ENCYCLOPÉDIE DU MORMONISME
Macmillan
Publishing Company, 1992
– Extraits –
Traduction : Marcel
Kahne
Source :
www.idumea.org (avec autorisation)
A
Abinadi
Auteur :
CRAMER, LEW W.
Abinadi (150 av. J.-C.)
est un prophète courageux et le martyr le plus connu du Livre
de Mormon. Son ministère et son exécution racontés
au cœur du livre de Mosiah renforcent le contraste entre le roi
juste Benjamin et le méchant roi Noé. Alma l’Ancien,
un témoin oculaire converti, écrira les paroles
principales d'Abinadi peu de temps après qu’elles auront
été prononcées (Mos. 17:4).
Abinadi appartient à
un petit groupe de Néphites réactionnaires qui était
retourné de Zarahemla, une génération plus tôt,
pour récupérer auprès des Lamanites la ville de
Néphi, la capitale néphite traditionnelle, et son
temple. Quand les excès du roi et des prêtres néphites
apostats deviennent intolérables, Abinadi reçoit du
Seigneur le commandement de dénoncer publiquement leurs
abominations ; il prophétise leur captivité et
leurs afflictions à venir. Noé le condamne à
mort pour ceci, mais il s’échappe.
On ne sait pas où
il vit pendant son exil. Les ressemblances entre ses paroles et
celles de Benjamin (cf. Mos. 16:1 ; 3:20 ; 16:5 ;
2:38 ; 16:10-11 ; 3:24-25) pourraient signifier qu'il a
passé un certain temps à Zarahemla avec le roi Benjamin
et son peuple (Pa. 1:16-17) ou qu’il a reçu des
révélations semblables pendant cette période.
Après deux ans,
ayant de nouveau reçu du Seigneur le commandement de
prophétiser, Abinadi retourne, déguisé, dans la
ville de Néphi. Devant la foule, il lance, au nom du Seigneur,
une malédiction contre le peuple impénitent, contre son
pays et son grain, prédisant sans détour la destruction
et une servitude humiliante, rappelant les souffrances d'Israël
en Égypte. Dans une malédiction sans appel, comme
celles utilisées au Proche-Orient antique pour condamner ceux
qui violent leurs alliances, il témoigne que la vie de Noé
« sera estimée comme un vêtement dans une
fournaise ardente » (Mos. 12:3).
Le peuple se saisit de
lui, le ligote, le livre à Noé et l’accuse de
mentir au sujet du roi et de prophétiser faussement. Les deux
chefs d’accusation sont des violations en vertu de leur loi, la
Loi de Moïse (Mos. 13:23 ; Ex. 20:16 ; De. 18:20-22).
La nature double des accusations semble avoir compliqué le
procès qui en résulte, le roi ayant comme d’habitude
pouvoir en matière de politique et les prêtres en
matière de questions religieuses.
Le procès se
concentre d'abord sur l’accusation de fausse prophétie.
Les prêtres invitent Abinadi à interpréter Ésaïe
52:7-10. Ils pensaient sans doute que ce texte montre que Dieu a
consolé leur propre peuple puisque celui-ci a vu le pays
« racheté ». Selon eux, alors qu'Ésaïe
chantait les louanges de ceux qui apportaient de « bonnes
nouvelles », Abinadi, lui, dit du mal. Selon cette
interprétation, les malédictions d'Abinadi sont en
conflit avec Ésaïe et les prêtres les considèrent
comme fausses et illégales.
Abinadi réfute les
prêtres de plusieurs manières. Il les accuse de mal
comprendre la loi et d’y désobéir. Il parvient à
leur faire admettre que le salut exige l'obéissance à
la loi, après quoi il leur rappelle les dix commandements, la
loi fondamentale de l'alliance qu'ils n'ont pas gardée. Il
résiste miraculeusement à la tentative du roi de le
faire taire « et son visage brillait d'un resplendissement
extrême, comme celui de Moïse pendant qu'il était
sur la montagne du Sinaï » (Mos. 13:5). Il cite
ensuite Ésaïe 53 et explique le rapport de ce passage
avec le futur Messie.
Les paroles prophétiques
d'Abinadi sont parmi les plus puissantes du Livre de Mormon. Il
explique l’ « aspect » et la venue
de Dieu mentionnés dans Ésaïe 52:14 et 53:2 (Mos.
13:34 ; 14:2) comme la venue d'un Fils dans la chair, étant
« le Père et le Fils » (Mos. 15:1-5). Il
enseigne aussi que Dieu souffrira comme une « brebis
muette devant ceux qui la tondent » (És. 53:7 ;
Mos. 14:7). Abinadi est alors en mesure de répondre à
la question des prêtres au sujet d'Ésaïe 52:7-10.
Il proclame que ceux qui « déclareront sa
postérité » (voir Mos. 15:10) et « publient
la paix » (voir Mos. 15:14) sont les prophètes de
Dieu et qu’eux et tous ceux qui écoutent leurs paroles
sont sa « postérité » (Mos.
15:11, 13). Ils sont ceux qui apportent vraiment des « bonnes
nouvelles » de salut, de rédemption, de réconfort
par le Christ et du règne de Dieu au jour du jugement.
Utilisant le texte
d'Ésaïe, Abinadi montre que Dieu ne pourrait pas racheter
le peuple de Noé qui s'est obstinément rebellé
contre la Divinité et que la vraie rédemption n’est
possible que par le repentir et l'acceptation du Christ. Il montre
aussi que ses prophéties ne contredisent pas le texte d'Ésaïe
cité par les prêtres.
Noé veut
qu'Abinadi soit mis à mort, l’accusant d’avoir
porté un faux témoignage contre lui, le roi. Un jeune
prêtre appelé Alma atteste vaillamment l'exactitude du
témoignage d'Abinadi, sur quoi il est expulsé et le
procès est suspendu pendant trois jours pendant lesquels
Abinadi est gardé en prison.
Quand le procès
reprend, Abinadi est probablement accusé de blasphème
(Mos. 17:8), encore une infraction capitale en vertu de la loi de
Moïse (Lé. 24:10-16). Noé lui donne l'occasion
d’abjurer, mais Abinadi refuse de changer le message de Dieu,
même face à des menaces de mort.
Noé est intimidé
et pense à le libérer, mais les prêtres accusent
Abinadi d'un quatrième délit, celui d’insulter le
roi (Mos. 17:12 ; Ex. 22:28). C’est pour ce motif que Noé
va condamner Abinadi, et les prêtres vont le flageller et le
brûler. Il était normal, en vertu de la loi mosaïque,
que ce soient les accusateurs qui infligent le châtiment, mais
la mort par le feu est une forme extraordinaire d'exécution.
Elle reflète le crime dont Abinadi est accusé : il
est brûlé tout comme il a dit que la vie de Noé
serait estimée comme un vêtement dans une fournaise
ardente. En mourant, il prophétise que ses accusateurs
connaîtront le même destin. Cette prophétie ne
tardera pas à s’accomplir (Mos. 17:15-18 ; 19:20 ;
Al. 25:7-12).
Les Néphites vont
se rappeler Abinadi dans au moins trois rôles :
1. Pour Alma, son
converti principal, Abinadi est un prophète du Christ. Alma
enseignera les paroles d'Abinadi au sujet de la mort et de la
résurrection du Christ, de la résurrection des morts,
de la rédemption du peuple de Dieu (Mos. 18:1-2) et du grand
changement de cœur par la conversion (Al. 5:12). Grâce
aux descendants d'Alma, Abinadi va influencer les Néphites
pendant des siècles.
2. Pour Ammon, qui sera
témoin du martyre de 1.005 de ses propres convertis (Al.
24:22), Abinadi reste le martyr par excellence « à
cause de sa croyance en Dieu » (Al. 25:11 ; cf. Mos.
17:20 ; voir aussi Mos. 7:26-28). C’est ce qui est reconnu
comme étant la vraie raison de la mort d'Abinadi, puisque
l’accusation d’insulte au roi lancée par les
prêtres se révèle être un faux prétexte.
3. Pour Mormon, témoin
de la décadence et de la destruction des Néphites cinq
cents ans plus tard, Abinadi reste celui qui a prophétisé
que, pour cause de méchanceté, le malheur s’abattrait
sur le pays et que les méchants seraient totalement détruits
(Mrm. 1:19 ; cf. Mos. 12:7-8).
Bibliographie
Welch, John W. "Judicial
Process in the Trial of Abinadi". Provo, Utah, 1981.
LEW W. CRAMER
Abraham
[Cette rubrique comprend
cinq articles :
Livre d’Abraham :
Origine du livre d’Abraham
Abraham : Traduction
et publication du livre d’Abraham
Abraham : Contenu du
livre d’Abraham
Abraham :
Fac-similés du livre d’Abraham
Abraham : Études
sur le livre d’Abraham
Le livre d’Abraham
rapporte de manière autobiographique la première partie
de la vie d’Abraham et est l’un des textes du recueil
d’Écritures des saints intitulé Perle de grand
prix. L’article Origine du livre d’Abraham raconte la
découverte et l’achat des papyrus de Joseph Smith et les
événements aboutissant à la publication du livre
d’Abraham lui-même. L’article Traduction et
publication du livre d’Abraham donne quelques brefs détails
sur le processus par lequel Joseph Smith a produit le texte du livre
d’Abraham et l’histoire de sa parution comme ouvrage
imprimé. L’article Contenu du livre d’Abraham
examine d’une manière générale les
événements relatés dans le livre, notamment la
délivrance miraculeuse d’Abraham de la mort et
l’alliance de Dieu avec lui avant qu’il quitte sa patrie.
Fac-similés du livre d’Abraham donne une introduction
aux illustrations égyptiennes antiques qui sont actuellement
publiées avec l’œuvre et évalue leur lien
avec le texte. Les études publiées jusqu’ici sur
le livre d’Abraham sont traitées dans Études sur
le livre d’Abraham.]
Livre
d’Abraham : Origine du livre d’Abraham
Auteur :
PETERSON, H. DONL
En juillet 1835, tandis
qu’il habitait Kirtland (Ohio), le prophète Joseph Smith
acheta, au nom de l’Église, pour $2400, quatre momies
égyptiennes et les papyrus qui les accompagnaient à
Michael H. Chandler, un montreur itinérant de Pennsylvanie.
Chandler avait acquis onze momies début 1833 et avait vendu
les sept autres dans l’Est des États-Unis avant de
rencontrer Joseph Smith. Peu après avoir obtenu les
antiquités, Joseph Smith annonça que les papyrus
contenaient des écrits des patriarches Abraham et Joseph, qui
avaient tous deux habité en Égypte (Ge. 12:37, 39-50).
Ces antiquités
avaient été exhumées par Antonio Lebolo sur la
rive occidentale du Nil en face de la ville antique de Thèbes
(aujourd’hui Louxor), probablement entre 1817 et 1821. Lebolo,
né à Castellamonte, au Piémont (nord de
l’Italie), avait été gendarme pendant
l’occupation de la botte italienne par Napoléon. Quand
celui-ci fut battu, Lebolo préféra l’exil à
la perspective de l’emprisonnement au moment de la réapparition
de la monarchie sarde. Il alla s’installer en Égypte, où
il fut employé par Bernardino Drovetti, ancien consul général
de France en Égypte, pour superviser ses fouilles en
Haute-Égypte. Drovetti permit également à Lebolo
de faire ses propres fouilles. Lebolo découvrit onze momies
bien conservées dans un grand tombeau. Du fait que Lebolo
dirigeait plusieurs centaines d’hommes qui faisaient des
fouilles à différents emplacements, l’endroit
exact n’a pas été identifié. Les momies
furent envoyées à Trieste, où Lebolo autorisa
Albano Oblasser, un magnat de l’import export, à les
vendre en son nom. Lebolo mourut le 19 février 1830 à
Castellamonte. Oblasser expédia les onze momies à deux
compagnies maritimes à New York, McLeod et Gillespie, et à
Maitland et Kennedy, pour qu’ils les vendent à quiconque
payerait une somme appropriée. Le montant devait être
envoyé aux héritiers de Lebolo. Chandler les acheta en
hiver ou au début du printemps 1833. Il prétendait que
Lebolo était son oncle, mais cette parenté n’a
pas été confirmée.
On sait maintenant qu’une
partie de la littérature abrahamique révèle des
liens avec l’Égypte. Par exemple, le Testament d’Abraham
– probablement d’abord écrit en grec –
provient presque certainement d’Égypte. L’insertion
d’une personnalité biblique telle qu’Abraham dans
les scènes hiéroglyphiques égyptiennes est une
technique juive connue depuis la période hellénistique
(Grobel, p. 373-382). Il n’est donc pas étonnant que des
textes égyptiens soient d’une certaine façon liés
à la parution du livre d’Abraham.
Selon certains
égyptologues, les écrits d’Abraham acquis par
Joseph Smith doivent dater du début de l’ère
chrétienne. Cette datation n’est pas sans précédent.
Le Testament d’Abraham, édité au départ
par M. R. James en 1892, a été décrit par lui
comme étant « un écrit judéo-chrétien
du deuxième siècle composé en Égypte »
(Nibley, p. 20-21).
L’identité
des momies n’est pas connue, puisqu’il n’y a aucune
source primaire qui les identifie.
Bibliographie
Grobel, K. « …
Whose Name Was Neves ». New Testament Studies 10
(1963-1964), p. 373-382.
Nibley, Hugh W. Abraham
in Egypt. Salt Lake City, 1981.
Peterson, H. Donl. The
Pearl of Great Price : A History and Commentary. Salt Lake City,
1987.
H. DONL PETERSON
Livre
d’Abraham : Traduction et publication du livre d’Abraham
Auteur :
PETERSON, H. DONL
Le 10 octobre 1880, lors
d’une conférence générale, les membres de
l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours votèrent pour accepter le livre d’Abraham comme
ouvrage scripturaire. Plusieurs idées ont été
avancées concernant le processus par lequel le prophète
Joseph Smith a réalisé l’œuvre. Bien que
ses associés et lui aient commencé un « alphabet
et grammaire égyptiens » tandis qu’ils
étudiaient les papyrus, le but de ce travail est obscur. Il
n’a jamais été fini, expliqué ou publié
par Joseph Smith ni aucun de ses successeurs. Cependant, il est
certain qu’il a commencé à travailler à
Kirtland sur les papyrus égyptiens concernés peu après
les avoir achetés à Michael H. Chandler en 1835.
Il est probable que
personne aux États-Unis en 1835 n’aurait pu interpréter
des hiéroglyphes égyptiens par les techniques
ordinaires de traduction. Le prophète dit que quand il avait
traduit les plaques d’or du Livre de Mormon » à
partir du texte en « égyptien réformé »
(1827-1829), il l’avait fait « par le don et le
pouvoir de Dieu ». De même, ce fut principalement
l’inspiration divine plutôt que sa connaissance des
langues qui fut à l’origine du texte anglais du livre
d’Abraham. Sa méthodologie précise demeure
inconnue.
Le 5 juillet 1835, le
prophète écrivit : « J’ai
commencé la traduction de certains des caractères ou
hiéroglyphes et, à notre grande joie, j’ai
constaté qu’un des rouleaux contenait les écrits
d’Abraham… Vraiment nous pouvons dire que le Seigneur
commence à révéler l’abondance de la paix
et de la vérité » (HC 2:236). Après
quelques retards, Joseph Smith désigna, le 2 novembre 1837,
deux hommes pour lever des fonds pour aider à la traduction et
à l’impression du livre d’Abraham. Mais à
cause d’autres difficultés, il ne put rien publier
pendant les quatre années qui suivirent. Le livre d’Abraham
fut imprimé pour la première fois dans trois numéros
du Times and Seasons, les 1er mars, 15 mars et 16 mai 1842. Ces
numéros contenaient tout le livre actuel d’Abraham, dont
les trois fac-similés. En février 1843, Joseph Smith
promit que davantage du livre d’Abraham serait publié.
Malheureusement, le harcèlement continu de ses ennemis empêcha
le prophète de publier davantage du document. Il reçut
une notoriété considérable quand plusieurs
grands journaux de l’Est des États-Unis réimprimèrent
le fac-similé 1 et une partie du texte publié dans le
Times and Seasons.
En 1851, les écrits
d’Abraham furent publiés en Angleterre dans la Perle de
grand prix, une petite compilation faite par Franklin D. Richards,
contenant certaines des traductions et des révélations
de Joseph Smith. C’est cette compilation qui fut canonisée
en 1880 à Salt Lake City, ce qui la plaçait au niveau
des trois autres recueils ou ouvrages canoniques sacrés :
la Bible, le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances.
En 1856, les papyrus
furent vendus par la veuve de Joseph à Abel Coombs. À
l’exception de quelques fragments rendus à l’Église
en 1967, la localisation actuelle des papyrus est inconnue. [Voir
également Papyrus, Joseph Smith.]
Bibliographie
Nibley, Hugh. "The
Meaning of the Kirtland Egyptian Papers". BYU Studies 11, n°
4, été 1971, p. 350-399.
Peterson, H. Donl. The
Pearl of Great Price : A History and Commentary. Salt Lake City,
1987.
H. DONL PETERSON
Livre
d’Abraham : Contenu du livre d’Abraham
Auteur :
THOMPSON, STEPHEN E.
Le livre d’Abraham
dans la Perle de grand prix se compose d’un récit des
relations d’Abraham avec le Seigneur dans quatre pays : la
Chaldée, Charan, Canaan et l’Égypte. Cette
observation est en accord avec l’expression qui introduit
l’œuvre, « au pays de ». Excepté
pour les événements rapportés au premier
chapitre, Saraï (Sara) participe pleinement aux vicissitudes et
aux triomphes de son mari.
Au début du texte,
Abraham vit parmi peuple idolâtre de Chaldée (Abr. 1:1,
5-7). Mais sous le coup de fortes persécutions (1:12, 15) pour
avoir prêché contre sa méchanceté, il
décide d’émigrer. L’opposition officielle
qui en résulte vaut presque à Abraham d’être
la victime d’un sacrifice humain (1:12-15). Quand il prie pour
avoir l’aide divine, un ange le sauve et lui promet qu’il
sera conduit dans un nouveau pays et qu’il recevra la prêtrise
(1:15-19).
Quand la famine
prophétisée par l’ange arrive en Chaldée
(1:29-30), Abraham part avec Saraï, son neveu Lot, et sa
famille, avec son père, Térach, dans son sillage (2:4).
Une fois qu’ils sont installés à Charan, le
Seigneur commande à Abraham de continuer vers Canaan et lui
révèle les éléments de base de l’alliance
abrahamique (2:6-11). À cause de la famine, Abraham va en
Égypte, où le Seigneur lui commande – et c’est
là un détail qui est absent dans Genèse 12:11-13
– de présenter Saraï comme sa sœur, afin que
les Égyptiens ne le tuent pas (2:21-25).
Au troisième
chapitre, Abraham décrit une vision qu’il a reçue
par un urim et un thummim au sujet des mondes créés par
Dieu, des esprits prémortels des hommes et du Conseil dans les
cieux où les dieux (cf. Jn. 1:1-4, 14 ; Hé. 1:1-3)
planifièrent la création de la terre et de l’humanité.
Les quatrième et cinquième chapitres racontent la
réalisation de ces plans et le placement d’Adam et Ève
dans le jardin d’Éden.
Selon le récit du
livre, la Chaldée était sous l’hégémonie
égyptienne du vivant d’Abraham. La religion locale
comprenait le culte solaire égyptien, le culte du pharaon et
les sacrifices humains. La découverte du pays d’Égypte
est attribuée à Égyptus, fille de Cham et
d’Égyptus ; son fils aîné, dont le nom
était Pharaon, créa son premier gouvernement.
Les contributions
doctrinales du livre sont une explication plus complète de
l’alliance d’Abraham et de son rapport avec l’Évangile
(2:6-11) et une meilleure compréhension de la vie prémortelle
(3:22-28). Pour ce qui concerne l’astronomie, il donne le nom
de l’astre le plus proche de la demeure de Dieu, Kolob (3:2-4)
et détaille la création de la terre par un conseil des
Dieux au quatrième chapitre. Abraham 1:26-27 a été
interprété par certains comme base scripturaire du
refus dans le passé de donner la prêtrise aux noirs.
Pour ce qui est des liens
avec la Bible, l’idolâtrie de Térach (cf. Jos.
24:2) et la délivrance d’Abraham par le Seigneur (cf.
És. 29:22) sont détaillés dans le livre
d’Abraham et dans d’autres textes antiques sur Abraham.
Beaucoup de thèmes
du livre apparaissent dans d’autres documents littéraires
antiques, notamment la lutte d’Abraham contre l’idolâtrie
(Jubilés 12 ; Charlesworth, vol. 2, p. 79-80), la
tentative de sacrifice d’Abraham (Pseudo-Philon 6 ;
Charlesworth, vol. 2, p. 310-312) et la vision d’Abraham de
l’endroit où Dieu habite, les événements
dans le jardin d’Éden et les esprits prémortels
(Apocalypse d’Abraham 22-23 ; Charlesworth, vol. 1, p.
700). Le commandement de Dieu à Abraham de présenter
Saraï comme étant sa sœur trouve son écho
dans l’Apocryphe de la Genèse (colonne 19) comme lui
ayant été donné dans un songe. Abraham
enseignant l’astronomie aux Égyptiens (fac-similé
3 du livre d’Abraham) se retrouve dans le Pseudo-Eupolème
9.17.8 et 9.18.2 (Charlesworth, vol. 2, p. 881-82) et dans Josèphe
(Histoire ancienne des Juifs 1.8.2).
Bibliographie
Charlesworth, James H.,
dir. de publ. The Old Testament Pseudepigrapha, 2 vols. Garden City,
N.Y., 1983, 1985.
Millet, Robert L., et
Kent P. Jackson, dir. de publ. Studies in Scripture, Vol. 2. Salt
Lake City, 1985.
Peterson, H. Donl, et
Charles D. Tate, dir. de publ. The Pearl of Great Price :
Revelations from God. Provo, Utah, 1989.
STEPHEN E. THOMPSON
Livre
d’Abraham : Fac-similés du livre d’Abraham
Auteur :
RHODES, MICHAEL D.
Trois fac-similés
sont publiés avec le texte du livre d’Abraham dans la
Perle de grand prix. Tous sont semblables aux illustrations
égyptiennes connues par d’autres sources.
FAC-SIMILÉ NUMÉRO
1. Les représentations semblables au fac-similé 1
abondent dans les textes religieux égyptiens. Un exemple
typique apparaît au chapitre 151 du Livre des Morts, montrant
le dieu Anubis embaumant Osiris, qui se trouve sur un lit en forme de
lion. Dans certains détails, tels que la position du
personnage couché, le fac-similé 1 diffère des
autres textes égyptiens.
On ne connaît
l’existence du document original que pour le fac-similé
1. La comparaison des fragments de papyrus ainsi que du texte
hiéroglyphique qui accompagne ce dessin démontre qu’il
faisait partie d’un texte religieux égyptien connu sous
le nom de Livre des Respirations. Sur la base des indications
paléographiques et historiques, la date de ce texte peut être
estimée avec certitude comme étant le premier siècle
apr. J.-C. Étant donné que le livre d’Abraham
fait allusion à cette illustration (Abr. 1:12), beaucoup en
ont conclu que le Livre des Respirations doit être le texte que
le prophète Joseph Smith a utilisé dans sa traduction.
Comme il est clair que le Livre des Respirations n’est pas le
livre d’Abraham, les détracteurs affirment que c’est
la preuve concluante que Joseph Smith était incapable de
traduire les documents antiques.
Dans les documents
historiques que l’Église possède actuellement,
Joseph Smith n’a jamais décrit le processus qu’il
utilisait pour traduire les documents antiques. Parlant du Livre de
Mormon, il a dit qu’il « n’était pas
utile » qu’il raconte tous les détails de sa
parution (HC 1:220 ; voir Traduction du Livre de Mormon par
Joseph Smith). À plusieurs reprises, il a qualifié le
livre d’Abraham de traduction (HC 4:543, 548) ; et quand
le livre d’Abraham fut publié par sections dans le
Millennial Star, il fut décrit comme « traduit par
Joseph Smith » (juillet 1842, p. 34). Wilford Woodruff
(dans son journal personnel) et Parley P. Pratt (dans le Millennial
Star de juillet 1842) affirment que la traduction avait été
faite au moyen de l’urim et du thummim, bien que Joseph Smith
lui-même ne mentionne pas l’utilisation de cet instrument
à un endroit quelconque de la traduction.
On doit cependant tenir
compte de ce que Joseph Smith entendait par traduction. La section 7
des Doctrine et Alliances nous propose une mesure standard. Ici, le
prophète, utilisant l’urim et le thummim, a traduit des
« écrits faits sur parchemin par Jean ».
Bien qu’on ne sache pas si Joseph Smith a eu ce document en sa
possession, il en a donné une traduction. Puisqu’on ne
sait pas au juste comment Joseph Smith traduisait, il est raisonnable
de postuler que, en étudiant les papyrus égyptiens
achetés à Michael Chandler, Joseph Smith a demandé
au Seigneur de lui donner la révélation à leur
sujet et a reçu dans ce processus le livre d’Abraham. Il
se peut alors qu’il ait recherché dans les papyrus en sa
possession des illustrations semblables à celles qu’il
avait apprises par révélation. C’est une
explication possible de la façon dont des dessins faits aux
environs du premier siècle apr. J.-C. ont été
utilisés pour illustrer le livre d’Abraham.
FAC-SIMILÉ NUMÉRO
2. Les égyptologues appellent le fac-similé 2 un
hypocéphale (« sous la tête » en
grec) et de nombreux exemplaires sont conservés dans les
musées de par le monde. Leur but officiel était de
maintenir le corps chaud (c.-à-d., prêt pour la
résurrection) et de transformer le défunt en un dieu
dans l’au-delà. Joseph Smith a expliqué que le
fac-similé 2 contenait des représentations de Dieu, de
la terre, du Saint-Esprit, etc. Ses explications sont généralement
raisonnables à la lumière des connaissances modernes en
égyptologie. Par exemple, les quatre personnages debout dans
la partie inférieure du fac-similé représentent,
selon Joseph Smith, « les quatre coins de la terre ».
Les Égyptiens les appelaient les quatre fils d’Horus et,
entre autres, ils étaient les dieux des quatre coins de la
terre.
FAC-SIMILÉ NUMÉRO
3. Le fac-similé 3 est une scène que l’on
retrouve sans cesse dans la littérature égyptienne, une
scène particulièrement connue grâce au chapitre
125 du Livre des Morts. Il représente le jugement des morts
devant le trône d’Osiris. Il est probable qu’il se
trouvait à la fin du texte du Livre des Respirations, dont le
fac-similé 1 constituait le commencement, puisque d’autres
exemplaires contiennent des vignettes semblables à celle-ci.
De plus, le nom de Hor, propriétaire du papyrus, apparaît
dans les hiéroglyphes au bas de ce fac-similé.
Joseph Smith explique que
le fac-similé 3 représente Abraham assis sur le trône
du pharaon, enseignant les principes de l’astronomie à
la cour égyptienne. Les critiques ont fait remarquer que le
deuxième personnage, que Joseph Smith dit être le roi,
est la déesse Hathor (ou Isis). Il y a cependant des exemples
dans d’autres papyrus, qui n’étaient pas dans la
possession de Joseph Smith, où le pharaon est représenté
sous les traits d’Hathor. En fait, la scène entière
est typique des drames rituels égyptiens dans lesquels des
acteurs costumés jouaient les rôles de divers dieux et
déesses.
En résumé,
le fac-similé 1 constituait le commencement et le fac-simile 3
la fin d’un document connu sous le nom de Livre des
Respirations, un texte religieux égyptien que la paléographie
date de l’époque de Jésus. Le fac-similé
2, l’hypocéphale, est également un texte
religieux égyptien tardif. On pourrait expliquer l’association
de ces fac-similés au livre d’Abraham comme étant
une tentative de Joseph Smith de trouver, dans les papyrus qu’il
possédait, les illustrations qui correspondaient le mieux à
ce qu’il avait reçu par révélation en
traduisant le livre d’Abraham. De plus, les explications que le
prophète donne de chacun des fac-similés s’accordent
avec ce qui est connu aujourd’hui des pratiques religieuses
égyptiennes.
Bibliographie
Harris, James R. "The
Book of Abraham Facsimiles." Dans Studies in Scripture, Vol. 2,
dir. de publ. R. Millet et K. Jackson. Salt Lake City, 1985.
Nibley, Hugh. Abraham in
Egypt. Salt Lake City, 1981.
Rhodes, Michael D. "A
Translation and Commentary of the Joseph Smith Hypocephalus."
BYU Studies 17, printemps 1977, p. 259-274.
MICHAEL D. RHODES
Livre
d’Abraham : Études sur le livre d’Abraham
Auteur :
RHODES, MICHAEL D.
COMMENTAIRES DOCTRINAUX.
Les études doctrinales du livre d’Abraham ont
habituellement été des composants de commentaires
généraux sur la Perle de grand prix qui ne se
concentraient pas sur le livre d’Abraham en particulier. Le
Commentary on the Pearl of Great Price de George Reynolds et Janne
Sjodahl (Salt Lake City, 1965) en est un exemple typique. L’étude
la plus complète de cette sorte est le Doctrinal Commentary on
the Pearl of Great Price (Salt Lake City, 1969) par Hyrum Andrus.
ÉTUDES
HISTORIQUES. En 1912, la brochure Joseph Smith, Jr., as a Translator
par F. S. Spaulding, évêque épiscopalien d’Utah,
tentait de réaliser la première étude non
mormone officielle du livre d’Abraham. Elle contenait des
lettres de huit grands égyptologues sur les trois fac-similés
commentant sur « l’exactitude » de leur
interprétation par le prophète Joseph Smith. Les
savants s’accordaient unanimement pour dire que le prophète
se trompait. À l’époque, aucun savant parmi les
saints des derniers jours n’était capable de réfuter
leurs affirmations. Ce ne fut qu’en 1936 que J. E. Homans, qui
n’était pas saint des derniers jours et qui écrivait
sous le pseudonyme R. C. Webb, publia Joseph Smith as a Translator,
défendant les capacités du prophète comme
traducteur, mais sans traiter directement les remarques faites par
les égyptologues.
En 1967, onze fragments
des papyrus égyptiens qui avaient jadis appartenu à
Joseph Smith furent redécouverts par Aziz S. Atiya et furent
ensuite présentés à l’Église par le
Metropolitan Museum of Art de New York. On constata que plusieurs
fragments faisaient partie d’un texte religieux égyptien
connu sous le nom de Livre des Respirations. Trois égyptologues
de renom procédèrent rapidement à une traduction
et à des commentaires sur les fragments, ce qui eut comme
conséquence de nouvelles attaques à propos de
« l’incapacité » de Joseph Smith
comme traducteur. Les détracteurs affirmèrent que le
Livre des Respirations n’avait rien à voir avec le livre
d’Abraham que Joseph Smith prétendait apparemment avoir
traduit de ces mêmes papyrus. En effet, le Livre des
Respirations est un texte tardif qui remonte aux environs du premier
siècle apr. J.-C., quelque deux mille ans après le
temps d’Abraham. Hugh Nibley a systématiquement défendu
Joseph Smith avec une grande compétence contre les critiques
de ce type, en affirmant que le livre d’Abraham devait être
évalué sur la base de ce qu’il prétend
être : le récit fait par Abraham de sa vie. Les
recherches de Nibley ont montré qu’il existe un nombre
important de liens entre le livre d’Abraham et les textes
antiques qui traitent d’Abraham. Ces ressemblances sont trop
nombreuses et trop subtiles pour qu’on puisse les attribuer à
la seule coïncidence.
Dans son explication du
fac-similé 2 du livre d’Abraham, Joseph Smith affirmait
que certaines informations qui s’y trouvaient ne devaient pas
être révélées au monde, « mais
peu[ven]t s’obtenir dans le saint temple de Dieu ».
Les études sur le rituel du temple égyptien faites
depuis le temps de Joseph Smith ont révélé des
parallèles avec les célébrations et la doctrine
du temple chez les saints des derniers jours, notamment la
représentation de la création et de la chute de
l’humanité, les ablutions et les onctions et le retour
final des personnes en la présence de Dieu. De plus, mari,
femme et enfants sont scellés ensemble pour l’éternité,
la généalogie est prise au sérieux ; les
hommes seront jugés selon leurs actes dans cette vie et la
récompense d’une vie juste est de vivre éternellement
en la présence de Dieu avec sa famille. Il n’est guère
raisonnable de vouloir faire croire que tous ces parallèles se
sont produits par pur hasard.
Un certain nombre de
textes pseudépigraphiques prétendant être des
récits de la vie d’Abraham sont apparus depuis le temps
de Joseph Smith, comme l’Apocalypse d’Abraham et le
Testament d’Abraham, des documents qui montrent des
ressemblances remarquables avec le livre d’Abraham. Par
exemple, au chapitre 12 du Testament d’Abraham, il y a une
description du jugement des morts qui correspond dans le plus grand
détail à la scène montrée dans le
fac-similé 3 du livre d’Abraham et, par ailleurs, au
chapitre 125 du Livre des Morts égyptien. En fait, on peut
trouver dans les écrits pseudépigraphiques sur Abraham
des parallèles avec presque chaque verset du livre d’Abraham.
En résumé,
les nombreuses ressemblances que le livre d’Abraham et les
points de doctrine des saints des derniers jours qui lui
correspondent ont en commun avec les textes religieux égyptiens
et les écrits pseudépigraphiques récemment
découverts peuvent être une confirmation supplémentaire
de l’authenticité de la traduction de Joseph Smith
connue sous le nom de livre d’Abraham. Une question importante
au sujet de son authenticité continue à tourner autour
du point de savoir si Joseph Smith a traduit l’ouvrage au
départ des fragments de papyrus que l’Église a
maintenant en sa possession ou s’il a utilisé l’urim
et le thummim pour recevoir le texte du livre d’Abraham par
révélation, comme c’est est le cas pour la
traduction du rouleau de Jean le Révélateur, que l’on
trouve à la section 7 des Doctrine et Alliances ou du livre de
Moïse, qui est extrait de la traduction de la Bible par Joseph
Smith et qui se trouve aussi dans la Perle de grand prix. Ces
exemples montrent que Joseph Smith n’avait pas besoin de
posséder un texte original pour que sa traduction lui soit
révélée. Dans sa fonction comme prophète,
voyant et révélateur, beaucoup de voies lui étaient
ouvertes pour recevoir des informations par l’inspiration
divine. [Voir aussi Livre d’Abraham : Fac-similés
du livre d’Abraham.]
Bibliographie
Ashment, Edward H. "The
Facsimiles of the Book of Abraham : A Reappraisal."
Sunstone 4, n° 5-6, déc. 1979, p. 33-48.
Baer, Klaus. "The
Breathing Permit of Hor." Dialogue 3, n° 3, 1968, p.
109-134.
Homans, J. E. Joseph
Smith as a Translator. Salt Lake City, 1936.
Nibley, Hugh. The Message
of the Joseph Smith Papyri. Salt Lake City, 1975.
Nibley, Hugh. Abraham in
Egypt. Salt Lake City, 1981.
Parker, Richard. "The
Joseph Smith Papyri : A Preliminary Report." Dialogue 3, n°
2, 1968, p. 86-92, 98-99.
Rhodes, Michael D. "A
Translation and Commentary on the Joseph Smith Hypocephalus."
BYU Studies 17, printemps 1977, p. 259-274.
Spaulding, F. S. Joseph
Smith, Jr., as a Translator. Brochure. Salt Lake City, 1912.
Wilson, John. "A
Summary Report." Dialogue 3, n° 2, 1968, p. 67-85.
MICHAEL D. RHODES
Abraham
Auteur :
CLARK, E. DOUGLAS
Peu de personnages
bibliques ont une place aussi importante dans la religion des saints
qu’Abraham. D’autres croient aussi qu’il a
réellement existé, mais l’approche des saints est
unique : Les révélations reçues par Joseph
Smith confirment l’historicité de base de la Genèse
et ajoutent des informations auxquelles font écho des sources
antiques dont beaucoup ont été retrouvées après
l’époque du prophète.
Le livre d’Abraham
tel que rétabli par Joseph Smith raconte de manière
autobiographique la jeunesse d’Abraham, expliquant pourquoi il
a été choisi comme destinataire clef des promesses
divines destinées au bien de l’humanité. Non
seulement il avait été préordonné dans la
vie prémortelle (Abr. 3:23 ; cf. Apocalypse d’Abraham
22:1-5), mais dans sa jeunesse à Ur il s’opposa à
l’idolâtrie et aux sacrifices humains, ce qui, ironie des
choses, lui valut d’en devenir presque victime (Abr. 1:5-20 ;
cf. Genèse Rabbah 38:13). Ce qui est encore plus ironique,
c’est que la délivrance de dernière minute
d’Abraham par Dieu préfigurait ce qui allait se passer
quand Abraham offrirait Isaac.
Après avoir épousé
Sara et appris son droit par lignage à l’ordre
patriarcal de la prêtrise tel que révélé
dans les « annales des pères » (Abr.
1:2-4, 26, 31 ; 2:2 ; Jubilés 12:27 ; cf. D&A
107:40-57), Abraham se rendit à Charan, où il reçut
apparemment son ordination (Abr. 2:9-11 ; WJS, p. 245, 303). Il
vit aussi le Seigneur, qui lui fit des promesses remarquables :
Abraham serait béni au-delà de toute mesure ; sa
postérité porterait l’Évangile à
toutes les nations et tous ceux qui le recevraient porteraient son
nom, seraient comptés dans sa postérité et le
béniraient comme étant leur père (Abr. 2:6-11 ;
cf. Ge. 12:1-3).
Accompagnés de
leurs convertis, Abraham et Sara se rendirent à Canaan (Abr.
2:15 ; Genèse Rabbah 39:14). La famine ne tarda pas à
les forcer à aller en Égypte, non sans que Dieu
commande au préalable à Abraham de demander à
Sara de se faire passer pour sa sœur (Abr. 2:22-25 ;
Apocryphe de la Genèse 19:14-21) et lui donna ensuite une
vision du cosmos et de la création pour lui permettre de les
enseigner aux Égyptiens (Abr. 3-5 ; cf. Sefer Yetsirah).
Le récit du livre
d’Abraham prend fin ici, mais le dernier fac-similé du
livre (le n° 3) dépeint Pharaon – qui prétend
traditionnellement être seul détenteur de la prêtrise
et de la royauté (Abr. 1:25-27) – honorant la prêtrise
d’Abraham en lui permettant d’occuper le trône et
d’enseigner l’astronomie à la cour (cf.
Pseudo-Eupolème ; Josèphe, Histoire ancienne
1.viii.2). Le fait que le pharaon ait reconnu la prêtrise
d’Abraham était inconnu dans toutes les autres sources
antiques jusqu’à la découverte, en 1947, de
l’Apocryphe de la Genèse, censé, comme le livre
d’Abraham, contenir un récit autobiographique d’Abraham
mais continuant le récit en Égypte (Apocryphe de la
Genèse 20:8-34) : Quand le pharaon emmène Sara au
palais, Abraham, en larmes, fait appel à Dieu, lequel la
protège immédiatement en affligeant le pharaon.
L’affliction empire, mais le pharaon finit par faire un rêve
où Abraham le guérit ; le patriarche est alors
convoqué et rend la santé au pharaon en lui mettant les
mains sur la tête. C’est le seul exemple connu dans
l’Ancien Testament ou dans les pseudépigraphes
apparentés d’une guérison par imposition des
mains, et il plante le décor pour la scène du livre
d’Abraham. Ensemble ces deux sources expliquent pourquoi les
anciens considéraient la rencontre d’Abraham avec le
pharaon comme « un événement crucial dans
l’histoire de l’humanité » (Nibley,
1981 [citant Wacholder], p. 63).
Mais c’est Sara qui
se trouve face au dilemme le plus difficile en Égypte :
Si elle honore la demande d’Abraham (en feignant être
vierge) et ses vœux matrimoniaux (en refusant les avances du
pharaon), elle risque une mort certaine. L’autre choix est
simplement d’accepter son nouveau rôle avec sa richesse
et son influence éblouissantes. Sara prouve sa fidélité
au péril de sa vie et, comme Abraham et Isaac, est finalement
sauvée par Dieu. Son sacrifice prouve son égalité
avec Abraham et leur dépendance mutuelle (CWHN 1:98 ; IE
73, avr. 1970, p. 79-95).
D’autres sources
mormones éclairent des événements ultérieurs
de la vie d’Abraham, comme quand Sara, encore sans enfant après
être retournée à Canaan, donne sa servante Agar à
Abraham (Ge. 16:1-3) et ainsi « servit Abraham selon la
loi » (D&A 132:65 ; voir aussi le verset 34) en
accord avec d’anciennes sources originaires du Proche-Orient
que l’on a maintenant et qui décrivent l’obligation
légale d’une épouse sans enfant. Le geste de Sara
démontre, dit un apôtre moderne, « son amour
et sa fidélité à son mari » (JD
23:228) et est, dit Philon, l’une « des preuves
innombrables » de son « amour conjugal…
Partout et en tout temps elle était à ses côtés…
sa vraie partenaire dans la vie et dans les événements
de la vie, résolue à partager au même titre le
bon et le mauvais » (À propos d’Abraham, p.
xlii-xliii).
Les sources de l’Église
décrivent en outre comment Abraham fut instruit au sujet de
Jésus-Christ par Melchisédek (EPJS, p. 260-261), qui,
comme prototype du Christ (TJS Ge. 14:26-36 ; Al. 13:17-19),
donna à Abraham la prêtrise selon l’Ordre du Fils
de Dieu (voir D&A
84:14 ; 107:2-4 ; cf. Genèse Rabbah 43:6) avec
accompagnement d’ordonnances du temple préfigurant le
Christ (Abraham, fac-similé 2 ; Al. 13:2, 16 ; cf.
Cave of Treasures [Budge], p. 148). Plus tard, Abraham « regarda
et vit les jours du Fils de l’Homme, et se réjouit »
(TJS Ge. 15:9-12 ; Hél. 8:17 ; Jn. 8:56).
L’épreuve
suprême d’Abraham, le sacrifice d’Isaac, fut à
la fois le rappel de l’expérience antérieure
d’Abraham et la préfiguration de choses à venir.
Des siècles avant Jésus, un prophète du Livre de
Mormon dit du sacrifice d’Isaac par Abraham qu’il était
une « similitude de Dieu et de son Fils unique »
(Jcb 4:4-5) tout comme beaucoup de pères chrétiens
allaient le dire rétrospectivement. La vie d’Abraham
symbolise donc et témoigne de son éminent descendant,
Jésus, qui, parce qu’il était également le
Fils de Dieu, pouvait expier pour Abraham et tous les autres.
La vie d’Abraham
préfigure aussi celle d’un autre descendant, Joseph
Smith (D&A 132:30-31), dont la prière à l’âge
de quatorze ans fait écho à celle du jeune Abraham au
même âge (Jubilés 11:16-17 ; JS–H
1:7-17). Les deux hommes avaient été préordonnés ;
tous les deux avaient reçu la prêtrise, prêché
l’Évangile et rencontré une opposition
redoutable ; tous deux parlèrent face à face avec
des messagers divins et avec Dieu lui-même, tous deux
possédaient un urim et un thummim, traduisirent des documents
antiques et rédigèrent des Écritures et tous
deux fondèrent une communauté influente de saints.
Mais le lien est plus
direct. John Taylor dit qu’Abraham a visité Joseph Smith
(JD 20:174-75 ; 21:94), dont la mission était aussi de
révéler des connaissances perdues sur Abraham (cf.
2 Né. 3:7, 12) et dont le ministère de
rétablissement tout entier a aidé à accomplir
l’alliance d’Abraham que dans sa postérité
toutes les nations seraient bénies (2 Né. 29:14 ;
3 Né. 20:27, 29). Un but central de ce rétablissement
est de rendre les promesses d’Abraham efficaces pour ses
descendants, qui, par les ordonnances du temple, peuvent recevoir les
bénédictions d’Abraham et être scellés
dans une chaîne d’ancêtres remontant jusqu’à
Abraham et à Adam (D&A2 ; EPJS, p. 289-290).
Pour atteindre la gloire
d’Abraham, il est commandé aux saints des derniers jours
d’aller au Christ en « [faisant] les œuvres
d’Abraham » dont la vie constitue un modèle
(D&A 132:32 ; cf. És. 51:1-2 ; Jn. 8:39 ;
Coran 16:120-123). Ces œuvres commencent par le baptême
et la réception du Saint-Esprit, sur quoi le bénéficiaire
doit « avancer résolument » (2 Né.
31:19-20) dans la justice, comme Abraham, en obéissant à
Dieu, en recevant la prêtrise et les ordonnances du temple, en
honorant les alliances, en fondant une cellule familiale, en
instruisant les enfants, en tenant des annales sacrées, en
prêchant l’Évangile et en se montrant fidèle
dans l’opposition (Abr. 1-2 ; Ge. 12-25). Quand on
progresse le long de ce chemin, on se calque de plus en plus sur
Abraham et Sara et les bénédictions qui leur ont été
promises. Par exemple, quiconque n’est pas descendant d’Abraham
mais reçoit le Saint-Esprit devient la postérité
d’Abraham (EPJS, p. 116-117 ; Abr. 2:10 ; cf. Ga.
3:29), tandis que tout homme qui magnifie la Prêtrise de
Melchisédek devient de même la postérité
d’Abraham (D&A 84:33-34). Et tout couple marié
éternellement dans le temple reçoit la promesse des
bénédictions d’Abraham – une postérité
comme les étoiles du ciel et le sable au bord de la mer,
signifiant un accroissement éternel de sa postérité
dans le royaume céleste (D&A 132:30 ; JD 11:151-152 ;
15:320).
Cette bénédiction
d’une postérité innombrable a été
promise en plusieurs occasions à Abraham (Abr. 3:13-14 ;
Ge. 13:16 ; 15:5 ; 17:2, 6), mais ce n’est que quand
il a démontré qu’il était disposé à
offrir Isaac comme sacrifice que le Seigneur a garanti les promesses
(Ge. 22:16-18), montrant, explique Joseph Smith, que toute personne
qui veut atteindre la vie éternelle « doit tout
sacrifier » (EPJS, p. 260). En conséquence, le
peuple du Seigneur doit être « mis à
l’épreuve comme Abraham » pour devenir
sanctifié par le descendant d’Abraham, le Christ (D&A
101:4-5 ; Mro. 10:33) en vue de « s’asseoir
dans le royaume de Dieu avec Abraham » et Sara (Al. 5:24)
sur un trône de gloire pour hériter les mêmes
bénédictions de l’exaltation dont jouit déjà
ce couple exemplaire (D&A 132:34-37 ; cf. Testament d’Isaac
2:5-7).
Bibliographie
Kimball, Spencer W. "The
Example of Abraham." Ensign 6, juin 1975, p. 3-7.
Nibley, Hugh. "A New
Look at the Pearl of Great Price" IE 71-73, janv. 1968-mai 1970,
une série d’articles couvrant deux années.
Nibley, Hugh. Abraham in
Egypt. Salt Lake City, 1981.
E. DOUGLAS CLARK
Abraham
– Évangile d’
Auteur :
FLAKE, JOËL A.
Le 3 avril 1836, les
clefs de la « dispensation de l’Évangile
d’Abraham » furent remises au prophète Joseph
Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland dans le
cadre du rétablissement de toutes choses dans la dispensation
de la plénitude des temps (D&A 110:12). Il fut promis que
par ceux qui recevraient l’Évangile dans les derniers
jours et leur postérité, toutes les générations
qui l’accepteraient seraient bénies (HC 2:434-436). Ceci
a renouvelé la promesse faite jadis à Abraham (Ge.
12:1-3 ; Abr. 2:6, 9-11 ; cf. Ga. 3:7-9, 29).
Les saints des derniers
jours enseignent qu’Adam, Hénoc, Noé, Abraham et
beaucoup d’autres ont été à la tête
de dispensations de l’Évangile. Les bénédictions
et les commandements divins ont été conférés
en fonction des circonstances du peuple fidèle de Dieu dans
chaque dispensation.
La dispensation de
l’Évangile d’Abraham comprend l’ordre
patriarcal de la prêtrise et l’alliance du mariage
éternel (D&A 131:1-4 ; 132:28-30 ; voir aussi
Mariage : Mariage éternel), par lesquels l’alliance
abrahamique est perpétuée de génération
en génération parmi les fidèles. Abraham reçut
la promesse qu’il aurait une postérité
innombrable dans le monde et hors du monde. Cette promesse est
renouvelée à tous ceux qui obéissent à
l’Évangile de Jésus-Christ et reçoivent
l’alliance sacerdotale du mariage céleste, « et
c'est par cette loi que se perpétuent les œuvres [du]
Père » parmi l’humanité tant dans le
temps que dans l’éternité (D&A 132:31-33). Le
rétablissement de toutes choses comprenait la restitution des
clefs à Joseph Smith pour la rendre possible à l’époque
moderne pour tous ceux qui font les œuvres d’Abraham pour
hériter l’alliance et les bénédictions
d’Abraham. [Voir aussi Postérité d’Abraham.]
JOEL A. FLAKE
Abrahamique
– Alliance
Auteur :
RASMUSSEN, ELLIS T.
L’alliance divine
archétypale, dont l’alliance d’Abraham est un
exemple, est l’alliance éternelle de l’Évangile
de Jésus-Christ. En acceptant l’Évangile,
l’humanité peut être rachetée de l’issue
fatale de la mort et de la tache du péché pour jouir de
la vie éternelle avec Dieu.
La mission d’Abraham
n’était pas nouvelle ; elle était comme la
mission d’Adam, de Hénoc et de Noé. Le même
pouvoir divin ou prêtrise qui leur donnait l’autorité
de promulguer l’alliance de la rédemption divine pour
les enfants de Dieu à leur époque a été
renouvelée avec Abraham et sa postérité ;
elle devait être explicitement perpétuée par lui
et ses héritiers littéraux et spirituels pour toujours
(Ge. 12:1-3 ; Abr. 1:18-19 ; 2:6, 9-11).
ACCOMPLISSEMENT PAR
ABRAHAM DE LA MISSION DE L’ALLIANCE Abraham apprit dans les
annales de ses ancêtres ce qui concernait le Dieu vrai et
vivant et les pouvoirs salvateurs de la prêtrise. Bien que ses
ascendants directs eussent apostasié de l’Évangile,
il désirait et reçut, de la part de Melchisédek,
cette vraie prêtrise avec ses pouvoirs et ses responsabilités
(Abr. 1:1-7, 18, 19, 31 ; D&A 84:14 ; Al. 13:14-19 ;
Ge. 14:18-20).
Les Chaldéens
idolâtres avaient rejeté Abraham et l’avaient mis
sur un autel pour le sacrifier (Abr. 1:5-12) mais le Seigneur le
sauva et lui commanda de partir de chez lui à Ur pour une
nouvelle terre promise (Ge. 11:27-32 ; 12:1-3 ; Abr. 1:1,
17 ; 2:1-5). Abraham emmena d’autres membres de sa famille
dans un endroit qu’ils appelèrent Charan, où il
gagna d’autres convertis aux voies du Seigneur. Il partit avec
eux pour entreprendre son ministère au pays qui lui était
promis, à lui et à tous ses descendants qui
écouteraient la voix du Seigneur (Abr. 2:6, 14-20 ; Ge.
12:4-8).
Abraham et son groupe
s’installèrent d’abord dans la région de
Béthel, bâtirent un autel et proclamèrent le nom
du Seigneur, façon de faire qu’il perpétua dans
les foyers qu’il fonda par la suite (Ge. 12:8 ; 13:4, 18).
Près de Béthel, les promesses et les responsabilités
de l’alliance furent renouvelées et la circoncision
devint le signe de l’alliance, pour rappeler à tous les
détenteurs de rester purs et exempts de péché
(Ge. 17). Abraham devint un homme de bonne réputation (Ge.
14:13, 18-20 ; 23:1-16) et eut la confiance de Dieu, qui fit son
éloge en disant : « Je l'ai choisi, afin qu'il
ordonne à ses fils et à sa maison après lui de
garder la voie de l'Éternel, en pratiquant la droiture et la
justice » (Ge. 18:19). Il connut l’épreuve
suprême et une révélation de la signification de
l’alliance rédemptrice lorsque Dieu exigea qu’à
titre de préfiguration du sacrifice du Sauveur, il soit
disposé à sacrifier son propre fils. Il réussit
l’épreuve, son fils fut sauvé et il apprit
comment tous peuvent être sauvés par le Rédempteur
divin (Ge. 22:1-18 ; Jn. 8:56 ; Jcb. 4:5 ; Ga. 3:8).
PERPÉTUATION DE LA
MISSION PAR LES HÉRITIERS D’ABRAHAM. Les successeurs
littéraux et spirituels d’Abraham apprirent à
garder l’alliance par les choses qu’ils subirent. Leurs
efforts eurent parfois du succès et leurs voisins furent
impressionnés (Ge. 17:1-7 ; 26:1-5, 24-28 ;
28:13-22 ; 30:25-27 ; 32:24-29 ; 35:1-15 ;
39:1-6, 21-23 ; 40:8 ; 41:9-16, 37-42).
Une bénédiction
patriarcale donnée par Jacob (Israël), petit-fils
d’Abraham, à ses douze fils définit les rôles
futurs de l’alliance pour ses descendants, en particulier ceux
issus de Juda et de Joseph (Ge. 49:10, 22-26).
En plus de la postérité
de Jacob, Abraham eut des descendants par Ismaël, le fils
d’Agar, servante de Sara. Dans la famille d’Ismaël,
on cite « douze princes » qui fondèrent
des « parcs » et des « enclos »
(Ge. 25:12-16). Six fils par Ketura, autre épouse d’Abraham,
sont également cités parmi ses familles : Zimran,
Jokschan, Medan, Madian, Jischbak et Schuach (Ge. 25:2). Il leur
promit à tous des dons avant de mourir (Ge. 25:1-7), notamment
des dons spirituels. Un descendant, Jéthro (ou Reuel),
sacrificateur de Madian, fournit à Moïse une épouse,
l’ordonna à la prêtrise et le conseilla sur la
façon d’organiser, de gouverner et de juger Israël
(Ex. 2:16-22 ; 18:12-27 ; D&A 84:6-16). De nombreux
descendants d’Ésaü, avec leurs chefs tribaux et
leurs rois, sont également mentionnés (Ge. 36).
Aujourd’hui, des
millions de personnes considèrent Abraham comme leur père.
Tous peuvent avoir les bénédictions de son alliance :
il leur suffit de faire les œuvres d’Abraham. Le Seigneur
n’a jamais dit à Abraham que lui seul serait béni
par l’alliance ou qu’elle ne bénirait que sa
postérité littérale ; la mission était
qu’en lui et en sa postérité toutes les familles
de toutes les nations seraient bénies. Tous ceux qui acceptent
l’alliance du divin Rédempteur deviennent
spirituellement la postérité d’Abraham et
reçoivent les mêmes bénédictions que ses
descendants biologiques (Ge. 12:1-3 ; Abr. 2:8-11 ; Ga.
3:7-9, 26-29 ; cf. Jean 8:33, 37, 39 ; Ro. 9:6-8).
L’HÉRITAGE
ABRAHAMIQUE PAR MOÏSE ET LES PROPHÈTES La mission de
Moïse était de délivrer les enfants d’Israël
du joug de l’esclavage et de la mort en Égypte et de les
ramener dans la Terre promise. Ils ne devaient entrer dans le pays
que lorsque l’iniquité des habitants précédents
serait devenue si excessive qu’ils se seraient plus dignes de
le conserver (1 Né. 17:35 ; Ge. 15:13-16 ;
17:7-9 ; TJS Ge. 17:4-7 ; Ex. 4:22-23 ; 6:1-8). Par
Moïse, le Seigneur donna aux Israélites des lois, des
ordonnances, des statuts et des commandements pour les aider à
se rappeler leurs devoirs envers Dieu et pour faire d’eux un
royaume de sacrificateurs, un peuple saint, un peuple acquis en tant
que serviteurs exemplaires de Dieu (Ex. 19:1-6, 20 et suiv. ;
De. 4:1-6 ; Mos. 13:27-30).
Israël vécut
effectivement selon l’alliance dans les derniers jours de Moïse
et du temps de son successeur, Josué ; mais à
l’époque des juges et au-delà, les Israélites
tombèrent dans la manière de vivre des tribus voisines
au lieu de suivre les lois morales et religieuses du vrai Dieu (Jg.
2:7-13 ; 17:6 ; 21:25). Parce que les cycles d’apostasie
se répétèrent pendant toute l’histoire
d’Israël, les Israélites furent périodiquement
réprimandés par les prophètes pour leurs péchés
et appelés au repentir (par exemple, És. 1:1-4 ;
Os. 4:1-6 ; Am. 3 ; Mi. 3 ; Jé. 2 ; Éz.
2).
Deux thèmes
dominent les messages des prophètes de l’Ancien
Testament : (1) le Rédempteur promis viendrait et,
quoique rejeté par beaucoup, il ouvrirait le chemin promis
vers le salut pour tous ; (2) dans les derniers jours,
l’alliance d’Abraham serait rétablie (Es. 2:2-5,
11 ; 7:14-16 ; 9:1-7 ; 52:13-15, 53 ; Jé.
23:5-8 ; Éz. 37:11-28 ; Da. 9:21-27 ; Mi.
5:2-5 ; Za. 9:9-11 ; 11:10-13 ; 13:6 ; 14:4-9).
ACCOMPLISSEMENT ET
PERPÉTUATION Le Rédempteur est venu, et les lois et les
prophéties ont préparé les fidèles à
le recevoir (Ga. 3:16-24, 25-29 ; Ac. 2:47 ; 5:14 ; 1
Co. 15:6). Il a accompli sa mission d’enseignement et de
sacrifice personnels sur la terre, puis il a chargé les
nouveaux héritiers chrétiens de l’alliance de la
faire connaître au monde entier (Mt. 24:14 ; 28:19-20 ;
Mc. 16:15-16). Cependant, pendant des siècles, le pouvoir
sacerdotal d’administrer les ordonnances appropriées de
l’alliance et certaines facettes essentielles de doctrine ont
été perdus. Tous ont maintenant été
rétablis dans la dispensation moderne de l’Évangile
(D&A 110:11-16) et sont de nouveau accessibles à toutes
les familles et nations de la terre.
Bibliographie
Brandt, Edward J. "The
Covenants and Blessings of Abraham" Ensign 3, févr. 1973,
p. 42-43.
Kimball, Spencer W.
Abraham : An Example to Fathers. Salt Lake City, 1977.
Nyman, Monte S. "Abraham,
the Father of the Faithful" Sperry Lecture Series. Provo, Utah,
1975.
Guide par sujet,
"Abrahamic Covenant" ; et Dictionary, "Abraham,
Covenant of." Dans l’édition de l’Église
de la King James Version de la Bible. Salt Lake City, 1979.
ELLIS T. RASMUSSEN
Adam
Cette rubrique se compose
de deux sections :
Adam : Sources
mormones
Adam : Sources
antiques
Le premier article traite
des enseignements mormons au sujet d’Adam. Le second propose
plusieurs sources apocryphes et pseudépigraphiques comme
points de comparaison. On trouvera de plus amples renseignements sur
Adam dans Adamique, langue, Ève, Chute d’Adam, Condition
mortelle, Péché originel, et Plan du salut, Plan de
Rédemption ; concernant les débuts de la vie
terrestre, voir Création ; Création, récits
de la, Terre, Évolution, Jardin d’Éden, Origine
de l’homme, But de la vie terrestre : Perspective mormone,
et Mondes.
Adam,
Chute d'
Auteur :
MATTHEWS, ROBERT J.
Les saints des derniers
jours voient dans la chute d'Adam et Ève un événement
réel qui s'est produit dans le jardin d'Éden et a
affecté la terre entière et chaque individu du genre
humain. La Chute était une étape nécessaire à
la progression éternelle de l'humanité et a introduit
les conditions qui ont rendu la mission de Jésus-Christ
absolument nécessaire pour le salut. Les quatre ouvrages
canoniques et les enseignements de beaucoup de dirigeants éminents
de l'Église sont les sources de la doctrine de la Chute chez
les saints. Ces sources s’étendent longuement sur les
effets bénéfiques de la Chute comme élément
du « grand plan du bonheur » de Dieu (Al. 42:8)
pour ses enfants et témoignent qu'Adam et Ève doivent
être honorés pour ce qu’ils ont fait.
La création de la
terre a été un processus en plusieurs étapes
dans lequel la chute d'Adam et Ève et leur expulsion du jardin
d'Éden ont été les étapes finales
nécessaires pour réaliser la condition mortelle. Sans
la Chute, Adam et Ève n'auraient pas eu d’enfants (2 Né.
2:23) ; par conséquent, le genre humain n'aurait pas
existé sur cette terre dans les conditions et les
circonstances existant dans le jardin. Le prophète Léhi
explique : « Adam tomba que les hommes fussent »
(2 Né. 2:25) et Hénoc déclare :
« C’est parce qu’Adam tomba que nous sommes »
(Moï. 6:48).
Après la Chute,
l'Évangile de Jésus-Christ fut enseigné à
Adam et à Ève et ils se réjouirent de leur
situation. Adam bénit Dieu en disant : « À
cause de ma transgression, mes yeux sont ouverts, et j'aurai de la
joie dans cette vie, et je verrai de nouveau Dieu dans la chair »
(Moï. 5:10). Et Ève fut heureuse, disant : « Sans
notre transgression, nous n'aurions jamais eu de postérité
et nous n'aurions jamais connu le bien et le mal, la joie de notre
rédemption et la vie éternelle que Dieu donne à
tous ceux qui obéissent » (Moï. 5:11).
La Chute n’a pas
été un accident, ni une obstruction au plan de Dieu, ni
une fausse route dans le parcours de l'humanité. « Le
Seigneur… a créé la terre afin qu'elle soit
habitée » par ses enfants (1 Né.
17:36), et puisque Adam et Ève n'auraient pas eu d’enfants
dans leur état édénique, la Chute a été
tout bénéfice pour l'humanité. Cela faisait
partie du plan du Père, connu de lui à l’avance
et essentiel au genre humain. Tout « a été
fait dans la sagesse de celui qui sait tout » (2 Né.
2:24).
La Chute a apporté
deux genres de mort à Adam, à Ève et à
leur postérité : la séparation de l'esprit
et du corps physique, que les Écritures appellent « la
mort temporelle » (Al. 11:42-43) et l’exclusion de
la présence de Dieu, qui est appelée la mort
spirituelle (2 Né. 9:6 ; D&A 29:41).
Jésus-Christ rachète de manière inconditionnelle
toute l'humanité des deux morts introduites par la chute
d'Adam, relève toute
l'humanité du tombeau et la ramène en la présence
de Dieu pour le jugement (Hél. 14:16-17). L'Expiation rachète
également les individus des conséquences de leurs
propres péchés à condition qu’ils se
repentent.
Le Livre de Mormon
explique : « L'homme naturel est ennemi de Dieu, et
l'est depuis la chute d'Adam, et le sera pour toujours et à
jamais, à moins qu'il ne se rende aux persuasions de
l'Esprit-Saint, et ne se dépouille de l'homme naturel, et ne
devienne un saint par l'expiation du Christ, le Seigneur »
(Mos. 3:19 ; cf. Al. 22:14 ; 42:9-15). Dieu « a
créé Adam, et par Adam vint la chute de l'homme. Et à
cause de la chute de l'homme vint Jésus-Christ… et à
cause de Jésus-Christ est venue la rédemption de
l'homme » (Mrm. 9:12 ; cf. 2 Né. 9:6).
Les Doctrine et Alliances
disent que la Chute est le résultat de la transgression :
« Le diable tenta Adam, et celui-ci prit du fruit défendu
et transgressa le commandement… C'est pourquoi, moi, le
Seigneur Dieu, je le fis chasser du jardin d'Éden, de ma
présence, à cause de sa transgression, en quoi il
devint spirituellement mort » (D&A 29:40-41). Par la
suite, Dieu envoya des anges enseigner à Adam et à sa
postérité « le repentir et la rédemption
par la foi au nom de [son] Fils unique » (D&A 29:42 ;
cf. Moï. 5:6-8).
La Chute n'était
pas un péché contre la chasteté. Adam et Ève
étaient « mari et femme » et Dieu leur
avait commandé de se multiplier (Ge. 1:27-28 ; Moï.
3:21-25 ; Abr. 5:14-19). Joseph Fielding Smith, un apôtre,
explique : « La transgression d'Adam n'était
pas un péché sexuel comme certains le croient et
l’enseignent erronément. Adam et Ève furent
mariés par le Seigneur pendant qu'ils étaient encore
des êtres immortels dans le jardin d'Éden et avant que
la mort n’entrât dans le monde » (DS1, p.
116 ; cf. JC, p. 30-33).
L'Écriture
ancienne et moderne établit un rapport indissociable entre la
chute d'Adam et l'expiation de Jésus-Christ. Paul résume
cela comme suit : « Comme tous meurent en Adam, de
même aussi tous revivront en Christ » (1 Co. 15:22).
La révélation moderne souligne en outre que le Christ
rachètera tout de la mort et des effets de la Chute.
Le prophète Joseph
Smith a enseigné que le rôle d'Adam était d’
« ouvrir la voie vers le monde » (EPJS, p. 7) ;
il a donc été le premier homme à entrer dans la
condition mortelle, et la chute d'Adam a un effet mortel sur la terre
entière. La terre mourra (D&A 88:25-26), mais par le
pouvoir expiatoire de Jésus-Christ, « la terre sera
renouvelée et recevra sa gloire paradisiaque » (10e
A de F). « Tout deviendra nouveau, le ciel et la terre et
toute leur plénitude, les hommes et les bêtes, les
oiseaux du ciel et les poissons de la mer. Et ni un cheveu, ni un
fétu de paille ne seront perdus, car c'est l'œuvre de ma
main » (D&A 29:24-25 ; cf. 101:24-26 ; És.
51:6).
Comme Léhi l’a
déclaré : « Si Adam n'avait pas
transgressé, il ne serait pas tombé, mais il serait
resté dans le jardin d'Éden. Et toutes les choses qui
avaient été créées auraient dû
rester exactement dans l'état dans lequel elles étaient
après avoir été créées ; et
elles auraient dû rester à jamais et ne pas avoir de
fin » (2 Né. 2:22 ; cf. Moï. 3:9).
Diverses interprétations ont été suggérées
au sujet de la nature de la vie sur la terre avant la Chute et sur la
façon dont la Chute a physiquement affecté le monde,
mais elles vont au-delà de la doctrine clairement exprimée
par l'Église. L'Église et les Écritures sont
cependant formelles pour dire que la Chute a apporté les deux
genres de mort à Adam et à sa postérité.
Bibliographie
McConkie, Joseph
Fielding, et Robert L. Millet, dir. de publ. The Man Adam. Salt Lake
City, 1990.
Packer, Boyd K. "The
Law and the Light." Dans The Book of Mormon : Jacob Through
Words of Mormon, to Learn With Joy, p. 1-31. Provo, Utah, 1990.
Smith, Joseph Fielding.
Man, His Origin and Destiny. Salt Lake City, 1954.
ROBERT J. MATTHEWS
Adam :
Sources mormones
Auteur :
BAILEY, ARTHUR A.
Pour des saints des
derniers jours, Adam est l’un des plus nobles et des plus
grands de tous les hommes. Les informations que l’on trouve
dans les Écritures et dans les déclarations des apôtres
et des prophètes modernes révèlent des détails
au sujet d’Adam et de son rôle important dans la vie
préterrestre, en Éden, dans la condition mortelle et
dans sa vie postmortelle. Elles donnent à Adam des noms et des
titres tels que Michel (D&A 27:11 ; 29:26), archange (D&A
88:112) et Ancien des jours (D&A 138:38).
Le prophète Joseph
Smith a enseigné que Michel, dont il est question dans la
Bible (Da. 10:13 ; Jud. 1:9 ; Ap. 12:7), est Adam. Dans sa
vie prémortelle, Adam reçut la prêtrise (EPJS, p.
124), se vit enseigner le plan de Dieu (EPJS, p. 133) et fut désigné
pour être à la tête de la famille humaine (EPJS,
p. 125). Il participa à la création de la terre et
occupa un poste d’autorité à côté de
Jésus-Christ (EPJS, p. 125), sous la direction duquel il
fonctionne en tout temps (D&A 78:16). Il mena les forces de la
justice contre le diable et « ses anges », qui
furent vaincus et expulsés du ciel.
Les Écritures
modernes certifient qu’Adam est un fils de Dieu, que son corps
physique a été créé par les Dieux à
leur propre image et placé dans le jardin d’Éden
(Moï. 6:9, 22 ; Abr. 5:7-11 ; EPJS, p. 279-286 ;
cf. 2 Né. 2:14-19). Dans cet état
physique/spirituel en Éden, Adam fut appelé le
« premier homme » (Moï. 1:34) et reçut
la responsabilité de cultiver le jardin et d’ « ouvrir
la voie vers le monde » (EPJS, p. 7). Il reçut la
domination et la responsabilité de la terre, et il donna des
noms à ses créatures (Moï. 3:19). Il fut uni à
Ève par le mariage (Abr. 5:4-19), mais dans leur état
prémortel « ils n’auraient pas eu d’enfants »
(2 Né. 2:23). Adam reçut les grandes clefs de la
prêtrise (Abr., fac-similés 2, 3) et ses ordonnances
furent confirmées sur Adam et Ève (cf. EPJS, p. 133).
Pour obéir au
commandement de Dieu de multiplier et de peupler la terre, Adam et
Ève transgressèrent la loi. Leur action délibérée
eut comme conséquence leur chute, et
ils furent expulsés du jardin. « Adam tomba pour
que les hommes fusent, et les hommes sont pour avoir la joie »
(2 Né. 2:25). Leur action précipita donc, comme
Dieu l’avait projeté, la phase terrestre du plan du
salut.
Dans leur condition
mortelle, des messagers célestes continuèrent à
instruire Adam et Ève au sujet du plan du salut (Moï.
5:4-9 ; 6:50-54). Ils reçurent les ordonnances de la
prêtrise (Moï. 5:59 ; 6:64-65) et tout ce qui était
nécessaire pour instruire leurs enfants (Moï. 5:12). Les
sources mormones disent qu’avec Ève, Adam eut des fils
et des filles avant que Caïn et Abel ne naissent (Moï.
5:2-3, 16-17). Ils souffrirent des effets des tentations du diable et
connurent le chagrin de dissensions familiales qui conduisirent au
meurtre et à la méchanceté parmi certains de
leurs enfants (Moï. 5:12-53).
Adam et Ève
avaient une langue pleinement développée et tenaient
des annales (Moï. 6:5-9). Ils tinrent leur généalogie
et le récit de la Création. Trois ans avant sa mort,
Adam convoqua sa postérité juste à
Adam-ondi-Ahman et lui donna sa bénédiction finale (D&A
107:53).
Premier sur cette terre à
recevoir les clefs de la prêtrise, Adam continue à
dispenser de l’autorité à d’autres et à
superviser l’administration de la prêtrise sur la terre ;
ceux à qui des clefs ont été données
doivent les rendre ou en rendre compte à Adam, et lui, de son
côté, les remettra ou en rendra compte au Christ (EPJS,
p. 124, 133). Ceci se produira quand l’ancien des jours (Adam)
assistera à un conseil à Adam-ondi-Ahman précédant
l’avènement du Christ (Da. 7:9-10 ; cf. EPJS, p.
95).
À la fin du
millénium, Adam, en tant que Michel, mènera de nouveau
les justes au combat contre le diable et ses armées. Michel et
les armées du ciel l’emporteront de nouveau (D&A
88:111-115). Quand Adam sonnera de la trompette, les tombes
s’ouvriront et le reste des morts se lèvera pour être
jugé (D&A 29:26-27). Soumis au Père et au Christ,
Adam présidera alors éternellement sur sa postérité
(EPJS, p. 124).
Les divers titres d’Adam
ont trait à des phases particulières de sa mission.
Dans son rôle prémortel et postmortel, il est connu sous
le nom de Michel et comme archange (D&A 29:26). En hébreu,
Michel veut dire un « qui est comme Dieu », et
dans son rôle puissant et principal comme archange, Adam est le
capitaine des armées du Seigneur dans la bataille contre le
diable et ses forces. Adam est le nom qui lui a été
donné pour la condition mortelle (Moï. 1:34). En hébreu,
adam veut dire « homme » ou « humanité ».
Dans les sources mormones, les autres significations du mot sont
« premier homme » (D&A 84:16), « beaucoup »
(Moï. 1:34) et « premier père »
(Abr. 1:3), dénotant son rôle historique de « grand
ancêtre » de la famille humaine tout entière
(EPJS, p. 133). « Ancien des jours » semble
être son titre parce qu’il est « le premier et
le plus vieux de tous » (EPJS, p. 133).
Adam a été
tenu en haute estime par tous les prophètes anciens et
modernes. Brigham Young a exprimé en 1852 et au cours des
années suivantes l’idée qu’Adam « est
notre Père et notre Dieu, et le seul Dieu auquel nous ayons
affaire » (JD 1:50). Cette réflexion en a amené
certains à penser que Brigham Young voulait dire qu’Adam,
qui était sur terre notre ancêtre, était en
réalité Dieu le Père. Mais cette interprétation
a été officiellement rejetée comme incorrecte
(Kimball, p. 77). Plus loin dans le même discours, Brigham
Young dit clairement « que la terre a été
organisée par trois personnes distinctes, à savoir
Élohim, Yahovah et Michel » (JD 1:51). On peut
aussi trouver d’autres renseignements sur les sentiments de
Brigham Young à propos d’Adam dans un discours de
conférence donné le 8 octobre 1854 (JD 1:50),
clarifiant quelque peu sa précédente déclaration.
Il y laisse entendre que par un processus connu sous le nom
d’investiture divine, Dieu délègue son pouvoir à
ses enfants. Adam fut le premier sur terre à recevoir cette
autorité, qui comprend toutes les clefs, tous les titres et
tous les pouvoirs essentiels possédés par le Père
(D&A 84:38 ; cf. 88:107). Il lui avait ainsi conféré
tout ce qui était nécessaire à l’accomplissement
de ses nombreuses responsabilités et Adam est un nom-titre
signifiant qu’il est le premier homme et père de tous.
Adam :
Sources antiques
Auteur :
PALMER, MARTIN J.
Les sources juives et
chrétiennes antiques disent d’Adam qu’il est le
premier humain et l’ancêtre du genre humain. Beaucoup de
textes apocryphes retouchent le récit adamique de l’Ancien
Testament et contiennent ou reflètent des traditions antiques
précieuses. Certains saints des derniers jours ont comparé
utilement quelques-unes de ces idées avec certains concepts au
sujet d’Adam mentionnés dans les sources des saints des
derniers jours.
Dans le judaïsme,
Genèse 1-2 est utilisé comme base pour comprendre la
relation de l’humanité avec Dieu. La postérité
d’Adam a hérité de sa nature déchue, et
pourtant Adam est considéré comme le modèle
archétypal de l’humanité, comme cela ressort de
textes qui remontent au moins aux temps hellénistiques (IIe
siècle av. J.-C.) et est amplifié dans la philosophie
juive médiévale. Philon, suivant un modèle
platonicien, voit, dans les deux récits de la création
de la Genèse, une distinction entre un homme céleste ou
spirituel, créé d’abord spirituellement à
l’image de Dieu (Ge. 1:27 ; cf. Moï. 3:5), et un
deuxième, un homme terrestre, formé avec la poussière
(Ge. 2:7). La plupart des exégètes juifs acceptaient
l’historicité du récit biblique ; toutefois,
Genèse 2:8-3:24 était souvent interprété
allégoriquement. Le Talmud et la Haggada ont ajouté de
riches détails à l’histoire adamique, notamment
une description impressionnante dans laquelle toutes les générations
futures – et leurs prophètes – passèrent
devant Adam, qui les contempla (Sanh. 38b ; Av. Zar. 5a ;
Ge. R. 24:2 ; cf. D&A 107:55-57). Adam reçut les lois
noachides (Sanh. 56b) et la loi du sabbat (Mid. Ps. jusqu’à
92:6). Il fut le premier homme à offrir des sacrifices (Av.
Zar. 8a ; cf. Moï. 5:5). Les kabbalistes médiévaux
ajoutèrent aussi des interprétations mystiques, bien
qu’Adam ne soit jamais identifié ici comme étant
Michel, comme dans les Écritures des saints des derniers jours
(voir D&A 27:11 ; 107:54 ; 128:21).
La théologie
chrétienne orthodoxe, articulée pendant le deuxième
siècle par Irénée et d’autres en réponse
aux contestations avancées par le gnosticisme, voyait
fidèlement l’Ancien Testament à travers le rôle
du Christ. Le christianisme primitif considérait l’incarnation
et l’expiation de Jésus-Christ comme l’accomplissement
de l’œuvre commencée par Adam. Alors qu’Adam
était le prototype du vieil homme mortel, le Christ devint le
prototype du nouvel homme, jouissant de la promesse de l’immortalité.
Jésus devint « le deuxième Adam »,
dont l’Expiation permettait à l’humanité de
surmonter les effets de la Chute (1 Co. 15:22, 45).
L’histoire de la
création et le récit adamique de la Genèse
étaient particulièrement importants dans le
gnosticisme, qui interprétait la Chute comme l’effondrement
du principe divin dans le monde matériel. Ceci contribua à
l’attitude négative du gnosticisme envers la création
physique. Plusieurs écrits gnostiques traitent d’Adam.
L’un d’eux, l’Apocalypse d’Adam, trouvé
à Nag Hammadi, dépend fortement des traditions
apocalyptiques juives et ne contient aucun point de doctrine chrétien
explicite. Il prétend être une révélation
donnée à Adam après la Chute par trois messagers
célestes, expliquant la nature et l’ampleur de la Chute
et apportant la promesse d’un Rédempteur futur. Cette
connaissance est alors passée d’Adam à Seth et à
ses descendants (cf. D&A 107:41-57).
La Vie d’Adam et
Ève est une œuvre apocryphe importante traitant de la
vie et de la mort d’Adam. Elle fut probablement écrite
en Palestine entre 100 av. J.-C. et 200 apr. J.-C. Elle a été
conservée dans les révisions grecque, latine et slave,
chacune considérablement différente des autres. Cette
œuvre décrit en détail le repentir d’Adam
et d’Ève après leur départ du jardin
d’Éden (cf. Moï. 6:50-68). Aucun point de doctrine
clair et central ne s’en dégage, mais le texte souligne
les idées de jugement final et de résurrection. Les
autres éléments eschatologiques sont absents. On n’y
trouve aucune indication de la doctrine traditionnelle du péché
originel. Adam est parfait ; Ève, faible mais pas
méchante, déplore ses propres imperfections tout en
aimant Adam et en lui obéissant.
Un élément
central de la Caverne des trésors, une œuvre syriaque,
est son histoire d’une caverne où Adam a vécu et
a été enterré. Son corps est récupéré
par Noé, qui l’emporte dans l’arche et l’enterre
de nouveau sur le Golgotha. Selon ce récit, le sang rédempteur
de Jésus, également appelé « le
dernier Adam », versé à la crucifixion, a
d’abord coulé sur la tombe d’Adam, démontrant
un lien inexorable entre la chute d’Adam et l’expiation
du Christ. Ainsi, dans l’Évangile de Barthélemy
1:22, Jésus dit à Adam : « J’ai
été mis en croix pour toi et pour tes enfants »
et dans 2 Hénoc 42, Adam dans le paradis est amené
dehors « avec les ancêtres… pour qu’ils
puissent être remplis de joie » et de richesse
éternelle.
Il existe de nombreux
textes antiques au sujet d’Adam, notamment le livre éthiopien
d’Adam et Ève et les livres arméniens de La mort
d’Adam, l’Histoire de l’expulsion d’Adam du
paradis, l’Histoire de Caïn et Abel, les Fils d’Adam,
et Des bonnes nouvelles de Seth.
Bibliographie
Ginzberg, Louis. Legends
of the Jews, Vol. 1, p. 3-142. Philadelphie, 1937.
Johnson, M. D. "The
Life of Adam and Eve". Dans The Old Testament Pseudepigrapha,
dir. de publ. J. Charlesworth, Vol. 2, p. 249-95. Garden City, N.Y.,
1985.
Robinson, James M., dir.
de publ. The Nag Hammadi Library, 2e éd. New York, 1989.
Robinson, Stephen E. "The
Apocalypse of Adam". BYU Studies 17, hiver 1977, p. 131-153.
Robinson, Stephen E. "The
Book of Adam in Judaism and Early Christianity". Dans The Man
Adam, dir. de publ. J. McConkie et R. Millet, p. 131-150, donnant une
liste de titres de nombreux ouvrages antiques. Salt Lake City, 1990.
MARTIN J. PALMER
Adamique,
Langue
Auteur :
ROBERTSON, JOHN S.
La notion de langue
adamique s’est développée parmi des saints des
derniers jours à partir de passages d’Écriture,
de commentaires des premiers dirigeants de l’Église et
de la tradition qui a suivi. Elle ne joue pas un rôle doctrinal
essentiel et il n’y a pas de position officielle de l’Église
qui définisse sa nature ou son statut.
Les Écritures
disent que cette langue, écrite et parlée par Adam et
ses enfants, était « pure et sans tache »
(Moï. 6:5-6). Brigham Young a enseigné qu’elle a
continué d’Adam à Babel, lorsque le Seigneur « a
fait oublier au peuple sa propre langue maternelle… le
dispersant au-dehors sur la face de la terre entière »,
excepté sans doute en ce qui concerne Jared et sa famille dans
le Livre de Mormon (JD 3:100 ; cf. Ge. 11:1-9 ; Mos.
28:17). Cette déclaration reflète la croyance mormone
très répandue que les membres fondateurs de la
civilisation jarédite ont conservé la langue adamique
lors de leur émigration vers le Nouveau Monde (Ét.
1:33-43 ; 3:24-28). Ainsi, la description que fait le frère
de Jared de sa vision apocalyptique a été rendue
linguistiquement inaccessible sans l’aide interprétative
divine, puisque « la langue que tu écriras, [moi,
Dieu] je l'ai confondue » (Ét. 3:21-28).
Dans les premières
années de l’Église, quelques mots de la langue
adamique ont pu avoir été révélés
à Joseph Smith (JD 2:342) et à d’autres
dirigeants de l’Église, dont Brigham Young (HC 1:297) et
Elizabeth Ann Whitney (Woman’s Exponent 7, 1er nov. 1878, p.
83) dont on a dit qu’ils ont parlé en langues. Plus
récemment, le président Benson a fait allusion à
son rétablissement universel possible pour résoudre la
diversité linguistique (Teachings of Ezra Taft Benson, Salt
Lake City, 1988, p. 93 ; cf. Brigham Young, JD 3:100).
Puisqu’on considère
généralement qu’une langue reflète sa
culture, il est possible que l’érosion de la pureté
de la culture adamique après Babel ait conduit à une
perte concomitante de pureté d’expression dans la langue
qui en est le reflet.
JOHN S. ROBERTSON
Adam-ondi-Ahman
Auteur :
BERRETT, LAMAR C.
Adam-ondi-Ahman, une
colonie dans le comté de Daviess (Missouri), reçut en
1838 son nom peu commun du prophète Joseph Smith au moment où
les saints des derniers jours entraient dans la région. Les
membres de l’Église avaient été expulsés
du comté de Jackson (Missouri) en 1833 après trois ans
d’asile provisoire et avaient été plus tard priés
de quitter le comté de Clay. Quand ils avaient fait appel à
la législature de l’État pour qu’elle crée
un nouveau comté « pour des mormons »,
les comtés de Caldwell et de Daviess avaient été
organisés. Les saints s’installèrent
immédiatement dans le comté de Caldwell avec Far West
comme siège du comté et se mirent sans tarder à
coloniser le comté avoisinant de Daviess. En mai 1838, Joseph
Smith conduisit des arpenteurs à une courbe en fer à
cheval de la Grand River, à cent-dix kilomètres au nord
de l’actuelle Kansas City et proclama une nouvelle communauté
qu’il appela Adam-ondi-Ahman parce que, dit-il, « c’est
l’endroit où Adam viendra visiter son peuple, l’endroit
où l’Ancien des jours siégera, comme le dit
Daniel, le prophète » (HC 3:35 ; D&A 116).
Orson Pratt a interprété le nom comme voulant dire
« vallée de Dieu où Adam a demeuré »
(JD 18:343).
Les révélations
du prophète indiquaient plusieurs choses au sujet de la
région : (1) le jardin d’Éden était
situé au comté de Jackson (Missouri) et après
avoir été expulsé du jardin, Adam se rendit à
Adam-ondi-Ahman ; (2) trois ans avant sa mort, Adam réunit
les justes de sa postérité à Adam-ondi-Ahman et
leur conféra sa dernière bénédiction ;
(3) cet emplacement serait l’endroit d’une future réunion
du Seigneur avec Adam et les saints, comme annoncé par le
prophète Daniel (Da. 7:9-14, 21-27 ; 12:1-3).
Quand il arriva dans la
vallée avec l’équipe d’arpenteurs, Joseph
Smith trouva trois ou quatre familles de saints des derniers jours
qui y vivaient déjà et fit de la cabane de rondins de
Lyman Wight son quartier général. De juin à
octobre 1838, la population des trois kilomètres carrés
d’Adam-ondi-Ahman grimpa jusqu’à environ 400 âmes.
600 autres, dispersées dans tout le comté de Daviess
considéraient Adam-ondi-Ahman comme leur capitale.
Quelque 90% des saints du
comté de Daviess s’installèrent sur des terres en
vertu des « droits de préemption », ce
qui voulait dire que le gouvernement n’avait pas encore rendu
les terres disponibles pour l’achat. Croyant qu’ils
finiraient par posséder la terre, les saints des derniers
jours travaillèrent dur pour développer leurs fermes.
En juin 1838, quand le troisième pieu de l’Église
fut organisé à Adam-ondi-Ahman, avec John Smith comme
président de pieu, une atmosphère de paix semblait
régner. Cependant, en juillet, les colons reçurent une
mise en demeure publique de partir du comté de Daviess sous
peine d’avoir à subir des conséquences graves.
Les saints mirent leur milice en état d’alerte pour se
défendre. Quand les hostilités éclatèrent
en août, la milice du siège de l’Église à
Far West alla à Adam-ondi-Ahman, mais aucune bataille ne
s’ensuivit. Une action semblable se produisit en septembre.
Le 11 octobre, les
émeutiers forcèrent les saints des derniers jours à
quitter DeWitt, au comté de Carroll, puis se tournèrent
vers le comté de Daviess, bien décidés à
les chasser tous de l’état. Ils brûlèrent
les cabanes, volèrent les animaux et harcelèrent les
familles. Quand la milice de Far West arriva pour la troisième
fois, en octobre 1838, les membres de l’Église de tout
le comté de Daviess se réunirent à
Adam-ondi-Ahman pour y chercher la sécurité et la
population de la communauté passa à plus de mille.
L’obligation de vivre sous la tente et dans des chariots et une
tempête de neige soudaine aggravèrent leurs misères.
Tandis que Joseph Smith
et la milice de Far West étaient à Adam-ondi-Ahman en
octobre, les membres de l’Église se réunirent
pour assister à la dédicace de la place publique par
Brigham Young. C’est à ce moment-là que Joseph
Smith indiqua un endroit où Adam avait jadis construit un
autel. En mai, le prophète avait identifié ce même
emplacement comme un endroit qui avait également été
utilisé par les anciens Indiens d’Amérique.
Après les pillages
et les incendies d’octobre par les émeutiers et les
actes de représailles des saints des derniers jours, bien
décidés à se défendre, la milice d’État
les força à rendre leurs armes le 7 novembre 1838, et
leur donna dix jours pour aller s’installer à Far West.
Adam-ondi-Ahman fut abandonné et tomba aux mains de colons non
mormons. Les familles du comté de Daviess passèrent
l’hiver à Far West avant d’être expulsés
de l’État au printemps de 1839.
Les Missouriens qui
étaient responsables de l’expulsion des membres de
l’Église hors du comté de Daviess savaient que
dans quatre jours leurs terres seraient mises en vente par le
gouvernement des États-Unis. Les mormons partis, ces résidants
achetèrent les terres exploitées et profitèrent
du travail des saints.
John Cravens acheta la
majeure partie de la zone centrale de la ville d’Adam-ondi-Ahman
et la renomma Cravensville. La localité exista pendant
trente-deux ans et eut assez de résidants pour concourir avec
Gallatin pour être le chef-lieu du comté de Daviess,
mais après 1871, les terres retournèrent à
l’agriculture et à l’élevage.
En 1944, Wilford C. Wood
1944 acheta pour l’Église quinze hectares à
Adam-ondi-Ahman et, depuis lors, on a acheté 1200 hectares
supplémentaires. Les recherches dans les archives et les
fouilles archéologiques ont aidé à déterminer
l’emplacement, la taille, la nature, et l’histoire de la
localité.
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The
Millennial Messiah, p. 575-588. Salt Lake City, 1982.
LAMAR C. BERRETT
Alliances
Auteur : Van
Beek, Wouter
Le
mot « alliance »
dans la Bible est la traduction de l’hébreu berith et du
grec diathêkê. Le concept, tel qu’il se trouve dans
le Livre de Mormon, semble proche de l’hébreu, qui
désigne toute relation rendue officielle entre deux parties,
comme un contrat, un pacte ou une convention. Comme tel, le terme est
utilisé pour les pactes de non-agression entre peuples (Genèse
26:26-31), une promesse de propriété foncière
(Genèse 15:18-21), une libération des esclaves (Jérémie
34:8-9) ou un serment de garder le secret (2 Rois 11:4). Le grec
diathêkê est un terme plus légaliste, impliquant
un legs officiel (Galates 3:17). Dans le Nouveau Testament, le terme
est souvent traduit par « testament », mais est
clairement utilisé pour le même type de convention que
« alliance » (cf. Hébreux 7:22 ;
8:6 ; Anderson, p. 5). Cet aspect juridique ressort également
dans les Doctrine et Alliances (p. ex., D&A 132:7), où
certaines questions d’organisation sont rédigées
en termes d’alliance (par exemple, D&A 82:11-12). Le terme
« alliance », qui signifie « union »,
porte sur l’aspect relationnel. Dans d’autres langues, le
terme utilisé peut avoir une connotation plus juridique.
Les membres de
l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers
Jours se disent être un « peuple de l’alliance ».
L’un des aspects les plus importants de leur vie est de
conclure des alliances de justice et autorisées avec Dieu. Ils
considèrent leurs alliances comme l’équivalent
moderne des alliances des temps bibliques.
La plupart des
alliances mentionnées dans les Écritures sont faites
par Dieu avec l’humanité, soit avec des individus, soit
avec un groupe. Dans une alliance de groupe, comme celle de l’Israël
d’autrefois ou des Néphites, le chef ou le roi « coupe
l’alliance » (comme on le dit en hébreu) pour
et en faveur de son peuple, qui à son tour affirme son entrée
dans l’alliance par un serment collectif ou par le repentir
(par exemple, 2 Chroniques 34:29-32). Cette alliance peut être
réaffirmée et rétablie, comme cela se produit
dans le discours du roi Benjamin (Mosiah 1-6; voir Ricks, 1984).
Lorsqu’une alliance de ce genre est contractée, le pacte
collectif avec Dieu tient aussi longtemps que le peuple obéit
aux commandements explicites ou implicites de l’alliance. On
peut néanmoins constater, entre l’Ancien et le Nouveau
Testament, un glissement progressif de l’alliance collective
vers l’alliance individuelle. C’est également le
cas dans le Livre de Mormon et dans les enseignements de l’Église.
Il reste une certaine tension entre l’association avec les
« élus » (Psaumes 89:3-4 ; D&A
88:130-133 ) et l’alliance plus générale pour
toute l’humanité (Ésaïe 55:3). En tous cas,
les alliances individuelles sont essentielles dans la doctrine et
dans la religion des saints des derniers jours, tant dans l’histoire
sacrée que dans la pratique actuelle.
Quand une
alliance est contractée, Dieu prend l’initiative avec
une promesse conditionnelle, spécifiant les bénédictions
accessibles et fixant les conditions pour les recevoir. Parfois un
signe est donné pour commémorer le pacte, comme les
tables de l’alliance (Deutéronome 9:9-11). Des
révélations (Jérémie 11:1-5) et des
miracles (Deutéronome 5:1-6) accompagnent parfois les
alliances. On contracte l’alliance habituellement par un
rituel, un signe visible. Les sacrifices par effusion de sang
(« le
sang de l’alliance », Exode 24:8), « l’alliance
du sel » (Nombres 18:19; 2 Chroniques 13:5 ), la
circoncision des garçons (Actes 7:8), le baptême (D&A
22:1; Mosiah 18:7-11 ), la Sainte-Cène (Hébreux 8:6; 3
Néphi 18:1-14 ), le don de la prêtrise avec son "serment
et [son] alliance » (D&A 84:33-42), le mariage (D&A
132) et d’autres rites du temple, tous ces rituels révélés
sont appelés sacrements ou ordonnances, donnés comme
alliances. Ils sont le signal que les gens concluent ou réaffirment
des alliances personnelles avec le Seigneur. Comme Dieu est lié
par ses promesses (D&A 82:10), la conclusion d’une alliance
doit être guidée par la révélation et
effectuée par l’intermédiaire de l’autorité
de la prêtrise. Dans le cas contraire, Dieu n’est pas
vraiment partie prenante dans le contrat. Étant donné
que les rites d’alliance sont essentiels au salut et à
l’exaltation de l’homme, le rôle de la prêtrise
dans l’administration de ces sacrements d’alliance est
crucial. Sans l’autorité de la prêtrise, il n’y
a pas d’alliances éternelles. Pourtant, ces obligations
d’alliance sont toujours directement en rapport avec le
commandement général d’aimer Dieu et son
prochain, appelé « l’alliance du cœur »
(Hébreux 10:16; Jérémie 31:31-34 ; Ésaïe
55:3 ).
Les alliances
du Seigneur couvrent essentiellement le plan du salut tout entier. La
promesse que Dieu fait est d’envoyer un Sauveur pour tous les
humains, en demandant de leur part leur obéissance à la
volonté du Seigneur. Chaque alliance répond à
des aspects de la « plénitude de son Évangile »
(D&A 133:57). Bien que diverses dispensations puissent avoir leur
spécificité, comme « l’alliance des
œuvres » d’Israël et « l’alliance
de la grâce » de Paul, les saints des derniers jours
regroupent toutes les alliances divines sous l’unité
d’un seul Évangile. En conséquence, toutes les
alliances sont toujours nouvelles, éternelles et sans cesse
renouvelées.
Les saints des
derniers jours concluent, lors du baptême, une alliance
éternelle avec Dieu, dans laquelle ils promettent de prendre
sur eux le nom de Jésus-Christ, de garder ses commandements,
de porter les fardeaux les uns des autres, de se tenir comme témoins
de Dieu en tout temps, de se repentir et de servir et de toujours se
rappeler le Christ (voir Mosiah
18:8-10 ; D&A 20:37). Ils renouvellent cette alliance en
prenant la Sainte-Cène. Ils contractent d’autres
alliances impliquant des obligations de fidélité, de
zèle dans leur appel, de sacrifice, d’obéissance,
de justice, de chasteté et de consécration quand ils
sont ordonnés à la Prêtrise de Melchisédek
(voir Serment et Alliance de la Prêtrise), quand ils reçoivent
la dotation du temple, et quand un homme et une femme contractent le
mariage éternel (voir Mariage : mariage éternel ).
De nombreux
commentaires soulignent le caractère unilatéral des
alliances scripturaires. Étant donné que les promesses
du Seigneur dépassent largement les obligations de l’homme,
les bénédictions de la Divinité éclipsent
de loin les efforts exigés (voir Mosiah 2:21), bien que la
notion de réciprocité soit toujours présente.
Quelque chose est exigé en retour étant donné
qu’une alliance est essentiellement à deux sens ;
avant toute chose, c’est une relation, le moyen par lequel Dieu
et l’homme sont réconciliés dans l’Expiation
offerte à tous par Jésus-Christ.
Une alliance
est un rapport particulier avec le Seigneur qu’une personne ou
un groupe peut contracter. Les termes ont été fixés
par le Seigneur tant pour les récompenses (bénédictions,
salut, exaltation) que pour les efforts exigés (obéissance
aux règles et aux commandements). Une alliance est accomplie
lorsque les gens tiennent leurs promesses et persévèrent
jusqu’à la fin dans la foi, tandis que le Seigneur donne
des bénédictions au cours de la vie et le salut et
l’exaltation à la fin.
Il y a rupture
de l’alliance quand une promesse n’est pas tenue,
c’est-à-dire, quand il y a transgression des
commandements. En brisant cette relation, la personne perd ses
bénédictions. Celles-ci ne peuvent lui être
rendues dans leur intégralité que si elle se repent et
contracte à nouveau l’alliance. Les alliances
réconfortent les justes (Daniel 9:4) et soulagent le coeur des
opprimés (D&A 74:20-21), mais causent la honte chez les
impénitents (Ézéchiel 16:60-63 ).
Les saints des
derniers jours croient que les premières alliances
personnelles ont été faites dans la vie prémortelle,
pour être contractées à nouveau plus tard sur la
terre. Dans l’histoire sacrée de la terre, Dieu a fait
alliance avec Adam et Ève et tous les anciens patriarches et
prophètes et leurs épouses. Par exemple, Dieu a fait
des alliances de toutes sortes avec Hénoc, Abraham et Sara,
Moïse, les rois d’Israël et de Juda, David, Salomon
et Josias (2 Chroniques 34:29-32) et avec beaucoup de prophètes.
Jésus-Christ a institué la Sainte-Cène comme une
alliance établissant des relations personnelles avec chacun de
ses disciples (Hébreux 8:6), son sang remplaçant le
vieux sang des sacrifices, le “sang d’une alliance
éternelle » (Hébreux 13:20). Par
l’intermédiaire de Joseph Smith, les alliances éternelle
ont été rétablies (voir Nouvelle Alliance
éternelle ; D&A 1:15 , 22 ; 22:1 ; 132 ).
Pour chaque
groupe respectif de peuples de l’alliance, cette relation
importante avec la Divinité est également un marqueur
d’identité distinguant des personnes ou un groupe de
leurs pairs. On utilise souvent des signes extérieurs tels que
la circoncision (Genèse 17:2-14), le jour du sabbat (Exode
31:12-17), l’endogamie ou l’interdiction du mariage en
dehors du groupe (Esdras 10:3), les salutations (D&A 88:131-133)
et les interdits en matière de nourriture, tels que les tabous
alimentaires du Lévitique ou le code de santé moderne
de la Parole de Sagesse (D&A 89).
D’un
point de vue historique, l’accent mis sur les alliances, parmi
les églises chrétiennes, s’est renforcé à
partir de la Réforme. Dans la Genève de Jean Calvin, la
notion d’alliance était cruciale (Lillback, 1987), une
tradition qui s’est transmise à de nombreuses
confessions protestantes, notamment aux Puritains (van Pohr, 1986).
Dans l’histoire ecclésiastique américaine, les
alliances ont aussi été cruciales, et les Puritains de
la Nouvelle-Angleterre se sont clairement vus comme étant le
peuple de l’alliance du Seigneur (Miller, 1966). Ce concept est
resté important dans la culture américaine et est un
élément vital et essentiel de la religion mormone.
Bibliographie
Anderson, Richard L. "Religious
Validity: The Sacramental Covenants in 3 Nephi." Dans By Study
and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, tome 2, p.
1-51. Salt Lake City, 1990.
Cooper, Rex E. Promises Made to
the
Fathers: Mormon Covenant Organization. Salt Lake City, 1990.
Lillback, P. A. The Binding of
God: Calvin’s Role in the
Development of Covenant Theology. Ann Arbor, Mich., 1987.
Miller,
P. Life of the Mind in America from the Revolution to the Civil War.
Londres, 1966.
Pohr, J. van. The Covenant of
Grace in Puritan
Thought. AAR Studies in Religion 45. Atlanta, Georgia, 1986.
Ricks,
Stephen D. "The Treaty/Covenant Pattern in King Benjamin’s
Address (Mosiah 1- 6)." BYU Studies 24, printemps 1984, p.
151-162.
WOUTER VAN BEEK
Alliances
aux temps bibliques
Auteur :
Tate, George S.
L'idée de contracter et de
respecter des alliances est essentielle pour les saints des derniers
jours, qui seraient tout à fait d’accord « que
le message central de la Bible est l'alliance de Dieu avec les
hommes » (Bruce, p. 139). Le thème de l’alliance
« imprègne les enseignements de l'Ancien
Testament » et toutes les Écritures (Ludlow).
L’utilisation d’alliances sacrées pour unir les
hommes à Dieu et les uns aux autres est un procédé
systématique et durable dans les relations de Dieu avec
l'humanité depuis le début de l'histoire de la terre
jusqu'à l'heure actuelle.
Se basant sur des révélations
extrabibliques pour
leur compréhension des alliances bibliques, les saints des
derniers jours considèrent l'histoire des relations de Dieu
avec l'humanité comme organisée selon des
« dispensations » de l'Évangile, à
l’occasion desquelles l'Évangile (et notamment la
prêtrise et toutes les ordonnances nécessaires) est
accordé par Dieu à l'homme et reçu par alliance.
Chaque dispensation est présidée par des dirigeants de
la prêtrise détenant des clés qui leur donnent le
droit de faire contracter aux hommes des alliances qui font force de
loi au ciel comme sur la terre. Ainsi, Moïse (De. 29:10-15),
Josué (Jo 24:14-28) et Pierre (Mt 16:19) ont été
parmi ceux qui avaient l’autorité d'agir au nom de Dieu
quand ils faisaient et renouvelaient des alliances qui liaient entre
eux Dieu et son peuple.
Les relations d’alliance de
Dieu avec l'humanité
ont commencé avec Adam et Ève. Les textes de la Perle
de Grand Prix montrent qu’Adam et Ève ont été
les premiers, après la Chute, à contracter des
relations par alliance avec Dieu par le sacrifice, le baptême
(Moïse 6:64-66) et la réception de la prêtrise et
d’ordonnances liées au temple : « C’est
ainsi que tout fut confirmé pour Adam par une sainte
ordonnance » (Moïse 5:59 ; voir aussi 4:4-5, 8,
10-12). Adam et Ève reçurent la promesse d’un
Sauveur et il leur fut commandé d'être obéissants,
d'être repentants et de tout faire au nom du Fils de Dieu
(Moïse 5:6-8).
Alors que la Bible utilise pour
la première
fois le terme « alliance » avec Noé
(6:18 ; 9:9-17), c’est avec Hénoc (Moïse
7:51 ; 8:2) que les autres écritures des saints des
derniers jours l’emploient en premier lieu. Les érudits
bibliques non mormons (p. ex., Fensham) organisent généralement
les principales alliances bibliques en une quintuple séquence
(Noé, Abraham, Moïse, David et l'alliance du Nouveau
Testament), mais les saints des derniers jours suivent une séquence
de sept dispensations principales (Adam, Hénoc, Noé,
Abraham, Moïse, Jésus-Christ et ses apôtres et
Joseph Smith) et reconnaissent aussi celles du frère de Jared,
de Léhi et d’Alma dans l'histoire du Livre de Mormon.
Alors que les savants non mormons s’efforcent de comprendre ce
qu’il y a de commun et de différent entre les alliances
mentionnées dans la Bible (par exemple, l’alliance
patriarcale d'Abraham a continué même quand l'alliance
au Sinaï a été violée), les saints des
derniers jours, eux, trouvent que les grandes
alliances ont toutes un point commun à savoir qu’on y retrouve les
mêmes principes sous-jacents
de l'Évangile de Jésus-Christ.
Étant donné
le rôle essential qu’elles jouent dans les alliances
mentionnées plus tard dans la Bible (p. ex., Ex. 2:24; Luc
1:72-73; Actes 3:25; Galates 3:13-14), les promesses faites de
manière explicite dans l'alliance abrahamique revêtent
une importance particulière dans les enseignements de l’Église
(Ricks, 1985 ; Nyman). Le livre d'Abraham dans la Perle de grand
prix augmente la compréhension que nous avons des promesses
faites à Abraham et à Sara. Aux promesses d'une terre
d'héritage (Genèse 15:18 ;17:8 ; cf. Abr 2:6)
et d'une postérité innombrable (Genèse 15:5 ;
17:2-6 ; cf. Abr 2:9 ; 3:14), le livre d'Abraham ajoute les
bénédictions de la prêtrise (Abr 1:3-4, 18) et la
promesse que la postérité d'Abraham sera le moyen par
lequel l'Évangile sera répandu sur toute la terre afin
que le monde entier puisse recevoir l'Évangile et obtenir le
salut (Abr 2:10-11). Les saints des derniers jours croient que le
pouvoir de faire ces promesses antiques au moyen d’une alliance
a été rétabli le 3 avril 1836, quand Élie,
Élias, Moïse et autres prophètes anciens ont rendu
à Joseph Smith et à Oliver Cowdery les clés de
« la dispensation de l'Évangile d'Abraham, disant
qu'en nous et en notre postérité toutes les générations
après nous seraient bénies » (D&A
110:12 ; 124:58 ; 132:30-31).
Aux temps bibliques, on
faisait des alliances politiques et
juridiques de diverses manières. Les alliances religieuses
s’inspiraient souvent de ces pratiques profanes. Par exemple,
dans la langue de la Bible, on « coupe » une
alliance, ce qui rappelle le procédé légal
consistant à couper un petit animal lors d'une cérémonie
scellant un contrat ou un traité (Genèse 15:10;
Hillers, p. 40-45).
Le processus de renouvellement
des alliances, individuellement
et collectivement, était également un élément
important de la vie religieuse à l'époque biblique.
Tout comme les saints des derniers jours « renouvellent »
leur alliance du baptême en prenant la Sainte-Cène, il y
a des cas scripturaires de rites communautaires de renouvellement
d'alliance (par exemple, De 31:10-13; Jo 1:16-18). On trouve aussi
des renouvellements d'alliance dans le Livre de Mormon où l’on
constate des analogies avec les pratiques du Proche-Orient (surtout
hittites) (Ricks, 1984, 1990).
Malgré
ces renouvellements, il est clair que l'ancienne alliance, ou loi de
Moïse, devait être remplacée par une nouvelle,
comme Jérémie le prophétise (Jérémie
31:31). Les saints des derniers jours croient que cette prophétie
s’est réalisée dans le Nouveau Testament (ou,
plus exactement, la Nouvelle Alliance). Le Christ « est le
médiateur d'une alliance plus excellente, qui a été
établie sur de meilleures promesses » (Hébreux
8:6). Le symbole récurrent du renouvellement dans la nouvelle
alliance est la Sainte-Cène, instituée lors de la
dernière Cène et centrée sur l'engagement à
se souvenir toujours du Christ, ce qui fait penser à la Pâque
de l'ancienne alliance et à l’appel des prophètes
de l’alliance à connaître Dieu (Osée 4:6).
Bibliographie
Bruce, F. F. "Bible." Dans The
New Bible Dictionary, 2e éd., dir. de publ. J. D. Douglas et
autres, p. 137-140. Wheaton, Ill., 1982.
Fensham, F. C.,
"Covenant, Alliance." Dans The New Bible Dictionary, 2e
éd., dir. de publ. J. D. Douglas et autres, p. 137-140.
Wheaton, Ill., 1982.
Hillers, Delbert R. Covenant:
The History of
a Biblical Idea. Baltimore, 1969.
Ludlow, Victor L. "Unlocking
the Covenant Teachings in the Scriptures." Religious Studies
Center Newsletter, Brigham Young University 4, no. 2, 1990, p. 1, 4.
Nyman, Monte S. "The Covenant
of Abraham." Dans The
Pearl of Great Price: Revelations from God, p. 155-170, dir. de publ.
H. Donl Peterson et C. Tate. Provo, Utah, 1989.
Ricks,
Stephen D. "The Treaty/Covenant Pattern in King Benjamin's
Address (Mosiah 1- 6)." BYU Studies 25,
printemps 1984, p. 151-162.
Ricks, Stephen D. "The Early
Ministry of Abraham." Dans Studies in Scripture, dir. de publ.
R. Millet et K. Jackson, vol. 2, p. 217-224. Salt Lake City, 1985.
Ricks, Stephen D. "Deuteronomy:
A Covenant of Love."
Ensign 20, avr. 1990, p. 55-59.
Whittaker, David J. "A
Covenant People: Old Testament Light on Modern Covenants."
Ensign 10, août 1980, p. 36-40.
GEORGE S. TATE
Alma
l’Ancien
Auteur :
LAMBERT, L. GARY
Alma l’Ancien (vers
174-92 av. J.-C.) est le premier des deux Alma du Livre de Mormon. Il
est descendant de Néphi 1, fils de Léhi, et est le
jeune prêtre de la cour du roi Noé qui va essayer de
faire libérer pacifiquement le prophète Abinadi. Cela
va lui valoir la vengeance royale, l'exil et des menaces de mort. Il
est impressionné par les accusations portées par
Abinadi concernant l'immoralité et les abus du gouvernement et
de la société et par son témoignage de
l'Évangile de Jésus-Christ (Mos. 17:2). Forcé
plus tard de passer dans la clandestinité, Alma met par écrit
les enseignements d'Abinadi, puis en fait part à d'autres,
attirant suffisamment d’adhérents – 450 –
pour organiser une société de croyants ou Église.
Les croyants s’assemblent dans une région isolée
et non exploitée appelée Mormon. Ceux qui participent à
la vie de l'Église s’engagent à « porter
les fardeaux les uns des autres », à « pleurer
avec ceux qui pleurent » et à « consoler
ceux qui ont besoin de consolation » et à « être
les témoins de Dieu en tout temps, et en toutes choses »
(Mosiah 18:8-9). Cet engagement est alors scellé par le
baptême, considéré comme « témoignage
que tu as conclu l'alliance de le servir [le Dieu Tout-Puissant]
jusqu'à ce que tu sois mort quant au corps mortel »
(verset 13). Les croyants se donnent le nom de « l'Église
de Dieu, ou l'Église du Christ » (verset 17).
Alma ordonne des prêtres
laïcs – un par cinquante membres – et il leur dit de
subvenir à leurs propres besoins et de limiter leurs sermons à
ses enseignements et à la doctrine « qui avai[t]
été dit[e] par la bouche des saints prophètes…
le repentir et la foi au Seigneur » (Mos. 18:19-20). Il
exige aussi l’observance fidèle du sabbat, des
remerciements quotidiens à Dieu et aucune controverse, « leurs
cœurs étant enlacés dans l'unité et
l'amour les uns envers les autres » (18:21-23). Les
prêtres se réunissent au moins une fois par semaine avec
le peuple pour l’instruire lors d'une réunion de culte
(18:25). Par des dons généreux, tous prennent soin les
uns des autres, chacun selon ce qu'il a (18:27-28).
Les croyants finissent
par être découverts et le roi Noé accuse Alma de
sédition, commandant à son armée de l’écraser,
lui et ses disciples. Forcé de partir en exil, Alma conduit le
peuple plus loin dans le désert où il prospère
pendant vingt ans dans une région qu'il appelle Hélam
(Mos. 18:32-35 ; 23:1-5, 20). Alma décline fermement les
efforts bien intentionnés de le faire roi et réussit à
dissuader son peuple d'adopter un gouvernement monarchique,
l’invitant à jouir de cette nouvelle « liberté
qui [l’] a rend[u] libr[e] et de ne se fier « à
aucun homme pour qu'il soit [son] roi » (Mos. 23:13). Il
ne s'oppose pas à la monarchie en tant que telle. Ce sont
plutôt ses limites fondamentales qui le préoccupent :
« S'il était possible que vous eussiez toujours des
hommes justes comme rois, il serait bien que vous ayez un roi »
(23:8).
Alma et son peuple seront
plus tard opprimés par Amulon, un autre ex-prêtre qui a
déserté la cour du roi Noé, et qui, avec le
reste d'une armée de Lamanites, découvre le peuple
d'Alma dans son refuge du désert. Pendant leurs souffrances,
la voix du Seigneur promet soulagement et délivrance à
cause de leur alliance avec lui : « Moi, le Seigneur
Dieu, j'interviens effectivement en faveur de mon peuple dans ses
afflictions » (Mos. 24:14). Une fois de plus, à la
manière de Moïse, Alma guide son peuple hors de la
servitude et, par un voyage de douze jours, le conduit dans une
nouvelle terre, le pays de Zarahemla, où il s’unit au
peuple de Zarahemla et aux Néphites exilés pour former
une nation néphite nouvelle et plus forte (Mos. 24:24-25).
Mosiah II, roi de
Zarahemla, lui aussi descendant de Néphites croyants
transplantés, approuve et autorise même l'expansion de
l'Église d'Alma dans son royaume ; toutefois, l'Église
fonctionne séparément et indépendamment de
l'État. Le roi confie aussi les rênes de la direction à
Alma (Mos. 25:19 ; 26:8), qui dirige l’Église avec
succès pendant vingt années caractérisées
en grande partie par des épreuves, beaucoup d’affrontements
entre non-croyants et membres de l'Église avec, pour résultat,
des moments pénibles aussi bien pour lui que pour l'Église
(Mos. 26:1-39). Plus tard, l'antagonisme généralisé
va obliger le roi à publier un décret pour diminuer la
tension (27:1-6). Même un des fils d'Alma se retrouve dans les
rangs des ennemis de l'Église, son agitation et ses critiques
aggravant encore les persécutions contre les membres de
l'Église (27:8-10).
De son vivant, Alma voit
le roi Mosiah démanteler la monarchie et la transformer en un
système de juges élus par le peuple (Mos. 29:2) ;
il voit aussi son propre fils, Alma le Jeune, celui qui lui a
précédemment causé du chagrin ainsi qu’à
l’Église, devenir le premier grand juge (Mos. 29:1-44).
Cette transformation politique va s’avérer cruciale dans
l'histoire du pays de Zarahemla. Alma y est pour quelque chose, aussi
bien directement qu’indirectement ; l’histoire de
ses souffrances et de celles de son peuple sous des gouverneurs
oppresseurs est bien connue dans tout le royaume (25:5-6) et est
restée distincte dans l'esprit du roi Mosiah (29:18). On voit
donc que l'influence d'Alma dépasse les limites spirituelles
immédiates de son intendance sur l'Église. C’est,
en effet, à cause de cette influence que la nation néphite
tout entière connaît des changements sans précédent
dans presque toutes les dimensions de la vie quotidienne :
politiques, sociaux et économiques aussi bien que religieux.
Ces changements et toutes leurs ramifications pour l'ordre social et
la population préparent le contexte dans lequel va se dérouler
la visite du Christ ressuscité en Amérique. Aimé
de ses disciples pour son dévouement et sa foi, estimé
par ses pairs pour sa direction efficace, Alma sera probablement
toujours connu surtout comme fondateur de l'Église à
Zarahemla. Sa postérité va devenir la première
famille néphite pendant plus de 400 ans, jusqu’à
Ammaron en 321 apr. J.-C. (4 Né. 1:48). Alma meurt à
quatre-vingt-deux ans, moins de cent ans avant la naissance de
Jésus-Christ.
L. GARY LAMBERT
Alma
le Jeune
Auteur :
Millet, Robert L.
Peu de personnes ont eu
une plus grande influence sur une civilisation qu'Alma le Jeune, fils
d'Alma l’Ancien. Il est une personnalité-clef dans la
naissance de l'Église et de la république néphites,
et le premier grand juge à Zarahemla, commandant en chef de
l'armée néphite et grand prêtre (vers 90-73 av.
J.-C.). Ses efforts pour protéger son peuple contre la guerre,
les dissensions et la méchanceté ne le cèdent
qu’à son dévouement total au Sauveur, qu'il
apprend à connaître par la révélation.
Ce champion de la justice
apparaît d'abord dans le Livre de Mormon comme un jeune homme
rebelle. Lui et quatre des fils du roi Mosiah II, décrits
comme « les plus vils des pécheurs »
(Mos. 28:4), se rebellent contre les enseignements de leurs parents
et cherchent à renverser l'Église. Tandis qu’ils
se livrent à ce travail (vers. 100-92 av. J.-C.), l'ange du
Seigneur leur apparaît, leur parle avec une voix de tonnerre et
les appelle au repentir et il leur dit qu’il le fait à
cause des prières du peuple et du père d'Alma. Pendant
trois jours et trois nuits, Alma reste couché dans un état
physiquement comateux et, pendant ce temps, il se retrouve
spirituellement face à tous ses péchés, à
cause desquels, dira-t-il plus tard, il était « tourmenté
par les souffrances de l'enfer » (Al. 36:12-14).
Au plus profond de
l’angoisse de son âme, Alma se rappelle les paroles de
son père au sujet de la venue de Jésus-Christ pour
expier les péchés du monde. Il en appelle, dans son
cœur, au Christ, demandant grâce et suppliant d’être
délivré du « fiel de l’amertume »
et des « chaînes éternelles de la mort »
Et, dit-il, « je ne pus plus me souvenir de mes
souffrances ; oui, je n'étais plus déchiré
par le souvenir de mes péchés » (Al.
36:17-19). Après leur conversion, Alma et les fils de Mosiah
vont consacrer leur vie à la prédication du repentir et
au joyeux Évangile (Al. 36:24).
Pendant quelque neuf
années, Alma va être à la fois grand prêtre
de l'Église et grand juge ou gouverneur d'un nouveau système
politique de juges parmi les Néphites. Il est instruit,
gardien des registres sacrés et civils, orateur inspirant et
écrivain habile. Jeune dirigeant civil et religieux, il doit
affronter un certain nombre de problèmes. Plusieurs factions
politico-religieuses sont en train d’apparaître dans la
société néphite, notamment les Zoramites, les
Mulékites, des membres de l'Église et un groupe hostile
à l’Église, les disciples de Néhor (voir
Livre de Mormon – Peuples). Conserver la direction néphite
de tous ces groupes va se révéler impossible. Lors d’un
procès-phare dans sa première année comme grand
juge, Alma juge le populaire Néhor coupable d’imposer
par l’épée des supercheries de prêtres, ce
qui aura comme conséquence son exécution (Al. 1:2-15).
Ceci débouche bientôt sur une guerre civile au cours de
laquelle Alma tue lui-même au combat le nouveau chef rebelle,
l’un des protégés de Néhor (Al. 2-3). Il
s’ensuit une grave épidémie d'orgueil et
d'inégalité parmi beaucoup dans l'Église (Al. 4)
et la sécession des arrogants Zoramites. « Ne
voyant aucun autre moyen de le ramener qu'en lui opposant un
témoignage pur » (Al. 4:19), Alma démissionne
de son poste de grand juge et se consacre entièrement à
l’œuvre du ministère (Al. 4:19 ; 31 :5).
Son travail religieux, particulièrement dans les villes
néphites de Zarahemla (Al. 5, 30) et de Gidéon (Al. 7),
le bastion néhorite d'Ammonihah (Al. 8-16) et le centre
zoramite d’Antionum (Al. 31-35) revitalise l'Église et
fournit le modèle de l'administration pour le siècle à
venir jusqu’à l'avènement du Christ.
C’est dans ses
sermons et les bénédictions qu’il donne à
ses enfants que l’on trouve les apports les plus durables
d’Alma. Certainement en raison de sa propre conversion (Mos.
27), ses paroles portent fréquemment sur le sacrifice
expiatoire du Rédempteur et sur la nécessité
pour les hommes et les femmes de naître de Dieu, d’être
changés et renouvelés par le Christ. Parlant au peuple
de Gidéon, il prononce un oracle prophétique profond
concernant la naissance de Jésus et l'Expiation qu'il va
accomplir, « subissant des souffrances, et des
afflictions, et des tentations de toute espèce… afin de
détacher les liens de la mort qui lient son peuple ; et
il prendra sur lui ses infirmités, afin que ses entrailles
soient remplies de miséricorde… afin qu'il sache, selon
la chair, comment secourir son peuple selon ses infirmités »
(Al. 7:11-12). À Zarahemla, Alma met l’accent sur la
nécessité de la nouvelle naissance et d'acquérir
l'image et les attributs du Maître ; ce faisant, il
propose une série de plus de quarante questions qui évaluent
la profondeur de la conversion et de la préparation à
rencontrer le Créateur (voir Al. 5).
À Ammonihah, Alma
et son converti Amulek sont accusés de crime, provoqués
et emprisonnés pendant plusieurs semaines sans vêtements
ni nourriture suffisante. Après avoir été forcés
d’être témoins de la mort par le feu de plusieurs
femmes et enfants fidèles, Alma et Amulek sont miraculeusement
délivrés et leurs persécuteurs annihilés.
Les discours d'Alma et d'Amulek sur la Création, la Chute et
l'Expiation sont parmi les déclarations théologiques
les plus claires et les plus fondamentales de l’Écriture
sur ces sujets (voir Al. 11-12, 34, 42). En expliquant l'humilité,
la foi et la prière aux pauvres d’Antionum (Al. 32-34),
Alma et Amulek exposent le procédé par lequel ceux qui
n’ont pas la foi au Christ (ou ceux dans la bergerie qui
désirent fortifier leur croyance) plantent la semence de la
parole du Christ dans leur cœur et finissent par recevoir le
témoignage qui est donné par le pouvoir du
Saint-Esprit.
Certains des
renseignements doctrinaux les plus pénétrants du Livre
de Mormon nous viennent des paroles d'Alma à ses fils. Parlant
à Hélaman I, son fils aîné et successeur,
Alma raconte avec éloquence l'histoire de sa propre
conversion, lui fait des recommandations paternelles affectueuses et
lui confie la garde des plaques d’airain, des plaques de Néphi,
des plaques d'Éther et du liahona (Al. 36-37). À
Shiblon, il donne des conseils pratiques sages (Al. 38). À
Corianton, son fils cadet dévoyé, qui finira par œuvrer
vaillamment dans l'Église, Alma explique la gravité du
péché sexuel, que la méchanceté n’a
jamais été le bonheur (Al. 39, 41:10), que tous les
esprits seront jugés après la mort et se tiendront un
jour devant Dieu après une résurrection parfaite (Al.
40) et que le mot « restauration » ne signifie
pas que Dieu remettra le pécheur dans un certain ancien état
de bonheur (Al. 41), parce que la miséricorde divine ne peut
pas dérober la justice quand la loi de Dieu a été
violée (Al. 42).
Relativement jeune au
moment de sa conversion, Alma vivra moins de vingt ans après
cela. Pourtant, en ces deux décennies, il va presque à
lui tout seul revigorer et faire triompher la cause de la vérité
et de la liberté dans l'Église et la société
néphites. N'oubliant jamais la voix de tonnerre de l'ange au
moment de sa conversion, Alma est sans cesse animé de ce désir
invariable : « Oh, que je voudrais être un ange
et satisfaire le souhait de mon cœur, d'aller et de parler avec
la trompette de Dieu, d'une voix qui fait trembler la terre, et
d'appeler tous les peuples au repentir !… afin qu'il n'y
ait plus de tristesse sur toute la surface de la terre »
(Al. 29:1-2). Quand il s’en va un jour et qu’on ne le
revoit plus jamais, ses fils et l'Église supposent que « [le
Seigneur] a aussi reçu Alma en esprit à lui »
tout comme Moïse (Al. 45:19), faisant une comparaison justifiée
entre ces deux grands législateurs, juges, gouverneurs, chefs
spirituels et prophètes.
Pour les saints des
derniers jours, la vie et les leçons d'Alma sont riches et
éternelles. Il donne de l’espoir aux parents qui ont des
enfants rebelles et est comme une balise pour ceux qui s’égarent.
C’est un homme public modèle, un exemple remarquable de
la nouvelle vie en Christ, un prédicateur courageux, un
missionnaire et un théologien doué. Alma est un
prophète qui a reçu la récompense d'un prophète.
Bibliographie
Holland, Jeffrey R.
"Alma, Son of Alma". Ensign 7, mars 1977, p. 79-84.
Perry, L. Tom. "Alma
the Younger." CR avril 1979, p. 16-17.
ROBERT L. MILLET
Ancien,
Prêtrise de Melchisédek
Auteur :
Vetterli, Richard R.
« Ancien »
est un office de la Prêtrise de Melchisédek de l'Église
de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours auquel les
membres masculins dignes peuvent être ordonnés à
l'âge de dix-huit ans ou plus. Le nom « ancien »
est également utilisé comme titre général
pour tous les détenteurs de cette prêtrise, quel que
soit l’office de prêtrise spécifique qu'ils
détiennent (D & A 20:38 ; cf. 1 Pierre 5:1 ; 2
Jean 1:1 ; 3 Jean 1:1).
En mai 1829, Jean-Baptiste,
qui leur avait conféré la
Prêtrise d'Aaron, promit à Joseph Smith et à
Oliver Cowdery qu'ils deviendraient « en temps voulu »
les premier et deuxième anciens de l'Église (JS —
H 1:72 ; HC 1:40-41). Peu après, ils prièrent pour
plus d'informations :
« Il n’y avait pas
longtemps que nous nous livrions
à une prière fervente et solennelle, quand la parole du
Seigneur nous parvint dans la chambre, nous commandant que j’ordonne
Oliver Cowdery ancien dans l'Église de Jésus Christ et
qu'il devrait aussi m'ordonner au même office et puis en
ordonner d'autres selon que cela nous serait commandé de temps
à autre. Il nous fut cependant commandé de postposer
notre ordination jusqu'à ce qu'il fût possible de
rassembler nos frères qui avaient été et qui
allaient être baptisés [HC 1:60-61 ; cf. JS —
H 1:72].
Ces ordinations furent
accomplies le 6 avril 1830, lors de
l'organisation de l'Église (D&A 20:1-4).
Les anciens ont pour devoir
d’être des « ministres
permanents » (D&A 124:137) afin de veiller sur
l'Église, aider à en gérer les affaires,
enseigner et conseiller. Ils ont l’autorité de conférer
le don du Saint-Esprit par l'imposition des mains et de donner des
bénédictions, y compris la guérison des malades.
Les anciens peuvent accomplir toutes les fonctions de la Prêtrise
d’Aaron, notamment baptiser et bénir la Sainte-Cène.
Ils ont l'autorité, sous la direction de l’évêque
de la paroisse ou du président de pieu, de conférer la
Prêtrise d'Aaron ou la Prêtrise de Melchisédek aux
bénéficiaires dignes et d'ordonner d’autres
anciens, instructeurs, prêtres et diacres. Ils peuvent faire
une mission (voir D&A 20:38-50, 70 ; 42:12, 44) et peuvent
être appelés à divers autres postes de direction
ou de service. À la conférence générale
d’octobre 1904, le président Joseph F. Smith dit que les
anciens devaient être des « ministres permanents au
pays , être prêts à répondre à
l'appel des officiers présidents de l'Église et de
pieu, à travailler dans le ministère au pays et à
officier dans tout appel qui peut leur être confié, que
ce soit pour travailler dans les temples ou dans l’œuvre
du ministère au pays, ou que ce soit pour aller dans le monde
avec les soixante-dix prêcher l'Évangile »
(CR, octobre 1904, p. 4). Dans les endroits où l'Église
n'est pas complètement organisée, les membres se
réunissent dans des branches sous la direction d’un
ancien appelé président de branche (voir Organisation :
Organisation contemporaine).
Tous les anciens résidant dans
une paroisse sont organisés
en un collège comptant jusqu’à quatre-vingt-seize
membres (D&A 107:89). Ils sont dirigés par un président,
deux conseillers et un secrétaire appelés parmi les
membres du collège par le président de pieu. La
présidence du collège des anciens fait rapport au
président de pieu, mais pour tous, le service et les activités
locales demeurent sous la juridiction de l'évêque de la
paroisse. Les anciens se réunissent en collège au moins
chaque dimanche. Ils ont la responsabilité de s’intégrer
mutuellement et d’aider à administrer les programmes et
les activités du collège, dans la paroisse et dans le
pieu, avec l'intention d'améliorer la condition de l'humanité
(voir Services d'entraide). Les anciens sont dirigés par
révélation pour fonctionner dans un esprit d'amour, de
gentillesse, de persuasion patiente et de justice (D&A
121:41-46).
L'utilisation du mot
« ancien » diffère
de l'usage de ce terme dans les sociétés où il
désigne les personnes âgées qui exercent une
influence et de l'autorité dans la communauté en raison
de leur âge, de leur statut, de leur sagesse, de leur
expérience et de leur réputation, ou sur désignation
par le groupe. Le terme était commun aux sociétés
anciennes comme celles de l'Égypte, de Madian et de Moab
(Genèse 50:7 ; Nombres 22:7). Les anciens (c.-à-d.,
les zeqenim, les « vieux ») étaient des
dirigeants éminents des tribus israélites pendant
l'exode (Exode 4:29). Apparemment, ils assistaient Moïse dans
l'administration de la justice (Lévitique 4:13-21 ; 9:1 ;
Nombres 16:25), et certains étaient manifestement autorisés
à participer à des cérémonies religieuses
sacrées (Exode 24:9-11 ; Nombres 11:16-26). Après
la conquête de Canaan, l'autorité municipale des anciens
augmenta et ils aidèrent au gouvernement des communautés
tribales. Ils jouèrent un rôle quand il s’agit
d’accepter un roi (2 Samuel 3:17-21 ; 5:3) et dans
d'autres fonctions communautaires et religieuses (1 Rois 8:1-3 ;
20:7-8). Des dizaines de fonctions de ce genre sont mentionnées
dans les livres historiques de l'Ancien Testament. Avec le prophète
Ézéchiel, ces anciens furent les principaux dirigeants
pendant la captivité à Babylone (605 av. J.-C., par
exemple, Ézéchiel 8:1 ; 14:1-5). Plusieurs années
après le retour d'exil, les principaux sacrificateurs, les
scribes et les anciens composèrent le Sanhédrin, le
conseil qui gouvernait Juda. Un conseil local de vingt-trois anciens
gouvernait chaque communauté. À l'époque du
Nouveau Testament, des anciens étaient nommés comme
dirigeants ecclésiastiques pour chacune des assemblées
chrétiennes locales (Actes 14:23 ; 15:6 ; 20:17-28 ;
Tite 1:5 ; Jacques 5:14 ; 1 Pierre 5:1-4). Ils se
retrouvaient avec les apôtres dans les conseils et le
gouvernement de l'Église et fonctionnaient parmi leurs frères
chrétiens d’une manière semblable au Sanhédrin
juif (Actes 11:30 ; 15:2 ; 16:4 ; 21:18). Des
« superviseurs » ou « évêques »
peuvent avoir été choisis parmi les anciens de bonne
réputation (Actes 20:17-28 ; Tite 1:5-9 ; cf.1
Timothée 3:1-7).
Bibliographie
Davies,
G. Henton. "Elder in the Old Testament." Interpreter's
Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 72-73. Nashville, Tenn.,
1962.
McConkie, Bruce R. Only an
Elder. Salt Lake City,
1978.
Shepherd, M. H., Jr. "Elder in
the New Testament."
Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 73-75. Nashville,
Tenn., 1962.
Widtsoe, John A. Priesthood and
Church Government,
éd. rév. Salt Lake City, 1954.
R. RICHARD VETTERLI
Ancien
Testament
Auteur :
RASMUSSEN, ELLIS T.
L’Ancien Testament
est l’un des ouvrages canoniques admis par l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours, qui l’estime
pour ses enseignements prophétiques, historiques, doctrinaux
et moraux. Il raconte une série de dispensations antiques
pendant lesquelles le peuple a reçu des conseils périodiques
par des alliances et des commandements divins dont beaucoup restent
fondamentaux et intemporels. À ce propos, il est significatif
pour les saints des derniers jours qu’en septembre 1823 l’ange
Moroni ait cité une série de prophéties de
l’Ancien Testament quand il a révélé au
prophète Joseph Smith l’endroit où se trouvait un
document antique écrit sur des plaques d’or, dont la
traduction a donné le Livre de Mormon (JS–H 1:36-41). De
plus, les travaux considérables de Joseph Smith sur l’Ancien
Testament et les révélations qui lui ont été
données à ce propos (juin 1830 à juillet 1833),
qui ont mené à la traduction de la Bible par Joseph
Smith (TJS) et à certaines sections instructives des Doctrine
et Alliances, soulignent l’importance de ces textes
scripturaires. En outre, il ressort du Livre de Mormon qu’avant
600 av. J.-C. le prophète Léhi et sa colonie ont
apporté de Jérusalem sur le continent américain
un document sur des plaques d’airain qui contenait beaucoup de
textes de l’Ancien Testament (1 Né. 5:10-15),
amenant Léhi et ses descendants à attendre la venue
d’un Rédempteur (1 Né. 19:22-23) et leur
donnant un guide pour leur épanouissement moral et spirituel
(Mos. 1:3, 5).
L’Ancien Testament,
même s’il porte aussi le nom d’Ancienne Alliance,
n’est donc pas démodé aux yeux des saints. Il
contient des récits, de la sagesse et des textes écrits
part des prophètes anciens, et même si des « parties
claires et précieuses » ont été
perdues, beaucoup ont été rendues dans les Écritures
des saints (1 Né. 13:40). Il contient une série
d’alliances anciennes avec Jéhovah (Jésus-Christ)
qu’il faut distinguer des alliances supérieures du
Nouveau Testament (par exemple, Mt. 26:28 ; Lu. 22:20 ; 1
Co. 11:25 ; 2 Co. 3:6 ; Hé. 7:22). Les saints des
derniers jours les considèrent toutes comme éléments
du même plan de salut divin.
ALLIANCES ET
COMMANDEMENTS ÉTERNELS. Les saints des derniers jours
éprouvent le besoin d’apprendre et de pratiquer les
principes prescrits dans toutes les alliances et tous les
commandements divins, qui sont éternellement valides. Pour
connaître et comprendre les buts éternels de Dieu, il
faut étudier les époques passées dont il est
question dans l’Ancien Testament, ainsi que celles accessibles
dans d’autres Écritures anciennes et modernes. Par
exemple, les révélations modernes aident les saints des
derniers jours à lire l’Ancien Testament en appréciant
plus complètement la pérennité des notions
éternellement importantes enseignés par les prophètes
dans les Écritures.
Depuis le commencement,
les alliances divines liées au salut sont enseignées
par les prophètes et certaines sont symbolisées par des
ordonnances sacrificatoires. Une révélation donnée
à Moïse et rétablie par Joseph Smith dit que les
sacrifices d’animaux ont été exigés depuis
le temps d’Adam et Ève (Moï. 5:5) et que ces
sacrifices étaient « une similitude du sacrifice du
Fils unique du Père » (Moï. 5:7).
Une autre alliance de
l’Ancien Testament confirmée dans la révélation
moderne est l’alliance abrahamique. Elle ne concerne pas
seulement les descendants littéraux d’Abraham mais
également ceux qui sont adoptés dans sa famille à
cause de leur foi dans le vrai Dieu et de leur baptême dans
l’Évangile du Christ (Ge. 12:1 ; Ga. 3:26-29). Ces
« descendants » d’Abraham sont chargés
d’apporter les bénédictions de cette alliance à
toutes les nations, en enseignant le Dieu vrai et vivant et en
faisant connaître son plan de salut (Abr. 2:9-11). La
responsabilité de connaître l’alliance d’Abraham
et d’agir en conséquence a été transmise
aux héritiers modernes par la révélation (D&A
110:12). De plus, il y a, dans le Livre de Mormon, une promesse de
Jésus ressuscité selon laquelle les descendants de son
peuple d’Israël, le peuple de son ancienne alliance, qui
ont été dispersés au-dehors, « seront
rassemblés de l’est, et de l’ouest, et du sud, et
du nord ; et ils seront amenés à connaître
le Seigneur, leur Dieu, qui les a rachetés » (3 Né.
20:13). Ils doivent être installés dans les pays de leur
héritage et s’acquitter de leur responsabilité
antique et suprême d’édifier le royaume du
Seigneur (3 Né. 20:21-46 ; cf. És. 52:1-15).
Pour les saints des derniers jours, le rétablissement « de
toutes choses » (Ac. 3:21) inclut beaucoup de principes,
de points de doctrine et d’idéaux de l’Ancien
Testament.
LOIS TEMPORAIRES ET
ÉTERNELLES. Les saints des derniers jours ne croient pas que
quand il a accompli la loi de Moïse Jésus a de ce fait
abrogé la loi, les prophètes et les écrits de
l’Ancien Testament (3 Né. 15:5-8). En fait, il a
accompli la loi du sacrifice en permettant que son propre sang soit
versé (Al. 34:13) et en remplaçant certaines pratiques
religieuses d’autrefois (3 Né. 12:18-20 ;
15:2-10). Ainsi, la fête de la pâque est devenue la
Sainte-Cène commémorant le dernier repas du Seigneur
(Lu. 22:1-20) : L’agneau pascal a trouvé son point
culminant dans l’Agneau de Dieu (Ex. 12:5, 21 ; 1 Co.
5:7 ; 1 Pi. 1:19 ; Ap. 5:6). Le sacrifice d’animaux a
trouvé son point culminant dans le sacrifice final de Jésus,
dont ils étaient de simples symboles, mais le sacrifice « d’un
cœur brisé et d’un esprit contrit »
continue (3 Né. 9:19-20 ; cf. Ro. 12:1).
Jésus a réitéré
beaucoup de lois morales et spirituelles enseignées par Moïse
et les prophètes. Celles-ci comprennent les lois concernant la
révérence pour Dieu, le respect des parents, la
chasteté dans la conduite morale, le renoncement à la
violence et au meurtre et la pratique de l’honnêteté
avec ses semblables (par exemple, Mt. 5:17-48 ; cf. 3 Né.
12:17-48 ; Lu. 16:19-31 ; 24:13-47). Abinadi, prophète
du Livre de Mormon, a réitéré les dix
commandements et était formel quant à la nécessité
d’en enseigner et d’en vivre les principes (Mos.
12:33-37 ; 13:12-26). Et la révélation moderne
confirme la même nécessité pour quiconque veut
être agréable au Seigneur (par exemple, D&A
20:17-19 ; 42:18-29 ; 52:39).
Pour les saints des
derniers jours, tous les principes de moralité et de justice
enseignés par les prophètes de l’Ancien Testament
demeurent valides. Michée, par exemple, dit : « Ce
que l’Éternel demande de toi, c’est que tu
pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu
marches humblement avec ton Dieu » (Mi. 6:8). Le Seigneur
enseigne par Habacuc que les visions divinement inspirées
s’accompliront sûrement, même si c’est à
une époque lointaine ; c’est pourquoi, « le
juste vivra par sa foi » (Ha. 2:3-4). Moïse invite
les Israélites à vivre selon les lois de Dieu en tant
que bons exemples pour les autres : « Vous les
observerez [les lois et les prescriptions] et vous les mettrez en
pratique ; car ce sera là votre sagesse et votre
intelligence aux yeux des peuples, qui entendront parler de toutes
ces lois et qui diront : Cette grande nation est un peuple
absolument sage et intelligent ! » (De. 4:6). Jésus
fait appel au Deutéronome et au Lévitique au sujet des
premier et deuxième commandements, aimer Dieu et son prochain
(De. 6:4-5 ; Lé. 19:18, 33-34 ; Mc. 12:28-34).
Cela ne veut cependant
pas dire que toutes les pratiques en matière de culte
recommandées dans « la loi et les prophètes »
devaient être perpétuées éternellement.
Vers 150 av. J.-C., le prophète Abinadi du Livre de Mormon a
expliqué : « Et maintenant, vous avez dit que
le salut vient par la loi de Moïse. Je vous dis qu’il est
nécessaire que vous gardiez, pour le moment, la loi de Moïse ;
mais je vous dis que le temps viendra où il ne sera plus
nécessaire de garder la loi de Moïse » (Mos.
13:27). Jésus ressuscité a répété
aux disciples sur le chemin d’Emmaüs et aux onze apôtres
réunis à Jérusalem les enseignements de la loi
et des prophètes, des psaumes et de « toutes les
Écritures » qu’il avait accomplis, (Lu.
24:13, 27, 33, 44). Certaines choses seulement ont pris fin en lui
(3 Né. 15:8 ; Ga. 3:24).
Les saints des derniers
jours chérissent donc les lois et les points de doctrine de
l’Ancien Testament qui sont éternels, croyant qu’ils
sont inspirés par l Dieu » et sont « utile[s]
pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans
la justice » (2 Ti. 3:16).
ATTENTE DU MESSIEPAR LES
PROPHÈTES. Plus de cinq siècles avant le temps du
Christ, Jacob, un prophète du Livre de Mormon, disait que son
peuple était informé sur le Christ par les
enseignements de Moïse et des prophètes, et avait ainsi
l’espoir de sa venue (Jcb. 4:4-5). Et Néphi 1 ajoute :
« Car c’est à cette fin que la loi de Moïse
a été donnée, et tout ce qui a été
donné par Dieu à l’homme depuis le commencement
du monde est une figure de lui [le Christ] » (2 Né.
11:4). À une autre occasion, Jacob dit que « tous
les saints prophètes … ont cru au Christ »,
et que son peuple a fidèlement gardé la loi de Moïse,
celle-ci « tournant notre âme vers [le Christ]. »
En effet, ils voyaient dans l’offrande d’Isaac par
Abraham « une similitude de Dieu et de son Fils unique »
(Jcb. 4:4-5). Amulek, un prédicateur ultérieur du Livre
de Mormon (v. 75 av. J.-C.), en parlant du « grand et
dernier sacrifice » du Fils de Dieu, déclare que
« c’est là toute la signification de la loi,
tout jusqu’au moindre détail annonçant ce grand
et dernier sacrifice… [du] Fils de Dieu » (Al.
34:13-14).
La capacité des
enseignements et des ordonnances des prophètes d’amener
les hommes au Christ est démontrée par le fait même
que Jésus fait allusion à ces rites et à ces
enseignements. En descendant de la montagne de la Transfiguration, il
rappelle à Pierre, à Jacques et à Jean qu’il
est « écrit du Fils de l’homme qu’il
doit souffrir beaucoup et être méprisé »
(Mc. 9:12 ; cf. És. 53:3-7). Dans sa ville natale de
Nazareth, il annonce que la prophétie d’Ésaïe
que le Messie guérira et délivrera le peuple est
accomplie en lui (Lu. 4:21 ; És. 61:1-2). Après
avoir guéri un homme le jour du sabbat, Jésus dit à
ceux qui veulent le condamner que le temps est proche où même
les morts entendront sa voix, faisant certainement allusion aux
prophéties concernant cet événement (Jn. 5:25 ;
cf. És. 24:22). Ses paroles d’adieu à ce même
auditoire sont : « Car si vous croyiez Moïse,
vous me croiriez aussi, parce qu’il a écrit de moi »
(Jn. 5:46 ; cf. De. 18:15-19 et Ac. 3:22-23 ; 1 Né.
22:21 ; 3 Né. 20:23). Même en sa dernière
heure mortelle, en souffrant et en accomplissant les promesses de la
rédemption, Jésus cite le premier vers du Psaume 22:
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
comme pour faire ressortir l’accomplissement imminent des vers
restants du psaume (Mt. 27:46 ; cf. Ps. 22:7-8, 12-19).
Les premiers
missionnaires chrétiens ont converti beaucoup de gens au
Christ parmi ceux qui « examinaient chaque jour les
Écritures » (Ac. 17:10-12). Ces Écritures
étaient ce qui est maintenant appelé l’Ancien
Testament. Les prédicateurs chrétiens ont réussi
à montrer « par les Écritures que Jésus
était le Christ » (Ac. 18:24-28). Paul a déclaré
que les Écritures, « tout ce qui a été
écrit d’avance l’a été pour notre
instruction, afin que, par la patience, et par la consolation que
donnent les Écritures, nous possédions l’espérance »
du salut (Ro. 15:4).
Pour ce qui est de
l’avènement futur du Christ, plus d’une vingtaine
de psaumes « royaux » et « messianiques »
annoncent le règne du Seigneur à l’époque
finale. Les psaumes 72 et 100 sont typiques (voir Psaumes, prophéties
messianiques dans les). De plus, dans les livres prophétiques
de l’Ancien Testament, il y a plus de chapitres qui annoncent
son règne final triomphant que de chapitres à propos de
sa première venue et de son sacrifice (par exemple, És.
40, 43, 45, 52, 60, 63, 65 ; Éz. 37-48 ; Da. 12 ;
Za. 12-14).
PROPHÉTIES POUR LE
PRÉSENT ET LE FUTUR. Pour les saints des derniers jours, l’ère
actuelle de l’Évangile de Jésus-Christ a commencé
non seulement par la première vision de Joseph Smith mais
également par les visites d’autres messagers divins, qui
ont cité des prophéties de l’Ancien Testament
avec la promesse qu’elles étaient sur le point de
s’accomplir. L’ange Moroni a cité à Joseph
Smith certaines des prophéties eschatologiques de Malachie,
Ésaïe, Joël et, selon Wilford Woodruff, Daniel, et a
promis leur accomplissement (JS–H 1:29, 33, 36-41 ; JD
24:241).
Les saints des derniers
jours utilisent les prophéties antiques et modernes pour
apporter la lumière de l’Évangile aux gentils
pour que tous soient mutuellement bénis (És. 49:5-22 ;
D&A 86:11 ; 110:12 ; 124:9). Dans les derniers jours,
le Dieu du ciel établira son royaume pour qu’il englobe
tous les hommes, allant de l’avant jusqu’à ce
qu’il remplisse la terre (Da. 2:31-45 ; D&A 65). Le
Seigneur « ramènera Sion » et, de cette
manière, publiera la paix et le salut, en proclamant :
« Ton Dieu règne ! » Alors toutes
les nations verront le salut de Dieu (És. 52:7-10). Tous
peuvent faire partie de Sion, « ceux qui ont le cœur
pur » (D&A 97:19-21). « Des libérateurs
monteront sur la montagne de Sion », comme le dit Abdias,
« et à l’Éternel appartiendra le
règne » (Ab. 1:21 ; D&A 103:7-10).
Bibliographie
Ludlow, Daniel H. A
Companion to Your Study of the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Ludlow, Victor L.
Unlocking the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Matthews, Robert J. "A
Plainer Translation" : Joseph Smith’s Translation of
the Bible. Provo, Utah, 1975.
McConkie, Bruce R. The
Promised Messiah. Salt Lake City, 1978.
Nyman, Monte S., dir. de
publ. Isaiah and the Prophets. Provo, Utah, 1984.
Reynolds, Noel B. "The
Brass Plates Version of Genesis." Dans By Study and Also by
Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, vol. 2, p. 136-173.
Salt Lake City, 1990.
Sperry, Sidney B. The
Voice of Israel’s Prophets. Salt Lake City, 1965.
Sperry, Sidney B. The
Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
ELLIS T. RASMUSSEN
Anges
[Cette rubrique se
compose de trois articles : Anges : Anges ; Anges :
Archanges ; Anges : Anges gardiens. Le premier article
traite de la nature des anges en ce qui concerne leur ministère
auprès des habitants de la terre, montrant que différentes
catégories accomplissent différents types de service.
Le deuxième article examine une hiérarchie parmi des
anges, et désigne Michel comme archange. Le dernier article
explore la notion d’ange gardien et examine ce que les
Écritures et les Frères ont dit. Il propose le
Saint-Esprit comme type d'ange gardien.]
Anges :
Anges
Auteur :
MCCONKIE, OSCAR W.
Les saints des derniers
jours acceptent la réalité de l’existence des
anges comme messagers du Seigneur. Des anges sont mentionnés
dans les Ancien et Nouveau Testaments, le Livre de Mormon, les
Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix et jouent un rôle
important dans l'histoire des débuts de l'Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours. Les anges sont de
divers types et accomplissent diverses fonctions pour assurer l’œuvre
du Seigneur sur la terre.
Le scepticisme de
l'époque moderne a eu tendance à diminuer la croyance
dans les anges. Cependant, Jésus-Christ a fréquemment
parlé des anges, littéralement et au figuré.
Quand les disciples de Jésus lui ont demandé :
« Explique-nous la parabole de l’ivraie du champ »,
il a répondu : « Celui qui sème la
bonne semence, c’est le Fils de l’homme ; le champ,
c’est le monde… les moissonneurs, ce sont les anges »
(Mt. 13:36-39). Les anges sont des êtres réels qui
participent à beaucoup d’incidents racontés dans
les Écritures (par exemple, Lu. 1:13, 19 ; 2:25 ;
Jn. 20:12, etc.). Ils font partie de toute la famille des cieux »
(voir Ép. 3:15). Tout le monde, y compris les anges, est la
postérité de Dieu.
Les anges, en ce qui
concerne la forme, sont semblables aux êtres humains. Ils n’ont
bien entendu pas les ailes que beaucoup de peintres montrent
symboliquement (EPJS, p. 129). À propos des deux anges qui
rendent visite à Lot à Sodome, les habitants de
l’endroit demandent : « Où sont les
hommes qui sont entrés chez toi cette nuit ? »
(Ge. 19:1, 5, italiques ajoutés). Daniel décrit l'ange
Gabriel comme ayant « l'apparence d'un homme »
(Da. 8:15). Au sépulcre du Sauveur ressuscité, « un
ange du Seigneur descendit du ciel » (Mt. 28:2) sous la
forme d’un « jeune homme… vêtu d’une
robe blanche » (Marc 16:5). Joseph Smith fait la
description tout à fait détaillée d'un ange
quand il rapporte la visite de l'ange Moroni (JS–H 1:30-33,
43).
Les anges qui visitent
cette terre sont des personnes qui ont été affectées
comme messagers auprès de cette terre : « Aucun
ange ne s'occupe de cette terre en dehors de ceux qui y appartiennent
ou qui y ont appartenu » (D&A 130:5).
Il y a plusieurs types et
sortes d'êtres, à divers niveaux de progression, que le
Seigneur a utilisés comme anges dans des circonstances
variables. Une sorte est un enfant d'esprit du Père éternel
qui n'est pas encore venu au monde mais qui est destiné à
vivre dans la condition mortelle terrestre. C’est probablement
le type d'ange qui est apparu à Adam (Moï. 5:6-8).
Dans les premiers temps
du monde mortel, beaucoup de justes ont été enlevés
de la terre (voir Êtres enlevés). Hénoc et son
peuple (Moï. 7:18-21, 31, 63, 69 ; Hé. 11:5), Moïse
(Al. 45:19) et Élie (2 R. 2:11-12) ont tous été
enlevés. Le prophète Joseph Smith a enseigné que
des êtres enlevés « sont prévus pour
des missions futures » (EPJS, p. 153) et par conséquent
peuvent être des anges chargés d’un ministère.
Un autre genre d'ange
peut être quelqu’un qui a terminé son existence
mortelle mais dont les travaux continuent dans le monde d'esprit
tandis qu'il attend la résurrection du corps. Ceux-là
sont qualifiés d’ « esprits des justes
parvenus à la perfection » (Hé. 12:22-23 ;
D&A 76:69 ; EPJS, p. 263). « Ne sont-ils pas tous
des esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer un
ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du
salut ? » (Hé. 1:13-14).
Depuis la résurrection
de Jésus-Christ, certains anges ont été « des
personnages ressuscités, ayant un corps de chair et d'os »
(D&A 129:1). Le prophète Joseph Smith a dit que les anges
ressuscités ont avancé plus loin dans la lumière
et la gloire que les esprits (EPJS, p. 263). C’est le cas des
êtres qui ont contribué au rétablissement de
l'Évangile dans la dispensation de la plénitude des
temps. C’est à propos de ce type d'ange que Jean écrit :
« Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel,
ayant un Évangile éternel, pour l’annoncer aux
habitants de la terre, à toute nation, à toute tribu, à
toute langue, et à tout peuple » (Ap. 14:6). Élias,
Moïse, Élie, Moroni, Jean-Baptiste, Pierre et Jacques
sont des exemples d’anges ressuscités qui ont servi le
prophète Joseph Smith.
Conformément à
la prophétie de Jean dans Ap. 14:6, la plénitude de
l'Évangile, dans la parole et la puissance, a été
rétablie sur la terre par le ministère d’anges.
L'ange Moroni, être ressuscité, a révélé
les annales du Livre de Mormon qui contiennent la plénitude de
l'Évangile de Jésus-Christ (D&A 20:8-11 ; voir
Moroni, Visitations de). Plus tard celui qui était appelé
Jean-Baptiste dans le Nouveau Testament, étant maintenant
aussi ressuscité, vint, le 15 mai 1829, comme ange rendre la
Prêtrise d'Aaron à Joseph Smith et à Oliver
Cowdery (D&A 13 ; JS–H 1:68-72 ; voir Prêtrise
d'Aaron : Rétablissement). De même, Pierre, Jacques
et Jean, messagers incarnés de Dieu, rétablirent la
Prêtrise de Melchisédek (D&A 27:12-13 ; voir
Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de
la Prêtrise de Melchisédek). Moïse, Élias et
Élie apparurent chacun comme anges et rendirent les « clefs
du rassemblement d'Israël », la « dispensation
de l'Évangile d'Abraham » (dont le mariage céleste
ou patriarcal) et les clefs du pouvoir de scellement pour
« tourner
le cœur des pères vers les enfants, et les enfants vers
les pères » (D&A 110:11-16).
D'autres « divers
anges » sont venus remettre des clefs, du pouvoir, de la
prêtrise et de la gloire (D&A 128:18-21), pour enseigner
(2 Né. 10:3 ; Mosiah 3:2-3 ; Ap. 1:1), guider
et inspirer (Ap. 5:11) et rendre l'Évangile actif dans la vie
des hommes et des femmes. Cependant, l’œuvre des anges du
Rétablissement n'est pas complète et les Écritures
disent qu'il y aura encore d'autres ministères d’anges
avant que « l'heure [du jugement de Dieu soit] venue »
(D&A 88:103-104 ; 133:36).
Les anges messagers
apportent la connaissance, la prêtrise, le réconfort et
les assurances de Dieu aux mortels. Cependant, quand c’est la
prêtrise ou les clefs qui doivent être transmises, l'ange
exerçant ce ministère possède un corps de chair
et d'os, soit ressuscité, soit enlevé. Les esprits
peuvent donner des informations, mais ils ne peuvent pas conférer
la prêtrise à des mortels, parce que les esprits ne font
pas l’imposition des mains aux mortels (cf. D&A 129).
Parfois le Seigneur
lui-même peut aussi être qualifié d’ange,
puisque le terme signifie « messager ». Il est
le « messager du salut » (D&A 93:8) et le
« messager de l'alliance » (Mal. 3:1), et est
« l’ange qui m’a délivré »
dont Jacob parle dans Genèse 48:15-16.
Certains des enfants
d'esprit du Père « n’ont pas gardé
leur dignité » (Jud. 1:6 ; D&A 29:36-38 ;
Ap. 12:3-9) et, comme Peter l’explique : « Dieu
n’a pas épargné les anges qui ont péché,
mais s’il les a précipités dans les abîmes
de ténèbres » (2 Pi. 2:4). Ce sont des anges
au diable. Ainsi, Satan et ceux qui ont choisi de le suivre sont
parfois qualifiés d’anges (2 Co. 11:14-15 ; 2 Né.
2:17 ; voir aussi Premier état ; Guerre dans le
ciel).
Une utilisation
différente du terme « ange » est
appliquée à ceux qui, parce qu'ils n'ont pas obéi
aux principes de la nouvelle alliance éternelle du mariage, ne
se qualifient pas pour l'exaltation mais restent séparés
et seuls en tant qu'anges chargés d’un ministère,
privés d’exaltation dans leur état sauvé
pour toute l'éternité (D&A 132:16-17).
Bibliographie
McConkie, Bruce R. Mormon
Doctrine. Salt Lake City, 1966.
McConkie, Oscar W.
Angels. Salt Lake City, Utah, 1975.
Pratt, Parley P. "Angels
and Spirits." Dans Key to the Science of Theology, 10e éd.,
p. 112-119. Salt Lake City, 1973.
OSCAR W. MCCONKIE
Anges :
Archanges
Auteur :
GILES, JERRY C.
Traditionnellement, les
anges ont été considérés comme des
gardiens de personnes ou de lieux et porteurs des nouvelles de Dieu.
Le préfixe « arch- » intensifie cette
signification pour dénoter quelqu’un qui règne ou
est éminent, principal ou prépondérant.
Plusieurs textes bibliques donnent la prééminence à
quatre, six ou sept anges (Éz. 9:2 ; Ap. 8:2). Denis, un
théologien chrétien du VIe siècle, prétend
qu’il existe neuf ordres d’anges appelés chœurs,
dont un est appelé « archanges ». Le
Paradis Perdu de Milton fait apparaître les archanges Raphaël
et Michel à Adam au sujet de la chute des anges, de la
Création et de l'histoire du monde. Dante parle aussi
d’archanges dans la Divine Comédie.
Dans la littérature
de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours, un archange est un ange en chef, détenant une position
d'autorité dans la prêtrise dans la hiérarchie
céleste. Michel (Adam) est le seul à être ainsi
formellement désigné dans l'Écriture (D&A
29:26 ; 88:112 ; 107:54 ; 128:21 ; 1 Th.
4:16 ;
Jud. 1:9), bien que d'autres (Gabriel, qui est également Noé ;
Raphaël, Raguël, etc.) soient mentionnés dans les
ouvrages scripturaires, apocryphes, et pseudépigraphiques. Les
enseignements des prophètes modernes indiquent qu'il existe
une organisation de prêtrise parmi les armées célestes
(EPJS, p. 124, 167). Cependant, les commentaires sur des postes ou
des fonctions spécifiques dans la hiérarchie céleste
au-delà des Écritures citées ci-dessus sont de
la conjecture.
JERRY C. GILES
Anthon,
Transcription
Auteur :
Bachman, Danel W.
La
transcription Anthon était
une feuille de papier, considérée comme perdue, sur
laquelle Joseph Smith avait copié des échantillons de
caractères d’« égyptien réformé »
provenant des plaques du Livre de Mormon. Au cours de l'hiver de
1828, Martin Harris montra ces caractères au professeur
Charles Anthon du Columbia College (aujourd'hui Université de
Columbia), d’où le nom.
En février 1828, Martin
Harris, un agriculteur de
Palmyra, New York, rendit visite au prophète Joseph Smith, qui
résidait alors à Harmony (Pennsylvanie), où il
venait de commencer à traduire le Livre de Mormon (voir Livre
de Mormon, Traduction par Joseph Smith). Smith s’était
précédemment adressé à Harris pour avoir
son soutien financier pour la traduction ; maintenant, Harris se
rendait à Harmony pour prélever des échantillons
des caractères égyptiens réformés des
plaques d'or (cf. Mrm. 9:32), dans le but d’obtenir l’avis
de scientifiques à propos de leur authenticité. Smith
remit à Harris une copie de certains des caractères,
ainsi que d'une traduction, que Harris présenta ensuite à
au moins trois érudits de l'Est des États-Unis. Le plus
important d'entre eux, étant donné la nature de la
demande, était Charles Anthon, classiciste renommé au
Columbia College.
Les comptes rendus de la
rencontre faits par les deux hommes
diffèrent. Harris dit que le professeur Anthon lui remit un
certificat attestant l'authenticité des caractères,
mais que quand il apprit que Joseph Smith disait avoir reçu
les plaques d'un ange, il reprit le certificat et le déchira.
Anthon, pour sa part, laissa, en 1834 et en 1841, des comptes rendus
écrits dans lesquels il se contredit sur le point de savoir
s’il avait donné à Harris une opinion écrite
sur le document. Dans les deux comptes rendus, apparemment pour que
l’on n’aille pas penser qu’il s’associait à
la publication du livre, il prétendit avoir déclaré
à Harris qu'il (Harris) était victime d'une
escroquerie. Les recherches modernes permettent de dire que, compte
tenu de l'état des connaissances de l'égyptien en 1828,
les idées d’Anthon n’auraient guère été
plus qu'une opinion. Quoi qu’il en soit, Harris retourna à
Harmony prêt à aider Joseph Smith à faire sa
traduction.
L'Église Réorganisée de
Jésus-Christ
des Saints des Derniers Jours (maintenant appelée Community of
Christ) possède un texte manuscrit appelé Transcription
Anthon, qui contient sept lignes horizontales de caractères
apparemment copiés des plaques. David Whitmer, à qui le
document appartint à un moment donné, dit que c'est ce
texte que Martin Harris montra à Charles Anthon. Cette
affirmation reste toutefois incertaine car la transcription ne
correspond pas à l'affirmation d’Anthon, à savoir
que le manuscrit qu'il avait vu était disposé en
colonnes verticales. Même si le document n'est pas l'original,
il représente presque certainement des caractères
copiés à partir des plaques en la possession de Joseph
Smith ou copiés à partir du document utilisé par
Harris. À deux reprises, fin 1844, après le martyre du
prophète, certaines parties de ces symboles furent publiées
comme étant les caractères que Joseph Smith avait
copiés à partir des plaques d'or – une fois sur
une affiche et une fois dans le numéro du 21 décembre
du journal mormon The Prophet (voir Magazines). En 1980 parut un
document qui semblait correspondre à la description faite par
Anthon et qui avait l’air d’être la Transcription
Anthon originale. Mais en 1987, Mark W. Hofmann reconnut que c’était
un faux dont il était l’auteur (voir Falsifications de
Documents historiques).
La visite rendue par Harris à
des savants est plus qu’une
curiosité intéressante dans l'histoire du mormonisme.
Selon ses propres dires, Harris retourna à Harmony, convaincu
que les caractères étaient authentiques. Par la suite,
il consacra de bon cœur de son temps et de ses ressources pour
assurer la publication du Livre de Mormon. De plus, le prophète,
Harris lui-même et les générations suivantes de
saints des derniers jours ont vu dans sa visite la réalisation
d’Ésaïe 29:11-12, qui parle « d’un
livre cacheté » remis à « un
homme qui sait lire » et qui ne peut pas le lire (PJS 1:9;
cf. 2 Né 27:6-24; voir aussi Livre de Mormon, Prophéties
bibliques sur). Ses efforts encouragèrent apparemment Joseph
Smith dans la phase initiale de la traduction. La Transcription
Anthon est également importante pour les générations
suivantes comme un échantillon authentique des caractères
gravés sur les plaques d'or et donc l'une des rares preuves
tangibles de leur existence. [Voir aussi Livre de Mormon, langue.]
Bibliographie
Kimball, Stanley B. "I Cannot
Read a
Sealed Book." IE 60, févr. 1957, 80-82, 104, 106.
Kimball, Stanley B. "The Anthon
Transcript: People, Primary
Sources, and Problems." BYU Studies 10, printemps 1970, 325-352.
"Martin Harris' Visit to
Charles Anthon: Collected Documents
on Short-hand Egyptian." F.A.R.M.S. Preliminary Report. Provo,
Utah, 1985.
DANEL W. BACHMAN
Antimormons
– Publications
Auteur :
NELSON, WILLIAM O.
L’antimormonisme
comprend toute opposition hostile ou polémique au mormonisme
ou aux saints des derniers jours, comme la diffamation du prophète
fondateur, ses successeurs ou les points de doctrine ou les pratiques
de l’Église. Bien que parfois bien intentionnées,
les publications antimormones prennent souvent la forme d’injures,
de mensonges, de caricatures dégradantes, de préjugés
et de harcèlement juridique, donnant lieu à des assauts
verbaux et physiques. Dès ses débuts, l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours et ses membres
ont été les cibles de publications antimormones. Mis à
part le fait qu’elle les a rassemblées à des fins
historiques et ce, en réponse aux directives divines, l’Église
a essentiellement ignoré cette littérature, parce que
la plupart des membres y voient de fausses déclarations
irresponsables.
Peu d’autres
groupes religieux aux États-Unis ont été l’objet
de critiques et d’une hostilité aussi constantes et
aussi rabiques. Depuis l’organisation de l’Église
en 1830 jusqu’en 1989, au moins 1.931 livres, romans,
brochures, tracts et feuillets volants antimormons ont été
publiés en anglais. De nombreux autres bulletins, articles et
lettres ont été distribués. Depuis 1960, ces
publications ont augmenté considérablement.
Une raison importante
d’hostilité à l’égard de l’Église
a été sa croyance en la révélation
extrabiblique. Les fondements théologiques de l’Église
reposent sur l’affirmation du prophète Joseph Smith que
Dieu le Père, Jésus-Christ et des anges lui sont
apparus et lui ont commandé de rétablir une
dispensation de l’Évangile.
Le scepticisme auquel le
témoignage de Joseph Smith s’est heurté au début
était compréhensible parce que d’autres avaient
émis des prétentions semblables à la réception
de révélations de Dieu. De plus, Joseph Smith avait
fait paraître le Livre de Mormon, ce qui constituait une preuve
tangible de ses prétentions à la révélation,
et ceci demandait à être vérifié. Son
témoignage que le livre provenait d’un document antique
gravé sur des plaques en métal qu’il avait
traduit par le don et le pouvoir de Dieu était considéré
comme absurde par les incroyants. Les écrits antimormons
hostiles et les autres abus ont découlé en grande
partie de la nécessité de trouver une autre explication
à l’origine du Livre de Mormon. Les premiers détracteurs
se sont tout d’abord ingéniés à
discréditer la famille Smith, en particulier Joseph Smith,
fils, et ont essayé de prouver que le Livre de Mormon était
entièrement du XIXe siècle. Les détracteurs
ultérieurs se sont davantage concentrés sur des points
de doctrine, différents dirigeants et le fonctionnement de
l’Église.
PREMIÈRES
CRITIQUES (1829-1846). L’affirmation de Joseph Smith que des
messagers célestes lui avaient rendu visite fut accueillie
avec dérision, en particulier par certains ecclésiastiques
locaux. Quand les efforts de le dissuader eurent échoué,
il devint l’objet de railleries. À partir de l’époque
de la Première Vision (1820) jusqu’à la première
visite de l’ange Moroni (1823), Joseph « subit
toutes sortes d’opposition et de persécutions de la part
des différents ordres de religieux » (Lucy Mack
Smith, History of Joseph Smith, p. 74).
La première
tentative sérieuse de discréditer Joseph Smith et le
Livre de Mormon fut celle d’Abner Cole, rédacteur du
Reflector, un journal local de Palmyra. Écrivant sous le
pseudonyme d’Obadiah Dogberry, Cole publia dans son journal des
extraits de deux chapitres piratés de l’édition
de 1830 du Livre de Mormon, mais fut obligé de renoncer parce
qu’il violait la loi du copyright. Cole recourut à la
satire. Il essaya de diffamer Joseph Smith en l’associant à
la recherche de trésors et il prétendit que Joseph
était influencé par un magicien appelé Walters.
Alexander Campbell,
fondateur des Disciples du Christ, écrivit la première
brochure antimormone publiée. Le texte parut d’abord
sous forme d’articles dans son propre journal, le Millennial
Harbinger (1831), et puis dans une brochure intitulée
Delusions [tromperies] (1832). Campbell conclut : « Je
ne doute pas un seul instant que [Joseph Smith] soit l’unique
auteur et propriétaire [du Livre de Mormon]. » Deux
ans plus tard, il revint sur cette conclusion et accepta une nouvelle
théorie de l’origine du Livre de Mormon, à savoir
que Joseph Smith avait d’une certaine façon collaboré
avec Sidney Rigdon pour produire le Livre de Mormon à partir
du manuscrit de Spaulding (voir ci-dessous).
L’ouvrage
antimormon le plus notable de cette période, Mormonism
Unvailed (sic), fut publié par Eber D. Howe en 1834. Howe
collabora avec l’apostat Philastus Hurlbut, excommunié
de l’Église à deux reprises pour immoralité.
Hurlbut fut engagé par un comité d’antimormons
pour trouver des gens qui certifieraient la malhonnêteté
de Smith. Il « rassembla » des déclarations
sous serment de soixante-douze contemporains qui professaient
connaître Joseph Smith et étaient disposés à
parler contre lui. Mormonism Unvailed essaya de discréditer
Joseph Smith et sa famille en assemblant ces déclarations sous
serment et neuf lettres écrites par Ezra Booth, également
apostat qui avait quitté l’Église. Ces documents
prétendent que les Smith étaient des chercheurs de
trésors et des irresponsables. Howe avança la théorie
que Sidney Rigdon s’était procuré un manuscrit
écrit par Solomon Spaulding, le réécrivit dans
le Livre de Mormon et convainquit ensuite Joseph Smith de dire au
public qu’il avait traduit le livre à partir de plaques
reçues d’un ange. Cette théorie servit
d’alternative au récit de Joseph Smith jusqu’à
ce que le manuscrit de Spaulding soit découvert en 1884 et se
révèle n’avoir rien à voir avec le Livre
de Mormon.
Le recueil Hurlbut-Howe
et Delusions de Campbell furent les sources principales de presque
tous les autres écrits antimormons du XIXe siècle et
quelques-uns du XXe siècle, notamment les ouvrages d’Henry
Caswall, John C. Bennett, Pomeroy Tucker, Thomas Gregg, William Linn
et George Arbaugh. La plupart de ces auteurs puisèrent de
manière routinière dans le même groupe de
légendes antimormones (voir H. Nibley, « How to
Write an Anti-Mormon Book » Brigham Young University
Extension Publications, 17 fév. 1962, p. 30).
La manifestation la plus
infâme de l’antimormonisme se produisit lors du conflit
du Missouri, pendant lequel Lilburn W. Boggs, gouverneur de l’état,
lança un ordre d’extermination. « Les
mormons, écrivit-il, doivent être traités comme
des ennemis et être exterminés ou chassés de
l’état, si c’est nécessaire, pour le bien
public » (HC 3:175). Cet ordre fut à l’origine
de l’expulsion des mormons hors du Missouri et de leur
réinstallation en Illinois.
Tandis qu’il était
incarcéré à la prison de Liberty en 1839, Joseph
Smith écrivit aux saints et leur dit de ne pas répondre
par une polémique mais de « réunir les
publications diffamatoires qui sont en circulation, et toutes celles
qui se trouvent dans les magazines et dans les encyclopédies
et toutes les histoires diffamatoires qui sont publiées, qui
sont écrites, et par qui » de manière à
mettre en lumière tous les rapports trompeurs et faux au sujet
de l’Église (D&A 123:4-5, 12-13). Ce procédé
a été appliqué par les saints des derniers jours
au cours des années.
Après
l’installation des saints à Nauvoo (Illinois), leur
principal antagoniste fut Thomas C. Sharp, rédacteur du Warsaw
Signal. Alarmé par le pouvoir civil de l’Église,
il utilisa son journal pour s’y opposer. En 1841, il publia
Mormonism Portrayed, de William Harris.
Six livres antimormons
notables furent édités en 1842. Le premier fut History
of the Saints ; or, An Exposé of Joe Smith and Mormonism,
par John C. Bennett, qui avait été conseiller de Joseph
Smith dans la Première Présidence et avait aussi été
le premier maire de Nauvoo. Après son excommunication de
l’Église pour immoralité, il se tourna contre les
mormons et publia une série de lettres dans un journal de
Springfield (Missouri). Il accusa Joseph Smith d’être
« l’un des imposteurs les plus vils et les plus
infâmes qui soient jamais apparus sur la face de la terre ».
L’histoire de Bennett empruntait fortement à Mormonism
Portrayed.
Cette même année,
Joshua V. Himes publia Mormon Delusions and Monstrosities, qui
reprenait une grande partie de Delusions d’Alexander Campbell.
Le Révérend John A. Clark publia Gleanings by the Way
et Jonathan B. Turner, Mormonism in All Ages. Ces deux livres se
basaient fortement sur Howe et Mormonism Unvailed de Hurlbut.
Mormonism and the mormons, de Daniel P. Kidder, amplifia la théorie
Spaulding des origines du Livre de Mormon en y incluant Oliver
Cowdery en plus de Joseph Smith et de Sidney Rigdon.
Appelé l’
« Antimormon Extraordinaire », le Révérend
Henry Caswall publia The City of the mormons, or Three Days at
Nauvoo. Il prétendit avoir donné à Joseph Smith
une copie d’un manuscrit grec des psaumes et que Smith
l’identifia comme étant un dictionnaire d’hiéroglyphes
égyptiens. Caswall inventa un dialogue entre lui et Smith pour
dépeindre Joseph Smith comme ignorant, grossier et fourbe. En
1843, Caswall publia « The Prophet of the Nineteenth
Century » à Londres, empruntant la majeure partie
de sa matière à Clark et à Turner.
En 1844 Joseph Smith dut
affronter de graves dissensions au sein de l’Église.
Plusieurs de ses plus proches collaborateurs étaient en
désaccord avec lui concernant la révélation du
mariage plural et d’autres points de doctrine. Parmi les
principaux dissidents il y avait William et Wilson Law, Austin
Cowles, Charles Foster, Francis et Chauncey Higbee, Charles Ivins et
Robert Foster. Ils s’allièrent avec les éléments
antimormons locaux et éditèrent un numéro d’un
journal, le Nauvoo Expositor. Ils y accusaient Joseph Smith d’être
un prophète déchu, coupable de fornication et
malhonnête en matière financière.
Le conseil municipal de
Nauvoo et le maire Joseph Smith déclarèrent le journal
« nuisance » illégale et commandèrent
au marshal de la ville de détruire la presse. Cette
destruction mit en rage les antimormons hostiles autour de Nauvoo. Le
12 juin 1844, le Warsaw Signal, le journal de Thomas Sharp, exigea
l’extermination des saints des derniers jours : « La
guerre et l’extermination sont inévitables !
Citoyens, levez-vous tous ! ! ! Pouvez-vous rester là
et laisser ces démons infernaux ! dépouiller des
hommes de leurs biens et de leurs droits sans les venger… Que
[votre commentaire] se fasse avec la poudre et les
balles ! ! ! »
Quinze jours plus tard, Joseph Smith et son frère Hyrum
étaient assassinés à la prison de Carthage
tandis qu’ils attendaient d’être jugés sur
accusation de trahison.
Sharp justifia la tuerie
sous prétexte que « les citoyens les plus
respectables » l’avaient réclamée. Lui
et quatre autres furent par la suite jugés pour les meurtres,
mais furent acquittés faute de preuves.
Beaucoup pensaient que
l’Église périrait avec ses fondateurs. Quand les
membres s’unirent sous la direction des douze apôtres,
les attaques antimormones reprirent de plus belle. Sharp réclama
de nouveau l’expulsion des mormons de l’Illinois. En
septembre 1845, plus de 200 maisons de membres de l’Église
avaient été brûlées dans les régions
environnant Nauvoo. En février 1846, les saints traversèrent
le Mississippi et commencèrent l’exode vers l’Ouest.
Il est possible que le
mobile de certains antimormons, particulièrement des apostats,
ait été la vengeance. Philastus Hurlbut, Simonds Ryder,
Ezra Booth et John C. Bennett voulaient se venger parce que l’Église
les avait disciplinés. Alexander Campbell était furieux
parce qu’il avait perdu beaucoup de ses disciples campbellites
quand ils s’étaient joints aux saints des derniers
jours. Mark Aldrich avait investi dans un développement
immobilier qui fit faillite parce que les immigrés mormons ne
l’avaient pas soutenu et Thomas Sharp avait perdu beaucoup de
ses perspectives dans les affaires.
CARICATURE DES mormons ET
CROISADE CONTRE LA POLYGAMIE (1847-1896). L’installation dans
l’Ouest permit un isolement bienvenu pour l’Église,
mais la révélation publique de la pratique de la
polygamie en 1852 suscita un nouveau barrage de moqueries et un
affrontement avec le gouvernement fédéral.
Les années de 1850
à 1890 furent turbulentes pour l’Église parce que
les réformateurs, les ecclésiastiques et la presse
attaquèrent ouvertement la pratique de la polygamie. Les
opposants fondèrent des sociétés antipolygames
et le Congrès publia une législation antipolygame. Les
mormons furent caricaturés comme étant des gens qui
défiaient la loi et étaient immoraux. Le but clair de
la croisade juridique et politique contre les mormons était de
détruire l’Église. Seul le manifeste de 1890, une
déclaration de Wilford Woodruff, président de l’Église,
qui abolissait officiellement la polygamie, apaisa le gouvernement,
permettant la restitution à l’Église de ses biens
confisqués. Les écrits, conférences et dessins
satiriques antimormons volumineux de l’époque
caricaturèrent l’Église comme une théocratie
qui défiait les lois de la société
conventionnelle ; beaucoup décrivaient ses membres comme
bercés d’illusions et fanatiques ; et ils
prétendaient que la polygamie, les rituels secrets et
l’expiation par le sang constituaient les fondements
théologiques de l’Église. Les motifs principaux
étaient de discréditer les croyances des saints, de
réformer moralement ce qui était perçu comme un
mal ou d’exploiter la polémique à des fins
financières et politiques. La tactique diffamatoire utilisée
consistait en attaques verbales contre les dirigeants de l’Église,
en caricatures dans les périodiques, les magazines et les
conférences, en inventions dans les romans et en mensonges
purs et simples.
L’ouvrage
antimormon le plus influent au cours de cette période fut
probablement Origin, Rise, and Progress of Mormonism, de Pomeroy
Tucker (1867). Imprimeur employé par E.B. Grandin, éditeur
du Wayne Sentinel et imprimeur de la première édition
du Livre de Mormon, Tucker affirma avoir été en
relations étroites avec Joseph Smith. Il soutint l’accusation
de Hurlbut-Howe que les Smith étaient malhonnêtes et
prétendit qu’ils volaient leurs voisins. Il
reconnaissait cependant que ses insinuations n’étaient
pas « confirmées par une enquête
judiciaire ».
The Golden Bible or the
Book of Mormon : Is It from God ? (1887) du Révérend
M. T. Lamb se moquait du Livre de Mormon qu’il qualifiait de
« verbeux, maladroit, stupide… improbable…
impossible… [et] une conjecture idiote. » Pour lui
le livre était inutile et de loin inférieur à la
Bible et il disait de ceux qui croyaient au Livre de Mormon qu’ils
étaient mal informés.
Sur les cinquante-six
romans antimormons publiés au cours du XIXe siècle,
quatre devinrent le modèle de tous les autres. Ces quatre
romans étaient des romans à sensation érotiques
se focalisant sur le soi-disant triste sort des femmes dans l’Église.
Boadicea, the Mormon Wife, d’Alfreda Eva Bell (1855), faisait
des membres de l’Église « des meurtriers, des
faussaires, des escrocs, des joueurs, des voleurs et des
adultères ! » Dans Mormonism Unveiled,
d’Orvilla S. Belisle (1855), l’héroïne était
prise au piège dans un harem mormon sans espoir d’en
sortir. Mormon Wives, de Metta Victoria Fuller Victor (1856) fait des
mormons des gens affreux et aveuglés. Maria Ward (un
pseudonyme) dépeint les tortures infligées par les
mormons aux femmes dans Female Life Among the mormons (1855). Les
auteurs écrivaient des passages choquants dans le but de
vendre les publications. Des membres excommuniés essayèrent
de profiter de leur ancienne appartenance à l’Église
pour vendre leurs histoires. Tell It All, de Fanny Stenhouse (1874),
Wife No. 19 d’Ann Eliza Young (1876) étaient des
histoires à sensation sur le thème de la polygamie.
William Hickman vendit son histoire à John H. Beadle, qui
exagéra le mythe danite dans Brigham’s Destroying Angel
(1872) pour présenter les mormons comme des gens violents.
Les dirigeants de
l’Église ne répondirent à ces attaques et
à cette publicité défavorable que par des
sermons et des exhortations. Ils défendirent la doctrine
fondamentale de l’Église qu’étaient la
révélation et l’autorité venant de Dieu.
Pendant la période des poursuites fédérales, la
Première Présidence condamna les actes contre l’Église
de la part du Congrès des États-Unis et de la Cour
Suprême comme violations de la Constitution des États-Unis.
LA RECHERCHE D’UNE
EXPLICATION PSYCHOLOGIQUE (1897-1945). Après que l’Église
eut officiellement mis fin à la polygamie en 1890, l’image
publique du mormonisme s’améliora et devint modérément
favorable. Cependant, en 1898, l’Utah élut au Congrès
des États-Unis B.H. Roberts, qui avait contracté des
mariages pluraux avant le Manifeste. Son élection ranima les
accusations de polygamie et de nouvelles dénonciations par les
reporters à scandale des magazines et le Congrès refusa
de le valider. Pendant le débat au Congrès, l’Order
of Presbytery d’Utah publia une brochure, Ten Reasons Why
Christians Cannot Fellowship the Mormon Church [Dix raisons pour
lesquelles les chrétiens ne peuvent pas recevoir l’Église
mormone dans leur communion], s’opposant principalement à
la doctrine de la révélation moderne.
L’élection
de Reed Smoot au Sénat des États-Unis (le 20 janvier
1903) causa une polémique de plus. Bien que n’ayant pas
été polygame, Smoot était membre du Collège
des douze apôtres. Dix mois après qu’il eut été
assermenté en tant que sénateur, son cas fut passé
en revue par le Senate Committee on Privileges and Elections. Les
auditions pour l’affaire Smoot durèrent de janvier 1904
à février 1907. Finalement, en 1907, le sénat
vota de lui permettre de prendre son siège. La Première
Présidence publia alors An Address to the World (une
déclaration au monde), expliquant la doctrine de l’Église
et répondant aux accusations. La Salt Lake Ministerial
Association (l’association des pasteurs de Salt Lake City)
réfuta, le 4 juin 1907, cette déclaration dans le Salt
Lake Tribune.
Pendant 1910 et 1911, les
magazines Pearson's, Collier's, Cosmopolitan, McClure's et
Everybody's publièrent des articles antimormons rabiques.
McClure accusa les mormons de toujours pratiquer la polygamie.
Cosmopolitan compara le mormonisme à une vipère
essayant de saisir, avec des tentacules, la richesse et le pouvoir.
Les rédacteurs qualifièrent l’Église d’
« institution méprisable » dont
« l’emprise gluante » avait servi le
pouvoir politique et économique dans une douzaine d’États
de l’Ouest. Les historiens de l’Église appellent
ces articles « la croisade des magazines ».
L’arrivée du
cinéma donna lieu à une répétition du
stéréotype antimormon. De 1905 à 1936, on sortit
au moins vingt et un films antimormons. Les plus sordides furent A
Mormon Maid (1917) et Trapped by the mormons (1922). Les films
montraient des dirigeants polygames cherchant des converties pour
satisfaire leurs convoitises et les mormons assassinant des voyageurs
innocents dans des rites secrets. Certains des écrits
antimormons les plus virulents de l’époque venaient de
Grande-Bretagne. Winifred Graham (Mme Theodore Cory), romancière
antimormone professionnelle, accusa les missionnaires mormons de
profiter de la Première Guerre mondiale pour faire du
prosélytisme auprès des femmes dont les maris étaient
partis faire la guerre. Le film Trapped by the mormons était
basé sur l’un de ses romans.
Quand la théorie
Spaulding sur l’origine du Livre de Mormon fut discréditée,
les partisans antimormons se tournèrent vers la psychologie
pour expliquer les visions et les révélations de Joseph
Smith. Walter F. Prince et Theodore Schroeder proposèrent des
explications aux noms du Livre de Mormon en ayant recours à
des associations psychologiques ingénieuses mais ténues.
I. Woodbridge Riley prétendit dans The Founder of Mormonism
(New York, 1903) que « Joseph Smith, fils, était
épileptique ». Il fut le premier à suggérer
que View of the Hebrews, d’Ethan Smith (1823) et The Wonders of
Nature and Providence, Displayed, de Josiah Priest (1825) étaient
les sources du Livre de Mormon.
Lorsque l’Église
commémora son centenaire en 1930, l’historien américain
Bernard De Voto affirma dans l’American Mercury : « Il
est incontestable que Joseph Smith était paranoïaque. »
Il reconnut plus tard que l’article du Mercury était
« une attaque malhonnête » (IE 49, mars
1946, p. 154).
Harry M. Beardsley, dans
Joseph Smith and His Mormon Empire (1931), avança la théorie
que les visions de Joseph Smith, ses révélations et le
Livre de Mormon étaient des sous-produits de son subconscient.
Vardis Fisher, un romancier populaire ayant des racines mormones en
Idaho, publia Children of God : An American Epic (1939).
L’ouvrage a une certaine sympathie pour l’héritage
mormon, tout en proposant une origine naturaliste à la
pratique mormone de la polygamie et décrit Joseph Smith en
termes d’ « impulsions névrotiques ».
En 1945, Fawn Brodie
publia No Man Knows My History, une histoire psychobiographique de
Joseph Smith. Elle le décrivit comme un « faiseur
de mythes prodigieux » qui avait puisé ses idées
théologiques dans son environnement de New York. Le livre
rejetait la théorie de Rigdon-Spaulding, en revenait à
la thèse d’Alexander Campbell que seul Joseph Smith
était l’auteur du livre et postulait que View of the
Hebrews (suivant Riley, 1903) avait fourni la matière de base
comme source du Livre de Mormon. Les interprétations de Brodie
ont été suivies par plusieurs autres auteurs.
Les savants de l’Église
ont critiqué pour plusieurs raisons les méthodes de
Brodie. Tout d’abord, elle ignore des documents manuscrits
précieux qui lui étaient accessibles dans les archives
de l’Église. En second lieu, ses sources étaient
principalement des documents antimormons tendancieux rassemblés
surtout à la bibliothèque publique de New York, à
la bibliothèque de Yale et à la bibliothèque
historique de Chicago. Troisièmement, elle commençait
par une conclusion prédéterminée qui façonna
son ouvrage : « J’étais convaincue,
écrit-elle, avant même de commencer à écrire
que Joseph Smith n’était pas un vrai prophète »
et se sentit obligée de fournir une autre explication à
ses œuvres (cité dans Newell G. Bringhurst, « Applause,
Attack, and Ambivalence-Varied Responses to Fawn M. Brodie's No Man
Knows My History » Utah Historical Quarterly 57, hiver
1989, p. 47-48). Quatrièmement, en utilisant une approche
psychobiographique, elle imputait des pensées et des motifs à
Joseph Smith. Même Vardis Fisher critiqua son livre en écrivant
que c’était « presque plus un roman qu’une
biographie parce qu’elle hésite rarement à dire
ce qui se passe dans l’esprit d’une personne ou à
expliquer des motifs que l’on ne peut tout au plus que
conjecturer » (p. 57).
REGAIN DES VIEILLES
THÉORIES ET ALLÉGATIONS (1946-1990). Les auteurs
antimormons ont surtout été prolifiques pendant
l’après-Brodie. En dépit d’une presse
généralement favorable envers l’Église
pendant beaucoup de ces années, de tous les livres, romans,
brochures, tracts et feuillets publiés en anglais avant 1990,
plus de la moitié l’ont été entre 1960 et
1990 et le tiers d’entre eux entre 1970 et 1990.
Des réseaux
d’organisations antimormones fonctionnent aux États-Unis.
L’annuaire 1987 des organismes de recherche sur les cultes
contient plus de cent listes antimormones. Ces réseaux
distribuent de la littérature antimormone, font des
conférences qui attaquent publiquement l’Église
et font du prosélytisme auprès des mormons. La Pacific
Publishing House en Californie donne une liste de plus de cent
publications antimormones.
Un large éventail
d’auteurs antimormons a produit la littérature
d’invectives de cette période. Les évangeliques
et certains mormons apostats affirment que les saints des derniers
jours ne sont pas chrétiens. La base principale de ce jugement
est le fait que la croyance mormone en la Divinité chrétienne
est différente de la doctrine chrétienne traditionnelle
de la Trinité. Ils prétendent que les saints des
derniers jours adorent « un autre Jésus »
et que leurs Écritures sont contraires à la Bible. Une
autre tactique courante est d’essayer de montrer qu’il y
a des contradictions entre les déclarations des dirigeants de
l’Église du passé et celles des dirigeants
actuels sur des points tels qu’Adam-Dieu, l’expiation par
le sang et le mariage plural.
Un exemple actuel de
moquerie et de déformation des croyances des saints des
derniers jours vient d’Edward Decker, mormon excommunié
et cofondateur d’Ex-mormons for Jesus, maintenant connus sous
le nom de Saints Alive in Jesus (saints vivants en Jésus).
Prétendant aimer les saints, Decker s’est attaqué
à leurs croyances. Les saints des derniers jours considèrent
son film et son livre, tous deux intitulés The Godmakers,
comme une distorsion grossière de leurs croyances,
particulièrement des ordonnances du temple. Un directeur
régional de la ligue anti-diffamation de B’nai B’rith
et le conseil régional de l’Arizona de la conférence
nationale des chrétiens et des juifs sont parmi ceux qui ont
condamné le film.
Bien que les critiques,
les distorsions et les mensonges antimormons soient blessants pour
les membres de l’Église, la Première Présidence
leur a conseillé de ne pas réagir et de ne pas engager
de débats avec ceux qui les commanditent et les a invités
à donner leurs réponses « sous forme
d’explications positives des points de doctrine et des
pratiques de l’Église » (Church News, 18 déc.
1983, p. 2).
Jerald et Sandra Tanner
sont deux chercheurs antimormons prolifiques. Ils ont commencé
à écrire début 1959 et proposent maintenant plus
de 200 publications. Leur approche principale est de démontrer
des contradictions, dont beaucoup sont considérées par
les saints des derniers jours comme artificielles ou insignifiantes,
entre les enseignements actuels et passés de l’Église.
Ils agissent et éditent sous le nom de Utah Lighthouse
Ministry, Inc. Leur ouvrage le plus notable, Mormonism – Shadow
or Reality ? (1964, révisé 1972, 1987), contient
l’essentiel de leurs affirmations contre l’Église.
Pendant les années
1950, 1960 et le début des années 1970, l’Église
a eu une image publique généralement favorable et cela
s’est reflété dans les médias
d’information. Cette image est devenue plus négative
dans les années 1970 qui ont suivi et le début des
années 1980. L’opposition de l’Église à
l’amendement sur l’égalité des droits et
l’excommunication de Sonia Johnson pour apostasie, la position
de l’Église en ce qui concerne la prêtrise et les
noirs (changée en 1978), une déclaration de la Première
Présidence s’opposant au missile MX, l’épisode
de John Singer avec l’attentat à la bombe contre un
bâtiment de l’Église, les tensions entre certains
historiens et les dirigeants de l’Église, la lettre à
la « Salamandre » (un faux) et les autres faux
et meurtres de Mark Hofmann ont apporté de l’eau au
moulin de la presse et de la télévision pour leurs
commentaires négatifs. L’influence politique de l’Église
et ses avoirs financiers ont également fait l’objet
d’articles ayant une forte orientation négative.
Un livre antimormon
largement diffusé, The Mormon Murders, par Steven Naifeh et
Gregory White Smith (1988), utilise plusieurs stratégies
rappelant l’antisémitisme d’autrefois. Les auteurs
utilisent les contrefaçons et les meurtres de Hofmann comme
tremplin et suivent les thèmes et les méthodes
antimormons traditionnels que l’on trouve dans les ouvrages
plus anciens. Ils expliquent le mormonisme en termes de richesse, de
pouvoir, de tromperie et de crainte du passé.
Les dirigeants de
l’Église ont constamment fait appel à
l’impartialité des lecteurs et les ont invités à
examiner eux-mêmes le Livre de Mormon et les autres Écritures
et documents modernes plutôt que de porter un jugement tout
fait sur l’Église sur la base de publications
antimormones. En 1972, l’Église a créé le
Département de la Communication, avec siège à
Salt Lake City, pour diffuser des informations publiques sur
l’Église.
Bibliographie
Il n’existe pas
d’histoire définitive des activités antimormones.
Voici un échantillon de sources de l’Église sur
l’antimormonisme :
Allen, James B., et
Leonard J. Arrington. "Mormon Origins in New York : An
Introductory Analysis." BYU Studies 9 (1969) :241-74.
Analyse les approches promormones et antimormones.
Anderson, Richard Lloyd.
"Joseph Smith's New York Reputation Reappraised." BYU
Studies 10 (1970) :283-314. Analyse les attestations
Hurlbut-Howe publiées dans Mormonism Unvailed.
Bunker, Gary L., et Davis
Bitton. The Mormon Graphic Image 1834-1914. Salt Lake City, 1983.
Fait l’historique de la caricature antimormone.
Bushman, Richard L.
Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism. Urbana, Ill., 1984.
Traite des écrits antimormons de Campbell, Howe et Hurlbut.
Kirkham, Francis W. A New
Witness for Christ in America, 2 vols. Independence, Mo., 1942, et
Salt Lake City, 1952. Examine les premiers articles de journaux et
les explications antimormones de l’origine du Livre de Mormon.
Nibley, Hugh W. The
Mythmakers. Salt Lake City, 1961. Passe en revue les auteurs
antimormons du temps de Joseph Smith.
Nibley, Hugh W.
"Censoring the Joseph Smith Story" IE 64 (juill., août,
oct., nov. 1961). Série d’articles examinant comment
cinquante ouvrages antimormons traitent l’histoire de Joseph
Smith.
Nibley, Hugh W. Sounding
Brass. Salt Lake City, 1963. Passe en revue les auteurs antimormons
de l’époque de Brigham Young.
Nibley, Hugh W. The
Prophetic Book of Mormon, CWHN 8 chaps. 4-8, 10-12, examine les
arguments antimormons.
Scharff, Gilbert W. The
Truth About the Godmakers. Salt Lake City, 1986. Traite du film The
Godmakers.
WILLIAM O. NELSON
Anges :
Anges gardiens
Auteur :
MCCONKIE, OSCAR W.
Une des fonctions des
anges est d'avertir et de protéger les mortels. Le Seigneur
chuchote à David : « Aucun malheur ne
t’arrivera, aucun fléau n’approchera de ta tente.
Car il ordonnera à ses anges de te garder dans toutes tes
voies ; ils te porteront sur les mains, de peur que ton pied ne
heurte contre une pierre » (Ps. 91:10-12). L'ange de la
présence du Seigneur sauve Israël (És. 63:9).
Daniel répond au roi : « Mon Dieu a envoyé
son ange et fermé la gueule des lions, qui ne m’ont fait
aucun mal … » (Da. 6:22).
Cette fonction bien
connue de gardien attribuée aux anges a provoqué la
théorie chez certains que toutes les personnes, ou du moins
les justes, se voient affecter un ange comme gardien durant toute
leur vie. Il n'y a aucune justification scripturaire à cette
tradition qui a parfois été entretenue parmi les saints
des derniers jours et d'autres (EPJS, p. 298).
Les saints des derniers
jours croient que quiconque vient au monde se voit accorder un soin
et une direction protecteurs par Dieu, assurés en partie par
la lumière du Christ (D&A 84:44-48 ; Mro. 7:12-19).
Ceux qui ont le don du Saint-Esprit peuvent être avertis,
gardés ou protégés par l'esprit de révélation
(D&A 8:2-4). La meilleure façon de considérer le
terme « ange gardien » est d’y voir une
façon de parler désignant la sollicitude protectrice et
la direction de Dieu ou, dans des cas spéciaux, un ange
expédié sur la terre en accomplissement des desseins de
Dieu.
OSCAR W. MCCONKIE
Apostasie
Auteur :
COMPTON, TODD
Les saints des derniers
jours croient que l’apostasie se produit toutes les fois qu’une
personne ou une communauté rejette les révélations
et les ordonnances de Dieu, change l’Évangile de
Jésus-Christ ou se rebelle contre les commandements de Dieu,
perdant de ce fait les bénédictions du Saint-Esprit et
de l’autorité divine. L’apparition de communautés
basées sur la révélation, d’apostasies et
de rétablissements s’est produite de manière
cyclique pendant toute l’histoire de l’humanité
dans une série de dispensations depuis Adam et Hénoc
(Moïse 7) jusqu’au temps présent. Les saints des
derniers jours considèrent qu’une « grande
apostasie » historique accompagnée de la perte de
l’autorité a commencé à l’époque
du Nouveau Testament et s’est répandue au cours des
siècles qui ont suivi cette époque. Bien que les saints
des derniers jours n’aient pas insisté autant sur la
grande apostasie que sur la notion que l’Église est un
rétablissement basé sur la révélation, la
nécessité d’un rétablissement implique que
quelque chose d’important a été perdu après
le départ de l’Église chrétienne
primitive.
Le mot « apostasie »
dérive du grec apostasía ou apóstasis
(« défection, révolte » ;
utilisé dans un sens politique par Hérodote et
Thucydide) ; il est mentionné dans un contexte religieux
dans la Septante et le Nouveau Testament (par exemple, Jos. 22:22 et
2 Ch. 29:19 ; 2 Th. 2:3 dit qu’une apostasía doit
venir avant la seconde venue du Christ). Il peut signifier
l’intransitif « se tenir loin de » ou
l’actif « faire se tenir loin de ». Une
apostasie peut donc être une rébellion active et
collective.
Le Christ a dit à
Joseph Smith dans sa première vision (1820) que toutes les
Églises existantes s’étaient égarées
dans leurs enseignements et dans leurs pratiques, bien qu’ayant
« une forme de piété » (JS–H
1:18-19). Il était donc nécessaire qu’un
« rétablissement » de l’Évangile
ait lieu.
En outre, dans le Livre
de Mormon (1 Né. 11-14 ; 2 Né. 28 ;
cf. Mrm. 8), le prophète Néphi 1 a une vision de
l’Église chrétienne primitive et de ses douze
apôtres que les « multitudes de la terre »
et la maison d’Israël combattent (1 Né.
11:34-35). Il prédit une « grande et abominable
Église » qui va persécuter les vrais
chrétiens et les pauvres et dont les membres seront motivés
par des choses telles que l’orgueil, le port de vêtements
précieux et la pratique de l’immoralité sexuelle
(voir Grande et abominable Église). Elle va changer
insidieusement la simplicité de l’Évangile,
éliminer les alliances, exciser des Écritures
importantes et nier l’existence des miracles. Cette apostasie
peut être rattachée, dans l’allégorie de
Zénos, à la dispersion d’Israël quand tous
arbres de la vigne du Seigneur deviennent corrompus (Jcb. 5:39-48) et
elle va de pair avec l’apostasie désastreuse des
Néphites dans le Nouveau Monde (1 Né. 12:15-19 ;
4 Né. 1:24-46).
Cependant, d’après
Néphi, cette « grande Église »
n’est pas une Église spécifique ; dans sa
vision apocalyptique, il n’y a que deux Églises, et
« quiconque n'appartient pas à l'Église de
l'Agneau de Dieu appartient à cette grande Église »
(1 Né. 14:10). L’expression est typologique,
symbolique de beaucoup de mouvements historiques et sociaux (2 Né.
27:1) ; même ceux qui sont membres de nom de l’Église
du Christ, s’ils sont poussés par l’orgueil, la
richesse, le prestige et consorts, peuvent se retrouver membres de
cette « grande Église » (cf. 1 Né.
8:27-28).
Pendant toute leur
histoire, les saints des derniers jours ont écrit et émis
des théories sur les événements historiques liés
à la « grande apostasie, » un thème
traité dans plusieurs écrits restaurationnistes de la
fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle (voir
Restaurationnisme protestant). En 1833, à propos de Marc
16:17-18 et 1 Corinthiens 12, Joseph Smith a dit : « Les
témoignages précités nous permettent de regarder
le monde chrétien et de voir l’apostasie qui s’est
produite par rapport à l’enseignement apostolique »
(EPJS, p. 9). Oliver Cowdery a écrit sur l’apostasie
dans le premier numéro du Messenger and Advocate (1834). En
1840, Orson Pratt a parlé d’une « apostasie
générale et terrible par rapport à la religion
du Nouveau Testament » (Listen to the Voice of Truth,
1.1). Il souligne en particulier le manque d’ordonnances à
cause de l’absence d’autorité dans la prêtrise ;
le baptême en est un exemple flagrant. Selon le point de vue de
Pratt, toutes les Églises antérieures au Rétablissement
étaient erronées par certains côtés,
doctrinalement et rituellement, même si elles étaient
justes dans d’autres. Benjamin Winchester, auteur mormon de
brochures, a écrit un long traité à l’aide
des sources du Nouveau Testament pour démontrer qu’une
apostasie avait été prophétisée (A
History of Priesthood, Philadelphie, 1843, p. 72-96). Dans les années
1850 et 1860, les saints ont beaucoup parlé de « la
grande apostasie » (O. Pratt, JD 12:247 ; W.
Woodruff, JD 8:262) dans leurs sermons.
Cette idée –
la rupture avec la religion établie parce qu’elle semble
en désaccord avec le christianisme du Nouveau Testament –
a des accents protestants évidents, mais la conception mormone
diffère de l’attitude protestante typique dans son
insistance sur la perte et le rétablissement d’une
autorité exclusive et bien claire de la prêtrise,
d’ordonnances correctes et de la révélation
continue. Par contre, les protestants s’appuient typiquement
avant tout sur la réinterprétation biblique.
En 1909, James E. Talmage
a écrit La grande Apostasie, dans laquelle il rassemble les
passages du Nouveau Testament que les saints des derniers jours ont
cités pour montrer qu’une grande apostasie a été
annoncée par Jésus-Christ, Paul et d’autres
apôtres et prophètes (en particulier Mt. 24:4-13,
23-26 ; Ac. 20:29-30 ; Ga. 1 ; 2 Th. 2:7-8 ; 1
Ti. 4:1-3 ; 2 Ti. 3:1-6 ; 4:1-4 ; Jud. 1:3-4 ;
Ap. 13:4-9 ; 14:6-7 et, dans l’Ancien Testament, Am.
8:11-12). Talmage raconte aussi la persécution des premiers
chrétiens qui a accéléré l’apostasie
et montre que l’Église primitive a changé
intérieurement à plusieurs égards. Il affirme
que les principes simples de l’Évangile ont été
mêlés aux systèmes philosophiques païens de
l’époque (Trinitarianisme, ayant pour résultat le
credo de Nicée ; fausse opposition du corps et de
l’esprit, donnant lieu à un ascétisme excessif),
que les rituels ont été changés et amplifiés
de manière non autorisée (remplacement des rites
chrétiens primitifs simples par des cérémonies
complexes influencées par le paganisme, perte du baptême
par immersion, introduction du baptême des petits enfants [cf.
Mro. 8], changement de la communion) et que l’organisation de
l’Église a été changée (les apôtres
et les prophètes, fondements nécessaires de l’Église
du Christ, ayant été martyrisés, laissaient un
vide qui ne pouvait pas être comblé par des évêques ;
l’Église médiévale montrait donc peu de
ressemblances avec l’organisation ou les pratiques de l’Église
du Nouveau Testament).
Les enseignements des
saints sur l’apostasie du début de l’ère
chrétienne ont reçu un appui supplémentaire au
XXe siècle lorsque certains savants ont affirmé que
l’Église primitive a commencé comme une
organisation judaïque centralisée, a affronté le
défi posé par un christianisme hellénisé
oriental gnostique ascétique et est devenu comme son ennemi
afin de le concurrencer. L’idée même d’un
christianisme centralisé a cédé la place à
une image d’un christianisme primitif diversifié et
fragmenté où il est difficile de déterminer ce
qui est orthodoxe et ce qui est hérétique, ce qui est
gnostique et ce qui est « courant principal ».
Par exemple, Peter Brown et William Phipps affirment que la doctrine
influente d’Augustin concernant le péché
originel, avec le rituel qui l’accompagne, le baptême des
bébés, était un résultat de son passé
gnostique et était, en réalité, hérétique,
alors que l’opposition de Pélage à ces idées
était orthodoxe. Mais ce furent les doctrines d’Augustin
qui l’emportèrent et qui continuent à influencer
la théologie et la culture occidentales. Un autre point de
doctrine chrétien primitif qui n’a pas survécu
dans le christianisme occidental est la déification, bien
qu’il soit demeuré au centre du christianisme orthodoxe.
Un milieu religieux et
culturel complexe a alimenté et a transformé le
christianisme primitif. Il faut tenir compte de beaucoup de facteurs
lors de l’analyse de cette transformation du christianisme. Par
exemple, certains ont imputé la responsabilité de
l’apparition de la grande apostasie exclusivement à la
philosophie grecque et à l’influence de la philosophie
sur le gnosticisme. Mais l’ascétisme (c.-à-d., la
haine du corps, de la sexualité, du monde physique) a joué
un rôle important dans l’apostasie de l’Église
primitive et l’ascétisme extrême est typiquement
oriental. On a d’ailleurs constaté que beaucoup de
choses dans la philosophie grecque sont conformes à
l’Évangile ; Orson F. Whitney qualifiait Platon et
Socrate de « serviteurs du Seigneur », bien que
dans un « sens moindre » que les prophètes
(CR d’avril 1921, p. 33).
L’idée d’une
apostasie historique par rapport au christianisme primitif peut
dresser une barrière entre les saints des derniers jours et
les autres personnes intéressées par les rapports
interconfessionnels. Mais les saints des derniers jours ne
considèrent pas ces événements comme une
condamnation ; beaucoup de choses ayant une valeur spirituelle
se sont produites pendant le Moyen-Âge dans les autres Églises
chrétiennes. Brigham Young a souligné que des hommes de
bien avant le Rétablissement avaient « l’esprit
de révélation » et a dit que John Wesley
était l’un des meilleurs hommes « qui aient
jamais vécu sur cette terre » (JD 7:5 ;
6:170 ; 11:126). Le président Young a affirmé que
toutes les Églises et religions avaient « plus ou
moins de vérité » (JD 7:283) et il a exhorté
les saints à rechercher et à accepter les vérités
partout où ils pourraient les trouver. Dans les discours de
conférence, les Autorités générales,
notamment Spencer W. Kimball et Thomas S. Monson, ont cité ou
fait l’éloge de sommités telles que Billy Graham
et mère Teresa.
Bibliographie
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and Heresy in Earliest Christianity. Philadelphie, 1971.
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Nibley, Hugh. Mormonism
and Early Christianity, dans CWHN 4, traite de la disparition des
baptêmes chrétiens pour les morts (1948, p. 100-167), la
révision des textes chrétiens primitifs à la
lumière de la disparition de l’Église naissante
(1955, p. 168-322), les enseignements oubliés de Jésus
pendant les quarante jours de ministère qui ont suivi sa
résurrection (1966, p. 10-44) et la perte du cercle de prière
du christianisme primitif (1978, p. 45-99) ; bibliographie (p.
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contient une excellente bibliographie ; critique par Grant
Underwood, BYU Studies 30 Hiver 1990, p. 120-126.
TODD COMPTON
Apostat
Auteur :
SCHARFFS, GILBERT W.
Les membres de l’Église
diffèrent dans leur niveau de participation ou de croyance
(voir Activité dans l’Église). Les saints des
derniers jours qui ont gravement enfreint ou ignoré les
enseignements cardinaux de l’Église (publiquement ou en
privé) sont considérés comme apostats, qu’ils
aient quitté officiellement l’Église ou non ou
soient entrés dans une autre religion. Quelqu’un qui
n’assiste pas aux réunions de l’Église
n’est pas considéré comme apostat. Cependant,
quand une personne demande à ce que son nom soit rayé
des registres, la règle veut que cette demande soit honorée.
Une commission disciplinaire de l’Église peut être
convoquée pour tout membre qui viole des commandements
importants et « ne se repent pas » (Mosiah
26:32 ; D&A 42:28). Le reniement ouvert de l’Église,
de ses dirigeants et de ses enseignements est une raison
d’excommunication.
Les étapes menant
à l’apostasie sont habituellement progressives. Il est
recommandé à tous les membres de se garder de toutes
les manifestations d’apostasie personnelle (DS 3:293-312 ;
Asay, p. 67-68). Les causes les plus fréquentes d’apostasie
sont le non respect de principes stricts de moralité, le fait
de se sentir offensé (à tort ou à raison), le
mariage avec une personne d’une autre religion ou irréligieuse,
le fait de négliger la prière et d’entretenir sa
spiritualité ou une mauvaise compréhension des
enseignements de l’Église.
L’apostasie peut
être accélérée par l’idée
fausse que l’Écriture ou les dirigeants de l’Église
sont infaillibles. Joseph Smith a enseigné qu’ « un
prophète était un prophète uniquement quand il
agissait comme tel » (HC 5:265). Il a également
déclaré qu’il « n’étai[t]
qu’un homme, et que [les gens] ne devaient pas attendre de [lui
qu’il soit] parfait » (HC 5:181). Ni l’Église
ni ses dirigeants ni ses membres ne prétendent à
l’infaillibilité.
Par-dessus tout, l’Église
affirme que ses membres doivent rechercher la révélation
personnelle pour connaître la vérité et vivre en
accord avec l’Esprit de Dieu. Ceux qui ne l’ont pas fait
risquent de se perdre en chemin quand leur foi est mise à
l’épreuve ou quand des difficultés surgissent.
Les apostats deviennent
parfois ennemis de l’Église. Le fait de quitter
l’Église, qui affirme être l’Église
officielle de Dieu, contenant la plénitude de l’Évangile,
a souvent comme conséquence des sentiments de culpabilité.
Si beaucoup reviennent, d’autres sont pris du besoin de
défendre leurs actions, « réfutent »
l’Église ou deviennent des ennemis. Les fruits de
l’apostasie sont généralement amers. Le Livre de
Mormon met en garde contre les conditions défavorables qui
résultent de transgressions « à l’encontre
de la lumière et à de la connaissance » que
l’on a (Al. 9:23).
Les Écritures
modernes ont, envers les apostats, une attitude aimante et animée
par l’espoir. Il est vivement conseillé aux saints des
derniers jours d’aimer ceux qui ont abandonné la foi et
d’encourager ceux qui se sont écartés, de plaider
et de travailler avec eux, invitant « les brebis perdues »
à revenir à la bergerie (Lu. 15:3-7). Le Sauveur
ressuscité a enseigné à propos des égarés :
« Vous ne le[s] chasserez pas de vos… lieux de
culte, car vous continuerez à servir de telles personnes ;
car vous ne savez pas si elles ne reviendront pas et ne se
repentiront pas, et ne viendront pas à moi d'un cœur
pleinement résolu, et je les guérirai ; et vous
serez le moyen qui leur apportera le salut » (3 Né.
18:32). Le désir de revenir est motivé par la réalité
du repentir rendu possible par l’expiation de Jésus-Christ.
« Celui qui s'est repenti de ses péchés est
pardonné, et moi, le Seigneur, je ne m'en souviens plus. C'est
à ceci que vous saurez si un homme se repent de ses péchés :
voici, il les confessera et les délaissera » (D&A
58:42-43). [Voir aussi Antimormons – publications ;
Groupes schismatiques.]
Bibliographie
Asay, Carlos E.
"Opposition to the Work of God." Ensign 11, nov. 1981, p.
67-68.
Foster, Lawrence. "Career
Apostates : Reflections on the Works of Jerald and Sandra
Tanner." Dialogue 17, été 1984, p. 35-60.
Howard, F. Burton. "Come
Back to the Lord." Ensign 16, nov. 1986, p. 76-78.
GILBERT W. SCHARFFS
Apôtre
Auteur :
BROWN, S. KENT
Un « apôtre »
est un dirigeant ordonné à la Prêtrise de
Melchisédek dans l’Église de Jésus-Christ
des saints des derniers jours. Les apôtres sont choisis par
inspiration par le président de l’Église,
soutenus par l’ensemble des membres de l’Église et
ordonnés par l’imposition des mains par la Première
Présidence et le Collège des douze apôtres. Ce
sont des Autorités générales –
contrairement aux autorités locales et régionales –
détenant leur office d’apôtre pour la durée
de leur vie. Le doyen des apôtres est le président de
l’Église.
En plus d’être
témoins de Jésus-Christ auprès du monde entier
(D&A 107:23), comme les apôtres de Jésus, les
membres du Collège actuel des douze apôtres détiennent
les clefs de la prêtrise – c’est à dire le
droit de présidence (D&A 107:35 ; cf. 124:128). Le
président Brigham Young a déclaré à
propos de leur autorité dans la prêtrise : « Les
clefs de la prêtrise éternelle, qui est selon l’ordre
du Fils de Dieu, sont détenues quand on est apôtre.
Toute la prêtrise, toutes les clefs, tous les dons, toutes les
dotations et tout ce qui est préparatoire à l’entrée
dans la présence du Père et du Fils est dans, composé
de, circonscrit par, ou je pourrais dire incorporé dans la
circonférence de l’apostolat » (JD 1:134-35).
Comme collège de la prêtrise, le Collège des
douze apôtres suit en autorité le Collège de la
Première Présidence (D&A 107:24). De plus, il
dirige le ministère domestique et international des collèges
des soixante-dix (D&A 107:34 ; cf. 124:139-40), et excepté
en présence d’un membre de la Première Présidence
ou d’un membre plus ancien des Douze, un apôtre préside
partout où il peut être dans l’Église.
Dans le Nouveau
Testament, un apôtre (du grec apostellein, envoyer [comme
représentant ou agent]) était un envoyé choisi
par Dieu (Mc. 3:14 ; Jn. 15:16 ; Ac. 1:21-26) qui était
témoin de la résurrection du Christ et avait
l’obligation missionnaire d’en témoigner.
Jésus lui-même
était un apôtre par qui Dieu parlait (Hé. 1:2 ;
3:1). Le Père a envoyé Jésus, et celui qui le
reçoit reçoit celui qui l’a envoyé (Mc.
9:37 ; Jn. 8:16-19). De même que le Père l’a
envoyé, Jésus a envoyé ses apôtres (Jn.
20:21). Au commencement, ils ont été appelés
d’entre ceux « qui nous [les apôtres] ont
accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu
avec nous » (Ac. 1:21). Le nombre douze, lié aux
apôtres, fait écho au nombre de tribus d’Israël
que les apôtres doivent juger (Mt. 19:28 ; Lu. 22:30). À
cet égard, ils étaient la base de l’Église
chrétienne primitive (Ép. 2:19-21 ; 4:11-14).
Parfois, le terme englobe
plus que les Douze, comme l’impliquent l’expression
« tous les apôtres » (1 Co. 15:7) –
qui suit la mention expresse des « douze » par
Paul (1 Co. 15:5) – et les mentions de personnes appelées
comme apôtres que l’on savait ne pas faire partie des
Douze (Ac. 14:14 ; Ro. 16:7). Il est probable qu’en 54
apr. J.-C., Jacques, le frère du Seigneur, était devenu
l’un des Douze (1 Co. 15:7 ; Ga. 1:19). Néanmoins,
la plupart des mentions des apôtres dans le Nouveau Testament
désignent les membres des Douze apôtres originels de
Jésus ou Paul. Ils étaient les garants ou les témoins
principaux de la résurrection de Jésus, laquelle
constituait elle-même l’assurance qu’il était
le Messie et le Seigneur de gloire attendu (Ac. 1:8-11). Au premier
siècle, les apôtres étaient les témoins
itinérants de la résurrection de Jésus, envoyés
par lui dans le monde à cette fin (Ac. 1:8 ; cf. Mt.
28:19-20). Au centre du groupe – et à la base de
l’Église – se trouvaient Pierre, Jacques et Jean,
qui avaient été avec ou près de Jésus
lors d’expériences critiques, notamment sa
Transfiguration (Mc. 9:2-9) et son agonie à Gethsémané
(Mc. 14:32-34).
L’importance des
douze apôtres de Jésus est soulignée dans le
Livre de Mormon. D’abord, vers 600 av. J.-C., Léhi et
son fils Néphi 1 ont eu la vision des Douze comme disciples de
Jésus en Palestine et comme victimes de la persécution
(1 Né. 1:10-11 ; 11:29, 34-36). En second lieu, ces
Douze doivent juger les douze tribus d’Israël et les douze
autres disciples que Jésus ressuscité a choisis pendant
son ministère en Amérique vers 34 apr. J.-C. (1 Né.
12:9-10 ; Mrm. 3:18-19 ; cf. D&A 29:12). Troisièmement,
ces douze disciples – qu’il faut distinguer des douze
apôtres de Jésus en Palestine – doivent juger leur
propre peuple qui descend de la maison d’Israël (3 Né.
27:27). Quatrièmement, pendant sa visite en Amérique,
Jésus ressuscité a créé l’office
des Douze dans son Église quand il les a choisis et les a
instruits soigneusement de son Évangile (3 Né.
11:18-12:1 ; cf. 13:25-34 ; 15:11-16:20 ;
18:36-37 ;
27:13-21). Il leur a conféré l’autorité
d’enseigner l’Évangile et d’administrer ses
ordonnances – c’est à dire de baptiser d’eau
et d’Esprit – faisant ainsi d’eux les transmetteurs
de la doctrine et des pratiques de l’Église (3 Né.
11:22 ; 18:36-37 ; 19:6-14 ; 26:17). Cinquièmement,
conformément au modèle du Nouveau Testament, le Livre
de Mormon rapporte que Jésus a été envoyé
par le Père (3 Né. 18:27 ; cf. 16:3) et qu’il
a à son tour commandé à ces douze disciples :
« Allez vers ce peuple et annoncez les paroles que j'ai
dites » (3 Né. 11:41).
La révélation
moderne ajoute d’autres d’informations. La fonction et
l’autorité apostoliques ont été rendues au
prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery par Pierre,
Jacques et Jean, ce qui souligne l’importance continue de cet
office dans l’Église (D&A 27:12 ; voir aussi
Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de
la Prêtrise de Melchisédek). Dès juin 1829,
presque une année avant que l’Église soit
organisée, Oliver Cowdery et David Whitmer, rejoints plus tard
par Martin Harris, recevaient des instructions concernant le genre
d’hommes qu’ils devaient choisir comme apôtres et
ont été chargés de choisir les premiers Douze de
l’ère moderne (D&A 18:26-38). Cette mission a été
exécutée les 14-15 février 1835, quand Cowdery,
Whitmer et Harris ont choisi douze hommes comme apôtres et ont
ordonné les neuf qui étaient présents (HC
2:186-198).
L’Écriture
moderne stipule que « toute décision… doit
être à l’unanimité des voix » du
Collège des douze apôtres (D&A 107:27). De plus, ses
membres ont le pouvoir de baptiser, de déclarer l’Évangile,
et d’en ordonner d’autres à la prêtrise (D&A
18:26-36). Le Seigneur a dit que le nombre d’apôtres dans
le Collège des Douze doit être maintenu (D&A 118:1)
et que leurs clefs « sont descendues des pères…
envoyées du ciel » (D&A 112:32). Ceux qui
remplissent cet office doivent « [se purifier] le cœur
et les vêtements, de peur que le sang de cette génération
ne soit requis de [leurs] mains » (D&A 112:33).
