Alors que dans The Story of the Book of Mormon, un précédent ouvrage, Reynolds s’était montré d’accord avec Orson Pratt sur la géographie du Livre de Mormon, dans leur Commentary,Sjodahl et lui donnent peu de place à la géographie et s’intéressent surtout à élaborer une carte, ayant une cohérence interne, de tous les emplacements du Livre de Mormon, sans essayer de les faire correspondre à des emplacements modernes (Reynolds, p. 19, 49, 301-330 ; Reynolds et Sjodahl, vol. 1, p. Ix-xi). Reynolds sera par la suite l’auteur de près de trois cents articles et de plusieurs ouvrages de référence sur le Livre de Mormon. Sjodahl publiera An Introduction to the Study of the Book of Mormon comportant une grande variété de théories culturelles et linguistiques.
 
B. H. ROBERTS. Parmi les auteurs mormons les plus influents de son temps, B. H. Roberts (1857-1933) a beaucoup écrit sur toutes sortes de sujets relatifs à l’Église, dont le Livre de Mormon. Comme Reynolds et Sjodahl, il s’intéresse non seulement aux implications théologiques du Livre de Mormon mais également à son cadre historique, géographique et culturel (1909, vol. 2, p. 143-144, 162, 347-458 ; Vol. 3, p. 3-92). Roberts n'avait pas peur de poser des questions difficiles – et parfois sans réponse pour lui – au sujet du Livre de Mormon, mais il affirmera jusqu’à la fin de sa vie sa foi au livre (1985, p. 61-148 ; J. Welch, Ensign 16, mars 1986, p. 58-62).
 
FRANCIS KIRKHAM. Dans son étude en deux volumes A New Witness for Christ in America (1942), Francis Kirkham (1877-1972) examine les faits historiques des années 1820 concernant la parution du Livre de Mormon. Il montre que les témoignages de Joseph Smith et de ses amis sont cohérents et fidèles à eux-mêmes, alors que ceux de ses ennemis sont fréquemment contradictoires et incohérents. Il étaie soigneusement sa démonstration que les autres explications de l'origine du Livre de Mormon ont parfois changé ou ont été abandonnées. Tout en favorisant la conception traditionnelle de l’origine du Livre de Mormon, il permet à tout le monde de s’exprimer, avec peu de commentaires. Il présente généreusement les documents primaires, publiés ou non, provenant des bibliothèques et des archives de partout aux États-Unis. L’utilisation qu’il a faite du plus grand éventail de sources primaires existantes a créé une nouvelle façon de travailler dans l'étude des origines du Livre de Mormon.
 
Le deuxième tome de A New Witness for Christ in America de Kirkham (1951) examine les autres explications de l’origine du Livre de Mormon. Concernant l'affirmation que Joseph Smith a écrit le livre lui-même, il présente les déclarations de personnes qui connaissaient bien Joseph, avec des points de vue représentant les deux côtés de la question de savoir s'il était capable d'écrire un tel livre. Il avance aussi d’abondants arguments pour montrer que l'hypothèse Spaulding est bourrée de problèmes. La théorie ne fournit que les éléments les plus indirects et les plus douteux concernant le vol du manuscrit par Rigdon et son transfert à Joseph Smith à l’insu de tous. Bien que, ces quelques dernières décennies la théorie Spaulding ne soit plus retenue comme explication du Livre de Mormon, on la ressort encore de temps en temps.
 
HUGH W. NIBLEY. Dans son grand nombre d’écrits sur le Livre de Mormon, rédigés sur une période d’une quarantaine d’années, Hugh W. Nibley (1910-2005) a adopté plusieurs méthodes, principalement la mise en contexte historique sur la base des affirmations internes du Livre de Mormon considéré comme annales d’un peuple venu du Proche-Orient antique, mais examinant aussi l'authenticité du livre sur la base des données internes uniquement et voyant dans l'effondrement fatal de grandes civilisations un avertissement menaçant pour les hommes d’aujourd'hui.
 
Dans Léhi dans le Désert (1949-1952), après avoir passé en revue les critères du grand archéologue américain William F. Albright pour déterminer la plausibilité historique des récits antiques, Nibley pose ces questions sur l'histoire de Léhi : « Reflète-t-elle correctement ‘l’horizon culturel et les idées et les pratiques religieuses et sociales de l’époque’ ? A-t-elle un cadre historique et géographique authentique ? La mise en scène est-elle mythique, tout à fait imaginaire ou improbable par son extravagance ? Sa couleur locale est-elle correcte et ses noms propres sont-ils convaincants ? » (CWHN 5:4). La façon correcte d’aborder le Livre de Mormon, selon Nibley, est simplement de donner au livre le bénéfice du doute, lui accordant qu'il est ce qu’il prétend être (les annales antiques historiquement authentiques d'un peuple provenant de l'Israël ancien) et examinant ensuite les données internes du livre lui-même (les noms, les idées culturelles et religieuses) en les comparant à ce que l’on sait du Proche-Orient antique. Quand on fait ceci, il se dégage une image qui correspond de manière saisissante à ce qu’on peut savoir du Proche-Orient antique. La plupart des exemples de Nibley viennent des Arabes, des Égyptiens et des Israélites.
 
Avec beaucoup d'esprit et d'érudition, Nibley argumente contre les autres explications du Livre de Mormon. Par exemple, en traitant de la théorie environnementale de Thomas O'Dea que le livre est de toute évidence un ouvrage américain, Nibley considère que les sentiments américains qui sont censés imprégner l’œuvre devraient être plus précis et mieux ressortir (CWHN 8:185-86). À l’aide de parades habiles et dans un style vigoureux, Nibley va de l’avant dans ses études sur le Livre de Mormon, tantôt défendant certains points du livre, tantôt passant à l'offensive contre ceux qui l'attaquent, enrichissant toujours la compréhension qu’a le lecteur de son cadre. En tant qu'enseignant, conférencier et auteur, Nibley a exercé une très grande influence sur les études faites plus tard sur le Livre de Mormon.
 
JOHN L. SORENSON. John L. Sorenson (1924-) examine le texte du Livre de Mormon en consacrant son attention à la Méso-Amérique pour mieux comprendre le cadre géographique, anthropologique et culturel des peuples du livre. Il analyse soigneusement les données méso-américaines, en particulier la géographie, les conditions climatiques, le mode de vie et la guerre, ainsi que les restes archéologiques dans Un environnement pour le Livre de Mormon dans l’Amérique ancienne, afin de créer une matrice plausible et cohérente pour la compréhension du livre. En ce qui concerne la géographie du Livre de Mormon, Sorenson conclut que les événements rapportés dans le Livre de Mormon se sont produits dans une région assez restreinte du sud du Mexique et du Guatemala : L‘étroite bande de terre est l’isthme de Tehuantepec. La mer de l’est est le Golfe du Mexique ou son composant, le Golfe de Campeche. La mer de l’ouest est l’océan Pacifique à l’ouest du Mexique et du Guatemala. Le pays situé du côté du sud comprend la partie du Mexique située à l’est et au sud de l’isthme de Tehuantepec… Le pays situé du côté du nord consiste pour une partie du Mexique à l’ouest et au nord de l'isthme de Tehuantepec… Le champ de bataille final où les peuples jarédite et néphite ont péri se trouvait autour des monts Tuxtla dans la partie centrale et méridionale de Veracruz [p. 46-47].
 
Un environnement pour le Livre de Mormon dans l’Amérique ancienne a placé l'étude du cadre américain antique du Livre de Mormon sur un niveau scientifique comme aucun des ouvrages qui l’ont précédé.
 
ORIENTATIONS ACTUELLES DES ÉTUDES SUR LE LIVRE DE MORMON. Une grande partie du travail spécialisé sur le Livre de Mormon a été consacrée à une compréhension plus complète de sa richesse théologique ou s’est occupée de mettre en pratique le principe énoncé par le livre d’ « appliqu[er] toutes les Écritures à nous » (1 Né. 19:23). Certaines des publications récentes du Religious Studies Center à l’université Brigham Young se sont concentrées sur divers aspects théologiques du Livre de Mormon et sur la recherche d’applications du livre à la vie (par exemple, les essais de divers auteurs dans Cheesman, dans McConkie et Millet, et dans Nyman et Tate).

Sous l’impulsion de Nibley, de Sorenson et d'autres, plusieurs études récentes sur le livre se sont occupées d’améliorer la compréhension de ses racines dans le Vieux Monde et dans son cadre américain. Les recherches et les publications de la Fondation pour les Recherches dans l’Antiquité et les Études mormones (F.A.R.M.S.), de la Société pour l'archéologie historique ancienne (SEHA) et de l'Institut de Recherche archéologique se sont tout particulièrement concentrées sur le contexte historique et géographique du Livre de Mormon.
 
Dans certains cercles, l’un des grands points focaux de l’étude actuelle du Livre de Mormon est son historicité. Alors que, par le passé, les positions vis-à-vis du Livre de Mormon se répartissaient en gros entre ceux qui l'acceptaient comme un document antique historiquement authentique et inspiré et ceux qui le rejetaient à ces deux points de vue, plusieurs angles d’approche différents sont apparus.

Selon l’un des points de vue, une position qui existait déjà avant sa publication, le Livre de Mormon est une invention délibérée de Joseph Smith. Les tenants de cette thèse ne voient aucune inspiration dans le livre ni aucune valeur historique, tout en voulant bien lui accorder une certaine valeur religieuse en tant qu’énoncé des sentiments religieux de Joseph Smith. La philosophie qui sous-tend cette conception peut être le rejet doctrinaire de toute intervention divine dans les affaires des hommes ou le rejet spécifique des affirmations de Joseph Smith concernant ses expériences avec le divin. Ceux qui entretiennent ce point de vue peuvent accepter soit la théorie Spaulding, soit, plus communément, diverses explications environnementales du contenu du livre (voir View of the Hebrews). Une explication environnementaliste qui a suscité, il y a quelque temps, un certain intérêt tant parmi les croyants que les non-croyants est basée sur la soi-disant « conception magique du monde » qui aurait imprégné l'environnement dans lequel Joseph Smith a grandi. Cependant, ce point de vue a été fortement critiqué et n’a pas rencontré un grand succès.
 
Une autre conception du Livre de Mormon accepte son inspiration mais rejette son authenticité historique, le considérant comme inspiré dans un certain sens mais pas comme un produit de l'Antiquité et venant plutôt de la plume de Joseph Smith.
 
Une troisième vision des choses accepte des parties du Livre de Mormon comme antiques, mais voit dans d'autres parties du livre des expansions inspirées sur le texte. Cette conception a souffert du fait que concéder qu’une partie quelconque du livre est authentiquement antique (et au-delà de la capacité de Joseph Smith d’y parvenir par la recherche), c’est reconnaître que le Livre de Mormon est ce qu’il prétend être et ce qui est traditionnellement affirmé à son sujet, à savoir qu'il est antique.

S’il est vrai que ces idées ont été formulées par certains membres de la communauté mormone, la majorité des saints des derniers jours qui étudient le Livre de Mormon acceptent la conception traditionnelle de son authenticité divine et l'étudient à la fois comme document antique et comme un traité pour l’époque moderne, ce qui fortifie leur appréciation pour le livre et le profit qu’ils en retirent.
 
Bibliographie
On trouvera des bibliographies dans les numéros annuels de la Review of Books on the Book of Mormon et John W. Welch, Gary P. Gillum et DeeAnn Hofer, Comprehensive Bibliography of the Book of Mormon, F.A.R.M.S. Report, Provo, Utah, 1982. Pour les essais sur Pratt, Reynolds, Roberts, Kirkham, Sperry et Nibley, voir les articles dans l’Ensign, 1984-1986.
Bush, Lester E., Jr. "The Spalding Theory Then and Now", Dialogue 10, Automne 1977, p. 40-69.
Cheesman, Paul R. , dir. De publ. The Book of Mormon : The Keystone Scripture. Provo, Utah, 1988.
Clark, John. "A Key for Evaluating Nephite Geographies" (critique de F. Richard Hauck, Deciphering the Geography of the Book of Mormon). Review of Books on the Book of Mormon, 1 1989, p. 20-70.
Kirkham, Francis W. A New Witness for Christ in America, éd. rév., 2 vols. Salt Lake City, 1959-1960.
McConkie, Joseph Fielding et Robert L. Millet. Doctrinal Commentary on the Book of Mormon, 2 vols. Salt Lake City.
Nibley, Hugh. Lehi in the Desert/The World of the Jaredites/There Were Jaredites ; An Approach to the Book of Mormon ;Since Cumorah ; et The Prophetic Book of Mormon. Dans CWHN 5-8.
Nyman, Monte S. et Charles D. Tate, dir. de publ. The Book of Mormon : First Nephi, The Doctrinal Foundation ; Second Nephi, The Doctrinal Structure ; Jacob Through Words of Mormon, to Learn with Joy. Provo, Utah, 1988-1990.
Reynolds, George. The Story of the Book of Mormon. Salt Lake City, 1888.
Id. et Janne M. Sjodahl. Commentary on the Book of lonnon, 5e éd., 7 vols. Salt Lake City, 1972.
Reynolds, Noel B., dir. de pub. Book of Mormon Authorship : New Light on Ancient Origins. Provo, Utah, 1982.
Ricks, Stephen D., et William J. Hamblin, dir. de pub. Warfare in the Book of Mormon. Salt Lake City, 1990.
Roberts, B. H. New Witnesses for God, Vols. 2-3. Salt Lake City, 1909.
Id., Studies of the Book of Mormon, dir. de pub. B. Madsen, Urbana, Ill., 1985.
Sjodahl, Janne M. An Introduction to the Study of the Book of Mormon. Salt Lake City, 1927.
Sorenson, John L. An Ancient American Setting for the Book of Mormon. Salt Lake City, 1985.
Sperry, Sidney B. Book of Mormon Compendium. Salt Lake City, 1968.
STEPHEN D. RICKS
 
Livre de Mormon – Géographie
Auteur : Clark, John E.
 
Bien que le Livre de Mormon soit principalement un document religieux des Néphites, des Lamanites et des Jarédites, on trouve assez de détails géographiques dans le récit pour permettre la reconstitution d’au moins une géographie rudimentaire des pays du Livre de Mormon. Dans le sens technique du terme « géographie » (par exemple, physique, économique, culturelle ou politique), aucune géographie du Livre de Mormon n'a encore été écrite. La plupart des saints des derniers jours qui écrivent des géographies ont à l'esprit l’une des deux activités suivantes ou les deux : premièrement, la reconstitution interne de la taille et de la configuration relatives des pays du Livre de Mormon sur la base des affirmations ou des allusions du texte ; deuxièmement, des tentatives de faire correspondre la géographie interne à un endroit d’Amérique du Nord ou du Sud. Nous traitons ici de trois questions concernant la géographie du Livre de Mormon : (1) Comment peut-on reconstituer une géographie du Livre de Mormon ? (2) À quoi la géographie du Livre de Mormon ressemble-t-elle ? (3) Quels endroits hypothétiques a-t-on proposés pour les pays du Livre de Mormon ?
 
RECONSTITUTION DE LA GÉOGRAPHIE INTERNE DU LIVRE DE MORMON. Bien que les dirigeants de l’Église prennent officiellement et uniformément leurs distances par rapport aux questions relatives à la géographie du Livre de Mormon pour concentrer l'attention sur le message spirituel du livre, les supputations privées et les recherches spécialisées dans ce domaine ont été abondantes. En se basant sur les indices fournis par le texte, amateurs et savants ont formulé plus de soixante géographies possibles. Les désaccords entre eux proviennent de différences dans (1) l'interprétation des passages scripturaires et des déclarations des Autorités générales ; (2) de la manière de procéder pour harmoniser les renseignements donnés par les Écritures ; (3) les hypothèses de départ concernant le texte et l'identification traditionnelle dans l’Église de certains lieux mentionnés (particulièrement la colline Cumorah et « l’étroite bande de terre » qui jouent un rôle important dans le texte) ; et (4) les préférences personnelles et la formation professionnelle.

Ceux qui croient que la reconstitution d'une géographie du Livre de Mormon est possible doivent d'abord régler les problèmes habituels d'interprétation des textes historiques. Il faut attribuer un poids différent à divers passages en fonction de la quantité et de la précision des renseignements fournis. Beaucoup de villes du Livre de Mormon ne peuvent pas être situées parce que l’on ne dispose pas de renseignements suffisants ; cela vaut particulièrement pour les villes lamanites et jarédites. Le Livre de Mormon est essentiellement un document néphite et la plupart des éléments géographiques mentionnés sont en territoire néphite.
 
Sur la base des données fournies par le texte, on peut localiser approximativement les unes par rapport aux autres diverses caractéristiques naturelles et certaines villes. Les distances dans le Livre de Mormon sont données en termes du temps requis pour voyager d'un endroit à l'autre. Les meilleurs renseignements pour reconstituer la géographie interne viennent des récits des guerres entre Néphites et Lamanites pendant le premier siècle av. J.-C., avec des données plus limitées provenant des voyages missionnaires néphites. Les distances parcourues peuvent être évaluées dans une certaine mesure en tenant compte, là où c’est possible, de la nature du terrain (par exemple, montagnes plutôt que plaines) et de la vitesse relative (par exemple, la marche d'une armée par rapport à un déplacement avec des enfants ou des animaux). La géographie interne élémentaire présentée ci-dessous est basée sur une interprétation des distances évaluées de cette façon et de directions basées sur le texte.
 
GÉOGRAPHIE INTERNE DU LIVRE DE MORMON. De nombreuses tentatives ont été faites pour créer des plans représentant les géographies physiques et politiques décrites dans le texte, mais ceci exige beaucoup d’hypothèses supplémentaires et est difficile à faire sans donner l’impression que les localisations sont précises alors qu’elles sont en réalité approximatives (Sorenson, 1991). La description présentée ci-dessous de la taille et de la configuration des pays du Livre de Mormon et de l’emplacement des concentrations de population résume les données les moins ambiguës.
 
Les pays du Livre de Mormon étaient plus longs du nord au sud que d'est en ouest. Ils se composaient de deux entités territoriales reliées par un isthme (« une étroite bande de terre ») flanqué d'une « mer de l’est » et d'une « mer de l’ouest » (Al. 22:27, 32). Le pays situé au nord de l‘étroite bande de terre était appelé « le pays situé du côté du nord » et celui du sud « le pays situé du côté du sud » (Al. 22:32). Le récit jarédite se situe entièrement dans le pays situé du côté du nord (Om. 1:22 ; Ét. 10:21), mais nous n’avons pas suffisamment de détails pour situer leurs villes les unes par rapport aux autres. D’autre part, la majeure partie du récit néphite s’est déroulée dans le pays situé du côté du sud. Les récits de voyage dans le pays situé du côté du sud indiquent que les Néphites et les Lamanites occupaient une région qu’il était possible de parcourir du nord au sud lors d’un voyage normal en une trentaine de jours.
 
Le pays situé du côté du sud était divisé par « une bande étroite de désert » qui allait de la « mer de l’est » à la « mer de l’ouest » (Al. 22:27). Les Néphites occupaient le territoire au nord de ce désert et les Lamanites, celui du sud. Sidon, le seul cours d’eau dont le nom soit donné, coulait vers le nord entre les déserts de l’est et de l’ouest et prenait sa source dans la bande étroite de désert (Al. 22:29). Le Sidon se déversait probablement dans la mer de l'est si l’on se base sur la description du désert de l’est comme étant une zone côtière plutôt large, mais son embouchure n’est indiquée nulle part.

On peut déduire du texte l’emplacement de quelques villes néphites importantes. Zarahemla était la capitale néphite au premier siècle av. J.-C. La partie du pays situé du côté du sud occupée par les Néphites était appelée « le pays de Zarahemla » (Hél. 1:18). La ville de Néphi, la colonie néphite originelle, avait entre-temps été occupée par les Lamanites et était parfois l’une de leurs capitales pour le pays situé au sud de l’étroit désert qui servait de séparation (Al. 47:20). Si l’on se base sur le récit de migration d'Alma 1, la distance entre les villes de Zarahemla et de Néphi peut être estimée à environ vingt-deux jours de voyage pour un groupe comprenant des enfants et des troupeaux, la plupart du temps par terrain montagneux (cf. Mos. 23:3 ; 24:20, 25).
 
La distance de Zarahemla à la bande étroite était probablement inférieure à celle séparant Zarahemla et Néphi. La concentration de population principale près de l’étroite bande de terre était la ville d’Abondance, située près de la mer de l’est (Al. 52:17-23). Cette ville située dans les terres basses était le verrou qui commandait l'accès au pays situé du côté du nord en venant du côté de la mer de l’est.
 
L'emplacement relatif de la colline Cumorah est très ténu du fait que le temps de voyage d’Abondance, ou de l’étroite bande de terre, jusqu’à Cumorah n’est indiqué nulle part. Cumorah était près de la mer de l’est dans le pays situé du côté du nord et les indications limitées dont nous disposons donnent à penser qu’elle n’était probablement pas à beaucoup de jours de voyage de l’étroite bande de terre (Mos. 8:8 ; Ét. 9:3). Il est également probable que la partie du pays situé du côté du nord occupée par les Jarédites était plus petite que le pays néphite-lamanite au sud.

Les pays du Livre de Mormon comportaient des déserts montagneux, des plaines côtières, des vallées, un grand fleuve, un lac de montagne et des marécages dans les terres basses. La région connaissait apparemment aussi des éruptions volcaniques et des tremblements de terre occasionnels (3 Né. 8:5-18). Culturellement, le Livre de Mormon décrit un peuple urbanisé et agricole connaissant la métallurgie (Hél. 6:11), l’écriture (1 Né. 1:1-3), des calendriers, lunaires et solaires (2 Né. 5:28 ; Om. 1:21), des animaux domestiques (2 Né. 5:11), divers grains (1 Né. 8:1), l’or, l’argent, les perles et « des vêtements somptueux » (Al. 1:29 ; 4 Né. 1:24). Sur la base de ces critères, beaucoup de savants considèrent actuellement le nord de l'Amérique Centrale et le sud du Mexique (la Mésoamérique) comme l’endroit le plus susceptible d’être les pays du Livre de Mormon. Cependant, ce point de vue est privé et ne représente pas la position officielle de l'Église.
 
LOCALISATION PRÉSUMÉE DES PAYS DU LIVRE DE MORMON. Deux questions valent d’être étudiées en ce qui concerne les correspondances externes possibles de la géographie du Livre de Mormon. Quelle est la position officielle de l'Église et que pensent généralement ses membres ?

Au début de l'histoire de l’Église, l'opinion la plus courante parmi les membres et les dirigeants de l’Église était que les pays du Livre de Mormon englobaient toute l’Amérique du Nord et du Sud, bien que certains aient entretenu pendant un certain temps une autre conception plus limitée. La position officielle de l'Église est que les événements relatés dans le Livre de Mormon se sont produits quelque part en Amérique, mais que l'endroit spécifique n'a pas été révélé. Cette position s'applique aux géographies internes et aux correspondances externes. Aucune géographie interne n'a encore été proposée ou approuvée par l'Église et aucune des géographies internes ou externes proposées par différents membres (y compris celle proposée ci-dessus) n'a reçu l'approbation. Les efforts faits par les membres dans cette direction ne sont ni encouragés ni découragés. Pour employer les termes de John A. Widtsoe, un apôtre : « Toutes les études de ce genre sont légitimes, mais les conclusions qui en sont tirées, bien qu'elles puissent être correctes, doivent être considérées tout au plus comme des conjectures intelligentes » (vol. 3, p. 93).
 
Trois déclarations parfois attribuées au prophète Joseph Smith sont souvent citées comme preuve d'une position officielle de l’Église. Une déclaration de 1836 affirme que « Léhi et son groupe… ont débarqué sur le continent de l'Amérique du Sud, au Chili, à trente degrés de latitude sud » (Richards, Little, p. 272). Ce point de vue était accepté par Orson Pratt et a été imprimé dans les notes de bas de page de l'édition de 1879 du Livre de Mormon, mais il n’y a pas de preuves suffisantes pour l'attribuer formellement à Joseph Smith (« Did Lehi Land in Chili ? » ; cf. Roberts, vol. 3, p. 501-503, et Widtsoe, vol. 3, p. 93-98).
 
En 1842, un éditorial dans le journal de l’Église affirmait que « Léhi… a débarqué un peu au sud de l'isthme de Darien [Panama] » (T&S 3 [15 septembre 1842], p. 921-922). Ceci déplacerait l'emplacement du débarquement de Léhi d’environ 5.000 kilomètres au nord de celui proposé au Chili. À ce moment-là, c’était Joseph Smith qui avait la responsabilité de la rédaction du périodique, mais on ne sait pas si c’est lui qui est à l’origine de cette déclaration ni même si elle représente son opinion. Deux semaines plus tard, un autre éditorial paraissait dans le Times and Seasons, qui constituait en fait une critique du livre Incidents of Travel in Central America, Chiapas and Yucatan, de John Lloyd Stephens. C'était le premier livre accessible en anglais contenant des descriptions et des dessins détaillés des ruines maya antiques. Des extraits en furent reproduits dans le Times and Seasons avec le commentaire que « ce ne serait pas une mauvaise idée de comparer les villes ruinées de M. Stephens à celles du Livre de Mormon : la lumière s’attache à la lumière et les faits sont étayés par les faits. La vérité ne nuit à personne » (T&S 3 [1er oct. 1842], p. 927).
 
Dans les déclarations faites depuis lors, les dirigeants de l’Église ont généralement refusé de donner un avis quelconque sur les questions de géographie du Livre de Mormon. Quand on lui a demandé d’examiner une carte montrant le lieu de débarquement supposé du groupe de Léhi, le président Joseph F. Smith a déclaré que le « Seigneur ne l'avait pas encore révélé » (Cannon, p. 160 n.). En 1929, Anthony W. Ivins, conseiller dans la Première Présidence, a ajouté : « On n’a encore jamais rien proposé qui règle de manière définitive cette question [de la géographie du Livre de Mormon]… Nous attendons simplement de découvrir la vérité » (CR, avr. 1929, p. 16). Bien que l’Église n'ait pas pris de position officielle en ce qui concerne la localisation des lieux géographiques, les autorités ne découragent pas les efforts privés de traiter le sujet (Cannon).
 
L'éditorialiste non identifié du Times and Seasons semble avoir favorisé l'Amérique Centrale moderne comme cadre des événements du Livre de Mormon. Comme nous l’avons dit, les géographies récentes de certains membres de l’Église sont en faveur de cette identification, mais d'autres considèrent que c’est le nord de l’État de New York ou l'Amérique du Sud qui sont le cadre correct. La diversité des avis reste considérable parmi des membres de l’Église concernant la géographie du Livre de Mormon ; cependant, la plupart de ceux qui ont étudié le problème conviennent que les centaines de références géographiques du Livre de Mormon sont remarquablement cohérentes, même si les spécialistes ne peuvent pas toujours se mettre d’accord sur des endroits précis.

Parmi les nombreuses géographies externes proposées pour le Livre de Mormon, aucune n'a été confirmée positivement et sans équivoque par l’archéologie. Chose plus fondamentale, il n'y a aucun accord sur le point de savoir si pareille identification incontestable est possible ou, si c’était le cas, quelle forme une « preuve » devrait revêtir ; ce qui n’est pas clair non plus, c’est ce qui constituerait une « falsification » ou une « réfutation » de diverses géographies proposées. Tant que ces problèmes de méthodologie n’auront pas été résolus, toutes les géographies internes et externes, y compris leurs tests archéologiques supposés, ne pourraient être considérés tout au plus que comme des conjectures intelligentes.
 
Bibliographie
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Cannon, George Q. "Book of Mormon Geography." Juvenile Instructor 25 (1er janv. 1890), p. 18-19 ; reimpr., Instructor 73 (avr. 1938), p. 159-160.
Clark, John E. "A Key for Evaluating Nephite Geographies." Review of Books on the Book of Mormon 1 (1989), p. 20-70.
Hauck, F. Richard. Deciphering the Geography of the Book of Mormon. Salt Lake City, 1988.
Palmer, David A. In Search of Cumorah : New Evidences for the Book of Mormon from Ancient Mexico. Bountiful, Utah, 1981.
Richards, F., and J. Little, eds. Compendium of the Doctrines of the Gospel, éd. rév. Salt Lake City, 1925.
Roberts, B. H. New Witnesses for God, 3 vols. Salt Lake City, 1909.
Sorenson, John L. An Ancient American Setting for the Book of Mormon. Salt Lake City, 1985.
Sorenson, John L. A Hundred and Fifty Years of Book of Mormon Geographies : A History of the Ideas. Salt Lake City, 1991.
Warren, Bruce W., et Thomas Stuart Ferguson. The Messiah in Ancient America. Provo, Utah, 1987.
Washburn, J. Nile. Book of Mormon Lands and Times. Salt Lake City, 1974.
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations, 3 vols. Salt Lake City, 1951.
JOHN E. CLARK
 
Livre de Mormon, gouvernement et histoire juridique dans
Auteur : Reynolds, Noel B.
 
Étant donné que le Livre de Mormon se concentre sur des thèmes religieux, les informations sur les institutions politiques et juridiques n’apparaissent qu’en toile de fond par rapport au récit religieux. Néanmoins, il est évident que plusieurs institutions politiques caractérisaient les sociétés néphite, lamanite et jarédite.
 
Les Néphites furent gouvernés par des rois héréditaires de v. 550 à 91 av. J.-C., quand le gouvernement passa au règne des juges. Après la venue du Christ, deux siècles de paix sous le gouvernement de son Église furent suivis de la désintégration de la société en unités tribales et finalement de la destruction des Néphites.
 
Dès le commencement, le système juridique néphite fut basé sur la loi de Moïse telle qu’elle était écrite dans les Écritures, telle qu’elle était probablement pratiquée par Israël au septième siècle av. J.-C., et telle qu’elle fut modifiée (légèrement) au cours des années jusqu'à l’avènement de Jésus-Christ. Comme les prophètes néphites l’avaient longtemps prédit (2 Né. 25:24), Jésus accomplit la loi de Moïse. Après son avènement, la loi néphite fut constituée des commandements du Christ.
 
GOUVERNEMENT. Après avoir emmené sa famille et quelques autres hors de Jérusalem, Léhi établit sa colonie sur le continent américain comme une branche d'Israël dans une nouvelle terre promise, mais son organisation était instable en elle-même, parce qu’elle semble n'avoir donné aucun principe clair pour résoudre les conflits politiques. Les sept groupes de lignées créés à la mort de Léhi et mentionnés de manière constante dans le Livre de Mormon étaient les Néphites, les Jacobites, les Joséphites, les Zoramites, les Lamanites, les Lémuélites et les Ismaélites (Jcb. 1:13 ; 4 Né. 1:36-38 ; Mrm. 1:8 ; Welch, 1989, p. 69). Quand ce système se révéla incapable de maintenir la paix, Néphi 1 emmena les quatre premiers de ces groupes de familles, qui croyaient aux révélations de Dieu, fonda une nouvelle ville et accepta le poste de roi néphite par acclamation populaire. Les trois autres groupes élaborèrent par la suite un système monarchique, avec un roi lamanite recevant le tribut d'autres rois vassaux ismaélites, lamanites et lémuélites.
 
Cette scission originelle constitua le thème politique de base d’une grande partie de l'histoire néphite et lamanite. Laman et Lémuel étaient les fils aînés de Léhi, et ils revendiquaient naturellement le droit de régner. Mais ce fut Néphi, un frère cadet, qui fut choisi par le Seigneur pour être leur gouverneur et leur instructeur (1 Né. 2:22) et le récit fait par Néphi de ces débuts a été écrit en partie pour justifier son appel comme gouverneur (Reynolds). Le conflit sur le droit de régner continua, fournissant une grande partie de la base rhétorique pour les guerres récurrentes entre les Lamanites et les Néphites des centaines d'années plus tard.
 
C’est probablement à cause de la controverse qu’a suscité l’établissement de la royauté néphite que son idéologie a été claire dès les temps les plus reculés. Les rois néphites étaient acclamés par le peuple (2 Né. 5:18). Ils avaient un temple comme centre religieux (2 Né. 5:16) et veillaient à conserver les symboles vénérables d’une royauté divinement désignée qu’étaient l'épée de Laban, le Liahona et les annales antiques (2 Né. 5:12-14 ; cf. Ricks).
 
Seuls le premier roi néphite (Néphi 1) et les trois derniers rois (Mosiah 1, Benjamin et Mosiah 2) sont appelés par leur nom dans le Livre de Mormon. Ces quatre rois remplissaient les fonctions de chefs militaires et de prophètes et travaillaient en collaboration étroite avec d'autres prophètes pour rappeler au peuple ses obligations vis-à-vis de Dieu et les uns envers les autres. Par exemple, dans son discours final à son peuple, le roi Benjamin fait rapport au peuple d’une révélation de Dieu et lui fait contracter l'alliance de prendre sur lui le nom du Christ et de garder les commandements de Dieu et du roi.
 
Certains rois néphites étaient impies. Noé, roi d'un sous-groupe néphite (le peuple de Zénif), exploita les faiblesses du système néphite, assurant son entretien et celui de son conseil de prêtres corrompus dans une vie de débauche par les travaux du peuple. Les doutes concernant l’institution de la royauté devinrent aigus quand l’oppression exercée par Noé fut rapportée au groupe principal des Néphites. Le roi Mosiah 2, quand ses fils refusèrent la monarchie, résolut la crise de succession en proposant de remplacer la royauté par un système de juges inférieurs et supérieurs. Cette forme de gouvernement fut acceptée par le peuple en 91 av. J.-C. (Mosiah 29) et dura, malgré plusieurs crises et corruptions, pendant approximativement cent ans. Bien que le poste de grand juge continuât à avoir la prééminence militaire et religieuse et fût fréquemment passée de père en fils, il différait de la royauté en ce que les juges supérieurs pouvaient être jugés par les juges inférieurs s'ils violaient la loi ou opprimaient le peuple (Mosiah 29:29).
 
Alma 2 devint le premier grand juge et a fut simultanément grand prêtre, gouverneur et capitaine en chef militaire. Comme ces postes exigeaient l'approbation du peuple, qui avait rejeté la monarchie, les détracteurs ont eu tendance à confondre le système néphite avec la démocratie des États-Unis. Il n’y avait cependant pas de législature représentative, qui est l’institution essentielle de l'idéologie républicaine américaine. En outre, les postes principaux passaient habituellement du père au fils, sans élections (Bushman, p. 14-17) ; on nous dit bien souvent que « la voix du peuple » autorisait ou confirmait les nominations aux postes de direction et les autres actes civiques ou politiques.
 
Il apparaît que pendant les deux premiers siècles après l’avènement du Christ, les Néphites fonctionnèrent sous un système ecclésiastique sans juges ni rois, avec des tribunaux constitués seulement des anciens de l’Église (4 Né. 1:1-23 ; Mro. 6:7). Avec l'apostasie et l'effondrement de l'Église néphite, aucune institution civile n'était plus en place pour préserver la loi et l'ordre. Les tentatives d'organiser et de gérer les affaires publiques par le retour au système tribal et, plus tard, au gouvernement par les militaires, n'empêchèrent pas la destruction finale de la civilisation.
 
Le Livre de Mormon fait également une brève histoire des Jarédites, une civilisation beaucoup plus ancienne, qui commença à l’époque de la grande Tour et fut monarchique de bout en bout. Les rois jarédites semblent avoir été des autocrates et la succession était plus souvent déterminée par l'aventurisme politique et militaire que par des procédures légales.
 
LÉGISLATION. Jusqu'à la venue du Christ, les Néphites et les Lamanites convertis respectèrent strictement la loi de Moïse telle qu'ils la connaissaient et la comprenaient (2 Né. 5:10 ; 25:24-26 ; Jm. 1:5 ; Jcb. 4:4-5 ; Al. 25:15 ; 30:3 ; Hél. 13:1 ; 3 Né. 1:24-25). Conservée sur les plaques d'airain, la loi de Moïse était la base de leur droit pénal et de leur code civil, aussi bien que des règles de pureté, des sacrifices au temple et de l’observances des fêtes néphites ; ils savaient, cependant, que la loi de Moïse serait remplacée lors de la future ère messianique (2 Né. 25:24-27).
 
Des publications récentes (Welch, 1984, 1987, 1988, 1989, 1990) ont mis au jour une grande panoplie de renseignements juridiques dans le texte du Livre de Mormon. Les aspects procéduraux et administratifs de la loi néphite évoluèrent d'un siècle à l'autre, alors que la substance de la loi coutumière changeait très peu. Les dirigeants néphites semblent avoir considéré toute nouvelle législation comme présomptueuse et généralement mauvaise (Mosiah 29:23) et tout changement non autorisé de la loi de Dieu comme blasphématoire (Jacob 7:7). Leurs lois religieuses comportaient de nombreuses dispositions et protections humanitaires pour les personnes, pour leur liberté religieuse et leurs biens. Ces règles étaient basées sur un principe fort d'égalité juridique (Al. 1:32 ; 16:18 ; Hél. 4:12).
 
Lors de deux incidents au début de l’histoire, Jacob, frère de Néphi 1, fut impliqué dans des polémiques au sujet de la loi. La première concernait le droit revendiqué par certains Néphites d'avoir des concubines (Jcb. 2:23-3:11), et la seconde se produisit quand Shérem accusa Jacob de profaner la loi de Moïse (Jcb. 7:7).
 
Le procès d'Abinadi (Mosiah 11-17) indique que, au moins dans le cas de Noé, le roi avait pouvoir sur les questions politiques mais se faisait conseiller sur les sujets religieux par une assemblée de prêtres : Des chefs d’accusation furent lancés contre Abinadi pour avoir maudit le souverain, porté un faux témoignage, fait une fausse prophétie et avoir blasphémé (Mos. 12:9-10, 14 ; 17:7-8, 12). Les sanctions légales dans le Livre de Mormon étaient souvent conçues de manière à correspondre à la nature du délit ; ainsi, Abinadi fut brûlé pour avoir insulté le roi dont il avait dit que la vie serait estimée comme un vêtement dans une fournaise (Mosiah 12:3 ; 17:3).
 
Lorsque les Néphites abandonnèrent la monarchie, Mosiah 2 institua une réforme importante de la procédure néphite. Un système de juges et d'autres officiers fut institué ; les juges inférieurs étaient jugés par un juge supérieur (Mos. 29:28) ; les juges étaient payés pendant le temps passé au service du public (Al. 11:3) ; un système normalisé de poids et mesures fut institué (Al. 11:4-19) ; l'esclavage fut formellement interdit (Al. 27:9) et les débiteurs défaillants risquaient l'exil (Al. 11:2). Il y avait des officiers (Al. 11:2) et des avocats qui aidaient, mais leurs fonctions officielles ne sont pas claires. Il semble que seuls les citoyens ordinaires avaient le pouvoir d’intenter des procès (sinon les juges en auraient intenté un à Néphi 2 dans Hél. 8:1).
 
Le procès de Néhor fut un précédent important, fixant la juridiction plénière et de première instance du grand juge (Al. 1:1-15). Il apparaît qu’en vertu de Mosiah 29, les juges supérieurs n’étaient censés juger que si les juges inférieurs portaient un faux jugement. Mais dans le procès de Néhor, Alma 2 s’empara directement de l’affaire, augmentant le pouvoir du grand juge.
 
La réforme protégeait aussi la liberté de croyance, mais certains comportements publics étaient punis (Al. 1:17-18 ; 30:9-11). Le cas de Korihor fixa la règle que certaines formes de parole (blasphème, incitation du peuple à pécher) étaient punissables en vertu de la loi néphite, même après la réforme de Mosiah.
 
Pendant tout ce temps, la loi néphite sous-jacente restait la loi de Moïse interprétée à la lumière de la connaissance de l'Évangile. Les décrets publics interdisaient régulièrement le meurtre, le pillage, le vol, l'adultère et toute iniquité (Mos. 2:13 ; Al. 23:3). Le meurtre était défini comme le fait de « tuer délibérément » (2 Né. 9:35), ce qui excluait les cas où l’on ne se mettait pas à l’affût (sur le meurtre de Laban par Néphi, cf. Ex. 21:13-14 et 1 Né. 4:6-18). Le vol était habituellement une infraction mineure, mais le brigandage était un crime capital (Hél. 11:28) ordinairement commis par des étrangers organisés et des brigands violents et politiquement motivés, qui étaient traités par les forces militaires (comme ils l’étaient typiquement dans le Proche-Orient antique).
 
Il est évident que l’on observait systématiquement les principes techniques de la loi de Moïse dans la civilisation néphite. Par exemple, la résolution juridique d'un meurtre sans témoins dans le cas de Séantum dans Hélaman 9 prouve que les Néphites reconnaissaient une exception technique à la règle interdisant de témoigner contre soi-même comme le firent plus tard les juristes juifs, comme quand la divination détectait un corpus delicti (Welch, février 1990). L'exécution de Zemnarihah par les Néphites préfigurait un point obscur attesté plus tard dans la loi juive qui exigeait que l'arbre auquel un criminel avait été pendu soit abattu (3 Né. 4:28 ; Welch, 1984). Le cas de l'exemption des Ammonites du service militaire donne à penser que la compréhension rabbinique de Deutéronome 20 à cet égard était probablement identique à celle des Néphites (Welch, 1990, p. 63-65).
 
On peut aussi déduire de preuves indirectes que les Néphites observaient les lois rituelles traditionnelles des fêtes israélites. Un exemple pourrait être l'assemblée du peuple de Benjamin dans des tentes autour du temple et de la tour du haut de laquelle il parle. Il y a des choses dans le récit qui sont semblables aux fêtes du nouvel an entourant la fête des tabernacles et le jour des expiations (Tvedtnes, dans Lundquist et Ricks, By Study and Also by Faith, Salt Lake City, 1990, 2:197-237).

Avec l’avènement du Christ ressuscité, rapporté dans 3 Néphi, la loi de Moïse fut accomplie et reçut un sens nouveau. Les dix commandements étaient toujours d’application sous une nouvelle forme (3 Né. 12) ; « les observances et les ordonnances » de la loi devinrent périmées (4 Né. 1:12), mais pas la « loi » ni les « commandements » comme Jésus les avait reformulés dans 3 Néphi 12-14.
 
Bibliographie
Bushman, Richard L. "The Book of Mormon and the American Revolution." BYU Studies 17, Automne 1976, p. 3-20.
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Ricks, Stephen D. "The Ideology of Kingship in Mosiah 1- 6." F.A.R.M.S. Update, août 1987.
Welch, John W. "The Execution of Zemnarihah." F.A.R.M.S. Update, novembre 1984.
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Welch, John W. "Statutes, Judgments, Ordinances and Commandments." F.A.R.M.S. Update, juin 1988.
Welch, John W. "Lehi's Last Will and Testament : A Legal Approach." Dans The Book of Mormon : Second Nephi, the Doctrinal Structure, dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, p. 61-82. Provo, Utah, 1989.
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Welch, John W. "Law and War in the Book of Mormon." Dans Warfare in the Book of Mormon, dir. de publ. S. Ricks et W. Hamblin, p. 46-102. Salt Lake City, 1990.
NOEL B. REYNOLDS
 
Livre de Mormon – Histoire de la guerre dans
Auteur : Hamblin, William J.
 
Une grande partie du Livre de Mormon traite de conflits militaires. Dans des récits divers, instructifs et moralement édifiants, le Livre de Mormon rapporte une grande variété de coutumes, de techniques et de tactiques militaires semblables à celles que l’on trouve dans beaucoup de sociétés pré-modernes (avant 1600-1700 apr. J.-C.), particulièrement certaines croyances et conventions typiquement israélites adaptées à la région de la Méso-Amérique.
 
Le Livre de Mormon enseigne que la guerre est le résultat de l'iniquité. Des guerres et des destructions s’abattent sur les Néphites à cause des querelles, des meurtres, de l'idolâtrie, des fornications et des abominations « qui existaient parmi eux », tandis que ceux qui étaient « fidèles à garder les commandements du Seigneur furent délivrés en tout temps » de la captivité, de la mort ou de l'incrédulité (Al. 50:21-22).
 
Le Livre de Mormon condamne implicitement les guerres d'agression. Jusqu'à leur calamité finale, tous les objectifs militaires néphites étaient strictement défensifs. Tous les Néphites de sexe masculins qui étaient aptes avaient l’obligation formelle et sacrée de défendre leurs familles, leur pays et leurs libertés religieuses (Al. 43:47 ; 46:12), mais seulement quand Dieu le leur commandait (voir Guerre et paix).

GUERRE. Dans le Livre de Mormon, hormis les convertis ammonites qui ont fait serment de ne plus jamais verser le sang et la période remarquable de paix qui suit la visite du Christ, les conflits armés à différents niveaux d'intensité sont un phénomène presque constant. Plusieurs prophètes et héros du Livre de Mormon sont des militaires qui combattent pour défendre leur peuple, témoins des réalités sinistres de la guerre dans l'histoire antique.
 
La religion et la guerre ont des liens étroits dans le Livre de Mormon. Certains éléments du principe de la « guerre sainte » israélite s’y retrouvent, comme l'idée importante dans l’antiquité que le succès à la guerre était dû fondamentalement à la volonté de Dieu et à la justice du peuple (Al. 2:28 ; 44:4-5 ; 50:21 ; 56:47 ; 57:36 ; 58:33 ; Mrm. 2:26). Les armées néphites consultaient les prophètes avant d'aller au combat (Al. 16:5 ; 43:23-24 ; 3 Né. 3:19) contractaient des alliances avec Dieu avant la bataille. À une certaine occasion, les soldats néphites font le serment solennel d’obéir aux commandements de Dieu et de combattre vaillamment pour la cause de la justice, jetant leurs vêtements par terre aux pieds de leur chef et invitant Dieu à les jeter de la même façon aux pieds de leurs ennemis s'ils violent leur serment (Al. 46:22 ; cf. 53:17). Dans l’histoire des jeunes guerriers d’Hélaman on peut voir un code de pureté pour les guerriers (Al. 56-58).
 
Comme c’était le cas dans toutes les situations pré-modernes, la guerre dans le Livre de Mormon était étroitement liée à l'environnement et à l'écologie naturels : temps, altitude, terrain, approvisionnements en nourriture, caractère saisonnier et cycles agricoles. La géographie détermine dans une certaine mesure la stratégie et les tactiques (Sorenson, 1985, p. 239-276). Le moment favorable pour les campagnes militaires dans le Livre de Mormon semble avoir été entre les onzième et quatrième mois, que l’on a comparé au fait que les actions militaires avaient souvent lieu pendant les mois frais et secs succédant à la moisson, soit à partir de novembre jusqu’en avril en Méso-Amérique (voir Alma 16:1 ; 49:1 ; 52:1 ; 56:27 ; Ricks et Hamblin, p. 445-477).
 
Les animaux, utilisés comme bêtes de somme ou montés pour aller au combat, n'étaient de toute évidence ni très disponibles ni d’usage pratique dans le monde néphite : le Livre de Mormon ne mentionne jamais l’utilisation d’un animal à des fins militaires.
 
Du point de vue de la technique, les soldats néphites se battaient, d’une façon ou d’une autre, avec des armes de jet ou de corps à corps et portaient fréquemment une armure. Ils se servaient de la métallurgie pour faire les armes et les armures et du génie pour dresser des fortifications. Dans le Livre de Mormon, Néphi enseigne à son peuple à faire des épées sur le modèle de l'épée de Laban (2 Né. 5:14-15). Les innovations décrites comportent une prolifération des fortifications (que l’on croyait jadis inexistantes dans l’Amérique antique) et des armures néphites au premier siècle av. J.-C. (Al. 43:19 ; 48), bientôt copiées par les Lamanites (Al. 49:24). On a fait remarquer que les armes (épées, cimeterres, arcs et flèches) et les armures (plastrons de cuirasse, boucliers, écus et casques [le mot casque a été utilisé dans la version française à cause de la difficulté de rendre l’anglais « headplate », littéralement « plaque de tête »]) mentionnés dans le Livre de Mormon sont comparables à ceux qui ont été trouvés en Méso-Amérique ; les cottes de mailles, les casques, les chars de combat, la cavalerie et les machines de siège complexes sont absents dans le Livre de Mormon et en Méso-Amérique, en dépit de leur importance dans les descriptions bibliques (Ricks et Hamblin, p. 329-424).
 
La capacité de recruter, d’équiper, de former, d’alimenter et de déplacer de grands groupes de soldats représentait une entreprise importante pour ces sociétés, les poussant souvent au-delà de leurs limites et contribuant de ce fait à leur effondrement final. Comme l’illustre l'histoire de Moroni 1 et de Pahoran, la guerre exerçait une pression sociale et économique terrible sur la société néphite (Al. 58-61). La taille des armées néphites coïncidait avec la croissance démographique générale : Les armées comptaient des milliers d’hommes au premier siècle av. J.-C. et des dizaines de milliers au quatrième siècle apr. J.-C.
 
Il apparaît que l'organisation militaire dans le Livre de Mormon était aristocratique et dominée par une élite héréditaire hautement entraînée. Ainsi, par exemple, des chefs militaires tels que Moroni 1, son fils Moronihah et Mormon deviennent chacun capitaine en chef à un jeune âge (Al. 43:17 ; 62:39 ; Mrm. 2:1).
 
Les armées du Livre de Mormon étaient organisées selon un système décimal de centaines, de milliers et de dix mille, comme c’était typiquement le cas dans l’Israël ancien et dans beaucoup d'autres organisations militaires antiques.
 
Le livre d'Alma fait d’une manière vivante et réaliste le récit des sombres réalités, des tensions et des souffrances de la guerre (CWHN 7:291-333). Les préparatifs pour la guerre étaient complexes : il y est souvent question d'approvisionnements, de marches et de contre-marches. La main d'œuvre était recrutée dans les rangs des citoyens ordinaires ; les soldats devaient être équipés et organisés pour les marches et la tactique et mobilisés à des endroits centraux.
 
Certaines batailles étaient menées à des moments et dans des endroits arrangés au préalable, comme quand Mormon rencontre les Lamanites à Cumorah (Mrm. 6:2 ; cf. 3 Né. 3:8). Mais une grande partie du temps on a affaire à de la guérilla ou à des attaques surprise : Les brigands de Gadianton ont l’habitude de piller les villes, d’éviter les conflits ouverts, lancent des exigences terroristes et assassinent secrètement les autorités gouvernementales.
 
Les opérations proprement dites sur le champ de bataille ne représentent habituellement qu’une petite partie d'une campagne. Les éclaireurs et les espions partaient en reconnaissance pour trouver de la nourriture, des pistes et l'endroit où se trouvaient les troupes ennemies. Les plans de bataille étaient généralement faits peu avant la rencontre avec l'ennemi et ils avaient fréquemment la forme d'un conseil, comme celui tenu par Moroni dans Alma 52:19.
 
Quand le combat lui-même commençait, il s’avérait sans aucun doute qu’il était difficile de contrôler l'armée. Les soldats combattaient généralement dans des unités distinguées par des bannières tenues par un officier. L’étendard de Moroni, ou « titre de la liberté », a apparemment rempli de telles fonctions (Al. 43:26, 30 ; 46:19-21, 36).
 
Dans la mesure où l’on peut le déterminer, les attaques commençaient traditionnellement par un échange de missiles visant à blesser et à démoraliser l'ennemi ; venait ensuite le combat en corps à corps. La bataille décrite dans Alma 49 fait une bonne description des duels d’archers précédant des mêlées en corps à corps. Quand la panique commençait à se répandre dans les rangs, l'effondrement complet pouvait être soudain et dévastateur. La mort du roi ou du commandant menait habituellement à la défaite ou à la reddition immédiate, comme cela se passe dans Alma 49:25. La mort d'un roi lamanite pendant la nuit précédant la nouvelle année se révéla particulièrement démoralisante (Al. 52:1-2). La plupart des pertes se produisaient pendant la fuite et la poursuite après la désintégration des unités principales ; il y a, dans le Livre de Mormon, plusieurs exemples de déroute, de fuite et de destruction d'une armée (par exemple, Alma 52:28 ; 62:31).
 
Des lois et un comportement coutumier géraient également les relations militaires et la diplomatie. Les serments militaires étaient pris très au sérieux. Les serments de fidélité de la part des troupes et les serments de reddition des prisonniers sont mentionnés fréquemment dans le Livre de Mormon et les traités étaient principalement conclus avec des serments de non-agression (Al. 44:6-10, 20 ; 50:36 ; 62:16 ; 3 Né. 5:4-5). Légalement, les brigands étaient considérés comme des cibles militaires au contraire des contrevenants ordinaires (Hél. 11:28). Parmi les autres éléments de loi martiale dans le Livre de Mormon il y a la suspension des processus juridiques ordinaires et le transfert de l'autorité légale aux officiers militaires commandants (Al. 46:34), les restrictions aux déplacements, les avertissements avant le commencement des hostilités (3 Né. 3 ; cf. De. 20:10-13), l'octroi extraordinaire de l'exemption militaire à condition que les exemptés fournissent des approvisionnements et un appui (Al. 27:24 ; cf. De. 20:8 ; Talmud babylonien, Sotah 43a-44a) et des exigences de traitement humanitaire pour les captifs et les femmes.
 
GUERRES. On peut distinguer quatre-vingt-cinq conflits armés dans le Livre de Mormon (Ricks et Hamblin, p. 463-474). Certains sont de brèves escarmouches, d'autres, de longues campagnes. Certains sont des guerres civiles, d'autres sont interethniques. Les causes des guerres varient et les alliances fluctuent en conséquence. Les guerres principales sont les suivantes :
 
Dans les premiers conflits tribaux (v. 550-200 av. J.-C.), les conflits sociaux, religieux et culturels donnent lieu à des agressions lamanites répétées après que les Néphites se sont séparés des Lamanites. Les Néphites ne s'épanouissent pas dans ces circonstances et, pour échapper à d'autres attaques, ils finissent par quitter le pays de Néphi et se dirigent vers le nord jusqu’à Zarahemla.

Le fils du roi Laman (v. 160-150 av. J.-C.), envieux de la prospérité néphite et irrité contre eux parce qu’ils avaient pris les annales (particulièrement les plaques d’airain, Mosiah 10:16), attaque le peuple de Zénif (des Néphites qui sont revenus au pays de Néphi) et le peuple de Benjamin (Néphites et Mulékites au pays de Zarahemla). Suite à ces campagnes, Zénif devient vassal des Lamanites. La victoire de Benjamin unit plus fermement le pays de Zarahemla sous son règne (Pa. ; Mosiah 9-10).

La guerre d'Amlici (87 av. J.-C.) est une guerre civile à Zarahemla, déclenchée par le remplacement de la fonction royale à celle de juge et par l'exécution de Néhor. Amlici, partisan de Néhor, milite en faveur du retour à la royauté. Cette guerre civile est la première fois, à notre connaissance, que des dissidents néphites s'allient à des Lamanites ; elle débouche sur une paix instable (Al. 2-3).
 
La destruction soudaine d'Ammonihah (81 av. J.-C.), un centre des partisans récalcitrants de Néhor, est déclenchée par la colère lamanite envers certains Néphites qui ont amené certains Lamanites à en tuer d'autres (Al. 16 ;24-25).
 
Le passage des Ammonites (77 av. J.-C.) du territoire lamanite au pays de Jershon pour rejoindre les Néphites conduit à une invasion lamanite majeure des terres néphites (Al. 28).
 
Trois ans après, beaucoup de Zoramites pauvres sont convertis par les Néphites et passent d'Antionum (la capitale zoramite) à Jershon (pays donné aux Ammonites par les Néphites avec des garanties de protection). La perte de cette main d’œuvre va provoquer l'attaque des Zoramites alliés aux Lamanites et d'autres contre les Néphites (Al. 43-44). De nouvelles formes d'armure introduites par les Néphites caractérisent cette guerre.
 
Pendant cette décennie turbulente, un homme politiquement ambitieux appelé Amalickiah, avec des alliés lamanites, va chercher à rétablir une royauté à Zarahemla après la disparition d'Alma 2. Amalickiah est battu (72 av. J.-C.), mais il jure de revenir et de tuer Moroni 1 (Al. 46-50). Il s’ensuit une campagne de sept ans (67-61 av. J.-C.), avec des combats dans deux arènes, une au sud-ouest de Zarahemla et l'autre sur le bord de mer au nord de Zarahemla. Les villes périphériques tombent et la capitale est infestée de conflits civils. À la longue, les Néphites remporteront une victoire coûteuse (Al. 51-62).
 
Lors de la courte guerre de Tubaloth (51 av. J.-C.), Tubaloth, fils d'Ammoron, et Coriantumr (un descendant du roi Zarahemla) s’emparent du pays de Zarahemla, mais ne peuvent pas le conserver, pendant le chaos politique qui suit la rébellion de Paanchi après la mort du grand juge Pahoran (Hél. 1). Suite à cela, les brigands de Gadianton parviennent au pouvoir et certains Néphites commencent à émigrer vers le nord.
 
La guerre de Moronihah (38, 35-30 av. J.-C.) suit la nomination de Néphi 2 comme grand juge (Hél. 4). Les dissidents néphites, de concert avec les Lamanites, occupent la moitié des terres néphites et Néphi 2 démissionne du siège du jugement.
 
Les guerres de Gadianton et de Kishkumen (26-19 av. J.-C.) commencent par l’assassinat de deux grands juges consécutifs, Cézoram et son fils ; la cupidité et les luttes pour le pouvoir suscitent des conflits avec les brigands de Gadianton autour de Zarahemla. Les Lamanites s'unissent aux Néphites contre ces brigands jusqu'à ce qu’une famine, appelée du ciel par le prophète Néphi 2, apporte une victoire néphite temporaire (Hél. 6-11).
 
Giddianhi et Zemnarihah (13-22 apr. J.-C.) lancent des campagnes menaçantes contre les quelques Néphites et Lamanites justes qui restent et ont uni leurs forces à ce moment-là (3 Né. 2-4). À court d’approvisionnements, les brigands de Gadianton deviennent plus visibles et plus agressifs ; ils revendiquent des droits sur les terres et sur le gouvernement néphites. La coalition des Néphites et des Lamanites finit par battre les brigands.
 
Les guerres néphites finales (322, 327-328, 346-350 apr. J.-C.) commencent après qu’une croissance de population et une infestation de brigands causent un conflit frontalier, et les Néphites sont refoulés jusqu’à une étroite bande de terre. Les Néphites fortifient la ville de Sem et parviennent à obtenir un traité de paix de dix ans (Mrm. 1-2), mais ils finissent par contre-attaquer dans le sud. Une grande méchanceté existe des deux côtés (Mrm 6 ; Mro. 9), jusqu'à ce que sur un champ de bataille convenu d’avance, les Néphites affrontent les Lamanites et soient annihilés (v. 385 apr. J.-C.).
 
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles beaucoup de chapitres du Livre de Mormon traitent de guerre.

1. L'inévitabilité de la guerre était un souci fondamental dans pratiquement toutes les civilisations antiques. Les ressources économiques disponibles étaient souvent en grande partie consacrées à entretenir une force militaire ; la conquête est un facteur important dans la transformation et le développement des sociétés du Livre de Mormon comme elle l’a été dans la croissance de la plupart des civilisations du monde.
 
2. Le Livre de Mormon est un document religieux, et pour le peuple du Livre de Mormon, comme pour presque toutes les cultures antiques, la guerre est fondamentalement sacrale. On la fait dans un mélange complexe d'idéologie et de rituel religieux.
 
3. Mormon, qui a compilé et abrégé le Livre de Mormon, était lui-même un commandant militaire. Beaucoup de dirigeants politiques et religieux du Livre de Mormon étaient étroitement associés si pas identiques à leurs commandants ou élites militaires.
 
4. Ces récits faisaient passer des messages religieux importants. Les guerres dans l'histoire néphite vérifient les paroles de leurs prophètes tels qu'Abinadi et Samuel le Lamanite (Mrm. 1:19). Les guerres étaient les instruments du jugement de Dieu (Mrm. 4:5) et de la délivrance accordée par Dieu (Al. 56:46-56). Elles sont, en fin de compte, un témoin contraignant mettant en garde les hommes d’aujourd'hui contre le danger d’être victimes du même sort que les Néphites et les Jarédites ont fini par s’infliger à eux-mêmes (Mrm. 9:31 ; Ét. 2:11-12).
 
Bibliographie
De Vaux, Roland. Ancient Israel. New York, 1965.
Hillam, Ray. "The Gadianton Robbers and Protracted War." BYU Studies 15, 1975, p. 215-224.
Ricks, Stephen D., et William J. Hamblin, dir. De publ. Warfare in the Book of Mormon. Salt Lake City, 1990. (On trouvera une bibliographie supplémentaire aux pages 22-24.)
Sorenson, John L. An Ancient American Setting for the Book of Mormon, p. 239-276. Salt Lake City, 1985.
WILLIAM J. HAMBLIN
 
Livre de Mormon – Langue
Auteur : Stubbs, Brian Darrel
 
La langue du Livre de Mormon présente les caractéristiques typiques d'une traduction d'un texte provenant du Proche-Orient antique aussi bien que la marque de l’anglais du XIXe siècle et le style de la King James Version (KJV) de la Bible. Que la langue du Livre de Mormon ressemble à celle de la KJV semble tout naturel puisque du temps du prophète Joseph Smith, la KJV était le livre le plus lu en Amérique et constituait la langue religieuse standard de la plupart des anglophones (voir CWHN 8:212-18). En outre, le Livre de Mormon a certaines affinités avec la KJV : les deux contiennent des œuvres de prophètes anciens d'Israël aussi bien que des récits d'une partie du ministère de Jésus-Christ, les deux sont des traductions en anglais et les deux doivent devenir « un » dans la main de Dieu comme recueils de sa parole à ses enfants (Éz. 37:16-17 ; 1 Né. 13:41 ; D&A 42:12).
 
LANGUES UTILISÉES PAR LES NÉPHITES. Les déclarations que l’on trouve dans le Livre de Mormon ont engendré des conceptions différentes en ce qui concerne la langue dans laquelle le livre a été écrit à l'origine. Vers 600 av. J.-C., Néphi 1, le premier auteur du Livre de Mormon, quelqu’un qui avait passé sa jeunesse à Jérusalem, écrit : « Je fais [les petites plaques de Néphi] dans la langue de mon père, consistant en la science des Juifs et la langue des Égyptiens » (1 Né. 1:2). Mille ans plus tard, Moroni 2, le dernier prophète néphite, remarque au sujet des plaques de Mormon que « nous avons écrit ces annales … dans les caractères qui sont appelés parmi nous l'égyptien reformé, transmis et altérés par nous, selon notre manière de parler. Et si nos plaques [feuilles en métal] avaient été suffisamment grandes, nous aurions écrit en hébreu ; mais l’hébreu a été altéré aussi par nous … Mais le Seigneur sait… qu’aucun autre peuple ne connaît notre langue » (Mrm. 9:32-34). À la lumière de ces deux passages, il est évident que ceux qui tenaient les annales néphites connaissaient l’hébreu et un peu d’égyptien. On ne sait pas si Néphi, Mormon ou Moroni écrivaient de l'hébreu en caractères égyptiens modifiés ou gravaient leurs plaques en langue égyptienne et en caractères égyptiens ou si Néphi a écrit dans une langue et Mormon et Moroni, qui ont vécu quelque neuf cents ans plus tard, dans une autre. La mention de « caractères » appelés égyptien réformé tend à confirmer l'hypothèse de l’hébreu en caractères égyptiens. Bien que l’observation de Néphi (1 Né. 1:2) contrecarre un peu cette idée, la déclaration est ambiguë et peu concluante pour les deux thèses.
 
Les auteurs néphites semblent avoir modelé leur écriture sur les plaques d’airain, un document contenant les textes bibliques composés avant 600 av. J.-C., qui était en la possession des descendants de Joseph d'Égypte (1 Né. 5:11-16). Certaines parties au moins de ce document étaient écrites en égyptien, puisque la connaissance de « la langue des Égyptiens » a permis à Léhi, père de Néphi, de « lire ces inscriptions » (Mos. 1:2-4). Mais on ne peut encore une fois pas dire si c'était de l’égyptien ou de l'hébreu écrit en égyptien. L'égyptien était employé couramment du temps de Léhi, mais parce que les écrits poétiques sont déformés dans la traduction, parce que les écrits prophétiques étaient généralement considérés comme sacrés et parce que l'hébreu était la langue des Israélites au VIIe siècle av. J.-C., il aurait été étonnant que l’on ait traduit, dès ce moment-là, de l’hébreu en une langue étrangère, les écrits d'Ésaïe et de Jérémie dont une partie substantielle se trouvait sur les plaques d’airain (1 Né. 5:13 ; 19:23). Ainsi donc, des parties hébraïques écrites en hébreu, des parties égyptiennes en égyptien et des parties hébraïques en égyptien sont toutes des possibilités. Si les plaques d'airain ont été créées tandis que les Israélites étaient toujours en Égypte, les parties les plus anciennes (p.ex. les prophéties de Joseph en Égypte) ont pu être écrites en égyptien et les parties plus tardives (par exemple, les paroles de Jérémie) en hébreu.
 
Pour ce qui est de la composition du Livre de Mormon, Mrm. 9:33 indique que l'espace limité sur les plaques d'or imposait l’utilisation de caractères égyptiens plutôt que l'hébreu. Du temps de Léhi, l'hébreu et l'égyptien s’écrivaient uniquement avec les consonnes. À la différence de l'hébreu, l'égyptien avait des signes représentant deux voire même trois consonnes. L’utilisation de tels caractères, surtout sous forme modifiée, devait faire gagner de la place.
 
Les caractères ont été transmis et modifiés selon la façon de parler des Néphites (Mrm. 9:32). Ce commentaire donne à penser que les générations ultérieures de Néphites au moins ont utilisé des caractères égyptiens pour écrire leur langue parlée contemporaine, une forme altérée d'hébreu. Il est extrêmement peu probable qu’un peuple isolé de tout contact simultané avec les deux langues ait pu conserver le bilinguisme dans ces deux langues sur une période de mille ans. Donc, si les caractères égyptiens ont été modifiés à mesure que la langue vivante changeait, cela veut dire que les Néphites utilisaient probablement de tels caractères pour écrire leur langue parlée, qui était essentiellement l’hébreu.
 
Bien qu'une partie du groupe de Léhi qui a quitté Jérusalem ait pu parler l’égyptien, l’aptitude à lire les inscriptions figurant sur les plaques d'airain devait leur permettre de « lire ces inscriptions gravées » (Mos. 1:4). Mais il est tout à fait improbable que la colonie de Léhi ait pu conserver pendant mille ans l'égyptien parlé comme deuxième langue sans le fusionner avec l’hébreu ou le perdre. Par conséquent, le fait que les Néphites avaient « altéré » les caractères égyptiens selon leur « manière de parler » renforce la probabilité qu'ils écrivaient l'hébreu avec des caractères égyptiens. En outre, la langue de Moroni (v. 400 apr. J.-C.) était sans doute suffisamment différente de celle de Léhi (v. 600 av. J.-C.) pour que la lecture de la langue de Léhi exige autant d’étude du temps de Moroni qu’il n’en faut à ceux qui parlent l’anglais moderne pour comprendre le vieil anglais.
 
LANGUE DES INDIGÈNES AMÉRICAINS. Étant donné que l’époque de Moroni se situe presque à égale distance entre celle de Léhi et la nôtre, il pourrait être utile d’examiner notre bout de cette ligne du temps. L'image vague que nous proposent les passages du texte pourrait être rendue plus précise par l’examen des langues amérindiennes. La profondeur de champ du latin aux langues romanes modernes n’est que légèrement moindre que de celle de Léhi à l’époque actuelle. Les ressemblances entre les langues romanes sont abondantes et évidentes. Bien que certains professionnels aient fait allusion à des similitudes, aucune étude n'a encore convaincu les savants qu’il y ait des liens entre le Proche-Orient et l’une quelconque des langues américaines précolombiennes.
 
Il y a pourtant une étude qui promet de démontrer des liens avec la famille des langues uto-aztèques (Stubbs, 1988). Bien que d'autres groupes de langues proposent des pistes suggestives, l’uto-aztèque présente plus de sept cents ressemblances avec l'hébreu dans des structures phonologiques, morphologiques et sémantiques cadrant avec les méthodes linguistiques modernes. Si une poignée de mots égyptiens sont identifiables, ils sont minimes si on les compare à leurs correspondants hébreux.
 
HÉBRAÏSMES DANS LE LIVRE DE MORMON. On a trouvé beaucoup de structures typiques de l’hébreu dans le Livre de Mormon, bien que plusieurs soient également caractéristiques d'autres langues du Proche-Orient. Par exemple, l’accusatif interne, littérairement superflu en anglais, est utilisé en hébreu pour marquer l’insistance : « Ils tremblent de tremblement » (Ps. 14:5, texte hébreu, [trad. Chouraqui en français]). Des structures semblables apparaissent dans le Livre de Mormon : « craindre extrêmement de crainte » (Alma 18:5 [traduction littérale de l’anglais ; ce genre de forme est impossible en français]), autre traduction possible du même accusatif interne (cf. 1 Né. 3:2 ; 8:2 ; Én. 1:13).
 
L'hébreu utilise comme adverbes des locutions prépositives plus fréquemment que des adverbes, un trait typique de la langue du Livre de Mormon : « avec précipitation » (3 Né. 21:29) au lieu de « rapidement » et « avec joie » (2 Né. 28:28) au lieu de « joyeusement ».
 
Tvedtnes relève un exemple possible d'accord hébreu : « Ce peuple est un peuple libre » (Alma 30:24). En anglais « people » est habituellement considérés grammaticalement comme un pluriel, mais en hébreu il est souvent singulier. Cette expression dans Alma a pu être dépourvue de verbe, mais elle a également pu contenir le pronom de la troisième personne du singulier /hou/ placé entre les deux groupes nominaux ou à l'extrémité comme démonstratif anaphorique jouant le rôle de verbe copule. Les langues indiennes uto-aztèques ont également le mot /hou/, qui est un pronom de la troisième personne du singulier dans quelques langues mais un verbe « être » dans d'autres.
 
En anglais, la possession se rend par deux constructions « the man’s house » et « the house of the man », mais l’hébreu ne connaît que cette dernière construction. L’absence de « cas possessif » dans le [texte anglais du] Livre de Mormon correspond bien à une traduction de la construction hébraïque. De plus, la construction avec « de » est courante pour les rapports adjectivaux en hébreu. On retrouve ceci dans le [texte anglais du] Livre de Mormon qui utilise uniformément des expressions telles que « plates of brass » [plaques d’airain] (1 Né. 3:12) au lieu de « brass plates » et « walls of stone » [murs de pierre] (Alma 48:8) plutôt que « stone walls ».
 
La structure de la phrase et les mécanismes de combinaison des propositions en hébreu diffèrent de ce qui se pratique en anglais. Les longs chapelets de propositions subordonnées et d’expressions verbales tels que ceux d’Hél. 1:16-17 et de Mos. 2:20-21 et 7:21-22, sont acceptables en hébreu, mais peu orthodoxes et déconseillés en anglais : « Vous êtes tous témoins… que Zénif, qui fut fait roi… était animé d’un zèle excessif… il fut trompé par… [le] roi Laman, qui conclut un traité… et céda [diverses villes]… et le pays alentour – et tout cela il le fit dans l’unique but de réduire ce peuple… en servitude » (Mos. 7:21-22).
 
Les expressions fréquentes comme « de devant » et « de la main de » représentent des traductions plutôt littérales de l'hébreu. Par exemple, « il s'enfuit [de] devant eux » [anglais : he fled from before them] (Mos. 17:4) au lieu du plus typiquement anglais « he fled from them » est une illustration d’une préposition composée hébraïque courante /millifne/.
 
Si beaucoup de mots et de noms qui se trouvent dans le Livre de Mormon ont des équivalents exacts dans la Bible hébraïque, certains autres présentent des caractéristiques sémitiques, bien que leur orthographe ne corresponde pas toujours à des formes hébraïques connues. Par exemple, « Rabbanah » avec le sens de « grand roi » (Al. 18:13) peut avoir des affinités avec la racine hébraïque /rbb/, signifiant « être grand ou beaucoup ». « Raméumptom » (Al. 31:21), signifiant « sainte chaire », contient des structures consonantiques suggérant les racines /rmm/ramah/, « être haut » et/tmm/tam/tom/, « être complet, parfait, saint ». Le /p/entre le /m/ et le /t/ découle de manière linguistiquement naturelle d'une bilabiale /m/ couplée à une occlusive /t/, comme le /p/ dans /assomption/, de /assumer + tion/ et le /b/ dans l'espagnol /hombre/ du latin /homere/.
 
Les affirmations selon lesquelles Joseph Smith aurait composé le Livre de Mormon en imitant tout simplement l’anglais de la King James, en utilisant des noms bibliques et en en inventant d'autres, démontrent une insensibilité typique à l’égard de son caractère linguistique. On a cru que des noms tels que « Alma » étaient des inventions farfelues. Or, la découverte du nom « Alma » dans un texte juif (deuxième siècle apr. J.-C.), les sept cents ressemblances relevées entre l'hébreu et l’uto-aztèque, des structures telles que le chiasme et les nombreuses autres structures littéraires relevées dans les études faites depuis 1830 s’unissent pour faire de l‘invention du livre un problème insoluble pour n'importe quel contemporain de Joseph Smith. [Voir aussi Livre de Mormon – auteurs ; Livre de Mormon – littérature ; Livre de Mormon – Noms ; Livre de Mormon – Source au Proche-Orient ; Livre de Mormon – Traduction par Joseph Smith.]
 
Bibliographie
Hoskisson, Paul Y. "Ancient Near Eastern Background of the Book of Mormon." F.A.R.M.S. Reprint. Provo, Utah, 1982.
Nibley, Hugh. Lehi in the Desert and the World of the Jaredites. CWHN 5.
Nibley, Hugh. An Approach to the Book of Mormon. CWHN 6.
Sperry, Sidney B. "The Book of Mormon as Translation English." IE 38 (Mar. 1935) : 141,187-188.
Sperry, Sidney B. "Hebrew Idioms in the Book of Mormon." IE 57 (Oct. 1954) : 703, 728-729.
Sperry, Sidney B. Book of Mormon Compendium. Salt Lake City, 1968. Stubbs, Brian D. "A Creolized Base in Uto-Aztecan." F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1988.
Tvedtnes, John A. "Hebraisms in the Book of Mormon : A Preliminary Survey." BYU Studies 11 (Autumn 1970), p. 50-60.
BRIAN D. STUBBS
 
Livre de Mormon – Littérature
Auteur : Rust, Richard Dilworth
 
Bien que minimisé comme littérature à cause de son langage clair et simple, le Livre de Mormon présente une grande variété de formes littéraires, notamment de la poésie hébraïque complexe, des récits mémorables, des sermons à la rhétorique efficace, des lettres diverses, de l'allégorie, du langage figuré, de la symbolique et de la littérature de sagesse. Ces dernières années, ces aspects de la traduction anglaise de Joseph Smith de 1829 ont été de plus en plus appréciés, particulièrement par comparaison avec les formes bibliques et les autres formes antiques de littérature.
 
Il y a beaucoup de raisons d'étudier le Livre de Mormon en tant que littérature. Au lieu d'être « informe », comme le prétend un détracteur (Bernard DeVoto, American Mercury 19, 1930, p. 5), le Livre de Mormon est à la fois cohérent et soigneusement écrit (quoique pas ostensiblement). Il raconte « une histoire compacte au rythme rapide qui entrelace des dizaines d’intrigues avec une fertilité d'invention inépuisable et une cohérence extraordinaire, qui ne se laisse jamais surprendre par un faux pas ou une contradiction » (CWHN 7:138).
 
En dépit de son vocabulaire restreint d'environ 2.225 mots racine en anglais, le livre distille beaucoup d'expérience humaine et de contact avec le divin. Il présente habilement ses thèmes à l’aide d’images simples et cependant profondes, de discours directs et cependant complexes et de structures évidentes et cependant élaborées. Lire le Livre de Mormon en tant que littérature, c’est découvrir comment ces techniques littéraires sont utilisées pour transmettre les messages de son contenu. Si l’on fait attention à la forme, au langage figuré et aux techniques rhétoriques, on acquiert une sensibilité plus grande pour la structure du texte et de l'appréciation pour le travail des divers auteurs. Le but explicite du Livre de Mormon est de montrer aux Lamanites, un reste de la maison d'Israël, les alliances faites avec leurs pères et de convaincre Juif et Gentil que Jésus est le Christ (voir le Livre de Mormon : Page de titre du Livre de Mormon). Mormon a choisi les matériaux et a donné au livre une forme littéraire permettant de présenter ces messages d’une manière émouvante et mémorable.
 
Si la discipline permettant de dégager et d'évaluer les composants littéraires du Livre de Mormon est très jeune et ne supplante pas la lecture spirituelle du texte, ceux qui analysent le livre sous cet angle constatent que c’est un travail d’immédiateté qui montre autant qu’il raconte comme c’est habituellement le cas dans la grande littérature. Il ne répond plus à la définition de Mark Twain qu'un classique est essentiellement un livre dont tout le monde parle mais que personne ne lit ; c’est au contraire un ouvrage qui « vient à bout de vous avant que vous ne veniez à bout de lui » (J. Welch, « "Study, Faith, and the Book of Mormon », BYU 1987-88 Devotional and Fireside Speeches, p. 148, Provo, Utah, 1988). On voit de plus en plus en lui un ouvrage sans pareil qui révèle et exprime admirablement et irrésistiblement l’essence de la condition humaine.
 
POÉSIE. Intégrée au récit du Livre de Mormon, la poésie donne les meilleurs exemples du lien fondamental qui existe entre la forme et le contenu dans le livre. Quand on analyse les nombreuses paroles inspirées du Seigneur, des anges et des prophètes selon les formes antiques de versification, on perçoit plus aisément leur signification. Ces formes sont celles des lignes, la symétrie, le parallélisme et les structures chiastiques, comme définis par Adele Berlin (The Dynamics of Biblical Parallelism, Bloomington, Ind., 1985) et par Wilford Watson (Classical Hebrew Poetry, Sheffield, 1984). Les textes du Livre de Mormon passent avec beaucoup de naturel de la narration à la poésie, comme dans ce passage conçu pour exprimer une intensification :
 
« Mais voici, l'Esprit m'a dit ceci : Crie à ce peuple, disant :
 
Repentez-vous, et préparez le chemin du Seigneur, et marchez dans ses sentiers, qui sont droits ; car voici, le royaume des cieux est proche, et le Fils de Dieu vient sur la surface de la terre » [Alma 7:9].

Certains ont critiqué le style du Livre de Mormon qu’ils déclarent verbeux et redondant, mais dans la plupart des cas ces répétitions sont à leur place et efficaces. Par exemple, les parallélismes, qui abondent dans le Livre de Mormon, remplissent diverses fonctions. Ils soulignent les notions par la répétition et permettent des contrastes fortement marqués. Il y a un parallélisme synonyme typique dans 2 Néphi 9:52 :
 
« Priez-le continuellement le jour,
et rendez grâces à son saint nom la nuit. »
Le discours de Néphi, qui vise ses frères obstinés, contient un parallélisme fortement antithétique :
« Vous êtes prompts à commettre l'iniquité,
mais lents à vous souvenir du Seigneur, votre Dieu. [1 Né. 17:45.]
 
On trouve aussi plusieurs beaux exemples de chiasmes (un schéma a-b-b-a) dans le Livre de Mormon. Dans le psaume de Néphi (2 Né. 4:15-35), les premiers appels à l'âme et au cœur s’accompagnent de négations, alors que l’équivalent miroir qui suit utilise le cœur et l'âme assortis d’affirmations fortes, ce qui rend les contrastes littérairement efficaces et paroxysmiques :
 
« Éveille-toi, mon âme ! Ne languis plus dans le péché.
Réjouis-toi, ô mon cœur, et n'accorde plus de place à l'ennemi de mon âme.
Ne t'irrite plus à cause de mes ennemis.
N'affaiblis plus mes forces à cause de mes afflictions.
Réjouis-toi, ô mon cœur, et invoque le Seigneur, et dis :
Ô Seigneur, je te louerai à jamais ; oui, mon âme se réjouira à cause de toi, mon Dieu, rocher de mon salut. » [2 Né. 4:28-30.]
 
On repère facilement d'autres exemples précis de chiasmes étendus (a-b-c-c-b-a) dans Mos. 5:10-12 et Al. 36:1-30 et 41:13-15. Cette forme littéraire dans Alma 36 attire efficacement l’attention sur le passage central du chapitre (Alma 36:17-18) ; dans Alma 41, elle fait très bien passer la notion même de justice distributive exprimée dans le passage (cf. Lé. 24:13-23, qui utilise de même le chiasme pour faire passer une notion semblable de justice).
 
Une autre figure appelée a fortiori est utilisée pour communiquer une impression exagérée de multitude, comme dans Al. 60:22, où un « parallélisme de nombre » est encadré de manière chiastique par une expression paraissant deux fois :
 
« Oui, resterez-vous assis dans l'oisiveté
pendant que vous êtes entourés de milliers de gens,
oui, et de dizaines de milliers,
qui sont aussi assis dans l'oisiveté ? »
 
On peut analyser des dizaines de passages du Livre de Mormon comme poésie. Cela va des brefs poèmes du désert de Léhi (1 Né. 2:9-10, une forme dans laquelle Hugh Nibley voit une quasida arabe) [CWHN 6:270-275] aux longs sermons de Jacob, d'Abinadi et de Jésus ressuscité (2 Né. 6-10 ; Mos. 12-16 et 3 Né. 27).
 
TEXTES NARRATIFS. Dans le Livre de Mormon, les textes narratifs sont souvent rendus vivants par des conflits vigoureux et des dialogues passionnés ou des récits personnels. Néphi relate ses actes héroïques pour se procurer les plaques d'airain de Laban ; Jacob résiste aux accusations fausses de Shérem, sur qui le jugement du Seigneur tombe ; Ammon combat les pillards aux eaux de Sébus et gagne la confiance du roi Lamoni ; Amulek doit affronter l'avocat beau parleur Zeezrom ; Alma 2 et Amulek sont protégés tandis que leurs accusateurs sont écrasés par l’effondrement des murs de la prison ; le capitaine Moroni 1 s'engage dans une épreuve de force avec le chef lamanite Zérahemnah ; Amalickiah monte au pouvoir par la trahison et la malveillance ; un prophète ultérieur appelé Néphi 2 révèle à une foule incroyante le meurtre de son grand juge par le propre frère de celui-ci ; et les deux derniers rois jarédites combattent jusqu’à la destruction mutuelle de leurs peuples.
 
Vu dans son ensemble, le Livre de Mormon est un récit épique de l'histoire de la nation néphite. D’une grande envergure, avec un héros éponyme, il présente une action impliquant de longs et laborieux voyages et des actes héroïques, avec la participation active d’êtres surnaturels. À cette histoire millénaire de la fondation, de l’épanouissement et de la destruction des Néphites est intégrée une épopée condensée de la naissance et de la chute des Jarédites, qui les ont précédés dans le genre et dans le temps. (Pour son milieu épique, voir CWHN 5:285-394.) Le point culminant du livre est le récit spectaculaire de la visite de Jésus ressuscité à une assemblée de Néphites justes.
 
SERMONS ET DISCOURS. Le discours prophétique est une forme littéraire dominante dans le Livre de Mormon. Des discours tels que celui du roi Benjamin (Mos. 1-6), le défi lancé par Alma 2 au peuple de Zarahemla (Al. 5), et les enseignements de Mormon sur la foi, l'espérance et la charité (Mro. 7) sont travaillés avec art et font passer leurs objectifs religieux avec une grande efficacité rhétorique. Le discours public de Samuel le Lamanite (Hél. 13-15) est un discours de jugement prophétique classique. Quand on prend la critique rhétorique pour guide, on peut voir comment le discours rituel de Benjamin vise d'abord à persuader l’auditoire de réaffirmer un point de vue actuel et emprunte ensuite la rhétorique délibérative « qui vise à pousser à une décision concernant une action future, souvent dans un futur très immédiat » (Kennedy, New Testament interpretation Through Rhetorical Criticism [1984], p. 36). Le discours du roi Benjamin est également chiastique dans son ensemble et dans plusieurs de ses parties (Welch, p. 202-205).
 
LETTRES. Les huit épîtres du Livre de Mormon ont le ton de la conversation, révélant les personnalités respectives de leurs auteurs. Ces lettres sont du capitaine Moroni 1 (Al. 54:5-14 ; 60:1-36), d’Ammoron (Al. 54:16-24), d’Hélaman 1 (Al. 56:2-58:41), de Pahoran (Al. 61:2-21), de Giddianhi (3 Né. 3:2-10) et de Mormon (Mro. 8:2-30 ; 9:1-26).
 
ALLÉGORIE, MÉTAPHORE, LANGAGE FIGURÉ ET TYPOLOGIE. Ces formes sont également répandues dans le Livre de Mormon. L'allégorie de Zénos sur l'olivier (Jcb. 5) intègre de manière vivante des dizaines de détails horticoles pendant qu'elle dépeint l'histoire des relations de Dieu avec Israël. On trouve une malédiction comparative frappante, qui a des parallèles dans le Proche-Orient, quand Abinadi, en sa qualité de prophète, lance sa dénonciation : La vie du roi Noé sera « comme un vêtement dans une fournaise de feu… comme une tige, comme une tige desséchée du champ, qui est renversée par les bêtes et foulée aux pieds » (Mos. 12:10-11).
 
Une métaphore étendue efficace, c’est celle que fait Alma quand il compare la parole de Dieu à une semence plantée dans le cœur, qui grandit ensuite pour devenir un arbre de vie plein de fruits (Al. 32:28-43). En développant cette métaphore, Alma utilise un exemple saisissant de synesthésie : Une fois que la parole leur éclaire l’esprit, ses auditeurs peuvent savoir que c'est vrai : « Vous avez goûté cette lumière » (Al. 32:35).
 
La répétition d’archétypes tels que l'arbre, la rivière, les ténèbres et le feu confirme de manière très réaliste que Léhi comprenait bien qu'il y a une « opposition en toutes choses » (2 Né. 2:11) et cette opposition sera salutaire pour les justes.
 
Le Livre de Mormon insiste, sans toujours la développer, sur l’interprétation figurée des paroles données par Dieu et des personnes ou des événements dirigés par Dieu. « Tout ce qui a été donné par Dieu à l'homme depuis le commencement du monde est une figure [du Christ] » (2 Né. 11:4) ; toutes les observances et ordonnances de la loi de Moïse « étaient des figures de choses à venir » (Mos. 13:31) ; et le Liahona, ou compas, était considéré comme un symbole : « Car tout aussi sûrement que ce directeur a amené nos pères, lorsqu'ils ont suivi sa direction, à la terre promise, de même les paroles du Christ, si nous suivons leur direction, nous transporteront au-delà de cette vallée de tristesse dans une terre de promission bien meilleure » (Al. 37:45). Dans sa grande structure typologique, le Livre de Mormon répond bien aux sept phases de la révélation élaborées par Northrop Frye : création, révolution ou exode, loi, sagesse, prophétie, évangile et apocalypse (The Great Code : The Bible and Literature, New York, 1982).
 
LITTÉRATURE DE SAGESSE. Les dictons des sages qui ont été transmis sont parsemés dans tout le Livre de Mormon, particulièrement dans les recommandations faites par les pères à leurs fils. Alma conseille : « Oh ! souviens-toi, mon fils, et apprends la sagesse dans ta jeunesse ; oui, apprends dans ta jeunesse à garder les commandements de Dieu » (Al. 37:35 ; voir aussi 38:9-15). Benjamin dit : « Et voici, je vous dis ces choses afin que vous appreniez la sagesse ; afin que vous appreniez que lorsque vous êtes au service de vos semblables, vous êtes simplement au service de votre Dieu » (Mos. 2:17). Un aphorisme mémorable est donné par Léhi : « Adam tomba pour que les hommes fussent ; et les hommes sont pour avoir la joie » (2 Né. 2:25). Les saints des derniers jours répètent souvent des formules percutantes telles que « Les insensés se moquent, mais ils se lamenteront » (Ét. 12:26) et « la méchanceté n'a jamais été le bonheur » (Al. 41:10).
 
LITTÉRATURE APOCALYPTIQUE. La vision de 1 Né. 11-15 (VIe siècle av. J.-C.) est comparable par sa forme à la littérature apocalyptique ancienne. Elle contient une vision, est donnée sous forme de dialogue, comporte un médiateur ou un accompagnateur appartenant à l’autre monde, contient un commandement d’écrire, traite de l’état d’esprit du bénéficiaire, prophétise des persécutions, prédit les transformations cosmiques et a une place dans l'au-delà en tant que son axe spatial. L’évolution juive ultérieure avec une angélologie complexe, une numérologie mystique et du symbolisme est absente.

STYLE ET TON. Les auteurs du Livre de Mormon montrent un souci intense pour le style et le ton. Alma voudrait pouvoir « parler avec la trompette de Dieu, d'une voix qui fait trembler la terre » et cependant il se rend compte qu’il est « un homme, et [qu’il] pèche dans [s]on souhait ; car [il] devrai[t se] contenter des choses que le Seigneur [lui] a assignées » (Al. 29:1-3). Moroni 2 exprime son impuissance à écrire : « Seigneur, les Gentils se moqueront de ces choses à cause de notre faiblesse à écrire…. Tu as aussi rendu nos paroles puissantes et grandes au point que nous ne pouvons les écrire ; c'est pourquoi, lorsque nous écrivons, nous voyons notre faiblesse et trébuchons à cause de l'arrangement de nos paroles » (Ét. 12:23-25 ; cf. 2 Né. 33:1). Pourtant les mots écrits par Moroni ne sont pas faibles. Dans des cadences d’une force croissante il déclare hardiment :
 
« Ô souillures, hypocrites, instructeurs, qui vous vendez pour ce qui se corrompra, pourquoi avez-vous souillé la sainte Église de Dieu ? Pourquoi avez-vous honte de prendre sur vous le nom du Christ ? … qui peut résister aux œuvres du Seigneur ? Qui peut nier ses paroles ? Qui s'élèvera contre la toute-puissance du Seigneur ? Qui méprisera les œuvres du Seigneur ? Qui méprisera les enfants du Christ ? Voici, vous tous qui méprisez les œuvres du Seigneur, car vous serez dans l'étonnement et vous périrez » [Mrm. 8:38,9:26].
 
Les styles utilisés par les différents auteurs du Livre de Mormon passent du tout simple au sublime. Le ton va des condamnations virulentes de Moroni aux supplications les plus humbles de Jésus : « Voici, le bras de ma miséricorde est étendu vers vous, et celui qui viendra, je le recevrai » (3 Né. 9:14).
 
Jésus est un modèle de communication, qui, rapporte Moroni, « m’a parlé de ces choses avec une humilité évidente, comme un homme parle à un autre, dans ma propre langue ; et je n'en ai écrit que quelques-unes à cause de ma faiblesse à écrire » (Ét. 12:39-40). Deux notions de ce rapport sont répétées dans tout le Livre de Mormon : un discours clair et l’incapacité d'écrire sur certaines choses. « Je vous ai parlé clairement », dit Néphi, « afin que vous ne puissiez vous méprendre » (2 Né. 25:28). « Mon âme fait ses délices de la clarté », poursuit-il, « car c'est de cette manière que le Seigneur Dieu agit parmi les enfants des hommes » (2 Né. 31:3). Pourtant Néphi met aussi ses délices dans les paroles d’Ésaïe, qui « ne sont pas claires pour vous, néanmoins elles sont claires pour tous ceux qui sont remplis de l'esprit de prophétie » (2 Né. 25:4). Contenant aussi bien du langage clair que des termes voilés, le Livre de Mormon est un livre spirituellement et littérairement puissant qui est direct et pourtant complexe, simple et pourtant profond.
 
Bibliographie
England, Eugene. "A Second Witness for the Logos : The Book of Momon and Contemporary Literary Criticism." Dans By Study and Also by Faith, 2 vols., dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2 p. 91-125. Salt Lake City, 1990.
Jorgensen, Bruce W., Richard Dilworth Rust et George S. Tate. Essays on typology dans Literature of Belief, dir. de publ. Neal E. Lambert. Provo, Utah, 1981.
Nichols, Robert E., Jr. "Beowulf and Nephi : A Literary View of the Book of Mormon" Dialogue 4 (Autumn 1969), p.40-47.
Parry, Donald W. "Hebrew Literary Patterns in the Book of Mormon" Ensign 19 (Oct. 1989), p. 58-61.
Rust, Richard Dilworth. "Book of Mormon Poetry" New Era (Mar. 1983), p. 46-50.
Welch, John W. "Chiasmus in the Book of Mormon." Dans Chiasmus in Antiquity, dir. de publ. J. Welch, p. 198-210. Hildesheim, 1981.
RICHARD DILWORTH RUST
DONALD W. PARRY
 
Livre de Mormon – Manuscrits
Auteur : Skousen, Royal
 
Les versions imprimées du Livre de Mormon proviennent de deux manuscrits. Le premier, appelé le manuscrit original (O), a été écrit par au moins trois secrétaires pendant que Joseph Smith traduisait et dictait. Le secrétaire le plus important a été Oliver Cowdery. Ce manuscrit a été commencé au plus tard en avril 1829 et a été terminé en juin 1829.
 
Une copie de l'original a ensuite été faite par Oliver Cowdery et deux autres secrétaires. Cette copie est appelée le manuscrit de l'imprimeur (P), parce que c’est celle qui a été normalement utilisée pour la composition de la première édition (1830) du Livre de Mormon. Elle a été commencée en juillet 1829 et finie au début de 1830.
 
Le manuscrit de l'imprimeur n'est pas une copie exacte du manuscrit original. Il y a en moyenne trois changements par page du manuscrit original. Ces changements semblent être des erreurs de copie normales ; il n’y a quasiment aucune indication de modification délibérée. La plupart des changements sont mineurs et une sur cinq environ cause une différence perceptible dans la signification. Comme elles étaient toutes relativement mineures, la plupart des erreurs ainsi introduites dans le texte sont restées dans les éditions imprimées du Livre de Mormon et n'ont pas été détectées ni corrigées sauf par référence au manuscrit original. Une vingtaine de ces erreurs ont été corrigées dans l'édition de 1981.
 
Le compositeur de l'édition de 1830 a ajouté la ponctuation, la division en paragraphes et d'autres marques d’impression sur un tiers environ des pages du manuscrit de l'imprimeur. Ces mêmes marques apparaissent sur un fragment de l'original, indiquant qu'il a été utilisé au moins une fois dans la composition de l'édition de 1830.
 
En vue de la deuxième édition (1837), des centaines de changements grammaticaux et quelques corrections de texte ont été apportés dans P. Après la publication de cette édition, P a été conservé par Oliver Cowdery. Après sa mort en 1850, son beau-frère, David Whitmer, a conservé P jusqu'à sa mort en 1888. En 1903, le petit-fils de Whitmer a vendu P à l'Église réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jours, qui le possède aujourd'hui. Il existe dans sa totalité excepté deux lignes au bas de la première feuille.
 
Le manuscrit original n'a pas été consulté pour les corrections de l'édition de 1837. Cependant, pour l'édition de 1840, Joseph Smith a utilisé O pour rétablir certains de ses termes originaux. En octobre 1841, Joseph Smith a placé O dans la pierre angulaire de la Nauvoo House. Plus de quarante ans plus tard, Lewis Bidamon, second mari d'Emma Smith, a ouvert la pierre angulaire et a constaté que les infiltrations d'eau avaient détruit la majeure partie d'O. Les pages restantes ont été distribuées à diverses personnes au cours des années 1880.
 
Il reste aujourd'hui approximativement 25 pour cent du texte d'O : 1 Néphi 2 jusqu’à 2 Néphi 1 avec des lacunes, Alma 22 à Hélaman 3 avec des lacunes, et quelques autres fragments. Toutes les pages authentiques d’O sauf une et tous les fragments authentiques se trouvent dans les archives du département historique de l’Église ; une demi feuille (de 1 Néphi 14) appartient à l'université d'Utah.
 
Livre de Mormon – Noms
Auteur : Hoskisson, Paul Y.
 
Le Livre de Mormon contient 337 noms propres et 21 formes analogues basées sur des noms propres. Dans ce calcul sont compris des noms que l’on ne qualifierait normalement pas de noms propres, comme les espèces animales, s'ils apparaissent comme translittérations dans le texte anglais et pas comme traductions. Réciproquement, les noms propres qui apparaissent seulement sous forme de traduction ne sont pas inclus, comme Abondance et Désolation. Sur ces 337 noms propres, 188 ne se trouvent que dans le Livre de Mormon, tandis que 149 sont communs au Livre de Mormon et à la Bible. Si les passages textuels communs au Livre de Mormon et à la Bible sont exclus, 53 noms apparaissent dans les deux livres.
 
La solution pratique serait de diviser la liste des noms du Livre de Mormon en trois groupes parce qu'il mentionne (1) les Jarédites, (2) la communauté fondée par Léhi (qu’on pourrait appeler « Léhites ») et (3) le peuple désigné sous le nom de peuple de Zarahemla (qu’on pourrait appeler « Mulékites »), qui ont tous contribué à l'histoire du Livre de Mormon et donc à la liste de noms propres (voir Livre de Mormon – Peuples). Si l’on peut faire cette répartition avec une certaine exactitude pour des noms jarédites, il n'est pas facile de maintenir la distinction entre Léhites et Mulékites, parce qu'une partie des Léhites s’est unie à un moment donné avant 130 av. J.-C. aux Mulékites ; on ne sait pratiquement rien des noms mulékites d’avant ce moment-là. Pour le moment, les noms léhites et mulékites doivent être traités ensemble. Étant donné ce regroupement des noms du Livre de Mormon, 142 des 188 noms propres au Livre de Mormon sont léhites-mulékites, 41 sont jarédites et 5 sont communs aux deux groupes.
 
Il reste encore beaucoup de travail préliminaire à effectuer sur les noms du Livre de Mormon. Le système de translittération du texte anglais doit être clarifié : est-ce que le j du texte indique seulement le phonème néphite /y/ ou peut-il également représenter le /h/ dans le nom « Job » comme c’est le cas une fois dans la KJV ? Une analyse critique fiable du texte est nécessaire : quelle est la gamme des orthographes possibles de Cumorah qui pourraient indiquer des valeurs phonémiques ? Les phénomènes linguistiques nécessitent une explication : il n'y a pas de noms appartenant exclusivement au Livre de Mormon qui commencent par /b/, mais plusieurs commencent par /p/. Q et x n’apparaissent dans aucun nom du Livre de Mormon. V, w et y n’apparaissent dans aucun nom appartenant exclusivement au Livre de Mormon. D, f et u ne commencent aucun nom appartenant exclusivement au Livre de Mormon.
 
Les noms léhites-mulékites montrent souvent une très grande affinité avec les langues sémitiques (CWHN 6:281-94). Par exemple, Abish et Abinadi ressemblent à ab, père, des noms en hébreu ; Alma apparaît dans une lettre de Bar Kochba (v. 130 apr. J.-C.) trouvée dans le désert de Judée ; Mulek pourrait être un diminutif du mlk sémitique occidental, signifiant roi ; Omni et Limhi semblent avoir la même morphologie que Omri et Zimri dans l’Ancien Testament ; Jershon est remarquablement proche d'une forme de nom de la racine hébraïque yrs (voir ci-dessous). Certains noms léhites-mulékites ressemblent davantage à l'égyptien : Ammon, Korihor, Pahoran et Paanchi (CWHN 5:25-34). Les noms jarédites ne présentent aucune affinité linguistique uniformément évidente.
 
Comme les noms propres de la plupart des langues, ceux du Livre de Mormon avaient probablement des significations sémantiques pour les peuples du Livre de Mormon. Ces significations ressortent clairement de plusieurs cas où le Livre de Mormon fournit la traduction d’un nom propre. Par exemple, Irréantum signifie « de nombreuses eaux » (1 Né. 17:5), et Rabbanah est interprété comme voulant dire « roi puissant ou grand roi » (Al. 18:13). Le plus grand de tous les obstacles à la compréhension des possibilités sémantiques des noms propres du Livre de Mormon reste l’absence du texte néphite d’origine. Les translittérations du texte anglais ne permettent que des conjectures et des approximations quant à la nature des noms et de leur plage sémantique possible. En outre, si l’on veut qu’elles aient une valeur quelconque, de telles suppositions doivent être basées sur une connaissance des origines linguistiques possibles des noms, comme l’hébreu et l’égyptien de l'âge du fer pour les noms léhites et mulékites.
 
Les noms propres du Livre de Mormon peuvent fournir des informations au sujet du texte et de la/les langue/s employés pour le composer. Une fois qu’on les étudie en employant la méthodologie qui convient, ces noms témoignent de l'origine ancienne du Livre de Mormon. Par exemple, Jershon est le toponyme d’un pays donné par les Néphites à un groupe de Lamanites comme terre d’héritage ; sur la base de la correspondance habituelle dans la KJV entre j et le phonème hébreu /y/, le Jershon du Livre de Mormon pourrait correspondre à la racine hébraïque yrs signifiant « hériter », ce qui donnerait un jeu de mots approprié dans Al. 27:22 : « et ce pays de Jershon est le pays que nous donnerons en héritage à nos frères. » De même, Alma, un nom du Livre de Mormon qui, utilisé pour un homme, pourrait sembler maladroit, est maintenant attesté dans deux documents hébreux du IIe siècle apr. J.-C., de l’époque de Bar Kochba (Yadin, p. 176) et milite donc pour une présence hébraïque forte et continue parmi les peuples du Livre de Mormon.
 
Bibliographie
Hoskisson, Paul Y. "An Introduction to the Relevance of and a Methodology for a Study of the Proper Names of the Book of Mormon." Dans By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol.2, p. 126-35. Salt Lake City, 1990.
Tvedtnes, John A. "A Phonemic Analysis of Nephite and Jaredite Proper Names." F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1977.
Yadin, Y. Bar Kokhba, p. 176. Jerusalem, 1971.
PAUL Y. HOSKISSON
 
Livre de Mormon – Personnalités
 
[Les expériences, pensées, sentiments et personnalités de plusieurs individus sont mis en évidence dans le Livre de Mormon. Jésus-Christ est au centre du livre ; voir Jésus-Christ dans les Écritures : Jésus-Christ dans le Livre de Mormon.
 
Le prophète fondateur est Léhi. On trouvera des articles à son sujet et au sujet des membres de sa famille dans Léhi, Laman, Néphi 1, Jacob, fils de Léhi et Ismaël. Pour ce qui est de Sariah, épouse de Léhi, et des autres femmes du Livre de Mormon, voir Femmes dans le Livre de Mormon.
 
Le dernier roi néphite (153-90 av. J.-C.) est Mosiah 2. On trouvera des articles sur son grand-père, son père et son frère dans Mosiah 1, Benjamin, Hélaman 1. De 90 av. J.-C. à 321 apr. J.-C., les annales néphites ont été tenues par des descendants d'Alma 1 ; voir Alma 1 , Alma 2, Hélaman 2, Hélaman 3, Néphi 2, Néphi 3, Néphi 4. Les derniers prophètes, chefs militaires et historiens néphites sont Mormon et son fils, Moroni 2, baptisé du nom d'un précédent capitaine en chef, Moroni 1.
 
Quatre autres prophètes ont une place importante dans le Livre de Mormon ; voir Abinadi, Amulek, Samuel le Lamanite et Frère de Jared. Les prophètes du Vieux Monde cités dans le Livre de Mormon sont Ézias, Ésaïe, Joseph, Moïse, Néum, Zénock et Zénos. Concernant les divers groupes de personnes du Livre de Mormon, voir Livre de Mormon – Peuples, Jarédites, Lamanites, Mulek et Néphites. Voir aussi Livre de Mormon – Noms.]
 
Livre de Mormon – Peuples
Auteur : Sorenson, John L.
 
Quinze groupes distincts de peuples au moins sont mentionnés dans le Livre de Mormon. Quatre (Néphites, Lamanites, Jarédites et le peuple de Zarahemla [Mulékites]) ont joué un rôle de premier plan ; cinq sont secondaires et six autres tertiaires.
 
LES NÉPHITES. Le noyau de ce groupe est constitué des descendants directs de Néphi 1, fils du père fondateur Léhi. La direction politique dans l'aile néphite de la colonie « n’avait été conféré[e] qu’à ceux qui étaient descendants de Néphi » (Mos. 25:13). Ce ne sont pas seulement les premiers rois et juges mais même Mormon, le dernier commandant militaire des Néphites, qui se qualifient à cet égard (il note de manière explicite qu'il est « pur descendant de Léhi » [3 Né. 5:20] et « descendant de Néphi » [Mrm. 1:5]).
 
Dans un sens plus large, « Néphites » est le nom donné à tous ceux qui sont gouvernés par un souverain néphite, comme dans Jcb. 1:13 : « Ceux qui n'étaient pas Lamanites était Néphites ; néanmoins, ils étaient appelés [quand c’était spécifié selon le lignage] Néphites, Jacobites, Joséphites, Zoramites, Lamanites, Lémuélites et Ismaélites. » Il est intéressant de noter que les groupes sans liens ancestraux directs peuvent se retrouver sous l’égide sociopolitique néphite. Ainsi, « tout le peuple de Zarahemla était compté avec les Néphites » (Mos. 25:13). Ce processus d'amalgame politique a, dans beaucoup de cas, une connotation de parenté comme quand un groupe de Lamanites convertis « prirent sur eux le nom de Néphi, afin d’être appelés les enfants de Néphi et d’être comptés parmi ceux qui étaient appelés Néphites » (Mos. 25:12). L'expression « peuple néphite » ou « peuple de Néphi » dans des passages tels que Al. 54:14 et Hél. 1:1 suggère une structure sociale dans laquelle des populations probablement diverses (« le peuple ») sont dominées par une élite (« les Néphites »).
 
Être Néphite peut également impliquer un ensemble de croyances et de pratiques religieuses (Al. 48:9-10 ; 4 Né. 1:36-37) aussi bien que la participation à une tradition culturelle (Én. 1:21 ; Hél. 3:16). On pouvait apparemment distinguer la plupart des Néphites des Lamanites (Jcb. 3:5 ; Al. 55:4, 8 ; 3 Né. 2:15).
 
L'unité socioculturelle et politique qu’implique l'utilisation du titre général « Néphites » est démentie par le contexte historique qui révèle une longue série de « dissensions » par rapport au gouvernement néphite, des groupes importants allant périodiquement rejoindre les Lamanites (Al. 31:8 ;43:13 ; Hél. 1:15).
 
Le Livre de Mormon, l’histoire à orientation religieuse d’une lignée, est avant tout un compte rendu tenu par des Néphites, lesquels en sont les acteurs principaux. Étant donné que le récit a été écrit du point de vue de ce peuple (en réalité, de ses dirigeants), tous les autres groupes sont compris et représentés comme les voient les élites néphites. Il n’y a, dans les annales néphites, que des fragments qui indiquent directement le point de vue d'autres groupes ou même d’hommes du peuple néphite.
 
LES LAMANITES. Ce nom est, lui aussi, appliqué de plusieurs manières. Les descendants directs de Laman, fils aîné de Léhi, constituent, en termes généraux, l'ossature des Lamanites (Jcb. 1:13-14 ; 4 Né. 1:38-39). Les « Lémuélites » et les « Ismaélites », qui se sont alliés aux descendants de Laman en matière de croyance et de comportement, sont également appelés Lamanites (Jcb. 1:13-14). C’est aussi le cas de « tous les dissidents des Néphites » (Al. 47:35). Cette terminologie est employée dans les annales néphites, bien qu'on ne puisse pas être sûr que tous les dissidents s’appliquaient le terme à eux-mêmes. Cependant, l’un de ces dissidents au moins, Ammoron, un Zoramite, se vante : « Je suis un fier Lamanite » (Al. 54:24).
 
Les souverains dans le système lamanite semblent avoir eu plus de difficultés que les souverains néphites à unir les groupes composant leur société sous un même régime (Al. 17:27-35 ; 20:4, 7, 9, 14-15 ; 47:1-3). On a l’impression qu’ils comptent plus sur le charisme ou sur la contrainte que sur une tradition commune, des idéaux ou un appareil de fonctionnaires. Nous ne savons pas s’il existait une règle selon laquelle les rois lamanites devaient être descendants de Laman. Au début du deuxième siècle av. J.-C., deux rois lamanites successifs s’appelaient Laman (Mos. 7:21 ; 24:3) ; étant donné que c’est un chroniqueur de culture néphite qui interprète cette désignation de l’autre côté d’une frontière culturelle, il est possible que « Laman » ait vraiment été un titre de fonction, de la même manière que les rois néphites portaient le titre « Néphi » (Jcb. 1:9-11). Cependant, plus tard, Lamoni, souverain lamanite local, est décrit comme « un descendant d'Ismaël », pas de Laman (Al. 17:21) et son père, roi de tout le pays de Néphi (patrie originelle des Néphites prise et occupée par les Lamanites pendant une grande partie du reste de l’histoire du Livre de Mormon), devait avoir la même ascendance. De toute évidence, s'il y avait une règle que les descendants de Laman héritent du trône, elle n’était pas appliquée systématiquement. De plus, Amalickiah et son frère, tous deux dissidents néphites, vont obtenir le trône lamanite et prétendre à la légitimité (Al. 47:35 ; 52:3).
 
Il est dit à plusieurs reprises que les Lamanites sont beaucoup plus nombreux que les Néphites (Jm 1:6 ; Mos. 25:3 ; Hél. 4:25), un fait qui pourrait sembler contredire la description que font d’eux les Néphites au commencement quand ils les traitent de chasseurs sauvages, ce qui nécessite normalement beaucoup plus de territoire par personne qu’il n’en faut aux fermiers (Én. 1:20 ; Jm 1:6). L'expression « peuple des Lamanites » (Al. 23:9-12) peut indiquer que des élites lamanites dominaient une paysannerie disparate.
 
Les quelques aperçus directs que l'histoire néphite nous donne des Lamanites indiquent un niveau bien au-delà d’une culture « sauvage », bien qu’inférieure à la « civilisation » attribuée aux Néphites. Leur sophistication était peut-être due un peu à l'influence des dissidents néphites parmi eux (voir Mos. 24:3-7). Apparemment certains Lamanites se sont montrés prompts à apprendre auprès de cette source ; de plus, ceux qui se convertissent à la religion prophétique enseignée par les missionnaires néphites sont habituellement décrits comme exemplaires (Al. 23:5-7 ; 56 ; Hél. 6:1).
 
LE PEUPLE DE ZARAHEMLA (MULÉKITES). Au troisième siècle av. J.-C., quand le dirigeant néphite Mosiah 1 et son peuple descendent du pays de Néphi jusqu’au fleuve Sidon, « ils découvrirent un peuple qui s’appelait le peuple de Zarahemla » (Om. 1:13-14) parce que leur souverain porte ce nom. Ces gens descendent d'un groupe qui a fui la conquête babylonienne de Jérusalem en 586 av. J.-C., et dont faisait partie Mulek, un fils du roi juif Sédécias. C’est pour cela que les saints des derniers jours appellent souvent Mulékites les descendants de ce groupe, bien que le Livre de Mormon n'emploie jamais le terme. Au moment où les Néphites le découvrent vers 200 av. J.-C., ce peuple est « extrêmement nombreux » bien que culturellement dégénéré à cause de l'analphabétisme et de la guerre (Om. 1:16-17). Le récit néphite dit que l’ensemble de la population accueillit Mosiah comme roi.

Mosiah apprend que le peuple de Zarahemla a découvert le dernier survivant connu des Jarédites peu avant sa mort. Grâce à cela ou par des survivants non mentionnés, des éléments de la culture jarédite semblent avoir été apportés aux Néphites par le peuple de Zarahemla (CWHN 5:238-247). Le fait que le peuple de Zarahemla parle une langue inintelligible pour les Néphites est une indication complémentaire d’un mélange ethnique plus diversifié que le laisse entendre le court récit, qui suppose une origine purement juive.
 
Les Mulékites sont peu mentionnés par la suite, probablement parce qu'ils ont été complètement amalgamés dans une société néphite éclectique (Mos. 25:13). Il n’empêche qu’en 51 av. J.-C. encore, un homme affilié aux Lamanites, qui est un descendant du roi Zarahemla, attaque la capitale néphite et s’en empare brièvement (Hél. 1:15-34)
 
LES JARÉDITES. Le peuple le plus ancien mentionné dans le Livre de Mormon provient de la Mésopotamie, de la « grande tour » mentionnée dans Genèse 11. C’est de là qu'un groupe de probablement huit familles a voyagé jusqu’en l'Amérique sous la direction divine.
 
L’histoire existante est un résumé, fait par Moroni 2, le dernier gardien des annales néphites, d'une histoire écrite sur des plaques d'or par Éther, dernier prophète jarédite, vers la moitié du premier millénaire av. J.-C. Composée et retravaillée par Éther, Moroni 2 et Mosiah 2 (Mos. 28:11-17) et tributaire du manque de place, l’histoire ne fait qu’un récit squelettique couvrant plus de deux millénaires d'histoire jarédite. La majeure partie ne concerne qu’une des huit lignées, celle de Jared, la lignée régnante à laquelle appartenait Éther, d’où le nom Jarédites (voir Livre de Mormon – Plaques et annales).
 
Une tradition culturelle florissante finit par se développer (Ét. 10:21-27), bien que le maintien d'une population viable semble parfois n’avoir pas été une mince affaire (Ét. 9:30-34 ;11 :6-7). À la fin, ce sont des millions qui sont déclarés victimes des guerres d'extermination dont Éther, le prophète, est témoin (Ét. 15:2). Le peuple de Zarahemla trouvera un unique survivant, Coriantumr, le dernier roi, peu avant 200 av. J.-C., bien qu'il soit plausible que plusieurs groupes isolés aient aussi pu survivre pour fusionner, à l’insu des historiens, avec les successeurs mulékites et lamanites.
 
GROUPES SECONDAIRES. Les sept mêmes lignées mentionnées parmi les descendants de Léhi vers le commencement des annales néphites le sont de nouveau 900 ans plus tard (Jcb. 1:13 ; Mrm. 1:8). Chacune a été baptisée du nom d'un ancêtre de la première génération et se compose vraisemblablement de ses descendants. Parmi les Néphites il y en a quatre : les Néphites proprement dits, les Jacobites, les Joséphites et les Zoramites. Au sein de la faction lamanite, les Lémuélites et les Ismaélites se sont joints aux descendants proprement dits de Laman. Cette division disparaît après l’apparition du Christ à Abondance (il n'y avait ni « Lamanites, ni aucune sorte d’-ites » [4 Né. 1:17]), mais cette descendance ne sera pas oubliée, parce que les vieilles lignées vont réapparaître plus tard (4 Né. 1:20, 36-37). Ce qui a pu se produire, c’est que certaines fonctions publiques que les groupes avaient remplies ont été reprises pendant plusieurs générations par l'Église chrétienne, dont ils étaient tous devenus membres. Si l’on se base sur ce qui se pratiquait dans les systèmes sociaux des nations du même genre, il est possible que l'appartenance à l’un de ces sept groupes gouvernait les choix matrimoniaux et les droits en matière de succession et peut-être la résidence (Al. 31:3). Les Lémuélites avaient de toute évidence leur propre ville (Al. 23:12-13) et c’est la descendance qui a déterminé l’endroit où les Néphites et le peuple de Zarahemla se sont assis lors de l’assemblée politico-religieuse de Mosiah 2 (Mos. 25:4 ; cf. 25:21-23). Ces fonctions ont également pu être remplies par des groupes autres que les sept lignées.
 
Les sept lignées peuvent être qualifiées de « tribus », comme dans 3 Né. 7:2-4. Juste avant les catastrophes naturelles qui vont marquer la crucifixion de Jésus-Christ, l'unité sociale néphite s'effondre, et ils « se séparèrent les uns des autres en tribus, chaque homme selon sa famille, et sa parenté, et ses amis… c’est pourquoi leurs tribus devinrent extrêmement grandes » (3 Né. 7:2-4).
 
Les Jacobites sont toujours cités les premiers parmi les trois peuples secondaires chez les Néphites. Ils sont descendants de Jacob, frère cadet de Néphi. On ne nous dit rien sur ce groupe, si ce n’est qu'il est considéré, politiquement et culturellement, comme néphite. Puisque Jacob lui-même est prêtre principal sous le règne de son frère Néphi, et puisque c’est lui et ses descendants qui tiennent les annales religieuses commencées par Néphi, il est possible que les Jacobites, en tant que lignée, aient eu certaines responsabilités sacerdotales.
 
Les Joséphites sont, semble-t-il, descendants de Joseph, frère cadet de Néphi. Le texte est silencieux sur les caractéristiques distinctives du groupe.
 
Les Zoramites descendent de Zoram, le serviteur de Laban qui a accepté sous la contrainte de se joindre au groupe de Léhi après le meurtre de Laban à Jérusalem (1 Né. 4:31-37). Tant à la fin qu’au début du récit (Jcb. 1:13 et 4 Né. 1:36), les Zoramites sont comptés parallèlement aux descendants de Néphi, bien que vers 75 av. J.-C., certains d'entre eux au moins aient fait dissidence pendant un certain temps et se soient joints à l'alliance lamanite (Al. 43:4). Étant donné qu’on les a alors nommés « … capitaines en chef » des armées lamanites (Al. 48:5), il est possible qu’ils aient précédemment joué un rôle militaire officiel chez les Néphites. Une raison de leur scission d’avec les Néphites est évidemment le souvenir de ce qui est arrivé à leur ancêtre fondateur : Ammoron, dissident néphite et roi des Lamanites au premier siècle av. J.-C., rappelle : « Je suis… un descendant de Zoram, que tes pères ont enrôlé de force et ont fait sortir de Jérusalem » (Al. 54:23).
 
Pendant leur dissidence, leur culte, caractérisé comme idolâtre et pourtant adressé à un Dieu d'esprit, a lieu dans des « synagogues » d’où les riches ont chassé les pauvres (Al. 31:1, 9-11 ; 32:5). Leurs pratiques se sont écartées de la manière d’agir des Néphite et de la loi de Moïse (Al. 31:9-12). Peu de temps après les signes marquant la naissance du Christ et presque huit ans après la mention la plus ancienne de leur séparation d’avec les Néphites, ces Zoramites sont toujours dissidents et incitent, à l’aide de « mensonges » et de « paroles flatteuses » (3 Né. 1:29), les Néphites naïfs à se joindre aux brigands de Gadianton. Pourtant deux siècles plus tard ils seront de retour dans la bergerie néphite (4 Né. 1:36).
 
La liste des peuples secondaires parmi les Lamanites commence par les Lémuélites. Ils sont vraisemblablement la postérité de Lémuel, deuxième fils de Léhi. On ne nous dit rien du groupe en tant qu’entité séparée à part les listes habituelles des ennemis des Néphites (Jcb. 1:13-14 ; Mrm. 1:8-9), bien qu'une « ville de Lémuel » soit mentionnée dans Al. 23:12.
 
Les Ismaélites sont descendants du beau-père de Néphi et de ses frères (1 Né. 7:2-5). On ne nous dit nulle part pourquoi les fils d'Ismaël (1 Né. 7:6) n'ont pas fondé des lignées à eux. Comme pour les autres groupes secondaires, nous n’avons pas grand chose permettant de les caractériser. À un moment donné, ils vont occuper un pays dit d'Ismaël au sein du pays de Néphi, où l’un d’eux, Lamoni, est roi (Al. 17:21).
 
D’une façon ou d'une autre, à l’époque d'Ammon et de ses collègues missionnaires (premier siècle av. J.-C.), les Ismaélites sont au pouvoir dans tout le pays de Néphi ainsi que sur certains royaumes qui le composent. (Dans Al. 20:9, le grand roi laisse entendre que les frères de Lamoni sont, eux aussi, des souverains.) Pourtant le roi revient avec la sempiternelle plainte lamanite que dans la première génération Néphi a privé ses pères du droit de régner (Al. 20:13). C’est, de toute évidence, un Lamanite culturellement loyal, même s’il fait partie d’une lignée mineure.
 
L'information finale que nous avons sur les Ismaélites et les Lémuélites est leur présence dans les armées combinées luttant contre les Néphites du temps de Mormon (Mrm. 1:8). On peut supposer que leurs contingents ont été impliqués dans le massacre final des Néphites à Cumorah.

GROUPES TERTIAIRES. Six autres groupes se qualifient comme peuples, même s'ils ne montrent pas la puissance des sept lignées.
 
Les premiers décrits sont le peuple de Zénif (Zénifites). Zénif, un Néphite, un demi-siècle environ après que Mosiah a découvert le peuple et le pays de Zarahemla, emmène, hors de Zarahemla, un groupe de gens qui désirent vivement recoloniser « le pays de Néphi, ou pays du premier héritage de nos pères » (Mos. 9:1). Accueillis au début par les Lamanites locaux, ils se retrouvent avec le temps forcés de payer un impôt élevé à leurs suzerains. Une longue section sur eux dans le livre de Mosiah (Mos. 9-24) relate leurs expériences temporelles et spirituelles dramatiques sur trois générations jusqu'à ce qu'ils réussissent à s'échapper et à retourner à Zarahemla. Là, ils redeviennent Néphites, bien que conservant peut-être une certaine autonomie résidentielle et religieuse en tant que l'une des « sept Églises » (Mos. 25:23).
 
Deux groupes se sont détachés du peuple de Zénif. Le peuple d'Alma 1 est constitué de réfugiés religieux qui ont cru aux paroles du prophète Abinadi et ont fui l'oppression et la méchanceté existant sous le roi Noé, deuxième roi zénifite (Mos. 18, 23-24). Au nombre de quelques centaines, ils conservent un statut social et politique indépendant pendant moins de vingt-cinq ans avant d'échapper à la domination lamanite et de retourner en territoire néphite, où ils fondent l’ « Église de Dieu » à Zarahemla (Mos. 25:18), mais ne tardent pas à disparaître du récit en tant que groupe identifiable.

Le deuxième fragment zénifite commence quand les prêtres du roi Noé, dirigés par Amulon, s’enfuient dans le désert pour éviter de se faire exécuter par leurs sujets rebelles. Au cours de leur fuite, ils enlèvent des femmes lamanites et les prennent pour femmes, fondant ainsi les Amulonites dans un pays où ils créent leur propre version de la culture néphite (Mos. 24:1). Avec le temps, ils vont adopter l’ordre religieux de Néhor (voir ci-dessous), usurper la direction politique et militaire et « exciter » les Lamanites pour qu’ils attaquent les Néphites (Al. 21:4 ; 24:1-2 ; 25:1-5). Eux et les Amalékites (voir ci-dessous) aident les Lamanites à construire une ville appelée Jérusalem dans le pays de Néphi. À en juger par les brèves déclarations des Néphites (Mos. 12-13 ; Al. 21:5-10), les Amulonites et les Amalékites se considèrent comme les défenseurs d'un système de croyances basé sur l’Ancien Testament, ce qui explique certainement le nom qu’ils donnent à leur ville.
 
Un des groupes de dissidents néphites les plus anciens, ce sont les Amlicites. L’ambitieux Amlici, disciple de Néhor, se réclamant vraisemblablement d’une naissance noble (Al. 51:8), rassemble un grand nombre de partisans et défie le système néphite innovateur du règne des juges institué par Mosiah 2 ; Amlici veut être roi. Quand son projet est contrecarré par « la voix du peuple », il complote une attaque coordonnée avec les Lamanites grâce à laquelle il réussit presque à s’emparer de Zarahemla, la capitale néphite. Les forces loyalistes commandées par Alma 2 finissent par détruire ou disperser l'ennemi (Al. 2:1-31). Amlici est tué, mais on ne sait pas quel sort sera réservé à ses forces. Il est vraisemblable que certains de leurs éléments auront accompagné l'armée lamanite battue au pays de Néphi. Le nom Amlicite n'est plus utilisé après cela.
 
Un autre groupe de dissidents néphites, les Amalékites, vit au pays de Néphi (Al. 21:2-3 ; 43:13). Leur origine n'est expliquée nulle part. Cependant, si l’on se base sur les noms et les dates, il est possible qu'ils aient constitué le reste amlicite précédemment mentionné, leur nouveau nom étant peut-être une « lamanitisation » de l'original. [Voir aussi, « Les ennemis d’Alma », dans http ://idumea.org/Etudes/Ecritures/LM/Ennemi_Alma.htm] Ils sont mieux armés que les Lamanites ordinaires (Al. 43:20) et, comme certains Zoramites, sont désignés comme chefs militaires dans l'armée lamanite en raison de leurs « dispositions plus méchantes et plus meurtrières » (Al. 43:6). Les annales des missionnaires néphites nous apprennent qu'ils croient en un Dieu (Al. 22:7). Bon nombre d'entre eux, comme les Amlicites, appartiennent à l'ordre religieux de Néhor et construisent des sanctuaires ou des synagogues où ils rendent le culte (Al. 21:4, 6). Comme les Amulonites, ils refusent absolument d’accepter la religion orthodoxe néphite (Al. 23:14). Au lieu de cela, ils croient que Dieu sauvera tout le monde. Entre leur première et leur dernière mention, il ne s’écoule que quinze ans.
 
Pendant une mission de quatorze ans au pays de Néphi, les missionnaires néphites Ammon et ses frères font beaucoup de convertis lamanites (Al. 17-26). Lamoni, un roi lamanite qui fait partie de ces convertis, donne aux convertis lamanites le nom d'Anti-Néphi-Léhis. Ces gens se distinguent singulièrement par leur engagement ferme vis-à-vis de l'Évangile de Jésus-Christ, notamment les commandements du Sauveur d’aimer ses ennemis et de ne pas résister au méchant (3 Né. 12:39, 44 ; Mt. 5:39, 44). Ammon affirme que ces gens surpassent les Néphites pour ce qui est de l’amour chrétien (Al. 26:33). Après leur conversion, dit le Livre de Mormon, ils « n'avaient plus le désir de faire le mal » (Al. 19:33) et « ne combattirent plus Dieu, ni aucun de leurs frères » (Al. 23:7). Ayant précédemment versé le sang humain, ils font alliance, en tant que peuple, de ne plus jamais ôter la vie à un être humain (Al. 24:6) et enterrent même toutes leurs armes (Al. 24:17). Ils ne veulent pas se défendre quand ils sont attaqués par les Lamanites et 1.005 d'entre eux se font tuer (Al. 24:22). Ammon exhorte les Anti-Néphi-Léhis vulnérables à s’enfuir en territoire néphite. Chez les Néphites, on va les appeler peuple d'Ammon (ou Ammonites ; voir Al. 56:57). Ils aboutissent dans un lieu séparé en pays néphite, le pays de Jershon (Al. 27:26). Plus tard, ils vont s’installer en masse au pays de Mélek (Al. 35:13), où les rejoindront de temps en temps d'autres réfugiés lamanites.
 
Quelques années plus tard, désirant aider les armées néphites à défendre le pays, mais ne souhaitant pas rompre son alliance (Al. 53:13), le peuple d'Ammon envoie 2.000 de ses fils volontaires comme soldats, puisque ceux-ci n'ont pas, comme lui, contracté l’alliance de la non-violence. Ces « deux mille jeunes soldats » (Al. 53:22) seront connus comme fils d’Hélaman, leur chef néphite et auront beaucoup de succès au combat (Al. 56:56). Bien que tous aient été blessés, aucun ne sera jamais tué, une bénédiction remarquable attribuée « au pouvoir miraculeux de Dieu, à cause de leur foi extrême » (Al. 57:26 ; cf. 56:47).
 
Selon Hél. 3:11, une génération plus tard, certains du peuple d'Ammon vont émigrer au « pays situé du côté du nord ». C'est la dernière fois qu’on parle d’eux dans le Livre de Mormon.
 
AUTRES GROUPES. Parmi les autres groupes mentionnés dans le Livre de Mormon, il y a les combinaisons secrètes ou « brigands » très répandues. Pourtant ces groupes ne se qualifient pas comme « peuples » mais comme associations, auxquelles les gens peuvent se joindre ou qu’ils peuvent quitter de leur propre gré.
 
Un autre groupe, l’ « ordre de Néhor », est un culte centré sur les idées que les prêtres doivent être payés et que Dieu rachètera tout le monde. Ce n'est pas vraiment un « peuple » au sens technique : le terme implique une continuité biologique qu’une secte ne possède pas.
Les habitants des différentes villes sont parfois appelés peuples. Il est certain que des croyances et des coutumes locales les distinguaient les uns des autres, mais nous ne disposons pas de détails suffisants pour décrire des unités à cette échelle.
 
Bibliographie
Nibley, Hugh W. Lehi in the Desert ; The World of the Jaredites ; There Were Jaredites. CWHN 5. Salt Lake City, 1988.
Sorenson, John L. An Ancient American Setting for the Book of Mormon. Salt Lake City, 1985.
Welch, John W. "Lehi's Last Will and Testament : A Legal Approach." Dans The Book of Mormon : Second Nephi, The Doctrinal Structure, dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, p. 61-82. Provo, Utah, 1989.
JOHN L. SORENSON
 
Livre de Mormon – Plaques et annales
Auteur : Hardy, Grant R.
 
Le Livre de Mormon est un texte complexe avec une histoire compliquée. C'est principalement l’abrégé de plusieurs documents plus anciens fait par son rédacteur en chef et homonyme, Mormon. Tous ces documents sont qualifiés de « plaques » parce qu'ils ont été gravés sur de fines feuilles de métal. Mormon s’est servi de divers documents sources dans sa compilation, ce qui est à l’origine de transitions brusques et de disjonctions chronologiques qui peuvent perturber le lecteur. Cependant, quand on connaît bien l'histoire du texte, elles sont cohérentes et ont du sens. Les diverses plaques et annales mentionnées dans le Livre de Mormon et utilisées pour le composer sont (1) les plaques d’airain, (2) les annales de Léhi, (3) les grandes plaques de Néphi 1, (4) les petites plaques de Néphi, (5) les plaques de Mormon et (6) les vingt-quatre plaques d'or d’Éther.
 
LES PLAQUES D'OR. Les plaques d'or que le prophète Joseph Smith a reçues et traduites sont les plaques de Mormon sur lesquels celui-ci et son fils Moroni 2 avaient fait leur abrégé. Mormon, un prophète et chef militaire qui a vécu à la fin de l'ère néphite (v. 385 apr. J.-C.), était l’avant-dernier gardien des annales des prophètes et souverains néphites précédents. Il avait en particulier les grandes plaques de Néphi, qui étaient la chronique néphite officielle et qu’il reçut le commandement de continuer (Mrm. 1:4). Il fit plus tard ses propres plaques de Mormon, sur lesquelles il compila un abrégé des grandes plaques de Néphi (Pa. 1:3-5 ; 3 Né. 5:9-10), qui couvrent 985 ans d'histoire néphite, depuis le temps de Léhi jusqu’au sien. Les grandes plaques puisaient dans des annales encore plus anciennes et dans les écrits de divers prophètes et contenaient fréquemment diverses sources telles que lettres, bénédictions, discours et mémoires.
 
Après avoir fait son abrégé jusqu’au règne du roi Benjamin inclus (v. 130 av. J.-C.), Mormon découvrit les petites plaques de Néphi, une histoire séparée de la même période de temps focalisée sur les événements spirituels de ces années et citant considérablement les plaques d’airain. Poussé par l’inspiration à ajouter les petites plaques de Néphi à ses propres annales, Mormon inséra une brève explication de ce double récit des débuts de l'histoire néphite (Pa. 1:2-9).
 
Mormon continua son abrégé, choisissant parmi les grandes plaques, paraphrasant et ajoutant souvent ses propres commentaires, poursuivant le récit jusqu’à son époque. Prévoyant sa mort, il passa les plaques à son fils Moroni. Pendant les quelques décennies suivantes, Moroni erra en solitaire, faisant des ajouts aux annales de son père, notamment deux chapitres maintenant inclus dans un livre précédemment abrégé par son père (Mrm. 7-8) et l’histoire des Jarédites qu'il avait abrégée des vingt-quatre plaques d'or d’Éther. Il copia aussi une grande vision des derniers jours qui avait été écrite par l’un des premiers prophètes jarédites, le frère de Jared, et qu’il avait été commandé à Moroni de sceller (Ét. 4:4-5). Il ajouta aussi de brèves notes sur des rituels de l’Église (Mro. 1-6), un sermon et deux lettres de son père (Mro. 7-9), et une exhortation aux futurs lecteurs (Mro. 10). Finalement, Moroni prit cette collection quelque peu hétérogène d’annales – les plaques de Mormon, les petites plaques de Néphi, son abrégé des plaques d’Éther et la partie scellée contenant la vision du frère de Jared – et les enterra. Quelque 1.400 ans plus tard, en 1823, Moroni, alors ressuscité, apparut au prophète Joseph Smith et révéla l'endroit où se trouvaient ces annales. Les plaques de Mormon, qui, à l’exception de la partie scellée, ont été traduites par après par Joseph Smith, sont appelées aujourd'hui les plaques d'or.
 
Cependant, le Livre de Mormon anglais actuel n'est pas simplement la traduction de toutes ces plaques d'or. Joseph Smith et Martin Harris commencèrent par traduire les plaques de Mormon et quand ils furent parvenus au règne du roi Benjamin, ils avaient 116 pages de traduction. Harris emprunta ces pages pour les montrer à sa femme, puis les perdit, et on ne les retrouva jamais (voir Manuscrit, 116 pages perdues). Il fut commandé à Joseph de ne pas retraduire ces pages (D&A 10:30-46), mais de leur substituer la traduction des petites plaques parallèles de Néphi comprenant les livres de 1 Néphi, 2 Néphi, Jacob, Énos, Jarom et Omni. Le Livre de Mormon actuel ne contient donc que le deuxième récit du début de l'histoire néphite.
 
Vient ensuite la traduction du reste des plaques de Mormon, abrégé des grandes plaques de Néphi, qui comporte les livres de Mosiah, d'Alma, d’Hélaman, de 3 Néphi, de 4 Néphi et de Mormon (dont les deux derniers chapitres ont été écrits par Moroni). Ils sont suivis de l’abrégé de l'histoire jarédite (le livre d’Éther) par Moroni et de ses notes de clôture (le livre de Moroni). Joseph Smith reçut le commandement de ne pas traduire la vision scellée du frère de Jared, qui constituait apparemment une partie substantielle des plaques d'or (Ludlow, p. 320). Bien que Joseph Smith n’ait traduit que les plaques d'or, lui et ses associés ont vu beaucoup d'autres annales (JD 19:38 ; Millennial Star 40, 1878, p. 771-772).
 
LES PLAQUES D’AIRAIN. On sait maintenant que beaucoup d'anciens du monde méditerranéen écrivaient sur des plaques en métal. « Quand le document était d’importance majeure, on se servait de plaques de cuivre, de bronze ou même de métaux précieux au lieu des tablettes habituelles de bois, de plomb ou d'argile » (CWHN 5:119 ; voir aussi H.C. Wright, dans Journal of Library History 16, 1981, p. 48-70). L’un de ces documents sur métal était dans la possession d'un certain Laban, un dirigeant de Jérusalem en 600 av. J.-C. On ne sait pas d’où Laban tenait ces plaques ni comment il les avait obtenues à l'origine. Plusieurs théories ont été avancées, notamment la possibilité que les plaques d’airain provenaient du temps de Joseph d'Égypte (Ludlow, p. 56). Le Livre de Mormon dit que Laban et son père avaient hérité des annales et les conservaient parce qu'ils étaient descendants de ce Joseph (1 Né. 5:16).
 
Ce que le Livre de Mormon dit, c’est comment le prophète Léhi a obtenu la possession des plaques d’airain. Après avoir fui Jérusalem, Léhi reçut de Dieu le commandement de renvoyer ses fils à la ville pour se procurer les plaques auprès de Laban. Quand il les reçut, il constata qu'elles contenaient les cinq livres de Moïse, les annales des juifs depuis le commencement jusqu’au règne de Sédécias, les prophéties des saints prophètes au cours de cette même période (y compris certaines des prophéties de Jérémie) et la généalogie des pères de Léhi (1 Né. 3-5).
 
Néphi et les chefs spirituels successifs tenaient les plaques d’airain en haute estime. Elles furent transmises par les prophètes principaux depuis Néphi jusqu’à Mormon et comme elles étaient écrites sous une forme adaptée de l'égyptien (voir Livre de Mormon – Langue), ceux qui les tenaient apprenaient à lire cette langue (Mos. 1:2-4). Les plaques d’airain furent les écritures de base de la nation néphite et pendant des siècles leurs prophètes les lurent, les citèrent dans leurs sermons et en utilisèrent des extraits pour enrichir leurs propres écrits. Par exemple, quand le prophète Abinadi cite les dix commandements dans une controverse avec les prêtres de Noé, sa connaissance des dix commandements est due, au moins indirectement, aux plaques d’airain (Mos. 12-13). Comme Mosiah 2 le dit : « Car il n’aurait pas été possible à notre père, Léhi, de se souvenir de toutes ces choses, pour les enseigner à ses enfants, s’il n’y avait pas eu l’aide de ces plaques » (Mos. 1:4).
 
Les annales du Livre de Mormon, en particulier les petites plaques de Néphi, citent de temps en temps en long et en large les plaques d’airain et ces citations contiennent vingt et un chapitres complets d'Ésaïe. Bien que la traduction de ces citations suive généralement la formulation de la King James Version de la Bible, il y a beaucoup de différences importantes, qui peuvent indiquer l'existence de sources textuelles plus anciennes (Tvedtnes, p. 165-177). Il ressort également des citations scripturaires du Livre de Mormon que les plaques d’airain contenaient davantage des écrits des prophètes hébreux que l’Ancien Testament actuel. Par exemple, le Livre de Mormon mentionne des prophéties de Joseph d'Égypte qui ne se trouvent pas dans la Bible, ainsi que des écrits de Zénos, de Zénock, de Néum et d'Ézias, des prophètes qui ne sont pas mentionnés dans l’Ancien Testament.
 
LES ANNALES DE LÉHI. Malheureusement, l’abrégé fait par Mormon des annales de Léhi est le texte traduit dans les 116 pages de manuscrit qui ont été perdues et par conséquent il n'est pas disponible dans le Livre de Mormon actuel. Léhi a écrit un récit de sa vie et de ses expériences spirituelles qui fut inclus dans les grandes plaques de Néphi (1 Né. 19:1). Mormon a abrégé ces annales dans ses plaques et Joseph Smith les a traduites, mais comme elles ont été perdues par Martin Harris, on n’en sait quasiment rien maintenant excepté ce que l’on peut déduire des allusions faites dans d'autres textes (Brown, p. 25-32 ; voir aussi la préface de la première édition [1830] du Livre de Mormon). Quand ils citent les paroles de Léhi, Néphi et Jacob semblent citer ce texte aujourd’hui perdu et les huit premiers chapitres de 1 Néphi (une partie des petites plaques) au moins semblent être basés sur les annales de Léhi. D'autres passages des petites plaques pourraient aussi provenir de ces annales.

LES GRANDES PLAQUES DE NÉPHI. Néphi commença les grandes plaques peu après son arrivée dans le Nouveau Monde. Elles furent la chronique continue officielle des Néphites depuis le moment où ils quittèrent Jérusalem (v. 600 av. J.-C.) jusqu'à leur destruction (385 apr. J.-C.). Apparemment les grandes plaques étaient divisées en livres, chacun portant le nom de son auteur principal. Ces plaques « contenaient ‘le récit complet de l'histoire [du people de Néphi]’ (1 Né. 9:2, 4 ; 2 Né. 4:14 ; Jcb. 1:2-3), la généalogie de Léhi (1 Né. 19:2) et ‘la plus grande partie’ des enseignements de Jésus-Christ ressuscité à la nation néphite (3 Né. 26:7) » (Ludlow, p. 57). Commencées comme histoire fondamentalement profane, elles devinrent plus tard un document mixte, mélangeant mille ans d'histoire et d'expériences religieuses néphites.
 
Les grandes plaques mettent l’accent sur les alliances faites avec la maison d'Israël et citent des prophéties messianiques des prophètes du Vieux Monde que l’on ne trouve pas dans l’Ancien Testament. Cette information a été extraite des plaques d’airain apportées par la colonie de Léhi de Jérusalem. Elles rapportent aussi des guerres et des querelles et contiennent de la correspondance entre chefs militaires et des informations sur divers voyages missionnaires. Les interventions et la puissance miraculeuse de Dieu imprègnent cette histoire. Les sermons enregistrés du roi Benjamin, d’Abinadi, et d’Alma 2 sont une indication de la compréhension profonde que ces hommes avaient de l'Évangile de Jésus-Christ et de leur foi en son avènement prédit. Ces plaques contiennent un récit du ministère du Christ et des enseignements qu’il a donnés après sa résurrection aux habitants du monde américain (3 Né. 11-28).
 
Les grandes plaques de Néphi furent transmises de roi en roi jusqu'à ce qu'elles parviennent à Mosiah 2. Il y ajouta des annales telles que celles de Zénif et d'Alma 1, puis il les donna à Alma 2. Les plaques passèrent ensuite par une lignée de prophètes jusqu'à l’époque d'Ammaron au début du quatrième siècle apr. J.-C. Ammaron choisit Mormon, qui était encore enfant, pour continuer les annales quand il serait mûr. Mormon écrivit les événements de son temps sur les grandes plaques puis les utilisa comme source pour son abrégé, lequel fut plus tard enterré dans la colline Cumorah. Joseph Smith ne reçut pas les grandes plaques, mais le Livre de Mormon laisse entendre qu’elles pourraient un jour être publiées au monde (3 Né. 26:6-10).
 
LES PETITES PLAQUES DE NÉPHI. Une vingtaine d’années après avoir commencé les grandes plaques, Néphi reçut le commandement de faire un autre jeu. Ce deuxième jeu devait être réservé au récit du ministère de son peuple (1 Né. 9 ; 2 Né. 5:28-33). Elles devaient contenir les choses considérées comme étant les plus précieuses : « une prédication qui était sacrée, ou une révélation qui était grande, ou de la prophétie » (Jcb. 1:2-4).
 