Bibliographie
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publ., et Geoffrey W. Bromiley, dir. de publ. et trad. Theological
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McConkie, Bruce R. The
Mortal Messiah, Vol. 2, p. 99-114, 303-326. Salt Lake City, 1980.
S. KENT BROWN
Articles
de foi
Auteur :
WHITTAKER, DAVID J.
En 1842, en réponse
à la demande expresse de John Wentworth (rédacteur du
Chicago Democrat), Joseph Smith envoya un aperçu succinct de
ses expériences religieuses personnelles et l’histoire
de l’Église qu’il présidait (voir
Wentworth, Lettre à). À la fin de l’esquisse
historique, il annexa une liste résumant « la foi
des saints des derniers jours ». Intitulés plus
tard « articles de foi », ces treize articles
furent publiés pour la première fois en mars 1842 dans
le Times and Seasons de Nauvoo et furent plus tard inclus dans la
brochure de la mission Britannique de 1851, La Perle de grand prix,
compilée par Franklin D. Richards. Cette brochure fut révisée
en 1878 et de nouveau en 1880. En 1880, une conférence
générale de l’Église vota d’ajouter
la Perle de grand prix aux ouvrages canoniques de l’Église,
incluant ainsi les treize articles. Les articles de foi ne
constituent pas une synthèse de toutes les croyances des
saints et ils ne sont pas un credo au sens chrétien
traditionnel du terme, mais ils fournissent un sommaire autorisé
des Écritures et des croyances fondamentales des saints.
Les articles commencent
par l’affirmation que la Divinité se compose de trois
personnalités : le Père, son Fils Jésus-Christ
et le Saint-Esprit (cf. Ac. 7:55-56 ; 2 Co. 13:14 ;
2 Né.
31:21 ; JS–H 1:17).
Le deuxième
article concentre l’attention sur le commencement de l’histoire
mortelle et affirme que les êtres humains ont le libre arbitre
moral et donc la responsabilité de leurs actes : « Les
hommes seront punis pour leurs propres péchés, et non
pour la transgression d’Adam » (cf. De. 24:16 ;
2 Né. 2:27).
Le troisième
article concentre l’attention sur l’importance cruciale
de l’expiation du Christ et sur l’avantage qu’en
retire l’humanité : « Par l’expiation
du Christ, tout le genre humain peut être sauvé en
obéissant aux lois et aux ordonnances de l’Évangile »
(Mos. 3:7-12 ; D&A 138:4).
Le quatrième
article définit les principes et les ordonnances de base :
la foi en Jésus-Christ, le repentir, le baptême par
immersion pour la rémission des péchés et
l’imposition des mains pour le don du Saint-Esprit (cf. Ac.
8:14-19 ; Hé. 6:1-2 ; 3 Né. 11:32-37).
Les deux articles
suivants abordent les questions d’autorité et
d’organisation : Un homme doit être appelé de
Dieu, confirmé par l’inspiration divine et par
l’imposition des mains par ceux qui ont l’autorité,
pour prêcher l’Évangile et en administrer les
ordonnances (cf. 1 Ti. 4:14 ; D&A 42:11) ; de plus,
l’Église est essentiellement « la même
organisation qui existait dans l’Église primitive,
savoir : apôtres, prophètes, pasteurs, docteurs,
évangélistes, etc. » (cf. Ép. 4:11).
Le septième
article affirme la croyance des saints aux dons de l’Esprit et
en cite expressément plusieurs : le don des langues, de
prophétie, de révélation, de vision, de guérison
et d’interprétation des langues (cf. 1 Co. 12:10 ;
D&A 46:10-26).
La place des Écritures
sacrées est traitée dans le huitième article :
Les saints des derniers jours croient « que la Bible est
la parole de Dieu dans la mesure où elle est traduite
correctement » ; ils croient aussi « que
le Livre de Mormon est la parole de Dieu » (cf. Éz.
37:16 ; Jn 10:16 ; 2 Ti. 3:16).
Le neuvième
article dit que l’Évangile rétabli n’est
pas limité à un ensemble fermé de livres, mais
déclare plutôt le principe de la révélation
continue et donc d’un canon ouvert. Les saints des derniers
jours affirment croire à toute la révélation
passée et présente, et ils s’attendent à
recevoir beaucoup de futures révélations (cf. Am. 3:7 ;
D&A 76:7).
L’article dix
récapitule quatre grands événements des derniers
jours : le rassemblement littéral d’Israël et
le rétablissement des dix tribus ; l’édification
de Sion, la nouvelle Jérusalem en Amérique, le règne
du Christ en personne sur terre et le renouvellement final de la
terre elle-même, quand elle recevra sa gloire paradisiaque,
l’état de pureté qu’elle avait avant la
chute d’Adam (voir 3 Né. 21-22).
Le onzième article
déclare la croyance des saints en la liberté de culte
et de conscience tant pour les autres que pour eux-mêmes. Il
dit : « Nous affirmons avoir le droit d’adorer
le Dieu Tout-Puissant selon les inspirations de notre conscience et
reconnaissons le même droit à tous les hommes, qu’ils
adorent comme ils veulent, où ils veulent ou ce qu’ils
veulent. » Et le douzième article énonce la
position politique des saints des derniers jours en tant que citoyens
respectueux des lois (D&A 134 ; voir Politique :
Enseignements politiques ; Tolérance).
La déclaration
finale propose une perspective ouverte à la vie et une
invitation à approcher la vie comme le font les saints :
« Nous croyons que nous devons être honnêtes,
fidèles, chastes, bienveillants et vertueux, et que nous
devons faire du bien à tous les hommes ; en fait, nous
pouvons dire que nous suivons l’exhortation de Paul : nous
croyons tout, nous espérons tout, nous avons supporté
beaucoup et nous espérons pouvoir supporter tout. Nous
recherchons tout ce qui est vertueux ou aimable, tout ce qui mérite
l’approbation ou est digne de louange » (cf. 1 Co.
13:7 ; Ph. 4:8).
La lettre à
Wentworth n’était pas la première tentative de
résumer les croyances de base des saints. Des listes plus
anciennes, dont certaines ont pu influencer la liste de la lettre à
Wentworth, avaient paru avant 1842. Dès juin 1829, Joseph
Smith et Oliver Cowdery mettaient sur papier les « Articles
et Alliances » de l’Église qui allait bientôt
être organisée. Appelé plus tard la section 20
des Doctrine et Alliances, ce texte énumère un certain
nombre de croyances de base, notamment l’existence de Dieu, la
création et la chute de l’homme, la place centrale de
Jésus-Christ, les ordonnances fondamentales de l’Évangile,
dont le baptême et les devoirs de base des membres (20:17-36).
Ce document, le premier à être accepté par le
vote d’une conférence de l’Église, n’était
pas une liste exhaustive de toutes les croyances mais plutôt
une charte de base pour l’organisation naissante, enracinée
dans la Bible et le Livre de Mormon.
Dans le premier numéro
du Messenger and Advocate (oct. 1834), édité à
Kirtland (Ohio), Oliver Cowdery mentionnait huit
« principes »
qui avaient tous leur parallèle à la section 20.
Il y eut, dans les
premiers temps, d’autres listes, antérieures à la
lettre à Wentworth, qui résumaient les grands principes
des croyances des saints : une liste préparée par
Joseph Young pour publication par John Hayward dans The Religious
Creeds and Statistics of Every Christian Denomination in the United
States (Boston, 1836, p. 139-140). En cinq paragraphes, il esquissait
les points de doctrine (1) de la divinité et de l’expiation
de Jésus-Christ ; (2) les premiers principes et
ordonnances de l’Évangile accomplis par l’autorité
apostolique comme dans l’Église primitive du Christ, (3)
le rassemblement d’Israël perdu et la restitution des dons
spirituels, (4) l’avènement du Christ et (5) la
résurrection et le jugement de toute l’humanité.
Une autre liste de
dix-huit « principes et points de doctrine »
fut incluse par Parley P. Pratt dans son introduction à son
document « Late Persecution of the Church of Jesus Christ
of Latter-day Saints » (New York, 1840, p. iii-xiii). Par
exemple, « le premier principe de théologie
entretenu par cette Église est la foi en Dieu, le Père
éternel, et en son Fils Jésus-Christ, qui a en vérité
été crucifié pour les péchés du
monde… et au Saint-Esprit, qui rend témoignage d’eux »
(p. iii-iv). Beaucoup de formules de la liste de Pratt sont
semblables à celles de la lettre à Wentworth.
Orson Pratt propose une
« esquisse [détaillée et éloquente]
de la foi et de la doctrine » de l’Église
dans son « Interesting Account of Several Remarkable
Visions » (Édimbourg, 1840, p. 24-31). L’ordre
dans lequel il présente ses thèmes en dix-neuf
paragraphes (dont beaucoup commencent par « nous croyons
que… ») est presque identique à celui des
treize points de la lettre à Wentworth. Les explications
d’Orson Pratt contiennent des références
bibliques et son témoignage personnel de la véracité
et des origines divines de ces enseignements.
Orson Hyde publia en
allemand une histoire de l’Église qui comprenait un
chapitre de seize articles (réellement des essais) sur des
sujets tels que la Divinité, l’utilisation des
Écritures, la foi, le repentir, le baptême, la
confirmation, la Sainte-Cène, la confession des péchés
et la discipline dans l’Église, les enfants, les
révélations, la prêtrise laïque, le baptême
pour les morts, la prière, les fêtes, le lavement des
pieds et les bénédictions patriarcales (Ein Ruf aus der
Wüste, Francfort, 1842).
Même après
que la lettre à Wentworth eut été publiée
en mars 1842, beaucoup d’autres listes de croyances des saints
continuèrent à paraître pour la génération
suivante. En avril 1849, James H. Flanigan inclut une liste de
quatorze déclarations dans une brochure éditée
en Angleterre, et cette liste fut citée et parfois modifiée
dans diverses publications tout au long du XIXe siècle. Par
exemple, elle est citée dans le livre populaire de Charles
MacKay The mormons ; or the Latter-day Saints (Londres, 1851, p.
46-47). Cette liste suit la lettre à Wentworth presque mot à
mot, ajoutant des points tels que « la Cène du
Seigneur » à l’article 4, ajoutant « la
sagesse, la charité, [et] l’amour fraternel »
parmi les dons de l’Esprit dans le septième article et
insérant un quatorzième article concernant la
résurrection littérale du corps. D’autres listes
(habituellement composées par des missionnaires) furent
publiées tout au long de cette période dans diverses
régions du monde.
La canonisation, en 1880,
de la lettre à Wentworth en tant qu’élément
de la Perle de grand prix en refléta et en assura la priorité
incontestée. Et quand la Première Présidence
demanda, en 1891, à James E. Talmage de rédiger un
ouvrage sur la théologie qui servirait de manuel dans les
écoles de l’Église, c’est de ces articles
de foi qu’il se servit pour le schéma de son volume.
Publié en 1899 et toujours en usage aujourd’hui, le
livre Les Articles de foi, de Talmage, détaille
considérablement les thèmes de la liste de Joseph Smith
pour Wentworth. En vingt-quatre chapitres, Talmage donne un
commentaire en profondeur et les références
scripturaires concernant chacun des concepts mentionnés dans
les treize articles, plus des sections sur la dernière Cène
et sur la résurrection du Seigneur (comme dans la liste de
Flanigan) et finalement une section sur la religion pratique (la
bienveillance, la dîme et les offrandes, la consécration,
l’ordre social dans l’Église, le mariage éternel,
la sainteté du corps et la sanctification du jour du sabbat).
Dès les années
1850, les missionnaires mormons imprimaient des affiches qui
contenaient les articles de foi. Avec le temps, ces affiches
missionnaires furent réduites au format de poche et sont
toujours utilisées par les missionnaires dans le monde entier.
Dans les classes de la Primaire de l’Église, les enfants
apprennent par cœur les articles de foi en vue de leur sortie
de la Primaire à l’âge de douze ans et les adultes
ont aussi été encouragés à les apprendre
et à les utiliser pour l’étude personnelle et
dans l’œuvre missionnaire.
Bien que n’étant
pas un credo officiel, les articles de foi sont une synthèse
merveilleuse (moins de 400 mots) des croyances de base de l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours. De nombreuses
variantes ont été publiées depuis le temps de
Joseph Smith, mais le noyau de croyances énoncées dans
ces articles vient des toutes premières années du
Rétablissement, un fait qui témoigne à la fois
de sa cohérence interne et de sa constance.
Bibliographie
Lyon, T. Edgar. "Origin
and Purpose of the Articles of Faith." Instructor 87,
août-octobre 1952, p. 230-231, 264-265, 275, 298-299, 319.
McConkie, Bruce R. A New
Witness for the Articles of Faith. Salt Lake City, 1985.
Sondrup, Steven P. "On
Confessing Faith : Thoughts on the Language of the Articles of
Faith". Dans Literature of Belief, dir. de publ. N. Lambert, p.
197-215. Provo, Utah, 1981.
Talmage, James E. AF.
Salt Lake City, 1899.
Welch, John W. "[Joseph
Smith and Paul] Co-Authors of the Articles of Faith ?"
Instructor 114, nov. 1969, p. 422-426.
Whittaker, David J. "The
‘Articles of Faith' in Early Mormon Literature and Thought".
Dans New Views of Mormon History, A Collection of Essays in Honor of
Leonard J. Arrington, dir. de publ. D. Bitton et M. Beecher, p.
63-92. Salt Lake City, 1987.
DAVID J. WHITTAKER
Autel
Auteur :
PORTER, BRUCE H.
Un point focal du culte
religieux tout au long des siècles, et dans la plupart des
cultures, a été l’autel, une construction
naturelle ou faite par l’homme utilisée pour la prière,
le sacrifice et des buts de ce genre. Le sacrifice sur l’autel
était un rite de base. La pratique caractéristique en
matière de culte du temps de l’Ancien Testament était
sacrificatoire de nature, et par conséquent l’autel est
devenu l’un des objets rituels les plus importants décrits
dans ce livre d’Écriture.
Une signification sacrée
et symbolique est attribuée à l’autel. Les
stipulations de la « loi de l’autel »
(Ex. 20:24-26) suggèrent que sa construction est associée
à la création du monde et aux alliances de Dieu avec
l’humanité. Quand les eaux de la création se sont
retirées, la terre sèche est apparue et on l’appelle
le monticule primordial (première colline). Ici, selon la
légende, les dieux se sont tenus afin de terminer la création.
À cause de la présence divine, cet endroit est devenu
un sol sacré ou saint, un point de contact entre ce monde et
le monde céleste. L’autel a été construit
pour que le peuple puisse s’y mettre à genoux pour
communiquer et faire des alliances avec son Dieu. L’autel dans
Ézéchiel 43:15 est appelé « la
montagne de Dieu » (terme hébreu hahar’el) et
devient l’incarnation symbolique de la Création, du
monticule primordial et de la présence de Dieu.
C’est devant un
autel qu’Adam a appris la signification du sacrifice (Moïse
5:5-8). Après le Déluge, le patriarche Noé a
immédiatement construit un autel et a offert ses sacrifices au
Très-Haut. Quand il a reçu la promesse et l’alliance
d’un héritage pour sa postérité, Abraham a
marqué cet événement sacré par la
construction d’un autel (Ge. 12:6-7). C’est sur le mont
Morija que le jeune Isaac a été lié sur la table
ou autel du sacrifice en vue de l’offrande suprême et de
la démonstration d’obéissance de son père
(Ge. 22:9-14). La tradition veut que l’endroit de cet autel
consacré soit devenu le site du temple de Jérusalem.
Le complexe du temple de
Jérusalem avait quatre autels. Par ordre croissant de
supériorité sacrale, c’étaient les
suivants : D’abord, l’autel du sacrifice, souvent
appelé autel des holocaustes ou table du Seigneur (Mal. 1:7,
12 ; 1 Co. 10:21), était placé en dehors du temple
lui-même dans la cour d’Israël et était plus
public que les autres. Des sacrifices pour les péchés
d’Israël y étaient offerts, annonçant
l’accomplissement par le sacrifice de Jésus-Christ (Hé.
9:25-26 ; Al. 34:9-10, 14-16). En second lieu, l’autel des
encens se trouvait dans « le saint » devant le
voile à l’intérieur du temple proprement dit.
Jean décrit la fumée de cet autel comme étant
« les prières de tous les saints, sur l’autel
d’or qui est devant le trône » (Ap. 8:3-4).
Troisièmement, dans la même enceinte du temple se
trouvait l’autel des pains de proposition, sur lequel on
mettait douze pains, de l’encens et une offrande de boisson. Et
quatrièmement, l’arche de l’alliance se trouvait
dans le saint des saints, la chambre la plus intérieure et la
plus sacrée du temple. L’arche était pour Israël
le trône ou propitiatoire et symbolisait la présence du
Seigneur. C’était ici que le grand prêtre, une
fois par an le jour des expiations (Hé. 9:7 ; Lé.
16:1-17), faisait des alliances avec le Seigneur pour tout Israël,
comme s’il représentait tout le monde à l’autel.
Dans les temples des
saints, des autels d’une sorte différente jouent un rôle
majeur. Les saints s’y agenouillent pour se livrer à des
cérémonies dans lesquelles se contractent des
alliances. Ils font ces alliances, comme cela se faisait
anciennement, dans la présence symbolique de Dieu à
l’autel (Ps. 43:4 ; cf. Ps. 118:27). Ainsi, en se mettant
à genoux à un autel dans un temple, un homme et une
femme font des alliances avec Dieu dans une cérémonie
de mariage qui va être en vigueur dans la condition mortelle et
dans le monde éternel. C’est là que, si des
parents n’étaient pas mariés précédemment
dans un temple, eux et leurs enfants peuvent être scellés
ensemble pour le temps et l’éternité par le
pouvoir et l’autorité de la prêtrise. De même,
ces ordonnances peuvent être accomplies par des représentants
à un autel dans le temple au nom de personnes identifiées
dans des documents généalogiques comme étant
décédées sans ces bénédictions.
Les gens d’autrefois
allaient à l’autel pour communiquer et communier avec
Dieu ; de même les membres de l’Église, dans
le temple, font un cercle de prière autour de l’autel.
Unis de cœur et d’esprit, les saints demandent à
Dieu ses bénédictions sur l’humanité, son
Église et ceux qui ont des besoins spéciaux.
Dans une réunion
de Sainte-Cène plus publique, l’autel du sacrifice est
symbolisé par la « table de Sainte-Cène ».
Sur cette table se trouvent les emblèmes du sacrifice de
Jésus-Christ, le pain et l’eau représentant
respectivement le corps et le sang du Sauveur (Luc 22:19-20). Chaque
semaine on peut participer à la Sainte-Cène et
renouveler ses alliances.
Aujourd’hui les
membres de l’Église font des alliances sacrées
avec Dieu et consacrent leur vie et tout ce qu’ils ont eu en
bénédiction en « allant au Christ »
et déposent symboliquement tout sur l’autel comme
sacrifice. Pour eux un autel sacré est un symbole réel
de la présence de Dieu devant lequel ils se mettent à
genoux « le cœur brisé et l’esprit
contrit » (2 Né. 2:7 ; 3 Né.
11:20).
Bibliographie
Eliade, Mircea. Patterns
in Comparative Religion. New York, 1974.
Talmage, James E. The
House of the Lord. Salt Lake City, 1971.
Packer, Boyd K. The Holy
Temple. Salt Lake City, 1980.
BRUCE H. PORTER
Autorité
Auteur :
CAMERON, KIM S.
La prétention de
l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours à être la seule Église vraie et vivante sur
la terre est basée sur la notion d’autorité. La
croyance des saints a été bien énoncée
par le président Joseph F. Smith : « Quant à
la question de l’autorité, presque tout en dépend.
Aucune ordonnance ne peut être accomplie de manière à
être acceptée de Dieu sans l’autorité
divine. Quelle que soit la ferveur avec laquelle les hommes croient
ou prient, s’ils ne sont pas dotés de l’autorité
divine, ils ne peuvent qu’agir en leur propre nom, pas
légalement ni de manière acceptable au nom de
Jésus-Christ, au nom de qui tout doit se faire »
(Smith, p. 102).
Étant donné
que plusieurs définitions sont associées à
l’autorité dans les Écritures, ce point de
doctrine a souvent été mal compris :
1. L’autorité
désigne le pouvoir officiel lié au poste, à la
fonction ou à la désignation légale comme dans
l’exemple de l’autorité donnée à
Joseph en Égypte par le Pharaon (Ge. 41:40-41), par l’homme
qui donne à ses serviteurs autorité sur sa maison
pendant son absence (Mc. 13:34) et par les officiers de l’Église
désignés pour détenir l’autorité
sur les membres (Mt. 8:9 ; D&A 107:8). L’autorité
dans ces cas présume un commandement en vertu du poste
conféré.
2. L’autorité
est force, pouvoir ou maîtrise de ressources. Un exemple en est
le pouvoir sur Juda installé par les Philistins (Jg. 15) et
par la domination de la Judée par Rome du temps du Christ (Mt.
27:2). Dans ce sens, l’autorité désigne la
supériorité ou la suprématie par rapport aux
autres découlant d’acquisitions, de possessions ou de la
force.
3. L’autorité
est affaire de compétence, comme dans le cas d’un expert
dans un domaine. Les exemples sont l’autorité attribuée
à Jésus, douze ans, suite à ses enseignements
dans le temple (Lu. 2:42, 46-47) et l’autorité liée
à la prédication de prophètes tels que Néphi
1, Léhi, Abinadi et les fils de Mosiah 2 (Mos. 13:6 ; Al.
17:3 ; Hél. 5:18).
4. L’autorité
est un mandat divin ou appel de Dieu. Par exemple, Jésus a
donné à ses apôtres l’autorité
spécifique de prêcher et d’administrer son
Évangile (Mt. 10:1 ; Jn. 15:16 ; 3 Né.
12:1), et certaines personnes ont reçu le pouvoir de baptiser
et d’accomplir des miracles par cette autorité (Ac.
5:12-16 ; 8:5-17 ; Al. 5:3 ; Mos. 18:13, 18 ;
Mro. 2:1-3). Transmise par Jésus-Christ, cette autorité
signifiait que les ordonnances accomplies sur terre seraient honorées
au ciel et, réciproquement, que délier (dissoudre une
ordonnance) sur terre signifierait délier dans le ciel (Mt.
16:19). Le nom donné à ce genre d’autorité
dans les Écritures est la prêtrise (Hé. 7:11-12,
14, 24 ; 1 Pi. 2:5, 9 ; D&A 84:107).
Ces sens ont souvent été
confondus comme le montre la question posée par les scribes à
Jésus concernant la base de sa propre autorité :
« Par quelle autorité fais-tu ces choses ? »
(Mt. 21:23-27). Ton autorité est-elle politique (définition
1) ou un pouvoir d’en haut (définition 4) ? ont-ils
demandé.
De même que
l’autorité du Christ était basée sur le
pouvoir d’en haut, de même l’Église appuie
sa prétention à être la seule Église vraie
et vivante sur la possession de l’autorité divine d’agir
pour Dieu. Cette autorité différencie l’Église
de toutes les autres. Les autres systèmes et organisations
peuvent posséder d’autres types d’autorité,
mais l’autorité divine liée à l’Église
du Christ, la prêtrise, réside seulement dans celle-ci.
Une explication des
caractéristiques de l’autorité divine permet
d’éclaircir les prétentions de l’Église.
D’abord, « Nul ne s’attribue cette dignité,
s’il n’est appelé de Dieu, comme le fut Aaron »
(Hé. 5:4). L’autorité divine ne s’obtient
pas par l’étude, un diplôme décerné
par une école ou le simple désir (Ac. 19:13-16). On
doit l’obtenir de la manière désignée par
Dieu, comme ce fut le cas d’Aaron (Ex. 28:41).
En second lieu, on
obtient l’autorité d’agir au nom de Dieu par
l’imposition des mains par quelqu’un qui détient
déjà cette autorité ou prêtrise (1 Ti.
4:14 ; 2 Ti. 1:6 ; Mro. 2:1-3 ; De. 34:9). Simon, par
exemple, désirait acheter l’autorité des apôtres,
comme il avait pu le faire avec d’autres types d’autorité.
Pierre le condamna pour avoir désiré obtenir le « don
de Dieu » à prix d’argent (Ac. 8:14-20), et
l’achat de l’autorité porte son nom, c’est
la simonie.
Troisièmement, les
ordonnances accomplies dans l’Église ne font
spirituellement force de loi que quand elles le sont en vertu de
cette autorité divinement conférée et reçue
de la manière appropriée (Mos. 23:17 ; D&A
20:73 ; 132:13 ; 2 S. 6:6-7). Par exemple, Paul a rebaptisé
des Éphésiens qui avaient été
précédemment baptisés par une personne non
autorisée (Ac. 19:1-6). Le roi Limhi et beaucoup de ses
disciples ont été convertis au Christ et étaient
désireux d’être baptisés, mais ils ont
attendu pour recevoir cette ordonnance parce que celui qui avait
l’autorité ne se sentait pas digne (Mos. 21:33-35).
Un quatrième fait
concernant l’autorité divine est qu’elle a disparu
de la terre peu après la résurrection et l’ascension
du Christ au ciel (voir Apostasie), de sorte qu’un
rétablissement de l’autorité divine était
nécessaire (2 Th. 2:1-4 ; 1 Ti. 4:1-3 ; 2 Ti.
3:1-7). En 1829, des messagers célestes, précédemment
dotés d’autorité divine par le Christ lui-même,
conférèrent l’autorité à Joseph
Smith et à Oliver Cowdery dans le cadre du rétablissement
de l’Église de Jésus-Christ des saints des
derniers jours (voir Prêtrise d’Aaron :
Rétablissement ; Prêtrise de Melchisédek :
Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek).
Les membres de l’Église ordonnés à cette
autorité notent maintenant leur « ligne d’autorité
personnelle ». Ce document indique le cheminement des
ordinations reliant leur autorité dans la prêtrise à
Jésus-Christ lui-même.
Cinquièmement,
l’autorité de présider n’est efficace pour
une personne que quand elle est accompagnée du consentement
commun des membres de l’Église que cette personne
présidera (D&A 20:65 ; 26:2 ; 42:11).
Les abus d’autorité
et l’autoritarisme sont inhérents à tout système
organisé, et ces abus sont particulièrement associés
à une autorité basée uniquement sur les postes,
la force ou la connaissance. Les personnes de l’extérieur
perçoivent parfois des organisations telles que l’Église
comme autoritaires, principalement à cause de la confusion
concernant le sens du mot autorité. Si l’autorité
dans l’Église était basée sur la
politique, des caractéristiques ou des compétences
personnelles, l’accusation d’autoritarisme pourrait se
justifier. Or, l’autorité divine (définition 4)
est inséparablement liée aux principes de la justice et
« lorsque nous entreprenons de couvrir nos péchés
ou d'assouvir notre orgueil, notre vaine ambition, ou d'exercer, avec
quelque degré d'injustice que ce soit, une emprise, une
domination ou une contrainte sur l'âme des enfants des hommes,
voici, les cieux se retirent ; l'Esprit du Seigneur est
attristé, et lorsqu'il est retiré, c'est la fin de la
prêtrise ou de l'autorité de cet homme » (D&A
121:37).
Les membres de l’Église
comprennent que l’exercice de l’autorité divine
comporte la responsabilité de faire du bien au peuple et de
vaquer à son bien-être. L’utilisation convenable
de cette autorité est contraire à l’autoritarisme
et aux abus d’autorité, de sorte que les connotations
négatives parfois associées à l’autorité
ne sont généralement pas présentes dans
l’Église.
Bibliographie
Ehat, Andrew F., et
Lyndon W. Cook, dir. de publ. The Words of Joseph Smith. Provo, Utah,
1980.
Richards, LeGrand. Une
œuvre merveilleuse et un prodige. Salt Lake City, 1968.
Smith, Joseph F. Gospel
Doctrine. Salt Lake City, 1977.
Talmage, James E. AF.
Salt Lake City, 1977.
KIM S. CAMERON
B
Baptême
Auteur :
HAWKINS, CARL S.
Le quatrième
article de foi de l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours déclare que « le baptême
par immersion pour la rémission des péchés »
est l’un des « premiers principes et ordonnances de
l’Évangile ». Les saints des derniers jours
croient, comme beaucoup de chrétiens, que le baptême est
une ordonnance initiatrice essentielle pour toutes les personnes qui
deviennent membres de l’Église, car elle les admet dans
l’Église du Christ sur terre (Jn. 3:3-5 ; D&A
20:37, 68-74). C’est une étape primaire dans le
processus, qui comprend la foi, le repentir, le baptême de feu
et du Saint-Esprit et la persévérance jusqu’à
la fin, étape par laquelle les membres peuvent recevoir la
rémission de leurs péchés et accéder au
royaume céleste et à la vie éternelle (par
exemple, Mc. 16:15-16 ; 2 Né. 31:13-21 ; D&A
22:1-4 ;84:64, 74 ; MD, p. 69-72).
Les baptêmes
modernes sont accomplis pour les convertis qui ont été
dûment instruits et ont au moins huit ans (l’âge de
responsabilité). Le baptême doit être fait par
quelqu’un qui a l’autorité appropriée dans
la prêtrise. Celui qui baptise lève la main droite,
récite la prière de baptême prescrite et immerge
complètement le candidat (3 Né. 11:23-26 ;
D&A 20:71-74 ; 68:27). Le baptême symbolise l’alliance
par laquelle les gens promettent d’entrer dans la bergerie de
Dieu, de prendre sur eux le nom du Christ, d’être témoins
de Dieu, de garder ses commandements et de porter les fardeaux les
uns des autres, se montrant décidés à le servir
jusqu’à la fin et de se préparer à
recevoir l’esprit du Christ pour la rémission des
péchés. Le Seigneur, c’est sa contrepartie de
l’alliance, doit déverser son Esprit sur eux, les
racheter de leurs péchés, les faire participer à
la première résurrection et leur donner la vie
éternelle (Mos. 18:7-10 ; D&A 20:37).
Le symbolisme riche de
l’ordonnance invite des candidats et des observateurs à
réfléchir à ses significations.
L’ensevelissement dans l’eau et la sortie de l’eau
symbolisent la foi du candidat en la mort, l’ensevelissement et
la résurrection de Jésus-Christ aussi bien qu’en
la résurrection future de tous les hommes. Il représente
également la nouvelle naissance du candidat à une vie
en Christ, étant né de Dieu, donc né de nouveau
d’eau et de l’Esprit (Ro. 6:3-6 ; Mos. 18:13-14 ;
Moï. 6:59-60 ; D&A 128:12-13).
Les Écritures
modernes disent que l’histoire de cette ordonnance antidate le
ministère de Jean-Baptiste. En commençant par Adam
(Moï. 6:64-66), le baptême par immersion dans l’eau
a été introduit comme pratique officielle et a été
observé dans toutes les dispensations suivantes de l’Évangile
quand l’autorité de la prêtrise était sur
la terre (D&A 20:25-27 ; 84:27-28). Comme variantes de tels
précédents, les saints des derniers jours retrouvent
des initiations par le baptême dans beaucoup de religions
préchrétiennes (voir Meslin, 1987). Comme le rapporte
le Livre de Mormon, Léhi et Néphi 1 ont eu la vision du
baptême de Jésus-Christ et ont enseigné à
leur peuple à suivre son exemple de justice (1 Né.
10:7-10 ; 11:27 ; 2 Né. 31:4-9). De plus, avant
le temps de Jésus-Christ, Alma 1 introduisait les convertis
dans l’Église de Dieu par le baptême comme signe
de leur alliance (Mos. 18:8-17 ; Al. 4:4-5).
Selon le récit de
son apparition aux Néphites, Jésus a enseigné la
nécessité de la foi, du repentir, du baptême et
du don du Saint-Esprit, et il a donné autorité à
douze disciples de baptiser (3 Né. 11:18-41 ;
19:11-13 ; 26:17-21). Le Livre de Mormon donne les instructions
utiles pour le baptême et les paroles de la prière de
baptême (3 Né. 11:23-28 ; Mro. 6:1-4 ;
cf. D&A 20:73).
En plus des informations
du Livre de Mormon, les saints des derniers jours suivent les
enseignements de Nouveau Testament sur le baptême. Jésus
a enseigné que le baptême est nécessaire au
salut. Il a dit à Nicodème : « Si un
homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer
dans le royaume de Dieu » (Jean 3:1-5). Il exigeait le
baptême de la part de ceux qui professaient devenir ses
disciples (Jn. 4:1-2). La mission finale qu’il a donnée
à ses apôtres était qu’ils devaient aller à
toutes les nations, enseignant et baptisant (Mt. 28:19), et il a
déclaré : « Celui qui croira et sera
baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera
condamné » (Mc. 16:16). Paul, après sa
vision miraculeuse sur le chemin de Damas, s’entendit enseigner
l’Évangile par Ananias, qui lui dit : « Lève-toi,
sois baptisé, et lavé de tes péchés »
(Ac. 22:16). À la multitude pénitente le jour de la
Pentecôte, Pierre a proclamé : « Repentez–vous,
et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus–Christ,
pour le pardon de vos péchés » (Ac. 2:38).
Les saints des derniers
jours n’acceptent pas les pratiques et les enseignements
relatifs au baptême qui sont apparus chez certains groupes
chrétiens au cours des siècles qui ont suivi la mort
des apôtres, notamment le baptême des petits enfants, le
baptême par d’autres moyens que l’immersion et
l’idée que le baptême n’est pas nécessaire
au salut. Le prophète néphite Mormon a dénoncé
la pratique du baptême des petits enfants, qui s’était
apparemment introduite parmi son peuple, et a déclaré
que quiconque pensait que les petits enfants avaient besoin du
baptême niait la miséricorde du Christ, ignorant la
valeur de son expiation et le pouvoir de sa rédemption (Mro.
8:4-20).
Jean-Baptiste a rendu
l’autorité de baptiser à Joseph Smith et à
Oliver Cowdery le 15 mai 1829 (JS–H 1:68-72). Dès le
début de l’Église rétablie, des
missionnaires ont été envoyés pour « annoncer
le repentir, la foi au Sauveur et la rémission des péchés
par le baptême » (D&A 19:31 ; 55:2 ;
84:27, 74). « Celui qui croira et sera baptisé sera
sauvé, et celui qui ne croira pas et ne sera pas baptisé
sera damné » (D&A 112:29). C’est
l’enseignement central de l’Évangile de
Jésus-Christ (3 Né. 11:31-40).
En conséquence,
les personnes qui entrent dans l’Église de Jésus-Christ
des saints des derniers jours à l’âge de huit ans
ou plus doivent de soumettre au baptême, même si elles
ont été précédemment baptisées
dans d’autres Églises (D&A 22). De même, les
excommuniés passent de nouveau par le baptême une fois
qu’ils se sont qualifiés pour la réadmission dans
l’Église.
La forme de l’ordonnance
est prescrite dans la révélation moderne, qui dit de
manière explicite que le baptême doit être
accompli par une personne qui a l’autorité de la
prêtrise et qu’il faut pour cela immerger complètement
le candidat pénitent et le sortir ensuite de l’eau
(3 Né. 11:25-26 ; D&A 20:72-74). Le baptême
est suivi de l’imposition des mains pour le don du
Saint-Esprit.
La pratique courante dans
l’Église veut que le candidat soit interrogé et
approuvé par un officier autorisé de la prêtrise
(habituellement l’évêque ou un autre dirigeant
présidant l’assemblée ou un dirigeant de
mission), qui détermine si le candidat remplit les conditions
d’un repentir véritable, de la foi au Seigneur
Jésus-Christ, d’une compréhension des lois et des
ordonnances de l’Évangile et de la volonté d’y
obéir. Il est également nécessaire qu’un
document officiel de chaque baptême soit tenu par l’Église.
Le baptême peut se
faire dans les fonts baptismaux existant dans beaucoup d’églises
ou dans tout plan d’eau convenant à cette occasion
sacrée et suffisamment profond pour permettre l’immersion
complète. Le candidat et la personne accomplissant
l’ordonnance doivent être vêtus de vêtements
blancs simples et pudiques. La cérémonie est sans
prétention et a habituellement lieu en la présence de
la famille du candidat, les amis intimes et les membres de
l’assemblée que cela intéresse. Un orateur ou
deux peuvent donner quelques enseignements et souhaiter une joyeuse
bienvenue au candidat.
La pratique antérieure
du rebaptême pour manifester le repentir et le renouvellement
de l’engagement ou pour le retour à la santé en
temps de maladie n’a plus cours dans l’Église.
La croyance que le
baptême est nécessaire au salut de toutes les personnes
qui atteignent l’âge de responsabilité (D&A
84:64, 74) ne condamne pas les personnes qui sont mortes sans avoir
eu l’occasion d’entendre le véritable Évangile
de Jésus-Christ ou de recevoir le baptême par l’autorité
appropriée de la prêtrise. Les saints des derniers jours
croient qu’un baptême doit être accompli par
procuration pour les morts (1 Co. 15:29 ; D&A 124:28-35,
127-128) et qu’il devient effectif si le bénéficiaire
décédé accepte l’Évangile tandis
qu’il est dans le monde d’esprit à attendre la
résurrection (voir 1 Pi. 3:18-20 ; 4:6 ; cf. D&A
45:54). Cette œuvre par procuration au profit des générations
précédentes, liant le cœur des enfants à
leurs pères (Mal. 4:5-6), est une des ordonnances sacrées
accomplies dans les temples modernes (D&A 128:12-13).
Bibliographie
Meslin, Michel.
« Baptism. » Dans Encyclopedia of Religion,
Mircea Eliade, dir. de publ. vol. 2, p. 59-63. New York, 1987.
Smith, Joseph Fielding,
Doctrines du Salut, vol. 2, p. 323-337. Salt Lake City, 1955.
Talmage, James E. AF p.
109-142. Salt Lake City, 1984.
CARL S. HAWKINS
Baptême
- Prière
Auteur :
WILSON, JERRY A.
Les paroles de la prière
du baptême utilisées dans l'Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours sont prescrites
dans la compilation la plus ancienne d’instructions pour le
fonctionnement de l'Église (D&A 20). Quand quelqu’un
est baptisé, la personne qui a l'autorité appropriée
dans la prêtrise descend dans l'eau avec le candidat, lève
le bras droit à angle droit, appelle l'intéressé
par son nom légal complet et dit : « Ayant
reçu l’autorité de Jésus-Christ, je te
baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Amen »
et immerge ensuite le candidat (D&A 20:73). La même version
de la prière est donnée par Jésus-Christ aux
Néphites et se trouve dans le Livre de Mormon (3 Né.
11:25).
Plus tôt dans le
Livre de Mormon il y a une mention quelque peu différente de
la prière de baptême. Quand Alma l’Ancien, au
deuxième siècle av. J.-C., fonde l'Église parmi
les Néphites, il prie : « Ô Seigneur,
déverse ton Esprit sur ton serviteur, afin qu'il fasse cette
œuvre avec sainteté de cœur » (Mosiah
18:12). La prière de baptême qui suit souligne
l'alliance représentée par le baptême et la
nécessité de procéder ensuite à un
baptême de l'Esprit : « Je te baptise, ayant
autorité du Dieu Tout-Puissant, en témoignage que tu as
conclu l'alliance de le servir jusqu'à ce que tu sois mort
quant au corps mortel ; et que l'Esprit du Seigneur soit déversé
sur toi ; et qu'il t'accorde la vie éternelle, par
l'intermédiaire de la rédemption du Christ, qu'il a
préparé dès la fondation du monde »
(Mosiah 18:13 ; voir Baptême de feu et du Saint-Esprit).
Bibliographie
Il est instructif de
comparer la pratique et les récits scripturaires des saints
des derniers jours à la tradition chrétienne rapportée
dans E. C. Whitaker, Documents of the Baptismal Liturgy, Londres,
1970.
JERRY A. WILSON
Baptême
de feu et du Saint-Esprit
Auteur :
BRADSHAW, WILLIAM S.
Le baptême de feu
et du Saint-Esprit désigne l'expérience de la personne
qui reçoit l'ordonnance de l'imposition des mains pour le don
du Saint-Esprit. C'est la seconde partie d’une séquence
et il suit le baptême par immersion dans l'eau par lequel la
personne repentante qui s'est engagée vis-à-vis du
Christ et de son Évangile est née de Dieu ou née
de nouveau. Comme Jésus l’a expliqué à
Nicodème, « si un homme ne naît d'eau et
d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jn.
3:5). À propos de ce passage, Joseph Smith a dit : « Le
baptême d'eau n’est qu’un demi-baptême et
n’est bon à rien sans… le baptême du
Saint-Esprit » (EPJS, p. 254). Le baptême de feu,
assuré par le Saint-Esprit, se manifeste à travers un
ensemble de sensations, d'impressions et de découvertes
personnelles qui constituent le témoignage spirituel de la
Divinité que l'on a reçu la rémission de ses
péchés (2 Né. 31:17). Le baptême de
feu inaugure la transmission de dons spirituels aux fidèles
pour les aider durant toute leur vie à rester fidèles à
leur alliance du baptême (1 Co. 12 ; Mro. 10:8-23 ;
D&A 46:10-33).
La doctrine des deux
baptêmes a été enseignée par
Jean-Baptiste : « Moi, je vous baptise d'eau…
mais celui qui vient après moi… vous baptisera du
Saint–Esprit et de feu » (Mt. 3:11). Au baptême
du Christ, le Saint-Esprit s’est manifesté par le signe
d'une colombe (Lu. 3:22) et il est apparu aux disciples le jour de la
Pentecôte sous forme de langues de feu (Ac. 2:3 ; voir
Jéhovah, Jésus-Christ). L'ordonnance du don du
Saint-Esprit a commencé avec les premiers convertis chrétiens
(Ac. 8:12-17 ; 3 Né. 18 ; Mro. 2-3 ; 6) et
est une pratique (souvent désignée sous le nom de
confirmation) rendue à l'Église d’aujourd’hui
et administrée par la Prêtrise de Melchisédek
(D&A 20:38-41).
Symboles du baptême,
l'eau (utilisée pour laver) et le feu (utilisé pour la
fonte des métaux) représentent les agents qui nettoient
et purifient, la première extérieurement, l’autre
intérieurement, menant à la sanctification (Al. 13:12 ;
Mro. 6:4). En outre, le feu suggère la chaleur et la lumière,
réalisées sous forme de sensations tangibles telles
qu'une brûlure dans la poitrine et le sentiment d’illumination
accompagnant la réception de l'esprit divin (D&A 9:8 ;
88:49).
Pour les saints des
derniers jours, le baptême par le feu et le Saint-Esprit est un
phénomène réel en accomplissement littéral
de l'alliance de Dieu avec ceux qui se repentent et sont baptisés
(2 Né. 31:10-21). Par cette expérience, la
personne peut réaliser les promesses faites par Jésus
en ce qui concerne le rôle de Consolateur joué par le
Saint-Esprit, témoin de l'Expiation, instructeur et guide vers
la vérité (Jn. 14:16, 26 ; 15:26).
Bibliographie
Cannon, Elaine, et Ed J.
Pinegar. The Mighty Change. Salt Lake City, 1978.
WILLIAM S. BRADSHAW
Baptême
Alliance du
Auteur :
WILSON, JERRY A.
Quand une personne
contracte le baptême chez les saints des derniers jours, elle
fait une alliance avec Dieu. Le baptême est un « signe…
que nous faisons la volonté de Dieu, et il n’y a sous le
ciel aucun autre moyen ordonné par Dieu pour permettre à
l’homme de venir à lui » (EPJS, p. 160).
Les candidats promettent
d’ « entrer dans la bergerie de Dieu et être
appelés son peuple… [de] porter les fardeaux les uns
des autres… [de] pleurer avec ceux qui pleurent… [et
d’] être les témoins de Dieu… jusqu’à
la mort » (Mos. 18:8-9). La personne qui contracte cette
alliance doit le faire avec l’attitude appropriée
d’humilité, de repentir et de détermination de
garder les commandements du Seigneur et de servir Dieu jusqu’à
la fin (2 Né. 31:6-17 ; Mro. 6:2-4 ; D&A
20:37). De son côté, Dieu promet la rémission des
péchés, la rédemption et la purification par le
Saint-Esprit (Ac. 22:16 ; 3 Né. 30:2). Cette
alliance se fait au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Le baptisé peut
renouveler cette alliance à chaque réunion de
Sainte-Cène en prenant la Sainte-Cène. Cette volonté
permanente de se rappeler le Christ et de garder ses commandements
apporte la réalisation de la promesse du Seigneur qu’il
donnera son Esprit et produit les « fruits »
(Ga. 5:22) et les « dons » (D&A 46) qui
mènent à la vie éternelle.
Bibliographie
Tripp, Robert M. Oaths,
Covenants and Promises, p. 11-19. Salt Lake City, 1973.
JERRY A. WILSON
Baptême
pour les morts
Cette rubrique se compose
de deux articles :
Baptême pour les
morts : Pratique chez les saints des derniers jours
Baptême pour les
morts : Sources antiques
Le premier article suit
le développement de la doctrine mormone du baptême pour
les morts. Dans le deuxième article, le doyen de la faculté
de théologie de Harvard traite de la pratique dans les temps
anciens.
Baptême
pour les morts : Pratique chez les saints des derniers jours
Auteur :
BURTON, H. DAVID
Le baptême pour les
morts est l’accomplissement par procuration de l’ordonnance
du baptême pour un défunt. Joseph Smith a enseigné :
« Si nous pouvons baptiser un homme au nom du Père
[et] du Fils et du Saint-Esprit pour la rémission des péchés,
c’est tout autant notre devoir d’agir comme agents et
d’être baptisés pour la rémission des
péchés pour et en faveur de nos aïeux décédés
qui n’ont pas entendu l’Évangile ou sa plénitude »
(Kenney, p. 165).
La première
déclaration publique concernant l’ordonnance du baptême
pour les morts dans l’Église a été le
sermon funèbre prononcé en août 1840 à
Nauvoo par Joseph Smith à l’occasion du décès
de Seymour Brunson. S’adressant à une veuve qui avait
perdu un fils qui n’avait pas été baptisé,
il a appelé le principe « de bonnes nouvelles d’une
grande joie » contrairement à la tradition du temps
qui voulait que toute personne non baptisée soit damnée.
Les premiers baptêmes pour les morts des temps modernes ont eu
lieu dans le Mississippi, près de Nauvoo.
Des révélations
éclaircissant la doctrine et la pratique ont été
données de temps en temps :
1. C’était
une pratique du Nouveau Testament (1 Co. 15:29 ; cf. D&A
128 ; voir Baptême pour les morts : Sources
antiques).
2. Le ministère du
Christ dans le monde d’esprit était au profit de ceux
qui étaient morts sans entendre l’Évangile ou sa
plénitude (1 Pi. 4:6 ; voir Salut des morts).
3. De tels baptêmes
doivent avoir lieu dans un temple, dans des fonts baptismaux
consacrés à cette fin (EPJS, p. 248 ; cf. D&A
124:29-35). En novembre 1841, les fonts baptismaux du temple inachevé
de Nauvoo étaient consacrés.
4. Le langage de la
prière de baptême est le même que pour les
vivants, avec l’ajout de « en lieu et faveur de »
[les défunts].
5. Des témoins
doivent être présents aux baptêmes par procuration
et ceux-ci doivent être enregistrés dans les archives de
l’Église (D&A 128:3, 8).
6. Des femmes doivent
être baptisées pour les femmes et des hommes pour les
hommes.
7. Ce n’est pas
seulement le baptême, mais aussi la confirmation et les
ordonnances supérieures du temple qui peuvent être
accomplis par procuration (EPJS, p. 294).
8. La loi du libre
arbitre est inviolée dans ce monde et dans le monde à
venir. Ainsi, ceux qui sont servis par procuration ont le droit
d’accepter ou rejeter les ordonnances.
Dans les premières
années de l’Église, les baptêmes par
procuration ne se faisaient que pour les ancêtres directs par
le sang, en ne remontant habituellement pas plus de quatre
générations. Aujourd’hui, les saints des derniers
jours sont baptisés non seulement pour leurs propres ancêtres
mais également pour d’autres personnes non apparentées,
identifiées par le programme d’extraction des noms.
Cette pratique est l’expression du désir des enfants de
retrouver leurs parents et des parents de retrouver leurs enfants,
ainsi que des sentiments charitables pour les autres, pour qu’ils
reçoivent la plénitude des bénédictions
de l’Évangile de Jésus-Christ. Dans la
perspective mormone, quoi que l’on fasse d’autre pour
faire son deuil, enterrer honorablement, chérir ou se souvenir
des morts, cette ordonnance divinement autorisée du baptême
est une démonstration d’amour et a des implications
éternelles.
Baptême
pour les morts : Sources antiques
Auteur :
STENDAHL, KRISTER
Dans sa première
épître aux Corinthiens Paul a écrit :
« Autrement, que feraient ceux qui se font baptiser pour
les morts ? Si les morts ne ressuscitent absolument pas,
pourquoi se font–ils baptiser pour eux ? »
(Conzelmann, 1 Corinthiens 15:29).
Ce verset fait partie de
l’argumentation de Paul contre ceux qui niaient une
résurrection future (cf. 2 Ti. 2:18, Justin, Dial. 80). Il
fait allusion à une pratique de baptême par procuration,
une pratique pour laquelle nous n’avons aucune autre preuve
dans les écrits de Paul ou les autres écrits du Nouveau
Testament ou écrits du début du christianisme. Les
interprètes ont été intrigués par le fait
que Paul semble accepter cette pratique. Il n’estime en tous
cas pas utile de la condamner comme hérétique, mais
Paul fait clairement allusion à un groupe distinct dans
l’Église, un groupe qu’il accuse de contradiction
entre rituel et doctrine.
Les anciens commentateurs
considéraient comme hérétique la pratique du
baptême par procuration pour les morts (par exemple parmi les
Marcionites, 150 apr. J.-C.). Ils interprétaient donc les
paroles de Paul dans 1 Corinthiens 15:29 de manière à
ce qu’elles ne puissent être invoquées à
l’appui de telles pratiques ou de toute théologie qui y
était implicite. Au fil des siècles, leurs
interprétations ont persisté et se sont multipliées
(B.M. Foschini rapporte et évalue quarante explications
distinctes de ce verset). La plupart des pères grecs
interprétaient « les morts » comme
désignant le propre corps d’une personne ; d’autres
ont interprété le verset comme désignant les
païens désirant le baptême « pour se
joindre à » des parents chrétiens perdus.
D’autres encore ont suggéré différentes
structures de la phrase : « Autrement que réaliseront
ceux que l’on baptise ? Quelque chose simplement pour leur
corps mort ? »
Une fois que l’on
se sent moins menacé par les pressions théologiques
exercées par des développements ultérieurs
éventuels de la pratique et de la doctrine, le texte semble
parler clairement d’une pratique de baptême par
procuration pour les morts dans l’Église. C’est le
point de vue de la plupart des exégètes critiques
contemporains. Pareille pratique peut se comprendre par une analogie
partielle avec l’allusion de Paul au fait que les conjoints
païens et les enfants communs dans les mariages mixtes sont
sanctifiés et purifiés par les partenaires chrétiens
(1 Co. 7:14). On a souvent fait le rapport avec 2 Maccabées
12:39-46, où Judas Maccabée, « tenant compte
de la résurrection », fait l’expiation pour
ses camarades morts. (C’était le passage même que
le Dr. Eck a utilisé en faveur du purgatoire dans son débat
de 1519 à Leipzig avec Martin Luther. C’est ainsi devenu
une partie de la raison pour laquelle les bibles protestantes ont
exclu les Apocryphes ou les ont relégués dans une
annexe.)
On pourrait ajouter à
ceci que le lien suivant dans l’argumentation de Paul en faveur
d’une future résurrection est sa propre exposition au
martyre (1 Co. 15:30-32), un martyre que Paul pense certainement
avoir un effet par procuration (Ph. 2:17, Ro. 15:16, cf. Col. 1:24).
Pareil lien peut être
conscient ou inconscient. Dans l’un ou l’autre cas, cela
rend tout à fait raisonnable l’idée que la
remarque de Paul a trait à la pratique d’un baptême
par procuration pour les morts.
Bibliographie
Conzelmann, H. 1
Corinthians. Hermeneia Series. Philadelphia, 1975.
Foschini, B. "Those
Who Are Baptized for the Dead ; 1 Cor. 15:29." Catholic
Biblical Quarterly 12 (1950) :260-276, 378-388 ; 13
(1951) :46-78, 172-198, 276-285.
KRISTER STENDAHL
Bénédictions
patriarcales
Auteur :
MORTIMER, WILLIAM JAMES
La pratique pour un père
de bénir ses fils et ses filles remonte aux temps les plus
anciens. Adam, premier patriarche et père du genre humain, a
béni son fils Seth, promettant « que sa postérité
serait l’élue du Seigneur et qu’elle serait
préservée jusqu’à la fin de la terre »
(D&A 107:42). Abraham, Isaac, et Jacob ont béni leurs
enfants, ouvrant une vision de leur héritage et de leur
destinée (par exemple, Ge. 28:4 ; 49:3-27).
Chaque famille dans
l’Église et la grande famille qu’est l’Église
perpétuent cet héritage. Les membres ont le droit
d’aller trouver le patriarche de pieu pour avoir une
bénédiction de l’Église. Des patriarches
de pieu sont ordonnés partout où l’Église
est organisée afin que tous puissent avoir cette possibilité.
La bénédiction
patriarcale est donnée par l’autorité de la
Prêtrise de Melchisédek qui « est de détenir
les clefs de toutes les bénédictions spirituelles de
l’Église » (D&A 107:18). Quand il a fait
alliance avec Abraham qu’à travers sa postérité
toutes les familles de la terre seraient bénies, Dieu a promis
les « bénédictions de l’Évangile,
lesquelles sont les bénédictions du salut, de la vie
éternelle » (Abr. 2:11). La portée de ces
promesses, tant ici que dans l’au-delà, est décrite
dans les Écritures modernes :
« Abraham
reçut des promesses concernant sa postérité, le
fruit de ses reins… promesses qui devaient continuer tant
qu’elle était dans le monde ; et en ce qui concerne
Abraham et sa postérité, ils devaient continuer hors du
monde… Cette promesse est également pour toi, parce que
tu es d’Abraham, et que la promesse fut faite à
Abraham » [D&A 132:30-31].
Une partie essentielle de
la bénédiction patriarcale est la déclaration du
lignage. Le patriarche demande l’inspiration pour indiquer le
lignage dominant qui remonte à Abraham. La majorité des
bénédictions modernes désignent Éphraïm
ou Manassé comme chaînon principal, mais d’autres
de toutes les tribus d’Israël ont également été
mentionnés. Qu’il s’agisse d’une déclaration
de descendance par le sang ou par adoption est sans importance (voir
Abr. 2:10). C’est considéré comme le lignage et
l’héritage par lesquels les bénédictions
de la personne lui sont transmises. C’est ainsi que les
bénédictions « d’Abraham, d’Isaac
et de Jacob » sont conférées.
En outre, selon
l’inspiration de l’Esprit, le patriarche peut être
poussé à donner des exhortations, des promesses et des
assurances. Il peut mentionner différents traits de
personnalité et des points forts et des faiblesses. Dans le
contexte des prophéties sur les événements
mondiaux, il peut mentionner le rôle et l’appel de
chacun. Il peut préciser les dons, les talents, les
qualifications et le potentiel spirituel de la personne avec la
gratitude et la consécration qui doivent les accompagner. Karl
G. Maeser a décrit ces bénédictions comme étant
des « paragraphes du livre de nos possibilités »
(Alma P. Burton, Karl G. Maeser : Mormon Educator, p. 82 [Salt
Lake City, 1953]).
On enseigne
continuellement dans l’Église que l’accomplissement
des bénédictions patriarcales, comme celui de toutes
les promesses divines, est conditionné par la foi et les
œuvres de la personne. Les bénédictions se
terminent habituellement par une déclaration telle que :
« Je prononce ces bénédictions sur votre
tête selon votre foi et votre diligence à garder les
commandements du Seigneur. »
La pratique de donner des
bénédictions patriarcales est un rappel constant de
l’honneur et de la gloire de la famille : que l’on
n’est pas seul et que chaque personne se tient sur les épaules
de ceux qui l’ont précédée. Elle incite
ceux qui reçoivent les bénédictions à
« porte[r] les regards sur Abraham, [leur] père »
(2 Né. 8:2), à faire « les œuvres
d’Abraham » (D&A 132:32 ; cf. Jn. 8:39), à
être disposé à être « châti[é]
et mis à l’épreuve comme Abraham »
(D&A 101:4) et à reconnaître que la disposition
d’Abraham à offrir son fils était « une
similitude de Dieu et de son Fils unique » (Jcb. 4:5). En
bref, le commandement d’honorer son père et sa mère
ne finit pas à la mort, ni avec la croissance du genre humain.
Toutes les bénédictions
patriarcales sont enregistrées et transcrites ; les
copies sont conservées dans les archives officielles de
l’Église et par le bénéficiaire. Elles
sont considérées comme sacrées par ceux qui les
reçoivent.
Dans l’histoire
d’Israël, comme des saints des derniers jours, l’effet
moteur de ces bénédictions est incalculable. Elles
ouvrent beaucoup de portes à la prise de conscience de soi.
Elles ont inspiré des hommes et des femmes célèbres,
aussi bien que ceux qui se trouvent dans les endroits les plus
obscurs et les plus isolés, à se plonger dans
l’accomplissement d’une mission, à œuvrer et
à donner dans l’esprit de consécration. Elles ont
été une force au milieu des épreuves et des
tentations de la vie, un réconfort dans les ténèbres
du deuil et une ancre dans les tourmentes, « une aide
quotidienne dans toutes les affaires de la vie » (Widtsoe,
p. 74).
Bibliographie
Widtsoe, John A.
Evidences and Reconciliations. Salt Lake City, p. 72-77.
WILLIAM JAMES MORTIMER
Benjamin
Auteur :
RICKS, STEPHEN D.
Benjamin, fils de Mosiah
1, est un roi important dans l'histoire néphite († v.
121 av. J.-C.). Son règne se produit à un moment
crucial de l'histoire des Néphites et est culturellement et
politiquement important. Son père, Mosiah 1, « averti
par le Seigneur » a emmené les Néphites hors
du pays de Néphi au pays de Zarahemla (Om. 1:12, 19). Par la
suite, pendant son règne, Benjamin a combattu, comme le
faisaient habituellement les rois dans le monde antique (cf. Mos.
10:10), « avec la force de son bras » contre
les envahisseurs lamanites (Pa. 1:13), empêchant son peuple
« de tomber entre les mains de [ses] ennemis »
(Mos. 2:31). Il réussit à consolider le règne
néphite sur le pays de Zarahemla (Om. 1:19) et y règne
« en justice » sur son peuple (Pa. 1:17).
Benjamin, décrit
comme étant « un saint homme » (Pa.
1:17) et « un homme juste devant le Seigneur »,
dirige également son peuple en tant que prophète (Om.
1:25) et est, avec l'aide d'autres prophètes et de saints
hommes, capable surmonter les querelles parmi son peuple et fait
« encore une fois régner la paix dans le pays »
(Pa. 1:18). En conséquence, Amaléki, qui n’a
« pas de postérité », lui confie
les annales des « petites plaques » (Om. 1:25).
Vivement intéressé par la conservation des annales
sacrées, Benjamin instruit ses fils « dans toute la
langue de ses pères » et « concernant
les annales qui étaient gravées sur les plaques
d’airain » (Mos. 1:2-3).
Mosiah 2-6 rapporte le
discours d'adieu de Benjamin visant principalement à provoquer
un « changement de cœur » chez son peuple
et à l’amener à Jésus-Christ. Il traite
des obligations de l'homme vis-à-vis de ses semblables et
vis-à-vis de Dieu, du châtiment en cas de rébellion
contre Dieu, de la reconnaissance, de la foi et du service. Ce
discours conserve aujourd’hui toute sa pertinence. En outre,
rapportant les paroles qu’un ange lui a dites, Benjamin
prophétise que « le Seigneur Omnipotent…
descendra du ciel avec puissance parmi les enfants des hommes »
en tant que Messie, « accomplissant de grands miracles »
(Mosiah 3:5). De plus, Benjamin déclare que le Messie « sera
appelé Jésus-Christ, le Fils de Dieu… et sa mère
sera appelée Marie » (3:8). La toute première
mention du nom de celle-ci dans le Livre de Mormon. En outre, Jésus
« souffrira les tentations, et la souffrance du corps, la
faim, la soif et la fatigue, plus encore que l'homme ne peut en
souffrir » (3:7). Après avoir été
crucifié, Jésus « se lèvera d'entre
les morts ; et voici, il se tient pour juger le monde »
(3:10). Chose importante, Benjamin enseigne que le pouvoir de
l'expiation de Jésus-Christ vaut pour lui et son peuple,
« comme s'il était déjà venu »
sur terre (3:13).
On peut mesurer l'impact
du discours de Benjamin sur les générations néphites
suivantes par le nombre de fois qu’on le mentionne plus loin
dans le Livre de Mormon. Après la mort de Benjamin, son fils
et successeur, Mosiah 2, envoie Ammon et quinze autres représentants
de Zarahemla au pays de Néphi (Mos. 7:1-6) où ils
trouvent le roi Limhi et son peuple néphite asservis aux
Lamanites. Après que les représentants se sont
identifiés, Limhi réunit son peuple au temple local où
il s'adresse à lui. Ensuite, Ammon « leur répéta
aussi les dernières paroles que le roi Benjamin leur avait
enseignées, et les expliqua au peuple du roi Limhi, pour qu'il
pût comprendre toutes les paroles qu'il disait »
(Mos. 8:3). De même, Hélaman 2 (v. 30 av. J.-C.) avertit
ses fils Léhi 4 et Néphi 2 en ces termes :
« Souvenez-vous… des paroles que le roi Benjamin a
dites à son peuple ; oui, souvenez-vous qu'il n'y a
aucune autre manière ni aucun autre moyen par lesquels l'homme
puisse être sauvé, si ce n'est par le sang expiatoire de
Jésus-Christ » (Hél. 5:9). Ces paroles
rappellent l’un des thèmes centraux du discours de
Benjamin : « Le salut a été, et est, et
sera, dans et par le sang expiatoire du Christ » (Mos.
3:18-19 ; cf. Hél. 14:12).
Après un règne
long et prospère, Benjamin décède vers 121 av.
J.-C. Le plus grand de tous les hommages à sa grandeur, c’est
son fils Mosiah 2 qui le lui rendra. Dans un discours prononcé
à la fin de son propre règne, dans lequel il soupèse
les avantages et les pièges de diverses formes de
gouvernement, Mosiah dit : « S'il était
possible que vous ayez pour rois des hommes justes, qui établiraient
les lois de Dieu et jugeraient ce peuple selon ses commandements,
oui, si vous pouviez avoir pour rois des hommes qui feraient ce que
mon père Benjamin a fait pour ce peuple… alors il
serait opportun que vous ayez toujours des rois pour vous
gouverner »
(Mos. 29:13).
Bibliographie
Nibley, Hugh W. An
Approach to the Book of Mormon. Dans CWHN 4:295-310.
Bible
La rubrique consacrée
à la Bible donne une idée de l’estime que les
saints ont pour ce recueil d’écrits et de l’usage
considérable qu’ils en font. Les articles sont :
Bible
Croyance des saints en la
Bible
La King James Version
Édition de la
Bible créée par l’Église
Le premier article
explique l’importance de la Bible au sein des ouvrages
canoniques de l’Église. Le deuxième explore la
profondeur de la croyance en la Bible. Le troisième examine
l’utilisation de la King James Version de la Bible par
l’Église. Le dernier donne des informations sur ce que
contient la Bible éditée par l’Église en
1979 et des détails sur la publication. Les articles qui
traitent de thèmes apparentés sont Ancien Testament et
Nouveau Testament. On trouvera un traitement sur l’éventail
des sujets liés aux conceptions qu’ont les saints des
Écritures en général dans Ouvrages canoniques et
en particulier l’ensemble des articles repris sous le titre
général Écritures.
Bible :
Bible
Auteur :
LUDLOW, VICTOR L.
La Bible est à la
base de l’Église de Jésus-Christ des saints des
derniers jours, constitue l’un de ses ouvrages canoniques et
est acceptée comme étant la parole de Dieu. C’est
un passage du Nouveau Testament dans l’épître de
Jacques qui incita, en 1820, le jeune Joseph Smith à
interroger Dieu au sujet des religions de son temps, sur quoi il
reçut sa Première Vision dans laquelle il vit Dieu le
Père et Jésus-Christ (Ja. 1:5 ; JS–H
1:11-12, 17-18). Trois ans plus tard, ce furent des passages de
l’Ancien Testament et du Nouveau Testament qui furent la base
scripturaire de la deuxième grande expérience
spirituelle de Joseph quand l’ange Moroni lui apparut et
l’instruisit en s’appuyant sur Malachie, Ésaïe,
Joël, Daniel et d’autres Écritures (JS–H
1:36-41 ; JD 24:241 ; Messenger and Advocate 1, avr. 1835,
p. 109). Après avoir terminé la traduction du Livre de
Mormon et organisé l’Église rétablie de
Jésus-Christ en 1830, le prophète Joseph Smith étudia
à fond la Bible comme le Seigneur le lui avait commandé
et fit la Traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS).
Dès l’enfance,
les saints des derniers jours sont exposés aux enseignements
de la Bible. Certains passages sont soulignés dans
l’enseignement des enfants. La plupart des enfants de la
Primaire – et en particulier ceux qui font partie de familles
qui tiennent la soirée familiale et appliquent un programme de
lecture des Écritures – se familiarisent avec les
événements racontés dans la Genèse,
notamment les histoires d’Adam et Ève, Noé,
Abraham, Jacob et Joseph. Les épisodes ultérieurs des
prophètes, des juges, et des rois (tels que Moïse,
Samson, Samuel, David, Salomon, Jonas et Daniel), aussi bien que ceux
des personnalités du Nouveau Testament (par exemple, Pierre,
Paul et Étienne), sont également des favoris. Les
histoires de Débora, de Ruth, d’Esther et de Marie
comptent parmi les préférées des filles. Ce sont
cependant la vie et les enseignements de Jésus-Christ qui sont
les plus étudiés et les plus appréciés
(voir Jésus-Christ : Ministère de Jésus-Christ).
Lorsque les saints des
derniers jours se livrent à une étude répétée
de la Bible, il s’en dégage des enseignements
évangéliques plus riches. Outre qu’ils reçoivent
l’enseignement dispensé par l’École du
Dimanche, les adolescents qui suivent les cours du séminaire
passent deux ans de leurs quatre années à étudier
la Bible. Il en va de même des cours de religion de niveau
supérieur dans les universités du Département
d’Éducation de l’Église et dans les cours
des instituts de religion dans d’autres universités. Les
missionnaires mormons se réfèrent souvent à des
passages de la Bible dans l’enseignement qu’ils donnent
aux amis de l’Église. Une des preuves les plus
convaincantes de l’importance de l’étude de la
Bible pour les saints des derniers jours ressort du programme de
l’École du Dimanche pour les adultes. Dans les cours de
Doctrine de l’Évangile, deux années sur chaque
cycle de quatre ans sont consacrées à la lecture, à
l’étude et aux discussions sur la Bible. Une autre
grande preuve de l’importance que les saints accordent à
la Bible réside dans les efforts et les dépenses quoi
ont été consentis pour assurer la publication de
l’édition anglaise de l’Église de la Bible
en 1979. Les Autorités générales de l’Église
citent fréquemment la Bible dans leurs écrits et leurs
discours de conférence générale et lors des
conférences de pieu. La Bible constitue donc un fondement
d’Évangile important pour tous les membres de l’Église,
depuis les nouveaux baptisés jusqu’aux officiers
présidents.
ENSEIGNEMENTS ET
PRATIQUES BIBLIQUES PRINCIPAUX. Parmi les enseignements de la Bible,
il y en a sur lesquels on insiste particulièrement. Par
exemple, les saints des derniers jours n’ont aucun mal à
se reconnaître dans la pratique du Dieu de l’Ancien
Testament de parler par l’intermédiaire des prophètes
de l’époque (Am. 3:7), une façon de faire que
l’on peut constater dans l’Église d’aujourd’hui.
Ils se sentent aussi proches de la maison d’Israël grâce
à leur bénédiction patriarcale individuelle, qui
précise habituellement une ascendance généalogique
remontant à l’une des tribus d’Israël. La
notion de peuple de l’alliance, telle qu’enseignée
dans la Genèse, l’Exode et le Deutéronome, cadre
bien avec la croyance des saints qu’ils sont un peuple de
l’alliance aujourd’hui. Beaucoup de lois et de
commandements, en particulier un code de santé, caractérisent
l’Israël antique et son équivalent spirituel
moderne dans l’Église (Lé. 11 ; D&A 89 ;
voir Parole de Sagesse). Les errances de l’Israël antique
et les difficultés à coloniser la Terre Promise ont
aussi leur pendant dans le début de l’histoire des
saints à tel point que Brigham Young a été
qualifié de Moïse moderne (par exemple, Arrington, 1985 ;
voir aussi Persécution ; Pionniers).
Les enseignements du
Nouveau Testament sur lesquels les saints des derniers jours mettent
l’accent sont les enseignements du Sauveur et des apôtres
sur les principes de base de l’Évangile,
particulièrement la foi et le repentir, et les ordonnances de
l’alliance, en particulier le baptême et le don du
Saint-Esprit (voir Premiers principes de l’Évangile).
L’organisation, les offices dans la prêtrise et l’œuvre
missionnaire de l’Église du Nouveau Testament ont leurs
contre-parties dans les croyances, les pratiques et l’organisation
de l’Église actuelle (voir Organisation de l’Église
à l’époque du Nouveau Testament).
IMPORTANCE DES TEXTES
BIBLIQUES DANS LE LIVRE DE MORMON. Parmi des écrits de
l’Ancien Testament, ceux de Moïse, d’Ésaïe
et de Malachie retiennent particulièrement l’attention
des saints des derniers jours à cause de leur place importante
dans le Livre de Mormon. Les enseignements de Moïse tels qu’ils
se trouvent dans le Pentateuque (avec l’expansion de Genèse
1-6 qui se trouve dans la Perle de grand prix) constituent la matière
qui permet de comprendre la dispensation mosaïque de la maison
d’Israël. Les annales du Livre de Mormon, qui commencent
avec Léhi et avec le peuple de Zarahemla (voir Mulek),
proviennent essentiellement de ce cadre israélite. Il y est
question d’Adam et Ève et des événements
du jardin d’Éden (par exemple, 2 Né.
2:15-25) et du déluge du temps de Noé (par exemple, Al.
10:22), de gens amenés par Dieu en Amérique à
l’époque de la tour de Babel (Ét. 1:3-5, 33),
d’événements de la vie des patriarches (par
exemple, 2 Né. 3:4-16), et de l’appel, des œuvres
et des paroles de Moïse (par exemple, 1 Né.
17:23-31 ; 2 Né. 3:16-17 ; voir aussi Loi de
Moïse). Le cinquième chapitre de 1 Néphi
mentionne les documents bibliques que la famille de Léhi a
emportés de Jérusalem (voir Plaques et annales du Livre
de Mormon) et, avec 1 Néphi 17, met l’accent sur
les événements bibliques principaux, en particulier
l’exode israélite d’Égypte, bien que sans
les détails fournis par le Pentateuque. L’exemple et les
enseignements des prophètes, des juges et des rois de l’Ancien
Testament se trouvaient aussi dans les documents bibliques de la
communauté de Léhi. Puisque ce groupe se conforme à
la loi de Moïse (2 Né. 25:24), les pratiques
religieuses de l’Ancien Testament se poursuivent dans le Livre
de Mormon.
On trouve un bon tiers
des écrits d’Ésaïe dans le Livre de Mormon,
ce qui fait qu’Ésaïe est le livre biblique qui y
est le plus souvent cité. Vingt-deux des soixante-six
chapitres d’Ésaïe sont cités en tout ou en
partie dans le Livre de Mormon (en tout 433 sur les 1.292 versets
d’Ésaïe). Les prophètes et les auteurs du
Livre de Mormon choisissaient les chapitres qui mettaient l’accent
sur les relations de Dieu dans le cadre de l’alliance et de ses
promesses à Israël, sur le rôle et l’appel du
Messie et sur les prophéties au sujet des derniers jours. Ces
thèmes sont également répandus dans la théologie
contemporaine des saints (A de F 3, 4, 9, 10).
Les enseignements de
Malachie dans le Livre de Mormon sont importants parce que Jésus
ressuscité les cite et par conséquent les souligne (cf.
3 Né. 24-25 ; Mal. 3-4 ; D&A 2:1-3). Les
paroles de Malachie concernant un messager envoyé pour
préparer la voie à l’avènement du Christ,
le paiement de la dîme et des offrandes et la mission d’Élie
dans les derniers jours constituent ainsi un autre noyau important
des enseignements de l’Ancien Testament au sein de la société
des saints des derniers jours.
Comme la colonie
principale du Livre de Mormon a quitté Jérusalem
approximativement six cents ans avant le début de la période
du Nouveau Testament, les auteurs du Livre de Mormon n’avaient
pas accès aux écrits du Nouveau Testament. Ils avaient
toutefois accès à deux sources importantes de doctrine
qui étaient en parallèle avec une partie du Nouveau
Testament : le Christ ressuscité et la révélation
divine. Le Christ ressuscité a prononcé devant ses
auditeurs en Amérique un sermon essentiellement le même
que celui qu’il avait prononcé près du lac de
Galilée. Il a également apporté des ajouts et
des éclaircissements importants qui traitent de lui-même
en tant que Rédempteur et Seigneur, de l’accomplissement
de la loi de Moïse et des derniers jours (3 Né.
11-18 ; voir aussi Béatitudes ; Sermon sur la
montagne). En outre, il a amplifié les enseignements donnés
dans Jean 10, particulièrement le verset 16, au sujet de son
rôle de Bon Berger des tribus dispersées d’Israël
(3 Né. 15:12-24). Les enseignements importants de Mormon
au sujet du baptême et au sujet de la foi, de l’espérance
et de la charité constituent des parallèles avec les
enseignements du Nouveau Testament, particulièrement avec ceux
de Paul dans 1 Corinthiens 13.
LA BIBLE EST-ELLE
COMPLÈTE ? Les saints des derniers jours vénèrent
la Bible comme étant la parole de Dieu révélée
à l’humanité. Cependant, Joseph Smith a reconnu
que les traductions ne rendent pas complètement et exactement
les mots de l’original ni les intentions des prophètes
antiques et des autres auteurs bibliques. Ainsi, dans la lettre à
Wentworth, il écrit : « Nous croyons que la
Bible est la parole de Dieu dans la mesure où elle est
traduite correctement » (8e A de F). Joseph Smith a
observé que « nous pouvons déterminer notre
latitude et notre longitude dans l’hébreu originel avec
une bien plus grande précision que dans la version anglaise.
Il y a une importante distinction à faire entre ce que les
prophètes voulaient réellement dire et la traduction
actuelle » (EPJS, p. 334). Bien qu’acceptant
explicitement ce que la Bible dit maintenant, les saints des derniers
jours se rendent compte qu’il y a bien plus à dire que
ce qui se trouve dans le document biblique existant.
En plus des difficultés
qu’engendre la traduction de langues anciennes vers des langues
modernes, d’autres Écritures déclarent également
que certaines parties du texte biblique original ont été
perdues ou corrompues (par exemple 1 Né. 13:28-29 ;
D&A 6:26-27 ; 93:6-18). Joseph Smith a fait ce commentaire
sur le caractère incomplet de la Bible : « Il
était clair que beaucoup de points importants concernant le
salut des hommes avaient été enlevés de la Bible
ou perdus avant qu’elle ne fût compilée »
(EPJS, p. 6). Il dit plus tard : « L’homme a
reçu depuis le commencement beaucoup d’instructions que
nous ne possédons pas maintenant… Nous avons ce que
nous avons, et la Bible contient ce qu’elle contient »
(EPJS, p. 46). Il a dit en outre : « Je crois la
Bible telle qu’elle est sortie de la plume des auteurs
originels. Des traducteurs ignorants, des copistes négligents
ou des prêtres conspirateurs et corrompus ont commis beaucoup
d’erreurs » (EPJS, p. 264-265). Ainsi, des
contre-sens, des lacunes et d’autres erreurs affaiblissent la
Bible ; mais l’esprit de ses messages en révèle
malgré tout assez de la parole de Dieu pour réaliser
les desseins qu’il s’est fixés. Joseph Smith
résume les choses comme suit : « Grâce à
la bonté de notre Père, une partie de sa parole qu’il
a communiquée à ses saints d’autrefois est tombée
entre nos mains [et] nous est présentée avec la
promesse d’une récompense si nous y obéissons et
d’un châtiment si nous y désobéissons »
(EPJS, p. 46). Les saints des derniers jours ont continué à
faire confiance à l’exactitude générale
des textes bibliques tout en sachant que le texte peut ne pas
toujours être correct. Ainsi, ils étudient et vénèrent
la Bible, particulièrement dans le contexte d’autres
Écritures et de la révélation moderne, qui ont
beaucoup à dire à son sujet et sur la façon dont
elle doit être interprétée, et pendant qu’ils
étudient, ils méditent et prient pour recevoir
l’inspiration de Dieu et comprendre les messages de la Bible
tels qu’ils doivent être appliqués à leur
vie (cf. Mro. 10:3-5).
LA PREMIÈRE
PRÉSIDENCE APPROUVE LA LECTURE DE LA BIBLE. Chacun des
présidents de l’Église a encouragé les
saints des derniers jours à lire les Écritures et à
appliquer leurs enseignements à leur vie, comme les Écritures
nous le recommandent aussi (cf. 2 Ti. 3:16 ; 1 Né.
19:23). Exemple de cette importance accordée à la
Bible, en 1983, année déclarée « année
de la Bible » aux États-Unis, les membres de la
Première Présidence de l’Église ont publié
une déclaration énergique à l’appui de la
lecture et de l’application de la Bible : « Nous
recommandons à tous les hommes de partout la lecture, la
méditation et l’application quotidiennes des vérités
divines de la sainte Bible. » Elle a aussi proclamé
l’attitude de l’Église vis-à-vis de la
Bible en disant que « l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours accepte la sainte
Bible comme essentielle à la foi et à la doctrine »
et que l’Église tient à ce qu’on lise la
Bible et qu’on en devienne spécialiste comme le prouve
la publication d’une édition augmentée de la King
James Version. « De plus, ajoutait-elle, la sainte Bible
est chaque année le manuel des classes des adultes, des jeunes
et des enfants dans toute l’Église. »
Dans la même
déclaration, la Première Présidence met en
évidence le rôle et la valeur de la Bible dans la vie
des gens. Elle fait la réflexion que quand « on la
lit avec respect et dans l’esprit de la prière, la
sainte Bible devient un volume inestimable, convertissant l’âme
à la justice. Sa vertu principale est sa déclaration
que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, par qui le salut
éternel peut être donné à tous. »
Elle ajoute la promesse que « quand nous lisons
l’Écriture, nous profitons de ce qu’il y a de
mieux dans la littérature de ce monde » et elle
encourage tout le monde à « aller à la
source de la vérité en sondant les Écritures, en
les lisant chez nous et en enseignant à nos enfants ce que le
Seigneur a dit par l’intermédiaire des passages inspirés
et inspirants de la sainte Bible » (« Déclaration
de la Première Présidence », p. 3).
L’usage que font
les saints des derniers jours de la Bible diffère de la norme
judéo-chrétienne parce qu’elle n’est pas la
source unique d’autorité pour eux (voir Écritures :
Autorité des Écritures). Les saints interprètent
et comprennent la Bible par quatre moyens importants : (1) les
autres Écritures de l’Église qui enrichissent la
compréhension des enseignements bibliques et lui apportent un
contexte ; (2) les déclarations des prophètes et
des apôtres modernes sur la signification de certains passages
bibliques ; (3) la traduction de la Bible par Joseph Smith et
(4) la révélation personnelle par le don du
Saint-Esprit, qui améliore la compréhension des
Écritures. Les saints des derniers jours ne sont donc pas
laissés sans information sur la signification de beaucoup de
passages difficiles qui divisent le monde chrétien tout entier
depuis deux millénaires.
La vision que les saints
ont de la Bible est bien résumée dans la déclaration
de Heber J. Grant, septième président de l’Église,
qui a dit : « Ma vie durant, je n’ai cessé
de trouver de nouvelles preuves de ce que la Bible est le Livre des
livres et que le Livre de Mormon est le plus grand témoin de
la véracité de la Bible qui ait jamais été
publié » (IE 39, nov. 1936, p. 660).
Bibliographie
Anderson, Richard L.
Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
Arrington, Leonard.
Brigham Young : American Moses. New York, 1985.
Barlow, Philip L. mormons
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Ludlow, Daniel H. A
Companion to Your Study of the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Ludlow, Victor L.
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Ludlow, Victor L.
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Matthews, Robert J. A
Bible ! A Bible !. Salt Lake City, Utah, 1990.
McConkie, Bruce R. The
Mortal Messiah. Salt Lake City, 1979.
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Reynolds, Noel B. "The
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Salt Lake City, 1990.
Sperry, Sidney B. Paul’s
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Sperry, Sidney B. The
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Sperry, Sidney B. The
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Talmage, James E. Jésus
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Welch, John W. The Sermon
at the Temple and the Sermon on the Mount. Salt Lake City, 1990.
VICTOR L. LUDLOW
Bible :
Croyance des saints en la Bible
Auteur :
HEDENGREN, PAUL
L’Église
croit à la parole de Dieu contenue dans la Bible. Elle accepte
la Bible « comme le premier de ses livres canoniques, le
premier des livres qui ont été proclamés être
ses guides écrits en foi et en doctrine. Dans le respect sacré
que les saints des derniers jours ont pour la Bible, ils ont la même
position que les confessions chrétiennes en général »
(AF, éd. française, p. 291).
Les saints des derniers
jours chérissent la Bible pour plusieurs raisons. La Bible
présente les révélations de Dieu dans plusieurs
dispensations ou ères, chacune dirigée par des
prophètes. Ils lisent et suivent aussi la Bible pour la valeur
instructive et spirituelle des événements qu’elle
décrit. Bien qu’une partie de l’Ancien Testament
décrive la loi de Moïse dont les saints des derniers
jours croient qu’elle a été accomplie avec
l’expiation du Christ (3 Né. 9:17), néanmoins
les histoires, les commandements, les ordonnances, les proverbes et
les écrits prophétiques de l’Ancien Testament
expriment malgré tout les notions de base de la volonté
de Dieu à l’égard de ses enfants et de la façon
dont ils doivent agir envers lui.
Les saints des derniers
jours vénèrent le Nouveau Testament pour son récit
de la naissance, du ministère, de l’expiation et de la
résurrection du Sauveur, Jésus-Christ. Les
enseignements de Jésus dans le Nouveau Testament constituent
le cœur de la doctrine des saints et leur prééminence
apparaît clairement du fait qu’elles apparaissent
fréquemment dans d’autres ouvrages canoniques de
l’Église et dans les écrits et les discours des
saints.
Les écrits des
apôtres du Nouveau Testament sont acceptés et appréciés
pour leur doctrine et leurs conseils sages et inspirés et pour
leur mise en œuvre de la mission apostolique de proclamer
l’Évangile, d’adhérer aux enseignements
originaux du Christ, d’assurer l’unité de la foi
et de favoriser la justice des croyants dans une Église en
croissance rapide. Les saints des derniers jours trouvent aussi dans
plusieurs épîtres des premiers apôtres des
mentions de l’apostasie (voir Apostasie) qui a rendu nécessaire
le Rétablissement, avertissant les fidèles qu’ils
doivent rester ardents et actifs dans la foi et fidèles à
l’amour de Jésus-Christ.
Malgré leur
dévotion pour la Bible, les saints des derniers jours ne la
considèrent pas comme la source unique d’instruction
religieuse et de conseils personnels. Ils étudient également
les récits des relations de Dieu avec d’autres peuples
antiques comme ceux qui se trouvent dans le Livre de Mormon ainsi que
les enseignements du prophète Joseph Smith et des prophètes
et apôtres actuels (voir Doctrine et Alliances ; Autorités
générales ; Traduction de la Bible par Joseph
Smith [TJS] ; Perle de grand prix). Les saints des derniers
jours considèrent la révélation personnelle
comme la source suprême de l’homme pour comprendre
l’Écriture et connaître la volonté de Dieu.
Quand on les voit comme
harmonieuses entre elles, toutes ces sources se renforcent et
s’éclairent mutuellement et aident le lecteur moderne à
comprendre et à traduire correctement ces textes.
Les saints des derniers
jours croient tout ce que Dieu a révélé. Ils
cherchent à connaître et à appliquer la parole de
Dieu partout où elle a été révélée
en vérité et avec autorité. Ils croient que le
salut est en Jésus-Christ et pas dans une combinaison
quelconque de mots ou de livres. Ils croient en Dieu et en son Fils
Jésus-Christ, dont on peut connaître les paroles et les
voies par une vie d’étude des Écritures, de
service et de prière, et par révélation
personnelle par le pouvoir du Saint-Esprit.
Bibliographie
Matthews, Robert J. A
Bible ! A Bible ! Salt Lake City, 1990.
PAUL HEDENGREN
Bible :
La King James Version
Auteur :
OGDEN, D. KELLY
Dans les divers pays où
elle est installée, l’Église de Jésus-Christ
des saints des derniers jours utilise une traduction de la Bible dans
la langue locale. Dans les régions d’expression
anglaise, elle utilise la King James Version (ou Authorized Version)
(KJV), principalement parce que c’était le texte anglais
de base utilisé par le prophète Joseph Smith et parce
que les dirigeants suivants de l’Église ont approuvé
son utilisation. L’Église ne prétend pas que la
KJV est parfaite, mais elle est actuellement la version anglaise
préférée et elle a été utilisée
dans l’édition de 1979 et dans les impressions
ultérieures de l’édition de l’Église
de la Bible.
Les livres de la Bible
ont été écrits à l’origine en
hébreu, en araméen ou en grec. Il n’existe
aujourd’hui aucun manuscrit biblique original, mais ils ont été
copiés et traduits en beaucoup de langues dans l’Antiquité.
Beaucoup de papyrus et de parchemins anciens sont parvenus jusqu’à
nous. De nombreuses traductions modernes ont été faites
à partir de ces documents.
De 1604 à 1611,
cinquante-quatre savants ont travaillé pour créer la
KJV. Ce n’était pas la première traduction en
anglais. En 1382, John Wycliffe avait traduit la Bible à
partir de la Vulgate latine ; une édition révisée
avait été publiée en 1388. De 1523 à
1530, William Tyndale traduisit le Pentateuque de l’hébreu
et le Nouveau Testament du grec. Plus tard encore dans les années
1500, d’autres traductions apparurent, notamment la Bible
protestante de Genève en 1560 et la Bishop’s Bible en
1568. La première eut du succès auprès des laïcs
et la dernière auprès des évêques
protestants. La Bible catholique de Reims-Douai fut achevée en
1609 (l’Ancien Testament en 1582, le Nouveau Testament en 1609)
sur la base de la Vulgate latine.
Dans le but d’aplanir
les différends entre Anglicans et Puritains, le roi James
chargea un groupe de savants de créer une version de la Bible
dont l’utilisation serait autorisée dans les Églises
anglaises. Ils utilisèrent les meilleurs textes dont ils
disposaient, principalement « le texte reçu du
Nouveau Testament dans les éditions multilingues
(« polyglottes »), présentant les Ancien
et Nouveau Testaments en hébreu et en grec respectivement, et
d’autres langues. La lignée longue et respectée
des Bibles anglaises fut aussi diligemment comparée et
utilisée.
Le résultat,
c’est-à-dire la King James Version, fut publié en
1611. Diverses éditions de la KJV parurent tout au long des
années 1600, ce qui donna lieu à de nombreuses erreurs
d’impression. Les éditions de Cambridge (1762) et
d’Oxford (1769) présentaient un texte révisé,
une orthographe mise à jour, une ponctuation corrigée,
des italiques accrus et des notes marginales changées.
Beaucoup d’autres
versions anglaises ont paru, particulièrement à la
lumière de la découverte d’autres manuscrits
anciens en commençant par la première découverte,
en 1844, par Constantin von Tischendorf au monastère de sainte
Catherine dans la péninsule du Sinaï. Ces traductions ont
généralement essayé de rendre les textes
antiques dans le langage contemporain tout en reflétant,
autant que possible, la forme des manuscrits les plus anciens
disponibles.
Les saints des derniers
jours n’ont pas fait un usage intensif de ces autres
traductions. Beaucoup estiment que la vulgarisation tend à
diluer la nature sacrée de la Bible. Ils trouvent également
que les variantes textuelles antiques sont relativement
insignifiantes, ne changeant habituellement pas les messages
importants de la Bible, dont la plupart sont, de toutes façons,
corroborés ailleurs dans les Écritures modernes.
Bien que la KJV ait été
sa Bible anglaise, Joseph Smith ne la considérait pas comme
une traduction parfaite ou officielle ; c’est pourquoi il
étudia l’hébreu et entreprit la tâche de
faire une révision inspirée des Écritures. Il a
fait la réflexion qu’il préférait certains
aspects de la traduction de Martin Luther (HC 6:307, 364) et
plusieurs autres dirigeants de l’Église au XIXe siècle
ont souligné le besoin d’une plus grande exactitude et
de plus de vérité dans les traductions de la Bible.
Les dirigeants de
l’Église au XXe siècle ont donné diverses
raisons au maintien de l’utilisation de la KJV : c’était
la traduction courante utilisée dans le monde d’expression
anglaise à l’époque du Rétablissement ;
c’est sa terminologie que l’on retrouve dans tous les
ouvrages canoniques ; un grand nombre de passages du Livre de
Mormon, qui sont parallèles à ceux de la Bible, ont été
traduits dans le style anglais de la KJV ; la traduction de la
Bible par Joseph Smith (TJS) était basée sur la KJV,
90 % des versets n’ayant subi aucun changement. Tous les
prophètes modernes ont utilisé la KJV, et son emploi
dans toutes les publications de l’Église a permis de
standardiser les annotations et les index.
Beaucoup considèrent
la KJV comme un chef d’œuvre de la littérature
anglaise. Elle a été appelée « le
monument le plus noble de la prose anglaise » et elle est
certainement la plus influente ; ses traducteurs « ont
montré une grande sensibilité » et le
résultat était « destiné à une
influence et à un accueil extraordinaires »
(Speiser, p. lxxiii-iv). H. L. Mencken l’a louée comme
étant « probablement le plus bel écrit de
toute la littérature du monde » (Paine, p. viii).
La KJV est une traduction
relativement conservatrice. C’est généralement un
point fort, bien qu’elle rende parfois les choses de manière
obscure. De plus, sa langue est maintenant en partie archaïque
et grammaticalement incorrecte par rapport à l’usage
actuel et elle n’est pas logique dans l’orthographe des
noms dans l’Ancien et le Nouveau Testament (par exemple,
Isaiah/Esaias et Elijah/Elias). Des mots identiques dans les
Évangiles synoptiques sont parfois traduits différemment
et certaines fautes d’impression n’ont jamais été
corrigées (par exemple, dans Mt. 23:24, « strain at
a gnat » aurait dû être rendu par « strain
out a gnat »).
Néanmoins, après
avoir étudié plusieurs traductions anglaises modernes,
le Président J. Reuben Clark, fils, conseiller dans la
Première Présidence, a dit en 1956 que La KJV était
« la meilleure version à ce jour »
(Clark, p. 33). Par exemple, il estimait que les traducteurs de la
KJV avaient clairement dépeint Jésus comme étant
le Messie promis et comme Fils de Dieu et acceptait le don de
prophétie, la réalité des miracles et le
caractère unique de l’amour du Christ, alors que les
traductions modernes tendaient à favoriser les explications
naturalistes à l’action divine, préféraient
le mot « signe » à « miracle »
et utilisaient « amour » au lieu de « charité »
et « nommer » au lieu de « ordonner ».
Ses idées ont influencé la plupart des saints des
derniers jours. Bien entendu, toutes les traductions alternatives ne
souffrent pas des problèmes relevés par le président
Clark.
Bibliographie
Barlow, Philip L. mormons
and the Bible, p. 132-62. New York, 1990.
Bruce, F. F. History of
the Bible in English, 3e éd. New York, 1978.
Clark, J. Reuben, Jr. Why
the King James Version. Salt Lake City, 1956.
Daiches, David. The King
James Version of the English Bible. Chicago, 1941.
Metzger, Bruce M. The
Text of the New Testament. New York, 1968.
Paine, G. The Learned
Men, p. viii. New York, 1959.
Speiser, E. Genesis, p.
lxiii-iv. Garden City, N.Y., 1964.
D. KELLY OGDEN
Bible :
Édition de la Bible créée par l’Église
Auteur :
MORTIMER, WILLIAM JAMES
Une édition de la
King James Version de la Bible avec de nouvelles aides à
l’étude a été publiée en 1979 par
l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours après sept années de travail de la part des
dirigeants et des érudits de l’Église. Le but
était de rendre l’étude de la Bible plus
intéressante pour les membres de l’Église en
ajoutant des cartes, des diagrammes, des définitions, des
chapeaux de chapitre, des notes de bas de page et des références
croisées entre les quatre ouvrages canoniques et aussi de
fournir une édition unique de la Bible pour utilisation dans
le programme d’études de l’Église.
Ce projet commença
en 1972, vers le moment où l’étude des Écritures
devint le sujet principal du programme d’études des
adultes de l’Église. Précédemment, les
instructeurs de l’Église s’étaient
principalement appuyés sur des manuels de leçons
composés par des personnes ou des comités. Le travail
fut commandité par la Première Présidence, qui
créa un Comité des Aides à l’étude
de la Bible pour superviser le projet. Ce comité (appelé
plus tard Comité de publication des Écritures) se
composait au départ de Thomas S. Monson, Boyd K. Packer et
Marvin J. Ashton, du Collège des douze apôtres. Ashton
reçut plus tard une autre tâche et Bruce R. McConkie fut
nommé à sa place.
Le comité appela
des savants, des rédacteurs et des spécialistes en
publication de l’université Brigham Young, du
Département d’Éducation de l’Église
et de la Deseret Book Company pour élaborer des aides
orientées sur les saints des derniers jours pour permettre aux
lecteurs de mieux comprendre le texte de la King James. Dès
les premiers temps du projet, la Première Présidence
décida que le texte de la King James serait utilisé tel
quel. Il fut saisi dans une base de données avec le Livre de
Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix. Chaque
verset fut examiné et les sujets et les termes clefs furent
relevés. Des listages d’ordinateur furent créés,
qui comportaient de longues listes de correspondances possibles parmi
lesquelles on choisit les citations utiles. L’accent fut mis
sur les références du Livre de Mormon, des Doctrine et
Alliances et de la Perle de grand prix qui permettaient d’éclaircir
les passages de Bible ainsi que d’abondantes références
croisées à l’intérieur de la Bible. Elles
se retrouvent maintenant dans les notes de bas de page et dans le
Guide par sujet (un index détaillé des sujets et une
concordance modifiée). Un dictionnaire de la Bible, 24 pages
de cartes en couleur et un répertoire complet ont été
ajoutés. Le Dictionnaire de la Bible donne des explications
concises sur des sujets bibliques et ajoute souvent des détails
intéressants pour les saints des derniers jours. De brèves
explications de certains mots ou expressions hébraïques
et grecs furent également incluses comme notes de bas de page,
avec environ 600 passages de la Traduction de la Bible par Joseph
Smith (JST). Les sommaires au début de chaque chapitre de
cette édition de la King James donnent une idée du
contenu doctrinal et historique du chapitre d’un point de vue
mormon.
Le système de
notes de bas de page organise toutes les aides disponibles dans cette
édition de la Bible. Certaines éditions plus anciennes
de la Bible mettent les renvois dans une colonne centrale de la page,
mais ce format limite la quantité de données qu’on
peut y afficher. Un système souple de trois colonnes de notes
de bas de page a été conçu pour chaque page,
avec des appels de note (a, b, c, etc.) prévus verset par
verset selon les besoins. Les notes de bas de page contiennent des
références croisées à d’autres
Écritures, au Guide par sujet et au Dictionnaire de la Bible,
ainsi que des explications sur les idiomes grecs et hébreux et
d’autres éclaircissements.
Une fois que le travail
d’érudition et d’édition fut terminé
au début de 1978, la composition commença. La Cambridge
University Press à Cambridge (Angleterre) fut choisie pour la
composition, parce que cette presse, l’un des premiers
imprimeurs de la King James Version après sa publication en
1611, a été sans interruption occupée à
des publications de la Bible depuis les années 1500. Son
personnel expert joua un rôle d’une valeur inestimable
auprès des membres de l’Église qui travaillaient
avec eux à l’édition de l’exemplaire
destiné à la composition et à la préparation
des pages finales. La composition fut entièrement réalisée
en Monotype hot metal. Chaque page fut préparée de
telle manière que chaque note de bas de page se trouve sur la
même page que le verset auquel elle se rapporte. Pour répondre
aux besoins des programmes du Département d’Éducation
de l’Église, l’équipe s’imposa
septembre 1979 comme date limite pour la livraison des premiers
exemplaires de la Bible. La tâche redoutable de composer et de
paginer 2.423 pages de texte complexe fut menée à bien
en mai 1979 après quinze mois d’efforts intenses.
L’impression et la
reliure furent confiées à la University Press et à
la Publishers Book Bindery de Winchester (Massachusetts), qui
sous-traitèrent une partie du travail à la National
Bible Press à Philadelphie (Pennsylvanie). Ce qui au début
semblait être un délai de production irréalisable
fut accompli et les premiers exemplaires sortirent le 8 août
1979. Beaucoup de saints des derniers jours reconnurent la main de
Dieu dans la réalisation de cette publication monumentale.
Cette édition de
la King James Version de la Bible a renforcé l’intérêt
pour l’étude de la Bible dans toute l’Église.
Elle a permis aux membres d’avoir une compréhension et
une appréciation accrues et approfondies de la Bible en tant
que parole de Dieu. Elle a également démontré
que tous les ouvrages sacrés des saints des derniers jours se
recoupent de nombreuses manières de telle sorte qu’ils
se soutiennent et s’enrichissent mutuellement.
Bibliographie
Anderson, Lavina
Fielding. "Church Publishes First LDS Édition of the
Bible." Ensign 9 (Oct. 1979) :8-18.
Matthews, Robert J. "The
New Publications of the Standard Works-1979, 1981." BYU Studies
22 (Fall 1982) :387-424.
Mortimer, William James.
"The Coming Forth of the LDS Éditions of Scripture."
Ensign 13 (Aug. 1983) :35-41.
Packer, Boyd K.
"Scriptures." Ensign 12 (Nov. 1982) :51-53.
WILLIAM JAMES MORTIMER
Bible
– Érudition biblique
Auteur :
ROBINSON, STEPHEN E.
Les saints des derniers
jours acceptent l’érudition biblique et l’étude
intellectuelle de la Bible. Joseph Smith et ses associés ont
étudié le grec et l’hébreu et ont enseigné
que la connaissance religieuse s’obtient par l’étude
et aussi par la foi (D&A 88:118). Cependant, les saints des
derniers jours préfèrent utiliser l’érudition
biblique plutôt que d’être menés ou dominés
par elle.
Le prophète Joseph
Smith a proposé quelques paramètres généraux
pour l’étude critique de la Bible par les saints :
« Nous croyons que la Bible est la parole de Dieu dans la
mesure où elle est traduite correctement ; nous croyons
aussi que le Livre de Mormon est la parole de Dieu » (8e A
de F). Parce que les saints des derniers jours préfèrent
les prophètes aux savants comme guides spirituels, et
l’inspiration de l’Écriture et le Saint-Esprit au
raisonnement de textes secondaires, l’érudition biblique
joue un rôle plus restreint dans leur spiritualité que
dans certaines confessions.
Un principe de
fonctionnement fondamental des religions « révélées »
est que toute la vérité ne peut pas être
complètement découverte par la seule raison humaine.
Sans l’aide de Dieu, personne ne peut obtenir les données
essentielles, les perspectives convenables et les clefs
d’interprétation pour le connaître (voir Raison et
révélation). Parce qu’ils croient que leur
religion est révélée par les prophètes
vivants de Dieu, les saints des derniers jours subordonnent la raison
humaine à la vérité révélée.
Dans cet ordre d’idées,
les saints des derniers jours ont certaines affinités avec
l’érudition biblique conservatrice catholique et
évangélique contemporaine. Ils acceptent et utilisent
la plupart des résultats objectifs de l’érudition
biblique tels que la linguistique, l’histoire et l’archéologie,
tout en rejetant les thèses naturalistes de la discipline et
ses méthodes et ses théories plus subjectives. Dans les
cas où l’érudition biblique et la religion
révélée sont en conflit, les saints des derniers
jours s’en tiennent aux interprétations de la Bible qui
apparaissent dans les autres Écritures modernes et dans les
enseignements des prophètes actuels.
De ces observations
découlent trois principes de base pour le fonctionnement de
l’érudition biblique chez les saints des derniers
jours :
1. Les manières
d’aborder la Bible doivent accepter l’inspiration et la
révélation divines dans le texte biblique original :
il présente la parole de Dieu et n’est pas simplement
une production humaine. Par conséquent, toute méthodologie
critique qui ignore ou nie implicitement ou explicitement la
participation importante de Dieu au texte biblique est rejetée.
À de rares exceptions près, comme le Cantique des
Cantiques, que Joseph Smith considérait comme non inspiré
(cf. IE 18 mars 1915, p. 389), le texte ne doit pas être traité
d’une manière fondamentalement naturaliste. La
participation de Dieu est considérée comme importante
tant dans les événements eux-mêmes que dans le
processus de leur mise par écrit. Son activité est donc
l’un des effets avec lesquels il faut compter lors de
l’interprétation des événements et dans la
compréhension des textes qui les rapportent.
2. En dépit de
l’inspiration divine, le texte biblique n’est pas exempt
de l’influence du langage humain et n’est pas à
l’abri des influences négatives de son environnement
humain, et il n’y a aucune garantie que les révélations
données aux prophètes antiques aient été
parfaitement préservées (cf. 1 Né.
13:20-27). Ainsi, l’étude critique de la Bible est
justifiée pour expliquer les erreurs humaines dans la
formulation, la transmission, la traduction et l’interprétation
des documents antiques et proposer les corrections qui s’indiquent.
3. Ce genre d’érudition
critique, en plus de reconnaître les origines divines de la
Bible, doit, dans ses conclusions, tenir compte des enseignements du
Livre de Mormon et des autres révélations données
aux prophètes modernes dans les Doctrine et Alliances et la
Perle de grand prix, puisque pour les saints des derniers jours ces
sources ont non seulement la priorité sur les révélations
rapportées dans l’Antiquité (cf. D&A 5:10)
mais aident aussi à interpréter le texte biblique.
Les saints des derniers
jours insistent sur une herméneutique objective, c’est-à-dire
qu’ils affirment que le texte biblique a une signification
précise et objective et que l’intention de l’auteur
originel est à la fois importante et en grande partie
récupérable. Pour cette raison, les savants de
l’Église, comme d’autres conservateurs, se sont
orientés vers les outils plus objectifs de l’érudition
biblique, tels que la linguistique, l’histoire et l’archéologie
– tout en reconnaissant que ces outils eux-mêmes doivent
être évalués de manière critique –
et ont généralement évité les méthodes
plus subjectives de la critique littéraire.
Les commentateurs mormons
de la Bible les plus influents sont James E. Talmage, Bruce R.
McConkie, Sidney B. Sperry et Hugh W. Nibley, bien que l’œuvre
de Talmage ait été accomplie avant beaucoup de
découvertes importantes et que celle de McConkie se soucie
moins de faire de l’exégèse critique que de
comprendre le Nouveau Testament au sein de l’ensemble de la
doctrine de l’Église.
Bibliographie
Anderson, Richard L.
Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
McConkie, Bruce R.
Doctrinal New Testament Commentary, 3 vols. Salt Lake City,
1965-1973.
Nibley, Hugh W. Collected
Works of Hugh Nibley. Salt Lake City, 1986-.
Sperry, Sidney B. Paul’s
Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
Sperry, Sidney B. The
Voice of Israel’s Prophets. Salt Lake City, 1961.
Sperry, Sidney B. The
Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
Talmage, James E. Jésus
le Christ. Salt Lake City, 1915.
STEPHEN E. ROBINSON
But
de la vie sur terre
Cette rubrique se compose
de deux articles : But de la vie sur terre : Perspective
des Saints – traite de la compréhension que les saints
ont du but de la vie. But de la vie sur terre : Perspective
comparative – contraste la compréhension des saints avec
celle des grandes religions du monde.
But
de la vie sur terre : Perspective des saints
Auteur :
BELL, JAMES P.
Les prophètes
modernes ont affirmé le but de la vie dans le cadre de trois
questions : (1) D’où venons-nous ? (2)
Pourquoi sommes-nous ici ? (3) Qu’est-ce qui nous attend
dans l’au-delà ? Le contexte scripturaire de ces
questions est l’assurance que l’âme est éternelle
et que la terre a été créée pour que la
famille de Dieu y habite.
Tous les hommes et femmes
ont vécu comme êtres d’esprit dans un état
prémortel et tous sont la postérité spirituelle
de Dieu (Abr. 3:21-22). Dans le monde en question, Dieu a enseigné
à toute sa famille ses plans et ses buts. « Lors de
la première organisation dans le ciel, nous étions tous
présents et nous avons vu choisir et nommer le Sauveur et
établir le plan de salut et nous l’avons sanctionné »
(EPJS, p. 145). Tous les enfants d’esprit de Dieu ont acquis
divers degrés d’intelligence et de maturité. Ceux
qui ont volontairement souscrit aux conditions de la vie ici-bas ont
été incarnés et soumis à la lumière
du Christ « qui éclaire tout homme qui vient au
monde » (D&A 93:2). Pour que la vie terrestre puisse
être une épreuve, un voile d’oubli a été
tiré sur notre ancienne vie.
Dans la condition
mortelle, six buts au moins sont ouverts à l’humanité :
1. Recevoir un corps,
dont les expériences et la maturation, et la résurrection
permanente finale, sont essentielles au perfectionnement de l’âme.
« Nous sommes venus sur cette terre afin d’avoir un
corps et de le présenter pur devant Dieu dans le royaume
céleste » (EPJS, p. 145 ; voir Corps
physique ; Résurrection).
2. Progresser dans la
connaissance et développer des talents et des dons (voir
Intelligence). « Si vous voulez aller là où
est Dieu, vous devez être comme Dieu ou posséder les
principes que Dieu possède, car si nous ne nous approchons pas
de Dieu par le principe, nous nous éloignons de lui et nous
dirigeons vers le diable » (EPJS, p. 174).
3. Être mis à
l’épreuve. « Nous les mettrons ainsi à
l’épreuve, dit le livre d’Abraham, pour voir s’ils
feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera »
(Abr. 3:25). Dans la condition mortelle, on connaît des
contrastes et des opposés – la santé et la
maladie, la joie et le chagrin, les bénédictions et les
problèmes – et on apprend ainsi à apprécier
le bien. « Adam tomba pour que les hommes fussent, et les
hommes sont pour avoir la joie » (2 Né. 2:25).
Cette joie, comme B. H. Roberts, des soixante-dix, l’a écrit,
n’est possible que « si on a sondé les
profondeurs de l’âme, éprouvé toutes les
émotions dont l’esprit est capable, testé toutes
les qualités et toute la force de l’intellect »
(Roberts, p. 439 ; voir Joie ; Condition mortelle ;
Souffrance dans le monde).
4. Remplir et accomplir
les missions et les appels qui ont été donnés ou
préordonnés (voir Préordination ; Vie
prémortelle). Les saints des derniers jours disent souvent de
la vie terrestre qu’elle est un second état et font
allusion à la promesse donnée à et par
l’intermédiaire d’Abraham que « ceux
qui gardent leur second état [c.-à-d., réalisent
les buts de la condition mortelle] recevront plus de gloire sur leur
tête pour toujours et à jamais » (Abr. 3:26).
5. Exercer le libre
arbitre sans souvenir de l’existence prémortelle et donc
« marcher par la foi » et voir « renouvelées
et confirmées les réalités prévues dans
le monde d’esprit » (voir Libre arbitre ; Foi
en Jésus-Christ).
6. Poser les fondements
de relations familiales éternelles, d’abord comme fils
et filles, puis comme pères et mères. La famille unie
est l’épitomé de la vie accomplie et sainte (voir
Mariage : Mariage éternel).
La vie à venir est
le prolongement et l’accomplissement du séjour sur
terre : entrer et vivre pour toujours en la présence de
Dieu. Mais la mise à l’épreuve ne finit pas avec
la mort. Pas plus que les occasions d’entendre, accepter et
appliquer les vérités et les pouvoirs du Christ. En
effet, Joseph Smith a enseigné que même pour les
fidèles, « il n’est pas question de saisir
tout cela dans ce monde ; ce sera une grande œuvre que
d’apprendre notre salut et notre exaltation même au-delà
de la tombe » (EPJS, p. 282). Il a ajouté que quand
l’esprit est séparé du corps, le processus est
quelque peu freiné, d’où l’importance
d’utiliser, pour la rédemption, le temps tandis que l’on
est dans la condition mortelle et la folie de remettre à plus
tard son repentir et son renouvellement.
Dans tout cela, la
continuité de la vie précédente avec celle-ci et
ensuite de cette vie avec la prochaine est clairement enseignée.
La tendance de beaucoup de religions, orientales et occidentales, à
diviser la vie en deux mondes et à affirmer qu’ils sont
absolument distincts et différents est inversée. La vie
est changement, transformation et exaltation. La condition mortelle
est une répétition générale en vue du
prochain monde. Là, la lumière, la gloire et la
domination seront conférées dans leur plénitude
à ceux qui ont accompli les paroles de la vie éternelle
dans ce monde et sont donc préparés pour la vie
éternelle dans le monde à venir.
Bibliographie
Roberts, B. H. "Modern
Revelation Challenges Wisdom of Ages to Produce More Comprehensive
Conception of the Philosophy of Life." Liahona the Elders’
Journal 20, 8 mai 1923, p. 433-439.
JAMES P. BELL
But
de la vie sur terre : Perspective comparative
Auteurs :
SMITH, HUSTON et PETERSON, DANIEL C.
Les religions ont
tendance à présenter la vie comme ayant un sens quand
elle se conforme à un plan cosmique, un plan qui est soit
intentionnellement institué par Dieu soit est le fait d’un
cosmos qui est divin d’origine. Pour les saints des derniers
jours, l’Écriture tout entière parle d’un
cosmos dont l’ordre est voulu par Dieu. Dans ce contexte, les
Écritures modernes soulignent les thèmes entremêlés
de l’importance cruciale du corps physique, des épreuves,
de l’expérience de l’opposition, du caractère
éternel de la famille et de la vision de la joie et de la
gloire à l’image de Dieu (voir But de la vie sur terre :
Perspective des Saints).
Les autres conceptions
vont dans deux directions. Pour certains, s’il n’y a pas
de Dieu et si le sort ultime de toute vie humaine est l’annihilation
personnelle, la vie n’a pas de sens. C’est la position,
par exemple, d’Arthur Schopenhauer. Les existentialistes, qui
affirment, de manière générale, que les humains
créent leur propre sens dans un univers athée et
objectivement absurde, prennent une position semblable. D’autres,
notamment certains naturalistes et humanistes, soutiennent que la vie
est valable même si les prétentions des religions au
surnaturel sont fausses. Les marxistes, par exemple, affirment qu’une
société calculée, sinon un cosmos ayant un sens,
émerge comme une entité objective sous l’action
des processus inexorables de l’histoire.
Certains penseurs
affirment que la vie a un sens même si ce sens est enveloppé
de mystère. L’hédonisme affirme que l’on ne
peut pas répondre aux questions sur le sens ultime des choses
et que par conséquent il faut les ignorer et plutôt
calculer un maximum de plaisir et un minimum de souffrance. Le
confucianisme a tendance à ne pas aborder cette question. Il
affirme l’existence d’un ordre spirituel qui est
antérieur et supérieur à l’ordre social,
mais se concentre sur les questions relatives aux choses de ce bas
monde. Beaucoup de versions du judaïsme adoptent la même
approche, croyant que la vie à venir est secondaire par
rapport à la tâche de créer et de maintenir une
communauté sanctifiée dans ce monde et d’envisager
un jour où, pour employer les termes d’une prière
hébraïque vénérable, « le monde
sera rendu parfait sous le règne du Tout-Puissant ».
Les saints des derniers
jours voient la vie comme un processus en trois étapes :
une existence prémortelle, mortelle et postmortelle. Toutes
les étapes sont essentielles à l’épanouissement
et au perfectionnement de soi, ce qui est l’œuvre et la
gloire de Dieu. On peut caractériser le processus comme étant
à la fois de ce monde et hors du monde (voir Dieu le Père :
Œuvre et gloire de Dieu ; Condition mortelle ;
Préexistence (Existence préterrestre) ;
Résurrection).
Le « mythe de
la caverne » de Platon dépeint la condition humaine
comme un asservissement à de fausses croyances et à des
illusions que le vrai philosophe vise à dépasser. Dans
le Phédon, Socrate dit que le philosophe « est sans
cesse occupé à poursuivre la mort et à mourir ».
Le sage aspire à la séparation de son âme et de
son corps, à l’absence de maladie, de fatigue et des
tromperies des sens et à sa libération dans un monde de
contemplation intuitive. Le gnosticisme, un mouvement apparenté
au platonisme, avait la notion de la chute et de l’ascension
espérée d’une âme divine, mais niait
fréquemment le caractère bon de l’univers
physique et de la Divinité qui l’avait fait. Au XIIIe
siècle, Thomas d’Aquin a proposé l’énoncé
classique de la position catholique que le but le plus élevé
de l’homme, même dans ce monde matériel, est « la
vie contemplative », qui sera rendue parfaite après
la mort. Le bonheur des saints consistera en une « vision »
intellectuelle de l’essence divine, pas une vision des yeux,
mais une vision de l’esprit. Les Écritures modernes
affirment à la fois la vie de l’intelligence, définie
comme la lumière et la vérité, et la rédemption
de l’âme, définie comme étant l’esprit
et le corps. Le but de la vie n’est pas l’évasion
mais la transformation – de l’homme, de la communauté
et du cosmos.
Dans les grandes
traditions religieuses de l’Asie orientale et méridionale,
Dieu (ou les dieux) a parfois un rôle marginal. L’hindouisme
enseigne que le désir humain le plus profond est l’infinité,
l’existence, la connaissance et la joie sans fin. On doit donc
rechercher le « mukti », la libération
d’avec la finitude et les limitations qui semblent être
l’état normal de l’humanité. Le mot
« semblent » est crucial parce que l’hindouisme
insiste sur le fait que derrière les personnalités
individuelles et finies se trouve l’Atman-Brahman, la Divinité
elle-même. Les hommes et les femmes sont déjà
infinis ; la libération consiste simplement – bien
que ce ne soit pas aussi simple ! –¬ à
reconnaître ce fait. Le bouddhisme, sorti du terreau hindou et
souvent considéré comme une sorte de réforme de
la religion plus ancienne, confirme essentiellement ce diagnostic de
la condition humaine, bien que ses formes non théistes
diffèrent dans la manière dont il explique la nature
humaine. Le Bouddha (le titre vient d’un mot signifiant en gros
« être illuminé ») disait que le
problème humain fondamental est le désir d’être
séparé et que le but de la vie est l’extinction
de ce désir, permettant ainsi aux hommes et aux femmes de
surmonter, dans cette vie ou une série de vies, les désirs
égoïstes qui sont la source principale de leurs
souffrances et de leur misère. La pensée mormone
rejette et la réincarnation et la théorie de la
souffrance humaine comme illusoires (voir Réincarnation ;
Souffrance dans le monde).
La notion que le but de
la vie est la libération de l’âme n’est pas
étrangère aux religions de la tradition abrahamique,
notamment celle des saints des derniers jours, bien qu’elle ne
soit pour ainsi dire jamais devenue le paradigme dominant.
L’affirmation des Écritures hébraïques que
Dieu a déclaré le cosmos matériel « bon »
est restée la norme. Pour cette raison, entre autres, les
pensées chrétienne, musulmane et juive traditionnelles
s’accordent pour considérer que le Dieu infiniment bon
est directement responsable de la situation générale
dans laquelle les êtres humains se trouvent. Mais aucune
tradition ne souligne plus que celle des saints que chaque être
humain s’est « soumis volontairement »
aux conditions de la vie ici-bas (EPJS, p. 262 ; cf. D&A
93:30-31 ; voir aussi Théodicée). Les saints des
derniers jours s’accordent de même pour dire que l’union
finale avec Dieu n’implique aucune perte de l’identité
individuelle finie, mais plutôt une relation avec lui.
L’opinion
chrétienne généralement acceptée est
exprimée par le Westminster Shorter Catechism de 1647, qui
déclare que « le but principal de l’homme est
de glorifier Dieu et de jouir de lui pour toujours ». Dieu
nous a créés pour acquérir de la gloire, ce qui
n’était pas de la vanité de sa part puisqu’il
mérite entièrement cette gloire au contraire des êtres
humains – et récompensera ceux qu’il sauve en les
faisant jouir de sa présence. On peut comparer ceci à
la position de la tradition islamique qui attribue à Dieu les
mots : « J’étais un trésor caché
mais je souhaitais être connu, c’est pourquoi j’ai
créé le monde. » Le but des êtres
humains dans l’islam est donc de se soumettre (aslama) à
la volonté de Dieu et de le glorifier par leurs actes. Le
judaïsme et l’islam sont étroitement apparentés
dans l’accent qu’ils mettent sur la loi et la bonne
conduite et dans leur déclaration que l’obéissance
aux commandements de Dieu est le but de la vie. Toutefois le judaïsme
diffère de l’islam dans sa croyance que la gamme
complète des commandements divins (mitzvoth) n’incombe
qu’aux juifs, les non-juifs n’étant soumis qu’aux
quelques « préceptes noachiques » de
base. Par contre, l’islam insiste sur le fait que les exigences
de Dieu sont identiques pour tous les êtres humains. « Je
n’ai créé les djinns et les hommes, dit Allah
dans le Coran, que pour m’adorer. »
Certains penseurs
protestants ont affirmé que les êtres humains existent
pour manifester les attributs divins, pour incarner dans leur propre
vie imparfaite quelque chose de la gloire de Dieu. On trouve une idée
semblable dans la déclaration du catéchisme catholique
de Baltimore que « Dieu nous a faits pour montrer sa bonté
et pour partager avec nous son bonheur éternel au ciel ».
Les Écritures modernes affirment que Dieu partagera non
seulement ses dons et son état béni mais aussi sa
nature divine (voir Déification, Premiers chrétiens).
Mais les formes catholiques et protestantes de christianisme
s’éloignent l’une de l’autre ; pour la
première, les objectifs de Dieu pour l’humanité
se réalisent idéalement dans une vie de culte
sacramentel et liturgique, tandis que la dernière met l’accent
sur l’acceptation de la grâce gratuite du Christ. Les
saints des derniers jours affirment qu’une vie de sainteté
est impossible sans accès à la grâce du Christ,
l’obéissance librement consentie aux alliances, lois et
ordonnances divinement données dans lesquelles l’expiation
et la grâce du Christ se manifestent et ensuite le don de soi
par une consécration totale comme disciple.
Bibliographie
Palmer, Spencer J. et
Roger R. Keller. Religions of the World : A Latter-day Saint
View. Provo, Utah, 1989.
Romney, Thomas C. World
Religions in the Light of Mormonism. Independence, Mo., 1946.
DANIEL C. PETERSON
HUSTON SMITH
C
Catholicisme
et Mormonisme
Auteurs :
BENNEY, ALFRED et KELLER, ROGER R.
Les catholicismes romain
et orthodoxe sont basés sur la même tradition
théologique. Ils se ressemblent du point de vue doctrinal et
ont des enseignements qui diffèrent du mormonisme.
DIEU. Les Églises
catholique et orthodoxe croient que Dieu est le Créateur de
l'univers et que Dieu est trinitaire, que les personnes du Père,
du Fils et du Saint-Esprit existent simultanément en une seule
nature divine. Pour sa part, la doctrine des saints des derniers
jours est trithéiste ; elle est subordinationiste. Le
Fils est subordonné au Père et le Saint-Esprit « est
envoyé par la volonté du Père par
l’intermédiaire de Jésus-Christ, son Fils ».
Les deux traditions catholiques enseignent que Dieu est un mystère
qui se révèle lui-même et dont la manifestation
parfaite est en Jésus-Christ, qui est présent dans le
monde dans l'Église. Les saints des derniers jours affirment
que Jésus-Christ a une nature distincte et est une entité
séparée du Père, et que de même que
Jésus-Christ était et est visible, incarné et
glorifié, de même en est-il du Père (voir
Doctrine : Enseignements distinctifs).
LE CHRIST. Selon la
croyance catholique, Jésus est né d'une vierge et est
« le Fils incarné de Dieu ». À la
fois Dieu et homme, il est le « Sauveur du monde ».
Pour des saints des derniers jours, le Christ n'était pas,
n'est pas maintenant et ne sera jamais uni ni en nature ni en
substance au Père. Son unité avec le Père est
spirituelle en objectif et en volonté. Jésus, dans la
croyance des saints, est le Fils unique du Père dans la chair.
Il est entré dans la condition mortelle, sujet à
progression, et a accompli la volonté du Père comme
modèle, sauveur et médiateur. Il n'a obtenu tout
pouvoir sur terre et dans les cieux que quand il a reçu la
plénitude de la gloire du Père (voir Divinité).
L’EXPIATION. Dans
les deux traditions catholiques, l’expiation du Christ permet
d'accéder à la grâce salvatrice. La
mort-résurrection du Christ est l'événement
sauveur et la croix, le symbole du salut. Pour les saints des
derniers jours, l'expiation de Jésus-Christ a été
une descente au-dessous de toutes choses afin de l’élever
au-dessus de tout. Il a souffert « selon la chair »
parce qu’il n’aurait pu d’aucune autre façon
connaître l'angoisse du péché et de l’état
du pécheur, donner l’exemple de l'amour rédempteur
et réconcilier la justice et la miséricorde.
L'Expiation réunit l'homme à Dieu par la sanctification
et la résurrection. Tout ce que le Christ a reçu du
Père, l’homme peut le recevoir du Père par le
Christ. Cette transformation est apparentée à la
conception que l’Église orthodoxe a de la théose.
Le but de l’appartenance à l’Église est de
devenir, par le Christ, l'image et la ressemblance de Dieu (voir
Expiation de Jésus-Christ ; Déification chez les
premiers chrétiens).
AUTORITÉ. Les
catholiques croient que Jésus a accordé son autorité
pastorale à Pierre, qui est ainsi devenu le premier « Vicaire
du Christ » et chef de l'Église et que cette
autorité d’enseigner et de sanctifier a été
transmise dans une succession ininterrompue dans l'institution de la
Papauté. L'Église orthodoxe considère que Pierre
était le premier d’entre des égaux, par
conséquent les patriarches ont une autorité égale.
Ils attribuent également une autorité spéciale
aux sept premiers conseils œcuméniques. Les saints des
derniers jours croient que Pierre détenait les clefs de
l'autorité apostolique, qui avaient également été
conférées aux douze apôtres. Les pouvoirs de la
prêtrise ne sont pas indélébiles mais
inséparablement liés à la justice. La perte des
clefs complètes de la prêtrise fut due à
l’absence de transmission. Leur réapparition aujourd’hui
s’est faite sous les mains de Pierre, Jacques et Jean (voir
Prêtrise d'Aaron : Rétablissement). Tout homme
digne dans l'Église doit recevoir l'ordination à la
prêtrise avec l'autorité d’accomplir des
ordonnances salvatrices et tout père doit fonctionner comme
patriarche de sa famille.
ÉCRITURE. Pour les
catholiques et les orthodoxes, l'Ancien et le Nouveau Testament sont
« la source inépuisable de la foi chrétienne ».
Le canon est fermé. Pour les saints des derniers jours, le
canon reste ouvert. L'Écriture est le réceptacle des
paroles des prophètes prononcées sous l'inspiration. Il
n'y a pas de révélation finale. La révélation
est permanente. Ni les Écritures ni la théologie
naturelle ne remplacent « les oracles vivants »
(voir Expérience religieuse ; Révélation ;
Écriture).
ÉGLISE. Le
catholicisme romain et le catholicisme orthodoxe voient dans l'Église
une « communion des saints ». Le Saint-Esprit
anime l'Église par la grâce, en lui donnant le pouvoir
de continuer l’œuvre du Christ dans l'histoire. C'est une
communauté de salut où l’on prêche
l'Évangile et où l’on reçoit les
sacrements. Les saints des derniers jours croient que le
rétablissement de la prêtrise supérieure s’est
accompagné de trois éléments perdus par l'Église
du Nouveau Testament : (1) la structure organisationnelle et les
offices qui s’y rapportent, dont un collège de douze
apôtres ; (2) l'esprit de prophétie et tous les
dons spirituels et (3) le temple avec ses ordonnances et ses
pratiques essentielles (voir Dons de l'Esprit ;
Organisation ;
Temples). Les catholiques affirment que la grâce est centrée
sur le don gratuit de Dieu offert par l’intermédiaire du
Christ dans les sacrements et est infusée à l'âme.
Le baptême est essentiel au salut. Tous les sacrements sont les
moyens nécessaires pour obtenir la grâce requise pour le
salut. Les rites ou les ordonnances mormons sont des processus de
nouvelle naissance spirituelle dans lesquels les pouvoirs du divin se
manifestent. Tout le monde les reçoit et toutes les
ordonnances sont essentielles au salut, depuis le baptême
jusqu’aux ordonnances supérieures du temple. Leur
efficacité exige les formes appropriées, l'autorité
de personnes ordonnées dans la prêtrise et la foi et le
repentir de la personne. Il y a des degrés de salut et la
plénitude du salut ou exaltation exige la totalité des
ordonnances (voir Baptême ; Confirmation ; Dotation ;
Ordonnances du temple).
EUCHARISTIE. Pour les
deux traditions catholiques, l'eucharistie est un sacrement dans
lequel le corps et le sang réels de Jésus sont
physiquement présents, c'est-à-dire, la réalité
salvatrice du Seigneur. L'acte liturgique de consécration est
un vrai sacrifice dans lequel, par transsubstantiation, les éléments
du pain et du vin deviennent le corps et le sang du Christ. Les
orthodoxes associent le geste du prêtre dans cette liturgie à
la vénération pour les icônes, qui représentent
leur prototype, qui est le Christ. Les saints des derniers jours
voient dans la Sainte-Cène le souvenir du corps et du sang du
Christ. La sanctification vient de l'Esprit et se produit chez les
bénéficiaires qui se présentent le cœur
brisé et l’esprit contrit (voir Sainte-Cène).
MARIAGE ET FAMILLE. Bien
que le catholicisme romain et le catholicisme orthodoxe considèrent
le célibat comme un idéal spirituel, le mariage est un
sacrement accompagné de grâce qui symbolise le lien
entre le Christ et l'Église. Pour les catholiques c'est un
contrat pour toute la vie et ils ne permettent pas le divorce. Les
saints des derniers jours enseignent que la glorification éternelle
de la famille et de la communauté des familles dans l'Église
est la possibilité spirituelle la plus élevée
qui soit. De même que le grand prêtre qui officiait dans
le temple autrefois était marié et que les apôtres
étaient mariés, de même aujourd'hui le mariage
est une ordonnance supérieure que les autres préparent.
Le renforcement et l'amour de la famille de l'homme, qui est en fin
de compte la famille de Dieu, est l’œuvre et la gloire
propres à une vie de sainteté. Une fois scellées
et sanctifiées par l'autorité de la prêtrise, les
alliances, les relations et les devoirs de la condition de parents
continuent dans l’autre monde (voir Célibat ;
Mariage : Mariage éternel).
Tout en honorant Marie,
les saints des derniers jours n'ont aucun équivalent de la
doctrine de l’immaculée conception, de la virginité
perpétuelle ni de l'assomption de Marie, ni de la vénération
orthodoxe des icônes. Il y a d'autres enseignements des saints
qui diffèrent profondément de l'enseignement catholique
traditionnel : une modification de la compréhension
classique de l'omnipotence et de l'omniprésence de Dieu,
l'existence prémortelle des esprits de toute l'humanité,
l'affirmation que l'esprit est une matière raffinée, la
Chute comme quelque chose de planifié, de volontaire et
d’essentiel à la progression de l'âme au milieu
des contrastes et de l'opposition, la dénégation du
péché originel et le refus du baptême des petits
enfants, la nature universelle de l'alliance abrahamique et le
remplacement de la distinction ciel-enfer par l'enseignement des
degrés de gloire dans la résurrection.
Bibliographie
Florovsky, Georges.
Bible, Church, Tradition : An Eastern Orthodox View. Belmont,
Mass., 1972.
McBrien, Richard P.
Catholicism, Study Edition. San Francisco, 1981.
McManners, John, dir. de
publ. The Oxford Illustrated History of Christianity. New York, 1990.
Patrinacos, Rev. Nicon D.
A Dictionary of Greek Orthodoxy. Pleasantville, N.Y., 1984.
Rahner, Karl, et Herbert
Vorgrimler. Dictionary of Theology. New York, 1981.
ALFRED BENNEY
ROGER R. KELLER
Chasteté,
loi de
Auteur :
CHRISTENSEN, BRYCE J.
Dans la loi de chasteté,
le Seigneur commande la retenue dans l’exercice des pouvoirs
sexuels et procréateurs du corps. Comme révélé
dans l’Écriture, cette loi interdit tous rapports
sexuels en dehors du mariage. Les autorités de l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours condamnent
également les actes sexuels pervers ou coercitifs dans le
mariage.
« Tu ne
commettras point d’adultère » déclare
le Seigneur dans le Décalogue (Ex. 20:14). Ailleurs dans
l’Écriture, il interdit la fornication, l’homosexualité,
l’inceste et la bestialité (Ex. 22:16 ; Lé.
18:6-23). Enseignant dans l’Ancien et le Nouveau Monde, Jésus
a dénoncé l’impudicité en pensée
comme dans les actes (Mt. 5:27-28 ; 3 Né. 12:27-28).
Le Seigneur affirme dans le Livre de Mormon qu’il se
« réjoui[t] de la chasteté des femmes »,
condamnant l’infidélité des maris comme étant
une offense à l’égard des femmes et des enfants
(Jcb. 2:28 ; 31-35). Le prophète Abinadi condamne les
prêtres du roi Noé pour relations avec des prostituées
et pour refus de vivre et d’enseigner la loi de Moïse qui
interdit l’adultère (Mos. 12:29 ; 13:22). Alma
l’Ancien enseigne à son fils, Corianton, que le péché
sexuel est « extrêmement abominabl[e] par-dessus
tous les péchés, si ce n’est l’effusion du
sang innocent ou le reniement du Saint-Esprit » (Alma
39:5). Mormon déplore la dégénérescence
totale des soldats qui violent les prisonnières, leur
ravissant « ce qu’elles avaient de plus cher et de
plus précieux, la chasteté et la vertu »
(Mro. 9:9).
Dans la révélation
moderne, les dirigeants de l’Église sont tenus
d’excommunier les adultères s’ils refusent de se
repentir. Les Doctrine et Alliances condamnent les désirs
adultères comme étant un reniement de la foi,
disqualifiant les coupables de la compagnie de l’Esprit (D&A
42:23-26 ; 63:16). Le prophète Joseph Smith a vu en
vision que les adultères et les fornicateurs non repentants
seront avec les menteurs et les sorciers dans le royaume téleste
(D&A 76:103).
Les dirigeants de
l’Église ont à maintes reprises insisté
sur l’obéissance à la loi de chasteté.
Dans une déclaration officielle en 1942, la Première
Présidence a promis « les exaltations des
éternités » à ceux qui restent
chastes, déplorant l’immoralité sexuelle,
destructrice des personnes et des nations. « La doctrine
de l’Église, a-t-elle dit, est que le péché
sexuel – les relations sexuelles illicites entre hommes et
femmes – ne le cède, dans son énormité,
qu’au meurtre. Le Seigneur n’a fait aucune distinction
essentielle entre la fornication, l’adultère et la
fréquentation des prostituées ou la prostitution.
Chacun est tombé sous sa condamnation solennelle et terrible »
(CR 112, oct. 1942, p. 10-12). Les violations sexuelles profanent ce
qui est saint, notamment les pouvoirs de procréation qui nous
sont donnés par Dieu, la sainteté de la vie, du mariage
et de la famille. David O. McKay a dit que la chasteté est
« la partie la plus essentielle des fondements d’un
mariage heureux et… la source de la force et de la
perpétuation du genre humain » (CR 137, avr. 1967,
p. 8). Les dirigeants de l’Église ne reconnaissent
qu’une seule règle de chasteté pour les hommes et
les femmes. Parlant en 1980, Spencer W. Kimball a affirmé :
« La chasteté totale avant le mariage et la
fidélité totale après sont toujours la norme
dont on ne peut s’écarter sans qu’il y ait péché,
malheur et chagrin » (CR 150, oct. 1980, p. 4).
La loi de chasteté
s’applique non seulement au comportement mais également
à l’habillement, à la parole et à la
pensée. Il est recommandé aux saints des derniers jours
de s’habiller de manière pudique, d’utiliser un
langage digne en parlant des fonctions corporelles et de cultiver des
pensées vertueuses. En conséquence, ils doivent éviter
tout ce qui est pornographique dans la littérature, le cinéma,
la télévision et la conversation. Bien que beaucoup en
dehors de l’Église considèrent la masturbation
comme normale, les dirigeants de l’Église enseignent que
la pratique est mauvaise, qu’elle alimente des appétits
vils et peut mener à d’autres comportements pécheurs.
De même, les couples non mariés qui se livrent à
des caresses intimes violent la loi de chasteté et stimulent
des pulsions qui peuvent mener à d’autres péchés.
La chasteté
favorise la paix et la confiance personnelles (voir D&A 121:45).
Parlant expressément de l’impudicité, Alma écrit
que « la méchanceté n’a jamais été
le bonheur » (Alma 41:10). L’Église enseigne
que ceux qui se rendent coupables d’infidélité
perdent l’Esprit du Seigneur et attirent sur eux-mêmes et
leur famille la jalousie, le chagrin, la colère et la
méfiance.
Les personnes coupables
d’impudicité peuvent recevoir le pardon par un repentir
complet. Parce que l’impudicité viole les vœux du
baptême et les vœux explicites du temple, les coupables
pénitents doivent confesser ce genre de péché à
leur évêque, leur président de branche ou tout
autre dirigeant compétent de l’Église. Après
avoir examiné la transgression dans l’esprit de la
prière, le dirigeant de l’Église peut –
particulièrement dans les cas d’adultère, de
fornication ou d’homosexualité – réunir une
commission disciplinaire pour aider le transgresseur par le repentir
et pour protéger l’intégrité de l’Église.
Selon l’offense et la maturité spirituelle du
contrevenant, la commission disciplinaire peut excommunier,
disqualifier, mettre à l’épreuve ou acquitter la
personne.
Les commissions
disciplinaires exigent habituellement des transgresseurs qu’ils
demandent pardon aux personnes qu’ils ont entraînées
dans le péché sexuel et aux conjoints trahis par
l’infidélité. Les transgresseurs doivent aussi
demander pardon à Dieu en réformant leur vie, en
abandonnant les actes et les pensées impudiques. Dieu promet
qu’il ne se rappellera pas les péchés de ceux qui
se repentent entièrement (És. 1:18 ; D&A
58:42-43). Cependant, la récidive peut faire revenir le poids
de l’ancien péché (D&A 82:7) et avoir des
conséquences plus graves (D&A 42:26).
Vivre la loi de chasteté
n’est pas synonyme d’ascétisme. Il s’agit
plutôt de « tenir toutes [s]es passions en bride,
afin d'être rempli d'amour » (Alma 38:12). Dans le
mariage, l’intimité physique renforce le lien voulu par
Dieu entre le mari et la femme. En protégeant l’âme
contre l’esprit charnel, la chasteté sauvegarde les
joies du mariage dans cette vie et l’exaltation dans la vie à
venir. Seuls ceux qui sont moralement purs peuvent entrer dans le
temple, où les saints des derniers jours font solennellement
alliance de rester chastes de manière à pouvoir
recevoir la plus grande bénédiction de Dieu, la vie
éternelle (D&A 14:7). En recevant les ordonnances du
temple et en restant dignes, le mari et la femme peuvent accéder
à une union parfaite scellée par le Saint-Esprit de
promesse, réalisant ainsi un mariage qui dure au-delà
de la tombe, ayant en bénédiction une progéniture
d’esprit dans les éternités (D&A 132:19 ;
cf. 131:1-4).
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. The
Teachings of Ezra Taft Benson, p. 277-86. Salt Lake City, 1988.
Kimball, Spencer W. The
Miracle of Forgiveness, p. 61-89. Salt Lake City, 1969.
McKay, David O. Gospel
Ideals, p. 458-76. Salt Lake City, 1953.
BRYCE J. CHRISTENSEN
Chrétiens
et christianisme
Auteur :
KELLER, ROGER R.
L’origine du mot
« chrétien » dans le Vieux Monde est
obscure. Il a probablement été utilisé pour la
première fois par les païens d’Antioche pour
désigner ceux qui suivaient le Christ. Cependant, vers la fin
du premier siècle apr. J.-C., c’était un mot que
les membres de l’Église acceptaient pour parler
d’eux-mêmes comme le montrent les écrits d’Ignace
(v. 35-v. 107 apr. J.-C.). Le mot est utilisé trois fois dans
le Nouveau Testament (Ac. 11:26 ; 26:28 ; 1 Pi. 4:16).
Dans le Nouveau Monde (le
monde du Livre de Mormon), il y avait un terme semblable pour
désigner les membres de l’Église (Mos. 18:12-17 ;
Al. 46:13-16 ; 48:10). « Chrétien »
désignait ceux qui étaient « de vrais
croyants au Christ » et qui étaient « heureux
de prendre sur eux le nom du Christ, ou de chrétiens comme on
les appelait, à cause de leur croyance au Christ qui allait
venir » (Al. 46:15). Ici le terme « chrétien »
désignait ceux qui croyaient que le Christ viendrait, et pas
seulement, comme dans le Nouveau Testament, ceux qui croyaient qu’il
était venu.
Le terme d’abord
utilisé par les chrétiens du Vieux Monde pour se
désigner fut sans doute le mot grec haguioï, signifiant
les « saints ». Les saints des derniers jours
ont adopté cette désignation du Nouveau Testament (Ac.
9:13 ; 32, 41 ; Ro. 1:7 ; 1 Co. 1:2 ; Ph. 1:1).
On retrouve cette terminologie dans le Livre de Mormon (1 Né.
13:5, 9 ; 14:12, 14 ; 2 Né. 9:18-19 ; Mrm.
8:23 ; Mro. 8:26), les Doctrine et Alliances (1:36 ;
84:2 ;
88:114 ; 104:15) et la Perle de grand prix (Moï. 7:56).
L’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours ne se considère
pas comme une confession chrétienne de plus, mais plutôt
comme le rétablissement par Dieu, dans les derniers jours, de
la plénitude de la foi et de la pratique chrétiennes.
C’est ainsi que, dès les tout premiers temps, les
chrétiens saints des derniers jours ont cherché à
se distinguer des chrétiens d’autres traditions. Ils
considèrent que les autres formes de christianisme, quoique
contenant beaucoup de vérité et faisant beaucoup de
bien sous la direction du Saint-Esprit, sont incomplètes,
dépourvues de l’autorité de la prêtrise de
Dieu, des ordonnances du temple, de la compréhension complète
du plan du salut et de la compréhension non paradoxale de la
Divinité. Par conséquent, la désignation
« saint » reflète l’attachement à
l’Église du Nouveau Testament et indique également
une différence par rapport au christianisme catholique,
orthodoxe et protestant dans la dispensation actuelle.
En réponse à
cela, et pour diverses autres raisons, certains chrétiens
catholiques, orthodoxes et protestants ont été
réticents à appliquer le terme « chrétien »
aux saints des derniers jours. L’une de ces raisons est que
ceux-ci affirment que c’est dans l’Église que se
trouve la seule ligne d’autorité établie par
Dieu. Si cette autorité divine n’a pas été
transmise après la mort des premiers apôtres, la
Sainte-Cène, les ordinations, les formulations de croyance et
les structures ecclésiastiques des autres groupes chrétiens
sont dépourvues de la sanction divine. Pour beaucoup de
chrétiens traditionnels, cette prise de position place les
saints des derniers jours en dehors de la famille chrétienne
telle que définie par certaines confessions de foi et
ordonnances admises.
De plus, les saints des
derniers jours affirment que Dieu a parlé et s’est
manifesté non seulement aux personnes des temps bibliques,
mais également au peuple du Livre de Mormon, et qu’il
continue à parler aujourd’hui à son peuple par la
révélation. C’est ainsi qu’ils ne sont pas
toujours considérés comme des « chrétiens
bibliques » quand ce terme exige la croyance que le canon
de l’Écriture est complet dans la Bible. Pour les
mormons, Dieu est toujours le Dieu de la révélation
continue, ce qui signifie que les credo ne sont pas définitifs.
Il n’est pas de confession, ni même l’ensemble des
confessions, qui puisse englober complètement le dynamisme de
Dieu. Il faut l’écouter et ses paroles doivent être
mises par écrit pendant qu’il continue à nous
guider divinement par la révélation. Par conséquent,
le canon des saints des derniers jours est ouvert ; les Doctrine
et Alliances deviennent un réceptacle officiel et ouvert pour
les révélations qui affectent toute l’Église ;
et des révélations continuent à être
données aux prophètes, aux voyants et aux révélateurs
vivants de l’Église, pour être communiquées
aux membres.
Les saints des derniers
jours considèrent que les chrétiens, au sens le plus
large du terme, sont ceux qui basent leurs croyances sur les
enseignements de Jésus et qui ont une relation personnelle
avec lui. Selon cette définition, ils reconnaissent les
catholiques romains, les catholiques orthodoxes, les protestants et
les saints des derniers jours comme chrétiens, étant
bien entendu que le christianisme des saints des derniers jours est
la plénitude rétablie de l’Évangile du
Christ. La vie des saints des derniers jours est leur affirmation de
leur foi chrétienne. Comme l’a dit Brigham Young :
« Si nous ne sommes pas à l’image du Christ
nous ne sommes pas chrétiens » (Watson).
Le christianisme
traditionnel subordonne souvent la qualité de chrétien
à l’acceptation de certaines croyances et de certains
dogmes. Comme les saints des derniers jours n’acceptent pas
certains dogmes extra-scripturaires, en particulier ceux qui portent
la marque philosophique d’un enseignement chrétien
ultérieur au Nouveau Testament, certains, dans d’autres
Églises, estiment que les saints des derniers jours ne peuvent
pas être chrétiens. Ils ne sont pas « orthodoxes »
dans ce sens. Mais pour les mormons, les croyances correctes
(orthodoxie) et les comportements corrects (orthopraxie) sont ceux
qui sont conformes à la volonté révélée
du Seigneur. Certains des malentendus entre les communautés
traditionnelles et les saints des derniers jours relèvent du
point de savoir si, pour être chrétien, l’on doit
d’abord croire aux dogmes traditionnels pour mener « une
vie chrétienne correcte ».
Il y a, dans le Livre de
Mormon, une définition qui décrit bien le christianisme
des saints des derniers jours : « Et nous parlons du
Christ, nous nous réjouissons dans le Christ, nous prêchons
le Christ, nous prophétisons concernant le Christ, et nous
écrivons selon nos prophéties, afin que nos enfants
sachent vers quelle source ils peuvent se tourner pour obtenir la
rémission de leurs péchés » (2 Né.
25:26). Le Christ et son sacrifice expiatoire sont, depuis le
commencement, le message de base de l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours. Le Christ a été
le message central de tous les prophètes et apôtres
modernes. Ils savent que les prophètes de l’Ancien
Testament ont prévu sa venue, que les apôtres du Nouveau
Testament l’ont prêché et ont témoigné
de lui, que les prophètes du Livre de Mormon l’ont
annoncé, et les Doctrine et Alliances présentent sa
parole à notre génération. Jésus-Christ
est le Seigneur vivant de l’Église. Hors de lui il n’y
a pas de salut.
Le président
Kimball a déclaré : « Il ne peut y
avoir de christianisme réel et vrai, même avec de bonnes
œuvres, que si nous sommes profondément, intimement
convaincus que Jésus-Christ est véritablement le Fils
unique du Père qui nous a achetés dans le grand acte de
l’Expiation » (Kimball, p. 68). Il a également
exprimé l’espoir que tout le monde finira par se rendre
compte que chaque prière, chaque cantique, chaque sermon chez
les saints a le Seigneur Jésus-Christ pour élément
central. « Nous sommes de vrais disciples de Jésus-Christ
et nous espérons que le monde arrivera finalement à la
conclusion que, s’il y a des chrétiens dans le monde,
c’est bien nous » (Kimball, p. 434).
Bibliographie
Gealy, F. D. "Christian."
In The Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 1, p. 571-572.
Nashville, Tenn., 1962.
Grundmann, Walter.
"Chiro." Theological Dictionary of the New Testament, Vol.
9, p. 27-580. Grand Rapids, Mich., 1964-1974.
Kimball, Edward L., dir.
de publ. The Teachings of Spencer W. Kimball. Salt Lake City, 1982.
Watson, Eldon J., comp.
Brigham Young Addresses, Vol. 4, p. 5 pour le 14 juillet 1861. Non
publié, mars 1980.
ROGER R. KELLER
Collège
des douze apôtres
Auteur :
NELSON, WILLIAM O.
Douze hommes ordonnés
à l’office d’apôtre dans la Prêtrise
de Melchisédek constituent le Collège des douze
apôtres, le deuxième collège président
dans le gouvernement de l'Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours. Le premier collège président
est la Première Présidence, trois grands prêtres
qui ont généralement été apôtres,
qui détiennent toutes les clefs (autorité) concernant
les affaires spirituelles et temporelles de l'Église. Les
Douze exercent leurs fonctions sous la direction de la Première
Présidence. Les saints des derniers jours soutiennent ces
quinze hommes comme prophètes, voyants et révélateurs
pour l'Église, qui reçoivent « une dotation
spirituelle spéciale en rapport avec l’enseignement
qu’ils donnent au peuple…. Les autres Autorités
générales ne reçoivent pas cette Dotation et
cette autorité spirituelles spéciales couvrant leur
enseignement » (J. Reuben Clark, Jr., Church News, 31
juillet 1954, p. 9).
Plusieurs titres
désignent le groupe des douze apôtres : Collège
des Douze, Conseil des Douze ou simplement les Douze. La désignation
Collège des Douze est le titre scripturaire et le nom officiel
utilisé par la Première Présidence quand elle
présente les Douze aux membres de l'Église pour leur
vote de soutien. La désignation Conseil des Douze est
couramment utilisée dans les publications de l’Église
et lorsque l’on communique avec des personnes d'autres cultes
religieux.
HISTOIRE. Les premiers
membres du Collège des Douze dans les temps modernes ont été
ordonnés le 14 février 1835. Ce type de collège
a ses racines dans le précédent du Nouveau Testament
(Mt. 10:1) et dans la révélation moderne (D&A
18:26-39). Après l'expédition du Camp de Sion de 1834,
le prophète Joseph Smith convoqua en 1835 ceux qui avaient
participé et révéla que « c'était
la volonté de Dieu que ceux qui étaient allés en
Sion, bien décidés à donner leur vie…
fussent ordonnés au ministère » (HC 2:182).
Il dit alors aux Trois Témoins du Livre de Mormon (Oliver
Cowdery, David Whitmer et Martin Harris) de choisir dans l'esprit de
la prière les Douze conformément à une
révélation précédente (D&A 18:37). La
Présidence imposa ensuite les mains aux Trois Témoins,
leur donnant le pouvoir de faire le choix (HC 2:186-87). Furent
choisis : Thomas B. Marsh, David W. Patten, Brigham Young, Heber
C. Kimball, Orson Hyde, William E. McLellin, Parley P. Pratt, Luke S.
Johnson, William B. Smith, Orson Pratt, John F. Boynton et Lyman E.
Johnson. Ces douze hommes furent ensuite ordonnés apôtres
par les Trois Témoins et reçurent les clefs relatives à
leur saint appel. La Première Présidence leur fit aussi
l’imposition des mains et confirma ces bénédictions
et ces ordinations (T&S 2, 15 avr. 1845, p. 868). Oliver Cowdery
donna ensuite aux Douze la mission de « prêcher
l'Évangile à toutes les nations » (HC
2:195).
Un mois plus tard, les
Douze, qui se préparaient à prêcher, demandèrent
encore d'autres instructions divines. La réponse fut une
révélation qui définissait leurs fonctions et
celles du collège récemment formé des
soixante-dix (voir D&A 107:21-39). Les fonctions premières
du Collège des Douze sont d'être « les
témoins spéciaux du nom du Christ dans le monde
entier » « officie[r] au nom du Seigneur, sous
la direction de la présidence de l'Église »
« pour édifier l'Église et en régler
toutes les affaires » et « ouvrir la porte [de
toutes les nations] par la proclamation de l'Évangile de
Jésus-Christ » (D&A 107:23, 33, 35 ; cf.
112:16-21 ; 124:128).
Joseph Smith chargea les
membres du Collège des Douze de gérer les branches
dispersées de l'Église. Plus tard, il les envoya en
mission de prosélytisme dans des pays étrangers. En
1840-1841, neuf des Douze firent une mission spéciale dans les
îles Britanniques. Quand ils quittèrent la
Grande-Bretagne après douze mois, plus de quatre mille
personnes étaient devenues membres de l’Église.
Ces neuf frères jetèrent aussi les bases d’un
programme continu d’émigration des saints britanniques
convertis vers l’Amérique (voir Îles Britanniques,
l'Église dans les ; Mission des Douze dans les îles
Britanniques.)
Le succès
missionnaire en Grande-Bretagne unit les membres des Douze en un
collège soudé sous la direction du président du
collège, Brigham Young, nommé le 19 janvier 1841. Quand
ils retournèrent au siège de l’Église à
Nauvoo (Illinois), Joseph Smith étendit leurs devoirs à
la gestion des affaires du pieu là-bas.
Vers la fin mars 1844,
Joseph Smith conféra au Collège des Douze toutes les
ordonnances, clefs et autorité qu'il possédait.
Décrivant cet événement, Wilford Woodruff dit
que Joseph Smith « a vécu jusqu'à ce que
chaque clef, pouvoir et principe de la sainte prêtrise aient
été scellés sur les Douze et sur le président
Young en tant que leur président. » Il cite ensuite
l'explication et l'injonction du prophète aux Douze :
« J'ai vécu jusqu'à ce que j'aie vu ce
fardeau, qui reposait sur mes épaules, passer sur celles
d'autres hommes… les clefs du royaume sont plantées sur
la terre pour ne plus jamais être enlevées… À
vous d’arrondir les épaules pour emporter le royaume.
Peu importe ce qu’il advient de moi » (JD 13:164).
Après que des
émeutiers eurent assassiné Joseph Smith, le 27 juin
1844, et que la Première Présidence eut été
dissoute, l'Église affronta pour la première fois la
question de la succession à la présidence. La confusion
qui en résulta fut résolue quand le Collège des
Douze, second collège président, s’avança
et fut soutenu pour succéder à la Première
Présidence. De juin 1844 à décembre 1847, les
Douze gouvernèrent l'Église sous la direction de leur
président, Brigham Young. En leur qualité de collège
président, ils publièrent, en 1845, une proclamation
aux rois du monde et au président des États-Unis
d'Amérique (voir Proclamations de la Première
Présidence et du Collège des douze apôtres). Le
président Young fut soutenu, le 5 décembre 1847, comme
président de l'Église par les Douze et par les saints
réunis en conférence le 27 décembre 1847.
Cette transition dans la
direction de l’Église a créé le précédent
et l’ordre qui ont été suivis lors de toutes les
réorganisations ultérieures de la Première
Présidence. À la mort d'un président de
l’Église, la Première Présidence est
dissoute et le Collège des Douze devient le conseil président
de l'Église. Le président des Douze, qui est le doyen
des apôtres sur la terre, devient l’officier président
de l'Église et le reste jusqu'à ce qu'une nouvelle
Première Présidence soit organisée.
Un événement
d’une grande importance pour les Douze se produisit à la
fin du mandat du président Lorenzo Snow en 1901. Pendant plus
de cinq décennies jusque là, les Douze avaient passé
moins de temps à porter l'Évangile aux autres nations à
cause de la nécessité de présider les saints au
pays. En outre, les poursuites engagées par le gouvernement
des États-Unis contre les polygames avaient contraint certains
d'entre eux à l'exil. Peu avant la conférence générale
d'octobre 1901, le président Snow rappela aux Douze que les
Écritures leur imposaient le devoir de prêcher
l'Évangile au monde entier ; il ne suffisait pas de
présider les pieux (Juvenile Instructor 36, nov. 1901, p.
689-690.)
À la session
finale de cette conférence, le président Snow définit
les devoirs des apôtres, des soixante-dix, des grands prêtres
et des anciens. Les Douze devaient « s'occuper des
intérêts du monde » (CR oct. 1901, p. 61). Le
président Snow décéda quatre jours après
la conférence, mais les Douze avaient reconnu l'importance de
ses instructions. Joseph F. Smith, président du Collège,
écrivit : « Nous acceptons ce que [le
président Snow a dit] sur les devoirs des Douze… comme
étant la parole que le Seigneur nous adresse à tous »
(Juvenile Instructor 36, nov. 1901, p. 690). En conséquence,
les Douze renouvelèrent leur effort missionnaire
international. Depuis cette époque, sur directive de la
Première Présidence, les Douze ont consacré
beaucoup de pays à la prédication de l'Évangile
et continuent à superviser l'œuvre missionnaire dans
toute l'Église.
NOMINATION. Un membre de
Collège des Douze est choisi par la Première
Présidence, qui peut envisager plusieurs candidats. La
présidence choisit alors une personne par révélation
et l'appelle au poste. Ceci implique essentiellement les mêmes
principes que le choix de Matthias pour remplir la vacance laissée
par la mort de Judas Iscariot (Ac. 1:15-26).
Quand une nouvelle
nomination au Collège doit être annoncée
(habituellement à une conférence générale),
un membre de la Première Présidence présente les
noms des Autorités générales, dont le nouvel
apôtre, et des autres dirigeants généraux de
l'Église qui doivent être soutenus par les membres de
l’Église. Le soutien respecte le principe du
consentement commun (D&A 26:2).
Après que les
membres de l'Église ont soutenu la personne nouvellement
appelée, la Première Présidence et le Collège
des Douze l'ordonnent à l’office d'apôtre et lui
donnent toutes les clefs du saint apostolat. Ce sont les mêmes
clefs que Jésus-Christ a conférées aux Douze
qu’il a appelés à l’époque du
Nouveau Testament et également les mêmes clefs remises
par Pierre, Jacques et Jean à Joseph Smith et à Oliver
Cowdery dans notre dispensation. Les clefs données au nouvel
apôtre comprennent l'autorité de prêcher
l'Évangile dans le monde entier et de sceller sur terre des
ordonnances qui seront scellées éternellement (Mt.
16:19 ; 28:19-20 ; Jn. 20:22-23).
Les appels au Collège
des Douze sont à vie. La date à laquelle une personne
devient membre du collège (habituellement celle de son soutien
en tant qu'apôtre) situe son ancienneté dans le Collège.
Celle-ci détermine qui sera le prochain président de
l'Église, car cet office passe au doyen des apôtres. Cet
ordre divinement révélé désigne l'apôtre
le plus expérimenté comme futur président et
empêche toute lutte pour le pouvoir ou le poste (voir
Succession à la présidence).
DEVOIRS. Conformément
aux révélations antérieures, les Douze
d’aujourd'hui sont chargés d’ouvrir les nations du
monde à la prédication de l'Évangile (D&A
107:35). Par désignation de la Première Présidence,
les membres des Douze rencontrent les chefs d'État pour
obtenir la permission officielle pour que l'Église enseigne
l'Évangile conformément aux lois de ces pays.
Quand ils agissent sous
la direction de la Première Présidence, les Douze ont
l'autorité pour recevoir la révélation pour
leurs tâches, qui comprennent la supervision des soixante-dix,
celle des pieux et la formation des dirigeants (D&A 107:33).
Toutefois, seul le président de l'Église a le droit et
l'autorité de recevoir la révélation pour toute
l'Église (D&A 28:2-3).
Les membres des Douze
font partie de comités créés par la Première
Présidence et d’autres au sein du Collège. Les
tâches au sein des comités font l’objet d’une
rotation périodique.
Le Collège des
Douze dirige le travail des soixante-dix. Les Douze doivent
« faire
appel, avant tous autres, aux Soixante-dix, lorsqu'il[s ont] besoin
d'aide » (D&A 107:38). Les présidents des
collèges des soixante-dix font rapport aux Douze.
Les Douze se réunissent
dans le temple de Salt Lake City, habituellement chaque semaine, pour
traiter toutes les affaires qui réclament une décision
du Collège. Une fois ces décisions prises, celui-ci les
défère normalement à ses réunions avec la
Première Présidence. Ces deux corps constituent
ensemble le Conseil de la Première Présidence et des
douze apôtres. Ce conseil prend les décisions finales
sur tous les sujets qui affectent l'Église, notamment les
nouveaux appels de dirigeants de l’Église, la fixation
des règles, des marches à suivre et des programmes, la
création, la division et la réorganisation des missions
et des pieux. Les collèges de la prêtrise de l’Église
s’efforcent de parvenir à l'unanimité dans leurs
décisions, comme le demande la révélation (D&A
107:27). Le Collège des Douze ne prend aucune mesure tant
qu’un consensus n’est pas atteint. Le président
des Douze reporte habituellement le sujet pour un nouvel examen.
L'unanimité dans les collèges présidents de
l'Église donne aux membres l’assurance que « la
voix unie de la Première Présidence et des Douze »
« n’égarera jamais les saints ni n’enverra
au monde des instructions contraires à la volonté du
Seigneur » (Joseph Fielding Smith, Ensign 2, juillet 1972,
p. 88).
La Première
Présidence charge les membres des Douze et les autres
Autorités générales de parler aux conférences
générales semestrielles de l'Église, mais ne
leur impose normalement pas de sujet. Les membres de la Première
Présidence et les Douze parlent à chaque conférence
générale ; les autres Autorités générales
parlent périodiquement quand elles sont désignées.
Les membres de l'Église considèrent les messages de la
Première Présidence et des Douze comme inspirés
(D&A 68:4).
Chaque pieu a des
conférences semestrielles de pieu. Une Autorité
générale préside habituellement l’une de
ces conférences par an sur désignation par le président
du Collège des Douze. À cause du nombre considérable
et croissant des pieux, les membres des Douze ne sont généralement
désignés pour assister aux conférences de pieu
que pour organiser de nouveaux pieux, pour diviser les pieux
existants ou pour réorganiser des présidences de pieu.
Le président du
Collège charge aussi les membres du Collège d’assister
aux conférences là où plusieurs pieux se
réunissent ensemble. Ces conférences multirégionales
donnent aux membres de l’Église l’occasion de voir
et entendre plus souvent les membres de la Première Présidence
et des Douze.
Les membres des Douze
sont les « témoins spéciaux » du
nom de Jésus-Christ dans le monde entier ; ils possèdent
la connaissance, par révélation, de la résurrection
littérale du Christ et celle qu'il dirige les affaires de son
Église aujourd'hui. Cette conviction commune unit les Douze
dans un lien d'unité et d'amour.
Bibliographie
Allen, James B., et
Malcolm R. Thorp. « The Mission of the Twelve to England,
1840-41: Mormon Apostles and the Working Classes. » BYU
Studies 15, été 1975, p. 499-526.
Esplin, Ronald K., « The
Emergence of Brigham Young and the Twelve to Mormon Leadership,
1830-1841 », p. 427-512. Thèse de Doctorat,
université Brigham Young, 1981.
Larsen, Dean L. « Apostle
and Prophet : Divine Priesthood Callings. »
Priesthood, p. 38-47. Salt Lake City, 1981.
McConkie, Bruce R.
“Succession in Presidency.” Church News, 23 mars 1974, p.
7-9.
Smith, Joseph Fielding.
“The Holy Apostleship.” DS, vol. 3, p. 144-159.
Id. “The Twelve
Apostles.” IE 59, nov. 1956, p. 786-788.
Id. “The First
Presidency and the Council of the Twelve.” IE 69, nov. 1966, p.
977-979.
Talbot, Wilburn D. “The
Duties and Responsibilities of the Apostles of The Church of Jesus
Christ of Latter-day Saints, 1835-1945.” Thèse de
doctorat, université Brigham Young, 1978.
WILLIAM O. NELSON
Commandements
Auteur :
COONS, DIX S.
Les saints des derniers
jours croient que les commandements sont des directives divines pour
une vie juste, qu’ils apportent le bonheur et des bénédictions
spirituelles et temporelles et qu’ils font partie de la manière
de Dieu de racheter ses enfants et de les doter de la vie éternelle.
Par conséquent, les commandements constituent non seulement
une épreuve de la foi, de l’obéissance et de
l’amour pour Dieu et pour Jésus-Christ mais également
une occasion d’éprouver l’amour de Dieu et de la
joie dans cette vie et dans la vie à venir. Les commandements
sont donnés par révélation directement de la
part de la Divinité ou par ses prophètes. Les comptes
rendus de ces révélations se trouvent dans les
Écritures, qui comprennent la Bible, le Livre de Mormon, les
Doctrine et Alliances, et la Perle de grand prix.
Le 6 avril 1830, lors de
l’organisation de l’Église, Joseph Smith fut
désigné comme voyant, traducteur, prophète,
apôtre et ancien. À cette occasion, le Seigneur dit à
l’Église : « Vous prêterez
l’oreille à toutes ses paroles [de Joseph Smith] et à
tous les commandements qu’il vous donnera à mesure qu’il
les reçoit, marchant en toute sainteté devant moi. Car
vous recevrez sa parole, en toute patience et avec une foi absolue,
comme si elle sortait de ma propre bouche » (D&A
21:4-5 ; cf. D&A 1:37-38 ; 5:10 ; 68:34). Sur la
base de ces instructions, les membres de l’Église
acceptent les instructions justes de ceux qui sont autorisés
par Dieu comme des commandements faisant force de loi sur l’Église
et sur les personnes.
En 1831, le Seigneur
redit à l’Église le « premier et
grand » commandement (cf. Mt. 22:37-38) : « C’est
pourquoi, je leur donne un commandement qui dit ceci : Tu
aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de tout ton
pouvoir, de tout ton esprit et de toute ta force ; et tu le
serviras au nom de Jésus-Christ » (D&A 59:5).
Cette répétition fut suivie des injonctions divines
précédemment données de ne pas voler, ne pas
commettre d’adultère ni de tuer (D&A 59:6).
Dans les Doctrine et
Alliances, la section 42, que le Seigneur appelle la « loi
de l’Église » (D&A 42:2, 59), les versets
19-27 réaffirment beaucoup d’instructions qui se
trouvent dans les dix commandements. Ces commandements de base ont
été réitérés lors de dispensations
ou ères successives, essentiellement sous la même forme
(Ex. 20:3-17 ; De. 5:6-21 ; Mos. 12:34-36 ; D&A
42:19-27 ; cf. Mt. 5:17-48).
À l’époque
de l’Ancien Testament, comme l’accent était mis
sur l’interdiction de certains actes extérieurs, on
insistait apparemment davantage sur les conséquences de la
désobéissance que sur la rédemption spirituelle
et physique par l’obéissance (voir Loi de Moïse).
Le Nouveau Testament et le Livre de Mormon mettent au contraire
l’accent sur le processus purificateur de l’obéissance.
Le Christ a bien dit que les commandements devaient concerner non
seulement les actes des hommes et des femmes mais également
leurs pensées et leurs mobiles. Dans le sermon sur la
montagne, il oppose l’ancienne loi et la nouvelle. Par exemple,
il définit le fait de regarder une femme avec convoitise dans
le cœur comme un type d’adultère (Mt. 5:28). Se
mettre en colère contre son prochain, c’est se mettre en
danger du jugement (Mt. 5:21-22). Plutôt que de chercher
vengeance et l’ « oeil pour oeil », les
disciples de Jésus doivent tendre l’autre joue et faire
le deuxième mille (Mt. 5:38-42). Pour résumer la
nouvelle loi, le Christ dit : « Vous avez appris
qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain,
et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos
ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à
ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent
et qui vous persécutent… Soyez donc parfaits, comme
votre Père céleste est parfait » (Mt.
5:43-44, 48 ; cf. 3 Né. 12:43-48).
Aux auditeurs du
continent américain qui avaient survécu à la
destruction de 34 apr. J.-C., le Christ ressuscité a expliqué
le rapport entre la loi et l’Évangile : « Ne
croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ;
je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le
dis en vérité, pas un seul iota, pas un seul trait de
lettre n’est passé de la loi, mais en moi elle a été
toute accomplie. Et voici, je vous ai donné la loi et les
commandements de mon Père, afin que vous croyiez en moi, et
que vous vous repentiez de vos péchés et veniez à
moi, le cœur brisé et l’esprit contrit. Voici,
vous avez les commandements devant vous, et la loi est accomplie »
(3 Né. 12:17-19). La nouvelle loi du Christ exige
clairement que ce ne soient pas seulement les actes extérieurs
mais également les pensées et les sentiments intérieurs
qui se conforment à l’esprit de la loi (cf. Al.
12:12-14 ; D&A 88:109).
Dans l’Église
d’aujourd’hui, le Seigneur a souligné que parmi
ses commandements il y a la responsabilité de l’individu
de se gérer personnellement : « Car voici, il
n’est pas convenable que je commande en tout, car celui qu’il
faut contraindre en tout est un serviteur paresseux et sans
sagesse ;
c’est pourquoi il ne reçoit pas de récompense. En
vérité, je le dis, les hommes doivent œuvrer avec
zèle à une bonne cause, faire beaucoup de choses de
leur plein gré et produire beaucoup de justice. Car ils ont en
eux le pouvoir d’agir par eux-mêmes » (D&A
58:26-28). Quand la « loi de l’Église »
fut donnée en 1831 (D&A 42), cette responsabilité
individuelle fut également soulignée : « Tu
aimeras ta femme de tout ton cœur, et tu t’attacheras à
elle et à personne d’autre » (42:22), et « Tu
ne médiras pas de ton prochain et tu ne lui feras aucun tort »
(42:27). Plus tard, le Seigneur dit : « Tu aimeras
ton prochain comme toi-même. Tu ne déroberas pas et tu
ne commettras pas d’adultère, ni ne tueras, ni ne feras
rien de semblable » (D&A 59:6). Il est évident
que Dieu exige que l’on soit conscient de son libre arbitre et
accorde effectivement à chacun le pouvoir de se diriger. Quand
on vit en accord avec les commandements et que l’on devient de
ce fait plus sensible aux chuchotements du Saint-Esprit, les
observances extérieures deviennent moins importantes et l’on
accorde plutôt son attention à la perfection des pensées
et des mobiles.
C’est ainsi que les
saints des derniers jours trouvent l’épanouissement et
le bonheur dans l’obéissance non seulement à des
commandements spécifiques tels que la Parole de Sagesse (D&A
89) et la loi de la dîme (D&A 119) mais également
aux recommandations que les dirigeants inspirés font lors des
conférences de l’Église et dans les sources
écrites approuvées telles que les publications
officielles de l’Église.
Bibliographie
Richards, Stephen L.
"Keep the Commandments." IE 52, mai 1949, p. 273, 345-348.
Sill, Sterling W. "Keep
the Commandments." Ensign 3, janv. 1973, p. 82-83.
DIX S. COONS
Confirmation
Auteur :
Craven, Rulon G.
La
confirmation dans l'Église
de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est une
ordonnance sacrée essentielle au salut. Cette ordonnance suit
le baptême par immersion pour la rémission des péchés
et n'est efficace que par la foi au Seigneur Jésus-Christ et
le repentir. Elle est conférée par l’imposition
des mains par des hommes ayant l'autorité, dont l'un accomplit
l'ordonnance et bénit le candidat. C’est de cette façon
qu’on devient membre de l'Église et que l’on
reçoit le don du Saint-Esprit (Actes 2:37-38;19:1-7). Le
baptême et la confirmation sont pour les personnes qui ont au
moins huit ans, l'âge de responsabilité (D&A
68:25-27).
La pratique de l'ordonnance de
la confirmation est attestée
dans les Écritures à l'époque du Nouveau
Testament. Lorsqu’ils allèrent à Samarie et y
trouvèrent des disciples qui avaient reçu le baptême
d’eau de Jean, Pierre et Jean « leur imposèrent
les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit » (Actes
8:17; voir aussi les versets 14-22).
La confirmation ne peut être
faite que par ceux qui
détiennent la Prêtrise de Melchisédek. Le Livre
de Mormon rapporte que Jésus « toucha, un par un,
de la main les disciples qu'il avait choisis, jusqu'à ce qu'il
les eût touchés tous, et leur parla tandis qu’il
les touchait. [Ainsi] il leur donna le pouvoir de donner le
Saint-Esprit » (3 Né 18:36-37 ; Mro. 2:1-3).
Les Doctrine et Alliances spécifient : « Quiconque
aura la foi, vous le confirmerez dans mon Église par
l'imposition des mains, et je lui conférerai le don du
Saint-Esprit » (D&A 33:15).
L'ordonnance de la
confirmation est habituellement accomplie
lors du service de baptême ou lors d’un service de
Sainte-Cène. Un ou plusieurs détenteurs de la Prêtrise
de Melchisédek posent les mains sur la tête du nouveau
baptisé et le porte-parole, appelant la personne par son nom,
dit quelque chose comme : « Au nom de Jésus-Christ
et par l'autorité de la sainte Prêtrise de Melchisédek,
je vous confirme membre de l'Église de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours et je vous dis : ‘Recevez le
Saint-Esprit.’ » Il donne ensuite les bénédictions
que lui inspire l’Esprit du Seigneur, invoquant les conseils
divins, prononçant des paroles de réconfort, des
exhortations, des instructions ou des promesses. Il est souvent
rappelé aux initiés que, grâce à ce don,
ils discerneront le bien du mal et que l'Esprit les éclairera
en chemin.
La réception du don du
Saint-Esprit peut ou peut ne pas
être manifeste immédiatement, bien que le droit de
recevoir ce don soit conféré à la confirmation.
L'exhortation à recevoir le Saint-Esprit implique qu’il
faut vivre de manière à être réceptif aux
lumières de l'Esprit. Joseph Smith a enseigné :
« Nul ne peut recevoir le Saint-Esprit sans recevoir des
révélations. Le Saint-Esprit est un révélateur »
(EPJS, p. 265). On est de même exhorté à
rechercher avec ferveur les dons spirituels (1 Co. 12:1-11, 31; D&A
46:9-26) et « les fruits de l'Esprit »,
notamment l'amour, la joie, la paix et la patience (Ga. 5 ; Mro.
7:45-48).
Les Écritures appellent
parfois l'influence sanctifiante
du Saint-Esprit le « baptême de feu » (Mt
3:11; 3 Né 19:13; Mrm. 7:10). La confirmation commence ce
processus. Il est considéré comme une recherche qui
dure toute une vie, recherche officiellement renouvelée chaque
sabbat quand on prend la Sainte-Cène, dont les prières
se terminent en demandant que ceux qui ont pris sur eux le nom de
Jésus-Christ « aient toujours son Esprit avec eux »
(Mro. 4:3).
Une fois qu’une personne a été
confirmée
membre de l'Église et a reçu le don du Saint-Esprit,
elle peut conserver ce don en restant digne, en apportant les
correctifs nécessaires, dans un processus constant de repentir
et de fidélité.
RULON G. CRAVEN
Consécration
[Les deux articles
suivants traitent de la notion mormone de consécration.
Consécration : Loi de Consécration, donne un
aperçu de l’origine et de la pratique des principes de
la consécration chez les saints des derniers jours. L’article
Consécration : Consécration en Ohio et au
Missouri, traite spécialement des efforts des saints pour
vivre ces principes et de l’impact économique qui en est
résulté pour les communautés de saints qui ont
été florissantes dans ces États entre 1832 et
1846.]
Consécration :
Loi de consécration
Auteur :
HIRSCHI, FRANK W.
La loi de consécration
a été introduite par des révélations
données au prophète Joseph Smith. Dès 1829, il
recevait du Seigneur le commandement : « Cherchez à
promouvoir et à établir la cause de Sion »
(D&A 6:6 ; 11:6 ; 12:6 ; 14:6). Dans l’Antiquité,
la Sion d’Hénoc était constituée d’un
peuple qui « était d’un seul cœur et
d’un seul esprit, et [qui] demeurait dans la justice ; et
il n’y avait pas de pauvres en son sein » (Moï.
7:18). Ces qualités ont caractérisé le peuple du
Seigneur qui a accepté et appliqué la plénitude
de l’Évangile dans sa vie, comme le peuple de la ville
d’Hénoc (Moï. 7:17-18) et l’âge d’or
des Néphites (4 Né. 1:2-3, 15-17) et certains des
premiers chrétiens (Ac. 4:32-37). Les saints des derniers
jours ont également reçu la loi de consécration
comme idéal et promesse d’avenir (D&A 42:32-39).
Le niveau de la
consécration requis pour vivre la loi de consécration a
de nombreux échos dans le monde antique. La Bible rapporte des
actes de consécration expressément liés à
l’institution d’alliances avec Dieu (par exemple, Ge.
9:8-17 ; No. 6). Le fait qu’Abraham était disposé
à sacrifier Isaac signifie qu’il était totalement
dévoué aux ordres de Dieu (Ge. 22:1-18). L’Exode
et le Lévitique mentionnent également divers actes
sacrificatoires impliquant la consécration à Dieu,
principalement de la part d’Aaron et de ses fils (cf. Ex.
40:12-16 ; Lé. 1-7). Le Nouveau Testament rapporte que
les premiers chrétiens étaient invités à
donner la priorité au royaume de Dieu et à avoir « tout
en commun » (Ac. 2, 4, 5).
Après que Jésus
ressuscité eut fondé son Église en Amérique
vers 34 apr. J.-C., le peuple du Livre de Mormon observa la pratique
de la consécration pendant presque 200 ans. « Le
peuple fut entièrement converti au Seigneur, sur toute la
surface du pays, tant les Néphites que les Lamanites, et il
n’y avait pas de querelles ni de controverses parmi eux, et
tous les hommes pratiquaient la justice les uns envers les autres. Et
ils avaient tout en commun ; c’est pourquoi il n’y
avait ni riches ni pauvres, ni esclaves ni hommes libres, mais ils
étaient tous affranchis et participants du don céleste »
(4 Né. 1:2-3).
Le 2 janvier 1831, le
Seigneur révéla au prophète Joseph Smith à
Fayette, New York, qu’autrefois il avait pris à lui la
Sion d’Hénoc et lui commanda ensuite d’aller en
Ohio recevoir la loi (D&A 38:4, 32 ; cf. Moï. 7:21).
Quand Joseph Smith arriva à Kirtland en février, il
trouva les saints organisés en une société
communale appelée « la Famille ». Il les
persuada d’abandonner cette pratique pour « la loi
plus parfaite du Seigneur ». Le 9 février, tandis
qu’il se trouvait en la présence de douze anciens, il
reçut la révélation qui contenait « la
loi de l’Église » (HC 1:146-148 ; D&A
42). Cette révélation introduisait les lois du
gouvernement de l’Église et de la conduite morale pour
les membres et énonçait les principes de base de la
consécration (D&A 42:32-39).
Les principes clefs
donnés dans les révélations sont conformes à
ceux qui sont requis pour la vie céleste : tout
appartient à Dieu et son peuple en est l’intendant (D&A
38:17 ; 104:11-14) ; les hommes doivent estimer les autres
comme eux-mêmes (D&A 38:24-27 ; 51:3, 9 ; 70:14 ;
78:6 ; 82:17) ; l’humanité doit conserver le
libre arbitre (D&A 104:17) ; les hommes et les femmes sont
rendus égaux selon leurs besoins et la situation de leur
famille (D&A 51:3) et il doit y avoir responsabilité (D&A
72:3 ; 104:13-18). Bien que la mise en application de la loi de
consécration des biens révélée au début
des années 1830 ait été temporairement suspendue
(cf. HC 4:93), les principes eux-mêmes n’ont pas été
abandonnés.
LES ALLIANCES DE LA
CONSÉCRATION AUJOURD’HUI. Le Seigneur a révélé
plusieurs buts de la loi de consécration : amener
l’Église à être indépendante de
toutes les autres institutions (D&A 78:14) ; fortifier Sion,
l’ornant de beaux vêtements, comme une jeune mariée
préparée et digne de l’époux (D&A
33:17 ; 58:11 ; 65:3 ; 82:14, 18 ; etc.) ;
et préparer les saints pour qu’ils aient une place dans
le royaume céleste (D&A 78:7).
À ce sujet, John
Taylor a dit que la consécration est une loi céleste et
que lorsqu’ils la respectent, ceux qui y adhèrent
deviennent le peuple céleste (JD 17:177-181). Ainsi, les
hommes et les femmes d’aujourd’hui peuvent devenir comme
ceux du temps d’Hénoc, « d’un seul cœur
et d’un seul esprit » sans pauvres parmi eux »
(Moï. 7:18). Orson Pratt, l’un des premiers apôtres,
a observé que si le peuple du Seigneur aspire au royaume
céleste, il doit commencer à apprendre l’ordre de
vie qui y existe (JD 2:102-103).
APPLICATION DE LA LOI DE
CONSÉCRATION. La loi de consécration exige que l’on
consacre tout son temps, tous ses talents et tous ses biens à
l’Église et à ses objectifs (D&A 82:19 ;
64:34 ; 88:67-68 ; 98:12-14). John A. Widtsoe, un apôtre,
a fait remarquer que son fonctionnement était tout simple.
Ceux qui entraient dans un tel ordre devaient mettre tous leurs biens
dans un trésor commun, les riches leur richesse, les pauvres
leurs maigres revenus. Ensuite, chaque membre devait recevoir une
part suffisante, appelée « héritage »,
du trésor commun pour permettre à cette personne de
continuer dans l’artisanat, les affaires ou la profession
libérale comme elle le désirait. Le fermier recevait la
terre et l’équipement ; l’artisan, les outils
et les matériaux ; le négociant, le capital
nécessaire ; la personne exerçant une profession
libérale, les instruments, les livres et autres. Les membres
travaillant pour d’autres devaient recevoir des intérêts
proportionnels dans les entreprises qu’ils servaient. Personne
ne serait sans propriété. Tous auraient un héritage
(Widtsoe, p. 302-303).
L’héritage
d’une personne devait se composer de biens personnels qu’elle
devait gérer de manière permanente et à son gré
à son profit et à celui de la famille. Si la personne
se retirait de l’ordre, elle pourrait emporter son héritage,
mais elle n’aurait aucun droit sur les donations ou les biens
excédentaires déposés au commencement dans le
trésor commun (D&A 51:3-6). Au bout d’un an ou d’une
période déterminée, le membre qui avait gagné
plus que nécessaire pour sa famille devait confier
volontairement l’excédent au trésor commun. Les
bénéfices substantiels devaient être administrés
par le groupe plutôt que par une seule personne. Les hommes et
les femmes qui, en dépit de leur diligence, avaient des pertes
de fonctionnement se verraient compenser leurs pertes par le trésor
général pour pouvoir recommencer ou pourraient –
avec leur accord – être placés dans une activité
convenant mieux à leurs dons. En bref, le trésor
général devait installer chaque personne dans son
domaine préféré et s’occuper de ceux qui
n’arrivaient pas à tirer profit de leur héritage.
Le trésor général, détenant les excédents
des membres, devait également financer les travaux publics et
permettre toutes les entreprises de la communauté décidées
par le groupe (D&A 104:60-77).
J. Reuben Clark, Jr.,
conseiller dans la Première Présidence, a expliqué
que la loi de consécration, telle qu’elle fut pratiquée,
n’était pas une vie entièrement communale. Il n’y
avait pas de table commune. Chaque famille vivait de son côté.
Les biens qui n’étaient pas rendus au donateur par le
consentement mutuel du donateur et de l’évêque
devenaient propriété de l’Église et
étaient mis dans le magasin de l’évêque.
Chaque membre de l’Église avait un accès égal
au contenu du magasin selon les besoins et la situation personnels et
les besoins de la famille (Clark, p. 3).
EFFORTS POUR VIVRE LA LOI
DE CONSÉCRATION. Un premier effort pour vivre la loi de
consécration fut tenté en mai 1831 à Thompson
(Ohio) par les membres de la branche de Colesville venue de New York
et installée là. Il y eut des complications quand un
des participants reprit son terrain et que certains des membres
partirent pour le Missouri pour aider à la création du
lieu central de Sion avant que la pratique ne puisse s’enraciner
(Stewart, p. 125). Les efforts persistants pour apporter les
améliorations nécessaires à l’application
de la loi en Ohio finirent par échouer. On fit en même
temps une tentative semblable pour instaurer la loi de consécration
et d’intendance au Missouri, mais l’intolérance et
les querelles entre certains des saints ainsi que l’absence de
surplus à consacrer la firent échouer (voir
Consécration en Ohio et au Missouri ci-dessous).
Après ces échecs
du début, le Seigneur adapta les exigences de la loi de
consécration aux capacités des saints et révéla
la loi de la dîme comme pratique à suivre (HC 3:44 ;
D&A 119). Bien qu’elle n’exige pas de tout donner au
Seigneur, la dîme enseigne les éléments
fondamentaux sur lesquels repose le caractère d’un
peuple de Sion : maîtrise de soi, générosité,
amour de ses semblables, amour pour Dieu et désir d’établir
le royaume de Dieu. En donnant la dîme pendant plus d’un
siècle, les saints prouvèrent leur capacité de
vivre ce commandement et cela les prépara à accepter
aussi le programme d’entraide présenté en 1936
par Heber J. Grant, président de l’Église (CR,
oct. 1936, p. 3). Cinq ans après, J. Reuben Clark, Jr.,
observa que les pratiques de la dîme, des dons de jeûne
et de l’entraide de l’Église avaient rapproché
davantage les membres des principes originaux de l’ordre uni et
de la loi de consécration (CR, oct. 1942, p. 57).
Pour ce qui concerne le
futur, Sion ne peut être rachetée que par l’obéissance
à la loi de consécration. Le moment venu, les
dirigeants du Seigneur mettront en application le programme. On
ignore quel procédé sera révélé,
mais les saints des derniers jours prévoient que tous les
participants finiront par adopter les principes de l’intendance,
de l’égalité, du libre arbitre et de la
responsabilité et que les buts recherchés dès le
départ seront atteints (D&A 78:7, 14 ; 82:14).
Bibliographie
Clark, J. Reuben, Jr.
"Testimony of Divine Origin of Welfare Plan." Deseret News,
Church Section, 8 août 1951, p. 3.
Cook, Lyndon W. Joseph
Smith and the Law of Consecration. Provo, Utah, 1985.
Nelson, William O. "To
Prepare a People." Ensign 9, janv. 1979, p. 18-23.
Stewart, George, et al.
Priesthood and Church Welfare. Salt Lake City, 1939.
Widtsoe, John A.
Evidences and Reconciliations. Salt Lake City, 1943.
FRANK W. HIRSCHI
Consécration :
Consécration en Ohio et au Missouri
Auteur :
ANDERSON, KARL RICKS
Les principes de la
consécration furent mis en application sous diverses formes
dans les années 1830 en Ohio et au Missouri pour pourvoir aux
besoins des pauvres et d’une Église financièrement
en difficulté (voir Kirtland, Ohio ; Kirtland, économie).
Beaucoup parmi les saints des derniers jours émigrant en Ohio
et au Missouri n’avaient pas les moyens de s’entretenir
et l’Église avait peu de ressources pour construire des
bâtiments tels que le temple ou pour financer des publications.
Les diverses mises en application de la loi de consécration
permirent de répondre à ces besoins pratiques ainsi que
d’enseigner aux participants à vivre une loi céleste.
La loi de consécration
ne fut jamais pratiquée complètement en Ohio, mais fut
mise en application sous plusieurs formes entre 1831 et 1839 au
Missouri. Sous sa forme de 1831, la loi de consécration
exigeait de tous les participants ou « intendants »
qu’ils consacrent ou transfèrent leurs possessions au
magasin de l’Église. L’évêque rendait
alors à chaque personne ou famille une « intendance »
en terres, en argent et en autres biens selon ses justes besoins. Les
bénéfices excédentaires produits par ces
intendances étaient versés au magasin pour aider les
pauvres et pour servir à d’autres fins générales.
Pour administrer le système, des évêques et des
magasins distincts furent installés dans les deux centres de
l’Église : Kirtland et Missouri.
En 1833, la pratique de
la consécration fut modifiée pour intégrer la
possession privée des intendances et en 1838, le principe de
la dîme introduisit un autre changement. La loi de la dîme
exigeait des saints qu’ils donnent « tout le surplus
de leurs biens » à l’évêque et,
par la suite, « annuellement un dixième de tous
leurs revenus » (D&A 119:1, 4).
La mise en application de
la consécration fut difficile pour les premiers saints des
derniers jours et ne se produisit que par intermittence. Les saints
appauvris du Missouri furent chassés et persécutés
par les émeutiers et perdirent à plusieurs reprises
leurs biens, leurs terres et leur récoltes. Les biens de
l’Église furent souvent pris ou détruits (voir
Conflit au Missouri). Dans de telles circonstances, la plupart des
membres avaient besoin de plus pour leur intendance que ce qu’ils
pouvaient contribuer au fonds commun des ressources. D’autres
étaient réticents à donner leur excédent
et certains qui avaient quitté l’Église eurent
recours à des moyens juridiques pour récupérer
les biens consacrés. Face à de tels obstacles, les
efforts sincères de certains saints fidèles pour mettre
la loi en application sont d’autant plus remarquables.
La Firme Unie, plus
généralement connue sous le nom d’Ordre Uni, une
entreprise basée sur les principes de la consécration,
fut une deuxième application, plus limitée, de la
consécration, qui fonctionna à Kirtland, avec une
branche au Missouri, de mars 1832 à avril 1834. Une douzaine
d’hommes consacrèrent leurs possessions et reçurent
des intendances dans cette entreprise. Les excédents devaient
aller au magasin pour imprimer les révélations et pour
répondre aux autres besoins de l’Église. La firme
fut dissoute quand les remboursements de prêts ne purent être
effectués.
La Firme Littéraire,
une troisième application des principes de la consécration,
dura plus longtemps que les deux autres. Créée en
novembre 1831 pour imprimer les révélations et d’autres
publications pour l’Église, elle fonctionna sous
plusieurs formes jusqu’en août 1837. Après les
émeutes de 1833 au Missouri, les travaux d’impression
furent transférés d’Independence à
Kirtland. Il y eut jusqu’à huit hommes qui furent
désignés comme intendants des révélations
et qui consacrèrent leurs efforts à réaliser la
publication. Bien que constamment assaillie par des problèmes,
la société publia les Doctrine et Alliances (1ère
éd.), le Livre de Mormon (2ème éd.) et d’autres
livres et périodiques de l’Église.
Bibliographie
Arrington, Leonard J.,
Feramorz Y. Fox, et Dean L. May. Building the City of God :
Community and Cooperation Among the mormons. Salt Lake City, 1976.
Cook, Lyndon W. Joseph
Smith and the Law of Consecration. Salt Lake City, 1985.
KARL RICKS ANDERSON
Conseil
dans les cieux
Auteur :
LUND, JOHN L.
L’expression
Conseil dans les cieux ou Grand Conseil dans les cieux désigne
une réunion de Dieu le Père avec ses fils et ses filles
d’esprit pour discuter des modalités et des conditions
selon lesquelles ces esprits pourraient venir sur la terre en tant
qu’êtres physiques. Elle n’apparaît pas dans
les Écritures, mais est utilisée par le prophète
Joseph Smith à propos de ces activités prémortelles
auxquelles il est fait allusion dans plusieurs Écritures (Job
38:4-7 ; Jé. 1:5 ; Ap. 12:3-7 ; Al. 13:3-9 ;
D&A 29:36-38 ; 76:25-29 ; Moï. 4:1-4 ; Abr.
3:23-28 ; cf. EPJS, p. 281, 289, 296 ; T&S 4, 1er févr.
1843, p. 82).
L’un des buts du
conseil dans les cieux était de donner aux esprits l’occasion
d’accepter ou de rejeter le plan de salut du Père, qui
proposait la création d’une terre où ses enfants
d’esprit pourraient demeurer, chacun dans un corps physique.
Cette vie servirait de mise à l’épreuve « pour
voir s’ils [feraient] tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur
commander[ait] » (Abr. 3:25). Les esprits de toute
l’humanité étaient libres d’accepter ou de
rejeter le plan du Père mais ils étaient également
responsables de leur choix. La Création, la Chute, la
condition mortelle, l’Expiation, la Résurrection et le
jugement final furent envisagés et expliqués au Conseil
(EPJS, p. 177, 281-282 ; MD, p. 163-164 ; voir aussi
Premier état). Le plan prévoyait les erreurs dues au
manque d’expérience et au péché et
prévoyait des remèdes. Beaucoup d’esprits furent
préordonnés à des rôles et à des
missions spécifiques pendant leur expérience terrestre,
en fonction de leur bonne volonté et de leur fidélité
dans la sphère prémortelle et leur promesse de rester
fidèles sur la terre. Le prophète Joseph Smith
explique : « Quiconque est appelé à
exercer un ministère auprès des habitants du monde a
été ordonné à ce but même dans le
grand conseil des cieux avant que le monde fût. Je suppose que
c’est dans ce Grand Conseil que j’ai été
ordonné à cet office même » (EPJS, p.
296 ; cf. 1 Pi. 1:20 ; Jé. 1:5 ; Abr. 3:22-23).
Bien qu’on le
présente comme un conseil unique, il a pu y avoir des réunions
multiples où l’on a enseigné l’Évangile
et où des désignations ont été faites.
Jésus et les prophètes ont été
préordonnés lors de ce conseil. Un rédempteur
devait accomplir la double mission de racheter l’humanité
de la mort physique et de la mort spirituelle causées par la
chute d’Adam et d’assurer la rédemption, après
repentir, pour les péchés commis par les personnes. À
un certain moment du conseil, le Père demanda : « Qui
enverrai-je [comme Rédempteur] ? »
Jésus-Christ, alors connu comme étant le grand JE SUIS
et comme Jéhovah, répondit : « Me
voici, envoie-moi » et accepta de suivre le plan du Père
(Moï. 4:1-4 ; Abr. 3:27). S’inscrivant en faux contre
ce plan, Lucifer se proposa moyennant un amendement au plan de salut
conçu par le Père, amendement qui ne respecterait pas
le libre arbitre de l’humanité. La proposition visait
également à élever Lucifer au-dessus du trône
de Dieu. La réponse du Père fut : « J’enverrai
le premier » (voulant dire Jéhovah). Lucifer se
rebella et devint Satan ou « le diable ». Une
division se produisit parmi les esprits et aucun d’eux ne resta
neutre (DS 1:69). Il y eut guerre dans les cieux (Ap. 12:7-8) et le
tiers des armées qui suivirent Lucifer fut chassé (Ap.
12:4 ; D&A 29:36). Ces esprits rebelles furent précipités
avec Lucifer sur la terre sans corps physique (Ap. 12:9 ; cf.
És. 14:12-17). Le prophète Joseph Smith explique :
« Le conflit dans les cieux provient de ce que Jésus
dit qu’il y aurait certaines âmes qui ne seraient pas
sauvées et le diable dit qu’il pouvait les sauver toutes
et exposa ses plans au grand conseil, lequel donna son vote en faveur
de Jésus-Christ. Le diable se souleva donc contre Dieu, se
révoltant contre lui, et il fut précipité avec
tous ceux qui prirent son parti » (EPJS, p. 290). Notre
Père céleste et les esprits fidèles dans les
cieux pleurèrent sur eux (D&A 76:25-29). Satan et ses
disciples sont toujours en guerre contre ces esprits qui sont venus
au monde dans la condition mortelle (Ap. 12:9 ; cf. « Guerre
dans les cieux » p. 788).
Bibliographie
Bible Dictionary. "War
in Heaven." Dans LDS Edition of the King James Version of the
Bible, p. 788. Salt Lake City, 1977.
McConkie, Joseph F.
"Premortal Existence, Foreordinations and Heavenly Councils".
Dans Apocryphal Writings and the Latter-day Saints, dir. de publ. W.
Griggs, p. 173-198. Provo, Utah, 1986.
JOHN L. LUND
Consentement
commun
Auteur :
QUINN, ROBERT E.
Le consentement commun
est un principe fondamental de la prise de décision à
tous les niveaux de l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours. Quand ils choisissent de nouveaux
dirigeants et prennent des décisions administratives, les
dirigeants de l’Église sont tenus de chercher la volonté
de Dieu. Une fois que le Seigneur a fait connaître sa volonté
et qu’une décision est prise, l’affaire est portée
devant le collège ou le groupe concerné de membres de
l’Église, lequel est invité à soutenir la
mesure ou à s’y opposer. Grâce à ce
processus, l’Église peut être dirigée par
révélation, tout en protégeant le libre arbitre
des membres de s’assurer personnellement si les décisions
ont été correctes et prises selon la volonté de
Dieu.
Le principe du
consentement commun fonctionne dans l’Église depuis son
commencement, bien que les pratiques proprement dites dans lesquelles
ce principe fonctionne aient évolué sensiblement. La
révélation sur le gouvernement de l’Église,
reçue quand elle a été organisée en avril
1830, dit : « Nul ne doit être ordonné à
un office dans l’Église, lorsqu’il y a une branche
dûment organisée de celle-ci, sans le vote de cette
Église » (D&A 20:65). Cette règle fut
soulignée à nouveau trois mois plus tard : « tout
se fera par le consentement commun dans l’Église »
(D&A 26:2). Les pratiques des saints peuvent avoir été
influencées au cours de ces toutes premières années
par le modèle de gouvernement théocratique du Livre de
Mormon qui gérait ses « affaires par la voix du
peuple » (Mosiah 29:25-26), et par l’exemple
biblique (par exemple, Ex. 24:3 ; No. 27:19).
Il ressort des comptes
rendus de certaines réunions et conférences des débuts
de l’Église que beaucoup de dirigeants de l’Église
provenant de la Nouvelle-Angleterre considéraient que les
membres devaient être directement impliqués lors des
réunions de prise de décision, notamment en faisant des
propositions sur les questions de politique à suivre,
conformément au procédé parlementaire courant
dans les réunions publiques, et en votant quand il s’agissait
de prendre les décisions finales. Il arrivait que des membres
exercent à titre personnel la prérogative de convoquer
une réunion et, une fois qu’elle était en cours,
n’importe qui avait le droit de s’adresser au groupe. La
direction de leurs réunions suivait le modèle
congrégationaliste qu’ils connaissaient bien. Cependant,
les premiers saints des derniers jours ne tardèrent pas à
se rendre compte que le fait d’avoir un prophète à
leur tête était une réalité dont il
fallait tenir compte dans la prise de décision, et qu’ils
ne pourraient pas suivre le modèle congrégationaliste
traditionnel sans nier l’autorité et les révélations
que Dieu avait accordées à Joseph Smith, celles-ci
étant les éléments essentiels du rétablissement
qui les avaient réunis dans l’Église.
Un incident qui se
produisit en septembre 1830, lors duquel Hiram Page prétendit
avoir reçu des révélations pour la direction de
l’Église, mit la question à l’ordre du
jour. La prétention de Page à être un deuxième
révélateur, qui sema le trouble chez Oliver Cowdery et
d’autres membres de l’Église, fut l’occasion
d’une révélation donnée à Joseph
Smith clarifiant le rôle distinctif de Joseph en tant que
prophète. Cette révélation disait aussi que
« tout doit se faire avec ordre et par consentement commun
dans l'Église » (D&A 28:13). L’autorité
de Joseph Smith et de ses successeurs dans la fonction de président
de l’Église continua à être éclaircie
les années suivantes par d’autres révélations
(D&A 107:65-67, 91-92) et le principe qu’il fallait obtenir
le vote de soutien des membres de l’Église fut également
réaffirmé à plusieurs reprises (D&A 38:34 ;
42:11 ; 102:9 ; 124:144). Lorsque les conseils de prêtrise
et les collèges de prêtrise furent introduits dans
l’organisation de l’Église, ce furent surtout eux
qui se virent confier la responsabilité de l’examen
général des questions de politique intérieure et
de la prise de décision lors des sessions de conseil et ce fut
moins un point de l’ordre du jour des conférences, qui,
de leur côté, se concentrèrent plus sur la
prédication de l’Évangile.
Aujourd’hui
l’Église continue à fonctionner par révélation
divine et consentement commun. Les appels à des postes dans
l’Église à tous les niveaux de l’organisation
et l’ordination à la prêtrise se font par
l’inspiration des dirigeants autorisés et sont ensuite
portés devant l’assemblée concernée pour
avoir son soutien ou son opposition. Les membres ne proposent pas des
personnes à un office, mais sont invités à
émettre leur vote de soutien aux décisions des conseils
de présidence en levant la main droite et n’importe qui
peut émettre un vote d’opposition de la même
manière. Ce procédé est également suivi
quand il s’agit d’accepter des révélations
importantes et des ajouts aux Écritures.
Selon une pratique
beaucoup moins visible mais tout aussi importante, les décideurs
à tous les niveaux présentent les décisions de
politique et les appels aux conseils de la prêtrise pour que
ceux-ci donnent leurs commentaires et leur approbation. Au niveau
local, l’évêque discute d’habitude des
décisions avec ses conseillers dans l’épiscopat
avant de présenter un sujet au vote de soutien des membres de
la paroisse. Sur beaucoup de décisions de politique et de
programmes, l’épiscopat consulte le conseil de paroisse
et s’efforce d’obtenir le consensus dans ce groupe avant
d’agir. De la même manière, le président de
pieu consulte ses conseillers dans la présidence de pieu et
puis le grand conseil. La Première Présidence procède
de la même façon lors des réunions régulières
avec le Collège des douze apôtres pour ce qui est de la
politique générale de l’Église et des
mesures à prendre.
L’unanimité
est l’idéal pour tous ces processus de décision à
cause de l’importance de l’unité dans l’Église :
« Si vous n'êtes pas un, vous n'êtes pas de
moi » (D&A 38:27). Les trois collèges qui
président l’ensemble de l’Église ont une
autorité égale dans leur sphère propre (D&A
107:22-26), mais leurs décisions n’ont « le
même pouvoir ou la même validité »
qu’une fois prises « à l’unanimité
des voix » du collège (D&A 107:27). Il faut ce
qui semble être de longues périodes pour que des
décisions importantes prennent forme parce que les collèges
tiennent beaucoup à réaliser l’unanimité.
À cause de
l’accent mis sur la direction divine et prophétique et à
cause de normes et de valeurs bien établies dans les processus
de prise de décision, les contestations publiques concernant
une proposition d’appel ou de politique sont rares. Il y a,
cependant, des mécanismes qui permettent de tenir compte des
divergences d’opinion. Normalement, si un ou plusieurs membres
trouvent à redire à la mesure proposée, ils sont
invités à rencontrer l’officier président
en privé pour lui faire part de la raison de la question ou de
l’objection. Après avoir examiné les objections,
les officiers présidents sont libres de prendre la décision
qu’ils pensent être juste.
Bibliographie
Cannon, Donald Q., et
Lyndon W. Cook, dir. de publ. Far West Record : Minutes of the
Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 1830-1844. Salt Lake
City, 1983.
Quinn, D. Michael. « The
Evolution of the Presiding Quorums of the LDS Church ».
Journal of Mormon History 1, 1974, p. 21-38.
Widtsoe, John A.
Evidences and Reconciliations, p. 269-275. Salt Lake City, 1960.
Zuckerman, Michael.
Peaceable Kingdoms. New York, 1970.
ROBERT E. QUINN
Contributions
financières
Auteur :
NADAULD, STEPHEN D.
Les membres de l’Église
peuvent apporter leurs contributions financières de plusieurs
manières, notamment par le paiement de la dîme,
l’offrande de dons de jeûne et des contributions à
l’œuvre missionnaire. Chaque type de contribution vise un
but spécifique et est basé sur les exhortations des
Écritures anciennes et modernes (Mal. 3:8 ; D&A
119:4 ; cf. 2 Ch. 3:5-12 ; Ro. 15:26).
Le paiement de la dîme
est attendu de chaque membre quels que soient son âge, le
niveau de ses revenus ou sa situation. Les saints des derniers jours
fidèles donnent annuellement un dixième de leurs
revenus à l’Église. Les membres considèrent
ces fonds de dîme comme de l’argent sacré et les
dirigeants gèrent soigneusement leur utilisation à
chaque niveau d’organisation de l’Église. La dîme
est utilisée pour payer la plupart des dépenses de
fonctionnement de l’Église et finance maintenant aussi
la construction de bâtiments, notamment d’églises
et de temples.
Le don de jeûne est
un deuxième type de contribution financière attendu de
tous les membres de l’Église. Une fois par mois, ceux-ci
doivent se priver de nourriture pour au moins deux repas et
contribuer l’équivalent de l’argent ainsi épargné
comme « don de jeûne » pour aider les
pauvres et les nécessiteux. Ces contributions sont réparties
aux niveaux local et général de l’Église ;
elles sont partagées selon les nécessités dans
toute l’Église et sont à la disposition des
évêques locaux pour aider les personnes nécessiteuses
de leurs paroisses. Dans des circonstances extraordinaires, comme
dans le cas de la famine de 1985 en Éthiopie, l’Église
a demandé un jeûne spécial pour lever des fonds
de secours pour un désastre précis (voir Aide
économique ; Service humanitaire). Pendant de nombreuses
années, la valeur des deux repas non consommés pendant
le jeûne a déterminé le montant de la
contribution mensuelle du don de jeûne. Aujourd’hui, les
dirigeants de l’Église demandent que le montant de
l’offrande volontaire soit associé moins à la
valeur des deux repas et plus à la capacité de répondre
généreusement aux besoins.
Un troisième type
de contribution fait par les membres de l’Église
soutient l’œuvre missionnaire, une activité
importante de l’Église qui est financée en grande
partie par les familles. Les jeunes gens et les jeunes filles peuvent
être « appelés » en mission,
habituellement à dix-neuf et vingt et un ans respectivement et
sont responsables de la majeure partie de leur propre soutien
financier, notamment la nourriture, le loyer, les vêtements et
le transport local. Les frais importants de déplacement et de
soins médicaux sont payés par les fonds de l’Église.
Les parents et les dirigeants de l’Église invitent les
jeunes à commencer à gagner et à épargner
dès leur enfance de l’argent pour leur mission. Les
apports des parents, des membres de la famille et des amis complètent
les fonds des missionnaires pour constituer le soutien financier
total nécessaire. Depuis 1991, le soutien des missionnaires
est donné directement à l’Église à
un taux uniforme, mais est redistribué par l’Église
aux missionnaires selon les coûts variables de la vie dans les
différentes régions du service missionnaire. Les
couples mariés peuvent aussi être appelés en
mission, et eux aussi sont responsables de leur soutien financier.
Les membres remettent
confidentiellement la dîme et les autres dons à leur
évêque local. Chaque évêque de paroisse
reçoit la dîme et la remet aux bureaux centraux de
l’Église. Avec l’aide du greffier financier,
l’évêque remet une fiche de dons aux donateurs et
enregistre tout. Une fois par an, il passe confidentiellement en
revue le relevé des dons avec chaque membre. Les
enregistrements des dons sont expédiés au siège
de l’Église selon des pratiques uniformes. Les
dirigeants de pieu font des audits réguliers de ces
enregistrements et de ces pratiques.
L’évêque,
aidé par d’autres dirigeants de paroisse, établit
et envoie un budget annuel de paroisse qui doit être approuvé
par le président de pieu (voir Budget de paroisse).
L’importance du financement est déterminée par le
nombre des membres et l’activité de la paroisse. L’un
des résultats de ce procédé est que les dépenses
locales sont déterminées par les besoins locaux et pas
par les ressources des membres d’une paroisse donnée.
Jusqu’en 1990, les
budgets de fonctionnement de paroisse dépendaient
essentiellement des dons des membres locaux faits en plus de la dîme,
du don du jeûne et des contributions au fonds missionnaire. Les
activités des jeunes et des adultes, les manuels et le
matériel pédagogique, ainsi que l’entretien du
bâtiment étaient financés localement. Depuis
1990, la dîme payée par les membres de l’Église
sert à financer tous les programmes et activités locaux
ainsi que l’entretien des bâtiments. Les membres prennent
en charge une partie de l’entretien à titre de service
bénévole.
La manière de
financer la construction des bâtiments de l’Église
a également varié considérablement avec le
temps. Pendant de nombreuses années, la construction des
églises a été financée en grande partie
par les contributions des membres locaux qui allaient utiliser le
bâtiment. Ces dons au fonds de construction venaient en plus de
la dîme, du don de jeûne et du fonds missionnaire payés
par les membres de l’Église. L’argent pour le
fonds de construction pouvait être obtenu en demandant une
quote-part aux membres, par toutes sortes de projets de levée
de fonds (banquets, fêtes, etc.) et parfois par des dons de
main-d’œuvre et de matériaux (voir Programme de
construction). Les temples, qui sont des bâtiments réservés
à des cérémonies religieuses spéciales,
ont été financés pendant de nombreuses années
plus ou moins de la même façon que les églises
locales. Aujourd’hui les églises et les temples sont
construits en grande partie avec les fonds de dîme.
L’Église
n’ayant pas de clergé professionnel, elle est
administrée à tous les niveaux par la participation et
la direction de laïcs et les dirigeants autres que les Autorités
générales donnent de leur temps et de leurs talents
sans rémunération. Ainsi, des événements
tels que les mariages, les enterrements et les baptêmes sont
organisés par des laïcs dans les bâtiments
appartenant à l’Église sans que les membres
n’aient à payer pour les services ou les locaux. Étant
donné qu’elles sont obligées de quitter leur
métier pour œuvrer à temps plein pour l’Église,
les Autorités générales reçoivent une
allocation modeste provenant des revenus procurés par les
investissements de l’Église.
STEPHEN D. NADAULD
Conversion
Auteur :
SMITH, KAY H.
Depuis le commencement
jusqu’à nos jours, l’Église a eu une forte
orientation missionnaire. Elle enseigne que la conversion est
essentiellement un processus de repentir et une expérience
spirituelle personnelle (voir Témoignage ; Expérience
religieuse ; Devenir membre de l’Église).
NATURE DE LA CONVERSION.
Les sociologues ont avancé un certain nombre de théories
pour expliquer pourquoi les gens sont susceptibles de se convertir à
une autre confession religieuse. Pour Glenn M. Vernon, la conversion
implique plusieurs sous-processus qui doivent être expliqués,
notamment (1) la façon dont le converti prend conscience du
groupe possédant l’idéologie, (2) l’acceptation
de nouvelles définitions religieuses et (3) l’intégration
du nouveau converti dans le groupe. John Lofland et Rodney Stark
voient dans la conversion un processus de résolution de
problèmes dans lequel l’individu utilise les
équipements, les programmes et l’idéologie de
l’organisation pour résoudre divers problèmes de
la vie. Plus récemment, David A. Snow, Louis A. Zurcher et
Sheldon Ekland-Olson ont mis l’accent sur le fait que la
proximité structurelle, la disponibilité et
l’interaction affective avec les membres de la nouvelle
confession sont les influences qui ont le plus de chances de
déterminer ceux qui vont s’y rallier. Pour Roger A.
Straus, la conversion religieuse est une initiative de la personne
qui se convertit. Il pense que les théories précédentes
se concentrent trop fortement sur l’idée que la
conversion est quelque chose qui arrive à une personne en
raison de circonstances externes à elle-même. De même,
C. David Gartrell et Zane K. Shannon avancent que la conversion doit
être caractérisée comme un choix rationnel basé
sur l’évaluation que la recrue fait des résultats
sociaux et cognitifs de la conversion ou du refus de conversion.
Il est certain qu’une
sortie de crise, la proximité sociale avec des membres de
l’Église et la résolution de problèmes
personnels interviennent dans une certaine mesure au moins dans
certaines conversions. Cependant, les recherches sur les personnes
qui se sont converties à diverses Églises, (Snow et
Phillips ; Heirich) dont l’Église de Jésus-Christ
des saints des derniers jours (Seggar et Kunz), n’ont pas
apporté un grand appui à la théorie de la
résolution de problèmes de Lofland et Stark. Les
recherches faites par David A. Snow et Cynthia L. Phillips et par Max
Heirich vont plutôt dans le sens de l’influence des
réseaux sociaux dans la conversion.
Les théories
scientifiques ne parlent cependant pas de l’influence, dans la
conversion, du Saint-Esprit qui est l’élément
dominant dans ce que les saints des derniers jours entendent par
conversion. L’apparition de Jésus-Christ à Paul
sur le chemin de Damas (Ac. 9:1-9) n’entre dans aucune
catégorie théorique profane. Paul ne cherchait pas une
nouvelle foi pour résoudre des problèmes dans sa vie.
Il n’a pas commencé à servir le Christ pour être
accepté par ses amis. Il a persécuté les
chrétiens parce qu’il pensait qu’ils avaient
apostasié de la vraie foi. Homme religieux, il a reconnu la
voix de Dieu quand elle lui a parlé.
On trouve des récits
de conversion semblables dans le Livre de Mormon. Par exemple, tandis
qu’ils s’en allaient enseigner que la religion de leurs
pères n’était pas vraie, Alma le Jeune et les
fils du roi Mosiah 2 furent arrêtés par l’ange du
Seigneur qui leur demanda pourquoi ils persécutaient les
croyants. Alma le Jeune fut frappé de mutisme et tomba par
terre, incapable de bouger. Tandis que son père et d’autres
jeûnaient et priaient pour lui pendant deux jours et deux
nuits, il connut une souffrance atroce et finit par implorer la
miséricorde de Jésus-Christ pour qu’il lui ôte
ses péchés. Immédiatement, la souffrance
disparut et son âme fut remplie d’une joie exquise (Al.
36:6-22). Il se leva et proclama qu’il était né
de nouveau par l’Esprit du Seigneur. Alma et les fils de Mosiah
consacrèrent le reste de leur vie à prêcher le
Christ et à faire beaucoup de bonnes œuvres (Mos.
27:8-31 ; cf. la nouvelle naissance spirituelle du peuple de
Zarahemla du temps du roi Benjamin dans Mosiah 4-5).
La plupart des
conversions ne sont pas aussi spectaculaires que celles de Paul et
d’Alma le Jeune et des fils de Mosiah. La conversion d’Alma
l’Ancien est plus proche de ce que ressentent la plupart des
gens qui deviennent membres de l’Église (Mos. 17:2-4 ;
18:1). Quand Abinadi les appela, lui et les autres prêtres du
méchant roi Noé, au repentir, Alma sut dans son cœur
qu’Abinadi avait dit la vérité. Il se repentit de
ses péchés et commença à garder les
commandements, qu’il connaissait déjà. Cela
produisit un changement crucial dans sa vie.
De ces exemples et
d’autres récits du processus de conversion, il ressort
que la conversion « n’implique pas une simple
acceptation mentale de Jésus et de son enseignement mais
également une foi motivante en lui et en son Évangile,
une foi qui accomplit une transformation, un changement réel
dans la compréhension que l’on a du sens de la vie et
dans sa fidélité à Dieu – en intérêt,
en pensée et en conduite » (Romney, p. 1065). La
conversion implique une nouveauté de vie, qui est réalisée
quand on reçoit le pardon divin qui remet les péchés
(voir Né de Dieu). Elle se caractérise par la volonté
de faire continuellement le bien, l’abandon de tous les péchés
et la guérison de l’âme par le pouvoir du
Saint-Esprit, étant rempli de paix et de joie (cf. Romney, p.
1066).
PROCESSUS DE LA
CONVERSION A L’ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST DES saints
des derniers jours. Les trois sous-processus proposés par
Vernon correspondent tout à fait aux trois aspects les plus
évidents de la conversion à l’Église. Le
premier est « la façon dont le converti prend
conscience du groupe possédant l’idéologie ».
Ceci correspond à ce qu’on appelle dans les milieux
missionnaires mormons « trouver ». Les gens
entrent de différentes façons en contact avec les
missionnaires. La source la plus efficace est la référence
donnée par les membres de l’Église qui invitent
des amis ou des membres de la famille à rencontrer les
missionnaires pour qu’ils leur parlent de l’Évangile.
Une deuxième manière, c’est le porte à
porte par les missionnaires pour inviter les gens à se
renseigner sur l’Église. Ils peuvent également
parler avec les gens qu’ils rencontrent dans la rue ou dans
n’importe quelle autre forme de contact social normal. Les
missionnaires installent de temps en temps des stands aux foires ou
aux expositions. L’Église met aussi des annonces dans
les médias pour proposer de la documentation sur l’Église.
Elle gère également plusieurs centres de visiteurs,
habituellement dans le voisinage d’un temple de l’Église
ou d’un site historique. Les deux les plus connus sont ceux de
Temple Square à Salt Lake City et de la cité historique
de Nauvoo, en Illinois. Tous ces centres pour visiteurs donnent aux
personnes intéressées l’occasion d’accepter
des visites des missionnaires pour les instruire.
Le deuxième des
sous-processus de Vernon, l’acceptation de nouvelles
définitions religieuses, correspond à la deuxième
grande activité missionnaire, l’enseignement. Les
missionnaires enseignent les principes de base du plan du salut de
Dieu. Ils invitent ceux qu’ils instruisent à en
apprendre plus en étudiant la Bible et le Livre de Mormon par
eux-mêmes. Ils encouragent, informent, enseignent et
témoignent. L’étude est une partie importante du
processus de conversion, parce que l’intellect joue un rôle
quand l’ami de l’Église apprend à
comprendre et à méditer la sagesse, la logique et
l’éthique des principes de l’Évangile.
Comme B.H. Roberts l’a dit un jour : « Il
arrive fréquemment que la présentation d’un
sujet, faite convenablement, rende sa véracité
évidente… Pour être connue, la vérité
doit être énoncée et plus l’énoncé
est clair et complet, meilleure sera l’occasion pour le
Saint-Esprit de témoigner à l’âme de
l’homme que l’œuvre est vraie » (Vol. 2,
p. vi-vii).
Les convertis éventuels
sont invités à demander par la prière le
témoignage spirituel du Saint-Esprit pour leur faire connaître
la vérité. Comme Roberts l’a dit concernant le
Livre de Mormon : « [Le Saint-Esprit] doit toujours
être la source principale de preuve de la véracité
du Livre de Mormon. Toute autre preuve est secondaire à
celle-ci, la principale et l’infaillible. Aucune logique, aussi
habilement qu’elle soit construite, aucun argument, aussi
adroitement qu’il soit conçu, ne pourront jamais prendre
sa place » (p. vi-vii). Une citation du Livre de Mormon
est généralement utilisée pour inviter le
converti éventuel à rechercher cette manifestation
spirituelle de l’exactitude du Livre de Mormon et du message de
l’Évangile : « Et lorsque vous recevrez
ces choses, je vous exhorte à demander à Dieu, le Père
éternel, au nom du Christ, si ces choses ne sont pas vraies ;
et si vous demandez d'un cœur sincère, avec une
intention réelle, ayant foi au Christ, il vous en manifestera
la vérité par le pouvoir du Saint-Esprit. »
(Mro. 10:4).
La plupart des convertis
à l’Église ne semblent pas avoir des
caractéristiques personnelles qui les prédisposent à
la conversion. Bien que ceux qui commencent à examiner
l’Église aient tendance à être plus jeunes
que la moyenne de la population et à être un peu plus
souvent des femmes, ces facteurs ne prédisent pas qui
acceptera finalement le baptême. Ceux qui recherchent le
baptême n’ont pas tendance à avoir plus de
problèmes personnels que ceux qui n’en veulent pas, et
ils ne diffèrent pas non plus de manière importante des
autres personnes dans les traits de caractère ou les
dispositions personnelles.
La conversion à
l’Église n’est habituellement pas précipitée.
Le processus commence par les premiers signes d’intérêt
et peut continuer pendant de nombreuses années, même
après le baptême. Ce n’est pas simplement une
question d’acceptation et de foi aux enseignements de l’Église.
Beaucoup qui acceptent le baptême disent qu’ils ne
comprennent pas entièrement les enseignements, mais qu’ils
en sont venus à sentir qu’accepter le baptême est
la bonne chose à faire. La plupart d’entre eux
parviennent à une compréhension et à une
acceptation plus complètes de la doctrine de l’Église
quand ils s’intègrent en devenant membres. Ce genre
d’intégration est le troisième processus
mentionné par Vernon (voir Intégration des membres).
Devenir membre de
l’Église a de plus grandes implications que le simple
fait d’adopter un nouvel ensemble de croyances religieuses.
Pour beaucoup de nouveaux membres, cela signifie adopter un nouveau
mode de vie tout à fait différent de celui auquel ils
étaient accoutumés. Pour presque tous les nouveaux
membres, cela signifie également qu’ils s’intègrent
à un nouveau réseau social d’amis et de
connaissances. Dans certains cas, le nouveau membre de l’Église
est rejeté et banni par la famille et les anciens amis. Cette
transition sociale est facilitée si le nouveau converti s’est
précédemment fait des amis et des connaissances parmi
des membres de l’Église.