Les petites plaques ont été tenues pendant plus de quatre siècles, un peu moins que la     moitié du temps couvert par les grandes plaques, par neuf auteurs : Néphi, Jacob, Énos, Jarom, Omni, Amaron, Chémish, Abinadom, et Amaléki. Tous ces auteurs étaient les fils ou les frères de leurs prédécesseurs. Bien que ces plaques contiennent les écrits de plusieurs personnes sur une longue période de temps, 80 pour cent du texte ont été écrits par Néphi, le premier auteur, et les 12 pour cent restants par son frère Jacob.
 
Mormon annexa les petites plaques à ses annales quand il remit les plaques de Mormon à son fils Moroni parce que leur témoignage du Christ lui plaisait et parce qu'il était poussé par l'Esprit du Seigneur à les inclure « dans un but sage » (Pa. 1:3-7). Cependant, étant donné que les petites plaques couvraient la période historique déjà gravée dans son abrégé des annales de Léhi (à savoir, de Léhi au règne du roi Benjamin) et que le livre de Mosiah commençait par la fin du règne du roi Benjamin, Mormon estima nécessaire d'écrire une brève explication pour montrer comment les petites plaques de Néphi se rattachaient au livre de Mosiah. Il intitula cette explication « Paroles de Mormon ».
 
Bien que conscients de la nécessité de fournir un récit historique, les auteurs des petites plaques avaient pour but principal de parler du Christ, de prêcher le Christ, et de prophétiser sur le Christ (2 Né. 25:26). Préoccupé d’enseigner à son peuple les alliances et les promesses faites à l’Israël antique, Néphi tira ces enseignements de prophètes plus anciens dont les textes se trouvaient sur les plaques d’airain. Il cita copieusement le prophète Ésaïe (2 Né. 12-24 ; cf. És. 2-14) puis en fit un commentaire, prédisant l’avenir des juifs, des Lamanites et des Gentils et prophétisant sur beaucoup de choses qui se produiraient dans les derniers jours (2 Né. 25-30).
 
Jacob poursuivit la méthode de son frère en enregistrant ses propres sermons et une longue citation d'une prophétie de Zénos et son explication. Les écrits des auteurs ultérieurs des petites plaques sont beaucoup plus brefs et moins préoccupés de questions spirituelles.
 
Amaléki note dans ses écrits que les petites plaques étaient pleines et il les confia au roi Benjamin (Om. 1:25, 30), qui posséda ainsi les grandes et les petites plaques de Néphi aussi bien que les plaques d’airain. Tous ces jeux de plaques furent transmis de génération en génération jusqu'à ce qu'ils fussent confiés à Mormon.
 
LES PLAQUES DE MORMON. Après avoir reçu les plaques, Mormon fit un nouveau jeu sur lequel il grava son abrégé des grandes plaques de Néphi (3 Né. 5:10-11). C'est cet abrégé, avec quelques ajouts de Moroni, fils de Mormon, qui constitue les plaques d'or données à Joseph Smith. Il les décrit comme suit : Ces annales étaient gravées sur des plaques qui avaient l'apparence de l'or, chaque plaque avait quinze centimètres de large et vingt centimètres de long et n’était pas tout à fait aussi épaisse que du fer blanc ordinaire. Elles étaient remplies d’inscriptions gravées, en caractères égyptiens et reliées en un volume, comme les feuilles d'un livre, trois anneaux traversant le tout. Le volume avait quelque chose comme quinze centimètres d'épaisseur à peu près, dont une partie était scellée. Les caractères de la partie non scellée étaient petits et admirablement gravés [Jessee, p. 214].
 
Les descriptions rapportées par d'autres témoins ajoutent des détails qui donnent à penser que les plaques étaient constituées d’un alliage d'or (probablement du tumbaga) et qu'elles pesaient environ vingt-deux kilos (Putnam, p. 788-789, 829-831). Chaque plaque était aussi épaisse que du parchemin ou du papier épais.
 
La majeure partie du temps, Mormon tirait ses renseignements des grandes plaques de Néphi. Une grande partie du récit historique du Livre de Mormon semble être une paraphrase de sa part d’annales plus anciennes, mais de temps en temps des documents à la première personne sont insérés dans le texte. Par exemple, dans Mos. 9 et 10, le récit contient subitement une histoire à la première personne de Zénif (apparemment un document plus ancien que Mormon a simplement copié) et puis, au chapitre 11, la paraphrase de Mormon reprend. En outre, beaucoup de sermons, de bénédictions et de lettres semblent avoir été reproduits tels quels.
 
Néanmoins, certains passages peuvent être attribués à coup sûr à Mormon : l’abrégé de ses contributions aux grandes plaques (Mrm. 1-7), son sermon et ses lettres enregistrés par Moroni (Mro. 7-9) et les commentaires explicatifs qu'il insère dans son récit. Il s’identifie dans certaines de ces interpolations (Pa. ; 3 Né. 5:8-26 ; 26:6-12 ; 28:24 ; 4 Né. 1:23), mais il semble probable que les fréquents commentaires introduits par « et ainsi nous voyons » sont aussi de Mormon essayant de mettre l’accent sur les sujets ayant une importance spirituelle particulière pour ses lecteurs (par exemple, Al. 24:19, 27 ; 50:19-23 ; Hél. 3:27-30 ;12:1-2).
 
LES VINGT-QUATRE PLAQUES D'OR D'ÉTHER. Ces vingt-quatre plaques d'or étaient des annales des anciens Jarédites, habitants de l’Amérique avant les Néphites. Ce peuple en particulier avait quitté la tour de Babel au moment de la confusion des langues. Leurs dirigeants prophètes furent conduits jusqu’à l'océan où ils construisirent huit barques étranges. Celles-ci furent poussées par le vent à travers les eaux jusqu’en Amérique, où les Jarédites devinrent une grande et puissante nation. Après de nombreux siècles, la méchanceté et les guerres débouchèrent sur une guerre d’extermination finale. Pendant cette guerre finale, Éther, un prophète de Dieu, écrivit leur histoire et leurs expériences spirituelles sur vingt-quatre plaques d'or, peut-être en se basant sur des annales jarédites plus anciennes (voir J. Welch, « Preliminary Comments on the Sources behind the Book of Éther », dans F.A.R.M.S. Manuscript Collection, p. 3-7. Provo, Utah, 1986).
 
Après avoir été témoin de la destruction de son peuple, Éther cacha les vingt-quatre plaques d'or. De nombreuses années plus tard, (v. 121 av. J.-C.), elles furent découvertes par une petite expédition d’exploration néphite et données à Mosiah 2, roi prophète, qui les traduisit en langue néphite à l’aide de pierres de voyant (Mos. 8:8-9 ; 28:11-16). Beaucoup plus tard (v. 400 apr. J.-C.), Moroni abrégea cette histoire des Jarédites comme son père Mormon en avait eu l’intention, se concentrant sur les questions spirituelles et ajoutant des commentaires inspirés. Moroni inclut cet abrégé, maintenant connu sous le nom de livre d'Éther, à ce que son père et lui avaient déjà écrit. (Les vingt-quatre plaques d'or d’Éther n'étaient pas parmi les plaques reçues par Joseph Smith.)
 
CARACTÉRISTIQUES DE L'INTERVENTION RÉDACTIONNELLE DE MORMON. Le Livre de Mormon est fort compliqué. Le résumé ci-dessus des plaques et d'autres annales dont est tiré le livre provient d'un certain nombre de commentaires dispersés mais cohérents inclus dans le texte actuel. Le récit lui-même est souvent complexe. Par exemple, dans Mos. 1-25, Mormon relate l’histoire de trois groupes et sous-groupes distincts – principalement les peuples de Mosiah, de Limhi et d’Alma – avec leur histoire et leurs interactions respectives entre eux et avec les Lamanites (voir Livre de Mormon – Peuples). L'histoire aurait pu être tout à fait embrouillée, parce qu’elle saute d'un peuple à l'autre et fait des sauts dans les deux sens dans le temps, mais Mormon est resté remarquablement clair. Al. 17-26 est un long retour en arrière racontant l’histoire de plusieurs missionnaires à l'occasion de leurs retrouvailles avec de vieux amis et Al. 43-63 relate l'histoire d'une guerre avec les Lamanites sans s’embrouiller dans des événements qui se passent sur deux fronts.
 
Le récit de Mormon aurait pu être beaucoup plus complexe. Il souligne qu'il présente moins d'un centième de la documentation dont il dispose (par exemple, Pa. 1:5 ; 3 Né. 26:6-7). En outre, ses sources donnent l’histoire d’une seule lignée familiale, celle de Léhi et de ses descendants, et n'englobe pas tous les événements du monde américain antique (Sorenson, 1985, p. 50-56). Mormon simplifie encore ses annales en continuant la pratique de Jacob de fusionner des peuples divers en deux groupes principaux : « Or, ceux qui n'étaient pas Lamanites étaient Néphites ; néanmoins, ils étaient appelés Néphites, Jacobites, Joséphites, Zoramites, Lamanites, Lémuélites et Ismaélites. Mais moi, Jacob, je ne les distinguerai dorénavant plus par ces noms, mais j'appellerai Lamanites ceux qui cherchent à détruire le peuple de Néphi, et ceux qui sont amicaux envers Néphi, je les appellerai Néphites, ou peuple de Néphi, selon les règnes des rois. » [Jcb. 1:13-14 ; voir également Mrm. 1:8-9].
 
Le choix des textes à inclure dans le vaste projet rédactionnel qui a produit le Livre de Mormon devait reposer sur une politique bien précise. Mormon est tout à fait explicite quant au but de son abrégé. Comme Néphi, il écrit une histoire pour conduire les gens au Christ, et il écrit spécifiquement pour les hommes du futur (2 Né. 25:23 ; Mrm. 7). Les plaques de Mormon ont été créées pour paraître dans les derniers jours. Ce qui intéresse Mormon, c’est faire ressortir les principes qui seront les plus utiles à de telles personnes et son travail soigneux de rédaction et ses passages introduits par « ainsi » et « ainsi nous voyons que » visent tous à faciliter l’identification et la compréhension des leçons morales.

En conclusion, Mormon a pris très au sérieux son travail d’historien et d’abréviateur. Il reçut de Dieu le commandement de faire ses annales (page de titre du Livre de Mormon ; 3 Né. 26:12). Par ailleurs, la société néphite avait une tradition forte de l'importance des documents écrits et c'était l'un des critères par lesquels ils se distinguaient de la majorité mulékite (Om. 1:14-19). De plus, les diverses plaques semblent avoir été transmises d'un prophète ou roi à l'autre à titre de reliques sacrées et de symboles d'autorité (Mos. 28:20 ; 3 Né. 1:2). En outre, les Néphites procédaient à un échange cérémoniel de documents quand différentes branches de la famille étaient réunies (Mos. 8:1-5 ; 22:14). La chose la plus importante était que les Néphites savaient qu'ils seraient tenus pour responsables et jugés en fonction de ce qui était écrit dans les annales, comme le seront tous les hommes (2 Né. 25:21-22 ; 33:10-15 ; Mrm. 8:12).
 
Livre de Mormon – Témoins
Auteur : Anderson, Richard Lloyd
 
À partir de la première édition de 1830, le Livre de Mormon a généralement contenu deux groupes de témoignages : le « Témoignage de trois témoins » et le « Témoignage de huit témoins ». Quand Joseph Smith est entré en possession des plaques d'or, il lui a été dit de ne les montrer à personne. Pendant que la traduction avançait, lui et ceux qui l'aidaient ont appris, dans les pages du livre et par révélation supplémentaire, que trois témoins spéciaux sauraient, par la puissance de Dieu, « que ces choses sont vraies » et que plusieurs en plus de lui-même verraient les plaques et témoigneraient de leur existence (Ét. 5:2-4 ; 2 Né. 27:12-13 ; D&A 5:11-13). Les témoignages des témoins affirment que ces choses se sont produites.
 
Les témoins étaient des hommes connus pour leur honnêteté et leur sérieux. Chacun des trois témoins fut par la suite excommunié de l'Église (deux d’entre eux y retournèrent), mais aucun d’eux ne renia ni ne rétracta jamais son témoignage publié. Chacun d’eux réaffirma à chaque occasion la véracité de son témoignage et la réalité de ce qu'il avait vu et éprouvé.
 
Une révélation de juin 1829 confirma qu'Oliver Cowdery, David Whitmer et Martin Harris seraient les trois témoins (D&A 17). Peu de temps après, ils se retiraient avec Joseph Smith dans les bois près de Fayette (New York) et prièrent pour avoir la manifestation divine promise. Le « Témoignage de trois témoins » résume l'événement surnaturel qui suivit quand un ange apparut et leur montra les plaques et les inscriptions et qu’ils entendirent le Seigneur déclarer que le Livre de Mormon « a été traduit par le don et le pouvoir de Dieu ». Ils dirent que la même voix divine leur « a commandé d’en rendre témoignage ».
 
La mère de Joseph Smith raconta plus tard le grand soulagement de Joseph de ne plus être le témoin unique des expériences divines du Rétablissement (voir Loi des témoins). Le fait que d'autres aient également vu un ange et devraient « témoigner de la véracité de ce que j'ai dit car ils savent maintenant eux-mêmes » le soulagea d'un grand fardeau (manuscrit préliminaire de Lucy Smith, archives de l’Église).
 
Peu après, à la ferme des Smith à New York, huit autres furent autorisés à voir et à manipuler les plaques : Christian Whitmer, Jacob Whitmer, Peter Whitmer, fils, John Whitmer, Hiram Page, Joseph Smith, père, Hyrum Smith et Samuel H. Smith. Leur « Témoignage de huit témoins », signé, déclare que Joseph Smith a montré à ces huit hommes les plaques en métal, qu'ils les ont « soupesées » tout en tournant les « feuilles » une à une, et qu’ils ont examiné les inscriptions, qui étaient « d’une exécution habile ». Cinq de ces huit témoins restèrent fermement dans l'Église ; John Whitmer fut excommunié en 1838 et son frère Jacob Whitmer et son beau-frère Hiram Page devinrent alors non pratiquants.
 
La plupart de ces onze témoins étaient membres des grandes familles Smith et Whitmer, des familles qui avaient aidé à garder et à traduire les annales antiques. On ne s’étonnera pas que d'autres membres de ces familles aient signalé un contact indirect avec les plaques et la traduction. Le jeune William Smith aida un jour son frère Joseph à porter les plaques enveloppées dans un sarrau. Emma Smith, femme de Joseph, palpa les plaques flexibles pendant qu'elle époussetait autour des annales couvertes d’un tissu sur la table de traduction de son mari. La maman Whitmer (femme de Peter Whitmer, père), accablée de corvées quotidiennes à s'occuper de sa famille et des visiteurs travaillant à la traduction, vit les plaques que lui montra un messager céleste pour lui assurer que l’œuvre était de Dieu.
 
Martin Harris, un fermier prospère de Palmyra (New York), qui avait longtemps cherché une religion qui accomplissait les prophéties bibliques, aida à la traduction avant son expérience comme témoin. En 1828, il passa deux mois à écrire pendant que Joseph Smith dictait la première grande section de la traduction du Livre de Mormon, 116 pages manuscrites. Après avoir perdu ces pages, Martin n’écrivit plus pour le prophète, mais il finança plus tard la publication du livre.
 
Oliver Cowdery fut le secrétaire principal pour le Livre de Mormon. Instituteur, il apprit l’existence des plaques d'or et de la traduction tandis qu’il était en pension chez les parents de Joseph Smith près de Palmyra (New York). Au début d'avril 1829, Oliver se rendit à pied de chez les Smith jusqu’à Harmony (Pennsylvanie), où Joseph Smith traduisait. En route, il rendit visite à son ami David Whitmer, qui se prit, lui aussi, d’un intérêt intense pour la nouvelle Écriture. Quand les persécutions augmentèrent à Harmony, David arriva comme on le lui avait demandé et déménagea Joseph et Oliver jusque dans sa ferme familiale près de Fayette (à plus de 150 kilomètres de là), vers le 1er juin.
 
Joseph Smith parla plus tard des supplications insistantes de Harris, de Whitmer et de Cowdery lorsqu’ils apprirent que trois personnes seraient autorisées à voir les plaques. La révélation de juin 1829 confirma qu'ils seraient les trois Témoins et qu'ils devraient alors témoigner tant par leur connaissance de première main que par « le pouvoir de Dieu » afin que « mon serviteur, Joseph Smith, fils, ne soit pas détruit » (D&A 17:3-4). Sur les quelque deux cents interviews enregistrées avec les trois témoins, un pourcentage important met l’accent sur l'intensité spirituelle des témoins quand ils décrivaient l'ange et les plaques. À eux seuls, la réputation et les affirmations du prophète étaient vulnérables, mais le témoignage d’autres témoins honorables et formels, qui faisaient part d’une expérience divine, apportaient de la crédibilité.
 
L'autobiographie de Lucy Smith rapporte l’immense gratitude des trois témoins quand ils revinrent à la maison des Whitmer après avoir connu cette expérience. C’est la propre histoire de Joseph Smith qui donne les détails les plus complets de l'événement : des prières répétées suivies d'une vision donnée simultanément au prophète, à Cowdery et à Whitmer, et peu après une vision presque identique vécue par le prophète avec Harris. Selon Joseph, la gloire intense de Dieu enveloppa les environs naturels, et dans cette lumière divine l'ange apparut, exposa soigneusement les plaques, recommanda expressément à David Whitmer – le seul des trois à ne pas revenir finalement dans l’Église – à persévérer jusqu’à la fin et la voix de Dieu déclara le livre divin (HC 1:54-56).
 
Au début de 1838, des désaccords sur les règles de l’Église furent à l’origine du mécontentement et de l'excommunication de chacun des trois témoins, et ils se séparèrent ; Cowdery mourut en 1850, Harris en 1875 et Whitmer en 1888. Sa vie durant, chacun des témoins répondit sans hésiter aux questions concernant son expérience directe de l'ange et des plaques. Ne se basant manifestement pas sur le récit de Joseph Smith, qui ne fut écrit qu’au cours des mois qui suivirent leur excommunication, chacun d’eux parla spontanément et indépendamment et cependant les détails s’accordaient entre eux et avec l'histoire de Joseph Smith.
 
L'aliénation des témoins par rapport à l'Église découla en grande partie de conflits concernant l'autorité. Ayant reçu une révélation, les trois témoins estimaient qu'ils avaient une part égale à celle de Joseph Smith dans les expériences fondatrices et leur certitude d’avoir eu une vision dans le passé contribua à leur inflexibilité vis-à-vis de futures révélations. Ils prirent le parti des détracteurs du prophète qui réagirent négativement lors de la faillite de la Kirtland Safety Society (voir Kirtland – Économie) et ils s’opposèrent au leadership doctrinal et administratif vigoureux de Joseph Smith. Après leur excommunication, chacun eut un sentiment de rejet profond, ce qui eut pour résultat prévisible de dures critiques à l’égard des dirigeants de l’Église. Même dans ces circonstances, chacun des trois témoins continua à défendre vigoureusement l'authenticité de son témoignage publié. Aucun d’eux n'exprima le moindre doute vis-à-vis de ce dont ils avaient témoigné. Oliver Cowdery et Martin Harris revinrent à l'Église à la fin de leur vie ; David Whitmer resta religieusement indépendant, mais défendit agressivement le Livre de Mormon jusqu’au bout.
 
Les sceptiques ont écarté le « Témoignage de trois témoins » en l’imputant à de la connivence ou de la tromperie. Or, chacun des trois fut un membre respecté et indépendant d’une société qui n’était pas mormone et fut actif dans sa communauté. Leur vie, pleinement documentée, démontre clairement leur honnêteté et leur intelligence. David Whitmer réagit à diverses reprises contre les accusations de possibilité d’ « illumination ». Il répondit à un sceptique : « C’est évident que nous étions dans l'esprit quand nous avons eu la vision… mais nous étions dans le corps également et tout était aussi naturel pour nous qu’à n’importe quel autre moment » (Anderson, p. 87). On peut aller jusqu’à dire que leur aliénation ultérieure les rend bien plus crédibles comme témoins, parce qu’aucune connivence n’aurait pu résister aux années passées loin de l’Église et les uns des autres.
 
Les témoignages des trois et des huit témoins équilibrent le surnaturel et le naturel, l’un mettant l’accent sur l'ange et la voix céleste, l'autre sur l'existence d'un document tangible sur des plaques d'or. Jusqu’à la fin de sa vie, chacun des trois a déclaré qu'il avait vu les plaques, et chacun des huit a insisté sur le fait qu'il les avait manipulées. La plupart des huit témoins et les trois témoins ont réitéré leur témoignage du Livre de Mormon juste avant de mourir. Avec Joseph Smith ils accomplissent la prophétie de Néphi : « Ils témoigneront de la vérité du livre et des choses qui s’y trouvent » (2 Né. 27:12).
 
Bibliographie

Les apports des trois témoins à la traduction du Livre de Mormon sont détaillés dans Lucy Mack Smith, Biographical Sketches of Joseph Smith the Prophet and His Progenitors for Many Generations, Liverpool, 1853, réimprimé en 1902 à Salt Lake City sous le titre History of Joseph Smith by his Mother Lucy Mack Smith. On trouve les souvenirs de Joseph Smith concernant les événements de 1829 dans Dean C. Jessee, dir. de publ., The Papers of Joseph Smith, vol. 1, Salt Lake City, 1989 (voir les transcriptions de l’avant-projet de 1839 et de l’histoire manuscrite de 1839). Voir aussi la History of the Church publiée par Joseph Smith.

Pour les témoignages des témoins et leur vie en dehors de l’Église, voir Richard Lloyd Anderson, Investigating the Book of Mormon Witnesses, éd. corr., Salt Lake City, 1989. Les documents primaires concernant leurs témoignages apparaissent dans Preston Nibley, Witnesses of the Book of Mormon, éd. corr. Salt Lake City, 1953. On trouvera des notices biographiques dans Andrew Jenson, Latter-day Saints Biographical Encyclopedia, vol. 1, Salt Lake City, 1901. Le profil de la plupart des témoins se trouve aussi dans Lyndon Cook, Revelations of the Prophet Joseph Smith, Salt Lake City, 1985.
 
Livre de Mormon – Traduction de Joseph Smith
Auteurs : Rathbone, Tim et Welch, John W.
 
Comme il le dit lui-même, le Livre de Mormon est la traduction d'un livre antique ; pourtant Joseph Smith ne connaissait aucune langue ancienne lorsqu'il a dicté ce texte à ses secrétaires. Plusieurs de ses proches collaborateurs et lui ont témoigné que la traduction a été faite « par le don et le pouvoir de Dieu » (HC 1:315 ; voir aussi D&A 1:29 ; 20:8).
 
On ne sait pas grand chose du processus de traduction proprement dit. On ne peut glaner que peu de détails dans les commentaires faits par les secrétaires et les proches collaborateurs de Joseph. Seul Joseph Smith connaissait le processus réel et il a refusé de le décrire en public. À une conférence de l’Église en 1831, Hyrum Smith invita le prophète à expliquer plus complètement comment le Livre de Mormon avait paru. Joseph Smith répondit qu’il « n’était pas prévu de raconter au monde tous les détails de la parution du Livre de Mormon ; et… il ne s’indiquait pas qu’il relate ces choses » (HC 1:220).
 
On sait cependant beaucoup de choses sur la période et les lieux où le travail de traduction a eu lieu. Les événements sont racontés par plusieurs témoins oculaires indépendants. Joseph Smith obtint les plaques d'or sur la colline Cumorah, dans l’État de New York, au petit matin du 22 septembre 1827. Pour éviter le harcèlement local et les émeutiers, il alla s’installer, en décembre 1827, à Harmony, en Pennsylvanie. Là il copia et traduisit certains des caractères des plaques, avec sa femme Emma et son beau-frère Reuben Hale comme secrétaires. En 1856, Emma raconta que Joseph lui dictait la traduction mot à mot, épelait les noms propres et corrigeait les erreurs qu’elle commettait en écrivant alors même qu’il ne pouvait pas voir ce qu'elle avait écrit. À un moment donné au cours de la traduction, Joseph eut la surprise d'apprendre que Jérusalem était entourée de murailles (E. C. Briggs, « Interview with David Whitmer », Saints’ Herald 31, 21 juin 1884, p. 396-397). Plus tard, lors d’une autre interview, on demanda à Emma si Joseph utilisait des livres ou des notes pendant qu’il dictait. Elle répondit : « Ni l’un ni l’autre » et comme son intervieweur insistait, elle ajouta : « S'il avait eu quoi que ce soit de la sorte il n’aurait pas pu me le cacher » (Saints’ Herald, 26, 1er octobre 1879, p. 290).
 
Martin Harris se rendit à Harmony en février 1828 et, peu de temps après, emporta une transcription et une traduction de certains des caractères à New York City, où il les montra au professeur Charles Anthon au Columbia College (voir Anthon – Transcription). Il revint entièrement convaincu que Joseph disait la vérité et, du 12 avril au 14 juin 1828, fit fonction de secrétaire pendant que Joseph Smith traduisait le livre de Léhi.
 
Le 15 juin 1828, le fils aîné de Joseph et d'Emma naquit mais mourut quelques heures plus tard. Vers le 15 juillet, Joseph apprit que Martin Harris avait perdu les 116 pages qu'ils avaient traduites (voir Manuscrit – 116 pages perdues), après quoi l'ange Moroni reprit provisoirement les plaques et les interprètes à Joseph, qui fut réprimandé mais assuré par le Seigneur que l’œuvre continuerait (D&A 3:15-16).
 
Le 22 septembre 1828, les plaques et les outils de traduction furent rendus à Joseph Smith et au cours de cet hiver il traduisit « encore quelques pages » (D&A 5:30). Le travail avança lentement jusqu'au 5 avril 1829, quand Oliver Cowdery, un instituteur qui avait vu le Seigneur et les plaques dans une vision (PWJS, p. 8), arriva à Harmony et offrit ses services à Joseph. Pratiquement tout le texte anglais du Livre de Mormon fut alors traduit entre le 7 avril et la dernière semaine de juin, soit moins de soixante jours ouvrables.
 
La dictée se déroula sans heurts. Il ressort des parties encore existantes du manuscrit original que Joseph dictait environ une douzaine de mots à la fois. Oliver redisait ces mots à haute voix pour vérification, ensuite ils continuaient. Emma ajouta plus tard qu'après un repas ou une nuit de repos, Joseph commençait sans rien relire là où il s’était précédemment arrêté (Saints’ Herald 26, 1er octobre 1879, p. 290). Aucun temps n'était consacré à faire de la recherche, à vérifier la logique interne ou à réécrire le texte. En 1834 Oliver écrivit : « Ce furent là des jours inoubliables ! Cela éveillait en mon sein la gratitude la plus profonde que de pouvoir être là à écouter le son d’une voix parlant sous l'inspiration du ciel. Jour après jour, je continuai, sans interruption, à écrire l’histoire… telle qu’elle tombait de ses lèvres, tandis qu'il traduisait » (Messenger and Advocate 1, octobre 1834, p. 14).
 
Pendant les mois d’avril, mai et juin 1829, beaucoup d'événements se produisirent en même temps que la traduction du Livre de Mormon. À la date du 15 mai, le récit du ministère du Christ dans 3 Néphi était traduit. Ce texte mentionne explicitement la nécessité d'être baptisé par l’autorité appropriée et ce commandement inspira Joseph Smith et Oliver Cowdery à prier, ce qui conduisit au rétablissement de la Prêtrise d’Aaron, le 15 mai (JS–H 1:68-74) et, peu de temps après, à celui de la Prêtrise de Melchisédek (voir Prêtrise d'Aaron – Rétablissement ; Prêtrise de Melchisédek – Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek). Il fallut aussi consacrer du temps à des voyages jusqu’à Colesville (New York), située à cinquante kilomètres de là, pour aller chercher des provisions et aussi pour gagner de l'argent afin d’acheter du papier, pour obtenir le copyright fédéral le 11 juin 1829, pour baptiser Samuel et Hyrum Smith, pour prêcher à plusieurs personnes intéressées et, pendant la première semaine de juin, pour déménager et s’installer à la ferme de Peter Whitmer, à Fayette (New York), à cent cinquante kilomètres de là, où les quelque cent cinquante dernières pages furent traduites, avec la collaboration de certains des Whitmer comme secrétaires. Le travail fut terminé avant la fin du mois de juin, et à ce moment-là, il fut permis aux trois et aux huit témoins de voir les plaques (voir Livre de Mormon – Témoins).
 
La plupart des données dont nous disposons soutiennent l'idée que Joseph et Oliver commencèrent leur travail en avril 1829 par le discours de Benjamin (Mosiah 1-6), traduisirent jusqu’à la fin du livre de Moroni en mai, puis traduisirent la page de titre et finalement les petites plaques de Néphi (1 Néphi-Omni) et les Paroles de Mormon avant la fin de juin (Welch et Rathbone). Le texte de la page de titre, « la dernière feuille » des plaques de Mormon (HC 1:71), fut utilisé comme description du livre sur le formulaire de copyright introduit le 11 juin 1829.
 
Beaucoup de facteurs, y compris des sources divines de connaissance et les efforts spirituels et le vocabulaire personnel de Joseph ont apparemment joué un rôle dans l’élaboration du texte anglais du Livre de Mormon. Certains récits mettent l’accent sur le facteur divin. Des années plus tard, David Whitmer déclara que les mots apparaissaient à Joseph sur quelque chose qui ressemblait à un morceau de parchemin et qu'il lisait les mots à haute voix à son secrétaire (An Address to All Believers in Christ, 1887, p. 12). D'autres récits disent que des efforts humains étaient également requis. Quand Oliver Cowdery essaya de traduire en avril 1829, le Seigneur lui dit : « Tu dois l'étudier dans ton esprit ; alors tu dois me demander si c’est juste » (D&A 9:8). Selon David Whitmer, Joseph ne pouvait traduire que quand il était humble et fidèle. Un matin quelque chose était allé de travers dans la maison ; Joseph ne put traduire une seule syllabe jusqu'à ce qu'il fût allé dans un verger, eût prié et se fût réconcilié avec Emma (CHC 1:131). La capacité de Joseph de traduire augmenta apparemment à mesure que le travail avançait.
 
La plupart des comptes rendus déclarent que pendant toute l’entreprise Joseph utilisa les « interprètes néphites » ou alors, par facilité, il se servait d’une pierre de voyant (voir CHC 1:128-30). Les deux instruments étaient parfois appelés par d'autres l'Urim et le Thummim. On rapporte qu’en 1830, Oliver Cowdery témoigna devant un tribunal que ces outils permettaient à Joseph « de lire en anglais les caractères égyptiens réformés qui étaient gravés sur les plaques » (Benton, Evangelical Magazine and Gospel Advocate 2, 9 avril 1831, p. 15). Dans une interview de 1891, William Smith dit que quand son frère Joseph utilisait les « interprètes » (qui étaient comme un arc argenté tordu en forme de huit avec deux pierres entre les bords de l'arc reliées par une tige à un plastron de cuirasse), cela lui laissait les mains libres pour tenir les plaques. D’autres rapports tardifs mentionnent divers autres détails, mais on ne peut pas les confirmer ou les infirmer historiquement.
 
Pour ce qui est de la nature de la traduction anglaise, sa langue est sans ambiguïté et directe. Joseph a dit un jour que le livre a été « traduit dans notre langue » (EPJS, p. 17 ; cf. D&A 1:24). Dans plusieurs chapitres, pour de bonnes et utiles raisons, cela signifiait que la langue respectait l'idiome de la King James Version de l’époque (voir CWHN 8:212-216 ; Welch, 1990, p. 134-163). Cela voulait aussi dire que le manuscrit allait contenir des fautes d'orthographe humaines et des singularités grammaticales, impliquant que s'il avait été traduit au cours d’une autre décennie sa phraséologie et le vocabulaire auraient pu être légèrement différents.
 
En même temps, des preuves indirectes dans le texte anglais donnent à penser que la traduction était très précise. Par exemple, les traductions indépendantes et identiques de 1 Néphi 1:8 et Alma 36:22 (citant avec précision vingt et un des mots de Léhi dans 1 Néphi 1:8) sont typiques de la précision interne manifestée dans ce document long et complexe. Par ailleurs, plusieurs termes stéréotypés, hébraïsmes, indices stylistiques révélateurs de l’intervention de plusieurs auteurs, une diversité de parallélismes et de chiasmes étendus (voir Livre de Mormon – Auteurs ; Livre de Mormon – Littérature), ainsi que certains noms propres sémitiques et quelques variantes textuelles, pas du tout évidents dans la King James Bible, corroborent l’affirmation que la traduction était fidèle à un texte cohérent sous-jacent.
 
Naturellement, il est rarement possible de traduire exactement, mot à mot, la même gamme de significations d'une langue à l’autre et par conséquent les avis ont varié au sujet de la nature de la correspondance du texte antique avec la traduction anglaise. Une citation de David Whitmer lui fait dire que « il arrivait souvent qu’un seul caractère fasse deux lignes de manuscrit tandis que d'autres ne faisaient qu’un mot ou deux mots » (Deseret News, 10 novembre 1881). On ne peut cependant pas établir le rapport linguistique entre la traduction anglaise et les caractères des plaques sans consulter l'original néphite, qui a été rendu en 1829 à l'ange Moroni (voir Moroni – Visites de).
 
Bibliographie
Roberts, B. H. "Translation of the Book of Mormon." IE 9 (avril 1906), p. 706-736.
Ricks, Stephen D. "Joseph Smith's Means and Methods of Translating the Book of Mormon." F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1984.
Welch, John W. "How Long Did It Take Joseph Smith to Translate the Book of Mormon ?" Ensign 18 (janvier 1988), p. 46.
Welch, John W. The Sermon at the Temple and the Sermon on the Mount, p. 130-163. Salt Lake City, 1990.
Welch, John W., et Tim Rathbone. "The Translation of the Book of Mormon : Basic Historical Information." F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1986.
JOHN W. WELCH
TIM RATHBONE
 
Loi
 
[Quatre articles traitent de divers aspects des croyances et des expériences des saints des derniers jours par rapport à la loi. Deux des articles sont groupés ci-dessous :
Loi : Aperçu
Loi : Loi divine et éternelle
 
L’Aperçu traite du concept mormon de la loi en général et de la loi divine et éternelle en particulier. Loi divine et éternelle récapitule et décrit les mentions dans les Écritures modernes du rôle central de la loi en ce qui concerne Dieu.
 
L’article Loi de la Nature traite de l’absence d’une tradition élaborée d’une loi morale naturelle chez les saints des derniers jours et décrit leurs efforts limités pour fournir une explication raisonnable aux lois de la nature telles que les décrivent les sciences naturelles. Loi constitutionnelle résume le respect des saints pour la loi civile en général et les lois constitutionnelles américaines en particulier.
 
L’expérience des saints des derniers jours et de l’Église devant les tribunaux est rapportée dans Histoire juridique et judiciaire. Les traditions et l’expérience juridiques du Livre de Mormon sont décrites dans Livre de Mormon, Gouvernement et histoire juridique dans le. Concernant les idées des saints sur des aspects spécifiques de la loi civile, voir aussi Église et État ; Devoirs civiques ; Droits civiques ; Constitution des États-Unis d’Amérique ; Liberté ; Politique : Enseignements politiques. On trouvera des renseignements sur d’autres sujets en rapport avec la loi dans Justice et miséricorde ; Loi de Moïse ; Témoins, loi des. Les commandements et les principes de l’Évangile sont souvent qualifiés de « lois » ; sur ces sujets, voir des rubriques telles que Commandements ; Consécration : Loi de consécration ; Obéissance.]
 
Loi : Aperçu
Auteur : WELCH, JOHN S.
 
Il y a trois types de lois : les lois spirituelles ou divines, les lois de la nature et les lois civiles. Les saints des derniers jours sont profondément et uniformément axés sur la loi parce que les lois, qu’elles soient spirituelles, physiques ou civiles, sont les règles qui définissent l’existence et guident l’action. Ils s’attendent à ce qu’en obéissant aux lois ils reçoivent des bénédictions et des récompenses et à ce qu’en cas de violation des lois se produisent la souffrance, les privations et même le châtiment.
 
L’attitude fondamentale des saints vis-à-vis de la loi et de la jurisprudence est façonnée principalement par les révélations contenues dans les Doctrine et Alliances et par les explications données par les présidents de l’Église. Dieu est, par définition, un Dieu d’ordre : « Voici, ma maison est une maison d’ordre, dit le Seigneur Dieu, et pas une maison de confusion » (D&A 132:8). Dieu et la loi sont inséparables, parce que s’il n’y a pas de loi, il n’y a pas de péché ; et s’il n’y a pas de péché, il n’y a pas de justice, « et si ces choses ne sont pas, il n’y a pas de Dieu » (2 Né. 2:13). La loi émane de Dieu par le Christ. Jésus a dit : « Je suis la loi et la lumière » (3 Né. 15:9) et la parole de Dieu est sa loi (D&A 132:12).
 
Dans une révélation de 1832, Joseph Smith a appris que la loi est une manifestation omniprésente de la lumière et de la puissance de Dieu : « La lumière qui est en tout… est la loi par laquelle tout est gouverné » (D&A 88:12-13). À propos de la loi spirituelle et de la loi naturelle, il n’existe aucun espace ou relation où la loi soit inexistante. « Il y a beaucoup de royaumes ; car il n’est pas d’espace dans lequel il n’y ait pas de royaume… Et à tout royaume est donnée une loi ; et à toute loi il y a certaines limites et certaines conditions » (D&A 88:37-38).
 
Il y a autant de lois qu’il y a de royaumes, qui reflètent plus ou moins de lumière et de vérité. Certaines lois sont supérieures, d’autres inférieures. Le Royaume de Dieu fonctionne selon des lois supérieures correspondant à la position exaltée de Dieu, alors que la terre, toute la condition mortelle et les autres royaumes appartiennent à des sphères inférieures et fonctionnent donc sous des lois différentes. Le degré de gloire qu’une personne ou une chose peut supporter dépend du niveau de loi qu’il ou elle peut supporter (D&A 88:22-25).
 
Les lois inférieures sont englobées dans les lois supérieures. Si le peuple garde les lois de Dieu, il « n’a pas besoin d’enfreindre les lois du pays » (D&A 58:21). De même, quand la loi de Moïse a été accomplie par Jésus-Christ, elle a été engloutie en lui.
 
L’existence est un processus par lequel on apprend progressivement à obéir à la loi supérieure. L’obéissance et la soumission à la loi sont considérées comme un signe de progrès, de maturité et de compréhension, et une obéissance plus grande à la loi produit une plus grande liberté (D&A 98:5) et les bénédictions qui vont de pair (D&A 130:20-21).
 
Les principes du libre arbitre et de la responsabilité fonctionnent à tous les niveaux : les gens peuvent choisir les lois auxquelles ils vont obéir et celles qu’ils vont ignorer, mais Dieu les tiendra pour responsables et les récompensera en conséquence (D&A 82:4). Ceci n’est pas considéré comme menace ; le but de la loi n’est pas de forcer ou de punir mais de guider et d’assurer une structure.
Dans la sphère divine ou spirituelle, la loi n’est pas le produit d’une recherche philosophique ou théorique de ce qui est juste ou bon. Elle émane de la Divinité et est révélée par Jésus-Christ et ses prophètes.
 
Les lois spirituelles données par Dieu à l’humanité sont généralement appelées commandements et sont constituées d’interdits, d’obligations et de prescriptions. Les commandements sont uniformément associés aux bénédictions promises en cas d’obéissance fidèle. Ainsi, les saints des derniers jours se décrivent comme un peuple de l’alliance qui peut être récompensé maintenant, et dans l’au-delà, pour sa fidélité. Beaucoup de ces alliances sont bilatérales, c’est-à-dire que les membres prennent l’engagement personnel dans diverses ordonnances officielles de se conformer à certains commandements.
 
On considère généralement que les lois spirituelles ou les commandements de Dieu ont été décrétés à bon escient par un Père céleste aimant, qui désire réaliser l’exaltation de ses enfants d’esprit. Ainsi, « il y a une loi, irrévocablement décrétée dans les cieux avant la fondation de ce monde, sur laquelle reposent toutes les bénédictions » (D&A 130:20). Les saints des derniers jours croient que Dieu sait ou stipule tous les types d’actes et de retenues requis de tous les hommes pour atteindre cet état éternel béni d’exaltation et qu’il a révélé ces exigences à l’humanité par ses serviteurs. Aucune loi donnée de Dieu n’est temporelle (D&A 29:34).
 
Le caractère « irrévocable » évoqué dans la citation ci-dessus a une connotation de permanence et d’immuabilité. Puisque Dieu ne peut pas mentir, les commandements et les promesses contenus dans ses alliances avec le peuple ne seront pas révoqués, bien qu’il puisse le faire pour un commandement bien déterminé pour ceux qui désobéissent (D&A 56:3-6). Les principes fondamentaux ne sont pas conjoncturels et ne fluctuent pas avec les notions changeantes de la moralité ou de la théologie en dehors de l’Église. Le président de l’Église est un prophète de Dieu qui reçoit des révélations et l’inspiration pour interpréter et appliquer ces principes de base pendant que les circonstances humaines changent.
 
Selon le principe du libre arbitre, Dieu commande, mais il ne contraint pas. Aucun mécanisme terrestre n’existe qui impose l’application des lois de Dieu. Le prophète enseigne aux membres des principes corrects et ils sont censés se gouverner eux-mêmes. L’œuvre missionnaire et l’éducation des membres de l’Église se font de telle sorte que les gens puissent choisir en connaissance de cause. On leur enseigne qu’un choix fait en connaissance de cause a pour résultat soit une bénédiction (immédiate ou différée) soit une conséquence indésirable (immédiate ou différée). L’ignorance de la loi est considérée comme une excuse légitime. À cause de l’expiation de Jésus-Christ, le repentir n’est pas exigé de ceux « qui ont péché par ignorance » ou « qui sont morts sans connaître la volonté de Dieu à leur sujet » (Mosiah 3:11), même si le fait de ne pas respecter le commandement peut avoir comme conséquence la perte des bénédictions qui découleraient de la conduite appropriée. Dans la plupart des cas, les violateurs de la loi divine peuvent échapper au châtiment lié à l’offense par le repentir, les exigences de la justice ayant été satisfaites par l’expiation du Christ dans l’intérêt de tous (voir Justice et miséricorde).
 
Bibliographie
Firmage, Edwin B., et Christopher L. Blakesley. "J. Reuben Clark, Jr. : Law and International Order." BYU Studies 13, printemps 1973, p. 273-346.
Garrard, LaMar E. "God, Natural Law, and the Doctrine and Covenants." Dans Doctrines for Exaltation, p. 55-76. Salt Lake City, 1989.
JOHN S. WELCH
 
Loi : Loi divine et éternelle
Auteurs : PARKER, DOUGLAS H. et HAWKINS, KARL S.
 
La révélation moderne souligne l’existence et le caractère indispensable de la loi. La relation entre la loi divine et les autres espèces de loi n’a pas été traitée de manière systématique dans la pensée mormone comme elle l’a été dans la théologie chrétienne traditionnelle (par exemple, la Somme théologique de Thomas d’Aquin). Mais on peut déduire, des Écritures modernes et des sources apparentées, des observations distinctives au sujet de la loi divine et de la loi éternelle.
 
Thomas d’Aquin distingue quatre catégories de loi : (1) la loi éternelle, qui coexiste avec la volonté divine et avec le but et le plan globaux de Dieu ; (2) la loi naturelle, qui concerne la participation appropriée de l’humanité à la loi éternelle mais se découvre par la raison sans l’aide de la révélation ni de la promulgation ; (3) la loi positive divine, qui fait aussi partie de la loi éternelle, qui a trait aux sacrements et aux ordonnances nécessaires à l’accomplissement du but surnaturel de l’humanité communiqué par la révélation ; et (4) la loi positive créée par l’homme, qui régit les affaires de l’humanité dont ne traite pas expressément la loi de Dieu (par exemple, les lois qui régissent des choses telles que les sociétés commerciales, les titres, les actes, les testaments et les dépôts) ou qui imposent la loi naturelle par le pouvoir de l’État.
 
Les sources chez les saints affirment des lois correspondant en gros à chacun de ces quatre types. Mais à la différence des théologies juive et chrétienne traditionnelles, qui situent Dieu en dehors de la nature et antérieurement à elle, la théologie des saints situe Dieu au sein de la nature.
 
Les lois « divines » sont instituées par Dieu pour régir ses créations et ses royaumes et pour prescrire le comportement de sa postérité. Une telle loi, selon les termes des catégories de Thomas d’Aquin, serait une loi positive divine (c.-à-d., une loi existant en vertu du fait qu’elle est posée en principe ou décrétée par Dieu). Certains saints des derniers jours croient que la loi « éternelle » est une loi auto-existante, sans auteur, que Dieu lui-même honore et administre parce que c’est la condition de sa perfection et de son état divin. Il convient de noter que les adjectifs « divin » et « éternel » n’ont pas d’usage fixe dans les écrits (voir Temps et éternité).
 
Les Écritures et autres sources modernes ne disent pas explicitement que la loi éternelle existe indépendamment ou coéternellement avec Dieu. Toutefois, cette caractéristique de la loi éternelle est parfois déduite de deux concepts qui trouvent un appui dans les Écritures et d’autres sources chez les saints :
 
1. Dieu est régi (lié) par la loi. Les Écritures disent que « Dieu cesserait d’être Dieu » s’il devait permettre à la miséricorde de détruire la justice ou à la justice de l’emporter sur la miséricorde ou au plan de rédemption de s’accomplir à des conditions injustes (Al. 42:13). Les Écritures disent en outre : « Moi, le Seigneur, je suis lié lorsque vous faites ce que je dis » (D&A 82:10), ce qui implique que Dieu, par nature et par définition, et non par une coercition externe, est juste et digne de confiance. Certains auteurs de l’Église ont dit que « [Dieu] lui-même gouverne et est gouverné par la loi » (MD, p. 432) et que « le Seigneur agit en accord avec la loi naturelle » (DS 2:27). Ils parlent de même de « lois supérieures » qui expliquent la providence et les miracles.
 
2. L’intelligence et la vérité n’ont pas été créées ; elles sont coéternelles avec Dieu. « L'intelligence, ou la lumière de la vérité, n'a été ni créée ni faite et ne peut assurément pas l'être. Toute vérité est indépendante dans la sphère dans laquelle Dieu l'a placée, libre d'agir par elle-même ; et il en va de même pour toute intelligence ; sinon il n'y a pas d'existence » (D&A 93:29-30). Joseph Smith s’est étendu sur cet enseignement dans son discours sur King Follett, disant que « nous en déduisons… que Dieu avait des matériaux pour organiser le monde à partir du chaos…. L’élément existait depuis que Dieu existait. Les principes de l’élément… n’ont jamais eu de commencement et ne peuvent avoir de fin… L’esprit ou intelligence que l’homme possède est [coéternel avec] Dieu lui-même » (EPJS, p. 284-286). Si la vérité et l’intelligence n’ont pas été créées par Dieu et sont coéternelles avec lui, il se peut qu’elles soient ordonnées par et fonctionnent selon des lois ou des principes éternels qui sont auto-existants. C’est ce qu’on peut déduire de l’expression de Joseph Smith : « lois des principes éternels et existant par eux-mêmes » (EPJS, p. 145).
 
Conformément aux lois éternelles, Dieu façonne et décrète des lois éternelles qui fonctionnent dans les mondes qu’il crée et qui fixent les règles de conduite qu’il faut observer pour obtenir la bénédiction promise pour l’obéissance à cette loi. Joseph Smith a enseigné que « [Dieu] a été le premier Auteur de la loi ou de son principe pour l’humanité » (EPJS, p. 41).
 
Les Écritures modernes soulignent la nature omniprésente de la loi divine : « [Dieu] a donné une loi à toutes choses, par laquelle elles se meuvent en leurs temps et leurs saisons » (D&A 88:42). « C’est là la lumière du Christ… qui sort de la présence de Dieu pour remplir l'immensité de l'espace — la lumière qui est en tout, qui donne la vie à tout, qui est la loi par laquelle tout est gouverné, oui, la puissance de Dieu, qui est assis sur son trône » (D&A 88:7, 12-13).
 
Ces mêmes sources donnent cependant à penser que la loi divine fonctionne dans le domaine dont elle relève en elle-même ou auquel Dieu l’affecte et a donc des limites ou des bornes : « Tous les royaumes ont reçu une loi. Et il y a beaucoup de royaumes ; car il n'est pas d'espace dans lequel il n'y ait pas de royaume ; et il n'y a pas de royaume dans lequel il n'y ait pas d'espace, que ce soit un grand ou un petit royaume. Et à tout royaume est donnée une loi ; et à toute loi il y a certaines limites et certaines conditions » (D&A 88:36-38).
 
Les références ci-dessus ont apparemment trait à la loi descriptive, c’est-à-dire à la loi divine qui agit directement sur les ordres physiques et biologiques ou à travers eux (voir Nature, Loi de).
 
D’autres lois de Dieu sont normatives. Elles ont trait à la volonté libre de l’homme, définissant les normes et les règles de conduite nécessaires au salut et à l’entente sociale. Les saints des derniers jours adhèrent aux commandements normatifs de Dieu qui se trouvent dans les dix commandements et le sermon sur la montagne. La révélation moderne confirme également que les bénédictions et le salut découlent de l’application des lois divines : « Il y a une loi, irrévocablement décrétée dans les cieux avant la fondation de ce monde, sur laquelle reposent toutes les bénédictions ; et lorsque nous obtenons une bénédiction quelconque de Dieu, c'est par l'obéissance à cette loi sur laquelle elle repose » (D&A 130:20-21). « Et ceux qui ne sont pas sanctifiés par la loi que je vous ai donnée, c'est-à-dire la loi du Christ, doivent hériter un autre royaume, un royaume terrestre ou un royaume téleste » (D&A 88:21).
 
De ces lois ou commandements normatifs de Dieu, les enseignements des saints tendent à souligner les caractéristiques suivantes : (1) l’ampleur des lois divines révélées à l’humanité peut varier d’une dispensation à l’autre, selon les besoins et la situation de l’humanité comme Dieu le décrète ; (2) ils sont donnés par l’intermédiaire de ses prophètes et interprétés par eux ; (3) ils sont relativement concis, mais « doux » ou bienveillants, donnés pour favoriser le bonheur qu’il a conçu pour ses enfants (EPJS, p. 206-207) ; et (4) ils sont efficaces pour l’humanité comme l’harmonie de Dieu avec la loi éternelle était et est efficace pour lui, et ils réaliseront l’exaltation de ses enfants justes.
 
Bibliographie
D’Aquin, Thomas. Somme théologique 1266-1273, trad. En anglais des Pères de la province dominicaine anglaise. Londres, 1915.
Widtsoe, John A. A Rational Theology. Salt Lake City, 1952.
CARL S. HAWKINS
DOUGLAS H. PARKER
 
Loi de la Nature
Auteur : MIDGLEY, LOUIS C.
 
L’étude rationnelle de la nature (physis) était, pour les philosophes grecs, la manière de connaître la réalité. À l’origine on distinguait radicalement le naturel de la loi (nomos), qui ne faisait que distinguer les conventions purement humaines. Ainsi, par exemple, il est naturel que les humains parlent, mais il n’est pas naturel de parler grec. Par conséquent, ces philosophes ne considéraient pas au départ la loi comme naturelle, même s’il était naturel que les humains soient régis par de telles conventions. Plus tard, on commença à relier les termes « nature » et « loi » pour décrire un âge d’or prépolitique sans règles, contrats, propriété ou mariage. Comprise de cette façon, « la loi naturelle » après le déclin de l’âge d’or, ne fournit pas le modèle de la loi civile, mais désigna plutôt un domaine accessible à la raison qui dépasse le monde. Les théologiens catholiques ont fini par emprunter l’expression « loi naturelle » à la philosophie païenne pour servir de base à une éthique sociale structurée. Thomas d’Aquin, dans sa restructuration aristotélicienne du christianisme, distingue quatre niveaux de loi : éternel, divin, naturel et humain. La loi éternelle, volonté de Dieu et structure de la réalité, affirme-t-il, est connue à la fois par la révélation en tant que loi divine et par la raison en tant que loi naturelle, et la loi humaine doit s’efforcer de refléter la loi naturelle.
 
Bien que les saints des derniers jours se livrent parfois à des suppositions sur les raisons de la loi positive donnée par la révélation divine ainsi que sur le sens moral de l’humanité (voir Éthique), il n’y a pas de loi morale naturelle qui soit clairement définie dans le canon de l’Église. Certains pensent qu’on pourrait dégager de l’Écriture l’équivalent général d’une loi morale naturelle. Mais la théologie, fondée sur la spéculation philosophique, est habituellement considérée comme concurrente de la révélation divine. Pareille spéculation demeure expérimentale et incertaine. Par conséquent, on ne parle guère de loi morale naturelle chez les saints des derniers jours.
 
Les Écritures modernes, plutôt que de se reposer sur les notions d’une loi morale naturelle, parlent de commandements, de prescriptions et d’ordonnances de Dieu, de la volonté de Dieu et de ses plans et de ses buts, de l’ordonnancement du monde (notamment ses bornes et ses limites) de loi donnée par Dieu et ainsi de suite. Les lois mentionnées dans les Écritures semblent plutôt être des exemples de loi positive divine, bien qu’elles ne soient pas arbitraires, puisque en tant que prescriptions morales elles forment les conditions de l’alliance contractée dans l’espoir que des bénédictions découleront de l’obéissance à Dieu. Les commandements de Dieu sont censés être basés sur des raisons qui ne sont pas entièrement accessibles à la recherche ou à l’interprétation humaine.
 
Il y a, cependant, un autre courant de pensée chez les saints des derniers jours, un courant qui affirme ce qu’on pourrait appeler les « lois de la nature » où ce terme désigne les régularités trouvées par les sciences. Ces lois sont considérées comme descriptives, pas normatives. On les conçoit ou bien comme mises en place par Dieu ou comme ayant une existence indépendante de la volonté de Dieu et par conséquent fonctionnant comme des conditions qu’il faut gérer lorsque l’homme élabore des plans en coopération avec Dieu. Beaucoup de saints des derniers jours, particulièrement ceux qui sont formés dans les sciences naturelles, entretiennent cette conception, mais elle n’a pas été exposée systématiquement ni intégrée aux enseignements des Écritures.
 
C’est le don prophétique qui met à disposition les conditions de l’alliance avec Dieu et ces alliances s’accompagnent de bénédictions et de malédictions. Les saints des derniers jours mettent donc l’accent sur l’obéissance à ce qui revient à être une loi positive divine et pas aux exigences de la nature telles que les connaît la raison humaine.
 
Bibliographie
d’Entreves, A. P. Natural Law. London, 1951.
Madsen, Truman G. "Joseph Smith and the Problems of Ethics." Dans Perspectives in Mormon Ethics, dir. de publ. Donald E. Hill, p. 29-48. Salt Lake City, 1983.
LOUIS C. MIDGLEY
 
Loi de l’adoption
Auteur : BLOXHAM, V. BEN
 
La maison d’Israël, dans une perspective spirituelle et éternelle, finira par inclure tous ceux qui sont les vrais disciples de Jésus-Christ. Bien que ceux qui sont de la lignée directe par le sang de la maison d’Israël soient, d’un point de vue généalogique, les brebis du troupeau de Dieu, ils doivent remplir toutes les conditions spirituelles d’un disciple. Ceux qui ne sont pas du sang d’Israël peuvent devenir Israël par l’adoption (cf. Ro. 8:14 ; Ga. 3:7, 29 ; 4:5-7 ; Mt. 3:9 ; TJS Lu. 3:8 ; Abr. 2:10) grâce aux principes et aux ordonnances de l’Évangile : la foi au Seigneur Jésus-Christ, le repentir par rapport aux péchés, le baptême d’eau et la réception du Saint-Esprit et la persévérance jusqu’à la fin.
 
Dans un sens plus large, tout le monde doit être adopté dans la famille de Dieu pour jouir de la plénitude de ses bénédictions dans le monde à venir. Fils unique du Père dans la chair, Jésus est le seul héritier naturel et donc le seul qui, de par sa naissance, ait droit au royaume de son Père. Si d’autres veulent se qualifier pour être cohéritiers avec le Christ dans le royaume de son Père, ils doivent être totalement adoptés par Dieu.
 
Le processus d’adoption est, pour employer les termes du prophète Joseph Smith, « une création nouvelle du Saint-Esprit » (EPJS, p. 117). Comme résumé dans les Doctrine et Alliances, les gens qui contractent l’alliance et « magnifient leur appel » « sont sanctifiés par l’Esprit à tel point que leur corps est renouvelé. Et ils deviennent les fils de Moïse et d’Aaron, la postérité d’Abraham, l’Église et le royaume, et les élus de Dieu » (D&A 84:33-34).
 
Bibliographie
Irving, Gordon. "The Law of Adoption : One Phase in the Development of Mormon Concept of Salvation, 1830-1900." BYU Studies 14, printemps 1974, p. 291-314.
V. BEN BLOXHAM
 
Loi de Moïse
Auteurs : FALK, ZE’EV W. et PARKER, DOUGLAS H.
 
Le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances exposent des idées caractéristiques au sujet de la loi de Moïse et de son rapport avec le Christ et avec l’accomplissement du salut individuel. L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours enseigne que cette loi a été donnée par Dieu à Moïse, qu’elle faisait partie d’une alliance particulière d’obéissance et de faveur entre Dieu et son peuple, qu’elle symbolisait et préfigurait les choses à venir et qu’elle avait été accomplie dans l’expiation de Jésus-Christ.
 
La loi de Moïse se comprend mieux au sens large. Elle se compose d’« ordonnances », de « lois », de « prescriptions » et de « commandements ». Le Livre de Mormon les mentionne aussi avec divers « observances », « sacrifices » et « holocaustes ». Nulle part dans l’Écriture son ampleur, sa profondeur, sa diversité et sa définition ne sont rendues complètement explicites. Sur de tels sujets, on peut tirer des renseignements du Pentateuque lui-même (la Torah) et des sciences de la Bible, mais on ne peut que faire des conjectures sur ce que signifiaient ces termes pour les auteurs du Livre de Mormon.

Une définition étroite confinerait la loi de Moïse à un ensemble d’interdits et d’impératifs exposés dans des unités littéraires séparées et sans rapport entre elles dans les cinq premiers livres de la Bible. Cette façon de voir ne permet guère de parler de « loi biblique » puisque ces dispositions ne sont pas rattachées entre elles comme unité par la Torah elle-même. Les codes et les séries dispersés incluent le Code de l’Alliance (Ex. 20:23-23:19), la Loi deutéronomique (De. 12-26), le Code de Sainteté (Lé. 17-26), les lois de pureté (Lé. 11-15), les rituels de fête (De. 16), les règlements concernant les sacrifices (No. 28-29) et les dix commandements (Ex. 20:2-17 ; De. 5:6-21). Certains savants bibliques concluent que « c’étaient par le passé des unités indépendantes, ayant leur existence propre, chacune ayant son propre but et sa propre sphère de validité, et ayant été transmise au départ individuellement pour elle-même » (North, p. 7), mais les saints des derniers jours acceptent généralement telles quelles les déclarations de la Bible qui en attribuent l’origine à Moïse, mais l’Église n’a pris aucune position officielle au sujet de la collection et de la transmission de ces textes légaux dans le Pentateuque. Les scribes et les copistes ont évidemment apporté des changements après le temps de Moïse (par exemple, comparez Moï. 1-5 et Ge. 1-6).
 
Quelque chose qui complique encore la question de ce que l’on entendait par le terme « Loi de Moïse » dans le Livre de Mormon est le fait que les « cinq livres de Moïse » que les Néphites possédaient antidatent la rédaction et la canonisation du Pentateuque par Esdras (444 av. J.-C.). Les passages cités (par exemple, Mosiah 13:12-24) indiquent cependant que les lois néphites étaient essentiellement semblables aux textes bibliques que les juifs et les chrétiens ont aujourd’hui.
 
Dès le troisième siècle apr. J.-C., la conception juive était que les commandements s’élevaient à 613. On dit que Rabbi Simlai aurait déclaré que « 613 commandements ont été révélés à Moïse au Sinaï, 365 étant des interdictions dont le nombre équivalait aux jours solaires, et 248 étaient des prescriptions correspondant en nombre aux membres [sic] du corps humain » (Encyclopedia Judaica 5:760, citant Talmud Bavli, Makkot 23b). Un tiers environ de ces commandements sont périmés depuis longtemps, comme ceux qui ont trait au tabernacle et à la conquête de Canaan. D’autres concernaient des classes spéciales, telles que les naziréens, les juges, le roi ou le grand prêtre, des circonstances qui se produisaient rarement. À l’exclusion de ces derniers, une centaine s’appliquent à l’ensemble de la population et vont du spirituellement sublime au trivial. Parmi les exemples de commandements éternellement pertinents de la loi de Moïse, il y a les dix commandements et ceux qui concernent l’amour de Dieu, le culte de Dieu, l’amour du prochain, l’amour de l’étranger, la charité envers les pauvres, l’honnêteté dans les relations, la renonciation à la vengeance et à la rancune. Les autres commandements couvrent un kaléidoscope de sujets quotidiens, notamment le respect des maisons et des champs, les droits de succession, le payement des salaires, l’agriculture, l’élevage et les aliments interdits. Les savants juifs les classifient comme commandements vis-à-vis de Dieu et comme commandements vis-à-vis de ses semblables (Mishnah Yoma 8:9).
 
Deux autres définitions devraient être mentionnées. L’une d’elles fait remonter la Loi de Moïse au Pentateuque. Vers le temps du Christ, les auteurs du Nouveau Testament appelaient parfois le Pentateuque « la loi » (Luc 24:44 ; Ga. 4:21), même si le mot « torah » avait un sens plus large (c.-à-d., « enseignements ») et que le Pentateuque contient de la poésie et des récits en plus des commandements, et que certains passages s’adressent à toutes les personnes et à toutes les nations (Ge. 9:1-7). L’autre définit la Loi comme théologiquement synonyme de la croyance doctrinale, erronée ou pas, que le salut dépend du respect des commandements, distinguant ainsi la loi de la grâce, ce qui pour beaucoup de chrétiens élimine la tâche de devoir faire le tri des lois mosaïques qui sont toujours en vigueur.
 
Rejoignant à certains égards et s’écartant à d’autres des conceptions juives ou chrétiennes traditionnelles, les traits principaux des croyances des saints au sujet de la Loi de Moïse sont les suivants :
 
1. Jésus-Christ était Jéhovah, le Dieu de l’Ancien Testament qui a donné la Loi à Moïse (3 Né. 15:5 ; EPJS, p. 222). Jésus, parlant après son expiation et sa résurrection, dit : « La loi qui fut donnée à Moïse est accomplie. Voici, je suis celui qui a donné la loi, et je suis celui qui a fait alliance avec mon peuple d'Israël » (3 Né. 15:4-9).
 
2. La loi tout entière a été, à plusieurs égards, accomplie, complétée, supplantée et vivifiée par Jésus-Christ. Jésus a dit : « en moi elle a été toute accomplie » (3 Né. 12:17-18). Ses « vérités d’Évangile grandes et éternelles » (MD, p. 398) sont applicables par Jésus-Christ à toutes les dispensations, car il continue à révéler sa volonté à des prophètes « comme Moïse » (2 Né. 3:9-11).
 
3. Les saints des derniers jours croient que la Loi de Moïse a été donnée aux Israélites comme Évangile préparatoire pour être un pédagogue pour les conduire au Christ et à la plénitude de son Évangile (Ga. 3:24 ; cf. Jacob 4:5 ; Al. 34:14). L’autorité d’agir au nom de Dieu est incorporée dans deux prêtrises, celle de Melchisédek, la plus haute, qui englobe toute autorité divinement déléguée et s’étend jusqu’à la plénitude de la loi de l’Évangile, et celle d’Aaron, la moindre, qui ne porte que sur les choses inférieures comme la loi des commandements charnels et du baptême (D&A 84:26-27). Tandis que Moïse et ses prédécesseurs avaient la prêtrise supérieure et la plénitude de l’Évangile du Christ, qui devaient toutes deux être données aux enfants d’Israël, mais « ils s'endurcirent le cœur et ne purent supporter sa présence [de Dieu] ; c'est pourquoi, le Seigneur, dans sa colère… prit Moïse de leur milieu, ainsi que la Sainte Prêtrise ; et la moindre prêtrise continua » (D&A 84:23-24 ; voir Hé. 3:16-19 ; Mos. 3:14 ; EPJS, p. 44).
 
4. Le peuple du Livre de Mormon a apporté la loi de Moïse avec lui de Jérusalem. Malgré le fait qu’il se soit efforcé de l’observer strictement jusqu’à l’avènement du Christ (par exemple, 2 Né. 5:10 ; Al. 30:3), il croyait au Christ et savait que le salut ne venait pas de la Loi seule, mais par le Christ (2 Né. 25:23-24) et comprenait que la loi serait supplantée par le Messie (Mos. 13:27-28 ; 2 Né. 25:23-25).
5. Pour les saints des derniers jours, tout est donné de Dieu à l’homme comme type et préfiguration des actes rédempteurs et expiatoires du Christ (2 Né. 11:4 ; Mos. 13:31). Ainsi, la Loi de Moïse symbolise divers aspects de l’expiation du Christ.
 
6. La conclusion d’alliances, les promesses et l’obéissance aux commandements font partie de la plénitude de l’Évangile du Christ : « Grâce au sacrifice expiatoire du Christ, tout le genre humain peut être sauvé en obéissant aux lois et aux ordonnances de l’Évangile » (3e A de F). Pour les saints des derniers jours et pour ce qui est de l’observance juive de la loi de Moïse, la grâce, la foi et les œuvres sont toutes essentielles au salut : « C’est par la grâce que nous sommes sauvés, après tout ce que nous pouvons faire » (2 Né. 25:23). Aucun mortel ne peut obéir parfaitement à la loi. Par la loi seule, personne ne sera sauvé. La grâce de Dieu compense le déficit. L’Église ne souscrit pas à la notion d’une grâce indépendante sans aucun rapport avec les instructions et les attentes exigées de l’homme. Elle a des commandements concernant le régime alimentaire (voir Parole de Sagesse), la pudeur et la chasteté, aussi bien que beaucoup d’ordonnances telles que le baptême, l’imposition des mains, les ablutions et l’onction. Si l’homme était parfait, le salut viendrait de là ; on marcherait parfaitement à la manière du Seigneur. Puisque l’homme est mortel et imparfait, Dieu dans son amour fait connaître la voie que ses enfants devraient suivre et donne la grâce « après tout ce qu’ils peuvent faire ».
 
Bibliographie
Daube, David. Studies in Biblical Law. New York, 1969.
Falk, Ze'ev. Hebrew Law in Biblical Times. Jerusalem, 1964.
Jackson, Kent P. "The Law of Moses and the Atonement of Christ." In Studies in Scripture, Vol. 3, p. 153-72. Salt Lake City, 1985.
Noth, Martin. The Laws in the Pentateuch and Other Studies. Edinburgh, 1966.
Patrick, Dale. Old Testament Law. Atlanta, 1985.
DOUGLAS H. PARKER
ZE'EV W. FALK

M
 
Mal, Le
Auteur : PAULSEN, DAVID L.
 
[Le concept du mal chez les saints est également expliqué dans l'article Démons. L'article suivant traite d’une vue de la raison d’être du mal et présente une réaction mormone aux traitements traditionnels du problème du mal.]
 
Dans le discours ordinaire, le terme « mal » a une définition très large et, avec le terme « mauvais », est utilisé le plus souvent pour désigner des intentions, des choix, et des actions moralement inacceptables de personnes agissantes (mal moral), des actions de nature non humaine telles que la maladie, les tremblements de terre, les éruptions volcaniques et les tornades (mal naturel) et la douleur et la souffrance humaines et animales (mal psychologique) que le mal moral et le mal naturel peuvent causer. Dans un discours philosophique plus technique, il s’applique également aux limites et aux défauts inhérents aux humains (mal métaphysique).
 
Le terme est utilisé avec des significations supplémentaires dans les Écritures et le discours des saints. Dans l'Ancien Testament, il est la traduction de l’hébreu ra’ et de termes apparentés, dont les applications couvrent tout un éventail de sens depuis (1) ce qui a mauvais goût ou est laid, déplaisant ou triste, en passant par (2) la méchanceté morale et la détresse, le malheur et les tragédies qui en découlent, jusqu’à (3) la désobéissance délibérée à Dieu et à ses intentions pour les êtres humains. Les deux derniers sens du terme prédominent dans le Nouveau Testament et dans les Écritures modernes. Étant donné la grande diversité de ses significations, le sens précis du mal doit être recherché dans son contexte.
 
L'Écriture moderne jette un éclairage supplémentaire sur les indices bibliques au sujet des desseins de Dieu pour ses enfants et aide, de ce fait, à rendre clair un sens fondamental du mal. Dieu a révélé à Moïse : « Voici mon œuvre et ma gloire : réaliser l'immortalité [la résurrection avec la durée éternelle du corps] et la vie éternelle [qualité ou mode d’existence divin] de l'homme » (Moï. 1:39). Ainsi, tout ce qui est en contradiction avec la réalisation de ces buts, y est contraire ou y est opposé, serait mauvais.
 
Il ne semble y avoir aucune base dans les Écritures modernes pour les idées privatives ou relativistes du mal préconisées par certains philosophes. Au Ve siècle, St-Augustin, embarrassé par l'existence du mal dans un monde qui avait été créé par Dieu, en tirait la conclusion que le mal ne devait pas être une substance ou une réalité concrète en soi, mais seulement l'absence de bien (privatio boni). Or, dans les Ancien et Nouveau Testaments, le mal est dépeint comme une réalité menaçante, une conception que partage l’Écriture moderne. Il n’y a aucune indication non plus dans les Écritures que le bien et le mal soient simplement une affaire de préférence personnelle. Rejetant ce genre de relativisme, les Proverbes déclarent : « Telle voie paraît droite à un homme, mais son issue, c’est la voie de la mort » (Prov. 14:12) et Ésaïe avertit : « Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, qui changent l’amertume en douceur, et la douceur en amertume ! » (És. 5:20). Le relativisme est également rejeté dans les Écritures modernes (2 Né. 28:8).
 
Les non-croyants comme les croyants demandent souvent pourquoi Dieu permet que le mal, quel qu’il soit, existe. La question devient particulièrement aiguë dans une conception augustinienne des choses qui affirme que Dieu est le créateur ex nihilo ou créateur absolu de tout ce qui existe à part lui-même. Sur cette base, il s'avère que Dieu est la source ou cause finale de tout le mal ou, du moins, est sciemment complice par instigation et, par conséquent, intégralement responsable de tout le mal qui se produit.
 
Les saints des derniers jours rejettent la prémisse gênante de la création ex nihilo (à partir du néant), affirmant, au contraire, qu'il y a des réalités qui sont coéternelles avec Dieu. Ces réalités coéternelles sont les intelligences (parfois perçues comme étant les entités pensantes originelles), la matière chaotique (ou masse-énergie) et les lois et les principes (peut-être mieux considérés comme étant les propriétés et les relations de la matière et des intelligences). Étant donné cette pluralité d’entités incréées, il ne s’ensuit pas, dans la conception que les saints ont des choses, que Dieu soit la source finale du mal. L’origine du mal peut être imputée soit aux choix d'autres agents autonomes (tels que Lucifer, le diable) qui sont également coéternels avec Dieu, soit, peut-être, même à des propriétés récalcitrantes de la matière chaotique incréée.
 
Bien qu’il soit clair, sur la base de la révélation moderne, que Dieu n’est ni la source ni la cause du mal moral ou naturel, la question se pose toujours de savoir pourquoi il ne l'empêche pas ou ne l'élimine pas. Le philosophe antique Épicure pose le problème sous forme de dilemme : Ou bien Dieu n’est pas disposé à empêcher le mal qui se produit ou bien il ne peut pas l'empêcher. S'il ne le peut pas, il n'est pas omnipotent ; s'il n’y est pas disposé, alors il n'est pas parfaitement bon. L’énoncé du dilemme par Épicure est basé sur deux hypothèses : (1) un être parfaitement bon empêche tout le mal qu'il peut ; et (2) un être omnipotent peut faire n'importe quoi et, par conséquent, peut empêcher le mal.
 
Du point de vue des saints, la première hypothèse est fausse. Un Être parfaitement bon souhaiterait certainement maximiser le bien, mais si, de par la nature des choses, permettre l’expérience du mal était une condition nécessaire pour parvenir au bien le plus grand, un Être parfaitement bon le permettrait. Par exemple, il semble évident que l'existence de l'opposition et de la tentation est une condition nécessaire à l'expression d’une liberté moralement significative et à l’élaboration de personnalités véritablement justes (voir 2 Né. 2:11-16 ; Moï. 6:55).
 
Les saints des derniers jours rejettent aussi la deuxième hypothèse. Puisqu'il y a des réalités qui sont coéternelles avec Dieu, son omnipotence doit être comprise non comme étant le pouvoir de susciter n'importe quel état de choses de manière absolue, mais plutôt comme étant le pouvoir de susciter n'importe quel état de choses compatible avec la nature des réalités coéternelles. Cette vision des choses permet une conception instrumentaliste du mal. Une fois les hypothèses de base d'Épicure ainsi modifiées par la révélation moderne, il semble possible de construire un concept mormon cohérent de la nature, de l'utilisation et de l'existence du mal (voir Théodicée). [Voir aussi Grande et abominable Église ; Péché ; Guerre dans les cieux.]
DAVID L. PAULSEN
 
Manuscrits de la mer Morte
 
[Cette rubrique comprend deux parties :
Manuscrits de la mer Morte : Aperçu
Manuscrits de la mer Morte : Vus par les saints.
 
Manuscrits de la mer Morte : Aperçu
Auteur : CROSS, FRANK MOORE
 
Le gros des rouleaux de la mer Morte, environ 600 manuscrits, date de v. 250 av. J.-C. à 68 av. J.-C. Les autres ouvrages du Rift du sud de la Jordanie, principalement du Nahal Hever et du Nahal Seelim, datent de 131 à 135 av. J.-C. Massada a donné des documents du premier siècle av. J.-C. à 73 apr. J.-C.
 
Les manuscrits contiennent des extraits de toutes les Écritures hébraïques (excepté Esther ; voir Ancien Testament), et plus d'une variante d’un grand nombre d’entre elles. Par exemple, les trois manuscrits de Samuel trouvés à Qumran sont des textes beaucoup plus complets que ceux de la Bible massorétique (le texte traditionnel). On a aussi trouvé des fragments de livres apocryphes et pseudépigraphiques, ainsi que des manuscrits d’ouvrages religieux précédemment inconnus, notamment un rouleau du temple, un manuel de discipline et un rouleau d'actions de grâces.
 
Les rouleaux ont nécessité une réévaluation des connaissances dans trois catégories : (1) le développement des Écritures hébraïques avant la formation du canon ; (2) la datation et l'influence dominante de la pensée apocalyptique et (3) le milieu religieux du Nouveau Testament.
1. La bibliothèque « biblique » de Qumran représente une étape fluide du texte biblique. Ces documents ne montrent aucune influence de la révision rabbinique du canon, l'ancêtre direct de la bible hébraïque traditionnelle. Les rouleaux permettent de situer le texte et le canon pharisaïques à l’époque de Hillel, en gros, le temps de Jésus. Dans leur choix de livres canoniques, les rabbins ont exclu ceux attribués aux prophètes ou aux patriarches d’avant Moïse (par exemple, la littérature sur Hénoc, les ouvrages écrits au nom d'Abraham et d'autres patriarches). Ils ont suivi la succession des prophètes de Moïse aux personnalités de la période perse. Les oeuvres tardives ont été exclues, excepté Daniel, que les rabbins ont vraisemblablement attribué à la période perse.
 
2. La littérature de Qumran comprend des apocalypses et des œuvres teintées d’apocalyptique. Les auteurs voyaient l'histoire du monde aux prises avec une guerre finale entre l'esprit de vérité et l'esprit du mal ; ce conflit est à la fois cosmique et terrestre. Ils se considéraient comme les héritiers légitimes d'Israël et contractèrent une nouvelle alliance, comme Fils de Lumière, d’affronter les Fils des Ténèbres. Ils avaient une lecture stricte de la loi, vivaient dans le renoncement quotidien, pratiquaient des ablutions et avaient des repas cérémoniels. Leur Manuel de Discipline reflète leur espoir de voir la venue immédiate du royaume céleste. Un « Maître de justice » était apparemment le chef sacerdotal de la communauté terrestre de Dieu ; les forces du bien étaient également menées par une puissance cosmique ou Saint-Esprit appelé le « Prince de Lumière ». Les auteurs considéraient leur époque comme celle de la fin. Le Messie était sur le point d'apparaître, « apportant l'épée ». L'effondrement des autres structures sociales était imminent avant la nouvelle ère. Les habitants de Qumran, probablement des Esséniens, s’attendaient à ce que le Messie davidique ou royal apparaisse pour battre les puissances terrestres et cosmiques de la méchanceté. Les commentaires sur les textes bibliques, trouvés dans la même région, traitent des prophéties traditionnelles dans ce contexte eschatologique. Leur Église était une Église d'anticipation.
 
Le Rouleau du Temple montre que ces prêtres juifs étaient des séparatistes qui prétendaient que le culte du temple était périmé. Ils avaient remplacé le calendrier lunaire par un calendrier solaire pour les fêtes et avaient introduit des fêtes d'huile et de vin mentionnées nulle part dans le Pentateuque. Se considérant comme des guerriers dans la dernière guerre sainte, combattant aux côtés de saints anges, ils interdisaient toute impureté (ce qui, à leurs yeux comprenait les boiteux, les aveugles et les malades) dans le temple espéré et dans la ville du temple. Au moins pour la durée de la guerre, ils étaient célibataires.
 
Il faut maintenant se rendre compte que l’apocalypticisme doit dorénavant être considéré comme un élément majeur de la matrice complexe qui a constitué la base du développement du judaïsme tannaïque et du christianisme primitif. Guershom Scholem a choqué les savants de cette génération en démontrant l'existence et l'importance du mysticisme apocalyptique à l’époque de Rabbi Akiba. Il est maintenant nécessaire de faire remonter la pensée apocalyptique plus tôt que les savants ne le pensaient jusqu’alors, peut-être dès le quatrième siècle av. J.-C. et qu’elle a duré la moitié d’un millénaire.
 
3. Le Nouveau Testament reflète ces tendances théologiques apocalyptiques que les savants ont jusqu'ici traitées à la légère. Par exemple, il s'avère maintenant que la pensée et les enseignements de Jean-Baptiste et de Jésus de Nazareth sont plus apocalyptiques que prophétiques dans leur caractère essentiel. Le cadre dualiste, apocalyptique et eschatologique marque Jean comme étant le plus juif des quatre Évangiles. Dans l'Évangile de Jean, l'esprit de vérité est appelé Paraclet ou Avocat. Il est le Saint-Esprit, mais, comme à Qumran, il n'est pas tout à fait identique à l’esprit de Dieu, ce qui explique pourquoi il ne parle pas de sa propre autorité (Jn. 16:13). L'accent mis sur la lumière et les ténèbres, l’unité, la communauté et l’amour est réitéré et étendu. Le thème du savoir religieux dans un sens eschatologique est comparable aux déclarations que l’on trouve dans les épîtres de Paul et l'Évangile de Matthieu. L'évangile de Luc cite presque mot à mot une apocalypse pré-chrétienne de Daniel, trouvée dans la grotte 4, qui parle d’un roi eschatologique, que nous pensons être le Messie royal d’après les titres « Fils de Dieu » et « Fils du Très-Haut ». Dans la parabole du festin dans Luc 14:15-24, Jésus condamne ceux qui cherchent des places d’honneur dans son royaume, peut-être en réponse polémique à la pratique des Esséniens d’exclure tout le monde de leur banquet sauf l'élite du désert qui partageait ses marchandises et était des « hommes de renom ».
Pour les Esséniens, l’Âge Nouveau était encore à venir. Pour les premiers chrétiens, Jésus avait été ressuscité pour être le Messie qui apportait l’Âge Nouveau. Les deux communautés vivaient dans l’attente du plein avènement de la rédemption ou de la consommation du royaume de Dieu. Les Esséniens constituaient une communauté d’apocalyptiques sacerdotaux. Le mouvement chrétien primitif était constitué en grande partie d’apocalyptiques laïques, un peu comme le parti des pharisiens. Les uns et les autres sondaient les prophètes pour trouver chez eux des allusions aux événements de leur temps, qu'ils considéraient comme étant les « derniers temps » et les uns et les autres parlaient une langue imprégnée de la terminologie de l'apocalyptique juive.
FRANK MOORE CROSS, JR.
 
Manuscrits de la mer Morte : Vus par les saints
Auteur : CLOWARD, ROBERT A.
 
Comme beaucoup de juifs et comme d'autres chrétiens, les saints des derniers jours ont été profondément intéressés par l'annonce que des manuscrits antiques, datant de l’époque du Nouveau Testament, avaient été découverts en 1947 en Palestine. L'ardeur initiale a donné lieu à quelques traitements superficiels, à du sensationnalisme et à des malentendus. Mais dans les décennies qui ont suivi les premières découvertes, les saints des derniers jours qui ont suivi les analyses plus soigneuses en sont venus à apprécier plusieurs apports des manuscrits de la mer Morte, notamment des aperçus de la diversité littéraire et religieuse du judaïsme du temps de Jésus, de nouveaux éléments relatifs à l'histoire et à la conservation du texte biblique, des avancées dans la science de la datation des documents hébraïques et araméens sur la base des changements dans l’écriture et les ajouts précieux à la collection des textes et des genres littéraires juifs.
 
Certains aspects des rouleaux ont particulièrement intéressé les saints des derniers jours. Par exemple, les Esséniens de Qumran acceptaient les notions de révélation continue et de canon ouvert comme le font les saints des derniers jours, contrairement à l'enseignement courant de la plupart des chrétiens et juifs. Les commentaires de Qumran sur les livres de Habacuc, de Nahum et d'autres prophètes de l'Ancien Testament contiennent de nouvelles interprétations prophétiques esséniennes des événements mondiaux des derniers jours, et le Rouleau du Temple de Qumran se dit être une révélation directe donnée à Moïse. De même, les saints des derniers jours croient que la Bible ne contient pas toute la parole de Dieu, mais qu'il a révélé sa volonté aux prophètes dans le Livre de Mormon et à Joseph Smith et qu’il continue à révéler de nouvelles vérités aux prophètes modernes.
 
Les saints des derniers jours font remarquer que la Bible n’exige pas l’exclusivité. Maintenant la bibliothèque de Qumran a montré que certains des juifs les plus pieux et les plus pratiquants des environs de la période du Christ consultaient non seulement des textes extra-bibliques mais aussi une variété de textes différents des livres bibliques. Pour les Esséniens, le caractère sacré de l'Écriture n'imposait pas un texte fixe ou standard. Par exemple, leur bibliothèque contient plusieurs versions du livre d'Ésaïe, avec des différences mineures dans les mots. Ils utilisaient les versions longue et courte de Jérémie. Ils avaient des collections variables des Psaumes. Cette ouverture d'esprit à l’égard des paroles et des éditions des Écritures est semblable à celle des saints (voir, par exemple, les divers récits de la création chez les saints). Les manuscrits de la mer Morte montrent que les concepts théologiques successifs (1) d'un texte faisant autorité, (2) d'un texte fixe, et finalement (3) d’un texte infaillible ont commencé avec le judaïsme pharisaïque ou rabbinique.
 
Certains ont fait grand cas des comparaisons entre les pratiques des Esséniens et celles de l'Église du Nouveau Testament, ou entre ces deux-là et des éléments du mormonisme. Par exemple, les rituels de purification des Esséniens sont, par certains côtés, semblables aux baptêmes du Nouveau Testament et les repas rituels des Esséniens peuvent être interprétés comme sacramentels. Certains voient l'idée chrétienne de la conversion dans la doctrine des Esséniens qu'une personne est élue dans la communauté par un choix et une initiation délibérés plutôt que par la naissance et la circoncision des nourrissons. Certains relient le conseil communautaire des Esséniens, avec ses douze hommes et ses trois prêtres, à l'appel, par Jésus, de douze apôtres et à la préférence accordée parmi eux à Pierre, Jacques et Jean ou à l'organisation des saints des derniers jours avec douze apôtres et une Première Présidence composée de trois membres. Le rôle des évêques du Nouveau Testament ou des évêques mormons modernes semble correspondre à beaucoup de fonctions du maskil qumranique ou « tuteur ».
 
Pour les saints des derniers jours, l'apparition de tels parallèles n'a rien d’étonnant. Les alliances de l’Ancien et du Nouveau Testament ont plus de ressemblances que de différences (voir Dispensations de l'Évangile). Elles procèdent du même Dieu. Cependant, les similitudes sont contrebalancées par des différences radicales entre les pratiques esséniennes et les enseignements de Jésus-Christ, de Paul ou de l'Église dans les temps modernes. Notamment, les Esséniens enseignaient à leurs adhérents à haïr leurs ennemis. Leur secte était stricte et exclusive. Leurs idées de pureté rituelle revenaient à interdire aux femmes l’accès au temple et à Jérusalem, ville du temple. Ces points de doctrine esséniens vont à l’encontre des enseignements chrétiens et mormons ultérieurs. Il convient donc d’expliquer les ressemblances entre l’essénisme et les concepts chrétiens ou mormons comme une dispersion d’idées parmi des groupes qui ont en commun des connexions antiques plutôt que comme la preuve de rapports plus intrinsèques.
 
Les manuscrits de la mer Morte ont encore beaucoup à nous apprendre. Beaucoup de fragments et certains rouleaux ne sont toujours pas publiés ou ne sont pas encore entièrement compris. Beaucoup de lumière peut encore être versée sur les formes du culte des juifs antiques, sur la littérature apocalyptique, sur l'angélologie et sur le sectarisme au-delà de ce qui nous est accessible dans les récits bibliques.
 
Bibliographie
On trouvera une déclaration générale plus ample dans S. Kent Brown, "The Dead Sea Scrolls : A Mormon Perspective", BYU Studies 23, hiver 1983, p. 49-66. Hugh Nibley fait un traitement dans les grandes lignes dans An Approach to the Book of Mormon, Since Cumorah, et The Prophetic Book of Mormon, dans CWHN, vols. 6-8. On trouvera une liste des éditions des rouleaux dans Robert A. Cloward, The Old Testament Apocrypha and Pseudepigrapha et The Dead Sea Scrolls : A Selected Bibliography of Text Editions and English Translations, Provo, Utah, 1988.
ROBERT A. CLOWARD
 
Mariage
 
[Cette rubrique se compose de deux articles : Le premier, Mariage : Considérations sociales et comportementales, est un aperçu du concept des types de mariage dans la société des saints. Le deuxième article, Mariage : Mariage éternel, porte sur les croyances propres aux saints concernant le mariage pratiqué par les membres de l’Église dans leurs temples. L’un des objectifs religieux les plus élevés pour les saints des derniers jours, hommes et femmes, est de se marier pour l’éternité dans un temple mormon et de s’efforcer continuellement de fortifier les liens de l’amour et de la justice dans le mariage. Le mariage civil est reconnu comme légal et salutaire, mais il ne continue pas après la mort.]
 
Mariage : Considérations sociales et comportementales
Auteur : HOLMAN, THOMAS B.
 
Le mariage est plus qu’une question de conventions sociales ou de réalisation d’un besoin individuel dans la société et le mode de vie des saints des derniers jours ; il est essentiel à l’exaltation de chaque personne : « Si un homme épouse une femme par ma parole qui est ma loi, et par la nouvelle alliance éternelle, et que leur union est scellée par le Saint-Esprit de promesse, par celui qui est oint, à qui j’ai donné ce pouvoir et les clefs de cette prêtrise, et… [s’] ils demeurent dans mon alliance… [ce mariage] sera pleinement valide lorsqu’ils seront hors du monde… Alors ils seront dieux, parce qu’ils n’ont pas de fin ; c’est pourquoi, ils seront de toute éternité à toute éternité » (D&A 132:19-20). Les saints des derniers jours considèrent donc qu’il est de la plus haute importance « 1. d’épouser la bonne personne, au bon endroit, par la bonne autorité et 2. de respecter l’alliance faite en rapport avec cet ordre saint et parfait du mariage » (MD, p. 118).
 
Au centre de la théologie de l’Église, il y a la croyance que les hommes et les femmes ont existé comme progéniture d’esprit de parents célestes dans une vie prémortelle. Les saints des derniers jours considèrent la vie sur terre comme un temps pour se préparer à rencontrer Dieu (Al. 12:24) et pour s’efforcer de devenir comme lui (Mt. 5:48 ; 3 Né. 12:48). Pour devenir comme Dieu, il est essentiel de contracter « le mariage céleste » pour « le temps et toute l’éternité », car en fin de compte tous les êtres exaltés seront entrés dans cet ordre patriarcal, le plus élevé de la prêtrise. Les saints des derniers jours croient que le lien matrimonial et familial peut continuer dans la vie post-terrestre et est en fait nécessaire à la vie éternelle, qui est la vie dans le royaume céleste avec Dieu le Père, la Mère céleste, Jésus-Christ et les autres êtres glorifiés.
 
Étant donné ces points de doctrine, le mariage, chez les saints, est distinct et différent à plusieurs égards du mariage dans d’autres confessions et le mariage chez les saints des derniers jours fidèles diffère de celui des membres de l’Église moins engagés. Les recherches sur le mariage chez les saints révèlent des distinctions dans quatre domaines : l’attitude et le comportement vis-à-vis du sexe, la formation au mariage, le divorce et le rôle des sexes dans le mariage.
 
ATTITUDE ET COMPORTEMENT VIS-À-VIS DU SEXE. À cause de l’importance du lien conjugal et des relations familiales dans cette vie et la vie à venir, les relations sexuelles prénuptiales ou extra-conjugales sont considérées comme totalement inacceptables. Le pouvoir de procréation est essentiel pour le Plan du Salut tout entier. Il est tenu pour sacré, pour n’être utilisé que « comme le Seigneur l’a commandé » ; comme tel il est considéré comme « la clef même » du bonheur (Packer, « Why Stay Morally Clean », Ensign, juillet 1972, p. 113). Les études faites au cours des années 70 et des années 1980 ont uniformément prouvé que les saints des derniers jours ont une attitude plus restrictive vis-à-vis des relations sexuelles avant le mariage et il y moins de risques qu’ils aient eu des rapports sexuels avant le mariage que les membres d’autres confessions religieuses. Les saints des derniers jours pratiquants ont également une attitude plus conservatrice à l’égard des rapports sexuels avant le mariage et sont moins susceptibles de s’y être livrés que ceux qui sont moins pratiquants dans l’Église (voir Sexualité).
 
Un échantillonnage récent des ménages aux États-Unis a montré que les mormons approuvaient sensiblement moins l’idée que les adolescents aient des relations sexuelles ou pratiquent la cohabitation avant le mariage que les non-mormons (Heaton etc., 1989). Une autre étude portant sur plus de 2.000 adolescents dans les lycées publics de l’Ouest des États-Unis, a prouvé que 17% des saints des derniers jours avaient eu des rapports sexuels avant le mariage, par comparaison avec les 48% des catholiques, 51% des gens sans affiliation religieuse et 67% des protestants (Heaton, 1988). La différence continue quand on prend en considération l’activité dans l’Église et que l’on compare les saints des derniers jours pratiquants avec les non-pratiquants. L’attitude et le comportement des mormons non pratiquants ressemblent davantage à ceux des autres cultes (pratiquants ou non) qu’aux saints des derniers jours pratiquants (Heaton, 1988).
 
L’attitude des saints des derniers jours concernant le sexe dans le mariage et la fréquence des rapports sexuels dans le mariage sont semblables à celles des autres cultes. Bien qu’il n’existe pas de données concernant la fréquence de la sexualité extra-conjugale, les saints des derniers jours en général approuvent moins les relations extra-conjugales que les autres populations américaines (Heaton etc., 1989).
 
FORMATION AU MARIAGE. Les membres de l’Église aux États-Unis et au Canada sont plus susceptibles de se marier et de se remarier que les catholiques, les protestants conservateurs, les protestants libéraux ou ceux qui n’ont pas d’affiliation religieuse (Heaton et Goodman, 1985). Une étude des Canadiens indique que les catholiques canadiens sont trois fois, les protestants deux fois et les gens sans affiliation religieuse quatre fois plus susceptibles que les saints des derniers jours de ne pas s’être mariés avant l’âge de trente ans (Heaton, 1988). Les données nationales les plus récentes aux États-Unis montrent que les saints des derniers jours sont plus susceptibles d’être mariés actuellement et moins susceptibles de ne jamais s’être mariés que les autres Américains dans la même situation (Heaton etc., 1989). En outre, les mêmes données montrent que les hommes chez les saints se marient environ un an et demi plus tôt que les non-mormons, mais les femmes se marient à peu près au même âge que les autres femmes.
 
Bien que les résultats ne soient pas concluants, il semble bien que les mormons moins pratiquants (ceux qui ne se marient pas dans un temple) se marient à un plus jeune âge que ceux qui se marient dans un temple (Thomas, 1983). Cette différence s’explique en partie par le nombre de saints des derniers jours pratiquants qui font une mission au cours de leur jeunesse. La plupart des jeunes saints des derniers jours célibataires qui vont en mission le font entre dix-neuf et vingt et un ans.
 
Étant donné la nécessité d’épouser un autre saint des derniers jours dans un temple pour réaliser le plus grand bonheur dans cette vie et l’exaltation dans le plus haut niveau du Royaume céleste dans l’au-delà, on pourrait s’attendre à ce que les mormons en général et les saints des derniers jours pratiquants en particulier aient un pourcentage inférieur de mariages interconfessionnels à celui des membres d’autres confessions ou des personnes qui n’ont aucune affiliation. Le peu de recherches qui ont été faites sur les mariages interconfessionnels des saints tend à être basé sur de petits échantillons localisés. Il apparaît toutefois qu’en général (1) les mormones ont plus de chances de se marier en dehors de l’Église que les mormons ; (2) les mormons pratiquants risquent moins d’épouser des non-mormons que les mormons non pratiquants et (3) les conjoints non mormons (particulièrement les maris non mormons) ont plus de chances de se convertir à l’Église que les mormons de se convertir à la religion du conjoint non mormon (Barlow, 1977).
 
DIVORCE. Sur la base de recherches faites dans les années 1970 et le début des années 1980, on a conclu que les saints des derniers jours risquent moins de divorcer que les catholiques et les protestants et bien moins que ceux qui n’ont pas d’affiliation religieuse. D’une étude comparant les mormons des États-Unis et du Canada avec les protestants, les catholiques et ceux qui n’ont aucune affiliation religieuse, il découle que 14% des mormons et 19% des mormones avaient divorcé. Les chiffrer comparables parmi les autres groupes étaient de 20% et de 23% pour les catholiques masculins et féminins 24% et 31% pour les protestants libéraux, hommes et femmes, 28% et 31% pour les protestants conservateurs et 39% et 45% respectivement pour les personnes sans affiliation religieuse (Heaton et Goodman, 1985).
 
Les saints des derniers jours mariés dans une cérémonie au temple risquent beaucoup moins de divorcer que ceux qui sont mariés en dehors du temple (Thomas, 1983). Parmi les hommes et les femmes qui étaient mariés dans le temple, 6% des hommes et 7% des femmes ont divorcé, alors que parmi les hommes et les femmes non mariés dans le temple les chiffres étaient de 28% et de 33% respectivement (Heaton, 1988).
 
RÔLES DES SEXES. « Dieu a décrété que le père doit présider au foyer. Il doit assurer la subsistance, aimer, enseigner et diriger. Mais le rôle de la mère est également ordonné par Dieu. La mère doit concevoir, enfanter, nourrir, aimer et former. C’est ce que déclarent les révélations » (Benson, p. 2). Cette déclaration, faite par Ezra Taft Benson, président de l’Église, est un exemple de l’enseignement des saints que les hommes et les femmes ont des rôles différents, mais étroitement liés et se soutenant mutuellement, des rôles dans le cadre matrimonial et familial. Les recherches confirment cette distinction. Les mormons, hommes et femmes, ont tendance à être plus conservateurs et plus traditionnels dans leur attitude et leur comportement que les membres des autres cultes (Brinkerhoff et Mackie, 1988 Heaton, 1988 Heaton et autres, 1989). Les saints masculins passent une quantité de temps à peu près identique à accomplir des tâches ménagères que les non-mormons de sexe masculin, mais les mormones consacrent sensiblement plus de temps à ce genre de tâches que des non-mormones. Les mormones passent plus de temps non seulement à accomplir des tâches traditionnellement féminines, mais également à des tâches traditionnellement masculines (par exemple, des tâches à l’extérieur, le paiement des factures et l’entretien du véhicule) que les non-mormones. Ni les mormons ni les mormones ne considèrent ces différences d’attitude et de comportement comme négatives. Ils ont autant de chances d’être satisfaits de leur mariage et de leur rôle dans le mariage que leurs homologues non mormons (Heaton et autres, 1989).
 
Bibliographie
Bahr, Howard M., et Renata Tonks Forste. "Toward a Social Science of Contemporary Mormondom." BYU Studies 26 (1986), p. 73-121.
Barlow, Brent A. "Notes on Mormon Interfaith Marriages." Family Coordinator 26 (1977), p. 143-150.
Benson, Ezra Taft. To the Mothers in Zion. Salt Lake City, 1987.
Brinkerhoff, Merlin B., et Marlene MacKie. "Religious Sources of Gender Traditionalism." Dans The Religion and Family Connection, dir. de publ. D. Thomas. Provo, Utah, 1988.
Heaton, Tim B. "Four C's of the Mormon Family : Chastity, Conjugality, Children, and Chauvinism." Dans The Religion and Family Connection, dir. de publ. D. Thomas. Provo, Utah, 1988.
Heaton, Tim B., et Kristin L. Goodman. "Religion and Family Formation." Review of Religious Research 26 (1985), p. 343-359.
Heaton, Tim B., Darwin L. Thomas et Kristin L. Goodman. "In Search of a Peculiar People : Are Mormon Families Really Different ?" Society for the Scientific Study of Religion, oct. 1989.
Thomas, Darwin L. "Family in the Mormon Experience." Dans Families and Religion, dir. de publ. W. D'Antonio et J. Aldous. Beverly Hills, Calif., 1983.
THOMAS B. HOLMAN
 
Mariage : Mariage éternel
Auteur : DUKE, JAMES T.
 
Le principe du mariage éternel et les ordonnances qui le mettent en application constituent un élément très distinctif et précieux de l’Église. Il comporte une cérémonie accomplie dans un saint temple par un officiant doté de l’autorité sacerdotale de faire contracter des alliances qui doivent être efficaces pendant le temps et l’éternité. C’est une cérémonie sacrée et simple unissant le mari et la femme dans les liens de l’amour éternel et dans l’espérance de l’éternité. Le président Joseph Fielding Smith a enseigné que ce genre de mariage implique « un principe éternel ordonné dès avant la fondation du monde et institué sur cette terre avant que la mort n’y soit introduite » (Smith, p. 251), parce que Adam et Ève ont été donnés l’un à l’autre en mariage par Dieu dans le jardin d’Éden avant la Chute (Ge. 2:22-25 Moï. 3:22-25). Cet acte sacré du mariage a été l’acte suprême de toute la création : « Lorsque Dieu créa l’homme, il le fit à la ressemblance de Dieu. Il créa l’homme et la femme, il les bénit » (Ge. 5:1-2). Avec sa bénédiction, ils pouvaient vraiment donner l’exemple à leurs descendants qui dorénavant pouvaient, deux par deux, un homme et une femme, quitter leurs père et mère, s’attacher l’un à l’autre et devenir « une seule chair » (Ge. 2:24). C’est ainsi qu’a commencé le grand plan de Dieu pour le bonheur de tous ses enfants.
 
Les saints des derniers jours croient que la vie est plus sécurisée et plus joyeuse quand elle est vécue dans les liens sacrés de la famille éternelle. Ceux qui entretiennent des rapports aussi dignes sur terre vivront en famille dans le Royaume céleste après la résurrection. Ainsi, une personne qui mène une vie juste dans la condition mortelle et qui a contracté un mariage éternel peut s’attendre à vivre, dans le monde postmortel, avec un conjoint digne et avec ceux qui étaient sur la terre enfants, pères, mères, frères et sœurs terrestres. Bruce R. McConkie, un apôtre, a expliqué que la famille éternelle commence par « un mari et une femme, unis en une cellule familiale. Elle s’étend ensuite à nos enfants, les esprits que Dieu nous donne comme membres de notre famille, à nos petits-enfants et ainsi de suite jusqu’à la dernière génération. Elle remonte également jusqu’à nos parents et à nos grands-parents jusqu’à la première génération » (p. 82). Le président Brigham Young a déclaré que le mariage éternel « est le fil qui va du commencement à la fin du saint Évangile de salut, de l'Évangile du Fils de Dieu il est d'éternité en éternité » (Discours de Brigham Young, John A. Widtsoe, dir. de publ., Salt Lake City, 1971, p. 195).
 
De même que le mariage marque le point culminant du processus créateur de Dieu, de même il est pour chaque personne le point culminant sacré des alliances et des ordonnances de la prêtrise de Dieu et est, en effet, vraiment une nouvelle alliance éternelle (D&A 131:2). Le mariage éternel est une alliance, une promesse sacrée que la femme et le mari se font entre eux et avec Dieu, certifiée à la fois par des témoins mortels et par des anges célestes. Dans les conditions appropriées, ce genre de mariage est scellé par le Saint-Esprit de promesse et le couple, par sa fidélité, peut par la suite hériter l’exaltation et la gloire dans le Royaume céleste de Dieu (D&A 132:19). Les Écritures confirment que le mariage éternel, accompli par l’autorité de la prêtrise, scellé ou affirmé par le Saint-Esprit et soutenu par une vie juste « sera pleinement valide » après la mort (D&A 132:19 ; cf. 1 Co. 11:11). L’expression « jusqu’à ce que la mort vous sépare » est considérée comme une formule tragique qui prédit la dissolution finale du mariage et cette phase n’est pas annoncée dans la cérémonie du mariage au temple.
 
La cérémonie sacrée du mariage au temple a lieu dans le recueillement et la simplicité et l’événement est quelque chose de beau et de joyeux pour les saints des derniers jours. La jeune mariée et le jeune marié se réunissent avec la famille et les amis dans une salle de scellement du temple. L’officiant accueille le couple par quelques mots de bienvenue, de conseils et de recommandations paternelles. Il peut exhorter le couple à se traiter durant toute la vie avec le même amour et la même gentillesse qu’il ressent en ce moment et peut ajouter d’autres encouragements, avec sa bénédiction sur l’aventure qu’ils vont vivre à deux. Le couple est invité s’avancer et à s’agenouiller en se faisant face de part et d’autre d’un autel situé au milieu de la salle. Le scelleur attire parfois l’attention des personnes présentes sur les miroirs placés sur des murs opposés, qui reflètent à l’infini l’image du couple à l’autel et en explique le symbolisme. Ensuite le scelleur prononce les mots simples de la cérémonie, qui promettent, sous condition d’obéissance, des liens durables avec le potentiel d’une joie éternelle pour ces deux personnes scellées pour l’éternité. Le président Ezra Taft Benson a déclaré : « La fidélité à l’alliance du mariage apporte la joie la plus complète ici-bas et de merveilleuses récompenses dans l’au-delà » (p. 533-534). À la fin de la cérémonie, le couple s’embrasse par-dessus l’autel et peut alors se lever et quitter l’autel pour échanger les alliances.
 
Par cette ordonnance du mariage éternel, l’homme et la femme s’engagent avec un amour pur à rester fidèles l’un à l’autre et à Dieu pour toute l’éternité. Le divorce est déconseillé et on enseigne aux couples à limiter leurs relations intimes à eux-mêmes. Entreprendre et honorer les alliances du mariage au temple exige que l’on vive d’une manière qui contribue à une vie de famille heureuse et réussie. Le futur d’un couple peut comporter des conflits et même le divorce, qui, quand il se produit, est souvent le résultat de la violation des alliances du temple ; mais le taux des divorces parmi les couples qui ont été scellés dans un temple est très bas (voir Divorce ; Statistiques démographiques).

Bien entendu, le mariage éternel n’est pas simplement pour le bien, le bonheur ou le profit des conjoints. C’est un acte de service, d’engagement et d’amour qui est une bénédiction pour la génération suivante. Dieu a commandé à Adam et Ève : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre » (Ge. 1:28). Un but essentiel du mariage au temple dans cette vie est la progression et la maturation dans la participation à l’œuvre créatrice de Dieu en élevant des enfants dans la justice. Les parents entrent dans un partenariat avec Dieu en participant à la procréation de corps mortels, qui abritent les enfants d’esprit de Dieu. À une époque future, tous les fils et toutes les filles dignes de Dieu seront réunis à leurs Parents célestes comme une famille étendue éternelle dans un état de gloire ressuscitée.
 
Les gens qui mènent une vie digne mais qui ne se marient pas dans un temple pour différentes raisons indépendantes de leur volonté, parmi lesquelles le fait de ne pas se marier du tout, de ne pas avoir entendu l’Évangile ou de ne pas avoir accès à un temple pour que le mariage puisse être scellé pour l’éternité, en recevront un jour l’occasion (voir Baptême pour les morts ; Salut des morts ; Scellement). Les saints des derniers jours croient qu’ils ont l’honneur et le devoir d’accomplir ces ordonnances sacrées par procuration pour les ancêtres décédés et pour d’autres, et ce dans la mesure du possible. La plupart des ordonnances de scellement (cérémonies de mariage au temple) accomplies pour les défunts sont pour des couples qui étaient mariés par l’autorité civile dans la condition mortelle, mais sont morts sans entendre la plénitude de l’Évangile. Dans ce programme de service par procuration, des hommes et des femmes se réunissent sur rendez-vous dans le temple où ils jouent le rôle de représentants pour leurs parents, grands-parents ou d’autres qui sont passés dans l’autre monde, et font les alliances solennelles qui entreront en vigueur pour tous ceux qui les acceptent dans le monde d’esprit, pour trouver leur point culminant au jour de la résurrection.
 
Tous les dirigeants de l’Église encouragent les couples à faire leurs vœux de mariage dans un saint temple. Pour ceux qui ne le font pas, qu’ils soient convertis à l’Église, des couples de membres qui connaissent un regain de spiritualité à l’âge mûr ou les jeunes couples de saints qui se sont mariés en dehors du temple et ont ensuite ressenti le désir de faire les alliances éternelles, le mariage au temple est un renouvellement des vœux prononcés d’abord lors d’une cérémonie de mariage civil. Pour que ces engagements soient honorés pendant toute l’éternité, les couples doivent être mariés par un officiant ayant le pouvoir de lier sur terre et dans le ciel (Mt. 16:19 ; D&A 124:93). Ils doivent donc se rendre dans un temple où se trouvent ceux qui sont ordonnés et ont reçu le pouvoir de sceller des alliances pour le temps et l’éternité.
 
Pour les saints des derniers jours, le mariage éternel est un accès à la joie éternelle. Matthew Cowley, un apôtre, a exprimé sa conviction que c’est « une chose merveilleuse… de se mettre à genoux devant un autel dans le temple de Dieu en étreignant la main de la personne qui va être votre conjoint non seulement pour le temps, mais également pour toute l’éternité et de voir ensuite naître, dans cette alliance sacrée et éternelle, des enfants pour l’éternité. Dieu est amour. L’amour est éternel. Le mariage est l’expression la plus belle et la plus sacrée de l’amour, par conséquent le mariage est éternel » (Cowley, p. 444).
 
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. The Teachings of Ezra Taft Benson. Salt Lake City, 1988.
Brown, Hugh . You and Your Marriage. Salt Lake City, 1960.
Burton, Theodore M. Good’s Greatest Gift. Salt Lake City, 1976.
Cowley, Matthew. Matthew Cowley Speaks. Salt Lake City, 1954.
McConkie, Bruce R. “The Eternal Family Concept”. Dans Genealogical Devotiopnal Address, p. 81-93. Second Annual Priesthood Genealogical Research Seminar, université Brigham Young. Provo, Utah, 1967.
Smith, Joseph Fielding. The Way to Perfection. Salt Lake City, 1931.
JAMES T. DUKE
 
Mariage plural
Auteurs : BACHMAN, DANEL et ESPLIN, RONALD K.
 
Le mariage plural est la pratique des saints des derniers jours du XIXe siècle de se marier avec plus d’une femme. Généralement qualifiée de polygamie, c’était en fait de la polygynie. Bien que la polygamie ait été pratiquée pendant une grande partie de l’histoire dans beaucoup de régions du monde, cette pratique, dans l’Amérique « éclairée » du XIXe siècle, était considérée par la plupart des gens comme incompréhensible et inacceptable, ce qui en fit la pratique de l’Église la plus controversée et la moins comprise. Bien que le principe ait été vécu pendant une période relativement brève, il a eu un impact profond sur la perception que les saints ont d’eux-mêmes, contribuant à les définir comme un « peuple à part ». La pratique a aussi amené beaucoup de non-membres à prendre leurs distances par rapport à l’Église et à voir les saints des derniers jours d’une manière plus négative que cela aurait autrement été le cas.
 
Les rumeurs de mariage plural parmi les membres de l’Église dans les années 1830 et 1840 ont conduit à des persécutions, et l’annonce publique de la pratique après le 29 août 1852 en Utah a donné aux ennemis une arme puissante pour exciter l’hostilité publique contre l’Église. Les saints des derniers jours croyaient que leur pratique du mariage plural basée sur la religion était protégée par la Constitution des États-Unis, mais les adversaires l’ont utilisée pour retarder l’accession de l’Utah au rang d’État jusqu’en 1896. Une législation de plus en plus rigoureuse contre la polygamie a dépouillé les saints des derniers jours de leurs droits de citoyens, a dissout l’Église et a permis la saisie de ses biens jusqu’à ce que le Manifeste de 1890 annonce la cessation de la pratique.
 
Le mariage plural a également été un problème pour les membres de l’Église. Descendants spirituels des Puritains et conservateurs dans le domaine de la sexualité, les premiers à pratiquer le mariage plural ont d’abord dû se débattre avec cette perspective et n’ont adopté le principe par la suite qu’après avoir reçu personnellement la confirmation spirituelle qu’ils devaient le faire.
 
En 1843, un an avant sa mort, le prophète Joseph Smith dicta une longue révélation sur la doctrine du mariage pour l’éternité (D&A 132 ; voir Mariage : Mariage éternel). Cette révélation enseignait aussi que, sous certaines conditions, un homme pouvait être autorisé à avoir plus d’une épouse. La révélation fut mise par écrit le 12 juillet 1843, mais tout porte à croire que le principe du mariage plural avait été révélé à Joseph Smith plus d’une décennie plus tôt lors de son étude de la Bible (voir Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)), probablement début 1831. Les passages montrant que des patriarches et des prophètes vénérés d’autrefois étaient polygames suscitèrent des questions qui incitèrent le prophète à interroger le Seigneur sur le mariage en général et sur la pluralité des épouses en particulier. Il apprit alors que quand le Seigneur le commandait, comme il le fit avec les patriarches d’autrefois, un homme pouvait avoir plus d’une épouse vivante à la fois sans être condamné pour adultère. Il comprit également que l’Église serait un jour invitée à vivre la loi (D&A 132:1-4, 28-40).
 
Il y a peu de données sur la pratique du mariage plural pendant les années 1830. Seul un petit nombre de personnes était au courant de la révélation encore non écrite et il se peut que le seul mariage plural connu ait été celui entre Joseph Smith et Fanny Alger. Il y avait cependant des bruits qui couraient qui annonçaient les problèmes futurs.
 
En avril 1839, Joseph Smith sortit de six mois d’emprisonnement à la prison de Liberty avec le sentiment qu’il était urgent qu’il mène à bien sa mission (voir Histoire de l’Église 1831-1844, périodes de l’Ohio, du Missouri et de Nauvoo). Depuis qu’il avait reçu d’Élie la clef du scellement dans le temple de Kirtland (D&A 110:13-16) en avril 1836, le prophète avait travaillé pour préparer les saints pour des enseignements et des ordonnances supplémentaires, dont le mariage plural.
 
Joseph Smith se rendait compte que l’introduction du mariage plural susciterait immanquablement de violentes critiques. Après l’expérience de Kirtland, il savait les tensions que cela créerait dans sa propre famille ; même si Emma, qui avait foi en son appel prophétique, avait accepté la révélation comme venant de Dieu et pas de son propre chef, elle ne pouvait pas se résoudre à la pratique. En outre, cela risquait de diviser l’Église et d’augmenter l’hostilité de l’extérieur. Malgré tout, il se sentait obligé d’aller de l’avant. « Mon but est d’obéir et d’apprendre aux autres à obéir à Dieu exactement dans tout ce qu’il nous dit de faire, enseigna-t-il plusieurs mois avant sa mort. Peu importe que le principe soit populaire ou impopulaire, je soutiendrai toujours un principe juste, même si je dois le faire seul » (EPJS, p. 269).
 
Bien que certain que Dieu l’exigerait de sa part et de l’Église, Joseph Smith ne l’aurait pas introduit quand il le fit sans la conviction que Dieu l’exigeait à ce moment-là. Plusieurs de ses confidents dirent plus tard qu’il n’alla de l’avant avec le mariage plural à Nauvoo qu’après une lutte intérieure et un avertissement divin. Lorenzo Snow devait se rappeler distinctement plus tard une conversation en 1843 au cours de laquelle le prophète décrivit la bataille qu’il menait pour « surmonter la répugnance de ses sentiments » à l’égard du mariage plural. Il connaissait la voix de Dieu – il savait que le commandement du Tout-Puissant était qu’il devait aller de l’avant – donner l’exemple et établir le mariage plural céleste. Il savait qu’il avait non seulement ses propres préjugés et idées préconçues à combattre et à surmonter, mais aussi ceux du monde chrétien tout entier… mais Dieu… avait donné le commandement [The Biography and Family Record of Lorenzo Snow, p. 69-70 (Salt Lake City, 1884)].
 
Malgré tout, Snow et d’autres confidents s’accordent pour dire que Joseph Smith n’agit à Nauvoo que quand un ange lui eut déclaré qu’il devait le faire sinon son appel serait donné à quelqu’un d’autre (Bachman, p. 74-75). Après ceci, Joseph Smith dit à Brigham Young qu’il était bien décidé à aller de l’avait même si cela devait lui coûter la vie, parce que « c’est l’œuvre de Dieu, et il a révélé ce principe, et ce n’est pas à moi de le censurer ou de le dicter » (Discours de Brigham Young, 8 oct. 1866, Archives de l’Église).
 
Ce ne fut pas non plus aveuglément ou simplement parce que Joseph Smith l’avait dit que d’autres contractèrent le mariage plural, en dépit des précédents bibliques. Les récits personnels confirment que la plupart de ceux qui contractèrent le mariage plural à Nauvoo connurent une crise de la foi qui ne fut résolue que par un témoignage spirituel personnel. Ceux qui participèrent ne le firent généralement qu’après avoir été rassurés et y voyaient un devoir religieux.
 
Même les plus proches de Joseph Smith furent choqués par la révélation. Lorsqu’il apprit l’existence du mariage plural, Brigham Young dit qu’il enviait le cadavre d’un cortège funèbre et qu’il lui fallut longtemps pour s’en remettre (voir JD 3:266). Hyrum Smith, frère du prophète, résista obstinément à la possibilité même jusqu’à ce que les circonstances le forcent à s’adresser au Seigneur pour comprendre. Tous deux enseignèrent plus tard le principe à d’autres. Emma Smith vacillait, se répandant un jour en injures contre lui et donnant le lendemain son consentement pour que Joseph soit scellé à une autre épouse (voir les commentaires d’Orson Pratt, JD 13:194).
 
Le fait de devoir enseigner le nouveau mariage et les nouvelles dispositions familiales là où les principes ne pouvaient pas être traités ouvertement ne faisait que multiplier les problèmes. Ceux qui étaient autorisés à enseigner la doctrine mettaient l’accent sur les alliances, les obligations et les responsabilités strictes qui s’y rattachaient – l’antithèse de la licence. Mais ceux qui ne faisaient qu’entendre les rumeurs ou qui avaient choisi de déformer l’enseignement imaginaient souvent et parfois pratiquaient quelque chose de tout à fait différent. John C. Bennett, maire de Nauvoo et conseiller de Joseph Smith, était de ceux-là et il déforma l’enseignement à son propre avantage. Profitant des rumeurs et du manque de compréhension parmi les membres de l’Église en général, il enseigna une doctrine d’ « épouses spirituelles ». Ses comparses et lui cherchèrent à avoir des rapports sexuels illicites avec des femmes en leur disant qu’ils étaient mariés « spirituellement » même s’ils n’avaient jamais été mariés officiellement et que le prophète approuvait cet arrangement. Le scandale Bennett eut comme conséquence son excommunication et la défection de plusieurs autres. Bennett voyagea alors dans tout le pays, parlant contre les saints des derniers jours et publiant une dénonciation violente et antimormone accusant les saints de libertinage.
 
Le scandale Bennett fut à l’origine de plusieurs déclarations publiques visant à armer les saints contre les mauvais traitements. Deux ans plus tard, des ennemis et des dissidents, dont certains avaient fréquenté Bennett, publièrent le Nauvoo Expositor pour démasquer, entre autres, le mariage plural, déclenchant ainsi les événements qui aboutirent à la mort de Joseph Smith (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith).
 
Or, loin d’impliquer le libertinage, le mariage plural était un système soigneusement réglementé et ordonné. L’ordre, les accords mutuels, la régulation et les alliances étaient au centre de la pratique. Comme l’écrivit Parley P. Pratt en 1845: « Ces ordonnances saintes et sacrées n’ont rien à voir avec l’impudicité, les relations illégitimes, la confusion ou le crime ; mais tout le contraire. Elles ont des lois, des limites et des frontières de la manière la plus stricte, et seuls ceux qui ont le cœur pur, les strictement vertueux ou ceux qui se repentent et deviennent tels, sont dignes d’y prendre part. Et… une condamnation sévère attend ceux qui les pervertissent ou en font mauvais usage » [The Prophet, 24 mai 1845 ; cf. D&A 132:7].
 
Le Livre de Mormon montre bien que même si le Seigneur commande à des hommes par ses prophètes de vivre la loi du mariage plural à des moments précis pour des buts qui lui sont propres, la monogamie est la règle générale (Jcb. 2:28-30) ; la polygamie non autorisée était et est considérée comme de l’adultère. Une autre sauvegarde était que les mariages pluraux autorisés ne pouvaient être accomplis que par le pouvoir de scellement administré par l’autorité présidente de l’Église (D&A 132:19).
 
Une fois que les saints eurent quitté Nauvoo, le mariage plural fut pratiqué ouvertement. À Winter Quarters, par exemple, les commentaires sur le principe étaient un « secrets de Polichinelle » et les familles plurales étaient reconnues. Dès 1847, les gens qui visitaient l’Utah parlaient de la pratique. Malgré cela, peu de nouveaux mariages pluraux furent autorisés en Utah avant l’achèvement, en 1855, de la Maison des Dotations à Salt Lake City.
 
Une fois les saints bien installés dans le Grand Bassin, Brigham Young annonça publiquement la pratique et publia la révélation sur le mariage éternel. Sous sa direction, le dimanche 29 août 1852, Orson Pratt commenta et défendit publiquement la pratique du mariage plural dans l’Église. Après avoir examiné les précédents bibliques (Abraham, Jacob, David et d’autres), frère Pratt déclara que l’Église, comme héritière des clefs autrefois requises pour que les mariages pluraux soient approuvés par Dieu, était tenue d’accomplir ce genre de mariage parce que cela faisait partie du Rétablissement. Il proposa des raisons à cette pratique et mentionna plusieurs avantages possibles (voir JD 1:53-66), un précédent suivi plus tard par d’autres. Mais ces commentaires venaient après le fait et n’en étaient pas la justification. Les saints des derniers jours pratiquèrent le mariage plural parce qu’ils croyaient que Dieu le leur commandait.
 
D’une manière générale, le mariage plural ne comportait que deux épouses et rarement plus de trois ; les familles plus nombreuses comme celles de Brigham Young ou de Heber C. Kimball étaient des exceptions. Parfois les épouses partageaient simplement les maisons, chacune ayant sa propre chambre à coucher, ou vivaient dans un système « duplex », chacune avec une moitié de la maison identique à l’autre. Dans d’autres cas, les maris construisaient des maisons séparées pour leurs épouses, parfois dans des localités séparées. Bien que les circonstances et les mécanismes de la vie de famille fussent divers, en général le mode de vie était simplement une adaptation de la famille américaine du XIXe siècle. Les mariages polygames étaient semblables aux normes nationales pour ce qui est des taux de fertilité et de divorce. Les épouses d’un mari tissaient souvent de forts liens d’amour entre elles ; cependant, de profondes antipathies pouvaient également apparaître entre épouses.
 
En butte à une campagne nationale contre la polygamie, les femmes de l’Église étonnèrent leurs sœurs de l’Est des États-Unis qui assimilaient la polygamie à l’oppression des femmes, en faisant des manifestations publiques en faveur de leur droit de vivre le mariage plural en tant que principe religieux. À en juger par les prédications, les femmes étaient au moins aussi disposées à contracter le mariage plural que les hommes. Au lieu d’exhortations publiques invitant les femmes à contracter le mariage plural, on en trouve beaucoup invitant les hommes dignes à « faire leur devoir » et à entreprendre de prendre soin d’une épouse plurale et d’enfants supplémentaires. Bien que certains fussent réticents à accepter une telle responsabilité, beaucoup répondirent et cherchèrent une autre épouse. Il n’était pas rare qu’une épouse prenne l’initiative et insiste que son mari prenne une autre femme ; par contre, dans d’autres cas, un premier mariage se dissolvait parce que le mari insistait pour se marier de nouveau.
 
Comme pour les familles en général, certaines familles plurales fonctionnaient mieux que d’autres. Des détails anecdotiques et les enfants sains provenant de beaucoup de ménages pluraux témoignent que certains fonctionnaient très bien. Mais certaines épouses plurales n’aimaient pas l’arrangement. Les plaintes les plus courantes des deuxième et troisième épouses venaient de ce que le mari se montrait trop peu sensible aux besoins des familles plurales ou ne les traitait pas de manière égale. Il n’était pas rare que les épouses se plaignent que le mari passait trop peu de temps avec elles. Mais lorsque les maris distribuaient consciencieusement une même quantité de temps et que les épouses acquéraient un amour et un respect profonds entre elles, les enfants grandissaient comme membres de grandes familles harmonieuses.
 
Le mariage plural a contribué à façonner l’attitude de l’Église vis-à-vis du divorce dans l’Utah pionnier. Bien que Brigham Young détestât le divorce et le déconseillât, quand des femmes demandaient le divorce, il l’accordait généralement. Il estimait qu’une femme piégée dans une relation impossible sans solution de rechange méritait une chance d’améliorer sa vie. Mais quand un mari demandait à être dispensé de ses responsabilités familiales, le président Young lui recommandait systématiquement de faire son devoir et de ne pas vouloir divorcer de toute épouse disposée à le supporter.
 
Contrairement aux caricatures d’une presse mondiale hostile, le mariage plural n’a pas eu comme conséquence une progéniture aux capacités réduites. Des hommes et des femmes normaux sont sortis de foyers pluraux et leurs descendants sont des gens éminents dans tout l’Intermountain West. Certains observateurs pensent que les responsabilités supplémentaires qui tombaient tôt sur certains enfants dans de tels ménages ont contribué aux réalisations exceptionnelles qui allaient être les leurs. Le mariage plural a aussi aidé beaucoup d’épouses. La flexibilité des ménages pluraux a contribué au grand nombre de femmes accomplies de l’Église qui ont été des pionnières dans la médecine, la politique et d’autres carrières publiques. En fait, le mariage plural a permis aux épouses de faire une carrière professionnelle qui ne leur aurait sinon pas été accessible.
 
Le pourcentage exact de saints des derniers jours qui ont participé à la pratique n’est pas connu, mais les études permettent d’estimer qu’un maximum de 20 à 25 pour cent d’adultes de l’Église étaient membres de ménages polygames. À son point culminant, le mariage plural n’a probablement impliqué que le tiers des femmes parvenant à l’âge du mariage, bien que parmi les dirigeants de l’Église le mariage plural ait été la norme pendant un certain temps. L’opposition publique à la polygamie a mené, en 1862, à la première loi contre la pratique et, dans les années 1880, les lois furent de plus en plus punitives. L’Église contesta la constitutionnalité de ces lois, mais la Cour suprême soutint la législation (voir Reynolds contre les États-Unis), ce qui déboucha sur une campagne antipolygame fédérale dure et efficace que les saints des derniers jours appelèrent « le Raid ». Maris et femmes se réfugièrent dans la « clandestinité » et des centaines furent arrêtés et condamnés à des peines de prison en Utah et dans plusieurs prisons fédérales. Cette campagne eut un impact désastreux sur les familles concernées et l’attaque menée en parallèle contre l’organisation et les biens de l’Église diminua considérablement sa capacité de fonctionner (voir Histoire de l’Église : 1878-1898, fin de la période pionnière d’Utah). Après une vision lui montrant que continuer le mariage plural mettait en danger les temples et la mission de l’Église, et pas simplement l’accès de l’Utah au rang d’état, le président Wilford Woodruff publia le Manifeste en octobre 1890, annonçant la fin officielle à de nouveaux mariages pluraux et facilitant la résolution pacifique finale du conflit.
 
Les familles polygames déjà existantes continuèrent à exister jusque dans le vingtième siècle, causant encore d’autres problèmes politiques pour l’Église et les nouveaux mariages pluraux ne cessèrent pas entièrement en 1890. Après avoir vécu le principe pendant un demi-siècle au prix de certains sacrifices, beaucoup de saints des derniers jours dévots trouvèrent que mettre fin au mariage plural était une épreuve presque aussi complexe que l’avait été sa création dans les années 1840. Dans les années 1890, certains nouveaux mariages pluraux furent contractés dans les colonies de saints au Canada et dans le nord du Mexique et quelques-uns ailleurs. Comme l’attention nationale était de nouveau attirée sur la pratique au début des années 1900 pendant l’enquête relative au Député-élu B.H. Roberts et les travaux de la commission sénatoriale concernant le Sénateur-élu Reed Smoot (voir Procès Smoot), le président Joseph F. Smith publia son « Second Manifeste » en 1904. Depuis lors, la politique de l’Église est d’excommunier systématiquement quiconque pratique ou préconise ouvertement la pratique de la polygamie. Ceux qui le font aujourd’hui, principalement les membres des groupes fondamentalistes, le font en dehors de l’Église.
 
Bibliographie
Bachman, Danel W. "A Study of the Mormon Practice of Plural Marriage before the Death of Joseph Smith." M.A. thesis, Purdue University, 1975.
Bashore, Melvin L. "Life Behind Bars : Mormon Cohabs of the 1880s." Utah Historical Quarterly 47 (Winter 1979) : 22-41.
Bennion, Lowell ("Bell’). "The Incidence of Mormon Polygamy in 1880: ‘Dixie’ versus Davis Stake." Joumal of Mormon History Il (1984) : 27-42.
Bitton, Davis. "Mormon Polygamy : A Review Article." Journal of Mormon History 4 (1977) :101-118.
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Foster, Lawrence. Religion and Sexuality : The Shakers, The mormons, and the Oneida Community. Oxford, 1981.
James, Kimberly Jensen. "‘Between Two Fires’ : Women on the ‘Underground’ of Mormon Polygamy." Joumal of Mormon History 8 (1981) : 49-61.
Van Wagoner, Richard S. Mormon Polygamy : A History. Salt Lake City, 1986.
Whittaker, David J. "Early Mormon Polygamy Defenses." Journal of Mormon History Il (1984) : 43-63.
DANEL W. BACHMAN
RONALD K, ESPLIN
 
Messie
Auteur : GALBRAITH, DAVID B.
 
Messie est un terme hébreu signifiant « oint ». L'équivalent grec est christos, d'où le nom Christ. Jésus, le nom du Sauveur donné par Dieu (Mt. 1:21), dérive de l’hébreu Yechoua ou Yehochoua (ou Josué, comme on le trouve généralement en français), d'une racine signifiant « sauver ». Avec les autres chrétiens, les saints des derniers jours sont d'accord pour dire que dans le nom Jésus-Christ se trouve implicitement la doctrine qu'il est le Messie, l’Oint qui sauve.
 
Comme le Nouveau Testament, le Livre de Mormon identifie clairement Jésus comme étant le Messie (1 Né. 10:4-17 ; 2 Né. 25:16-20 ; Hél. 8:13-17). Il déclare également qu'une connaissance du Messie a existé « depuis le commencement du monde » (1 Né. 12:18 ; Mos. 13:33-35) et prophétise des détails de sa vie et de sa mission. Par exemple, le Messie apparaîtrait dans un corps (1 Né. 15:13), son nom serait Jésus-Christ (2 Né. 25:19 ; Mos. 3:8) et il serait baptisé comme exemple d'obéissance (2 Né. 31:4-9). En outre, des signes accompagneraient sa naissance, sa mort et sa résurrection (2 Né. 26:3 ; Hél. 14:2-8, 20-28). Il serait mis à mort et ressusciterait d’entre les morts, réalisant la résurrection (1 Né. 10:11 ; 2 Né. 2:8). Au dernier jour, il apparaîtra en puissance et en gloire (2 Né. 6:14) pour régner comme roi et législateur (D&A 45:59 ; 1 Ti. 6:14-15). [Voir aussi Jésus-Christ, noms et titres de.]
DAVID B. GALBRAITH
 
Messie : Concept et espérance messianiques
Auteur : OGDEN, D. KELLY
 
C’est un point de doctrine chez les saints que la connaissance du rôle de Jésus-Christ en tant que Messie existe sur la terre depuis le commencement. Dieu a instruit Adam et Ève au sujet du Messie qui rachèterait l'humanité. Appelé « Fils unique » et « Fils de l'Homme », même son nom Jésus-Christ a été révélé (Moï. 5:7-11 ; 6:52-57) Ce sont là, naturellement, des mots francisés signifiant « Sauveur Oint ». Dieu a également enseigné à Hénoc que le « Messie, le roi de Sion » mourrait sur une croix (Moï. 7:53-55).
 
D'autres sources montrent clairement que le peuple hébreu croyait en un rédempteur, bien que les détails varient. La Bible parle de lui à l’aide d’images telles que « le berger, le rocher d'Israël » (Ge. 49:24), « une pierre éprouvée » ou « une pierre… solidement posée » (És. 28:16), le « rameau… d’Isaï » et le « rejeton » (És. 11:1 ; Jé. 33:15-16). Il est aussi appelé Rédempteur, Saint d'Israël, Sauveur, Seigneur des armées, le Premier et le Dernier (És. 43:1-15 ; 44:6), et même un serviteur (És. 42:1 ; 49:3 ; 50:10 ; 52:13).
 
Puisque la prophétie biblique utilise l’image de la royauté, certains ont cru qu’à sa première venue, le Messie les sauverait de la servitude politique. Jacob prédit que le Schilo viendrait, et que le peuple irait à lui (Ge. 49:10). Moïse prophétise : « Un astre sort de Jacob, un sceptre s’élève d’Israël » (No. 24:17). Ésaïe voit naître un enfant et « la domination reposera sur son épaule…. de l'accroissement… une paix sans fin au trône de David et à son royaume » (És. 9:6-7). Michée écrit que de Bethlehem « sortira pour moi Celui qui dominera sur Israël » (Michée 5:2). Jérémie voit que « Il régnera en roi… il pratiquera la justice et l’équité » (Jé. 23:5). Cependant, les prophéties royales comme celles-là concernant un roi, un souverain, allaient s’accomplir dans le rôle éternel du Messie plutôt que dans son rôle terrestre.
 
Les prophètes ont planté les semences de la croyance en un Messie, des semences qui fleuriraient bien plus tard. Les manuscrits de la mer Morte révèlent l’espérance en deux Messies qui mèneraient un renouveau religieux. L'exemple de Judas Maccabée (m. 160 av. J.-C.), renversant les Grecs et rétablissant l'indépendance juive, a engendré l'espoir au début de la période romaine (63 av. J.-C.- 70 apr. J.-C.) qu'un Messie délivrerait la nation juive. Bien que les images de royauté et de bataille dans la Bible aient été interprétées comme signifiant la délivrance politique, ces images portaient sur le salut spirituel. Jésus a dit : « Mon royaume n'est pas de ce monde » (Jn. 18:36).
 
Le titre Messie (machiah en hébreu, christos en grec) signifie « l’oint ». Chez les anciens Israélites, les personnes mises à part pour l’œuvre de Dieu étaient ointes d'huile, notamment les prophètes, les prêtres et les rois. Jésus, citant une prophétie messianique d'Ésaïe (61:1), dit à ses auditeurs à Nazareth : « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle… pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance » (Lu. 4:18).
 
Ésaïe dit du « serviteur » qu'il sera frappé (És. 50:6), même « blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités » mais « il a intercédé pour les coupables » (53:3-5, 12). Zacharie ajoute qu'il sera blessé dans la maison de ses amis (Za. 12:10 ; 13:6-7). Les auteurs du Nouveau Testament comprenaient également que Jésus devait souffrir avant d'entrer dans sa gloire (par exemple, Lu. 24:26 ; Ac. 3:18).
Dans tout son ministère, Jésus a clairement compris qu’il était le Messie (cf. 3 Né. 15:20-23). Par exemple, quand la Samaritaine reconnaît : « Je sais que le Messie doit venir », Jésus répond : « Je le suis, moi qui te parle » (Jn. 4:25-26). Peter déclare : « Tu es le Christ [Messie] » (Mt. 16:16) ; et André, frère de Pierre, annonce : « Nous avons trouvé le Messie » (Jn. 1:41). On rapporte que même les démons disent : « Tu es le Christ, le Fils de Dieu » (par exemple, Lu. 4:41).
 
La description que fait la Bible d'un Messie mortel méprisé plutôt que gouvernant, rejeté plutôt que régnant est amplifiée dans le Livre de Mormon. Comme son sous-titre moderne l’indique, le Livre de Mormon est un autre témoignage de Jésus-Christ ou de Jésus le Messie. Les auteurs du Livre de Mormon enseignent que tous les prophètes ont parlé du Messie (Jcb. 7:11 ; Mos. 13:33). Vers 600 av. J.-C., Léhi enseignait que « la rédemption vient dans et par l'intermédiaire du saint Messie… Voici, il s'offre en sacrifice pour le péché… afin de réaliser la résurrection des morts » (2 Né. 2:6-10).

Néphi 1 écrit que puisque tous sont dans un état déchu, ils doivent s’appuyer sur le Messie, le Rédempteur. Il a appris que le Fils de Dieu était disposé à venir en tant que Messie, prêcher l'Évangile, donner l’exemple d’une vie juste et être mis à mort pour les péchés de tous (1 Né. 10:4-6, 11 ; 11:26-33 ; 19:9 ; 2 Né. 25:11-19 ; 31:9-16).
 
Le roi Benjamin explique que Jésus-Christ viendra du ciel pour demeurer dans un corps mortel, « accomplissant de grands miracles, tels que guérir les malades… Et il chassera les démons » et subira les tentations et la fatigue. Même du sang lui sortira « de chaque pore, si grande sera son angoisse pour la méchanceté et les abominations de son peuple. » Et on dira qu’il n’est qu’un homme et que « il a un démon, et on le flagellera, et on le crucifiera » (Mos. 3:5-10).
 
Alma le Jeune dit à propos du ministère du Messie : « Et il ira, subissant des souffrances, et des afflictions, et des tentations de toute espèce… Et il prendra sur lui la mort, afin de détacher les liens de la mort qui lient son peuple ; et il prendra sur lui ses infirmités… afin qu'il sache, selon la chair, comment secourir son peuple selon ses infirmités. » (Al. 7:11-12).
 
Plus de cinq siècles avant la naissance du Christ, Jacob écrivait : « Car c'est dans ce but que nous avons écrit ces choses, afin qu'ils sachent que nous avions connaissance du Christ et que nous avions l'espérance de sa gloire bien des centaines d'années avant sa venue ; et non seulement nous avions nous-mêmes l'espérance de sa gloire, mais aussi tous les saints prophètes qui ont été avant nous. » (Jcb. 4:4).
 
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah. Salt Lake City, 1978.
D. KELLY OGDEN
 
Miracles
Auteur : HEDENGREN, PAUL C.
 
Un miracle est un événement bénéfique causé par la puissance divine que les mortels ne comprennent pas et qu’ils ne peuvent pas reproduire par eux-mêmes. Les membres de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours croient que les miracles existent parce qu’ils croient en l'existence de Dieu et en son pouvoir et sa bonté.
 
Tout comme un berger s’occupe de ses troupeaux, veille sur eux et utilise son pouvoir pour les aider, Jésus-Christ a utilisé son pouvoir et sa connaissance pour aider les autres quand il était sur terre. Par exemple, quand le vin est venu à manquer lors des noces de Cana, Jésus, à la demande de sa mère, a fourni miraculeusement du vin (Jn. 2:1-10). Ce geste était le fait de son amour et de sa compassion, mais nous ne comprenons pas comment il s’y est pris pour changer l'eau en vin et les hommes ne peuvent pas reproduire cela par eux-mêmes. C’est pour cela qu’on le qualifie de miracle. Parmi les nombreux autres exemples de résultats bénéfiques des miracles accomplis par Jésus il y a la résurrection du fils de la veuve de Naïn (Lu. 7:11-16), la purification des dix lépreux (Lu. 17:12-19) et le recouvrement de la vue de l'aveugle à Bethsaïda (Mc. 8:22-26).
 
Les saints des derniers jours apprécient les miracles à cause de leur caractère salutaire. Comme le dit le Livre de Mormon : « C'est ainsi que Dieu a fourni à l'homme le moyen d'accomplir, par la foi, de grands miracles ; et c'est pourquoi il devient un grand bienfait pour ses semblables » (Mos. 8:18). Bien que Dieu provoque des événements merveilleux pour le bien de l'humanité, on sait que toutes les manifestations spirituelles ne viennent pas nécessairement de Dieu (EPJS, p. 163-172 ; Ap. 13:13-14 ; voir aussi Signes, Recherche de).
 
La foi est considérée comme nécessaire pour susciter l’intervention divine en faveur de ceux qui sont dans le besoin. Par exemple, comme le remarque Alma le Jeune, prophète du Livre de Mormon, le liahona, une sorte de compas, a été donné à Léhi et à son groupe d'émigrants pour diriger leurs déplacements vers une nouvelle terre promise. « Et il marchait pour eux selon leur foi en Dieu ; c'est pourquoi, s'ils avaient la foi pour croire que Dieu pouvait faire que ces aiguilles indiquent le chemin qu'ils devaient suivre, voici, cela se faisait ; c'est pourquoi ils voyaient, jour après jour, ce miracle et aussi beaucoup d'autres miracles s'accomplir par le pouvoir de Dieu » (Al. 37:40).
 
Dieu désire faire du bien à ses enfants et il le fait parfois d’une manière qui exige la manifestation d’un pouvoir extraordinaire. Il n’est retenu que par leur manque de foi. L'absence de miracles est donc la preuve d’un manque de foi parmi ses enfants, « car c'est par la foi que les miracles s'accomplissent ; et c'est par la foi que les anges apparaissent aux hommes et les servent ; c'est pourquoi, si ces choses ont cessé, malheur aux enfants des hommes, car c'est à cause de l'incrédulité, et tout est vain » (Mro. 7:37). « Car s'il n'y a pas de foi parmi les enfants des hommes, Dieu ne peut faire aucun miracle parmi eux ; c'est pourquoi, il ne s'est montré qu'après leur foi » (Ét. 12:12).
 
Quand les fidèles reçoivent une bénédiction de Dieu, particulièrement une qui nécessite une manifestation de son pouvoir extraordinaire, il convient qu’ils aient de la gratitude envers Dieu pour la bénédiction (D&A 46:32). Les manifestations du pouvoir extraordinaire de Dieu ne se produisent habituellement qu’une fois que l’on a la foi et ne créent pas nécessairement celle-ci (cf. Ét. 12:7) ; il ne convient donc pas d’étaler en public des expériences aussi sacrées comme démonstration de sa croyance religieuse. La recherche de manifestations du pouvoir extraordinaire du divin pour susciter la foi est considérée comme une recherche de signes inacceptable.
 
Le Seigneur dit à propos des dons miraculeux de l’Esprit qui sont accordés aux justes : « Car en vérité, je vous le dis, ils sont donnés pour le profit de ceux qui m'aiment et qui gardent tous mes commandements, et de celui qui cherche à faire ainsi ; afin que puissent en profiter tous ceux qui cherchent ou qui me demandent, qui demandent, mais pas pour avoir un signe dans le but de satisfaire leurs passions… Et tous ces dons viennent de Dieu pour le profit des enfants de Dieu » (D&A 46:9, 26).
 
Un don miraculeux particulièrement apprécié est la guérison des malades. Cela ne veut cependant pas dire que toutes les âmes fidèles qui sont malades guériront, car le Seigneur a dit : « Et tous ceux d'entre vous qui sont malades et n'ont pas la foi pour être guéris, mais croient, seront nourris en toute tendresse avec des herbes et une nourriture légère… Et les anciens de l'Église, deux ou plus, seront appelés, prieront pour eux et poseront les mains sur eux en mon nom. S'ils meurent, ils mourront pour moi, et s'ils vivent, ils vivront pour moi » (D&A 42:43-44). Ainsi, bien que les malades puissent être guéris (D&A 46:19), si cela ne se produit pas, ils doivent être soignés par tous les moyens prudents, notamment ceux qui sont proposés par la médecine moderne. Les anciens de l'Église accomplissent cette ordonnance de l'imposition des mains aux malades, comme les Écritures le prescrivent (cf. Ja. 5:14-15 ; D&A 46:20), et la guérison ou d'autres bénédictions sont alors accordées selon la volonté de Dieu.
 
L’expérience personnelle d’un miracle peut confirmer la foi des bénéficiaires. Elle peut, en outre, donner à d'autres une confiance accrue dans les histoires de miracles rapportées dans les Écritures.