ŒUVRE MISSIONNAIRE
DANS L’ÉGLISE. Ceux qui ont été convertis
veulent habituellement parler de leur nouvelle foi à d’autres
(cf. Perry, p. 16-18). Paul, Alma l’Ancien et Alma le Jeune ont
enseigné passionnément la véracité de la
mission salvatrice du Christ tout le reste de leur vie après
leur conversion. Pour le converti qui aime les gens, il y a un
équilibre à trouver entre avoir une tolérance
véritable pour les croyances des autres et remplir le désir
et l’obligation de leur faire part de la joie de la conversion.
Les grandes religions juives et chrétiennes sont passées
par des phases où l’esprit de prosélytisme était
dominant et d’autres périodes où le désir
de convertir était restreint (Marty et Greenspahn).
L’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours a fait un
prosélytisme actif dès ses débuts. Ses
dirigeants et ses membres ont accepté la tâche de
proclamer l’Évangile rétabli « à
toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à
tout peuple » (Ap. 14:6 ; D&A 133:37), à
tous ceux qui écoutent. Peu après l’organisation
officielle de l’Église, Samuel Smith, un frère de
Joseph Smith, est allé d’un endroit à l’autre,
offrant le Livre de Mormon à ceux qui voulaient bien le
recevoir. Les missionnaires n’ont pas tardé à
amener des convertis des États-Unis, du Canada, d’Angleterre,
de Scandinavie et d’Europe de l’Ouest.
Quand le gros des membres
se fut installé dans l’Intermountain West, l’œuvre
missionnaire continua. La responsabilité missionnaire fut de
plus en plus donnée aux jeunes hommes qui ne s’étaient
pas encore mariés. Leurs convertis continuèrent à
émigrer vers l’Ouest américain jusque bien après
le début du vingtième siècle, malgré le
fait qu’à partir du changement de siècle, les
dirigeants de l’Église eussent commencé à
encourager les convertis à rester là où ils
étaient et à édifier l’Église dans
leur patrie.
Le taux de croissance de
l’Église depuis 1860 n’a jamais été
inférieur à trente pour cent par décennie.
Depuis 1950, la croissance de l’Église a accéléré
(voir Statistiques démographiques), progressant à plus
de cinquante pour cent par décennie de 1950 à 1980
(Cowan).
Ces dernières
années, l’Église est devenue de moins en moins
une Église confinée à l’Ouest des
États-Unis. En 1960 encore, plus de la moitié des
membres de l’Église se trouvaient dans l’Intermountain
West, avec seulement dix pour cent en dehors des États-Unis.
En 1980, presque un tiers des membres de l’Église
vivaient en dehors des États-Unis, avec seulement quelque
quarante pour cent dans l’Intermountain West. En 1989, moins
d’un converti sur quatre était un citoyen américain.
La croissance de loin la
plus forte du nombre de convertis en dehors des États-Unis
s’est produite en Amérique latine, en particulier au
Mexique, au Brésil, au Chili, au Pérou et en Argentine
(voir Amérique du Sud, l’Église en). Il y a
également eu une augmentation considérable du nombre de
baptêmes en Asie et dans les Philippines. En 1979, il y avait
trois missions aux Philippines ; elles sont passées à
douze en 1990 et le nombre annuel des baptêmes de convertis a
triplé au cours de cette même période (voir Asie,
l’Église en : Est de l’Asie). De nouvelles
missions ont été ouvertes en Europe de l’Est en
1989 et en 1990. En 1990, l’Église avait plus de 40.000
missionnaires à plein temps dans 257 missions dans le monde.
Les saints des derniers
jours croient, comme l’a dit le président Marion G.
Romney : il se peut que « relativement peu parmi les
milliards d’habitants de la terre soient convertis. Néanmoins…
il n’y a aucun autre moyen par lequel les âmes des hommes
malades du péché puissent être guéries ou
pour qu’un monde perturbé trouve la paix »
(p. 1067).
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Cowan, Richard O. The
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Vernon, Glenn M.
Sociology of Religion, p. 101-112. New York, 1962.
KAY H. SMITH
Cowdery,
Oliver
Auteur :
ANDERSON, RICHARD LLOYD
Oliver Cowdery
(1806-1850) était, en 1830, le second en autorité par
rapport à Joseph Smith (D&A 21:10-12) et fut le deuxième
témoin de beaucoup d’événements clefs du
rétablissement de l’Évangile. En tant que l’un
des trois témoins du Livre de Mormon, il témoigna qu’un
ange avait montré les plaques d’or et que la voix de
Dieu avait proclamé qu’elles étaient traduites
correctement. Il était avec Joseph Smith quand Jean-Baptiste
leur rendit la Prêtrise d’Aaron et quand Pierre, Jacques
et Jean les ordonnèrent à la Prêtrise de
Melchisédek et à l’apostolat et de nouveau lors
des visions importantes dans le temple de Kirtland (D&A 110).
Il provenait d’une
famille de la Nouvelle-Angleterre avec de fortes traditions de
patriotisme, d’individualité, d’instruction et de
religion. Il naquit le 3 octobre 1806 à Wells, dans le
Vermont. C’est sa sœur cadette qui nous donne les seuls
renseignements fiables sur sa jeunesse : « Oliver a
grandi à Poultney, comté de Rutland, Vermont, et quand
il est arrivé à l’âge de vingt ans, il est
parti pour l’État de New York où ses frères
aînés étaient mariés et installés…
Il a été employé de magasin jusqu’en 1829,
quand il a enseigné à l’école de district
de la localité de Manchester » (Lucy Cowdery Young
à Andrew Jenson, 7 mars 1887, Archives de l’Église).
Pendant qu’il était
en pension chez les parents de Joseph Smith, il apprit leurs
convictions au sujet des annales antiques que leur fils traduisait de
nouveau après que Martin Harris eut perdu le manuscrit en
1828. Le jeune instituteur pria et reçut les réponses
que Joseph Smith mentionne dans une révélation (D&A
6:14-24). La première histoire du prophète dit que « le
Seigneur apparut… à Oliver Cowdery et lui montra les
plaques en vision et… ce que le Seigneur était sur le
point de faire par moi, son indigne serviteur. Par conséquent
il était désireux de venir écrire pour que je
traduise » (PJS 1:10).
À partir du 7
avril jusqu’à la fin de juin 1829, quand ils finirent la
traduction, Joseph dicta tandis qu’Oliver écrivait, avec
« la plus grande gratitude » pour ce privilège
(Messenger and Advocate 1:14). Oliver écrivit alors une
lettre, exprimant un amour profond pour le Christ, un thème
qui le suivit toute sa vie. Il raconta plus tard comment Joseph et
lui interrompirent leur travail tandis qu’ils traduisaient le
compte rendu du ministère du Sauveur en Amérique après
sa résurrection, et comment, pendant qu’ils priaient à
propos du baptême, ils entendirent « la voix du
Rédempteur » et furent visités par
Jean-Baptiste, qui leur donna l’autorité de baptiser
(JS–H 1:71, note).
En 1835, Oliver aida
Joseph Smith à corriger et à éditer les
révélations pour les Doctrine et Alliances. La section
27 énumère les principaux messagers de prêtrise
du Rétablissement : Jean-Baptiste, que « je
vous ai envoyé, mes serviteurs Joseph Smith, fils, et Oliver
Cowdery, pour vous ordonner à la première prêtrise
que vous avez reçue » (D&A 27:8) et « Pierre,
Jacques et Jean, que je vous ai envoyés, par lesquels je vous
ai ordonnés et confirmés pour que vous soyez apôtres
et témoins spéciaux de mon nom, et pour que vous
portiez les clefs de votre ministère » (D&A
27:12).
La moindre prêtrise
fut rétablie le 15 mai 1829, deux semaines avant que le
prophète et Cowdery n’aillent s’installer chez les
Whitmer à New York pour terminer la traduction du Livre de
Mormon (HC 1:39-41, 48-49). La prêtrise supérieure fut
également donnée avant ce déménagement ;
David Whitmer se rappelait avoir été ordonné
ancien quelques semaines seulement après leur arrivée
dans sa ferme dans le nord de l’État (Whitmer, p. 32).
Les apôtres antiques apparurent avec des clefs de la prêtrise
pendant que Joseph et Oliver étaient en route entre leur
maison de Pennsylvanie et Colesville, New York (D&A 128:20), où
Joseph Knight, père, vivait. Knight se rappelait qu’ils
avaient besoin qu’on les aide à vivre pendant qu’ils
traduisaient en avril ou en mai (Jessee, p. 36).
Après
l’installation à la ferme de Whitmer, l’ange
montra les plaques à Joseph Smith et aux trois témoins
en juin 1829. Oliver supervisa l’impression du Livre de Mormon
cet automne et cet hiver-là. Après la publication du
livre, le 26 mars, l’Église fut organisée le 6
avril 1830. Oliver parla à la réunion le dimanche
suivant, et ce fut « le premier discours public prononcé
par l’un de nous » (HC 1:81).
Peu ont fait mieux que
Cowdery dans la logique de l’argumentation et le style soutenu.
De plus, ses discours et ses écrits portent la marque de la
connaissance personnelle. Remplissant d’une manière
générale les fonctions de rédacteur ou de
rédacteur adjoint lors des premières publications de
l’Église, Oliver écrivit avec une régularité
peu commune pendant deux décennies au cours desquelles ses
écrits et ses lettres personnelles furent édités.
Il insistait sur le fait qu’une relation avec Dieu exigeait le
contact constant : « Toutes les fois que [Dieu] a eu
un peuple sur terre, il s’est toujours révélé
à lui par le Saint-Esprit, le ministère d’anges
ou sa propre voix » (Messenger and Advocate 1:2). Oliver
Cowdery dirigea la mission auprès des Lamanites, première
grande mission de l’Église (D&A 28:8 ; 30:5),
qui doubla le nombre des membres de l’Église et porta le
Livre de Mormon aux natifs américains. Après que
l’emplacement de temple eut été indiqué en
1831 dans le comté de Jackson, il s’y rendit avec des
copies des révélations pour leur première
impression. Comme la publication était essentielle pour
répandre l’Évangile et donner des instructions
aux membres, Oliver fut appelé à travailler avec
William W. Phelps, un rédacteur expérimenté (D&A
55:4 ; 57:11-13). Après que les voyous du Missouri eurent
détruit la presse, Cowdery retourna en Ohio pour y tenir
conseil avec les dirigeants de l’Église, qui le
chargèrent de relocaliser les publications de l’Église
là-bas. À cause de l’importance de disposer
d’informations précises, Sidney Rigdon et lui restèrent
en 1834 en Ohio où beaucoup d’hommes fidèles
marchèrent vers le Missouri avec le camp de Sion pour aider
les saints à retourner dans leurs maisons et leurs terres dans
le comté de Jackson.
En 1830-1831, Oliver
Cowdery fut le premier greffier de l’Église, appel qu’il
remplit de nouveau entre 1835 et 1837 (voir Historiens de l’Église).
Même au cours des autres années, il tint souvent les
procès verbaux officiels des réunions et fut souvent
rédacteur et correspondant pour les premiers journaux de
l’Église. Il écrivit, pour le Messenger and
Advocate, des articles qui nous donnent des renseignements sur les
débuts de l’histoire de l’Église. De juin à
octobre 1830, il remplit les fonctions de secrétaire tandis
que le prophète achevait des parties importantes de sa
Traduction de la Bible.
Une révélation
de 1830 situe Oliver Cowdery à la deuxième place après
Joseph Smith dans la direction de la prêtrise (D&A 20:2-3),
une situation rendue officielle en décembre 1834, quand il fut
classé au-dessus de Sidney Rigdon, qui avait longtemps rempli
les fonctions de premier conseiller de Joseph. Chacun devait
« officier en l’absence du président, selon
son rang et sa désignation, à savoir : le
président Cowdery premier, le président Rigdon ensuite
et le président Williams troisième » (PJS
1:21). Cowdery écrivit que cet appel avait été
prédit lors de la première ordination céleste,
bien que les devoirs d’impression au Missouri fussent
intervenus : « Cette promesse fut faite par l’ange
tandis qu’il était en compagnie du président
Smith, au moment où ils reçurent l’office de la
moindre prêtrise » (PJS 1:21 ; cf. HC 1:40-41).
Son poste de second du Prophète – parfois appelé
« président associé » – fut
donné en 1841 à Hyrum Smith (D&A 124:94-96), après
l’excommunication de Cowdery (voir Première Présidence).
La carrière
d’Oliver dans l’Église atteignit son apogée
de 1834 à 1836. Les procès verbaux et les lettres le
décrivent comme un prédicateur, auteur et
administrateur extrêmement efficace. Son journal de 1836 existe
encore, montrant son dévouement à la religion et à
la famille, ses activités politiques, son étude de
l’hébreu et le pouvoir spirituel qu’il partagea
lors de l’achèvement du temple de Kirtland. La dernière
inscription de Cowdery dans ce journal, portée le jour de la
consécration du temple, dit à propos de la réunion
du soir : « J’ai vu la gloire de Dieu, comme
une grande nuée, descendre et reposer sur la maison…
J’ai également vu des langues séparées les
unes des autres comme de feu reposer sur beaucoup … tandis
qu’ils parlaient en d’autres langues et prophétisaient »
(Arrington, p. 426).
Oliver fit également
allusion à d’autres choses. Un an plus tard, il écrivit
un « éditorial d’adieu ». Après
avoir mentionné sa « mission de la part du saint
messager » avant l’organisation de l’Église,
il écrivit qu’il fallait s’attendre à de
telles manifestations puisque l’Ancien Testament promettait que
Dieu « révélerait son bras glorieux »
dans les derniers jours « et parlerait face à face
avec son peuple » (Messenger and Advocate 3:548). Les mots
« face à face » qu’il souligna
correspondaient à sa vision récente du Christ le 3
avril 1836 dans le temple, vision qu’il eut en compagnie du
prophète (D&A 110:1-10). Ce fut aussi le moment où
ces premiers dirigeants de la prêtrise reçurent des
clefs spéciales de la prêtrise de Moïse, d’Élias
et d’Élie, terminant le rétablissement des
« clefs du royaume » (D&A 27:6-13) et
menant à bien la mission de Cowdery comme « second
témoin » de ce rétablissement. Oliver avait
une confiance profonde dans les apparitions divines. En 1835, il dit
aux Douze nouvellement nommés : « Ne cessez
jamais de faire des efforts jusqu’à ce que vous ayez vu
Dieu face à face » (HC 2:195).
En dépit de ces
expériences spirituelles profondes, les lettres d’Oliver
révèlent un éloignement personnel et familial
par rapport à Joseph Smith à partir du début de
1838. Les trois témoins avaient vu un ange avec Joseph Smith,
mais plus tard ils eurent tendance à concurrencer plutôt
qu’à coopérer avec sa gestion. Cowdery n’était
pas d’accord avec le programme économique et politique
du prophète et recherchait une indépendance financière
personnelle qui allait à l’encontre de l’économie
coopérative essentielle à la société de
Sion que Joseph Smith envisageait. Néanmoins, quand il passa
en jugement pour son excommunication, il envoya une lettre de
démission dans laquelle il insistait sur le fait que la
véracité de la révélation moderne n’était
pas en question : « Ne tirez aucune conclusion des
considérations ci-dessus autre que ma croyance en ce qui
concerne le gouvernement extérieur de cette Église »
(Far West Record, p. 165-166).
Ce procès était
en rapport avec l’excommunication de John Whitmer et de David
Whitmer, beaux-frères d’Oliver, également à
ce moment-là ; ceci était en parallèle avec
le soutien apporté précédemment par Oliver à
la famille Whitmer dans la question des révélations
concurrentes de Hiram Page (D&A 28:11-13). Le tribunal
ecclésiastique examina cinq accusations contre Cowdery :
inactivité, accusation d’adultère à
l’encontre du prophète et trois accusations pour avoir
commencé à exercer le droit et avoir cherché à
faire payer des dettes après la faillite de la banque de
Kirtland (voir Économie de Kirtland).
L’accusation
d’adultère portée par Oliver contre le prophète
était simpliste, parce qu’il était déjà
au courant du principe du mariage plural. Plutôt que de nier
l’accusation, le prophète témoigna que parce
qu’Oliver avait été son « ami
intime », il lui avait « confié beaucoup
de choses » (Far West Record, p. 168). Brigham Young dit
plus tard que ce point de doctrine avait été révélé
à Joseph et à Oliver pendant la traduction du Livre de
Mormon (cf. Jcb. 2:30) ; il est clair qu’une compréhension
plus complète du principe du mariage plural fut donnée
en 1832, lorsque Joseph Smith traduisit la Genèse (cf. D&A
130:1-2). Brigham Young ajouta qu’Oliver alla impétueusement
de l’avant sans la permission de Joseph, ne connaissant pas
« l’ordre, la façon de faire ni les
résultats » (Charles Walker Journal, 26 juillet
1872, Archives de l’Église). Oliver épousa
Elizabeth Ann Whitmer en 1832, et les problèmes avec la
polygamie le poussèrent apparemment, ainsi que la famille
Whitmer, à s’opposer plus tard au principe.
En 1838, après son
excommunication, Oliver retourna en Ohio, mais, contrairement à
ce que dit un acte fictif, il ne paya pas alors à l’évêque
Edward Partridge $1.000 pour la parcelle du temple à
Independence au nom de ses enfants, John, Jane et Joseph Cowdery. Ces
enfants n’ont jamais existé ; Oliver n’avait
pas cet argent et ne montra aucun intérêt pour le comté
de Jackson que ce soit alors ou plus tard. En fait, il continua
l’étude du droit et exerça à Kirtland,
mais en 1840 il déménagea pour Tiffin (Ohio), où
il devint une personnalité en vue en tant que fervent
démocrate. Ses annonces juridiques et son service public
parurent régulièrement dans les journaux locaux et il
fut personnellement mentionné dans les mémoires
cordiaux de William Lang, avocat éminent d’Ohio, qui fit
son apprentissage sous Cowdery et le décrivit comme étant
un homme menu, mesurant environ un mètre soixante-cinq, propre
et courtois. Du point de vue professionnel, Cowdery était
décrit comme un « avocat capable », bien
informé, avec une capacité de parole « brillante » ;
pourtant « il était modeste et réservé,
ne disait jamais du mal de personne, ne se plaignait jamais »
(Anderson, 1981, p. 41).
En 1847, il s’installa
au Wisconsin où il poursuivit son métier d’homme
de loi et faillit être élu à la première
législature d’État malgré les articles de
journaux ridiculisant sa déclaration publiée d’avoir
vu l’ange et les plaques. Au cours des dix années qu’il
passa en dehors de l’Église, Cowdery ne succomba jamais
aux pressions considérables l’incitant à renier
son témoignage du Livre de Mormon. En effet, les lettres qu’il
écrivit à ses parents membres de l’Église
montrent qu’il était blessé de voir l’Église
rejetée mais qu’il continuait à croire
profondément. Estimant que sa réputation avait été
diffamée, il demanda une disculpation publique, expliquant que
n’importe qui serait sensible au sujet de sa réputation
« si vous vous étiez tenus en la présence de
Jean avec notre frère décédé Joseph, pour
recevoir la moindre prêtrise, et en la présence de
Pierre pour recevoir la plus grande » (Gunn, p. 250-251).
Ces déclarations
contredisent une brochure qu’Oliver aurait prétendument
publiée en 1839 comme « Défense »
pour avoir quitté l’Église (voir Contrefaçons
de documents historiques). Apparaissant en 1906, elle dépeint
Oliver comme incertain d’avoir vu Jean-Baptiste. Mais aucun
original n’existe, ni aucune allusion à cette brochure
pendant le siècle de Cowdery. Son style emprunte des
expressions de Cowdery qui ont été publiées mais
réarrange ses conclusions. Il y a une contrefaçon plus
maladroite, appelée « Confession d’Oliver
Overstreet », qui prétend que l’auteur a été
suborné pour personnifier Cowdery et retourner dans l’Église.
Des documents abondants prouvent qu’Oliver est revenu à
Council Bluffs (Iowa) en 1848 avec sa femme et sa jeune fille.
Des journaux intimes et
des procès verbaux officiels rapportent les paroles prononcées
par Oliver Cowdery à son retour dans l’Église. Il
voulait uniquement être rebaptisé et retourner dans la
communion des saints, pas avoir un poste. Il déclara
publiquement qu’il avait vu et manipulé les plaques du
Livre de Mormon et qu’il était présent avec
Joseph Smith lorsque « de saints anges »
avaient rendu les deux prêtrises (Anderson, BYU Studies, 1968,
p. 278). Le grand conseil l’interrogea soigneusement sur sa
lettre (à David Whitmer) publiée dans laquelle Oliver
prétendait qu’il conservait les clefs de la direction de
la prêtrise après la mort de Joseph Smith. C’était
son avis, dit Oliver, avant de voir la révélation de
Nauvoo donner tous les pouvoirs à Hyrum Smith « qui
furent autrefois placés sur celui qui était mon
serviteur Oliver Cowdery » (D&A 124:95). « C’est
cette révélation qui a changé mon point de vue à
ce sujet » (Anderson, IE, nov. 1968, p. 19).
Comme elle s’était
mise en route pour Council Bluffs tard dans la saison, la famille
Cowdery fut forcée de passer l’hiver à Richmond
(Missouri), où vivait la majeure partie de la famille Whitmer.
Les lettres écrites pendant toute l’année 1849
répètent l’espoir d’Oliver de partir pour
l’Ouest et révèlent également son manque
de moyens. Elles disent qu’il crachait du sang, un problème
respiratoire de longue durée qui allait finir par lui coûter
la vie le 3 mars 1850. Le tribunal de circuit enregistra une
résolution de ses collègues avocats selon laquelle dans
la mort d’ « Oliver Cowdery, sa profession [avait]
perdu un membre doué et la collectivité, un citoyen
précieux et digne » (Anderson, 1981, p. 46).
David Whitmer et d’autres
parents vivant près d’Oliver Cowdery dans sa dernière
année affirmèrent plus tard qu’il était en
désaccord avec beaucoup de points de doctrine de Kirtland et
de Nauvoo, mais les critiques d’Oliver connues avec certitude à
l’époque ne concernent que l’intolérance et
une inquiétude permanente concernant la polygamie. David
Whitmer considérait Joseph comme un prophète déchu,
mais en 1848, Cowdery dit publiquement et en privé « que
Joseph Smith avait accompli fidèlement sa mission devant Dieu
jusqu’à la mort » (Geo. A. Smith à
Orson Pratt, MS 11, 20 oct. 1848, p. 14) et « que la
prêtrise était avec ce peuple et que « les
Douze étaient les seuls hommes qui pouvaient diriger l’Église
après la mort de Joseph » (Anderson, IE, nov. 1968,
p. 18). Dans sa dernière lettre connue, Oliver accepta, de la
part des Douze, la mission de faire du lobbying à Washington
et reconnut la direction des « bons frères de la
vallée de [Salt Lake City] » (Gunn, p. 261).
Elizabeth Ann Whitmer
Cowdery (1815-1892), la femme d’Oliver, l’avait connu
quand il écrivait sous la dictée pendant la traduction
du Livre de Mormon. Elle dit à propos de son engagement
indéfectible : « Il a toujours affirmé
sans l’ombre d’un doute… la divinité et la
véracité du Livre de Mormon » (Anderson,
1981, p. 63). Cette assurance a résisté à
l’épreuve de la persécution, de la pauvreté,
de la perte de standing, d’une santé défaillante
et de la mort tragique de cinq de ses six enfants. Mourant à
quarante-trois ans, Oliver était entouré par les
membres de sa famille qui ont dit qu’il avait réaffirmé
la divinité du Livre de Mormon et de la prêtrise
rétablie – et avait exprimé une confiance totale
au Christ. Juste avant rejoindre l’Église, il exprima
ses espoirs intérieurs dans une lettre à David Whitmer,
qui avait été témoin avec lui : « Que
le Seigneur défende notre réputation et fasse briller
notre témoignage, et alors les hommes seront sauvés
dans son royaume » (Oliver Cowdery à David Whitmer,
28 juillet 1847, Ensign of Liberty, 1:92).
Bibliographie
Anderson, Richard L.
"Reuben Miller, Recorder of Oliver Cowdery's Reaffirmations."
BYU Studies 8, printemps 1968, p. 277-293.
Id. "The Second
Witness of Priesthood Restoration". JE 71, sept. 1968, p. 15-24
et 71, nov. 1968, p. 14-20.
Id. Investigating the
Book ofMonnon Witnesses. Salt Lake City, 1981.
Arrington, Leonard J.
"Oliver Cowdery's Kirtland, Ohio, 'Sketch Book."' BYU
Studies 12, été 1972, p. 410-426.
Cannon, Donald Q. , et
Lyndon W. Cook. Far West Record. Salt Lake City, 1983.
Gunn, Stanley R. Oliver
Cowdery, Second Eider and Scribe. Salt Lake City, 1962.
Jessee, Dean C. "Joseph
Knight's Recollection of Early Mormon History". BYU Studies 17,
1976, p.36.
Porter, Larry C. "Dating
the Restoration of the Melchizedek Priesthood". Ensign 9, juin
1979, p. 5-10.
Whitmer, David. Address
to All Believers in Christ. Richmond, Mo., 1887.
RICHARD LLOYD ANDERSON
Création,
récits de la Création
Auteurs :
Nielsen, F. Kent et Ricks, Stephen D.
Les saints des derniers
jours ont, en plus de la Genèse biblique, deux restaurations
modernes de récits scripturaires antiques de la Création
dans le livre de Moïse et le livre d’Abraham. Des
informations faisant autorité sur le sujet apparaissent
également dans le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances
et la cérémonie du temple. Puisant dans cette abondance
de textes sur la création, les saints des derniers jours
comprennent que Jésus-Christ, agissant sous la direction de
Dieu le Père, a créé ce monde-ci et d’autres
pour rendre possible l’immortalité et la vie éternelle
d’êtres humains qui existaient déjà comme
enfants d’esprit du Père. Cette compréhension
diffère des récits scientifiques et des récits
traditionnels chrétiens parce qu’elle affirme le but et
le rôle de Dieu, tout en reconnaissant la création comme
l’organisation de matériaux préexistants et pas
comme un événement ex nihilo (création à
partir du néant). En outre, ces récits décrivent
un rôle actif pour les enfants d’esprit de Dieu dans la
création et contiennent une version plus détaillée
des origines du mal.
L’occurrence
fréquente de récits de la création dans les
Écritures et les cérémonies sacrées
mormones correspond à ce que l’on trouve d’une
manière générale dans le monde antique, et dans
l’Israël antique en particulier, où la Création
était régulièrement récitée ou
rejouée. Les Israélites et les autres peuples du
Proche-Orient antique considéraient la Création –
et notamment sa récitation et sa reconstitution rituelles –
comme possédant une nature dynamique, pas statique. Selon
Raffaele Pettazzoni, un historien bien connu des religions, « ce
qui s’est produit au commencement a une valeur exemplaire et
déterminante pour ce que se passe aujourd’hui et ce qui
arrivera à l’avenir » (p. 26).
La Création joue
un rôle théologique central dans le Livre de Mormon. Les
événements entourant la Création sont liés
à la chute de l’ange qui est devenu le diable (2 Né.
2:17 ; 9:8). Sa chute a, à son tour, mené à
celle d’Adam, à l’opposition comme partie
intégrante de la condition mortelle et, finalement, au besoin
de rédemption divine de l’humanité (2 Né.
2:18-27). Les prophètes du Livre de Mormon voyaient la
Création comme un symbole de la bonté de Dieu et comme
une pierre de touche de l’intendance humaine : « Voici,
le Seigneur a créé la terre afin qu’elle soit
habitée ; et il a créé ses enfants afin
qu’ils la possèdent » (1 Né.
17:36). Ceux qui rejettent la bonté de Dieu symbolisée
par la Création (et l’Expiation) seront inévitablement
jugés et punis (cf. 2 Né. 1:10).
Le récit de la
Création dans le livre de Moïse (révélé
en 1830 comme commencement de la traduction de la Bible par Joseph
Smith) apporte plusieurs informations en plus de celles qui sont dans
la Genèse.
D’abord, le livre
de Moïse montre que Moïse est bien l’auteur de son
récit de la Création et précise que celui-ci est
le résultat d’une révélation qui lui a été
donnée à un certain moment entre l’épisode
du buisson ardent et l’exode (Moï. 1:17, 25).
Deuxièmement, il
éclaircit le rôle de Jésus-Christ dans la
Création : « Et je les ai créées
[ces terres et leurs habitants], par la parole de mon pouvoir, qui
est mon Fils unique, lequel est plein de grâce et de vérité »
(Moï. 1:32-33) ; « Puis moi, Dieu, je dis à
mon Fils unique, qui était avec moi depuis le commencement :
Faisons l’homme à notre image » (Moï.
2:26-27) ; « Et moi, le Seigneur Dieu, je dis à
mon Fils unique : Voici, l’homme est devenu comme l’un
de nous, pour la connaissance du bien et du mal » (Moï.
4:28). Ceci est conforme aux enseignements de Jean et de Paul dans le
Nouveau Testament (Jn. 1:3, 10 ; Ép. 3:9 ; Col.
1:13-16 ; Hé. 1:2, 10).
Troisièmement, la
Création est placée dans un contexte beaucoup plus
vaste de créations continuelles de terres habitées
innombrables avec leurs cieux respectifs (dans lesquels le Christ a
joué un rôle central) : « Et j’ai
créé des mondes sans nombre ; et je les ai
également créés dans un dessein qui m’est
propre, et je les ai créés par le Fils, qui est mon
Fils unique… pour le mien possèdent le but ; et
par le fils je les ai créés, qui est le mien seulement
engendré…. Et lorsqu’une terre et ses cieux
passeront, une autre viendra. Et il n’y a pas de fin à
mes œuvres ni à mes paroles. » (Moï.
1:33, 38 ; voir aussi Mondes). Moïse reçoit des
détails de la création de « ce ciel, et
cette terre » seulement (Moï. 2:1 ; cf. 1:35).
Quatrièmement,
l’origine du mal est retracée jusqu’à la
rébellion de Satan, qui cherchait (1) à remplacer le
Fils bien-aimé de Dieu, qui « était [l’]élu
depuis le commencement » et (2) à recevoir et à
utiliser le pouvoir de Dieu de racheter tous les humains en
détruisant leur libre arbitre (Moï. 4:1-4). L’importance
du libre arbitre humain est réaffirmée dans le
commandement donné à Adam et à Ève au
sujet de l’arbre de la connaissance du bien et du mal :
« Tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance
du bien et du mal ; néanmoins, tu peux choisir par
toi-même, car cela t’est donné ; mais
souviens-toi que je le défends, car le jour où tu en
mangeras, tu mourras » (Moï. 3:17).
Cinquièmement, le
récit dans Moïse précise que tous les êtres
vivants ont été créés spirituellement
dans les cieux avant leur création physique sur la terre :
« Moi, le Seigneur Dieu, je créai spirituellement
toutes les choses dont j’ai parlé, avant qu’elles
fussent naturellement sur la surface de la terre… Et moi, le
Seigneur Dieu, j’avais créé tous les enfants des
hommes, mais pas encore d’homme pour cultiver le sol ; car
c’est dans le ciel que je les avais créés ;
et il n’y avait pas encore de chair sur la terre, ni dans
l’eau, ni dans l’air » (Moï. 3:5).
Certains commentateurs
mormons ont exploré la possibilité que le récit
de Moïse puisse résoudre le conflit existant dans l’ordre
des actes créateurs de Dieu entre Genèse 1 et Genèse
2 en traitant la première comme une création d’esprit
(O. Pratt, p. 21-22 ; Roberts, p. 264-268 ; cf. DS1:74-76
qui expose un point de vue différent). Les révélations
ultérieures expliquent que la création d’esprit
de l’humanité avait eu lieu longtemps avant que les
événements décrits dans aucun des récits
de la création de la terre. Dieu, notre Père céleste,
est littéralement le « Père des esprits »
(Hé. 12:9). « L’homme comme esprit a été
engendré et est né de parents célestes et a été
élevé jusqu’à sa maturité dans les
demeures éternelles du Père avant de venir sur la terre
dans un corps temporel » (voir Première Présidence,
« L’origine de l’homme », nov. 1909
[Annexe] ; voir aussi Corps d’esprit).
Le récit
abrahamique est distinctif parmi les récits de la Création.
Il décrit un cosmos structuré, avec beaucoup d’étoiles,
les unes au-dessus des autres, avec leurs différentes périodes
et ordres de gouvernement (Abr. 3:1-10). Dans ce contexte, Abraham se
renseigne également sur les esprits éternellement
existants, l’un au-dessus de l’autre en intelligence,
jusqu’au « Seigneur, ton Dieu », qui est
« plus intelligent qu’eux tous » (Abr.
3:19 ; voir les discours cités dans la bibliographie). On
lui montre un groupe d’intelligences organisées (ou
esprits ou âmes, les mots sont ici utilisés l’un
pour l’autre), au-dessus desquelles règne Dieu et parmi
lesquelles il demeure, et il apprend que Dieu « au
commencement » est descendu parmi elles et a dit de
certaines qui étaient « nobles et grandes » :
« De ceux-ci je ferai mes gouverneurs… et il me
dit : Abraham, tu es l’un d’eux ; tu fus choisi
avant ta naissance » (Abr. 3:18-23). L’un des buts
de cette assemblée prémortelle dans les cieux est
formulé par quelqu’un « parmi eux qui était
semblable à Dieu » qui dit à ceux qui sont
avec lui : « Nous descendrons là-bas…
et nous ferons une terre sur laquelle ceux-là pourront
habiter ; nous les mettrons ainsi à l’épreuve,
pour voir s’ils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur
commandera » (Abr. 3:24-25). Ceci est suivi d’une
mention de la gloire qui sera accordée à ceux qui se
montrent dignes, du choix de quelqu’un « qui était
semblable au Fils de l’Homme » (qui doit être
envoyé pour réaliser ceci) et du rejet de Satan, le
tout fait par « le Seigneur », qui est
identifié ailleurs comme étant Jéhovah (Abr.
3:25-28 ; cf. Abr. 1:15-16 ; 2:7-8). Ensuite, « le
Seigneur dit : Descendons », sur quoi les Dieux
« organisèrent et formèrent les cieux et la
terre » (Abr. 4:1). Un élément important de
ce récit révélé est que l’espace et
les matériaux pour créer la terre existaient
explicitement avant sa création.
C’est dans ce
contexte de l’assemblée divine, ou Conseil dans les
cieux, que le récit d’Abraham concernant la Création
va de l’avant en suivant, de manière générale,
la structure de la Genèse. Au moment où il publia cette
« traduction » en 1842, Joseph Smith avait
acquis une compréhension beaucoup plus profonde grâce à
des révélations supplémentaires et certaines par
l’étude de l’hébreu. À la lumière
de la doctrine du Conseil dans les cieux, Joseph Smith avait fait
remarquer que le terme hébreu Élohim, qui est un
pluriel, devrait être rendu par « Dieux »
dans le récit de la Création et non par le « Dieu »
traditionnel (WJS, p. 379). C’est ainsi qu’il est rendu
dans tout le récit d’Abraham. À la lumière
de la doctrine de la nature éternelle de la matière, le
mot traditionnellement traduit par « créa »
devient « organisa ». L’expression
« informe et vide » (hébreu tohu
va-bohu) est rendue, tout à fait correctement, par « vide
et désolée » et décrit l’état
de la terre après qu’elle a été organisée,
pas avant (Abr. 4:2).
Le terme « jour »
(yom en hébreu) pour les sept « jours »
de la création est rendu par « temps »,
une option permise en hébreu et il est explicitement précisé
que le « temps » dans lequel Adam devrait
mourir s’il prenait du fruit défendu « était
selon le temps du Seigneur, qui était selon le temps de Kolob
[une grande étoile dont Abraham avait vu qu’elle était
le plus près du trône de Dieu, dont la révolution,
d’une durée de mille ans selon notre manière de
calculer, est un jour pour le Seigneur] ; car les Dieux
n’avaient pas encore désigné à Adam le
calcul de son temps » (Abr. 5:13 ; 3:2-4).
Sur la base du passage
ci-dessus, qui exclut clairement la possibilité que des jours
terrestres de vingt-quatre heures soient les « jours »
ou « périodes » de la création,
certains saints des derniers jours ont avancé que les
« temps » de la création aussi bien que
le « temps » de la vie terrestre d’Adam
après la Chute étaient des périodes de mille
ans ; d’autres sont partisans de périodes
indéterminées, le temps nécessaire pour
accomplir l’œuvre concernée. Le récit
d’Abraham contient effectivement le passage intéressant,
en rapport avec « l’organisation » des
luminaires dans « l’étendue » du
ciel : « Et les Dieux observèrent les choses
auxquelles ils avaient donné des ordres jusqu’à
ce qu’elles eussent obéi » (Abr. 4:14-18). Le
récit d’Abraham comprend en fait douze « travaux »
des Dieux, répartis parmi les « jours »
à la manière de la Genèse. Le récit
ultérieur de la création au temple donne une version
abrégée de ces travaux, divisés différemment
parmi les sept jours tout en maintenant le même ordre, ce qui
veut peut-être dire que le jour où un travail donné
est accompli importe peu.
Abraham relie les récits
apparemment différents de Genèse 1 et 2 dans le
contexte du Conseil dans les cieux. Le récit en sept jours
d’Abraham suit l’œuvre des cinq premiers temps
créateurs et d’une partie du sixième comme
création physique de la terre et sa préparation pour
recevoir la vie avant que celle-ci n’y soit effectivement
placée. Ainsi, pendant le troisième temps, « les
Dieux organisèrent la terre afin qu’elle produisît
de la verdure… et la terre afin qu’elle produisît
les arbres à partir de leur semence » (Abr. 4:12 ;
italiques ajoutés). Et pendant le cinquième temps,
« les Dieux préparèrent les eaux afin
qu’elles produisissent de grands poissons et tous les animaux
vivants… tous les oiseaux ailés selon leur espèce. »
(Abr. 4:21). De même, au sixième temps, « les
Dieux préparèrent la terre afin qu’elle produisît
des animaux vivants selon leur espèce… et les Dieux
virent qu’ils obéiraient » (Abr. 4:24-25).
Ensuite lors du sixième temps, les Dieux se consultèrent
à nouveau et décidèrent de former l’homme
et de lui donner la domination sur les plantes et les animaux qui
devaient venir sur la terre (Abr. 4:26-29). « Et les Dieux
se dirent entre eux : Au septième temps, nous achèverons
l’œuvre que nous sommes convenus de faire, et nous nous
reposerons… Et telles furent leurs décisions à
l’époque où ils convinrent entre eux »
(Abr. 5:2-3). Le récit parallèle à Genèse
2 vient ensuite tout naturellement comme récit du placement
proprement dit de la vie sur la terre : « Et les
Dieux descendirent et formèrent les origines des cieux et de
la terre, quand ils furent formés le jour où les Dieux
formèrent la terre et les cieux. Selon tout ce qu’ils
avaient dit concernant chaque plante des champs avant qu’elle
fût sur la terre » (Abr. 5:4-5).
Plusieurs thèmes
que l’on trouve dans d’autres récits antiques de
la création – le conflit prémortel dans les
cieux, la victoire divine sur les pouvoirs d’opposition du
chaos et la promulgation de la loi au moment de la création –
sont également connus dans les récits de la création
des Écritures et de la théologie des saints des
derniers jours (2 Né. 2:17 ; 9:8 ; Moï.
4:3-4 ; Abr. 3:27-28 ; voir aussi Guerre dans le ciel ;
Préexistence (Existence Préterrestre)). Il y a des
allusions à ces idées dans plusieurs passages de la
Bible (cf. Ex. 15 ; Job 38-41 ; És. 40-42 ; Ps.
18 ; 19 ; 24 ; 33 ; 68 ; 93 ; 104 ;
Prov. 8:22-33 ; Ha. 3:8 ; Ap. 12:7-12). Du début de
l’ère chrétienne jusqu’à la fin du
XIXe siècle, l’interprétation chrétienne
traditionnelle a généralement traité ces textes
bibliques de manière allégorique ou n’en a pas du
tout tenu compte dans l’étude de la Création. Une
transformation profonde de l’interprétation chrétienne
de ces passages a eu lieu pendant la dernière partie du XIXe
siècle avec la découverte et la traduction de récits
de la Création venant de la Mésopotamie et de l’Égypte
anciennes. Bien qu’ils varient considérablement dans les
détails, ces récits mentionnent habituellement des
combats prémortels, l’établissement de l’ordre
divin avant la création et la création à partir
du chaos. Les passages bibliques mentionnés ci-dessus sont
maintenant souvent compris à la lumière de ces
descriptions des récits extrabibliques.
La doctrine de la
création ex nihilo a été l’explication
chrétienne traditionnelle. Dans les commentaires récents
sur le sujet, beaucoup d’érudits juifs se sont accordés
pour dire qu’on ne trouve pas de croyance en une création
ex nihilo avant la période hellénistique, tandis que
les savants chrétiens ne trouvent aucun signe de pareille
doctrine dans l’Église chrétienne avant la fin du
IIe siècle apr. J.-C. Le rejet de la création ex nihilo
dans l’enseignement des saints des derniers jours s’accorde
ainsi avec ce que l’on sait de la conception la plus ancienne
de la Création dans l’Israël antique et dans le
christianisme primitif. De même, les saints des derniers jours
ont vu dans des passages bibliques tels que Jean 9:2 et Jérémie
1:4-5 une allusion à une existence individuelle prémortelle,
avec des implications pour l’existence terrestre ultérieure.
À l’appui de ceci, on peut préciser que divers
chrétiens et groupes chrétiens des premiers siècles
du christianisme ont enseigné la même doctrine (cf.
Origène, De Principiis 1:7 ; 2:8 ; 4:1) et qu’on
la trouve également dans les croyances juives de la même
période, notamment Philon (De mutatione nominum 39 ; De
opificio mundi 51 ; De cherubim 32), dans certains écrits
apocryphes (Sagesse de Salomon 8:19-20 ; 15:3) et chez les
Esséniens (Josèphe, Guerre des Juifs 2.8.11, aussi bien
que dans le Talmud et le Midrash juifs).
Bibliographie
Anderson, Bernhard W.
"Creation". Dans Interpreter’s Dictionary of the
Bible, Vol. 1, p. 725-32. New York, 1962.
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Pettazzoni, Raffaele.
"Myths of Beginnings and Creation-Myths". Dans Pettazzoni,
Essays on the History of Religions, H. J. Rose, trans., Vol. 1, p.
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Pratt, Orson. "The
Pre-existence of Man." Série d’articles dans The
Seer (1853-1854). Photo repr., Salt Lake City, 1990.
Pratt, Parley P. "Origin
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Theology, p. 26-32. Salt Lake City, 1978.
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1966.
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Creation. Salt Lake City, 1976.
Smith, Joseph. Voir
discours rapportés dans WJS, p. 9, 33, 60, 341, 346, 351-352
et 359 et leurs contextes.
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Winston, David. "Creation
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Journal of Jewish Studies 37, printemps 1986, p. 88-91.
Young, Brigham.
Discourses of Brigham Young, chaps. 2, 4, 9. Salt Lake City, 1954.
F. KENT NIELSEN
STEPHEN D. RICKS
D
Damnation
Auteur :
HOLZAPFEL, RICHARD NEITZEL
« Damnation »
est un terme qui dérive du latin damnum, signifiant
« dommages » et « perte »
et suggère souvent l’idée de privation de ce que
l’on aurait dû posséder. Tout comme il y a des
degrés et des types divers de salut, liés à une
progression éternelle dans certains domaines (D&A
76:96-98 ; 131:1-4), de même il y a des degrés et
des types divers de damnation. Dans la doctrine des saints, être
damné signifie être arrêté, bloqué
ou limité dans sa progression. Les individus sont damnés
toutes les fois qu’ils sont empêchés d’atteindre
leur plein potentiel d’enfants de Dieu. La damnation, c’est
ne pas atteindre ce dont on aurait pu jouir si l’on avait
accepté la loi tout entière de l’Évangile
et si on y avait été fidèle. Dans ce sens, tous
ceux qui ne parviennent pas au degré le plus élevé
du royaume céleste sont damnés même s’ils
sont sauvés dans un degré de gloire. Ils sont damnés
dans le sens qu’ils ne jouiront pas d’un accroissement
éternel ou de la continuation de la cellule familiale dans
l’éternité (D&A 132:4, 19). Dans ce contexte,
la damnation ne désigne pas nécessairement la
souffrance éternelle en enfer avec le diable, parce que la
perte de bénédictions est en soi un type d’enfer
et de damnation. Les conceptions des saints sur ce sujet sont liées
à des écrits bibliques enrichis et clarifiés par
des révélations supplémentaires ; par
conséquent, le terme damnation a une application plus large
que ne pourrait le laisser croire l’usage moderne (voir Degrés
de gloire ; Exaltation ; Héritiers).
Dans les Écritures,
damnation désigne habituellement le jugement ou la
condamnation qui seront prononcés par Jésus-Christ sur
les méchants à la fin du monde (Mt. 25:41-46).
« Damnation » est l’équivalent de
l’hébreu « rasha », qui signifie
être méchant, impie ou coupable, et du grec krino, qui
implique une mise sous condamnation. Si le mot « damnation »
apparaît régulièrement dans la King James Version
de la Bible, (c.-à-d., dans le Nouveau Testament) on ne le
trouve pas dans la version Segond, qui utilise plutôt
« condamnation ».
Beaucoup de juifs et de
chrétiens rejettent l’idée de la damnation comme
étant une notion théologique désuète,
mais certains juifs orthodoxes et chrétiens conservateurs
entretiennent une croyance en une damnation finale et éternelle.
Les chrétiens conservateurs croient généralement
que Dieu lui-même condamnera les pécheurs impénitents
sur la base de la justice méritée par les intéressés
(Mt. 12:41-42 ; Jn. 12:48 ; Ro. 3:8). Ils croient, en
outre, que le Christ, le Rédempteur, est venu pour sauver
plutôt que pour condamner (Jn. 3:17) et que lui seul libère
l’individu de la damnation finale (Ro. 8:1-2).
La damnation résulte
du refus de croire en l’Évangile (Mc. 16:16), d’accepter
une lumière et une connaissance supplémentaires (Al.
12:9-11), du fait de croire à de fausses doctrines (2 Pi.
2:1), d’être paresseux et de devoir être commandé
en tout (D&A 58:26-29) et de refuser de s’humilier, de se
repentir et de vivre selon les principes de l’Évangile.
Le prophète Joseph Smith a expliqué : « Dieu
a décrété que tous ceux qui ne veulent pas obéir
à sa voix n’échapperont pas au châtiment de
la géhenne. Qu’est-ce que le châtiment de la
géhenne ? Se retrouver dans la société de
ceux qui n’ont pas obéi à ses commandes »
(EPJS, p. 160 ; cf. p. 262-263).
Il y a aussi damnation
quand on prend la Sainte-Cène indignement (1 Co. 11:29), quand
on se complaît dans l’injustice (2 Th. 2:12), que l’on
se livre à des relations adultères (1 Ti. 5:11-12), que
l’on rejette la loi de l’Église (D&A 42:60),
que l’on néglige l’alliance du mariage éternel
(D&A 132:4), que l’on change la sainte parole de Dieu (Mrm.
8:33) et que l’on rejette Jésus-Christ (D&A 49:5).
Si des personnes font ces choses et ne se repentent pas, elles ne
jouissent pas de la protection de la loi de Dieu et n’ont pas
la nourriture spirituelle qu’elles auraient pu avoir et, en
conséquence, elles connaissent la damnation.
Il ne faut pas confondre
la damnation avec le tourment ou le châtiment sans fin. Une
révélation à Joseph Smith explique : « Il
n'est pas écrit qu'il n'y aura pas de fin à ce
tourment, mais il est écrit tourment infini. Il est aussi
écrit damnation éternelle ; ceci est plus
explicite que d'autres Écritures afin d'agir sur le cœur
des enfants des hommes » (D&A 19:6-7 ; voir aussi
Infini et éternel). Le président Brigham Young
explique : « Nous croyons que seront damnés
tous ceux qui n’acceptent pas l’Évangile de
Jésus-Christ ; mais nous ne croyons pas qu’ils
iront dans un étang de feu et de soufre et qu’ils
subiront des tourments sans nom, infligés à toute
éternité par des démons cruels et malveillants.
La doctrine sectaire des récompenses et des châtiments
finaux me paraît aussi étrange que leur Dieu sans corps,
sans parties et sans passions. Chaque homme recevra selon les actes
accomplis dans le corps, qu’ils soient bons ou mauvais. Tous
les hommes, sauf ceux qui pèchent contre le Saint-Esprit, qui
versent le sang innocent ou qui y consentent, seront sauvés
dans un royaume ; car dans la maison de mon Père, dit
Jésus, il y a plusieurs demeures » (JD 11:125-126).
La damnation finale et
totale ne revient qu’au diable et à ses anges, qui se
sont rebellés dans le premier état, et aux fils de
perdition, qui sont damnés éternellement et se voient
refuser l’entrée dans un quelconque royaume de gloire
dans l’au-delà (D&A 76:32-34). Les fils de perdition
sont ceux qui sont coupables du péché impardonnable
contre le Saint-Esprit (D&A 132:27 ; cf. Mc. 3:29), qui
inclut le reniement obstiné du « Fils unique du
Père, [l’ayant] crucifié, pour leur part, et
[l’ayant] exposé à l'ignominie » (D&A
76:35).
Bibliographie
Kimball, Spencer W.
"Marriage and Divorce". Dans 1976 Speeches of the Year, p.
154. Provo, Utah, 1977.
Lee, Harold B. "Spiritual
Rebirth and Death". IE 50, nov. 1947, p. 716, 752, 754.
Stuy, Brian, dir. de
publ. Discours de George Q. Cannon. Dans Collected Discourses, 3
vols. ; Vol. 2, p. 64-76. Sandy, Utah, 1987-1989.
RICHARD NEITZEL HOLZAPFEL
Daniel,
prophéties de
Auteur :
Chadwick, Jeffrey R.
L'Église
de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours considère
le livre de Daniel comme les écrits du Daniel qui fut déporté
de Jérusalem à Babylone (v. 606 av. J.-C.) et accepte
l’œuvre comme Écriture. Elle y voit des prophéties
importantes sur les derniers jours, notamment l'apostasie et le
rétablissement de l'Évangile de Jésus-Christ.
Selon
Wilford Woodruff, l'ange Moroni a cité au prophète
Joseph Smith le chapitre 2 de Daniel, qui contient une prophétie
du rétablissement de l'Évangile dans les derniers jours
dans le songe de Nebucadnetsar concernant « ce qui
arrivera dans la suite des temps » (Daniel 2:28 ;
Whittaker, p. 159). Daniel voit dans la « tête
d'or » du songe un symbole de l'empire de Nebucadnetsar et
les prophètes modernes ont précisé que la pierre
« détach[ée] sans le secours d’aucune
main » (Daniel 2:34) représente le Royaume de Dieu
dans les derniers jours (D&A 65 ; HC 1:xxxiv-xi). Les autres
symboles ont été interprétés comme suit :
« La poitrine et les bras d'argent »
représentent le royaume perse qui remplaça Babylone.
« Le ventre et les cuisses d'airain »
préfigurent les états hellénistiques qui
allaient suivre. Les deux « jambes de fer »
sont l'empire romain, annonçant la division entre Rome et
Constantinople. Les pieds de l'image, « en partie de fer
et en partie d’argile » symbolisent les royaumes
européens issus de la dissolution de l'empire romain à
partir du cinquième siècle. Ces royaumes fusionnèrent
la culture de Rome avec celle des tribus européennes du nord
et de l’est ; d’où le mélange
symbolique du fer et de l'argile.
Dans le temps de ces royaumes,
prédit Daniel, « le
Dieu des cieux suscitera un royaume... [qui] subsistera
éternellement » (2:44). Ce royaume final,
représenté par la pierre « détach[ée]
sans le secours d’aucune main », est l'Église
de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours rétablie
en 1830, lorsque les monarques européens gouvernaient encore.
On voit que l'Église se propagerait partout dans le monde par
le fait que « la pierre qui avait frappé la statue
devint une grande montagne, et remplit toute la terre. »
(2:34-35 ; Kimball, p. 8).
La vision de Daniel au
chapitre sept s’interprète
aussi dans le contexte des derniers jours. Les « quatre
grands animaux » (Daniel 7:3) semblent représenter
les empires successifs de Babylone, Perse, Macédoine et Rome
et les « dix cornes » (7:7) du quatrième
animal semblent symboliser encore une fois les royaumes qui
succédèrent à l'empire romain. Les prophètes
modernes identifient « l’ancien des jours »
(7:22) comme étant Adam, qui présidera une réunion
qui se tiendra à Adam-ondi-Ahman, dans le Missouri, avant la
seconde venue de Jésus (D&A 116). Lors de cette assemblée,
Jésus, « le Fils de l'homme »,
apparaîtra. Agissant pour les dirigeants de la prêtrise
de toutes les dispensations, Adam rendra à Jésus
ressuscité les clefs de la prêtrise qui représentent
la domination éternelle.
La prophétie des
« soixante-dix semaines »
au chapitre 9 intéresse les saints des derniers jours parce
qu'elle suggère que l'Église du Nouveau Testament
tomberait dans l'apostasie. Les soixante-neuf semaines (Daniel
9:24-26) pourraient symboliser la période comprise entre le
retour des juifs à Jérusalem (537 av. J.-C.) et la
venue de Jésus, le Messie, qui expierait pour son peuple. Le
verset 27 rapporte que le Seigneur « fera une solide
alliance avec plusieurs pour une semaine ». Cette
soixante-dixième semaine pourrait symboliser les décennies
que la vraie Église du Christ a duré, alors dirigée
par des apôtres et des prophètes vivants, pour prendre
fin peu après 100 de notre ère, après le
ministère de Jean l'apôtre. La prophétie fait
également remarquer que Jérusalem et son temple
seraient détruits « durant la moitié de la
semaine » (an 70), mentionnant l'abomination de la
désolation et la cessation des sacrifices au temple (cf. Marc
13:14).
Bibliographie
Kimball,
Spencer W. "A Stone Cut Without Hands." Ensign 6, mai 1976,
p. 4-9.
McConkie, Bruce R. The
Millennial Messiah, chap. 11, 47.
Salt Lake City, 1982.
Sperry, Sidney B. The Voice of
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Prophets. Salt Lake City, 1952.
Whittaker, David J. "The Book
of Daniel in Early Mormon Thought." Dans By Study and Also by
Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 1, p. 155-201.
Salt Lake City, 1990.
JEFFREY R. CHADWICK
Degrés
de gloire
Auteur :
DAHL, LARRY E.
L'Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours a une vision
optimiste des récompenses éternelles qui attendent
l'humanité dans l'au-delà. Les membres de l'Église
croient qu'il y a « plusieurs demeures » (Jn.
14:2) et que l'expiation et la résurrection du Christ
sauveront toute l'humanité de la mort et finalement
récupéreront tout le monde de l'enfer excepté
les fils de perdition (D&A 76:43-44). Ceux qui sont sauvés
ne sont cependant pas placés dans un état monolithique
appelé le ciel. Dans la résurrection du corps, ils sont
affectés à différents degrés de gloire en
fonction de la loi à laquelle ils ont obéi. Il y a
trois royaumes de gloire : le céleste, le terrestre et le
téleste. L’apôtre Paul parle de trois gloires qui
diffèrent entre elles comme le soleil, la lune et les étoiles
diffèrent en éclat. Il appelle céleste et
terrestre les deux premières gloires, mais la troisième
ne reçoit pas de nom dans la Bible (1 Co. 15:40-41 ; cf.
D&A 76:70-81, 96-98.) Le mot « téleste »
est un terme mormon, utilisé pour la première fois par
le prophète Joseph Smith et Sidney Rigdon quand ils rapportent
une vision qu'ils reçoivent le 16 février 1832 (D&A
76 ; voir aussi Royaume céleste ; Royaume
terrestre ; Royaume téleste).
Lors du jugement final,
tous, excepté le diable, ses anges et ceux qui deviennent fils
de perdition pendant la condition mortelle seront affectés à
l’un des trois royaumes de gloire. Le diable et ses disciples
seront affectés à un royaume sans gloire (D&A
76:25-39 ; 88:24, 32-35).
SOURCES SCRIPTURAIRES
mormoneS. Bien que la Bible contienne des mentions de divers niveaux
de résurrection et de ciel (1 Co. 15:39-58 ; 2 Co. 12:2),
la connaissance que les saints ont de la question vient
principalement des révélations données au
prophète Joseph Smith. La première révélation
traitant directement ce sujet fut donnée le 16 février
1832 et est appelée « la Vision » (D&A
76). Pour ce qui est des circonstances dans lesquelles cette
révélation fut donnée, Joseph Smith explique :
À mon retour de la conférence d'Amherst, je repris la
traduction des Écritures. D'après diverses révélations
qui avaient été reçues, il était clair
que beaucoup de points importants concernant le salut des hommes
avaient été enlevés de la Bible ou perdus avant
qu'elle ne fût compilée. D'après les vérités
qui restaient, il semblait qu'il allât de soi que si Dieu
récompensait chaque homme selon les actions accomplies dans le
corps, le terme ‹ciel›, signifiant la demeure éternelle
des saints, devait comprendre plus d'un royaume. En conséquence,
tandis que nous traduisions l'Évangile de Jean, nous eûmes,
frère Rigdon et moi-même, la vision suivante »
[HC 1:245 et chapeau de la section ; voir aussi la traduction de
la Bible par Joseph Smith (TJS)]).
Des révélations
ultérieures, particulièrement D&A 88, 131, 132, 137
et 138, ajoutent des informations à ce sujet.
LA GLOIRE CÉLESTE.
Le Royaume céleste est réservé à ceux qui
reçoivent le témoignage de Jésus et embrassent
pleinement l'Évangile, c'est-à-dire, ont la foi en
Jésus-Christ, se repentent de leurs péchés, sont
baptisés par immersion par quelqu’un ayant l'autorité,
reçoivent le Saint-Esprit par l'imposition des mains et
persévèrent dans la justice. Tous ceux qui atteignent
ce royaume « demeureront pour toujours et à jamais
dans la présence de Dieu et de son Christ » (D&A
76:62). Il y a, cependant, différentes bénédictions
et différents pouvoirs dans ce royaume. « Il y a,
dans la gloire céleste, trois cieux ou degrés. Pour
obtenir le plus haut, l'homme doit entrer dans cet ordre de la
prêtrise [à savoir : la nouvelle alliance éternelle
du mariage], sinon, il ne peut l'obtenir. Il peut entrer dans
l'autre, mais c'est là la fin de son royaume ; il ne peut
avoir d'accroissement » (D&A 131:1-4).
L’ « accroissement », dans ce cas,
signifie le fait d’avoir des enfants d'esprit après la
condition mortelle (voir Vies éternelles, Accroissement
éternel). Joseph Smith explique : « Si un
homme et sa femme ne contractent pas une alliance éternelle et
ne sont pas mariés pour l'éternité par le
pouvoir et l'autorité de la Sainte Prêtrise, ils
cesseront de s’accroître quand ils mourront ;
c'est-à-dire qu’ils n'auront pas d’enfants après
la résurrection » (EPJS, p. 242). Les saints des
derniers jours croient que ceux qui atteignent le plus haut niveau du
Royaume céleste deviennent des dieux, reçoivent
l'exaltation et sont cohéritiers avec le Christ de tout ce que
le Père a (cf. Ro. 8:14-17 ; D&A 76:50-70 ;
84:33-39 ; 132:19-25).
Il n'y a aucune
explication scripturaire concernant ceux qui vont dans les deux
catégories inférieures du Royaume céleste si ce
n’est qu'ils « ne sont pas dieux, mais anges de
Dieu, pour toujours et à jamais » des serviteurs
chargés d’un ministère, qui « restent
à toute éternité séparés et seuls,
sans exaltation, dans leur état sauvé » (D&A
132:16-17).
LA GLOIRE TERRESTRE. Les
habitants du Royaume terrestre sont décrits comme étant
les gens honorables de la terre qui ont reçu le témoignage
de Jésus mais n'ont pas été suffisamment
vaillants dans ce témoignage pour obéir à tous
les principes et ordonnances de l'Évangile (D&A 76:71-80).
En outre, ceux « des nations païennes »
qui « sont morts sans loi », qui sont
honorables mais qui n'acceptent pas la plénitude de l'Évangile
dans le monde d'esprit post-terrestre, sont candidats à la
gloire terrestre (D&A 45:54 ; 76:72). Dans l'au-delà,
ils reçoivent la présence du Fils, mais pas la
plénitude du Père. La gloire du Royaume terrestre
diffère de celle du céleste comme la lumière que
nous voyons de la lune diffère en gloire de celle du soleil.
Il n'y a aucune mention de différents degrés ou niveaux
dans le Royaume terrestre, mais il est raisonnable de croire que là,
comme dans les royaumes céleste et téleste, les
personnes différeront en gloire les unes des autres (voir D&A
76:97-98).
LA GLOIRE TÉLESTE.
Ceux qui, sur terre, sont des menteurs, des sorciers, des
fornicateurs et des adultères, qui ne reçoivent pas
l'Évangile, ni le témoignage de Jésus, ni celui
des prophètes, vont dans le Royaume téleste. Ils sont
jugés indignes de ressusciter à l'avènement du
Christ et reçoivent un temps supplémentaire en
« enfer » pour se repentir et se préparer
pour une résurrection et un placement ultérieurs dans
un royaume de gloire moindre. Pendant cette période, ils
apprennent à respecter des lois qu'ils ont rejetées par
le passé. Ils fléchissent le genou et admettent leur
dépendance vis-à-vis de Jésus-Christ, mais ils
n’acceptent toujours pas la plénitude de l'Évangile.
À la fin du millénium, ils sont extraits de l'enfer et
sont ressuscités dans une gloire téleste. Là,
« ils seront les serviteurs du Très-Haut ;
mais là où Dieu et le Christ demeurent, ils ne peuvent
aller, aux siècles des siècles » (D&A
76:112). Cependant, ils reçoivent « de
l'Esprit-Saint par le ministère des terrestres »
(verset 86). Bien que différant de la gloire des royaumes
terrestre et céleste comme la lumière que nous
percevons des étoiles diffère de celle de la lune et de
celle du soleil, la gloire du Royaume téleste « défie
[malgré tout] toute compréhension » (verset
89 ; voir D&A 76:81-90, 98-112 ; 88:100-101).
OCCASION DONNÉE À
TOUS. L'Église enseigne que tous les hommes, à
l’exception des fils de perdition, trouveront, dans l’au-delà,
une place dans l’un des royaumes de gloire et qu'ils
choisissent eux-mêmes l'endroit par la vie qu’ils mènent
ici sur terre et dans le monde d'esprit post-terrestre. Même la
gloire la plus basse défie toute compréhension pour les
mortels. Tout le monde reçoit son libre arbitre (D&A
93:30-32). Tous ont accès au pouvoir révélateur
de la Lumière du Christ, qui, à condition qu’ils
la suivent, les conduira à la vérité de
l'Évangile (Jn. 1:1-13 ; Al. 12:9-11 ; Mro.
7:14-19 ; D&A 84:45-48). Tout le monde entendra l'Évangile
de Jésus-Christ sur terre ou dans le monde d'esprit
post-terrestre et aura suffisamment l'occasion de démontrer à
quel point il l’accepte (D&A 138 ; cf. 1 Pi. 4:6).
Ceux qui n'ont pas l’occasion de recevoir l'Évangile sur
cette terre, mais qui l’auraient entièrement accepté
s’ils avaient pu l'entendre, et qui le reçoivent donc
dans le monde d'esprit, sont héritiers du royaume céleste
de Dieu (D&A 137:7-8). Ils accepteront les ordonnances
salvatrices accomplies pour eux par procuration dans un temple sur la
terre (voir Salut des morts). Le Christ, victorieux et plein de
grâce, accorde à tous le désir de leur cœur,
leur permettant de choisir leur récompense éternelle
selon la loi qu’ils sont disposés à respecter.
Bibliographie
Dahl, Larry E. “The
Vision of the Glories”. Dans Studies in Scripture, dir. de
publ. R. L. Millet et K. P. Jackson, vol. 1, p. 279-308. Sandy, Utah,
1984.
Smith, Joseph Fielding,
DS, vol. 2, p. 20-24. Salt Lake City ? 1955.
Talmage, James E. AF, p.
375-394. Salt Lake City, 1968.
LARRY E. DAHL
Déification
chez les premiers chrétiens
Auteur :
NORMAN, KEITH E.
Du deuxième au
huitième siècle, le terme chrétien standard pour
désigner le salut était théopoièse ou
théose, littéralement, « faire Dieu »
ou déification. Ce langage a survécu sporadiquement
dans la tradition mystique de l'Occident et est toujours utilisé
dans l'Église catholique orthodoxe. La doctrine des saints
relative à la progression éternelle et à
l'exaltation à l'état divin exprime une conception
similaire du salut.
Sous sa forme classique,
en particulier dans les ouvrages d'Athanase (évêque
d'Alexandrie au IVe siècle), la déification était
basée sur la notion de l'incarnation du Christ. Le Conseil de
Nicée (325 apr. J.-C.) a défini le Fils comme
homoousios (de la même substance) avec le Père et donc
pleinement Dieu. En prenant sur lui notre chair par la naissance,
Jésus, en tant que Dieu, a uni l'essence de l'humanité
à la nature divine. Finalement, la divinité du Christ a
surmonté les limites de la chair par la résurrection et
la glorification, transformant et élevant son corps au niveau
complet de l'état divin. Comme Athanase l’a résumé :
« Dieu a été fait homme pour que nous
puissions être faits Dieu » (De l'incarnation du
Logos, 54).
Bien que ce point de
doctrine ait été écarté par les savants
ultérieurs comme une simple « théorie
physique de la rédemption » concentrée sur
la Résurrection, la déification est plus qu'un synonyme
de l'immortalité. Les Pères de l'Église
affirmaient que la déification non seulement rétablit
l'image de Dieu qui a été perdue au moment de la Chute,
mais permet également à l'humanité de dépasser
la nature humaine de manière à posséder les
attributs de Dieu. « Je peux devenir Dieu dans la mesure
où il est devenu homme », disait Grégoire de
Nazianze vers la fin du IVe siècle (Homélies 29.19).
Les descriptions de la déification mentionnaient
l'incorruptibilité physique, l'immunité par rapport à
la souffrance, la vertu parfaite, la pureté, la plénitude
de la connaissance et de la joie, la progression éternelle, la
communion avec Dieu, l’héritage de la gloire divine et
la possibilité de régner conjointement à jamais
avec le Christ dans le royaume de Dieu dans les cieux.
Les racines de la
doctrine chrétienne de la déification sont
essentiellement bibliques. En commençant par la création
de l'humanité à l'image de Dieu (Ge. 1:26-27), les
Pères de l’Église ont élaboré des
aspects de la déification à partir de notions telles
que le commandement de parvenir à la perfection et à la
sainteté morales (par exemple, Lé. 19:1-2 ; Mt.
5:48 ; 1 Jn. 3:2 ; 1 Co. 11:1 ; 2 Pi. 1:3-7),
l’adoption comme héritiers de Dieu (Ro. 8:15-17 ;
Ga. 4:4-7), l’unification avec Dieu en Christ (Jn. 17:11-23) et
la participation aux souffrances du Christ afin de d'être
élevés avec lui dans la gloire (par exemple, Ro.
8:16-18 ; 2 Co. 3:18 ; 4:16-18 ; Ph. 3:20-21 ; 2
Ti. 2:10-12). Ils ont également mentionné des exemples
d’humains décrits comme étant des « dieux »
dans l'Écriture (Ex. 4:16 ; 7:1 ; Ps. 82:6 ;
Jn. 10:34-36).
La pensée juive,
en particulier en réponse à l’expansion de la
christologie et ce qu’elle considérait comme une menace
pour le monothéisme, avait plus de réticence à
parler d’humains atteignant l’état divin.
Néanmoins, les juifs avaient aussi certains des textes
bibliques cruciaux sous-tendant la déification. Le judaïsme
talmudique avait tendance à souligner l'obligation de
l'humanité d'imiter la sainteté de Dieu puisqu’elle
avait été créée à l'image divine.
On disait de Moïse et d'autres prophètes qu’ils
partageaient la gloire de Dieu et devenaient des « dieux
secondaires » par rapport aux autres mortels (Meeks, p.
234-235). Philon dit de la glorification de Moïse qu’elle
était le « prototype… de l’accession
au ciel que chaque disciple espérait se voir accorder »
(Meeks, p. 244).
Du fait de son
incompatibilité avec la doctrine de Dieu dans le christianisme
occidental, la déification a cessé d’être
la manière préférée de décrire le
salut. La théologie catholique a de plus en plus mis l’accent
sur la transcendance de Dieu, seul être nécessaire et
éternel. Tous les autres êtres étaient créés
ex nihilo, « à partir du néant »,
et n’avaient qu’une existence contingente. Cette
évolution théologique trouve son aboutissement chez
Augustin. Pour lui, l'unité absolue et l'altérité
de Dieu étaient si différentes du statut d’être
créé et dépendant vis-à-vis de la grâce
divine qu’était celui de l'humanité que le salut
ne pouvait pas franchir le fossé entre le Créateur
éternel et les créatures dépendantes de lui.
Depuis lors, toute mention de déification a été
suspecte ou hérétique dans le christianisme occidental
et a constitué un point de friction majeur entre les chrétiens
traditionnels et les enseignements des saints des derniers jours sur
le sujet.
Bibliographie
Barlow, Philip L.
"Unorthodox Orthodoxy : The Idea of Deification in
Christian History". Sunstone 8, sept.-oct. 1983, p. 13-18.
Benz, Ernst W. "Imago
Dei : Man in the Image of God." Dans Reflections on
Mormonism, ed. T. Madsen, p. 201-219. Provo, Utah, 1978.
Gross, Jules. La
divinisation du chrétien d'après les pères
grecs. Paris, 1938.
Meeks, Wayne A. The
Prophet-King : Moses Tradition and the Johannine Christology.
Leiden, 1967.
Norman, Keith E.
"Deification : The Content of Athanasian Soteriology".
Thèse de doctorat, Duke University, 1980.
Norman, Keith E.
"Divinization : The Forgotten Teaching of Early
Christianity". Sunstone 1, 1975, p. 15-19.
Pelikan, Jaroslav. The
Christian Tradition, Vols. 1 and 2. Chicago, 1971-1974.
KEITH E. NORMAN
Diable,
Démons
Auteur :
RIDDLE, CHAUNCEY C.
Dans la terminologie des
saints, les mots « diable, démon »
désignent quiconque favorise la cause du mal, mais ils
s’appliquent particulièrement aux esprits non incarnés
qui se sont rebellés contre Dieu dans la vie prémortelle
et ont été précipités du ciel sur cette
terre. Le diable, qui les dirige, est également connu sous les
noms de Lucifer dans l’existence prémortelle et de Satan
depuis qu’il a été précipité.
Le nom Lucifer signifie
« porteur de lumière » en latin et est
la traduction de l’hébreu heylel ben shakhar, qui
signifie « annonciateur fils de l’aube »
ou « étoile du matin ». Dans la vie
prémortelle, Lucifer était un ange ayant autorité
en présence de Dieu. Il joua un rôle important lors du
Conseil dans les cieux. Après que le Père céleste
eut offert le plan de justice pour aider ses enfants à devenir
comme lui, Lucifer proposa un plan différent.
Le plan du Père
était de sauver et d’exalter tous ses enfants
obéissants. Pour être obéissants, ils devaient
garder ses commandements et faire le bien. Dans le plan du Père,
on savait d’avance que beaucoup rejetteraient l’exaltation
et recevraient donc une gloire inférieure.
Le plan de Lucifer
proposait de « sauver » tous les enfants du
Père en forçant chacun à obéir en toutes
choses à la loi du Père. Lucifer désirait être
récompensé de ce grand exploit du salut universel en
s’octroyant l’honneur et la gloire du Père. Comme
les mortels ne peuvent être sauvés que par leur propre
repentir librement consenti, la proposition de Lucifer fut rejetée.
Dans la guerre qui s’ensuivit dans les cieux, il s’acquit
l’allégeance du tiers des enfants d’esprit du
Père. Lucifer et ses partisans furent alors précipités
du ciel sur la terre où il est devenu Satan et ils sont tous
devenus des démons (Moï. 4:1-3 ; D&A 29:36-37 ;
76:25-38).
Le nom Satan vient d’une
racine hébraïque signifiant « adversaire,
ennemi », de là « agresseur,
accusateur » (voir Ap. 12:10). Sur cette terre, le rôle
de Satan et de ses démons est d’empêcher
l’accomplissement d’œuvres de justice et de les
détruire dans la mesure du possible (Moï. 4:4 ; D&A
10:20-23 ; 93:39).
La justice c’est
apporter le plus grand bonheur possible à toutes les personnes
concernées. On ne peut atteindre une pleine justice qu’avec
l’aide d’un être omniscient et omnipotent. Cette
pleine justice est l’ordre spécial du royaume céleste
où le Père demeure. Quand la volonté du Père
est faite et que son ordre est en place, chaque personne et chaque
chose atteint, ou est en voie d’atteindre, le potentiel qu’elle
a de s’épanouir et de connaître le bonheur. Cette
justice est le côté « bien » du
bien et du mal. Elle doit faire contraste avec les désirs
humains qui sont contraires à l’ordre et à la
volonté du Père.
Une bonne personne
(juste) est un être libre qui ne choisit et ne fait que ce qui
est juste. Aucun mortel n’est intrinsèquement et
parfaitement bon et, à lui seul, aucun mortel ne peut
atteindre ce stade (Mt. 19:17). Mais les mortels peuvent poser des
actes justes et devenir justes par l’intermédiaire du
salut offert par Jésus-Christ. Le Christ est la source de
toute justice (Et. 12:28). Les enfants de Dieu peuvent atteindre
l’ordre de justice du Père par le Christ s’ils
choisissent cet ordre en rejetant expressément le mal.
Le mal est toute façon
d’exister qui n’est pas juste. Un état de choses,
un acte ou une personne qui n’est pas dans l’ordre de la
justice est donc mauvais. Laisser son prochain languir dans la
pauvreté quand on a soi-même l’abondance, voler
autrui ou lui souhaiter du mal, tout cela est mal. Satan fait
progresser le mal partout il peut pour contrecarrer la justice de
Dieu (voir D&A 10:27). Ainsi, Satan tente les gens pour qu’ils
fassent le mal au lieu de la volonté du Père. Satan
lui-même n’est pas nécessaire au mal, mais il
accélère et encourage le mal partout où il peut.
Les premières
cibles de Satan sur terre ont été Adam et Ève
dans le jardin d’Éden. Sachant que le Père leur
avait commandé de ne pas manger du fruit défendu sous
peine de mort, Satan chercha à détruire l’œuvre
du Père en les incitant à en manger malgré tout.
Le succès de Satan a marqué le commencement du monde
(pas de la création de la terre), du royaume de Satan sur
cette terre (voir TJS, Mt. 1:55).
En obéissant à
Satan, Adam et Ève lui ont ouvert la porte pour qu’il
ait une domination partielle sur eux, sur la terre et sur tous leurs
enfants (voir Chute d’Adam). Les exemples de sa domination
partielle sur la terre accordée par le Père sont sa
capacité de posséder les corps des animaux (Mt.
8:28-32) et d’utiliser l’eau pour détruire les
gens (D&A 61:14-19). Satan a acquis le pouvoir de tenter ceux qui
sont responsables de faire le mal (D&A 29:39), de communiquer
avec des individus pour leur enseigner des choses (habituellement
mais pas toujours des mensonges), de posséder leur corps, de
provoquer la maladie et de causer la mort physique. Il stimule le
péché, les mauvaises actions, ce qui apporte la mort
spirituelle au pécheur et le malheur à toutes les
personnes touchées. Dans chacune de ces occasions, le pouvoir
de Satan est limité : Il ne peut faire que ce que Dieu
lui permet expressément de faire (D&A 121:4 ; Lu.
8:30-33). On peut lui ôter son pouvoir en écoutant Dieu
et en utilisant correctement la sainte prêtrise pour limiter
ses activités (D&A 50:13-35).
Ce que Satan n’a
pas réalisé en Éden est que ce qu’il
faisait en essayant de détruire l’œuvre du Père
était en réalité la chose même qui était
requise pour accomplir son plan (Moï. 4:6). Les hommes ne
pouvaient pas démontrer suffisamment leur amour pour Dieu et
leur disposition à accomplir l’œuvre de la justice
pour les qualifier pour l’exaltation sans être exposés
à des adversaires mauvais tels que Satan et ses armées
et les vaincre (2 Né. 2:11-22).
Sur terre, Satan est donc
le père de la tromperie, du mensonge et du péché
– de tout ce qui est mal – car il les encourage
vigoureusement. Il peut apparaître comme une contrefaçon
d’un ange de lumière ou en tant que prince des ténèbres,
mais ses manifestations habituelles aux mortels revêtent
habituellement la forme d’une révélation mauvaise
dans le cœur et l’esprit d’une personne ou
indirectement par d’autres personnes. Sa mission est de tenter
chacun de choisir le mal de sorte que les choix de chaque être
humain responsable puissent servir de base suffisante à un
jugement final.
Cette vie terrestre est
une épreuve mortelle pour tous ceux qui ont l’occasion
d’accepter et de mettre en pratique la nouvelle alliance
éternelle tandis qu’ils vivent ici-bas. Ceux qui n’ont
pas une occasion complète dans cette vie terrestre verront
leur épreuve se prolonger à travers l’existence
dans le monde d’esprit qui la suit. Quand viendra la
résurrection, chacun des enfants du Père aura fait un
choix final entre le bien et le mal et chacun sera récompensé
selon le bien ou le mal choisi pendant l’épreuve (Al.
41:10-15).
Quand Satan tente une
personne de faire le mal, il y a des limites à ce qu’il
peut accomplir. Il peut mettre devant une personne n’importe
quel genre d’occasion de mal faire, mais ce mal attire
seulement si la personne tentée désire déjà
cette chose. Quand les gens sont tentés, c’est en
réalité par leur propre convoitise (Ja. 1:12-15).
Satan n’a de
pouvoir sur terre que dans la mesure où les gens le lui
donnent en succombant à ses tentations (EPJS, p. 149). Le
libre arbitre des êtres humains consiste à choisir la
justice par le Saint-Esprit de Dieu ou l’égoïsme
par la chair en succombant aux tentations de Satan (2 Né.
2:26-29). (La chair n’est pas mauvaise en soi, mais Satan peut
tenter les humains par leur chair.) Ceux qui se repentent dans cette
vie sont néanmoins tentés par Satan jusqu’à
leur mort ; alors Satan n’a plus jamais aucun pouvoir sur
eux. Ceux qui meurent sans s’être repentis sont toujours
au pouvoir de Satan dans la prison d’esprit (Al. 34:34-35).
Tous sauf les fils de perdition finiront par accepter le Christ et
lui obéir et échapperont ainsi à la domination
de Satan (D&A 76:110). C’est ainsi que le plan
de libre arbitre du Père
s’accomplit.
Les trois tentations que
Satan impose au Sauveur peuvent être considérées
comme représentatives de toutes les tentations humaines (voir
David O. McKay, Gospel Ideals, p. 154, Salt Lake City, 1953). La
tentation de créer du pain et de le manger alors qu’il
ne devrait pas le faire représente la tentation humaine de la
chair, d’assouvir les sens de manière inique. La
tentation de se jeter en bas du temple et d’être sauvé
par des anges alors que cela ne devrait pas être représente
la tentation humaine de la notoriété. La tentation de
recevoir les royaumes de ce monde alors que cela ne devrait pas être
représente la tentation d’exercer une domination ou un
pouvoir impie sur les autres. Le Sauveur n’a cédé
à aucune de ces tentations parce que son cœur était
pur et qu’il savait que la voie de la justice résidait
seulement dans l’accomplissement de la volonté du Père
en toutes choses.
Tous les mortels
responsables sont tentés, tout comme notre Sauveur l’a
été. Quand les mortels succombent, Satan acquiert du
pouvoir et la vie sur terre devient un enfer. Tout le monde peut
résister à la tentation en choisissant le bien plutôt
que le mal. Mais les fausses informations, les traditions culturelles
mauvaises (D&A 93:39), le désespoir et les besoins humains
impératifs, tout cela rend difficile le choix du bien, même
si la personne ne désire pas particulièrement un mal
déterminé (2 Néphi 28 fait une description
détaillée des stratagèmes de Satan).
Grâce à
Jésus-Christ et à la participation à sa nouvelle
alliance éternelle, les mortels ont la possibilité
d’acquérir le pouvoir de toujours choisir
infailliblement le bien plutôt que le mal. Ce faisant, ils sont
à même d’établir la justice de Dieu et par
conséquent le ciel sur terre (Moï. 7:18 ; D&A
50:34-35 ; voir aussi Sion).
Les êtres humains
résistent à Satan et au mal en dominant leurs désirs,
c’est-à-dire (1) en ne désirant pas le mal que
Satan propose, (2) en acquérant plus de connaissance de
manière à être capables de voir que les
tentations de Satan ne sont pas ce qu’ils veulent vraiment et
(3) en ayant le cœur purifié par Jésus-Christ de
sorte qu’ils ne désireront plus rien de mal mais
désireront au lieu de cela faire la volonté du Père
en toutes choses (Mro. 7:48 ; cf. les réponses du Sauveur
dans Mt. 4:1-10).
La grande aide à
la résistance à la tentation est le Saint-Esprit. Le
but de Satan est de demeurer dans et avec toutes les personnes qui
n’ont pas le Saint-Esprit avec elles, allant parfois jusqu’à
prendre totalement possession du corps d’une personne au point
de lui faire perdre son libre arbitre pendant un certain temps. Il
peut également y avoir possession partielle parce que toutes
les fois qu’un être humain se met en colère, il
est au moins partiellement possédé par Satan (Ja.
1:20).
Dans son rôle de
destructeur, Satan peut causer la maladie et la mort, mais seulement
avec la permission de Dieu. Il ne peut pas prendre les gens avant
leur temps à moins qu’ils ne désobéissent
à Dieu et ne renoncent ainsi à leur mission (Job
1:6-12).
Père du mensonge,
Satan est lancé dans une campagne de désinformation. Il
répand des idées fausses à son propre sujet, au
sujet de Dieu, au sujet des gens, au sujet du salut – tout cela
dans le but d’empêcher les actes de foi en Jésus-Christ.
Les mortels croient ses mensonges parce que ceux-ci sont agréables
à l’esprit charnel et parce qu’ils favorisent ou
soutiennent les désirs égoïstes de celui qui les
croit. À propos de lui-même, Satan dit aux hommes qu’il
n’y a pas de diable, que pareille idée est de
l’imagination pure (2 Né. 28:22). À propos
de Dieu, Satan désire que les êtres humains croient soit
qu’il n’existe pas soit qu’il est un être
lointain, inconnaissable ou redoutable. Il dit aux hommes qu’ils
doivent conquérir dans ce monde selon leur force et que ce que
l’on fait, peu importe ce que c’est, n’est pas un
crime (Al. 30:17). Ses mensonges préférés au
sujet du salut sont soit qu’il est accordé à tous
quoi qu’ils fassent (Al. 21:6) ou qu’il est réservé
à un petit nombre d’heureux élus (Al. 31:17). Ces
croyances incorrectes des pères, inculquées à
leurs enfants sous forme de faux credo, les Écritures les
appellent « les chaînes de l’enfer »
(Al. 12:11 ; D&A 123:7-8).
Les combinaisons secrètes
sont un autre moyen diabolique de répandre le malheur et de
bloquer la cause de la justice (Ét. 8:16-26 ; Hél.
6:16-32). Satan incite les individus égoïstes à
profiter des autres en les opprimant. Le secret est essentiel pour
empêcher toute revanche de la part des victimes et
l’application juste des lois contre de telles combinaisons. Les
combinaisons secrètes emploient un pouvoir personnel,
économique, éducatif, politique ou militaire qui domine
ou asservit certaines personnes pour le plaisir et le profit
d’autres.
Satan a également
une influence sur l’esprit de personnes mauvaises qui ont
quitté la condition mortelle par la mort et qui habitent la
prison d’esprit (parfois appelée hadès). Les
habitants de cette prison ne souffrent pas encore de la douleur
purificatrice qui viendra plus tard, mais continuent à être
sujets aux mensonges et aux tentations de Satan (Al. 40-41). Ils ont
également l’occasion d’entendre les serviteurs du
Christ (D&A 138:28-37) et s’ils n’ont pas eu
l’occasion sur terre, ils peuvent maintenant se repentir en vue
de l’exaltation. S’ils ont eu l’occasion sur terre
mais ne l’ont pas utilisée, le passage par la prison
d’esprit leur permet de nouveau de rejeter Satan, ses mensonges
et ses tentations, mais avec la récompense d’une gloire
moindre (D&A 76:71-79).
Pendant le millénium,
Satan sera lié (Ap. 20:2). Il sera toujours sur terre,
essayant de tenter tout le monde comme il le fait depuis la chute
d’Adam, mais il sera lié parce que personne n’écoutera
ses tentations (1 Né. 22:26).
Vers la fin du millénium,
Satan sera libéré (D&A 88:110-115) parce que les
hommes l’écouteront de nouveau. Mais il sera vaincu et
envoyé de cette terre dans les ténèbres du
dehors, où lui et ses disciples, tant esprits que fils de
perdition ressuscités (Satan est la Perdition), demeureront à
jamais dans le malheur et les ténèbres de l’égoïsme
et de l’isolement.
Bibliographie
On trouvera un traitement
plus complet du concept du diable du point de vue des saints des
derniers jours dans LaMar E. Garrard, « A Study of the
Problem of a Personal Devil and Its Relationship to Latter-day Saint
Beliefs » (Mémoire de maîtrise, université
Brigham Young, 1955). Un ouvrage particulièrement précieux
est son recueil de citations des premières Autorités
générales de l’Église à ce sujet.
Les quatre ouvrages de Jeffrey Burton Russel, The Devil :
Perceptions of Evil from Antiquity to Primitive Christianity (Ithaca,
N.Y., 1977), Satan : The Early Christian Tradition (Ithaca,
N.Y., 1981), Lucifer : The Devil in the Middle Ages (Ithaca,
N.Y., 1984) et Mephistopheles : The Devil in the Modern World
(Ithaca, N.Y., 1986) constituent une histoire complète du
concept du diable à travers la littérature, les arts et
la philosophie depuis les temps anciens jusqu’à nos
jours. La présentation est un traitement approfondi mais ne
découle pas de la façon de penser des saints.
CHAUNCEY C. RIDDLE
Dieu
Auteur :
YARN, DAVID H.
Les saints des derniers
jours déclarent : « Nous croyons en Dieu, le
Père éternel, et en son Fils, Jésus-Christ, et
au Saint-Esprit » (A de F 1). Joseph Smith propose
l’éclaircissement suivant : « Le Père
a un corps de chair et d’os aussi tangible que celui de
l’homme, le Fils aussi ; mais le Saint-Esprit n’a
pas de corps de chair et d’os, c’est un personnage
d’esprit » (D&A 130:22 ; voir Dieu le
Père ; Saint-Esprit ; Jéhovah, Jésus-Christ).
Le Père, le Fils
et le Saint-Esprit sont trois êtres séparés et
distincts qui constituent une Divinité unique. D’une
manière générale, le Père est le
Créateur, le Fils est le Rédempteur et le Saint-Esprit
est le Consolateur et le Témoin (cf. MFP 5:26-34 ; EPJS,
p. 152). Beaucoup de passages scripturaires illustrent le caractère
distinct des membres de la Divinité. Par exemple, au baptême
de Jésus, alors qu’il était dans l’eau, la
voix du Père s’est fait entendre du ciel et le
Saint-Esprit est descendu « comme une colombe »
et s’est posé sur le Fils (Mt. 3:13-17 ; voir
Jésus-Christ : Baptême de Jésus-Christ).
Chacune des trois personnes s’est manifestée séparément
et simultanément. En outre, Jésus dit : « Mon
Père est plus grand que moi » (Jean 14:28) et
ailleurs : « Le Père ne juge personne, mais il
a remis tout jugement au Fils » (Jn. 5:22). De plus, Jésus
indique que le Père et lui-même sont deux témoins
séparés de la divinité de son œuvre (Jn.
5:32-37 ; 8:12-18). Sur la montagne de la Transfiguration, notre
Père céleste, parlant à Pierre, Jacques et Jean,
appelle l’homme mortel qu’est Jésus, « mon
Fils bien-aimé » (Mt. 17:5). Par ailleurs, le Fils
prie souvent son Père. À Gethsémané, il
prie le Père tandis qu’il est dans une angoisse profonde
(Mc. 14:32-39 ; cf. Lu. 22:40-46 ; D&A 19:16-19), et
sur la croix, il crie au Père : « Mon Dieu,
mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
(Mt. 27:46 ; Mc. 15:34 ; cf. Ps. 22:1). Tous ces passages
prouvent bien que le Père est un être distinct du Fils.
Bien qu’ils soient un pour ce qui est de la volonté et
des buts, ils sont deux individus séparés et rendent
témoignage l’un de l’autre (cf. 3 Né.
11:7-11).
La nature de l’unité
de la Divinité est illustrée dans la prière où
Jésus souhaite que ses disciples soient un de même que
le Père et lui sont un (Jn. 17:21-22 ; cf. 3 Né.
11:27, 32-36 ; 28:10-11). Il prie ici pour que ses disciples
soient unis en esprit, en but, et en témoignage, pas pour
qu’il y ait fusion de leur identité en un être
unique. Il prie pour qu’ils soient un en désir, en but
et en objectif, exactement comme son Père et lui (EPJS, p.
301-302 ; voir Unité).
Le Père, en tant
que Dieu, est omnipotent, omniscient et, par son Esprit, omniprésent
(voir Lumière du Christ). Il est miséricordieux et
généreux, lent à la colère, abondant en
bonté. Sa voie est une ronde éternelle. Il est un Dieu
de vérité et ne fait pas acception de personnes. Il
personnifie l’amour.
Bien que les saints des
derniers jours utilisent abondamment les Écritures pour
s’informer sur Dieu, leur connaissance fondamentale à
son sujet est basée sur la première vision de Joseph
Smith, les révélations suivantes du prophète et
la révélation personnelle de chacun. L’humanité
peut raisonner ou échafauder des théories sur
l’existence de Dieu et sa nature, mais si elle veut connaître
Dieu, cela dépendra essentiellement de Sa disposition à
se révéler à elle (voir Témoignage de
Jésus-Christ).
Avant 325 apr. J.-C.,
date du premier concile œcuménique chrétien à
Nicée, la nature de Dieu faisait l’objet de débats
chez les philosophes et les croyants. Depuis lors, le concept de Dieu
a été le sujet de conciles œcuméniques, de
discussions philosophiques et d’articles de foi. Aucun d’eux
n’est la source de la compréhension que les saints ont
de Dieu. Il va de soi que beaucoup d’arguments classiques en
faveur de l’existence de Dieu ont été avancés,
notamment les arguments ontologiques d’Anselme, les cinq
« preuves » de saint Thomas d’Aquin,
l’argument téléologique de Descartes, l’argument
éthique de Leibniz et les postulats de la raison pratique de
Kant. Aussi impressionnants qu’ils puissent être comme
réalisations de l’intellect humain, aucun d’eux
n’est la source de la foi en Dieu des saints des derniers
jours, dont la foi est basée sur le témoignage
personnel enraciné dans une expérience personnelle
(voir Épistémologie ; Foi en Jésus-Christ ;
Raison et révélation).
Le dernier chapitre du
Livre de Mormon fait cette promesse : « Et lorsque
vous recevrez ces choses, je vous exhorte à demander à
Dieu, le Père éternel, au nom du Christ, si ces choses
ne sont pas vraies ; et si vous demandez d'un cœur
sincère, avec une intention réelle, ayant foi au
Christ, il vous en manifestera la vérité par le pouvoir
du Saint-Esprit. Et par le pouvoir du Saint-Esprit, vous pouvez
connaître la vérité de toutes choses. »
(Mro. 10:4-5). La manifestation personnelle qu’on reçoit
en réponse à la prière s’appelle un
témoignage. Les saints des derniers jours enseignent que,
grâce à cette source, on peut recevoir le témoignage
certain que Dieu vit, la confirmation des divers principes que les
Écritures enseignent et les éclaircissements là
où ils sont nécessaires.
Il est essentiel d’avoir
une croyance en Dieu ou du moins une certaine foi en lui pour
découvrir qu’il existe réellement. Puisque Dieu
existe et que les êtres humains sont ses enfants, il est
important que les hommes et les femmes connaissent ces faits parce
qu’une telle connaissance est un composant de la vie éternelle
(Jn. 17:3). Les hommes doivent savoir qu’ils sont eux-mêmes
des êtres éternels, que leur existence terrestre dépend
de Dieu (cf. Mosiah 2:21) et que leur état futur dépend
des relations qu’ils établissent avec Dieu et du respect
de ses commandements (voir Commandements ; Obéissance).
Dieu aime ses enfants et
leur a donné le moyen de réaliser leur potentiel divin
(voir État divin). Dieu a donné à l’humanité
le programme pour l’ensemble de ses enfants (voir Plan de
salut, Plan de rédemption) et, par le don du Saint-Esprit, il
guide spirituellement les personnes qui le désirent (voir
Inspiration). Dieu a révélé sa volonté
aux prophètes dans les temps anciens et aux apôtres au
midi des temps, et il continue à se révéler aux
prophètes et aux apôtres vivants des derniers jours.
L’étude de
l’existence de Dieu crée le désir de le connaître
et de savoir ce qu’il veut de nous. À mesure que notre
foi et notre connaissance de Dieu augmentent, nous désirons de
plus en plus garder les commandements et nous sentir proches de lui
(voir Foi en Jésus-Christ). Le prophète Joseph Smith a
enseigné que le fait de connaître la véritable
personnalité de Dieu constitue la base de la foi qui mène
au salut (Lectures on Faith 4:1 ; voir Discours sur la Foi).
Jésus a promis que le Consolateur ou Saint-Esprit sera envoyé
à celui qui garde les commandements de Dieu (Jn. 14:26).
L’idéal est de jouir continuellement de cette influence.
Le prophète Joseph
Smith a dit : « Le premier principe de l’Évangile
est de connaître avec certitude la nature de Dieu et de savoir
que nous pouvons converser avec lui comme un homme converse avec un
autre, et qu’il a jadis été un homme comme nous :
oui, que Dieu lui-même, notre Père à tous, a
demeuré sur une terre tout comme Jésus-Christ
lui-même » (EPJS, p. 280). En outre : « Dieu
lui-même a jadis été tel que nous sommes
maintenant et est un homme exalté et siège sur son
trône dans les cieux là-haut ! Voilà le
grand secret. Si le voile était déchiré
aujourd’hui et si le grand Dieu qui maintient notre monde dans
son orbite et qui soutient tous les mondes et toutes choses par son
pouvoir devait se rendre visible – je dis, si vous deviez le
voir aujourd’hui, vous le verriez sous la forme d’un
homme – comme vous-mêmes dans toute la personne, l’image
et la forme d’un homme ; car Adam fut créé à
la manière, à l’image et à la ressemblance
mêmes de Dieu, reçut des instructions de lui et marcha,
parla et conversa avec lui, comme un homme parle et communie avec un
autre » (EPJS, p. 279).
Ainsi, tous les humains
doivent apprendre de Dieu qui ils sont, d’où ils
viennent, pourquoi ils sont sur terre, où ils vont et ce qui
est leur potentiel éternel en étudiant les Écritures
et en recevant la révélation personnelle. Tout est
centré sur Dieu.
Bibliographie
« Le Père
et le Fils : Un exposé de doctrine par la Première
Présidence et les Douze », MFP 5:26-34.
Kimball, Spencer W. The
Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball.
Salt Lake City, 1982.
McConkie, Bruce R. A New
Witness for the Articles of Faith. Salt Lake City, 1985.
Smith, Joseph Fielding.
DS 1:11-61. Édition française, Francfort, n.d.
Talmage, James E. AF, p.
61-68. Édition française révisée, 1962.
DAVID H. YARN, Jr.
Dieu
le Père
Cette rubrique se compose
de quatre articles :
Dieu le Père :
Aperçu
Dieu le Père :
Noms et titres
Dieu le Père :
Gloire de Dieu
Dieu le Père :
Œuvre et gloire de Dieu
Le premier article est
une introduction à la doctrine relative à Dieu le Père
et aux sources où l’on peut la trouver. Le deuxième
article mentionne les noms et les titres principaux donnés à
Dieu dans les Écritures de l’Église. Le troisième
article traite brièvement de la gloire de Dieu. L’article
final va dans le détail de la notion des buts de Dieu par
rapport à l’humanité.
Dieu
le Père : Aperçu
Auteur :
ROBINSON, STEPHEN E.
Les saints des derniers
jours appellent généralement Dieu, le Père
éternel, Élohim, un pluriel hébreu (‘elohim)
signifiant Dieu ou dieux, et son Fils Jésus-Christ, Jéhovah
(voir Élohim ; Jéhovah, Jésus-Christ). Il
n’est pas possible de distinguer les personnes du Père
et du Fils par des termes plus ambigus comme « Dieu ».
Le fait d’appeler le Père « Élohim »
est donc une convention utile tant que l’on se rappelle que,
dans certains passages de la Bible hébraïque, le titre
élohim ne désigne pas exclusivement la personne de Dieu
le Père. Un terme moins ambigu pour désigner Dieu le
Père dans le langage des saints pourrait être
« Ahman »(cf. D&A 78:15, 20), qui, selon
Orson Pratt, est un nom du Père (JD 2:342).
Dans la théologie
de l’Église, la doctrine de la nature de Dieu est
davantage précisée par la première vision du
prophète Joseph Smith que par toute autre chose. Ici, Joseph
Smith a vu par lui-même que le Père et le Fils étaient
deux êtres séparés et distincts, possédant
chacun un corps à l’image et à la ressemblance
duquel les mortels sont créés. Pour les saints des
derniers jours, aucune conception théologique ou philosophique
de Dieu ne peut l’emporter sur l’expérience
directe du prophète (voir Première Vision).
Dans un certain sens,
c’est créer une légère distorsion que se
concentrer sur un seul membre de la Divinité et traiter de ses
caractéristiques en l’isolant de celles des deux autres,
car Père, Fils et Saint-Esprit sont un en volonté, en
but et en personnalité (Jn. 10:30 ; 17:11, 21-23). La
majeure partie de ce qui peut être dit du Père est
également vrai du Fils et vice-versa. Le prophète
Joseph Smith a dit que le Fils ne fait rien dont le Père ne
soit pas l’exemple (EPJS, p. 252 ; cf. Jn. 5:19-20).
Pourtant Dieu le Père
n’est pas un en substance avec le Fils ou le Saint-Esprit, mais
est un être séparé. Le Père a existé
avant le Fils et le Saint-Esprit et est la source de leur divinité.
En termes classiques, la théologie des saints est
subordinationniste, c’est-à-dire qu’elle considère
le Fils et le Saint-Esprit comme subordonnés et dépendants
de Dieu, le Père éternel. Ils descendent de lui. C’est
pour cela que Joseph Smith appelle le Père « Dieu
le premier » pour souligner sa primauté dans la
Divinité (EPJS, p. 152). Le Fils et le Saint-Esprit étaient
« au commencement avec Dieu », mais seul le
Père a existé avant le commencement de l’univers
tel qu’on le connaît. Il est la source ultime de tout et
le Père de tout, parce qu’au commencement il a engendré
le Fils et, par l’entremise de son agent, le Fils, le Père
a réalisé la création de tout.
Les saints des derniers
jours perçoivent le Père comme un Homme exalté
dans le sens le plus littéral et le plus anthropomorphique du
terme. Ils ne considèrent pas la terminologie de la Genèse
comme allégorique ; les êtres humains sont créés
dans la forme et à l’image d’un Dieu qui a une
forme et une image physiques (Ge. 1:26). Le prophète Joseph
Smith explique : « Le Père a un corps de chair
et d’os aussi tangible que celui de l’homme ; le
Fils aussi ; mais le Saint-Esprit n’a pas de corps de
chair et d’os, c’est un personnage d’esprit »
(D&A 130:22). Ainsi, « Dieu est esprit »
(Jn. 4:24) en ce sens que le Saint-Esprit, le membre de la Divinité
qui traite le plus souvent et le plus directement avec les humains,
est un Dieu et un esprit, mais Dieu le Père et Dieu le Fils
sont des esprits ayant un corps physique et ressuscité. Les
saints des derniers jours nient la nature abstraite de Dieu le Père
et affirment qu’il est un être concret, qu’il
possède un corps physique et qu’il est dans l’espace
et le temps. Ils rejettent en outre toute idée que Dieu le
Père est le « totalement autre »,
inconnaissable ou incompréhensible. Selon la doctrine de
l’Église, connaître le Père et le Fils est
une condition préalable à la vie éternelle (Jn.
17:3 ; D&A 88:49). De l’avis de beaucoup de saints des
derniers jours, le concept d’une Divinité abstraite et
incompréhensible constitue une intrusion des catégories
philosophiques grecques dans le message biblique.
Le Père, Élohim,
est appelé le Père parce qu’il est le Père
littéral de l’esprit des mortels (Hé. 12:9).
Cette paternité n’est pas allégorique. Tous les
esprits humains ont été engendrés (et pas créés
de rien ou faits) par le Père dans un état prémortel,
où ils ont vécu et ont été éduqués
par des Parents célestes. Ces enfants d’esprit du Père
viennent sur terre recevoir un corps mortel ; il y a des liens
familiaux littéraux entre les hommes. Joseph Smith a
enseigné : « Si les hommes ne comprennent pas
la personnalité de Dieu, ils ne se comprennent pas eux-mêmes »
(EPJS, p. 278). Les Dieux et les humains représentent une
lignée divine unique, la même espèce d’être,
bien qu’eux et lui soient à différentes étapes
de progression. Ce point de doctrine est énoncé avec
concision dans un couplet bien connu du président Lorenzo
Snow : « Ce que l’homme est maintenant, Dieu le
fut autrefois ; ce que Dieu est maintenant, l’homme peut
le devenir » (voir État divin). Ce principe est
clairement démontré dans la personne de Jésus-Christ,
un Dieu qui est devenu mortel, et cependant un Dieu comme qui les
mortels peuvent devenir (Ro. 8:29 ; 2 Co. 3:18). Mais la maxime
vaut aussi bien pour le Père. Comme le prophète Joseph
Smith l’a dit : « Dieu lui-même a jadis
été tel que nous sommes maintenant et est un homme
exalté et siège sur son trône dans les cieux
là-haut ! Voilà le grand secret »
(EPJS, p. 279). Ainsi, le Père est devenu le Père à
un moment donné avant « le commencement »
tel que les humains le connaissent, en passant par une condition
mortelle semblable à celle que nous vivons sur terre. Il y a
eu des théories parmi certains saints des derniers jours sur
les implications de ce point de doctrine, mais rien n’a été
révélé à l’Église au sujet
de ce qui existait avant « le commencement »
tel que les mortels le connaissent. Les points importants de cette
doctrine pour les saints des derniers jours sont que les Dieux et les
humains sont la même espèce d’êtres, mais à
différentes étapes du développement dans un
continuum divin et que le Père et la Mère célestes
sont le modèle et l’exemple célestes de ce que
les mortels peuvent devenir par l’obéissance à
l’Évangile (voir Mère céleste). Le fait de
savoir qu’ils sont la descendance littérale de parents
célestes et qu’ils peuvent devenir comme eux par
l’Évangile de Jésus-Christ est une source
intarissable de motivation religieuse. Avec Dieu comme Père
littéral et les humains comme dotés de la capacité
de devenir comme lui, la réponse aux questions religieuses de
base « D’où viens-je ? »,
« Pourquoi suis-je ici ? » et « Quel
est mon destin ? » trouvent fondamentalement leur
réponse.
Les saints des derniers
jours attribuent également l’omnipotence et
l’omniscience au Père. Il sait tout ce qui concerne
l’univers dans lequel les mortels vivent et est lui-même
la source et le possesseur de tout le vrai pouvoir qui s’y
manifeste. Cela fait partie de ce que signifie être exalté
et c’est pour cela que les êtres humains peuvent sans
risque mettre leur foi et leur confiance en Dieu le Père, un
être exalté. Néanmoins, dans la plupart des
choses relatives à ce monde, le Père agit par
l’intermédiaire d’un médiateur, son Fils,
Jésus-Christ. À de rares exceptions près, les
mentions de Dieu ou même du Père dans les Écritures
se rapportent en réalité à Jésus-Christ
parce que le Père est représenté par son Fils.
Dans les quelques occasions où le Père s’est
clairement manifesté, il a apparemment limité sa
participation personnelle à rendre témoignage du Fils,
comme au baptême de Jésus (Mt. 3:17), à la
Transfiguration (Mt. 17:5), lors de son témoignage aux
Néphites et aux Lamanites (3 Né. 11:7) et lors de
la Première Vision de Joseph Smith (JS–H 1:17). Le
Christ est l’agent du Père, et puisque lui seul, par son
expiation, a rendu possible l’accès au Père, les
saints des derniers jours adorent et prient le Père et lui
offrent toutes les autres observances au nom du Fils, Jésus-Christ
(Moï. 5:8).
Un autre attribut
personnel important du Père est son amour parfait (1 Jn. 4:8).
À cause de cet amour, il est de la nature du Père
d’améliorer tout et tout le monde dans la mesure où
on le lui permet. A partir du chaos préexistant, de la matière
non organisée, le Père a créé un univers
ordonné. À partir d’intelligences préexistantes,
il a engendré des enfants d’esprit. Même ceux de
ses enfants qui ne veulent pas coopérer ni obéir et qui
ne peuvent donc pas devenir comme lui, il les sauve malgré
tout, s’ils le permettent, et les place dans des royaumes de
gloire moindre (D&A 76:42-43 ; voir Salut) : « Car
voici mon œuvre et ma gloire : réaliser
l’immortalité et la vie éternelle de l’homme »
(Moï. 1:39). L’amour du Père ne se limite pas à
ceux qui l’adorent et lui obéissent, bien que ce soient
eux qui auront la plus grande récompense, mais il s’étend
à tous ses enfants. L’œuvre et la gloire du Père
sont d’aimer et d’édifier tous ses enfants dans la
mesure où ils le permettent. Les saints des derniers jours
croient que l’intention du Père est de rendre tous les
êtres humains aussi heureux qu’il leur est possible de
l’être. C’est dans ce but que le Père a créé
le plan du salut. Il désire que tous les êtres humains
soient exaltés comme lui, reçoivent les pouvoirs et les
joies qu’il possède et éprouvent une plénitude
de joie dans l’éternité. La limite est la mesure
dans laquelle les humains, en manifestant leur foi et leur obéissance
et en faisant des choix sages, permettent au Père de les bénir
en réalisant ce but. Parfois avoir foi en Dieu signifie avoir
la foi que le plan du Père accomplira ce qu’il est censé
devoir accomplir : apporter le bonheur maximum aux êtres
humains. Néanmoins, les saints des derniers jours croient,
contrairement à certaines autres conceptions, que le Père
ne viole jamais le libre arbitre individuel en forçant ses
enfants à l’exaltation et au bonheur. La coercition, à
quelque niveau que ce soit, même sous forme de prédestination
au royaume céleste, est contraire à la nature du Père.
Tout rapport avec lui, toute association avec lui est volontaire.
Bibliographie
Cannon, Donald Q., et
Larry E. Dahl. The Prophet Joseph Smith's King Follett Discourse :
A Six Column Comparison of Original Notes and Amalgamations. Provo,
Utah, 1983.
McConkie, Bruce R. A New
Witness for the Articles of Faith, p. 58-65. Salt Lake City, 1985.
Smith, Joseph Fielding.
DS, Vol. 1, p. 11-27.
STEPHEN E. ROBINSON
Dieu
le Père : Noms et titres
Auteur :
BURGON, GLADE L.
Les noms et les titres
connus de Dieu le Père éternel sont peu nombreux,
particulièrement une fois qu’on les compare aux noms
appliqués à Jésus-Christ (voir Jésus-Christ,
noms et titres de). Pour les saints des derniers jours, la Divinité
se compose de trois personnes distinctes : le Père,
Jésus-Christ, son Fils, et le Saint-Esprit (D&A 130:22).
Par conséquent, quand il est nécessaire de distinguer
Dieu le Père des deux autres membres de la Divinité,
les membres de l’Église choisissent parmi les noms qui
se trouvent dans les Écritures.
DIEU. Chez les saints des
derniers jours, le titre « Dieu » désigne
généralement Dieu le Père. De temps en temps, le
mot Dieu peut désigner la Divinité unifiée du
Père, du Fils et du Saint-Esprit (cf. 2 Né.
31:21 ; D&A 20:28) et parfois chaque membre séparément
(AF, p. 60-68). Cette caractéristique rend parfois très
difficiles les tentatives de distinguer le Père de
Jésus-Christ dans les Écritures. Chose importante, les
déclarations de Jésus selon lesquelles le Père
et lui sont « un » et que connaître l’un
c’est connaître l’autre, indiquent que l’unité
de la Divinité – en but et en esprit et témoignant
l’un de l’autre – est l’essentiel et semble
diminuer l’importance des distinctions entre ses membres. Les
Écritures enseignent que pour connaître le Père
il faut d’abord connaître le Christ (Jn. 14:6-23 ;
D&A 84:35-38 ; 93:1-22 ; 132:12). Les instructions de
Jésus selon lesquelles ses fidèles doivent être
« un » avec lui comme il est « un »
avec le Père sont fondamentales dans sa doctrine (cf. Jn.
17:1-26 ; 3 Né. 11:32-36).
PÈRE, PÈRE
CÉLESTE. Le nom-titre « Père céleste »
se rapporte à celui qui a dirigé la création et
est le Père des esprits de toute l’humanité (MFP
5:26-27). Jésus a utilisé les termes « mon
Père », « notre Père »
et « le Père » dans son enseignement sur
le Père et en le priant. Le mot araméen abba (père)
est resté dans la traduction du Nouveau Testament (Mc. 14:36 ;
Ro. 8:15 ; Ga. 4:6). Dans le Livre de Mormon, Jésus
ressuscité utilise continuellement le titre « Père »
en parlant du Père céleste (par exemple, 3 Né.
11:11 ; 19:20-23). Parfois, cependant, Père peut désigner
le Fils (voir Jésus-Christ, Paternité et Filiation de).
Selon le Nouveau Testament et le Livre de Mormon, les âmes
fidèles qui sont converties à Jésus-Christ et
qui font des alliances personnelles avec lui naissent spirituellement
de nouveau, devenant « ses fils et ses filles »
(par exemple, Mosiah 5:7 ; cf. 1 Co. 4:15 ; 2 Co. 6:18 ;
MFP 5:27-31).
DIEU LE PÈRE. La
combinaison du titre « Dieu » et de
l’appellatif « le Père » indique
qu’il s’agit du Père de Jésus-Christ et de
tous les esprits. Les saints des derniers jours adorent Dieu le Père
et Jésus-Christ et prient le Père au nom du Christ
comme le Seigneur l’a commandé (D&A 88:64).
ÉLOHIM. Le terme
généralement utilisé pour « Dieu »
ou « dieux » dans la Bible hébraïque
est élohim, une forme plurielle dont le singulier est eloah ou
el et a le sens d’ « élevé »
ou « exalté ». Les premiers dirigeants
de l’Église ont pris pour habitude de désigner
Dieu le Père par le nom-titre exalté « Élohim »
(cf. MFP 5:26 ; voir Élohim ; Nom de Dieu). Cette
terminologie est toujours utilisée.
JÉHOVAH, SEIGNEUR,
SEIGNEUR DIEU. Le terme « Seigneur », imprimé
en majuscules dans beaucoup de versions anglaises de l’Ancien
Testament, remplace le nom Jéhovah (yhwh dans la Bible
hébraïque). Bien qu’identifiant Jésus-Christ
à Jéhovah (3 Né. 15:3-5 ; cf. D&A
110:1-4 ; voir Jéhovah, Jésus-Christ), les saints
des derniers jours utilisent le titre « Seigneur »
pour le Père et le Fils, comme c’est courant dans toute
l’Écriture. Le titre « Seigneur Dieu »
dans la Bible hébraïque est un composé d’élohim
précédé soit de yhwh (Jéhovah) ou
d’adonaï (seigneur ou maître). Ce nom-titre combiné
désigne surtout Jéhovah dans l’Ancien Testament.
Dans le Nouveau Testament, dans le Livre de Mormon et dans d’autres
Écritures modernes « Seigneur Dieu »
peut désigner soit le Père (par exemple, Moïse
4:1-4) soit le Fils (Mosiah 3:21). [NdT : Pour ce qui est de la
Version Segond, l’auteur utilise uniquement les termes Éternel,
Éternel Dieu. Il est à remarquer que le Tétragramme
IHVH doit probablement se prononcer Yahvé. La prononciation
Jéhovah provient du fait que les voyelles du mot « adonaï »,
Seigneur, couramment utilisé parce qu’il était
interdit de prononcer le nom divin, ont été intégrées
aux consonnes du Tétragramme.]
AHMAN. Dans deux
révélations à Joseph Smith (D&A 78:20 ;
95:17), Jésus-Christ se désigne lui-même par le
nom « Fils Ahman », ce qui veut dire qu’il
est possible que « Ahman » signifie Dieu et
soit l’un des noms du Père (voir Ahman). Le nom apparaît
également dans un nom de lieu composé, Adam-ondi-Ahman
(D&A 116:1 ; 117:8, 11).
HOMME DE SAINTETÉ.
Adam a appris par révélation qu’un des noms de
Dieu le Père est « Homme de Sainteté »
(Moïse 6:57). Hénoc a également noté les
paroles de Dieu : « Voici, je suis Dieu ; Homme
de Sainteté est mon nom ; Homme de Conseil est mon nom ;
et Infini et Éternel est mon nom aussi. » (Moïse
7:35 ; voir Infini et Éternel).
Dans la Bible et les
Écritures modernes, d’autres titres de Dieu portent une
signification précieuse : « Père des
esprits », « Dieu de tous les autres Dieux »,
« Infini », « le Dieu vivant »
et « Seigneur des armées, ce qui est, par
interprétation, le créateur du premier jour, le
commencement et la fin. » (D&A 95:7).
Bibliographie
Talmage, James E. AF.
Salt Lake City, 1915.
Dieu
le Père : Gloire de Dieu
Auteur :
TURNER, RODNEY
La gloire est un attribut
et une émanation intrinsèques de Dieu, que les
Écritures modernes associent à la loi divine et au
pouvoir et à l’Esprit qui « sort de la
présence de Dieu pour remplir l’immensité de
l’espace » (D&A 88:7-13). Les termes les plus
importants qui désignent « l’Esprit de
gloire » (1 Pi. 4:14) sont l’Esprit de Dieu, le
Saint-Esprit, l’Esprit du Seigneur, la lumière de la
vérité, la Lumière du Christ et l’Esprit
du Christ. Cet Esprit qui imprègne tout est si pur et si
raffiné qu’il n’est pas perceptible aux mortels
dans les circonstances ordinaires (D&A 131:7-8 ; EPJS, p.
167). Il est pourtant arrivé, comme en témoignent les
prophètes, que la gloire innée ait été
manifestée de manière visible sous la forme d’un
feu spirituel flamboyant (Ex. 24:17 ; Ac. 2:3 ; Hél.
5:43-45 ; 3 Né. 17:24 ; 19:13-14 ; HC
1:30-32). Moïse et Jésus ont été
transfigurés par le même pouvoir glorificateur (Ex.
34:29-35 ; Mt. 17:2).
Parce que la gloire
rayonne de Dieu, il est décrit comme étant un « feu
dévorant » (De. 4:24 ; cf. És. 33:14).
Dieu peut retenir ou cacher sa gloire (EPJS, p. 129, 144, 262). Mais
il peut également rayonner de lui une lumière et une
chaleur si transcendantes qu’aucune chair mortelle ne peut
supporter sa présence (Mal. 4:1 ; D&A 133:41, 49 ;
HC 1:17, 37). Ce n’est que quand on est revêtu de
l’Esprit que l’on peut supporter la présence
glorieuse de Dieu (Moï. 1:2, 11 ; D&A 67:11).
L’esprit de gloire
imprègne les créations de Dieu (D&A 63:59 ;
88:41). Par conséquent, elles sont des royaumes de gloire et
voir la moindre de ses créations c’est voir une partie
de sa gloire (Moï. 1:5 ; Ps. 19:1 ; D&A 88:45-47 ;
EPJS, p. 284). Étant donné que les œuvres de Dieu
sont sans fin, sa gloire est sans cesse croissante (Abr. 3:12 ;
Moï. 1:38 ; 7:30). Son œuvre et sa gloire c’est
réaliser l’immortalité et la vie éternelle
de ses enfants (Moï. 1:39). De même que le fait pour Jésus
de se soumettre à la volonté de son Père les a
glorifiés tous les deux, de même l’obéissance
de ses enfants les glorifie, Dieu et eux (Jn. 13:31 ; 17:1). On
parvient à être un avec Dieu par cette relation de
gloire (Jn. 17:21-23 ; D&A 88:60).
La mesure dans laquelle
les hommes et les femmes mortels acquièrent et vivent les
principes moraux et spirituels de la lumière et de la vérité
inhérents à l’intelligence divine détermine
la mesure dans laquelle ils seront remplis de la gloire de Dieu quand
ils ressusciteront et, en conséquence, la sphère de
gloire qu’ils hériteront dans l’éternité
(D&A 88:22-32 ; 93:20, 28 ; 130:18-19 ; EPJS, p.
296). RODNEY TURNER
Dieu
le Père : Œuvre et gloire de Dieu
Auteur :
LARGEY, DENNIS L.
Une révélation
reçue par Moïse entre son expérience du buisson
ardent (Ex. 3:1-4:17) et son retour en Égypte (Ex. 4:20 ;
cf. Moï. 1:26) dit que l’œuvre et la gloire de Dieu
consistent à « réaliser l’immortalité
et la vie éternelle de l’homme » (Moï.
1:39). Ce passage, qui est l’un de ceux qui sont le plus
souvent cités de l’Écriture dans les sermons
décrit le but principal des actions de Dieu en faveur de ses
enfants.
Précédemment
dans cette vision, Moïse avait vu « beaucoup de pays.
Chaque pays était appelé terre, et il y avait des
habitants à sa surface » (Moï. 1:29). Alors le
Seigneur lui dit que « lorsqu'une terre et ses cieux
passeront, une autre viendra. Et il n'y a pas de fin à mes
œuvres ni à mes paroles » (1:38). Après
avoir reçu cet aperçu global des créations de
Dieu, Moïse demande au Seigneur : « Dis-moi, je
te prie, pourquoi ces choses sont ainsi, et par quoi tu les as
faites ? » (1:30).
Le Seigneur répond
à la première question en expliquant : « Voici
mon œuvre et ma gloire : réaliser l’immortalité
et la vie éternelle de l’homme » (Moï.
1:39). Créer des mondes et les peupler de ses enfants, c’est
ce qui constitue la majeure partie de « l’œuvre »
de Dieu. Il crée des terres où ses enfants d’esprit
peuvent demeurer, où ils reçoivent un corps physique et
apprennent à marcher par la foi. Tandis que l’immortalité
est la vie sans fin, la vie éternelle signifie devenir comme
Dieu (voir État divin). Ainsi, la « gloire »
de Dieu consiste à permettre à l’humanité
de parvenir à la gloire éternelle, l’ultime étant
la vie éternelle.
En réponse à
la deuxième question de Moïse (c.-à-d., « par
quoi tu les as faites ? » ), le Seigneur dit que les
mondes ont été créés par le pouvoir du
« Fils unique, qui est plein de grâce et de vérité »
(Moï. 1:32). Ce passage souligne la conception que les actes
créateurs de Dieu, qui comprennent tous les mondes habitables
(Moï. 1:33 ; cf. Jn. 1:1-2), sont faits par l’intermédiaire
du Fils unique, agent de Dieu, et sont faits en grâce et en
vérité au profit de ses enfants.
DENNIS L. LARGEY
Dispensation
de la plénitude des temps
Auteur :
PACKER, RAND H.
La dispensation de la
plénitude des temps est la dispensation finale pour cette
terre. Les dispensations sont des périodes où
l'Évangile de Jésus-Christ est administré par de
saints prophètes appelés et ordonnés par Dieu
pour remettre son message aux habitants du monde. L’œuvre
centrale de la « dispensation de la plénitude des
temps » consiste à rassembler toutes les
ordonnances et vérités d'Évangile des
dispensations passées et certains points propres aux derniers
jours. Paul a parlé d'un temps futur où toutes les
choses qui sont dans le ciel et sur terre seraient enfin rassemblées,
et il l’a appelé la « dispensation de la
plénitude des temps » (Ép. 1:10 selon la
KJV).
Cette dispensation a
commencé par la Première Vision de Joseph Smith, le
prophète, et toutes les révélations et tous les
dons divins des anciennes dispensations s’y déversent
continuellement. À ce sujet, Joseph Smith a écrit le 6
septembre 1842: « Il est nécessaire pour
l'inauguration de la dispensation de la plénitude des temps,
laquelle dispensation commence à être inaugurée,
qu'une union et un rattachement complets et parfaits de
dispensations, de clefs, de pouvoirs et de gloires se produisent et
soient révélés depuis le temps d'Adam jusqu'à
nos jours » (D&A 128:18).
David W. Patten, membre
de Collège des douze apôtres, a dit en 1838: « La
dispensation de la plénitude des temps se compose de toutes
dispensations qui ont jamais eu lieu depuis que le monde a commencé
jusqu'aujourd’hui… Tous [les prophètes] ont reçu
de leur temps une dispensation par révélation de Dieu
pour accomplir le grand plan du rétablissement… dont la
fin est la dispensation de la plénitude des temps, dans
laquelle s’accomplira tout ce dont il a été parlé
depuis que la terre a été faite » (HC 3:51).
La révélation
et le rétablissement caractérisent la plénitude
des temps. La prêtrise, les clefs (autorisation d'agir), les
ordonnances, les alliances et les enseignements des dispensations
passées ont été, ou seront encore rétablis,
et ceci n’est possible que par révélation. Des
messagers célestes ont exercé leur ministère
auprès de Joseph Smith et Oliver Cowdery, leur donnant
l'autorité, les clefs, les points de doctrine et les
ordonnances des dispensations passées qui avaient été
perdus pour le monde pour des raisons de fragmentation, d'abus et
d'apostasie. Les Doctrine et Alliances rapportent plusieurs
situations où ces deux hommes ont vu des prophètes
anciens ressuscités, ont parlé avec eux et ont reçu
de l’autorité de leur part. Le 15 mai 1829,
Jean-Baptiste les a ordonnés à la Prêtrise
d'Aaron (D&A 13). Peu de temps après, Pierre, Jacques et
Jean, trois des apôtres originels du Christ, leur ont conféré
la Prêtrise de Melchisédek (D&A 27:12). Le 3 avril
1836, dans le temple de Kirtland, Moïse leur a donné
« les clefs pour rassembler Israël des quatre coins
de la terre et pour ramener les dix tribus du pays du nord »
(D&A 110:11) ; Élias leur a confié les clefs
de la dispensation de l'Évangile d'Abraham (D&A 110:12) et
Élie a accompli la promesse de Malachie 4:5-6 en leur
conférant le pouvoir de scellement, « de tourner le
cœur des… enfants vers leurs pères »
et de rendre accessibles les ordonnances salvatrices de l'Évangile
à tous ceux qui ont vécu sur terre (D&A 110:13-15).
Dans le cadre du rétablissement, le Livre de Mormon, témoin
scripturaire de Jésus-Christ et de ses relations avec le
peuple ancien d’Amérique, a été traduit
par Joseph Smith par la puissance divine. Ces événements
faisaient partie du programme visant à « réunir
toutes choses en Christ » (Ép. 1:10 ; D&A
27:7-13 ; voir aussi Rétablissement de toutes choses). La
prêtrise a été révélée
« pour la dernière fois » et ceux qui
détiennent maintenant les clefs, les ont « conjointement
avec tous ceux qui ont reçu une dispensation, à quelque
époque que ce soit, depuis le début de la création »
(D&A 112:30-31).
Le prophète Joseph
Smith a écrit à propos des choses qui sont propres à
la dispensation de la plénitude des temps : « Ces
choses qui n'ont jamais été révélées
depuis la fondation du monde, mais ont été cachées
aux sages et aux intelligents, seront révélées à
de petits enfants et à des nourrissons en cette dispensation,
qui est la dispensation de la plénitude des temps »
(D&A 128:18). Bien que le plan du salut soit le même dans
chaque dispensation, la plénitude des temps verra
l'accomplissement d’événements spécifiques
et uniques, notamment la reconstruction de la vieille Jérusalem,
la construction de la nouvelle Jérusalem, la prédication
de l'Évangile à toutes les nations, familles, langues
et peuples, le rassemblement d'Israël et la seconde venue de
Jésus-Christ. Tout ce qui est nécessaire pour
introduire le millénium rentre dans le domaine de la
dispensation de la plénitude des temps, qui continuera jusqu'à
ce que le Christ ait soumis tous ses ennemis et ait rendu parfaite
son œuvre (D&A 76:106 ; EPJS, p. 186).
Bibliographie
Matthews, Robert J. "The
Fulness of Times." Ensign 19, déc. 1989, p. 46-51.
McConkie, Bruce R. A New
Witness for the Articles of Faith, p. 137, 320. Salt Lake City, 1985.
RAND H. PACKER
Dispensations
de l'Évangile
Auteur :
LASSETTER, COURTNEY J.
Le terme
« dispensation »
est une traduction du grec oïkonomia, dénotant une idée
d'intendance et de mise en ordre des affaires d'un ménage. Les
« dispensations » sont également des
périodes de temps au cours desquelles le Seigneur met sur la
terre la connaissance, la prêtrise et les clefs d'autorité
nécessaires pour mettre en application son plan de salut pour
ses enfants. Ce plan, avec la prêtrise, a d’abord été
donné à Adam (Moï. 5:4-12 ; 6:62-68 ;
D&A 84:16-18 ; EPJS, p. 124, 133), mais par suite de
l'apostasie et de la fragmentation qui se sont produites plus tard
parmi ses descendants, il n'est pas resté constamment sur la
terre. Par conséquent, le Seigneur a de temps en temps appelé
de nouveaux prophètes et a de nouveau révélé
le plan et conféré l'autorité sacerdotale
nécessaire, créant une nouvelle dispensation.
Chaque nouvelle
dispensation ou période de vérité rétablie
propose aux hommes et aux femmes une intendance divine qui est
d’accomplir l’œuvre du Seigneur sur la terre. Les
bénéficiaires deviennent gardiens et collaborateurs de
Dieu dans la réalisation de ses buts. Ils œuvrent selon
son dessein ordonné et révélé. Son plan
tient compte des faiblesses humaines et prévoit des périodes
de renouvellement après apostasie, tout comme il prévoit
une rédemption par rapport aux manquements des gens par le
repentir et l'obéissance (D&A 121:31-32). Les notions
d'intendance et d'ordre sont des thèmes importants dans la
théologie des saints.
Les prophètes sont
des intendants qui prêchent et organisent l’œuvre
de rédemption dans chaque dispensation. Il est devenu
traditionnel, dans certains commentaires mormons non officiels, de
compter sept grandes dispensations appelées du nom du prophète
principal de chacune d’elles : Adam, Hénoc, Noé,
Abraham, Moïse, Jésus-Christ (qui a dirigé la
dispensation du midi des temps) et Joseph Smith (qui a introduit la
dispensation de la plénitude des temps ; voir Actes
3:21). Cependant, cette liste ne tient pas compte d'autres
dispensations, comme celle chez les Jarédites, les Néphites
et les dix tribus perdues d'Israël.
Il est rare que des
dispensations de l'Évangile aient été
universelles, touchant toutes les nations, bien que ce soit l'idéal
(par exemple, Abr. 2:11). Le plus souvent, c’est un seul peuple
qui a été sensible, alors que les autres nations
languissaient dans l'ignorance et l'incrédulité.
Cependant, la dispensation adamique a dû être communiquée
de son temps à toute la famille d'Adam (voir Moï. 5:12)
et de nouveau, dans la dispensation finale, la plénitude des
temps, l'Évangile « sera prêché à
toute nation, famille, langue et peuple » (voir D&A
133:37 ; cf. 90:9-11). Le midi des temps a reçu le même
mandat (Mt. 28:19-20), mais nous n'avons aucun document permettant de
dire que l'Évangile a touché toutes les nations de
l’époque.
Plusieurs éléments
fondamentaux sont communs à toutes les dispensations :
l’autorité de la prêtrise, le baptême par
immersion et l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit, le
pouvoir de scellement (D&A 128:9-11) et le culte du temple. Les
points de doctrine de base de l'Évangile, notamment la chute
d'Adam, la foi en Jésus-Christ, le repentir et la nécessité
d'une expiation infinie ont été enseignés à
chaque époque à partir du temps d'Adam toutes les fois
qu'il y a eu des prophètes vivants choisis par le Seigneur
(Moï. 5:4-12 ; D&A 112:29-32).
Certains prophètes
ont reçu des clefs et la responsabilité d’aspects
spécifiques du plan de Dieu pour cette terre. Dans le sens de
dispensation ou d'intendance, chacune de ces tâches pourrait
être appelée, à bon droit, une dispensation
spéciale. Joseph Smith a enseigné qu'Adam, en tant que
« père de tous les vivants », se trouve
à la tête de l'ordre patriarcal de la prêtrise
pour cette terre sous le Christ (EPJS, p. 125 ; D&A 78:16)
et détient les clefs de génération en
génération. Toutes les fois que l'Évangile est
révélé à nouveau, c’est sous la
direction d'Adam. Noé, le « père de tous les
vivants » après Adam, est également connu
comme Gabriel et suit Adam en autorité dans la prêtrise
(EPJS, p. 124, 133). Moïse détient les clefs du
rassemblement d'Israël (D&A 110:11) et Élie, celles
du scellement des générations (D&A 2 ;
110:13-16 ; JS-H 1:38-39). Jean-Baptiste a eu pour rôle
spécial de préparer la venue du Messie (TJS Mt.
11:13-15 ; 17:10-14). Pierre, Jacques et Jean ont reçu
les clefs de la Prêtrise de Melchisédek (EPJS, p. 125)
de Jésus, de Moïse, et d'Élie). Moroni a la
responsabilité du Livre de Mormon (D&A 27:5). Chacun de
ces prophètes a reçu une dispensation de clefs dont il
assume l’intendance et dont il rendra compte au Seigneur (D&A
27:5-13). Dans une future réunion, tous ceux qui détiennent
des clefs feront un rapport d'intendance à Adam, et lui, au
Christ (EPJS, p. 124 ; cf. TJS Lu. 3:8-9).
Pour l’installation
de la dispensation finale, le Seigneur a préparé Joseph
Smith en envoyant des prophètes de dispensations précédentes
lui conférer leurs clefs (voir D&A 110 ; 112:32 ;
128:20-21). Ainsi, dans la dispensation de la plénitude des
temps, toutes choses seront réunies (voir Ép. 1:10 ;
D&A 27:13). Puisque la dispensation finale est le point culminant
de tout ce qui a précédé, Joseph Smith est
vénéré comme une personnalité éminente
sous Jésus-Christ (D&A 128:18 ; 135:3).
Chaque dispensation, en
commençant par celle d’Adam, a été une
dispensation de l'Évangile du salut par Jésus-Christ.
C'est-à-dire que, dans chaque dispensation, le même plan
de rédemption par l’intermédiaire du Sauveur et
la sainte prêtrise nécessaire a été révélé
par Dieu d'une façon semblable et cohérente.
La logique générale
du plan n'exclut pas des différences dans les recommandations
révélées et les directives appropriées à
la diversité des temps et des cultures des différentes
dispensations. La circoncision, par exemple, importante dans les
dispensations précédentes comme signe d'alliance,
n'était plus essentielle dans les dispensations ultérieures.
Les sacrifices sanglants exigés du temps de l'Ancien Testament
pour préfigurer l'Expiation ont été accomplis en
Christ, lequel a prescrit les nouveaux emblèmes rédempteurs
du pain et du vin. Les saints des derniers jours sont fortement
conscients des changements et de la progression dans l'histoire
sacrée. La progression personnelle et ce que cela implique
dans l’optique de la création d'une société
de Sion rendue parfaite est essentielle dans l'eschatologie des
saints (voir Progression éternelle). Cette notion de la
progression est démontrée dans le concept que la
dispensation finale bâtit sur les précédentes et
réalise leurs buts à toutes avec la célestialisation
de la terre. La terre deviendra alors une résidence glorieuse
pour ceux de toutes les dispensations qui auront été
ressuscités et rendus parfaits en Christ (D&A 88:17-26).
Une lignée précise
d'autorité de la prêtrise est un composant essentiel de
la compréhension que les saints ont des dispensations. Ainsi,
Moïse et Élie ont visité Pierre, Jacques et Jean
sur la montagne de la Transfiguration pour rétablir certaines
clefs d'autorité et, comme déjà souligné,
ceux-ci et beaucoup d'autres prophètes anciens ont visité
Joseph Smith pour lui donner la même autorité (voir
Rétablissement de l'Évangile de Jésus-Christ).
Bien que l'Église
du Seigneur, dans des dispensations successives, ait cessé de
fonctionner sur terre pour cause d'apostasie, l’œuvre du
Seigneur dans chaque dispensation n’est jamais clôturée,
menant à la dispensation finale. L’œuvre du
Seigneur qui n'a pas été achevée dans une
dispensation précédente continuera dans la dispensation
finale, qui s'appelle, à juste titre, « la
plénitude des temps ». Dans cette dernière
dispensation, certains idéaux, qui n’avaient encore
jamais été atteints sur la terre, seront réalisés
(p. ex., le rassemblement d'Israël, la seconde venue de
Jésus-Christ et le millénium).
Bibliographie :
Arrington, F. L.
"Dispensationalism". Dans Dictionary of Pentecostal and
Charismatic Movements, dir. de publ. Stanley M. Burgess et Gary B.
McGee. Grand Rapids, Mich., 1988.
Hunter, Milton R. The
Gospel Through the Ages. Salt Lake City, 1945.
Matthews, Robert J. "The
Fulness of Times". Ensign 19, déc. 1989, p. 46-51.
Roberts, B. H., dir. de
publ. A Comprehensive History of The Church of Jesus Christ of
Latter-day Saints, Introduction. Salt Lake City, 1930.
COURTNEY J. LASSETTER
Divinité
Auteur :
Dahl, Paul E.
[On
trouvera un traitement sur les trois
membres de la Divinité et leurs attributs divins, ainsi que
leurs manifestations dans le monde, dans Dieu ; Dieu le
Père ;
Élohim ; Homme de sainteté ; Jéhovah ;
Jésus-Christ ; Saint-Esprit ; Don du Saint-Esprit ;
Colombe, signe de la.Voir aussi État divin ; Infini et
éternel ; Nom de Dieu ; Intelligence ;
Prescience de Dieu ; Dieu omnipotent ; Omniprésence
de Dieu ; Omniscience de Dieu.]
Les saints des derniers jours
croient en Dieu le Père, en
son Fils, Jésus Christ, et au Saint-Esprit (1er art. de foi).
Ces trois Dieux forment la Divinité, qui détient les
clefs du pouvoir sur l'univers. Chaque membre de la Divinité
est un personnage indépendant, séparé et
distinct des deux autres, les trois étant dans une unité
et dans une entente parfaites entre eux (AF, chap. 2).
Cette connaissance concernant
la Divinité découle
principalement de la Bible et des révélations de Joseph
Smith, le Prophète (voir Smith, Joseph : Enseignements de
Joseph Smith). Par exemple, les trois membres de la Divinité
se manifestent séparément au baptême de Jésus
(Matthieu 3:16-17) et à la lapidation d'Étienne (Actes
7:55-56). Joseph Smith fait ce commentaire : « Pierre
et Étienne témoignent qu'ils ont vu le Fils de l'Homme
debout à la droite de Dieu. Quiconque a vu les cieux ouverts
sait qu'il y a trois Personnages dans le ciel qui détiennent
les clés du pouvoir, et que l’un préside sur
tous » (EPJS, p. 252).
Le 16 juin 1844, dans son
dernier sermon dominical avant son martyre, Joseph Smith déclara
que « dans toutes les assemblées », il
avait enseigné « la pluralité des Dieux »
depuis quinze ans : « Je tiens à vous déclarer
que Dieu est un Personnage distinct, que Jésus-Christ est un
Personnage distinct et séparé de Dieu le Père,
et que le Saint-Esprit est un Personnage distinct et un Esprit :
et ces trois-là constituent trois Personnages distincts et
trois Dieux » (EPJS, p. 300). Les deux récits les
plus anciens qui existent encore de la première vision de
Joseph ne donnent pas de détails sur la Divinité, mais
il est clairement démontré, documents à l’appui,
qu'il a toujours enseigné, dans la plupart des périodes
de sa vie, que le Père et le Fils étaient des
personnages séparés (p. ex., D&A 76:23 [1832],
137:3 [1836], sa Première Vision, JS–H 1:17[écrite
en 1838], D&A 130:22 [1843]). Bien que n'identifiant pas le
Saint-Esprit comme étant un « personnage »,
le cinquième discours sur la foi (1834) affirme que « le
Père, le Fils et le Saint-Esprit constituent la Divinité »
(cf. Millet, p. 223-234).
Bien que les trois membres de
la Divinité soient des
personnages distincts, leur Divinité est « une »
en ce que tous les trois sont unis dans leurs pensées, leurs
actes et leur but, chacun ayant une plénitude de connaissance,
de vérité et de puissance. Chacun est un Dieu. Cela
n'implique pas une union mystique de la substance ou de la
personnalité. Joseph Smith a enseigné : « Beaucoup
d'hommes disent il y a un seul Dieu ; le Père, le Fils et
le Saint-Esprit ne sont qu'un seul Dieu. Je dis que c'est là
un Dieu étrange de toutes façons : trois en un et
un en trois ! C'est une curieuse organisation. ‘Père,
je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as
donnés... afin qu'ils soient un comme nous’… Je
veux vous lire moi-même le texte : ‘Je suis d'accord
avec le Père et le Père est d'accord avec moi, et nous
sommes d'accord comme une seule personne.’ Le grec montre que
ce devrait être ‘être d’accord’. ‘Père,
je prie pour ceux que tu m'as donnés hors du monde... afin
qu’eux aussi soient d’accord avec nous’ et que tous
viennent tous demeurer dans l'unité » [EPJS, p.
302 ; cf. Jean 17:9-11, 20-21 ; cf. aussi WJS, p. 380].
L'unité demandée dans Jean 17
constitue le modèle
de ce que les mormons entendent par l'unité de la Divinité :
celle que l’on atteint par l’unité d'intention,
par la foi et par la volonté et l'action divines. Joseph Smith
a enseigné que la Divinité était unie par « une
alliance éternelle [qui] fut faite entre [ces] trois
personnages avant que notre terre ne fût organisée »
à propos de ce qu’ils devaient dispenser à ses
habitants (EPJS, p. 152). L'objectif principal de la Divinité
et de tous ceux qui sont unis avec elle est de « réaliser
l'immortalité et la vie éternelle de l'homme »
(Moïse 1:39 ; Hinckley, p. 49-51).
Chaque membre de la Divinité
s'acquitte de fonctions
particulières à l'égard de chacun des autres et
de l'humanité. Dieu le Père préside la Divinité.
Il est le Père de tous les esprits humains et du corps
physique de Jésus-Christ. Le corps humain a été
créé à son image.
Jésus-Christ, Fils
Premier-né de Dieu le Père dans l'esprit et Fils unique
dans la chair, est l'agent créateur de la Divinité et
le médiateur rédempteur entre le Père et
l'humanité. C’est par lui que Dieu a tout créé
et c’est par son intermédiaire que Dieu a révélé
les lois du salut. C’est en lui que tous seront rendus vivants
et c’est par son expiation que toute l'humanité peut
être réconciliée avec le Père.
Le Saint-Esprit est un
personnage d'esprit qui témoigne
de la vérité. Le Père et le Saint-Esprit
témoignent du Fils et le Fils et le Saint-Esprit témoignent
du Père (3 Néphi 11:32; cf. Jean 8:18). C’est
par l'intermédiaire du Saint-Esprit que les révélations
du Père et du Fils sont données.
La doctrine mormone de la
Divinité se distingue des
divers concepts de la Trinité. Plusieurs doctrines trinitaires
postbibliques sont apparues dans le christianisme. Cette
« évolution
du dogme se produisit progressivement dans le contexte de la
philosophie émanationniste du stoïcisme et du
néoplatonisme (notamment de la théologie mystique de ce
dernier) et dans le cadre du monothéisme juif strict »
(ER 15:54). Les doctrines trinitaires cherchaient à élever
l'unicité de Dieu, allant dans certains cas jusqu’à
qualifier Jésus de consubstantiel avec le Père afin
d'exclure toute possibilité de prétendre que Jésus
n'était pas pleinement divin. La conception mormone, formulée
par la révélation moderne par l'intermédiaire de
Joseph Smith, rejette l'idée que Jésus ou qui que ce
soit d’autre perd son individualité en atteignant l’état
divin ou en se retrouvant dans des relations divines et éternelles
avec les autres êtres exaltés. [Voir aussi
Christologie ; Déification chez les premiers chrétiens.]
Bibliographie
Hinckley, Gordon B. "The
Father, Son,
and Holy Ghost." Ensign 16, nov. 1986, p. 49-51.
Millet,
Robert L. "The Supreme Power over All Things: The Doctrine of
the Godhead in the Lectures on Faith." Dans The Lectures on
Faith in Historical Perspective, dir. de publ. L. Dahl et C. Tate, p.
221-240. Provo, Utah, 1990.
Roberts, B. H. "The Doctrine of
the Church in Respect of the Godhead." IE 1, août 1898, p.
754-769.
PAUL E. DAHL
Doctrine
[Cette rubrique se
compose de cinq articles :
Doctrine :
Signification, source et histoire du mot
Doctrine :
Enseignements distinctifs
Doctrine : Doctrine
mormone comparée aux autres doctrines chrétiennes
Doctrine :
Harmonisation des paradoxes
Doctrine : Traités
sur la doctrine
On trouvera des articles
apparentés dans Articles de foi ; Évangile de
Jésus-Christ ; Jéhovah, Jésus-Christ ;
et Plan de salut, Plan de rédemption. Voir aussi Histoire
intellectuelle et Smith, Joseph : Enseignements de. Joseph
Smith. Pour des articles à caractère philosophique,
voir, entre autres, Épistémologie ; Éthique ;
Connaissance ; Métaphysique ; Philosophie ;
Raison et révélation ; Théologie ; et
Vérité.]
Doctrine :
Signification, source et histoire du mot
Auteurs :
BRADFORD, GERALD M. et DAHL, LARRY E.
SIGNIFICATION DU MOT
DOCTRINE. Le mot « doctrine » dans les
Écritures signifie « enseignement, ce qu’on
enseigne ». Le plus souvent, dans l’Église,
il désigne les enseignements ou la doctrine de Jésus-Christ,
compris dans un sens assez spécifique. Donc du point de vue
scripturaire, le terme « doctrine » signifie le
message central de Jésus le Christ, à savoir que Jésus
est le Messie, le Rédempteur. Tous les autres enseignements
sont subordonnés à ceux par lesquels tout le monde
« sait comment aller au Christ et être sauvé »
c’est-à-dire, aux « points de doctrine »
comme la foi, le repentir, le baptême et la réception du
don du Saint-Esprit. Un jour, en soulignant la prééminence
et la nature fondamentale de ce message, Jésus a enseigné :
« Et quiconque annonce plus ou moins que cela et l'établit
comme étant ma doctrine, celui-là vient du mal et n'est
pas bâti sur mon roc » (3 Né. 11:40).
Dans la King James
Version (KJV) de l’Ancien Testament, le mot « doctrine »
apparaît six fois (De. 32:2 ; Job 11:4 ; Pr. 4:2 ;
És. 28:9, 29:24 ; Jé. 10:8), habituellement comme
traduction du mot hébreu leqakh, signifiant « instruction »
ou, plus littéralement, « ce qui doit être
reçu ». Dans le Nouveau Testament de la KJV, il est
utilisé une cinquantaine de fois, le plus souvent en rapport
avec l’enseignement ou les instructions de Jésus-Christ,
moins fréquemment avec les enseignements d’autres
personnes.
La « doctrine
de Jésus-Christ », que les auditeurs du Sauveur
trouvaient frappante (Mt. 7:28) et « nouvelle »
(Mc. 1:27) et qu’il attribuait au Père (Jn. 7:16-19),
est synonyme de son message central, l’Évangile de
Jésus-Christ. Selon les termes de Paul, c’était
la bonne nouvelle que le royaume de Dieu est proche et que Dieu
« nous a réconciliés à lui par
Christ » (2 Co. 5:18).
Les apôtres, après
la mort et la résurrection du Sauveur, continuèrent à
enseigner ce message essentiel (Ac. 13:12 ; 1 Ti. 6:1). Ils
utilisaient le mot « doctrine » le plus souvent
pour désigner ce qu’une personne devait croire et faire
pour être sauvée (Ac. 2:41-47 ; 1 Ti. 4:16 ;
Hé. 6:1-3).
La plupart des
occurrences du terme « doctrine » dans le
Nouveau Testament sont au singulier et se rapportent à la
« doctrine de Jésus-Christ ». Le pluriel
« doctrines » désigne habituellement les
enseignements des hommes et des démons, des enseignements faux
et vains contraires à la « doctrine » du
Sauveur ou la niant. Le message de Jésus vient du Père
et a son contenu en Jésus-Christ, le Messie et le Rédempteur,
le chemin du salut. La « doctrine » de
Jésus-Christ est la base sur laquelle tous les autres
enseignements, principes et pratiques reposent.
Le Livre de Mormon et les
Doctrine et Alliances utilisent le mot « doctrine »
de la même manière. Au singulier, il désigne
toujours la « doctrine de Jésus-Christ »
ou les « points de sa doctrine » et signifie
« ce qui assurera le salut de ceux qui l’acceptent
et agissent en conséquence ». Au pluriel, il
désigne les faux enseignements des démons ou d’autres
(2 Né. 3:12 ; 28:9 ; D&A 46:7). Le Livre de
Mormon utilise « doctrine » dans ce sens
spécial comme étant la « doctrine de
Jésus-Christ » ou l’Évangile
(vingt-huit fois). Jésus attribuait son enseignement au Père :
« Et ceci est ma doctrine… que le Père
commande à tous les hommes de partout de se repentir et de
croire en moi. Et quiconque croit en moi et est baptisé,
celui-là sera sauvé ; et ce sont ceux-là
qui hériteront le royaume de Dieu » (3 Né.
11:32-33). Plus tard il déclara : « Ceci est
l'Évangile que je vous ai donné : que je suis venu
au monde pour faire la volonté de mon Père… Et
mon Père m'a envoyé pour que je sois élevé
sur la croix… et… quiconque se repent et est baptisé
en mon nom sera rassasié ; et s'il persévère
jusqu'à la fin, voici, je le tiendrai pour innocent devant mon
Père en ce jour où je me tiendrai pour juger le monde »
(3 Né. 27:13-16 ; cf. D&A 76:40-42).
Ainsi, la « doctrine
de Jésus-Christ » est le seul enseignement qui
puisse être qualifié correctement de « doctrine ».
Elle est fixe et invariable. Elle ne peut pas être modifiée
ou contredite, mais simplement amplifiée par la révélation
de vérités supplémentaires qui approfondissent
la compréhension et l’appréciation de sa
signification. C’est la base sur laquelle se fait l’épreuve
de la foi et le roc ou le fondement de tous les autres enseignements,
principes et pratiques révélés.
Certains de ces autres
enseignements comportent ce qui est parfois désigné
sous le nom de plan de salut, qui est le cadre historique général
dans lequel la « doctrine de Jésus-Christ »
est située et par conséquent mieux comprise. C’est
le plan élaboré dès le commencement par le Père,
qui a pour centre l’expiation de Jésus-Christ, moyen
nécessaire par lequel tous les hommes sont sauvés et
exaltés. Tous les autres enseignements révélés
sont soit des aspects de la doctrine de Jésus-Christ, soit des
prolongements, des amplifications ou des annexes de cette doctrine.
Le prophète Joseph Smith a enseigné : « Les
principes fondamentaux de notre religion sont le témoignage
des apôtres et des prophètes concernant Jésus-Christ,
qu’il est mort, a été enterré et est
ressuscité le troisième jour et est monté au
ciel ; et toutes les autres choses qui ont trait à notre
religion n’en sont que des annexes » (EPJS, p. 95).
Les « annexes »
qui sont explicitement mentionnées dans les Écritures
comme éléments de la doctrine de Jésus-Christ
sont (1) la foi au Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu ;
(2) le repentir de tous les péchés ; (3) le
baptême par immersion pour la rémission des péchés ;
(4) le don du Saint-Esprit par l’imposition des mains par ceux
qui ont l’autorité ; (5) la persévérance
jusqu’à la fin dans la justice et (6) la résurrection
de tous les êtres humains pour être jugés par le
Christ (3 Né. 9:1-16 ; 11:23-39 ; 19:7-28 ;
27:13-21 ; D&A 10:62-69 ; 33:10-15 ; 39:5-6 ;
76:40-43). Les enseignements supplémentaires, qui sont
étroitement liés à ce fondement, sont la
connaissance de la nature de Dieu, de la création et de la
chute d’Adam, du libre arbitre, de la révélation
continue, d’un canon ouvert et de la recherche continuelle de
la vérité de toutes choses, de la vie prémortelle,
du rassemblement d’Israël, du rôle d’un peuple
de l’alliance, la diffusion de l’Évangile,
l’espérance et la charité, l’établissement
de Sion, l’avènement du Christ, le règne du
Christ sur terre pendant mille ans, les ordonnances du temple pour
les vivants et les morts, la prédication de l’Évangile
dans le monde d’esprit post-terrestre, la nécessité
de la prêtrise, les degrés de gloire dans l’au-delà,
le mariage éternel et le concept de l’exaltation finale
en présence de Dieu pour partager sa gloire et sa vie.
En plus de son
utilisation scripturaire, le mot « doctrine » a
un sens très général dans le langage mormon de
tous les jours, où il est utilisé pour désigner
pratiquement tout ce qui est ou a été enseigné
ou est cru par les saints des derniers jours. Dans ce sens, les
enseignements doctrinaux répondent à une foule de
questions. Certains sont étroitement liés au message
essentiel de l’Évangile de Jésus-Christ ;
d’autres sont plus éloignés et débordent
de manière non systématique sur des disciplines telles
que l’histoire, la psychologie, la philosophie, les sciences,
la politique, les affaires, l’économie. Certaines de ces
croyances peuvent être considérées comme doctrine
officielle et sont données aux saints à titre de
conseil, d’exhortation, de réprimande et d’instructions
(2 Ti. 3:16). Des efforts continuels sont faits pour harmoniser et
mettre en application ces principes et cette doctrine dans une vie
juste. D’autres enseignements, qui ne jouissent pas d’un
statut officiel ni ne font autorité, peuvent également
être répandus à n’importe quel moment parmi
des membres de l’Église.
SOURCE DE LA DOCTRINE.
Dieu est la source de la doctrine. Elle n’est pas créée
ni élaborée par l’homme. Elle est basée
sur la vérité éternelle et est révélée
par Dieu à l’homme. Elle ne peut être correctement
comprise que par révélation par l’intermédiaire
de l’Esprit de Dieu (1 Co. 2:11-14 ; Jcb. 4:8).
Dieu dispense les vérités
éternelles « ligne sur ligne, précepte sur
précepte » (2 Né. 28:30). Parfois, il a
révélé la plénitude de l’Évangile
et ceux qui l’ont acceptée et l’ont vécue
ont été reçus dans sa présence. Quand les
hommes ont ignoré ou rejeté son Évangile, Dieu a
occasionnellement retenu son Esprit et les hommes ont dû vivre
dans un état de ténèbres spirituelles (voir
Apostasie).
Dieu révèle
autant de lumière que ce que l’humanité est
disposée à respecter. Par conséquent, des
quantités variables de la vraie doctrine ont existé sur
la terre à différentes époques et ceux qui
habitaient la terre pendant la même époque ont connu des
quantités différentes de vérité. Dans ce
sens, on peut dire qu’il y a une histoire de la doctrine,
c’est-à-dire un récit de la façon dont
l’humanité, au cours des temps, a soit grandi soit
diminué dans la connaissance des choses de Dieu, de l’homme
et du monde. Joseph Smith a enseigné : « Tel
est le principe sur lequel le gouvernement du ciel est géré,
par la révélation adaptée aux circonstances dans
lesquelles sont placés les enfants du royaume »
(EPJS, p. 206).
Beaucoup de facteurs
influencent la quantité que Dieu révèle, à
qui et dans quelles circonstances. Parmi ces facteurs il y a :
(1) qui saisit l’occasion de demander au Père au nom du
Christ ; (2) quelle foi ont ceux qui cherchent la
connaissance ;
(3) ce qu’ils demandent ; (4) ce qu’il est bon
qu’ils reçoivent (D&A 18:18) ; (5) à
quel point ils sont disposés à obéir à ce
qui est donné (Al. 12:9-11) ; (6) ce qu’exigent la
volonté et la sagesse de Dieu, car il donne « tout
ce qu'il juge bon qu'[ils] aient » (Al. 29:8) ; (7)
si la foi des gens a besoin d’être mise à
l’épreuve (Mormon était sur le point d’en
écrire plus, mais « le Seigneur me l'interdit,
disant : Je veux éprouver la foi de mon peuple »
[3 Né. 26:8-11]) ; et (8) comment les gens
spirituellement préparés doivent recevoir la révélation
(par exemple, Jésus a enseigné par paraboles afin de
protéger ceux qui n’étaient pas prêts à
comprendre [Lu. 8:10 ; D&A 19:22]). Les vérités
éternelles constituant l’Évangile ne changent pas
et finalement tous ceux qui sont exaltés dans le royaume de
Dieu les comprendront et les appliqueront entièrement.
Cependant, la connaissance et la compréhension que l’humanité
a de ces vérités changent au même titre que les
règles et les pratiques relevant des niveaux correspondants de
compréhension et d’obéissance.
Puisque la maison de Dieu
« est une maison d’ordre… et pas une maison
de confusion » (D&A 132:8), il doit y avoir quelqu’un
qui peut parler pour Dieu pour toute l’Église et
également pour aplanir les différends. Dans l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours, le prophète
en vie est le seul autorisé à recevoir des révélations
et des commandements faisant force de loi pour l’Église
entière (D&A 28:1-7 ; 43:1-7 ; 128:11). Depuis
le moment où l’Église a été
organisée, il y a eu et il y aura toujours « un
prophète, reconnu de Dieu et de son peuple, qui continuera à
interpréter la volonté du Seigneur »
(Spencer W. Kimball, Ensign 7, mai 1977, p. 78). D’habitude, le
prophète agit de concert avec ses conseillers dans la Première
Présidence et le Collège des douze apôtres, ceux
qui détiennent, avec le prophète, les « clefs
du royaume » (D&A 81:2 ; 112:30), avec le
principe que l’unanimité du collège et le
consentement commun des membres de l’Église donnent
pouvoir et validité à leurs décisions (D&A
26:2 ; 107:27-31). Agissant collectivement et sous l’inspiration
de Dieu, ces dirigeants ont autorité pour définir à
n’importe quel moment la position de l’Église en
matière de doctrine, de règles et de pratique. C’est
le canal par lequel les changements se produisent. Les saints des
derniers jours croient que Dieu « révélera
encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le
royaume de Dieu » (9e A de F). Ces révélations
sont censées permettre une compréhension accrue de la
doctrine.
Beaucoup de gens écrivent
ou prêchent leurs idées. Certains, par l’étude
et l’obéissance, peuvent apprendre des vérités
qui vont au-delà de la position déclarée de
l’Église, mais cela ne les autorise pas à parler
officiellement pour elle ni à présenter leurs idées
comme faisant force de loi sur l’Église. Il y a beaucoup
de sujets sur lesquels les Écritures ne sont pas claires et à
propos desquels l’Église n’a fait aucune
déclaration officielle. Dans de tels cas, on peut trouver des
divergences d’opinion entre les membres et les dirigeants de
l’Église. Tant que la vérité dans ces
domaines n’est pas manifestée par la révélation,
il y a place pour différents niveaux de compréhension
et d’interprétation des questions non réglées.
HISTOIRE DE LA DOCTRINE.
La doctrine de l’Église a été révélée
principalement par le prophète Joseph Smith, bien que des
ajouts et des éclaircissements aient été
apportés plus tard. Ces vérités font partie de
la plénitude de l’Évangile de Jésus-Christ,
connues autrefois sur terre mais maintenant perdues, rendant un
rétablissement par révélation nécessaire.
Le prophète Joseph
Smith a reçu et a communiqué ligne sur ligne sa
compréhension doctrinale, depuis le moment de sa première
vision en 1820 jusqu’à sa mort en 1844. Dans beaucoup de
cas, sa propre compréhension a été
progressivement augmentée. Dans d’autres domaines, il a
appris rapidement certains principes mais ne les a enseignés
qu’à mesure que ses disciples étaient aptes et
disposés à les accepter. Pour ce qui concerne
l’au-delà, par exemple, il a dit : « Je
pourrais en expliquer cent fois plus que je ne l’ai jamais fait
sur les gloires des royaumes qui m’ont été
manifestées dans la vision, si cela m’était
permis et si le peuple était prêt à le recevoir »
(EPJS, p. 246).
Il n’y a pas de
structure simple ni d’ordre prévisible dans la
croissance de la connaissance de Joseph Smith. Sa compréhension
doctrinale s’est graduellement développée par les
révélations qu’il recevait en réponse aux
diverses situations et circonstances contemporaines que dut affronter
l’Église naissante mais en croissance rapide. D’autres
enseignements ont paru tout à fait spontanément. Ses
perceptions devenaient plus complètes et plus détaillées,
mais elles ne perdaient pas leur ancrage historique dans les
dispensations passées ni leur but immuable d’amener les
hommes au Christ.
Un catalyseur important
dans ce processus fut l’examen systématique de la Bible
auquel Joseph Smith se livra (voir Traduction de la Bible par Joseph
Smith (TJS)]), qui produisit des interprétations bibliques et
des restaurations de textes inspirées. En outre, beaucoup de
sections des Doctrine et Alliances sont des révélations
répondant aux questions qui se présentèrent lors
de ce processus (par exemple, D&A 76, 91, 132).
Les enseignements de
Joseph au sujet de la Divinité illustrent les points
précédents. Au début, il enseignait simplement
que Dieu le Père et le Fils étaient des personnages
distincts, sans mentionner explicitement la nature de leurs corps,
même si 3 Néphi 11:15 (traduit en 1829) disait
clairement que le corps ressuscité de Jésus était
tangible. Plus tard, à Nauvoo, il déclara que « il
n’y a pas d’autre Dieu dans le ciel que ce Dieu qui a
chair et os » (EPJS, p. 145, commentaire fait en 1841 sur
le texte biblique de Jean 5:26) et que le Père et le Fils ont
tous deux un corps « de chair et d’os aussi tangible
que celui de l’homme » (D&A 130:22). Deux mois
avant sa mort, Joseph, pour la première fois dans un sermon
public enregistré, en fait dans son ultime sermon sur la
nature de Dieu, le discours sur King Follett, enseigna que Dieu est
un homme exalté. Et deux semaines avant sa mort, il parla
d’une « pluralité de Dieux »,
accroissant notre compréhension, dans Genèse 1, du
pluriel hébreu élohim, ou « dieux »
(Joseph avait étudié l’hébreu en 1835),
expliquant que « il y a plusieurs Dieux et plusieurs
Seigneurs, mais pour nous il n’y en a qu’un seul et c’est
à celui-là que nous devons être assujettis »,
déclarant que pendant quinze ans il avait toujours prêché
« la pluralité de Dieux » (EPJS, p.
301 ; cf. 1 Co. 8:5-6).
De même, les
enseignements de Joseph concernant des choses telles que la nature de
l’homme, son existence prémortelle, son libre arbitre et
son potentiel éternel d’accéder à l’état
divin lui ont également été graduellement
dévoilés, à lui et à son entourage. Il
apprit en décembre 1830 que « tous les enfants des
hommes » ont été créés
« spirituellement, avant [de l’être]
naturellement sur la surface de la terre » (Moï.
3:5). Une révélation de 1833 lui apprit qu’une
composante de tout individu existait avant sa création
spirituelle, une composante appelée intelligence, qui « n'a
été ni créée ni faite et ne peut
assurément pas l'être » (D&A 93:29).
Pendant la période de 1835 à 1842, tout en traduisant
le livre d’Abraham, Joseph Smith apprenait qu’Abraham
avait regardé à l’intérieur du monde
prémortel et contemplé les myriades d’
« intelligences qui furent organisées avant que le
monde fût » en la présence de Dieu (Abr.
3:22). Beaucoup d’entre elles étaient « nobles
et grandes » et choisirent de suivre le Christ. À
ceci il fut ajouté en 1841 que « lors de la
première organisation dans le ciel, nous étions tous
présents et nous avons vu choisir et nommer le Sauveur et
établir le plan de salut et nous l’avons sanctionné »
(EPJS, p. 145).
On peut montrer que les
enseignements du Prophète sur l’expiation de
Jésus-Christ, la création, la préordination, le
salut pour les morts, la prêtrise, les ordonnances du temple,
le mariage éternel, l’exaltation et beaucoup d’autres
sujets ont tous fait l’objet d’un développement
similaire pendant son ministère (Cannon, Dahl et Welch).
En 1844, la structure
doctrinale de base de l’Église était en place.
Toutefois, depuis cette époque, il y a eu des déclarations
officielles clarifiant la compréhension doctrinale ou adaptant
les applications doctrinales à des circonstances
particulières. Certaines font maintenant partie des Doctrine
et Alliances ; d’autres sont publiées sous forme de
messages officiels de la Première Présidence (cf. MFP).
Au cours des années, on a mis plus ou moins d’accent sur
diverses manières de procéder et pratiques à
mesure que des changements se produisaient dans la situation
économique (voir Consécration : Loi de
consécration ; Dîme ; Ordres unis ;
Entraide), les circonstances politiques (voir Église et État ;
Politique ; Guerre et paix), l’atmosphère
intellectuelle (voir Histoire intellectuelle), la croissance de
l’Église (voir Organisation), et beaucoup d’autres
domaines. Mais la doctrine essentielle de l’Église est
demeurée constante parmi ces changements.
Certains dirigeants de
l’Église ont beaucoup écrit sur ce qu’ils
comprenaient de la doctrine de l’Église et, par
conséquent, ont eu une influence importante sur ce que
beaucoup de membres croient (voir traités de doctrine
ci-dessous). Parmi ceux-ci, Parley P. Pratt, Orson Pratt, James E.
Talmage, John A. Widtsoe, B. H. Roberts, Joseph Fielding Smith et
Bruce R. McConkie. Leurs écrits révèlent
quelques divergences de vues sur des questions non réglées,
tout comme il existe différentes écoles de pensée
parmi les membres de l’Église en général
sur certaines questions. Il y a, par exemple, les efforts pour
réconcilier les enseignements scientifiques actuels et les
vérités révélées, pour réfléchir
à la nature de l’intelligence incréée et
pour définir la progression éternelle. Les saints des
derniers jours ont la foi que les réponses seront un jour
révélées et sont invités, en attendant, à
chercher la connaissance par tous les moyens disponibles et à
montrer de la tolérance à l’égard de ceux
qui entretiennent des avis différents sur de tels sujets.
Bibliographie
Cannon, Donald Q., Larry
E. Dahl et John W. Welch. "The Restoration of Major Doctrines
Through Joseph Smith : The Godhead, Mankind, and the Creation."
Ensign 19 (janv. 1989) :27-33 ; et "The Restoration of
Major Doctrines Through Joseph Smith : Priesthood, the Word of
God, and the Temple", Ensign 19 (févr. 1989) :7-13.
Lyon, T. Edgar.
"Doctrinal Development of the Church During the Nauvoo Sojourn,
1839-1846." BYU Studies 15, été 1975, p. 435-46.
M. GERALD BRADFORD
LARRY E. DAHL
Doctrine :
Enseignements distinctifs
Auteur :
BURTON, ALMA P.
Peu d’enseignements
doctrinaux religieux sont uniques au sens strict du terme, mais
beaucoup sont suffisamment rares pour être considérés
comme des éléments distinctifs de telle ou telle
religion ou confession. Plusieurs points de doctrine des saints des
derniers jours sont distinctifs dans ce sens, bien que dans la
plupart des cas d’autres chrétiens aient à un
moment donné entretenu des croyances identiques ou similaires.
Les saints des derniers jours insistent sur le fait que leurs points
de doctrine distinctifs ont été révélés
par Dieu dans de précédentes dispensations dirigées
par Adam, Hénoc, Noé et ainsi de suite jusqu’au
temps du Christ. Ainsi, alors qu’ils peuvent être
distincts parmi les confessions modernes, ces points de doctrine
nouvellement révélés étaient partagés
par la seule vraie Église de Jésus-Christ dans les
temps anciens.
Quelque chose qui est
unique dans la théologie de l’Église moderne est
la conception que la Divinité se compose de trois êtres
distincts, dont deux possèdent un corps de chair et d’os
et un, un corps d’esprit. Une déclaration officielle au
sujet de la Divinité dit : « Le Père a
un corps de chair et d’os aussi tangible que celui de l’homme ;
le Fils aussi ; mais le Saint-Esprit n’a pas de corps de
chair et d’os, c’est un personnage d’esprit »
(D&A 130:22). Les saints des derniers jours prennent la Bible,
Ancien et Nouveau Testaments, dans un sens littéral et
anthropomorphe, attribuant à Dieu à la fois une forme
humaine et des émotions. Ils acceptent aussi bien l’unicité
que la « tricité » de la Divinité
comme enseignée dans la Bible. Cependant, ils rejettent la
doctrine traditionnelle de la Trinité et croient, au
contraire, que la Divinité est une en pensée, en
dessein et en témoignage, mais trois en nombre. Ainsi, ils
croient que Dieu est esprit dans le sens qu’il est empreint
d’esprit, et dans le sens que le Saint-Esprit est un esprit,
mais ils ne limitent pas le Père ou le Fils à
l’immatérialité.
Les saints des derniers
jours identifient expressément Jéhovah, Dieu de
l’Ancien Testament, à Jésus-Christ. Ils croient
que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu qui a
marché avec Hénoc et qui a parlé avec Moïse
sur le mont Sinaï, était Jésus-Christ prémortel,
ou Dieu le Fils, agissant en tant qu’agent de son Père.
Les saints des derniers
jours ont également des points de doctrine distincts en ce qui
concerne la nature de l’univers et la façon dont il a
commencé. Parce qu’ils croient que l’esprit et la
matière sont en fait la même chose à des degrés
différents de raffinement (voir D&A 131:2), ils conçoivent
l’univers comme deux domaines, le physique et le spirituel,
mais ceux-ci ne sont pas antithétiques. Ils nient la
dichotomie esprit/matière et soulignent que l’esprit et
la matière constituent un univers éternel unique.
De plus, pour eux, « au
commencement » veut dire « au commencement de
notre partie de l’histoire » ou, dans l’état
prémortel, « quand Dieu a commencé à
créer notre monde ». Ils ne croient pas en un
commencement absolu, car dans leur théologie, l’esprit,
la matière et l’élément sont tous
éternels. Les créations peuvent passer d’un ordre
inférieur à un ordre supérieur, et l’œuvre
et la gloire de Dieu est de réaliser cette évolution
(Moï. 1:39), mais il n’y a jamais eu de temps où la
matière n’existait pas. Les saints des derniers jours
rejettent l’idée courante d’une création ex
nihilo – que Dieu ait tiré tout ce qui existe du néant.
Ils enseignent au contraire que Dieu a tout créé à
partir de matériaux préexistants mais non organisés.
Il a organisé les éléments préexistants
pour créer des mondes et il a organisé l’intelligence
préexistante pour engendrer des esprits. Les esprits de tous
les êtres humains ont existé en tant qu’enfants
d’esprit de Dieu avant leur naissance ici-bas.
L’eschatologie
mormone présente également plusieurs points de doctrine
distinctifs. Par exemple, les saints des derniers jours croient en un
état temporaire entre la mort et la résurrection que
les Écritures appellent le monde d’esprit. Ce monde
temporaire d’esprit comprend le paradis, où les esprits
des justes attendent leur résurrection glorieuse, et l’enfer,
où les esprits des méchants souffrent pour leurs péchés
tandis qu’ils attendent la résurrection vers un degré
de gloire inférieur (Al. 40:11-14 ; cf. Lu. 16:22-23). La
doctrine des saints enseigne que tout être humain ressuscitera.
Beaucoup ont été ressuscités peu après la
résurrection de Jésus ; les justes restants seront
ressuscités lors de la seconde venue du Christ et les méchants
à la fin du règne millénaire du Christ sur
terre. L’enfer est un état temporaire, qui rendra ses
esprits captifs à la résurrection, tout comme la mort
rendra ses corps (2 Né. 9:10-14 ; cf. Ap. 20:13-14).
Dans la Résurrection, toute souffrance prendra fin (D&A
76:84, 88-89) et tous les êtres humains, excepté les
fils de perdition, seront sauvés dans l’un des trois
royaumes ou degrés de gloire : le céleste, le
terrestre ou le téleste (D&A 76:1-19 ; 88:29-32 ;
cf. 1 Co. 15:4-42).
Parmi les points de
doctrine distinctifs des saints sur la nature de l’Église,
il y a la croyance que l’Église de Jésus-Christ a
été plusieurs fois sur la terre, en commençant
par Adam, plus ou moins sous la même forme que maintenant et
avec la même doctrine. L’Église et l’Évangile
de Jésus-Christ sont éternels. Ils ont été
révélés au peuple d’Adam, de Hénoc,
de Noé, d’Abraham, de Moïse, de Jared, de Léhi,
et d’autres. Adam a connu l’Évangile, a été
baptisé par immersion au nom de Jésus-Christ et a reçu
le don du Saint-Esprit, tout comme les saints dans toutes les autres
dispensations. Parfois l’humanité a rejeté ou a
déformé l’Évangile et est tombée
dans l’apostasie. Mais, par la suite, l’Évangile a
été rétabli dans sa pureté originelle par
des prophètes appelés à lancer une nouvelle
dispensation. Tout récemment, ce même Évangile
éternel a été rétabli par le prophète
moderne Joseph Smith. Ainsi, la fondation de l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours n’a pas été
le résultat d’une longue évolution religieuse, ni
simplement le rétablissement du christianisme primitif, mais a
été le rétablissement final sur la terre d’un
Évangile éternel de Jésus-Christ révélé
bien des fois à l’humanité depuis le
commencement.
Ce qui distingue
« l’Église vraie et vivante » de
toutes les autres Églises est la possession des clefs de la
prêtrise du royaume des cieux (voir Mt. 16:19). La croyance que
la possession des clefs apostoliques est nécessaire dans la
véritable Église n’est pas propre aux saints des
derniers jours ; ce qui l’est, c’est l’insistance
qu’une de ces clefs accorde nécessairement les dons de
prophétie et de révélation. Détenir les
clefs du royaume comme Pierre l’a fait, c’est être
prophète, voyant et révélateur comme lui. Et
pour être « vraie et vivante », une
Église doit recevoir ces clefs apostoliques exercées et
transmises par l’intermédiaire de ses prophètes
vivants. Comme un arbre n’est vivant que quand ses branches
sont attachées à son tronc et à ses racines, une
Église n’est vivante que quand elle est rattachée
par un chenal ouvert de révélation à sa source
divine. Quand les dirigeants ecclésiastiques n’ont aucun
lien prophétique de ce genre avec les cieux, une Église
peut même enseigner des points de doctrine vrais, mais elle ne
peut pas être « vraie et vivante » (voir
D&A 1:30 ; 27:12-13), parce qu’il lui manque la
communication nécessaire avec ses racines divines.
Étant donné
l’accent mis sur le besoin de prophètes vivants, il
s’ensuit que la parole de Dieu est principalement la parole
adressée aux prophètes et communiquée par eux.
La parole mise sur papier, les Écritures, est toujours
importante comme précédent historique et comme compte
rendu de ce que le Seigneur a dit à son peuple dans le passé,
mais elle n’est qu’un complément et est secondaire
par rapport à ce qu’il peut dire maintenant par son
prophète vivant. Comme les saints des derniers jours croient
au don véritable de prophétie, il s’ensuit que
les révélations reçues par les prophètes
modernes doivent être estimées au même niveau que
celles reçues par ceux d’autrefois. Par conséquent,
le canon des Écritures des saints des derniers jours ne peut
jamais être fermé : « Nous croyons tout
ce que Dieu a révélé, tout ce qu’il révèle
maintenant, et nous croyons qu’il révélera encore
beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de
Dieu » (9e A de F).
Les saints des derniers
jours sont également uniques dans plusieurs aspects de leur
conception du salut. Si la plupart des points de doctrine des saints
sont connus des autres chrétiens – par exemple,
l’Expiation, la justification, la sanctification et la grâce
– il y a, chez eux, plusieurs points distinctifs. Ils font une
distinction entre le « salut » général,
qui signifie pour eux que par l’expiation du Christ on est
délivré de la tombe et du pouvoir de Satan et de
l’enfer pour entrer dans un degré de gloire, et
« l’exaltation », qui signifie que par
l’expiation du Christ et l’obéissance personnelle
aux principes et aux ordonnances de l’Évangile de
Jésus-Christ on est élevé au degré le
plus haut de gloire pour prendre part aux pouvoirs et aux privilèges
de Dieu, s’asseoir sur son trône et régner dans
l’éternité (voir D&A 76:1-119 ;
88:22-23 ; cf. Ap. 1:6 ; 3:21). Être exalté,
c’est devenir comme Dieu (voir Déification chez les
premiers chrétiens).
Les saints des derniers
jours fidèles reçoivent dans les temples de l’Église
les ordonnances et la connaissance nécessaires à
l’exaltation céleste. Une partie de ces rites sacrés
est appelée la dotation du temple parce qu’elle
constitue un élément majeur du don suprême
accordé à l’humanité par l’expiation
du Christ. Une autre ordonnance du temple est le scellement du mari
et de la femme, des parents et des enfants dans des familles qui
dureront pendant le temps et toute l’éternité. Le
royaume céleste se composera de la famille céleste de
Dieu unie dans l’amour comme maris et femmes, parents et
enfants, et frères et sœurs pour toujours. En tant que
personnes isolées, les êtres humains peuvent être
sauvés dans des degrés de gloire moindres, mais seules
les familles peuvent être exaltées.
Tout le monde n’a
pas l’occasion d’entendre l’Évangile du
Christ et de recevoir toutes ordonnances de l’exaltation
ici-bas. Les saints des derniers jours enseignent que Dieu a pris des
dispositions pour que tous entendent l’Évangile de
manière à pouvoir accepter ou rejeter ses bénédictions.
Ceux qui n’en ont pas l’occasion dans la condition
mortelle la recevront dans le monde d’esprit. Le Nouveau
Testament enseigne que Jésus lui-même a visité le
monde d’esprit après sa mort sur la croix et a prêché
aux esprits qui s’y trouvaient : « Christ aussi
a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des
injustes, afin de nous amener à Dieu, ayant été
mis à mort quant à la chair, mais ayant été
rendu vivant quant à l’Esprit, dans lequel aussi il est
allé prêcher aux esprits en prison » (1 Pi.
3:18-19). Le but de sa prédication aux esprits est révélé
au chapitre suivant : « Car l’Évangile a
été aussi annoncé aux morts, afin que, après
avoir été jugés comme les hommes quant à
la chair, ils vivent selon Dieu quant à l’Esprit »
(1 Pi. 4:6). Cet enseignement a été amplifié et
expliqué dans la révélation moderne (D&A
137, 138 ; voir Salut des morts).
D’autres domaines
dans lesquels les idées des saints des derniers jours
diffèrent sensiblement de celles du monde religieux
contemporain sont les concepts de temps et d’éternité,
la Lumière du Christ, le don du Saint-Esprit, l’évaluation
positive de la création et de la terre physique, la nécessité
éternelle des ordonnances, la place centrale de l’alliance
abrahamique pour les chrétiens modernes et le concept que le
ciel est un Royaume céleste situé sur cette terre
renouvelée et glorifiée.
Bibliographie
Keller, Roger R. Reformed
Christians and Mormon Christians : Let's Talk. Ann Arbor, Mich.,
1986.
Madsen, Truman G. "Are
Christians Mormon ?" BYU Studies 15, automne 1974, p.
73-94.
McConkie, Bruce R. MD.
Salt Lake City, 1966.
Robinson, Stephen E. Are
mormons Christians ?, chaps. 6-8. Salt Lake City, 1991.
Talmage, James E. AF.
Salt Lake City, 1924.
ALMA P. BURTON
Doctrine :
Comparaison entre la doctrine des saints et d’autres doctrines
chrétiennes
Auteur :
ROBINSON, STEPHEN E.
Comme le savant biblique
W. D. Davies l’a un jour fait remarquer, la doctrine des saints
peut être décrite comme étant le christianisme
biblique séparé du christianisme hellénisé,
une conjonction du judaïsme et du christianisme du premier
siècle. Les saints des derniers jours acceptent la Bible et
ses enseignements apostoliques comme étant la parole de Dieu,
mais rejettent beaucoup d’interprétations ultérieures
de la Bible qui sont l’expression de préoccupations
philosophiques grecques – ils acceptent Jean et Paul mais
rejettent Augustin. Par exemple, les saints des derniers jours
acceptent le caractère triple de Dieu et son unité
comme étant des enseignements bibliques. Le Père, le
Fils et le Saint-Esprit sont trois personnalités divines qui
constituent ensemble une seule Divinité. Mais les mormons
rejettent les tentatives du christianisme post-biblique et non
apostolique de définir la relation entre l’unicité
et le caractère triple de Dieu. Ils acceptent la doctrine
biblique de la Trinité, mais rejettent la doctrine
philosophique de la Trinité telle que définie au
Concile de Nicée et plus tard. En bref, les saints des
derniers jours rejettent l’autorité et les conclusions
des théologiens et des philosophes lorsqu’il s’agit
de définir ou d’interpréter ce que la Bible, les
apôtres ou les prophètes n’ont pas précisé.
Ils acceptent le christianisme biblique, mais pas son extension dans
les credo et les traditions extra-bibliques.
Pour les chrétiens
qui ont soudé la Bible à son interprétation
ultérieure et ne peuvent pas séparer Platon et Augustin
de Pierre et de Paul et qui ne peuvent pas concevoir le
« vrai »
christianisme d’après les catégories du premier
siècle, la doctrine des saints peut sembler iconoclaste en ce
qu’elle sépare les textes bibliques de leur
interprétation « traditionnelle »
ultérieure. Néanmoins, les saints des derniers jours
estiment que les saints du Nouveau Testament auraient été
tout aussi mal à l’aise qu’eux devant les credo
philosophiques du christianisme ultérieur.
Le rejet par les saints
d’une grande partie du christianisme post-biblique est basé
sur la croyance en une apostasie antique annoncée et rapportée
dans le Nouveau Testament (par exemple, 2 Th. 2:1-5 ; 3 Jn.
9-10). L’autorité apostolique a cessé juste après
la période du Nouveau Testament et, sans la direction ni
l’autorité apostoliques, l’Église a vite
été submergée par des pressions intellectuelles
et culturelles étrangères. Les affirmations simples de
la foi biblique ont été remplacées par les
propositions complexes de la théologie. Bien que les Églises
qui s’en sont suivies aient toujours été
« chrétiennes », aux yeux des saints des
derniers jours elles ne possédaient plus la plénitude
de l’Évangile de Jésus-Christ ni de l’autorité
apostolique. Les saints seraient d’accord avec les catholiques
et les protestants de la « Haute Église »
que l’autorité apostolique est essentielle dans la vraie
Église mais seraient d’accord également avec
d’autres protestants pour dire que l’autorité
apostolique était absente dans l’orthodoxie médiévale.
On trouve un parallèle étroit dans le rejet protestant
des prétentions catholiques à détenir une
autorité apostolique faisant force de loi. Tandis que les
saints des derniers jours font remonter l’apostasie en gros au
deuxième siècle et rejettent l’orthodoxie qui lui
succède, la plupart des protestants la placeraient quelque
part plus près du quinzième siècle et
rejetteraient ensuite le catholicisme qui l’a suivie.
Les protestants qui
niaient la nécessité de la succession apostolique ou
qui ne croyaient pas que son enchaînement était
interrompu par la Réforme affirmaient généralement
que la plénitude de l’Évangile pouvait être
réalisée en réformant l’Église
romaine. Les saints des derniers jours, qui insistent sur la
nécessité de la succession apostolique mais croient que
son enchaînement a été très vite rompu,
considèrent qu’une réforme ne suffit pas pour
retrouver la plénitude de l’Évangile et rétablir
le christianisme originel. Seul le rétablissement total de la
doctrine et de l’autorité apostoliques pouvait rétablir
le christianisme pur du premier siècle. L’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours se considère
comme constituant ce rétablissement.
Le rejet par les saints
de la philosophie hellénistique en matière de doctrine
explique les nombreuses différences caractéristiques
entre les saints des derniers jours et les autres chrétiens.
Par exemple, les saints des derniers jours rejettent la dichotomie
platonique esprit-matière, qui soutient que l’esprit et
la matière sont opposés et hostiles entre eux. Ils
croient, au contraire, que l’esprit est une matière
raffinée et que l’esprit et la matière sont
éternels, n’étant ni créés ni
détruits. Le prophète Joseph Smith a enseigné
que « la matière immatérielle, cela n’existe
pas. Tout esprit est matière, mais il est plus raffiné
ou plus pur et ne peut être discerné que par des yeux
plus purs » (D&A 131:7).
Il n’y a donc, pour
les saints des derniers jours, aucune incompatibilité finale
entre l’esprit et la matière ou entre les domaines
spirituel et physique. Dans la théologie des saints, les
éléments physiques sont coéternels avec Dieu.
Les saints rejettent l’idée que la matière
physique est transitoire, corrompue ou incompatible avec la vie
spirituelle ou éternelle. Ils définissent
habituellement le « spirituel » comme
« imprégné d’esprit »
plutôt que comme « non physique ». Cette
conception unitaire de l’esprit et de la matière leur
permet d’accepter le Père et le Fils comme les êtres
concrets et anthropomorphiques qu’ils sont dans les Écritures
et de rejeter la définition de Dieu comme le non-être
abstrait, le « totalement autre » de la
théologie philosophique. Pour les saints, Dieu existe dans le
sens normal en association avec le temps et l’espace plutôt
que dans le sens platonicien abstrait au-delà du temps et de
l’espace. La conception traditionnelle qui avilit la matière
et l’état d’existence physique n’est pas
bien fondée du point de vue biblique et les saints des
derniers jours croient qu’elle est un produit de la pensée
hellénistique. Ils pensent également que le concept de
Dieu « sans corps, ni parties ni passions »
tient trop peu compte des données bibliques ou les allégorise
excessivement.
Du fait que les mormons
croient que les éléments sont éternels, il
s’ensuit qu’ils nient la création ex nihilo.
L’univers, au contraire, a été créé
(organisé) à partir d’éléments
préexistants que Dieu a organisés en imposant des lois
physiques. Le prophète Joseph Smith a aussi enseigné
que l’intelligence est également éternelle et
incréée : « L’intelligence des
esprits n’a pas de commencement et n’aura pas de fin…
l’intelligence est éternelle et existe en vertu d’un
principe existant par lui-même » (EPJS, p. 286-287).
De même qu’il
a organisé la matière préexistante pour créer
l’univers, de même Dieu a organisé l’intelligence
préexistante pour créer les esprits qui sont par la
suite devenus des êtres humains. En conséquence, les
saints des derniers jours ne considèrent pas Dieu comme la
cause totale de ce que sont les êtres humains. L’intelligence
humaine n’est pas créée par Dieu et est donc
indépendante de son contrôle. Les saints insistent donc
sur le fait que les êtres humains sont libres dans le sens le
plus complet du terme et nient la doctrine de la grâce
prévenante et celle de la grâce irrésistible,
selon lesquelles c’est le choix de Dieu qui détermine le
salut ou la damnation. Dieu ne contraint pas des volontés
indépendantes et existant par elles-mêmes. Bien qu’il
désire l’exaltation de tous et l’offre de manière
égale à tous, son accomplissement exige la coopération
individuelle, une relation par alliance. De cette façon, la
théologie des saints échappe au dilemme classique de la
prédestination et de la théodicée qu’impose
la croyance que Dieu a tout créé de rien et est donc
seul responsable du produit final. Leur doctrine radicale du libre
arbitre individuel permet également aux saints de contester la
théorie de la dépravation humaine. La chute d’Adam
n’a pas rendu les humains totalement incapables de faire quoi
que ce soit de bien – ils restent capables de choisir et
d’accomplir le bien ou le mal. De plus, les saints des derniers
jours acceptent le concept de « l’heureuse faute »
(mea culpa). La Chute était une étape nécessaire
dans la progression de l’humanité : « Adam
tomba pour que les hommes fussent, et les hommes sont pour avoir la
joie » (2 Né. 2:25).
La vision positive de
l’univers physique et de l’homme permet également
aux saints des derniers jours de prévoir une vie physique
après la mort, le Royaume céleste, une communauté
d’êtres physiquement ressuscités transformés
et rendus parfaits. À la différence de beaucoup de
pères de l’Église d’autrefois, ils
n’aspirent pas à échapper au royaume de la chair,
mais à le sanctifier. Par conséquent, aux yeux des
saints, même les rapports physiques de la famille et du mariage
peuvent continuer dans un état sanctifié dans les
éternités. Ainsi il n’y a guère
d’ascétisme et pas de célibat dans la théologie
des saints, qui voit dans ces deux tendances un refus de la bonté
de la création physique accomplie par Dieu (Ge. 1:31) et leur
théologie évite le dénigrement traditionnel du
corps humain et le mépris pour la sexualité humaine qui
sont dus en grande partie au néoplatonisme de la fin de
l’Antiquité.
Bien que l’acceptation
de la Bible et de ses enseignements, problèmes
d’interprétation mis à part, soit le point commun
des saints des derniers jours et des autres chrétiens, le
mormonisme s’accorde avec l’orthodoxie de la « Haute
Église » contre le protestantisme conservateur sur
la doctrine de la suffisance des Écritures. Bien qu’ils
acceptent la Bible, les saints des derniers jours, comme les
catholiques romains et orthodoxes orientaux, par exemple, ne croient
pas que le texte biblique soit à lui seul suffisant pour le
salut. L’enseignement biblique, quoique vrai et accepté,
a été imparfaitement préservé et ne peut
être entièrement reconstitué que grâce à
des révélations supplémentaires. Ce n’est
pas parce que le christianisme du Nouveau Testament était
défectueux, mais parce qu’il n’est préservé
que partiellement dans la Bible moderne. Les points de doctrine qui
n’ont pas été préservés doivent
être rétablis ; par conséquent, les mormons
nient l’infaillibilité biblique et l’idée
qu’elle est suffisante. Puisque les apôtres et les
prophètes du christianisme le plus ancien recevaient la
révélation directe de la part de Dieu (voir, par
exemple, Actes 10:9-16, 28), les saints des derniers jours croient
qu’une Église qui affirme avoir la plénitude de
l’Évangile doit également jouir de ce don.
Ce principe crucial de la
révélation continue est illustré dans
l’expérience du prophète Joseph Smith, dont des
visions et les révélations forment la base de la
doctrine des saints. Tout comme le magistère de l’Église
est fondamental pour les catholiques romains et comme les Écritures
sont la base pour les protestants, pour les saints des derniers
jours, la plus haute autorité en matière de religion,
c’est la révélation continue venant de Dieu,
donnée par les apôtres et les prophètes vivants
de son Église, commençant avec Joseph Smith et
continuant jusqu’aux dirigeants actuels.
Les saints des derniers
jours insistent sur le fait que le canon des Écritures et la
structure de la théologie sont toujours ouverts et que Dieu
peut toujours y ajouter par la révélation à ses
prophètes (9e A de F). Grâce à cela, ils ont reçu
des éclaircissements sur des points de doctrine biblique qui
sont contestés dans d’autres confessions, par exemple,
le ministère du Christ auprès des morts dans 1 Pi. 3:18
et 4:6 (voir D&A 128 ; 137 ; 138). En outre, par la
révélation moderne, les saints des derniers jours ont
reçu certains points de doctrine distinctifs que l’on ne
trouve pas explicitement dans la Bible. Dans ces cas la révélation
moderne n’a pas reconstitué un point de doctrine qui
n’est pas clair, mais en a rétabli un qui avait été
entièrement perdu.
Les saints des derniers
jours partagent avec la plupart des chrétiens la conviction
que le salut n’est rendu possible que par l’expiation de
Jésus-Christ, dont la nature est représentative,
exemplaire et vicariale. Le Christ est le médiateur de
l’humanité auprès du Père au lieu d’Adam
qui est déchu ; il donne un exemple que les humains
peuvent imiter et il prend la place de l’humanité en
souffrant pour les péchés.
Les saints des derniers
jours sont monophysites dans leur christologie, c’est-à-dire
qu’ils croient que le Christ n’a qu’une seule
nature, qui est simultanément humaine et divine. C’est
possible parce que l’humain et le divin ne sont pas des
catégories qui s’excluent mutuellement dans la pensée
des saints, contrairement à la christologie duophysite de
beaucoup de confessions traditionnelles. Comme Lorenzo Snow l’a
dit : « Ce que l’homme est maintenant, Dieu le
fut autrefois. Ce que Dieu est maintenant, l’homme peut le
devenir » (Snow, p. 46). La plupart des chrétiens
seraient d’accord avec la première moitié de ce
couplet tel qu’appliqué à la personne du Christ,
mais les saints des derniers jours l’appliquent aussi au Père.
La deuxième moitié du couplet est plus orthodoxe au
sens confessionnel du terme que le sont les protestants ou les
catholiques, parce que les saints des derniers jours partagent la
doctrine biblique antique de la déification (apothéose)
avec l’orthodoxie orientale. Plusieurs des premiers théologiens
du christianisme ont dit essentiellement la même chose que
Lorenzo Snow. Irénée a dit : « Si la
parole est devenue homme, c’est pour que les hommes puissent
devenir des dieux » (Contre les hérésies, 4.
Pref.) et Athanase a maintenu que « [le Christ] est devenu
homme pour que nous puissions être rendus divins " (De
l’Incarnation, 54). Pourtant les saints des derniers jours
combinent les deux moitiés du couplet pour parvenir à
ce qu’ils estiment être la seule conclusion :
l’humain et le divin ne sont pas des catégories qui
s’excluent mutuellement. Pour eux, les deux catégories
ne font qu’un : Les humains sont de la lignée des
dieux. Les saints des derniers jours seraient entièrement
d’accord avec C.S. Lewis dans Mere Christianity : Il a dit
(dans la Bible) que nous étions des « dieux »
et il va donner suite à ses paroles. Si nous le lui permettons
– car nous pouvons l’en empêcher si nous le voulons
– il transformera le plus faible et le plus souillé
d’entre nous en un Dieu ou une Déesse, un être
éclatant, radieux, immortel, palpitant, dans toute sa
personne, d’une énergie, d’une joie, d’une
sagesse et d’un amour que nous ne pouvons pas imaginer
maintenant [p. 175].
Bibliographie
Dodds, Erwin. Pagan and
Christian in an Age of Anxiety. New York, 1970.
Keller, Roger. Reformed
Christians and Mormon Christians : Let's Talk. Ann Arbor, Mich.,
1986.
Lash, Symeon.
"Deification." Dans The Westminster Dictionary of Christian
Theology, dir. de publ. A. Richardson et J. Bowden. Philadelphie,
1983.
Madsen, Truman, dir. de
publ. Reflections on Mormonism : Judaeo-Christian Parallels.
Salt Lake City, 1978.
Robinson, Stephen. Are
the Latter-day Saints Christians ? Salt Lake City, 1991.
Snow, Eliza R. Biography
and Family Record of Lorenzo Snow. Salt Lake City, 1884.
STEPHEN E. ROBINSON
Doctrine :
Harmonisation du paradoxe
Auteur :
PAULSEN, DAVID L.
Parce qu’ils
rejettent l’influence du néoplatonisme sur la théologie
chrétienne originale, les saints des derniers jours ne sont
pas concernés par les dilemmes que posent certains des
paradoxes de la théologie chrétienne traditionnelle.
Cela ne veut cependant pas dire que la vie éthique des saints
et leur pensée religieuse soient exemptes de paradoxes. La
perspective des saints a tendance à harmoniser beaucoup de
paradoxes par sa conception que l’opposition est nécessaire
en toutes choses et que Dieu et l’humanité sont dans le
même ordre de réalité mais à des étapes
différentes de connaissance et de progression.
Tel qu’utilisé
dans le vocabulaire courant, le mot « paradoxe »
désigne habituellement une déclaration qui, à
première vue, est incroyable parce qu’elle est
apparemment contradictoire avec elle-même ou est contraire à
des faits bien établis, au bon sens ou aux croyances
généralement reçues. Si beaucoup de paradoxes
sont indubitablement faux, tous ne le sont pas nécessairement.
En effet, dans l’histoire de la pensée humaine, beaucoup
de paradoxes effrontés ont renversé une croyance
généralement reçue mais fausse, pour devenir
eux-mêmes, par la suite, généralement acceptés
« paradoxe à un moment donné, mais
maintenant le temps lui apporte sa preuve » (Hamlet
3.1.115).
La théologie
chrétienne classique est paradoxale à beaucoup
d’égards. C’est souvent le résultat des
fusions théologiques instables qui se sont produites au cours
des premiers siècles du christianisme quand (a) les idées
qui provenaient de la révélation personnelle
judéo-chrétienne ont été (b) refondues
par interprétation au sein d’une conception
néoplatonicienne impersonnelle de la réalité. En
voici quelques-unes :
1. (a) Le Dieu aimant qui
est profondément touché par le sentiment de nos
infirmités est (b) sans passions et ne subit aucune influence
extérieure.
2. (a) Le Dieu qui agit
dans l’histoire humaine et répond aux prières
personnelles est (b) intemporel et immuable.
3. (b) Le Dieu sans corps
ni parties est devenu (a) incarné en la personne de Jésus
de Nazareth.
4. Le Dieu qui est (b)
absolument illimité et bon et qui a tout créé de
rien (a) a créé un monde où les maux abondent.
5. (a) La Divinité
se compose de trois personnes parfaites et séparées qui
(b) constituent collectivement une substance métaphysique
unique.
Tout en affirmant (a) les
dimensions judéo-chrétiennes des propositions précitées
concernant Dieu, la doctrine mormone rejette (b) le cadre
néoplatonicien et la métaphysique néoplatonicienne
à l’intérieur desquels la révélation
judéo-chrétienne a été historiquement
interprétée. C’est à cause de cela que la
compréhension que les saints ont de la doctrine chrétienne
ne manifeste pas les paradoxes qui sont le résultat de l’union
de ces deux croyances incompatibles.
La pensée des
saints des derniers jours construit des ponts entre des entités
et des quantités qui sont normalement considérées
comme incongrues (voir Métaphysique). Ils ne considèrent
pas la réalité comme une dichotomie mais comme une
continuité graduelle : ainsi, l’on considère
que l’esprit est une forme de matière, mais une forme
hautement raffinée ; et le temps fait partie de
l’éternité. Un Dieu corporel est omniprésent
par la lumière qui émane de lui et qui est dans et à
travers toutes choses (D&A 88:12-13).
Dans le discours moral,
le principe axiomatique et éternel du libre arbitre exige
qu’il y ait « une opposition en toutes choses »
(2 Né. 2:11) pour garantir que l’on pourra faire
des choix valables, non seulement entre le bien et le mal mais
également parmi un choix de possibilités justes (voir
Éthique ; Mal ; Souffrance dans le monde ;
Théodicée). La faiblesse existe pour apporter la force
(Ét. 12:27). Ainsi, la vie morale des saints des derniers
jours se situe entre des options qui sont souvent paradoxales :
les impératifs de s’améliorer ou de servir les
autres, de passer du temps chez soi ou de servir l’Église,
de favoriser l’individualité ou l’institutionnel,
d’obtenir la richesse ou de donner aux pauvres, de trouver sa
vie en la perdant au service d’autrui (Mt. 10:39).
Ces opposés
n’empêchent cependant pas les saints d’agir et on
ne les transcende pas par le mysticisme, l’ironie ou la
résignation (que ce soit dans le sens optimiste ou pessimiste
du terme). Ils sont englobés dans une série de
principes évangéliques agissant les uns sur les autres
qui guident la vie des saints, notamment
•
la révélation
personnelle (par le Saint-Esprit chacun peut savoir ce qui mène
au Christ [Mro. 7:12-13 ; 10:5-6])
•
l’obligation
d’agir (la connaissance de ce qui est juste s’obtient en
le faisant [Jn. 7:17])
•
l’engagement
volontaire dans des alliances (on s’engage par ce qu’on
accepte de faire)
•
une notion étendue
du moi (aider les autres revient à s’aider soi-même)
•
l’expiation
de Jésus-Christ (son jugement englobera la grâce divine
et les oeuvres humaines, la justice punitive et la miséricorde
compatissante)
•
la relativité
éternelle des royaumes et de la progression (malgré
toutes leurs différences, tous sont sur le même chemin
de la perfection).
Pour les saints des
derniers jours, les paradoxes de la connaissance sont généralement
résolus en vertu du concept de « la révélation
continue » (voir Épistémologie ;
Révélation). S’ils sont enclins à croire
que toute vérité est logique avec elle-même et
avec toute autre vérité, les saints des derniers jours
reconnaissent également l’imperfection de la
compréhension humaine. Les tentatives de la part des mortels
de comprendre ou d’exprimer les vérités divines
sont par nature exposées à l’erreur pour au moins
deux raisons : (1) le cadre linguistique et conceptuel dans
lequel ces faits sont exprimés et interprétés
est conditionné par la culture et manifestement
insatisfaisant ; et (2) la conscience que l’humanité
a de ces faits est fragmentaire et incomplète, « Car…
autant les cieux sont élevés au–dessus de la
terre, autant mes voies sont élevées au–dessus de
vos voies, et mes pensées au–dessus de vos pensées »
(És. 55:8-9) et, dans la condition mortelle, « l'homme
ne comprend pas tout ce que le Seigneur peut comprendre »
(Mosiah 4:9). Mais par la révélation, la connaissance
humaine peut augmenter : « Nul n'a connaissance [des
voies de Dieu], si cela ne lui est révélé »
(Jacob 4:8). « L’homme animal ne reçoit pas
les choses de l’Esprit de Dieu… et il ne peut les
connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en
juge » (1 Co. 2:14).
Ainsi, là où
une révélation définitivement claire semble
contredire l’opinion généralement reçue,
le bon sens ou des faits bien établis, les saints des derniers
jours accordent la priorité à la révélation
et espèrent que le temps fournira la preuve de ce qui semble
maintenant paradoxal ou que, dans la compréhension plus
complète des choses que Dieu possède, il puisse y avoir
des principes intermédiaires permettant de réconcilier
deux vérités partielles apparemment contradictoires.
Cette confiance, cet espoir de révélations futures
permettent d’apaiser des paradoxes aussi insondables que le
point de savoir comment la connaissance totale de Dieu peut être
conciliée avec le libre arbitre de l’humanité,
comment les récits scripturaires et scientifiques de la
création peuvent être harmonisés ou comment,
d’une manière générale, l’étude
et la foi, la raison et la révélation, la vision
symbolique et l’esprit pratique et littéral peuvent être
satisfaits simultanément. La doctrine des saints résiste
aux extrêmes : ce qui fait son autorité n’a
pas été transformé en abstractions ou en absolus
et ses révélations ne se sont pas égarées
dans le mysticisme ou le flou. C’est ainsi que la doctrine de
l’Évangile éternel conserve son propre ensemble
de tensions dans un monde mortel.
Bibliographie
Hafen, Bruce C. "Love
Is Not Blind : Some Thoughts for College Students on Faith and
Ambiguity." Dans BYU Speeches of the Year, p. 8-17. Provo, Utah,
1979.
DAVID L. PAULSEN
Doctrine :
Traités sur la doctrine
Auteur :
KNOWLES, ELEANOR
Les ouvrages de doctrine
– c’est-à-dire les périodiques, les
brochures et les livres – ont été nombreux dans
la tradition des saints, reflet du caractère laïque du
ministère, du grand nombre d’Écritures et du
souci permanent d’une croyance correcte aussi bien que d’une
conduite juste.
Des lettres officielles,
notamment les exposés de doctrine, de la Première
Présidence sont éditées dans Messages of the
First Presidency, dir. de publ. James R. Clark, 6 vols, Salt Lake
City, 1965-1975. Des brochures influentes ont été
compilées dans le Handbook of the Restoration et dans le
ScrapBook of Mormon Literature, comp. Ben E. Rich, 2 vols, Chicago,
n.d..
En plus des volumes sur
les enseignements de Joseph Smith (EPJS, WJS), il y a des
déclarations doctrinales dans le Journal of Discourses, 1980.
Les compilations des discours des présidents de l’Église,
toutes publiées à Salt Lake City, contiennent Brigham
Young, Discourses of Brigham Young, dir. de publ. John A. Widtsoe,
1954 ; John Taylor, The Gospel Kingdom, dir. de publ. G. Homer
Durham , 1987 ; Discourses of Wilford Woodruff, dir. de publ. G.
Homer Durham , 1946 ; Teachings of Lorenzo Snow, comp. Clyde J.
Williams , 1984 ; Joseph F. Smith, Gospel Doctrine , 1939 ;
Heber J. Grant, Gospel Standards , 1941 ; George Albert Smith,
Sharing the Gospel with Others , 1948 ; David O. McKay, Gospel
Ideals , 1953 ; Joseph Fielding Smith, Doctrines of Salvation,
comp. Bruce R. McConkie, 3 vols. , 1954-1956 ; Harold B. Lee,
Stand Ye in Holy Places and Ye Are the Light of the World , 1974 ;
Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball ,
1982 ; et Teachings of Ezra Taft Benson, 1988.
On trouvera ci-après
une liste de livres qui ont fait des apports importants à la
compréhension de la doctrine, sauf indication contraire, ces
ouvrages ont été publiés à Salt Lake
City : Parley P. Pratt, A Voice of Warning, New York, 1837, et
Key to Theology, 1856 ; Orson Pratt, An Interesting Account of
Several Remarkable Visions and of the Late Discovery of Ancient
American Records, Edimbourg, 1840 ; Orson Spencer, Spencer's
Letters, Liverpool ey Londres, 1852 ; John Taylor, Mediation and
Atonement, 1882, et The Government of God, 1884 ; Franklin D.
Richards et James Little, A Compendium of the Doctrines of the
Gospel, 1882 ; B. H. Roberts, The Gospel, Liverpool, 1888,
Mormon Doctrine of Deity and Jesus Christ : The Revelation of
God, 1903 et The Seventy's Course in Theology, 5 vols.,
1907-1912 ;
James E. Talmage, Articles of Faith, 1899 et Jesus the Christ,
1915 ;
Orson F. Whitney, Gospel Themes, 1914, et Saturday Night Thoughts,
1921 ; Joseph F. Smith, Gospel Doctrine, 1919 ; Brigham
Young, Discourses of Brigham Young, dir. de publ. John A. Widtsoe,
1926 ; John A. Widtsoe, Priesthood and Church Government, 1939,
A Rational Theology, 1945, et Evidences and Reconciliations, 3 vols.
en 1, 1960 ; Joseph Smith, Teachings of the Prophet Joseph
Smith, comp. by Joseph Fielding Smith, 1938 ; Orson Pratt, Orson
Pratt's Works, dir. de publ. Parker P. Robison, 1945, et Masterful
Discourses of Orson Pratt, dir. de publ. N. B. Lundwall, 1946 ;
Milton R. Hunter, The Gospel Through the Ages, 1945 ; Daniel H.
Ludlow, dir. de publ., Latter-day Prophets Speak, 1948 ; J.
Reuben Clark, Jr., On the Way to Immortality and Eternal Life,
1949 ;
Writings of Parley P. Pratt, dir. de publ. Parker P. Robison,
1952 ;
Bruce R. McConkie, Mormon Doctrine, 1958, rév. 1966 ;
Spencer W. Kimball, The Miracle of Forgiveness, 1969 ; et George
Q. Cannon, Gospel Truth, dir. de publ. Jerreld Newquist, 2 vols.,
1972, 1974.
Traités plus
courts : Oliver Cowdery, "General Charge to the Twelve",
1835 ; Collège des Douze, "A Proclamation to the
World", 1845 ; Lorenzo Snow, "Law of Tithing",
1899 ; James E. Talmage, "The Honor and Dignity of the
Priesthood", 1914 ; J. Reuben Clark, Jr., "The Charted
Course of the Church in Education", 1938, et "When Are the
Writings or Sermons of Church Leaders Entitled to the Claim of
Scripture ?", 1954 ; Harold B. Lee, "Priesthood…
Core of All Activity", 1961, et "Priesthood Correlation",
1961 ; Spencer W. Kimball, "When the World Will Be
Converted", 1974, "Lengthening Our Stride", 1974, et
"Becoming Pure in Heart", 1978 ; N. Eldon Tanner,
"Church Administration", 1979.
ELEANOR KNOWLES
Doctrine
et Alliances : Aperçu
Auteur :
DOXEY, ROY W.
Les Doctrine et Alliances
sont une compilation de révélations dont la plupart ont
été reçues par le prophète Joseph Smith
pour l'établissement et le gouvernement du royaume de Dieu
dans les derniers jours. C'est un ouvrage canonique de l’Église
qui représente sa Constitution ecclésiastique ouverte
et sans cesse croissante. Son objectif principal est d'édifier
l’Église de Jésus-Christ et d'amener les hommes à
se mettre en accord avec le royaume du Christ. Il est considéré
comme la pierre de faîte de l’Église ; le
Livre de Mormon, qui est l’ouvrage qui va de pair avec lui, est
considéré comme la clef de voûte (Benson, p.
83-85). Le Livre de Mormon a été écrit pour
convaincre tous les hommes que Jésus est le Christ (voir Livre
de Mormon : Aperçu) ; les Doctrine et Alliances ont
été données pour les organiser et les orienter
selon la volonté et le royaume de Dieu.
Des 138 sections et des 2
déclarations actuellement dans ce recueil, 133 ont été
reçues principalement par Joseph Smith, le premier prophète
et président de l’Église. Les sept sections
restantes ont été reçues ou écrites par
ou sous la direction d'Oliver Cowdery (sections 102 et 134), de John
Taylor (section 135), de Brigham Young (section 136), de Joseph F.
Smith (section 138), de Wilford Woodruff (Déclaration
officielle – 1) et de Spencer W. Kimball (Déclaration
officielle – 2).
La plupart des passages
des Doctrine et Alliances ont un cadre historique précis et
pratiquement chaque verset contient de la sagesse, des enseignements
généraux, des principes religieux ou de la doctrine. La
plupart des révélations ont été reçues
en réponse à des demandes précises faites dans
la prière. Bien que beaucoup aient été données
au profit de personnes déterminées, leurs conseils
sont, de manière générale, d'application
universelle, ce qui rend ces révélations aussi
actuelles aujourd'hui que lorsqu’elles ont été
reçues. Elles ont été données aux
serviteurs du Seigneur « dans leur faiblesse, selon leur
langage, afin qu'ils les comprennent » (1:24). Les saints
des derniers jours y voient « la volonté du
Seigneur… l'avis du Seigneur… la parole du Seigneur…
la voix du Seigneur et le pouvoir de Dieu pour le salut »
(68:4).
Les révélations
des Doctrine et Alliances ont été reçues de
diverses façons. Certaines l’ont été par
l'inspiration, l'esprit étant éclairé par le
Saint-Esprit (par exemple, les sections 20-22), d'autres sont venues
d'un ange (les sections 2, 13, 27, 110), dans des visions,
habituellement par les yeux spirituels du prophète (les
sections 76, 137-138), par le murmure doux et léger, une voix
qui se fait entendre dans l'esprit (la section 85) ou par une voix
audible (section 130:12-13). À certaines occasions, d'autres
personnes étaient présentes et partageaient les
manifestations spirituelles (voir Visions de Joseph Smith).
Les sections sont de
types variés, contenant divers genres de textes et de
documents historiques. Par exemple, la section 102 contient le compte
rendu d'une session du Grand Conseil ; la section 113 répond
à des questions sur les écrits d'Ésaïe ;
les sections 121-123 font partie d'une lettre écrite par
Joseph Smith au sujet des persécutions ; les sections
127-128 sont des épîtres sur les baptêmes pour les
morts ; la section 134 est un article sur le gouvernement et les
lois et la section 135 rapporte le martyre de Joseph et de Hyrum
Smith. La section 7 est la traduction d'un document écrit et
caché par l'apôtre Jean ; les sections 65 et 109
sont des prières ; d'autres sections sont des
enseignements (les sections 130-131) et des prophéties (les
sections 87 et 121). La section 1 est la préface du Seigneur
aux autres révélations. La section 133 est appelée
l’appendice ; elle a été donnée deux
jours après la préface et contient des données
eschatologiques. Les deux sections 1 et 133 ont été
fournies en vue de la publication des révélations.
La première
compilation des révélations données à
Joseph Smith fut imprimée en 1833 sous le nom de Livre des
Commandements, pour le gouvernement de l’Église du
Christ (voir Livre des Commandements). Elle contenait soixante-cinq
chapitres. Ce recueil fut proposé le 1er novembre 1831 à
une conférence de la prêtrise de l’Église
pour approbation avant publication. Comme le langage des révélations
n’était pas d’un haut niveau, un membre mit en
doute leur authenticité. Une révélation, la
section 67 dans les éditions modernes, défia toute
personne d'écrire une révélation ; quand le
sceptique admit qu'il ne pouvait pas le faire, le recueil fut
approuvé par les personnes assemblées. L’imprimerie
de l’Église à Independence (Missouri) ayant été
détruite en juillet 1833 par des émeutiers alors que le
livre était en cours d’impression, quelques exemplaires
seulement de ce premier recueil compilation sont parvenus jusqu’à
nous.
Au cours des années
qui suivirent la première impression, d'autres révélations
furent reçues et certains textes plus anciens furent
supprimés. Une édition de 1835, publiée à
Kirtland (Ohio), fut intitulée Doctrine et Alliances de
l’Église des saints des derniers jours et contenait 103
sections. Lors des éditions suivantes, d’autres sections
furent ajoutées (voir Doctrine et Alliances – Éditions).
Les ajouts les plus récents sont les sections 137 (1836) et
138 (1918) sur le salut des morts, et la Déclaration
Officielle – 2 annonçant que la prêtrise pouvait
être donnée à tous les membres masculins de
l’Église qui étaient dignes (1978). Un article
sur le mariage écrit par Oliver Cowdery en 1835 fut supprimé
de l'édition de 1876. À partir de l'édition de
1921, un ensemble de leçons appelé Lectures on Faith ne
fut plus inclus.
Cent des révélations
ont été reçues avant 1834, pendant les premières
années formatrices de l’Église. Beaucoup d’entre
elles s’adressaient à des personnes précises qui
voulaient que le prophète leur dise ce que Dieu avait pour
elles. Les points de doctrine de l'Évangile ne furent
généralement pas révélés dans leur
plénitude au début, mais furent reçus
progressivement, de temps en temps. Tandis que l’Église
se développait et déménageait, les questions
concernant l'administration de l’Église, les devoirs des
officiers, les conseils pour les membres de l’Église et
les événements du futur devinrent le sujet d'autres
révélations.
Toutes les révélations
reçues par Joseph Smith ne se trouvent pas dans les Doctrine
et Alliances (voir Révélations non publiées). Il
y en a qui se trouvent dans la History of the Church, donnant des
recommandations et des instructions à des particuliers (HC
1:229), sur le déplacement des saints vers les montagnes
Rocheuses (HC 5:85) et une prophétie sur Stephen A. Douglas
(HC 5:393-394).
La décision quant
aux révélations à inclure dans les Doctrine et
Alliances est une prérogative de la Première Présidence
et du Collège des douze apôtres. Le choix est alors
confirmé par le consentement commun des membres de l’Église.
Les Doctrine et Alliances
s’adressent aux hommes de notre génération. Pour
les saints des derniers jours, c'est la voix du Seigneur Jésus-Christ
qui confirme et révèle le chemin du salut et donne des
instructions pour le gouvernement de son Église. Elles
menacent les hommes et les nations d’une destruction imminente
s'ils ne se repentent pas. Elles témoignent de la réalité
de la vie après la mort.
Parmi leurs
enseignements, il y a tout particulièrement les principes, les
alliances et les ordonnances spécifiques qui mènent à
la vie éternelle. Elles prescrivent les ordonnances de la
prêtrise depuis le baptême jusqu’au mariage scellé
pour l'éternité. Le salut des morts est également
révélé par des révélations au
sujet du baptême pour les morts et des visions de la
prédication aux esprits qui attendent la résurrection.
L’accent qu’elles
mettent sur la nature spirituelle de questions temporelles renforce
l'appréciation et le respect pour cette vie. Par exemple, son
code de santé, connu sous le nom de Parole de Sagesse, promet
la santé spirituelle et physique à ceux qui y obéissent
(section 89).
Les Doctrine et Alliances
contiennent de nombreux enseignements et des déclarations
vigoureuses qui influencent fortement la vie et les sentiments
quotidiens des saints des derniers jours, qui donnent le ton du
service dans l’Église et insufflent de la vitalité
dans le travail. Parmi ses passages fréquemment cités
il y a les maximes, les recommandations et les assurances divines
suivantes : « Si vous êtes préparés
vous ne craindrez pas » (D&A 38:30) ; « ne
cherche pas la richesse mais la sagesse » (11:7) ;
« celui qui accomplit les œuvres de la justice
recevra sa récompense, c’est-à-dire la paix dans
ce monde et la vie éternelle dans le monde à venir »
(59:23) ; « cherchez des paroles de sagesse dans les
meilleurs livres ; cherchez la connaissance par étude et
aussi par la foi » (88:118) ; « sans la
foi, tu ne peux rien faire » (8:10) ; « de
vous il est requis de pardonner à tous les hommes »
(64:10) ; « les hommes doivent œuvrer avec zèle
à une bonne cause, faire beaucoup de choses de leur plein gré
et produire beaucoup de justice » (58:27) ; « toutes
ces choses te donneront de l'expérience et seront pour ton
bien » (122:7) ; « je me susciterai un
peuple pur qui me servira avec justice » (100:16) ;
« ne vous lassez pas de bien faire » (64:33) ;
« cherchez diligemment, priez toujours et croyez, et tout
concourra à votre bien » (90:24) ; et « or,
qu'entendons-nous dans l'Évangile que nous avons reçu ?
Une voix d'allégresse ! Une voix de miséricorde
venant du ciel et une voix de vérité sortant de la
terre, de bonnes nouvelles pour les morts, une voix d'allégresse
pour les vivants et les morts, de bonnes nouvelles d'une grande
joie » (128:19).
Doctrine
et Alliances : Contenu
Auteur :
CALDWELL, C. MAX
Les révélations
compilées dans les Doctrine et Alliances contiennent les
directives et les points de doctrine nécessaires pour
inspirer, organiser et administrer les affaires de l’Église.
Elles n'ont pas été reçues ou écrites
comme manuel, comme traité ou comme un ensemble de plans de
leçons, mais ont été reçues par
intermittence quand le prophète Joseph Smith et d'autres
désiraient la volonté de Dieu dans diverses
circonstances.
Malgré le fait que
beaucoup de ces révélations s’adressent
personnellement à certaines personnes ou groupes dans des
circonstances propres au dix-neuvième siècle, elles
contiennent des principes qui ont une application éternelle et
donc une valeur actuelle. Les révélations contiennent
des avertissements de jugements divins sur les méchants, des
enseignements sur la progression des âmes humaines vers
l'exaltation et la vie éternelle grâce à
l'Évangile de Jésus-Christ, des informations sur les
Écritures, notamment la parution du Livre de Mormon et la
traduction de la Bible par Joseph Smith, des instructions sur la
prêtrise, son rétablissement, ses fonctions, ses offices
et ses ordonnances, des commandements et des instructions au peuple
de l’Église concernant la conduite personnelle,
l'éducation, les terres et la propriété, les
bâtiments et le soin des pauvres et des appels et des conseils
sur la prédication et la pratique de l'Évangile.
La section 1 est la
Préface, donnée le 1er novembre 1831, lors d’une
conférence de l’Église. Elle constitue la réponse
à la demande de Joseph Smith d’avoir l’autorisation
du Seigneur de publier certaines des révélations qu'il
avait précédemment reçues. Le Seigneur y accepte
la demande et publie le défi et la déclaration suivants
à tous ceux qui la liront : « Sondez ces
commandements, car ils sont vrais et dignes de foi, et les prophéties
et les promesses qu’ils contiennent s’accompliront
toutes » (D&A 1:37).
Les sections 2-19 sont
des révélations reçues avant l'organisation de
l’Église en 1830. Le Seigneur y instruit Joseph Smith et
ses compagnons sur beaucoup de sujets, particulièrement sur la
traduction, la publication et la valeur du Livre de Mormon, et sur la
nécessité de se fier complètement au Seigneur et
de sauvegarder les choses sacrées (sections 3, 5, 10, 17, 20).
Elles enseignent à Joseph Smith, père, Hyrum Smith,
Joseph Knight, père, John, Peter et David Whitmer, Oliver
Cowdery et Martin Harris comment participer à l’œuvre
qui était sur le point de paraître et reçoivent
un enseignement sur son caractère sacré (sections 4, 6,
8-9, 11-12, 14-19). Elles leur conseillent aussi de devenir dignes de
recevoir l'Esprit du Seigneur afin de pouvoir reconnaître les
révélations de Dieu et de faire sa volonté
(sections 6, 8-9, 11).