De tous les dons miraculeux de Dieu accordés à ses enfants, celui qui apporte le plus grand bien est l'expiation de Jésus-Christ. Par des pouvoirs et des moyens que ne comprennent pas les simples mortels, Jésus a pu prendre sur lui les péchés du monde et permettre à chacun, par le repentir, d’échapper aux souffrances sinon inévitables du péché et à la condamnation à la mort, et de retourner ainsi en la présence de Dieu. « Car voici, moi, Dieu, j'ai souffert ces choses pour tous afin qu'ils ne souffrent pas s'ils se repentent… Et ces souffrances m'ont fait trembler de douleur, moi, Dieu, le plus grand de tous, et elles m'ont fait saigner à chaque pore et m'ont fait souffrir de corps et d'esprit » (D&A 19:16, 18). Le miracle du pardon et la merveille de la résurrection sont véritablement sublimes.
 
Bibliographie
 
Kimball, Spencer W. Faith Precedes the Miracle, chap. 1. Salt Lake City, 1972.
 
PAUL C. HEDENGREN
 
Mormon
Auteur : ROUNDY, PHYLLIS ANN
 
Mormon est un prophète, auteur et dernier commandant militaire néphite (vers 310-385 apr. J.-C.). Le Livre de Mormon porte son nom parce qu'il a été le principal auteur-abréviateur des plaques d'or dont il a été traduit. Les expériences de sa jeunesse le préparent à devenir prophète : il apprend « la science de [son] peuple », est « un enfant sérieux » et « rapide à observer » et, dans sa quinzième année, est « visité par le Seigneur » (Mrm. 1:2, 15). À seize ans, il devient général de toutes les armées néphites et réussit en grande partie à préserver son peuple de la destruction jusqu'en 385 apr. J.-C., quand quasiment tous sauf son fils Moroni 2 sont détruits dans les batailles avec les Lamanites (6:8-15 ; 8:1-3). Comme gardien des annales néphites, Mormon abrège les grandes plaques de Néphi, les relie avec les petites plaques de Néphi et y ajoute sa propre brève histoire (Pa. 1:1-5 ; Mrm. 1:1). Avant sa mort, il cache dans la colline Cumorah les annales qui lui ont été confiées, « sauf ces quelques plaques que [qu’il donne] à [s]on fils Moroni » (Mrm. 6:6). Le prophète Joseph Smith reçut et traduisit l'abrégé de Mormon, les petites plaques de Néphi et quelques autres documents, et les édita en 1830 sous le titre Livre de Mormon.
 
Mormon aura surtout été un prophète pour son peuple, l’exhortant à se repentir et à être baptisé au nom de Jésus, et de se saisir de l'Évangile du Christ » (Mrm. 7:8). Il lui enseigne qu'il est « un reste de la postérité de Jacob » (7:10) et pourra avoir les bénédictions d'Israël s'il vit de manière à les mériter. Il souligne aussi la relation de soutien mutuel de la Bible et du Livre de Mormon : « Car voici, ceci [le Livre de Mormon] est écrit dans l'intention que vous croyiez cela [la Bible] ; et si vous croyez cela, vous croirez ceci aussi » (7:9).
 
Moroni 2, fils de Mormon, terminera les annales, notamment l’un des discours de Mormon et deux de ses épîtres dans son propre livre de Moroni. Le discours de Mormon sur la foi, l'espérance et la charité (Mro. 7) enseigne que la charité, la plus grande de ces trois vertus, est « l'amour pur du Christ, et elle subsiste à jamais ; et tout ira bien pour quiconque sera trouvé la possédant au dernier jour » (7:47). Une des lettres de Mormon (Mro. 8) condamne le baptême des petits enfants qu’il dénonce comme une pratique qui nie l'expiation de Jésus-Christ, disant que « c'est une moquerie solennelle devant Dieu que vous baptisiez les petits enfants » (8:9). Au contraire, les petits enfants n'ont pas besoin de se repentir, mais « sont vivants dans le Christ depuis la fondation du monde » (8:12). Dans l'autre épître (Mro. 9) Mormon note que la destruction des Néphites est un châtiment juste de leur méchanceté, qui est si grave qu'il ne peut les « recommander à Dieu, de peur qu'il ne [le] frappe » (9:21).
 
Abréviateur des annales néphites, Mormon a accès à une véritable bibliothèque de documents gravés et il va lui être commandé de faire un abrégé des grandes plaques de Néphi pour que Lamanites, Juifs, et Gentils modernes puissent connaître les alliances du Seigneur et ce qu'il a fait pour leurs ancêtres et soient ainsi convaincus que Jésus est le Christ (voir Livre de Mormon : Page de titre du Livre de Mormon). En faisant son abrégé, Mormon fait souvent remarquer qu'il ne pourrait pas inclure ne serait-ce qu’une centième partie de ses sources (par exemple, Hél. 3:14). Il recherche régulièrement l'occasion de tirer des leçons spirituelles du cours des événements vécus par son peuple. L'expression « et nous voyons ainsi que » présente fréquemment l’une des observations interprétatives de Mormon (cf. Hél. 3:27-30). L’un des passages les plus importants écrits de sa main apparaît dans Hélaman 12 où il propose des idées très convaincantes sur le caractère souvent vain et inconstant de la nature humaine, particulièrement en réponse à la prospérité matérielle.
 
En tant qu'auteur, Mormon exprime ses sentiments, affligé de devoir vivre dans une société perverse (Mrm. 2:19), et admet avoir aimé son peuple et avoir prié pour lui (3:12), mais qu’il a enfin perdu tout espoir (5:2). Il mesure la civilité par le sort réservé aux femmes et aux enfants (4:14, 21), cherchant à les unir aux maris et aux pères même dans les pires situations (6:2, 7). Quand les derniers Néphites tombent, il écrit une lamentation intense en souvenir d’eux (6:16-22).
 
En tant que général des armées néphites (Mrm. 2-6), Mormon s’efforcera, pendant quelque cinquante-huit ans, de protéger son peuple de la destruction par les Lamanites, mais il commencera ensuite à les perdre d'abord à cause du péché et puis de la mort (Mrm. 2:11-15). Néanmoins, il enseigne aux survivants qu'ils seront épargnés s’ils se repentent et obéissent à l'Évangile de Jésus-Christ, « mais ce fut en vain, et il [le peuple] ne se rendait pas compte que c'était le Seigneur qui l'avait épargné et lui accordait une occasion de se repentir » (3:3). À un moment donné, les Néphites deviennent si méchants et endurcis que Mormon refuse de les mener au combat (3:11). Mais il ne peut supporter de les voir périr et, bien qu'il n'ait aucun espoir qu'ils puissent survivre, il se radoucit (5:1) et les dirige dans leur dernière bataille à laquelle seuls lui, son fils Moroni 2 et quelques autres survivent (8:2-3). Ce sera Moroni 2 qui finira les annales de son père (8:1).
 
Bibliographie
Holland, Jeffrey R. "Mormon : The Man and the Book". Ensign 8, mars 1978, p. 15-18 ; avril 1978, p. 57-59.
PHYLLIS ANN ROUNDY
 
Moroni 1
Auteur : THORNE, MELVIN J.
 
Le premier Moroni mentionné dans le Livre de Mormon (mort vers 56 av. J.-C.) a vingt-cinq ans quand il est nommé capitaine des armées néphites (Al. 43:16). Il défend la liberté des Néphites contre les menaces que constituent les armées d’envahisseurs et les « hommes-du-roi » qui essaient de rétablir une monarchie par la force après avoir échoué dans leur tentative d’obtenir l'appui populaire. Moroni mobilise son peuple pour une lutte de sept ans en brandissant « le titre de la liberté », une bannière sur laquelle il a écrit ses raisons de se défendre et en invitant son peuple à faire alliance de défendre sa liberté et d’obéir aux commandements de Dieu (Al. 46:12-13, 20).
 
En dépit de nombreuses batailles, Moroni ne deviendra pas sanguinaire. Il va agir dans la légalité et, quand il obtient l'avantage sur l’ennemi, il lui propose la liberté s'il dépose les armes et fait serment de ne plus faire la guerre. Il crée de nouvelles armes et de nouvelles fortifications et recherche les directives d'un prophète sur ce que ses armées doivent faire (Al. 43:23 ; voir aussi Livre de Mormon, histoire de la guerre dans). Cinq cents ans plus tard, Mormon, principal rédacteur et compilateur du Livre de Mormon, écrira : « Si tous les hommes avaient été, et étaient, et devaient être un jour semblables à Moroni, voici, les puissances mêmes de l'enfer auraient été ébranlées à jamais » (Al. 48:17). Mormon ira jusqu’à donner son nom à son fils, Moroni 2.
 
Moroni 2
Auteur : PETERSON, H. DONL
 
Moroni 2 est le dernier prophète et l’auteur du dernier livre du Livre de Mormon. Sa vie couvre la dernière partie du IVe siècle et le début du cinquième. Il est à la tête d’une armée de dix mille hommes lors de la dernière bataille contre les Lamanites sous la direction de son père Mormon, commandant en chef. Avant la guerre finale, Mormon a abrégé les plaques de Néphi qui couvrent mille ans de l'histoire de son peuple. Il a commandé à Moroni de terminer les annales néphites en écrivant « la triste histoire de la destruction de [leur] peuple » (Mrm. 8:3) et de préserver tous les écrits sacrés (Mro. 9:24).
 
Après avoir écrit le post-scriptum demandé aux annales de son père et avoir prophétisé sa découverte future (Mrm. 8-9), il y ajoute un abrégé d’inscriptions jarédites antiques, les annales d’une nation qui avait habité le continent américain pendant approximativement 1.700 ans avant l'arrivée des Néphites ou peut-être en chevauchant leur arrivée (livre d'Éther). « Selon la volonté du Seigneur », il ajoute enfin dix chapitres de conclusion sur des ordonnances, des principes et des pratiques religieuses, qu'il appelle le livre de Moroni.
 
Moroni parle avec une assurance prophétique de la situation dans les derniers jours parce que « Jésus-Christ vous a montrés à moi, et je sais ce que vous faites » (Mrm. 8:35). Avec ferveur, il proclame que le Christ est un Dieu de miracles qui est le même à toutes les époques à moins que l'incrédulité fasse cesser les miracles. Il parle avec assurance de la divinité et des enseignements de Jésus-Christ parce que « j'ai vu Jésus, et qu'il a parlé face à face avec moi… comme un homme parle à un autre, dans ma propre langue » (Éther 12:39).
 
Il note aussi les prophéties du frère de Jared, un prophète jarédite, qui a conduit sa colonie vers le Nouveau Monde. Ces prophéties sont « scellées » pour paraître un jour futur (Éther 4:1-7).
 
Sa dernière inscription dans le Livre de Mormon a probablement été faite vers 421 apr. J.-C., trente-six ans après la bataille finale. Il finit alors d'écrire la page de titre du Livre de Mormon et enterre les plaques du Livre de Mormon pour les préserver pour une future génération.
 
Quatorze cents ans plus tard, ce même Moroni, alors ressuscité et « envoyé de la présence de Dieu », apparaîtra à Joseph Smith, dix-sept ans, la nuit du 21 septembre 1823, et lui parlera des annales sacrées déposées dans un coffre en pierre dans une colline voisine (la colline Cumorah) dans ce qui est maintenant le comté d'Ontario (New York), à quelques kilomètres de chez Joseph dans l’arrondissement de Manchester. Il lui apparaîtra plus de vingt fois pendant les six années suivantes pour le former pour son appel comme prophète et lui donner des conseils et des informations concernant l’obtention, la traduction et la garde des plaques du Livre de Mormon (Joseph Smith–Histoire 1:27-54).
 
Moroni est fréquemment associé à l'Église parce qu’il est souvent représenté sonnant de la trompette, manipulant les plaques d'or ou instruisant Joseph Smith – par exemple sur les flèches des temples, sur la couverture de plusieurs impressions du Livre de Mormon et dans des peintures. La représentation de Moroni avec une trompette est l'emblème officiel sur les tombes des soldats mormons américains.
 
Moroni est couramment représenté avec une trompette à cause d’une interprétation d'une prophétie de Jean le Révélateur dans laquelle il a vu un ange annonçant le retour de l'Évangile éternel sur la terre dans les derniers jours : « Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, ayant un Évangile éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple. Il disait d'une voix forte : Craignez Dieu, et donnez–lui gloire, car l'heure de son jugement est venue ; et adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d'eaux » [Ap. 14:6-7]. [Voir aussi Statue de l’ange Moroni.]
 
Bibliographie
Peterson, H. Donl. Moroni : Ancient Prophet, Modern Messenger. Bountiful, Utah, 1983.
H. DONL PETERSON
 
Moroni, Ange
Auteur : ROMNEY, JOSEPH B.
 
L'ange Moroni est le messager céleste qui a rendu visite au prophète Joseph Smith en 1823. En tant que mortel appelé Moroni (2), c’est lui qui a terminé la compilation et la rédaction du Livre de Mormon. Il a exercé son ministère auprès de Joseph Smith comme être ressuscité, en accord avec sa responsabilité à l’égard du Livre de Mormon, puisque « les clefs des annales du bois d'Éphraïm » lui avaient été confiées par le Seigneur (D&A 27:5). Conformément à cette responsabilité, il apparaît à Joseph Smith la nuit du 21 au 22 septembre 1823 (JS–H 1:29-49 ; D&A 128:20) et lui parlera ensuite lors de plusieurs nouvelles apparitions jusqu'à ce que le livre soit publié en 1830. Pendant ce temps, il va instruire Joseph Smith, témoigner aux trois témoins du Livre de Mormon et aider à l’œuvre de rétablissement de l'Évangile.
 
À cause de son rôle dans le rétablissement de l'Évangile éternel qui doit être prêché au monde entier (cf. Ap. 14:6-7 ; D&A 133:31-39), l'Église a placé une statue le représentant comme héraut du rétablissement sur le temple de Salt Lake City et, plus tard, sur la colline Cumorah près de Palmyra (New York) où il avait autrefois enterré les plaques du Livre de Mormon. Des copies de la statue ont été également été placées sur les autres temples de l’Église [Voir aussi Moroni – Statue de l’ange ; Moroni, Visitations de.]
 
Moroni, Visitations de
Auteur : RICKS, ELDIN
 
De 1823 à 1829, l'ange Moroni apparut au moins vingt fois à Joseph Smith et à d'autres. Ces apparitions ouvrirent la voie à la traduction et à la publication du Livre de Mormon et posèrent les fondements de beaucoup des enseignements les plus caractéristiques de l'Église. En tant que messager ressuscité de Dieu, Moroni parla à Joseph Smith des annales néphites sur plaques d'or et l'instruisit au sujet du rassemblement d'Israël, de la visite future d'Élie, de l'imminence de la seconde venue de Jésus-Christ et des jugements qui allaient se déverser sur le monde avant cet événement.

Joseph Smith écrivit à propos de l'apparition de Moroni, la nuit du 21 septembre 1823: « Après m'être mis au lit pour la nuit, je commençai à prier et à supplier le Dieu Tout-Puissant de me pardonner tous mes péchés et toutes mes sottises et aussi de m'accorder une manifestation pour que je connusse mon état et ma situation vis-à-vis de lui… Tandis que j'étais ainsi occupé à invoquer Dieu, je m'aperçus qu'une lumière apparaissait dans ma chambre ; elle s'accrut jusqu'à ce que la chambre fût plus claire qu'à l'heure de midi, et, tout à coup, un personnage parut à mon chevet ; il se tenait dans les airs… Il était vêtu d'une tunique ample de la plus exquise blancheur, d'une blancheur qui surpassait tout ce que j'avais jamais vu de terrestre… Il avait les mains nues, les bras aussi, un peu au-dessus des poignets ; il avait également les pieds nus et les jambes aussi, un peu au-dessus des chevilles. La tête et le cou étaient nus également… toute sa personne était glorieuse au-delà de toute description » [JS–H 1:29-32].
 
L'ange se présenta sous le nom de Moroni et, pendant qu'il parlait des annales néphites, de leur contenu et des interprètes enterrés avec elles, Joseph eut la vision de l’endroit où elles se trouvaient dans la colline Cumorah. Moroni avertit Joseph qu’il ne devait montrer les plaques ni les interprètes à qui que ce soit excepté à ceux que le Seigneur désignerait. Il cita aussi certaines prophéties de la Bible, notamment Malachie 3-4, Ésaïe 11 et Actes 3:22-23.
 
Après le départ de l'ange, Joseph resta couché à réfléchir à cette expérience. Moroni revint et répéta mot à mot tout ce qu’il avait dit lors de sa première visite, ajoutant plus de détails sur les jugements à venir, puis une troisième fois pour répéter ses instructions et pour avertir Joseph qu'il devait mettre de côté toute idée de richesse profane et se concentrer uniquement sur la traduction des annales et l'établissement du royaume de Dieu.
 
Joseph dit que quand Moroni l’eut laissé pour la troisième fois, il entendit le coq chanter, les visitations ayant occupé la nuit entière. Il se leva et se rendit aux champs avec son père et son frère aîné Alvin, mais se sentit fatigué et faible. Son père, remarquant l'état de son fils, lui dit de retourner à la maison. Tandis qu’il franchissait une clôture, il tomba par terre sans connaissance.
 
La première chose qu'il se rappela avoir vue, ce fut Moroni debout au-dessus de lui, répétant ses instructions de la nuit précédente, ajoutant que Joseph devait maintenant parler des visitations à son père. Joseph s’exécuta et son père, assuré que la vision venait de Dieu, dit à Joseph de suivre les instructions de l'ange (JS–H 1:46-50).
 
Joseph Smith se rendit alors à la colline et trouva l'endroit qui lui avait été montré en vision la nuit précédente. Il dégagea les plaques et était sur le point de les prendre quand Moroni lui apparut de nouveau pour lui dire que le moment n’était pas encore venu. Au lieu de cela, il commanda à Joseph de retourner à cet endroit au même moment l'année suivante et de continuer ainsi jusqu'à ce que le moment fût venu d’obtenir les plaques (JS–H 1:51-54).
 
Il semblerait que, pendant ces années, Joseph Smith reçut aussi des visites de Mormon, de Néphi et d'autres « anges de Dieu dévoilant la majesté et la gloire des événements qui allaient se produire dans les derniers jours » (HC 4:537 ; cf. JD 17:374 ; Peterson, p. 131). Joseph raconta certaines de ses expériences à sa famille. Sa mère, Lucy Mack Smith, écrit : « À partir de ce moment-là, Joseph continua à recevoir des instructions du Seigneur et nous continuâmes à rassembler les enfants chaque soir pour l'écouter nous en parler… Il décrivait les anciens habitants de ce continent, leurs habits, leur façon de se déplacer et les animaux qu’ils montaient, leurs villes, leurs bâtiments, avec tous les détails, leur façon de faire la guerre et aussi leur culte religieux. Cela, il le faisait apparemment avec autant de facilité que s’il avait passé sa vie entière parmi eux » (p. 82-83).
 
Moroni reprit temporairement les plaques et les interprètes lorsque Martin Harris perdit les 116 premières pages de manuscrit de la traduction. Plus tard, quand Joseph Smith quitta Harmony (Pennsylvanie) pour Fayette (New York) en juin 1829, Moroni les lui rendit là-bas (Smith, p. 149-150). Plus tard encore, il montra les plaques aux trois témoins (HC 1:54-55), les reprit une fois la traduction terminée (JS–H 1:60) et les remit encore une fois brièvement à Joseph pour qu’il les montre aux huit témoins (voir Livre de Mormon, Témoins).
 
En plus de Joseph et des trois témoins, Mary Whitmer vit aussi l'ange et parla avec lui. Elle dit que Moroni lui montra les plaques d'or quand elle conversa avec lui (Peterson, p. 114, 116). Selon d'autres sources, Moroni apparut également à W. W. Phelps, Heber C. Kimball, John Taylor et Oliver Granger (Peterson, p. 151-152).

Mort
Auteur : Gillespie, L. Kay

À la mort, l'esprit et le corps se séparent et « les esprits de tous les hommes, dès qu'ils quittent ce corps mortel, oui, les esprits de tous les hommes, qu'ils soient bons ou mauvais, sont ramenés auprès de ce Dieu qui leur a donné la vie » (Alma 40:11 cf. Ecclésiaste 12:7). Alma le Jeune décrit comment les esprits des « justes seront reçus dans un état de bonheur, qui est appelé paradis, un état de repos, un état de paix, où ils se reposeront de toutes leurs difficultés, et de tous les soucis, et de toute tristesse » (Alma 40:12 ; voir Paradis; Monde des esprits ). Par contraste, les méchants, qui « ont choisi les œuvres mauvaises plutôt que les bonnes », subissent la crainte de la colère de Dieu (voir Alma 40:13). Ceux qui sont au paradis, comme ceux qui sont dans la prison d’esprit, attendent la résurrection et le jugement de Dieu (voir Prison d’esprit : Jugement, jour du, final).

LA RÉSURRECTION. Grâce à l'expiation du Christ, tous les mortels seront ressuscités indépendamment de leur justice personnelle. Leur esprit récupérera leur corps physique : il y aura donc une unité permanente de l'esprit avec un corps immortel incorruptible (Jean 5:28-29 ; Alma 11:42-45 ). À l'exception de la résurrection du Christ, « cette chair aurait dû se coucher pour pourrir et se désagréger, et retourner à la terre, sa mère, pour ne plus se relever » et les esprits des hommes seraient devenus des démons, assujettis à Satan pour l'éternité (2 Né 9:7-9 ).

NATURE DE LA MORT. Les Écritures enseignent que la mort ne change pas notre personnalité (Alma 34:34). L’identité de chacun est éternelle (D&A 18:10 ; 93:29). Donc tous ceux qui ont été obéissants aux commandements de Dieu à n'importe quelle époque du monde peuvent s'attendre à des retrouvailles avec leurs proches et à la fréquentation de leurs ancêtres et de leurs descendants. Les saints des derniers jours croient que la mort ne doit pas forcément mettre fin à la conscience personnelle ou aux relations entre personnes. Pour les justes, les liens familiaux peuvent continuer au-delà de la mort grâce aux scellements dans le temple. Ainsi, les membres de la famille qui ont reçu l'Évangile dans la condition mortelle recherchent leurs ancêtres et accomplissent les ordonnances par procuration nécessaires dans le temple pour les membres de la famille décédés (voir Temple, Ordonnances). Beaucoup de saints des derniers jours se sentent proches de leurs ancêtres des générations passées parce qu'ils ont étudié leur vie et que certains les ont représentés dans les ordonnances du temple (voir Moïse 6:45-46). Les parents affligés savent que les enfants qui meurent avant l'âge de responsabilité et d'autres tels que les handicapés mentaux, reçoivent l'amour et le salut éternels par la grâce du Christ et retrouvent une plénitude pour continuer leurs relations familiales (Mro. 8:17, 22 ; D&A 137:10 ).

Néanmoins, les saints des derniers jours ne sont pas attirés par la mort et ne la recherchent pas (voir Prolonger la vie). Ils condamnent le suicide mais laissent le jugement au Seigneur (Ballard, p. 6-9). L'avortement est considéré, lui aussi, comme un péché grave dans la plupart des cas et peut causer beaucoup de chagrin.

La meilleure préparation pour la mort est de se repentir et de vivre dans la justice. Ceux qui ont le sentiment que leur vie est menacée par la maladie peuvent recevoir des bénédictions par les anciens de l'Église, qui, détenant la prêtrise de Dieu, «prieront pour eux et poseront les mains sur eux en mon nom. S'ils meurent, ils mourront pour moi, et s'ils vivent, ils vivront pour moi » (D&A 42:44 ; Voir aussi Malades, Bénédiction des). Ceux qui connaissent des souffrances extrêmes dans une maladie en phase terminale peuvent invoquer le Seigneur pour avoir du réconfort ou pour être soulagés de la douleur et s’en remettre à lui pour prolonger ou raccourcir leurs jours sur la terre. Permettre à une personne qui est en phase terminale de décéder plutôt que de maintenir une existence végétative par un soutien artificiel n'est pas l'équivalent spirituel de ne pas sauver la vie d'une personne face à la mort dans d'autres circonstances. Le Seigneur est, toutefois, en fin de compte, celui qui donne et reprend la vie.

Pour les saints des derniers jours, comme pour tout le monde, la mort peut être tragique, inattendue ou même un terme bienvenu à la souffrance. La perte d'êtres chers est une occasion de deuil. Toutefois, dans la doctrine des saints, la mort est aussi une occasion d'espoir, une naissance dans la prochaine vie, une étape dans le Plan du Salut qui a commencé dans l'existence prémortelle et conduit, si l'on est juste, à la vie éternelle avec Dieu dans le royaume céleste. Le deuil des fidèles se ,manifeste, et c’est naturel, par le chagrin et l’espoir, pas par le désespoir et la dépression. Pourtant, la perte d'un être cher ne doit pas être pris à la légère ni froidement. Le chagrin et l'amour sont compatibles – si pas essentiels – dans les émotions des fidèles. Et les saints des derniers jours qui affrontent eux-mêmes la mort, tout en éprouvant une incertitude et de l’inquiétude pour ceux qui restent, peuvent trouver de l’espoir dans le Plan du Salut et la promesse du Seigneur que « ceux qui meurent en moi ne goûteront pas la mort, car elle leur sera douce » (D&A 42:46).

MORT DE NOURRISSONS. Joseph et Emma Smith affrontèrent des pertes personnelles, notamment la mort de plusieurs de leurs enfants. Joseph écrit : « J'ai médité sur ce sujet et j’ai posé la question : comment se fait-il que des bébés, des enfants innocents, nous sont enlevés, en particulier ceux qui semblent être des êtres extrêmement intelligents et les plus intéressants ? Les raisons qui se présentent à mon esprit sont les suivantes… Ils étaient trop purs et trop beaux pour vivre sur la terre...[mais] nous les retrouverons bientôt » (EPJS, p. 158).

MORT DE JEUNES. Joseph Smith a fait ce commentaire sur la mort prématurée des jeunes lors de l'enterrement du jeune Ephraim Marks : « [Cette occasion] me rappelle la mort de mon frère aîné, Alvin, qui mourut à New York, et de mon frère cadet, Don Carlos Smith, qui mourut à Nauvoo. Il m’a été dur de vivre sur la terre et de voir enlevés d’auprès de nous, en pleine jeunesse, ces jeunes gens, sur le soutien et la consolation desquels nous nous sommes reposés. Oui, il a été difficile de se faire à cette idée... cependant je sais que nous devrions nous taire et savoir que c’est de Dieu » (EPJS, p. 174). Le prophète a également trouvé un grand réconfort dans ce que dit l'Évangile sur les rapports de la condition mortelle avec l'éternité: « De tous les peuples de la terre, c’est nous qui avons des raisons d'avoir la plus grande espérance et la plus grande consolation à l’égard de nos morts ; car nous les avons vus marcher en dignité parmi nous et les avons vus s’endormir dans les bras de Jésus ; et ceux qui sont morts dans la foi sont maintenant dans le royaume céleste de Dieu » (EPJS, p. 291).

Le deuil n’est pas seulement approprié ; c'est aussi l’une des expressions les plus profondes de l'amour pur : «Vous vivrez ensemble dans l'amour, de sorte que vous pleurerez la perte de ceux qui meurent » (D&A 42:45). Alma l’Ancien a enseigné que dans le cadre de l'alliance du baptême, les saints doivent « pleurer avec ceux qui pleurent ; oui, et… consoler ceux qui ont besoin de consolation » (Mosiah 18:9). Le deuil peut augmenter notre foi et nos espoirs. Joseph Smith, le prophète, a dit : « L’espérance de voir mes amis le matin de la résurrection réjouit mon âme et me permet de faire face aux maux de la vie. C'est comme s’ils partaient pour un long voyage et à leur retour nous les retrouverons avec une joie accrue » (EPJS, p. 238).

OBSÈQUES. Les obsèques chez les saints sont des occasions solennelles et douloureuses, mais elles projettent aussi un esprit d'espoir fondé sur l'attente des retrouvailles avec le défunt après cette vie. Elles ont habituellement lieu dans une chapelle de l’Église ou dans une morgue sous la direction de l'évêque de la paroisse (Packer, p. 18). Elles commencent et finissent par de la musique sacrée et une prière, comportant parfois des chants par l’assemblée ou par une chorale (Packer, p. 19). Certain cantiques de l’Église décrivent la vie après la mort comme un retour en la présence de Dieu (Cantiques, p.185) ou comme un état de repos loin des soucis mortels et comprennent souvent un rappel que les vicissitudes de la condition mortelle sont temporaires : « Et si la mort nous arrête en chemin, heureux jour, tout est bien ! Fini l’effort et fini le chagrin car le ciel est atteint. » (Cantiques, p. 18).

Lors des obsèques on évoque des réminiscences et des éloges et il y a aussi des discours sur l'Expiation, la résurrection, la vie après la mort et des points de doctrine sur ce genre de sujets qui réconfortent et inspirent les personnes en deuil. Certaines familles demandent à des membres de la famille ou à des amis de parler de la vie du défunt ou de chanter un cantique approprié. Il est de coutume qu’une prière soit faite au nom de la famille par un de ses membres avant le début de la cérémonie publique.

CÉRÉMONIE AU BORD DE LA TOMBE. Après les obsèques, on organise habituellement un service de dédicace au bord de la tombe auquel n’assistent que les parents et les amis intimes. Quelqu’un qui détient la Prêtrise de Melchisédek, habituellement un membre ou un ami proche de la famille, consacre la tombe en demandant à Dieu de la protéger contre les éléments ou toute autre perturbation comme un lieu de repos sanctifié jusqu'à la résurrection.

Dans certains pays, les lois locales peuvent imposer l’incinération plutôt que l'enterrement, mais en l'absence d'une telle loi, l’enterrement est préférable en raison de son symbolisme doctrinal (Packer, p. 19). Les circonstances peuvent également dicter un service commémoratif ou un service au bord de la tombe uniquement. Il est conseillé aux évêques de tenir compte des souhaits de la famille en accord avec la nature spirituelle et respectueuse de l'événement (Packer, p. 19-20).

RÉSUMÉ. Tout comme la mort a commencé avec la Chute, elle prendra fin avec l'Expiation, grâce à laquelle tous seront ressuscités et la terre elle-même deviendra immortelle (D&A 29:22-29 ; 1 Corinthiens 15:19-26 ; Apocalypse 21:1-4). L'espoir engendré chez les saints des derniers jours par cette perspective à longue portée d’un Sauveur aimant, ayant triomphé de la mort, se reflète dans une lettre de Joseph Smith à l'Église en 1842 : « Or, qu'entendons-nous dans l'Évangile que nous avons reçu? Une voix d'allégresse! Une voix de miséricorde venant du ciel et une voix de vérité sortant de la terre, de bonnes nouvelles pour les morts, une voix d'allégresse pour les vivants et les morts, de bonnes nouvelles d'une grande joie » (D&A 128:19). Bien qu'elle cause du chagrin à ceux qui restent, la mort fait partie du « plan miséricordieux du grand Créateur » (2 Né 9:6), c'est « un mécanisme de sauvetage » (Packer, p.21), une étape essentielle dans le « grand plan du bonheur » du Seigneur (Alma 12.25). [Voir aussi Au-delà ; Autopsie ; Enterrement ; Incinération.]

Bibliographie
Ballard, M. Russell. "Suicide: Some Things We Know, and Some We Do Not." Ensign 17, oct. 1987, p. 6-9.
Barlow, Brent A. Understanding Death. Salt Lake City, 1979.
Hinckley, Gordon B. "The Empty Tomb Bore Testimony." Ensign 18, mai 1988, p. 65-68.
Cantiques de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Salt Lake City, 1985.
Kimball, Spencer W. "Tragedy or Destiny?" IE 69, mars 1966, p. 178-180, 210-214, 216-217.
Madsen, Truman G. "Distinctions in the Mormon Approach to Death and Dying." In Deity and Death, dir. de publ. Spencer J. Palmer, p. 61-74. Provo, Utah.
Packer, Boyd K. "Funerals-A Time for Reverence." Ensign 18, nov. 1988, p. 18-21.
L. KAY GILLESPIE


N
 
Nauvoo
Auteur : LEONARD, GLEN M.
 
Nauvoo, Illinois, siège social de l’Église et lieu de résidence de beaucoup de ses membres de 1839 à 1846, a commencé et a fini en tant que communauté en exil. En 1838-1839, les saints des derniers jours fuirent le Missouri à la recherche d’un asile religieux pour échapper aux persécutions des émeutiers. Ils trouvèrent un abri dans l’est de l’Iowa et l’ouest de l’Illinois où ils créèrent de nouvelles collectivités. Joseph Smith appela la ville principale Nauvoo, qui signifiait, disait-il « un bel endroit, un lieu de repos ». Lorsque, sept ans plus tard, les saints quittèrent Nauvoo pour les montagnes Rocheuses, ils étaient une fois de plus des exilés religieux à la recherche d’une patrie.
 
La population de Nauvoo grandit rapidement sur les terres achetées à des colons et à des spéculateurs disposés à vendre sur contrat. Joseph Smith, agissant en tant qu’agent pour l’Église, acheta les fermes en Illinois à Hugh et William White et des terres d’investissement à Isaac Galland et Horace Hotchkiss, 240 hectares en tout. Il revendit des lots de 40 ares à Nauvoo délimités sur les marécages le long du fleuve en concurrence avec d’autres promoteurs membres de l’Église qui lotissaient des terrains sur les promontoires voisins. Un relevé fixa des rues de quinze mètres de large sur le territoire urbain recouvrant les villes existant « sur papier » de Commerce et de Commerce City. En décembre 1840, Nauvoo devint une personne morale en vertu de la charte de Nauvoo décernée par le gouvernement de l’Illinois et assurant aux saints la meilleure protection juridique qu’ils eussent jamais connue. Nauvoo était maintenant une patrie.
 
Tandis que les saints des derniers jours exilés du Missouri et d’Ohio se rassemblaient dans leur nouveau pieu de Sion, les missionnaires des États-Unis et de Grande-Bretagne baptisaient beaucoup de convertis (voir Missions des Douze aux îles Britanniques). Encouragés par Joseph Smith, les convertis américains et canadiens vinrent s’installer à l’ouest, à Nauvoo. Certains utilisèrent les voies navigables, d’autres des chariots bâchés et des chevaux, et quelques-uns allèrent simplement à pied. À partir de 1840, des milliers traversèrent l’océan Atlantique depuis Liverpool et remontèrent le Mississippi à partir de la Nouvelle-Orléans. C’était une émigration religieuse, une réaction individuelle et familiale à une croyance religieuse, facilitée par les agents d’émigration de l’Église à Liverpool, qui organisèrent des convois et désignèrent des bergers pour ceux fuyaient en Sion (voir Immigration et émigration).
 
Les nouveaux venus étaient accueillis à Nauvoo par leurs amis, leurs parents, les missionnaires et le prophète Joseph Smith lui-même. Pendant les années de forte progression, de 1841 à 1843, il devint de plus en plus difficile de louer une maison ou de trouver d’autres logements provisoires. Aussi rapidement que possible, les nouveaux colons engageaient les rares entrepreneurs et artisans pour construire des maisons. Le bois de construction récolté dans les forêts voisines non exploitées ou importé et, plus tard, les briques faites à Nauvoo, allèrent dans des centaines de maisons confortables mais petites. Nauvoo devint une ville champignon.
 
Les jardins des lots municipaux donnaient des légumes, des herbes, des fruits et des baies. La viande et les pommes de terre, quand on en avait, et le maïs –– moulu en farine pour bouillir, cuire et frire ––étaient la base de l’alimentation de tout le monde. Dans les prairies voisines, les fermiers labouraient, clôturaient en coopérative et ensuite semaient des centaines d’hectares de maïs, de blé et de pommes de terre. Les artisans trouvaient sans peine du travail à Nauvoo, de même que les négociants désireux d’importer les produits manufacturés de St-Louis, de Cincinnati et de la côte Est.

Les partisans de Nauvoo et leurs adversaires politiques des localités voisines ont exagéré, pour différentes raisons, leurs évaluations de la population de Nauvoo. En 1845, les recenseurs de l’Illinois ont compté 11.057 résidants. Si l’on y ajoutait la croissance jusqu’à la fin 1845 et si l’on y incluait les environs de la ville, cela pousserait l’estimation à 15.000 à l’apogée de Nauvoo, ce qui était presque l’équivalent d’un Chicago en croissance plus rapide.
 
Pour satisfaire les besoins publics, les groupes municipaux construisirent uns salle de musique et une salle culturelle, et les collèges de prêtrise projetèrent leurs propres salles de réunion. La construction, commanditée par l’Église, de la Maison de Nauvoo, d’un grand hôtel et du temple de Nauvoo donna à la croissance de Nauvoo une signification religieuse.
 
Bien que tous les membres contribuassent, selon que le leur permettaient leurs moyens et leur foi, à la construction du temple, ils ne vivaient pas tous à Nauvoo. Certains restèrent dans leur localité natale à cause de pressions économiques ou familiales. D’autres se joignirent à la Marche vers Nauvoo, mais trouvèrent de quoi construire et des terres à l’écart du siège de l’Église. Sur un terrain de 5.200 hectares acheté par l’Église dans le comté de Lee (Iowa), juste en face de Nauvoo, de l’autre côté du fleuve, les saints fondèrent une ville appelée Zarahemla et neuf autres colonies plus petites. Joseph Smith organisa un pieu d’Iowa et y approuva la colonisation ainsi que dans plusieurs nouvelles localités dans l’ouest de l’Illinois. En plus de Nauvoo, les membres de l’Église du comté de Hancock vivaient à Ramus (maintenant Webster) ; dans le comté d’Adams à Lima, Quincy, Mount Hope (maintenant Columbus) et Freedom (près de Payson) ; dans le comté de Morgan à Geneva ; dans le comté de Sangamon à Springfield ; et dans le comté de Spike à Pleasant Vale (maintenant Canton). En plus, les frères présidents organisaient des branches de l’Église partout où il y avait des concentrations de membres en Amérique du Nord et dans les îles Britanniques.
 
Partout où ils vivaient, les saints des derniers jours se tournaient vers le prophète Joseph Smith pour ce qui était de la direction religieuse. Ses révélations et ses sermons publiés à Nauvoo étaient distribués dans toute l’Église. Pour les résidants, le prophète offrait en direct la prédication, l’enseignement et les recommandations. En plus de cela, son influence à Nauvoo était accrue par ses rôles d’agent immobilier, de maire, de chef de la milice, de magistrat et de négociant. Il n’est donc pas étonnant qu’après sa mort et l’abrogation de sa charte, la ville aient été renommée la Cité de Joseph.

Pendant ses dernières années à Nauvoo, le prophète révéla des aspects supplémentaires de l’Évangile rétabli. Il répondit aux questions sur les croyances de base des saints par treize articles de foi, qui décrivaient les points de doctrine fondamentaux. Il publia un autre ouvrage scripturaire révélé, le livre d’Abraham. Il enseigna de nouvelles idées sur les origines communes de toute l’humanité et son destin éternel, en particulier lors de l’éloge funèbre d’un membre appelé King Follett (voir Discours sur King Follett). Beaucoup parmi les nouveaux enseignements portaient sur le temple et envisageaient un effort collectif pour accomplir les ordonnances pour le salut des ancêtres décédés et l’exaltation des saints fidèles. Les premiers baptêmes pour les morts furent accomplis dans le Mississippi, mais dès la fin novembre 1841, les baptêmes par procuration commençaient dans les fonts baptismaux du temple. En attendant, alors que le temple n’était pas encore achevé, plusieurs hommes, dont deux des Douze, reçurent, le 4 mai 1842, les premières dotations du temple dans une pièce à l’étage du magasin-bureau du président. L’année suivante leurs épouses et d’autres hommes et femmes reçurent les mêmes ordonnances, constituant un groupe d’initiés qui, à partir de décembre 1845, allaient administrer les ordonnances du temple à des milliers d’autres personnes dans le temple de Nauvoo.
 
Le temple était au centre de la vie religieuse à Nauvoo. Les saints en soutinrent la construction par la dîme en temps et en moyens, et ils aspiraient à recevoir les bénédictions du temple promises. Pour ceux qui avaient la chance d’habiter Nauvoo, le temple et la théologie qui lui était associée donnèrent un sens nouveau et éternel à la naissance, au mariage, à la vie et à la mort.
 
Bien que la direction personnelle de Joseph Smith dominât la vie religieuse à Nauvoo, une structure institutionnelle soutenait ses efforts et continua après sa mort en 1844 (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith). Pendant les années de Nauvoo, le Collège des Douze accepta un rôle accru. Organisé en 1835, ses membres acquirent de l’expérience d’abord comme dirigeants de mission en Angleterre et puis comme administrateurs à Nauvoo. Avec la Première Présidence et d’autres autorités, ils avaient des occasions de faire, en chaire dans le bosquet près du temple, des commentaires scripturaires le dimanche et de s’adresser aux saints lors des conférences générales. Ces conférences d’avril et d’octobre, qui étaient parmi les réunions les plus importantes à Nauvoo, rassemblaient des milliers de saints pour traiter des affaires et donner des instructions. Des réunions semblables se produisaient ailleurs pour les branches dispersées. Les procès verbaux publiés dans le Millennial Star en Grande-Bretagne et dans le Times and Seasons de Nauvoo aidaient les membres qui étaient ailleurs à se tenir au courant des affaires de l’Église, de la croissance du nombre des membres et de la prédication. Les périodiques de l’Église publièrent les premières livraisons de la History of the Church, de Joseph Smith, un projet auquel il travailla diligemment avec ses secrétaires de 1838 jusqu’à sa mort en 1844.
 
La Société de secours des femmes, organisée en 1842, pourvoyait aux besoins des pauvres et enseignait les principes de la pureté sexuelle. En cela, elle aidait les évêques des paroisses débutantes de Nauvoo, des entités administratives toutes neuves à vaquer aux besoins temporels et à superviser la dignité religieuse. Après que Brigham Young et les Douze eurent succédé au prophète comme dirigeants, les soixante-dix et les autres collèges de la Prêtrise de Melchisédek grandirent rapidement en nombre et en importance. Les soixante-dix construisirent un bâtiment, patronnèrent une bibliothèque et se préparèrent pour des missions et pour les bénédictions du temple.
 
Si la loyauté des saints des derniers jours de Nauvoo allait avant tout à leur appartenance religieuse, leur vie n’en reflétait pas moins les expériences typiques des autres citoyens de l’Amérique jacksonienne. Les non-mormons vivant dans et autour de Nauvoo se joignaient à eux pour la fête de l’Indépendance. Les cortèges militaires, les fanfares, les discours patriotiques et les autres festivités attiraient les citoyens qui arrivaient à cheval, en chariot et par bateau. Les festivités de Noël étaient des points culminants pour la famille et les amis, avec des dîners par étapes, des chants et des danses. L’appartenance aux loges maçonniques, organisées en 1841-1842, affirmait la loyauté de groupe dans l’Église et incitait aux liens fraternels avec les autres. Malheureusement et contrairement à ce à quoi l’on s’attendait, la croissance rapide des loges créa une polémique qui durcit les rapports avec les autres francs-maçons (voir Franc-maçonnerie à Nauvoo).
 
La société mormone américaine à Nauvoo, travaillée de plus en plus par l’influence des immigrants britanniques et scandinaves, se livrait aux divertissements typiques du XIXe siècle. Des fanfares jouaient lors des bals et des rassemblements patriotiques, accompagnaient les chœurs de l’Église et jouèrent pour la cérémonie de la pose de la pierre angulaire du temple. Des chorales d’adultes et de jeunes, des instrumentistes et des chanteurs distrayaient et édifiaient lors des assemblées festives et religieuses. La musique interprétée venait des sociétés organisatrices, mais certains cantiques étaient nouvellement écrits pour les services religieux de l’Église. Les poètes mormons commémoraient régulièrement les événements et les personnes et mettaient des messages religieux importants en vers pour les périodiques bimensuels. Les comédiens de Nauvoo jouaient des pièces de théâtre populaires ou patronnaient des troupes d’acteurs itinérants dans la maison de la culture de Nauvoo. Les autres attractions occasionnelles étaient les expositions artistiques, le cirque et les excursions en bateau fluvial (voir Histoire sociale et culturelle).
 
Les enfants avaient peu de jouets, la plupart du temps des chariots, des toupies et des poupées faits maison. Ils faisaient des jeux tels que le renard et les oies ou le saute-mouton. Les jeunes se livraient à des passe-temps tels que jouer aux billes, la lutte, la course à pied, la chasse, la pêche, la traction au bâton, le jeu de quilles et le base-ball. Les adultes participaient à beaucoup de ces activités récréatives et passaient parfois le temps à jouer aux cartes, à rouler en chariot ou à des rencontres de salon. Quand ils ne vaquaient pas aux besoins du moment, les habitants de Nauvoo faisaient également des études. Pour obtenir une formation de base dans la lecture, l’écriture et l’arithmétique pour leurs familles, les parents engageaient des précepteurs ou inscrivaient les enfants dans une des dizaines de classes proposées par les instituteurs à temps partiel de Nauvoo. On payait les instituteurs en leur assurant la pension complète et un peu d’argent. L’université de Nauvoo n’existait que dans quelques classes dispersées. Les adultes masculins et les jeunes hommes organisaient des salles et des sociétés de conférences pour développer l’art oratoire. Ils traitaient de sujets politiques aussi bien que de sujets religieux pour préparer les participants au service missionnaire et au service civique. Les livres étaient rares dans les maisons privées, mais une bibliothèque de prêt à ses membres proposait deux cents ouvrages reçus en don sur la science, les religions, l’histoire et la littérature mondiales. Les journaux religieux et profanes de Nauvoo, le Times and Seasons et le Nauvoo Neighbor (à l’origine The Wasp), édités par des citoyens mormons éminents, circulaient parmi les saints des derniers jours sur deux continents. À « l’ère de l’homme du commun », la vie sociale et éducative de Nauvoo était faite d’agréments et de participation.
 
Comme ailleurs dans la société américaine, la famille était le centre de la vie quotidienne. Les femmes satisfaisaient aux besoins domestiques en combinant leur propre travail et les revenus du travail de leurs maris. La famille produisait et cuisinait la nourriture, mais les négociants de Nauvoo importaient ou échangeaient aussi beaucoup de produits alimentaires. Les femmes faisaient souvent les vêtements d’usage courant, les couvertures de lit, les tapis et des choses telles que des serviettes et des rideaux dans du tissu acheté. Les meubles, les ustensiles de cuisine et les outils des artisans étaient importés ou apportés par les immigrants. Les remèdes domestiques, complétés par des bénédictions de prêtrise, étaient administrés avec foi en la guérison. La mortalité infantile était élevée et la mort était une possibilité constante pour tout le monde à cause de maladies apparentées à la malaria, des maladies incurables et des accidents.
 
Pour les saints des derniers jours de Nauvoo, la famille prenait un nouveau sens religieux. La conversion divisait malheureusement souvent les familles, même si les lettres envoyées de Nauvoo entretenaient des liens et invitaient aux retrouvailles. Les ordonnances du temple par procuration donnaient la possibilité d’unir les familles à travers les générations et au-delà de la tombe. Des associés choisis acceptèrent le défi privé du prophète de contracter l’alliance du mariage avec des épouses plurales (voir Mariage plural), bien que ce point de doctrine n’ait pas été prêché publiquement avant 1852 en Utah. En vue du temple, l’enseignement du principe de la famille éternelle apportait une touche spéciale à la vie de famille des saints. Les ordonnances de scellement pour les maris et les femmes donnaient au mariage et à la famille à Nauvoo une perspective éternelle.

Au moment même où la vie semblait être revenue à la normale après le martyre, la perte de la charte de Nauvoo et le harcèlement des émeutiers en 1845 menacèrent la paix de la Belle Ville de Joseph Smith. Les adversaires politiques et schismatiques prédirent « la fin du mormonisme ». Des saints des derniers jours mécontents menaçaient l’unité religieuse et proposaient une tutelle et une nouvelle direction prophétique par opposition aux Douze. L’Église survécut, mais la position de Nauvoo comme centre de l’Église prit fin. Le Collège des Douze annonça, à la conférence d’octobre 1845, ses plans d’évacuation au printemps suivant.
 
Tout au long de l’hiver, les résidants s’organisèrent pour l’exode tout en se pressant de terminer leur temple pour en recevoir les ordonnances (voir Émigration vers l’Ouest : Planification et prophétie). Ils achetèrent des bœufs, firent des chariots, vendirent leurs propriétés et s’équipèrent pour le long voyage dans le désert de l’ouest tout en faisant des vêtements pour le temple et en effectuant les travaux de finition à l’intérieur du temple sur la colline. Brigham Young et les Douze nommèrent des agents pour liquider les propriétés invendues et organisèrent des convois d’émigration tout en supervisant les détails de la construction du temple. En décembre, juste avant que le départ ne commence, des milliers de fidèles de Nauvoo commencèrent à recevoir leur dotation du temple qu’ils attendaient depuis si longtemps. Avant la fin de l’hiver, plus de 6.000 personnes avaient reçu les ordonnances du temple et étaient donc disposées à partir. Après sept années mouvementées, les saints des derniers jours repartaient une fois de plus, transplantant leur société de l’alliance dans une nouvelle terre promise.
 
Nauvoo – Charte de
Auteur : KIMBALL, JAMES L., JR.
 
Par une législation signée en force de loi le 16 décembre 1840, l’Assemblée générale de l’Illinois accorda à Nauvoo le statut de ville. Parmi littéralement des centaines de colonies de l’Illinois, seules Alton, Chicago, Galena, Quincy et Springfield avaient un statut juridique aussi distinctif. Les saints des derniers jours et leurs voisins s’attendaient à ce que cela ait des conséquences importantes.

Beaucoup d’Illinoisans, choqués par le traitement féroce que les Missouriens avaient fait subir aux saints des derniers jours (voir Conflit au Missouri), cherchèrent à secourir les disciples assiégés de Joseph Smith en les aidant politiquement et en leur fournissant des sauvegardes juridiques. De plus, le tissu économique de l’État souffrait des effets de plus en plus graves des paniques de 1837 et de 1839, et beaucoup de législateurs voyaient un avantage économique à l’immigration future de plusieurs milliers de nouveaux colons. Encouragés par les dirigeants politiques de l’état, les saints croyaient qu’une charte municipale leur garantirait un genre de sécurité qu’ils n’avaient encore jamais eu. Même Stephen A. Douglas, juge à la Cour suprême de l’état, en dépit de décisions judiciaires précédentes allant en sens contraire, était d’avis qu’une charte était irrévocable et perpétuelle.
 
Le document de Nauvoo, qui n’était ni la charte la plus longue ni la plus courte, ressemblait beaucoup aux chartes d’autres villes de l’Illinois. Plus de la moitié des sections étaient rédigées sur le modèle de la charte de Springfield. Le statut de ville permettait le gouvernement par un conseil choisi par un électorat ; à la différence des autres conseils municipaux d’Illinois, le Conseil de Nauvoo se composait d’échevins, de conseillers municipaux et d’un maire. Le document de Nauvoo différait également des autres en ce qu’il était non une mais trois chartes, accordant à la ville le statut de corporation, une université et une milice municipale. La pratique précédente était de créer des écoles et également des unités de milice par des actes séparés. L’université de la ville de Nauvoo, régie par le conseil municipal, était la seule université de l’État administrée par une ville.
 
Une disposition importante disait que le Conseil de Nauvoo pouvait passer toutes les ordonnances non contraires à la constitution des États-Unis ou à celle de l’Illinois. Ceci avait pour effet de donner aux autorités de Nauvoo un pouvoir équivalent à l’Assemblée générale de l’Illinois. Les ordonnances passées par le Conseil de Nauvoo pouvaient être en violation directe ou ne pas tenir compte de la loi de l’État et être malgré tout valides à Nauvoo, à condition de ne pas être en conflit avec les pouvoirs spécifiques accordés par les constitutions fédérales et d’état. Les dirigeants de la milice municipale, connue sous le nom de Légion de Nauvoo, et les administrateurs de l’université pouvaient également décréter des lois qui n’étaient limitées que par les constitutions de l’État et fédérales.
 
Presque immédiatement ce pouvoir se retrouva au centre de malentendus et d’une polémique, bien que la même délégation d’autorité existât également dans trois des cinq autres chartes municipales. Puisque cette disposition n’était pas unique, la réaction négative suscitée par elle avait beaucoup à voir avec la façon dont les autres considéraient les saints des derniers jours et la mise en application de la disposition par Nauvoo et ses dirigeants. Le tribunal municipal de Nauvoo, le troisième tribunal du genre autorisé par l’Assemblée générale de l’Illinois, devint aussi un sujet de controverse. Alors que les tribunaux municipaux de Chicago et d’Alton agissaient sous la direction d’un seul juge, le juge principal de Nauvoo était le maire de la ville, siégeant comme premier magistrat, avec les échevins municipaux comme juges associés. Pour les adversaires, la manière dont Joseph Smith, comme maire de Nauvoo, utilisait les pouvoirs législatif et judiciaire accordés par la loi avait comme conséquence des abus « anti-républicains ».
 
En accordant la charte, certains législateurs avaient peut-être espéré protéger les saints des derniers jours contre les persécutions, mais cela s’avéra être une épée à deux tranchants. Quand la majorité de l’Illinois se tourna contre Nauvoo sans disposer des outils légaux pour limiter le pouvoir et l’influence de la ville, elle eut recours à des moyens extralégaux. Plus tard, après des violences, elle réussit également à faire abroger la charte de Nauvoo. Bien que basée solidement sur des précédents non qualifiés d’ « anti-républicains » jusqu’à ce que les saints des derniers jours les aient obtenus et utilisés, la charte de Nauvoo ne réussit néanmoins pas à assurer aux saints la paix et la protection qu’ils désiraient.
 
Bibliographie
Kimball, James L., Jr. "The Nauvoo Charter : A Reinterpretation." Journal of the Illinois State Historical Society 54, printemps 1971, p. 66-78.
JAMES L. KIMBALL, JR.
 
Nauvoo – Économie de
Auteur : FLANDERS, ROBERT B.
 
Nauvoo, qui fut pendant sept années le siège social de l’Église, était une ville fluviale avec un arrière-pays agricole, installée parmi une société préétablie de seconde génération de non-mormons. Fondée en 1839 par des saints réfugiés du conflit au Missouri, elle n’a existé en tant que communauté de saints que jusqu’en 1846. Les ajouts à sa population en croissance rapide étaient dus surtout à de nouveaux convertis, beaucoup venus d’Angleterre, qui apportaient presque toujours des qualifications et parfois de la richesse. Bien que le commerce de marchandises et de services ait été actif, la principale importation de Nauvoo était les convertis (voir Immigration et émigration), et son exportation principale, les missionnaires.
 
Nauvoo n’était ni communal ni communautaire. Toutefois, les influences de la société de l’Église imprégnaient la société et l’économie. À Nauvoo, Joseph Smith exprima, en tant que prophète, l’extrême urgence de construire la ville et son temple, une urgence qui l’emportait sur tout. Nauvoo était le premier modèle à échelle humaine du royaume de Dieu sur terre tel qu’envisagé par Joseph Smith. Les saints de Nauvoo consacrèrent donc une grande énergie à « édifier le royaume », ce qui, en termes économiques, signifiait construire la ville et établir son infrastructure.
 
Comme d’autres collectivités de son époque, Nauvoo avait des forgerons, des tonneliers, des potiers, des armuriers et des étameurs, mais ce qui était le plus recherché, c’était les scieurs, les fabricants de briques et les menuisiers. La construction était l’industrie principale. Le hameau de Commerce, dont Nauvoo occupait l’emplacement, avait peu de bâtiments, aussi la demande de logements était grande. Les saints n’envisageaient pas de logements de groupe à la manière des moraves, des shakers et d’autres sociétés communautaires, mais ils voulaient des logements unifamiliaux séparés selon la tradition rurale anglo-américaine. Il en allait de même des bâtiments commerciaux et industriels. Avec ses nombreux petits bâtiments érigés sur de grandes parcelles dans des rangées plus ou moins ordonnées, organisées en un damier de rues larges avec entre elles du terrain libre pour des annexes, des jardins, des vergers et des prés, Nauvoo devint le prototype de la ville mormone (voir Urbanisme).
 
Les travaux publics constituaient la majeure partie des constructions à Nauvoo. On ne mit jamais à exécution un plan ambitieux d’endiguer le Mississippi pour faciliter le développement industriel, mais on commença les travaux pour creuser un canal à travers la péninsule de la ville. Le projet visait à contourner les Rapides de Des Moines du Mississippi, un obstacle qui transformait l’emplacement en portage de fleuve une grande partie de l’année ; mais le projet fut abandonné quand les ouvriers rencontrèrent un soubassement calcaire. La pierre fut plus tard extraite pour le temple de Nauvoo.

Le temple, point focal de la vie religieuse et économique de Nauvoo, était essentiel pour que Nauvoo soit une manifestation littérale du royaume. La construction du temple mit à l’épreuve le zèle religieux et les ressources économiques de tous les saints, de Nauvoo et d’ailleurs. Les résidants étaient censés « payer la dîme pour le temple » en temps, en marchandises ou en argent. Les saints qui n’avaient pas encore rallié Nauvoo furent exhortés à le faire rapidement pour pouvoir participer à l’entreprise. Ceux qui ne pouvaient pas le faire devaient soutenir la construction du temple avec de l’argent liquide. Les douze apôtres écrivirent en 1841 aux saints anglais : « Le premier grand objectif devant nous et devant les saints en général, c’est [l’achèvement] du temple… pour assurer le salut de l’Église » (HC 4:449). Pour Joseph Smith, l’achèvement du temple était la priorité absolue. La révélation de 1841 autorisant le temple menaçait également de rejeter l’Église si l’édifice n’était pas achevé dans un temps suffisant (voir D&A 124:30-32). Malgré tout, quand Joseph Smith fut tué en 1844, les murs n’étaient construits qu’à moitié.
 
Bien que la construction du temple fût un travail d’amour, son coût économique épuisa les ressources de la ville. Des capitaux furent retirés d’entreprises nécessaires pour fournir des marchandises et de l’emploi. Même Joseph Smith, quoique enthousiaste pour le temple, reconnaissait le problème. « Je prophétise, dit-il en 1843, que dès que nous aurons construit le temple, pour que nous ne soyons plus obligés d’épuiser nos moyens là-dessus, nous aurons le moyen de rassembler les saints par milliers et par dizaines de milliers » (HC 5:255).
 
L’économie de Nauvoo se développa pendant la dépression nationale de 1839-1843. Les fondateurs réfugiés étaient pratiquement indigents, mais peu d’Américains, quel que fût leur milieu, avaient du bon argent pendant cette période. Les banques avaient fait banqueroute et l’argent liquide avait disparu. Les saints inventèrent un système d’échanges ingénieux mais précaire basé sur le troc, les lettres de crédit, des reconnaissances de dette non officielles et des « bonds-for-deed », des engagements de vendre des terres au lieu d’actes, une nécessité parce que tout le territoire de Nauvoo avait été acheté en vertu d’un contrat à long terme sans acte jusqu’à paiement intégral. Le système fonctionnait parce que l’économie était en augmentation générale et que les saints se faisaient mutuellement confiance et étaient liés par un but commun.
 
L’achat de terres, le temple, la Maison de Nauvoo (un grand hôtel), et tout le projet d’édification du royaume dont les saints croyaient que leur salut dépendait étaient dirigés par Joseph Smith et son organisation ecclésiastique. Parce que Nauvoo représentait un mélange du sacré et du profane sous la direction d’un prophète, quand il fut tué en 1844, la survie du projet allait dépendre de la façon dont la succession allait se passer (voir Succession dans la présidence). Ceux qui acceptèrent la direction de Brigham Young et du Collège des Douze transplantèrent dans l’Ouest le système d’économie politique façonné à Nauvoo (voir Économie pionnière ; Migration vers l’Ouest : Planification et prophétie). Certains qui ne l’acceptèrent pas et qui décidèrent de s’écarter du modèle de Nauvoo se joignirent plus tard à l’Église réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jours.
 
Nauvoo Expositor
Auteur : DURHAM, REED C. Jr.
 
Le Nauvoo Expositor était l’organe des apostats décidés à causer la perte du prophète Joseph Smith et de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours au printemps de 1844. Pendant les derniers mois de la vie de Joseph Smith, un parti d’opposition de membres mécontents, d’apostats et d’excommuniés créa une Église dissidente. Les dirigeants prétendaient croire au Livre de Mormon et au rétablissement de l’Évangile, mais rejetaient ce qu’ils appelaient les innovations de Nauvoo, notamment le mariage plural. Affirmant que Joseph était un prophète déchu, les dissidents se mirent en devoir, par l’intermédiaire de l’Expositor, de démasquer les soi-disant faux enseignements et les abominations du prophète. Ils tinrent des réunions secrètes, dressèrent des plans et firent le serment de renverser l’Église et de tuer Joseph Smith. La publication du journal était essentielle à leur stratagème.
 
Quand elle arriva à Nauvoo le 7 mai 1844, la presse de l’Expositor provoqua une grande excitation aussi bien parmi les mormons que parmi les non-mormons, mais il n’y eut aucune intervention immédiate. Dans les trois jours, les propriétaires, tous dirigeants du mouvement d’opposition, publièrent un prospectus pour leur journal. Un mois plus tard, le 7 juin, le seul et unique numéro du Nauvoo Expositor parut et causa une fureur immédiate dans la communauté. Les résidants de Nauvoo furent exaspérés de ce qu’ils considéraient comme étant ses prétentions sensationnelles à propos de la religion, de la politique et de la moralité à Nauvoo. Ils ressentirent également un pressentiment inquiétant. Francis Higbee, l’un des propriétaires du journal, donna un ton sinistre quand il décrivit Joseph Smith comme étant « le plus grand bandit que l’on n’ait pas encore pendu ».

La qualité littéraire du journal était inférieure. Un critique non mormon contemporain la décrit comme « terne ou risible » avec « une grammaire boiteuse et une rhétorique ampoulée » (Oaks, p. 868). Mais la polémique de l’Expositor contre l’Église et Joseph Smith était menaçante et polarisante. Les anti-mormons exultèrent au sujet de l’Expositor, mais les membres de l’Église exigèrent que l’on fasse quelque chose.
 
En tant que maire de Nauvoo, Joseph Smith convoqua le conseil municipal. Après quatorze heures de délibération en trois sessions différentes, le conseil résolut, le lundi 10 juin, vers 18h30, que le journal et son imprimerie étaient « une nuisance publique » et ordonna au maire de « la faire disparaître… sans tarder ». Joseph Smith commanda promptement au city marshal de détruire la presse et de brûler toutes les copies du journal. À 20h00, le marshal exécuta les ordres du maire (HC 6:432-449). Cette mesure, justifiée ou pas, fit le jeu de l’opposition. Elle exacerba le sentiment antimormon dans tout le comté de Hancock et alimenta les accusations portées par l’opposition pour retenir Joseph Smith dans la prison de Carthage, où il fut assassiné le 27 juin 1844 (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith).
 
Bibliographie
Godfrey, Kenneth W. "Causes of Mormon/Non-Mormon Conflict in Hancock County, Illinois, 1839-1846." Thèse de doctorat, université Brigham Young, 1967.
Oaks, Dallin H. "The Suppression of the Nauvoo Expositor." Utah Law Review 9, hiver 1965, p. 862-903.
Oaks, Dallin H., et Marvin S. Hill. Carthage Conspiracy : The Trial of the Accused Assassins of Joseph Smith. Urbana, Ill., 1979.
REED C. DURHAM, JR.
 
Nauvoo – Légion de
Auteur : FLAMMER, PHILIP M.
 
Le décret législatif de l’Illinois de décembre 1840 qui donnait statut à la ville de Nauvoo autorisait également la création d’un corps militaire ou milice, qui prit le nom de Légion de Nauvoo. Peut-être influencées par le dégoût véritable de la manière dont les saints des derniers jours avaient été traités par les autorités du Missouri, celles de l’Illinois agirent libéralement. En vertu de la charte de Nauvoo, les saints des derniers jours pouvaient gérer leurs propres affaires s’ils ne violaient pas la constitution de l’État ou la constitution fédérale.
 
L’organisation d’une unité de milice était habituelle dans les colonies ayant suffisamment de population, une pratique aussi vieille que la République. Les résidants de Nauvoo étaient particulièrement désireux d’avoir leur propre protection militaire après avoir été victimes de la violence d’émeutiers et avoir connu l’expulsion hors du Missouri (voir Massacre de Haun’s Mill ; Conflit au Missouri). Dès 1840, ils s’étaient rendu compte qu’ils ne pourraient pas toujours compter sur les autorités fédérales ou d’État pour les protéger contre de telles violences.
 
La cour martiale de Nauvoo composée des officiers de la légion, reçut une autorité considérable. Entre autres, elle pouvait « faire, ordonner, établir et exécuter toutes les lois et ordonnances pouvant être considérées comme nécessaires dans l’intérêt et pour la gestion et l’administration de ladite Légion à condition que ladite cour martiale ne passe aucune loi ou acte contraire ou opposé à la constitution des États-Unis ou de cet État [l’Illinois] » (HC 4:244).

En tant qu’élément de la milice d’état, la Légion de Nauvoo était à la disposition du gouverneur de l’Illinois « pour la défense publique et l’exécution des lois de l’État ou des États-Unis ». Chose significative, elle était également à la disposition du maire de Nauvoo pour « exécuter les lois et les ordonnances de la ville » (HC 4:244).
 
L’ordonnance du conseil municipal qui avait créé la Légion de Nauvoo autorisait à son officier commandant de détenir le rang de lieutenant général, une autorisation extraordinaire, puisque aucun autre officier de milice aux États-Unis ne détenait de rang au-dessus de celui de général major. La cour martiale élut Joseph Smith commandant de la Légion.
 
Les défilés et les autres activités de la Légion, parmi lesquelles des simulacres de batailles, attiraient les visiteurs de près et de loin. En fait, la légion devint si populaire que beaucoup de non-mormons y entrèrent. Il semblerait qu’à son apogée elle ait compté 5.000 hommes, la plus grande unité de ce genre en Illinois. Mais il y avait des problèmes. Selon l’historien B.H. Roberts : [La Légion de Nauvoo] suscita la jalousie et l’envie du reste de la milice dans les comtés environnants et tous les efforts louables de la Légion pour devenir un corps efficace pour aider à l’exécution des lois de l’État et des lois nationales, si cela s’avérait nécessaire, furent interprétés par leurs ennemis comme signe de ce qu’elle se préparait pour la rébellion… Par conséquent ce qui devait être un rempart pour la ville et une protection pour les saints fut transformé par leurs ennemis en activité offensive et en excuse pour se méfier d’eux [CHC 2:59-60].
 
Joseph Smith mobilisa la Légion de Nauvoo pour défendre la ville et déclara la loi martiale en juin 1844 comme la tension montait entre les saints des derniers jours, les dissidents et les voisins hostiles. Joseph Smith et son frère Hyrum furent parmi ceux qui furent arrêtés par une autre milice de l’Illinois et enfermés à la prison de Carthage où ils furent tués par les membres d’une autre milice (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith). Six mois plus tard, la législature de l’Illinois révoquait la charte de Nauvoo. À ce moment-là, la Légion de Nauvoo cessa d’exister en tant que milice d’état, bien qu’en tant qu’unité officieuse, elle continuât à assurer une certaine protection aux saints des derniers jours assaillis.
 
Pendant l’exode vers l’Ouest qui eut lieu plus tard, certains anciens membres de la Légion de Nauvoo firent partie du bataillon mormon. Ce corps de 500 hommes, autorisé par le gouvernement des États-Unis en 1846 en tant qu’élément de la campagne contre le Mexique, marcha de Council Bluffs jusqu’à San Diego.
 
Le nom Légion de Nauvoo fut rétabli en Utah et appliqué à la milice organisée de l’État de Deseret et plus tard du Territoire d’Utah. Appel fut fait à cette légion en 1849 pour soumettre les maraudeurs indiens et ses membres participèrent à la guerre dite contre Walker de 1853-1854, du nom de Wakara, un chef indien ute. Lors de l’approche de l’expédition d’Utah en 1857-1858, la milice d’Utah harcela et brûla les convois d’approvisionnement de l’armée américaine et se prépara, s’il le fallait, à empêcher l’entrée des troupes des États-Unis dans Salt Lake City. En 1862, pendant la guerre de Sécession américaine, deux unités de la Légion de Nauvoo protégèrent les lignes de courrier et de télégraphe. Plus tard, avec une force d’environ 2.500 hommes, elle combattit les Indiens dans la guerre d’Utah contre Black Hawk (1865-1868).
 
Toujours plus sensible à la direction mormone qu’aux fonctionnaires fédéraux qui succédèrent à Brigham Young comme gouverneurs de l’Utah, la Légion fut rendue inactive en 1870 par une proclamation du Gouverneur faisant fonction, J. Wilson Shaffer, qui interdit les rassemblements de la milice sauf sur ordre exprès de sa part. La Légion de Nauvoo fut finalement licenciée à la suite de la Loi Edmunds-Tucker de 1887. En 1894, la garde nationale d’Utah fut organisée comme milice de l’Utah.
 
Nauvoo – Maison de
Auteur : HOLT, HELENE
 
Une révélation donnée à Joseph Smith en janvier 1841 commandait aux saints de construire le temple de Nauvoo et la Maison de Nauvoo, un hôtel qui serait « une habitation agréable pour l'homme et un lieu de repos pour le voyageur fatigué » (D&A 124:60). Les saints ne devaient pas s’isoler du monde, mais fournir un logement attrayant aux étrangers et aux touristes tandis qu’ils « contempl[aient] la parole du Seigneur — et la pierre angulaire que j'ai désignée pour Sion » (D&A 124:23).
 
Joseph Smith fit don du terrain pour la Maison de Nauvoo et beaucoup de saints des derniers jours achetèrent des actions. Les plans des architectes Lucien Woodworth et William Weeks prévoyaient un bâtiment de briques en L de douze mètres de profondeur et haut de deux étages. La construction commença au printemps de 1841 et progressa (avec des interruptions) jusqu’en 1845. Par la suite, les travaux furent abandonnés pour terminer le temple de Nauvoo.
 
Quand les saints quittèrent Nauvoo en 1846, les murs de la Maison de Nauvoo étaient plus hauts que les fenêtres du premier étage. Le grand bâtiment inachevé à l’extrémité sud de Main Street face au Mississippi devint la propriété d’Emma Smith, veuve de Joseph. Plus tard, Lewis C. Bidamon, le deuxième mari d’Emma, démolit les extrémités de l’édifice en L et se servit des briques pour finir la partie centrale et en faire un plus petit hôtel, que l’on appela tantôt la Bidamon House, tantôt la Riverside Mansion. Emma et lui y vécurent de 1871 jusqu’à leur décès. Après la mort de Bidamon, l’Église réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jours acheta la Maison de Nauvoo et la possède toujours.
 
Nauvoo Neighbor
Auteur : HAYES, DARWIN L.
 
Le Nauvoo Neighbor fut un hebdomadaire édité et publié par John Taylor à Nauvoo du 3 mai 1843 au 29 octobre 1845. Il remplaça The Wasp (commencé le 16 avril 1842 avec William Smith comme rédacteur). Financé par des abonnements et de la publicité, le Neighbor proposait régulièrement de la littérature, des sciences, de la religion, de l’agriculture, de la manufacture, du commerce et des nouvelles locales, nationales et internationales. Il rapportait les décisions du gouvernement de l’état, du conseil municipal de Nauvoo et des tribunaux locaux.

Avocat de la vérité, le Neighbor détaillait les conflits impliquant les membres de l’Église, leurs voisins, leurs ennemis, le gouvernement de l’État et le fédéral. Il publiait également la correspondance entre le prophète Joseph Smith et Henry Clay (tous deux candidats à la présidence des États-Unis) ainsi que les lettres entre Emma Smith et le gouverneur Thomas Carlin au sujet du harcèlement de Joseph Smith par les autorités du Missouri. Il donna les détails de l’affaire du Nauvoo Expositor et les événements de l’assassinat de Joseph et de Hyrum Smith à la prison de Carthage, y compris les récits et la correspondance d’autres journaux. Le Nauvoo Neighbor est un compte rendu précieux des événements et des comportements dans et autour de Nauvoo de 1843 à 1845.
 
Bibliographie
Nauvoo Neighbor. Microfilm, Lee Library, université Brigham Young.
DARWIN L. HAYES
 
Nauvoo – Politique
Auteur : HAMPSHIRE, ANNETTE P.
 
Le pouvoir politique joua un rôle important dans le développement et la fin de la communauté des saints en Illinois. La situation politique était complexe et incitait à la rivalité et à la polémique.

La veille de l’arrivée des saints des derniers jours, Commerce (Nauvoo), dans le comté de Hancock (Illinois), était situé dans une enclave pro-Whig dans un État où les Démocrates dominaient toutes les fonctions politiques excepté la Cour suprême. Mais dans le comté de Hancock, les deux partis étaient tellement au coude à coude que quelques centaines de voix pouvaient être décisives. Mais dans la législature d’état, même en votant en bloc, une communauté de la taille de celle des saints des derniers jours ne pouvait avoir qu’une influence modérée. Les postes du comté étaient plus vulnérables ; le nombre de voix nécessaires à l’élection à des postes tels que celui de shérif, de commissaire du comté et de juge aux successions était de moins de mille. Une disposition libérale de la constitution de l’Illinois accordait la citoyenneté à tous les immigrés adultes après six mois seulement de résidence, un sujet à polémique dans un État où les limites entre les partis étaient nettement tracées, particulièrement avec l’arrivée régulière de nouveaux immigrés britanniques à Nauvoo (voir Immigration et émigration).
 
La décision de Joseph Smith d’utiliser le pouvoir du vote des saints découlait d’un désir de protection contre les persécutions et d’autonomie. Conscient de l’impératif divin de rassembler les saints et d’édifier le royaume physique de Dieu sur terre, il en vint à considérer la politique comme un moyen d’agrandir et de protéger sa communauté. Au début, les saints furent politiquement neutres. Mais en 1840-1841 ils votèrent Whig en bloc en Illinois, bien qu’ayant voté Démocrate au Missouri. Ceci aliéna certains Démocrates, mais la plupart des politiciens recherchèrent le vote en bloc des saints en Illinois, tout comme d’autres recherchaient le vote catholique à New York.
 
Le premier exemple de « troc des voix » par les saints des derniers jours fut le vote législatif en faveur de la charte de Nauvoo en décembre 1840, poussé par les Démocrates mais également voté par le Whig Abraham Lincoln. Le tribunal municipal de Nauvoo, la Légion de Nauvoo et l’Association agricole et industrielle qui en résultèrent formèrent l’épine dorsale d’une théocratie autonome, qui était anathème pour les Illinoisans de la « frontière ».
 
La prédominance des avocats politiciens et la fréquence des mandats d’arrêt du Missouri embourbèrent Joseph Smith dans le troc de voix. Un exemple clair fut le soutien des saints au Whig John T. Stuart lors de l’élection parlementaire de 1841, résultat direct de l’aide apportée à Joseph Smith par les Whigs Orville H. Browning et Cyrus Walker quand Smith fut arrêté à la suite d’un ordre d’extradition du Missouri. Joseph Smith était techniquement un fugitif, s’étant sauvé du Missouri après six mois à la prison de Liberty en attente d’un jugement (voir Smith, Joseph : Procès judiciaires de Joseph Smith). Cependant, tous les avocats n’étaient pas des Whigs. Le juge du procès de 1841 était Stephen A. Douglas, un démocrate ambitieux décidé à s’acquérir le vote des saints. Ses efforts furent couronnés de succès en décembre 1841 quand Joseph Smith se déclara pour les Démocrates. Le comté de Hancock perdit ensuite son identité whig.
 
Voyant en Nauvoo une menace politique, les non-mormons du comté de Hancock s’organisèrent politiquement sur un programme électoral antimormon. Victorieux lors des élections de comté en 1841 (il n’y eut guère d’opposition contre eux), ils échouèrent particulièrement en 1842 à propos de nominations pour la législature de l’état. Les affiliations partisanes existantes étaient trop fortes pour l’apparition d’un troisième parti et les Whigs avaient usurpé la cause antimormone lors des élections pour la nomination d’un gouverneur en 1842. Thomas Ford, le candidat démocrate au poste de gouverneur, un adversaire de la charte de Nauvoo, remporta l’élection.
 
Le gouverneur Ford conseilla à Joseph Smith de rester en dehors de la politique. Smith semblait enclin à cela jusqu’à ce que Ford, en juin 1843, lance un nouveau mandat d’arrêt contre le prophète à la requête du Missouri. Après que le Whig Cyrus Walker, un avocat d’assises éminent, utilisant les dispositions controversées d’habeas corpus de la charte de Nauvoo, eut fait libérer Joseph Smith, le prophète lui promit son vote. Mais son frère, Hyrum Smith, qui était Démocrate, annonça qu’il pensait que les saints devraient voter pour Joseph P. Hoge, l’adversaire de Walker. Les saints des derniers jours de Nauvoo, qui faisaient partie du sixième district parlementaire, votèrent pour Hoge, mais ceux qui faisaient partie du cinquième district parlementaire votèrent pour le Whig O.H. Browning, faisant campagne contre Douglas.
 
Ce fut le commencement de la désillusion, dans les deux partis en ce qui concerne le vote des saints. Les Whigs, en particulier, qui s’étaient retirés de l’antimormonisme en 1842-1843 dans l’espoir d’être bien vus, s’opposèrent maintenant ouvertement au pouvoir politique et judiciaire des saints. En 1843, même à l’intérieur de Nauvoo, Joseph Smith constata que la politique posait un problème. Il y eut des désaccords internes concernant les élections municipales de février et, en août, le maire Smith se plaignit d’être rudoyé par des pro-Démocrates aux élections municipales. En outre, William Law, dirigeant éminent dans l’Église, contesta publiquement le « témoignage de Hoge » de Hyrum.

En janvier 1844, après avoir prospecté les candidats à la présidence des États-Unis pour avoir leur appui pour obtenir réparation pour les déprédations du Missouri et n’en avoir trouvé aucun, Joseph Smith annonça sa propre candidature. Certains y virent une volonté d’obtenir le pouvoir politique, dans le but de promouvoir le royaume politique de Dieu ; d’autres estimèrent que parce que Joseph Smith ne risquait pas de remporter l’élection nationale, il voulait simplement un programme pour présenter son message. Le Warsaw Signal, principal journal antimormon d’Illinois, accueillit le projet avec la dérision habituelle mais y vit néanmoins une évolution audacieuse et menaçante.
 
Toutes les tentatives de Joseph Smith d’acquérir de l’influence politique étaient contestables pour le groupe d’apostats qui lancèrent le Nauvoo Expositor, dont la destruction déclencha les événements qui conduisirent à la mort de Smith en juin 1844 (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith). Dans cette atmosphère volatile, les antimormons se renforcèrent en accusant le gouverneur Ford de se livrer à des activités promormones afin de s’assurer des votes démocrates. Les saints des derniers jours perdirent graduellement leurs appuis jusqu’à ce qu’en janvier 1845 leur charte soit abrogée, ôtant à Nauvoo son statut. Cependant des élections municipales non autorisées continuèrent à Nauvoo et les saints des derniers jours votèrent lors des élections du comté et de l’état, toujours en faveur des Démocrates. À partir de ce moment-là et jusqu’à ce que les saints partent en 1846 (voir Migration vers l’Ouest : Planification et prophétie), cette participation persistante des mormons à la politique continua à enflammer les non-mormons et à les rassembler pour pousser à l’expulsion des mormons.
 
La politique et le pouvoir politique furent indispensables à la naissance et à la force de Nauvoo et à la protection du prophète Joseph Smith. Mais la mauvaise gestion du pouvoir politique a pu également contribuer à la chute de la ville. [Voir aussi Politique : Histoire politique.]
 
Bibliographie
Flanders, Robert B. Nauvoo : Kingdom on the Mississippi. Urbana, Ill., 1965.
Gayler, George R. "The mormons and Politics in Illinois : 1839-1844". Journal of the Illinois State Historical Society 49, 1956, p. 48-66.
Hampshire, Annette P. Mormonism in Conflict : The Nauvoo Years. New York, 1985.
ANNETTE P. HAMPSHIRE
 
Nauvoo – Temple de
Auteur : COLVIN, DON F.
 
Le temple de Nauvoo, sa tour et sa flèche visibles jusqu’à trente kilomètres, était l’édifice principal de la ville de Nauvoo. Orienté vers l’ouest, il se trouvait au sommet d’un promontoire en pente douce dominant la partie basse de la ville et le Mississippi.
 
Il était construit en un calcaire gris-blanc à brun clair de haute qualité et ses murs imposants furent érigés et finis avec beaucoup d’habileté. Ils avaient quatre-vingt-dix centimètres d’épaisseur au niveau du sol et certaines de ses pierres pesaient près de deux tonnes. Le bâtiment avait 38 mètres de long et 26 de large. Le sommet de la tour était à 47 mètres au-dessus du niveau du sol et était orné d’une statue dorée d’un ange volant en position horizontale (sans aucun doute inspiré de la prophétie d’Apocalypse 14:6-7).
 
Les murs de pierre étaient caractérisés par la présence de trente hauts pilastres fortement ornementés, neuf de chaque côté et six à chaque bout. Chaque pilastre était embelli par une grande pierre de lune à la base et une pierre de soleil au sommet. Les pierres de lune et de soleil étaient des bas-reliefs, ciselés à la main dans la pierre massive. Une étoile en pierre ornait aussi chaque pilastre. Ces symboles cosmiques représentaient les trois degrés de gloire dans la vie à venir (1 Co. 15:41 ; D&A 76).
 
La construction du bâtiment commença en automne 1840. Les pierres angulaires furent posées le 6 avril 1841 lors de cérémonies impressionnantes au cours d’une conférence générale. Les revers financiers et les persécutions gênèrent continuellement la construction, jusqu’aux jours mêmes de son achèvement et de sa consécration.
 
William Weeks devint l’architecte officiel et supervisa la majeure partie de la construction. Le bâtiment était un composite de styles architecturaux et pourtant une grande partie en était également originale, inspirée par ce que le prophète Joseph Smith avait vu en vision. Il guida soigneusement Weeks dans la conception du temple tel qu’il l’avait vu, exigeant, par exemple, qu’il ait des fenêtres rondes au deuxième niveau (HC 6:196-197).
 
L’appel à construire un édifice aussi grand mit rudement à l’épreuve les ressources d’un peuple démuni. Le coût final dépassa $1.000.000. Les fonds venaient en grande partie de la dîme et des offrandes des membres de l’Église, certains faisant don des économies de toute une vie. Beaucoup firent don de mois de travail avec peu ou pas de rémunération, travaillant de l’aube jusqu’au crépuscule, même dans les intempéries.
 
La pierre pour le bâtiment était près de la ville. Le bois était amené du Wisconsin sous forme de radeaux énormes de bois de construction scié, que l’on faisait flotter sur le Mississippi jusqu’à Nauvoo. Certains convertis britanniques firent don d’une grande cloche pesant plus de 700 kilos. Quand les saints quittèrent Nauvoo, la cloche fut descendue et emportée dans l’Ouest lors de la migration, où elle fut plus tard montée sur une tour sur Temple Square à Salt Lake City.
 
L’élément principal au niveau du sous-sol était un grand bassin en pierre calcaire blanche reposant sur le dos et les épaules de douze bœufs en pierre grandeur nature. C’étaient les fonts baptismaux qui devaient être utilisés en particulier pour l’ordonnance du baptême pour les morts. Le sous-sol était pavé de briques. Le rez-de-chaussée contenait une grande salle au centre, qui servait d’auditoire. À chaque extrémité de cette grande salle, il y avait des pupitres complexes, ayant chacun quatre gradins de sièges pour recevoir les dirigeants de la Prêtrise d’Aaron et de la Prêtrise de Melchisédek. Le rez-de-chaussée était équipé de sièges dont le dos pouvait être retourné, permettant aux assemblées de se tourner dans les deux sens. Le premier étage était la reproduction exacte du rez-de-chaussée. Le grenier contenait deux sections principales. Un demi-étage à l’extrémité ouest était divisé par des cloisons de tissu et utilisé pour les ordonnances de dotation. La section principale du grenier, sous la pente du toit, était utilisée pour les ordonnances de scellement et les mariages célestes ou éternels. Le grenier tout entier était plafonné et peint et les planchers étaient couverts de tapis.
 
De temps en temps des utilisations cérémonielles eurent lieu pendant la construction, particulièrement des baptêmes pour les morts. Quoique pas entièrement terminé, le temple fut complètement rempli par les membres venant pour les ordonnances pendant les mois précédant immédiatement l’exode, des ordonnances tant pour les morts que pour les vivants. En plus de ses utilisations sacrées, le temple servait de lieu de réunion multifonctions. Des services réguliers du dimanche et même certaines conférences générales furent tenus dans le bâtiment. L’édifice contenait également quelques locaux en tant que bâtiment administratif de l’Église. La planification et l’organisation de la migration vers l’Ouest eurent lieu dans le temple.
 
Quand la plupart des saints quittèrent Nauvoo, au début de février 1846, sous la menace de violences de la part des émeutiers, une équipe spéciale resta derrière et finit le temple. Trois mois plus tard le bâtiment était considéré comme achevé et était consacré publiquement le 1er mai 1846. Les services de consécration furent répétés sur une période de trois jours et des milliers de personnes y assistèrent. Les visiteurs payaient un dollar pour l’entrée et les fonds furent utilisés pour aider les ouvriers à déménager leurs familles et à rejoindre le gros de l’Église sur les plaines à l’ouest.

Quand la plupart des membres restants de l’Église eurent été chassés de la ville en septembre 1846, le temple fut temporairement abandonné. Les émeutiers profanèrent et souillèrent l’édifice sacré. Il y eut quelques dommages matériels, mais pas beaucoup. Des tentatives furent faites plus tard de vendre le temple, mais en vain. Un incendie criminel détruisit le bâtiment en octobre 1848. Il ne resta que les murs nus. Une communauté de Français icariens acheta l’emplacement et se préparait à remettre l’édifice en état quand il fut frappé par une tornade, qui fit s’écrouler certains des murs et en endommagea tellement d’autres qu’il fallut les raser. Une grande partie des pierres fut plus tard réutilisée dans d’autres bâtiments de Nauvoo.
 
DON F. COLVIN
 
Néphi 1
Auteur : REYNOLDS, NOEL B.
 
Le premier de plusieurs dirigeants appelés Néphi dans le Livre de Mormon, Néphi 1 est un prophète influent, fondateur du peuple néphite. Il est apparemment instruit, fidèle et obéissant à Dieu, courageux et hardi. Prophète inspiré, il a des visions de Jésus-Christ et du futur du monde ; il interprète également les prophéties faites par d'autres comme son père, Léhi, et Ésaïe. Il est l’auteur des deux premiers livres du Livre de Mormon, où se trouve quasiment tout ce que nous savons de lui. C’est un artisan et un dirigeant habile et il succède à Léhi comme chef de la famille (passant avant ses trois frères aînés). Par-dessus tout, il fait confiance à Dieu : « Ma voix montera à jamais vers toi, mon rocher et mon Dieu éternel » (2 Né. 4:35).
 
HISTOIRE. Néphi naît vers 615 av. J.-C. Son père, le prophète Léhi, emmène toute la famille de Jérusalem juste après 600 av. J.-C., à travers le désert d’Arabie, et à travers l'océan jusque sur le continent américain. Tandis qu’il est dans le désert, Néphi a une vision qui va façonner beaucoup de ses idées de base ; elle est partiellement rapportée dans 1 Néphi 11-14. Dans la terre promise, son père le désigne pour lui succéder comme dirigeant de la famille (2 Né. 1:28-29), mais Laman et Lémuel, ses frères aînés, se rebellent et la moitié du groupe prend leur parti. Néphi est inspiré de se sauver avec tous ceux qui croient aux avertissements et aux révélations de Dieu (2 Né. 5:6) et fonde une nouvelle ville, la ville de Néphi.
 
Néphi établit son peuple sur des bases politiques, juridiques, économiques et religieuses saines. Celui-ci l'acclame comme roi malgré son opposition de départ. Il lui enseigne à être travailleur et à pourvoir à ses besoins et il le prépare par l’entraînement et les armes à se défendre contre ses ennemis. Il respecte la loi de Moïse, construit un temple comme celui de Salomon (toutefois sans « autant de choses précieuses ») et oint ses frères cadets Jacob et Joseph prêtres et instructeurs pour former le peuple et le diriger dans le domaine spirituel (2 Né. 5:10, 16, 26). Avant de mourir, il nomme un nouveau roi (appelé « deuxième Néphi », Jacob 1:11) et désigne son frère Jacob comme gardien des annales religieuses (Jcb. 1:1-4, 18).
 
VISIONS. À cause des grandes visions et révélations qu'il reçoit, Néphi partage le rôle de prophète fondateur avec son père. Dès sa jeunesse, il reçoit l’inspiration du Saint-Esprit et croit aux paroles de son père. Il entend la voix du Seigneur lui dire qu'il deviendra gouverneur et instructeur de ses frères (1 Né. 2:22). Il est témoin de la vision de l'arbre de vie donnée précédemment à son père (1 Né. 8), qui lui montre la naissance, le baptême et le ministère futurs de Jésus-Christ, ainsi que la naissance et la fin futures de son peuple. Il voit, en outre, l’arrivée future des Gentils en Amérique et le rétablissement de l'Évangile parmi eux (1 Né. 11-14). Grâce à ces révélations, Néphi est en mesure d’enseigner à son peuple l'Évangile ou la « doctrine du Christ », le moyen par lequel il peut aller au Christ et être sauvé (2 Né. 30:5 ; 31:2-32:6). L’enseignement soigneusement formulé qu’il fait de cette doctrine constitue un modèle que d'autres prophètes néphites vont invoquer à plusieurs reprises (voir Évangile de Jésus-Christ).
 
Les Néphites ayant reçu la plénitude de l'Évangile de Jésus-Christ, leur respect scrupuleux de la loi de Moïse va être orienté vers son accomplissement final en Jésus et Néphi explique à son peuple qu'il doit observer la loi de Moïse comme moyen de toujours avoir à l’esprit l’Expiation future du Christ (2 Né. 25:29-30). La loi elle-même est devenue « morte » pour ceux qui sont « rendus vivants en Christ » et qui savent que Jésus est celui vers qui ils peuvent se tourner directement « pour obtenir la rémission de leurs péchés » (2 Né. 25:25-27).
 
TENUE DES ANNALES ET INSTRUCTION. Néphi est à l’origine de l’importante tradition néphite de tenue des annales (voir Livre de Mormon, Plaques et annales). Il est inspiré à tenir deux récits séparés, qui vont être continués pendant des siècles. Les annales officielles tenues par les rois, connues sous le nom de grandes plaques de Néphi, commencent avec le livre de Léhi et contiennent les chroniques historiques des Néphites pendant mille ans. Les plaques d'or données à Joseph Smith contiendront la version abrégée par Mormon des grandes plaques de Néphi et constitueront la majeure partie du texte du Livre de Mormon (du livre de Mosiah au livre de Mormon). Cependant, trente ans après avoir quitté Jérusalem, Néphi reçoit de Dieu le commandement de rédiger un deuxième document traitant spécialement des questions spirituelles. Appelé petites plaques de Néphi, ces annales contiennent le récit rétrospectif fait par Néphi des événements fondateurs et les prophéties ultérieures d'une lignée de prophètes et de prêtres descendant de Jacob jusque vers 200 av. J.-C. Les premiers livres du Livre de Mormon actuel, de 1 Néphi à Omni, viennent de ces annales. Les révélations et les enseignements inspirés de Néphi façonneront les conceptions religieuses de ses disciples, les Néphites.
 
Quand Néphi commence à écrire ses petites plaques, il est un roi-prophète mûr. Les annales révèlent son souci d’aider son peuple et les descendants de celui-ci à comprendre la future expiation de Jésus-Christ et la légitimité de son propre appel en tant que leur gouverneur et instructeur. Néphi compose ces annales à l’aide de celles de son père et de ses propres annales précédentes et plus considérables que nous n’avons plus aujourd’hui.
 
L'instruction exceptionnelle des dirigeants néphites ultérieurs est peut-être due au fait que Néphi était un homme de lettres. Le texte donne à penser qu'il devait parler couramment l'hébreu et l'égyptien et dit qu'il avait été « instruit quelque peu dans toute la science » des Juifs et de son père (1 Né. 1:1-3).
 
Néphi fait preuve de capacités littéraires dans la manière dont il organise ses écrits et dans la diversité des formes et des techniques littéraires qu’il utilise, notamment celles du récit, de la rhétorique et de la poésie, entre autres un psaume. Les techniques, les histoires, les prophéties et les enseignements de Néphi seront des modèles et fourniront de la substance à ses successeurs (voir Livre de Mormon, Littérature). Il aime les écrits d'Ésaïe et les a cite abondamment (par exemple, 1 Né. 20-21 ; 2 Né. 12-24), en en donnant souvent l’interprétation.
 
L'HOMME ET SES MESSAGES. Néphi a construit le livre de 1 Néphi sur un ensemble rigoureusement équilibré et coordonné d'histoires et de révélations fondatrices, le tout conçu pour montrer « que les tendres miséricordes du Seigneur sont sur tous ceux qu'il a choisis à cause de leur foi, pour les rendre puissants au point même d'avoir le pouvoir de délivrance » (1 Né. 1:20). Néphi soutient cette thèse dans 1 Néphi à l’aide d’histoires sur la façon dont Dieu est intervenu dans les affaires humaines pour délivrer ses disciples fidèles, et Néphi en particulier, de leurs ennemis. Mais ce ne sont que des types et des préfigurations. La véritable preuve de Néphi est donnée dans 2 Néphi, où il dit que l'Expiation de Jésus-Christ rend accessible à tous ceux qui ont la foi au Christ une libération du péché et une rédemption spirituelle de l'enfer et du diable, leur plus grand ennemi. Tous les hommes et toutes les femmes qui suivent l'exemple du Christ et prennent son chemin par le repentir et le baptême auront en bénédiction un baptême de feu et du Saint-Esprit – qui apporte la rémission des péchés et une guidance individuelle – pour qu’ils puissent persévérer jusqu'à la fin avec foi et recevoir la vie éternelle (2 Né. 31).
 
Dans le récit plus spirituel de ses petites plaques, Néphi intègre aussi une défense animée de sa primauté politique à l’aide d’allusions à Moïse et à Joseph d'Égypte (Reynolds, 1987). Pour défendre sa situation dominante quoique étant un fils cadet, Néphi dit comment les deux fils les plus âgés ont rejeté leur père et le Seigneur et comment lui (Néphi) a été choisi et béni par le Seigneur et par son père. Il raconte comment, avec l'aide du Seigneur, il a acquis les plaques d'airain (1 Né. 3-4), a persuadé Ismaël et sa famille de se joindre au groupe de Léhi (1 Né. 7), a empêché la famille de mourir de faim dans le désert (1 Né. 16) et a construit un bateau et réussi à lui faire franchir l'océan (1 Né. 17-18). Au cours de ces exploits, Néphi subit systématiquement l’opposition et les menaces, et même des menaces de mort, de la part de Laman et de Lémuel ; mais dans chaque crise, il est miraculeusement délivré par le pouvoir du Seigneur et a la bénédiction de pouvoir mener à bien sa tâche.
 
Quoique incapable de combler le fossé entre lui et ses frères, Néphi se révèle être, dans ses écrits, un homme doté d’une gamme impressionnante de sensibilités humaines, et il aspire à leur bien-être. Il a acquis son immense foi en son père et au Seigneur à un jeune âge et n'a jamais flanché. En conséquence, il obéit sans murmurer. Il médite les prophéties de son père et demande à plusieurs reprises au Seigneur de l’aider à comprendre et de le guider. Il a un amour et un sens profond de responsabilité pour son peuple : « Je prie continuellement pour lui le jour, et mes yeux mouillent mon oreiller la nuit à cause de lui » (2 Né. 33:3). Il a également de la charité pour tous les autres. Il met ses délices dans la clarté et dans la vérité et il sait que ses paroles sont dures contre les pécheurs impénitents (2 Né. 33:5-9). Il est profondément angoissé à cause des tentations et de ses propres péchés et en particulier à cause de ses sentiments de colère contre ses ennemis (2 Né. 4:26-29). Sa force et sa profondeur spirituelles sont basées sur la connaissance que Jésus-Christ a entendu ses supplications et a racheté son âme de l'enfer (2 Né. 33:6).
 
Bibliographie
Bergin, Allen E. "Nephi, A Universal Man" Ensign 6, sept. 1976, p. 65-70.
Cannon, George Q. The Life of Nephi. Salt Lake City, 1883 ; réimpr. 1957.
Reynolds, Noel B. "Nephi's Outline." BYU Studies 20, hiver 1980, p. 131-149.
Reynolds, Noel B. "The Political Dimension in Nephi's Small Plates" BYU Studies 27, automne 1987, p. 15-37.
Sondrup, Steven P. "The Psalm of Nephi : A Lyric Reading." BYU Studies 21, été 1981, p. 357-372.
Turner, Rodney. "The Prophet Nephi". Dans The Book of Mormon : First Nephi, the Doctrinal Foundation, ed. M. Nyman et C. Tate, p. 79-97. Provo, Utah, 1988.
NOEL B. REYNOLDS
 
Néphi 2
Auteur : THORNE, MELVIN J.
 
Néphi 2 succède à son père Hélaman 3 en 39 av. J.-C. en tant que grand juge des Néphites, manifestement à un jeune âge. À cause de la méchanceté parmi les Néphites, il démissionne du siège du jugement en 30 av. J.-C. et va avec son frère cadet Léhi prêcher l'Évangile de Jésus-Christ chez les Lamanites. Bien qu'emprisonné et menacé de mort, il est préservé par le pouvoir de Dieu et convertit des milliers de Lamanites (Hél. 5).
 
Il retourne ensuite à Zarahemla, condamne hardiment les dirigeants néphites corrompus, révèle miraculeusement l'identité d'un meurtrier et exerce le pouvoir de Dieu pour appeler une famine sur les Néphites. Bien que les Néphites se repentent de temps en temps, leur conversion et la paix qui s’ensuit ne durent pas. Quand le moment où la prophétie de Samuel le Lamanite concernant la naissance du Christ est sur le point d’arriver, Néphi passe les annales à son fils Néphi 3 et part, et l’on n’entendra plus jamais parler de lui (3 Né. 1:3 ; 2:9).
 
Bibliographie
Welch, John W. "Longevity of Book of Mormon People and the Age of Man." Journal of the Collegium Aesculapium 3, 1985, p. 34-42.
MELVIN J. THORNE
 
Néphi 3
Auteur : THORNE, MELVIN J.
 
Néphi 3 est l’aîné des fils de Néphi 2. Il se voit confier la responsabilité de toutes les annales néphites en 1 av. J.-C. (3 Né. 1:2). À cause de sa grande foi et de ses préoccupations pour son peuple, la voix de Jésus lui dit, la veille de la naissance de celui-ci, que le Sauveur naîtra « demain ». Plus tard, il va regrouper, mener et défendre les justes, les faisant passer au pays d'Abondance. Il survit aux destructions qui se produisent en Amérique à la mort du Sauveur (2 Né. 8-9) et est le premier à qui le Christ ressuscité donne le pouvoir de baptiser (3 Né. 11:18-12). Il devient le principal disciple dans l'Église dont il est question dans cette partie du Livre de Mormon et voit son peuple connaître des années de paix et de justice.
 
 
Bibliographie
Arnold, Marilyn. "The Nephi We Tend to Forget." Ensign 8, janv. 1978, p. 68-71.
MELVIN J. THORNE
 
Néphi 4
Auteur : THORNE, MELVIN J.
 
Néphi 4 est fils de Néphi 3. C’est lui qui tient les annales néphites pendant l'ère extraordinairement bénie qui suit la venue de Jésus-Christ auprès des Néphites. Il voit son peuple vivre dans l'amour, l'unité (ayant tout en commun), la justice et l'obéissance parce que l'amour de Dieu abonde dans leur cœur. Le peuple pratique pendant ce temps un type d'Ordre uni ou de loi de consécration. Les villes sont reconstruites, il y a la prospérité, des miracles, la paix et le bonheur. On ne sait pas grand chose d’autre de sa vie. Il meurt quelque temps après 110 apr. J.-C. (voir 4 Né. 1:1-19).
MELVIN J. THORNE
 
Nouveau Testament
Auteur : PATCH, ROBERT C.
 
Pendant les premiers siècles de l’ère chrétienne, les évangiles du Nouveau Testament furent les principaux témoignages écrits de ce que Jésus était le Christ. Aucun autre recueil d’écrits ne contenait les notions, la force d’enseignement et, par conséquent, l’attrait spirituel pour les chrétiens. Le Nouveau Testament est aussi le fondement du rétablissement de l’Évangile dans les derniers jours. C’est pendant qu’il lisait l’épître de Jacques (1:5) que le jeune Joseph Smith fut inspiré à prier le Seigneur à propos de son incertitude en matière religieuse, ce qui donna lieu à sa première vision (JS–H 1:7-20). Le Nouveau Testament est l’un des ouvrages canoniques des saints des derniers jours, qui recherchent dans ses pages la force et la lumière spirituelles. De plus, ils considèrent que les données fournies par le Nouveau Testament décrivent avec précision la vie et le ministère de Jésus-Christ aussi bien que le ministère de ses apôtres et de leurs associés, qui révèlent une grande partie de l’ordre et de l’organisation de l’Église du Nouveau Testament. Par ailleurs, le Nouveau Testament contient beaucoup d’alliances et de commandements de Dieu donnés personnellement par Jésus et, après son ascension, par ses apôtres. Les saints des derniers jours chérissent également les prophéties du Nouveau Testament au sujet des derniers jours.
 
Les écrits du Nouveau Testament ont vraisemblablement tous été rédigés au premier siècle de l’ère chrétienne. Néanmoins, son recueil de textes est passé par trois siècles de changements et d’inclusions ou d’exclusions avant d’acquérir sa forme reconnue actuelle reprise pour la première fois en 367 apr. J.-C. dans la lettre de Pâques d’Athanase d’Égypte. Le troisième synode de Carthage (397 apr. J.-C.) canonisa les livres du Nouveau Testament tels que mentionnés dans la lettre d’Athanase parce que chaque écrit avait trois qualifications : l’autorité apostolique, l’appui d’une communauté chrétienne importante et une absence de faux enseignements.
 
L’apparition de ce que l’on a appelé les hérésies au deuxième siècle prouve la perte de la révélation donnée aux prophètes et marque le besoin des chrétiens de se tourner de nouveau vers les apôtres pour avoir des écrits faisant autorité. Marcion (v. 130 apr. J.-C.), l’un des hérétiques, limitait son recueil d’Écritures à un seul évangile, Luc, et aux épîtres de Paul, qu’il retouchait fortement.
LES ÉVANGILES. Il y a au moins deux raisons pour lesquelles les saints des derniers jours considèrent les évangiles du Nouveau Testament comme des récits essentiellement exacts de la vie et du ministère de Jésus-Christ. D’abord, beaucoup de prophéties préchrétiennes, particulièrement dans le Livre de Mormon, détaillent des événements précis de la vie de Jésus, notamment le nom de sa mère, les circonstances de sa naissance, son baptême, son choix de douze apôtres, les miracles qu’il a accomplis, son rejet et ses souffrances, et sa mort et sa résurrection (par exemple, 1 Né. 11:13-36 ; Mos. 3:5-11 ; voir Jésus-Christ : Ministère de Jésus-Christ). En second lieu, le travail inspiré de Joseph Smith dans la Traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS) l’a amené à ajouter des détails précisant le contexte et le contenu de certaines histoires au sujet de Jésus et à considérer beaucoup de paraboles et d’enseignements de Jésus comme applicables aux derniers jours.
 
L’évangile de Matthieu se caractérise par deux particularités distinctes : l’utilisation fréquente de références de l’Ancien Testament et six des discours de Jésus (voir Matthieu, Évangile de). On suppose que l’utilisation fréquente par Matthieu de références de l’Ancien Testament indique à la fois un auditoire juif et la notion que le christianisme était l’accomplissement du judaïsme prophétique.
Chose importante pour les saints des derniers jours, des parties de cet Évangile retiennent l’attention d’Écritures extrabibliques. Par exemple, le Livre de Mormon signale que quand il a rendu visite à des disciples sur le continent américain (v. 34 apr. J.-C.), Jésus, ressuscité, a prononcé un sermon presque identique au sermon sur la montagne, ce qui met en évidence la validité et l’universalité du sermon (3 Né. 12-14 ; Mt. 5-7 ; voir aussi Béatitudes). En plus, le travail de Joseph Smith sur la TJS l’a amené à faire des révisions inspirées, dont celles qui sont le plus souvent citées se trouvent dans le sermon sur la montagne et dans le discours de Jésus sur le sort de Jérusalem et sur sa seconde venue (Mt. 24 ; voir Joseph Smith–Matthieu).
 
Si relativement peu d’attention a été accordée à l’évangile de Marc dans les écrits des érudits de l’Église, les saints ont traditionnellement estimé que l’étude de ses pages avait une grande valeur. Sa description de Jésus est sans doute la plus dynamique et pourrait remonter aux souvenirs de témoin oculaire de Pierre, le chef des apôtres.
 
L’évangile de Luc, que certains savants appellent « le livre le plus beau » au monde, retient, pour plusieurs raisons, l’intérêt spécial des saints des derniers jours, notamment son récit de l’histoire de Noël, ses dix-sept paraboles non reprises ailleurs, le fort accent qu’il met sur la rémission des péchés et sur sa compassion pour tout le monde, son récit de l’appel et de la mission des soixante-dix disciples, et la prééminence distincte qu’il donne aux femmes.
 
L’évangile de Jean a été écrit « afin que vous croyiez que Jésus est le Christ » (Jn. 20:31). Outre qu’il présente une série de discours de Jésus non contenus dans les autres évangiles, Jean utilise une série de métaphores messianiques pour révéler la nature et la mission divines de Jésus : parole, agneau, eau vive, je suis, pain de vie, pain vivant, lumière du monde, bon berger, résurrection, le chemin, la vérité et la vie, et le vrai cep. Beaucoup de ces métaphores apparaissent également dans les Doctrine et Alliances, une Écriture moderne où ce langage est amplifié et appliqué à l’Église rétablie. De plus, le commentaire de Jésus sur « les autres brebis », dont ne parle que Jean 10:14-16, Jésus ressuscité le mentionne de manière explicite pendant sa visite aux disciples sur le continent américain quand il veut faire une déclaration au sujet de ceux à qui il a été envoyé exercer son ministère (3 Né. 15:12-24). Pendant cette même visite après sa résurrection, Jésus utilise plusieurs expressions et descriptions – particulièrement de lui-même et de son œuvre – qui sont caractéristiques de l’évangile de Jean (par exemple, 3 Né. 11:10-11, 14, 27, 32-36).
 
LES ACTES DES APÔTRES. Du récit de l’ascension de Jésus jusqu’au récit du ministère de Paul, le livre des Actes relate le ministère spirituel des témoins apostoliques pendant les premières années du christianisme. Les saints des derniers jours trouvent intéressant le fait que l’on ait voulu remplacer Judas et qu’un apôtre ait été choisi pour compléter les Douze et que Pierre ait fixé les qualifications des apôtres : Ils doivent connaître le ministère de Jésus, ils doivent être ordonnés et ils doivent être témoins de sa résurrection (Ac. 1:21-22). Les apôtres modernes de l’Église sont également « les témoins spéciaux du nom du Christ dans le monde entier » (D&A 107:23 ; cf. 27:12 ; 84:108). En outre, le livre des Actes mentionne le riche déversement du Saint-Esprit dans l’Église primitive, tant sous forme de révélations directrices que de manifestations des dons de l’Esprit, des caractéristiques que les saints des derniers jours connaissent et chérissent. De plus, certaines déclarations prophétiques ont une signification particulière. Par exemple, les saints des derniers jours considèrent que la prophétie de Paul aux anciens d’Éphèse au sujet des problèmes de rébellion dans l’Église primitive comme une déclaration inspirée au sujet de l’apostasie imminente (Ac. 20:29-30). En outre, ils estiment que la prédiction de Pierre sur le retour de Jésus du ciel « aux temps du rétablissement de toutes choses » commence avec le rétablissement moderne de l’Évangile (3:19-21). Par ailleurs, le livre des Actes a beaucoup à dire au sujet de l’organisation, de la doctrine et du caractère de la prédication de l’Église chrétienne primitive.
 
LES ÉPÎTRES. Les lettres du Nouveau Testament sont traditionnellement divisées en deux groupes, les écrits de Paul et les épîtres générales.
 
Le style des écrits de Paul varie de l’exposé presque officiel dans les Romains à la persuasion charmante dans Philémon. En plus des enseignements chers aux autres chrétiens, les saints des derniers jours manifestent un intérêt particulier pour certains points de doctrine, fonctions ecclésiastiques et pratiques notés dans les ouvrages de Paul. Par exemple, la place des Gentils dans l’histoire du salut (Ro. 9-11) est également traitée dans le Livre de Mormon (par exemple, 1 Né. 13:20-14:7 ; 22:6-11 ; 2 Né. 10:8-18 ; voir Gentils, Plénitude des) ; la notion d’être cohéritier avec le Christ (Ro. 8:16-17) est enseignée dans la révélation moderne (D&A 84:35-38 ; voir Héritiers) ; l’adoption dans le peuple de l’alliance de Dieu (Ro. 8:14-15) est enseignée dans le Livre de Mormon (par exemple, 2 Né. 30:2 ; voir Loi de l’adoption) ; la valeur des dons spirituels (1 Co. 12 ; cf. 1 Th. 5:19-20) est soulignée dans l’Écriture moderne (D&A 46) ; l’importance de la charité ou de l’amour (1 Co. 13) est soulignée en particulier dans ce que dit le prophète Mormon (Mro. 7:40-48) ; la liste donnée par Paul des vertus à rechercher (Ph. 4:8) est à la base du treizième article de foi de Joseph Smith ; l’apostasie qui s’insinue (Ga. 1:6-9) et la désunion dans l’Église primitive (1 Co. 1:10-13), aussi bien que la prophétie de Paul au sujet de l’inévitabilité de l’apostasie (2 Th. 2:1-4 ; cf. 1 Ti. 4:1-3), constitue un thème important des paroles de Jésus ressuscité à Joseph Smith lors de la Première Vision (JS–H 1:18-19) ; l’accomplissement de la loi de Moïse dans le Christ (par exemple, Ga. 3) est affirmée formellement par Jésus ressuscité dans le Livre de Mormon (3 Né. 15:3-10 ; cf. 9:19-20) et sa résurrection physique littérale, accompagnée de nombreuses preuves (1 Co. 15), est soulignée et amplifiée par les apparitions de Jésus ressuscité aux disciples sur le continent américain (v. 34 apr. J.-C. ; 3 Né. 11-28) et dans des déclarations faites à Joseph Smith (cf. D&A 130:22). En matière d’organisation de l’Église, les saints des derniers jours trouvent les commentaires de Paul sur la direction apostolique (Ga. 1:18-19 ;2:9-10) et sa mention d’offices dans la prêtrise tels qu’apôtres, prophètes, évangélistes (Ép. 2:19-21 ; 4:11-13), évêques et diacres (1 Ti. 3) importants pour l’administration de l’Église. Pour ce qui est des pratiques ou des ordonnances, les saints des derniers jours apprécient les déclarations de Paul sur la Sainte-Cène (1 Co. 10:14-21 ; 11:23-30 ; cf. 3 Né. 18:28-29 ; Mro. 4-5), sa mention du baptême pour les morts (1 Co. 15:29) et ses instructions sur l’imposition des mains (1 Ti. 4:14 ; 5:22). Tout cela existe dans l’Église des saints suite à la révélation moderne et les épîtres du Nouveau Testament certifient leur présence dans l’Église primitive.
 
Parmi les épîtres générales, c’est celle de Jacques qui ressort pour les saints à cause de son influence sur le jeune Joseph Smith. En plus du passage qui va l’amener à prier pour être guidé par Dieu (Ja. 1:5), les saints des derniers jours chérissent l’enseignement que la qualité de la foi d’un homme au Christ se reflète dans ses actions quotidiennes (Ja. 2:14-26 ; voir Foi en Jésus-Christ ; Grâce) et la pratique de bénir les malades (Ja. 5:14-15). Parmi les écrits de Pierre, ceux qui sont sans doute le plus souvent cités sont ceux qui parlent de la mission de Jésus parmi les esprits des morts tandis que son corps était au tombeau (1 Pi. 3:18-20 ; 4:6), un sujet important dans la révélation moderne (D&A 138 ; voir Salut des morts). En outre, les passages qui parlent de la Transfiguration (2 Pi. 1:17-18) et du moyen inspiré par lequel la prophétie doit être interprétée (2 Pi. 1:19-21) sont intéressants pour les saints des derniers jours. Comme ils sont dirigés par des apôtres et croient qu’une apostasie s’est produite dans l’Église chrétienne primitive, les saints des derniers jours ont été attirés par les composants du témoignage apostolique des épîtres de Jean (1 Jn. 1:1) et par les indications qu’une grave apostasie était déjà en cours dans l’Église primitive (1 Jn. 4:1-3 ; 3 Jn. 1:9-10).
 
L’APOCALYPSE. En plus de désigner l’apôtre Jean comme l’auteur de cet ouvrage (1 Né. 14:18-28), les Écritures modernes se sont concentrées à la fois sur les thèmes mentionnés dans l’Apocalypse (D&A 77) et sur le texte supplémentaire écrit par Jean (D&A 7 ; voir Jean, Révélations de). L’intérêt des saints a porté sur les sujets qui ont trait aux derniers jours (cf. EPJS, p. 230-236), notamment le traitement de la disparition finale du mal et du règne millénaire du Christ et de ses disciples justes (Ap. 19-20), l’attente de la nouvelle Jérusalem (Ap. 21) et la vision d’un « autre ange [volant] par le milieu du ciel, ayant un Évangile éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre » (Ap. 14:6). Ce dernier passage est habituellement interprété comme se rapportant à l’ange Moroni, qui a visité Joseph Smith en 1823 et lui a révélé l’endroit où les plaques d’or étaient enterrées. En outre, les saints des derniers jours comprennent la mise en garde contre le fait d’ajouter au livre ou d’en retirer (Ap. 22:18-19) comme s’appliquant expressément au livre de l’Apocalypse plutôt qu’à un canon croissant d’Écritures qu’ils chérissent (cf. De. 4:2 ; 12:32 ; 2 Né. 29:3-14).
 
Bibliographie
Anderson, Richard L. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
Bruce, Frederick Fyvie. New Testament History. Garden City, N.Y., 1972.
Conybeare, W. J., et John S. Howson. The Life and Epistles of St. Paul. Grand Rapids, Mich., 1968 (reprint).
Edersheim, Alfred. The Life and Times of Jesus the Messiah, 2 vols. Grand Rapids, Mich., 1950 (reprint).
Jackson, Kent P., et Robert L. Millet, dir. de publ. Studies in Scripture, Vol. 5. Salt Lake City, 1986.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, 3 vols. Salt Lake City, 1965-1973.
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah : The First Coming of Christ. Salt Lake City, 1978.
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah : From Bethlehem to Calvary, 4 vols. Salt Lake City, 1979-1981.
Millet, Robert L., dir. de publ. Studies in Scripture, Vol. 6. Salt Lake City, 1987.
Sperry, Sidney B. Paul's Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
Talmage, James E. JC. Salt Lake City, 1915.
ROBERT C. PATCH

O
 
Opposition
Auteur : EDWARDS, KAY P.
 
L’opposition et le libre arbitre sont des principes éternels et entrelacés dans la théologie de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Le libre arbitre est le pouvoir inné de l’homme de choisir entre diverses options et finalement entre des modes de vie entiers. L’opposition est le cadre dans lequel ces choix et leurs conséquences sont possibles.
 
Dans son récit de la chute d’Adam, Léhi enseigne que la philosophie des opposés est au cœur du plan de rédemption. S’ils étaient restés dans un état d’innocence prémortelle, Adam et Ève n’auraient éprouvé « aucune joie, car ils ne connaissaient aucune misère, [n’auraient fait] aucun bien, car ils ne connaissaient aucun péché » (2 Né. 2:23). Par conséquent, conclut Léhi, « il doit nécessairement y avoir une opposition en toutes choses. S'il n'en était pas ainsi… la justice ne pourrait pas s'accomplir, ni la méchanceté, ni la sainteté ni la misère, ni le bien ni le mal » (2 Né. 2:11).
 
Pour les saints des derniers jours, le contraste et l’opposition existaient dans la vie prémortelle aussi bien que sur la terre (Abr. 3:23-28 ; Moï. 6:56) et la distinction entre le bien et le mal est éternelle. Avant la vie terrestre, les esprits de tous les hommes ont eu des occasions de choisir Dieu et de démontrer leur amour pour lui en obéissant à sa loi (Mt. 22:37) ou de céder aux propositions sataniques de rébellion et de coercition (2 Né. 2:11-15 ; cf. Lu. 16:13 ; 2 Né. 10:16). Des conséquences différentes, opposées même, ont suivi ces choix (Abr. 3:26).
 
L’Écriture rattache le principe de l’opposition aux situations essentielles de l’expérience humaine. Parmi elles, la vie et la mort, la connaissance et l’ignorance, la lumière et les ténèbres, la croissance et l’atrophie.
 
LA VIE ET LA MORT. Parce qu’Adam et Ève ont mangé du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, eux et toute leur postérité sont devenus sujets à la mort physique et aux afflictions et à la dégradation du corps mortel (2 Né. 9:6-7). Ils sont également devenus sujets à la mort spirituelle, qui signifie la séparation spirituelle d’avec Dieu à cause du péché. Néanmoins, par l’intermédiaire du Christ, des dispositions avaient déjà été prises pour assurer leur rédemption (2 Né. 2:26), vaincre les deux morts et les ramener en la présence de Dieu. Dans la perspective de l’éternité, la pire forme de mort est la soumission à Satan et, de ce fait, l’exclusion hors de la présence de Dieu (2 Né. 2:29). Le Christ est venu pour apporter la vie en abondance, la vie éternelle avec Dieu (Jn. 10:28 ; 17:3 ; D&A 132:23-24).
 
LA CONNAISSANCE ET L’IGNORANCE. L’opposition était et est une nécessité pour qui veut avoir une connaissance authentique, « car s'ils n'avaient jamais ce qui est amer, ils ne pourraient pas connaître ce qui est doux » (D&A 29:39 ; cf. 2 Né. 2:15). Pareille connaissance est participative. Parce qu’il « est impossible à un homme d’être sauvé dans l’ignorance (D&A 131:6), a enseigné le prophète Joseph Smith, un homme n’est pas sauvé plus vite qu’il n’acquiert [pareille] connaissance » (EPJS, p. 175 ; cf. 289). On peut aspirer à toute la vérité (D&A 93:28), mais pas sans affronter les hauteurs et les profondeurs de l’expérience de la vie sur terre, que ce soit par procuration ou réellement.
 
LA LUMIÈRE ET LES TÉNÈBRES. Les saints des derniers jours trouvent un parallèle entre la lumière et les ténèbres, le concept des « deux voies » et l’idée des « fils des ténèbres » en guerre avec les « fils de la lumière » mentionnés dans les manuscrits de la mer Morte. Jésus enseigne : « Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien grandes sont ces ténèbres ! » (Mt. 6:23) et celui « qui pèche contre une lumière plus grande recevra une condamnation plus grande » (D&A 82:3). En conclusion, les fils et les filles de Dieu doivent atteindre un stade où « il n’y aura pas de ténèbres [en eux] » (D&A 88:67).
 
LA CROISSANCE ET L’ATROPHIE. Le principe de l’opposition implique également que les gens ne peuvent être mis à l’épreuve et fortifiés que s’il y a une véritable alternative (Abr. 3:23-25) et de vraies résistances. La vie est une situation difficile dans laquelle il y a de vrais risques, de vrais gains et de vraies pertes. De ces mises à l’épreuve découlent la responsabilité, le jugement et la progression spirituelle. Les saints des derniers jours croient que cette rencontre avec le choix et les conditions pour la progression continuera éternellement. Il s’ensuit que dans le cadre de l’Évangile, une fois qu’on est engagé, il n’y a plus de neutralité ni d’immobilisme. Joseph Smith a enseigné : « Si nous ne nous approchons pas de Dieu par le principe, nous nous éloignons de lui » (EPJS, p. 174).
 
On peut se tromper dans la religion en essayant de réconcilier l’irréconciliable ; on peut ainsi voir de l’opposition là où il n’y en a pas. Dans certaines formes de judaïsme et de christianisme, par exemple, l’idée règne que la chair et l’esprit sont opposés et antithétiques. Paul est souvent cité à ce propos. Mais quand on lit attentivement Paul et d’autres auteurs, on constate que, la plupart du temps, la « chair » s’applique à l’homme lié par le péché, et « l’esprit » à quelqu’un qui a été régénéré par le Christ. Ainsi, ce n’est pas la chair, mais les vices de la chair qui doivent être évités. Et ce n’est pas la terre, mais l’amour du monde (la méchanceté) qu’il faut dépasser (TJS Ro. 7:5-27). De même, les saints des derniers jours n’opposent pas en fin de compte la foi à la raison, l’esprit aux sens ou la vie contemplative à une vie d’activité et de service. Ce n’est que quand on les déforme qu’ils s’opposent, parce que quand le moi est uni sous le Christ, ils sont réconciliés.
 
Dans le plan de rédemption, l’opposition n’est pas effacée mais surmontée : le mal par le bien, la mort par la vie, l’ignorance par la connaissance, les ténèbres par la lumière, la faiblesse par la force.
 
Bibliographie
Roberts, B. H. The Gospel. Liverpool, 1888.
Roberts, B. H. Comprehensive History of the Church. Vol. 2, p. 403-406. Salt Lake City, 1930.
KAY P. EDWARDS
 
Ordination à la prêtrise
Auteur : BREWSTER, HOYT W., Jr.
 
Dans l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, l’ordination à la prêtrise est requise de tous ceux qui administrent les ordonnances de l’Évangile de Jésus-Christ.
 
La pratique d’ordonner des hommes à des offices et à des appels dans la prêtrise apparaît dans la Bible aussi bien que dans l’histoire sacrée. Josué a été ordonné par Moïse (No. 27:18-23) et le Christ a choisi et ordonné ses apôtres (Jn. 15:16). Les saints des derniers jours croient que ces ordinations se faisaient par l’imposition des mains. Le principe de l’ordination des anciens prophètes permettant de transmettre ainsi l’autorité d’Adam à Noé est décrit dans la révélation moderne (D&A 84:6-16 ; 107:40-52).
 
Les officiers de l’Église font remonter leur « ligne d’autorité » jusqu’au Seigneur Jésus-Christ. Ceux qui confèrent aujourd’hui l’autorité dans la prêtrise le font sur la base d’une succession d’ordinations dont les premières ont été faites par ceux qui détenaient l’autorité dans les temps anciens (voir Prêtrise d’Aaron : Rétablissement ; Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek). L’autorité dans la prêtrise et le pouvoir d’en haut peuvent être transmis par l’imposition des mains à tous les hommes qui se qualifient pour cela dans un esprit d’humilité. Ceux qui sont ordonnés par un agent autorisé de Dieu considèrent que leur ordination vient du Seigneur lui-même (cf. Al. 13:1). Une révélation de 1830 déclare par la voix du Seigneur : « Je poserai la main sur toi par la main de mon serviteur » (D&A 36:2).
 
L’efficacité de l’ordination ne dépend pas simplement de la formule ou des mots, mais de la dignité et de la sanction de l’Esprit. On peut perdre son autorité dans la prêtrise en en faisant mauvais usage. La prêtrise n’est pas un pouvoir de domination. « Aucun pouvoir, aucune influence ne peuvent ou ne devraient être exercés en vertu de la prêtrise autrement que par la persuasion, par la longanimité, par la gentillesse et la douceur, et par l'amour sincère » (D&A 121:41).
 
Du point de vue des saints, ceux qui sont ordonnés à la prêtrise ne sont pas une élite ni une classe sacerdotale professionnelle distincte des laïques. Tous sont des laïques. Il leur est enseigné que « un homme doit être appelé de Dieu par prophétie et par l’imposition des mains » par ceux qui détiennent l’autorité (5e A de F ; cf. 1 Ti. 4:14). « Par prophétie » signifie le droit de recevoir et le pouvoir d’interpréter les manifestations de la volonté divine.
 
À l’âge de douze ans, tous les saints dignes de sexe masculin peuvent recevoir la Prêtrise d’Aaron et être ordonnés à l’office de diacre. Une fois plus âgés, ils peuvent être ordonnés instructeurs puis prêtres. Les convertis masculins adultes sont généralement ordonnés prêtres peu de temps après le baptême. Un évêque ordonné est mis à part pour présider la Prêtrise d’Aaron et pour remplir les fonctions de grand prêtre président de sa paroisse. Il autorise toutes les ordinations dans la Prêtrise d’Aaron de sa paroisse, qui sont accomplies par un prêtre ou un membre de la Prêtrise de Melchisédek, souvent le père. D’autres détenteurs de la prêtrise se joignent habituellement à l’ordination en se mettant en cercle autour de la personne assise et en posant les mains sur sa tête. Celui qui est porte-parole mentionne l’autorité de la prêtrise et le nom de Jésus-Christ et prononce l’ordination spécifique, qu’il accompagne de recommandations et de promesses.
 
Les hommes dignes de dix-huit ans et plus peuvent recevoir la Prêtrise de Melchisédek et être ordonnés anciens. Les hommes appelés à des postes de présidence dans l’Église tels que les épiscopats, les grands conseils et les présidences de pieu, ainsi que les patriarches et les apôtres, sont ordonnés grands prêtres.
 
À l’heure actuelle, seuls ceux qui sont appelés comme Autorités générales dans un collège de soixante-dix sont ordonnés à l’office de soixante-dix. Les membres du Collège des douze apôtres sont ordonnés apôtres. Les conseillers dans la Première Présidence détiennent généralement, mais pas toujours, l’office d’apôtre. Le prophète de l’Église est le doyen des apôtres. Quand il devient l’officier président, il est ordonné et mis à part comme président de l’Église par le Collège des douze apôtres.
HOYT W. BREWSTER, Jr.
 
Ordonnances
 
[Cette rubrique se compose de deux articles : Ordonnances : Aperçu, un traitement général de la nature des ordonnances au sens le plus large, et Administration des ordonnances, les procédés ecclésiastiques proprement dits utilisés pour l’autorisation et l’accomplissement des ordonnances dans l’Église.]
 
Ordonnances : Aperçu
Auteur : LUSCHIN, IMMO
 
Le mot « ordonnance » est dérivé du latin « ordinare », qui signifie mettre en ordre ou en séquence ou agir par autorisation ou commandement. Les membres de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours considèrent les ordonnances religieuses non comme fixées arbitrairement mais comme instituées dans un but précis par Dieu et comme ayant une portée éternelle.
 
Le pouvoir d’accomplir des ordonnances dont la validité est reconnue par Dieu est inséparablement lié à l’autorité divine conférée à l’homme mortel, c’est-à-dire la prêtrise de Dieu, « laquelle prêtrise continue dans l'Église de Dieu dans toutes les générations… C'est pourquoi, le pouvoir de la divinité se manifeste dans ses ordonnances. Et sans ses ordonnances, et l'autorité de la prêtrise, le pouvoir de la divinité ne se manifeste pas aux hommes dans la chair » (D&A 84:17, 20-21).
 
Les ordonnances dans l’Église contiennent des instructions et un symbolisme riche. L’onction d’huile consacrée (par exemple, comme dans le temple) rappelle l’utilisation d’huile sacrée lors du couronnement des rois et l’appel des prophètes dans les temps anciens. L’imposition des mains aux malades suggère symboliquement l’invocation et la transmission du pouvoir d’en haut. Les « eaux du baptême » symbolisent d’une manière riche la réalité de la nouvelle naissance.
 
Les Écritures modernes montrent abondamment que Dieu a fixé des ordonnances immuables et éternelles en tant qu’éléments essentiels du plan de salut et de rédemption (És. 24.5 ; Mal. 3:7 ; Al. 13:16 ; D&A 124:38). Le prophète Joseph Smith a enseigné que « les ordonnances de l’Évangile… ont été posées avant les fondations du monde » et « il ne faut pas les altérer ou les changer. Tous doivent être sauvés selon les mêmes principes » (EPJS, p. 298, 249).
 
On peut trouver un exemple biblique de la nécessité des ordonnances dans la déclaration du Seigneur à Nicodème qu’on doit « naître de nouveau » (Jn. 3:3). Le prophète Joseph Smith a enseigné que « c’est par l’Esprit de Dieu, par l’intermédiaire des ordonnances qu’on naît de nouveau » (EPJS, p. 129). Le processus du salut se vit comme un « grand changement dans votre cœur » (Al. 5:14) sous l’égide et avec l’aide de l’Esprit de Dieu en gardant les ordonnances divines. L’épreuve de l’obéissance est réitérée dans les temps modernes, un processus dont il est dit qu’il s’applique « dans tous les cas sous tous les cieux ». On n’est entièrement accepté de Dieu et on n’est « de Dieu » que si on « obéit à [s]es ordonnances » (D&A 52:14-19). Certaines ordonnances sont universelles de nature (cf. Lé. 18:4 ; Ro. 13:2 ; Al. 30:3 ; D&A 136:4), alors que d’autres sont des rites et des cérémonies décrétés à des fins spéciales au sein de l’œuvre du Seigneur (par exemple, No. 18:8 ; Hé. 9:10 ; Al. 13:8 ; D&A 128:12).
 
Les ordonnances, dans le sens des rituels et des cérémonies, embrassent la vie terrestre tout entière des fils et des filles de Dieu et sont accomplies par les représentants autorisés du Seigneur, les détenteurs de sa prêtrise. En effet, les ordonnances sont l’aspect visible de l’efficacité de la prêtrise, l’action de l’autorité divine appropriée conférée à l’homme mortel.
 
Certaines ordonnances sont des conditions requises pour entrer dans la gloire céleste (baptême, don du Saint-Esprit) et pour l’exaltation (ordination dans la prêtrise, dotation au temple, mariage céleste). Chaque humain qui vit, qui a jamais vécu, ou qui vivra un jour sur la terre a besoin de ces ordonnances. Par conséquent, des ordonnances doivent être accomplies par procuration en faveur de ceux qui n’ont pas eu l’occasion de les recevoir pendant leur vie ici-bas.
 
D’autres ordonnances augmentent le bien-être physique, émotionnel et spirituel de leurs bénéficiaires sans être des conditions requises pour la gloire céleste ou pour entrer dans la présence de Dieu le Père. Ces ordonnances supplémentaires sont l’attribution d’un nom aux enfants, la confirmation, la consécration d’huile, la consécration de bâtiments et la consécration de tombes. L’imposition des mains aux malades contribue à la santé et au bien-être ainsi qu’au soulagement et au réconfort émotionnels. Les bénédictions patriarcales et paternelles données aux enfants les guident spirituellement. Un renouvellement essentiel des alliances se produit lorsque l’on prend la Sainte-Cène et que l’on s’engage solennellement à se conduire comme il sied à quelqu’un qui porte le nom du Christ, à toujours se souvenir de lui et à garder les commandements qu’il a donnés. Pareille obéissance augmente la sensibilité aux directives et à la sanctification de l’Esprit.

Les ordonnances reflètent la vérité que l’Église du Seigneur est une maison d’ordre. Elles rappellent également aux membres leur situation dans le royaume de Dieu sur terre.
 
Non seulement celui qui accomplit une ordonnance doit se qualifier pour le faire, mais ceux qui reçoivent l’ordonnance doivent se préparer pour l’événement. Le quatrième article de foi dit : « Nous croyons que les premiers principes et ordonnances de l'Évangile sont : premièrement la foi au Seigneur Jésus-Christ, deuxièmement le repentir, troisièmement le baptême par immersion pour la rémission des péchés, quatrièmement l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit. » Ces étapes préliminaires sont dans un ordre précis et divinement prévu et, en les suivant, on avance « de grâce en grâce » comme cela a été le cas du Fils de Dieu lui-même (D&A 93:13 ; cf. Lu. 2:52). En effet, la révélation moderne enseigne : « Si un homme obtient une plénitude de la prêtrise de Dieu, il faut qu’il l’obtienne de la même manière que Jésus-Christ, c’est-à-dire en gardant tous les commandements et en obéissant à toutes ordonnances de la Maison du Seigneur » (EPJS, p. 249).
 
Quand elles sont accomplies avec autorité et pouvoir, les ordonnances sont suivies de bénédictions divines. Elles ont « efficacité, vertu, [et] force » (D&A 132:7). Elles éclairent l’esprit et vivifient l’âme tout entière (JS–H 1:74). Après être entré dans le processus du baptême, le premier homme a été « vivifié dans l’homme intérieur » (Moï. 6:65). Les ordonnances unissent l’homme à Dieu et l’homme à l’homme : « Voici, tu es un en moi, un fils de Dieu ; et c'est ainsi que tous peuvent devenir mes fils » (Moï. 6:68).
 
Bibliographie
Smith, Joseph F. GD.
IMMO LUSCHIN
 
Ordonnances : Administration des ordonnances
Auteur : LUSCHIN, IMMO
 
Il faut que les ordonnances accomplies dans l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours « soient faites dans l’ordre » (D&A 20:68) par quelqu’un qui est ordonné. La racine linguistique commune des mots « ordonnance », « ordre » et « ordonner » implique une succession, un droit et une responsabilité solennelle fixes.
 
L’administration de toutes les ordonnances présuppose la dignité de l’administrateur et du bénéficiaire. La plupart se font par l’imposition des mains de quelqu’un qui a été dûment ordonné. Il faut que ce soit quelqu’un « dont l'Église sait qu’il a l’autorité » (D&A 42:11), que l’on peut faire remonter par un lignage démontré à la source de toute autorité, Jésus-Christ. Toutes les ordonnances se font au nom du Fils, Jésus-Christ, et par l’autorité de la Prêtrise d’Aaron ou de la Prêtrise de Melchisédek. Pour certaines ordonnances, telles que le baptême et l’administration de la Sainte-Cène, les Écritures prescrivent les mots exacts. Pour d’autres, telle que l’imposition des mains aux malades, on prononce le nom du bénéficiaire et on déclare l’autorité de l’officiant, après quoi l’on donne une bénédiction spontanée suivant l’inspiration.
 
Les ordonnances qui sont essentielles au salut doivent être accomplies sous la direction de ceux qui détiennent les clefs pour désigner ceux qui doivent les accomplir (voir Hé. 5:4 ; cf. D&A 132:7). La validité des ordonnances accomplies et leur ratification ou scellement divins nécessitent cette approbation.
 
Conformément aux précédents bibliques et aux commandements modernes, toutes les ordonnances du salut et de l’exaltation, du baptême au mariage au temple, se font en présence de témoins et un rapport approprié et fidèle est fait et conservé dans les archives de l’Église (2 Co. 13:1 ; cf. D&A 128:2-5). Ainsi, les ordonnances deviennent une « loi sur la terre et dans les cieux » et, à moins que les alliances soient violées, elles ne peuvent pas être annulées, « conformément aux décrets du grand Jéhovah » (D&A 128:6-10).
 
Bibliographie
Manuel de la Prêtrise de Melchisédek. Salt Lake City, 1989.
IMMO LUSCHIN
 
Ordre patriarcal de la prêtrise
Auteur : McKINLEY, LYNN A.
 
Pour les saints des derniers jours, l’ordre patriarcal de la prêtrise est le pouvoir et le principe organisateur de la vie de famille céleste. C’est la forme finale et idéale de gouvernement. Il répond à la question de Parley P. Pratt : « Qui peut supporter d’être banni et séparé pour toujours de son père, de sa mère, de son conjoint, de ses enfants et de toutes les affections analogues et de tous les liens familiaux ? » (Pratt, Utah Genealogical and Historical Magazine 23, avr. 1932, p. 59).
 
Dans l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours il y a deux divisions de la prêtrise : celle d’Aaron et celle de Melchisédek. L’ordre suprême de la Prêtrise de Melchisédek est l’autorité patriarcale. L’ordre a été divinement établi avec notre père Adam et notre mère Ève. Ils sont la source et les ancêtres de tous les vivants et ils apparaîtront au point culminant de l’histoire de la terre à la tête de toute la famille scellée des rachetés. Les promesses faites à Abraham et à Sara appartiennent à ce même ordre.
 
Trois principes sont à la base de l’ordre patriarcal. Premièrement, les tout premiers parents du genre humain étaient, dans leur état paradisiaque en Éden, unis dans des liens éternels avant que la mort ne s’introduise dans leur vie. Deuxièmement, la chute de l’homme et la source continuelle de dégénérescence en ce monde ont eu comme conséquence l’aliénation des parents d’avec Dieu, l’un d’avec l’autre et d’avec leurs enfants. Troisièmement, la raison d’être de la vie éternelle aussi bien que la perpétuation des pouvoirs de création et de procréation – l’accroissement éternel – est que c’est ce qui va mettre fin à cette rupture d’harmonie.
 
L’ordre patriarcal est, pour employer les termes de James E. Talmage, un état de choses dans lequel « la femme partage avec l’homme les bénédictions de la prêtrise », où mari et femme exercent leur ministère « en voyant et en comprenant de la même façon et en coopérant entièrement au gouvernement du royaume qu’est leur famille » (Young Woman’s Journal 25, oct. 1914, p. 602-603). Un homme ne peut pas détenir cette prêtrise sans épouse et une femme ne peut pas jouir des bénédictions de cette prêtrise sans un mari auquel elle est scellée dans le temple.
 
Pour ce qui est de l’autorité patriarcale, le prophète Joseph Smith a exhorté les saints : « Allez et terminez [le temple de Nauvoo], et Dieu le remplira de pouvoir et vous recevrez alors plus de connaissance au sujet de cette prêtrise » (EPJS, p. 261, cf. D&A 107:18, 20). Cette prêtrise et les pouvoirs qui l’accompagnent furent présentés en 1843 à Nauvoo. Elle fut conférée en premier à la Première Présidence, aux apôtres et à leurs épouses (WJS, p. 244-245).
 
Aujourd’hui maris et femmes engagés entrent dans cet ordre dans le temple dans une alliance avec Dieu. Les bénédictions de cette prêtrise sont données seulement au mari et à la femme ensemble. Leurs alliances se prolongent au-delà de cette vie (D&A 76:59, 60), au-delà de la mort (D&A 132:20-24) et dans la résurrection, jusqu’aux vies éternelles, à savoir le don et la réception éternels de la vie.

Ainsi unis, ils œuvrent dans l’amour, la foi et l’entente à la glorification de leur famille. S’ils ne sont pas unis dans un amour obéissant, s’ils ne sont pas un, ils ne sont pas du Seigneur. Par la suite, par cet ordre, la famille sera liée par des liens indissolubles en remontant jusqu’aux premiers parents et, dans l’autre sens, jusqu’au dernier enfant né dans ce monde. Cet ordre de la prêtrise sera à la fois le moyen et l’aboutissement de la réconciliation, de la rédemption, de la paix, de la joie et de la vie éternelle.
LYNN A. MCKINLAY

P
 
Papyrus de Joseph Smith
Auteur : TODD, JAY M.
 
L’expression « papyrus de Joseph Smith » désigne très exactement douze morceaux existants du papyrus égyptien que le prophète Joseph Smith a acheté en juillet 1835 à Michael H. Chandler. Situés dans les archives de l’Église, ces fragments ont une taille qui va de 18,5 x 31 cm à 16 x 11 cm. Le fac-similé n° 1 du livre d’Abraham vient d’un de ces fragments. Au sens large, l’expression désigne aussi les fac-similés 2 et 3 du même livre et les papiers et tous les documents égyptiens de la période de Kirtland de l’histoire de l’Église contenant de petites sections de texte copiées des papyrus. La découverte et la transmission des momies et des papyrus sont traitées dans Livre d’Abraham : origine.
 
L’origine des écrits antiques est passionnante à retrouver. En 1798, la conquête de l’Égypte par Napoléon réveilla l’intérêt de l’Europe pour les trésors de l’Égypte. Antonio Lebolo, un collectionneur italien, fit des fouilles en Égypte entre 1817 et 1821. En 1820 il travailla à Thèbes, près d’El Gourna ; Chandler dit que les momies de Lebolo venaient de là (Todd, p. 45, 130). Vers 1822, Lebolo retourna en Italie où il mourut le 19 février 1830. En 1831, son fils, Pietro, fit une enquête pour sa    voir pourquoi Albano Oblasser, le marchand transporteur ne l’avait pas remboursé pour onze momies. En 1833, son fils Pietro autorisa Francesco Bertola, à Philadelphie, à vendre onze momies qu’Oblasser avait envoyées à un associé à New York (Peterson, p. 145-147).

On ne sait pas comment Chandler s’est procuré ses possessions. On sait que les momies et les papyrus de Lebolo furent exposés à Philadelphie (avril-mai 1833) et à Baltimore. Au mois de septembre 1833, six avaient été montrées à Harrisburg et une avait été publiquement disséquée à Philadelphie. En juin 1835, quatre momies et papyrus furent exposés à Cleveland, à trente kilomètres au sud-ouest de Kirtland (Todd, p. 108-143).
 