C’est aussi à
cette époque que l'autorité d'agir au nom du Seigneur
fut rétablie (voir Prêtrise) et que le but et la portée
de cette autorité furent expliqués (sections 13, 18,
20 ; cf. 27). Le Seigneur donne des recommandations concernant
la valeur des âmes et encourage ses serviteurs à
travailler chacun pour le salut des autres en enseignant l'Évangile
rétabli et en amenant les hommes au repentir (section 18). La
valeur et la nécessité de l’expiation de
Jésus-Christ sont révélées et il est
commandé aux hommes d’aller à lui pour obtenir le
pardon et la force spirituelle (section 19).
Les sections 20-40
donnent en 1830 des instructions à l’Église
nouvellement organisée à New York. Les points de
doctrine de base de l’Église tels que contenus dans la
Bible et le Livre de Mormon et les critères pour contracter
des alliances avec le Seigneur sont résumés et les
responsabilités des membres et des détenteurs de la
prêtrise dans l’Église sont définies
(section 20).
Le Seigneur donna une
révélation au sujet des relations entre le prophète
et le Seigneur et entre les membres de l’Église et la
parole du Seigneur par l’intermédiaire de son prophète
(section 21). C'est un sujet majeur des Doctrine et Alliances et il
constitue la base de la compréhension du processus de la
révélation continue via le président de l’Église
(section 28 ; cf. 43, 68, 81, 90, 124).
D'autres révélations
furent reçues au profit de diverses personnes et pour l’Église
en général, révélations qui contiennent
beaucoup de points de doctrine sur des sujets tels que le baptême
(section 22), la mise en pratique des conseils donnés,
(sections 23-24, 31), la musique et des recommandations à Emma
Smith, épouse du prophète (section 25), le consentement
commun (section 26), la Sainte-Cène (section 27), le
Saint-Esprit (sections 29-30, 34, cf. 46, 50, 75, 79), la prédication
aux Indiens d'Amérique ou Lamanites (sections 30, 32), la
proclamation de l'Évangile au monde entier dans les derniers
jours (sections 29, 33, 35, 38 ; cf. 43, 45, 86-87, 90, 101,
116, 133) et le travail de Joseph Smith sur la traduction de la Bible
et d’autres documents (sections 35, 37 ; cf. 41-42, 45,
73-74, 76-77, 86, 91, 93-94, 124:89). C’est par ce travail de
traduction que beaucoup de points de doctrine de l’Église
furent révélés à Joseph Smith (voir
Joseph Smith – Matthieu).
Le Seigneur commanda aux
membres de l’Église de se rassembler en Ohio, où
il promit de leur donner sa loi, d’établir Sion et de
les doter du pouvoir d'en haut (sections 37-38, 42). C’est sur
la base des alliances qu’ils contractent et respectent que les
hommes deviennent le peuple de Dieu ou ses disciples (sections
39-41).
Les sections 41-123
furent données pendant que l’Église était
en Ohio et au Missouri (1831-1839) et contiennent diverses
instructions au sujet des affaires de l’Église. Au cours
de ces années seront révélés beaucoup de
points de doctrine et de principes de l'Évangile qui
permettront la création d’un cadre doctrinal essentiel
pour l’Église. La première révélation
enregistrée par Joseph Smith en Ohio appelait Edward Partridge
à remplir les fonctions de premier évêque de
l’Église (section 41). Comme promis, les saints reçurent
les lois du Seigneur par lesquelles les membres de l’Église
sont régis, notamment la loi de l'enseignement (sections 42,
68, 88, 93, 100), les lois morales (sections 42, 58-59), la loi de
consécration (sections 42, 51, 54, 70, 78, 82-83, 104), la loi
du travail (sections 42, 60, 68, 75 ; voir Travail, rôle
du), des instructions concernant l’imposition des mains aux
malades (sections 42, 46, 63), des lois concernant la rémunération
pour les marchandises et les services (sections 42, 43, 70, 106) et
les lois relatives aux transgresseurs (sections 42, 58, 102, 107).
Joseph Smith reçut aussi des instructions au sujet de
l'importance du mariage et de la famille (section 49 ; cf.
131-32) et le Seigneur révéla des informations sur la
façon de détecter et d’éviter les
contrefaçons et les pratiques mauvaises (sections 43, 46, 50,
52 ; cf. 129).
Un thème majeur
des Doctrine et Alliances est l'établissement et l’édification
de Sion, tant comme lieu (voir Nouvelle Jérusalem) que comme
état d’esprit du peuple (ceux qui ont le cœur
pur ; D&A 97:21). Joseph Smith fut chargé d’aller
au Missouri où l'emplacement de la ville de Sion serait révélé
(section 52). Une fois là-bas, il recevrait des directives du
Seigneur au sujet de l'établissement de Sion et de son peuple
(sections 57-59). Les saints commencèrent à se
rassembler au Missouri pour répondre aux exigences du Seigneur
et des révélations supplémentaires furent reçues
concernant leurs responsabilités respectives (sections 63-64).
Il leur fut enseigné qu’il fallait construire et avoir
un temple ou maison du Seigneur pour devenir un peuple de Sion
(sections 57, 84, 88, 97, 101, 109-110 ; cf. 124). Certains
membres n'ayant pas atteint le niveau de consécration et
d'obéissance attendu d'une société de Sion, ils
ne réussirent pas à créer Sion à ce
moment-là. Ils furent expulsés du Missouri et
l’édification de Sion à cet endroit fut
temporairement suspendue (sections 101, 103, 105).
Pendant ce même
temps et plus tard, d'autres révélations instructives
furent données à propos des règles de santé
(sections 49, 89), la vie, la lumière, l'esprit et le pouvoir
du Christ (sections 50, 84, 88, 93), l’œuvre missionnaire
(sections 75, 79-80, 84, 99), le sabbat (section 59), l’obéissance
et le sacrifice (sections 58-59, 82, 97, 117-18), le pardon –
l’obtenir et l’accorder (sections 58, 64, 82, 98), le
plan du salut pour toute l'humanité (sections 76, 93 ;
cf. 131, 137-38), les fonctions et les collèges de la prêtrise
(sections 81, 84, 90, 107, 112, 121 ; cf. 124 ; et
Déclaration Officielle – 2 de 1978), les guerres
imminentes (section 87), les textes bibliques (sections 74, 77, 113)
et la dîme (sections 119-120).
Les sections 124-135
furent écrites à Nauvoo pendant les dernières
années de la vie de Joseph Smith (1839-1844). Elles
contiennent des directives à l’Église concernant
le temple de Nauvoo, le premier temple dont les ordonnances étaient
complètes (section 124), les ordonnances et le salut pour les
morts (sections 124, 127-128) ; la nature de la Divinité
et des êtres exaltés (sections 130, 132), le mariage
éternel et plural (sections 131-32 ; voir aussi Manifeste
de 1890), les lois et les gouvernements politiques (section 134) et
un énoncé des apports de Joseph Smith et de son
témoignage au moment de son martyre (sections 135-136).
Doctrine
et Alliances : Section 1
Auteur :
PACE, GEORGE W.
La section 1 des Doctrine
et Alliances est appelée la « Préface ».
C'est une révélation reçue le 1er novembre 1831
par Joseph Smith entre les sessions d'une conférence à
Hiram (Ohio). La conférence avait été convoquée
pour examiner la publication de soixante-trois des révélations
que Joseph Smith avait reçues (voir Livre des Commandements).
La conférence vota unanimement de les publier comme étant
la parole du Seigneur. Conformément à la déclaration
du Seigneur, cette section fut publiée à titre de « ma
préface au livre de mes commandements » (D&A
1:6). Elle donne le ton de la totalité des Doctrine et
Alliances, qui est pressant.
Comme les révélations
qu’elle introduit, la section 1 est écrite
principalement à la première personne comme étant
la parole du Seigneur : « Ce que moi, le Seigneur, ai
dit, je l’ai dit » (verset 38). Elle proclame au
monde que par le rétablissement de son Église, Dieu
s’est mis en devoir pour la dernière fois de racheter
ses enfants et de préparer la terre pour le retour du Sauveur.
La section 1 est la
déclaration hardie que Dieu voit tout et parle à tous
les hommes, que ses paroles iront à toutes les nations par
l’intermédiaire des disciples qu’il s’est
choisis, que chaque personne finira par entendre l'Évangile
dans sa propre langue de sorte que chacune puisse comprendre et que
les choses faibles du monde vaincront les puissantes et les fortes et
que l’Église sera amenée hors de l'obscurité
par le pouvoir de Dieu (voir aussi la révélation donnée
deux jours plus tard, D&A 133).
La section 1 présente
de manière équilibrée le jugement et le
soulagement. C'est une voix d'avertissement de jugements
imminents :
« Préparez-vous, préparez-vous »
(verset 12). Elle avertit que ceux qui ne se repentent pas
connaîtront de grandes douleurs, parce que l’état
de péché du monde a allumé « la
colère du Seigneur » et que les hommes « se
sont écartés de [ses] ordonnances et ont rompu [son]
alliance éternelle » (versets 13-15). Il est par
contre promis, à ceux qui écoutent, des enseignements,
des châtiments, des corrections, de la connaissance et des
bénédictions de Dieu.
La section finit sur la
garantie du Seigneur que toutes ses prophéties et promesses,
quoique données aux hommes dans leur faiblesse, sont vraies et
seront accomplies.GEORGE W. PACE
Doctrine
et Alliances : Sections 20-22
Auteur :
UNDERWOOD, GRANT
Sections 20-22
Les sections 20-22 des
Doctrine et Alliances sont les documents formateurs fondamentaux des
débuts de l'histoire de l’Église. Elles
continuent à remplir la fonction de déclaration
définitive de la foi et des devoirs de la prêtrise. À
l’origine, les sections 20 et 22 ont été publiées
ensemble sous le titre « articles et alliances de l’Église
du Christ ». Elles ont été publiées
pour la première fois dans le Painesville Telegraph (Ohio) en
avril 1831 et plus tard sur la première page du premier numéro
de l’Evening and Morning Star en juin 1832. La version la plus
ancienne connue de la section 20 est datée de juin 1829.
Beaucoup de copies anciennes ont été faites à
partir d’un brouillon de la main d'Oliver Cowdery.
Les sections 20-22 furent
officiellement adoptées en tant que révélations
doctrinales par l’Église lors de sa première
conférence, le 9 juin 1830, et furent les premières
sections des Doctrine et Alliances à être approuvées
comme telles. Plus tard, les missionnaires lurent souvent des copies
manuscrites de ces « articles » aux réunions
et aux conférences publiques parce qu'on leur avait dit
d'inclure les « Articles de l’Église »
dans leurs enseignements (D&A 42:13). La section 20 était
le chapitre II de l'édition 1835 des Doctrine et Alliances,
directement après la Préface révélée.
L'ordre actuel date de l'édition de 1876.
La section 20 est un
texte composite qui se divise en un prologue historique (versets
1-16), une déclaration de croyances (versets 17-36) et un
recueil de règles et de procédures (versets 37-84). Non
seulement ses principes continuent à guider les saints des
derniers jours aujourd'hui, mais ses dispositions donnent aussi un
aperçu de la vie de l’Église dans ses premières
années. Le prologue contient les mentions publiées les
plus anciennes de l'ordination de Joseph Smith et d'Oliver Cowdery
comme apôtres (versets 2-3) et de la première vision de
Joseph Smith : « il [fut] vraiment… manifesté
à ce premier ancien qu'il avait reçu la rémission
de ses péchés » (verset 5). La dimension
personnelle de ce récit est cohérente avec les récits
faits par Joseph en 1832 et 1835 de sa Première Vision.
La section 20 contient
également la déclaration de foi la plus ancienne connue
de l’Église. Elle affirme des points de doctrine
chrétiens de base, suivant la façon commune de faire de
la plupart des confessions protestantes, commençant par la
nature de Dieu (verset 17), la création (versets 18-19), la
chute (verset 20), Jésus-Christ, l'Expiation et le plan de
salut (versets 21-28). Les autres commentaires parlent de la
possibilité de « déchoir de la grâce »
et de la nature de la sanctification, qui étaient des
questions à l’ordre du jour dans les années 1820.
Le verset 35 exprime une conscience du monde chrétien
environnant, assurant que ces articles n’ajoutent ni ne
retranchent rien « à la prophétie [du livre
de Jean], aux saintes Écritures ou aux révélations
de Dieu qui viendront plus tard ».
La majeure partie de la
section 20 donne des directives pour le gouvernement de l’Église.
S’appuyant en partie sur les textes du Livre de Mormon, elle
explique les ordonnances du baptême et de la Sainte-Cène
et les devoirs des membres baptisés. À l'origine, les
prêtres, les instructeurs et les diacres étaient les
dirigeants adultes locaux de la prêtrise, ce qui explique la
charge pastorale importante qui leur est donnée (versets
46-59) et leur fonction de signer les certificats de dignité
pour les membres qui se déplaçaient d'une branche de
l’Église à l'autre (verset 84). La Prêtrise
d'Aaron avait pour ministère public de « prêcher,
enseigner, expliquer, exhorter » (verset 46) et devait
avoir une « licence » (verset 64).
Reçue le jour où
l’Église a été juridiquement reconnue, la
section 21 définit le rôle directeur de Joseph Smith
dans la nouvelle Église comme « voyant, traducteur,
prophète, apôtre de Jésus-Christ »
(verset 1), avec Oliver Cowdery comme ancien « sous sa
main » (verset 11). Il est conseillé aux membres de
l’Église de tenir des registres et de recevoir la parole
de Joseph « comme si elle sortait de ma propre bouche »
(versets 1, 5).
La section 22, reçue
le même mois, requiert de tous, même de ceux qui ont été
précédemment baptisés, qu’ils soient
baptisés dans « une nouvelle alliance éternelle »
(verset 1).
Ensemble, ces trois
sections constituent une base d'organisation ferme pour l’Église
rétablie du Christ.
Doctrine
et Alliances : Section 25
Auteur :
VOLKENING, KLIS HALE
Cette révélation
fut donnée à Harmony (Pennsylvanie), en juillet 1830,
trois mois après l'organisation de l’Église. Elle
fut intégrée en 1833 comme chapitre Xxvi au Livre des
Commandements. Elle s’adresse à Emma Smith, épouse
du prophète Joseph Smith. Dans la version la plus ancienne,
Emma Smith est appelée « ma fille en Sion ».
Joseph Smith augmenta plus tard ce verset en ajoutant :
« tous
ceux qui reçoivent mon Évangile sont des fils et des
filles dans mon royaume. »
La section a cinq
composants principaux :
1. Emma est désignée
comme « dame élue » (verset 3). Plus
tard, le 17 mars 1842, quand elle devint la première
présidente de la Société de secours et que les
femmes furent organisées selon l'ordre de la prêtrise,
Joseph expliqua que c'était le devoir de son appel d’
« élue ». L'organisation de bienfaisance
qu'elle dirigea devait passer à plus de 3 millions de femmes
en 1990.
2. Emma est exhortée
à l'unité avec son mari : « Tu lui
serviras de secrétaire » et « tu
partiras avec lui lorsqu'il partira » (verset 6). Elle
accepta ces appels, bien qu'elle dût plus tard abandonner sa
maison et sa sécurité.
3. Emma est appelée
à être « ordonnée sous sa main [de
Joseph] pour expliquer les Écritures et pour exhorter
l'Église, selon que cela te sera donné par mon Esprit »
(verset 7). Il lui est aussi commandé d'étudier et de
consacrer son temps « à écrire et à
apprendre beaucoup » (verset 8). Au cours de sa vie, elle
enseigna, expliqua, exhorta, présida et oeuvra dans beaucoup
d’organisations de l’Église. Les femmes de
l’Église ont toujours pour tâche de maîtriser
les Écritures, de manière à diriger avec
d’autant plus de puissance, à enseigner, à
exercer leur ministère et à servir.
4. Emma est chargée
de choisir des cantiques sacrés et un manifeste est donné
du pouvoir spirituel de la musique : « Le chant des
justes est une prière pour moi » (verset 12). Son
livre de cantiques fut publié en 1836 (bien que ce soit 1835
qui apparaisse à la page de titre). Ce recueil utilise
beaucoup de paroles et de mélodies chrétiennes
classiques mais contient aussi des chants liés à la
plupart des événements et des enseignements propres au
Rétablissement (voir Cantiques ; Musique).
5. Emma reçoit
l’avertissement qu’elle ne doit pas murmurer, mettre son
ministère public avant son rôle comme compagne de son
mari, rechercher « les choses de ce monde »
(verset 10) et faire preuve d'orgueil. « Que ton âme
se réjouisse de ton mari » (verset 14). Elle doit
faire honneur à son mari tandis qu'elle s’occupe de son
ministère public. Emma s’acquitta de chacun de ces
appels, subit la perte de cinq enfants et soutint Joseph jusqu'à
son martyre. Cette inclusion des femmes dans des rôles de
direction dans l’Église, la présidence dans
certaines organisations et sur certaines fonctions sacrées,
s’écartait de manière marquante de ce qui se
pratiquait au dix-neuvième siècle. Les dirigeants de
l’Église, hommes et femmes, continuent à
mentionner des passages de cet appel inspiré d'Emma pour citer
en exemple certains des potentiels des femmes et pour faciliter leur
participation pleine et entière à tous les appels et
bénédictions spirituels de l'Évangile.
Bibliographie
Hinckley, Gordon B. « If
Thou Art Faithful » Ensign 14 (nov. 84), p. 89-92.
KLIS VOLKENING HALE
Doctrine
et Alliances : Section 42
Auteur :
BROWN, VICTOR L., SR.
Cette section est appelée
la « Loi du Christ » et la « Loi de
l’Église » et sa réception accomplit
une promesse faite le 2 janvier 1831, dans Doctrine et Alliances
38:32, que la loi serait donnée à l’Église
en Ohio. Comme condition préalable (voir D&A 41:2-3), les
anciens devaient s’unir dans la prière de la foi. Les
soixante-dix premiers versets de la section 42 furent donnés
le 9 février 1831, tandis que douze anciens étaient,
comme le dit le document, « unis en prière
fervente ». Les versets 71-93 furent reçus deux
semaines plus tard dans des circonstances semblables. La révélation
fut publiée dans The Evening and The Morning Star en juillet
et octobre 1832, et fut incluse en 1833 en tant que chapitres 44 et
47 du Livre des Commandements.
Des conditions strictes
étaient imposées ici à une Église
naissante à la population réduite et dispersée
qui avait peu de formation et d’expérience. On peut les
répartir en six domaines principaux :
1. La responsabilité
missionnaire de se rendre dans l’Ouest (versets 1-17). Ses
membres devaient aller deux par deux, avec l'ordination et l'autorité
appropriées, enseigner les principes de l'Évangile à
l’aide de la Bible et du Livre de Mormon et n’enseigner
que « par l'Esprit ».
2. La réaffirmation
des dix commandements (versets 18-29). Le décalogue antique de
Moïse mettait l’accent sur les lois du comportement. Le
Nouveau Testament, particulièrement le sermon sur la montagne,
et un sermon semblable dans 3 Néphi soulignent l'acte et
l’état mental, la lettre et l'esprit. La section 42
affirme également les attentes et les aspirations plus larges
de la nouvelle alliance éternelle. On trouve en plus :
« Tu ne mentiras pas … tu ne médiras pas de
ton prochain et tu ne lui feras aucun tort » et « Tu
aimeras ta femme de tout ton cœur, et tu t'attacheras à
elle et à personne d'autre. » Il est dit du
contrevenant qu’il « n'aura pas l'Esprit »
et qu’il sera dans la crainte.
3. Une déclaration
sur les lois de l'intendance et de la consécration (versets
30-39). Les biens devaient être consacrés par une
alliance « qui ne [peut] être rompu[e] »
pour le soutien des pauvres, chaque personne agissant comme intendant
de ses propres biens et un grand conseil et un évêque
comme intendants du magasin de l’Église. Ce dernier,
rempli par les surplus, pourvoirait aux besoins des pauvres et des
indigents. « Dans la mesure où vous le faites aux
plus petits de ceux-ci, c'est à moi que vous le faites. »
Par ces principes, l’Église devait obtenir des terres,
construire des maisons de culte et finalement fonder la nouvelle
Jérusalem.
4. Mises en garde contre
l'orgueil du cœur, l'ostentation, l'oisiveté et
l'impureté (versets 40-42).
5. Exhortation aux soins
compatissants pour les malades qui n’ont pas le don de la foi
pour guérir (versets 43-52). Des signes, notamment la
guérison, suivront des dons spécifiques de foi, mais la
forme la plus élevée de foi est « le pouvoir
de devenir mes fils ». Ceux qui meurent dans le Seigneur
se voient assurés que leur mort « leur sera douce »
(verset 46).
6. Instructions sur les
procédures de l’Église concernant les
transgresseurs, les procès, les témoins, la discipline
de l’Église par rapport aux lois du pays et le mode de
confession et de réconciliation (versets 53-93). [Voir
également Mesures disciplinaires.]
Bibliographie
Otten, L.G., et C.M.
Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, vol. 1, p.
195-206. Springville, Utah, 1982.
VICTOR L. BROWN, SR.
Doctrine
et Alliances : Section 45
Auteur :
CALDWELL, C. MAX
Cette révélation
des Doctrine et Alliances fut reçue au début de mars
1831, une époque où « beaucoup de faux
bruits, de mensonges et d’histoires insensées étaient
publiés dans les journaux et circulaient en tous sens pour
empêcher les gens d'étudier l’œuvre ou
d'embrasser la foi » (HC 1:158). Le Seigneur y appelle les
saints à écouter sa voix et fait remarquer qu’il
plaide pour eux auprès du Père (D&A 45:1-7). Il
leur dit ensuite qu'il « prophétiserai[t] comme aux
hommes d’autrefois » et leur donne ce qu'il a donné
à ses disciples à Jérusalem au sujet des
événements qui auraient lieu en ce jour-là, dans
les derniers jours et à sa seconde venue.
Trois événements
auraient lieu au cours de la génération même du
Sauveur : (1) le temple de Jérusalem serait détruit
(versets 18-20) ; (2) la nation juive serait dévastée
et détruite (verset 21) ; et (3) les juifs seraient
dispersés parmi toutes les nations (verset 24). L'histoire
prouve que ces prophéties se sont accomplies. Avant la fin du
premier siècle, les conquêtes romaines causèrent
l’accomplissement littéral et exact de tout ce que Jésus
avait décrit. Certains de ceux qui l'entendirent prophétiser
vécurent assez pour être témoins de ces
événements.
Beaucoup d’événements
se produiraient dans les derniers jours précédant la
seconde venue du Seigneur : 1. Les juifs seront rassemblés
à Jérusalem (verset 25). 2. Il y aura des guerres et
des bruits de guerres (verset 26). 3. Le cœur des hommes leur
manquera (verset 26). 4. Certains affirmeront que le Christ retarde
sa venue (verset 26). 5. L'amour des hommes se refroidira (verset
27). 6. L'iniquité abondera (verset 27). 7. La plénitude
de l'Évangile sera rétablie (verset 28). 8. Les temps
des Gentils seront accomplis (verset 30). 9. Il y aura un fléau
débordant et une maladie dévastatrice (verset 31). 10.
Les méchants maudiront Dieu (verset 32). 11. Il y aura des
tremblements de terre et beaucoup de désolations (verset 33).
12. Il y aura des manifestations de phénomènes
célestes : soleil, lune, étoiles (versets 40-44).
Les temps des Gentils
mentionnés au point 8 ont commencé quand les apôtres
ont porté l'Évangile aux Gentils après la mort
du Christ. Les Gentils ont eu une deuxième occasion lorsque
Joseph Smith a rétabli l'Évangile pour qu’il soit
prêché d'abord aux Gentils et puis aux Juifs.
Quand il reviendra, le
Sauveur fera au moins trois apparitions générales :
1. Il apparaîtra
aux saints ou membres de l’alliance de son Église
(versets 45-46, 56-57). Le Sauveur a comparé ces membres
fidèles aux cinq vierges sages qui avaient pris le
Saint-Esprit pour guide (cf. Mt. 25:1-13).
2. Il apparaîtra
aux juifs de Jérusalem (versets 47-53). Quand ceux-ci seront
engagés dans une bataille pour leur survie, le Sauveur
apparaîtra et interviendra en leur faveur et ils le
reconnaîtront comme leur Messie.
3. Il apparaîtra au
monde (versets 74-75). Cette apparition ne sera pas limitée à
un groupe choisi, mais sera au contraire d'une telle ampleur que les
méchants seront détruits, ne laissant que les justes
pour jouir du règne millénaire du Sauveur. La seconde
venue du Sauveur coïncidera avec la résurrection des
membres fidèles de l'alliance de son Église qui seront
enlevés à sa rencontre quand il viendra en gloire
(verset 45). Et les païens qui ont vécu sans loi seront
ressuscités, ainsi que « ceux qui n’ont pas
connu de loi » (verset 54).
La révélation
connue sous le nom de section 45 se concentre ensuite sur l’œuvre
de Joseph Smith sur la traduction de la Bible (versets 60-62) et
mentionne également des guerres à l'étranger et
au pays (verset 63). Les derniers versets appellent les saints à
se rassembler « d'un seul cœur et d'un seul esprit…
[pour édifier] la nouvelle Jérusalem, pays de paix,
ville de refuge, lieu de sécurité pour les saints du
Dieu Très-Haut » (versets 65-66).
Bibliographie
Département
d’Éducation de l’Église. Doctrine et
Alliances, manuel de l'étudiant. Salt Lake City, 1981.
Cook, Lyndon W. The
Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, 1981.
Otten, Leaun G. et C. Max
Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, vol. 1.
Springville, Utah, 1982.
C. MAX CALDWELL
Doctrine
et Alliances : Section 76
Auteur :
CANNON, DONALD Q.
La section 76 présente
une vision sur le plan du salut, en particulier la nature des trois
royaumes ou cieux de gloire que l'humanité peut hériter
après la résurrection selon la fidélité
de chacun (voir Degrés de gloire).
Le 16 février
1832, tandis qu’ils travaillaient à la traduction de la
Bible (TJS), Joseph Smith et Sidney Rigdon arrivèrent à
Jean 5:29 au sujet de la résurrection des justes et des
injustes. Joseph explique à ce propos : « Il
était clair que… si Dieu récompensait chaque
homme selon les actions accomplies dans le corps, le terme ‘ciel’,
signifiant la demeure éternelle des saints, devait comprendre
plus d’un royaume… Tandis que nous traduisions
l'évangile de Jean, nous eûmes, frère Rigdon et
moi-même, la vision suivante » (HC 1:245). Il y
avait au moins dix personnes dans la pièce quand cette
révélation fut donnée. L'une d'elles, Philo
Dibble, raconta soixante ans plus tard comment Joseph et Sidney,
presque immobiles pendant une heure environ, rapportaient
alternativement et se confirmaient mutuellement ce qu'ils voyaient
simultanément dans la vision (Cannon, p. 303-304).
La révélation
contient une série de six visions : Ils voient le Fils de
Dieu à la droite de Dieu (versets 1-24) ; ils voient
comment le diable et ses partisans se sont rebellés et ont été
précipités (25-49) ; ils voient le royaume céleste
(50-70), le royaume terrestre (71-80) et le royaume téleste
(81-90), et ceux qui hériteront chacun de ces degrés de
gloire ; et ils voient les trois royaumes de gloire comparés
(91-119). Le texte fut publié en juillet 1832 dans l’Evening
and Morning Star et fut inclus en tant que section 91 dans l'édition
de 1835 des Doctrine et Alliances.
Du fait que cette
section, appelée « la Vision »,
s'éloigne considérablement de la conception chrétienne
traditionnelle qui est un seul ciel et un seul enfer, certains eurent
du mal à l’accepter au début. Brigham Young dit :
« Mes traditions étaient telles que quand j’ai
lu la Vision pour la première fois, elle était si
totalement contraire et opposée à mon ancienne
éducation que j'ai dit : un instant ; je ne l'ai pas
rejetée, mais je ne pouvais pas la comprendre »
(Deseret News, Extra, 14 septembre 1852, p. 24). Des branches
entières de l’Église eurent le même
problème. John Murdock et Orson Pratt, qui faisaient à
l’époque une mission en Ohio, eurent du mal à
aider les membres de l’Église de là-bas à
accepter ce nouveau regard sur l'éternité. Néanmoins,
la plupart des membres ne tardèrent pas à croire et à
comprendre les concepts, et finirent par vénérer cette
vision comme l’une des plus belles et des plus impressionnantes
jamais données.
Joseph Smith lui-même
se réjouit de « la lumière qui a jailli sur
le monde grâce à la vision précitée »
(EPJS p. 6), qu'il dit être « une transcription des
registres du monde éternel. La sublimité des idées,
la pureté de la langue, le domaine laissé à
l'action, le temps prolongé accordé pour mener l’action
à bien, afin que les héritiers du salut puissent
confesser le Seigneur et fléchir le genou, les récompenses
pour la fidélité et les châtiments pour les
péchés se situent tellement au-delà de la
mesquinerie des hommes que chacun est contraint de s’exclamer :
« Elle vient de Dieu » (EPJS, p. 6-7).
Bibliographie
Cannon, George Q., dir.
de publ. "Recollections of the Prophet Joseph Smith."
Juvenile Instructor, 27 (15 mai 1892), p. 302-304.
Cook, Lyndon W. The
Revelations of the Prophet Joseph Smith, p. 157-166, 311-312. Provo,
Utah, 1981.
Dahl, Larry E. "The
Vision of the Glories." Dans Studies in Scripture, Vol. 1, p.
279-308. Sandy, Utah, 1984.
DONALD Q. CANNON
Doctrine
et Alliances : Section 84
Auteur :
OTTEN, LEAUN G.
Donnée les 22-23
septembre 1832, à Kirtland (Ohio), la section 84 fut d’abord
publiée en tant que chapitre Iv dans l'édition de 1835
des Doctrine et Alliances. On l’appelle la révélation
sur la prêtrise et elle fut donnée en la présence
de six anciens qui venaient de rentrer de mission des États de
l’Est. La révélation comporte quatre thèmes
principaux.
SION. Précédemment,
l'établissement de Sion et la nécessité d’un
temple comme centre avaient été révélés
(D&A 57:1-3). La section 84 rend l’Église
responsable du rassemblement des saints et de l’édification
de la nouvelle Jérusalem (Sion), en commençant par le
temple. Les deux entreprises doivent être achevées en
une « génération ». Sion doit
être établie par le pouvoir et l'autorité de la
Prêtrise de Melchisédek (versets 1-5).
PRÊTRISE. La
prêtrise est le pouvoir et l'autorité délégués
à l’homme d’agir pour Dieu pour sauver les âmes
et on ne peut pas se l’attribuer, mais elle doit être
transmise de quelqu’un qui l’a déjà. La
section 84 distingue clairement deux prêtrises, à
savoir, celle de Melchisédek et celle d’Aaron. Moïse,
par exemple, reçut la Prêtrise de Melchisédek de
Jéthro, qui l'avait reçue d’héritiers
légitimes remontant jusqu’à « Adam,
qui était le premier homme » (versets 6-17). La
Prêtrise de Melchisédek administre l'Évangile et
détient les clefs des mystères du royaume et de la
connaissance de Dieu. Grâce aux ordonnances administrées
par cette prêtrise, les hommes et les femmes participent aux
pouvoirs de la piété. Ce n’est qu’ainsi
qu’ils peuvent voir son visage et supporter sa présence
(versets 19-22).
La Prêtrise d'Aaron
détient les clefs du ministère d’anges et de
l'Évangile préparatoire. Elle a continué dans
une ligne ininterrompue depuis Aaron et était la prêtrise
de la Loi de Moïse. C'était également la prêtrise
détenue par Jean-Baptiste. Cet Évangile préparatoire
comporte la foi, le repentir et le baptême, et mène à
la Prêtrise de Melchisédek et à ses ordonnances
(versets 26-27).
SERMENT ET ALLIANCE DE LA
PRÊTRISE. Quand des hommes dignes reçoivent la Prêtrise
de Melchisédek, ils entrent dans un rapport d'alliance avec le
Seigneur. Ils font alliance de magnifier leurs appels dans la
fidélité et l'obéissance – c’est-à-dire
qu’ils honoreront et rempliront avec fidélité et
obéissance leurs intendances. En gardant cette alliance, le
détenteur de la prêtrise reçoit le serment du
Père, qui mène à recevoir le royaume du Père
et « tout ce que [le] Père a » (verset
38). Ceux qui violent ou rompent cette alliance et s’en
détournent complètement « n'aur[ont] pas la
rémission des péchés dans ce monde ni dans le
monde à venir » (verset 41 ; voir aussi
Serment et alliance de la prêtrise).
Les anciens de l’Église
s’entendent dire qu’à cause de la « vanité »
et de « l'incrédulité », eux et
tous les enfants de Sion ont été spirituellement
enténébrés et sont sous la condamnation devant
le Seigneur. Ils doivent se repentir et se rappeler la « nouvelle
alliance », à savoir le Livre de Mormon. S’ils
obéissent à cette recommandation, leurs péchés
leur seront pardonnés et ils produiront du fruit digne du
royaume (versets 54-61).
CONSEILS MISSIONNAIRES.
La section 84 donne des instructions et fait des promesses à
ceux qui sont émissaires de Jésus-Christ. Sous leur
direction, l'Évangile doit être porté au monde
entier. Ceux qui désirent entrer dans le royaume du Christ
doivent être baptisés et recevoir le don du
Saint-Esprit. Des signes suivront ceux qui croient. Les missionnaires
se voient promettre la protection aussi bien que les nécessités
de la vie (versets 62-119, cf. Mt. 10).
En résumé,
il est recommandé aux détenteurs de la prêtrise
d’apprendre leurs devoirs et de remplir fidèlement leurs
offices et leurs appels. Chaque appel est essentiel dans le royaume
du Christ (versets 109-110).
Bibliographie
Otten, Leaun G., et C.
Max Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, 2 vols.
Springville, Utah, 1983.
Smith, Hyrum M., et Janne
M. Sjodahl. Doctrine and Covenants Commentary, éd. rév.
Salt Lake City, 1978.
LEAUN G. OTTEN
Doctrine
et Alliances : Section 88
Auteur :
CARTER, BARBARA R.
La section 88 fut donnée
par Joseph Smith dans la « salle de traduction »
du magasin de Whitney à Kirtland. Les versets 1-126 furent
donnés les 27 et 28 décembre 1832, et les versets
127-141 le 3 janvier 1833. La révélation fut
enregistrée dans le Minutier du Conseil de Kirtland et des
parties en furent publiées en février et mars 1833 dans
The Evening and The Morning Star. Elle fut imprimée en tant
que section 7 dans l'édition de 1835 des Doctrine et
Alliances.
Le jour de Noël de
1832, Joseph Smith reçut ce qui a pris le nom de prophétie
sur la guerre (D&A 87), qui prédisait « la mort
et la misère de beaucoup d’âmes ». Cela
perturba ses frères. Ils s’unirent dans le jeûne
et la prière devant le Seigneur, voulant connaître sa
volonté au sujet de l’édification de Sion. Le
prophète appela la révélation suivante (D&A
88) « la feuille d’olivier » et « le
message de paix que le Seigneur nous adresse » (HC 1:316).
La section s’ouvre
sur une promesse intime « sur vous, mes amis »
qui est donnée de Dieu par Jésus-Christ, son Fils (D&A
88:3-5) et est comparable à la promesse de Jean 14 sur le
Consolateur et le Saint-Esprit de promesse.
Suivent des passages sur
l'immanence universelle de la lumière divine : La Lumière
du Christ illumine les yeux et vivifie l’intelligence (voir
Lumière et ténèbres). Elle est en et à
travers tout, la lumière même du soleil, de la lune et
des étoiles. Elle « sort de la présence de
Dieu pour remplir l’immensité de l'espace »
(verset 12). Elle est mise sur le même pied que la vie, la loi
et le pouvoir de Dieu.
Dans ce contexte les
points de doctrine suivants sont clarifiés :
L'esprit et le corps sont
l'âme de l'homme. Il y a trois degrés de gloire et trois
ordres de corps glorifiés. On reçoit un corps
ressuscité selon la loi à laquelle on se conforme
ici-bas : « Votre gloire sera cette gloire par
laquelle votre corps sera vivifié » (verset 28).
Dans la résurrection on reçoit en entier ce qu'en ce
monde on n’a eu qu’en partie. Un quatrième ordre
de corps ressuscités concerne les fils de Perdition, qui, bien
que ressuscités, ne reçoivent aucune gloire (versets
32-33).
La terre elle-même
est vivante. Elle mourra et sera glorifiée, et les corps qui
sont vivifiés par un esprit céleste hériteront ;
« c’est dans ce but qu’elle a été
faite et créée, et c’est dans ce but qu’ils
sont sanctifiés » (verset 20).
Il y a des mondes
multiples, des créations multiples, tous régis par la
loi. « À tout royaume est donnée une loi ;
et à toute loi il y a certaines limites et certaines
conditions » (verset 38). La loi comporte des temps, des
saisons et des ordres cosmiques aussi bien que les attributs et les
pouvoirs divins de la miséricorde, de la justice et du
jugement. « Tous les êtres qui ne se conforment pas
à ces conditions ne sont pas justifiés »
(verset 39 ; voir Justification). Ceux qui cherchent à se
faire la loi à eux-mêmes ne seront pas et ne peuvent pas
être sanctifiés.
Une parabole sur des
ouvriers dans un champ enseigne l'ampleur des créations du
Seigneur (versets 46-61), que la glorification ne se produit qu’à
un moment et dans un ordre désignés, « chacun
en son ordre » (verset 60).
L'appel est donné
de construire un temple et de tenir une assemblée solennelle.
Le temple doit devenir une maison de Dieu : de prière, de
jeûne, de foi, de science, de gloire et d'ordre. Toutes les
entrées et les sorties et les salutations seront au nom du
Seigneur. Il est commandé aux saints qu’ils
« s'organisent, et se préparent, et se
sanctifient » (verset 74) par la solennité et
l'étude sobre, pour être prêts pour l'expérience
de temple. (Voir Temple de Kirtland ; Temples :
Consécrations de temples de l’Église.)
Un programme d'études
complet pour l'école des prophètes est présenté.
Il comprend des langues, l’histoire et une étude « des
guerres et [d]es perplexités des nations… et aussi une
connaissance des pays et des royaumes » (verset 79).
Des prophéties
sont réitérées au sujet des changements, des
tremblements de terre, des tempêtes et des bouleversements de
la terre et des cieux qui précéderont la seconde venue
du Christ. Six périodes ou époques de mille ans chacune
sont désignées. Elles doivent trouver leur point
culminant à la septième ou ère millénaire.
Un ange et une trompette sonnée par un ange symbolisent chaque
période.
La révélation
conclut sur des instructions précises sur la conduite des
réunions, les devoirs de la présidence, l'admission à
l'école des prophètes et le lavement des pieds, sur le
modèle de Jean 13, comme ordonnance d’initiation et de
purification pour les membres de l'école.
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The
Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, Utah, 1981.
BARBARA R. CARTER
Doctrine
et Alliances : Section 89
Auteur :
PETERSON, PAUL H.
Cette section, connue
sous le nom de Parole de Sagesse d’après ses premiers
mots, fut reçue le 27 février 1833 lors d'une réunion
de l'école des prophètes à l’étage
du magasin des Whitney, à Kirtland. Selon Zebedee Coltrin,
l’un des vingt-deux dirigeants de l’Église
présents, Joseph Smith reçut la révélation
dans une pièce voisine en présence de deux ou trois
frères, entra avec le document en mains et en lut le contenu
aux membres de l’école réunis. La révélation
fut imprimée en décembre 1833 ou en janvier 1834 sur
une feuille grand format et fut incluse dans l'édition de 1835
des Doctrine et Alliances.
La Parole de Sagesse fut
donnée « en conséquence des mauvaises
intentions et des desseins qui existent et existeront dans les
derniers jours dans le cœur des conspirateurs »
(verset 4). Comme certains de ces desseins concernent ce que l’on
mange et boit, la Parole de Sagesse donne des directives de base sur
ce qui est bon et pas bon et pose en principe une forte relation
entre ce que les gens ingèrent et leur bien-être
physique et spirituel. La révélation interdit trois
choses : le tabac, les boissons fortes et les boissons brûlantes
(versets 5-9). On a interprété les « boissons
fortes » comme étant les boissons alcoolisées ;
les premiers dirigeants de l’Église ont défini
les « boissons brûlantes » comme étant
le thé et le café. Les dirigeants de l’Église
ont traditionnellement limité les conditions requises pour la
dignité aux interdits. La révélation recommande
également l'utilisation prudente des herbes et des fruits, la
consommation fugale de la viande et l'utilisation de « tout
grain » mais particulièrement du « blé
pour l'homme » (versets 10-17). La santé et la
force, la sagesse et la connaissance et la protection contre l'ange
exterminateur sont promises aux saints qui obéissent aux
recommandations (versets 18-21).
La Parole de Sagesse
était une réponse inspirée à des
problèmes ou à des paradoxes précis dans
l’Église et à des problèmes sociaux
d’actualité dans la société américaine
de l’époque. Brigham Young rappela en 1868 que Joseph
Smith était perturbé par le caractère
manifestement incongru de discussions concernant des sujets
spirituels dans un nuage de fumée de tabac et par le fait que
cela dérangeait Emma Smith, femme de Joseph, de devoir
nettoyer le plancher taché de chiques. Il est également
probable que le prophète était sensible et favorable au
mouvement généralisé en faveur de la tempérance
des années 1830. Comme il le faisait d’habitude, le
prophète demanda des instructions au Seigneur et la section 89
se distingue par le fait que c'est un code de santé divinement
approuvé.
Les interprétations
et les applications de la Parole de Sagesse ont graduellement changé
au cours des années. Ce changement correspond en partie à
la croyance de l’Église en la révélation
continue par les prophètes modernes. En ce qui concerne cette
section particulière, les interprétations diverses
reflètent également une certaine ambiguïté
du verset 2, qui dit que la révélation a été
donnée « non par commandement ou par contrainte ».
Comme les versets 1-4 faisaient partie de l'introduction de cette
section dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances, il y
a eu, au cours des années, des divergences de vues quant à
savoir si la Parole de Sagesse est un commandement dans le sens que
son observance est obligatoire pour jouir de la pleine communion de
l’Église comme de savoir si l'observance implique
l'abstinence ou simplement la modération.
Au milieu des années
1830, beaucoup de membres de l’Église estimaient que
l'abstinence d'alcool, de tabac, de thé et de café
était un critère pour jouir de la communion des saints.
L’unique exception possible à cette interprétation
sinon stricte était le vin, que certains des premiers
dirigeants de l’Église ont pu ne pas considérer
comme « boisson forte ». Cette insistance du
début sur l'abstinence ou une quasi-abstinence ne fut pas
généralement ni officiellement acceptée dans
l’Église, en dépit de la déclaration de
Joseph Smith qu’aucun membre n’était « digne
de détenir un office » une fois que la Parole de
Sagesse lui avait été enseignée et « s’il
néglige de s’y conformer et d’y obéir »
(EPJS, p.91.). Néanmoins, la déclaration d’origine
fit graduellement place à un accent sur la modération.
Joseph F. Smith enseigna plus tard que le Seigneur n'avait pas
insisté sur la conformité stricte dans ces premières
années afin d'accorder à une génération
intoxiquée par des substances nocives quelques années
pour se débarrasser de mauvaises habitudes. Cette pratique de
la modération, que l’on a pu observer dès les
années 1840, continua pendant tout le dix-neuvième
siècle. Le président Taylor entreprit, au début
des années 1880, une réforme dans laquelle il
soulignait que tous les dirigeants de l’Église devaient
s'abstenir des produits interdits, mais ses efforts furent réduits
à néant par la désintégration sociale
provoquée par les raids fédéraux contre la
polygamie. Au XIXe siècle, les dirigeants de l’Église
n'exigèrent pas l'abstinence, mais ils insistèrent sur
la modération, mirent fortement en garde contre l'ivrognerie
et s’opposèrent à la création de
distilleries et de débits de boissons ou les limitèrent
soigneusement. Les nombreuses observations faites par les visiteurs
du territoire d'Utah attestent du bon ordre et de la sobriété
générale des communautés mormones et démontrent
l'efficacité de ces prédications.
Le cheminement qui allait
mener à la position actuelle sur la Parole de Sagesse commença
avec la présidence de Joseph F. Smith (1901-1918) et aboutit
avec l'administration de Heber J. Grant (1918-1945), qui, plus que
n'importe quel autre dirigeant de l’Église, prêcha
fréquemment et avec ferveur le respect strict du principe. Au
début des années 1930, l'abstinence d'alcool, de tabac,
de thé et de café étaient devenue un test
officiel de la participation à la communion des saints. Il n'y
eut pas de révélation expresse pour produire ce
résultat. Il découla des préoccupations que les
dirigeants de l’Église avaient à l’égard
des effets physiques et spirituels nocifs de l'alcool, du tabac, du
thé et du café sur les personnes et sur les
collectivités. L'agitation nationale et locale en Amérique
concernant la Prohibition et l’accumulation des preuves
scientifiques attestant des effets nocifs de certaines substances
intensifièrent ce souci.
La Parole de Sagesse a
eu, entre autres, pour résultat une meilleure santé
physique dans la population de l’Église (voir
Statistiques démographiques) et la confirmation concrète
des vérités reçues par la révélation.
Elle constitue aussi un signe distinctif qui rappelle aux saints des
derniers jours leurs engagements et leurs responsabilités dans
le domaine religieux.
Bibliographie
Alexander, Thomas G.
Mormonism in Transition, p. 258-271. Urbana, Illinois, 1986.
Bush, Lester E., Jr.
« The Word of Wisdom in Early Nineteenth-Century
Perspective » Dialogue 14 (automne 1981) p. 47-65.
PAUL H. PETERSON
Doctrine
et Alliances : Section 93
Auteur :
WORKMAN, DAN J.
La section 93 est une
révélation reçue le 6 mai 1833 par le prophète
Joseph Smith pendant une conférence des grands prêtres à
Kirtland, Ohio. Elle fut imprimée en tant que chapitre 82 de
l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances. Les idées
contenues dans cette révélation sont à la base
de la compréhension que les saints des derniers jours ont de
la nature et des rapports de Dieu et de l'homme.
Elle commence par la
promesse divine que toute âme qui abandonne le péché,
va au Christ, invoque son nom, obéit à sa voix et garde
ses commandements verra sa face « et saura que je suis,
que je suis la vraie lumière qui éclaire tout homme qui
vient au monde » (versets 1-2).
Les versets suivants
mentionnent des paroles d'un document de Jean qui doit encore être
révélé dans son intégralité. Ils
font penser au prologue à l'Évangile de Jean, mais ils
témoignent également du baptême de Jésus
par Jean-Baptiste.
Le Christ est appelé
le Père et est un avec lui parce qu’il lui « a
donné de sa plénitude » (verset 4). Il est
appelé la Parole parce qu'il est le « messager du
salut » (verset 8). En lui est « la vie des
hommes et la lumière des hommes » (verset 9). « Les
mondes ont été faits par lui, les hommes ont été
faits par lui, tout a été fait par lui, par son
intermédiaire et de lui » (verset 10).
Contrairement aux
théologies de l’existence statique, plusieurs versets
affirment le devenir du Christ. Trois fois ils réitèrent
que le Christ n'a pas reçu de plénitude au début
mais a reçu « grâce sur grâce »
jusqu'à recevoir une plénitude de la gloire du Père
(versets 12, 13, 14 ; cf. Lu. 2:40 ; Hé. 5:8-9). Le
Christ n’est devenu comme le Père, dans le sens exalté
du terme, qu’après sa résurrection et sa
glorification (cf. Ap. 5:12-13). La compréhension de ce
processus est la base d’un culte authentique.
La révélation
nie la notion de la création ex nihilo. L'intelligence de
l'homme, « la lumière de la vérité »
(verset 29), n'est pas créée mais existe d’elle-même.
L’homme, comme le Christ lui-même, « était…
au commencement avec Dieu » (verset 29). En outre, « les
éléments sont éternels » (verset 33).
La vérité
est la « connaissance des choses telles qu’elles
sont, telles qu’elles étaient et telles qu’elles
sont à venir » (verset 24). La vérité
et l'intelligence sont indépendantes dans la sphère
dans laquelle Dieu les a placées (verset 30). L'esprit de
l'homme fait partie intégrante de l'esprit de vérité,
qui « est clairement manifesté » dès
le commencement (verset 31). C'est la base du libre arbitre et de la
responsabilité. « Tout homme dont l’esprit ne
reçoit pas la lumière est sous la condamnation »
(verset 32).
Le Christ est le modèle
en toutes choses. Tous peuvent « ven[ir] au Père en
mon nom » (verset 19) et, en temps voulu, être
« glorifié[s] en moi, comme je suis dans le Père »
(verset 20). L'homme est un temple et un temple souillé sera
détruit. « L’esprit et l'élément »
inséparablement liés (ressuscités) peuvent
recevoir une plénitude de joie. « La gloire de Dieu
est l’intelligence » définie comme étant
« la lumière et la vérité ».
Quelqu’un qui reçoit la lumière et la vérité
délaisse le Malin (verset 37).
« L’esprit
de tout homme était innocent au commencement ; et Dieu
ayant racheté l'homme de la chute, les hommes redevinrent,
dans leur prime enfance, innocents devant Dieu » (verset
38). Par la désobéissance les hommes deviennent
pécheurs, « la lumière et la vérité »
leur étant enlevées quand ils adoptent « la
tradition de leurs pères » (verset 39).
La révélation
clôture en exhortant les grands prêtres rassemblés
à mettre leur maison en ordre en enseignant plus complètement
l'Évangile à leur famille (versets 42-50). Sidney
Rigdon doit proclamer « l'Évangile de salut »
(verset 51) et les Frères doivent se hâter « de
traduire mes Écritures » (Bible) et « obtenir
la connaissance de l'histoire, des pays, des royaumes, des lois de
Dieu et de l'homme » tout cela « pour le salut
de Sion » (verset 53). DAN J. WORKMAN
Doctrine
et Alliances : Section 107
Auteur :
BOWEN, WALTER D.
La section 107 est l'une
des déclarations les plus importantes des Écritures
modernes sur les divisions, les offices, les collèges et les
conseils de la prêtrise. La section 107 définit un
arrangement ordonné des responsabilités d’une
prêtrise laïque à plusieurs niveaux. Elle fut
publiée en tant que chapitre lii dans l'édition de 1835
des Doctrine et Alliances et fut intitulée « De la
Prêtrise ». Au fil des années elle a été
acceptée comme un document d’importance majeure et a été
considérée comme une charte sage et efficace sur les
clefs et les offices de la prêtrise. Elle est la base de
l'administration de l’Église par la prêtrise (voir
Organisation).
Le 28 mars 1835, à
Kirtland (Ohio), le Collège des douze apôtres récemment
organisé se réunit en vue de sa mission dans l'Est des
États-Unis. Éprouvant le sentiment de ne pas être
à la hauteur de son nouvel appel comme témoin spécial
du Christ, le collège rédigea une lettre au prophète
Joseph Smith demandant une révélation en sa faveur :
« Le moment où nous sommes sur le point de nous
séparer est proche et Dieu seul sait quand nous nous réunirons
de nouveau ; nous souhaitons donc demander à celui que
nous avons reconnu comme notre Prophète et Voyant qu'il
s'enquière auprès de Dieu pour nous et obtienne une
révélation (si c’est faisable) afin que nous
puissions la regarder quand nous serons séparés, que
notre cœur puisse être consolé » (HC
2:209-210).
Joseph « consulta
le Seigneur » et reçut la section 107:1-57. Le
document distingue la Prêtrise de Melchisédek de la
Prêtrise d'Aaron et définit quels offices relèvent
de chacune : La Première Présidence, et sous elle
les douze apôtres, les grands prêtres et les anciens,
officient dans la Prêtrise de Melchisédek et agissent
dans toutes les « choses spirituelles »
(versets 1-12, 18-19, 21-26) ; l'évêque, avec ses
conseillers, agit dans la Prêtrise d'Aaron, qui administre
« les ordonnances extérieures » de
l’Église, notamment le baptême (versets 13-17,
20). La Première Présidence préside l’Église ;
les Douze sont « les témoins spéciaux du nom
du Christ dans le monde entier » (verset 23) ; et les
soixante-dix sont appelés à prêcher l'Évangile
à l'étranger (verset 25).
Les principes de
l'organisation de la prêtrise fixés par cette révélation
combinent des éléments démocratiques et
hiérarchiques. « Il y a nécessairement des
présidents » sur les divers offices (verset 21),
mais toute décision d'un des trois collèges qui
gouvernent l’Église « doit être à
l’unanimité des voix qui le composent »
(verset 27), prise « en toute justice, en sainteté,
avec humilité de cœur » (verset 30). La
Première Présidence, le Collège des Douze et les
collèges des soixante-dix sont « éga[ux] en
autorité » mais fonctionnent sous les clefs de
prêtrise de la Première Présidence ou du Collège
des Douze quand la présidence est dissoute à la mort du
président (versets 22-26). La révélation remonte
aussi le lignage de la prêtrise patriarcale dans les temps
anciens d'Adam à Noé (versets 39-57).
À peu d'exceptions
près, les versets 58-100 ont été extraits d'une
révélation et d'une vision que Joseph Smith avait
reçues précédemment. Elle déclare que le
Président de la Haute Prêtrise doit « présider
l’Église entière… et… être
semblable à Moïse » (verset 91), et définit
les devoirs, les présidences et le nombre maximum de membres
des collèges d’anciens, de prêtres, d’instructeurs
et de diacres. Elle précise aussi les devoirs de l'évêque
en tant que juge en Sion et donne la marche à suivre pour
juger de la conduite d'un officier général de l’Église.
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The
Revelations of the Prophet Joseph Smith, p. 215-216, 326-329. Provo,
Utah, 1981.
WALTER D. BOWEN
Doctrine
et Alliances : Sections 109-110
Auteur :
WILCOX, S. MICHAEL
La section 109 est la
prière de consécration du temple de Kirtland. Joseph
Smith écrit qu'il a reçu cette prière par
l'esprit de révélation (HC 2:420). La prière
contient un certain langage propre au temple, tiré de Doctrine
et Alliances 88 (voir, par exemple, 88:119-121) et quelques passages
qui s’y trouvent et qui ont trait à la rédemption
de Jérusalem se retrouvent dans la prière d'Orson Hyde
prononcée cinq ans plus tard sur le mont des Oliviers.
La section 109 est
hébraïque dans le ton et rappelle la consécration
par Salomon du premier temple et les bénédictions que
la tradition juive lie au temple (cf. 1 R. 8).
Elle commence par des
actions de grâces : « Grâces soient
rendues à ton nom, ô Seigneur Dieu d'Israël, toi
qui gardes l'alliance et fais preuve de miséricorde »,
demande l’approbation divine et la manifestation visible de la
gloire divine sur le temple et les fidèles, demande que Dieu
accepte ce qui a été fait dans l'esprit de sacrifice,
désigne le bâtiment comme maison de Dieu, de prière,
de jeûne, de foi, d'étude, de gloire et d'ordre (verset
8 ; cf. verset 16), où le nom divin peut être mis
sur ses serviteurs, demande le pardon et l’effacement des
péchés, plaide pour que les émissaires de la
vérité aillent avec puissance et scellent leur
témoignage avec pouvoir, demande protection contre les ennemis
et que l’on soit délivré des calamités du
Missouri, et prie pour la miséricorde sur les nations de la
terre, pour l'expansion des pieux, pour le rassemblement de Jacob et
de Juda dispersés, pour la rédemption de Jérusalem
« dès cette heure » (verset 62), et
finalement pour des bénédictions sur les maisons et les
familles des dirigeants de l’Église. Elle finit par « Ô
entends, ô entends, ô entends-nous, ô Seigneur !
… afin que nous mêlions nos voix à celles de ces
séraphins resplendissants qui entourent ton trône »
et « Amen et amen » (versets 78, 80).
La section 110 rend
compte d’événements qui ont suivi la consécration
du temple le 3 avril 1836. Le récit (non canonique dans
l’Église Réorganisée) fut écrit par
Warren Cowdery, secrétaire de Joseph, et publié une
semaine après les événements qu’il décrit
dans le Messenger and Advocate, et fut plus tard inclus dans
l'édition de 1876 des Doctrine et Alliances (voir
l’introduction). Après avoir pris la Sainte-Cène
et s’être prosternés « en prière
solennelle et silencieuse », Joseph Smith et Oliver
Cowdery reçurent une vision commune. Le Sauveur apparut et
accepta le temple en disant : « Mon nom sera ici ;
et je me manifesterai avec miséricorde à mon peuple
dans cette maison » (verset 7). Moïse apparut ensuite
pour rétablir « les clefs pour rassembler Israël
des quatre coins de la terre » (verset 11) en vue du
renouvellement des temples et du culte du temple (voir Israël :
Rassemblement d'Israël ; Ordonnances du temple). Élias
« remit la dispensation de l'Évangile d'Abraham »
(verset 12) pour rétablir la promesse de l'alliance faite à
Abraham que par lui et par sa postérité toutes les
générations seraient bénies (voir Alliance
abrahamique ; Évangile d'Abraham). Enfin Élie
apparut et conféra les clefs du scellement pour toutes les
ordonnances de la prêtrise, notamment le scellement des
familles, et annonça l'imminence de la seconde venue du Messie
(versets 13-16). Ceci était en accord avec la prophétie
finale de Malachie qu'Élie viendrait pour tourner le cœur
des enfants vers les pères avant le jour grand et redoutable
du Seigneur (Ma. 4:5-6 ; voir Élie, Esprit d’).
Bibliographie
Sperry, Sidney B.
Doctrine and Covenants Compendium. Salt Lake City, 1960.
S. MICHAEL WILCOX
Doctrine
et Alliances : Sections 121-123
Auteur :
HOWE, SUSAN
Sections 121-123 :
Ces sections sont des extraits d’une longue lettre écrite
par Joseph Smith le 20 mars 1839, dans la prison de Liberty
(Missouri), adressée « à l’Église
des saints des derniers jours à Quincy (Illinois) et dispersée
à l'étranger et à l’évêque
Partridge en particulier » (HC 3:289). La puissance et la
richesse de la lettre, son contenu doctrinal et ses images
littéraires sont sans doute le résultat de la
souffrance personnelle du prophète.
La section 121 commence
par une prière, un cri de « Ô Dieu, où
es-tu ? » une supplication pour que Dieu reconnaisse
les souffrances des saints, punisse leurs ennemis et venge le mal
qu’on leur a fait (versets 1-6). Au verset suivant, le prophète
entend la voix consolatrice de l'inspiration dire : « Mon
fils, que la paix soit en ton âme ! Ton adversité
et tes afflictions ne seront que pour un peu de temps »
(verset 7). Il lui est rappelé : « tes amis se
tiennent à tes côtés » et il s’entend
promettre que « ils t'accueilleront de nouveau, le cœur
chaleureux et la main amicale » (verset 9). « Tu
n’es pas encore comme Job » (verset 10). La justice
des actions des saints est confirmée ; au moment voulu
par le Seigneur, ceux qui ont affligé les saints seront punis
(des versets 11-25).
Les versets 26-33
promettent des bénédictions de connaissance qui seront
bientôt déversées par le Saint-Esprit sur les
saints des derniers jours, notamment la connaissance de toutes les
dominations de Dieu et les lois par lesquelles elles fonctionnent. La
dernière partie de la section 121 sont des versets qui sont
parmi les plus sensibles et les plus puissants des Écritures
modernes. Ici le prophète s’oppose à toutes les
formes de domination mauvaise. La vraie autorité, écrit-il,
est toujours liée à l’amour. « Aucun
pouvoir, aucune influence ne peuvent ou ne devraient être
exercés en vertu de la prêtrise autrement que par la
persuasion, par la longanimité, par la gentillesse et la
douceur, et par l'amour sincère » (verset 41).
La section 122 est une
révélation adressée expressément à
Joseph Smith pour l'aider à comprendre les épreuves par
lesquelles il passe. Elle l'assure qu'il sera connu en bien parmi les
nobles et vertueux de la terre et que son propre peuple ne se
tournera jamais contre lui à cause « du témoignage
de traîtres » (verset 3). Les versets décrivent
d’une manière percutante les dangers et les trahisons
qu'il a soufferts ou qu’il va encore souffrir puis ajoute :
« Sache, mon fils, que toutes ces choses te donneront de
l'expérience et seront pour ton bien » (verset 7).
La section finit en rappelant au jeune prophète que « Le
Fils de l'Homme est descendu plus bas que tout cela »
(verset 8).
La section 123 instruit
les saints des mesures qu'ils devraient prendre pour demander
réparation pour leur persécution et leurs pertes au
Missouri. Il leur est recommandé de faire la liste des torts
infligés aux propriétés, aux personnes et à
leur réputation, de faire des déclarations sous serment
et de rassembler les publications diffamatoires afin de pouvoir
présenter leur cas devant les autorités. Il leur est
expliqué que cette façon de faire est le dernier devoir
qu'ils doivent à Dieu, à leur famille et à la
génération montante. La section finit en assurant aux
saints que ces efforts, même s’ils n’en comprennent
pas la valeur, seront importants à l’avenir pour
l’Église (verset 15).
Doctrine
et Alliances : Section 124
Auteur :
RICHARDS, PAUL C.
La section 124, donnée
le 19 janvier 1841 au prophète Joseph Smith, est la plus
longue révélation des Doctrine et Alliances. C'est la
première section reçue à Nauvoo et elle a été
imprimée dans l'édition de 1844 des Doctrine et
Alliances sous le numéro 103.
En 1839, les membres de
l’Église s'étaient enfuis du Missouri en Illinois
pour échapper à l'ordre d'extermination du Gouverneur
Lilburn W. Boggs. La rive orientale du fleuve Mississippi devint un
lieu de refuge et le siège de l’Église. Dès
1841, Nauvoo y avait été créée et le
village avait grandi jusqu’à compter quelque 3.000
habitants. Dans ce cadre, la section 124 constituait une inauguration
importante, un genre de constitution pour le développement
ultérieur de Nauvoo et de l’Église. Elle donne
des instructions sur des sujets temporels, doctrinaux et
d'organisation et donne des tâches et des recommandations à
cinquante-cinq personnes.
La section 124 comprend
ce qui suit :
•
Une mission
confiée à Joseph Smith de « faire une
proclamation solennelle » de l'Évangile aux
souverains de tous les pays (versets 2-14, 16-17, 107).
•
Des directives
pour construire la Maison de Nauvoo, un hôtel où « le
voyageur fatigué trouve la santé et la sécurité
tandis qu'il contemple la parole du Seigneur » (versets
22-24, 56-82).
•
Un commandement
aux membres d’aider à construire le temple de Nauvoo,
commencé trois mois plus tôt. Il devait être un
endroit où le Seigneur pourrait rétablir la plénitude
de la prêtrise et révéler « des choses
qui ont été cachées dès avant la
fondation du monde » concernant la dispensation de la
plénitude des temps » (versets 25-28, 40-44 ;
voir aussi Ordonnances du temple).
•
Une promesse que
si les membres écoutent la voix de Dieu et de ses serviteurs,
« ils ne seront pas enlevés de leur place »
(versets 45-46).
•
Des
éclaircissements sur le baptême pour les morts, défini
comme une ordonnance du temple. La révélation dit que
Moïse avait reçu la même mission de construire un
tabernacle pour des ordonnances (versets 25-48).
•
La déclaration
que les efforts des saints pour créer une ville et un temple
au Missouri ont été acceptés par le Seigneur,
même si les persécutions ont empêché leur
création à ce moment-là (versets 49-54).
•
Des appels et des
confirmations de divers postes dans l’Église, notamment
une liste de nouveaux officiers et la répétition de
certains appels précédents. Par exemple, Hyrum Smith
est appelé comme patriarche en remplacement de son père,
décédé le 14 septembre 1840. Joseph Smith,
Sidney Rigdon et William Law sont nommés à la Première
Présidence. Brigham Young reçoit le nouveau titre de
président du Collège des douze apôtres (il avait
été soutenu à ce poste le 14 avril 1840) et des
tâches sont confiées à ce collège. Douze
membres sont appelés pour former un grand conseil de pieu et
d'autres sont appelés dans des présidences de grands
prêtres, d’anciens, de soixante-dix, de deux épiscopats,
et de prêtres. Il est fait mention d’organisations
d’instructeurs, de diacres et de pieux, mais aucun appel de
direction dans ces dernières n'est fait (versets 20-21,
123-142). PAUL C. RICHARDS
Doctrine
et Alliances : Sections 127-128
Auteur :
DURRANT, GEORGE D.
Sections 127-128
Les sections 127 et 128
sont deux lettres doctrinales dictées par le prophète
Joseph Smith tandis qu’il est « en exil »
près de Nauvoo pendant la première semaine de septembre
1842. Son secrétaire était William Clayton. Les
sections furent publiées dans The Times and Seasons les 14
septembre et 1er octobre 1842, et parurent d'abord en 1844 dans les
Doctrine et Alliances sous les numéros 105 et 106.
Ces documents
éclaircissent et officialisent la doctrine et la pratique du
baptême pour les morts, pratique attestée au premier
siècle à Corinthe (1 Co. 15:29). Deux ans plus tôt,
le 15 août 1840, lors d’un discours prononcé à
l’occasion d’obsèques, Joseph Smith annonça
pour la première fois en public la responsabilité des
membres de l’Église d'accomplir des baptêmes pour
les morts (EPJS, p. 143). « Il présente l'Évangile
du Christ sur une échelle probablement plus vaste que certains
l'ont imaginé » (EPJS, p. 143). Immédiatement
après, les membres de l’Église commencèrent
à accomplir des baptêmes par procuration dans le
Mississippi. Un an après, Joseph Smith déclarait :
« Il n’y aura plus de baptêmes pour les morts
avant que l’ordonnance ne puisse être accomplie dans les
fonts de la Maison du Seigneur » (HC 4:426). Le 21
novembre 1841, quand les fonts baptismaux du temple de Nauvoo furent
achevés, des baptêmes pour les morts y furent accomplis
(HC 4:454).
Les sections 127 et 128
soulignent la nécessité de la présence de
témoins oculaires et d’un greffier à tous les
services de baptême de ce genre. Sans documents authentifiés
sur terre et dans le ciel, un baptême n'est pas considéré
comme valide (D&A 127:6-9 ;128:3-10).
À la section 128,
le prophète commente Malachie 4:5-6 et explique que le baptême
pour les morts est « un chaînon » entre
les parents et les enfants (D&A 128:18). Il explique, en outre,
qu'à moins que les enfants ne soient scellés par les
ordonnances du temple à leurs ancêtres décédés,
lesquels sont à leur tour scellés entre eux dans la
famille de Dieu, ni les uns ni les autres ne peuvent être
entièrement sauvés et exaltés (versets 14, 15,
18). « sans nous ils ne peuvent parvenir à la
perfection — et sans nos morts, nous ne pouvons pas non plus
parvenir à la perfection » (verset 15 ; cf.
Hébreux 11:40).
Les baptêmes et les
autres ordonnances du temple pour les morts restent une partie
essentielle de la doctrine et de la pratique de l’Église.
GEORGE D. DURRANT
Doctrine
et Alliances : Sections 131-132
Auteur :
GRANT, PAUL
Sections 131-132
Ces sections expliquent
que le principe du mariage éternel est une condition pour
parvenir au degré le plus élevé de gloire dans
le royaume céleste (D&A 131:1-4 ; cf. 76:50-70). Dans
cet état exalté, les hommes et les femmes deviennent
des dieux (voir Divinité), continuent à avoir des
enfants (voir Vies éternelles, Accroissement éternel)
et parviennent à la connaissance totale de Dieu (D&A
132:23-24).
La section 131 contient
un recueil de déclarations faites par Joseph Smith du 16 au 17
mai 1843, pendant une visite aux membres de l’Église à
Ramus (Illinois), à 35 kilomètres à l'est de
Nauvoo (HC 5:391-93). Elles ont été notées par
William Clayton dans son journal intime. En plus de ses enseignements
sur le mariage éternel, la section 131 définit
également l’expression « parole prophétique
plus certaine », déclare que personne ne peut être
sauvé dans l'ignorance (cf. EPJS, p. 243) et explique que
l'esprit est de la matière purifiée.
La section 132 contient
la base doctrinale de la pratique du mariage plural. Si elle fut une
cause de désarroi pour certains, d'autres estimèrent
que le mariage plural était « le point de doctrine
le plus saint et le plus important jamais révélé »
(W. Clayton, dans A. Jensen, Historical Record, 6:226). Cette
révélation fut mise par écrit le 12 juillet
1843, dans le magasin de briques de Nauvoo. Sur l’insistance de
Hyrum Smith, afin qu'Emma Smith puisse être convaincue de sa
véracité, le prophète Joseph Smith la dicta
phrase par phrase. Clayton écrivit que « lorsque le
tout fut écrit, Joseph me demanda de la lire lentement et
soigneusement, ce que je fis, et il la déclara correcte »
(CHC 2:106-7). Ce soir-là, l’évêque Newel
K. Whitney reçut la permission de copier la révélation.
Le jour suivant, son secrétaire, Joseph C. Kingsbury, copia le
document, et Whitney et Kingsbury comparèrent la copie à
l’original. Cette copie fut donnée à Brigham
Young en mars 1847 ; elle fut officiellement adoptée
comme révélation en août 1852, lors d’une
conférence générale à Salt Lake City et
fut publiée en septembre 1852 dans le Deseret News.
Les points de doctrine de
cette révélation furent probablement reçus en
1831 tandis que le prophète traduisait la Bible. En réponse
à des questions sur la légitimité des mariages
pluraux des prophètes antiques, le Seigneur révéla
à Joseph Smith les conditions requises dans lesquelles le
mariage plural devait être observé. Lyman Johnson dit à
Orson Pratt que « Joseph lui avait fait connaître [à
lui, Johnson] dès 1831 que le mariage plural était un
principe correct » mais avait dit que ce n'était
pas encore le moment de l'enseigner ni de le pratiquer (MS. 40
[1878], p. 788). Cette date fut plus tard confirmée dans
diverses déclarations et déclarations sous serment
rassemblées par Joseph F. Smith et d'autres auprès de
ceux qui avaient été proches de Joseph Smith à
Nauvoo.
La section 132 dit que
toutes les alliances doivent être faites de la manière
appropriée, par l’autorité compétente, et
être scellées par le Saint-Esprit de promesse pour être
valides éternellement (versets 7-19) et que par leur fidélité,
des bénédictions éternelles sont garanties à
ceux qui se marient selon cette nouvelle alliance éternelle :
« Alors ils seront dieux, parce qu'ils n'ont pas de fin ;
c'est pourquoi, ils seront de toute éternité à
toute éternité, parce qu'ils continuent »
(verset 20). Cette loi fut décrétée avant que le
monde fût, et par elle Abraham reçut la promesse de vies
éternelles par sa postérité (versets 28-37). Des
interdictions strictes en ce qui concerne l'adultère
accompagnent la loi du mariage éternel (versets 38-44, 61-63).
Dans les derniers versets, Dieu confirme à Joseph Smith sa
situation éternelle auprès de lui et accepte ses œuvres
(versets 45-50) ; il exhorte Emma et d'autres à observer
cette loi et à multiplier et remplir la terre pour que Dieu
puisse être glorifié (versets 51-66).
Bibliographie
Danel W. Bachman. « New
Light on an Old Hypothesis : The Ohio Origins of the Revelation
on Eternal Marriage ». Journal of Mormon History 5 (1978),
p. 19-32.
PAUL GRANT
Doctrine
et Alliances : Sections 137-138
Auteur :
HARTSHORN, LEON R.
La section 137 rapporte
une vision du royaume céleste notée dans le journal
intime de Joseph Smith. Le 21 janvier 1836, lui et plusieurs autres
dirigeants de l’Église se réunirent dans le
temple de Kirtland pour les ordonnances des ablutions et de
l'onction. Joseph bénit et oignit son vieux père,
Joseph Smith, père, qui à son tour oignit les membres
de la présidence de l’Église et scella des
bénédictions sur le prophète. Joseph écrit
que quand la présidence posa les mains sur sa tête et
prophétisa, « les cieux s'ouvrirent à nous,
et je vis le royaume céleste de Dieu et la gloire de ce
royaume » (verset 1). Il en vit les rues comme pavées
d’or. Le Père et le Fils étaient assis sur un
trône flamboyant. Adam et Abraham étaient là, de
même que les parents de Joseph, qui étaient encore
vivants au moment de la vision, et son frère Alvin, qui était
mort avant que la prêtrise n’ait été
rétablie et par conséquent n'avait pas été
baptisé pour la rémission des péchés. La
vision continua au-delà de ce qui se trouve à la
section 137 (HC 2:380-81 ; Pwjs, p. 145-146). Beaucoup parmi les
personnes présentes reçurent des visions et
témoignèrent que la gloire de Dieu remplissait la
salle.
La vision de Joseph fut
la première révélation doctrinale donnée
à l’Église révélant que le Seigneur
donnera à tous ceux qui meurent sans entendre l'Évangile
l’occasion de l'entendre et de l’accepter dans le monde
d'esprit de manière à pouvoir entrer dans le royaume
céleste (D&A 137:8-9, explicitant 76:72) et que les
enfants qui meurent avant l'âge de responsabilité (huit
ans) sont héritiers du royaume céleste (D&A
137:10).
La section 138 est le
compte rendu d'une vision reçue le 3 octobre 1918 par le
président Joseph F. Smith, tandis qu’il réfléchissait
à la nature universelle de l'expiation de Jésus-Christ
et se demandait comment le Sauveur avait instruit les esprits en
prison dans le bref laps de temps entre sa mort et sa résurrection
(D&A 138:1-11 ; cf. 1 Pi. 3:19 ; 4:6). Il y voit la
visite du Sauveur auprès des esprits des justes au paradis. Il
remarque aussi que Jésus ne va pas en personne parmi les
méchants et les désobéissants mais qu’il
organise parmi les esprits des justes des représentants pour
porter l'Évangile « à tous les esprits des
hommes » (D&A 138:30). Ceux à qui l'Évangile
n’a pas été enseigné sur terre recevront
l'occasion de l'entendre et d'accepter sa plénitude exaltante
quand il est enseigné par les représentants autorisés
du Christ dans le monde d'esprit ; les esprits qui sont
« dans
les ténèbres et dans la servitude du péché…
qui se repentent seront rachetés » (versets
138:57-58 ; cf. 76:74).
Les récits de ces
deux visions ont été canonisés lors de la
conférence générale d'avril 1976 comme ajouts à
la Perle de grand prix. En 1981, Ils sont devenus des sections des
Doctrine et Alliances.
Bibliographie
Millet, Robert L.
"Salvation Beyond the Grave (D&C 137 et 138)." Dans
Studies in Scripture, Vol. 1, p. 549-563, dir. de publ. R. Millet et
K. Jackson. Sandy, Utah, 1984.
LEON R. HARTSHORN
Doctrine
et Alliances : Déclaration officielle – 2
Auteur :
JACOBSON, CARDELL
La déclaration –
2 révèle que « le jour promis depuis si
longtemps est venu où tous les hommes fidèles et dignes
de l'Église pourront recevoir la Sainte Prêtrise. »
Cette « révélation sur la prêtrise »
permettait que tous les membres masculins dignes soient ordonnés
à tous les niveaux de la prêtrise. La prêtrise
était précédemment refusée aux membres
noirs de l’Église, ce qui les empêchait de détenir
des appels dans la prêtrise et de participer à la
plupart des ordonnances du temple.
Ce fut le président
Spencer W. Kimball qui reçut la révélation
« après avoir supplié longuement et avec
ferveur » dans le temple de Salt Lake City. Cette même
révélation fut donnée à ses conseillers
et au Collège des douze apôtres au temple. Elle fut
ensuite présentée à toutes les autres Autorités
générales, qui l'approuvèrent à
l'unanimité. Elle fut annoncée par courrier à
tous les dirigeants de la prêtrise de l’Église et
à la presse le 8 juin 1978. La déclaration – 2
contient le texte de cette lettre et constitue le compte rendu de sa
présentation et de son acceptation le 30 septembre 1978 en
conférence générale par le consentement commun
des membres de l’Église. La révélation
résolut des problèmes pour beaucoup de membres qui
avaient été tourmentés par la pratique
antérieure (Bush et Mauss), dont les origines et les
ramifications historiques étaient devenues le sujet de
beaucoup de débats et de réflexions.
Depuis l'annonce, les
missionnaires ont fait un prosélytisme actif dans beaucoup de
pays ayant de fortes populations noires où des milliers de
personnes sont devenues membres de l’Église. Dallin H.
Oaks, un apôtre, a mentionné cette croissance lors du
colloque afro-américain tenu à l'université
Brigham Young à l'occasion du dixième anniversaire de
la révélation (Oaks). Il a particulièrement
relevé la croissance rapide des convertis noirs dans les
Caraïbes, l'Afrique Occidentale et le Brésil.
Bibliographie
Bush, Lester E., et
Armand L. Mauss, dir. de publ. Neither White nor Black : Mormon
Scholars Confront the Race Issue in a Universal Church. Midvale,
Utah, 1984.
Grover, Mark L. "The
Mormon Priesthood Revelation and the Sao Paulo Brazil Temple."
Dialogue 23 (Spring 1990), p. 39-53.
McConkie, Bruce R. "All
Are Alike unto God." Dans Second Annual CES Symposium, p. 3-5.
Salt Lake City, 1978.
Oaks, Dallin H. "For
the Blessing of All His Children." Discours, LDS Afro-American
Symposium. Provo, 8 juin 1988.
CARDELL JACOBSON
Doctrine
et Alliances – Éditions
Auteur :
Woodford, Robert J.
Les Doctrine et Alliances
contiennent les révélations de Dieu données à
Joseph Smith et à d’autres présidents de l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours et d'autres
écrits inspirés et déclarations doctrinales
admises comme Écritures par les saints des derniers jours. La
première édition parut en 1835. Les éditions
ultérieures intègrent des révélations
supplémentaires et des aides de référence. Les
Doctrine et Alliances ont été traduites en beaucoup de
langues, mais c’est l'édition anglaise qui est la
version officielle.
Dès l’automne
1831, Joseph Smith avait écrit soixante-dix révélations
ou plus, dont la plupart contenaient des instructions à des
membres de l’Église. Lors d’une conférence
spéciale tenue le 1er novembre 1831 à Hiram (Ohio),
l’Église décida d'éditer un choix de ces
révélations ou « commandements ».
Une nouvelle révélation fut reçue à cette
occasion en tant que « ma préface au livre de mes
commandements » ce qui est peut-être à
l’origine du titre de la compilation de 1833, le Livre des
Commandements (D&A 1:6). Cette édition ne fut jamais
terminée ; des émeutiers détruisirent, en
juillet 1833, la presse d’imprimerie d'Independence (Missouri)
et tout sauf une centaine d’exemplaires inachevés. Ces
quelques exemplaires du Livre des Commandements furent distribués
au sein de l’Église et furent souvent appelés le
« Livre des Alliances » en référence
à la section principale, qui avait connu une grande diffusion
dans des versions manuscrites sous le titre de « Articles
et Alliances de l’Église ». Reçue le
jour où l’Église fut organisée, cette
révélation est maintenant la section 20 des Doctrine et
Alliances.
L'ÉDITION DE 1835.
Peu de temps après l’échec de l'effort
d'impression du Livre des Commandements en 1833, on envisagea la
publication des révélations à Kirtland. Sous le
nouveau titre Doctrine et Alliances de l’Église des
saints des derniers jours, le livre fut présenté aux
membres de l’Église et accepté par eux comme
parole de Dieu lors d’une conférence en août 1835.
Le changement de nom en Doctrine et Alliances correspond à un
changement de contenu. À la différence du Livre des
Commandements, qui ne contenait que des révélations,
les Doctrine et Alliances étaient divisées en deux
parties. La nouvelle première partie se composait de sept
présentations théologiques maintenant connues sous le
nom de Lectures on Faith mais intitulées à l’époque
« De la doctrine de l’Église des saints des
derniers jours ». La partie contenant les révélations
éditées précédemment, la préface
originelle et un certain nombre de nouvelles révélations
qui ne se trouvaient pas dans la compilation de 1833, étaient
intitulées « Deuxième Partie, Alliances et
Commandements ». Le titre : Doctrine et Alliances,
fait écho aux sous-titres de ces deux parties.
En préparant
l'édition de 1835, Joseph Smith et un comité désigné
pour la tâche le 24 septembre 1834 (HC 2:165, 243-244)
publièrent les révélations qui apparaissaient
précédemment dans le Livre des Commandements. Ils
corrigèrent les fautes de rédaction et d’impression
et éclaircirent le texte çà et là. Ils
ajoutèrent des explications sur les devoirs des dirigeants qui
étaient nouveaux dans l'organisation de l’Église
depuis que les révélations précédentes
avaient été reçues. Ils combinèrent aussi
certaines des révélations pour simplifier la
publication et corrigèrent les problèmes grammaticaux.
L'édition de 1835
des Doctrine et Alliances contenait 103 sections, mais comme deux
d’entre elles avaient reçu erronément le numéro
66, le numéro de la dernière était 102. Les
sections 1-100 étaient des révélations à
Joseph Smith. La section 101 prescrivait les pratiques en matière
de mariage. La section 102 déclarait les relations que
l’Église devait avoir avec le gouvernement (voir
Politique : Enseignements politiques). Ces deux sections
n'étaient pas des révélations mais furent
incluses comme expressions de la croyance de l’Église à
l’époque. Ce fut Oliver Cowdery (et probablement W.W.
Phelps) qui les écrivit, probablement en réponse à
ceux qui critiquaient la doctrine et les activités de
l’Église. Joseph Smith approuva plus tard la déclaration
sur le gouvernement, mais il y a des indications qu’il était
opposé dès le départ à ce que l’on
inclue la déclaration sur le mariage et on finit par la
supprimer (voir Cook, p. 348-349, n. 11).
L'ÉDITION DE
NAUVOO DE 1844. Dès 1840, l’Église eut besoin
d’une nouvelle édition des Doctrine et Alliances.
L'édition de 1835 était épuisée et Joseph
Smith avait reçu des révélations
supplémentaires. La nouvelle édition parut à
Nauvoo peu de temps après la mort de Joseph Smith en 1844. Les
huit nouvelles révélations ajoutées sont les
sections 103, 105, 112, 119, 124, 127, 128 et 135 dans l'édition
de 1981. Les plaques d’imprimerie de métal de l'édition
de 1844 furent utilisées pour les réimpressions de 1845
et de 1846.
L'ÉDITION DE
LIVERPOOL DE 1845. En 1847, Brigham Young conduisit les membres de
l’Église dans la vallée du lac Salé, où
ils n'avaient pas l’équipement pour imprimer des livres.
En 1845, Wilford Woodruff imprima 3.000 exemplaires des Doctrine et
Alliances en Angleterre pour la population croissante de l’Église
dans les îles Britanniques. Cette édition contenait les
nouvelles révélations publiées dans l'édition
de Nauvoo de 1844. D'autres représentants de l’Église
procédèrent à des réimpressions en
Angleterre en 1849, 1852, 1854, 1866 et 1869 et envoyèrent la
majeure partie de l’impression de 1854 à Salt Lake City
à cause du manque d’équipement pour imprimer
là-bas.
L'ÉDITION DE 1876.
En 1876, Orson Pratt, membre du Collège des douze apôtres
et historien de l’Église, agissant sous la direction de
Brigham Young, créa une nouvelle édition des Doctrine
et Alliances à Salt Lake City. Il divisa chaque révélation
en versets et ajouta vingt-six révélations qui ne s’y
trouvaient pas précédemment. Ce sont maintenant les
sections 2, 13, 77, 85, 87, 108-111, 113-118, 120-123, 125, 126,
129-132 et 136. Du fait que la section 132 contenait sur le mariage
plural des informations qui étaient en contradiction avec
l'article de 1835 sur le mariage, ce dernier fut éliminé.
L'ÉDITION DE 1879.
Trois ans plus tard, Pratt publia en Angleterre une autre édition
où il ajouta des notes de bas de page au texte. Il demanda
aussi au président John Taylor la permission de laisser tomber
les « Lectures on Faith » mais il lui fut
répondu que le moment n’était pas encore venu.
Cette édition fut publiée en 1879 en Angleterre et en
1880 à Salt Lake City à partir de copies de plaques.
George Q. Cannon, conseiller dans la Première Présidence,
présenta cette édition aux membres de l’Église
lors de la cinquantième conférence, dite conférence
de jubilé, tenue en octobre 1880 ; le livre fut accepté
comme Écriture.
De 1880 à 1920,
l’Église publia au moins vingt-huit réimpressions
de cette édition. À partir de 1908, chaque impression
comporta une concordance et des extraits du « Manifeste »
de Wilford Woodruff, président de l’Église,
déclaration officielle mettant fin au mariage plural.
L'ÉDITION DE 1921.
En 1920, le président Heber J. Grant chargea un comité
de six membres du Conseil des douze de préparer une nouvelle
édition des Doctrine et Alliances. Le changement principal
apporté dans l'édition 1921 fut la suppression des
« Lectures on Faith » qui n'étaient pas
considérées comme des révélations. Le
comité mit aussi à jour les notes de bas de page et
divisa les pages en doubles colonnes. Malgré le fait que le
nom du recueil eût été changé dans
l'édition de 1835 pour signaler l'ajout des « Lectures
on Faith », il ne fut pas rechangé quand les
« Lectures » furent supprimées.
L'édition de 1921 resta inchangée jusqu'en 1981.
L'ÉDITION DE 1981.
Un comité désigné par la Première
Présidence de l’Église dirigea la publication
d'une nouvelle édition des Doctrine et Alliances en 1981. Les
nouveautés étaient des notes de bas de page
complètement révisées et de nouvelles
introductions pour chaque section. Deux sections supplémentaires
et une deuxième déclaration officielle furent également
incorporées. La section 137 est une partie d'une vision du
royaume céleste donnée le 21 janvier 1836 à
Joseph Smith dans le temple de Kirtland. La section 138 est une
vision sur la rédemption des morts donnée en 1918 à
Joseph F. Smith, sixième président de l’Église.
La Déclaration Officielle – 2 est l'annonce faite en
1978 par la Première Présidence que tous les membres
masculins de l’Église qui étaient dignes
pouvaient être ordonnés à la prêtrise.
ÉDITIONS EN
LANGUES ÉTRANGÈRES. L’Église a également
édité les Doctrine et Alliances dans beaucoup de
langues autres que l'anglais. La première traduction fut faite
en gallois en 1851, et depuis lors les Doctrine et Alliances ont été
traduites et publiées dans leur intégralité dans
une vingtaine de langues et des extraits dans beaucoup d'autres.
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The
Revelations of the Prophet Joseph Smith : A Historical and
Bibliographical Commentary of the Doctrine and Covenants. Salt Lake
City, 1985.
Gentry, Leland H. "What
of the Lectures on Faith ?" BYU Studies 19 (Automne 1978),
p. 5-19.
Lambert, A. C. The
Published Editions of the Book of Doctrine and Covenants of the
Church of Jesus Christ of Latter-day Saints in All Languages, 1833
-1950. Provo, Utah, 1950.
Woodford, Robert J. "The
Historical Development of the Doctrine and Covenants" 3 vols.
Thèse de doctorat, université Brigham Young, 1974.
Woodford, Robert J. "The
Doctrine and Covenants : A Historical Overview". Dans
Studies in Scripture, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson, Vol. 1,
p. 3-22. Sandy, Utah, 1984.
ROBERT J. WOODFORD
Les
Doctrine et Alliances en tant que littérature
Auteur :
Walker, Steven C.
La qualité
littéraire des Doctrine et Alliances se voit particulièrement
bien dans ses ressemblances avec une proche parente littéraire,
« le monument le plus noble de la prose anglaise »,
la King James Version de la Bible. Bien qu'étant un texte
religieux véritablement unique, les Doctrine et Alliances
contiennent plus de 2.000 parallèles étroits avec des
passages bibliques et la manière littéraire du livre
est semblable à la Bible pour ce qui est des thèmes.
Comme les Écritures précédentes, les Doctrine et
Alliances offrent un éventail de genres littéraires. Le
recueil de révélations va de formes aussi
transcendantes que des visions (sections 3, 76, 110), des annonces
par des anges (sections 2, 13, 27) et des prophéties (sections
87, 121), en passant par des proclamations ecclésiastiques
telles que prières (sections 109, 121), épîtres
(sections 127, 128), explications scripturaires (sections 74, 77,
86), commandements (section 19) et déclarations officielles,
jusqu’à des instructions terre à terre (sections
130, 131) et des comptes rendus de réunions (section 102).
La parenté
littéraire des Doctrine et Alliances avec la Bible est plus
évidente dans le ton que dans le style. Les Doctrine et
Alliances, par exemple, impressionnent par un ton direct simple et
condensé qui se prête à des déclarations
remarquablement riches dans leurs implications. Les deux exemples
suivants proviennent d’une même section : « La
vérité, c'est la connaissance des choses telles
qu'elles sont, telles qu'elles étaient et telles qu'elles sont
à venir » (D&A 93:24). « La gloire
de Dieu c'est l'intelligence ou, en d'autres termes, la lumière
et la vérité » (93:36). Ces lignes sont
moins des lignes placées dans un contexte qui les illumine que
des conclusions de sorites sans utilisation de thèse et
d'antithèse.
La richesse du ton
s'exprime parfois en des métaphores frappantes. Une même
section des Doctrine et Alliances, par exemple, expose une séquence
délicate d’images d’eau en mouvement comme les
« eaux qui coulent » qui ne peuvent pas
« rester impures » (D&A 121:33), les
projets pervers qui « fondront comme la gelée
blanche fond sous les rayons ardents du soleil levant »
(121:11) et une doctrine qui « se distillera sur ton âme
comme la rosée des cieux » (121:45).
Compilation la plus
récente des prophéties divines de l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours, les Doctrine et
Alliances ont l'avantage littéraire inestimable qu’est
leur caractère immédiat ; grâce à ce
livre, le lecteur moderne peut aborder naturellement et directement
le divin. Il localise le lecteur non pas dans le passé
lointain d'Ophir ou de Tarse mais dans l'histoire récente de
paysages familiers tels que New York et Boston, où Dieu se
révèle de près. Cette proximité est
visible dans sa façon de s’exprimer ; les
bénéficiaires de ses révélations, il les
appelle une demi-douzaine de fois ses « amis »
dans le livre (D&A 84:63 ; 84:77 ; 94:1 ;
98:1 ;
100:1 ; 104:1).
C'est comme cela que la
voix du Dieu d'Abraham et d'Isaac et de Pierre et de Paul appelle
« amis » les lecteurs des Doctrine et
Alliances. La caractéristique littéraire la plus
saisissante du livre est le caractère direct de son accès
à Dieu. Quand Joseph Smith s’écrie dans une
longue et douloureuse prière de reproche : « Ô
Dieu, où es-tu ? » la réponse du Père
apporte une consolation aussi immédiate au lecteur
d’aujourd’hui qu'au prophète : « Mon
fils, que la paix soit en ton âme » (D&A 121:1,
7). Les Doctrine et Alliances répondent avec une force
biblique aux conditions immédiates de la vie moderne. Dans les
moments les plus difficiles des circonstances actuelles, les Doctrine
et Alliances élèvent le regard du lecteur au-dessus des
déceptions mortelles vers des espoirs éternels :
« Toutes ces choses te donneront de l'expérience et
seront pour ton bien » (122:7).
Bibliographie
Sperry, Sidney B.
Doctrine and Covenants Compendium. Salt Lake City, 1960.
Walker, Steven C. "The
Voice of the Prophet." BYU Studies 10 (Automne 1969), p. 95-106.
STEVEN C. WALKER
Don
du Saint-Esprit
Auteur :
PORTER, BRUCE D.
Le don du Saint-Esprit
est le droit de recevoir des manifestations divines, des dons
spirituels et des directives du Saint-Esprit. Ce don est conféré
aux membres de l’Église par l’imposition des mains
après le baptême. On le considère comme l’une
des ordonnances essentielles de l’Évangile de
Jésus-Christ et comme absolument nécessaire au salut.
Le Saint-Esprit est le
troisième membre de la Divinité, tandis que le don du
Saint-Esprit consiste à avoir le droit de recevoir
l’inspiration, les manifestations et d’autres dons et
bénédictions spirituels de ce membre de la Divinité
(EPJS, p. 160). Parmi les bénédictions spirituelles les
plus importantes liées au don du Saint-Esprit il y a le
pouvoir sanctificateur ou purificateur du Saint-Esprit par lequel les
hommes et les femmes naissent de Dieu. Par ce baptême de feu et
du Saint-Esprit, les cœurs et les désirs sont purifiés
et l’esprit est rendu pur, ce qui est le point culminant du
processus du repentir et du baptême (2 Né. 31:13,
17 ; 3 Né. 27:20). Les autres manifestations
importantes du Saint-Esprit sont le témoignage de Jésus-Christ
et des vérités divines, l’inspiration et les
avertissements, si cela s’indique, et le discernement du bien
et du mal.
Le don du Saint-Esprit
est la clef de tous les « dons spirituels » que
l’on trouve dans l’Église, notamment les dons de
prophétie et de révélation, de guérison,
de parler en langues et de traduction et d’interprétation
des langues. Ces dons distinctifs de l’Esprit ne se manifestent
normalement que parmi ceux qui ont reçu le don du Saint-Esprit
et qui se qualifient par leurs besoins et leur dignité pour
recevoir cette aide divine, de même que les apôtres
originaux du Christ ne reçurent ces dons qu’une fois que
le Saint-Esprit fut venu sur eux le jour de la Pentecôte (Ac.
2:1-17).
Dans la pratique, le don
du Saint-Esprit est donné, chez les saints, par l’imposition
des mains comme indiqué dans le Nouveau Testament (voir Ac.
8:17-18 ; 19:2-6 ; 2 Ti. 1:6 ; Hé. 6:2),
normalement juste après ou quelques jours après le
baptême d’eau. Un détenteur de la Prêtrise
de Melchisédek (auquel se joignent habituellement quelques
autres hommes détenant la même prêtrise) pose les
mains sur la tête du membre nouvellement baptisé,
appelle la personne par son nom, la confirme membre de l’Église
et dit : « Recevez le Saint-Esprit. » La
formulation exacte de cette ordonnance n’est pas prescrite,
mais elle mentionne toujours la confirmation comme membre, l’octroi
du don du Saint-Esprit et l’autorité dans la prêtrise
par laquelle l’ordonnance est accomplie. Ces composants de base
de l’ordonnance sont souvent suivis d’une bénédiction
verbale qui donne des recommandations au nouveau membre. Dans les
ordonnances par procuration du temple pour les personnes décédées,
la même confirmation de base suit l’ordonnance du baptême
pour les morts.
Le récit, qui
apparaît dans le Nouveau Testament, de la façon dont les
saints de Samarie reçurent le don du Saint-Esprit précise
que l’octroi de ce don nécessite une plus haute autorité
que celle qui est nécessaire pour accomplir le baptême
(voir Ac. 8:14-17).
Quand il visite les
Néphites, Jésus-Christ donne d’abord l’autorité
de baptiser (3 Né. 11:22) et lors d’une autre
visite, il confère l’autorité de donner le
Saint-Esprit en touchant et en parlant à chacun des douze
disciples individuellement (3 Né. 18:36-37). Alors que le
baptême peut être fait par des prêtres dans la
Prêtrise d’Aaron, le Saint-Esprit ne peut être
conféré que par des détenteurs de la prêtrise
supérieure ou Prêtrise de Melchisédek (Mro. 2:2 ;
JS–H 1:70). Jean-Baptiste fait allusion à cette
distinction fondamentale entre les deux prêtrises : « Moi,
je vous baptise d’eau, pour vous amener à la
repentance ; mais celui qui vient après moi est plus
puissant que moi… Lui, il vous baptisera du Saint–Esprit
et de feu » (Mt. 3:11).
Le don du Saint-Esprit
n’est conféré officiellement qu’une seule
une fois à une personne donnée, mais les bienfaits
spirituels liés à ce don peuvent et doivent être
constants pendant toute une vie. On enseigne aux saints des derniers
jours qu’ils doivent vivre de manière à avoir le
Saint-Esprit comme « compagnon constant » pour
les fortifier et pour les aider à choisir le bien (D&A
121:46). Toutefois, le seul fait que le don est conféré
ne garantit pas ces inspirations. La réception proprement dite
du Saint-Esprit est fonction de l’humilité, de la foi et
de la dignité de la personne qui se voit accorder le don.
Joseph F. Smith a enseigné que le don du Saint-Esprit confère
aux membres dignes et désireux « le droit de
recevoir… le pouvoir et la lumière de la vérité
du Saint-Esprit, bien qu’[ils] puissent souvent être
laissés à [leur] esprit et à leur jugement »
(GD, p. 60-61).
Le prophète Joseph
Smith considère le don du Saint-Esprit comme l’un des
principes et des ordonnances de base de l’Évangile,
étant intégralement lié à la foi en
Jésus-Christ, au repentir et au baptême par immersion
pour la rémission des péchés (voir Premiers
principes de l’Évangile ; 4e A de F). Ensemble ces
quatre constituent les « premiers principes »
de l’Évangile de Jésus-Christ (voir Évangile
de Jésus-Christ ; 3 Né. 27:19-21) et le seul
moyen par lequel les hommes et les femmes puissent être
purifiés de tout péché pour devenir purs et
immaculés et dignes d’entrer en la présence de
Dieu.
Le Saint-Esprit continue
à aider au processus de purification spirituelle par « le
baptême de feu », qui a été décrit
en ces termes : « Par le pouvoir du Saint-Esprit –
qui est le Sanctificateur (3 Né. 27:19-21) –l’impureté,
l’iniquité, le charnel, la sensualité et tout ce
qui est mauvais est consumé dans l’âme repentie
comme par le feu ; la personne purifiée devient
littéralement une nouvelle créature du Saint-Esprit…
Elle naît de nouveau » (MD, P. 73). C’est de
cette nouvelle naissance spirituelle que le Sauveur voulait parler
quand il a dit à Nicodème : « Si un
homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer
dans le royaume de Dieu » (Jn. 3:5).
Le seul fait de passer
par la nouvelle naissance n’assure pas le salut. Il est
également nécessaire de « persévérer
jusqu’à la fin », un élément
essentiel de l’Évangile du Christ (2 Né.
31:20 ; 3 Né. 27:16-17). Le prophète Néphi
1 a enseigné que pour persévérer jusqu’à
la fin, il faut se faire « un festin des paroles du
Christ » en suivant l’inspiration du Saint-Esprit
dans « tout ce que vous devez faire » (2 Né.
32:3-5). Le don du Saint-Esprit garantit ainsi que la direction
divine et le renouvellement spirituel se produisent durant toute la
vie, à condition que le repentir et l’humilité
requis soient manifestés.
Bibliographie
Lampe, G. W. H. "Holy
Spirit". Dans The Interpreter’s Dictionary of the Bible,
Vol. 2, p. 626-639. Nashville, Tenn., 1962.
Shepherd, M. H., Jr.
"Hands, Laying on of." Dans The Interpreter’s
Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 521-522. Nashville, Tenn., 1962.
Talmage, James E. AF, p.
157-170.
BRUCE D. PORTER
Dons
de l’Esprit
Auteur :
BICKERSTAFF, H. GEORGE
Le septième
article de foi de l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours dit : « Nous croyons au don
des langues, de prophétie, de révélation, de
visions, de guérison, d’interprétation des
langues, etc. » Toutes ces dotations célestes
viennent sous forme de dons de l’Esprit, c’est-à-dire
par la grâce de Dieu et l’action et le pouvoir du
Saint-Esprit. Pour pouvoir obtenir de tels dons, il faut avoir
préalablement reçu les ordonnances du baptême et
du don du Saint-Esprit de la part d’un détenteur de la
prêtrise autorisé, chercher avec ferveur à
obtenir le ou les dons et faire des efforts sincères pour
garder les commandements du Seigneur.
Il est clair que l’Esprit
peut accorder n’importe quel don susceptible de répondre
à un besoin donné ; par conséquent, aucune
liste exhaustive n’est possible, mais beaucoup de dons ont été
promis à l’Église. Grâce au Nouveau
Testament, les lecteurs connaissent les six mentionnés
ci-dessus : les deux liés aux dons des langues et de leur
interprétation ou du pouvoir de parler dans une langue non
apprise précédemment et la capacité
d’interpréter un tel discours ; le don de
prophétie, parfois manifesté dans son sens prédictif
mais plus souvent dans le sens que « le témoignage
de Jésus est l’esprit de la prophétie »
(Ap. 19:10) ; la révélation ou la réception
inspirée par le ciel de connaissance, de sagesse ou
d’orientation ; les visions ou manifestations spirituelles
visuelles telles que les prophètes en ont reçu à
toutes les époques et comme Joël les a prédites
pour beaucoup d’autres dans les derniers jours (Jo. 2:28-29) ;
la guérison ou le pouvoir « d’imposer les
mains aux malades » pour qu’ils puissent se remettre
(Mc. 16:18).
Selon les Écritures,
les dons de l’Esprit comptent parmi les signes qui
« accompagneront ceux qui auront cru » (Mc.
16:17). Impatients de recevoir ces dons promis mais manquant de
compréhension, certains des premiers convertis à
l’Église (1831-1832) se livrèrent aux excès
« spirituels » qui étaient courants lors
des réunions en plein air des réveils religieux et
qu’ils connaissaient bien. Dans les premiers temps à
Kirtland, dit le prophète Joseph Smith, « beaucoup
de faux esprits furent introduits… on se livra à
beaucoup de choses ridicules de nature à… amener
l’Esprit de Dieu à se retirer » (EPJS, p.
172). Dans les assemblées autour de Kirtland, Parley P. Pratt
releva des activités spirituelles « dégoûtantes »,
« des gestes inconvenants », des gens qui
entraient en « extase et… déformés
par des contorsions… des crises » (Pratt, p. 61).
Joseph Smith condamna ces pratiques comme n’étant pas
naturelles et sans utilité, puisqu’elles ne
communiquaient aucune information (EPJS, p. 164, 172). Dissociant
ainsi l’Église des extravagances spirituelles du
christianisme de la frontière américaine, les autorités
agirent promptement contre de telles pratiques, récupérant
les membres qu’elles pouvaient et excommuniant ceux qui
persistaient dans leur erreur.
Au cours du développement
doctrinal de la jeune Église, Joseph Smith reçut des
révélations concernant les dons spirituels, notamment
celle du 8 mars 1831 (maintenant D&A 46). Après avoir
d’abord mis en garde contre les tromperies par de faux esprits,
la révélation énonçait les dons tout
comme Paul et Moroni 2 l’avaient fait respectivement pour
l’Église du premier siècle et l’Église
néphite, (voir 1 Co. 12 ; Moroni 10). En plus des six
évoqués ci-dessus étaient mentionnés la
connaissance, la sagesse, la foi pour guérir,
l’accomplissement de miracles, la connaissance de la façon
dont les dons peuvent être administrés et le
discernement des esprits, s’ils sont de Dieu ou du diable.
Étaient aussi repris le don du témoignage de l’Esprit
concernant Jésus-Christ et son expiation pour les péchés
du monde et, pour certains, le don de croire aux paroles de celui qui
proclame ce témoignage (D&A 46:14).
La révélation
promet au moins un don à tous les saints des derniers jours
fidèles. Les évêques et les autres officiers
présidents, en vertu de leur appel à veiller sur
l’Église, peuvent recevoir des dons multiples, notamment
le don spécial du discernement pour détecter les faux
esprits des vrais. À propos de ce dernier point, Joseph Smith
a mis en garde contre « l’erreur courante de
considérer toutes les manifestations surnaturelles comme étant
de Dieu », avertissant que les esprits mauvais peuvent,
tout comme les célestes, par exemple, parler en langues et les
interpréter ; et que dans leur volonté de tromper,
ils peuvent même en attribuer le mérite au Sauveur et à
ses serviteurs autorisés (EPJS, p. 166-172, 186 ; aussi
Lu. 4:33-35 ; Ac. 16:16-18).
Beaucoup de journaux
intimes des premiers saints racontent des expériences en
matière de dons spirituels : En 1830, Newel Knight eut
une vision du ciel apparemment semblable à celle décrite
par le martyr Étienne (« Newel Knight’s
Journal » p. 52-53). À Kirtland, en 1831, Chloe
Smith, qui avait langui aux portes de la mort, recouvra immédiatement
la santé après une bénédiction de Joseph
Smith (Pratt, p. 66-67). Lors d’une réunion en Ontario
(Canada) en 1833, Lydia Bailey (plus tard Knight) parla en langues
(Journal History, 19 oct. 1833). Suivant la promesse prophétique
de Heber C. Kimball en 1836 qu’un fils naîtrait de Parley
et Thankful Pratt, qui étaient sans enfants après dix
ans de mariage, un fils leur naquit un an plus tard (Pratt, p.
130-131, 165). Alors comme maintenant, les dirigeants et les membres
en général jouissaient de ces dons.
On doit rechercher les
dons de l’Esprit pour leur effet bénéfique plutôt
que pour leur caractère remarquable (voir 1 Co. 14). En fait,
comme Joseph Smith l’a observé, il n’y a qu’un
ou deux des dons qui sont visibles quand ils sont en action. Dans le
sens où il est généralement compris, le don des
langues est l’un de ceux-là, mais le président
Joseph F. Smith a souligné son aspect plus pratique :
« J’ai eu besoin une fois du don des langues et le
Seigneur me l’a donné. J’étais dans un pays
étranger, envoyé prêcher l’Évangile
à un peuple dont je ne pouvais pas comprendre la langue. Alors
j’ai prié avec ferveur pour avoir le don des langues, et
grâce à ce don et à l’étude, cent
jours après avoir débarqué sur ces îles,
je pouvais parler aux gens dans leur langue comme je vous parle
maintenant dans ma langue maternelle. C’était un don qui
était digne de l’Évangile. Il avait un but »
(Smith, p. 201). C’est ainsi que les missionnaires de l’Église
jouissent fréquemment aujourd’hui de ce don.
Dans le monde entier, les
saints des derniers jours rapportent toutes sortes de dons spirituels
dans le cours normal de leur vie. Les membres fidèles
reçoivent couramment par l’Esprit le don du témoignage
de Jésus-Christ et de son Évangile rétabli et
ces témoignages individuels constituent la force de l’Église ;
un très grand nombre ont le don de la connaissance des choses
spirituelles ; quotidiennement, les détenteurs de la
prêtrise font l’imposition des mains aux membres de leur
famille ou de leurs amis malades, à leur demande (voir Ja.
5:14-15) et leur apportent les pouvoirs de guérison du ciel,
fréquemment avec un effet instantané ; des hommes,
des femmes et des jeunes reçoivent, selon les besoins, la
révélation pour eux-mêmes, leur famille ou ceux
qu’ils servent dans les appels dans l’Église.
Pratiquement toutes ces activités et d’autres d’une
importance spirituelle équivalente ont lieu dans l’intimité
du foyer et du cœur à l’insu du public.
Tous les dons spirituels
sont nécessaires dans l’Église (1 Co. 12), mais
les écrits de Paul montrent que certains sont plus désirables
que d’autres : On doit chercher les meilleurs dons. Ce qui
est spécialement important pour tous ceux qui désirent
« une voie par excellence » (1 Co. 12:31),
c’est de recevoir et de cultiver le don de la charité.
Cet « amour pur du Christ » est une marque
fondamentale du vrai disciple, une chose nécessaire à
la vie éternelle et une qualité pour laquelle on doit
donc prier et travailler de toute l’énergie de son cœur
(Mro. 7:47-48 ; 10:21 ; Ét. 12:34). L’exposé
magistral de Paul sur la charité (1 Co. 13) définit
davantage cette qualité et confirme que l’amour est le
grand commandement et le besoin crucial du chrétien. Les
disciples doivent manifester ce don et en désirer également
d’autres (1 Co. 14:1), en agissant par le pouvoir de Dieu et
par les dons de l’Esprit (Mro. 10:25).
Bibliographie
"Newel Knight's
Journal". Dans Scraps of Biography. Salt Lake City, 1883.
Pratt, Parley P.
Autobiography of Parley Parker Pratt. Salt Lake City, 1967.
Smith, Joseph F. Gospel
Doctrine. Salt Lake City, 1977.
H. GEORGE BICKERSTAFF
Dotation
Auteur :
BURTON, ALMA P.
Une dotation est
généralement un cadeau, mais dans un sens spécialisé,
c'est un ensemble d’instructions, d’ordonnances et
d’alliances donné seulement dans les temples consacrés
de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours. [Les mots « doter, dotation »
n’apparaissent pas dans la version Segond où ils sont
remplacés par des verbes exprimant l’idée
équivalente d’être habillé, revêtu,
doté d’attributs]. Le Christ commande à ses
apôtres de rester à Jérusalem « jusqu’à
ce [qu’ils soient] revêtus de la puissance d’en
haut » (Luc 24:49), une promesse accomplie, au moins en
partie, le jour de la Pentecôte (Ac. 2). À l’époque
moderne, une révélation semblable a été
donnée : « Je vous ai donné le
commandement de bâtir une maison, maison dans laquelle j'ai
dessein de doter du pouvoir d'en haut ceux que j'ai élus. Car
telle est la promesse que le Père vous fait ; c'est
pourquoi, je vous commande de demeurer, comme mes apôtres à
Jérusalem » (D&A 95:8-9).
Bien qu'il y ait eu des
déversements spirituels préliminaires et préparatoires
sur les saints des derniers jours en Ohio et au Missouri, la Dotation
dans son plein sens ne sera reçue qu’à l’époque
du temple de Nauvoo. Quand, en 1842, il introduisit les ordonnances
du temple à Nauvoo, le prophète Joseph Smith enseigna
qu’elles « concernaient les choses spirituelles et
ne devaient être reçues que par ceux qui étaient
tournés vers les choses spirituelles » (EPJS, p.
191). La dotation était nécessaire, dit-il, pour
organiser complètement l'Église, afin que les saints
soient organisés selon les lois de Dieu, et, comme demandé
dans la prière de consécration du temple de Kirtland,
qu’ils « se préparent à recevoir tout
ce qui est nécessaire » (D&A 109:15). La
Dotation avait pour but de donner « une vue globale de
notre situation et de nos rapports véritables avec Dieu »
(EPJS, p. 262), de « préparer les disciples pour
leurs missions auprès du monde » (p. 221),
d’empêcher d’être « vaincus par
ces maux » (p. 209), de leur permettre de « s’assurer
la plénitude des bénédictions qui ont été
préparées pour l’Église du Premier-né »
(p. 191).
La Dotation de « pouvoir
d’en haut » dans les temples modernes a quatre
aspects principaux. Tout d'abord il y a l'ordonnance préparatoire,
des ablutions et une onction cérémonielles, après
quoi l’usager du temple met le vêtement sacré du
temple.
Vient ensuite une série
d’instructions sous forme d’exposés et de
représentations. Ceux-ci comportent le récit des
événements les plus importants de la Création,
une description figurée de l'arrivée d'Adam et Ève
et de tous les hommes et femmes, de l'entrée d'Adam et Ève
dans le jardin d'Éden, de l'expulsion hors du jardin, de leur
situation dans le monde et de leur réception du plan du salut
conduisant au retour en la présence de Dieu (Talmage, p.
83-84). Les instructions de la Dotation utilisent toutes les facultés
humaines pour que la signification de l'Évangile soit
éclaircie par l'art, le théâtre et les symboles.
Tous les participants portent la robe blanche du temple symbolisant
la pureté et l'égalité de toutes les personnes
devant Dieu le Père et son Fils Jésus-Christ. Le temple
devient une maison de révélation par laquelle on est
instruit plus parfaitement « en théorie, en
principe et en doctrine » (D&A 97:14). « Le
caractère complet de ce tour d’horizon et de cette
explication du plan de l’Évangile fait du culte du
temple l’une des méthodes les plus efficaces de
rafraîchir la mémoire concernant la totalité de
la structure de l'Évangile » (Widtsoe, 1986, p. 5).
Troisièmement, il
y a la conclusion d’alliances. On voit dans la Dotation du
temple l’épanouissement ou l’apogée des
alliances contractées au baptême. Les alliances du
temple donnent des « tests permettant de voir la
disposition et la capacité de pratiquer la justice »
(Widtsoe, p. 335). EIles comportent « l’engagement
et la promesse d'observer la loi de la vertu la plus stricte et de la
chasteté, d’être charitable, bienveillant,
tolérant et pur ; de consacrer ses talents et ses moyens
matériels à la propagation de la vérité
et au progrès [du genre humain], de rester dévoué
à la cause de la vérité, et de chercher à
contribuer de toutes les manières possibles aux grands
préparatifs faits en vue que la terre puisse recevoir…
Jésus-Christ » (Talmage, p. 101). On promet
également de garder sacrées ces alliances et de ne pas
« prend[re] les choses sacrées à la légère »
(D&A 6:12).
Quatrièmement, il
y a le sentiment de la présence divine. Dans la prière
de consécration du temple de Kirtland, le prophète
Joseph Smith demande « que tous ceux qui passeront le
seuil de la maison du Seigneur sentent ta puissance et se sentent
contraints de reconnaître que tu l'as sanctifiée et
qu'elle est ta maison, lieu de ta sainteté » (D&A
109:13). Il est promis à propos des temples construits par le
sacrifice au nom du Seigneur Jésus-Christ, consacrés
par son autorité et révérés dans son
Esprit : « mon nom sera ici ; et je me
manifesterai avec miséricorde à mon peuple dans cette
maison » (D&A 110:7). Dans les temples il y a une
« aura de divinité » qui se manifeste à
ceux qui sont dignes (Kimball, p. 534-535). Par la Dotation du
temple, on peut chercher « une plénitude du
Saint-Esprit » (D&A 109:15). Les ordonnances du temple
sont considérées comme le moyen de recevoir
l'inspiration et des instructions par l'Esprit-Saint et de se
préparer à retourner en la présence de Dieu.
À Nauvoo, le
prophète Joseph a enseigné pour la première fois
que les saints des derniers jours ont la bénédiction
d'agir en tant qu'agents en faveur de leurs ancêtres décédés.
Après réception de leur propre Dotation au temple, ils
y retournent souvent pour participer à la cérémonie
de dotation par procuration pour et en faveur de personnes décédées.
Ils croient que, conformément à la loi du libre
arbitre, ceux qui sont ainsi servis sont tout à fait libres
dans le monde d'esprit d’accepter ou de rejeter la bénédiction
spirituelle qui leur est ainsi offerte (HC 5:350). [Voir aussi
Baptême pour les morts ; Salut des morts ;
Ordonnances du temple.]
Bibliographie
Kimball, Spencer W.
Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball.
Salt Lake City, 1982.
Packer, Boyd K. The Holy
Temple. Salt Lake City, 1980.
Talmage, James E. La
Maison du Seigneur, éd. française n. d..
Widtsoe, John A.
Priesthood and Church Government. Salt Lake City, 1939.
Widtsoe, John A. Temple
Worship. Salt Lake City, 1986.
ALMA P. BURTON
E
Écritures
Auteurs :
DAVIES, W.D. et MADSEN, TRUMAN G.
Bien que le
mot
« Écritures » désigne
habituellement des documents écrits, dans les sources mormones
il se définit aussi comme « tout ce qu’ils
[les représentants de Dieu] diront sous l’inspiration du
Saint-Esprit » (D&A 68:2-4 ; cf. 1:38 ; 2
Pi. 2:21 ; 2 Ti. 3:16). Cette compréhension plus large du
terme est à la fois un principe global et une définition
fonctionnelle, tenant compte des modes écrits et verbaux de
l’inspiration.
Le
corpus des Écritures mormones est sensiblement plus volumineux
que celui du canon protestant traditionnel. Il comprend la Bible, le
Livre de Mormon (531 pages, édition anglaise de 1981), les
Doctrine et Alliances (294 pages, édition de 1981) et la Perle
de grand prix (61 pages, édition de 1981). Dès le
départ, l’engagement des saints des derniers jours
vis-à-vis de la Bible et du Livre de Mormon et leur tentative
de formuler et de standardiser immédiatement leur enseignement
par rapport aux cultures environnantes ont fait d’eux un peuple
« livresque ». Par contre, dans le judaïsme,
le christianisme et l’islam, le processus de compilation et de
fixation des écrits sacrés comme « canoniques »
a eu lieu relativement longtemps après leur origine et dans
chaque cas le processus a eu comme conséquence un canon fermé.
Les
saints des derniers jours acceptent la Bible comme étant la
parole de Dieu « dans la mesure où elle est
traduite correctement » (8e A de F). Ils reconnaissent que
bien que les messages de l’Écriture soient d’origine
et d’impulsion divines, les paroles dans lesquels elles sont
formulées sont d’origine humaine (cf. Mrm. 8:16-17 ;
Ét. 12:23-27). La page de titre du Livre de Mormon dit :
« S’il y a des fautes, ce sont les erreurs des
hommes. » Pour certains, de telles affirmations renforcent
plutôt que d’affaiblir leur respect pour la révélation
véritable (Stendahl, p. 100). Cette prise de position évite
à la fois la doctrine de l’inerrance verbale et le point
de vue naturaliste que la Bible est un document entièrement
humain et vieillissant en plus.
Les
Écritures des saints des derniers jours sont qualifiées
d’ouvrages canoniques. Le mot « canon »
est rarement utilisé, en partie parce qu’il suggère
la finitude, l’achèvement, la clôture. En principe
et en fait, des ajouts aussi bien que des clarifications et des
traductions officielles occasionnelles, sont apportés aux
ouvrages canoniques dans le double processus de la présentation
par les dirigeants vivants et, en accord avec la loi du consentement
commun, l’acceptation par les membres de l’Église.
De cette façon, les saints des derniers jours s’engagent
par alliance à les considérer comme Écriture.
L’ajout aux Doctrine et Alliances d’une révélation
au sujet du royaume céleste reçue par Joseph Smith et
d’une vision de la rédemption des morts reçue par
Joseph F. Smith en sont des exemples modernes (D&A 137, 138).
Le
caractère perpétuel de l’Écriture, un
corpus sans cesse augmenté par des témoins vivants dans
un cadre de prophétie et de témoignage, est un signe et
un symbole de l’universalité de la foi des saints
(Davies, p. 61). Pareille position fait contraste avec la conception
minimaliste (« un seul canon suffit »). Les
Samaritains, par exemple, n’accordaient le statut d’Écriture
qu’au seul Pentateuque. Pour les saints des derniers jours,
l’Écriture n’est pas une « révélation
définitive ». Il n’y a pas de « cercle
de la foi » non extensible. Il n’y a aucun texte
sacré qui, à cause de sa sainteté reconnue,
interdise l’addition d’autres textes sacrés. Aucun
document ou recueil ne suffit en lui-même pour la rédemption,
pour le salut, pour l’éclaircissement complet ou pour le
perfectionnement de l’âme.
Deux
principes se dégagent quand il s’agit de définir
ce qui doit être considéré comme Écriture.
D’abord, on ne sait si un autre parle avec l’autorité
du Saint-Esprit que grâce à l’influence du
Saint-Esprit. C’est ainsi qu’en dernière analyse,
c’est au lecteur et à l’auditeur qu’incombe
la responsabilité de prouver le statut scripturaire d’un
document (cf. Brigham Young, JD 7:2). Les saints des derniers jours
enseignent que tous ont droit à cette assurance et à ce
témoignage. En second lieu, le président de l’Église
et ceux qui lui sont associés comme prophètes, voyants
et révélateurs ont reçu une dotation et une
juridiction spirituelles spéciales. Seul le président
parle ou écrit pour l’Église et à l’Église
dans son ensemble. Les autres peuvent fonctionner de la même
manière mais seulement dans leur office et appel propre. De
plus, « un prophète n’est pas toujours
prophète ; uniquement quand il agit comme tel »
(HC 5:265 ; 2:302 ; EPJS, p. 224). Ceux qui sont
officiellement appelés et ordonnés pour diriger sont,
selon la terminologie des saints, « les oracles vivants »
et « là où les oracles de Dieu ne sont pas,
le royaume de Dieu n’est pas » (WJS, p. 156). Seul
le président de l’Église a la responsabilité
et la charge d’exercer toutes les clefs de la présentation
et de la proclamation des Écritures. Ces principes et ces
pratiques sont établis pour sauvegarder la sainteté et
veiller à l’application des paroles et des écrits
inspirés, tant passés que présents.
Au-dessus
de l’autorité du document écrit se trouve
l’autorité du prophète vivant et, au-delà
de lui, l’autorité suprême du Seigneur lui-même.
« Vous pouvez étreindre la Bible tout contre vous,
a dit Joseph Smith, mais si vous ne pouvez pas, par la foi en elle,
obtenir la révélation pour vous-même, la Bible ne
vous profitera guère » (Osborne). De plus, « La
meilleure manière d’obtenir la vérité et
la sagesse n’est pas de la demander à des livres, mais
d’aller trouver Dieu dans la prière et d’obtenir
l’enseignement divin » (EPJS, p. 154). Brigham Young
a affirmé : « Je préfère avoir
les oracles vivants que tout ce qui est écrit dans les
livres » (cité dans CR, oct. 1897, p. 22-23). Mais
les oracles vivants et les laïcs responsables ne sont pas, dans
la théorie ou dans la tradition, complètement
indépendants de l’écrit. B. H. Roberts, historien
de seconde génération faisant autorité et
Autorité générale, a écrit à
propos du corpus de l’Écriture : Il fixe de manière
permanente les vérités générales que Dieu
a révélées. Il préserve, pour tous les
temps et pour toutes les générations des hommes, le
grand cadre du plan de salut : l’Évangile. Il y a
des vérités qui ne sont pas affectées par les
circonstances sans cesse changeantes, des vérités qui
sont toujours les mêmes, aussi souvent qu’elles soient
révélées, des vérités qui sont
élémentaires, permanentes, fixées, dont on ne
doit ni ne peut s’écarter sans risquer la condamnation.
La parole de Dieu mise par écrit protège le peuple de
Dieu des traditions vaines et insensées, qui, tandis qu’elles
dérivent le long du fleuve du temps, sont sujettes à
des changements par déformation, par ajouts ou soustractions
ou par le jeu capricieux de la fantaisie d’esprits fantasques
auxquels on ne peut pas se fier. Elle constitue un critère
grâce auquel même les oracles vivants de Dieu peuvent
s’instruire, s’évaluer et se corriger. Elle met à
la portée du peuple le pouvoir de confirmer les paroles et le
ministère des oracles vivants, et d’ajouter ainsi la foi
à la foi et la connaissance à la connaissance [IE 3,
mai 1900, p. 576-577].
Par
contre, dans le judaïsme, le remplacement des prophètes
par des rabbins ou des savants comme gardiens et interprètes
de l’Écriture a été poussé à
l’extrême : « Même s’ils [les
sages] te disent que la gauche est la droite et que la droite est la
gauche, écoute ce qu’ils disent » (Midrash
Siphre sur De. 17:10-11 ; cf. Talmud de Jérusalem, traité
Horayoth 1:1, 45d). Ce qui rassurait face à l’erreur,
même les erreurs de la communauté, c’était
que même les erreurs commises dans les décisions de la
loi faisaient force de loi. Dans un cas spectaculaire, Rabbi Eliezer
prétendit qu’une voix céleste avait sanctionné
son opinion minoritaire. Mais Rabbi Joshua insista sur le fait que la
Torah, ou texte d’Écriture, est non dans le ciel mais
sur la terre et que c’était l’opinion de la
majorité qui devait l’emporter (voir aussi Davies, Paul
and Rabbinical Judaism, 1980, p. 374, 212n). Dans le christianisme
traditionnel, les conseils ecclésiastiques se sont parfois
arrogé des prérogatives semblables.
Dans
leur doctrine concernant les Écritures, les saints des
derniers jours ont réduit ces tensions et d’autres
encore de ce type qui existent entre le judaïsme biblique et le
judaïsme talmudique (c.-à-d., entre la loi écrite
et la loi orale) ou, comme dans les traditions chrétiennes
romaine et orientale, entre l’héritage biblique et les
affirmations de la tradition et des credo ou, comme dans le
protestantisme, entre l’intention originale associée à
l’esprit de l’Écriture et l’affirmation que
l’interprétation personnelle est valide.
L’idée
d’un canon ouvert a signifié historiquement une certaine
ouverture à d’autres sources historiques, apocryphes et
pseudépigraphiques. L’Écriture moderne assure aux
saints des derniers jours que des documents importants vont encore
venir au jour (cf. 2 Né. 29:10-14 ; 9e A de F). Les
Apocryphes de l’Ancien Testament contiennent beaucoup de choses
« qui sont vraies » mais également
beaucoup d’interpolations (D&A 91). « À
ceux qui le désirent, il devrait être donné par
l’Esprit de discerner le vrai du faux » (HC 1:363).
Par analogie, d’autres documents récemment récupérés
(par exemple, les manuscrits de la mer Morte, la bibliothèque
de Nag Hammadi et les inscriptions et les fragments qui y ont trait)
sont considérés comme instructifs, bien que non
canoniques. Dans certains cas, leurs enseignements précèdent
et font écho à des documents scripturaires
authentiques.
L’importance
des approches linguistique, contextuelle, historique et littéraire
de l’Écriture a été soulignée de
plusieurs manières dans l’Église : une école
des prophètes a été organisée dans les
tout débuts de l’Église, où l’on
étudiait l’hébreu, le grec et l’allemand en
tant qu’aides bibliques ; on se servait des traductions
alternatives de la Bible, notamment les révisions de la
Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS) ; on préférait
officiellement la King James Version en raison de son style
littéraire et de son accessibilité à d’autres
groupes chrétiens, et d’autres ; on se servait de
diverses éditions des Écritures bibliques et modernes,
y compris des textes critiques, des dictionnaires bibliques et on
faisait une utilisation sélective des efforts naissants des
sciences bibliques mondiales (voir Erudition bibique).
Il
y a toute une constellation de significations qui accompagne la
notion de parole vivante venant de la voix d’un prophète
vivant. De plus, la voix vivante est généralement plus
riche que n’importe quel écrit, qui est tout au plus une
synthèse à décrypter. C’est pour cela que
Joseph Smith disait qu’on ne devrait jamais croire qu’une
lettre puisse dire ce qui pourrait être dit de vive voix.
« Aussi pures que soient vos intentions, aussi élevée
que soit votre position, vous ne pouvez pas toucher le cœur de
l’homme quand vous êtes absent autant que quand vous êtes
présent » (Woman’s Exponent 3, 1er avril
1875, p. 162). Les risques de malentendus sont sensiblement accrus
quand on n’a que le texte.
Dans
l’histoire du canon, diverses étapes ou périodes
ont été témoins d’exégèses,
d’expansions ainsi que de gloses et d’altérations
stylistiques qui changent également le contenu. On peut
avancer l’argument qu’au cours des siècles ce
processus a contribué à l’amélioration et
à la force des textes, mais on peut également affirmer
qu’il y a eu des écarts, de la dilution et de la
corruption des textes. Les saints des derniers jours estiment que les
deux processus ont joué. « Des traducteurs
ignorants, les copistes négligents ou des prêtres
conspirateurs et corrompus ont commis beaucoup d’erreurs »
(EPJS, p. 264-265). D’autre part, la Bible et d’autres
textes sont conservés d’une manière
impressionnante, avec suffisamment de lumière pour bénir
et condamner. Pour leur part, les saints des derniers jours font
finalement confiance à l’inspiration de l’Esprit.
Les
saints des derniers jours ne sont pas les seuls à penser
ainsi. Par exemple, H. J. Schoeps montre que la critique juive des
idées du temple et du sacrifice a été modifiée
quand la Bible a été assemblée (Davies, p. 61).
Et au fil des siècles, les changements ont souvent éloigné
plutôt que rapproché d’un affinement des normes et
des pratiques chrétiennes originales.
Le
pouvoir de révélation des Écritures dépend
en partie de sa faculté d’adaptation. Le Seigneur dit à
propos des Écritures modernes et, implicitement, de toutes les
Écritures antérieures : « Ces
commandements sont de moi et ont été donnés à
mes serviteurs dans leur faiblesse, selon leur langage, afin qu’ils
les comprennent » (D&A 1:24).
Le
sens évident a également été un principe
directeur dans l’exégèse des saints. « Mon
âme met ses délices dans la clarté »,
dit le prophète du Livre de Mormon Néphi 1 (2 Né.
31:3). Rien ne peut l’emporter sur la signification évidente
du texte (cf. traité talmudique Shabbath 63a). Cette position
n’est ni un refus de voir les significations subtiles et
sous-jacentes du texte ni un a priori théologique permettant
des excès allégoriques, comme dans les enseignements de
certains rabbins et de certains érudits chrétiens
d’autrefois. On ne peut pas superposer les significations plus
profondes à un texte d’Écriture ; on doit
les trouver avec l’aide divine dans l’intention et
l’esprit de l’auteur original (cf. 2 Pi. 1:20-21). Malgré
toute leur complexité et toute leur diversité, les
Écritures sont rédigées en une langue
ordinaire ; par exemple, le vocabulaire fonctionnel du Livre de
Mormon comporte moins de 2.300 mots de base.
Dans
la pratique, les saints des derniers jours considèrent
certains autres textes avec un respect spécial, basé
sur leur utilisation, chacun avec sa propre mesure d’autorité.
Par exemple, des prières fixes sont indiquées pour le
baptême et pour la Sainte-Cène (voir Prière de
baptême ; Prière). Les autres textes et paroles
faisant autorité – avec des niveaux différents
d’autorité – sont les messages de la Première
Présidence, les ordonnances et les alliances du temple, les
bénédictions patriarcales, le livre de cantiques, les
manuels pour la prêtrise et les organisations auxiliaires et
les manuels pour enseigner dans les diverses organisations de
paroisse.
C’est
une unité de la foi, souvent considérée comme
remarquable, qui découle de cette ouverture sans pareille à
davantage de révélations et du système de freins
et de contrepoids de l’Église. La participation des
laïcs de l’Église, qui nécessite le partage
des responsabilités, et la loi du consentement commun
fonctionnent ensemble lors du processus de présentation, de
confirmation et d’acceptation des paroles inspirées.
Pour
les saints des derniers jours, on ne peut pas réduire les
Écritures à l’histoire scientifique, à la
sociologie ou au folklore, à un simple ensemble de principes
fondamentaux, de commandements et d’appareil juridique, à
des paraboles pleines de charme, à des noms ésotériques
et cachés avec des liens mystiques qui auraient un pouvoir et
une vie propres. Les Écritures sont le résultat d’un
déversement d’en haut dont la signification et
l’application actuelles à une personne donnée
nécessitent une étude soigneuse et l’inspiration
directe.
Martin
Buber, faisant objection à ceux qui considèrent la
Torah comme un monde fermé, écrit : « Pour
vous, Dieu est quelqu’un qui a créé dans le passé
et ne crée plus ; mais pour nous, Dieu est celui qui
‘renouvelle chaque jour l’œuvre de la création’.
‘Pour vous, Dieu est quelqu’un qui s’est révélé
dans le passé et ne se révèle plus ; mais
pour nous il parle depuis le buisson ardent du présent…
dans les révélations du fond de notre cœur –
plus grandes que les paroles » (p. 204). Cette déclaration
exprime une grande partie de l’esprit de la façon dont
les saints des derniers jours abordent les Écritures. La
signification et la force se dressent contre le
« durcissement »
des traditions et favorisent la confiance dans le témoignage
vivant de l’Esprit pour illuminer, clarifier et sanctifier les
Écritures en tant que « vérité
actuelle ».
Bibliographie
Buber, Martin.
Great
Jewish Thinkers of the Twentieth Century, dir. de publ. S. Noveck.
Clinton, Mass., 1963.
Clark, J.
Reuben, Jr. "When Are Church
Leaders’ Words Entitled to Claim of Scripture ?"
Church News, 31 juillet 1954, p. 9-11.
Davies, W. D.
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on the Mormon Canon." Harvard Theological Review 79, 1986, p.
44-66. Réimprimé dans Christians Among Jews and
Gentiles, dir. de publ. G. W. E. Nicklesburg et George W. MacRae,
S.V., p. 44-66. Philadelphia, 1986.
Osborne, D.
Juvenile
Instructor 27, 15 mars 1892, p. 173.
Stendahl,
Krister. "The
Sermon on the Mount and Third Nephi in the Book of Mormon." Dans
Meanings, p. 100. Philadelphie, 1984.
Welch, John W.,
et David J.
Whittaker. "Mormonism’s Open Canon : Some Historical
Perspectives on Its Religious Limits and Potentials." F.A.R.M.S.
Paper. Provo, Utah, 1986.
W. D. DAVIES
TRUMAN G.
MADSEN
Écritures :
Autorité des Écritures
Auteur :
JACKSON, KENT P.
Pour
les saints des derniers jours, la notion d’Écriture
entraîne deux définitions complémentaires, une
définition générale, qui englobe toute
révélation de Dieu comme étant « Écriture »,
et une vision plus restreinte, qui n’inclut que les ouvrages
canoniques comme « Écriture ». Les deux
catégories font autorité puisque les deux sont
considérées comme venant de Dieu.
La
première définition utilise le mot « Écriture »
comme synonyme de termes tels que « inspirée »
ou « divinement révélée ».
Pour ce qui concerne ceux qui ont été appelés et
ordonnés pour proclamer la parole de Dieu, c’est une
révélation des Doctrine et Alliances qui fournit la
base : « Tout ce qu’ils diront sous
l’inspiration du Saint-Esprit sera Écriture, sera la
volonté du Seigneur, sera l’avis du Seigneur, sera la
parole du Seigneur, sera la voix du Seigneur et le pouvoir de Dieu
pour le salut » (D&A 68:4). Dans cette lumière,
les saints des derniers jours tiennent en haute estime les paroles
des dirigeants de l’Église à tous les niveaux.
Font particulièrement autorité les déclarations
officielles de la Première Présidence et du Collège
des douze apôtres qui sont soutenus par les membres de l’Église
comme « prophètes, voyants et révélateurs ».
Leurs écrits et leurs discours – en particulier ceux de
conférence générale – sont cités
fréquemment comme guides pour la vie et comme interprétation
autorisée en matière de doctrine. Les déclarations
publiées par la Première Présidence représentent
la position et la politique officielles de l’Église.
Joseph
Smith a enseigné que « un prophète n’est
pas toujours prophète ; uniquement quand il agit comme
tel » (HC 5:224). Ainsi donc, les paroles des prophètes
n’ont force d’Écriture que quand elles sont
prononcées sous l’influence du Saint-Esprit. Les saints
des derniers jours reconnaissent volontiers cette influence divine
dans les enseignements et les conseils des dirigeants et considèrent
que c’est une bénédiction d’être
instruits par eux. Ils considèrent cette direction inspirée
comme étant « Écriture » au sens
général du terme et s’efforcent d’y faire
coïncider leur vie.
La
conception plus restrictive de ce qui constitue l’Écriture
ne comprend que ce qui est appelé « les Écritures »
c’est-à-dire les quatre ouvrages canoniques : la
Bible, le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de
grand prix. Ils constituent le corpus canonisé, faisant
autorité des Écritures révélées
par rapport auquel tout le reste est évalué. Le
président Joseph Fielding Smith a enseigné : « Mes
paroles et les enseignements de n’importe quel autre membre de
l’Église, grand ou petit, s’ils ne cadrent pas
avec les révélations, nous ne devons pas les accepter…
Nous avons accepté les quatre ouvrages canoniques comme
critères ou balances que nous utilisons pour mesurer les
doctrines de tous les hommes » (DS3, p. 183).
Bien
que l’Église considère ses Écritures comme
un canon dans un sens strict, elle ne considère pas celui-ci
comme fermé. La doctrine de la révélation
continue est l’une des croyances fondamentales de l’Église.
Comme l’a dit Joseph Smith, « nous croyons tout ce
que Dieu a révélé, tout ce qu’il révèle
maintenant, et nous croyons qu’il révélera encore
beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de
Dieu » (9e A de F). Tout en acceptant « tout ce
que Dieu a révélé », que ce soit
canonisé dans les Écritures ou pas, les saints des
derniers jours croient également que la révélation
continue à éclairer leurs dirigeants. De plus, elle
s’attend à des directives divines supplémentaires
parce que Dieu « révélera encore beaucoup de
choses grandes et importantes ». Ces futures révélations
seront Écriture, selon la définition générale,
et il est probable que certaines d’entre elles seront ajoutées
en temps voulu aux Écritures.
Bibliographie
Jackson,
Kent P. "Latter-day Saints : A Dynamic Scriptural Process."
Dans The Holy Book in Comparative Perspective, dir. de publ. F. Denny
and R. Taylor, p. 63-83. Columbia, S.C., 1985.
Jackson, Kent
P. "The Sacred Literature of the Latter-day Saints." Dans
The Bible and Bibles in America, dir. de publ. E. Frerichs, p.
163-91. Atlanta, Ga., 1988.
Talmage, James
E. AF, p.
291-387.
KENT P.
JACKSON
Écriture :
Paroles des prophètes vivants
Auteur :
ANDERSON, A. GARY
Tout
message qui vient de Dieu à l’homme par le pouvoir du
Saint-Esprit est Écriture pour celui qui le reçoit, que
ce soit sous forme écrite ou verbale (MD, p. 682 ; cf.
2 Né. 32:3). Paul a écrit à Timothée
que « Toute Écriture est inspirée de Dieu,
et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour
instruire dans la justice » (2 Ti. 3:16). De plus, toute
personne peut recevoir des révélations personnelles
pour son profit personnel. Néanmoins, Dieu a toujours désigné
des prophètes pour parler pour lui, ce qui est à
l’origine des Écritures saintes. Quand Aaron fut appelé
comme porte-parole de Moïse, le Seigneur dit : « Il
parlera pour toi au peuple ; il te servira de bouche, et tu
tiendras pour lui la place de Dieu » (Ex. 4:15-16).
Les
membres de l’Église de Jésus-Christ des saints
des derniers jours croient en la révélation continue,
particulièrement aux prophètes qui dirigent l’Église.
Ce point de doctrine a été annoncé dans une
révélation reçue par le prophète Joseph
Smith en novembre 1831: « Et tout ce qu'ils [les
serviteurs de Dieu] diront sous l'inspiration du Saint-Esprit sera
Écriture, sera la volonté du Seigneur, sera l'avis du
Seigneur, sera la parole du Seigneur, sera la voix du Seigneur et le
pouvoir de Dieu pour le salut » (D&A 68:4). Les
paroles inspirées du prophète et président de
l’Église ont été et peuvent à
l’avenir être ajoutées aux ouvrages canoniques par
le consentement commun de l’Église.
Les
saints des derniers jours soutiennent la Première Présidence
et le Collège des douze apôtres comme prophètes,
voyants et révélateurs. Puisque le prophète et
président de l’Église est soutenu comme prophète,
voyant, et révélateur, il est le porte-parole officiel
qui parle au nom du Seigneur à l’Église (D&A
21:4-5 ; 28:2). Ces autres prophètes, voyants et
révélateurs ont le droit, le pouvoir et l’autorité
de déclarer la volonté de Dieu à son peuple,
mais dépendent de l’autorité du président
(D&A 132:7).
Les
paroles inspirées du président de l’Église
ont force de loi sur les membres de l’Église, qu’elles
soient acceptées officiellement comme élément du
canon écrit ou pas. Les paroles inspirées du prophète
vivant remplacent et deviennent plus importantes pour des saints des
derniers jours que le canon écrit ou les déclarations
prophétiques antérieures (D&A 5:10). Le salut et
l’exaltation des membres de l’Église dépendent
de leur acceptation de cette inspiration divine par le prophète
vivant, qui vient comme une voix d’avertissement au monde (D&A
1:4-5).
Ce
point de doctrine apparaît dans l’Ancien Testament. Par
exemple, les gens n’auraient pu être sauvés du
déluge qu’en écoutant la voix de Dieu par son
prophète Noé. De même, il était attendu
des Israélites qu’ils acceptent et obéissent de
manière responsable aux paroles de Moïse comme si le
Seigneur lui-même les avait prononcées (De. 18:18-22).
Le Seigneur a également enseigné que « Lorsqu’il
y aura parmi vous un prophète, c’est dans une vision que
moi, l’Éternel, je me révélerai à
lui, c’est dans un songe que je lui parlerai » (No.
12:6).
On
peut trouver l’insistance des premiers chrétiens sur
« la voix vivante » dans les écritures
de Papias (v. 130 apr. J.-C.) : « S’il arrivait
à quelqu’un de venir qui avait été
réellement disciple des anciens, je m’informais sur les
discours des anciens, de ce qu’André ou Pierre disaient
ou Philippe ou Thomas ou Jacques ou Jean ou Matthieu ou tout autre
des disciples du Seigneur…. Car je pensais que ce qui était
dans les livres ne me profitait pas autant que les paroles d‘une
voix vivante et durable » (Eusèbe, Histoire
ecclésiastique 3.39.4).
Les
saints des derniers jours acceptent la doctrine que ce que Dieu
déclare, « que ce soit par [sa] propre voix ou par
la voix de [ses] serviteurs, c’est la même chose »
(D&A 1:38). D’autre part, les prophètes ont droit à
leur opinion personnelle, par conséquent tout ce qu’ils
disent n’est pas considéré comme une déclaration
ou une interprétation officielle d’Écriture. Ce
n’est que quand ils sont inspirés à parler à
l’Église par le Saint-Esprit qu’ils parlent
Écriture. Pour que l’auditeur détermine si un
prophète parle en tant que tel, le pouvoir du Saint-Esprit
doit lui témoigner que le message est divinement inspiré.
Le Saint-Esprit est donné à tous pour connaître
la vérité de toutes choses (Mro.
10:5).
Bibliographie
Benson, Ezra
Taft. "Fourteen
Fundamentals in Following the Prophet." BYU Speeches of the
Year, 1977 -80, p. 26-30. 26 févr. 1980.
Département
d’Education de l’Église. Teachings of the Living
Prophets, p. 6-22. Salt Lake City, 1982.
Clark, J.
Reuben,
Jr. "When Are Church Leaders' Words Entitled to Claim of
Scripture ?" Church News, 31 juillet 1954, p. 9-11.
Horton,
George A., Jr. Keys to Successful Scripture Study, p. 2-11. Salt Lake
City, 1989.
A. GARY
ANDERSON
Écritures :
Écritures à venir
Auteur :
CLOWARD, ROBERT A.
Les
saints des derniers jours croient que Dieu « révélera
encore beaucoup de choses grandes et importantes » (9e A
de F), que les cieux ne sont pas fermés et que Dieu continue à
« déverser la connaissance du haut des cieux sur
[leur] tête » (D&A 121:33). On s’attend à
ce que les révélations à venir incluent à
la fois des vérités antiques rétablies et de
nouvelles vérités dévoilées.
Les
Écritures prédisent spécifiquement le
rétablissement de beaucoup de livres qui feront connaître
les choses claires et précieuses ôtées du monde
(1 Né. 13:39-40). Celles-ci comprennent le livre d’Hénoc
(D&A 107:57), un récit complémentaire des
événements qui se sont produits sur la montagne de la
Transfiguration (D&A 63:20-21), la totalité du livre de
Jean et des visions au sujet de la fin du monde (1 Né.
14:18-27 ; Ét. 4:16 ; D&A 93:6, 18), la partie
scellée du Livre de Mormon, y compris la vision du frère
de Jared (2 Né. 27:7-11 ; Ét. 3:25-27 ;
4:7), les plaques d’airain (Alma 37:4-5 ; voir aussi
Plaques et Annales du Livre de Mormon), un compte rendu plus complet
des enseignements de Jésus-Christ aux Néphites (3 Né.
26:6-11) et les annales des tribus perdues d’Israël (2 Né.
29:12-13).
Nous
ignorons comment ou quand ces Écritures paraîtront
au-delà de la croyance générale que d’autres
révélations viendront au temps voulu par le Seigneur
lorsque les hommes se repentiront, feront preuve de foi et seront
prêts à les recevoir (2 Né. 28:30 ; Ét.
4:1-12). Les saints des derniers jours croient que le monde n’a
vu que le commencement du grand rétablissement doctrinal et
scripturaire par lequel la volonté de Dieu réunira
« toutes choses en Christ » (Ép. 1:10).
Les annales célestes et terrestres de toutes les dispensations
doivent être rassemblées (1 Né. 13:41), et
« rien ne sera retenu » (D&A
121:28).
Bibliographie
Maxwell, Neal
A. "God Will Yet
Reveal." Ensign 16, nov. 1986, p. 52-59.
McConkie, Bruce
R.
"The Doctrinal Restoration." Dans The Joseph Smith
Translation, dir. de publ. M. Nyman et R. Millet, p. 1-22. Provo,
Utah, 1985.
ROBERT A.
CLOWARD
Écriture,
interprétation dans l’Écriture
Auteur :
THOMAS, CATHERINE
La
clef de l’interprétation des passages scripturaires se
situe souvent dans le corps même de l’Écriture.
Par exemple, certains passages de l’Ancien Testament reçoivent
un commentaire et une interprétation dans le Nouveau
Testament. Jésus-Christ enseignait fréquemment à
l’aide de l’Ancien Testament, donnant non seulement une
interprétation, comme dans l’incident où David
doit manger les pains de proposition du temple (1 S. 21:1-6) pour
justifier le fait que ses disciples arrachaient des épis de
blé le jour du sabbat (Mc. 2:23-26), mais soulignant souvent
aussi que les Écritures témoignent qu’il était
le Messie (Lu. 4:18-21 ; Jn. 5:39). Les Écritures
supplémentaires que les saints des derniers jours acceptent –
le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand
prix – citent et interprètent aussi la Bible. En fait,
beaucoup d’entre les interprétations les plus claires de
la doctrine proviennent des révélations modernes ou des
Écritures rétablies.
Dans
la Perle de grand prix, le livre de Moïse et le livre d’Abraham
détaillent le récit de la Création donné
par la Genèse de l’Ancien Testament (Moï. 2-3 ;
Abr. 4-5), affirment le libre arbitre de l’homme (Moï.
3:17 ; 7:32), éclaircissent la chute d’Adam (Moï.
4 ; Abr. 5) et expliquent par conséquent la nécessité
d’un Rédempteur (Moï. 6:59 ; cf. 4:1-2 ;
5:7-8). En outre, ces deux livres ajoutent des informations sur les
prétentions de Satan et le fait que c’est le Christ qui
a été choisi dans le monde prémortel (Moï.
4:1-4 ; Abr. 3:27-28) où tous les esprits de l’humanité
ont vécu avant leur arrivée sur la terre (voir Vie
prémortelle).
Dans
Joseph Smith–Matthieu, le prophète Joseph Smith reçoit
des éclaircissements sur les commentaires du Sauveur dans
Matthieu 24 concernant les événements qui doivent
précéder la chute de Jérusalem et ceux qui
doivent précéder la venue de Jésus dans les
derniers jours. Selon Joseph Smith–Histoire, Moroni 2 lui cite
Malachie 4:6 différemment de la version de l’Ancien
Testament, suggérant que l’expression « les
pères » se rapporte aux Patriarches,
particulièrement à Abraham, avec qui Dieu fit des
alliances concernant la postérité d’Abraham, qui
porterait les ordonnances de la prêtrise au monde pour
l’exaltation de la famille humaine (JS–H 1:39 ; D&A
27:9-10).
Le
Livre de Mormon éclaircit beaucoup d’écrits des
prophètes de l’Ancien Testament. Le prophète
Néphi 1 cite Ésaïe 48-49 (1 Né. 20-21)
et fait ensuite un commentaire clair sur les points principaux de ces
chapitres dans 1 Néphi 22, soulignant que les Néphites
sont un reste de l’Israël dispersé, qui serait par
la suite rassemblé avec l’aide des Gentils. Dans un
autre exemple, vers 148 av. J.-C., le prophète néphite
Abinadi identifie « l’homme de douleur »
d’Ésaïe 53 comme étant Jésus-Christ
(Mos. 15:2-5) et amplifie les commentaires d’Ésaïe
sur l’expiation du Messie (Mos. 14-15).
Le
Livre de Mormon illumine également le sermon sur la montagne
(Mt. 5-7). Dans un sermon semblable donné sur le continent
américain (3 Né. 12-14), Jésus ressuscité
dit : « Bénis sont les pauvres en esprit qui
viennent à moi » (3 Né. 12:3 ;
italiques ajoutés). Ces mots supplémentaires, plus le
contexte dans lequel le discours de Jésus est donné,
indiquent qu’on doit aller au Sauveur par le baptême et
par la justice pour recevoir les bénédictions promises
dans les béatitudes.
Les
Doctrine et Alliances proposent une interprétation sur
plusieurs points obscurs du livre de l’Apocalypse qui
concernent des événements des derniers jours, tels que
le rassemblement d’Israël et le fait qu’il va
recevoir les ordonnances de la prêtrise (D&A 77:8-9, 11).
On trouve spécialement dans Doctrine et Alliances 45 et 86 des
éclaircissements sur des passages bibliques traitant des
signes des derniers jours qui précéderont l’avènement
de Jésus. Tandis qu’il méditait sur 1 Pierre
3:18-20, le président Joseph F. Smith reçut une vision
de la rédemption des morts (maintenant D&A 138) qui
éclaircissait et étendait l’œuvre
rédemptrice du Sauveur au monde d’esprit après sa
crucifixion.
Le
prophète Joseph Smith a reçu beaucoup de révélations
modernes en réponse aux questions découlant de son
travail sur la traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS). Par
exemple, en méditant sur la résurrection pour la vie ou
la damnation mentionnée dans Jean 5:29, Joseph Smith et Sidney
Rigdon reçurent la révélation sur les degrés
de gloire dans la résurrection (D&A 76). Joseph Smith a
noté plusieurs cas où, tout en réfléchissant
à un passage d’Écriture (par exemple, Ja. 1:5,
une invitation à demander au Seigneur la sagesse), il a prié
et a reçu du Seigneur des Écritures supplémentaires
qui rendaient le premier plus de clair ou en confirmait la réalité
(JS–H 1:11-20). Pendant qu’il traduisait les plaques du
Livre de Mormon, Joseph Smith et Oliver Cowdery prièrent après
avoir lu un passage qui avait trait au baptême. En réponse
à cela, Jean-Baptiste vint avec de l’autorité et
des instructions sur le baptême (JS–H 1:68-72). Après
leur baptême, le prophète écrivit qu’ils
étaient remplis du Saint-Esprit : « Notre
esprit étant maintenant éclairé, nous
commençâmes à voir les Écritures se
dévoiler à notre entendement, et la véritable
signification et le sens des passages les plus mystérieux se
révéler à nous d'une manière à
laquelle nous n'avions jamais pu parvenir précédemment,
à laquelle nous n'avions même jamais pensé
auparavant » (JS–H 1:74).
Néphi
dit qu’il est essentiel d’avoir l’esprit de
prophétie pour saisir le sens correct des Écritures. Il
mentionne en particulier Ésaïe, « car, si les
paroles d'Ésaïe ne sont pas claires pour vous, néanmoins
elles sont claires pour tous ceux qui sont remplis de l'esprit de
prophétie » (2 Né. 25:4). Aux chapitres
25-30, Néphi donne une explication prophétique des
enseignements d’Ésaïe.
La
révélation moderne et les Écritures rétablies
offrent des interprétations indispensables de la Bible, aidant
les saints des derniers jours à la comprendre plus
complètement. Jésus réprimanda ceux qui avaient
emporté la « clef de la connaissance »
ou le moyen de comprendre les écrits bibliques (TJS Lu.
11:53), causant de ce fait la confusion dans l’interprétation
des Écritures. Le Seigneur a dit : « Parce que
vous avez une Bible, vous ne devez pas penser qu'elle contient toutes
mes paroles ; et vous ne devez pas non plus penser que je n'en
ai pas fait écrire davantage… Je parlerai aux Juifs, et
ils l'écriront ; et je parlerai aussi aux Néphites,
et ils l'écriront ; et je parlerai aussi aux autres
tribus de la maison d'Israël, que j'ai emmenées, et elles
l'écriront ; et je parlerai aussi à toutes les
nations de la terre, et elles l'écriront… et ma parole
sera aussi rassemblée en une seule » (2 Né
29:10, 12, 14 ; cf. Éz. 37:16-20). Les saints des
derniers jours interprètent la Bible à la lumière
de l’Écriture rétablie et de la révélation
moderne parce que celles-ci ont rétabli la clef perdue de la
connaissance.
Bibliographie
Gileadi,
Avraham. "Isaiah :
Four Latter-day Keys to an Ancient Book." Dans Isaiah and the
Prophets, dir. de publ. M. Nyman. Provo, Utah, 1984.
McConkie,
Bruce R. "The Bible, a Sealed Book." Dans Supplement to a
Symposium on the New Testament, Département d’Education
de l’Eglise, p. 1-7. Salt Lake City, 1984.
Rust, Richard
Dilworth. “’All Things Which Have Been Given of God…Are
the Typifying of Him’ : Typology in the Book of Mormon."
Dans Literature of Belief, dir. de publ. N. Lambert. Provo, Utah,
1981.
CATHERINE
THOMAS
Éducation :
Positionnement vis-à-vis de l'éducation
Auteur :
GARDNER, DAVID P.
Les
Articles de foi soulignent le rôle profond et fondamental que
joue la connaissance dans les enseignements de l’Église
de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours : « Nous
recherchons tout ce qui est vertueux ou aimable, tout ce qui mérite
l'approbation ou est digne de louange. » (13e A de F). À
propos de l’intérêt des saints pour les études
et l'éducation, M. Lynn Bennion a écrit : « Je
doute qu’il existe une organisation qui oriente plus
complètement son peuple vers une éducation de plus en
plus poussée que l'Église mormone. Le programme
éducatif de l'Église est aujourd'hui le prolongement
cohérent des théories promulguées par ses
fondateurs »(Bennion, p. 2).
Les idées et les pratiques de
l'Église sont
directement issues de certaines révélations reçues
par Joseph Smith, qui soulignent la nature éternelle de la
connaissance et le rôle vital que joue dans le développement
spirituel, moral et intellectuel de l'humanité. Par exemple:
« Il est impossible à un homme d'être sauvé
dans l'ignorance » (D&A 131:6 ) de sa nature et de son
rôle éternels. « La gloire de Dieu c’est
intelligence ou, en d'autres termes, la lumière et la vérité »
(D&A 93:36 ). « Quel que soit le principe
d'intelligence nous atteignions dans cette vie, il se lèvera
avec nous dans la résurrection. Et si, par sa diligence et son
obéissance, une personne acquiert dans cette vie plus de
connaissance et d'intelligence qu'un autre, elle en sera avantagée
d’autant dans le monde à venir » (D&A
130:18-19). « La connaissances sauve l’homme. Et
dans le monde des esprits, nul ne peut être exalté
autrement que par la connaissance » (EPJS, p. 289). Un
passage fréquemment cité du Livre de Mormon dit :
«Être instruit est une bonne chose si on écoute
les recommandations de Dieu » (2 Néphi 9:29). En
juin 1831, Joseph Smith reçut une révélation
concernant « le choix et la rédaction de livres
pour les écoles de l’Église » (D&A
55:4) et une autre le 27 décembre 1832, fixant les grandes
missions d'éducation dans l'Église :
« Et
je vous donne le commandement de vous enseigner les uns aux autres la
doctrine du royaume. Enseignez diligemment, et ma grâce vous
accompagnera, afin que vous soyez instruits plus parfaitement de la
théorie, des principes, de la doctrine, de la loi de
l'Évangile, de tout ce qui a trait au royaume de Dieu, qu'il
est opportun que vous compreniez ; des choses qui se trouvent
dans le ciel, sur la terre et sous la terre; des choses qui ont été,
des choses qui sont, des choses qui doivent arriver sous peu; des
choses qui se passent au pays, des choses qui se passent à
l'étranger; des guerres et des perplexités des nations,
et des jugements qui sont sur le pays; et aussi d'une connaissance
des pays et des royaumes, afin que vous soyez préparés
en tout »[D&A 88:77-80].
L'Église a été édifiée sur la
conviction que la progression éternelle dépend d’une
vie vertueuse et de la progression dans la connaissance religieuse et
laïque. « En effet, la nécessité
d’apprendre est probablement le thème le plus
fréquemment répété des révélations
modernes » (L. Arrington, «The Founding of the
L.D.S. Institutes of Religion », Dialogue 2, été
1967, p. 137).
Joseph Smith et bon nombre des
premiers pionniers mormons
étaient issus du milieu puritain de la Nouvelle-Angleterre,
avec sa vénération pour la connaissance et
l'instruction (Salisbury, p. 258). La perspective mormone suppose la
perfectibilité de l'homme et sa capacité d'évoluer
vers des niveaux moraux, spirituels et intellectuels toujours plus
élevés. En outre, dans cette philosophie, toutes les
espèces de connaissance sont utiles dans la tentative de
l'homme de se réaliser dans ce monde et dans l'au-delà.
« C'est l'application de la connaissance pour le bien-être
spirituel de l'homme qui constitue l'idéal mormon de
l'éducation » (Bennion, p. 125). C’est
pourquoi, les premiers dirigeants de l'Église ne voyaient
guère de points de discorde entre l'instruction laïque et
religieuse correcte. Vaste dans sa portée et spirituelle dans
son l'intention, la philosophie de l’éducation chez les
saints a tendance à fusionner le profane et le religieux,
parce que, dans le contexte mormon, les deux font partie d'une trame
unique sans raccord (Bennion, p. 120-123).
En 1833, Joseph Smith fonda la
première entreprise
éducative de l'Église, l'école des prophètes,
à Kirtland (Ohio). Cette école se consacrait à
l'étude de l'histoire, des sciences politiques, des langues
(dont l'hébreu), de la littérature et de la théologie.
Son but principal était de préparer les dirigeants de
l’Église à magnifier leur appel missionnaire
d’avertir tout le monde et de témoigner de l'Évangile
(D&A 88:80 -81). Elle donna aussi l'exemple d'études pour
adultes qui fut suivi « au Missouri, en Illinois et en
Utah, où les parents rejoignirent leurs enfants dans la
recherche de la connaissance » (Bennion, p. 10).
En 1840, Joseph Smith demanda
l'incorporation de la ville de
Nauvoo (Illinois) et avec elle l'autorité pour fonder une
université. La Charte de Nauvoo contenait l'autorité
pour « fonder et organiser un établissement
d'enseignement dans les limites de la ville pour l'enseignement des
arts, des sciences et des professions érudites, qui sera
appelé ‘Université de la ville de Nauvoo’ »
(cité dans Salisbury, p. 269).
La première année académique à
Nauvoo fut celle de 1841-42. L'université fut probablement
l’une des premières universités municipales des
États-Unis (Rich, p. 10). C'était, en tous cas, une
entreprise optimiste et ambitieuse. Le programme comprenait des
langues (allemand, français, latin, grec et hébreu),
des mathématiques, de la chimie et de la géologie, de
la littérature et de l’histoire, mais « les
éléments d’appréciation sont trop maigres
pour qu’on puisse en dégager le niveau de l’enseignement
dispensé. Il était probablement supérieur au
niveau secondaire moyen de l’époque. Le personnel
enseignant était d’un haut niveau et était en
effet un groupe plutôt remarquable pour une ville de la
frontière » (Bennion, p. 25).
Le meurtre de Joseph Smith en
1844 mit brutalement fin au rêve
de l'université de la ville de Nauvoo et déclencha le
difficile voyage vers le Grand Bassin. Malgré les difficultés,
l'éducation ne fut pas oubliée. Brigham Young demanda
aux saints d’emporter, dans leur émigration, « au
moins un exemplaire de chaque traité précieux sur
l'éducation – chaque livre, carte, schéma ou
diagramme qui peut contenir une matière intéressante,
utile et attrayante, pour attirer l'attention des enfants et les
amener à aimer apprendre à lire ; et aussi toutes
les variétés historiques, mathématiques,
philosophiques, géographiques, géologiques,
astronomiques, scientifiques, pratiques et tous les autres écrits,
cartes, etc., utiles et intéressants, à présenter
au greffier général de l’Église,
lorsqu'ils arriveront à leur destination, où l’on
peut glaner des sujets importants et intéressants pour
compiler les ouvrages les plus précieux sur toutes les
sciences et tous les sujets au profit de la génération
montante » [MS 10, 1848, p. 85].
La charte de l'université de
la ville de Nauvoo a servi
de base pour l'université de Deseret (maintenant l'université
d'Utah), créée en 1850 par Brigham Young à Salt
Lake City. « L’éducation » a-t-il
dit un jour au conseil d’administration de cette école,
« est le pouvoir de penser clairement, le pouvoir d'agir
correctement dans l’œuvre du monde et le pouvoir
d'apprécier la vie » (Bennion, p. 115). Il disait :
« Un bon enseignant est un des membres les plus essentiels
de la société » (JD 10:225).
En 1851, la législature
territoriale accorda une charte
prévoyant « la création et la réglementation
des écoles » (Bennion, p. 40), mais pendant
quelques années, la lutte pour la survie éclipsa les
efforts pour mettre en place un système officiel d'éducation.
Les premières écoles d'Utah furent privées,
payées par les parents ou par des étudiants adultes et
les cours se faisaient pendant la journée ou le soir selon les
besoins locaux, les intérêts et les ressources (Rich, p.
13, 17 et 18). La fréquentation augmentait et diminuait avec
les saisons et les exigences d'une société agricole
dans laquelle la main d’œuvre était rare et
précieuse. Les programmes variaient également et
dépendaient souvent des compétences ou des centres
d’intérêt de l'enseignant ; certaines écoles
proposaient les branches traditionnelles, d'autres des activités
plus pratiques telles que la menuiserie ou la maçonnerie.
L'existence de ces écoles de frontière était
toujours précaire et leur fonctionnement intermittent (Rich,
p. 18), mais elles témoignent de manière éloquente
et souvent émouvante du désir d’éducation
des pionniers mormons, parce qu’elles exigeaient le sacrifice
considérable d’un temps et de ressources limités.
La philosophie de l'éducation
de Brigham Young était
pratique et pragmatique, mais il n'était pas opposé,
comme on l'a parfois cru, à une éducation libérale ;
il estimait tout simplement qu’on y tenait trop dans
l'environnement éducatif de son époque (Bennion, p.
107). « L’éducation va-t-elle vous nourrir et
vous vêtir, vous garder au chaud par une froide journée
ou vous permettre de construire une maison ? Pas du tout.
Faut-il pour autant discréditer l’éduction ?
Non. À quoi sert-elle ? À nous cultiver, à
nous instruire de tous les arts et sciences, de l'histoire du monde,
des lois des nations, à nous permettre de comprendre les lois
et les principes de la vie et la façon dont nous pouvons être
utiles de notre vivant » (JD 14:83). Il croyait que « tous
les arts et toutes les sciences connus et étudiés par
les enfants des hommes sont inclus dans l'Évangile »
(JD 12:257).
La philosophie du président
Young en matière
d’éducation fut renforcée par Karl G. Maeser, un
pédagogue allemand qui devint membre de l'Église et
émigra en 1860 à Salt Lake City. En 1876, Brigham Young
nomma Maeser directeur de l'Académie Brigham Young à
Provo (voir Académies). « C’est cet éducateur
allemand qui fut en grande partie à l’origine du
mouvement des académies et de la direction que prit la
politique de l'Église en matière d'éducation »
(Bennion, p. 117). Sa conception de l'éducation était
marquée par la conviction que « la connaissance
doit être soutenue par des qualités morales
correspondantes. La formation de la personnalité dépend
de la nature de la formation morale qui accompagne la progression
intellectuelle » (Maeser, p. 43). Pour lui, la religion
était « le principe fondamental de l'éducation »
et en était « le moteur le plus efficace »
(Maeser, p. 56). School and Fireside, (1898), son traité
influent et largement diffusé, mettait clairement en évidence
le fait que les fonctions essentielles de l'éducation étaient
de préparer les gens pour la vie pratique dans la famille et
dans le pays et de leur inculquer les principes fondamentaux du
développement spirituel.
Dans les premiers temps des
pionniers, la plupart des écoles
du Territoire de l'Utah étaient des écoles de l'Église
et la religion faisait partie intégrante du programme des
cours. Avec la diversification croissante de la population de l'Utah
et l'adoption de la Loi Edmunds-Tucker en 1887, qui eut pour effet
d'interdire l'enseignement de la religion dans les écoles
publiques, l'Église chercha d’autres moyens d'assurer un
enseignement spirituel pour ses jeunes. Entre 1890 et 1929, l'Église
parraina des cours spéciaux de religion organisés dans
les églises de quartier pour les enfants du premier au
neuvième degré dans un mouvement qui fut « le
premier effort des mormons pour compléter (mais pas pour
remplacer) l’éducation laïque » ;
ce fut « la première expérience de
l'Amérique pour assurer une formation religieuse distincte en
semaine pour les enfants de l'école publique »
(Quinn, p. 379).
Cette entreprise déboucha sur
le département
d’éducation de l'Église, qui se compose de
plusieurs niveaux. Il y a tout d'abord le séminaire, un
programme d'éducation religieuse quotidienne donné dans
un bâtiment construit près de l'école pour le
neuvième au douzième degré, qui prévoit
l'étude du Livre de Mormon, de l’Ancien Testament, du
Nouveau Testament et de Doctrine et Alliances/Histoire de l’Église.
Deuxièmement, des instituts de religion avoisinant les campus
desservent les étudiants inscrits dans les programmes
postsecondaires en proposant des cours de religion, habituellement
organisés deux fois par semaine pour convenir aux horaires de
l’université. En troisième lieu, l'Église
parraine quatre établissements d'enseignement supérieur :
l’université Brigham Young à Provo, Utah,
l’université Brigham Young-Hawaii à Laie, Hawaii,
le Ricks College à Rexburg, Idaho, et le LDS business College
à Salt Lake City. En outre, au Mexique et dans le Pacifique,
l'Église gère sept écoles primaires, treize
facultés universitaires et neuf écoles secondaires qui
assurent une formation tant laïque que religieuse.
En 1988-1989, le département
d’éducation de
l'Église couvrait 90 pays ou territoires et desservait environ
250 000 étudiants de séminaire, 124 500 étudiants
d’institut, 37 600 étudiants dans les universités
et les collèges de l'Église et 9 300 étudiants
dans d'autres écoles de l'Église. Le département
emploie plus de 4 100 employés à temps plein et à
temps partiel en plus des 15 000 membres qui sont appelés à
enseigner dans les programmes de séminaire et d'institut.
En somme, l'attitude de
l'Église vis-à-vis de
l’éducation est spéciale à plusieurs
égards. Tout d'abord, l'Église se distingue par le
degré auquel ses membres, les adultes aussi bien que les
enfants, participent aux nombreuses activités éducatives
de l'Église : « Notre peuple croit en
l'éducation : l’acquisition de connaissances et la
culture de l'esprit. L'Église elle-même est en fait une
institution éducative. Par tradition, nous sommes un peuple
épris d'éducation » (Widtsoe, 1944, p. 666).
Deuxièmement, elle considère l'éducation comme
une composante essentielle de la vie religieuse : « Toute
vie est centrée sur certaines idées fondamentales... Le
fait que [Dieu] a promis d’autres révélations est
pour moi une invitation à garder l’esprit ouvert et à
être prêt à suivre partout où ma recherche
de la vérité peut me conduire » (Brown,
1969, p. 11). En troisième lieu, elle entretient la conviction
profonde que la connaissance a une dimension éternelle parce
qu’elle fait avancer le libre arbitre et la progression de
l'homme ici-bas et dans le monde à venir : « La
science créatrice et la religion révélée
trouvent leur expression la plus complète et la plus vraie
dans un climat de liberté... N’ayez pas peur des idées
nouvelles, car elles sont comme un tremplin vers le progrès.
Vous devez, bien sûr, respecter les opinions des autres mais
n’ayez pas peur de marquer votre désaccord – si
vous êtes informé » (Brown, 1958, p. 2-3).
Quatrièmement, elle insiste sur le fait que l’instruction
laïque et l’instruction spirituelle ne s’opposent
pas mais s’accordent entre elles : les saints des derniers
jours ne mettent pas l'accent sur « l'éducation
spirituelle de l'homme au détriment de son éducation
intellectuelle et physique... Il ne s’agit pas d’estimer
moins l'éducation intellectuelle et physique, mais d’estimer
davantage l'éducation spirituelle » (Roberts, p.
122-123). « La connaissance profane doit être
désirée » comme un outil entre les mains des
justes, mais « la connaissance spirituelle est une
nécessité » (S. Kimball, Faith Precedes the
Miracle, p. 280).
Bibliographie
Bennion ; Milton Lynn.
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Brown, Hugh B. “An
Eternal Quest – Freedom of the Mind”. BYU Speeches of the
Year, 13 mai 1969.
Brown, Hugh B. “What Is Man and
What He
May Become”, BYU Speeches of the Year, 25 mars 1958.
Clark,
J. Reuben, Jr. “The Charted Course of the Church in Education”.
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Clark, Marden J. « On the
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Commitment to Education. Dialogue 7, hiver 1972, p. 11-19.
Gardner,
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Century Address”. BYU Studies, été 1976, p.
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Maeser, Karl G. School and
Fireside. Utah, 1898.
Nibley,
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Quinn, D.
Michael. « Utah’s Educational Innovation : LDS
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Rich, Wendell O. Distinctive
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the Restoration, p. 7-34, 161-188. Salt Lake City, 1962.
Roberts,
B. H. « The Mormon Point of View in Education ».
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Salisbury, H. S. “History
of Education in the Church of Jesus Christ of Latter Day Saints”.
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Widtsoe, John A. “The Returning
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Young Brigham,
Discourses of Brigham Young, comp. John A. Widtsoe, p. 245-263. Salt
Lake City, 1968.
DAVID P. GARDNER
Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours
Auteur :
PORTER, BRUCE DOUGLAS
Église de
Jésus-Christ
des saints des derniers jours est le nom officiel de l’Église
fondée, le 6 avril 1830, à Fayette (New York), sous la
direction du prophète Joseph Smith. On l’appelle
communément Église mormone à cause de sa
croyance au Livre de Mormon et les membres sont souvent appelés
mormons ou saints des derniers jours. Créée
officiellement, à l’origine, avec six membres, l’Église
a grandi pour devenir une organisation internationale qui compte des
millions de membres dans beaucoup de pays du monde.
De
1830 à 1838, les membres de l’Église l’appelaient
« Église des saints des derniers jours »
ou « Église du Christ ». Le 26 avril
1838, le titre officiel de l’Église a été
donné par révélation : « Car
c’est là le nom que portera mon Église dans les
derniers jours, c’est-à-dire l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours » (D&A
115:4).
Chaque
partie de ce nom est importante. « Église de
Jésus-Christ » indique que Jésus-Christ se
tient à la tête de l’Église et que son
Évangile, ses enseignements et son autorité divine
constituent les fondements de l’Église. Le terme
« saints » a le même sens que le mot
utilisé dans le Nouveau Testament pour désigner un
membre du groupe de l’alliance (Ac. 9:13, 32, 41 ; Ro.
1:7 ; Phil. 1:1 ; voir saints des derniers jours). Il n’a
rien à voir avec le sens que lui donnent les traditions
catholique ou orthodoxe. Le terme « des derniers jours »
indique que l’Église a été rétablie
dans la dernière ère de l’histoire humaine
précédant l’avènement du Christ et
distingue également l’Église actuelle de
l’organisation « des premiers jours »
fondée par le Christ pendant son ministère terrestre en
Palestine. L’Église de Jésus-Christ des saints
des derniers jours est un rétablissement divin de l’Église
originelle de Jésus-Christ et la gardienne désignée
de sa doctrine, de son autorité et de sa mission divine (voir
Organisation : Organisation contemporaine).
L’Église
est le royaume de Dieu sur la terre, une institution divinement créée
par laquelle Dieu accomplit ses buts concernant le salut de ses
enfants. Pour le président Spencer W. Kimball, l’Église
a trois objectifs principaux pour aider les gens à aller au
Christ, des objectifs parfois appelés sa triple mission. La
première est de proclamer l’Évangile à
toute l’humanité. L’Église le fait grâce
à une grande armée de missionnaires, ainsi que par les
efforts de ses membres. La deuxième est de perfectionner les
saints, ce qui veut dire leur enseigner l’Évangile du
Christ, administrer les ordonnances essentielles du salut et les
aider dans un processus de repentir, de service et de préparation
pour la vie éternelle, qui durera toute une vie. La troisième
mission de l’Église est de racheter les morts,
permettant à des générations de défunts,
qui n’ont eu aucune occasion d’accepter l’Évangile
dans la condition mortelle, de recevoir les vérités et
les ordonnances du salut. Cette œuvre se fait grâce à
des ordonnances accomplies par procuration dans les temples de
l’Église. Pour ce faire, l’Église invite
ses membres à faire leur histoire familiale. Plus tard, les
présidents de l’Église pourront modifier ces
missions ou y ajouter selon les directives ou l’inspiration du
Seigneur.
L’Église
est également une société de croyants qui crée
un cadre permettant un effort coopératif, un soutien mutuel et
une aide temporelle quand c’est nécessaire. Les liens de
l’amour entre les saints sont une condition essentielle à
l’accomplissement des buts de l’Église et sont
identifiés dans les Écritures comme étant un
signe de la véritable Église de Dieu (Jn. 13:35 ;
voir Signes de la véritable Église). Les saints des
derniers jours se considèrent comme le « peuple de
l’alliance » du Seigneur, héritiers de
l’alliance antique entre Dieu et Abraham et, par naissance ou
adoption, membres de la maison d’Israël. L’Église
est l’instrument par lequel Dieu rassemble les tribus
dispersées d’Israël dans les derniers jours selon
ses promesses à Abraham et à d’autres prophètes
bibliques.
L’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours se distingue de
plusieurs manières fondamentales des autres Églises
chrétiennes. La plupart de ces différences proviennent
de la croyance essentielle de l’Église en la révélation
continue. Ainsi, les saints des derniers jours acceptent la sainte
Bible comme étant la parole de Dieu et ils acceptent aussi le
Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix
comme Écritures et comme ouvrages canoniques. Ils acceptent
l’appel des prophètes et des apôtres modernes, en
de Joseph Smith à nos jours. La doctrine des saints concernant
la nature de la Divinité, le plan du salut, la réalité
de l’autorité dans la prêtrise et l’interprétation
des prophéties scripturaires diffère également à
divers égards de celle des branches catholique, orthodoxe ou
protestante du christianisme. Les saints des derniers jours mettent
l’accent sur la liberté et la tolérance
religieuses. L’Église ne participe pas aux activités
œcuméniques officielles ; elle tient cependant à
coopérer avec d’autres organismes religieux, civils et
éducatifs à l’avancement d’objectifs
éthiques et sociaux communs (voir Relations
interconfessionnelles).
L’Église
est gouvernée par l’autorité de la prêtrise.
Le terme « prêtrise », chez les saints
des derniers jours, désigne non seulement l’ensemble des
hommes qui détiennent des postes ecclésiastiques dans
l’Église, mais également l’autorité
ou le pouvoir proprement dit qui leur a été donné
par ordination à la prêtrise. Il y a deux divisions dans
la prêtrise, une Prêtrise d’Aaron, et une prêtrise
supérieure ou Prêtrise de Melchisédek. Tous les
membres masculins dignes de l’Église à partir de
douze ans sont ordonnés à la prêtrise, détenant
normalement, de douze à dix-huit ans, des offices dans la
Prêtrise d’Aaron et ensuite des offices dans la Prêtrise
de Melchisédek. Les offices de la Prêtrise d’Aaron
sont : diacre, instructeur, prêtre et évêque.
Les offices de la Prêtrise de Melchisédek sont ancien,
grand prêtre, patriarche, soixante-dix et apôtre.
L’Église
se considère comme organisée selon le modèle de
base de l’Église du Christ du premier siècle et
conformément à une série de révélations
données à Joseph Smith (D&A 20 et 107 ; 6e A
de F). Les présidents successifs de l’Église ont
affiné l’organisation pour répondre aux besoins
et aux exigences d’une organisation internationale en expansion
mais n’ont pas changé la structure fondamentale de
l’Église telle qu’organisée à
l’origine. L’Église est sous la direction d’un
président, qui a généralement deux conseillers ;
à eux trois, ils constituent la Première Présidence
de l’Église.
Le
deuxième groupe dirigeant, le Collège des douze
apôtres, se compose de douze hommes appelés à
être les « témoins spéciaux du nom du
Christ dans le monde entier » (D&A 107:23). Le Collège
des Douze détient collectivement, de manière latente,
la même autorité de prêtrise que le président
de l’Église et, en cas de décès de
celui-ci, est le corps constitué qui gouverne l’Église
et installe un nouveau président. Les membres de la Première
Présidence et du Collège des douze apôtres sont
considérés et soutenus par la voix des saints des
derniers jours comme prophètes, voyants et révélateurs,
recevant la révélation directe de Jésus-Christ.
Ces frères sont aidés par les membres des collèges
des soixante-dix et par l’Épiscopat Président.
Les
collèges des soixante-dix, chacun composé d’un
nombre d’hommes pouvant aller jusqu’à
soixante-dix, ont la responsabilité spéciale de l’œuvre
missionnaire et dirigent également les activités de
l’Église dans des régions géographiques
sous la direction des Douze. L’Épiscopat Président
est responsable des affaires temporelles de l’Église,
notamment les finances, les registres et les bâtiments et de la
gestion du programme du service d’entraide de l’Église.
Tous ces hommes sont considérés par les saints des
derniers jours comme Autorités générales parce
que leur autorité s’étend sur l’Église
entière. Le siège social et les bureaux administratifs
centraux de l’Église sont situés à Salt
Lake City (Utah).
Le
président de l’Église reçoit la révélation
de Dieu qui a trait à toute l’Église, mais tous
les dirigeants et membres ont droit à l’inspiration dans
le domaine dont ils sont responsables et concernant leur vie
personnelle. Ce principe de la révélation contribue à
susciter l’unité et un but commun dans l’Église
et en fait comme un organisme vivant, le « corps du
Christ » (1 Co. 12:12-28 ; Col. 1:18).
Les
Autorités générales président l’Église
dans le monde entier, supervisant ceux qui administrent les unités
géographiques appelées paroisses, pieux, régions
et interrégions. Un pieu est un groupe de paroisses, une
région est un groupe de pieux et une interrégion est un
groupe de régions. Une paroisse est une assemblée de
saints comptant habituellement de deux cents à six cents
membres. Les paroisses sont habituellement organisées selon
des frontières géographiques et tous les membres vivant
dans ces limites appartiennent à la même paroisse. Une
paroisse est dirigée par un évêque qui remplit
habituellement cette fonction pendant cinq ans environ et est appelé
d’entre les membres de l’assemblée ; sous la
direction de l’évêque, les offices dans la
paroisse sont normalement confiés aux membres de celle-ci. Un
ensemble de paroisses, habituellement pas plus de dix, constitue un
pieu, dirigé par un président de pieu, également
appelé d’entre les membres du pieu. Le terme « pieu »
a été donné par révélation (D&A
101:21) et est lié à la terminologie de l’Ancien
Testament désignant Sion comme une grande tente maintenue par
des cordes et des pieux ou des piquets (És. 33:20 ;
54:2). Dans les régions où la population de l’Église
est trop petite pour que des paroisses et des pieux soient organisés,
elle est administrée par des missions, des districts et des
branches. Bien que la fonction principale des missions soit de
proclamer l’Évangile, dans certaines régions du
monde, elles administrent également de plus petites unités
de l’Église appelées districts, qui se composent
de branches habituellement constituées de moins de deux cents
membres. Il peut également y avoir des branches dans les pieux
si les unités sont trop petites pour constituer une paroisse.
Dans
les paroisses et les branches de l’Église, il y a des
organisations auxiliaires spécialisées dont le but est
de répondre aux besoins spécifiques des groupes au sein
de l’Église. Elles fournissent un appui important aux
collèges de la prêtrise. La plus grande d’entre
elles est la Société de secours, l’organisation
des femmes créée en 1842 sous la direction du prophète
Joseph Smith. Elle assure l’enrichissement culturel, social et
spirituel des femmes de l’Église et rend également
des services compatissants aux familles dans le besoin, d’où
le nom Société de secours.
Les
autres auxiliaires de l’Église sont la Primaire,
responsable de l’enseignement des enfants de moins de douze
ans, l’organisation des Jeunes Gens, pour les garçons de
douze à dix-huit ans, l’organisation des Jeunes Filles
pour les filles du même groupe d’âge et
l’organisation de l’École du Dimanche, qui gère
l’enseignement dominical de la doctrine de l’Évangile
aux jeunes et aux adultes.
Les
officiers et les instructeurs locaux de l’Église ne
reçoivent aucune rémunération. Aucune formation
officielle n’est exigée pour détenir des postes
dans l’Église et il n’y a aucune espèce de
carrière sacerdotale (voir Participation et direction
laïques). Une personne reçoit un appel, une invitation
officielle, à remplir un poste déterminé par les
autorités de l’Église responsables de l’unité
de l’Église concernée ; ces appels se font
sous l’inspiration divine.
Des
offices religieux réguliers ont lieu dans chaque paroisse. Les
membres de la paroisse se réunissent chaque dimanche pour un
service général de culte appelé réunion
de Sainte-Cène. La Sainte-Cène est bénie et
distribuée, les affaires de paroisse sont traitées, on
chante des cantiques et des membres de l’assemblée font
des discours inspirants sur des sujets d’Évangile. Les
membres se réunissent aussi chaque dimanche en groupes plus
restreints de prêtrise ou d’organisations auxiliaires. En
tout, les réunions officielles du dimanche peuvent durer
jusqu’à trois heures. Les communautés de saints
des derniers jours participent à tout un mode de vie et une
famille typique est susceptible de passer plusieurs heures chaque
semaine à des activités, des réunions et du
service en rapport avec l’Église (voir Réunions
principales de l’Église). Les conférences
régulières de paroisse, de pieu, de région,
d’interrégion et générales assurent la
continuité et l’intégration dans l’ensemble
de la communauté de l’Église.
Les
saints des derniers jours considèrent la famille comme l’unité
de base de l’Église et de la société et
mettent l’accent sur la sainteté du mariage et
l’importance des liens familiaux. Les mormons croient que le
mariage et les relations familiales peuvent continuer au-delà
de cette vie dans les éternités, que les hommes et les
femmes sont égaux aux yeux de Dieu et que les bénédictions
de l’Évangile tournent autour de la famille.
Dans
le passé, les observateurs ont pu considérer l’Église
comme étant essentiellement un phénomène propre
à l’Ouest des États-Unis ou du moins comme une
église américaine. Cependant, en 1990, presque quarante
pour cent des membres vivaient en dehors des États-Unis. La
croissance internationale de l’Église a été
rapide depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale,
particulièrement en Amérique latine, dans le Pacifique
sud, en Australie et dans des régions de l’Asie et de
l’Afrique. Cette croissance a sans doute été le
plus grand défi que l’Église a dû relever
ces dernières décennies. À la fin de 1990,
presque 50.000 membres faisaient une mission d’un à
trois ans, la majorité d’entre eux en dehors des
États-Unis. Ce corps de missionnaires, devenu expert dans
beaucoup de langues, donne une dimension cosmopolite à
l’Église contemporaine.
Parlant
au prophète Joseph Smith, le Seigneur a décrit l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours comme « la
seule Église vraie et vivante sur toute la surface de la terre
et en laquelle moi, le Seigneur, je me complais » (D&A
1:30).
BRUCE DOUGLAS
PORTER
Église
et État
Auteur :
Durham, W. Cole
Les saints des derniers jours croient
que la séparation de l'Église et de l'État est
essentielle dans les sociétés modernes avant l’arrivée
du millénium. Les Écritures modernes enseignent que les
lois civiles ne doivent pas s’ingérer dans les pratiques
religieuses et que les institutions religieuses ne doivent pas
manipuler les gouvernements à leur profit. De nombreux
enseignements chez les saints mettent l'accent sur le rôle des
gouvernements dans la protection de la liberté de conscience
individuelle. L'Église est active dans des pays ayant
différents types de gouvernement et encourage ses membres à
participer à la vie publique et à respecter les lois du
pays (voir Devoirs civiques). Les pratiques des saints avaient
tendance à être plus intégrationnistes et plus
théocratiques dans les premiers temps d’isolation en
Utah et sont devenues plus séparatistes au vingtième
siècle.
Le discours au
sein de l'Église sur les questions
relatives à l'Église et l'État se situe au moins
à deux niveaux : (1) dans les discussions sur les
relations Église-État historiques et contemporaines et
(2) dans les discussions sur les paramètres idéaux,
tels qu'ils existeront au millénium, quand « le
Christ régnera personnellement sur la terre » (10e
art. de foi) ou dans le Royaume céleste.
Les principes
du libre arbitre et de la liberté de
conscience, qui sont fondamentaux dans la relation Église-État,
s’appliquent aux deux plans du discours. Cependant, les
implications institutionnelles de ces principes sont différentes
dans les deux contextes. Dans le monde actuel, où les croyants
sont soumis aux imperfections du gouvernement humain, la séparation
de l'Église et de l'État est indispensable à la
protection de la liberté religieuse. En revanche, sur le plan
idéal, les saints des derniers jours s’attendent à
des institutions théocratiques plus intégrées ou
à ce que Joseph Smith a appelé des institutions
« théodémocratiques » (T & S
5, 15 avril 1844, p. 510), tant à cause de la légitimité
inhérente du règne divin que parce que ceux qui
participeront aux sociétés millénaires ou
célestes accepteront volontiers ce genre de gouvernement.
Néanmoins, les prophètes mormons ont toujours enseigné
que même dans la société millénaire la
liberté de conscience sera respectée. Par exemple,
Brigham Young a déclaré : « Au cours du
Millénium les hommes auront droit à leur propre
croyance » (JD 12:274; cf. DS 3:63-64). L'Église ne
préconise pas la théocratie pour le monde
prémillénaire. Elle dit à ses membres d’être
« soumis aux pouvoirs qui existent jusqu'à ce que
règne celui dont c’est le droit de régner"
(D&A 58:22), c'est-à-dire, jusqu'à ce que le Christ
vienne.
Entre-temps,
plusieurs principes sont d'application. Comme nous
le disions plus haut, l'idée fondamentale est que les êtres
humains ont le libre arbitre et un certain nombre de droits humains
inhérents, notamment « la liberté de
conscience » (D&A 134:2). L'Église déclare :
« Nous croyons que la religion est instituée par
Dieu, et que les hommes sont responsables… devant lui seul, de
l'exercice de leur religion, à moins que leurs opinions
religieuses ne les portent à empiéter sur les droits et
les libertés d'autrui … que les magistrats civils
doivent réprimer le crime, mais ne doivent jamais contraindre
la conscience ; punir les délits, mais ne jamais
supprimer la liberté de l'âme » (D&A
134:4). Cette reconnaissance de la liberté de conscience
inclut une volonté de tolérance, comme le souligne le
onzième article de foi de l'Église : « Nous
affirmons avoir le droit d'adorer le Dieu Tout-Puissant selon les
inspirations de notre conscience et reconnaissons le même droit
à tous les hommes: qu'ils adorent comme ils veulent, où
ils veulent ou ce qu'ils veulent. »
Un corollaire
de la liberté de conscience, c'est que les
lois humaines n'ont pas le droit « de s'immiscer en
prescrivant des règles de culte pour enchaîner la
conscience des hommes, ni de dicter des formes de dévotion
publique ou privée » (D&A 134:4). Ce principe
de non-ingérence de l'État dans les affaires
religieuses implique qu’il proscrit non seulement toute
atteinte à la pratique individuelle, mais aussi toute atteinte
à l'autonomie de l'Église en tant qu’institution
poursuivant sa mission religieuse. La position de l'Église à
cet égard a reçu l’aval de la Cour suprême
des États-Unis dans Corporation de l'évêque
président de l'Église de Jésus-Christ des Saints
des Derniers Jours et al. c. Amos et al. (483 US 327, 1987) et est
conforme à la conception internationale de la liberté
religieuse (par exemple, le Principe 16 du Document de clôture
de la réunion de Vienne de la Conférence sur la
sécurité et la coopération en Europe, 1989).
Conformément à cette position, l'Église croit
qu’elle doit conserver une indépendance stricte pour
elle-même et pour les institutions qui lui sont affiliées,
comme les écoles et les universités gérées
par elle, et par conséquent n'accepte aucune aide ou
subvention directe provenant de sources gouvernementales à
cause de l'ingérence réelle ou potentielle dans la
gestion que cela pourrait entraîner.
L'Église tient
également à la séparation
de l'Église et de l'État du point de vue religieux.
«Nous ne croyons pas qu'il soit juste de mêler
l'influence religieuse au gouvernement civil, de sorte qu'une
organisation religieuse est favorisée et qu'une autre se voit
entravée dans ses droits spirituels et que ses membres se
voient dénier personnellement leurs droits de citoyens. »
(D&A 134:9). Cela ne signifie pas que l'Église ne peut pas
prendre position sur des questions morales ou autres lorsqu’elle
est motivée religieusement à le faire ou que des
valeurs religieuses risquent d’être mises à
l’écart de la vie publique ; cela ne signifie pas
non plus que l'Église ne peut pas avoir une influence
indirecte sur l'État suite aux efforts qu’elle fait pour
enseigner des principes religieux et pour apporter une contribution
positive dans la vie de ses membres. Ce que cela veut dire, c’est
qu'il ne convient pas qu’une organisation religieuse manipule
les rouages du pouvoir civil pour s’assurer des avantages pour
elle-même ou des inconvénients pour les autres.
L'Église ne se
considère pas comme une
organisation de ce monde. Elle utilise les structures juridiques,
telles que les sociétés ou autres organisations qui
sont à sa disposition dans divers pays pour régler ses
affaires temporelles et elle se conforme à toutes les
exigences légales que cela implique, mais son autorité
spirituelle ne dépend d’aucune institution profane. Les
saints des derniers jours croient que leur Église est établie
et guidée par Dieu par l’intermédiaire d’un
prophète et d’apôtres qui détiennent les
clés et l'autorité de la prêtrise requises pour
enseigner les vérités de l'Évangile et pour
officier dans les ordonnances nécessaires au salut et à
l'exaltation.
L'Église
enseigne l'importance du gouvernement et
encourage ses membres à respecter la loi du pays où ils
vivent. Les lois et les gouvernements humains sont certes imparfaits,
mais ils jouent un rôle important en ce qu’ils préservent
l’ordre et qu’ils assurent un contexte stable au sein
duquel les individus peuvent chercher la vérité et
s'efforcer de vivre selon ce que leur dicte leur conscience. Les
autorités gouvernementales sont responsables devant Dieu «de
leurs actes… tant pour la promulgation de lois que pour leur
application pour le bien et la sécurité de la société »
(D&A 134:1; cf. 124:49-50).
L’application
dans l'histoire des principes qui précèdent
a connu plusieurs phases. Dans la phase la plus ancienne, l'Église
était essentiellement un petit groupe religieux persécuté
cherchant la liberté religieuse et un endroit pour
s'installer, tout d'abord dans l'ouest de l’état de New
York, puis en Ohio, au Missouri et en Illinois. Pendant une grande
partie de cette période, l'Église s'est fortement
appuyée sur sa propre organisation pour gérer sa
structure sociale. La Charte de Nauvoo a permis certains
chevauchements entre l’Église et l’État.
Vers la fin de la période de Nauvoo, Joseph Smith organisa le
Conseil des cinquante, qui devait fournir un cadre potentiel au sein
duquel le règne millénaire de Christ pourrait être
organisé.
Pendant
l'exode de Nauvoo jusqu’au Grand Bassin, qui eut
lieu au milieu du XIXe siècle, l’organisation sociale,
politique et économique fut gérée par l'Église,
puisqu’il n’existait aucune autre organisation efficace.
Les dirigeants de l'Église travaillèrent à la
création d’institutions gouvernementales distinctes,
d'abord sous la forme d'un État de Deseret, puis dans le
Territoire d'Utah et à la poursuite des efforts pour que
l'Utah obtienne le statut d’État. Cependant, durant une
grande partie du XIXe siècle, le gouvernement fédéral
en particulier se révéla être une force hostile
plutôt qu'une force neutre dans la collectivité. Cela
renforça la tendance dans l'Église à gérer
la société par ses propres moyens. Le rêve
d’édifier Sion contribua aussi à la tendance à
passer par l'Église.
Lorsque le
manifeste mit officiellement fin au mariage plural en
1890 et que l’Utah fut devenu un État en 1896, les
tensions entre l'Église et les institutions de l'État
se tassèrent progressivement et la confiance réciproque
grandit. C’est pourquoi, au cours du XXe siècle,
l'Église a poursuivi plus systématiquement une
politique de séparation et a été libre de mettre
l’accent sur sa mission essentiellement spirituelle. Elle
existe maintenant dans plus de cent pays et cette
internationalisation a encore renforcé l'idée que la
mission essentielle de l'Église peut s’accomplir dans un
large éventail de systèmes juridiques et politiques
tant qu'il y a une séparation suffisante de l'Église et
de l'État pour protéger efficacement la liberté
religieuse. Les enseignements de l'Église renforcent chez ses
membres une constellation de valeurs que la plupart des gouvernements
considèrent comme bienvenues : la stabilité
familiale, l’honnêteté, le travail, le refus de la
drogue, la loyauté envers le pays et l'obéissance à
la loi. Il en résulte que, si l'Église contribue au
pluralisme religieux partout où elle se trouve, elle contribue
simultanément à la stabilité sociale et à
l'amélioration de diverses sociétés. [Voir aussi
Devoirs civiques ; Lois constitutionnelles ; Histoire
juridique et judiciaire de l'Eglise ; Politique : histoire
politique ; Politique : enseignements politiques.]
Bibliographie
Firmage, Edwin
Brown et Richard Collin
Mangrum. Zion in the Courts: A Legal History of the Church of Jesus
Christ of Latter-day Saints, 1830 -1900. Urbana, Ill., 1988.
Jensen,
Therald N. "Mormon Theory of Church and State." thèse
de doctorat, Université de Chicago, 1938.
Mangrum,
Richard
Collin. "Mormonism, Philosophical Liberalism, and the
Constitution." BYU Studies 27, été 1987, p.
119-137.
Melville, J.
Keith. "Theory and Practice of Church
and State During the Brigham Young Era." BYU Studies 3, automne
1960, p. 33-55.
Taylor, John.
The Government of God. Liverpool,
1852.
W. COLE DURHAM,
JR.
Élie
[À
cause du rôle qu’il doit jouer selon la prophétie
(Mal. 4:5-6), Élie est devenu un sujet de traditions et de
légendes comme l’explique l’article Élie :
Sources antiques. De plus, comme l’exprimé l’article
Élie : Sources de l’Église, les
enseignements modernes éclairent le rôle actuel d’Élie
aussi bien que l’accomplissement de l’attente prophétique
qui lui est associée.]
Élie :
Sources de l’Église
Auteur :
DAY, FRANKLIN D.
Lors
d’une manifestation divine accordée le soir du 21
septembre 1823 au jeune Joseph Smith, l’ange Moroni cita
Malachie 4:5-6, une prophétie qui concerne les activités
d’Élie dans les derniers jours. La version de Moroni,
qui diffère du texte biblique actuel, décrit et
éclaircit le rôle prophétisé d’Élie :
« Voici,
je vous révélerai la Prêtrise par la main d'Élie,
le prophète, avant que le jour de l'Éternel arrive, ce
jour grand et redoutable. Et il implantera dans le cœur des
enfants les promesses faites aux pères, et le cœur des
enfants se tournera vers leurs pères ; s'il n'en était
pas ainsi, la terre serait entièrement dévastée
à sa venue » [JS–H 1:38-39 ; D&A 2].
La
prophétie de Malachie prévoyait qu’Élie
jouerait un rôle important « avant que le jour de
l'Éternel arrive, ce jour grand et redoutable »
(Mal. 4:5). Élie était doté du pouvoir de la
prêtrise de Dieu. Avec ce pouvoir, il déclara au roi
Achab qu’aucune pluie ne tomberait sur la terre (1 R. 17:1). En
conséquence, les cieux furent scellés et l’Israël
antique connut, pendant trois ans et demi, une période de
sécheresse désastreuse. Quand Élie fut enlevé
au ciel sur un char de feu, sa mission terrestre semblait terminée.
Mais le pouvoir de scellement qu’il exerçait ne faisait
que marquer le commencement de sa responsabilité concernant ce
pouvoir éternel de la prêtrise.
À
la fin de sa vie terrestre, Élie fut enlevé,
c’est-à-dire qu’il connut une sorte de changement
par rapport à la condition mortelle sans passer par la mort
(voir Êtres enlevés). Les saints des derniers jours
concluent qu’une raison importante de l’enlèvement
d’Élie était de lui permettre de revenir sur
terre pour conférer des clefs d’autorité aux
trois principaux apôtres avant la crucifixion et la
résurrection de Jésus (voir Montagne de la
Transfiguration). Puisque les esprits ne peuvent pas imposer les
mains aux mortels (D&A 129) et puisque Moïse et Élie
ne pouvaient pas revenir comme êtres ressuscités parce
que Jésus devait être le premier à ressusciter
(Packer, p. 109 ; cf. EPJS, p. 153), la nécessité
de l’enlèvement d’Élie et de Moïse est
évidente. Sur la montagne de la Transfiguration (Mt. 17:1-9),
Élie rétablit spécifiquement les clefs de
prêtrise du scellement, le pouvoir qui lie et valide dans les
cieux toutes les ordonnances accomplies sur la terre (cf. EPJS, p.
273).
Le
3 avril 1836, dans une vision donnée à Joseph Smith et
à Oliver Cowdery dans le temple récemment terminé
de Kirtland, Élie apparut et annonça que le moment
était venu où la prophétie de Malachie devait
s’accomplir. Il conféra les clefs de scellement de la
prêtrise à Joseph Smith et à Oliver Cowdery (D&A
110:13-16). Ce rétablissement était nécessaire
pour que les ordonnances de scellement et les alliances de Dieu
puissent être administrées en justice sur la terre (DS
2:116). Joseph Smith expliqua :
« L’esprit,
le pouvoir et l’appel d’Élie c’est que vous
avez le pouvoir de détenir les clefs des révélations,
des ordonnances, des oracles, des pouvoirs et des dotations de la
plénitude de la Prêtrise de Melchisédek et du
royaume de Dieu sur la terre et de recevoir, d’obtenir et
d’accomplir toutes les ordonnances appartenant au royaume de
Dieu… Ce que vous scellez sur la terre, par les clefs d’Élie,
est scellé au ciel ; et c’est là le pouvoir
d’Élie » [EPJS, p. 273].
Par
le pouvoir de scellement de la prêtrise, hommes et femmes
peuvent être scellés l’un à l’autre
dans le mariage pour toute l’éternité dans un des
temples de Dieu. En outre, les enfants peuvent être scellés
pour toujours à leurs parents. Ainsi l’organisation
familiale continue éternellement (Sperry, p. 139).
Parce
que beaucoup sont morts sans la connaissance des principes de
l’Évangile ni l’occasion de recevoir les
ordonnances de la prêtrise, la mission moderne d’Élie
permet de faire accomplir ces ordonnances de scellement par
procuration sur la terre pour ceux qui sont morts, donnant ainsi à
tous la possibilité d’être sauvés (cf. DS
2:117-118). Le prophète Joseph Smith a proposé
l’explication suivante :
« L’esprit
d’Élie doit venir, l’Évangile doit être
rétabli… et les saints monter comme sauveurs sur le
mont de Sion. Mais comment vont-ils devenir sauveurs sur le mont de
Sion ? En construisant leurs temples, en érigeant leurs
fonts baptismaux et en s’avançant et en recevant toutes
les ordonnances, les baptêmes, les confirmations, les
ablutions, les onctions, les ordinations et les pouvoirs de
scellement sur leur tête en faveur de tous leurs ancêtres
qui sont morts, et en les rachetant… et c’est en cela
que se trouve la chaîne qui lie le cœur des pères
aux enfants et les enfants aux pères, ce qui accomplit la
mission d’Élie » [EPJS, p. 267].
Quand
ils parlent de l’esprit d’Élie (voir Élie,
Esprit d’), les saints des derniers jours veulent dire au moins
deux choses. D’abord, la promesse du salut faite aux pères
a été renouvelée à l’Église
moderne (JS–H 1:38-39 ; D&A 27:9-10). En second lieu,
le cœur des hommes et des femmes s’est considérablement
tourné vers leurs pères comme le prouve l’augmentation
spectaculaire du nombre de sociétés et de bibliothèques
généalogiques, ainsi que d’organisations de
recherche généalogique ou d’histoire familiale
diverses dans une grande partie du monde. L’esprit d’Élie
a motivé des milliers de personnes à faire des
investissements considérables en argent et en temps pour
découvrir les documents des ancêtres de leur famille et
pour réunir ces documents pour former une histoire familiale
(DS 2:122-126 ; voir Généalogie, Histoire
familiale). En plus des nombreux centres d’histoire familiale,
l’Église a construit beaucoup de temples où les
ordonnances salvatrices sacrées de la prêtrise peuvent
être accomplies pour les vivants et les morts (voir Salut des
morts).
Bibliographie
Packer, Boyd K.
Le Temple sacré.
Salt Lake City, 1980.
Smith, Joseph
Fielding. DS 2:100-128. Salt
Lake City, 1955.
Sperry, Sidney
B. The Spirit of the Old
Testament. Salt Lake City, 1970.
Widtsoe, John
A. "Elijah,
The Tishbite." Utah Genealogical and Historical Magazine 27,
avril 1936, p. 53-60.
FRANKLIN D.
DAY
Élie :
Sources antiques
Auteur :
WERBLOWSKY, R.J. ZVI
Élie,
dans la tradition juive, était un prophète israélite
qui était actif dans le royaume du nord pendant les règnes
du roi Achab (et sa femme Jézabel) et du roi Achazia (IXe s.
av. J.-C.). Son nom est peut-être un surnom : Eli-yahu
(YHWH, ou Jéhovah, est Dieu), exprimant sa mission première
comme prophète : le culte exclusif et pur de YHWH et
l’opposition intransigeante au culte cananéen païen
de Baal. Ses activités sont décrites dans 1 Rois 17-2
Rois 2, et expliquent qu’il soit devenu dans la tradition juive
le symbole du zèle religieux intransigeant. Ce dernier connut
son point culminant dramatique dans son affrontement sur le mont
Carmel avec les prêtres de Baal après une longue période
de sécheresse dont Élie avait prophétisé
qu’elle viendrait comme châtiment pour le culte idolâtre
de Baal. (L’ordre monastique catholique des Carmélites,
prenant pour modèle la vie ascétique d’Élie
dans le désert, le considère comme son père
spirituel.) Contrairement aux prophètes « littéraires »
ultérieurs, Élie est également décrit
comme faiseur de miracles, mais il a en commun avec eux la forte
insistance sur la justice sociale, comme le prouve son autre grand
différend avec le roi et la reine à propos de la vigne
de Naboth (1 R. 21) que le couple royal convoitait.
Selon
le récit biblique, Élie ne connut pas une mort
ordinaire mais fut enlevé au ciel dans un tourbillon par un
char de feu tiré par des chevaux de feu. Par conséquent,
à la différence des autres prophètes, un grand
nombre de légendes et de croyances sont apparues à son
sujet. On dit qu’il revient fréquemment sur terre,
habituellement déguisé en paysan, en mendiant ou même
en païen incognito pour aider ceux qui sont dans la détresse
ou en danger, disparaissant aussi soudainement qu’il est
apparu. On dispose une chaise et on verse une coupe de vin pour Élie
à chaque célébration de la pâque. On croit
aussi qu’il est présent à chaque cérémonie
de circoncision et une chaise spéciale (« la chaise
d’Élie ») pour sa présence invisible
est placée à côté de celle du parrain qui
tient le bébé masculin. Cette croyance particulière
peut être due à deux facteurs : le statut angélique
d’Élie (puisqu’il est monté au ciel) et le
fait que le prophète Malachie l’appelle « le
messager de l’alliance » (Mal. 3:1). Dans l’usage
juif, le terme berith (« alliance ») signifie
plus spécifiquement « l’alliance de la
circoncision » (cf. Ge. 17:9-10). Élie joue
également un rôle important dans le mysticisme juif où
il apparaît comme messager céleste révélant
des mystères divins.
Mais
il y a quelque chose de plus important que tous les autres aspects,
c’est le rôle eschatologique d’Élie dans la
tradition juive. Comment et pourquoi ce rôle s’est
développé, c’est quelque chose de difficile à
reconstituer, mais dès le temps de Malachie, l’un des
derniers prophètes de l’Ancien Testament, certaines de
ces croyances semblent avoir déjà existé :
« Voici, je vous enverrai Élie, le prophète,
avant que le jour de l’Éternel arrive, ce jour grand et
redoutable » (Mal. 4:5). Élie a graduellement
assumé le rôle de précurseur du Messie et de
messager annonçant sa venue. Certains des contemporains de
Jésus (cf. Mt. 16:13-14) semblent avoir pensé qu’il
pouvait être Élie (Mt. 11:14 ; 17:10-13) d’une
manière qui suggère que Jean-Baptiste, comme précurseur
et héraut du Messie, était Élie, c’est-à-dire
qu’il s’acquittait de sa fonction eschatologique. Les
écrits apocryphes ultérieurs (par exemple, l’Apocalypse
d’Élie) rattachent à Élie les
« révélations » concernant les
dernières choses qu’ils rapportent. Des éléments
des traditions et des légendes juives sur Élie ont
également été adoptés et développés
de différentes manières par
l’islam.
Bibliographie
"Elijah."
Encyclopaedia Judaica, vol. 6. Jérusalem, 1972.
Il y a un
recueil pratique des sources juives post-bibliques dans Louis
Ginzberg, Legends of the Jews, vol. 6, 3ème réimpression.
Philadelphie, Pennsylvanie, 1967, p. 133-135 (sous
« Elijah »).
On peut trouver un très bon résumé dans M.J.
Stiassny, "Le Prophète Élie dans le Judaïsme",
dans Élie le Prophète, Études Carmélitaines,
vol. 2, 1956, p. 199-255.
Pour les
traditions islamiques, voir
« Ilyas » et « Al-Khadir »
dans Encyclopaedia of Islam.
R.J. ZVI
WERBLOWSKY
Élie,
Esprit d’
Auteur :
FINLAYSON, MARY
Pour
les membres de l'Église de Jésus-Christ des saints des
derniers jours, l'esprit d'Élie est l'esprit de la parenté
et de l'unité de la famille. C'est l'esprit qui motive le
souci de découvrir les membres de la famille ancestrale par
l’histoire familiale et d’accomplir en leur faveur des
baptêmes par procuration, des dotations au temple et des
ordonnances de scellement (HC 6:252). Ceci est considéré
comme l’accomplissement de la prophétie de Malachie que
dans les derniers jours Élie « ramènera le
cœur [en hébreu, la partie la plus intime, comme l’âme,
les affections] des pères à leurs enfants, et le cœur
des enfants à leurs pères » (Mal. 4:5-6).
L'apparition
d'Élie en 1836 au prophète Joseph Smith et à
Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland a renouvelé cet
esprit (D&A 110:13). L'esprit d'Élie est actif dans
l'impulsion que l’on ressent à trouver et à
chérir les membres de la famille et les liens familiaux passés
et présents. Au sens global du terme, l'esprit d'Élie
est l'esprit d'amour qui pourra finalement vaincre toutes les
aliénations de la famille humaine. Alors le pouvoir de la
prêtrise pourra lier les générations entre elles
dans des relations familiales éternelles et « sceller
les enfants aux pères et les pères aux enfants »
dans l'Évangile de Jésus-Christ (WJS, P.
329).
Bibliographie
Smith, Joseph
Fielding. "Elijah
the Prophet and His Mission." Utah Genealogical and Historical
Magazine 12, janvier 1921, p. 1-20.
MARY FINLAYSON
Élohim
Auteur :
MESERVY, KEITH H.
Élohim
(Dieu ; dieux ;
Père céleste) est la forme plurielle du nom ‘eloah
(comparer avec l’arabe Allah) dans la bible hébraïque,
où elle est employée 2.570 fois par rapport à 57
fois pour le singulier. Mais comme un commentateur l’a noté,
la raison pour laquelle cette « forme plurielle pour
désigner Dieu est employée n’a pas encore été
expliquée d’une manière satisfaisante »
(Botterweck, vol. 1, p. 272).
UTILISATION
AU SINGULIER. Élohim apparaît dans la Bible hébraïque
comme nom commun identifiant le Dieu d’Israël : « Au
commencement, Dieu [elohim] créa [verbe singulier] les cieux
et la terre » (Ge. 1:1). Il était également
souvent employé parallèlement à Jéhovah,
nom propre du Dieu d’Israël : « Jacob
dit : Dieu [elohim] de mon père Abraham… Éternel
[Jéhovah] qui m’as dit : Retourne dans ton pays »
(Ge. 32:9 ; voir aussi Jéhovah, Jésus-Christ).
Les
saints des derniers jours emploient le nom Élohim dans un sens
plus restrictif comme nom propre et titre pour désigner le
Père céleste (voir le Dieu le Père). La Première
Présidence de l’Église a écrit :
« Dieu, le Père éternel, que nous désignons
sous le nom-titre exalté ‘Élohim’, est le
Père littéral de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ
et des esprits du genre humain » (MFP 5:26 ; voir
aussi les Exposés doctrinaux de la Première Présidence,
« Le Père et le Fils » dans les annexes
du vol. 4).
UTILISATION
AU PLURIEL. Les anciens Israélites utilisaient aussi élohim
comme forme plurielle pour désigner les dieux de nations
autres qu’Israël. En de telles occasions, les verbes et
les adjectifs utilisés avec ce nom étaient également
au pluriel. « Tu n’auras pas d’autres dieux
devant ma face » (Ex. 20:3 ; ici « autres »
est un adjectif au pluriel).
Il
arrive que les saints des derniers jours emploient Élohim dans
son sens pluriel comme nom commun désignant la pluralité
des dieux que l’on sait exister (EPJS, p. 300-303). Cependant,
en dépit de leur croyance qu’il existe beaucoup de
seigneurs et de dieux en plus d’Élohim, de Jéhovah
et du Saint-Esprit (D&A 121:28-32), ils suivent l’exemple
de Jésus et de Paul, qui adoraient leur Père céleste
(Mt. 19:17 ; 1 Co. 8:4-6).
Bibliographie
Botterweck,
G. Johannes, et Helmer Ringgren, dir. de publ. « Elohim ».
Dans Theological Dictionary of the Old Testament, éd. rév.,
vol. 1, p. 267-284. Grand Rapids, Mich., 1977.
KEITH H. MESERVY
Éphraïm
Auteur :
SMITH, BRIAN L.
Éphraïm était
le fils de
Joseph et d’Asenath et le frère cadet de Manassé
(Ge. 41:50-52). Selon la Bible, quand Joseph amena ses deux fils à
son père, Jacob, pour une bénédiction, Éphraïm
reçut la bénédiction du droit d’aînesse
au lieu de Manassé (Ge. 48:13-20), l’un des écarts
que l’on trouve dans la Bible par rapport à la coutume
d’accorder au fils aîné les droits spéciaux
qui lui revenaient par droit de primogéniture. Le Seigneur
continua à reconnaître la bénédiction
d’Éphraïm des siècles plus tard quand il
dit : « Je suis un père pour Israël, et
Éphraïm est mon premier-né » (Jé.
31:9 ; cf. 1 Ch. 5:1-2). Les descendants d’Éphraïm
continueront à exercer un rôle important. Le Livre de
Mormon rapporte que le Joseph d’autrefois « a obtenu
du Seigneur la promesse que, du fruit de ses reins, le Seigneur Dieu
susciterait une branche juste à la maison d'Israël, non
pas le Messie, mais une branche qui serait rompue pour être
néanmoins gardée en mémoire dans les alliances
du Seigneur » (2 Né 3:5). De plus, « un
voyant de choix » sortirait des descendants de Joseph,
voyant qui allait « accomplir, pour le fruit [des reins de
Joseph], ses frères, une œuvre qui aura une grande
valeur pour eux, à savoir, de les faire parvenir à la
connaissance des alliances que [le Seigneur a] faites avec tes
pères » (2 Né. 3:7). Beaucoup de saints
des derniers jours croient qu’ils sont de la branche d’Éphraïm
sur laquelle Joseph a prophétisé (2 Né.
3:5-16 ; D&A 133:30-34) et que le prophète Joseph
Smith est le « voyant de choix » (3 Né.
3:6).
En
raison de leur rébellion contre le Seigneur il y a de nombreux
siècles, les descendants d’Éphraïm ont été
dispersés parmi les nations des Gentils, avec des membres des
autres tribus, à partir de la chute du royaume d’Israël
v. 722 av. J.-C. (2 R. 17:5-6 ; voir aussi Israël :
Dispersion d’Israël ; Israël : Tribus
perdues d’Israël).
Dans
les derniers jours, les descendants d’Éphraïm ont
la bénédiction et la responsabilité de porter le
message du rétablissement de l’Évangile au monde
et de rassembler Israël dispersé (D&A 113:3-6).
« Nous croyons au rassemblement littéral d'Israël
et au rétablissement des dix tribus. Nous croyons que Sion (la
nouvelle Jérusalem) sera bâtie sur le continent
américain » (10e A de F ; cf. De. 4:27-31 ;
28 ; 29 ; 30 ; 3 Né. 20-21). Le 3 avril
1836, Moïse a remis les clefs du rassemblement d’Israël
au prophète Joseph Smith dans le temple de Kirtland (D&A
110:11). Beaucoup de descendants d’Éphraïm sont
rassemblés d’abord, parce qu’ils ont la
responsabilité de préparer la voie au rassemblement des
autres tribus (D&A 113). « Et ils [d’autres des
tribus d’Israël] apporteront leurs riches trésors
aux enfants d'Éphraïm, mes serviteurs… Et là,
ils tomberont et seront couronnés de gloire en Sion, par les
mains des serviteurs du Seigneur, c'est-à-dire les enfants
d'Éphraïm. Et ils seront remplis de cantiques de joie
éternelle » (D&A 133:30-33 ; voir aussi
Israël : Rassemblement d’Israël).
Un
des instruments qui seront utilisés dans le rassemblement est
le Livre de Mormon, également connu parmi des saints des
derniers jours comme étant le bois de Joseph ou bois d’Éphraïm
(Éz. 37:15-19 ; 2 Né. 3:12 ; D&A
27:5). Il doit jouer le rôle important de convaincre les
Lamanites, les Juifs et les Gentils que Jésus est le Messie et
que Dieu se souvient de son peuple de l’alliance (voir Livre de
Mormon : Page de titre du Livre de Mormon).
Pour
les saints des derniers jours, l’identification de la lignée
d’une personne dans l’Israël de l’alliance
moderne se fait sous les mains de patriarches inspirés lors de
bénédictions patriarcales qui déclarent le
lignage. John A. Widtsoe, un apôtre, a dit : « En
donnant une bénédiction, le patriarche peut déclarer
notre lignage, c’est-à-dire que nous sommes d’Israël,
donc de la famille d’Abraham et d’une tribu spécifique
de Jacob. Dans la grande majorité des cas, les saints des
derniers jours sont de la tribu d’Éphraïm, la tribu
à laquelle a été confiée la direction de
l’œuvre des derniers jours. Peu importe que ce lignage
soit par le sang ou par adoption » (p. 73 ; cf. Abr.
2:10).
Les
bénédictions patriarcales de la plupart des saints des
derniers jours disent qu’ils sont descendants littéraux
par le sang d’Abraham et d’Israël. Ceux qui ne sont
pas descendants littéraux sont adoptés dans la famille
d’Abraham quand ils reçoivent le baptême et la
confirmation (voir Loi de l’adoption). Ils ont alors tous les
droits des héritiers (EPJS, p. 117-119). Cette doctrine de
l’adoption était comprise des prophètes et des
apôtres d’autrefois (par exemple, Ro. 11 ; 1 Né.
10:14 ; Jcb. 5 ; cf. D&A
84:33-34).
Bibliographie
McConkie, Bruce
R. A New Witness
of the Articles of Faith, p. 541-575. Salt Lake City, 1985.
Smith,
Joseph Fielding. DS 3:219-235.
Widtsoe, John
A. Evidences and
Reconciliations, p. 72-77. Salt Lake City, 1943.
BRIAN L. SMITH
Épiscopat
Président
Auteur :
DYER, Wm. GIBB, Jr. et BURTON, H. DAVID
L’Épiscopat
Président se compose de trois hommes, l’évêque
président et ses deux conseillers, qui constituent l’un
des conseils présidents de l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours. Ces Autorités
générales, qui détiennent chacune le titre
d’évêque, remplissent leurs fonctions sous la
supervision directe de la Première Présidence. Depuis
sa formation, l’Épiscopat Président a été
responsable de beaucoup d’affaires temporelles de l’Église.
Parmi celles-ci, la responsabilité de recevoir, distribuer et
comptabiliser la dîme, les offrandes et les contributions des
membres ; la gestion des programmes pour aider les pauvres et
les nécessiteux ; la conception, la construction et
l’entretien des lieux de culte et l’apurement et le
transfert des certificats de membre (voir Évêque,
Histoire de l’office ; Contributions financières ;
Tenue des registres ; Entraide). Les hommes choisis pour être
évêques présidents ont été connus
pour leur compétence en matière de gestion ainsi que
pour leur engagement religieux. Historiquement, l’Épiscopat
Président a présidé la Prêtrise d’Aaron.
En tant qu’Autorités générales, les
membres de l’Épiscopat Président parlent
régulièrement aux conférences générales,
s’adressant souvent expressément aux jeunes hommes de
l’Église.
L’évêque
président est choisi par la Première Présidence
et puis approuvé par le Collège des douze apôtres.