Au début de juillet 1835, Chandler visita Kirtland où il rencontra Joseph Smith à qui il demanda « s’il avait un pouvoir par lequel il pouvait traduire l’égyptien ancien. M. Smith répondit que oui » (P. Pratt, Millennial Star, juillet 1842). Chandler lui montra quelques hiéroglyphes que d’autres avaient prétendument interprétés. Joseph Smith s’en alla et revint avec une traduction écrite en anglais correspondant à l’interprétation que Chandler avait déjà reçue. Le prophète manifesta de l’intérêt pour les papyrus, mais Chandler ne voulait pas dépareiller son exposition. Peu après, des membres de l’Église achetèrent pour $2.400 « quatre formes humaines… avec deux rouleaux de papyrus ou davantage » (HC 2:235). Oliver Cowdery se rappela plus tard que c’étaient « deux rouleaux… [avec] deux ou trois autres petits morceaux », le texte écrit « à l’encre ou avec de la peinture noire et une petite partie à l’encre rouge » (Messenger and Advocate, 31 déc. 1835). En trois jours, Joseph Smith traduisit « quelques hiéroglyphes et, à notre grande joie, constata qu’un des rouleaux contenait les écrits d’Abraham et un autre, les écrits de Joseph d’Égypte ». Joseph Smith travailla du 17 au 31 juillet à « continuellement… traduire un alphabet… et arranger une grammaire » de l’égyptien (HC 2:236-238). Le 1er octobre, alors qu’il travaillait sur l’alphabet, « les principes de l’astronomie tels qu’ Abraham les comprenait… furent dévoilés » (HC 2:286). Le 17 novembre, il « montra l’alphabet » (HC 2:316). Il écrit qu’il traduisit « les documents égyptiens » le 7 octobre, les 19 et 20 novembre (le 20: « J’ai avancé rapidement ») et du 24 au 26 novembre (HC 2:289, 318, 320). Les archives de l’Église contiennent les textes du livre d’Abraham (Abr. 1:1-2:18) de cette période.
 
En 1837, un visiteur écrivit : « Ces documents étaient déchirés… certaines parties entièrement perdues, mais Smith doit traduire le tout par l’inspiration divine et ce qui est perdu, comme le songe de Nebucadnetsar, peut être interprété aussi bien que ce qui est préservé. » Joseph Smith fit transférer les momies et les papyrus dans des localités voisines et, en 1836, ils étaient dans le temple de Kirtland. Malgré les soins, les papyrus avaient été endommagés. En conséquence, ils furent coupés en morceaux et certains furent collés sur du papier pour les conserver. Le 4 janvier 1838, il y avait au moins « deux tiers non divisés ». Pendant la période 1838-1839, les papyrus et les momies passèrent l’hiver à Quincy (Illinois), où ils furent exposés, pratique qui continua jusqu’en 1856 (Todd, p. 197-203).
 
En 1842, Joseph Smith s’occupa de préparer les fac-similés pour la publication et écrivit vraisemblablement ses « Explications », qui sont imprimées avec eux ; le 23 février, il donna des instructions à l’imprimeur sur la façon de faire la plaque pour le fac-similé n° 1, qui fut, avec son « explication », imprimé dans le numéro du 1er mars du Times and Seasons avec Abraham 1:1-2:18. Le 4 mars, il donna des instructions à l’imprimeur sur les fac-similés n° 2 et 3 ; les 8 et 9 mars, il fit de la « traduction » et de la « révision » (HC 4:518, 543-548). La partie finale du livre d’Abraham (2:19-5:21) et le fac-similé n° 2 avec son « explication » furent imprimés dans le numéro du 15 mars ; le fac-similé n° 3 et son « explication » furent imprimés le 16 mai.
 
Bien que les rouleaux de papyrus aient été raccourcis, un visiteur vit en février 1843 « un long rouleau de manuscrit, [et on lui dit que] c’était « l’écrit d’Abraham » et on lui montra « un autre rouleau » (Todd, p. 245). Après la mort de Joseph Smith, les objets égyptiens furent tenus principalement par sa mère et puis par Emma Smith après la mort de Lucy, le 14 mai 1856. Le 25 mai 1856, Emma vendit « quatre momies égyptiennes avec les documents qui les accompagnaient » à M. Abel Combs (IE, janv. 1968, p. 12-16). (Les pionniers transportèrent un fragment dans l’Ouest.) Combs vendit ensuite deux momies avec quelques papyrus, qui furent envoyés au musée de St-Louis (1856) ; ils finirent au musée de Chicago (1863) où ils brûlèrent apparemment en 1871. Le sort des deux autres momies et papyrus de Combs est inconnu, mais certains papyrus restèrent car, en 1918, Mme. Alice Heusser, de Brooklyn, une fille de la femme de charge de Combs, alla trouver le musée métropolitain d’art de New York avec des papyrus ayant appartenu à Joseph Smith. En 1947, le musée acheta les papyrus à son mari devenu veuf. En mai 1966, Aziz S. Atiya, de l’université d’Utah, vit onze fragments de Heusser au musée. Il en informa les dirigeants de l’Église et, le 27 novembre 1967, l’Église acheta les fragments ; l’un d’eux est le fac-similé n° 1.
 
Les égyptologues qui ont étudié les fragments ces dernières années les identifient généralement comme étant des textes religieux, certains du Livre des Morts, datant de 500-300 av. J.-C., d’autres du Livre des Respirations, datant d’environ 100 apr. J.-C. Depuis la redécouverte des fragments, les chercheurs ont cherché à apprendre si l’un d’entre eux, autre que le fac-similé n° 1, est lié au livre d’Abraham. [Voir aussi Livre d’Abraham : Fac-similés du livre d’Abraham.]
 
Bibliographie
Nibley, Hugh. The Message of the Joseph Smith Papyri. Salt Lake City, 1975.
Peterson, H. Donl. “Sacred Writings from the Tombs of Egypt”. Dans The Pearl of Great Price : Revelations from God, dir. de publ. D. Peterson et C. Tate, Provo, Utah, 1989.

Pâques
Auteur : Jamison, Mary Ellen Stewart

Pâques est la fête chrétienne qui célèbre la résurrection de Jésus-Christ. Après sa mort sur la croix, son corps fut placé dans un sépulcre, où il resta, séparé de son esprit, jusqu'à sa résurrection, quand son corps et son esprit furent réunis. Les saints des derniers jours affirment et témoignent que Jésus-Christ est ressuscité et vit aujourd'hui avec un corps de chair et d'os glorifié et rendu parfait. Après sa résurrection, Jésus apparut d'abord à Marie de Magdala et ensuite aux autres disciples. Certains n'étaient pas convaincus de sa résurrection, estimant que ses apparitions étaient celles d'un esprit désincarné. Jésus leur assura : « Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi ; touchez-moi et voyez : un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai » (Luc 24:39). Il mangea ensuite du poisson et du miel en leur présence, dissipant encore davantage leurs doutes.

Pâques célèbre non seulement la résurrection du Christ, mais aussi la résurrection universelle. Grâce à l'expiation de Jésus-Christ, tous les hommes ressusciteront. Leur corps et leur esprit seront réunis pour ne plus jamais être séparés. Les saints savent que ce que Paul a dit est vrai : « Mais maintenant Christ est ressuscité des morts, il est les prémices de ceux qui sont morts... comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ » (1 Corinthiens 15:20; cf. Alma 11:42-45).

Les saints des derniers jours ont un service le dimanche de Pâques, mais ne suivent pas les observances religieuses du mercredi des cendres, du carême ou de la semaine sainte. Lors du service de Pâques chez les saints, on revoit traditionnellement les récits du Nouveau Testament et du Livre de Mormon concernant la crucifixion du Christ, sa résurrection et les événements qui les entourent. Pour ces services, les chapelles sont souvent ornées de lys blancs et d’autres symboles de la vie. La chorale de paroisse présente fréquemment des cantates de Pâques et l’assemblée chante des cantiques de Pâques. Comme lors des services religieux des autres dimanches, les emblèmes de la Sainte-Cène (voir Communion) sont distribués à l’assemblée.

Certaines familles ajoutent, pour le plus grand plaisir des enfants, des œufs de Pâques à leur fête familiale. Ces traditions ne sont pas officiellement déconseillées, bien qu’elles n’aient aucune signification religieuse pour les saints des derniers jours. L'objectif de la fête est religieux. Pour les saints des derniers jours, Pâques est une fête de la promesse de la vie éternelle grâce au Christ. Ils partagent la conviction de Job : « Mais je sais que mon rédempteur est vivant, Et qu’il se lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau sera détruite, il se lèvera ; Quand je n’aurai plus de chair, je verrai Dieu. » (Job 19:25-26).
Bibliographie
Kimball, Spencer W. "The Real Meaning of Easter." Instructor 93, avr. 1958, p. 100-101.
MARY ELLEN STEWART JAMISON

 
Paraboles
Auteur : HOWE, SUSAN
 
Une parabole est un bref récit didactique qui utilise des personnages, des situations et des coutumes que l’auditoire connaît bien. Elle vise à transmettre un message spirituel, mais le lecteur doit habituellement déduire le message de l’histoire, laquelle présente généralement un certain aspect de la vie quotidienne. Du fait que c’est une histoire, la parabole est parfois plus mémorable et plus intéressante que l’exhortation directe. On lui prête plusieurs niveaux de signification et elle peut être interprétée différemment selon la sensibilité et la préparation spirituelle de l’auditeur. Pour les saints des derniers jours, il est significatif que le Seigneur, par l’intermédiaire du prophète Joseph Smith, ait proposé quelques paraboles supplémentaires et ait utilisé celles données pendant le ministère de Jésus pour enrichir la partie du message du rétablissement de l’Évangile qui touche aux événements des derniers jours.
 
Dans sa traduction de la Bible (TJS), Joseph Smith a retravaillé certaines des paraboles du Christ rapportées dans les Évangiles synoptiques. En outre, il a souvent fait allusion aux paraboles du Christ dans ses discours et ses articles. Dans les révélations du Seigneur, il a reçu au moins trois paraboles originales qui ne sont pas dans le Nouveau Testament (D&A 38:26-27 ; 88:51-61 ; 101:43-62). Pour celles du Nouveau Testament qu’il a retravaillées, parce qu’il était conscient de ce que la signification d’une parabole réside dans l’intérêt qu’elle peut avoir pour son auditoire d’origine, il a utilisé comme clef pour son interprétation la situation qui a amené le Christ à raconter sa parabole (EPJS, p. 223-224). Ensuite, sous l’inspiration, il a interprété pratiquement toutes les paraboles de Matthieu 13 selon leur application aux derniers jours ou à la mission de l’Église rétablie qui est d’aider à préparer les gens à la seconde venue du Christ (cf. D&A 45:56 ; 63:53-54 ; EPJS, p. 72-77).
 
Joseph Smith a montré que beaucoup de paraboles du Christ concernaient la mission moderne de l’Église. Par exemple, la section 86 des Doctrine et Alliances voit dans la parabole de l’ivraie (cf. Mt. 13:24-30, 36-43) une description de l’apostasie et du rétablissement du véritable Évangile du Christ : « les apôtres étaient les semeurs du bon grain » mais « lorsqu'ils se sont endormis… l'ivraie étouffe le bon grain et chasse l'Église dans le désert » (D&A 86:2-3). Cependant, le bon grain, qui est la véritable Église du Christ, germe à nouveau : « En ces derniers jours… le Seigneur commence à faire sortir la parole et… la pousse croît et est encore tendre » (D&A 86:4). La TJS applique cette parabole aux derniers jours : « En ce jour, avant que le Fils de l’homme vienne, il enverra ses anges et ses messagers du ciel » (TJS, Mt. 13:42). Ces anges et ces messagers sont appelés à fortifier le bon grain dans les derniers jours avant que les méchants soient détruits. Cette parabole porte donc sur la période précédant immédiatement la fin du monde (cf. D&A 101:65-66).
 
D’autres mentions continuent à rattacher les paraboles du Christ à l’Église des derniers jours. La version TJS de la parabole des dix vierges (Mt. 25:1-13) commence ainsi : « Ce jour-là, avant que le Fils de l’homme vienne, le royaume des cieux sera semblable à dix vierges » (TJS, Mt. 25:1). Les Doctrine et Alliances font, elles aussi, allusion à cette parabole : « Le jour de la venue du Fils de l'Homme… il y aura des vierges folles parmi les sages ; et à cette heure-là, il se produira une séparation complète des justes et des méchants » (D&A 63:53-54 ; cf. 45:56-57). À propos de la parabole du grain de sénevé (Mt. 13:31-32) : « C’est la plus petite de toutes les semences ; mais, quand il a poussé, il est plus grand que les légumes » (Mt. 13:32), Joseph Smith a écrit : « Nous pouvons ici clairement découvrir que cette image est donnée pour représenter l’Église telle qu’elle paraîtra dans les derniers jours » (EPJS, p. 75). Il y voit aussi une comparaison avec le Livre de Mormon :
 
« Prenons le Livre de Mormon qu’un homme prit et cacha dans son champ… pour qu’il reparaisse dans les derniers jours, en temps voulu ; voyons-le sortir de terre… oui, devenir gigantesque, avec d’immenses branches et une majesté divine, jusqu’à ce qu’il devienne, comme le grain de sénevé, la plus grande de toutes les plantes. Et il est la vérité, et il a germé, et il est sorti de la terre et la justice commence à regarder du haut des cieux et Dieu envoie d’en haut ses pouvoirs, ses dons et ses anges pour habiter dans ses branches » [EPJS, p. 75].
 
En commentant d’autres paraboles, Joseph Smith compare les trois mesures de farine dans lesquelles une femme met du levain (Mt. 13:33) aux trois témoins du Livre de Mormon (EPJS, p. 76-77). Le trésor caché dans un champ pour lequel un homme « va vendre tout ce qu’il a, et achète ce champ » (Mt. 13:44) est comparé aux saints qui « vendent tout ce qu’ils ont et se rassemblent en un endroit qu’ils peuvent acheter comme héritage » (EPJS, p. 78). Au « maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes » (Mt. 13:52), le prophète Joseph Smith compare « le Livre de Mormon sort[i] du trésor du cœur… les alliances données aux saints des derniers jours [et] la traduction de la Bible, faisant ainsi sortir du cœur des choses nouvelles et anciennes » (EPJS, p. 102)
 
D’autres paraboles ont été utilisées dans les Doctrine et Alliances pour proposer des conseils pour des incidents particuliers. En 1833, les saints des derniers jours du comté de Jackson (Missouri) furent chassés de chez eux par des émeutiers armés. Dans une révélation reçue le 16 décembre 1833 par Joseph Smith, deux paraboles proposent les mesures à prendre. La première parabole (D&A 101:43-62) est originale, bien qu’elle fasse écho à la parabole du Christ sur les vignerons (cf. Mt. 21:33-44). Un noble envoie des serviteurs dans sa vigne planter douze oliviers et ensuite protéger la vigne en dressant une haie, en plaçant des gardes et en érigeant une tour. Ses serviteurs obéissent au début mais deviennent ensuite paresseux. Un ennemi vient la nuit, abat la haie et les oliviers et s’empare de la vigne. Le noble appelle les serviteurs à rendre des comptes et puis demande à tous les hommes de sa maison d’aller « directement dans la terre de [sa] vigne et de la racheter » (D&A 101:56). Cette parabole, interprétée deux mois plus tard dans une révélation ultérieure (D&A 103), va servir de base pour le camp de Sion, une milice de saints appelés à marcher d’Ohio au Missouri afin de récupérer le pays de leurs coreligionnaires.
 
L’autre parabole citée dans la révélation de décembre 1833 (D&A 101:81-91) est celle de la femme et du juge inique (Lu. 18:1-8). Le juge fait justice à la femme parce qu’elle ne cesse de l’importuner. De même, les saints expulsés de l’époque sont exhortés à « importune[er] aux pieds du juge » puis du gouverneur, puis du président des États-Unis, jusqu’à ce qu’ils aient obtenu réparation (D&A 101:85-89).
 
Ces paraboles, ainsi que d’autres qu’il a utilisées (cf. D&A 35:16 ; 38:24-27 ; 45:36-38 ; 88:51-61), enrichissent les enseignements de Joseph Smith.
 
Bibliographie
Brooks, Melvin R. Parables of the Kingdom. Salt Lake City, 1965.
Burton, Alma P., dir. de publ. Discourses of the Prophet Joseph Smith, p. 196-204. Salt Lake City, 1965.
Jeremias, Joachim. The Parables of Jesus. Londres, 1954.
SUSAN HOWE
 
Patriarche
 
[Cette rubrique se compose de deux articles : Patriarche : Patriarche de pieu et Patriarche : Patriarche de l'Église. Un patriarche est un appel dans la prêtrise de l’Église. Chaque pieu a un ou plusieurs patriarches et leurs devoirs sont expliqués dans le premier article. Le deuxième article donne l’histoire de la fonction de patriarche de l’Église.]
 
Patriarche : Patriarche de pieu
Auteur : BALLIF, ARIEL S.
 
Chaque pieu dans l'Église a au moins un patriarche ordonné, comme le prophète Joseph Smith l’a écrit, « au profit de la postérité des saints comme c’était le cas pour Jacob quand il a donné sa bénédiction patriarcale à ses fils » (WJS, p. 6). L'âge n'intervient pas et l'appel, qui est un appel de service bénévole consistant à donner des bénédictions patriarcales aux membres du pieu, peut être donné à tout grand prêtre digne et spirituellement mûr.
 
Les pères, d'Adam à Jacob, sont considérés comme des patriarches de cet ordre. Le mot « patriarche » est souvent employé dans la Bible comme titre honorifique pour les premiers dirigeants des Israélites. C’est peut-être dans ce sens que Pierre parlait du « patriarche David » (Ac. 2:29). Étienne disait des fils de Jacob qu’ils étaient les « douze patriarches » (Ac. 7:8-9). Ces hommes ont sans doute été des patriarches naturels, étant des pères, et certains d'entre eux ont pu également avoir été ordonnés à la prêtrise patriarcale. En vertu de cette prêtrise et sous l'inspiration, ils pouvaient conférer à leurs fils et à leurs filles des promesses, des droits et des devoirs semblables à ceux de la famille d'Abraham.
 
Les Doctrine et Alliances parlent de « ministres évangéliques » que l’on comprend comme étant des patriarches. Le Conseil des douze apôtres a la responsabilité d’appeler et d'ordonner les patriarches de pieu « qui leur seront désignés par révélation » (D&A 107:39). Cette responsabilité est maintenant généralement déléguée aux présidents de pieu. Un patriarche de pieu peut aussi donner des bénédictions patriarcales en dehors de son pieu aux membres de sa famille. S'il va s’installer dans un autre pieu, il faudra l’accord du Conseil des Douze pour qu’il puisse y exercer ses fonctions.
 
La formation et la préparation des patriarches comprennent un renforcement spirituel par la prière et une vie juste, l'étude constante de l'héritage scripturaire et historique de l'appel et des réunions occasionnelles où ils sont instruits par leurs dirigeants.
 
Pour recevoir une bénédiction d'un patriarche de pieu, les membres de l'Église ont besoin d’une recommandation de leur évêque, qui leur est remise à la suite d’un entretien. L’évêque donne son accord après s’être assuré que l’intéressé désire la bénédiction et est préparé à la recevoir et que sa fidélité à l'Évangile et son service dans l’Église montrent qu’il en est digne. La bénédiction est donnée dans un lieu paisible, habituellement une salle au centre de pieu ou chez le patriarche. Les parents, le conjoint ou d'autres membres de la famille immédiate peuvent être invités à assister à la bénédiction. Le bénéficiaire est assis. Le patriarche pose les mains sur la tête de la personne et invoque l'inspiration du Saint-Esprit. Dans l'esprit du jeûne et de la prière, toutes les personnes présentes sont unies dans la foi pour obtenir une perspective inspirée des bénédictions du droit de naissance et de la destinée du bénéficiaire. Le patriarche recherche également l'inspiration pour indiquer le lignage familial dominant qui remonte à Abraham. Ensuite, comme cela lui est manifesté par l'Esprit, le patriarche prononce des exhortations, fait des promesses et donne des assurances.
 
Le patriarche de pieu enregistre et transcrit toujours les bénédictions qu'il donne. L’original est envoyé à la division patriarcale du Département d’histoire de l'Église. L’exemplaire remis au bénéficiaire devient un document permanent considéré comme sacré. Il est habituellement réservé au seul bénéficiaire ou, plus tard, à sa famille et à ses descendants.
 
La désignation de patriarches de pieu ne supplante pas l'appel et le droit de tout père dans l'Église qui détient la Prêtrise de Melchisédek de donner également des bénédictions paternelles à chacun de ses enfants. Les pères détenteurs de la prêtrise ont, au même titre que les patriarches ordonnés, le pouvoir, par l'inspiration spirituelle, de donner une bénédiction de prêtrise tournée vers l’avenir qui amplifiera la vision, fortifiera la foi et rendra plus claire la mission que devra remplir dans la vie la personne qui reçoit la bénédiction.
 
Bibliographie
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations, chap. 16, p. 321-325. Salt Lake City, 1967.
ARIEL S. BALLIF
 
Patriarche : Patriarche de l’Église
Auteur : STEPHENS, CALVIN R.
 
Avant 1979, le patriarche de l'Église était un dirigeant dont le devoir principal était de conférer des bénédictions patriarcales aux membres de l’Église qui n’avaient pas facilement accès aux services des patriarches de pieu. Le prophète Joseph Smith a expliqué qu'un « évangéliste » (comme dans Éphésiens 4:11) est un « patriarche » (EPJS, p. 151), c'est-à-dire qu’il confère les bénédictions d'un patriarche aux membres de l'Église. Actuellement, on ordonne des patriarches dans les différents pieux de l'Église, mais pendant de nombreuses années, il y a eu un patriarche pour l'Église tout entière. Il était considéré comme l’une des Autorités générales.
 
Le 18 décembre 1833, à Kirtland (Ohio), Joseph Smith, père, fut ordonné premier patriarche de l'Église (D&A 107:39-56) avec juridiction sur toute l'Église. À sa mort, Hyrum Smith, son fils aîné encore en vie, lui succéda jusqu’à son martyre le 27 juin 1844. William Smith, un frère cadet, fut ordonné, le 24 mai 1845, patriarche de l'Église par le Collège des douze apôtres, mais l'Église le rejeta le 6 octobre 1845 pour mauvaise conduite. L’office resta vacant jusqu'au 1er janvier 1849, quand John Smith, frère de Joseph Smith, père, fut appelé. Il remplit l’appel jusqu'à sa mort, le 23 mai 1854.
 
Un deuxième John Smith, fils de Hyrum Smith, fut patriarche de l'Église du 18 février 1855 au 6 novembre 1911. Hyrum Gibbs Smith, petit-fils du deuxième John Smith, remplit alors cette fonction du 9 mai 1912 au 4 février 1932. Pendant dix ans, on appela des patriarches suppléants qui n'étaient pas dans la lignée héréditaire directe. Il s’agit de Nicholas G. Smith (octobre 1932 à octobre 1934), Frank B. Woodbury (juin 1935 à octobre 1937) et George F. Richards (octobre 1937 à octobre 1942).
L'appel revint à la lignée héréditaire le 3 octobre 1942, avec l'appel de Joseph Fielding Smith (1899-1964), arrière-petit-fils de Hyrum Smith. Il fut relevé le 7 octobre 1946, à sa demande pour raison de santé. Eldred G. Smith, fils aîné de Hyrum Gibbs Smith, fut appelé en avril 1947.
 
En 1979, l’office de patriarche de l'Église fut supprimé « à cause de la grande augmentation du nombre de patriarches de pieu et de l’accessibilité au service patriarcal dans le monde entier ». Eldred G. Smith « reçut l’éméritat, ce qui veut dire qu'il est relevé honorablement de toutes les fonctions et responsabilités relatives à l’office de patriarche de l'Église » (CR, oct. 1979, p. 25).
 
Bibliographie
Smith, Joseph Fielding. Dans Doctrines du Salut, comp. par Bruce R. McConkie, vol. 3, p. 99-103, 148-156.
CALVIN R. STEPHENS
 
Paul
Auteur : SCHAELLING, J. PHILIP
 
L’Église reconnaît en Paul un véritable apôtre de Jésus-Christ. Aucun des autres apôtres originels n’a eu le même impact que lui sur les croyants ultérieurs par son exemple personnel et ses écrits. Cet ancien apôtre chrétien auprès des païens, nous fournit, dans ses épîtres du Nouveau Testament, une source riche en points de doctrine chrétienne et a exercé l’influence doctrinale de loin la plus importante sur beaucoup de confessions de la chrétienté moderne. Sans Paul, la doctrine de la justification par foi au Christ serait essentiellement absente de la Bible et on en saurait considérablement moins sur la grâce, la Cène du Seigneur, la structure de l’Église, l’Apostasie ou le rôle des dons de l’Esprit dans l’Église.
 
NOTICE BIOGRAPHIQUE. On trouve des détails de la vie de Paul dans ses épîtres et dans le livre des Actes. Né à Tarse de Cilicie (sud-est de la Turquie moderne), Paul est multiculturel. En tant que juif, il est connu sous le nom de Saul et est éduqué à Jérusalem comme pharisien sous le célèbre rabbin Gamaliel. Il est également citoyen romain de naissance, privilège rare pour un juif à ce moment-là. Enfin, il connaît bien la langue et la culture grecques grâce à l’environnement de sa jeunesse dans la ville hellénistique de Tarse. Ceci lui permet de traiter avec les Juifs, les Romains et les Grecs dans leur propre culture, un grand avantage pour son oeuvre missionnaire ultérieure.

Pharisien travaillant pour le souverain sacrificateur juif, Saul est un des premiers persécuteurs des chrétiens et approuve personnellement l’exécution d’Étienne (Ac. 7:58-8:3). Cependant, tandis qu’il se rend à Damas pour y arrêter des chrétiens, le Christ ressuscité lui apparaît en vision. Suite à cette expérience, il va adopter la cause du Christ et passer le reste de sa vie à son service.
 
Après son baptême, il « par[t] pour l’Arabie. Puis [il revient] encore à Damas » (Ga. 1:17). Il prêche le Christ avec une telle efficacité qu’il provoque beaucoup d’opposition chez les juifs et qu’il est par la suite obligé de se sauver pour ne pas se faire tuer. De retour à Jérusalem après trois ans, il a une brève réunion avec Pierre et Jacques, frère du Seigneur, puis se rend en Cilicie et en Syrie, où il passe à peu près la décennie suivante à prêcher l’Évangile.
 
Barnabas amène Saul à Antioche, d’où ils partent pour leur premier voyage missionnaire. C’est au cours de ce voyage qu’il commence à utiliser son nom romain, Paul, et met au point sa stratégie de base pour l’œuvre missionnaire. Toutes les fois qu’il entre dans une ville, il va d’abord trouver les juifs, prêchant le Christ dans leurs synagogues. Habituellement ils rejettent son message, mais les païens fréquentant les synagogues sont souvent convertis ; Paul se consacre alors à enseigner les païens de cette ville et crée une branche de l’Église constituée de païens et peut-être de quelques convertis juifs.
 
Les Actes décrivent deux autres voyages missionnaires de plus de trois ans chacun et Paul réussit à enseigner l’Évangile et à fonder des Églises dans une grande partie de la Turquie et de la Grèce actuelles. De retour à Jérusalem après son troisième voyage missionnaire, il se butte à une opposition tellement intense de la part des juifs à sa présence dans le temple qu’il est arrêté par les Romains et gardé pendant deux ans en prison à Césarée avant d’être envoyé à Rome pour y être jugé. En cours de route, il fait naufrage et est finalement emprisonné à Rome où il est exécuté vers 64 apr. J.-C., pendant le règne de l’empereur Néron.
 
Le prophète Joseph Smith a donné une description de Paul : un mètre cinquante, cheveux noirs, yeux perçants et orateur puissant (EPJS, p. 144 ; WJS, p. 59). Il a également dit que Paul connaissait Hénoc (EPJS, p. 136) et qu’Abel « fut envoyé du ciel à Paul pour lui apporter des paroles de consolation et pour lui apporter la connaissance des mystères de la piété » (EPJS, p. 135).
 
ENSEIGNEMENTS DE PAUL. Un des plus grands apports de Paul au Nouveau Testament est sa déclaration puissante concernant la justification (c’est-à-dire, le fait d’être affranchi de la culpabilité) par la foi au Christ (cf. Ga. 2-3 ; Ro. 2-5). Très vite, il enseigne à ses convertis païens qu’ils n’ont pas besoin de vivre la loi de Moïse pour être justifiés devant Dieu. Il suffit de contracter et de garder l’alliance de l’Évangile, l’alliance de la foi, alors que l’observance extérieure de la loi de Moïse ne justifie pas (Ga. 2:16). En particulier, après l’expiation du Christ, il n’y a plus aucune nécessité d’observer la loi et l’alliance précédentes de Moïse rendues obsolètes par la loi et l’alliance de l’Évangile (cf. Hé. 8:6-13 ; 3 Né. 9:17-20). Les convertis païens de Paul n’ont donc pas besoin de devenir juifs pour devenir chrétiens (cf. Ac. 15:5-29), parce que les humains sont « justifiés par la foi, sans les œuvres de la loi » (Ro. 3:28). L’engagement total à l’Évangile de Jésus-Christ, l’alliance de la foi, respecte automatiquement toutes les obligations précédentes devant Dieu, notamment les obligations de la loi de Moïse.
 
Paul enseigne aussi la doctrine parallèle du salut par la grâce. Les saints des derniers jours reconnaissent au moins quatre manières dont Paul définit le salut comme un effet de la grâce de Dieu. Premièrement, grâce à l’expiation du Christ, un don gratuit, la postérité d’Adam n’est pas responsable de la transgression de celui-ci (Ro. 5:18-21). Deuxièmement, il s’ensuit naturellement que la mort, conséquence de la transgression d’Adam, sera supprimée par le don de la résurrection qui sera accordé gratuitement à tous les êtres humains (1 Co. 15:21-22). Troisièmement, le fait que Dieu ait offert une nouvelle alliance de la foi à la place des anciennes règles des statuts et des observances, que l’humanité de l’époque ne pouvait pas vivre parfaitement, est en soi un acte de grâce. Et quatrièmement, le fait que le Sauveur se soit offert pour souffrir et mourir pour les autres est la plus grande expression de la grâce de Dieu. Ainsi, le salut n’est accessible à l’humanité que par les actes et les dons gratuits de Dieu. Comme le dit Paul : « … à qui nous devons d’avoir eu par la foi accès à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu » (Ro. 5:2). Cependant, dans la théologie de Paul, les points de doctrine du salut par la grâce et de la justification par la foi n’éliminent pas mais exigent la nécessité absolue d’un niveau de conduite personnelle élevé (1 Co. 6:9-11 ; Ga. 5:19-21).
 
Il enseigne aussi que la connaissance de Dieu est illimitée et que le plan de Dieu a prévu tous les événements futurs et ne peut pas être contrecarré. Dieu connaît la fin depuis le commencement et a déjà préparé l’héritage de ceux qui choisissent de respecter sa volonté (Ép. 1:4-14). Bien que la Bible utilise le mot « prédestinés » (Grec, proorizo), les saints des derniers jours ne le comprennent pas comme voulant dire que certains sont sauvés et que les autres sont damnés en vertu d’une décision préalable de Dieu. Ils préfèrent le mot préordination à prédestination et insistent sur le fait que la prescience de Dieu n’empiète pas sur le libre arbitre des êtres humains.
 
Toutes les épîtres de Paul, peut-être même la plupart d’entre elles n’ont pas été conservées. Les saints des derniers jours croient que si un recueil plus complet des épîtres de Paul avait survécu, il s’en dégagerait une théologie très semblable à celle de l’Évangile rétabli à notre époque. Ce qui les conforte dans cette idée, ce sont les allusions que Paul fait à des points de doctrine qui sont maintenant propres aux saints des derniers jours, comme le baptême pour les morts (1 Co. 15:29), les trois degrés de gloire (1 Co. 15:39-41 ; 2 Co. 12:2), la vie prémortelle (Ép. 1:4) et la nécessité d’une organisation ecclésiastique comprenant des apôtres et des prophètes (Ép. 2:19-20 ; 4:11-13). Les saints supposent que Paul ne s’est pas étendu sur ces sujets dans ses écrits existants parce qu’il s’adressait à des gens qui les connaissaient déjà.
 
Paul est une source importante de prédictions sur l’apostasie de l’Église chrétienne primitive. Actes 20:29-30 le montre avertissant les anciens d’Éphèse et de Milet que des loups cruels s’introduiront après son départ, « qui n’épargneront pas le troupeau » et que des membres mécontents déchireraient l’Église de l’intérieur. Il avertit les Thessaloniciens qu’ils ne doivent pas s’attendre à l’avènement du Christ avant que l’apostasie ait eu lieu (2 Th. 2:2-3). Chose importante, il rappelle aux deux groupes que cet avertissement fait partie de sa prédication depuis le commencement (2 Th. 2:5 ; Ac. 20:31).
 
Les saints des derniers jours ne voient pas chez Paul d’opposition aux femmes, au sexe ou au mariage. La déclaration générale de principe de Paul sur le mariage est plutôt « que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari » (1 Co. 7:2 ; cf. Hé. 13:4). Paul traite ensuite de circonstances spéciales (1 Co. 7:8-16) et exhorte les gens à s’inquiéter d’abord des choses de Dieu (versets 25-38), mais ses conseils concernant les situations particulières ne doivent pas être confondus avec sa politique générale. Les maris doivent aimer leur femme et vice-versa (Ép. 5:28), car « dans le Seigneur, la femme n’est point sans l’homme, ni l’homme sans la femme » (1 Co. 11:11). Il est clair que les femmes étaient des compagnes appréciées et détenaient des postes responsables dans les assemblées de Paul (cf. Ro. 16:1-4).
 
L’influence de Paul sur Joseph Smith et les saints des derniers jours est perceptible en de nombreux endroits. Joseph Smith fait allusion à « l’exhortation de Paul » (cf. Ph. 4:8) quand il décrit les aspirations morales les plus élevées des saints des derniers jours (13e A de F). Le langage de Paul est perceptible dans la plupart des articles de foi (par exemple, dans le 4e A de F sur les premiers principes de l’Évangile [cf. Hé. 6:1-2], dans le 5e A de F sur l’ordination à la prêtrise [cf. 1 Ti. 4:14], dans le 6e A de F sur les dirigeants de l’Église primitive [cf. Ép. 4:11] et dans le 7e A de F sur les dons de l’Esprit [cf. 1 Co. 12:8-12]), et on trouve aussi une partie de l’hymne sublime à la charité (1 Co. 13:4-8) dans le Livre de Mormon (Mro. 7:45-46). On voit là que c’est Jésus qui est la source finale de tous ces enseignements.
 
Le prophète Joseph Smith a observé à propos de la vie de Paul :
 
« Suivez les travaux de cet apôtre depuis le moment de sa conversion jusqu’au moment de sa mort, et vous aurez un bon exemple d’industrie et de patience à promulguer l’Évangile du Christ. On se moquait de lui, on le fouettait et on le lapidait, mais dès l’instant où il échappait aux mains de ses persécuteurs, il proclamait avec plus de zèle que jamais la doctrine du Sauveur… Paul mettait son espérance dans le Christ parce qu’il avait gardé la foi et avait aimé son avènement, et il avait la promesse de recevoir de sa main une couronne de justice [EPJS, p. 48]. [Voir aussi la Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)) ; Nouveau Testament.]
 
Bibliographie
Anderson, Richard Lloyd. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, Vols. 2-3. Salt Lake City, 1970-1973.
Sperry, Sidney B. Paul's Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
J. PHILIP SCHAELLING
 
Péché
Auteurs : BROWN, BRUCE L. et OLSON, TERRANCE D.
 
Pécher c’est mal agir délibérément. Jacques dit que ce peut également être le refus obstiné de bien faire : « Celui donc qui sait faire ce qui est bien, et qui ne le fait pas, commet un péché » (4:17). Le péché est la transgression de la loi (1 Jn. 3:4), mais on n’est pas jugé responsable des péchés commis contre une loi qu’on n’a pas eu l’occasion de connaître. Orson F. Whitney, un apôtre, explique :
 
« Le péché est la transgression de la loi divine, telle que définie par la conscience ou par la révélation. L’homme pèche quand il viole sa conscience et agit à l’encontre de la lumière et de la connaissance – non de la lumière et de la connaissance données à son voisin, mais de celles qui lui ont été données, à lui. Il pèche quand il fait l’opposé de ce qu’il sait être juste. Jusqu’à ce stade-là il ne fait que commettre des bêtises. On peut subir des conséquences douloureuses simplement pour avoir fait une bêtise, mais on ne peut commettre de péché que si l’on est suffisamment informé pour faire une autre chose que celle en laquelle le péché consiste. On doit avoir une conscience avant de pouvoir la violer » [p. 241-242].
 
Dieu ne tient pas quelqu’un pour responsable du mal commis dans l’ignorance ou le mal fait involontairement à d’autres, parce que de telles actions ne constituent pas un péché. L’ignorance, le manque de maturité ou même l’imprudence d’une personne peut en léser d’autres et les individus peuvent être responsables des conséquences qu’ils contribuent à provoquer. Mais dans de telles situations, où il n’y a aucune intention mauvaise, il n’y a pas de péché. Cela ne veut pas dire que les gens qui font du tort dans l’ignorance ne souffrent pas, soit physiquement, soit dans leurs rapports avec les autres. De plus, quand on prend conscience du fait qu’on a contribué à créer des problèmes, ce serait habituellement considéré comme un péché que de s’abstenir de réparer ou de refuser d’aider à régler les difficultés que l’on a créées.
 
Le verbe grec utilisé dans le Nouveau Testament pour « pécher » est hamartanein. Ce mot évoque l’image de l’archer et peut signifier « manquer la cible ». Quand ils pèchent, les gens regardent « au-delà du point marqué » vers des buts inférieurs ou égoïstes. Les Écritures définissent le point marqué suprême de l’humanité comme le fait d’ « avoir la joie » (2 Né. 2:25). On peut avoir la certitude que Dieu, qui connaît une plénitude de joie (cf. 3 Né. 28:10), connaît le bon chemin qui mène au bonheur. Il offre à ses enfants tout ce qu’il a. Il a envoyé son Fils « pour sauver son peuple de ses péchés » (Mt. 1:21). Pécher sciemment c’est transgresser ou outrepasser les limites du chemin de la paix et du bonheur, et rejeter la mission du Sauveur.
 
Tous les mortels possèdent en eux-mêmes un cœur qui peut être accordé sur les profondeurs de l’amour, de la paix et de la pureté (cf. Mro. 7:14-18). Mais par le péché (faire intentionnellement le mal), les humains tuent la joie et favorisent la haine, la violence et le malheur (voir 2 Né. 2:26-27 ; Mos. 3:19 ; Hél. 14:30-31). Le péché dévaste, corrompt, attriste et détruit. Il dissipe « l’espérance d’une pureté parfaite » offerte par le Christ (2 Né. 31:20) et la remplace par le désespoir (Mro. 10:22). Son aiguillon n’anime ni ne réjouit le cœur, mais éveille « la conscience vive de [la] culpabilité » (Mos. 2:38), qui est la conséquence indésirable mais inévitable pour l’impénitent.
 
Le premier goût du péché est amer. Quand les enfants mûrissent, « le péché est conçu dans leur cœur, et ils goûtent à l’amer » (Moï. 6:55). Or, expérimenter le péché est quelque chose de trompeur car cela provoque une dépendance. Tandis que la sensibilité de la personne au spirituel s’émousse, l’aiguillon peut sembler diminuer avec le temps. Pour quelqu’un qui est dans le péché, les choses ne sont pas comme elles le paraissent. C’est comme si l’on dormait. La répétition du péché (que les Écritures appellent la méchanceté) obscurcit la vision et les effets du péché sont plus amers à mesure que la vie passe. Ésaïe compare cela à « celui qui a faim [qui] rêve qu’il mange, puis s’éveille, l’estomac vide » (És. 29:8). Et Paul observe que les pécheurs « ayant perdu tout sentiment… se sont livrés à la dissolution, pour commettre toute espèce d’impureté jointe à la cupidité » (Ép. 4:19).
 
Le péché inclut la violation délibérée des alliances faites avec Dieu. Il brise les relations familiales et sociales, sème le désordre et la méfiance et invite à la satisfaction égoïste de ses propres buts au détriment de la communauté. Les alliances donnent une impression de stabilité et de permanence – elles signalent ce à quoi il faut s’attendre les uns des autres. Mais le péché crée l’incertitude et l’instabilité. Il ne mène jamais au bonheur attendu mais à la déception. Comme Jacob en témoigne, le fait de rompre les alliances est source de souffrance pour les innocents : « Vous avez brisé le cœur de vos tendres épouses… et les sanglots de leur cœur montent à Dieu contre vous… beaucoup de cœurs sont morts, percés de blessures profondes » (Jacob 2:35).
 
Le péché est l’expression de la résistance à Dieu et aux choses de l’esprit. « Un homme méchant ne peut pas faire ce qui est bien » (Mro. 7:10) parce que son comportement provient d’un cœur dur ou aigri. On ne peut cesser d’être mauvais que par un changement de cœur ; il ne s’agit pas simplement d’une modification ou de la maîtrise des actes externes (cf. Mosiah 5:2-15). Ou bien l’on reçoit la vérité ou bien l’on y résiste. Quand la Samaritaine qui a parlé avec le Sauveur au puits rapporte sa conversation aux autres, elle dit : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait » (Jn. 4:29). Ce que le Sauveur lui a dit comprenait ses péchés actuels : « Et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari » (Jn. 4:18). Cependant, elle a reçu ses déclarations ; elle a accepté son témoignage qu’il était le Christ et a invité ses amis à voir par eux-mêmes (Jn. 4:25-26, 29). Si elle avait eu le cœur endurci ou s’était accrochée à ses péchés, elle n’aurait pas accepté ses déclarations à son sujet ou son témoignage de sa divinité à lui. Elle n’aurait pas emprunté le chemin du repentir et du pardon.
 
Pour échapper aux effets du péché, l’humanité doit accepter l’Expiation et se repentir. Amulek, un prophète du Livre de Mormon, explique que l’Expiation sauve les hommes de leurs péchés, pas dans leurs péchés (Alma 11:37). C’est dans une grande mesure nos propres péchés qui produisent des sentiments d’affliction et de désespoir, peut-être davantage que ce que nous subissons à la suite du mal que les autres nous font. Les mortels sont punis par leurs péchés plutôt que pour eux. Les Écritures décrivent cet état de choses comme « la servitude du péché » (D&A 84:49-51 ; Mrm. 8:31).

Ceux qui sont dans cette servitude vivent en opposition aux deux grands commandements sur lesquels reposent toute la loi et les prophètes : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée » et « Tu aimeras ton prochain comme toi–même » (Mt. 22:37, 39). Si ce sont les plus grands des commandements, le péché le plus débilitant est sans doute le refus d’aimer. L’égoïsme, la cupidité, l’envie, l’orgueil, l’hypocrisie, le ressentiment, l’hostilité, la suffisance, l’apitoiement sur soi et la convoitise sont tous des manières de refuser d’aimer. L’indulgence souvent demandée par les pécheurs à ce propos peut contribuer davantage qu’on le pense à créer des relations familiales négatives ou même au niveau de la criminalité dans une société. L’incivilité peut se muer en hostilité et celle-ci risque à son tour de dégénérer en violence.
 
Les pécheurs sont offensés par la vérité et trouvent qu’elle est un fardeau, comme quand Laman et Lémuel, après que leur frère Néphi leur a expliqué le plan du salut, se plaignent : « Tu nous as déclaré des choses dures, plus que nous n’en pouvons supporter » (1 Né. 16:1). Ceux qui refusent de vivre la vérité trouvent des raisons pour justifier leurs mauvaises actions. Caïn, ayant déjà commis le meurtre, répond au Seigneur qui lui demande où est Abel par un mensonge (« Je ne sais pas ») et ensuite il provoque hypocritement Dieu : « Suis-je le gardien de mon frère ? » (Ge. 4:9 ; Moï. 5:34).
 
Le péché rend aveugle à la vérité dans n’importe quelle situation. Nathan, le prophète, raconte au roi David l’histoire d’un homme qui possède beaucoup de troupeaux de moutons, mais qui, néanmoins, tue l’agneau d’une famille pauvre pour nourrir un invité. David se met en colère. Il juge qu’un tel homme devrait rendre au quadruple à la famille lésée et être exécuté. Nathan déclare : « Tu es cet homme-là » (2 S. 12:7). Spirituellement aveuglé par son adultère avec Bath-Schéba et le meurtre de son mari Urie (2 S. 11), David ne se voit plus comme le prophète le voit ou, apparemment, comme n’importe qui disposé à examiner la situation sur la base des commandements du Seigneur le verrait.
 
« Si nous disons que nous sommes en communion avec lui [le Christ], et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne pratiquons pas la vérité… Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous–mêmes, et la vérité n’est point en nous » (1 Jn. 1:6, 8). Quand on ne pratique pas une vérité, on la voit sous un faux jour. Celui qui ne se repent pas considère même que sa culpabilité pour le péché lui est imposée par quelqu’un d’autre, pas que c’est un symptôme de son propre endurcissement contre la vérité. Que le péché soit « grand » comme le meurtre, l’adultère ou le détournement de fonds ou « petit » comme l’orgueil, la dureté ou la jalousie, ses effets se manifestent dans des modes de comportement prévisibles. Ces comportements consistent généralement à être affligé par ce qu’on sait être vrai, y être aveugle ou s’en exonérer.
 
Il est rare que les Écritures fassent une liste détaillée des péchés. Habituellement elles donnent des exemples à titre d’illustration (cf. Al. 1:32 ; 16:18 ; Hél. 4:12). Le président Ezra Taft Benson a décrit l’attitude liée à ce péché universel qu’est l’orgueil : « Notre inimitié envers Dieu prend beaucoup de formes, comme la rébellion, la dureté de cœur, l’obstination, l’impénitence, la suffisance, la susceptibilité et la recherche de signes » (Benson, p. 4). Le roi Benjamin fait la réflexion : « Je ne peux pas vous dire toutes les choses par lesquelles vous pouvez commettre le péché ; car il y a divers voies et moyens, oui, tant que je ne peux les énumérer. Mais il y a une chose que je peux vous dire, c’est que si vous ne… ne continuez pas dans la foi de ce que vous avez entendu concernant la venue de notre Seigneur jusqu’à la fin de votre vie, vous périrez. Et maintenant, ô homme, souviens-toi, et ne péris pas » (Mosiah 4:29-30).
 
Naître spirituellement de Dieu c’est être réveillé, être libéré des fardeaux du péché (voir Pardon ; Homme naturel ; Repentir). Le Livre de Mormon rapporte l’histoire d’un peuple qui, pendant un certain temps, a surmonté la servitude du péché. Il dit à son sujet : « Et il arriva qu’il n’y eut pas de querelles dans le pays, à cause de l’amour de Dieu qui demeurait dans le cœur du peuple. Et il n’y avait pas d’envies, ni de discordes, ni de tumultes, ni de fornications, ni de mensonges, ni de meurtres, ni aucune sorte de lasciveté ; et assurément il ne pouvait y avoir de peuple plus heureux parmi tout le peuple qui avait été créé par la main de Dieu » (4 Né. 1:15-16).
 
Surmonter le péché et être pardonné c’est délaisser l’impiété, reconnaître sa dépendance vis-à-vis de Dieu et chercher à faire sa volonté. L’aide de Dieu est indispensable pour abandonner le péché : « Il a changé leur cœur… il les a éveillés d’un profond sommeil, et ils se sont éveillés à Dieu » (Al. 5:7). Ceux qui abandonnent le péché, leur « visage est… empreint de son image » et ils font preuve de foi en la rédemption du Christ (cf. Al. 5:14-19) ; ils sont pleins d’amour (Mos. 3:19 ; Jn. 13:35 ; 15:10).

Vu du point de vue de l’éternité, il n’y a de tragédie que dans le péché. Les mortels ne sont pas sur terre pour se prouver l’un à l’autre mais à Dieu. Cette vie terrestre est une période probatoire, un test pour voir si les hommes « feront tout ce que le Seigneur leur Dieu leur commandera » (Abr. 3:25 ; cf. Al. 34:34). Ceux dont le « cœur se porte… vers les choses de ce monde et aspire… aux honneurs des hommes » ou qui couvrent leurs péchés, assouvissent leur orgueil, entretiennent une vaine ambition ou cherchent à avoir une emprise sur les autres et les dominer « avec quelque degré d'injustice que ce soit » affligent l’Esprit du Seigneur (D&A 121:35, 37).
 
Échapper au péché est simple mais pas facile. Le repentir exige une souffrance profonde, le dernier « quadrant », tout ce qu’on est capable de faire : « Nul n'est sauvé, sauf ceux qui sont vraiment pénitents » (Al. 42:24 ; cf. D&A 19). « Nous sommes sauvés [par la grâce] après que tout ce que nous pouvons faire » (2 Né. 25:23). Ceux qui abandonnent le péché sont caractérisés comme marchant « résolument, avec constance dans le Christ, ayant une espérance d'une pureté parfaite et l'amour de Dieu et de tous les hommes » (2 Né. 31:20).
 
Bibliographie
Benson, Ezra Taft « Beware of Pride », Ensign 19, mai 1989, p. 4-6.
Kimball, Spencer W. Le Miracle du Pardon. Salt Lake City, 1969.
Kimball, Spencer W. The Teachings pof Spencer W. Kimnball, dir. de publ. Edward L. Kimball, p. 80-114. Salt Lake Cikty, 1982.
Whitney, Orson F. Saturday Night Thoughts. Sale Lake City, 1927.
BRUCE L. BROWN et TERRANCE D. OLSON
 
Perle de grand prix
 
La Perle de grand prix consiste en un recueil de divers ouvrages sacrés que les saints des derniers jours acceptent comme Écriture. L’article Perle de grand prix : Contenu et publication donne une vue d'ensemble des différents textes du recueil ainsi que des détails sur la façon dont les documents ont été rassemblés et ensuite reçus comme Écriture par les membres de l’Église.
 
Perle de grand prix : Contenu et publication
Auteur : BALDRIDGE, KENNETH W.
 
La Perle de grand prix, l’un des quatre ouvrages canoniques admis comme Écriture par l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, contient divers documents portant les titres « Extraits du livre de Moïse », « livre d'Abraham », « Joseph Smith – Matthieu », « Joseph Smith – Histoire » et « Articles de foi ».
 
Elle fut publiée à Liverpool en 1851 par Franklin D. Richards, alors président de la mission britannique et membre du Collège des douze apôtres, en réponse aux demandes des convertis d’avoir de plus amples informations sur leur nouvelle Église. En plus d’un choix de révélations provenant de la Genèse dans la traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS) et du livre d'Abraham, l'édition de 1851 contenait Matthieu 24 tel que révélé au prophète Joseph Smith en 1831 (actuellement intitulé Joseph Smith – Matthieu), « Une clef de l’Apocalypse de saint Jean » (maintenant D&A 77), une révélation reçue par Joseph Smith le 25 décembre 1832 (maintenant D&A 87) et le récit fait par Joseph Smith en 1838 de ses premières visions et de la traduction du Livre de Mormon (maintenant Joseph Smith – Histoire). Elle contenait aussi certains extraits des Doctrine et Alliances (sections 20, 107 et 27), treize déclarations sans titre précédemment publiées en mars 1842 dans le Times and Seasons, appelées aujourd’hui articles de foi, et un poème intitulé « Oh Say, What is Truth » qui est devenu plus tard le cantique « Ô toi, vérité ».
 
Le livre de Moïse se composait à l'origine de plusieurs révélations données à Joseph Smith pendant qu'il révisait la Bible sous l'inspiration à partir de juin 1830. Dans l'édition de 1851 de la Perle de grand prix, ces extraits étaient dépourvus de titre. L'édition de 1878 ajoute les titres « Visions de Moïse » (chap. 1) et « Écrits de Moïse » (chap. 2-8). Ces révélations furent publiées dans les journaux de l’Église entre 1832 et 1851 (Clark, p. 9-17).
 
Le livre d'Abraham est lié au travail de Joseph Smith sur les rouleaux de papyrus que l'Église obtint en 1835. Peu après avoir commencé à étudier les manuscrits, il composa un document sur la vie du patriarche Abraham avec une description de la création du monde semblable à celle de la Genèse et du livre de Moïse. En 1842, le Times and Seasons de Nauvoo et le Millennial Star en Angleterre imprimèrent le texte et les fac-similés disponibles. Il est certain que les textes intégrés dans les livres de Moïse et d'Abraham étaient des extraits et qu’il existait plus d'informations que ce que l’on trouve dans les éditions imprimées de la Perle de grand prix.
 
La deuxième édition de la Perle de grand prix, la première édition américaine, fut publiée en 1878 à Salt Lake City et ajouta « Une révélation sur l'éternité de l'alliance du mariage, notamment la pluralité des épouses » qui est maintenant Doctrine et Alliances, section 132. Le 10 octobre 1880, lors de la conférence générale à Salt Lake City, les membres de l'Église acceptèrent la Perle de grand prix comme ouvrage canonique. Quand des changements supplémentaires furent apportés, notamment la taille et le format de page, un nouveau vote en 1890 réaffirma l'acceptation de la Perle de grand prix comme Écriture.
 
À la demande de la Première Présidence, James E. Talmage, plus tard membre du Collège des douze apôtres, divisa l’ouvrage en chapitres et versets, ajouta des titres (comme « livre de Moïse ») et élimina certains éléments comme les textes également publiés dans les Doctrine et Alliances. Ces changements furent officiellement approuvés par les membres de l’Église à la conférence d'octobre 1902.
 
À la conférence générale du 3 avril 1976, la vision du royaume céleste reçue par Joseph Smith le 21 janvier 1836 dans le temple de Kirtland et la vision de la rédemption des morts reçue par le président Joseph F. Smith (le 3 octobre 1918) furent ajoutées à la Perle de grand prix. En 1979, ces deux révélations furent transférées aux Doctrine et Alliances en tant que sections 137 et 138.

Persévérer jusqu'à la fin
Auteur : Madsen, John M.

Persévérer jusqu'à la fin ou rester tout au long de sa vie fidèle aux lois et aux ordonnances de l'Évangile de Jésus-Christ est une exigence fondamentale pour le salut dans le Royaume de Dieu. Cette croyance distingue les saints des derniers jours de nombreuses autres confessions chrétiennes, qui enseignent que le salut est donné à tous ceux qui tout simplement croient et confessent que Jésus est le Christ. Les saints des derniers jours croient que, pour être sauvé, on doit avoir la foi en Jésus-Christ, montrer qu’on se repent de ses péchés, se soumettre au baptême par immersion et recevoir le don du Saint-Esprit par l’imposition des mains par ceux qui détiennent la véritable autorité de la prêtrise, puis rester fidèle à toutes les alliances, mener une vie juste et persévérer fidèlement jusqu'à la fin de la vie ici-bas (Hébreux 3:6-14;6:4-15 ; Marc 13:13). Cette fidélité permanente permet de recevoir pleinement la grâce du Christ. Les Doctrine et Alliances déclarent : « Si tu gardes mes commandements et persévères jusqu'à la fin, tu auras la vie éternelle, don qui est le plus grand de tous les dons de Dieu » (D&A 14:7).

Le prophète Néphi 1, dans le Livre de Mormon, enseigne que le principe de la persévérance jusqu'à la fin est une condition requise pour le salut: « Lorsque vous vous êtes repentis de vos péchés et que vous avez témoigné au Père, par le baptême d'eau, que vous êtes disposés à garder mes commandements, et avez reçu le baptême de feu et du Saint-Esprit... et après cela me reniez, il aurait mieux valu pour vous que vous ne m’ayez pas connu... Celui qui persévère jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé » (2 Néphi 31:14-15 ; cf. Hébreux 6:4-6). Comme l'explique Néphi, pour persévérer jusqu'à la fin il faut avoir la foi, l'espérance et la charité, suivre fidèlement l'exemple de Jésus-Christ et toujours abonder en bonnes œuvres (cf. Alma 7:23-24) : « Si un homme ne persévère pas jusqu'à la fin à suivre l’exemple du Fils du Dieu vivant, il ne peut être sauvé... C'est pourquoi, vous devez marcher résolument, avec constance dans le Christ, ayant une espérance d’une pureté parfaite et l'amour de Dieu et de tous les hommes ; c'est pourquoi, si vous marchez résolument, vous faisant un festin de la parole du Christ, et persévérez jusqu'à la fin... vous aurez la vie éternelle » (2 Néphi 31:16-20).

Persévérer jusqu'à la fin c’est être disposé et prêt à endurer fidèlement les épreuves de la vie à l'instar de Job, d’Étienne (Actes 7), de Paul (2 Timothée 4:5-7), de Pierre (1 Pierre 1-4) et de Moroni 2 (Moroni 1:1-3). Le Seigneur a donné cette assurance à Joseph Smith, le prophète, après plusieurs mois d'incarcération dans la prison de Liberty: « Mon fils, que la paix soit en ton âme ! Ton adversité et tes afflictions ne seront que pour un peu de temps ; et alors, si tu les supportes bien, Dieu t'exaltera en haut ; tu triompheras de tous tes ennemis » (D&A 121:7-8).

Bibliographie
Ashton, Marvin J. "If Thou Endure It Well." Ensign 14, nov. 1984, p. 20-22.
Maxwell, Neal A. "Endure It Well." Ensign 20, mai 1990, p. 33-35.
JOHN M. MADSEN

 
Pierre
Auteur : HALL, JEAN FRANKLIN
 
Simon, fils de Jonas, connu plus tard sous le nom de Céphas ou Pierre, devint le premier et principal apôtre de Jésus-Christ. Il fut de toute évidence l’officier président de l’Église ancienne après la mort du Christ. Dans la dispensation actuelle, étant ressuscité, il a rendu l’autorité apostolique au prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery.
 
Le Nouveau Testament contient plus d’informations sur Pierre que sur n’importe quel autre apôtre. Cela donne une indication sur son ministère, sa personnalité et ses relations avec le Sauveur. Contrairement au jeune Pierre parfois impulsif dépeint dans les évangiles, le ministère et les épîtres ultérieurs de l’apôtre révèlent un dirigeant mûr à la foi pleine de patience dont le souci sincère est celui du bien-être spirituel du troupeau que Jésus lui a confié (Jn. 21:15-17). Des différences persistent cependant dans les portraits de Pierre qui ressortent des divers récits bibliques, et elles sont extrapolées dans les analyses faites par les savants à propos du rôle et de la théologie de Pierre. Le recours aux écrits chrétiens ultérieurs des deuxième et troisième siècles révèle d’autres idées sur la place de Pierre dans l’Église primitive. On ne peut donc pas présumer que tout ce qui est écrit à son sujet correspond clairement à la réalité.
 
Originaire de Bethsaïda, petit port de pêche quelque part sur le rivage nord de la mer de Galilée, Pierre vivait à Capernaüm avec sa femme et sa belle-mère au moment de son appel apostolique. Il se prénommait Simon et son patronyme était fils de Jonas (Mt. 16:17). Son nom, Simon, et celui de son frère, André, correspondent à la forme grecque de leur nom. Vivant dans une région où, en plus de l’araméen indigène, le grec était employé couramment comme langue des affaires et du commerce, Pierre connaissait sans doute bien la langue dans laquelle ses écrits scripturaires ont plus tard été rédigés. Bien que Pierre ait été pêcheur de métier et en dépit de la description que les anciens du sanhédrin font de Pierre et de Jean qu’ils considèrent comme « sans instruction » (Ac. 4:13), les apôtres galiléens étaient des hommes qui savaient lire et écrire, qui n’avaient sans doute pas de formation rabbinique mais une culture générale de base.
 
Pierre fut l’un des premiers disciples de Jésus. À l’époque où il s’appelait encore Simon, il reçut un appel spécial, marqué par la réception d’un nouveau nom, ce qui, dans la tradition juive, « signifiait la charge d’une mission divine spéciale » (Winter, p. 5). Jean raconte que le Christ conféra à Simon, fils de Jonas, le titre « Céphas, ce qui signifie Pierre » (Jn. 1:42). L’araméen kepha et son équivalent grec, petros, sont des noms communs qui, avant ce temps, étaient inutilisés comme noms propres. Une vieille controverse persiste entre les savants catholiques et protestants (Winter, p. 6-25 ; Horsley, p. 29-41) au sujet du sens à donner à petros, « un roc ou une pierre » et petra, « un rocher massif », ces mots concernant le nom de Pierre et son lien avec le jeu de mots du Christ : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mt. 16:18). Selon la doctrine mormone, c’est la révélation qui est la pierre à laquelle Jésus fait allusion et ce qui est prédit ici, c’est l’appel de Pierre à devenir le prophète qui va diriger l’Église primitive. À propos de ce passage, Joseph Smith a appliqué le terme « voyant » pour définir Céphas (TJS Jn. 1:42), et Bruce R. McConkie (p. 133, 380-383) relie ceci à la voyance, au pouvoir de la révélation continue, qu’il rattache en outre aux clefs du royaume (Mt. 16:19) conférées à Pierre, le chef des apôtres, sur la montagne de la Transfiguration, dont le récit suit immédiatement dans Mt. 17:1-13.
 
La primauté de Pierre dans l’Église antique découle de l’autorité apostolique. Sa première place parmi les douze apôtres ressort clairement d’un certain nombre de contextes : toutes les listes d’apôtres du Nouveau Testament mentionnent Pierre en premier ; l’expression « Pierre et ceux qui étaient avec lui » décrit les apôtres (par exemple, Lu. 8:45) ; et Pierre se fait leur porte-parole quand il s’agit de poser des questions à Jésus (par exemple, Lu. 12:41). Les miracles, les incidents didactiques et les événements spéciaux (par exemple, Mt. 14:25-31 ; Mc. 14:26-42 ; Lu. 5:1-10) tournent autour de Pierre uniquement ou sur lui en tant qu’apôtre principal concerné (Muren, p. 150). Après la comparution de Jésus devant Caïphe, c’est Pierre qui reste tout près dans le noir et le froid. Il est vrai que pendant le procès de Jésus il nie quand on lui dit qu’il fait partie des disciples et qu’il connaît Jésus, mais c’est quand même Pierre qui est le premier apôtre à qui le Christ ressuscité soit apparu (Lu. 24:33-35 ; 1 Co. 15:5).
 
Les saints des derniers jours voient dans la place prééminente de Pierre un poste de présidence. Deux présidents de l’Église ont comparé le poste de Pierre à celui de président du Collège des douze apôtres (McKay, p. 20 ; Kimball).
 
Les apôtres Jacques et Jean avaient la seconde place par rapport à Pierre. Il a été donné à ces trois-là d’accompagner Jésus en trois occasions des plus sacrées : à la résurrection de la fille de Jaïrus (Mc. 5:35-43), à la glorification sur la montagne de la Transfiguration (Mt. 17:1-13 ; Mc. 9:2-9) et lors de ses souffrances dans le jardin de Gethsemané (Mc. 14:26-42). Les saints des derniers jours attribuent la présence de Pierre, Jacques et Jean en ces occasions à la fonction qu’ils occupaient parmi les apôtres. Joseph Smith a enseigné qu’au moment de la Transfiguration le Sauveur, Moïse et Élie ont donné les clefs de la Prêtrise de Melchisédek à Pierre, Jacques et Jean (EPJS, p. 123 ; voir Montagne de la Transfiguration).
 
C’est en vertu de cette autorité que Pierre, Jacques et Jean dirigèrent l’Église au nom de Jésus-Christ après sa mort. Pierre présida au choix d’un nouvel apôtre pour remplacer Judas (Ac. 1:15-26) et lors de la prédication du jour de la Pentecôte (Ac. 2). Ce fut Pierre qui affronta le Sanhédrin, accomplit des miracles et prêcha l’Évangile du Christ (Ac. 3-4). Dans beaucoup de ces activités Jean fut le compagnon de Pierre, mais c’était Pierre qui assumait la direction. L’appel de Pierre comme prophète, voyant et révélateur ressort bien dans des révélations aussi importantes que celle qui concerne l’extension de la prédication de l’Évangile aux païens (Ac. 10 ; Muren, p. 150-152). Bien que la révélation moderne fournisse beaucoup d’éclaircissements à cet égard, le rôle de Pierre de présider les conseils de l’Église et de diriger l’effort apostolique en général est facile à démontrer quand on examine le Nouveau Testament et d’autres sources chrétiennes antiques (Brown, p. 9-16, 1973).

C’est à cause de sa fonction d’autrefois que Pierre, aidé de Jacques et de Jean, fut chargé de restituer l’autorité apostolique à une nouvelle dispensation de l’Évangile et de doter Joseph Smith des mêmes clefs de la prêtrise que le Christ lui avait données, autorisant ainsi de nouveau l’accomplissement des ordonnances du salut par l’autorité de la prêtrise (voir Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek).
 
Les deux épîtres de Pierre dans le Nouveau Testament contiennent une abondance d’enseignements et d’exhortations inspirés et inspirants. L’intégralité de 1 et 2 Pierre exprime sa préoccupation pour le salut et la sanctification du troupeau, rappelant aux fidèles qu’on ne peut l’obtenir que par la connaissance de Jésus-Christ et l’accomplissement des ordonnances de la prêtrise (cf. EPJS, p. 239, 244-246 ; Muren, p. 153-156). Pierre donne aussi des informations sur le salut des morts (1 Pi. 3:18-22 ;4:6) et recommande instamment à tous les membres de l’Église d’être saints, de paître le troupeau, d’être humbles et d’assurer leur salut en affermissant leur vocation et leur élection (1 Pi. 4-5 ; 2 Pi. 1). Finalement, il exprime sa préoccupation pour le bien-être spirituel de l’Église avec l’avertissement qu’elle connaîtra bientôt l’enseignement de fausses doctrines qui menaceront le salut des personnes (2 Pi. 2-3). Joseph Smith a dit à propos de ces épîtres : « De tous les apôtres, c’est Pierre qui a écrit dans la langue la plus sublime » (EPJS, p. 243).
 
Bibliographie
Brown, Raymond E. Karl Donfried et John Reumann, dir. de publ. Peter in the New Testament. Minneapolis, Minn., 1973.
Brown, S. Kent. "James the Just and the Question of Peter's Leadership in the Light of New Sources". Dans Sperry Lecture Series, p. 9-16. Provo, Utah, 1973.
Horsley, A. Burt. Peter and the Popes. Salt Lake City, 1989.
Kimball, Spencer W. "Peter, My Brother". Dans BYU Speeches of the Year. Provo, Utah, 1971.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 1. Salt Lake City, 1978.
McKay, David O. Ancient Apostles. Salt Lake City, 1964.
Muren, Joseph C. "Peter". Dans A Symposium on the New Testament. Salt Lake City, 1980.
Winter, Michael M. Saint Peter and the Popes. Westport, Conn., 1960.
JOHN FRANKLIN HALL
 
Plan de salut, plan de Rédemption
Auteur : LUND, GERALD N.
 
Les saints des derniers jours croient qu’il y a des éternités, Dieu, dans sa sagesse infinie et sa miséricorde sans bornes, a conçu un plan grâce auquel ses enfants pourraient connaître une existence physique, notamment la condition mortelle, et ensuite retourner vivre en sa présence dans la félicité et la gloire éternelles. Ce plan, également appelé « le plan de salut » (Jm. 1:2 ; Al 42:5 ; Moï. 6:62), « le plan de rédemption » (Jcb. 6:8 ; Al 12:25 ; 42:11), et le « grand plan du bonheur » (Al 42:8), fournissait le moyen à chacun de recevoir le salut et de gagner la vie éternelle. La vie éternelle est le plus grand don de Dieu à ses enfants (D&A 6:13) et le plan de salut est sa manière de la leur rendre accessible. Bien que le terme « plan de salut » soit utilisé à plusieurs reprises dans les Écritures modernes, il n’apparaît pas dans la Bible, bien que l’on puisse découvrir dans ses pages des points de doctrine à ce sujet.
 
Le Père est l’auteur du plan de salut ; Jésus-Christ est son principal avocat ; le Saint-Esprit aide à le réaliser en communiquant la volonté de Dieu aux hommes et en les aidant à vivre correctement.

L’EXISTENCE PRÉMORTELLE. Les saints des derniers jours croient que tous les humains sont des enfants d’esprit de parents célestes (voir Dieu le Père ; Mère céleste) et qu’ils ont demeuré avec eux avant la naissance sur cette terre (Hé. 12:9 ; cf. Jé. 1:5 ; Ép. 1:4). Dans cette vie prémortelle ou premier état, ces enfants d’esprit ne pouvaient pas progresser pleinement. Ils avaient besoin d’un corps physique pour avoir une plénitude de joie (D&A 93:33-34) et les esprits avaient également besoin d’être placés dans un environnement où, par l’exercice du libre arbitre, ils pourraient prouver leur disposition à garder les commandements de Dieu (Abr. 3:25). D’autre part, s’ils succombaient à la tentation, ils seraient exclus de la présence de Dieu, parce que « rien d’impur ne peut demeurer auprès de Dieu » (1 Né. 10:21 ; Ép. 5:5). Pour ramener ceux qui cédaient à la tentation en la présence de Dieu, un plan de rédemption devait être mis en place et il fallait pour cela un rédempteur.
 
Un Conseil de tous les esprits fut réuni dans les cieux, et deux personnes se proposèrent pour remplir la fonction de rédempteur. L’une d’elles était Lucifer, un fils du matin (És. 14:12 ; D&A 76:26), qui déclara qu’il « rachèterai[t] toute l’humanité, de sorte que pas une seule âme ne sera[it] perdue » mais elle n’aurait aucun choix dans l’affaire. Son libre arbitre serait détruit (Moïse 4:1-3). Pareille proposition était inconciliable avec le plan du Père, parce que le libre arbitre de l’humanité est une condition absolument nécessaire au progrès. Jéhovah, le Jésus-Christ prémortel, s’avança et se proposa pour donner sa vie comme paiement de tous les péchés. Il ne proposait aucun plan ni aucune condition de son cru, mais dit : « Père, que ta volonté soit faite, et que la gloire t’appartienne à jamais » (Moï. 4:2). C’est lui qui fut choisi par le Père.
 
Quand Lucifer ne voulut pas accepter le choix du Père, il s’ensuivit une guerre dans le ciel et il fut chassé pour rébellion (Moï. 4:3 ; D&A 76:25) avec ceux qui l’avaient suivi, qui représentaient environ le tiers des esprits (Ap. 12:4, 7-9 ; D&A 29:36-38). Après l’expulsion de Satan, le plan du Père fut mis à exécution. Trois événements ordonnés et institués par Dieu avant la création de la terre constituent la base sur laquelle le plan de salut repose. Ce sont la création, la chute d’Adam et l’expiation de Jésus-Christ. « Ces trois événements divins – les trois piliers de l’éternité – sont inséparablement entrelacés en une seule grande tapisserie connue sous le nom de plan éternel de salut » (McConkie, p. 81).
 
LA CRÉATION. Un des buts de la création de cette terre était que les enfants d’esprit de Dieu obtiennent un corps physique et apprennent à marcher par la foi. La vie terrestre est le deuxième état. Les Écritures enseignent que par le pouvoir de son Fils unique, le Père a créé des « mondes sans nombre » (Moï. 1:33 ; cf. Jn. 1:3 ; Hé. 1:2), mais ce n’est que sur ce monde que le Seigneur nous a révélé des informations détaillées (Moï. 1:40).
 
L’Ecclésiaste dit que « tout ce que Dieu fait durera toujours » (Ec. 3:14). Dieu ne travaille pas à des fins temporelles (D&A 29:34-35). Les Écritures précisent que quand Dieu a créé la terre, elle était dans un état paradisiaque où la mort n’existait pas. Si Adam et Ève n’avaient pas transgressé et n’étaient pas tombés, « toutes les choses qui avaient été créées auraient dû rester exactement dans l’état dans lequel elles étaient après avoir été créées ; et elles auraient dû rester à jamais et ne pas avoir de fin » (2 Né. 2:22 ; cf. Moï. 3:9 ; DS, p. 75-77).
 
LA CHUTE. Une terre dans un état paradisiaque et exempte de mort ne remplissait pas les conditions requises pour assurer la progression des enfants de Dieu (voir But de la vie terrestre : Perspective des saints). Le Livre de Mormon donne quelques raisons pour lesquelles la chute faisait partie du plan préordonné de Dieu. Le libre arbitre est d’une importance primordiale dans le processus de mise à l’épreuve. Le libre arbitre a absolument besoin de choix ou d’alternatives. Léhi enseigne que « il doit nécessairement y avoir une opposition en toutes choses » (2 Né. 2:11). Mais dans l’état dans lequel Adam et Ève se trouvaient, il n’y avait aucune opposition de ce genre. Ils avaient un corps physique, mais étaient dans un état d’innocence. Il n’y avait ni mort, ni péché, ni souffrance, ni chagrin. En outre, dans cet état ils n’auraient pas eu d’enfants (2 Né. 2:22-23). Il apparaît qu’une raison importante pour laquelle Lucifer et ses disciples avaient accès à ceux qui étaient sur terre était la nécessité que chacun soit attiré par le bien et le mal (2 Né. 2:16).
 
Satan incita Ève à prendre du fruit défendu, elle exerça son libre arbitre et en prit. Adam décida, lui aussi, d’en prendre, se rendant compte que s’il ne le faisait pas, Ève et lui seraient séparés et que le commandement de multiplier et de remplir la terre serait contrecarré. Par conséquent, « Adam tomba pour que les hommes fussent » (2 Né. 2:25). « Ayant mangé du ‘fruit défendu’, Adam et Ève devinrent mortels, le péché entra, du sang se forma dans leur corps et la mort s’intégra à la vie… Après la chute d’Adam, la création entière tomba et devint mortelle. La chute d’Adam introduisit la mort physique et spirituelle dans le monde pour toute l’humanité » (Bible Dictionary, p. 670 ; DS1:80 ; Hél. 14:16-17 ; voir aussi Mort spirituelle). Plus tard, Adam et Ève se réjouirent tous deux des possibilités qui s’étaient ouvertes à eux grâce à la chute (Moï. 5:10-11).
 
La chute faisait partie du plan de Dieu pour l’humanité et ne constitue donc pas une surprise. « Tout a été fait dans la sagesse de celui qui sait tout » (2 Né. 2:24). Les saints des derniers jours affirment qu’Adam et Ève étaient des êtres réels, les premiers parents, et que la chute a été un événement littéral tant dans le temps que dans le lieu. Joseph Fielding Smith explique : « Si Adam n’est pas tombé, il n’y a pas eu de Christ, parce que l’expiation de Jésus-Christ est basée sur la chute d’Adam » (DS1:121). James E. Talmage a écrit : « Il est devenu pratique courante, parmi les hommes, d’accabler de reproches les progéniteurs de la famille humaine et de décrire l’état soi-disant béni dans lequel nous vivrions s’il n’y avait pas eu la chute, alors que nos premiers parents ont droit à notre plus profonde gratitude pour l’héritage qu’ils ont laissé à leur postérité » (AF, p. 89).
 
L’EXPIATION. L’Expiation est la phase suprême du plan de salut, sans laquelle tout le reste n’aurait eu aucun sens et tous auraient été perdus. L’expiation c’est la réconciliation ou la réunion de la famille humaine avec notre Père céleste. Pour comprendre la réconciliation, il faut examiner le fonctionnement des lois de la justice et de la miséricorde.
 
L’amour parfait, la patience, la longanimité et la sollicitude de Dieu pour le bien-être éternel de l’humanité sont des manifestations de sa miséricorde. Dieu est également juste et ne peut donc pas considérer le péché avec « la moindre indulgence » (Al. 45:16). La justice parfaite exige que toute violation de la loi de Dieu soit punie et que tout acte d’obéissance à la loi soit récompensé ou béni (D&A 130:20-21). La miséricorde et la justice sont fondamentales dans la nature de Dieu et ni l’une ni l’autre ne peuvent être ignorées. Si les exigences de la justice seules comptaient et si la miséricorde était ignorée, personne ne pourrait retourner en la présence de Dieu, parce que « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Ro. 3:23). Si Dieu devait excuser le péché, la miséricorde dépouillerait la justice. Cela ne peut être. « Quoi, penses-tu que la miséricorde puisse frustrer la justice ? Je te dis que non, en aucune façon. S'il en était ainsi, Dieu cesserait d'être Dieu » (Alma 42:25).
 
Dans l’expiation de Jésus-Christ, la justice et la miséricorde sont combinées pour réaliser le plan de rédemption. En tant que Fils unique d’un Père divin et d’une mère mortelle (voir Marie, mère de Jésus), Jésus subissait les effets de la chute d’Adam (condition mortelle, tentations, douleur, etc.), mais avait le pouvoir de mener une vie parfaite et sans péché (Hé. 3:15 ; D&A 45:4) et de donner sa vie et de la reprendre (Jn. 5:26 ; 10:17). La doctrine des saints, la conception miraculeuse et la naissance virginale de Jésus-Christ sont acceptées comme littéralement vraies et absolument essentielles au fonctionnement du plan de salut. Grâce à sa vie exempte de péché, la justice n’avait aucun droit sur lui. À cause de son pouvoir infini et divin, il pouvait payer le prix des péchés de tous les enfants de Dieu et satisfaire la justice en leur faveur (D&A 45:3-5). Son sacrifice n’était pas un sacrifice humain, mais un sacrifice infini et éternel (Al. 34:40). Il a expié non seulement la chute d’Adam mais également les péchés de chaque personne. Il accorde le pardon à tous sous condition de repentir.
 
À Gethsemané, le Christ a pris sur lui le fardeau des péchés du monde et a souffert pour eux d’une manière incompréhensible pour les mortels. « Il subit les souffrances de tous les hommes, oui, les souffrances de tous les êtres vivants, tant des hommes que des femmes et des enfants, qui appartiennent à la famille d'Adam » (2 Né. 9:21). Cette agonie incompréhensible était si intense que, comme le dit Jésus lui-même, elle « m'[a] fait trembler de douleur, moi, Dieu, le plus grand de tous, et [elle m’a] fait saigner à chaque pore et [m’a] fait souffrir de corps et d'esprit » (D&A 19:18 ; Mos. 3:7 ; cf. Lu. 22:42).Parce qu’il avait pouvoir sur la mort, Jésus supporta tout (JC, p. 745-747). La honte, la souffrance, les procès, la flagellation et la crucifixion étaient telles qu’un mortel limité ne peut se faire aucune idée du prix exigé avant que le Rédempteur puisse dire : « Tout est accompli ! » (Jn. 19:30). Le grand plan de rédemption de Dieu a été mis en application, et la justice n’a pas été dépouillée par la miséricorde, mais plutôt a été payée entièrement par le sang expiatoire de Jésus-Christ. Ce paiement pour les péchés de chacun est appelé la grâce de Jésus-Christ. Sans elle, tous sont voués à la damnation éternelle. C’est pour cela que Néphi 1 dit : « C’est par la grâce que nous sommes sauvés, après tout ce que nous pouvons faire » (2 Né. 25:23). Paul a également enseigné la doctrine du salut par la grâce (Ép. 2:8-9) c’est-à-dire que, sans l’expiation du Christ, rien de ce que les mortels pourraient faire ne suffirait.
 
Certains aspects de l’expiation du Christ sont inconditionnels. Tous les êtres mortels seront ressuscités et ramenés en la présence de Dieu pour le jugement indépendamment du genre de vie qu’ils auront mené (1 Co. 15:22 ; 2 Né. 9:12-15 ; Hél. 14:16-17), rachetant ainsi toute l’humanité des morts physique et spirituelle occasionnées par la chute d’Adam. Un autre aspect inconditionnel de la miséricorde du Christ s’applique aux enfants en bas âge qui ne sont pas capables de comprendre la différence entre le bien et le mal et ne sont donc pas responsables. Ils ne peuvent pas pécher ni être tentés par Satan (D&A 29:47 ; Mro. 8:8). « Ils sont tous vivants en lui [le Christ] à cause de sa miséricorde » (Mro. 8:19 ; cf. D&A 29:46). La doctrine de l’Église dit que tous les enfants qui meurent avant l’âge de responsabilité (huit ans) sont sauvés dans le royaume céleste (D&A 137:10). La miséricorde est également accordée à ceux qui, pour raison de handicap mental, n’atteignent pas l’âge mental de huit ans, qui est le niveau de la responsabilité (D&A 29:50).
 
Cependant, pour ceux qui sont mentalement responsables, une partie de leur aliénation par rapport à Dieu est le résultat direct de leurs propres péchés en plus de la transgression d’Adam. Si rien n’est fait pour eux, il ne leur sera pas permis de retourner en la présence de Dieu après leur jugement, parce que rien d’impur ne peut y entrer (1 Né. 10:21). Le Seigneur a mis en place certains principes et ordonnances appelés l’Évangile, qu’il faut suivre pour que la plénitude du sacrifice expiatoire du Christ s’applique à leurs péchés : (1) la foi en Jésus-Christ, (2) le repentir, (3) le baptême par immersion pour la rémission des péchés par quelqu’un ayant l’autorité et (4) le don du Saint-Esprit par l’imposition des mains (voir Articles de foi). Paul et d’autres ont souligné que les humains sont sauvés par la grâce et pas par leurs propres œuvres (Ép. 2:8). C’est vrai parce qu’aucun mortel ne peut travailler assez parfaitement pour se sauver. Aucun mortel n’a ni ne peut avoir le pouvoir de surmonter les effets de la chute d’Adam ou même de ses propres péchés. Le salut de tout le monde dépend du sang expiatoire du Sauveur. Avec la même clarté et la même fermeté, le Sauveur et ses serviteurs ont enseigné que la façon dont les gens vivent est une des conditions qui permettent au pouvoir de l’expiation d’agir dans leur vie. « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui–là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Mt. 7:21). « Ce ne sont pas… ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ce sont ceux qui la mettent en pratique qui seront justifiés » (Ro. 1:18 ;2:13). « Ceux qui commettent de telles choses [les oeuvres de la chair] n’hériteront point le royaume de Dieu » (Ga. 5:21). « Voici, [le Christ] s'offre en sacrifice pour le péché, pour satisfaire aux exigences de la loi, pour tous ceux qui ont le cœur brisé et l'esprit contrit ; et il ne peut être satisfait aux exigences de la loi pour personne d'autre » (2 Né. 2:7).
 
LE MONDE D’ESPRIT ET LES TROIS DEGRÉS DE GLOIRE. Quand les mortels ont terminé leur séjour sur terre et franchissent le portail appelé la mort, ils entrent dans le monde d’esprit postmortel. Dans le cadre du plan de salut, le Seigneur a fixé un moment entre la mort et la résurrection où hommes et femmes peuvent continuer leur progression et en apprendre davantage sur les principes de la perfection avant d’être amenés au jugement final (Al. 40:6-21). Jésus-Christ est allé dans le monde d’esprit postmortel, tandis que son corps était au tombeau, pour lui prêcher l’Évangile (1 Pi. 3:19-20 ; 4:6 ; D&A 138:11-37) pour que les esprits qui étaient dans le monde d’esprit postmortel puissent entendre et accepter ou rejeter l’Évangile. Puisque le baptême, le don du Saint-Esprit, la dotation du temple et le scellement sont des ordonnances terrestres, les saints des derniers jours accomplissent les ordonnances par procuration pour les morts dans leurs temples (voir Salut des morts). Parce que les hommes diffèrent tellement dans leur obéissance aux commandements de Dieu, la théologie de l’Église rejette la notion chrétienne traditionnelle du choix unique entre le ciel ou l’enfer quand elle explique la destinée finale des âmes (voir Âme). Par une vision donnée au prophète Joseph Smith (D&A 76), le Seigneur a montré, comme il l’a également révélé à Paul, qu’il y a plusieurs degrés de gloire dans la récompense éternelle de l’humanité (D&A 76 ; cf. 1 Co. 15:42).
Le plan de salut a été créé par le Père, réalisé par le sacrifice expiatoire de son Fils bien-aimé et facilité par les dons du Saint-Esprit. Il englobe la Création, la Chute et l’Expiation, y compris la Résurrection, et traverse tous les temps depuis l’existence prémortelle jusqu’à l’état final d’immortalité et de vie éternelle.
 
Bibliographie
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith, p. 81-104, 144-159. Salt Lake City, 1985.
Packer, Boyd K. Our Father's Plan. Salt Lake City, 1984.
Taylor, John. The Mediation and Atonement of Our Lord and Savior Jesus Christ. Salt Lake City, 1882.
GERALD N. LUND
 
Première Présidence
Auteurs : ENGLAND, J. LYNN et WARNER, W. KEITH
 
La Première Présidence est le niveau de direction et le collège ayant le rang le plus élevé dans l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Son autorité, ses devoirs et ses responsabilités s’étendent sur toutes les personnes et sur toutes les affaires de l'Église. Ce collège se compose habituellement de trois personnes : le président de l'Église et deux conseillers choisis par lui. Joseph Smith, le premier président, a appelé plus de deux hommes pour l'aider. D'autres présidents ont de temps en temps également utilisé cette pratique de prendre des conseillers supplémentaires quand ils en avaient besoin. Spencer W. Kimball a parfois été aidé par trois conseillers.
 
La Première Présidence fut créée en mars 1832, deux ans après la fondation de l'Église. Jesse Gause et Sidney Rigdon furent appelés à être conseillers de Joseph Smith. Gause ne remplit ce poste que jusqu'au mois de décembre suivant, quand il se montra infidèle et fut excommunié. L'appel fut donné plus tard à Frederick G. Williams, qui fut ordonné le 18 mars 1833 (D&A 81, 90). D’autres directives concernant l'organisation de la Première Présidence furent données en 1835 dans une révélation sur la prêtrise. Trois hommes devaient être choisis et nommés, et ordonnés à cet office par le Collège des douze apôtres, « et soutenus par la confiance, la foi et la prière de l'Église » (D&A 107:22).
 
Les saints des derniers jours croient que les apôtres du Nouveau Testament, Pierre, Jacques et Jean, constituaient une Première Présidence avec Pierre comme officier président et Jacques et Jean comme conseillers. En tant que Première Présidence dans les temps anciens, ils fonctionnaient d’une manière semblable à la Première Présidence d’aujourd'hui. Par exemple, la Bible décrit des situations où Jésus traitait uniquement avec Pierre (Mt. 18:19 ; Lu. 24:34) et d'autres où les trois apôtres participaient (Mt. 17:1-3 ; 26:37-39 ; Mc. 5:37-42). Ces passages donnent à penser que le rôle de ces trois hommes était différent de celui des autres apôtres. En tant que Première Présidence, Pierre, Jacques et Jean possédaient l'autorité spéciale de donner à Joseph Smith et à Oliver Cowdery les clefs du ministère dans la dispensation de la plénitude des temps. Ce sont ces clefs qui commandent l'exercice de la prêtrise par tous les autres dans les fonctions essentielles de l'Église à l’époque actuelle.
 
Les membres de la Première Présidence ne sont pas égaux. L'autorité repose uniquement sur le président, les conseillers ayant un rôle subalterne, le premier conseiller ayant la préséance sur le deuxième conseiller. En l'absence du président, les conseillers président lors des réunions avec le Conseil ou Collège des douze apôtres et les autres Autorités générales et dans les conférences de l'Église. Si le président est malade et incapable de remplir toutes ses fonctions, les conseillers peuvent gérer les affaires de l'Église sous sa direction. Dans ce cas, les conseillers agissent en étroite consultation avec le président du Conseil des douze. Le président de l'Église reste cependant l'autorité finale.
 
Le choix des conseillers est la prérogative du président. Un nouveau président peut ou peut ne pas choisir de conserver les conseillers de son prédécesseur. Les conseillers sont habituellement des apôtres, mais dans quelques cas des hommes qui n'étaient pas ordonnés apôtres ont été appelés, les premiers d’entre eux étant Sidney Rigdon (1832) et Frederick G. Williams (1833). Plus récemment, Thorpe B. Isaacson a été appelé en 1965 à faire partie de la Première Présidence sous David O. McKay. Dans certains cas, les conseillers ont été des apôtres mais pas des membres des Douze, tels que Alvin R. Dyer, autre conseiller du président McKay.
 
L'ensemble des membres de l’Église vote pour soutenir la Première Présidence mais ne l’élit pas. Parce que les membres de l'Église croient que l'appel et l'autorité de la Première Présidence viennent de Dieu, leur vote est un vote de consentement commun pour ratifier un choix qui a déjà été fait ou s’y opposer.
 
Doctrine et Alliances 107:9 dit : « La Présidence de la Haute Prêtrise selon l'ordre de Melchisédek a le droit d'officier dans tous les offices de l'Église. » Étant au plus haut niveau d'autorité, le Collège de la Première Présidence a le dernier mot en matière de nomination, de présidence, d'interprétation de la doctrine et dans toutes les autres affaires de l'Église. Ainsi, tous les autres collèges, conseils et organisations de l'Église fonctionnent sous l'autorité de ce collège.
 
Les affaires administrées directement par la Première Présidence comprennent la planification des conférences générales et d’interrégion et des assemblées solennelles ; les départements du budget, des apurements, de l’enseignement, d’histoire, du personnel et les autres départements généraux de l'Église, ainsi que les temples. Toutes les autres affaires sont administrées par le Conseil des douze, l'Épiscopat Président ou les soixante-dix sous la direction de la Première Présidence.
 
Dans la Première Présidence, la prise de décision doit se faire à l’unanimité. La consultation étroite et soigneuse entre le président et ses conseillers permet d’assurer le consensus (Hinckley, p. 50).

La Première Présidence se réunit normalement au moins une fois par semaine, pour tenir ensuite une réunion avec le Collège des douze apôtres pour examiner les questions requérant leur attention. C’est lors de ce conseil de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres que tous les changements d'administration ou de politique pour l'Église sont examinés et approuvés.
 
La Première Présidence se réunit aussi hebdomadairement avec l'Épiscopat Président. Des réunions se tiennent chaque mois avec toutes les Autorités générales, réunions au cours desquelles celles-ci sont informées de tout changement de programme ou de procédure. En outre, la Première Présidence se réunit, selon les besoins, avec d'autres conseils, bureaux et groupes auxquels diverses responsabilités ont été déléguées.
 
À la mort du président, le collège de la Première Présidence est automatiquement dissous et l'autorité finale dans l’Église passe immédiatement aux Douze, l’officier président étant le président du Collège des douze apôtres. Les conseillers, s'ils sont apôtres, reprennent leur place respective dans ce collège en fonction de leur ancienneté comme apôtres. La Première Présidence est reconstituée à l'appel d'un nouveau président, qui, dans tous les cas, aura été président du Collège des douze apôtres, et qui choisit alors ses conseillers. Cela fait, l'autorité suprême revient à la Première Présidence.
 
Première Vision
Auteur : BACKMAN, MILTON V.
 
La Première Vision du prophète Joseph Smith est le point de départ du rétablissement de l'Évangile dans cette dispensation. Cette théophanie s’est produite dans un bosquet près de Palmyra (New York) au printemps de 1820.
 
Les récits de Joseph rapportent que quand il était dans sa douzième année, il commença à sentir le besoin de rédemption et étudia plusieurs groupes religieux. Peu de temps après l’installation de sa famille à Manchester (New York), il fut témoin d’une excitation religieuse particulièrement intense dans la région, qui causa des divisions dans sa communauté et dans sa famille. Il remarqua que quand les convertis commencèrent à s’affilier à une confession ou à une autre, les bons sentiments qu’ils professaient éprouver les uns pour les autres se perdaient « dans une querelle de mots et un combat d'opinions » (JS–H 1:5-8). Perplexe et préoccupé, il se demanda « Si l’un de ces partis a raison, lequel est-ce et comment le saurai-je ? » (Backman, p. 156, 162, 168 ; Jessee, p. 198).
 
Tandis qu’il sondait les Écritures, Joseph fut influencé par une exhortation à la prière dans l'épître de Jacques. « Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu » (Ja. 1:5). « Jamais, raconta-t-il plus tard, aucun passage de l'Écriture ne toucha le cœur de l'homme avec plus de puissance que celui-ci ne toucha alors le mien » (JS–H 1:12). Il se retira dans un bosquet isolé près de la ferme en rondins de son père et se mit à genoux pour prier (Backman, p. 156).
 
Il s’ensuivit une lutte contre une influence satanique, mais avec l'aide divine, il y survécut. Il écrit que tandis qu’il continuait à invoquer Dieu, il vit « exactement au-dessus de [s]a tête, une colonne de lumière, plus brillante que le soleil, descendre peu à peu jusqu'à tomber sur [lui] ». Immédiatement il fut délivré des ténèbres qui l’enserraient (JS–H 1:16). Dans la lumière, il vit deux Personnages « dont l’éclat et la gloire défient toute description » et qui « se ressemblaient exactement par les traits et l’apparence » (JS–H 1:17 ; Lettre à Wentworth, Backman, p. 169). L'un d'eux prononça son nom, montra l'autre, et dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoute-le ! » (JS–H 1:17). Dans ce qui suivit, Joseph apprit que, grâce au Christ, qui avait pris sur lui les péchés de l'humanité, ses péchés lui étaient pardonnés. « Voici, je suis le Seigneur de gloire. J'ai été crucifié pour le monde pour que tous ceux qui croient en mon nom aient la vie éternelle » (Backman, p. 157). Il fut également assuré de la réalité et de l'imminence de la seconde venue du Christ « pour réaliser ce qui avait été dit par la bouche des prophètes et des apôtres » (Backman, p. 157, 167, 169 ; Jessee, p. 6). Quand il reprit ses esprits, Joseph demanda à quelle Église il devait se joindre et il lui fut dit de ne se joindre à aucune parce qu'elles enseignaient toutes des « doctrines incorrectes » ; elles avaient une forme de piété, mais elles en niaient la puissance (cf. 2 Ti. 3:5). De plus, il lui fut dit « que la plénitude de l'Évangile [lui] serait révélée plus tard » (JS–H 1:17-20 ; Backman, p. 163, 169 ; Jessee, p. 213). Tandis qu’il quittait le bosquet, se rappelle-t-il, « [s]on âme était remplie d’amour » et pendant bien des jours « [il éprouva] une grande joie et le Seigneur était avec [lui] » (Backman, p. 157).
 
La tranquillité de Joseph fut de courte durée. Tout d’abord, excepté de la part de sa famille, il ne rencontra que le mépris de ceux qui étaient mis au courant de son expérience. Il n'avait pas prévu les dénonciations violentes que cet événement allait provoquer.
 
En plusieurs occasions, entre 1832 et 1842, le jeune prophète écrivit ou dicta des récits de la vision, chacune dans un cadre différent, les deux derniers en vue de la publication. Chaque texte omet ou ajoute certains détails. En 1832, par exemple, Joseph Smith écrivit qu'avant sa Première Vision, il avait sondé les Écritures et en avait conclu qu'aucune société n'enseignait le christianisme du Nouveau Testament (Backman, p. 156 ; Jessee, p. 5). Dans le récit de 1838, il note qu'il se disait souvent : « Lequel de tous ces partis a raison ? Ou ont-ils tous tort, autant qu'ils sont ? » Plus loin dans ce même récit, il ajoute entre parenthèses « (car à l'époque, il ne m'était jamais venu à l'idée qu'elles étaient toutes dans l'erreur) » (JS–H 1:10, 18 ; Jessee, p. 198, 200).
 
Les saints des derniers jours considèrent cette vision comme authentique et révélatrice de la nature de Dieu. Dans le contexte biblique et scripturaire, ils y voient un parallèle avec les visions de Moïse ou avec les théophanies rapportées dans le Livre de Mormon. Joseph lui-même a comparé ses expériences dans et après la vision à celles de Paul (JS–H 1:24 ; EPJS, p. 118).
 
L'enseignement dans l’Église est, pour employer les termes de Stephen L. Richards (ancien conseiller dans la Première Présidence), « imprégné de la véracité de la Première Vision ». Elle sous-tend la doctrine d’un Dieu anthropomorphe et d'un homme théomorphe, des rapports entre les personnes de la Divinité et de la révélation continue. Les prières, les cantiques, les formes de culte et l'eschatologie sont, chez les saints, ancrés dans cette conception. Elle renouvelle le témoignage des prophètes hébreux que les visions ne sont pas l'accès le plus minimal mais au contraire le plus fiable de l’homme au divin, que la majesté, la gloire et la puissance de Dieu sont « au-delà de toute description », que les descriptions bibliques de communion face à face avec Dieu sont plus qu'une métaphore tirée par les cheveux. Elle confirme le témoignage des apôtres du Nouveau Testament que Dieu le Père et Jésus-Christ sont des personnes distinctes qui se manifestent telles qu’elles sont aux fils et aux filles de Dieu et que le Fils est à la ressemblance du Père et le Père à la ressemblance du Fils. [Voir aussi Joseph Smith, Visions de ; Expérience religieuse.]
 
Bibliographie
Backman, Milton V. Jr. Joseph Smith’s First Vision. Salt Lake City, 1980.
Smith, Joseph. The Personal Writings of Joseph Smith. Dean C. Jessee, comp. et dir. de publ. Salt Lake City, 1984.
MILTON V. BACKMAN, JR.
 
Préordination
Auteur : TOP, BRENT L.
 
La préordination est le choix effectué dans l’état prémortel de faire venir des personnes dans la condition mortelle à des moments spécifiés, dans certaines conditions et pour accomplir des responsabilités désignées à l’avance. Selon l'interprétation des saints, « préordonné » ne signifie pas prédéterminé (voir Prédestination). C'est le résultat d’un choix volontaire, pas de sa violation ou de son abrogation. L'idée de la préexistence et de la préparation prémortelle à la vie terrestre fait l’objet d’allusions dans les sources bibliques et on en voit des indications dans certaines sources judéo-chrétiennes anciennes. Mais elle a eu une place moins importante dans la pensée ultérieure.
 
Il a été dit à Abraham qu'il était parmi les esprits vaillants et qu’il avait été, pour cette raison, choisi ou préordonné avant sa naissance pour être un dirigeant dans le royaume de Dieu sur terre (Abr. 3:22-23). Le Seigneur a, de même, dit à Jérémie : « Avant que je t’eusse formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et… je t’avais consacré, je t’avais établi prophète des nations » (Jé. 1:5). Alma le Jeune a enseigné que les prêtres appartenant à un « saint ordre » avaient été préordonnés « selon la prescience de Dieu, à cause de leur foi extrême et de leurs bonnes œuvres » (Al. 13:1, 3). Le prophète Joseph Smith a conclu que « quiconque est appelé à exercer un ministère auprès des habitants du monde a été ordonné à ce but même dans le grand conseil des cieux avant que le monde fût » (EPJS, p. 296). Et en plus de ces préordinations à des appels dans la prêtrise, beaucoup d'esprits ont pu être préordonnés auprès de pays et de générations spécifiques, que Paul appelle « les bornes de leur demeure » (Ac. 17:26), aussi bien qu'auprès de familles et à toutes sortes de tâches, de travaux ou de missions sur terre.
 
Bien que chacun de ces choix soit en dernier ressort basé sur l'omniscience et la prescience de Dieu, plusieurs facteurs peuvent influencer notre situation sur terre. La préordination se présente comme une bénédiction ou une récompense pour une justice prémortelle et un engagement vaillant vis-à-vis de Jésus-Christ. Le fait de naître dans la maison d'Israël et d’hériter de toutes bénédictions d'Abraham, d'Isaac et de Jacob est souvent considéré comme le droit de naissance des âmes dévouées (voir Ép. 1:4-5 ; Ro. 9:4). Ces droits et ces bénédictions peuvent encore être obtenus par quiconque décide de les recevoir, que ce soit dans cette vie ou dans l’au-delà. Les hommes manifestent tôt ou tard, comme l’a enseigné B. H. Roberts, des soixante-dix, « la force de cette intelligence et de cette noblesse à laquelle leur esprit était parvenu dans le royaume céleste avant de prendre un corps sur la terre » (T. Madsen, Defender of the Faith, Salt Lake City, 1980, p. 2). Les Doctrine et Alliances enseignent que les hommes et les femmes peuvent aller à Dieu par la justice et la diligence et être ainsi comptés parmi ceux qui sont « les fils [et les filles] de Moïse et d'Aaron, la postérité d'Abraham, l'Église et le royaume, et les élus de Dieu » (D&A 84:34).
 
Par la fidélité sur terre, quelles qu’aient été la préordination prémortelle ou les alliances antérieures, on peut, comme Paul l’a enseigné, être adopté dans le lignage élu : « tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas Israël » (Ro. 9:6). C'est-à-dire que beaucoup peuvent être préordonnés à des missions importantes dans la condition mortelle, mais peuvent, par le péché et la rébellion, échouer dans leur préordination et abandonner leurs bénédictions. L'obéissance aux alliances et aux ordonnances de l'Évangile est le facteur essentiel qui permet de décider de l'élection finale dans le lignage élu.
 
Les saints des derniers jours croient en outre que le moment, le lieu et les circonstances de la naissance dans la condition mortelle peuvent être le résultat d'anciennes alliances et décisions aussi bien que de ce qui serait le mieux, dans la sagesse divine, pour fournir des occasions et défis à surmonter dans l’intérêt de la progression et de l’épanouissement de l'individu. En outre, la préordination peut également être basée sur les desseins et les plans de Dieu pour faire du bien à tous ses enfants. Les détails de ces facteurs restent inconnus. En conséquence, on ne peut en aucun cas juger de la personnalité prémortelle de quelqu’un en fonction de sa situation actuelle dans la vie. Il est possible que certaines des circonstances les plus pénibles et les plus ardues soient, dans la perspective de l'éternité, les meilleures situations et peut-être même celles dans lesquelles des hommes et des femmes ont accepté d’entrer. La préordination n'exclut pas l'exercice du libre arbitre. C’est une affectation conditionnelle préalable à l’octroi de certaines bénédictions et responsabilités.
 
Après Augustin et Calvin, certains ont interprété le mot « prédestinés » dans Romains 8:29-30 et Éphésiens 1:4-5 comme étant la volonté préalable de Dieu. Selon cette thèse, Dieu est l'agent causal final, tandis que l'homme est toujours et seulement un effet. Les saints des derniers jours rejettent cette interprétation. Ils croient que ni les sources grecques ni les sources scripturaires dans ce domaine n’autorisent cette interprétation. Paul utilise ce terme pour désigner le fait d’être préordonné à une filiation divine par l’intermédiaire du Christ. En outre, puisque Dieu « connaît toutes les choses, car toutes… sont présentes devant [s]es yeux » (D&A 38:1-2), il prévoit nos choix. Cependant, il ne fait pas les choix pour nous. Sachant notre potentiel, il préordonne ceux qui aideront à réaliser ses buts. Les saints des derniers jours étendent cette notion de manière à englober la préordination à tout ministère ou fonction divinement désignés.
 
Bibliographie
Maxwell, Neal A. "Meeting the Challenges of Today". Speeches of the Year, p. 149-56. Provo, Utah, 1978.
Top, Brent L. The Life Before. Salt Lake City, 1988.
Winston, David. "Preexistence in the Wisdom of Solomon and Mormon Sources". Dans Reflections on Mormonism, dir. de publ. Truman Madsen, p. 13-35. Salt Lake City, 1978.
BRENT L. TOP

Préparation aux situations d'urgence
Auteur : Richardson, Frank D.

Les saints des derniers jours reçoivent un enseignement qui les prépare pour les problèmes potentiels. Étant donné que l'Évangile s’occupe du bien-être temporel et spirituel de l'humanité, l'Église considère toutes les situations d'urgence possibles qui auraient un mauvais impact sur la qualité de vie ou qui causeraient de la souffrance comme une raison de se préparer à titre préventif. Ceci comprend les catastrophes naturelles, le chômage, la maladie, les blessures et les autres circonstances susceptibles de menacer la vie ou le bien-être personnel. L'Église enseigne à ses membres de se préparer à de telles situations d'urgence.

La philosophie qui est à la base de la préparation pour les situations d’urgence est qu'en vivant de manière prévoyante et en acquérant à l'avance les compétences et les ressources nécessaires pour faire face efficacement aux difficultés, les saints des derniers jours peuvent ramener au minimum, voire éviter la souffrance qui accompagne l'imprévu. Cela leur donne aussi le sentiment de sécurité et de tranquillité d'esprit (D&A 38:30) qui sont essentiels à l’épanouissement spirituel. Ils apprennent également à travailler à l’autonomie, à pourvoir de manière adéquate à leurs besoins, à aider ceux qui sont dans le besoin et à éviter de dépendre inutilement des efforts ou des ressources des autres. On leur dit de mettre de côté quand les temps sont bons, afin de pouvoir s'occuper d’eux-mêmes et des autres quand les temps sont mauvais. Pour les saints des derniers jours, la préparation aux situations d'urgence est plus apparentée à l'épargne en vue d’une période de vaches maigres que pour survivre à la fin du monde (Kimball, p. 78).

Depuis plus de cent ans, les dirigeants de l'Église enseignent aux membres de stocker des céréales et d’autres produits essentiels qui pourraient les aider à survivre en période de sécheresse ou de famine (Essentials of Home Production and Storage, p. 17). Les lignes directrices actuelles pour les réserves au foyer sont d’application à l'échelle internationale. Il s'agit notamment d'avoir des réserves de nourriture, de vêtements et, si possible, de combustible nécessaires à la vie pendant un an (Benson, p. 33). Les directives de l'Église disent : « Nous n’avons jamais stipulé une formule exacte de ce que l’on doit mettre en réserve. Peut-être que si nous n’envisageons pas une année de réserves de ce que nous utiliserions normalement et envisagions plutôt ce qu'il faudrait pour nous maintenir en vie dans le cas où nous n'aurions rien d’autre à manger, ce serait là quelque chose de très facile à mettre en réserve pour un an »(Essentials, p. 6).

Lors des leçons d'arts ménagers et des journées de travail, la Société de Secours recommande depuis longtemps aux femmes d’entretenir un potager et de faire des conserves et de la couture. Il est conseillé aux saints de faire des études et de rechercher des occasions de se former qui les préparent à s'adapter aux changements dans le monde du travail, d'éviter l'endettement personnel, de rester en bonne santé en mangeant correctement et en faisant du sport, d’apprendre les premiers soins et de savoir comment protéger leur vie et leurs biens contre les incendies, les inondations et le vol. Il leur est conseillé de prendre une assurance-vie, une assurance soins de santé et une assurance habitation là où cela existe. On leur recommande en outre d'éviter les achats sous l’effet de la panique, d’acheter des ressources d'urgence à crédit, de céder aux marottes du jour et de faire de la publicité pour des marques, des fournisseurs ou des techniques spécifiques.
Sur le plan institutionnel, l'Église pratique les principes de la préparation. Sous l'égide de ses services d’entraide, les fermes et les conserveries d’entraide et les magasins de l'évêque cultivent, traitent, et distribuent des produits destinés à la consommation par les nécessiteux dans l'Église. Ces installations maintiennent un inventaire d’une année de réserves tant en produits cultivés et traités qu’en produits finis. Les réserves de céréales appartenant à l'Église sont stockés pour aider à subvenir aux besoins de récolte en récolte, avec une marge de sécurité appropriée pour ceux qui pourraient se trouver dans le besoin lors de mauvaises conjonctures économiques plus prolongées. L'Église ne tente cependant pas de maintenir des réserves d'urgence pour tous ses membres. La sécurité à long terme contre les urgences lors de catastrophes dépend de la préparation consciencieuse des personnes et des familles de par le monde.

Cet état de préparation constant a permis à l'Église de participer à des projets humanitaires pour soulager les souffrances résultant de catastrophes telles que la Seconde Guerre mondiale, la rupture du barrage de Teton dans l'Idaho en 1976, les pénuries alimentaires en Pologne en 1982, les inondations au Brésil en 1983, les tremblements de terre à Mexico en 1985, les ouragans dans les Caraïbes et la Caroline du Sud en 1989 et d’autres catastrophes naturelles et causées par les hommes.

Les unités ecclésiastiques de l'Église (paroisses, pieux, régions et interrégions) ont pour instructions de mettre par écrit et d’entretenir un plan d'intervention d'urgence. L’ampleur et la précision dans le détail de ces plans varient selon la nature et la gravité des situations d'urgence susceptibles de survenir dans chaque région. Les plans d'intervention d'urgence traitent en général des questions de gestion et de communication, de retour d’information, de l'emplacement et de l’importance des ressources disponibles pour les interventions d'urgence, des lignes directrices pour l'utilisation des bâtiments de l'Église comme refuges, ainsi que les nom et adresse des spécialistes de l'intervention d'urgence.

Les officiers présidents de toutes les unités de l'Église sont invités à coordonner la planification pour les situations d'urgence et les mesures à prendre avec les organismes compétents de la collectivité. Il va de soi qu’il est important que tous les membres de l'Église se comportent en bons citoyens en cas de besoin.

Bibliographie
Benson, Ezra Taft. « Prepare for the Days of Tribulation. » Ensign 10, nov. 1980, p. 32-34.
Essentials of Home Production and Storage. Salt Lake City, 1979.
Kimball, Spencer W. Welfare Services : The Gospel in Action ». Ensign 7, nov. 1977, p. 76-79.
FRANK D. RICHARDSON

 
Prescience de Dieu
Auteur : FAULCONER, JAMES E.
 
L'Écriture moderne parle sans équivoque de la prescience de Dieu : « Toutes les choses sont présentes devant mes yeux » (D&A 38:2). Elle affirme que Dieu a la plénitude de la vérité, « la connaissance des choses telles qu'elles sont, telles qu'elles étaient et telles qu'elles sont à venir » (D&A 93:24, italiques ajoutés).
 
La prescience divine comprend la capacité de connaître même les pensées et les intentions du cœur humain : « Il n'y a personne d'autre que Dieu qui connaisse tes pensées et les intentions de ton cœur » (D&A 6:16). La prescience divine est, au moins en partie, la connaissance de ses propres desseins pour le cosmos et pour l'humanité, et « on ne peut faire échouer les œuvres, les desseins et les intentions de Dieu, ni les réduire à néant » (D&A 3:1). « Elles [ses œuvres lui] sont connues de toute éternité » (Ac. 15:18 ; Abr. 2:8). Parmi elles, les conditions du plan du salut. Par exemple, « Dieu a assurément élu ou décidé à l’avance que tous ceux qui seraient sauvés, seraient sauvés en Christ Jésus et par l'obéissance à l'Évangile » (EPJS, p. 151-152). Il est également connu d’avance que toute l'humanité mourra, ressuscitera et comparaîtra en jugement.
 
Dans l'Écriture, les termes de base désignant le savoir divin suggèrent plus qu'une relation cognitive entre un sujet et un objet ; ils impliquent une connaissance intime, directe, participative et affective. La prescience divine est la connaissance d'un Père céleste, pas la connaissance d'une abstraction métaphysique. Les Écritures qui parlent de la prescience divine soulignent la compréhension que Dieu a de son expérience avec son peuple et de la destinée de celui-ci plutôt que du contenu et de la logique de cette connaissance. Quiconque cherche à comprendre la prescience divine doit commencer par reconnaître que l’Écriture ne traite pas directement de la question comme cela a été formulé en philosophie et en théologie, où l'accent est sur le contenu et la logique de la connaissance. Les Écritures disent de manière explicite que Dieu sait tout et que nous pouvons lui faire confiance. Elles ne disent pas de manière explicite ce que cela signifie sur le plan philosophique ou théologique. En conséquence, à défaut de révélation nouvelle, toute réponse à la question théologique de la prescience de Dieu ne peut être que théorique.
 
Afin d'essayer de concilier la prescience divine avec la liberté humaine, les grands théologiens et philosophes juifs et chrétiens ont proposé trois possibilités. La première affirme les deux pôles du dilemme : « Tout est prévu et la liberté de choix est donnée. » C'est la position de Rabbi Akiba et de Maïmonide (Aboth 3, 19 ; Yad, Teshuvah 5:5), ainsi que celle d'Augustin et d’Anselme (La Cité de Dieu 5.9-10 ; L'harmonie de la Prescience, de la Prédestination et de la Grâce de Dieu avec le libre choix 1.3). Maïmonide avance l’argument que bien qu'il soit logiquement impossible que la prescience humaine de nos actes soit compatible avec la liberté, la prescience de Dieu, qui est d'une sorte différente et mystérieuse, est compatible avec la liberté.
 
Dans la deuxième, la prescience de Dieu est limitée. Puisque les hommes sont libres, Dieu connaît les possibilités et les probabilités du choix humain, mais pas les inévitabilités. Dieu est omniscient en ce sens qu’il sait tout ce qui peut être connu, mais pas dans le sens de savoir exactement à l'avance comment les hommes utiliseront leur liberté, puisqu’il est impossible de le savoir étant donné que les événements contingents futurs n'existent pas. C'est le point de vue du talmudiste Gersonide (Lévi Ben Gershon, 1288-1344 ; Milhamot Adonaï, III, 6) et, avec quelques modifications, de Charles Hartshorne et des « process philosophers ».
 
Dans la troisième, les humains ne sont pas véritablement libres. La liberté est une illusion qui découle de l'ignorance humaine de la cause et de la nécessité divines. Tout ce que les individus font est en réalité déterminé et prédéterminé. Dieu pré-connaît et pré-cause tout ce qui se produit. C'est la thèse de Spinoza et de Calvin.
 
Historiquement, la plupart des saints des derniers jours ont adopté la première position générale : tout est prévu et la liberté reste. Certains ont opté pour la deuxième, à savoir que la prescience de Dieu n’est pas absolue. La troisième possibilité, à savoir que la liberté humaine est illusoire, est incompatible avec la croyance des saints au libre arbitre et à la responsabilité véritables. L'éloge et le blâme, la responsabilité et le jugement n’ont pas de sens si les humains ne sont pas libres. Toute doctrine de la prescience qui va à l’encontre de ce principe viole l'esprit et la lettre des Écritures mormones.
 
Par conséquent, la prescience divine, quelle qu’en soit la définition finale, n'est pas de la prédestination. Pour cette raison, ce que Dieu voit d’avance n'est pas divinement causé, même si c’est connu dans un certain sens (Talmage, p. 317). La prescience divine est l’arrière-plan de la préordination. Mais, encore une fois, préordination n'est pas pré-causalité. Au contraire, « la préordination est l’octroi conditionnel d'un rôle, d'une responsabilité ou d'une bénédiction qui, de même, prévoit mais ne fixe pas le résultat » (Maxwell, p. 71).
 
Bibliographie
Hartshorne, Charles, and William L. Reese. Philosophers Speak of God. Chicago, 1953.
Maxwell, Neal A. "A More Determined Discipleship". Ensign 9, févr. 1979, p. 69-73.
Talmage, James E. The Vitality of Mormonism, p. 317 ff. Boston, 1919.
JAMES E. FAULCONER
 
Président de l’Église
Auteurs : ENGLAND, LYNN et WARNER, KEITH W.
 
Le président de l’Église est le prophète, voyant et révélateur qui est autorisé à diriger les affaires de l’Église sur toute la terre. Il parle et agit selon les instructions divines de Jésus-Christ, qui est le chef de l’Église. Les présidents de l’Église à ce jour ont été Joseph Smith, Brigham Young, John Taylor, Wilford Woodruff, Lorenzo Snow, Joseph F. Smith, Heber J. Grant, George Albert Smith, David O. McKay, Joseph Fielding Smith, Harold B. Lee, Spencer W. Kimball, Ezra Taft Benson, Howard W. Hunter, Gordon B. Hinckley et Thomas S. Monson.
 
En principe et dans la pratique, aucun autre office ou appel ne suscite le même amour et le même respect des membres de l’Église que celui de président de l’Église. Le président est le prophète et, en tant que tel, est vénéré par les membres de l’Église. Il est la seule personne dans l’Église qui peut diriger et autoriser toutes les utilisations des clefs de la prêtrise. Il en est le dirigeant administratif en chef, aidé par ses conseillers dans la Première Présidence et les membres du Collège des douze apôtres. Ils dirigent le travail des autres Autorités générales et des dirigeants laïques agissant dans des centaines d’appels.
 
Les Doctrine et Alliances spécifient que le devoir du président est « d’être semblable à Moïse » (D&A 107:91-92 ; 28:2), transmettant la volonté de Dieu à son peuple et lui enseignant l’Évangile. Son œuvre est assez semblable à celle de Pierre, qui présidait les apôtres et l’Église chrétienne primitive. Quand Pierre déclara que Jésus était le Fils de Dieu, Jésus précisa que ce témoignage lui avait été divinement révélé, en disant : « Tu es Pierre, et… sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mt. 16:13-20). Les saints des derniers jours voient dans cette « pierre » la révélation divine par laquelle les prophètes anciens et modernes ont dirigé les membres de l’Église du Christ (EPJS, p. 221).
 
Les saints des derniers jours croient que la connaissance révélée de la part de Dieu est nécessaire pour diriger les affaires de l’Église et permettre de comprendre la volonté de Dieu aujourd’hui tout comme autrefois. Les révélations données au président de l’Église peuvent comporter une déclaration ou un éclaircissement de points de doctrine ou des directives au sujet des problèmes théologiques, des questions d’organisation, de la conduite morale et de la gestion pratique. L’unité de l’Église dans le monde entier est renforcée par le prophète dans son action comme porte-parole de Dieu. En tant que tel, le président peut parler avec autorité de sujets tels que l’interprétation des Écritures, les questions spirituelles et les sujets temporels. Les déclarations officielles qu’il fait en son temps peuvent avoir la préséance sur les révélations apparaissant dans les Écritures relevant d’autres époques ou sur les déclarations faites par des présidents précédents de l’Église, bien qu’en fait celles-ci soient rarement en conflit (cf. Benson, p. 27-28).
 
Le président possède la capacité inspirée de discerner entre la vérité et l’erreur pour l’Église. En conséquence, il peut reconnaître et dénoncer les croyances et les mouvements erronés dans l’Église et dans le monde. Il est bien entendu qu’il peut parfois parler ou agir en tant que particulier en dehors de son appel de prophète (EPJS, p. 224), mais le point de vue général est que les recommandations du président de l’Église doivent toujours être prises au sérieux.
 
Toutes les fois que de nouveaux points de doctrine doivent être introduits, ils sont d’abord présentés par le président à ses conseillers et puis au Collège des douze apôtres lors d’une réunion du conseil de la Première Présidence et du Collège. S’ils sont approuvés à l’unanimité, ils sont alors présentés aux membres de l’Église lors d’une conférence générale pour un vote de soutien.
 
On enseigne aux saints des derniers jours qu’il est sage de suivre le prophète, même dans les questions privées (voir Suivre les Frères). Le Seigneur ne permettra jamais au président de l’Église, comme prophète, de conduire les saints dans l’apostasie ou l’erreur (D&A, Déclaration officielle – 1).

Le président de l’Église est la seule personne sur terre à gérer l’utilisation de toutes les clefs de la prêtrise, bien que ces clefs soient également détenues par les apôtres ordonnés et soient dirigées par leur collège à la mort du président et jusqu’à ce qu’une nouvelle Première Présidence soit organisée. Ceci signifie que le président détient le pouvoir et l’autorité de gérer toutes les affaires de Seigneur sur terre dans l’Église. Tous les membres masculins dignes dans l’Église qui ont douze ans ou plus peuvent également recevoir les pouvoirs associés à divers offices de la prêtrise, mais tout acte accompli en vertu de cette autorité doit être exercé de la manière appropriée. Le pouvoir de diriger ces actes à n’importe quel niveau est appelé les clefs de la prêtrise. Bien que la totalité des clefs soit exercée par le président seulement, il délègue l’utilisation de certaines d’entre elles à d’autres dirigeants sous sa direction. L’autorité pour accomplir des ordonnances et pour enseigner l’Évangile vient du Seigneur, mais l’utilisation ordonnée en est réglée par ceux qui détiennent les clefs données à Joseph Smith et transmises à ses successeurs (D&A 1:38 ; 28:2 ; voir aussi Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek).
 
Institué par la révélation, le poste ou appel du président de l’Église s’est développé en même temps que l’ensemble de l’organisation de l’Église. Avant l’organisation officielle de l’Église en 1830, Joseph Smith détenait le rôle dirigeant central comme prophète du Rétablissement. Dans une révélation donnée le 15 mai 1829, il est dit à Joseph Smith qu’Oliver Cowdery et lui devaient être ordonnés premier et deuxième anciens quand l’Église serait officiellement organisée (JS–H 1:72). Ceci se produisit le 6 avril 1830.
 
Au cours de la réunion d’organisation, Joseph Smith reçut une révélation dans laquelle il recevait les titres de voyant, traducteur, prophète, apôtre de Jésus-Christ et ancien de l’Église de Jésus-Christ. Il lui fut également dit comment poser les fondements de l’Église (D&A 21:1-2). Les personnes qui assistaient à la première réunion votèrent unanimement d’accepter Joseph Smith comme premier ancien et prophète. Lors de cette réunion, le précédent fondamental pour le gouvernement de l’Église fut établi : Les appels, notamment celui du prophète, exigent que la volonté de Dieu soient rendus manifestes et que la volonté et le consentement du peuple de la respecter soient indiqués par un vote de soutien (voir Consentement commun).
 
Tandis que l’Église était dans ses premières années, Joseph Smith, Oliver Cowdery et un petit groupe d’anciens se réunirent trimestriellement et prirent les décisions fondamentales de politique pour l’Église. En septembre 1830, le caractère unique de la position de Joseph Smith dans l’Église fut affirmé quand Hiram Page, un membre de l’Église, prétendit avoir reçu des révélations pour l’Église. Joseph Smith consulta le Seigneur et reçut une révélation de clarification selon laquelle lui seul devait recevoir les commandements et les révélations pour l’Église entière (D&A 28:2, 11-14).
En janvier 1832, lors d’une petite conférence des anciens à Amherst (Ohio), Joseph Smith fut soutenu comme président de la haute prêtrise et ordonné à cet office par Sidney Rigdon. En mars de cette même année, l’office de président de l’Église fut de nouveau précisé par l’annonce de l’organisation d’une présidence constituée d’un président et de conseillers (D&A 81:1-3). Le 26 avril 1832, une conférence générale de l’Église se tint au comté de Jackson (Missouri) où Joseph Smith fut soutenu et reconnu comme président de la haute prêtrise.
 
Les présidents de l’Église sont nommés à vie et ne sont pas relevés pour cause d’âge ou de santé. L’autorité pour désigner un successeur après réception d’une révélation du Seigneur, se situe entre les mains des Douze, qui se réunissent dans ce but après la mort du président. Une fois qu’il a été désigné et approuvé à l’unanimité par les apôtres, le nouveau président choisit ses conseillers, qui sont également soutenus par les Douze. Ces actions sont ensuite soutenues par les membres de l’Église à la conférence générale qui suit.
 
La manière de procéder à la succession dans la présidence s’est développée graduellement depuis l’organisation de l’Église. Après l’assassinat du prophète Joseph Smith, certains membres pensèrent que son conseiller ou même son fils devrait être son successeur ; mais les Douze savaient qu’ils détenaient les clefs et que c’était le doyen des apôtres qui devait présider. En conséquence, Brigham Young, président du Collège des douze apôtres, dirigea l’Église en vertu de son poste pendant trois ans et demi jusqu’à ce qu’il fût installé et soutenu avec des conseillers en tant que Première Présidence. Les deux présidents suivants furent également ordonnés après un délai à peu près identique ; mais depuis 1898, le processus de succession est appliqué sans tarder après la mort d’un président.
 
Bibliographie
Allen, James. et Glen M. Leonard, The Story of the Latter-day Saints. Salt Lake City, 1976.
Benson, Ezra Taft. « Fourteen Fundamentals in Following the Prophet ». Dans 1980 Devotional Speeches of the Year. Provo, Utah, 1981.
Esplin, Ronald K. « Joseph, Brigham, and the Twelve : A Succession of Continuity ». BYU Studies 21. Été 1981, p. 301-341.
Kimball, Spencer W. « We Thank Thee, O God, for a Prophet : The Privilege of Sustaining the Leaders of the Church ». Ensign 3, janv. 1973, p. 33-35.
Peterson, Mark E. « Follow the Prophets », Ensign 11, nov. 1981, p. 64-66.
Tanner, N. Eldon. « The Administration of the Church ». Ensign 9, nov. 1979, p. 43-48.
J. LYNN ENGLAND
W. KEITH WARNER
 
Prêtrise
Auteurs : ELLSWORTH, RICHARD G. et LUTHY, MELVIN J.
 
[Autres articles traitant de divers aspects de la prêtrise : Autorité ; Clefs de la Prêtrise ; Clergé ; Collèges de la Prêtrise ; Conseils de la Prêtrise ; Divinité ; Fraternité ; Grand Prêtre président ; Hommes, rôles des ; Magnifier son appel ; Participation et direction laïque ; Présidence, concept de ; Prêtrise d’Aaron ; Prêtrise de Melchisédek ; Prêtrise lévitique ; Serment et alliance de la Prêtrise.
Concernant les offices spécifiques de la Prêtrise, voir Ancien ; Apôtre ; Diacre, Prêtrise d’Aaron ; Évêque ; Grand Prêtre ; Instructeur, Prêtrise d’Aaron ; Offices de la Prêtrise ; Patriarche : Patriarche de l’Église ; Prêtre, Prêtrise d’Aaron ; Prêtrise de Melchisédek ; Prophète ; Soixante-dix.

Diverses ordonnances de la prêtrise sont traitées sous Baptême ; Bénédictions de la Prêtrise ; Bénédictions paternelles ; Bénédictions patriarcales ; Confirmation ; Consécrations ; Enfants : Bénédiction des enfants ; Imposition des mains ; Malades, bénédiction des ; Mise à part ; Ordination à la Prêtrise ; Ordonnances ; Ordonnances du temple ; Prière du baptême ; Rebaptême ; Sainte-Cène : Prières de Sainte-Cène ; Scellement.]
 
SOURCE DU POUVOIR DE LA PRÊTRISE. Jésus-Christ est le souverain grand prêtre de Dieu ; il est donc la source de toute véritable autorité et de tout véritable pouvoir de la prêtrise sur cette terre (Hé. 5-10). L’homme ne s’attribue pas un tel pouvoir ; il doit être conféré par Dieu par l’intermédiaire de ses serviteurs (Hé. 5:4 ; D&A 1:38).
 
Avant que le monde ne soit créé, Jésus-Christ, le grand Jéhovah et Premier-né de Dieu le Père dans le monde d’esprit, a fait alliance d’employer le pouvoir qu’il avait obtenu du Père pour mettre en application le programme de Dieu pour le bonheur éternel de tous les enfants de Dieu (cf. EPJS, p. 152). Le nom véritable de la prêtrise est « la Sainte Prêtrise selon l’Ordre du Fils de Dieu » ; mais pour éviter la répétition trop fréquente du nom de la Divinité, elle s’appelle aussi autrement, en particulier Prêtrise de Melchisédek ; c.-à-d., que c’est la même autorité que celle détenue par ce roi et grand prêtre juste (Ge. 14:18 ; Hé. 5:6 ; Al. 13:6, 17-19 ; D&A 107:1-4 ; 124:123).
 
En tant que Sauveur, Médiateur et Rédempteur divin, Jésus donne l’exemple pour toutes les actions de la prêtrise. « C’est pourquoi, quelle sorte d’hommes devriez-vous être ? » demande Jésus aux disciples néphites qu’il a ordonnés : « En vérité, je vous le dis, tels que je suis » (3 Né. 27:27).

DÉFINITIONS. Joseph Smith a défini la prêtrise comme étant « un principe éternel, [qui a] existé avec Dieu de toute éternité et existera à toute éternité, sans commencement de jours ni fin d’années… détenant les clefs du pouvoir et des bénédictions. En fait, [la Prêtrise de Melchisédek] est une loi parfaite de théocratie » (EPJS, p. 125, 261). C’est le pouvoir et l’autorité par lesquels l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est organisée et dirigée.
 
Le mot « prêtrise » a plusieurs significations pour les saints des derniers jours :
 
1. La prêtrise est un pouvoir, le pouvoir de Dieu, une source essentielle de force et d’énergie éternelles déléguées aux hommes pour agir en tout pour le bien-être de l’humanité, tant dans le monde qu’en dehors (DS 3:80 ; Romney, p. 43).
 
2. La prêtrise est l’autorité, le droit exclusif d’agir au nom de Dieu en tant que ses agents autorisés et d’accomplir des ordonnances afin de rendre certaines bénédictions spirituelles accessibles à tous les hommes.
 
3. La prêtrise est le droit et la responsabilité de présider au sein de la structure d’organisation de l’Église, mais seulement d’une manière conforme au libre arbitre des autres.
 
4. Parfois le mot prêtrise est employé pour désigner les hommes de l’Église en général (comme dans « la prêtrise se réunira dans la salle de Sainte-Cène »).
 
Le pouvoir de la prêtrise ne peut être exercé que sous la direction de celui qui détient le droit ou les clefs pour en autoriser l’utilisation. Le pouvoir de la prêtrise fonctionne en accord avec les caractéristiques et les attributs de Dieu lui-même, à savoir la persuasion, la longanimité, la gentillesse, l’humilité, l’amour vrai, la droiture, la vertu, la connaissance, la justice, le jugement, la miséricorde et la vérité (D&A 121:41 ; Lectures on Faith 4). Il cesse d’exister chez un homme qui l’emploie pour obtenir les honneurs du monde ou pour satisfaire l’orgueil ou couvrir les péchés ou le mal, ou exercer une domination injuste (D&A 121:33-37).
 
La prêtrise englobe toutes les formes de la puissance de Dieu. C’est le pouvoir par lequel le cosmos a été ordonné, que les univers et les mondes ont été organisés et que les éléments dans toutes leurs structures et leurs rapports divers ont été mis en place. C’est par la prêtrise que Dieu régit tout. C’est par ce pouvoir que l’Évangile est prêché et compris et que les ordonnances de l’exaltation pour les vivants et les morts sont accomplies (voir Plan de salut, Plan de rédemption). La prêtrise est le canal par lequel on obtient la révélation, le canal par lequel Dieu se révèle, lui et sa gloire, ses intentions et ses desseins, à l’humanité : La prêtrise détient « la clef des mystères du royaume, oui, la clef de la connaissance de Dieu » (D&A 84:19-20 ; cf. EPJS, p. 133). Elle transmet la volonté de Dieu ; et, quand elle est utilisée par ses serviteurs à sa demande, elle agit comme si c’était par sa propre bouche et sa propre main (D&A 1:38).
 
Ainsi, la doctrine mormone de la prêtrise diffère de toutes les autres conceptions. La prêtrise n’est pas une affaire de vocation ou de métier (voir Clergé). Elle n’est pas héréditaire, passant par héritage de père en fils (même la prêtrise lévitique était conférée par ordination). Elle n’est pas offerte pour de l’argent (voir Intrigues de prêtres). Elle n’est pas détenue par un groupe de spécialistes qui sont séparés de la communauté (tous les saints des derniers jours masculins sont éligibles pour être ordonnés à la prêtrise). Et pourtant elle n’est pas une « prêtrise de tous les croyants » comme dans la conception protestante (ER 11:529).
 
HISTOIRE, ORDRES ET OFFICES DE LA PRÊTRISE. Toutes les fois que le gouvernement de Dieu a existé sur la terre, il a fonctionné par l’intermédiaire de ce pouvoir de la prêtrise détenu par des hommes justes choisis de Dieu, comme Aaron (Hé. 5:4) et Josué (No. 27:18-19). En période d’apostasie et de méchanceté, Dieu n’a pas permis à ses serviteurs de conférer la prêtrise à ceux qui étaient indignes et elle a disparu de la terre. Quand cela a été nécessaire, la prêtrise a été rétablie avec chaque nouvelle dispensation de l’Évangile.
 
Après l’ascension de Jésus-Christ et la mort de ses apôtres, l’apostasie s’est produite dans l’Église chrétienne et l’autorité de la prêtrise a été retirée de la terre. Cependant, après une préparation par Dieu, grâce à la vie de réformateurs et de chercheurs sérieux et sincères, l’humanité a de nouveau reçu l’autorité de la prêtrise des mains des anges qui détenaient les clefs de ce pouvoir. À partir du 15 mai 1829, des messagers célestes ont conféré l’autorité de la prêtrise à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans une série de visitations (voir Prêtrise d’Aaron : Rétablissement ; Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek ; Doctrine et Alliances : Sections 109-110). Ces rétablissements concernent la Prêtrise d’Aaron (D&A 13), la Prêtrise de Melchisédek (D&A 27), les clefs du rassemblement d’Israël (D&A 110:11), les clefs de l’accomplissement de l’alliance abrahamique (D&A 110:12), les clefs du pouvoir de scellement (D&A 110:13-16) et les clefs de toutes les dispensations de l’Évangile « de Michel ou Adam jusqu’à nos jours » (D&A 128:21). Ces clefs de l’autorité présidente ont été à leur tour conférées à chaque prophète et président successif de l’Église. Tous les pouvoirs et autorités de la prêtrise fonctionnent aujourd’hui sous la direction du président de l’Église, qui détient toutes les clefs et tous les pouvoirs de la prêtrise (voient Première Présidence ; Collège des douze apôtres ; Succession dans la présidence).
 
« Il est question ici [dans l’épître aux Hébreux] de trois grands ordres de prêtrise » (EPJS, p. 260 ; HC 5:554-55) : celle de Melchisédek, la patriarcale et celle d’Aaron :
 
1. La Prêtrise de Melchisédek est « la prêtrise supérieure » qui incorpore toutes les prêtrises (EPJS, p. 144). Elle « détient le droit de présidence et a pouvoir et autorité sur tous les offices de l'Église à toutes les époques du monde, pour administrer les choses spirituelles » (D&A 107:8). Cet ordre d’ordination est un ordre immuable qui a été présent dans toutes les dispensations (cf. Mt. 10:1 ; 16:19 ; Jn. 20:23 ; Ép. 4:11 ; Hé. 7:24 ; voir aussi Hébreux, épître aux). D’Adam à Moïse, tous les grands prophètes ont détenu la Prêtrise de Melchisédek ; Joseph Smith a enseigné que les prophètes après la mort de Moïse et avant le temps du Christ détenaient cette même prêtrise et « furent ordonnés par Dieu lui-même » (EPJS, P. 144). Cette autorité est supérieure à la moindre prêtrise ou Prêtrise d’Aaron, qui a fonctionné sous la loi de Moïse. Les Néphites détenaient la Prêtrise de Melchisédek et observaient la Loi de Moïse sous cette autorité (cf. Al. 13:6-18).
 
2.L’ordre patriarcal de la prêtrise est le droit des pères dignes détenteurs de la prêtrise de présider sur leurs descendants à toutes les époques ; il comprend les ordonnances et les bénédictions de la plénitude de la prêtrise partagées par les maris et les femmes qui sont scellés dans le temple (voir Scellement : Scellements du temple).
 
3.La Prêtrise d’Aaron, y compris la Prêtrise lévitique, a été instituée sous la loi de Moïse au moment où Israël a rejeté les pouvoirs, les bénédictions et les responsabilités supérieurs de la Prêtrise de Melchisédek. Dieu leur a donné une « moindre prêtrise » comportant des domaines spécifiques d’autorité traitant des sacrifices et des aspects temporels du salut (Ex. 20:19 ; TJS Ex. 34:1-2). Cette autorité fut accordée pour toujours comme un droit à Aaron et à ses descendants linéaux. La Prêtrise lévitique a trait à certaines fonctions dans la Prêtrise d’Aaron qui ont été déléguées aux membres masculins dignes de la tribu de Lévi (voir Prêtrise dans les temps bibliques).
 
Au sein des Prêtrises de Melchisédek et d’Aaron, les hommes peuvent être ordonnés à divers offices. Ceux qui détiennent certains offices peuvent alors être appelés et mis à part à des postes particuliers dans l’Église. À partir de l’âge de douze ans, les jeunes gens, s’ils sont dignes et le désirent, peuvent se voir conférer la Prêtrise d’Aaron et être ordonnés à l’office de diacre ; ils peuvent être ordonnés instructeurs à l’âge de quatorze ans et prêtres à l’âge de seize ans. À dix-huit ans, on peut leur conférer la Prêtrise de Melchisédek et les ordonner à l’office d’ancien. Plus tard, selon que le requièrent les besoins et l’appel, ils peuvent être ordonnés à d’autres offices dans la Prêtrise de Melchisédek. L’office d’évêque est une annexe de la Prêtrise de Melchisédek (D&A 84:29), mais sa fonction est de présider la Prêtrise d’Aaron (D&A 107:87-88). L’office de patriarche est un office au sein de la Prêtrise de Melchisédek.
 
Tous les saints des derniers jours masculins fidèles et dignes peuvent être ordonnés à la prêtrise et être autorisés à agir et à participer à n’importe lequel des offices, pouvoirs, bénédictions et autorités de la prêtrise (voir Ordination dans la prêtrise ; Doctrine et Alliances : Déclaration officielle – 2). L’ordination à chaque office différent de la prêtrise se fait par l’autorité et sous la direction de l’officier président de la prêtrise dans la paroisse, branche, pieu ou mission de l’Église où la personne réside, par l’imposition des mains par quelqu’un détenant l’office approprié de la prêtrise et autorisé à agir en tant que tel.
 
Pour tous les détenteurs de la Prêtrise de Melchisédek ou d’Aaron, l’activité, la formation, le service et les relations se situent dans des collèges de la prêtrise, organisés selon l’office dans la prêtrise avec des officiers présidents appropriés (voir D&A 20 ; 107).
 
LA PRÊTRISE ET LA FAMILLE. C’est dans la famille que la prêtrise accomplit ses plus hautes fonctions. Dans la famille, le mari et père préside en justice et utilise sa prêtrise pour faire du bien aux membres de sa famille, enseignant par le précepte et par l’exemple, donnant des conseils et prenant des décisions justes, exprimant ouvertement de l’amour et de la sollicitude et donnant des bénédictions de prêtrise par l’imposition des mains quand cela s’indique pour diriger, guérir et réconforter sa famille. En tant que détenteur président de la prêtrise chez lui, il est responsable devant le Seigneur : Mari et femme sont tous deux responsables devant Dieu de leurs devoirs respectifs concernant le bien-être spirituel et temporel de leur famille.
 
L’exaltation et la vie éternelle dans le degré le plus élevé du royaume céleste ne se réalisent que lorsque la plénitude de la prêtrise est atteinte par l’édification et la réalisation d’un mariage éternel (voir Mariage : Mariage éternel). Le développement intellectuel et spirituel le plus élevé de l’homme et de la femme est de devenir comme Dieu. Homme et femme sont à l’image de Dieu (Ge. 1:27) ; l’homme ou la femme seuls ne peuvent pas parvenir à l’état divin. Chacun dans la vie prémortelle a été engendré en tant qu’enfant d’esprit de parents célestes avant de naître dans la condition mortelle de parents terrestres, et la vie sur terre fait partie de la progression des hommes et des femmes pour devenir comme leurs parents célestes. Ce n’est que par les ordonnances de scellement de la sainte prêtrise, accomplies dans les temples du Seigneur et par une vie juste et fidèle qu’homme et femme peuvent s’unir en un mariage éternel dans lequel ils peuvent atteindre ensemble la plénitude de la prêtrise et de l’exaltation.
 
On ne parvient à la plénitude de la prêtrise, qui est l’ordre le plus élevé de la prêtrise, que par l’union éternelle de l’homme et de la femme, sanctifiée par l’ordonnance du scellement dans un temple du Seigneur et ratifiée par le Saint-Esprit de promesse (D&A 132:18-19). Ceux qui sont ainsi unis, qui honorent leurs alliances l’un avec l’autre et avec le Seigneur, hériteront dans la Résurrection l’exaltation et la vie éternelle, consistant en une union et une famille éternelles, y compris l’accroissement éternel, les enfants d’esprit et la création et la possession de mondes et d’univers.

Ainsi, toutes les bénédictions, tous les avantages et tous les héritages de la prêtrise sont partagés et atteints de manière égale par le mari et la femme s’ils s’acquittent de leurs responsabilités respectives dans la foi, l’amour, l’entente et la coopération dans le Seigneur. L’apôtre Paul a dit : « Dans le Seigneur, la femme n’est point sans l’homme, ni l’homme sans la femme » (1 Co. 11:11).
 
Dans les temples du Seigneur, les ordonnances sacrées de la prêtrise (par exemple, les ablutions, l’onction, l’habillage) sont données aux hommes par des hommes et aux femmes par des femmes qui ont reçu la dotation de la prêtrise dans le temple (EPJS, p. 273) et ont reçu cette responsabilité spécifique de la prêtrise. Les femmes peuvent agir ainsi avec le pouvoir de la prêtrise une fois appelées, mises à part et autorisées par ceux qui détiennent les clefs ; cependant, les officiantes ne sont pas ordonnées à la prêtrise ou à un office dans la prêtrise pour accomplir ce travail.
 
LA PUISSANCE DE DIEU POUR L’EXALTATION. Joseph Smith a dit : « Je conseille à tous de tendre à ce qui est parfait… Un homme ne peut rien faire rien par lui-même si Dieu ne le dirige pas de la bonne façon, et la prêtrise est là dans ce but » (EPJS, p. 295). On accède à la perfection par l’obéissance aux principes et aux ordonnances de l’Évangile. Sans l’autorité de la prêtrise, aucune ordonnance, peu importe comment, quand, où ou par qui elle est accomplie, n’est valide, ratifiée par le Saint-Esprit ou enregistrée dans le ciel (D&A 132:7). Le pouvoir de scellement, le pouvoir de lier sur terre et dans le ciel (Mt. 16:19 ; 18:18 ; D&A 132:46), appartient seulement à la prêtrise de Dieu ; et le baptême approprié, le don du Saint-Esprit, la sainte Dotation, le mariage éternel et les scellements familiaux ne sont rendus possibles que par les serviteurs autorisés du Seigneur. Par ces pouvoirs et autorités de la sainte prêtrise, l’œuvre du salut va de l’avant telle qu’elle a été projetée dans les grands conseils des cieux avant que le monde soit.
 
Sous la direction et l’autorité de la prêtrise dans cette dernière dispensation, la Dispensation de la Plénitude des Temps, l’œuvre de la prêtrise comprend la proclamation de l’Évangile, le perfectionnement des saints et l’accomplissement des ordonnances pour la rédemption des morts. Les détenteurs de la prêtrise sont chargés d’enseigner l’Évangile à toutes les nations et à tous les peuples, de proclamer la connaissance du salut. L’accomplissement de cette œuvre missionnaire est une responsabilité de tous les membres de l’Église et une obligation particulière pour les détenteurs de la prêtrise. Ils sont également chargés de veiller sur les saints de partout, d’œuvrer pour augmenter la foi, la compréhension et le témoignage et d’améliorer le bien-être spirituel et le confort physique de tous ceux qui les reçoivent. Les détenteurs de la prêtrise sont en outre chargés de « racheter les morts » par le pouvoir de scellement de la prêtrise(D&A 128:14-18). On enseigne aux saints des derniers jours à rechercher les noms et les registres de leurs ancêtres décédés, à se livrer activement à la recherche généalogique, à tourner leur cœur vers leurs ancêtres, afin que chaque personne soit scellée par les ordonnances sacrées du temple dans une famille éternelle et finalement dans la famille d’Adam, qui devient la famille de Jésus-Christ (D&A 39:4-6 ; 42:52).
 