Il choisit comme conseillers deux hommes qui sont également
approuvés par la Première Présidence et le
Collège des Douze. Tous sont ensuite soutenus par les membres
de l’Église. L’évêque président
et ses conseillers sont mis à part et investis par la Première
Présidence et reçoivent les clefs et l’autorité
de prêtrise pour agir dans leurs fonctions respectives. Au
début, les évêques présidents détenaient
leur office à vie, mais au XXe siècle ils ont été
relevés et remplacés selon que les circonstances et les
besoins de l’Église l’ont dicté.
Le
4 février 1831, le prophète Joseph Smith a appelé
Edward Partridge comme premier évêque de l’Église.
Celui-ci allait passer la majorité de son temps à gérer
la réception, la vérification et l’affectation
des biens consacrés et des dons reçus par l’Église
(voir Consécration : Loi de consécration ;
Dons de jeûne ; Dîme). Il devait prendre soin des
pauvres et des nécessiteux et stocker les produits
excédentaires pour les besoins futurs de l’Église.
Après l’appel de l’évêque Partridge,
il fut révélé à Joseph Smith que d’autres
évêques seraient choisis. Le 4 décembre 1831,
Newel K. Whitney fut également appelé, par révélation
(D&A 72:8), pour remplir les fonctions d’évêque.
Les deux évêques avaient une juridiction différente,
Whitney en Ohio et Partridge au Missouri. À Nauvoo, ils
avaient tous les deux une juridiction générale, mais
ils supervisaient également les dons et le soin des pauvres
dans une paroisse particulière de la ville. En 1847, Newel K.
Whitney fut désigné comme premier évêque
président.
Pendant
toute l’histoire de l’Église, la Première
Présidence a confié aux épiscopats présidents
des responsabilités étendues mais variables auprès
de la Prêtrise d’Aaron et des jeunes de l’Église.
En 1873, le président Brigham Young chargea l’Épiscopat
Président d’organiser dans la Prêtrise d’Aaron
des collèges complets de prêtres, d’instructeurs
et de diacres dans toute l’Église. En 1876, il expliqua
que le poste d’évêque président était
celui de président général de la Prêtrise
d’Aaron. En 1937, l’Épiscopat Président se
vit confier la responsabilité de la Société
d’amélioration mutuelle des jeunes gens et en 1946,
celle de la Société d’amélioration
mutuelle des jeunes filles. Ces programmes étaient conçus
de manière à assurer un équilibre entre l’étude
religieuse, l’art de vivre en société, la
conscience de la collectivité et l’épanouissement
physique pour les jeunes saints des derniers jours (voir Jeunes
Gens ; Jeunes Filles). Depuis 1977, la Première
Présidence administre directement les programmes de la
Prêtrise d’Aaron par l’intermédiaire d’une
présidence des Jeunes Gens appelée d’entre les
collèges des soixante-dix.
Avant
1847, les évêques Partridge, Whitney et George Miller,
le remplaçant de Partridge, étaient évêques
généraux de l’Église. Après 1847,
les évêques présidents et leurs mandats ont été
Newel K. Whitney (1847-1851), Edward Hunter (1851-1883), William B.
Preston (1884-1908), Charles W. Nibley (1907-1925), Sylvester Q.
Cannon (1925-1938), LeGrand Richards (1938-1952), Joseph B. Wirthlin
(1952-1961), Jean H. Vandenberg (1961-1972), Victor L. Brown
(1972-1985), Robert D. Hales (1985-1994), Merrill J. Bateman
(1994-1995) et H. David Burton (1995-).
Jusqu’aux
années 1980, ces hommes rendaient visite aux paroisses et aux
pieux, donnaient des sessions de formation pour les évêques
aux conférences générales et publiaient des
bulletins et de la documentation de formation pour les évêques
et les collèges locaux de la prêtrise. À l’heure
actuelle, l’Épiscopat Président ne supervise plus
directement d’autres évêques ni ne préside
des paroisses locales de l’Église.
Comme
le stipulent les Écritures, l’Épiscopat
Président, la Première Présidence et le Collège
des douze apôtres constituent le Conseil pour l’affectation
des dîmes (D&A 120). Ce conseil contrôle la réception
des dîmes et vérifie les dépenses. Il se réunit
périodiquement pour examiner les questions ayant une
importance financière et pour autoriser les budgets pour les
organisations et les départements de l’Église
(voir Finances de l’Église). Les membres de l’Épiscopat
Président, désignés par la Première
Présidence, font partie, en outre, de divers autres comités
et conseils administratifs, exécutifs et directeurs, tels que
le Comité d’affectations, le Comité général
des services d’entraide, le Conseil exécutif de la
prêtrise, le Conseil exécutif du temple et de l’histoire
familiale et le Conseil exécutif missionnaire (voir
Organisation : Organisation contemporaine).
En
1977, une restructuration importante en matière d’organisation
a eu lieu dans l’Église sous la direction de la Première
Présidence. Avec la croissance importante du nombre des
membres de l’Église, l’Épiscopat Président
s’est vu confier des responsabilités beaucoup plus
étendues dans le domaine de l’administration temporelle
dans le monde entier. Sous la direction de l’Épiscopat
Président, des directeurs pour les affaires temporelles ont
été envoyés dans un certain nombre d’endroits
internationaux pour diriger la gestion de la construction des églises
et les temples, celle des certificats de membre et la préparation
et la distribution des Écritures et d’autres documents
pour le programme d’études. La direction des
départements centraux responsables des opérations
temporelles a également été confiée à
l’Épiscopat Président. Depuis lors, celui-ci
nomme les directeurs administratifs pour les divers départements
qui soutiennent les activités des directeurs des affaires
temporelles, comprenant les finances et les registres, la LDS
Foundation, les services d’imprimerie, la distribution du
matériel du programme d’études, les achats, la
traduction des Écritures et des cours du programme d’études,
la confection de vêtements du temple, le transport, les
systèmes informatiques et la communication, la sécurité,
les investissements, les temples et les chantiers spéciaux de
construction et de transformation, les acquisitions et les ventes
immobilières, la construction d’églises, la
production et la manutention de l’entraide, les LDS Social
Services et la gestion des propriétés.
En
1986, la Première Présidence a appelé des
présidences d’interrégion pour superviser les
activités ecclésiastiques dans des régions
géographiques déterminées dans le monde. Ces
présidences d’interrégion assurent actuellement
la supervision directe des directeurs des affaires temporelles dans
les secteurs internationaux, de l’entraide et des bâtiments
aux États-Unis et au Canada. L’Épiscopat
Président, ainsi que les départements centraux,
assurent la formation, l’évaluation, la planification
des effectifs, l’appui technique et la conception des
programmes pour aider les présidences d’interrégion
dans leur rôle.
Bibliographie
Cowan,
Richard O. The Church in the Twentieth Century, p. 140, 270, 297,
406-407, 420. Salt Lake City, 1985.
Palmer, Lee A.
Aaronic
Priesthood Through the Ages, p. 321-331. Salt Lake City,
1964.
Widtsoe, John
A. Priesthood and Church Government, éd.
rév., p. 277-279. Salt Lake City, 1954.
H. DAVID
BURTON
WM. GIBB DYER,
JR
Ésaïe
[L’accent
que les Écritures modernes mettent sur les paroles d’Ésaïe
rend nécessaire un traitement de ses écrits sous quatre
titres :
Ésaïe :
Paternité
littéraire
Ésaïe :
Textes dans le Livre de
Mormon
Ésaïe :
Interprétations dans les
Écritures modernes
Ésaïe :
Commentaires
sur Ésaïe
L’article
« Ésaïe :
Paternité littéraire » traite de la thèse
qu’à la lumière de l’existence d’un
texte d’Ésaïe en la possession de peuples du Livre
de Mormon dès 600 av. J.-C., le livre d’Ésaïe
n’a qu’un seul auteur. L’article « Ésaïe :
Textes dans le Livre de Mormon » traite de ce que l’on
peut apprendre sur l’histoire du texte du livre d’Ésaïe
grâce aux passages conservés dans le Livre de Mormon.
Une grande partie du texte d’Ésaïe qui est
conservée et commentée dans les Écritures
modernes concerne les derniers jours, un sujet repris dans l’article
« Ésaïe : Interprétations dans les
Écritures modernes ». L’intérêt
pour Ésaïe qui en est résulté chez les
saints a donné lieu à un certain nombre d’études
qui sont traitées dans l’article « Ésaïe :
Commentaires sur Ésaïe ».]
Ésaïe :
Paternité littéraire
Auteur :
LUDLOW, VICTOR L.
De tous les
écrits de l’Ancien
Testament, c’est le message d’Ésaïe qui a la
priorité chez les saints des derniers jours. Cette
focalisation découle principalement de l’utilisation
intensive d’Ésaïe dans le Livre de Mormon.
Secondairement, le chapitre 11 d’Ésaïe a été
cité à Joseph Smith au cours d’une vision tout au
début de son expérience comme prophète (JS–H
1:40) et fait l’objet d’une section des Doctrine et
Alliances (D&A 113). En outre, Jésus-Christ a donné
des révélations sur les paroles d’Ésaïe
en instruisant les saints, et les prophètes et les apôtres
modernes les ont fréquemment citées et commentées.
Traditionnellement,
le livre d’Ésaïe a été attribué
à un prophète vivant dans le royaume de Juda entre 740
et 690 av. J.-C. En Allemagne, vers la fin du XVIIIe siècle,
plusieurs savants ont contesté cette idée en affirmant
que les chapitres 40-66 ont été écrits par une
ou plusieurs autres personnes aussi tard que 400 av. J.-C., cela à
cause de mentions expresses d’événements qui se
sont produits après la mort d’Ésaïe. Ce
point de vue imprègne maintenant beaucoup de commentaires de
la Bible et a conduit à la thèse de l’existence
d’un deuxième prophète-auteur que l’on
appelle généralement dans les milieux érudits le
« Deutéro-Ésaïe ». Il
existe, en effet, maintenant une grande variété de
théories concernant la date et la paternité littéraire
d’Ésaïe. Cependant, la croyance des saints en la
révélation et au pouvoir de voyance des prophètes,
avec, en outre, les citations d’Ésaïe dans le Livre
de Mormon et l’exhortation de celui-ci d’étudier
ses écrits, ont renforcé chez les saints des derniers
jours le point de vue traditionnel au sujet de la date et de la
paternité d’Ésaïe et ce, de la manière
suivante.
D’abord,
alors que certains savants estiment que les prophètes ne
pouvaient pas voir le futur et que, par conséquent, les
derniers chapitres d’Ésaïe doivent avoir été
écrits après l’époque de celui-ci (par
exemple, És. 45 au sujet de Cyrus), les saints des derniers
jours reconnaissent que les prophètes peuvent voir le futur et
prophétiser à son sujet. Aux chapitres 40-66, Ésaïe
prophétise sur le futur, tout comme l’apôtre Jean
dans Apocalypse 4-22 et le prophète Néphi 1 dans
2 Néphi 25-30.
En
second lieu, le prophète Léhi du Livre de Mormon et sa
famille ont quitté Jérusalem vers 600 av. J.-C. et ont
emporté des écrits sacrés sur des plaques
d’airain contenant une grande partie de l’Ancien
Testament, notamment Ésaïe (1 Né. 5:13 ;
19:22-23). Les prophètes du Livre de Mormon enseignaient à
l’aide des annales des plaques d’airain, non seulement
les chapitres 1-39, que les savants attribuent habituellement au
prophète Ésaïe du VIIIe siècle av. J.-C.,
mais également les chapitres ultérieurs, ce que l’on
appelle le Deutéro-Ésaïe. Par exemple, les
chapitres 48-54 d’Ésaïe sont tous cités dans
le Livre de Mormon, certains passages plusieurs fois (1 Né.
20-21 ; 2 Né. 6:16-8:25 ; Mos. 12:21-24 ;
14 ; 15:29-31 ; 3 Né. 16:18-20 ;
20:32-45 ; 22). Par conséquent, l’existence d’un
texte pratiquement complet d’Ésaïe vers la fin du
VIIe siècle av. J.-C., comme en témoigne le Livre de
Mormon, annule les arguments en faveur de l’idée d’une
pluralité d’auteurs ultérieurs, que ces arguments
soient historiques, théologiques ou littéraires.
Enfin,
il existe d’autres témoins importants de l’existence
d’un seul auteur pour Ésaïe, tout particulièrement
Jésus-Christ (cf. Mt. 13:14-15 ; 15:7-9 ; Lu.
4:17-19 ; 3 Né. 16, 20-22). En effet, après
avoir cité abondamment Ésaïe 52 (3 Né.
16:18-20 ; 20:32-45) et répété Ésaïe
54 dans sa totalité (3 Né. 22), Jésus-Christ
ressuscité recommande à ses disciples du Livre de
Mormon d’étudier les paroles d’Ésaïe
et ajoute : « Je vous donne le commandement de sonder
diligemment ces choses ; car grandes sont les paroles d'Ésaïe.
Car, assurément, il a parlé de tout ce qui concerne mon
peuple qui est de la maison d'Israël » (3 Né.
23:1-2).
Depuis
les temps les plus reculés, les traditions juive et chrétienne
sont pour la paternité unique d’Ésaïe. La
Septante, les manuscrits de la mer Morte et d’autres textes
antiques ne fournissent aucune indication d’une multiplicité
d’auteurs. Les saints des derniers jours acceptent ce que dit
Jésus ressuscité, à savoir qu’Ésaïe
était un voyant et un révélateur dont les
prophéties, telles qu’on les trouve tout au long de son
livre, finiront toutes par s’accomplir (3 Né.
23:1-3). C’est en particulier parce que Jésus attribue
Ésaïe 52 et 54 au prophète d’autrefois que
les saints des derniers jours ont conclu que le livre d’Ésaïe
est l’ouvrage inspiré d’Ésaïe, fils
d’Amots, le prophète du VIIIe
siècle.
Bibliographie
Adams, Larry
L., et Alvin C.
Rencher. "A Computer Analysis of the Isaiah Authorship Problem".
BYU Studies 15, automne 1974, p. 95-102.
Anderson,
Francis I.
"Style and Authorship". The Tyndale Paper 21, juin 1976, p.
2.
Gileadi,
Avraham. A Holistic Structure of the Book of Isaiah.
Thèse de doctorat, université Brigham Young,
1981.
Kissane, E. J.
The Book of Isaiah, 2 vols. Dublin, Irlande,
1941, 1943.
Ludlow, Victor
L. Isaiah : Prophet, Seer, and
Poet. Salt Lake City, 1981.
Tvedtnes, John
A. "Isaiah
Variants in the Book of Mormon". Dans Isaiah and the Prophets,
dir. de publ. M. Nyman. Provo, Utah, 1984.
Young, Edward
J.
Introduction to the Old Testament. Grand Rapids, Mich., 1949.
VICTOR
L. LUDLOW
Ésaïe :
Textes dans le Livre de Mormon
Auteur :
DAVIES, LEGRANDE
Les textes
d’Ésaïe cités
dans le Livre de Mormon sont uniques. Ils sont les seuls textes
existants d’Ésaïe qui n’ont aucune source
linguistique « originale » à laquelle la
traduction puisse être textuellement comparée. Ces
textes anglais datent de la traduction et de la publication initiale
du Livre de Mormon (1829).
Ces
textes d’Ésaïe ont été cités
et paraphrasés par beaucoup de prophètes du Livre de
Mormon qui avaient une copie d’Ésaïe sur les
plaques d’airain. Les tentatives de déterminer
l’authenticité de ces textes d’Ésaïe
dans le Livre de Mormon en les comparant aux textes hébreu,
grec et latin d’Ésaïe ne manquent pas d’intérêt,
mais de tels efforts sont discutables parce que l’on ne dispose
pas des textes antiques qui sont à la base de la traduction
d’Ésaïe du Livre de Mormon pour pouvoir les
étudier. On peut cependant apprendre beaucoup de choses en
comparant les nombreuses versions et traductions anciennes d’Ésaïe
aux textes d’Ésaïe dans le Livre de Mormon. Ce
genre de comparaisons a pour résultat de faire d’Ésaïe
dans le Livre de Mormon un véritable objet de recension.
Les
passages d’Ésaïe dans le Livre de Mormon
contiennent beaucoup de ressemblances avec ceux de la traduction de
la Bible, ce qui semblerait indiquer que les deux partagent une
origine massorétique hébraïque. Cependant,
beaucoup d’autres particularités des textes du Livre de
Mormon impliquent une origine liée à des textes
semblables à ceux dont la Septante grecque et la Vulgate
latine dérivent. Ces variantes particulières sont
suffisamment importantes pour que l’on ne puisse reléguer
les textes d’Ésaïe du Livre de Mormon au rang d’une
simple copie de la King James Version. Les textes d’Ésaïe
que l’on trouve dans la traduction anglaise du Livre de Mormon
possèdent un caractère distinctif qui indique une
origine textuelle propre. La question importante n’est pas :
« Les textes d’Ésaïe dans le Livre de
Mormon sont-ils authentiques ? » La question est
plutôt : « Trouve-t-on dans les textes d’Ésaïe
du Livre de Mormon la preuve de la présence de variantes en
plus des textes normalement reconnus ? » Ne
devraient-ils pas être considérés comme aussi
valides que, par exemple, les textes d’Ésaïe de la
mer Morte ?
L’une
des critiques principales à l’égard des textes
d’Ésaïe du Livre de Mormon est qu’ils
contiennent des parties de ce que les spécialistes de la Bible
en sont venus à appeler le « Proto-Ésaïe »
et le « Deutéro-Ésaïe ». Il
est évident que les textes d’Ésaïe du Livre
de Mormon contiennent des données qui vont à l’encontre
des théories modernes sur la paternité multiple du
livre d’Ésaïe (voir Ésaïe :
Paternité littéraire) ; car si l’on accepte
les origines des passages d’Ésaïe dans le Livre de
Mormon comme le disent ses auteurs, cela veut dire que, dès
600 av. J.-C., le livre d’Ésaïe était
essentiellement ce qu’il est aujourd’hui. La valeur
principale de la critique textuelle, dans ce cas-ci, est de permettre
de dégager des thèmes et des structures de langage
spéciaux, c’est-à-dire de permettre une meilleure
compréhension du message, pas de déterminer qui est
l’auteur. L’option la plus viable et certainement la plus
productive pour déterminer l’origine des textes d’Ésaïe
dans le Livre de Mormon est donc un examen interne.
Le
Livre de Mormon dit que dans « la première année
du règne de Sédécias, roi de Juda »
(1 Né. 1:4) le prophète Néphi 1 et ses
frères récupérèrent à Jérusalem
des « annales » écrites par leurs
ancêtres sur des plaques d’airain (1 Né.
3-4), qu’ils emportèrent en Amérique. Elles
contenaient les prophéties d’Ésaïe (1 Né.
19:22-23 ; cf. 5:13). Tous les textes d’Ésaïe
dans le Livre de Mormon sont des citations de ces annales, excepté
peut-être les passages cités par Jésus ressuscité
(cf. 1 Né. 16, 21-22). Que ce soit en citant directement
ou en paraphrasant, les prophètes du Livre de Mormon
essayaient de faire deux choses : « persuader [les
gens] de croire au Seigneur, leur Rédempteur »
(1 Né. 19:23) et révéler les plans de Dieu
pour son peuple, comme le note le prophète Ésaïe
(par exemple, 2 Né. 25:7 ; Hél. 8:18-20 ;
3 Né. 23:1-2). Ces éléments donnent une
qualité singulière aux textes d’Ésaïe
du Livre de Mormon, parce qu’ils préservent presque
exclusivement les textes concernant le salut et les principes
sauveurs et ignorent les passages historiques d’Ésaïe.
Les préoccupations des prophètes du Livre de Mormon
étaient doctrinales et les passages étaient utilisés
pour exposer leur témoignage. De plus, les passages qui
concernent le salut dans les derniers chapitres d’Ésaïe
sont présentés pour prouver que Jésus était
le Messie promis (cf. Mos. 13:33-15:31, qui cite És. 53 ;
52:7, 8-10). Alors que les spécialistes de la Bible au XIXe
siècle affirmaient que la notion de « Messie
sauveur » était apparue après l’exil
babylonien (587-538 av. J.-C.) et que par conséquent les
derniers chapitres d’Ésaïe doivent être datés
de la fin du VIe siècle ou plus tard, les textes du Livre de
Mormon sapent manifestement cette théorie.
Des
changements mineurs ont été apportés aux textes
d’Ésaïe du Livre de Mormon depuis la publication de
l’ouvrage en 1830. Ces changements des éditions récentes
ont essayé de corriger les fautes d’impression
originelles et de rendre le texte d’Ésaïe de
l’édition actuelle « conforme aux manuscrits
anglais antérieurs à la publication et aux premières
éditions anglaises publiées par Joseph Smith, le
prophète » (« Brève explication
concernant le Livre de Mormon » édition anglaise de
1981 du Livre de Mormon). Aucun de ces changements n’a été
conséquent.
Bibliographie
Eissfeldt,
Otto. The Old
Testament : An Introduction, p. 303-346. New York, 1965.
Nibley,
Hugh. Since Cumorah, p. 111-134. Dans CWHN 7.
Sperry, Sidney
B.
Answers to Book of Mormon Questions. Salt Lake City, 1967.
Tvedtnes,
John A. “The Isaiah Variants in the Book of Mormon".
F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1981.
LEGRANDE DAVIES
TABLEAU
DES CITATIONS D’ÉSAÏE DANS LE LIVRE DE MORMON
Livre
de Mormon
Ésaïe
1 Né.
20-21
48-49
1 Né. 22:6
49:22
1 Né. 22:8
49:22-23 ; 29:14
1 Né.
22:10-11
52:10
2 Né.
6:6b-7
49:22-23
2 Né.
6:15
29:6
2 Né.
6:16-8:25
49:24-52:2
2 Né.
9:50-51
55:1-2
2 Né.
12-24
2-14
2 Né.
25:17 (mélangé)
11:11 et 29:14
2 Né.
26:15-16, 18
29:3-5
2 Né.
26:25
55:1
2 Né.
27:2-5
29:6-10
2 Né.
27:6-9
29:4, 11
2 Né.
27:15-19
29:11-12
2 Né.
27:25-35
29:13-24
2 Né.
28:9b
29:15
2 Né.
28:14b
29:13b
2 Né.
28:16a
29:21
2 Né.
28:30a
28:10, 13
2 Né.
28:3
29:12-13
2 Né. 29:1
29:14, 11:11
2 Né.
30:9, 12-15
11:4-9
Mosiah 12:21-24
52:7-10
Mosiah 14:1-12
53
Mosiah
15:10
53:10
Mosiah 15:14-18
52:7
Mosiah 15:29-31
52:8-10
3 Né.
16:18-20
52:8-10
3 Né.
20:32-35
52:8-10
3 Né.
20:36-46
52:1-3, 6-7, 11-15
3 Né.
21:8b
52:15b
3 Né.
21:29
52:12
3 Né.
22:1b-17
54
Mro.
10:31
52:1-2 ; 54:2
Ésaïe :
Interprétations dans les Écritures modernes
Auteur :
NYMAN, MONTE S.
Ésaïe était
l’un des
prophètes-auteurs les plus importants de l’Ancien
Testament. Le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances, Écritures
modernes des saints, confirment cette évaluation et
contiennent des commentaires abondants sur ses écrits. Le
Livre de Mormon cite 425 versets du livre d’Ésaïe
et en paraphrase beaucoup d’autres, tirés des plaques
d’airain, annales apportées en Amérique par le
prophète Léhi et sa famille (v. 600 av. J.-C.). Les
citations d’Ésaïe dans le Livre de Mormon sont
accompagnées des interprétations des prophètes
néphites et de Jésus-Christ ressuscité. Les
Doctrine et Alliances contiennent de même des citations et des
paraphrases d’Ésaïe, dont beaucoup éclairent
le cadre et la pertinence de l’accomplissement de ses
prophéties.
LE
LIVRE DE MORMON. Les prophètes du Livre de Mormon louent
explicitement les écrits d’Ésaïe et les
commentent dans le détail. Outre les trois premiers prophètes
néphites, Néphi 1, Jacob et Abinadi, qui citent
abondamment et expliquent les significations d’Ésaïe,
Jésus-Christ ressuscité, quand il visite les Néphites
(34 apr. J.-C.), commande à ses auditeurs « de
sonder diligemment ces choses ; car grandes sont les paroles
d'Ésaïe » (3 Né. 23:1). La plupart
des citations d’Ésaïe dans le Livre de Mormon
concernent deux thèmes : (1) le témoignage que
Jésus-Christ viendrait au monde pour le sauver (1 Né.
19:23 ; cf. 2 Né. 9:5-12) et (2) des déclarations
selon lesquelles même si le Seigneur dispersait Israël, il
le rassemblerait et le rétablirait, accomplissant les
alliances qu’il avait faites avec Abraham et Israël (2 Né.
6:5 ; cf. 9:1-2).
Pour
ce qui est de la maison d’Israël, la citation la plus
ancienne d’Ésaïe par Néphi (chaps. 48-49)
souligne deux types de dispersion : celle de grosses parties des
tribus d’Israël et celle de petits groupes parmi les
nations de la terre (1 Né. 22:3-5 ; cf. És.
49:1-13). Les deux sortes d’Israélites dispersés
seraient nourris temporellement et spirituellement parmi les Gentils.
L’aide temporelle aux Israélites conduirait ceux-ci à
une dépendance vis-à-vis des Gentils pour la survie.
Les soins spirituels se feraient grâce à « une
œuvre merveilleuse » qui rassemblerait Israël
hors de l’obscurité et des ténèbres et
l’amènerait à connaître son Rédempteur
(1 Né. 22:6-12).
Néphi
présente sa plus longue citation d’Ésaïe
2-14 (2 Né. 12-24) comme étant un troisième
témoin du Rédempteur d’Israël. Néphi,
son frère Jacob et Ésaïe avaient chacun vu le
Rédempteur (sous l’aspect du Jésus-Christ
prémortel) face à face (2 Né. 11:2-3 ;
cf. 2 Né. 16:1-7). La vision personnelle de Néphi
(1 Né. 11:13-20) éclaircit les paroles d’Ésaïe
annonçant l’avènement du Christ (cf. 2 Né.
17:14 ; 19:6-7 [c.-à-d., És. 7:14 ; 9:6-7]).
Le
commentaire de Néphi sur Ésaïe 2-14 décrit
ce qui devait arriver aux juifs (2 Né. 25:9-21 ; cf.
És. 3:1-15 ; 5:1-7), au peuple de Néphi (2 Né.
25:22-26:11 ; cf. És. 29:1-4) et parmi les Gentils (2 Né.
26:12-28:32 ; cf. És. 3:16-4:1). Néphi savait par
révélation que quand le Livre de Mormon paraîtrait
chez les Gentils, les Églises seraient remplies d’orgueil
et d’érudition, des combinaisons secrètes
régneraient et les supercheries de prêtres seraient
florissantes (2 Né. 26:14-33 ; cf. És.
3:16-4:1 ; 2 Né. 13:16-14:1). En revanche, il vit
que de belles branches d’Israël seraient purifiées
et grandiraient tant en Sion qu’à Jérusalem et
qu’elles seraient protégées par le Seigneur (És.
4:2-6 ; 2 Né. 14:2-6). Amplifiant la prophétie
d’Ésaïe, Néphi prophétisa que les
Gentils qui se repentaient seraient comptés avec la maison
d’Israël et deviendraient héritiers des
bénédictions promises (2 Né. 30:1-3). Il
affirma que son propre peuple recevrait de nouveau l’Évangile
de Jésus-Christ et deviendrait un peuple pur et agréable
(2 Né. 30:4-6). Il prédit le rassemblement des
juifs à Jérusalem quand ils commenceraient à
croire au Christ et deviendraient aussi un peuple agréable
(2 Né. 30:7).
Le
prophète Abinadi (v. 150 av. J.-C.) dit que tous les prophètes
avaient parlé de la venue du Christ (Mos. 13:33-35) et il cite
Ésaïe 53 comme exemple (cf. Mosiah 14). Dans une des
explications les plus lucides du ministère et de l’expiation
du Christ, Abinadi explique que le chapitre 53 d’Ésaïe
souligne que « Dieu lui-même descendra parmi les
enfants des hommes et rachètera son peuple » et
que, grâce à sa rédemption, il tiendrait « entre
eux et la justice, ayant rompu les liens de la mort, prenant sur lui
leur iniquité et leurs transgressions … et ayant
satisfait aux exigences de la justice [de Dieu] » (Mos.
15:1-9).
Pendant
sa première visite parmi les peuples du Livre de Mormon, Jésus
ressuscité cite, parmi ses principaux textes, Ésaïe
52 et 54. Il déclare que quand les paroles d’Ésaïe
s’accompliront, les alliances faites avec la maison d’Israël
seront accomplies (3 Né. 20:11-12). L’Évangile
sera enseigné aux juifs dans les lieux où ils sont
dispersés et, après qu’ils l’auront
accepté, ils retourneront à Jérusalem et
instruiront leur propre peuple (3 Né. 20:29-35 ; cf.
És. 52:8-10). Jésus donne à ses auditeurs un
signe que le retour des juifs à Jérusalem indiquera que
le rétablissement aura déjà commencé chez
d’autres Israélites en Sion, en Amérique (3 Né.
21:1-7 ; És. 52:1-3, 6-7, 11-12). Dans une allusion au
serviteur « défiguré » d’Ésaïe
52:13-15, il parle de « l’œuvre merveilleuse »
du serviteur. Si le serviteur défiguré est clairement
Jésus dans sa condition mortelle (Mos. 15:1-9), les paroles
d’Ésaïe constituent une double prophétie
parce que Jésus ressuscité dit qu’elle désigne
également un serviteur dans les derniers jours. Les saints des
derniers jours croient que ce serviteur est le prophète Joseph
Smith et que l’œuvre merveilleuse mentionnée était
la parution du Livre de Mormon et le rétablissement de
l’Évangile (3 Né. 21:8-11).
Tout
en amplifiant les paroles d’Ésaïe, Jésus
prédit l’édification de la nouvelle Jérusalem
sur le continent américain par un reste de la maison d’Israël
avec l’aide de Gentils convertis (3 Né. 21:22-25 ;
cf. 20:22). L’Évangile doit être prêché
parmi les divers groupes de la maison d’Israël, notamment
les Lamanites et les tribus perdues (3 Né. 21:26).
LES
DOCTRINE ET ALLIANCES. Autre source riche pour interpréter et
appliquer les prophéties d’Ésaïe, les
Doctrine et Alliances comptent plus de soixante-dix citations ou
paraphrases d’Ésaïe. Deux thèmes dominent :
l’Évangile sera rétabli et Israël sera
rassemblé ». Par exemple, l’œuvre
prodigieuse et miraculeuse mentionnée dans Ésaïe
29:14 est la parution du Livre de Mormon (D&A 6:1) ; L’œuvre
« étrange » de Dieu (És. 28:21)
est le rétablissement de l’Église et de ses
ordonnances du temple (D&A 95:4) ; les « bonnes
nouvelles » publiées « sur les
montagnes » (És. 52:7) consistent en la prédication
de l’Évangile à toutes les nations (D&A
19:29) et le retour des tribus de Jacob de parmi les nations (És.
49:6) signifie le retour d’Israël dispersé dans ses
terres promises (D&A 133:26-33).
Les
autres thèmes sont l’édification de la Sion des
derniers jours et de ses pieux (És. 54:1-2 ; D&A
82:14) aussi bien que de la vieille Jérusalem (És.
52:1-2 ; D&A 113:7-10), la confirmation que Jésus est
le seul Sauveur du monde (És. 43:11 ; D&A 76:1) et
des détails de sa seconde venue (És. 63:3-6 ;
64:1-5 ; D&A 133:37-52). Enfin beaucoup d’événements
attendus sont interprétés comme étant des
événements millénaires (És. 65 ; D&A
101:30-31).
Bibliographie
Ludlow, Victor
L. Isaiah :
Prophet, Seer, and Poet. Salt Lake City, 1982.
Nyman, Monte S.
Great Are the Words of Isaiah. Salt Lake City, 1980.
MONTE S.
NYMAN
TABLEAU DES
CITATIONS D’ÉSAÏE DANS LES
DOCTRINE ET ALLIANCES
Les listes
suivantes proposent un
échantillonnage de passages d’Ésaïe qui sont
cités, paraphrasés ou interprétés dans
les Doctrine et Alliances.
Ésaïe
Doctrine
et Alliances
1:27
6:1
1:18
45:10 ; 50:10-12
1:19
64:34
2:2-31
33:12-13
4:5
45:63-75 ; 84:5
4:6
115:6
5:1-7
101:43-62
8:16
88:84 ; 133:72
11:1-5
113:1-4
11:4
19:15
11:10
113:5-6
11:16
133:26-29
13:1
133:14
13:10
29:14 ; 34:9 ; 45:42 ;
88:87 ;
133:49
13:13
21:6 ; 35:24
14:12
76:26
24:5
1:15
24:20
49:23 ; 88:87
25:6
58:8
28:10
98:12 ; 128:21
28:15, 18
45:31 ; 5:19 ; 97:23
28:21
95:4 ; 101:95
29:14
4:1 ; 6:1 ; 11:1 ; 12:1 ; 14:1 ; 18:44 ;
76:9
32:2
21:13
34:5
38:22
35:1-2
49:24-25 ; 117:7
35:3
81:5
35:7-10
133:27-33
35:10
45:71 ; 66:11
40:3
33:10 ; 45:9 ; 65:1 ; 84:28
40:4
88:66
40:5
49:23 ; 133:22
40:6
101:23 124:7-8
40:31
89:20 ; 124:99
42:7
128:22
43:11
76:1
45:17
35:25 ; 38:33
45:23
76:110 ; 88:104
49:1
1:1
49:2
6:2 ; 11:2 ; 12:2 ; 14:2 ; 15:2 ; 16:2 ;
33:1 ; 86:9
49:6
86:11
49:22
45:9 ; 115:5
50:2-3
35:8 ; 133:66-69
50:11
133:70
51:9-11
101:18
52:18
2:14 ; 113:7-8
52:2
113:9-10
52:7
19:29 ; 31:3 ; 113:10
52:8
39:13 ; 84:98-99 ; 133:10
52:10
113:10 ; 133:3
52:1
138:42 ; 133:5
52:12
49:27 ; 58:56 ; 101:68, 72 ; 133:15
52:15
101:94
54:2
82:14 ; 133:9
54:17
71:9 ; 109:25
55:6
88:62-63
59:17
27:15-18
60:1-4
64:41-42
60:2
112:23
60:22
133:58
61:11
28:22
62:4
133:23-24
62:10
45:9 ; 115:5
63:1-21
33:46-48
63:3-6
76:107 ; 88:106 ; 133:50-52
63:7-9
133:52-53
64:1-2
34:8 ; 133:40-42
64:3-5
76:10 ; 133:43-45
65:17
29:23
65:20
63:51 ; 101:30
65:21-22
101:101
66:1
38:17
66:24
76:44
Ésaïe :
Commentaires sur Ésaïe
Auteur :
MADSEN, ANN N.
Le livre
d’Ésaïe est l’un
des ouvrages prophétiques les plus souvent cités dans
les Écritures des saints. Quand les peuples du Livre de Mormon
quittèrent Jérusalem, ils emportèrent des
annales sur des plaques d’airain qui contenaient beaucoup de
livres de l’Ancien Testament antérieurs à 600 av.
J.-C., notamment Ésaïe. Très vite dans leurs
récits, Néphi 1 et son frère, Jacob, citent
considérablement Ésaïe. Plus tard, Jésus
ressuscité exhortera ses auditeurs d’Amérique à
sonder diligemment les paroles d’Ésaïe, car
« grandes sont les paroles d’Ésaïe »
(3 Né. 23:1).
Les
saints des derniers jours voient beaucoup de prophéties
d’Ésaïe s’accomplir dans les événements
contemporains. Quand il apparaît, les 21-22 septembre 1823, au
prophète Joseph Smith, l’ange Moroni cite Ésaïe
11 et dit qu’il est « sur le point de s’accomplir »
(JS–H 1:40). Ésaïe 29 est également
considéré comme une prophétie annonçant
la parution du Livre de Mormon. Les enseignements de Joseph Smith
contiennent beaucoup d’allusions à Ésaïe,
particulièrement en ce qui concerne les derniers jours
précédant l’avènement du Christ. En plus,
Ésaïe est souvent cité dans les Doctrine et
Alliances (par exemple, 45:10 ; 50:10-12 ; 64:34-35 ;
133) et dans certains cas des interprétations sont ajoutées
(par exemple, D&A 113).
Plusieurs
livres écrits par des auteurs mormons depuis 1950 ont cherché
à aider les membres de l’Église et d’autres
à comprendre les paroles d’Ésaïe. Certains
de ces commentaires s’adressaient à un auditoire érudit,
d’autres ont été écrits pour les lecteurs
ordinaires.
En
1952, Sidney B. Sperry a présenté ses observations sur
Ésaïe dans les dix premiers chapitres de son livre The
Voice of Israel's Prophets (Salt Lake City). Son but principal était
de proposer des commentaires sous l’angle des saints des
derniers jours, notamment les idées de Joseph Smith, et
d’analyser le livre entier d’Ésaïe du point
de vue historique et philologique. Il y a inclus l’interprétation
de divers passages donnée par le Livre de Mormon et un
traitement en faveur d’une paternité unique. Il a
également utilisé la Septante et sa maîtrise de
l’hébreu pour expliquer et parfois retraduire des
passages. Bien que ce soit la plus ancienne étude du genre,
elle reste un classique de son espèce.
En
1982, Avraham Gileadi a publié The Apocalyptic Book of Isaiah
(Provo, Utah), une nouvelle traduction du texte hébreu avec
des clefs interprétatives pour les lecteurs ordinaires. Le
livre apporte sa traduction et sa perspective judéo-mormone.
En 1988, il a publié un deuxième volume, The Book of
Isaiah (Salt Lake City), qui contenait sa précédente
traduction et une introduction augmentée contenant quatre
clefs interprétatives qu’il a tirées du Livre de
Mormon. Cet ouvrage note les lectures alternatives dans le texte
d’Ésaïe des manuscrits de la mer Morte et la
Septante.
Deux
volumes ont servi de manuels. En 1980, Monte S. Nyman publiait Great
Are the Words of Isaiah (Salt Lake City) à titre de
commentaire et de guide d’étude. L’apport le plus
distinctif du livre est un ensemble de mentions d’Ésaïe
dans les écrits de Joseph Smith, le Nouveau Testament, le
Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et les Autorités
générales de l’Église. En 1982, Victor L.
Ludlow a écrit Isaiah : Prophet, Seer, and Poet (Salt
Lake City). Les éléments importants sont son
commentaire chapitre par chapitre, ses propositions d’interprétations
multiples de certains passages du texte, des cartes et des notes
historiques utiles et des commentaires doctrinaux mormons utilisant
diverses traductions du texte.
D’autres
livres ont été écrits pour un auditoire mormon
non spécialisé. The Living Message of Isaiah, de L.
LaMar Adams (Salt Lake City, 1981), visant à aider ses
lecteurs à apprécier les prophéties d’Ésaïe.
Son apport distinctif est son annexe sur l’ouvrage apocryphe
L’Ascension d’Ésaïe.
En
1984, W. Cleon Skousen a publié Isaiah Speaks to Modern Times
(Salt Lake City) avec l’intention d’aider un auditoire de
saints à comprendre Ésaïe comme quelqu’un
qui a vu l’époque moderne et en a parlé.
Mark
E. Petersen est la seule Autorité générale à
avoir écrit un livre sur Ésaïe, Isaiah for Today
(Salt Lake City, 1981). Son but était d’aider un
auditoire non spécialisé à rattacher les
prophéties d’Ésaïe aux événements
actuels.
ANN N. MADSEN
Esprit
Auteur :
JENSEN, JAY E.
L'existence
d’êtres d'esprit bons
et mauvais est un point de doctrine important dans la théologie
des saints. L'esprit est une matière organisée
intelligente, qui existe par lui-même et est régi par
des lois éternelles. De plus, tous les êtres vivants ont
eu une existence d'esprit pré-terrestre. Les conceptions des
saints sur ce sujet découlent des écrits bibliques et
modernes et des enseignements des prophètes modernes.
La
révélation moderne déclare que « tout
esprit est matière, mais il est plus raffiné ou plus
pur » que les matériaux physiques de la vie
terrestre (D&A 131:7-8). Le prophète Joseph Smith
explique :
« Il
y a une différence très sensible entre le corps et
l’esprit ; le corps est censé être de la
matière organisée et beaucoup considèrent que
l’esprit est immatériel, sans substance. Nous ne sommes
pas d’accord avec cette dernière opi¬nion et disons
que l’esprit est une substance, qu’il est matériel,
mais que c’est une matière plus pure, plus souple et
plus raffinée que le corps, qu’elle existait avant le
corps, peut exister dans le corps et existera séparément
du corps, lorsque le corps tombera en poussière, et lui sera
de nouveau réunie dans la résurrection »
[EPJS, p. 167].
Bien
que le Seigneur ait révélé beaucoup de choses
dans les Écritures anciennes et modernes sur la matière
d'esprit et les êtres d'esprit, il reste beaucoup d’inconnues,
particulièrement la pleine signification de termes tels que
« intelligence », « lumière »
et « vérité », qui sont utilisés
dans les révélations en rapport avec le mot « esprit ».
La matière d'esprit est identifiée à
l’intelligence ou la lumière de la vérité
(D&A 93:29). Joseph Smith enseignait que les éléments
n'ont pas été créés ni faits, mais
peuvent être organisés pour donner un être
d’esprit. Cet esprit, intelligence ou lumière a toujours
existé, étant coéternel avec Dieu. Il peut se
mouvoir et être mû ; il peut être organisé,
mais il ne peut pas être détruit. Les esprits existent
d’eux-mêmes et « tous les esprits que Dieu a
jamais envoyés dans le monde peuvent se développer »
(EPJS, p. 287), voulant dire qu’ils sont capables de progresser
et de mûrir intellectuellement et que « il n'y a
jamais de moment où l'esprit est trop vieux pour s’approcher
de Dieu » (EPJS, p. 154).
Il
ressort de la doctrine que l'esprit humain est la postérité
littérale de parents exaltés rendus parfaits, d’un
Père et d’une Mère célestes (cf. No.
16:22 ; Hé. 12:9). Dieu a instauré un plan de
salut par lequel ses enfants d'esprit peuvent avancer et devenir
comme lui (voir Conseil dans les cieux). Paul dit que les hommes sont
de la race de Dieu (Ac. 17:28). Hommes et femmes ont tous vécu
avec Dieu en tant qu'enfants personnels et individuels d'esprit dans
une vie prémortelle avant de naître dans un corps
physique. De même, l'existence spirituelle personnelle et
individuelle de chacun se prolonge au-delà de la mort du corps
mortel.
Jésus-Christ
était l'aîné de tous les enfants d'esprit de Dieu
et est donc le frère aîné du reste de l'humanité
(voir Jésus-Christ : Premier-né dans l'esprit).
Grâce à sa foi, il fut permis au frère de Jared
(vers 2200 av. J.-C.), de voir le corps d'esprit prémortel du
Seigneur. Celui-ci lui expliqua : « Vois-tu que vous
êtes créés à mon image ? Oui, tous
les hommes ont été créés au commencement
à mon image. Voici, ce corps, que tu vois maintenant, est le
corps de mon esprit… et j'apparaîtrai à mon
peuple dans la chair comme je t'apparais dans l'esprit »
(Éther 3:15-16). Puisque les esprits sont la progéniture
de Parents célestes, ils sont à leur image et à
leur ressemblance, hommes et femmes (Ge. 1:26-27 ; Moï.
3:4-7 ; Abr. 3:18-23).
Hénoc
eut la vision des esprits de tous les hommes et femmes qui avaient
vécu ou qui allaient encore vivre sur la terre et qui avaient
d’abord été créés comme esprits
dans les cieux (Moï. 6:28 ; 7:38-40, 57). Abraham vit
également les esprits prémortels de l'humanité
et remarqua qu'ils différaient en intelligence et en
obéissance (Abr. 3:18-19). Il y avait parmi eux beaucoup de
nobles et de grands dont Dieu dit qu’il ferait des gouverneurs
et des dirigeants dans son royaume. Il fut dit à Abraham qu'il
était l'un d’eux et qu’il avait été
choisi avant sa naissance (Abr. 3:22-23). Beaucoup furent préordonnés
pour accomplir certaines tâches quand ils seraient sur la terre
(voir Préordination). Dans l'état prémortel, les
esprits reçurent leurs premières leçons dans
l'Évangile et dans l’œuvre de Dieu qu'ils allaient
accomplir sur la terre (D&A 138:55-56 ; cf. Jé. 1:5 ;
Ép. 1:3-4 ; Tit. 1:2). Beaucoup de ces êtres
d’esprit furent appelés et préparés dès
la fondation du monde à cause de leur foi et de leurs bonnes
œuvres, pour détenir la prêtrise et enseigner
l'Évangile et les commandements de Dieu dans la condition
mortelle (Alma 13:1-6).
Le
libre arbitre est Inhérent à leur nature intelligente
et ils sont capables de faire des choix. Les Écritures
enseignent que les esprits sont capables d’avoir toutes les
émotions, toutes les passions et toutes les expériences
intellectuelles qui existent chez les mortels, notamment l'amour, la
colère, la haine, l'envie, la connaissance, l'obéissance,
la rébellion, la jalousie, le repentir, la fidélité,
l'activité, la pensée et la compréhension.
Utilisant leur libre arbitre, certains des enfants de Dieu se
rebellèrent dans la vie prémortelle et il s’ensuivit
une guerre dans les cieux. Les esprits rebelles suivirent Lucifer et
furent précipités avec lui sur la terre et devinrent
des démons ou des esprits mauvais, qui n’allaient jamais
recevoir de corps physique sur terre (Moï. 4:1-4 ; D&A
76:25-27 ; cf. Ap. 12:4, 7-9 ; D&A 29:36). Satan et ses
disciples restent des êtres d'esprit faits à l'image de
Dieu mais sont toujours rebelles et mauvais. Ils désirent
avoir un corps mortel. Le prophète Joseph Smith explique :
« Le grand principe du bonheur consiste à avoir un
corps. Le diable n’a pas de corps, et c’est en cela que
réside son châtiment. Il est heu¬reux quand il peut
obtenir la tente de l’homme, et lorsqu’il fut chassé
par le Sauveur, il demanda à entrer dans le troupeau de
pourceaux, montrant qu’il préférait le corps d’un
pourceau à ne pas en avoir du tout » (EPJS, p.
145 ; cf. p. 240).
La
révélation moderne n'a pas identifié ni éclairci
la nature des séraphins ou des chérubins mentionnés
dans la Bible (Ge. 3:24 ; Es. 6:2) ni si ce sont des êtres
d'esprit ou simplement des représentations symboliques.
Certains esprits sont des messagers du Seigneur et servent les
mortels (Hé. 1:14 ; D&A 129), mais les esprits qui
les servent ne peuvent pas remplir toutes les fonctions des anges qui
ont un corps ressuscité (EPJS, p. 153, 262).
Un
être d’esprit qui n'est jamais entré dans la
condition mortelle est dans un état « non
incarné ». Un esprit qui se trouve dans un corps
mortel est dans un état « incarné »
et le corps et l'esprit constituent l'âme (D&A 88:15). La
mort est la séparation du corps physique mortel d’avec
l'esprit (Ja. 2:26), après quoi l'esprit vit dans un état
« désincarné » dans le monde
d'esprit postmortel, tandis que le corps physique mortel, privé
de vie, se décompose dans la tombe. Dans le monde postmortel,
l'esprit attend d’être « réincarné »
dans la résurrection, qui est la réunion définitive
de l'esprit et du corps (Al. 11:44-45). Toute personne qui se trouve
dans la condition mortelle vient du monde d'esprit et tous finiront
par mourir et ensuite ressusciter.
La
révélation moderne enseigne que Dieu le Père et
Jésus-Christ sont des êtres ressuscités et
exaltés, ce qui veut dire qu’ils ont un corps glorifié
de chair et d’os (D&A 130:22). L'homme existe « pour
avoir la joie » (2 Né. 2:25) et les
révélations enseignent qu'on ne peut connaître de
plénitude de joie que dans l’état ressuscité
lorsque l'esprit et le corps sont inséparablement unis (D&A
93:33-34). Par conséquent, l'existence en tant qu’esprit
seulement, que ce soit dans le monde d’esprit prémortel
ou dans le monde d'esprit postmortel, a ses limites. Les esprits des
morts qui connaissent le plan de Dieu et la valeur du corps physique
sont impatients de ressusciter (D&A 45:17 ; 138:50). Pour
avoir rejeté le plan du salut de Dieu, Lucifer et ses
disciples se sont vu refuser à jamais la possibilité
d’avoir un corps physique et sont donc limités ou
restreints dans leur progression. Le Seigneur a déclaré :
« Là où je suis ils ne peuvent venir, car
ils n'ont aucun pouvoir » (D&A 29:29).
La
création d'esprit ne concerne pas le seul genre humain, mais
tous les êtres vivants. Les Écritures modernes
enseignent que l'esprit humain est à l’image de ce qui
est physique, comme cela a été démontré
dans le cas de l'esprit de Jésus-Christ, qui apparut au frère
de Jared, comme mentionné plus haut. Ainsi, « l'esprit
de l'homme [est] à l’image de sa personne, de même
que l’esprit de la bête et de toute autre création
de Dieu » (D&A 77:2 ; voir aussi Animaux). Moïse
écrit que chaque plante des champs, chaque herbe, en fait
chaque chose, a été créée « dans
le ciel » avant d’être naturellement sur la
face de la terre (Moï. 3:5-7). [Voir aussi Premier état ;
Enfer ; Corps d'esprit ; Prison
d'esprit.]
Bibliographie
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et le
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Présidence et les Douze. » AF, p. 60-68. Salt Lake
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163-173. Traduction française.
Top, Brent, L.
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Before. Salt Lake City, 1988.
JAY E. JENSEN
Évangile
de Jésus-Christ
[Cette
rubrique présente deux sujets : Évangile de
Jésus-Christ : L'Évangile dans l’enseignement
de l'Église. Évangile de Jésus-Christ :
Considérations étymologiques sur « Évangile ».
Le premier article décrit la conception que les saints des
derniers jours ont de l'Évangile de Jésus-Christ,
l'enseignement fondamental de l'Église tel qu’il est
présenté dans les Écritures et dans les
enseignements des prophètes modernes. Le deuxième
explore l'histoire complexe de ce terme et ses significations
possibles, en particulier à l’époque du Nouveau
Testament en grec. ]
Évangile
de Jésus-Christ : L'Évangile dans l'enseignement
de l’Église
Jésus-Christ,
ses apôtres et ses prophètes ont à diverses
reprises annoncé « la bonne nouvelle »
ou « Évangile » que l’on peut être
sauvé en allant au Christ. Le Père est l'auteur de
l'Évangile, mais celui-ci est appelé Évangile de
Jésus-Christ parce que, en accord avec le plan du Père,
c’est l'expiation du Christ qui rend l'Évangile actif
dans la vie des hommes. L'Évangile du Christ est le seul
véritable Évangile et « il n'y aura aucun
autre nom donné, ni aucune autre voie ni moyen par lesquels le
salut puisse parvenir aux enfants des hommes, si ce n'est dans et par
le nom du Christ, le Seigneur Omnipotent » (Mos. 3:17 ;
cf. Ac. 4:12).
Quoique
les saints des derniers jours utilisent le terme « Évangile »
de plusieurs manières, dont les utilisations chrétiennes
traditionnelles, le Livre de Mormon et les autres Écritures
modernes le définissent avec précision comme le moyen
par lequel une personne peut aller au Christ. Dans tous ces passages
scripturaires, l'Évangile ou doctrine du Christ enseigne que
le salut est accessible, par l’intermédiaire de ses
serviteurs autorisés, à tous ceux qui (1) croient au
Christ, (2) se repentent de leurs péchés, (3) sont
baptisés dans l'eau en témoignage de leur volonté
de prendre son nom sur eux et de garder ses commandements, (4)
reçoivent le Saint-Esprit par l’imposition des mains et
(5) persévèrent jusqu'à la fin. Tous ceux qui
obéissent à ces commandements, reçoivent le
baptême de feu et du Saint-Esprit et persévèrent
avec foi, espérance et charité seront trouvés
innocents au dernier jour et entreront dans le royaume des cieux (Al.
7:14-16, 24-25 ; Hé. 6:1-2).
LE
PLAN DE SALUT. Le président Brigham Young a enseigné
que « l’Évangile du Fils de Dieu qui a été
révélé est un plan ou un système de lois
et d’ordonnances, grâce auquel les habitants de cette
terre sont assurés de pouvoir retourner en la présence
du Père et du Fils sous condition d’obéissance
stricte » (JD, 13:233). L'Évangile de Jésus-Christ
est une partie cruciale du plan de salut (ou plan de rédemption),
qui donne à tous les hommes le moyen d'obtenir la vie
éternelle. À cause de la chute d'Adam, dont les effets
se sont étendus par héritage à toute l’humanité,
tous sont sujets à la mort physique et à la mort
spirituelle (2 Né. 9:4-12 ; D&A 29:39-45 ;
1 Co. 15:12-22) et ne peuvent pas se sauver eux-mêmes. Dieu, le
Père aimant de tous les esprits, a déclaré que
son œuvre et sa gloire sont de « réaliser
l'immortalité et la vie éternelle de l'homme »
(Moï. 1:39). Dans ce but, il a donné un Sauveur,
Jésus-Christ, qui, à cause de son amour parfait, de sa
pureté et du fait qu’il est le Fils unique du Père
dans la chair, était à la fois disposé et
capable de s’offrir en sacrifice pour les péchés
du monde (Jn. 3:16). Par son expiation, le Christ a racheté
inconditionnellement tous les hommes, femmes et enfants des deux
morts occasionnées par la transgression d'Adam et Ève
et les rachètera également de leurs propres péchés,
s’ils acceptent son Évangile et y obéissent (Moï.
6:62 ; D&A 20:17-25 ; 76:40-53).
ÉLÉMENTS
DE BASE. Les révélations modernes disent que le Livre
de Mormon contient « la plénitude de l'Évangile »
(D&A 20:9 ; 27:5 ; 42:12). De tous les ouvrages
canoniques, c’est le Livre de Mormon qui contient l'exposé
le plus détaillé de l'Évangile. Dans trois
passages distincts, les éléments de base de l'Évangile
sont expliqués par un prophète ou par Jésus
lui-même (2 Né. 31:2-32:6 ; 3 Né.
11:31-41 ; 27:13-21). Chacun de ces passages est encadré
par l'affirmation que « c'est ma doctrine » ou
« c'est mon Évangile. » Les révélations
données au prophète Joseph Smith confirment dans le
moindre détail ces déclarations du Livre de Mormon sur
l'Évangile (voir D&A 18:17-23 ; 19:29-31 ;
20:25-29).
Ces
textes fondamentaux répètent plusieurs fois, avec de
légères variantes, les éléments de base
du message de l'Évangile. Joseph Smith les appelle en résumé
« les premiers principes et ordonnances de l'Évangile »
(4e A de F).
1. La
Foi. L'enseignement de l’Église fait de la foi en
Jésus-Christ le premier principe de l'Évangile. La
primauté de la foi est double. La personne qui accepte
l'Évangile doit commencer par la foi en Jésus-Christ et
croire qu’il a le pouvoir de sauver les hommes de leurs péchés.
Sans la foi, personne ne serait fortement motivé à se
repentir et à vivre le reste des principes de l'Évangile.
La foi est également à la base des autres éléments
de l'Évangile en ce sens que chacun d’eux dépend
considérablement d’actes de foi. Dans ce sens, Néphi
1 compare la pratique de l'Évangile à l’entrée
dans un chemin étroit et resserré qui conduit à
la vie éternelle. La porte par laquelle on peut entrer dans ce
chemin est le repentir et le baptême. Avec l'inspiration du
Saint-Esprit, on peut suivre le chemin en faisant preuve de foi et en
persévérant jusqu'à la fin. Ainsi, la foi en
Jésus-Christ est un lien entre ce qu'on fait pour franchir la
porte et ce qu’on doit faire ensuite. On ne peut franchir la
porte en se repentant et en faisant les alliances du baptême
« que par la parole du Christ, avec une foi ferme en lui,
vous reposant entièrement sur les mérites de celui qui
est puissant à sauver » (2 Né. 31:19).
Après être entré sur ce chemin étroit et
resserré, on ne peut atteindre le salut qu’en avançant
« résolument, avec constance [foi] dans le Christ…
vous faisant un festin de la parole du Christ » (2 Né.
31:20), ce qui inclut les choses que le Saint-Esprit nous dit de
faire (2 Né. 32:3, 5).
2.
Le Repentir. Le caractère essentiel de la foi est souligné
par la façon dont l'Évangile est présenté
dans le Livre de Mormon où la foi est habituellement
mentionnée au centre et l'appel au repentir au début.
Les individus doivent abandonner leurs péchés et offrir
le « sacrifice [d’]un cœur brisé et
[d’]un esprit contrit ». Ceci exige du pécheur
qu’il descende dans les profondeurs de l'humilité et
devienne « comme un petit enfant » (3 Né.
9:20-22).
3.
Le Baptême. L'Évangile souligne la nécessité
absolue du baptême pour ceux qui sont responsables et capables
de pécher. Comme le repentir, le baptême est aussi un
commandement et les candidats au salut doivent être baptisés
afin d'obéir au commandement (voir 2 Né. 31:6-7).
Cette
ordonnance essentielle est un témoignage au Père que la
personne repentante a fait alliance avec Dieu de garder ses
commandements et a pris sur elle le nom du Christ. La foi en
Jésus-Christ, le repentir et le baptême sont la porte
par laquelle on entre dans le chemin qui conduit à la vie
éternelle (2 Né. 31:13-15). Comme les enfants en
bas âge sont incapables de pécher ou de contracter de
telles alliances, il est commandé aux parents de les préparer
pour le baptême avant qu'ils atteignent huit ans, l'âge
de responsabilité fixé par la révélation
(D&A 68:25-28 ; voir Baptême des petits enfants).
4.
Le Saint-Esprit. Tandis que le baptême d'eau symbolise la
purification et le passage de la mort à la vie, la
purification ou rémission proprement dite des péchés
découle de l’obéissance comme don de Dieu « par
le feu et par le Saint-Esprit » (2 Né. 31:17 ;
Mt. 3:11), par lequel la personne naît de Dieu, étant
devenu une « nouvelle créature » (Mos.
27:24-26 ; 1 Pi. 1:23). Cette expérience spirituelle est
un témoignage du Père et du Fils que le sacrifice du
pénitent a été accepté. Après que
Jésus eut instruit les Néphites et qu’ils eurent
été baptisés, « le Saint-Esprit tomba
sur eux et ils furent remplis du Saint-Esprit et de feu »
(3 Né. 19:13 ; cf. Ac. 2:4).
Le
don du Saint-Esprit, conféré par l'imposition des mains
par quelqu’un ayant l'autorité, contient la promesse que
« si vous voulez entrer par le chemin et recevoir le
Saint-Esprit, il vous montrera tout ce que vous devez faire »
(2 Né. 32:5). Ce don est un compagnon constant par lequel
l'individu reçoit directement « les paroles du
Christ » pour guider sa vie, en plus des enseignements
inspirés des dirigeants de l’Église (2 Né.
32:3 ; voir aussi Jn. 14:26 ; 16:13).
5.
Persévérer jusqu'à la fin. « Persévérer
jusqu'à la fin » est l'expression scripturaire qui
décrit le reste de la vie du membre de l'Église du
Christ qui a adopté les premiers principes de l'Évangile
et a franchi la porte qui conduit à la vie éternelle.
Une fois sur ce chemin étroit et resserré, le membre
doit avancer résolument avec foi et continuer dans
l'obéissance à tous les commandements de Dieu. La foi
est liée à l'espérance et à la charité.
Le fait de recevoir la rémission des péchés
produit l’espérance du salut. C'est plus qu'un désir
et cela donne un sentiment d'assurance. Ce genre d’espérance
devient sans cesse plus lumineux sous l’action du Saint-Esprit
si l’on est constamment obéissant (Ét. 12:4). La
charité, « l'amour pur du Christ », est
une caractéristique de ceux qui obéissent aux
commandements (Mro. 7:3-4, 47). Ce genre de personnes reproduit
auprès des autres le même genre d'amour pur qu'il reçoit
du Seigneur.
6.
Le Salut. En plus de recevoir des bénédictions
quotidiennes, Jésus-Christ promet que ceux qui se conforment à
tous les principes et ordonnances recevront la vie éternelle.
Comme révélé au prophète Joseph Smith, le
salut nécessite qu’on devienne héritier de la
plénitude du royaume céleste (D&A 76:50-70).
Tous
les ouvrages canoniques de l’Église contiennent des
énoncés clairs de l'Évangile de Jésus-Christ
(voir D&A 10:63-70 ; 11:9-24 ; 19:29-32 ;
20:37 ;
33:10-13 ; 39:6 ; 68:25 ; Moï. 5:14-15, 58 ;
6:50-53). Les saints des derniers jours trouvent le même
concept dans beaucoup de passages du Nouveau Testament (Mt. 3:11 ;
24:13-14 ; Ac. 2:38 ; 19:4-6 ; Ro. 1:16), bien que
qu’il n’y ait souvent que quelques-uns des six éléments
principaux qui soient spécifiquement mentionnés dans un
passage donné. C'est également vrai du Livre de Mormon.
Par exemple, la promesse que « ceux qui croient en lui
seront sauvés » (2 Né. 2:9) peut être
comprise comme un mérisme (abréviation d'une formule
qui ne conserve que le premier et le dernier élément)
qui appelle implicitement chacun des six composants même s’ils
ne sont pas mentionnés explicitement. Un autre mérisme
dit que la vie éternelle, c’est croire en Jésus
et persévérer jusqu'à la fin (2 Né.
33:4 ; cf. v. 9).
AUTRES
SIGNIFICATIONS. Bien que l'accent soit mis sur les vérités
nécessaires au salut, l'utilisation du terme « Évangile »
chez les saints des derniers jours ne se limite pas à la
définition scripturaire. Les saints appellent habituellement
« Évangile » l’ensemble de leurs
croyances religieuses. Selon l’interprétation la plus
large, toute vérité ayant Dieu pour origine peut être
incluse dans l'Évangile. Le président Joseph F. Smith a
dit : « Au sens théologique du terme,
l'Évangile signifie plus que simplement la bonne nouvelle avec
la joie qui l’accompagne dans l’âme des hommes,
parce qu’il englobe tous les principes de la vérité
éternelle. Il n'y a pas de principe fondamental ou de vérité,
où que ce soit dans l'univers, qui ne soit englobé dans
l'Évangile de Jésus-Christ et il ne se limite pas aux
premiers principes simples, tels que la foi en Dieu, le repentir du
péché, le baptême pour la rémission des
péchés et l'imposition des mains pour le don du
Saint-Esprit, bien que ceux-ci soient absolument essentiels au salut
et à l'exaltation dans le royaume de Dieu » [p.
85-86].
Malgré
cet éventail de significations liées à
l'Évangile, comme l’explique le président Smith,
les vérités salvatrices englobées dans les
premiers principes sont indispensables et doivent être
respectées si l’on veut obtenir le salut. C’est
sur elles que l'Église concentre ses enseignements et ses
pratiques. Les saints des derniers jours sont strictement tenus de
parler des principes fondamentaux, des premiers principes de
l'Évangile, aux autres pour que tous aient une chance égale
d'obtenir le salut. Les efforts missionnaires des membres et des
missionnaires à plein temps ont pour but d’inviter les
autres à aller au Christ par l'obéissance aux principes
et aux ordonnances de l'Évangile.
Le
président Ezra Taft Benson a de même expliqué que
« l'Évangile peut être considéré
sous deux perspectives. Au sens le plus large, l'Évangile
englobe toute la vérité, toute la lumière, toute
la connaissance révélées à l'humanité.
Dans un sens plus restrictif, l'Évangile signifie la doctrine
de la Chute… [et de] l'Expiation ». Pour clarifier
le sens restrictif, il explique : Quand le Sauveur parlait de
son Évangile, il voulait dire… les lois, les alliances
et les ordonnances auxquelles les hommes doivent satisfaire pour
assurer leur salut. Il voulait dire la foi au Seigneur Jésus-Christ,
le repentir de tous les péchés, le baptême par
immersion par une personne autorisée pour la rémission
de nos péchés et la réception du don du
Saint-Esprit, et finalement être vaillant jusqu'à la fin
de ses jours dans son témoignage de Jésus. C'est là
l'Évangile que Jésus a prêché »
[p. 30].
Ceux
qui meurent sans entendre l'Évangile tandis qu’ils
étaient dans la condition mortelle recevront cette occasion
dans le monde d'esprit. Les ordonnances nécessaires du baptême
et de l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit seront
accomplies en faveur des morts dans les temples modernes par les
membres vivants. Les défunts décideront par eux-mêmes
d’accepter ou de rejeter les ordonnances accomplies en leur
faveur (voir Salut des morts).
LA
NATURE ÉTERNELLE DE L'ÉVANGILE. Les saints des derniers
jours croient que l'Évangile a toujours existé et
continuera à exister à toute éternité. Le
prophète Joseph Smith a dit : « Le grand
Jéhovah envisagea l’ensemble des événements
liés à la terre, relatifs au plan de salut avant
qu'elle ne prenne son départ dans l'existence ou même
avant que ‘les étoiles du matin éclatent en
chants de joie » (EPJS, p. 177). La nature éternelle
de l'Évangile a également été soulignée
par le président John Taylor, qui a déclaré que
« l'Évangile est un principe vivant, permanent,
éternel et immuable qui a existé à égalité
avec Dieu et existera toujours, aussi longtemps que le temps et
l'éternité dureront, partout où il est développé
et rendu manifeste » (p. 88).
Les
Écritures modernes expliquent qu'après que le Seigneur
eut enseigné le plan du salut et l'Évangile à
Adam et Ève (Moï. 5:4-11), Adam « fut enlevé
par l'Esprit du Seigneur » dans l'eau où il fut
baptisé. Après son baptême, « l’Esprit
du Seigneur descendit sur lui, et c'est ainsi qu'il naquit de
l'Esprit » (Moï. 6:48-68). En décrivant plus
tard cette expérience, Hénoc explique que Dieu appela
Adam de sa propre voix, lui enseignant le même Évangile
que celui exposé dans les autres Écritures : « Si
tu veux te tourner vers moi, écouter ma voix, croire, te
repentir de toutes tes transgressions et être baptisé
dans l'eau, au nom de mon Fils unique, qui est plein de grâce
et de vérité, lequel est Jésus-Christ, le seul
nom qui sera donné sous le ciel par lequel le salut sera donné
aux enfants des hommes, tu recevras le don du Saint-Esprit »
[Moï. 6:52].
L’Écriture
moderne rapporte qu'Adam et Ève enseignèrent l’Évangile
à leurs enfants, mais que Satan vint parmi eux et persuada
certains de l'aimer plus que Dieu (Moï. 5:13 ; voir
Démons). Ainsi en a-t-il été des descendants
d'Adam et Ève et, dans cette situation, le Seigneur invita les
hommes de partout à croire au Fils et à se repentir de
leurs péchés afin d’être sauvés. Ce
message d'Évangile était « un ferme décret »
envoyé « dans le monde jusqu'à la fin de
celui-ci » et fut prêché dès le
commencement par des anges, par la voix de Dieu et par le
Saint-Esprit (Moï. 5:12-15, 58-59).
Les
saints des derniers jours comprennent l'histoire du monde en termes
de périodes de fidélité et d'apostasie. Bien
qu'il y ait eu beaucoup de périodes où l'Évangile
de Jésus-Christ a été perdu sur la terre, il a
été à plusieurs reprises rétabli par des
prophètes envoyés pour annoncer de nouvelles
dispensations de l'Évangile. L'Évangile a été
donné à des générations successives et
conservera éternellement son efficacité. Le
rétablissement de la plénitude de l'Évangile
avec Joseph Smith lance la « dernière
dispensation » ou dispensation de la plénitude des
temps et il a été promis que l'Évangile ne sera
plus jamais enlevé de la terre. L'Évangile de
Jésus-Christ continue à être le seul moyen donné
sous le ciel par lequel les hommes et les femmes puissent aller vers
leur Sauveur et être sauvés et est la norme selon
laquelle tous les hommes seront jugés (voir Jugement
dernier).
Évangile
de Jésus-Christ : Considérations étymologiques
sur « Évangile »
Auteur :
REYNOLDS, NOEL B.
Le
mot « Évangile » dérive du grec
euaggelion (latin, evangelium) ou « bonne nouvelle ».
Le terme est utilisé dans le Nouveau Testament principalement
pour désigner le message du salut par Jésus-Christ,
souvent désigné par le nom « Évangile
de Jésus-Christ » (Marc 1:1), « Évangile
de Dieu » (Mc. 1:14) ou « bonne nouvelle du
royaume de Dieu » (Lu. 8:1). L'Évangile, dans le
Nouveau Testament, est la « bonne nouvelle »
pour tous les hommes que s'ils vont au Christ et gardent ses
commandements, ils seront sauvés (Mt. 7:21 ; Mc.
16:15-16). Paul utilise davantage euaggelion que les autres auteurs
du Nouveau Testament, adoptant aussi bien la forme nominale que la
forme verbale du terme grec. La pratique d’appeler
« évangiles » les récits écrits
de la vie et du ministère de Jésus, est apparue parmi
les chrétiens au premier siècle et était d’usage
courant dès le deuxième.
Bien
que les Écritures modernes aient une notion plus définie
de l'Évangile, leur enseignement est conforté par les
réflexions des savants sur l’étymologie possible
du terme tel qu’utilisé dans le Nouveau Testament. On y
trouve des formes verbales et des noms dérivés dont le
sens premier est la remise de messages, en particulier de bonnes
nouvelles – la victoire au combat en étant un exemple
courant. Ce sens est étendu dans Ésaïe par
application au héraut qui annonce le retour des exilés
à Jérusalem, proclamant la bonne nouvelle de la
prospérité et de l'affranchissement ainsi que de la
royauté de Jéhovah (És. 52:7 ; voir
Friedrich, p. 708).
En
grec, euaggelion comportait les idées de libération
vis-à-vis des ennemis et d'affranchissement par rapport aux
puissances démoniaques. Il pouvait désigner les oracles
ou plus exactement leur accomplissement. Ce faisceau de
significations a fait d’euaggelion un terme approprié
pour les auteurs du Nouveau Testament qui voyaient dans l'Évangile
le moyen par lequel les hommes peuvent échapper aux puissances
mauvaises de ce monde et l’accomplissement des prophéties
antiques concernant un Messie à venir.
L’utilisation
religieuse d'euaggelion avant l’époque chrétienne
était commune aux cultes impériaux populaires dans
lesquels le culte des empereurs grecs et romains était censé
apporter la richesse et le pouvoir sous diverses formes. Quand les
chrétiens ont commencé à s’en servir, ils
ont dû le faire avec ironie, forçant les auditeurs et
les lecteurs à comparer César sur son trône au
Christ sur la croix et à faire le choix correspondant entre la
recherche universelle du pouvoir et de la richesse (les avantages
matériels) de ce monde et la voie singulière de la foi,
du repentir et de l'Esprit enseignée par Jésus. Cette
comparaison implicite devient explicite quand trois évangiles
du Nouveau Testament font dire à Jésus qu’il faut
rendre « à César ce qui est à César,
et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mc. 12:17 ;
cf. Mt. 22:21 et Lu. 20:25). Paul utilise la même ironie quand
il qualifie l'Évangile de mystère (voir Friedrich, p.
712, 723-25 ; Ép. 6:19). Ce qui a déçu
certains chez Jésus comme Messie c’était
justement qu'il n'était pas le genre de sauveur que l’on
adorait dans le culte des empereurs.
Le
Livre de Mormon utilise les termes « Évangile »
et « doctrine » l'un pour l'autre, d'une
manière qui correspond à l'usage du Nouveau Testament,
du moins dans la mesure où tous les deux impliquent des
communications qui peuvent être ramenées à des
déclarations verbales (voir Doctrine). Le terme « doctrine »
(didaskalia) dans le Nouveau Testament signifie
« enseignement »
et désigne soit la doctrine du Christ, soit les enseignements
vains du peuple ou des démons. De même, les auteurs du
Livre de Mormon utilisent « Évangile »
et « doctrine » pour désigner un
enseignement qui peut être ramené à un ensemble
de déclarations ou « points… de doctrine »
(1 Né. 15:14 ; Hél.
11:22).
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Roberts, B. H.
The Gospel : An Exposition of Its First
Principles and Man's Relationship to Deity. Salt Lake City,
1966.
Smith, Joseph
F. GD, p. 85-86, 95-106.
Talmage, James
E.
AF, p. 52-170.
Taylor, John.
Gospel Kingdom, Salt Lake City,
1964.
Yarn, David H.,
Jr. The Gospel : God, Man, and Truth.
Salt Lake City, 1965.
NOEL B. REYNOLDS
Évangile,
Plénitude de
Auteur :
Farnsworth, Dean B.
L'expression « plénitude
de l'Évangile »
désigne la totalité de la doctrine de la rédemption
démontrée et enseignée dans le ministère
et la vie de Jésus-Christ. Elle « se compose des
lois, des ordonnances, de la doctrine, des pouvoirs et de l’autorité
nécessaires pour permettre aux hommes d'acquérir la
plénitude du salut » (MD, p. 333).
Plénitude est un terme parfois
utilisé dans les
Écritures pour décrire le Christ lui-même, tant
en ce qui concerne sa situation comme Fils de Dieu qu’en ce qui
concerne ce qu'il a offert à l'humanité. Jean, en
témoignant du Sauveur, a dit : « … et
nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce
pour grâce » (Jean 1:16). Recevoir la plénitude
de ce que le Sauveur a offert, c’est l'accepter comme étant
celui qui a rendu le salut possible pour tous grâce à
l’Expiation et suivre ses enseignements. Ainsi, pour connaître
une plénitude de joie il faut observer les commandements de
Dieu (D&A 93:27).
Le Christ lui-même a déclaré
la plénitude
de son Évangile : « Car je suis descendu du
ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de
celui qui m’a envoyé… La volonté de mon
Père, c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui
ait la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier
jour » (Jean 6:38-40).
Les saints des derniers jours
croient que chaque prophète, de
quelque dispensation que ce soit, a prophétisé sur le
Christ. Mais l'expression plénitude de l'Évangile
implique qu’il y a eu des périodes où l'Évangile
n'était pas sur la terre dans sa plénitude, soit dans
la doctrine, soit dans les ordonnances. En 1820, un messager céleste
a décrit le Livre de Mormon à Joseph Smith comme
« donnant l’histoire des anciens habitants de ce
continent » et « contena[n]t la plénitude
de l'Évangile éternel, telle qu’elle avait été
donnée par le Sauveur » (JS — H 1:34).
Le président Ezra Taft Benson
explique : « Le
Livre de Mormon contient la plénitude de l'Évangile de
Jésus-Christ (D&A 20:9). Cela ne signifie pas qu’il
contient chaque enseignement, chaque point de doctrine jamais révélé.
Ce que cela signifie, c’est que, dans le Livre de Mormon, nous
trouverons la plénitude des points de doctrine qui sont
nécessaires à notre salut. Et ils sont enseignés
clairement et simplement pour que même les enfants puissent
apprendre les voies du salut et de l'exaltation » (Benson,
p. 18-19).
Néphi 1, un prophète du Livre
de Mormon vivant des
siècles avant la venue du Christ, a dit que la plénitude
de l'Évangile ne serait pas toujours sur la terre. Dans une
vision du ministère futur du Seigneur, il a vu que certaines
parties de l'Évangile seraient modifiées et trafiquées.
Néphi a écrit à propos de la Bible :
« Lorsqu'il sortit de la bouche d'un Juif, il contenait la
plénitude de l'Évangile du Seigneur dont les douze
apôtres rendent témoignage. » Mais les hommes
ont enlevé de la Bible « beaucoup de parties qui
sont claires et extrêmement précieuses; et il y a aussi
beaucoup d'alliances du Seigneur [qu’ils ont] ôtées »,
ce qui a entraîné la perte de l'Évangile (cf. 1
Néphi 13:24-29).
Les saints des derniers jours
croient que cette apostasie et la
corruption des Écritures ont nécessité un
rétablissement ultérieur de la plénitude de
l'Évangile par l’intermédiaire de prophètes
appelés par Dieu. Ce rétablissement a commencé
avec la première vision de Joseph Smith, le prophète,
en 1820, et s'est poursuivi avec des révélations
ultérieures, notamment les Écritures modernes et
l'autorité de la prêtrise, qui restent aujourd'hui dans
l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.
[Voir aussi Rétablissement de toutes choses ;
Rétablissement de l'Évangile de Jésus-Christ.]
Bibliographie
Ezra
Taft Benson. A Witness and a Warning. Salt Lake City, 1988.
DEAN
B. FARNSWORTH
Évangile,
Premiers principes de
Auteur :
Hafen, Marie Kartchner
Les
premiers principes et ordonnances de l'Évangile sont
« premièrement la foi au Seigneur Jésus-Christ,
deuxièmement le repentir, troisièmement le baptême
par immersion pour la rémission des péchés,
quatrièmement l'imposition des mains pour le don du
Saint-Esprit » (4e A de F). Le Sauveur ressuscité a
enseigné que ces principes constituent son « Évangile »:
« Repentez-vous, toutes les extrémités de la
terre, et venez à moi, et soyez baptisées en mon nom,
afin d'être sanctifiées par la réception du
Saint-Esprit, afin de vous tenir sans tache devant moi au dernier
jour. En vérité, en vérité, je vous le
dis, c'est là mon Évangile » (3 Néphi
27:20-21 ; cf. Actes 2:37-38). Ces quatre principes préparent
les hommes à entrer dans le « sentier étroit
et resserré qui conduit à la vie éternelle »
(2 Néphi 31:17-18).
Tout d'abord, la foi en Jésus
Christ commence souvent par
le désir de croire (Alma 32:26-28), qui peut être
suscité quand on entend ou lit des témoignages vrais du
Christ et de son expiation rendus par d’autres personnes. On
nourrit la foi par l’obéissance patiente aux
commandements de Dieu. La foi grandit ensuite selon un processus qui
comprend le repentir, le baptême pour la rémission des
péchés, une confiance accrue dans le Christ et
finalement une nature semblable à celle du Christ (Hafen, p.
141-200).
Le repentir implique (1) la
prise de conscience de sa
culpabilité ; (2) une tristesse et une souffrance selon
Dieu ; (3) la confession pour être soulagé des
effets nuisibles du péché ; (4) la réparation,
dans la mesure du possible ; (5) le remplacement du péché
par l’obéissance aux commandements de Dieu ; et (6)
l’acceptation du sacrifice expiatoire du Christ. Grâce à
l'Expiation, si on se repent, la miséricorde du Christ
satisfait aux exigences de la justice.
Le baptême, troisième principe
et première
ordonnance essentielle, est le fruit du repentir et est requis de
tous ceux qui veulent être sauvés dans le royaume de
Dieu (Jean 3:3-5 ; cf. 2 Néphi 9:23). Le baptême a
plusieurs objectifs. C'est un lavage, une purification symbolique des
péchés et il est nécessaire pour pouvoir entrer
dans l'Église. Lorsqu'il est suivi de la réception du
Saint-Esprit, c'est la porte ouverte à la sanctification
personnelle (Moroni 6:1-4). La méthode prescrite du baptême
est par immersion dans l'eau par un prêtre de la Prêtrise
d'Aaron ou par un détenteur de la Prêtrise de
Melchisédek. « Le symbolisme du rite n’est
conservé sous aucune autre forme » (AF, p. 137).
Quand on « naît de
l'Esprit » ou que
l’on reçoit le don du Saint-Esprit, on obtient le droit
à l'aide, aux conseils et au réconfort constants du
Saint-Esprit. « La tâche spéciale du
Saint-Esprit est d'éclairer et d'ennoblir l'esprit, de
purifier et de sanctifier l'âme, d'inciter aux bonnes œuvres
et de révéler les choses de Dieu » (AF, p.
167). Quand on lui demanda en quoi l'Église différait
des autres religions de l'époque, Joseph Smith répondit :
« Nous différons par le mode de baptême et le
don du Saint-Esprit... [et] que toutes les autres considérations
[les différences avec les autres églises] étaient
contenues dans le don du Saint-Esprit » (HC 4:42). Le don
du Saint-Esprit est conféré par l’imposition des
mains par un détenteur de la Prêtrise de Melchisédek.
Résumant le processus partant
de la foi et du repentir
pour aboutir à la sanctification, le prophète Mormon,
du Livre de Mormon, a déclaré : « Les
prémices du repentir, c'est le baptême; et le baptême
vient par la foi pour accomplir les commandements; et
l'accomplissement des commandements apporte le pardon des péchés;
et le pardon des péchés apporte la douceur et
l'humilité de cœur; et à cause de la douceur et
de l'humilité de cœur vient la visitation du
Saint-Esprit, lequel Consolateur remplit d'espérance et
d'amour parfait, amour qui subsiste, par la diligence dans la prière,
jusqu'à ce que vienne la fin, lorsque tous les saints
demeureront avec Dieu » (Moroni 8:25-26).
Ces quatre principes et
ordonnances de l'Évangile sont
les « premiers » parce qu'ils lancent et
activent le processus d’évolution depuis la nouvelle
naissance spirituelle jusqu’à l’accession à
une nature divine.
Bibliographie
Hafen,
Bruce C. The Broken Heart : Applying the Atonement to Life’s
Experiences. Salt Lake City, 1989.
Kimball, Spencer W. The Miracle
of Forgiveness, Salt Lake City, 1969.
MARIE KARTCHNER HAFEN
Ève
Auteur :
Campbell, Beverly
Les saints des derniers jours
honorent Ève, première femme de la création
terrestre, compagne d'Adam et mère et matriarche du genre
humain, comme l'une des personnes les plus importantes, les plus
vertueuses et les plus héroïques de toute la famille
humaine. Le don suprême d'Ève à l'humanité,
la possibilité de vivre sur cette terre, découle de la
décision qu’elle a prise de devenir mortelle.
Ève, Adam,
Abraham et d’autres étaient parmi
les nobles et les grands impliqués dans la création de
la terre (Abr 3:22-24; cf. McConkie, p. 59). Dieu la préordonna
et l’appela Ève, « la mère de tous les
vivants » ; dans le jardin d'Éden, Adam
l’appela Ève, ce qui reflète cet appel (Moïse
4:26). Elle fut créée spirituellement et physiquement
de la même manière qu’Adam (MD, p. 242). Dieu leur
donna le nom d’Adam et « à l'image de son
corps, il créa l’homme et la femme » (Moïse
6:9).
Ève et Adam
rencontrèrent un dilemme dans leurs
efforts pour obéir aux commandements de Dieu. Ils ne pouvaient
pas garder le commandement principal d’avoir des enfants tant
qu'ils restaient non mortels dans le jardin (2 Néphi 2:22-23).
L'interdiction de manger de l'arbre de la connaissance du bien et du
mal était toutefois nuancée par les mots « néanmoins,
tu peux choisir par toi-même »(Moïse 3:16-17),
et la conséquence expressément indiquée était
qu’ils deviendraient mortels.
Satan était là
pour tenter Adam et Ève,
tout comme il allait essayer d”en faire échouer d'autres
dans leur mission divine: « Et [il] essaya aussi de
séduire Ève, car il ne connaissait pas la pensée
de Dieu, c'est pourquoi il essaya de détruire le monde »
(Moïse 4:6 ; cf. Mt 4:3-11 ; Moïse 1:12-22; JS–H
1:15-16). Ève avait le choix entre la facilité égoïste
et affronter avec désintéressement les tribulations et
la mort (Widtsoe, p. 193). Comme le réclamait son appel, elle
comprit qu'il n’y avait aucun autre moyen et choisit
délibérément la condition mortelle pour faire
avancer le dessein de Dieu et faire venir des enfants au monde.
L'Église de
Jésus-Christ des Saints des Derniers
Jours affirme qu’en prenant du fruit de l'arbre de la
connaissance du bien et du mal, Ève, aussi bien qu’Adam,
a agi d'une manière agréable à Dieu et en accord
avec le plan prévu par lui (voir Chute d'Adam). Brigham Young
explique : « Le Seigneur savait qu'ils agiraient
ainsi et il avait prévu qu'ils le feraient » (JD
10:103). « Nous ne devrions en aucun cas en vouloir à
Ève, en aucune façon » (JD 13:145). Adam et
Ève « ont relevé un grand défi... Ils
ont choisi judicieusement conformément à la loi céleste
de l'amour pour les autres » (Widtsoe, p. 194). Par la
suite, dans l’une des plus anciennes déclarations que
l’on trouve dans les Écritures, Ève résumera
le Plan du Salut en parlant de la joie réservée à
l'humanité dans l'éternité: « Sans
notre transgression, nous n’aurions jamais eu de postérité
et nous n'aurions jamais connu le bien et mal, la joie de notre
rédemption et la vie éternelle que Dieu donne à
tous ceux qui obéissent » (Moïse 5:10-11).
Des parents
célestes aimants ont préparé
Ève et Adam à leur rôle dans la condition
mortelle. Après la Chute, Dieu donna à Adam et Ève
la loi du sacrifice afin qu'ils puissent obtenir le pardon des péchés
commis dans la condition mortelle (Moïse 5:5). Il mit une
inimitié (une horreur du mal) entre la postérité
d'Ève et Satan et ses disciples (Moïse 4:21). Dieu
accorda à Ève le pouvoir d’être mère
et lui révéla le difficile travail de l'accouchement
(Genèse 3:16-17)."
Adam et Ève
étaient mari et femme. Tandis qu’ils
étaient dans le jardin, Dieu les avait scellés en un
mariage éternel (Genèse 2:22-24). Dieu dit à
Ève : « Tes désirs se porteront vers
ton mari, mais il dominera sur toi » (3:16). Le président
Spencer W. Kimball a expliqué que le mot hébreu traduit
par « dominera » pourrait être mieux
compris comme voulant dire « ‘présidera’,
parce que c'est ce qu'il fait » (Ensign, mars 1976, p.
72), et le mari ne préside que quand il le fait dans la
justice (voir Famille : Enseignements sur la famille). Dans le
même ordre d’idées, Dieu présenta Ève
à Adam en des termes qui sont rendus en français par
l'expression « une aide semblable à lui »,
indiquant l’égalité entre les deux.
Le Seigneur
lui-même fit des vêtements de peaux et
revêtit Adam et Ève (Moïse 4:27). Ève donna
à Adam des fils et des filles. Elle travailla avec lui. Ils
prièrent le Seigneur et entendirent sa voix (Moïse
5:4-5). Ils révélèrent tout à leurs
enfants et leur apprirent à lire, à écrire et à
tenir les annales des souvenirs de la famille (Moïse 5:12 ;
6:5-6).
Ève
« participe avec Adam à tout son
ministère, [et] héritera conjointement avec lui de
toutes les bénédictions attachées à son
état suprême d'exaltation" (MD, p. 242). Le
président Joseph F. Smith la vit en vision en 1918 :
parmi les grands et les puissants dans l’assemblée
céleste des justes, il vit « notre glorieuse mère
Ève avec beaucoup de ses filles fidèles qui avaient
vécu au cours des siècles et adoré le Dieu vrai
et vivant » (D&A 138:39).
La chute d'Ève
et
d’Adam est profondément significative : ils ont
ouvert la voie de la condition mortelle à l'humanité
tout entière et ils se sont assujettis à mort afin de
permettre une progression continue vers la vie éternelle.
Notre mère Ève a donné à ses filles et à
ses fils un héritage d'honneur, car elle a agi avec sagesse,
amour et un sacrifice désintéressé.
Bibliographie
McConkie, Bruce
R. "Eve and the Fall."
Dans Woman, p. 57-68. Salt Lake City, 1979.
Nibley, Hugh W.
"Patriarchy and Matriarchy." CWHN 1:87-114.
Smith,
Joseph Fielding. "Was the Fall of Adam Necessary?" Answers
to Gospel Questions, Vol. 4, p. 79-83. Salt Lake City, 1963.
Widtsoe, John
A. "Was the "Fall' Inevitable?"
Evidences and Reconciliations, p. 192-195. Salt Lake City, 1987.
BEVERLY
CAMPBELL
Ézéchiel,
prophéties d’
Auteur :
MESERVY, KEITH H.
Les prophéties
d'Ézéchiel
(593-v. 570 av. J.-C.) intéressent les saints des derniers
jours parce qu'elles contiennent des informations uniques sur des
aspects de l’œuvre salvatrice de Dieu pour ses enfants,
telles que les responsabilités de la sentinelle ou dirigeant
(chap. 3, 33), la nature du libre arbitre et de la responsabilité
personnels (chap. 18), la miséricorde et le pardon (chap. 18)
et les relations de l'alliance de Dieu avec Israël et Juda
(chap. 34-39). Quand ils étudient le livre d’Ézéchiel,
la plupart des saints des derniers jours se concentrent sur les
chapitres 34-48 parce qu'ils jettent de la lumière sur l’œuvre
de Dieu dans les derniers jours, notamment sur le retour d'Israël
dans ses terres, le retour du pays à une pleine productivité,
la reconstruction du temple pour servir de résidence à
Dieu et la parution d’annales importantes qu'ils identifient à
la Bible et au Livre de Mormon.
Au
chapitre 34, Ézéchiel décrit la dispersion des
Israélites parmi les nations de la terre comme une défaillance
des dirigeants : les « bergers » d’Israël
avaient exploité les « brebis » au lieu
d’en prendre soin (voir Israël : Dispersion
d'Israël). En conséquence, le Seigneur deviendra le
Berger pour chercher les brebis perdues et pour les rassembler
« des
diverses contrées… dans leur pays » (34:11,
13). Enfin un David moderne deviendra leur dirigeant (34:24),
l’aridité du pays sera surmontée (36:8-11), la
mer Morte sera poissonneuse (47:1, 7-10) et Israël, comme les
nations, saura que le Seigneur est avec lui et « [il
saura] que je suis l’Éternel » (34:23-28,
30).
Les
chapitres 35-36 décrivent les tensions qui apparaîtront
quand les Israélites de retour trouveront leur pays habité
par d'autres qui le réclameront comme le leur (35:10, 12, 15 ;
36:2-5). Le Seigneur a cependant promis qu'il diviserait la terre
« par le sort » parmi les Israélites de
retour pour leur héritage, assurant en même temps à
tous les non-Israélites vivant parmi eux qu'eux aussi se
verraient accorder un « héritage… parmi les
enfants d'Israël » (47:22 [13-23]).
Le
Seigneur insiste sur le caractère littéral de ce
rassemblement (37:1-14). Comme dans la Résurrection, les
Israélites dispersés, comme des ossements desséchés,
pourraient quand même espérer être réunis
une fois de plus dans leur propre pays en un seul corps, avec les
muscles et la chair, le souffle et l'esprit. La Résurrection
est donc une métaphore du rassemblement aussi bien que le
moyen par lequel cela se fera, comme promis par le Seigneur :
« J'ouvrirai vos sépulcres, je vous ferai sortir de
vos sépulcres, ô mon peuple, et je vous ramènerai
dans le pays d'Israël » (37:12).
Une
fois que les Israélites se seront réunis et seront
devenus prospères, ils vivront paisiblement dans « des
habitations sans murailles », « tranquilles »,
« en sécurité », « n’ayant
ni verrous ni portes » (38:11). C’est alors qu’ils
seront attaqués par Gog, dont le but est de piller leur terre
prospère. Dans les batailles qui s’ensuivront, le
Seigneur raffinera Israël tout en faisant tomber le jugement les
nations, aussi bien celles qui attaquent Israël que celles qui
vivent dans des pays lointains (cf. És. 4:4 ; Za.
12:2-3 ; 14:2-3 ; So. 3:8 ; Éz. 39:2-4, 6, 11,
21-24). Jérusalem sera reconstruite comme centre divin, le
temple de Dieu sera érigé au milieu d’eux (chap.
40-47), et il y résidera de sorte que Jérusalem sera
appelée « sainte, parce que le Seigneur y sera »
(TJS Éz. 48:35).
Dans
ce contexte de rassemblement, Ézéchiel parle de la
réunion des « bois » de Juda et
d’Éphraïm (c.-à-d., Israël), une
réunion qui signale non seulement le commencement du
rassemblement d'Israël (Éz. 37:15-22 ; cf. 3 Né.
20:46 ; 21:1-3, 7-13) mais également le moyen par lequel
le rassemblement ultime, celui qui ramène les peuples à
Dieu, se fera (cf. 1 Né. 22:12 ; 2 Né.
6:11).
Les
saints des derniers jours voient dans les annales de Juda la Bible et
dans celles d’Éphraïm le Livre de Mormon (D&A
27:5). Ils considèrent que quand le Livre de Mormon a été
traduit et publié, il est devenu possible d’unir les
deux documents. Et puisque le but explicite du Livre de Mormon est de
convaincre « Juif et Gentil que Jésus est le
Christ, le Dieu éternel, qui se manifeste à toutes les
nations » (page de titre du Livre de Mormon), ils voient
dans cette union des témoignages le moyen principal par lequel
Israël sera ramené à Dieu (voir Livre de Mormon,
Prophéties bibliques concernant).
Bibliographie
Meservy,
Keith H. "Ezekiel's Sticks and the Gathering of Israel."
Ensign 17, févr. 1987, p. 4-13.
Sperry, Sidney
B. The Voice
of Israel's Prophets, p. 218-237. Salt Lake City, 1952.
KEITH H.
MESERVY
F
Famille
[Cette
rubrique se compose de deux articles : Famille :
Enseignements au sujet de la famille. Famille : Vie de famille.
Le premier article présente les enseignements principaux au
sujet de la famille qui tendent à mettre les saints des
derniers jours à part des autres et se concentre sur les
Écritures modernes et sur les enseignements des dirigeants de
l’Église. Le deuxième article donne une
explication substantielle de la manière dont la famille fait
ensemble son expérience de membre de l’Église,
notamment du fait que les programmes de l’Église sont
principalement axés sur la famille. Celle-ci est au centre de
la théologie, de la religion, de la société et
de la culture des saints. En plus des articles ci-dessous, voir
Enfants, Paternité, Mariage, Maternité, et Mère
en Israël. Concernant les règles et pratiques spécifiques
de l’Église à propos de la famille, voir
Maltraitance, Conjoint et Enfant ; Adoption d’enfants ;
Contrôle des naissances ; Divorce ; Soirée
familiale ; et Prière en famille.]
Famille :
Enseignements au sujet de la famille
Auteur :
BRADFORD, REED H.
L'unité
de base de l'Église de Jésus-Christ des saints des
derniers jours est la famille : « Le foyer est la
base d'une vie juste et aucun autre instrument ne peut prendre sa
place ni accomplir ses fonctions essentielles » (McKay,
préface). C’est au sein de la famille que les gens
connaissent la plupart des plus grandes joies et des plus grands
chagrins de la vie. Les relations familiales de chaque personne sur
terre sont d'importance cardinale, et de tous organismes sociaux
créés pour les êtres humains, seule la famille
est conçue pour continuer dans la vie suivante.
LES
FAMILLES SUR TERRE SONT LE PROLONGEMENT DE LA FAMILLE DE DIEU. Selon
le concept de la famille entretenu par les saints, toute personne est
un enfant de parents célestes aussi bien que de parents
mortels. Chacun individu a été créé
spirituellement et physiquement à l'image de Dieu et du Christ
(Moï. 2:27 ; 3:5). La Première Présidence a
déclaré : « Tous les hommes, toutes les
femmes sont à la ressemblance du Père et de la Mère
universels, et sont littéralement les fils et les filles de la
Divinité » (MFP 4:203). Tout le monde, avant de
venir sur cette terre, a vécu avec notre Père et notre
Mère célestes, et tout le monde a été
aimé et instruit par eux en tant que membre de leur famille
éternelle (voir Vie prémortelle). La naissance unit
l'esprit à un corps physique de sorte qu'ensemble ils puissent
recevoir « une plénitude de joie » (D&A
93:33 ; cf. 2 Né. 2:25).
LE
MARIAGE EST ORDONNÉ DE DIEU. « Quiconque interdit
de se marier n'est pas mandaté par Dieu, car le mariage est
institué par Dieu pour l'homme » (D&A 49:15).
Le mariage sanctionné par Dieu donne à l’homme et
à la femme l'occasion d'accomplir leur potentiel divin. « Dans
le Seigneur, la femme n’est point sans l’homme, ni
l’homme sans la femme » (1 Co. 11:11). Maris et
femmes sont uniques par certains côtés et libres de
développer leurs dons éternels, et cependant étant
égaux aux yeux de leurs parents célestes, ils sont un
dans les buts divins qu'ils poursuivent, dans leur dévotion
aux principes et aux ordonnances éternels, dans leur
obéissance au Seigneur et dans leur amour divin l'un pour
l'autre. Quand un homme et une femme qui ont été
scellés l’un à l’autre dans un temple sont
unis spirituellement, mentalement, émotionnellement et
physiquement, assumant la pleine responsabilité de
s'entretenir mutuellement, ils sont vraiment mariés. Ensemble
ils s’efforcent d’imiter le prototype du foyer céleste
dont ils viennent. L'Église leur enseigne à se
compléter, à se soutenir et à s’enrichir
l’un l’autre.
LA
FAMILLE PEUT DEVENIR UNE CELLULE ÉTERNELLE. Les membres dignes
peuvent être scellés par le pouvoir de la prêtrise
pour le temps et l'éternité dans un saint temple soit
quand ils se marient soit après le mariage. Au moment de leur
scellement au temple, le mari et la femme entrent dans « un
ordre de la prêtrise [appelé] la nouvelle alliance
éternelle du mariage » (D&A 131:1-4). Sans
dignité ni autorité, un mariage ne peut pas durer
éternellement et est « sans efficacité,
vertu ou force dans et après la résurrection des
morts » (D&A 132:7). Si un mari et sa femme sont
fidèles à leur mariage au temple, ils continueront
comme co-créateurs dans le royaume céleste de Dieu à
toute éternité. Ils administreront les affaires de leur
famille dans l'unité avec les conseils du Saint-Esprit.
Concernant les membres de l'Église non nés dans de tels
foyers ou non mariés dans cette vie sans que cela ne soit de
leur faute, le président Spencer W. Kimball a enseigné
que ceux « qui auraient fait le nécessaire s’ils
en avaient eu l’occasion appropriée recevront toutes ces
bénédictions dans le monde à venir »
(Kimball, p. 295).
LE
POUVOIR DE CRÉER LA VIE EST UN DON DE DIEU. Parce que le
pouvoir de procréation vient de Dieu, la pureté
sexuelle est spirituelle et mentale, aussi bien que physique et
émotionnelle (voir Sexualité). Jésus a dit :
« Quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà
commis l'adultère dans son cœur. Voici, je vous donne le
commandement de ne permettre à aucune de ces choses d'entrer
dans votre cœur » (3 Né. 12:28-29). La
chasteté est sacrée (cf. Jcb. 2:28).
LA
PROCRÉATION EST UN COMMANDEMENT DE DIEU. Par l'expérience
sexuelle, le mari et la femme enrichissent leur mariage et créent
des corps physiques pour que des esprits viennent sur terre réaliser
les buts divins. Les saints des derniers jours s’efforcent de
créer une vie au foyer consacrée à atteindre ces
buts. C’est à la fois une joie et une responsabilité
pour les parents de faire venir des esprits célestes dans ce
monde. Adam et Ève reçurent le commandement :
« Soyez féconds, multipliez » (Ge.
1:22). La révélation moderne a donné les mêmes
instructions. On enseigne aux membres de l’Église à
ne pas retarder et à ne pas refuser d'avoir des enfants pour
des raisons égoïstes ou matérialistes. Pour ce qui
est de la question de savoir combien d'enfants un couple aura, de
l'espacement des enfants et de la régulation des naissances,
les saints des derniers jours sont censés faire usage de leur
libre arbitre et de choisir, comme mari et femme, une façon de
faire qui soit conforme aux principes divins en recherchant la
confirmation du Saint-Esprit.
LES
PARENTS ONT LA RESPONSABILITÉ D'ENSEIGNER L'ÉVANGILE DE
JÉSUS-CHRIST À LEURS ENFANTS. « S'il y a des
parents qui ont des enfants… qui ne leur enseignent pas à
comprendre la doctrine du repentir, de la foi au Christ, le Fils du
Dieu vivant, du baptême et du don du Saint-Esprit… le
péché sera sur la tête des parents… Et ils
enseigneront aussi à leurs enfants à prier et à
marcher en droiture devant le Seigneur » (D&A 68:25,
28). Les parents sont exhortés à être des
exemples pour leurs enfants, conscients de ce que ceux-ci sont
également leurs frères et sœurs d'esprit.
UN
ENVIRONNEMENT D'AMOUR EST NÉCESSAIRE POUR ÉLEVER DES
ENFANTS. L'esprit d'un foyer juste est l’amour. Le Seigneur a
dit : « Vous vivrez ensemble dans l'amour »
(D&A 42:45), l’amour des parents célestes, du
Seigneur Jésus-Christ et du Saint-Esprit ; du mari et de
la femme et des parents pour les enfants, des enfants pour les
parents et des enfants les uns pour les autres.
FAIRE
DU FOYER UN LIEU DE PAIX ET DE JOIE DEMANDE DES EFFORTS. Les efforts
consentis pour créer un foyer de paix exigent une
planification, des prières et une collaboration constantes.
L'Église encourage les familles à organiser des soirées
familiales hebdomadaires, où tous les membres de la famille
étudient les principes et les ordonnances éternels de
l'Évangile et font ensemble des choses qui leur apportent de
la joie. Deux présidents de l’Église ont dit :
« L’œuvre du Seigneur la plus importante que
vous ferez jamais sera celle que vous faites dans les murs de votre
maison » (Lee, p. 7), et « Aucun autre succès
ne peut compenser l'échec au foyer » (McKay, p.
iii).
LES
MEMBRES D’UNE FAMILLE QUI SONT DIGNES S’ATTENDENT AVEC
FOI ET ESPÉRANCE À L’ÉTERNITÉ DE
LEURS RELATIONS FAMILIALES. Les familles terrestres, avec leurs
ancêtres et leurs descendants comptent bien vivre à
nouveau en tant que familles au sens large avec les proches qui sont
morts. Elles deviennent ceux « qui ont accepté le
témoignage de Jésus, ont cru en son nom… et sont
scellés par le Saint-Esprit de promesse que le Père
répand sur tous ceux qui sont justes et fidèles »
(D&A 76:51, 53).
LES
JUSTES SONT BÉNIS. Toutes les personnes justes qui conservent
leur dignité, leur amour et leur fidélité
personnels, ont la promesse des richesses de l'éternité,
dont la bénédiction finale d’être scellées
à d'autres membres de la famille qui se qualifient également
pour les bénédictions célestes.
Bibliographie
Benson,
Ezra Taft. God, Family, Country : Our Three Great Loyalties, p.
167-273. Salt Lake City, 1974.
Kimball,
Spencer W. The Teachings
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REED H. BRADFORD
Famille :
Vie de famille
Auteur :
THOMAS, DARWIN L.
DÉMOGRAPHIE
FAMILIALE. L'insistance inhérente sur la famille à la
théologie des saints des derniers jours s’exprime dans
des schémas démographiques qui sont différents
chez les saints par comparaison avec l’ensemble de la
population. D'abord, le taux de fertilité chez les saints a
toujours été plus haut que la moyenne nationale. L'Utah
a traditionnellement le taux de fertilité le plus élevé
de tous les États de l'Union à cause du pourcentage
élevé de saints des derniers jours dans l'État
(approximativement 70%).
Les
recherches prouvent que le fait que la famille est plus grande que la
moyenne chez les saints des derniers jours n’est pas dû à
leur répugnance à utiliser diverses méthodes de
régulation des naissances. Les recherches de Heaton et Calkin
(1983) prouvent que dans un échantillon national il y a autant
de chances pour qu’ils utilisent des méthodes modernes
de régulation des naissances que le reste du pays. Mais pour
les saints des derniers jours, les contraceptifs ne sont souvent
utilisés qu'après que les enfants aient été
élevés et sont utilisés moins fréquemment
afin de pouvoir obtenir la famille plus nombreuse désirée.
Heaton conclut que le fait que les familles sont plus grandes chez
les saints des derniers jours est lié au fait que les saints
croient qu’il est important d’avoir des enfants, qu’ils
font partie d’un groupe de référence de saints
des derniers jours et qu’ils sont socialisés dans un
contexte qui favorise la procréation d’enfants (1988, p.
112).
Dans
la population en général, quand la taille de la famille
augmente, la discipline coercitive augmente aussi. Les relations
familiales affectueuses diminuent. Mais les recherches effectuées
chez les saints des derniers jours révèlent une
tendance inverse, les familles plus nombreuses signalant des
relations d'affection accrues (Thomas, 1983, p. 274).
Les
saints des derniers jours révèlent systématiquement
un taux d’expériences sexuelles prénuptiales, de
grossesses d'adolescentes et d'expériences sexuelles
extra-conjugales inférieur à la moyenne nationale
(Heaton, 1988). Cependant, les recherches faites par Smith (1976)
prouvent que les saints non pratiquants évoluaient vers une
attitude et un comportement sexuels plus libéraux pendant les
années 1970, alors même que les saints des derniers
jours pratiquants ne montraient aucune évolution vers une
attitude ou un comportement plus libéraux. Les pourcentages ne
signalant aucune activité sexuelle prénuptiale chez les
saints des derniers jours pratiquants ont en fait augmenté
entre 1950 et 1972, passant de 95% à 98% pour les hommes et de
96% à 98% pour les femmes (p. 79-81).
Les
données actuelles montrent qu'un pourcentage plus élevé
de saints des derniers jours se marieront que dans l’ensemble
de la population. Ils se marient aussi plus jeunes, ont un taux de
divorce moindre et sont plus nombreux à se remarier après
un divorce que l’ensemble de la population (Heaton, 1988, p.
110-111).
En
ce qui concerne le divorce, il est clair que les saints des derniers
jours les plus religieusement engagés ont un taux de divorce
considérablement inférieur à celui des membres
de l’Église non pratiquants ou non engagés, en
dépit du fait que l'Utah est l’un des États des
montagnes de l’Ouest qui ont généralement un taux
moyen de divorce plus élevé que la moyenne nationale
(Thomas, 1983, p. 277). Les recherches de Heaton et de Goodman (1985)
montrent que parmi les saints des derniers jours fréquentant
régulièrement l’Église, 10% des hommes et
15% des femmes passent par le divorce, pour 21% des hommes et 26% des
femmes qui n’assistent pas régulièrement. En
outre, parmi les hommes ayant contracté un mariage au temple,
5,4% divorcent par rapport aux 27,8% de ceux qui ne sont pas mariés
au temple. Pour les femmes mariées au temple, 6,5 divorcent
par rapport aux 32,7% des femmes non mariées au temple.
LE
RÔLE DE LA FAMILLE ET L'ÉGLISE. Du fait que toutes les
organisations de l’Église insistent sur la famille,
depuis la Primaire jusqu’aux collèges de la prêtrise,
le mari et la femme deviennent les points de contact principaux entre
la famille et l'Église. La participation de l'épouse à
la vie de l'Église se situera très probablement dans
les activités de la Primaire et de la Société de
secours. Le contact du mari avec l'Église peut se situer dans
presque n'importe quelle organisation excepté la Société
de secours, qui est limitée aux femmes.
L'Église
étant organisée autour d'une prêtrise masculine
laïque, les maris remplissent plus de postes de direction que
les femmes. En outre, la réorganisation des procédures
et des fonctions de l’Église entreprise sous la
politique générale de « coordination de la
prêtrise » a remis l’accent sur le rôle
du père de présider les conseils de famille, considérés
comme faisant partie du système des conseils qui doit gérer
l'Église et qui s’étend jusqu’au conseil de
la Première Présidence. La famille est considérée
comme l’unité la plus fondamentale de l'Église et
tous les programmes de l’Église sont conçus pour
fortifier la famille.
Étant
donné le rôle de la prêtrise dans le gouvernement
de l’Église, aussi bien que les enseignements au sujet
de la famille, les saints des derniers jours sont généralement
considérés comme encourageant la répartition
traditionnelle du travail en fonction des sexes dans la famille, tout
en mettant l’accent sur l'autorité du père par la
lignée de la prêtrise. Quand les chercheurs ont demandé
qui devait remplir diverses fonctions dans la famille, les saints des
derniers jours ont eu tendance à se situer haut sur l’échelle
des croyances traditionnelles concernant qui doit faire quoi dans une
famille (Brinkerhoff et Mackie, 1988). Cependant, dans les recherches
dans lesquelles on demande aux maris et aux femmes ce qu'ils font
réellement dans la prise de décision dans la famille ou
comment ils s’acquittent de divers devoirs (que l’on
considérait traditionnellement comme revenant au mari ou à
la femme), les saints des derniers jours se situent systématiquement
haut sur l’échelle égalitaire (Thomas, 1983 ;
Brinkerhoff et Mackie, 1983, 1988). Il n’y a pas d’explication
satisfaisante à ces schémas quelque peu paradoxaux.
L’explication habituelle, à savoir que les pressions
égalitaires de l’ensemble de la société
changent le comportement des maris et des femmes de l’Église
n'est pas convaincante à la lumière de ces résultats
de recherches récentes. Wuthnow conseille à ceux qui
étudient l'influence religieuse de conserver un scepticisme
sain à l’égard de toute description de la
religion « comme une force au service du conservatisme
social » (1973, p. 128). Son conseil semble
particulièrement d’application à cette question
de l’attitude et des croyances des saints.
En
outre, alors que le père chez les saints des derniers jours
reçoit la responsabilité de diriger la famille, il est
attendu de lui qu’il le fasse d’une manière qui
aide chaque membre de la famille à se développer et à
s’épanouir. Les croyances des saints soulignent
également la nature égalitaire des rapports
hommes-femmes. La doctrine de l’Église enseigne qu'il y
a une Mère dans les cieux aussi bien qu'un Père, que le
fait qu’Ève ait mangé du fruit défendu a
fait avancer le Plan du salut de Dieu (voir Chute d'Adam), que les
femmes doivent accomplir certaines ordonnances essentielles de la
prêtrise dans le temple et que l’ordre le plus élevé
de la prêtrise et les bénédictions complètes
de l'exaltation ne sont accessibles qu’aux couples mariés ;
ni l'un ni l'autre ne peuvent entrer dans l'exaltation sans l’autre.
Ce
rapport égalitaire entre les hommes et les femmes est
symbolisé dans la façon dont les saints représentent
les relations entre Adam et Ève après leur expulsion du
jardin d'Éden. Les deux doivent gagner leur pain à la
sueur de leur front et « Ève, sa femme, travaillait
également avec lui » (Moï. 5:1). Il est
commandé aux deux d’offrir des sacrifices et ils
enseignent tout cela à leurs enfants (Moï. 5:5, 12). Ève
se lamente avec Adam de la méchanceté de leurs enfants
et ils prient le Seigneur ensemble (Moï. 5:13-16). Après
avoir reçu des informations de Dieu, Ève instruit à
son tour Adam de quelques points de base de l'Évangile (Moï.
5:11).
Un
autre accent égalitaire apparaît dans les cérémonies
et les ordonnances du temple. S’il n’y avait pas de
femmes pour accomplir les ordonnances sacrées de la prêtrise
dans le temple, les ordonnances salvatrices les plus élevées
qui doivent se faire sur terre par les hommes et les femmes ne
pourraient pas être accomplies. C'est symbolique des rapports
hommes-femmes en général. Seuls ils restent incomplets
tandis que l'homme et la femme unis réalisent leur potentiel
divin le plus élevé.
CROYANCES
DES PARENTS ET COMPORTEMENT EN FAMILLE. L'engagement vis-à-vis
de la famille est considéré comme crucial aussi bien
pour le mari que pour la femme, bien que celle-ci ait normalement la
responsabilité principale de la gestion du foyer et de
l’éducation des enfants. Thomas (1988) a étudié
un échantillonnage de parents de l’Église et a
démontré que la mesure dans laquelle maris et femmes
partageaient leurs devoirs dans l’éducation des enfants
était le deuxième élément de satisfaction
dans le mariage. Une recherche plus récente (Thomas et
Cornwall, 1990) a montré que c'est la satisfaction
matrimoniale de la femme qui est en rapport étroit avec le
partage de l’éducation des enfants, alors que la
satisfaction matrimoniale du mari est indépendante du partage
de l’éducation des enfants. Cette constatation corrobore
un schéma général de longue date dans les
recherches sur la famille qui prouve que ce qui se passe dans la vie
de famille est plus essentiel à la définition que la
femme donne de la satisfaction que celle que le mari en donne. Cela
montre aussi que les maris dans l’Église doivent se
rendre compte que leur participation accrue aux soins à donner
aux enfants sera l'une des meilleures contributions qu'ils peuvent
apporter à la satisfaction matrimoniale de leur femme. En
outre, les familles qui se situent haut sur l’échelle de
l'observance religieuse au foyer (prière en famille, lecture
des Écritures et conseil de famille) signalent aussi le plus
haut niveau d’éducation partagée des enfants.
Dans
des résultats apparentés, le fait que le couple ait été
marié dans le temple était le meilleur indicateur que
la famille s’acquitterait de son observance religieuse au
foyer. Ces données soutiennent la conclusion que le mariage au
temple est lié aux comportements familiaux qui incluent plus
d'activités religieuses au foyer, une participation accrue du
mari à l’éducation partagée des enfants et
par conséquent une satisfaction matrimoniale accrue.
L'accent
mis sur la famille chez les saints des derniers jours peut souvent
déboucher sur davantage de relations avec les membres de la
famille au sens large. L'Église encourage les familles à
s’organiser à travers les générations pour
stimuler l’histoire familiale et l’œuvre
généalogique considérées comme
essentielles au bien-être de la famille dans l'éternité.
On discute souvent de cette œuvre lors des réunions de
famille. Il n’existe cependant pas de bonnes recherches
comparatives pour savoir dans quelle mesure les familles de l’Église
diffèrent des autres familles ou leur ressemblent en matière
d'interaction avec la famille au sens large.
L'ÉGLISE
ET LE FONCTIONNEMENT DE LA FAMILLE. Ces réalités
démographiques signifient que généralement les
familles de l’Église sont plus grandes, ont plus de
chances d’éviter le divorce, se caractérisent par
leur engagement religieux et des activités centrées sur
l'éducation des enfants et ont besoin de grandes ressources
financières. Outre qu’ils doivent pourvoir aux besoins
financiers de la famille, gérer le ménage et élever
les enfants, les adultes ont habituellement un ou plusieurs appels
dans l'Église qui peuvent exiger beaucoup de temps au service
d'autrui. Et, puisque le nombre de femmes de l’Église
qui sont employées en dehors de la maison est pratiquement
égal à la moyenne nationale aux États-Unis (voir
Mason, p. 103 ; Heaton, 1986, p. 184, 190), donner la priorité
absolue au foyer est un défi véritable. Quand les
enfants grandissent, les parents sont encouragés à les
inclure dans les tâches ménagères, afin que les
qualifications et le comportement qui en résulteront puissent
contribuer à la qualité de la vie de famille, aussi
bien que les préparer à avoir de l’assurance et
de la compétence dans le monde extérieur à la
famille. Les dirigeants de l’Église sont encouragés
à réduire au minimum le temps qu’eux et les
autres membres consacrent à leurs appels et à protéger
le temps pour la famille des intrusions constantes de l’extérieur.
Parfois,
l’accent mis par les activités de l’Église
sur la famille à deux parents va à l’encontre
de la vérité que tous les membres ne sont pas à
une étape de la vie où ils peuvent élever des
enfants avec un conjoint dévoué. Ceux qui ne se sont
jamais mariés, sont divorcés, sont veufs, sont des
parents seuls ou sont mariés avec une personne qui n’est
pas membre de l’Église sont toujours dans des paroisses
de l’Église et, idéalement, ils sont inclus dans
la communauté des saints. Les collèges de la prêtrise
et la Société de secours ont la responsabilité
d’intégrer ces familles aux activités de la
paroisse ainsi que de veiller aux besoins spéciaux. Et, quand
les membres d’une famille quelconque se retrouvent dans des
activités telles que la consommation de drogue, le divorce ou
la violence dans la famille, l'Église prévoit que les
dirigeants fournissent un réseau d'appui émotionnel, de
prévention et de réadaptation.
Bibliographie
Bahr,
Howard M. ; S. J. Condie et K. L. Goodman. Life in Large
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Wuthnow, R.
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Sociological Perspective, dir. de publ. C. Glock. Belmont, Calif. ,
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DARWIN L. THOMAS
Féminisme
Auteur :
Richards, Mary Stovall
Le
féminisme est la croyance philosophique qui prône
l'égalité entre femmes et hommes et cherche à
supprimer les inégalités et à réparer les
injustices commises contre les femmes. Loin d'être une
idéologie monolithique, la théorie féministe
englobe une variété de vues sur la nature des femmes et
plaide en faveur d'une vision plurielle du monde qui considère
comme tout aussi importantes les expérience des femmes de
toutes races et de toutes classes.
Aux États-Unis, le
« féminisme »
est un terme générique qui englobe une coalition des
femmes et des hommes qui ont en commun leur dévouement à
la cause des droits des femmes, mais qui diffèrent souvent
dans les détails relatifs aux objectifs et à la
tactique. Les valeurs personnelles, religieuses et politiques
influent toutes sur les réformes et les mesures pour
lesquelles le ou la féministe va opter.
La doctrine de l'Église de
Jésus-Christ des Saints
des Derniers Jours converge dans certains domaines avec les idéaux
du féminisme et diffère dans d'autres. Elle insiste sur
l'égalité spirituelle absolue des femmes et des hommes,
proclamant que « tous sont pareils pour Dieu »,
« noirs et blancs, esclaves et libres, hommes et femmes?»
(2 Néphi 26:33; Galates 3:28). Les dons de l'Esprit sont
accordés de manière égale aux hommes et aux
femmes?: «?Et maintenant, il communique sa parole par des anges
aux hommes, oui, non seulement aux hommes, mais aussi aux femmes?»
(Alma 32:23). Les principes des saints des derniers jours sont, sans
équivoque aucune, en faveur du développement de tout le
potentiel de chaque personne sans distinction de sexe.
L'égalité de tous les êtres
humains devant
le message du Christ est à ce point central que, durant son
ministère terrestre, le Christ a rejeté ouvertement les
interdits culturels qui reléguaient les femmes à un
statut d'infériorité spirituelle et politique. Il
reconnaissait l’intelligence des femmes?; il les instruisait
directement (Luc 10:38-42) ; il s’est présenté
à une femme comme étant le Messie, première
affirmation de ce genre que l’on trouve dans le Nouveau
Testament (Jean 4:26) ; il a guéri des femmes (Matthieu
15:22-28) et a ressuscité une femme d'entre les morts (Luc
8:49-56). Après sa résurrection, il est d’abord
apparu à une femme à qui il a demandé d’informer
ses apôtres de ce merveilleux événement (Jean
20:11-18), alors que, selon la loi juive, les femmes n’étaient
pas considérées comme étant des témoins
juridiquement compétents.
Cette égalité des femmes et
des hommes est basée
sur le modèle céleste de parents célestes, Père
et Mère, qui ont en commun « tout pouvoir »
et à qui «?tout… est soumis?» (D&A
132:20) et qui invitent leurs enfants à imiter leur exemple
d'amour et d'unité parfaits et à devenir comme eux. On
enseigne aux mormons que le pouvoir juste détenu par les
parents célestes et partagé avec leurs enfants n'est
jamais coercitif mais se caractérise « par la
persuasion, par la longanimité, par la gentillesse et la
douceur, et par l'amour sincère » (D&A 121:41).
S’il est vrai que les implications de ces croyances globales
sont toujours sujettes à la mise en application par chacun,
hommes et femmes dans l’Église ont trouvé dans
ces points de doctrine des sources de force spirituelle, et notamment
le désir d'en savoir plus sur notre Mère céleste.
Néanmoins, la doctrine mormone
est en désaccord
avec plusieurs versions du féminisme, dont celles qui mettent
l’accent sur une autonomie féminine excluant les hommes.
Parce que la doctrine de l'Église souligne la nécessité
de surmonter les différences et de créer une unité
céleste entre mari et femme pour atteindre l'exaltation (cf. 1
Corinthiens 11:11), la critique féministe radicale à
l’égard de la famille, qu’elle considère
comme une institution répressive à l’égard
de la femme et dont elle réclame le remplacement trouve peu
d’écho chez les saints des derniers jours. Si certaines
familles peuvent être répressives et dysfonctionnelles,
la plupart des saints des derniers jours croient que le défaut
n'est pas inhérent à la structure. En fait, la famille
est considérée comme étant la source de la plus
grande œuvre et de la plus grande joie tant pour les femmes que
pour les hommes, pas seulement sur terre mais aussi dans l'éternité.
Bibliographie
Beecher, Maureen Ursenbach, et
Lavina
Fielding Anderson, dir. de publ. Sisters in Spirit: Mormon Women in
Historical and Cultural Perspective. Urbana, Ill., 1987.
Dialogue
6, été 1971, et 14, hiver 1981. Les deux numéros
présentent un certain nombre d’articles sur les femmes
dans l’Église.
Donovan, Josephine. Feminist
Theory:
The Intellectual Traditions of American Feminism. New York, 1985.
MARY STOVALL RICHARDS
Femmes
dans le Livre de Mormon
Auteurs :
BOWEN, DONNA LEE et WILLIAMS, CAMILLE S.
On
peut tirer certaines conclusions générales concernant
les femmes du Livre de Mormon à partir des passages
fragmentaires du livre sur le mariage, la famille et l'organisation
religieuse. Six femmes sont mentionnées par leur nom :
Sariah, Isabel, Abish, Ève, Sara et Marie. Puisque aucune
femme n'est mentionnée comme dirigeante religieuse ou
militaire et un petit nombre seulement comme dirigeantes politiques,
il apparaît que les hommes détenaient quasiment tous les
postes de direction dans cette société. En outre, comme
il a été écrit principalement pour rappeler à
de futurs lecteurs la bonté de Dieu et pour les persuader de
croire au Christ, le Livre de Mormon ne contient aucun livre de loi
et peu d’histoire intellectuelle ou sociale traitant de la
combinaison des pratiques familiales et religieuses. Il est cependant
raisonnable de supposer que ces peuples ont commencé avec
beaucoup de coutumes semblables à celles de leurs cultures
sémitiques héréditaires et que leurs pratiques
ont changé quelque peu au cours des années.
Le
mariage et l’enfantement, investis d’une importance et de
responsabilités religieuses, étaient un fait de la
société néphite (1 Né. 7:1 ;
Mos. 4:14-15 ; 4 Né. 1:11). Le mariage était
peut-être arrangé dans les groupes ethniques (1 Né.
16:7 ; Al. 17:24) et limités à l’extérieur
de certains groupes (Al. 3:8). La polygamie et le concubinage étaient
interdits et dédaignés ; la monogamie était
de règle sauf si le Seigneur voulait se « susciter
une postérité » (Jcb. 2:27-30).
Il
était attendu des maris et des femmes qu’ils soient
fidèles l’un à l’autre (Jcb. 3:7). Il y a
un cas qui prouve qu'une épouse avait de la valeur même
si elle était incapable de concevoir. Le roi jarédite
Coriantum, qui était un juste, reste avec son épouse
stérile jusqu'à sa mort à l'âge de 102
ans. Il épouse alors une jeune servante et engendre des fils
et des filles (Ét. 9:23-24). Il est de même considéré
comme un signe de grande méchanceté que les prêtres
du roi Noé abandonnent leurs familles. Tandis qu'ils se
cachent, ils enlèvent vingt-quatre femmes lamanites pour les
épouser. Mais quand les Lamanites de leur tribu découvrent
et veulent tuer les prêtres plusieurs années après,
ces femmes plaident fidèlement pour que leurs maris aient la
vie sauve (Mos. 23:33).
Les
hommes étaient censés entretenir leurs épouses
et leurs enfants, de même que les veuves et les enfants des
hommes tués à la guerre (Mos. 21:17). Les hommes
devaient prier pour leur ménage (Al.34:21) et beaucoup
prenaient les armes pour défendre leurs familles.
Les
deux parents se préoccupaient de leur progéniture
(1 Né. 5:1-7 ; 8:37). Léhi bénit ses
petites-filles et petits-fils et leur fait des recommandations
(2 Né.
4:3-9). On enseignait aux enfants à honorer leurs père
et mère. Hélaman l’Ancien et ses 2.000 jeunes
guerriers attribuent à leurs mères ammonites le mérite
de leur avoir inculqué la foi que « s’ils ne
doutaient pas, Dieu les délivrerait » (Al.
56:47).
Dans la vie
religieuse, les femmes participaient aux
assemblées au temple (Jcb. 2:7 ; Mos. 2:5-8),
instruisaient leurs enfants concernant Dieu (Al. 56:46-47) et
offraient des sacrifices (1 Né. 5:9). De toute évidence,
elles n’étaient pas exclues du culte ni isolées
au cours de celui-ci (2 Né. 26:28-33) ; il n’y
a aucune indication non plus qu'elles aient été
considérées comme rituellement impures pendant la
menstruation. L’Évangile enseigné par les
Néphites et par le Christ dans le Livre de Mormon s’adresse
à tous, quels que soient le sexe, l'âge ou l’origine
(2 Né. 26:33 ; Mos. 27:25 ; Al. 11:44 ;
32:23 ; 3 Né. 17:25). Le baptême était
offert à tous les hommes et femmes qui croyaient (Mos. 18:16 ;
Mro. 9:10). Les femmes faisaient preuve d’une foi profonde et
étaient mises à l'épreuve par de grands
sacrifices. À Ammonihah, des femmes sont brûlées
vives avec leurs enfants pour avoir refusé de renoncer à
leur foi au Christ (Al.14:7-11). Apparemment le liahona répondait
à la foi et à la diligence collectives du groupe
entier, hommes et femmes (1 Né. 16:28).
Pendant
les années passées dans le désert, les femmes
léhites travaillèrent dur et étaient fortes,
mais on ne sait rien de leurs activités, à part la
grossesse et l'accouchement. Le filage est le seul travail
explicitement attribué aux femmes (Mos. 10:5 ; Hél.
6:13). La danse chez les femmes est associée aux loisirs et
parfois à la méchanceté (1 Né.
18:9 ; Mos. 20:1 ; Ét. 8:10-11). Les prostituées
échangeaient leurs faveurs contre leur entretien (Mos. 11:14).
Politiquement,
les femmes avaient des droits de succession au trône chez les
Lamanites, parce que quand Amalickiah assassine un roi lamanite, le
règne passe à la reine, qu'Amalickiah épouse
alors pour obtenir le trône (Al. 47:32-35). Dans des crises
extrêmes les femmes prenaient les armes à la guerre aux
côtés de leurs maris (Al. 54:12 ; 55:17 ; Ét.
15:15).
On
ne constate pas d'attribution de tâches dans la famille ou dans
l’ensemble de l’économie – le commerce, les
semailles et les moissons et l’entretien des animaux. Il est
certain que les cycles de colonisation, d'agriculture,
d'urbanisation, de guerre, de destruction et de renouveau, aussi bien
que les différents systèmes de croyances ont affecté
la façon de vivre des familles et la manière de
travailler.
Les
femmes du Livre de Mormon Sariah, Abish et Isabel peuvent être
considérées non seulement comme des figures historiques
mais également comme des archétypes respectivement de
la mère juste, de la servante pieuse et de l’étrangère
attirante mais sexuellement impure.
Sariah
est la mère fidèle des nations néphite et
lamanite. Elle quitte une maison confortable près de Jérusalem
avec Léhi et leur famille pour subir les rigueurs de la
traversée du désert et de l'océan, donnant
naissance à deux autres fils, Jacob et Joseph, à un âge
avancé tandis qu’ils sont dans le désert (1 Né.
18:7, 17-19). Elle se plaint de Léhi quand elle pense que
leurs fils sont morts, mais affirme son appel et la puissance de Dieu
quand ils reviennent sains et saufs (1 Né. 5:2-8). Avec
Léhi elle offre un sacrifice d’actions de grâces.
Elle est mère de six fils et d’au moins deux filles
(2 Né. 5:6).
Abish,
convertie lamanite d’une foi exceptionnelle, servante de la
reine du roi Lamoni, reconnaît que c’est la puissance de
Dieu qui a accablé le roi, la reine et Ammon quand ils tombent
à terre sans connaissance ; elle rassemble le peuple pour
qu’il soit témoin de l'événement, puis
elle touche la reine pour la relever quand la confusion de la foule
se transforme en querelle. Beaucoup vont croire au témoignage
de la reine revenue à elle, qui relève alors le roi,
lequel va également témoigner de Jésus (Al.
19:16-36).
Isabel,
selon Alma le Jeune (Al. 39:3-4), est une prostituée qui en
séduit beaucoup, dont Corianton, fils d'Alma, qui pendant un
certain temps abandonne le ministère pour aller après
elle (Al. 39:3).
Les
trois autres femmes qui ont un nom sont des figures bibliques :
Ève (par exemple, 2 Né. 2:15-20 ; cf.
plusieurs mentions de « nos premiers parents »,
par exemple 2 Né. 9:9), Sara (2 Né. 8:2) et
Marie, mère de Jésus (par exemple, Mos. 3:8). Ève
est mentionnée dans le contexte d'une explication de la
doctrine de la chute d'Adam, précurseur du salut de
l'humanité. Sara est reconnue comme mère fidèle
des nations. Marie est qualifiée de « vierge d'une
très grande beauté et plus belle que toutes les autres
vierges » (1 Né. 11:15).
Il
y a, dans le Livre de Mormon, d'autres femmes qui ne sont connues que
par les actes qu’elles posent : la femme de Néphi
1, une fille d'Ismaël, essaie d’adoucir des cœurs
mauvais par ses larmes (1 Né. 7:19 ; 18:19) ;
la femme d'Ismaël et trois de leurs filles soutiennent Néphi
(1 Né. 7:6) ; une servante se sauve du camp de
Morianton après avoir été violemment battue par
lui, pour avertir Moroni 1 des plans de son maître rebelle (Al.
50:30-31) ; une fille de Jared ourdit un complot pour regagner
le royaume pour son père par la séduction, la violence
et la duperie (Ét. 8-9) ; deux reines lamanites sont
converties par les fils de Mosiah 2 (Al. 19:29-30 ; 22:19-24).
Peut-être que, comme dans certaines cultures sémitiques
d’aujourd'hui, la manière officielle ou plus polie de
désigner une femme était-elle non d’utiliser son
nom, mais de décrire sa place dans la famille, comme « la
fille de Jared ». Les autres femmes désignées
de cette façon sont la femme d'Ismaël, les filles
d'Ismaël, la fille aînée d'Ismaël, femme de
Zoram, les filles de Léhi et les sœurs de Néphi,
la fille de Lamoni et les filles impénitentes de Coriantumr.
Le
comportement et le traitement des femmes étaient considérés
comme un indice de santé sociale et spirituelle. Beaucoup
d’allusions aux femmes concernent leurs souffrances pendant la
guerre, la captivité et les vicissitudes. Néphi et ses
frères mesurent la difficulté de leurs voyages en
termes de souffrances de leurs femmes, bien que Néphi souligne
que les femmes sont rendues fortes comme les hommes, alors que ses
frères décrivent les souffrances de leurs épouses
comme pires que la mort (1 Né. 17:1, 20). Jacob établit
un vif contraste entre l'infidélité masculine et la
tendresse des femmes (Jcb. 2-3) ; il décrit l'immoralité
comme étant la cause de l'effondrement de la famille et de la
société. L'inhumanité et la dépravation
des civilisations mourantes sont également décrites en
termes de souffrances de la part des femmes : les Lamanites font
manger aux femmes et aux enfants la chair de leurs maris et pères
morts (Mro. 9:8) ; les femmes néphites sont sacrifiées
aux idoles (Mrm. 4:15, 21) ; les Néphites violent les
femmes lamanites capturées, les torturent à mort et
ensuite mangent leur chair comme marque de leur courage (Mro.
9:9-10).
Une
grande partie des images impliquant les femmes du Livre de Mormon
correspond à celles de la Bible. Par exemple, le Christ
compare ses efforts pour rassembler les repentis à une mère
poule rassemblant ses poussins sous ses ailes. Comme dans Proverbes
3:13-20, la sagesse est féminine (Mos. 8:20), de même
que la miséricorde (Al. 42:24). Il arrive que des images
féminines soient appliquées au Seigneur, comme dans le
cas de l’image de la mère allaitant son enfant utilisée
pour dire que le Seigneur console et se rappelle les enfants de son
alliance (1 Né. 21:15).
Dans
un sens, la femme est l'image du peuple de Dieu. Le langage figuré
biblique faisant de Dieu l’époux et de son peuple
l’épouse se poursuit dans le Livre de Mormon,
essentiellement dans les écrits d'Ésaïe. Israël
décadent est décrit comme dépourvu d'hommes
honorables, du fait qu’ils considèrent les femmes comme
des objets sexuels décoratifs (2 Né. 13:16-26 ;
És. 3:16-26). Quand le peuple de Dieu lui devient infidèle,
il est qualifié de « prostituée de toute la
terre » (2 Né. 10:16). Quand il appelle son
peuple au repentir, le Seigneur pose la question rhétorique :
« T'ai-je répudié… Où est la
lettre de divorce par laquelle j'ai répudié votre
mère ? » (2 Né. 7:1 ; És.
50:1). Les images de la mère trop faible pour nourrir son
enfant et de la femme enceinte si proche de l’accouchement
qu’elle ne peut pas fuir la destruction servent à
motiver les Néphites à se repentir (Hél.
15:1-2) ; la femme dont les enfants sont perdus est l'image de
la désolation (1 Né. 21:20-21). Ceux qui acceptent
le « mariage » avec le Seigneur éprouveront
une joie aussi abondante que celle d'une femme stérile qui
devient mère de beaucoup d’enfants et le Seigneur
console son peuple en disant : « Car ton créateur
est ton époux : le Seigneur des armées est son
nom… Dans un instant de colère, je t'avais un moment
dérobé ma face, mais avec un amour éternel
j'aurai compassion de toi, dit ton Rédempteur, le Seigneur »
(3 Né. 22:1, 5-8 ; Es. 54:1, 5-8).
Bibliographie
Spencer,
Marjorie Meads. « My Book of Mormon Sisters ».
Ensign 7, sept. 1977, p. 66-71.
DONNA LEE BOWEN
et CAMILLE S.
WILLIAMS
Femmes,
rôle des : Évolution historique et
sociologique
Auteur :
BECK, MARTHA NIBLEY
Les
croyances des saints créent une identité féminine
très particulière qui encourage les femmes à
développer leurs capacités d’individus
potentiellement divins, tout en affirmant que les activités
les plus importantes pour les hommes et les femmes sont centrées
sur la création et l’entretien de relations familiales.
Le
potentiel éternel des femmes a toujours été basé
sur le canon doctrinal, qui est resté essentiellement inchangé
depuis que l’Église a été organisée.
Cependant, le rôle temporel des femmes a pris différentes
formes selon les situations auxquelles l’Église a dû
faire face à divers moments de son histoire. À travers
toutes les périodes historiques, l’application aux
circonstances pragmatiques de la perspective théologique à
l’égard des femmes a signifié que les membres
féminins de l’Église ont toujours joué un
rôle central qui a assuré le succès du mormonisme
comme religion et comme société.
RÔLE
DES FEMMES DANS LA PÉRIODE FORMATRICE DE L’ÉGLISE
(1830-1847). Comme le font typiquement la plupart des adhérents
des religions nouvellement créées qui cherchent leur
place, les premiers saints des derniers jours réagissaient aux
tensions en donnant à la vie de tous les jours une orientation
intensément spirituelle. Bien que l’autorité pour
administrer la plupart des ordonnances et pour présider la
plupart des assemblées ait été limitée à
une prêtrise masculine, les dons de l’Esprit n’étaient
pas considérés comme appartenant aux hommes uniquement.
Les femmes recevaient la révélation personnelle,
guérissaient les malades, prophétisaient les événements
futurs et accomplissaient diverses autres actions qui nécessitaient
des dons spirituels. La foi de ces femmes et leur capacité de
développer des qualités spirituelles furent
essentielles pour maintenir l’Église en vie pendant ses
premières années difficiles. Elles votaient sur les
affaires de l’Église, aidaient aux cérémonies
du temple et contribuaient aux activités d’entraide. En
tant que groupe, les femmes obtinrent une identité
ecclésiastique par la création de la Société
de secours, que le prophète Joseph Smith considérait
comme partie intégrante et essentielle de l’Église.
De plus, les femmes fournissaient une grande partie du travail
physique, soignaient les malades et les blessés, aidèrent
à la création d’une succession de nouvelles
communautés et s’occupaient des besoins des membres dont
les familles avaient affronté des difficultés.
RÔLE
DES FEMMES DANS LA PÉRIODE DE CONSOLIDATION (1847-1920).
L’émigration à grande échelle des saints
des derniers jours hors du Midwest des États-Unis vers la
région peu peuplée du Grand Bassin de l’Ouest
marqua le commencement de la consolidation de la religion mormone.
Séparés de la civilisation anglo-américaine
dominante par des centaines de kilomètres de territoire
hostile et non colonisé, les saints des derniers jours
pouvaient créer leur communauté selon les directives
dictées par leur religion. Parmi les pratiques sociales qui
devinrent importantes après la migration vers l’Ouest et
qui eurent un impact important sur la vie des femmes, il y eut le
mariage plural et l’affectation des hommes adultes à de
longues tournées comme missionnaires de l’Église.
Une femme dont le mari divisait son temps entre des épouses
multiples et/ou le service missionnaire était souvent obligée
de pourvoir toute seule au soutien matériel et émotionnel
de ses enfants et d’elle-même.
La
croissance de la population et sa socialisation dans l’Église
furent des facteurs importants de la consolidation et du renforcement
de l’organisation de l’Église et une grande partie
de cette responsabilité incomba aux femmes. À cause de
l’absence de leurs maris, les femmes étendirent leur
rôle en tant que « mères en Sion »
dans des domaines qui n’étaient généralement
pas liés à la domesticité féminine du
XIXe siècle. Le président Brigham Young encouragea
l’éducation des filles et des garçons dans « les
us et coutumes des royaumes et des nations éloignés,
avec leurs lois, leur religion, leur localisation géographique…
leur climat, leurs productions naturelles, l’ampleur de leur
commerce et la nature de leur organisation politique » (JD
9:188-89 ; Widtsoe, p. 211). Il proposa également que les
femmes « tiennent des registres et vendent des
marchandises » (JD 12:374-75 ; Widtsoe, p. 218), et
les exhorta « à voter… parce que les femmes
sont les personnalités qui dominent l’urne électorale »
(JD 1:218 ; Widtsoe, p. 367). Certaines femmes de l’Église
participèrent à des actions politiques relatives à
leur sexe, comme le montre le fait qu’elles furent la deuxième
population féminine, après celle du Wyoming, à
voter lors d’une élection nationale.
Les
exhortations du président Young montrent une conception de la
responsabilité féminine tirée aussi bien de la
croyance que les femmes et les hommes sont éligibles pour la
même « progression éternelle » que
de la dépendance de l’Église d’Utah de
l’époque vis-à-vis du maintien d’une
population féminine capable et inventive. La réponse
des femmes à la nécessité de développer
de larges capacités pratiques et à un dévouement
intense à la famille forgea une image des femmes mormones qui
résultait de facteurs pratiques aussi bien que religieux au
cours de cette période.
RÔLE
DES FEMMES DANS LA PÉRIODE D’EXPANSION (1920 à
nos jours). Pendant tout le début des années 1900,
l’idéal des convertis s’assemblant en Utah de tous
les coins du globe pour édifier une « Sion »
isolée se transforma graduellement en la volonté
d’établir l’Église dans beaucoup de
différents pays et cultures. Ce changement, accompagné
de l’intrusion de colons non membres en « pays
mormon », obligea l’Église à affronter
le problème social de l’intégration de ses
membres à des sociétés non mormones. L’un
de ces problèmes fut la délimitation et la formulation
de la position des femmes de l’Église ; cependant,
le rôle des femmes n’était pas un sujet qui
suscitait beaucoup de polémique.
La
place centrale de la famille dans la culture et la doctrine des
saints s’adaptait facilement à l’idéal
victorien populaire du XIXe siècle du rôle hautement,
pour ne pas dire exclusivement, domestique des femmes. La nécessité
de consolider l’Église en tant que communauté et
en tant qu’organisation fut remplacée par le désir
de former une population stable qui pourrait s’adapter
confortablement dans les cultures ambiantes, en particulier la
culture des États-Unis.
Jusqu’à
la dernière moitié du XXe siècle, le rôle
traditionnel des femmes opposa peu d’obstacles à la
réalisation de ce but. Comme l’industrialisation
poussait progressivement la sphère des hommes américains
hors de la maison, et celle des femmes de plus en plus dedans, la
plupart des saints des derniers jours suivirent simplement le modèle
de la société profane. Conformément à sa
doctrine centrée sur la famille, l’Église soutint
aisément l’idéal des femmes ménagères,
épouses et mères. Le succès du féminisme
dans les années 1970 présenta aux femmes de l’Église
un ensemble complexe d’attentes et de priorités qui se
faisaient concurrence. Les analyses profanes opposaient la
réalisation des buts personnels ou l’avancement de la
personne au dévouement à la famille ; les
croyances des saints définissent les deux comme
inextricablement entrelacés.
Le
décalage entre les croyances religieuses des saints et la base
théorique de la société profane met les femmes
de l’Église d’aujourd’hui devant un ensemble
de dilemmes en ce qui concerne leur rôle. D’une part, la
doctrine de l’Église et les exemples historiques
d’autres femmes de l’Église leur ont inculqué
la double croyance qu’elles doivent développer leurs
capacités personnelles et qu’elles doivent centrer leur
vie sur leur famille.
D’autre part, comme toutes les femmes, elles agissent dans le
contexte social général
de systèmes juridiques, politiques et économiques dans
lesquels ces deux idéaux sont parfois considérés
comme s’excluant mutuellement.
Bibliographie
Arrington,
Leonard J., et Davis Bitton. "Marriage and Family Patterns."
Dans The Mormon Experience : A History of the Latter-day Saints,
p. 185-205. New York, 1979.
Beecher,
Maureen et Lavinia F.
Anderson, dir. de publ.. Sisters in Spirit : Mormon Women in
Historical and Cultural Perspective. Chicago, 1987.
LeCheminant,
Ileen Ann Waspe. "The Status of Women in the Philosophy of
Mormonism, 1830-1845." Thèse de maîtrise, Brigham
Young University, 1942.
Shipps, Jan.
Mormonism : The Story of
a New Religious Tradition. Chicago, 1985.
Young, Brigham.
The
Discourses of Brigham Young, dir. de publ. John A. Widtsoe, p.
194-218. Salt Lake City, 1977.
MARTHA NIBLEY
BECK
Femmes,
rôle des : Les principes de l’Évangile et le
rôle des femmes
Auteurs :
SMITH, BARBARA B. et THOMAS, SHIRLEY W.
Le
rôle actuel des femmes dans la société mormone
est singulier dans la mesure où il est le reflet des
enseignements et de la doctrine de l’Église. L’un
des plus fondamentaux de ceux-ci est le libre arbitre individuel ou
le droit de choisir. Conformément à ce point de
doctrine, le rôle d’une femme varie selon sa situation et
les choix qu’elle fait dans le contexte des croyances de
l’Église ; elle peut remplir plusieurs rôles
simultanément.
L’une
des fonctions des femmes est l’attention constante aux besoins
des autres – non seulement la famille mais tous ceux qui sont à
la portée de leur aide. La plupart soignent personnellement en
période de maladie, de décès ou d’autres
crises de la vie, mais souvent elles agissent dans un effort concerté
avec d’autres membres de la Société de secours.
« Porter les fardeaux les uns des autres, afin qu'ils
soient légers » (Mos. 18:8) est un principe et une
attente liés à l’essence même de
l’appartenance d’une femme à l’Église
(voir Baptême ; Fraternité).
Le
fait de s’occuper de ceux qui sont dans le besoin amène
souvent les femmes à élaborer de meilleures manières
de gérer les problèmes et d’acquérir des
qualifications spécialisées. Au début de
l’histoire de l’Église, les femmes devinrent
infirmières, sages-femmes et médecins ; certaines
fondèrent des hôpitaux et des services pédiatriques,
tandis que d’autres créaient des écoles pour les
jeunes (voir Deseret Hospital, Maternité et pédiatrie).
Elles créèrent également des industries locales,
entretinrent des cultures prospères de la soie et mirent sur
pied un grand programme d’ensilage de blé (voir
Entraide).
La
communauté des saints des derniers jours dans les montagnes de
l’Ouest, peut-être à cause de la polygamie,
peut-être parce que les hommes étaient souvent partis en
mission, accordait une indépendance peu commune aux femmes –
et une interdépendance parmi les épouses polygames. Ces
conditions fournirent à la fois l’impulsion et la
possibilité aux femmes d’acquérir une éducation
et une formation rares chez les femmes de leur temps. Aujourd’hui,
et ce n’est pas moins typique, les femmes de l’Église
continuent à aider « à promouvoir et à
établir la cause de Sion » (D&A 6:6). Elles
prennent soin des pauvres et des malades, font des missions de
prosélytisme, d’entraide et humanitaires et instruisent
les enfants et les jeunes, réalisant leur contribution au
bien-être temporel et spirituel des saints.
Le
rôle de compagne est celui qui est le plus souvent attribué
aux femmes de l’Église. Adam « commença
à cultiver la terre » et « Ève,
sa femme travailla aussi avec lui » (Moï. 5:1). Le
président Spencer W. Kimball a fait remarquer que les femmes
sont « partenaires à part entière »
avec les hommes (Kimball, p. 42). Cette compagnie ne se limite pas au
partenariat du mari et de la femme mais comprend les femmes qui
œuvrent en coopération avec les hommes (par exemple, la
prêtrise et la Société de secours) pour accomplir
l’œuvre de l’Église. Depuis le début,
« les femmes de l’Église votent côte à
côte avec les hommes sur toutes les questions proposées
au vote des membres de l’Église… une idée
progressiste en 1830 quand aucune femme et peu d’hommes
votaient dans les Églises et où peu de femmes
jouissaient des droits politiques » (History of the Relief
Society p. 102).
À
la base de ce rôle de compagne il y a l’égalité
inhérente des hommes et des femmes suggérée par
le récit de la Création : « À
l'image de son corps, il créa l'homme et la femme, il les
bénit » (Moï. 6:9). Les dons spirituels, les
promesses et les bénédictions du Seigneur sont donnés
à ceux qui se qualifient, quel que soit leur sexe. La
réception des dons spirituels est fonction de l’obéissance,
pas du sexe (D&A 46:9-25).
Bruce
R. McConkie du Conseil des Douze a souligné l’égalité
des hommes et des femmes dans les choses de l’esprit :
« Pour
ce qui est des choses spirituelles, comme ce qui concerne tous les
dons de l’Esprit, la réception de révélations,
l’acquisition d’un témoignage et la réception
de visions, pour tout ce qui touche au divin et à la sainteté
et qui se réalise en conséquence de la justice
personnelle – dans toutes ces choses hommes et femmes se
trouvent en situation… d’égalité devant le
Seigneur » [Ensign 9, juin 1979, p. 61].
Les
ordonnances du temple sont une autre preuve que « dans le
Seigneur, la femme n’est point sans l’homme, ni l’homme
sans la femme » (1 Co. 11:11).
« Il
faut remarquer que les bénédictions les plus élevées
qui y sont accessibles [dans le temple] ne sont conférées
que conjointement à un homme et à une femme. Ni l’un
ni l’autre ne peut les recevoir seul. Dans l’Église
du Christ, la femme n’est pas une adjonction à mais une
partenaire égale à l’homme » [Widtsoe,
p. 373].
Les
femmes et les hommes, bien que jouissant d’un statut égal,
remplissent certains rôles séparés et différents
dans l’œuvre de l’Église. Aux hommes est
donnée la responsabilité de détenir la prêtrise
avec de nombreux devoirs prescrits. Le rôle des femmes est
défini avec moins de précision, bien qu’étant
non moins réel. Selon Neal A. Maxwell, du Collège des
Douze :
« Nous
savons tellement peu de choses sur les raisons de la répartition
des devoirs entre femmes et hommes aussi bien qu’entre mères
et prêtrise. Ils ont été définis par Dieu
à une autre époque et à un autre endroit. Nous
sommes habitués à nous concentrer sur les hommes de
Dieu parce qu’ils ont la ligne de prêtrise et de
leadership. Mais en parallèle avec cette ligne d’autorité,
il y a un véritable courant d’influence constructive,
reflet des femmes remarquables qui ont existé à toutes
les époques et dans toutes les dispensations, y compris la
nôtre » [Maxwell, p. 94].
Exerçant
une influence bénéfique, les femmes remplissent une
foule de tâches dans l’Église : elles
président, dirigent et constituent le personnel des
organisations pour les femmes (Société de secours), les
Jeunes Filles (jeunes filles) et les enfants (Primaire) aux niveaux
paroisse, pieu et général ; elles donnent les
cours de doctrine de l’Évangile pour les adultes, les
jeunes et les enfants ; elles dirigent les chœurs et les
œuvres théâtrales ; elles officient dans les
cérémonies de temple ; elles sont membres des
comités d’entraide à tous les niveaux de l’Église
et elles organisent des manifestations culturelles et récréatives
auxquelles tous les membres participent.
Les
femmes de l’Église accomplissent également des
rôles sociaux en tant que médecins, avocats,
professeurs, spécialistes en économie domestique,
administrateurs, enseignantes, auteurs, secrétaires, artistes
et femmes d’affaires. En plus, beaucoup ont des fonctions dans
la collectivité, la politique et le bénévolat.
Conformément à la croyance des saints que l’endroit
où les parents font le plus de bien est dans leur propre foyer
et qu’aucune autre activité ne doit avoir la préséance
sur leurs préoccupations pour la famille, les membres sont
invités à prendre des décisions essentielles en
ce qui concerne leur effet sur la famille. Cette priorité de
la famille influence inévitablement les attentes en ce qui
concerne le rôle des femmes, notamment celui de mère,
d’épouse, de ménagère et d’enseignante.
On leur apprend dès leur jeunesse à se préparer
au mariage et au ménage aussi bien qu’à un
métier. Camilla Kimball, épouse de Spencer W. Kimball,
a conseillé à chaque fille et à chaque femme :
« Qualifiez-vous dans deux métiers : celui de
ménagère et celui de vous préparer un gagne-pain
en dehors de la maison pour le cas où la situation
l’exigerait. Une femme mariée peut devenir veuve sans
avertissement…. Elle peut donc se trouver dans la nécessité
de gagner elle-même sa vie et d’entretenir ses enfants
dépendants » (Ensign 7, mars 1977, p. 59).
Depuis
longtemps, les dirigeants de l’Église exhortent les
femmes, aussi bien à titre individuel qu’en tant que
groupe, à faire toutes les études qu’elles
peuvent, à consacrer leur « temps à écrire
et à apprendre beaucoup » (D&A 25:8). Les
femmes ont été encouragées à faire des
études non seulement pour leur propre épanouissement
mais également parce que cela contribue à les aider à
faire du foyer un lieu d’instruction et de raffinement et pour
son importance dans la vie des enfants. Même si la formation et
l’éducation peuvent ouvrir beaucoup de perspectives de
carrière pour les femmes, le rôle de mère est
dominant pour celles qui ont de jeunes enfants et elles sont invitées
à utiliser leur formation au profit de leurs enfants.
L’Église
n’a pas d’opposition de principe à ce que les
femmes travaillent en dehors de la maison et reconnaît leurs
apports dans la vie de la société. Marvin J. Ashton du
Collège des Douze a expliqué que « la femme
doit se sentir libre d’aller sur le marché du travail et
au service de la collectivité que ce soit comme salariée
ou comme bénévole si elle le souhaite, quand sa
situation familiale lui permet de le faire sans que cela empiète
sur elle » (Ashton, p. 93). Il est clair que certaines
mères sont obligées de travailler pour entretenir leurs
enfants, mais on espère qu’autant que possible, les
mères avec des enfants dans la maison feront de la maison leur
carrière prioritaire.
Toutes
les femmes sont des filles de la « glorieuse mère
Ève » (D&A 138:39) qui, en tant que « mère
de tous les vivants » (Moï. 4:26), a laissé un
legs qui est l’héritage de toute femme. Ce rôle
dépasse le soin de la famille immédiate. Il décrit
une nature et une attitude qui sont fondamentales pour toutes les
femmes. Le président Harold B. Lee a exprimé ceci quand
il s’est adressé aux femmes de l’Église
assemblées au Tabernacle : « Vous, mères
de l’Église…. » (voir Mère en
Israël). Toute femme, quel que soit son statut familial, appel
ou métier joue le rôle de quelqu’un qui éduque,
encourage, console ; qui donne de l’amour et qui protège
et préserve la famille.
Bibliographie
Ashton,
Marvin J. "Woman's Role in the Community." Dans Woman. Salt
Lake City, 1979.
History of the
Relief Society, 1842-1966. Salt
Lake City, 1966.
Kimball,
Spencer W. "Privileges and
Responsibilities of Sisters." New Era 9, janvier 1979, p.
42.
Maxwell, Neal
A. "The Women of God." Dans Woman.
Salt Lake City, 1979.
Widtsoe, John
A. "The "Mormon'
Women." Relief Society Magazine 30, juin-juillet 1943, p.
372-375.
BARBARA B. SMITH
SHIRLEY W.
THOMAS
Finances
de l'Église
Auteurs :
EDGLEY, RICHARD et EDLING, WILFORD G.
La force
financière
de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours découle principalement de l'engagement de ses membres
vis-à-vis du principe scripturaire de la dîme et
d'autres formes de contributions et de service volontaires. La
collecte et les dépenses de tous les fonds sont soigneusement
gérées dans le monde entier selon des procédures
standard et sous la supervision directe de la Première
Présidence. L'Église a également des
investissements et des réserves financières limités
dans le cadre de sa stratégie générale pour
alimenter des programmes ecclésiastiques de plus en plus
étendus. La gestion de tous les fonds est régulièrement
apurée conformément à des pratiques financières
éprouvées.
Les
saints des derniers jours prennent au sérieux le commandement
de payer la dîme et les promesses faites par le Seigneur dans
l'Ancien Testament :
« Un
homme trompe–t–il Dieu ? Car vous me trompez, et
vous dites : En quoi t'avons–nous trompé ?
Dans les dîmes et les offrandes. Vous êtes frappés
par la malédiction, et vous me trompez, la nation tout
entière ! Apportez à la maison du trésor
toutes les dîmes, afin qu'il y ait de la nourriture dans ma
maison ; mettez–moi de la sorte à l'épreuve,
dit l'Éternel des armées. Et vous verrez si je n'ouvre
pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands
pas sur vous la bénédiction en abondance »
[Mal. 3:8-10].
Cette
loi des finances pour l'Église de Dieu a été
réitérée dans les Écritures modernes. En
1838, le Seigneur a souligné cette loi importante dans une
révélation donnée au prophète Joseph
Smith et a défini la dîme comme étant
« annuellement un dixième de tous leurs revenus »
(D&A 119:4).
Les
années précédant le début du XXe siècle
furent financièrement pénibles pour la jeune Église
en difficulté à cause de la dépression des
années 1890 et de la confiscation des fonds de l'Église
pendant la longue campagne du gouvernement fédéral
contre la polygamie. En mai 1899, Lorenzo Snow, président de
l'Église, se rendit, malgré son grand âge, de
Salt Lake City à St-George (Utah) pour réconforter les
membres dont les terres subissaient une sécheresse
catastrophique. Les cours d’eau et les puits étaient
asséchés et ils étaient menacés de
famine. Pendant cette visite, le président Snow fut inspiré
d’évoquer les paroles de Malachie et de promettre aux
saints, dans leur situation de grand dénuement, que s'ils
payaient une dîme honnête, les « écluses
des cieux s’ouvriraient ». Les saints l’écoutèrent,
la pluie vint et la population fut bénie (Cowan, p. 15-18).
À
partir de cet événement, le principe de la dîme
connut une importance renouvelée dans toute l'Église.
Les membres réagirent avec un engagement et une foi accrus et,
en quelques années, l'Église fut financièrement
saine et l’est restée depuis. Par la foi et les
sacrifices de ses membres, l'Église a pu faire face à
une croissance mondiale régulière. Les saints des
derniers jours considèrent le paiement de la dîme comme
une bénédiction et parlent souvent des bénédictions
spirituelles et financières qui ont découlé de
l'obéissance à cette loi.
En
plus de payer la dîme, les membres peuvent contribuer à
plusieurs fonds spécialement conçus (voir Contributions
financières). Le premier dimanche de chaque mois, les membres
jeûnent deux repas et donnent, au minimum, l'équivalent
en argent de deux repas au fonds d’offrandes de jeûne
utilisé exclusivement pour aider les pauvres et les
nécessiteux. Le soutien des missionnaires est avant tout une
responsabilité familiale. Depuis le 1er janvier 1991, le coût
mensuel pour les missionnaires et leurs familles a été
normalisé dans le monde entier aux dépenses mensuelles
moyennes des missionnaires. Cependant, les membres sont également
invités à contribuer pour aider les missionnaires qui
ont des finances insuffisantes.
GESTION
FINANCIÈRE. La collecte et l’utilisation des fonds se
pratiquent selon des procédés de gestion de trésorerie
éprouvés. La dîme est donnée à la
paroisse ou à la branche locale et est remise à
l’administration de l'Église qui a reçu
compétence en la matière. Les bureaux interrégionaux
et régionaux de par le monde collectent et dépensent
les fonds selon les directives des officiers présidents au
siège de l’Église.
Les
fonds du don de jeûne sont recueillis dans les paroisses où
ils sont d'abord utilisés pour prendre soin des nécessiteux
de la paroisse. L’excédent des dons de jeûne dont
on n’a pas besoin localement est envoyé au siège
de l’Église ou aux bureaux interrégionaux. Tous
les déficits causés par le soin des pauvres dans
l'unité locale sont comblés par les dons de jeûne
excédentaires des fonds généraux. C’est ce
qui permet à l’évêque local de répondre
aux besoins de sa paroisse en matière d'entraide.
Le
8 juillet 1838, le prophète Joseph Smith reçut une
révélation précisant la méthode à
suivre pour l’utilisation de la dîme reçue par
l'Église : « En vérité, ainsi
dit le Seigneur, le temps est maintenant venu où leur
affectation [des dîmes] sera décidée par un
conseil composé de la Première Présidence de mon
Église, de l'évêque et de son conseil, et de mon
grand conseil » (D&A 120:1).
Plus
tard fut créé le Conseil d’Affectation des dîmes,
comprenant la Première Présidence de l'Église,
le Collège des douze apôtres et l'Épiscopat
Président. Ce conseil se réunit régulièrement
et supervise les dépenses de tous les fonds de l’Église
dans le monde entier. Il approuve les budgets et la stratégie
financière et définit la politique financière.
Deux
sous-comités du Conseil d’Affectation des dîmes
sont le Comité du Budget et le Comité d’Allocations.
Les deux comités comprennent la Première Présidence,
des membres choisis du Collège des douze apôtres et les
membres de l'Épiscopat Président.
Le
Bureau du Budget de l’Église fournit un appui en
personnel à la Première Présidence et donne
l’orientation administrative générale à la
préparation du budget annuel de l’Église. Au
début de chaque cycle budgétaire annuel, des directives
concernant le budget sont données aux chefs de service des
départements administratifs de l’Église, aux
bureaux internationaux, aux missions, aux temples et à
d'autres unités. C’est en fonction de ces directives que
les budgets sont élaborés aux niveaux de responsabilité
les plus bas et scrupuleusement passés en revue par les divers
niveaux de gestion et de conseils. Le Comité du Budget se
réunit périodiquement pour faire un passage en revue
approfondi du budget et pour formuler des recommandations en matière
de budget au Conseil d’Affectation des dîmes.
Le
Comité d’Allocations se réunit chaque semaine.
Toutes les demandes de dépense dans le monde entier, à
l’exception du petit nombre qui ont été déléguées
à un niveau inférieur d'administration par le Conseil
d’Affectation des dîmes, sont examinées, vérifiées
pour s'assurer que la demande se situe dans le budget et reçoivent
leur allocation. Les dépenses qui ont été
déléguées font l’objet d’un rapport
au comité.
CONTRÔLES
FINANCIERS. Les contrôles financiers sont administrés
par l'utilisation d’une politique financière, d'une mise
au budget, d’une structure d'organisation et d’audits
réguliers et complets. La politique financière
principale vient du Conseil d’Affectation des dîmes. Des
directives de politique et de procédure financières
supplémentaires sont publiées par le Département
des finances et des registres, lequel, sous la direction de la
Première Présidence et de l'Épiscopat Président,
est responsable des aspects gestion/contrôle de la comptabilité
de la trésorerie, de la taxation et de la gestion des risques.
L'Église
a un Comité d'audit composé d'hommes d'affaires
expérimentés qui ne sont pas associés à
l'Église comme employés ou Autorités générales.
Ce comité fait directement rapport à la Première
Présidence de l'Église et travaille en collaboration
étroite avec le Département des finances et des
registres et avec le Département des apurements pour garantir
le respect strict des principes moraux et des règles et des
procédures financières rigides. Le Département
d’apurement fait, lui aussi, directement rapport à la
Première Présidence de l'Église et conserve
ainsi son indépendance par rapport à tous les autres
départements. Son personnel d’experts-comptables agréés
exécute des audits continus des systèmes financiers,
opérationnels et informatiques pour les départements de
l’Église et les autres organisations gérées
par l’Église. Des réactions à tous les
audits sont exigées et un suivi est assuré.
PARTICIPATION
ET INVESTISSEMENTS DANS LES ENTREPRISES. La Première
Présidence a créé d’autres conseils et
comités pour superviser la gestion des investissements et des
réserves de l'Église (voir Entreprises :
Participation de l’Église dans les entreprises). Chacun
de ces comités essentiels est présidé par un
membre de la Première Présidence ou par une autre
Autorité générale désignée.
Le
Comité de la politique d'investissement est présidé
par la Première Présidence et inclut le président
du Conseil des Douze, d'autres membres des Douze désignés
et l'Épiscopat Président. Son but est de définir
la politique et la stratégie d'investissement et de passer en
revue les décisions principales d'investissement.
La
Deseret Management Corporation (DMC) est une société
avec son propre conseil d'administration. DMC fonctionne comme un
holding pour la plupart des entreprises commerciales appartenant à
l'Église. Ces compagnies payent tous les impôts dont
doivent s’acquitter les sociétés commerciales.
Certains biens sont également détenus pour des raisons
autres que l'investissement. En plus de protéger les environs
des propriétés sacrées, ces investissements
peuvent être maintenus pour soutenir les efforts
ecclésiastiques de l'Église.
L'Église
détient toujours quelques propriétés
créées à l’origine pour soutenir le
commerce dans les communautés des saints (voir Histoire
économique de l’Église). Cependant, suite à
une évaluation de ces avoirs et de leurs contributions à
sa mission, l'Église en a liquidé
beaucoup.
Bibliographie
Cowan,
Richard O. The Church in the Twentieth Century. Salt Lake City,
1985.
Doxey, Roy W.
Tithing : The Lord's Law. Salt Lake City,
1976.
RICHARD EDGLEY
et WILFORD G. EDLING
Foi
en Jésus-Christ
Auteur :
Brinley, Douglas E.
La
foi en Jésus Christ est le premier principe de l'Évangile
de Jésus-Christ (4e A de F). Celui qui a cette foi croit qu'il
est le Fils vivant de Dieu, a confiance en sa bonté et en sa
puissance, se repent de ses péchés et suit ses
directives. La foi au Seigneur Jésus-Christ naît quand
on entend son Évangile (Romains 10:17). Par la foi, on entre
par la porte du repentir et du baptême et on reçoit le
don du Saint-Esprit, qui mène au mode de vie voulu par le
Christ (2 Néphi 31:9, 17-18). Ceux qui répondent sont
« vivants dans le Christ à cause de [leur] foi »
(2 Néphi 25:25). Parce que la voie de Dieu est la seule voie
qui mène au salut, « il est impossible de lui être
agréable" sans la foi (Hébreux 11:6). La foi doit
précéder les miracles, les signes, les dons de l'Esprit
et la justice, car « s’il n'y a pas de foi... Dieu
ne peut faire aucun miracle » (Éther 12:12). Le
prophète Moroni 2 dans le Livre de Mormon résume ces
points :
« Le Seigneur Dieu
prépare le chemin pour que
le reste des hommes ait foi au Christ, pour que le Saint-Esprit ait
place dans leur cœur, selon son pouvoir; et c'est de cette
manière que le Père accomplit les alliances qu'il a
faites avec les enfants des hommes. Et le Christ a dit: Si vous avez
foi en moi, vous aurez le pouvoir de faire tout ce qui est utile en
moi. Et il a dit: Repentez-vous, toutes les extrémités
de la terre, et venez à moi, et soyez baptisées en mon
nom, et ayez foi en moi, afin que vous soyez sauvées »
[Moroni 7:32-34].
Bien que dans l’usage courant
on parle d’avoir foi
dans les gens, les principes ou les choses, dans son sens éternel,
la foi existe en Jésus-Christ, et uniquement en lui. Il ne
suffit pas d'avoir foi en n'importe quoi : elle soit être
axée sur « le seul vrai Dieu et celui qu’il a
envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17:3). Avoir la
foi signifie avoir pleinement confiance que Jésus-Christ seul
peut sauver l'humanité du péché et de la
finalité de la mort. Par sa grâce, « vous
êtes sauvés, par le moyen de la foi »
(Éphésiens 2:8). Si « Christ n’est pas
ressuscité… votre foi… est vaine » et
« vous êtes encore dans vos péchés »
(1 Corinthiens 15:14, 17). Faire confiance aux pouvoirs de ce monde,
c’est placer sa « confiance dans le bras de la
chair » et, en fait, rejeter le Christ et son Évangile
(2 Néphi 4:34).
Paul explique : « Or
la foi est une ferme
assurance des choses qu'on espère, une démonstration de
celles qu’on ne voit pas » (Hébreux 11:1).
Les mortels doivent vivre par la foi, étant donné que
les réalités divines sont voilées à leurs
sens physiques. Les vérités invisibles de l'Évangile
sont rendues manifestes par l'Esprit Saint et sont visibles dans la
vie des gens qui vivent par la foi, suivant les indications
quotidiennes de cet Esprit. Bien que la plupart des mortels n'aient
pas vu les réalités spirituelles au-delà de ce
monde physique, ils peuvent accepter de telles idées dans la
foi, sur la base de témoignages spirituels personnels et ce
qui a été écrit par les témoins spéciaux
des temps anciens et modernes que Dieu a appelés et qui ont
vécu personnellement ces réalités.
La vraie foi est la croyance
plus l'action. La foi implique non
seulement l’assentiment mental ou le fait de savoir que l’on
croit mais aussi sa mise en œuvre. La croyance en des choses
spirituelles et profanes pousse les gens à agir. Ne pas mettre
en application les enseignements et les commandements du Christ c’est
faire preuve d'absence de foi en lui. La foi en Jésus-Christ
oblige les gens à agir au nom du Christ, à suivre son
exemple, à faire ses œuvres. Jésus a dit :
« Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur !
n’entreront pas tous dans le royaume des cieux ; mais
celui-là seul qui fait la volonté de mon Père
qui est dans les cieux » (Matthieu 7:21; italiques
ajoutés). Jacques souligne en outre que « la foi :
si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même.
Mais quelqu’un dira : Toi, tu as la foi ; et moi,
j’ai les œuvres. Montre-moi ta foi sans les œuvres,
et moi, je te montrerai la foi par mes œuvres »
(Jacques 2:17-18; Voir aussi Grâce).
La justice conduit à une plus
grande foi, tandis que le
péché et la méchanceté diminuent la foi.
« Le juste vivra par sa foi » (Habacuc 2:4).
Quand on viole les commandements de Dieu, on subit une perte de
l'Esprit du Seigneur et une perte de la foi, car la foi en
Jésus-Christ est incompatible avec la désobéissance.
Le prophète Alma 2 du Livre de Mormon caractérise les
paroles du Christ comme une semence qui est testée quand on la
sème dans son cœur et qu’on la nourrit. Si l’on
désire voir la semence grandir, on doit lui laisser de la
place et la nourrir avec sa foi. Si c'est une bonne semence, elle va
gonfler et pousser, et on saura qu’elle est bonne. Par contre,
si l’on néglige la semence, elle va dépérir.
Mais si l’on « nourri[t] la parole... par [sa] foi,
avec grande diligence », elle deviendra un arbre de vie et
on goûtera son fruit, qui est la vie éternelle (Alma
32:26-43).
La foi peut être nourrie et
renouvelée par l'étude
des Écritures, la prière et des œuvres
compatibles avec les commandements de l'Évangile. Parce que
ceux qui agissent selon leur foi, se repentent et sont baptisés
reçoivent la rémission des péchés, ils
ont des raisons d'espérer en la vie éternelle (Moroni
7:41). Avec cet espoir, leur foi en Jésus-Christ inspire
davantage les gens à se servir les uns les autres dans la
charité, tout comme le Christ l’aurait fait (Moroni
7:44), car « le but du commandement, c’est la
charité… d’une foi sincère » (1
Timothée 1:5). « La charité est l'amour pur
du Christ, et elle subsiste à jamais » (Moroni
7:47). Ainsi, la foi, ou la « constance dans le Christ »,
permet aux hommes de persévérer jusqu'à la fin
en continuant dans la foi et la charité (2 Néphi 31:20;
1 Timothée 2:15; D&A 20:29). La vraie foi est durable et
conduit à l'assurance que les efforts que l’on fait ne
sont pas passés inaperçus et que Dieu est satisfait de
l’attitude que l’on a et de l’effort que l’on
fait pour mettre en application les principes de l'Évangile de
Jésus-Christ dans sa vie personnelle.
Si Alma a expliqué comment la
foi mène à la
connaissance, les commentaires faits dans l’Église
moderne font aussi remarquer comment certains types de connaissance
fortifient la foi (MD, p. 261-267). La connaissance que Dieu existe,
la compréhension correcte de sa personnalité et
l’assurance qu'il approuve notre conduite peuvent aider notre
foi à « devenir parfaite et féconde,
abondant en justice » (« Lectures on Faith »,
p. 65-66).
Le rétablissement de
l'Évangile dans les temps
modernes a été déclenché par un acte de
foi de la part du jeune Joseph Smith. En lisant la Bible, il a été
frappé par l'encouragement de Jacques à tous ceux qui
manquent de sagesse à demander « avec foi, sans
douter » (Jacques 1:6). Les visions qu’il a reçues
en réponse à ses prières (voir Visions de Joseph
Smith) sont la preuve que les prières sont « exaucées
selon [sa] foi » (Mosiah 27:14). Si Dieu prend plaisir à
bénir ses enfants, il lui faut « d’abord…
éprouver leur foi... alors les choses qui sont plus grandes
leur seront manifestées » (3 Néphi 26:9).
Mais il n’y aura « de témoignage qu'après
la mise à l'épreuve de votre foi » (Éther
12:6), ou : « sans la foi, tu ne peux rien faire »
(D&A 8:10 ). « Les signes viennent par la foi, non par
la volonté des hommes » (D&A 63:10).
Parce que la foi implique que
le Saint-Esprit guide les gens,
elle les mène par une main invisible à « l'unité
de la foi » (Éphésiens 4:13). Par la force
des autres et une confiance accrue dans la façon de faire du
Seigneur, la foi constitue un bouclier contre l'adversaire (Éphésiens
6:16). De même, la foi a été décrite comme
faisant partie de notre armure, agissant comme une « cuirasse
de la foi et de la charité » (1 Thessaloniciens
5:8) pour protéger les fidèles contre le mal.
Bibliographie
Benson,
Ezra Taft. The Teachings of Ezra Taft Benson, p. 65-69. Salt Lake
City, 1988.
Kimball, Spencer W. Faith
Precedes the Miracle. Salt
Lake City, 1973.
“Lectures on Faith”. Dans The
Lectures on Faith in Historical Perspective, dir. de publ. L. Dahl et
C. Tate, p. 29-104. Provo, Utah, 1990.
DOUGLAS E. BRINLEY
Fondamentalistes
L’expression
« fondamentalisme mormon »
désigne les croyances et les pratiques de groupes
schismatiques contemporains qui prétendent suivre tous les
enseignements de Joseph Smith, le prophète. Ils se disent
souvent croyants en la « plénitude de l’Évangile »,
ce qui, selon eux, doit inclure le mariage plural et parfois l’ordre
uni.
Le mouvement fondamentaliste a
commencé après la
publication du Manifeste de 1890, qui déclarait publiquement
la fin officielle du mariage plural dans l’Église de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Les années
1890 à 1904 furent, pour certains, une période de
confusion concernant l’application et l’étendue de
l’interdiction de nouveaux mariages pluraux dans l’Église.
Par exemple, du fait que le Manifeste parlait de mariages allant
« à
l’encontre des lois du pays », certains estimaient
que l’interdiction ne s’appliquait pas à
l’extérieur des États-Unis. Pour cette raison, le
Manifeste fut, en 1904, proclamé officiellement et
publiquement d’application mondiale.
À la suite de cette deuxième
proclamation, des
fondamentalistes récalcitrants continuèrent d’affirmer
que Dieu exige de tous les « vrais » croyants
qu’ils respectent le principe de la polygamie sans tenir compte
des décisions de l’Église. Cette insistance a
séparé les fondamentalistes du mormonisme traditionnel.
Dans les années 1820, Lorin C. Woolley, de Centerville (Utah),
prétendit que Dieu l’avait autorisé à
perpétuer le mariage plural, disant qu’il avait reçu
cette connaissance en 1886, dans sa jeunesse, par le ministère
de Jésus-Christ, de John Taylor et de Joseph Smith. Cette
affirmation ne fit que renforcer l’opposition entre les
fondamentalistes et l’Église.
Certains fondamentalistes des
années 1920 rejetèrent
les prétentions de Woolley à l’autorité et
partirent de leur côté. Charles Kingston s’installa
à Bountiful (Utah) et y fonda une communauté du type
ordre uni qui existe encore sous la forme d’une société
relativement fermée. Alma Dayer LeBaron alla s’installer
à Mesa (Arizona) puis à Juarez (Mexique) et jeta les
bases de l’Église du Premier-né de la Plénitude
des Temps et de ramifications telles que l’Église de
l’Agneau de Dieu. Au fil des années, d’autres
fondamentalistes sont apparus avec des prétentions religieuses
diverses.
En dépit de ces défections, la
majorité des
fondamentalistes sont restés un groupe organisé,
obtenant un nombre d’adhérents réduit mais
constant. Au milieu des années 1930, une colonie d’ordre
uni fut fondée dans une localité isolée près
de la frontière entre l’Utah et l’Arizona appelée
Short Creek, aujourd’hui Colorado City (Arizona). Les
propriétés étaient détenues par des
administrateurs appelés l’Effort Uni. Cette colonie est
devenue un havre pour beaucoup de fondamentalistes, bien que la
majorité de leurs partisans résident toujours dans la
région de Salt Lake City.
Au milieu des années 1940, les
forces de police de l’Utah
et de l’Arizona lancèrent un raid contre la communauté
de Short Creek et brisèrent les familles polygames, mettant
les maris en prison et les enfants dans des familles d’accueil.
Les dirigeants fondamentalistes restèrent en prison jusqu’au
24 septembre 1945 (cinquante-cinquième anniversaire du
Manifeste de Woodruff) quand ils publièrent une déclaration
publique indiquant leur intention de cesser d’ignorer la loi du
pays. Ils retournèrent auprès de leurs familles et
s’abstinrent un certain temps de violer la loi.
Quelques années plus tard se
produisit un schisme majeur
dans le groupe de Colorado City au sujet de la question de l’autorité
de la prêtrise et du droit de gouverner. Joseph Musser (le
dirigeant ostensible du groupe), Rulon Allred, ses frères et
quelques autres se détachèrent et fondèrent leur
propre groupe qui atteint maintenant les deux mille membres par des
conversions et des naissances et s’appelle aujourd’hui
les Frères apostoliques Unis. En 1976, Rulon Allred, alors
dirigeant du groupe, fut assassiné, manifestement par une
épouse plurale d’Ervil LeBaron, de l’Église
de l’Agneau de Dieu. Owen Allred remplaça son frère
à la tête du groupe. Le groupe de Colorado City se
réorganisa avec Leroy Johnson comme chef et était, en
1990, un des plus grands groupes fondamentalistes, avec des milliers
de membres. À la mort de Johnson (25 novembre 1986 à
Hilldale, Utah), il y eut une lutte pour le pouvoir ; les
schismes continuent au sein du groupe de Colorado City pour des
questions d’autorité et de droits de propriété.
Les fondamentalistes affirment
croire aux quatre ouvrages
canoniques, à l’histoire des débuts de l’Église
et aux prophètes du Rétablissement jusque et y compris
John Taylor. La doctrine fondamentaliste, en ce qui concerne la
présidence de la prêtrise, découle d’une
interprétation particulière de la section 84 des
Doctrine et Alliances, laquelle, prétendent-ils, parle d’un
conseil de prêtrise ou hiérarchie de sept hommes
désignés comme apôtres « grands
prêtres ». Diverses prétentions à la
succession ont conduit aux schismes actuels dans ces groupes.
Beaucoup de fondamentalistes indépendants croient que les
prétentions à l’autorité des deux groupes
principaux sont infondées ; par conséquent ils
croient et vivent séparément de ces groupes.
Le lien qui unit tous les
fondamentalistes est leur croyance que
l’Église a changé, alors qu’elle n’en
avait pas le droit, des points de doctrine et des pratiques. Un
fondamentaliste indépendant a publié un livre où
il fait la liste de quatre-vingt-quinze soi-disant changements,
imitant ainsi les quatre-vingt-quinze thèses de Martin Luther.
Parmi ces critiques, il y a notamment l’abrogation du mariage
plural, l’abandon de l’ordre uni, la prétendue
perte de la révélation à l’Église
depuis 1890, la soi-disant perte des clefs de la prêtrise due à
l’abandon de la pratique du mariage plural, la répudiation
supposée de la « vraie » connaissance de
la Divinité, des changements de méthode dans l’œuvre
missionnaire (le fait de ne pas prêcher sans bourse ni sac), la
corruption des vêtements et des ordonnances du temple, l’arrêt
du rassemblement d’Israël en Utah, le changement de la
façon de conférer la prêtrise et le fait que l’on
permet à tous les hommes dignes de détenir la prêtrise
quelle que soit la race.
Bibliographie
Anderson,
J. Max. The Polygamy Story : Fiction and Fact. Salt Lake City,
1977.
Kraut, Ogden. Ninety-Five
Theses. Dugway, Utah, n. d.
Truth
Magazine, Salt Lake City, 1935-1956.
J. MAX. ANDERSON
Franc-maçonnerie
à Nauvoo
Auteur :
GODFREY, KENNETH W.
L'introduction
de la franc-maçonnerie
à Nauvoo eut des implications politiques et religieuses. Quand
il se rendit à Nauvoo le 15 mars 1842 pour y installer la loge
maçonnique, Abraham Jonas, Grand Maître de l’Illinois
inaugura une période de difficultés avec les autres
francs-maçons de l'Illinois et présenta à Nauvoo
un rituel antique ayant une certaine ressemblance avec les
ordonnances du temple (voir Franc-maçonnerie, la, et le
temple).
La
procédure maçonnique habituelle exige qu’une loge
existante patronne chaque nouvelle loge proposée. Au début
de l’été de 1841, plusieurs saints des derniers
jours qui étaient francs-maçons, notamment Lucius N.
Scovil, personnage-clef dans la franc-maçonnerie de Nauvoo,
demandèrent à la loge Bodley n° 1, à Quincy
(Illinois), de proposer que la Grande Loge d'Illinois nomme certaines
personnes comme officiers d'une loge à Nauvoo. Faisant
remarquer que les personnes mentionnées étaient
inconnues à Quincy comme francs-maçons, la loge renvoya
la lettre avec des instructions sur ce qu’il convenait de
faire.
Moins
qu'un an plus tard, Nauvoo avait une loge sans le patronage normal.
Apparemment le Grand Maître Jonas avait écarté la
règle et accordé à Nauvoo « une
dispense spéciale » pour s’organiser. Il fit
aussi Joseph Smith et son conseiller, Sidney Rigdon,
« francs-maçons
à vue ». Certains croient que Jonas était
disposé à agir ainsi parce qu'il voyait le vote mormon
croissant soutenir ses propres ambitions politiques (voir Politique à
Nauvoo). Si ce geste lui valut la faveur de certains saints des
derniers jours, il lui mit à dos d'autres francs-maçons.
Joseph Smith avait des raisons d’espérer que les saints
pourraient tirer bénéfice du réseau d'amitié
et de soutien qui est normalement le fait de cette organisation
fraternelle, mais au lieu de cela, la loge de Nauvoo ne fit que
causer des frictions.
Jonas
publia dans son journal, Columbia Advocate, le récit de
l'installation, le 15 mars, de la loge de Nauvoo. « Jamais
de ma vie je n’ai vu une assemblée mieux habillée
ou plus ordonnée et plus polie », écrivit-il
(HC 4:565-66). Pendant la cérémonie d'installation,
tenue dans le bosquet près de l'emplacement du temple, Joseph
Smith officia comme Grand Aumônier. Ce soir-là, les
francs-maçons étant rassemblés dans son bureau,
le prophète reçut le premier degré de la
franc-maçonnerie. Les francs-maçons de Nauvoo
commencèrent alors les réunions matinales
hebdomadaires.
En
août 1842, la loge Bodley n° 1 protesta contre l'octroi
d'une dispense à la loge de Nauvoo, ce qui eut pour résultat
la suspension provisoire des activités. Une enquête fit
apparaître que quelque trois cents saints des derniers jours
étaient devenus francs-maçons pendant la brève
existence de la loge, mais ne découvrit aucune irrégularité
justifiant sa dissolution. La Grande Loge non seulement autorisa le
rétablissement de la loge de Nauvoo mais accorda plus tard des
dispenses pour d'autres loges voisines composées
principalement de saints des derniers jours. Finalement près
de 1.500 saints devinrent associés à la
franc-maçonnerie d'Illinois, notamment beaucoup de membres des
conseils dirigeants de la prêtrise de l'Église –
et cela à une époque où le nombre total de
francs-maçons non mormons des loges d'Illinois atteignait à
peine 150.
Rivaux
de longue date de Nauvoo pour l'ascendant politique et économique,
les francs-maçons voisins craignaient la domination mormone de
la franc-maçonnerie et y résistèrent. Accusant
la Loge de Nauvoo de voter pour plus d'un candidat à la fois,
de recevoir les candidats dans la fraternité sur la base
qu'ils se corrigeraient à l'avenir et de faire Joseph Smith
Maître Maçon à vue, les ennemis imposèrent
une enquête en octobre 1843. La Grande Loge convoqua les
officiels de Nauvoo à Jacksonville (Illinois). Armés
des livres et des papiers pertinents, Lucius Scovil et Henry G.
Sherwood répondirent aux allégations. Tout en faisant
rapport que tout semblait être en règle, le comité
examinateur exprima la crainte qu'il pourrait y avoir quelque chose
de pas correct et recommanda une suspension d'un an. À ce
moment-là, le Grand Maître Jonas, dans un discours
passionné, déclara que les livres de la Loge de Nauvoo
étaient les mieux tenus qu’il eût jamais vus et
exprima sa conviction que s’il n’y avait pas le fait que
la Loge de Nauvoo était composée de mormons, elle
serait la plus haute loge de l'état. Un comité fut
nommé pour faire une enquête approfondie à
Nauvoo. Le comité ne signala aucun méfait ;
néanmoins la Loge de Nauvoo fut de nouveau suspendue.
L'injonction fut retirée plus tard, mais la Loge de Nauvoo
continua à être privée du soutien des autres
francs-maçons.
En
avril 1844, la Loge de Nauvoo dédia une nouvelle salle
maçonnique. Entre-temps, la loge avait été
scindée de la Grande Loge et un franc-maçon d'Illinois
avait été expulsé de sa loge pour avoir assisté
à la dédicace. La Loge de Nauvoo continua ses activités
dans le bâtiment nouvellement construit jusqu'au 10 avril 1845,
quand Brigham Young recommanda à Lucius Scovil de suspendre le
travail des francs-maçons à Nauvoo. Il n’y eut
que quelques réunions supplémentaires avant le départ
des saints des derniers jours en 1846 pour le Grand Bassin.
Joseph
Smith n’eut qu’une participation minime à la
franc-maçonnerie et, autant que l’on sache, n’assista
que trois fois aux réunions de la loge maçonnique de
Nauvoo. Néanmoins, les francs-maçons mormons
affirmèrent qu’il maîtrisait ses ordres, sa
doctrine et ses principes et qu’il comprenait le symbolisme
allégorique de ses instructions.
La
plupart des spécialistes qui ont examiné soigneusement
la loge maçonnique de Nauvoo conviennent qu’elle fut
plutôt victime que coupable. Tous conviennent que ce furent les
sentiments anti-mormons généralisés et la haine
intense des saints des derniers jours que leur vouaient leurs rivaux
locaux, et non les irrégularités ou la mauvaise
conduite qui causèrent la polémique concernent la loge
maçonnique de Nauvoo.
Bibliographie
Hogan,
Mervin B. "Mormonism and Freemasonry : The Illinois
Episode". Dans Little Masonic Library, dir. de publ. Silas H.
Shepherd, Lionel Vibert et Roscoe Pound, Vol. 2, p. 267-326.
Richmond, Va., 1977.
Ivins, Anthony
W. The Relationship of
"Mormonism" and Freemasonry. Salt Lake City, 1934.
McGavin,
E. Cecil. Mormonism and Masonry. Salt Lake City, 1954.
KENNETH W.
GODFREY
Franc-maçonnerie,
et le temple
Auteur :
GODFREY, KENNETH W.
Ceux
qui étudient et le mormonisme et la franc-maçonnerie
ont réfléchi aux rapports possibles entre le rite
maçonnique et la cérémonie du temple. Bien que
certains prétendent que Joseph Smith a emprunté des
éléments à la franc-maçonnerie quand il a
élaboré la cérémonie du temple, la
Dotation est plus proche des Écritures modernes
(particulièrement du livre d'Abraham et du livre de Moïse)
et des rituels antiques que de la franc-maçonnerie. Les saints
des derniers jours considèrent les ordonnances comme le
rétablissement révélé de cérémonies
antiques du temple et qu’elles sont seulement accessoirement
apparentées à la franc-maçonnerie. Les deux ne
sont cependant pas antithétiques ni ne se menacent
réciproquement et aucune des deux institutions ne s’oppose
aux recherches concernant les origines antiques de leurs deux
cérémonies.
Il
y avait beaucoup de cérémonies sacrées dans le
monde antique. Modifiés au cours des siècles, ces
rituels ont existé sous une certaine forme chez les anciens
Égyptiens, les chrétiens coptes, les Israélites
et les francs-maçons et dans les liturgies catholique et
protestante. Ils ont comme éléments communs le port de
vêtements spéciaux, des termes ritualistes, la
présentation théâtralisée de thèmes
archétypaux, des instructions et l'utilisation de gestes
symboliques. Un thème commun à beaucoup – que
l’on trouve dans le Livre des Morts égyptien, les Textes
égyptiens des Pyramides et les cercles de prière
coptes, par exemple – est le voyage de l'homme à travers
la vie et ses efforts, après la mort, pour passer avec succès
devant les sentinelles gardant l'accès au bonheur éternel
avec les dieux. Bien que ces cérémonies varient
considérablement, les points importants qu’elles ont en
commun soulèvent la possibilité d'une source commune
lointaine.
Les
textes égyptiens des pyramides, par exemple, comportent six
thèmes principaux : (1) l’insistance sur
l’existence d’un document écrit originel derrière
les rites ; (2) la purification (notamment l’onction, la
lustration et l’habillement) ; (3) la création
(textes de résurrection et de réveil) ; (4) le
jardin (comprenant les motifs de l’arbre et du repas rituel) ;
(5) le voyage (protection, passeur et textes osiriens) ; et (6)
l’ascension (notamment victoire, couronnement, admission dans
la compagnie céleste et textes de Horus). Comme ces anciennes
cérémonies, la dotation du temple chez les saints des
derniers jours présente des aspects de ces thèmes en
termes figuratifs. Elle aussi présente, non pas une image de
la réalité immédiate, mais un modèle
montrant le schéma de la vie humaine sur terre et le plan
divin dont elle fait partie.
Les
cérémonies maçonniques sont également
allégoriques, représentant les étapes de la
vie : la jeunesse, l’âge adulte et la vieillesse –
chacune avec les fardeaux et les difficultés qui
l’accompagnent, suivies de la mort et de l'immortalité
espérée. Il n'y a pas d’accord universel sur le
point de savoir quand la franc-maçonnerie a commencé.
Certains historiens font remonter l'origine de l'ordre à
Salomon, à Hénoc ou même à Adam. D'autres
affirment que même si une partie du symbolisme maçonnique
peut être ancien, la franc-maçonnerie en tant
qu’institution a commencé au Moyen-Âge ou plus
tard.
Bien
que dans notre dispensation la Dotation chez les saints date de
Kirtland et de Nauvoo (voir Temple de Kirtland ; Temple de
Nauvoo), les saints des derniers jours croient que les ordonnances du
temple sont aussi anciennes que l'homme et que l’essentiel de
l'Évangile de Jésus-Christ, notamment son rituel et ses
enseignements nécessaires, a été révélé
pour la première fois à Adam. Ces principes et
ordonnances salvateurs ont été plus tard révélés
à Seth, à Noé, à Melchisédek, à
Abraham et à chaque prophète à qui la prêtrise
a été donnée, notamment à Pierre. Les
saints des derniers jours croient que les ordonnances accomplies dans
les temples modernes reproduisent aujourd'hui des rituels qui
faisaient partie des enseignements de Dieu dès le
commencement.
Pour
le prophète Joseph Smith, la Dotation chez les saints et la
franc-maçonnerie découlent en partie de la même
source antique. Ainsi, certains francs-maçons de Nauvoo
pensaient que la Dotation était le rétablissement d'un
rituel qui n’était conservé qu’imparfaitement
dans la franc-maçonnerie et considéraient Joseph Smith
comme maître des principes et du symbolisme allégorique
sous-jacents (Heber C. Kimball à Parley P. Pratt, 17 juin
1842, archives de l'Église). La philosophie et les
enseignements principaux de la franc-maçonnerie ne sont pas
fondamentalement incompatibles avec l'enseignement, la théologie
et la doctrine des saints des derniers jours. Les uns et les autres
mettent l’accent sur la moralité, le sacrifice, la
consécration et le service, et condamnent l'égoïsme,
le péché et la cupidité. En outre, le but du
rituel maçonnique est d’enseigner – de rendre la
vérité accessible pour que l'homme puisse la suivre.
Les
ressemblances entre les deux rituels sont limitées à
une petite proportion d'actions et de mots ; en fait, certains
trouvent que la Dotation des saints des derniers jours a plus de
similitudes avec les Textes des Pyramides et les documents coptes
qu'avec la franc-maçonnerie. Même là où
les deux rituels partagent le symbolisme, le contenu des
significations est différent. En plus des thèmes de la
création et de la vie, une ressemblance est que l’un et
l’autre demandent que les participants fassent des alliances.
Cependant, seule la Dotation rattache les alliances à des
bénédictions éternelles et à
Jésus-Christ. La cérémonie maçonnique ne
met pas l’accent sur la prêtrise ni sur la nécessité
d'être mandaté par Dieu pour le représenter. La
participation active de Dieu dans le monde et dans la vie des hommes
est distinctement un motif du temple. Tandis que les francs-maçons
croient en un Dieu non défini et impersonnel, tout dans la
Dotation chez les saints émane de Dieu ou est dirigé
vers Dieu qui est un personnage et le Père éternel de
l'homme. La Dotation vise les éternités et les vies
éternelles, mais la franc-maçonnerie est terre à
terre, imprégnée de légendes humaines et de
l’espérance de quelque chose de mieux.
La
franc-maçonnerie est une société fraternelle et
dans son rituel toutes les promesses, tous les serments et
conventions se font entre les membres. Dans la Dotation du temple
toutes les alliances sont entre l'individu et Dieu. Dans la
franc-maçonnerie, la mise à l’épreuve,
l’évaluation, la pénalisation ou la condamnation
sont en accord avec les règles de la fraternité ou les
votes des membres. Dans la Dotation, Dieu seul est le juge. Dans la
franc-maçonnerie, le rang et les promotions ont une grande
importance, alors que dans les rites du temple il n'y a aucune
distinction : tous les participants sont égaux devant
Dieu. Le conflit entre le bien et le mal, notamment le rôle de
Satan, est essentiel et est représenté de manière
frappante dans la Dotation, mais est essentiellement absent dans les
rites maçonniques. Les cérémonies du temple
mettent l’accent sur le salut pour les morts par les
ordonnances par procuration, comme le baptême pour les morts ;
rien dans le rituel maçonnique ne prévoit que des
représentants agissent au nom des morts. Les femmes
participent à tous les aspects des rites du temple ; bien
que la franc-maçonnerie ait des auxiliaires pour les femmes,
le rituel maçonnique les exclut. L'inclusion des femmes dans
la Dotation met l’accent sur ce qui est sans doute la
différence la plus fondamentale entre les deux rites :
Les rites du temple chez les saints unissent maris et femmes et leurs
enfants en des familles éternelles (voir Vies éternelles,
Accroissement éternel ; Mariage). Les scellements chez
les saints des derniers jours seraient complètement déplacés
dans le contexte des cérémonies maçonniques.
Ainsi,
les saints des derniers jours considèrent leurs ordonnances du
temple comme fondamentalement différentes des rituels
maçonniques et autres et voient dans les ressemblances des
restes d'un original antique.
Bibliographie
Ivins,
Anthony W. The Relationship of "Mormonism" and Freemasonry.
Salt Lake City, 1934.
Madsen, Truman
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in Antiquity. Provo, Utah, 1984.
Nibley, Hugh W.
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the Joseph Smith Papyri : An Egyptian Endowment. Salt Lake City,
1975.
Packer, Boyd K.
Le Temple sacré. Salt Lake City,
1980.
Shepherd, Silas
H., Lionel Vibert et Roscoe Pound, dir. de
publ. Little Masonic Library, 5 vols. Richmond, Va., 1977, sp. Mervin
B. Hogan, "Mormonism and Freemasonry : The Illinois
Episode," Vol. 2, p. 267-326.
KENNETH W.
GODFREY
G
Grâce
Auteur :
HAFEN, BRUCE C.
L’un des
sujets les plus controversés
de la théologie chrétienne est le point de savoir si le
salut est le don gratuit d’une grâce imméritée
ou si on le gagne par de bonnes œuvres. La déclaration
de Paul que « l’homme est justifié par la
foi, sans les œuvres de la loi » (Ro. 3:28) est
fréquemment citée à l’appui du premier
point de vue, tandis que l’on cite souvent la déclaration
de Jacques que la « foi sans les œuvres est morte »
(Ja. 2:20) en faveur de l’autre. La révélation
moderne, selon laquelle le salut nécessite et la grâce
et les œuvres, est une réconciliation de bon sens de ces
prises de position contradictoires.
C.S.
Lewis a écrit à propos de ce conflit : « Pour
moi, c’est comme si l’on demandait quelle est la branche
d’une paire de ciseaux qui est la plus nécessaire »
(p. 129). Et d'une manière ou d'une autre presque toutes les
confessions chrétiennes acceptent finalement le besoin de
grâce et d'œuvres, mais les divergences en matière
de signification et d'importance parmi les diverses traditions
doctrinales demeurent substantielles.
Pour
ce qui est de l’interaction entre la grâce et les œuvres,
la doctrine de l’Église a une conception qui lui est
propre non seulement en ce qui concerne ces notions mais aussi en ce
qui concerne la nature de l'homme, la chute d'Adam, l'Expiation et le
processus du salut. En même temps, le point de vue des saints
contient des idées qui sont semblables aux éléments
de base de certaines autres traditions. Par exemple, le précepte
de l’Église qui veut que des oeuvres telles que les
ordonnances soient accomplies par l'autorité appropriée
de la prêtrise ressemble à l'enseignement catholique que
la grâce passe obligatoirement par ses sacrements. D’autre
part, l’accent mis par les saints sur le caractère
indispensable de la foi personnelle et du repentir dans une relation
directe avec Dieu fait écho aux enseignements protestants
traditionnels. La position de l’Église « n'est
pas un éclectisme commode, mais le retour [par le
Rétablissement] à une compréhension du Nouveau
Testament qui réconcilie Paul et Jacques » (Madsen,
p. 175).
On
pourrait penser que l'accent que l'Église met sur la
responsabilité personnelle et la nécessité d'une
obéissance obtenue par de la discipline de soi diminue le rôle
de la grâce du Christ ; cependant, pour des saints des
derniers jours, l'obéissance n’est qu’une branche
de la paire de ciseaux. L’ensemble de la théologie de
l’Église reproduit également la thèse
principale du Livre de Mormon que sans la grâce il n’y a
pas de salut : « Car nous savons que c'est par grâce
que nous sommes sauvés, après tout ce que nous pouvons
faire » (2 Né. 25:23). La source de cette
grâce est le sacrifice expiatoire de Jésus-Christ :
« La miséricorde est accordée à cause
de l'expiation » (Alma 42:23).
Les
enseignements de la théologie chrétienne depuis le
Moyen-Age sont enracinés dans la croyance que, principalement
à cause des effets de la Chute et du péché
originel, la nature humaine est intrinsèquement mauvaise. Dans
les traditions catholique et protestante, seule la grâce de
Dieu peut vaincre ce mal naturel. Divers auteurs chrétiens ont
débattu de la mesure dans laquelle l'octroi de la grâce
surmonte complètement la nature perverse de l'homme. Au
cinquième siècle, reflet de sa lutte personnelle contre
ce qu'il considérait être sa nature intrinsèquement
mauvaise, Augustin voyait dans la grâce le seul moyen
d’échapper au mal que constituaient les plaisirs
terrestres et à l'influence de la « cité
[profane] de l'homme ». Au treizième siècle,
Thomas d’Aquin était plus optimiste, reconnaissant la
blessure grave provoquée par le péché originel,
mais défendant aussi le potentiel naturel de l'homme de faire
le bien.
Au
début du seizième siècle, Martin Luther, suite à
sa lecture de Paul et en réaction à la vente des
indulgences, conclut que la foi, don unilatéral de Dieu à
des individus choisis, était la vraie source de la grâce
et, en conséquence, de la justification devant Dieu. Luther
mit ainsi (peut-être involontairement) fin au contrôle de
l'Église médiévale sur la grâce, libérant
de ce fait la force politique de la réforme protestante. Pour
Luther, l’effort individuel de l’homme ne peut en aucune
façon « gagner » ou faire autrement
partie de la justice infusée par la grâce. Même
les bonnes oeuvres démontrées par une vie d'obéissance
à Dieu ne sont que les effets visibles de la grâce.
Cette idée a plus tard influencé le développement
de l'éthique puritaine. Jean Calvin, le contemporain de
Luther, élabora une doctrine complète de la
prédestination basée sur l'idée de Luther que
Dieu choisit unilatéralement ceux à qui il accorde les
dons de la foi et de la grâce.
La
réponse catholique au défi de Luther rejeta la
prédestination et réaffirma que la grâce passe
par les sacrements de l’Église et que la grâce ne
peut pas écarter totalement le libre arbitre humain. En même
temps, la pensée catholique soulignait la préséance
de l'initiative de Dieu. La « grâce prévenante »
agit sur la volonté humaine avant qu'on se tourne vers Dieu ;
cependant, une fois touché par la grâce, on est toujours
libre de coopérer ou pas. L'interaction entre la grâce
divine et la liberté humaine n'est pas totalement claire ;
cependant, la grâce augmente quand on obéit aux
commandements de Dieu et la grâce élève les
bonnes oeuvres naturelles de l’homme à des actes de la
valeur surnaturelle dans un processus de régénération
spirituelle.
Ces
dernières années, certains théologiens
protestants se sont attaqués à l’idée que
l’accent mis exclusivement sur la grâce en dehors de tout
mérite détruit le sens de la responsabilité
personnelle. Dietrich Bonhoeffer, par exemple, a condamné
l'idée « de la grâce bon marché »
qui suppose à tort que parce que « la facture a été
payée à l'avance… on peut tout avoir pour rien »
(The Cost of Discipleship, 1963, p. 45). John MacArthur s’inquiétait
de ce que l'évangélisme contemporain promet aux
pécheurs qu'ils « peuvent avoir la vie éternelle
tout en continuant à vivre dans la rébellion contre
Dieu » (The Gospel According to Jesus, 1988, p. 15-16). Et
Paul Holmer a écrit que mettre l’accent sur les dangers
des œuvres « n’est pas indiqué si les
auditeurs n’essaient même pas ! La plupart des
auditeurs à l’église ne risquent pas beaucoup
d’arriver au ciel par leur travail » (« Law
and Gospel Re-examined » Theology Today 10, 1953-1954, p.
474).
Certains
saints des derniers jours se sont également préoccupés
des limites que l’on s’impose quand on se range d’un
côté seulement dans la controverse concernant la grâce
et les œuvres, tout comme ils partagent les préoccupations
catholiques concernant une doctrine de la grâce qui sape la
nature fondamentale du libre arbitre. Pour les saints des derniers
jours, les écrits de Paul sur l'insuffisance des œuvres
et « des œuvres de la loi » (Ro. 3:27-28)
concernent principalement l'insuffisance des œuvres rituelles
de la loi de Moïse, « qui avait été
remplacées par les exigences supérieures de l'Évangile
[de Jésus-Christ] » ; ainsi, Paul considérait
à juste titre que « les formes et les cérémonies
extérieures » de la loi de Moïse étaient
« des oeuvres non essentielles » (AF, p. 146).
Comme le prophète Abinadi le dit dans le Livre de Mormon (v.
150 av. J.-C.), « le salut ne vient pas par la loi seule ;
et s'il n'y avait pas l'expiation, que Dieu lui-même fera pour
les péchés et les iniquités de son peuple, il
devrait périr, malgré la loi de Moïse »
(Mos. 13:28).
Dans
un sens plus large, l’attachement des saints au rôle
primordial de la grâce, tout en soulignant parallèlement
l'autonomie, provient d'une vision doctrinale particulière de
la nature et du destin de l'homme. Comme le fait remarquer John
Dillenberger, spécialiste de la Réforme, « en
mettant l’accent sur les possibilités humaines, le
mormonisme a mis les choses au point, non pas en renonçant à
la place centrale de la grâce mais en insistant sur le fait que
[les vrais] pouvoirs de l'humanité… reflètent
l'état réel de l'humanité en tant que telle…
Le mormonisme a rendu compréhensible ce qui était
devenu un problème insoluble au sein de l'évangélisme :
comment réconcilier le nouveau pouvoir de l'humanité
avec les idées négatives héritées
concernant l'humanité, sans abandonner la nécessité
de la grâce. » De cette façon, conclut
Dillenberger, « c’est peut-être le mormonisme…
qui est la théologie américaine authentique, parce que
l'autonomie des groupes revivalistes fondamentalistes faisait un
contraste marqué avec la notion de misère de l'humanité
dont ils avaient hérité » (p. 179).
Dans
les enseignements de l’Église, la chute d'Adam rend la
rédemption du Christ nécessaire, mais pas parce que la
Chute en elle-même a rendu l'homme mauvais. À cause de
la transgression, Adam et Ève ont été expulsés
d'Éden vers un monde sujet à la mort et aux influences
mauvaises. Cependant, le Seigneur a révélé à
Adam, à son entrée dans la condition mortelle, que « le
Fils de Dieu a expié la faute originelle » ;
les enfants d'Adam n'étaient donc pas mauvais, mais étaient
« purs dès la fondation du monde » (Moï.
6:54). Ainsi, « L'esprit de tout homme était
innocent au commencement ; et Dieu ayant racheté l'homme
de la chute, les hommes redevinrent, dans leur prime enfance,
innocents devant Dieu. » (D&A 93:38).
Lorsque
les descendants d'Adam et Ève deviennent ensuite responsables
de leurs propres péchés à l’âge de
huit ans, tous goûtent au péché suite à
leur propre libre choix. « Tous ont péché et
sont privés de la gloire de Dieu » (Ro. 3:23).
Quelqu’un que ses expériences successives conduisent à
aimer « Satan plus que Dieu » (Moï. 5:28)
finit par devenir « charnel, sensuel et diabolique »
(Moï. 5:13 ; 6:49) de nature. Par contre, celui qui accepte
consciemment la grâce du Christ via l'Expiation par la foi, le
repentir et le baptême, cède aux « persuasions
de l'Esprit-Saint, et… se dépouille de l'homme naturel,
et [devient] un saint par l'expiation du Christ, le Seigneur »
(Mos. 3:19). De cette façon, c’est l'individu qui prend
l'initiative d’accepter la grâce mise à sa
disposition par l'Expiation, faisant preuve de foi en étant
disposé à croire (voir Alma 32:27). Ce désir est
souvent allumé quand on entend d'autres personnes rendre
témoignage du Christ. Quand cette parole du Christ est semée
et puis nourrie par l’interaction de l'obéissance avec
la grâce, comme résumé ci-dessous, l'individu
peut « devenir un saint » de nature, jouissant
de ce fait de la vie éternelle (c’est-à-dire une
vie semblable à celle de Dieu).
La
grâce est ainsi la source de trois catégories de
bénédictions liées au salut de l'humanité.
D'abord, beaucoup de bénédictions de la grâce
sont inconditionnelles, des dons gratuits et immérités
n'exigeant aucune action individuelle. La grâce de Dieu, dans
ce sens, est un facteur de la Création, de la Chute, de
l'Expiation et du plan de salut. En particulier en ce qui concerne la
Chute, et en dépit de la mort et des autres conditions
résultant de la transgression d'Adam, la grâce du Christ
a expié le péché originel et assure la
résurrection de toute l'humanité : « Nous
croyons que les hommes seront punis pour leurs propres péchés
et non pour la transgression d'Adam » (2e A de F).
En
second lieu, le Sauveur a également expié de manière
conditionnelle les péchés personnels. L'application de
la grâce aux péchés personnels est conditionnelle
parce qu'elle n’est accessible que quand un individu se repent,
ce qui peut être une forme exigeante d'œuvres. De ce
fait, la miséricorde peut satisfaire aux exigences de la
justice sans que la miséricorde ni la justice ne se
dépouillent mutuellement. Le repentir personnel est donc une
condition nécessaire au salut, mais il n'est pas suffisant par
lui-même pour assurer le salut (voir Justice et miséricorde).
En outre, on doit accepter les ordonnances du baptême et de
l’imposition des mains pour recevoir le don du Saint-Esprit,
par lequel on naît de nouveau en tant qu'enfant d'esprit du
Christ et peut être un jour sanctifié (cf. D&A
76:51-52 ; voir aussi Évangile de Jésus-Christ).
Troisièmement,
après avoir reçu l'Évangile de foi, de repentir
et de baptême pour la rémission des péchés,
se reposant « entièrement sur les mérites de
celui qui est puissant à sauver », tout ce qu’on
a fait, c’est entrer « par la porte » sur
« le chemin étroit et resserré qui mène
à la vie éternelle » (2 Né.
31:17-20). Dans cette étape du développement spirituel,
qui se situe après le baptême, on doit faire de son
mieux, d’autres efforts, pour « persévérer
jusqu'à la fin » (2 Né. 31:20). Ces
efforts consistent à obéir aux commandements du
Seigneur et à recevoir les ordonnances supérieures
accomplies dans les temples et poursuivre le processus du repentir
« pour conserver le pardon de vos péchés »
(Mosiah 4:12).
Dans
les enseignements de Martin Luther, ces œuvres de justice ne
sont pas le résultat d’une l'initiative personnelle mais
sont les effets spontanés de la grâce interne que l’on
a reçue, intégralement les fruits de l'arbre généreux.
En revanche, dans la doctrine de l’Église, « les
hommes doivent œuvrer avec zèle à une bonne
cause, faire beaucoup de choses de leur plein gré et produire
beaucoup de justice. Car ils ont en eux le pouvoir d'agir par
eux-mêmes. » (D&A 58:27-28). En même
temps, les hommes n’ont pas la capacité d’acquérir
une nature chrétienne par leurs propres efforts. Les attributs
qui permettent l’accès à la perfection, tels que
l'espérance et la charité sont finalement accordés
« à tous ceux qui sont de vrais disciples de…
Jésus-Christ » (Mro. 7:48) par la grâce via
son expiation. Cette relation interactive entre les pouvoirs humains
et divins dans la théologie des saints des derniers jours
dérive à la fois de l'importance qu’elle attache
au libre arbitre et de son optimisme à l’égard
des « fruits de l'Esprit » (Ga. 5:22-25) parmi
ceux qui sont vraiment convertis, « ceux qui m'aiment et
gardent tous mes commandements, et… celui qui cherche à
faire ainsi » (D&A 46:9).
Dieu
accorde de manière conditionnelle ces expressions
supplémentaires de la grâce qui donnent accès à
la perfection, comme il confère la grâce qui permet le
pardon du péché. Elles sont données « après
tout ce que nous pouvons faire » (2 Né. 25:23)
c'est-à-dire en plus de nos meilleurs efforts. D’une
manière générale, cette condition est moins liée
à l’obéissance à des commandements
particuliers qu'à notre personnalité spirituelle
fondamentale, comme « la douceur et l’humilité
de cœur » (Mro. 8:26) et la possession d’ « un
cœur brisé et un esprit contrit » (Ps.
51:17 ; 3 Né. 9:20 ; Hafen, chap. 9). Ou, comme
Moroni l’écrit à la fin du Livre de Mormon :
« Si vous vous refusez toute impiété et
aimez Dieu de tout votre pouvoir, de toute votre pensée et de
toute votre force, alors sa grâce vous suffit, afin que par sa
grâce vous soyez parfaits dans le Christ… alors vous
êtes sanctifiés dans le Christ, par la grâce de
Dieu, grâce à l'effusion du sang du Christ »
(Mro. 10:32-33).
Bibliographie
Dillenberger,
John. "Grace and Works in Martin Luther and Joseph Smith."
Dans Reflections on Mormonism : Judaeo-Christian Parallels, dir.
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Karl, dir. de publ. The Teaching of the Catholic Church. Regensburg,
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BRUCE C. HAFEN
Grande
et abominable Église
Auteur :
WRIGHT, DENNIS A.
L’expression
« grande et
abominable Église », qui apparaît dans une
vision apocalyptique reçue au sixième siècle av.
J.-C. par le prophète Néphi 1 dans le Livre de Mormon
(1 Né. 13:6), désigne l'Église du diable et
les saints des derniers jours y voient l’équivalent de
« la grande prostituée qui est assise sur les
grandes eaux » décrite dans Apocalypse 17:1. Jacob,
frère de Néphi, voit dans cette « grande
prostituée de toute la terre » tous ceux qui sont
contre Dieu et qui luttent contre Sion à toutes les époques
(2 Né. 10:16). Néphi ne fait pas de récit
détaillé de tout qu'il a vu dans la vision, car cette
responsabilité était réservée à
Jean, l'apôtre, qui devait recevoir la même vision ;
néanmoins, Néphi mentionne plusieurs fois son contenu
et ses enseignements en utilisant diverses images et expressions
(1 Né. 13:4-9, 26-27, 34 ; 14:1-4, 9-17).
Comme
Jean, Néphi et Jacob décrivent les persécutions
que les méchants infligeront au peuple de Dieu, en particulier
dans les derniers jours. L'ange qui explique la vision à Néphi
souligne que cette grande et abominable Église ôtera de
la Bible et « de l'Évangile de l'Agneau beaucoup de
parties qui sont claires et extrêmement précieuses ;
et il y a aussi beaucoup d'alliances du Seigneur qu'elle [ôtera] »
(1 Né. 13:26), faisant « trébucher »
les hommes et donnant à Satan un « grand pouvoir »
sur eux (1 Né. 13:29 ; D&A 86:3 ; Robinson,
« Early Christianity », p. 188). Bien que
beaucoup de protestants, suivant l'exemple de Martin Luther, aient
rattaché cette force mauvaise décrite dans Apocalypse
17 à l'Église catholique, ces Écritures modernes
et néotestamentaires mettent plutôt l’accent sur
des agents d'apostasie plus anciens dans les traditions juives et
chrétiennes (voir A. Clarke, Clarke’s Commentary, vol.
6, p. 1036-1038, Nashville, Tenn., 1977).
Quand il parle
symboliquement plutôt qu'historiquement, Néphi identifie
tous les ennemis des saints à l'Église du diable (1 Né.
14:9-10 ; 2 Né. 10:16). Ce sont ceux qui, dans tous
les pays et à toutes les époques, désirent
« obtenir du gain, et… du pouvoir sur la chair, et…
devenir populaires aux yeux du monde… qui recherchent les
convoitises de la chair et les choses du monde et à commettre
toutes sortes d'iniquités » (1 Né.
22:23). Parmi les autres termes scripturaires liés à la
grande et abominable Église, il y a « Babylone »
et la « grande prostituée » (Ap. 17:5 ;
1 Né. 22:13 ; D&A 1:16). Des images d'orgueil,
de cupidité et d'abandon d'alliances sont associées à
ces termes, tout au contraire de l'Église de Dieu. Les
Écritures avertissent régulièrement les hommes
de fuir l'Église du mal et de se réfugier dans l'Église
de Dieu (Jé. 51:6 ; Ap. 18:4 ; 1 Né.
20:20 ; D&A 133:14 ; voir aussi P. Minear,
« Babylon »
dans Interpreter's Dictionary of the Bible, 1:338, Nashville, Tenn.,
1962). L'image donnée par le Livre de Mormon d'une grande et
abominable Église complète les images bibliques de
Babylone et de la prostituée.
Le
destin de la grande et abominable Église est décrit
dans les Écritures anciennes et modernes (Jé. 51:37 ;
Ap. 18:21 ; 1 Né. 14:15-16 ; 22:14 ; D&A
1:16) : Même si les nations de la terre se rassemblent
contre lui, la rédemption est promise au « peuple
de l'alliance du Seigneur, qui a été dispersé
sur toute la face de la terre » même s’il faut
qu’un pouvoir descende des cieux, comme si c’était
par le feu (1 Né. 14:14 ; 22:17). Quand Jésus-Christ
reviendra, il réclamera les siens et rejettera ceux qui se
sont opposés à lui (Ma. 4:1-3 ; 2 Th. 2:6-10 ;
1 Né. 22:23-26 ; voir Jésus-Christ :
Seconde venue de Jésus-Christ). Lorsque le Sauveur instaurera
son règne millénaire, grande sera la chute de Babylone,
la prostituée, et de la grande et abominable Église
(Ap. 18 ; 2 Né. 28:18), parce que tout genou
fléchira et toute langue confessera, avec reconnaissance, que
Jésus est le Christ (És. 45:23 ; Mos.
27:31).
Bibliographie
Nibley,
Hugh W. "The Passing of the Primitive Church : Forty
Variations on an Unpopular Theme". Dans CWHN 4:168-208.
Nibley,
Hugh W. "Prophecy in the Book of Mormon : The Three
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Robinson,
Stephen E. "Warring
Against the Saints of God". Ensign 18, janv. 1988, p.
34-39.
Robinson,
Stephen E. "Early Christianity and 1 Nephi
13-14". Dans The Book of Mormon : First Nephi, The
Doctrinal Foundation, dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, p. 177-191.
Provo, Utah, 1988.
DENNIS A. WRIGHT
H
Hébreux,
épître aux
Auteur :
DRAPER, RICHARD D.
Beaucoup de
passages de cette lettre du
Nouveau Testament ont une importance particulière pour les
saints des derniers jours. Lors des conférences générales
de l'Église, les passages les plus souvent cités dans
l’épître aux Hébreux sont ceux qui
concernent la Divinité (Hé. 1:1-3 ; 12:9 ;
13:8), la souffrance obéissante de Jésus (Hé.
2:14-18 ; 4:15-16 ; 5:8-9 ; voir aussi Jésus-Christ,
Expiation de), la prêtrise éternelle de Jésus-Christ
(Hé. 7-8), la nécessité d’être
appelé de Dieu pour détenir la prêtrise (Hé.
5:1-4), la nature de la vraie foi, qui motive les hommes à
agir selon la justice (Hé. 11), tendre « à
ce qui est parfait » (Hé. 6:1) et persévérer
jusqu'à la fin (Hé. 12:4-11). Ces thèmes sont
les piliers essentiels de l'Évangile de Jésus-Christ.
Le
point principal au cœur de l'épître est que
Jésus-Christ est le « souverain sacrificateur
[éternel], qui s’est assis à la droite du trône
de la majesté divine dans les cieux, comme ministre du
sanctuaire et du véritable tabernacle » de Dieu
(Hé. 8:1-2). Ce thème est développé dans
toute l'épître, montrant comment le salut éternel
nous est apporté grâce à la grandeur, à la
validité et à la suprématie de Jésus-Christ.
L’épître s’adresse aux juifs convertis à
l'Église chrétienne primitive, qui ont déjà
compris les premiers principes de l'Évangile et ont reçu
ses ordonnances de base (Hé. 6:1-4). Étape par étape,
elle s’efforce systématiquement de les persuader « de
se raccrocher à leur foi » (Buchanan, p. 266), de
garder l'alliance et de réaliser l'espérance
incomparable et les promesses irrévocables que Dieu leur a
données grâce au sacrifice de Jésus-Christ. Avec
son explication de l'Expiation en termes de prêtrise, de
serments, d’alliances et d’images du temple, cette épître
tout entière vibre au diapason des concepts et des pratiques
des saints modernes.
Le
chapitre 1 commence en déclarant hardiment que Jésus
est le seul médiateur entre Dieu et tous les êtres
humains ; il est supérieur aux prophètes et aux
anges et les remplace. Personnalité séparée et
distincte dans la Divinité, il est le Dieu de la Création
et la révélation parfaite de la Divinité pour
toujours. Il est, spirituellement et physiquement, l’empreinte
de la personne de son Père ; lui seul a payé pour
les péchés de l'humanité et est assis à
la droite de Dieu le Père (Hé. 1:1-3). Le Père a
introduit le Sauveur (qui était son « premier-né »
dans l'existence prémortelle) « dans le monde »
(Hé. 1:6 ; cf. D&A 93:21 ; 1 Né.
11:18). En tant que premier-né, Jésus est l'héritier
de toutes choses (Hé. 1:2) et ceux qui sont fidèles
deviennent cohéritiers avec lui (voir Héritiers).
Le
chapitre 2 invite fortement à écouter la parole de Dieu
donnée par Jésus-Christ (Hé. 2:1-4). L’autre
monde est entièrement assujetti au Christ (Hé. 2:5-10).
Dieu l’a rendu de peu inférieur « à
Dieu ». Parce que Dieu est le Père de tous, même
le Christ lui est soumis. Le Christ ne le cède qu’au
Père, et pourtant il est le frère d'esprit de
l'humanité (Hé. 2:17). Comme ses frères et ses
sœurs dans la condition mortelle, il a connu la tentation, mais
contrairement à eux, il n’a jamais péché
(Hé. 2:18 ; 4:15-16). Par ce qu’il a souffert, il a
appris l'obéissance et a acquis de la compassion pour tous les
enfants de Dieu.
Le
chapitre 3 recommande aux hommes de contempler la grandeur du
Seigneur et de s'engager vis-à-vis de lui. L'obéissance
absolue montrée par le Sauveur à son Père montre
le chemin. C’est aujourd’hui qu’il faut s’engager.
L'Évangile n'est pas toujours accessible à l'humanité,
il est donc nécessaire de faire alliance « aujourd’hui »
de peur de connaître le sort des Israélites rebelles et
de mourir dans le désert de leur propre vie (Hé.
3:7-17 ; cf. Jos. 24:14-25 ; Jcb. 6:5-7 ; D&A
64:23-25).
Le
chapitre 4, empruntant partiellement au symbolisme du temple
israélite, invite les saints à entrer dans le repos du
Seigneur (Hé. 4:1, 11). On y parvient en croyant, en ne
s’endurcissant pas le cœur, en travaillant, en étant
à découvert devant Dieu, en se reposant sur la
compassion de Jésus, le souverain sacrificateur, et en
s’approchant avec assurance du trône de la grâce de
Dieu afin d’obtenir miséricorde en temps de besoin (Hé.
4:7, 11, 13, 15, 16).
Le
chapitre 5 explique comment Jésus a obtenu son autorité
d’agir comme souverain sacrificateur d'Israël. Il ne s’est
pas attribué cette dignité. Comme dans le cas d’Aaron,
Dieu l'a choisi et lui a conféré l'autorité
comme « sacrificateur pour toujours, selon l'ordre de
Melchisédek » (Hé. 5:6 ; Ps. 110:4).
Le
chapitre 6 invite tous les membres de l'Église à
« saisir l’espérance » de la
perfection et de la vie éternelle, qui leur a été
offerte par un serment et une alliance immuables (Hé. 6:1,
13-20 ; voir aussi Prêtrise, Serment et alliance de la).
La diligence à servir le Christ apporte la pleine assurance de
promesses extraordinaires, comme Dieu a fait alliance avec Abraham et
lui a promis un accroissement éternel (Hé. 6:13-14 ;
cf. D&A 132:30). Cette espérance, rendue possible dans le
Christ, est une ancre pour l'âme, puisque Dieu ne peut pas
mentir. Toutefois, ceux qui ont une fois goûté la bonne
parole de Dieu et ont eu part au Saint-Esprit et qui tombent et
« crucifient pour leur part le Fils de Dieu »,
commettent un péché si grave qu'ils ne peuvent être
renouvelés et amenés à la repentance (Hé.
6:6-10).
Les
promesses que Dieu a faites à Abraham sont offertes à
tous ceux qui vont au Christ : Jésus était prêtre
selon l'ordre de Melchisédek, qui était le prêtre
qui a béni Abraham, dans les reins duquel était Lévi.
La supériorité de la Prêtrise de Melchisédek
du Christ par rapport à la prêtrise lévitique et
à la loi de Moïse est détaillée au chapitre
7. Melchisédek était un symbole du Christ. Sa prêtrise
était plus permanente que la prêtrise lévitique,
qui était limitée aux lignées par le sang et
n'était pas donnée avec un serment et dont les prêtres
ne continuaient pas à cause de la mort et qui avaient besoin
d’un renouvellement quotidien (Hé. 7:3, 21, 23, 27). Par
contre, l'ordre de Melchisédek de la prêtrise était
dirigé par Jésus-Christ, qui, à la différence
du souverain sacrificateur dans la loi de Moïse le jour annuel
des expiations (Lé. 16:4), n'avait pas besoin « d'offrir
de sacrifice pour ses propres péchés, parce qu’il
n'avait pas de péché » (TJS Hé.
7:26). Sa prêtrise était « aparabatos »,
ce qui veut dire « permanente, immuable et incomparable »
(Hé. 7:24). Aucune autre prêtrise ne lui succédera.
Ce sera pour toujours le pouvoir permanent du salut et des vies
éternelles dans l'Église du Christ (EPJS, p. 132, 260).
En
tant que souverain sacrificateur, Jésus s'est offert comme
sacrifice expiatoire éternel et est devenu le médiateur
de cette nouvelle alliance plus excellente (Hé. 8:6), mettant
la loi de Dieu dans le cœur de son peuple (Hé. 8:10 ;
10:16). La vieille loi (de Moïse), avec ses observances et ses
sacrifices, était accomplie. Par la nouvelle alliance, Dieu
promettait de ne plus se rappeler les péchés de ceux
qui se repentaient (Hé. 10:17) et chaque saint était
invité à s’engager sur « une route
nouvelle et vivante » par le sang du Christ (Hé.
10:15-20). Ceux qui étaient disposés à le faire
avec patience et foi seraient justifiés et recevraient la
promesse (Hé. 10:35-38).
Le
chapitre 11 se concentre sur la foi et ses effets extérieurs
sur la vie des héros spirituels d'Israël. La foi est la
substance ou la justification ou l'assurance réelle
(hypostase) et la preuve ou démonstration (elenchos) de choses
qu’on ne voit pas, qui sont vraies (Hé. 11:1 ; Al.
32:21). La vraie foi se manifeste nécessairement dans des
œuvres de justice.
Le
chapitre 12 exhorte donc les fidèles à supporter les
réprimandes et les corrections de Dieu, qui est le Père
de leur esprit. En héritant des bénédictions de
l'éternité comme fils du Dieu vivant, ses saints sont
en mesure d’aller à la nouvelle montagne de Sion, la
Jérusalem céleste, étant rendus parfaits, une
assemblée de « premiers-nés »
(prototokon), ayant hérité de tout avec le Premier-né.
Le
chapitre 13 conclut en recommandant que « le mariage soit
honoré » et en conseillant à tous :
« persévérez dans l'amour fraternel »,
« ne vous livrez pas à l’amour de l’argent »
et soyez fidèles à Jésus seul « en
portant son opprobre, car nous n’avons point ici-bas de cité
permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir »
(Hé. 13:1, 4-5, 13-14). Ceux qui entrent dans ce saint ordre
et en gardent les alliances se préparent pour la vie éternelle
et l'accomplissement de la prière « que le Dieu de
paix, qui a ramené d’entre les morts le grand pasteur
des brebis, par le sang d’une alliance éternelle, notre
Seigneur Jésus, vous rende capables de toute bonne œuvre
pour l'accomplissement de sa volonté » (Hé.
13:20-21).
Bibliographie
Anderson,
Richard L. Understanding
Paul. Salt Lake City, 1983.
Buchanan,
George W. To the Hebrews.
Garden City, N.Y., 1972.
Gentry, Leland
H. "Let Us Go On unto
Perfection : Paul's Message in the Book of Hebrews". Dans
Sidney B. Sperry Symposium, p. 135-144. Provo, Utah, 1983.
RICHARD
D. DRAPER
Hélaman
1
Auteur :
Thorne, Melvin J.
Le premier
Hélaman mentionné
dans le Livre de Mormon (v. 130 av. J.-C.) est l'un des trois fils de
Benjamin, roi des Néphites et du peuple de Zarahemla. Il n’est
mentionné qu’une fois à propos des efforts de son
père pour l'instruire, lui et ses frères, Mosiah 2 et
Hélorum. Benjamin leur enseigna la langue de leurs pères
et les prophéties prononcées par eux, « afin
qu'ils devinssent ainsi des hommes pleins de jugement »
(Mosiah 1:2).
MELVIN
J. THORNE
Hélaman
2
Auteur :
Cheesman, Paul R.
Hélaman 2 (v.
100-57 av. J.-C.) est
un commandant et un prophète militaire remarquable du Livre de
Mormon. Fils aîné d'Alma le Jeune, il est le frère
de Shiblon et de Corianton (Al. 31:7) et père d’Hélaman
3. Il devient grand prêtre (Al. 46:38) et est connu pour son
enseignement du repentir à son peuple.
Pendant
sa jeunesse, il reste en arrière pendant la mission de son
père et de ses frères chez les Zoramites (Al. 31:7),
apparemment pour gérer les affaires domestiques et
ecclésiastiques en l'absence d'Alma. Plus tard, son père
lui donne une bénédiction spéciale, qui est
souvent citée parmi les saints des derniers jours, l'exhortant
à garder les commandements de Dieu et lui promettant que, s'il
le fait, il prospérera dans le pays (Al. 36:30 ; 37:13).
Son père lui commande aussi de continuer les annales de son
peuple et lui confie la garde sacrée des annales néphites,
des plaques d’airain, des vingt-quatre plaques des Jarédites,
des interprètes et du liahona, c'est-à-dire le compas
divin qui a conduit la famille de Léhi à la nouvelle
terre promise en Amérique (Al. 37:1-47). Avant la mort de son
père, Hélaman mettra par écrit la prophétie
de celui-ci concernant la destruction finale du peuple néphite
(45:9-14).
Bien
que simplement connu pour avoir été l'un des « grands
prêtres de l'Église » (Al. 46:6), il est
manifestement le prêtre en chef parce que « Hélaman
et ses frères » (45:22-23 ; 46:1, 6 ;
62:45) ou « Hélaman et les grands prêtres »
(46:38) accomplissent toujours les fonctions ecclésiastiques ;
aucun autre grand prêtre président n'est cité.
Quand Hélaman et ses frères tentent « d'établir
de nouveau l'Église dans tout le pays » (45:22)
après une guerre prolongée avec les Lamanites (43-44),
leur action déclenche une agitation populaire menée par
Amalickiah, ce qui va précipiter les Néphites dans une
de leurs guerres les plus dévastatrices.
Pendant
la jeunesse d’Hélaman, un grand nombre de convertis
lamanites, appelés Ammonites (voir Livre de Mormon, Peuples
du), vont s’installer dans le territoire néphite de
Jershon (Al. 27). Ils s’engagent par serment à ne plus
jamais ôter la vie à qui que ce soit (Al. 24:17-18).
Plus tard, quand d'autres Lamanites attaquent leurs protecteurs
néphites, les Ammonites proposent de rompre leur serment afin
d'aider l'armée néphite à défendre leurs
familles et leurs terres. Ce sont « Hélaman et ses
frères » qui vont les persuader de ne pas rompre
leur alliance. Ils accueillent cependant 2.060 jeunes Ammonites, qui
ne sont pas tenus par le serment de leurs parents, qui se proposent
pour combattre pour la cause néphite et choisissent Hélaman
pour les diriger (53:10-22). En acceptant leur proposition, il
devient à la fois chef militaire et père spirituel, une
observation que l’on trouve dans la longue lettre d’Hélaman
à son commandant Moroni 1 (Al. 56-58). Hélaman conduit
ses « jeunes soldats » (53:22) dans de
nombreuses batailles, mais aucun d’eux n’est tué,
bien que tous aient reçu des blessures (56:56 ; 57:25 ;
58:39). Ces jeunes hommes attribuent à Dieu leur protection et
rendent hommage à leurs mères qui les ont formés
dans la foi (56:47). Pendant sa campagne militaire comme chef de ces
jeunes hommes, Hélaman remporte victoire sur victoire,
capturant souvent des ennemis sans effusion de sang. Manifestant une
ingéniosité et une personnalité extraordinaires,
il reconnaît toujours les bénédictions de Dieu
dans ses succès (56:19 ; 57:35 ; 58:33).
Après
la guerre, Hélaman retournera chez lui et passera les années
qui lui restent à régler les affaires de l'Église,
convainquant « beaucoup de gens de leur méchanceté,
ce qui les amena à se repentir de leurs péchés
et à être baptisés pour le Seigneur, leur Dieu »
(Al. 62:45). Une ère de paix résulte de ses efforts
finaux. Il meurt en 57 av. J.-C.
PAUL R.
CHEESMAN
Hélaman
3
Auteur :
BAKER, CHRISTINE PURVES
Hélaman 3,
fils de Hélaman
2, est le gardien des annales et le grand juge du pays de Zarahemla
pendant les quatorze années qui précèdent sa
mort en 39 av. J.-C. On ne sait pas grand-chose de ses affaires
personnelles. Son oncle, Shiblon, lui confie la charge des documents
historiques en 53 av. J.-C. (Al. 63:11-13), et le livre d’Hélaman
dans le Livre de Mormon porte son nom.
Après
l'assassinat du grand juge Pacumeni en 50 av. J.-C., Hélaman
est élu par le peuple à cette fonction, qui est la plus
haute du pays. Un complot contre lui est découvert plus tard
et Kishkumen, l'assassin potentiel, est mortellement blessé.
La bande d’assassins, menée par Gadianton, s'enfuit dans
le désert. Mormon écrit à propos de Gadianton :
« À la fin de ce livre [le Livre de Mormon], vous
verrez que ce Gadianton se révéla être la chute…
du peuple de Néphi » (Hél. 2:13 ; voir
aussi Combinaisons secrètes).
Pendant
la période de trois ans de 48 à 46 av. J.-C., un nombre
substantiel de personnes quitte Zarahemla à cause de
dissensions non spécifiées, et va « dans le
pays situé du côté du nord » (Hél.
3:3). Cette émigration est si importante qu’une fraction
seulement de son impact pourra être mentionnée dans les
annales de Mormon (Hél. 3:14). En dépit des
dissensions, de l'émigration et de la guerre, « Hélaman
occupa le siège du jugement avec justice et équité ;
oui, il s'appliqua à garder les lois, et les ordonnances, et
les commandements de Dieu ; et il fit continuellement ce qui
était droit aux yeux de Dieu ; et il marcha dans les
voies de son père, de sorte qu'il prospéra dans le
pays » (3:20). Pendant son mandat, des dizaines de
milliers de personnes sont baptisées dans l'Église au
grand étonnement des grands prêtres et des instructeurs
(3:24-25). Par la force de sa personnalité, Hélaman
maintiendra la paix pendant deux-tiers de sa carrière
politique.
Quand
il meurt, Hélaman laisse les responsabilités
spirituelles et les annales sacrées entre les mains de son
fils, Néphi 2 (Hél. 3:37 ; 5:5-14 ; 16:25).
Hénoc
[Cette
rubrique traite en trois parties d’Hénoc, de ses
visions, de sa manière de diriger comme prophète et de
son importance.]
Hénoc :
Sources de l’Église
Auteur :
EAMES, RULON D.
Hénoc
a une place importante dans les Écritures et la tradition des
saints des derniers jours comme prophète, voyant et bâtisseur
de Sion. La Bible dit que « Hénoc marcha avec
Dieu ; puis il ne fut plus, parce que Dieu le prit »
(Ge. 5:21-24). Dans les révélations données à
Joseph Smith il y a beaucoup d’informations supplémentaires
sur Hénoc, sur sa connaissance de l’expiation
sanctifiante du Christ, les visions il a eues du futur du monde, les
messages qu’il a proclamés, la méchanceté
à laquelle il s’est opposé, les miracles qu’il
a accomplis, les ordonnances de la prêtrise qu’il a
accomplies et les promesses qu’il a reçues du Seigneur
Jésus-Christ prémortel (voir Livre de Moïse).
Hénoc et sa ville de Sion sont des symboles puissants parmi
les saints des derniers jours, affirmant qu’il est possible de
parvenir à une justice suprême sur terre comme au ciel.
MOÏSE
6-7 DANS LA PERLE DE GRAND PRIX. Hénoc était le
septième dans une chaîne de patriarches remontant
jusqu’à Adam (Moï. 6:10-22). Énosch,
petit-fils d’Adam, s’était enfui avec « le
reste du peuple de Dieu » d’un pays méchant
appelé Schulon dans « une terre de promission »
qu’Énosch baptisa du nom de son fils, Kénan
(6:17). Le texte implique que Hénoc naquit dans ce « pays
de justice » (6:41). Suivant l’exemple d’Adam
et Ève, le père d’Hénoc lui enseigna
« toutes les voies de Dieu » (6:21, 41 ;
cf. 5:12).
Alors
qu’il n’était « qu’un jeune
garçon » (bien qu’il eût probablement
plus de 65 ans, Moï. 6:25, 31), Hénoc fut appelé à
prêcher le repentir aux méchants : « L'Esprit
de Dieu descendit du ciel et demeura sur lui » (6:26-30).
Comme d’autres prophètes, il ne se sentait absolument
pas à la hauteur de la tâche : « Tout le
peuple me hait, car je suis lent à m'exprimer »
(6:31-34 ; cf. 1:25-26 ; Ex. 4:10-12 ; Jé.
1:4-10 ; És. 6:1-10). Le Seigneur dit à Hénoc
de se mettre de l’argile sur les yeux et de les laver, sur quoi
il eut une vision des « esprits que Dieu avait créés ;
et… des choses qui n'étaient pas visibles à
l'œil naturel » (Moï. 6:35-36). Le mot
« voyant » s’applique donc à lui.
Il
alla alors prêcher dans les collines et sur les hauts lieux,
mais le peuple s’en offensa et le considéra comme « un
homme sauvage » (6:37-38). Un homme du nom de Mahijah eut
la hardiesse de demander à Hénoc qui il était et
d’où il venait. Hénoc expliqua alors sa vision du
ciel et sa compréhension de la chute d’Adam ; il
enseigna qu’après la chute, les humains étaient
devenus charnels et diaboliques en adorant Satan, mais montra
comment, selon le Plan de Salut, ils pouvaient se repentir et devenir
des « fils de Dieu » par le sang de
Jésus-Christ, le Fils unique de l’Homme de Sainteté
(6:42-7:1).
Poursuivant
son ministère, Hénoc parla d’une autre vision
qu’il avait reçue dans laquelle il se tenait sur une
montagne et voyait le Seigneur face à face. Le Seigneur lui
montra les jugements sous forme de guerres et la stérilité
qui s’abattraient sur les méchants et lui commanda de
nouveau de prêcher le repentir et le baptême au nom du
Père, du Fils et du Saint-Esprit (7:2-11).
Hénoc
amena un grand nombre de convertis à l’Évangile
de Jésus-Christ, mais son succès n’alla pas sans
rencontrer une opposition féroce (7:12-13). Les ennemis des
justes se mobilisèrent contre eux. Le récit
scripturaire décrit des miracles d’une puissance
extraordinaire. Selon les termes d’Hénoc : « la
terre trembla, et les montagnes s'enfuirent… et les rivières
d'eau furent détournées de leurs cours »
(7:13). Frappés de crainte, les ennemis d’Hénoc
et les géants de la terre se tinrent au loin et « le
Seigneur vint demeurer avec son peuple, et ils demeurèrent
dans la justice » (7:16).
Sous
la direction inspirée d’Hénoc, les fidèles
parvinrent à une unité de cœur et d’esprit
extraordinaire. L’obéissance aimante aux lois du Christ
fut maintenue ; un état d’égalité
économique fut atteint et « il n’y avait pas
de pauvres » parmi eux (7:18). L’unité
spirituelle du peuple d’Hénoc prit des dimensions
physiques par la construction d’une ville « qui fut
appelée la Ville de la Sainteté, SION »
(7:19). Leur vie était basée sur « l'ordre
de celui qui était sans commencement de jours ni fin d'années
[Jésus-Christ] » (6:67) et « selon
l’ordre de l’alliance que Dieu avait faite avec Hénoc »
(TJS, Ge. 14:27). Cette communauté unique mûrit pendant
365 ans, après quoi elle fut reçue au ciel.
Accomplissant son alliance de préserver la lignée
d’Hénoc sur la terre, le Seigneur y laissa Metuschélah
et Lémec, le fils et le petit-fils d’Hénoc (Moï.
8:2, 5). Noé, fils de Lémec naquit quatre ans après
que la ville d’Hénoc eut été enlevée
au ciel.
Dans
une troisième vision, Hénoc vit « tous les
habitants de la terre » (7:21). Dans cette révélation
panoramique, il fut témoin de la méchanceté et
de la violence de l’époque de Noé ; il vit
Satan rire, une grande chaîne à la main, et le Seigneur
pleurer sur ses créations parce que l’humanité
avait rejeté Dieu et était devenue « sans
affection » (7:33). Il vit le sacrifice expiatoire de
Jésus-Christ (7:47-48) et reçut la promesse « qu'il
se trouverait toujours un reste de sa postérité parmi
toutes les nations » (7:52). Finalement, il vit la joyeuse
réunion de sa ville avec une Sion moderne bâtie en
prévision de l’avènement de Jésus
(7:63-67).
Selon
le récit biblique, Hénoc vécut 365 ans (Ge.
5:23) ; selon le livre de Moïse, 430 ans (8:1 ;
c.-à-d., 365 plus 65, qui était l’âge
d’Hénoc quand il engendra Metuschélah et fut
ordonné).
DOCTRINE
ET ALLIANCES 76, 84, 107. L’accession rapide d’Hénoc
à la maturité spirituelle ressort du fait qu’il
reçut la prêtrise avant son père et son
grand-père. La prêtrise détenue par Hénoc
est décrite dans plusieurs passages des Doctrine et Alliances.
Il fut ordonné à l’âge vingt-cinq ans de la
main d’Adam. Sa prêtrise était « selon
le plus saint ordre de Dieu », détenant « la
clef des mystères du royaume, oui, la clef de la connaissance
de Dieu » (D&A 84:15-19). Les Écritures
confirment que Hénoc « vit le Seigneur, marcha avec
lui et fut continuellement devant sa face » (D&A
107:48-49). Quelque chose qui montre bien la place éternelle
d’Hénoc dans la prêtrise, c’est que les
héritiers du royaume céleste sont décrits comme
« prêtres du Très-Haut, selon l'ordre de
Melchisédek, qui était selon l'ordre d'Hénoc,
qui était selon l'ordre du Fils unique » (D&A
76:57).
Hénoc
reçut deux bénédictions d’Adam : une
quand il fut ordonné à la prêtrise, l’autre
240 ans plus tard lors du conseil d’Adam-ondi-Ahman, qui semble
être davantage une bénédiction publique (D&A
107:48, 53). Tous les patriarches dans le lignage héréditaire
d’Hénoc étaient présents à cette
réunion finale de la postérité juste d’Adam,
et Adam prophétisa l’avenir de ses descendants « jusqu’à
la dernière génération » (107:56).
Ces prophéties furent écrites dans le livre d’Hénoc.
HÉNOC
ET LES saints des derniers jours. Les saints des derniers jours
croient que la justice d’Hénoc était basée
sur les mêmes principes de l’Évangile qui
s’appliquent dans toutes les dispensations et éternellement.
Pour cette raison, les saints des derniers jours se sentent une
parenté spirituelle avec Hénoc et avec son peuple :
La Sion d’Hénoc représente tous les idéaux
spirituels auxquels les saints des derniers jours travaillent. Appelé
à édifier une Sion moderne, le prophète et
voyant Joseph Smith utilisa le nom Hénoc comme l’un des
noms de code pour se désigner lui-même dans les
premières éditions des Doctrine et Alliances. Un
système économique conçu pour favoriser
l’égalité matérielle et spirituelle dans
l’Église, l’Ordre d’Hénoc (voir
Ordres unis), fut mis en application à diverses reprises dans
l’histoire de l’Église. Les membres de l’Église
aspirent au jour où les justes édifieront la
contre-partie de la Ville de la Sainteté d’Hénoc,
la nouvelle Jérusalem, au comté de Jackson, dans le
Missouri. Les missionnaires prêchent le repentir dans le monde
entier, parce que la terre doit être purifiée par le
feu, comme elle l’a été par le déluge qui
a suivi le ministère
d’Hénoc. Les membres de l’Église
s’attendent au retour de la ville d’Hénoc d’en
haut pour se réunir avec la Sion d’en bas (Moï.
7:58), quand la terre se reposera sous le règne millénaire
de Jésus-Christ.
Bibliographie
Maxwell,
Neal A. Of One Heart : The Glory of the City of Énoch.
Salt Lake City, 1975.
Millet, Robert
L. "Énoch and His
City (Moses 6, 7)". Dans Studies in Scripture, Vol. 2, p.
131-44. Salt Lake City, 1985.
Nibley, Hugh W.
Énoch the
Prophet. Dans CWHN 2.
Ricks, Stephen
D. "The Narrative Call
Pattern in the Prophetic Commission of Énoch (Moses 6)".
BYU Studies 26, automne 1986, p. 97-105.
RULON
D. EAMES
Hénoc :
Sources antiques
Auteur :
CHARLESWORTH, JAMES H.
Selon
Ge. 5:22-25, « Hénoc, après la naissance de
Metuschélah, marcha avec Dieu trois cents ans ; et il
engendra des fils et des filles. Tous les jours d'Hénoc furent
de trois cent soixante–cinq ans. Hénoc marcha avec
Dieu ; puis il ne fut plus, parce que Dieu le prit. »
(Segond).
Hénoc,
père de Metuschélah et arrière-grand-père
de Noé, était honoré par juifs et chrétiens
pour les raisons suivantes : (1) Genèse 5 dit qu’il
vécut 365 ans, un nombre attrayant pour les juifs qui
plaidaient pour que le culte soit aligné sur le calendrier
solaire (1 Énoch). (2) Il « marcha avec Dieu »
et fut donc agréable à Dieu et était parfait
(Sagesse de Salomon 4:13). (3) il ne mourut pas – « Dieu
le prit » – et par conséquent il reviendrait
du ciel (1 Énoch 14:21-24) pour concrétiser les
promesses de Dieu à son peuple. (4) Il était le
« septième » (sept est un chiffre
parfait) après Adam (Ge. 5 ; 1 Énoch 93:3 ;
Jude 14). « Un ange » dit de lui qu’il
est « le fils de l’homme » (1 Énoch
71:14). Lui seul a tout vu (1 Énoch 19). Il réprimandera
les anges déchus (1 Énoch 14), révélera
tout (1 Énoch 91), intercédera pour les humains (1
Énoch 15:2) et introduira la paix éternelle dans le
monde à venir, comme indiqué à la création,
puisque la justice ne l’abandonne jamais (1 Énoch
71:14-17).
LIVRES
D’ÉNOCH. Il est clair que les premiers juifs et
chrétiens honoraient les livres d’Énoch. Les
extraits les plus anciens de ces derniers se trouvent dans ce qui
s’appelle maintenant 1 Énoch (éthiopien). Selon
les estimations de la plupart des experts d’aujourd’hui,
tous les documents préservés dans 1 Énoch sont
juifs et antidatent la destruction de Jérusalem en 70 apr.
J.-C. Dans l’ordre chronologique probable, ces livres d’Énoch
sont les suivants : Le Livre de l’Astronomie (1 Énoch
72-82) décrit le mouvement du soleil, la réception de
sa lumière par la lune (73:7, 78:10) et le calendrier solaire
divinement ordonné. Le Livre des Veilleurs (1 Énoch
1-36) est un ouvrage composite comprenant les Paraboles d’Énoch
(1-5), les Veilleurs (6-16) et les Voyages d’Énoch
(17-19 et 20-36) ; le but principal de cette compilation est
d’expliquer que le mal est entré dans ce monde à
cause de la chute des anges (cf. Ge. 6). Le Livre des Songes
visionnaires (1 Énoch 83-90) contient une vision du déluge
(83-84) et une Apocalypse animale (85-90), qui décrit
l’histoire du monde depuis avant le déluge jusqu’à
l’apparition d’une « grande corne »,
qui est probablement Juda Maccabée. L’Épître
d’Énoch (1 Énoch 91-105 ; 106-107 provient
probablement du livre de Noé, un livre perdu, et 108 est une
addition ultérieure) vise les pécheurs riches (94:8-9 ;
95:3 ; 96:4-8 ; 97:8-10), contient un examen plus ancien de
l’histoire (l’Apocalypse des Semaines, 1 Énoch
93:1-10, et 91:11-17, qui est mal placée) et exhorte les
justes à persévérer dans leur espérance
(104), à marcher dans la voie de la justice et à éviter
la voie de la méchanceté. Les Similitudes d’Énoch
(1 Énoch 36-71) sont l’un des documents théologiques
les plus brillants du judaïsme d’avant la destruction de
Jérusalem en 70 apr. J.-C. ; elles décrivent
l’apparition future du Messie, le Juste, l’Élu et
Fils de l’homme et ont tendance à les fusionner en une
seule personne qui s’avère finalement être Énoch.
Apparenté aux livres d’Énoch il y a le Livre des
Géants, qui est conservé dans des fragments qumraniques
qui datent du premier siècle av. J.-C.
2
Énoch est l’un des écrits juifs les plus
difficiles à dater et à comprendre parce qu’il
n’est parvenu jusqu’à nous que dans des manuscrits
slaves médiévaux. Il était cher aux Bogomils,
qui étaient formés par des sources juives antiques mais
qui créèrent ou refaçonnèrent aussi des
documents antiques. Beaucoup de savants font remonter 2 Énoch
à un juif qui vivait avant 100 apr. J.-C. Après une
introduction dans laquelle il informe ses fils de son assomption
imminente, Énoch décrit son ascension à travers
les sept cieux (3-21). Ensuite le Seigneur révèle des
secrets à Énoch (22-38), qui exhorte ses fils (39-66)
et est enlevé au ciel le plus élevé (67 ;
le chap. 68 n’existe que dans la révision longue).
L’apocalypse termine sur une description de la naissance
miraculeuse de Melchisédek de Sophanima, qui est morte. Il est
alors emporté au paradis par l’archange Michel et
reviendra à la fin des temps pour être le chef des
prêtres (69-73).
3
Énoch sous sa forme actuelle est un ouvrage juif médiéval ;
mais il se peut qu’il remonte à un document plus ancien
et il est certain qu’il conserve des traditions très
anciennes. Les quarante-huit chapitres de 3 Énoch contiennent
des informations cosmologiques, particulièrement concernant le
monde céleste du trône et du char de Dieu. L’archange
Metatron informe le voyant Ismaël qu’il est Énoch,
qui a été transformé en ange.
LA
FIN D’ÉNOCH. Malgré le fait que l’auteur de
Jude (verset 9) cite 1 Énoch comme prophétie et que
l’Église éthiopienne a canonisé le livre
et célébré de nombreux autres ouvrages qui
l’interprètent, les livres d’Énoch ont fini
par perdre la faveur du judaïsme et du christianisme
traditionnels. Avec la compilation de la Michna par Rabbi Juda vers
200 apr. J.-C. et la tendance à dénigrer
l’apocalypticisme, Énoch tomba en disgrâce. Ce
furent Hillel et son école qui furent la norme du rabbinisme.
Avec la clôture du canon chrétien, à cause de
l’apparition du Saint Empire Romain au quatrième siècle,
les livres d’Énoch furent
stigmatisés comme extracanoniques et la vénération
jadis accordée au sage scribe Énoch
fut transférée ou réservée à
Jésus-Christ.
Bibliographie
Black,
M., avec J. C. VanderKam. The Book of Énoch or I Énoch :
A New English Edition. Leiden, 1985.
Charles, R. H.
The Book of
Énoch or 1 Énoch. Oxford, 1912.
Charlesworth,
J. H.
The Old Testament Pseudepigrapha, 2 vols. Garden City, N.Y., 1983,
1985. (Contient des introductions, des traductions et des notes sur 1
Énoch, 2 Énoch et 3 Énoch).
Knibb, M., avec
E. Ullendorff. The Ethiopic Book of Énoch : A New Edition
in the Light of the Aramaic Dead Sea Fragments, 2 vols. Oxford,
1978.
Milik, J. T.,
avec M. Black. The Books of Énoch :
Aramaic Fragments of Qumr-n Cave 4. Oxford, 1976.
VanderKam, J.
C.
Énoch and the Growth of an Apocalyptic Tradition. Washington,
D.C., 1984.
JAMES
H. CHARLESWORTH
Hénoc :
Livre d’Hénoc
Auteur :
CHURCH, LEWIS R.
Le
livre d’Hénoc est l’un des écrits antiques
que les saints des derniers jours s’attendent à recevoir
un jour (voir Écritures : Écritures à
venir). Ce livre ne doit pas être confondu avec les livres
pseudépigraphiques d’Énoch, qui néanmoins
ont suscité l’intérêt de certains saints
des derniers jours depuis au moins 1840 (Pratt, p. 61). Dans Doctrine
et Alliances 107:53-57, il est fait mention d’une réunion
de la postérité juste d’Adam tenue à
Adam-ondi-Ahman trois ans avant la mort d’Adam. L’influence
du Saint-Esprit se manifesta avec puissance en prophétie
pendant qu’Adam bénissait sa postérité.
Ces versets donnent un précis de ce qui s’est produit,
mais bien d’autres choses « furent écrites
dans le livre d'Hénoc, et il en sera témoigné en
temps voulu » (D&A 107:57). À propos de ce
livre, en décembre 1877, Orson Pratt dit : « Je
pense que quand nous recevrons cela, nous connaîtrons beaucoup
de choses sur les antédiluviens dont nous savons actuellement
si peu de choses » (JD 19:218). Un extrait de la prophétie
d’Hénoc fut révélé et publié
dans le livre de Moïse (chap. 6-7), le dernier chapitre étant
publié dans The Evening and The Morning Star d’août
1832 (HC 1:130-131).
Bibliographie
Pratt, Parley
P. "The
Apocryphal Book of Énoch." MS 1, juillet 1840, p.
61.
LEWIS R. CHURCH
Histoire
de l’Église
Cette
rubrique traite de l’histoire de l’Église au cours
des six périodes suivantes : Histoire de l’Église :
1820-1831, Antécédents, fondation, période de
New York. Histoire de l’Église : 1831-1844,
Périodes d’Ohio, du Missouri et de Nauvoo. Histoire de
l’Église : 1844-1877, Périodes de l’exode
et du début de l’Utah. Histoire de l’Église :
1878-1898, Fin de la Période pionnière d’Utah.
Histoire de l’Église : 1898-1945, Transitions :
Période du début du XXe siècle. Histoire de
l’Église : 1945-1990, Période de l’ère
internationale suivant la Deuxième Guerre mondiale. En outre,
plusieurs autres articles traitent de l’Histoire de l’Église
à la lumière de disciplines ou d’approches
historiques spécifiques : voir Doctrine :
Signification, source et histoire de la doctrine ; Histoire
économique de l’Église ; Histoire
intellectuelle ; Histoire juridique et judiciaire de
l’Église ;
Politique : Histoire politique ; Histoire sociale et
culturelle ; et Église de Jésus-Christ des saints
des derniers jours.
Les
sources bibliographiques relatives à toutes ces périodes
sont : B. Allen et Glen M. Leonard, The Story of the Latter-day
Saints, Salt Lake City, 1976 ; Leonard J. Arrington et Davis
Bitton, The Mormon Experience, New York, 1979 ; Département
d’Éducation de l’Église, Histoire de
l’Église dans la Plénitude des Temps, Salt Lake
City, 1989 ; et Joseph Fielding Smith, L’Essentiel de
l’Histoire de l’Église, Salt Lake City,
1950.
Histoire
de l’Église : 1820-1831, Antécédents,
fondation, période de New York
Auteurs :
BUSHMAN, RICHARD L. et PORTER, LARRY C.
[On
trouvera d’autres articles sur les événements
principaux de la première période de l’histoire
de l’Église dans Première Vision ; Moroni,
Visitations de ; diverses rubriques reprises sous Livre de
Mormon ; les articles sur le rétablissement de la
Prêtrise d’Aaron et de la Prêtrise de Melchisédek
et sur l’organisation de l’Église, 1830. On peut
trouver les premières données biographiques dans les
articles sur les Ancêtres de la famille Smith, Smith, Joseph,
Smith, Emma Hale et plusieurs autres membres de la famille Smith, en
plus de Harris, Martin, de Cowdery, Oliver, de Whitmer, David et de
Rigdon, Sidney. La liste des emplacements et des communautés
des saints de cette période se trouve sous New York, premières
localisations de saints des derniers jours.]
La
création de l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours commence dans les années 1820 par
des événements qui se produisent principalement dans
l’État de New York. Le prophète Joseph Smith
reçoit sa première vision en 1820, obtient les plaques
d’or du Livre de Mormon sur la colline Cumorah en 1827, reçoit
l’autorité de la prêtrise en 1829 et organise
officiellement l’Église le 6 avril 1830. Avant que
celle-ci ne quitte New York pour l’Ohio au début de
1831, elle aura été organisée et sa direction de
base aura été clairement établie.
Dans
ses années formatrices, l’Église naissante va
surtout apprendre à compter sur la révélation
pour la diriger. Joseph Smith, qui est jeune et peu instruit, ne
prétend pas élaborer la doctrine de la nouvelle Église
tout seul. Des révélations directes de Dieu le
conduisent pas à pas. L’idée sans doute la plus
révolutionnaire dans l’Église est sa croyance en
une révélation chrétienne au-delà de la
Bible. Les saints des derniers jours n’ont jamais douté
de l’inspiration de la Bible ; elle a été un
principe essentiel dès le commencement (voir Bible :
Croyance des saints des derniers jours en la Bible). Leur expérience
va cependant les amener à se rendre compte que Dieu a aussi
parlé à des prophètes qui n’étaient
pas repris dans ce canon conventionnel d’Écriture :
c’est le Livre de Mormon qui va le leur montrer (2 Né.
29:10-14) et ils vont entendre Joseph Smith parler avec la même
autorité que les apôtres et les prophètes
bibliques. En conséquence, les saints des derniers jours vont
commencer à concevoir autrement la révélation et
le principe de la révélation continue va
considérablement déranger les autres chrétiens,
mais, dès le commencement, rien ne sera plus fondamental pour
l’Église.
L’histoire
de l’Église commence par la famille de Joseph Smith,
père, et de Lucy Mack Smith, parents du prophète (voir
Famille Smith), qui, avec des milliers d’autres habitants de la
Nouvelle-Angleterre se répandent dans l’État de
New York au début du dix-neuvième siècle à
la recherche de meilleures terres. Ils apportent leur intensité
religieuse calviniste, mais avec une ardeur modifiée par les
nouvelles conditions de vie de l’Amérique républicaine
et pluraliste. Ils ont longtemps recherché sans succès
une religion sur laquelle ils pouvaient compter. Le nombre croissant
de confessions chrétiennes et une foule de nouvelles
influences intellectuelles provenant des Lumières font qu’il
est plus difficile d’adopter une foi religieuse que quand le
congrégationalisme prédominait en Nouvelle-Angleterre.
Joseph Smith commence sa recherche du salut par la question de savoir
quelle Église est la vraie. Cette question s’impose
probablement à lui à cause de l’incertitude de
ses parents et de la multiplicité des Églises –
presbytérienne, baptiste, méthodiste, quaker –
dans son propre village.
Au
début du printemps de 1820, poussé par des réveils
religieux évangéliques, Joseph Smith demande à
Dieu de lui indiquer la vraie religion. Bien que n’ayant que
quatorze ans, il a confiance en la promesse biblique qu’il
pourra obtenir une réponse (Ja. 1:5). Il va dans les bois près
de chez lui, se met à genoux et prie. Dans ses récits
de l’événement, il témoigne que la réponse
qu’il reçoit l’étonne. Dieu le Père
et Jésus-Christ apparaissent et lui disent de ne se joindre à
aucune des Églises existantes. Il reçoit l’assurance
que Dieu l’agrée, s’entend dire beaucoup de choses
qu’il ne peut pas mettre par écrit, après quoi la
vision prend fin, le laissant accablé. Les saints des derniers
jours considèrent cette révélation du Père
et du Fils comme l’événement qui inaugure le
rétablissement de l’Évangile.
Pendant
trois ans et demi, Joseph ne reçoit aucune autre communication
des cieux. Se demandant s’il ne s’est pas disqualifié
pour cause d’indignité, Joseph se livre à la
prière le soir du 21 septembre 1823, quand, à son grand
étonnement, un ange lui apparaît dans la chambre et
annonce qu’il est Moroni et qu’il vient avec des
instructions de Dieu. Il lui parle d’annales écrites sur
des plaques d’or donnant l’histoire des anciens habitants
de l’Amérique. Le Sauveur ressuscité,
Jésus-Christ, était apparu à ces gens et leur
avait donné la plénitude de l’Évangile.
L’ange ajoute que les plaques ont été enterrées
dans une colline près de chez Joseph. Au cours de la nuit, il
revient à trois reprises, remettant le même message de
base et ajoutant chaque fois d’autres informations. Bien
qu’épuisé, Joseph se rend le lendemain à
la colline et trouvé les plaques déposées dans
une boîte en pierre juste au-dessous de la surface du sol, mais
il ne lui est pas permis de les retirer. L’ange apparaît
de nouveau et lui dit qu’il doit revenir le même jour, le
22 septembre, l’année suivante. Pendant les quatre
années qui suivent, Joseph va scrupuleusement retourner à
cet endroit. Le 22 septembre 1827, il est finalement autorisé
à prendre possession des plaques (voir Moroni, Visitations
de).
Les
événements de l’intervalle de quatre ans entre
1823 et 1827 vont sans aucun doute aider Joseph Smith à mûrir
en vue des responsabilités et des difficultés qu’il
va rencontrer plus tard. Certains indices font penser que son père
se livrait à la chasse aux trésors, une activité
courante parmi les fermiers pauvres de la Nouvelle-Angleterre qui
espéraient découvrir, grâce à la magie, de
l’argent enterré, et Joseph devra se dégager des
idées erronées de cette superstition. L’ange dit
à Joseph qu’une des raisons pour lesquelles il a dû
attendre pour recevoir les plaques d’or est que son esprit
s’est attardé sur leur valeur monétaire (PWJS, p.
7). En novembre 1825, Joseph et son père travaillent
brièvement avec un homme appelé Josiah Stowell de South
Bainbridge (New York) qui croit qu’un trésor espagnol se
trouve à Harmony (Pennsylvanie), près du fleuve
Susquehannah. L’entreprise ne donne rien et les Smith prennent
graduellement leurs distances par rapport aux fouilles de leurs
voisins à la recherche d’argent, pour se concentrer sur
la mission religieuse décrite par l’ange. Conséquence
heureuse des travaux entrepris à Harmony, Joseph y rencontre
Emma Hale (voir Smith, Emma Hale) et l’épouse le 18
janvier 1827. Entre-temps, Alvin, son frère aîné,
décède ; Joseph se fait arrêter en 1826
comme « glass looker » en vertu d’une loi
new-yorkaise qui rend illégal « le fait de dire la
bonne aventure ou l’endroit où l’on peut trouver
des objets perdus ou volés » (voir la définition
légale de « Disorderly Persons » The
Justice’s Manual, Albany, New York, 1829, p. 144 ; voir
aussi Smith, Joseph : Procès de Joseph Smith) ; et
ses parents perdent leur ferme parce qu’ils n’arrivent
pas à effectuer le dernier paiement sur leur hypothèque.
Ces malheurs, ainsi que d’autres expériences, vont
approfondir et fortifier le jeune homme qui apprend à
discerner le bien du mal et à supporter l’opposition.
Une
fois que Joseph a obtenu les plaques en 1827, les voisins curieux et
parfois malveillants de Manchester et de Palmyra le mettent dans
l’impossibilité de commencer le travail de traduction.
Ils fouillent de fond en comble la maison et la grange des Smith et
ce n’est qu’en déplaçant et en cachant
constamment les plaques qu’il réussit à assurer
leur sécurité. Il lui a été strictement
défendu de les montrer à qui que ce soit, mais cela ne
satisfait pas les chercheurs de curiosités. Alva, le frère
d’Emma, propose son aide ; il transporte le couple avec
ses affaires et les plaques – cachées dans un tonneau –
à Harmony, en Pennsylvanie, à deux cents kilomètres
de là, où le père d’Emma habite. Joseph
obtient de son beau-père, Isaac Hale, un terrain et une petite
maison. C’est là que la traduction va commencer (voir
Livre de Mormon – Traduction par Joseph Smith).
Martin
Harris, un voisin de Palmyra bien disposé, va s’intéresser
suffisamment aux plaques pour rendre visite à Joseph à
Harmony. Avec les plaques, Joseph a reçu un instrument appelé
interprètes, ou urim et thummim, qui va lui permettre de
traduire les caractères gravés sur les plaques
métalliques. Joseph copie quelques caractères que
Martin va porter à des linguistes à Albany et à
New York pour vérifier le travail de Joseph. Il y a une
certaine confusion au sujet de ce qui s’est passé lors
de ces entretiens, mais il ne fait pas de doute que Martin Harris a
été satisfait (voir Transcription Anthon). Quand il
revient à Harmony, il se propose pour écrire sous la
dictée pendant que Joseph traduit. Entre le 12 avril et le 14
juin 1828, ils vont à eux deux remplir 116 pages de manuscrit.
C’est à ce moment-là que Harris, qui subit les
doutes de sa femme au sujet de l’existence des plaques, demande
la permission de lui montrer le manuscrit ainsi qu’à
quatre autres membres de la famille. Joseph Smith cède à
contre-cœur. Plusieurs semaines se passent sans aucune nouvelle
de Martin. Joseph décide alors de se rendre chez ses parents à
Manchester (New York) pour lui demander des comptes. Martin,
désespéré, lui avoue qu’il ne retrouve pas
le manuscrit. Cédant aux instances de son entourage, il a
montré le manuscrit aux voisins contrairement à ce qui
avait été convenu et quelqu’un l’a volé
(voir Manuscrit, 116 pages perdues).
À
l’occasion de cette crise, Joseph reçoit, par l’urim
et le thummim, une révélation dans laquelle le Seigneur
le réprimande vertement. Il le tient plus que Martin pour
responsable de la perte du manuscrit. « Tu n’aurais
pas dû craindre l’homme plus que Dieu », lui
dit-il (D&A 3:7). Martin ne transcrira plus pour Joseph, et à
partir de ce moment-là jusqu’au printemps de 1829,
Joseph avance peu dans la traduction. En avril, Oliver Cowdery, un
jeune instituteur qui a pris pension chez les Smith à
Manchester, entend parler du Livre de Mormon. Ayant lui-même
reçu une vision du Seigneur et des plaques, il est persuadé
que l’œuvre est divine et se propose pour remplir les
fonctions de secrétaire (PWJS, p. 8). À partir du 7
avril 1829, Joseph et Oliver, vont travailler ensemble presque
constamment jusqu’à ce que la traduction soit finie en
juin, un peu plus de deux mois plus tard.
Au
cours de la traduction d’une partie de 3 Néphi, qui
décrit la façon de baptiser, Joseph et Oliver se
demandent s’ils n’ont pas besoin, eux aussi, de baptême.
Comme il en a pris l’habitude, Joseph demande des instructions
à Dieu. Le 15 mai 1829, alors que Oliver et lui sont occupés
à prier, un messager céleste leur apparaît. Il se
présente comme étant Jean-Baptiste et leur confère
la Prêtrise d’Aaron, qui leur donne l’autorité
de baptiser (voir Prêtrise d’Aaron :
Rétablissement). Avec cette nouvelle autorité et sous
la direction de l’ange, les deux hommes se baptisent
mutuellement dans la Susquehannah. Cette révélation
crée un principe important dans l’Église, à
savoir que des ordonnances divines telles que le baptême ne
peuvent être accomplies que par les personnes qui ont reçu
l’autorité dans la prêtrise par ordination.
Jean-Baptiste dit à Joseph et à Oliver qu’ils
recevront plus tard une seconde prêtrise, une prêtrise
supérieure appelée Prêtrise de Melchisédek.
Plus tard, Pierre, Jacques et Jean leur apparaissent au bord de la
Susquehannah, quelque part entre Harmony et Colesville (New York) et
les ordonnent apôtres (voir Prêtrise de Melchisédek :
Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek).
Arrivée
la fin mai 1829, l’opposition religieuse contre Joseph s’est
développée à Harmony et Oliver et lui vont avoir
besoin d’un endroit plus calme pour travailler. Oliver écrit
à un ami, David Whitmer, qui accepte de les installer dans la
ferme familiale à Fayette (New York). Emma les y rejoint peu
après. Le copyright du Livre de Mormon est obtenu le 11 juin
1829 et la traduction est bientôt terminée. Au moment où
ils finissent le livre, Joseph Smith apprend par la révélation
que d’autres seront autorisés à voir les plaques
d’or. Le Livre de Mormon lui-même promet des témoins
et les associés de Joseph sont avides de savoir qui va avoir
ce privilège. Martin Harris, David Whitmer et Oliver Cowdery
sont choisis ; l’ange Moroni leur montre les plaques et
ils entendent la voix de Dieu leur déclarer que l’ouvrage
a été traduit par le pouvoir de Dieu. Quelques jours
plus tard, à Manchester, Joseph Smith reçoit
l’autorisation de montrer les plaques à huit autres
hommes. Ils vont les examiner de manière approfondie et les
soupeser. Les déclarations de ces deux groupes de témoins
seront imprimées sur les dernières pages de l’édition
de 1830 du Livre de Mormon et apparaissent sur les premières
pages de toutes les éditions récentes (voir Témoins
du Livre de Mormon).
La
recherche d’un imprimeur disposé à publier le
Livre de Mormon s’avère laborieuse. Les gens de Palmyra,
qui se méfient de Joseph Smith, se coalisent pour intimider
l’imprimeur local, Egbert B. Grandin, en menaçant de ne
pas en acheter d’exemplaires. D’autres, comme Lucy
Harris, l’épouse de Martin, contestent les mobiles
financiers de Joseph. Après être allé jusqu’à
Rochester pour entrer en contact avec des imprimeurs, Joseph persuade
Grandin d’accepter le travail. La garantie de Martin Harris a
raison des hésitations de Grandin. Le 25 août 1829,
Harris hypothèque sa ferme, s’engageant à payer
$3.000 pour 5.000 exemplaires. Joseph et Martin espèrent
vendre assez d’exemplaires pour lever au moins $3.000, mais
Martin finira par devoir vendre 60 hectares pour tenir son
engagement. La composition commence en août 1829 et les
exemplaires terminés sont disponibles le 26 mars 1830.
La
publication du Livre de Mormon est l’aboutissement du travail
qui occupe Joseph Smith depuis qu’il a reçu les plaques
en 1827. Entre-temps, les révélations qu’il
reçoit l’informent que la traduction du Livre de Mormon
n’est pas la fin de sa mission divine. Il doit aussi organiser
une Église. Samuel Smith avait été baptisé
à Harmony fin mai 1829 ; Hyrum Smith, David et Peter
Whitmer, fils, et d’autres avaient été baptisés
en juin dans le lac Seneca. Ils avaient commencé à se
réunir et ils avaient enseigné et avaient essayé
de persuader tous ceux qui demandaient des renseignements. Le 6 avril
1830, chez Peter Whitmer, père, à Fayette (New York),
Joseph Smith organise l’Église de Jésus-Christ
(voir Organisation de l’Église, 1830 ; Nom de
l’Église). Six hommes s’inscrivent comme membres
en la présence de plus de cinquante personnes. Le groupe
soutient deux officiers comme dirigeants de l’Église,
Joseph Smith comme premier ancien et Oliver Cowdery comme deuxième
ancien. Joseph reçoit aussi les titres de voyant, de
traducteur et de prophète. En outre, une révélation
prévoit l’ordination d’anciens, de prêtres,
d’instructeurs et de diacres comme prêtrise laïque
(voir Doctrine et Alliances : Sections 20-22). Certaines des
personnes laïques présentes lors de l’organisation
sont ordonnées ce jour-là et, dès le départ,
l’Église ne prend aucune disposition pour créer
un clergé spécial (voir Participation des laïcs et
direction).
Trois
groupes de croyants sont organisés en branches de l’Église
débutante peu après son organisation : un à
Fayette, un autre à Manchester dans la vieille maison des
Smith et un troisième à Colesville, dans le sud de
l’État de New York, près de la ferme de Josiah
Stowell (dans la circonscription de South Bainbridge, comté de
Chenango), ancien employeur et partisan loyal de Joseph. Les membres
de la famille de Joseph Knight, qui ont fourni à Joseph et à
ses collaborateurs de la nourriture et des vêtements pendant la
traduction, habitent à Colesville et constituent le noyau de
la branche. Joseph et Emma retournent dans leur maison de Harmony,
mais se réunissent avec les trois branches lors de conférences
trimestrielles prescrites tenues à la ferme de Peter Whitmer
en juin et en septembre 1830.
Pendant
l’été de 1830, les ennuis commencent. À
deux reprises, Joseph est convoqué devant les tribunaux pour
trouble de l’ordre public. Les deux fois il est acquitté.
Mais ce qui perturbe davantage Joseph, c’est que certains de
ses propres disciples mettent en cause son autorité et
prétendent à leurs propres révélations et
à leurs propres prérogatives. Hiram Page, mari de
Catherine Whitmer et ordonné instructeur en juin 1830, écrit
une série de révélations qu’il prétend
venir de Dieu. Bien qu’encore jeune et inexpérimenté,
Joseph se rend compte de la confusion et du danger que présente
un grand nombre de voix essayant de parler avec autorité. À
la conférence de septembre à Fayette, Joseph reçoit
une révélation qui détermine qu’une seule
personne, approuvée par le consentement commun, doit recevoir
des commandements et des révélations pour l’Église
entière (D&A 20:65 ; 28:1-3, 11-13). Hiram Page n’a
pas cette autorisation. Après avoir entendu Joseph, la
conférence le confirme comme révélateur unique
pour l’Église (D&A 28:2 ; D. Cannon et L. Cook,
dir. de publ., Far West Record, Salt Lake City, 1983, p. 3). Ce
principe qui veut que la révélation pour toute l’Église
vienne de l’homme soutenu comme prophète est,
aujourd’hui encore, la pratique de l’Église.
Dans
les six mois qui suivent l’organisation de l’Église,
des convertis s’ajoutent en petit nombre. Samuel, frère
de Joseph Smith, s’en va avec des exemplaires du Livre de
Mormon à donner à ceux que cela intéresse.
Joseph Smith, père, rend visite à ses frères,
sœurs et parents dans le comté de St Lawrence (New
York), où la plupart d’entre eux habitent, pour leur
dire ce qui est arrivé. Ces expéditions donneront plus
tard des conversions, mais très peu au moment même.
Parley P. Pratt, un fermier de l’Ohio, croit que Dieu l’a
conduit à la maison de Hyrum Smith, frère de Joseph,
pour qu’il puisse s’informer sur le Livre de Mormon.
L’entreprise
missionnaire la plus réussie de l’époque est
lancée en septembre et octobre 1830, quand Oliver Cowdery,
Peter Whitmer, fils, Parley Pratt et Ziba Peterson sont appelés
à instruire les Indiens (voir Mission lamanite de 1830-1831).
Le Livre de Mormon présente un intérêt
particulier pour les Indiens américains parce que c’est
un document religieux de l’Amérique antique, et les
quatre sont chargés de porter ce message aux Indiens qui sont
occupés à s’assembler dans le territoire à
l’ouest du Missouri. La mission va cependant être notable
autant pour ce qui se passe en cours de route que pour la prédication
aux Indiens. Après avoir quitté New York, les
missionnaires s’arrêtent dans la région de
Mentor-Kirtland dans le nord-est de l’Ohio près de
l’ancienne ferme de Pratt. Avant de devenir membre de l’Église,
Pratt avait fait partie du mouvement campbellite, qui était en
train de devenir l’Église des Disciples du Christ. Ce
groupe croit qu’il faut adhérer rigoureusement aux
enseignements et aux pratiques de l’Église du Nouveau
Testament, éliminant tous les ajouts ultérieurs. Les
enseignements de Joseph Smith séduisent beaucoup d’entre
eux parce que sa doctrine contient pour eux le rétablissement
pur du vrai christianisme. Quelque 130 personnes vont se convertir,
dont le prédicateur campbellite principal de la région,
Sidney Rigdon. En quelques semaines, les quatre missionnaires vont
presque doubler le nombre des membres de l’Église. Ils
poursuivent leur chemin cet hiver-là vers le territoire
indien, endurant de grandes souffrances au cours de leur long voyage
à pied de St Louis à travers le Missouri. Dans l’ouest
du Missouri, ils vont trouver une région dans laquelle
l’Église commencera bientôt à s’installer.
Ils enseignent aussi chez les Delaware et les Shawnee jusqu’à
ce que les autorités gouvernementales leur ordonnent de cesser
à cause d’une interdiction de faire du prosélytisme
auprès des tribus.
Peu
après le départ des missionnaires de l’Ohio pour
l’Ouest en décembre 1830, Sidney Rigdon part pour New
York, accompagné d’Edward Partridge. Ils apportent la
nouvelle des conversions en Ohio et insistent auprès de Joseph
Smith et des membres pour qu’ils aillent s’installer
là-bas. Joseph est disposé à prendre la
suggestion au sérieux à cause des révélations
qu’il a reçues au sujet du rassemblement de l’Église
(D&A 37:1-4 ; 38:31-33). En effet, pendant le reste du
siècle, les convertis à l’Église vont se
réunir dans un lieu de rassemblement central, d’abord en
Ohio, puis au Missouri, en Illinois et finalement en Utah. Une autre
révélation traite de l’avènement de
Jésus-Christ et des destructions qui vont s’abattre sur
le monde avant que cet événement ne se produise. Elle
dit qu’avant ces tribulations, le peuple de Dieu sera
« rassemblé en un seul endroit à la surface
de ce pays » (D&A 29:8). Une autre révélation
parle d’une ville de Sion qui doit être construite
quelque part dans l’Ouest (D&A 28:9). Ces allusions amènent
les membres de l’Église à se rendre compte qu’ils
ne vont pas demeurer longtemps à New York.
Quand
une révélation arrive en décembre 1830 (D&A
37) leur disant de partir pour l’Ohio, la plupart l’acceptent.
À une conférence tenue le 2 janvier 1831, des
directives et une révélation supplémentaire (D&A
38) sont données pour le déménagement. Le
prophète, Emma et quelques autres partent les premiers et
arrivent à Kirtland le 1er février 1831 pour préparer
l’arrivée des autres. La branche de Colesville, sous
Newel Knight, la branche de Fayette, sous la mère du prophète
et Thomas Marsh et la branche de Manchester, sous Martin Harris, se
rendent en Ohio en des convois distinct pendant avril et mai 1831. À
la mi-mai, pratiquement tous les mormons de New York des branches
citées sont à Kirtland.
Bibliographie
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Milton V., Jr., Eyewitness Accounts of the Restoration, éd.
rév. Salt Lake City 1986.
Bushman,
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and the Beginnings of Mormonism, Urbana, Ill., 1984.
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Truman G., éd. invité, BYU Studies 9, printemps 1969,
p. 235-404 (numéro entièrement consacré aux
origines des saints des derniers jours à New York).
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Larry C., « A Study of the Origins of The Church of Jesus
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Pennsylvania, 1816-1831 », thèse de doctorat
université Brigham Young, 1971.
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of Joseph Smith, dir. de publ. Preston Nibley, Salt Lake City,
1958.
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York and Pennsylvania”, Mormon History Association Newsletter
n° 43, mars 1980, p. 8-12.
Histoire
de l’Église : 1831-1844, Périodes de l’Ohio,
du Missouri et de Nauvoo
Auteurs :
BACKMAN, MILTON V., Jr. et ESPLIN, RONALD K.
[Cet
article se concentre d’abord sur l’Église dans le
nord-est de l’Ohio, où Kirtland est le siège de
l’Église, et dans l’ouest du Missouri. À
partir de 1839, l’attention se porte sur l’ouest de
l’Illinois où Nauvoo devient le nouveau siège. On
trouvera dans Conflit au Missouri un traitement sur les difficultés
qui ont été à l’origine des violences et
finalement de l’expulsion hors du Missouri.
Cet
article décrit l’évolution de l’organisation
et de la doctrine et examine les tensions et les conflits entre les
saints et leurs voisins, et au sein de l’Église
elle-même. Beaucoup d’entre eux sont le résultat
de la tentative de créer une communauté sacrale
étroitement unifiée répondant à la
révélation continue au sein d’une société
souvent hostile à ces buts. Le prophète Joseph Smith,
dont le martyre met fin à cette période, en est une
figure dominante ; voir les rubriques sous Smith, Joseph, et
Visions de Joseph Smith. Le Rassemblement et les Temples sont les
préoccupations principales ; voir Temple de Kirtland et
Temple de Nauvoo.]
En
octobre 1830, quatre missionnaires en route pour prêcher aux
Indiens à l’ouest du Missouri (voir Mission lamanite de
1830-1831) présentent l’Évangile rétabli
aux communautés du nord-est de l’Ohio. Avant de
reprendre leur voyage, ils baptisent quelque 130 convertis,
organisent les nouveaux membres en petites « branches »
et nomment des dirigeants pour chaque groupe. Trente-cinq de ces
membres habitent à Kirtland (Ohio), localité située
directement à l’est de ce qui est aujourd’hui le
Cleveland métropolitain.
Sidney
Rigdon, prédicateur restaurationiste de cet endroit devient
membre de l’Église en novembre 1830 et informe Joseph
Smith du succès des missionnaires. À la suite de cela,
le prophète consulte le Seigneur et reçoit des
révélations (D&A 37:3 ; 38:32) appelant les
convertis de l’Église récemment organisée
à New York à se rassembler en Ohio. Sa famille et lui
sont à Kirtland dès le début de février
1831 et quelque deux cents saints de New York l’auront suivi
quand arrive l’été, faisant du nord-est de l’Ohio
le premier lieu de rassemblement des saints.
La
plupart des saints de New York et beaucoup des premiers convertis de
l’Ohio ne vont pas rester en Ohio. Pendant l’été
de 1831, Joseph Smith se rend à la frontière du
Missouri et désigne Independence (comté de Jackson,
Missouri) comme deuxième lieu de rassemblement. Les saints des
derniers jours s’attendent à ce qu’une ville
sainte, une nouvelle Jérusalem, soit fondée dans une
nouvelle Sion nord-américaine, une ville de refuge contre les
tribulations qui vont affliger les méchants dans les derniers
jours (D&A 29:7-9 ; 45:65-71 ; 57:1-3). Sidney Rigdon
consacre le pays pour le rassemblement et Joseph Smith précise
l’emplacement exact où un temple sera construit, et,
après en avoir nommé divers autres pour superviser le
rassemblement en Sion, retourne en Ohio.
À
Hiram (Ohio), un village d’agriculteurs situé à
une cinquantaine de kilomètres au sud de Kirtland, Joseph
Smith travaille à sa traduction inspirée de la Bible
(voir Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)]), une entreprise
qui va assurer son écolage. La nécessité dans
laquelle il se trouve de demander, dans l’esprit de la prière,
des éclaircissements sur certains passages et certains points
de doctrine va fréquemment susciter de nouvelles révélations
et apporter une nouvelle compréhension. Après avoir été
battus et enduits de goudron et de plumes par des émeutiers en
mars 1832, le prophète et Sidney Rigdon, qui lui sert de
secrétaire, vont s’installer avec leurs familles à
Kirtland.
Les
deux lieux de rassemblement du début des années 1830
auront chacun eu un but différent. Bien que les saints des
derniers jours émigrent vers la frontière du Missouri
pour poser les fondements d’une nouvelle Sion, le siège
administratif de l’Église, responsable de la direction
du programme missionnaire et de la construction du premier temple,
reste en Ohio. Il y a une certaine concurrence entre les deux
centres, les deux ayant besoin de ressources et de membres et les
deux voulant la présence du prophète Joseph Smith.
Mais, comme l’explique la révélation, les buts
des deux sont complémentaires : la « dotation
d’en haut » promise associée au temple de
Kirtland est un préalable au succès en Sion (D&A
105:9-13, 33). Joseph Smith résidera à Kirtland
jusqu’en 1838, restant en contact avec les membres du Missouri
par courrier et messager, et s’y rendant cinq fois pour
instruire les membres de l’Église en ce qui concerne la
politique, les programmes et la croyance.
Au
comté de Jackson, les saints des derniers jours publient deux
périodiques, The Evening and The Morning Star et The Upper
Missouri Advertiser, et essayent de mettre sur pied un ordre
économique unique basé sur la consécration et
l’affectation d’intendances sur des propriétés
et d’autres actifs, suivant les directives données par
révélation à Joseph Smith (voir Missouri :
Les Communautés de saints des derniers jours dans les comtés
de Jackson et de Clay). Les désaccords au sujet des exigences
juridiques et l’égoïsme individuel vont entraver la
mise en œuvre du système, mais l’obstacle de base
est que les saints ont trop peu de capital et très peu à
consacrer. Malgré tout, certains participants sont inspirés
par les idées fondatrices et les idéaux qui
sous-tendent l’effort vont laisser un legs important (voir
Ordres unis).
Bien
qu’émigrant dans l’ouest du Missouri pour
construire une ville de paix et de refuge, les saints des derniers
jours rencontrent une forte hostilité. Les colons déjà
installés considèrent ces nouveaux venus comme une
menace à leur propre manière de vivre. Les Missouriens
se plaignent que les mormons cherchent à influencer les
esclaves, que leur mode de vie « de l’Est »
est incompatible avec la frontière du Missouri, qu’ils
sont une menace économique et politique, que leur amitié
pour les Indiens menace la sécurité de la région
et qu’ils ont des croyances religieuses peu orthodoxes. Ces
accusations révèlent un conflit culturel important
entre les saints immigrés et les « vieux »
colons. L’immigration rapide des saints des derniers jours dans
le comté de Jackson intensifie les tensions, ce qui va donner
lieu à des affrontements.
Des
violences s’étant produites pendant l’été
de 1833, le gouverneur Daniel Dunklin envoie une milice locale dans
la région pour rétablir la paix. Pensant que la milice
va protéger tous les colons, les saints des derniers jours
rendent leurs armes à cette force militaire. Mais les autres
Missouriens ne seront pas désarmés, laissant les
membres de l’Église sans défense. Au début
de novembre 1833, les émeutiers chassent plus de mille saints
des derniers jours du comté de Jackson, les forçant à
abandonner leurs maisons et leurs fermes. La plupart d’entre
eux traversent le fleuve Missouri pour se réfugier au comté
de Clay.
Entre
novembre 1833 et l’été de 1836, le comté
de Clay va être le lieu de rassemblement principal des saints
des derniers jours au Missouri. Pendant ces années, les
membres de l’Église vont essayer sans succès
d’obtenir réparation pour la perte de leurs propriétés
du comté de Jackson. Ils vont aussi demander la protection du
gouvernement pour une tentative de retour à leurs terres. En
1834, croyant que le gouverneur Dunklin a accepté d’accorder
l’aide de la milice de l’État pour seconder leurs
propres efforts, les membres de l’Église réunissent
une petite force paramilitaire venant d’Ohio et d’ailleurs
pour accompagner les réfugiés du Missouri lors de leur
retour au comté de Jackson. Le camp de Sion, nom donné
à l’expédition, n’obtiendra pas l’appui
du gouverneur et se dissoudra en juin plutôt que de provoquer
un conflit armé.
Bien
qu’ayant échoué dans son but premier, le camp de
Sion aura un effet profond sur beaucoup de ses participants et aura
son importance sur le long terme. Pour la plupart, la marche forcée
d’Ohio au Missouri, plus de 1300 kilomètres par une
chaleur humide, aura été le défi physique le
plus difficile de leur vie. Cela fera encore plus mal à
certains de se rendre compte que, malgré cette épreuve,
ils n’auront pas aidé les saints du Missouri à
retourner dans leurs terres. Ils vont critiquer le leadership de
Joseph Smith et l’expérience contribuera plus tard à
leur dissidence. Mais pour beaucoup de participants, le camp de Sion
aura été une occasion sans pareille de vivre jour et
nuit avec le prophète du Seigneur – réminiscence
de l’Israël antique sous Moïse. L’expérience
va les unir à Joseph et les uns aux autres et c’est du
creuset du camp de Sion que vont sortir beaucoup de dirigeants futurs
de l’Église. Les deux réactions représentent
des conceptions divergentes de la façon dont un prophète
doit diriger et de la façon dont une société
basée sur la révélation et la prêtrise
doit être organisée – des divergences qui vont
s’exacerber plus tard à Kirtland.
La
révélation qui dissout le camp de Sion réoriente
l’attention sur l’Ohio et sur la nécessité
de terminer sans retard le temple de Kirtland (D&A 105). Avant de
retourner en Ohio, Joseph Smith organise un pieu au Missouri et nomme
une présidence et un grand conseil, l’équivalent
de ce qu’il a fait à Kirtland le mois de février
précédent. Bientôt, plusieurs dirigeants de
l’Église du Missouri vont partir pour Kirtland pour
aider à la construction du temple.
Tous
les intéressés savent que le séjour des saints
au comté de Clay est provisoire. Le retour au comté de
Jackson étant maintenant peu probable, la pression monte pour
qu’ils trouvent un autre endroit. Exhortés par les
dirigeants de la communauté à partir avant que les
violences n’éclatent, la plupart des saints des derniers
jours vont émigrer vers le nord et créer à Far
West un nouveau siège de l’Église dans l’Ouest.
Répondant à ce mouvement de milliers de saints des
derniers jours vers le nord-ouest inhabité du Missouri, le
gouvernement du Missouri va créer, vers la fin de 1836, deux
nouveaux comtés, Caldwell et Daviess (voir Missouri :
Communautés de saints des derniers jours dans les comtés
de Caldwell et de Daviess). Comme la plupart des saints des derniers
jours s’installent à Caldwell, on va l’appeler le
comté mormon.
Joseph
Smith enseignera plus tard qu’un des premiers buts du
rassemblement des fidèles à n’importe quelle
époque est de construire une maison du Seigneur où
pourront être révélées les ordonnances de
son temple. Pendant que la construction du temple progresse, la
population des saints à Kirtland va passer d’une
centaine d’âmes en 1832 à plus de 1.500 en 1836.
Les saints des derniers jours arrivent de la Nouvelle Angleterre, de
New York et d’ailleurs pour aider à la construction de
la maison du Seigneur, dans laquelle, leur a-t-il été
promis dès janvier 1831, ils seront dotés du pouvoir
d’en haut (D&A 38:32).
En
mars 1836, le temple de Kirtland est achevé et consacré
et, pendant les mois qui précèdent et suivent la
consécration, les saints vont jouir d’une période
de Pentecôte peu commune. Dans le temple, une semaine après
sa consécration, les clefs de la prêtrise vont être
conférées à Joseph Smith et à Oliver
Cowdery lors de visitations de Moïse, Élias et Élie.
Les bénédictions et les instructions reçues dans
le temple sont particulièrement importantes pour les
missionnaires (voir Missions), dont les voyages de prosélytisme
au départ de Kirtland pendant les années 1830
s’étendent du Canada au sud américain et, en
1837, aux îles Britanniques, outre une œuvre missionnaire
intensive en Ohio.
Tandis
que son siège reste à Kirtland, l’Église
va connaître un développement doctrinal et administratif
majeur. Un certain nombre parmi les révélations les
plus importantes des Doctrine et Alliances vont été
données dans les régions de Kirtland et de Hiram,
notamment la vision de la résurrection et des trois degrés
de gloire (D&A 76), la loi de consécration et d’intendance
(D&A 42), la Parole de Sagesse, parfois appelée la loi de
santé du Seigneur (D&A 89), des révélations
sur la prêtrise et sur son organisation (D&A 84, 107) et la
venue du millénium (D&A 1, 29, 88, 133). Beaucoup de ces
révélations constituent la réponse aux questions
soulevées par la traduction de la Bible faite par Joseph
Smith. Joseph Smith reçoit aussi une révélation
concernant le mariage plural (D&A 132), mais elle ne sera mise
par écrit qu’en 1843. Le livre d’Abraham, qui ne
sera publié qu’en 1842, résulte de l’acquisition
par le prophète en 1835 d’une collection de momies et de
papyrus venus d’Égypte.
Comme
la croissance nécessite un développement de
l’organisation, une série de révélations
commande la création de dirigeants locaux et généraux
de l’Église. Il s’agit de l’office d’évêque
en 1831, de la Première Présidence de l’Église
en 1832 et d’un grand conseil permanent en 1834. En février
1835, le Collège des douze apôtres et le collège
des soixante-dix sont organisés, choisis principalement parmi
les vétérans du camp de Sion. Les deux collèges
ont la responsabilité du prosélytisme. Bien qu’il
soit dit que les Douze viennent en second par rapport à la
Présidence, leurs tâches immédiates sont de
diriger l’œuvre des soixante-dix et de superviser
l’Église à l’extérieur de ses pieux
organisés.
La
révélation commande aussi aux dirigeants de l’Église
d’étudier abondamment dans beaucoup de domaines de la
connaissance en vue de leur ministère et ordonne qu’une
école des prophètes soit organisée dans ce but
(D&A 88:77-80, 118-141). L’attitude et les impératifs
exprimés dans la révélation vont exercer une
grande influence non seulement dans la création de cette
première école patronnée par l’Église
mais aussi dans l’attitude de l’Église vis-à-vis
des études et de l’éducation pendant toute son
histoire.
La
publication de The Evening and The Morning Star, interrompue au
Missouri par l’expulsion hors du comté de Jackson, va
reprendre pendant près d’un an à Kirtland. Le
Latter Day Saints’ Messenger and Advocate, successeur du Star,
sera le premier périodique de l’Église à
publier certaines des lettres d’Oliver Cowdery traitant de
l’histoire de Joseph Smith. Les Doctrine et Alliances,
contenant beaucoup de révélations données à
Joseph Smith, sont publiées en 1835 à Kirtland.
La
promulgation de nouveaux points de doctrine et la création
d’une hiérarchie dans l’Église vont
offenser certains saints des derniers jours qui préfèrent
la foi moins compliquée qu’ils avaient embrassée
dans la petite enfance de l’Église. Ceux qui ne
partagent pas la vision du prophète Joseph Smith d’une
nouvelle société organisée sous la prêtrise
vont aussi être perturbés par le nombre accru de
directives que les dirigeants de l’Église donnent aux
membres dans les questions temporelles et par la participation
importante du prophète aux affaires économiques.
L’effondrement d’une Société de Sécurité
de Kirtland non dotée d’une charte patronnée par
les dirigeants de l’Église va contribuer à
pousser le mécontentement à son maximum (voir Économie
à Kirtland). Des procès vont être intentés
à Joseph Smith, des menaces vont être proférées
contre sa vie et contre celle de ses partisans les plus vigoureux et
un certain nombre de membres en vue dans l’Église vont
apostasier. Au milieu de cette agitation, le prophète va
envoyer certains de ses partisans les plus fidèles en mission
dans les îles Britanniques. Là, en moins d’un an,
ils feront plus de 1.500 convertis et jetteront les bases pour que
des milliers d’autres les suivent (voir Missions des Douze dans
les îles Britanniques).
En
1837, les saints des derniers jours dépassent en nombre les
autres résidants de la circonscription de Kirtland. Cette
année-là, des candidats mormons sont élus à
tous les principaux offices de la ville sauf celui d’agent de
police. Beaucoup de membres de l’Église de Kirtland sont
relativement pauvres et vivent dans des groupes de petites maisons
provisoires. Certains non-mormons s’irritent de cet afflux de
pauvres et d’une direction de l’Église qui leur
semble antidémocratique et donc anti-américaine. Des
rivalités économiques et politiques apparaissent,
accompagnées de menaces et d’actes de violence. La
pression monte à l’extérieur pour que les mormons
quittent Kirtland au moment même où de violentes
dissensions internes assaillent l’Église. En janvier
1838, Joseph Smith, Sidney Rigdon et d’autres dirigeants de
l’Église dont la vie est menacée fuient vers
l’ouest du Missouri, suivis graduellement par la plupart des
résidants de Kirtland et du voisinage qui sont membres de
l’Église.
En
1837-1838, l’émigration des saints vers l’ouest du
Missouri augmente rapidement. Cette croissance déclenche une
agitation accrue parmi les voisins qui craignent une domination
économique et politique de la part des mormons et qui voient
dans l’afflux une menace contre leur mode de vie. Les griefs
qui ont été exprimés en 1833 par les citoyens du
comté de Jackson vont se répéter et s’amplifier.
Les rumeurs et les accusations deviennent la base d’actes
d’intolérance. Certains insistent sur le fait que
puisque le comté de Caldwell a été créé
pour les mormons, les saints des derniers jours ne doivent pas
s’installer en dehors des frontières de ce comté.
L’affrontement
décisif est déclenché par une bataille qui
éclate quand des voyous essaient d’empêcher les
saints de voter à Gallatin (comté de Daviess). Des
rapports exagérés sur cette mêlée
provoquent une agitation qui ne cesse de grandir et mènent à
la formation de groupes d’émeutiers décidés
à chasser tous les mormons du comté de Daviess. Les
émeutiers menacent aussi les saints des derniers jours
habitant à DeWitt (comté de Carroll) jusqu’à
ce que, le 11 octobre 1838, ils soient forcés d’abandonner
leurs maisons et leurs fermes. Pendant qu’ils sont en route
vers le bastion mormon de Far West, les réfugiés sont
continuellement harcelés et plusieurs meurent.
Le
gouverneur Lilburn Boggs ayant rejeté les demandes de protéger
les saints de DeWitt, les dirigeants de l’Église
mobilisent la milice du comté de Caldwell et se préparent
à se protéger. Certains membres des Danites, organisés
à l’origine pour aider au développement de la
communauté mormone, se livrent à des activités
paramilitaires, brûlant notamment le siège des émeutiers
à Gallatin et à Millport qui les avaient menacés
de destruction. Entre-temps, une milice locale force les saints des
derniers jours à abandonner leurs fermes dans le comté
de Ray et menacent de tuer des membres de l’Église
accusés d’être des espions. Pour essayer
d’empêcher que la menace ne soit exécutée,
une unité de la milice du comté mormon de Caldwell
affronte, le 25 octobre, celle de Ray à la Crooked River. Des
hommes sont tués de part et d’autre et de folles rumeurs
parlant de raids mormons jettent de l’huile sur le feu dans la
contrée. Le 27 octobre, sans aucun examen des accusations et
des contre-accusations, le gouverneur Boggs accuse les membres de
l’Église d’être à l’origine des
hostilités et commande à la milice de l’État
d’exterminer les mormons ou de les chasser de l’État
(voir Ordre d’extermination). Trois jours plus tard, le
massacre de Haun’s Mill, au cours duquel plus de deux cents
miliciens attaquent une colonie minuscule de saints des derniers
jours et en tuent froidement dix-sept, rend évidente la
probabilité que l’ordre de Boggs sera exécuté
littéralement.
Face
à des forces de milice écrasantes, les saints des
derniers jours se rendent à Far West et acceptent de quitter
l’état. Quelque 10.000 membres de l’Église
sont forcés de quitter le Missouri, la plupart en hiver et au
milieu d’une hostilité intense. Prenant la direction de
l’est, ils vont traverser le fleuve Mississippi vers
l’Illinois. Après avoir subi d’immenses pertes de
propriété et certaines pertes en vies humaines, la
plupart atteignent, au début de 1839, Quincy et d’autres
localités de l’ouest de l’Illinois dont les
résidants offrent aide et abri.
Entre-temps,
les dirigeants de l’Église au Missouri sont arrêtés
et accusés de trahison. La plupart seront rapidement libérés,
mais dix seront emprisonnés sans procès pendant l’hiver
de 1838-1839, certains à la prison de Richmond et d’autres
à la prison de Liberty. Pendant la demie année de son
séjour à la prison de Liberty, le prophète
Joseph va mettre sur papier certains des écrits inspirés
les plus pénétrants et les plus éloquents de sa
carrière (D&A 121-23), et il en sortira en avril 1839 avec
une compréhension claire de ce qu’il doit faire pour
terminer sa mission d’une manière satisfaisante et bien
décidé à faire ce qu’il faut pour cela.
Les
saints prennent des dispositions pour acheter des terres pour un
nouveau lieu de rassemblement des deux côtés d’une
courbe du fleuve Mississippi au nord de Quincy. Nauvoo va remplacer
le hameau de Commerce et devenir le siège de l’Église.
Beaucoup de membres s’installent aussi de l’autre côté
du fleuve dans le comté de Lee, en Iowa.
Tourmentés
par la malaria, les saints de la région de Nauvoo vont
chercher à faire face à de plus grands problèmes
en même temps qu’ils en sont encore à se démener
pour créer une communauté viable après le
désastre du Missouri. Essayant d’obtenir réparation
pour les pertes du Missouri, le président Joseph Smith va
rendre visite aux dirigeants politiques nationaux à
Washington, D.C, mais l’accent mis sur les droits des États
exclut l’aide fédérale. En dépit de la
maladie et de la pauvreté, neuf membres du Collège des
douze apôtres remplissent un appel à faire du
prosélytisme dans les îles Britanniques. Ils arrivent en
Angleterre au début de 1840 et pendant les quinze mois qui
vont suivre ils vont voir près de 5.000 convertis se joindre
aux quelque 1.500 qu’ils ont trouvés à leur
arrivée. L’année suivante, Orson Hyde, un apôtre,
visite Jérusalem et consacre la Palestine au rassemblement des
juifs (voir Israël : Rassemblement d’Israël).
En
Angleterre, les Douze créent le Latter Day Saints’
Millennial Star et publient un livre de cantiques et une deuxième
édition du Livre de Mormon, fondant par la même occasion
ce qui va devenir un centre important de publications mormones
pendant le demi-siècle qui va suivre. Les Douze lancent en
1840 l’émigration des convertis britanniques vers
l’Amérique et pendant les six années suivantes,
près de 5.000 personnes émigrent vers Nauvoo (voir
Immigration et émigration). Sous la direction de Brigham
Young, le Collège des Douze devient une force administrative
efficace pendant cette mission. Quand ils retournent à Nauvoo,
ils reçoivent de nouvelles responsabilités. En août
1841, Joseph Smith annonce que les Douze se tiennent maintenant
« à
côté de la Première Présidence »
et leur juridiction est étendue de manière à
comprendre la supervision des pieux de l’Église aussi
bien que des régions de mission.
Drainant
les marécages et accueillant un nombre de plus en plus
important de colons, les saints de Nauvoo créent une
communauté prospère qui finira par compter presque
12.000 âmes, rivalisant avec Chicago pour être la plus
grande ville de l’Illinois. La construction et la croissance
alimentent l’économie, la vie culturelle prospère
et les saints mettent sur pied la communauté religieuse la
plus importante de leur brève histoire. Ayant appris par
expérience qu’ils ne peuvent pas compter sur la bonne
volonté des autres pour les protéger, ils recherchent
des garanties institutionnelles. Dans les chartes de Nauvoo, le
gouvernement de l’État d’Illinois assure les
protections que constituent l’autonomie locale, un système
judiciaire municipal et une milice urbaine. Décidés à
ne plus jamais être sans défense comme ils l’ont
été au Missouri, ils font de leur Légion agréée
de Nauvoo la plus grande milice de l’Illinois.
Joseph
Smith va se trouver, comme cela n’arrive quasiment jamais, dans
une situation de pouvoir politique aussi bien qu’ecclésiastique,
remplissant à divers moments les fonctions de conseiller
municipal, de maire, de général commandant de la Légion
de Nauvoo et de rédacteur du principal journal local, le Times
and Seasons. Ces postes lui laissent toute latitude pour fonder une
société sacrale et pour accomplir les choses qu’il
considère comme les plus essentielles à sa mission.
Après
avoir reçu, en 1836, des clefs supplémentaires de la
prêtrise dans le temple de Kirtland, Joseph Smith désire
vivement voir arriver le jour où il pourra remplir ses
responsabilités en ce qui concerne le temple et donner des
enseignements et des ordonnances supplémentaires aux saints.
Quand il sort de la prison de Liberty, il est convaincu que le temps
qui lui reste pour le faire est court et que Nauvoo sera sa dernière
occasion. Dès que les saints se sont regroupés et sont
en sécurité dans leur nouvelle demeure, il commence à
exposer un ensemble d’enseignements, d’ordonnances et de
schémas d’organisation supplémentaires –
dont beaucoup ont trait au temple – qui vont éloigner
les saints encore plus de leurs propres idées précédentes
et des croyances de leurs voisins. Ce processus commence par une
révélation importante en janvier 1841 (D&A 124)
qui, entre autres, lance la construction du temple de Nauvoo et va
continuer pendant plus de trois ans. En avril 1844, juste trois mois
avant sa mort, le processus est complet.
À
Nauvoo, Joseph Smith fait des exposés sur la nature de la
Divinité et sur l’origine et la destinée du genre
humain, mettant l’accent sur la notion de progression éternelle
dans le contexte du plan du salut (voir Discours sur King Follett).
Enseignant que le salut est accessible à tous, il introduit
les ordonnances par procuration pour les personnes décédées,
notamment le baptême pour les morts. Malgré le fait
qu’il rencontre une certaine résistance à la
nouveauté en matière de doctrine et de pratique, poussé
qu’il est par le pressentiment qu’il doit éviter
tout retard, le Prophète commence en 1841-1842 à
introduire le mariage plural et les ordonnances sacrées du
temple (voir Dotation) en privé à un petit nombre
d’associés de confiance, dont les membres du Collège
des Douze, qui devront plus tard les enseigner aux membres de
l’Église dignes une fois le temple achevé.
Parmi
les nouveautés les plus importantes dans le domaine de
l’organisation à Nauvoo, il y a la fondation, en mars
1842, de la Société de secours, une organisation de
bienfaisance sociale et religieuse pour les femmes (voir Société
de secours à Nauvoo). La Société de secours
donne aux femmes une structure qui va faciliter les œuvres
caritatives et la fraternité entre femmes. Chose plus
importante encore, elle va mettre les femmes en relation étroite
avec l’organisation de la prêtrise et contribuer à
les préparer aux futures expériences du temple. Les
premières paroisses de l’Église sont fondées
à Nauvoo et des responsabilités supplémentaires
sont définies pour les évêques. Le conseil des
cinquante sera le dernier élément d’organisation
créé par Joseph Smith. Bien qu’il ait joué
un rôle pratique utile pendant plusieurs années après
son organisation en mars 1844, sa plus grande importance est qu’il
fournit un modèle de gouvernement pour le futur royaume de
Dieu sur terre.
Depuis
le temple jusqu’au conseil des cinquante, les membres du
Collège des douze apôtres vont se tenir aux côtés
du Prophète comme ses conseillers et ses assistants les plus
proches. Prévoyant le jour où les saints pourraient
avoir besoin d’un asile plus sûr dans l’isolement
de l’Ouest, Joseph Smith, en février 1844, charge les
Douze de mener une expédition pour trouver un tel endroit
(voir Émigration vers l’Ouest : Planification et
prophétie), mais met, peu après, le projet en attente.
Il veut d’abord qu’ils aillent dans l’Est pour une
mission plus politique. Quand les démarches auprès des
candidats à la présidence lors des élections
nationales présidentielles proches ne révèlent
personne qui soit disposé à défendre les droits
des mormons, le prophète Joseph Smith lance sa propre campagne
présidentielle, élaborant un programme électoral
pour faire connaître ses idées et s’exprimer au
nom de son peuple. Pendant leur prosélytisme d’été
habituel, les Douze et d’autres partisans vont se rendre dans
l’Est, combinant prédication et campagne électorale.
Avant leur départ, vers le 26 mars 1844, Joseph Smith leur
donne ses dernières instructions. Il déclare qu’il
leur a maintenant donné toutes les clefs de la prêtrise
qu’il possède et qu’il est de leur responsabilité
d’assumer la charge du royaume tandis que lui se reposera. Il
sera assassiné avant leur retour de l’Est.
Bien
que Nauvoo grandisse rapidement, les travaux sur ses projets de
construction les plus ambitieux, le temple de Nauvoo et l’hôtel
de la Maison de Nauvoo, traînent, en partie à cause du
manque de capitaux. L’espoir de faire de Nauvoo un centre
industriel ne se réalisera pas pour la même raison (voir
Nauvoo, Économie). Mais le succès continu du
prosélytisme et l’afflux d’immigrés
combinés avec la solidarité et le courage au travail
des saints des derniers jours vont transformer Nauvoo en un
concurrent redoutable sur les plans économique et politique
par rapport aux autres villes du comté de Hancock.
Les
voisins de Nauvoo qui lui étaient hostiles ont aussi d’autres
sujets de se plaindre. L’organisation théocratique de la
communauté des saints, avec son unité de but manifeste
et son autonomie locale, suscite le ressentiment. La tendance des
saints des derniers jours à voter en bloc pour les candidats
locaux et de l’État qui sont le plus susceptibles de les
favoriser va leur aliéner aussi bien les whigs que les
démocrates (voir Nauvoo, Politique). La puissante milice de
Nauvoo provoque l’envie et la méfiance. Le fait que le
système juridique de la ville protège Joseph Smith des
poursuites judiciaires le fait accuser de se mettre hors de portée
de la loi.
Comme
cet état de choses augmente l’hostilité des
adversaires de l’Église, Thomas Sharp, rédacteur
d’un journal de la localité voisine de Warsaw, fait de
son Warsaw Signal la voix de ces préoccupations et entreprend
une croisade sputenue contre Joseph Smith et Nauvoo. Au printemps de
1844, plusieurs anciens compagnons mécontents prennent fait et
cause pour les antimormons pour monter une offensive contre le
prophète dans Nauvoo même. Ils publient un journal, le
Nauvoo Expositor, qui attaque l’Église et lance des
accusations incendiaires contre Joseph Smith. Le conseil municipal de
Nauvoo décrète le journal danger public et commande au
shérif de le détruire, une mesure qui cause la fureur
des ennemis du prophète et sert de base à son
arrestation. Le 27 juin 1844, Joseph et son frère Hyrum sont
assassinés à la prison de Carthage, chef-lieu du comté,
pendant qu’ils attendent d’être jugés (voir
Prison de Carthage ; Martyre de Joseph et de Hyrum Smith).
Le
prophète Joseph Smith a jeté les fondements doctrinaux
et les bases de l’organisation de l’Église moderne
et a préparé Brigham Young et le Collège des
douze apôtres à construire sur la base qu’il a
créée (voir Succession à la présidence).
Son ministère et sa mission sont terminés.
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and the Early Mormon Mind”. Journal of Mormon History 9, 1982,
p. 41-51.
Histoire
de l’Église : 1844-1877, périodes de l’exode
et du début de l’Utah
Auteurs :
ARRINGTON, LEONARD J. et MAY, DEAN L.
[Après
une esquisse des événements qui se sont produits à
Nauvoo, après le martyre de Joseph Smith, cet article suit
l’exode de Nauvoo vers l’Ouest. Il se concentre ensuite
principalement sur les faits politiques et économiques liés
à la création d’une nouvelle communauté
dans le Grand Bassin sous la direction de Brigham Young. Il examine
aussi l’organisation de l’Église, le mariage
plural et la construction de temples.
Pour
comprendre la vie quotidienne et ce que cela signifiait être
saint des derniers jours pendant cette période, voir Vie
pionnière et Culte et Histoire sociale et culturelle. On
trouvera de plus amples détails sur la direction et
l’organisation de l’Église dans Organisation :
Histoire de l’organisation et de l’administration,
Organisations auxiliaires, École du Dimanche, Association de
retranchement, Jeunes Gens. Pour l’exode : Émigration
vers l’Ouest : Planification et prophétie ;
Piste pionnière mormone ; Sites historiques ;
Council Bluffs (Kanesville), Iowa ; Iowa, Communautés de
saints en ; Monument « Voici le lieu ».
Pour l’évolution de la communauté mormone,
consulter : Agriculture ; Histoire économique de
l’Église ; Économie pionnière ;
Immigration et émigration ; Convois de charrettes à
bras ; Planification de ville ; Alphabet de Deseret ;
Université de Deseret ; Indiens américains ;
et les articles sur les colonies pionnières dans Arizona,
Colonies pionnières en ; Californie, Colonies pionnières
en ; Colorado, Colonies pionnières au ; Idaho,
Colonies pionnières en ; Nevada, Colonies pionnières
au ; Nouveau-Mexique, Colonies pionnières au ;
Wyoming, Colonies pionnières au ; voir aussi Politique :
Histoire politique et Suffrage des femmes.]
Le
martyre de Joseph et de Hyrum Smith, le 27 juin 1844, provoque une
crise majeure. Conséquence immédiate de la perte de
leur prophète fondateur, beaucoup de saints des derniers
jours, choqués, connaissent une crise de la foi :
Quelqu’un peut-il prendre sa place ? Le Seigneur va-t-il
continuer à être avec l’Église ? Tout
le monde ne voit pas non plus directement qui doit diriger :
Sera-ce Sidney Rigdon, conseiller de Joseph Smith dans la Première
Présidence ? Le Collège des douze apôtres,
dirigé par Brigham Young ? Quelqu’un d’autre ?
Celui qui héritera de la direction de l’Église
devra affronter la tâche de résoudre les tensions
existant dans l’Église et les adversaires puissants de
l’extérieur.
Au
moment de l’assassinat, la plupart des membres du Collège
des Douze sont en mission dans l’Est des États-Unis.
Sidney Rigdon, qui a quitté Nauvoo pour Pittsburgh juste avant
le martyre, revient le 3 août et prétend prendre la
direction en tant que « Tuteur ». Trois jours
plus tard plusieurs des Douze, dont Brigham Young, arrivent juste à
temps pour une réunion tenue le 8 août déjà
convoquée pour décider de la tutelle. Rigdon parle le
premier, avançant ses prétentions. Il est suivi de
Brigham Young, qui affirme que c’est la responsabilité
des Douze de diriger l’Église en l’absence de
Joseph et d’édifier sur les fondements qu’il a
posés. La grande majorité votera pour soutenir les
Douze. Beaucoup affirmeront que Brigham Young a été
transfiguré devant eux, parlant avec la voix du prophète
décédé et ayant son apparence et sa façon
d’être.
Le
vote du 8 août règle définitivement la question
de la succession : personne d’autre n’a pu prétendre
de manière convaincante avoir l’autorité ou la
pleine confiance du Prophète. Le vote soutient le Collège
des Douze, avec Brigham Young à sa tête, en tant que
dirigeants de l’Église, mais cela ne va pas déboucher
immédiatement sur une nouvelle Première Présidence ;
cela viendra plus tard, après que les Douze auront terminé
le temple de Nauvoo et trouvé une nouvelle patrie pour
l’Église dans l’Ouest, responsabilités dont
ils estiment qu’ils doivent s’acquitter en tant que
collège. Le vote ne satisfera pas non plus ceux qui aspirent à
une façon d’être des saints des derniers jours
mais sans les innovations de Nauvoo qu’ils considèrent
comme douteuses et que les Douze vont conserver – des choses
telles que l’accent mis sur le temple, les nouveaux points de
doctrine dont le mariage plural et l’unité des affaires
temporelles et ecclésiastiques sous la prêtrise.
Certaines de ces personnes vont brièvement en suivre d’autres
qui se proclament dirigeants, mais beaucoup vont simplement
s’éloigner. Des années plus tard, certains se
grouperont pour former l’Église réorganisée
de Jésus-Christ des saints des derniers jours avec une
orientation tout à fait différente de celle de Joseph
Smith à Nauvoo ou des Douze dans le Grand Bassin (voir Groupes
schismatiques).
Les
priorités des Douze sont de terminer le temple de Nauvoo tout
en se préparant en privé à l’exode vers
l’Ouest (voir Émigration vers l’Ouest :
Planification et prophétie) qu’ils se sont engagés
à retarder jusqu’à ce que les saints aient reçu
les ordonnances du temple. Les saints vont tellement se rallier
derrière le temple que la pierre angulaire sera mise en place
en mai 1845 et l’édifice sera prêt pour les
ordonnances en décembre. En fin de compte, près de
6.000 hommes et femmes recevront les ordonnances du temple avant de
partir pour l’Ouest. Au printemps de 1845, l’achèvement
du temple étant proche, les dirigeants de l’Église
commencent les préparatifs pour partir dans l’Ouest. En
septembre, peu de temps après que des violences d’émeutiers
éclatent contre les colonies périphériques
autour de Nauvoo, les Douze annoncent publiquement que les saints
vont tous partir.
Brigham
Young est soutenu dans ces efforts par huit des Douze, ceux-là
mêmes qui ont œuvré à l’étranger
sous sa direction en 1840-1841, et par les membres du Conseil des
cinquante. Organisé en mars 1844 par Joseph Smith, le Conseil
de cinquante a participé à deux activités
majeures avant sa mort : des négociations secrètes
avec la République du Texas pour y créer éventuellement
des colonies et une campagne publique pour soutenir la candidature de
Joseph Smith à la présidence des États-Unis.
Plus de soixante-quinze pour cent des membres survivants du Conseil
original des cinquante soutiendront Brigham Young, mais William
Smith, John E. Page, Lyman Wight, tous apôtres, et William
Marks, le président de pieu de Nauvoo, feront dissidence et
n’accepteront jamais le temple ni l’exode vers le Grand
Bassin et ses implications. Le Conseil des cinquante, quant à
lui, aidera à organiser l’exode hors de Nauvoo et, au
début de l’Utah, contribuera à fonder une
théocratie économique et politique.
L’exode
commence en février 1846, avant que de nouvelles hostilités
n’éclatent. Pendant tout le printemps et l’été,
un flot de chariots traverse les prairies de l’Iowa. Les saints
des derniers jours ne sont pas encore installés en Iowa quand
un officier militaire des États-Unis arrive le 26 juin avec
une demande pour que 500 volontaires participent à la campagne
contre le Mexique. Bien que parfois considéré comme une
oppression imposée aux mormons réfugiés par le
gouvernement des États-Unis, l’appel est en réalité
le résultat de négociations secrètes avec James
Polk, président des États-Unis (voir Bataillon mormon).
S’il est vrai que le bataillon leur enlève 500 hommes
valides, il va apporter $70.000 bien nécessaires qui seront
utilisés pour aider les familles des hommes et pour financer
le programme général de l’exode.
Comme
l’évacuation de Nauvoo et la traversée de l’Iowa
ont occupé la plus grande partie de la saison pendant laquelle
on peut voyager, les saints se préparent à passer
l’hiver sur les bords du fleuve Missouri. Ils créent des
colonies provisoires à Winter Quarters, sur la rive
occidentale du fleuve, aujourd’hui Florence, dans le Nebraska,
banlieue d’Omaha, et sur la rive est à Kanesville,
renommée plus tard Council Bluffs, en Iowa. Les préparatifs
de la grande migration vers les bassins intérieurs de
l’Amérique du Nord vont s’y poursuivre. Le 14
janvier 1847, Brigham Young annonce une révélation
selon laquelle les saints doivent s’organiser « en
compagnies [de cent, de cinquante et de dix], avec l’alliance
et la promesse de garder tous les commandements… du Seigneur,
notre Dieu » (D&A 136:2-3). Le 5 avril 1847, il emmène
le premier convoi de pionniers au départ de Winter Quarters.
Après
un voyage de trois mois, les éclaireurs entrent dans la vallée
du Grand Lac Salé. Trois jours plus tard, le 24 juillet 1847
(voir Fête des pionniers), Brigham Young entre dans la vallée.
Le 28 juillet, il indique un emplacement pour un temple et annonce
aux 157 pionniers que « c’est le bon endroit »,
voulant dire que lui et les saints ont prévu un long séjour
à proximité du Grand Lac Salé.
Après
son retour d’Utah à Winter Quarters en octobre 1847,
Brigham Young pose aux apôtres la question de la réorganisation
de la Première Présidence. Bien qu’aucune
révélation écrite n’autorise explicitement
les Douze à réorganiser la présidence, beaucoup
considèrent que ce droit est implicite dans la révélation
de 1835 concernant l’autorité de ce collège par
rapport à la Première Présidence (D&A
107:21-24). Les Douze soutiennent Brigham Young comme président
de l’Église, avec Heber C. Kimball et Willard Richards
comme conseillers, mesure ratifiée plus tard ce mois-là
par les membres de l’Église lors d’une conférence
spéciale à Kanesville et l’année suivante
à Salt Lake City.
En
Utah, Brigham Young se met en devoir de réaliser le rêve
de Joseph Smith de créer un refuge permanent pour les saints.
Cela comprend la création d’un État politique
dans lequel l’Église jouera un rôle dominant. La
nature théocratique de ce gouvernement ressort du fait qu’un
grand conseil de l’Église, présidé par
John Smith, oncle de Joseph Smith, gérera à la fois les
affaires religieuses et civiles dans la vallée du lac Salé
depuis l’automne de 1847 jusqu’au retour de Brigham Young
dans la vallée en septembre 1848, quand les Douze et le
Conseil des cinquante assumeront la direction.
Au
cours des derniers mois de 1848, le Conseil des cinquante commence
les discussions en vue de la mise sur pied d’un gouvernement
plus permanent. Prévoyant que le Grand Bassin deviendra un
territoire des États-Unis, le Conseil examine les mérites
respectifs d’une demande au Congrès pour obtenir le
statut de territoire ou celui d’état. Il opte d’abord
pour le territoire mais peu après, en juillet 1849, se basant
sur les précédents au Texas et en Californie, il
demande à devenir un État et commence à
organiser l’État provisoire de Deseret (voir Deseret,
État de). Brigham Young est élu gouverneur et d’autres
autorités de l’Église constituent l’exécutif
et le judiciaire et une grande partie du législatif. Le
gouvernement se réunit en décembre 1849, et l’État
de Deseret va fonctionner comme État autonome au sein du
domaine national jusqu’au 28 mars 1851, date à laquelle
il va être officiellement dissous et remplacé par le
Territoire d’Utah, qui avait déjà été
créé dans le cadre du Compromis national de 1850 (voir
aussi État d’Utah).
Les
frontières de l’État de Deseret sont vastes,
englobant tout l’Utah actuel, la majeure partie du Nevada et de
l’Arizona, plus d’un tiers de la Californie et des
parties de l’Oregon, de l’Idaho, du Wyoming, du Colorado,
et du Nouveau-Mexique. Pour assurer le contrôle de ce
territoire, Brigham Young va entreprendre un programme vigoureux de
colonisation, qui, avant sa mort en 1877, aura créé
près de 400 colonies, et un système énergique de
prosélytisme, en particulier dans les îles Britanniques
et en Scandinavie, avec des milliers de convertis, dont presque
90.000 vont émigrer en Utah avant la fin du siècle.
L’Église favorise, organise et gère cette
immigration. Pour le profit de ceux qui sinon n’auraient pas le
moyen de se payer le voyage, l’Église crée le
Fonds perpétuel d’Émigration. Créée
en 1850 par l’État de Deseret, pendant les trente-sept
années qui vont suivre, la Compagnie du Fonds perpétuel
d’Émigration va lever des fonds et utiliser les
ressources de l’Église pour aider quelque 26.000
émigrants d’Europe à atteindre les montagnes de
l’Ouest.
C’est
avec l’État de Deseret que l’Église se sera
rapprochée le plus de son but de réaliser le modèle
théocratique précédemment conçu par
Joseph Smith. Les autorités de l’Église
remplissent des postes civils importants. Quand les juges désignés
par le gouvernement fédéral auront quitté le
territoire en 1851, les tribunaux des successions, avec des évêques
comme juges, auront juridiction dans le civil et le pénal. La
volonté derrière tout cela est que l’influence
des saints sur la vie politique du territoire élimine les
persécutions qui se sont maintes fois produites. Bien plus
tard, le succès même de cette société
théocratique va créer des conflits moins violents mais
finalement plus dangereux avec la société américaine
(voir Politique : Histoire politique).
Une
pratique inséparable du sempiternel conflit avec le
gouvernement fédéral sera celle du mariage plural. Bien
que la polygamie ait été pratiquée en privé
avant l’exode, les dirigeants de l’Église en
auront retardé l’aveu public jusqu’en 1852. En
août de cette année-là, à une conférence
spéciale de l’Église à Salt Lake City,
Orson Pratt, un apôtre, annoncera officiellement le mariage
plural comme point de doctrine et de pratique de l’Église.
Une longue révélation sur le mariage pour l’éternité
et sur la pluralité des épouses, dictée par
Joseph Smith le 12 juillet 1843, sera publiée après
cette annonce (D&A 132). Considérant que c’est une
obligation religieuse que les frères fidèles épousent
plus d’une femme, les saints des derniers jours croient que la
polygamie est protégée par la garantie
constitutionnelle de la liberté religieuse. Il n’y a, à
l’époque, aucune loi fédérale contre la
polygamie, et l’incorporation territoriale de l’Église
lui permet de « célébrer des mariages
compatibles avec les révélations de Jésus-Christ »
(Arrington et Quinn, p. 261). Dans certaines localités,
jusqu’à vingt à vingt-cinq pour cent de la
population des saints finiront par vivre dans des ménages
polygames, la plupart des hommes qui ont pratiqué la polygamie
ayant une à quatre épouses plurales.
Pendant
les quelques premières années, la vie dans leur nouveau
refuge dans l’Ouest semble précaire. Un hiver doux en
1847-1848 est suivi de gelées printanières et d’un
été décourageant. Ensuite la sécheresse
endommage et une invasion de sauterelles dévore une bonne
partie des cultures. Beaucoup croient qu’ils n’auront
sauvé un reste de leurs cultures que grâce à
l’intervention miraculeuse d’un grand nombre de mouettes
qui descendent sur les champs et dévorent les sauterelles
(voir Mouettes, miracle des). Cependant, après l’hiver
difficile de 1848-1849, les pionniers pourront faire, la plupart des
années, des récoltes suffisantes pour tenir l’hiver
suivant. Une aubaine inattendue se présente en 1849 quand des
centaines de voyageurs en route pour les gisements d’or de la
Californie passent par l’Utah et s’empressent d’échanger
des produits manufacturés rares, des animaux épuisés
et même de la farine contre les produits locaux. Entre-temps,
les premières colonies sont suffisamment bien installées
pour que puisse commencer la colonisation dans toute la région
des montagnes Rocheuses.
Les
saints vont fonder des dizaines de colonies, au début surtout
dans ce qui est maintenant l’Utah. La première zone
colonisée est une région centrale s’étendant
au nord et au sud du siège de l’Église à
Salt Lake City le long du bord occidental des montagnes. Les colonies
suivantes vont se trouver dans les vallées plus hautes de
montagne de la région, telles que les vallées de Cache
et de Heber. Presque en même temps, d’autres colonies
vont être fondées dans des régions plus éloignées
en réponse à des besoins particuliers comme la
fondation d’une industrie métallurgique (Parowan,
janvier 1851, Cedar City, novembre 1851), la création de
stations le long des itinéraires d’immigration (San
Bernardino, 1851, achat de Fort Bridger, 1855), les missions auprès
des Indiens (fort Lemhi dans l’Idaho actuel, Las Vegas, Nevada,
Fort Supply en 1853, dans le Wyoming actuel et la mission d’Elk
Mountain dans le centre-est de l’Utah, le tout en 1855), la
culture de plantes de climat chaud, comme le coton et le sucre
(St-George, 1861) ou, plus tard, la recherche d’un refuge pour
les familles polygames.
Le
motif le plus commun pour la colonisation est la nécessité
de trouver des terres pour une population croissante de fermiers, un
besoin qui sera à l’origine de la colonisation de la
plupart des emplacements favorables en Utah dès 1880 aussi
bien que d’autres dans le nord de l’Arizona, le sud-ouest
du Colorado, le nord-ouest du Nouveau-Mexique, l’ouest du
Wyoming et le sud-est de l’Idaho. On ouvre souvent de nouvelles
régions par un « appel en mission »
(voir Appels), ce qui signifie que des colons installés sont
invités à entreprendre une mission patronnée par
l’Église pour fonder une colonie. Une fois la colonie
mère établie, les régions voisines sont
colonisées spontanément par les jeunes devenus adultes
à la recherche de terres à cultiver.
La
fondation d’un empire dans l’Ouest ne va pas se faire
sans conflits ni difficultés. Une période de sécheresse
prolongée en 1855 va être suivie d’une invasion
catastrophique de sauterelles. L’insécurité ainsi
créée va sans doute alimenter les flammes de la réforme
de 1856-1857, une période de remise en question intense et
d’engagement renouvelé. Les sermons enflammés et
parfois immodérés de la Réforme intensifieront
les inquiétudes des pionniers quand, au début de 1857,
sur la foi de rapports exagérés selon lesquels les
mormons sont en rébellion, James Buchanan, président
des États-Unis commande secrètement l’envoi d’une
armée de 2.500 soldats fédéraux en Utah.
Agissant sans avoir fait d’enquête, Buchanan relève
Brigham Young de ses fonctions de gouverneur, poste auquel Young
avait été redésigné, même après
l’annonce, en 1852, de la polygamie. Malheureusement, Buchanan
fait tout en secret, interrompant même le courrier à
destination de l’Utah pour donner aux troupes l’avantage
de la surprise.
Quand
il reçoit la confirmation confidentielle de la décision
du gouvernement, Brigham Young commande à tous les
missionnaires de retourner en Utah, fait fermer les missions et
abandonner les colonies les plus isolées. Habitués aux
persécutions de la part des milices d’état, les
saints des derniers jours voient dans l’avance des forces
armées vers l’Utah le prélude au pillage, au viol
et au massacre. Pendant qu’ils se préparaient à
la résistance armée, une hystérie de guerre
balaie le territoire.
Lorsque
qu’elle approche de Fort Bridger, l’avant-garde de
l’expédition d’Utah se heurte aux saints qui lui
opposent la politique de la « terre brûlée ».
Les raids mormons saisissent et brûlent les convois fédéraux
d’approvisionnement et détruisent le fourrage devant les
troupes en marche. L’arrivée opportune de fortes chutes
de neige embourbe l’armée pour l’hiver, donnant
aux médiateurs, et particulièrement à Thomas L.
Kane, du temps pour une conciliation. Pendant ce temps, le président
Young ordonne l’abandon des colonies du nord de l’Utah et
organise « l’Exode vers le Sud ». S’ils
doivent quitter leur refuge, les saints des derniers jours laisseront
le Grand Bassin aussi désertique qu’ils l’ont
trouvé. Les négociations réussissent avant le
printemps, juste au moment où l’armée se remet en
mouvement. Alfred Cumming est installé comme gouverneur et, le
12 juin 1858, Brigham Young accepte le pardon pour sa soi-disant
rébellion. Quinze jours plus tard, le général
Albert Sidney Johnston fait traverser à ses troupes une Salt
Lake City abandonnée et dresse un Camp Floyd isolé à
soixante-cinq kilomètres au sud-ouest. La guerre d’Utah
va être qualifiée, à juste titre, de gaffe de
Buchanan.
L’hystérie
de guerre aura pour conséquence désastreuse le massacre
de Mountain Meadows de septembre 1857, pour lequel les dirigeants
locaux du sud de l’Utah s’unissent aux Indiens pour
massacrer un convoi de colons en route pour la Californie. Il est
prouvé que l’ordre de Brigham Young était de
laisser les voyageurs passer en paix, mais sa recommandation va
arriver trop tard pour empêcher le massacre et les autorités
locales vont faire croire à une attaque par les Indiens.
Répondant aux accusations que des blancs sont impliqués,
le président Young invite le nouveau gouverneur à
enquêter, mais celui-ci considère que si des blancs sont
impliqués, ils bénéficieront du pardon en vertu
de l’amnistie générale accordée en 1858.
Par la suite, quand de plus amples renseignements se feront jour,
certains des principaux protagonistes seront excommuniés de
l’Église et l’un d’eux, John D. Lee, sera
condamné par un tribunal fédéral et exécuté.
Bien
que préoccupé par la guerre de Sécession, le
gouvernement fédéral s’intéresse néanmoins
au Territoire d’Utah. En 1862, Fort Douglas est créé
à l’extrémité est de Salt Lake City, sous
la direction de Patrick Edward Connor, un anti-mormon virulent.
Connor et ses troupes sont chargés de garder les itinéraires
de transport, mais ils publient aussi le Union Vedette, une
publication agressivement anti-mormone, encouragent les exploitations
minières et favorisent l’immigration de non-mormons dans
le Territoire. En 1863, les troupes de Connor attaquent un groupe
d’Indiens Shoshones du nord sur la Bear River, dans le nord de
la Cache Valley, tuant quelque 250 hommes, femmes et enfants.
La
décennie suivant la guerre d’Utah est une ère
d’expansion générale pour l’Église.
En 1862, le Congrès décrète une loi interdisant
la polygamie dans les territoires et dissolvant l’Église,
mais elle ne sera pas appliquée avant Reynolds contre les
États-Unis en 1879. Les immigrants de l’Église
continuent d’arriver par milliers et Brigham Young continue
d’implanter des colonies pour les recevoir. Mais l’afflux
régulier de non-mormons en Utah et la construction d’un
chemin de fer transcontinental annoncent de futurs défis à
la domination par les mormons de leur empire du Grand Bassin.
L’achèvement
du chemin de fer transcontinental s’accompagne à la fois
de possibilités nouvelles et de problèmes. Brigham
Young s’attend depuis longtemps à la fin de l’isolement
physique et, par certains côtés, l’encourage. En
1852 et en 1854, les saints demandent au Congrès qu’un
chemin de fer transcontinental passe par l’Utah. Il
simplifierait l’immigration et permettrait aux dirigeants de
l’Église d’établir des liaisons
ferroviaires reliant beaucoup de colonies éloignées à
Salt Lake City. Le 1er juillet 1862, quand le Pacific Railroad Act
est promulgué, le président Young souscrit pour $10.000
d’actions auprès de la Union Pacific Railroad Company
nouvellement organisée, dont il devient l’un des
directeurs en 1865.
Si
le chemin de fer permet aux immigrants de l’Église
d’atteindre plus facilement l’Utah, il encourage aussi
l’immigration de non-mormons. La fin de l’isolement
menace également l’indépendance économique
et politique de l’Utah. Pour renforcer l’économie
locale et retarder la création d’un milieu d’affaires
non-mormon puissant, les autorités de l’Église
ont longtemps lutté pour décourager l’importation
de produits manufacturés venus de l’Est des États-Unis.
Elles vont maintenant lancer une campagne énergique pour
décourager l’achat de produits de luxe importés,
notamment le thé, le café, l’alcool et le tabac
et réinsister sur la révélation de 1833 donnée
à Joseph Smith déconseillant l’utilisation de ces
produits (voir Parole de Sagesse).
En
dépit de l’opposition opiniâtre de Brigham Young
au développement de l’extraction de métaux
précieux en Utah, l’approche du chemin de fer relance
l’enthousiasme pour l’exploitation des richesses minières
de l’Utah. Sous la direction de plusieurs hommes d’affaires
et intellectuels en vue de l’Église tels que William
Godbe, Edward W. Tullidge et Eli B. Kelsey, un « Nouveau
Mouvement » se développe dans l’Église
contre ce qu’ils appellent « l’autocratie de
la prêtrise ». Ces hommes écrivent des
articles persuasifs dans le Utah Magazine, recommandant
l’exploitation des ressources minières de l’Utah
afin de maintenir l’industrie sous le contrôle local (et
donc mormon). Brigham Young, qui prévoit un résultat
différent, dénonce les « Godbeites »,
les accusant d’inciter à la domination « gentile »
de l’Utah. Par la suite, Godbe, dont le manque d’orthodoxie
doctrinale pose un problème supplémentaire, est
excommunié. Bien qu’ayant rejeté la solution
godbeite, Brigham Young reconnaît les réalités de
la nouvelle situation économique et lance une série de
programmes pour renforcer la solidarité spirituelle et
l’indépendance économique.
Une
partie du programme de Brigham Young comprend l’organisation de
l’École des Prophètes en 1867. L’École
des Prophètes originelle avait été fondée
en 1833 par Joseph Smith pour donner un enseignement aux adultes et
pour se préparer pour le temple. Dans l’organisation
d’Utah, les discussions sur la théologie s’accompagnent
de l’adoption d’un programme économique. Les
Écoles des Prophètes enseignant aux propriétaires
fonciers les méthodes pour s’assurer des titres de
propriété, sollicitent des contributions en main
d’œuvre et en fonds pour financer des chemins de fer
secondaires, créent des coopératives de vente et de
fabrication locales, poussent à la diminution des salaires
pour permettre une plus grande exportation des marchandises d’Utah,
organisent le boycott des établissements des gentils hostiles
et exigent des membres qu’ils s’engagent à
observer la Parole de Sagesse. Les Écoles passent aussi des
contrats avec les chemins de fer de l’Union Pacific et du
Central Pacific pour créer l’infrastructure de la ligne
transcontinentale en Utah, limitant ainsi l’afflux de
travailleurs non-mormons et apportant des revenus en argent liquide
aux saints des derniers jours. Au bout de quelques années,
avec le changement de la situation économique, ces
organisations vont graduellement disparaître.
Ce
qui va être plus permanent que les Écoles des Prophètes,
ce sont les organisations que Brigham Young crée pour les
femmes et les jeunes de l’Église. Entre la renaissance
de la Société de secours en 1867 et la mort de Brigham
Young une décennie plus tard, la présidente générale,
Eliza R. Snow, aidant les évêques à constituer
les organisations locales, la société se répand
dans toutes les colonies de l’Église du Grand Bassin. En
plus de ses buts charitables, la Société de secours
travaille avec les Écoles des Prophètes pour encourager
l’industrie locale et déconseiller l’achat des
importations. Parmi les réalisations principales de la Société
de secours, il y a le commencement d’un programme de stockage
du blé, le lancement de la culture de la soie, la fondation du
Woman’s Exponent, la construction de salles pour la Société
de secours dans la plupart des colonies, la mise sur pied d’un
magasin de distribution pour les industries locales et l’appui
impressionnant de la formation médicale des femmes (voir
Maternité et soins de santé des enfants). Les
dirigeantes de la Société de secours participent aussi
activement à la campagne pour le suffrage des femmes et en
Utah les femmes vont être les secondes après les femmes
du Wyoming à recevoir le droit de vote.
En
1869, Brigham Young crée, pour les jeunes filles, une
organisation portant le nom peu maniable de « Département
des jeunes demoiselles de l’Association coopérative de
retranchement ». Il exhorte les jeunes filles à
éviter toute extravagance et à « cesser
d’accorder [leur] clientèle au négociant qui
envoie [leur] argent hors du Territoire pour de beaux vêtements
faits dans l’Est » (Susa Young Gates, History of the
Young Ladies Mutual Improvement Association of the Church, p. 9 [Salt
Lake City, 1911]). La Société d’amélioration
mutuelle des Jeunes Filles, comme on l’appellera plus tard, va
devenir une organisation s’occupant principalement d’activités
culturelles, sociales et religieuses (voir Jeunes Filles ;
Association de retranchement).
Après
l’achèvement du chemin de fer transcontinental en 1869,
l’Union Pacific et le Central Pacific ne respectent pas leurs
engagements contractuels concernant l’infrastructure. Les
pertes pour l’économie mormone sont massives :
$500.000 en liquide et des pertes cumulées encore plus grandes
pour les sous-traitants, les commerçants et les ouvriers. Pour
essayer de compenser ces pertes, les dirigeants de l’Église
financent des chemins de fer dans le territoire en utilisant le fer,
le matériel de construction et le matériel roulant pour
une valeur d’un demi million de dollars dont la Union Pacific
en faillite s’était servi pour payer ses obligations.
Ces chemins de fer apporteront du profit en Utah, mais leur succès
ne soulagera pas complètement l’amertume que les saints
auront ressentie à l’égard des revers causés
par le chemin de fer transcontinental.
En
plus d’intensifier son appel à pratiquer l’industrie
locale et à boycotter les marchands non-mormons au moment où
le chemin de fer se rapproche de l’Utah, Brigham Young met sur
pied un système coopératif de vente. En octobre 1868,
il organise la Zion’s Cooperative Mercantile Institution (ZCMI)
pour « apporter des marchandises ici et les vendre aussi
bon marché qu’il est possible de le faire et que les
bénéfices soient répartis parmi l’ensemble
du peuple » (Arden Olsen, History of the Mormon Mercantile
Cooperation in Utah, p. 80 [thèse de doctorat, université
de Californie, Berkeley, 1935]). Largement soutenu, le nouveau grand
magasin va devenir une entreprise profitable qui reste le plus grand
détaillant de Salt Lake City. Des succursales sont créées
dans beaucoup de localités, de même que d’autres
coopératives : tanneries, meuneries, laiteries,
boucheries, banques, usines sidérurgiques, scieries, fabriques
de laine et usines de coton. Tout cela va aider les saints à
retarder d’une décennie la mainmise « extérieure »
que l’arrivée du chemin de fer présage.
Le
succès remarquable du Mouvement Coopératif va inspirer
à Brigham Young l’idée qu’une renaissance
de « l’Ordre uni d’Hénoc »,
longtemps son but, pourrait maintenant être réalisable.
Inauguré par Brigham Young pendant l’hiver de 1873-1874,
le Mouvement de l’Ordre est inspiré par le désir
d’imiter les tentatives de vivre la loi de consécration
dans les années 1830 et par le succès de la coopérative
de Brigham City. Sous la direction de Lorenzo Snow, Brigham City
était devenue autonome à quatre-vingt-cinq pour cent,
effectuant pratiquement toute l’agriculture, la construction,
la fabrication et le commerce dans la région environnante.
Presque toute la population était employée dans les
divers départements de la coopérative et était
rémunérée par des produits plutôt que par
de l’argent liquide. La Coopérative de Brigham City
avait eu tant de succès qu’elle n’avait quasiment
pas été affectée été par la
panique financière de 1873.
Brigham
Young lance donc le mouvement de l’Ordre Uni et plus de 200
ordres sont créés dans tout l’Utah, le sud de
l’Idaho, le nord de l’Arizona et le Nevada. Du fait qu’il
laisse le fonctionnement de ces ordres entre des mains locales,
plusieurs types différents apparaissent. Certains, comme
Orderville, dans le sud de l’Utah, sont presque totalement
communaux. Dans les villes plus grandes, où les ordres
communaux fortement structurés sont impossibles, les diverses
paroisses financent différentes entreprises coopératives,
telles que des fermes ou des usines et échangent ensuite les
produits. Les manifestations de l’Ordre Uni d’Hénoc
varient, mais elles représentent un effort véritable du
peuple pour devenir « un » comme le
commandaient les premières révélations. Comme
dans le cas de presque toutes les entreprises volontaires de cette
nature, ces ordres vont finir par se dissoudre en raison de tensions
internes et de pressions externes. Le mouvement lui-même prend
fin en 1877, bien que quelques ordres, comme celui d’Orderville,
continuent pendant une décennie encore.
Avant
sa mort en 1877, Brigham Young aura vu la réalisation d’une
de ses aspirations les plus sacrées : l’achèvement
d’un temple en Utah. Toute l’importance des temples et de
leurs ordonnances remonte à la période de Nauvoo, quand
Joseph Smith a introduit le baptême pour les morts, le mariage
pour l’éternité et un ensemble d’instructions
religieuses et d’alliances appelé dotation. Depuis
l’abandon du temple de Nauvoo en 1846, Brigham Young rêve
d’un temple dans l’Ouest. En arrivant dans la vallée,
il consacre, à Salt Lake City, un terrain pour un temple, mais
il faudra quarante ans pour terminer cet imposant édifice. En
attendant, une Maison des dotations provisoire, construite en 1855,
fournira un endroit pour les ordonnances sacrées. Après
avoir décidé de construire un édifice moins
imposant dans le sud, Brigham Young consacrera le temple de
St-George, achevé le 6 avril 1877. Pendant la décennie
qui suivra sa mort, deux temples supplémentaires seront
construits en Utah (Logan et Manti) avant que le temple de Salt Lake
City ne soit finalement consacré en 1893.
Après
la consécration du temple de St-George, Brigham Young lance
une réorganisation massive de l’Église,
principalement au niveau local, clarifiant et redéfinissant,
par la même occasion, les responsabilités de la
prêtrise. Toutes les paroisses et tous les pieux sont touchés
et la plupart reçoivent de nouveaux dirigeants.
Quand
il meurt, le 29 août 1877, Brigham Young a amené les
saints des derniers jours à un point culminant de croissance
dans leur retraite et leur royaume de montagne. Ses dernières
paroles, « Joseph ! Joseph ! Joseph ! »
sont appropriées pour quelqu’un qui a vécu sa
vie, comme il le disait souvent, en tant qu’apôtre de
Jésus-Christ et de Joseph Smith. À sa façon
parfois inflexible, Brigham Young aura travaillé pendant plus
de quarante ans pour atteindre les buts de Joseph Smith. Les saints
sont parvenus à un pouvoir économique et politique
unifié, même s’ils vont bientôt être
forcés de se plier face à une pression fédérale
persistante. Chose plus importante encore, en affrontant
courageusement leurs difficultés et en poursuivant leurs rêves
dans le désert, ils sont devenus un peuple fort, solidaire et
plein de foi. Attaché à l’idéal
évangélique quel qu’en soit le coût, il
laissera un héritage qui continue à inspirer les saints
des derniers jours du monde entier.
Bibliographie
Ouvrages
généraux sur cette période : Leonard J.
Arrington, Brigham Young, American Moses, New York, 1985 et Great
Basin Kingdom, Cambridge, Mass., 1958 ; Eugene E. Campbell,
Establishing Zion : The Mormon Church in the American West,
1847-1869, Salt Lake City, 1988 ; Dean L. May, Utah : A
People’s History, Salt Lake City, 1987 et un bref compte rendu
dans Leonard J. Arrington et D. Michael Quinn, “The Latter-day
Saints in the Far West, 1847-1900”, dans F. Mark McKiernan,
Alma R. Blair et Paul M. Edwards, dir. de publ., The Restoration
Movement : Essays in Mormon History, Lawrence, Kans., 1973, p.
257-270.
En
plus de nombreux articles sur le sujet dans le Journal of Mormon
History, BYU Studies, Dialogue, Sunstone et le Utah Historical
Quarterly, voir : Richard E. Bennett, mormons at the Missouri
1846-1852, Norman, Okla., 1987, pour la période débouchant
sur la colonisation de l’Utah ; Wallace Stegner, The
Gathering of Zion, New York, 1964, récit classique de
migration vers l’Utah ; Leonard J. Arrington, Feramorz Y.
Fox et Dean L. May, Building the City of God : Community and
Cooperation Among the mormons, Salt Lake City, 1976, qui se concentre
sur le communautarisme ; et Norman F. Furniss, The Mormon
Conflict, 1850-1859, New Haven, Conn., 1960, la meilleure étude
sur la Guerre d’Utah.
Histoire
de l’Église : 1878-1898, Fin de la période
pionnière d’Utah
Auteurs :
SESSIONS, GENE A. et HARTLEY, WILLIAM G.
[Cet
article traite de la période de tension et d’adaptation
qui suit la mort de Brigham Young, période au cours de
laquelle l’Église doit affronter une forte pression
visant à l’obliger à se conformer aux mœurs
américaines contemporaines. Après présentation
d’une vue d’ensemble de la période, l’article
traite des changements d’organisation, des programmes
économiques, de la création de nouvelles colonies de
saints des derniers jours et de l’œuvre missionnaire,
puis se concentre sur le conflit au sujet de la polygamie,
aboutissant au Manifeste de 1890 qui annonce la fin officielle du
mariage plural. Le Manifeste est suivi de la question de l’autonomie
de l’Utah (voir Utah l’État d’), de
l’extension du prosélytisme, des tentatives de
consolider l’éducation religieuse (voir Académies)
et d’une participation plus limitée de l’Église
à la vie économique (voir Économie pionnière).
Pour
comprendre la vie quotidienne et ce que signifie être saint des
derniers jours pendant cette période, voir Vie pionnière
et Histoire sociale et culturelle et cultuelle. Pour des
renseignements supplémentaires sur la colonisation de
nouvelles régions par l’Église, voir les
rubriques sur les colonies pionnières dans Mexique et Amérique
Centrale, l’Église au, Canada, l’Église au,
et Arizona, colonies pionnières en, Colorado, colonies
pionnières au, Idaho, colonies pionnières au, Nevada,
colonies pionnières au, Nouveau-Mexique, colonies pionnières
au, et Wyoming, colonies pionnières au. Sur les événements
relatifs au mariage plural, voir : Histoire juridique et
judiciaire de l’Église ; Législation contre
la polygamie ; Reynolds contre les États-Unis ; et
Manifeste de 1890.]
Pendant
la période de croissance, de problèmes graves et de
changements marquants de 1878-1898, l’Église affronte de
nombreuses difficultés sous les présidents de l’Église
John Taylor et Wilford Woodruff. La décision de la Cour
suprême en 1879, confirmant la législation contre la
polygamie introduit une décennie d’une application de
plus en plus féroce de lois de plus en plus dures. Face à
la persécution par le gouvernement et dans une tentative
d’obtenir l’autonomie en accédant au rang d’état,
l’Église prend des mesures pour mettre fin à la
pratique du mariage plural et pour abandonner son contrôle
jadis ferme de la politique et de l’économie du
Territoire d’Utah. Dans les années 1890, le Territoire
d’Utah et ses résidants mormons prennent le chemin de
« l’américanisation ».
Bien
que cette période soit caractérisée par son
affrontement prolongé avec le gouvernement fédéral,
elle l’est aussi de manière frappante par la croissance.
La population de l’Église double (de 115.065 à
229.428), de même que le nombre de pieux (20 à 40) et de
paroisses (252 à 516). Les colonies de saints vont jusqu’au
Mexique et au Canada. Les efforts missionnaires augmentent et le
nombre de missions s’accroît (de 8 à 20).
L’activité des collèges de la prêtrise
devient plus ordonnée et plus normalisée. Les Autorités
générales assistent régulièrement aux
conférences trimestrielles de pieu et aux conférences
de paroisse. Les organisations auxiliaires se généralisent
dans les pieux et les paroisses, et des présidences et des
bureaux généraux d’auxiliaires sont désignés.
L’Église termine aussi trois temples, portant le total
en Utah à quatre.
Après
la mort du président Young en août 1877, le Collège
des douze apôtres n’organise pas immédiatement une
nouvelle Première Présidence. John Taylor préside
l’Église comme président des Douze jusqu’en
octobre 1880. Sous sa direction, les Douze achèvent la
réorganisation des paroisses et des pieux commencée par
le président Young.
Ils
étendent aussi les organisations auxiliaires. En 1880, ils
choisissent trois des leurs (Wilford Woodruff, Joseph F. Smith et
Moses Thatcher) pour former une surintendance générale
de la Société d’amélioration mutuelle des
Jeunes Gens (SAMJG ; voir Jeunes Gens) et pour superviser de
nouveaux bureaux ou comités centraux de la SAMJG créés
d’abord pour les comtés et plus tard pour les pieux.
L’Association de Retranchement des Demoiselles devient en 1878
la Société d’amélioration mutuelle des
Jeunes Filles (SAMJF) avec la création de bureaux dans les
pieux à partir de cette année et le début, en
1880, d’une organisation dans toute l’Église avec
Elmina S. Taylor comme présidente (voir Jeunes Filles). La
Primaire, une nouvelle organisation pour le profit des enfants, est
lancée en 1878 à Farmington (Utah). Après que
d’autres paroisses ont copié le programme, une Primaire
est créée en 1880 au niveau de l’Église,
dirigée par Louie B. Felt. Eliza R. Snow, présidente de
la Société de secours, continue à diriger
l’œuvre de toutes les femmes dans l’Église,
qui comprend maintenant la SAMJF et la Primaire. George Q. Cannon, de
la Première Présidence, reste, tout au long de cette
période, surintendant général des Écoles
du Dimanche. Les Écoles du Dimanche, la Société
de secours, et la SAM sont organisées dans les îles
Britanniques et en Scandinavie à partir de la fin des années
1870 et du début des années 188.
Les
complications juridiques entourant la succession du domaine de
Brigham Young deviennent un gros problème pour les Douze.
Lorsque la législation fédérale avait sévèrement
limité les avoirs fonciers de l’Église, le
président Young avait été à la tête
d’un mélange compliqué de biens personnels et de
propriétés de l’Église. En 1879, ses
héritiers et l’Église finiront par régler
la question par compromis en dehors des tribunaux.
En
1880, son cinquantième anniversaire, l’Église
proclame une année de jubilé, modelée sur une
coutume hébraïque antique, pour soulager les pauvres.
Elle efface des livres pour $802.000 de dettes auprès du Fonds
perpétuel d’Émigration, la moitié du total
encore dû. En plus de distribuer du bétail et des
moutons aux nécessiteux, les autorités remettent aux
pauvres dignes la moitié de leur dîme impayée. La
Société de secours prête aussi près de
1250 tonnes de blé provenant de ses réserves pour aider
les fermiers touchés par la sécheresse.
Après
avoir dirigé l’Église pendant trois ans, John
Taylor et les Douze réorganisent, en octobre 1880, une
Première Présidence : John Taylor, président
de l’Église, avec George Q. Cannon et Joseph F. Smith,
qui avaient précédemment fait partie de la Première
Présidence sous Brigham Young, comme conseillers.
Les
révélations données au président Taylor
en 1882 et 1883 conduisent à une réorganisation des
soixante-dix. Pour la première fois, les soixante-seize
collèges locaux sont organisés sur une base
géographique, inscrivant tous les soixante-dix dans leurs
limites respectives. En outre, entre 1884 et 1888, vingt-cinq
nouveaux collèges sont créés. Cette
réorganisation redonne une vitalité aux soixante-dix,
et le nombre de soixante-dix qui remplissent une mission à
plein temps augmente directement après la mise en application
du changement.
Cette
période voit aussi une augmentation des publications liées
à l’Église. Deux nouveaux magazines desservent
les jeunes : The Contributor (1879-1896) pour les jeunes gens et
The Young Woman’s Journal (1889-1929) pour les jeunes filles.
Le Morgenstjernen (1882-1885), une publication historique en danois,
continue en anglais sous le titre The Historical Record (1886-1890).
L’École du Dimanche publie son premier cahier de musique
(1884) et le Livre de Mormon paraît pour la première
fois dans une traduction suédoise (1878). En 1880, l’Église
accepte par vote la Perle de grand prix comme Écriture, ce qui
lui donne le quatrième de ses ouvrages canoniques. Elle publie
aussi, en 1879, des éditions du Livre de Mormon et des
Doctrine et Alliances, avec les divisions en chapitres et versets,
les correspondances et les notes d’Orson Pratt.
Le
président Taylor met aussi en application un nouveau programme
économique. Moins rigidement structuré que les ordres
unis précédents, il assure l’équilibre
entre l’entreprise privée et la planification économique
de groupe. La Chambre centrale de Commerce de Sion stimule l’activité
économique coopérative en favorisant le commerce, en
cherchant de nouveaux marchés, en fournissant des informations
aux fermiers et aux fabricants, en empêchant une concurrence
nuisible à l’industrie locale et parfois en réglementant
les salaires et les prix. Les chambres de commerce de pieu
travaillent en coordination avec l’agence centrale.
Malheureusement, en 1885, les croisades antimormones vont forcer ces
chambres de commerce à se dissoudre. Edward Hunter, pionnier
et évêque président, qui est en fonction depuis
les années 1850, décède en 1883 et est remplacé
en 1884 par William B. Preston.
Pendant
les années 1880, la Société de secours continue
à élaborer des programmes qui ont commencé dans
les années 1870: entreposage de blé, entretien des
salles de Société de secours et des magasins de
distribution de paroisse, gère des programmes de formation
d’infirmières et d’obstétrique, supervise
les organisations pour les enfants et les jeunes filles, veille au
bien-être spirituel des femmes de l’Église et
améliore le soin permanent des pauvres. Les nouveautés
sont l’ouverture, en 1882, de l’hôpital de Deseret,
deuxième hôpital d’Utah, le premier géré
par l’Église. La mort de d’Eliza R. Snow en 1887
marque la fin d’une ère pour la Société de
secours ; en 1888, Zina Diantha H. Young la remplace comme
présidente.
Malgré
des problèmes graves, les dirigeants de l’Église
tiennent toujours à apporter les bénédictions
des temples à un plus grand nombre de saints. Pour ajouter à
l’unique temple en fonctionnement à St-George, John
Taylor consacre, le 17 mai 1884, le temple de Logan, deuxième
en Utah. Construit principalement à l’aide de dons en
argent, en matériaux et en main d’œuvre, il va
coûter $800.000 environ. Un troisième temple, à
Manti (Utah), construit pour un coût de près de $1
million, est consacré en 1888 par Lorenzo Snow, membre du
Collège des Douze. Les travaux continuent aussi sur le grand
temple de Salt Lake City, commencé en 1853, mais achevé
seulement en 1893.
La
colonisation se poursuit. Entre 1876 et 1879, pas moins de cent
nouvelles colonies sont créées en dehors de l’Utah
et plus de vingt à l’intérieur du Territoire. Les
colonies de saints en Arizona augmentent rapidement. Les pieux créés
en 1878 et 1879 à proximité de la Little Colorado River
sont absorbés, en 1887, par les pieux nouvellement créés
de St-Johns et de Snowflake. Entre-temps, le long des Gila et Salt
Rivers, les pieux de St-Joseph et de Maricopa sont créés
1883. De nouvelles colonies de saints apparaissent au Nevada, dans
l’est de l’Utah, où le pieu d’Emery est créé
en 1882 et dans le sud-est de l’Utah et les régions
voisines du Colorado et du Nouveau-Mexique, où le pieu de San
Juan est créé en 1883. Beaucoup de convertis venus des
États du sud s’installent dans la San Luis Valley, dans
le centre-sud du Colorado et, en 1883, leurs colonies deviennent le
pieu de San Luis.
Les
poursuites judiciaires en matière de polygamie amènent
les dirigeants de l’Église à fonder des colonies
au Mexique et au Canada, hors de portée des lois des
États-Unis. Après la visite du président Taylor
en 1885 au Mexique, des centaines de saints vont affluer au Chihuahua
et créer des villages dans une région que l’on
appelle encore aujourd’hui « les colonies mormones »
du Mexique (voir Mexique, colonies pionnières au). Ces
colonies font d’abord partie de la mission mexicaine. En une
décennie, plus de 3.000 saints vont s’y installer,
d’autres colonies vont être fondées et en décembre
1895, le pieu de Juarez est créé pour diriger les
saints dans les colonies mexicaines.
Sur
instructions du président Taylor, Charles Ora Card, président
du pieu de Cache, découvre en 1886 un lieu de refuge dans le
sud de l’Alberta pour les colons de l’Église (voir
Canada, colonies pionnières des saints au). Le printemps
suivant, des colons venus d’Utah fondent Cardston, à
vingt-deux kilomètres au nord de la frontière des
États-Unis. Des colonies apparaissent tout près à
Aetna (1888) et à Mountain View (1893). En juin 1895, le pieu
d’Alberta devient le premier pieu organisé en dehors des
États-Unis (à l’exception du pieu de Salt Lake
City, alors situé en territoire mexicain).
L’œuvre
missionnaire connaît un succès impressionnant et apporte
des problèmes frustrants. Entre 1879 et 1889, l’Église
gère, au Mexique, une petite mission qui connaît quelque
242 convertis. En Nouvelle-Zélande, une branche est organisée
en 1883 chez les Maoris. En 1884, Jacob Spori ouvre la mission
turque, qui comprend la Palestine. Le nombre des missionnaires à
destination de l’Europe augmente. Le rassemblement de convertis
européens en Utah continue en dépit de la publicité
anti-mormone qui incité les autorités américaines
à demander aux gouvernements européens d’empêcher
les mormons d’émigrer. Aucune suite ne sera donnée
à cette demande.
Après
l’organisation d’une mission des États du Sud en
1875, les conversions donnent de temps en temps lieu à des
violences. Les missionnaires sont chassés de certaines
localités et, en 1879, des émeutiers de Géorgie
tuent Joseph Standing. En 1884, à Cane Creek, au Tennessee,
des émeutiers assassinent deux missionnaires et deux résidants
qui manifestent de l’intérêt pour
l’Église.
Voulant voir
leur histoire racontée
équitablement, les dirigeants de l’Église
fournissent des renseignements considérables à
l’historien californien Hubert Howe Bancroft. La History of
Utah de Bancroft (1889) est l’une des premières
histoires écrites par un véritable historien non mormon
à traiter l’Église avec impartialité.
En
1879, la Cour suprême confirme le caractère
constitutionnel de la loi contre la Bigamie de 1862, affirmant
l’illégalité du mariage plural (voir Reynolds
contre les États-Unis). De nouvelles lois sont passées,
les poursuites deviennent plus acharnées et les maris et pères
polygames se retrouvent devant quatre choix : abandonner leurs
familles, entrer dans la clandestinité, affronter les
poursuites judiciaires ou quitter les États-Unis. En dépit
de cette crise, le président Taylor, déclarant que
quand les lois de l’homme et celles de Dieu sont en conflit, il
obéit à Dieu, refuse d’abandonner ses propres
familles plurales ou de dire aux autres frères d’abandonner
les leurs. Les attaques contre la polygamie, souvent menées
par des organisations religieuses, viennent de toutes parts. Quand
les groupes nationaux de femmes insistent auprès du président
Rutherford B. Hayes pour qu’il poursuive les polygames de
l’Utah, 2.000 femmes de l’Église signent une
résolution affirmant que le mariage plural est une pratique
religieuse protégée en vertu de la Constitution.
L’hostilité
entre les saints et les gentils couve au niveau national et en Utah.
La pression publique amène le Congrès à passer
en 1882 la loi Edmunds, qui impose jusqu’à cinq ans
d’emprisonnement et $500 d’amende pour polygamie et
jusqu’à six mois et $300 d’amende pour
cohabitation illégale (voir Lois contre la polygamie). Les
personnes pratiquant la polygamie ou la cohabitation illégale
perdent leurs droits civiques, ne pouvant faire partie d’un
jury, détenir une fonction publique et voter. La loi crée
un conseil de cinq commissaires pour gérer l’enregistrement
des électeurs et les élections. Elle déclare
légitimes les enfants nés des polygames avant le 1er
janvier 1883 et donne au président le pouvoir d’accorder
des amnisties à sa discrétion.
La
Commission d’Utah commence son travail en 1882 en déclarant
que quiconque a jamais pratiqué le mariage plural, même
avant la loi de 1862 contre la bigamie, ne peut pas voter. Comme la
commission exige des électeurs de faire un « serment-test »
jurant qu’ils ne violent pas la loi, dans l’année
la loi va priver de leurs droits plus de 12.000 saints des derniers
jours. Mais en 1885, la Cour suprême des États-Unis
décidera que ce serment-test est anticonstitutionnel.
La
croisade judiciaire contre des polygames va gravement perturber la
société de l’Église en Utah, en Idaho et
en Arizona. Les polygames et leurs familles vont beaucoup en
souffrir, de même que l’Église comme organisation.
Des maris et des pères sinon respectueux des lois – et
certaines épouses et certains enfants – se réfugient
dans une « clandestinité » mormone, se
déplaçant fréquemment d’un endroit à
l’autre pour échapper aux federal marshalls pourchassant
les « cohabs ». Les saints créent des
cachettes secrètes dans les maisons, les granges et les
champs, des codes pour s’avertir mutuellement et des guetteurs
à l’affût des marshalls. Les « deps »
(deputy marshalls, officiers de police adjoints) fédéraux
se déguisent en marchands ambulants ou en recenseurs et
engagent leurs propres guetteurs pour interroger les enfants et les
voisins et pour violer la vie privée des foyers. Des
récompenses sont offertes pour chaque cohab capturé.
Les familles souffrent, en particulier les épouses livrées
à elles-mêmes pour entretenir les cultures tandis que
leurs maris se cachent. Les épouses qui refusent de témoigner
contre leurs maris sont incarcérées. Hommes, femmes et
enfants connaissent de longues périodes de privation et de
peur.
En
Utah, entre 1884 et 1893, 939 saints iront en prison sur des
accusations relatives à la polygamie. En Idaho et en Arizona
les saints sont poursuivis avec la même férocité.
Quand les prisons de l’Arizona sont pleines, les cohabs sont
envoyés dans un pénitencier de Detroit. Un Utahan,
Edward M. Dalton, est tué par un adjoint lancé à
sa poursuite, ce qui aigrit les saints contre le gouvernement. Ce
sera aussi le cas suite à une décision de la Cour
suprême des États-Unis qu’un homme qui a cessé
de vivre avec son épouse mais qui lui a fourni nourriture et
abri est coupable de cohabitation.
La
croisade perturbe considérablement les activités
normales de l’Église. Le président Taylor évite
de se faire arrêter en voyageant. Dans son dernier sermon
public, il condamne ce qu’il qualifie d’outrage
judiciaire, après quoi il entre dans la clandestinité.
Plusieurs apôtres vont en exil, faisant des missions spéciales
dans des régions isolées de l’Ouest, au Mexique,
au Canada et à Hawaï. Plusieurs autres font une mission
en Europe et auprès des Amérindiens. Beaucoup de
présidents de pieu et d’évêques essaient de
même d’éviter l’arrestation.
Entre
1884 et 1887, des conférences générales sont
tenues à Provo, à Logan et à Coalville plutôt
qu’à Salt Lake City, pour aider les participants à
éviter l’arrestation. Peu d’Autorités
générales sont présentes. Franklin D. Richards,
un apôtre qui ne risque pas l’arrestation parce que son
épouse plurale est morte, préside certaines des
conférences. Les épîtres générales
du président Taylor et du président Cannon donnent des
directives aux conférences.
Le
président Taylor dirige l’Église par lettre.
Pendant plus de deux ans, il va rester dans la clandestinité,
séparé de la plus grande partie de sa famille et de ses
amis. Il meurt caché à Kaysville (Utah), le 25 juillet
1887, après avoir été Autorité générale
pendant près de quarante-neuf ans. À sa mort, les
marshalls fédéraux auront fait des descentes dans
presque toutes les colonies d’Utah, des centaines de saints se
seront réfugiés au Mexique ou au Canada et presque tous
les dirigeants auront dû se cacher. À son enterrement à
Salt Lake City, on l’honorera comme double martyre dont le sang
a été versé à la prison de Carthage avec
Joseph et Hyrum Smith et qui est ensuite mort en exil à cause
de la persécution du gouvernement.
Une
fois de plus, le Conseil des Douze, dirigé par Wilford
Woodruff, le doyen des apôtres, va prendre le gouvernail de
l’Église et en orienter le cours, en grande partie
depuis la clandestinité jusqu’à ce qu’il
organise une nouvelle Première Présidence à la
conférence générale d’avril 1889. Wilford
Woodruff devient président de l’Église et George
Q. Cannon et Joseph F. Smith sont ses conseillers. Ce sera la
dernière fois que les Douze auront postposé la
réorganisation de la Première Présidence à
la mort du président. En décembre 1892, le président
Woodruff, déclarant qu’un retard prolongé n’est
pas agréable au Seigneur, invite Lorenzo Snow, le doyen des
apôtres, à réorganiser immédiatement à
sa mort.
Les
dirigeants politiques nationaux, voyant que l’Église ne
se plie pas à la loi, le Congrès décrète
en 1887 une mesure plus radicale, la loi Edmunds-Tucker, qui vise à
détruire l’Église en tant qu’entité
politique et économique afin de forcer les saints à
abandonner le mariage plural. La loi dissout l’Église en
tant qu’entité juridique, exige la confiscation de toute
propriété dépassant $50.000, dissout la
Compagnie du Fonds perpétuel d’Émigration et en
réclame la propriété, et met fin à la
Légion de Nauvoo (milice territoriale). Pour faciliter les
poursuites, la loi exige la présence obligatoire des témoins
aux procès et confirme qu’il est légal de forcer
les épouses à témoigner contre leurs maris. Les
juges de validation du comté, qui procèdent à la
constitution des jurys, doivent être nommés par le
président des États-Unis. Des fonctionnaires désignés
par le fédéral prennent la direction des écoles.
Des tribunaux de validation certifient tous les mariages. Le décret
déshérite tous les enfants nés des mariages
pluraux un an ou plus après le passage de la loi. Le suffrage
des femmes est aboli et un nouveau serment-test est élaboré.
Personne ne pourra voter, faire partie d’un jury ou exercer un
mandat public sans signer un serment de soutien des lois contre la
polygamie.
Les
représentants fédéraux de la loi s’efforcent
avec zèle d’arrêter et emprisonner les dirigeants
de l’Église. Le président Woodruff reste dans la
clandestinité près de St-George (Utah), dirigeant
l’Église par courrier et par réunions privées.
George Q. Cannon, premier conseiller du président Woodruff,
est arrêté en février 1886, obtient sa libération
sous caution, puis disparaît dans la clandestinité
jusqu’en 1888 quand il se rend à un juge plus clément.
Il passe 175 jours en prison et paie une amende de $450. Les visites
étant permises en prison, il peut gérer beaucoup
d’affaires de l’Église et d’affaires
personnelles. Il supervise les Écoles du Dimanche et finit
d’écrire une biographie de Joseph Smith. Sa présence
donne du courage aux autres cohabs de la prison. Les saints des
derniers jours considèrent ces prisonniers comme des martyrs
et leur offrent une réception de gala quand ils sont libérés.
Les
arrestations sont un problème, mais ce qui fait le plus de
tort à l’Église, c’est son incapacité
d’acquérir et d’utiliser des fonds pour promouvoir
son œuvre et la perte des droits politiques. Pour protéger
de la confiscation des biens personnels fonciers pour une valeur de
$3 millions, l’Église demande à des membres
éminents de prendre en charge la propriété de
certains biens à titre d’administrateurs. Des
associations sans but lucratif se créent pour détenir
les propriétés, notamment les trois temples de l’Utah.
Des associations de paroisse et de pieu reprennent les églises,
les maisons de dîme et le bétail locaux de l’Église.
Beaucoup de pieux créent des académies avec la dîme
que l’Église leur confie.
Les
receveurs fédéraux confisquent pour environ $800.000 de
propriétés non confiées à des privés
ou à des associations et ensuite rendent à l’Église
certaines propriétés à titre locatif, comme le
Temple Block à Salt Lake City. Les dirigeants de l’Église
mettront à l’épreuve le caractère
constitutionnel des confiscations, mais en 1890 la Cour suprême
confirmera la nouvelle loi par un vote de 5 contre 4. La destruction
économique de l’Église paraît certaine.
Cette
croisade économique va de pair avec un assaut politique.
Toutes les femmes, des milliers de saints masculins et tous les
immigrants convertis ayant perdu leurs droits civiques, les
politiciens anti-mormons prennent le contrôle des gouvernements
d’Ogden et de Salt Lake City. En Idaho, pratiquement tous les
membres de l’Église ont perdu leurs droits civiques par
un serment-test exigeant d’eux qu’ils disent sous serment
qu’ils ne croient pas ou n’appartiennent pas à une
Église qui croit au mariage plural. Quand la Cour suprême
confirme en 1890 le serment-test de l’Idaho, les anti-mormons
présentent au Congrès le projet de loi Cullom-Struble
qui veut ôter leurs droits civiques à tous les saints
des derniers jours de partout (voir Histoire juridique et judiciaire
de l’Église).
Économiquement
paralysée, ses membres privés de leurs droits
politiques, l’Église se trouve devant des perspectives
d’avenir catastrophiques si elle ne met pas fin à sa
pratique du mariage plural. Le président Woodruff consulte les
dirigeants et prie avec ferveur pour savoir quoi faire. Après
réception d’une révélation divine, il
publie, le 24 septembre 1890, le Manifeste qui annonce la fin
officielle du mariage plural. « Le Seigneur, par la vision
et la révélation, m’a montré très
exactement ce qui se produirait si nous n’arrêtions pas
cette pratique, dira plus tard le président Woodruff. Il m’a
dit exactement quoi faire, et ce que serait le résultat si
nous ne le faisions pas » (Deseret Evening News, 14 nov.
1891). Le Manifeste affirme que l’Église a mis fin à
l’enseignement du mariage plural et ne permet pas de nouveaux
mariages pluraux. Le président Woodruff déclare qu’il
se soumet aux lois du pays et invite les membres de l’Église
à faire de même. À la conférence générale
du 6 octobre 1890, l’Église accepte le Manifeste.
Celui-ci sera intégré aux Doctrine et Alliances en
1908.
Parlant
pour la Première Présidence, George Q. Cannon explique
qu’une révélation de 1841 est d’application
en 1890 ; elle donnait pour instructions aux membres de l’Église
que quand des « ennemis tombent sur eux et les empêchent
d’accomplir cette œuvre, voici, il me convient de ne plus
la requérir de la part de ces… hommes, mais d’accepter
leurs offrandes » (D&A 124:49). La plupart des saints
accepteront la nouvelle directive, mais pas facilement et pas tous.
En effet, un nombre limité de nouveaux mariages pluraux vont
se faire au cours de la décennie suivante jusqu’à
ce que les dirigeants de l’Église déclarent que
quiconque persiste dans cette pratique risque l’excommunication.
Avec
la publication du Manifeste, les hostilités s’apaisent
et l’Église écrit une nouvelle ère de
coopération. Il sera généralement admis que les
maris ne seront pas tenus de répudier leurs épouses
plurales et leurs enfants, et les procureurs locaux deviendront très
cléments quand il s’agira de punir ceux qui sont accusés
de polygamie. Benjamin Harrison, président des États-Unis,
qui, en 1891, visite l’Utah et serre la main au président
Woodruff, accorde, en 1893, une amnistie limitée aux saints
suivie d’une amnistie générale accordée,
en 1894, par Grover Cleveland. Après le Manifeste et les
amnisties, les Autorités générales vont
reprendre leurs fonctions administratives normales.
Voulant
obtenir le statut d’État pour l’Utah, les
dirigeants de l’Église invitent les saints d’Utah
à se joindre aux partis politiques nationaux et à
devenir démocrates ou républicains. Un Congrès
républicain passe, en 1894, une loi d’habilitation que
le président démocrate Grover Cleveland signe. L’Utah
écrit une nouvelle constitution qui interdit le mariage plural
et assure la séparation de l’Église et de l’État.
Le 4 janvier 1896, l’Utah devient un état, presque
cinquante ans après que Brigham Young a réclamé
ce statut (voir Utah en tant qu’état).
En
1896, les Autorités générales acceptent un
« Manifeste politique » stipulant qu’aucune
d’elles ne se présentera pour un poste élu sans
l’approbation préalable des autorités présidentes
de l’Église. Quand Moses Thatcher, un apôtre,
refuse de signer le document, il est relevé du Collège
des Douze.
Pendant
les années 1890, le nombre de missionnaires de l’Église
va presque tripler. Dans le Pacifique, l’œuvre
missionnaire pénètre à Samoa en 1888 et au Tonga
en 1891. En 1898, la mission australasienne est divisée en
mission australienne et mission de Nouvelle-Zélande. Certains
saints hawaïens émigrent en Utah et créent une
colonie à Iosepa, dans l’ouest de l’Utah. L’œuvre
missionnaire reprend en Californie en 1892 et dans l’Est des
États-Unis en 1893. Le prosélytisme continue en Europe,
bien que l’émigration en provenance de là diminue
de 50% dans les années 1890 par rapport aux années
1880. Dans les années 1890, l’Église, bien ancrée
en Amérique et occupant la plupart des bonnes terres dans
l’Ouest, demande que l’émigration prenne fin et
que les convertis d’outre-mer édifient des pieux dans
leur patrie plutôt que de se rassembler en Sion.
La
loi Edmunds-Tucker renforce les écoles d’État,
qui excluent l’enseignement de la religion. En réaction,
l’Église commence à donner des cours de religion
après école dans les églises et fonde des
académies ou des lycées dans les colonies plus
importantes. Entre 1888 et 1891 on ouvre trente et une académies
de l’Église en Utah, en Idaho, en Arizona, au Canada et
au Mexique.
Les
années 1890 voient les femmes de l’Église étendre
leur action et démontrer leurs droits politiques. Continuant
leur affiliation aux mouvements des femmes dans l’Est, elles
deviennent membres du Conseil national des femmes et trouvent auprès
de leurs collègues de l’Est des alliées
importantes dans leur combat contre la privation des droits civiques.
Les efforts soutenus par la Société de secours pour
obtenir le droit de vote ont pour résultat que le suffrage des
femmes est garanti dans la Constitution de l’État d’Utah
de 1895.
Après
quarante ans, la construction du temple de Salt Lake City est
terminée et le temple est consacré en avril 1893. Après
de brèves portes ouvertes le 5 avril, première occasion
donnée aux non-membres de visiter un temple, l’édifice
sacré est consacré le 6 avril, quarante ans après
la pose de la pierre angulaire. Le service de consécration
sera répété entre le 6 avril et le 18 mai et
comprend cinq sessions réservées aux enfants en dessous
de l’âge du baptême ; quelque 75.000 saints
des derniers jours seront présents. Ensuite les membres de
l’Église n’entreront dans le temple que pour
accomplir des ordonnances pour les vivants et les morts. L’année
suivante, le président Woodruff annonce par révélation
que les groupes de familles n’ont plus besoin d’être
scellés par adoption à des dirigeants éminents
de la prêtrise (voir Loi de l’adoption), mais qu’ils
doivent être scellés par lignage en remontant aussi loin
que possible dans le temps. En conséquence, les membres vont
commencer à faire leur généalogie et à
accomplir des ordonnances de scellement pour leurs ancêtres sur
plusieurs générations. L’Église crée
la Société généalogique d’Utah pour
aider des chercheurs.
En
1893, le Chœur du Tabernacle de Salt Lake City, pendant qu’il
fait une grande tournée, chante à l’Exposition
universelle de Chicago et remporte le deuxième prix dans un
concours important. La Première Présidence entière
accompagne le chœur, ce qui est la première fois qu’un
président de l’Église se rend dans l’Est
depuis l’émigration vers l’Ouest presque cinquante
ans plus tôt. Cette représentation inaugure une nouvelle
image publique de l’Église, bien que cette même
année l’Église se voie refuser une représentation
au Parlement mondial des Religions, également réuni à
Chicago.
Il
y aura d’autres événements importants sous la
direction de Wilford Woodruff : en novembre 1896, le jour de
jeûne mensuel de l’Église passe du premier jeudi
au premier dimanche du mois, une pratique qui existe encore
aujourd’hui ; en 1897, la coutume du rebaptême prend
fin. La même année, Wilford Woodruff, lui-même
pionnier de 1847, préside la commémoration par toute
l’Église de l’entrée dans la vallée
du lac Salé cinquante ans auparavant. Salt Lake City organise
des célébrations avec des défilés, des
programmes, et l’inauguration d’un monument à
Brigham Young.
Pendant
les années 1890, l’Église et l’Utah
entrent, économiquement aussi bien que politiquement, dans la
société américaine. Beaucoup d’entreprises
coopératives deviennent privées et la plupart des
commerces patronnés par l’Église sont vendus ou
se lancent dans la concurrence en tant qu’entreprises
productrices de revenus. Mais l’intégration dans
l’économie nationale ne se fait pas sans douleur. La
précédente confiscation des propriétés et
la diminution du paiement de la dîme provoquées par la
croisade contre la polygamie ont fait beaucoup de mal à
l’Église, de même que la dépression
nationale de 1893. Les dirigeants sont forcés d’emprunter
massivement aux financiers de l’Est pour payer les dettes et
satisfaire aux obligations et en 1898 les dettes de l’Église
dépassent $1.250.000. Cependant, en dépit de la dette
et d’une dépression nationale, l’Église
favorise et investit dans des industries de base telles que la
fabrication de sucre de betteraves, l’énergie
hydroélectrique et un choix d’entreprises minières
et de transport pour étendre la base économique du
Grand Bassin et profiter aux collectivités des saints des
derniers jours (Voir Histoire économique de l’Église).
Avec
la fin des mariages pluraux et le fait que l’Utah devient un
État et entre dans le système général
américain en matière de politique et de finances, les
saints des derniers jours entrent de plein pied dans une nouvelle
ère. Quelque chose qui donne une idée du changement est
la réponse de l’Église à la guerre
hispano-américaine de 1898: la Première Présidence
invite les jeunes gens de l’Église à soutenir
l’effort national, démontrant ainsi le patriotisme et la
loyauté des saints.
Wilford
Woodruff décède le 2 septembre 1898, à San
Francisco, à l’âge de quatre-vingt-onze ans. Selon
ses instructions, une nouvelle Première Présidence est
immédiatement désignée, Lorenzo Snow devenant le
cinquième président de l’Église.
Bibliographie
Alexander,
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Saints, 1890-1930. Urbana et Chicago, 1985.
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Great Basin Kingdom : An Economic History of the Latter-day
Saints, 1830-1900. Lincoln, Neb., 1966.
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“Americanization” of Utah for Statehood. San Marino,
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Lyman, Edward
Leo. Political Deliverance : The
Mormon Quest for Utah Statehood. Urbana et Chicago, 1986.
Roberts,
B. H. A Comprehensive History of the Church of Jesus Christ of
Latter-day Saints, Century 1. Vol 6. Provo, Utah, 1965
(réimpression).
Histoire
de l’Église : 1898-1945, Transitions : Période
du début du vingtième siècle
Auteurs :
SADLER, RICHARD W. et WALKER, RONALD W.
[Au
moment où s’ouvre le nouveau siècle, les finances
de l’Église souffrent des séquelles de la
croisade fédérale contre la polygamie et le public
doute que sa proclamation récente de la cessation du mariage
plural soit vraiment entrée en vigueur. Après avoir
traité de l’évolution dans ces deux domaines, cet
article examine l’intégration des saints des derniers
jours dans la société américaine, notamment la
position de l’Église sur la guerre et la paix. Il passe
aussi en revue les efforts de systématisation qui accompagnent
la croissance régulière tout au long de cette période.
En
plus des correspondances qui se trouvent dans le texte, les articles
généraux sur le sujet sont : Organisation :
Histoire de l’organisation et de l’administration et
Histoire économique de l’Église. Une fête
du Centenaire accompagne le centième anniversaire de l’Église
en 1930. Lorenzo Snow, Joseph F. Smith et Heber J. Grant sont les
présidents de l’Église pendant cette période.]
L’Église
aborde le vingtième siècle en état de siège
et dans l’isolement. L’expérience des saints
jusqu’ici est constituée d’une fondation, d’un
exode vers l’Ouest américain isolé, de la
création à cet endroit d’un royaume spirituel et
temporel de Dieu et d’affrontements avec une société
américaine peu compréhensive et souvent hostile.
Pourtant l’année 1898 est une plaque tournante. Après
la mort de Wilford Woodruff en septembre, Lorenzo Snow (1898-1901)
lui succède et entreprend une série de changements
visant à produire un renouveau et une redéfinition.
Avec ses successeurs, Joseph F. Smith (1901-1918) et Heber J. Grant
(1918-1945), il réagit aux changements radicaux de la première
moitié du vingtième siècle et s’efforce de
préserver les vieilles valeurs dans un monde en mutation
rapide. Il en résulte qu’au milieu du siècle
l’Église est acceptée et intégrée
dans la société américaine, et qu’elle est
plus vigoureuse et plus vivante que personne sauf ses défenseurs
les plus vigoureux aurait pu le prévoir un demi-siècle
plus tôt.
Les
finances constituent le problème le plus urgent. La croisade
contre la polygamie (voir Législation contre la polygamie) a
gravement détérioré les revenus et les capitaux,
d’abord par l’incarcération des dirigeants qui
gèrent normalement les dons et en second lieu par la saisie et
la mauvaise gestion des biens de l’Église. La panique de
1893 et la dépression qui en est résultée ont
encore aggravé la situation. Espérant fournir de
l’emploi et stimuler l’économie locale, les
dirigeants ont emprunté de l’argent pour financer des
travaux publics et des entreprises commerciales. Le président
Snow met rapidement fin à cette pratique. Son administration
sabre dans les dépenses, vend les biens non essentiels et
exhorte les disciples fidèles à augmenter leurs
contributions financières.
Il
annonce de manière spectaculaire cette nouvelle politique lors
d’une tournée de prédication dans le sud de
l’Utah. En mai 1899, parlant aux membres assemblés à
St-George, il promet que s’ils se conforment fidèlement
au code de la dîme, un code de l’Église qui existe
de longue date, ils en seront bénis et que cela libérera
en même temps l’Église de ses dettes. Une année
après la campagne du président Snow en faveur de la
dîme, les revenus de l’Église auront doublé.
Les dirigeants invitent aussi à faire des dons en argent
liquide au lieu de denrées en nature et instituent des
procédures systématiques de dépenses et
d’apurement. Grâce à ces réformes, le
président Smith pourra annoncer, dès 1907, que l’Église
est enfin sortie de dettes. Les recettes annuelles de dîme
s’élèvent à $1,8 millions, alors qu’en
1898 la dette de l’Église était de $1.25
millions. De plus, l’Église a des propriétés
pour plus de $10 millions. L’Église n’aura plus
jamais recours au déficit budgétaire, même
pendant la grande Dépression.
Les
réformes du président Snow n’excluent pas la
détention de biens d’investissement ni l’administration
d’entreprises par des dirigeants et des directeurs de l’Église
(voir Histoire économique de l’Église). Certaines
entreprises, comme le Deseret Telegraph, la Utah Light and Railway
Company et le Saltair Resort au Grand Lac Salé seront
privatisées, mais l’Église investira
particulièrement dans les entreprises qui font progresser ses
buts sociaux ou institutionnels. Elle conserve le Deseret News et, au
début des années 1920, les dirigeants créent
l’une des premières stations radio du pays, qui
deviendra plus tard radio KSL. Le Salt Lake Theater, le théâtre
pionnier, est rendu à l’Église pour donner des
spectacles autorisés – mais ce sera pour fermer au début
de la Dépression par manque de rentrées et à
cause de ce que les dirigeants de l’Église considèrent
comme un déclin des valeurs théâtrales.
S’inspirant
du précédent de la maison de Nauvoo, on construit
l’hôtel Utah de Salt Lake City pour détourner les
touristes des hôteliers non mormons hostiles et pour améliorer
l’image de l’Église. La Beneficial Life Insurance
Company fournit des assurances bon marché. La Utah Sugar
Company, transformée en Utah-Idaho Sugar Company, continue à
fournir aux fermiers locaux un marché pour leur récolte
la plus importante en argent liquide, tandis que la Zion’s
Cooperative Mercantile Institution (ZCMI) et la Zion’s Savings
Bank & Trust fournissent au public des services de la vente au
détail et des services bancaires concurrentiels. Cette
politique altruiste d’investissement est également
pratiquée à un niveau plus vaste. Les dirigeants de
l’Église font partie du conseil d’administration
d’autres sociétés importantes pour la région.
Ces
investissements et les préoccupations sociales qu’ils
expriment remontent à l’idéal pionnier de
préoccupation pour le bien-être de la collectivité.
Ce n’est d’ailleurs par le seul reste du passé. Le
mariage plural continue à être un problème
perturbant pour les saints des derniers jours et attire l’attention
de tout le pays sur l’Église, en particulier pendant les
mandats des présidents Snow et Smith. Si beaucoup de membres
ont pu croire que le Manifeste de 1890 a mis fin au mariage plural,
d’autres interprètent la déclaration comme un
simple transfert de la responsabilité de sa pratique de
l’Église à l’individu. En conséquence,
de 1890 à 1904 certains mariages pluraux vont continuer,
quoique à un niveau considérablement réduit. De
plus, si certains maris cessent de vivre avec leurs épouses
plurales, la plupart estiment avoir l’obligation morale et
spirituelle de continuer de s’occuper de leurs familles.
Cette
confusion et cette ambiguïté débordent sur la
politique. En 1898, B.H. Roberts, membre du premier conseil des
soixante-dix, et mari de trois épouses, est élu à
la chambre des représentants des États-Unis. La Salt
Lake Ministerial Association [association de pasteurs] et des
organisations semblables dans d’autres endroits vont se servir
de l’élection de Roberts pour concentrer l’attention
sur la poursuite du mariage plural, accusant l’Église de
ne pas respecter les accords qui ont permis à l’Utah de
devenir un état. Des pétitions anti-Roberts contenant
sept millions de signatures inondent le Congrès et la Chambre
finit par lui refuser son siège.
Plus
grave encore est le cas de Reed Smoot. L’élection en
1903 de Smoot, membre monogame du Collège des douze apôtres
au Sénat des États-Unis provoque une fois de plus un
tollé national. La commission sénatoriale sur les
privilèges et les élections commence en 1904 des
audiences sur Smoot (voir Smoot – Audiences), mais le Congrès
se concentre plus souvent sur l’Église elle-même.
Est-ce que l’Église et l’État sont vraiment
séparés en Utah ? L’Église
contrôle-t-elle la conduite de ses membres ? Incite-t-elle
à la polygamie et à la cohabitation polygame ?
Pendant l’enquête, qui va durer deux ans, Joseph F. Smith
et d’autres dirigeants vont témoigner devant le comité.
D’autres, comme Matthias F. Cowley et John W. Taylor,
soupçonnés d’accomplir des mariages pluraux
depuis le Manifeste, refusent. Pour mettre fin à la polémique
et démontrer la bonne volonté de l’Église
de faire de la question une affaire de discipline, le président
Smith annonce un « Second Manifeste » qui
interdit formellement tout futur mariage plural. Il exige aussi la
démission de Cowley et de Taylor du Conseil des Douze. En
1907, le Sénat, suite à un vote serré, permet à
Smoot de conserver son siège.
Le
mariage plural ne va quand même pas disparaître
entièrement, même devant la politique maintenant résolue
du président Smith et plus tard du président Grant. Les
frères Cowley et Taylor, par exemple, vont subir une action
disciplinaire supplémentaire pour poursuite des mariages
pluraux, le premier en étant « disqualifié »
tandis que Taylor, après avoir pris une épouse plurale
supplémentaire, sera excommunié. Leur conduite est
semblable à celle d’un nombre de plus en plus important
d’anciens mormons au vingtième siècle. Qualifiés
de fondamentalistes, ils préfèrent accepter
l’excommunication automatique plutôt que d’abandonner
le mariage plural ou de renoncer à d’autres pratiques du
dix-neuvième siècle. À la différence de
la généralité des saints des derniers jours, qui
sont renforcés dans leur croyance en la révélation
donnée aux prophètes du jour et abordent donc les temps
nouveaux d’une manière nouvelle, les Fondamentalistes
affrontent le monde moderne en regardant en arrière.
La
question du mariage plural ne disparaît pas non plus dans la
presse populaire. Pendant la première décennie du
vingtième siècle et même plus tard, l’Église
va être harcelée publiquement par les journalistes à
scandale et les adversaires politiques en Utah. Les journaux, les
périodiques et le cinéma, tant en Europe qu’aux
États-Unis, vont faire du sensationnel (souvent romancé)
avec la polygamie, décrire les dirigeants de l’Église
comme des autocrates et traiter l’Église
d’antiaméricaine et antichrétienne (voir
Publications antimormones ; Stéréotypes sur les
saints des derniers jours). Les vieilles accusations d’atrocités
commises par les Danites et d’expiation par le sang refont
surface. En Utah, l’assaut est mené par deux anciens
sénateurs américains, Frank J. Cannon et Thomas Kearns,
qui se servent du Salt Lake Tribune pour lancer des attaques
virulentes contre Smoot et l’Église et pour soutenir
l’American Party. Ce parti politique antimormon éphémère
dominera le gouvernement de Salt Lake City de 1905 à 1911.
L’Église
va essayer d’affronter ce barrage d’insultes malgré
la violence de l’opposition. Les premiers efforts vont
consister à transformer le Saltair Resort et le Temple Square
de Salt Lake City en centres pour visiteurs. Avec les orgues et le
Chœur du Tabernacle mormon comme attractions, ce dernier site
va, dès 1905, recevoir annuellement 200.000 visiteurs. À
partir de ce moment-là, le nombre de visiteurs va augmenter
rapidement. Quand c’est possible, les dirigeants publient des
réfutations dans les journaux à sensation. En outre une
réfutation systématique sera lue en 1911 pendant la
conférence générale de l’Église. La
réplique la plus compétente et la plus durable viendra
de B.H. Roberts. De 1909 à 1915, il publie une série
d’articles sur l’histoire mormone dans le périodique
Americana. Ils seront plus tard rassemblés pour constituer les
six tomes de la Comprehensive History of the Church de Roberts.
De
plus en plus, des hommes et des femmes extérieurs à
l’Église vont aussi défendre les saints des
derniers jours. Déjà en 1900, C. C. Goodwin, ancien
rédacteur du journal antimormon Salt Lake Tribune et
détracteur de longue date, qualifie franchement les mormons
d’efficaces, prospères et généralement
agréables. L’éminent sociologue Richard T. Ely
fait l’éloge de la vie de groupe des saints. Morris R.
Werner publie une biographie de Brigham Young où l’on ne
retrouve pas les stéréotypes et l’hostilité
antérieurs. Ces ouvrages qui rompent avec les habitudes vont
être suivis d’autres. À la fin des années
1920, le président Grant peut concéder que l’on
peut mettre dans les médias quasiment tout ce que l’Église
pourrait demander. En fait, le magazine Time met le président
Grant en couverture, tandis que les studios de Hollywood font des
films aussi favorables que Union Pacific et Brigham Young.
Le
changement d’attitude du public est dû en partie à
l’intégration des membres de l’Église dans
la société américaine. Les saints des derniers
jours du dix-neuvième siècle avaient étendu
leurs colonies agricoles dans tout l’Ouest montagneux et même
au Canada et au Mexique (voir Colonisation), mais leurs communautés
agraires étaient souvent des enclaves provinciales très
unies. Par contre, du fait de l’émigration des saints
vers l’extérieur au vingtième siècle, les
membres de l’Église vont maintenant fréquenter
leurs concitoyens américains en milieu urbain. Pendant les
années 1920, par exemple, le pourcentage de saints des
derniers jours vivant dans l’Intermountain West diminue tandis
que celui des saints vivant sur la côte occidentale américaine
augmente. En 1923 est créé le pieu de Los Angeles,
premier pieu moderne en dehors de la zone culturelle mormone
traditionnelle. Entre 1919 et 1927, le nombre de saints des derniers
jours en Californie augmente de moins de 2.000 à plus de
20.000. La dispersion de l’Église au vingtième
siècle commence tout d’abord par la migration d’un
grands nombre vers la Côte ouest, ensuite et de plus en plus
vers l’Est et le Midwest.
Le
contact direct avec les voisins diminue les barrières
culturelles, religieuses et même émotionnelles,
permettant aux mormons et aux non-mormons de mieux s’apprécier.
Le nombre de plus en plus important d’Américains
prospères qui sont aussi saints des derniers jours ou nés
en Utah accélère le processus. Maud Adams connaît
un immense succès en incarnant Peter Pan dans un spectacle à
grand succès. Les inventions de Philo T. Farnsworth sont à
l’origine de la télévision. Cyrus Dallin et
Mahonri Young se distinguent dans les arts.
Les
saints des derniers jours sont particulièrement attirés
vers les affaires publiques. Edgar B. Brossard devient membre et puis
président de la Commission tarifaire des États-Unis. J.
Reuben Clark, Jr., parvient aux échelons supérieurs de
la bureaucratie du Département d’État et termine
sa carrière au gouvernement comme ambassadeur au Mexique.
Pendant le New Deal, Marriner S. Eccles est président du
système de la Réserve fédérale. James H.
Moyle est adjoint du Secrétaire au Trésor de 1917 à
1921, tandis que William Spry est commissaire aux terres publiques de
1921 à 1929. Heber M. Wells est trésorier du US
Shipping Board. Richard W. Young devient commissaire des États-Unis
aux Philippines et reviendra de la Première Guerre mondiale en
tant que premier général de l’armée
régulière que compte l’Utah. Pour les membres
d’une minorité religieuse jadis persécutée,
chaque succès personnel de ce genre est le signe que l’Église
est de plus en plus acceptée et que son prestige s’accroît.
Les « gens du dehors » deviennent des « gens
du dedans ».
Deux
membres de l’Église ont une influence disproportionnée
dans la création de la nouvelle image de l’Église.
L’un d’eux est Reed Smoot. Distant, mais honnête et
tout à fait inlassable dans son dévouement aux devoirs
du gouvernement et aux intérêts de l’Église,
Smoot restera trente ans au sénat. Président du
puissant Comité des finances du sénat, il exerce une
influence majeure dans la politique économique américaine.
Plus que n’importe quel autre saint des derniers jours dans les
services publics, il personnifie l’Église, apaisant les
doutes au sujet de son patriotisme et de son intégrité
par sa personnalité et sa présence.
L’autre
est le président Heber J. Grant. Il est dans les affaires par
goût et c’est son premier métier. Ses manières
simples et son sens des affaires charment une époque vouée
à l’esprit d’entreprise. Les non-mormons
apprécient tout particulièrement ses discours. Quand il
termine une allocution devant le San Francisco Commonwealth Club, il
est applaudi par des cris de « Encore ! Encore ! »
Quand il parle à la deuxième conférence de
l’agriculture, de l’industrie et de la Science de
Dearborn, les « Chemurgicians » lui font à
deux reprises une ovation. Son ministère de relations
publiques est plus que faire des discours. Il organise des tournées
du Chœur du Tabernacle. Il fait personnellement visiter Salt
Lake City à des personnalités de renommée
nationale dans les affaires et la politique et cultive leur amitié.
Il rend visite à la Maison Blanche aux présidents des
États-Unis Warren G. Harding, Calvin Coolidge, Herbert Hoover
et Franklin D. Roosevelt. Si le président Grant est respecté
par son propre peuple, les non-mormons l’aiment et l’idéalisent
aussi.
La
croissance vigoureuse de l’Église pendant cette période
témoigne de ce que son image est plus positive. La population
va plus que tripler pendant le demi-siècle ; les totaux
des années 1900 à 1945 passent de 268.331 à
979.454. Avant 1898 l’Église avait organisé 37
pieux (16 seront supprimés) ; en 1945, 116 autres auront
été ajoutés. Le nombre de missionnaires de
l’Église change et augmente en conséquence,
rajeunissant, attirant plus de célibataires et, après
1898, comprenant un nombre croissant de jeunes filles. À la
fin du siècle, on appelle moins de 900 missionnaires par an ;
en 1940, il y en aura 2.117.
L’œuvre
missionnaire continue à être une préoccupation
importante. La nouvelle mission la plus ambitieuse est le Japon,
ouvert en 1901 par des missionnaires dirigés par Heber J.
Grant, alors apôtre. Trois ans plus tard, la mission mexicaine
est rouverte. Les années 1920 vont voir plus de 11.000
convertis de langue allemande. Néanmoins c’est des
régions d’expression anglaise que viennent la plupart
des convertis : de Grande-Bretagne, du Canada et des États-Unis
et c’est la mission des États du Sud qui a le plus de
succès. Malheureusement, là comme ailleurs, les
missionnaires sont soumis à des actes de violence physique. Au
début du siècle, le nombre annuel de baptêmes de
convertis était de 3.786 ; un demi-siècle plus
tard, il atteint 7.877.
L’Église
cherche à rendre son prosélytisme plus efficace. Au
lieu d’être envoyés sans « bourse ni
sac », la plupart des missionnaires sont maintenant
soutenus financièrement par leur famille ou leur assemblée
locale. Des cours de formation des missionnaires sont organisés
dans les académies et les universités de l’Église.
Au milieu des années 1920, on inaugure un « Foyer
de mission » à Salt Lake City pour les sœurs
et les anciens qui partent. Les missionnaires y reçoivent
pendant quinze jours des leçons sur le régime
alimentaire, l’hygiène, les bonnes manières et
surtout les techniques missionnaires et la doctrine de l’Église.
La période produit aussi de nouvelles brochures missionnaires.
Charles W. Penrose écrit une série intitulée
Rayons de Lumière vivifiante, James Talmage écrit La
grande Apostasie et Ben E. Rich écrit Une Discussion amicale.
Pour conserver l’esprit de son héritage et pour aider à
raconter son histoire, l’Église achète des sites
importants pour les débuts de son histoire (voir Sites
historiques) : la prison de Carthage en Illinois (1903), où
Joseph Smith et son frère Hyrum ont été tués,
une partie de l’emplacement du temple d’Independence
(Missouri) (1904), le lieu de naissance de Joseph Smith à
Sharon (Vermont) (1905-1907) et la ferme des Smith à
Manchester (New York) (1907). À chacun de ces endroits,
l’Église construira par la suite un centre pour
visiteurs.
Ce
qui caractérise sans doute plus l’époque que
l’expansion, c’est la consolidation interne. La
succession de Lorenzo Snow à la présidence est
symptomatique. Pour la première fois, l’accession du
doyen des apôtres au poste de président de l’Église
se fait en quelques jours au lieu des interrègnes d’environ
trois ans du passé (voir Succession à la présidence).
Conscient de la complexité croissante de l’Église,
le président Snow exhorte les Autorités générales
à consacrer leur temps plein à leur ministère.
En 1941, il ne s’agit plus simplement d’une question
d’efficacité de la direction, mais d’expansion.
« La croissance rapide de l’Église ces
derniers temps, la création d’un nombre toujours plus
grand de paroisses et de pieux… [et] la nécessité
constamment pressante d’augmenter le nombre et l’efficacité
de nos missions », remarque la Première Présidence
en 1941, « ont donné lieu à un service
apostolique de la plus grande magnitude » (CR d’avr.
1941, p. 94-95). En réponse à ces nouvelles exigences,
cinq hommes sont nommés Assistants des Douze. Contrairement
aux officiers à court terme qui continuent à occuper la
plupart des postes de l’Église, les officiers
« généraux » de l’Église,
une trentaine, sont maintenant rétribués et
accomplissent un ministère à temps plein pour le reste
de leur vie.
Le
gouvernement de la prêtrise va aussi changer. La première
moitié du siècle assiste à une décentralisation
graduelle de la prise de décision, les dirigeants de pieu et
les dirigeants locaux recevant une autorité accrue. L’Église
réduit la taille des pieux pour les rendre plus fonctionnels
et met davantage l’accent sur « l’enseignement
de paroisse » (voir Enseignement au foyer). Avec des
districts plus petits et un nombre plus grand de garçons et
d’hommes affectés à l’enseignement, le
pourcentage des familles recevant des visites mensuelles passe de 20%
en 1911 à 70% une décennie plus tard. Finalement, et
c’est un changement important par rapport à la pratique
pionnière, les membres sont invités à porter les
conflits profanes devant les tribunaux civils et pénaux plutôt
que devant les tribunaux de l’Église. Jadis le moyen de
trancher les problèmes sociaux et économiques, les
tribunaux de l’Église s’occupent maintenant
exclusivement de discipline religieuse.
Les
collèges de la prêtrise sont renforcés. Les
réunions de prêtrise se tiennent maintenant chaque
semaine et la qualité des réunions est améliorée
grâce à des manuels de cours créés au
niveau central. En 1906, Joseph F. Smith élabore un programme
d’avancement progressif dans la prêtrise pour les jeunes
gens. Sous condition de dignité, les jeunes gens reçoivent
l’ordination à l’office de diacre à l’âge
de douze ans, d’instructeur à quinze et de prêtre
trois ans plus tard. De leur côté, les hommes dignes
reçoivent l’office d’ancien et de grand prêtre,
ce qui change la pratique du dix-neuvième siècle de
nommer une majorité de soixante-dix parmi les adultes. En
1910, les collèges de grands prêtres et de soixante-dix
sont réalignés pour coïncider avec les frontières
de pieu, ce qui permet aux autorités locales d’exercer
une meilleure direction.
La
tendance à la consolidation se manifeste aussi dans les
organisations auxiliaires de l’Église. Les programmes
des jeunes, précédemment informels, divers et
administrés localement, cèdent de plus en plus la place
à des programmes de groupes d’âge centralisés
et à des programmes d’études unifiés. La
Primaire des enfants ne dessert plus les jeunes plus âgés,
tandis que la Société d’amélioration
mutuelle des Jeunes Gens (SAMJG) et sa contre-partie chez les jeunes
filles (SAMJF) comprend lles adolescents à partir de douze ans
(voir Jeunes Gens ; Jeunes Filles). On utilise d’abord les
programmes nationaux des Boy Scouts et des Campeuses pour les jeunes
membres de la SAM (voir Supervision), mais on ne tardera pas à
abandonner ce dernier programme en faveur d’un programme
interne. Les programmes d’activité prennent de plus en
plus d’importance. Maintenant que l’École du
Dimanche et les collèges de prêtrise donnent une
formation doctrinale, la SAM se tourne de plus en plus vers la danse,
le théâtre, la musique et le sport. Le siège de
l’Église crée un magazine pour chaque
auxiliaire : La Primaire a le Children’s Friend (1902)
l’École du Dimanche, le Juvenile Instructor (1900), qui
deviendra l’Instructor (1929). La SAMJG a l’Improvement
Era (1897), la SAMJF le Young Woman’s Journal (1889) ; en
1929, les deux fusionnent et l’Improvement Era
devient la publication des deux. Les articles, les cours et les
programmes sont périodiquement passés en revue et
coordonnés. Par exemple, un Comité général
de coordination de l’Église et le Comité
consultatif social s’unissent pour publier un rapport crucial
et de grande envergure en 1921 (voir Coordination de l’administration
de l’Église).
La
Société de secours connaît ces mêmes
tendances. Ses trois premières présidentes du vingtième
siècle, c à d Zina D. H. Young (1888-1901), Bathsheba
W. Smith (1901-1910) et Emmeline B. Wells (1910-1921), se souvenaient
toutes de l’organisation de Nauvoo. Pour elles, les réunions
des femmes devaient être spontanées, spirituellement
actives et conçues localement. Mais le nouveau siècle
va redéfinir leur vision. En 1901, quelques plans de leçons
sont créés provisoirement. Douze ans après, avec
la recommandation d’un comité de coordination de
l’Église, les dirigeantes de la Société de
secours vont adopter un programme d’études uniforme
prescrit. Elles mettent aussi en application un jour uniforme de
réunion (le mardi), des registres et un message mensuel pour
les instructrices visiteuses qui font des visites mensuelles dans les
foyers. En 1915, un magazine officiel de la Société de
secours remplace le semi-indépendant Woman’s Exponent,
qui était l’organe de la Société de
secours depuis 1872. Bien que la Première Présidence
approuve au début la poursuite de la pratique de la guérison
par la prière par les femmes, souvent entreprise de matière
impromptue lors des réunions, celle-ci va diminuer et sera
abolie au milieu du siècle. Autre signe de centralisation sous
la direction de la prêtrise, la Société de
secours est abritée dans le Bishop’s Building et reçoit
de plus en plus ses directives de l’Épiscopat Président
plutôt que de la Première Présidence. Bien que la
Société de secours ait précédemment joué
un rôle dans l’élaboration et la supervision de la
Primaire et de la SAMJG, cette supervision des auxiliaires des
enfants et des jeunes prend fin.
Clarissa
S. Williams (1921-1928), Louise Y. Robison (1928-1939) et Amy Brown
Lyman (1940-1945), présidentes successives de la Société
de secours, collaborent à ces changements. Parlant pour le
modernisme et l’efficacité, elles et leurs comités
consultatifs abandonnent des tâches du passé telles que
l’industrie locale, la culture de la soie et la vente au détail
par magasin de distribution, en faveur de l’action au sein de
la collectivité, de l’œuvre sociale
« scientifique » ou professionnellement
qualifiée, des campagnes contre l’alcool, le tabac et la
délinquance et, pendant la grande Dépression, le
secours public. Ce dernier effort est crucial. « Dans la
mesure où les organisations de Société de
secours dans les paroisses fonctionnent en coopération avec
les collèges de la prêtrise et les épiscopats »,
déclare Harold B. Lee, qui dirige les efforts d’entraide
de l’Église, « il y a, dans cette même
mesure, un programme de sécurité [entraide] dans cette
paroisse » (Relief Society Magazine 24, 1e mars 1937, p.
143). Ces efforts répondent à l’idéal
féminin mormon du début du vingtième siècle.
Les femmes doivent encourager, adoucir et aider. Tandis que les
dirigeantes des femmes continuent à jouer un rôle actif
au Conseil national et international des femmes, les femmes
ordinaires sont moins actives dans les rôles politiques,
sociaux et professionnels que dans le ménage.
Plusieurs
problèmes doctrinaux sont réglés, autre
indication que la systématisation est en cours. À
partir des premières années de l’administration
de Lorenzo Snow, les autorités de l’Église
débattent du point de savoir avec quelle rigueur la Parole de
Sagesse, la révélation de 1833 sur la santé,
doit être respectée. En 1921, on tranche la question en
faisant de l’abstinence d’alcool, de tabac, de thé
et de café l’une des conditions d’admission dans
les temples. Pendant les trois premières décennies du
siècle, le code de santé va inciter la plupart des
saints des derniers jours à soutenir la Prohibition au niveau
local, de l’État et national.
En
1909, la Première Présidence publie une déclaration
visant à clarifier la position de l’Église sur
l’évolution. La déclaration ne traite pas de la
façon dont la création a eu lieu, mais soutient que
« Adam était le premier homme et qu’il a été
créé à l’image de Dieu. » Mais
le sujet continue à poser problème. Avec la question de
la haute critique biblique, elle va causer, en 1911, la démission
de trois professeurs de l’université Brigham Young et,
deux décennies plus tard, à des discussions privées
intensives parmi des dirigeants de l’Église.
En
1916, la Première Présidence et le Collège des
Douze publient un deuxième exposé doctrinal important
intitulé « le Père et le Fils ».
Apparemment occasionné par des pamphlets antimormons accusant
les dirigeants de l’Église de conférer la
divinité à Adam, la déclaration définit
les rôles respectifs des deux premiers membres de la Divinité.
Peu avant sa mort, Joseph F. Smith reçoit une vision de
l’œuvre missionnaire et de l’existence spirituelle
dans l’au-delà, qui sera par la suite incluse en tant
que section 138 dans les Doctrine et Alliances. En plus des sujets
spécifiques, la doctrine et l’histoire générales
de l’Église reçoivent un traitement systématique,
souvent pour la première fois, par des ouvrages tels que
Doctrine de l’Évangile, du président Smith, Les
Articles de Foi et Jésus le Christ, de James E. Talmage les
trois tomes de New Witnesses for God de B.H. Roberts.
Comme
sa population est toujours essentiellement américaine,
l’Église est particulièrement affectée par
les événements qui se produisent pendant cette période
aux États-Unis. Presque dès le début,
l’administration du président Grant connaît des
temps difficiles. L’agriculture et l’exploitation
minière, deux des industries principales de l’Utah,
s’effondrent dans les années 1920 et particulièrement
dans les années 1930 pendant la grande Dépression. Le
président Grant économise soigneusement les finances de
l’Église, réduisant les dépenses et les
projets de construction. Utilisant ses contacts avec le commerce et
les dirigeants politiques du pays, il maintient à flot les
principales entreprises appartenant à l’Utah et à
l’Église. Il se préoccupe aussi du saint
individuel. Après une préparation soigneuse, il annonce
en 1936 le programme d’entraide de l’Église (voir
Services d’entraide), qui essaie d’obtenir l’autonomie
et les moyens de subsistance pour les nécessiteux en
fournissant aussi bien du travail que les denrées nécessaires.
En
dépit des temps difficiles, l’Église maintient
ses fonctions premières. Juste avant l’affaissement
économique, elle construit un bâtiment imposant de
quatre étages à Salt Lake City. Des temples sont
construits à Hawaï (1919), à Cardston (Alberta,
Canada) (1923) et à Mesa, en Arizona (1927). L’éducation
retient aussi l’attention. Entre 1875 et 1911, l’Église
crée trente-quatre académies polyvalentes. Cependant,
au fil des années, la détresse financière et
l’acceptation croissante de l’instruction publique
produisent des changements et beaucoup d’académies
ferment ou sont reprises par l’État (voir aussi
Éducation). L’Église ne va cependant pas
abandonner entièrement son rôle éducatif. Un
programme de séminaire hors école pour les lycéens
est lancé en 1912 (voir Séminaires), et pendant les
années 1920, des instituts de religion sont créés
à l’intention des étudiants d’université,
le premier à l’université d’Idaho.
Les
guerres du vingtième siècle montrent le chemin que
l’Église a parcouru par rapport à l’aliénation
et à l’isolement du dix-neuvième siècle.
Les saints des derniers jours soutiennent l’effort de guerre
lors de la guerre hispano-américaine et l’intervention
des États-Unis dans les deux guerres mondiales du vingtième
siècle. Lors de la première, la Première
Présidence publie une déclaration affirmant la loyauté
des saints des derniers jours et télégraphie aux
dirigeants locaux pour inviter à l’enrôlement.
L’Utah sera l’un des premiers États à
atteindre son contingent initial. La participation à la
Première Guerre mondiale sera encore plus substantielle.
Incertaine, au départ, du rôle qui lui incombe, l’Église
àva finalement aider les Utahans à donner plus que la
quote-part financière réclamée par le
gouvernement pour l’état. En septembre 1918, l’Utah
aura plus de 18.000 hommes sous les armes, dont près de la
moitié volontaires. La participation à la Seconde
Guerre mondiale sera plus réservée, peut-être à
cause des appréhensions privées du président
Grant et de son conseiller J. Reuben Clark à propos de la
politique du New Deal. Néanmoins, en avril 1942, 6% de toute
la population de l’Église en Amérique sera sous
les drapeaux ou dans les industries liées à la
défense ; d’autres s’engageront au Canada, en
Grande-Bretagne et en Allemagne.
Bien
que chacun des conflits connaisse certains courants pacifistes et
même de l’opposition, la tendance générale
est de reconnaître la nécessité de faire preuve
de loyauté envers le gouvernement constitué. « L’Église
est et doit être contre la guerre », déclare
la Première Présidence en avril 1942. Pourtant quand
« la loi constitutionnelle… appelle les hommes de
l’Église au service armé du pays auquel ils
doivent leur allégeance, leur devoir civique suprême
exige qu’ils donnent suite à cet appel » (CR,
p. 88-97 ; voir Guerre et paix).
Bien
qu’il soit difficile d’évaluer la vie religieuse,
les statistiques donnent une idée de l’impact de
l’Église sur la vie quotidienne de son peuple.
L’assistance aux réunions révèle une
croissance vigoureuse tout au long de cette époque. En 1920,
l’assistance hebdomadaire moyenne à la réunion de
Sainte-Cène est de 16% ; en 1930, 19% ; en 1940, 23%
et en 1950, 25%. Symptomatique de l’idéal familial de
l’Église, le taux des naissances chez les saints dépasse
la moyenne nationale, de même que le taux des mariages. Il ne
fait aucun doute que le code de santé de l’Église
se reflète dans le fait qu’en 1945 le taux de mortalité
des saints est à peu près la moitié de la
moyenne nationale.
Une
étude plus précise des statistiques révèle
que dans les premières décennies du vingtième
siècle le nombre de naissances par famille de saints diminue,
que l’âge au moment du mariage augmente et que le taux
des divorces reflète souvent la tendance nationale – à
la traîne mais allant dans la même direction que la
tendance nationale, comme si l’assimilation était
simplement incomplète (voir Statistiques démographiques).
Le
demi-siècle aura apporté l’intégration
sociale, culturelle et politique, la croissance et la consolidation,
et des programmes qui ont redéfini et ont appliqué de
nouveau des idéaux plus anciens de l’Église. Mais
l’époque révèle aussi des indications que
les membres de l’Église ne sont pas immunisés
contre de grands courants tels que la laïcisation et même
le matérialisme. Pour l’observateur, au milieu du
siècle, les questions de base sont toujours là :
L’Église pourra-t-elle préserver ses valeurs et
son énergie traditionnelles ? Ou son entrée dans
le monde moderne coûtera-t-elle au mouvement son identité
et sa mission ?
Bibliographie
Survols
de la période :
Alexander,
Thomas G. Mormonism
in Transition : A History of the Latter-day Saints, 1890-1930.
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politique et
enseignements de l’Église durant cette
période :
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Revivalism and the Soicial Gospel : The Latter-day Saints Social
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Hefner,
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Society’s Social Services Department, 1919-1929 ».
Dialogue 15, Automne 1982, p. 64-73.
Histoire
de l’Église : 1945-1990, période
internationale suivant la Deuxième Guerre mondiale
Auteurs :
ALLEN, JAMES B. et COWAN, RICHARD O.
[Depuis
la Deuxième Guerre mondiale, l’Église connaît
une croissance internationale rapide… qu’elle doit
gérer. Après avoir résumé le renouveau de
l’après-guerre et l’accroissement du nombre de
membres qui l’accompagne, l’article examine plus
particulièrement les adaptations qui vont de pair avec la
croissance et l’internationalisation. En passant en revue
l’évolution récente, il donne une introduction à
l’Église contemporaine.
On
trouvera des renseignements supplémentaires sur la croissance
de l’Église pendant cette période dans
Statistiques démographiques et les articles sur l’Église
dans : Afrique, l’Église en ; Asie, l’Église
en : Asie de l’Est ; Asie, l’Église en :
Asie du Sud et du Sud-est ; Australie, l’Église
en ; Îles Britanniques, l’Église dans les ;
Canada, l’Église au ; Europe, l’Église
en ; Hawaï ; Mexique et l’Amérique
Centrale, l’Église au ; Proche-Orient, l’Église
au ; Nouvelle-Zélande, l’Église en ;
Océanie, l’Église en ; Scandinavie, l’Église
en ; Amérique du Sud, l’Église en :
Brésil ; Amérique du Sud, l’Église
en : L’Amérique du Sud, Nord ; Amérique
du Sud, l’Église en : Amérique du Sud, Sud ;
et Antilles, l’Église dans les. Pour l’évolution
dans l’organisation et la manière de faire les choses,
voir Organisation : Histoire de l’organisation et de
l’administration ; Organisation : Organisation
contemporaine. Consultez aussi les biographies de ceux qui ont été
présidents de l’Église au cours de cette
période : George Albert Smith (1945-1951), David O. McKay
(1951-1970), Joseph Fielding Smith (1970-1972), Harold B. Lee
(1972-1973), Spencer W. Kimball (1973-1985) et Ezra Taft Benson
(1985-1992).]
Pendant
toute sa vie et son ministère, le message principal de George
Albert Smith sera un message d’amour. Il n’est donc que
naturel que ce soit au cours de son administration que des
marchandises soient envoyées d’Amérique en Europe
pour soulager les souffrances des saints après la Deuxième
Guerre mondiale, particulièrement ceux d’une Allemagne
dévastée par la guerre. En 1946, Ezra
Taft Benson, du Conseil des douze apôtres, fait rouvrir la
mission européenne et y dirige les secours de l’Église.
Il trouve des branches désorganisées, des églises
détruites et beaucoup de membres sans abri. La plupart ont
tout perdu et partout il y a un besoin pressant de nourriture et de
vêtements. Le service d’entraide de l’Église
va devenir un facteur important de la remise à flot de
beaucoup de saints aussi bien que de certains non-membres.
Puisque
la guerre a tout remis à plus tard, depuis l’œuvre
missionnaire jusqu’à la construction de bâtiments,
il va falloir remettre partout les programmes de l’Église
sur pied et leur redonner de la vigueur. Le nombre des missionnaires
est rapidement reconstitué et des centaines d’églises
sont construites. La moitié de toutes chapelles en service au
milieu des années 1950 sont érigées au cours des
années suivant la Deuxième Guerre mondiale, une période
où plus de la moitié de toutes les dépenses de
l’Église va à des chantiers de construction.
UNE
ÉGLISE DEVENUE INTERNATIONALE. La fin de la Deuxième
Guerre mondiale marque l’aube d’une ère nouvelle
dans l’histoire de l’Église dont un thème
dominant est la croissance internationale. En 1947, la population de
l’Église atteint le million, et en 1990 le total est de
plus de sept millions. La croissance est particulièrement
forte le long de la Côte Ouest de l’Amérique, en
Amérique latine et, après 1978, en Afrique. En 1950,
l’Église a 180 pieux organisés, dont près
de la moitié en Utah ; en 1990, il y a 1.700 pieux, dont
moins d’un quart sont en Utah. En 1950, l’Église
est organisée dans moins de 50 pays ou territoires, mais en
1990, elle est passée à 128. En 1950, moins de 8% de
l’Église vit en dehors des États-Unis et du
Canada, mais quarante ans après, le chiffre est
d’approximativement 35%. Pendant la même période,
le nombre de missionnaires passe de 6.000 à 40.000 et le
nombre de temples passe de huit, dont un seulement en dehors des
États-Unis, à quarante-quatre, dont vingt-trois en
dehors des États-Unis.
Cette
croissance remarquable est le résultat d’efforts
renouvelés pour accomplir la révélation donnée
à Joseph Smith « que le royaume… devienne
une grande montagne et remplisse toute la terre » (D&A
109:72). Au début de son administration, le président
David O. McKay, le premier à voyager autant comme président
de l’Église, visite les missions d’Europe,
d’Amérique latine, d’Afrique et du Pacifique Sud,
consacrant deux emplacements de temples en Europe et annonçant
qu’un temple sera construit en Nouvelle-Zélande. En
1955, il déclare que l’Église doit « faire
tous les efforts raisonnables et réalisables pour mettre à
la portée des membres dans ces missions éloignées
toutes les possibilités éducatives et spirituelles
qu’elle a à offrir » (CR avr. 1955, p. 25).
Construire des temples, augmenter le nombre de missions, organiser
des pieux dans le monde entier, persuader les saints d’édifier
Sion dans leur pays plutôt que d’émigrer en
Amérique et enfin remettre la direction de l’Église
entre les mains de la population locale de chaque pays, voilà
toutes les mesures importantes qu’il faudra prendre pour
atteindre ce but. En outre, on va mettre de plus en plus l’accent
sur l’appel de missionnaires locaux qui, dans certaines
régions, remplaceront essentiellement les missionnaires
américains.
La
croissance ne se produira cependant pas sans problèmes, dont
le moindre n’est pas de décider quels sont les
pratiques, les enseignements et les programmes qui constituent
vraiment l’essence de l’Évangile et quels sont
ceux qui sont le reflet de la culture américaine dans laquelle
l’Église s’est développée. Pour
ouvrir les yeux des membres, des Américains en particulier,
sur la nécessité de définir l’Évangile
en termes de principes universels, les dirigeants de l’Église
vont s’exprimer avec une fréquence croissante. En 1971,
par exemple, Bruce R. McConkie rappellera à certains saints
américains qu’à l’époque du Nouveau
Testament, même les apôtres étaient tellement
endoctrinés dans l’idée que le plan du salut se
limitait à un peuple particulier qu’ils ont eu du mal à
le porter aux païens, et il appliquera la leçon à
l’Église moderne. Il invitera les saints américains
à dépasser leurs idées reçues, même
s’il y aura « en chemin des luttes et certaines
difficultés, certains préjugés et certaines
incertitudes ». Les autres peuples, fera-t-il remarquer,
« ont d’autres antécédents que nous,
ce qui n’a aucune importance pour le Seigneur…. Avoir
des coutumes sociales différentes n’est pas plus
étonnant que parler des langues différentes… Et
le Seigneur connaît toutes les langues » (Palmer, p.
143, 147). En 1987, Boyd K. Packer rappellera à un groupe de
dirigeants de l’Église : « Nous ne
pouvons pas entrer [dans divers pays] avec une Église d’Utah
de 1947 ! Il se peut que nous ne soyons pas prêts à
porter l’Évangile parce que nous ne sommes pas prêts
à porter (et qu’ils ne sont pas prêts à
recevoir) toutes les choses que nous avons emballées avec lui
comme bagages supplémentaires » (tel que cité
dans Dialogue 21, automne 1988, p. 97). Le but est d’ennoblir
des gens appartenant à des cultures et ayant des perspectives
diverses pour qu’ils trouvent plus complètement la vraie
fraternité au sein des limites spirituelles communes de
l’Église.
En
1974, le président Spencer W. Kimball invite les membres à
« allonger la foulée » en portant
l’Évangile à toute la terre. Il les exhorte à
prier que les barrières soient levées. Il désigne
David M. Kennedy, anciens secrétaire au trésor et
ambassadeur extraordinaire, comme représentant international
de l’Église pour travailler avec les gouvernements à
résoudre les problèmes qui ont gêné les
activités de l’Église. En 1977, l’Église
est légalement reconnue en Pologne et en 1985, un temple est
consacré en République démocratique allemande.
Les révolutions politiques spectaculaires de 1989-1990 ouvrent
d’autres pays du Bloc de l’Est et conduisent au
commencement de l’œuvre missionnaire de l’Église
en Union Soviétique.
L’un
des changements radicaux du vingtième siècle est la
révélation reçue par le président Spencer
W. Kimball en juin 1978, accordant les bénédictions de
la prêtrise à tous les membres masculins dignes.
Résultat d’une prière longue et fervente, la
révélation signifie que « le jour promis
depuis si longtemps est venu où tous les hommes fidèles
et dignes de l'Église pourront recevoir la Sainte Prêtrise…
sans considération de race ou de couleur » (voir
Doctrine et Alliances : Déclaration officielle - 2). Tout
de suite, des noirs dignes sont scellés dans les temples et
beaucoup recevront des affectations comme missionnaires et
dirigeants. Au Ghana et au Nigeria, où les noirs plaidaient
depuis des années pour l’établissement de
l’Église, celle-ci se développe rapidement, mais
elle s’étend aussi dans d’autres régions
qui comptent de grandes populations noires. La première
Autorité générale noire, Helvécio
Martins, du Brésil, sera soutenu à la conférence
générale de l’Église en avril 1990.
CHANGEMENTS
ADMINISTRATIFS. Les changements administratifs nombreux répondent
aussi aux besoins d’une Église en pleine croissance. En
1967, les pieux sont organisés en régions. À
partir de 1975, plusieurs régions sont organisées en
interrégions et en 1984, des présidences d’interrégion,
chacune constituée de trois Autorités générales,
se voient confier la responsabilité des pieux dans le monde
entier.
En
1975, le président Kimball annoncé l’organisation
du premier collège des soixante-dix, dont les membres sont
Autorités générales de l’Église, à
savoir les anciens Assistants des Douze. En 1989, le deuxième
collège des soixante-dix est organisé ; ces
Autorités générales sont appelées pour
trois à cinq ans. En 1978 commence la pratique d’élever
les membres des soixante-dix à l’éméritat
pour des raisons de santé ou d’âge, et l’année
suivante le patriarche de l’Église accède aussi à
l’éméritat.
Les
Autorités générales prennent aussi des mesures
pour coordonner plus efficacement les programmes de l’Église
et, à partir de 1961, mettent davantage l’accent sur la
« coordination de la prêtrise » (voir
Prêtrise ; Coordination de l’administration de
l’Église). Sous la présidence de Harold B. Lee,
des comités au siège de l’Église
planifient, élaborent et révisent les programmes
d’études et les activités pour toutes les
organisations ou groupes d’âge. Ils définissent
plus soigneusement les rôles propres à chaque
organisation et éliminent les doubles emplois. Les dirigeants
se concentrent sur le foyer, endroit le plus efficace pour enseigner
et appliquer les principes de l’Évangile. L’accent
est remis sur la soirée familiale et, à partir de 1965,
on publie des manuels attrayants fournissant des aides aux leçons.
Au
début des années 1970, il y a aussi un regroupement des
responsabilités administratives au siège de l’Église.
Les organismes sont groupés en plusieurs grands départements,
chacun sous la juridiction d’une ou plusieurs Autorités
générales, la gestion générale des
opérations étant assurée au jour le jour par des
professionnels à temps plein. Par exemple, l’entraide,
les services sociaux et les programmes de santé sont regroupés
pour former le Département d’Entraide. Le symbole
visible de ce regroupement est le nouveau bâtiment des bureaux
de l’Église de vingt-huit étages à Salt
Lake City, réunissant la plupart des unités
administratives. En 1970, les fonctions de la Prêtrise d’Aaron
et de la Société d’amélioration mutuelle
des Jeunes Gens sont combinées (voir Jeunes Gens). En 1971, le
programme des publications est regroupé (voir Magazines). Les
magazines en d’autres langues que l’anglais sont unifiés
en 1967 et leur contenu standardisé à l’exception
des sujets locaux (voir Magazines internationaux).
D’autres
changements se produisent du fait que la croissance internationale
rapide augmente le nombre des voyages et la charge administrative des
dirigeants de l’Église. Dans les années 1970, les
présidents de pieu sont autorisés à « mettre
à part » les missionnaires à plein temps
(voir Mise à part), ordonner les évêques et les
patriarches et consacrer les églises. Les Autorités
générales se réunissent moins fréquemment
en conférence avec les pieux mais, à partir de 1971,
l’Église commence à tenir des « conférences
interrégionales » où une délégation
d’Autorités générales rencontre les saints
rassemblés d’une région géographique. En
1979, le nombre des conférences de pieu par an est réduit
de quatre à deux, et dans les années 1980 des
conférences régionales ou des multirégionales
remplacent les conférences interrégionales (voir
Conférences).
L’ÉDUCATION
DANS L’ÉGLISE. Entre 1950 et 1990, le nombre total
d’inscriptions aux programmes éducatifs de l’Église
passe de 38.400 à 442.500 (voir Département d’éducation
de l’Église (DEE)). Les inscriptions à temps
plein à l’université Brigham Young montent en
flèche de 5.400 en 1950 à presque 25.000 en 1975, le
maximum possible. Plutôt que de consacrer des montants toujours
plus élevés aux études supérieures,
l’Église emploie de plus en plus les fonds à
satisfaire les besoins plus fondamentaux liés à la
croissance mondiale. L’expansion principale dans l’enrôlement
se produit dans le domaine de l’éducation religieuse.
Depuis le début du vingtième siècle, les
étudiants des localités à prédominance
mormone suivaient des cours de séminaire « hors
école » dans des bâtiments contigus à
leur école secondaire. Dans les années 1950, en
commençant en Californie, le séminaire « matinal »
va se tenir dans des bâtiments de l’Église près
des écoles secondaires publiques. Après 1968, dans les
régions où les membres sont encore plus dispersés,
les jeunes vont recevoir de quoi faire le « séminaire
d’étude à domicile ». L’Église
augmente aussi le nombre d’instituts de religion placés
à côté des campus universitaires. En 1990, il y a
des programmes de séminaire ou d’institut dans
soixante-quatorze pays ou territoires.
L’Église
accorde aussi une attention particulière à la vie
religieuse des étudiants d’université. En 1956,
le premier pieu estudiantin, avec douze paroisses, est organisé
sur le campus de l’université Brigham Young. Cela rend
accessibles des services de l’Église qui répondent
directement aux besoins des étudiants et qui donnent de plus
nombreuses occasions d’assurer une direction. Le plan s’étendra
à d’autres endroits où il y a assez d’étudiants
pour le justifier. L’idée est d’assurer une plus
grande croissance spirituelle, et dans des domaines statistiquement
mesurables comme le mariage au temple et l’assistance aux
réunions, les paroisses estudiantines viennent en tête
dans l’Église.
Dans
certaines régions du Pacifique et de l’Amérique
latine, des régions où la croissance de l’Église
est particulièrement rapide et où l’instruction
publique est limitée, l’Église en revient à
son ancienne pratique de fonder des écoles pour l’instruction
religieuse et d’assurer un enseignement élémentaire.
Elle fonde quarante écoles primaires et secondaires au Mexique
et crée une faculté de premier cycle à la
périphérie de Mexico. Lorsque de meilleurs
établissements d’enseignement public apparaîtront,
l’Église fermera beaucoup de ces écoles.
PROGRAMME
DE CONSTRUCTION. Les nouvelles assemblées ont besoin de
nouveaux bâtiments. Même si deux ou trois paroisses se
partagent la plupart des bâtiments, l’Église se
trouve dans la nécessité de construire plus d’une
nouvelle église par jour. Les coûts potentiels sont
énormes et dans beaucoup de régions les saints locaux
ne sont pas en mesure de lever leur quote-part.
Une
solution apparaît quand l’Église se trouve devant
une pénurie de main-d’œuvre pendant qu’elle
bâtit des bâtiments scolaires dans le Pacifique Sud. À
partir de 1950, elle appelle des jeunes gens en tant que
« missionnaires bâtisseurs » pour faire
don de leur main d’œuvre pendant deux ans. Tandis qu’ils
construisent des bâtiments à un coût beaucoup
moindre, les constructeurs expérimentés leur enseignent
des techniques de construction ; les missionnaires bâtisseurs
apprennent aussi auprès des constructeurs expérimentés
des compétences commercialisables. Dans les années 1950
et 1960, les missionnaires bâtisseurs construisent des écoles
et des chapelles dans le Pacifique Sud, l’Amérique
latine, l’Europe et ailleurs. Plus tard, pour réduire au
minimum les coûts de construction et d’entretien, le
département des constructions élaborera une série
de plans standardisés qui peuvent être adaptés à
différents endroits et agrandis si nécessaire.
Bien
que les fonds généraux de l’Église aident
à la construction et à l’entretien des églises,
il est attendu des assemblées locales qu’elles
contribuent non seulement en main d’œuvre, mais aussi une
partie importante de l’argent nécessaire, cela en plus
du paiement de la dîme et des offrandes habituelles. Pour
soulager le fardeau financier pesant sur les assemblées
locales, la part supportée par les saints locaux diminue
graduellement jusqu’à ce qu’en 1989, les
contributions locales ne soient plus requises.
À
partir des années 1980, les nouvelles églises sont
généralement plus petites et parfois plus austères
que les plus anciennes, mais cela permet à l’Église
de construire des centaines d’églises par an et surtout
de fournir des lieux de réunion bien nécessaires dans
les régions en voie de développement. C’est aussi
un mouvement vers l’égalité. L’argent qui
aurait pu être consacré à la construction de
bâtiments plus coûteux dans des régions riches est
plutôt utilisé pour fournir des lieux confortables pour
le culte dans toute l’Église.
LA
TECHNOLOGIE ET L’ÉGLISE MODERNE. L’Église
cherche activement à maîtriser les découvertes
étonnantes de la technologie moderne pour améliorer ses
capacités administratives et pour mieux diffuser son message
spirituel. Depuis qu’elle a installé, en 1962, son
premier ordinateur au Département financier, elle se sert de
cette technologie d’innombrables façons, notamment dans
la conception architecturale, un système automatisé de
certificats de membre, une comptabilité automatisée, le
traitement des dossiers des missionnaires, la tenue des registres au
niveau général et local, et en fournissant des
ressources pour la recherche historique et généalogique.
Il
n’est pas d’activité de l’Église qui
ait ressenti l’impact de la technologie moderne autant que
l’œuvre généalogique. Comme la population
de l’Église augmente, le besoin de moyens plus efficaces
pour recueillir et traiter les noms pour l’œuvre du
temple s’accroît également. Le Département
généalogique (maintenant Département d’histoire
familiale) microfilme les registres d’état civil de
partout dans le monde, les rendant disponibles dans sa bibliothèque
de Salt Lake City (voir Bibliothèque d’histoire
familiale) et dans des centaines de centres d’histoire
familiale dans le monde entier. Dans les années 1960, le
Département généalogique commence aussi à
utiliser l’ordinateur pour organiser les noms obtenus à
partir de ces documents. Depuis 1978, des membres de l’Église
désignés pour cela consacrent quatre heures ou plus de
service hebdomadaire à « extraire » des
renseignements des microfilms pour l’œuvre du temple. Le
Département d’histoire familiale crée aussi le
PAF (Personal Ancestral File), un programme généalogique
automatisé couramment utilisé et commence à
rendre les données généalogiques principales
disponibles sur des disques laser.
La
technologie touche encore le temple autrement. Le cinéma et la
technologie de la vidéo permettent de présenter plus
efficacement les instructions du temple. Ceci pouvant se faire dans
une seule salle au lieu de l’ancienne série de quatre
salles, les temples peuvent être construits plus petits et leur
construction peut ainsi être moins coûteuse, ce qui va
permettre à plus de membres dans le monde entier d’avoir
un temple près de chez eux. La nouvelle technologie permet
aussi de présenter les ordonnances simultanément en
plusieurs langues si besoin est.
L’effet
de la télévision sur les communications de l’Église
et son image publique est spectaculaire, lui aussi. Les conférences
générales de l’Église sont d’abord
diffusées en 1949 sur KSL Television à Salt Lake City
et dès le milieu des années 1960, une ou plusieurs
sessions de chaque conférence sont télévisées
partout aux États-Unis. Dans les années 1980, l’Église
élabore un système de communication par satellite relié
aux centres de pieu dans le monde entier, de sorte que les saints des
derniers jours vont pouvoir regarder la conférence et les
autres programmes créés par l’Église.
L’ŒUVRE
MISSIONNAIRE. En 1990, plus des deux-tiers de la croissance annuelle
de l’Église viennent des baptêmes de convertis.
Quelque 30.000 des plus de 40.000 missionnaires à plein temps
sont des jeunes gens de dix-neuf à vingt et un ans ; des
femmes célibataires de vingt et un ans ou plus et des couples
ayant atteint l’âge de la retraite constituent la majeure
partie du reste.
Une
attention considérable est apportée à
l’amélioration des techniques et des capacités
missionnaires. Après beaucoup d’expérimentation,
un plan systématique basé sur une série de
leçons est officiellement adopté dans les années
1950. Après beaucoup d’améliorations et de
modifications, en 1990, le plan se concentre moins sur la
mémorisation de la part des missionnaires et plus sur leur
capacité de compter sur l’Esprit dans la présentation
du canevas mis à leur disposition.