Essentiellement et éternellement, l’œuvre de la prêtrise est celle du Christ déléguée à ses serviteurs justes. « Voici mon œuvre et ma gloire, dit le Seigneur à Moïse, « réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme » (Moï. 1:39). L’œuvre de la prêtrise est d’aider à amener des âmes au Christ et de ce fait à l’exaltation dans le royaume du Père.
 
Le grand but de tous les saints des derniers jours fidèles est de parvenir à la plénitude de la prêtrise du Fils de Dieu, parce que c’est la puissance de Dieu pour le salut et les vies éternelles. C’est le pouvoir par lequel le corps mortel ressuscitera immortel, pour être possédé pour toujours par l’esprit qui y a demeuré, glorifié par Dieu selon les œuvres accomplies pendant la condition mortelle. C’est le pouvoir par lequel on peut parvenir à la joie éternelle, mais toujours et seulement par l’obéissance aux lois et aux principes de la justice dont le Sauveur a donné l’exemple et qu’il a enseignés.
 
Bibliographie
Kimball, Spencer W. et autres Priesthood. Salt Lake City, 1981.
McConkie, Bruce R. “The Doctrine of the Priesthood”. Ensign 12, mai 1982, p. 32-34.
Romney, Marion, G. “Priesthood”. Ensign 12, mai 1982, p. 42.
Smith, Joseph F. GD, Salt Lake City, 1919.
Taylor, John. The Gospel Kingdom ; Salt Lake City, 1964.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government. Salt Lake City, 1939.
Young, Brigham. Discourses of Brigham Young, dir. de publ. John A. Widtsoe, p. 130-151. Salt Lake City, 1954.
RICHARFD G. ELLSWORTH et MELVIN J. LUTHY
 
Prêtrise d’Aaron
 
Prêtrise d’Aaron : Pouvoirs et offices
Auteur : BALLANTYNE, VERDON W.
 
Les deux divisions de la prêtrise dans l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours sont celles d’Aaron et de Melchisédek. Les jeunes gens de douze à dix-huit ans et les hommes plus âgés qui sont de nouveaux convertis sont ordonnés à des offices dans la Prêtrise d’Aaron, « qui détient les clefs [autorité gouvernante ou mandante] du ministère d’anges, de l’Évangile de repentir et du baptême par immersion pour la rémission des péchés » (D&A 13). C’est l’autorité dans la prêtrise par laquelle Jean-Baptiste a préparé la voie à Jésus-Christ, en enseignant la foi, le repentir et le baptême pour la rémission des péchés (Mt. 3:1-17 ; Mc. 1:1-11 ; Lu. 1:5-80 ; Jn. 1:15-34 ; Ac. 8:14-17 ; D&A 84:25-28). La Prêtrise d’Aaron n’a pas le pouvoir de conférer le Saint-Esprit (Mt. 3:11 ; Mc. 1:7-8 ; Jn. 1:33-34 ; JS–H 1:70) ou d’administrer totalement les affaires du royaume de Dieu. C’est le pouvoir et l’autorité que Dieu a donnés à l’homme pour le préparer, lui et ceux qu’il sert, à recevoir le pouvoir, l’autorité et les bénédictions supérieurs de la Prêtrise de Melchisédek.
 
Les saints des derniers jours ont des origines de la Prêtrise d’Aaron une perception particulière qui provient des révélations modernes montrant que quand Moïse a fait sortir Israël d’Égypte, le Seigneur avait l’intention de conférer aux hommes dignes de toutes les tribus la Prêtrise de Melchisédek ou prêtrise supérieure. Malheureusement la désobéissance et la perte de leur foi et de leur dignité firent que les Israélites s’endurcirent le cœur contre le Seigneur et contre Moïse. « C'est pourquoi, il prit Moïse de leur milieu, ainsi que la Sainte Prêtrise ; et la moindre prêtrise continua, laquelle prêtrise détient la clef du ministère d'anges et de l'Évangile préparatoire ; lequel Évangile est l'Évangile de repentir et de baptême, la rémission des péchés et la loi des commandements charnels, que le Seigneur, dans sa colère, fit continuer dans la maison d'Aaron, parmi les enfants d'Israël, jusqu'à Jean[-Baptiste], que Dieu suscita » [D&A 84:25-27].
 
Ne voulant pas respecter la loi supérieure de la plénitude de l’Évangile avec sa plus grande prêtrise, les Israélites reçurent la loi des commandements charnels, comme partie de la loi de Moïse, avec son accent sur l’offrande de sacrifices rédempteurs symboliques pour les préparer à recevoir le divin Rédempteur et ils reçurent la moindre prêtrise pour administrer cette loi. Le Seigneur appela Aaron et ses fils à être prêtres et à présider cette moindre prêtrise (No. 8). Seuls les descendants directs d’Aaron pouvaient être ordonnés prêtres. Le premier-né d’entre les fils d’Aaron devait présider les autres prêtres. Pour aider Aaron et sa postérité, en particulier avec le tabernacle et la préparation et l’offrande de sacrifices, le Seigneur appela aussi les autres membres masculins de la tribu de Lévi (pas de la famille d’Aaron) pour recevoir et effectuer des tâches dans la moindre prêtrise (No. 3:5-13). Les Lévites détenaient les fonctions inférieures de la Prêtrise d’Aaron et agissaient en vertu des clefs ou autorité directrice de cette prêtrise conférées à Aaron et à ses fils (Widtsoe, p. 12-17). Pour cette raison, la moindre prêtrise fut appelée la Prêtrise d’Aaron, d’après Aaron, mais une partie de cette prêtrise portait également le nom de prêtrise lévitique parce que tous ceux à qui elle était donnée appartenaient à la tribu de Lévi. Ce type d’organisation et de service de prêtrise continua en Israël jusqu’à la venue de Jésus-Christ.
 
Jean-Baptiste, descendant d’Aaron par ses deux parents et donc lévite, était fils de Zacharie, un prêtre juste en Israël à l’époque de la naissance du Christ. Ce fut ce Jean que Dieu choisit pour préparer la voie au ministère du Christ sur terre. Dès la naissance de Jean, sa mission était fixée et ses fonctions dans la prêtrise attendues (D&A 84:28 ; Lu. 1:5-17).
 
Après avoir été baptisé par Jean, Jésus appela ses apôtres (certains d’entre eux de parmi les disciples de Jean) et les ordonna (Jn. 15:16) ; plus tard, il conféra à Pierre, Jacques et Jean les clefs du royaume de Dieu et une prêtrise supérieure (voir Montagne de la Transfiguration). Après sa mort, sa résurrection et son ascension, le Christ continua à diriger son Église en donnant des commandements aux apôtres par le pouvoir du Saint-Esprit (Ac. 1:2) et par l’autorité de la Prêtrise de Melchisédek, la prêtrise supérieure qu’il leur avait conférée. Après la mort des apôtres, il s’ensuivit une apostasie générale, pendant laquelle beaucoup de principes de l’Évangile furent perdus et tous les pouvoirs de la prêtrise retirés de la terre (2 Th. 2:1-4 ; 2 Ti. 3:1-5).
 
Le 15 mai 1829, Jean-Baptiste apparut à Joseph Smith et à Oliver Cowdery en tant que messager ressuscité de Dieu et leur conféra l’antique « Prêtrise d’Aaron » (D&A 13). Tandis que l’organisation de l’Église évoluait au cours des mois et des années qui suivirent, beaucoup de membres masculins reçurent la Prêtrise d’Aaron et furent organisés en collèges de prêtres, d’instructeurs et de diacres. Dans le Rétablissement, la Prêtrise d’Aaron n’a pas été limitée à ceux qui sont descendants littéraux d’Aaron ou de Lévi, puisque ces lignées ne sont pas actuellement identifiées et que l’autorité dans la prêtrise qui a mis en application les ordonnances de la loi de Moïse a été remplacée par la prêtrise supérieure et les lois et les ordonnances de l’Évangile de Jésus-Christ. À partir de la réorganisation de la prêtrise en 1877, l’Église a introduit la pratique actuelle de conférer la Prêtrise d’Aaron aux garçons au début de leur adolescence, les organisant au niveau de la paroisse en collèges de prêtrise par groupe d’âge et d’office dans la prêtrise, et les avançant périodiquement à de plus hauts offices et par la suite à la prêtrise supérieure. L’évêque de chaque paroisse préside la Prêtrise d’Aaron de la paroisse.
 
Le président de la Prêtrise d’Aaron, « doit être évêque ; car c’est l’un des devoirs de cette prêtrise » (D&A 107:88), mais les évêques sont aussi ordonnés grands prêtres de la Prêtrise de Melchisédek parce qu’ils président et ne sont pas descendants littéraux d’Aaron. Les trois autres offices de la Prêtrise d’Aaron sont diacre, instructeur et prêtre. Sous la direction de l’évêque, quelqu’un qui a l’autorité compétente confère la Prêtrise d’Aaron à un jeune homme digne quand il a douze ans, l’ordonnant à l’office de diacre. S’il reste fidèle et digne, il est ordonné à l’office d’instructeur quand il a quatorze ans et reçoit des responsabilités supplémentaires. S’il reste fidèle et digne, il est ordonné à l’office de prêtre dans la Prêtrise d’Aaron quand il a seize ans, recevant encore des responsabilités accrues. Pendant qu’ils progressent dans la prêtrise, les jeunes hommes conservent tous les droits et devoirs des offices inférieurs.
 
Le Seigneur a commandé à l’Église d’organiser les détenteurs de la prêtrise en collèges (D&A 107:85-88), ceci pour qu’il y ait de l’ordre, pour faciliter un enseignement efficace des principes de l’Évangile et des devoirs de la prêtrise et pour les préparer pour un plus grand service et une plus grande capacité de diriger dans l’Église. Dans la Prêtrise d’Aaron, un président et deux conseillers, choisis parmi les membres du collège, président chaque collège de diacres et d’instructeurs. Cette présidence est mise à part (reçoit les pouvoirs de présidence) pour présider, siéger en conseil et enseigner leur devoir aux membres du collège. L’évêque est président du collège des prêtres. Il choisit un ou plusieurs garçons comme dirigeants sous sa présidence et les forme pour diriger les autres membres du collège. Bien qu’il détienne toutes les clefs de la Prêtrise d’Aaron pour la paroisse, l’évêque appelle habituellement un consultant adulte pour aider à former les jeunes dirigeants et à instruire les membres du collège. Toutefois, le consultant n’a aucune autorité de présidence.
 
Ainsi la Prêtrise d’Aaron conserve son rôle de prêtrise préparatoire, formant les jeunes gens aux principes de l’Évangile et aux pouvoirs de la prêtrise pendant qu’ils mûrissent dans un service lié à l’Évangile préparatoire : la foi au Seigneur Jésus-Christ, le repentir, le baptême pour la rémission des péchés et l’amour de Dieu et de leur prochain. C’est quand les jeunes gens préparent, bénissent et distribuent la Sainte-Cène chaque jour de sabbat lors des réunions de Sainte-Cène de l’Église et qu’ils aident l’évêque en servant les membres de la paroisse que ces responsabilités sont le plus en évidence.
 
Aujourd’hui, la Prêtrise d’Aaron donne aux jeunes gens de l’expérience et les prépare à recevoir la Prêtrise de Melchisédek quand ils auront dix-huit ans, avec les droits et les responsabilités plus grands de son serment et de son alliance (D&A 84:33-40). La Prêtrise de Melchisédek augmente leur capacité de servir, d’accomplir les ordonnances salvatrices de l’Évangile et de diriger dans l’Église quand ils sont appelés à le faire.
 
Un programme d’activité important pour les garçons de la Prêtrise d’Aaron dans beaucoup de régions du monde est le scoutisme. Pour coordonner efficacement les activités de la prêtrise et du scoutisme, l’évêque organise le programme des jeunes gens dans la paroisse. Un adulte est appelé à remplir les fonctions de président des Jeunes Gens sous la direction de l’évêque. Là où le scoutisme est organisé, ses deux conseillers et lui sont généralement aussi les dirigeants scouts. Dans les paroisses qui comptent beaucoup de garçons, d’autres adultes peuvent être appelés à aider au programme scout.
 
L’évêque organise également les filles de la paroisse en un programme des Jeunes Filles, avec des consultantes adultes, et en groupes d’âge correspondant aux âges des garçons des collèges de la Prêtrise d’Aaron. Des activités communes sont projetées et ont lieu régulièrement avec les jeunes gens de la Prêtrise d’Aaron. [On trouvera une histoire plus détaillée de la Prêtrise d’Aaron dans Evêque, Histoire de l’office.]
 
Bibliographie
Hartley, William. "The Priesthood Reorganization of 1877: Brigham Young's Last Achievement." BYU Studies 20 (Fall 1979) :3-36.
McConkie, Oscar W. Aaronic Priesthood. Salt Lake City, 1977.
Palmer, Lee A. Aaronic Priesthood Through the Centuries. Salt Lake City, 1964.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. révisée. Salt Lake City, 1954.
VERDON W. BALLANTYNE
 
Prêtrise d’Aaron : Rétablissement
Auteur : PORTER, LARRY C.
 
Le 15 mai 1829, Jean-Baptiste apparut à Joseph Smith et à Oliver Cowdery près d’Harmony, en Pennsylvanie, et leur conféra la Prêtrise d’Aaron (voir Prêtrise d’Aaron : Pouvoirs et offices). Cette ordination donnait aux deux hommes l’autorité de baptiser (voir Baptême), et ils accomplirent immédiatement cette ordonnance l’un pour l’autre dans le fleuve Susquehannah. Le prophète Joseph Smith n’avait reçu aucune révélation précédente l’autorisant à baptiser ; pour accomplir l’ordonnance correctement, il fallait l’autorisation expresse de Dieu. Le retour de Jean pour conférer la Prêtrise d’Aaron confirmait que l’autorité divine avait disparu de la terre et qu’une visitation céleste était nécessaire pour la rétablir.
 
Joseph Smith et Oliver Cowdery étaient occupés à traduire le Livre de Mormon (voir Livre de Mormon : Traduction par Joseph Smith) à la ferme du prophète près du fleuve Susquehannah à Harmony quand la question du baptême se posa. Un passage de 3 Néphi 11 (voir Livre de Mormon : Trois Néphi), dans lequel le Sauveur ressuscité donnait des instructions aux Néphites sur le sujet, amena les deux hommes à s’interroger sur leur propre baptême. Ils décidèrent de prier à ce sujet et se rendirent dans les bois où, comme Oliver devait le raconter plus tard, « Tout à coup, comme si elle venait du sein de l'éternité, la voix du Rédempteur apaisa notre esprit. Le voile fut soulevé, et l'ange de Dieu descendit, revêtu de gloire, et remit le message tant attendu et les clefs de l'Évangile de repentir » (JS–H 1:71 n). Joseph dit que l’ange posa les mains sur eux et les ordonna en disant : « À vous, mes compagnons de service, au nom du Messie, je confère la Prêtrise d'Aaron, qui détient les clefs du ministère d'anges, de l'Évangile de repentir et du baptême par immersion pour la rémission des péchés ; et cela ne sera plus jamais enlevé de la terre, jusqu'à ce que les fils de Lévi fassent de nouveau une offrande au Seigneur selon la justice » (JS–H 1:69 ; D&A 13).
 
L’ange les informa que la Prêtrise d’Aaron n’avait pas le pouvoir d’imposer les mains pour le don du Saint-Esprit, mais que cette autorité leur serait donnée plus tard. Il dit à Joseph de baptiser Oliver et à Oliver de baptiser Joseph, et à chacun d’ordonner l’autre à la Prêtrise d’Aaron. Le messager « dit qu'il se nommait Jean, celui-là même qui est appelé Jean-Baptiste dans le Nouveau Testament, qu'il agissait sous la direction de Pierre, Jacques et Jean, lesquels détenaient les clefs de la Prêtrise de Melchisédek » qui serait conférée plus tard (JS–H 1:72 ; voir Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek).
 
Du temps de Jésus, Jean-Baptiste prêchait le repentir aux juifs et baptisait dans le Jourdain. Il baptisa Jésus (Mt. 3:13-17 ; cf. 2 Né. 31:4-13). Jean était descendant direct d’Aaron, à la fois par son père Zacharie, qui était prêtre, et par sa mère Élisabeth, l’une des « filles d’Aaron » (Lu. 1:5). Une révélation ultérieure à Joseph Smith lui apprit qu’un ange avait conféré à Jean l’autorité d’accomplir sa mission terrestre quand il était âgé de huit jours (D&A 84:28).
 
Par ordination et appel, Jean-Baptiste détenait les clefs de la Prêtrise d’Aaron. Celles-ci comprennent les clefs du « ministère d’anges », ce qui veut dire que les détenteurs de la Prêtrise d’Aaron sont éligibles pour que les anges les servent. Cette prêtrise détient également les clefs de l’Évangile préparatoire, qui embrasse « l'Évangile de repentir et de baptême, la rémission des péchés et la loi des commandements charnels » (D&A 84:27).
 
Comme d’autres devaient également jouir des bénédictions liées au baptême pour la rémission des péchés pratiqué sous l’autorité de la prêtrise, une révélation fut donnée en 1829 concernant les paroles et la façon de faire qu’il fallait respecter pour pratiquer l’ordonnance pour ceux qui se repentent et demandent le baptême. « Voici, vous descendrez et vous vous tiendrez dans l’eau et vous les baptiserez en mon nom. Et maintenant voici, tels seront les mots que vous emploierez en les appelant par leur nom : Ayant reçu l’autorité du Jésus-Christ, je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, amen. Et alors, vous les immergerez dans l’eau » [Cowdery, ms. 1829].
 
Dans l’Église d’aujourd’hui, seuls ceux qui ont l’office de prêtre dans la Prêtrise d’Aaron ou la Prêtrise de Melchisédek peuvent baptiser.
 
Des monuments commémorant le rétablissement de la Prêtrise d’Aaron ont été érigés à Temple Square, à Salt Lake City (1958) et à Harmony, en Pennsylvanie (1960).
 
Bibliographie
Cowdery, Oliver. "Written in the year of our Lord & Savior 1829-A True copy of the articles of the Church of Christ." Ms. De la main d’Oliver Cowdery, Archives de l’Église.
McConkie, Oscar W. Aaronic Priesthood. Salt Lake City, 1977.
Palmer, Lee A. The Aaronic Priesthood Through the Centuries. Salt Lake City, 1964.
Porter, Larry C. "The Priesthood Restored." Dans Studies in Scripture, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson, Vol. 2, p. 389-409. Salt Lake City, 1985.
LARRY C. PORTER
 
Prêtrise de Melchisédek
 
Cette rubrique se compose de deux articles : Prêtrise de Melchisédek : Pouvoirs et offices dans la Prêtrise de Melchisédek est un traitement général de la Prêtrise de Melchisédek, et Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek est un traitement historique du rétablissement de cette prêtrise dans cette dispensation.
 
Prêtrise de Melchisédek : Pouvoirs et offices dans la Prêtrise de Melchisédek
Auteur : BALLIF, JAE R.
 
La Prêtrise de Melchisédek est l’autorité, la responsabilité et le pouvoir d’agir au nom de Jésus-Christ et d’organiser et de diriger une partie de son œuvre. Grâce aux occasions fournies par cette prêtrise, les hommes et les femmes, en partenariat avec Dieu, peuvent gérer l’œuvre de la famille et de l’Église. « C’est le devoir de ce vaste groupe d’hommes détenant la sainte prêtrise … d’exercer son influence et son pouvoir de faire le bien parmi le peuple d’Israël et le peuple du monde… de prêcher et d’accomplir la justice, tant au pays qu’à l’étranger » (Smith, p. 157).
 
Pour employer les termes du prophète Joseph Smith : « Toute prêtrise est de Melchisédek, mais il en existe différentes fractions ou degrés » (EPJS, p. 144). Toutefois le terme Prêtrise de Melchisédek est utilisé le plus souvent dans l’Église pour décrire la prêtrise supérieure et ses offices. « Il y a, dans l’Église, deux prêtrises, celle de Melchisédek et celle d’Aaron…. La Prêtrise de Melchisédek détient le droit de présidence et a pouvoir et autorité sur tous les offices de l’Église à toutes les époques du monde, pour administrer les choses spirituelles » (D&A 107:1, 8). La Prêtrise de Melchisédek détient les clefs du royaume, et « le pouvoir de la divinité se manifeste dans ses ordonnances » (D&A 84:20).
 
ORDINATION À LA PRÊTRISE DE MELCHISÉDEK. Tout homme fidèle et digne dans l’Église peut recevoir la Prêtrise de Melchisédek. Comme dans le cas de la Prêtrise d’Aaron, la Prêtrise de Melchisédek est conférée à ceux qui se sont qualifiés et ont été appelés par ceux qui ont l’autorité.

Les normes spécifiques de dignité auxquelles il faut satisfaire pour recevoir la Prêtrise de Melchisédek sont l’intégrité personnelle, la chasteté, l’obéissance aux lois divines en matière de santé et la fidélité dans le paiement de la dîme à l’Église. Outre ces points précis, il est attendu des hommes qu’ils progressent dans l’acquisition de qualités morales. Comme tous les disciples du Christ, ils doivent être fidèles, diligents et ouverts à tout changement, à toute connaissance et à tout amour justes : « Nous ne pouvons progresser qu’en vertu des principes de la vérité éternelle. C’est dans la mesure où nous construisons sur le fondement de ces principes qui ont été révélés des cieux dans les derniers jours et sommes déterminés à réaliser les buts du Seigneur, que nous progressons, et le Seigneur nous n’en exaltera et magnifiera que davantage » (Smith, p. 141).
 
Le prophète et président de l’Église détient et exerce toute l’autorité et toutes les clefs de la Prêtrise de Melchisédek. Il délègue aux présidents de pieu et aux évêques et à d’autres l’autorité pour en ordonner d’autres aux offices de la prêtrise. Le don de la Prêtrise de Melchisédek par l’imposition des mains doit également être approuvé par le consentement commun des détenteurs de la prêtrise ou de l’ensemble des membres du pieu ou du district du candidat.
 
Une fois que la Prêtrise de Melchisédek leur a été conférée, tous les détenteurs de la prêtrise sont ordonnés à un office dans la prêtrise, habituellement celui d’ancien. Ils peuvent plus tard être ordonnés aux offices de grand prêtre ou de patriarche selon que leur appel dans l’Église le réclame. Ceux qui sont appelés pour être des Autorités générales pour toute l’Église sont ordonnés soixante-dix ou apôtres. L’ordination à un office dans la prêtrise donne des responsabilités spécifiques dans l’Église.
 
Finalement, un homme peut être mis à part pour accomplir une tâche, comme être président d’un collège d’anciens, président de pieu ou membre du Collège des douze apôtres. Si cela s’indique, il recevra les clefs de l’autorité nécessaires pour effectuer cette tâche. Ce procédé permet que chaque acte accompli en vertu de l’autorité de la prêtrise se fasse le moment venu, à l’endroit voulu et de la manière appropriée. L’autorité pour diriger ces activités spécifiques constitue les clefs de la prêtrise.
 
Une personne accepte son ordination à la Prêtrise de Melchisédek en faisant alliance avec Dieu dans son esprit et dans son cœur (EPJS, p. 261 ; voir aussi Serment et alliance de la prêtrise). EIle fait alliance d’honorer, d’accomplir dignement et d’apprendre les devoirs de sa prêtrise, de garder les commandements de Dieu, de vivre selon les recommandations de Dieu et de marcher en droiture et vertueusement dans l’accomplissement de ses responsabilités. Dieu promet que si l’homme garde ses engagements, il recevra la vie éternelle et sera exalté dans un état divin, héritant de tout ce que le Père a, et participera avec Dieu et le Sauveur à leur œuvre constante (D&A 84:39).
 
FONCTIONNEMENT DE LA PRÊTRISE DE MELCHISÉDEK. Tous ceux qui détiennent la prêtrise peuvent l’utiliser pour en faire bénéficier d’autres, indépendamment de leur tâche dans l’Église ou de leur office dans la prêtrise. Par exemple, en travaillant avec leur famille, les hommes sont autorisés à s’acquitter de leurs responsabilités patriarcales (voir Paternité), notamment en bénissant les membres de la famille. En outre, ils sont autorisés à guérir les malades, à rechercher la connaissance personnelle et à donner une aide et un réconfort généraux à ceux avec qui ils entrent en contact.
 
Pour superviser et accomplir les ordonnances de la prêtrise dans l’Église, il est nécessaire d’avoir la Prêtrise de Melchisédek et les clefs appropriées. Par exemple, pour confirmer les membres baptisés et leur conférer le don du Saint-Esprit, il est nécessaire d’avoir le pouvoir de la Prêtrise de Melchisédek et d’être autorisé à l’utiliser. De cette façon, il y a de l’ordre et l’œuvre accomplie sur terre est acceptable pour le Sauveur dans la condition mortelle et dans l’au-delà (voir Scellement).
 
En plus de fournir l’autorité pour représenter le Christ sur terre, la Prêtrise de Melchisédek fournit un canal pour la révélation par lequel des instructions et de la doctrine venant du Christ peuvent être communiquées. Toute personne a accès à Dieu et a le droit de recevoir la révélation personnelle concernant sa vie et ses appels, mais quand il est nécessaire d’avoir la révélation sur des principes ou la mise en œuvre de principes pour l’Église ou l’une de ses unités de prêtrise, Dieu ne donne cette révélation que par les dirigeants de la prêtrise compétents. Le prophète et président de l’Église reçoit la révélation pour l’Église entière. L’évêque reçoit la révélation nécessaire pour gérer la paroisse. Cette manière de faire connaître la vérité souligne le droit et la responsabilité de chacun de rechercher et d’obtenir la révélation et préserve en même temps l’ordre et la bonne entente en agissant via la structure de la prêtrise que le Christ a mise en place.
 
« Les droits de la prêtrise sont inséparablement liés aux pouvoirs du ciel ; … [ces pouvoirs] ne peuvent être maîtrisés ou utilisés que selon les principes de la justice » (D&A 121:36). On ne peut officier pour Dieu qu’en accomplissant l’œuvre avec sagesse et amour, d’une manière conforme à la façon de procéder de Dieu. Les tâches doivent être accomplies avec patience, gentillesse, humilité, bonté, amour sincère, connaissance pure et charité envers tous. De cette façon, Dieu promet que « la doctrine de la prêtrise se distillera sur ton âme comme la rosée des cieux » (D&A 121:41-45).
 
On peut perdre la prêtrise suite à une mesure disciplinaire pour péché grave. Quand un homme est excommunié, il perd sa prêtrise. La disqualification ou la mise à l’épreuve peuvent empêcher un homme d’utiliser sa prêtrise jusqu’à ce que le processus du repentir soit complet. En outre, « lorsque nous entreprenons de couvrir nos péchés ou d'assouvir notre orgueil, notre vaine ambition, ou d'exercer, avec quelque degré d'injustice que ce soit, une emprise, une domination ou une contrainte sur l'âme des enfants des hommes, voici, les cieux se retirent ; l'Esprit du Seigneur est attristé, et lorsqu'il est retiré, c'est la fin de la prêtrise ou de l'autorité de cet homme » (D&A 121:37).
 
HISTOIRE ANCIENNE DE LA PRÊTRISE DE MELCHISÉDEK. La Prêtrise de Melchisédek est une prêtrise éternelle. Avant la condition mortelle, Dieu a délégué l’autorité et la responsabilité à des personnes dignes. Cette sainte prêtrise est le moyen par lequel cette mesure a été prise. Après cette vie, ceux qui ont été vaillants et ont honoré leur prêtrise continueront à la détenir et à avoir la responsabilité de l’utiliser au service des autres.
 
Adam, le premier des enfants d’esprit de Dieu à vivre sur terre, a reçu la sainte prêtrise avec tout son pouvoir, autorité et clefs. « Tout fut confirmé pour Adam par une sainte ordonnance » (Moï. 5:59). Cette autorité a été déléguée à d’autres en une chaîne ininterrompue d’un prophète à l’autre. « Tous les prophètes avaient la Prêtrise de Melchisédek » (EPJS, p. 144).
 
Abraham rechercha les bénédictions de ses pères et le droit d’être ordonné à la prêtrise. Puisqu’il s’était qualifié pour la prêtrise, même si ce n’était pas le cas de son père, Abraham obtint la prêtrise des mains de Melchisédek, roi de Salem et prêtre de Dieu (Abr. 1:2-5). Melchisédek rencontra Abraham et le bénit, et Abraham lui donna la dîme de tout ce qu’il avait (Hé. 7:1-3). Melchisédek exerça une grande foi et utilisa sa prêtrise pour amener au repentir un peuple qui pratiquait l’iniquité. Personne ne fut plus grand que lui (Alma 13:17-19). À l’origine, la prêtrise s’appelait « la sainte prêtrise selon l’ordre du Fils de Dieu » (D&A 107:3). Pour éviter l’utilisation trop fréquente du nom de Dieu, l’Église, dans les temps anciens, appela la prêtrise du nom de ce dirigeant de prêtrise remarquable qu’était Melchisédek (D&A 107:2-4).
 
Moïse reçut la Prêtrise de Melchisédek de son beau-père, Jéthro (D&A 84:6) et la détint jusqu’à ce qu’il fût enlevé, lorsque les clefs de la prêtrise supérieure furent retirées avec lui, et ce qui resta au peuple, ce fut une annexe de la Prêtrise de Melchisédek appelée la Prêtrise d’Aaron, une prêtrise ayant une autorité limitée. Après le temps de Moïse, différents prophètes reçurent de Dieu la sainte prêtrise à diverses époques, mais le commun de la population n’y avait pas accès.
 
Le Livre de Mormon signale que les prophètes néphites détenaient la prêtrise appelée selon l’ordre du Fils de Dieu, la Prêtrise de Melchisédek (Alma 13:10). Ceux qui avaient l’autorité dirigeaient l’œuvre de Dieu parmi le peuple (Alma 29:13).
 
Les apôtres reçurent de Jésus-Christ la Prêtrise de Melchisédek tandis qu’il exerçait son ministère sur terre. Il leur donna l’autorité et la responsabilité de diriger son Église. Après son départ, les apôtres continuèrent à officier pour lui et conférèrent la Prêtrise de Melchisédek à d’autres quand cela s’indiquait (Ép. 4:11-13 ; Ac. 1:22-26 ; voir aussi Organisation de l’Église à l’époque du Nouveau Testament). Avec le temps, les principes, l’autorité dans la prêtrise et les clefs furent perdus à cause de l’apostasie.
 
HISTOIRE MODERNE DE LA PRÊTRISE DE MELCHISÉDEK. La Prêtrise de Melchisédek fut donnée à Joseph Smith et à Oliver Cowdery (voir ci-dessous). Comme cela leur avait été commandé, ils s’ordonnèrent mutuellement premier et deuxième anciens de l’Église le 6 avril 1830 (voir Ancien, Prêtrise de Melchisédek). À leur tour, ils conférèrent la prêtrise à d’autres, les ordonnèrent et les mirent à part aux offices et aux appels dans la prêtrise (voir Organisation de l’Église, 1830). Le premier évêque fut ordonné en 1831 pour prendre soin des pauvres et des nécessiteux et pour gérer les affaires temporelles de l’Église. Le 3 juin 1831, Joseph Smith fit ordonner plus de vingt hommes « à la haute prêtrise » en tant que président de cette haute prêtrise. Des conseils de grands prêtres régirent l’Église jusqu’en 1834.
 
En 1835, la structure d’Église fut adaptée pour tenir compte des révélations supplémentaires et de l’accroissement du nombre ; des collèges de prêtrise composés d’hommes ordonnés à des offices particuliers entrèrent en activité (voir Doctrine et Alliances : Section 107). Trois grands prêtres présidents furent installés comme Collège de la Première Présidence. Le Collège des douze apôtres était un grand conseil voyageur dirigé par la Première Présidence. Les soixante-dix devaient voyager internationalement pour prêcher. Des grands conseils de pieu furent créés pour gouverner au sein de leurs pieux et des évêques s’occupaient des affaires temporelles de l’Église.
Il fallait que des clefs supplémentaires de la Prêtrise de Melchisédek soient rétablies pour accomplir les ordonnances supérieures du temple. Des messagers de Dieu apportèrent ces clefs et ces instructions le 3 avril 1836 (Doctrine et Alliances : Sections 109-110).
 
Le 12 juillet 1843, Joseph Smith écrivit la révélation au sujet des relations éternelles du mariage, où le Christ disait : « Je vais te donner la loi de ma Sainte Prêtrise telle qu'elle fut ordonnée par moi et par mon Père avant que le monde fût » (D&A 132:28). Il conféra à Joseph « les clefs et le pouvoir de la prêtrise » (D&A 132:45 ; voir aussi Ordre patriarcal de la prêtrise).
 
La Première Présidence préside la Prêtrise de Melchisédek et dirige l’œuvre de l’Église. Le Collège des douze apôtres partage cette responsabilité selon les clefs données aux apôtres. De leur côté, les présidents de pieu supervisent les paroisses et les branches de l’Église par l’autorité de la Prêtrise de Melchisédek et les clefs spécifiques qui leur ont été données.
 
Tous les hommes qui ont la Prêtrise de Melchisédek sont membres d’un collège de la prêtrise. Ces collèges sont créés à l’intérieur de limites géographiques bien déterminées et sont composés d’un groupe d’hommes qui détiennent le même office dans la prêtrise ou qui sont du même groupe d’âge et détiendront bientôt cet office. Les collèges administrent l’œuvre de l’Église qui leur est confiée, forment les membres dans leur responsabilité de prêtrise et fournissent des occasions de service et la fraternité pour ceux qui œuvrent à des buts communs.
 
Dans chaque pieu il y a un collège de grands prêtres. Le président de pieu et ses conseillers constituent la présidence du collège. Un groupe de grands prêtres fonctionne dans chaque paroisse, présidée par un chef de groupe, un ou plusieurs assistants et un secrétaire. Un collège d’anciens, ayant à sa tête un président, deux conseillers et un secrétaire, est organisé dans chaque paroisse et branche indépendante. La présidence de pieu et les membres du grand conseil supervisent toutes les activités des collèges de la Prêtrise de Melchisédek du pieu.
 
Bibliographie
Backman, Milton V., Jr. The Heavens Resound : A History of the Latter-day Saints in Ohio 1830-1838, p. 237-256. Salt Lake City, 1983.
Critchlow, William J., Jr. “Priesthood – Asset or Liability ?” IE 66, déc. 1963, p. 1067-1069.
Hartley, William G. “The Priesthood Reform Movement, 1908-1922” BYU Studies 13, Hiver 1973, p. 137-156.
Kimball, Spencer W. et autres Priesthood. Salt Lake City, 1981.
Smith, Joseph F. GD, p. 136-200.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. rév. Salt Lake City, 1954.
 
Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek
Auteur : BALLIF, JAE R.
 
Pour agir pour Dieu dans l’organisation de son Église et l’administration de toutes les ordonnances, Joseph Smith a reçu la Prêtrise de Melchisédek de la manière établie par Dieu. L’autorité et la responsabilité vis-à-vis de tâches bien déterminées sont essentielles (D&A 18:9, 27-32, 35-37 ; 27:12 ; voir Clefs de la prêtrise). En outre, Joseph Smith et d’autres reçurent et enseignèrent l’importance de chaque ordonnance et clef. Puisque personne sur terre ne possédait cette autorité à ce moment-là, le prophète Joseph Smith et son associé Oliver Cowdery reçurent et les instructions et l’ordination de la part de Dieu et de ses messagers.
 
Le 15 mai 1829, le prophète et Oliver Cowdery reçurent la Prêtrise d’Aaron de Jean-Baptiste. Il les informa qu’il agissait sous la direction de Pierre, de Jacques et de Jean, qui détenaient les clefs de la Prêtrise de Melchisédek, et que cette prêtrise leur serait donnée (JS–H 1:72). Bien que la date précise de ce rétablissement ne soit pas connue, il est certain qu’il se produisit après le 15 mai 1829 et avant août 1830 (D&A 27:12). Les documents existants et la date de l’organisation officielle de l’Église donnent à penser que ce rétablissement eut lieu avant le 6 avril 1830. Certains spécialistes ont conclu que la fin mai ou le début juin 1829 est la tranche de temps la plus probable (HC 1:40 n-42n ; Porter, p. 5-10).
 
Quelque temps avant le 14 juin 1829, le Seigneur donna des instructions à Joseph Smith et à Oliver Cowdery au sujet de leur ordination comme anciens, qui est un office de la Prêtrise de Melchisédek (HC 1:60-61). En outre, quand ils apparurent à Joseph et à Oliver, Pierre, Jacques et Jean les ordonnèrent également apôtres (D&A 27:12) et leur confièrent « les clefs du royaume et de la dispensation de la plénitude des temps » (D&A 128:20 ; cf. 27:13).
 
Plusieurs documents confirment la réalité et l’importance de cette visitation. On trouve rapidement une confirmation de la réception des pouvoirs apostoliques dans une révélation de 1829 écrite de la main d’Oliver Cowdery dans laquelle le Seigneur dit : « Je commande à tous les hommes de partout de se repentir, et je vous parle comme j'ai parlé à Paul, mon apôtre, car vous recevez le même appel que lui » (Cowdery, 1829 ; cf. D&A 18:9). Dans sa History of the Church de 1832, le prophète Joseph Smith déclare avoir reçu « la sainte prêtrise par les anges chargés d’un ministère pour administrer la lettre de l’Évangile » et qu’il avait reçu « la confirmation et la réception de la haute prêtrise selon le saint ordre du Fils du Dieu vivant, pouvoir et ordonnance d’en haut de prêcher l’Évangile dans l’administration et la démonstration de l’Esprit les Clefs du Royaume de Dieu conférées sur lui et la continuation sur lui des bénédictions de Dieu » (Jessee, p. 3).
 
À diverses occasions, Oliver Cowdery rendit témoignage qu’il était « présent avec Joseph quand un saint ange de Dieu descendit du ciel et conféra, ou rétablit, la Prêtrise d’Aaron et… [qu’il était] également présent avec Joseph quand la Prêtrise de Melchisédek [leur] fut conférée mutuellement par la volonté et le commandement de Dieu » (Anderson, p. 22).
 
Joseph Smith dit que Pierre, Jacques et Jean firent leur visite « dans le désert entre Harmony, comté de Susquehanna, et Colesville, comté de Broome, sur le fleuve Susquehanna » (D&A 128:20).
Le 3 avril 1836, Joseph Smith et Oliver Cowdery s’agenouillèrent pour prier dans le temple de Kirtland et reçurent une autre vision d’une grande importance dans laquelle certaines clefs de la Prêtrise de Melchisédek furent rétablies. Moïse apparut et remit les clefs du rassemblement d’Israël. Élias leur donna les clefs de la dispensation de l’Évangile d’Abraham. Finalement, Élie se tint devant eux comme promis par Malachie et Moroni et leur conféra les clefs du scellement des familles (D&A 110:11-16 ; 2:1-3).
 
Bibliographie
Anderson, Richard L. « The Second Witness of Priesthood Restoration ». IE 71, sept. 1968, p. 15-24.
Barney, Ronald O. “Priesthood Restoration Narratives in the Early LDS Church”. Planifié pour BYU Studies 31, été 1991.
Bushman, Richard L. Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism. Urbana, Ill., 1984.
Cowdery, Oliver. « Written in the year of our Lord & Savior 1829–A true copy of the articles of the Church of Christ » Ms. 1829. LDS Church Archives. Ms. de la main d’Oliver Cowdery.
Hartley, William G. “Upon You My Fellow Servants : Restoration of the Priesthood”. Dans The Prophet Joseph : Essays on the Life and Mission of Joseph Smith, dir. de publ. Larry C. Porter et Susan Easton Black, p. 49-72. Salt Lake City, 1988.
Jessee, Dean C. “Dating the Restoration of the Melchizedek Priesthood”, Ensign 9, juin 1979, p. 5-10.
 
Prêtrise lévitique
Auteur : Ballantyne, Verdon W.
 
Le terme Prêtrise lévitique est aujourd’hui rarement utilisé et on l’applique parfois à la Prêtrise d’Aaron (Hé. 7:11 ; D&A 107:1, 6, 10). Moïse et son frère Aaron appartenaient à la tribu de Lévi. La révélation moderne montre qu’avant la mort de Moïse, la Prêtrise de Melchisédek et la loi supérieure de l’Évangile furent ôtées aux Israélites à cause de leur désobéissance. Aaron et ses fils reçurent alors une moindre prêtrise pour administrer la loi inférieure de Moïse comme prêtres en Israël (D&A 84:18-28 ; Ex. 28:1). Pour aider Aaron et ses fils, d’autres membres masculins dignes appartenant à la tribu de Lévi reçurent également de l’autorité dans la moindre prêtrise, mais ils ne pouvaient pas être prêtres. Les clefs de cette prêtrise demeurèrent chez Aaron et sa postérité directe (MD, p. 9-10 ; Widtsoe, p. 12-17). Par conséquent, la moindre prêtrise fut appelée Prêtrise d’Aaron, d’après Aaron, mais est parfois appelée prêtrise lévitique parce que tous ceux qui la possédaient dans les temps anciens appartenaient à la tribu de Lévi (No. 3:12-13). À strictement parler, la prêtrise lévitique est une moindre partie de la Prêtrise d’Aaron, détenue parmi ceux qui étaient Lévites, mais pas de la famille d’Aaron. Les Doctrine et Alliances disent : « Il y a, dans l'Église, deux prêtrises, celle de Melchisédek et celle d'Aaron, qui comprend la Prêtrise lévitique » (D&A 107:1). Il est prévu que dans le rétablissement de toutes choses, les fils de Lévi fonctionneront de nouveau dans la prêtrise lévitique sur la terre (Mal. 3:2-3).
 
Bibliographie
Palmer, Lee A. Aaronic Priesthood Through the Centuries. Salt Lake City, 1964.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. rév. Salt Lake City, 1954.
VERDON W. BALLANTYNE
 
Prière
Auteur : BLANCH, MAE
 
C’est une prière qui a marqué le commencement de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours quand Dieu le Père et son Fils Jésus-Christ sont apparus en réponse à la supplication de Joseph Smith, le prophète, pour savoir à laquelle des Églises voisines il devait se joindre. Le jeune Joseph Smith avait suivi l’invitation de Jacques : « Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement… Mais qu’il la demande avec foi, sans douter » (Ja. 1:5-6). Dieu a répondu à la demande sincère et fervente du garçon (JS–H 1:5-20). Et cette première vision montre que la prière est la manière de communiquer avec Dieu et de recevoir la révélation de sa part. La foi, la sincérité, l’obéissance et la recherche sont des attributs qui élèvent l’âme vers Dieu ; c’est là le caractère essentiel de la prière pour le saint des derniers jours.
 
Adam et Ève ont commencé à prier Dieu après avoir été chassés du jardin d’Éden. « Et Adam et Ève, sa femme, invoquèrent le nom du Seigneur, et ils entendirent la voix du Seigneur venant de la direction du jardin d’Éden, leur parlant, mais ils ne le virent pas » (Moï. 5:4). Bien qu’ils fussent séparés de Dieu, la communication avec lui était possible et importante, parce que le Seigneur a commandé : « Tu feras tout ce que tu fais au nom du Fils, tu te repentiras et invoqueras dorénavant Dieu au nom du Fils » (Moï. 5:8).
 
Chez les saints des derniers jours, ce commandement de prier est toujours d’application. Le Seigneur commande : « Demandez et vous recevrez, frappez et l’on vous ouvrira » (D&A 4:7 ; cf. Mt. 7:7). Les instructeurs au foyer, par exemple, doivent « rendre visite à chaque membre et… l’exhorter à prier à haute voix et en secret et à remplir tous ses devoirs de famille » (D&A 20:47). D’autres Écritures soulignent ces commandements importants : « Priez toujours de peur que le Malin n’ait pouvoir sur vous et ne vous enlève de votre place » (D&A 93:49). « Prie toujours de peur d’entrer en tentation et de perdre ta récompense » (D&A 31:12). « Car si vous écoutiez l’Esprit, qui enseigne à l’homme à prier, vous sauriez que vous devez prier ; car l’esprit malin n’enseigne pas à l’homme à prier, mais lui enseigne qu’il ne doit pas prier. Mais voici… vous devez toujours prier, et ne pas vous relâcher… vous ne devez rien faire pour le Seigneur sans tout d’abord prier le Père, au nom du Christ, qu’il consacre votre œuvre à vous-mêmes, afin que votre œuvre soit pour le bien-être de votre âme » (2 Né. 32:8-9). Les Écritures précisent donc que la prière est un commandement aussi bien qu’une occasion de communiquer avec Dieu et de recevoir des bénédictions et des directives de lui.
 
L’Église n’utilise des prières fixes que dans les ordonnances du temple, dans les deux prières de Sainte-Cène et dans la prière du baptême. « Par révélation, le Seigneur a donné à l’Église… des prières fixes pour nos ordonnances sacrées…. [Celles-ci] ont trait à l’expiation du Seigneur Jésus-Christ, à sa crucifixion, à son ensevelissement et à sa résurrection. Toutes les ordonnances dans lesquelles nous utilisons ces prières nous placent sous l’alliance solennelle d’obéir à Dieu » (Kimball et autres, p. 56). Dans tous les autres cas, les saints des derniers jours s’expriment dans leurs propres termes.
 
Bien qu’il y ait peu de prières fixes dans leur culte, les saints des derniers jours suivent un schéma quand ils prient. On s’adresse à son Père céleste, selon l’exemple donné par le Christ quand il a enseigné à ses disciples comment prier (Mt. 6:9 ; 3 Né. 13:9). Sa prière sert de modèle : Les disciples doivent louer et remercier Dieu, demander ce dont ils ont physiquement besoin au jour le jour et demander d’avoir le pouvoir spirituel de pardonner, d’être pardonnés et de résister à la tentation. Dans ses prières, Jésus employait des termes simples et expressifs, évitant les vaines répétitions et les expressions fleuries (Mt. 6:5-13 ; 3 Né. 13:5-13 ; 19:20-23, 28-29 ; cf. 3 Né. 17:14-17 ; 19:31-34). Ce qui est plus important que les mots, c’est le sentiment qui accompagne la prière. Le Christ a réitéré un avertissement clair et prophétique : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi » (Mt. 15:8 ; cf. És. 29:13). Quand on loue Dieu, qu’on le remercie, que l’on demande ce dont on a besoin – en n’oubliant pas de prier que la volonté de Dieu soit faite – le langage doit être respectueux, humble et sincère. Il faut éviter de répéter inutilement le nom de Dieu, de même que les clichés vides. On termine la prière en disant qu’on la fait au nom de Jésus-Christ, concluant par amen. Quand quelqu’un prie en faveur d’un groupe, les membres répètent d’habitude l’ « amen » final à haute voix, exprimant l’acceptation de ce qui a été dit. En privé, la personne ou les membres de la famille se mettent à genoux, la tête baissée et les yeux fermés. En public, celui qui prie est habituellement debout, mais respecte aussi le comportement qui convient à la prière. La longueur d’une prière est plus ou moins déterminée par l’occasion, mais généralement la prière est raisonnablement concise, remerciant Dieu et lui demandant ce dont le groupe a besoin, évitant de faire un sermon ou de parler avec emphase. Pour les prières d’ouverture et de clôture, l’Église enseigne que la personne qui prie doit exprimer l’adoration plutôt que de se donner en spectacle ou de faire un sermon.
 
La prière est une forme de culte aussi bien familiale qu’individuelle. Habituellement, la journée commence et finit par une prière. Une fois par jour au moins, les familles de l’Église doivent prier ensemble (voir Prière en famille). Le père, ou la mère en son absence, invite un membre à prier pour la famille. Au fil des jours, chaque membre de la famille a l’occasion de diriger la prière en famille. Une bénédiction sur la nourriture qui remercie Dieu précède aussi chaque repas, les enfants en bas âge faisant souvent cette prière simple, au début avec l’aide d’un des parents. En outre, on est invité à prier toutes les fois que le désir ou le besoin s’en fait sentir : pour remercier pour une bénédiction spéciale, pour demander de l’aide dans des circonstances difficiles ou pour parler avec Dieu de préoccupations quelconques. Toutes les réunions officielles de l’Église commencent et finissent par une prière et d’autres événements dont les saints des derniers jours ont la responsabilité, tels que les compétitions sportives, les concerts et les pièces de théâtre patronnées par l’Église commencent par une prière.
 
Une autre pratique associée à la prière est le jeûne respecté le premier dimanche du mois. Les saints des derniers jours s’abstiennent de deux repas consécutifs, finissant leur jeûne par une réunion de jeûne et de témoignage, témoignant publiquement de Dieu et du Christ et rendant grâces de la bonté et des bénédictions de Dieu. En outre, toutes les fois que les circonstances l’indiquent, le jeûne s’accompagne de supplications spéciales à Dieu et est parfois observé par une assemblée entière pour demander des bénédictions spéciales en dehors du cours ordinaire des événements (voir D&A 27:18).
 
La portée universelle de la prière a été décrite par le prophète Alma le Jeune dans le Livre de Mormon : « Je voudrais que vous soyez humbles… demandant tout ce dont vous avez besoin, tant spirituellement que temporellement, rendant toujours grâces à Dieu de tout ce que vous recevez » (Alma 7:23). Amulek, un maître remarquable dans le Livre de Mormon, suit ces qualités essentielles de la prière quand il conseille aux hommes et aux femmes de prier au sujet des besoins physiques : « Invoquez [Dieu] lorsque vous êtes dans vos champs, oui, pour tous vos troupeaux. Invoquez-le dans vos maisons, oui, pour toute votre maison, le matin, à midi et le soir… Invoquez-le pour les cultures de vos champs, afin que vous en retiriez la prospérité. Invoquez-le pour les troupeaux de vos champs, afin qu’ils s’accroissent » (Alma 34:20-21, 24-25). Ainsi, un étudiant peut prier pour ses études, un commerçant pour ses affaires, une mère et un père pour le bien-être de leurs enfants. Même si l’on prie pour des besoins matériels, des résultats spirituels peuvent également se produire et vice-versa. Un étudiant qui prie pour ses études ne risque pas de tricher aux examens ; un commerçant qui prie pour ses affaires ne risque pas d’être malhonnête.
 
Alma le Jeune recherchait d’autres bénédictions spirituelles encore : « Ô Seigneur, j’ai le cœur extrêmement attristé ; veuille consoler mon âme dans le Christ. Ô Seigneur, veuille m’accorder d’avoir de la force afin que je souffre avec patience ces afflictions qui vont tomber sur moi à cause de l’iniquité de ce peuple… Ô Seigneur, veuille nous accorder [à Alma et à ses compagnons missionnaires] de réussir à te les ramener [les Lamanites] dans le Christ. Voici, ô Seigneur, leur âme est précieuse… c’est pourquoi, donne-nous, ô Seigneur, du pouvoir et de la sagesse, afin que nous te ramenions ceux-ci, qui sont nos frères » [Alma 31:31-35].
 
L’intention de la prière d’Alma est à la base du programme missionnaire de l’Église. Amulek, le disciple d’Alma, a également dit à son peuple : « Invoquez-le [Dieu] contre le diable, qui est l’ennemi de toute justice » (Alma 34:23). Les bénédictions spirituelles pour lesquelles on pourrait prier sont le réconfort quand on est dans l’affliction, la force de résister à la tentation, la sagesse de discerner le bien du mal, la compassion pour pardonner aux autres et comprendre la volonté de Dieu pour la vie de la personne. Un but important de la prière est de remercier Dieu de la vie elle-même et de tout ce qui la rend précieuse. L’ingratitude est une offense envers Dieu parce que c’est le refus de reconnaître son pouvoir et son amour (D&A 59:14-21). Rendre grâces est une manière de louer Dieu en reconnaissant sa main toujours présente.
 
On enseigne aux saints des derniers jours qu’une préparation est nécessaire si l’on veut communiquer efficacement avec Dieu. Un moment et un endroit calmes permettent la réflexion tranquille concernant les demandes précises que l’on peut faire. Joseph Smith est allé dans un bosquet voisin prier pour avoir la réponse à sa question et a reçu sa vision glorieuse. Il a été dit à Job : « Pour toi, dirige ton cœur vers Dieu, étends vers lui tes mains » (Job 11:13). Alma le Jeune a énuméré les qualités d’un cœur préparé pour la prière : « Je voudrais que vous soyez humbles, et que vous soyez soumis et doux, faciles à supplier, pleins de patience et de longanimité… diligents à garder en tout temps les commandements de Dieu…Et veillez à avoir la foi, l’espérance et la charité, et alors vous abonderez toujours en bonnes œuvres » (Alma 7:23-24). Moroni 2 a souligné le besoin « d’un cœur sincère… [d’une] intention réelle… [et de] foi au Christ » (Mro. 10:4).
 
Les saints des derniers jours croient que les rapports avec les autres doivent également s’harmoniser avec les enseignements du Christ. Le Christ a enseigné que le pécheur ne peut obtenir le pardon de Dieu que s’il est disposé à pardonner à ceux qui ont péché contre lui (Mt. 6:14-15 ; Mc. 11:25-26). Un cœur préparé est également un cœur qui donne. Amulek a parlé de cette qualité : « Je vous le dis, ne pensez pas que ce [prier] soit là tout ; car… si vous renvoyez les nécessiteux et les nus, et ne visitez pas les malades et les affligés, et ne donnez pas de vos biens, si vous en avez, à ceux qui sont dans le besoin — je vous le dis, si vous ne faites rien de cela, voici, votre prière est vaine et ne vous sert de rien, et vous êtes comme des hypocrites qui renient la foi » (Alma 34:28).
 
Quand le cœur est préparé, Dieu promet une réponse. Les anciens du début de l’Église ont reçu la promesse que « si vous êtes purifiés et lavés de tout péché, vous demanderez ce que vous voudrez au nom de Jésus, et cela se fera » (D&A 50:29). Cette assurance est répétée en des termes encore plus forts à tous ceux qui prient : « Moi, le Seigneur, je suis lié lorsque vous faites ce que je dis ; mais lorsque vous ne faites pas ce que je dis, vous n’avez pas de promesse » (D&A 82:10). Cependant, il est sage de prier que la volonté de Dieu soit faite, même si cela signifie qu’une demande sera refusée. Dieu avertit que demander ce qui « ne vous est pas utile » tournera à la « condamnation » (D&A 88:64-65).
 
On trouve un exemple de réponse à une prière faite avec foi dans l’expérience d’Oliver Cowdery, l’un des premiers anciens de l’Église, quand il a essayé d’aider à la traduction du Livre de Mormon. Il lui a été dit de « l’étudier dans [son] esprit » et, si sa traduction était exacte, cela lui serait confirmé par une brûlure dans sa poitrine ; si c’était faux, il aurait un « engourdissement de pensée » (D&A 9:8-9). Quand une prière est exaucée, on éprouve la paix de l’esprit et l’assurance que Dieu a entendu, même si la réponse est non. La soumission du Sauveur quand il prie à Gethsemané montre la voie : « Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne » (Lu. 22:42).
 
Bibliographie
Kimball, Spencer W. Faith Precedes the Miracle, p. 21-58. Salt Lake City, 1972.
Kimball, Specer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball, p. 115-127. Salt Lake City, 1982.
Kimball, Spencer W., Prayer. Salt Lake City, 1977
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 1, p. 233-237. Salt Lake City, 1975.
 
Proclamations de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres
Auteur : Matthews, Robert J.
 
Dans l’accomplissement de leur appel d’apôtres, prophètes, voyants, révélateurs et porte-parole de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, la Première Présidence et le Collège des douze apôtres ont de temps en temps publié des proclamations, des déclarations, des lettres et diverses annonces publiques officielles. Celles-ci ont parfois été adressées aux membres de l’Église (comme une sorte d’épître générale) et parfois au grand public. Toutes les déclarations de ce genre ont été solennelles et sacrées de nature et ont été publiées avec l’intention de faire avancer, édifier et régler les affaires de l’Église, royaume de Dieu sur la terre. Parmi les thèmes, il y a des instructions sur la doctrine, la foi et l’histoire, des avertissements à propos des jugements à venir, des invitations à aider à l’œuvre et des déclarations sur la croissance et les progrès de l’Église.
 
Quelques-unes seulement des nombreuses déclarations officielles ont été qualifiées de « proclamations ». D’autres ont été qualifiées de « Déclaration officielle », « Exposé doctrinal » ou « Epître ». Certaines ont la signature de la Première Présidence, d’autres de la Première Présidence et des Douze, d’autres encore des Douze seulement. Cet article examine quatre documents : (1) la proclamation de la Première Présidence du 15 janvier 1841, à Nauvoo, (2) la proclamation des douze apôtres du 6 avril 1845 à New York et du 22 octobre 1845 à Liverpool, (3) la proclamation de la Première Présidence et des douze apôtres du 21 octobre 1865 à Salt Lake City et (4) la proclamation de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres du 6 avril 1980, publiée à Fayette, New York.

1. Proclamation de la Première Présidence de l’Église aux saints dispersés au dehors (15 janvier 1841, Nauvoo, Illinois)

[Ce document, signé par Joseph Smith, Sidney Rigdon et Hyrum Smith passe en revue les progrès faits par l’Église en dépit des difficultés et des persécutions et parle longuement des perspectives d’installation à Nauvoo, comme l’illustrent les extraits suivants.]
 
Frères bien-aimés : Les relations que nous avons avec l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours font qu’il est nécessaire que nous fassions de temps en temps connaître les circonstances, la situation et les perspectives d’avenir de l’Église et que nous donnions les instructions qui peuvent être nécessaires au bien-être des saints et à l’avancement des objectifs susceptibles de favoriser leur bonheur actuel et éternel.
 
Nous devons féliciter les saints pour les progrès de la grande œuvre des « derniers jours », car non seulement elle s’est répandue de toutes parts sur ce vaste continent, mais aussi sur le continent européen et sur les îles de la mer, elle se répand d’une manière totalement sans précédent dans les annales du temps. Ceci nous apparaît d’autant plus agréable quand nous considérons qu’il ne s’est passé que peu de temps depuis que nous avons été impitoyablement chassés de l’État du Missouri après avoir subi des cruautés et des persécutions sous des formes diverses et horribles…
 
Il serait impossible d’énumérer tous ceux qui, dans notre période de détresse profonde, se sont noblement portés à notre secours et, comme le bon Samaritain, ont versé de l’huile sur nos plaies et contribué généreusement à nos besoins et les citoyens de Quincy en masse et la population de l’Illinois ont semblé généralement rivaliser entre eux dans cette œuvre d’amour…
 
Nous voudrions de même mentionner les autorités de cet État qui, sans considération de parti, sont sans hésitation, généreusement, ouvertement, hardiment et noblement venus à notre aide, nous ont accueillis comme citoyens et amis, nous ont pris par la main et nous ont donné toutes les bénédictions de la liberté civile, politique et religieuse, en nous accordant, à la date du 16 décembre 1840, l’une des chartes les plus libérales, avec les pouvoirs les plus pléniers jamais conférées par une assemblée législative à des citoyens libres, « la Ville de Nauvoo », la « Légion de Nauvoo » et « l’Université de la Ville de Nauvoo »…
 
Le nom de notre ville (Nauvoo) est d’origine hébraïque et signifie une belle situation ou endroit, contenant aussi l’idée de repos, et décrit véritablement l’endroit le plus ravissant qui soit. Il est situé sur la rive est du fleuve Mississippi, en amont des rapides de Des Moines, dans le comté de Hancock, bordé à l’est par une vaste prairie d’une beauté sans pareille et au nord, à l’ouest et au sud par le Mississippi…
 
Ayant été un instrument entre les mains de notre Père céleste pour jeter les fondements du rassemblement de Sion, nous dirions que tous ceux qui apprécient les bénédictions de l’Évangile et sont conscients de l’importance d’obéir aux commandements du ciel, qui ont eu en bénédiction la possession des biens de ce monde, se préparent d’abord au rassemblement général ; qu’ils liquident leurs biens aussi rapidement que les circonstances le permettent, sans faire de trop grands sacrifices et viennent s’installer dans notre ville et notre comté ; qu’ils fondent et exploitent des fabriques en ville, achètent et cultivent des exploitations agricoles dans le comté. Cela nous assurera notre héritage permanent et préparera la voie au rassemblement des pauvres. Ceci est conforme à l’ordre du ciel et le seul principe en vertu duquel le rassemblement peut être accompli. Donc que les riches et tous ceux qui peuvent aider à édifier cet endroit fassent tous les préparatifs pour avancer sans tarder, fortifier nos mains et contribuer au bonheur des saints…
 
Le Temple du Seigneur est en cours de construction ici, où les saints viendront adorer le Dieu de leurs pères selon l’ordre de sa maison et le pouvoir de la sainte prêtrise, et il sera construit de manière à permettre l’exercice de toutes les fonctions de la prêtrise et à être un lieu où les instructions du Très-Haut seront reçues et, de cet endroit, envoyées dans les pays lointains. Concentrons donc tous nos pouvoirs, en vertu des dispositions de notre grande charte accordée par le gouvernement de l’Illinois, à la « Ville de Nauvoo » et à la région environnante et efforçons-nous d’imiter l’action des anciens pères et patriarches de l’alliance, dans ces choses qui sont d’une telle importance pour cette génération et toutes les générations qui suivront…
 
Les plus grandes bénédictions temporelles et spirituelles qui découlent toujours de la fidélité et de l’effort concerté n’ont jamais accompagné les efforts ou les entreprises individuelles. L’histoire de toutes les époques passées certifie abondamment ce fait. En plus de toutes les bénédictions temporelles, il n’y a aucune autre manière de sauver les saints en ces derniers jours [que par le rassemblement], comme le prouvent les témoignages concordants de tous les saints prophètes, parce qu’il est écrit : « Ils viendront de l’orient et seront rassemblés de l’occident ; le septentrion donnera et le midi ne retiendra pas. » « Les fils de Dieu seront rassemblés de loin et ses filles des extrémités de la terre. »
 
Les témoignages de tous les prophètes concordent aussi pour dire que ce rassemblement de tous les saints doit avoir lieu avant que le Seigneur vienne « se venger des impies » et soit glorifié et admiré par tous ceux qui obéissent à l’Évangile. Le cinquantième psaume, du premier au cinquième verset inclus, décrit la gloire et la majesté de cet événement.
 
« Dieu, Dieu, l’Éternel, parle, et convoque la terre, depuis le soleil levant jusqu’au soleil couchant. De Sion, beauté parfaite, Dieu resplendit. Il vient, notre Dieu, il ne reste pas en silence ; devant lui est un feu dévorant, autour de lui une violente tempête. Il crie vers les cieux en haut, et vers la terre, pour juger son peuple : Rassemblez–moi mes fidèles, qui ont fait alliance avec moi par le sacrifice ! »
Nous pourrions proposer beaucoup d’autres citations des Écritures, mais nous nous abstiendrons, les pensant bien connus des saints.
 
Nous souhaiterions que les saints comprennent que, quand ils viennent ici, ils ne doivent pas s’attendre à la perfection ou que tout sera entente, paix et amour ; s’ils entretiennent cette idée, ils seront assurément déçus, parce qu’il y a ici des personnes, non seulement de différents états, mais de différentes nations qui, bien qu’éprouvant un grand attachement à la cause de la vérité, ont les préjugés de leur éducation et, par conséquent, il faut un certain temps pour surmonter tout cela… Que ceux qui viennent ici soient donc décidés à garder les commandements de Dieu et ne se laissent pas décourager par ces choses que nous avons énumérées et alors ils prospéreront – l’intelligence du ciel leur sera communiquée et ils finiront par voir les choses de la même façon et par se réjouir dans le plein épanouissement de cette gloire qui est réservée aux justes.
 
Pour construire le Temple du Seigneur, de grands efforts seront requis de la part des saints, de sorte qu’ils puissent construire une maison qui sera acceptée par le Tout-Puissant, dans laquelle sa puissance et sa gloire se manifesteront. Par conséquent, que ceux qui peuvent faire généreusement sacrifice de leur temps, de leurs talents et de leurs biens, pour la prospérité du royaume et pour l’amour qu’ils ont pour la cause de la vérité, fassent leurs adieux à leurs maisons et aux endroits plaisants où ils demeurent, s’unissent à nous dans la grande œuvre des derniers jours et prennent part aux tribulations, afin de participer finalement à la gloire et au triomphe.
 
Nous souhaitons de même qu’il soit bien clair que nous ne prétendons à aucune bénédiction que nous ne soyons joyeusement disposés à partager avec nos concitoyens de toutes les confessions et de toutes les options religieuses et nous disons donc que loin de nous limiter à notre propre foi, que tous ceux qui désirent s’installer en ce lieu ou dans les environs viennent et nous les accueillerons comme citoyens et amis, et non seulement nous nous ferons un devoir, mais que ce sera aussi un honneur, de rendre la bonté que nous ont manifestée les citoyens bienveillants de l’État de l’Illinois.

Joseph Smith, Sidney Rigdon, Hyrum Smith, présidents de l’Église [HC 4:267-273].
 
2. Proclamation des douze apôtres de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (6 avril et 22 octobre 1845)

[La Proclamation de 1845 fut publiée par les Douze seulement, parce qu’à ce moment-là il n’y avait pas de Première Présidence à cause du martyre du prophète Joseph Smith le 27 juin 1844. Une nouvelle Première Présidence ne fut organisée qu’en décembre 1847. La proclamation fut apparemment faite en réponse à une révélation donnée le 19 janvier 1841 (D&A 124:1-11). Elle fut imprimée pour la première fois dans une brochure de seize pages le 6 avril 1845 à New York et de nouveau le 22 octobre 1845 à Liverpool. Elle était adressée aux souverains et aux peuples de tous les pays. Ce document annonçait que Dieu avait parlé du haut des cieux et avait rétabli l’Évangile de Jésus-Christ sur la terre. Il parlait des bénédictions et des châtiments à venir, lançait une voix d’avertissement et invitait tous ceux qui étaient intéressés à aider à l’édification du royaume de Dieu sur la terre en vue de la seconde venue du Sauveur. Le 3 octobre 1975, le président Ezra Taft Benson, président du Collège des douze apôtres, parla de cette proclamation et en cita des parties dans son discours à la conférence générale (Ensign 15, oct. 1975, p. 32-34). On trouvera ci-après des extraits de la Proclamation de 1845.]
 
À TOUS LES ROIS DU MONDE, AU PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE, AUX GOUVERNEURS DES ÉTATS RESPECTIFS ET AUX SOUVERAINS ET PEUPLES DE TOUS LES PAYS. Salutations. Sachez que le royaume de Dieu est venu, comme prédit par les prophètes d’autrefois et demandé dans les prières à toutes les époques, à savoir ce royaume qui remplira la terre entière et demeurera à jamais…
 
Nous vous envoyons donc, avec l’autorité d’en haut, et vous commandons à tous de vous repentir et de vous humilier comme de petits enfants devant la majesté du Saint et d’aller à Jésus le cœur brisé et l’esprit contrit, et d’être baptisés en son nom pour la rémission des péchés (c’est-à-dire, être ensevelis dans l’eau, à la similitude de son ensevelissement et en ressortir en nouveauté de vie à l’image de sa résurrection) et vous recevrez le don du Saint-Esprit, par l’imposition des mains des apôtres et des anciens, de cette grande et dernière dispensation de miséricorde envers l’homme.

Cet Esprit attestera de la véracité de notre témoignage, éclairera votre esprit et sera en vous comme l’esprit de prophétie et de révélation ; il vous fera comprendre et vous rappellera les choses passées et vous montrera les choses à venir…
 
Par la lumière de cet Esprit, reçue par le ministère des ordonnances – par le pouvoir et l’autorité du Saint Apostolat et de la Sainte Prêtrise, vous serez rendus capables de comprendre et d’être les enfants de la lumière et vous serez ainsi préparés à échapper à tout ce qui va venir sur la terre, et ainsi vous tenir devant le Fils de l’homme.
 
Nous témoignons que la doctrine ci-dessus est la doctrine ou l’Évangile de Jésus-Christ dans sa plénitude et que c’est le seul Évangile vrai, éternel et immuable et le seul plan révélé sur terre par lequel l’homme puisse être sauvé…
 
Et nous témoignons en outre que le Seigneur a commandé la construction d’une ville et d’un temple saints sur ce continent, pour la Dotation et les ordonnances relatives à la prêtrise et pour que les Gentils et le reste d’Israël s’y rendent afin d’adorer le Seigneur et être instruits de ses voies et marcher dans ses entiers ; en bref, afin de terminer leurs préparatifs pour la venue du Seigneur…
 
Les saints des derniers jours, depuis leur organisation en 1830, ont été un peuple pauvre, persécuté, maltraité et affligé. Ils ont sacrifié libéralement leur temps et leurs biens pour poser les fondements du royaume de Dieu et étendre sa domination par le ministère de l’Évangile. Ils ont connu les privations, la faim, l’emprisonnement et la perte de maisons, de terres, et de droits domestiques et politiques pour leur témoignage.
 
Et ce n’est pas tout. Leur fondateur, M. Joseph Smith, que Dieu a suscité comme prophète et apôtre, puissant en paroles et en actes, et son frère Hyrum, qui était également prophète, ainsi que beaucoup d’autres, ont subi un martyre cruel pour la cause de la vérité et ont scellé leur témoignage de leur sang, mais néanmoins, l’œuvre ne fait, pour ainsi dire, que commencer.
 
Une œuvre grande, glorieuse et vaste doit encore être réalisée, qui est de propager la vérité et le royaume parmi les Gentils – de rétablir, organiser et instruire les Juifs – de rassembler, instruire, soulager, civiliser, éduquer et apporter le salut au reste d’Israël sur ce continent – d’édifier Jérusalem en Palestine, et les villes, les pieux, les temples et les sanctuaires de Sion en Amérique ; et de rassembler les Gentils dans la même alliance et la même organisation – de les instruire en toutes choses pour leur sanctification et leur préparation, afin que toute l’Église des saints, Gentils, Juifs et Israël, soient préparés comme une épouse à la venue du Seigneur…
 
Nous le disons encore, par la parole du Seigneur, au peuple comme aux souverains, votre aide, votre assistance sont requises dans cette grande œuvre ; et vous êtes invités par la présente, au nom de Jésus, à y prendre dorénavant une part active.
 
Ouvrez vos églises, vos portes et votre cœur à la vérité ; écoutez les apôtres et les anciens de l’Église des saints quand ils se rendent dans vos villes et vos quartiers ; lisez et sondez soigneusement les Écritures et voyez si ces choses sont ainsi ; lisez les publications des saints et aidez à les diffuser à d’autres ; recherchez le témoignage de l’Esprit et venez et obéissez à la plénitude glorieuse de l’Évangile et aidez-nous à construire les villes et les sanctuaires de notre Dieu…
 
Les Gentils convergeront vers cette ville [Sion ou la nouvelle Jérusalem] et vers ses différentes branches ou pieux comme vers une bannière de lumière et de connaissance ; oui, les nations et leurs rois et nobles diront : Allons, rendons-nous à la montagne de Sion et au temple du Seigneur, où se trouve sa sainte prêtrise pour servir continuellement devant le Seigneur et où nous pouvons être instruits plus complètement et recevoir les ordonnances de la rémission, de la sanctification et de la rédemption, et être ainsi adoptés dans la famille d’Israël et identifiés dans les mêmes alliances de la promesse….
 
La ville de Sion, avec son sanctuaire et sa prêtrise, et la plénitude glorieuse de l’Évangile, constituera une norme qui mettra un terme aux credo discordants et aux querelles politiques en unissant les républiques, les états, les provinces, les territoires, les nations, les tribus, les familles, les langues, les peuples et les sectes de l’Amérique du Nord et du Sud en un grand lien commun de fraternité tandis que la vérité et la connaissance les rendront libres et que l’amour cimentera leur union.
 
Le Seigneur sera également leur roi et leur législateur, tandis que les guerres cesseront et que la paix régnera pendant mille ans…
 
Nous disons donc, que ce soit dans la vie ou dans la mort, dans les chaînes ou la liberté, que le grand Dieu a parlé à notre époque. – Et nous le savons.
 
Il nous a donné la sainte prêtrise, le saint apostolat et les clefs du royaume de Dieu pour réaliser le rétablissement de toutes choses comme promis par les saints prophètes d’autrefois. – Et nous le savons.
 
Il a révélé l’origine et les annales des tribus indigènes de l’Amérique et leur destinée future. – Et nous le savons.
 
Il a révélé la plénitude de l’Évangile, avec ses dons, ses bénédictions et ses ordonnances. – Et nous le savons…
 
Il nous a commandé de rassembler ses saints, sur ce continent, et d’édifier des villes saintes et des sanctuaires. – Et nous le savons.
 
Il a dit que les Gentils iraient à ce même Évangile et cette même alliance et seraient comptés avec la maison d’Israël et seraient à jamais un peuple béni sur cette bonne terre, s’ils se repentent et l’acceptent. – Et nous le savons…
 
Il a dit que le temps est proche où les Juifs seront rassemblés à Jérusalem. – Et nous le savons.
Il a dit que les dix tribus d’Israël devraient également être révélées dans le pays du nord, ainsi que leurs oracles et leurs annales, en vue de leur retour et de leur union avec Juda pour ne plus être séparés. – Et nous le savons.
 
Il a dit que quand ces préparatifs seraient faits, tant dans ce pays qu’à Jérusalem, et que l’Évangile dans toute sa plénitude aurait été prêché à toutes les nations à titre de témoignage, il viendrait, et tous les saints avec lui, pour régner mille ans sur la terre. – Et nous le savons.
 
Il a dit qu’il ne viendra pas dans sa gloire détruire les méchants tant que ces avertissements n’auront pas été donnés et que les préparatifs de sa réception n’auront pas été faits. – Et nous le savons…

Par conséquent, nous le répétons à tous les hommes : repentez-vous et soyez baptisés au nom de Jésus-Christ pour la rémission des péchés et vous recevrez le Saint-Esprit, et vous saurez la vérité, et vous serez comptés avec la maison d’Israël…
 
New York, 6 avril 1845
 
AU LECTEUR ANGLAIS. Il ne faut pas oublier que ce qui précède a été écrit aux États-Unis d’Amérique et qu’il convient par conséquent de se rendre compte que la langue, que nous n’avons pas changée, est celle qui est utilisée là-bas… W. Woodruff. Liverpool, 22 octobre 1845 [brochure de Liverpool, bibliothèque de BYU, Provo, Utah : voir aussi MFP 1:252-66].
 
3. Proclamation de la Première Présidence et des douze apôtres (21 octobre 1865)

[Ce document s’adresse aux membres de l’Église pour corriger certaines théories au sujet de la nature de Dieu que l’un des Douze avait publiées dans la littérature officielle de l’Église sans faire approuver ces déclarations par la Première Présidence et les Douze. Le but principal manifeste de cette Proclamation était de mettre en évidence l’ordre établi de l’Église qui veut que tout nouveau point de doctrine soit annoncé uniquement par la Première Présidence. Un paragraphe vers la fin de la Proclamation dit :]
 
Il devrait être connu, depuis des années, de toute personne dans l’Église – car des enseignements suffisants ont été donnés sur ce point – qu’aucun membre de l’Église n’a le droit de publier un quelconque point de doctrine comme point de doctrine de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours sans le soumettre préalablement à l’examen et à l’approbation de la Première Présidence et des Douze. Il n’y a qu’un seul homme à la fois sur la terre qui détienne les clefs pour recevoir les commandements et les révélations pour l’Église et qui ait l’autorité de mettre par écrit des points de doctrine comme commandement à l’Église. Et quiconque oublie l’ordre institué par le Seigneur au point d’écrire et de publier ce qui peut être qualifié de nouveau point de doctrine, sans consulter la Première Présidence de l’Église à son sujet, se met dans une situation fausse et s’expose au pouvoir des ténèbres en violant sa prêtrise (MFP 2:239).
 
[La Proclamation est signée par Brigham Young, Heber C. Kimball, Orson Hyde, John Taylor, Wilford Woodruff, George A. Smith, Amasa M. Lyman, Ezra T. Benson, Charles C. Rich, Lorenzo Snow, Erastus Snow, Franklin D. Richards, George Q. Cannon (MFP 2:235-40).]

4. Proclamation de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (6 avril 1980)
 
[Ce document fut élaboré pour la commémoration du 150e anniversaire de l’organisation de l’Église. Le dimanche 6 avril 1980, une partie de la session du dimanche matin de la conférence générale fut diffusée depuis la maison de Peter Whitmer, père, nouvellement reconstruite à Fayette, New York. Le président Spencer W. Kimball parla brièvement de l’organisation de l’Église qui avait eu lieu à cet endroit précis. Il annonça ensuite que l’Église avait une proclamation à faire. Le président conclut en disant :
 
« Maintenant, mes frères et sœurs, avec l’avenir devant nous, profondément conscients des responsabilités et de la mission divine de l’Église rétablie en cette occasion sacrée, la Première Présidence et le Collège des douze apôtres lancent une proclamation au monde. Nous avons estimé convenable de publier cette déclaration de cet endroit où l’Église a commencé. En conséquence, je demanderai à Gordon B. Hinckley, du Collège des douze apôtres, de parler en mon nom et en celui de mes frères et de vous lire cette Proclamation, à vous et au monde (CR, avr. 1980, p. 74.)

Gordon B. Hinckley a alors lu la Proclamation depuis la maison des Whitmer à Fayette, New York, proclamation qui a été transmise par satellite au Tabernacle à Salt Lake City et publiée dans le Church News du 12 avril 1980, dans l’Ensign de mai 1980 et dans le Rapport de conférence d’avril 1980. Voici le texte intégral de la proclamation.]
 
L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours fut organisée il y a 150 ans aujourd’hui. En ce cent cinquantième anniversaire, nous publions au monde une proclamation au sujet de ses progrès, de sa doctrine, de sa mission et de son message.
 
Le 6 avril 1830, un petit groupe se réunissait dans la ferme de Peter Whitmer dans la circonscription de Fayette (État de New York). Six hommes prirent part aux formalités officielles d’organisation, avec Joseph Smith comme dirigeant. Depuis ce début modeste dans une région rurale, cette œuvre a grandi de manière constante et importante, des hommes et des femmes de beaucoup de pays adoptant la doctrine et entrant dans les eaux du baptême. Il y a maintenant près de quatre millions et demi de membres vivants et l’Église est plus forte et grandit plus rapidement qu’à n’importe quel autre moment de son histoire. Il y a des assemblées de saints des derniers jours dans toute l’Amérique du Nord et du Sud, dans les pays d’Europe, en Asie, en Afrique, en Australie et dans les îles du Pacifique Sud ainsi que dans d’autres régions du monde. On enseigne actuellement l’Évangile rétabli par l’entremise de Joseph Smith en quarante-six langues et quatre-vingt-un pays. Depuis cette petite réunion tenue dans une ferme il y a un siècle et demi, l’Église s’est développée au point de compter aujourd’hui presque 12.000 assemblées organisées.
 
Nous témoignons que cet Évangile rétabli a été introduit dans le monde par l’apparition merveilleuse de Dieu, le Père éternel, et de son Fils, le Seigneur Jésus-Christ ressuscité. Cette glorieuse manifestation a marqué le début de l’accomplissement de la promesse de Pierre, qui a prophétisé le « temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses saints prophètes », ceci en vue de l’avènement du Seigneur pour régner personnellement sur la terre (Ac. 3:21).
 
Nous affirmons solennellement que l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est en fait le rétablissement de l’Église fondée par le Fils de Dieu, quand il a organisé son œuvre sur la terre, qu’elle porte son nom sacré, le nom de Jésus-Christ, qu’elle est édifiée sur le fondement des apôtres et des prophètes, lui-même étant la pierre principale de l’angle, que sa prêtrise, dans les ordres d’Aaron et de Melchisédek, a été rétablie sous les mains de ceux qui la détenaient dans les temps anciens : Jean-Baptiste, dans le cas de la Prêtrise d’Aaron, et Pierre, Jacques et Jean dans le cas de celle de Melchisédek.
 
Nous déclarons que le Livre de Mormon a paru par le don et le pouvoir de Dieu et qu’il accompagne la Bible comme autre témoin de Jésus-Christ, le Sauveur et Rédempteur de l’humanité. Ensemble ils témoignent qu’il est le Fils de Dieu.
 
Nous donnons notre témoignage que la doctrine et les pratiques de l’Église englobent le salut et l’exaltation non seulement pour ceux qui vivent, mais également pour les morts, et que dans des temples sacrés construits à cette fin il se fait une grande œuvre par procuration en faveur de ceux qui sont morts pour que tous les hommes et femmes de toutes les générations puissent devenir bénéficiaires des ordonnances salvatrices de l’Évangile du Maître. Cette grande œuvre désintéressée est l’un des traits distinctifs de cette Église rétablie de Jésus-Christ.
 
Nous affirmons que la famille, création divine, est sainte et déclarons que Dieu, notre Père éternel, tiendra les parents pour responsables de l’éducation de leurs enfants dans la lumière et la vérité, leur apprenant « à prier et à marcher en droiture devant le Seigneur » (D&A 68:28). Nous enseignons que ces relations familiales entre mari et femme et entre parents et enfants, les plus sacrées de toutes, peuvent se poursuivre éternellement quand le mariage est contracté en vertu de l’autorité de la sainte prêtrise exercée dans des temples consacrés à ces fins divinement autorisées.
 
Nous rendons témoignage que tous les hommes et femmes sont fils et filles de Dieu, chacun responsable devant lui ; que notre vie ici sur terre fait partie d’un plan éternel ; que la mort n’est pas la fin, mais plutôt le passage de ce monde à un autre monde d’activité utile rendue possible par l’expiation du Rédempteur du monde et que nous y aurons l’occasion de travailler et de progresser vers la perfection.
 
Nous témoignons que l’esprit de prophétie et de révélation est parmi nous. « Nous croyons tout ce que Dieu a révélé, tout ce qu’il révèle maintenant et nous croyons qu’il révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le Royaume de Dieu » (9e Article de foi). Les cieux ne sont pas scellés ; Dieu continue à parler à ses enfants par un prophète autorisé à déclarer sa parole, maintenant comme autrefois.
 
La mission de l’Église aujourd’hui, comme depuis le commencement, est d’enseigner l’Évangile du Christ au monde entier en obéissance au commandement donné par le Sauveur avant son ascension et répété dans la révélation moderne : « Allez dans le monde entier, prêchez l'Évangile à toute la création, agissant dans l'autorité que je vous ai donnée, baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (D&A 68:8).
 
Par le prophète Joseph Smith, le Seigneur a révélé cet avertissement solennel :
 
« Écoutez, peuples lointains, et vous qui êtes dans les îles de la mer, prêtez tous l'oreille. Car, en vérité, la voix du Seigneur s'adresse à tous les hommes, et il n'en est aucun qui puisse s'y dérober ; et il n'est pas d'œil qui ne verra, pas d'oreille qui n'entendra, pas de cœur qui ne sera pénétré. Et les rebelles seront transpercés d'un grand chagrin, car leurs iniquités seront publiées sur les toits, et leurs actions secrètes seront révélées. Et la voix d'avertissement s'adressera à tous les peuples, par la bouche des disciples que je me suis choisis en ces derniers jours » [D&A 1:1-4].
 
Il est donc de notre obligation d’enseigner la foi au Seigneur Jésus-Christ, d’inviter les habitants de la terre au repentir individuel, d’administrer les ordonnances sacrées du baptême par immersion pour la rémission des péchés et de l’imposition des mains pour le don du Saint-Esprit, tout cela en vertu de l’autorité de la prêtrise de Dieu.
 
Il est de notre responsabilité d’adopter et de suivre un programme inspiré d’instructions et d’activité et de construire et d’entretenir les locaux qui en permettront l’accomplissement, pour que tous ceux qui entendent et acceptent puissent progresser dans la compréhension de la doctrine et se développer dans les principes du service chrétien à leurs semblables.
 
Aujourd’hui que nous nous trouvons au faîte de 150 ans de progrès, nous contemplons humblement et avec reconnaissance les sacrifices de ceux qui nous ont précédés, dont beaucoup ont donné leur vie en témoignage de cette vérité. Nous sommes reconnaissants de leur foi, de leur exemple, des grandes choses qu’ils ont faites et de ce qu’ils ont été disposés à consacrer à cette cause qu’ils ont considérée comme plus précieuse que la vie elle-même. Ils nous ont passé un héritage remarquable. Nous sommes résolus à construire sur cet héritage pour le bien-être et le profit de ceux qui suivent, qui constitueront un nombre sans cesse croissant d’hommes et de femmes fidèles sur toute la terre.
 
C’est l’œuvre de Dieu. C’est son royaume que nous établissons. Daniel, le prophète, en a dit autrefois qu’il était comme une pierre détachée de la montagne sans le secours d’aucune main, qui allait rouler pour remplir la terre entière (voir Da. 2:31-45). Nous invitons tous ceux qui ont le cœur honnête à écouter les enseignements de nos missionnaires qui sont envoyés comme messagers de la vérité éternelle, à étudier, à apprendre et à demander à Dieu, notre Père éternel, au nom de son Fils, le Seigneur Jésus-Christ, si ces choses sont vraies.
 
« Et si vous demandez d’un cœur sincère, avec une intention réelle, ayant foi au Christ, il vous en manifestera la vérité par le pouvoir du Saint-Esprit. Et par le pouvoir du Saint-Esprit, vous pouvez connaître la vérité de toutes choses » [Mro. 10:4-5].
 
Nous invitons tous les hommes et toutes les femmes à abandonner le mal et à se tourner vers Dieu, à œuvrer ensemble pour établir cette fraternité qui doit être reconnue quand nous apprenons vraiment que Dieu est notre Père et que nous sommes ses enfants, et à l’adorer, lui et son Fils, le Seigneur Jésus-Christ, le Sauveur de l’humanité. Avec l’autorité de la sainte prêtrise dont nous sommes investis, nous bénissons ceux qui cherchent la vérité partout où ils peuvent être et nous invoquons la faveur du Tout-Puissant sur tous les hommes et toutes les nations dont Dieu est le Seigneur, au nom de Jésus-Christ, amen [CR, avr. 1980, p. 75-77 ; voir aussi Ensign 10, mai 1980, p. 51-53].
 
Bibliographie
Messages of the First Presidency, James R. Clark, comp., 5 vols. Salt Lake City, 1965-1975.
ROBERT J. MATTHEWS
 
Prophète
 
[Cette rubrique se compose de deux articles : Prophète : Prophètes présente la croyance des saints aux prophètes passés et présents comme partie intégrante de l’Église, et Prophète : Prophètes bibliques traite du phénomène des prophètes et de la prophétie comme élément distinctif de la religion biblique.]
 
Prophète : Prophètes
Auteurs : BRITSCH, RALPH A. et BRITSCH, TODD A.
 
La croyance aux prophètes et à leurs messages est au cœur de la doctrine des saints (4e, 5e, 6e, 7e, 9e A de F). Ils reconnaissent les prophètes bibliques et ceux du Livre de Mormon, aussi bien que les prophètes modernes, comme des serviteurs de Jésus-Christ et acceptent comme Écritures la Bible, le Livre de Mormon, la Perle de grand prix et les Doctrine et Alliances. Ils croient que Joseph Smith et tous les présidents de l’Église qui lui ont succédé étaient et sont des prophètes et des représentants de Jésus-Christ.
 
Le mot « prophète » vient du grec prophetes, qui signifie « instructeur inspiré ». Bien que ni le terme grec ni son équivalent hébreu, nabi, n’impliquent au départ la fonction de prédiction (Smith, p. 3), toute prophétie est tournée vers le futur. Puisque le Seigneur a choisi certains de ses serviteurs pour faire des prédictions – pour révéler, parfois en termes précis, des événements importants qui doivent se produire – l’élément prédictif éclipse souvent les autres implications du mot dans l’esprit de certains (voir Révélation ; Jésus-Christ : Prophéties au sujet de Jésus-Christ).
 
Mais le don de prophétie n’est pas limité à ceux dont les paroles ont été enregistrées dans les Écritures. Par définition scripturaire, un prophète est quiconque a le témoignage de Jésus-Christ et est mû par le Saint-Esprit (Ap 19:10 ; cf. EPJS, p. 93, 127). Moïse, exprimant son approbation concernant deux hommes qui avaient prophétisé, s’écrie : « Puisse tout le peuple de l’Éternel être composé de prophètes ; et veuille l’Éternel mettre son esprit sur eux ! » (No. 11:26-29). Beaucoup d’écoles des prophètes et de « fils » (disciples) des prophètes, les uns faux, les autres vrais, existaient à l’époque de l’Ancien Testament. À l’époque moderne, à propos de Brigham Young, Wilford Woodruff a dit : « il est prophète, je suis prophète, vous l’êtes et est prophète quiconque a le témoignage de Jésus-Christ, parce que c’est l’esprit de prophétie » (JD 13:165 ; voir Esprit de prophétie). Il s’ensuit que cet esprit n’agit pas dans tout ce que dit celui qui l’a. Le prophète Joseph Smith explique que « un prophète [n’est] un prophète que quand il agit comme tel » (HC 5:265).
 
En 1820, un passage de Jacques (1:5) a été à l’origine de la Première Vision de Joseph Smith (JS–H 1:11-20). Trois ans après, tout en instruisant Joseph Smith, l’ange-prophète-messager Moroni a cité les prophètes Malachie, Joël et Ésaïe, qui parlaient de la mission future du Messie et du rôle des prophètes, notamment Élie, dans le rétablissement moderne de l’Évangile. Les révélations données ensuite à Joseph Smith mentionnent souvent les prophètes des Ancien et Nouveau Testaments. Les plus souvent cités, en plus de ceux mentionnés ci-dessus, sont Hénoc, Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, Pierre, Jacques, Jean et Jean-Baptiste. En avril 1836, les prophètes Moïse, Élias et Élie sont apparus à Joseph Smith et à Oliver Cowdery et leur ont conféré les clefs de la prêtrise (voir D&A 110:11-16). D’autres messagers célestes, tous prophètes, avaient contribué, à partir de 1829, au rétablissement des Prêtrises d’Aaron et de Melchisédek (JS–H 1:68-73).
 
Joseph Smith eut l’esprit de prophétie après qu’Oliver Cowdery et lui eurent été baptisés en mai 1829 (JS–H 1:73-74), et son office prophétique fut officiellement reconnu quand l’Église fut organisée le 6 avril 1830. Une révélation reçue par lui déclare : « Tu… seras appelé voyant, traducteur, prophète, apôtre de Jésus-Christ, ancien de l’Église… étant inspiré par le Saint-Esprit à en poser les fondations » (D&A 21:1-2). En mars 1836, sous la direction prophétique de Joseph Smith, les membres de l’Église soutinrent la Première Présidence et le Collège des douze apôtres comme prophètes, voyants et révélateurs (HC 2:417). Leurs successeurs ont aussi été soutenus comme tels.
 
Une série ininterrompue de prophètes a dirigé l’Église depuis la mort de Joseph Smith en 1844: Brigham Young (1844-1877), John Taylor (1877-1887), Wilford Woodruff (1887-1898), Lorenzo Snow (1898-1901), Joseph F. Smith (1901-1918), Heber J. Grant (1918-1945), George Albert Smith (1945-1951), David O. McKay (1951-1970), Joseph Fielding Smith (1970-1972), Harold B. Lee (1972-1973), Spencer W. Kimball (1973-1985), Ezra Taft Benson (1985-1994), Gordon B. Hinckley (1995-2008) et Thomas S. Monson(2008-). Depuis 1847, ces prophètes administrent les affaires de l’Église depuis son siège à Salt Lake City. Ils se consacrent à la mission à laquelle ils ont été appelés d’aider les habitants de la terre à se préparer à la vie éternelle et à l’avènement de Jésus-Christ. Ils assurent la direction du programme missionnaire international de l’Église et de la construction de temples. Le prophète vivant continue à recevoir des révélations, à choisir et à ordonner des dirigeants par l’esprit de prophétie et à être l’instructeur principal de l’Église, enseignant à ses membres la doctrine et une vie juste.
 
Les prophètes et leurs messages occupent depuis le début une place centrale dans les relations de Dieu avec ses enfants. Bruce R. McConkie, un apôtre, a écrit qu’un prophète préordonné s’est tenu à la tête de l’Église de Dieu dans toutes les dispensations de l’Évangile depuis Adam (voir Moï. 5:9, 10) jusqu’à ce jour, notamment, Noé, Abraham, Moïse, Pierre et Joseph Smith (A New Witness for the Articles of Faith, Salt Lake City, 1985, p. 2).
 
Les prophètes sont toujours des témoins de Jésus-Christ, un fait qui est particulièrement évident dans le Livre de Mormon. L’expérience commune à tous ses prophètes est le témoignage qu’ils rendent de Jésus-Christ, de sa filiation divine et de sa mission terrestre. Un certain nombre d’entre eux, notamment Léhi, Néphi 1, Jacob, Benjamin, Abinadi, Alma le Jeune et Samuel le Lamanite, ont prédit sa venue (1 Né. 1:19 ; 10:4 ; 19:7-8 ; Jcb. 4:4-5 ; Mos. 3:5-8). Ils ont prédit son sacrifice expiatoire et sa résurrection (Mos. 3:10-11 ;15). Avant cela, Néphi avait parlé de prophètes antiques, de Zénos, de Néum et de Zénock (1 Né. 19:10 ; 3 Né. 10:14-16), qui ont également prédit la visitation de Jésus-Christ en Amérique après sa résurrection (3 Né. 11-26). Étant donné que les saints des derniers jours identifient Jésus-Christ à Jéhovah, ils reconnaissent que les prophètes de l’Ancien Testament ont rendu ce même témoignage (voir Jéhovah, Jésus-Christ).
 
Indépendamment de sa fonction en tant qu’histoire, le Livre de Mormon est essentiellement un compte rendu des relations de Dieu avec une longue série de prophètes, depuis Léhi, au VIe siècle av. J.-C. jusqu’à Moroni 2, mille ans après. En tant que témoins de Jésus-Christ, tous ont été appelés à être des maîtres de justice. Bien que leurs enseignements soient tous basés sur l’Évangile de Jésus-Christ et qu’ils aient enseigné essentiellement les mêmes choses, le document que nous possédons met l’accent sur des points particuliers : Abinadi souligne que l’on doit vivre la loi de mosaïque avec l’esprit approprié (Mos. 12, 13) ; Néphi 1 et Alma le Jeune prêchent le baptême et le repentir (2 Né. 31 ; Mos. 18), de même que les fils d’Alma (Al. 17-29). Beaucoup, notamment Néphi 1, Énos, Éther et Moroni, sont poussés à écrire et à parler de la foi et du don du Saint-Esprit (par exemple, 2 Né. 26:13 ; 32:2-3). Dans ses recommandations à son fils Jacob, Léhi enseigne les principes de « l’opposition en toutes choses » et du libre arbitre (2 Né. 2). Le roi Benjamin invite son peuple à servir Dieu en se servant mutuellement (Mos. 2:17). Comme leurs homologues de l’Ancien Testament, lui et d’autres prophètes du Livre de Mormon mettent en garde contre la vanité, la cupidité, l’immoralité sexuelle, le matérialisme et les péchés de ce genre ; mais ils conseillent aussi l’amour, la bonté, la patience, l’humilité et tout ce qui procure la paix.
 
Les prophètes hébreux ont parlé pour Dieu pendant de nombreux siècles jusqu’à l’ère post-apostolique, du deuxième au dix-neuvième siècle, quand la foi en la prophétie continue a disparu dans cette partie du monde et quand les gens ont supposé, comme déjà certains du temps de Jésus, que les prophètes étaient morts (Jn. 8:53) et leurs fonctions abolies. Croire que Dieu avait parlé aux hommes de son époque était « le test que la génération du Christ ne put réussir » (CWHN 3:7).

« Celui qui prophétise, écrit Paul, parle aux hommes, les édifie, les exhorte, les console » (1 Co. 14:3) – ce genre de personne enseigne, exhorte et donne l’assurance de l’amour de Dieu. Les prophètes ont proclamé de diverses façons ces messages donnés par Dieu et en insistant sur différents points. Leurs messages, bien qu’intemporels dans leur teneur, s’appliquaient à la vie quotidienne des collectivités et des nations. Certains ont combiné leur fonction de prophète avec d’autres activités, telles qu’être juges, chefs militaires, historiens, poètes et administrateurs religieux et civils.

Certains prophètes ont été des figures populaires et des dirigeants charismatiques – Moïse, Samuel et Alma le Jeune, par exemple. Mais beaucoup ont connu les mauvais traitements et la trahison. Pour chaque prophète qui a été honoré pendant sa vie terrestre, beaucoup ont souffert les persécutions et même le martyre (2 Chr. 36:15-16 ; Mt. 5:11-12 ; Mos. 17:20 ; D&A 135). Il est clair que les messages des prophètes n’étaient pas conçus pour gagner la faveur populaire. Un thème fondamental et commun à tous ces messages est l’appel au repentir. Bien que les prophètes aient conseillé la miséricorde, la fraternité et l’humilité, et bien qu’ils aient promis la vie et la joie à ceux qui ont cherché à aimer Dieu et à recevoir son amour, ils ont prédit que la douleur et le désespoir seraient les conséquences inévitables de l’immoralité, de la cupidité, de l’idolâtrie, de la méchanceté, de l’orgueil et d’autres péchés. Ils ont aspiré à paix, mais ils ont condamné les faux prophètes qui ont crié : « Paix ! paix !…Et il n’y a pas de paix » (Jé. 6:14). La suffisance prétentieuse, le matérialisme compulsif et le culte d’autres dieux étaient les caractéristiques principales des faux prophètes et de leurs disciples.

Les messages des prophètes ont revêtu beaucoup de formes. Les principales sont les instructions et les commandements directs de Dieu à ses enfants, comme dans une grande partie du Pentateuque et les Doctrine et Alliances. Beaucoup ont eu la forme de sermons et de cérémonies de renouvellement d’alliances, comme ceux de Moïse et de Josué (De. 4-11 ; Jos. 24). On trouve des vérités importantes dans les recommandations des prophètes à leurs propres familles, comme dans les paroles de Léhi et d’Alma le Jeune à leurs enfants (2 Né. 1-4 ; Al. 36-42). Certains messages de prophètes apparaissent dans des lettres telles que les épîtres de Paul, de Jacques, de Pierre et de Jean dans le Nouveau Testament et celles de Joseph Smith dans Doctrine et Alliances 127 et 128. Certains s’expriment sous forme de prière, comme la prière d’actions de grâces de David (2 S. 7:18-29), d’autres sont présentés dans des symboles et de la poésie : le symbolisme d’Ézéchiel et de Jean le Révélateur, les chants de David, les passages poétiques d’Ésaïe et de Jérémie, le langage figuré de Paul (Ép. 6:10-18) et des formules poétiques telles que le « chant nouveau » dans Doctrine et Alliances 84:98-102.
 
Aucun vrai prophète, ancien ou moderne, ne s’est jamais appelé lui-même à son poste. Certains, tels que Moïse, Amos et Jérémie, ont même accepté l’appel à contre-cœur. D’autres, notamment Jean-Baptiste, Samuel, Néphi 1 et Joseph Smith, ont été appelés dans leur enfance ou leur jeunesse.

Les appels faits à différents prophètes et les communications ultérieures de Dieu avec et par eux se sont produits de diverses manières : par le ministère d’anges, par des songes, par des visions de jour ou de nuit, par l’inspiration prophétique, par une conviction intense confirmée par les événements qui ont suivi, par la voix littérale de Dieu et dans des visitations en tête à tête comme celles que Moïse (Ex. 33:11), Hénoc (Moïse 7:4) et Joseph Smith (JS–H 1:17) ont connues. Tantôt l’appel vient avec une intensité aveuglante, comme dans ceux de Paul et d’Alma le Jeune, tantôt, comme dans le cas d’Élie, le prophète entend « un murmure doux et léger » (1 R. 19:12). Dieu parle souvent à ses prophètes en réponse à leurs prières, mais les vrais prophètes ne sont pas des mystiques qui essayent d’entrer en contact avec l’invisible par des transes auto-induites ou des moyens de ce genre.

L’appel d’un prophète a toujours été fait, et ses messages écrits ou prononcés par le pouvoir du Saint-Esprit, parfois appelé l’Esprit du Seigneur (Ac. 2:1-4, 37-42). Ananias a imposé les mains à Paul pour qu’il recouvre la vue et soit rempli du Saint-Esprit. « Et aussitôt il prêcha… que Jésus est le Fils de Dieu » (Ac. 9:17-20). C’est ce qu’ont également fait les prophètes avant Paul et c’est ce qu’ils ont tous fait depuis. Quelque chose qui va de pair avec le don du Saint-Esprit, c’est le pouvoir de la prêtrise qui a été exercé par les représentants de Dieu dans toutes les dispensations.
 
Bibliographie
Madsen, Truman G. Joseph Smith the Prophet. Salt Lake City, 1989.
Nibley, Hugh W. The World and the Prophets. Vol. 3 des CWHN.
Smith, J. M. Powis. The Prophets and Their Times. Chicago, 1925.
Welch, John W. "The Calling of a Prophet." Dans The Book of Mormon : First Nephi, The Doctrinal Foundation, dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, p. 35-54. Provo, Utah, 1988.
RALPH A. BRITSCH
TODD A. BRITSCH
 
Prophète : Prophètes bibliques
Auteur : FREEDMAN, DAVID NOEL
 
Le phénomène prophétique est un trait distinctif de la religion biblique. Sous sa forme complètement développée, il met la religion biblique à part des autres religions du Proche-Orient antique. Comme dans d’autres sujets apparentés, tels que le culte, le sacrifice, les principes moraux et les pratiques, Israël avait beaucoup en commun avec ses voisins. Mais souvent, et spécifiquement dans le domaine de la religion, les peuples de la Bible ont formé et forgé quelque chose de distinctif et de différent de tous ceux qui les ont précédés ou ont continué côte à côte avec eux. Et c’est particulièrement vrai de la prophétie biblique.
 
À peu d’exceptions près, les reliques de l’antiquité païenne ne suscitent qu’un intérêt marginal chez les savants – rappels désuets qu’ils sont d’un passé lointain – tandis que les prophètes de la Bible parlent à travers les siècles avec des mots et à partir d’expériences qui ont une portée directe sur la vie moderne et une signification pour la civilisation moderne.
 
Les prophètes bibliques prétendent être à la fois des « prédicteurs » et des prédicateurs et basent leurs prétentions sur leur accès privé au Dieu d’Israël, qui est le maître de l’histoire passée, présente et future. La prophétie comme partie essentielle de la structure théopolitique d’Israël et le mouvement prophétique comme phénomène historique réel commencent avec Samuel et son groupe de disciples au XIe s. av. J.-C., au moment du passage de l’ère des juges aux débuts de la monarchie avec l’installation de Saül comme chef royal de la confédération israélite ou ligue des tribus. Les prophètes, à partir de Samuel, jouent un rôle important, sinon décisif, dans la création mais aussi la censure de la monarchie et continuent à être partie intégrante de la société israélite tant que la monarchie survit et même au-delà, quand il y a encore l’espoir de rétablir la royauté de la maison de David. Bien que Dieu parle généralement aux prophètes par des visions, des manifestations audibles et même des songes, avec Moïse il parle face à face (De. 34 ; Ex. 33). Et tandis que d’autres prophètes souvent ne font que sentir la présence de la Divinité, Moïse, lui, voyait sa forme et sa personne proprement dites (No. 12 ; cf. Ex. 33-34).
 
D’après les comptes rendus bibliques des prophètes et de leurs expériences, on peut se faire une idée des prophètes et de leur appel.
 
L’APPEL. L’appel et le mandat divins marquent le commencement de la carrière du prophète. Dans tous les cas dont nous avons connaissance, les détails sont saisissants et distinctifs ; il n’y a pas deux situations prophétiques qui soient exactement identiques, bien que toutes partagent des éléments importants. Nous avons des données suffisantes pour des gens tels que Moïse, Samuel, Élisée (mais pas Élie) et les grands prophètes littéraires tels que Amos, Osée, Ésaïe, Jérémie et Ézéchiel pour nous constituer une image composite. Mais les renseignements nous manquent en ce qui concerne l’appel de prophètes comme Nathan et Achija. L’appel, de manière classique, est lancé par Dieu et est souvent accompagné d’une ou plusieurs visions, avec l’un ou l’autre événement extraordinaire ou miraculeux (par exemple, le buisson ardent). C’est la combinaison des circonstances qui persuade le prophète (ou la prophétesse) qu’il (ou elle) n’a pas des hallucinations mais est en contact avec le Dieu vivant.
 
LE MANDAT. L’appel est toujours accompagné d’un mandat. Le but est d’enrôler le prophète pour qu’il mène à bien une mission ou un devoir, qu’il fasse quelque chose en réponse à l’appel. Certains prophètes sont réticents à prendre une telle responsabilité et se trouvent donc des excuses ou essaient d’autres façons d’éluder leur appel (par exemple, Moïse, Jérémie et, surtout, Jonas). D’autres prophètes sont impatients d’accomplir leur tâche et s’empressent de le faire (par exemple, Ésaïe, Ézéchiel, peut-être Osée). Les règles de base pour le prophète – disons, l’ordre de marche – sont données succinctement et avec éloquence dans le livre de Jérémie : « Tu iras vers tous ceux auprès de qui je t’enverrai, et tu diras tout ce que je t’ordonnerai » (Jé. 1:7). En bref, le prophète est l’ambassadeur ou le messager de Dieu et son seul devoir est de remettre le message tel qu’il l’a reçu.
 
LE MESSAGE. Dans la plupart des cas, le message est pour les autres et particulièrement pour la nation, ses dirigeants et le peuple en général. Souvent, il contient des avertissements et des menaces, parfois des promesses et de l’encouragement. Inévitablement il y a un élément prédictif, car les messages sont la plupart du temps orientés vers le futur mais enracinés dans le passé. Pour la plupart, les prédictions sont conditionnées moralement, sur la base de l’alliance entre Dieu et Israël, laissant le choix entre la vie et la mort, avec le succès comme résultat de l’obéissance et l’échec comme conséquence de la désobéissance et de la rébellion. De temps en temps, les oracles sont prononcés de manière absolue, garantissant l’avenir, qu’il s’agisse de destruction ou de rétablissement. Parfois ils sont limités dans le temps, c’est-à-dire que les événements décrits se produiront au cours d’une période désignée, mais souvent aucune tranche de temps n’est mentionnée. Même lorsque les conditions morales ou temporelles ne sont pas explicitées, elles peuvent être sous-entendues par l’orateur ou déduites par les auditeurs. Un cas notable est la prédiction claire de Michée (Mi. 3:12) que Jérusalem sera détruite. Un siècle plus tard, Jérémie cite le passage non pour prouver que la prophétie ne s’est pas accomplie (Jérusalem n’a pas été détruite et est toujours debout) et encore moins pour accuser Michée d’être un faux prophète, mais pour prouver que suite à la prophétie, le roi (Ézéchias) et le peuple se sont repentis et que par conséquent Yahweh (Jéhovah) leur a pardonné et a épargné la ville (Jé. 26:16-19). C’est le message du prophète qui a produit le résultat, ce qui confirme que son message et lui venaient de Dieu.
 
LE PROPHÈTE COMME THAUMATURGE. Les miracles sont clairement et fortement associés à des prophètes tels que Moïse, Samuel et particulièrement Élie et Élisée – ainsi qu’Ésaïe parmi les prophètes écrivains – mais il y a beaucoup de prophètes chez qui ce lien n’existe pas (par exemple, Jérémie, Amos, Osée, Michée, etc.). Les miracles semblent se rattacher à des personnalités particulièrement charismatiques qui étaient également prophètes mais pas nécessairement au rôle ou à l’office de prophète. Dans le cas de Moïse, ils avaient pour but de fortifier et de confirmer ses prétentions à avoir reçu un message de Dieu authentique et faisant autorité, et ils servaient à renforcer la fonction et le but des visions et des expériences du même genre d’autres prophètes.
 
SUCCÈS ET ÉCHEC. Dans l’ensemble, les résultats de l’expérience prophétique sont eux-mêmes imprévisibles, et le succès ou l’échec chez les différents prophètes n’affecte guère leur statut de vrais prophètes de Dieu. On rapporte que des prophètes tels que Samuel et Élisée ont connu beaucoup de succès dans l’accomplissement de leur mission. Chez Élie et peut-être chez Ésaïe, les résultats sont mitigés, ainsi que chez Amos, Osée et Michée. Finalement, ils ont tous été reconnus comme vrais prophètes, pas parce que les dirigeants et le peuple ont écouté leurs paroles (souvent ils ne les écoutaient pas), mais parce qu’ils ont fidèlement rapporté ce qu’ils ont entendu de la bouche de Dieu, indépendamment des conséquences pour eux-mêmes ou pour le peuple à qui ils ont remis le message. On voyait que la survie de la nation était en jeu et il était de la plus haute importance de distinguer les vrais des faux prophètes. Ce n’était pas un simple exercice théorique, mais cela exigeait le meilleur jugement de la part des dirigeants comme du peuple.
 
TESTS DES VRAIS PROPHÈTES. Le Deutéronome propose la manière de procéder pour trancher la question du vrai et du faux. Il y a deux principes de base, pratiques et applicables : (1) si le prophète parle au nom d’un autre dieu ou d’autres dieux et remet des messages de leur part, il est automatiquement condamné pour apostasie et doit être mis à mort (De. 13:1-5) (2) si le prophète fait une prédiction et qu’en temps voulu la prédiction ne se réalise pas, le prophète est considéré comme faux et doit être exécuté (De. 18:20-22).
 
Mais il y a beaucoup de situations où les règles deutéronomiques ne fonctionnent pas et le jury doit s’en remettre à d’autres ressources. En fin de compte, la décision ne peut pas attendre jusqu’à ce que l’on dispose de tous les éléments de preuve et doit être basée sur d’autres facteurs. Le facteur principal (après le test de base de l’orthodoxie : au nom de quel Dieu le prophète parle-t-il ?) doit être l’effet que le prophète fait sur son auditoire : son honnêteté, son courage, sa fiabilité – la capacité de rendre réelle pour les auditeurs l’expérience de Dieu et ses messages au prophète et par lui au peuple. Plus tard il peut y avoir confirmation et justification.
 
LE PROPHÈTE COMME GARDIEN DE L’ALLIANCE ET DE LA COMMUNAUTÉ. Du début à la fin, l’accent, dans les messages des prophètes, est mis sur la dimension morale de la religion biblique et sur l’effet qu’elle a sur le bien-être de la nation et de ses différents membres. Contrairement aux prêtres, qui se préoccupent de questions de culte, les prophètes mettent l’accent sur les exigences morales de la Divinité et les conditions morales requises par l’alliance. La survie et le succès de la communauté dépendent davantage de la justice de la nation que du rituel des prêtres ou des exploits militaires, politiques, sociaux et économiques du roi et de sa coterie. La bataille contre l’idolâtrie et l’apostasie est ininterrompue pendant toute la période biblique et ce sont les prophètes qui mènent la lutte. En second lieu par rapport à cela, et c’est tout aussi difficile et important, il y a les obligations vis-à-vis de son prochain et de l’ensemble de la communauté. C’est sur ces deux bases que le message des prophètes est bâti et les prophètes ne cesseront jamais de proposer les vérités élémentaires au sujet de la religion biblique et des relations de Dieu avec son peuple.
 
PROPHÈTES ET UNIVERSALISME. Avec les grands prophètes du VIIIe siècle av. J.-C. et des siècles suivants, il y a un changement important, bien que les vérités de base restent intactes. Les mêmes exigences et les mêmes principes sont conservés et appliqués avec plus de sévérité encore à un Israël enclin à la défection et aux manquements. À la suite de l’apparition des grandes puissances mondiales : l’Assyrie aux VIIIe et VIIe siècles av. J.-C. et la Babylonie vers la fin du VIIe et au VIe, la question de la survie des petits royaumes d’Israël et de Juda (et de leurs voisins) devient pressante. Pour la première fois depuis le temps des patriarches, les prophètes soulèvent le problème avec vigueur et d’une nouvelle manière, avec une perspective plus étendue sur la scène du monde et le rôle de Yahweh comme souverain des nations. Ils définissent la place d’Israël et de Juda dans le tableau d’ensemble et annoncent une théorie de l’ordre du monde et d’un cadre temporel. Ils élaborent les implications de l’existence d’un Dieu unique régnant sur l’univers mais ayant des liens spéciaux avec une petite nation (ou deux royaumes). Ils définissent avec plus de rigueur les dangers et les menaces pour le peuple de Dieu, mais également les espoirs et les promesses d’avenir. Finalement, le Dieu du monde, qui est également Dieu de la manière qui lui est propre, et un Israël rétabli et révélé prendront leur place parmi les nations dans une résolution harmonieuse des conflits, pour créer le Royaume de Paix. La vision finale englobe toutes les nations et tous les peuples, avec une place spéciale pour Israël, toujours tenu par les stipulations essentielles de l’alliance, mais dirigeant et modèle pour tous les autres. La foi et la moralité personnelles sont au cœur de la religion prophétique, mais les implications et les ramifications sont sociales, nationales et, en fin de compte, mondiales.

LE PROPHÈTE COMME PORTE-PAROLE DU PEUPLE DE DIEU. Normalement on conçoit les prêtres comme ceux qui offrent des prières et des sacrifices à Dieu en faveur du peuple et l’on pense particulièrement au rôle du grand prêtre le jour des Expiations. De la même manière, les prophètes peuvent exercer le rôle de médiateur, mais dans un contexte différent. Jérémie mentionne deux médiateurs, Moïse et Samuel, tout en confirmant que Dieu lui-même a refusé ce rôle à Jérémie. Le cas le plus spectaculaire est celui de Moïse dans l’épisode du veau d’or (Ex. 32). Seul Moïse a la témérité et une proximité suffisante avec Dieu pour exiger un changement de cœur et d’esprit de la part de la Divinité. Seul Moïse peut exiger le repentir de la part de Dieu (mais voir TJS, Ex. 32:14). Et il réussit, comme le rapporte le texte. Israël est épargné. Une version poétique différente du même événement est le Psaume 90:13. Ce n’est pas par hasard que ce soit le seul psaume de la Bible qui est directement attribué à Moïse.
 
Moïse reste le modèle unique d’un prophète d’Israël à cause de son inspiration, de sa direction et, en fin de compte, de ses pouvoirs d’intercession. Les derniers mots du Deutéronome rappellent cette particularité : « Il n’a plus paru en Israël de prophète semblable à Moïse, que l’Éternel connaissait face à face. » (De. 34:10 ; cf. Ex. 33:11). Et Yahweh parlait à Moïse face à face, comme les hommes et les femmes parlent à leurs semblables (cf. aussi No. 12:8) : « Je lui parle bouche à bouche… et il voit la forme de Yahweh » (traduction de l’auteur).
 
Bibliographie
Friedrich, Gerhard, dir. de publ., et Geoffrey W. Bromiley, dir. de publ. et trad. Theological Dictionary of the New Testament, Vol. 6, p. 781-861. Grand Rapids, Mich., 1964-1974.
Nibley, Hugh. The World and the Prophets. CWHN 3.
Sawyer, John F. A. Prophecy and the Prophets of the Old Testament. Oxford, 1987.
DAVID NOEL FREEDMAN

R

Relations diplomatiques
Auteur : Hickman, Martin B.

Joseph Smith entreprit sa première mission diplomatique pour l'Église lorsqu'il se rendit à Washington, D.C., en 1839, et rencontra le président des États-Unis, Martin Van Buren, pour demander une intervention fédérale en faveur des membres de l'Église qui avaient perdu la vie ou leurs biens pendant les persécutions du Missouri. Depuis alors, les contacts diplomatiques de l'Église avec les gouvernements du monde ont visé principalement à obtenir la reconnaissance juridique de l'Église et la liberté pour ses membres de prêcher l'Évangile aux autres, de se réunir pour le culte religieux et de vivre selon leurs préceptes religieux.

Pendant un siècle et demi, l'Église n'a pas eu de fonction diplomatique officielle ; les présidents de mission ou des Autorités générales en mission spéciale étaient chargés de créer un climat favorable à l’effort missionnaire de l'Église et de résoudre les problèmes avec les gouvernements hôtes. En 1842, Lorenzo Snow, un apôtre, chercha à créer une impression favorable des saints en présentant un exemplaire joliment relié de la première édition britannique du Livre de Mormon à la Reine Victoria et à Albert, le Prince Consort. Quand l'Église commença à pratiquer le mariage plural, la tâche de maintenir une image publique favorable devint plus difficile. Cet effort ne fut pas aidé par une note envoyée en 1887 par le gouvernement américain aux gouvernements de Grande-Bretagne et de Scandinavie, leur demandant de freiner l'immigration des saints des derniers jours aux États-Unis, une mesure visant à endiguer la croissance de la polygamie. Étant donné que les pays scandinaves ne firent pas grand-chose et que la note fut ridiculisée par la presse britannique, l'Église ne jugea pas utile de prendre une initiative diplomatique quelconque.

Cinquante ans plus tard, une loi adoptée par le législateur au Tonga, interdisant l'entrée des missionnaires mormons, fit l'objet d'une protestation diplomatique de l'Église auprès du gouvernement britannique. L'affaire atterrit sur le bureau de Winston Churchill, qui était alors ministre des colonies. Il ne prit aucune mesure parce que le gouvernement britannique ne pouvait pas opposer son veto à une loi du Tonga, et parce que le Foreign Office [ministère des affaires étrangères] l'avait informé que le gouvernement américain ne protesterait pas si la loi ne s'appliquait pas rétroactivement aux missionnaires déjà dans le pays, mais seulement à ceux qui introduiraient dorénavant une demande de visa. L'Église n’intervint pas, le président de la mission ayant réussi à convaincre le gouvernement tongan d'abroger la mesure.

Le caractère plutôt restreint des relations diplomatiques de l'Église avec les gouvernements d'Europe du Nord, où l'effort missionnaire de l'Église était concentré au XIXe siècle, céda, au XXe siècle, à des contacts plus étendus, l'Église devenant plus ambitieuse dans l’ampleur de son programme missionnaire. Dans de nombreux pays, le droit de faire du prosélytisme était limité non seulement par la loi mais aussi par l’usage et la tradition, découlant en partie de l'influence d'une Église d'État établie avec un statut juridique particulier. En outre, la propagation du communisme avait dressé des barrières idéologiques contre l’œuvre missionnaire en général. L'Église maintint cependant sa politique de laisser la gestion des relations diplomatiques nécessaires entre les mains des présidents de mission ou d'Autorités générales situées de façon permanente ou temporaire dans le pays. Cette politique changea après 1975 quand Spencer W. Kimball devint président de l'Église. Il était déterminé à augmenter l'effort missionnaire de l'Église et notamment d’obtenir la reconnaissance juridique dans les pays où cette reconnaissance avait été refusée, soit par politique gouvernementale, soit du fait de l'opposition de l'Église d'État établie. Cette décision déboucha sur une politique qui nécessitait des changements organisationnels au siège de l'Église. Ces changements avaient été examinés pendant le mandat du président Harold B. Lee, mais aucune mesure n'avait été prise avant sa mort. N. Eldon Tanner, qui fut premier conseiller à la fois du président Lee et du président Kimball, examina avec ce dernier les discussions précédentes. Ils décidèrent de nommer un représentant spécial, responsable devant la Première ¨Présidence, qui négocierait avec les gouvernements en dehors des États-Unis la suppression des lois restrictives en matière de visa et la reconnaissance juridique de l'Église là où elle avait été refusée. Le représentant spécial servirait également d’agent de liaison entre l'Église et les ambassades des États-Unis à l'étranger.

Le président Kimball nomma David M. Kennedy comme représentant spécial de la Première Présidence. Kennedy avait une vaste expérience de travail avec les gouvernements et les dirigeants internationaux comme banquier international, comme secrétaire au Trésor américain sous le président américain Richard Nixon, comme ambassadeur itinérant et comme ambassadeur de l'organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).

L'Église voulant obtenir la reconnaissance juridique aussi rapidement que possible, la Première Présidence et son représentant spécial examinèrent les pays un par un, explorant les possibilités que chacun offrait. Des barrières existaient dans chaque pays. Certains avaient des lois limitant la liberté de culte. Il y avait depuis longtemps des barrières culturelles et religieuses dans d'autres. Dans certains, la reconnaissance juridique était possible, mais les lois limitaient strictement le droit de faire du prosélytisme. Quand il décida que la reconnaissance juridique devrait être le premier but, le président Kimball envoya Kennedy en Grèce, où la reconnaissance avait longtemps été refusée malgré les efforts vigoureux des dirigeants de l'Église. Kennedy apprit par ses contacts au gouvernement grec et à l'ambassade des États-Unis que pour obtenir la reconnaissance comme «maison de prière », il fallait l'approbation de l'archevêque d'Athènes et de toute la Grèce, sa Béatitude Séraphim. Au cours d’un entretien crucial, Kennedy fit remarquer que l'Église orthodoxe grecque jouissait d’une pleine liberté de culte aux États-Unis, que le gouvernement grec avait honoré le président David O. McKay pour l'aide que l'Église avait envoyée à la Grèce après le tremblement de terre de 1953 et que l'Église était pleinement reconnue par la plupart des autres pays d'Europe occidentale. La Grèce finit par accorder la reconnaissance juridique à l'Église. Les autres pays où la reconnaissance allait être demandée et finalement accordée étaient la Yougoslavie, le Portugal et la Pologne.
Lorsque l’on apprit que l'Église cherchait à être reconnue dans les pays communistes, les représentants des médias commencèrent à demander comment cette initiative pourrait être compatible avec l’opposition idéologique de l'Église au communisme. Kennedy répondit à ces questions en se référant à la croyance de l'Église que l’on doit se « soumettre aux rois, aux présidents, aux gouverneurs et aux magistrats, et que nous devons respecter, honorer et défendre la loi » (12e A de F). La réalité essentielle, soulignait Kennedy, est que l'Église puisse entrer et prospérer dans tout pays qui « nous permettrait d'offrir nos sacrements... qui nous permettrait dans nos maisons d’avoir notre organisation familiale et de vivre selon nos habitudes religieuses" (Hickman, p. 340). Ces libertés minimales étaient tout ce dont les saints des derniers jours avaient besoin pour vivre en accord avec leurs croyances générales. Kennedy fit également la distinction entre les systèmes économiques et politiques que les membres de l'Église préféraient en tant que particuliers et les restrictions aux libertés individuelles qui rendraient l’existence de l'Église impossible en tant qu'institution ou empêcheraient ses membres de suivre ses préceptes fondamentaux. Par le biais de Kennedy, l'Église remit l’accent sur le fait que sa mission était de prêcher l'Évangile rétabli au monde entier et de contribuer à ce que la vie de ses membres soit marquée par la progression morale et spirituelle et non d’importer les systèmes politique et économique américains.

Dans chaque pays visité, le premier but de l'Église était d’être reconnue, ce qui comprenait le droit d'ouvrir une mission, le droit d'entrée pour les missionnaires, le droit de faire ouvertement du prosélytisme et le droit de tenir des réunions de culte public. Le succès le plus notable dans la réalisation de ces objectifs fut fait au Portugal, où la révolution de 1974 aboutit à l'adoption d'une loi accordant la liberté de religion. Dans d'autres pays, notamment la Pologne, l'Église réussit à obtenir la reconnaissance juridique lui permettant de posséder des biens, de tenir des réunions religieuses et d’envoyer des représentants de l'Église dans le pays, mais le droit de faire du prosélytisme fut refusé. Malgré cette restriction, les dirigeants de l'Église croyaient que la reconnaissance juridique était une avancée importante et que l'offre du gouvernement polonais devrait être acceptée même si elle ne contenait pas le droit de faire du prosélytisme. L'Église obtint la reconnaissance juridique en Yougoslavie, essentiellement aux mêmes conditions. Dans chaque pays où l'Église entreprenait des négociations, Kennedy, en tant que représentant spécial de la Première Présidence, soulignait que l'Église était reconnue dans de nombreux pays du monde et qu’aux États-Unis des membres occupaient des postes importants au gouvernement, dans l'éducation et les affaires. Il soulignait également que les membres de l'Église étaient connus aux États-Unis pour leur honnêteté, leur fiabilité et leur éthique du travail.

Ces dernières années se sont produits plusieurs changements qui ont amélioré les relations diplomatiques de l'Église. Les changements en Europe de l'Est ont permis à l'Église de se faire reconnaître plus facilement qu’en 1975 et les restrictions en matière de prosélytisme ont également été supprimées. La révélation annoncée par le président Kimball en 1978 accordant la prêtrise à tous les membres masculins dignes de l'Église a été suivie de la création de plusieurs missions en Afrique (voir Afrique, l’Église en ; Doctrine et Alliances : Déclaration officielle n° 2). Suite à ces changements, la Première Présidence a décidé que la mission confiée à son représentant spécial avait atteint son but ; par conséquent, en 1990, Kennedy a été libéré de cet appel et n’a pas été remplacé. Les responsabilités du représentant spécial ont été assumées par les présidences d’interrégion et les présidents de mission.
Bibliographie
Hickman, Martin B. David Matthew Kennedy: Banker, Statesman, Churchman, pp. 334-365. Salt Lake City, 1987.
Kimball, Edward L., et Andrew E. Kimball. Spencer W. Kimball. Salt Lake City, 1977.
Palmer, Spencer J., dir. de publ. The Expanding Church. Salt Lake City, 1978.
MARTIN B. HICKMAN

 
Relations interconfessionnelles
 
[Cette rubrique comporte trois articles :
Rapports interconfessionnels : Chrétiens
Rapports interconfessionnels : Juifs
Rapports interconfessionnels : Autres cultes
Les articles traitent des efforts de l’Église pour établir des rapports, assister, comprendre et coopérer avec les autres cultes dans les préoccupations sociales, morales et religieuses qu’ils ont en commun.]
 
Rapports interconfessionnels : Chrétiens
Auteur : LINDSAY, RICHARD P.
 
L’Église n’a jamais existé dans l’isolement par rapport aux autres confessions chrétiennes. Ses racines et son contenu sont et restent dans l’héritage chrétien. Mais son affirmation que les cieux se sont à nouveau ouverts, que le rétablissement du rayonnement et du pouvoir perdus de l’Évangile complet de Jésus-Christ est en cours à l’initiative divine et son rejet de nombreuses traditions séculaires ont causé des malentendus et de la malveillance. Dans la première génération aux États-Unis, la solidarité des saints des derniers jours a été considérée comme opposée au pluralisme et a en même temps suscité la colère des tenants des autres confessions. Les efforts missionnaires par le contact personnel plutôt que par le recours aux médias et à la création d’une image de marque ont parfois aggravé le problème. À certaines époques et dans certaines circonstances, il n’y a eu aucune volonté ou du moins aucune résolution durable de part et d’autre de tendre la main et de coopérer.

Ces tensions sont en train de se réduire de trois manières :
 
1. Du point de vue institutionnel. Les dirigeants de l’Église participent maintenant avec les dirigeants d’autres confessions à des échanges chrétiens. Les dirigeants de l’Église de plusieurs pays sont accueillis aux réunions spirituelles interconfessionnelles avec leurs homologues protestants, catholiques et orthodoxes. Ceci est en accord avec les préceptes et l’exemple des premières autorités de l’Église (voir Tolérance). À des fins de soutien mutuel, ils se réunissent et s’organisent dans toutes sortes de domaines, par exemple, les aumôneries de beaucoup de nations du monde libre, le mouvement des boy-scouts, le Conseil national des chrétiens et des juifs et les clubs locaux et internationaux de service s’occupant des questions sociales, éthiques et morales.
 
2. Du point de vue éducatif. L’Église patronne le plus vaste programme d’enseignement pour adultes du monde. Beaucoup de ces cours se rattachent à la Bible et certains se concentrent sur l’histoire et les institutions chrétiennes. Pour les étudiants en âge de lycée et d’université, qui dépassent maintenant le demi-million, l’Église dispense des cours semblables dans ses séminaires et ses instituts voisins des lycées et des grandes universités. Les instructeurs du Département d’Éducation de l’Église reçoivent des suppléments financiers pour visiter la Terre sainte, étudier les origines des trois grandes religions monothéistes, se familiariser avec le vocabulaire et les conceptions philosophiques des autres institutions chrétiennes et comprendre et reconnaître les points communs dans la vie des jeunes qu’ils instruisent. Les savants mormons de beaucoup de disciplines sont de plus en plus impliqués dans les programmes d’études religieuses d’organisations académiques et professionnelles.
 
L’Église a ouvert ses importantes installations audiovisuelles aux programmations représentatives de tout l’éventail des groupes chrétiens (voir Bonneville International Corporation ; Radio KSL). Elle a aussi été une participante importante aux émissions religieuses du VISN Religious Interfaith Cable Television Network, qui représente la plupart des grandes confessions des États-Unis.
 
Pour créer des échanges bilatéraux, la Chaire de Compréhension chrétienne Richard L. Evans a été créée à l’université Brigham Young. Financée et conseillée par divers groupes chrétiens (le premier à s’engager a été un presbytérien), cette Dotation patronne des colloques d’études religieuses, des conférences, des forums, des programmes d’échange et des professorats associés. Elle patronne aussi des réunions interconfessionnelles où des questions théologiques communes aussi bien que controversées sont présentées par les représentants de chaque tradition et où des ateliers aident à résoudre les tensions dans une atmosphère de bonne volonté.
 
Le Religious Studies Center à l’université Brigham Young publie des ouvrages éminents utilisant les savants de diverses confessions qui représentent des spécialisations interdisciplinaires et comparatives. Bien qu’il y ait toujours une littérature de dénigrement venant tant de la gauche que de la droite (voir Publications antimormones), les dirigeants de l’Église rappellent continuellement aux membres que quoi que l’on puisse dire de ceux qui se font une religion de l’antimormonisme, leur répondre sur le même ton n’est ni sage ni chrétien.
 
3. De manière pratique dans l’humanitaire chrétien. La manière de vivre des saints, que ce soit au niveau institutionnel ou individuel, n’a jamais été d’exiger des droits mais de les mériter, jamais de réclamer l’intégration et la bonne volonté mais de les manifester et de donner de l’énergie et du temps par-delà la rhétorique. Dans un discours important aux dirigeants régionaux de l’Église, l’ancien président Spencer W. Kimball a donné le ton :
 
« Nous invitons les membres à faire leur devoir civique et à assumer leurs responsabilités de citoyens dans la recherche des solutions aux problèmes qui assaillent nos villes et nos communautés.
 
« Avec notre vaste mission en ce qui concerne l’humanité, les membres de l’Église ne peuvent pas ignorer les nombreux problèmes pratiques qui réclament une solution si nous voulons que nos familles vivent dans un environnement qui favorise la spiritualité.
 
« Quand les solutions à ces problèmes pratiques nécessitent une action coopérative avec ceux qui ne sont pas de notre religion, les membres ne doivent pas être réticents à faire leur part en se joignant à ces efforts où ils peuvent apporter une contribution individuelle aux causes qui sont conformes aux principes de l’Église » [Kimball, Ensign 8, mai 1978, p. 100].
 
Les exemples de projets récents encouragés par l’Église qui collaborent avec différentes affiliations sont l’aide coopérative de secours d’urgence, le soutien pour les foyers pour sans abris dans beaucoup de villes et un lien avec le travail de l’Armée du salut. À BYU, des étudiants d’autres cultes sont souvent élus à des offices estudiantins et divers clubs de service luttent contre l’intolérance et l’esprit de clan. Dans le même esprit, l’Église a été parmi les premiers à octroyer de l’aide, avec d’autres groupes chrétiens, aux victimes de catastrophes naturelles dans des endroits tels que la Chine, le Salvador, le Nicaragua, Los Angeles, le Pérou, l’Arménie, le Japon, l’Iran, le Chili et la Grèce. Grâce à deux jeûnes spéciaux, l’Église a levé $11 millions pour les populations frappées de famine en Afrique et en Éthiopie et a utilisé les services catholiques comme système de livraison (voir Service humanitaire).
 
Parce qu’il y a tant de choses dans la société contemporaine qui sont dissonantes, centrifuges et facteurs de discorde, la compréhension et la réciprocité interconfessionnelles semblent indispensables. L’histoire des saints montre que ce qui semble être des affrontements politiques, sociaux et économiques insurmontables est souvent, à la base, religieux. Surmonter les divisions inutiles et guérir les blessures de la vie moderne, notamment la vie religieuse, n’est pas simplement la mission des saints des derniers jours mais celle de tous ceux qui prennent au sérieux le message et le ministère de Jésus-Christ. S’il n’y a pas chez certains un souci chrétien pour tous, il y a peu d’espoir pour qui que ce soit.
 
Bibliographie
Arrington, Leonard. "Historical Development of International Mormonism." Université d’Alberta, Religious Studies and Theology 7 (1) janvier. 1987.
Keller, Roger R. Reformed Christians and Mormon Christians : Let’s Talk. Ann Arbor, Mich., 1986.
Madsen, Truman G. "Are Christians Mormon ?" BYU Studies 15, automne 1974, p. 73-94.
RICHARD P. LINDSAY
 
Rapports interconfessionnels : Juifs
Auteur : ROSENBLATT, JOSEPH
 
Le point de rencontre principal pour les relations interconfessionnelles entre juifs et saints des derniers jours a été Salt Lake City. Il y a aussi eu un certain nombre de contacts dans l’État d’Israël aussi bien que dans des villes des États-Unis comptant des populations juives importantes, telles que Los Angeles et New York. Généralement, les relations entre les membres des deux groupes ont été caractérisées par un respect et une bonne volonté mutuels. Les exceptions sont les divergences importantes entre les mormons et certains juifs sur la question du but du Centre d’Études du Proche-Orient de l’université Brigham Young à Jérusalem (dédié en 1989 ; voir Université Brigham Young : Centre d’Études du Proche-Orient à Jérusalem). Il règne cependant des relations de travail.

L’un des contacts directs les plus anciens entre les communautés fut lancé par Orson Hyde, un apôtre de l’Église, qui, en 1841, traversa l’Europe pour atteindre la Terre sainte. À de rares exceptions, au lieu de demander audience aux dirigeants juifs européens pour faire du prosélytisme auprès d’eux, il les avertit des difficultés qu’ils rencontreraient et les exhorta à émigrer en Palestine. Orson Hyde poursuivit sa route jusqu’en Terre sainte où, le 24 octobre 1841, il pria sur le mont des Oliviers pour « dédier et consacrer cette terre… pour le rassemblement des restes dispersés de Juda » (HC 4:456-459).
 
Des contacts plus importants commencèrent après 1853 avec l’arrivée de la première famille juive en Utah. Quoique ayant tendance à s’aligner politiquement avec les non-mormons, les juifs jouissaient de la bonne volonté de leurs voisins mormons. Alors que certains immigrés juifs en Utah – particulièrement d’Europe de l’Est et de Russie – étaient ridiculisés à cause de leur langue et de leur manque de connaissance de la vie de frontière, ils ne trouvèrent aucune cruauté, aucune restriction dans leurs mouvements et pas d’intolérance honteuse. Il n’y eut ni aumône ni charité, mais ils ne furent l’objet d’aucune discrimination chez les saints des derniers jours.
 
En 1900, quand le dirigeant juif d’Utah Nathan Rosenblatt et ses collaborateurs décidèrent de construire une synagogue pour une deuxième assemblée, l’aide principale vint de la Première Présidence de l’Église. Quand le bâtiment ouvrit en 1903, Rosenblatt proclama sa gratitude pour la bénédiction et le bonheur d’habiter en Utah avec les hommes et les femmes tolérants et compréhensifs de la religion mormone. Ses collaborateurs et lui les avaient toujours trouvés dévoués à leur culte tout en étant un peuple qui respectait la Torah juive et savait ce qu’avait voulu dire le célèbre maître Hillel quand il avait enseigné : « Ne faites pas à votre voisin ce que vous ne feriez pas à vous-même. »
 
L’université Brigham Young à Provo propose régulièrement des cours qui portent sur la religion et l’histoire des juifs et du judaïsme. En outre, des savants juifs ont fait des conférences et donné des cours à l’université, particulièrement ces dernières années. En 1921 le président Heber J. Grant mit clairement les saints des derniers jours en garde contre l’antisémitisme : « Il ne devrait y avoir aucune mauvaise volonté… dans le cœur d’aucun vrai saint des derniers jours à l’égard du peuple juif » (dans Gospel Standards, Salt Lake City, 1941, p. 147).
 
Un indicateur du respect réciproque qui a existé entre les juifs d’Utah et les mormons est le nombre de fonctionnaires juifs élus pour servir l’état. Parmi ceux-ci il y a le quatrième gouverneur de l’État (Simon Bamberger, 1917-1921), un juge de district (Herbert M. Schiller, 1933-1939), un maire de Salt Lake City (Louis Marcus, 1931-1935) et plusieurs législateurs. [Voir aussi Religions du monde (non chrétiennes) et Mormonisme : Judaïsme ; Sionisme.]
 
Bibliographie
Brooks, Juanita. History of the Jews in Utah and Idaho. Salt Lake City, 1973.
Zucker, Louis C. Mormon and Jew : A Meeting on the American Frontier. Provo, Utah, 1961.
Zucker, Louis C. "Utah." Encyclopaedia Judaica, Vol. 16, p. 33-34. Jerusalem, 1972.
Zucker, Louis C. "A Jew in Zion." Sunstone 6, sept.-oct. 1981, p. 35-44.
JOSEPH ROSENBLATT
 
Rapports interconfessionnels : Autres cultes
Auteur : COX, SOREN F.
 
En août 1852, alors que l’Église s’efforçait toujours de s’établir dans l’Ouest des États-Unis, le président Brigham Young lança un appel hardi pour que des missionnaires aillent en Chine, en Inde, au Siam (Thaïlande), et à Ceylan (Sri Lanka). Les dix-sept missionnaires qui furent envoyés prirent certains des tout premiers contacts que les saints des derniers jours aient eus avec des non-chrétiens (voir Asie, l’Église en : Asie de l’Est). À cause de des guerres civiles, du rejet et des difficultés linguistiques et culturelles, l’œuvre dans la plupart des pays ne dura que quelques mois ; néanmoins, l’œuvre en Inde continua jusqu’en 1856. Bien que quelques tentatives eussent été faites au début du vingtième siècle, l’Église n’entreprit plus aucun effort d’envergure pour s’établir dans les pays non chrétiens, notamment en Asie, jusqu’après la Deuxième Guerre mondiale.
 
Stimulée par l’expérience des militaires de l’Église en Asie pendant et après la guerre, l’Église ouvrit des missions en Asie de l’Est à la fin des années 1940. Depuis lors, des paroisses et des pieux dirigés par les membres locaux ont été créés au Japon, en Corée du Sud, à Hong-Kong, à Taiwan et aux Philippines ; des temples ont été construits dans tous ces endroits.
 
Dans les années 1970 et 1980, l’Église a grandi dans les pays du sud-est asiatique tels que Singapour, la Thaïlande, l’Indonésie et la Malaisie et dans les pays du sud asiatique, l’Inde et le Sri Lanka. Bien que de petits débuts aient été réalisés dans quelques pays musulmans, la croissance de l’Église dans ces pays a été limitée.
 
Les programmes des services de santé de l’Église aux Philippines et l’aide aux réfugiés en Thaïlande ont eu un accueil favorable. Les contacts de haut niveau avec les autorités gouvernementales dans beaucoup de pays ont donné lieu à une réponse positive aux valeurs de l’Église et de ses membres. De façon générale, l’Église a fait des efforts soutenus pour rester sensible aux lois et aux coutumes locales, notamment les règlements basés sur le sentiment religieux.
 
La croissance de l’Église en Afrique s’est principalement produite dans le dernier trimestre du vingtième siècle, particulièrement après la révélation de 1978 permettant à tous les hommes dignes de détenir la prêtrise (voir Afrique, l’Église en ; Doctrine et Alliances : Déclaration officielle–2). Des assemblées ont été établies dans plusieurs pays et la population de l’Église se développe rapidement. Ces dernières années, l’Église s’est jointe à diverses organisations caritatives pour envoyer des secours contre la famine aux pays en détresse du continent africain (voir Aide économique).
 
Dans le domaine éducatif, les centres de formation pour les missionnaires enseignent beaucoup de langues étrangères et donnent des cours sur les religions et les cultures des pays non occidentaux, et à des fins éducatives, des « culturegrams » ont été mis au point qui sont maintenant utilisés par les organismes gouvernementaux des États-Unis. En outre, des cours sont donnés sur les religions du monde dans les institutions d’enseignement supérieur. De plus, des colloques sur l’islam et sur les religions d’Afrique ont été accueillis à l’université Brigham Young avec la participation d’un certain nombre de dirigeants et de savants religieux distingués.
 
Dans beaucoup de pays, l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est regardée comme une Église américaine. Cependant, les dirigeants de l’Église ont fortement souligné qu’elle est universelle, une Église pour tous les hommes de partout (voir Religions du monde (non chrétiennes) et mormonisme). Un exposé magistral fait en 1974 par le président Spencer W. Kimball a souligné la responsabilité de l’Église de parler de l’Évangile à tous les enfants de Dieu (Ensign 4, oct. 1974, p. 2-14). En conséquence, dans la dernière moitié du vingtième siècle, l’Église a fait des efforts plus importants pour s’établir dans le monde entier.
 
D’une manière générale, l’ouverture des saints aux non-chrétiens a eu un effet positif et vivifiant sur les membres de l’Église, a fortement renforcé la population de l’Église et a suscité une prise de conscience accrue des différences culturelles aussi bien que la bonne volonté de travailler en tenant compte de ces différences.
 
Bibliographie
Palmer, Spencer J. The Expanding Church. Salt Lake City, 1978.
Palmer, Spencer J., dire. de publ. mormons and Muslims. Provo, Utah, 1983.
SOREN F. COX
 
Repentir
Auteur : LYON, JAMES K.
 
Le repentir est le processus par lequel les humains délaissent ou surmontent les péchés en changeant les mentalités, les comportements et les actes qui sont en contradiction avec les enseignements de Dieu, conformant ainsi davantage leur vie à sa volonté. Pour employer les termes d’un prophète moderne, le repentir, c’est « changer d’avis en ce qui concerne les actions ou la conduite passées ou envisagées » (McKay, p. 14). Paul observe que « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Ro. 3:23). Pour cette raison, le Seigneur « a donné le commandement que tous les hommes doivent se repentir » (2 Né. 2:21 ; Moï. 6:57). Cela signifie que le repentir est exigé de toute âme qui n’a pas atteint la perfection.
 
Le repentir joue un rôle essentiel dans les relations de Dieu avec ses enfants depuis qu’ils ont été mis sur la terre. Les prophètes de l’Ancien Testament ont constamment appelé les enfants d’Israël, individuellement et collectivement, à se repentir, à se détourner de la rébellion, de l’apostasie et du péché et à se tourner vers Dieu et vers une vie juste. L’œuvre de Jésus-Christ sur terre, à l’époque du Nouveau Testament, peut être décrite comme un ministère de repentir, c’est-à-dire comme une invitation aux enfants de Dieu à retourner à leur Dieu en changeant de mode de pensée et de comportement et en devenant plus semblables à Dieu. Le Sauveur a enseigné : « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Mt. 5:48). Les apôtres du Christ ont été appelés principalement à prêcher la foi au Christ et à déclarer le repentir au monde entier (Mc. 6:12). De nos jours, peu de thèmes apparaissent de manière aussi généralisée que celui-ci dans les révélations du Seigneur. Il a donné aux prophètes modernes et à tous les messagers de son Évangile le commandement répété de ne parler « que de repentir à cette génération » (D&A 6:9). Le prophète Joseph Smith a dit du repentir et de la foi en Jésus-Christ que c’étaient les deux principes fondamentaux de l’Évangile (4e A de F). Et l’Évangile lui-même a été appelé « un Évangile de repentir » (D&A 13 ; 84:27).
 
Aujourd’hui comme hier, le terme « repentir » signifie littéralement tourner le dos au péché et inverser son attitude et son comportement. Son but est de développer la nature divine dans toutes les âmes mortelles en les libérant des pensées et des actions mauvaises ou nuisibles et de les aider à devenir plus semblables au Christ en remplaçant « l’homme animal » (1 Co. 2:14) par « l’homme nouveau » en Christ (Ép. 4:20-24).
 
Ce processus est non seulement nécessaire pour préparer les humains à retourner vivre avec Dieu, mais il augmente leur capacité d’aimer leurs semblables. Ceux qui se sont réconciliés avec Dieu ont la compréhension spirituelle, le désir et le pouvoir nécessaires pour se réconcilier avec leurs semblables. Dieu a commandé à tous les humains de se pardonner : « Moi, le Seigneur, je pardonne à qui je veux pardonner, mais de vous il est requis de pardonner à tous les hommes » (D&A 64:10). Comme Dieu montre son amour en pardonnant (« Je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché », Jé. 31:34), de même ses enfants, en pardonnant aux autres, reflètent également cet amour.
 
Le vrai repentir, quoique rarement facile, est essentiel au bonheur personnel, à la progression émotionnelle et spirituelle, et au salut éternel. C’est la seule manière efficace à la disposition des mortels pour se libérer des effets permanents du péché et du fardeau inévitable de culpabilité qui l’accompagnent. Pour ce faire, plusieurs changements bien déterminés doivent se produire. Il faut d’abord que l’on reconnaisse qu’une attitude ou une action est contraire aux enseignements de Dieu et que l’on en éprouve un chagrin et un remords sincères. Paul l’appelle « la tristesse selon Dieu » (2 Co. 7:10). D’autres Écritures décrivent cet état d’esprit comme étant « un cœur brisé et [un esprit] contrit » (Ps. 51:17 ; 2 Né. 2:7 ; 3 Né. 9:20). Cette prise de conscience doit produire un changement d’attitude intérieur. Le prophète Joël a exhorté Israël ainsi : « Déchirez vos cœurs et non vos vêtements » (Joël 2:12-13), produisant ainsi la transformation intérieure nécessaire pour entamer le processus du repentir.
 
Une certaine forme de confession est également nécessaire au repentir. Dans certains cas, le transgresseur peut devoir confesser à la personne ou aux personnes lésées ou blessées et demander pardon ; dans d’autres cas, il peut être nécessaire de confesser les péchés à un dirigeant de l’Église autorisé à recevoir de telles confessions ; dans d’autres cas encore, une confession à Dieu seul peut être suffisante ; et parfois les trois formes de confession peuvent être nécessaires.
 
En outre, le repentir exige des réparations auprès des tiers qui ont souffert à cause du péché. Autant que possible, ceci devrait être fait par la réparation des pertes ou des dommages physiques ou matériels. Même lorsque ce n’est pas possible, le repentir exige d’autres actions tout aussi importantes, telles que des excuses, de plus grands actes de bonté et de service envers les personnes offensées, un engagement intensifié envers l’œuvre du Seigneur ou tout cela ensemble.
Enfin, pour que le repentir soit complet, on doit abandonner le comportement pécheur. Un changement de cœur commence le processus ; un changement extérieur de direction manifeste, se traduisant par de nouveaux modes de comportement, doit le compléter (Mos. 5:2). Lorsque les actes extérieurs ne changent pas, cela signifie que le pécheur ne s’est pas repenti et le poids de l’ancien péché revient (D&A 82:7 ; cf. Mt. 18:32-34).
 
Un but du repentir est de servir l’intérêt des personnes en fournissant, par le pardon, le seul et unique moyen de soulager la souffrance qui accompagne le péché : « Voici, moi, Dieu, j'ai souffert ces choses pour tous afin qu'ils ne souffrent pas s'ils se repentent. Mais s'ils ne se repentent pas, ils doivent souffrir tout comme moi » (D&A 19:16-17).
 
Le Seigneur a à plusieurs reprises promis que tous ceux qui se repentent complètement trouveront le pardon de leurs péchés, ce qui, de son côté, apporte une grande joie. Les paraboles de la brebis perdue et de la drachme perdue sont des exemples de la joie qu’il y a dans les cieux pour un seul pécheur qui se repent (Lu. 15:4-10) ; la parabole du fils prodigue illustre la joie qu’il y a dans les cieux et le même genre de joie dans le cercle de famille et d’amis et chez le fils repentant lui-même d’avoir abandonné le péché (Lu. 15:11-32).
 
Bien que le repentir soit indispensable au salut éternel et au bonheur terrestre, il ne suffit pas en lui-même pour réunir une personne avec Dieu. Le repentir complet exige d’abord la foi au Seigneur Jésus-Christ, laquelle suscite à son tour la motivation et le pouvoir forts pour se repentir. Les deux sont nécessaires pour le baptême, la réception du don du Saint-Esprit et l’appartenance au royaume du Seigneur et doivent donc les précéder. Après avoir éveillé la foi au Christ dans le cœur de ses auditeurs le jour de la Pentecôte, Pierre leur a fait cette exhortation : « Repentez–vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus–Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint–Esprit » (Ac. 2:38). Ce n’est qu’avec le repentir requis, symbolisé par « un cœur brisé et un esprit contrit » et l’abandon d’anciennes façons d’agir et de penser que l’on est prêt à être baptisé, à recevoir le Saint-Esprit et à avoir la rémission de tous les péchés précédents. Par le baptême, la personne repentante entre dans le royaume de Dieu en faisant l’alliance de se souvenir toujours du Christ et de garder ses commandements. La rémission des péchés se fait « par le feu et par le Saint-Esprit » (2 Né. 31:17 ; D&A 20:37).
 
Puisque le repentir est un processus continu dans les efforts que nous faisons ici-bas pour ressembler au Christ, sa nécessité ne diminue jamais. Il doit être appliqué activement et quotidiennement par les humains qui reconnaissent et s’efforcent de surmonter le péché et l’erreur et persévèrent ainsi jusqu’à la fin. Pour cette raison, le Seigneur a institué un moyen par lequel toute personne qui s’est repentie et a contracté l’alliance du baptême peut la renouveler en prenant la Sainte-Cène en mémoire de lui. Cette période d’examen de conscience permet de réfléchir aux promesses faites au baptême, qui étaient de prendre sur soi le nom du Christ, de se souvenir toujours de lui et de garder ses commandements. Ainsi, le processus du repentir est maintenu vivant grâce à cette période fréquente de réflexion pendant que le participant prend les symboles du corps et du sang du Christ en souvenir de son sacrifice pour expier les péchés humains.
 
Les Écritures nous informent que « cette vie est le moment où les hommes doivent se préparer à rencontrer Dieu » et que le prétendu repentir sur le lit de mort n’est habituellement pas efficace :

« Vous ne pouvez pas dire, lorsque vous êtes amenés à cette crise affreuse : Je vais me repentir, je vais retourner à mon Dieu. Non, vous ne pouvez pas le dire ; car ce même esprit qui possède vos corps au moment où vous quittez cette vie, ce même esprit aura le pouvoir de posséder votre corps dans le monde éternel… si vous avez différé le jour de votre repentir jusqu'à la mort, voici, vous vous êtes assujettis à l'esprit du diable, et il vous scelle comme siens » [Alma 34:32-35].
 
Pour retourner dans la présence de Dieu, les mortels doivent s’efforcer pendant cette vie d’atteindre les qualités chrétiennes, que l’on ne peut acquérir qu’en se détournant du péché. Le fait de remettre ce genre d’efforts à plus tard bloque l’exercice de la foi essentiel au repentir, empêche l’action du Saint-Esprit et retarde l’acquisition des qualités personnelles qui se reflètent dans le « cœur brisé et l’esprit contrit » nécessaire pour vivre en la présence de Dieu.

Le repentir est l’un des principes rédempteurs les plus puissants de l’Évangile rétabli de Jésus-Christ. Sans lui, il n’y aurait aucune progression éternelle, aucune possibilité de ressembler au Christ, aucun soulagement du fardeau de culpabilité que chaque humain endosse dans une vie. Avec lui, il y a la promesse glorieuse exprimée par Ésaïe que le pardon est possible même pour les péchés graves : « Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige ; s’ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine » (És. 1:18).
 
Bibliographie
Gillum, Gary P. "Repentance Also Means Rethinking." Dans By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, vol. 2, p. 406-437. Salt Lake City, 1990.
Kimball, Spencer W. Le Miracle du Pardon. Salt Lake City, 1969.
Kimball, Spencer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Kimball, Edward L., p. 80-114. Salt Lake City, 1982.
McKay, David O. Gospel Ideals, p. 12-14. Salt Lake City, 1953.
JAMES K. LYON
 
Résurrection
Auteur : CALLISTER, DOUGLAS L.
 
La résurrection est la réunion de l'esprit avec un corps physique immortel. Le corps déposé au tombeau est mortel ; le corps physique ressuscité est immortel. La totalité de l'homme, l'esprit et le corps unis, est définie dans l'Écriture moderne comme étant « l’âme » de l'homme. La résurrection des morts constitue la rédemption de l'âme (D&A 88:15-16).
 
Bien que l'idée de résurrection ne soit pas exprimée explicitement dans l'Ancien Testament, il y a quelques allusions nettes (par exemple, 1 S. 2:6 ; Job 14:14 ; 19:26 ; Es. 26:19 ; Da. 12:2). Et dans le Nouveau Testament, la résurrection de Jésus-Christ, prototype de toutes les résurrections, est un message essentiel et central : « Je suis la résurrection et la vie » (Jn. 11:25).
 
La preuve de la résurrection du Christ est considérablement renforcée pour les saints des derniers jours par d'autres comptes-rendus de visitations du Christ après sa résurrection (voir Jésus-Christ : Ministère de Quarante Jours et autres apparitions ultérieures à la Résurrection de Jésus-Christ). Par exemple, dans le récit de 3 Néphi dans le Livre de Mormon, une multitude entière le voit, l’entend et le touche quand il lui apparaît dans sa gloire transcendante d’être ressuscité. Les saints des derniers jours acceptent ce document comme texte sacré antique. À la tendance de certaines écoles de savants extérieurs à l'Église de séparer radicalement le « Jésus de l'histoire » et le « Christ de la foi » et d'attribuer la foi en la résurrection à des interprètes tardifs s’opposent ces documents ultérieurs et par la révélation moderne.
 
Les témoins antiques, dont Paul, ont acquis leur certitude de la réalité de la Résurrection en voyant le Christ ressuscité. C’est de la part de ce genre de témoins que les saints des derniers jours acceptent l’information qu'à la résurrection du Christ « les sépulcres s’ouvrirent » dans le vieux monde et le nouveau et « plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent » (Mt. 27:52 ; 3 Né. 23:9-10). Dans la dispensation actuelle, des êtres ressuscités, notamment Jean-Baptiste, Pierre, Jacques et Moroni 2 sont apparus et ont servi Joseph Smith et Oliver Cowdery.
 
Dans la théologie du judaïsme et de certaines confessions chrétiennes, la résurrection a souvent été comprise figurativement, c’est-à-dire redéfinie comme symbole d’immortalité d'un certain aspect de l'homme tel que l'intelligence active ou de l'âme considérée comme une entité immatérielle. Par contre, le naturalisme scientifique tend à rejeter le concept de l'âme et de la résurrection corporelle. Les saints des derniers jours ne partagent pas les suppositions qui sont à la base de ces dogmes. Selon la compréhension des saints, l'esprit de l’individu n'est pas immatériel, mais est constitué d’une matière pure et raffinée : « Elle existait avant le corps, peut exister dans le corps et existera séparément du corps, lorsque le corps tombera en poussière, et lui sera de nouveau réunie dans la résurrection » (EPJS, p. 167). L'identité et la personnalité persistent avec l'esprit et, après la résurrection, l'esprit demeurera pour toujours dans un corps physique.
 
Pour le platonisme et le gnosticisme, incarnation signifie emprisonnement, descente ou association avec ce qui est intrinsèquement mauvais. Par contre, les Écritures enseignent que le corps physique est une étape ascendante dans la progression et la perfection de tous. Le corps est sacré, un temple (1 Co. 3:16 ; D&A 93:35). La Rédemption n'est pas une fuite par rapport à la chair mais sa consécration et sa transformation. Joseph Smith enseigne : « Nous sommes venus sur cette terre afin d’avoir un corps et de le présenter pur devant Dieu dans le royaume céleste » (EPJS, p. 145). D'autre part, s’il est souillé, déformé et maltraité, le corps peut être un instrument de dégradation, un ennemi de la spiritualité véritable.
 
Contrairement à la notion que les pouvoirs subtils de l'intellect ou de l'âme doivent finalement dépasser le corps ou tout ce qui est corporel, le prophète Joseph Smith enseigne que tous les êtres « qui ont un corps ont du pouvoir sur ceux qui n'en ont pas » (EPJS, p. 152 ; 2 Né. 9:8). Au minimum, ceci est interprété comme signifiant que les pouvoirs intellectuels et spirituels sont augmentés par l’association avec la chair. Il s’ensuit que le fait pour l’esprit d’être longtemps absent du corps dans le royaume des esprits désincarnés en attendant la résurrection est considéré non comme un état béatifique ou bienheureux, mais comme une servitude (D&A 45:17 ; 138:50). De plus, « l’esprit et l’élément [le corps d'esprit et le corps physique], inséparablement liés, [peuvent recevoir] une plénitude de joie ; et lorsqu’ils sont séparés, l'homme ne peut recevoir de plénitude de joie » (D&A 93:33, 34).
 
Contrairement à l’idée que le corps, une fois enterré ou incinéré, n'a aucun résidu identifiable, Joseph Smith a enseigné que « il n'y a aucun principe fondamental appartenant à un système humain qui entre jamais dans un autre en ce monde ou dans le monde à venir » (HC 5:339). La désintégration chimique n'est pas une destruction finale. Le corps ressuscité est tangible, mais quand la chair est vivifiée par l'Esprit il y aura « de l’esprit dans leurs [veines] et pas du sang » (WJS, p. 270 ; voir également EPJS, p. 298).
 
La résurrection est aussi universelle que la mort. Tous doivent mourir et tous doivent ressusciter. C'est un don gratuit à tous les hommes. Ce n'est pas le résultat de l'exercice de la foi ou de bonnes œuvres accumulées. Le prophète Amulek du Livre de Mormon déclare : « Ce rétablissement se fera pour tous, jeunes et vieux, esclaves et libres, hommes et femmes, méchants et justes » (Al. 11:44 ; cf. EPJS, p. 160-161, 236-239, 250-251, 258-260, 261-263).
 
Tous ne ressusciteront pas en même temps, « mais chacun en son rang. Christ comme prémices, puis ceux qui appartiennent à Christ, lors de son avènement » (1 Co. 15:23). « Voici, il y a un temps fixé où tous se lèveront d'entre les morts » écrit Alma, pour se tenir incarnés devant Dieu pour être jugés pour leurs pensées, leurs paroles et leurs actes (Al. 40:4).
 
« Tous les hommes sortiront du tombeau tels qu’ils s’y sont couchés, qu’ils soient vieux ou jeunes » (EPJS, p. 161). Et celui qui vivifie tout « transformera le corps de notre humiliation, en le rendant semblable au corps de sa gloire » (Ph. 3:21). « Le corps se lèvera tel qu’il a été déposé, parce qu’il n'y a ni croissance ni développement dans la tombe. Il se lèvera tel qu’il aura été déposé et les changements vers la perfection se produiront en vertu de la loi de la restitution. Mais l'esprit continuera de s’accroître et de se développer, et le corps, après la résurrection, se développera pour atteindre la stature complète de l'homme » (Joseph F. Smith, IE 7, juin 1904, p. 623-624).
 
Le corps ressuscité sera adapté aux conditions et à la gloire auxquelles la personne est affectée le jour du jugement. « Certains demeurent dans une gloire plus haute que d'autres » (EPJS, p. 298). Les Doctrine et Alliances enseignent : « Votre gloire sera cette gloire par laquelle votre corps sera vivifié » (D&A 88:28) et trois gloires sont indiquées (D&A 76). Paul (1 Co. 15:40) a également mentionné trois gloires de corps ressuscités : une semblable au soleil (céleste), une autre semblable à la lune (terrestre) et la troisième semblable aux étoiles. Dans une révélation donnée à Joseph Smith, la gloire des étoiles est qualifiée de téleste (D&A 76). L’éclat de ces gloires diffère tout comme celui du soleil, de la lune et des étoiles tel que vu de la terre. « Ainsi en est–il de la résurrection des morts » (1 Co. 15:40-42).
 
Dans un sens général, la résurrection peut être divisée en résurrection des justes, également appelée première résurrection, et la résurrection des injustes ou dernière résurrection. La première résurrection a débuté avec la résurrection du Christ et de ceux qui sont sortis des tombeaux immédiatement après. De manière beaucoup plus considérable, elle précédera le règne millénaire inauguré par « la seconde venue » du Sauveur (D&A 45:44-45 ; cf. 1 Th. 4:16-17). À ce moment-là, certains ressusciteront pour aller à sa rencontre au moment où il descendra en gloire. Cette première résurrection continuera en bon ordre pendant tout le millénium. Les justes qui vivent sur terre et qui meurent pendant le millénium connaîtront une résurrection immédiate. Leur transformation aura lieu en un « clin d’œil » (D&A 63:51). La première résurrection concerne les gloires céleste et terrestre.
 
La résurrection finale, ou résurrection des injustes, se produira à la fin du millénium. Pour employer les termes de l'Apocalypse : « Les autres morts ne revinrent point à la vie jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis » (Ap. 20:5). Cette dernière résurrection concernera ceux qui sont destinés à la gloire téleste et à la perdition.
 
Le prophète Joseph Smith dit à propos des aperçus visionnaires qu’il a eus de la Résurrection : « Le même esprit glorieux leur donne l’aspect de la gloire et de l’épanouissement ; le vieil homme aux cheveux argentés sera glorieux dans l’épanouissement et la beauté. Personne ne peut vous le décrire, personne ne peut l'écrire » (EPJS, p. 298). Pour ce qui est de la doctrine de la résurrection en tant que « principes de consolation », il plaide : « Que ces vérités descendent donc dans notre cœur, afin que nous commencions dès à présent à jouir de ce qui sera un jour dans la plénitude. » Il ajoute : « Toutes vos pertes seront compensées pour vous dans la résurrection à condition que vous continuiez à être fidèles. Je l’ai vu par la vision du Tout-Puissant » (EPJS, p. 238).

L'espoir d'une résurrection glorieuse sous-tend le rayonnement qui a caractérisé la foi des saints du Nouveau Testament aussi bien que de ceux qui ont depuis fait en sorte que cette foi reste vivante dans le monde, notamment les saints des derniers jours.
 
Bibliographie
Ballard, Melvin J. "The Resurrection". Dans Melvin Ballard… Crusader for Righteousness, dir. de publ. Melvin R. Ballard. Salt Lake City, 1966.
Nickelsburg, George W. Resurrection, Immortality, and Eternal Life in Intertestamental Judaism. Cambridge, Mass., 1972.
Smith, Joseph F. GD.
Talmage, James E. AF.
DOUGLAS L. CALLISTER
 
Révélation
Auteur : RIDDLE, CHAUNCEY C.
 
La réception de révélations personnelles est une partie essentielle et distinctive de l’expérience religieuse des saints des derniers jours. La réponse à la révélation personnelle est considérée comme la base de la vraie foi au Christ et la force de l’Église consiste en cette réponse fidèle des membres à leurs révélations personnelles. Le but de la révélation et de la réponse de la foi est d’aider les enfants des hommes à aller au Christ et à apprendre à s’aimer les uns les autres de ce même amour pur dont le Christ les aime.
 
TYPES DE RÉVÉLATION. Une dispensation de l’Évangile de Jésus-Christ est une série de révélations personnelles venant de Dieu. Ces révélations peuvent être des manifestations directes de Dieu, comme dans les cas typiques suivants :
 
1. Les théophanies (voir Dieu face à face), comme dans la première vision du prophète Joseph Smith, qui s’est produite au début de la dispensation (JS–H 1:15-20)
 
2. La connaissance révélée par le Père que Jésus est « le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt. 16:13-17 ; voir aussi Esprit de prophétie)
 
3. Les visitations d’anges comme l’apparition de l’ange Moroni à Joseph Smith (JS–H 1:30-32)
 
4. Les révélations par l’urim et le thummim, moyen par lequel Joseph Smith a traduit le Livre de Mormon
 
5. Les visions, comme quand Joseph Smith et Sidney Rigdon ont vu les royaumes de l’au-delà (voir Doctrine et Alliances : Section 76)
 
6. Une perception audible de la voix de Dieu, comme dans 3 Néphi 11
 
7. La réception du murmure doux et léger du Saint-Esprit, comme dans l’expérience d’Élie (1 Né. 19)
 
8. La réception les dons de l’Esprit (D&A 46)
 
9. La sensation d’une brûlure dans la poitrine indiquant la volonté de Dieu, comme dans l’explication donnée à Oliver Cowdery (D&A 9:8)
 
10. Un songe (1 Né. 8:2-32)
 
11. Les manifestations de la lumière du Christ, par laquelle tous les hommes distinguent le bien du mal (Alma 12:31-32 ; D&A 84:46-48).
 
Les manifestations directes de la volonté de Dieu comme celles-là sont qualifiées de dons et font contraste avec les signes. Les dons ont toujours un composant spirituel, même lorsqu’ils ont un aspect physique. Les signes sont des manifestations physiques de la puissance de Dieu et sont une forme de révélation de Dieu, mais ils peuvent être contrefaits et mal interprétés. Les signes peuvent prouver que Dieu est à l’œuvre, mais il faut les dons spirituels pour savoir comment y répondre.
 
RÉVÉLATION À L’ÉGLISE. Dans chaque dispensation, Dieu nomme son prophète pour guider son peuple. Le but du prophète n’est pas d’être un intermédiaire entre Dieu et les autres, bien qu’il doive souvent l’être. Son but est plutôt d’aider les autres à recevoir de Dieu la révélation personnelle que lui, le prophète, a enseigné la vérité de Dieu qui montrera la voie vers le Christ.
 
Le prophète, comme chef de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, et toutes les autres personnes qui président dans l’Église : les Autorités générales, les présidents de pieu, les évêques, les présidences générales et les parents, peuvent recevoir la révélation au profit de ceux sur lesquels ils président. Ces révélations peuvent être transmises aux membres de l’Église par les discours de conférence et autres et lors d’entretiens personnels. Mais toute personne a le droit de savoir par révélation personnelle que les messages donnés par les autorités présidentes sont vraiment du Sauveur lui-même. Le président Brigham Young a dit son inquiétude que le peuple des saints des derniers jours « ait tellement confiance en ses dirigeants » qu’il « s’installe dans un sentiment de sécurité aveugle », abandonnant la responsabilité d’obtenir sa propre révélation : « Que tous sachent, par l’inspiration que leur donne l’Esprit de Dieu, si leurs dirigeants marchent ou non sur le chemin que Dieu impose » (JD 9:150 ; DBY p. 137).
 
Les collèges présidents de l’Église ont droit à la révélation pour l’Église en matière de doctrine, de règles, de programmes, d’appels et de mesures disciplinaires, selon que chacun de ces points relève d’un collège donné. Les décisions de ces collèges ne peuvent se faire que par la révélation personnelle et individuelle de Dieu à chaque membre de ce collège. « Et toute décision prise par l’un ou l’autre de ces collèges doit l’être à l’unanimité des voix qui le composent ; c’est-à-dire que chaque membre de chaque collège doit être d’accord avec ses décisions pour que les décisions prises aient le même pouvoir ou la même validité dans l’un que dans l’autre » (D&A 107:27).
 
Les Écritures contiennent les écrits inspirés des prophètes désignés par Dieu et sont communiquées aux autres pour leur édification (D&A 68:2-4). C’est par ce moyen que les hommes ont reçu les paroles inspirées qui se trouvent dans les Ancien et Nouveau Testaments. C’est par la révélation que le prophète Joseph Smith a traduit le Livre de Mormon (voir Livre de Mormon : Traduction par Joseph Smith) et a reçu ce qui est exposé dans les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix. Les saints des derniers jours s’attendent à ce que d’autres écrits prophétiques soient un jour révélés et que les écrits des prophètes d’autrefois que le monde a maintenant perdus soient restaurés (2 Né. 29:11-14 ; D&A 27:6 ; voir aussi Écritures : Écritures à venir). Le vrai sens de toutes les Écritures doit être révélé, par le pouvoir du Saint-Esprit, à chaque lecteur ou auditeur (2 Pi. 1:20 ; D&A 50:17-24).
 
RÉVÉLATION PERSONNELLE. Après le baptême et la confirmation, chaque membre a droit, quand il est digne, à la compagnie constante du Saint-Esprit (voir Don du Saint-Esprit). C’est grâce à cette compagnie que tous les dons de l’Esprit sont révélés aux personnes fidèles qui accomplissent leurs oeuvres sur terre en justice par les dons et le pouvoir de Dieu qui leur sont révélés, à eux, et par leur intermédiaire (Mro. 10:25). Les difficultés qui attendent celui qui veut vivre selon la révélation personnelle sont : (1) distinguer la révélation de Dieu par son Saint-Esprit des pensées et des désirs personnels et de l’influence de Satan (voir Démons) ; (2) suivre les enseignements et les directives du prophète vivant de Dieu ; et (3) vivre selon chaque parole qui sort de la bouche de Dieu (Mt. 4:4 ; Jn. 3:5-8 ; D&A 50:13-24 ; 98:11-13 ; De. 8:3).
 
Dans les sociétés modernes, l’idée d’une révélation divine est généralement discréditée pour beaucoup de raisons, notamment les actes violents que certains ont commis tout en prétendant à la direction divine. Mais Dieu a fait savoir par le rétablissement de l’Évangile que la révélation est à la disposition de tous ceux qui la cherchent et que le fait de ne pas rechercher les recommandations et les directives spirituelles est en soi une erreur et une forme de vœu pieux. Les humains ont un esprit éternel et chaque personne ressent les influences surnaturelles qui agissent sur son esprit. Il y a mieux à faire qu’ignorer le côté spirituel de soi-même et c’est d’étudier les expériences spirituelles que l’on a personnellement jusqu’à ce qu’elles aient un sens. Ceux qui reconnaissent les expériences spirituelles sont appelés « ceux qui ont le cœur honnête » et ils sont candidats aux richesses révélées de la piété (D&A 8:1 ; 97:8).
 
La révélation fondamentale de Dieu est la connaissance du bien par la Lumière du Christ (Jean 1:9). Le prophète Léhi a enseigné à ses enfants qu’à cause des choix faits par Adam et Ève, leurs descendants reçoivent la connaissance surnaturelle du bien et du mal, rendant nécessaire le choix entre les deux pour que soit atteint le but de la vie terrestre. Après la condition mortelle, Dieu rend éternellement à chaque être humain le bien ou le mal que chacun a choisi dans la vie (Alma 41:1-5 ; 2 Né. 2:27).
 
Mais avant tout jugement final, l’Évangile de Jésus-Christ sera enseigné à tout le monde par le pouvoir du Saint-Esprit. Cet Évangile est la bonne nouvelle que le Fils de Dieu aidera toutes les personnes à cesser de faire le mal et les sauvera des conséquences de tout le mal qu’elles ont fait si elles croient en lui et se repentent. Le fait d’accepter cette révélation constitue la foi en Jésus-Christ, qui, si elle continue, peut apporter des révélations supplémentaires de Dieu : davantage d’instructions, les dons de l’Esprit, la connaissance donnée par les ordonnances salvatrices de la nouvelle alliance éternelle, les visitations d’anges, les visions, la révélation qui consiste à connaître Dieu lui-même face à face et, finalement, la révélation que c’est de recevoir la plénitude de l’état divin, de devenir cohéritiers du Christ (D&A 121:29).
 
Le concept mormon qui veut que la révélation individuelle soit le fondement de toute l’expérience humaine permet d’expliquer d’autres enseignements distinctifs des saints. Ce qui permet de faire la distinction qui s’impose entre la révélation surnaturelle et sa contrefaçon est cette connaissance fondamentale du bien et du mal. Les hommes doivent expérimenter en étant aussi honnêtes de cœur et d’esprit que possible, jusqu’à ce qu’ils puissent voir clairement ce qui est bon et ce qui est mauvais. Ceux qui apprennent à distinguer le bien du mal dans cette vie peuvent alors distinguer le bon esprit de l’esprit mauvais. Ils peuvent alors distinguer le véritable Évangile de Jésus-Christ de ses contrefaçons, le vrai chemin de la justice des fausses routes que sont la violation et la trahison des alliances et le Dieu vrai et vivant de l’image de Dieu produite par leurs propres vœux pieux (Mro. 7:5-19).
 
Joseph Smith a enseigné aux saints comment reconnaître et recevoir la révélation :
 
« On peut en profiter en faisant attention au tout premier signe de l’Esprit de révélation ; par exemple, lorsque vous sentez l’intelligence pure couler en vous ; elle peut vous donner des inspirations soudaines, de sorte qu’en le remarquant vous pouvez le voir s’accomplir le même jour ou bientôt ; (c.-à-d.) les choses qui ont été présentées à votre esprit par l’Esprit de Dieu se réaliseront, et ainsi en apprenant l’Esprit de Dieu et en le comprenant, vous pouvez progresser dans le principe de la révélation jusqu’à ce que vous deveniez parfaits en Christ Jésus » [EPJS, p. 118].
 
Apprendre à communiquer avec les autres par les dons de ce Saint-Esprit permet d’être prophète ou prophétesse de Dieu. Les saints des derniers jours croient que par la révélation divine chaque enfant du Christ peut, et devrait, devenir un prophète ou une prophétesse pour l’intendance qui lui a été divinement confiée (No. 11:29), se tenant à ce qui est bon et rejetant ce qui est mal (1 Th. 5:19-21).
Ainsi, le problème humain n’est pas d’obtenir la révélation, mais de comprendre la révélation que l’on reçoit, de ne répondre qu’à ce qui est bon et de ne donner que ce qui est bon. Il est conseillé aux serviteurs du Christ de rechercher chez lui et chez lui uniquement la lumière et la vérité. Il leur est dit qu’ils ne doivent recevoir l’avis d’aucun être ni écouter aucune personne à moins qu’elle ne parle par le pouvoir du Saint-Esprit. La vérité, la lumière, le pouvoir juste et le salut viennent d’en haut, de Dieu lui-même, par la révélation divine, et pas des êtres humains ou d’en bas (2 Né. 28:30-31).
 
Bibliographie
Backman, Milton V., Jr. The Heavens Resound, p. 284-309. Salt Lake City, 1983.
Oaks, Dallin H. “Revelation”. Dans Brigham Young University 1981-82 Fireside and Devotional Speeches, p. 20-26. Provo, Utah, 1982.
Packer, Boyd K. “Revelation in a Changing World”. Ensign 19, nov. 1989, p. 14-16.
Wright, H. Curtis. “The central Problem of Intellectual History”. Scholar and Educator 12, automne 1988, p. 52-68.
CHAUNCEY C. RIDDLE
 
Révélations non publiées
Auteur : CALDWELL, C. MAX
 
Toutes les révélations de Dieu à ses prophètes modernes n’ont pas été officiellement publiées et encore moins acceptées par consentement commun de l'Église comme Écritures canoniques. De même que les compilateurs de la Bible ont dû décider des textes qu’il fallait inclure, le même genre de décision a été pris dans cette dispensation en ce qui concerne les révélations modernes. Au départ, ce processus a été suivi par ceux que le prophète Joseph Smith avait désignés pour rassembler les textes révélés, les organiser et, sous sa supervision, imprimer le Livre des Commandements (1833) et les Doctrine et Alliances (1835). Ils y ont inclus les révélations qui concernaient « l'établissement et… l’administration du royaume de Dieu sur la terre dans les derniers jours » (D&A [1981], « Introduction »). Les saints des derniers jours croient que l'inspiration divine a joué un rôle dans ces choix (DS 3:202).
 
Cependant, beaucoup de révélations ne sont pas incluses dans les ouvrages canoniques ; par exemple, celles données à des personnes déterminées dans des circonstances particulières contenant des instructions personnelles plutôt que des points de doctrine pour l'Église. On en trouve beaucoup dans la History of the Church ou dans les recueils de documents de l'Église. Il y a, par exemple, une révélation appelant John E. Page à aller à Washington, D.C. (HC 6:82), et une révélation sur la division de la Firme unie (Kirtland Revelation Book, p. 111). Sont aussi exclues les ordonnances du temple et d'autres sujets sacrés non publiés pour le monde.
 
L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours considère son canon d'Écritures comme ouvert et deux révélations anciennes ont été ajoutées au canon en 1979 (D&A 137 et 138). Les saints des derniers jours croient que Dieu « révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de Dieu » (9e A de F).
 
Un autre exemple de révélation reçue mais non publiée est celle qui sous-tend l'annonce faite par la Première Présidence étendant, en juin 1978, la prêtrise à tous les membres masculins de l'Église qui sont dignes. Seule une déclaration officielle au sujet de cette révélation a été publiée (voir Doctrine et Alliances : Déclaration officielle – 2). D'autres changements dans l'Église, telle que l'extension récente du rôle des soixante-dix, l’accélération de la construction de temples et l’accroissement de l’activité missionnaire, sont considérés par les saints des derniers jours comme des manifestations de la direction divine. La base révélée de ces changements n'est pas toujours publiée, comme ce l’était plus souvent dans les premières années de l'Église. Comme James E. Faust l’a déclaré, « À notre époque, Dieu a révélé comment administrer différemment une Église qui a plus de six millions de membres que quand il n’y avait que six membres dans l'Église » (Faust, p. 8).
 
Quelques auteurs ont essayé de rassembler et de publier des révélations qui sont attribuées aux prophètes mais qui ne sont pas publiées dans les Écritures. Certains de ces textes sont basés sur des sources crédibles, d'autres viennent de sources qui sont suspectes, sinon sans valeur. Quand une prétendue révélation contient des déclarations qui sont clairement en contradiction avec les ouvrages canoniques et les déclarations officielles de la Première Présidence, elle doit être considérée comme fausse.
 
À l’époque biblique, il arrivait que de faux prophètes parlent et écrivent au nom d'autres et prétendent avoir des révélations de Dieu (cf. De. 18:20-22 ; Mt. 7:15). De même, aujourd'hui, il y a des gens qui trouvent des journaux intimes ou des documents contenant de soi-disant révélations. Le critère principal utilisé pour les évaluer est le suivant : « nul ne sera désigné pour recevoir des commandements et des révélations dans cette Église, si ce n'est mon serviteur Joseph Smith, fils, car il les reçoit tout comme Moïse… jusqu'à ce que [j’en] désigne un autre à sa place » (D&A 28:2, 7). Les saints des derniers jours croient que le droit de recevoir la révélation pour l'Église entière est réservé au président de l'Église.
 
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, 1981.
Faust, James E. "Continuous Revelation." Ensign 19 (Nov. 1989) :8-11.
C. MAX CALDWELL
 
Rigdon, Sidney
Auteur : VAN ORDEN, BRUCE A.
 
Sidney Rigdon (1793-1876) fut l’un des amis et des conseillers les plus proches de Joseph Smith. Il fut aussi un des premiers convertis à l’Église à jouir d’une certaine renommée, son orateur le plus persuasif dans la première décennie et premier conseiller dans la Première Présidence de 1832 à 1844. Après le martyre de Joseph Smith, le prophète, Rigdon devint l’un des apostats les plus connus de l’Église.
 
Rigdon naquit le 19 février 1793, dans une ferme dans l’arrondissement de St-Clair, près de Pittsburgh (Pennsylvanie), quatrième enfant et dernier fils de William Rigdon et de Nancy Briant. En 1817, tandis qu’il subvenait aux besoins de sa mère veuve à la ferme familiale, il connut une conversion chrétienne et, un an plus tard, se qualifia pour devenir prédicateur autorisé chez les Regular Baptists. Il alla s’installer dans l’ouest de l’Ohio pour prêcher sous la tutelle d’Adamson Bentley, pasteur baptiste populaire et, en juin 1820, il épousa Phebe Brooks, belle-sœur de Bentley. Après son ordination comme pasteur baptiste, Rigdon devint, en 1821, pasteur de la First Baptist Church à Pittsburgh. Réputé pour sa prédication dynamique, Rigdon attira des auditeurs jusqu’à ce que son assemblée devienne l’une des plus grandes de la ville. William Hayden, l’un de ses critiques, le décrit comme étant « de taille moyenne, rondelet, d’aspect ouvert et charmeur quand il parlait, avec une petite touche de la mélancolie. Ses gestes étaient gracieux, son langage copieux, son débit éloquent, avec une articulation claire et musicale » (cité dans Chase, p. 24).
 
Pendant toute la première phase de son ministère, Rigdon continua à rechercher l’Église pure du Nouveau Testament qui pratiquait l’imposition des mains pour le don du Saint-Esprit et la guérison des malades. Attiré vers Alexander Campbell et vers Walter Scott, des collègues dans le ministère qui entretenaient le même genre d’idées, Rigdon fréquenta les principaux membres de l’Association baptiste de Mahoning, précurseur du mouvement restaurationniste des Disciples du Christ (voir Restaurationnisme protestant). En 1826 il devint pasteur d’une assemblée de la Grand River Association à Mentor (Ohio). Mais en 1830, Rigdon rompit avec Campbell et Scott, lesquels constituèrent les Disciples du Christ, tandis que Rigdon créait une « famille » communale près de Kirtland.
 
À la fin d’octobre 1830, quatre missionnaires mormons rendirent visite à Rigdon en Ohio. L’un d’eux était Parley P. Pratt, que Rigdon avait converti aux baptistes réformés un an plus tôt. Pratt lui parla du Livre de Mormon et du rétablissement de l’Évangile par l’intermédiaire de Joseph Smith. Après deux semaines d’étude fervente, Rigdon annonça qu’il croyait que la nouvelle Église était la véritable Église apostolique rétablie sur la terre. À la mi-novembre 1830, il fut baptisé et ordonné ancien. Plus de cent membres de son assemblée communautaire de Kirtland entrèrent avec lui dans l’Église.
 
Rigdon, avec Edward Partridge, un jeune chapelier qui s’intéressait au mormonisme, partit presque immédiatement pour Fayette (New York), pour rencontrer Joseph Smith. Après leur arrivée, une révélation donnée à Joseph félicita Rigdon pour tout ce qu’il avait déjà fait, mais l’appela à « une œuvre plus grande », notamment celle de secrétaire du prophète sur sa « nouvelle traduction » de la Bible alors en cours (D&A 35 ; voir aussi Traduction de la Bible par Joseph Smith – TJS). En décembre 1830, Smith, avec l’aide de Rigdon, travailla au manuscrit qui devint par la suite les septième et huitième chapitres du livre de Moïse dans la Perle de grand prix.
 
Le compte-rendu fait par Rigdon de la moisson d’âmes dans la région de Mentor-Kirtland en Ohio a pu inciter Joseph à demander à être guidé pour déplacer le siège de l’Église ; en décembre 1830, une révélation leur commanda de quitter New York pour l’Ohio (D&A 37 ; cf. 38). Le 1er février 1831, Joseph et Sidney arrivèrent à Kirtland où ils reprirent leur travail sur la traduction inspirée de la Bible.
Au cours de l’été de 1831, Joseph, Sidney et d’autres dirigeants voyagèrent vers Independence (Missouri), dont une révélation disait que c’était le lieu de la Sion moderne et de la nouvelle Jérusalem. Sidney reçut le commandement de consacrer le pays de Sion au rassemblement des saints et d’écrire une description du pays pour la publier (D&A 58:50). À leur retour en Ohio, Joseph et Sidney reprirent la traduction des Écritures et, le 16 février 1832, ils reçurent conjointement la vision des degrés de gloire, qui est maintenant Doctrine et Alliances, section 76. En mars 1832, ils furent brutalement attaqués par des émeutiers et enduits de goudron et de plumes. Sidney reçut des blessures à la tête qui affectèrent de temps en temps sa stabilité émotionnelle pour le reste de sa vie. Son ami Newel K. Whitney dit qu’après cela il était « soit au fond de la cave, soit tout en haut à la fenêtre du grenier » (Chase, p. 115).
 
En mars 1833, Sidney Rigdon et Frederick G. Williams furent officiellement mis à part comme conseillers de Joseph Smith dans la Première Présidence. Sidney avait déjà été appelé comme conseiller de Joseph un an plus tôt, avant qu’il y ait une Première Présidence. En 1833, Rigdon fut également appelé comme « porte-parole » de l’Église et de Joseph Smith. Rigdon reçut la promesse qu’il serait « puissant dans l’explication de toutes les Écritures » (D&A 100:11). À ce même moment, Joseph disait de lui : « Frère Sidney est un homme que j’aime, mais il n’est pas capable d’avoir l’amour pur et constant pour ceux qui sont ses bienfaiteurs qui devrait caractériser un président de l’Église du Christ. Cela, avec quelques autres petites choses, telles que l’égoïsme et l’indépendance d’esprit… sont ses défauts. Mais malgré cela, c’est un homme très grand et très bon, un homme qui manie les mots avec une grande puissance et qui peut gagner très rapidement l’amitié de ses auditeurs. C’est un homme que Dieu soutiendra s’il reste fidèle à son appel » (HC 1:443).
 
En 1834, Rigdon aida au recrutement de volontaires pour le camp de Sion et, tandis que Joseph était parti pour cette entreprise, eut la charge des affaires à Kirtland, notamment la construction du temple (voir Temple de Kirtland). Il fut l’instructeur principal à l’école de Kirtland et aida à arranger les révélations pour la publication de l’édition de 1835 des Doctrine et Alliances (voir Écoles des prophètes). Sous la direction du prophète, Sidney aida à la rédaction et à la diffusion de plusieurs des Lectures on Faith [Conférences sur la Foi] doctrinalement riches. Il faisait souvent de longs sermons extravagants basés sur la Bible, notamment un lors de la consécration du temple de Kirtland. Lors des persécutions qui suivirent, en 1838, la faillite de la Kirtland Safety Society, Rigdon s’enfuit, en même temps que Joseph Smith et d’autres saints, vers Far West (Missouri). Là, Rigdon prononça deux discours explosifs célèbres, le Salt Sermon (le sermon sur le sel) et le discours solennel du jour de l’Indépendance, deux sermons qui suscitèrent des craintes et de la polémique au Missouri et débouchèrent sur l’ordre d’extermination et sur la bataille de Far West (voir Conflit au Missouri). Avec Joseph et Hyrum Smith, Rigdon fut fait prisonnier et enfermé à la prison de Liberty, mais fut rapidement libéré à cause de graves crises d’apoplexie.
 
Rigdon prit une part active à la fondation de Nauvoo et, en 1839, accompagna Joseph Smith à Washington, D.C, pour présenter les griefs des saints au gouvernement fédéral. Il fut élu au conseil municipal de Nauvoo et remplit également les fonctions de conseiller juridique municipal, de receveur des postes et de professeur d’histoire à l’université embryonnaire projetée pour la ville. Néanmoins, en dépit de ses nombreuses fonctions, il fut presque silencieux pendant ce temps et souvent malade. On l’accusa de s’être associé à John C. Bennett et à d’autres ennemis de l’Église dans leurs plans séditieux pour déposer Joseph Smith, mais ce fut quelque chose qu’il nia toujours. Il n’approuva pas le principe du mariage plural, tout en ne s’y opposant jamais ouvertement. Joseph Smith finit par perdre confiance en lui et, en 1843, voulut le rejeter comme conseiller, mais à cause de l’intercession de Hyrum Smith, le maintint à son poste.
 
Au début de 1844, quand Joseph Smith se porta candidat pour devenir président des États-Unis, Rigdon fut désigné comme candidat à la vice-présidence et il élut domicile à Pittsburgh pour continuer la campagne. C’est là qu’il était quand il apprit la nouvelle du meurtre de Joseph Smith. Il se hâta de retourner à Nauvoo pour se proposer comme « tuteur de l’Église », promettant d’agir en tant que tel jusqu’à ce que Joseph Smith ressuscite d’entre les morts. Ses prétentions furent dûment examinées, mais lors d’une réunion mémorable qui eut lieu le 8 août 1844 à Nauvoo, les membres de l’Église le rejetèrent comme tuteur (voir Succession dans la présidence). Les douze apôtres (voir Collège des douze apôtres) furent soutenus à la tête de l’Église. Quand il entreprit de mettre sur pied une direction rivale, Rigdon fut excommunié en septembre 1844 et partit avec quelques disciples pour la Pennsylvanie, où ils organisèrent une Église du Christ. Agissant de manière fantasque, il perdit la plupart de ses disciples en moins de deux ans. En 1863, il fit un autre effort, fondant l’Église de Jésus-Christ des enfants de Sion, qui continua jusque dans les années 1880. De 1847 à sa mort en 1876, Rigdon résida à Amity (New York) habituellement dans un état de déséquilibre émotionnel et de chagrin.
 
En 1834, dans Mormonism Unvailed, Eber D. Howe attaqua l’authenticité du Livre de Mormon en adoptant l’argument de Philastus Hurlbut que Sidney Rigdon avait volé la « Manuscript Story » de Salomon Spaulding (voir Manuscrit Spaulding), l’avait plagié pour composer le Livre de Mormon et l’avait donné à Joseph Smith pour qu’il le publie à son nom. De son vivant, Rigdon et les membres de sa famille nièrent systématiquement tout lien avec Spaulding, et après la découverte, en 1885, d’un des manuscrits de Spaulding, l’histoire fut discréditée.
 
Bibliographie
Backman, Milton V., Jr. The Heavens Resound : A History of the Latter-day Saints in Ohio, 1830-1838. Salt Lake City, 1983.
Chase, Daryl. “Sidney Rigdon–Early Mormon”. Mémoire de maîtrise, université de Chicago, 1931.
McKiernan, F. Mark. The Voice of One Crying in the Wilderness : Sidney Rigdon, Religious Reformer 1793-1876. Lawrence, Kan., 1971.
BRUCE A. VAN ORDEN

S
 
Sabbat
Auteur : SMART, WILLIAM B.
 
Le sabbat est un jour mis à part pour le repos et le renouvellement spirituel. L’importance de l’observance du sabbat, enseignée depuis la Création et pendant toute l’histoire de la religion, est confirmée de nouveau dans les Écritures modernes et dans les enseignements des dirigeants de l’Église. Les éléments fondamentaux du respect du sabbat sont la prière, l’étude de l’Évangile, le culte lors des réunions du sabbat, les activités édifiantes en famille et le service d’autrui.
 
Dieu a donné le ton quand, après six jours d’œuvre créatrice, il s’est reposé le septième (Ge. 2:2 ; Moï. 3:2). Après l’exode, Moïse a dit aux Israélites de récolter une double part de manne le jour précédant « le jour du repos, le sabbat consacré à l’Éternel » (Ex. 16:23). En effet, le mot « sabbat » est dérivé de l’hébreu shabbath, signifiant « s’interrompre », « s’arrêter » ou « se reposer ». Les dix commandements contiennent l’ordre : « Souviens–toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage » (Ex. 20:8-10).
 
Le Nouveau Testament abonde en références au sabbat. Entre-temps, certains avaient perdu l’esprit de la loi et l’avaient enfermée dans une obéissance inflexible. Le Sauveur les réprimanda : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat. C’est pourquoi le sabbat a été donné à l’homme comme jour de repos et aussi pour que l’homme puisse louer Dieu… Car le Fils de l’homme a fait le jour du sabbat, de sorte que le Fils de l’homme est maître même du sabbat » (TJS Mc. 2:25-27). Après le ministère terrestre de Jésus, les premiers chrétiens se réunirent le jour du Seigneur, le premier jour de la semaine, en mémoire de sa résurrection (cf. Ac. 20:7 ; Ap. 1:10).
 
Depuis son commencement, l’Église observe le sabbat le premier plutôt que le septième jour de la semaine (pour quelques exceptions au Proche Orient, voir Dimanche). La révélation-clef donnant le modèle, la portée et le but de l’observance du sabbat fut donnée à Joseph Smith le 7 août 1831, un dimanche :
 
« Et afin de te préserver plus complètement des souillures du monde, tu iras en mon saint jour à la maison de prière et tu y offriras tes sacrements ; car en vérité, c'est ce jour qui t'est désigné pour que tu te reposes de tes labeurs et pour que tu présentes tes dévotions au Très-Haut… Mais souviens-toi qu'en ce jour… tu ne feras rien d'autre que de préparer ta nourriture en toute simplicité de cœur, afin que ton jeûne soit parfait, ou, en d'autres termes, que ta joie soit complète » [D&A 59:9-13].
 
Dans toute l’histoire de l’Église, les dirigeants ont souligné l’importance de l’observance du sabbat, enseignant que le sabbat est un jour saint de culte où les fidèles renouvellent leurs alliances avec le Seigneur, se réunissent et s’enseignent les choses de l’Esprit, visitent et fortifient les faibles et les affligés et étudient et contemplent la parole du Seigneur. Tout en évitant les interdits spécifiques arbitraires, les dirigeants de l’Église ont donné des directives claires, comme dans ces instructions du président Kimball :
 
« Le but du commandement n’est pas de priver l’homme de quelque chose. Chaque commandement que Dieu a donné à ses serviteurs est pour le profit de ceux qui le reçoivent et y obéissent…

« Le sabbat n’est pas un jour pour flâner avec nonchalance dans la maison ou jardiner, mais est un jour pour assister régulièrement aux réunions pour le culte du Seigneur, buvant à la source de la connaissance et de l’instruction, jouissant de la famille et trouvant de l’élévation dans la musique et la chanson.
 
« Le sabbat est un jour saint pour faire des choses de valeur et saintes. S’abstenir du travail et des amusements est important mais insuffisant. Le sabbat réclame des pensées et des actes constructifs, et si l’on ne fait que flâner sans rien faire le sabbat, on l’enfreint. Pour l’observer, on sera à genoux pour prier, on préparera des leçons, on étudiera l’Évangile, on méditera, on visitera les malades et les affligés, on écrira aux missionnaires, on fera un petit somme, on lira des ouvrages sains et on assistera à toutes réunions de ce jour auxquelles on est censé être…
 
« Il est vrai que certaines personnes doivent travailler le sabbat. Et en fait, une partie du travail qui est vraiment nécessaire – prendre soin des malades, par exemple – peut servir à sanctifier le sabbat. Cependant, dans de telles activités, ce sont nos mobiles qui sont déterminants.
 
« Quand les hommes et les femmes sont disposés à travailler le sabbat pour augmenter leur richesse, ils brisent les commandements car l’argent gagné le sabbat, si le travail n’est pas nécessaire, est de l’argent impur…
 
« Enfreignent aussi le sabbat ceux qui achètent des produits ou des divertissements le sabbat, encourageant ainsi les lieux de distraction et les commerces à rester ouverts – ce qui ne serait sinon pas le cas. Si nous achetons, vendons, commerçons ou soutenons ces établissements le jour du Seigneur, nous sommes aussi rebelles que les enfants d’Israël » [« The Sabbath – A Delight », Ensign 8, janv. 1978, p. 4-5].
 
La façon des saints d’observer le sabbat a évolué au cours des années, mais les principes sont demeurés les mêmes. Joseph Smith a écrit à propos de la première réunion de conférence de l’Église, le 9 juin 1830 : « Après avoir ouvert par un cantique et une prière, nous avons pris ensemble les emblèmes du corps et du sang de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous nous sommes ensuite mis en devoir de confirmer plusieurs personnes qui avaient été récemment baptisées, après quoi nous en avons appelé et ordonné plusieurs aux divers offices de la prêtrise. Beaucoup d’exhortations et d’instructions ont été données » (HC 1:84). Le chant, la prière, la Sainte-Cène, et l’enseignement sont restés les éléments fondamentaux des réunions de sabbat des saints des derniers jours.
 
Pendant de nombreuses années, après l’organisation de l’école du dimanche en 1849, les services religieux du sabbat ont consisté en une école du dimanche le matin et une réunion de Sainte-Cène l’après-midi ou en début de soirée. Les réunions hebdomadaires de prêtrise de paroisse se tenaient le lundi soir et la réunion de jeûne et de témoignages le premier jeudi de chaque mois. En 1896, le jour jeûne fut remplacé par le premier dimanche pour faciliter l’assistance et moins perturber les membres dans leur emploi ; dans les années 1930, la réunion de prêtrise passa au dimanche matin.
 
Un autre grand changement se produisit en 1980 avec le regroupement de toutes les réunions du dimanche en un seul bloc, généralement de trois heures, comprenant la Société de secours, les Jeunes Filles et la Primaire qui s’étaient tenues jusque là au milieu de la semaine. Le changement fut introduit pour épargner du temps, des déplacements et des frais, pour permettre à plusieurs paroisses de se réunir plus commodément dans un seul bâtiment, pour fortifier les foyers en permettant aux familles de passer plus de temps ensemble pendant la semaine et pour laisser aux membres de l’Église plus de temps à consacrer au service de la collectivité.
 
En annonçant le changement, la Première Présidence souligna à nouveau les principes fondamentaux de l’Église concernant le sabbat : « Une plus grande responsabilité sera confiée aux membres individuellement et aux familles d’observer correctement le jour du sabbat. » Elle proposa que chaque famille se livre à une heure d’étude de l’Évangile le dimanche et à « d’autres activités convenant au sabbat, comme fortifier les liens familiaux, rendre visite aux malades et à ceux qui doivent garder la maison, rendre service aux autres, écrire son histoire personnelle et celle de la famille, faire l’œuvre généalogique et l’œuvre missionnaire » (Church News, 2 févr. 1980, p. 3).
 
Le Seigneur a promis des bénédictions à ceux qui sanctifient le sabbat. Dans les temps anciens, il a promis de leur envoyer la pluie en sa saison, de les aider à vaincre leurs ennemis, de leur donner la paix, de les multiplier et d’établir son alliance avec eux (Lé. 26:2-9). « Je marcherai au milieu de vous, je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple » (v. 12 ; cf. És. 58:13-14). Dans des temps modernes, il a réaffirmé ces promesses : « En vérité, je dis que si vous le faites, la plénitude de la terre est à vous » (D&A 59:16). [Voir aussi Réunions principales de l’Église ; Vie et culte des pionniers ; Culte.]
 
Bibliographie
On trouvera dans Ensign 8, janv. 1978, un recueil d’articles traitant de l’observance du sabbat dans l’Église, notamment des aperçus de doctrine et de pratique historique.
WILLIAM B. SMART
 
Saint des saints
Auteur : Cahoon, Lyle
 
Dans les temps anciens, sur ordre divin donné à Moïse, le saint des saints fut créé au centre de la tente d’assignation (Ex. 25-27). C'était un cube de quatre mètres cinquante que l’on avait constitué en pendant des voiles de poils de chèvre, de peaux de bélier et d'autres peaux teintes. Certains étaient brodés de motifs de chérubins en bleu, pourpre et écarlate. Le saint des saints devait recevoir un coffre appelé l'arche de l'alliance. C’était dans ce coffre, fait de bois d'acacia plaqué or, que se trouvaient les tables de pierre gravées de la main de Dieu et son couvercle était le propitiatoire. Façonné d'une seule pièce d'or fin, ce propitiatoire, au-dessus duquel étaient sculptés des chérubins, formait le trône visible de la présence de Dieu. Une fois par an, le jour des Expiations, le souverain sacrificateur entrait dans le saint des saints et aspergeait le propitiatoire du sang des sacrifices comme expiation des péchés d’Israël. Bien que l'arche ait disparu, ce rituel s’est poursuivi dans les temples de Zorobabel et de Hérode.
 
Un saint des saints moderne a été consacré dans le grand temple de Salt Lake City. C'est une chambre centrale contiguë à la salle céleste. Au-delà de ses portes coulissantes, il y a six marches menant à des portes du même genre, symbolisant le voile qui gardait le saint des saints dans les temps anciens. Le sanctuaire a une forme circulaire avec un plafond voûté. Il est décoré de bois marqueté, de feuilles d'or, de vitraux peints et d’un éclairage qui lui est propre. Le grand prêtre président, président de l'Église, détient l'accès à ce sanctuaire.
 
Bibliographie
Encyclopedia Judaica, vol. 15, cols. 681-682, 748-749. Jérusalem, 1971.
Talmage, James E. House of the Lord, p. 162-163. Salt Lake City, 1974.
LYLE CAHOON
 
Saint-Esprit
Auteur : McConkie, Joseph Fielding
 
L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours enseigne que le Saint-Esprit est un homme d'esprit, un fils d'esprit de Dieu le Père. C’est un point de doctrine fondamental de l'Église que Dieu est le Père de l'esprit de tous les hommes et femmes, que Jésus est littéralement le Fils de Dieu dans l'esprit et dans la chair et que le Saint-Esprit est un personnage d'esprit séparé et distinct du Père et du Fils. Le Saint-Esprit est le troisième membre de la Divinité éternelle et on lui donne aussi les noms d’Esprit-Saint, d’Esprit de Dieu, d’Esprit du Seigneur et de Consolateur. Chacun des trois membres de la Divinité s’est manifesté lors du baptême de Jésus (Mt. 1:9-12 ; voir aussi Colombe, signe de la). Le prophète Joseph Smith a enseigné à leur sujet : « Le Père a un corps de chair et d'os aussi tangible que celui de l'homme, le Fils aussi ; mais le Saint-Esprit n'a pas de corps de chair et d'os, c'est un personnage d'esprit. S'il n'en était pas ainsi, le Saint-Esprit ne pourrait demeurer en nous. » (D&A 130:22). Dans un sens figuré, le Saint-Esprit demeure dans le cœur des saints justes de toutes les dispensations (D&A 20:18-21).
 
Joseph Smith a également dit que « une alliance éternelle fut faite entre trois personnages avant que notre terre ne fût organisée, et elle a trait à ce qu’ils devaient dispenser aux hommes sur la terre ; ces personnages… sont appelés Dieu le premier, le Créateur ; Dieu le second, le Rédempteur ; et Dieu le troisième, le témoin ou testateur » (EPJS, p. 152).
 
Les saints des derniers jours comprennent que par l’obéissance aux lois et aux ordonnances de l'Évangile, Adam a reçu le Saint-Esprit et a ainsi appris que la rédemption de la Chute sera donnée par le Christ à tous ceux qui l'acceptent (Moïse 5:6-9). Ainsi, l'Évangile est prêché depuis le commencement, étant déclaré par des anges, par la voix de Dieu et par le don du Saint-Esprit (Moïse 5:58-59 ; cf. 2 Pi. 1:21). Néphi 1 (v. 600 av. J.-C.) a témoigné que le Saint-Esprit est « le don de Dieu à tous ceux qui le recherchent diligemment, aussi bien dans les temps anciens qu'au moment où il se manifestera aux enfants des hommes… Car celui qui cherche diligemment trouve ; et les mystères de Dieu lui seront dévoilés par le pouvoir du Saint-Esprit, aussi bien en ces temps-ci que dans les temps anciens, et aussi bien dans les temps anciens que dans les temps à venir » (1 Né. 10:17-19).
 
Joseph Smith a enseigné que l'influence du Saint-Esprit, qui est le pouvoir de Dieu qui convainc de la véracité de l'Évangile, peut être reçu avant le baptême, mais que le don ou la compagnie constante du Saint-Esprit, qui se reçoit par l’imposition des mains, ne s’obtient qu’après le baptême (EPJS, p. 160). « Vous pourriez aussi bien baptiser un sac du sable qu'un homme, si ce n’est en vue de la rémission des péchés et de l'obtention du Saint-Esprit. Le baptême d'eau n’est qu’un demi-baptême et n’est bon à rien sans l'autre moitié, c’est-à-dire le baptême du Saint-Esprit » (EPJS, p. 254). On s'attend donc à ce qu'une personne reçoive, avant le baptême, le témoignage du Saint-Esprit concernant la véracité de l'Évangile de Jésus-Christ, de l'Écriture et des paroles des prophètes vivants ; toutefois l’Esprit ne se déverse pleinement que quand la personne se conforme au commandement d'être baptisée. Ce n’est qu’après le baptême que le don peut être conféré par quelqu’un qui a l'autorité (Mro. 10:3-5 ; D&A 76:52). Et même alors, le Saint-Esprit ne peut pas être reçu par quelqu'un qui n'est pas digne de lui, puisque le Saint-Esprit ne demeure pas dans le cœur d'une personne injuste. On peut donc recevoir la compagnie réelle du Saint-Esprit juste après le baptême ou plus tard, quand celui qui reçoit la promesse devient un compagnon convenable pour cet être saint. Si la personne cesse ensuite d'être pure et obéissante, le Saint-Esprit se retire (1 Co. 3:16-17).
 
Le Saint-Esprit est un sanctificateur. Étant donné que rien d’impur ne peut demeurer en la présence divine, le système entier du salut est centré sur le processus de sanctification ; les hommes sont sauvés dans la mesure où ils sont sanctifiés. La sanctification et la sainteté sont inséparables. « Être sanctifié c’est devenir pur et sans tache, être exempt du sang et des péchés du monde, devenir une nouvelle créature du Saint-Esprit, quelqu’un dont le corps a été renouvelé par la renaissance de l'Esprit. La sanctification est un état de sainteté, un état que l’on n’atteint qu’en se conformant aux lois et aux ordonnances de l'Évangile » (MD, p. 675).
 
Le Saint-Esprit est un révélateur. Le prophète Joseph Smith a enseigné que « nul ne peut recevoir le Saint-Esprit sans recevoir des révélations » (EPJS, p. 265). Jouir de la compagnie du Saint-Esprit c’est jouir de l'esprit de révélation (D&A 8:2-3). Sans la révélation, il ne peut y avoir de témoin compétent du Christ ou de son Évangile (Ap. 19:10). Le Saint-Esprit est la source de toute connaissance salvatrice. Ceux qui cherchent cette connaissance sincèrement et dans l'esprit de la prière ont la promesse que tout ce qui est nécessaire leur sera révélé (D&A 18:18). Néphi témoigne que le Christ « se manifeste par le pouvoir du Saint-Esprit à tous ceux qui croient en lui, oui, à toutes les nations, tribus, langues et peuples, accomplissant de grands miracles, signes et prodiges parmi les enfants des hommes, selon leur foi » (2 Né. 26:13 ; cf. 1 Co. 2:11-13 ; D&A 76:116).
 
Le Saint-Esprit est un instructeur. Tous ceux qui seront sauvés doivent être formés par lui. Les choses de l'Esprit ne peuvent être comprises qu’une fois enseignées et apprises par l'Esprit (D&A 50:11-24). La mission divine d’enseigner les vérités du salut est confiée au Saint-Esprit. Jésus était rempli du pouvoir du Saint-Esprit (Luc 4:1). « Il ne parlait pas comme les autres homes, et on ne pouvait pas non plus l’instruire, car il n’avait pas besoin que quiconque l’instruisît » (TJS Mt. 3:25). Le Père a donné au Christ l'Esprit sans mesure (Jean 3:34). Les anges parlent aussi par le pouvoir du Saint-Esprit (2 Né. 32:3). Telle est la norme pour tous ceux qui vont au nom du Christ. « Vous n'êtes pas envoyés pour être enseignés, a dit le Sauveur aux premiers saints des derniers jours, mais pour enseigner aux enfants des hommes ce que j'ai mis entre vos mains par le pouvoir de mon Esprit. Et vous allez être enseignés d'en haut. Sanctifiez-vous et vous serez dotés de pouvoir, afin de donner tout comme je l'ai dit » (D&A 43:15-16).
 
En décrivant l'influence du Saint-Esprit quand il est descendu sur lui et sur Oliver Cowdery, le prophète Joseph Smith a dit : « Nous étions remplis du Saint-Esprit et nous nous réjouissions du Dieu de notre salut. Notre esprit étant maintenant éclairé, nous commençâmes à voir les Écritures se dévoiler à notre entendement, et la véritable signification et le sens des passages les plus mystérieux se révéler à nous d'une manière à laquelle nous n'avions jamais pu parvenir précédemment, à laquelle nous n'avions même jamais pensé auparavant. » (JS–H 1:73-74 ; cf. Alma 5:46). Le Saint-Esprit remet aussi en mémoire ce qui a été précédemment appris (Jean 14:26), indique ce pour quoi il faut prier (D&A 46:30) et fait connaître ce qu’il faut dire quand on prêche et qu’on enseigne (D&A 84:85).
 
Le Saint-Esprit est le Consolateur. Une caractéristique distinctive des vérités du salut est qu'elles s’accompagnent d’un esprit de consolation et de paix. C'est la fonction du Saint-Esprit d’alléger les fardeaux, de donner du courage, de fortifier la foi, d’accorder la consolation, d’apporter de l'espoir et de révéler ce qui est nécessaire à ceux qui ont droit à sa compagnie sacrée (Moï. 6:61).
 
Jésus a enseigné qu'il n’y a pas de plus grand péché que le péché contre le Saint-Esprit (Mt. 12:31-32). Une révélation moderne explique : « Le blasphème contre le Saint-Esprit, qui ne sera pas pardonné dans le monde ni hors du monde, consiste à commettre un meurtre dans lequel on verse le sang innocent et consent à ma mort après avoir reçu la nouvelle alliance éternelle, dit le Seigneur Dieu » (D&A 132:27). Joseph Smith a ajouté que ce genre de personne rejette le Fils après que le Père l'a révélé, renie la vérité et défie le plan du salut. « À partir de ce moment-là il commence à être un ennemi…. Il reçoit l'esprit du diable – ce même esprit qu'avaient ceux qui crucifièrent le Seigneur de la vie – le même esprit qui pèche contre le Saint-Esprit. On ne peut pas sauver de telles personnes, on ne peut pas les amener à la repentance, elles font une guerre ouverte, comme le diable, et terrible est la conséquence » (EPJS, p. 290 ; cf. D&A 76:31-38, 43-48 ; voir aussi Péché impardonnable).
 
Le Saint-Esprit est un pouvoir tellement édifiant et une telle source de connaissance nécessaire de l'Évangile qu'avoir sa compagnie et son influence constantes est le plus grand don qu’une personne puisse recevoir dans la condition mortelle (cf. D&A 121:46). On rapporte qu'un jour que l’on demandait au prophète Joseph Smith « en quoi [l'Église mormone] différait des autres religions de l’époque », il a répondu que c’était dans « le don du Saint-Esprit par l’imposition des mains… [et] que toutes les autres considérations étaient contenues dans le don du Saint-Esprit » (HC 4:42).
 
Bibliographie
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith, chaps. 28-31. Salt Lake City, 1985.
McConkie, Joseph Fielding et Robert L. Millet. The Holy Ghost. Salt Lake City, 1989.
JOSEPH FIELDING MCCONKIE
 
Saint-Esprit de Promesse
Auteur : Flake, Lawrence R.
 
Le Saint-Esprit de Promesse est l'un des nombreux noms-titres descriptifs du Saint-Esprit et a trait à l’une de ses fonctions spécifiques. Dans Jean 14:16, le Sauveur, qui avait été un consolateur pour ses disciples, leur assure qu’après son départ au ciel ils recevront un autre Consolateur : « Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous. » Le verset suivant dit que ce Consolateur est « l’esprit de vérité » qui « demeure avec vous, et il sera en vous » (verset 17). Le Seigneur précisera plus tard que ce Consolateur promis est le Saint-Esprit (verset 26). Doctrine et Alliances 88:3 réitère et éclaircit : « C'est pourquoi, je vous envoie maintenant un autre Consolateur, oui, sur vous, mes amis, afin qu'il demeure dans votre cœur, oui, le Saint-Esprit de promesse ; lequel autre Consolateur est celui-là même que j'ai promis à mes disciples, comme c'est écrit dans le témoignage de Jean. »
 
Le Saint-Esprit de Promesse est le pouvoir par lequel les ordonnances et les autres actes justes accomplis sur cette terre, tels que le baptême et le mariage éternel, sont ratifiés, validés et scellés dans le ciel aussi bien que sur la terre. Paul enseigne aux Éphésiens qu'après avoir agi en fonction de leur foi au Christ ils ont « été scellés du Saint–Esprit qui avait été promis » ce qui était le gage de leur « héritage, pour la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis » (Ép. 1:12-14). Le scellement des alliances et des ordonnances terrestres est conditionnel et dépend de l'engagement personnel et de la dignité du bénéficiaire. Si une personne qui a reçu le Saint-Esprit de Promesse devient plus tard mauvaise, le scellement est rompu jusqu'à ce qu’il y ait repentir et pardon complets (DS 1:60 ; 2:95-100).
 
La nécessité du scellement par le Saint-Esprit est soulignée dans le passage suivant : « tous contrats, alliances, conventions, obligations, serments, vœux, actes, unions, associations ou attentes qui ne se font pas et ne sont pas contractés et scellés par le Saint-Esprit de promesse… n'ont aucune validité, vertu ou force dans et après la résurrection d'entre les morts ; car tous les contrats qui ne sont pas faits dans ce sens prennent fin quand les hommes sont morts » (D&A 132:7). Les représentants terrestres du Seigneur, tels que les évêques et les anciens, peuvent être trompés par une personne indigne, mais personne ne peut tromper le Saint-Esprit, qui ne ratifiera pas une ordonnance reçue dans un état d’indignité. Cette sauvegarde est attachée à toutes les bénédictions et alliances liées à l'Évangile de Jésus-Christ.
 
La manifestation suprême du Saint-Esprit de Promesse se produit quand une personne voit sa vocation et son élection assurées, c’est-à-dire qu’elle reçoit « la parole prophétique plus certaine » témoignant qu'elle est scellée à la vie éternelle (D&A 131:5). Le Saint-Esprit de Promesse valide cette bénédiction ou la scelle sur la personne. À propos du Saint-Esprit de Promesse, le Seigneur dit : « Ce Consolateur est la promesse que je vous fais de la vie éternelle, c'est-à-dire la gloire du royaume céleste » (D&A 88:4 ; cf. MD, p. 361-362).
 
Bibliographie
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 3, p. 333-37. Salt Lake City, 1973.
LAWRENCE R. FLAKE
 
Sainteté
Auteur : Bell, Elouise M.
 
Dans la pensée mormone, comme dans la plupart des religions, c'est Dieu qui investit une personne, un lieu ou un objet d’une sainteté : « Car je suis capable de vous rendre saints, et vos péchés vous sont pardonnés » (D&A 60:7). On dit donc que les temples de l'Église sont saints parce qu'ils sont consacrés à la Divinité qui s'est manifestée en eux. Les saints des derniers jours disent que le sabbat est saint parce que Dieu a mis son esprit dans ce jour. Le lieu boisé où Joseph Smith a reçu sa Première Vision est qualifié de bosquet sacré parce que le Père et le Fils y sont apparus. Le mariage et les autres ordonnances de la prêtrise sont considérés comme saints parce que Dieu est directement et personnellement partie prenante dans de telles alliances. Les Écritures sont saintes parce qu'elles contiennent la parole de Dieu.
 
Bien qu'ils utilisent rarement le terme « saint » (sauf un cantique bien-aimé qui supplie Dieu « Ah, donne à mon âme plus de sainteté »), les saints des derniers jours essayent de parvenir à un certain degré de sainteté et de perfection dans la condition mortelle : « L’homme peut être parfait dans sa sphère… la perfection individuelle est relative… La loi de l'Évangile est une loi parfaite et la perfection est le résultat certain d’une obéissance complète » (Talmage, p. 169).
 
Le processus par lequel on devient saint est basé sur trois points de doctrine : la justification, qui satisfait aux exigences de la justice pour les péchés de l'individu par l'expiation de Jésus-Christ ; la purification, rendue possible par cette même expiation et symbolisée par le pain et l’eau de la Sainte-Cène, qui nécessite que l’on se purifie constamment des taches et des imperfections terrestres ; et la sanctification, qui est le processus par lequel on est rendu saint. Une fois que l’on s’est purifié au maximum des imperfections, on est investi, au cours de toute une vie, de la sainteté de Dieu. Alma le Jeune est un exemple de quelqu’un que Dieu a reconnu comme saint (Al. 10:7-9).
 
Ces principes sont récapitulés dans l’avant-dernier verset du Livre de Mormon : « Et en outre, si, par la grâce de Dieu, vous êtes parfaits dans le Christ, et ne niez pas son pouvoir, alors vous êtes sanctifiés dans le Christ, par la grâce de Dieu, grâce à l'effusion du sang du Christ, qui est dans l'alliance du Père pour le pardon de vos péchés, afin que vous deveniez saints, sans tache » (Mro. 10:33).
 
Sainte-Cène
 
[Cette rubrique est en deux parties : Sainte-Cène et Sainte-Cène : Prières de Sainte-Cène. La première partie explique la pratique de la Sainte-Cène dans l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, la deuxième donne l’histoire et le contenu des prières de Sainte-Cène utilisées dans la bénédiction de la Sainte-Cène.]
 
Sainte-Cène
Auteur : PIXTON, PAUL B.
 
L’expression Sainte-Cène, telle que l’utilise l’Église, désigne l’ordonnance instituée par Jésus-Christ comme moyen mis à la disposition des saints dignes pour renouveler leurs alliances avec leur Rédempteur et avec Dieu le Père (cf. Mos. 18:8-10 ; JC, p. 642-643 ; AF, p. 217). La veille de son procès et de sa crucifixion à Jérusalem, entouré de ses disciples les plus intimes, les douze apôtres, Jésus prit le pain, le bénit, le rompit puis le leur donna en disant : « Prenez, mangez, ceci est mon corps. » Jésus prit de même la coupe, la bénit et la leur donna en disant : « Buvez–en tous ; car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés » (Mt. 26:26-28). Le Livre de Mormon rapporte que Jésus ressuscité institua cette même ordonnance en souvenir de son corps et de son sang quand il se montra aux justes du continent américain après son ascension à Jérusalem (3 Né. 18:7 ; 20:3 ; 26:13).
 
Paul note que le sauveur a donné le commandement d’accomplir régulièrement cette ordonnance, « a Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez [témoignez de] la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Co. 11:26). Le Nouveau Testament indique que l’injonction était respectée dans l’Église chrétienne primitive (cf. Ac. 2:42 ; 20:7). Paul écrit clairement aux saints de Corinthe à propos de l’ordonnance simple qu’il a reçue du Seigneur, soulignant qu’elle se fait « en mémoire de [Jésus-Christ] » (1 Co. 11:19-26 ; cf. Lu. 22:19 ; 3 Né. 18:7).
 
Le moment et l’endroit choisis par Jésus pour donner la Sainte-Cène à ses disciples de Jérusalem rattachent cette ordonnance à l’observance plus ancienne de la pâque, y compris le pain et le vin qu’il a utilisés, et auxquels il donna un nouveau symbolisme (Mt. 26:26-28 ; Lu. 22:15-20). Par son expiation, le Christ a accompli le but de l’ordonnance des sacrifices d’animaux que l’on trouve dans l’Ancien Testament, qui préfigurait le sacrifice final du Fils de Dieu. La nouvelle ordonnance a remplacé la nécessité des sacrifices d’animaux par le sacrifice, de la part des disciples du Christ, d’un cœur brisé et d’un esprit contrit (3 Né. 9:18-20).
 
Le sermon de Jésus sur le sujet du « pain de vie » dans l’évangile de Jean s’inspire du symbolisme du Seigneur lui-même comme étant « le pain vivant qui est descendu du ciel ». Il préfigure également l’ordonnance de la Sainte-Cène qu’il introduira plus tard pour rappeler à tout le monde que le salut n’est possible que par « le pain vivant » et « l’eau vive » (cf. Jean 6:48-58). Mais à l’époque post-apostolique, les théologiens transformèrent la nature symbolique de la cène du Seigneur en dogme de la transsubstantiation [la présence réelle], introduisant ainsi la notion que ceux qui prennent le pain et le vin ingèrent miraculeusement et littéralement le corps et le sang du Christ, même si l’aspect extérieur des emblèmes ne change pas. Les saints rejettent ce dogme et affirment que la Sainte-Cène a pour but de les aider à se souvenir de Jésus et que la transformation dont il s’agit est la rénovation de l’âme humaine par l’Esprit (D&A 20:75-79).
 
La Sainte-Cène, selon la croyance des saints, ne sert pas principalement de moyen d’obtenir la rémission des péchés. Ce qu’elle fait, c’est concentrer l’attention sur le sacrifice pour le péché accompli par le Sauveur et sur la nécessité, pour tous ceux qui ont été baptisés, de garder leur vie constamment en harmonie avec ses enseignements et ses commandements. Pour cette raison, il y a de nombreuses injonctions scripturaires commandant à ceux qui prennent la Sainte-Cène de se conformer aux commandements de Dieu (1 Co. 11:22-23 ; 3 Né. 18:28-29 ; D&A 46:4). Toutefois, les enfants non baptisés, comme ils sont sans péché, ont le droit de prendre la Sainte-Cène pour préfigurer l’alliance qu’ils contracteront eux-mêmes à l’âge de responsabilité, qui est de huit ans (voir Enfants : Salut des enfants). En bénissant la Sainte-Cène lors de son dernier repas, le Christ lui-même a utilisé les emblèmes qu’il avait sous la main : du pain et du vin. Le Seigneur a dit à Joseph Smith : « Peu importe ce que vous mangez ou ce que vous buvez lorsque vous prenez la Sainte-Cène, si vous le faites l’œil fixé uniquement sur ma gloire, vous souvenant devant le Père de mon corps qui a été déposé pour vous et de mon sang qui a été versé pour la rémission de vos péchés. » (D&A 27:2). Dans la pratique, les saints des derniers jours utilisent du pain et de l’eau.
 
L’ordonnance de la Sainte-Cène est administrée par « ceux qui ont l’autorité », c’est-à-dire par des détenteurs de la prêtrise. Selon la révélation moderne, les prêtres de la Prêtrise d’Aaron et n’importe quel détenteur de la Prêtrise de Melchisédek peuvent officient à la table de Sainte-Cène ; d’une manière générale, la table est préparée par les instructeurs de la Prêtrise d’Aaron, et le pain et l’eau sont bénis par les prêtres et distribués aux membres de l’Église par les diacres de la même prêtrise.
 
Les prières dites sur ces emblèmes sont parmi les rares dont les paroles soient prescrites par les Écritures. Ceux qui prennent la Sainte-Cène contractent l’alliance avec le Seigneur de prendre sur eux le nom du Christ, de toujours se souvenir de lui et de garder ses commandements. De son côté, le Seigneur fait alliance qu’ils peuvent toujours avoir son Esprit avec eux (D&A 20:75-79 ; Mro. 4-5 ; Jn. 6:54). [Voir aussi Expiation de Jésus-Christ ; Communion ; Dernière Cène.]
 
Bibliographie
Madsen, Truman G. « Christ and the Sacrament » and « The Sacramental Life ». Christ and the Inner Life, p. 39-42. Salt Lake City, 1981.
PAUL B. PIXTON
 
Sainte-Cène : Prières de Sainte-Cène
Auteur : TANNER, JOHN S.
 
Les prières de Sainte-Cène, qui ont été révélées par le Seigneur au prophète Joseph Smith, sont parmi les rares prières fixes dans l’Église et les seules qu’il est commandé aux membres d’offrir « souvent » (D&A 20:75). On les fait régulièrement pendant l’administration de l’ordonnance de la Sainte-Cène à la réunion de Sainte-Cène, ce qui les fait occuper une place centrale dans la vie religieuse des saints des derniers jours. Elles sont d’usage ancien et, à une exception près (l’utilisation actuelle d’eau au lieu de vin), conservent les paroles des prières sacramentelles des Néphites :
 
« Ô Dieu, Père éternel, nous te demandons, au nom de ton Fils, Jésus-Christ, de bénir et de sanctifier ce pain pour l’âme de tous ceux qui en prennent, afin qu’ils le mangent en souvenir du corps de ton Fils, et te témoignent, ô Dieu, Père éternel, qu’ils veulent prendre sur eux le nom de ton Fils, se souvenir toujours de lui et garder les commandements qu’il leur a donnés, afin qu’ils aient toujours son Esprit avec eux. Amen » [Moroni 4:3].
 
Ô Dieu, Père éternel, nous te demandons, au nom de ton Fils, Jésus-Christ, de bénir et de sanctifier ce vin pour l’âme de tous ceux qui en boivent, afin qu’ils le fassent en souvenir du sang de ton Fils, qui a été versé pour eux, afin qu’ils te témoignent, ô Dieu, Père éternel, qu’ils se souviennent toujours de lui, et qu’ils aient son Esprit avec eux. Amen » [Moroni 5:2].
 
Les prières, quant à elles, ritualisent les termes utilisés par le Sauveur ressuscité quand il a visité l’Amérique (3 Né. 18:5-11 ; cf. D&A 20:75-79). Suite à une révélation donnée en août 1830 (D&A 27), on a utilisé l’eau au lieu du vin.
 
Il n’existe aucune formulation exacte des prières dans le Nouveau Testament comme celle que nous avons. Cependant, un savant a détecté des parallèles entre les prières de Sainte-Cène des saints des derniers jours et les formules eucharistiques antiques (Barker, p. 53-56). La Traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS) confirme que les éléments principaux des prières de Sainte-Cène faisaient partie de la dernière cène originelle : Jésus y inclut des obligations par alliance semblables à celles qui se trouvent dans les prières (TJS Mt. 26:25) et précisa que ce qu’il faisait introduisait une « ordonnance » officielle qu’ils devaient répéter souvent (TJS Mc. 14:24). De plus, dans la TJS, Jésus ne dit pas : « Ceci est mon corps » ni « Ceci est mon sang », des métaphores dont l’interprétation a historiquement divisé les chrétiens sur la question de la « transsubstantiation ». Il a dit au contraire : « Ceci est en souvenir de mon corps » et « ceci est en souvenir de mon sang » (TJS Mt. 26:22, 24 ; cf. TJS Mc. 14:21, 23).
 
Les prières de Sainte-Cène invitent à l’introspection, au repentir et à la reconsécration et pourtant elles sont également communales, unissant les personnes en des assemblées qui attestent conjointement et publiquement de leur volonté de se souvenir du Christ. Cet engagement commun à devenir comme le Christ, répété chaque semaine, définit l’aspiration suprême de la vie des saints des derniers jours.
 
Bibliographie
Barker, James L. The Protestors of Christendom. Independence, Mo., 1946.
Tanner, John S. "Reflections on the Sacrament Prayers." Ensign 16, avr. 1986, p. 7-11.
Welch, John W. "The Nephite Sacrament Prayers." F.A.R.M.S. Update. Provo, Utah, 1986.
JOHN S. TANNER
 
Scellement
 
[Cette rubrique se compose de trois articles : Scellement : Pouvoir de scellement ; Scellement : Scellements dans le temple ; Scellement : Annulation de scellement. Le premier article, Pouvoir de scellement, explique la signification du scellement dans l’Église et l’autorité requise pour accomplir une ordonnance pour qu’elle soit considérée comme scellée ; le deuxième article, Scellements dans le temple, explique ce qu’est un scellement dans le temple et comment on l’obtient ; et le troisième article, Annulation de scellement, explique brièvement qui peut annuler un scellement.]
 
Scellement : Pouvoir de scellement
Auteur : YARN, DAVID H., Jr.
 
Les signets et les sceaux sont utilisés depuis le début de l’Antiquité pour certifier l’autorité. Le mot « sceau » apparaît de nombreuses fois dans les Écritures. Jésus-Christ a été marqué du « sceau » de Dieu le Père (Jn. 6:27) et Paul a rappelé aux saints d’autrefois que Dieu les avait oints et les avait marqués d’un sceau (2 Co. 1:21-22) et a dit à d’autres : « Vous avez été scellés du Saint–Esprit qui avait été promis, lequel est un gage de notre héritage, pour la rédemption » (Ép. 1:13-14). Jean dit des serviteurs de Dieu que leur front était marqué du sceau (Ap. 7:3). Dans l’apocryphe les Actes de Thomas (verset 131), Thomas prie pour que sa femme, sa fille et lui « reçoivent le sceau » et deviennent « serviteurs du vrai Dieu ». Aujourd’hui encore, les diplômes, les documents juridiques et les autres de ce genre portent des sceaux qui certifient officiellement leur authenticité.
 
Pour les saints des derniers jours, le pouvoir de scellement suprême est le pouvoir de la prêtrise donné aux serviteurs autorisés du Seigneur pour accomplir certains actes sur terre et pour les faire reconnaître (sceller) ou valider dans les cieux. Ils croient que c’est cette autorité que le Seigneur Jésus-Christ décrit quand il dit à Pierre : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux » (Mt. 16:19).
 
Le président de l’Église détient et exerce les clefs du scellement sur la terre. Quand un homme est ordonné apôtre et mis à part en tant que membre du Collège des douze apôtres, le scellement est l’un des pouvoirs qui lui sont accordés. D’autres Autorités générales de l’Église, les présidences des temples et un nombre limité d’officiants dans chaque temple reçoivent ce pouvoir de scellement pendant leur mandat. Une fois que l’on a l’approbation de la Première Présidence pour recevoir le pouvoir de scellement, le président de l’Église, l’un de ses conseillers ou un membre des douze apôtres expressément désigné par le président lui confère le pouvoir de scellement par l’imposition des mains. C’est l’autorité expresse d’accomplir les ordonnances de scellement au temple.
 
C’est l’autorité par laquelle « tous contrats, alliances, conventions, obligations, serments, vœux, actes, unions, associations ou attentes » peuvent être « contractés et scellés par le Saint-Esprit de promesse » et recevoir « validité, vertu ou force dans et après la résurrection d’entre les morts » (D&A 132:7).
 
Dans cette dispensation de la plénitude des temps, le pouvoir de scellement a été rétabli par Élie, le dernier prophète de la période de l’Ancien Testament à le détenir (EPJS, p. 274-275). Il conféra cette autorité à Joseph Smith et à Oliver Cowdery le 3 avril 1836 dans le temple de Kirtland (D&A 110). Quand chaque homme qui a été président de l’Église a été ordonné apôtre et est devenu membre du Collège des Douze, il s’est vu conférer le pouvoir de scellement lequel a ainsi été transmis jusqu’à nos jours (D&A 110:13-16 ; 128:11).
 
Le président de l’Église est investi de ce que l’on pourrait qualifier de pouvoir général de scellement. Quiconque reçoit la prêtrise obtient dans une certaine mesure ce pouvoir général de scellement. Par exemple, comme Bruce R. McConkie le dit : « Tout ce qui n’est pas scellé par ce pouvoir prend fin quand les hommes sont morts. Si un baptême n’a pas ce sceau durable, il n’admettra pas une personne dans le royaume céleste…. Tout acquiert une force et une validité durables grâce au pouvoir de scellement » (MD, p. 615-616).
 
Bibliographie
Packer, Boyd K. The Holy Temple. Salt Lake City, 1980.
Smith, Joseph Fielding. "Elijah : His Mission and Sealing Power." DS, Vol. 2, p. 115-128. Salt Lake City, 1955.
DAVID H. YARN, JR.
 
Scellement : Scellements dans le temple
Auteur : HYER, PAUL V.
 
Un « scellement », au sens général du terme, est le fait d’assurer, de déterminer ou de créer une légitimité. Chez les membres de l’Église, le mot scellement désigne le mariage d’un mari et d’une épouse et la création, entre les enfants et les parents, de rapports qui doivent durer éternellement. Ce type spécial de scellement du mari et de la femme dans le mariage porte le nom de « mariage éternel » ou « mariage céleste ». Il diffère du mariage civil et du mariage religieux, qui sont des cérémonies reconnues seulement par l’autorité terrestre et ne sont que pour la durée de cette vie.
 
Le scellement du mari, de la femme et des enfants en une cellule familiale éternelle est l’ordonnance suprême de la prêtrise par rapport à laquelle toutes les autres sont préparatoires. Elle doit être accomplie par quelqu’un qui détient le pouvoir de scellement et, aujourd’hui, dans un temple de l’Église consacré à Dieu. C’est à ce pouvoir de scellement que le Sauveur fait allusion quand il donne à son apôtre Pierre les clefs du royaume des cieux, en disant que « ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux » (Mt. 16:19). À l’époque moderne, cette autorité de scellement a été rétablie sur la terre le 3 avril 1836, dans le temple de Kirtland, par le prophète Élie, qui était l’ancien gardien de ce pouvoir (D&A 110:13-16).
 
Les prophètes anciens et modernes ont observé que si les familles ne sont pas scellées ensemble en cellules éternelles, si les cœurs des enfants et des pères ne sont pas tournés les uns vers les autres (comme mentionné dans Malachie 4:5-6), l’œuvre et la gloire finales de Dieu ne sont pas atteintes et les buts les plus élevés de la création de la terre ne sont pas réalisés. « Car sans eux [nos ancêtres, nos aïeux] nous ne pouvons parvenir à la perfection, et sans nous ils ne peuvent pas non plus parvenir à la perfection » (D&A 128:16-18).
 
Pour les saints des derniers jours, le monde d’esprit est aussi réel que ce monde-ci. De par la volonté divine, le scellement au temple est accessible non seulement aux personnes en vie, mais est également accessible aux ancêtres décédés d’une famille grâce aux ordonnances accomplies par procuration dans les temples. Ce processus est appelé salut des morts. Les enfants nés de parents qui ont été scellés dans le temple naissent dans l’alliance et sont ainsi liés à leurs parents pour l’éternité sans ordonnance séparée de scellement.
 
Pour recevoir les ordonnances de scellement du temple, les membres de l’Église doivent obtenir, d’une autorité compétente de l’Église, une recommandation à l’usage du temple certifiant qu’ils pratiquent les principes prescrits par l’Église. Ils vont alors dans un temple et reçoivent les ordonnances préparatoires et la bénédiction appelée dotation du temple. Cela consiste à recevoir des enseignements et à faire alliance d’obéir à des lois éternelles stipulées par Dieu dont le respect assure un niveau supérieur de moralité, de mariage et de vie de famille. On peut alors administrer les ordonnances de scellement dont on ne peut retirer tout le profit qu’en obéissant constamment aux lois divines énoncées dans l’Évangile de Jésus-Christ.
 
La cérémonie de scellement est une ordonnance inspirante et solennelle accomplie dans une salle spécialement désignée et consacrée d’un temple. Le couple qui va être marié ou la famille qui va être scellée s’agenouille à un autel. L’officiant est quelqu’un qui a reçu le pouvoir de scellement sous la plus haute autorité de la prêtrise de l’Église (voir Prophète, voyant et révélateur ; Scellement : Pouvoir de scellement).
 
Pour les membres de l’Église, le scellement dote la vie d’un but plus grand et donne au mariage la qualité d’un partenariat divin avec des sauvegardes spirituelles. Mettre des enfants au monde devient une intendance divinement inspirée. Le scellement peut soutenir la famille dans la vie et la consoler dans la mort. Il crée une continuité dans la vie, ici et dans l’au-delà.
 
Bibliographie
Derrick, Royden G. In Temples in the Last Days, chap. 3. Salt Lake City, 1988.
Smith, Joseph Fielding. DS 2:119. Salt Lake City, 1954-1956.
Talmage, James E. The House of the Lord, p. 84-91. Salt Lake City, 1976.
PAUL V. HYER
 
Scellement : Annulation de scellement
Auteur : POELMAN, RONALD E.
 
Les clefs du royaume des cieux conférées à Pierre par le Seigneur Jésus-Christ (Mt. 16:19) et rétablies sur terre à notre époque (D&A 110) par le prophète Élie, qui était autrefois gardien de ce pouvoir (voir Mal. 4:5-6), comportent l’autorité de « lier et délier » sur terre, avec un effet correspondant dans les cieux. Ce pouvoir n’est actuellement détenu et exercé que par le président de l’Église et les autres personnes à qui il est conféré par lui ou sous sa direction. Une fois qu’une ordonnance de scellement est accomplie, seule la Première Présidence peut approuver un changement dans le statut du scellement, notamment l’annulation du scellement (Manuel d’instructions générales, 6-5 à 6-7).

La Première Présidence peut annuler un scellement dans le temple quand les circonstances d’une demande d’annulation le justifient.
 
Bibliographie
Manuel d’instructions générales. Salt Lake City, 1989.
RONALD E. POELMAN
 
Schismatiques
Auteur : TANNER, MARTIN S.
 
Comme tous les groupes religieux importants, l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours a vu un certain nombre de membres, mécontents pour des raisons diverses, la quitter. Certains ont emmené un groupe de membres et ont créé des organisations rivales, basées sur leur interprétation des enseignements de Joseph Smith. Il y a eu quelque 130 groupes de ce genre ; quelques-uns seulement ont duré plus de dix ans.
 
Le premier prit le nom d’Église pure du Christ, fondée en 1831 par Wycam Clark, Northrop Sweet et d’autres. Affirmant que Joseph Smith était un faux prophète, Clark affirma qu’il était le vrai dirigeant de l’Église. Le groupe ne tint que deux ou trois réunions avant de disparaître.
 
Le groupe schismatique le plus important organisé du vivant de Joseph Smith fut l’Église du Christ, fondée en 1837 à Kirtland par Warren Parrish. Quelques mois plus tôt, Parrish avait été accusé de détourner des fonds de la banque de l’Église, la Kirtland Safety Society, et avait été excommunié. Prétendant que Joseph était déchu de son appel divin comme dirigeant de l’Église, Parrish revendiqua l’autorité de la diriger. Il reçut l’appui de trois membres du Collège des douze apôtres, de certains des présidents des soixante-dix et de plusieurs autres dirigeants influents qui s’étaient détachés de Smith pendant la crise économique de 1837-1838 à Kirtland. Ce groupe se désagrégea en moins d’un an (CHC 1:403-407).
 
La mort de Joseph Smith en 1844 produisit encore un foisonnement de nouveaux groupes cherchant à tirer profit de la perte du dirigeant de l’Église. Il y avait, dans ces organisations, des gens qui convenaient que Joseph Smith avait été un vrai prophète, mais beaucoup d’entre eux rejetaient ou ignoraient certains des points de doctrine ou des pratiques qu’il avait établis ; la question qui se posait à eux était de savoir qui était censé prendre sa place.
 
Sidney Rigdon, conseiller de Joseph dans la Première Présidence, fut un des premiers à avancer ses prétentions, disant aux saints que Joseph Smith ne pouvait pas avoir de successeur et qu’il devait être appelé tuteur de l’Église pour veiller sur elle au nom de Joseph et l’édifier en mémoire du prophète assassiné. Ses prétentions furent rejetées par la plupart des membres, qui soutinrent Brigham Young et le Collège des douze apôtres. Rigdon fut excommunié et retourna à Pittsburgh (Pennsylvanie) où il fonda l’Église du Christ, une Église qui dura moins de deux ans. En 1863, il organisa l’Église de Jésus-Christ des Enfants de Sion. Ce groupe dura jusque dans les années 1880.
 
En août 1844, James J. Strang, qui ne s’était converti que quelques mois avant la mort de Joseph Smith, sortit une lettre censée avoir été de Joseph Smith, le nommant pour diriger le troupeau (voir Contrefaçons de documents historiques) et affirma qu’un ange lui était apparu peu de temps après le martyre et l’avait ordonné à cet appel. Il fut immédiatement excommunié. Quelques semaines plus tard, il alla s’installer avec un groupe de convertis à Voree, dans le Wisconsin, la région qu’il affirmait être le nouveau lieu de rassemblement pour l’Église. Parmi ses disciples, il y avait deux apôtres, John E. Page et William Smith (frère cadet de Joseph Smith), ainsi que William Marks, ancien président du pieu de Nauvoo. Pendant une courte période, Martin Harris accompagna un dirigeant strangite en mission en Angleterre.
 
Strang alla s’installer avec son groupe à Beaver Island, une petite île dans le nord du lac Michigan où il se fit couronner roi en 1850 en grande cérémonie. Il y fonda une théocratie qui prospéra pendant la majeure partie de la décennie avec quelque 3.000 membres ; il continua également la pratique du mariage plural. Le 16 juin 1856, deux assassins, qui faisaient partie d’une conspiration, tirèrent sur lui ; il ne désigna pas de successeur avant sa mort onze jours plus tard. Son groupe fut dissous par l’action combinée des forces fédérales et locales et la majorité fut exilée de force de l’île. Il existe cependant toujours un petit reste de l’ordre de Strang dans le Wisconsin, au Michigan, au Colorado et au Nouveau-Mexique (Van Noord, p. 48-177, 233-266 ; Lewis, p. 274-291).
 
Un mouvement pour créer une réorganisation plus importante commença au début des années 1850. Quelques anciens strangites, entre autres William Marks, Jason Briggs et Zenas H. Gurley, se réunirent en 1850 pour décider d’un nouveau dirigeant. Briggs et Gurley avaient été membres du groupe de William Smith, appelé l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, qui avait été organisée en 1846 après que William Smith eut été excommunié par les strangites. Marks, Briggs et Gurley étaient convaincus que la succession à la présidence de l’Église devait être en ligne directe, de père en fils. Dans un effort de prosélytisme intense, ils attirèrent à eux un certain nombre d’autres mormons et d’anciens mormons dans le Midwest. Un groupe se réunit à Beloit (Wisconsin), les 12-13 juin 1852, pour s’organiser. En 1853, ils organisèrent une autre conférence et des apôtres furent choisis. En 1859, Joseph Smith III accepta officiellement l’appel à devenir le nouveau président et prophète et, en avril 1860, le groupe fut officiellement enregistré sous le nom d’Église réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jours. La plus grande partie de la famille immédiate de Joseph Smith, fils, se joignit au début des années 1860 à cette Église et beaucoup de descendants en restent des membres pratiquants aujourd’hui (Launius, p. 77-139).
 
D’autres groupes se détachèrent pendant l’administration de Brigham Young en Utah. Un des plus importants fut celui des Godbeites, organisé en 1868 sous la direction de William S. Godbe. Plusieurs années plus tôt, Godbe s’était joint à E.L.T. Harrison, Edward W. Tullidge, Eli B. Kelsey, William H. Shearman et d’autres hommes d’affaires et intellectuels mormons mécontents pour protester contre la politique d’autonomie économique de Brigham Young. Godbe et son groupe étaient en faveur d’une société moins structurée, du libre-échange à l’intérieur du territoire d’Utah et du commerce non réglementé avec le monde extérieur. Leur protestation sociale ne tarda pas à se transformer en un rejet complet de la doctrine et de la pratique. Ils abandonnèrent intégralement la structure théologique de l’Église, rejetant toute allégeance à quelque prophète ou ensemble d’Écritures que ce soit. Au lieu de cela, ils proclamèrent la fraternité universelle de l’homme et l’amour universel de Dieu. Ceci les amena à se rapprocher du mouvement spirite, qui avait du succès au dix-neuvième siècle. Ils participèrent à un certain nombre de séances, croyant parler avec les dirigeants décédés de l’Église, avec Jésus-Christ et avec les apôtres d’autrefois. Le grand conseil du pieu de Salt Lake City excommunia Godbe et Harrison le 25 octobre 1869. D’autres du groupe finirent par provoquer leur propre excommunication. En 1870, ils organisèrent officiellement l’Église de Sion, une organisation ouvertement antimormone, religieusement et économiquement, qui fonda le journal Salt Lake Tribune. Le mouvement ne réussit pas à attirer beaucoup de nouveaux disciples et disparut en 1880 (Walker, 1974, 1982).
 
D’autres groupes dissidents ont suivi de temps en temps, particulièrement après la fin du mariage plural en 1890 (pour d’autres commentaires voir « Fondamentalistes »).
 
Bibliographie
Anderson, C. Leroy. For Christ Will Come Tomorrow : The Saga of the Morrisites. Logan, Utah, 1981.
Carter, Kate B. Denominations That Base Their Beliefs on the Teachings of Joseph Smith. Salt Lake City, 1969.
Launius, Roger D. Joseph Smith Ill : Pragmatic Prophet. Urbana, Ill., 1988.
Lewis, David Rich. "'For Life, the Resurrection, and the Life Everlasting' : James J. Strang and Strangite Mormon Polygamy, 1849-1856." Wisconsin Magazine of History 66 (été 1983), p. 274-291.
Morgan, Dale L. Bibliographies of the Lesser Mormon Churches. Salt Lake City, n.d.
Rich, Russell R. Those Who Would Be Leaders : Offshoots of Mormonism. Provo, Utah, 1959.
Shields, Steven L. Divergent Paths of the Restoration : A History of the Latter Day Saint Movement, 3e éd. Bountiful, Utah, 1982.
Van Noord, Roger. King of Beaver Island : The Life and Assassination of James Jesse Strang. Urbana, Ill., 1988.
Walker, Ronald W. "The Commencement of the Godbeite Protest : Another View." Utah Historical Quarterly 42 (été 1974), p. 216-244.
Id. "When the Spirits Did Abound : Nineteenth-Century Utah's Encounter with Free-Thought Radicalism." Utah Historical Quarterly 50 (automne 1982), p. 304-324.
MARTIN S. TANNER
 
Sermon sur la montagne
Auteur : UPDEGRAFF, ROBERT TIMOTHY
 
Le sermon sur la montagne (Mt. 5-7) est, pour les saints des derniers jours aussi bien que pour tous les autres chrétiens, la source principale des enseignements de Jésus et des règles du comportement chrétien. Le fait que des récits parallèles apparaissent dans le Livre de Mormon (3 Né. 12-14) et la traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS Mt. 5-7) donne à la fois l’occasion de mieux comprendre le sermon et l’obligation de réfuter les accusations de plagiat pur et simple portées contre le prophète Joseph Smith. La comparaison soigneuse des textes révèle des différences importantes qui sont attribuables avant tout au cadre propre au sermon du Livre de Mormon.
 
Dans le récit du Livre de Mormon, Jésus ressuscité apparaît aux survivants les plus justes d’un terrible orage et d’un violent tremblement de terre en Amérique, des gens qui se sont réunis au temple au pays appelé Abondance. On accomplit à cette occasion des ordonnances, parce que le peuple se prépare pour le baptême, d’abord le baptême d’eau par douze hommes que Jésus a ordonnés, suivi de celui de feu de la part du Seigneur lui-même (3 Né. 12:1). Le sermon au temple permet ainsi à la multitude assemblée de comprendre ses devoirs et ses obligations. Il lui fait aussi connaître la plénitude de l’Évangile que Jésus a établie parmi eux parce qu’il a accompli la loi « qui a été donnée à Moïse » (3 Né. 15:4-10) sous laquelle elle avait vécu. L’obéissance à l’Évangile de Jésus va donner au peuple du Livre de Mormon, lors de sa diffusion dans toutes ses terres, deux cents ans de paix et d’entente (4 Né. 1:17-23). Puisque Jésus lui-même déclare qu’il a fait un sermon semblable en Palestine avant de monter vers son Père (3 Né. 15:1), les saints des derniers jours n’ont aucun doute que le sermon sur la montagne constitue un exposé unifié que le Sauveur a probablement fait en plusieurs occasions (TJS Mt. 7:1-2, 9, 11) et pas simplement un recueil constitué par Matthieu ou ses sources. Comme cela arrive souvent en matière de discours, l’orateur peut répéter le message de base en l’adaptant à l’auditoire concerné.
 
CADRE DES SERMONS. Bien qu’une grande partie du texte de 3 Néphi 12-14 soit identique à Matthieu 5-7, il y a des différences nombreuses et importantes. La plupart des différences proviennent du cadre spécifique dans lequel le sermon est prononcé dans le Livre de Mormon. Tout d’abord, Jésus ressuscité ouvre son sermon du Livre de Mormon par trois béatitudes supplémentaires qui en soulignent le but comme discours aux croyants : « Bénis êtes-vous si vous prêtez attention aux paroles de ces douze que j'ai choisis… bénis êtes-vous, si vous croyez en moi et êtes baptisés… plus bénis sont ceux qui croiront en vos paroles… et seront baptisés… [et] recevront le pardon de leurs péchés » (3 Né. 12:1-2). De plus, le récit du Livre de Mormon est post-résurrectionnel et l’accent est mis sur le fait que le Seigneur a complètement accompli sa mission salvatrice. Ainsi, Jésus peut résumer la série d’antithèses rapportées dans 3 Néphi 12:21-45: « Les choses anciennes, qui étaient sous la loi, sont toutes accomplies en moi » (3 Né. 12:46). En outre, plutôt que de commander au peuple « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Mt. 5:48), Jésus lui dit, en des termes significativement modifiés : « C'est pourquoi, je voudrais que vous soyez parfaits tout comme moi, ou comme votre Père qui est dans les cieux est parfait » (3 Né. 12:48). Au lieu de la déclaration à réalisation future « il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé » (Mt. 5:18), le passage du Livre de Mormon remplace l’expression « jusqu’à ce que tout soit arrivé » par « mais en moi elle a été toute accomplie » (3 Né. 12:18).
 
D’autres changements correspondent au cadre du Livre de Mormon et à l’absence des déclarations antipharisaïques qui ont une place si importante dans le récit de Matthieu. Deux exemples du premier changement sont le remplacement du « quadrant » (Mt. 5:26) par la « sénine » (3 Né. 12:26), qui était la plus petite mesure d’or des Néphites (Alma 11:3, 15-19) et l’absence de mention du serment « par Jérusalem… la ville du grand roi » (Mt. 5:35). De même, le sermon au temple à Abondance ne parle pas de surpasser la justice des scribes et les pharisiens, comme dans Matthieu 5:20, ou celle des publicains qui sont aimés de leurs amis (Mt. 5:46-47). Au lieu des allusions aux scribes et aux pharisiens (Mt. 5:20), le Seigneur dit aux Néphites : « À moins de garder les commandements, ce que je vous donne maintenant, vous n'entrerez en aucun cas dans le royaume des cieux » (3 Né. 12:20). En outre, le récit du Livre de Mormon ne contient aucune des mentions d’automutilation que l’on trouve dans Matthieu 5:29-30 (cf. 3 Né. 12:22).
 
ÉCLAIRCISSEMENTS. Un autre type de différences consiste en des ajouts au texte du sermon sur la montagne qui fournissent souvent des éclaircissements sensés. On en trouve plusieurs exemples dans les Béatitudes. La version du Livre de Mormon note que ce sont « les pauvres en esprit qui viennent à moi » qui héritent le royaume des cieux (3 Né. 12:3 ; Mt. 5:3). À la fin de 3 Néphi 12:6 (cf. Mt. 5:6), on trouve : « Bénis sont tous ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront remplis du Saint-Esprit ». On pourrait croire que ce sont là de petits changements, mais ils n’en permettent pas moins de mieux comprendre le sens des paroles de Jésus.
 
Pour les saints des derniers jours, le message du sermon sur la montagne porte sur sa valeur normative. Peuple de l’alliance, ils assument l’obligation d’imiter le Sauveur dans leur vie personnelle et de travailler au but final qui est de devenir comme lui. Bien que les exigences soient importantes, elles constituent une incitation à devenir comme leur modèle divin (cf. 2 Né. 31:7-10, 16 ; 3 Né. 27:27). Les mots et les enseignements simples que Jésus a donnés à ses disciples en Palestine et aux survivants du Livre de Mormon sont encore applicables à ses saints d’aujourd’hui. [Voir aussi Notre Père.]
 
Bibliographie
Stendahl, Krister. "The Sermon on the Mount and Third Nephi." Dans Reflections on Mormonism, dir. de publ. T. Madsen, p. 139-154. Provo, Utah, 1978.
Thomas, Catherine. "The Sermon on the Mount : The Sacrifice of the Human Heart." Dans Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson et R. Millet, Vol. 5, p. 236-50. Salt Lake City, 1986.
Welch, John W. The Sermon at the Temple and the Sermon on the Mount. Salt Lake City, 1990.
ROBERT TIMOTHY UPDEGRAFF
 
Sexualité
Auteur : Olson, Terrance D.
 
Dans la vie et la pensée des saints, la sexualité consiste en une attitude, des sentiments et des désirs qui sont donnés par Dieu et sont essentiels au plan de Dieu pour ses enfants, mais qui ne sont pas la force motivante centrale dans l’agir humain. Chacun doit gérer ses pulsions sexuelles dans les limites que le Seigneur a fixées. La sexualité ne se définit pas comme un besoin ou une privation qu’il faut satisfaire, mais comme un désir qui ne doit être assouvi que dans le mariage avec des égards et de la sensibilité pour le bien-être de son conjoint hétérosexuel. En tant que progéniture de Dieu, les humains portent la lumière divine du Christ, qui est le moyen par lequel doit se mesurer l’expression correcte du désir sexuel. Selon que les hommes et les femmes sont fidèles ou infidèles à cette lumière, ils sont les maîtres ou les victimes des pulsions sexuelles. Ces désirs ne doivent être assouvis que dans le mariage hétérosexuel légal dans lequel l’activité sexuelle doit être une expression de l’unité, de la compassion, de l’engagement et de l’amour. La réciprocité et l’égalité doivent être la caractéristique de l’intimité physique d’un couple marié.
 
Les objectifs des relations sexuelles bien comprises dans le mariage sont entre autres l’expression et l’édification de la joie, de l’unité et de l’amour. Être « une seule chair », c’est connaître l’unité émotionnelle et spirituelle. Cette unité est un but aussi fondamental des relations sexuelles que la procréation. Le président Spencer W. Kimball a dit :
 
« L’union des sexes, du mari et de la femme (et seulement du mari et de la femme), a pour but principal de faire venir des enfants au monde. Le Seigneur n’a jamais voulu que les relations sexuelles soient un simple jouet ou servent simplement à satisfaire des passions et des pulsions. Nous ne connaissons aucune directive du Seigneur stipulant que pour être légitimes les relations sexuelles entre mari et femme doivent se limiter strictement à la procréation, mais nous avons d’amples indications depuis Adam jusqu’à nos jours que le Seigneur n’a jamais accordé de place aux relations sexuelles ‘libres’ » [1975, p. 4].
 
En outre, comme Paul le fait remarquer, « Que le mari rende à sa femme ce qu’il lui doit, et que la femme agisse de même envers son mari. La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et pareillement, le mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme » (1 Co. 7:3-4). Ainsi donc, l’intimité physique est une bénédiction pour les couples mariés quand elle est l’expression de leur engagement mutuel au bien-être l’un de l’autre, une affirmation de leurs efforts pour être émotionnellement et spirituellement un. La clef en matière sexuelle est la générosité. La recherche égocentrique du désir physique détruit l’unité et l’amour qui caractérisent les relations matrimoniales saines. Ce genre d’amour ou de charité est patient, plein de bonté, n’est pas envieux, « ne fait rien de malhonnête… ne cherche point son intérêt… ne s’irrite point… ne soupçonne point le mal » (1 Co. 13:4-5) et est compatible avec la lumière du Christ, qui dirige tout le monde dans les voies de la justice.
 
Le fait d’amener des enfants dans un foyer aimant est considéré comme une bénédiction et une responsabilité sacrées du mari et de la femme. Étant donné ce contexte, la régulation des naissances est une question laissée à la décision commune, prise dans l’esprit de la prière, par un couple qui est droit devant Dieu, avec la recommandation que le mari doit être prévenant vis-à-vis de sa femme, qui est la personne qui subit les exigences physiques et émotionnelles les plus grandes dans la mise au monde d’enfants. La santé et la force de la femme doivent être préservées dans la grossesse ; la sagesse doit donc régir la façon dont mari et femme s’acquittent de la responsabilité de devenir parents et de s’occuper de leur progéniture.
 
Les pulsions sexuelles chez l’homme ou la femme mûrs sont relativement fortes et constantes, et elles ne sont pas mauvaises. Parley P. Pratt, l’un des premiers apôtres de notre dispensation, a fait cette réflexion :
 
« Certains pensent que nos affections naturelles sont le résultat d’une nature déchue et corrompue et qu’elles sont ‘charnelles, sensuelles et diaboliques’ et qu’il faut donc y résister, les soumettre ou les surmonter comme autant de maux qui empêchent notre perfection ou notre progression dans la vie spirituelle… Nos affections naturelles sont implantées en nous par l’Esprit de Dieu dans un but sage et elles sont la source même de la vie et du bonheur, elles sont le ciment de toute société vertueuse et céleste, elles sont l’essence de la charité ou de l’amour… Il n’existe pas de principe plus pur et plus saint que l’affection qui brûle dans la poitrine d’un homme vertueux pour sa femme » [p. 52].
 
Comme pour n’importe quel appétit ou passion, le désir physique peut être déformé, perverti ou devenir obsessionnel. Spencer W. Kimball a observé que, comme dans tous les autres aspects du mariage, il y a des vertus à observer dans le domaine sexuel : « Il y a des gens pour dire que tout est permis dans l’alcôve. Ce n’est pas vrai et le Seigneur ne le tolérerait pas » (Kimball, 1982, p. 312).
 
L’Église interdit les relations sexuelles excepté entre un homme et une femme qui sont légalement mariés l’un avec l’autre. Les saints des derniers jours sont censés s’abstenir de rapports sexuels avant le mariage et d’honorer l’alliance du mariage en limitant les relations sexuelles au seul conjoint (voir Chasteté, loi de ; Relations sexuelles avant le mariage). La morale sexuelle exige également que l’on s’abstienne d’activités qui éveillent des désirs qui ne peuvent s’exprimer avant le mariage. L’abstinence sexuelle avant le mariage est considérée non seulement comme juste et possible mais également salutaire. L’abstinence n’est pas regardée comme une répression, et il n’y a pas non plus de conséquences négatives particulières à vivre ainsi.
 
Les parents ont l’obligation d’enseigner à leurs enfants à la fois la nature bonne – le caractère sacré – du pouvoir de créer la vie (voir Procréation) et les principes de la maturation et du développement sexuel. Les dirigeants de l’Église encouragent les parents à discuter ouvertement de la sexualité avec leurs enfants, en répondant franchement à leurs questions et en contrastant le plan du Seigneur pour ses enfants – qui inclut leur capacité d’avoir un jour eux-mêmes des enfants – avec la façon dont ce pouvoir de créer la vie peut être profané ou mal utilisé. Les enfants doivent être préparés dans leur jeunesse et, en fonction de leur développement, instruits de la reproduction humaine et des significations émotionnelles et spirituelles du pouvoir de procréation et du désir sexuel qui se développeront en eux (voir Éducation sexuelle). Il est attendu des parents qu’ils enseignent des principes corrects et donnent l’exemple de ce qu’ils enseignent, se traitant avec compassion et charité et vivant dans des relations de fidélité absolue.
 
À la base de tout enseignement parental il doit y avoir des relations d’amour et de confiance entre parents et enfants. Les jeunes sont vulnérables aux tentations sexuelles à cause de la force de leurs pulsions grandissantes et parce qu’ils en sont encore à se développer dans la compréhension et la responsabilité. La pleine compréhension des conséquences – pour eux-mêmes et pour les générations suivantes – du refus d’abstinence sexuelle ne va pas forcément de pair avec leur intérêt sexuel. La confiance et le respect pour les parents peuvent aider à isoler les adolescents des tentations pendant que leur capacité d’exercer tous leurs droits et responsabilités mûrit.
 
La responsabilité des parents d’éduquer les enfants avec tact et de manière directe ne doit pas être déléguée à l’école ou à d’autres organismes extérieurs au foyer. Quand des programmes publics d’éducation sexuelle sont offerts, il est recommandé aux parents de l’Église de s’assurer qu’ils reconnaissent suffisamment la sainteté du mariage et sont en faveur de valeurs et de principes axés sur la famille. Quand des organismes de ce genre entreprennent l’éducation sexuelle, les parents de l’Église devraient avoir préparé et instruit leurs enfants de telle manière que les programmes scolaires soient tout au plus un supplément aux fondements posés dans le cercle de famille.
 
Le niveau de moralité sexuelle approuvé par l’Église s’applique de manière égale aux hommes et aux femmes. Étant donné que le pouvoir de créer la vie est au centre du plan de Dieu pour ses enfants, les transgressions sexuelles sont d’une gravité extrême (voir Adultère). Ceux qui enfreignent la loi de chasteté peuvent faire l’objet de sanctions disciplinaires de l’Église dont le but est de les aider à mettre fin à leurs transgressions et de les réintégrer complètement. Que ce soient l’adultère, la fornication, la maltraitance sexuelle, l’inceste, le viol, la perversité ou toute autre pratique impure, ces comportements doivent être vigoureusement combattus par les autorités locales de l’Église, qui cherchent à obtenir le repentir des délinquants et la protection des victimes éventuelles. Les relations homosexuelles sont interdites (voir Homosexualité). Dans ces cas-ci, l’Église affirme que de telles distorsions dans les pulsions ou le comportement sexuels peuvent, avec l’aide de Seigneur, être surmontées. Les dispositions prises par l’Église doivent être motivées par un intérêt compatissant pour le bien-être des transgresseurs et la guérison des relations. L’inconduite sexuelle ne doit pas être pardonnée, ignorée ou traitée avec légèreté. Les transgresseurs eux-mêmes peuvent être pardonnés, mais seulement en se repentant et en allant au Christ (voir Repentir) et en se détournant, par son expiation, de leurs croyances et de leurs pratiques destructrices.
 
Les victimes de viol ou d’inceste sont souvent traumatisées et éprouvent des sentiments de culpabilité, mais elles ne sont pas responsables du mal fait par d’autres, et elles méritent et doivent retrouver leur sentiment d’innocence grâce à l’amour et aux conseils des dirigeants de l’Église.
 
En termes pratiques, les avantages qu’il y a à mener une vie chaste avant le mariage et à être fidèle dans le mariage s’appliquent à tous les aspects du mariage et des relations familiales. En restant chaste avant le mariage et totalement fidèle à son conjoint dans un mariage hétérosexuel, on peut éviter certaines maladies physiquement débilitantes, des grossesses extra-conjugales, et la transmission d’infections vénériennes à ses enfants. Le sentiment de confiance, de fidélité, d’amour et d’engagement essentiel à l’idéal de l’unité dans le mariage et la vie de famille n’est pas entamé ou tendu. En outre, cela renforce les relations que l’on a avec Dieu et la confiance que l’on a en lui. En gérant le pouvoir de créer la vie, on plante le décor pour l’exercice de ces désirs, pas sur le caprice du moment, mais avec respect pour le caractère sacré des pouvoirs divins de création.
 
Bibliographie
Foster, Lawrence. Religion and Sexuality : Three American Communal Experiments of the Nineteenth Century. New York, 1981.
Kimball, Spencer W. "The Lord's Plan for Men and Women." Ensign 5, octobre 1975, p. 2-5.
Kimball, Spencer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball. Salt Lake City, 1982.
Pratt, Parley P. Writings of Parley Parker Pratt, dir. de publ. Parker P. Robison. Salt Lake City, 1952.
Rytting, Marvin. "On Sexuality." Dialogue 7, hiver 1972, p. 102-104.
"Sexuality and Mormon Culture." Dialogue 10, automne 1976, p. 9-93. Le numéro tout entier est sur la sexualité.
TERRANCE D. OLSON
 
Smith, Joseph, fils
 
[Cette rubrique se compose de quatre parties :
Smith, Joseph : Le prophète
Smith, Joseph : Enseignements de Joseph Smith
Smith, Joseph : Écrits de Joseph Smith
Smith, Joseph : Procès de Joseph Smith
 
Smith, Joseph : Le prophète est une biographie de Joseph Smith ; Smith, Joseph : Enseignements de Joseph Smith esquisse sa pensée et ses enseignements ; Smith, Joseph : Écrits de Joseph Smith examine ses écrits personnels et l’ensemble des Écritures, des révélations et de l’histoire résultant de son ministère ; et Smith, Joseph : Procès de Joseph Smith raconte son histoire judiciaire et juridique. Voir aussi Visions de Joseph Smith.
 
Les aperçus historiques de l’histoire des saints des derniers jours à l’époque de Joseph Smith sont Histoire de l’Église : 1820-1831, Cadre, Fondation, Période de New York ; Histoire de l’Église : 1831-1844, Périodes d’Ohio, du Missouri et de Nauvoo. Pour les rubriques traitant de son appel de prophète, on consultera Prophète Joseph Smith. Pour le cadre de la famille de Joseph Smith, voir Smith, Famille et Smith, Ancêtres ; voir aussi les rubriques sur sa mère, Smith, Lucy Mack ; son père, Smith, Joseph, père ; son frère, Smith, Hyrum, et son épouse, Smith, Emma Hale.]
 
Smith, Joseph : Le prophète
Auteurs : BUSHMAN, RICHARD L. et JESSEE, DEAN C.
 
Joseph Smith, fils (1805-1844), souvent désigné sous le nom de Joseph Smith, le prophète, est le prophète fondateur de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Les saints des derniers jours l’appellent « le prophète » parce que, dans la tradition des prophètes de l’Ancien et du Nouveau Testament, ses enseignements dépendaient de la révélation de Dieu, pas de sa culture. Ils acceptent ses révélations, dont beaucoup ont été publiées sous les titres Doctrine et Alliances et Perle de grand prix, Écritures parallèles à la Bible. Dans sa jeunesse, Joseph Smith a également traduit un document sacré provenant de l’Amérique ancienne, appelé Livre de Mormon. Ces révélations et ces documents ont rétabli sur la terre l’Évangile pur du Christ. Le rôle de Joseph Smith dans l’histoire a été de fonder l’Église de Jésus-Christ basée sur cet Évangile rétabli en vue de la seconde venue du Christ.
 
Ses origines ne laissaient rien présager de cette vie hors normes. Les ancêtres de Joseph Smith étaient des fermiers ordinaires de la Nouvelle-Angleterre. Ses ancêtres Smith avaient émigré au dix-septième siècle d’Angleterre en Amérique et s’étaient installés à Topsfield (Massachusetts), où ils s’étaient fait un nom. Son grand-père, Asael Smith, incapable alors de payer les dettes de la ferme familiale, vendit la ferme, liquida les dettes et émigra en 1791 à Tunbridge (Vermont), où il acheta suffisamment de terres pour pourvoir aux besoins de ses fils. Les ancêtres Mack de Joseph Smith, venus d’Écosse, s’installèrent à Lyme (Connecticut), prospérèrent un certain temps, puis rencontrèrent des temps difficiles. Solomon Mack, grand-père de Joseph, tenta diverses entreprises en Nouvelle-Angleterre et à New-York avec peu de succès financier. L’un des fils Mack s’installa à Tunbridge, ce qui permit à Lucy Mack de rencontrer Joseph Smith, père, l’un des fils d’Asael. Le couple se maria en 1796. Il eut onze enfants dont neuf vécurent jusqu’à l’âge adulte. Joseph Smith, fils, né le 23 décembre 1805, à Sharon (Vermont), fut le troisième fils qui resta en vie et le quatrième enfant.
 
Le jeune Joseph eut peu de scolarité. En 1803, ses parents perdirent leur ferme de Tunbridge suite à l’échec d’une entreprise commerciale et, pendant les quatorze années qui suivirent, déménagèrent d’une ferme louée à l’autre. En 1816, ils émigrèrent à Palmyra (New-York), juste au nord des Finger Lakes, où ils achetèrent en 1817 une ferme à Farmington (plus tard Manchester), l’arrondissement directement au sud de Palmyra. La nécessité de défricher des terres et de produire de quoi vivre chichement laissait peu de temps pour l’école. « Comme il fallait bien les efforts de tous ceux qui étaient capables d’apporter la moindre aide pour l’entretien de la famille, écrit Joseph en 1832, nous avons été privés du bénéfice des études. Qu’il suffise de dire que j’ai simplement appris à lire, à écrire et les bases de l’arithmétique, ce qui a constitué tous mes acquis littéraires » (Jessee, 1989–, 1:5). Sa mère le décrit comme « beaucoup moins enclin à la lecture des livres que le reste des enfants, mais beaucoup plus adonné à la méditation et à l’étude approfondie » (Smith, p. 84). Sa connaissance de la Bible et sa façon biblique d’écrire donnent à penser qu’une grande partie de ses études primaires est venue de cette source.
 
L’un des sujets qu’il méditait était la religion. Ses parents avaient été élevés sous l’influence du Congrégationnalisme de la Nouvelle-Angleterre mais, mécontents des prédicateurs des environs, ils n’allaient pas régulièrement à l’église. Les deux parents eurent des expériences religieuses profondes et un désir ardent de salut sans avoir une manière satisfaisante de rendre le culte. Quelques années après leur installation à Palmyra, Lucy Smith et trois des enfants entrèrent chez les presbytériens ; Joseph, père, et les autres, notamment Joseph, fils, restèrent chez eux. Le jeune Joseph était profondément préoccupé par la question de savoir à quelle Église se joindre et la prédication des pasteurs lors des réveils dans la région augmentait son incertitude.
 
Au printemps de 1820, alors qu’il venait d’avoir quatorze ans, Joseph demanda directement à Dieu de le guider. La réponse fut étonnante. Tandis qu’il priait dans les bois près de chez lui, le Père et le Fils lui apparurent. L’assurant que ses péchés lui étaient pardonnés, le Seigneur lui dit qu’aucune des Églises n’était la bonne et qu’il ne devait se joindre à aucune. Les saints des derniers jours appellent cela la Première Vision de Joseph Smith, l’événement qui a été à l’origine du rétablissement de l’Évangile. À l’époque, cela fit peu d’impression sur les contemporains de Joseph Smith. Il parla de la vision à un pasteur et se fit rabrouer. Croyant que la Bible suffisait, les pasteurs étaient sceptiques vis-à-vis de la révélation directe. Le dédain affiché irrita Joseph, qui avait seulement essayé de raconter ce qui lui était arrivé, et l’éloigna encore plus des Églises.
 
Au bout de trois ans sans autres révélations, Joseph se demanda s’il avait toujours la faveur de Dieu et pria de nouveau pour être dirigé et pardonné. La vision qu’il reçut le 21 septembre 1823 allait orienter le cours de sa vie pendant les sept années suivantes. Un ange lui apparut et lui parla d’annales sacrées d’un peuple antique. Cet ange, Moroni, dit à Joseph qu’il allait recevoir ces annales, écrites sur des plaques d’or, et les traduire. Il lui dit aussi que l’alliance faite autrefois par Dieu avec Israël était sur le point de s’accomplir, que la préparation de la seconde venue du Christ était sur le point de débuter et que l’Évangile devait être prêché à toutes les nations pour préparer les hommes pour le règne millénaire du Christ. Dans une vision, Joseph vit la colline près de sa maison où les plaques étaient enterrées. Quand il s’y rendit le lendemain pour prendre possession des plaques, l’ange l’arrêta. Il lui dit qu’il devait attendre quatre ans pour obtenir les plaques et qu’entre-temps, il devait retourner tous les ans pour recevoir des instructions. Le 22 septembre 1827, il obtint les plaques à partir desquelles il traduisit le Livre de Mormon (voir Moroni, Visitations de).
 
La découverte des plaques d’or à flanc de coteau faisait étrangement écho à d’autres expériences de la famille Smith. Comme beaucoup d’autres habitants de la Nouvelle-Angleterre, elle connaissait bien la pratique de la recherche de trésors perdus à l’aide de moyens surnaturels. Le père de Joseph Smith passait pour être l’un de ces chercheurs de trésors et Joseph Smith lui-même avait trouvé une pierre, appelée pierre de voyant, qui était censée lui permettre de trouver les objets perdus. Les chercheurs de trésors voulaient l’utiliser pour les aider dans leurs recherches. L’un d’eux, un nommé Josiah Stowell (parfois écrit Stoal), engagea Joseph et son père en 1825 pour faire des fouilles pour trouver un trésor espagnol supposé se trouver près d’Harmony (Pennsylvanie). L’entreprise n’aboutit pas et les Smith rentrèrent chez eux, mais les voisins continuèrent à voir dans les Smith des membres des chercheurs de trésors. Joseph Smith dut apprendre, pendant ses quatre années d’attente, à apprécier les plaques uniquement pour leur valeur religieuse, pas pour leur valeur monétaire. L’ange interdit à Joseph de prendre les plaques lorsqu’il les vit pour la première fois parce que des pensées concernant leur valeur commerciale lui avaient traversé l’esprit. Joseph dut apprendre à se concentrer sur le but religieux des plaques et à laisser de côté toute considération sur leur valeur en or.
 
En 1825, pendant qu’il travaillait à Harmony, Joseph Smith rencontra Emma Hale chez celle-ci où son père et lui avaient pris pension. Il continua de la voir au cours de l’année suivante tout en faisant d’autres travaux dans la région et, le 18 janvier 1827, ils se marièrent. Elle était grande, droite et mince et avait les cheveux noirs ; lui avait plus d’un mètre quatre-vingts, était solidement bâti et avait les cheveux châtain clair et les yeux bleus. Après le mariage, ils allèrent vivre avec la famille Smith à Manchester, près de la colline Cumorah, où les plaques étaient toujours enterrées.
 
Le 22 septembre 1827, Joseph Smith se rendit pour la cinquième fois à la colline. Cette fois-ci, l’ange lui permit de prendre les plaques, avec pour ordre strict de ne les montrer à personne. Mais il y eut des complots pour les lui enlever et on ne le laissa pas commencer la traduction en paix. Finalement, Emma et lui durent déménager, pour leur sécurité, et s’installer à Harmony, près de la famille d’Emma.

Pendant les trois années qui suivirent, l’œuvre de Joseph dépendit de l’appui d’un petit nombre d’amis fidèles qui vinrent à son aide et le protégèrent des curieux. Son attitude ouverte inspirait confiance et la franchise avec laquelle il relatait tout simplement ce qui lui était arrivé désarmait les sceptiques. Son frère écrivit plus tard que la jeunesse de Joseph, son manque d’instruction et « sa personnalité et sa manière d’être » convainquirent la famille qu’il était incapable de « dire autre chose que la vérité » (William Smith on Mormonism, Lamoni, Iowa, 1883, p. 9-10). Le temps que la traduction fût terminée et le Livre de Mormon publié, une quarantaine ou une cinquantaine de personnes avaient cru en sa mission et en ses dons divins.
 
Martin Harris, un fermier prospère de Palmyra, fut l’un de ces amis. Il aida Joseph à aller s’installer à Harmony avant de s’y installer lui-même pour aider à la traduction. Avec les plaques, Joseph avait reçu, pour lui permettre de traduire, un instrument spécial appelé interprètes ou urim et thummim. Martin Harris écrivait sous la dictée (voir Traduction du Livre de Mormon par Joseph Smith). Au printemps de 1828, après trois mois de travail, Martin Harris reprit chez lui les 116 pages de traduction pour les montrer à sa femme et elles furent perdues ou volées. Ceci interrompit la traduction et plongea Joseph dans la détresse. Peu après, il se faisait vertement réprimander dans une révélation (D&A 3). C’est vers ce moment-là, le 15 juin 1828, que le fils aîné de Joseph et d’Emma mourut le jour de sa naissance, ce qui fut un déchirement supplémentaire pour Joseph.
 
La traduction reprit à l’automne de 1828, continuant par intermittence jusqu’au printemps de 1829. C’est alors qu’Oliver Cowdery, un instituteur qui avait appris l’existence des plaques par les parents de Joseph, crut en celui-ci et accepta d’écrire sous la dictée. Ils travaillèrent ensemble d’avril à juin 1829. Quand les deux amis prièrent, le 15 mai, pour comprendre le baptême, un messager, qui se présenta comme étant Jean-Baptiste apparut, leur conféra l’autorité dans la prêtrise et leur commanda de se baptiser mutuellement (voir Prêtrise d’Aaron : Rétablissement). Oliver écrivit plus tard : « Ce furent là des jours inoubliables ! Cela éveillait en mon sein la gratitude la plus profonde que de pouvoir être là à écouter le son d'une voix parlant sous l'inspiration du ciel » (JS–H 1:71 n).
 
Oliver ne fut pas le seul témoin supplémentaire des révélations. Quand l’opposition commença à monter à Harmony, Oliver et Joseph partirent en juin 1829 à Fayette, New York, pour la maison familiale de David Whitmer, ami d’Oliver. Ici encore, Joseph reçut le soutien nécessaire de personnes qui croyaient en lui. Une fois la traduction terminée, il fut dit à Joseph que d’autres seraient autorisés à voir les plaques, qu’il avait été jusqu’alors le seul à voir. L’ange Moroni apparut à Martin Harris, à Oliver Cowdery et à David Whitmer et leur montra les plaques d’or tandis qu’une voix venue du ciel déclarait que la traduction avait été faite par le pouvoir de Dieu et était vraie (voir Témoins du Livre de Mormon). La mère de Joseph écrit que Joseph rentra à la maison après cette révélation et se laissa tomber sur un siège près d’elle en s’exclamant qu’enfin quelqu’un d’autre avait vu les plaques. « Maintenant ils savent par eux-mêmes que je ne passe pas mon temps à tromper les gens » (Smith, p. 139). Des mots qui en disent long sur la tension qu’il avait en lui de savoir qu’il était le seul témoin de ses expériences remarquables.
 
En mars 1830, le Livre de Mormon fut publié, ce qui mit fin à une phase de la vie de Joseph mais pas de sa mission divine. En 1829, des révélations lui commandèrent d’organiser une Église. Le 6 avril 1830, chez les Whitmer à Fayette, l’Église du Christ fut organisée avec Joseph Smith et Oliver Cowdery comme premier et deuxième anciens (voir Organisation de l’Église, 1830).
 
Le fait de devoir diriger l’Église donna à la vie de Joseph Smith une orientation nouvelle. Jusqu’alors il avait été un jeune homme avec un don divin et la mission de traduire le Livre de Mormon ; maintenant, sans aucune expérience antérieure comme organisateur, il se retrouvait responsable d’organiser une Église et de diriger un peuple. Il dut s’appuyer sur la révélation. Au cours des six années qui suivirent, il reçut beaucoup de révélations, dont 90 remplissent 190 pages des Doctrine et Alliances. Elles vont d’instructions portant sur de menus détails d’administration à des descriptions sublimes de la vie dans l’au-delà. Habituellement, quand il y avait des problèmes à résoudre, qu’ils soient administratifs ou doctrinaux, le prophète recherchait l’aide divine et, grâce à elle, dirigeait l’Église.
 
La voie tracée à la nouvelle Église par les révélations était extraordinairement difficile. Le prophète reçut pour instructions de se lancer dans des projets qui s’étendaient sur la moitié du continent et qui impliquaient une réorganisation de la société. Le grand objectif était l’établissement de Sion. Les enseignements du Livre de Mormon sur le Christ parlaient d’une nouvelle Jérusalem, une ville de Sion qui serait fondée en Amérique (3 Né. 20:22). Des révélations ultérieures décrivaient la nature du nouvel ordre. Le concept central était le rassemblement des gens purs et honnêtes d’entre les nations dans des communautés où ils pourraient apprendre à vivre dans l’unité et l’amour sous la direction divine et où des temples pourraient être construits pour administrer les ordonnances sacrées du salut.
 
En septembre-octobre 1830, des missionnaires furent appelés pour instruire les Amérindiens qui vivaient près de la frontière occidentale du Missouri (voir Mission lamanite de 1830-1831). Il fut dit à ces missionnaires que la ville de Sion serait située quelque part dans cette région. Plus tard, des révélations portèrent sur un rassemblement au Missouri pour organiser Sion et un nouvel ordre économique conçu pour permettre aux saints de vivre ensemble dans l’unité (voir Consécration : Loi de consécration). Joseph et d’autres dirigeants de l’Église se rendirent au comté de Jackson (Missouri) pendant l’été de 1831, et là apprirent par révélation que la ville devait être construite et un temple érigé près d’Independence (Missouri) (voir Missouri : Communautés de saints dans les comtés de Jackson et de Clay). Le rassemblement devait commencer immédiatement.
 
Quand on se rappelle que Joseph Smith n’avait pas encore vingt-six ans et que cinq ans plus tôt il n’était qu’un paysan sans instruction connu seulement pour ses dons spirituels, il est difficile de comprendre l’audace de ces plans. L’ampleur de ses conceptions ne le dérangea jamais. « J’ai l’intention de poser des fondements qui révolutionneront le monde entier », devait-il dire plus tard (HC 6:365). Il agissait avec la certitude que ses directives venaient de Dieu et que l’Église triompherait en dépit de tout.
 
Au printemps de 1831, pratiquement tous les saints des derniers jours quittèrent l’État de New York pour l’Ohio. Joseph et Emma s’installèrent à Kirtland (Ohio), près d’un groupe de nouveaux convertis et, pendant les six années suivantes, ce fut le siège de l’Église. L’autre point focal de la vie de l’Église jusqu’en 1838 fut le Missouri, d’abord Independence, emplacement de la future ville de Sion, puis le nord du Missouri. À mesure que les saints des derniers jours émigraient au Missouri, les tensions avec les vieux colons augmentèrent. Au comté de Jackson, en 1831-1833, et de nouveau au comté de Caldwell, en 1836-1838, les efforts pour établir Sion suscitèrent une opposition violente contre ce que les non-mormons percevaient comme une menace contre leur mode de vie (voir Conflit au Missouri).
 
Joseph Smith fit également des efforts pour réaliser sa vision de Sion pendant les sept années que les saints des derniers jours furent en Ohio. Il organisa les premiers pieux et installa la structure de la présidence de la prêtrise de l’Église. Le prophète créa une banque, un journal et une imprimerie ; il supervisa la construction du premier temple de l’Église et lança une œuvre missionnaire considérable aux États-Unis, au Canada et en Angleterre. Ses révélations, notamment une loi de santé (voir Parole de Sagesse), orientèrent les saints dans la gestion de leur vie quotidienne. Il fit une traduction de la Bible (voir Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)). Il instaura un système scolaire pour préparer les saints pour les rôles de direction et de mission et étudia lui-même l’hébreu à l’école. L’apogée des années de Kirtland fut la consécration du temple. Bien qu’ayant reçu l’autorité dans la prêtrise plusieurs années plus tôt, en 1836, dans le temple de Kirtland, Joseph Smith reçut des clefs d’autorité supplémentaires importantes de Moïse, d’Élias et d’Élie relatives au rassemblement d’Israël et au scellement éternel des familles.
 
L’opposition avait harcelé le prophète depuis le moment où il avait parlé pour la première fois de ses visions. En 1832, il fut enduit de goudron et de plumes et battu par des émeutiers qui s’introduisirent dans la maison où il logeait à Hiram (Ohio), intrusion qui fut à l’origine de la mort d’un enfant. À Kirtland, des querelles se produisirent dans l’Église concernant la nature de la nouvelle société et de l’implication du prophète dans le domaine économique et la politique ; certains l’accusèrent d’essayer de s’immiscer dans leur vie privée et le qualifièrent de prophète déchu. Au début de 1838, l’opposition, particulièrement parmi les dirigeants en Ohio, s’intensifia à tel point que le prophète et les membres fidèles partirent au Missouri.
 
Joseph Smith arriva avec sa famille à Far West (comté de Caldwell, Missouri) en mars 1838, et là il chercha de nouveau à créer un lieu de rassemblement pour les saints et à construire un temple (voir Missouri : Localités de saints dans les comtés de Caldwell et de Daviess). Mais, comme précédemment, l’afflux d’étrangers ayant des pratiques sociales, religieuses et économiques différentes fut inacceptable pour les vieux colons. L’opposition dégénéra en violence, le 6 août 1838, à Gallatin (comté de Daviess) quand les ennemis de l’Église essayèrent d’empêcher les saints des derniers jours de voter. La bagarre qui s’ensuivit fit des blessés des deux côtés. Un malentendu qui se produisit ensuite avec un juge de paix local donna lieu à des accusations contre le prophète. Les rumeurs se répandant, les citoyens de plusieurs comtés, puis des milices se mobilisèrent pour expulser les saints des derniers jours (voir Conflit au Missouri ; Ordre d’extermination).
 
La crise atteignit son paroxysme le 31 octobre 1838, quand Joseph Smith et plusieurs autres, pensant pouvoir négocier des manières de désamorcer la situation volatile existante, furent arrêtés. Ce fut le début de cinq mois d’emprisonnement. Une commission d’enquête, en novembre, à Richmond (comté de Ray), accusa le prophète et d’autres d’actes de trahison liés au conflit et les fit emprisonner à la prison de Liberty en attendant leur procès. Entre-temps, les saints étaient chassés de l’état.
 
Cet emprisonnement dans des conditions pénibles aggravées par le fait qu’il était séparé de force de sa famille et de l’Église, laissa à Joseph le temps de réfléchir à la signification de la souffrance humaine. Les écrits rédigés en prison contiennent certains des passages les plus sublimes de son ministère. Des extraits de ses lettres furent ajoutés au recueil de ses révélations (voir Doctrine et alliances : Sections 121-123). Reconnaissant tout ce par quoi il était passé, l’une des révélations lui rappelait qu’aussi grandes que fussent ses souffrances, elles ne dépassaient pas celles du Sauveur : « Le Fils de l’Homme est descendu plus bas que tout cela. Es-tu plus grand que lui ? » (D&A 122:8).