Les
missionnaires reçoivent aussi une formation plus efficace,
particulièrement dans les langues. En 1963, une mission de
formation linguistique, plus tard connue sous le nom de centre de
formation des missionnaires est créée près de
l’université Brigham Young et cinq ans plus tard un
programme semblable s’ouvre près de l’université
de l’Église à Hawaï (voir Université
Brigham Young : Campus de l’université Brigham
Young – Hawaï). En 1990, les missionnaires reçoivent
une formation linguistique et missionnaire intensive dans quatorze
centres de formation des missionnaires de par le monde, quoique 75%
environ d’entre eux aillent au centre de Provo.
Les
innovations dans le programme missionnaire comprennent une incitation
à plus d’activités en dehors du prosélytisme
et de service chrétien. En 1971, par exemple, les
« missionnaires des services de santé »
commencent à enseigner l’ABC de l’alimentation, de
l’hygiène et de la prévention des maladies,
particulièrement dans les pays en voie de développement.
En 1990, tous les missionnaires sont invités à passer
deux à quatre heures par semaine au service de la
collectivité, en plus du prosélytisme. En outre, les
couples missionnaires d’âge mûr sont souvent
affectés à des services non missionnaires tels que les
services de santé et l’entraide, la formation des
dirigeants, le personnel des centres pour visiteurs d’autres
activités de relations publiques, l’aide aux personnes
se présentant dans les divers centres d’histoire
familiale de l’Église, les missions de service au temple
et les missions d’enseignement.
QUESTIONS
D’INTÉRÊT PUBLIC ET DE SOCIÉTÉ. Bien
que l’Église ait essayé de prendre ses distances
par rapport à toute participation directe à la
politique, les dirigeants de l’Église prennent néanmoins
de temps en temps officiellement position sur les questions de
moralité. La Première Présidence déplore
publiquement l’invasion croissante de la pornographie, la
pratique répandue du contrôle des naissances,
l’avortement et le déclin général de la
moralité, notamment le nombre croissant des divorces et
l’importance de plus en plus grande de l’homosexualité.
En 1968, l’Église s’implique directement dans le
processus politique de l’Utah en s’opposant ouvertement à
la vente de boissons alcoolisées. Elle fait aussi des
déclarations publiques en faveur des lois sur la fermeture le
dimanche et les lois des États sur le droit au travail et
contre les loteries d’État (voir Jeux de hasard).
Au
milieu du conflit intense sur les droits civiques qui caractérise
les États-Unis dans les années 1960, la Première
Présidence demande ouvertement « l’égalité
civique complète pour tous les enfants de Dieu » et
invite expressément les saints des derniers jours à
travailler pour les droits civiques des noirs. Dans les années
1970, quand la polémique concernant les droits de la femmes
s’intensifie en Amérique, la Première Présidence
prend publiquement position en faveur de l’égalité
complète des femmes devant la loi mais, en même temps,
s’oppose publiquement au Equal Rights Amendment (l’amendement
sur l’égalité des droits) qu’elle considère
comme opposé à la famille. La Première
Présidence se préoccupe aussi vivement de la moralité
de la course aux armements nucléaires et la dénonce
officiellement en 1980 et de nouveau en 1981 (voir Guerre et paix).
Contrairement
à ce qui s’est passé au début du vingtième
siècle quand la plupart des saints des derniers jours vivaient
essentiellement en milieu rural, depuis le milieu du siècle,
la plupart vivent dans des centres urbains. Le mode de vie effréné
des grandes villes crée des tensions émotionnelles
supplémentaires et un éventail d’attractions et
de tentations a tendance à écarteler la famille. En
réaction à ces besoins et à d’autres,
l’Église institue une série de programmes
sociaux. Depuis 1919, la Société de secours gère
une agence d’adoption et propose des foyers d’accueil
pour les enfants défavorisés. Elle va être
étendue. Le service de placement des étudiants indiens,
créé dans les années 1950 sous la présidence
de Spencer W. Kimball, offre à des milliers de petits
Amérindiens l’avantage d’aller dans de bonnes
écoles tout en vivant dans l’environnement sain de
familles de l’Église. Un programme « de
guidance de jeunes » conseille les familles dans le
besoin. Ces trois programmes, qui sont tenus par la loi d’employer
les travailleurs sociaux professionnels autorisés, sont
fusionnés en 1969 pour former le Département des
services sociaux de l’Église. Ce département
patronne aussi des camps de jour pour jeunes, des programmes pour les
membres en prison et de la consultance pour ceux qui abusent de
l’alcool ou de la drogue.
Les
dirigeants de l’Église commencent aussi à se
préoccuper davantage des besoins spéciaux des
célibataires. Qu’ils soient divorcés, veufs ou ne
se sont tout simplement jamais mariés, leurs besoins sociaux
et spirituels ne sont souvent pas satisfaits par les activités
traditionnelles de l’Église orientées vers le
couple et la famille. Dans les années 1970, des programmes
spéciaux pour les jeunes adultes seuls aussi bien que pour les
personnes seules plus âgées sont créés
sous les auspices de la prêtrise et de la Société
de secours. Sous le patronage de conseils autonomes de paroisse, de
pieu et de région, ils vont à des bals et à
d’autres activités culturelles et ont de meilleures
occasions de faire la connaissance d’autres membres de leur âge
qui partagent leurs intérêts. En outre, des paroisses
pour jeunes adultes sont organisées, d’abord dans le
pieu d’Émigration à Salt Lake City, et puis dans
d’autres régions.
RETOUR
AUX FONDEMENTS. Un des appels de clairon du président Ezra
Taft Benson aux saints dans les années 1980 est le retour aux
valeurs traditionnelles. Il invite en particulier à l’étude
régulière du Livre de Mormon comme moyen de fortifier
la foi au Christ et d’avoir un guide pour affronter les
difficultés du jour. Mais son appel n’est qu’une
des manifestations des efforts que font les dirigeants modernes de
l’Église pour répondre aux problèmes sans
cesse plus complexes du monde et pour conduire les saints dans un
retour aux fondements.
En
1972, le cours des adultes, celui de Doctrine de l’Évangile
à l’École du Dimanche, entreprend l’étude
systématique des ouvrages canoniques. Les Écritures
sont les seuls manuels et elles doivent être étudiées
successivement au cours d’une période de huit ans (de
quatre ans par la suite). Bientôt tous les programmes d’études
de l’Église sont rattachés aux Écritures.
Pour soutenir le programme d’études et inciter à
l’étude individuelle des Écritures, les
dirigeants de l’Église procèdent à la
publication de nouvelles éditions des ouvrages canoniques,
chacun muni de renvois aux autres. La publication par l’Église,
en 1979, de la King James Version de la Bible contient une annexe
importante de 800 pages qui comprend un dictionnaire de la Bible, un
guide par sujet de toutes les Écritures, des cartes et des
extraits de la traduction de la Bible par Joseph Smith. En 1981, de
nouvelles éditions des autres ouvrages canoniques paraissent
avec des aides supplémentaires à l’étude.
Le
thème du « retour aux fondements »
trouve aussi un écho dans beaucoup d’autres changements
de la politique et des programmes de l’Église. En 1980,
le système des réunions de l’Église est
regroupé en un bloc unique de trois heures le dimanche en
remplacement du système traditionnel des réunions de
prêtrise et d’École du Dimanche le matin, de
réunion de Sainte-Cène en fin d’après-midi
ou en soirée et de réunions des auxiliaires pendant la
semaine (voir Réunions principales de l’Église).
Cette mesure simplifie les problèmes de transport de beaucoup
de membres, mais les dirigeants de l’Église soulignent
que l’objectif central est de laisser plus de temps aux
familles pour étudier les Écritures ou se livrer
ensemble à d’autres activités convenant au
sabbat.
À
partir de 1990 aux États-Unis et au Canada et de 1991 dans
d’autres régions du monde, il n’est plus demandé
aux membres de faire des dons au budget de paroisse et de pieu ;
tous les frais de fonctionnement des unités locales seront
payés avec la dîme et les offrandes. Ce système
uniforme permet une plus grande égalité, réduisant
beaucoup de budgets de fonctionnement locaux tout en en augmentant
d’autres (voir Finances de l’Église ;
Contributions financières). En expliquant la nouvelle
politique, Boyd K. Packer, du Conseil des douze, qualifiera cela de
« correction de trajectoire » inspirée,
un élément de l’effort global pour en revenir aux
fondements (Ensign 10, mai 1990, p. 89-91). La métaphore
pourrait très bien être appliquée à une
grande partie de ce qui s’est produit depuis 1945.
D’une
manière générale, les membres de l’Église
acceptent bien ces changements et y voient une occasion de progresser
davantage spirituellement. En conséquence, en 1990, l’Église
se prépare plus rapidement que jamais à s’adapter
à des nationalités, à des groupes de langues et
à des cultures divers. Les dirigeants de l’Église
continuent à souligner les points de doctrine traditionnels,
mais les discours de conférence générale ont de
plus en plus tendance à définir ce qu’est un
saint en termes de ce que M. Russell Ballard caractérise, en
avril 1990, comme étant des « choses petites et
simples » : l’amour, le service, le foyer, la
famille et le culte du Sauveur (Ensign 10, mai 1990, p. 6-8). Ce sont
là les principes universels qui constituent l’essence de
ce que signifie être saint des derniers jours.
Bibliographie
On
a beaucoup écrit sur cette période dans les revues
professionnelles. Quelques grands traitements sont mentionnés
dans l’introduction de cette section historique. Voir aussi
Spencer J. Palmer, The Expanding Church, Salt Lake City, 1978. On
trouvera des renseignements supplémentaires dans les
bibliographies qui accompagnent les biographies des présidents
de l’Église qui ont exercé leur mandat pendant
cette période : George Albert Smith, David O. McKay,
Joseph Fielding Smith, Harold B. Lee, Spencer W. Kimball et Ezra Taft
Benson.
Histoire
familiale (Généalogie)
Auteur :
Pratt, David H.
Les
termes « histoire familiale » et « généalogie »
sont synonymes pour les saints des derniers jours. Dallin H. Oaks,
membre du collège des douze apôtres, a dit : « Le
processus par lequel nous déterminons notre place dans notre
famille éternelle s'appelle généalogie. La
généalogie est l’histoire de la famille »
(séminaire des représentants régionaux, 3 avril
1987). Pour souligner le caractère familial de la généalogie,
la Première Présidence a changé, en 1987, le nom
du Département généalogique en Département
d'Histoire familiale et le nom de la Bibliothèque généalogique
en Bibliothèque d’Histoire familiale.
L’intérêt des saints des
derniers jours pour
l'histoire familiale repose sur les points de doctrine fondamentaux
que sont le salut, le libre arbitre et l’exaltation. Le plan de
Dieu veut que toute personne ait la possibilité d'entendre
l'Évangile de Jésus-Christ et de recevoir les
ordonnances salvatrices, peu importe où elle a vécu sur
terre. Si les gens ne s’entendent pas prêcher l'Évangile
dans cette vie par les serviteurs autorisés du Seigneur, ils
l'entendront dans le monde des esprits après la mort. Les
saints identifient leurs ancêtres et prennent les dispositions
nécessaires pour que le baptême et d’autres
ordonnances soient effectués par procuration, c'est-à-dire
qu’ils font en sorte qu’une personne vivante représente
le défunt dans un temple. Ce n'est pas un élément
facultatif dans la croyance des saints, c’est, au contraire, un
commandement de Dieu. Comme Dallin Oaks l’a encore expliqué :
« L’œuvre généalogique n’est
pas un passe-temps pour nous. Nous faisons l'histoire familiale afin
de fournir les ordonnances du salut aux vivants et aux morts"(1989,
p. 6 ; voir aussi Salut des morts).
Les membres de l'Église ont
été instruits
en 1894 du rôle sacré de l'histoire familiale lorsque le
président Wilford Woodruff a déclaré :
« Nous voulons que les saints des derniers jours fassent
dorénavant remonter leur généalogie aussi loin
que possible et soient scellés à leurs pères et
mères. Faites sceller les enfants à leurs parents et
remontez cette chaîne autant que vous le pouvez... C'est la
volonté du Seigneur pour ce peuple » (p. 543 ;
voir aussi Scellement). Le but de l’histoire familiale, a
expliqué le président Woodruff, est d’obtenir des
noms et des données statistiques afin que les ordonnances du
temple puissent être effectuées en faveur des ancêtres
décédés qui n'ont pas eu l'occasion d'entendre
l'Évangile rétabli de leur vivant. Il a enseigné
à une autre occasion que « nous devons entrer dans
ces temples racheter nos morts – pas seulement les morts de
notre propre famille, mais les morts de tout le monde d'esprit »
(JD 21:192).
À la base de la doctrine du
salut des morts se trouve
l’exercice du libre arbitre. Lorsque les personnes meurent,
leur esprit continue à vivre dans le monde postmortel et est
capable de faire des choix. Les saints des derniers jours
accomplissent des baptêmes pour les morts afin que ceux qui
vivent en tant qu’esprits puissent décider s’ils
acceptent ou non le baptême dans la véritable Église
de Jésus-Christ dans le monde des esprits. S'ils n'acceptent
pas le baptême, il est sans effet. Il en va de même pour
les autres ordonnances salvatrices que les membres accomplissent dans
les temples en faveur des morts.
L’amour est la motivation
centrale de l'histoire
familiale. Identifier les ancêtres et accomplir les ordonnances
salvatrices pour eux est une expression d'amour. C'est l'esprit et le
pouvoir d'Élie, qui a donné, en 1836, les clefs de ce
pouvoir à Joseph Smith dans le Temple de Kirtland pour
« tourner le cœur des pères vers les enfants,
et les enfants vers les pères » (D&A 110:15 ;
voir aussi Malachie 4:5-6; JS–H 1:39; D&A 2:2). Le désir
de découvrir ses ancêtres et d’accomplir toutes
les ordonnances du temple pour eux est parfois appelé l'esprit
d'Élie (voir Élie, Esprit d’). Le président
Joseph Fielding Smith a associé l’histoire familiale et
l’œuvre du temple à l’amour pour l'humanité
en déclarant que travailler en faveur des morts est « une
œuvre qui épanouit l'âme de l'homme, lui donne des
idées plus larges sur le bien-être de son prochain et
implante dans son cœur l’amour pour tous les enfants de
notre Père céleste. Il n'y a pas d’œuvre
égale à celle du temple pour les morts pour enseigner à
l’homme à aimer son prochain comme lui-même »
(p. 3).
En réponse à l'enseignement du
président
Woodruff au sujet de leurs responsabilités en matière
d’histoire familiale, les saints des derniers jours ont créé
en 1894 la société généalogique d’Utah
à Salt Lake City. Au fil des années, la société,
par le biais de la Bibliothèque d’Histoire Familiale et
de son réseau mondial de plus de 1 500 centres d'histoire
familiale, est devenue un soutien majeur des efforts consentis par
l’Église pour l’enseignement de l’histoire
familiale par des informations sur la recherche (d'abord sous forme
de livres et plus tard par microfilms puis en disques compacts) et en
mettant à disposition un personnel compétent pour aider
les chercheurs à identifier leurs ancêtres.
L’intérêt
pour l'histoire familiale n'est pas limité aux saints des
derniers jours. Il y a eu une croissance remarquable de l'intérêt
pour la généalogie et l'histoire familiale depuis 1836,
quand Élie a remis les clefs à Joseph Smith, le
prophète. Dans de nombreux pays, des milliers de personnes ont
rejoint des sociétés généalogiques et
historiques et plus de la moitié des clients de la
Bibliothèque d’Histoire familiale et de ses centres
d'histoire familiale sont membres d'autres religions. L'Église
participe à des efforts de coopération avec des
centaines de sociétés généalogiques et
d’histoire familiale, archives et bibliothèques pour
identifier les documents généalogiques et conserver les
données qui s’y trouvent (voir Conférences
mondiales sur les annales).
La technologie moderne a joué
un rôle important
dans les progrès de l’histoire familiale dans la seconde
moitié du XXe siècle. L'Église a mis au point un
vaste programme de microfilmage dans le monde entier. Depuis 1938,
elle a fait du microfilmage dans plus d'une centaine de pays et a
accumulé plus de 1,3 milliards de clichés avec quelque
huit milliards de noms. Les documents microfilmés constituent
la base d’une expansion fulgurante de la recherche
généalogique. Ils ont permis une croissance rapide des
collections de la Bibliothèque d’Histoire familiale et a
permis à la fois la distribution de renseignements
généalogiques aux centres d'histoire familiale de
l'Église et les programmes d'extraction de noms qui ont permis
l'automatisation généralisée des renseignements
généalogiques contenus dans le système
informatique de FamilySearch.
Il en résulte qu’il n’a jamais
été
aussi facile de faire de la recherche généalogique.
Grâce à FamilySearch, les clients de la Bibliothèque
d’Histoire familiale et des centres d'histoire familiale ont
accès aux 147 millions de noms qui se trouvent dans l'Index
généalogique International et au nombre croissant des
9,67 millions de noms raccordés par lignage d’Ancestral
File™. Les programmes d’extraction de noms convertissent
les informations provenant de documents papier (par exemple, le
recensement fédéral américain de 1880 et le
recensement britannique de 1881) et du fait que des gens de partout
dans le monde apportent des renseignements à Ancestral File,
les programmes informatiques associés à FamilySearch
peuvent simplifier considérablement l’identification des
ancêtres.
L'Église enseigne que les
devoirs des membres en matière
d’histoire familiale sont triples. Tout d'abord, ils doivent
acquérir le désir d'aider à racheter les morts.
Une fois qu’ils ont acquis le témoignage du principe du
salut des morts, ils sentent qu’ils ont la responsabilité
personnelle d’y aider. Ils se préoccupent également
de ceux dans le monde des esprits qui attendent que les ordonnances
du temple soient accomplies.
En second lieu, ils doivent
déterminer ce qu'il faut
faire. Chaque saint des derniers jours peut faire quelque chose pour
faire avancer l’histoire familiale. Dallin H. Oaks conseille :
« Nous ne devons pas essayer d’obliger tout le monde
à tout faire, mais encourager chacun à faire quelque
chose » (1989, p. 6). En conséquence, les saints
des derniers jours sont encouragés à participer à
des activités liées au salut des morts. Ce que l’on
fait et la quantité de ce que l’on fait dépend
des capacités et de la situation de chacun, de ce que la
famille peut avoir déjà accompli, de l’inspiration
personnelle venant de l'Esprit et des lignes directrices proposées
par les dirigeants de l'Église. Parmi les activités, il
y a l’identification des ancêtres et l’accomplissement
des ordonnances du temple en leur faveur, la participation à
des organisations familiales, au programme d'extraction des noms, la
tenue d’un journal personnel, la rédaction d’une
histoire personnelle et familiale et l’acceptation d’appels
de l'Église au service dans le temple et dans l'histoire
familiale. Pour identifier les premières générations
d’ancêtres, il n’est habituellement pas nécessaire
de faire beaucoup de recherches à la bibliothèque ou
d’avoir recours à des outils de recherche avancés.
Au début, les recherches généalogiques
consistent généralement à consulter les
documents familiaux connus (voir Journaux intimes), à se
renseigner, soit oralement, soit par écrit, auprès des
membres de la famille, à chercher dans les archives publiques
d’accès facile telles que les extraits d’acte de
naissance. Pour identifier les ancêtres au-delà des
quelques premières générations, il faut
habituellement avoir recours aux bibliothèques, aux outils
informatiques disponibles dans des systèmes tels que
FamilySearch et l’aide de spécialistes. Les
organisations familiales permettent aux membres de mettre en commun
les renseignements et les ressources pour promouvoir l’histoire
de la famille. Le Programme d’extraction des Noms permet de
convertir les données qui se trouvent sur les copies
microfilmées d’archives sur papier – registres
paroissiaux, recensements, etc. – en un format informatique
pour les intégrer dans des fichiers de FamilySearch ou de
fournir les noms nécessaires aux temples.
Troisièmement, les membres
doivent continuer à
œuvrer. Le travail du département d'histoire familiale
ne sera terminé que quand tous les noms seront enregistrés
et toutes les ordonnances accomplies.
Bibliographie
Come
unto Christ Through Temple Ordinances and Covenants, 2e éd.
Salt Lake City, 1988.
Greenwood, Val D. The
Researcher's Guide to
American Genealogy, 2e éd. Baltimore, 1990.
Instructions
for Priesthood Leaders on Temple and Family History Work. Salt Lake
City, 1990.
Oaks, Dallin H. "Family
History: "In Wisdom
and Order'." Ensign 19, juin 1989, p. 6-8.
Smith, Joseph
Fielding. Church News, 24 octobre 1970, p. 3.
Woodruff, Wilford.
Deseret Weekly, 21 avril 1894, p. 543.
DAVID H. PRATT
I
Israël :
Aperçu
Auteur : BROWN, S.
KENT
Le nom Israël
(« Dieu règne » ou « Dieu
brille » en hébreu) a deux applications modernes
particulièrement distinctives pour les saints des derniers
jours. D'abord, il désigne les membres de l'Église.
Ensuite, il désigne les descendants modernes des Israélites
d’autrefois, qui, à cause de la fidélité
de Dieu aux alliances antiques faites avec leurs ancêtres, vont
être les bénéficiaires de ses bénédictions
dans les derniers jours.
HISTOIRE DU NOM. Le nom
Israël apparaît pour la première fois dans la Bible
comme le deuxième nom accordé par Dieu à Jacob
(Ge. 32:28 ; 35:10). Les « fils d'Israël »
ou les « enfants d'Israël » désignaient
au commencement les fils de Jacob et leurs familles (Ge. 50:25 ;
Ex. 1:1) et, de manière plus lointaine, tous les descendants
de Jacob (p. ex., Ex. 1:7, 9). Après que la postérité
de Jacob se fut installée au pays de Canaan, le nom Israël
désigna la ligue de tribus liées entre elles par une
alliance avec le Seigneur (Jos. 24). Plus tard, la monarchie unie de
Saül, de David et de Salomon s’appela Israël (p. ex.,
1 S. 9:16 ; 13:13 ; 2 S. 5:3). Après le schisme qui
suivit la mort de Salomon, le nom Israël désigna le
royaume du nord (1 R. 11:34-39 ; 12:3, 16), tandis que celui du
sud recevait le nom de Juda (1 R. 12:23, 27). Lorsque le royaume du
nord fut tombé devant les Assyriens en 722 av. J.-C., le nom
Israël devint une désignation spirituelle pour le royaume
du sud (p. ex., És. 5:7 ; Mi. 3:1 ; Za. 12:1 ;
1 M. 1:11, 62). Le terme « juif » fut appliqué
pour la première fois par des gens étrangers à
ceux qui vivaient dans le royaume de Juda et apparaît pour la
première fois dans 2 R. 16:6.
Dans le Nouveau
Testament, le nom Israël désigne le peuple de Dieu,
habituellement pas dans un sens nationaliste, mais ceux qui sont ou
seront réunis à Jésus-Christ en obéissant
à la parole de Dieu (p. ex., Mt. 10:6-7 ; Lu. 24:21 ;
Jn. 1:31, 49 ; Ac. 2:22, 36). Il se rapporte également au
royaume du Christ (Mt. 27:42 ; Mc. 15:32), sur lequel les
Gentils seront greffés comme sur un olivier (Ro. 11:17-21).
Deux passages dans Galates identifient clairement Israël avec
l'Église chrétienne primitive (Ga. 3:27-29 ;
6:15-16) et le lien est également affirmé par la
déclaration de Jésus que ses apôtres jugeront les
tribus d'Israël (Mt. 19:28 ; cf. 1 Né. 12:9 ;
D&A 29:12).
Dans le Livre de Mormon,
plusieurs expressions apparaissent avec des applications distinctes.
L'expression « enfants d'Israël » renvoie
régulièrement aux descendants de Jacob de l'ère
mosaïque, faisant écho à la terminologie du récit
de l'Exode (p. ex., Ex. 19:1 ; 1 Né. 17:23 ;
Jcb. 1:7 ; Mos. 7:19 ; cf. 3 Né. 29:1-2). Le
titre de Dieu, le Saint d'Israël, tiré d'Ésaïe
(p. ex. 48:17 ; 1 Né. 20:17), apparaît dans
les commentaires sur les alliances de Dieu, affirmant qu’il est
le Dieu fidèle qui a fait des alliances avec l’Israël
antique (p. ex. 1 Né. 19:14-17). Ce titre apparaît
également dans les prophéties au sujet du futur règne
de Dieu « en domination, et en puissance, et en pouvoir,
et en grande gloire » (1 Né. 22:24-25). Le
Saint d'Israël est identifié comme étant
Jésus-Christ (2 Né. 25:29). L’expression
« Maison d'Israël » désigne la
postérité en ligne directe de Jacob et est fréquemment
utilisée dans les paroles prophétiques qui ont trait à
sa dispersion ou à son rassemblement dans les derniers jours.
De plus, les peuples du Livre de Mormon se considéraient comme
un « reste » ou « branche »
de la maison d'Israël dont les descendants recevraient les
bénédictions promises à Israël dans les
derniers jours (1 Né. 19:24 ; 3 Né.
20:16).
Il y a deux raisons
principales pour lesquelles les saints des derniers jours
s'appliquent aujourd'hui le nom Israël. D'abord, Moïse est
apparu, le 3 avril 1836, à Joseph Smith et à Oliver
Cowdery dans le temple de Kirtland et leur a conféré
les clefs, ou autorisation, pour « le rassemblement
d'Israël » (D&A 110:11 ; cf. PWJS, p.
145-146). Ce rassemblement consiste non seulement à rétablir
les personnes d'ascendance israélite « dans les
pays de leur héritage » mais également à
les tirer « de l'obscurité et des ténèbres ;
et ils sauront que le Seigneur est… le Puissant d'Israël »
(1 Né. 22:12). Cette action signifie les amener dans
l'Église. En second lieu, les saints des derniers jours ont
souvent appris par leur bénédiction patriarcale qu'ils
sont littéralement du lignage d'Israël (D&A 86:8-9),
principalement des tribus d'Éphraïm et de Manassé.
Le Seigneur a révélé qu'il est de la
responsabilité particulière d'Israël de diffuser
le message de l'Évangile rétabli au monde et Éphraïm
a la responsabilité de diriger cette œuvre (D&A
133:26-34 ; cf. EPJS, p. 163). Ceux qui ne sont pas du lignage
d'Israël le deviennent par l'adoption au moment de leur baptême
et de la réception du Saint-Esprit (EPJS, p. 149-50 ; Ro.
8:15-17 ; Ga. 4:5-7 ; Abr. 2:10 ; voir aussi Loi de
l'adoption).
ISRAËL EN LIGNE
DIRECTE. La conscience qu’avait Israël d’être
un peuple distinct par son lignage provenait, du moins en partie du
fait que Dieu l’avait officiellement adopté par alliance
sur la sainte montagne. « Maintenant, si vous écoutez
ma voix, et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez
entre tous les peuples… vous serez pour moi un royaume de
sacrificateurs et une nation sainte » (Ex. 19:5-6). En
tant que peuple élu de Dieu, Israël avait l’obligation
imposée par Dieu de porter l'alliance et ses promesses aux
autres, obligation précédemment imposée à
Abraham et à sa postérité (Abr. 2:9-11 ;
voir aussi Alliance abrahamique).
Les peuples du Livre de
Mormon étaient littéralement d'Israël. Ceux qui se
rendirent de Jérusalem en Amérique avec Léhi
vers 600 av. J.-C. descendaient de Joseph d'Égypte par ses
fils Manassé et Éphraïm (Alma 10:3 ; cf.
1 Né. 5:14-16 ; JD 23:184-85). Un deuxième
groupe avait des liens avec la maison royale de Juda par Mulek, fils
de Sédécias (Hél. 6:10 ; Om. 1:14-16).
Plusieurs prophéties traitent du rétablissement final
de l'alliance de Dieu parmi les descendants de ces peuples (p. ex.,
1 Né. 22:3-12 ; 3 Né. 20:22-27 ;
21:1-7). Comme corollaire normal, plusieurs prophéties se
concentrent sur la dispersion et le retour final de beaucoup de juifs
à Jérusalem et sur les bénédictions qui
les y attendent (p. ex., 2 Né. 6:10-14 ; 3 Né.
20:29-46 ; Ét. 13:5). Comme pour les autres alliances,
les promesses ne s’accomplissent que quand les hommes –
qu’ils soient Gentils ou Israélites – obéissent
aux commandements de Dieu (p. ex., 1 Né. 14:5-6 ;
22:17-22).
Aujourd'hui, les membres
de l'Église – l’Israël moderne, en grande
partie des descendants de Joseph soit par sang soit par l’adoption
– doivent aller à la recherche des autres descendants
d'Israël et de ceux qui veulent devenir Israélites par
l'adoption par le baptême. Le prophète Joseph Smith a
observé que « lorsque le Saint-Esprit tombe sur
quelqu’un de la postérité littérale
d'Abraham, il est calme et serein… tandis que l'effet du
Saint-Esprit sur un Gentil est de purifier le vieux sang et de faire
de lui un membre véritable de la postérité
d'Abraham. Celui qui n'a rien du sang d'Abraham (par nature) doit
recevoir une création nouvelle du Saint-Esprit »
(EPJS, p. 117 ; cf. Ro. 6:4 ; 12:2).
ISRAËL SPIRITUEL.
Dans des temps anciens comme dans les temps modernes, le respect des
alliances de Dieu a été la clef par laquelle on devient
et reste le peuple de Dieu (p. ex., Ex. 19:5-6 ; De.
4:32-40 ;
D&A 100:15-16). Au centre physique d'Israël, pour ainsi
dire, se trouvait la maison des bénédictions
spirituelles de Dieu, où les alliances étaient faites
et refaites, d'abord la tente d’assignation dans le camp et
plus tard le temple à Jérusalem. Presque immédiatement
après avoir donné les dix commandements et d'autres
conditions de l'alliance (Ex. 20-23), Dieu a donné les
directives pour la construction de la tente d’assignation (Ex.
24-27), l’édifice le plus sacré de l'Israël
de Moïse, « et j’habiterai [moi, Dieu] au
milieu d’eux » (Ex. 25:8). Le Dieu d'Israël a
aussi commandé aux saints des derniers jours de construire des
temples pour le culte et pour faire des alliances de sorte que la vie
des hommes et des femmes soit enrichie par le scellement éternel
des familles (D&A 110:6-10 ; cf. EPJS, p. 149 ; WJS, p.
212 ; voir aussi Temples).
À l'époque
du Nouveau Testament, les païens se virent offrir une grande
occasion de participer pleinement aux bénédictions
d'Israël. Bien que limitant son ministère personnel aux
Israélites (Mt. 15:24 ; cf. 3 Né. 15:23) et
disant aux Douze de ne faire du prosélytisme que parmi Israël
(Mt. 10:5), Jésus visita les païens dans la Décapole,
près de la Galilée (Mt. 8:28-34) et envoya ses
soixante-dix disciples dans des régions où il y avait
beaucoup de païens (Lu. 10:1-17). Il prophétisa que
beaucoup « viendr[aie]nt de l’orient et de
l’occident, et ser[aie]nt à table avec Abraham, Isaac et
Jacob, dans le royaume des cieux » (Mt. 8:11).
Jean-Baptiste a proclamé que « de ces pierres–ci
Dieu peut susciter des enfants à Abraham. » (Mt.
3:9), allusion évidente à l'adoption des païens
dans la maison d'Israël (EPJS, p. 258). Pierre a appris que les
justes « en toute nation » qui écoutent
Dieu lui sont « agréables » (Ac. 10:35).
Paul rappelle néanmoins au lecteur : « Ne te
glorifie pas au dépens de ces branches » de l'arbre
d'Israël quand elles vacillent parce que « tout
Israël sera sauvé » (Ro. 11:18, 26).
Le Livre de Mormon
conserve une prophétie de Joseph d'Égypte (2 Né.
3:5-21) dans laquelle le Seigneur promet à Joseph : « Je
susciterai un voyant de choix du fruit de tes reins… [pour]
les faire parvenir à la connaissance des alliances que j'ai
faites avec tes pères. » (2 Né. 3:7).
L’œuvre de ce voyant consistera à faire paraître
un document écrit par les descendants de Joseph, qui sera
joint à un document de la tribu de Juda, pour faire parvenir
les Israélites « à la connaissance de
[leurs] pères dans les derniers jours, et aussi à la
connaissance de mes alliances, dit le Seigneur » (2 Né.
3:11-12). Le document de la lignée de Joseph est le Livre de
Mormon et celui de Juda est la Bible (cf. Éz. 37:15-23 ;
voir aussi Livre de Mormon, Prophéties bibliques sur). La
prophétie dit que le voyant « sera appelé du
même nom que moi [Joseph] et ce sera le même nom que
celui de son père. Et il sera semblable à moi »
(2 Né. 3:15). Pour les saints des derniers jours, ce
voyant est Joseph Smith. De plus, le Livre de Mormon est un
instrument pour réaliser le rétablissement des
alliances de l'Évangile et le rassemblement d'Israël.
Vers 600 av. J.-C., le Seigneur parla à Néphi 1 de la
postérité des Gentils et de Néphi : « Je
me manifesterai à ta postérité, et elle écrira
beaucoup de choses que je lui enseignerai, qui seront claires et
précieuses… voici, ces choses seront cachées
pour parvenir aux Gentils par le don et le pouvoir de l'Agneau. Et
c'est en elles que sera écrit mon Évangile, dit
l'Agneau, et mon rocher, et mon salut. » (1 Né.
13:35-36). À la page de titre du Livre de Mormon, on trouve
ces mots écrits vers 400 apr. J.-C. disant le but de l’œuvre :
« de montrer au reste de la maison d'Israël les
grandes choses que le Seigneur a faites pour ses pères ;
et aussi de lui faire connaître les alliances du Seigneur,
qu'il sache qu'il n'est pas rejeté à jamais »
(voir Livre de Mormon : Page de titre du Livre de Mormon).
Le rassemblement d'Israël
ne pouvait avoir lieu avant le rétablissement des clefs ou de
l'autorisation pour cet effort. Le 3 avril 1836 (époque de la
pâque), Moïse et Élie apparurent à Joseph
Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland, Élie
rétablissant les pouvoirs de scellement pour tourner le cœur
des enfants vers les promesses faites à leurs ancêtres
(cf. Mal. 4:5-6 ; D&A 2:1-3 ; JS–H 1:38-39) et
Moïse les clefs pour le rassemblement d'Israël (D&A
110:11, 13-16 ; cf. EPJS, p. 272 ; PWJS, p. 186-187).
TERRE D'ISRAËL. Bien
que l'expression « terre d'Israël » soit
utilisée assez rarement dans les parties les plus anciennes de
l'Ancien Testament et soit probablement l’œuvre d'une
main ultérieure (p. ex. 1 S. 13:19 ; 2 R. 5:2), la notion
d'une terre définissable donnée à Israël
comme héritage est au moins aussi ancienne qu'Abraham (p. ex.
Ge. 12:7 ; Abr. 2:6 ; voir aussi Terre promise, Notion de).
En outre, il est clair que l'obéissance permanente était
requise pour en conserver la possession. Car le Seigneur promit à
Abraham – avec une mise en garde – que ses descendants
recevraient « un pays étranger que je donnerai en
possession éternelle à ta postérité après
toi, lorsqu'elle écoutera ma voix » (Abr. 2:6 ;
cf. aussi Lé. 18:25-28 ; Jé. 16:12-13).
La notion de terres
d’héritage multiples est enseignée dans le Livre
de Mormon. Cette pluralité de territoires est jointe à
l’idée d’héritage, comme l’exprime
Ésaïe. Dans la plupart des cas, l'auteur du Livre de
Mormon cite Ésaïe au sujet du rassemblement d'Israël
dans ses terres. Par exemple, Jacob prédit que ceux de la
maison d'Israël « seront rassemblés chez eux
dans les pays de leur héritage et seront établis dans
toutes leurs terres de promission » (2 Né.
9:2, après avoir cité És. 49:24-52:2 ; cf.
2 Né. 6:11 ; 10:7-8). Chose significative, dans
chaque cas, une transformation spirituelle d'Israël doit
accompagner le rassemblement dans les terres : « et
ils seront tirés de l'obscurité et des ténèbres ;
et ils sauront que le Seigneur est leur Sauveur et leur Rédempteur,
le Puissant d'Israël » (1 Né. 22:12).
Et : Dieu « a parlé aux Juifs, par la bouche
de ses saints prophètes, oui, dès le commencement [et
il continuera]… jusqu'à ce que vienne le moment où
ils seront rendus à la vraie Église et au vrai troupeau
de Dieu » (2 Né. 9:2 ; cf. 30:2 ;
3 Né. 16:4 ; 20:13, 31).
Jésus ressuscité
a dit qu'il y a au moins deux terres auxquelles les descendants de la
maison d'Israël doivent être rassemblés. Aux
auditeurs de la lignée de Joseph sur le continent américain,
il a déclaré que « le Père m'a
commandé de vous donner ce pays en héritage »
(3 Né. 20:14 ; cf. 20:22 ; Ét. 13:6-10).
20:29 ; cf. Ét. 13:5, 11). Les Écritures modernes
disent que les dix tribus se rendront d'abord en Amérique, où
elles « seront couronnées de gloire en Sion »
(D&A 133:26-34) et hériteront ensuite le pays de leurs
ancêtres (3 Né. 20-21).
ÉTAT D'ISRAËL.
Les dirigeants de l’Église ont vu dans la création
de l'État moderne d'Israël au Proche-Orient un événement
mondial d’importance mais pas comme l’accomplissement
complet de la prophétie. Après avoir noté la
gloire de l’œuvre de Dieu qui doit encore se faire parmi
toutes les branches d'Israël et avoir traité de la
rédemption promise à Juda, Bruce R. McConkie, un
apôtre, écrit à propos de l'immigration actuelle
de quelques millions de juifs en Terre Sainte : « Est-ce
là le rassemblement moderne dont parlent les Écritures ?
Non ! … C’est néanmoins une partie du plan
divin » d'un rassemblement plus complet qui doit encore se
produire (p. 229).
Bibliographie
Hunter, Howard W. "All
Are Alike unto God." Ensign 9, juin 1979, p. 72-74.
McConkie, Bruce R. The
Millennial Messiah, p. 182-329. Salt Lake City, 1982.
Nelson, Russell M.
"Thanks for the Covenant." Devotional and Fireside Speeches
[BYU], 1988-89, p. 53-61. Provo, Utah, 1989.
S. KENT BROWN
Israël :
Dispersion d'Israël
Auteur :
STEWART, DOUGLAS A.
La dispersion d'Israël,
prédite dans toute la Bible et tout le Livre de Mormon, est
une preuve d’accomplissement des prophéties. D'une part,
Abraham a reçu la promesse que ses enfants posséderaient
un lieu de résidence tant qu’ils resteraient fidèles
aux commandements de Dieu (Abr. 2:6) ; de l'autre, les prophètes
à partir de Moïse ont prévenu que la rébellion
spirituelle mènerait à leur expulsion de la terre
promise (Lé. 18:26-28 ; 26:21-33). Pendant le schisme
monarchique, les prophètes israélites plaidèrent
pour le retour aux alliances négligées afin d’assurer
la protection promise par le Seigneur (p. ex., Os. 6:1-3 ; Am.
5:4-9 ; És. 49 ; 50:1-3 ; 51-52 ; Jé.
3:12-19 ; 18:11). Israël et Juda ayant rejeté les
avertissements prophétiques, ils furent dispersés.
La dispersion se
produisit en trois phases principales : (1) la captivité
assyrienne du royaume du nord de dix des tribus d'Israël (v. 722
av. J.-C.) ; (2) la captivité babylonienne du royaume de
Juda (v. 587 av. J.-C.) ; et (3) la destruction de l'État
judéen et du deuxième temple par Rome (66-70 apr.
J.-C.). Bien que d'autres cas de dispersion se soient produits, ces
phases accomplissaient les buts du Seigneur de punir son peuple de
l'alliance en le dispersant ; mais, dans sa miséricorde,
il fit les préparatifs du rassemblement de ses descendants
dans les années ultérieures quand ils « parviendront
à la connaissance de leur Rédempteur »
(2 Né. 6:8-14).
On trouve de nombreuses
mentions de la dispersion d'Israël dans les Écritures.
Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel,
Néphi 1, et d'autres ont beaucoup écrit à ce
sujet (p. ex., És. 50-53 ; Jé. 3 ; 18 ;
Éz. 6:8-10 ; 11-12 ; 36 ; 2 Né.
10). Le plus remarquable de ces passages est sans aucun doute la
prophétie de Zénos donnée à « la
maison d'Israël » et citée dans le Livre de
Mormon par Jacob, fils de Léhi (Jcb. 5). Dans un langage
semblable à Ésaïe 5:1-7 et dont on retrouve l’écho
dans Ro. 11:17-24, Zénos compare l'histoire de la maison
d'Israël à un olivier planté dans une vigne,
l’assimilant à un « olivier franc »
qui commence à se corrompre. Des Gentils, représentés
dans l'allégorie de Zénos par les branches d'un olivier
sauvage, sont greffés sur l'arbre franc afin de conserver son
fruit naturel. Des serviteurs aident le seigneur de la vigne à
créer les meilleures conditions de croissance : ils
bêchent, taillent, engraissent et finalement transplantent,
greffent et élaguent. Entre--temps, ils plantent des branches
de l'arbre d’origine dans des parties lointaines de la vigne.
Au cours de trois « visites » de la vigne (Jcb.
5:4, 16, 30), le seigneur et ses serviteurs travaillent pour produire
des olives valables qui pourraient être conservées pour
« la saison qui arrive rapidement » (5:76).
Finalement, le fruit désiré apparaît, ce qui fait
un grand plaisir au seigneur de la vigne (5:38-75).
Joseph Fielding Smith, un
apôtre moderne, a résumé ainsi cette allégorie :
« Elle rapporte l'histoire d'Israël au cours des
siècles, la dispersion des tribus dans tous les coins de la
terre… ou en d'autres termes le mélange du sang
d'Israël parmi les Gentils par lequel les grandes bénédictions
et promesses du Seigneur à Abraham s’accomplissent »
(Answers to Gospel Questions, Salt Lake City, 1963, vol. 4, p.
141-142).
Les prophètes du
Livre de Mormon et le Sauveur ressuscité ont également
parlé de la dispersion. À propos de la situation de son
peuple dans une nouvelle terre, Néphi 1 remarque qu'il fait
partie d'Israël dispersé qui un jour sera rassemblé
(1 Né. 22:3-5, 7-12). Jacob observe : « Nous
avons été chassés du pays de notre héritage ;
mais nous avons été conduits dans un pays meilleur »
(2 Né. 10:20-22). Jésus ressuscité dit à
ses auditeurs en Amérique que bien que la dispersion
prophétisée ne fût pas encore complète, le
rassemblement promis allait certainement se produire (3 Né.
20:11-18, 29-46 ; 21:1-9, 26-29).
La dispersion d'Israël
intéresse les saints des derniers jours à cause de la
promesse du rassemblement dans les derniers jours, qui a commencé
en 1829 quand le Seigneur a rétabli la prêtrise par le
prophète Joseph Smith. Puis, le 3 avril 1836, Moïse est
apparu et a donné les clefs, ou l'autorisation, du
rassemblement à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans
le temple de Kirtland. Aujourd'hui, mandatés par ceux qui ont
l'autorité dans la prêtrise, les missionnaires ramènent
l’Israël moderne à l'alliance, à
l'acceptation de son Rédempteur, l’instruisant dans les
pays dans lesquels ses ancêtres ont été dispersés
il y a bien longtemps.
Bibliographie
Jackson, Kent P.
"Nourished by the Good Word of God." Dans Studies in
Scripture, dir. de publ. K. Jackson, Vol. 7, p. 185-195. Salt Lake
City, 1987.
Richards, LeGrand.
Israel, Do You Know ? Salt Lake City, 1982.
DOUGLAS A. STEWART
Israël :
Rassemblement d'Israël
Auteur :
NIEDERHAUSER, TERRY L.
Les saints des derniers
jours croient « au rassemblement littéral d'Israël
et au rétablissement des dix tribus ; [et] que Sion (la
nouvelle Jérusalem) sera bâtie sur le continent
américain » (10ème A de F). Du point de vue
des saints des derniers jours, le rassemblement d'Israël dans
les derniers jours comprend ce qui suit : (1) le rassemblement
spirituel, qui comprend la prise de conscience que Jésus est
le Christ, et le fait de devenir membre de l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours ; (2) le
rassemblement des membres de l’Église dans des pieux
organisés et (3) le rassemblement des descendants des douze
fils de Jacob – notamment les dix tribus perdues (D&A
110:11) – dans les terres de leur héritage. Ces
rassemblements sont nécessaires à cause des apostasies
antiques qui ont eu pour conséquence la dispersion d'Israël
dans toutes les nations (De. 4:27 ; 28:64 ; Jé.
16:13 ; Osée 9:17).
Les prophètes
israélites, voyant d’avance la dispersion d’Israël,
ont également prédit son rassemblement dans les
derniers jours (1 R. 22:17 ; Jé. 31:7-12 ;
32:37-40 ; Éz. 36:24 ; etc.). Selon Ésaïe,
Israël apprendra que le Seigneur est Sauveur, sera rassemblé,
dirigera ses propres affaires et reconstruira Jérusalem (És.
52:1-2 ; D&A 113:7-10). Anciennement, le Seigneur a fait
sortir Israël d'Égypte et Ésaïe a prophétisé
un retour futur d'Israël de beaucoup de pays (És.
11:11-13 ; cf. 2 Né. 6:14 ; EPJS, p. 9 ;
Benson, 1977, p. 137-138).
Le rassemblement
spirituel d'Israël par la conversion à l’Évangile
rétabli de Jésus-Christ doit être accompli par
les anciens de l'Église (D&A 133:8) qui sont mis à
part et envoyés comme « pêcheurs »
et « chasseurs » « et ils les
chasseront de toutes les montagnes et de toutes les collines, et des
fentes des rochers » (Jé. 16:16) et ils les
appelleront à Sion et à ses pieux (D&A 133:4-9 ;
És. 54).
Le Livre de Mormon et les
Doctrine et Alliances sont considérés comme des
instruments « pour rassembler mes élus »
de toute la terre (Moï. 7:62 ; Benson, Ensign 16, nov.
1986, p. 78-80). Jésus ressuscité a déclaré :
« que lorsque les paroles d'Ésaïe
s’accompliraient… alors s’accomplira l'alliance »
que le Père a faite de rassembler Israël (3 Né.
20:11-13). En outre, il a proclamé que le Livre de Mormon
paraîtrait comme signe qu'Israël dispersé était
sur le point d'être rassemblé (3 Né. 20-21).
Néphi 1 cite Ésaïe 48 et 49, qu'il considère
comme le héraut du rassemblement et de la gloire futurs
d'Israël (1 Né. 20-22).
Les clefs de la prêtrise,
ou autorisation, pour rassembler Israël furent données le
3 avril 1836 au prophète Joseph Smith et à Oliver
Cowdery, dans le temple de Kirtland. « Moïse apparut
devant nous et nous remit les clefs pour rassembler Israël des
quatre coins de la terre et pour ramener les dix tribus du pays du
nord » (D&A 110:11). Cette autorité est
maintenant détenue par le président de l'Église.
La partie d'Israël connue sous le nom de Dix Tribus doit encore
être ramenée du nord. Son rassemblement s’accomplira
en partie par sa conversion au Seigneur, la réception des
bénédictions de l'Évangile et son retour au
« pays de son héritage antique »
(McConkie, 1982, p. 321, 324-326).
Le Seigneur met en
évidence les caractéristiques spirituelles et
littérales du rassemblement dans l'interprétation
suivante de la parabole de l’ivraie : « Je dois
rassembler mon peuple selon la parabole du bon grain et de l'ivraie,
afin que le bon grain soit mis en sûreté dans les
greniers pour posséder la vie éternelle et être
couronné de gloire céleste » (D&A
101:65 ; aussi 86:7-10). Joseph Smith a déclaré
qu’à toutes les époques, le but divin du
rassemblement est la construction de temples pour que les enfants du
Seigneur puissent recevoir les ordonnances les plus élevées
et parvenir ainsi à la vie éternelle (EPJS, p. 248,
254).
Le rassemblement d'Israël
continue dans le monde post-terrestre d'esprit où le Christ
« organisa ses forces et désigna des messagers…
et les chargea d'aller porter la lumière de l'Évangile
à ceux qui étaient dans les ténèbres,
oui, à tous les esprits des hommes » pour qu'eux
aussi puissent être rassemblés (D&A 138:30, 34 ;
cf. 1 Pi. 3:18-19). Pour la réalisation de ce rassemblement,
les membres de l’Église accomplissent des ordonnances
telles que le baptême et la confirmation dans les temples
modernes en faveur des morts (cf. 1 Co. 15:29).
Le rassemblement physique
d'Israël va de pair avec le rassemblement spirituel. Les
serviteurs du Seigneur doivent s’unir et venir « en
Sion ou dans ses pieux, les lieux désignés par toi »
(D&A 109:39). En 1830, le Seigneur a commandé aux saints
de se rassembler en « un seul endroit » (D&A
29:8), le premier endroit étant en Ohio. En juillet 1831, il a
révélé que « le pays de Missouri »
était « désigné et consacré
pour le rassemblement des saints » et Independence
(Missouri) était désigné comme « lieu
central » (D&A 57:1-3). En 1838, après que
l'Église a grandi, le Seigneur a parlé de se rassembler
« au pays de Sion et dans ses pieux » (D&A
115:6 ; cf. És. 54:2-3 ; D&A 101:21-22).
Des missionnaires ont été
envoyés après que l'Église a été
organisée (1830) pour rassembler l’Israël spirituel
et l’Israël par le sang. Dans l'esprit du rassemblement,
beaucoup de convertis ont émigré des États de
l’Est des États-Unis, du Canada, de Grande-Bretagne et
d’Europe occidentale, d'abord en Ohio, puis au Missouri, en
Illinois, et par la suite dans les montagnes Rocheuses. Entre 1840 et
1890, plus de quatre-vingt mille convertis sont venus d'Europe
continentale et cinquante-cinq mille de Grande-Bretagne (P.A.M.
Taylor, Expectations Westward, Édimbourg, 1965, p. 144).
Au changement de siècle
et par la suite, on n’a plus demandé aux convertis
d’émigrer en Amérique et dans l'Ouest. Comme
Spencer W. Kimball l’a de nouveau souligné, les
convertis devaient rester dans leur pays d’origine où
des pieux de Sion seraient créés et des temples
construits, accordant aux membres toutes les bénédictions
de l'Évangile dans leur propre pays. Il a invité les
saints à fonder des « Sions multiples »
et à se rassembler dans « leur culture et leur
nation propres » (Kimball, p. 438-440 ; cf. Palmer,
p. 33-42).
Le rassemblement d'Israël
inclut les Lamanites. Jésus ressuscité avait promis à
leurs ancêtres en Amérique : « J'établirai
ce peuple dans ce pays, pour l'accomplissement de l'alliance que j'ai
faite avec votre père Jacob » (3 Né.
20:22, 25 ; 21:1-7).
Le rassemblement des
juifs dans l'État d'Israël continuera. Les associés
et les successeurs de Joseph Smith ont prédit que leur premier
rassemblement se ferait dans l'incrédulité (JD 4:232 ;
11:245 ; 18:64-66 ; cf. 16:352 ; 18:225). Bruce R.
McConkie appelle ceci un « rassemblement des non convertis
en Palestine… un rassemblement politique » (1982,
p. 229-230). Ce « rassemblement préliminaire »
doit précéder l’avènement du Christ auprès
des juifs sur le mont des Oliviers, quand il se manifestera
personnellement à eux (2 Né. 6:14 ; cf. Za.
13:6 ; D&A 45:48-53 ; JS–M 1:37).
Le pays de Canaan a été
promis à Abraham et à sa postérité si
toutefois ils sont justes (Abr. 2:6), promesse réitérée
plus tard à Isaac et à Jacob (Ge. 12:7 ; 26:3 ;
35:12). Parmi les descendants de Jacob, les juifs ont conservé
leur identité tout au long des siècles. Descendant
d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le peuple de Juda doit retourner à
ses terres héréditaires (D&A 109:64). Lors de la
consécration du temple de Kirtland, Joseph Smith a supplié
le Seigneur « que les enfants de Juda commencent à
retourner dans les terres que tu as données à Abraham,
leur père » (D&A 109:62-64). Orson Hyde, l’un
des premiers apôtres, fut appelé et ordonné par
Joseph Smith pour consacrer la Palestine pour le retour des juifs. Le
24 octobre 1841, Hyde monta sur le mont des Oliviers, pria pour
« dédier et consacrer cette terre… pour le
rassemblement des restes dispersés de Juda » et
érigea un monticule de pierres pour commémorer
l'événement (HC 4:456-459).
Le Livre de Mormon dit
que les juifs « seront rassemblés de leur longue
dispersion, des îles de la mer et des quatre coins de la
terre » (2 Né. 10:8 ; cf. 25:15-17). De
plus, Mormon, rédacteur et compilateur du Livre de Mormon,
déclare que « vous n'aurez plus lieu de siffler, ni
de traiter avec mépris, ni de tourner en dérision les
juifs, ni personne parmi le reste de la maison d'Israël ;
car voici, le Seigneur se souvient de son alliance avec eux, et il
leur fera selon ce qu'il a juré » (3 Né.
29:8). [Voir aussi Sionisme.]
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. "A
Message to Judah from Joseph." Ensign 6, déc. 1976, p.
67-72.
Benson, Ezra Taft. This
Nation Shall Endure. Salt Lake City, 1977.
Kimball, Spencer W. The
Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball.
Salt Lake City, 1982.
McConkie, Bruce R.
"Come : Let Israel Build Zion." Ensign 7, mai 1977, p.
115-118.
McConkie, Bruce R. The
Millennial Messiah : The Second Coming of the Son of Man. Salt
Lake City, 1982.
Palmer, Spencer J. The
Expanding Church. Salt Lake City, 1978.
Talmage, James E. "Le
rassemblement d’Israël" Dans AF, p. 406-422.
TERRY L. NIEDERHAUSER
Israël :
Tribus perdues d'Israël
Auteur :
BOLLINGER, DAVID L.
Les événements
qui ont provoqué la division avec les dix tribus d'Israël,
appelées plus tard les dix tribus perdues, sont liés à
la scission de la monarchie israélite (v. 930 av. J.-C.).
Emboîtant le pas à Jéroboam, son roi arriviste,
le royaume du nord, Israël, apostasia des alliances qu'il avait
faites avec le Seigneur (1 R. 12:26-30). Ésaïe prévint
que l'armée assyrienne deviendrait « la verge [de
la colère de Dieu] » (És. 10:5) ; la
prophétie s’accomplit quand les Assyriens emmenèrent
en captivité la plus grande partie du peuple des tribus du
nord (2 R. 17:23). Pour des saints des derniers jours, les tribus
perdues sont des Israélites autres que le peuple juif ou les
Lamanites du Livre de Mormon (2 Né. 29:13). Les sources
de l’Église fournissent quelques informations sur leur
situation et annoncent que les descendants de ces tribus perdues
auront une participation essentielle aux événements des
derniers jours.
Le Seigneur a révélé
par les prophètes de l'Ancien Testament que les dix tribus
retourneraient et recevraient les bénédictions
promises. Ésaïe a prophétisé que « le
Seigneur étendra une seconde fois sa main, pour racheter le
reste de son peuple » (És. 11:11). Jérémie
a déclaré qu’un « reste »
reviendrait « du pays du septentrion » (Jé.
3:18 ; 16:14-15 ; cf. 23:7-8 ; 31:8) et que le
Seigneur ferait « une alliance nouvelle » avec
lui (Jé. 31:31).
Les prophètes du
Livre de Mormon ont affirmé que le Seigneur n'avait pas oublié
les dix tribus, et qu'elles tiennent des annales qui seront révélées
un jour (2 Né. 29:12-14). Quand il est apparu en
Amérique, Jésus-Christ ressuscité a dit que le
Père lui avait commandé d’exercer son ministère
auprès des tribus perdues, « car elles ne sont pas
perdues pour le Père » (3 Né. 17:4).
Jésus a également promis que l’œuvre de
rédemption du Seigneur dans les derniers jours inclurait « les
tribus qui ont été perdues » (3 Né.
21:26).
Pour que les tribus
perdues reçoivent leurs bénédictions promises
dans les derniers jours, des clefs de la prêtrise, ou
autorisation, ont dû être rétablies. Le 3 avril
1836, Moïse est apparu au prophète Joseph Smith et à
Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland et leur a conféré
« les clefs du rassemblement d'Israël… et pour
ramener les dix tribus du pays du nord. » (D&A
110:11). Ces clefs sont toujours détenues par le président
de l'Église. En temps voulu, les dix tribus « seront
couronnées de gloire… par les mains des serviteurs du
Seigneur, c’est-à-dire les enfants d'Éphraïm »
(D&A 133:26-34). James E. Talmage a également affirmé
que « les tribus viendront ; elles ne sont pas
perdues pour le Seigneur ; on les fera sortir, comme prédit »
(CR, oct. 1916, p. 76). C’est clair : selon les Écritures
et les enseignements des dirigeants de l’Église, les
descendants des tribus perdues, où qu’ils soient, ont
continué à retenir l'attention divine et recevront de
futures bénédictions.
Bibliographie
Smith, Joseph Fielding.
Le chemin de la perfection, chap. 20.
Talmage, James E. "La
dispersion d’Israël." Dans AF, p. 389-404
DAVID L. BOLLINGER
J
Jean
le Bien-aimé
Auteur :
GRIGGS, C. WILFRED
Jean le Bien-aimé
est l’auteur de cinq écrits du Nouveau Testament, un
évangile, l’Apocalypse (voir Jean, Révélations
de) et trois épîtres. Bien que l’auteur
s’identifie comme étant Jean dans l’Apocalypse
(Ap. 1:1, 4, 9), il n’est connu que comme « l’ancien »
dans les épîtres et comme « le disciple que
Jésus aimait » dans l’évangile. La
tradition ancienne et les éléments de style vont dans
le sens d’une origine commune de ces écrits, mais
certains estiment que « le bien-aimé »
et « l’ancien » étaient deux
personnes différentes.
Jean souligne les
qualités spirituelles dans ses écrits, notamment
certaines paires contrastantes de caractéristiques qui
illustrent les deux forces spirituelles opposées dans le
monde. Parmi les exemples il y a la lumière et les ténèbres,
l’amour et la haine, la vérité et le mensonge et
Dieu et le diable (voir Opposition). Jean souligne également
des idées telles que porter un témoignage vrai,
connaître le Seigneur, persévérer jusqu’à
la fin et être ressuscité par le Sauveur.
Jean et son frère,
Jacques étaient fils de Zébédée (certains
pensent que Salomé était la femme de Zébédée,
basant leur identification sur Mt. 27:56 et Mc. 15:40) et les hommes
de la famille étaient pêcheurs sur la mer de Galilée.
Leurs affaires étaient prospères au point qu’ils
employaient des serviteurs (Mc. 1:19-20) à l’époque
où Jésus appela les frères au ministère à
plein temps. Bien que les évangiles de Matthieu et de Luc
citent Pierre, André, Jacques et Jean au début de leur
liste, Marc et Actes situent Pierre, Jacques et Jean au début
de la liste des Douze. Ces trois apôtres étaient seuls
avec Jésus en des occasions spéciales, comme lors de la
résurrection de la fille de Jaïrus (Mc. 5:37-43), sur la
montagne de la Transfiguration (Mt. 17:1-9) et lors des souffrances
de Jésus dans le jardin de Gethsémané (Mt.
26:37-45). Le prophète Joseph Smith a enseigné que ces
trois apôtres antiques reçurent les clefs de la prêtrise
pendant l’expérience de la Transfiguration (EPJS, p.
125).
Jean est habituellement
identifié comme étant l’un des deux disciples de
Jean-Baptiste mentionnés dans l’évangile de Jean
qui devinrent disciples de Jésus après son baptême
(Jean 1:35-40). Jacques et Jean furent appelés Boanergès
(« fils du tonnerre ») par Jésus,
peut-être à cause de leur personnalité forte et
impulsive. Eux (Mc. 10:35-40) ou leur mère en leur nom (Mt.
20:20-23) demandèrent à Jésus de leur accorder
une place d’honneur dans son royaume céleste. Bien que
réprimandés pour leur ambition, ils exprimèrent
leur volonté de participer à ses épreuves et à
ses souffrances et Jésus déclara que c’est ce qui
se passerait.
Jean se décrit
comme étant « couché sur le sein de Jésus »
pendant la dernière cène (Jn. 13:23) ; plus tard,
quand Jésus fut lié et emmené devant le
souverain sacrificateur, Jean (qui « était connu du
souverain sacrificateur ») et Pierre l’accompagnèrent
(Jn. 18:15). Jean continua à suivre le Sauveur au cours des
événements qui s’ensuivirent et fut le seul des
Douze dont il soit écrit qu’il était présent
à la crucifixion. Jésus lui demanda de prendre soin de
sa mère, Marie, et Jean la prit chez lui (Jn. 19:26-27).
Après la
résurrection du Christ, Pierre et Jean coururent au tombeau
lorsque Marie Madeleine leur eut dit que la pierre qui le fermait
avait été enlevée. Jean courut plus vite et fut
le premier à arriver au tombeau vide (Jn. 20:1-8). Plus tard,
le Seigneur dit à Pierre que Jean resterait (sur terre)
jusqu’à sa seconde venue (Jn. 21:20-23), ce qui fut la
source de la tradition chrétienne ancienne que Jean n’est
pas mort. Le prophète Joseph Smith a confirmé et a
corrigé cette tradition dans une révélation qui
dit que Jean, ayant reçu « pouvoir sur la mort »,
reste sur la terre « comme un feu flamboyant et je ferai
de lui un ange chargé d’un ministère… en
faveur de ceux… qui seront héritiers du salut »
jusqu’à ce que le Sauveur revienne (D&A 7 ;
voir Êtres enlevés). Pendant sa visite au peuple du
Livre de Mormon, le Christ ressuscité a également
mentionné la permanence du ministère terrestre de Jean
(3 Né. 28:6-8).
Pierre et Jean
apparaissent ensemble dans plusieurs événements des
premiers chapitres des Actes et quelque temps après la mort de
Jacques (Ac. 12:1-2), ces deux apôtres seront rejoints par un
autre Jacques, « frère du Seigneur »
(Ga. 1:19), dans une responsabilité de présidence sur
l’Église ; Jacques, Pierre et Jean étaient
les « colonnes » reconnues (Ga. 2:9).
Après la mort de
Pierre (que la tradition fixe à 67 apr. J.-C.), Jean dut être
le doyen et l’apôtre président. Beaucoup de
sources disent que des années plus tard, Jean vécut à
Éphèse, fut exilé à Pathmos (v. 90 apr.
J.-C.) par l’empereur Domitien et revint à Éphèse
pendant le règne de Nerva (96-98 apr. J.-C.), successeur de
Domitien. Pendant son exil à Pathmos, Jean reçut
l’Apocalypse, qu’il lui fut commandé d’envoyer
avec une lettre d’accompagnement à sept Églises
d’Asie Mineure. L’importance de l’Apocalypse pour
les saints des derniers jours est soulignée par la vision de
Néphi 1 dans le Livre de Mormon, où un ange dit à
ce prophète de ne pas écrire tout ce qu’il a vu,
car les annales des derniers jours seront faites pour le monde par
Jean, un apôtre du Seigneur (1 Né. 14:18-27 ;
cf. Ét. 4:16).
Après son retour à
Éphèse, Jean écrivit les trois épîtres
qui portent son nom dans le Nouveau Testament. Certains pensent qu’il
a également écrit son évangile à Éphèse
à cette date tardive, mais d’autres en fixent la date
plus tôt. D’autres écrits ont été
attribués à Jean, notamment les Actes apocryphes de
Jean, et diverses versions de l’Apocryphon [écrit
secret] de Jean, mais aucun de ces écrits n’a été
généralement considéré comme écrit
authentique de l’apôtre.
En mai-juin 1829, les
trois apôtres d’autrefois, Pierre, Jacques et Jean,
apparurent à Joseph Smith et à Oliver Cowdery, les
ordonnèrent à la Prêtrise de Melchisédek
et leur donnèrent les mêmes clefs qu’ils avaient
reçues sur la montagne de la Transfiguration (voir D&A
27:12-13). Joseph Smith reçut plus tard une révélation,
dont certaines parties sont parallèles au prologue de
l’évangile de Jean, et il lui fut dit que « la
plénitude du livre de Jean » serait donnée à
une date future (D&A 93:6, 18).
Bibliographie
Brown, Raymond E. The
Gospel According to John, 2 vols. Garden City, N.Y., 1966, 1970.
Brown, Raymond E. The
Epistles of John. New York, 1982.
Charles, R. H.
Revelation, 2 vols. Edinburgh, 1920 ; rep. 1970.
Ford, J. Massyngberde.
Revelation. New York, 1975.
Morris, Leon. Commentary
on the Gospel of John. Grand Rapids, Mich., 1971.
Schnackenburg, Rudolf.
The Gospel According to St. John, 3 vols. English trans., London,
1968-1982.
C. WILFRED GRIGGS
Jean,
Révélations de
Auteur :
LUND, GERALD N.
L’apôtre
Jean, parfois désigné sous le nom de Jean le Bien-aimé
et de Jean le Révélateur, et les textes scripturaires
liés à son nom sont tenus en haute estime par les
saints des derniers jours. Les Écritures modernes ajoutent à
la compréhension de l’homme et de ses écrits dans
trois domaines importants : Jean en tant qu’être
enlevé, un document supplémentaire de Jean et des
éclaircissements sur l’Apocalypse.
JEAN COMME ÊTRE
ENLEVÉ. En avril 1829, le prophète Joseph Smith reçut
une révélation (D&A 7) qui éclaircit la
déclaration du Sauveur que Jean resterait sur terre jusqu’à
son retour (Jn. 21:22). Cette révélation enseigne que
Jean a demandé d’obtenir pouvoir sur la mort pour
pouvoir amener plus d’âmes au Christ (3 Né.
28:6-11), que le Seigneur lui a promis qu’il pourrait demeurer
« jusqu’à ce que je vienne dans ma gloire »
et que Jean est un être enlevé dont l’état
est « comme un feu flamboyant et un ange chargé
d’un ministère » (D&A 7:1-3, 6).
DOCUMENT SUPPLÉMENTAIRE
DE JEAN. Dans une autre révélation donnée le 6
mai 1833 à Joseph Smith apparaît un extrait de onze
versets de ce qui est appelé la « plénitude
des annales de Jean » (D&A 93:7-18). Il y a des
ressemblances importantes entre ces versets et les premiers versets
de l’évangile de Jean (Jn. 1:1-34), mais il y a aussi
des liens avec les expériences de Jean-Baptiste qui sont
également évidents (cf. D&A 93:15 ; Jn.
1:32-34). Puisque Doctrine et Alliances 93 ne mentionne que le nom de
Jean, sans annotation, on ne sait pas s’il s’agit de Jean
le Bien-aimé ou de Jean-Baptiste (cf. McConkie, 1979, vol. 1,
p. 426-427).
Quelle qu’en soit
la source, ces quelques lignes des « annales de Jean »
rendent un témoignage important du Sauveur, réaffirmant
que Jésus est la Parole, « le messager du salut »
(D&A 93:7-8), qu’il est la lumière et le Rédempteur
du monde et l’esprit de vérité (93:9-10) et qu’il
ne reçut pas la plénitude dès l’abord,
mais continua « de grâce en grâce »
jusqu’à ce qu’il eût reçu « tout
pouvoir, tant dans le ciel que sur la terre » (93:11-17).
L’APOCALYPSE. Deux
passages du Livre de Mormon soulignent l’importance de
l’Apocalypse de Jean pour les derniers jours. Le prophète
Néphi 1 (v. 600 av. J.-C.) eut la vision de beaucoup
d’événements futurs, mais il lui fut interdit de
les écrire car « le Seigneur Dieu a établi
l'apôtre de l'Agneau de Dieu pour les écrire…
[Et] le nom de l'apôtre de l'Agneau était Jean »
(1 Né. 14:25, 27). De plus, à propos des derniers
jours, le Seigneur dit : « Et alors mes révélations,
que j'ai fait écrire par mon serviteur Jean, seront dévoilées
aux yeux de tout le peuple » (Ét. 4:16).
À cet égard,
trois sources importantes facilitent l’interprétation de
l’Apocalypse.
1. Doctrine et Alliances
section 77. Reçue par Joseph Smith tandis qu’il
travaillait à la Traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS),
cette révélation contient quinze questions et réponses
au sujet de l’Apocalypse. « Cette révélation
[D&A 77] n’est pas une interprétation complète
du livre. C’est une clef… Elle ouvre la porte par
laquelle un accès est possible, mais après que la clef
a été tournée, le chercheur de trésor
doit le trouver par lui-même » (Smith, p. 478).
2. La Traduction de
Joseph Smith. En plus des questions et des réponses de la
section 77, Joseph Smith a fait des révisions importantes du
texte de l’Apocalypse dans la TJS.
3. D’autres écrits
scripturaires et prophétiques. Une grande partie de
l’Apocalypse est formulée dans un langage figuré.
Les Écritures modernes et les écrits des Autorités
générales fournissent des interprétations qui
aident à déverrouiller ce langage figuré. Il y
a , par exemple, la « verge de fer »
qui est la parole de Dieu (Ap. 2:27 ; cf. 1 Né.
15:23-24), les « êtres vivants » du
chapitre 13, qui représentent les royaumes dégénérés
du monde (EPJS, p. 233) et Babylone, qui est le symbole de la
méchanceté spirituelle (Ap. 17:5 ; cf. D&A
133:14).
En bref, l’Apocalypse
est divisée en deux grandes sections : les épîtres
aux sept Églises d’Asie (chap. 2-3) et la vision de « ce
qui doit arriver dans la suite » (4:1 ; voir chap.
4-22).
Les sept épîtres
écrites aux Églises d’Asie sont importantes pour
les chrétiens de toutes les époques. Elles décrivent
les croyances et les pratiques que le Seigneur trouvait louables
aussi bien que celles qui lui déplaisaient. Sous une forme
succincte, ces chapitres récapitulent les bénédictions
qui attendent les fidèles.
La vision du futur (Ap.
4-22) tourne autour d’un « livre » scellé
de sept sceaux, qui était dans la main de Dieu (5:1-8). Selon
la section 77 des Doctrine et Alliances, ce livre représente
le plan de Dieu pour cette terre pendant les sept mille années
de son « existence temporelle », chaque sceau
représentant mille ans (D&A 77:6-7). « Par les
sept mille années de l’existence temporelle on entend la
période de la durée de la terre de la chute d’Adam
jusqu’à la fin du temps, qui viendra après le
millénium » (Joseph Fielding Smith, dans Smith et
Sjodahl, p. 474).
Les cinq premiers sceaux
donnent, en deux ou trois versets (Ap. 6:1-11), les grandes
caractéristiques de chacune des cinq mille premières
années (voir aussi McConkie, 1973, vol. 3, p. 476-485). Dans
le sixième sceau, représentant le sixième
millénaire, Jean voit quatre anges tenant les jugements de
Dieu (Ap. 7:1 ; D&A 77:8) et un autre ange qui représentait
l’œuvre du Rétablissement (Ap. 7:2-3 ; D&A
77:9-11 ; McConkie, 1973, vol. 3, p. 489-494).
Le septième sceau
s’ouvre au chapitre 8. Mais la prédiction du retour du
Christ ne se produit qu’au chapitre 19. Ainsi, une partie
importante du livre se concentre sur la période qui précède
directement la seconde venue de Jésus (cf. D&A 77:13).
Pierre a déclaré que le Christ ne reviendrait pas
« jusqu’aux temps du rétablissement de toutes
choses » (Ac. 3:21). Il est essentiel à ce
rétablissement moderne que des anges chargés d’un
ministère (Moroni 2, Jean-Baptiste, Pierre, Jacques, Jean,
Moïse, etc.) rapportent non seulement la plénitude de
l’Évangile éternel et ses clefs et ses
ordonnances mais également le « pouvoir de
scellement », qui est le pouvoir de lier des choses sur
terre de telle sorte que cela fasse force de loi au ciel (Mt.
16:19 ;
voir Scellement). Le rétablissement de l’Évangile
et du pouvoir de scellement sont des conditions importantes de
l’avènement du Christ. Pendant cette période,
trois caractéristiques régneront : des jugements,
le royaume du Christ par opposition aux royaumes du monde et la
destruction de la Babylone des derniers jours.
Pendant que les
trompettes retentissent et que les « coupes »
de destruction sont déversées, les fléaux
dévastateurs se succèdent, dont de vastes pollutions,
une méchanceté effrénée et la bataille
d’Harmaguédon (Ap. 8-11, 16). Au milieu de ces jugements
permis par Dieu, une voix déclare que « le royaume
du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ »
(Ap. 11:15). Le chapitre 12 dépeint l’Église du
Christ et le royaume de Dieu (TJS Ap. 12:7 ; McConkie, 1973,
vol. 3, p. 516). Au chapitre 13, les royaumes de Satan s’opposent
aux saints et à l’œuvre de Dieu. Le chapitre 14
montre ensuite le triomphe du royaume du Christ et ce qui mène
à cette victoire. Le Christ vient à la montagne de Sion
avec ses serviteurs (14:1-5) et un ange, ayant l’Évangile
éternel à prêcher à la terre, vole par le
milieu du ciel (14:6-7). (Le verset 6 est ce qui a inspiré le
placement de la statue bien connue de l’ange Moroni au sommet
de la plupart des temples de l’Église.) Ensuite la chute
de Babylone est annoncée (14:8-11). Comme l’ange qui
montait du soleil levant (Ap. 7:2), cet ange est interprété
comme représentant l’œuvre du Rétablissement
(McConkie, 1973, vol. 3, p. 530). C’est cette œuvre,
dirigée par le Christ et ses serviteurs, qui provoque la
destruction finale de tous les royaumes profanes. La chute de
Babylone (Ap. 16-18) est si spectaculaire que toutes les armées
du ciel s’écrient spontanément :
« Alléluia » (Ap. 19:1-6).
Après la venue du
Christ (Ap. 19:7-21), la vision conclut, dans une succession rapide,
avec le millénium (Ap. 20:1-6), la libération de Satan
« pour un peu de temps » (Ap. 20:7-10 ;
D&A 88:111-115), le grand Jugement (Ap. 20:11-15) et la
célestialisation de la terre (Ap. 21:22-5). Ainsi,
l’Apocalypse de Jean montre que, malgré tous les efforts
de Satan en sens contraire, l’œuvre de Dieu triomphera et
le Christ reviendra régner avec ses saints pendant mille ans
pendant le millénium et pendant toute l’éternité.
Bibliographie
Lund, Gerald N. "Insights
from the JST into the Book of Revelation." The Joseph Smith
Translation, dir. de publ. M. Nyman et R. Millet. Provo, Utah, 1985.
McConkie, Bruce R.
Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 3, p. 476-485, 489-494, 516,
530. Salt Lake City, 1973.
McConkie, Bruce R.
"Understanding the Book of Revelation". Ensign 5, sept.
1975, p. 85-89.
McConkie, Bruce R. The
Mortal Messiah, Vol. 1, p. 426-27. Salt Lake City, 1979.
Smith, Hyrum M., et Janne
M. Sjodahl. Doctrine and Covenants Commentary, éd. rév.
Salt Lake City, 1951.
GERALD N. LUND
Jean-Baptiste
Auteur :
NOVAK, LOUIS
Jean-Baptiste naquit en
Judée environ six mois avant le Sauveur Jésus-Christ.
La mission terrestre principale de Jean était de préparer
la voie à Jésus et de le baptiser. Le rôle qu’il
devait jouer plus tard dans le rétablissement de la Prêtrise
d’Aaron en 1829 est particulièrement important aux yeux
des saints des derniers jours.
Les savants bibliques
discernent des différences subtiles dans la manière
dont chacun des quatre évangiles du Nouveau Testament présente
des informations sur Jean-Baptiste. Marc semble souligner le fait que
Jean a préfiguré Jésus en ce que les deux ont
proclamé l’Évangile et puis ont été
livrés à la mort. Luc traite des relations personnelles
entre Jean et Jésus, avec les liens importants que le Baptiste
fournit entre l’Ancien Testament et le Nouveau. Matthieu
rapporte plusieurs parallèles entre le ministère de
Jean et celui de Jésus, tout en précisant clairement
que Jean était subordonné à Jésus, qui
identifie Jean comme étant « l’Élie
qui devait venir » (cf. Mt. 11:14). D’autre part,
l’Évangile grec de Jean semble minimiser ses
enseignements apocalyptiques, lui fait nier être cet Élie
(Jn. 1:21) et n’utilise jamais le titre « Baptiste »
apparemment pour souligner son rôle comme première
personne à ce moment-là à savoir par révélation
et à témoigner que Jésus était le Fils de
Dieu (voir J. Meier, « John the Baptist in Matthew’s
Gospel » Journal of Biblical Literature 99, 1980, p.
383-386).
Pour les saints des
derniers jours, ces nuances sont dépassées par des
rôles de Jean plus importants englobés dans le Plan du
Salut. Par exemple, son ministère illustre le concept de la
nécessité d’un prophète, parce que « le
Seigneur, l’Éternel, ne fait rien sans avoir révélé
son secret à ses serviteurs les prophètes »
(Am. 3:7) ; il est venu comme une voix d’avertissement,
proclamant l’Évangile du repentir, rendant témoignage
de Jésus-Christ, baptisant par immersion, détenant
l’autorité divine, promettant le don du Saint-Esprit et
la persévérance jusqu’à la fin, allant
jusqu’à souffrir le martyre. Il était l’Élie
qui devait « préparer toutes choses »
(JST Mt. 11:15), mais pas l’Élie « qui devait
rétablir toutes choses » (TJS Jn. 1:22, 26).
Les parents de Jean
étaient tous deux descendants d’Aaron : Zacharie
était un prêtre qui officiait dans le temple de
Jérusalem et Élisabeth, des filles d’Aaron, était
parente de Marie, mère de Jésus (Lu. 1:5, 36). Sa
naissance fut promise par l’ange Gabriel (voir Noé), qui
rendit visite à Zacharie tandis qu’il officiait dans le
temple. Bien qu’ils eussent ardemment prié pour avoir
des enfants, Zacharie et Élisabeth n’en avaient jamais
eu. Dans leur vieillesse, Zacharie avait accueilli la promesse de
Gabriel avec un certain doute. Pour lui donner un signe, Gabriel
frappa Zacharie de surdité et de toute évidence aussi
de mutisme jusqu’à ce que Jean, huit jours après
sa naissance, fût circoncis selon la loi de Moïse et reçût
son nom. Contrairement à la coutume, sur l’ordre
préalable de Gabriel, le bébé reçut le
nom de Jean au lieu de Zacharie comme son père. Zacharie donna
à cette occasion une bénédiction à son
fils, dont les paroles sont appelées le Benedictus dans la
terminologie catholique et protestante (Luc 1:68-79).
On sait peu de choses sur
la jeunesse et l’éducation de Jean. Quand Marie rendit
visite à Élisabeth pendant leurs grossesses, Jean
« tressaillit dans son sein » (Luc 1:41). Il
« était rempli du Saint-Esprit dès le sein
de sa mère » et « fut ordonné à
ce pouvoir par l’ange de Dieu » alors qu’il
avait huit jours (D&A 84:27-28). Puisque ses parents étaient
vieux, certains se sont demandé s’il n’avait pas
tardé à les perdre ou s’il n’avait pas
intégré une secte religieuse dans le désert de
Judée. Ce qui est certain, c’est qu’il fut
soigneusement élevé dans les principes de l’Évangile,
car il sortit du désert pour prêcher le repentir (Mt.
3:2) et était bien préparé. Il connaissait sa
mission et la source de son autorité.
Jésus a dit de
lui : « Parmi ceux qui sont nés de femmes, il
n’y en a point de plus grand que Jean » (Luc 7:28).
Le Sauveur aimait profondément Jean-Baptiste. Celui-ci eut des
privilèges peu communs : personne d’autre ne
proclamerait la venue immédiate de Jésus ;
personne d’autre n’aurait l’honneur de baptiser
l’Agneau de Dieu ; personne d’autre n’était
l’administrateur légal des affaires du royaume alors sur
la terre ni le détenteur des clefs du pouvoir. « Ces
trois raisons font de lui le plus grand prophète né
d’une femme » (EPJS, p. 222).
Avec ces qualifications,
Jean s’avança vigoureusement, prêchant le repentir
et beaucoup de principes de l’Évangile dans le désert
de Judée près du Jourdain (Mc. 1:4-5). Il mangeait des
aliments rituellement purs, des sauterelles (Lé. 11:22) et du
miel sauvage ; il ne buvait « ni vin ni liqueur
enivrante » (Lu. 1:15) et il portait le vêtement
traditionnel du prophète, des poils de chameau et une ceinture
en cuir (Mc. 1:6). Il jeûnait aussi (Mt. 11:18). Il attirait de
grandes foules et tomba sous la condamnation croissante des
dirigeants juifs qu’il contestait dans sa prédication.
Au bout d’un
certain temps, « celui qui est plus puissant que moi »,
à savoir Jésus, aborda Jean et lui demanda le baptême
(voir Jésus-Christ : Baptême de Jésus-Christ).
Dans son humilité, Jean résista d’abord,
déclarant que c’était plutôt lui qui
devrait être baptisé par Jésus. Sur l’insistance
de ce dernier, Jean le baptisa, après quoi il vit le signe de
la colombe descendre du ciel sur le Christ (Jn. 1:32).
À ce stade, seul
Jean semblait porter la responsabilité d’enjamber deux
dispensations. Il était un enfant de la promesse dont la
mission avait été prophétisée des années
plus tôt par Ésaïe, Léhi et Néphi 1
(És. 40:3 ; 1 Né. 10:7-10 ; 2 Né.
31:4-8).
Jean avait commencé
sa prédication et ses baptêmes près du Jourdain
probablement un an environ avant que Jésus ne commence son
ministère public. Il « n’avait pas
l’intention de fonder une nouvelle secte » (Scobie,
p. 131) ; son appel était de préparer la voie à
Jésus et beaucoup de ses disciples devinrent les tout premiers
disciples de Jésus et les plus proches. Sa prédication
intense du repentir avait profondément irrité ceux qui
étaient au pouvoir. Il dénonça le mariage de
Hérode Antipas avec Hérodias, l’épouse de
son frère, ce qui était une violation claire de la loi
juive (Lé. 20:21 ; Josèphe, Histoire ancienne des
Juifs 18.5.1-2). Hérodias voulait la mort de Jean, mais Hérode
Antipas était préoccupé de la popularité
de Jean auprès du peuple. Il le fit emprisonner (Mc. 6:17), ce
qui calma quelque peu les pharisiens et Hérodias. Pendant que
tout ceci se passait, Jésus alla en Galilée. Tandis
qu’il était en prison, Jean lui envoya deux de ses
disciples pour confirmer leur foi en l’identité du
Sauveur et Jésus le soutint (Lu. 7:24-28). Grâce à
un complot subtil et la danse de séduction de sa fille Salomé,
Hérodias finit par manipuler Hérode de manière à
le faire décapiter Jean.
Jean-Baptiste était
parmi les prophètes et les saints qui étaient avec le
Christ dans sa résurrection (D&A 133:55). Quelque dix-huit
siècles plus tard, le vendredi 15 mai 1829, ce précurseur
du Sauveur apparut de nouveau, cette fois comme ange du Seigneur
préparant le monde pour l’avènement du Sauveur,
et conféra les clefs de la Prêtrise d’Aaron. Ceci
se produisit quand Joseph Smith et Oliver Cowdery se retirèrent
dans un endroit isolé sur le fleuve Susquehanna près
d’Harmony (Pennsylvanie) et prièrent pour avoir des
instructions. Ils avaient à peine commencé qu’un
messager céleste apparaissait, se présentant comme
étant Jean-Baptiste. Posant les mains sur leur tête, il
leur conféra la Prêtrise d’Aaron (D&A 13). Il
commanda ensuite aux jeunes hommes de se baptiser dans le fleuve
voisin, la Susquehanna, et puis de se faire mutuellement l’imposition
des mains pour se reconférer la prêtrise qu’il
leur avait accordée. Le messager promit que la Prêtrise
de Melchisédek, ou prêtrise supérieure, leur
serait donnée plus tard par les apôtres Pierre, Jacques
et Jean (JS–H 1:72).
Bibliographie
Matthews, Robert J. A
Burning Light. Provo, Utah, 1972.
Scobie, Charles H. John
the Baptist. Philadelphie, 1964
LOUIS NOVAK
Jésus-Christ :
Aperçu
Auteur :
MILLET, ROBERT L.
Jésus-Christ est
la figure centrale de la doctrine de l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours. Le prophète
Joseph Smith a expliqué que « les principes
fondamentaux de notre religion sont le témoignage des apôtres
et des prophètes concernant Jésus-Christ, qu’il
est mort, a été enterré et est ressuscité
le troisième jour et est monté au ciel ; et toutes
les autres choses qui ont trait à notre religion n’en
sont que des annexes » (EPJS, p. 95). Les saints des
derniers jours croient que le salut complet n’est possible que
par la vie, la mort, la résurrection, la doctrine et les
ordonnances de Jésus-Christ et d’aucune autre manière.
Les rapports du Christ
avec l’humanité se définissent en termes de ses
rôles divins dans les trois phases de l’existence :
prémortelle, mortelle et postmortelle.
JÉSUS PRÉMORTEL.
Dans la vie prémortelle, Jésus-Christ, dont le titre
principal était Jéhovah, était le premier-né
des enfants d’esprit de Dieu le Père et par conséquent
le frère aîné et le plus éminent de tous
les autres enfants d’esprit de Dieu. Dans ce premier état,
il est devenu plus intelligent que tous les autres esprits, quelqu’un
de « semblable à Dieu » (Abr. 3:19, 24)
et a rempli les fonctions de représentant du Père dans
la création de « mondes sans nombre »
(Hé. 1:1-3 ; D&A. 76:24 ; Moï. 1:33 ;
7:30). Les dirigeants de l’Église ont déclaré
que toute la révélation depuis la chute d’Adam
s’est faite par et à travers Jéhovah
(Jésus-Christ) et que toutes les fois que le Père est
apparu à l’homme, cela a été pour
présenter le Fils et rendre témoignage de lui (TJS Jn.
1:19 ; DS 1:35). Adam le connaissait et les patriarches d’Adam
à Noé l’ont adoré avec une humble
vénération. Il était le Dieu Tout-Puissant
d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu-Législateur
du Sinaï, le Saint d’Israël. Les documents
scripturaires affirment que tous les prophètes depuis le
commencement ont parlé ou écrit sur le moment où
Jéhovah viendrait sur terre sous la forme d’un homme,
dans le rôle d’un Messie. Pierre dit : « Tous
les prophètes rendent de lui… témoignage »
(Ac. 2:25-31 ; 10:43). Jacob a enseigné que « aucun
des prophètes n'a écrit ni prophétisé
sans parler de ce Christ » (Jcb. 7:11 ; cf. Mos.
3:5-10 ; 13:33 ; 3 Né. 20:24).
JÉSUS MORTEL.
Jéhovah est venu au monde à Bethléhem de Judée
et a grandi à Nazareth. Il est venu par condescendance en
laissant son rang de Seigneur omnipotent pour entreprendre une
mission de souffrance et d’humiliation qui allait avoir des
conséquences éternelles pour l’humanité
(voir 1 Né. 11 ; Mos. 3:5-10 ; voir aussi
Condescendance de Dieu). Sa vie a été une vie de
perfection morale : il était sans péché et
complètement soumis à la volonté du Père
(Jn. 5:30 ; 2 Co. 5:21 ; Hé. 4:15 ; 1 Pi.
2:22 ; Mos. 15:2). Jésus est le modèle et
l’exemple de tous ceux qui cherchent à acquérir
la nature divine. Comme l’a enseigné Joseph Smith, le
Sauveur « a subi de plus grandes souffrances et a été
exposé à des contradictions plus puissantes que
n’importe qui. » Malgré tout cela, « il
a gardé la loi de Dieu et est resté sans péché »
(Lectures on Faith, sermon 5, paragraphe 2). Le Seigneur ressuscité
a demandé aux Néphites : « Quelle sorte
d’hommes devriez-vous être ? En vérité,
je vous le dis, tel que je suis » (3 Né.
27:27 ; cf. 12:48).
Jésus était
cependant plus qu’innocence, bonté et amour. Il était
plus qu’un modèle et un instructeur, plus que
l’incarnation de la compassion. Il a pu accomplir son ministère
sans pareil, un ministère de réconciliation et de
salut, grâce à ce qu’il était. Ezra Taft
Benson a dit : « L’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours proclame que
Jésus-Christ est le Fils de Dieu au sens le plus littéral.
Le corps dans lequel il a accompli sa mission dans la chair a été
engendré par ce même Être saint que nous adorons
comme Dieu, notre Père éternel. Jésus n’était
pas le fils de Joseph et n’a pas été engendré
par le Saint-Esprit. Il est le Fils du Père éternel ! »
(Benson, p. 4). De Marie, femme mortelle, Jésus a hérité
la condition mortelle, notamment la capacité de mourir. De son
Père exalté il a hérité l’immortalité,
la capacité de vivre pour toujours. La nature double du
Sauveur – homme et Dieu – lui a permis d’accomplir
une expiation infinie, un exploit que n’aurait pu faire aucune
autre personne, aussi capable ou douée qu’elle fût
(cf. Al. 34:9-12). Tout d’abord, il a pu, à Gethsémané,
d’une façon majestueuse mais incompréhensible,
prendre sur lui les fardeaux et les effets des péchés
de toute l’humanité et, de cette manière, assumer
une souffrance et une torture dépassant ce qu’un simple
mortel pourrait supporter (2 Né. 9:21 ; Mos. 3:7 ;
D&A. 18:11 ;19:16 ; Taylor, p. 148). En second lieu, il
a pu se soumettre à la mort physique, donner volontairement sa
vie et ensuite reprendre son corps dans la résurrection (Jn.
5:26 ; 10:17, 18 ; 2 Né. 2:8).
JÉSUS POSTMORTEL.
Les saints des derniers jours croient qu’entre sa mort sur la
croix au Calvaire et sa résurrection, l’esprit de Jésus
est entré dans le monde d’esprit, un endroit postmortel
où se trouvent les désincarnés, ceux qui
attendent et se préparent pour la réunion de leur corps
et de leur esprit. Pierre enseigne que le Christ est allé dans
ce monde pour prêcher aux esprits en prison (1 Pi. 3:18-20 ;
4:6). Une révélation moderne explique que Jésus
n’est pas allé lui-même parmi les méchants
et les désobéissants qui avaient rejeté la
vérité. Ce qu’il a fait, c’est instruire
les justes au paradis, les organiser et leur donner le pouvoir
d’instruire ces esprits qui étaient restés dans
les ténèbres sous la servitude du péché
et de l’ignorance (voir D&A. 138:29-32). Ainsi, la mission
du Messie de « porter de bonnes nouvelles aux
malheureux », « guérir ceux qui ont le
cœur brisé… proclamer aux captifs la liberté,
aux prisonniers la délivrance » (És. 61:1 ;
Lu. 4:18-19) s’est prolongée après la mort dans
l’au-delà (voir Salut des morts ; Prison d’esprit).
Jésus « a
détaché les liens de la mort » ; il a
été « les prémices de ceux qui sont
morts » (1 Co. 15:20 ; Al. 11:40-41). Il s’est
levé du tombeau avec un corps immortel et glorifié et a
lancé la première résurrection ou résurrection
des justes, celle des justes qui avaient vécu depuis le temps
d’Adam jusqu’à celui du Christ (Mt. 27:52-53 ;
Mos. 15:21-25 ; Hél. 14:25-26 ; 3 Né.
23:7-13). Jésus-Christ reviendra sur terre avec puissance et
gloire. La première résurrection, commencée au
moment de la résurrection du Christ, reprendra lorsque les
justes décédés depuis le midi des temps jusqu’à
sa seconde venue reviendront avec lui, ressuscités dans une
gloire immortelle. Cette seconde venue signalera également le
début du millénium, mille ans de la paix terrestre où
Satan sera lié et n’aura aucun pouvoir sur le cœur
de ceux qui restent sur terre (Ap. 20:1-2 ; 1 Né.
22:26). Joseph Smith a enseigné que « le Christ et
les saints ressuscités régneront sur la terre pendant
les mille années. Ils ne demeureront probablement pas
[constamment] sur la terre, mais la visiteront quand cela leur plaira
ou quand ce sera nécessaire pour la gouverner »
(EPJS, p. 216). Pendant cette ère, Jésus se révélera
et, pour employer les termes d’Ésaïe, « la
terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel,
comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent »
(És. 11:9 ; Hé. 2:14).
Jésus-Christ est
le Dieu de la terre entière et invite toutes les tribus et
tous les peuples à venir à lui. Son ministère
terrestre, comme décrit dans le Nouveau Testament, était
principalement parmi les juifs. Après sa mort et sa
résurrection, il est apparu à ses « autres
brebis », des groupes d’Israélites dispersés.
D’abord, comme décrit dans le Livre de Mormon, il a
exercé son ministère auprès des Néphites
en Amérique. Il leur a enseigné son Évangile et
leur a donné autorité pour officier en son nom. Il a
ensuite visité les tribus perdues, les dix tribus du nord
d’Israël, qui ont été dispersées du
temps de la captivité assyrienne en 721 av. J.-C. (Jn. 10:16 ;
3 Né. 15:12-16 ; 17:4). En plus des apparitions
mentionnées dans la Bible et le Livre de Mormon, qui sont les
témoins scripturaires antiques du Rédempteur, Joseph
Smith a témoigné que Jésus-Christ, en compagnie
de son Père éternel, lui est apparu près de
Palmyra (New York) au printemps de 1820 pour ouvrir la dispensation
de la plénitude des temps (JS–H 1:1-20 ; voir
Première Vision). Par la suite, le Sauveur ressuscité a
visité plusieurs fois ses prophètes modernes et s’est
révélé à eux et continue à diriger
son Église et son royaume actuels (voir Jésus-Christ :
Apparitions de Jésus-Christ de nos jours).
Les saints des derniers
jours centrent leur culte sur Dieu, le Père éternel, et
c’est à lui qu’ils adressent leurs prières.
Ils le font, comme pour tout le reste : sermons, témoignages,
prières et sacrements ou ordonnances, au nom de Jésus-Christ
(2 Né. 25:16 ; Jcb. 4:4-5 ; 3 Né.
18:19 ; D&A. 20:29 ; Moï 5:8). Les saints adorent
également le Christ, le Fils, le reconnaissant comme la source
de la vérité et de la rédemption, comme la
lumière et la vie du monde, comme le chemin qui mène au
Père (Jn. 14:6 ; 2 Né. 25:29 ; 3 Né.
11:11). C’est auprès de lui qu’ils recherchent la
délivrance et ils s’efforcent d’être comme
lui (voir D&A. 93:12-20 ; McConkie, 1978, p. 568-569).
Mettant l’accent sur le pouvoir de transformation de l’exemple
du Christ, David O. McKay a observé que « nul ne
peut prendre sincèrement la résolution d’appliquer
à sa vie quotidienne les enseignements de Jésus de
Nazareth sans sentir un changement dans sa propre nature »
(IE 65, juin 1962, p. 405).
Jésus-Christ a
réalisé la résurrection corporelle de tous ceux
qui ont vécu ou qui vivront un jour sur la terre (1 Co.
15:21-22 ; Al. 11:40-42). Parce qu’il a vaincu le monde,
tous les hommes et toutes les femmes peuvent, en faisant preuve de
foi en lui, en ayant confiance en ses mérites et en recevant
sa grâce, se repentir de leurs péchés et
connaître la paix de la pureté et de l’intégrité
spirituelle (Jn. 14:27 ; Ph. 4:7 ; 2 Né. 2:8 ;
25:23 ; Én. 1:1-8 ; Mos. 4:1-3). Ceux qui ont appris
à se fier au Seigneur et à s’appuyer sur ses
tendres miséricordes « chantent le cantique de
l’amour rédempteur » (Al. 5:26). Néphi
1, le prophète et dirigeant du Livre de Mormon, exulte ainsi :
« Je mets ma gloire en mon Jésus, car il a racheté
mon âme de l’enfer » (2 Né. 33:6).
« Nous parlons du Christ, nous nous réjouissons
dans le Christ, nous prêchons le Christ, nous prophétisons
concernant le Christ… afin que nos enfants sachent vers quelle
source ils peuvent se tourner pour obtenir la rémission de
leurs péchés » (2 Né. 25:26). Un
apôtre moderne a écrit :
Oui, je crois en Christ :
Seigneur, mon Dieu.
À lui je dois mes
jours heureux.
Car dans ma peine ou mon
chagrin,
j’entends sa voix
qui me soutient.
Oui, je crois en Christ ;
il régnera.
Ce jour béni, je
serai là
En dépit de
l’adversité ;
À ses côtés
je me tiendrai.
[Bruce R. McConkie :
« Oui, je crois en Christ », Cantiques, n°
71]
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. Come
unto Christ. Salt Lake City, 1983.
Dahl, Larry E. et Charles
D. Tate, dir. de publ. The Lectures on Faith in Historical
Perspective. Provo, Utah, 1900.
McConkier, Bruce R. The
Promised Messiah. Salt lake City, 1978.
Idem, The Mortal Messiah,
4 vols. Salt Lake City, 1979-1981.
Idem, The Millennial
Messiah, Salt Lake City, 1982.
Talmage, James. M. Jesus
the Christ. Salt Lake City, 1972.
Taylor, John. The
Mediation and Atonement of Our Lord and Savior Jesus Christ. Salt
Lake City, 1882.
Jésus-Christ
- Expiation
Auteur :
HOLLAND, JEFFREY R.
L’expiation de
Jésus-Christ est l’acte préordonné mais
volontaire du Fils unique de Dieu. Il a offert sa vie, dont son
corps, son sang innocents et son angoisse spirituelle, comme rançon
rédemptrice (1) pour l’effet de la Chute d’Adam
sur toute l’humanité et (2) pour les péchés
personnels de tous ceux qui se repentent, d’Adam jusqu’à
la fin du monde. Les saints des derniers jours croient que c’est
là le fait central, le fondement crucial, la doctrine
principale et la plus grande expression de l’amour divin dans
le plan du salut. Le prophète Joseph Smith a déclaré
que toutes les « choses qui ont trait à notre
religion [ne] sont que des annexes » à l’expiation
du Christ (EPJS, p. 95).
L’expiation de
Jésus-Christ était indispensable à cause de la
transgression, ou Chute, d’Adam, qui a introduit la mort dans
le monde quand Adam et Ève ont mangé du fruit de
l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Ge. 2:9 ;
3:1-24). Les saints des derniers jours admettent sans difficulté
la mort physique et spirituelle qu’Adam et Ève ont
attirée tant sur eux-mêmes que sur toute leur postérité,
la mort physique causant la séparation provisoire de l’esprit
et du corps, la mort spirituelle éloignant l’esprit et
le corps de Dieu. Mais ils croient aussi que la Chute faisait partie
d’un plan divin préordonné sans lequel Adam et
Ève n’auraient jamais pu avoir d’enfants mortels.
Si ces premiers parents n’avaient pas choisi librement de
quitter le jardin d’Éden par leur transgression, il n’y
aurait pas eu de genre humain sur cette terre pour connaître
l’opposition et la progression, le libre arbitre et le choix,
et la joie de la résurrection, de la rédemption et de
la vie éternelle (2 Né. 2:23 ; Moï.
5:11).
La nécessité
d’une expiation future a été expliquée
lors d’un Conseil prémortel dans les cieux auquel les
esprits de la famille humaine tout entière assistaient et que
Dieu le Père présidait. Les deux principaux associés
de Dieu à ce conseil étaient Jésus prémortel
(également connu sous le nom de Jéhovah ; voir
Jéhovah, Jésus-Christ) et Adam prémortel
(également connu comme étant Michel). C’est dans
ce contexte prémortel que le Christ a volontairement contracté
une alliance avec le Père, acceptant de renforcer le libre
arbitre de l’humanité tout en expiant ses péchés
et a laissé au Père tout l’honneur et toute la
gloire de cet acte désintéressé. Ce rôle
préordonné du Christ comme médiateur explique
pourquoi l’Apocalypse décrit le Christ comme « l’agneau
qui a été immolé… dès la fondation
du monde » (Ap. 13:8) et pourquoi les prophètes,
les prêtres et les rois de l’Ancien Testament, notamment
Moïse (De. 18:15, 17-19), Job (19:25-27), le Psalmiste (Ps. 2,
22), Zacharie (9:9 ; 12:10 ; 13:6), Ésaïe
(7:14 ; 9:6-7 ; 53) et Michée (5:2), ont pu parler
du Messie et de son rôle divin des siècles avant sa
naissance physique. Un prophète du Livre de Mormon a écrit :
« Aucun des prophètes n’a écrit ni
prophétisé sans parler de ce Christ » (Jacob
4:4 ; 7:11). Le Christ prémortel a déclaré
au frère de Jared, qui vivait environ deux mille ans avant la
naissance du Rédempteur : « Voici, je suis
celui qui a été préparé dès la
fondation du monde pour racheter mon peuple » (Et. 3:14).
Ces préfigurations scripturaires se reflètent dans la
conversation que le Christ a eue avec deux de ses disciples sur le
chemin d’Emmaüs : « Et, commençant
par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua
dans toutes les Écritures ce qui le concernait »
(Luc 24:27 ; cf. aussi 24:44).
Pour les saints des
derniers jours, il est capital de voir la chute de l’homme,
convenue et comprise, uniquement dans le contexte de la rédemption
de l’homme, également convenue et comprise, rédemption
assurée par l’expiation de Jésus-Christ. Ainsi,
l’un des passages les plus importants et les plus souvent cités
des Écritures modernes dit : « Adam tomba pour
que les hommes fussent, et les hommes sont pour avoir la joie. Et le
Messie vient dans la plénitude du temps, afin de racheter de
la chute les enfants des hommes » (2 Né.
2:25-26).
Les Écritures
modernes enseignent que la mission du Christ comme Rédempteur
et le commandement d’offrir des sacrifices d’animaux
comme rappel et symbole anticipés de cette expiation divine à
venir ont été enseignés à l’origine
à Adam et à Ève peu après leur expulsion
du jardin d’Éden (Moï. 5:4-8). L’expiation du
Christ a été enseignée aux parents de la famille
de l’homme pour qu’eux et leur postérité
observent les ordonnances du sacrifice pendant toutes leurs
générations, gardant ainsi en mémoire la mission
et la miséricorde du Christ qui devait venir. Les saints des
derniers jours enseignent formellement que l’envergure de cette
expiation est universelle, ouvrant la voie à la rédemption
de toute l’humanité, des non-chrétiens aussi bien
que des chrétiens, des athées aussi bien que des
croyants, de l’enfant en bas âge ignorant aussi bien que
de l’adulte entièrement converti et bien informé.
« Il est nécessaire qu’il y ait un grand et
dernier sacrifice », dit Amulek dans le Livre de Mormon,
« un sacrifice infini et éternel… il n’est
rien moins qu’une expiation infinie qui suffise pour les péchés
du monde » (Alma 34:10, 12).
Cette expiation infinie
du Christ – et du Christ seulement – a été
possible parce que (1) il a été le seul homme sans
péché à jamais vivre sur cette terre et n’était
donc pas sujet à la mort spirituelle qui découle du
péché ; (2) il était le Fils unique du Père
et possédait donc les attributs de l’état divin,
qui lui donnaient pouvoir sur la mort physique (voir 2 Né.
9:5-9 ; Al. 34:9-12) ; et (3) il était le seul à
être suffisamment humble et disposé au conseil prémortel
à y être préordonné à ce service
(JC, p. 24-73).
L’expiation de
Jésus-Christ a plusieurs aspects universels, infinis et
inconditionnels. Ils comportent sa rançon pour la
transgression originelle d’Adam, de sorte qu’aucun membre
de la famille humaine ne sera jugé responsable de ce péché
(2e A de F ; voir Péché originel). Un autre don
universel est la résurrection des morts pour chaque homme,
femme et enfant qui vit, a jamais vécu ou vivra jamais sur la
terre. Ainsi, l’Expiation est non seulement universelle dans le
sens qu’elle sauve la famille humaine entière de la mort
physique, mais elle est également infinie dans le sens que son
impact et son efficacité à rendre la rédemption
est accessible à tous, puisqu’elle est rétroactive
jusqu’au début des temps et s’étend dans le
futur à toute éternité. En bref, l’Expiation
a des conséquences universelles, infinies et inconditionnelles
pour toute l’humanité à toute éternité.
Mettant l’accent
sur ces dons inconditionnels découlant du sacrifice expiatoire
du Christ, les saints des derniers jours croient que d’autres
aspects du don du Christ sont fonction de l’obéissance
et de la diligence à garder les commandements de Dieu. Par
exemple, alors que les membres de la famille humaine sont
libéralement et universellement soulagés du péché
d’Adam sans aucun effort ou action de leur part, ils ne sont
pas libéralement et universellement soulagés de leurs
propres péchés à moins de s’engager à
avoir foi au Christ, de se repentir de leurs péchés,
d’être baptisés en son nom, de recevoir le don du
Saint-Esprit et la confirmation dans l’Église du Christ,
d’aller résolument de l’avant avec une espérance
ferme et la persévérance fidèle pour le reste du
voyage dans la vie. Le Christ a dit à propos de ce défi
personnel : « Car voici, moi, Dieu, j’ai
souffert ces choses pour tous afin qu’ils ne souffrent pas
s’ils se repentent. Mais s’ils ne se repentent pas, ils
doivent souffrir tout comme moi. Et ces souffrances m’ont fait
trembler de douleur, moi, Dieu, le plus grand de tous, et elles m’ont
fait saigner à chaque pore et m’ont fait souffrir de
corps et d’esprit — et j’ai voulu ne pas devoir
boire la coupe amère, mais je n’ai pas non plus voulu me
dérober » (D&A 19:16-18).
En outre, bien que la
rupture des liens de la mort temporelle par la résurrection du
corps soit un don libéral et universel du Christ, un produit
de sa victoire sur la mort et le tombeau, le genre ou la nature du
corps (ou le « degré de gloire » du
corps), ainsi que le moment de la résurrection de la personne
sont affectés d’une manière très directe
par la mesure de fidélité dont elle a fait preuve dans
cette vie (voir Degrés de gloire). L’apôtre Paul
explique, par exemple, que ceux qui auront été
totalement engagés vis-à-vis du Christ « ressusciteront
premièrement » (1 Th. 4:16). Paul parle aussi de
différents ordres de corps ressuscités (1 Co. 15:40).
Les corps des ordres ou degrés de gloire les plus élevés
dans la résurrection sont promis à ceux qui adhèrent
fidèlement aux principes et aux ordonnances de l’Évangile
de Jésus-Christ ; ils jouiront non seulement de
l’immortalité (un don universel fait à chacun)
mais également de vies éternelles dans le royaume
céleste de gloire (D&A 88:4 ; 132:24 ; voir
aussi Résurrection).
Les saints des derniers
jours soulignent le fait que ni les bénédictions
inconditionnelles ni les bénédictions conditionnelles
de l’Expiation ne seraient à la disposition de
l’humanité s’il n’y avait la grâce et
la bonté du Christ. Il est évident que les bénédictions
inconditionnelles de l’Expiation sont imméritées,
mais que les conditionnelles ne sont pas non plus entièrement
méritées. En vivant fidèlement et en gardant les
commandements de Dieu, on peut recevoir des bénédictions
supplémentaires ; mais elles sont malgré tout
données libéralement, pas entièrement gagnées.
Elles sont toujours et dans tous les cas le fait de la grâce de
Dieu. Les Écritures modernes disent formellement que « il
n’y a aucune chair qui puisse demeurer en la présence de
Dieu, si ce n’est par les mérites, et la miséricorde,
et la grâce du saint Messie » (2 Né.
2:8).
L’Église est
également formelle en ce qui concerne le salut des petits
enfants, des handicapés mentaux, de ceux qui ont vécu
sans jamais entendre l’Évangile de Jésus-Christ
et ainsi de suite : ceux-ci sont rachetés par le pouvoir
universel de l’expiation du Christ et auront l’occasion
de recevoir la plénitude de l’Évangile dans le
monde d’esprit (voir Salut des morts).
Pour satisfaire aux
exigences de l’Expiation, le Christ, qui était sans
péché, est d’abord allé au jardin de
Gethsémané pour y connaître l’agonie
spirituelle de l’âme que lui seul pouvait supporter. « Il
commença à éprouver de la frayeur et des
angoisses », disant à ses trois disciples
principaux : « Mon âme est triste jusqu’à
la mort » (Marc 14:34). Les laissant monter la garde, il
alla plus loin dans le jardin, où il allait subir « les
souffrances de tous les hommes, oui, les souffrances de tous les
êtres vivants, tant des hommes que des femmes et des enfants,
qui appartiennent à la famille d’Adam »
(2 Né. 9:21). Là il « [lutta et gémit]
sous un fardeau dont aucun autre être qui a vécu sur la
terre ne pourrait même concevoir la possibilité »
(JC, p. 745).
L’expiation du
Christ répondait aux exigences de la justice et de ce fait
payait la rançon et rachetait les âmes de tous les
hommes, femmes et enfants « afin que ses entrailles soient
remplies de miséricorde, selon la chair, afin qu’il
sache, selon la chair, comment secourir son peuple selon ses
infirmités » (Alma 7:12). Ainsi, les saints des
derniers jours enseignent que le Christ « est descendu
au-dessous de tout » – y compris de toutes les
espèces de maladies, d’infirmités et de désespoir
ressenties par chaque mortel – « en sorte qu’il
a compris toutes choses, afin d’être en tout et à
travers tout, la lumière de la vérité »
(D&A 88:6). C’est essentiellement dans le jardin de
Gethsémané qu’il a senti cette angoisse
spirituelle sonder les profondeurs de la souffrance et de la douleur
humaines. C’est là qu’il était « en
agonie » et « priait plus instamment ».
C’est là que sa sueur « devint comme des
grumeaux de sang, qui tombaient à terre » (Lu.
22:44) car il saigna « à chaque pore »
(D&A 19:18). C’est là qu’il entreprit la
marche finale vers le Calvaire.
La majesté et le
triomphe de l’Expiation atteignirent leur point culminant
quand, après des mauvais traitements sans nom de la part des
soldats romains et d’autres, le Christ supplia sur la croix :
« Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils
font » (Lu. 23:34). Le pardon était la clef du sens
de toute la souffrance qu’il était venu endurer.
Cette mission si
absolument solitaire et atroce est exprimée de manière
poignante dans ce presque dernier cri, le plus douloureux de
tous :
« Éli, Éli, lama sabachthani ?
c'est–à–dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi
m'as–tu abandonné ? » (Mt. 27:46). Dans
les profondeurs de cette angoisse, la nature elle-même a été
ébranlée : « Il y eut des ténèbres
sur toute la terre… Le soleil s’obscurcit… le
voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en
bas, la terre trembla, les rochers se fendirent » (Lu.
23:43-45 ; Mt. 27:51-52). Finalement, même ce qui était
apparemment insupportable fut supporté et Jésus dit :
« Tout est accompli » (Jn. 19:30), puis en
disant : « Père, je remets mon esprit entre
tes mains », « il expira » (Lu.
23:46). Les saints des derniers jours croient que toutes les langues
confesseront un jour, quelque part, comme le centurion romain à
la crucifixion : « Assurément, cet homme était
Fils de Dieu » (Mt. 27:54).
« Le Sauveur
devient ainsi maître de la situation : la dette est payée,
la rédemption faite, l’alliance accomplie, la justice
satisfaite, la volonté de Dieu faite et tout pouvoir est
maintenant remis entre les mains du Fils de Dieu : le pouvoir de
la résurrection, le pouvoir de la rédemption, le
pouvoir du salut… Il devient l’auteur de la vie
éternelle et de l’exaltation. Il est le Rédempteur,
le Ressusciteur, le Sauveur de l’homme et du monde »
(Taylor, p. 171). En outre, son expiation touche toute vie :
animaux, poissons, oiseaux et la terre elle-même.
C’est, pour la
femme et l’homme qui réfléchissent, « une
source d’étonnement sans bornes » (AF, p.
100) que le sacrifice volontaire et miséricordieux d’un
seul être puisse satisfaire aux exigences infinies et
éternelles de la justice, expier toutes les transgressions et
tous les méfaits humains, et amener ainsi toute l’humanité
dans les bras protecteurs de son étreinte compatissante. Un
président et prophète de l’Église des
saints des derniers jours, écrivant à ce sujet, a
déclaré :
« D’une
certaine manière, mystérieuse et incompréhensible,
Jésus a assumé la responsabilité qui aurait
normalement incombé à Adam, mais qui ne pouvait être
accomplie que par sa propre Médiation, et en prenant sur lui
leurs souffrances, en assumant leurs responsabilités et en
supportant leurs transgressions ou leurs péchés. D’une
manière qui est incompréhensible et inexplicable pour
nous, il a pris sur lui le poids des péchés du monde
entier, non seulement d’Adam, mais de sa postérité ;
et en faisant cela, il a ouvert le royaume des cieux non seulement à
tous les croyants et à tous ceux qui ont obéi à
la loi de Dieu, mais à plus de la moitié de la famille
humaine qui meurt avant d’atteindre la maturité aussi
bien qu’aux païens qui, étant morts sans loi,
ressusciteront, grâce à sa médiation, sans loi,
et seront jugés sans loi, et participeront ainsi… aux
bénédictions de son expiation » [Taylor, p.
148-149].
Les saints des derniers
jours chantent un de leurs cantiques préférés,
écrit par Charles H. Gabriel, qui exprime leurs sentiments les
plus profonds concernant ce don, le plus grand de tous :
Merveilleux l’amour
que Jésus, le Christ, m’a donné !
Avec quelle grâce
souvent il m’a pardonné !
Je tremble d’apprendre
qu’il mourut pour moi, pécheur,
Souffrant sur la croix
pour que j’obtienne le bonheur.
Oh ! que c’est
merveilleux que son amour pour moi
L’ait fait mourir
pour moi !
Oh ! que c’est
merveilleux, merveilleux pour moi !
[Cantiques, n° 117].
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The
Promised Messiah. Salt Lake City, 1978.
Nibley, Hugh W. “The
Atonement of Jesus Christ”, Ensign 20, juillet 1990, p. 18-23 ;
août 1990, p. 30-34 ; sept. 1990, p. 221-226 ; oct.
1990, p. 26-31.
Taylor, John. The
Mediation and Atonement. Salt Lake City, 1882.
Jésus-Christ :
Prophéties sur Jésus-Christ
Auteur :
WALKER, GARY LEE
La Bible abonde en
prophéties sur la naissance, le ministère terrestre et
le ministère de Jésus-Christ après la
Résurrection. De plus, les Écritures modernes utilisées
par les membres de l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours, le Livre de Mormon, qui porte le
sous-titre moderne « un autre témoignage de
Jésus-Christ », les Doctrine et Alliances et la
Perle de grand prix contiennent de nombreux passages prophétiques
au sujet du Messie qui sont en général plus claires que
ceux de la Bible. Pour les saints des derniers jours, ces quatre
volumes d’Écriture constituent les sources principales
des prophéties sur la vie et la mission de Jésus. Cet
article passe en revue les prophéties sur Jésus les
plus souvent mentionnées par les saints des derniers jours.
Le Nouveau Testament
enseigne que la divinité de Jésus-Christ a été
reconnue par certains dès son vivant, aussi bien que par les
prophètes antiques de Dieu. Par exemple, André a
annoncé à son frère Simon Pierre qu’il
avait trouvé le Messie (Jn. 1:41). Les prophètes du
Livre de Mormon Abinadi et Néphi 2, fils d’Hélaman
2, ont enseigné que tous les prophètes de Dieu,
notamment Moïse et Abraham : « ont témoigné
de la venue du Christ » (Mos. 13:33 ; Hél.
8:16-22 ; cf. Jcb. 4:4).
Les Écritures sont
riches en détails prophétiques sur la naissance de
Jésus. Ésaïe déclare : « Voici,
la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle
lui donnera le nom d’Emmanuel » (És. 7:14),
passage dont Matthieu dit qu’il s’applique à Jésus
(Mt. 1:22-23). Michée proclame poétiquement : « Et
toi, Bethléhem Éphrata, petite entre les milliers de
Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël, et
dont l’origine remonte aux temps anciens, aux jours de
l’éternité » (Mi. 5:2). Parmi les
peuples du Livre de Mormon, Néphi 1 a prédit que « six
cents ans après le moment où mon père [Léhi]
quitta Jérusalem » le Sauveur serait suscité
(1 Né. 10:4 ; 19:8). Samuel le Lamanite (vers 6 av.
J.-C.) a parlé à une génération sceptique
des signes qui seraient donnés sur le continent américain
pour accompagner la naissance du Christ (Hél. 14:2-8). Il
s’agirait de l’apparition d’une nouvelle étoile
et de deux jours et une nuit sans obscurité (Hél.
14:4-5).
Certaines prophéties
de la naissance du Messie se sont accomplies quand l’ange du
Seigneur a annoncé aux bergers près de Bethléhem :
« C’est qu’aujourd’hui, dans la ville de
David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le
Seigneur » (Luc 2:11). De l’autre côté
du monde, le jour avant sa naissance, le Seigneur a annoncé à
son prophète Néphi 3 « Prends courage, car
voici, le moment est proche, et cette nuit le signe sera donné,
et demain je viens au monde, pour montrer au monde que j'accomplirai
tout ce que j'ai fait dire par la bouche de mes saints prophètes »
(3 Né. 1:13).
Les saints des derniers
jours croient que la mission de Jésus-Christ est connue depuis
les temps les plus reculés. L’ange du Seigneur a déclaré
à Adam que le Fils était « le Fils unique du
Père depuis le commencement » et qu’Adam
serait « racheté, ainsi que toute l'humanité,
tous ceux qui le veulent », s’ils « se
repentent et invoquent dorénavant Dieu au nom du Fils »
(Moï. 5:8-9). Le message que Jésus-Christ est l’Avocat,
le Rédempteur et le Médiateur et que « il
n'y a aucune autre manière ni aucun autre moyen par lesquels
l'homme puisse être sauvé, si ce n'est par le sang
expiatoire de Jésus-Christ » (Hél. 5:9), a
été répété par les représentants
de Dieu à toutes les époques (voir Moï 5:14-15 ;
És. 53:4-5 ; Ac 4:12 ; 2 Né. 2:9-10 ;
9:6-7 ; Mos. 4:8 ; 5:8 ; Al. 11:40 ; D&A.
45:3).
On trouve des événements
de la vie et du ministère mortels de Jésus dans de
nombreuses prophéties. Dans la Traduction que Joseph Smith a
faite de la Bible (TJS), un passage révélateur dit que
« Jésus grandit avec ses frères, et devint
fort, et fut dans l’attente du Seigneur et du moment de son
ministère … [et] on ne pouvait pas non plus
l’instruire » (TJS Mt. 3:24-25). Néphi 1 a vu
dans une vision et le roi Benjamin a appris d’un ange que le
Sauveur accomplirait des guérisons, chasserait des démons
et ressusciterait des morts (1 Né. 11:31 ; Mos.
3:5-6). Selon les auteurs du Nouveau Testament, l’entrée
triomphale de Jésus à Jérusalem sur une bête
de somme était connue de Zacharie (Za. 9:9 ; Mt. 21:5 ;
Jn. 12:14-15), de même que le fait qu’il serait trahi
pour trente pièces d’argent (Za. 11:12-13 ; Mt.
27:9-10). De l’ange, le roi Benjamin a appris que du sang lui
sortirait « de chaque pore, si grande sera son angoisse
[de Jésus] pour la méchanceté et les
abominations de son peuple » (Mos. 3:7). Le rejet du
Christ par son propre peuple a été prophétisé
par lui-même et par d’autres (par exemple Ps. 69:8 ;
Mos. 15:5 ; 3 Né. 9:16 ; Jn. 1:11).
De nombreuses années
avant l’événement, des prophètes tels que
Hénoc et Néphi 1 ont vu le Seigneur élevé
sur la croix (Moï 7:47, 55 ; 1 Né. 11:33).
Ésaïe a prophétisé que le serviteur, homme
de douleur, ferait « son sépulcre parmi les
méchants, son tombeau avec le riche » (És.
53:9). Le prophète Abinadi, dans le Livre de Mormon (vers 150
av. J.-C.), associe ce passage d’Ésaïe à
Jésus (Mos. 15) et son accomplissement est rapporté par
Luc (23:32-33). Matthieu parle des perturbations naturelles qui se
sont produites au moment où Jésus a donné sa vie
(Mt. 27:50-54), événements dont Zénos avait eu
la vision des centaines d’années plus tôt (1 Né.
19:10-12).
Le Christ a prédit
sa mort et sa résurrection quand on lui a demandé un
signe : « Détruisez ce temple [corps physique]
et en trois jours je le relèverai » (Jn. 2:19). Les
anciens savaient que Jésus finirait par vaincre la mort, parce
que Dieu a dit à Hénoc : « Je ferai
descendre la justice des cieux, et je ferai monter la vérité
de la terre, pour rendre témoignage de mon Fils unique, de sa
résurrection des morts, oui, et aussi de la résurrection
de tous les hommes » (Moï. 7:62). Plus tard, des
hommes inspirés d’Amérique ont été
informés de cet événement. Néphi 1,
Jacob, Benjamin et Samuel ont proclamé le moment où le
Christ « donne sa vie selon la chair et la reprend par le
pouvoir de l'Esprit, afin de réaliser la résurrection
des morts, étant le premier à ressusciter »
(2 Né. 2:8 ; cf. 1 Né. 10:11 ; Mos.
3:10 ; Hél. 14:15-17).
Ésaïe annonce
le ministère de Jésus-Christ dans la prison d’esprit
(1 Pi. 3:18-19) quand il écrit que « après
un grand nombre de jours [les prisonniers rassemblés dans la
fosse] seront visités » (KJV És. 24:22). La
section 138 des Doctrine et Alliances contient une vision de cet
événement, reçue par Joseph F. Smith, un
prophète moderne, quand il a vu « les multitudes
des morts, petits et grands… attendant l’avènement
du Fils de Dieu dans le monde des esprits pour annoncer leur
rédemption des liens de la mort » (D&A. 138:11,
16).
Les justes des temps
passés ont espéré l’avènement de
Jésus-Christ. Jésus a dit à ses disciples :
« Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour, ni
l’heure » de la venue du Fils de l’homme (Mt.
25:13 ; cf. D&A. 49:6-7) et a ajouté qu’il
viendrait « comme un voleur dans la nuit » (1
Th. 5:2 ; Ap. 3:3 ; 16:15). Il a révélé
à Joseph Smith qu’une révélation
universelle serait donnée de sorte que « toute
chair à la fois [le] verra » (D&A. 101:23 ;
cf. És. 40:5). Ésaïe a vu d’avance des
événements de la Seconde Venue (És. 63-66), de
même que Daniel, Michée, Zacharie et Malachie (Da.
7:13 ; Mi 1:3 ; Za. 12:10 ; 13:6 ; Mal. 3:12).
Quand il est apparu parmi les Néphites, le Seigneur ressuscité
a parlé de son retour triomphal final sur la terre en citant
les chapitres 3 et 4 de Malachie (3 Né. 24-25).
Le prophète Joseph
Smith a clarifié et amplifié les prophéties des
événements entourant la seconde venue de Jésus,
notamment le rétablissement de l’Évangile (D&A.
133:36-37), la résurrection des morts (D&A. 88:95-102), le
début du millénium (D&A. 43:30-31) et
l’enchaînement de Satan pendant mille ans (D&A.
45:55). Les prophètes anciens et modernes ont prédit
qu’après mille ans de paix, Satan serait délié
et que la bataille finale entre le bien et le mal aurait lieu (Ap.
20:7-8 ; D&A. 43:31). Jean le Révélateur et le
prophète ancien Éther, qui ont tous deux eu la vision
de tous ces événements, ont vu le renouvellement de la
terre et l’établissement de la nouvelle Jérusalem
(Ap. 21 ; Ét. 13:1-10). Cette ville n’aura « besoin
ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer ; car la
gloire de Dieu l’éclaire, et l’agneau est son
flambeau » (Ap. 21:23).
Bibliographie
Jackson, Kent P. "The
Beginnings of Christianity in the Book of Mormon". Dans The Book
of Mormon : The Keystone Scripture, dir. de publ. P. Chessman.
Provo, Utah, 1988.
Matthews, Robert J. "The
Doctrine of the Atonement – The Revelation of the Gospel to
Adam." Dans Studies in Scripture, dir. de publ. R. Millet et K.
Jackson, Vol. 2, p. 111-29. Salt Lake City, 1985.
Matthews, Robert J. A
Bible ! A Bible ! Salt Lake City, 1990.
McConkie, Bruce R. The
Promised Messiah. Salt Lake City, 1978.
McConkie, Bruce R. The
Millennial Messiah. Salt Lake City, 1982.
GARY LEE WALKER
Jésus-Christ :
Premier-né dans l’esprit
Auteur :
GILES, JERRY C.
Un principe fondamental
des enseignements de l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours est l’idée que tous les êtres
humains sont nés fils et filles d’esprit de parents
célestes avant de naître mortels de parents terrestres.
Les saints des derniers jours croient que l’enfant d’esprit
aîné et premier-né de Dieu est Jéhovah et
que c’est lui qui est né plus tard avec un corps
physique de Marie pour être Jésus-Christ. C’est-à-dire
que le Jéhovah de l’Ancien Testament est devenu le
Jésus-Christ du Nouveau Testament quand il est né dans
la condition mortelle. Le Psalmiste appelle le Messie le premier-né
(Ps. 89:28) et l’apôtre Paul qualifie Jésus de
« premier-né entre plusieurs frères »
(Ro. 8:29 ; cf. Hé. 2:17) et de « premier-né
de toute la création » (Col. 1:15). La déclaration
la plus autorisée sur le sujet est sans aucun doute celle du
Sauveur lui-même, qui a déclaré au prophète
Joseph Smith : « J’étais au commencement
avec le Père et je suis le Premier-né »
(D&A. 93:21 ; voir aussi Église du Premier-né).
En 1909, la Première Présidence de l’Église
a déclaré :
« Le Père
de Jésus est aussi notre Père. Jésus lui-même
a enseigné cette vérité, quand il a dit à
ses disciples comment prier : « Notre Père qui
es aux cieux », etc. Toutefois, Jésus est le
premier-né parmi tous les fils de Dieu – le premier-né
dans l’esprit et le fils unique dans la chair. Il est notre
frère aîné et nous sommes, comme lui, à
l’image de Dieu. Tous les hommes et femmes sont à la
ressemblance du Père et de la Mère universels et sont
littéralement les fils et les filles de la Divinité »
[MFP 4:203].
[Voir aussi « Origin
of Man », inclus dans les Exposés doctrinaux de la
Première Présidence dans l’Annexe.]
JERRY C. GILES
Jésus-Christ :
Fils unique dans la chair
Auteur :
HANSEN, GERALD, JR.
Les Écritures
anciennes et modernes utilisent le titre Fils unique pour souligner
la nature divine de Jésus-Christ. Les saints des derniers
jours reconnaissent Jésus comme étant littéralement
le Fils unique de Dieu le Père dans la chair (Jn. 3:16 ;
D&A. 93:11 ; Moï. 6:52). Ce titre signifie que le corps
physique de Jésus est la progéniture d’une mère
mortelle et du Père éternel (Lu 1:35, 1 Né.
11:18). C’est un point de doctrine de l’Église que
Jésus-Christ est l’enfant de Marie et de Dieu le Père,
« non pas en violation des lois naturelles, mais
conformément à une manifestation supérieure de
celles-ci » (JC, p. 97).
Le fait que Jésus
est le Fils littéral de Dieu dans la chair est crucial pour
l’Expiation, qu’un homme ordinaire n’aurait pas pu
accomplir. À cause de la Chute d’Adam, toute l’humanité
est sujette à la mort physique et est exclue de la présence
de Dieu. La famille humaine est incapable de se sauver elle-même.
La loi divine exigeait le sacrifice d’un être sans péché,
infini et éternel – d’un Dieu – de quelqu’un
qui n’était pas dominé par la Chute, pour
racheter l’humanité de son état perdu et déchu
(Al. 34:9-14 ; cf. 42:15). Ce prix de la rédemption était
plus que ce qu’un quelconque mortel pouvait payer et comprenait
les souffrances spirituelles et la torture à Gethsémané
(Lu. 22:44 ; Mos. 3:7 ; D&A. 19:18). Pour accomplir
l’Expiation par la mort et la résurrection physiques, il
était nécessaire que Jésus puisse déposer
son corps physique et aussi le reprendre. Il ne pouvait le faire que
parce qu’il avait la vie en lui-même, qu’il avait
héritée de Dieu son Père (Jn. 5:26 ;
10:17-18). Le Christ a hérité de sa mère
mortelle la capacité de mourir et de son Père immortel
le pouvoir de se ressusciter. Mourir a été pour lui un
acte volontaire et délibéré pour l’humanité,
rendu possible seulement parce qu’il était le Fils
unique du Père (D&A. 20:18-26).
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The
Promised Messiah, p. 467-73. Salt Lake City, 1978.
GERALD HANSEN, JR.
Jésus-Christ :
Naissance de Jésus-Christ
Auteur :
SKINNER, ANDREW C.
Les Écritures
modernes affirment sans équivoque que la naissance de
Jésus-Christ a été l’avènement dans
la condition mortelle d’un Dieu réel, d’un
deuxième membre distinct de la Divinité. Adam a été
assuré de la rédemption par le Fils unique du Père
et chaque vrai prophète a eu l’espoir de la gloire du
Christ (Moï. 5:6-10 ; Jcb. 4:4).
Les prophéties et
les récits bibliques de la naissance de Jésus sont
confirmés et amplifiés dans les Écritures
modernes. Tandis que le récit de la naissance dans Matthieu
met l’accent sur la royauté du Christ (en attirant
l’attention sur les mages, le roi Hérode et Bethléhem,
ville du roi David) et le récit de Luc accentue l’humilité
et la sainteté de Jésus (en mentionnant l’humble
crèche, les bergers et les chœurs célestes), le
Livre de Mormon se concentre sur sa venue comme accomplissement du
plan d’un Dieu aimant qui a été établi dès
avant la fondation du monde.
Le moment de la naissance
de Jésus, ainsi que les buts de son ministère
terrestre, ont été fixés dans la vie prémortelle
(voir Conseil dans les cieux ; Moï. 4:1-4 ; 1 Né.
10:2-4 ; Mos. 3:5-10). Néphi 1, prophète du Livre
de Mormon, rapporte une vision détaillée de la
naissance attendue du Sauveur peu de temps après 600 av. J.-C.
(1 Né. 11:7-24). Il y voit, dans la ville de Nazareth,
une vierge qui est ravie en esprit. Il la revoit ensuite avec, dans
les bras, un enfant qu’un ange identifie comme étant le
Fils de Dieu. Néphi qualifie la venue du Christ comme une
condescendance de Dieu, ce que l’on peut comprendre de deux
façons : d’abord, en ce que Dieu le Père,
personnage parfait et glorifié de chair et d’os, a
condescendu à devenir le père d’une progéniture
mortelle, née de Marie ; et en second lieu, en ce que
Jésus (Jéhovah), le Dieu qui a créé des
mondes sans nombre (Moï. 1:32-33 ; Jn. 1:1-4, 14 ; Hé.
1:1-2), s’est volontairement soumis à toutes les
épreuves et toutes les souffrances de la condition mortelle
(Mos. 3:5-8 ; MD, p. 155).
Pour les saints des
derniers jours, la paternité de Jésus n’est pas
obscure. Il était le Fils littéral et biologique d’un
Père immortel et tangible et de Marie, une femme mortelle
(voir Naissance virginale). Jésus est la seule personne née
qui mérite le titre de « Fils unique de Dieu »
(Jn. 3:16 ; Benson, p. 3 ; voir Jésus-Christ :
Fils unique dans la chair). Il n’était pas le fils du
Saint-Esprit ; ce n’est que par le Saint-Esprit que le
pouvoir du Très-Haut a recouvert Marie (Lu. 1:35 ; 1 Né.
11:19).
L’endroit où
la nativité devait se produire était un sujet de
polémique publique du temps de Jésus (Jn. 7:40-43).
Alma le Jeune, prophète du Livre de Mormon, vers 83 av. J.-C.,
prédit que le lieu de naissance du Christ serait « à
Jérusalem, qui est le pays de nos ancêtres »
(Al. 7:10), faisant allusion à la région entourant la
ville elle-même : « Le Christ naquit dans un
village à une dizaine de kilomètres de la ville de
Jérusalem… dans ce que nous savons maintenant que les
anciens eux-mêmes appelaient ‘le pays de Jérusalem’ »
(CWHN 6:102).
La Bible et le Livre de
Mormon rapportent l’apparition de grands signes en Amérique
au moment de la naissance du Messie au profit des fidèles. Par
exemple, vers 6 av. J.-C., Samuel le Lamanite prophétise que
des lumières apparaîtront dans le ciel et qu’il
n’y aura pas d’obscurité pendant la nuit où
naîtrait le Christ (Hél. 14:3-7). Le jour où la
prophétie des cinq années de Samuel était sur le
point d’expirer et où les incroyants étaient par
conséquent sur le point d’exécuter ceux qui
avaient cru en ses paroles, les prophéties de Samuel sur la
naissance du Sauveur se sont accomplies (3 Né. 1:4-23).
Dans le Nouveau Monde, comme dans le vieux, « des anges
apparurent à des hommes, à des sages, et leur
annoncèrent la bonne nouvelle d’une grande joie »
(Hél. 16:14). [Voir aussi Six avril ; Livre de Mormon –
Chronologie ; Noël.]
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. Come
Unto Christ. Salt Lake City, 1983.
Brown, Raymond E. The
Birth of the Messiah. Garden City, N.Y., 1977.
McConkie, Bruce R. The
Mortal Messiah, Vol. 1, p. 313-366. Salt Lake City, 1981.
ANDREW C. SKINNER
Jésus-Christ :
Baptême de Jésus-Christ
Auteur :
SCHAELLING, J. PHILIP
Au commencement de son
ministère public, Jésus est allé de Galilée
jusqu’au Jourdain où il a été baptisé
par Jean-Baptiste. Il « s’humilie devant le Père »
et lui témoigne « qu’il lui obéira »
(2 Né. 31:7). Pour des saints des derniers jours cet
événement montre que Jésus a enseigné par
son propre exemple que tous les hommes doivent être baptisés
par immersion par quelqu’un ayant l’autorité.
Toutes les personnes doivent également recevoir le
Saint-Esprit pour obtenir le témoignage de Jésus (voir
Jn. 1:32-34 ; Ap. 1:2 ; 19:10) et entrer dans le royaume
des cieux.
Jésus a été
baptisé par immersion par Jean, qui avait été
ordonné à l’âge de huit jours par un ange
de Dieu pour « pour aplanir le chemin du Seigneur »
(D&A. 84:28). Pendant que Jésus sortait de l’eau,
Jean a vu les cieux ouverts et l’Esprit de Dieu descendre sur
Jésus (voir Colombe, le signe de la) et la voix de Dieu le
Père a déclaré à Jean : « Celui-ci
est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon
affection » (Mt. 3:17). Ensuite Jean a rendu témoignage
que Jésus était le Fils de Dieu (Jn. 1:33-34 ;
D&A. 93:15-17). Au baptême de Jésus, chacun des
trois membres de la Divinité s’est manifesté,
révélant ainsi l’identité séparée
du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Beaucoup se sont demandé
pourquoi Jésus avait besoin du baptême, puisqu’il
était sans péché. Certains y ont vu « un
acte de simple obéissance docile de la part du Parfait »
(A. Edersheim, Life and Times of Jesus the Messiah, réimpression,
Grand Rapids, Mich., 1971, p. 280) ; d’autres ont suggéré
que Jésus se trouvait encore devant « la
possibilité d’un péché subtil : le
péché de reculer devant ce qui pourrait l’attendre »
et qu’il s’est donc fait baptiser pour se fortifier par
« une consécration totale » et pour
exprimer à sa nation « l’urgence de
l’engagement » (Interpreter's Bible, vol. 8, p. 78).
Les saints des derniers
jours, quant à eux, retirent de la Bible et du Livre de Mormon
que Jésus s’est fait baptiser « pour
accomplir tout ce qui est juste », ce qui signifie que
Jésus s’est humilié devant le Père, a
témoigné au Père qu’il lui obéirait
et a de ce fait montré à humanité l’étroitesse
de la porte qui mène à la vie éternelle (2 Né.
31:6-9). En se soumettant au baptême Jésus « a
donné l’exemple » à toute l’humanité,
car si Jésus, étant saint, a été baptisé
« pour accomplir tout ce qui est juste… a combien
plus forte raison nous, qui ne sommes pas saints, avons-nous besoin
d’être baptisés ? » (2 Né.
31:5 ; voir aussi AF, chap. 6). Ceux qui suivent son exemple et
son Évangile d’un cœur pleinement résolu,
avec honnêteté devant Dieu et « avec une
intention réelle, se repentant [de leurs] péchés »,
reçoivent la promesse qu’ils recevront le baptême
du feu et du Saint-Esprit et pourront « parler dans la
langue des anges et crier des louanges » à Dieu
(2 Né. 31:13).
Bibliographie
Farley, S. Brent. "The
Baptism and Temptation of Jesus". Dans Studies in Scripture,
dir. de publ. K. Jackson et R. Millett, Vol. 5, p. 175-187. Salt Lake
City, 1986.
McConkie, Bruce R. The
Mortal Messiah, Vol. 1, p. 399-404. Salt Lake City, 1979.
J. PHILIP SCHAELLING
Jésus-Christ :
Ministère de Jésus-Christ
Auteur :
PETERSON, DANIEL C.
Le rôle central
joué par le ministère terrestre de Jésus dans la
doctrine et la croyance des saints des derniers jours est bien
exprimé dans la déclaration de Joseph Smith que « les
principes fondamentaux de notre religion sont le témoignage
des apôtres et des prophètes concernant Jésus-Christ,
qu’il est mort, a été enterré et est
ressuscité le troisième jour et est monté au
ciel ; et toutes les autres choses qui ont trait à notre
religion n’en sont que des annexes » (EPJS, p. 95 ;
HC 3:30).
Les saints des derniers
jours partagent avec beaucoup d’autres chrétiens la
conviction que les quatre évangiles du Nouveau Testament et
Ac. 1:1-11 sont essentiellement des récits historiques exacts
du ministère terrestre de Jésus-Christ. Sans être
des inerrantistes bibliques, leur confiance en la Bible est renforcée
de deux manières uniques : D’abord, ils croient que
des éléments bien précis du ministère
terrestre du Christ ont été révélés
à l’avance aux prophètes préchrétiens.
Ces révélations s’accordent avec les récits
ultérieurs des évangiles. En second lieu, ils croient
que Jésus ressuscité a lui-même affirmé
beaucoup de détails de ce récit biblique. Ainsi, le
Livre de Mormon et d’autres textes du canon des Écritures
propre aux saints des derniers jours sont considérés
comme « prouvant au monde que les Saintes Écritures
sont vraies » (D&A. 20:11 ; cf. 1 Né.
13:39).
Beaucoup de prophètes
savaient, par exemple, d’avance que le Fils de Dieu viendrait
sur terre prendre un corps physique (1 Né. 13:42 ;
Én. 1:8 ; Mos. 3:5 ; Hél. 8:13-22 ; Ét.
3:15-17). La date approximative de son avènement était
également connue (1 Né. 10:4 ;19:8 ;
2 Né. 25:19 ; Hél. 14:2). Plusieurs croyants
de l’antiquité ont eu la faveur de le voir avant son
avènement dans la condition mortelle (2 Né.
2:4 ;11:2 ; Al. 19:13 ; Ét. 3:14 ; 9:22 ;
D&A. 107:49, 54 ; Moï. 1:2 ; 7:4 ; Abr.
2:6-11 ; cf. És. 6:1-3). Son nom-titre, Jésus-Christ
(c.-à-d., « Sauveur oint ») était
connu longtemps à l’avance, de même que le nom et
la virginité de sa mère, et le lieu de sa naissance
(1 Né. 11:13-14, 18-20 ; 2 Né. 25:19 ;
Mos. 3:8 ; Al. 7:10 ; Ét. 3:14 ; Moï.
6:52, 57 ; 7:50 ; cf. Mi. 5:2). Les prophètes de
l’antiquité ont annoncé son baptême,
prédisant même l’endroit et des détails
précis de la mission de Jean-Baptiste (1 Né.
10:8-10). Néphi 1 savait que le Sauveur appellerait douze
apôtres pour l’aider dans son ministère (1 Né.
11:34-36 ; 12:9 ; 13:26, 40-41 ; 14:20, 24, 27) et le
roi Benjamin a prophétisé sur ses nombreux miracles
(Mos. 3:5-6). La mort expiatoire de Jésus par la crucifixion
était bien connue des prophètes préchrétiens,
qui comprenaient qu’elle s’accompagnerait de trois jours
de ténèbres précédant sa résurrection
(1 Né. 10:11 ; 11:33 ; 19:10 ; 2 Né.
25:14 ; Mos. 3:9-10 ; Al. 7:11 ; Hél. 14:14,
20, 27 ; Moï. 7:55). En fait, les pratiques sacrificatoires
à partir d’Adam, notamment les rituels de la loi de
Moïse, préfiguraient le Christ et, en outre, ont été
reconnues comme telles par beaucoup de ceux qui les ont accomplies
(Jcb 4:5 ; Moï. 5:5-7).
Les Écritures
ultérieures de l’Église, notamment les paroles de
Jésus ressuscité lui-même, confirment des détails
du Nouveau Testament tels que l’unité du sermon sur la
montagne (3 Né. 12-14) et l’authenticité de
certaines de ses paroles séparées (3 Né.
15:12-24). Sa souffrance dans le jardin de Gethsémané
est attestée (D&A. 19:18 ; cf. Mos. 3:7), de même
que sa crucifixion (D&A. 20:23 ; 21:9 ; 35:2 ;
45:52 ; 46:13 ; 53:2), sa résurrection le troisième
jour (Mrm. 7:5 ; D&A. 18:12 ; 20:23) et le fait qu’il
est le Sauveur plein de souffrances attendu depuis longtemps
(3 Né.
11:10-11). Il est dit que ses douleurs terrestres le qualifient comme
Médiateur entre Dieu et l’homme (D&A. 45:4 ;
cf. És. 53:12). Dans des textes tels que la section 7 des
Doctrine et Alliances et la traduction de la Bible par Joseph Smith
(TJS), les saints des derniers jours croient qu’ils se sont vu
accorder des renseignements plus complets sur le ministère
palestinien de Jésus. (Chose intéressante, la TJS
précède l’accent mis par les savants modernes sur
le caractère individuel des évangiles du Nouveau
Testament en qualifiant chacun comme « témoignage »
de son auteur respectif. Cette même vue semble être à
la base de Doctrine et Alliances 88:141.)
Les récits des
évangiles documentent et soulignent la compréhension
que les saints des derniers jours ont du ministère terrestre
de Jésus, en qui ils voient Dieu physiquement parmi son
peuple. Non seulement Jésus a accompli des miracles, exprimant
de ce fait son pouvoir tant sur les démons que sur les
éléments naturels, mais il a explicitement affirmé
son unité de but avec le Père (Jn. 14:8-10 ;
17:21) et le fait qu’il est le Jéhovah de l’Ancien
Testament (Jn. 8:56-59). Alors que Moïse est monté la
montagne pour recevoir la vieille loi, Jésus est monté
sur une montagne pour en proclamer une nouvelle (cf. 3 Né.
15:4-5). Moïse lui-même était présent lors
de la transfiguration (Mt. 17:1-8). Les Écritures modernes
confirment en outre le portrait chaleureux que les évangiles
du Nouveau Testament font de la compassion de Jésus pour les
pécheurs, de son souci pour les pauvres et de son amour pour
les enfants. Ils le dépeignent comme un Maître populaire
qui enseignait à l’aide de paraboles, prêchait
dans les synagogues, affrontait l’hypocrisie et s’attirait
l’amour et l’admiration de beaucoup de ses auditeurs.
Les saints des derniers
jours se rappellent aussi la réaction des auditeurs de Jésus
lors du sermon sur la montagne : « Car il enseignait
comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes »
(Mt. 7:29). De même qu’il ne faisait pas appel aux
pouvoirs d’autres personnes pour accomplir des miracles, Jésus
n’avait besoin d’aucun précédent pour
justifier ses enseignements. Il avait en lui-même pouvoir sur
la mort, tant sur celle des autres (comme dans la guérison de
Lazare, de la fille de Jaïrus et du fils de la veuve de Naïn)
que sur sa propre mort (Jn. 5:26 ; 10:17-18). Les saints des
derniers jours partagent donc avec les autres chrétiens la
conviction que Jésus de Nazareth est celui qui les rachète
de la mort. Mais il est également la source de l’autorité
dans la prêtrise, qui a appelé et a autorisé des
hommes ordinaires et non formés à le servir dans une
Église nouvellement organisée et, agissant pour lui en
sa qualité de « bon Berger », de
« paître ses brebis » (Jn. 21:15-17) tant
par les enseignements que par les ordonnances de la prêtrise.
Ils rejettent l’affirmation selon laquelle il existerait une
dichotomie entre le sacerdotal et le prophétique dans son
ministère. Ils notent qu’il a enseigné la
nécessité du baptême et qu’il s’est
soumis lui-même à cette exigence (Jn. 3:1-5 ; Mt.
3:15). Ils se rappellent qu’il révérait le temple
de son époque et attendait des autres qu’ils fassent de
même (Lu. 2:41-50 ; Jn. 2:13-17).
La compréhension
qu’ont les saints des derniers jours du rôle de la foi et
des œuvres dans le salut est fondée sur l’insistance
de Jésus que l’amour pour lui s’exprime par
l’obéissance à ses commandements (Jn. 14:15 ;
cf. Jn. 15:14 ; Mt. 5-7). Son invitation à ses disciples
d’être parfaits (Mt. 5:48) est rendue plausible par le
fait qu’il a surmonté les mêmes tentations qui les
assaillaient (Hé. 4:15-16 ; Mt. 4:1-11 ; Lu. 4:1-13)
et qu’il a souffert pour leurs transgressions (Mos. 3:7 ;
És. 53:3-12). En effet, les saints des derniers jours
apprennent par leurs Écritures que c’est au moins en
partie grâce à l’expérience acquise et à
l’empathie obtenue pendant son séjour terrestre que
Jésus sait comment pourvoir aux besoins de ceux qui ont
confiance en lui (Al. 7:12 ; D&A. 62:1 ; 88:6).
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The
Mortal Messiah, 4 vols. Salt Lake City, 1979-1981.
Talmage, James E. JC Salt
Lake City 1915.
Taylor, John, The
Mediation and Atonement of Jesus Christ. Salt Lake City, 1882,
réimpr. 1964.
Jésus-Christ :
Crucifixion de Jésus-Christ
Auteur :
OAKS, MERRILL C.
La crucifixion a été
la forme d’exécution subie par Jésus-Christ sur
le Calvaire comme conclusion nécessaire à son sacrifice
expiatoire infini et volontaire commencé à Gethsémané
(voir Expiation de Jésus-Christ). Beaucoup de gens ont soutenu
et suivi Jésus, mais un petit groupe de dirigeants judéens
influents, qui étaient en désaccord avec sa doctrine et
se sentaient menacés par sa popularité, ont réussi
à le faire condamner à mort par le gouverneur romain,
Ponce Pilate.
Les Écritures
modernes donnent le témoignage de prophètes que la
crucifixion serait la méthode par laquelle le Sauveur mourrait
(par exemple, 1 Né. 19:10-13 ; 2 Né.
10:3-5 ; Mos. 3:9 ;15:7 ; Moï. 7:55). Les
Israélites ne crucifiaient pas. Ils accrochaient les cadavres
des condamnés pour les exposer à la honte « à
un bois » pendant une partie d’une journée
(De. 21:22-23 ; cf. Ac. 5:30), mais pour la crucifixion il était
nécessaire d’avoir recours à la loi et aux
pratiques romaines.
La crucifixion est une
forme d’exécution probablement inventée par les
Perses et utilisée en Égypte et à Carthage. Les
Romains l’ont perfectionnée pour en faire une torture
visant à produire un maximum de souffrance et une mort lente.
Réservée aux criminels les plus vils et rarement
appliquée aux citoyens romains, la crucifixion était,
de manière routinière, précédée
d’une flagellation du dos, des fesses et des jambes avec un
fouet court constitué de lanières en cuir garnies de
petites boules de fer ou d’esquilles d’os de mouton. On
forçait ensuite la victime affaiblie à porter au moins
une partie de la croix jusqu’à l’emplacement de la
crucifixion. Les Romains utilisaient généralement de
grands clous pour fixer les poignets et les paumes à la barre
de traverse et les pieds à la partie verticale de la croix.
Les clous causaient une douleur terrible mais ne constituaient pas
une menace immédiate pour la vie. Une personne pouvait vivre
dans l’agonie pendant des heures ou même des jours. La
position du corps rendait la respiration difficile puisque le fait
d’être pendu par les bras maintenait la poitrine étendue
de sorte que l’expiration exigeait l’utilisation active
du diaphragme. Si elle poussait avec les pieds, la victime relevait
son corps, ce qui mettait la poitrine dans une position plus
naturelle et lui facilitait la respiration. Les soldats accéléraient
parfois la mort en brisant les jambes de la victime, la mettant
presque dans l’impossibilité de remonter suffisamment le
corps pour respirer.
Après être
resté pendu à la croix pendant plusieurs heures, Jésus
a pardonné aux soldats qui l’avaient crucifié
(Lu. 23:34 ; TJS Lu. 23:35) et a volontairement donné sa
vie (cf. Jn. 10:18), remettant son esprit entre les mains de son
Père. Les Romains ont brisé les jambes des deux hommes
qui avaient été crucifiés avec Jésus,
mais croyant qu’il était déjà mort, ils
lui ont simplement enfoncé une lance dans le côté
(Jn. 19:33-34).
Bibliographie
Edwards, William D. ;
Wesley J. Gabel et Floyd E. Hosmer. “On the Physical Death of
Jesus Christ.” Journal of the American Medical Association,
255, 1986, p. 1455-1463.
Hengel, Martin.
Crucifixion. Philadelphie, 1977.
Jésus-Christ :
Résurrection de Jésus-Christ
Auteur :
CALLISTER, TAD R.
Les saints des derniers
jours considèrent la résurrection de Jésus-Christ
comme l’événement le plus glorieux de tous les
temps. Ayant le pouvoir de déposer son corps et de « l[e]
reprendre » (Jn. 10:18), le Sauveur a vaincu la mort pour
lui-même et pour toute l’humanité (1 Co. 15:22).
La foi des saints des derniers jours en la résurrection
littérale et physique de Jésus est considérablement
renforcée par les témoignages anciens et modernes de
nombreux témoins.
Le Livre de Mormon
contient des prophéties de la résurrection de Jésus
faites des années avant l’événement
proprement dit. Le prophète Néphi 1 a déclaré :
« Voici, ils le crucifieront ; et… il se
lèvera d’entre les morts » (2 Né.
25:13 ; aussi 1 Né. 19:10). Dans la Bible, Jésus
lui-même a prophétisé que « le
troisième jour il ressuscitera » (Mt. 17:23).
Le troisième jour
est venu et Jésus est devenu les « prémices
de ceux qui sont morts » (1 Co. 15:20), son esprit se
réunissant de manière permanente à son corps
dans un état glorifié et immortel. Son corps ressuscité
n’était pas sujet à la souffrance, à la
maladie ou à la mort. Il pouvait traverser les murs ; il
pouvait défier les lois terrestres de la pesanteur ; mais
c’était « un corps glorieux »
tangible (Ph. 3:21) composé de chair et d’os. Jésus
a dit à ses disciples : « Voyez mes mains et
mes pieds, c’est bien moi ; touchez-moi et voyez ; un
esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai »
(Lu. 24:39). Il a ensuite mangé du poisson rôti et un
rayon de miel en leur présence comme témoignage
supplémentaire de sa nature corporelle.
Les saints des derniers
jours se distinguent fermement de ceux qui nient la résurrection
physique de Jésus ou affirment que sa nature divine est
seulement spirituelle, ses apparitions postmortelles n’étant
que des manifestations physiques ou mystiques temporaires (Nibley, p.
156-159). Ils estiment pareil enseignement contraire aux paroles de
Paul, qui enseignait que le Christ ressuscité « ne
meurt plus » (Ro. 6:9), voulant dire que son corps
ressuscité ne serait plus jamais séparé de son
esprit (Ja. 2:26 ; Al. 11:45).
Dans son état
ressuscité, Jésus a conservé les empreintes des
clous dans ses mains et dans ses pieds comme manifestation spéciale
au monde. Ces marques ne sont cependant que provisoires. Lorsque tous
auront confessé qu’il est le Christ, son corps
ressuscité, comme ceux de toute l’humanité,
retrouvera « sa forme propre et parfaite » (Al.
40:23).
Une fois que ressuscité,
Jésus « a obtenu les clefs… [pour] ouvrir
les tombeaux pour tous les hommes » (DS1:129) et avec ces
clefs il a ouvert les portes de la résurrection : « Les
sépulcres s’ouvrirent » et « beaucoup
de saints sont ressuscités, et sont apparus à un grand
nombre » (Mt. 27:52 ; 3 Né. 23:11).
La résurrection du
Christ n’a pas été cachée. Les témoins
de cet événement étaient aussi légion que
divers : les femmes au tombeau (Lu. 24:1-10), Marie dans le
jardin (Jn. 20:11-18), dix apôtres ensemble (Lu. 24:36-43),
onze apôtres dont Thomas le sceptique (Jn. 20:24-29), deux
disciples sur le chemin d’Emmaüs (Lu. 24:13-24), « plus
de cinq cents frères à la fois » (1 Co.
15:6) et Paul sur le chemin de Damas (Ac. 9:3-9). De tous ces
rapports, aucun n’est plus profond que celui de son apparition
aux Néphites, où, un par un, 2500 hommes, femmes et
enfants « [virent] de leurs yeux et [touchèrent] de
leurs mains, et [connurent] avec certitude… [que c’était
lui] » (3 Né. 11:15). À ces récits,
les saints des derniers jours ajoutent les apparitions modernes du
Seigneur ressuscité à Joseph Smith et à d’autres
(par exemple, JS–H 1:17 ; D&A. 76:22-23).
Jésus-Christ
apparaîtra encore dans les derniers jours et témoignera :
« Ces blessures sont celles que j’ai reçues
dans la maison de mes amis » (D&A. 45:52 ; cf.
Za. 13:6), visitant tous les royaumes dont il est le créateur
(D&A. 88:51-61). Des témoins honnêtes et crédibles
de toutes les époques ont témoigné et
témoigneront encore, comme les anges messagers d’autrefois :
« Il est ressuscité » (Mt. 28:6).
Bibliographie
Nibley, Hugh W. « Easter
and the Prophets ». The World and the Prophets, dans CWHN
3, p. 154-162.
Romney, Marion G. “The
Resurrection of Jesus”. Ensign 12, mai 1982, p. 6-9.
Jésus-Christ :
Ministère de quarante jours et autres apparitions de
Jésus-Christ après la Résurrection
Auteur :
GEE, JOHN
Après sa
résurrection, Jésus a passé une grande partie
des quarante jours suivants avec ses disciples : « parlant
des choses qui concernent le royaume de Dieu » (Ac. 1:3)
et leur ouvrant « l’esprit, afin qu’ils
comprissent les Écritures », à savoir ce qui
est sur lui « dans la loi de Moïse, dans les
prophètes et dans les psaumes » (Luc 24:44-45).
Pour les saints des derniers jours, ces quarante jours sont
importants en tant qu’éléments du ministère
de Jésus. En outre, une partie importante du Livre de Mormon
est consacrée au ministère qu’il a exercé
après sa résurrection sur le continent américain.
Le Nouveau Testament
mentionne le ministère de quarante jours mais ne fournit que
des détails limités. Par exemple, pendant ce temps,
Jésus est apparu aux Douze, Thomas étant présent
(Jn. 20:26-29) et a parlé « des choses qui
concernent le royaume de Dieu » (Ac. 1:3). « Jésus
a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d’autres
miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre »
(Jn. 20:30). Paul mentionne que Jésus, un jour, « est
apparu à plus de cinq cents frères à la fois »
(1 Co. 15:6). Enfin, avant son ascension, Jésus a commandé
aux apôtres : « Allez par tout le monde et
prêchez l’Évangile à toute la création »
(Mc. 16:15-16 ; cf. Mt. 28:18-20 ; Lu. 24:47-48 ; Jn.
21:15-17 ; Ac. 1:4-5).
Plus de quarante récits
extérieurs aux Écritures prétendent dire ce que
Jésus a dit et fait pendant son ministère de quarante
jours. Les saints des derniers jours croient que certains de ces
récits, comme les Apocryphes, contiennent « beaucoup
de choses qui sont vraies », mais aussi « beaucoup
de choses qui ne sont pas vraies » (D&A. 91).
Ces récits
rapportent ce qui suit : Jésus enseigne aux apôtres
l’Évangile qu’ils doivent prêcher au monde.
Il parle d’une vie prémortelle et de la création
du monde, ajoutant que cette vie est un état probatoire où
nous avons le choix entre le bien et le mal et que ceux qui
choisissent le bien pourront retourner dans la gloire de Dieu. Il
prédit les événements des derniers jours,
notamment le retour d’Élie. Il dit aussi aux disciples
que l’Église primitive sera pervertie après une
génération et leur enseigne à se préparer
pour les tribulations. Ces récits apocryphes disent que la
résurrection du Christ donne à ses disciples l’espoir
de leur propre résurrection en gloire. Outre le salut pour les
vivants, celui des morts est un thème majeur, de même
que les ordonnances : le baptême, la Sainte-Cène ou
Eucharistie, l’ordination des apôtres à
l’autorité, le fait qu’ils sont bénis un à
un et une initiation ou Dotation (cf. Lu. 24:49, habituellement
appelés « mystères »), l’accent
étant mis sur les vêtements, le mariage et les cercles
de prière. Ces récits, habituellement appelés
secrets (grec apokryphon ; copte, hep), sont souvent rattachés
d’une façon ou d’une autre au temple ou comparés
à la montagne de la Transfiguration. Parfois on dit que les
apôtres montent au ciel où ils voient des choses
merveilleuses. Que tout dans de tels récits soit vrai ou pas,
les actions des apôtres après les visites de Jésus
ultérieures à sa résurrection diffèrent
radicalement de celles d’avant.
Beaucoup de gens écartent
les récits extérieurs au Nouveau Testament en leur
collant l’étiquette d’apocryphes, le
pseudépigraphes, de fiction ou de mythe. Certains les
attribuent à des hallucinations psychologiques que le
traumatisme de la mort de Jésus a suscitées chez les
disciples. D’autres rejettent ces traditions parce que des
sectes stigmatisées plus tard comme « hérésies »
s’en faisaient les championnes. La plupart les ignorent. Les
saints des derniers jours ont généralement tendance à
leur accorder une considération soigneuse, principalement à
cause du long récit détaillé du Livre de Mormon
sur le ministère du Christ, après sa résurrection
parmi les Néphites et les Lamanites « qui avaient
été épargnés » (3 Né.
11-28).
Beaucoup d’éléments
trouvés dans la littérature des quarante jours du Vieux
Monde apparaissent également dans 3 Néphi dans le
Livre de Mormon. Ce récit dit comment Jésus a été
annoncé par son Père à certains des survivants
néphites et lamanites et comment il est descendu du ciel au
temple d’Abondance pour y instruire la multitude pendant trois
jours. Les gens « [virent] de leurs yeux, et touch[èrent]
de leurs mains, et connu[rent] avec certitude et…
témoign[èrent] » que Jésus était
ressuscité d’entre les morts (3 Né.
11:13-17). Jésus a choisi douze disciples, leur a donné
l’autorité d’accomplir des ordonnances et leur a
commandé d’instruire tout le monde (3 Né.
11:18-41 ; 18:36-39 ; 19:4-13 ; Mro. 2). Il a déclaré
sa doctrine, interdisant qu’on se dispute à son sujet :
« Le Père commande à tous les hommes de
partout de se repentir et de croire en moi. Et quiconque croit en moi
et est baptisé, celui-là sera sauvé »
(3 Né. 11:32-33). Les enseignements de Jésus, dont
une version du sermon sur la montagne très semblable à
celle contenue dans le Nouveau Testament, comportent « la
loi et les commandements » pour le peuple (3 Né.
12:19). Jésus a guéri leurs malades, a béni
leurs enfants et a prié pour la multitude (3 Né.
17:2-25 ; 19:5-36). Beaucoup ont été transfigurés
quand des anges sont descendus pour les servir (3 Né.
17:22-25 ; 19:14-16). Jésus a institué les
ordonnances du baptême et du sacrement du pain et du vin (3 Né.
11:22-29 ; 18:1-14, 26-35 ; 19:10-13 ; 20:3-9) et a
enseigné à la multitude comment mener une vie exempte
de péché (3 Né. 18:12-25). Il a également
enseigné que le péché empêche la
participation aux ordonnances, mais il n’est interdit à
personne d’aller à la synagogue ou de se repentir et
d’aller à lui (3 Né. 18:25-33). Il décrit
le futur en termes d’alliances faites avec la maison d’Israël,
citant les prophéties de Moïse dans l’Ancien
Testament (De. 18:15-19 = 3 Né. 20:36-38 ; Ge.
12:3 ; 22:18 = 3 Né. 20:25, 27), Ésaïe
(És. 52:1-3, 6-8, 9-10, 11-15 = 3 Né. 20:36-40,
32, 34-35, 41-45 ; És. 52:8-10 = 3 Né.
16:18-20 ; És. 52:12, 15 = 3 Né. 21:29, 8 ;
És. 54 = 3 Né. 22), Michée (Mi. 4:12-13 ;
5:8-15 = 3 Né. 20:18-19, 16-17 ; 21:12-18) et
Habacuc (Ha. 1:5 = 3 Né. 21:9), que les restes d’Israël
seront rassemblés quand les prophéties d’Ésaïe
commenceront à s’accomplir et quand les restes
commenceront à croire au Christ, le Livre de Mormon lui-même
étant un signe du commencement de ces événements
(3 Né. 16:4-20 ; 20:10-23:6 ; 26:3-5). Après
inspection de leurs annales, Jésus leur a donné les
prophéties supplémentaires qu’ils n’avaient
pas eues (Mal. 3-4 = 3 Né. 24-25) et leur a tout expliqué
(3 Né. 20:10-26:11).
Des choses encore plus
sacrées dites et faites par Jésus pendant sa visite de
trois jours en Amérique n’ont pas été
incluses dans les annales actuelles (3 Né. 26:6-12). Les
ministères qu’il a accomplis après sa
résurrection auprès du peuple de Néphi et des
disciples du Vieux Monde n’étaient que deux de ceux dont
il s’est acquitté et qui ont été
enregistrés (3 Né. 15:11-16:3 ; cf. D&A.
88:51-61 ; EPJS, p. 153). Les saints des derniers jours espèrent
se préparer à recevoir les récits plus complets
qui sont encore à venir (2 Né. 29:11-14 ;
D&A. 25:9 ; 101:32-35 ; 121:26-33 ; 9e A de F).
Bibliographie
Brown, S. Kent, et C.
Wilfred Griggs. "The Forty-Day Ministry of Christ." Ensign
5, août 1975, p. 6-11, aussi dans Studies in Scripture, dir. de
publ. K. Jackson, Vol. 6, p. 12-23. Salt Lake City, 1987.
Nibley, Hugh W.
"Evangelium Quadraginta Dierum." Vigiliae Christianae 20,
1966, :1-24, réimprimé dans CWHN 4:10-44.
Pour des comparaisons
avec le Livre de Mormon, voir H. Nibley, "Christ Among the
Ruins", Ensign 13 juin 1983, p. 14-19, dans CWHN 8:407-434 ;
et Since Cumorah, CWHN 7. Les études spécialisées
sont H. Nibley, "The Early Christian Prayer CircIe", BYU
Studies 19, 1978, p. 41-78, dans CWHN 4:45-99.
Pour les sources
primaires, voir les références dans les ouvrages
précédents ; beaucoup sont en traduction anglaise
dans Edgar Hennecke et Wilhelm Schneemelcher, New Testament
Apocrypha, 2 vols., Philadelphie, 1965, et James M. Robinson, The Nag
Hammadi Library, San Francisco, 1978, éd. rév. 1988.
JOHN GEE
Jésus-Christ :
Apparitions de Jésus-Christ de nos jours
Auteur :
FLAKE, JOEL A.
Comme le montrent le
Nouveau Testament et le Livre de Mormon, après sa
résurrection, Jésus-Christ peut apparaître et
apparaît vraiment dans notre dispensation moderne de
l’Évangile. Quand ces manifestations sacrées sont
données pour fournir un enseignement personnel, on n’en
parle pas ouvertement. Cependant, quand cela s’indique, la
communication divine est rendue publique. C’est un principe de
l’Évangile que le Seigneur Jésus-Christ peut se
manifester et se manifeste à son peuple, même à
des personnes privées « au moment qui lui semble
bon, à sa manière et selon sa volonté »
(D&A. 88:68).
L’apparition la
plus importante du Sauveur dans cette dispensation s’est
produite quand le Père et lui se sont présentés
à Joseph Smith au printemps de 1820. Cette théophanie,
généralement appelée la Première Vision,
a révélé la nature séparée de ces
deux membres de la Divinité et a inauguré la
dispensation de la plénitude des temps et le rétablissement
de toutes choses.
En 1832, Jésus-Christ
est encore apparu en vision à Joseph Smith et à Sidney
Rigdon. Les deux hommes l’ont vu et ont conversé avec
lui (D&A. 76:14). Ils ont aussi témoigné d’une
vision des royaumes auxquels l’humanité sera affectée
dans l’au-delà. Le Seigneur est aussi apparu à
Joseph Smith et à Oliver Cowdery en avril 1836 dans le temple
de Kirtland, peu de temps après la consécration de
celui-ci et a manifesté qu’il acceptait ce premier
temple des derniers jours (D&A. 110:1-10).
Une révélation
concernant le salut des morts a été donnée à
Joseph Smith lors d’une apparition antérieure de
Jésus-Christ et du Père dans le temple de Kirtland le
21 janvier 1836 : « Les cieux s’ouvrirent à
nous, et je vis… le trône flamboyant de Dieu sur lequel
étaient assis le Père et le Fils » (D&A.
137:1, 3). Joseph Smith dit que des visions ont été
données à beaucoup de personnes lors de la réunion
et que « certaines d’entre elles ont vu le visage du
Sauveur » (HC 2:382).
Joseph Smith a également
noté d’autres occasions où des membres de
l’Église ont vu le Sauveur. Le 18 mars 1833, il parle
d’une réunion importante de l’école des
prophètes : « Beaucoup de frères ont eu
une vision céleste du Sauveur et des concours d’anges et
beaucoup d’autres choses, dont chacun a mis par écrit ce
qu’il a vu » (HC 1:335). Il parle d’une
expérience semblable de Zebedee Coltrin (HC 2:387) et une
autre fois il signale que « le Sauveur est apparu à
certains » lors d’une réunion la semaine qui
a suivi la consécration du temple de Kirtland (HC 2:432).
Les apparitions de
Jésus-Christ ne se sont pas limitées aux premiers temps
de l’Église. En 1898, le Sauveur est apparu à
Lorenzo Snow, cinquième président de l’Église,
et lui a donné des instructions importantes concernant
celle-ci (My Kingdom Shall Roll Forth, p. 68-70, Salt Lake City,
1980). Joseph F. Smith, sixième président de l’Église,
a eu une vision du Sauveur en 1918, comme rapporté dans la
vision de Doctrine et Alliances, section 138. Cette vision rapportait
la visite du Sauveur aux esprits des morts tandis que son corps était
dans le tombeau entre le moment de sa crucifixion et celui de sa
résurrection. En 1985, Ezra Taft Benson, treizième
président de l’Église, a dit :
« Aujourd’hui, dans l’Église rétablie
du Christ, l’Église de Jésus-Christ des saints
des derniers jours, il se révèle, lui et sa volonté,
depuis Joseph Smith, premier prophète du Rétablissement,
jusqu’à ce jour » (p. 4).
C’est un
enseignement de la révélation moderne que des membres
peuvent, à titre individuel, avoir une visite personnelle du
Sauveur, voir son visage et recevoir des instructions de lui quand
ils sont prêts et quand le Seigneur choisit d’accorder
une telle expérience (D&A. 93:1 ; voir Jésus-Christ ;
Second Consolateur).
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. « Joy
in Christ ». Ensign 16, mars 1986, p. 4.
Jésus-Christ :
Seconde venue de Jésus-Christ
Auteur :
LUND, GERALD N.
Dans la pensée
juive et chrétienne il y a deux manières de base de
concevoir la venue du Messie. Certains considèrent la promesse
d’un Messie et d’une ère millénaire comme
symbolisant le moment où les hommes apprendront finalement à
vivre dans la paix et l’entente et où le monde entrera
dans une nouvelle ère de lumière et de progrès ;
ce ne sera pas une personne seule ni un événement
déterminé quelconque qui inaugureront cette ère.
L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours s’oppose à cette conception et est d’accord
avec les nombreux autres groupes juifs et chrétiens qui
affirment qu’il y a un Messie réel, qu’il viendra
sur terre à une époque future et que ce n’est que
par son avènement et les événements qui
l’accompagneront qu’une ère millénaire de
paix, d’entente et de joie commencera. Les juifs attendent la
première venue du Messie ; les saints des derniers jours
et d’autres chrétiens attendent la seconde venue de
Jésus-Christ.
Les Écritures,
tant bibliques que modernes, témoignent abondamment que l’ère
qui précédera directement la seconde venue du Sauveur
sera « difficile » (2 Ti. 3:1) et remplie de
« détresse » (Mt. 24:21). À ce
moment-là « le diable aura pouvoir sur ses
possessions » (D&A. 1:35). Les jugements qui en
découleront sur les méchants font partie des
préparatifs du millénium.
Les justes aussi bien que
ceux qui ne sont pas éclairés connaîtront ces
temps de détresse. Les sources de l’Église
enseignent que le Seigneur rassemblera les justes dans des « lieux
saints » (D&A. 101:22), qui sont Sion et ses pieux
(D&A. 115:6). Ces lieux sont décrits comme des lieux de
« paix », de « refuge »
et de « sécurité pour les saints du Dieu
Très-Haut » (D&A. 45:66). La promesse est que
Dieu « ne souffrira pas que les méchants détruisent
les justes. C’est pourquoi il préservera les justes par
son pouvoir… les justes n’ont rien à craindre »
(1 Né. 22:16-17).
Les tentatives de prédire
le temps de la venue du Messie sont légion dans les traditions
juives et chrétiennes. Les saints des derniers jours
considèrent que la seconde venue est « proche, et
même à la porte » (D&A. 110:16). Mais ils
acceptent également le décret de l’Écriture
que « l’heure et le jour [de la venue du Christ] nul
ne les connaît, ni les anges dans le ciel, et ils ne le sauront
pas avant qu’il ne vienne » (D&A. 49:7
[italiques ajoutés] ; cf. Mt. 24:36).
Avec beaucoup d’autres
chrétiens, les mormons croient que la Seconde Venue sera
précédée de la bataille d’Armaguédon
et de l’apparition du Christ sur le mont des Oliviers (voir
Derniers jours). Les Doctrine et Alliances disent de cet
événement :
Et alors les Juifs tourneront les regards vers moi et diront :
D’où viennent ces blessures que tu as aux mains et aux
pieds ? Alors ils sauront que je suis le Seigneur, car je leur
dirai : Ces blessures sont celles que j’ai reçues
dans la maison de mes amis. Je suis celui qui a été
élevé. Je suis Jésus qui a été
crucifié. Je suis le Fils de Dieu. Et alors, ils pleureront à
cause de leurs iniquités ; alors ils se lamenteront parce
qu’ils ont persécuté leur roi [D&A.
45:51-53 ; cf. Za. 13:6].
« À
partir de ce jour-là, a-t-il été proclamé,
la nation juive devient sainte et sa ville et son sanctuaire
deviennent saints. C’est là également que le
Messie établit son trône et le siège de son
gouvernement » (Clark, p. 258).
Avant la venue du Christ
en gloire, « il y aura du silence dans le ciel pendant une
durée d’une demi-heure ; et immédiatement
après cela, le rideau du ciel sera ouvert… et la face
du Seigneur sera dévoilée » (D&A.
88:95). C’est apparemment le moment où « toute
chair à la fois [le] verra » (D&A. 101:23 ;
Ap. 1:7).
Les Doctrine et Alliances
déclarent que « la terre passera comme par le feu »
(D&A. 43:32). Certains ont imaginé que ceci pourrait se
produire suite à un holocauste nucléaire. Bien que
certains passages apocalyptiques puissent sembler décrire les
effets d’une guerre nucléaire (par exemple, És.
34:1-10), une révélation moderne enseigne que le
« feu » de la Seconde Venue est la présence
du Sauveur, une gloire céleste comparable à la gloire
du soleil (D&A. 76:70) ou un « feu dévorant »
(Hé. 12:29 ; cf. Mal. 3:2 ; 4:1). « Si
grande sera la gloire de sa présence, que le soleil se cachera
la face de honte » (D&A. 133:49). « La
présence du Seigneur sera comme le feu de forge qui brûle
et comme feu qui fait bouillir les eaux » (D&A.
133:41 ; cf. És. 64:2 ; JS–H 1:37).
« L’élément embrasé fondra »
(D&A. 101:25) et « les montagnes s’ébranleront
devant toi » (D&A. 133:44). Les Doctrine et Alliances
répètent la déclaration d’Ésaïe
que « les habits du Seigneur seront rouges et ses
vêtements comme celui qui foule au pressoir » (D&A.
133:48 ; cf. És. 63:2).
L’apôtre Paul
a écrit aux saints de Thessalonique que ceux qui vivraient sur
la terre au moment de l’apparition du Christ seraient enlevés
à sa rencontre (1 Th. 4:16-17). Les Doctrine et Alliances,
dans des termes semblables, ajoutent que ces saints justes seront
« vivifiés » et se joindront à
ceux « qui auront dormi dans leurs tombeaux »,
qui seront également « enlevés à sa
rencontre au milieu de la colonne du ciel » (D&A.
88:96-97 ; voir Résurrection). Le Christ descendra sur la
terre « de la même manière que vous l’avez
vu allant au ciel » (Ac. 1:11).
Avec l’avènement
du Christ, l’ère millénaire de paix, d’entente
et de justice commencera. Satan n’aura alors « pas
de pouvoir sur le cœur du peuple, car celui-ci demeure dans la
justice, et le Saint d’Israël règne »
(1 Né. 22:26 ; voir aussi Millénium).
Bibliographie
Clark, James R., comp.
"Proclamation of the Twelve". Dans Messages of the First
Presidency, Vol. l, p. 258. Salt Lake City, 1965.
Lund, Gerald N. The
Coming of the Lord. Salt Lake City, 1971.
McConkie, Bruce R. The
Millennial Messiah : The Second Coming of the Son of Man. Salt
Lake City, 1982.
Smith, Joseph Fielding.
The Signs of the Times. Salt Lake City, 1964.
GERALD N. LUND
Jésus-Christ
dans la Bible
Auteur :
MATTHEWS, ROBERT J.
Les saints des derniers
jours considèrent Jésus-Christ comme la figure centrale
de toute la Bible. Les Ancien et Nouveau Testaments sont des
documents divinement inspirés qui révèlent la
mission de Jésus comme Créateur, Dieu d'Israël,
Messie, Fils de Dieu, Rédempteur et Roi éternel. La
Bible contient l'histoire, les enseignements doctrinaux et les
prophéties de futurs événements, avec
Jésus-Christ comme sujet principal dans chaque catégorie.
L'Ancien Testament
contient le récit de la Création, et des relations de
Dieu avec la famille humaine d'Adam jusque vers 400 av. J.-C. La
promesse d'un Messie est un thème qui imprègne tout. Le
Nouveau Testament fait le récit des principaux événements
de la vie terrestre de Jésus le Messie de sa naissance jusqu’à
sa mort, sa résurrection et son ascension au ciel, avec la
promesse qu'il reviendra sur la terre pour juger le monde et pour
régner ensuite comme Roi. Les saints des derniers jours
identifient Jésus à Jéhovah, le Créateur,
le Dieu d'Adam, d'Abraham, de Moïse et d'Israël. Jésus
est Jéhovah venu sur la terre comme Messie promis (voir
Jéhovah, Jésus-Christ). Par conséquent, les
relations de Dieu avec la famille humaine tout au long de la période
de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament constituent l’histoire
de Jésus-Christ prémortel et mortel.
JÉSUS, PERSONNAGE
HISTORIQUE. Les saints des derniers jours prennent au pied de la
lettre le message biblique sur Jésus (voir Ministère de
Jésus-Christ). Le Jésus de l’histoire est celui
de la Bible : le Fils unique de Dieu dans la chair, né de
la Vierge Marie à Bethléhem, baptisé par
Jean-Baptiste. Il a accompli divers miracles, a enseigné
l'Évangile en parlant de temps en temps en paraboles et
« allait de lieu en lieu faisant du bien » (Ac.
10:38). Il a choisi douze apôtres, organisé une Église,
rassemblé beaucoup de disciples et a été rejeté
par les dirigeants juifs. Son attitude envers les Samaritains, les
femmes, les dirigeants politiques (par exemple, Hérode,
César), les lois rituelles et la prière étaient
plutôt révolutionnaires pour son temps. Il a souffert à
Gethsemané, a saigné à chaque pore, a été
crucifié, est mort, est ressuscité des morts et est
plus tard monté aux cieux du haut du mont des Oliviers. Les
saints des derniers jours considèrent aussi bien la partie
historique du compte rendu de la vie de Jésus que la partie
prophétique comme exactes. La promesse que ce même Jésus
reviendra en personne en gloire pour juger le monde, puis régnera
sur la terre comme Roi des rois est une réalité future
que nous prenons à la lettre.
REPRÉSENTATION DE
JÉSUS PAR LE RITE. Dans toute la Bible, la mission de
Jésus-Christ est dépeinte dans des rites qui sont des
types et des symboles d'événements réels. Pour
les prophètes de l'Ancien Testament, les sacrifices d’animaux
préfiguraient et caractérisaient la venue de Jésus
pour verser son sang et sacrifier sa vie pour les péchés
de l'humanité. Comme on offrait souvent des agneaux, Jésus
est qualifié dans le Nouveau Testament d’Agneau de Dieu
(Jn. 1:29, 36 ; cf. 1 Né. 11:21).
Pour que le sacrifice
d’un animal symbolise le sacrifice de Jésus, il devait
être l’un des premiers-nés du troupeau
(c’est-à-dire le premier-né masculin de sa mère)
sans défaut, offert sans qu’on lui brise les os, et son
sang devait être versé. Chacun de ces points a eu sa
contre-partie dans la vie de Jésus sur terre. Même les
détails du service de la Pâque, qui voulaient que le
sang de l'agneau soit badigeonné sur les poteaux de porte pour
que l'ange exterminateur passe outre de cette maison (Ex. 12:3-24,
46) préfiguraient la mission et le pouvoir sauveur de Jésus,
l'Agneau de Dieu, qui fut crucifié au moment de la célébration
annuelle de la Pâque. Paul, comprenant ce symbolisme,
s’exclame : « car Christ, notre pâque, a
été immolé » (1 Co. 5:7).
Paul dit de la loi de
Moïse qu’elle a été « comme un
pédagogue pour nous conduire à Christ » (Ga.
3:24). Pour ce faire, elle a annoncé et symbolisé le
Christ. Quand il a fait l'Expiation, le Christ a accompli toute la
loi ; la loi prenait donc fin en lui et a été
remplacée par la plénitude de l'Évangile (3 Né.
9:17 ; cf. Mt. 5:17-18 ; Hé. 10:1). La compréhension
qu’ont les saints des derniers jours du rôle de la loi de
Moïse et d'autres ordonnances de l'Ancien Testament est
clairement exprimée par le prophète Néphi du
Livre de Mormon vers 600 av. J.-C. : Voici, mon âme met
ses délices à prouver à mon peuple la vérité
de la venue du Christ ; car c'est à cette fin que la loi
de Moïse a été donnée, et tout ce qui a été
donné par Dieu à l'homme depuis le commencement du
monde est une figure de lui. [2 Né. 11:4 ; cf. Jcb.
4:5].
Quand il a pris le repas
de la Pâque avec les Douze lors de la dernière Cène,
Jésus leur a donné le pain représentant sa
chair, qui serait brisée, et le vin représentant son
sang, qui serait versé. Il a été commandé
aux croyants de participer souvent à ce rite symbolique :
« Faites ceci en mémoire de moi » (Luc
22:17-20 ; cf. 3 Né. 18:3-13 ; 20:8-9).
PRÉFIGURATIONS
DANS L’ANCIEN TESTAMENT. Les auteurs des quatre évangiles
ont vu dans l'Ancien Testament des choses qui annonçaient les
événements de la vie de Jésus. Matthieu (1:23)
cite Ésaïe 7:14 : « La jeune fille
deviendra enceinte, elle enfantera un fils, Et elle lui donnera le
nom d’Emmanuel » nom qui signifie « Dieu
avec nous ». Il cite de même Osée 11:1 :
« J’ai appelé mon fils hors d’Égypte »
(Mt. 2:15).
Jean (13:8-11) note que
la trahison de Jésus par un ami est mentionnée dans une
Écriture ancienne (Ps. 41:9). Jean (19:24) cite aussi le
partage de la tunique de Jésus par les soldats comme
l’accomplissement de Psaumes 22:18 et l'éponge avec du
vinaigre présentée aux lèvres de Jésus
(Jn. 19:28-30) comme une allusion à Psaumes 69:21. Jean
(19:33-36) note aussi que les jambes de Jésus n'ont pas été
brisées sur la croix, conformément à Exode
12:46.
Ésaïe a
prophétisé qu’en Israël un fils naîtrait
de la lignée de David et qu’il serait appelé
« Dieu puissant », « prince de la
paix » (És. 9:6-7). La mission du Messie comme
Rédempteur, souffrant pour les péchés de
l'humanité, est dépeinte dans Ésaïe 53 et
61.
LE DIEU D'ISRAËL EST
JÉSUS DE NAZARETH. La révélation donnée
au prophète Joseph Smith prouve que, à partir d’Adam,
il y a eu plusieurs dispensations de l'Évangile sur la terre.
Les prophètes de chacune de ces dispensations ont connu le
Christ, ont enseigné son Évangile (notamment les rites
et les ordonnances) et ont détenu la sainte prêtrise,
qui était appelée « la sainte prêtrise,
selon l'Ordre du Fils de Dieu » (D&A 107:3 ; cf.
Alma 13:1-16). Ces prophètes antiques non seulement
connaissaient la venue future de Jésus en tant que Messie,
mais ils savaient aussi que Jéhovah, le Dieu qu'ils adoraient,
viendrait sur la terre et deviendrait ce Messie (cf. Mos. 13:33-35).
Comme noté plus haut, dans És. 7:14, le nom Emmanuel
identifie Jésus à Dieu. Les passages de Nouveau
Testament illustrent ce concept.
Jésus a invité
ses auditeurs à sonder les Écritures, parce que « ce
sont elles qui témoignent de moi » (Jn. 5:39). Il a
dit aux dirigeants juifs que Moïse « a écrit
de moi » (Jn. 5:45-46 ; cf. Jn. 1:45 ; 1 Co.
10:1-4). Plus tard il leur a dit : « Abraham, votre
père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon
jour : il l’a vu, et il s’est réjoui. »
(Jn. 8:56). Quand on lui a demandé comment Abraham et lui
auraient pu se connaître alors qu’ils vivaient à
des époques tellement différentes, Jésus a
répondu : « Avant qu'Abraham fût, je
suis » (Jn. 8:58). Le terme grec traduit ici par « je
suis » est identique à l'expression de la Septante
dans Ex. 3:14 qui identifie Jéhovah comme s’appelant
« JE SUIS ».
Il est évident que
ses auditeurs avaient bien compris qu'il leur avait clairement dit
qu'il n'était autre que Jéhovah, également connu
sous le nom de JE SUIS, Dieu d'Abraham et de Moïse, car
« Là–dessus, ils prirent des pierres pour les
jeter contre lui » (Jn. 8:59) parce qu'ils estimaient
qu'il avait blasphémé. Une autre preuve de ce qu'ils
comprenaient l'affirmation de Jésus qu'il était Dieu
venu sur terre est donnée plus tard quand ils « prirent
de nouveau des pierres pour le lapider » et que Jésus
demanda : « Je vous ai fait voir plusieurs bonnes
œuvres venant de mon Père : pour laquelle me
lapidez–vous ? Les Juifs lui répondirent : Ce
n’est point pour une bonne œuvre que nous te lapidons,
mais pour un blasphème, et parce que toi, qui es un homme, tu
te fais Dieu » (Jn. 10:31-33). Après sa
résurrection Jésus passa en revue les passages de
l'Ancien Testament avec ses disciples « et, commençant
par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua
dans toutes les Écritures ce qui le concernait »
(Lu. 24:27) et leur montra « dans la loi de Moïse,
dans les prophètes, et dans les psaumes » les
prophéties concernant sa mission (Lu. 24:44 ; voir
Jésus-Christ : Prophéties concernant
Jésus-Christ).
Pierre écrit que
les prophètes antiques « ont fait de ce salut
l’objet de leurs recherches et de leurs investigations »
et avaient « l’Esprit de Christ » qui
« attestait d’avance les souffrances de Christ »
et que ces prophètes « étaient les
dispensateurs [de leur temps] de ces choses qui sont maintenant
« annoncées » au sujet de Jésus-Christ
(1 Pi 1:10-12). Et Paul déclare que dans tous ses
enseignements sur Jésus, il ne s’est écarté
« en rien de ce que les prophètes et Moïse ont
déclaré devoir arriver » (Ac. 26:22).
On trouve dans Matthieu
(16:27 ; 24:1-51) et Joseph Smith–Matthieu (1:1-55) des
prophéties détaillées selon lesquelles Jésus
reviendra sur terre comme Juge et Roi (voir Jésus-Christ :
Avènement de Jésus-Christ). Les saints des derniers
jours croient que de même que les préfigurations et les
prophéties de l'Ancien Testament sur le Christ se sont
accomplies lors de son premier avènement, de même les
prophéties sur sa seconde venue s’accompliront
littéralement.
ÉCLAIRCISSEMENTS
DONNÉS PAR LA RÉVÉLATION MODERNE. Les passages
susmentionnés de la Bible, auxquels s’ajoutent ceux de
la révélation moderne sur le même sujet, amènent
les membres de l'Église à considérer les Ancien
et Nouveau Testaments comme des documents fiables concernant la
mission prémortelle, mortelle et postmortelle, et la future
mission millénaire de Jésus-Christ. Les saints des
derniers jours acceptent pleinement le message biblique au sujet de
Jésus-Christ et, en outre, à cause d'autres Écritures
sacrées qui fortifient et complètent le document
biblique (voir Ouvrages canoniques), ils apprécient la mission
de Jésus dans un sens plus large que ne le permet la Bible
seule. Par exemple, Jésus a parlé à ses
auditeurs juifs « d’autres brebis » ne
faisant pas partie des juifs, à qui il rendra visite et qui
« entendront [sa] voix » (Jn. 10:16). On pense
généralement qu’il s’agit là des
Gentils. Cependant, dans le Livre de Mormon, Jésus ressuscité
désigne expressément ces autres brebis comme étant
la branche de la maison d'Israël située sur le continent
américain qu'il visitait, leur montrant personnellement son
corps et leur enseignant de sa propre voix son Évangile (3 Né.
15:13-24). Le Livre de Mormon explique ainsi un passage au sujet du
Sauveur au-delà de ce que la Bible offre et étend
également la notion de ministère de Jésus.
La révélation
moderne permet aussi d’apprécier de manière plus
approfondie les événements qui se sont produits sur la
montagne de la Transfiguration que ne le permet la seule Bible. Ce
que le Nouveau Testament offre est accepté comme
historiquement correct mais incomplet. La révélation
moderne nous apprend que sur la montagne, Jésus, Moïse et
Élie ont donné les clefs de la prêtrise à
Pierre, à Jacques et à Jean en accomplissement de la
promesse du Sauveur dans Matthieu 16:19 (EPJS, p. 126). Les trois
apôtres ont également eu la vision de la glorification
future de la terre (D&A 63:2-21). Ces points manquent dans le
récit biblique. Moïse et Élie « apparaissant
dans la gloire, parlaient de son départ [de Jésus]
qu’il allait accomplir à Jérusalem »
(Luc 9:30-31), ce qui prouve qu'ils le connaissaient et étaient
au courant de sa mission.
Le ministère de
Jésus est également éclairci dans d'autres cas
par la révélation moderne. Jean 3:23 a l’air de
dire que Jésus accomplissait personnellement des baptêmes
dans l'eau, mais ceci est essentiellement nié par Jean 4:2,
qui dit que ce n'était en fait pas Jésus, mais ses
disciples, qui accomplissaient les baptêmes. Grâce à
la traduction de Joseph Smith de la Bible, le texte de Jean 4:2-3 est
rendu plus clair et affirme que Jésus a effectivement accompli
des baptêmes dans l'eau, mais pas autant que ses disciples. (On
trouvera d'autres éclaircissements concernant le ministère
terrestre de Jésus dans la Traduction de Joseph Smith de la
Bible [TJS].) Parmi les sujets traités dans ce dernier
ouvrage, il y a Jésus au temple à l'âge de douze
ans, son enfance précoce, ses tentations dans le désert,
ses paraboles, sa capacité de racheter les petits enfants et
sa compassion pour les gens.
Bibliographie
McConkie, Bruce R.
Doctrinal New Testament Commentary, 3 vols. Salt Lake City, 1965,
1970, 1973.
McConkie, Bruce R. The
Promised Messiah ; The Mortal Messiah ; The Millennial
Messiah, 6 vols. Salt Lake City, 1978, 1979, 1980, 1981, 1982.
Matthews, Robert J. "A
Greater Portrayal of the Master." Ensign 13, mars 1983, p. 6-13.
Talmage, James E. Jesus
the Christ. Salt Lake City, 1963.
ROBERT J. MATTHEWS
Jésus-Christ
dans le Livre de Mormon
Auteur :
WELCH, JOHN W.
Le but principal du Livre
de Mormon est de convaincre tous les hommes « que Jésus
est le Christ, le Dieu éternel, qui se manifeste à
toutes les nations » (page de titre). Grâce aux
expériences spirituelles de ses auteurs, dont beaucoup étaient
des prophètes et des témoins oculaires de la gloire du
Christ, le Livre de Mormon communique de manière claire et
personnelle la connaissance que Jésus-Christ vit. Il explique
sa mission depuis la création jusqu’au jugement final et
exprime son amour pur et expiatoire pour toute l'humanité.
Le Livre de Mormon est
une Écriture intime. Il exhorte le lecteur à :
« venir au Christ, et à [se] saisir de tout bon
don » en n’oubliant pas que « tout bon
don vient du Christ » (Mro. 10:18, 30).
Le livre se focalise sur
une seule chose. Pour employer les termes de Néphi 1, « nous
parlons du Christ, nous nous réjouissons dans le Christ, nous
prêchons le Christ, nous prophétisons concernant le
Christ » (2 Né. 25:26). Ce n’est que par
le sacrifice de Jésus que celui qui se repent peut
« satisfaire aux exigences de la loi » (2 Né.
2:7). « Il n'y a aucun autre titre auquel vous pouvez être
affranchis. Il n'y a aucun autre nom donné par lequel le salut
vienne » (Mos. 5:8).
Tous les prophètes
du Livre de Mormon ont proclamé la même parole de
Jésus-Christ (Jcb. 4:5). Dans leurs visions, leurs discours
publics et leurs déclarations personnelles ils ont
systématiquement déclaré (1) que Jésus
est le Fils de Dieu, le Créateur, le Seigneur Dieu Omnipotent,
le Père du ciel et de la terre et le Saint d'Israël, (2)
qui descendrait et est effectivement venu sur terre pour vivre en
tant que mortel né de la vierge Marie, (3) pour guérir
les malades, chasser les démons et subir les tentations, (4)
pour prendre sur lui les péchés du monde et racheter
son peuple, (5) pour être mis à mort par crucifixion et
ressusciter d’entre les morts, (6) pour réaliser la
résurrection de toute l'humanité et (7) pour juger tous
les hommes au dernier jour selon leurs œuvres (1 Né.
11-14 ; Mos. 3:5-27 ; Al. 33:22 ; voir Christologie).
La personnalité et
les attributs de Jésus sont exprimés dans le Livre de
Mormon (voir Black, p. 49-64). Il est une personne qui invite,
réconforte, répond, exhorte, aime, pleure, est perturbé
par les péchés de l'humanité et est rempli de
joie. Il accueille tous ceux qui vont à lui. Il plaide
patiemment auprès du Père en faveur de tous ceux qui
sont devenus saints par son sang expiatoire. C’est un ami
véritable et compatissant. Il visite ceux qui croient en lui.
Il guérit ceux qui pleurent à la pensée d’être
séparés de lui. Avec des mains qui portent toujours les
plaies de sa mort, il touche, est touché et donne du pouvoir.
Il se rappelle toutes ses alliances et tient toutes ses promesses. Il
est tout-puissant, jugeant le monde et vainquant les méchants.
Il est « la lumière, et la vie, et la vérité
du monde » (Ét. 4:12).
Parmi les prophètes
du Livre de Mormon qui ont donné de nombreux enseignements sur
le Christ avant que sa naissance il y a le frère de Jared (Ét.
3), Léhi (1 Né. 10 ; 2 Né. 2),
Néphi 1 (1 Né. 11, 19 ; 2 Né. 25,
31-33), Jacob (2 Né. 9), Abinadi (Mos. 13-16), Benjamin
(Mos. 3-5) ; Alma 2 (Al. 5, 7, 12-13, 33, 36, 42), Amulek (Alma
34), Samuel le Lamanite (Hél. 14) et Néphi 3 (3 Né.
1). Le point culminant du document néphite est l'apparition du
Seigneur Jésus-Christ ressuscité à une assemblée
de 2.500 hommes, femmes et enfants qui s'étaient réunis
devant leur temple au pays d’Abondance. Pendant trois jours,
Jésus les a personnellement instruits (3 Né.
11-28 ; voir Livre de Mormon : Trois Néphi). Le
Livre de Mormon termine par des témoignages sur Jésus
par Mormon (Mrm. 7 ; Mro. 7) et son fils Moroni 2 (Ét.
4 ; Mro. 10). On trouve 101 appellations pour Jésus dans
les 3.925 mentions du Christ dans les 6.607 versets du Livre de
Mormon (Black, p. 16-30).
En plus de ses
visitations de 3 Néphi, Jésus est apparu à
Léhi (1 Né. 1:9), Néphi 1, Jacob (2 Né.
11:2-3), au roi Lamoni (Al. 19:13), Mormon (Mrm. 1:15), Moroni 2 (Ét.
12:39) et au frère de Jared (Ét. 3:14). Chacun a rendu
un témoignage personnel de Jésus-Christ. Beaucoup
d'autres ont entendu sa voix.
Grâce aux visions
et aux révélations qu’il avait reçues
avant de quitter Jérusalem vers 600 av. J.-C., Léhi
était au courant des tendres miséricordes du Messie
promis. Pour lui, le Messie allait être le Rédempteur
qui rétablirait ceux qui étaient déchus, perdus
et exilés. Dans une vision, Léhi lut un livre céleste
qui « annonçai[t] clairement la venue d'un Messie
et aussi la rédemption du monde » (1 Né.
1:19). Cette connaissance a focalisé toutes les prédications
et interprétations ultérieures des Néphites
concernant la mission du Sauveur. Il fut également révélé
à Léhi qu’au bout de six cents ans « le
Seigneur Dieu susciterait un prophète parmi les Juifs, un
Messie, ou, en d'autres termes, un Sauveur du monde »
(1 Né. 10:4), le même serviteur compatissant sur
lequel d'autres prophètes avaient écrit, notamment
Zénos dans son allégorie de l'olivier du Seigneur
représentant Israël (Jacob 5). Léhi voyait dans le
fait d’être « greffé » sur
cet arbre celui de « parv[enir] à la connaissance
du vrai Messie » (1 Né. 10:14).
Grâce aux
prophéties d'Ésaïe aussi bien qu’à
ses propres visions, Léhi savait qu'un prophète
préparerait la voie au Seigneur avant sa venue (1 Né.
10:8 ; cf. És. 40:3) et que « lorsqu'il aurait
baptisé d’eau le Messie, il verrait et témoignerait
avoir baptisé l'Agneau de Dieu, qui allait ôter les
péchés du monde » (1 Né. 10:10 ;
voir Jean-Baptiste). En outre, Ésaïe parlait du serviteur
du Seigneur « méprisé et abandonné…
blessé pour nos péchés, brisé pour nos
iniquités… semblable à un agneau qu’on
mène à la boucherie » (És. 53:3-7) ;
et Léhi a prophétisé que les juifs tueraient le
Messie, ajoutant que le Rédempteur ressusciterait d’entre
les morts (1 Né. 10:11).
Néphi 1 a demandé
au Seigneur une plus grande compréhension des visions de son
père, particulièrement une compréhension plus
claire de l'arbre de vie. Il a éprouvé de l’amour
pour la condescendance de Dieu qui ferait descendre le Fils de Dieu
pour demeurer dans la chair, né d'une belle vierge. La bonté
du Christ fait un vif contraste avec son rejet et sa crucifixion
(1 Né. 11:13-33 ; 19:10 ; cf. De. 21:22). Néphi
1 (qui savait lui-même ce que voulait dire être persécuté
à cause de la justice) mentionne plus de soixante fois
l'offrande divine de cet Agneau sacrificatoire de Dieu (1 Né.
11:21). Comme gouverneur et instructeur de son peuple, Néphi
souligne le fait qu'ils doivent suivre le règne du Christ, le
seul vrai Sauveur qui viendrait jamais, la source unique de leur vie
et de leur loi, le seul en qui tout s’accomplirait (2 Né.
25:16-18, 25-27).
Dans le cadre de son
appel de prêtre et d’instructeur, Jacob, frère de
Néphi 1, parle de l'expiation du Christ. Il dit que le Christ
souffrirait et mourrait pour toute l'humanité pour qu’elle
puisse lui être assujettie par son « expiation
infinie », qui surmonte la Chute et apporte la
résurrection et l'incorruptibilité (2 Né.
9:5-14).
Léhi, Néphi
1 et Jacob utilisent souvent certains termes tels que
« Messie »
(oint) et « Agneau de Dieu » pour désigner
le Christ avant qu'un ange ne révèle que le nom du
Messie « sera Jésus-Christ, le Fils de Dieu »
(2 Né. 25:19 ; cf. 2 Né. 10:3 ;
Mos. 3:8). Le nom Jésus, comme Josué, dérive de
la racine hébraïque yasha', « délivrer,
sauver » ; et Christos est l'équivalent grec
de l’hébreu mashiyach, signifiant « oint »
ou « Messie » (voir Jésus-Christ, noms
et titres de). Ainsi, les Néphites utilisaient le nom intime
et cependant librement exprimé porté par Jésus
sur terre comme nom pour désigner Dieu, alors que le YHWH
indicible (voir Jéhovah, Jésus-Christ) n’apparaît
que deux fois dans le livre (2 Né. 22:2 ; Mro.
10:34).
Certains, tels que
Shérem, dont les racines culturelles plongent dans le monde
monothéiste de Jérusalem, résistent au culte du
Messie, prétendant que c’est une violation de la loi de
Moïse (Ex. 20:3 ; Jcb. 7:7 ; voir Antéchrists).
Néphi avait précédemment déclaré
que le Père, le Fils et le Saint-Esprit étaient « un
seul Dieu » (2 Né. 31:21), mais les
contestataires néphites continueront à attaquer la
proposition que Jésus est Dieu, à nier que son
expiation puisse être efficace avant qu’elle ne se
produise et à argumenter qu'il ne peut pas y avoir plusieurs
Dieux qui soient malgré tout un seul Dieu (par exemple, Mos.
17:8 ; Al. 11:28). Abinadi et d'autres donnent des explications
inspirées (Mos. 14-16 ; voir Jésus-Christ, Père
et Fils), mais jusqu'à ce que Jésus ressuscité
apparaisse, annoncé par le Père et le priant, ces
questions ne seront jamais définitivement réglées.
Vers 124 av. J.-C., le
roi Benjamin reçut d'un ange une déclaration succincte
de la mission expiatoire du Christ (Mos. 3:2-27). ElIe mettait
l’accent sur le sang expiatoire du Christ et confirmait que du
sang sortirait de chaque pore de Jésus à cause de son
angoisse pour son peuple (Mos. 3:7 ; voir aussi Lu.
22:43-44 ;
D&A 19:18 ; Irénée, Contre les hérésies
22.2 ; voir Gethsémané). Le sang du Christ expiera
les péchés de tous ceux qui se repentent ou ont péché
par ignorance (voir Mos. 3:11, 15, 16, 18). Quand le peuple de
Benjamin demande passionnément à l'unisson que Dieu
« applique le sang expiatoire du Christ, afin que nous
recevions le pardon de nos péchés » (Mos.
4:2), Benjamin lui donne par alliance le nom du Christ, le seul nom
« par lequel le salut vienne » (Mos. 5:7-8).
Alma 2, le défenseur
juridique et religieux de la liberté de croyance (v. 100-73
av. J.-C.), enseignait que la foi en Jésus-Christ était
le maître de la conversion personnelle. Alma avait goûté
la joie transformatrice qu’il avait éprouvée
quand il avait invoqué le nom de Jésus-Christ pour
avoir miséricorde (Al. 36:18), et dans ses sermons ultérieurs,
il décrivit comment on pouvait avoir « l’image
de Dieu gravée sur le visage » (Alma 5:19), et
comment la parole de Dieu doit être plantée dans l'âme
de chaque converti, où, à condition d’être
nourrie, elle grandira pour devenir un arbre de vie éternel
(Al. 32:40 ; 33:22-23 ; on trouve la même image dans
un document des débuts du christianisme, les Odes de Salomon
11:18).
Vers 30 av. J.-C. un
groupe de Lamanites fut converti au Christ quand la lumière de
Dieu brilla et que sa voix parla dans la nuée de ténèbres
qui les enveloppait (Hél. 5:33-43). Vingt-cinq ans plus tard,
un prophète appelé Samuel le Lamanite prédit que
des signes lumineux plus importants apparaîtraient au moment de
la naissance de Jésus et que l’on verrait des
destructions et des ténèbres massives à sa mort
(Hél. 14:2-27). Cinq ans après Samuel, Néphi 3
entendit la voix de Jésus déclarer qu'il viendrait au
monde « demain » et les signes de la naissance
de Jésus apparurent ; trente-trois ans et quatre jours
après cela, tout le pays entendit la voix du Christ parler au
milieu des ténèbres épaisses qui, sur le
continent américain, accompagnèrent sa crucifixion et
sa mort (3 Né. 9).
Au cours de cette même
année, ils virent Jésus-Christ ressuscité
descendre du ciel (3 Né. 11:8). Il apparut à une
assemblée de Néphites justes devant leur temple et les
laissa toucher les plaies de ses mains et de ses pieds et mettre la
main dans son côté (3 Né. 11:15). Ils
entendirent la voix du Père dire : « Voici mon
Fils bien-aimé, en qui je me complais, en qui j’ai
glorifié mon nom : écoutez-le » (3 Né.
11:7).
Jésus fut avec ces
gens pendant trois jours. Il appela et ordonna douze disciples et
enseigna son Évangile de foi, de repentir, de baptême et
de don du Saint-Esprit. Étant celui qui avait donné et
avait accompli la loi de Moïse, il donna au peuple des
commandements d'obéissance, du sacrifice d'un cœur
brisé, d'amour fraternel et de réconciliation, de
fidélité à son conjoint, de chasteté,
d'intégrité, de charité et de consécration
(voir Dotation). Il lui enseigna à jeûner et à
prier, en secret et en famille. Il guérit leurs malades et, en
présence d’anges et de témoins, il bénit
les parents et leurs enfants. Ils contractèrent une alliance
sacrée avec lui et il promit que s'ils faisaient sa volonté
et gardaient ses commandements, ils auraient toujours son esprit avec
eux (voir Sainte-Cène), connaîtraient personnellement le
Seigneur et seraient accueillis dans sa présence au dernier
jour (3 Né. 14:21-23 ; voir Welch, p. 34-83).
Comme révélé
dans le Livre de Mormon, Jésus veut que tous les hommes
deviennent comme leur Père céleste et lui. Jésus
a dit : « C’est pourquoi, quelle sorte d’hommes
devriez-vous être ? En vérité, je vous le
dis, tels que je suis » (3 Né. 27:27). Il a
invité tout le monde en disant : « Je voudrais
que vous soyez parfaits tout comme moi, ou comme votre Père
qui est dans les cieux est parfait » (3 Né.
12:48). Son but constant et aimant a été de rendre cela
possible.
Bibliographie
Black, Susan E. Finding
Christ Through the Book of Mormon. Salt Lake City, 1987.
Charlesworth, James H.
“Messianism in the Pseudepigrapha and the Book of Mormon.”
Dans “Reflections on Mormonism, dir. de publ. T. Madsen, p.
99-137, Provo, Utah, 1978.
Roberts, B. H. “Christ
in the Book of Mormon”. IE 27, 1924, 188-192.
Scharffs, Stephen.
“Unique Insights on Christ from the Book of Mormon”.
Ensign 18, décembre 1988, p. 8-13.
Welch, John W. The Sermon
at the Temple and the Sermon on the Mount. Salt Lake City, 1990.
JOHN W. WELCH
Jésus-Christ
dans les Doctrine et Alliances
Auteur :
JOHNSON, CLARK V.
Les Doctrine et Alliances
sont un recueil unique de révélations et d'écrits
inspirés rendant témoignage au monde moderne que
Jésus-Christ vit. À la différence des autres
ouvrages canoniques de l'Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours, les révélations qui se
trouvent dans les Doctrine et Alliances ont été reçues
de nos jours par des prophètes modernes et ne sont donc pas
des traductions de documents antiques. La figure centrale des
Doctrine et Alliances est en effet Jésus-Christ. Il s'y
identifie à de nombreuses reprises avec divers titres
exprimant son état divin et son pouvoir rédempteur.
Les Doctrine et Alliances
présentent plus de soixante noms ou titres pour Jésus.
Quand il parle de lui-même ou de son œuvre, le Seigneur
utilise au moins dix-huit titres descriptifs, notamment
« Seigneur »
(plus de 300 fois), « Jésus-Christ » (81
fois), « Rédempteur » (24 fois),
« Sauveur » et « Jésus »
(19 fois chacune), « Alpha et Oméga » et
« Fils unique » (13 fois chacune), « le
commencement et la fin » (12 fois), « Éternel »
(11 fois), « Jéhovah » (6 fois),
« Avocat », « Infini » et
« Époux » (5 fois chacun) ;
« Législateur » et « Je
Suis » (3 fois chacun). Ces titres imposent un respect
spécial pour Jésus-Christ. « Voici, je suis
d’en haut… Je suis au-dessus de tout, en tout, à
travers tout. Et le jour vient où tout me sera soumis. Voici,
je suis l’Alpha et l’Oméga, oui, Jésus-Christ »
(D&A 63:59-60 ; voir aussi Jésus-Christ, Noms et
titres de).
Jésus affirme son
rôle de Créateur. « Ainsi dit le Seigneur,
votre Dieu, oui, Jésus-Christ, le grand JE SUIS, l'Alpha et
l'Oméga, le commencement et la fin, celui-là même
qui contempla la vaste étendue de l'éternité…
avant que le monde ne fût fait… Je suis celui-là
même qui parla, et le monde fut fait, et tout vint par moi. »
(D&A 38:1-3).
Une seule fois Jésus
est appelé Fils Ahman. « Ahman »
pourrait être une expression dans la langue adamique (D&A
78:20 ; 95:17 ; voir aussi JD 2:342). Un autre passage
unique appelle le Christ Seigneur des armées, tant celles du
ciel que celles de la terre ; il est donc « le
créateur du premier jour, le commencement et la fin »
(D&A 95:7).
Dans un passage
mémorable, Jésus décrit sa souffrance comme
Rédempteur de l'humanité. Les détails
autobiographiques exprimés ici ne se retrouvent nulle part
ailleurs dans l'Écriture : « Et ces
souffrances m'ont fait trembler de douleur, moi, Dieu, le plus grand
de tous, et elles m'ont fait saigner à chaque pore et m'ont
fait souffrir de corps et d'esprit — et j'ai voulu ne pas
devoir boire la coupe amère, mais je n'ai pas non plus voulu
me dérober » (D&A 19:18). Il a « souffert
ces choses pour tous afin qu'ils ne souffrent pas s'ils se
repentent » (19 :16). Fidèle à
lui-même, le Sauveur donne la gloire et l'honneur à son
Père céleste : « Néanmoins,
gloire soit au Père, j'ai bu et j'ai terminé tout ce
que j'avais préparé pour les enfants des hommes. »
(D&A 19:19 ; cf. 78:4). Ayant fait le sacrifice, le Christ
peut intercéder auprès du Père pour les
pénitents : « Je suis le Christ et j'ai plaidé
devant le Père pour eux, en mon propre nom, par la vertu du
sang que j'ai versé. » (D&A 38:4 ; cf.
45:1-4).
Jésus dit de
lui-même qu’il est l’Époux, attirant
l'attention sur sa parabole des vierges donnée dans Matthieu
25, quand il a prophétisé sur son avènement :
« Soyez fidèles, priant toujours, tenant votre
lampe prête et allumée et ayant de l'huile avec vous
afin d'être prêts au moment de la venue de l'Époux »
(D&A 33:17).
Dans la révélation
moderne le Seigneur donne également du réconfort :
« Prenez courage et ne craignez pas, car moi, le Seigneur,
je suis avec vous et je me tiendrai à vos côtés »
(D&A 68:6) ; et « Sois humble, et le Seigneur,
ton Dieu, te conduira par la main et te donnera la réponse à
tes prières » (D&A 112:10). Jésus
avertit également l'humanité de la nécessité
d'être humble, disant que « car bien qu'un homme
puisse avoir beaucoup de révélations et le pouvoir de
faire beaucoup de grandes œuvres, s'il se vante de sa force,
méprise les recommandations de Dieu et obéit aux
caprices de sa volonté et de ses désirs charnels, il
tombera et encourra la vengeance qu'un Dieu juste fera tomber sur
lui » (D&A 3:4).
Dans plusieurs sections
des Doctrine et Alliances, le Seigneur témoigne qu'il est
celui qui donne l'Écriture par l'inspiration et il commande
que l’on étudie ses paroles (D&A 1:29 ;
3:16-20 ; 11:22 ; 20:8-9 ; 84:57). En résumé
il dit : « Sondez ces commandements, car ils sont
vrais et dignes de foi, et les prophéties et les promesses
qu'ils contiennent s'accompliront toutes » (D&A 1:37).
Le Seigneur explique des
passages et des concepts scripturaires pas très clairs dans
l'Évangile de Jean, dans 1 Corinthiens, dans l’Apocalypse
et dans Ésaïe (D&A 7 ; 77 ; 86 ; 113).
Il souligne des concepts scripturaires au sujet de l'histoire sacrée,
de la prêtrise et de la lignée patriarcale dans d'autres
révélations (D&A 84:6-28 ;107:1-14, 40-57). Il
restaure aussi des fragments d’Écriture perdus (par
exemple, D&A 7 ; 93:7-17).
Le Seigneur dit pourquoi
il donne ces révélations à l'humanité :
« Je vous donne ces paroles afin que vous compreniez et
sachiez comment adorer et sachiez ce que vous adorez, afin que vous
veniez au Père en mon nom et receviez sa plénitude en
temps voulu » (D&A 93:19).
La voix de Jésus-Christ
dans les Doctrine et Alliances est la parole du Seigneur consolant et
encourageant ses saints, témoignant de sa propre divinité
et de sa mission sacrée, avertissant le monde des jugements à
venir, déclarant sa majesté et son pouvoir et
promettant pardon et miséricorde aux pénitents. Les
saints des derniers jours acceptent ces révélations
comme des proclamations modernes de la volonté du Seigneur
Jésus-Christ.
Bibliographie
Maxwell, Neal A. « "The
Doctrine and Covenants : The Voice of the Lord." »
Ensign 8, décembre 1978, p. 4-7.
CLARK V. JOHNSON
Jésus-Christ
dans la Perle de grand prix
Auteur :
HARRIS, JAMES R.
L’ouvrage canonique
appelé la Perle de grand prix contient un choix de textes
allant d’Adam aux temps présents, notamment des paroles
d'Adam, de Hénoc, de Noé, d’Abraham, de Moïse,
de Jésus-Christ et de Joseph Smith. Il présente quelque
trois cents mentions de Jésus-Christ, notamment des titres
tels que le Commencement et la Fin, Fils Bien-aimé, Créateur,
Dieu, Jéhovah, Jésus, Jésus-Christ, Roi de Sion,
Seigneur, Seigneur Dieu, Messie, Fils unique, Roc du Ciel, Sauveur,
Fils et Fils de l'Homme. Une contribution particulière est
l’idée que Jésus-Christ a été au
centre de toutes les dispensations, d'Adam à Joseph Smith.
JÉSUS LE CRÉATEUR.
Dans Moïse, chapitres 2 et 3, Jésus est identifié
comme le Créateur sous l'égide de Dieu le Père.
Le livre d'Abraham ajoute l’éclaircissement que Jésus
n'agissait pas seul mais avec un conseil d'esprits intelligents, dont
Abraham (Abr. 3:23).
LA RÉBELLION DE
SATAN. Dans l’état prémortel, le Père a
choisi Jésus pour devenir le Fils unique et le Rédempteur.
Satan s'est rebellé contre le choix du Père et est
devenu l'ennemi juré de Jésus et de tous ceux qui le
suivent (Moï. 4:1-4 ; voir aussi Premier état ;
Guerre dans le ciel).
ADAM ET ÈVE ET LE
PLAN DU SALUT. Adam et Ève (Moï. 1:34 ; 4:26 ;
5:5-9) ont été les premiers qui ont été
instruits et qui ont accepté le plan du salut du Père
sur cette terre. Dieu a commandé à Adam d’offrir
les prémices de ses troupeaux. Après bien des jours, un
ange du Seigneur lui a demandé pourquoi il faisait des
sacrifices. Quand Adam a reconnu qu’il ne savait pas pourquoi,
l’ange lui a expliqué : « C'est une
similitude du sacrifice du Fils unique du Père, qui est plein
de grâce et de vérité… Ce jour-là,
le Saint-Esprit, qui rend témoignage du Père et du
Fils, descendit sur Adam, disant : Je suis le Fils unique du
Père, depuis le commencement, dorénavant et à
jamais, afin que de même que tu es tombé, tu puisses
être racheté, ainsi que toute l'humanité, tous
ceux qui le veulent » (Moïse 5:7-9).
L'expiation de
Jésus-Christ s'est appliquée à l'humanité
dès le commencement. Adam croyait en l'avènement du
Christ, fut baptisé en son nom et reçut le don du
Saint-Esprit et les clefs de la prêtrise d'une dispensation
(Moï. 6:51-68 ; D&A 107:41-42 ; voir aussi Adam :
Sources de l’Église).
HÉNOC, UN TÉMOIN
DU FILS DE L'HOMME. Hénoc a prêché la foi en
Jésus-Christ, le repentir, le baptême, la réception
du don du Saint-Esprit, la progression dans la connaissance de Dieu,
la justification et la sanctification, le tout pouvant être
réalisé par le sang expiatoire du Christ (Moï.
6:46-62).
Hénoc était
un prophète témoin du Seigneur Jésus-Christ et
savait que Jésus était le Dieu des prophètes
antiques, le Rédempteur et Sauveur, le Fils de « l’Homme
de sainteté » qui est Dieu le Père. Il eut
la vision de l’avènement du Sauveur au midi des temps,
de sa crucifixion et de son ascension triomphale vers le Père
(Moïse 7:47, 53, 55). Hénoc le voyant (Moï. 6:36) a
vu aussi l’avènement du « Fils de l'Homme,
dans les derniers jours, pour demeurer sur la terre dans la justice
pendant mille ans » (Moï. 7:65).
NOÉ, PRÉDICATEUR
DE LA DÉLIVRANCE PAR LE CHRIST. Noé a supplié le
peuple disant : « Croyez, repentez-vous de vos péchés
et soyez baptisés au nom de Jésus-Christ, le Fils de
Dieu, tout comme nos pères, et vous recevrez le Saint-Esprit,
afin que tout vous soit manifesté ; si vous ne le faites
pas, les flots viendront sur vous » (Moï. 8:24).
ABRAHAM. Abraham a été
visité par Jéhovah (Abr. 1:16) et l'a connu comme
quelqu’un « qui était semblable à
Dieu », le Créateur, le Fils de l'Homme et
l'adversaire de Satan (Abr. 3:24-28).
MOÏSE, LIBÉRATEUR
ET PRÉFIGURATION DU CHRIST. Après avoir été
mis à l’épreuve par un affrontement avec le
diable et s’être tenu deux fois en la présence de
Dieu (Moï. 1:2-39), Moïse entend : « Et
maintenant, Moïse, mon fils, je vais te parler de cette terre
sur laquelle tu te tiens, et tu écriras les choses que je vais
te dire » (Moï. 1:40). Il lui est également
dit qu’il est à « l’image »
du Fils unique, le Sauveur, qui est plein de grâce et de vérité
(Moï. 1:6). Quand Moïse doit affronter les puissances des
ténèbres, il demande à Dieu la force et, au nom
du Fils unique, commande à Satan de s’éloigner
(Moï. 1:20-22). Moïse a servi Dieu d'Israël, qu'il
savait être le Messie, le Fils unique, le Sauveur et le
Créateur de « mondes sans nombre » (Moï.