Au mois d’avril suivant, pendant qu’on les emmenait au comté de Boone (Missouri), pour un changement de juridiction, on laissa le prophète et ses codétenus s’échapper. Dans le mois qui suivit son retour auprès de sa famille et de ses amis à Quincy (Illinois), Joseph Smith avait autorisé l’achat de terres sur le fleuve Mississippi près de Commerce (comté de Hancock, Illinois) et avait installé sa famille dans une cabane de rondins de deux pièces. Pendant l’été de 1839, les saints commencèrent à s’installer dans leur nouveau lieu de rassemblement, qu’ils appelèrent Nauvoo.
 
Comme beaucoup de terrains longeant les fleuves, Nauvoo fut au départ mal drainée et infestée par la maladie. Pendant une épidémie de malaria, le prophète abandonna sa maison aux malades et vécut sous une tente. Des témoins rapportèrent des guérisons miraculeuses sous son administration. « Il y avait beaucoup de malades parmi les saints des deux côtés du fleuve et Joseph est passé parmi eux, les prenant par la main et leur commandant d’une voix forte, au nom du Jésus-Christ, de se lever de leur lit et d’être guéris » (Journal intime de Wilford Woodruff, 22 juillet 1839, manuscrit, archives de l’Église). Les décès étaient si fréquents que des obsèques collectives furent organisées.
 
Vers la fin de 1839, le prophète se rendit à Washington, D.C, pour obtenir, de la part du gouvernement fédéral, réparation pour les pertes subies par son peuple au Missouri. Tandis qu’il était là, il obtint des entretiens avec le président Martin Van Buren et des membres éminents du Congrès, mais en sortit déçu et les mains vides.
 
Nauvoo fut rapidement légalisée en vertu de la charte de Nauvoo autorisée par l’état. Dans les quelques années qui suivirent, la ville grandit au point de rivaliser avec Chicago comme étant la plus grande de l’Illinois. Joseph fit partie du conseil municipal et devint maire par la suite. En sa qualité de maire, il remplit aussi les fonctions de juge président du tribunal municipal et comme receveur de l’enregistrement. Avec le rang de lieutenant-général, il dirigea la Légion de Nauvoo, la milice municipale. Il était également propriétaire d’un magasin de marchandises et devint rédacteur et éditeur du périodique Times and Seasons.
 
La sécurité relative de Nauvoo donna à Joseph Smith la possibilité de faire avancer, avec une vigueur renouvelée, l’œuvre du royaume. Il envoya le Collège des douze apôtres en Grande-Bretagne, où ils augmentèrent l’œuvre missionnaire et lancèrent un programme d’émigration qui amena un flot d’immigrés dans le nouveau lieu de rassemblement (voir Missions des Douze aux îles Britanniques). À Nauvoo, le prophète organisa les premières paroisses. Il étendit l’autorité ecclésiastique des Douze pour y inclure une juridiction dans les pieux, les plaçant pour la première fois dans une situation d’autorité universelle sur l’Église sous la Première Présidence. Il supervisa la construction du temple de Nauvoo et créa la Société de secours des femmes de Nauvoo.
 
Le prophète rencontra un dilemme pendant qu’il commençait à rétablir des principes divins perdus depuis longtemps. Poussé par le pressentiment que son temps était compté, il souhaita accélérer ses efforts, mais parce que beaucoup ne comprenaient pas sa mission et s’opposaient à lui, il devait avancer lentement. « Je pourrais en expliquer cent fois plus que je ne l’ai jamais fait sur les gloires des royaumes qui m’ont été manifestées… si le peuple était prêt à le recevoir », écrivit-il en 1843 (HC 5:402). Pour résoudre ce dilemme, le prophète présenta quelques principes en privé à un nombre restreint de membres fidèles dans l’intention de planter les semences avant sa mort. Dès 1841, il introduisit le mariage plural, une partie nécessaire du rétablissement de l’ordre ancien des choses, aux membres des Douze et à quelques autres. Bien que comprenant le principe depuis 1831 et s’étant apparemment marié avec une femme plurale plusieurs années plus tôt, ce fut en 1841 qu’il épousa Louisa Beaman, la première femme plurale pour laquelle nous ayons un écrit. Pendant les années qui lui restaient, il en épousa au moins vingt-sept autres.
 
En mai 1842, le prophète introduisit la Dotation complète, des ordonnances religieuses pratiquées par la suite dans tous les temples des saints, à un petit groupe dans la salle à l’étage de son magasin de Nauvoo. Un an plus tard, il accomplit les premiers scellements de couples mariés pour le temps et l’éternité. En outre, il enseigna aux saints des points de doctrine importants concernant la nature de Dieu et l’homme (voir Discours sur King Follett). En mars 1844, il organisa le conseil des cinquante, bras politique du royaume de Dieu. Lorsqu’il mourut, trois mois plus tard, il avait accompli tout ce qu’il estimait être essentiel pour la continuation du royaume. Entre-temps, il avait transféré aux Douze les clefs de l’autorité, assuré que le programme qu’il avait lancé allait maintenant continuer quoi qu’il lui arrive (voir Succession dans la présidence).
 
L’enseignement de ces principes en privé à un petit cercle permit à Joseph Smith d’accomplir sa mission mais compliqua la situation à Nauvoo et déclencha des forces qui finirent par causer sa mort. Certains saints eurent du mal à accepter ces enseignements peu communs. Brigham Young dit que quand on lui enseigna le mariage plural, ce fut la première fois de sa vie qu’il aurait préféré mourir. À un moment donné, Emma, la femme de Joseph, devint « très hostile et pleine du ressentiment » [« déclaration de William Clayton », Woman’s Exponent 15, 1er juin 1886, p. 2]. Lorsque les informations sur ces enseignements privés filtrèrent dans la collectivité, les suppositions et les rumeurs déformées proliférèrent.
 
Tandis que le prophète poursuivait ses objectifs, les forces extérieures à l’Église s’organisèrent contre lui. Les autorités du Missouri essayèrent trois fois de l’extrader de l’Illinois, ce qui déboucha sur de longues périodes de harcèlement judiciaire. À cause de la perte de propriétés lors des persécutions précédentes, il ne pouvait pas payer ses dettes et dut éluder ses créanciers. Quand les dirigeants politiques de l’Illinois se tournèrent contre les saints des derniers jours et qu’aucun des dirigeants nationaux ne voulut soutenir leur cause, le prophète annonça sa candidature au poste de président des États-Unis, ce qui lui donna accès à une plate-forme lui permettant de traiter des droits de son peuple (voir Politique à Nauvoo).
 
En avril 1844, les dissidents défièrent ouvertement la direction de Joseph Smith en organisant une Église de réforme et en éditant un journal, le Nauvoo Expositor, afin de le dénoncer. Voyant dans l’Expositor une menace à la paix de la communauté, le conseil municipal de Nauvoo, que Joseph Smith présidait comme maire, l’autorisa à commander la destruction de la presse – une mesure qui fit flamber l’opposition. Le 12 juin, le prophète fut accusé d’émeute pour avoir détruit la presse. Après une série de manœuvres judiciaires, Joseph se laissa arrêter à Carthage, le siège du comté, située dans le voisinage, avec la promesse du gouverneur qu’il serait protégé. Joseph ne se sentait pas en sécurité et les menaces verbales des excités des localités voisines confirmaient ses appréhensions. Le 27 juin 1844, alors qu’ils étaient en prison à Carthage, en attendant une comparution au tribunal, Joseph Smith et son frère Hyrum furent tués au cours d’un assaut donné à la prison par des émeutiers au visage noirci (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith). Le lendemain, les corps des frères furent ramenés à Nauvoo où dix mille saints des derniers jours se rassemblèrent pour pleurer la perte de leur prophète.
 
En dépit de l’adversité qui le poursuivit de sa jeunesse jusqu’à sa mort, Joseph Smith n’était pas le genre de personnage austère et rébarbatif que ses contemporains imaginaient généralement chez un prophète. Un converti anglais écrit que Joseph « n’était pas un type au visage renfrogné et dégageant un air de sainteté, bien au contraire » [John Needham à Thomas Ward, 7 juillet 1843, Latter-Day Saints’ Millennial Star 4, oct. 1843, p. 89]. Il n’était pas rare de le voir se livrer à des activités sportives avec les hommes jeunes et vigoureux d’une localité. On sait qu’il faisait de la lutte, de la traction au bâton, des combats de boules de neige, qu’il jouait au ballon, glissait sur la glace avec ses enfants, jouait aux billes, tirait sur une cible et allait à la pêche. Grand et bien bâti, Joseph Smith n’hésitait pas à utiliser sa force. Une fois, dans sa jeunesse, il rossa un homme qui battait sa femme. En 1839, tandis qu’il était en route pour Washington, D.C, en diligence, les chevaux s’emballèrent en l’absence du cocher. Le prophète ouvrit la portière du véhicule en marche, grimpa jusqu’au siège du conducteur, s’empara des rênes et arrêta les chevaux.
 
Joseph était également profondément spirituel. Sa mère dit de lui que dans sa jeunesse, il « semblait réfléchir plus profondément que les personnes ordinaires de son âge sur tout ce qui avait un caractère religieux » (Lucy Smith, Biographical Sketches of Joseph Smith, manuscrit préliminaire, p. 46, Archives de l’Église). Il venait d’avoir douze ans, écrivit-il plus tard, quand son esprit « commença à se préoccuper sérieusement des questions importantes relatives au bien-être de mon âme immortelle » (PJS 1:5). Des années après avoir commencé à recevoir des révélations, il continua à rechercher du réconfort spirituel. En 1832, tandis qu’il était en voyage, écrit-il : « Je me rendais presque tous les jours dans un bosquet juste derrière la ville où je pouvais échapper aux regards de tout mortel et y exprimer tous les sentiments de mon cœur dans la méditation et la prière » (PWJS, p. 238). C’est clair qu’il parlait du fond du cœur quand il dit que « les choses de Dieu ont une profonde importance ; il n’y a que le temps, l’expérience et des pensées soigneuses, réfléchies et solennelles qui peuvent les trouver » (HC 3:295).
 
Joseph Smith aimait profondément sa famille et ses écrits personnels sont remplis d’épanchements de tendresse et de sollicitude accompagnés de prières. « Ô Seigneur, bénis mes petits enfants en leur donnant la santé et une longue vie pour faire du bien dans cette génération pour l’amour du Christ amen » (PWJS, p. 28). Sa famille comptait onze enfants, dont des jumeaux adoptés. Cinq d’entre eux, quatre fils et une fille, moururent peu près leur naissance ou dans leur prime enfance ; cinq vivaient quand leur père fut tué et un sixième, un fils, naquit quatre mois après sa mort. Les aperçus occasionnels que nous avons de sa vie de famille le montrent glissant sur la glace avec son fils Frederick, faisant faire à ses enfants un tour en carriole sur un traîneau et allant au cirque.
 
Il était également un ami fidèle et se souciait profondément des autres. Il tendit à plusieurs reprises la main du pardon à des prodigues, dont certains lui avaient causé des souffrances et du malheur. « Je me sens tenu d’être l’ami de tous… qu’ils soient justes ou injustes ; ils ont une part de ma compassion et de ma sympathie » (PWJS, p. 548). Un observateur a noté que le prophète n’allait jamais au lit s’il savait qu’il y avait une personne malade qui avait besoin d’aide. Il enseignait que « l’amour est l’une des principales caractéristiques de la Divinité et doit être manifesté par ceux qui aspirent à être les fils de Dieu. Un homme qui est rempli de l’amour de Dieu ne se contente pas de faire du bien à sa famille seulement, mais parcourt le monde, vivement désireux de faire du bien à la totalité de la famille humaine » (PWJS, p. 481). Un membre de l’Église qui avait logé chez les Smith et avait assisté aux « prières ferventes et humbles [du prophète]… nourrissant, calmant et réconfortant sa famille, ses voisins et ses amis » considéra que c’était un plus grand témoignage de la divinité de l’appel de Joseph Smith d’observer sa vie privée que d’observer ses actions publiques (JD 7:176-77).
 
Joseph Smith consacra sa vie à introduire une nouvelle dispensation de connaissances religieuses et ce, à un coût personnel élevé. Il écrivit que « l’envie et la colère de l’homme » avaient été son sort ordinaire et que « l’eau profonde » était ce en quoi il avait l’habitude de nager (D&A 127:2). Un peu plus d’un an avant sa mort, il dit à un auditoire à Nauvoo : « Si je n’avais pas vraiment entrepris cette œuvre et été appelé de Dieu, je me retirerais. Mais je ne peux pas me retirer : je n’ai aucun doute sur sa véracité » (HC 5:336). Il vécut dans l’espoir de donner vie à cette vérité dans une société de saints et mourut victime d’ennemis qui ne comprenaient pas sa vision.
 
Bibliographie
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Jessee, Dean C., dir. de publ. The Personal Writings of Joseph Smith. Salt Lake City, 1984.
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Porter, Larry C., et Susan Easton Black, dir. de publ.. The Prophet Joseph : Essays on the Life and Mission of Joseph Smith. Salt Lake City , 1988.
Smith, Lucy. Biographical Sketches of Joseph Smith the Prophet. Liverpool, 1853.
 
Smith, Joseph : Enseignements de Joseph Smith
Auteur : MADSEN, TRUMAN G.
 
Le contenu écrit et verbal des révélations données à Joseph Smith est direct et clair et pourtant il est difficile de caractériser ou de résumer ses enseignements, puisqu’ils ne s’intègrent pas facilement dans les catégories théologiques traditionnelles et qu’ils présupposent toujours que Dieu peut en révéler et en révélera probablement davantage. Ses auditoires écoutaient avec avidité les proclamations et les raisonnements hardis du prophète sur des centaines de sujets, malgré le fait que ce qu’il faisait n’était pas un travail d’analyse ou de synthèse systématiques. Ses enseignements, ses paroles, ses recommandations, ses instructions, ses bénédictions, ses réponses et ses commentaires de 1820 à 1844 sont dispersés sur des milliers de pages de révélations, d’écritures, d’histoires, de journaux, de lettres et de procès verbaux (voir Smith, Joseph : Écrits de Joseph Smith).
 
On peut aborder les enseignements de Joseph Smith de diverses façons. Certains recueils les arrangent par sujets ; d’autres commentaires se concentrent sur le cadre historique de ses révélations et de ses discours ; d’autres encore comparent les versions éditées aux souvenirs enregistrés de ses déclarations. De toutes façons, on y trouve de la continuité et de l’uniformité plutôt que des ruptures ou des contradictions manifestes.
 
Les documents que nous possédons montrent que l’accès de Joseph Smith aux sources et sa propre compréhension ont nécessité un processus de croissance. En 1842, deux ans avant sa mort, il dit qu’il avait « le plan tout entier du royaume » devant lui (HC 5:139). Ce que nous ne savons pas, c’est quand dans sa vie « le plan tout entier » est parvenu à maturité dans son esprit.
 
Certains de ses enseignements ont maintenant valeur d’Écriture ; d’autres font autorité mais ne sont pas soutenus comme Écriture. Comme il l’explique lui-même, « un prophète n’est pas toujours prophète ; uniquement quand il agit comme tel » (EPJS, p. 224). Une étude soigneuse permet de faire la distinction entre les paroles originales du prophète et les ajouts ultérieurs ; en outre, certaines déclarations qu’il n’a pas faites ou n’a pas approuvées ont été éditées sous son nom. L’esquisse qui suit traite de ses révélations, de ses traductions scripturaires et des déclarations les plus caractéristiques qui constituent ses enseignements.
 
Joseph Smith n’a jamais prétendu fonder une nouvelle religion mais lancer un nouveau commencement, un rétablissement de l’Évangile éternel de Jésus-Christ. « Les principes fondamentaux de notre religion sont le témoignage des apôtres et des prophètes concernant Jésus-Christ, qu’il est mort, a été enterré et est ressuscité le troisième jour et est monté au ciel ; et toutes les autres choses qui ont trait à notre religion n’en sont que des annexes » (EPJS, p. 95). Il attendait « une union et un rattachement complets et parfaits de dispensations, de clefs, de pouvoirs et de gloires… depuis le temps d'Adam jusqu'à nos jours » (D&A 128:18). Ce rétablissement allait englober « toute la vérité que le monde chrétien possédait » (EPJS, p. 304), notamment beaucoup de choses qui avaient été perdues ou abandonnées et, en outre, des révélations « cachées depuis la fondation du monde » (EPJS, p. 250). Ses enseignements faisaient souvent contraste avec les ajouts, les soustractions et les changements post-bibliques. Il dit qu’il avait l’intention « de jeter une base qui révolutionnera le monde entier » (EPJS, p. 296).
 
Nous vous proposons ci-après un choix parmi les dizaines de sujets et d’idées qui sont typiques des enseignements du prophète Joseph Smith :
 
DIEU ET LA DIVINITÉ. Joseph Smith enseignait qu’il est approprié d’appeler Dieu Père. C’est une personne glorifiée et exaltée qui a des attributs personnels. Jésus-Christ est le Médiateur entre Dieu et l’homme. Il n’est pas identique à Dieu, mais est devenu comme le Père. Ceci élimine le mystère de beaucoup de croyances classiques. Ce point de doctrine est un anthropomorphisme raffiné et il imprègne les Écritures antiques et modernes.
 
Dieu étant la personne par excellence, on peut l’aborder, le rencontrer et le connaître. Il est impliqué dans les efforts de l’homme. On peut avoir l’assurance qu’il se meut, agit, répond, aime, sert et donne. De la présence de Dieu et de son Fils sort un Esprit qui donne la lumière à tous ceux qui entrent dans la condition mortelle. Cette lumière est en tout, donne la vie à tout et est la loi par laquelle tout est régi, même le pouvoir de Dieu (D&A 88:13).
 
LA VÉRITÉ. L’expérience suggère un univers plural. La connaissance la plus haute est celle des choses, des existences dans toute leur variété (D&A 93:24-25). Les révélations données à Joseph Smith parlent de sphères indépendantes d’existence et d’une série de degrés de gloire (D&A 76 ; cf. 88:37). Par conséquent, toute tendance mystique à croire en une union métaphysique dans laquelle l’individualité serait perdue est abandonnée.
 
LES ÉCRITURES. Le prophète enseignait que les Écritures sont le compte rendu écrit d’expériences de révélation. Il rejetait de la même façon les dogmes de l’infaillibilité verbale, de l’origine « purement humaine » et de l’excès allégorique dans l’interprétation des Écritures. Les limites du canon sont liquides telles qu’elles l’étaient à l’origine dans le judaïsme et le christianisme anciens. L’Écriture, orale ou écrite, est une lumière pour ceux qui sont vivifiés par la vie et la lumière divines. La nécessité de prophètes vivants pour compléter, éclaircir et appliquer les sources écrites aux besoins contemporains est continuelle. « J’ai dit aux frères que le Livre de Mormon était le plus correct de tous les livres de la terre et la clef de voûte de notre religion, et qu’un homme se rapprocherait davantage de Dieu en en suivant les préceptes que par n’importe quel autre livre » (EPJS, p. 156).
 
LA CRÉATION ET LE COSMOS. On a qualifié les enseignements de Joseph Smith d’« éternalisme » : « Tout principe venant de Dieu est éternel » (EPJS, p. 145). « Les principes purs d’élément » et d’intelligence coexistent éternellement avec Dieu : « On peut les organiser et les réorganiser, mais pas les détruire » (EPJS, p. 285). Dieu a créé l’univers à partir du chaos, « lequel est élément et dans lequel réside toute gloire » (WJS, p. 351). « Les éléments sont le tabernacle de Dieu » (D&A 93:35). Dieu est lié à l’espace et au temps et ne les a pas créés de rien. Le changement se produit par l’intelligence. L’univers est régi par la loi. Il y a eu deux créations : Tout a été fait « spirituellement » avant de l’être « naturellement » (Moï. 3:5). Par son Fils, Dieu est le Créateur de mondes multiples. Dieu est le Père des esprits humains qui habitent ses créations. Ses créations n’ont pas de fin.
 
LA NATURE DE L’HOMME. En tant qu’intelligence éternelle, « l’homme était au commencement avec Dieu » (D&A 93:29-30). Mais son épanouissement de grâce en grâce dépend de ce que Dieu fait pour lui. Grâce à l’Évangile et à l’Expiation, les enfants de Dieu sont héritiers de tout ce que le Père a et est, et peuvent devenir eux-mêmes des dieux (D&A 76:58-61 ; 84:35-39 ; 88:107).
 
L’esprit est une matière raffinée. L’esprit « existait avant le corps, peut exister dans le corps et existera séparément du corps, lorsque le corps tombera en poussière, et lui sera de nouveau réun[i] dans la résurrection » (EPJS, p. 167). Ainsi, le dualisme extrême entre l’esprit et la matière est rejeté.

L’homme est libre de résister aux pouvoirs de Dieu ou à ceux du mal ou de les adopter. Dieu, l’homme, Satan et ses armées sont indépendants. L’un ne peut pas forcer l’autre.
 
LE PLAN DU SALUT. Se trouvant au milieu des esprits et de la gloire, Dieu a jugé bon d’instituer des lois grâce auxquelles ses enfants pourraient avancer comme lui-même et avoir gloire sur gloire (voir Plan du salut, Plan de Rédemption). « Lors de la première organisation dans le ciel, nous étions tous présents et nous avons vu choisir et nommer le Sauveur et établir le plan du salut et nous l’avons sanctionné » (EPJS, p. 145). Les semblables s’attirent (D&A 88:40), les harmonies sont rétablies : la connaissance remplace l’ignorance, la sainteté remplace le péché et la vie remplace la mort.
 
LA CHUTE. Le prophète rejetait la théorie traditionnelle du péché originel et en était revenu à la doctrine de l’innocence de l’homme avant la Chute. Adam et Ève transgressèrent, comme prévu, pour ouvrir la voie aux expériences contrastantes de la condition mortelle. La Chute n’était pas inévitable, mais libre. Tous les hommes et femmes sont, dans leur prime enfance, innocents devant Dieu. Il s’ensuit que le baptême des petits enfants est inutile, que la responsabilité vient plus tard (à l’âge de huit ans) et que la responsabilité pour le péché est personnelle, pas héréditaire (D&A 68:25-27 ; 93:38). On devient ce qu’on décide de devenir.
 
Dieu lui-même a un corps « aussi tangible que celui de l’homme » (D&A 130:22), et le corps humain est un temple. « Le grand principe du bonheur consiste à avoir un corps » (EPJS, p. 145, 239). La Rédemption est celle de l’âme entière, signifiant l’esprit et le corps.
 
L’EXPIATION. Le pouvoir de la rédemption est l’expiation de Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Au fil des événements, le Fils a hérité de la plénitude du Père ; il n’a pas été « éternellement engendré » et il n’y a pas eu non plus deux natures absolument différentes inhérentes en la personne du Christ.
 
L’expiation de Jésus-Christ était nécessaire pour réconcilier les exigences de la justice et celles de la miséricorde. Le Christ a répondu à cette nécessité par un acte volontaire, une descente afin de monter (D&A 88:6).
 
Le Christ n’aurait pas pu connaître autrement que par l’expérience les profondeurs de la compassion. Il a subi des souffrances, des afflictions et des tentations « afin que ses entrailles soient remplies de miséricorde, selon la chair », car ce n’est qu’ainsi qu’il peut « secourir son peuple selon ses infirmités » (Alma 7:12). Gethsémané fut l’endroit et le moment de sa douleur la plus intense pour l’humanité ; la croix fut son heure finale (D&A 19:16-20 ; TJS Mt. 27:54).
 
Le Christ sauve les hommes de leurs péchés, pas dans leurs péchés. Il n’impute pas la justice là où il n’y en a pas. Celui qui ne veut en faire qu’à sa tête et qui demeure dans le péché ne peut pas être sanctifié sans se repentir (D&A 88:35).
 
L’Expiation infinie vise à apporter la vie et la rédemption à tous les enfants du Père éternel, y compris ceux d’autres mondes qui « sont sauvés par le même Sauveur que nous » (T&S 4:82-85).
 
LA CONNAISSANCE. L’intelligence, en tant que lumière et vérité, est la gloire de Dieu (D&A 93:36). L’esprit est éternel et a accès aux vastes étendues des éternités, et la connaissance est essentielle au salut : « L’homme n’est pas sauvé plus vite qu’il n’acquiert de la connaissance » (EPJS, p. 175) et il n’acquiert pas plus vite la connaissance des vérités de l’Évangile qu’il est sauvé, c’est-à-dire, pas plus vite qu’il reçoit le Christ dans sa vie. « La connaissance par l’intermédiaire de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ est la grande clef qui ouvre la gloire et les mystères du royaume des cieux » (EPJS, p. 240). « Dieu n’a rien révélé à Joseph qu’il ne révélera aux Douze, et même le moindre des saints peut tout savoir aussi vite qu’il est capable de le supporter » (EPJS, p. 117).
 
La connaissance de Dieu et des choses divines est donnée par l’Esprit. La révélation inclut la présence visible, les visions, les songes, les visitations d’anges et d’esprits, des impressions, des voix, des illuminations prophétiques d’inspiration et de lumière et l’afflux d’intelligence pure dans l’esprit et dans le cœur. Les communications directes de ce genre sont essentielles à la vie religieuse de toute personne. Il y au moins un don de l’Esprit qui est accordé à chaque personne qui a la foi. « Il est impossible de recevoir le Saint-Esprit et de ne pas recevoir la révélation » (EPJS, p. 206). « Personne ne peut savoir que Jésus est le Seigneur que par le Saint-Esprit » (WJS, p. 115). « Aucune génération n’a été jamais sauvée ni détruite sur un témoignage mort, ni ne peut l’être, mais bien par un vivant » (WJS, p. 159). Dans certaines limites, ces expériences peuvent être exprimées et communiquées.

LE BUT DE LA VIE : LA JOIE. Le « bonheur est l’objet et le but de notre existence » (EPJS, p. 206). « Nous sommes venus sur cette terre afin d’avoir un corps et de le présenter pur devant Dieu dans le royaume céleste » (EPJS, p. 145). Les corps glorifiés ont des pouvoirs et des avantages sur ceux qui ne le sont pas et se voir refuser un corps ou en être séparé est une servitude. La combinaison du corps d’esprit et du corps physique peut donner la plus grande des joies (D&A 93:33-34).
 
La gloire de Dieu est de travailler au profit d’autres êtres. De même, l’homme ne peut pas se trouver tant qu’il ne se perd pas dans le désir chrétien d’élever les autres et de leur faire du bien (PWJS, p. 483). Même dans la condition mortelle, les membres de la famille de Dieu peuvent commencer à éprouver la joie qui sera entière dans l’au-delà (EPJS, p. 239).
 
LES ÉPREUVES ET LES AFFLICTIONS. Le mal et la souffrance sont réels, les pertes sont réelles, la tentation est réelle, vaincre est réel. Le risque et la récompense sont tous deux inhérents à l’expérience mortelle. Ce sont les conditions de la croissance de l’âme. Le but de Dieu est d’édifier ses enfants, mais il ne peut pas le faire sans leur coopération ; et il ne peut pas non plus intervenir d’une manière qui élimine le besoin d’expérience, même d’expérience cruelle.
 
La vie est une épreuve : « Toutes ces choses te donneront de l’expérience » (D&A 122:7). Le fait qu’Abraham soit prêt à sacrifier Isaac était une similitude du sacrifice, par le Père, de son Fils unique. On ne peut pas atteindre l’héritage du Fils sans être disposé à sacrifier tout ce qui est terrestre. La capacité de surmonter de telles épreuves est le fondement d’un amour rendu parfait, et tant qu’on n’a pas l’amour parfait, on risque de tomber (EPJS, p. 5). La notion que toute souffrance dans le monde est un châtiment pour le péché est « un principe impie » (EPJS, p. 129). Les saints doivent s’attendre à passer par beaucoup de tribulations, mais les afflictions peuvent être tournées à leur profit.
 
LA PRÊTRISE. La prêtrise est une autorité et un pouvoir centrés sur le Christ. Elle n’est conférée que par une ordination tangible, par l’imposition des mains de quelqu’un ayant l’autorité. Joseph Smith a enseigné l’importance des clefs de la prêtrise : Jésus-Christ « détient les clefs sur le monde entier » (EPJS, p. 261). Jean-Baptiste, Pierre, Jacques, Jean, Moïse, Élie et Élias détenaient les clefs de diverses fonctions de la prêtrise et les ont rendues à la terre en les conférant à Joseph Smith et à Oliver Cowdery.
 
La prêtrise n’est pas indélébile ; elle peut être perdue. Elle n’est pas infaillible ; ce n’est que sous l’influence de l’Esprit que l’on peut parler pour et avec l’approbation de Dieu.
 
La possibilité d’obtenir la plénitude des bénédictions de la prêtrise est accordée à la fois aux hommes et aux femmes quand ils font et gardent des alliances inconditionnelles avec Jésus-Christ et puis entre eux comme mari et femme (voir Paternité ; Maternité).
 
Dans l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Joseph Smith a expliqué et fixé le rôle des apôtres, des prophètes, des évêques, des évangélistes, des pasteurs, des instructeurs et ainsi de suite, en analogie avec leurs fonctions dans le Nouveau Testament. Il a supprimé la distinction entre laïcs et religieux : Tous les prêtres, instructeurs et administrateurs sont laïques et tous les laïcs dignes sont des détenteurs de la prêtrise.
 
LES ORDONNANCES. Joseph Smith a rétabli et a enseigné une série progressive d’ordonnances qui confèrent un éclairage et un pouvoir spirituels. Ces ordonnances « ont été instituées dans les cieux avant la fondation du monde » (EPJS, p. 249). « C’est par l’Esprit de Dieu, par l’intermédiaire des ordonnances, qu’on naît de nouveau » (EPJS, p. 129). Toutes les ordonnances essentielles, depuis le baptême jusqu’au mariage au temple, comportent la prière, des alliances et la ratification divine.
 
LES TEMPLES. Certaines ordonnances concernent le saint temple, où « le pouvoir de la divinité… se manifeste » (D&A 84:20). Les temples incarnent et manifestent des vérités sacrées, « les mystères et les choses paisibles » (D&A 42:61). Ils permettront aux enfants de Dieu de surmonter les éléments corruptibles de leur vie et d’entrer dans les royaumes de lumière et de feu, la présence du Père et du Fils. Toutes les fonctions et tous les pouvoirs du temple sont rétablis aujourd’hui, avec l’autorité de la haute prêtrise : ce sont essentiellement le baptême pour les morts, la sainte dotation et le scellement des familles. « Nous avons davantage besoin du temple que de toute autre chose », enseignait Joseph Smith (Journal History, 4 mai 1844).
 
Toutes les ordonnances du temple nous tournent vers le Christ. Le temple est actuellement, comme il l’était anciennement, son sanctuaire, doté de sa gloire, béni de son nom et, en fin de compte, de sa présence. Le Christ est un temple vivant et, par lui, on peut devenir un temple vivant (D&A 93:35 ; cf. Ap. 21:22).
 
LE MARIAGE, LA FAMILLE ET LE FOYER. Inversant la tradition augustinienne que le célibat est préférable au mariage dans cette vie et universel dans l’au-delà, le prophète enseignait que la vie chrétienne atteint son zénith dans le mariage et le fait d’être parents. Les plus grands prophètes et prophétesses sont également des patriarches et des matriarches. L’ordonnance la plus élevée est le mariage, où le roi et la reine commencent le royaume éternel de leur famille : les symboles sont l’ordination, le couronnement et le scellement.
 
PENSÉE SOCIALE, ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE. Le gouvernement terrestre de Dieu prévoit une théo-démocratie : un royaume sous alliance mené par Jésus-Christ, le bienveillant Roi des rois. Le royaume de Dieu sur terre doit devenir comme la ville de Sion de Hénoc, avec une pensée et une culture idéales réalisées dans une communauté de gens ayant le cœur pur.
 
Joseph enseigna une loi d’intendance et de consécration. Toute la terre appartient au Seigneur ; avoir une propriété en Sion revient à détenir une intendance pour l’établissement de Sion. Dans la prime enfance de l’Église, les saints tentèrent de vivre ce système économique et échouèrent, achoppant sur ce qu’il était censé devoir surmonter : la cupidité, la convoitise, la jalousie. En conséquence, il fut commandé au prophète d’y substituer la loi de la dîme pour préparer les saints à vivre cette loi supérieure.
 
« La Constitution des États-Unis est un étendard glorieux, est basée sur la sagesse de Dieu » (EPJS, p. 115). Les protections offertes par le gouvernement constitutionnel devraient être accordées à tous (voir Politique : Enseignements politiques). Wilford Woodruff se rappelait que Joseph Smith disait « que s’il était l’empereur du monde et avait le contrôle de la totalité du genre humain, il soutiendrait chaque homme, femme et enfant dans l’exercice de leur religion » (Journal History, 12 mars 1897). Ceci permettrait, sans usage de la force, la croissance d’un royaume de Dieu qui serait finalement administré dans deux capitales mondiales, Jérusalem en Orient et la nouvelle Jérusalem en Occident.

L’Église est l’ensemble des membres qui ont fait l’alliance et ont formé une communauté pour le perfectionnement de ses différents membres. Les prophètes, voyants et révélateurs vivants sont le noyau d’autorité du royaume de Dieu, mais l’Église accomplit son œuvre dans des communautés intimes : la famille, la paroisse et le pieu.
 
LA RÉSURRECTION. La vie de famille éternelle n’est rendue parfaite que dans le plus haut degré du royaume céleste de Dieu. Lors de la résurrection et du jugement, tous les corps, à de rares exceptions près (voir Fils de perdition), recevront un degré de gloire. Chacun conservera à toute éternité son identité d’esprit et de corps. L’Être céleste rendu parfait et glorifié qu’est Dieu est l’idéal. La terre elle-même, après avoir été baptisée d’eau et puis de feu, mourra, ressuscitera, sera glorifiée (D&A 88:25-26) et ramenée dans la présence de Dieu. La beauté, la gloire, la perfection et les pouvoirs d’un corps ressuscité glorifié sont indescriptibles : « Personne ne peut vous le décrire, personne ne peut l’écrire » (EPJS, p. 298). « Toutes vos pertes seront compensées pour vous dans la résurrection à condition que vous continuiez à être fidèles. Je l’ai vu par la vision du Tout-Puissant » (EPJS, p. 238).
 
ESCHATOLOGIE. Joseph Smith a prononcé de nombreuses déclarations prophétiques au sujet du futur. Son eschatologie est étendue et globale. L’Évangile sera enseigné à toute l’humanité, que ce soit sur cette terre ou dans le monde d’esprit, de sorte que tous pourront le recevoir. La famille d’Abraham, qui a imprégné toutes les races humaines, sera unie. Les familles de Juda et de Joseph se donneront la main en une réalisation rédemptrice. Beaucoup de ces attentes et de ces réalisations se situent au-delà de ce que l’homme a le pouvoir de réaliser ou d’empêcher. L’œuvre est « destinée à provoquer la destruction des pouvoirs des ténèbres, le renouvellement de la terre, la gloire de Dieu et le salut de la famille humaine » (EPJS, p. 187).
 
Bibliographie
Burton, Alma P., comp. Discourses of the Prophet Joseph Smith, 3e éd. Salt Lake City, 1968 (arrangé par sujet).
Ehat, Andrew F., et Lyndon W. Cook, dir. de publ.. The Words of Joseph Smith : The Contemporary Accounts of the Nauvoo Discourses of the Prophet Joseph. Provo, Utah, 1980 (extraits de 173 discours).
Roberts, B. H. Joseph Smith : The Prophet Teacher. Salt Lake City, 1908 ; reimpr., Princeton, N.J., 1967.
Smith, Joseph Fielding, comp. Enseignements du Prophète Joseph Smith. Salt Lake City, 1938 (arrangé par ordre chronologique).
Widtsoe, John A. Joseph Smith : Seeker After Truth, Prophet of God. Salt Lake City, 1957.
 
TRUMAN G. MADSEN
 
Smith, Joseph : Écrits de Joseph Smith
Auteur : JESSEE, DEAN C.
 
La carrière d’écrivain de Joseph Smith, le prophète, débute quand il a vingt-deux lorsqu’il entreprend la traduction du Livre de Mormon. À sa mort en 1844, dix-sept ans plus tard, il laisse des archives substantielles pour l’étude de sa vie et de l’Église qu’il a contribué à fonder. En plus du Livre de Mormon, ses documents comportent des journaux intimes couvrant par intermittence la période de 1832 à 1844, de la correspondance, des comptes rendus de discours, plus de cent trente révélations, publiées sous le titre de Doctrine et Alliances, un livre d’Abraham, une révision de la Bible avec, entre autres, quelques écrits rétablis de Hénoc et de Moïse et les débuts d’une Histoire de l’Église documentaire de plusieurs tomes basée sur ses archives.
 
Plusieurs facteurs influencent et vont, au départ, limiter l’ampleur des écrits de Joseph Smith et le style littéraire de sa prose. À cause de l’indigence de sa famille, il va très peu à l’école, les bases de la lecture, de l’écriture et de l’arithmétique constituant, pour reprendre ses termes, tout son bagage scolaire. Certains de ses auditeurs ont noté qu’il semble avoir peu de talent ou de formation comme orateur. Il ne se sent pas à la hauteur comme rédacteur et ira un jour jusqu’à parler de « petite prison étroite, les ténèbres presque totales du papier, de la plume et de l’encre ».
 
Mais ce qui manque au prophète en matière de formation scolaire est compensé par son message. Dès sa jeunesse, les expériences religieuses lui inspirent un profond sentiment de mission qui va le propulser dans l’arène de la controverse publique. Pour lui, sa mission consiste à jeter des bases qui vont révolutionner le monde entier, pas par l’épée ou le pistolet mais par « la puissance de la vérité ». L’articulation de cette vérité est ce qui va donner l’impulsion à ses écrits. Beaucoup de ses auditeurs seront impressionnés par sa capacité de rendre claire la voie de la vie et du salut. Beaucoup de non-mormons trouveront ses idées frappantes et magnétiques. On trouve dans ses écrits la même impression de message et de conviction.
 
L’étude des premières sources mormones montre que nous n’avons qu’une fraction des écrits et des enseignements de Joseph Smith. Cela tient au fait que dans la première partie de sa vie, la tenue des registres se fait de manière aléatoire, à l’incompétence ou au décès prématuré de certains de ses secrétaires, à de longs emprisonnements, à des procès vexatoires et répétés, à la pauvreté et aux conflits qui forcent les saints des derniers jours à émigrer à travers les deux-tiers du continent américain.
 
Une autre chose qui complique la situation est le fait que Joseph Smith dépend de ceux qui écrivent pour lui. Sa philosophie est que « un prophète ne peut pas être son propre secrétaire ». Par conséquent, la plupart de ses écrits sont dictés, et certains écrits anonymement, mais approuvés et acceptés par lui. Si la présence d’écrits faits par des secrétaires dans ses documents permet de dater les sources, elle obscurcit l’image que nous avons de lui et nous oblige à examiner soigneusement les sources pour trouver celles qui permettent de faire la distinction entre l’esprit et la personnalité du prophète et ceux des personnes qui l’aidaient.
 
Les écrits de Joseph se caractérisent par de longues phrases ininterrompues reliées par des conjonctions, des images descriptives et un sens subtil de la narration. Étant donné qu’il étudie avidement les Écritures, sa prose est entremêlée de formulations et d’exemples bibliques et il s’en dégage une ambiance positive teintée de vitalité et d’amour. C’est dans ses écrits holographes qu’apparaissent le plus clairement son style rédactionnel et sa personnalité. On y rencontre un style conversationnel, contraire au style plus officiel de certains de ses associés comme Sidney Rigdon. Cet extrait d’une lettre écrite en 1838 à sa femme Emma tandis qu’il est en prison à Richmond, dans le Missouri, est typique de sa prose manuscrite :
 
« … Frère Robison est enchaîné à côté de moi il a un cœur loyal et l’esprit ferme, viennent ensuite frère Whight, puis fr. Rigdon, ensuite Hyram, ensuite Parely, ensuite Amasa, et ainsi nous sommes liés ensemble dans les chaînes aussi bien que les liens de l’amour éternel, nous sommes de bonne humeur et nous nous réjouissons d’être considérés comme dignes d’être persécutés à cause du Christ, dis au petit Joseph qu’il doit être sage, Papa l’aime d’un amour parfait, il est l’aîné et il ne doit pas faire du mal à ceux qui sont plus petits que lui, mais les consoler dis au petit Frederick que Papa l’aime, de tout son cœur, c’est un gentil garçon. Julia est une belle petite fille, je l’aime C’est un enfant prometteur, dis-lui que Papa veut qu’elle se souvienne de lui qu’elle soit bien sage, dis à tous les autres que je pense à eux et que je prie pour eux tous… je n’arrête pas de penser au petit bébé Elexander Oh ma chère Emma, je veux que tu te rappelles que je suis un ami loyal et fidèle, à toi et aux enfants, pour toujours, mon cœur est entrelacé autour des vôtres pour toujours et à jamais, oh, puisse Dieu vous bénir tous amen vous je suis ton mari et je suis dans les liens et les tribulations &c- » [Jessee, 1984, p. 368].
 
Écrits de Joseph Smith
 
Écrits Dates Secrétaires*
Ms. du Livre de Mormon
Ms. originel
Ms. de l’imprimeur

Journaux





Révélations
Livre de révélations de Kirtland
Révélations non reliées
Révision de la Bible
Livre d’Abraham

 
Correspondance
Recueil de lettres 1
Recueil de lettres 2
Correspondance reliée

 

Ms. égyptiens


Écrits autobiographiques/
historiques
1827-1829



1832-1844





1828-1844






1829-1844




 

1835 ?-1841


1832-1844
Oliver Cowdery et d’autres



William Clayton, Oliver Cowdery, Warren A. Cowdery, James Mulholland, Warren Parrish, Parley P. Pratt, Willard Richards, Sidney Rigdon, George W. Robinson, Joseph Smith, Sylvester Smith et d’autres

William Clayton, Oliver Cowdery, Warren A. Cowdery, Orson Hyde, James Mulholland, Edward Partridge, William W. Phelps, Sidney Rigdon, Joseph Smith Sr., John Whitmer, Newel K. Whitney, Frederick G. Williams et d’autres


Thomas Bullock, William Clayton, Howard Coray, Oliver Cowdery, Warren A. Cowdery, James Mulholland, Willard Richards, Sidney Rigdon, James Sloan, Joseph Smith, Joseph Smith, Robert B. Thompson, John Whitmer, Frederick G. Williams et d’autres

Oliver Cowdery, Warren Parrish, William W. Phelps, Joseph Smith, Willard Richards

Oliver Cowdery, Warren A. Cowdery, James Historical Writings Mulholland, Warren Parrish, William W. Phelps, Willard Richards, Joseph Smith, Robert B. Thompson, Frederick G. Williams et d’autres
 
 
*Secrétaires de Joseph Smith avec, entre parenthèses, les dates de naissance et de décès et les années approximatives de leur activité comme secrétaires : Thomas Bullock (1816-1885), 1843-1844 ; William Clayton (1814-1879), 1842-1844 ; Howard Coray (1817-1908), 1840-1841 ; Oliver Cowdery (1806-1850), 1829-1838 ; Warren A. Cowdery (1788-1851), 1836-1838 ; Orson Hyde (1805-1878), 1833-1836 ; James Mulholland (1804-1839), 1838-1839 ; Warren Parrish (1803-1887), 1835-1837 ; William W. Phelps (1792-1872), 1831-1844 ; Willard Richards (1804-1854), 1841-1844 ; Sidney Rigdon (1793-1876), 1830-1838 ; George W. Robinson (1814-1878), 1836-1840 ; James Sloan (1792- ?), 1840-1843 ; Sylvester Smith (c.1805- ?), 1834-1836 ; Robert B. Thompson (1811-1841), 1839-1841 ; John Whitmer (1802-1878), 1829-1838 ; Newel K. Whitney (1795-1850), 1831-1838 ; Frederick G. Williams (1787-1842), 1832-1839.
 
Bibliographie

Écrits de Joseph Smith

Ehat, Andrew F. et Lyndon W. Cook, comp. et dir. de publ. The Words of Joseph Smith : The Contemporary Accounts of the Nauvoo Discourses of the Prophet Joseph. Provo, Utah, 1980. Compilation de comptes rendus originaux des discours de Joseph Smith pendant les années de sa vie à Nauvoo (1839-1844).
Faulring, Scott H., comp. et dir. de publ. An American Prophet's Record : The Diaries and Journals of Joseph Smith. Salt Lake City, 1987. Compilation des journaux intimes de Joseph Smith, mais il y manque son journal de 1842, l’un de ses plus volumineux.
Jessee, Dean C., comp. et dir. de publ. The Personal Writings of Joseph Smith. Salt Lake City, 1984. Compilation de tous les écrits holographes connus de Joseph Smith et textes essentiels dictés par lui.
Id. The Papers of Joseph Smith, Vol. 1, Autobiographical and Historical Writing. Salt Lake City, 1989. Premier tome d’une édition complète des papiers de Joseph Smith.
Smith, Joseph, dir. de publ. History of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints. Period 1. Histoire de Joseph Smith, le Prophète, par lui-même. Introduction et notes par B. H. Roberts. 2e éd., 6 vols., Salt Lake City, 1964. Écrit sous la forme d’un journal quotidien à la première personne, utilisant le texte des journaux de Joseph Smith parsemé de sa correspondance et d’autres documents, cet ouvrage est la publication la plus importante des papiers du Prophète à ce jour. Son défaut principal est la façon démodée de traiter les sources.
Smith, Joseph Fielding, comp. et dir. de publ. Teachings of the Prophet Joseph Smith. Salt Lake City, 1938. Compilation d’extraits de sermons de lettres et d’autres écrits de Joseph Smith tirée presque exclusivement de History of the Church et arrangée par ordre chronologique.

Littérature secondaire

Jessee, Dean C. "The Writing of Joseph Smith's History." BYU Studies 11, été 1971, p. 439-473.
King, Arthur Henry. The Abundance of the Heart. Salt Lake City, 1986.
Partridge, Elinore H. “Characteristics of Joseph Smith's Style." Task Papers in LDS History, No.4, 1976. Manuscrit dactylographié, Archives de l’Église.
Searle, Howard C. "Early Mormon Historiography : Writing the History of the mormons 1830-1858." Thèse de doctorat, UCLA, 1979.
 
Smith, Joseph : Procès de Joseph Smith
Auteur : BENTLEY, JOSEPH I.
 
Joseph Smith croyait que ses ennemis détournaient la procédure judiciaire et s’en servaient comme outil de persécution religieuse contre lui, tout comme elle avait été utilisée contre beaucoup d’apôtres du Christ et d’autres martyrs passés. Il était souvent rapidement acquitté, mais les nombreux procès « vexatoires et méchants » lui coûtaient cher en temps et en argent, lui valurent plusieurs incarcérations et finirent par causer son martyre. Cela commença peu après le début de son ministère et continua sa vie durant et cela lui valut de devoir subir quelque trente procès au pénal et au moins autant de procès au civil pour recouvrement de dettes ou en rapport avec des entreprises financières avortées.
 
La première accusation portée contre lui pour trouble à l’ordre public concernait une recherche de trésor moyennant salaire à South Bainbridge (New York), en 1826, et venait d’un prédicateur méthodiste mécontent, parent de Josiah Stowell, l’employeur de Joseph. Quand Stowell refusa de témoigner contre lui au procès, Joseph fut libéré. En juillet 1830, dans la même juridiction, Joseph fut jugé et acquitté par un autre magistrat de l’accusation de « trouble à l’ordre public, de mettre le comté sens dessus dessous en prêchant le Livre de Mormon, etc. » (HC 1:88). Le procès finit à minuit. Le lendemain, il fut saisi et jugé dans le comté voisin de Broome pour la même accusation, assortie de l’accusation d’avoir chassé un démon et d’avoir recours à de prétendues visitations d’anges pour soutirer des biens aux autres. Après un procès de vingt-trois heures où l’on entendit une quarantaine de témoins, Joseph fut de nouveau acquitté (HC 1:91-96).
 
Après l’installation de l’Église à Kirtland (Ohio) en 1831, plusieurs actions de nature religieuse furent intentées contre Smith et d’autres dirigeants, mais furent rejetées pour les raisons données après chaque accusation : coups et blessures (légitime défense), accomplissement de mariages sans licence valide (on en obtint une), tentative de meurtre ou conspiration (absence de preuves) et servitude involontaire sans rémunération pendant la croisade militaire du camp de Sion au Missouri (gagné en appel). Pour leur part, les dirigeants de l’Église intentèrent un procès, qu’ils gagnèrent, et furent indemnisés pour des dommages subis lors d’agressions qui se produisirent tandis qu’ils agissaient à titre religieux. Cependant, la panique financière de 1837 inonda le prophète et d’autres de litiges civils pour des recouvrements de dettes. Pires encore furent les procès pour violation des lois de l’Ohio sur les opérations bancaires quand la Kirtland Safety Society Anti-Banking Company (voir Économie de Kirtland) fit faillite peu après avoir été organisée en 1836 sans charte d’état. Des accusations de fraude et d’enrichissement personnel furent lancées mais pas prouvées ; il y eut appel d’une condamnation par jury, mais Joseph Smith quitta l’Ohio pour le Missouri avant l’audition.
 
Au Missouri, la plupart des actions contre les saints des derniers jours furent extralégales, intentées par des comités de vigilance non mormons montés contre les saints à cause de l’opposition de ceux-ci à l’esclavage, de leur afflux massif et des enseignements religieux de Smith au sujet de la révélation moderne et de l’établissement territorial de Sion dans le comté de Jackson. Les magistrats civils refusèrent systématiquement de délivrer des ordres de maintien de la paix pour les mormons ou d’accorder réparation pour leurs blessures ou leurs dégâts matériels. Par exemple, malgré le fait qu’il avait été battu, enduit de goudron et de plumes et avait vu détruire son imprimerie, l’imprimeur de l’Église reçut moins que ses honoraires légaux et l’évêque président reçut « un penny et un grain de poivre ». Les trois pouvoirs du gouvernement de l’État semblaient paralysés ou en faveur de l’action des émeutiers, et les saints furent à diverses reprises dépossédés et expulsés de comté en comté.
 
Finalement, le 6 août 1838, des violences éclatèrent un jour d’élections entre mormons et non-mormons à Gallatin (comté de Daviess, Missouri). Joseph Smith et d’autres firent appel au juge de paix Adam Black pour obtenir de sa part une « convention de paix » pour qu’il défende la loi et ne s’attache à aucun groupe d’émeutiers. Cela eut comme conséquence que Joseph Smith et Lyman Wight furent arrêtés sur la base d’une déclaration sous serment selon laquelle ils se seraient rendus coupables d’émeute et d’agression pendant qu’ils obtenaient les mandats de Black (HC 3:61). Smith et Wight comparurent devant le juge Austin King et furent cités à comparaître à l’audience suivante du jury d’accusation dans le comté de Daviess (HC 3:73).
 
Le 25 octobre 1838, Moses Rowland, un homme de la milice de l’État du Missouri, fut tué lors de la bataille de la Crooked River au cours d’un affrontement avec une compagnie de saints qui essayaient de sauver trois frères enlevés. En apprenant cette escarmouche, ajoutée à d’autres rapports, Lilburn W. Boggs, gouverneur de l’état, publia son ordre infâme d’extermination. Joseph et d’autres dirigeants des saints furent arrêtés et comparurent, du 12 au 29 novembre 1838, en audience préliminaire devant le juge Austin King à Richmond (Missouri). Joseph Smith et quelques autres défendeurs furent enfermés pendant quatre mois et demi à la prison de Liberty en attendant leur mise en examen par un jury d’accusation pour des raisons telles que meurtre, incendie criminel, vol, rébellion et trahison. Tandis qu’ils étaient en route pour être jugés par une instance plus impartiale, on laissa Joseph et d’autres s’échapper pour éviter à l’État de se trouver dans une situation publiquement embarrassante.

En 1838-1839, les saints s’installèrent à Nauvoo (Illinois) après leur expulsion injustifiée du Missouri. Pour éviter les persécutions « légales » subies dans les États précédents, ils obtinrent une charte libérale pour la ville de Nauvoo, qui accordait des pouvoirs étendus de habeas corpus aux tribunaux locaux. Ceux-ci aidèrent à libérer Joseph Smith et d’autres saints des derniers jours quand ils étaient recherchés par des policiers agissant sur mandat, qui n’étaient pas de Nauvoo. En 1841, Stephen A. Douglas, juge ayant juridiction au niveau de l’état, écarta un mandat du Missouri visant à extrader Joseph pour des accusations toujours en cours là-bas et, en 1843, un juge fédéral fit la même chose pour une requête semblable après la tentative d’assassinat supposée de l’ex-gouverneur Boggs. Cependant, l’utilisation croissante du mandat d’habeas corpus par les magistrats de Nauvoo, qui bloquait même l’autorité de l’État et l’autorité fédérale, ne fit qu’augmenter la méfiance parmi les non-mormons, qui estimaient que Joseph Smith se considérait comme étant au-dessus de la loi.

La dernière fois que le prophète eut recours à l’habeas corpus fut après son arrestation en juin 1844 par un agent de police du comté pour incitation à une « émeute » en commandant la suppression du Nauvoo Expositor. Cette action fut le point culminant d’une série de procès entre le prophète et plusieurs apostats, qui l’avaient accusé de parjure et d’adultère ; il avait contre-attaqué en les accusant de parjure, de coups, de diffamation et de refus de se laisser arrêter. Un jugement avait statué sur les mérites de l’affaire et Joseph avait été acquitté à Nauvoo. À la suite de cela, le gouverneur persuada le prophète de se laisser arrêter et d’être à nouveau jugé pour « émeute », cette fois à Carthage, où il fut incarcéré sans caution pour une nouvelle accusation de « trahison » pour avoir déclaré la loi martiale et avoir fait appel à la milice de Nauvoo pour maintenir la paix. Les ennemis de Joseph Smith l’accusèrent de lancer une offensive contre les citoyens de l’Illinois. Deux jours plus tard, son frère Hyrum et lui étaient tués par des émeutiers déguisés.
 
Même après la mort, les procès relatifs au prophète continuèrent. Sur soixante assassins potentiels cités devant un jury d’accusation, neuf furent mis en examen et cinq furent jugés à Carthage pour le meurtre de Joseph (un procès distinct allait suivre pour le meurtre de Hyrum). Après six jours de procès, tous les accusés furent acquittés en juin 1845 pour manque de preuves. L’injustice judiciaire finale à l’égard de Joseph Smith et de l’Église en Illinois fut une série de décrets des tribunaux fédéraux en 1851 et 1852 qui liquidèrent tous les avoirs personnels et appartenant à l’Église détenus par Joseph Smith de son vivant, afin d’exécuter un jugement rendu par défaut en 1842. Il avait garanti un billet à ordre au gouvernement fédéral lors d’une transaction d’affaires dans les premiers temps de Nauvoo ; quand le billet resta impayé, il s’ensuivit une succession de procès, empêchant une déclaration de faillite et donnant lieu à des accusations de fraude et d’inconduite. Bien que mal conseillé et jouant de malchance dans le domaine des affaires, le prophète ne fut jamais déclaré coupable d’aucune inconduite.
 
Bibliographie
Firmage, Edwin B. et Richard C. Mangrum. Zion in the Courts : A Legal History of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 1830-1900. Urbana, Ill., 1988.
Gentry, Leland H. "A History of the Latter-day Saints in Northem Missouri from 1836 to 1839," p. 167-85, 352-401. Thè !se de doctorat, université Brigham Young, 1965.
History of the Church, Vol. I, p. 88-96, 377, 390-493 ; Vol. 2, p. 85-450 ; Vol. 3, p. 55-465 ; Vol. 4, p. 40-430 ; Vol. 5.
Madsen, Gordon A. "Joseph Smith's 1826 Trial : The Legal Setting." BYU Studies 30, printemps 1990, p. 91.
Oaks, Dallin H. "The Suppression of the Nauvoo Expositor." Utah Law Review 9, hiver 1965, p. 862-903.
Oaks, Dallin H. et Joseph I. Bentley. "Joseph Smith and Legal Process : In the Wake of the Steamboat Nauvoo." BYU Law Review 3, 1976, p. 735-782 ; réimpr. BYU Studies 19, hiver 1979, p. 167.
Oaks, Dallin H. et Marvin Hill. Carthage Conspiracy. Urbana, Ill., 1975.
Walters, Wesley P. "Joseph Smith’s Bainbridge, N. Y. , Court Trials." Westminster Theological Journal 36, hiver 1974, p. 123-155.
JOSEPH I. BENTLEY

Suivre les Frères
Auteur : McConkie, Mark L.


Les saints des derniers jours croient que Dieu donne des révélations aux prophètes vivants et que leurs paroles, lorsqu’elles sont ainsi inspirées, doivent être reçues comme étant les siennes (D&A 1:38). Il est donc devenu courant dans l'Église de dire que le Christ et ses prophètes sont un parce qu'ils le représentent (cf. Jean 17:21-23). Cela signifie que les prophètes, en tant qu'agents du Christ, annoncent son Évangile et sont un avec lui dans l'enseignement, le témoignage et le but (voir Unité). Ainsi, l'injonction biblique de suivre Jésus et l'alliance baptismale d'obéir à ses commandements nécessitent également que l’on suive ses prophètes.

Chez les saints des derniers jours l'injonction de « suivre les Frères » dérive de cette exigence de l'obéissance à Jésus et aux instructions des prophètes. Dans ce contexte, « les Frères » sont les Autorités générales, particulièrement la Première Présidence et le Collège des douze apôtres, qui sont officiellement soutenus comme prophètes, voyants et révélateurs. Le principe peut être étendu de manière à inclure les dirigeants locaux de la prêtrise tels que les présidences des collèges de la prêtrise, les évêques et les présidents de pieu et les présidences des organisations auxiliaires : la Société de Secours, les Jeunes Filles et la Primaire, dans leur juridiction respective. Cette extension du principe à tous les dirigeants de l'Église à tous les niveaux est basée sur la considération que tous les officiers de l'Église ont droit à la révélation dans leurs appels, étant acquis qu'ils sont en accord avec les Frères. Parlant expressément du prophète qui est actuellement président de l'Église, le Seigneur a commandé aux membres : « Vous prêterez l'oreille à toutes ses paroles et à tous les commandements qu'il vous donnera à mesure qu'il les reçoit, marchant en toute sainteté devant moi. Car vous recevrez sa parole, en toute patience et avec une foi absolue, comme si elle sortait de ma propre bouche » (D&A 21:4-5).

Les saints des derniers jours affirment recevoir toute une variété de bénédictions quand ils suivent les instructions des prophètes. Non seulement le fait de suivre les Frères unit les saints, leur permettant de faire avancer plus efficacement les objectifs du Rétablissement, mais il leur permet également de recevoir les récompenses de cette obéissance, parmi lesquelles les dons de l'Esprit.

Toutefois le fait de suivre les Frères n'implique pas une obéissance aveugle, car tout membre de l'Église a droit au témoignage de l'Esprit Saint que les dirigeants de l'Église sont inspirés de Dieu. C'est pourquoi, suivre le prophète vivant implique de la part des membres qu’ils vivent de manière à être dignes de recevoir l'inspiration et la révélation personnelles. Cela donne un sens contemporain au désir de Moïse : « Puisse tout le peuple de l’Éternel être composé de prophètes » et donc bénéficier de l'inspiration (Nombres 11:29), et à la parole du Sauveur disant que tout le monde devrait « vivr[e] de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (D&A 84:44; Deutéronome 8:3; Matthieu 4:4).

Du fait que les membres de l’Église ont droit à la confirmation divine de ce que disent les prophètes, il n'est pas question, chez les saints, d’infaillibilité pour ceux-ci. Comme Joseph Smith l’a enseigné : « Un prophète n’est pas toujours prophète ; uniquement quand il agit comme tel » (EPJS, p. 224). Les prophètes ont leurs opinions personnelles et privées et ils sont des hommes « de la même nature que » tous les autres (voir Jacques 5:17; Mosiah 2:10-11). Toutefois, lorsqu'ils agissent sous l'influence de l'Esprit Saint dans le rôle prophétique, « tout ce qu’ils diront... sera la volonté du Seigneur » (D&A 68:3-4; Voir Écriture). Comme le Sauveur l’a dit à Joseph Smith : « Celui qui reçoit mes serviteurs me reçoit ; et celui qui me reçoit reçoit mon Père » (D&A 84:36-37; voir aussi Matthieu 10:40; 3 Né 28:34).

Bibliographie
Christiansen, ElRay L. "Sustaining the Authorities of the Church." Relief Society Magazine 44, févr. 1957, p. 76-79.
Packer, Boyd K. "Follow the Brethren." Speeches of the Year, pp. 1-10. Provo, Utah, 1965.
Stapley, Delbert L. "Respect for Authority." IE 60, déc. 1957, p. 914-915, 938.
MARK L. MCCONKIE


T
 
Temple de Kirtland
Auteur : PERKINS, KEITH W.
 
Le commandement divin qui fut à l’origine de la construction du temple de Kirtland fut donné au prophète Joseph Smith en janvier 1831, au moment où l'Église était en butte à la pauvreté et aux remous. À ce moment-là, les saints devaient se rassembler en Ohio, où le Seigneur promettait qu'il les doterait « du pouvoir d'en haut » (D&A 38:32 ; cf. D&A 88:119 ; 95:3, 8, 11). C’est ainsi qu’ils commencèrent à construire le premier des temples des saints des derniers jours.
 
L'Église ne comptait alors que quelques centaines de membres, hommes, femmes et enfants, qui travaillèrent ensemble sur le temple et y mirent tout leur cœur et toutes leurs forces, « tous vivant aussi sobrement que possible » afin que « chaque cent puisse être consacré au grand objectif » (Tullidge, p. 82). Selon Benjamin F. Johnson, « il était quasi impossible de se procurer un racleur ou une charrue parmi les saints » pour préparer le sol pour les fondations du temple (Benjamin Johnson, My Life’s Review, p. 16). Le bois de charpente était apporté des forêts voisines. La pierre était taillée dans une carrière locale.
 
De même que le modèle exact du tabernacle de Moïse et du temple de Salomon fut révélé d'en haut (Ex. 25:9 ; 1 C. 28:11-12), de même la conception, les dimensions et les fonctions du temple de Kirtland furent révélées. L’intérieur devait avoir seize mètres de large et vingt mètres de long et avoir une salle en bas et une en haut. La partie inférieure de la salle intérieure devait être consacrée « pour votre offrande de Sainte-Cène et pour votre prédication, votre jeûne, vos prières et pour m'offrir vos désirs les plus saints, dit votre Seigneur. » La partie supérieure de la salle intérieure devait être « consacrée pour l'école de mes apôtres » (D&A 95:13-17).
 
La pierre angulaire fut posée le 23 juillet 1833. Brigham Young expliqua plus tard que la première pierre fut posée au coin sud-est, le point de la plus grande lumière et, à midi, le moment où le soleil brille le plus fort (JD 1:133). C'était un rappel symbolique de ce que la Maison du Seigneur est un centre de lumière et de vérité.
 
La conception de l’extérieur du temple de Kirtland est typique des autres maisons de culte de l’époque, mais la disposition de l'intérieur est unique. À chacun des deux étages principaux il y a deux séries de pupitres à quatre gradins, une du côté ouest, l'autre à l'est. Elles symbolisent les offices des Prêtrises de Melchisédek et d'Aaron et recevaient leurs présidences.
 
La construction du temple fut brutalement ralentie avec l'appel du Camp de Sion vers le Missouri, quoique beaucoup parmi les femmes, les hommes plus âgés et les infirmes restèrent à Kirtland. Sidney Rigdon, de la Première Présidence, écrit avoir longé les murs du temple « de nuit et de jour, mouillant fréquemment les murs » de ses larmes, priant pour l'achèvement du temple. À d'autres moments, les travaux étaient ralentis à cause du harcèlement et des menaces des ennemis de l'Église. George A. Smith raconte qu’il arrivait que les gardes soient jour et nuit au temple et travaillent une truelle dans une main et un pistolet dans l'autre.
 
Les femmes, qui, avait un jour observé Joseph, étaient « les premières dans les travaux sur le temple », filaient, tricotaient et cousaient pour que les ouvriers du temple aient des vêtements à porter. Pour donner au revêtement extérieur un aspect étincelant, les femmes fournirent du verre à casser en petits morceaux et à appliquer au stuc. Dans sa prière de consécration, Joseph mentionna les sacrifices des saints : « Car tu sais que nous avons accompli ce travail au milieu de grandes tribulations, et que c'est dans notre pauvreté que nous avons donné de nos biens pour bâtir une maison à ton nom, afin que le Fils de l'Homme ait un lieu pour se manifester à son peuple » (D&A 109:5).
 
Une foule estimée à mille personnes assista, le 27 mars 1836, à la consécration. Une cérémonie de répétition de la consécration eut lieu le 31 mars. Ce fut un moment de grandes réjouissances. Des hymnes de consécration furent chantés, notamment « L'Esprit du Dieu saint brûle comme une flamme », écrit pour l'occasion. La Sainte-Cène fut bénie et distribuée. La prière de consécration inspirée, remplie d’allusions hébraïques, est devenue le modèle de toutes les consécrations de temples qui ont suivi. Le prophète y supplie le Seigneur d’accorder la manifestation de sa présence divine (la shékhina), comme dans le tabernacle de Moïse, au temple de Salomon et le jour de la Pentecôte, « et que ta maison soit remplie de ta gloire comme d'un vent puissant et impétueux » (D&A 109:37 ; cf. Ex. 29:43 ; 33:9-10 ; 2 C. 7:1-3 ; Ac. 2:1-4). Beaucoup mirent par écrit l'accomplissement de cette prière. Eliza R. Snow écrit : « On peut reparler des cérémonies de cette consécration, mais aucune langue mortelle ne peut décrire les manifestations célestes de ce jour mémorable. Des anges apparurent à certains, tandis que toutes les personnes présentes avaient la sensation de la présence divine et chaque cœur était rempli d’une « joie inexprimable et pleine de gloire » (Tullidge, p. 95). Après la prière, l'assemblée tout entière se leva et, les mains élevées, cria des hosannas « à Dieu et à l'Agneau » (voir Cri de Hosanna).
 
Le point culminant du déversement spirituel se produisit le 3 avril 1836 quand le Sauveur apparut dans le temple de Kirtland à Joseph Smith et à Oliver Cowdery et dit : « Car voici, j'ai accepté cette maison, et mon nom sera ici ; et je me manifesterai avec miséricorde à mon peuple dans cette maison » (D&A 110:7). Puis trois autres personnages appartenant à d'anciennes dispensations, ou ères, vinrent rétablir les clefs de la prêtrise : Moïse rétablit les clefs du rassemblement d'Israël, Élias les clefs de l'Évangile d'Abraham et Élie les clefs du scellement. Ces clefs représentent trois aspects différents de la mission de l'Église.
 
Sans les clefs rétablies dans le temple de Kirtland, les saints des derniers jours n'auraient pas l'autorité d’accomplir les ordonnances dans leurs nombreux temples. Des ablutions et des onctions avaient été données en janvier 1836. Après avoir accompli le lavement des pieds, Joseph assura aux collèges qu'il « leur avait donné toutes les instructions dont ils avaient besoin » pour aller de l’avant et édifier le royaume de Dieu, étant « passés par toutes les cérémonies nécessaires » (EPJS, p. 85). Ces cérémonies étaient préliminaires à la plénitude des ordonnances et de la dotation du temple administrées plus tard dans le temple de Nauvoo.
 
Abandonné par les saints après de violentes persécutions, le temple de Kirtland fut pendant un certain temps dans les mains de dissidents. Il appartient aujourd'hui à l’Église réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jours [devenue la Communauté du Christ] et est utilisé comme centre pour visiteurs. Il a été reconnu comme site historique national.
 
Bibliographie

Anderson, Karl Ricks. Joseph Smith’s Kirtland : Eyewitness Accounts.Salt Lake City, 1989.
Backman, Milton V., Jr. The Heavens Resound : A History of the Latter-day Saints in Ohio, 1830-1838. Salt Lake City, 1983.
Madsen, Truman G. Joseph Smith, the Prophet, p. 67-82. Salt Lake City, 1989.
Tullidge, Edward W. The Women of Mormondom. New York, 1877.

KEITH W. PERKINS

 
Temples
 
[Les articles contenus sous cette rubrique sont :
Temples : Culte et activité des temples des saints des derniers jours
Temples : Histoire des temples de l’Église de 1831 à 1990
Temples : Consécration des temples de l’Église
Temples : Administration des temples
Temples : Significations et fonctions des temples
Temples : Les temples au cours des siècles

Les quatre premiers articles ont trait aux temples qui se situent dans la tradition de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Voir aussi Maisons des dotations, Temple de Kirtland, Franc-maçonnerie et temple, Temple de Nauvoo et Temple de Salt Lake City. Le cinquième article traite des significations et des fonctions des temples dans les religions du monde en général et l’article final traite des temples antiques en particulier, ainsi que des continuités entre les temples israélites antiques et les temples des saints des derniers jours.

Voir aussi Baptême pour les morts, Dotation, Histoire familiale, Sous-vêtements, Saint des saints, Mariage : Mariage éternel, Cercle de prière, Salut des morts, Scellement, Ordonnances du temple et Ablutions et Onctions.]
 
Temples : Culte et activité des temples des saints des derniers jours
Auteur : LUSCHIN, IMMO
 
L’accomplissement d’ordonnances et la recherche de la volonté du Seigneur dans le temple sont une forme sacrée et importante du culte dans la vie religieuse des saints des derniers jours. Dans le temple, des vérités saintes sont enseignées et des alliances solennelles sont contractées au nom de Jésus-Christ, tant par les membres pour eux-mêmes que par ceux qui agissent par procuration en faveur de personnes décédées (celles-ci ayant le choix dans le monde d’esprit d’accepter ou de rejeter ce service par procuration). Le respect des alliances du temple et le respect manifesté lors de l’accomplissement des ordonnances du temple donnent de la paix en ce monde et la promesse de la vie éternelle dans le monde à venir.
 
Il y a, à l’intérieur de chaque temple, des locaux spéciaux pour les diverses ordonnances. On utilise de grands fonts baptismaux reposant sur le dos de douze bœufs sculptés (cf. 1 R. 7:25) pour le baptême pour les morts. Dans d’autres locaux, il y a des cabines dans lesquelles des personnes sont rituellement lavées et ointes avant que la dotation ait lieu. Dans les temples plus anciens, des salles plus grandes sont décorées pour représenter la création, le jardin d’Éden, ce monde-ci et le royaume terrestre, et dans ces salles de dotation, les participants assistent à des présentations symboliques dans lesquelles se jouent des scènes qui décrivent par qui et pourquoi la terre a été créée et comment on peut rentrer en la présence de Dieu. Les participants font des alliances et reçoivent des promesses et des bénédictions. On appelle cela recevoir la dotation. Le prophète Joseph Smith a enseigné que cette dotation était nécessaire pour donner le pouvoir « de vaincre toutes choses » (EPJS, p. 70). Un voile sépare symboliquement la salle terrestre de la salle céleste qui suggère par l’ameublement et le décor la paix, la beauté et la gloire du degré le plus élevé des cieux. Il y a aussi dans le temple des salles plus petites, dites salles de scellement, où l’on célèbre les mariages et les scellements pour les vivants et, par procuration, pour les morts. Un temple peut aussi avoir une salle d’étage où peuvent se réunir des assemblées solennelles.
 
La première visite au temple pour sa propre dotation est un événement important dans la vie d’un saint des derniers jours. (Les enfants n’entrent dans le temple que pour être scellés à leurs parents ou, après l’âge douze, pour être baptisés pour les morts.) Les missionnaires à plein temps reçoivent leur dotation peu de temps avant le début de leur service ; les autres membres le font généralement peu avant le mariage au temple ou, s’ils ne sont pas mariés, à une époque de maturité dans la vie. Tous les saints des derniers jours qui vont au temple doivent être dignes et les hommes doivent détenir la Prêtrise de Melchisédek.
 
Une fois qu’il a reçu sa dotation personnelle, le membre de l’Église est invité à retourner souvent refaire les mêmes ordonnances pour des personnes qui sont mortes sans les avoir reçues. Lors de chacune de ses visites au temple, le visiteur fait fonction de représentant d’une personne de son sexe. Ce service désintéressé de « sauveurs… sur la montagne de Sion » (cf. Ab. 1:21) est motivé par la foi en la résurrection et la survie littérales de tous les êtres humains.
 
Après avoir été consacrés, les temples ne sont pas ouverts au public mais sont limités aux saints des derniers jours. Même entre eux, les saints des derniers jours ne parlent pas des détails de la cérémonie du temple en dehors de celui-ci, parce qu’ils sont sacrés. Dans le temple, les fidèles passent par plusieurs étapes qui symbolisent le retrait par rapport au monde et l’entrée dans la demeure de la Divinité. Ils présentent leur recommandation à l’usage du temple à l’entrée, se changent pour s’habiller tout de blanc et ne se parlent qu’à voix basse quand ils sont dans le bâtiment sacré. Le temple n’est pas ouvert le dimanche, parce que le jour du sabbat est consacré au culte du Seigneur au foyer et dans les assemblées à l’église.
 
Pour ceux avec qui entrent dans la maison du Seigneur « les mains innocentes et le cœur pur » (Ps. 24:4), « le cœur brisé et l’esprit contrit » (3 Né. 9:20 ; cf. Ps. 51:17), et sans mauvais sentiments à l’égard des autres (Mt. 5:23-24), le temple est un endroit idéal pour le culte par la méditation, le renouvellement, la prière et le service discret. Le Seigneur a décrit sa maison comme étant « une maison de prière, une maison de jeûne, une maison de foi, une maison de connaissance, une maison de gloire, une maison d’ordre, une maison de Dieu » (D&A 88:119). Le recueillement dans le temple favorise l’humble esprit de culte et de sainteté. Dans le calme de la maison du Seigneur, ceux qui aspirent à entendre la parole du Père et à être entendus de lui prient silencieusement ou se joignent à des supplications solennelles en faveur des malades et des affligés et de ceux qui recherchent l’inspiration et les conseils (cf. 1 R. 8:30-49 ; voir aussi Cercle de prière).
 
Les paroles prononcées lors de la dotation du temple donnent « les réponses de l’éternité » (Hinckley, p. 37), une éternité qui figure dans les perspectives de tous les enfants de Dieu. Les paroles exposent les principes éternels à utiliser pour résoudre les dilemmes de la vie et indiquent la manière de devenir plus chrétien et de se qualifier progressivement pour vivre avec Dieu. Les lois de la nouvelle alliance éternelle y sont enseignées – des lois d’obéissance, de sacrifice, d’ordre, d’amour, de chasteté et de consécration. Dans le temple, on apprend le rôle sacré des hommes et des femmes dans le plan éternel de Dieu le Père et de l’un envers l’autre, on reçoit une perspective stable du processus répétitif de la vie et on acquiert un plus grand amour pour les ancêtres et pour toute l’humanité.
 
Ce refuge par rapport au monde fait partie, pour des saints des derniers jours, de l’accomplissement de la prophétie antique que « dans la suite des temps… la maison de l’Éternel sera fondée… et que toutes les nations y afflueront » (És. 2:2). Dans la maison du Seigneur, les membres fidèles de l’Église cherchent à comprendre qui ils adorent et comment adorer, de sorte qu’en temps voulu ils puissent aller au Père au nom du Christ, recevoir de la plénitude du Père (D&A 93:19).
 
Bibliographie
Derrick, Royden G. Temples in the Last Days. Salt Lake City, 1987.
Edmunds, John K. Through Temple Doors. Salt Lake City,1978.
Hinckley, Gordon B. “Why These Temples ?” Ensign 4, août 1974, p. 37-41.
Leone, Mark P. The New Mormon Temple in Washington, D.C., dans Historical Archaeology and the Importance of Material Things. Charleston, S. C., 1977.
Madsen, Truman G. “The Temple and the Restoration”. Dans The Temple in Antiquity. dir. de publ. Truman G. Madsen, Provo, Utah, 1984.
Packer, Boyd K. Le Temple sacré, Salt Lake City, 1980.
Talmage, James E. La Maison du Seigneur. Salt Lake City, 1976.
 
Temples : Histoire des temples de l’Église de 1831 à 1990
Auteur : COWAN, RICHARD O.
 
Les saints des derniers jours sont un peuple constructeur de temples. Ils ont une histoire de temples projetés et construits, souvent sous une opposition intense. L’une des premières révélations déclare : « Il est toujours commandé à mon peuple de construire [des temples] à mon saint nom » (D&A 124:39-40). Dans les dernières semaines de sa vie, le prophète Joseph Smith a affirmé : « Nous avons plus besoin du temple que de toute autre chose » (Journal History of the Church, 4 mai 1844).
 
Les fonctions des temples modernes correspondent dans certains aspects à celles du tabernacle antique et des temples bibliques, qui étaient consacrés comme lieux sacrés où Dieu pouvait se révéler à son peuple (Ex. 25:8, 22) et où les sacrifices et les ordonnances sacrées de la prêtrise pouvaient être accomplis (D&A 124:38). Bien que la Bible n’indique pas clairement la nature et l’ampleur précises de ces rites, il est clair que le sacrifice par effusion de sang annonçait le sacrifice suprême de Jésus-Christ.
 
Le Nouveau Testament utilise deux mots qui sont traduits par temple : naos pour le sanctuaire, et hieron pour les esplanades et les cours en général. Bien que condamnant vigoureusement les abus pratiqués dans la cour du temple, Jésus n’en avait pas moins la plus haute estime pour le saint sanctuaire qu’il considérait comme la maison de son Père » (Jn. 2:16) ou comme sa maison (Mt. 21:13). Quand il purifie le temple et condamne les abus (Jn. 2:13-16 ; Mt. 21:12-13) c’est du hieron qu’il s’agit plutôt que du naos.
 
RÉTABLISSEMENT DU CULTE ET DES ORDONNANCES DU TEMPLE. Les saints des derniers jours ont construit leur premier temple à Kirtland (Ohio). Une cérémonie de pose de la première pierre en 1833 a marqué le commencement de la construction. Pendant environ trois ans, les saints sacrifièrent leurs moyens, leur temps et leur énergie pour construire la Maison du Seigneur (le mot « temple » n’était pas généralement utilisé à ce moment-là). Quoique l’extérieur du temple ressemblât beaucoup à une église typique de la Nouvelle-Angleterre, son intérieur avait des caractéristiques qui lui étaient propres. Une révélation spécifiait que le bâtiment devrait comporter deux grandes salles, celle du bas étant une chapelle, alors que celle du haut était à des fins éducatives (D&A 95:8, 13-17). Rien n’était prévu pour les cérémonies sacrées qui devaient encore être révélées.
 
Des bénédictions spirituelles remarquables suivirent les années de sacrifice. Les semaines précédant immédiatement la consécration du temple de Kirtland connurent des manifestations spirituelles remarquables. Le 21 janvier 1836, quand Joseph Smith et d’autres se réunirent dans le temple presque terminé, ils reçurent des ablutions et des onctions et eurent beaucoup de visions, notamment une vision du royaume céleste. Ils apprirent que tous ceux qui étaient morts sans connaître l’Évangile, mais qui l’auraient accepté si l’occasion leur avait été donnée, étaient héritiers de ce royaume (D&A 137:7-8). Ce fut la toute première révélation moderne au sujet du salut des morts, un principe doctrinal important lié aux ordonnances des temples de l’Église.
 
Le dimanche 27 mars 1836, le temple de Kirtland était consacré. Vers la fin du service, qui dura toute la journée, Joseph Smith lut la prière de consécration qu’il avait précédemment reçue par révélation (D&A 109). Après cette prière, le chœur chanta « L’Esprit du Dieu Saint », un cantique écrit pour l’occasion par William W. Phelps. Après que la Sainte-Cène eut été bénie et que plusieurs témoignages eurent été rendus, l’assemblée se leva et poussa le cri de « Hosanna, Hosanna, Hosanna, à Dieu et à l’Agneau ! » Les prières de consécration officielles, l’interprétation de ce cantique et le cri de Hosanna caractérisent toutes les consécrations de temples depuis lors (voir Cri de Hosanna).
 
Des manifestations importantes se produirent dans le temple de Kirtland le 3 avril, une semaine après sa consécration. Jésus-Christ apparut et accepta le temple. Moïse, Élias et Élie apparurent ensuite et rétablirent des pouvoirs spécifiques de la prêtrise (D&A 110). Grâce aux clefs de scellement rétablies par Élie, les ordonnances de la prêtrise accomplies sur terre pour les vivants et les morts pouvaient être liées ou scellées dans le ciel, aidant ainsi à tourner le cœur des pères et des enfants les uns vers les autres (Ma. 4:5-6).
 
Au moment où il projetait le temple de Kirtland, Joseph Smith accordait également son attention à ce qui se passait au Missouri. En 1831, il avait posé la pierre angulaire d’un futur temple à Independence, dans le comté de Jackson, qui avait été indiqué comme « lieu central » de Sion (D&A 57:3). En juin 1833, il élabora un plan pour la ville de Sion, indiquant que vingt-quatre temples ou bâtiments sacrés seraient construits au cœur de la ville pour remplir une variété de fonctions de prêtrise. Quand les saints des derniers jours furent expulsés du comté de Jackson cet automne-là, les projets de construction de la ville de Sion et de ses temples furent remis à plus tard.
 
En 1838 les pierres angulaires furent posées pour un temple à Far West, dans le nord du Missouri. Cet édifice devait servir au rassemblement des saints pour le culte (D&A 115:7-8). Toutefois, les persécutions en empêchèrent la construction.
 
Le temple de Nauvoo, consacré en 1846, fut le premier temple conçu pour les ordonnances sacrées récemment rétablies pour les vivants et les morts. Les baptêmes par procuration pour les morts furent inaugurés en 1840. Ils furent d’abord accomplis dans le Mississippi jusqu’à ce que des fonts fussent construits dans le sous-sol du temple. En 1842, le prophète donna les premières dotations dans la salle d’assemblée au-dessus de son magasin de briques rouges (EPJS, p. 191). Cette cérémonie qui, à ce moment-là n’était donnée qu’aux personnes vivantes, passait en revue l’histoire de l’humanité depuis la création, soulignant les principes élevés exigés pour retourner en la présence de Dieu. Les premiers scellements ou mariages de couples pour l’éternité furent également accomplis vers ce moment-là. Ensuite toutes les ordonnances de cette sorte furent arrêtées jusqu’à ce que le temple fût terminé.
 
Les murs extérieurs principaux du temple n’étaient que partiellement achevés quand Joseph Smith et son frère Hyrum furent assassinés en 1844. Le martyre ne fit toutefois que causer une suspension provisoire de la construction du temple. Quoique sachant qu’ils seraient bientôt forcés de quitter Nauvoo et n’auraient plus accès au temple, les saints étaient disposés à dépenser près d’un million de dollars pour réaliser la vision de leur prophète d’ériger la Maison du Seigneur. Dès décembre 1845, les salles du temple étaient suffisamment achevées pour que des dotations puissent y être accomplies. Pendant les huit semaines qui suivirent, 5.500 personnes reçurent ces bénédictions alors même qu’elles se préparaient fiévreusement pour leur exode vers l’Ouest. Brigham Young et d’autres officiants restèrent jour et nuit dans le temple. Pour maintenir l’ordre, Heber C. Kimball insista sur le fait que seuls ceux qui avaient une invitation officielle devaient être admis au temple, ce qui fut peut-être le commencement de l’émission des recommandations à l’usage du temple.
 
TEMPLES AU SOMMET DES MONTAGNES. La construction de temples resta prioritaire pour les pionniers mormons pendant qu’ils se rendaient dans les montagnes Rocheuses. Quatre jours à peine après leur entrée dans la vallée du lac Salé, Brigham Young y choisit l’emplacement du temple. Des dispositions provisoires furent prises pour donner la dotation jusqu’à ce que ce temple soit achevé, et une Maison des Dotations en adobes fut ouverte en 1855 à Temple Square. Le président Young expliqua cependant que toutes les ordonnances ne pouvaient y être convenablement accomplies, de sorte qu’au milieu des années 1870, il encouragea les saints à aller de l’avant dans la construction d’autres temples en Utah.
 
L’emplacement pour le temple de St-George était marécageux, mais Brigham Young tint absolument à ce qu’il fût construit là parce que l’endroit avait été consacré par les prophètes antiques du Livre de Mormon (déclaration de David H. Cannon, Jr., 14 oct. 1942, cité dans Kirk M. Curtis, « History of the St. George Temple », thèse de maîtrise, université Brigham Young, 1964, p. 24-25). Un vieux canon, rempli de plomb, devint un marteau pilon improvisé pour enfoncer des roches dans la terre détrempée. En 1877, le temple de St-George, premier d’Utah était achevé. On y inaugura des dotations pour les morts en janvier de cette année-là, permettant aux saints d’accomplir ces rites importants par procuration en faveur de leurs ancêtres.
 
Avec l’accroissement du nombre des dotations pour les morts, la conception de base des temples fut modifiée pour que l’ordonnance puisse avoir lieu. Les temples de Logan et de Manti (respectivement consacrés en 1884 et 1888) contiennent de grandes salles d’assemblée à l’étage et une série de salles plus petites en bas, spécialement conçues pour présenter les instructions de la dotation. Les peintures murales dépeignent différentes étapes de la progression éternelle de l’homme. À cause de l’hostilité politique extérieure en 1888, les dirigeants de l’Église consacrèrent d’abord le temple de Manti en des cérémonies privées. Lors de la consécration publique, qui eut lieu un peu plus tard, les membres de l’assemblée signalèrent des expériences spirituelles peu communes, entendant notamment des chœurs célestes.
 
L’achèvement du temple de Salt Lake City fut un encouragement pour les saints pendant les jours sombres des persécutions. Les pierres symboliques sur l’extérieur du grand temple représentent les degrés de gloire éternelle et d’autres principes de l’Évangile. La flèche centrale à l’est est complétée par une statue de l’ange Moroni, symbolisant la prophétie de Jean qu’un héraut céleste apporterait l’Évangile à la terre (Ap. 14:6). L’intérieur contient des salles de conseil pour les Autorités générales. L’après-midi précédant sa consécration, le 6 avril 1893, de nombreux visiteurs de tous les cultes furent invités à visiter le temple. Ces portes ouvertes précédant la consécration ont pris de l’importance et sont devenues la norme pendant le vingtième siècle.
 
TEMPLES DU XXe SIECLE. Pendant le premier tiers du vingtième siècle, des temples furent construits de plus en plus loin du siège de l’Église, reflet de l’expansion et de la croissance de l’Église. Le président Joseph F. Smith parla de la nécessité d’apporter les bénédictions du temple aux saints dispersés sans les obliger à parcourir souvent des milliers de kilomètres jusqu’aux montagnes Rocheuses pour les recevoir. Les temples construits à l’époque étaient relativement petits, sans tours ni grandes salles d’assemblée.
 
Le président Smith, qui, dans sa jeunesse, avait fait une mission à Hawaï, choisit un emplacement de temple à Laie sur l’île d’Oahu. Comme les matériaux de construction traditionnels étaient rares sur l’île, le temple fut construit en béton armé. Il fut consacré en 1919, un an après la mort du président Smith. Entre-temps, la construction d’un temple avait également commencé à Cardston (Alberta, Canada). Après sa consécration en 1923, les membres de l’Église d’Oregon et de Washington organisèrent des caravanes annuelles pour aller dans ce temple, précurseurs de voyages au temple qui devinrent une facette de plus en plus importante de l’activité religieuse pour les membres qui ne vivaient pas près de ces édifices sacrés.
 
Lors de la consécration du temple de Mesa, en Arizona, en 1927, le président Heber J. Grant demanda la bénédiction divine sur les Indiens d’Amérique et les autres descendants modernes des peuples du Livre de Mormon. En 1945, la dotation et les autres bénédictions du temple y furent données en espagnol, la première fois que ces cérémonies étaient faites dans une langue autre que l’anglais. Les décennies suivantes, les membres du sud-ouest des États-Unis, du Mexique et jusqu’en Amérique Centrale se déplacèrent pour assister aux sessions du temple en espagnol à Mesa.
Le président Grant approuva aussi des emplacements pour des temples en Californie et en Idaho. La construction du temple d’Idaho Falls commença en 1937, mais le manque de matériaux pendant la Deuxième Guerre mondiale retarda son achèvement jusqu’en 1945.
 
La croissance rapide de la population de l’Église dans le sud de la Californie pendant et après la Deuxième Guerre mondiale aboutit à la construction du temple de Los Angeles, le plus grand de l’Église à l’époque. Consacré en 1956, c’était le premier au vingtième siècle à avoir une grande salle d’étage pour permettre aux dirigeants de la prêtrise d’y mener des assemblées solennelles, ainsi qu’une statue de l’ange Moroni sur sa tour de 85 mètres. Les plans d’architecte prévoyaient que l’ange soit tourné vers le sud-est, comme le temple lui-même, mais le président David O. McKay insista pour que la statue soit orientée directement à l’est. La plupart des temples de l’Église (mais pas tous) sont tournés vers l’est, symbolisant l’avènement attendu du Christ, que Jésus a comparé à l’aube à l’orient d’un jour nouveau (Mt. 24:27). Les membres de Californie considérèrent ce temple comme l’accomplissement de la prophétie de Brigham Young que l’on dominerait un jour les rivages du Pacifique du haut de la maison du Seigneur et que les temples auraient une tour centrale et des bassins réfléchissants et auraient des plantations sur leur toit.
 
LES PREMIERS TEMPLES D’OUTRE-MER. La décision de construire des temples à l’étranger constitua une nouvelle impulsion. Pendant des décennies les dirigeants de l’Église avaient conseillé aux saints d’outre-mer ne pas se rassembler en Amérique, pour édifier l’Église là où ils étaient, les bénédictions du temple n’étaient pas accessibles dans leur patrie. Le temple de Suisse près de Berne en 1955 et les temples de Nouvelle-Zélande et de Londres en 1958 répondirent partiellement à ce besoin. L’utilisation du cinéma permit de présenter l’ordonnance de la dotation dans une seule salle d’enseignement plutôt que dans une série de salles décorées de peintures murales. Le président McKay avait annoncé que les futurs temples seraient plus petits, de manière à ce que l’on pût en construire davantage de par le monde. En outre, sous forme de film, ces cérémonies pouvaient être présentées en plusieurs langues avec seulement un petit groupe de servants des ordonnances du temple pour assurer le service.
 
Les personnes qui avaient reçu la responsabilité de localiser ces temples étaient convaincues qu’elles avaient l’aide divine. Les dirigeants de la mission suisse connurent de longues difficultés en voulant acquérir un emplacement qu’ils avaient choisi et demandèrent l’aide du Seigneur. Ils trouvèrent immédiatement un emplacement plus grand pour la moitié du prix ; ils ne tardèrent pas à apprendre que l’emplacement qu’ils avaient d’abord choisi était devenu inutilisable à cause de la construction inattendue d’une grande route sur une partie du lot. Quand le prix demandé à l’origine pour la parcelle de terrain du temple de Nouvelle-Zélande parut excessif, les hommes de loi représentant les propriétaires et l’Église revirent la question et parvinrent indépendamment exactement au même chiffre moins élevé. Les ingénieurs déconseillèrent la construction du temple de Londres sur le terrain choisi par le président McKay parce qu’il était trop marécageux, mais on découvrit de la roche à la profondeur qui convenait pour soutenir les fondations.
 
TEMPLES MODERNES EN AMÉRIQUE DU NORD. Pendant la décennie 1964-1974, quatre temples supplémentaires furent consacrés aux États-Unis. Le temple d’Oakland (1964) avait été impatiemment attendu par les saints du nord de la Californie. Quarante ans plus tôt, George Albert Smith avait parlé tandis qu’il était à San Francisco du jour où un beau temple surmonterait les collines de l’East Bay et serait un fanal pour les bateaux naviguant le Golden Gate. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, un terrain devint libre dans les collines d’Oakland. Cependant, deux décennies passèrent en attendant que la croissance de l’Église dans la région justifie la construction d’un temple. Le temple d’Oakland utilise maintenant la projection de film pour présenter la cérémonie de la dotation. Trois salles spacieuses permettent à de grands groupes de recevoir ces instructions simultanément.
 
Quoique les anciens dirigeants eussent parlé de futurs temples à Ogden et à Provo, l’annonce, faite en 1967, de la construction de ces deux temples d’Utah surprit beaucoup de saints des derniers jours. Les dirigeants de l’Église expliquèrent que le temple de Salt Lake City était utilisé au-delà de sa capacité, de sorte que la construction de deux nouveaux temples dans le voisinage soulagerait la pression et réduirait également le temps de voyage pour les saints d’Ogden et de Provo. Quand les temples furent terminés cinq ans après, chacun comptait six salles de dotation, ce qui allait permettre à un nouveau groupe de commencer la présentation toutes les vingt minutes pour un total maximum de soixante sessions quotidiennement.
 
Le temple de Washington D.C. non seulement répondait aux besoins des saints habitant l’Est des États-Unis et le Canada mais, étant situé près de la capitale des États-Unis, devint un monument pour l’Église rétablie. Les architectes le conçurent comme adaptation moderne et facilement reconnaissable du modèle bien connu à six tours du temple de Salt Lake City. Avec sa flèche centrale du côté est, haute de 87 mètres, il est le plus grand de tous les temples de l’Église dans le monde. Le temple de Washington comprenait un complexe de six salles de dotation et devint le deuxième temple du vingtième siècle à avoir la grande salle d’assemblée de la prêtrise à l’étage.
 
Pendant les années 1970, le temple d’Arizona et plusieurs autres temples furent transformés en vue de la projection de film dans la présentation de la dotation. Comme les transformations avaient été considérables, des portes ouvertes furent organisées avant la reconsécration des temples. Pendant cette même décennie, on commença la construction de trois autres grands temples en Amérique du Nord : celui de Seattle (consacré en 1980), le premier dans le Nord-ouest Pacifique des États-Unis, celui de Jordan River (1981), le deuxième de la vallée du lac Salé et celui de Mexico (1983), qui se caractérise par un style architectural maya. Tandis qu’il assistait à la consécration du temple de Mexico, Ezra Taft Benson se sentit poussé à mettre l’accent sur le Livre de Mormon, un thème qui devait plus tard caractériser son administration comme président de l’Église.
 
EXPANSION MONDIALE. En 1976, deux révélations (maintenant D&A 137 et 138) furent ajoutées aux ouvrages canoniques. L’une d’elles rapportait la vision que Joseph Smith avait eue du royaume céleste en 1836. L’autre racontait la vision que le président Joseph F. Smith avait eue en 1918 montrant le Sauveur organisant les justes pour prêcher son Évangile dans le monde des esprits des morts. Les deux contribuaient à la compréhension que les saints avaient du salut pour les morts et donnèrent un élan nouveau à une construction sans précédent de temples.
 
Des plans avaient déjà été annoncés pour des temples à Sao Paulo et à Tokyo, les premiers en Amérique du Sud et en Asie, respectivement. Puis, en 1980, une accélération spectaculaire se produisit quand la Première Présidence annonça que l’on allait construire sept nouveaux temples. Il s’agissait du premier temple du sud-est des États-Unis, de deux autres temples en Amérique du Sud et de quatre dans le Pacifique. L’année suivante, les plans pour neuf autres temples étaient annoncés : deux aux États-Unis, en Europe et en Amérique latine, plus un temple en Corée, aux Philippines et en Afrique du Sud. Dès 1984, des plans pour construire dix temples de plus étaient annoncés, notamment un en République démocratique allemande. Ces temples étaient plus petits que la plupart de ceux qui avaient été construits les décennies précédentes. Comme beaucoup furent construits en même temps, ils sont de conception semblable.
 
La plupart de ces nouveaux temples se trouvaient là où ils pouvaient rendre les bénédictions du temple accessibles aux vivants même s’ils ne pouvaient pas contribuer un grand nombre d’ordonnances pour les morts. Plus que jamais auparavant, les temples étaient à la portée des saints des derniers jours vivant de par le monde, qui accueillirent la construction de ces temples avec reconnaissance et joie. Quand le président Spencer W. Kimball annonça l’intention de construire le temple de Sao Paulo, par exemple, un ah ! parcourut l’immense assemblée réunie pour la conférence de région du Brésil ; les larmes aux yeux, les familles, partout dans la salle, s’embrassèrent à cette nouvelle. Les dirigeants de l’Église dirent que plutôt que de sacrifier les gains de toute une vie pour atteindre un temple éloigné, les membres devraient maintenant faire une autre sorte de sacrifice : trouver du temps pour aller régulièrement à leur temple.
 
Les saints des derniers jours comptent que cette expansion rapide de la construction de temples continuera. Les ordonnances sacrées du temple doivent être rendues accessibles à tous. Brigham Young a prophétisé que pendant le millénium, des milliers de temples parsèmeraient la terre. À ce moment-là, des dizaines de milliers de fidèles y entreront pour accomplir les ordonnances sacrées vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
 
BÉNÉDICTIONS DU TEMPLE POUR LES MORTS. Quand ils faisaient des baptêmes par procuration pour leurs proches parents, les saints de Nauvoo disposaient aisément des informations à leur sujet. Des recherches généalogiques plus difficiles s’avérèrent pourtant nécessaires quand les membres de l’Église durent s’acquitter de leur responsabilité de fournir les bénédictions du temple à tous leurs ancêtres décédés aussi loin qu’ils pouvaient remonter. L’introduction des dotations pour les morts en 1877, qui prenait bien plus de temps que les baptêmes, représenta une expansion importante dans l’engagement des membres de l’Église vis-à-vis du temple.
 
Jusqu’alors les saints n’avaient accompli les ordonnances par procuration que pour leurs propres parents ou amis décédés. Or, tandis qu’il dirigeait la mise en œuvre du service par procuration au temple de St-George, Wilford Woodruff avait déclaré que le Seigneur permettrait aux membres de s’entraider dans cette œuvre importante.
 
Une autre innovation se produisit au début du vingtième siècle lorsque les gens qui vivaient dans des champs de mission lointains furent autorisés à envoyer au temple les noms de leurs proches décédés où d’autres représentants accompliraient les ordonnances. Les dirigeants de l’Église exhortèrent alors les membres vivant près d’un temple de consacrer du temps pour assurer ce service altruiste. Dans le temple de Salt Lake City, par exemple, il n’y avait eu au début qu’une session de dotation par jour. Mais en 1921, il y en avait jusqu’à quatre et en 1991, dix.
 
Avec le nombre de plus en plus important des temples, le nombre des dotations effectuées augmenta. À partir des années 1960, les dirigeants de l’Église demandèrent donc aux employés de la Société généalogique d’Utah de se procurer des noms à l’aide de microfilms des registres d’état civil et de les rendre disponibles pour l’œuvre du temple. Dès le début des années 1970, des trois-quarts de tous les noms pour des ordonnances du temple étaient envoyés de cette manière.
 
Pour permettre aux membres de jouer un rôle plus grand dans l’envoi de noms pour les temples, on leur permit, en 1969, d’envoyer des noms séparés plutôt que seulement dans une feuille de groupement de famille. Les ordinateurs pouvaient ensuite aider à déterminer les liens familiaux. À partir de 1978, de petits groupes de membres de l’Église furent appelés à passer quelques heures chaque semaine à participer au programme d’extraction des noms, c’est-à-dire à copier les noms et les données figurant sur les archives microfilmées. De cette façon, la plupart des noms pour l’œuvre du temple étaient fournis par des membres plutôt que par des professionnels au siège de l’Église. En 1988, la cent millionième dotation pour les morts était accomplie ; on en fit plus de cinq millions cette année-là.
 
LA MAISON DU SEIGNEUR. Comme l’Israël antique, les saints des derniers jours considèrent les temples comme des lieux sacrés mis à part comme endroits où ils peuvent aller se rapprocher de Dieu et recevoir de lui des révélations et des bénédictions (D&A 97:15-17 ; 110:7-8). Ce n’est pas l’édifice en tant que tel qui est la source de sa sainteté. C’est plutôt le fait de la personnalité de ceux qui entrent et des ordonnances et des instructions sacrées qu’ils y reçoivent qui nourrissent l’atmosphère spirituelle que l’on trouve dans le temple. Quand les membres entrent dans cette sainte maison et centrent leurs pensées sur le service d’autrui, leur propre compréhension s’éclaircit et ils reçoivent la solution à leurs problèmes.
 
À cause de la nature spirituelle de l’activité du temple, la préparation personnelle est essentielle. Les saints des derniers jours insistent sur le fait que les cérémonies du temple sont sacrées. Ceci est conforme à la pratique antique, par exemple, de n’admettre que des personnes spécifiquement qualifiées dans l’enceinte la plus sacrée du Tabernacle. La fonction des dirigeants locaux de l’Église, quand ils délivrent des recommandations à l’usage du temple, est non seulement d’établir la dignité et la préparation de la personne mais d’assurer également la sainteté du temple.
 
Bibliographie
Ouvrages traitant des temples et de leurs ordonnances : James E. Talmage, La Maison du Seigneur ; Boyd K. Packer, Le Temple sacré, explique l’esprit et l’importance de l’œuvre du temple ; Richard O. Cowan dans Temples to Dot the Earth, Salt Lake City, 1989, donne l’historique des temples de l’Église et du service du temple. Il y a une étude en profondeur sur l’origine ancienne dans Hugh Nibley, Message of the Joseph Smith Papyri : An Egyptian Endowment, Salt Lake City, 1975 ; N. B. Lundwall, Temples of the Most High, Salt Lake City, 1971, contient les prières de consécration et des descriptions de certains temples ; Royden G. Derrick dans Temples in the Last Days, Salt Lake City, 1987 contient un recueil d’essais sur des sujets liés au temple ; Laurel B. Andrew explique les influences architecturales dans son Early Temples of the mormons (Albany, N.Y., 1989).
RICHARD O. COWAN
 
Temples : Consécration des temples de l’Église
Auteur : HAYCOCK, D. ARTHUR
 
La consécration d’un temple est un acte cérémoniel suprêmement sacré dans l’Église, qui consacre le bâtiment au Seigneur avant que ne commence l’œuvre des ordonnances du temple. Depuis la consécration du temple de Kirtland en 1836 jusqu’en 1990, quarante-six temples ont été consacrés.

La consécration d’un temple est un moment de grandes réjouissances et de célébrations spirituelles. Les hommes, les femmes et parfois les enfants qui vivent dans le district qui va être desservi par le temple et ont une recommandation à l’usage du temple sont invités aux sessions tenues dans ou à côté du temple. Ces cérémonies sont répétées plusieurs fois afin de recevoir tous ceux qui peuvent participer. La plupart viennent dans l’esprit du jeûne et de la prière. Les cérémonies comportent des hymnes choraux sacrés et des discours spéciaux de la part des Autorités générales. Une prière de consécration officielle est faite sous l’autorité apostolique. Traditionnellement, ces prières traitent de la totalité de la dispensation moderne, invoquant les bénédictions divines sur toute l’humanité, les vivants et les morts. Elles ont souvent été prophétiques en ce qui concerne les événements du monde (voir D&A 109).
 
À un certain moment, dans toutes les consécrations de temples, l’assemblée se lève et, tout en agitant des mouchoirs blancs, pousse ensemble trois fois le cri : « Hosanna, hosanna, hosanna, à Dieu et à l’Agneau » (voir Cri de Hosanna). Cette expression solennelle a été présentée par Joseph Smith à Kirtland (voir D&A 19:37 ; 36:3 ; 39:19). Elle rappelle les louanges criées par les disciples de Jésus tandis qu’il descendait du mont des Oliviers (Mt. 21:1-11) et les cris des multitudes en Amérique entourant le temple au pays d’Abondance : « Béni soit le nom du Dieu Très-Haut » (3 Né. 11:17) ; il fait également écho au « pour célébrer et pour louer l’Éternel » par des voix et des instruments lors de la consécration du temple de Salomon (2 Ch. 5:11-14).
 
La consécration d’un temple est en fin de compte la consécration du peuple. Dans l’esprit du sacrifice, il le construit et dans le même esprit il y accomplit les ordonnances sacrées. La consécration met le bâtiment à part de tous les autres édifices de l’Église. Il devient un sanctuaire consacré non pour des sessions ordinaires du culte du sabbat mais pour l’accomplissement quotidien des ordonnances du temple.
 
Tous les dons de l’Esprit et de la sainte prêtrise mentionnés dans l’Écriture se sont manifestés à un moment ou l’autre dans les déversements spirituels qui ont accompagné les consécrations de temples, dont des visions, des révélations, des guérisons, le discernement et la prophétie de même que les fruits de l’Esprit : amour, joie, paix, longanimité, gentillesse, humilité, foi. Pour les saints des derniers jours, en de telles occasions c’est comme si les temples terrestres et célestes se réunissaient et comme si les réjouissances des hommes dignes d’autrefois se mêlaient à celles des mortels. Ces expériences et le service qui se fait ensuite dans les temples mènent à « la communion et [à] la présence de Dieu le Père, et de Jésus, le médiateur de la nouvelle alliance » (D&A 107:19). Ce sont des démonstrations terrestres de l’unité céleste. Le président Wilford Woodruff a écrit : « Le plus grand événement de l’année [1893] a été la consécration du temple du Grand Lac Salé. Le pouvoir de Dieu s’est manifesté… et beaucoup de choses ont été révélée » (journal de Wilford Woodruff, 31 déc. 1893, HDC).
 
Bibliographie
Woodbury, Lael. « The Origin and Uses of the Sacred Hosanna Shout ». Sperry Lecture Series, Provo, Utah, 1975.
D. ARTHUR HAYCOCK
 
Temples : Administration des temples
Auteur : SIMPSON, ROBERT L.
 
L’administration et le fonctionnement interne d’un temple sont conçus pour refléter la foi des membres de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours que chaque temple est à tous égards « la maison du Seigneur ». Ce n’est que dans les temples consacrés que certaines ordonnances sacrées peuvent être accomplies, que certaines alliances peuvent être contractées entre l’homme et Dieu et que peut être faite la promesse de certaines bénédictions. Grâce à eux, une personne peut comprendre plus complètement le but de la vie terrestre, la destinée finale de l’humanité et l’importance d’acquérir des qualités chrétiennes dans notre condition mortelle.
 
ENTRÉE DANS LE TEMPLE. Tous ceux qui entrent dans le temple doivent venir en tant que membres dignes dûment certifiés par les dirigeants ecclésiastiques : l’évêque et le président de pieu. La recommandation à l’usage du temple ou attestation autorisant la personne à entrer dans le temple est présentée à l’arrivée au préposé du bureau des recommandations. Les signatures sont vérifiées ainsi que la date d’échéance. La recommandation est délivrée pour une période de deux ans.

Chacun dans le temple, les servants du temple aussi bien que les visiteurs, s’habille de blanc et ne porte pas d’ornements profanes. Tous sont invités à parler à voix basse et à s’abstenir de pensées et de conversations étrangères à ces lieux, qui nuisent à l’ambiance spirituelle du sanctuaire.
 
Le temple n’est pas utilisé pour le culte du dimanche mais est plutôt un édifice sacré où des ordonnances peuvent être accomplies et des alliances faites dans une dignité paisible, loin des soucis et du vacarme du monde extérieur. Le temple est fermé le dimanche, le jour où les membres rendent le culte et étudient dans leurs églises de paroisse. Le temple est normalement fermé le lundi aussi pour les travaux de nettoyage et d’entretien en vue des jours où il fonctionne.
 
SUPERVISION GÉNÉRALE. Tous les temples sont administrés sous la direction de la Première Présidence de l’Église et du Collège des douze apôtres. Le Département des Temples, sous la direction de la Première Présidence et avec les conseils du Conseil exécutif de la Prêtrise est l’organisme responsable de la supervision de tous les temples. Une attention particulière est accordée à ce qui suit : • Accomplissement correct de toutes les ordonnances du temple selon les formes scripturaires telles qu’approuvées par la Première Présidence • Entretien et sécurité des temples et des espaces verts • Équipement technique de tous les temples, particulièrement l’équipement audiovisuel et les ordinateurs • Relations entre les personnes dans tous les temples • Questions budgétaires • Supervision des inventaires des vêtements du temple • Gestion des blanchisseries et des cafétérias dans les temples
 
PRÉSIDENCE DU TEMPLE ET SERVANTS. Le président du temple est choisi et appelé à son poste par la Première Présidence de l’Église. C’est un appel de l’Église habituellement pour deux à trois ans. Normalement l’épouse du président du temple remplit les fonctions d’intendante du temple. Le président est aidé par deux conseillers et l’intendante par deux assistantes. Chaque temple a un greffier.
 
LE CONSEIL EXÉCUTIF DU TEMPLE. Le président du temple, ses conseillers, l’intendante du temple et le greffier constituent le comité exécutif du temple. Ils se réunissent chaque semaine pour faire toute la planification principale. Quand c’est nécessaire, d’autres personnes clefs sont invitées à cette réunion.
 
SERVANTS BÉNÉVOLES. Chaque temple dépend fortement sur l’aide de servants bénévoles pour l’administration des ordonnances du temple. Un grand temple peut avoir jusqu’à deux mille servants bénévoles. Ces servants des ordonnances, qui se voient habituellement affectés à deux équipes de six heures par semaine, aident les visiteurs pendant qu’ils participent aux baptêmes, aux confirmations, à la dotation et aux scellements dans le temple.
 
Tous ces servants sont recommandés par leurs dirigeants locaux de la prêtrise. Chaque personne recommandée est autorisée par la Première Présidence de l’Église, nom après nom. Ce procédé souligne l’importance de ceux qui sont choisis pour aider dans le temple. Chaque servant des ordonnances est finalement interviewé avec soin par le président du temple ou l’un de ses conseillers qui, une fois satisfait quant à la dignité, à l’attitude et aux aptitudes personnelles, met la personne à part par imposition des mains pour lui conférer l’autorité essentielle pour officier dans les ordonnances du temple.
 
FORMATION DES SERVANTS DU TEMPLE. Le président du temple tient absolument à ce que tout ce qui se passe dans le temple soit en accord complet avec les désirs et les stipulations des Écritures et de la Première Présidence de l’Église. Le temple est une « maison de gloire », « d’ordre », « de Dieu » (D&A 88:119). Chaque servant des ordonnances passe par un premier programme de formation où les actions et les termes des ordonnances et des alliances qui doivent être administrées sont mémorisés et répétés. En plus des instructions initiales, il y a une formation continue destinée à garantir que tout se fait chaque jour d’une façon acceptable. Toute la formation se fait d’une façon paisible et gentille.
 
Chaque équipe (quarante à quatre-vingts servants) commence la journée par une réunion de prière qui donne une ambiance spirituelle et permet de donner les instructions pour le travail qui est à faire. Habituellement, quelques minutes de chaque réunion de prière sont consacrées à un suivi de formation. Toutes les personnes chargées de former les autres sont choisies avec soin et dans l’esprit de la prière par la présidence du temple et l’intendante.
 
SCELLEURS DU TEMPLE. Un scelleur dans le temple a l’autorité de sceller les familles pour le temps et pour toute l’éternité, maris et épouses entre eux et enfants aux parents. Le processus de scellement des familles pour le temps et l’éternité est l’essence même de l’œuvre du temple et une pierre de fondation importante de la théologie des saints des derniers jours. Les membres masculins dignes dont la fidélité, les capacités et l’intégrité sont démontrées peuvent être appelés à être scelleurs dans le temple. Tous les appels et toutes les autorisations de ce genre viennent de la Première Présidence de l’Église.
 
LE BAPTISTÈRE. Le baptistère du temple est utilisé pour les baptêmes par procuration, les personnes vivantes étant baptisées pour et en faveur des personnes décédées qui ont vécu dans la condition mortelle sans avoir l’occasion de recevoir cette ordonnance sacrée.
 
Le programme fondamental recommandé est que les membres de l’Église accomplissent cette œuvre pour leurs ancêtres décédés ; il n’est cependant pas essentiel qu’il y ait une relation de parenté démontrée pour que l’œuvre soit valide. Les hommes sont représentants pour les hommes, les femmes pour les femmes.
 
Les baptêmes pour les morts font souvent participer les jeunes de douze à dix-sept ans. Sur rendez-vous, ils passent deux à trois heures dans la salle du baptistère du temple, chaque personne étant habituellement baptisée pour une vingtaine de personnes décédées ou davantage. Ils s’habillent de vêtements de baptême entièrement blancs, assistent à un bref service de culte et puis participent aux baptêmes par procuration. Ceux qui accomplissent le baptême sont souvent les adultes masculins qui voyagent avec le groupe et l’encadrent.
 
Il est entendu que dans le monde d’esprit, toutes les personnes pour qui l’œuvre du temple par procuration est effectuée auront entendu parler de l’Évangile et de ses ordonnances (voir Salut des morts ; Temples : Significations et fonctions des temples).
 
Bibliographie
Packer, Boyd K. Le temple sacré.
Talmage, James E. La Maison du Seigneur.
ROBERT L. SIMPSON
 
Temples : Significations et fonctions des temples
Auteur : NIBLEY, HUGH W.
 
Le temple est le lieu saint par excellence consacré au culte de Dieu et au perfectionnement de son peuple de l’alliance. Dans le temple, ses fidèles peuvent contracter des alliances avec le Seigneur et invoquer son saint nom de la façon qu’il a désignée et de la manière pure et originelle rétablie et mise à part du monde. Le temple est construit de manière à représenter les principes organisateurs de l’univers. C’est l’école où les mortels s’instruisent sur ce sujet. Le temple est un modèle, une présentation, en termes figurés, du schéma et du voyage de la vie sur terre. C’est un schéma stable, qui rend sa comparaison avec d’autres formes et traditions, notamment les plus antiques, valable et instructive.
 
LE PLAN COSMIQUE. Depuis les temps les plus anciens, on construit des temples qui sont des modèles réduits de l’univers. C’est chez Varron (116-27 av. J.-C.) que l’on trouve la première mention du mot latin templum. Il représentait pour lui un bâtiment particulièrement conçu pour interpréter les signes dans les cieux, une sorte d’observatoire où l’on prend ses repères sur l’univers. La racine « tem » dénote en grec et en latin l’intersection de deux lignes à angle droit et par conséquent l’endroit où les quatre régions du monde se rencontrent, les temples antiques étant soigneusement orientés pour exprimer « l’idée de l’harmonie préétablie entre une image céleste et une image terrestre » (Jeremias, cité dans CWHN 4:358). Selon Varron, il y a trois temples : un dans le ciel, un sur terre et un sous la terre (De Lingua Latina 7.8). Dans le concept du temple universel, ces trois sont identiques, l’un étant bâti exactement par-dessus l’autre, le temple sur terre étant au milieu de tout, représentant « le Pôle des cieux, autour duquel tous les mouvements célestes tournent, le nœud qui attache entre eux la terre et le ciel, le siège de la domination universelle » (Jeremias, cité dans CWHN 4:358). C’est ici que les quatre points cardinaux se rejoignent et c’est ici que les trois mondes entrent en contact. Que ce soit dans le Vieux Monde ou le Nouveau, l’idée des trois niveaux verticaux et des quatre régions horizontales dominait toute l’économie de tels temples et des sociétés qu’ils formaient et guidaient.
 
Les éléments essentiels du temple de Salomon n’étaient pas d’origine païenne mais étaient un point de contact avec l’autre monde, présentant « un symbolisme cosmique riche qui a été en grande partie perdu dans la tradition israélite et juive ultérieure » (Albright, cité dans CWHN 4:361). Les douze bœufs (1 R. 7:23-26) représentent le cercle de l’année et les trois degrés du grand autel représentent les trois mondes. Selon le Talmud, le temple de Jérusalem, comme le trône de Dieu et la loi elle-même, existait avant la fondation du monde (Pesahim 54a-b). Ses dimensions étaient toutes sacrées et prescrites, avec des règles strictes concernant son orientation vers l’est.
 
Sa nature en tant que centre cosmique est rappelée de manière vive dans beaucoup de passages de l’Ancien Testament et dans les représentations médiévales de la ville de Jérusalem et du Saint Sépulcre. Celles-ci montrent le temple comme centre exact ou nombril de la terre. C’est dans une imitation délibérée des idées juives et chrétiennes que les musulmans ont conçu la Kaaba à la Mecque comme « non seulement centre de la terre, [mais] centre de l’univers… Tout ciel, toute terre a son centre marqué par un sanctuaire qui est son nombril » (Von Grunebaum, cité dans CWHN 4:359). Ce qui est lié sur terre est lié dans le ciel. Du temple de Jérusalem sont sorties des idées et des traditions que l’on trouve partout dans les mondes juif, chrétien et musulman.
 
LE LIEU DE CONTACT. Comme centre rituel de l’univers, le temple était considéré anciennement comme le point par excellence sur terre où les hommes et les femmes pouvaient établir le contact avec les sphères supérieures. Les temples les plus anciens n’étaient pas, comme on le croyait autrefois, la résidence permanente de la divinité, mais étaient des endroits dans lesquels les humains essayaient, à des moments précis, d’entrer en contact avec les puissances d’en haut. Le temple était un bâtiment « que les dieux franchissaient pour passer de leur habitation céleste à leur résidence terrestre… La ziggourat n’est donc rien d’autre que le support de l’édifice qui la surmonte et l’escalier qui mène entre les mondes supérieur et inférieur » ; elle ressemblait à une montagne parce que « la montagne elle-même était à l’origine un lieu de contact entre ce monde-ci et le monde d’en haut » (Parrot, cité dans CWHN 4:360).
 
Les recherches sur les temples les plus anciens représentés sur les sceaux préhistoriques concluent que ces édifices étaient également des « autels gigantesques » construits à la fois pour attirer l’attention des puissances d’en haut (l’holocauste étant une sorte de signal de fumée) et pour fournir « les escaliers que le dieu, en réponse aux prières, utilisait pour descendre sur la terre… apportant un renouvellement de la vie sous toutes ses formes » (Amiet, cité dans CWHN 4:360). Dès le début, semblerait-il, on a construit des tours et des marches pour des autels dans l’espoir d’établir le contact avec le ciel (Ge. 11:4).
 
En même temps, le temple est le lieu de rencontre avec le monde inférieur et le seul point où le passage entre les deux est possible. Dans les documents chrétiens les plus anciens, les portes et les clefs sont étroitement liées au temple. Certains savants ont noté que les clefs de Pierre (Mt. 16:19) ne peuvent être que les clefs du temple et beaucoup d’études ont démontré l’identité du tombeau, du temple et du palais comme endroit où les puissances de l’autre monde sont exercées pour le profit éternel du genre humain (cf. CWHN 4:361). Les portes de l’enfer ne l’emportent pas contre celui qui détient ces clefs, quelles que soient les souffrances que l’Église puisse endurer sur terre. Invariablement les rites du temple sont ceux des ancêtres et les personnages principaux sont les premiers parents de l’espèce (voir, par exemple, Huth, cité dans CWHN 4:361, note 37).
 
LE DRAME RITUEL. Les rites primitifs et originaux du temple sont des répétitions théâtrales des événements qui ont marqué le commencement du monde. Ce drame de la création n’était pas simple, parce qu’une partie indispensable de l’histoire est la mort et la résurrection rituelle du roi, qui représente le fondateur et le premier père de l’espèce et son triomphe final sur la mort comme prêtre et roi, suivi d’une certaine forme de hieros gamos ou mariage rituel, afin d’engendrer l’espèce. Ce « drame de l’année », maintenant bien connu, se retrouve en beaucoup d’endroits – dans la théologie memphite d’Égypte, dans les rites babyloniens du nouvel an, dans la grande célébration profane des Romains, dans le panagyris et les débuts du théâtre grec, dans les textes du temple de Ras Shamra, et dans les cycles mythologiques celtiques. On accomplissait ces rites « parce que la Divinité – le Premier Père de l’espèce – le faisait au commencement et nous a commandé de faire la même chose » (Mowinckel, cité dans CWHN 4:362).
 
Le spectacle du temple est essentiellement une pièce présentant un problème, comportant un combat central, qui peut prendre diverses formes mimétiques – jeux, courses, simulacres de batailles, déguisements, danses ou scènes. Le héros est temporairement battu par les puissances des ténèbres et vaincu par la mort, mais invoquant Dieu des profondeurs, « il se relève et met à mort le faux roi, le faux Messie » (Weinsinck, cité dans CWHN 4:363). Ce motif de la résurrection est essentiel à ces rites, dont le but est la victoire finale sur la mort. Ces rites sont répétés annuellement parce que le problème du mal et de la mort persiste pour le genre humain.
 
INITIATION. Les pèlerins qui peinaient pour atteindre les eaux de la vie qui sortaient du temple n’étaient pas des spectateurs passifs. Ils venaient pour obtenir connaissance et régénération, l’accession personnelle à la vie éternelle et à la gloire. Ce but, ils s’efforçaient de l’atteindre par la purification (ablutions), l’initiation et le rajeunissement, qui symbolisent la mort, la renaissance et la résurrection.
 
Dans le temple de Salomon, on se servait d’une vaste cuve de bronze pour les ablutions rituelles et, à l’époque du Second Temple, les gens à Jérusalem passaient beaucoup de leur temps à des immersions et à des ablutions. Le baptême est une ordonnance spécifique toujours mentionnée en liaison avec le temple. « Quand on est baptisé, on devient chrétien, écrit Cyrille, exactement comme en Égypte par le même rite on devient un Osiris » (Patrologiae Latinae 12:1031), c’est-à-dire, par initiation dans l’immortalité. Le baptême en question est une ablution plutôt qu’un baptême, puisqu’il n’est pas par immersion. Selon Cyrille, ceci est suivi d’une onction, faisant en quelque sorte de chaque candidat un messie. L’onction du front, du visage, des oreilles, du nez, de la poitrine, etc., représente « le revêtement par le candidat de la panoplie protectrice du Saint-Esprit » ce qui n’empêche cependant pas l’initié de recevoir un vrai vêtement à cette occasion (CWHN 4:364). En outre, selon Cyrille, on rappelait au candidat que l’ordonnance entière était « à l’imitation des souffrances du Christ » dans lesquelles « nous souffrons sans douleur par la seule imitation sa réception des clous dans ses mains et ses pieds : l’antitype des souffrances du Christ » (Patrologiae Graecae 33:1081). Les juifs enseignaient autrefois que Michel et Gabriel feront remonter tous les pécheurs du monde inférieur : « Ils les laveront et les oindront, les guérissant de leurs blessures de l’enfer et les revêtiront de beaux vêtements purs et les introduiront dans la présence de Dieu » (R. Akiba, cité dans CWHN 4:364).
 
PERTE DES ORDONNANCES DU TEMPLE. La compréhension du temple et de ses rites antiques finit par être corrompue et perdue pour plusieurs raisons.
 
Les juifs et les chrétiens souffrirent considérablement, les uns et les autres, de la part de leurs ennemis à cause du secret de leurs rites qu’ils refusaient fermement de mentionner ou de divulguer à cause de leur sainteté. Cela causa des malentendus et ouvrit la porte à des falsifications effrénées : des sectes gnostiques prétendirent avoir les rites et les ordonnances perdus des apôtres et des patriarches du passé. Des dissidences et des factions apparurent. Une cause courante de schisme, tant parmi les juifs que parmi les chrétiens, étaient les prétentions d’un groupe particulier qu’il était encore le seul à posséder les mystères de Dieu.
 
Les rites devinrent l’objet de diverses écoles d’interprétation. En effet, la mythologie est en grande partie une tentative d’expliquer l’origine et la signification des rituels que les gens ne comprennent plus. Par exemple, le Talmud parle d’un juif pieux qui quitta Jérusalem dégoûté, se demandant : « Que répondront les Israélites à Élie quand il viendra ? » puisque les savants n’étaient pas d’accord sur les rites du temple (Pesahim 70b ; sur le rôle d’Élie, voir A. Wiener, The Prophet Elijah in the Development of Judaism, Londres, 1978, p. 68-69).
 
Des éléments rituels étaient largement copiés et usurpés. Les premiers pères chrétiens prétendaient que des équivalents païens avaient été volés dans des sources légitimes plus anciennes et pratiquement toutes les grandes mythologies parlent d’un grand usurpateur qui gouverne le monde.
 
Les études comparatives ont découvert un schéma commun à toutes les religions antiques et ont remonté les processus de diffusion qui ont répandu les idées dans le monde entier. La tâche de reconstruire le prototype original à partir des fragments dispersés a été longue et laborieuse, et elle est loin d’être achevée, mais un processus indubitable s’en dégage (CWHN 4:367).
 
Les reconstructions des grands rassemblements de population dans des complexes cérémoniels imposants pour des rites consacrés au renouvellement de la vie sur terre sont étonnamment uniformes. D’abord, il y a les preuves tangibles, la scène, les accessoires de la pièce : les mégalithes, les tertres géants artificiels ou pyramides semblables à des montagnes artificielles, les alignements de pierres et de fossés d’une complexité mathématique coordonnant le temps et l’espace, les tombes à couloir et les grands tholoï ou tombeaux voûtés, les routes sacrées, les restes de cabanes, de tribunes, de chemins processionnels et de portails, tout cela survit dans une combinaison impressionnante, avec tout son symbolisme cosmique.
 
En second lieu, il y a les preuves moins tangibles des coutumes, des légendes, des fêtes populaires et des écrits antiques, qui, pris ensemble, évoquent le souvenir de célébrations théâtrales et chorales de la Création, trouvant leur point culminant dans le grand Cantique de la Création, les combats rituels entre la vie et la mort, le bien et le mal, la lumière et les ténèbres, suivis du couronnement triomphal du roi devant régner pendant la nouvelle ère, le géniteur de l’espèce par un mariage sacré, les alliances, les initiations (comprenant des ablutions et des onctions), les sacrifices et les boucs émissaires pour débarrasser le peuple d’une année de culpabilité et de souillures, et divers types de divination et de consultation d’oracles pour le nouveau cycle de vie.
 
AUTRES FONCTIONS DU TEMPLE. Beaucoup de choses entourant le temple n’étaient pas essentielles à sa forme ni à son fonctionnement, mais étaient les produits inévitables de son existence. Les mots « hôtel », « hôpital » et « Templier » remontent à ces organisations charitables qui s’occupaient des pèlerins malades et las voyageant vers les lieux saints. Les opérations bancaires apparurent au temple puisque les pèlerins apportaient des offrandes et avaient besoin d’échanger leur argent contre des animaux à sacrifier, et le mot « monnaie » vient donc du temple de Junon Moneta, le centre sacré du monde romain. En plus de cela, le troc et l’échange animés des marchandises lors des grands rites d’année donna naissance à la foire annuelle où tous les contrats devaient être renouvelés et où les marchands, les artisans, les interprètes et les charlatans étalaient leurs articles.
 
Les acteurs, les poètes, les chanteurs, les danseurs et les athlètes faisaient également partie de la vie du temple, l’élément de concurrence (l’agonal) étant essentiel à la lutte contre le mal et fournissant les aspects les plus populaires et les plus excitants des fêtes. Le spectacle principal du temple, l’actio, était joué par les acteurs sacerdotaux du temple et les membres de la famille royale. La Création était célébrée par un cantique de la création ¬– ou poema, le mot poème signifiant « création » – chanté par un chœur qui, comme le mot grec le montre, formait un cercle et dansait tout en chantant (CWHN 4:380).
 
Le temple était également le centre de la connaissance, en commençant par les instructions célestes qu’on y recevait. C’était le Museon ou demeure des muses, représentant toutes les branches que l’on étudiait : l’astronomie, les mathématiques, l’architecture et les beaux-arts. Les gens voyageaient d’un sanctuaire à l’autre, échangeant la sagesse avec les sages, comme Abraham le fit en Égypte. Étant donné que le jardin d’Éden ou le motif de « l’âge d’or », était essentiel à ce paradis rituel, les terrains des temples contenaient des arbres et des animaux, souvent amenés de loin. L’élément central de l’école du temple était la bibliothèque contenant des documents sacrés, notamment les « Livres de Vie », les noms de tous les vivants et de tous les morts, aussi bien que les ouvrages liturgiques et scientifiques.
 
Les rites du temple reconnaissaient le règne de Dieu sur terre par son agent et descendant, le roi, qui représentait à la fois le premier homme et tous les hommes quand il siégeait en jugement, faisant du temple le siège et la sanction finale de la loi et du gouvernement. Le peuple se réunissait au lieu saint pour faire les contrats et les alliances et pour régler les conflits.
 
LE TEMPLE ET LA CIVILISATION. Tout ceci indique que le temple est la source et pas un dérivé du processus de civilisation. S’il n’y a pas de temple, il n’y a pas de véritable Israël ; et là où il n’y a pas de vrai temple, la civilisation elle-même n’est qu’une coquille vide – une structure matérielle de convenance et de tradition uniquement, privée, à son centre, de l’organe qui, par le passé, lui avait donné la vie et l’avait fait s’épanouir.
 
Beaucoup d’institutions profanes occupent aujourd’hui des édifices fidèlement copiés des temples antiques. L’économie du temple a été pervertie avec tout le reste : les fêtes de la joie et de l’abondance sont devenues des orgies, les rites sacrés du mariage ont été pervertis, les maîtres de sagesse sont devenus hautains et pharisaïques, démontrant que tout peut être corrompu en ce monde, et comme le remarque Aristote, plus l’original est meilleur, plus la version corrompue est plus méchante.
 
LE RÉTABLISSEMENT ET LE TEMPLE. Les temples des saints des derniers jours incarnent entièrement les fonctions et les significations non corrompues du temple. Le prophète Joseph Smith a-t-il réinventé tout ceci en rassemblant les fragments – juifs, orthodoxes, maçonniques, gnostiques, hindous, égyptiens et ainsi de suite ? En fait, peu de ces fragments étaient accessibles de son temps et ces fragments pauvres ne s’assemblent pas d’eux-mêmes pour faire un tout. Les saints des derniers jours voient dans le caractère complet et la perfection des enseignements de Joseph Smith concernant le temple une indication sûre de révélation divine. Cela se voit aussi dans la conception du temple de Salt Lake City. On peut noter ses trois niveaux, son orientation à l’est, son emplacement en Sion, la mer de bronze sur le dos de douze bœufs contenant les eaux par lesquelles les morts, par procuration, passent à la vie éternelle, les salles désignées pour des cérémonies répétant la création du monde et beaucoup d’autres éléments symboliques.
 
L’œuvre proprement dite que l’on accomplit dans le temple, est un exemple de l’idée de temple, avec des milliers d’hommes et de femmes qui œuvrent sans arrière-pensée. Ici le temps et l’espace se retrouvent, les barrières disparaissent entre ce monde et l’autre, entre le passé, le présent et le futur. Des prières solennelles sont offertes au nom de Jésus-Christ au Tout-Puissant. Ce qui est lié ici est lié là-bas, et ce n’est qu’ici que l’on peut ouvrir les portes pour libérer les morts qui attendent les ordonnances salvatrices. C’est ici que toute la famille humaine se réunit pour une entreprise commune ; les archives du genre humain sont assemblées aussi loin dans le temps que les recherches peuvent les trouver, pour une œuvre accomplie par la génération actuelle pour s’assurer qu’elle et ses ancêtres décédés passeront les éternités ensemble dans le futur. C’est ici que, pour la première fois depuis bien des siècles, on peut voir un temple véritable, fonctionnant comme temple dans le sens le plus plein et le plus pur du mot.
 
Bibliographie
Nibley, Hugh W. “Christian Envy of the Temple”. Dans CWHN 4:391-434.
Id. « What Is a Temple ? » Dans CWHN 4:355-387.
Id. « The Hierocentric State », Western Political Quarterly 4, juin 1951, p. 226-253.
Id. Message of the Joseph Smith Papyri. Salt Lake City, 1975.
Packer, Boyd K. Le temple sacré.
Talmage, James E. La Maison du Seigneur.
On trouvera une longue bibliographie sur les temples dans Donald W. Parry, Stephen D. Ricks et John W. Welch, Temple Bibliography, Lewiston, N. Y., 1991.
HUGH W. NIBLEY
 
Temples : Temples au cours des siècles
Auteur : RICKS, STEPHEN D.
 
Le centre de la communauté dans l’Israël antique et dans d’autres parties du Proche-Orient antique était le temple, institution de la plus haute antiquité. Sa construction représentait régulièrement l’accomplissement suprême du règne d’un roi. Ainsi, ce fut l’événement central du règne du roi Salomon, éclipsant de loin n’importe laquelle de ses autres réalisations (1 R. 6-8), et ce fut un événement crucial dans l’établissement de la monarchie néphite (2 Né. 5:16-18). La présence du temple représentait la stabilité et la cohésion dans la communauté, et ses rites et cérémonies étaient considérés comme essentiels au fonctionnement correct de la société. Par contre, la destruction d’un temple et la cessation de ses rites présageaient et symbolisaient la dissolution de sa communauté et le retrait de la faveur de Dieu. La chute de Jérusalem et de son temple (586 av. J.-C.), avec le pillage de ses trésors sacrés, a symbolisé, comme aucun autre événement, la catastrophe qui est arrivée à Juda. Après le retour des juifs de l’exil à Babylone (v. 500 av. J.-C.), les prophètes Aggée et Zacharie rappelèrent constamment à leur peuple qu’aucune autre réalisation ne compenserait sa négligence à reconstruire un temple. Les temples étaient si importants que, quand la distance ou d’autres circonstances rendaient le culte au temple de Jérusalem impraticable, on en construisait d’autres. Ainsi, des temples israélites furent construits à Arad près de Beer-Schéba, à Éléphantine et à Léontopolis, en Égypte, et un temple néphite fut érigé au pays de Néphi.
 
Plusieurs études ont prouvé que certaines caractéristiques réapparaissent régulièrement dans les temples du Proche-Orient antique. Parmi les caractéristiques qui ont été identifiées, qui distinguent le temple des bâtiments de culte ordinaires comme la synagogue ou l’église, il y a : (1) le’ fait que le temple est construit sur un espace séparé, sacré et mis à part ; (2) le temple et ses rituels sont enrobés de secret ; (3) le temple est orienté vers les quatre régions du monde ou points cardinaux ; (4) le temple exprime par son architecture l’idée d’ascension vers le ciel ; (5) les plans du temple sont révélés par Dieu à un roi ou à un prophète ; et (6) le temple est un lieu de sacrifice (Lundquist, p. 57-59).
 
Les saints des derniers jours reconnaissent parmi ces caractéristiques plusieurs qui sont celles des temples israélites antiques aussi bien que des leurs. Par exemple, l’emplacement des temples israélites antiques et des temples modernes des saints des derniers jours est considéré comme saint, avec accès limité à certaines personnes dont il est attendu qu’elles aient « les mains innocentes et le cœur pur » (Ps. 24:3-6 ; cf. Ps. 15 ; És. 33:14-16 ; voir Recommandation à l’usage du temple). Comme le tabernacle et le temple dans l’Israël antique, beaucoup de temples des saints des derniers jours sont orientés de manière à ce que l’entrée cérémonielle principale (indiquée par l’inscription « HOLINESS TO THE LORD » sur les temples modernes) soit face à l’est. Les temples israélites antiques étaient divisés en trois sections, chacune représentant une étape progressivement plus élevée, allant du monde d’en bas jusqu’au ciel ; on peut reconnaître le même genre de symbolisme dans les temples de l’Église. Les plans du temple de Salomon ont été révélés au roi Salomon. De même, les plans de beaucoup de temples des saints des derniers jours ont été reçus par révélation.
 
Que se passait-il dans les temples de l’Antiquité ? Le temple est un lieu de sacrifice, une pratique qui est bien attestée dans l’Israël antique. On ne trouve pas de sacrifices d’animaux dans les temples des saints des derniers jours parce que les sacrifices sanglants ont trouvé leur accomplissement dans la mort de Jésus (3 Né. 9:19). Il n’empêche que les saints des derniers jours apprennent dans leurs temples à observer les principes éternels du sacrifice d’un cœur brisé et d’un esprit contrit (3 Né. 12:19). En outre, à l’intérieur des temples du Proche-Orient antique, les rois, les prêtres du temple et les fidèles recevaient des ablutions et l’onction et étaient vêtus, couronnés et symboliquement initiés dans la présence de la Divinité et donc dans la vie éternelle. Dans l’Israël antique, comme ailleurs, c’est dans la consécration du prêtre et le couronnement du roi que l’on voit le mieux ces détails. Les ordonnances du temple dans l’Église sont accomplies dans un contexte chrétien de royauté masculine et féminine et de prêtrise éternelles.
 
On retrouve aussi les caractéristiques du culte du temple décrites ci-dessus dans beaucoup d’autres cultures depuis les temps anciens jusqu’aux temps modernes. Il y a plusieurs explications possibles à cela. Selon le président Joseph F. Smith, on comprend mieux certaines de ces ressemblances si on considère qu’elles se sont répandues par diffusion à partir d’une source antique commune :
 
« Il ne fait pas de doute que la postérité d’Adam a emporté la connaissance de cette loi [de sacrifice] et des autres rites et cérémonies dans tous les pays et qu’elle l’a conservée plus ou moins pure, jusqu’au déluge et, par Noé, qui était un « prédicateur de justice », l’a transmise à ceux qui lui ont succédé, se répandant dans toutes les nations et tous les pays… Si les païens ont des points de doctrine et des cérémonies ressemblant… à ceux… des Écritures, tout ce que cela prouve … c’est que ce sont les traditions des pères transmises par eux… et qu’elles resteront attachées aux enfants jusqu’à la dernière génération, bien qu’elles puissent s’égarer dans les ténèbres et la perversion, jusqu’à ne plus avoir qu’une légère ressemblance avec leur origine, qui était divine » [JD 15:325-326].
 
Quand Jésus chassa les changeurs du temple qu’il appelait « la maison mon Père » (Jn. 2:16), ce fut la démonstration de ce qu’il tenait à la sainteté des sanctuaires de l’Israël antique. Les déclarations d’Étienne et de Paul que « le Très-Haut n'habite pas dans ce qui est fait de main d'homme » (Ac. 7:48 ; 17:24 ; cf. És. 66:1-2) n’impliquent ni l’une ni l’autre un rejet du temple, mais plutôt un argument contre l’idée que Dieu puisse être confiné dans un bâtiment. Lors de la dédicace du temple de Jérusalem, Salomon dit de même : « Les cieux et les cieux des cieux ne peuvent te contenir : combien moins cette maison que je t'ai bâtie ! » (1 R. 8:27 ; 2 Ch. 6:18). Jusqu’au quatrième siècle apr. J.-C., les chrétiens pouvaient encore montrer l’endroit sur le mont des Oliviers « où l’on dit que le sanctuaire du Seigneur, c’est-à-dire le temple, doit être construit et où il se tiendra pour toujours… quand, comme on le dit, le Seigneur viendra avec la Jérusalem céleste à la fin du monde » (Nibley, p. 393).
 
Bien que l’idée du temple ait été quelque peu submergée par la suite dans la conscience des juifs et des chrétiens, on ne l’a jamais complètement oubliée. Comme Hugh Nibley le fait remarquer, l’Église chrétienne sentait qu’elle ne possédait rien qui pût remplacer adéquatement le temple. Jérusalem est restée au centre des cartes médiévales du monde et l’emplacement du temple était parfois aussi indiqué sur ces cartes. Quand ils libérèrent les lieux saints à Jérusalem, les Croisés visitèrent l’emplacement du temple juste après celui du saint Sépulcre, alors qu’il n’y avait plus eu de temple là-bas pendant plus de mille ans (Nibley, p. 392, 399-409).
 
Les juifs et les chrétiens qui prennent au sérieux et littéralement la vision de la reconstruction du temple dans Ézéchiel s’attendent à ce que dans le plan de Dieu un futur temple y soit reconstruit, comme ils espèrent la reconstitution des tribus distinctes d’Israël (Ricks, p. 279-280). Après la destruction du temple par les Romains en 70 apr. J.-C., les juifs ont continué à vivre sans lui, mais il a conservé un rôle important dans leur pensée et leur étude. À notre époque, le temple reste important pour certains juifs, qui continuent à étudier leurs textes sacrés à son sujet.
 
Bibliographie
Lundquist, John M. « The Common Temple Ideology in the Ancient Near East ». Dans The Temple in Antiquity, dir. de publ. T. Madsen, p. 53-74. Provo, Utah, 1984.
Nibley, Hugh W. “Christian Envy of the Templer”. Dans CWHN 4:391-433.
Ricks, Stephen D. “The Prophetic Literality of Tribal Reconstruction.” Dans Israel’s Apostasy and Restoration : Essays in Honor of Roland K. Harrison, dir. de publ. A. Gileadi, p. 273-281. Grand Rapids, Mich., 1988.
STEPHEN D. RICKS

Terre
Auteur : Petersen, Morris S.

Les saints des derniers jours croient que Dieu a créé la terre afin de fournir à ses enfants, le genre humain, la possibilité de recevoir un corps physique et d’entendre et accepter son Évangile afin de se préparer à vivre un jour avec lui sur une terre célestialisée. Ils croient également que cette terre deviendra finalement un monde céleste glorifié. Jésus-Christ, sous la direction de Dieu le Père, a été le Créateur de la terre et de tout ce qui s’y trouve (Jean 1:1-3).La Création a tout d'abord été une création d’esprit suivie de la création physique de la planète et de ce qui y vit. Un érudit, membre de l’Église, a observé : « Les saints des derniers jours sont le seul peuple de tradition biblique à avoir toujours appris que des choses se sont produites longtemps, longtemps avant qu’Adam ne fasse son apparition. » (Cwhn 1:49) Parce que Dieu a créé la terre en vue de ces objectifs éternels, les saints des derniers jours considèrent ses ressources naturelles et ses formes de vie comme une intendance sacrée qu’il faut utiliser de manière à assurer leur disponibilité pour toutes les générations futures. Les écritures modernes enseignent aussi la pluralité des mondes. En soi, ce n'est pas un concept unique parmi les religions du monde, mais la doctrine mormone est distinctive (Crowe, p. 241-246).

L'âge de la terre. Les Écritures ne disent pas quel âge a la terre, et l'Église n'a pris aucune position officielle sur cette question (Ancien Testament, p. 28-29). Elle ne considère pas cela non plus comme quelque chose d’essentiel au salut.

Les avis sur l'âge de la terre proposent différentes interprétations du mot « jour » dans les récits de la création. Très peu de saints des derniers jours soutiennent la théorie selon laquelle les jours de la création auraient été de vingt-quatre heures. Certains ont tenté d'associer les théories scientifiques aux récits bibliques de la création en étendant la longueur des jours de la création à mille ans chacun. Il y aurait un soutien potentiel pour ce point de vue dans les Écritures là où elles disent que « devant le Seigneur, un jour est comme mille ans » (2 Pierre 3:8 ; cf. Abr 3:2-4 ; 5:13 ; Fac-similé nº 2).

Mais comme même sept mille ans n’ont aucun rapport avec les milliards d'années avancées par les calculs scientifiques contemporains, beaucoup de saints des derniers jours ont soulevé la possibilité que les jours mentionnés dans les récits de la création aient pu être des périodes de temps bien plus vastes. Ils relèvent le fait que « le mot hébreu traduit par jour… peut également être utilisé dans le sens d'une durée indéterminée » et le fait que dans son récit de la création Abraham dit « que les Dieux appelèrent jours les périodes de la création » (Ancien Testament, p. 28-29 ; voir Eyring ; Abr 4:5, 8).

Origine et destin de la terre. Joseph Smith a écrit, « Nous croyons... que la terre sera renouvelée et recevra sa gloire paradisiaque » (10e A de F). La révélation moderne déclare que la terre est destinée à devenir un corps céleste, apte à être la demeure des êtres les plus exaltés ou les plus célestes (D&A 88:18 -20, 25-26). Ceci diffère totalement des croyances chrétiennes traditionnelles que le paradis est le lieu d'habitation pour tous les êtres sauvés et qu'après l'accomplissement de son rôle utile la terre deviendra inhabitée ou sera détruite. Doctrine et Alliances130:9 enseigne que la terre sera finalement sanctifiée et immortalisée et rendue semblable à un cristal. La « mer de verre » dont il est question dans Apocalypse 4:6 « est la terre, dans son état sanctifié, immortel et éternel » (D&A 77:1). James Talmage a écrit à propos de cette régénération terrestre : « Quant à la parole révélée concernant la régénération de la terre et l'acquisition d'une gloire céleste par notre planète, la science n'a rien à offrir que ce soit à titre de preuve ou de contradiction » (AF, p. 463).

Pour les saints des derniers jours, l'histoire tout entière de la terre est directement liée à son rôle dans le Plan de salut de Dieu pour ses enfants, son œuvre et sa gloire, « réaliser l'immortalité et la vie éternelle de l'homme » (Moïse 1:39). La terre a été créée comme un paradis. À cause de la chute d'Adam et Ève, elle fut transformée en un astre téleste, la terre mortelle telle qu’elle est maintenant. Cet intervalle s'achèvera avec le retour du Sauveur, après quoi la terre sera changée et recevra un état terrestre et préparée pendant le Millénium pour sa transformation finale en une sphère céleste après le Millénium (D&A 88:18-19). Dans la notion ancienne des Néphites, dérivée des enseignements du Christ, il y a l'idée qu’avant le jugement final, la terre sera « roulée comme un livre et… les éléments embrasés se dissoudront » (Mormon 9:2) « et les cieux et la terre [passeront] » (3 Néphi 26:3). Ce récit historique est linéaire, marqué par des événements uniques et importants qui relient l'histoire théologique et physique de la terre, c'est-à-dire la création, la chute, le renouvellement au second avènement du Christ et la gloire finale.

Cette histoire progressive est l’arrière-fond sur lequel se détache la permanence des lois spirituelles et physiques affectant de manière immanente des générations d'enfants de Dieu sur la terre. Dans ce contexte, le président John Taylor a dit : « Les changements se succèdent dans les affaires des hommes, mais les lois de Dieu en tout sont correctes et vraies ; dans chaque stade et phase de la nature, tout sur la terre, dans les eaux et dans l'atmosphère est régi par des lois immuables et éternelles"(Gospel Kingdom, p. 70, Salt Lake City, 1987 ; voir Loi).

Le grand déluge. L'Ancien Testament rapporte une inondation d’un peu plus de quinze coudées de profondeur (parfois supposées être d’environ huit mètres), qui recouvrit tout le paysage: « Et toutes les hautes montagnes qui sont sous le ciel entier furent couvertes » (Genèse 7:19). Scientifiquement ce récit laisse beaucoup de questions sans réponse, notamment comment une profondeur mesurable pourrait couvrir des montagnes. John A. Widtsoe, écrivant en 1943, propose cette façon de voir les choses : Le fait est que la nature exacte du déluge n'est pas connue. Nous avançons des hypothèses, basées sur notre connaissance, mais nous ne pouvons faire plus. Nous devons nous rappeler que lorsqu’ils traitent d’incidents historiques, les écrivains inspirés rapportent ce qu'ils ont vu ou ce qui a pu leur avoir été dit, sauf si le passé leur a été ouvert par la révélation.

Les détails de l'histoire du déluge ont sans aucun doute été tirés les expériences de l'auteur. En cas de pluie diluvienne, quand on a l’impression que le ciel s’ouvre, il peut facilement se former un torrent destructeur de huit mètres ou plus de profondeur. L'auteur de la Genèse rapporte fidèlement des faits connus de lui concernant le déluge. Dans d'autres localités, la profondeur de l'eau aurait pu être plus ou moins grande. En fait, les détails du déluge nous sont inconnus [Widtsoe, p. 127].

Considérations particulières pour les saints des derniers jours. Le président Brigham Young a enseigné : « Le but tout entier de la création de ce monde est d'exalter les intelligences qui y sont placées, afin qu’elles vivent, durent et progressent pour toujours et à jamais. Nous ne sommes pas ici pour nous quereller et nous disputer pour les choses de ce monde, nous sommes ici pour le soumettre et l’embellir"(JD 7:290). Se considérant comme des locataires sur la terre, les saints des derniers jours considèrent ses ressources comme un dépôt sacré confié par Dieu pour l'usage de tous pendant qu’ils sont sur la terre : « Moi, le Seigneur, je [rends] chaque homme responsable comme intendant de bénédictions terrestres que j’ai faites et préparées pour ceux que j’ai créés » (D&A 104:13). La terre a été créée par le Christ à des fins spécifiques : « Nous prendrons de ces matériaux, et nous ferons une terre sur laquelle ceux-là pourront habiter ; nous les mettrons ainsi à l’épreuve, pour voir s’ils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera » (Abr 3:24-25). Le président Brigham Young a enseigné que la domination que Dieu donne aux êtres humains est conçue pour les tester, ce qui leur permet de se montrer à eux-mêmes, à leurs semblables et à Dieu comment ils agiraient si on leur confiait la puissance de Dieu (Nibley, 1978, p. 90 ; voir But de la vie terrestre : Perspective mormone). Brigham Young a supervisé la délocalisation de l'Église dans l'Ouest américain, qui, à la fin des années 1840, était peu habité. Son engagement énergique vis-à-vis de la préservation de l'environnement et de l'utilisation rationnelle de toutes les ressources naturelles a influencé les efforts des premiers colons de l’Église. Ce genre de prudence et de sagesse dans l'utilisation des terres, de l’eau, de l’air et des êtres vivants est toujours encouragé dans toute l'Église. À notre époque actuelle de préoccupation généralisée pour la préservation des relations fragiles entre la terre et sa biosphère, la recommandation de Brigham Young garde toute sa force : il y a un grand travail à faire pour les saints. Progresser, améliorer et embellir tout ce qui est autour de nous. Cultiver la terre et nous cultiver l’esprit. Construire des villes, décorer notre habitat, faire des jardins, des vergers et des vignobles et rendre la terre agréable au point d’avoir du plaisir à contempler ce que nous avons accompli et que les anges soient ravis de venir visiter nos beaux endroits [JD 8:83].


Bibliographie
Cracroft, Paul. "How Old Is the Earth?" IE 67, oct. 1964, p. 827-830, 852.
Crowe, M. J. Extraterrestrial Life Debate 1750 -1900. Cambridge, U.K., 1986. Eyring, Henry. "The Gospel and the Age of the Earth." IE 68, juillet 1965, p. 608-609, 626, 628.
Jeffery, Duane E. "Seers, Savants and Evolution: The Uncomfortable Interface." Dialogue 8, nos. ¾, 1973, 41-75.
Jones, Albert. "Is Mother Earth Growing Old?" IE13, mai 1910, p. 639-643.
Nibley, Hugh W. "Before Adam." Dans CWHN 1:49-85.
Nibley, Hugh W. "Brigham Young on the Environment." Dans To the Glory of God, dir. de publ. T. Madsen et C. Tate, p. 3-29. Salt Lake City, 1972.
Nibley, Hugh W. "Man's Dominion." New Era 2, oct. 1972, p. 24-31.
Nibley, Hugh W. "Subduing the Earth." In Nibley on the Timely and the Timeless, dir. de publ. T. Madsen, p. 85-99. Provo, Utah, 1978.
Nibley, Hugh W. "Treasures in the Heavens." In CWHN1:171-214. Old Testament: Genesis -2 Samuel [Religion 301] Student Manual, 2e éd. rev. Salt Lake City, 1981.
Pratt, Orson. JD 16:324-25.
Smith, Joseph Fielding. Man: His Origin and Destiny. Salt Lake City, 1954. Talmage, James E. "Prophecy as the Forerunner of Science-An Instance." IE 7, mai 1904, p. 481-488.
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations. Salt Lake City, 1987.
MORRIS S. PETERSEN


Théâtre
Auteur : Metten, Charles
Tout au long de leur histoire, les saints ont apporté leur soutien et leur participation aux activités théâtrales. Des membres de l'Église créèrent, dans les années 1840, l'un des premiers théâtres municipaux des États-Unis à Nauvoo (Illinois). Joseph Smith, le prophète, ordonna la création d’une troupe théâtrale locale. Il enseigna aux saints qu’ils devaient rechercher tout ce qui était « vertueux, aimable, tout ce qui mérite l’approbation » (13e A de F). Cela comprenait le théâtre et ce qui y avait trait : la musique, la danse, la peinture, le chant, la comédie et l'écriture. Il y eut du théâtre à Nauvoo jusqu'en 1846, quand la ville fut assiégée et les saints chassés.

Peu après leur arrivée dans la vallée du lac Salé en 1847, les saints des derniers jours érigèrent ce qu'ils appelaient une tonnelle (un abri temporaire fait de branches d'arbre posées sur une charpente) dans le coin sud-est de ce qui allait devenir le Temple Square. Trois tonnelles de plus en plus grandes remplacèrent la première. Il y eut là des concerts, des pièces de théâtre et des danses. Brigham Young a fait cette réflexion : « Si on me mettait sur une île de cannibales et si on me confiait la tâche d’en civiliser les habitants, je construirais aussitôt un théâtre » (Skidmore, p. 47).

Le Social Hall à Salt Lake City fut officiellement consacré en 1853, à peine plus de cinq ans après l'arrivée des pionniers mormons dans la vallée. Dans Utah and the Mormons, Benjamin G. Ferris décrit les représentations qui y eurent lieu : « Pendant l'hiver, ils continuent à donner des représentations au Social Hall et elles sont généralement mieux soutenues dans toutes leurs parties que dans les théâtres des villes atlantiques » (cité dans Maughan, p. 5).

Le Salt Lake Theater, l’un des plus beaux théâtres de son temps, fut consacré en 1862. Brigham Young croyait qu'il avait été créé dans un but ennoblissant. Pendant le service de dédicace, il dit : « Sur la scène d'un théâtre on peut représenter le mal et ses conséquences, le bien et ses résultats heureux et ses récompenses, les faiblesses et les sottises de l'homme et la magnanimité de la vie vertueuse » (cité dans Maughan, p. 84).

La tradition du théâtre se poursuit aujourd'hui dans l'Église. Des saints des derniers jours écrivent et produisent des pièces de théâtre, des comédies musicales et des roadshows. Un roadshow est une mini-comédie musicale originale, créée et produite localement sous l'égide des comités d'activités de paroisse et de pieu. L'Église parraine également des reconstitutions historiques religieuses, notamment celles présentées annuellement à Palmyra-Manchester (New York), Nauvoo (Illinois), Independence (Missouri), Temple View (Nouvelle-Zélande), Calgary (Canada), Oakland (Californie), Mesa (Arizona) et Manti et Clarkston (Utah) (voir « Reconstitutions historiques »).

L’université Brigham Young en Utah et le Ricks College en Idaho ont des départements de théâtre qui forment des dramaturges, des acteurs, des réalisateurs et des concepteurs. Le Promised Valley Playhouse à Salt Lake City appartient à l'Église et est géré par elle. Il met en scène ses propres productions, et ses locaux sont également disponibles pour les représentations de pieu et de paroisse.

Bibliographie
Clinger, Morris M. « A History of Theatre at Mormon Colleges and Universities ». Thèse de doctorat, université du Minnesota, 1963.
Gledhill, Preston R. “Mormon Dramatic Activities”. Thèse de doctorat, université du Wisconsin, 1950.
Maughan, Ila Fisher, Pioneer Theatre in the Desert, Salt Lake City, 1961.
Skidmore, Rex A. “Mormon Recreation in Theory and Practice: A Study of Social Change”, thèse de doctorat, université de Pennsylvanie, 1941.
CHARLES L. METTEN

 
Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)
Auteur : MATTHEWS, ROBERT J.
 
Joseph Smith, le premier prophète de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, a fait une « nouvelle traduction » de la Bible, utilisant le texte de la King James Version (KJV). Ce travail diffère de la KJV dans au moins 3.410 versets et se compose d’additions, de suppressions, de réarrangements et d’autres modifications qui font qu’elle diffère non seulement de la KJV mais aussi d’autres textes bibliques. Les changements vont de détails mineurs à des chapitres entièrement reconstitués. Cet article présente les déclarations de Joseph Smith disant pourquoi il a fait une traduction de la Bible, fournit des renseignements concernant l’évolution et la production du travail, examine un certain nombre de variantes importantes et considère quelques résultats doctrinaux et implications historiques.
 
VISION DE LA BIBLE. La position officielle de l’Église est énoncée dans son huitième article de foi : « Nous croyons que la Bible est la parole de Dieu dans la mesure où elle est traduite correctement. » Le message de la Bible est tenu pour vrai, alors que le caractère exact et complet des détails est accepté dans certaines limites. Le prophète Joseph Smith a expliqué : « Je crois la Bible telle qu’elle devrait être, telle qu’elle est sortie de la plume des auteurs originels. Des traducteurs ignorants, des copistes négligents ou des prêtres conspirateurs et corrompus ont commis beaucoup d’erreurs » (EPJS, p. 327). En outre : « D’après diverses révélations qui avaient été reçues, il était clair que beaucoup de points importants concernant le salut des hommes avaient été enlevés de la Bible ou perdus avant qu’elle ne fût compilée » (EPJS, p. 6).
 
Joseph Smith employait souvent les mots « traduit » et « traduction », non dans le sens restreint de rendre un texte d’une langue dans une autre, mais dans le sens plus général de « transmission », c’est-à-dire de copie, d’édition, d’ajout, de suppression, de reformulation et d’interprétation. On est ici sensiblement au-delà de la signification habituelle de la « traduction ». Quand il dit que la Bible n’a pas été traduite correctement, il ne fait pas seulement allusion à la difficulté de rendre la Bible dans une autre langue, mais il fait aussi remarquer que les manuscrits contenant le texte de la Bible ont souffert, au cours de siècles de transmission, de la part des rédacteurs, des copistes et des révisionnistes. Ainsi, les textes existants de la Bible ne sont ni aussi complets ni aussi précis que lors de leur rédaction originelle.
 
Le Livre de Mormon présente le récit d’une vision dans laquelle un ange, regardant dans l’avenir, décrit la Bible comme les « annales des Juifs » contenant les écritures des « prophètes » et des « douze apôtres de l’Agneau ». La vision affirme (1) que les auteurs antiques écrivaient sous l’inspiration du Saint-Esprit, (2) qu’à l’origine leurs paroles contenaient la plénitude de l’Évangile et étaient claires et faciles à comprendre, mais (3) que beaucoup de choses qui étaient claires et précieuses, et beaucoup d’alliances seraient « ôtées » des manuscrits originaux ; en conséquence, par après (4) beaucoup de personnes, même avec une Bible, ne comprendraient pas la plénitude de l’Évangile, mais (5) les textes perdus seraient rétablis par « d’autres annales » que le Seigneur ferait paraître (1 Né. 13:21-41). Une déclaration à peu près parallèle fut faite en juin 1830 à Joseph Smith tandis qu’il rétablissait une révélation reçue par Moïse, déclarant que beaucoup de choses seraient ôtées « du livre » que Moïse écrirait, mais que l’information manquante serait rétablie par un autre prophète et serait ainsi de nouveau parmi ceux qui croient (Moï. 1:41). Les saints des derniers jours croient que les « autres annales » visées comprennent le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances, la Perle de grand prix, la TJS, et d’autres annales qui doivent encore paraître et que le prophète divinement suscité pour commencer à rétablir les textes perdus est Joseph Smith (voir Écritures : Écritures à venir). À la lumière de ce qui vient d’être dit, il vaut la peine d’observer que la difficulté principale dans la Bible, ce sont apparemment les omissions. Le reste du texte est sans doute généralement correct en soi, mais beaucoup de points doctrinaux importants (résultant de la perte d’un simple mot, d’un verset, d’un passage plus long ou même de livres entiers dans certains cas) manquent maintenant.
 
AUTORITÉ DE TRADUIRE. Le prophète Joseph Smith affirme avoir reçu de Dieu la mission de faire un rendu inspiré ou, comme il appelle cela, une « nouvelle traduction » de la Bible. Cette mission peut être illustrée par des extraits de ses écrits. Après avoir travaillé par intermittence pendant dix mois sur les premiers chapitres de la Genèse, Joseph Smith reçut, le 7 mars 1831, une révélation du Seigneur lui commandant de commencer à travailler au Nouveau Testament : « Il ne vous sera pas donné d'en savoir plus sur ce chapitre jusqu'à ce que le Nouveau Testament soit traduit, et toutes ces choses y seront révélées. C'est pourquoi, je vous donne maintenant de le traduire » (D&A 45:60-61). Le manuscrit de la TJS montre que Joseph Smith commença la traduction de Matthieu le jour suivant. Le 1er décembre 1831, le prophète note ce qui suit dans son journal intime : « J’ai repris la traduction des Écritures et j’ai continué à travailler dans cette branche de mon appel avec Sidney Rigdon comme secrétaire » (HC 1:238-239). Le 16 février 1832, il note une révélation au sujet de la résurrection des morts qui contient la mention suivante concernant sa mission divine de traduire : « Tandis que nous [Joseph Smith et Sidney Rigdon] faisions le travail de traduction que le Seigneur nous avait confié, nous arrivâmes au vingt-neuvième verset du cinquième chapitre de Jean » (D&A 76:15). Le 8 mars 1833, il rapporte comme suit la parole que le Seigneur lui a adressée : « Et quand tu auras terminé la traduction des prophètes [de l’Ancien Testament], tu présideras, à partir de ce moment-là, les affaires de l'Église » (D&A 90:13). Le 6 mai 1833, c’est la révélation suivante qu’il note : « Ma volonté est que vous vous hâtiez de traduire mes Écritures » (D&A 93:53). Bien que ce ne soit pas une liste complète, ce qui précède illustre les prétentions de Joseph Smith à une mission divine de traduire l’Ancien et le Nouveau Testament.
 
FAÇON DE PROCÉDER ET DURÉE. Quand il commença son travail en 1830, Joseph Smith ne connaissait pas les langues bibliques. Sa traduction ne se fit pas comme le font habituellement les savants, mais ce fut une expérience révélatoire qui n’utilisait que le texte anglais. Il n’a pas laissé de description du processus de traduction, mais il apparaît qu’il lisait dans la KJV et dictait des révisions à un secrétaire.
 
Il se fit aider par de divers secrétaires. Le manuscrit montre qu’Oliver Cowdery fut le premier et travailla entre juin et octobre 1830 ; il enregistra une révélation d’introduction (Moï. 1) et la traduction de Genèse 1:1 à Genèse 4:18 de la KJV. Vint ensuite John Whitmer, à partir d’octobre jusqu’en décembre 1830, qui enregistra la traduction de Genèse 4:19 jusque vers Genèse 5:20 de la KJV. Sidney Rigdon fut le suivant, qui devint le secrétaire principal du début décembre 1830 jusqu’à la fin de la traduction, le 2 juillet 1833. Il écrivit la majeure partie de la traduction de Genèse 5:21 de la KJV jusqu’à la fin de la Bible avec, toutefois, l’intervention de quelques autres pour de petites parties.

Ils se servirent d’une édition grand format de la KJV (22,5 sur 27,5 sur 5 cm), imprimée en 1828 par H. et E. Phinney Company de Cooperstown, New York, qui contenait les Apocryphes de l’Ancien Testament. (Une note sur la page de garde, dans ce qui semble être l’écriture de Joseph Smith, déclare qu’elle avait été achetée le 8 octobre 1829 à la librairie d’Egbert B. Grandin à Palmyra pour $3.75). Dans cet exemplaire de la Bible de Phinney, il y a les centaines de notes au crayon et à l’encre consistant principalement en coches ou en croix marquant les passages à réviser. De même, un certain nombre de mots imprimés en italique dans le texte de la KJV, qui représentent habituellement des mots implicitement compris dans le grec ou l’hébreu, sont rayés. Les mots de la révision n’étaient pas écrits sur les pages de la Bible elle-même, mais notés sur des feuilles de papier et identifiés par la citation ad hoc. Le manuscrit est écrit intégralement de Genèse 1:1 à Genèse 24 inclus et de Matthieu 1:1 à Jean 5, dont des chapitres entiers dans lesquels il n’y a aucune correction. Un système plus rapide et plus efficace fut utilisé par la suite qui consistait à n’écrire que les révisions proprement dites. Celles-ci se composaient parfois d’un ou deux mots seulement. Les marques dans la Bible qui indiquent les versets à traduire n’apparaissent que dans les parties où la méthode plus courte a été utilisée. Les feuilles de manuscrit, 42,5 sur 35 cm. pliées pour donner des surfaces de 20 sur 35 cm, furent autrefois cousues entre elles au pli dans des épaisseurs commodes. Le manuscrit entier se compose de 477 pages.
 
La date exacte à laquelle la traduction a été commencée n’est pas connue, mais elle est étroitement associée à la révélation de juin 1830 qui contient le récit de visions données à Moïse avant qu’il ne compose le livre de la Genèse (voir Moï. 1). Le travail avança à partir de juin 1830 jusqu’au 2 juillet 1833. Genèse 1-17 fut traduit d’abord, entre juin 1830 et le 7 mars 1831. À cette dernière date Joseph Smith reçut la révélation lui commandant de « traduire » le Nouveau Testament (D&A 45:60-62), ce qu’il commença à Matthieu 1:1. Il semble que pendant quelques jours la traduction ait continué à la fois dans la Genèse et dans Matthieu, mais l’Ancien Testament fut ensuite mis de côté, probablement à la fin de Genèse 24, en faveur du travail sur le Nouveau Testament. Le travail se poursuivit ensuite de manière suivie dans le Nouveau Testament tout entier jusqu’au 2 février 1833. Le reste de l’Ancien Testament (Genèse 25 à Malachie) fut alors traduit et terminé cinq mois plus tard. En réponse à une prière pour savoir s’il devait traduire les Apocryphes, Joseph Smith rapporte une révélation datée du 9 mars 1833, disant qu’il ne devait pas s’en occuper : « Ils sont en majeure partie traduits correctement », mais il s’y trouve des erreurs et « des interpolations de la main des hommes » (D&A 91:1-2).
 
Quand on compare les dates sur les manuscrits de la TJS avec celles des révélations portant sur le sujet dans les Doctrine et Alliances et avec les dates et les événements notés dans le journal personnel de Joseph Smith, on voit qu’il y a des allées et venues entre l’Ancien et le Nouveau Testament, comme expliqué ci-dessus, plutôt qu’une progression linéaire de la Genèse à l’Apocalypse. De même, les différents styles d’écriture manuscrite correspondent aux allées et venues connues de ceux qui faisaient fonction de secrétaires. Bien que la majeure partie de la traduction fût faite dès le 2 juillet 1833, ce travail représentait un avant-projet. Par la suite, le manuscrit fut revu et préparé en vue de la publication, et d’autres révisions, améliorations et modifications furent apportées.
 
Après la mort de Joseph Smith en juin 1844, la Bible marquée de Phinney et le manuscrit de 477 pages furent conservés par sa veuve, Emma Smith. Elle permit au Dr. John M. Bernhisel d’examiner les documents au printemps de 1845 à Nauvoo. Bernhisel déclara plus tard qu’il avait fait une copie complète des marquages dans la Bible et une copie considérable mais inachevée des notes du manuscrit (Matthews, 1975, p. 118). Le manuscrit de Bernhisel est à la Bibliothèque de l’Historien de l’Église à Salt Lake City, mais on ne sait pas où se trouve la Bible marquée par Bernhisel. Emma Smith donna, en 1866, la Bible de Phinney et le manuscrit original à un comité de publication représentant l’Église réorganisée de Jésus-Christ des saints des derniers jours (aujourd’hui Communauté du Christ). Ceux-ci sont maintenant sous la garde de la Communauté du Christ à Independenc (Missouri).
 
PUBLICATION. Des extraits de la TJS furent publiés dans les journaux de l’Église et sous forme de brochure du vivant de Joseph Smith, mais l’ouvrage complet ne fut pas publié de son temps, malgré le fait qu’il eût eu l’intention de le faire et eût fait des efforts considérables pour l’accomplir. Les perturbations causées par les persécutions, les exigences des affaires de l’Église et le manque de moyens financiers l’empêchèrent de terminer et d’autoriser la mise sous presse du manuscrit (Matthews, p. 57-63).
 
En 1867, après des efforts et des dépenses considérables, l’Église Réorganisée publia une édition sous copyright de la Bible, sous le titre Holy Scriptures, qui intégrait la traduction du prophète au format d’un texte de la King James. Elle fut suivie de nombreuses réimpressions, provenant toutes des clichés. En 1936, la même Église publia une édition pour enseignants contenant des aides à l’étude. À cette occasion on ajouta un sous-titre : « Inspired Version », bien que le texte fût resté le même que l’édition de 1867. En 1944, l’Église réorganisée publia une « nouvelle édition corrigée » dans laquelle au moins 352 versets avaient été modifiés pour corriger des erreurs typographiques et de jugement dans l’édition de 1867. Ces corrections étaient des points de détail, mais dans quelques cas elles affectaient de manière significative le sens des passages et rapprochèrent le texte imprimé du manuscrit. En 1970, une édition à parallèles comprenant l’Inspired Version et la King James Version fut publiée par la maison d’édition de l’Église réorganisée.
 
L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours n’a jamais publié la traduction entière de la Bible par Joseph Smith. Des parties de la Genèse et de Matthieu, réparties sur la période de Joseph Smith à Kirtland et à Nauvoo, sont incluses dans la Perle de grand prix sous le titre livre de Moïse (TJS Ge. 1-8:18) et Joseph Smith–Matthieu (TJS Mt. 24). De longues parties de TJS Genèse 1-5 et un extrait unique de Romains et d’Hébreux sont utilisés dans les Lectures on Faith et y sont toujours publiées. En 1979, l’Église a publié une édition de la King James Version avec des centaines de notes de bas de page de la TJS et une annexe de dix-sept pages contenant des extraits de la TJS (voir Bible : Édition mormone de la Bible).
 
AMPLEUR DES CHANGEMENTS. Joseph Smith a apporté de nombreuses corrections et additions aux livres de la Genèse, de l’Exode, des Psaumes, d’Ésaïe, de Matthieu, de Luc, des Romains, de 1 Corinthiens 1, de Galates, d’Hébreux, de Jacques, de 2 Pierre et de l’Apocalypse. Il également apporté beaucoup de changements aux écrits des prophètes de l’Ancien Testament ainsi que dans Marc, Jean, les Actes et plusieurs des épîtres. Il n’a rien changé dans Ruth, Esdras, Esther, Ecclésiaste, Lamentations, Abdias, Michée, Habacuc, Sophonie, Aggée, Malachie, Philémon, 2 Jean, et 3 Jean. Il a fait quelques corrections dans tous les autres livres de la Bible et a rejeté le Cantique des Cantiques comme n’étant pas une Écriture inspirée.
 
TITRE. Le travail de Joseph Smith sur la Bible a porté divers titres. Les révélations des Doctrine et Alliances l’appellent « traduction » (D&A 37:1 ; 90:13). Joseph Smith l’appelle la « nouvelle traduction » et c’est sous ce titre qu’on la connaît dans les premiers documents de l’Église. Il a été publié par l’Église réorganisée sous le titre « Holy Scriptures » avec, plus tard, le sous-titre : « Inspired Version ». Beaucoup l’appellent « révision inspirée ». En 1978, l’Église lui a officiellement donné le nom de « Traduction de Joseph Smith », TJS en abrégé.
 
APPORTS DE LA TJS. Pour évaluer les apports de la TJS, il faut faire la différence entre le procédé et le produit. Le procédé de traduction était révélatoire et éducatif, et était le moyen d’augmenter la connaissance et la prise de conscience doctrinale de Joseph Smith, le prophète (cf. D&A 45:60-61). Les apports vont donc au-delà du texte biblique qui a pu avoir lancé le processus. Parmi les points de doctrine de l’Église qui se sont dégagés du processus de traduction de la TJS, il y a l’édification de Sion, modelée sur la ville de Hénoc, l’âge de responsabilité des enfants avec le baptême à huit ans, la longue révélation sur les degrés de gloire et le mariage plural (dont le mariage céleste et éternel) et divers points d’organisation et de responsabilité de la prêtrise. Ces points de doctrine et d’autres étaient souvent introduits pendant le processus de traduction et développés plus tard par des révélations ultérieures maintenant contenues dans les Doctrine et Alliances. Les révélations des Doctrine et Alliances reçues pendant le processus de traduction sont les sections 76, 77, 86 et 91 et des parties de 107 et de 132. De cette façon, la TJS a affecté la vie spirituelle de chaque membre de l’Église, même si la plupart des membres ne connaissaient pas l’existence de la TJS.
 
Le produit tangible – la TJS imprimée – consiste en une Bible portant des milliers de corrections, d’additions et d’interprétations. Bien que beaucoup de saints des derniers jours considèrent ceci comme la version la plus correcte de la Bible à l’heure actuelle et l’utilisent donc comme source précieuse pour la compréhension de la Bible, l’apport le plus important a probablement été l’effet d’illumination que le processus a eu sur Joseph Smith et les révélations suivantes données par son intermédiaire qui ont façonné la doctrine et la pratique de l’Église. La plupart des révélations doctrinales et organisationnelles qui ont régi l’Église et qui sont maintenant éditées dans les Doctrine et Alliances ont été données à Joseph Smith pendant la période où il traduisait la Bible (1830-1833).
 
Beaucoup de points dans les Doctrine et Alliances sont en relation directe avec le processus de la TJS. Ils ont dirigé le prophète dans les questions relatives à la traduction, le choix des secrétaires, quand poursuivre la traduction, quelles parties de la Bible faire ensuite, quand mettre le travail de côté pour d’autres choses et d’autres informations de ce genre, mais ne contiennent pas les textes de la TJS. On voit ce type d’information dans les chapeaux éditoriaux des sections 35, 71, 76, 77, 86 et 91 ; et dans le texte de D&A 9:2 ; 35:20 ; 37:1 ; 41:7 ; 42:56-58 ; 45:60-62 ; 73:3 ; 76:15-18 ; 77:1-15 ; 86:1-11 ; 93:53 ; 94:10 ; 104:58 et 124:89. La Perle de grand prix présente une partie du résultat et contient deux extraits du texte de la TJS, du livre de Moïse et Joseph Smith–Matthieu.
 
PRINCIPAUX THÈMES DOCTRINAUX. La plupart des passages révisés ou ajoutés par Joseph Smith sont d’importance doctrinale. Les sujets sont nombreux, mais les thèmes principaux sont (1) l’accent dans l’Ancien et le Nouveau Testament sur la mission et la divinité de Jésus-Christ, (2) la nature de Dieu, (3) l’innocence des enfants, (4) le plan du salut, (5) la vie prémortelle, (6) la sainte prêtrise et les qualifications des patriarches, (7) les ministères de Hénoc et de Melchisédek et (8) la clarification de passages ambigus, l’élimination de certaines contradictions entre les textes bibliques et des explications de termes et d’expressions.
 
Des passages représentatifs des types d’information que l’on ne trouve que dans la Traduction de la Bible faite par Joseph Smith constituent le reste de cet article.
 
Le but de la TJS est d’apporter une connaissance que l’on ne trouve pas dans d’autres Bibles. Elle est donc déclarative et informative de par sa nature.
 
1. Accent sur Jésus-Christ. La TJS souligne que l’Évangile de Jésus-Christ a été enseigné dans les tout premiers temps de l’humanité. Selon TJS Genèse 1-8 (Moïse 1-8 dans la Perle de grand prix), Adam, Hénoc, Noé et les autres patriarches étaient des prédicateurs de justice et ont enseigné l’Évangile de Jésus-Christ, et notamment la foi, le repentir, le baptême et la réception du Saint-Esprit.
La TJS dit qu’un ange céleste commanda à Adam d’offrir des sacrifices d’animaux comme type et symbole du sacrifice expiatoire que le Fils de Dieu allait accomplir. Il lui fut commandé de tout faire au nom du Fils. L’Évangile lui fut enseigné, il fut baptisé par immersion, reçut le Saint-Esprit et naquit de l’Esprit (Moïse 5, 6).
 
Hénoc connut, lui aussi, l’Évangile de Jésus-Christ, fut ordonné à la même prêtrise qu’Adam et enseigna ces principes à d’autres. Il eut droit à une vision où il était question du monde d’esprit et des événements futurs sur terre à partir de son temps jusqu’à la seconde venue de Jésus-Christ. Il présida dans une ville de justes appelée Sion, qui fut enlevée au ciel (Moïse 6-7 ; voir Êtres enlevés).

Noé était, lui aussi, un prédicateur de justice, ordonné à la même prêtrise que celle détenue par Adam et Hénoc et il enseigna l’Évangile de Jésus-Christ à ses contemporains, notamment la foi en Jésus-Christ, le baptême et la réception du Saint-Esprit (Moï. 8:12-25).
 
La TJS du Nouveau Testament donne une image légèrement plus forte de Jésus que la KJV. Exemples : Dans la KJV les mages interrogent Hérode sur la naissance du « roi des Juifs » (Mt. 2:2) ; dans la TJS ils posent une question plus pointue : « Où est l’enfant qui est né, le Messie des Juifs ? » (TJS Mt. 3:2). Quand Hérode interroge les scribes, on lui dit que le Christ devait naître à Bethlehem : « Car de toi sortira un chef qui paîtra Israël, mon peuple » (Mt. 2:6) ; la TJS dit : « Car de toi sortira le Messie, qui sauvera mon peuple Israël » (TJS Mt. 3:6).
 
Dans la TJS un passage de transition sans équivalent dans la KJV est inséré entre la fin du chapitre 2 de KJV Matthieu et le commencement du chapitre 3 de Matthieu :
 
« Et il arriva que Jésus grandit avec ses frères, et devint fort, et fut dans l’attente du Seigneur et du moment de son ministère. Et il travailla     sous son père, et il ne parlait pas comme les autres hommes, et on ne pouvait pas non plus l’instruire, car il n’avait pas besoin que quiconque l’instruisît. Et après de nombreuses années, l’heure de son ministère approcha » [TJS Mt. 3:24-26].
 
À l’âge de douze ans, quand Jésus enseignait dans le temple, la KJV dit (Lu. 2:46) qu’il était « assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ». La TJS dit : « ils l’écoutaient et l’interrogeaient » (TJS Lu. 2:46).
 
Le récit des quarante jours de Jésus dans le désert dans la KJV dit que Jésus s’y rendit « pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim » (Mt. 4:1-2). La TJS dit : « Jésus fut emmené par l’Esprit dans le désert, pour être avec Dieu. Et quand il eut jeûné quarante jours et quarante nuits, et eut communié avec Dieu, il eut faim et fut livré aux tentations du diable » (TJS Mt. 4:1-2). Selon Luc (KJV), Jésus fut « fut tenté par le diable pendant quarante jours » (Lu. 4:2). La TJS dit : « et après quarante jours, le diable se présenta à lui pour le tenter » (TJS Lu. 4:2).
 
La KJV dit que « Le diable le transporta dans la ville sainte, le plaça sur le haut du temple » et également sur une « montagne très élevée » (Mt. 4:5-8 ; Luc 4:5-9). La TJS dit que ce fut « l’Esprit » qui le transporta à ces endroits (TJS Mt. 4:5-8 ; Lu. 4:5-9).
Dans KJV Jean 3:23 il est dit que Jésus accomplit des baptêmes, mais Jean 4:2 conteste en grande partie l’activité de Jésus comme baptiseur en disant : « Toutefois Jésus ne baptisait pas lui-même, mais c'étaient ses disciples ». La TJS dit : « Quoiqu’il n’en baptisât pas autant que ses disciples ; mais il les laissait faire pour qu’ils fussent des exemples, usant de prévenances réciproques » (TJS Jn. 4:3-4).
 
Les paraboles de Jésus sont évoquées dans beaucoup de passages de la TJS. Une des plus importantes est une déclaration, présentée comme étant les paroles de Jésus lui-même, expliquant pourquoi il utilisait des paraboles pour voiler le message spirituel en parlant à certaines personnes : « Écoutez une autre parabole ; car à vous qui ne croyez pas, je parle en paraboles afin que vous soyez récompensés de votre injustice » (TJS Mt. 21:34).
 
Dans Marc 7:22-24 (KJV) Jésus entre dans une maison « désirant que personne ne le sût ; mais il ne put rester caché ». TJS Marc 7:22-23 dit : « et aurait voulu que personne n’aille à lui. Mais il ne pouvait pas le leur refuser, car il avait compassion de tous les hommes ».
 
Luc dit que tandis que Jésus était sur la croix, il s’écria : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (KJV Lu. 23:34). La TJS ajoute un éclaircissement entre parenthèses : « (entendant par là les soldats qui l’avaient crucifié) » (TJS Lu. 23:35).
 
2. Les relations de Dieu avec l’humanité. Les passages de la TJS portant sur les relations de Dieu avec l’humanité contiennent ce qui suit : Genèse 6:6 (KJV) dit que « L’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il fut affligé en son cœur ». TJS Genèse 8:13 (Moï. 8:25) rend ainsi ce passage : « Et Noé regretta, et il fut affligé en son cœur de ce que le Seigneur avait fait l’homme sur la terre ». Exode 7:3, 13 ; 9:12 ; 10:1, 20 (KJV) disent tous que Dieu endurcira le cœur du pharaon. Dans chacun de ces passages la TJS dit que c’est le pharaon qui s’endurcira le cœur :
 
Esaïe 63:17 (KJV) dit : « Pourquoi, ô Éternel, nous fais–tu errer loin de tes voies, et endurcis–tu notre cœur ? » La TJS dit : « Pourquoi, ô Seigneur, pourquoi as-tu souffert que nous errions… et que nous nous endurcissions le cœur ? »
 
Matthieu 6:13 (KJV) dit : « Ne nous induis pas en tentation », tandis que la TJS dit : « Ne nous laisse pas induire en tentation » (TJS Mt. 6:14).
 
3. Innocence des enfants. Beaucoup de passages concernent la nature de l’homme par rapport à la chute d’Adam, son libre arbitre et sa responsabilité vis-à-vis de Dieu. Par exemple, au sujet de l’innocence des petits enfants, la TJS dit que du temps d’Adam le Seigneur révéla que « le Fils de Dieu a expié la faute originelle, à la suite de quoi les péchés des parents ne peuvent tomber sur la tête des enfants, car ils sont purs dès la fondation du monde » (TJS Ge. 6:56 ; Moï. 6:54). À Abraham le Seigneur dit : « Les enfants ne sont responsables devant moi que quand ils ont huit ans » (TJS Ge. 17:11). Matthieu 18:11 KJV dit concernant les enfants : « Car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu ». La TJS ajoute : « et appeler les pécheurs au repentir ; mais ces petits n’ont pas besoin de repentir, et je les sauverai. »
 
4. Écrits de Paul. La TJS offre beaucoup d’éclaircissements concernant les enseignements attribués à Paul dans le Nouveau Testament. En voici quelques-uns :
 
1 Corinthiens 14:35 (KJV) fait écrire à Paul : « Il est malséant à une femme de parler dans l’Église ». La TJS dit « que les femmes gouvernent dans l’Église ».
 
Hébreux 6:1 (KJV) dit : « C'est pourquoi, laissant les éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait ». La TJS dit : « sans laisser… ».
 
Hébreux 7:3 (KJV) donne l’impression que le prophète Melchisédek n’était « sans père, sans mère, sans généalogie, qui n'a ni commencement de jours ni fin de vie ». La TJS dit que ce n’était pas Melchisédek, l’homme, mais sa prêtrise, qui était sans lignage ou descendance, par contraste avec la prêtrise lévitique.
 
1 Timothée 3:15-16 (KJV) fait écrire à Paul que l’Église est « la colonne et l’appui de la vérité ». Dans la TJS, c’est Jésus, en tant que Dieu manifesté dans la chair, qui est « la colonne et l’appui de la vérité ». [Voir aussi d’autres passages de la TJS dans les annexes.] 
Bibliographie
Durham, Reed Connell, Jr. "A History of Joseph Smith's Revision of the Bible." Thèse de doctorat, université Brigham Young, 1965.
Howard, Richard P. Restoration Scriptures. Independence, Mo., 1969.
Matthews, Robert J. "A Plainer Translation" : Joseph Smith's Translation of the Bible. Provo, Utah, 1975.
Matthews, Robert J. A Bible ! A Bible ! Salt Lake City, 1990.
Matthews, Robert J. "Joseph Smith's Efforts to Publish His Bible Translation." Ensign 13, janv. 1983, p. 57-63).
Nyman, Monte S., et Robert L. Millet, dir. de publ. The Joseph Smith Translation. Provo, Utah, 1985.
ROBERT J. MATTHEWS
 
Transfiguration, Montagne de la
Auteur : MOURITSEN, DALE C.
 
La montagne de la Transfiguration est la scène d'un événement transcendant dans le Nouveau Testament. Elle est mise en évidence par des révélations données au prophète Joseph Smith et décrite avec un certain nombre de détails. Tout d'abord, Jésus converse avec Moïse et Élie, qui sont à ce moment-là des êtres enlevés (Mt. 17:3-4). Ensuite Jésus-Christ lui-même y est transfiguré, ce qui confirme, à ses trois apôtres principaux, Pierre, Jacques et Jean, sa nature et son appel divins (Mt. 17:1-2). Troisièmement, ces apôtres sont également transfigurés temporairement pendant cette expérience (EPJS, p. 125). Quatrièmement, ces apôtres ont une vision dans laquelle ils voient la terre, dans son futur état transfiguré, comme héritage des fidèles (D&A 63:20-21). Cinquièmement, ces mêmes apôtres reçoivent certaines clefs de la prêtrise du royaume de Dieu, qu'ils vont utiliser pendant leur ministère terrestre (HC 3:387). Sixièmement, Moïse et Élie, qui sont, eux aussi, sur la montagne de la Transfiguration, vont, le 3 avril 1836, conférer des clefs de la prêtrise à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland (D&A 110:11-16).
 
Il est certain que la manifestation sur la montagne va fortifier le Sauveur au moment où il aborde les derniers mois précédant son sacrifice expiatoire. Moïse et Élie lui rendent visite pendant qu'il se prépare aux souffrances infinies de Gethsemané et aux tortures du Golgotha (Lu. 9:30-31 ; JC, p. 373).

La transfiguration de Jésus devant Pierre, Jacques et Jean fait d’eux des témoins oculaires de sa majesté (voir 2 Pi. 1:16). Pendant leur visite, la voix du Père rend témoignage de la mission du Sauveur, donnant à Pierre, à Jacques et à Jean l'assurance qu’il approuve et aime Jésus (Mt. 17:5-8). Comme ces apôtres vont bientôt constituer la Première Présidence de l'Église primitive (MD, p. 571-572), l'événement est le témoignage personnel inoubliable de ce que le Père accepte la mission rédemptrice de Jésus. Jean témoignera plus tard : « Nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père » (Jn. 1:14).
 
La transfiguration temporaire de Pierre, Jacques et Jean leur permet d’entendre la voix du Père et de voir le Fils transfiguré (cf. Moï. 1:9-11). Cette expérience extraordinaire va les préparer à assumer le fardeau futur de la direction de l'Église après le départ de Jésus à la fin de son ministère terrestre. Pierre a bien raison de déclarer : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici » (Mt. 17:4).

Pierre, Jacques et Jean vont également voir l’époque millénaire où la terre sera transfigurée, ce qui la ramènera à son état d’avant la chute d'Adam (EPJS, p. 7-8 ; cf. 10e A de F). La transfiguration de la terre aura lieu au moment de la seconde venue du Christ (MD, p. 795-796).
 
L'octroi des clefs de la prêtrise aux apôtres présidents constitue un cinquième but de la transfiguration. Pendant son ministère, Jésus a conféré la Prêtrise de Melchisédek aux Douze, les autorisant à agir sous sa direction (Mc. 3:14-15 ; Jn. 15:16 ; cf. JD 25:207). Mais avec la perspective de son départ, les Douze ont besoin d'une autorité indépendante pour diriger les affaires de l'Église. Pour tenir sa promesse que Pierre recevrait les clefs du royaume (Mt. 16:13-20), Jésus va emmener les principaux apôtres sur la montagne, où ils vont recevoir ces clefs.
 
Après avoir vu Jésus transfiguré et avoir eux-mêmes subi la transfiguration, les apôtres vont voir Moïse et Élie (et peut-être d'autres ; cf. McConkie, p. 400), qui ont été enlevés de manière à pouvoir apparaître avec un corps physique pour accorder des clefs de la prêtrise par l'imposition des mains, ce qui va permettre, entre autres, la prédication de l'Évangile dans le monde entier (Mt. 18:19-20) et l’accomplissement des ordonnances salvatrices pour les vivants et les morts (cf. 1 Co. 15:29).

Certains de ces événements se sont accomplis à notre époque dans le temple de Kirtland. La Prêtrise de Melchisédek et l’appel et les clefs de l'apostolat ont été conférés à Joseph Smith et à Oliver Cowdery probablement fin mai ou début juin 1829 (cf. D&A 27:12) et comprenaient l'autorité pour fonder l'Église (D&A 128:20). Le 3 avril 1836, des clefs supplémentaires ont été données à Joseph et à Oliver dans le temple de Kirtland par Moïse et par Élie, ceux-là mêmes qui étaient apparus autrefois sur la montagne, et par un messager supplémentaire appelé Élias, qui a conféré la « dispensation de l'Évangile d'Abraham » (D&A 110:12). Le rétablissement de ces clefs a donné le coup d’envoi de la mission moderne de l'Église, l’œuvre missionnaire et toutes les ordonnances pour les vivants, ainsi que la rédemption des morts par l’œuvre des ordonnances par procuration dans des temples.
 
Bibliographie
Haight, David B. ""We Beheld His Glory"'. Ensign 7, mai 1977, p. 7-10.
Matthews, Robert J. "Tradition, Testimony, Transfiguration, and Keys". Dans Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson et R. Millet, Vol. 5, p. 296-311. Salt Lake City, 1986.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 1, p. 397-404. Salt Lake City, 1965.
DALE C. MOURITSEN

V
 
Vie éternelle
Auteur : PARRY, CATHERINE CORMAN

Les Écritures disent clairement que la vie éternelle vient de Dieu par son Fils Jésus-Christ (Jn. 3:16 ; 14:6 ; Hé. 5:9 ; 2 Né. 31:20-21 ; Al. 11:40 ; Ét. 3:14 ; D&A 45:8) et est le « plus grand de tous les dons de Dieu » (D&A 14:7 ; voir aussi Exaltation ; État divin). Pour les saints des derniers jours, l'expression « vie éternelle » désigne non seulement le fait de vivre à tout jamais, mais également et plus particulièrement la qualité de vie que Dieu vit. La vie éternelle est accessible à tous ceux qui ont vécu sur terre qui acceptent ce don par leur obéissance aux lois et aux ordonnances de Dieu.

L’œuvre de Dieu, et la source de sa gloire, est de « réaliser l'immortalité et la vie éternelle » de ses enfants (Moï. 1:39). En d'autres termes, Dieu agit pour permettre à ses enfants de retourner en sa présence de sorte qu'ils puissent vivre avec lui et vivre comme il vit.

Le Christ est tellement allié au Père que les Écritures disent parfois que la vie éternelle c’est « les connaître » : « La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jn. 17:3 ; D&A 132:24).

On connaît le Christ en ce monde en les recevant, lui et sa loi (D&A 132:23-24). Jérémie dit au nom du Seigneur : « Mais voici l'alliance que je ferai avec la maison d'Israël, après ces jours–là, dit l'Éternel : Je mettrai ma loi au-dedans d'eux, je l'écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Celui-ci n'enseignera plus son prochain, ni celui-là son frère, en disant : Connaissez l'Éternel ! Car tous me connaîtront, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, dit l'Éternel ; car je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché » (Jé. 31:33-34). 

Avoir la loi écrite dans son cœur implique une acceptation qui pousse à l'action ; en effet, les Écritures mentionnent beaucoup de choses qu’il faut faire pour recevoir le don de la vie éternelle. Pour entrer dans le chemin menant vers la vie éternelle, on doit faire preuve de foi au Christ (Jn. 3:36 ; 6:47 ; Mro. 7:41), se repentir, être baptisé pour la rémission de ses péchés (2 Né. 31:17-18) et recevoir le don du Saint-Esprit. Les Écritures disent qu’une fois qu’il est sur le chemin, le croyant doit s’efforcer de garder les commandements (2 Né. 31:19-20 ; Al. 7:15-16), c’est-à-dire faire les œuvres de la justice (D&A 59:23), dont la première est la charité (1 Co. 13 ; Mt. 25:34-36). Le croyant doit aussi persévérer jusqu'à la fin (2 Né. 31:20-21 ; D&A 50:5 ; cf. l’expression de Paul « par la persévérance à bien faire » Ro. 2:7), et faire des alliances en liaison avec les ordonnances du temple (D&A 124:55 ; 128:12).

Tandis qu’ils sont dans la condition mortelle, les personnes peuvent en arriver à un stade de la connaissance du Père et du Fils qui permet au Seigneur de leur promettre la vie éternelle. Cet événement est décrit dans l'Écriture comme étant la réception du Saint-Esprit de promesse (D&A 88:3-4) et l’autre Consolateur (Jn. 14:16 ; D&A 88:2-4 ; voir aussi Jésus-Christ, Autre Consolateur) ; avoir la parole prophétique plus certaine (D&A 131:5) ; et voir assurer sa vocation et son élection (2 Pi. 1:10 ; D&A 131:5).

Dieu invite tous les hommes à rechercher et à demander avec ferveur la vie éternelle et assure à tous ceux qui le font qu’on ne leur donnera pas une pierre (cf. Mt. 7:7-11). Il leur est promis « révélation sur révélation, connaissance sur connaissance » ce qui permet de comprendre « les choses paisibles, ce qui apporte la joie, ce qui apporte la vie éternelle » (D&A 42:61). Ceux qui reçoivent la vie éternelle dans son sens le plus complet se lèvent dans la première résurrection (Mos. 15:21-25) et héritent le plus haut degré de gloire dans le royaume céleste (D&A 76:50-59 ; 88:4 ; 101:65).

Le prophète Joseph Smith ne trouvait pas les mots pour décrire la splendeur éternelle de Dieu le Père et de son Fils Jésus-Christ, « dont l’éclat et la gloire défient toute description » (JS–H 1:17). La langue ne peut décrire qu’insuffisamment les gloires de la vie éternelle par des métaphores parlant d’une lumière ou d’un feu d’un éclat accablant (Ex. 24:17 ; Ac. 26:13-15 ; Ap. 21:23 ; 1 Né. 1:8-10 ; D&A 110:1-4 ; cf. « comme la splendeur du ciel » Da. 12:3), la vérité pure (Jn. 14:6 ; Ét. 4:12 ; D&A 84:45-48 ; 93:36 ; Moï. 7:29-40) ; du verre ou du cristal (Ap. 4:6 ; D&A 130:9) ; et l’intemporel (Ps. 90:4 ; 2 Pi. 3:8 ; Ap. 10:6 ; Al. 40:8 ; D&A 88:110). Paul précise à quel point la vie éternelle dépasse la capacité descriptive de la langue quand il dit : « Ce sont des choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues, et qui ne sont point montées au cœur de l’homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l’aiment » (1 Co. 2:9). [Voir aussi Immortalité et Vie éternelle.]

Vies éternelles, accroissement éternel
Auteur : RICKS, SHIRLEY S.

« Les vies éternelles » est un terme qui désigne le droit et le pouvoir d'engendrer des enfants après la résurrection, accordés à ceux qui sont exaltés au plus haut degré du royaume céleste. C'est un aspect de la progression éternelle. « Il y a, dans la gloire céleste, trois cieux ou degrés. Pour obtenir le plus haut, l'homme doit entrer dans cet ordre de la prêtrise [à savoir : la nouvelle alliance éternelle du mariage], sinon, il ne peut l'obtenir. Il peut entrer dans l'autre, mais c'est là la fin de son royaume ; il ne peut avoir d'accroissement » (D&A 131:1-4).

Ce point de doctrine distinctif de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours a été enseigné par Joseph Smith et a été particulièrement explicité les 16-17 mai 1843, à Ramus (Illinois), localité qu’il visitait et où il prêchait souvent. Conversant sur des sujets spirituels avec un petit groupe d’amis, le prophète Joseph Smith illumine le concept de l'accroissement éternel : « Si un homme et sa femme ne contractent pas une alliance éternelle et ne sont pas ma¬riés pour l’éternité par le pouvoir et l’autorité de la Sainte Prêtrise pendant qu’ils sont dans cette épreuve, ils cesseront de s’accroître quand ils mourront ; c’est-à-dire qu’ils n’auront pas d’enfants après la résurrection. Mais ceux qui sont mariés par le pouvoir et l’autorité de la prêtrise dans cette vie et continuent sans commettre le pé¬ché contre le Saint-Esprit continueront à s’accroître et à avoir des enfants dans la gloire céleste » (EPJS, p. 242. La section 131 des Doctrine et Alliances traite en grande partie de ce sujet et a été incluse en 1876.

Le mari et sa femme qui sont mariés dans la nouvelle alliance éternelle et sont scellés par le Saint-Esprit de promesse en vertu de l'autorité appropriée de la prêtrise ont la promesse qu'ils hériteront « des trônes, des royaumes, des principautés, des puissances » et que leur « gloire sera une plénitude et une continuation des postérités pour toujours et à jamais » (D&A 132:19). Ils sont comparés à des dieux, n'ayant pas de fin. Ils participent aux promesses de postérité éternelle faites à Abraham et à Sara : « [Ils continueront] dans le monde et hors du monde aussi innombrables que les étoiles » (D&A 132:30).

Brigham Young a parlé en 1862 des vies éternelles, disant que l'occasion de devenir héritiers de tout et de devenir un « Roi de rois et Seigneur de seigneurs… est promise aux fidèles et ce ne sont qu’autant d’étapes dans cette progression incessante de vies éternelles… Il n'y aura pas de fin à l’accroissement des fidèles » (JD 10:5). Il considère pareille situation comme agréable, créant un bonheur qui dépasse la compréhension des mortels. En 1864, il ajoute ces détails : « De la même manière, tout fils fidèle de Dieu devient, pour ainsi dire, l’Adam de la race qui sort de ses reins quand ils sont englobés dans les alliances et les bénédictions de la sainte prêtrise… dans la progression des vies éternelles… Nous n'avons pas encore reçu nos royaumes, et nous ne les recevrons que quand nous aurons fini notre œuvre sur la terre, traversé les épreuves, aurons été ressuscités par le pouvoir de la résurrection et couronnés de gloire et de vies éternelles » (JD 10:355).

Les saints des derniers jours croient que tous les hommes et femmes dignes, en menant une vie juste et en étant scellés par le pouvoir de la prêtrise, hériteront, dans la vie éternelle, avec Adam et Ève, Abraham et Sara, et tous les fidèles, ces mêmes bénédictions et connaîtront la continuation des postérités pour toujours ou accroissement éternel. 
SHIRLEY S. RICKS

Vie et mort spirituelles
Auteur : BERGIN, SUE

À la différence de la vie et de la mort physiques, sur lesquelles les gens n’ont guère de prise, la vie et la mort spirituelles sont des pôles opposés entre lesquels un choix est exigé. Les Écritures modernes disent que tous les hommes « sont libres de choisir la liberté et la vie éternelle, par l'intermédiaire du grand Médiateur de tous les hommes, ou de choisir la captivité et la mort, selon la captivité et le pouvoir du diable » (2 Né. 2:27). Cette opposition entre la vie et la mort est la dichotomie fondamentale de toute existence.

À l’un des pôles, il y a Jésus-Christ, qui est décrit dans toutes les Écritures comme étant la lumière et la vie (par exemple, Jn. 1:4 ; 3 Né. 15:9 ; D&A 10:70). Il est l'auteur de la vie physique, en tant que créateur de la terre et de son soleil qui y permet la vie (D&A 88:7), et de la vie spirituelle, étant celui qui donne la vie éternelle (3 Né. 15:9). Choisir la vie, c’est le suivre sur un chemin qui conduit à la liberté et à la vie éternelle.

Satan, au pôle opposé, est ténèbres et mort (par exemple, Ro. 6:23 ; Al. 15:17 ; D&A 24:1). Il est l'auteur de la mort temporelle, étant celui qui a incité Adam et Ève à provoquer la Chute, et de la mort spirituelle, étant le tentateur qui pousse les hommes à se séparer de Dieu par le péché. Choisir de suivre Satan en succombant au péché et résister aux supplications du Christ de se repentir, c’est choisir la mort.

La liberté de choisir efficacement entre la vie et la mort est un résultat de la rédemption du Christ (2 Né. 2:27) et c'est l’œuvre et la gloire de Dieu de « réaliser l'immortalité et la vie éternelle de l'homme » (Moï. 1:39).

Les Écritures parlent de deux morts spirituelles. La première s’est déjà abattue sur tous les humains suite à la Chute, séparant « toute l'humanité… de la présence du Seigneur » (Hél. 14:16). La seconde ne sera que pour ceux qui, après avoir une fois connu le Christ, le renient obstinément et refusent de se repentir, étant « de nouveau retranché[s] de ce qui a trait à la justice » (Hél. 14:18). La mort spirituelle ne signifie pas que l'esprit d'une personne meurt au sens littéral du terme (l'esprit est immortel), mais que l'on est dans « un état d'aliénation spirituelle par rapport à Dieu » (Smith, vol. 1, p. 45), une mort « quant à ce qui a trait à la justice » (Al. 12:16 ; 40:26). 

Comme les petits enfants ne sont pas capables de pécher (Mro. 8:10-14), la première mort spirituelle ne commence pour un individu sur la terre que lorsqu’il atteint l'âge de responsabilité (huit ans ; D&A 68:27). Généralement, en acquérant de la maturité, les hommes commencent à reconnaître les conséquences de leurs actes et à en devenir responsables (D&A 18:42). Dans la mesure où ils n'harmonisent pas leur comportement avec leur compréhension de la vérité et de ce qui est bon, ils créent un gouffre entre eux et Dieu, c’est à dire la mort spirituelle.

Paradoxalement, la première mesure prise pour surmonter cette situation l’a été avant que la Chute ne se produise : dans la vie prémortelle. Tous ceux qui sont nés ou qui naîtront sur cette terre ont choisi la vie physique et spirituelle lorsque, en tant qu’enfants d'esprit de Dieu, ils ont choisi de suivre le plan du Père pour la vie terrestre. Une fois qu’ils ont atteint l'âge de responsabilité pendant la vie terrestre, ils doivent de nouveau choisir.

Selon la compréhension des saints, le choix entre la vie et la mort spirituelles se fait au moment du baptême et de la confirmation, les ordonnances qui réconcilient symboliquement une personne avec Dieu et entament un processus de renaissance spirituelle qui va durer toute la vie. Une fois que l’alliance du baptême est faite et que le don du Saint-Esprit a été conféré, la nouvelle naissance symbolique doit être rendue réelle par l’effort quotidien pour se repentir et choisir la vie : le Christ et la justice. On ne fait pas le choix une fois pour toutes, mais de nombreuses fois pendant toute une vie.

Les saints des derniers jours ne considèrent pas une vie juste simplement comme une manière d'éviter un au-delà désagréable et de gagner une récompense céleste. Suivre le Christ est également le chemin du bonheur dans la condition mortelle. En conformant leur vie aux lois de Dieu, les hommes « sont bénis en tout, tant dans le temporel que dans le spirituel » (Mos. 2:41). C’est dans le Christ qu’est la vie abondante (Jn. 10:10) ; « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements » (Mt. 19:17).

Dans le sens de la vie au quotidien, le choix de la vie implique, pour les saints des derniers jours, aimer et servir les autres, prier et étudier chaque jour la parole de Dieu, répandre autour de soi la connaissance du Christ et de son plan, dire la vérité, rester chaste avant le mariage et fidèle après le mariage, élever des enfants avec patience et amour et être honnête en toutes choses. La vie abondante, c’est cela.

Dans la période postmortelle, la « vie » dépend de nouveau de l'expiation du Christ, qui surmonte la première mort spirituelle en donnant la possibilité à tous les hommes et femmes d’entrer en la présence de Dieu pour être jugés. À ce stade, tout le monde sera jugé digne d'un degré de gloire et de sa qualité de vie, à l’exception des fils de la perdition. Ceux-là subissent la seconde mort spirituelle pour avoir commis le péché impardonnable, qui est de nier le Christ en pleine connaissance de cause (D&A 76:30-38 ; HC 6:314). [Voir aussi Vie éternelle ; Mode de vie ; Opposition ; Mort spirituelle.]

Bibliographie
Hunter, Howard W. "The Golden Thread of Choice". Ensign 19, nov. 1989, p. 17-18.
Smith, Joseph Fielding. DS, 3 vols.
SUE BERGIN
 
Vie prémortelle
Auteur : BROWN, GAYLE OBLAD

Avant leur naissance, les êtres humains ont existé comme hommes et femmes dans un état spirituel et ont donc coexisté avec le Père et le Fils. Cette période de la vie est également appelée premier état ou préexistence.

La Bible introduit la notion que l’humanité a eu une période de préparation avant la naissance sur terre. Le Seigneur dit à Jérémie : « Avant que je t’eusse formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu fusses sorti de son sein, je t’avais consacré, je t’avais établi prophète des nations » (Jé. 1:5), et l’Ecclésiaste affirme que « l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné » (Ec. 12:7). Dans d’autres Écritures, telles qu’Alma 13:3, il est écrit que les prêtres « étaient appelés et préparés dès la fondation du monde, selon la prescience de Dieu, à cause de leur foi extrême et de leurs bonnes œuvres ».

Il y a en effet des indications que l’intelligence qui habite chaque personne est coéternelle avec Dieu. Elle a toujours existé et n’a jamais a été créée ni faite (D&A 93:29). En temps voulu cette intelligence a reçu un corps d’esprit, devenant enfant d’esprit de Dieu, le Père éternel, et son épouse bien-aimée, notre mère céleste. Cet esprit, habité par l’intelligence éternelle, a pris la forme de ses créateurs et est à leur image (Ballard, p. 140).

Il a été révélé au prophète Joseph Smith que nous sommes tous fils et filles spirituels littéraux de parents célestes. Il a reçu la révélation d’une information donnée autrefois à Moïse : « Je suis Dieu ; j’ai fait le monde, et les hommes avant qu’ils ne fussent dans la chair » (Moï. 6:51). Ceci correspond à ce que laisse entendre Nombres 16:22, que Dieu est le Père de tous et est par conséquent « le Dieu des esprits de toute chair ».

Les intelligences ont été organisées avant que le monde soit et parmi elles il y en avait beaucoup de grandes et de nobles comme Abraham et Moïse. Dieu s’est tenu parmi elles, a vu qu’elles étaient bonnes et les a choisies pour recevoir des responsabilités sur terre et tout au long de l’éternité (Abr. 3:21-23). Jésus, l’esprit premier-né, était prééminent parmi elles. « Jésus… existait avec le Père avant sa naissance dans la chair ; et… dans l’état pré-existant il fut choisi et ordonné pour être le seul et unique Sauveur et Rédempteur du genre humain » (JC, p. 7).

La révélation montre que tout, même la terre elle-même, a eu une existence d’esprit avant la création physique. Joseph Fielding Smith écrit : « Ce n’est pas seulement l’homme qui a un esprit, et par là une âme vivante, mais, de même, les animaux des champs, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer ont un esprit et sont par conséquent des âmes vivantes… Les poissons, les oiseaux, les animaux des champs ont vécu avant d’être mis naturellement sur cette terre, ainsi que les plantes qui sont sur la face de la terre. L’esprit qui possède le corps des animaux est à la similitude de leur corps » (DS1:68). « Car moi, le Seigneur Dieu, je créai spirituellement toutes les choses dont j'ai parlé, avant qu'elles fussent naturellement sur la surface de la terre… Et moi, le Seigneur Dieu, j'avais créé tous les enfants des hommes, mais pas encore d'homme pour cultiver le sol ; car c'est dans le ciel que je les avais créés » (Moï. 3:5).

Le prophète Joseph Smith a enseigné que « Dieu lui-même, se trouvant au milieu des esprits et de la gloire, vit, parce qu’il était plus intelligent, qu’il était utile d’instituer des lois grâce auxquelles le reste [des intelligences] aurait la possibilité d’avancer comme lui » (EPJS, p. 287). Son plan était d’envoyer ses fils et ses filles sur la terre (le second état) pour obtenir un corps de chair et d’os et apprendre par expérience par les vicissitudes terrestres, sans aucun souvenir du premier état et avec la possibilité d’échouer ou de réussir.

Lors d’un Conseil dans les cieux réuni pour donner un aperçu de la vie terrestre, le Seigneur convoqua ses enfants d’esprit et présenta le plan du salut par lequel ils allaient venir sur cette terre, connaître la vie terrestre avec un corps physique, passer par une épreuve dans la condition mortelle et progresser vers une exaltation plus élevée. Il fut expliqué comment et selon quel principe le salut, l’exaltation et la gloire éternelle des fils et des filles de Dieu seraient réalisés (cf. DS1:58). Le Premier-né de Dieu se proposa pour mettre en application le plan du salut (Abr. 3:27). Lucifer, qui était également un fils du Père, se présenta avec une contre-proposition : « Me voici, envoie-moi, je serai ton Fils et je rachèterai toute l'humanité, de sorte que pas une seule âme ne sera perdue, et je le ferai certainement ; c'est pourquoi donne-moi ton honneur » (Moï. 4:1). Alors qu’il jouissait déjà d’une position élevée, Lucifer voulait encore aller plus haut sans souci des droits et du libre arbitre des autres, cherchant à détruire le libre arbitre de l’homme (JC, p. 7-8). Le Père dit : « J’enverrai le premier » (Abr. 3:27).

Cette décision amena les armées du ciel à prendre position et un tiers se rebella et, avec Lucifer, fut chassé du ciel. « Ils se virent refuser l’avantage de naître dans ce monde et de recevoir un corps mortel… Le Seigneur les chassa sur la terre où ils devinrent les tentateurs de l’humanité » (DS 1:69 ; cf. Jude 1:6).

James E. Talmage a écrit : « L’offre du Premier-Né d’établir l’évangile de salut par son ministère parmi les hommes, et de se sacrifier, par le travail, l’humiliation et la souffrance jusqu’à la mort, fut acceptée et devint le plan préordonné grâce auquel l’homme serait racheté de la mort, serait finalement sauvé des effets du péché et pourrait être exalté par une vie d’activité et de justice » (JC, p. 21-22). Joseph Fielding Smith explique : « Dieu a donné à ses enfants leur libre arbitre déjà dans le monde d’esprit, grâce à quoi chaque esprit avait la possibilité, tout comme les hommes ici-bas, de choisir le bien et de rejeter le mal, ou de faire le mal pour souffrir les conséquences de leurs péchés » (p. 318-319).

Alma le Jeune, prophète du Livre de Mormon explique encore plus en détail les possibilités présentées aux enfants d’esprit de Dieu dans l’existence prémortelle : « Ils étaient laissés libres, dès le départ, de choisir le bien ou le mal ; et ayant alors choisi le bien et exerçant une foi extrêmement grande, ils sont appelés d'un saint appel… à cause de leur foi, tandis que d'autres rejetaient l'Esprit de Dieu à cause de l'endurcissement de leur cœur et de l'aveuglement de leur esprit, alors que, sans cela, ils auraient pu avoir une bénédiction aussi grande que leurs frères. En bref, au départ, ils étaient sur le même pied que leurs frères ; ainsi, ce saint appel fut préparé dès la fondation du monde pour ceux qui ne s'endurciraient pas le cœur, dans et par l'expiation du Fils unique » (Alma 13:3-5 ; italiques ajoutés). Le « premier état » désigne ici notre premier état ou l’existence prémortelle.

Nous voyons dans la doctrine de la préordination suggérée dans le passage ci-dessus que beaucoup viennent probablement sur terre avec des appels et des responsabilités déjà désignés. Le prophète Joseph Smith a enseigné : « Quiconque est appelé à exercer un ministère auprès des habitants du monde a été ordonné à ce but même dans le grand conseil grand des cieux avant que le monde fût » (EPJS, p. 296). Des esprits prémortels nobles et grands furent montrés à Abraham et le Seigneur lui dit : « Abraham, tu es l'un d'eux ; tu fus choisi avant ta naissance » (Abr. 3:22-23). Le livre apocryphe de Tobit suggère aussi l’idée qu’il y a eu, dans une vie prémortelle, des tâches qui pourraient affecter la condition mortelle (6:17). Cependant, même si certains peuvent être préordonnés à des missions spéciales sur terre, Joseph Fielding Smith dit que « personne n’a été préordonné ou nommé pour pécher ou pour accomplir une mission mauvaise » (DS1:66). Les préordinations et les nominations ne proscrivent pas le libre arbitre de l’individu.

La façon dont on a vécu dans le monde d’esprit influence probablement les dispositions et les désirs dans la condition mortelle. Parmi ceux qui étaient nobles et grands dans ce monde précédent, le Seigneur en choisit pour en faire ses prophètes et ses gouverneurs sur terre dans le second état, parce qu’il les connaissait avant leur naissance et qu’il savait qui serait susceptible de le servir dans la condition mortelle. Les caractéristiques de l’esprit, qui ont été acquises pendant les expériences de l’ancienne existence, peuvent jouer un rôle important dans la progression de l’homme durant la vie terrestre (cf. DS1:60). « Avant même de naître, ils avaient reçu, avec bien d'autres, leurs premières leçons dans le monde des esprits et avaient été préparés pour paraître au temps fixé du Seigneur pour travailler dans sa vigne au salut de l'âme des hommes » (D&A 138:56).

Cette notion que les enfants d’esprit de Dieu ont acquis certaines capacités caractéristiques, mais sont pourtant venus sur terre dans l’oubli, est semblable à celle exprimée dans le poème de Wordsworth « Ode : Prémonitions d’immortalité à partir de réminiscences de la tendre enfance » : « Notre naissance n’est que sommeil et oubli… C’est en traînant derrière nous des nuées de gloire que nous venons de Dieu, qui est notre demeure » (versets 58, 64-65). Orson Hyde, un apôtre, dit que l’absence de souvenirs ne signifie pas que l’humanité n’a pas eu de vie prémortelle. Il explique que beaucoup de gens quittent leur patrie pour vivre dans un autre pays, et pourtant après un certain nombre d’années, le souvenir de ce pays d’origine peut être presque effacé comme s’il n’avait jamais existé. « Nous avons oublié !… Mais notre manque de mémoire ne peut pas changer les faits » (JD 7:315).

Ainsi, pour les saints des derniers jours, la vie prémortelle est caractérisée par l’individualité, le libre arbitre, l’intelligence et la possibilité de progresser éternellement. C’est un point de doctrine fondamental de la théologie de l’Église et il permet de mieux comprendre la question historique : « D’où vient l’homme ? »

Bibliographie
Ballard, Melvin J. Sermons and Missionary Services of Melvin J. Ballard, comp. Bryant S. Hinckley, p. 140. Salt Lake City, 1949.
Smith, Joseph Fielding. "Is Man Immortal ?" IE 19, févr. 1916, p. 318-319.
GAYLE OBLAD BROWN
 
Visions
Auteur : BERGIN, ALLEN E.
 
Une vision de Dieu est une forme de révélation par laquelle Dieu se révèle lui-même et sa volonté. C'est un mode visuel de communication divine, contrairement aux situations dans lesquelles on entend prononcer des mots ou reçoit des impressions dans son esprit. L’expérience des saints des derniers jours est conforme aux précédents bibliques dans son affirmation que les visions constituent une marque de l'approbation divine. C’est ce genre de manifestations célestes qui ont informé et ont dirigé les prophètes de l'Ancien Testament (par exemple, Daniel, Ésaïe) et les apôtres du Nouveau Testament (par exemple, Pierre, Paul). Elles ont pareillement fait partie du fondement de révélation sur lequel les prophètes et les apôtres modernes ont affirmé leur témoignage du Seigneur. Les visions de Joseph Smith et des prophètes du Livre de Mormon sont comparables à celles des autres ères testamentaires. Ces périodes historiques de témoignage – l’Ancien, le Nouveau, le Livre de Mormon et les Derniers jours – présentent des formes semblables de la révélation de Dieu. Chacune de ces dispensations de l'Évangile a comporté des visions qui communiquaient la volonté du Seigneur pour l’époque.

Une expérience d'une vision du temps de l'Ancien Testament est « L’Éternel parlait avec Moïse face à face, comme un homme parle à son ami » (Ex. 33:11). De même, Moïse « vit Dieu face à face et parla avec lui, et la gloire de Dieu fut sur Moïse ; c'est pourquoi Moïse put supporter sa présence » (Moï. 1:2). La vision d’Étienne dans Actes 7:55-56 n’en est pas moins frappante : « Mais Étienne, rempli du Saint–Esprit, et fixant les regards vers le ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. Et il dit : Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. » La vision de Joseph Smith et de Sidney Rigdon rapportée dans D&A 76:19 est du même genre : « Le Seigneur toucha les yeux de notre entendement, et ils furent ouverts… Et nous vîmes la gloire du Fils, à la droite du Père. » Chaque vision est sans équivoque et est accompagnée de l'Esprit du Seigneur (voir Visions de Joseph Smith).

Ces témoignages distinctifs ancrent tout reste de la communion de Dieu par un lien visuel avec un monde habituellement invisible qui dirige le destin de l'humanité. Ils donnent une impression vive de la nature de Dieu et de son dessein pour le monde qui donne une cohérence à toutes les autres Écritures et inspirations. L'illumination spirituelle, visuelle ou autre, est dépendante de la foi et de la confiance au Seigneur ainsi que de l'obéissance. Quand ils rejettent la volonté du Seigneur ou s’en écartent, les hommes se retirent de son Esprit (Mos. 2:36) et les visions cessent.

Dans la doctrine des saints des derniers jours, les visions sont des perceptions, facilitées par l'Esprit, de quelque chose d'habituellement invisible aux êtres humains. Les choses révélées sont considérées comme faisant partie de la réalité universelle. Ce processus est conforme à la loi naturelle et n'est pas « surnaturel » dans le sens habituel du terme. Il est analogue au fait que certains phénomènes physiquement réels, tels que les rayons X et les particules atomiques, ne sont pas visibles par les sens ordinaires mais peuvent être détectés par les instruments scientifiques. Dans le cas des visions, l'instrument est la personne et le mécanisme de l'observation est la foi aidée par l'Esprit de Dieu.

Il est essentiel de distinguer les visions authentiquement révélées des images auto-induites, des rêves où les souhaits se réalisent, des erreurs de perception, des tromperies sataniques et des hallucinations pathologiques, toutes choses qui ont été abondantes dans l'histoire humaine. Les fausses visions sont le résultat d’une recherche de « signes » ; les visions authentiques se produisent habituellement à l’improviste. « Celui qui cherche des signes verra des signes, mais pas pour le salut… la foi ne vient pas par les signes, mais les signes suivent ceux qui croient » (D&A 63:7, 9).

Certains critères aident à juger de l'authenticité d’une révélation quelconque, y compris d’une vision : 

• Elle fortifie la foi en Jésus-Christ, le Fils de Dieu, et en sa mission et sa doctrine divines. 

• Elle est confirmée par le témoignage du Saint-Esprit donné au chercheur sincère. 

• Elle est habituellement reçue et rapportée par un serviteur ordonné du Seigneur, souvent au nom du Seigneur. Elle est déclarée clairement et sans équivoque et est d’application générale à un peuple ou à une époque ou à tous les hommes à toutes les époques. D’autres peuvent avoir des visions inspirées, mais elles s’appliquent expressément à ces personnes ou à ces situations. 

• Le témoignage est habituellement soutenu par des témoignages supplémentaires tels que l'accompagnement de l'Esprit de Dieu, d'autres manifestations ou la parole d’autres testateurs. 

• Elle est conforme aux principes scripturaires et à la doctrine établie. 

• Celui qui reçoit et remet le message est moralement droit, honnête et humblement obéissant aux commandements de Dieu. 

• Le contenu révélé et le comportement recommandé se présentent comme bons et vrais. 

• Les conséquences, quand on suit l'information ou la directive, sont salutaires pour la personne et pour les autres, excepté dans les cas où la vision contient une réprimande pour iniquité ou une prophétie de destruction. 

• Une impression d’illumination, d'édification et de paix plutôt que d'inquiétude ou de confusion suit la réception ou la prise de conscience de la vision. 

• Elle n'est pas induite par des drogues, de l’érotisme, des rituels violents ou surexcités ni par le culte de faux esprits.

On affirme souvent que les visions ne sont que le résultat normal de la psychologie, de la biologie, de la culture ou de l’emploi de drogue, mais ce point de vue n’a jamais été étayé de manière convaincante. De telles interprétations sont utiles pour une gamme étroite de phénomènes explicables mais n'atteignent pas le domaine transcendant et inspirant des vraies visions. Les théories depuis la psychanalyse freudienne jusqu’à la psychobiologie moderne des rêves et des états de conscience altérés ne suffisent pas pour comprendre les concepts divinement donnés.

Bibliographie
Flusser, David. "Visions". Dans Encyclopaedia Judaica, Vol. 16, p. 166-168. Jérusalem, 1972.
Nibley, Hugh W. Enoch the Prophet. Dans CWHN, Vol. 2.
ALLEN E. BERGIN

Visions de Joseph Smith
Auteur : PORTER, LARRY C.
 
Les prophètes antiques étaient habituellement appelés par un processus de révélation : des visions et/ou des révélations : « Lorsqu’il y aura parmi vous un prophète, c’est dans une vision que moi, l’Éternel, je me révélerai à lui, c’est dans un songe que je lui parlerai » (No. 12:6). Le prophète Joël a prédit que les visions augmenteraient dans les derniers jours, disant : « Vos vieillards auront des songes, et vos jeunes gens des visions » (Joël 2:28-32).

Le prophète Joseph Smith eut sa première vision à l'âge de quatorze ans tandis qu’il priait dans un bosquet dans l’ouest de l’État de New York (voir Première Vision). L'apparition du Seigneur, dans son cas comme dans celui de Saul de Tarse, s’accompagna d’une lumière brillante venue du ciel (Ac. 9:3). Le Seigneur parla face à face avec Joseph et l'appela à son service. Ce fut la première d'une série de visions que Joseph Smith reçut, dont beaucoup furent racontées à d'autres personnes. Béni comme Jean sur l'île de Pathmos et Paul qui parla du troisième ciel, le prophète Joseph Smith a affirma : « Si vous pouviez regarder cinq minutes dans le ciel, vous en sauriez plus que vous n’en sauriez en lisant tout ce qui a jamais été écrit sur le sujet » (EPJS, p. 262 ; cf. HC 6:50). Il a également déclaré que « la meilleure manière d'obtenir la vérité et la sagesse n'est pas de la demander à des livres, mais d’aller trouver Dieu dans la prière et d’obtenir l'enseignement divin » (EPJS, p. 154).

Le président John Taylor a dit que Joseph Smith avait des contacts avec des prophètes de toutes les dispensations : 

« Puisqu'il [Joseph] était à la tête de la dispensation de la plénitude des temps, qui comprend toutes les diverses dispensations qui ont existé sur la terre, et que comme les Dieux dans les mondes éternels et la Prêtrise qui officiait dans le temps et l'éternité avaient déclaré qu'il était temps de faire paraître ces choses, ils s’étaient tous unis pour lui donner les clefs de leur mission respective » [JD 18:326].

Une nouvelle dispensation exige que soient conférées prêtrise et clefs, selon la loi des témoins : « Toute affaire se réglera sur la déclaration de deux ou de trois témoins » (2 Co. 13:1). Pendant la période de rétablissement où la prêtrise et les clefs furent conférées par des messagers célestes, le prophète était accompagné d'un ou de plusieurs témoins. Oliver Cowdery était une figure principale dans l'accomplissement de cette loi des témoins (voir Témoins, loi des) ; les autres furent David Whitmer, Martin Harris et Sidney Rigdon. Faisant la distinction entre les rêves et les visions et associant les visions et les visitations, Joseph dit : « Une vision ouverte manifestera ce qui est le plus important » (EPJS, p. 128). Les visions cruciales reçues par le prophète Joseph Smith sont la source de beaucoup de points de doctrine et d’enseignements essentiels des saints des derniers jours.

LA PREMIÈRE VISION. Lucy Mack Smith raconte que pendant que la famille de Joseph Smith, père, exploitait sa ferme à Manchester (New York) pendant la période de 1820, « il y eut un grand réveil religieux qui s'étendit à toutes les confessions chrétiennes des environs » Lucy et trois des enfants se rallièrent à la Western Presbyterian Church de Palmyra, mais Joseph ne s’affilia à rien. Il devait écrire plus tard : « Il était impossible… de décider d'une manière sûre qui avait raison et qui avait tort. » (JS–H 1:8). Réagissant au conseil biblique : « Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée » (Ja. 1:5), Joseph se retira dans les bois et fit ce qu'il appela sa « première prière à haute voix » Sa prière pleine de foi fut exaucée. Joseph écrit : « Je vis deux Personnages dont l'éclat et la gloire défient toute description, et qui se tenaient au-dessus de moi dans les airs. L'un d'eux me parla, m'appelant par mon nom, et dit, en me montrant l'autre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoute-le ! » Répondant à sa question sur le point de savoir à quelle Église il devait se joindre, le Seigneur lui dit de ne se joindre à aucune d’elles, disant qu’il devait rester comme il était « jusqu'à ce que je reçusse d’autres directives » (JS–H 1:17-19, 26). Quand Joseph sortit du bosquet, il possédait la connaissance que Dieu et son Fils étaient les personnalités réelles, que la Divinité se composait de personnes distinctes et que Dieu entend les prières et y répond. Il savait aussi qu'il ne devait pas s’affilier aux confessions existantes (Backman, 1971, p. 206-208). Cette vision déclencha une succession de visitations de la part de messagers célestes qui guidèrent le jeune prophète dans le processus du rétablissement de l'Évangile de Jésus-Christ.

VISITATIONS DE MORONI. Le prophète continua à vaquer à ses activités ordinaires jusqu'au 21 septembre 1823, tout en « subissant constamment de dures persécutions de la part de toutes sortes de gens » en partie à cause de ses affirmations au sujet de sa Première Vision (JS–H 1:27). Tandis qu’il priait ce soir-là pour savoir où il en était devant Dieu, un ange apparut à son chevet, disant qu'il avait été envoyé de la présence de Dieu et que son nom était Moroni. Il expliqua « que Dieu avait une œuvre à [lui] faire accomplir, et que [son] nom serait connu en bien et en mal parmi toutes les nations » (JS–H 1:33). Il lui parla d'un livre qui avait été écrit sur des plaques d'or, racontant l’histoire des anciens habitants du continent. Le livre contenait la plénitude de l'Évangile éternel telle qu’elle avait été remise par le Sauveur à ces gens. Une vision fut également accordée à Joseph d’une colline voisine et de l'endroit où les plaques contenant ces annales étaient déposées.

Le jour suivant, Joseph se rendit à la colline, que ses disciples appelèrent plus tard Cumorah, enleva un couvercle de pierre et vit le contenu du coffre qui était dessous, les plaques, l'urim et le thummim, et un pectoral. L'ange reparut et l'informa que le moment de déplacer les plaques n'était pas arrivé et qu'il devait le retrouver pendant quatre années au même endroit pour recevoir des enseignements complémentaires (JS–H 1:53). Une autre vision s’ouvrit à la vue de Joseph et il vit « le prince des ténèbres, entouré par son innombrable suite de complices ». Le messager céleste dit : « Tout ceci t’est montré, le bien et le mal, le saint et l’impur, la gloire de Dieu et le pouvoir des ténèbres, afin que tu les distingues dorénavant et ne te laisses jamais influencer ou vaincre par le malin » (Messenger and Advocate 2:198).

De 1824 à 1827, Joseph retourna tous les ans à la colline comme stipulé. Le 22 septembre 1827, il rencontra l'ange et reçut ses instructions finales concernant les annales. Moroni les lui donna à traduire. Joseph dit : « Le même messager céleste me les remit avec cette consigne : que j'en serais responsable ; que si je les perdais par insouciance ou négligence de ma part, je serais retranché ; mais que si j'employais tous mes efforts à les conserver jusqu'à ce que lui, le messager, vînt les réclamer, ils seraient protégés » (JS–H 1:59). Le messager ne limita pas son enseignement à ces seules rencontres annuelles, mais prit contact avec Joseph à de nombreuses occasions (Peterson, p. 119-120). En tout, l'ange Moroni visita Joseph Smith au moins vingt fois (voir Moroni, Visitations de). Joseph affirma à ses collaborateurs que d'autres prophètes du Livre de Mormon lui avaient également rendu visite, notamment Néphi, fils de Léhi (Cheesman, p. 38-60). Lucy Mack Smith écrit que, grâce à cette formation, son fils Joseph était en mesure de décrire « avec beaucoup de facilité » les anciens habitants de l'Amérique, « leur habillement, leur façon de voyager et les animaux qu’ils montaient ; leurs villes, leurs bâtiments dans le détail, leur façon de faire la guerre et également leur culte religieux » (p. 83).

JEAN-BAPTISTE. Le 15 mai 1829, tandis qu’ils traduisaient le Livre de Mormon à Harmony (Pennsylvanie), Joseph Smith et Oliver Cowdery se mirent à se poser des questions au sujet du baptême pour la rémission des péchés décrit dans 3 Néphi 11. Ils allèrent dans les bois pour prier afin d’être éclairés. Tous deux écrivent qu'un messager céleste, qui se dit être Jean-Baptiste, posa les mains sur eux et les ordonna à la Prêtrise d'Aaron en disant : « À vous, mes compagnons de service, au nom du Messie, je confère la Prêtrise d'Aaron, qui détient les clefs du ministère d'anges, de l'Évangile de repentir et du baptême par immersion pour la rémission des péchés ; et cela ne sera plus jamais enlevé de la terre, jusqu'à ce que les fils de Lévi fassent de nouveau une offrande au Seigneur selon la justice » (JS–H 1:69 ; D&A 13 ; cf. EPJS, p. 138).

PIERRE, JACQUES ET JEAN. Jean-Baptiste informa aussi Joseph et Oliver que « cette Prêtrise d'Aaron n'avait pas le pouvoir d'imposer les mains pour le don du Saint-Esprit, mais que cela nous serait conféré plus tard ». Jean dit « qu'il agissait sous la direction de Pierre, Jacques et Jean, lesquels détenaient les clefs de la Prêtrise de Melchisédek, Prêtrise qui, dit-il, nous serait conférée en temps voulu » (JS–H 1:70-72).

Ce rétablissement se produisit vers la fin mai ou le début juin 1829, quelque part entre Harmony et Colesville sur le fleuve Susquehanna (voir Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek). Joseph Smith devait témoigner plus tard à propos de cette visitation : « La prêtrise est éternelle. Le Sauveur, Moïse et Élie ont donné les clefs à Pierre, Jacques et Jean sur la montagne quand ils ont été transfigurés devant lui…. Comment sommes-nous arrivés à la prêtrise dans les derniers jours ? Elle est descendue, descendue en une succession régulière. Pierre, Jacques et Jean l'ont reçue et ils nous l'ont donnée. » (WJS, p. 9)

TROIS TÉMOINS DU LIVRE DE MORMON. Par révélation, Oliver Cowdery, David Whitmer et Martin Harris furent choisis pour être témoins des plaques et de l’authenticité de la traduction du Livre de Mormon (2 Né. 11:3 ; 27:12 ; Ét. 5:2-4 ; D&A 5:11-18 ; D&A 17). Pendant la dernière partie de juin 1829, en compagnie de Joseph Smith, ces trois hommes se rendirent dans les bois attenants à la maison Whitmer à Fayette (New York) et s’agenouillèrent pour prier. Comme ils ne recevaient pas immédiatement la révélation promise, Martin Harris dit qu'il pensait que c’était peut-être lui la cause de leur échec. Après que Martin Harris se fut retiré, les autres se remirent à genoux pour prier. David Whitmer décrit la visitation de Moroni : 

« L'ange se tint devant nous. Il était vêtu de blanc et parla et m'appela par mon nom et dit : « Béni celui qui garde ses commandements… » Une table fut mise devant nous et dessus les annales des Néphites dont le Livre de Mormon avait été traduit, les pectoraux [et également l'urim et le thummim], la boule directrice [Liahona], l'épée de Laban et d'autres plaques. Tandis que nous les regardions, la voix de Dieu parla des cieux, disant que le livre était vrai et que la traduction en était correcte [cité dans « Letter from Elder W. H. Kelley », Saints’ Herald 29, 1er mars 1882, p.68].

Par la suite, Joseph alla retrouver Martin Harris et ils eurent ensemble une manifestation semblable. Les trois témoins approuvèrent plus tard une déclaration décrivant leur expérience qui accompagne tous les exemplaires du Livre de Mormon. Ils jurèrent qu'ils avaient vu l'ange et les plaques et que « nous savons aussi qu'elles ont été traduites par le don et le pouvoir de Dieu, car sa voix nous l'a déclaré » (voir Témoins du Livre de Mormon). Plus tard, huit autres eurent le privilège de voir et de manipuler les plaques, mais sans la présence de l'ange et sans avoir entendu la voix de Dieu.

VISION DES GLOIRES. Pendant qu’il rédigeait le texte de sa traduction de la Bible, Joseph Smith alla s’installer avec Sidney Rigdon chez John Johnson à Hiram (Ohio), le 12 septembre 1831. Pendant que les deux hommes travaillaient à l'évangile de Jean, il devint évident pour eux que beaucoup de points importants au sujet du salut des hommes avaient été perdus dans la Bible. Joseph écrit : « D’après les vérités qui restaient, il semblait qu’il allât de soi que si Dieu récompensait chaque homme selon les actions accomplies dans le corps, le terme ‘ciel’, signifiant la demeure éternelle des saints, devait comprendre plus d’un royaume » (HC 1:245). Le 16 février 1832, dans une pièce à l’étage de la maison Johnson, tandis que Sidney Rigdon et lui examinaient le passage de Jean 5:29, ils eurent une vision à plusieurs facettes (D&A 76), débutant par une vision du Père et du Fils dans la gloire la plus élevée. Cette scène fut suivie d'une série de visions, dont la Perdition et les fils de Perdition et puis des royaumes de gloire céleste, terrestre et téleste. Un témoin, Philo Dibble, qui se trouvait dans la pièce, devait se souvenir que les deux hommes restèrent immobiles pendant environ une heure. L’un disait : « Qu’est-ce que je vois » et le décrivait, et l'autre disait : « Je vois la même chose » (Juvenile Instructor 27, 15 mai 1892, p. 303-304).

Il est clair que le prophète Joseph Smith ne communiqua pas tout ce qu’il avait vu dans la vision, car il dit plus tard : « Je pourrais en expliquer cent fois plus que je ne l’ai jamais fait sur les gloires des royaumes qui m’ont été manifestées dans la vision, si cela m’était permis et si le peuple était prêt à le recevoir » (EPJS, p. 246).

VISIONS DU TEMPLE DE KIRTLAND. Du 21 janvier au 1er mai 1836, beaucoup de saints de Kirtland connurent un déversement de l'Esprit, « une période de Pentecôte ». Le 21 janvier, le prophète se réunit avec d'autres dans la salle de classe ouest du deuxième étage du temple de Kirtland. Joseph y eut une vision du royaume céleste de Dieu (D&A 137). Il vit le Père et le Fils et plusieurs personnalités antiques, notamment Adam, Abraham et sa propre mère et son père (tous les deux encore en vie) et son frère Alvin, qui était mort en 1823 (verset 5). Comme Joseph s'étonnait de la place d'Alvin dans le royaume céleste, la voix du Seigneur déclara : « Tous ceux qui sont morts sans connaître l'Évangile, qui l'auraient reçu s'il leur avait été permis de demeurer, seront héritiers du royaume céleste de Dieu » (verset 7). Il fut également instruit sur le destin des petits enfants. Le prophète écrit : « je vis aussi que tous les enfants qui meurent avant de parvenir à l'âge de responsabilité sont sauvés dans le royaume céleste de Dieu » (verset 10).

Pendant la consécration du temple de Kirtland, qui eut lieu le 27 mars 1836, beaucoup témoignèrent de la présence d’anges. Le prophète identifia explicitement les anciens apôtres Pierre et Jean comme étant présents parmi eux (Backman, The Heavens Resound, 1983, p. 299-300 ; cf. JD 9:376).

Une semaine plus tard, le 3 avril 1836, Joseph Smith et Oliver Cowdery s'étaient retirés aux pupitres de la Prêtrise de Melchisédek du côté ouest du rez-de-chaussée du temple. Les rideaux furent baissés autour de la zone des pupitres tandis que les hommes priaient. « Le voile fut enlevé de notre esprit, et les yeux de notre entendement furent ouverts » (D&A 110:1). Le Seigneur se tint devant eux sur la balustrade du pupitre. « Ses yeux étaient comme une flamme de feu, ses cheveux étaient blancs comme la neige immaculée, son visage était plus brillant que l'éclat du soleil et sa voix était comme le bruit du déferlement de grandes eaux, oui, la voix de Jéhovah » (D&A 110:3). Le Sauveur accepta le nouvel édifice et promit que son nom et sa gloire seraient présents et que des milliers de personnes recevraient un déversement de bénédictions à cause du temple et de la Dotation reçue par ses serviteurs dans cette maison (D&A 110:6-9).

Après l'apparition du Sauveur, trois autres messagers se présentèrent. Chacun conféra aux deux dirigeants des clefs spécifiques de la prêtrise. Moïse vint et « [leur] remit les clefs du rassemblement d'Israël » (verset 11). Lorsque Moïse partit, Élias, qui possédait les clefs « de l'Évangile d'Abraham », apparut et remit les clefs de cette dispensation, disant « qu'en nous et en notre postérité toutes les générations après nous seraient bénies » (verset 12). D'autres clefs de la prêtrise furent rétablies par Élie, qui déclara : « Voici, le temps est pleinement arrivé, ce temps dont il a été parlé par la bouche de Malachie, lorsqu'il a témoigné qu'il [Élie] serait envoyé… pour tourner le cœur des pères vers les enfants, et les enfants vers les pères » (versets 14-15 ; voir aussi Alliance abrahamique ; Évangile d'Abraham).

AUTRES MANIFESTATIONS CÉLESTES. Divers récits affirment que d'autres personnes furent également témoins de telles apparitions non seulement par rapport au temple de Kirtland mais précédemment lors de réunions dans l'école de rondins à la ferme d'Isaac Morley et à l'école des prophètes tenue dans le magasin de Newel K. Whitney (K. Anderson, p. 107-113, 169-177 ; Backman, The Heavens Resound, 1983, p. 240, 264-68, 284-309).

Les visions mentionnées ci-dessus ne sont que quelques-unes des manifestations innombrables qui guidèrent le prophète. Joseph mentionne en avoir vu d’autres en vision, notamment Michel, Gabriel et Raphaël, mais ne donne pas de détails (D&A 128:20-21). Le président John Taylor identifie encore d'autres personnages qui servirent le prophète, notamment Adam, Seth, Hénoc, Noé, Abraham, Isaac et Jacob (JD 17:374 ; 18:325-26 ; 21:65, 94, 161 ; 23:48).

Un auteur a fait ce commentaire : « Il avait des visions du passé aussi bien que du futur. Comme voyant, il connaissait des choses sur le passé qui ne font pas partie de nos Écritures, mais qu’il mentionnait dans ses discours » (Madsen, p. 44). « J'ai vu Adam dans la vallée d'Adam-ondi-Ahman » (EPJS, p. 158). À Joseph Knight, père, le prophète commenta sur les perspectives que lui ouvraient l'urim et le thummim, qu'il avait trouvés déposés avec les plaques d'or. Knight explique : « Il semblait penser plus des lunettes ou de l'urim et du thummim… il dit : « Je peux tout voir ; elles sont merveilleuses » (Jessee, 1976, p. 33). En conséquence, après avoir lu le Livre des Martyrs de Foxe, Joseph fit la réflexion qu'il « avait vu ces martyrs et ils étaient des disciples honnêtes et dévoués du Christ, selon la lumière qu’ils possédaient et ils seront sauvés » (Stevenson, p. 6). Il vit en vision des marcheurs du camp de Sion qui avaient péri du choléra dans le comté de Clay, au Missouri. Il relata leur situation, observant aux survivants : « Frères, j'ai vu ces hommes qui sont morts du choléra dans notre camp ; et le Seigneur sait que si j'obtiens une demeure aussi lumineuse que la leur, je n’en demande pas plus » (HC 2:181 n). L’organisation du Collège des douze apôtres et du premier collège des soixante-dix lui fut révélée « par la vision et par le Saint-Esprit » et il créa ces offices dans la prêtrise en février 1835 (HC 2:182). Dans une vision plus ancienne, il vit « les douze apôtres de l'Agneau, qui sont maintenant sur la terre, qui détiennent les clefs de ce dernier ministère ; ils étaient dans des pays étrangers, debout ensemble en cercle, très fatigués, les vêtements en lambeaux et les pieds enflés, les yeux baissés, et Jésus debout au milieu d’eux, et ils ne le voyaient pas. Le Sauveur les contemplait et pleurait » (HC 2:381). Il eut une vision qui lui permit d'indiquer « le lieu central » à Independence (Missouri) (EPJS, p. 60). Il expliqua à propos d'une vision de la résurrection des morts : « La vision était si claire que j’ai réellement vu des hommes, avant qu’ils ne fussent sortis de la tombe, comme s’ils se levaient lentement » (EPJS, p. 238). Il eut également la vision des temples de Kirtland et de Nauvoo avant leur construction et donna des instructions détaillées aux architectes, décrivant les fenêtres et leur illumination (JD 13:357 ; 14:273 ; HC 6:196-97). Il vit d’avance les difficultés rencontrées par les saints lors de la traversée des plaines, leur installation dans les montagnes Rocheuses et le futur état des saints (HC 5:85 n-86n).

Vers la fin de sa vie, il fit cette réflexion : « C'est ma méditation tout le jour et davantage que ma nourriture et ma boisson que de savoir comment faire comprendre aux saints de Dieu les visions qui déferlent comme une vague débordante devant mon esprit » (WJS, p. 196).

Bibliographie
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Stevenson, Edward. Reminiscences of Joseph, the Prophet. Salt Lake City, 1893.
LARRY C. PORTER

Y

Young, Brigham

[Cette rubrique se compose de deux articles : 
Young, Brigham : Brigham Young
Young, Brigham : Enseignements de Brigham Young 
Brigham Young est une biographie du célèbre dirigeant pionnier et deuxième président de l’Église. Enseignements de Brigham Young donne un aperçu de la diversité et de l’importance de ses enseignements conservés dans ses discours. Les aperçus Histoire de l’Église : 1831-1844, Périodes d’Ohio, du Missouri et de Nauvoo et Histoire de l’Église : 1844-1877, Périodes de l’exode et du début de l’histoire de l’Utah passent en revue l’histoire de l’Église du vivant de Brigham Young et du temps de sa présidence. Il est le personnage principal des sujets traités dans Migration vers l’Ouest : Planification et prophétie ; Vie et culte pionniers ; Immigration et émigration ; et Colonisation.]

Young, Brigham : Brigham Young
Auteur : ARRINGTON, LEONARD J. 

Colonisateur, gouverneur territorial et président de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Brigham Young (1801-1877) naquit le 1er juin 1801 à Whitingham (Vermont). Il était le neuvième des onze enfants de John Young et Abigail (Nabby) Howe. Après son service dans l’armée révolutionnaire de George Washington, John Young s’installa dans une ferme à Hopkinton (Massachusetts). Après avoir passé seize ans à Hopkinton, John et Nabby partirent pour le sud du Vermont, où Brigham naquit. Quand il eut trois ans, la famille partit pour le centre de l’État de New York et, quand il eut dix ans, pour Sherburne (au sud du centre de l’État de New York). Brigham aida à défricher des terres à cultiver, prit au piège des animaux à fourrure, pêcha, construisit des hangars et creusa des caves et aida aux semailles, à la culture et aux récoltes. Il soigna également sa mère, qui était gravement atteinte de la tuberculose.

Elle décéda en 1815, quand il avait quatorze ans. Peu de temps après, à la recherche de quelqu’un pour s’occuper de ses enfants en bas âge, John Young épousa une veuve, Hannah Brown, qui introduisit ses propres enfants dans la famille. Brigham décida de partir de chez lui. Vivant un certain temps chez une sœur, il devint apprenti menuisier, peintre et vitrier à Auburn, une localité voisine. Au cours des cinq années qui suivirent, il aida à créer à Auburn le premier marché, la prison, le séminaire de théologie et la maison du « Squire » William Brown (plus tard occupée par William H. Seward, qui fut gouverneur de l’État de New York et Secrétaire d’État de Lincoln). Devenu maître menuisier, Brigham construisit des garnitures de porte et des vasistas à claire-voie et sculpta des manteaux de cheminée ornementés pour beaucoup de maisons. Aujourd’hui encore, beaucoup de vieilles maisons de la région ont des chaises, des bureaux, des escaliers, des portes et des manteaux de cheminée faits par Brigham Young.

Brigham quitta Auburn au printemps de 1823 pour travailler à Port Byron (New York), où il répara des meubles et peignit des péniches. Il inventa un système pour mélanger les peintures et fabriqua beaucoup de chaises, de tables, de canapés, d’armoires et de portes. Il aida aussi à organiser la société d’art oratoire locale. Le 5 octobre 1824, à l’âge de vingt-trois ans, Brigham épousa Miriam Works. Ils s’installèrent dans la commune d’Aurelius où ils entrèrent dans l’Église méthodiste. Dans l’année qui suivit, leur premier enfant, Elizabeth, naquit.

Après quatre ans à Port Byron, Brigham et Miriam partirent pour Oswego, un port sur le lac Ontario, où il ajouta à sa réputation de bon artisan, d’homme honnête et industrieux. Il rejoignit un petit groupe de chercheurs religieux qui faisaient des prières ferventes et chantaient des cantiques entraînants. Une de ses connaissances d’Oswego témoigna que sa conduite était exemplaire, humble et contrite.

Vers la fin de 1828, Brigham emmena sa famille à Mendon (New York), à soixante-cinq kilomètres de Port Byron, près de son père et d’autres parents. À Mendon, Miriam donna le jour à une deuxième fille, Vilate, mais contracta une tuberculose chronique et devint à moitié invalide. Brigham faisait les repas, habillait les enfants, nettoyait la maison et, le matin, portait Miriam jusqu’à un fauteuil à bascule devant la cheminée et la remettait au lit le soir. A Mendon, il construisit un atelier et un moulin, fabriqua et répara des meubles et installa des vitres, des embrasures de portes, des escaliers et des manteaux de cheminée.

Au printemps de 1830, Samuel Smith, frère de Joseph Smith, passa par Mendon lors d’un voyage pour distribuer le Livre de Mormon. Il en laissa un exemplaire à Phineas, frère aîné de Brigham, un prédicateur ambulant. Phineas fut favorablement impressionné par le livre et le prêta à son père, puis à sa sœur Fanny, qui le donna à Brigham. Bien qu’impressionné, Brigham recommanda néanmoins la prudence : « Attendez un peu … je [veux] voir s’il y a du bon sens là-dedans » (JD 3:91 ; cf. 8:38). Après près de deux ans de recherche, Brigham, touché par le témoignage d’un missionnaire mormon, fut baptisé au printemps de 1832. Toute la famille immédiate de Brigham fut également baptisée et tous restèrent saints des derniers jours fidèles leur vie durant. Miriam, qui devint également membre, ne vécut que jusqu’en septembre 1832.

Une semaine après son baptême, Brigham fit son premier sermon. Il déclara : « [Après mon baptême] je voulais tonner et rugir l’Évangile aux nations. Cela me brûlait dans les os comme un feu mal contenu, alors j’ai commencé à prêcher… Rien d’autre ne pouvait me satisfaire que crier partout dans le monde ce que le Seigneur était en train de faire dans les derniers jours » (JD 1:313). Brigham se sentait à ce point poussé à « crier partout » qu’il enrôla l’aide de Vilate et de Heber C. Kimball pour s’occuper de ses filles et abandonna son commerce pour se consacrer de tout cœur à l’édification du « royaume de Dieu ». Cet automne-là, après la mort de Miriam, Heber Kimball, lui et plusieurs parents se rendirent à Kirtland, où il rencontra pour la première fois le prophète Joseph Smith, qui avait alors vingt-six ans. Invité à la prière du soir chez les Smith, Brigham fut poussé par l’Esprit et parla en langues, la première fois que le Prophète voyait quelqu’un le faire.

Les voyages missionnaires suivants de Brigham le conduisirent vers le nord, l’est, l’ouest et le sud de Mendon. Avec son frère Joseph Young, il fit plusieurs voyages de prédication dans la campagne de New York et d’Ontario (Canada). Pendant l’été de 1833, il se rendit avec plusieurs de ses convertis canadiens à Kirtland où il entendit Joseph Smith parler du rassemblement, soulignant que l’édification du royaume de Dieu exigeait plus que simplement la prédication. Ainsi instruit, Brigham retourna à New York et, avec les Kimball, déménagea son ménage à Kirtland pour pouvoir participer à l’édification d’une nouvelle société.

Parmi ceux que Brigham rencontra à Kirtland il y avait Mary Ann Angell, originaire de Seneca (comté d’Ontario, New York), qui avait travaillé dans une usine à Providence (Rhode Island) jusqu’à sa conversion à l’Église et son déménagement à Kirtland. Brigham l’épousa le 18 février 1834. Elle prit soin des deux filles que Brigham avait eues de Miriam et eut plus tard six enfants à elle.

En 1834, Brigham et son frère Joseph participèrent au camp de Sion, une petite armée qui fit à pied le trajet d’Ohio au Missouri pendant l’été de 1834 pour aider ceux qui avaient été chassés de chez eux par des émeutiers hostiles. Brigham trouva que cette expédition difficile, dirigée par Joseph Smith, avait été une éducation superbe et dit plus tard que « ce fut là que je commençai à savoir comment diriger Israël » (Arrington, p. 45-46).

Ce furent le dévouement et le potentiel, plus que les réalisations, qui qualifièrent Brigham Young pour être choisi en février 1835 comme membre du Collège des douze apôtres originel de l’Église. Les Douze étaient « un grand conseil voyageur » chargé porter l’Évangile « à toutes nations, familles, langues et peuples ». Ils présidaient non pas « au pays » mais « à l’étranger » où aucun pieu local n’était établi. Ce groupe devint plus tard le collège dirigeant dans l’Église après la Première Présidence.

Chaque été Brigham entreprenait des missions de prosélytisme dans l’Est ; chaque hiver il s’occupait de sa famille et aidait à l’édification de Kirtland. Il aida à la construction du temple de Kirtland, assista à l’école des prophètes, participa au déversement de Pentecôte qui accompagna la consécration du temple de Kirtland au printemps de 1836 et se lança dans les activités économiques liées à l’Église dont Joseph Smith le chargeait. Quand la communauté de Kirtland se divisa à propos de la façon dont Joseph Smith dirigeait, la défense vigoureuse du prophète assurée par Brigham Young exaspéra tellement les critiques que Brigham dut fuir Kirtland pour sa propre sécurité.

Quand arriva l’été de 1838, la plupart des fidèles de Kirtland, dont Brigham et sa famille, étaient allés s’installer au comté de Caldwell, dans le nord du Missouri. L’arrivée d’un nombre de plus en plus important de saints des derniers jours ralluma les antagonismes avec les vieux colons et des violences éclatèrent (voir Conflit au Missouri). Désarmés, violés et dépouillés de la plupart de leurs possessions, les saints des derniers jours furent chassés de l’état. Joseph Smith, son frère Hyrum, Sidney Rigdon et d’autres dirigeants de l’Église ayant été jetés en prison, Brigham Young, doyen du Collège des Douze, dirigea l’évacuation des saints vers Quincy et d’autres localités de l’Illinois. Pour garantir que les membres sans attelages ni chariots ne fussent pas abandonnés, il rédigea l’Alliance du Missouri. Tous ceux qui la signèrent acceptaient de mettre leurs ressources à disposition pour déménager tout le monde en lieu sûr.

Au printemps de 1839, Joseph Smith désigna Commerce (renommé Nauvoo) (Illinois), comme nouveau lieu central de rassemblement des saints. La famille de Brigham était à peine installée dans la région que lui et d’autres membres des Douze partaient faire une mission en Grande-Bretagne. En dépit de la pauvreté et de la mauvaise santé ambiantes, Brigham quitta sa femme et ses enfants en septembre, bien décidé à aller coûte que coûte en Angleterre. Ses compagnons et lui arrivèrent finalement à Liverpool en avril 1840 (voir Missions des Douze aux îles Britanniques).

Comme président de collège, Brigham dirigea le travail de son collège en Grande-Bretagne pendant une année étonnante au cours de laquelle ils baptisèrent entre 7.000 et 8.000 convertis, imprimèrent et distribuèrent 5.000 exemplaires du Livre de Mormon, 3.000 livres de cantiques, 1.500 exemplaires du Millennial Star et 50.000 brochures, créèrent une agence de navigation et aidèrent près de 1.000 personnes à émigrer à Nauvoo. Brigham se rendit dans les villes principales d’Angleterre et prit le temps de visiter le palais de Buckingham, la cathédrale Saint-Paul, l’abbaye de Westminster, le Lake District, des villes industrielles, les Potteries, des musées, des galeries d’art et, naturellement, les convertis, riches et pauvres. Plus tard, il devait souvent commenter sur ce qu’il avait vu et appris en Angleterre.

Un succès aussi saisissant, la première expérience de ce genre pour un collège uni, prépara les Douze à des responsabilités supplémentaires. De retour à Nauvoo, Brigham reçut la tâche de diriger les Douze dans leur supervision de l’œuvre missionnaire, de l’achat de terres et de l’installation des immigrés, ainsi que de divers projets de construction. Avec d’autres, le principe du mariage plural lui fut enseigné ; il l’accepta après avoir beaucoup hésité, réfléchi et prié. Avec le consentement de Mary Ann, il épousa Lucy Ann Decker Seeley en juin 1842 et eut plus tard d’autres épouses plurales. Il fut parmi les premiers à recevoir la dotation complète du temple en 1842 et, plus tard, avec Mary Ann, participa avec d’autres qui avaient reçu les ordonnances du temple à des sessions au cours desquelles Joseph Smith donna des instructions supplémentaires sur les principes de l’Évangile.

Étant maintenant président du collège qui venait directement en second après la Première Présidence en autorité et en responsabilité, Brigham Young était quelqu’un de très éminent et influent à Nauvoo. Néanmoins, tout en contribuant à tout diriger, depuis la construction du temple de Nauvoo jusqu’à l’œuvre missionnaire à l’étranger, il conserva l’habitude qu’il avait prise à Kirtland d’entreprendre personnellement des missions de prédication chaque été. En février, Joseph Smith donna d’autres instructions à Brigham Young et à d’autres de son collège sur un déplacement futur vers les montagnes Rocheuses. En mars 1844, Brigham participa à la création du conseil des cinquante, une organisation qui annonçait le modèle de gouvernement d’une future société théocratique et qui fut le dernier modèle d’organisation de ce genre laissé par Joseph Smith. Peu après, comme s’il pressentait sa mort imminente, Joseph Smith donna à Brigham et aux autres membres des Douze la mission solennelle de « emporter ce royaume », leur disant qu’ils avaient maintenant toutes les clefs et toutes les instructions nécessaires pour le faire avec succès (CR, avr. 1898, p. 89 ; MS. 5, mars 1845, p. 151).

En mai 1844, Brigham et d’autres apôtres partirent pour des missions d’été. Pendant leur absence, les événements se dégradèrent à Nauvoo. Joseph Smith fut arrêté et, le 27 juin, tué avec son frère Hyrum quand des émeutiers donnèrent l’assaut à la prison où ils étaient détenus (voir Prison de Carthage ; Martyre de Joseph et de Hyrum Smith). Brigham était dans la région de Boston et n’apprit l’assassinat avec certitude que le 16 juillet. Ses compagnons et lui revinrent précipitamment à Nauvoo, où ils arrivèrent le 6 août. Après un affrontement spectaculaire avec Sidney Rigdon le 8 août, Brigham et les Douze furent soutenus pour diriger l’Église (voir Succession à la Présidence). Brigham resta le dirigeant jusqu’à sa mort en 1877.

Bien que décidés, en privé, à quitter Nauvoo, Brigham et ses collaborateurs étaient déterminés à finir le temple pour que les saints puissent recevoir leurs ordonnances. Alors même qu’ils travaillaient pour se défendre et pour finir le temple, ils tinrent des réunions pour décider quand et où partir plus vers l’ouest. Peu après que des violences eurent éclaté en septembre 1845, ils annoncèrent publiquement leur intention de partir le printemps suivant. En décembre, le temple fut prêt pour les ordonnances et dès février, près de 6.000 membres avaient reçu les bénédictions du temple. Les saints avaient également passé l’automne et l’hiver à se préparer pour l’exode. Des comités furent nommés et une Alliance de Nauvoo fut signée pour garantir que ceux qui avaient des biens aident ceux qui n’en avaient pas.

En partie par crainte d’une intervention gouvernementale, Brigham Young entreprit l’émigration dans le froid et la neige de février 1846 plutôt que d’attendre le printemps. Par centaines, puis par milliers, les gens, les animaux et les chariots traversèrent le fleuve Mississippi et pataugèrent dans la boue de l’Iowa jusqu’à des Quartiers d’Hiver (Winter Quarters, maintenant Florence, dans le Nebraska) sur le fleuve Missouri. À la fin du printemps, près de 16.000 saints étaient sur la route.

Brigham dirigea personnellement cette odyssée massive, qui nécessitait l’attribution de produits alimentaires, de chariots, de bœufs et de biens de l’Église aux convois organisés qui se mettaient en route sur la piste. La préparation et la traversée de l’Iowa prirent si longtemps qu’aucun des convois ne put atteindre les montagnes Rocheuses cette année-là, comme on l’avait espéré. Cette expérience exigeante de l’Iowa donna à Brigham Young des leçons précieuses sur les hommes et l’organisation, leçons dont il se servit tout au long de ses années de direction. Il apprit aussi à nouveau que quand les ressources humaines se révèlent insuffisantes, on doit se tourner avec foi vers Dieu. Cet hiver-là, Brigham annonça la « parole et [la] volonté du Seigneur » (D&A 136) pour aider à organiser les saints et à les préparer pour le voyage vers l’Ouest.

Brigham Young se mit en route, le 5 avril 1847, avec une avant-garde de 143 hommes, 3 femmes et 2 enfants. Retardé par maladie, il arriva dans la vallée du lac Salé le 24 juillet, quelques jours après le groupe d’exploration. Lorsqu’il eut vu la vallée de ses propres yeux, il annonça que c’était le bon endroit pour un nouveau siège de l’Église et confirma que la région serait le nouveau lieu de rassemblement. Il désigna aussi l’endroit exact pour un temple. Il dirigea l’exploration de la région, aida au levé et au lotissement des terrains pour les maisons, les jardins et les fermes, appela la nouvelle colonie « Great Salt Lake City, Grand Bassin, Amérique du Nord », tint des réunions où il nomma John Smith dirigeant religieux de la nouvelle colonie et marqua son accord pour des règles de base de travail et de partage coopératifs. Le 26 août, Brigham rejoignit le groupe qui s’en retournait à Winter Quarters.

À Winter Quarters, en décembre 1847, Brigham et les autres membres des Douze réorganisèrent la Première Présidence de l’Église, avec Brigham comme président. Le mois d’avril suivant, lui, sa famille et quelque 3.500 autres saints se mirent en route pour la vallée du lac Salé. Les activités de Brigham, qui devait organiser les convois, construire des ponts, réparer l’équipement et dresser les bœufs, développèrent des capacités qui allaient se manifester tout le reste de sa vie.

Brigham, qui avait maintenant quarante-sept ans, dut affronter une série de problèmes tandis qu’il s’installait définitivement dans la vallée du lac Salé. Le premier fut de loger sa famille. Sur un lot jouxtant City Creek dans ce qui est maintenant le centre de Salt Lake City, il construisit, pour ses femmes et ses enfants, une rangée de maisons de rondins qui, collectivement, fut appelée Harmony House. Au sud de ceci il construisit plus tard la Maison Blanche, une construction d’adobes séchées au soleil couverte de plâtre blanc. Plus tard encore, il construisit une grande maison d’adobes avec étage dont la façade donnait sur ce qu’on finit par appeler Brigham Street (maintenant South Temple Street). Ce bâtiment, qui était muni d’une tour surmontée d’une ruche dorée, fut appelé la Beehive House et fut la résidence officielle de Brigham comme gouverneur et président de l’Église. En 1856, Brigham ajouta un édifice impressionnant d’adobes de deux étages auquel on donna le nom de Lion House à cause de la statue d’un lion couché sur le portique. Plusieurs de ses familles vécurent dans ce bâtiment, juste à l’ouest de la Beehive House. Il construisit plus tard des maisons dans le sud de Salt Lake City, à Provo et à St-George. Les maisons de Brigham étaient toutes bien construites et finement meublées.

Le plus grand problème public était de trouver des endroits pour recevoir les saints qui arrivaient. Salt Lake City fut divisée en pâtés de quatre hectares et chaque chef de famille recevait un lot d’un demi-hectare sur un des pâtés de la ville. Les gens y gardaient leur bétail, leur potager et leurs autres accessoires « de maison » (voir Urbanisme). Un pâté de quatre hectares situé juste à l’ouest de Brigham fut désigné comme Temple Block (voir Temple Square) et on y installa la Bowery (tonnelle), un abri provisoire fait de branches d’arbre, où les saints tinrent d’abord leurs services religieux, le tabernacle et divers ateliers utilisés pour la construction de bâtiments publics. La construction du temple de Salt Lake City commença en 1853.

À l’extérieur de la ville, des lots de deux et de quatre hectares furent distribués à ceux qui voulaient cultiver. Sous la direction de Brigham Young, des équipes coopératives furent chargées de creuser des fossés et des canaux pour irriguer les cultures et pour fournir de l’eau aux maisons. D’autres brigades clôturèrent les zones résidentielles, construisirent des routes, coupèrent du bois de construction et ouvrirent des ateliers. D’autres groupes choisirent de nouveaux lieux à coloniser et aidèrent à mettre les gens dans les meilleurs endroits. D’autres encore furent appelés en mission aux États-Unis, en Europe ou dans le Pacifique.

Au printemps de 1849, Brigham Young organisa Salt Lake City en dix-neuf paroisses, créa des paroisses dans d’autres colonies, fonda l’État de Deseret avec lui-même comme gouverneur et mit sur pied le Fonds perpétuel d’émigration pour aider les saints de Grande-Bretagne, de Scandinavie et d’Europe continentale à émigrer.

Avec les milliers de saints qui arrivaient de l’Est des États-Unis et d’Europe, la colonisation exigea l’attention de Brigham Young. Sous sa direction, quatre sortes de colonies furent créées : premièrement, les colonies prévues comme lieux provisoires de rassemblement et de recrutement, tels que Carson Valley au Nevada ; deuxièmement, les colonies devant servir de centres de production, comme le fer à Cedar City, le coton à St-George, le bétail à Cache Valley et les moutons à Spanish Fork, tous en Utah ; troisièmement, les colonies devant servir de centres pour convertir et aider des Indiens, comme à Harmony, dans le sud de l’Utah, Las Vegas, dans le sud du Nevada, Lemhi, dans le nord de l’Idaho et ce qui est aujourd’hui Moab, dans l’est de l’Utah ; quatrièmement, des colonies permanentes en Utah et dans les États et territoires voisins pour fournir des maisons et des fermes aux centaines de nouveaux immigrés qui arrivaient chaque été. En dix ans, près de 100 colonies avaient été implantées ; en 1867, il y en avait plus de 200 et avant sa mort en 1877, il y en avait près de 400. Il est clair qu’il fut l’un des plus grands colonisateurs de l’Amérique.

Comme président de l’Église, Brigham dirigeait régulièrement l’office du dimanche à Salt Lake City et rendait visite tous les ans au plus grand nombre de communautés périphériques possible. Il nomma des évêques pour chaque paroisse et colonie et invita chaque paroisse à organiser pour ses membres des activités culturelles telles que bals, théâtre, récitals de musique et, surtout, des écoles. Il écoutait les personnes qui avaient à se plaindre, répondait aux innombrables questions sur des affaires personnelles et de famille aussi bien que sur la religion et dicta des milliers de lettres contenant des instructions, des recommandations, des conseils amicaux et des réflexions occasionnelles sur les affaires de l’Église et du pays. C’était un saint des derniers jours ferme et un conseiller sage.

Brigham prononça, dans l’Utah des pionniers, quelque 500 sermons qui furent enregistrés mot à mot par un sténographe. Ces sermons, tous prononcés sans texte préparé, peuvent donner l’impression d’être décousus, mais ils étaient bien pensés et révèlent un pouvoir mental remarquable. Ils étaient bien adaptés à ses auditoires. Ses discours étaient comme des « causeries de veillée », une conversation à bâtons rompus avec son auditoire. Entremêlant des sujets aussi divers que la mode féminine, l’expiation du Christ, des souvenirs de Joseph Smith et la façon de faire du bon pain, Brigham maintenait son auditoire suspendu à ses lèvres, fasciné, amusé et en larmes, parfois pendant des heures. Il inspirait, motivait, enseignait et encourageait.

Les saints des derniers jours s’étaient installés parmi diverses tribus d’Amérindiens. Tenant à les aider, à les convertir et à éviter les effusions de sang, Brigham créa des fermes indiennes, prit des Indiens dans sa propre maison, préconisa une politique basée sur le principe que « les nourrir coûte moins cher que les combattre » et tint des réunions périodiques avec les chefs. Ses politiques n’étaient pas toujours couronnées de succès, mais il cherchait systématiquement les solutions pacifiques et s’opposait fermement à la pratique trop courante sur la « frontière » de tuer les Indiens pour des vétilles.

En 1851, Brigham fut nommé gouverneur et surintendant des affaires indiennes du Territoire d’Utah par Millard Fillmore, président des États-Unis. Son problème principal comme gouverneur fut de traiter avec les fonctionnaires fédéraux « extérieurs », dont beaucoup étaient, à tous points de vue, hostiles à l’Église et d’une incompétence inexcusable. Il y eut des problèmes pour les petites dépenses fédérales, le fait que les saints n’avaient pas recours aux juges fédéraux dans les cas de conflits civils, le manque de tact des fonctionnaires nommés par le fédéral quand ils parlaient de l’Église, leur opposition à l’union de l’Église et de l’État et leur idée toute faite que les saints des derniers jours étaient immoraux parce qu’ils toléraient le mariage plural. [On trouvera d’autres événements qui retinrent l’attention de Brigham Young en 1856 dans Convois de charrettes à bras ; Réforme de 1856-1857.]

Cette polémique incessante finit par amener James Buchanan, président des États-Unis, à prendre la décision, en 1857, de remplacer Brigham Young par un gouverneur « extérieur », Alfred Cumming, de Géorgie. En même temps, le président Buchanan, qui avait été informé (incorrectement) que les mormons étaient « dans un état de rébellion substantielle contre les lois et l’autorité des États-Unis » envoya une grande partie de l’armée américaine en Utah pour installer le nouveau gouverneur et garantir l’exécution des lois des États-Unis (voir Expédition d’Utah). Le gouverneur Young ne fut pas avisé de cette action, mais on repéra des forces armées secrètement en route pour l’Utah. Craignant une répétition de la « voyoucratie » du Missouri et de l’Illinois, il rappela les personnes vivant dans les colonies périphériques et mobilisa les saints pour défendre leurs foyers. Finalement, avec l’aide de Thomas L. Kane, il négocia un règlement pacifique en vertu duquel l’armée occupa Camp Floyd, un poste situé à une soixantaine de kilomètres de Salt Lake City. L’armée américaine fut une source d’irritation, mais pas un obstacle, à la poursuite de l’expansion et du développement de l’Église. Le président Young resta, comme s’en vantait son entourage, gouverneur du peuple, tandis que ses remplaçants ne faisaient que gouverner le territoire. L’armée quitta l’Utah en 1861 avec le début de la guerre de Sécession.

Convaincu qu’il fallait adapter la technologie la plus récente au profit de la société des saints, Brigham Young signa un contrat en 1861 pour construire le télégraphe transcontinental du Nebraska à la Californie, puis il se mit à construire les deux mille kilomètres du Deseret Telegraph de Franklin (Idaho) jusqu’au nord de l’Arizona. Celui-ci relia presque tous les villages mormons à Salt Lake City et, par ce raccordement, au monde. Tandis que le chemin de fer transcontinental était en construction, il négocia des contrats avec la Union Pacific et la Central Pacific pour que des entreprises mormones construisent les assiettes de la route à l’est de Salt Lake City jusque dans la région du Wyoming et à l’ouest jusque bien loin au Nevada. Il organisa ensuite les lignes de chemin de fer du Utah Central, Utah Southern et Utah Northern Railroad pour prolonger la ligne au sud d’Ogden jusqu’à Frisco dans le sud de l’Utah et vers le nord jusqu’à Franklin (Idaho) et par la suite jusqu’au Montana.

Conscient du fait que l’achèvement du chemin de fer mettrait en danger l’économie sociale indépendante de son peuple, le président Young inaugura un mouvement protecteur qui cherchait à préserver, autant que possible, le mode de vie qui lui était propre. Il organisa des coopératives pour gérer la vente et la fabrication locales, lança plusieurs nouvelles entreprises pour développer les ressources locales, promut des sociétés de secours dans chaque paroisse pour créer des occasions d’épanouissement, de socialisation et de services compatissants pour les femmes, ouvrit les portes de l’université de Deseret (plus tard l’université d’Utah) aussi bien aux jeunes filles qu’aux jeunes gens, encouragea les femmes à se former professionnellement, particulièrement en médecine et donna le vote aux femmes. En 1875, il fonda l’Académie Brigham Young (plus tard l’université Brigham Young), en 1877 le Brigham Young College (Logan, Utah) et le Latter-day Saints College (voir LDS Business College). En 1874, il promut aussi le mouvement de l’Ordre Uni pour encourager la coopération, la production et la consommation locales (voir Histoire économique de l’Église).

Brigham Young resta vigoureux jusqu’à sa mort en août 1877. Juste avant sa mort, il consacra le temple de St-George et y lança la totalité des ordonnances du temple, quelque chose qu’il se réjouissait de faire depuis Nauvoo, et il révisa l’organisation de l’Église à tous les niveaux, mettant pour la première fois en forme des pratiques qui allaient caractériser l’Église pendant près d’un siècle.

Brigham était un homme bien bâti et trapu (les dernières années corpulent) d’un mètre soixante-quinze, légèrement plus grand que la moyenne pour son temps. Il y avait très peu de gris dans ses cheveux brun clair. Les visiteurs remarquaient ses yeux bleu-gris perçants bordés de sourcils minces. S’il finit par porter la barbe, Brigham resta glabre jusque dans les années 1850, quand il commença à porter des favoris jusqu’au menton. Sa bouche et son menton étaient fermes, annonçant, pensaient les visiteurs, sa volonté de fer. Il était généralement posé et calme, mais il pouvait tonner du haut de la chaire. Parfois appelé le « Lion du Seigneur », il pouvait également rugir quand on l’irritait.

Les manières de Brigham Young étaient plaisantes et courtoises. Ses habits, généralement soignés et simples, étaient souvent de fabrication domestique. Il combinait une énergie et une assurance vibrantes avec de la déférence pour les sentiments des autres et avec une absence complète de prétention. Lorsqu’il mourut, il avait épousé vingt femmes, dont seize lui avaient donné cinquante-sept enfants. Il mourut le 29 août 1877 d’une péritonite consécutive à une rupture d’appendice.

Les réalisations les plus manifestes de Brigham furent le produit du talent qu’il eut toute sa vie de prendre des décisions pratiques. Il institua des méthodes de gouvernement de l’Église qui persistent à ce jour. Quand il fit traverser l’Iowa aux saints, il publia des instructions détaillées qui furent suivies par les centaines de convois qui traversèrent les plaines jusqu’à la vallée du lac Salé au cours des années qui suivirent. Dans le Grand Bassin, il dirigea l’organisation de plusieurs centaines de colonies de saints, fonda plusieurs centaines d’entreprises coopératives de vente au détail, de vente en gros et de production et lança la construction d’églises, de tabernacles et de temples. Tout en faisant tout cela, il mena un combat ininterrompu avec le gouvernement des États-Unis pour préserver le mode de vie propre aux saints.
 
Mais pour Brigham Young c’étaient là des moyens, pas la fin. Sa priorité absolue était de bâtir sur la base posée par Joseph Smith pour établir un empire dans le désert où son peuple pourrait pratiquer l’Évangile de Jésus-Christ dans la paix, améliorant de ce fait ses perspectives dans cette vie et dans la prochaine. Il aimait le Grand Bassin parce que sa rigueur et son isolement en faisaient l’endroit idéal pour « faire des saints ».

Bibliographie
Arrington, Leonard J. Brigham Young : American Moses. New York, 1985.
Bringhurst, Newell G. Brigham Young and the Expanding American Frontier. Boston, 1986.
Palmer, Richard F. et Karl D. Butler, Brigham Young : The New York Years. Provo, Utah, 1982.
Walker, Ronald W. et Ronald K. Esplin. « Brigham Himself : An Autobiographical Recollection ». Journal of Mormon History 4, 1977, p. 19-34.
LEONARD J. ARRINGTON

Young, Brigham : Enseignements de Brigham Young
Auteur : NIBLEY, HUGH W.
 
En dirigeant les saints des derniers jours pendant plus de trente ans, Brigham Young n’a écrit que relativement peu, à l’exception de ses lettres, mais il a parlé fréquemment et sur de nombreux sujets. Il était constamment obligé de parler ex cathedra sur beaucoup de sujets relatifs à la vie dans ce monde et dans l’autre. Ses discours étaient vigoureux et directs, remplis d’un réalisme franc et de bon sens et beaucoup de ses discours étaient enregistrés en sténographie par des secrétaires. Outre ses réalisations pratiques et ses qualifications mécaniques, c’était un des hommes les plus discursifs et les plus lucides qui soient. C’était un homme qui avait subi l’épreuve du feu (par exemple, il fut littéralement chassé cinq fois de chez lui) et qui avait connu toutes les épreuves de la vie, depuis les allées du pouvoir jusqu’aux avant-postes les plus rudes de la civilisation. Il lui arrivait de dire des choses qui étonnaient ou même choquaient ceux qui avaient tendance à prendre pour doctrine tout ce qu’il disait, mais avec cette passion d’enseigner et d’apprendre des gens de la Nouvelle-Angleterre, il fonçait tête baissée.

Tous les commentateurs concèdent que Brigham Young a été l’un des dirigeants les plus capables et les plus dynamiques de l’histoire américaine. Il était l’un des hommes les plus pratiques de son époque, un réaliste, un homme qui avait la tête sur les épaules, qui était équilibré et plein de bon sens qui veillait à ce que les choses se fassent. Mais, pour lui, tout cela était secondaire. Ce qui était important, c’était que les gens sachent ce qu’ils faisaient et pourquoi. Ses ordres et ses recommandations s’accompagnaient d’explications complètes et convaincantes.

Ses enseignements commencent par la foi en Jésus-Christ : « Ma foi est placée dans le Seigneur Jésus-Christ, et ma connaissance, je l’ai reçue de lui » (JD 3:155). « Jésus est notre capitaine et notre dirigeant ; Jésus, le Sauveur du monde – le Christ en qui nous croyons » (JD 14:118). « Notre foi est placée dans le Fils de Dieu et par lui dans le Père, et le Saint-Esprit est leur ministre pour ramener des vérités à notre souvenir » (JD 6:98).

Brigham Young acquit une grande partie de sa connaissance de Jésus-Christ grâce à sa fréquentation constante du prophète Joseph Smith : « Ce que j’ai reçu du Seigneur, je l’ai reçu par Joseph Smith » (JD 6:279). Jusqu’à la fin de sa vie, Young témoigna que la mission de Joseph Smith avait été de rendre la connaissance du Christ à la terre. « J’aime sa doctrine, disait-il. J’ai envie de crier alléluia tout le temps quand je pense que j’ai un jour connu Joseph Smith, le prophète que le Seigneur a suscité et ordonné » (JD 13:216 ; 3:51). Ses derniers mots furent : « Joseph, Joseph, Joseph. »

Sur cette base, Brigham Young enseigna avec force la loi de la progression éternelle. Cette vie est une partie de l’éternité. La connaissance et la gloire éternelles doivent être obtenues et favorisées sur cette terre. L’amélioration, l’instruction, la formation, l’édification et l’épanouissement sont la joie de la vie : « Nous ne comptons pas cesser d’apprendre tandis que nous vivons sur terre ; et quand nous aurons traversé le voile, nous comptons continuer à apprendre » (JD 6:286). Et la progression éternelle mène à l’état divin : « Les fidèles deviendront des dieux, oui, les fils de Dieu » (JD 6:275).

Brigham Young était conscient de ce que beaucoup de gens n’étaient pas prêts à comprendre les mystères de Dieu et de l’état divin. « Je pourrais vous en dire beaucoup plus à ce sujet », dit-il en parlant du rôle d’Adam, mais il se ravisa en se rendant compte que le monde se méprendrait probablement sur son enseignement (JD 1:51).

Tous les descendants d’Adam (hommes, femmes et enfants) doivent travailler. « Quel est ce travail ? » demande Brigham. « L’amélioration de la condition humaine. Ce travail doit continuer jusqu’à ce que les gens qui vivent sur cette terre soient préparés à recevoir notre Seigneur à son arrivée » (JD 19:46).

Pour Brigham, l’amélioration signifiait « édifier dans la force et la stabilité, embellir, orner, réjouir et embaumer la Maison du Seigneur avec de beaux instruments de musique et de la belle mélodie » (MS 10:86). Plus spécifiquement, la manière par excellence dont l’homme peut laisser sa marque sur la face de la nature sans causer de dommages, c’est de planter. Le président Young conseillait constamment à son peuple de faire ce qui avait été commandé à Adam de faire dans le jardin d’Éden quand il cultivait le jardin et en prenait soin : Notre travail est « d’embellir la face de la terre jusqu’à ce qu’elle devienne comme le jardin d’Éden » (JD 1:345).

En prenant soin du monde, « Toutes les réalisations, toutes les grâces raffinées, toutes les réa¬lisations utiles dans les mathématiques, la musique et dans toutes les sciences et tous les arts appartiennent aux saints, et ils doivent pro¬fiter aussi vite que possible des trésors de connaissances que les sciences offrent à tous les étudiants diligents et persévérants, et c’est là notre devoir…. C’est le devoir des saints des derniers jours, selon la révélation, de donner à leurs enfants la meilleure éducation possible, tant dans les livres du monde que dans les révélations du Seigneur » (JD 10:224). « Si un Ancien nous fait un discours sur l'astronomie, la chimie ou la géologie, notre religion embrasse tout cela. Peu importe le sujet, du moment qu'il tend à améliorer l'esprit, à élever les sentiments et à agrandir les capacités. La vérité qui se trouve dans tous les arts et toutes les sciences fait partie de notre religion » (JD 2:93 - 94).

La fascination du président Young pour les choses de l’esprit allait jusqu’aux expériences de la vie de tous les jours. Le plaisir des sens est, disait-il, l’une de nos grandes bénédictions sur la terre et une source merveilleuse de plaisir.

Le destin de Brigham Young le conduisit dans l’aridité du désert de l’Ouest, mais il sentait une beauté spirituelle dans ce pays. « Vous débutez ici à nouveau, dit-il au peuple. Le sol, l’air, l’eau sont purs et sains. Ne permettez pas qu’ils soient souillés par la méchanceté. Efforcez-vous d’empêcher que les éléments soient contaminés par la conduite mauvaise et impure de ceux qui pervertissent l’intelligence que Dieu a accordée au genre humain » (JD 8:79). Pour Brigham, la propreté et la souillure morales et physiques sont aussi inséparables que l’esprit et le corps : « Faites en sorte que votre vallée reste pure, gardez nos villes aussi pures que vous le pouvez, gardez le cœur pur et travaillez régulièrement autant que vous le pouvez, mais pas au point de vous faire du mal. » (JD 8:80).

Brigham Young avait également une passion de Yankee pour l’économie, mais elle reposait sur le respect généreux de la valeur des choses matérielles, pas sur le désir mesquin de simplement les posséder. Quand il disait : « Autant que je sache, pendant ces trente dernières années, il ne m’est jamais arrivé de porter un manteau, un chapeau ou un vêtement quelconque, ou de posséder un cheval, un chariot, etc, sans demander au Seigneur si je l’ai mérité ou non – Est-ce que je vais porter ceci ? Est-ce que je peux l’utiliser ou pas ? » (JD 8:343), il exprimait le plus haut degré sollicitude et de responsabilité humaines.

Brigham Young parlait souvent de Sion et d’édifier le royaume de Dieu. Il utilisait le nom Sion pour décrire la situation idéale et avait constamment Sion à l’esprit : « Il ne manque pas une seule chose dans toutes les œuvres des mains de Dieu pour créer une Sion sur la terre lorsque le peuple décidera de la faire » (JD 9:283). Il se rendait bien compte que l’idéal de Sion allait à l’encontre des valeurs économiques contemporaines : « Beaucoup pensent que la possession d’or et d’argent leur donnera le bonheur… en cela ils se trompent » (JD 11:15). « Si, par des habitudes industrieuses et des transactions honora¬bles, vous obtenez des milliers ou des millions, peu ou beaucoup, vous avez le devoir d'utiliser, aussi judicieusement que vous le pouvez, tout ce qui est mis entre vos mains pour l'édification du royaume de Dieu sur la terre » (JD 4:29).

Sion devait être établie sur la base de la coopération : « La doctrine qui veut que nous nous unissions dans nos travaux temporels et œuvrions tous pour le bien de tous existe depuis le commencement, de toute éternité, et elle existera pour toujours et à jamais » (JD 17:117). En cela il n’y avait aucune place pour la discussion ou la controverse, encore moins pour la rancœur : « Chassez toute aigreur de votre cœur – toute colère, fureur, différends, convoitise et concupiscence et sanctifiez le Seigneur Dieu dans votre cœur, afin de jouir du Saint-Esprit » (JD 8:33).

Le contraste entre la lumière et les ténèbres était vif chez le président Young : « D’où vient le mal ? Il vient quand nous faisons du bien un mal. À propos des éléments de la création de Dieu, leur nature est aussi pure que les cieux, et nous la détruisons. Je voudrais que vous compreniez que le péché n’est pas un attribut de la nature de l’homme, mais une inversion des attributs que Dieu a placés en lui » (JD 10:251). Il reconnaît un agent conscient et actif dans la propagation du mal : « Satan n’a jamais possédé la terre ; il n’en a jamais fait la moindre particule ; son travail n’est pas de créer, mais de détruire » (JD 10:320).

La vraie stature de Brigham Young apparaît si l’on cherche à créer une liste de ses pairs. Il a emmené une bande de loqueteux appauvris, dépouillés de pratiquement tous leurs biens terrestres, dans un territoire inconnu. Ses critiques et ses biographes notent que l’homme était unique parmi les dirigeants de l’histoire moderne, car à lui tout seul, sans aucun soutien politique ni financier, il a créé de rien dans le désert une société ordonnée et travailleuse, n’ayant d’autre autorité que la prêtrise et la force spirituelle avec lesquelles il dispensait ses enseignements. Par des exhortations et des instructions constantes, il a uni son peuple et l’a inspiré à s’acquitter du mandat divin d’édifier le royaume de Dieu sur la terre.

Bibliographie
Le Journal of Discourses contient plus de 350 discours de Brigham Young. On trouvera un choix de passages organisés par sujet dans John A. Widtsoe, comp., Discours de Brigham Young, Salt Lake City, 1954.
Melville J. Keith. « The Reflections of Brigham Young on the Nature of Man and the State » BYU Studies 4, 1962, p. 255-267.
Melville J. Keith. “Brigham Young’s Ideal Society : The Kingdom of God” BYU Studies 5, 1962, p. 3-18.
Nibley, Hugh W. “Educating the Saints – A Brigham Young Mosaic” BYU Studies 11, automne 1970, p. 61-87.
Nibley, Hugh W. “Brigham Young on, the Environment” Dans To the Glory of God, dir. de publ. T. Madsen et C. Tate, p. 3-29. Salt Lake City, 1972.
Walker, Ronald W. “Brigham Young on the Social Order”, BYU Studies 28, été 1988, p. 37-52.
HUGH W. NIBLEY


Mise à jour du 27/09/2019