1:32-33).
MATTHIEU, HISTORIEN DU
MINISTÈRE DU SEIGNEUR. Dans un discours à ses disciples
trois jours avant sa crucifixion, Jésus leur a donné
des conseils sur la façon de survivre à la destruction
proche de Jérusalem et comment les futurs disciples devraient
survivre à une dévastation similaire qui se produirait
dans les derniers jours comme prélude à sa seconde
venue (Mt. 24). La traduction de ce discours par Joseph Smith est
présentée sous le titre Joseph Smith–Matthieu.
JOSEPH SMITH. Le prophète
Joseph Smith a appris par expérience divine qu'il y a un
Sauveur, qui est Fils, et un Dieu qui est Père. Ceci il l’a
appris lors de sa Première Vision quand une colonne de lumière
est apparue « plus brillante que le soleil » et
est descendue sur lui. Dans cette lumière il a vu « deux
Personnage dont l’éclat et la gloire défient
toute description, et qui se tenaient au-dessus de [lui] dans les
airs. L'un d'eux [lui] parla, [l’]appelant par [son] nom, et
dit, en [lui] montrant l’autre : ‘Celui-ci est mon
Fils bien-aimé. Écoute-le ! » Dans
cette vision, Joseph Smith a parlé au Père et au
Seigneur Jésus-Christ (JS–H 1:15-17). Le prophète
devait écrire plus tard : « J'avais réellement
vu une lumière, et au milieu de cette lumière, je vis
deux Personnages, et ils me parlèrent réellement ;
et quoique je fusse haï et persécuté pour avoir
dit que j'avais eu cette vision, cependant c'était la vérité »
(JS–H 1:25).
Dans les articles de foi,
Joseph Smith a déclaré la position de Jésus
comme membre de la Divinité, a énoncé les
premiers principes de l'Évangile de Jésus-Christ et a
affirmé que le Christ viendra un jour régner
personnellement sur la terre.
Bibliographie
Peterson, H. Donl. The
Pearl of Great Price : A History and Commentary, p. 20, 74-75.
Salt Lake City, 1987.
JAMES R. HARRIS
Jésus-Christ,
Noms et titres de
Auteur :
ROBINSON, STEPHEN E.
Étant donné
que Jésus-Christ est au centre tant du culte de l’Église
que des Écritures, il est naturellement connu sous beaucoup de
noms et de titres, notamment ceux qui suivent :
JÉSUS. L’hébreu
yeshoua ou yehoshoua, signifiant « Jéhovah sauve »,
se transcrit dans nos caractères par Josué. En grec, il
est devenu Iesous, ce qui a donné Iesus en latin et Jésus.
Jésus étant véritablement Jéhovah
effectuant une œuvre salvatrice, son nom yeshoua, « Jéhovah
sauve », lui convient parfaitement.
MESSIE. Ce titre vient du
mashiyach hébreu, « oint ». Chez les
Israélites, les prophètes, les prêtres et les
rois étaient oints, ce qui les désignait comme
successeurs légitimes. Généralement, « Messie »
désigne une figure attendue par Israël pour être
son roi. Appliqué à Jésus, le titre conserve son
sens plein de prophète, de prêtre et de roi « oint ».
CHRIST. Messie (oint), en
grec, se dit Christos, le Christ. Jésus-Christ est donc à
la fois un nom et un titre et signifie Jésus le Messie.
FILS DE DIEU. Jésus
n'était le fils d'aucun homme mortel. Son père
biologique était Dieu, le Père. Comme Fils de Dieu,
Jésus représente le Père et agit comme son agent
en toutes choses.
FILS DE L'HOMME. De sa
mère Jésus hérita la condition mortelle.
L'hébreu ben ‘adam désigne un « fils
d'Adam », c'est-à-dire tout homme mortel (Da.
8:17). Ainsi, en tant que fils d'Adam, Jésus représente
les enfants d'Adam, agissant en tant que leur agent auprès du
Père. En tant que Fils de Dieu et Fils de l'Homme, Jésus
se tient entre Dieu et l'homme comme médiateur. Avec l'article
défini, le Fils de l'Homme décrit une figure céleste
apocalyptique attendue, identique au Messie (Da. 7:13). Jésus
est le Fils de l'archétype de l’Homme, l'Homme céleste
parfait, le Père éternel (Moï. 6:57 ; 7:35).
Dans ce sens, « Fils de l'Homme » est égal
à « Fils de Dieu » et crée une
ambiguïté intentionnelle, reflétant l’ascendance
mortelle et immortelle de Jésus.
FILS DE DAVID. Les juifs
s’attendaient à ce que le Messie appartienne à la
lignée de David. Les prophètes avaient prédit
qu'un fils (descendant) de David rétablirait le royaume
d'Israël à son ancien zénith (voir És.
11:1-9 ; Jé. 23:5-6). Selon Mt. 1:1-16, Jésus
descendait de David. « Fils de David » désigne
en particulier le caractère messianique de Jésus dans
son aspect politique comme roi davidique.
JÉHOVAH. Les
saints des derniers jours croient que Jésus est Jéhovah
lui-même, le Dieu d'Israël, pas fils de Jéhovah
(És. 41:14 ; 43:11, 14 ; Mos. 3:5 ; 3 Né.
11:14 ; 15:5). Le nom Jéhovah prononcé de cette
façon ne se trouve pas dans les textes antiques, mais est une
convention moderne. Dans les temps anciens, le texte hébreu
n'avait pas de voyelles ; les consonnes du nom de Dieu étaient
donc yhwh. Les juifs évitaient de prononcer ces consonnes
quand ils lisaient à haute voix et disaient plutôt
adonaï, mot signifiant « Seigneur ». Se
conformant à cette pratique, les traducteurs de la King James
rendent habituellement yhwh par « the Lord »
[le Seigneur]. Dans les textes hébreux médiévaux,
les voyelles d'adonai furent ajoutées aux consonnes de yhwh
pour rappeler aux lecteurs juifs qu’ils devaient dire
« ‘adonaï ». Les traducteurs anglais
adoptèrent cette convention, créant la forme
artificielle « Jéhovah ». Les saints des
derniers jours acceptent Jéhovah comme nom pour le Christ
prémortel parce que c'est la forme anglaise courante de yhwh.
EL El n'est pas un nom,
mais est le nom courant de Dieu en hébreu (pluriel, élohim).
Les saints des derniers jours utilisent souvent Élohim pour le
Père, ce qui permet de faire une distinction entre les membres
de la Divinité. Néanmoins, dans l'Ancien Testament, El
et ses dérivés, tels que Élohim et El Shaddaï
(Dieu Tout-Puissant), désignent habituellement Jésus
prémortel, Dieu ('el) de l'Ancien Testament.
EMMANUEL. Puisque Jésus
était l'El antique, l'ange (Mt. 1:23) lui donne correctement
le nom d’Emmanuel (hébreu, immanou'el), voulant dire El
(le dieu) avec nous.
LE SEIGNEUR. Puisque les
juifs prononçaient adonaï (Seigneur) au lieu du nom
divin, la Bible grecque (v. 200 av. J.-C.) traduit habituellement
yhwh par ho kurios, « le Seigneur ». Ainsi,
« le Seigneur », que ce soit adonaï ou
kurios, était l’équivalent de « Jéhovah ».
Il ne faut donc pas s’étonner que « le
Seigneur » soit le titre le plus courant de Jésus
dans le Nouveau Testament. La confession de l'Église
primitive : « Jésus est Seigneur »
ne pouvait signifier que Jésus est Jéhovah.
JE SUIS. Dans Ex. 3:14,
Jéhovah (Jésus-Christ) s'identifie comme étant
« JE SUIS », affirmant peut-être que
Jésus est le Créateur, qui existe indépendamment
de sa création. Les savants voient des liens entre ce vieux
titre de l'Ancien Testament et les nombreuses fois que Jésus
dit « je suis » dans le Nouveau Testament, par
exemple : « Je suis le bon berger » (Jn.
10:11, 14), ou « avant qu'Abraham fût, je suis »
(Jn. 8:58).
PÈRE. Jésus
est Père dans trois sens au moins : (1) il est le
créateur de l'univers physique, (2) il est l'agent du Père
dans tout ce qui concerne cette création et ses habitants et
(3) il est le Père de tous les êtres humains éternels
et ressuscités. Jésus-Christ engendre spirituellement
et donne la vie éternelle à celui qui est « né
de nouveau », lequel devient ainsi fils du Christ (Mos.
27:25). De plus, les saints des derniers jours appellent le Christ
leur « frère aîné ». Dans
le contexte prémortel ceci est correct, parce que là
Jésus était « le Premier-né »
de tous les enfants d'esprit du Père (D&A 93:21).
Néanmoins, « Père » décrit
surtout les relations actuelles et futures du Christ avec les mortels
qui sont nés spirituellement de nouveau.
SECOND CONSOLATEUR. Le
Saint-Esprit, le Consolateur, réconforte les fidèles en
leur donnant l'assurance qu’ils hériteront le royaume de
Dieu. Cependant, par la foi au Christ, on peut recevoir un second
Consolateur, l’apparition de Jésus lui-même, qui
assure l'individu de sa place dans le royaume. Après un
témoignage de l'Esprit, le second Consolateur est un témoin
personnel du Seigneur ressuscité (Jn. 14:16-23).
SAUVEUR. Sauveur, le plus
sublime des titres, souligne le rôle de Jésus dans le
plan divin. Les Ancien et Nouveau Testaments précisent tous
deux que le Sauveur est Dieu (És. 45:21-23 ; Lu. 1:47 ;
etc.). Par l'agonie et la mort souffertes pour les autres, Jésus
peut effacer des imperfections et conférer la dignité,
à condition qu’il y ait repentir. Puisque des êtres
imparfaits ne peuvent pas résider en la présence de
Dieu (D&A 1:31), Jésus sauve les croyants de leur
imperfection, de leurs péchés et de ce qu’ils ont
de pire. (Voir aussi, ci-dessus, la définition de son nom,
« Jésus ».)
LA PAROLE. De même
que les mots portent les pensées d'un esprit à celui
des autres, de même Jésus communique la volonté
du Père aux mortels. De plus, de même que les mots sont
les agents de l'expression, de même depuis le commencement (Jn.
1:1-3) Jésus est l'agent qui exprime et accomplit la volonté
du Père. Le Christ est le messager et le message.
L’ALPHA ET L’OMÉGA.
Équivalents de l’expression « le premier et
le dernier » dans l'Ancien Testament (par exemple, És.
44:6), l'Alpha et l'Oméga sont les première et dernière
lettres de l'alphabet grec. De même qu’il n’y a
aucune lettre avant alpha ou après oméga, il n'y a
aucun autre dieu dans cette création à part celui
représenté en Jésus-Christ. Il englobe tout, du
commencement jusqu'à la fin ; il se prolonge au-delà
de toutes les extrémités et catégories.
FILS UNIQUE. Jésus-Christ
est le seul que le Père ait engendré dans la condition
mortelle. Son titre complet est « Fils unique du Père
dans la chair ». Étant donné que les saints
des derniers jours croient que tous les humains ont été
spirituellement engendrés par le Père avant la
création, « Fils unique » est compris
comme limité à la condition mortelle.
AGNEAU DE DIEU. Lors de
la première Pâque, on badigeonnait le sang d'un agneau
tué sur les maisons des Israélites pour que l’ange
exterminateur passe outre. Dans le Nouveau Testament, Jésus
est considéré comme l’agneau pascal fourni par
Dieu, et la Pâque est la préfiguration de la mort de
Jésus, l'agneau de Dieu, dont le sang, par le baptême et
la Sainte-Cène, protège les chrétiens du
destructeur, Satan. Selon Moï. 5:6-8, les sacrifices d’animaux
étaient censés être « une similitude
du sacrifice du Fils unique du Père ».
ROBINSON de STEPHEN E.
Jésus-Christ,
Père et Fils
Auteur :
MILLET, ROBERT L.
Les Écritures
modernes appellent Jésus-Christ le Père et le Fils.
Dans le Livre de Mormon, tout particulièrement, le Christ se
présente au frère de Jared en disant : « Je
suis le Père et le Fils » (Ét. 3:14) ;
Néphi 1 appelle l'Agneau de Dieu « Père
éternel » (1 Né. 11:21, éd.
1830), et le prophète Abinadi dit que le Messie serait « le
Père… et le Fils » (Mos. 15:3). Cette
pratique a été expliquée de plusieurs façons
d’une manière conforme à la compréhension
fondamentale de la Divinité entretenue par les saints des
derniers jours, à savoir que ce sont trois êtres
distincts.
Tout est parfaitement
clair en ce qui concerne la filiation du Christ. Jésus est le
Fils de Dieu de trois manières au moins. D'abord, il est
l'enfant aîné d'esprit de Dieu le Père et de ce
fait le frère aîné des esprits de tous les hommes
et femmes, comme Dieu le Père, connu également par le
nom-titre exalté Élohim, est le Père des esprits
de toute l'humanité (No. 16:22 ; Hé. 12:9 ;
Jn. 20:17). Ainsi, quand le Christ est appelé le Premier-né
(par exemple, Ro. 8:29 ; Col. 1:15 ; D&A 93:21), les
saints des derniers jours acceptent ceci comme une allusion possible
à la naissance spirituelle du Christ. En second lieu, il est
le Fils physique littéral de Dieu, le Fils unique dans la
chair (par exemple, Jn. 1:14 ; 3:16 ; 2 Né.
25:12 ; Jcb. 4:11 ; D&A 29:42 ; 93:11 ; Moï.
1:6 ; 2:26). Troisièmement, spirituellement il est
également Fils en vertu de sa soumission à la volonté
du Père (Hé. 5:8).
Jésus-Christ est
également connu par le titre de Père. Le sens des
Écritures qui utilisent cette nomenclature n'est pas toujours
immédiatement clair, ceci étant principalement dû
au fait que le Christ et son Père sont pratiquement
inséparables dans leurs buts, leur témoignage, leur
gloire et leur pouvoir. Mais dans la plupart des cas, l'usage
scripturaire peut s’expliquer de plusieurs manières :
Le Christ est parfois
appelé Père à cause de son rôle comme
Créateur dès le commencement (voir Création,
Récits de la création). Avant sa naissance dans la
condition mortelle, agissant sous la direction du Père, Jésus
était Jéhovah, le Seigneur Omnipotent, par qui Dieu a
créé des mondes sans nombre (Moï. 1:33 ;
7:30 ; Jn. 1:1-3 ; Hé. 1:2). À cause de son
rôle de créateur, Christ-Jéhovah est appelé,
dans le Livre de Mormon, « le Père du ciel et de la
terre, le Créateur de tout depuis le commencement »
(Mos. 3:8 ; voir aussi 2 Né. 25:16 ; Al.
11:39 ; 3 Né. 9:15). Le rôle de Jésus
comme Créateur est pareillement attesté dans la Bible
(par exemple, Jn. 1:3 ; Ép. 3:9 ; Col. 1:16) et les
Doctrine et Alliances (par exemple, D&A 38:1-3 ; 45:1 ;
76:24 ; 93:9).
Jésus-Christ est
également connu comme Père par la nouvelle naissance
spirituelle de l'humanité (voir Né de Dieu). En tant
que Rédempteur préordonné, il est devenu « pour
tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut
éternel » (Hé. 5:9). Il est le Sauveur. Nul
ne vient au Père que par lui et par son nom (Jn. 14:6 ;
Ac. 4:12 ; Mos. 3:17). Ceux qui acceptent l'Évangile de
Jésus-Christ, reçoivent ses ordonnances salvatrices par
alliance et vivent de manière à être dignes de
ses pouvoirs sanctificateurs, « naissent de nouveau »
au Christ et deviennent les enfants du Christ, « ses fils
et ses filles », sa postérité (Mos. 5:5-8 ;
15:10-13 ; 27:25-26 ; Al. 5:14). Le Christ devient ainsi le
Père de leur salut, le Père de la vie dans l'esprit, le
Père de la nouvelle naissance. Dans le même ordre
d’idées, il est également le Père de toute
l'humanité parce que la résurrection de la famille
humaine entière vient par lui (Sperry, p. 35).
En outre, Jésus
est appelé Père à cause de l'autorité que
Dieu lui a donnée d’agir pour le Père. Il a
expliqué à Jérusalem : « Je ne
puis rien faire de moi–même… Je suis venu au nom
de mon Père » (Jn. 5:30, 43). Un dirigeant de
l’Église a éclairci ceci : « Toute
la révélation depuis la chute est venue par
Jésus-Christ, qui est le Jéhovah de l'Ancien Testament…
Le Père n'a jamais traité directement et
personnellement avec l'homme depuis la chute, et il n’est
jamais apparu autrement que pour présenter le Fils et rendre
témoignage de lui » (DS 1:35). Les saints des
derniers jours comprennent ceci comme voulant dire que, sauf quand il
présente le Fils, Dieu agit toujours et parle toujours à
l'humanité par Jésus-Christ. Le Père a donc
placé son nom sur le Fils, l’a autorisé et lui a
donné pouvoir de parler même à la première
personne pour lui, comme s'il était le Père. Par
exemple, quand le Seigneur Jéhovah (qui allait venir plus tard
sur la terre comme Jésus de Nazareth) parle à Moïse :
« Moïse, mon fils… tu es à l'image de
mon Fils unique ; et mon Fils unique est et sera le Sauveur »
(Moï. 1:6). Parfois le Sauveur parle en tant que Père
(Élohim) et en tant que Fils (Jésus) dans la même
révélation (par exemple, D&A 29:1 et 42 ; 49:5
et 28).
En outre, le Christ est
Père du fait qu’il a littéralement hérité
des attributs et des pouvoirs de son Père (Élohim). De
Marie, sa mère, Jésus a hérité la
condition mortelle, la capacité de mourir. De Dieu, son Père,
il a hérité l'immortalité, la capacité de
vivre pour toujours : « Comme le Père a la vie
en lui–même, ainsi il a donné au Fils d’avoir
la vie en lui–même » (Jn. 5:26 ; cf. Hél.
5:11). Le Christ est « le Père parce qu'il a été
conçu par le pouvoir de Dieu » (Mos. 15:3). « Son
Père éternel l'ayant investi du pouvoir d'en haut, il
est devenu le Père parce qu'il exerce le pouvoir de cet être
éternel » (McConkie, p. 371).
Le Christ est également
Père du fait qu’il a reçu spirituellement tout ce
que le Père a. « Je suis dans le Père…
le Père est en moi et… le Père et moi sommes
un : Le Père parce qu'il m'a donné de sa
plénitude, et le Fils parce que j'ai été dans le
monde » (D&A 93:3-4).
D'autres explications
sont de même possibles. Tout le monde a des rôles
multiples dans la vie. Un homme peut être père, fils et
frère ; une femme peut être mère, fille et
sœur. Ces titres décrivent des rôles ou des
fonctions à un moment donné, aussi bien que des
rapports avec d'autres. Pour les saints des derniers jours, il en va
de même du Christ. Il a beaucoup de noms et de titres. Il
exerce un ministère en tant que Père et que Fils. Après
avoir expliqué que le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob
viendrait sur la terre prendre un corps et exercer un ministère
comme Père et comme Fils, Abinadi résume : « Et
ils sont un seul Dieu, oui, le Père éternel même
du ciel et de la terre » (Mos. 15:4 ; voir aussi Mos.
7:26-27 ; D&A 93:14). Le Père et le Fils, l'Esprit et
la chair, le Dieu et l’homme – ces titres, ces rôles
et ces attributs sont merveilleusement fusionnés dans un seul
être, Jésus-Christ, en qui « habite
corporellement toute la plénitude de la divinité »
(Col. 2:9).
Bibliographie
""The Father
and the Son' : A Doctrinal Exposition of the First Presidency
and the Twelve" 30 juin 1916. Dans MFP 5:26-34. Salt Lake City,
1971.
McConkie, Bruce R. The
Promised Messiah, chaps. 4, 9, 20. Salt Lake City, 1978.
Smith, Joseph Fielding.
DS 1:26-34. Salt Lake City, 1954.
Sperry, Sidney B. Answers
to Book of Mormon Questions, p. 31-38. Salt Lake City, 1967.
ROBERT L. MILLET
Jésus-Christ,
prendre sur soi le nom de
Auteur :
WARNER, PAUL R.
C'est un point de
doctrine de l'Église de Jésus-Christ des saints des
derniers jours que la seule manière d'obtenir le salut est de
prendre sur soi le nom de Jésus-Christ. Ceci est
catégoriquement dit dans plusieurs révélations
modernes. Bien que ce ne soit pas spécifiquement dit dans la
Bible, le concept est implicite dans ce que dit Paul :
« Revêtez–vous du Seigneur Jésus–Christ »
(Ro. 13:14 ; Ga. 3:27), dans la déclaration de Pierre que
Jésus-Christ est le seul nom donné « parmi
les hommes, par lequel nous devions être sauvés »
(Ac. 4:12 ; Ex. 15:2 ; 1 S. 2:1 ; Ps. 27:1) et dans
l'ordre du Seigneur à Moïse : « Ils
mettront mon nom sur les enfants d’Israël »
(No. 6:27 ; cf. Jé. 15:16). Pour prendre sur soi le nom
du Christ dans cette dispensation il faut commencer par être
baptisé dans son Église et garder les commandements.
Le Seigneur a déclaré
au prophète Joseph Smith que toutes les personnes qui désirent
une place dans le royaume du Père doivent prendre sur eux le
nom du Christ (D&A 18:24-25, 27). Amulek, dans le Livre de
Mormon, conseille aux Zoramites égarés :
« Pren[ez] sur vous le nom du Christ » (Al.
34:38). Jésus ressuscité promet : « Quiconque
prend sur lui mon nom, et persévère jusqu'à la
fin, celui-là sera sauvé au dernier jour »
(3 Né. 27:5-6 ; cf. Mos. 25:23 ; 26:18). Le
Seigneur dit à Abraham : « Je te prendrai pour
mettre sur toi mon nom » (Abr. 1:18).
Quand on prend sur soi le
nom de Jésus, on contracte des alliances sacrées. Le
roi Benjamin a dit : « Il n'y a aucun autre nom donné
par lequel le salut vienne ; c'est pourquoi, je voudrais que
vous preniez sur vous le nom du Christ, vous tous qui avez conclu
avec Dieu l'alliance d'être obéissants jusqu'à la
fin de votre vie » (Mos. 5:8 ; cf. 18:8-12 ; Al.
46:15). Les alliances du baptême (D&A 20:37 ; cf.
2 Né. 31:13) et de la Cène du Seigneur (D&A
20:77 ; Mro. 4:3) nécessitent que l’on prenne sur
soi le nom de Jésus-Christ. Bruce R. McConkie, apôtre
moderne, a dit : « Nous avons pris sur nous son nom
dans les eaux du baptême. Nous renouvelons l'alliance que nous
avons contractée à ce moment-là quand nous
participons à la Sainte-Cène [à la Cène
du Seigneur]. Si nous sommes nés de nouveau, nous sommes
devenus des fils et des filles du Seigneur Jésus-Christ »
(McConkie, p. 393).
Dallin H. Oaks, apôtre
lui aussi, a expliqué en outre que « nous prenons
sur nous le nom du Christ quand nous nous faisons baptiser en son
nom, quand nous appartenons à son Église et que nous
professons notre croyance en lui, et quand nous accomplissons l’œuvre
de son royaume. Il y a d'autres significations aussi, des
significations plus profondes que les membres plus mûrs de
l'Église doivent comprendre et méditer »
(Oaks, p. 80). « Les significations plus profondes »
c’est hériter la plénitude de la gloire de Dieu
et obtenir l'exaltation dans le royaume céleste (Oaks, p.
81-83).
Bibliographie
McConkie, Bruce R. "Jesus
Christ and Him Crucified." Dans BYU Devotional Speeches of the
Year, p. 391-405. Provo, Utah, 1976.
Oaks, Dallin H. "Taking
Upon Us the Name of Jesus Christ," Ensign 15, mai 1985, p.
80-83.
PAUL R. WARNER
Jésus-Christ,
second Consolateur
Auteur :
SHERRY, THOMAS E.
Le terme « second
Consolateur » désigne Jésus-Christ dans le
sens où il sert personnellement ses disciples fidèles
(Jn. 14:21-23 ; D&A 93:1 ; 130:3). Jésus a
enseigné à ses disciples que le Saint-Esprit était
un consolateur (Jn. 14:26), mais il a également parlé
d'un second Consolateur (Jn. 14:16-21). Joseph Smith a donné
aux saints des derniers jours une compréhension supplémentaire
concernant le second Consolateur : « Lorsqu’une
personne a foi au Christ, se repent de ses péchés, est
baptisée pour la rémission de ses péchés
et re¬çoit le Saint-Esprit (par l’imposition des
mains), ce qui est le premier Consolateur, qu’elle continue à
s’humilier devant Dieu, ayant faim et soif de justice, et
vivant se¬lon toute parole de Dieu, et le Seigneur lui dira
bientôt : Mon fils, tu seras exalté. Lorsque le
Seigneur l’aura totalement mis à l’épreuve
et constatera que l’homme est décidé à le
servir à tout prix, alors l’homme verra affermies sa
vocation et son élec¬tion, alors il aura le droit sacré
de recevoir l’autre Consolateur que le Seigneur a promis aux
saints comme le rapporte le témoignage de saint Jean, au
quatorzième chapitre, du douzième au vingt-septième
versets…
Or quel est cet autre
Consolateur ? Ce n’est ni plus ni moins que le Seigneur
Jésus-Christ lui-même… quand quelqu’un
reçoit ce dernnier Consolateur, il aura la personne de
Jésus-Christ pour s’occuper de lui, ou lui ap¬paraître
de temps en temps, et il lui manifestera même le Père,
et ils feront leur de¬meure chez lui, les visions des cieux lui
seront ouvertes, le Seigneur l’instruira face à face et
il pourra avoir la connaissance parfaite des mystères du
royaume de Dieu ; et tels sont l’état et le lieu
auxquels arrivaient les saints d’autrefois lorsqu’ils
avaient d’aussi merveilleuses visions : Ésaïe,
Ézéchiel, Jean sur l’île de Patmos, saint
Paul dans les trois cieux, et tous les saints qui étaient en
communion avec l’assemblée gé¬nérale
et l’Église du Premier-né » [EPJS, p.
117-118].
Le Seigneur a conseillé
à ses saints : « Cherchez… sa face »
(D&A 101:37-38). Aucun pécheur ne peut supporter sa
présence et par conséquent n'obtiendra pas la
bénédiction (D&A 67:10-13 ; TJS Ex. 33:11,
20). Dans la sagesse de Dieu, certains individus fidèles ont
en bénédiction le second Consolateur tandis qu’ils
demeurent dans la condition mortelle. [Voir aussi Vocation et
élection ; Jésus-Christ : Apparitions
modernes de Jésus-Christ.]
Bibliographie
McConkie, Bruce R. A New
Witness for the Articles of Faith, p. 492-499, 549. Salt Lake City,
1985.
THOMAS E. SHERRY
Jésus-Christ,
Sources des paroles de
Auteur :
SCHAELLING, J. PHILIP
Pour les disciples de
Jésus-Christ, rien n'a plus d'autorité ou d'importance
que ses propres paroles. Appelées ipsissima verba ou logia,
elles ne sont pas colorées par la paraphrase ou
l'interprétation, mais représentent ses instructions
exactes, qu’elles aient été prononcées par
Jésus lui-même à la première personne ou
par d’autres personnes autorisées par lui, parlant à
la première personne – comme si c’était
Dieu – par le pouvoir du Saint-Esprit (2 Né. 32:3 ;
33:10-11 ; D&A 1:38 ; cf. Ap. 19:1-10).
Le statut donné
aux paroles de Jésus remonte au début du christianisme.
Une grande partie de l’intérêt actuel pour les
apocryphes du Nouveau Testament repose sur l'espoir de retrouver des
paroles authentiques de Jésus. Par exemple, pour employer les
termes d’un éditeur moderne : « L'Évangile
de Thomas n'est pas un ‘évangile’ au sens propre….
il n'est pas autre chose et rien de moins qu’un recueil de 114
logia, le recueil le plus étendu de paroles de Jésus ou
de paroles attribuées à Jésus, qui nous soit
parvenu indépendamment de la tradition néotestamentaire »
(Puech, p. 284-285).
Certaines sources
antiques et contemporaines propres à l'Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours viennent augmenter
le corpus connu des paroles de Jésus. L'Église enseigne
que Jésus-Christ est le Dieu de l'Ancien Testament et du
Nouveau Testament. Par conséquent, elle considère les
citations attribuées à Dieu dans l'Ancien Testament
comme ipsissima verba de Jésus. Par exemple, le commandement
de Dieu à Moïse « Étends ta main sur la
mer, et fends-la » est considéré comme étant
de Jésus-Christ (Ex. 14:16 ; cf. 1 Co. 10:1-4). De plus,
quand les prophètes antiques citent Dieu à la première
personne, comme dans « Moi, l’Éternel, j’aime
la justice, je hais la rapine avec l’iniquité »
(És. 61:8), ces paroles sont considérées comme
ipsissima verba de Jésus.
Tandis qu’il
faisait sous l'inspiration la Traduction de Joseph Smith de la Bible
(TJS), le prophète Joseph Smith a noté beaucoup de
logia. Par exemple, après que Moïse eut brisé le
premier jeu de tables avec les dix commandements, le Seigneur lui
commanda d’en faire d’autres. Dans les manuscrits hébreux
actuels, Dieu dit qu'il va réécrire ce qui était
sur les premières. Mais dans la TJS, le Seigneur ajoute :
« Ce ne sera pas comme les premières [tables de la
Loi], car j’enlèverai la prêtrise de leur sein ;
c’est pourquoi mon saint ordre et ses ordonnances n'iront pas
devant eux » (TJS Ex. 34:11-12 ; De. 10:1-2 ;
cf. D&A 84:18-27).
La TJS ajoute aussi des
logia au Nouveau Testament. Comme arrière-plan à
l’illustration de Jésus qu’il ne faut pas mettre
du vin nouveau dans de vieilles outres, la TJS ajoute :
« Alors
les pharisiens lui dirent : Pourquoi ne veux-tu pas nous
recevoir avec notre baptême, vu que nous gardons toute la loi ?
Mais Jésus leur dit : Vous ne gardez pas la loi. Si vous
aviez gardé la loi, vous m'auriez reçu, car c’est
moi qui ai donné la loi. Je ne vous reçois pas avec
votre baptême, car il ne vous sert à rien. Car lorsque
ce qui est nouveau est arrivé, ce qui est ancien est prêt
à être mis de côté » (TJS Mt.
9:18-21). De tels passages, bien que ne se trouvant dans aucun texte
grec existant, sont acceptés par les saints des derniers jours
comme paroles authentiques de Jésus.
En plus d'accepter les
écrits bibliques, l'Église a canonisé d'autres
Écritures qui préservent des ipsissima verba de
Jésus-Christ : la Perle de grand prix, le Livre de Mormon
et les Doctrine et Alliances.
Dans la Perle de grand
prix, le livre de Moïse – un extrait de la TJS –
conserve la déclaration bien connue parmi des saints des
derniers jours, « car voici mon œuvre et ma gloire :
réaliser l'immortalité et la vie éternelle de
l'homme » (Moï. 1:39). Le livre d'Abraham contient
également des enseignements de Jéhovah ou du Christ. Au
chapitre 3, Jéhovah compare la nature de l'univers à la
variété des esprits ou intelligences, qui l’habitent.
Racontant les relations de Dieu avec le peuple habitant le continent
américain, le Livre de Mormon conserve également des
paroles données à leurs prophètes. En plus des
paroles spécifiques du « Fils » écrites
par Néphi 1 (2 Né. 31:12, 14) et d'autres (par
exemple, Moroni 2 dans Ét. 12:26-28), les paroles dites par
Jésus au peuple du continent américain peu après
sa résurrection apparaissent également. Outre un
discours semblable au sermon sur la montagne rapporté dans
Matthieu 5-7 (3 Né. 12-14), Jésus ressuscité
parla du baptême (3 Né. 11), de la Sainte-Cène
(chapitre 18), du rassemblement d'Israël et de l’aide
apportée par les Gentils (chapitres 16, 20-21).
Les Doctrine et Alliances
contiennent des paroles du Christ adressées aux hommes du
monde contemporain : « Écoute, ô peuple
de mon Église… en vérité, je le dis :
Écoutez, peuples lointains, et vous qui êtes dans les
îles de la mer, prêtez tous l'oreille » sont
des paroles prononcées en 1831 (D&A 1:1). Ce volume
contient un recueil important des paroles de Jésus-Christ
comme voix d'avertissement et d'instructions sur la façon de
préparer la terre et son propre cœur à son
avènement.
Une source contemporaine
supplémentaire de paroles du Christ réside dans les
déclarations des présidents de l'Église. Le
Seigneur a déclaré que « vous recevrez sa
parole… comme si elle sortait de ma propre bouche »
(D&A 1:38 ; 21:5). Ainsi, toutes les fois que le président
de l'Église parle officiellement dans le cadre de son appel,
les saints des derniers jours considèrent que ses paroles ont
la même autorité que les paroles du Seigneur lui-même.
Bibliographie
Millet, Robert L. "The
Formation of the Canonical Gospels." Dans Apocryphal Writings
and the Latter-day Saints, dir. de publ. W. Griggs. Provo, Utah,
1986.
Puech, Henri-Charles.
"Gnostic Gospels and Related Documents." Dans New Testament
Apocrypha, dir. de publ. ed. Edgar Hennecke et Wilhelm Schneemelcher,
Vol. 1, p. 231-362. Philadelphie, 1963.
J. PHILIP SCHAELLING
Jésus-Christ,
types et préfigurations de
Auteur : READ, LENET
HADLEY
Les saints des derniers
jours croient que beaucoup d’événements, de
personnes et d’objets dans l'Ancien Testament et d'autres
Écritures étaient des « types »
ou des préfigurations de Jésus-Christ. Jésus a
enseigné, par exemple, que la manne était une
préfiguration de lui-même, le véritable pain
céleste (Jn. 6:30-35) et que les trois jours de Jonas dans le
poisson représentaient sa mort et son ensevelissement (Mt.
12:38-41).
Paul affirme que l'eau
que Moïse a fait jaillir d'un rocher était une indication
de la nourriture spirituelle qui serait donnée par Jésus
(Ex. 17:6 ; 1 Co. 10:4) ; il affirme, en outre, que le
premier Adam préfigurait Jésus, le second Adam, qui a
apporté la vie à sa postérité spirituelle
contrairement à Adam qui a apporté la mort (Ro.
5:12-21 ; 1 Co. 15:45). De même, les héritages
d'Ismaël et d’Isaac annoncent les différences entre
l’ancienne alliance et la nouvelle (Ga. 4:22-31).
Selon Hébreux
7:15, le Messie est venu « à la ressemblance de
Melchisédek » (en hébreu, « roi
de justice ») qui préfigurait les rôles de
prêtre et de roi. La généalogie de Jésus
dans Matthieu 1:2-17 a été écrite pour montrer
que Jésus était à la fois descendant de David et
était annoncé par lui comme roi d'Israël. Certains
dirigeants de l’Église ont enseigné que la vie de
beaucoup de prophètes a été un symbole du Christ
(McConkie, p. 448-453).
On peut aussi trouver des
prototypes et des indices dans le symbolisme des cérémonies
sacrées de l'Israël antique. Par exemple, le bouc
émissaire et les rites de purification du jour des Expiations
signifient le salut du Christ accompli par la souffrance et la mort
(Hé. 9:7-14). De plus, la fête des Tabernacles, avec ses
connotations de moisson et de lumière, enseigne le règne
du Messie (2 Ba. 29:4-8 ; Jn. 8:12).
Des passages du Livre de
Mormon renforcent la notion de types scripturaires. Amulek observe
que « toute la signification de la loi [mosaïque]…
annon[ce] ce grand et dernier sacrifice … [du] Fils de Dieu »
(Al. 34:14). De plus le sacrifice d'Isaac par Abraham a été
qualifié de « similitude de Dieu et [du sacrifice]
de son Fils unique » (Jcb. 4:5). Dieu a montré à
l'Israël d’autrefois « beaucoup de signes, et
de prodiges, et de figures, et de préfigurations concernant sa
venue [du Christ] » (Mos. 3:15). Le prophète Alma
appelait le Liahona, un compas donné par Dieu, une « figure »
du Christ, qui guide vers la vie éternelle (Al. 37:38-46). Au
sens large, « tout ce qui a été donné
par Dieu à l'homme… est une figure de lui [le Christ] »
(2 Né. 11:4).
La Perle de grand prix
enseigne également que toute la création rend
témoignage du Christ (Moï. 6:63). Ceci inclut le soleil,
qui renvoie vers lui, la lumière du monde (voir D&A
88:5-13). De même, chaque ordonnance révélée
comporte un lien symbolique avec un élément ou l’autre
du ministère de Jésus. Par exemple, de même que
les sacrifices quotidiens au temple de Jérusalem annonçaient
le sacrifice du Christ (Hé. 7:26-28), de même les saints
des derniers jours considèrent que les ordonnances de
l'Évangile renvoient vers lui et vers le chemin qui ramène
en sa présence.
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The
Promised Messiah, p. 374-453. Salt Lake City, 1978.
Read, Lenet H. "Symbols
of the Harvest : Old Testament Holy Days and the Lord's
Ministry." Ensign, janvier 1975, p. 32-36.
LENET HADLEY READ
Jeûne
Auteur :
HILLS, DAWN M.
La pratique de
l’abstinence périodique de nourriture et de boisson à
des fins cultuelles est mentionnée depuis les temps anciens.
La Bible et le Livre de Mormon attestent du jeûne sous ses
différentes formes, publiques ou privées,
institutionnalisées ou spontanées. Dans une révélation
au prophète Joseph Smith, le Seigneur commande aux saints des
derniers jours « de persévérer dorénavant
dans la prière et le jeûne » (D&A 88:76).
Les membres de l’Église
jeûnent généralement ensemble le premier dimanche
de chaque mois en vue de la réunion de jeûne et de
témoignages. Ils s’abstiennent habituellement de
nourriture et de boissons pour deux repas consécutifs,
assistent aux offices religieux et font un don de jeûne pour
l’entretien des nécessiteux. En plus, une personne, une
famille ou une assemblée peuvent jeûner pour une cause
spécifique telle qu’une personne qui est malade ou
autrement affligée. Une personne peut désirer une
communication intime avec la Divinité rendue possible par un
jeûne accompagné de prières quand elle se prépare
à une tâche difficile ou à un changement crucial
de situation dans la vie. Une personne peut jeûner quand elle
recherche des éclaircissements spirituels ou qu’elle a
besoin d’être guidée dans une prise de décision,
d’avoir de la force pour surmonter une faiblesse ou pour
endurer une épreuve, avoir un réconfort dans la douleur
ou de l’aide lors d’autres besoins spéciaux.
Les principes généraux
du jeûne sont la préparation dans la prière
concernant l’objet du jeûne et la réflexion et la
méditation fréquentes pendant tout le jeûne pour
parvenir à l’unité de but et d’esprit avec
le Seigneur ; une conduite réservée, humble et
joyeuse convenant à quelqu’un qui recherche une
bénédiction ou un éclaircissement spirituel (Mt.
6:16-18 ; cf. 3 Né. 13:16-18) et une prière
de reconnaissance et d’actions de grâces pour finir le
jeûne.
De riches bénédictions
sont promises à ceux qui jeûnent et aident les
nécessiteux (És. 58:8-9). La maîtrise de soi, la
communion avec le Seigneur et la force et le pouvoir spirituels
accompagnent l’obéissance à la loi. L’esprit
du jeûne est bien représenté dans l’Écriture
moderne : « En vérité, c'est là
le jeûne et la prière, ou, en d'autres termes, la joie
et la prière » (D&A 59:14).
Bibliographie
Ricks, Stephen D.
"Fasting in the Bible and Book of Mormon." Dans Book of
Mormon : The Keystone Scripture, dir. de publ. Paul R. Cheesman.
Provo, Utah, 1988, p. 127-136.
Smith, Joseph F. Gospel
Doctrine, 10e éd. Salt Lake City, 1956.
DAWN M. HILLS
Jeûne,
Dons du
Auteur :
FERGUSON, ISAAC C.
Le premier dimanche de
chaque mois est désigné comme dimanche de jeûne,
et les saints des derniers jours sont invités à jeûner
pendant vingt-quatre heures et à donner au moins la valeur des
repas non consommés comme don de jeûne. Les dons de
jeûne sont des dons en argent ou en nature remis à
l’évêque pour aider les nécessiteux après
une brève période de jeûne.
La notion de dons du
jeûne apparaît dès le temps d’Ésaïe,
qui encourageait le peuple à jeûner et, ce faisant, à
« partage[r s]on pain avec celui qui a faim »
et à « fai[re] entrer dans [s]a maison les
malheureux sans asile » (És. 58:7). Le jeûne
était également pratiqué dans l’Église
postapostolique, dans laquelle plusieurs des premiers pères
chrétiens disaient que « pour aider les pauvres à
l’aide de la nourriture épargnée, le jeûne
est une bonne œuvre » (Kittel, vol. 4, p. 934). Au
milieu du deuxième siècle, certaines Églises
organisaient deux fois par semaine des jeûnes volontaires et
les dirigeants recueillaient des fonds pour les pauvres après
les services hebdomadaires du culte (Swenson, p. 373-378).
Le prophète Joseph
Smith institua la pratique de collecter des dons de jeûne pour
les pauvres à Kirtland (JD 12:115), où les membres de
l’Église avaient commencé à se rassembler
au début des années 1830. Plus tard, le 17 mai 1845, à
Nauvoo, le Collège des douze apôtres envoya une lettre
générale à l’Église définissant
« les principes du jeûne », disant :
« Que ceci
soit un exemple pour tous les saints et il ne manquera jamais de
pain : Quand les pauvres ont faim, que ceux qui ont jeûnent
pendant une journée et donnent aux évêques, pour
les pauvres, ce qu’ils auraient sinon mangé et chacun
abondera pendant longtemps ; et c’est là un grand
et important principe du jeûne approuvé par le Seigneur.
Et tant que les saints vivront tous ce principe, le cœur
heureux et le visage joyeux, ils auront toujours de l’abondance »
[HC 7:413].
Pendant l’exode de
Nauvoo, les pionniers observaient rarement un jour de jeûne
commun mais ils étaient souvent invités à donner
aux pauvres. Il apparaît que l’offrande régulière
de dons le jour du jeûne fut de nouveau instaurée dans
la vallée du lac Salé pendant la sécheresse de
1855-1856. George A. Smith écrit à propos de cette
période :
« Lors de
toutes ces périodes de disette … des mesures étaient
prises pour pourvoir aux besoins de ceux qui ne pouvaient le faire
eux-mêmes. Un jour de jeûne fut proclamé pour
l’Église le premier jeudi de chaque mois et la
nourriture économisée de cette manière fut
distribuée parmi les pauvres ; et des milliers de
personnes, qui avaient du pain en abondance, rationnèrent
leurs familles pour l’économiser pour ceux qui
n’auraient pas pu en avoir autrement » [CHC
4:109-110].
Depuis cette époque,
l’observance du jeûne mensuel de deux repas le premier
dimanche de chaque mois et l’offrande de dons de jeûne
sont devenues des pratiques régulières dans l’Église.
Dans l’économie pionnière, la plupart des dons –
tant la dîme que les offrandes – consistaient en
nourriture ou en bétail, et les membres portaient les dons au
bureau local de la dîme ou magasin de l’évêque.
Les marchandises étaient alors distribuées aux
nécessiteux. Aujourd’hui, les dons de jeûne
consistent habituellement en argent. Les diacres de la Prêtrise
d’Aaron remplissent souvent les fonctions d’agents de
l’évêque pour collecter les dons de jeûne.
Les paroisses et les
pieux sont encouragés à être indépendants
pour le soin de leurs pauvres. Les évêques sont chargés
de chercher ceux qui sont dans le besoin et de leur fournir le
nécessaire vital. Les fonds excédentaires du don de
jeûne dans les pieux sont expédiés au siège
social de l’Église, où ils sont redistribués
aux régions où les besoins sont les plus grands.
La Première
Présidence proclame de temps en temps un jeûne spécial
quand des besoins urgents se font sentir. Ce fut le cas le 15 mai
1845, quand « on donna suffisamment pour pourvoir aux
besoins des pauvres jusqu’à la moisson » (HC
7:411). En 1985, les membres de l’Église observèrent
deux jours de jeûne spéciaux et firent don de
$10.465.000 à des projets de lutte contre la famine et de
développement économique en Afrique, en Amérique
du Sud et ailleurs.
Historiquement, les dons
de jeûne ont rarement suffi pour répondre à tous
les besoins d’assistance sociale de l’Église et
les pénuries ont été comblées par les
fonds généraux de l’Église. La
recommandation de Spencer W. Kimball, président de l’Église,
reste valable : « Je pense que quand nous sommes
aisés, comme beaucoup d’entre nous le sont, nous devons
être très, très généreux… Je
pense que nous devrions… donner, au lieu du montant que nous
avons épargné par nos deux repas de jeûne,
peut-être beaucoup, beaucoup plus, dix fois plus quand nous
sommes en mesure de le faire » (CR, avr. 1974, p. 184).
Bibliographie
Kittel, Gerhard, dir. De
publ. Theological Dictionary of the New Testament, Vol. 4, p. 924-35.
Grand Rapids, Mich., 1964.
Swenson, Russel B.
"Welfare Work in the Early Christian Church." Instructor
82, août 1947, p. 373-378.
ISAAC C. FERGUSON
Jeûne
et réunion de témoignages
Auteur :
JOLLEY, MARY
Une réunion de
jeûne de témoignages est normalement tenue le premier
dimanche de chaque mois chez les saints, où les membres
fidèles de l’Église sont invités à
rendre un témoignage verbal de leurs sentiments vis-à-vis
de l’Évangile de Jésus-Christ. La réunion
suit habituellement un jeûne fait par les membres, d’au
moins de deux repas consécutifs et de boissons. Le jeûne
est officiellement rompu par la participation à la
Sainte-Cène. Dans les Écritures modernes, le jeûne
est décrit comme étant « la joie et la
prière » (D&A 59:14), ce qui implique que c’est
plus que le simple fait de s’abstenir de nourriture. C’est
aussi le sentiment que l’on éprouve en faisant des dons
de jeûne, en donnant pour les pauvres l’équivalent
ou davantage de ce qu’auraient coûté les repas. La
réunion de jeûne et de témoignages devient le
lieu où s’expriment la sensibilité spirituelle et
la contrition, le lieu de la concentration sur les choses de Dieu.
Un membre de l’épiscopat
ou de la présidence de branche dirige la réunion de
jeûne et de témoignages. Habituellement elle commence
par un cantique et une prière d’ouverture ou une prière,
qui peuvent être suivies de la bénédiction de
nouveau-nés et de la confirmation de membres récemment
baptisés.
Après la
bénédiction de la Sainte-Cène, la personne qui
dirige la réunion exprime son témoignage et invite
ensuite les membres de l’assemblée de tout âge à
faire de même. Parfois ils restent sur place pour parler ;
à d’autres moments, ils montent au podium. Chacun se
lève selon qu’il y est poussé par l’Esprit
et rend un témoignage improvisé à l’assemblée.
Dans cette ambiance on exprime souvent des sentiments profonds :
de l’appréciation pour de bonnes relations familiales,
des actions de grâces pour les bénédictions de
l’Évangile, l’aveu de changements importants dans
une vie et les fruits de l’obéissance. Il peut y avoir
un récit édifiant ou un témoignage concernant un
point de doctrine ou attestant d’une inspiration divine. On
conclut habituellement ces témoignages par une prière
ou une demande au nom du Seigneur. L’expérience est à
la fois éclairante, émouvante et fait réfléchir.
Les larmes ne sont pas rares parmi les confessions de faiblesses et
les efforts pour s’améliorer, parallèlement à
la reconnaissance pour la bonté divine.
Ces exposés durent
rarement plus de cinq ou six minutes. Ainsi, un certain nombre
d’enfants et d’adultes participent généralement
à la réunion, qui dure habituellement un peu plus d’une
heure, mais peut être prolongée ou raccourcie à
la discrétion de l’officier président. Au cours
d’une année quelconque, la majorité des membres
de l’Église, jeunes et vieux, auront participé à
cette forme solennelle de témoignages le dimanche de jeûne.
Un précédent
de la pratique de rendre officiellement témoignage a été
donné lors de la consécration du temple de Kirtland. À
cette occasion, plusieurs personnes se sont levées et, sous le
déversement de l’Esprit, ont parlé de choses
qu’elles ont vues et ressenties. À Kirtland, il était
de coutume de tenir des réunions de jeûne le jeudi
après-midi. Depuis 1896, ces réunions se tiennent
habituellement le dimanche.
MARY JOLLEY
Justice
Auteur :
GARDNER, MARVIN K.
La justice constitue un
vaste groupe de concepts et de traits. Comme pour le
« tsédek »
en hébreu biblique et le « dikaïosunê »
grec, le mot « justice » décrit la vie
religieuse idéale dont la norme est un comportement saint. La
justice est une bonne conduite à tous points de vue devant
Dieu et parmi les hommes. Les Écritures donnent les
perspectives suivantes :
La justice est finalement
synonyme de sainteté ou de piété. Le Christ
lui-même est connu comme « juste » (Moï.
7:45, 47) et en tant que « Fils de la Justice »
(3 Né. 25:2). Ses « voies sont la justice à
jamais » (2 Né. 1:19).
L'état de justice
est accessible à l'humanité par la rédemption du
Christ quand on naît de Dieu : « Ne t'étonne
pas de ce que toute l'humanité, oui, les hommes et les femmes…
doivent naître de nouveau ; oui, naître de Dieu,
changer de leur état charnel et déchu à un état
de justice, étant rachetés par Dieu, devenant ses fils
et ses filles » (Mos. 27:25).
Les termes « juste »
et « justice » s'appliquent également
aux mortels qui, quoique assaillis par les faiblesses et la
fragilité, cherchent à aller au Christ. Dans ce sens,
justice n'est pas synonyme de perfection. C'est un état dans
lequel une personne va vers le Seigneur, aspirant à la
sainteté, se repentant continuellement de ses péchés
et s’efforçant honnêtement de connaître et
d’aimer Dieu et de suivre les principes et les ordonnances de
l'Évangile. Les saints de Dieu sont invités à
faire « les œuvres de la justice » (D&A
59:23) et à « produire beaucoup de justice »
(D&A 58:27).
La notion de
justification est inhérente au concept de justice. Il est
impossible aux mortels limités de vivre dans l'obéissance
parfaite aux lois de Dieu ou d’expier de manière infinie
leurs péchés. « Car tous ont péché,
écrit Paul, et sont privés de la gloire de Dieu »
(Ro. 3:23). L'expiation du Christ réconcilie
miséricordieusement les exigences de la justice, permettant
aux mortels repentants d’être justifiés devant
Dieu.
Quand Saul de Tarse vit
le Christ ressuscité sur le chemin de Damas, « tremblant
et saisi d'effroi, il dit : Seigneur, que veux–tu que je
fasse ? » (Ac. 9:6). À partir de ce moment-là,
il chercha à connaître la volonté de Dieu et à
vivre en conséquence. Mais il se lamenta aussi de ses
faiblesses de mortel : « Car je sais qu’en moi,
c'est-à-dire dans ma chair, ne demeure rien de bon …
seulement en Christ » (TJS, Ro. 7:19). « Il n'y
a point de juste, pas même un seul » (Ro. 3:10).
Cependant, comme tous les apôtres et prophètes, Paul
enseigna également le message glorieux que, par la grâce
du Christ, les mortels peuvent se « dépouiller…
du vieil homme » – leur moi déchu et pécheur
– et « revêtir l’homme nouveau, créé
selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la
vérité » (Ép. 4:22, 24).
Les Écritures
abondent en exhortations semblables de fuir la méchanceté,
d’accepter la grâce du Seigneur et d’aller au
Christ en justice. « Ô misérable que je
suis ! s’exclame Néphi. Oui, mon cœur est
dans l’affliction à cause de ma chair ; mon âme
est dans la désolation à cause de mes iniquités. »
Mais reconnaissant le Sauveur comme « rocher de [sa]
justice », Néphi s’écrie : « Ô
Seigneur, veux-tu racheter mon âme ?… Veux-tu me
rendre tel que je tremble à la vue du péché ?…
Veuille m’envelopper du manteau de ta justice ! »
(2 Né. 4:17-35).
La justice commence dans
le cœur – le « cœur brisé ».
Elle commence quand les personnes se voient là où elles
sont vraiment : dans un état déchu, comme des
« créatures indignes » qui sont
incapables de s’extraire de leurs péchés. Quand
elles se rendent compte du gouffre monumental entre « la
grandeur de Dieu et [leur] propre néant », leur
cœur se brise et elles « [s’humilient] dans
les profondeurs de l'humilité, invoquant quotidiennement le
nom du Seigneur, et demeurant avec constance dans la foi »
(Mos. 4:11).
Les âmes justes
cherchent alors à devenir justes devant le Seigneur en
demandant sincèrement pardon. Quand le Seigneur leur donne les
bénédictions de sa grâce, elles réagissent
avec une fidélité encore plus grande, un amour plus
grand, une obéissance plus grande. Même si elles ne
peuvent pas atteindre la justice parfaite dans la condition mortelle,
leur vie est irréprochable « ainsi qu’il
convient à des saints » (Ép. 5:3).
Les Écritures
permettent de se faire une bonne idée de ce que sont
l’attitude, le comportement et les croyances qui constituent la
base d'une vie juste (par exemple, 2 Pi. 1:4-8 ; D&A 4:5-6).
Notamment, dans le sermon sur la montagne (Mt. 5-7 ; cf.
3 Né.
12-14), Jésus révèle la signification de la
justice, le modèle qu’il a montré par sa propre
vie :
Ceux qui cherchent la
justice deviennent humbles, pauvres en esprit. Ils révèrent
le Seigneur, reconnaissant que « tout ce qui est bien
vient de Dieu » (Mro. 7:12).
Ils pleurent pour leurs
péchés et leur « tristesse selon Dieu
produit une repentance » (2 Co. 7:10). Pleins de
compassion, ils sont prêts « à pleurer avec
ceux qui pleurent, oui, et à consoler ceux qui ont besoin de
consolation » (Mos. 18:9).
Les justes s’efforcent
d'être doux – gentils et longanimes, généreux,
dévoués, patients, remplis d’amour pour leurs
ennemis, ils « ne s’enfle[nt] point d’orgueil »
et « ne s’irrite[nt] point » (1 Co.
13:4-5).
Ayant faim et soif de
justice, ils recherchent continuellement le Seigneur par la prière
sincère, le jeûne, l'étude des Écritures,
le culte du sabbat et le service dans les saints temples.
Ils cherchent à
être compatissants, à pardonner comme ils voudraient
être pardonnés, à juger comme ils voudraient être
jugés, à aimer comme ils voudraient être aimés,
à servir comme ils voudraient être servis (D&A
38:24-25).
Ils cherchent à
avoir le cœur pur en ne soupçonnant point le mal, en
n’étant point envieux et en ne se réjouissant
point de l'iniquité, mais en se réjouissant de la
vérité (1 Co. 13:4-6). Ils sont honnêtes dans
leurs alliances avec Dieu et dans leurs relations avec leurs
semblables. Ils sont chastes et aussi vertueux.
Ceux qui recherchent la
justice procurent la paix. Ils évitent les querelles, la
colère et la médisance. Ils sont pour la bonne volonté
et la fraternité ; ils cherchent à réaliser
la volonté de Dieu et son royaume sur terre comme ils le sont
aux cieux.
Persécutés
à cause de la justice ou quand ils sont l’objet
d’insultes ou de diffamation pour leur loyauté au
Seigneur, ils endurent tout et supportent tout (1 Co. 13:7).
Ces descriptions de la
justice que l’on trouve dans les Écritures ne doivent
pas être ramenées à des listes que l’on
peut cocher hypocritement. Elles sont des rappels constants qui se
trouvent sur le chemin qui mène à Dieu, qui a promis un
Consolateur – le Saint-Esprit – pour servir de guide sur
ce chemin (Jn. 14:26).
Le Seigneur prend plaisir
à « honorer ceux qui [le] servent en justice »
(D&A 76:5). Au dernier jour, « les justes, les saints
du Saint d'Israël, ceux qui ont cru au Saint d'Israël, ceux
qui ont enduré les croix du monde et en ont méprisé
la honte, hériteront le royaume de Dieu qui a été
préparé pour eux dès la fondation du monde, et
leur joie sera pleine à jamais » (2 Né.
9:18).
Bibliographie
Benson, Ezra T. "A
Mighty Change of Heart." Ensign 19 (Oct. 1989) :2-5.
McConkie, Bruce R. "The
Dead Who Die in the Lord." Ensign 6 (Nov. 1976) :106-8.
Scoresby, A. Lynn.
"Journey Toward Righteousness." Ensign 10 (Jan.
1980) :52-57.
MARVIN K. GARDNER
K
Kirtland
(Ohio)
Auteur :
BACKMAN, MILTON V., Jr.
[Cette rubrique présente
l'histoire de l’installation des saints à Kirtland et
donne une idée de ce que cela devait être de vivre parmi
les saints dans cette collectivité des années 1830.]
Pendant la majeure partie
des années 1830, il y eut deux lieux de rassemblement pour les
saints des derniers jours, un dans l’ouest du Missouri et
l'autre dans le nord-est de l’Ohio. Bien qu’un nombre
plus grand de membres se soit rassemblé à la frontière
du Missouri, c’est Kirtland qui fut, de 1831 jusqu'au début
de 1838, le centre administratif principal de l'Église et la
base d’où était dirigée l'œuvre
missionnaire.
La croissance des saints
des derniers jours dans le nord-est de l’Ohio commença
peu après l’organisation de l’Église en
1830. Celle-ci fut introduite en Ohio fin octobre 1830 et acquit,
dans le mois, 135 nouveaux membres, dont environ 35 vivaient dans la
circonscription de Kirtland. Joseph Smith et sa famille s’y
installèrent au début de 1831 et au printemps et au
début de l'été de cette année-là,
d'autres saints des derniers jours, principalement d'Ohio et New
York, suivirent. Le prophète fit deux voyages au Missouri et
vécut un certain temps dans la localité proche de Hiram
(Ohio), mais ce fut la région de Kirtland qui fut, de l'été
de 1832 jusqu'à 1838, sa résidence principale.
La plus grande partie de
la première vague de colons mormons à Kirtland partit
pour le Missouri avant la fin de 1831. La croissance principale de la
population de saints à Kirtland commença en 1833. Le
nombre passa d’une centaine cette année-là à
2.000 en 1838. Pendant la décennie précédant
l'immigration mormone, la population de l’arrondissement
doubla, passant de 481 en 1820 à 1.018 en 1830. Pendant les
sept années suivantes, principalement en raison de
l'immigration des saints des derniers jours, la population tripla.
Dans une description de
la situation dans la localité de Kirtland au milieu des années
1830, un contemporain écrit : « Ils sont
arrivés, hommes, femmes, enfants, de toutes les manières
imaginables, certains avec des chevaux, des bœufs et des
véhicules inconfortables, tandis que d'autres avaient fait
tout ou partie du trajet à pied. La future ‘cité
des saints’ donnait l’impression d’être
assiégée. Toutes les maisons, magasins, huttes ou
granges disponibles étaient pleines à ras bord. On
utilisait même des caisses comme abris rudimentaires improvisés
en attendant la découverte de quelque chose de plus
permanent » (History of Geauga and Lake Counties, Ohio, p.
248).
L'afflux soudain des
saints des derniers jours à Kirtland eut un impact important
sur la communauté. L’un des changements visibles fut
l'augmentation de petits logements provisoires. Des maisons de
rondins et des petites maisons de bois parsemèrent le paysage
pendant les deux premières décennies de la
colonisation, des bâtiments de bois et de briques plus grands
et plus permanents avaient été érigés
avant 1830. Les squatters ou les locataires, qui constituaient la
moitié de la population en 1830, vivaient dans de petites
maisons de bois. Mais à mesure que l'immigration mormone
augmentait, des îlots de petites cabanes simples, retour aux
logements des tout premiers colons, apparurent, principalement dans
la partie nord-ouest de la circonscription.
La plupart des saints des
derniers jours étaient plus pauvres que les vieux colons, en
partie parce qu’ils étaient des immigrés récents.
Avant de devenir membres de l’Église, la plupart des
membres n'étaient pas des gens de passage ; ils
n’appartenaient pas non plus aux couches économiques les
plus défavorisées de l'Est. Mais beaucoup perdirent du
terrain, économiquement parlant, en émigrant à
Kirtland. Certains vendirent des fermes à New York ou en
Nouvelle-Angleterre pour moins que la valeur marchande et beaucoup
laissèrent du matériel dans l'Est à cause du
coût du transport. Tous consacrèrent une partie du
produit de ces ventes à déménager leur famille
et leurs provisions vers l’ouest. Les quelques saints qui
déménagèrent du comté de Jackson
(Missouri) vers Kirtland étaient également dans une
situation économique difficile. Au cours de leur expulsion de
ce comté en 1833, leurs maisons furent brûlées et
leurs biens volés. À leur arrivée à
Kirtland, les nouveaux colons durent affronter une augmentation de la
valeur des terrains. Étant donné que le prix des
terrains augmentait en fonction de la croissance de la population, la
plupart des nouveaux venus (mormons et non-mormons) n’avaient
pas les moyens d'acheter suffisamment de terres pour entretenir leur
famille.
Après leur arrivée
à Kirtland, les saints des derniers jours connurent d’autres
revers économiques parce qu’ils devaient donner de la
main d’œuvre et de leurs rares ressources à des
entreprises de l’Église. Celle-ci érigea toute
une série de bâtiments à Kirtland entre la
branche orientale de la Chagrin River et la partie orientale d'un
plateau qui surplombait le cours d’eau. L’édifice
principal était le temple de Kirtland. Pendant près de
trois ans, entre l'été de 1833 et le printemps de 1836,
presque tous les membres s’unirent pour construire les trois
niveaux de la « Maison du Seigneur » qui devait
servir d’église et d’école. En plus de
vaquer à leurs tâches ménagères
habituelles, préparer la nourriture pour leur famille,
s'occuper des enfants en bas âge, tricoter et faire des
vêtements, et travailler dans le potager, les femmes et les
filles fournissaient aussi de la nourriture et des vêtements
aux ouvriers du temple et amenaient les chariots d'approvisionnement
au chantier du temple. Entre-temps, les hommes et les garçons
travaillaient à la ferme, coupaient du bois pour l'hiver,
tannaient des peaux, chassaient et pêchaient, et en plus
transportaient des pierres au chantier du temple. Ils coupaient,
sciaient et transportaient le bois de charpente pour la construction.
Tout en travaillant au
temple, les saints des derniers jours construisirent un bâtiment
plus petit à l'ouest qui fut utilisé comme école,
imprimerie et bâtiment administratif. Ils construisirent aussi
une scierie pour assister leur programme de construction, créèrent
une tannerie et une fabrique de potasse et construisirent des
magasins et des entrepôts qui fournissaient aux colons des
marchandises et des possibilités d'emploi.
Parallèlement à
tous ces sacrifices, beaucoup parmi les hommes remirent à plus
tard l'amélioration de leur niveau la vie pour faire des
missions à titre bénévole. Pendant les années
1830, des missionnaires voyageurs prêchèrent l'Évangile
un peu partout aux États-Unis et dans l’est du Canada et
Heber C. Kimball emmena en 1837 un groupe de missionnaires (dont
beaucoup de Kirtland) en Angleterre.
Tout en construisant le
temple et en soutenant l'œuvre missionnaire, les saints de
Kirtland trouvaient du temps pour l'école. Bien qu’influencés
par la culture de la Nouvelle-Angleterre dans l'environnement de
l'Ohio, les efforts des saints en matière d’instruction
reçurent leur plus grande impulsion des révélations
enregistrées à Kirtland par Joseph Smith. Pendant qu’il
vivait dans un appartement au-dessus du magasin de Newel K. Whitney,
le prophète reçut une révélation qui
déclarait : « Enseignez-vous les uns aux
autres des paroles de sagesse ; oui, cherchez des paroles de
sagesse dans les meilleurs livres ; cherchez la connaissance par
l'étude et aussi par la foi » (D&A 88:118 ;
cf. D&A 88:78-79 ; 93:36).
Suite à ce
commandement divin et à d’autres, Joseph Smith invita,
en 1833, une vingtaine d’anciens à assister à une
École des Prophètes. Après les premières
sessions de cette école, les dirigeants et les membres de
l’Église fondèrent une école des anciens,
une école primaire et diverses écoles privées où
adultes et jeunes étudiaient la théologie, la
philosophie, le gouvernement, la littérature, l'histoire, la
géographie, la grammaire anglaise, la calligraphie,
l'arithmétique, le latin, le grec et l'hébreu. En 1836,
plus de cent saints des derniers jours commencèrent l’étude
de l'hébreu. Les femmes allaient à l'école à
Kirtland et y enseignaient et étudiaient diverses branches
avec leurs maris.
Pour aider les saints des
derniers jours dans leurs efforts pour s’instruire et pour
favoriser l'œuvre missionnaire, les dirigeants de l’Église
lancèrent, à partir de 1834, un grand programme
d’édition à Kirtland. En quatre ans, les saints
éditèrent un périodique, le Latter-day Saints'
Messenger and Advocate ; un journal profane et politique,
Northern Times, un livre de cantiques (1835), une deuxième
édition du Livre de Mormon et un recueil de 102 sections des
révélations enregistrées par Joseph Smith dans
la première édition des Doctrine et Alliances (1835),
qui comprenait les « Lectures on Faith »
(Discours sur la foi). Les informations historiques et doctrinales
qui se trouvent maintenant dans la traduction de Joseph Smith de la
bible (TJS) et des parties de la Perle de grand prix (livre de Moïse)
furent également imprimées au Missouri et à
Kirtland au début des années 1830.
En plus de travailler de
longues heures et d'étudier, les saints des derniers jours
participaient à des services de culte réguliers. On
observait le premier jour de la semaine (dimanche) comme jour du
Seigneur, au cours duquel les membres se reposaient de leurs travaux
quotidiens. Les réunions furent d’abord tenues dans les
maisons et les écoles. Après la construction du temple
de Kirtland, des réunions y furent également tenues.
Dès le milieu des années 1830, un schéma de
culte du dimanche avait été élaboré. Les
membres assistaient le matin et l'après-midi à des
offices pendant lesquels ils chantaient, priaient et écoutaient
les sermons prononcés par les dirigeants et d'autres membres.
Ils prenaient généralement la Sainte-Cène non
seulement au cours des réunions de l'après-midi mais
également parfois chez eux en semaine. La confirmation des
nouveaux membres et les mariages se faisaient également le
dimanche dans le temple et, les autres jours, dans les maisons. Le
premier jeudi de chaque mois, une réunion de jeûne et de
témoignages avait lieu dans le temple et beaucoup de ces
réunions continuaient de dix heures du matin à quatre
heures de l’après-midi, les membres chantant, priant,
rendant témoignage et s’instruisant mutuellement.
Pendant cette décennie,
les membres de l’Église connurent aussi une période
de pentecôte extraordinaire. Peu avant et après la
consécration du temple de Kirtland, beaucoup de saints des
derniers jours écrivirent avoir eu des visions, parlé
en langues et reçu l'esprit de prophétie. Pendant une
série de réunions tenues entre fin janvier et début
mai 1836, plusieurs saints des derniers jours déclarèrent
avoir vu le Sauveur et beaucoup affirmèrent avoir communié
avec d'autres messagers célestes. Beaucoup témoignèrent
aussi avoir chanté accompagnés d'un chœur de
personnages célestes.
Parallèlement à
leurs autres activités, les saints des derniers jours
trouvaient du temps pour se divertir. La chasse, la pêche, la
natation, la luge, le patinage, la lutte, l’équitation
et les promenades en carriole comptaient parmi les loisirs préférés.
Les enfants avaient peu de jouets, mais ils jouaient au ballon, aux
billes, aux sifflets et avec des poupées faites maison
(Backman, p. 275-283).
Certains des résidants
non mormons considéraient l'intrusion des saints des derniers
jours dans la communauté comme une menace à leur mode
de vie traditionnel. Certains se plaignaient de ce que la pratique
mormone de vivre en accord avec des révélations
enregistrées par un prophète était hostile à
l'esprit américain de démocratie. Les résidants
non seulement rejetaient les croyances des saints en matière
de visions, de révélations et de rétablissement,
mais prétendaient aussi que les saints des derniers jours
avaient augmenté la pauvreté de la communauté et
étaient une menace politique et économique. La
concurrence politique atteignit son paroxysme en 1837 lorsque des
saints des derniers jours furent élus à toutes les
fonctions locales de la circonscription excepté celle d’agent
de police. Avant cette année-là, quatre saints des
derniers jours seulement avaient été élus à
une fonction importante et les citoyens avaient eu tendance à
réélire les plus anciens colons. En plus de prendre le
contrôle du gouvernement local, les saints des derniers jours
changèrent les habitudes de vote de la circonscription de whig
à démocrate. Comme Kirtland se trouvait dans un fief
whig de l'Ohio et que toutes les circonscriptions du comté de
Geauga au milieu des années 1830, excepté Kirtland,
soutenaient ce parti, les whigs du nord-est de l’Ohio s’unirent
pour s’opposer aux mormons. Les plaintes et les accusations
s’envenimèrent pour donner lieu à des menaces et
à des émeutes.
Au début de 1838,
au milieu de pressions croissantes de l'extérieur de l'Église
et de l'apostasie à l’intérieur, accentuées
par la faillite de la Kirtland Safety Society et la panique de 1837,
l'exode des saints des derniers jours de Kirtland et des environs
commença. Joseph Smith, Sidney Rigdon et d'autres dirigeants
fuirent les émeutiers en janvier. D'autres membres les
suivirent graduellement.
Dans la plupart des cas,
ce furent de petits groupes de moins de cinquante personnes qui
partirent vers l'ouest. Mais le 5 juillet 1838, plus de cinq cents
membres partirent en un convoi de cinquante-neuf chariots avec
vingt-sept tentes, quatre-vingt-dix-sept chevaux, vingt-deux bœufs,
soixante-neuf vaches et un taureau. Tandis que ce long convoi de
chariots, connu sous le nom de camp de Kirtland, traversait les États
d'Ohio, Indiana, Illinois et Missouri, des spectateurs se
rassemblaient pour voir le spectacle. Certains offraient des
encouragements, tandis que d'autres raillaient et menaçaient
d’user de violence. À cause de problèmes
financiers, les dirigeants demandèrent à beaucoup de ce
groupe de quitter le camp, de sorte qu’ une partie seulement
d’entre eux atteignit la frontière du Missouri.
À la mi-juillet
1838, plus de 1.600 saints des derniers jours de la région de
Kirtland avaient à contre-cœur laissé le temple,
évacué leurs maisons et pris la direction de l'ouest.
Seuls quelques-uns restèrent dans un voisinage de cabanes
essentiellement vides et la majeure partie de ces gens partirent vers
l'ouest avant le milieu des années 1840.
Bibliographie
Anderson, Karl Ricks.
Joseph Smith’s Kirtland : Eyewitness Accounts. Salt Lake
City, 1989.
Backman, Milton V., Jr.
The Heavens Resound : A History of the Latter-day Saints in Ohio
1830-1838. Salt Lake City, 1983.
Hill, S. Marvin, Keith
Rooker et Larry T. Wimmer. The Kirtland Economy Revisited : A
Market Critique of Sectarian Economics”. BYU Studies 17, été
1977, p. 389-475
History of Geauga and
Lake Counties, Ohio. Philadelphie, 1878.
MILTON V. BACKMAN, Jr.
L
Lamanites
Auteur :
THOMASSON, GORDON C.
Le nom Lamanite désigne
un peuple israélite dont il est question dans le Livre de
Mormon et qui descendait de Léhi et d'Ismaël, lesquels
étaient tous deux descendants de Joseph d'Égypte (1 Né.
5:14). Il faisait partie de la colonie du prophète Léhi,
à qui le Seigneur avait commandé de quitter Jérusalem
et d'aller dans une nouvelle terre promise (sur le continent
américain). Les peuples lamanites du Livre de Mormon sont
tous, pendant les six cents premières années de leur
histoire, liés d'une manière ou d’une autre à
Laman et à Lémuel, les fils aînés de Léhi.
Parfois le nom désigne « le peuple de Laman » ;
d'autres fois il peut désigner des incroyants et ignorer le
lignage, selon des détails contextuels relatifs aux peuples, à
l’époque et au lieu.
LES LAMANITES DANS LE
LIVRE DE MORMON. Après la mort du prophète Léhi
(v. 582 av. J.-C.), la colonie se divise en deux groupes principaux,
les Lamanites et les Néphites, (2 Né. 5), chacun
prenant le nom de son dirigeant. Ces patronymes deviennent plus tard
des titres royaux (Mos. 24:3 ; cf. Jcb. 1:11). Le Livre de
Mormon, bien que document néphite, traite aussi bien des
Lamanites que des Néphites au moyen de contrastes complexes
entre les deux groupes. Dans le texte, les autres peuples sont
généralement repris sous l’une de ces deux
divisions principales :
« Or, ceux qui
n'étaient pas Lamanites étaient Néphites ;
néanmoins, ils étaient appelés Néphites,
Jacobites, Joséphites, Zoramites, Lamanites, Lémuélites
et Ismaélites. Mais moi, Jacob, je ne les distinguerai
dorénavant plus par ces noms, mais j'appellerai Lamanites ceux
qui cherchent à détruire le peuple de Néphi, et
ceux qui sont amicaux envers Néphi, je les appellerai
Néphites, ou peuple de Néphi, selon les règnes
des rois » [Jcb. 1:13-14].
Au commencement, des
différends politiques et religieux se produisirent entre
Lamanites et Néphites. Plus tard, une différentiation
culturelle croissante entre les peuples lamanite et néphite
semble avoir découlé de leurs réactions
différentes aux enseignements religieux de Léhi. Des
changements sociaux apparurent rapidement dans beaucoup de domaines.
En conséquence, le nom Lamanite peut désigner les
descendants de Laman et de ses partisans, une nationalité
naissante basée sur une idéologie, avec sa propre
histoire ancestrale et ses propres croyances religieuses (Mos.
10:12-17) ou une ou plusieurs cultures. Le Livre de Mormon décrit
plusieurs cultures et modes de vie lamanites, dont la chasse et la
cueillette (2 Né. 5:24), le commerce (Mos. 24:7),
l’élevage sédentaire, un gouvernement de type
cité-État (Al. 17), et le nomadisme (Al. 22:28). Le
caractère politisé de la société lamanite
à ses débuts ressort du fait que les dissidents de la
société néphite cherchent refuge chez les
Lamanites, sont acceptés et en viennent à s'identifier
à eux, tout comme certains Lamanites évoluent en sens
contraire.
Au début du
sixième siècle de l'histoire lamanite (v. 94-80 av.
J.-C.), les conversions à grande échelle de Lamanites
divisent encore plus les populations lamanites dont beaucoup adoptent
la foi messianique en Jésus-Christ enseignée par les
missionnaires néphites (Al. 17-26). Le roi Lamoni, roi vassal
lamanite, son père, qui est son suzerain et beaucoup de leurs
sujets acceptent le Christ prophétisé et rejettent leur
ancien mode de vie. Ils contractent une alliance pacifiste, enterrant
leurs armes et renonçant à la guerre, et s’installent
en territoire néphite par mesure de sécurité
(Al. 27:21-26 ; 43:11-12). Ce schéma de conversion
lamanite durera pendant au moins quatre-vingt-quatre ans et pendant
plusieurs générations (cf. Al. 24:5-6, 15-19, 20-24 ;
26:31-34 ; 44:20 ; Hél. 5:51 ; 15:9). Cette
grande division de la société lamanite aura un impact
politique important : l'identité de certains de ces
convertis restera lamanite, mais distincte de ceux qui rejettent la
religion ; d'autres préféreront être comptés
parmi les Néphites (3 Né. 2:12, 14-16) et les
Lamanites non convertis seront fortifiés par les nombreux
sous-groupes néphites dissidents (Al. 43:13) dont certains
décideront explicitement de conserver leur ancienne identité
(3 Né. 6:3).
Après les
destructions qui vont se produire au moment de la crucifixion du
Christ et les conversions qui vont en résulter (3 Né.
11-28), apparaît une société nouvelle dans
laquelle les différences ethniques aussi bien qu’économiques
sont gommées et où il n’y a pas « de
Lamanites, ni aucune sorte d'-ites ; mais ils étaient un,
enfants du Christ » (4 Né. 1:17). Cette
situation persistera presque jusqu’à la fin du deuxième
siècle apr. J.-C., quand ceux qui rejettent l'Église
chrétienne, indépendamment de leur ascendance,
« s'étai[en]t révolté[s], et
avai[en]t quitté l'Église, et avai[en]t pris sur [eux]
le nom de Lamanites ; c'est pourquoi il recommença à
y avoir des Lamanites dans le pays » (4 Né.
1:20). Les divisions vont s’accroître de sorte qu’en
231 apr. J.-C. « s'éleva un peuple qui fut appelé
les Néphites, et ils étaient de vrais croyants au
Christ ; et parmi eux, il y avait ceux que les Lamanites
appelaient Jacobites, et Joséphites, et Zoramites… et…
ceux qui rejetaient l'Évangile furent appelés
Lamanites, et Lémuélites, et Ismaélites »
(4 Né. 1:36-45).
Il avait été
prophétisé qu’en fin de compte les peuples
lamanites et ceux qui se seraient joints à eux seraient tout
ce qui resterait des groupes originaux (Al. 45:13-14). Après
les batailles finales entre Lamanites et Néphites, seuls ceux
qui auront accepté le gouvernement des Lamanites survivront
dans les pays du Livre de Mormon (Mrm. 6:15).
LES LAMANITES AU DÉBUT
DE L'HISTOIRE DE L’ÉGLISE. Au début de l'histoire
de l’Église, l’une des raisons de la publication
du Livre de Mormon était qu'il puisse être apporté
aux Lamanites (D&A 19:26-27). Dans les six mois de l'organisation
de l'Église, des missionnaires furent envoyés auprès
de populations dont on pensait qu’elles étaient
d’origine lamanite (D&A 28:8 ; 32:2).
Bibliographie
"The Church and
Descendants of Book of Mormon Peoples". Ensign 5, déc.
1975, le numéro tout entier est consacré à ce
sujet.
De Hoyos, Arturo. The Old
and the Modern Lamanite. Provo, Utah, 1970.
Sorenson, John L. An
Ancient American Setting for the Book of Mormon. Salt Lake City,
1985.
Tyler, S. Lyman. Modern
Results of the Lamanite Dispersion : The Indians of the
Americas. Provo, Utah, 1965.
Widtsoe, John A., et
Franklin S. Harris, Jr. Seven Claims of the Book of Mormon.
Independence, Mo., 1935.
GORDON C. THOMASSON
Léhi
Auteurs :
BROWN, S. KENT et SZINK, TERRENCE L.
Le patriarche et prophète
Léhi conduisit sa famille de Jérusalem au continent
américain vers 600 av. J.-C. et fut l'ancêtre de deux
grands peuples du Livre de Mormon, les Néphites et les
Lamanites. Ses visions et ses prophéties portaient
principalement sur la destruction imminente de Jérusalem, le
ministère terrestre du Messie – notamment le temps de sa
venue et le prophète qui le précéderait –
et les événements futurs parmi ses propres descendants
dans la terre promise. Ses enseignements ont guidé
spirituellement les deux lignées de sa postérité
pendant leur histoire mutuelle (1 Né. 1, 8, 10 ;
2 Né. 1-3). Plusieurs de ses prophéties au sujet
de sa postérité doivent encore s’accomplir. Bien
que Léhi ait beaucoup écrit, seules des parties ont été
conservées dans le Livre de Mormon actuel dans les annales de
deux de ses fils, Néphi 1 et Jacob (cf. 1 Né.
1:16-17 ;19:1 ; Jcb. 2:23-34 ; 3:5 ).
Au moment de sa première
vision connue, Léhi vivait près de Jérusalem,
connaissait « la science des Juifs » et
possédait de l’or et de l’argent et toutes sortes
de richesses (voir 1 Né. 1:2 ; 3:16). Il connaissait
l’égyptien et la vie nomade du désert. Certains
érudits pensent qu’il était marchand ou forgeron
et avait des liens avec l’Égypte (CWHN 5:34-42 ;
6:58-92).
Sa vie subit un
changement radical quand il voit une « colonne de feu »
et « vit et entendit beaucoup de choses »
pendant qu’il prie au sujet de la chute prédite de
Jérusalem (1 Né. 1:6). Dans une vision, il voit
Dieu et un être radieux, accompagné de douze autres, qui
lui donne un livre dans lequel il lit la destruction imminente de la
ville, « la venue d'un Messie et aussi la rédemption
du monde » (1 Né. 1:19). Comme les discours de
son contemporain Jérémie, les avertissements de Léhi
au peuple de Jérusalem susciteront une forte opposition.
Environné d’une haine croissante, il est averti par Dieu
que le peuple veut lui ôter la vie ; il devra donc fuir
avec sa famille, composée de sa femme, Sariah, de ses fils
Laman, Lémuel, Sam et Néphi et de ses filles (1 Né.
1:8-2:5).
À un moment donné,
Sariah accuse son mari d'être « un visionnaire »
lors d’une mise à l’épreuve pénible
de sa foi (1 Né. 5:2). L'expression caractérise
bien Léhi, parce qu’il a des songes et des visions grâce
auxquels Dieu guide sa famille vers la terre promise. Après
s’être enfui de Jérusalem, Léhi, répondant
à un ordre divin, renvoie deux fois ses fils : une fois
pour se procurer des annales (contenant les Écritures saintes,
les annales des juifs depuis le commencement, la loi, les prophéties
et les archives généalogiques) nécessaires pour
conserver l’histoire, la langue et la religion de la famille et
une deuxième fois pour inviter Ismaël et sa famille, qui
compte des filles en âge de se marier, à participer à
l’exode (chap. 3-4, 7).
Par révélation,
Léhi dit à ses fils où ils peuvent aller pour
chasser dans le désert (16:30-31). En cela il est aidé
par un objet curieux semblable à un compas qui fonctionne
selon la foi, la diligence et l'attention qu'ils lui apportent
(16:10, 28-29).
Une des plus grandes
visions de Léhi est celle de l'arbre de vie (1 Né.
8). Dans un contexte fortement symbolique, Léhi voit les
perspectives d’avenir des membres de sa famille mesurées
par rapport au plan du salut. Néphi a la même vision et
donne des détails et l'interprétation de ce que son
père a vu (1 Né. 11-14). Léhi voit d’abord
un homme vêtu de blanc qui lui fait traverser « un
désert sombre et désolé ». Après
avoir voyagé de nombreuses heures, il prie pour avoir l'aide
divine et se retrouve dans un vaste champ où pousse un arbre
dont le fruit est blanc et désirable (symbole de l'amour de
Dieu). Quand il exhorte sa famille à venir en manger, tous
viennent excepté Laman et Lémuel. Léhi voit
aussi un sentier le long duquel court une barre de fer (représentant
la parole de Dieu) et qui conduit à l'arbre en longeant la
berge d’une rivière. Beaucoup de gens qui avancent
résolument pour atteindre le sentier se perdent dans un
brouillard de ténèbres (les tentations) ; certains
parviennent à l'arbre et mangent, puis sont pris de honte et
s’éloignent ; d'autres, suivant la barre de fer,
atteignent l'arbre et mangent de son fruit. De l'autre côté
de la rivière, Léhi voit un grand édifice
(l'orgueil du monde) dont les habitants se moquent de ceux qui
mangent du fruit. Les savants mormons soulignent que les détails
du songe de Léhi sont tout à fait à leur place
dans le désert dans lequel Léhi voyageait (CWHN
6:253-264 ; cf. Griggs ; Welch).
Les prophéties de
Léhi traitent de la rédemption future d'Israël. Il
parle de la destruction de Jérusalem (587 av. J.-C.), de la
déportation des juifs à Babylone et de leur retour
ultérieur à Jérusalem. Il prédit la
mission de Jean-Baptiste et la venue, la mort et la résurrection
du Messie. Enfin, Léhi compare la dispersion finale d'Israël
« à un olivier dont les branches seraient rompues
et dispersées sur toute la surface de la terre »
(1 Né. 10:12 ; cf. Allégorie de Zénos).
Dans le désert,
Sariah a deux fils, Jacob et Joseph (1 Né. 18:7).
Apparemment le voyage est si difficile que Léhi et elle
vieillissent sensiblement. Pendant le voyage transocéanien, le
chagrin que leur cause la rébellion de leurs deux fils aînés
les conduit aux portes de la mort (18:17-18).
Dans le Nouveau Monde,
Léhi réunit sa famille avant sa mort pour lui donner
d’ultimes enseignements et bénédictions (2 Né.
1-4). Il leur enseigne qu'il a reçu une grande promesse
concernant ses descendants et le pays qu'ils possèdent
maintenant. Cette promesse dépend de leur justice : « Si
vous gardez mes commandements, vous prospérerez dans le pays ;
mais si vous ne gardez pas mes commandements, vous serez retranchés
de ma présence » (2 Né. 1:20 ; cf.
Abr. 2:6).
Léhi parle du plan
du salut à son fils Jacob (2 Né. 2). Au lieu
d'utiliser des images, il l'explique simplement et logiquement. Il
enseigne que si tout le monde distingue le bien du mal, beaucoup
n’agissent pas en conséquence. Néanmoins, le
Messie a payé la dette si les hommes et les femmes acceptent
son aide avec un esprit contrit. Il explique, en outre, qu’il
existe une opposition fondamentale en toutes choses de sorte que les
hommes doivent choisir. Il raisonne en disant que comme la liberté
d'Adam et Ève a permis leur chute, de même, elle permet
à chacun de choisir entre « la liberté et la
vie éternelle, par l'intermédiaire du grand Médiateur
de tous les hommes, ou de choisir la captivité et la mort,
selon la captivité et le pouvoir du diable » (2 Né.
2:27).
Avant de donner sa
bénédiction finale à d'autres membres de la
famille (2 Né. 4:3-11), Léhi parle à
Joseph, son cadet (2 Né. 3), mentionnant deux autres
Joseph : Joseph vendu en Égypte et un autre, sur lequel
le premier Joseph a prophétisé, Joseph Smith. Il
explique alors la mission de Joseph Smith de faire paraître le
Livre de Mormon, prophétisant qu'un « cri [venu] de
la poussière » appellerait la postérité
de Léhi (2 Né. 3:19-25), et il promet aux fils et
aux filles de Laman et Lémuel : « à la
fin, votre postérité sera bénie »
(2 Né. 4:9).
Après la mort de
Léhi, des dissensions familiales forcent Néphi et les
autres qui croient aux révélations de Dieu à se
séparer du groupe dirigé par les deux frères
aînés, causant une rupture dans la colonie. Du vivant de
Léhi, sa famille était restée ensemble, preuve
de ses capacités de dirigeant.
Bibliographie
Brown, S. Kent. "Lehi's
Personal Record : Quest for a Missing Source". BYU Studies
24, hiver 1984, p. 19-42.
Griggs, C. Wilfred. "The
Book of Mormon As an Ancient Book". BYU Studies 22, été
1982, p. 259-278.
Nibley, Hugh. Lehi in the
Desert, An Approach to the Book of Mormon, et Since Cumorah. Dans
CWHN, Vols. 5-7.
Welch, John W. "The
Narrative of Zosimus and the Book of Mormon". BYU Studies 22,
été 1982, p. 311-332.
S. KENT BROWN
TERRENCE L. SZINK
Liberté
Auteur :
Bohn, David E.
L'Évangile
de Jésus-Christ ne représente pas la liberté
simplement comme un concept philosophique ou une possibilité
abstraite, mais il la situe à la base de la création du
monde et comme condition fondamentale des relations de Dieu avec ses
enfants. Dans le sens général du terme, le mot
« liberté » désigne le libre
arbitre, l’indépendance et l’autonomie. La
liberté, ou la possibilité authentique de choisir,
constitue nécessairement la situation la plus élémentaire
des êtres humains dans le monde temporel.
Les Écritures modernes
enseignent que la vie prémortelle
était un environnement permettant le choix dans lequel Dieu a
proposé à ses enfants d'esprit un Plan de Salut pour
leur progression et leur avancement (voir Job 38:6-7; 2 Né
2:17; D&A 29:36; Abr 3:22-28). Dans la vie terrestre, avec le
corps de chair et d'os et de vastes possibilités nouvelles
d'action, les enfants de Dieu seraient libres de faire des choix dans
tout l’éventail du bien et du mal. Ils subiraient
également les conséquences nécessaires de ces
choix. « nous prendrons de ces matériaux, et nous
ferons une terre sur laquelle ceux-là pourront habiter ;
nous les mettrons ainsi à l'épreuve, pour voir s'ils
feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera »
(Abr 3:24-25).
Dieu a promis à ceux qui
feraient sa volonté
qu'ils seraient rachetés de leurs erreurs et de leurs péchés
et obtiendraient la vie éternelle. Satan s'est opposé
au plan du Père, conscient que cette plus grande liberté
comportait le risque de mort spirituelle où certains seraient
séparés du Père par leurs péchés,
ne se repentiraient pas et ne pourraient donc pas rentrer demeurer
dans son Royaume. Pour éviter pareille séparation,
Satan a proposé un environnement sans liberté et donc
sans péché. Par conséquent, tous reviendraient
au Père, mais sans amélioration ou avancement moral. L’
« honneur » de leur retour appartiendrait à
Satan (Ésaïe 14:13; Moïse 4:1).
La majorité des enfants
d'esprit de Dieu ont joyeusement
préféré la liberté à la servitude,
la connaissance à l'ignorance, la progression à la
stagnation et même le danger à la sécurité.
Le monde temporel a donc été créé, avec
la liberté comme fondement inconditionnel. Le monde temporel
est un environnement permettant des choix et donc de l'action et de
la responsabilité morales, un environnement dans lequel les
hommes sont tenus de faire la volonté de Dieu. Hommes et
femmes ne peuvent pas éluder leur liberté ni y
échapper, car la réalité apparaît toujours
comme une série de choix déterminés par une
certaine compréhension du bien, dont le résultat
définit dans une certaine mesure le cours des événements
humains. Le Livre de Mormon dit à propos de cette décision :
« C'est pourquoi, les hommes sont libres selon la chair,
et tout ce qui est nécessaire à l'homme leur est donné.
Et ils sont libres de choisir la liberté et la vie éternelle,
par l'intermédiaire du grand Médiateur de tous les
hommes, ou de choisir la captivité et la mort, selon la
captivité et le pouvoir du diable; car il cherche à
rendre tous les hommes malheureux comme lui. » [2 Néphi
2:27].
La liberté et le choix humain.
Les saints des derniers
jours sont toutefois conscients de ce que tous les enfants de Dieu ne
se retrouvent pas dans des situations de liberté égale.
Tous les hommes naissent dans un monde créé par les
actes et les croyances de ceux qui ont vécu avant eux. Ces
différences sont préservées dans les traditions,
les institutions et les pratiques qui ont été
transmises. Alors que Dieu donne à chacun la Lumière du
Christ qui attire l’homme vers le bien, les traditions et les
pratiques dans lesquelles certains sont nés peuvent cacher la
vérité et conduire ces personnes à des actes
nuisibles et pécheurs. Ceux-là, Dieu sera
miséricordieux à leur égard (Alma 9:15-16).
D’autres encore naissent dans
des situations où la
vérité est largement répandue et les occasions
de faire le bien, nombreuses. Pourtant, ils font le mal, face à
la vérité et créent ainsi des conséquences
qui réduisent leurs choix, les distancient de l'Esprit de Dieu
et leur valent le malheur, la destruction et les ténèbres
sous le pouvoir de Satan (Galates 5:13-25). En outre, ils ne sont pas
seuls à souffrir des conséquences de leurs choix. Le
mauvais usage que les uns font de leur liberté peut entraîner
la souffrance imméritée des autres, et bien que ce soit
injuste, le risque de souffrance injustifiée est
nécessairement présent dans un monde où le mal
existe. Néanmoins, cet état de choses sert aussi les
desseins de Dieu, car une certaine adversité rend les hommes
humbles devant Dieu (Alma 32:12-16). Grâce aux épreuves
terrestres, hommes et femmes sont testés, mais cela les fait
progresser et déployer les talents et les dons que Dieu leur a
accordés (2 Né 2:11 ; Alma 62:41 ; D&A
122:1-9). Cependant, quand tout un peuple choisit les ténèbres
plutôt que la lumière, il crée, pour les
générations suivantes, un héritage d'enfermement
qui doit parfois être divinement corrigé (par exemple,
Genèse 6:5-7; Lévitique 18:24-30; Moïse 8:22-30;
Hélaman 10:11-12).
En revanche, ceux qui
choisissent le bien sont rendus plus
libres par une plus grande présence du Saint-Esprit dans leur
vie et un plus grand pouvoir de connaître et de faire la
volonté de Dieu (Jean 7:16-18 ; 8:29-32; Alma 19:33). Par
conséquent, les bons choix des uns peuvent être
bénéfiques pour les autres. Suite aux œuvres
justes de quelques-uns (voir Galates 5-6), des vies précédemment
limitées peuvent se développer pour jouir de
possibilités nouvelles et positives, tandis que les vieilles
injustices et les vieux griefs sont réglés. Dans la
mesure où les institutions et les croyances d'un peuple
incarnent la vérité et la vertu et s'opposent à
la corruption et à la dépravation, un environnement de
plus grande liberté se développe. La plénitude
est atteinte lorsque Dieu établit son royaume sur la terre et
révèle à l'humanité la connaissance, le
pouvoir, les dons et les ordonnances qui ouvrent la voie au salut et
à l'exaltation complets. La ville d'Énoch, ainsi que le
peuple juste qui a vécu en Amérique pendant deux cents
ans après la visite du Sauveur ressuscité (voir 4 Néphi
1), ont marqué l’apogée de l'histoire de la
liberté humaine. En ce sens, Dieu non seulement appelle les
hommes à mener une vie vertueuse, mais les invite, comme étant
son peuple, à faire des alliances avec lui et à exercer
son pouvoir d’une manière juste en tant que communauté
de fidèles. Il ne faut donc pas considérer la liberté
comme une simple possibilité pour des individus, car elle ne
s'épanouit dans sa plénitude qu’au sein du
royaume des justes (voir D&A 138, surtout le v. 18).
Liberté
et gouvernement. Les Écritures enseignent en outre que Dieu a
institué les gouvernements pour le bien de l'humanité
sur la terre. Un bon gouvernement doit faire plus que préserver
l'ordre ; il doit protéger la liberté, garantir la
justice et assurer le bien-être général. « Et
cette loi du pays, qui est constitutionnelle et qui soutient le
principe de la liberté en préservant les droits et les
garanties, appartient à toute l'humanité et se justifie
devant moi » (D&A 98:5). Dieu proclame : « Moi,
le Seigneur Dieu, je vous affranchis; c'est pourquoi vous êtes
vraiment libres, et la loi aussi vous affranchit » (D&A
98:8). La loi protège les personnes et leurs libertés
contre les actes arbitraires et délétères des
autres. Le règne véritable de la loi exige que tous
soient soumis de manière égale à des règles
qui sont prospectives, largement connues et conçues
publiquement grâce à des mécanismes de
gouvernement qui ont fait l’objet et continuent à faire
l’objet d’un accord consensuel. La loi garantit la paix
en interdisant les choix préjudiciables aux autres, assure la
justice en rendant tout le monde responsable devant la loi
conformément à des procédures équitables
et sécurise le bien-être général grâce
à l'adoption de lois qui réglementent et coordonnent
les relations sociales dans l'intérêt de tous. En
contrepartie de ces avantages, les citoyens doivent remplir leurs
obligations de soutenir et aider le gouvernement. En fin de compte,
l'environnement de la liberté est amélioré et
élargi grâce à une bonne gouvernance.
Néanmoins, les gouvernements
sont souvent oppresseurs et
agissent de manière à restreindre la liberté et
à donner des privilèges au petit nombre en fixant
arbitrairement des règles publiques et en les appliquant de
manière inégale sans garanties appropriées.
C’est quand la liberté de conscience et son expression
dans la liberté de parole et le droit d'adorer Dieu
ouvertement selon ses croyances sont réprimées que
l'abus du pouvoir politique est le plus offensif et la servitude la
plus complète. En fin de compte, les saints des derniers jours
croient que les prétentions du gouvernement doivent se limiter
à son propre domaine et ne doivent pas empiéter sur le
territoire de la liberté d'agir selon sa conscience morale.
Pour éviter ce mal politique, les saints des derniers jours
sont invités non seulement à soutenir le gouvernement
constitutionnel et les processus qu'il fixe, mais aussi à
travailler à l’élaboration de lois qui apportent
la liberté et encouragent la vertu. Dans ce sens plus large,
les Écritures incitent ceux qui suivent Jésus à
faire un effort supplémentaire, à donner plus qu'ils ne
reçoivent, à faire le bien sans penser à ce
qu'ils pourraient gagner en retour. Ainsi, en tant que citoyens, les
saints des derniers jours sont tenus d'aller au-delà de la
recherche de l'intérêt personnel ; ils s'engagent à
servir les autres, à travailler au bien commun et à
assurer le bien-être général du peuple.
Bibliographie
Oaks,
Dallin H. "Free Agency and Freedom." Dans The Book of
Mormon: Second Nephi, The Doctrinal Structure,dir. de publ. M. Nyman
et C. Tate, p. 1-17. Salt Lake City, 1989.
DAVID E. BOHN
Livre
de Moïse
Auteur :
Taylor, Bruce T.
Le
livre de Moïse est un extrait
de plusieurs chapitres de la Genèse dans la Traduction de la
Bible par Joseph Smith (TJS) et constitue l'un des textes de la Perle
de Grand Prix. Le Prophète Joseph Smith commença en
juin 1830 une révision inspirée de l'Ancien Testament
pour restaurer et éclaircir des points essentiels d'histoire
et de doctrine absents dans la Bible.
Comme pour d’autres livres
anciens, les premiers mots du
texte, “Paroles de Dieu”, ont pu constituer le titre
original du premier chapitre de Moïse (Moïse 1:1). Le récit
traite de la révélation de Moïse et, à
partir du chapitre 2, correspond essentiellement à Genèse
1:1-6:13. Moïse reçoit sa révélation après
son appel à délivrer les Israélites de
l'esclavage en Égypte (Moïse 1:26). Une grande partie du
récit concerne les relations de Dieu avec Adam et Ève
et leur postérité immédiate après leur
expulsion du jardin d'Éden, sujet sur lequel le texte actuel
de la Genèse est silencieux. Structurellement parlant, une
série de visions d’orientation (chap. 1) est suivie
d'une révélation de la Création et de ses
conséquences (2:1-8:1). À cette révélation
s’intègre un long récit concernant Hénoc
(6:25-51 ; 7:1-8:1), qui cite, pour sa part, des annales tenues
par Adam (6:51-68). Vient ensuite un texte concernant les descendants
d’Hénoc, en particulier Noé (8:2-30).
Schéma
du livre de Moïse :
Chapitre
1 . Dieu se révèle, lui-même et ses créations,
à Moïse ; Satan essaie de tromper Moïse ;
définition de l’œuvre et la gloire de Dieu.
Chapitre
2 . Dieu révèle à Moïse – et lui
commande d'écrire – la création des cieux et de
la terre ; l'homme a la domination sur les autres êtres
vivants.
Chapitre
3 . Tout a été créé dans un état
d'esprit avant de l’être naturellement sur la terre ;
l’homme et la femme sont créés à l'image
de Dieu.
Chapitre
4. Satan, qui s'était rebellé lors du Conseil
préterrestre, tente Ève ; Adam et Ève
transgressent et sont expulsés du jardin, devenant assujettis
à la mort.
Chapitre
5 . Adam et Ève ont des enfants ; Adam offre des
sacrifices d'animaux comme type et préfiguration du sacrifice
expiatoire futur du Sauveur ; l'Évangile du futur
Jésus-Christ est prêché ; Caïn se
rebelle et la méchanceté se répand.
Chapitre
6. Adam et sa postérité fidèle ont une langue
« pure et sans tache », tant écrite que
parlée et tiennent des annales ; Hénoc prêche
la parole de Dieu et proclame que le Plan du Salut a été
révélé à Adam ; la foi, le repentir,
le baptême et le don du Saint-Esprit sont enseignés.
Chapitre
7 . Dieu se révèle à Hénoc, qui prêche
et fonde la ville de Sion. Hénoc annonce la venue du Christ,
son expiation et sa résurrection. Il annonce le rétablissement
de l'Évangile dans les derniers jours, la nouvelle Jérusalem
et la seconde venue du Sauveur.
Chapitre
8 . Une grande méchanceté se produit à l'époque
de Noé ; ses fils et lui prêchent l'Évangile,
mais cela reste lettre morte ; toute chair est détruite
par le déluge.
Quand on compare le livre de
Moïse avec les textes
pseudépigraphiques de l'Ancien Testament, on découvre
des parallèles qui ne se trouvent pas dans le texte actuel de
la Genèse. Par exemple, Adam et Ève doivent offrir des
sacrifices à Dieu après avoir été chassés
du jardin (Moïse 5:5-7) et Satan se rebelle contre Dieu et est
expulsé du ciel (Moïse 4:3-4).
Un point de doctrine important
rétabli par le livre de
Moïse, c'est que l'Évangile du Salut a été
prêché « depuis le commencement »
(Moïse 5:58), une idée reprise par la déclaration
de Paul que l'Évangile a été prêché
à Abraham (Ga. 3:8) et par le Livre de Mormon (Jacob 4:4-5;
07:10-11 cf. D & A 29: 41-42 ). De même, Eusèbe
(vers 263-339 apr. J.-C.) affirme que l'enseignement du christianisme
n'est ni nouveau ni étrange et que la religion des patriarches
était identique à celle des chrétiens (Histoire
ecclésiastique 1.2.1-22).
Dans cet ordre d’idées, le
livre de Moïse
montre qu'Adam et Ève comprenaient la mission future de
Jésus-Christ (Moïse 6:51-63). Adam va apprendre que les
offrandes des sacrifices sont « une similitude du
sacrifice du Fils unique » (5:6-8). En outre, Adam est
baptisé d'eau, reçoit le Saint-Esprit (5:9 ;
6:64-68) et se fait enseigner le Plan du Salut (6:62). Adam et Ève
et leur postérité se font également enseigner le
but de la Chute et se réjouissent du plan de rédemption
du Seigneur (5:10-12).
Le livre de Moïse amplifie le
récit biblique
d'Hénoc, qui est brièvement mentionné dans
Genèse 5:22-24 comme étant quelqu’un qui « marcha
avec Dieu ». Cette restauration du récit de Moïse
nous apprend que Hénoc a eu une vision du ministère du
Sauveur (Moïse 7:55-57), du monde des esprits (6:35-36 ;
7:56-57), du rétablissement de l'Évangile dans les
derniers jours (7:62) et du second avènement du Sauveur (7:60,
65). L’importance d'Hénoc dans le livre de Moïse
fait écho au rôle important qu’il joue dans
d'autres textes sur Énoch (Nibley, p. vii).
Bibliographie
Charlesworth, James H. The Old
Testament Pseudepigrapha, Vol. 2,
p. 285. Garden City, N.Y., 1983, 1985.
Nibley, Hugh. Enoch The
Prophet. Dans CWHN, 2. Salt Lake City, 1986.
Reynolds, Noel B.
"The Brass Plates Version of Genesis." Dans By Study and
Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2, pp.
136-73. Salt Lake City, 1990.
BRUCE T. TAYLOR
Livre
de Mormon
Cette rubrique présente
le Livre de Mormon, l’aperçu décrivant sa nature,
son contenu et ses objectifs de base, suivi d’un bref article
sur la page de titre ; les articles restants sont consacrés
à une brève explication de chaque livre qu’il
contient.
Livre de Mormon :
Aperçu
Livre de Mormon :
Page de titre du Livre de Mormon
Livre de Mormon :
Premier livre de Néphi
Livre de Mormon :
Deuxième livre de Néphi
Livre de Mormon :
Livre de Jacob
Livre de Mormon :
Livre d'Énos
Livre de Mormon :
Livre de Jarom
Livre de Mormon :
Livre d'Omni
Livre de Mormon :
Paroles de Mormon
Livre de Mormon :
Livre de Mosiah
Livre de Mormon :
Livre d'Alma
Livre de Mormon :
Livre d’Hélaman
Livre de Mormon :
Trois Néphi
Livre de Mormon :
Quatre Néphi
Livre de Mormon :
Paroles de Mormon
Livre de Mormon :
Livre d'Éther
Livre de Mormon :
Livre de Moroni
Les enseignements du
Livre de Mormon sont traités dans des articles doctrinaux
répartis sur toute l'encyclopédie ; voir
Doctrine ; Évangile de Jésus-Christ. Voir aussi
Enseignements et pratiques religieux du Livre de Mormon ;
Jésus-Christ dans les Écritures ; Prophéties
dans le Livre de Mormon.
Pour ce qui est de ses
rapports essentiels avec la Bible et les autres Écritures,
voir Bible ; Livre de Mormon – Prophéties bibliques
sur ; Livre de Mormon dans une culture biblique ;
Ésaïe ;
Écritures ; Ouvrages canoniques.
Sur l'écriture et
la composition du Livre de Mormon, voir Livre de Mormon –
Auteurs ; Livre de Mormon – Langue ; Livre de Mormon
– Littérature ; Livre de Mormon – Plaques et
annales.
Pour des informations sur
son origine et sa publication, voir Livre de Mormon – Éditions
(1830-1981) ; Livre de Mormon – Manuscrits ; Livre de
Mormon – Traduction de Joseph Smith ; Livre de Mormon –
Traduction ; Livre de Mormon – Témoins ;
Manuscrit, 116 pages perdues ; Moroni, Visites de. Voir, d’une
manière générale, Livre de Mormon –
Études.
On peut trouver des
articles séparés sur Livre de Mormon – Peuples ;
Jarédites ; Lamanites ; Néphites ;
Femmes dans le Livre de Mormon ; les articles sur les principaux
personnages de cette Écriture sont repris sous Livre de Mormon
– Personnalités.
Les aspects internes de
la culture et de la civilisation du Livre de Mormon sont traités
dans des rubriques telles que Livre de Mormon – Chronologie ;
Livre de Mormon – Économie et technologie ; Livre
de Mormon – Géographie ; Livre de Mormon –
Gouvernement et histoire juridique ; Livre de Mormon –
Histoire de la guerre dans ; Jésus-Christ :
Ministère de quarante jours et autres apparitions de
Jésus-Christ après sa résurrection ;
Liahona ; Combinaisons secrètes ; Épée
de Laban ; Trois Néphites ; Arbre de vie.]
Table des matières
1 Livre de Mormon :
Aperçu
Livre de Mormon 2 :
Page de titre du Livre de Mormon
2.1 Bibliographie
Livre de Mormon 3 :
Premier livre de Néphi
Livre de Mormon 4 :
Deuxième livre de Néphi
4.1 Bibliographie
Livre de Mormon 5 :
Livre de Jacob
5.1 Bibliographie
Livre de Mormon 6 :
Livre d'Énos
Livre de Mormon 7 :
Livre de Jarom
Livre de Mormon 8 :
Livre d'Omni
Livre de Mormon 9 :
Paroles de Mormon
Livre de Mormon 10 :
Livre de Mos.
10.1 Bibliographie
Livre de Mormon 11 :
Livre d'Alma
11.1 Bibliographie
Livre de Mormon 12 :
Livre d’Hélaman
12.1 Bibliographie
Livre de Mormon 13 :
Trois Néphi
Livre de Mormon 14 :
Quatre Néphi
14.1 Bibliographie
Livre de Mormon 15 :
Livre de Mormon
15.1 Bibliographie
Livre de Mormon 16 :
Livre d'Éther
16.1 Bibliographie
Livre de Mormon 17 :
Livre de Moroni
17.1 Bibliographie
Livre
de Mormon : Aperçu
Auteur :
NYMAN, MONTE S.
Le prophète Joseph
Smith a dit du Livre de Mormon qu’il était « le
plus correct de tous les livres de la terre et la clef de voûte
de notre religion » et a ajouté qu'une personne
« se rapprocherait davantage de Dieu en en suivant les
préceptes que par n'importe quel autre livre »
(EPJS, p. 156), parce qu’il contient la plénitude de
l'Évangile de Jésus-Christ (D&A 20:8-9).Pour les
membres de l'Église de Jésus-Christ des saints des
derniers jours, le Livre de Mormon constitue la base doctrinale de
l'Église et communique la parole de Dieu au monde entier.
Le Livre de Mormon
confirme et complète la Bible : « Voici, ceci
[le Livre de Mormon] est écrit dans l'intention que vous
croyiez cela [la Bible] ; et si vous croyez cela [la Bible],
vous croirez ceci [le Livre de Mormon] aussi » (Mrm. 7:9).
La Bible est principalement un compte rendu des relations de Dieu
avec les ancêtres et les descendants de Jacob ou Israël
dans le Proche-Orient antique. Les saints des derniers jours croient
que le Livre de Mormon est un compte rendu des relations de Dieu avec
un autre groupe d'Israélites qu'il a amenés vers 600
av. J.-C. de Jérusalem sur le continent américain. Ils
attendaient la naissance et l’avènement de Jésus-Christ
et croyaient en son expiation et en son Évangile. Leurs
annales complexes et longues ont été abrégées
par un prophète appelé Mormon, inscrites sur des
plaques d'or et enterrées par son fils, Moroni 2, après
que des guerres fratricides ont exterminé tous ceux qui
croyaient au Christ dans le Nouveau Monde excepté Moroni (385
apr. J.-C.).
JOSEPH SMITH ET LE LIVRE
DE MORMON. Dans sa courte vie, Joseph Smith a fait paraître
beaucoup d’Écritures. Son premier appel prophétique
fut de faire paraître le Livre de Mormon. En 1823 – il
avait alors dix-sept ans – Moroni, qui était devenu un
ange de Dieu, un messager ressuscité, lui montra les annales
qu’il avait cachées (JS–H 1:27-54). Après
plusieurs visites pendant les quatre années qui suivirent,
Joseph fut autorisé à enlever les annales sacrées
du lieu où elles reposaient dans la colline Cumorah, près
de Palmyra (New York). En dépit de beaucoup d’interruptions
et de persécutions persistantes (JS–H 1:57-60), Joseph
Smith traduisit les longues annales en une soixantaine de jours de
travail. Les saints des derniers jours rendent témoignage
qu'il l’a fait « grâce à la miséricorde
de Dieu et par la puissance de Dieu » (D&A 1:29),
« par l'inspiration du ciel » (Messenger and
Advocate, oct. 1834, p. 14-16 ; JS–H 1:71, n.). Il eut
l'aide de plusieurs secrétaires, principalement Oliver
Cowdery, qui écrivit sous sa dictée. Le livre fut
publié en 1830 à Palmyra. Onze témoins au moins,
en plus de Joseph Smith, ont vu et/ou ont soupesé les plaques
du Livre de Mormon avant qu'il les rende à Moroni.
OBJECTIFS ET CONTENU. Le
Livre de Mormon, comme le dit son sous-titre, va de pair avec la
Bible en tant que « autre témoignage de
Jésus-Christ ». Ses objectifs principaux sont
récapitulés dans sa page de titre : montrer aux
restes des peuples du Livre de Mormon les grandes choses que Dieu a
faites pour leurs ancêtres, faire connaître les alliances
du Seigneur et convaincre « Juif et Gentil que Jésus
est le Christ, le Dieu éternel, qui se manifeste à
toutes les nations ». L'événement central du
Livre de Mormon est l'apparition du Christ ressuscité aux
habitants justes du continent américain après son
ascension au ciel à Jérusalem. Pendant sa visite, le
Christ a prononcé un sermon qui est semblable au sermon sur la
montagne que l’on trouve dans le Nouveau Testament, mais avec
certains éclaircissements et ajouts essentiels. Il a déclaré
sa doctrine, la plénitude de son Évangile nécessaire
pour entrer dans le royaume de Dieu et il a établi son Église
avec ses ordonnances essentielles et a ordonné des disciples
pour la présider. Le Christ a également expliqué
à ce moment-là les promesses que Dieu a faites à
Israël, a guéri les malades et les invalides, béni
les enfants et leurs parents et exprimé son grand amour,
permettant à chaque personne de s’avancer et de toucher
les plaies qu’il avait subies pendant sa crucifixion (voir
3 Né. 11-26). Le compte rendu de la visite de Jésus
et beaucoup d'autres passages du Livre de Mormon démontrent la
filiation divine, le ministère, l'Expiation, la résurrection
et le statut éternel du Seigneur Jésus-Christ et prouve
que la plénitude de son Évangile est la même pour
tous les peuples, quels que soient les endroits ou l’époque
où ils ont vécu.
Les ancêtres de ces
gens à qui Jésus est apparu étaient sur le
continent américain depuis 600 ans environ. Le Livre de Mormon
s'ouvre avec la famille de Léhi à Jérusalem du
temps du prophète biblique Jérémie. Vers 600 av.
J.-C., Dieu avertit Léhi qu’il doit prendre sa famille
et s’enfuir de Jérusalem avant qu'elle ne soit détruite
par Babylone (1 Né. 1:1-2). Le récit, écrit
par Néphi 1, fils de Léhi, parle d'abord du départ
de sa famille de Jérusalem et du retour risqué de Néphi
à la ville avec ses frères pour obtenir les annales
sacrées qui contiennent leur lignage, les cinq livres de
Moïse, une histoire des Juifs et les écrits des prophètes
jusqu’à Jérémie (1 Né. 3-5).
Le groupe voyage dans le
désert jusqu'à ce qu'il atteigne une région
plaisante au bord de la mer où Néphi, sur les
instructions de Dieu, construit un bateau qui les emmène au
Nouveau Monde (1 Né. 17-18). Laman et Lémuel, les
frères aînés de Néphi, expriment leur
ressentiment de voir que Néphi est proche du Seigneur et ne
veulent pas qu'il règne sur eux (1 Né. 16:37-39 ;
18:10). Quand la famille atteint le Nouveau Monde, cet antagonisme
mène à un schisme entre les Néphites et les
Lamanites qui imprègne tout le Livre de Mormon.
Lors de la rédaction
et de la transmission des sermons, des prophéties et des
annales historiques, les auteurs insistent sur l’idée
que ceux qui gardent les commandements de Dieu prospèrent.
Malheureusement, beaucoup de ceux qui prospèrent deviennent
orgueilleux et persécutent les autres, ce qui conduit à
la guerre. Les désolations causées par la guerre
ramènent les hommes à l’humilité et ils
recommencent à invoquer Dieu.
Les anciens prophètes
américains, comme des prophètes bibliques tels que
Moïse, Ésaïe et Daniel, ont des visions du futur de
diverses nations. Par exemple, Néphi voit la découverte
de l'Amérique par Christophe Colomb, l'afflux de Gentils dans
le Nouveau Monde et la guerre d’Indépendance américaine
(1 Né. 13:12-15, 18-19), ainsi que la naissance et le
ministère terrestre de Jésus-Christ. La naissance, le
ministère et la mort du Christ sont prophétisés
par Léhi, Néphi, Benjamin, Samuel le Lamanite et
d'autres prophètes. Quand Mosiah 1 découvre un peuple
qui a quitté Jérusalem avec Mulek, un fils de Sédécias
(voir Jé. 52:10 ; Om. 1:12-15 ; Hél. 8:21),
et que les envoyés du roi Limhi trouvent les annales des
Jarédites frappés d’extinction, les Néphites
apprennent qu'ils ne sont pas les seuls que Dieu a amenés sur
le continent américain.
Après l'apparition
de Jésus-Christ, les Néphites et les Lamanites
connaissent la paix pendant plus de 160 ans (4 Né.
1:18-24). Par la suite, beaucoup de ceux qui avaient mené une
vie juste vont rompre leurs alliances avec Dieu et l'Église et
leur civilisation commence à s'effondrer. Enfin, en 385 apr.
J.-C., les quelques Néphites restants seront pourchassés
et tués par les Lamanites. Le livre finit avec Moroni, le
dernier Néphite, qui écrit aux hommes des temps
modernes pour leur lancer l’invitation : « Venez
au Christ, et soyez rendus parfaits en lui » (Mro. 10:32).
APPLICATIONS MODERNES.
Les saints des derniers jours considèrent le Livre de Mormon
comme un livre pour tous les hommes. En plus d'instruire leurs
contemporains et leurs descendants, les prophètes qui ont
écrit ces annales antiques ont vu d’avance la situation
de l’époque moderne et ont choisi les leçons dont
on a besoin pour relever les défis de ce monde (Mrm. 8:34-35).
Leur livre est l’histoire d’un peuple déchu, qui
invite tout le monde à vivre dans la justice et à
empêcher une chute semblable aujourd'hui.
Le Livre de Mormon a eu
un effet profond sur l'Église et ses membres. Il est si
fondamental que Joseph Smith a dit : « Enlevez le
Livre de Mormon et les révélations, et où est
notre religion ? Nous n’en avons pas » (EPJS,
p. 53).
Le Livre de Mormon
enseigne que le Dieu vivant a parlé à plusieurs peuples
de par le monde qui ont écrit des annales sacrées comme
il l’a commandé (2 Né. 29:11-12). Le Livre
de Mormon est un document de ce genre.
Il est également
une preuve pour les saints des derniers jours que Dieu a rétabli
son Église vraie et vivante par l’intermédiaire
de Joseph Smith. L'importance de cette croyance pour des saints des
derniers jours ne saurait être surestimée, parce qu’ils
ont la certitude que Dieu veille sur les habitants de la terre et les
aime et qu'il continue de leur parler par les prophètes
contemporains qui appliquent les principes immuables de l'Évangile
aux problèmes d'aujourd'hui.
Le Livre de Mormon est
également important pour les saints des derniers jours comme
aide dans la compréhension de la Bible et de la volonté
de Dieu. Néphi a prophétisé que beaucoup de
vérités et d’alliances « claires et
précieuses » seraient ôtées de
l'Évangile et de la Bible après le décès
des apôtres (1 Né. 13:26-27). Beaucoup de questions
que l’on se pose à propos de la Bible trouvent une
réponse pour les saints des derniers jours dans le Livre de
Mormon, comme le mode et les raisons du baptême (2 Né.
31 ; 3 Né. 11:23-26), la bonne manière de
pratiquer le sacrement du repas du Seigneur (Mro. 4-5), la nature de
la résurrection (Alma 40), les effets de la chute d'Adam et
les raisons du mal et de la souffrance dans le monde (2 Né.
2). Le Livre de Mormon renforce la notion mormone que l'Évangile
de Jésus-Christ a existé avant la Création et a
été révélé aux prophètes et
aux croyants tout au long du temps.
Le Livre de Mormon est
également sacré pour les saints des derniers jours
parce qu’il enseigne comment discerner les chuchotements du
Saint-Esprit. Beaucoup de saints des derniers jours, y compris ceux
nés dans l’Église, attribuent leur conversion à
Jésus-Christ et leur engagement envers l'Église à
l'étude accompagnée de prière du Livre de Mormon
et c’est par lui qu’ils apprennent à reconnaître
le Saint-Esprit. Ainsi, le livre devient un symbole permanent de la
révélation personnelle et de l'amour de Dieu et de son
attention aux besoins de chacun. Il déclare également
que toute l'humanité sera jugée par ses préceptes
et ses commandements (Mos. 3:24 ; Mro. 10:27). Il prouve que
Dieu se rappelle chaque être qu'il a créé (Mos.
27:30) et chaque alliance qu’il a faite (1 Né.
19:15 ; 3 Né. 16:11). Le Livre de Mormon est la base
sur laquelle des millions de personnes ont entrepris un cheminement
personnel de progression spirituelle et de service aux autres.
Pour les enfants mormons,
le Livre de Mormon est une source d’histoires et de héros
valant celles de la Bible : Joseph en Égypte, Daniel dans
la fosse aux lions, Ruth la fidèle et la courageuse reine
Esther. Ils racontent et chantent avec enthousiasme l’histoire
de l'armée de jeunes hommes fidèles menés par
Hélaman 1 (Al. 56:41-50) ; celle du courage d'Abinadi, le
prophète, devant le méchant roi Noé (Mos.
11-17) ; celle de Néphi et de son indéfectible
fidélité (1 Né. 3-18) ; celle d'Abish,
une Lamanite qui, pendant de nombreuses années semble avoir
été la seule à croire au Christ à la cour
du roi Lamoni jusqu'à ce que le missionnaire Ammon enseigne
l'Évangile au roi et à la reine (Al. 19) et celle des
apparitions de Jésus aux Néphites (3 Né.
11-28). Il y a beaucoup de passages célèbres. Le livre
est utilisé pour enseigner aux enfants la doctrine, pour
donner des exemples de vie chrétienne et pour leur rappeler le
grand amour et l'espoir de Dieu pour tous ses enfants.
Le livre joue un rôle
essentiel dans l'œuvre missionnaire. C'est l'outil missionnaire
le plus important de l'Église et il est destiné à
aller à toutes les nations, tribus, langues et peuples (Ap.
14:6-7). Tous les missionnaires encouragent ceux avec qui ils entrent
en contact à lire le livre et à prier à son
sujet car c’est le moyen de recevoir soi-même le
témoignage de Dieu concernant la véracité du
Livre de Mormon, un témoin de Jésus-Christ.
Les saints des derniers
jours sont régulièrement exhortés à faire
un usage plus important du Livre de Mormon. En 1832, deux ans et demi
après la publication du livre, la parole du Seigneur avertit
les saints qu'ils avaient traité les révélations
trop à la légère et avaient négligé
de se souvenir « de la nouvelle alliance, c’est-à-dire
le Livre de Mormon » (D&A 84:57). Les dirigeants de
l’Église encouragent régulièrement les
membres à intégrer davantage le Livre de Mormon à
leur vie. Le président Benson a conseillé aux saints
des derniers jours de lire le livre quotidiennement et d’en
parler, ainsi que du message de l'Évangile, à tout
monde.
LECTURE DU LIVRE DE
MORMON. Ces annales sacrées demandent au lecteur d'aborder ce
qu’elles disent avec la foi et la prière. Un de leurs
enseignements est que le lecteur ne recevra « de
témoignage qu’après la mise à l'épreuve
de [sa] foi » (Ét. 12:6). Par conséquent,
même si certains aspects du livre semblent étranges ou
improbables au début, il invite ses lecteurs à les
considérer comme des possibilités jusqu'à ce que
le tableau d’ensemble devienne clair et que l’on éprouve
d'autres sentiments et que d’autres pensées se
présentent. En outre, la note finale de Moroni 2 à la
page de titre demande au lecteur de regarder au delà des
faiblesses humaines du livre : « S'il y a des fautes,
ce sont les erreurs des hommes ; c'est pourquoi, ne condamnez
pas les choses de Dieu. » Il termine son propre livre dans
le Livre de Mormon en exhortant tous ceux qui reçoivent ces
choses à demander à Dieu, d’un cœur
sincère, avec une intention réelle, ayant foi au
Christ, si elles ne sont pas vraies, et promet que Dieu leur en
manifestera la véracité (Mro. 10:4).
Quels que soient leur âge
et leurs intérêts, les saints des derniers jours
trouvent la lecture du Livre de Mormon enrichissante. Au début,
on a tendance à concentrer son attention sur ses messages et
ses récits. Une fois qu’on lit mieux et que l’on y
réfléchit, on découvre de nombreux thèmes,
des nuances importantes, des détails intéressants et
des expressions spirituelles profondes.
Néphi, Jacob et
Abinadi, prophètes du Livre de Mormon, citent abondamment
Ésaïe (voir, par exemple, 2 Né. 6-8 [És.
49-51] ; 2 Né. 12-24 [És. 2-14] ; Mos.
14 [És. 53]), un prophète de l'Ancien Testament dont le
style et les allusions poétiques posent des problèmes
aux lecteurs de la Bible et se sont également révélés
difficiles pour beaucoup de ceux qui étudient le Livre de
Mormon. Certains dirigeants de l’Église recommandent à
ceux qui lisent le livre pour la première fois de survoler,
dans un premier temps, ces chapitres, comprenant ce qui est
accessible et laissant le reste pour une étude ultérieure.
Dans les écrits d'Ésaïe, les saints des derniers
jours trouvent un témoignage important du Christ et de
l'accomplissement des alliances de Dieu avec la maison d'Israël.
Le Christ a exhorté ses disciples à « sonder
diligemment ces choses, car grandes sont les paroles d'Ésaïe »
(3 Né. 23:1).
Un autre obstacle
possible pour le lecteur, ce sont les insertions hors chronologie du
livre. Néphi et Jacob et les descendants de Jacob ont écrit
des récits à la première personne de 590 av.
J.-C. jusqu'à environ 150 av. J.-C., ensuite Mormon (v. 385
apr. J.-C.) y a inséré un chapitre plus court pour
expliquer qu’il est celui qui a abrégé les autres
annales. Le lecteur est ensuite ramené par l'intermédiaire
de l'abrégé de Mormon à l'histoire des
successeurs de Néphi et des descendants d'Alma 1. Lorsque des
groupes de personnes se détachent de la population principale
puis y reviennent, des parties de leurs annales sont incorporées
au livre, ce qui fait revenir le lecteur à des événements
antérieurs. De même, l'abrégé fait par
Moroni du livre très antique d'Éther apparaît en
dehors de l'ordre chronologique vers la fin. En outre, le Livre de
Mormon, comme l'Ancien Testament, décrit des événements
qui se situent à des intervalles très séparés.
C’est un abrégé et, comme tel, il ne contient
qu’une petite partie de l’histoire de ces peuples
antiques.
APPROCHE DU TEXTE. La
façon dont le Livre de Mormon est disposé se prête
à plusieurs approches. Trois méthodes qui se renforcent
mutuellement sont généralement utilisées.
D'abord, le livre est une source d’instructions et de doctrine
d’où se dégagent des leçons et de la
sagesse applicables à la vie contemporaine. Cette approche est
recommandée dans les écrits de Néphi, qui dit
qu'il « appliquai[t] toutes les Écritures à
[son peuple], afin que cela fût pour [son] profit et [son]
instruction » (1 Né. 19:23). Les saints des
derniers jours trouvent ses pages riches en récits édifiants,
en points de doctrine clairs, en vérités éternelles,
en formules mémorables et en principes. Connaissant les
conditions des derniers jours, les prophètes antiques
s'adressent périodiquement de manière directe au
lecteur. Les saints des derniers jours soulignent la nécessité
de lire le Livre de Mormon dans l'esprit de la prière, avec
foi en Dieu, pour bénéficier personnellement de ses
enseignements et aller au Christ.
Une deuxième
approche du Livre de Mormon, qui ajoute une dimension historique à
la première, est d'étudier le livre comme un texte
antique. Le lecteur qui accepte le Livre de Mormon comme l’histoire
d’un lignage hébreu antique écrite par des
prophètes dans le Nouveau Monde verra que le livre répond
bien à cette description et à ce cadre. Le livre parle
de cultures antiques qui sont aussi éloignées du
lecteur moderne que celles des Ancien et Nouveau Testaments. Les
recherches en cours ont montré que des formes poétiques
hébraïques, des structures littéraires et les
idiomes, ainsi que beaucoup de symboles, de traditions et d’objets
façonnés mésoaméricains sont implicites
dans le livre ou compatibles avec lui.
Enfin, on peut lire le
Livre de Mormon comme une œuvre littéraire. Bien que le
style puisse parfois sembler fastidieux ou répétitif,
il y a un ordre, un but et de la clarté dans son langage. Ses
paroles sont souvent aussi belles et aussi mémorables que des
passages des Psaumes, de l'Évangile de Jean et d'autres œuvres
religieuses notables en prose et en poésie.
Cependant, la plupart des
lecteurs fidèles du Livre de Mormon ne se limitent pas à
une approche ou méthodologie unique, car toutes ces approches
ne sont que secondaires par rapport aux implications de l'origine
divine et des buts éternels du livre. L’étude et
la foi, la réflexion et l’application, tout cela aide à
connaître et à comprendre les messages du Livre de
Mormon. Mais pour des millions de saints des derniers jours, leur
expérience la plus importante avec le Livre de Mormon a été
la connaissance spirituelle qu'ils ont reçue de sa véracité.
Elle a changé et enrichi leur vie et les a rendus plus proches
de Jésus-Christ et de ses enseignements.
Livre
de Mormon : Page de titre du Livre de Mormon
Auteur :
RICKS, ELDIN
Joseph Smith a écrit
un jour : « Je tiens à préciser ici que
la page de titre du Livre de Mormon est la traduction littérale,
tirée de la toute dernière feuille, située du
côté gauche du recueil ou livre de plaques, qui
contenait le document qui a été traduit … et que
ladite page de titre n'est en aucune façon un écrit
moderne, que ce soit de moi ou de tout autre homme qui ait vécu
ou vive à notre époque » (HC 1:71.).
La page de titre est donc
la traduction d'un document antique, au moins partiellement écrit
par Moroni 2, fils de Mormon, au cinquième siècle apr.
J.-C. Elle décrit le livre comme étant un « abrégé
des annales du peuple de Néphi et aussi des Lamanites »
et « aussi un abrégé tiré du livre
d’Éther, qui contient les annales du peuple de Jared ».
Selon la page de titre,
le Livre de Mormon s’adresse aux Lamanites, aux Juifs et aux
Gentils et vise à informer les Lamanites des promesses faites
à leurs ancêtres et à convaincre « Juif
et Gentil que Jésus est le Christ, le Dieu éternel, qui
se manifeste à toutes les nations. »
La page de titre a été
utilisée comme description du Livre de Mormon sur la demande
de copyright fédéral introduite le 11 juin 1829, avec
R.R. Lansing, greffier du Tribunal de district des États-Unis
pour le district nord de New York, à Albany.
Bibliographie
Ludlow, Daniel H. “The
title page”, dans The Book of Mormon : First Nephi, The
Doctrinal Foundation, dir. de publ. Monte S. Nyman et Charles D.
Tate, p. 19-33. Provo, Utah, 1988.
ELDIN RICKS
Livre
de Mormon : Premier livre de Néphi
Auteur :
EAMES RULON D.
Écrit par Néphi
1, prophète antique qui s'enfuit de Jérusalem avec son
père, Léhi et la famille de celui-ci peu après
600 av. J.-C., ce livre raconte leurs voyages sous la direction
divine jusque sur le continent américain. Avec son témoignage
détaillé de la mission de Jésus-Christ et sa vue
panoramique de l'histoire sacrée, 1 Néphi est la
base doctrinale et historique de tout le Livre de Mormon. Son
intention avouée est de témoigner que le Dieu d'Israël
peut sauver tous ceux qui se repentent et font preuve de foi en lui
(1 Né. 1:20 ; 6:4).
Composées
plusieurs années après l’arrivée de Néphi
dans la « Terre promise », les annales, dont le
premier livre de Néphi faisait partie, contiennent des
prophéties et des prédications sacrées « à
cause du Christ, et à cause de [son] peuple »
(Jacob 1:4). Son message fondamental est que le Dieu d'Israël
est miséricordieux et a le pouvoir de sauver ceux qui lui
obéissent (1 Né. 1:20 ; 6:4 ; 22:30-31).
Néphi étaie cette thèse par des arguments
historiques et prophétiques. Il cite deux fois l'exode
d'Israël hors d'Égypte comme preuve du pouvoir rédempteur
de Dieu et voit le même pouvoir en action dans l'exode de sa
famille hors d’une Jérusalem condamnée. Voyant
d’une envergure spirituelle remarquable, Néphi témoigne
que des actes rédempteurs plus grands attendent à
l'avenir : Dieu lui-même viendra sur terre racheter
l'homme de la mort et du péché (1 Né.
11:33 ; 19:10), et avant la fin du monde, Israël sera
racheté.
Le récit de
1 Néphi est vivant et mouvementé ; les actes
d'intervention divine dominent ce récit. Il commence la
première année du roi judéen Sédécias
(1 Né. 1:4 ; cf. 2 R. 24:8-18, dont la date, selon
les documents babyloniens, est 597 av. J.-C.). Jérusalem vient
de capituler après un bref siège babylonien et le roi
Jojakin, ainsi que beaucoup de citoyens éminents de Juda, ont
été déportés. Quand Jérusalem
persiste dans son arrogance, une foule de prophètes, notamment
Jérémie et Léhi, annoncent sa destruction. Comme
le peuple conspire pour tuer Léhi, le Seigneur le prévient
et il fuit vers le sud dans le désert. À deux reprises,
ses quatre fils retournent dans la région, une fois pour
obtenir une copie des Écritures écrites sur des plaques
d’airain et une fois pour convaincre Ismaël et sa famille
de fuir avec eux (chapitres 3-7). Guidé par un compas d’airain
miraculeux, le groupe de Léhi accomplit une odyssée
épuisante qui va prendre huit ans dans le désert, pour
arriver dans un endroit verdoyant sur la côte méridionale
de la péninsule arabe. Là, le Seigneur convoque Néphi
sur une montagne où il lui commande de construire un bateau
pour transporter le groupe vers une terre de promission. Grâce
à l'inspiration et à la protection fréquentes de
Dieu, le bateau est achevé et le dangereux voyage a lieu
(chapitres 16-18).
Pendant tout ce temps,
Léhi et Néphi sont en butte à l’opposition
de Laman et Lémuel, les fils aînés de la famille,
qui sont non seulement sceptiques mais parfois violents dans leur
opposition. Les annales prennent la défense de Néphi de
plusieurs manières. Un ange intervient une fois pour protéger
Néphi contre ses frères ; Néphi leur
échappe deux fois, étant rempli de pouvoir de Dieu. À
plusieurs reprises, par sa foi, il réussit là où
ils échouent.
Le récit est
parsemé de grandes visions. Léhi reçoit son
mandat de prophète dans une vision tandis qu’il prie en
faveur de Jérusalem : Il voit une colonne de feu demeurer
sur un rocher et Dieu assis sur son trône et il reçoit
un livre à lire qui décrète des jugements sur la
ville (chapitre 1). Peu après, Néphi entend la voix du
Seigneur dire que lui, Néphi, instruirait et gouvernerait ses
frères aînés (chapitre 2) ; et Léhi a
un songe qui tourne autour d’un arbre magnifique, une rivière,
une barre de fer et un grand et spacieux édifice (chapitre 8).
La fuite de la famille hors d’une Jérusalem orgueilleuse
et matérialiste et sa recherche du salut dans le désert
sont fortement mises en évidence dans le langage figuré
de ce songe. Léhi prophétise aussi sur la captivité
babylonienne des Juifs, sur leur retour final en Palestine et sur la
venue d'un Messie qui rachètera l'humanité de son état
perdu et déchu (chapitre 10).
Inspiré des
expériences spirituelles de Léhi et voulant connaître
la signification du songe de son père, Néphi cherche à
avoir et reçoit la même vision ainsi que son
interprétation. Cette révélation met les
expériences de Léhi et de sa postérité
dans le contexte du plan rédempteur de Dieu et fournit une
grande partie du cadre historique et doctrinal de la prophétie
suivante du Livre de Mormon : (1) Néphi voit la
naissance, le ministère et le sacrifice expiatoire du Fils de
Dieu et le rejet de ses apôtres par Israël ; (2) il
assiste à la division de la famille de Léhi suivie de
la naissance, du déclin et de la destruction de sa propre
postérité par les descendants de ses frères et
il voit que l'agneau de Dieu visitera diverses branches d'Israël,
notamment la postérité de Néphi ; (3) il
voit une grande et abominable Église parmi les Gentils ainsi
qu’une dispensation de l'Évangile chez les Gentils et
leur rôle crucial dans le rassemblement d’Israël et
d'un reste de la postérité de Néphi ; et
(4) la victoire finale de Dieu sur les puissances du mal à la
fin du monde lui est montrée (chapitres 11-14).
Citant d'autres
prophéties allant dans le même sens, 1 Néphi
19-22 renforce ces quatre thèmes, les piliers des perspectives
néphites sur l'histoire du monde. Néphi donne d'abord
un témoignage détaillé du sacrifice expiatoire
du Dieu d'Israël, de son rejet et de la dispersion du peuple de
l'alliance de Dieu, citant Zénos, Zénock, et Néum
(chapitre 19) ; il cite ensuite Ésaïe pour prouver
que Dieu différera sa colère et rassemblera finalement
son peuple grâce à l'aide de rois et de reines gentils
(chapitres 20-21) ; et finalement, il exhorte tout le monde à
obéir aux commandements de Dieu et à être sauvé,
parce que dans les derniers jours les méchants brûleront
et les saints d'Israël régneront (chapitre 22).
Livre
de Mormon : Deuxième livre de Néphi
Auteur :
BALL, TERRY B.
Le deuxième livre
de Néphi (2 Néphi) est une œuvre écrite
vers 550 av. J.-C. par celui-là même qui a écrit
1 Néphi et qui l’a inclus dans ses petites plaques.
Le deuxième livre contient quatre discours et traités
prophétiques de trois prophètes du Livre de Mormon,
Léhi, Jacob et Néphi 1, ainsi que des extraits
substantiels des prophéties d'Ésaïe tirées
des plaques d'airain. En plus, 2 Néphi rapporte
brièvement la transition difficile de la génération
fondatrice de la colonie de Léhi à la génération
suivante dans leur nouvelle patrie.
La première
section du livre se compose des exhortations et du testament de Léhi
à sa postérité avant sa mort (1:1-4:11). Il
adresse ses premières paroles à ses fils aînés,
Laman, Lémuel et Sam, aussi bien qu’aux fils d'Ismaël.
Il leur rappelle la miséricorde de Dieu qui les a conduits
dans une terre promise, les a instruits de l'alliance de pratiquer la
justice qui se rattache au pays, met en garde contre la perte de
liberté et de prospérité qui découle de
la désobéissance à Dieu et les supplie de se
réconcilier avec leur frère Néphi, leur
gouverneur (1:1-27).
Après cette
exhortation, Léhi prononce des bénédictions
spécifiques sur tous ses descendants, que ce soit à
titre individuel ou comme groupes de familles. Ses bénédictions
contiennent des prophéties et des promesses au sujet du futur
de chaque individu ou groupe dans le pays de l’alliance et sont
suivies de recommandations « selon l’inspiration de
l'Esprit » (1:6). Ses instructions à Jacob et
Joseph, ses fils cadets, sont importantes d’un point de vue
doctrinal. Il parle à Jacob du plan du salut de Dieu pour ses
enfants, enseignant les principes qui sont fondamentaux pour la
compréhension de l'Évangile de Jésus-Christ,
notamment la doctrine de la rédemption par le Messie, la
nécessité de l'opposition et du libre arbitre, le rôle
de Satan et l'importance de la chute d'Adam et Ève (2:1-30).
Léhi instruit son fils Joseph sur les prophéties de son
ancêtre Joseph d'Égypte, qui a prédit la mission,
dans les derniers jours, d'un autre Joseph (le prophète Joseph
Smith) et la parution du Livre de Mormon (3:1-25).
Néphi 1, fils de
Léhi, est l’auteur de la section suivante, la seule
partie historique du document (4:12-5:34). Après avoir raconté
la mort de Léhi et la rébellion de Laman, de Lémuel
et des fils d'Ismaël (4:12-13), Néphi précise
qu'il tient deux annales : les grandes plaques, sur lesquelles
il écrit l'histoire profane, et les petites plaques, sur
lesquelles il écrit « ce qui est agréable à
Dieu » notamment beaucoup d’extraits des plaques
d’airain (4:14-15 ; 5:29-33).
En parlant du plaisir
qu’il a à méditer les Écriture et « les
choses du Seigneur », Néphi se sent poussé à
composer un beau psaume (4:16-35). Dans ces versets, tout comme le
Psalmiste biblique, Néphi utilise des images inspirantes et
des parallélismes poétiques pour louer Dieu de sa
bonté, se lamenter sur ses propres faiblesses et déclarer
sa dévotion au Seigneur.
Néphi clôture
cette section en racontant la division de la postérité
de Léhi en deux peuples distincts, les Néphites (les
croyants) et les Lamanites (les incroyants). Il décrit les
divisions théologiques, culturelles et géographiques
qui se produisent entre les partisans des frères, déplorant
le fait que dans les quarante années de leur séparation,
ils étaient en guerre (5:1-34).
Un sermon de Jacob
constitue la troisième inscription dans 2 Néphi
(chapitres 6-10), suivi de la quatrième et dernière
partie, un long discours écrit de Néphi (chapitres
11-33). Citant des parties substantielles d'Ésaïe, Néphi
et Jacob soulignent deux grands thèmes : l'histoire et le
futur du peuple de l'alliance de Dieu et la mission du Messie. Pour
son discours sur ces sujets, Néphi cite d’abord le texte
d'És. 2-14 dans 2 Né. 12-24 et les commente
ensuite aux chapitres 25-30, en intégrant des parties d'Ésaïe
29 dans ses commentaires. Jacob cite És. 50:1-52 :2 aux
chapitres 7-8. Apparemment, Joseph Smith a mis ces citations d'Ésaïe
dans l’anglais de la King James Version, mais avec beaucoup de
variantes reflétant la source néphite.
En citant Ésaïe
et en réfléchissant à son texte, Jacob et Néphi
se concentrent sur des événements tels que la captivité
babylonienne et le retour (6:8-9 ; 25:10-11) ; l'apostasie,
la dispersion et l'oppression de la maison d'Israël et le
rassemblement de ses descendants dans les derniers jours, son
rétablissement par la conversion à l’Évangile
du Christ et l'établissement de Sion – des thèmes
qui les préoccupent à cause de leur propre ascendance
israélite (6:6-18 ; 8:1-25 ; 10:1-25 ;
25:14-17 ; 26:14-30:18). Ils prophétisent en outre la
destruction des méchants avant la seconde venue du Sauveur
suivie de l'ère de paix (12:1-22 ; 21:1-24 :3).
Dans leurs discours,
Jacob et Néphi parlent du ministère terrestre, du rejet
et de la crucifixion du Messie (6:9 ; 7:1-11 ; 9:1-54 ;
10:3-5 ; 17-19) et des principes fondamentaux de son
Évangile :
la foi, le repentir, le baptême et l'obéissance
(9:23-24 ; 31:1-21) ; ensuite ils prophétisent son
baptême, son sacrifice expiatoire et sa résurrection
suivie de son ministère parmi les Néphites, sa seconde
venue finale et le jugement dernier (9:5-27 ; 26:1-9 ;
31:4-12).
Au chapitre 29, Néphi
mentionne tout spécialement le désir du Seigneur que le
Livre de Mormon soit utilisé comme une « bannière »
par son peuple, conjointement avec la Bible (29:2), notant que
d'autres livres paraîtront. En clôturant les annales,
Néphi témoigne que les paroles qui s’y trouvent
sont les paroles du Christ, celles par lesquelles les lecteurs seront
jugés (33:10-15).
Bibliographie
Jackson, Kent P., dir. de
publ., Studies in Scripture, Vol. 7, p. 86-174. Salt Lake City, 1987.
McConkie, Joseph
Fielding, et Robert L. Millet. Doctrinal Commentary on the Book of
Mormon, Vol. 1, p. 182-376. Salt Lake City, 1987.
Nyman, Monte S., et
Charles D. Tate, dir. de publ.. The Book of Mormon : Second
Nephi, The Doctrinal Structure. Provo, Utah, 1989.
TERRY B. BALL
Livre
de Mormon : Livre de Jacob
Auteur :
WILLIAMS, CLYDE J.
Écrite par Jacob,
cinquième fils de Léhi, peu après 545 av. J.-C.,
l’œuvre suit le modèle donné par Néphi
1 pour porter des inscriptions sur les petites plaques :
inclusion de sermons sacrés, de révélations
importantes, de prophéties et de quelques données
historiques. Jacob, prophète néphite, écrit pour
persuader tous les hommes de « venir au Christ »
(Jacob 1:7).
Le livre semble avoir été
écrit en trois étapes. La première est un
discours important de Jacob au temple, dans lequel il appelle son
peuple à se repentir de l'immoralité, du matérialisme
et de l'orgueil (chapitres 2-3). Il conseille aux hommes et aux
femmes d’être généreux de leurs biens,
promettant que, s’ils cherchent le royaume de Dieu avant de
rechercher la richesse, ils auront en bénédiction
suffisamment de richesse pour aider les autres (2:17-19). Il met
vivement son peuple en garde contre les péchés
d'immoralité parce que beaucoup ont transgressé la loi
de chasteté, notamment en pratiquant une polygamie non
autorisée par le Seigneur (2:30). Il rappelle à ses
auditeurs que le Seigneur « [fait ses délices] de
la chasteté des femmes » et que les péchés
des hommes ont brisé le cœur de leurs femmes et de leurs
enfants (2:22-35).
La deuxième partie
contient des prophéties sur l'expiation du Christ, le rejet de
Jésus de Nazareth par beaucoup de juifs et la dispersion et le
rassemblement d'Israël (chapitres 4-6). Jacob désire que
les générations ultérieures « sachent
que nous [avons] connaissance du Christ et que nous [avons]
l’espérance de sa gloire bien des centaines d’années
sa venue » (4:4). L’élément principal
de cette section est la citation par Jacob de l'allégorie des
oliviers francs et sauvages (chapitre 5). Conçue par Zénos,
un prophète israélite dont les écrits sont
conservés sur les plaques d'airain, cette allégorie
donne sous forme de récit symbolique l'histoire prophétique
de la dispersion et du rassemblement d'Israël, y compris les
descendants de Léhi, depuis la fondation d'Israël jusqu'à
la fin de la terre.
La troisième
section raconte la rencontre de Jacob avec un antéchrist
appelé Shérem qui, avec habileté et un art
consommé de la parole, essaie, par la flatterie et la
tromperie, d’éloigner le peuple de la foi au Christ
(7:1-4). Shérem accuse Jacob de blasphème et de fausse
prophétie et essaie de convaincre le peuple qu'il n'y aura pas
de Christ. Il finit par être confondu par Jacob et, après
avoir cherché un signe, est frappé par Dieu et meurt
peu après (7:7-8, 13-20). Débarrassé des
enseignements séparatistes de Shérem en sondant les
Écritures, le peuple de Jacob peut à nouveau connaître
la paix et l'amour de Dieu (7:23).
Bibliographie
Matthews, Robert J.
"Jacob : Prophet, Theologian, Historian." Dans The
Book of Mormon : Jacob Through Words of Mormon, dir. de publ..
M. Nyman et C. Tate, Provo, Utah, 1990..
CLYDE J. WILLIAMS
Livre
de Mormon : Livre d'Énos
Auteur :
ARNOLD, MARILYN
Suivant le modèle
donné par son père et ses prédécesseurs
(Jcb. 1:2-4 ; cf. En. 1:13-16), Énos, fils de Jacob, met
personnellement par écrit le témoignage et les
promesses prophétiques qui lui ont été
communiqués. Énos (v. 515-417 av. J.-C.) est une
personnalité qui touche le cœur. Il incarne la
conversion, la compassion, et la confiance devant le Seigneur. Tandis
qu'il chasse, les paroles de son père « concernant
la vie éternelle et la joie des saints pénétraient
profondément [son cœur] » et son « âme
était affamée » (1:3-4). Toute la journée
et jusque dans la nuit il « lutte… devant Dieu »
en une « supplication fervente » jusqu'à
ce qu'il reçoive le pardon de ses péchés. Il
prie successivement pour son propre bien-être, pour celui de
ses frères, les Néphites, qui s’éloignent
trop facilement de la justice, et puis pour le bien-être de ses
frères les Lamanites, qui sont devenus de plus en plus féroces
et sauvages. Énos reçoit une déclaration
d'alliance du Seigneur que les annales néphites seront
apportées aux Lamanites. Il sait avec certitude qu'il aura la
joie de voir le visage de son Rédempteur et qu’il
recevra une place dans les demeures du Père (1:27). MARILYN
ARNOLD
Livre
de Mormon : Livre de Jarom
Auteur :
ARNOLD, MARILYN
Jarom, fils d'Énos,
fait un bref résumé de l’évolution des
Néphites de son vivant (v. 440-355 av. J.-C.). À deux
reprises il justifie la brièveté de son récit,
prétextant le manque de place et le peu de doctrine nouvelle à
ajouter aux paroles de ses prédécesseurs. Faisant
apparaître une ère de conservatisme strict dans la
colonie florissante, Jarom raconte les grands efforts faits par les
Néphites pour observer la loi de Moïse et annoncer la
venue du Messie. En dépit de leur supériorité
numérique, les Lamanites échouent dans leurs attaques
fréquentes contre les Néphites prospères et
Jarom attribue les succès des Néphites aux prophètes,
aux prêtres et aux instructeurs qui les poussent
continuellement au repentir. MARILYN ARNOLD
Livre
de Mormon : Livre d'Omni
Auteur :
ARNOLD, MARILYN
Ce livre conclut et
remplit les petites plaques de Néphi. Il contient de brèves
déclarations par une succession de gardiens des annales qui
étaient descendants de Jacob mais n’étaient
apparemment pas des dirigeants spirituels : Omni, Amaron,
Chémish, Abinadom et Amaléki (IVe-IIe siècles
av. J.-C.). Amaléki, dont le récit est le plus long des
cinq, décrit la transition importante qui se produit dans
l'histoire du Livre de Mormon quand Mosiah 1 dirige la fuite d’un
groupe de Néphites fidèles du pays de Néphi vers
Zarahemla (v. 200 av. J.-C.). Ils y découvrent les descendants
d'un groupe qui a quitté Jérusalem avec Mulek, mais qui
a perdu sa religion et sa langue. Amaléki relie la corruption
de sa langue à l'absence de documents écrits, montrant
l'importance de la conservation des annales. Mosiah apporte les
plaques d’airain contenant « les annales des Juifs »
(Om. 1:14), notamment les lois que les rois sont tenus de respecter
en vertu de la loi de Moïse (voir De. 17:18-19). Il est accepté
comme roi de ces deux peuples et va régner une génération.
Amaléki survit à Mosiah mais n'a pas d’héritier.
Il transfère donc ses annales au roi Benjamin, fils de Mosiah.
MARILYN ARNOLD
Livre
de Mormon : Paroles de Mormon
Auteur :
RICKS, ELDIN
Mormon est occupé
à faire son abrégé des grandes plaques de Néphi
1 quand il découvre les petites plaques de Néphi, des
annales prophétiques du début de l'histoire néphite
(P de M 1:3). Profondément impressionné par les
prophéties messianiques qu'il trouve sur les petites plaques
et en réponse à « l’inspiration de
l'Esprit », Mormon annexe ce jeu de plaques à son
résumé (P de M 1:4-7). Mais étant donné
que ces annales finissent quelques années avant que le livre
de Mosiah ne commence (v. 130 av. J.-C.), Mormon s’octroie des
prérogatives d'éditeur et annexe ce post-scriptum
historique aux petites plaques pour rattacher sa conclusion à
l'ouverture du livre de Mosiah. Cette annexe, appelée Paroles
de Mormon, sera écrite vers 385 apr. J.-C. ELDIN RICKS
Livre
de Mormon : Livre de Mosiah
Auteur :
GOFF, ALAN
Le livre de Mosiah est
religieusement riche, symboliquement significatif, chronologiquement
complexe et politiquement important. Bien que ses événements
disparates aillent de 200 à 91 av. J.-C., ils sont unifiés
en particulier par le thème de la délivrance et par le
règne du roi néphite Mosiah 2.
Plusieurs groupes
ressortent dans cette histoire : (1) le gros des Néphites
sous le roi Benjamin et son fils Mosiah 2 ainsi que le peuple de
Zarahemla (Mulékites), dont le nombre dépasse celui de
ses gouverneurs et voisins néphites ; (2) le peuple de
Zénif, qui a échoué dans sa tentative de
réoccuper la patrie néphite, le pays de Néphi ;
et (3) le peuple d'Alma 1, qui s’est détaché du
peuple de Zénif et est devenu le peuple d'Alma, disciple du
prophète martyrisé Abinadi. Les deux derniers groupes
retournent à Zarahemla peu de temps après que Mosiah
est devenu roi.
Le livre de Mosiah est
tiré de plusieurs sources textuelles sous-jacentes : le
discours de Benjamin (124 av. J.-C.) ; les annales de Zénif
(v. 200-120 av. J.-C.), contenant le compte rendu du procès
d'Abinadi par Alma (v. 150 av. J.-C.) et de son peuple (v. 150-118
av. J.-C.) et les annales de Mosiah (124-91 av. J.-C.).
LE DISCOURS DE BENJAMIN
(CHAPITRES 1-6). Le couronnement de Mosiah a lieu selon des
dispositions semblables à l’assemblée israélite
traditionnelle au temple, avec les sacrifices, le renouvellement des
alliances, les confessions, les déclarations concernant le
sang expiatoire du Christ et l’invitation à servir Dieu
et à aider les pauvres. Benjamin décède et
Mosiah règne. Il autorise l'expédition d'Ammon pour
retrouver le peuple de Zénif (7:1-8 :21).
ANNALES DE ZÉNIF
(CHAPITRES 9-22). Retour en arrière de soixante-quinze ans.
Zénif a fondé sa colonie ; il a combattu dans deux
guerres et son fils, le méchant Noé, lui a succédé.
À deux reprises, le prophète Abinadi lance une
condamnation contre Noé ; il répète les dix
commandements, cite Ésaïe 53 et discourt sur l'expiation
de Jésus-Christ et sur la résurrection. Tandis qu’il
subit la mort par le feu, il prophétise que sa mort préfigure
celle de Noé. Alma 1, l’un des prêtres de Noé,
croit en la prédication d’Abinadi, s’enfuit dans
le désert et rassemble un groupe de convertis qui ont échappé
ensemble aux soldats de Noé. Entre-temps, un officier de
l’armée appelé Gédéon s’oppose
à Noé, les Lamanites attaquent et Noé s’enfuit
et est plus tard exécuté par son propre peuple de la
façon prédite par Abinadi. Il reste Limhi, fils de Noé,
qui va régner plusieurs années en tant que roi vassal
asservi aux Lamanites. À la longue, Limhi et son peuple sont
délivrés et s’échappent vers Zarahemla.
ANNALES D'ALMA (CHAPITRES
23-24). Les disciples d'Alma 1 pratiquent le baptême et mettent
fortement l'accent sur l'unité, l’amour mutuel et le
refus des querelles. Dans un discours qui présage les derniers
mots de Mosiah établissant le règne des juges, Alma 1
refuse de devenir roi, voulant que son peuple ne soit asservi à
personne. Néanmoins, ils tombent sous la servitude cruelle des
Lamanites, maintenant dirigés par certains des anciens
collègues d'Alma, les méchants prêtres de Noé.
Plusieurs années plus tard, le peuple d'Alma est
miraculeusement délivré.
ANNALES DE MOSIAH
(CHAPITRES 25-29). Les Néphites, le peuple de Zarahemla
(Mulékites), le peuple de Limhi et le peuple d'Alma 1 sont
unifiés sous Mosiah comme roi, avec Alma comme grand prêtre.
Alma reçoit l'autorité d’organiser et de
réglementer les Églises, mais beaucoup de membres
apostasient et persécutent les justes. Parmi les méchants,
il y a son fils Alma 2 et les quatre fils de Mosiah. Quand un ange du
Seigneur leur apparaît, ils se repentent et se convertissent.
Mosiah traduit les annales jarédites, passe les annales
néphites et les objets sacrés à Alma 2 et
installe Alma 2 comme premier grand juge selon la voix du peuple.
Les récits du
livre de Mosiah mettent l’accent sur le thème de la
délivrance de la servitude, qu’elle soit physique ou
spirituelle. Dans son discours, Benjamin parle de délivrance
spirituelle par le sang expiatoire du Christ, soulignant la
dépendance de l'humanité à l'égard Dieu
et sa responsabilité vis-à-vis des pauvres (les deux
thèmes ou symboliques sont créés de la même
façon dans la Bible par la tradition de l'Exode). Le récit
de la conversion d'Alma 2 est un cas remarquable de délivrance
de la servitude spirituelle par l’invocation du nom de
Jésus-Christ (Mos. 27 ; Al. 36). Deux groupes sont
délivrés de la servitude et de l'oppression physiques :
le peuple de Limhi et les convertis d'Alma après leur
asservissement par les Lamanites. Comme dans l'Exode, ils invoquent
le Seigneur, qui les entend et les délivre de la servitude. Un
émissaire appelé Ammon compare expressément la
délivrance du peuple de Zénif à l'exode d'Israël
hors d'Égypte et à celui de Léhi hors de
Jérusalem (Mos. 7:19-22, 33).
Le livre de Mosiah
élabore plusieurs paires de comparaisons d’une manière
semblable à une technique littéraire souvent employée
dans la Bible : Alma 1 et Amulon sont des exemples de bons et de
mauvais prêtres ; Benjamin et Noé sont des exemples
contrastants de royauté noble et de royauté corrompue.
Mosiah cite le contraste extrême entre ces rois à la fin
de son règne pour expliquer pourquoi il est sage de passer,
dans le gouvernement des Néphites, de la royauté à
un règne de juges (Mos. 29).
Les annales jarédites
sont mentionnées trois fois (Mos. 8:9 ; 21:27 ;
28:11-19). Pour essayer d'obtenir l'aide de la colonie de Mosiah,
Limhi lance une expédition d’exploration qui ne trouvera
pas Mosiah, mais tombera sur des restes humains, des armes de guerre
et vingt-quatre plaques d'or. L’expédition remet ces
annales à Limhi, qui va les donner à Mosiah, lequel va
les traduire à l’aide de deux pierres appelées
« interprètes ». Les annales racontent
la naissance et la chute des Jarédites.
Bibliographie
Tate, George S. "The
Typology of the Exodus Pattern in the Book of Mormon." dans
Literature of Belief, dir. de publ. N. Lambert, p. 245-266. Provo,
Utah, 1981.
Thomasson, Gordon C.
"Mosiah : The Complex Symbolism and the Symbolic Complex of
Kingship in the Book of Mormon" F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah,
1982.
Tvedtnes, John A. "King
Benjamin and the Feast of Tabernacles". Dans By Study and Also
by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2, p. 197-237.
Salt Lake City, 1990.
ALAN GOFF
Livre
de Mormon : Livre d'Alma
Auteur :
BROWN, CHERYL
Le livre d'Alma est le
livre le plus long du Livre de Mormon. Il a été abrégé
par Mormon, principalement à partir des annales de trois
hommes, Alma 2 (chapitres 1-16, 27-44), Ammon (chapitres 17-26) et le
fils d’Alma, Hélaman 1 (chapitres 45-62) et conclut avec
des réflexions de Mormon (chapitre 63). Son thème
général est que la prédication de la parole de
Dieu avec un témoignage pur est plus puissante que la
politique ou l'épée pour assurer la paix, la justice,
l'égalité et la bonté (Al. 4:19 ; 31:5). Le
livre démontre ce thème par des exemples répétés
de personnes qui sont converties à la foi au Sauveur prédit,
Jésus-Christ, et des exemples de gens à qui Dieu donne
la victoire sur leurs ennemis méchants et ambitieux.
Le livre d'Alma couvre
trente-neuf ans (91-52 av. J.-C.). Les quatorze premières
années sont couvertes par deux récits parallèles
englobant les enseignements et les activités d'Alma 2, qui
démissionne de sa fonction de juge pour se livrer à
l'œuvre missionnaire au pays de Zarahemla (chapitres 1-16), et
l'autre contenant les paroles et les actes des fils du roi Mosiah 2
et de leurs compagnons, qui font des sacrifices personnels
considérables pour essayer de prêcher l'Évangile
parmi les Lamanites (chapitres 17-26).
La première
section commence par le procès de Néhor devant le grand
juge Alma ; Néhor sera condamné et exécuté
pour avoir commis le crime d'imposer les intrigues de prêtres
par l'épée (chapitre 1). Alma mène ensuite une
guerre civile contre les disciples de Néhor et l’emporte
(chapitres 2-4), mais il abandonne bientôt la fonction de juge
pour se consacrer à plein temps au ministère. Il fait
des sermons puissants aux villes de Zarahemla (chapitres 5-6), Gédéon
(chapitre 7), et Mélek (chapitre 8) et se rend à la
ville méchante d'Ammonihah où il est chassé,
mais un ange lui commande d’y retourner. À Ammonihah
pour deuxième fois, il rencontre et est aidé par
Amulek, qui a été chargé par un ange de trouver
Alma (chapitre 8). Bien qu'ils doivent affronter un docteur de la loi
habile appelé Zeezrom, ils finissent par en convertir
beaucoup, dont Zeezrom. Cependant, leurs convertis masculins sont
expulsés de la ville et Alma et Amulek sont mis en prison et
forcés d’être témoins de la mise à
mort par le feu des femmes et des enfants de leurs convertis. Alma et
Amulek seront délivrés quand un tremblement de terre
détruira la prison et tuera leurs geôliers (chapitres
9-14). Peu après, cette ville apostate est annihilée
par une invasion lamanite (chapitre 16).
Pendant les quatorze
mêmes années, les fils de Mosiah et leurs compagnons
sont dans le pays situé du côté du sud. Ammon se
rend au pays d’Ismaël et, grâce à la façon
dont il sert le roi Lamoni et à l’amour qu’il lui
porte, il convertit le roi et beaucoup de son peuple (chapitres
17-19), à qui il enseigne à pratiquer la loi de Moïse
dans l’attente de la venue du Christ (Al. 25:15). Ammon et
Lamoni iront ensuite au pays de Middoni libérer ses collègues
missionnaires de prison. En cours de route, ils affrontent le père
de Lamoni, roi de tous les Lamanites, qui a recours à l'épée.
Ammon résiste à ses coups, prend le dessus sur le roi
et lui fait promettre d’accorder la liberté à ses
frères et l'autonomie pour Lamoni et son peuple (chapitre 20).
Une fois libérés, Aaron, frère d'Ammon, et ses
compagnons vont chez le père de Lamoni, l’instruisent et
le convertissent, lui, sa maison et beaucoup de son peuple. Ces
Lamanites convertis, ne tenant pas à ce que la culpabilité
de leurs crimes sanglants antérieurs ne revienne sur eux, font
le serment de ne plus jamais verser le sang (chapitre 23). D'autres
Lamanites et des dissidents néphites attaquent ces convertis
et en tuent 1.005, qui ne voulaient pas se défendre à
cause de ce serment. Beaucoup parmi les agresseurs lamanites (mais
pas les dissidents néphites) éprouvent du remords pour
ce qu’ils ont fait, déposent les armes et se
convertissent aussi (chapitres 24-25). Par la suite, Ammon conduira
ces convertis, appelés Anti-Néphi-Léhis, en
territoire néphite, où ils s’installeront au pays
de Jershon (chapitre 27). Les Lamanites restés en arrière
se mettent en colère contre les Néphites et attaquent
et détruisent Ammonihah (Al. 25:1-2 ; décrit plus
en détail dans Al. 16:1-11).
Après ces
événements, Korihor, un antéchrist et
propagandiste de doctrines blasphématoires, défie Alma,
grand prêtre, à la cour du grand juge, où il
demande un signe de Dieu, est frappé de mutisme et meurt peu
de temps après (chapitre 30). Après cela, Alma part à
la tête d’une délégation prêcher aux
Zoramites, un groupe néphite dissident. Beaucoup de Zoramites
victimes de la pauvreté sont reconvertis et expulsés
par les autres Zoramites. Les non-convertis s’empressent de
s’allier aux Lamanites, attaquent les Néphites et sont
battus (chapitres 31-35, 43-44).
Les chapitres qui
traitent tout particulièrement d’Alma contiennent
également ses bénédictions et ses instructions à
ses trois fils (chapitres 36-42) et le récit de sa disparition
(son enlèvement au ciel, chapitre 45). Le livre d'Alma finit
par les récits détaillés faits par Hélaman
1 d'autres guerres entre les Néphites et les Lamanites
(chapitres 43-62). Le chapitre final (chapitre 63) annonce le décès
de Pahoran, de Moroni, de Hélaman et de son frère
Shiblon, qui marque la fin de cette ère de domination juste
des Néphites à Zarahemla. Il parle aussi de Hagoth,
constructeur de navires qui transporte des gens vers le nord et dont
on n’entendra plus jamais parler après son deuxième
départ.
Le livre d'Alma couvre
une période critique de l'histoire néphite, les
premières années du règne des juges néphites.
La survie de cette forme de gouvernement sur base populaire est
menacée plusieurs fois au cours du livre. Cela commence quand
Amlici, disciple de Néhor, cherche à devenir roi. Elle
est de nouveau menacée quand les Zoramites (décrits
ci-dessus) font défection. D’autres conflits
apparaissent quand le Zoramite Amalickiah persuade beaucoup de juges
inférieurs de le soutenir comme roi. Un général
appelé Moroni rallie les troupes néphites en
brandissant une bannière qu'il appelle Titre de la liberté ;
elle proclame la nécessité de se rappeler et de
défendre leur Dieu, leur religion, leur liberté, leur
paix, leurs épouses et leurs enfants. Amalickiah et
quelques-uns de ses hommes se sauvent chez les Lamanites où,
par la trahison et le meurtre, il devient roi et entraîne les
Lamanites dans une longue guerre contre les Néphites.
Amalickiah est tué après sept ans de guerre, mais les
guerres continuent encore pendant six autres années sous son
frère Ammoron. Ces années deviennent particulièrement
périlleuses pour les Néphites quand des
« hommes-du-roi » apparaissent à
Zarahemla et expulsent le gouvernement néphite de la capitale
(traité dans CWHN 8:328-79). Moroni est obligé de
quitter le front pour reprendre la capitale avant de pouvoir
concentrer toute son attention sur la victoire sur les Lamanites.
Dans chaque cas, les Néphites finissent par l’emporter
et rendent grâces et louanges à Dieu.
Dans le livre d'Alma, la
démarcation entre les nations néphite et lamanite le
long de frontières ancestrales devient floue. Plusieurs
groupes de Néphites-Amlicites (chapitres 2-3), de Zoramites
(chapitres 31-35, 43), d’Amalickiahites (chapitres 46-62) et
d’hommes-du-roi (chapitres 51, 61) rejettent les principes
religieux néphites et rejoignent les Lamanites afin d'essayer
de renverser le gouvernement néphite. Plusieurs groupes
lamanites – les Anti-Néphi-Léhis (chapitres
17-27), les convertis de l'armée qui a marché contre
les Anti-Néphi-Léhis (chapitre 25) et certains soldats
lamanites capturés par Moroni (chapitre 62) – adoptent
l'Évangile et le mode de vie néphite et vont vivre
parmi eux. Vers la fin du livre, ces populations se distinguent plus
par leur idéologie que par leur lignage. Ceux qui désirent
le gouvernement par « la voix du peuple » et
adoptent les enseignements de l'Évangile sont comptés
parmi les Néphites, alors que ceux qui s’y opposent s
sont appelés Lamanites.
On trouve beaucoup
d’enseignements religieux importants dans le livre d'Alma. Alma
5 est un discours prononcé par Alma appelant le peuple de la
ville de Zarahemla à se repentir et enseignant à tous
les disciples du Christ à juger de l'état de leur
ancienne nouvelle naissance spirituelle et de leur bien-être
actuel. Alma 7, prononcé devant la ville juste de Gédéon,
enseigne aux croyants à faire de l'expiation du Christ une
réalité dans leur vie. Les chapitres 12 et 13
expliquent les mystères de la rédemption, de la
résurrection et de la prêtrise selon l'ordre du Fils de
Dieu. Alma 32 et 33 sont un sermon fait par Alma aux Zoramites
pauvres, expliquant la façon correcte de prier, le rapport
entre l'humilité et la foi en Jésus-Christ et le
processus par lequel on augmente la foi. Alma 34 est le discours
d'Amulek sur la nécessité du « sacrifice
infini et éternel » fait par le Fils de Dieu.
Amulek y enseigne aussi au peuple comment prier et lui dit comment
vivre de telle sorte que ses prières ne soient pas vaines.
Alma enseigne à
ses fils la confiance en Dieu en racontant sa conversion personnelle
(chapitre 36). Il donne aussi des instructions sur la tenue des
annales sacrées et explique comment les desseins de Dieu sont
accomplis par de petits moyens (chapitre 37). Il enseigne le
caractère mauvais du péché sexuel (chapitre 39),
la nature de la résurrection et du rétablissement
(chapitres 40-41), le but et les conséquences de la chute
d'Adam, notamment la mort spirituelle et temporelle et le rapport
entre la justice et la miséricorde (voir le chapitre 42).
Les chapitres traitant
des guerres comportent des exemples de raisons justifiant la guerre
(chapitre 48), parallèlement à l'exemple du pouvoir
protecteur de la foi exercée par les jeunes guerriers qui se
battent sous Hélaman et dont aucun ne meurt au combat, parce
qu’ils croient aux enseignements de leurs mères que
« Dieu les délivrerait » (Al. 56:47-48).
De façon générale,
le livre d'Alma enseigne par des récits vifs et détaillés
comment l'ambition personnelle peut mener à l'apostasie et à
la guerre et montre comment le Seigneur rassemble son peuple par la
prédication de l'Évangile du Christ et le délivre
en justice de l'agression.
Bibliographie
Pour des essais sur Alma
le Jeune, Ammon, le roi Lamoni, Ammonihah, la sophistique de Korihor,
Amlici, plusieurs dissidents, le capitaine Moroni, les grands juges
néphites et d'autres figures du livre d'Alma, voir Jeffrey R.
Holland, The Book of Mormon : It Begins with a Family, p.
79-170. Salt Lake City, 1983.
CHERYL BROWN
Livre
de Mormon : Livre d’Hélaman
Auteur :
CHEESMAN, PAUL R.
Le livre d’Hélaman
raconte l'une des périodes les plus tumultueuses de l'histoire
des Néphites et des Lamanites (52-1 av. J.-C.). Le récit
se concentre sur les difficultés inattendues (par exemple,
l'invasion et l’occupation sans précédent du pays
de Zarahemla par les Lamanites relatée aux chapitres 4 et 5)
et les résolutions inattendues qui viennent de Dieu (par
exemple, le retrait des forces lamanites résultant directement
de l'œuvre missionnaire de deux fils d’Hélaman,
Néphi 2 et Léhi, dans 5:49-52).
Ce livre doit son nom à
son premier auteur, Hélaman 2, fils d’Hélaman 1.
Les autres personnes qui participent à l’élaboration
des annales sont Néphi et Léhi, fils d’Hélaman
2 (16:25), et Mormon, rédacteur principal du Livre de Mormon,
qui ajoute le commentaire politique et religieux.
Le récit s'ouvre
après qu’Hélaman a reçu de son oncle
Shiblon la garde des annales néphites (Al. 63:11) la
quarantième année du règne des juges (v. 52 av.
J.-C. ; Hél. 1:1). Le récit se répartit en
six sections principales : les annales d’Hélaman
(chapitres 1-3), les annales de Néphi (chapitres 4-6), la
prophétie de Néphi (chapitres 7-11), les réflexions
rédactionnelles de Mormon sur la puissance de Dieu (chapitre
12), la prophétie de Samuel le Lamanite (chapitres 13-15) et
une brève déclaration sur la période de cinq ans
précédant la naissance de Jésus (chapitre 16).
Plusieurs discours religieux sont intégrés au récit,
notamment les exhortations d’Hélaman à ses fils
(5:6-12), le psaume de Néphi (7:7-9), le sermon fait par Néphi
du haut de la tour de son jardin (7:13-29 ; 8:11-28), la prière
de Néphi (11:10-16) et le long discours de Samuel du haut des
murs de Zarahemla (13:5-39 ; 14:2-15:17).
La personne la plus en
vue mentionnée dans le livre est sans aucun doute Néphi
2. Après avoir démissionné de son poste de grand
juge, Néphi, en compagnie de son frère Léhi, va
se consacrer entièrement à la prédication du
message de l'Évangile (5:1-4). Sa défense de la
providence de Dieu affirme le pouvoir de la prophétie
(8:11-28) et, à un niveau pratique, conduit à la
condamnation du meurtrier du grand juge (9:21-38). Le Seigneur lui
confie le pouvoir de sceller les cieux de sorte qu'aucune pluie ne
tombe (10:4-11), un pouvoir que Néphi utilise pour provoquer
la fin des conflits et de la perversion civils (11:1-18).
L'apparition des brigands
de Gadianton (1:9-12 ; 2:3-11), une société
hostile et secrète au sein du corps politique des Néphites
et des Lamanites est incontestablement l’événement
le plus décourageant et le plus inquiétant de ces
cinquante et une années. Mormon informe ses lecteurs de la
nature de l'organisation (6:17-30) et de son impact débilitant
sur la société (2:13-14 ; 6:38-39 ;
11:24-34).
Par contraste avec ces
observations désespérantes, il y a l’un des
thèmes centraux du livre : l'ascendant étonnant
des Lamanites dans le domaine spirituel. Les Néphites se font
écraser en 35 av. J.-C. par une armée lamanite menée
par des dissidents néphites et ne réussissent pas à
récupérer les territoires perdus (4 :5-10). Néphi
et Léhi vont alors chez les Lamanites prêcher l'Évangile
(5:16-20). Le succès remarquable avec lequel ils convertissent
leurs auditeurs au Christ leur vaut d’être jetés
en prison (5:21). Mais dans un déversement extraordinaire de
l'Esprit de Dieu, tous ceux qui sont dans la prison sont convertis,
un événement qui provoque un revirement spirituel chez
les Lamanites et, en fin de compte, le retrait des forces militaires
lamanites des terres néphites (5:22-52). À partir de ce
moment-là, ce sont les Lamanites qui accomplissent l’œuvre
de l'Église, prêchant tant aux Néphites qu’à
leur propre peuple (6:1-8, 34-36).
Presque trente ans après
(v. 6 av. J.-C.), un prophète lamanite appelé Samuel
prophétise à Zarahemla. Il condamne la décadence
de la société néphite et met en garde contre la
destruction des individus et de la société (13:5-39, en
particulier 38 ; 14:20-15:3). Il prophétise aussi que des
signes visibles sur le continent américain accompagneront la
naissance et la mort de Jésus (14:2-25). Il déclare que
l’Expiation a le pouvoir de racheter l'humanité de la
chute d'Adam et de réaliser la Résurrection. Il parle
enfin de la justice des Lamanites et des promesses de Dieu à
leur égard dans les derniers jours (15:4-16).
Bibliographie
Jackson, Kent P., dir. de
publ. Studies in Scripture, vol. 8, p. 92-124. Salt Lake City, 1988.
PAUL R. CHEESMAN
Livre
de Mormon : Trois Néphi
Auteur :
PAUL, CHARLES RANDALL
Le livre de 3 Néphi
est le point culminant historique et spirituel du Livre de Mormon. Il
se concentre sur trois avènements de Jésus :
d'abord, comme l’enfant né à Bethléhem ;
en second lieu, comme Seigneur ressuscité visitant les
Néphites ; et troisièmement, à sa seconde
venue comme juge final à la fin du monde. Dans l’année
qui suit les destructions dévastatrices qui se sont produites
moment de sa crucifixion, Jésus ressuscité descend
parmi un groupe de justes dans la ville néphite d’Abondance.
Il se révèle sans aucun doute possible comme le
Seigneur et Sauveur du monde, expose son Évangile et établit
son Église.
Néphi 3, l'auteur
du livre, est le chef religieux d'un groupe ethniquement mélangé
de Néphites et de Lamanites à l'époque de la
naissance du Christ. Son livre couvre les événements
allant de ce moment-là à 34 apr. J.-C. Il est évident
que Mormon a copié in extenso dans son abrégé
une grande partie du texte de Néphi.
Les annales de Néphi
commencent au moment où l'accomplissement des prophéties
messianiques de Samuel le Lamanite sauve miraculeusement les croyants
de menaces de persécutions anti-messianiques. Les signes de la
naissance de Jésus apparaissent : une nuit sans obscurité
et une nouvelle étoile, ce qui donne raison à la foi de
ceux qui ont cru aux prophéties que Jésus viendrait au
monde (chapitre 1).
Après ces signes,
beaucoup sont convertis à l’Église dirigée
par Néphi. D'autre part, la cupidité, la recherche du
plaisir et l'orgueil augmentent radicalement et le gouvernement ne
tarde pas à être infiltré par une corruption
organisée qui cause une anarchie complète et une
désintégration du peuple en tribus familiales et en
bandes de brigands. Les attaques incessantes de ces bandes harcèlent
les Néphites, qui finissent par abandonner leurs propriétés
et se regroupent en un seul corps avec assez de provisions pour
subsister pendant sept ans. Les Néphites l’emportent
finalement, mais ces perturbations et cette méchanceté
causent l'effondrement du gouvernement central. Bien que la plupart
des gens rejettent les avertissements et les miracles de Néphi
3, il baptise et ordonne ceux qui croient et le suivent (chapitres
2-7).
Les croyants commencent à
attendre les signes désastreux de la mort du Christ, également
prophétisés par Samuel. Un orage violent se produit
ainsi que des tremblements de terre massifs qui démolissant
beaucoup de villes, tuent des milliers de méchants et laissent
pendant trois jours de deuil les survivants plus justes dans une
épaisse vapeur de ténèbres. Une fois que le
tumulte s’apaise, la voix de Jésus-Christ se fait
entendre dans les ténèbres, exprimant sa tristesse pour
les morts impénitents et son espoir que ceux qui ont été
épargnés le recevront, lui et sa rédemption. Il
annonce que son sacrifice a mis fin à la nécessité
des sacrifices sanglants pratiqués en vertu de la loi de Moïse
(chapitres 8-10).
Plus tard, revêtu
d’un blanc rayonnant, le Christ ressuscité va descendre
montrer ses plaies, guérir, enseigner et ordonner des
dirigeants pour son Église. Le premier jour de plusieurs de
ces visites, Jésus apparaît à un groupe de 2.500
hommes, femmes et enfants rassemblés au temple d’Abondance.
Il ordonne douze disciples et leur donne le pouvoir de baptiser et de
conférer le don du Saint-Esprit ; il enseigne au peuple
les principes, les ordonnances et les commandements de son
Évangile ;
il explique qu'il a accompli la loi de Moïse ; il guérit
les malades et bénit leurs familles. Il annonce son projet de
se montrer à d'autres personnes encore inconnues alors des
Juifs et des Néphites. Finalement, il contracte une alliance
avec eux. Le peuple promet de garder les commandements qu'il lui a
donnés et il bénit pour lui le sacrement du pain et du
vin en souvenir de son corps ressuscité qu'il lui a montré
et du sang par lequel il a accompli l'Expiation (chapitres 11-18).
Le matin du deuxième
jour, les disciples baptisent les fidèles et leur confèrent
le don du Saint-Esprit et ils sont environnés d’anges et
du feu du ciel. Jésus apparaît de nouveau et fait trois
prières merveilleuses, explique l'alliance de Dieu avec Israël
et son accomplissement promis, passe en revue et corrige quelques
points des Écritures néphites et prédit les
événements du monde futur, citant les prophéties
d'Ésaïe, de Michée et de Malachie. Il inspire même
les bébés à révéler « des
choses merveilleuses » (3 Né. 26:16). Ensuite
il explique l'histoire passée et future du monde, en
soulignant le fait que le salut sera accordé à tous
ceux qui le suivent (chapitres 19-26).
Une troisième
fois, Jésus apparaît aux douze disciples néphites
seuls. Il donne un nom à son Église et explique les
principes du jugement final. Trois des disciples sont transfigurés
et ont des visions célestes. Jésus accorde à ces
trois disciples leur souhait de rester sur la terre comme serviteurs
spéciaux jusqu'à la fin du monde (chapitres 27-28).
Le Christ revisite les
Néphites pendant une période prolongée et leur
dit qu'il visitera aussi les tribus perdues d'Israël.
Son Église grandit
en ayant tout en commun, sans riches ni pauvres. Cet état de
paix dure presque 180 ans et « assurément il ne
pouvait y avoir de peuple plus heureux » (4 Né.
1:16).
Mormon va écrire
son abrégé de 3 Néphi plus de trois cents
ans après les événements. Entre-temps, les
descendants des Néphites qui ont été si bénis
ont dégénéré et se livrent des guerres
génocidaires. Le témoignage final et sobre de Mormon à
ses futurs lecteurs parle de la venue du Seigneur dans les derniers
jours, qui, comme sa venue au pays d'Abondance, sera désastreuse
pour les impies mais glorieuse pour les justes (chapitres 29-30).
Le texte de 3 Néphi
entre dans plusieurs catégories. Tout d'abord, c'est un
testament chrétien, un évangile chrétien. Il
contient beaucoup de citations directes de Jésus et établit
sa nouvelle alliance. Mis par écrit sur un ton personnel
émouvant par un témoin oculaire participant à
des événements extrêmement tragiques et beaux, le
récit invite d'une façon convaincante le lecteur à
croire en l'Évangile de Jésus-Christ et à sentir
l'amour qu'il a pour tous.
Le texte a aussi été
comparé à la littérature pseudépigraphique
des quarante jours qui décrit le ministère du Christ
auprès des fidèles en terre sainte après sa
résurrection. D'autres ont vu dans les chapitres 11-18 un
rituel d'alliance qui amplifie fortement la signification du sermon
sur la montagne dans l'Évangile de Matthieu (Welch, p. 34-83).
Le récit ressemble également au message apocalyptique
des livres d’Énoch : Depuis le type et le but du
cataclysme initial jusqu’au caractère sublime de ses
révélations aux fidèles et à la création
d'une société juste, 3 Néphi est une
histoire de théodicée, de théophanie et de
théocratie.
Le texte donne des
instructions pratiques pour mener une vie sainte. Ce n'est pas un
texte exprimant un rêve utopique mais un manuel pratique de
commandements à accepter dans des ordonnances d’alliance
et à respecter strictement avec dévotion et une
consécration pure à Dieu. Ce n'est pas le genre de la
littérature de sagesse, pas simplement un livre de suggestions
morales pour une bonne vie. Il explique clairement l'Évangile
du Christ et rend les idéaux élevés du sermon
sur la montagne vivables par tous ceux qui reçoivent le
Saint-Esprit. Dotés de pouvoir par de véritables
ordonnances chrétiennes et les dons du Saint-Esprit, les
Néphites vont créer un paradis que ne surpassé
en justice que la Sion d’Hénoc.
Cette Sion fait bon
accueil à chacun, d’où qu’il vienne, de
quelque époque il vienne. Il promet des bénédictions
à « tous ceux qui ont le cœur pur »
qui vont au Christ (3 Né. 12:3-9, italiques ajoutés).
Ainsi, 3 Néphi invite tout le monde à accepter et
à vivre l'Évangile du Christ pour perfectionner la
société terrestre et à se joindre à la
Sion de tous les peuples justes passés et à venir de
sorte que, comme le dit Malachie, la terre ne soit pas « frappée
d’interdit » à la seconde venue du Christ
(JS–H 1:39). C'est l’exploit antique de Hénoc et
l’espoir moderne de Joseph Smith. Le texte ne traite pas du
royaume millénaire de Dieu et le Christ ne prie pas non plus
ici : « Que ton règne vienne. » Car
parmi ces heureux Néphites, il est déjà venu.
Livre
de Mormon : Quatre Néphi
Auteur :
REEVE, REX C.
Abrégé par
Mormon, ce bref récit contient les écrits de quatre
prophètes néphites (34-320 apr. J.-C.) : Néphi
4, fils de Néphi 3, qui était un disciple de Jésus
ressuscité, Amos, fils de Néphi 4 et Amos et Ammaron,
deux fils d’Amos. La première section de 4 Néphi
résume brièvement quatre générations de
paix, de justice et d'égalité qui ont résulté
de la conversion du peuple à l’Évangile de
Jésus-Christ après la visite du Sauveur ressuscité.
Par contre, la dernière section annonce la destruction future
de la nation néphite qui va suivre le rejet progressif et
conscient du message de l'Évangile.
4 Néphi
relate une époque inégalée dans la société
humaine où tout le monde suit les enseignements du Christ
pendant presque deux siècles. Ce que l’on retient le
plus dans le livre, c’est sa description du pouvoir social et
religieux de l'amour de Dieu qui a vaincu les querelles et les autres
maux sociaux et politiques (4 Né. 1:15-16). Le peuple
connaît un renouvellement urbain, une vie de famille stable,
l'unité dans l'Église et l'égalité
sociale et économique, ainsi que des miracles divins (1:3-13,
15-17). « Assurément il ne pouvait y avoir de
peuple plus heureux… créé par la main de Dieu »
(1:16).
Le livre annonce aussi
l'apostasie future de la majeure partie de la population par rapport
aux enseignements du Christ, introduisant un état de
méchanceté et de chaos qui va finir par mener à
une destruction totale. Selon le récit, le déclin
individuel et collectif va être progressif, étape par
étape, avec la perte de l'ordre social et religieux manifestée
dans des querelles, l'orgueil engendré par la prospérité,
les distinctions de classe avec une amplification des divisions
sociales, le rejet du Christ et de son Évangile et la
persécution de l'Église (1:24-46).
Bibliographie
Skinner, Andrew C. "The
Course of Peace and Apostasy." Dans Studies in Scripture, dir.
de publ. K. Jackson, vol. 8. Salt Lake City, 1988.
REX C. REEVE, Jr.
Livre
de Mormon : Livre de Mormon
Auteur :
REEVE, REX C.
Le bref livre de Mormon
(320-400/421 apr. J.-C.), à l’intérieur du Livre
de Mormon, raconte l'effondrement extraordinaire de la civilisation
néphite, comme cela a été prédit (1 Né.
12:19-20 ; Al. 45:10-14). Il consiste en l'abrégé
fait par Mormon de son histoire plus détaillée et plus
complète (Mrm. 1-6), en son exhortation finale aux futurs
Lamanites et aux autres restes de la maison d'Israël (chapitre
7), et dans les avertissements prophétiques de Moroni 2, fils
de Mormon, aux futurs lecteurs des annales (chapitres 8-9). Comme les
Néphites du temps de Mormon ont rejeté Jésus-Christ
et son Évangile, la superstition et la magie ont remplacé
la révélation divine (Mrm. 1:13-19). Une escarmouche à
la frontière (1:10) se transforme en guerre majeure, chassant
les Néphites de leurs terres traditionnelles (2:3-7, 16,
20-21). Après une paix négociée de dix ans, ils
repoussent une attaque lamanite, mais ils le font sans Mormon, ancien
commandant de l'armée néphite, qui a refusé
d’encore les diriger. La situation s’aggravant, Mormon
accepte à contrecœur de commander l'armée néphite
à Cumorah, où elles sont détruites (chapitres
3-6). Avec une angoisse intense, Mormon se lamente sur son peuple
massacré : « Ô belles créatures,
comment avez-vous pu rejeter ce Jésus qui se tenait, les bras
ouverts, pour vous recevoir ? » (6:17-22).
Mormon termine ses
annales en invitant les Lamanites et les autres restes de la maison
d'Israël à s’informer sur leurs ancêtres, à
déposer leurs armes de guerre, à se repentir de leurs
péchés et à croire que Jésus-Christ est
le Fils de Dieu. Ses paroles finales sont : « Si vous
croyez au Christ, et êtes baptisés, premièrement
d'eau, ensuite de feu et du Saint-Esprit… tout ira bien pour
vous au jour du jugement. Amen » (7:10).
Après la bataille
finale (385 apr. J.-C.), Moroni 2, solitaire et incertain de sa
propre survie, note la mort de son père et termine les annales
de celui-ci (8:1-5). Quinze ans plus tard (400 apr. J.-C.), Moroni
écrit que les survivants de son peuple ont été
pourchassés d'un endroit à l'autre jusqu'à ce
qu'il n'y en ait plus sauf lui. Il observe aussi que les Lamanites se
font la guerre et que tout le pays est témoin de continuelles
effusions de sang. Une deuxième fois il termine l’ouvrage
en promettant que ceux qui recevront ces annales dans le futur et ne
les condamneront pas apprendront des choses spirituelles plus grandes
(8:6-13).
Moroni va apparemment
revenir une troisième fois aux annales (entre 400 et 421 apr.
J.-C.). Après avoir eu une vision du futur (8:35), il témoigne
que les plaques du Livre de Mormon paraîtront par le pouvoir de
Dieu un jour où les gens ne croiront plus aux miracles. Les
combinaisons secrètes abonderont, les Églises seront
souillées et il y aura des guerres, des bruits de guerres, des
tremblements de terre et de la souillure sur la terre. Moroni lance
aussi des avertissements à ceux des derniers jours qui ne
croient pas au Christ et qu nient les révélations de
Dieu, s’opposant de ce fait aux œuvres du Seigneur
(8:14-9 :27). Il mentionne la difficulté de tenir des
annales, écrites comme elles l’étaient en
« égyptien reformé » (9:31-33 ;
cf. Ét. 12:23-25). Moroni termine le volume de son père
par le témoignage de la véracité de ses paroles
(9:35-37).
Bibliographie
MacKay, Thomas W. "Mormon
and the Destruction of Nephite Civilization." Dans Studies in
Scripture, dir. de publ. K. Jackson, vol. 8. Salt Lake City, 1988.
REX C. REEVE, Jr.
Livre
de Mormon : Livre d'Éther
Auteur :
TANNER, MORGAN W.
Le livre d’Éther
est le récit abrégé par Moroni 2 de l'histoire
des Jarédites, qui sont allés sur le continent
américain à l'époque de la « grande
tour » de Babel et ont vécu dans la région
plus tard connue sous le nom de « pays situé du
côté du nord » chez les Néphites, bien
avant la colonie de Léhi. Moroni raconte leur histoire, écrite
sur les vingt-quatre plaques d'or trouvées par le peuple de
Limhi et traduites par Mosiah 2 (Mos. 28:11-19). Éther,
dernier prophète des Jarédites et survivant de leur
annihilation, grave ces plaques peu après la destruction
finale de son peuple. On ne sait pas si Moroni s'est basé sur
la traduction de Mosiah ou s’il a retraduit entièrement
ou partiellement les annales jarédites. Moroni affirme
humblement n’avoir pas écrit « la centième
partie » des annales d’Éther (Ét.
15:33).
La structure du livre
d’Éther ressemble beaucoup au reste du Livre de Mormon.
Il parle de l'émigration d’un peuple par voie de terre
et de mer du Proche-Orient, de l’intervention de Dieu pour
conduire ce peuple par l’intermédiaire de prophètes,
de sa croissance, de sa prospérité et de sa chute, le
tout en rapport direct avec son obéissance aux commandements
du Seigneur dans sa terre promise. Moroni inclut le livre d’Éther
parce que son père Mormon avait projeté de le faire
(Mos. 28:19) mais pour une raison quelconque ne l’a pas fait.
Tous les deux connaissaient la valeur de ces annales et pouvaient
voir que l'histoire des Jarédites ressemblait fort à
certains événements néphites.
Moroni va annexer cette
histoire au récit néphite comme deuxième témoin
contre les maux et les combinaisons secrètes qui ont conduit à
l'annihilation des Jarédites et des Néphites. Plusieurs
de ses thèmes renforcent les messages de la section néphite
du Livre de Mormon : la nécessité de suivre les
prophètes et de s’éloigner de la méchanceté
persistante et pernicieuse, le pouvoir de la foi au Seigneur
manifesté par Jared et le frère de Jared, le témoignage
que Jésus-Christ est le Dieu éternel sauveur et
l'effondrement d'une nation quand son peuple choisit délibérément
la méchanceté. Néanmoins, il y a des différences
culturelles notables entre les civilisations jarédite et
néphite ; par exemple, les Jarédites étaient
exclusivement gouvernés par des rois et ils n’avaient
pas les lois et les coutumes israélites puisqu'ils étaient
antérieurs à Moïse.
Bien que condensé,
le livre reflète un style épique (voir CWHN 5:153-449 ;
6:329-58). Il commence par l'émigration des Jarédites,
partis « de la grande tour » (Ét. 1:33,
cf. Ge. 11:9) et de la vallée de « Nimrod »
(Ét. 2:1 ; cf. Ge. 10:8) vers une nouvelle terre de
promission sur le continent américain. Il abrège
ensuite l’histoire des rois et des guerres jarédites et
conclut par la destruction de la civilisation jarédite. Voici
une brève esquisse du livre : Le lignage royal d’Éther
est donné (chapitre l) ; Jésus prémortel
apparaît au frère de Jared en réponse à
ses prières et touche seize petites pierres, les faisant
briller pour fournir de la lumière pendant que les barques
jarédites traversent la mer (chapitres 2-6) ; les
générations des rois jarédites vivent, chassent,
se disputent, entrent dans des combinaisons secrètes et les
prophètes jarédites mettent en garde contre la
destruction imminente (chapitres 7-11) ; Moroni certifie
qu’Éther était un prophète qui avait une
grande foi et une grande connaissance (chapitres 12-13) ; Éther
est témoin de l'annihilation des armées jarédites
et la rapporte (chapitres 14-15).
Les personnages
principaux et les déclarations doctrinales principales
apparaissent pour le plupart au commencement et à la fin du
livre d’Éther. Le choix des textes fait par Moroni est
d'importance capitale, parce qu’il imprègne l'histoire
d’idées, d’exhortations et de comparaisons
majeures. Jared est mentionné dès le départ
comme fondateur du peuple jarédite. Les révélations
et la foi du frère de Jared se voient accorder une importance
spéciale au commencement et à la fin du livre. Shiz et
Coriantumr sont des figures historiques et symboliques cruciales
parce qu'ils deviennent les instruments de l'annihilation. Éther,
l'auteur du texte sous-jacent, est témoin oculaire des
batailles finales et Moroni considère ses prophéties
comme « grandes et merveilleuses » (Ét.
13:13). Le milieu du livre raconte les événements plus
banals liés aux règnes des rois jarédites.
Plusieurs points de
doctrine enseignés dans le livre d’Éther sont
très estimés chez les saints des derniers jours, à
savoir que la prospérité dans la terre promise
(l’Amérique) est conditionnée par le service du
« Dieu du pays qui est Jésus-Christ »
(Ét. 2:12), que le Christ prémortel avait un corps
d'esprit « semblable à la chair et au sang »
(3:6), que Dieu est un Dieu de puissance et de vérité
(3:4, 12), que trois témoins confirmeront la véracité
du Livre de Mormon (5:3), que la corruption et la chute de la société
peuvent venir des combinaisons secrètes (8:22), que le
Seigneur montrera à l’humanité sa faiblesse pour
que par l'humilité les choses faibles puissent devenir des
forces (12:27) et qu’une nouvelle Jérusalem sera un jour
édifiée sur le continent américain (13:3-12).
Bibliographie
Sperry, Sidney B. Book of
Mormon Compendium, p. 460-481. Salt Lake City, 1968.
Welch, John W. "Sources
Behind the Book of Ether" F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1986.
MORGAN W. TANNER
Livre
de Mormon : Livre de Moroni
Auteur :
WILCOX, S. MICHAEL
Entre 400 et 421 apr.
J.-C., Moroni 2, le dernier gardien des plaques d'or, compile le
livre final des annales du Livre de Mormon. Il écrit :
J'avais pensé que je n’écrirais plus ; mais
j'écris encore un petit nombre de choses, afin qu’elles
aient peut-être de la valeur pour mes frères »
(Mro. 1:4). Il rassemble ensuite des points plus ou moins apparentés
mais importants, notamment les ordonnances accomplies dans l'Église
de son temps et dans le l'Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours aujourd'hui (chapitres 2-6), l’un des
sermons de son père (chapitre 7) et deux des lettres de son
père (chapitre 9). Il conclut par son propre témoignage
et ses exhortations au lecteur (chapitre 10).
ORDONNANCES (CHAPITRES
2-6). Le chapitre 2 contient des instructions données par
Jésus-Christ ressuscité à ses douze disciples
sur le continent américain au moment où il leur confère
le don du Saint-Esprit. Ce don est conféré au nom de
Jésus-Christ et par l’imposition des mains de quelqu’un
qui a reçu l'autorité. Le chapitre 3 explique que les
prêtres et les instructeurs étaient ordonnés au
nom de Jésus-Christ par l’imposition des mains par
quelqu’un détenant l’autorité requise. La
fonction principale des prêtres et des instructeurs était
d'enseigner le repentir et la foi en Jésus-Christ. Les
chapitres 4 et 5 contiennent les prières fixes pour bénir
le sacrement du repas du Seigneur, prières actuellement
utilisées dans l'Église. Le chapitre 6 décrit
les conditions pour le baptême, notamment le « cœur
brisé », l’esprit contrit et le repentir
véritable. Moroni explique ensuite comment les membres de
l’Église enregistrent les noms de tous les membres,
s’instruisent mutuellement, se réunissent dans le jeûne
et la prière et prennent souvent la Sainte-Cène.
SERMON ET LETTRES DE
MORMON (CHAPITRES 7-9). Le sermon de Mormon (chapitre 7) traite de la
foi, de l’espérance et de la charité et comprend
des enseignements sur la façon de distinguer le bien du mal,
la nécessité des dons spirituels, la nature des
miracles et des instructions sur la façon d’obtenir la
charité, « l'amour pur du Christ »
(7:47).
La première lettre
(chapitre 8) condamne le baptême des petits enfants. Mormon
enseigne que les enfants sont rendus purs par l'expiation du Christ
et n'ont pas besoin du pouvoir purificateur du baptême tant
qu’ils ne sont pas assez âgés pour être
responsables de leurs actions et être capables de se repentir
de leurs péchés.
La deuxième lettre
(chapitre 9) expose le niveau de dépravation auquel les
Néphites et les Lamanites sont tombés (avant 385 apr.
J.-C.), donnant les raisons de leur destruction prophétisée
(« [ils sont] sans principes et [ont] perdu toute
sensibilité », verset 20), ainsi que la charge
donnée par Mormon à son fils de rester fidèle au
Christ malgré la méchanceté de leur société.
EXHORTATION ET ADIEU
(CHAPITRE 10). Moroni recommande instamment à tous ceux qui
lisent le Livre de Mormon de réfléchir et de prier pour
avoir le témoignage divin de sa véracité
(versets 3-5) et de ne pas nier les dons du Saint-Esprit, qu'il
énumère (versets 8-19). Il rend son témoignage
personnel de Jésus-Christ et lance cette invitation à
tout le monde : « Venez au Christ, et soyez rendus
parfaits en lui, et refusez-vous toute impiété »
(verset 32). Il dit adieu à ses lecteurs jusqu'à ce
qu'il les rencontre le jour final du jugement « devant la
barre agréable du grand Jéhovah » (verset
34).
Bibliographie
Jackson, Kent P., dir. de
publ., Studies in Scripture, Vol. 8, p. 282-312. Salt Lake City,
1988.
S. MICHAEL WILCOX
Livre
de Mormon – Auteurs
Auteur :
Wirth, Diane E.
Beaucoup d’études
ont été faites pour savoir qui étaient les
auteurs du Livre de Mormon parce que le livre se présente
comme l’œuvre composite de plusieurs auteurs antiques.
Ceux qui rejettent l'affirmation de Joseph Smith qu'il a traduit le
livre par la puissance divine considèrent que c’est lui
ou l’un de ses contemporains qui a écrit le livre.
Divers arguments ont été avancés pour appuyer ou
réfuter ces points de vue opposés.
La controverse sur le
point de savoir qui était l’auteur du livre a commencé
dès que son existence est devenue de notoriété
publique. La première réaction générale a
été la moquerie. L’esprit moderne n'accepte pas
facilement l'idée qu'un ange puisse remettre des documents
antiques à un jeune homme sans formation pour qu’il les
traduise. De plus, la plupart des chrétiens de 1830
considéraient le canon de l'Écriture comme complet avec
la Bible ; par conséquent, le simple fait d’envisager
qu’il puisse exister des Écritures supplémentaires
était une violation d’un dogme de base de leur foi. Les
adversaires de Joseph Smith, comme par exemple Alexander Campbell,
affirmaient aussi que le Livre de Mormon plagiait la Bible et qu’on
y retrouvait des thèmes et une phraséologie courants à
New York dans les années 1820. Beaucoup de critiques ont
avancé la supposition que Sidney Rigdon ou Solomon Spaulding
ont joué un rôle dans la rédaction du livre. On a
également avancé que Joseph Smith a emprunté des
idées à un autre livre. Bien que ces diverses
objections et théories soient encore défendues dans
beaucoup de milieux, elles ne sont pas confirmées par les
études modernes en matière d’auteurs et
continuent à soulever autant de questions que celles
auxquelles elles essayent de répondre (par exemple, CWHN
8:54-206).
Certains ont prétendu
que Joseph Smith avait reconnu qu'il était l'auteur du Livre
de Mormon parce que la page de titre de la première édition
le présente comme « auteur et propriétaire ».
Mais cette formule était exigée par les statuts
fédéraux sur le copyright et les formules juridiques
fédérales qui avaient cours en 1829 (1 Stat. 125
[1790], modifié 2 Stat. 171 [1802]). Dans la préface de
la même édition de 1830, Joseph Smith dit avoir traduit
les écrits de Mormon « par le don et le pouvoir de
Dieu ». La position de l'Église de Jésus-Christ
des saints des derniers jours a invariablement été que
la véracité du témoignage de Joseph Smith peut
être validée par le témoignage du Saint-Esprit.
La recherche a fait
ressortir une diversité d’éléments à
l'appui de l'affirmation que les textes du Livre de Mormon ont été
écrits par des auteurs antiques multiples. Ces études
augmentent de manière considérable le caractère
plausible des dires de Joseph Smith concernant l'origine du livre.
La complexité
interne du Livre de Mormon est souvent citée comme une forte
indication de l’existence d'auteurs multiples. Les nombreux
écrits censément abrégés par Mormon sont
entremêlés d’une manière complexe et
souvent expressément identifiés. Les divers livres à
l’intérieur du Livre de Mormon diffèrent entre
eux par le cadre historique, le style et les caractéristiques
distinctives tout en étant précis et cohérents
dans le moindre détail.
Les études
historiques ont démontré que beaucoup de choses, soit
inconnues soit d’accès difficile en 1829 en ce qui
concerne le Proche-Orient antique, se retrouvent avec précision
dans le Livre de Mormon. Cet ensemble de recherches historiques a été
étendu par l’œuvre de Hugh W. Nibley, qui a
récemment découvert que des communautés antiques
telles que Qumran ont beaucoup de caractéristiques parallèles
à celles des peuples du Livre de Mormon (CWHN 5-8). Les juifs
de Qumran étaient des « sectaires », des
puristes qui avaient quitté Jérusalem pour éviter
la corruption de leurs alliances ; ils pratiquaient des
ablutions (un type de baptême) avant la période du
Christ et ont écrit l’un de leurs documents sur un
rouleau de cuivre qu'ils ont scellé et ont caché en vue
de sa parution un jour futur. L’une des analyses de Nibley
démontre que le discours d'adieu du roi Benjamin à son
peuple (Mos. 2-5) est un bon exemple d’une fête antique
de nouvel an (CWHN 6:295-310). Des études ultérieures
ont suggéré que le peuple du roi Benjamin a pu célébrer
la fête israélite de soukkoth et fait des choses
requises par des lois juives qui n’ont été
traduites en anglais qu'après la parution du Livre de Mormon
(Tvedtnes, 1990).
Les études sur la
structure du livre ont dégagé une forme littéraire
artistique, le chiasme, qui apparaît dans une riche diversité
dans la Bible et dans le Livre de Mormon. Les études
structurelles les plus importantes du Livre de Mormon découlent
de l'analyse de John W. Welch (Reynolds, p. 33-52). Peu connue en
1829, cette forme littéraire crée un parallélisme
inversé comme on en trouve dans ce passage biblique du
Lévitique 24:17-21 :
Celui qui frappera un
homme mortellement…
Celui qui
frappera un animal mortellement…
Si
quelqu’un blesse son prochain …
Fracture
pour fracture,
oeil pour œil,
dent pour dent.
Il
lui sera fait la même blessure …
Celui
qui tuera un animal …
Celui qui tuera un homme
….
Et dans le Livre de
Mormon, dans Alma 41:13-14 (cf. Welch, p. 5-22) :
Le bien à ce qui
est bien,
le droit à
ce qui est droit,
le
juste à ce qui est juste,
le
miséricordieux à ce qui est miséricordieux.
C’est pourquoi, mon
fils,
veille
à être miséricordieux…
agis
avec justice,
juge avec
droiture
et fais continuellement
le bien.
Bien que le chiasme
puisse apparaître dans presque n'importe quelle langue ou
littérature, il était répandu à l’époque
biblique vers le début du septième siècle av.
J.-C., époque des prophètes Léhi et Néphi
1 du Livre de Mormon. La rédaction particulièrement
précise et belle de plusieurs textes du Livre de Mormon
confirme l'idée que leurs auteurs suivaient délibérément
et minutieusement les conventions littéraires antiques, ce qui
contredit la conception selon laquelle Joseph Smith, né en
Nouvelle Angleterre, a pu être l’auteur de ces passages.
D'autres études
stylistiques ont examiné la fréquence des mots racines,
des idiomes et de la syntaxe hébraïques dans le Livre de
Mormon (Tvedtnes, 1970). Certains noms du Livre de Mormon qui n'ont
pas d’équivalent anglais ont des noms hébreux
apparentés (Hoskisson ; CWHN 6:281-294). Il y a aussi des
différences perceptibles entre les vocabulaires et les
techniques d'abrègement de Mormon et de son fils Moroni.
Des études
statistiques intensives, notamment la stylométrie (ou
wordprinting), ont été entreprises sur le Livre de
Mormon (Reynolds, p. 157-188 ; cf. Hilton). Des blocs de texte
ont été analysés pour mettre en évidence
la tendance quasiment inconsciente des auteurs à utiliser des
mots non contextuels avec une fréquence et dans des
combinaisons qui leur sont propres. La technique du wordprinting
[NdT : le mot « wordprint » a été
créé à partir de « fingerprint »,
voulant dire que de même qu’un individu donné a
des empreintes digitales qui l’identifient à coup sûr,
de même toute personne qui écrit a une empreinte
sémantique, caractérisée par une utilisation de
mots non liés au contexte qui lui est propre et donc
l’identifie] a été utilisée pour découvrir
qui était l’auteur de documents tels que les douze
Federalist Papers dont l’origine faisait l’objet de
controverses et un roman de Jane Austen publié à titre
posthume. Appliquée au Livre de Mormon, la technique du
wordprinting révèle que les tendances dans
l’utilisation de mots non contextuels dans Livre de Mormon
diffèrent considérablement des écrits personnels
de Joseph Smith, de Salomon Spaulding, de Sidney Rigdon et d'Oliver
Cowdery, qui ont été les secrétaires de Joseph
Smith. En outre, celles de Néphi 1 sont cohérentes
entre elles mais différentes de celles d'Alma 2. Les résultats
de la mesure objective de ces phénomènes sont qu’il
est statistiquement hautement improbable que le Livre de Mormon ait
pu être écrit par un seul auteur. L'introduction d’un
vocabulaire nouveau dans le texte est très lente, ce qui cadre
avec le rôle uniforme joué par Joseph Smith comme
traducteur.
Bibliographie
Hilton, John L. "On
Verifying Wordprint Studies : Book of Mormon Authorship."
BYU Studies 30 (Summer 1990), p. 89-108.
Hoskisson, Paul. "An
Introduction to the Relevance of and a Methodology for a Study of the
Proper Names of the Book of Mormon." Dans By Study and Also by
Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2, p. 126-135.
Salt Lake City, 1990.
Keller, Roger R. "Mormon
and Moroni as Authors and Abridgers." F.A.R.M.S Update, avr.
1988.
Reynolds, Noel B., dir.
de publ. Book of Mormon Authorship : New Light on Ancient
Origins. Provo, Utah, 1982.
Tvedtnes, John.
"Hebraisms in the Book of Mormon : A Preliminary Survey."
BYU Studies 2 (Autumn 1970), p. 50-60.
Tvedtnes, John. "King
Benjamin and the Feast of Tabernacles." Dans By Study and Also
by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2, p. 197-237.
Salt Lake City, 1990.
Welch, John W. "Chiasmus
in Biblical Law." Dans Jewish Law Association Studies IV, dir.
de publ. B. Jackson, p. 5-22. Atlanta, 1990.
Wirth, Diane E. A
Challenge to the Critics : Scholarly Evidences of the Book of
Mormon. Bountiful, Utah, 1986.
D. BRENT ANDERSON
DIANE E. WIRTH
Livre
de Mormon – Chronologie
Auteur :
Pratt, John P.
Le Livre de Mormon
contient une chronologie qui a une cohérence interne sur les
mille années d'histoire néphite, avec des dates
néphites précises pour plusieurs événements,
notamment la crucifixion de Jésus-Christ. Cependant, on n’a
pas pu relier sa chronologie de manière formelle à
d'autres calendriers à cause du caractère incertain des
dates bibliques et du manque de détails concernant les
calendriers néphites. Il existe encore moins de renseignements
sur la chronologie jarédite (Sorenson, 1969).
CHRONOLOGIE NÉPHITE
INTERNE. Les Néphites tenaient avec précision le calcul
de leur temps par rapport à au moins trois points de
référence : 1. Les années étaient
comptées à partir du moment où Léhi avait
quitté Jérusalem (Én. 1:25 ; Mos. 6:4) ;
c’était non seulement une date d'origine importante,
mais un ange avait également dit que le Sauveur viendrait
« 600 ans » après cette date (1 Né.
19:8).
2. Le temps était
également mesuré à partir du commencement du
règne des juges (v. 91 av. J.-C. ; cf. 3 Né.
1:1), qui a marqué une réforme politique importante
mettant fin à cinq siècles de royauté néphite
(Jcb. 1:9-11 ; Al. 1:1), pendant lesquels les années du
règne de chaque roi étaient comptées selon les
pratiques typiques du monde antique (1 Né. 1:4 ;
Mos. 29:46).
3. Les Néphites
ont calculé plus tard le temps à partir du signe de la
naissance du Christ (3 Né. 2:8).
Le Livre de Mormon relie
les trois systèmes dans plusieurs passages qui sont
manifestement cohérents. Le tableau 1 mentionne plusieurs
événements utilisant les systèmes néphite.
La majeure partie des
annales néphites concerne trois périodes historiques :
l’époque de Léhi et de ses fils (v. 600-500 av.
J.-C.), les événements précédant et
suivant la venue du Christ (v. 150 av.-34 apr. J.-C.), et la
destruction des Néphites (v. 300-420 apr. J.-C.). C’est
ainsi que le livre relativement grand d'Alma ne couvre que
trente-neuf ans, alors que les livres beaucoup plus petits d'Omni et
de 4 Néphi couvrent chacun plus de deux cents ans.
Les éditions du
Livre de Mormon publiées par l’Église donnent les
dates en années néphites, déduites du texte, au
bas des pages. Il n’y a cependant pas de description de la
nature exacte de l'année néphite. Elle commençait
par le « premier jour » du « premier
mois » (Al. 51:37-52:1 ; 56:1), et elle comptait
probablement douze mois parce que le onzième mois était
« tout à la fin » de l'année (Al.
48:2, 21 ; 49:1), mais la durée des mois et de l'année
elle-même n’est pas mentionnée.
Jusqu'à la venue
du Christ, les Néphites ont observé la loi de Moïse
(2 Né. 25:24 ; Al. 25:15), qui utilisait
généralement les mois lunaires (de nouvelle lune à
nouvelle lune). Le Sauveur a été crucifié le
quatorzième jour du premier mois lunaire du calendrier juif
(Jn. 19:14 ; Lé. 23:5), mais le quatrième jour du
premier mois néphite (3 Né. 8:5). Cela peut
vouloir dire que les mois néphites n'étaient pas
lunaires à ce moment-là et que leur calendrier civil a
pu être différent de leur calendrier religieux.
John L. Sorenson (1990) a
observé que pendant le règne des juges les guerres se
limitaient la plupart du temps à quatre mois néphites
consécutifs. On peut faire correspondre approximativement ces
mois à notre calendrier parce que même aujourd'hui les
guerres en Mésoamérique (la région probable de
la géographie du Livre de Mormon pendant la majeure partie de
l'histoire néphite) ont lieu la plupart du temps pendant la
saison sèche après la moisson d’automne. Cette
corrélation implique que l'année néphite
commençait à ce moment-là en décembre.
Cela signifierait que parce que la crucifixion du Christ
(vraisemblablement début avril) s'est produite le premier mois
néphite, les Néphites ont probablement décalé
leur calendrier pour faire commencer le premier mois en avril en même
temps qu’ils ont commencé à compter le temps à
partir de la naissance du Christ. Cette conclusion correspond à
ce que disent les annales néphites que le Christ est né
peu après la fin de l'année néphite (3 Né.
1:1-9).
CHRONOLOGIE EXTERNE. Les
éléments dont nous disposons nous permettent
d’attribuer deux longueurs possibles à l’année
néphite : 365 jours et 360 jours. On peut faire
correspondre chacune d’elles à l'histoire externe. La
chronologie interne est cohérente, de sorte que si l’on
connaissait la nature exacte du calendrier néphite, il
suffirait d’un seul point de référence dans
l'histoire externe pour fixer la chronologie néphite tout
entière. Il faudrait cependant au moins deux dates de ce genre
pour déterminer la durée de l'année néphite.
Trois événements principaux sont communs aux sources
néphites et à celles du Vieux Monde : (1) la
première année du règne de Sédécias,
roi de Juda ; (2) la naissance du Christ et (3) la mort du
Christ. Comme il y a divers degrés d'incertitude au sujet de
ces trois points de référence, on a proposé des
méthodes de corrélation alternatives, chacune utilisant
deux de ces dates.
D'abord, Orson Pratt a
proposé la théorie que les Néphites utilisaient
une année de 365 jours, comme les Égyptiens avant eux
et comme les Mésoaméricains après eux
(Millennial Star 28, 22 déc. 1866, p. 810). On a noté
(Lefgren) qu'une telle année correspond, au jour près,
à l’un des choix pour les dates de naissance et de décès
du Christ, à savoir respectivement le jeudi 6 avril de l’an
1 av. J.-C., et le vendredi 1er avril de l’an 33 apr. J.-C.
(calendrier grégorien). Ces deux dates sont soutenues par
d'autres arguments (J. Pratt, 1985 et 1990). Cette théorie
suppose que le troisième système du calcul néphite
a commencé le jour même de la naissance du Christ, ce
qui n'est pas dit explicitement dans le Livre de Mormon mais
correspond aux conclusions de Sorenson ci-dessus.
En second lieu, la
plupart des historiens croient que la première année du
roi Sédécias a commencé en 598-596 av. J.-C.
Léhi a quitté Jérusalem peu après (1 Né.
1:4 ; 2:4). La date de la naissance du Christ n'est pas connue
directement d’après les sources historiques, mais on
croit que le roi Hérode est mort en 5-4 av. J.-C., ce qui veut
dire que le Christ a dû naître un peu plus tôt (Mt.
2:1). En prenant ces deux événements comme points de
référence, Huber a proposé une année
néphite de 360 jours parce que 600 années de ce genre
correspondent à l'intervalle entre Léhi et le Christ
(3 Né. 1:1) ; pareil système a un précédent
historique et est apparemment à la base de certaines
prophéties dans lesquelles le mot « temps »
peut être égal à 360 jours (par exemple, Ap.
12:14).
Bibliographie
Brown, S. Kent ; C.
Wilfred Griggs et H. Kimball Hansen. "Review of April Sixth by
John C. Lefgren." BYU Studies 22 (Summer 1982), p. 375-383. Voir
réfutation et réponse dans BYU Studies 23 (Spring
1983), p.252-255.
Huber, Jay H. "Lehi's
600 Year Prophecy and the Birth of Christ." F.A.R.M.S. Paper.
Provo, Utah, 1982.
Lefgren, John C. April
Sixth. Salt Lake City, 1980.
Pratt, John P. "The
Restoration of Priesthood Keys on Easter 1836. Part 1: Dating the
First Easter." Ensign 15 (juin 1985), p. 59-68.
Pratt, John P. "Yet
Another Eclipse for Herod." The Planetarian 19 (déc.
1990), p. 8-14.
Sorenson, John L. "The
Years of the Jaredites." F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1969.
Sorenson, John L.
"Seasonality of Warfare in the Book of Mormon and in
Mesoamerica." Dans Warfare in the Book of Mormon, dir. de publ.
S. Ricks et W. Hamblin, p. 445-477. Salt Lake City, 1990.
JOHN P. PRATT
Livre
de Mormon dans une culture biblique
Auteur :
Smith, Timothy L.
Point n’est besoin
de voir plus loin que les sectes revivalistes qui régnaient en
Amérique pour découvrir pourquoi les tout premiers
missionnaires mormons ont trouvé directement des gens pour les
écouter au sujet de leur livre sacré. Les appels fermes
à la justice et à l'obéissance personnelles aux
exigences morales des Écritures judéo-chrétiennes
étaient, en 1830, les motifs dominants de toutes les
confessions protestantes. De plus, toutes les sectes américaines
avaient leur théorie au sujet de l'histoire ancienne et future
des Indiens et des Juifs.
Ces intérêts
et ces croyances étaient également prédominants
parmi les pasteurs méthodistes, congrégationalistes et
baptistes desservant des assemblées dans et autour du
Cheshire, dans le nord de l’Angleterre. Le Journal de Heber C.
Kimball, où se trouve le récit de sa mission en
Grande-Bretagne, montre comment l’épanouissement de
l'étude biblique et des théories millénaristes y
avait préparé le terrain à une première
évangélisation mormone. Il raconte que même les
ecclésiastiques de l’Église anglicane disaient à
leurs assemblées que les enseignements des saints des derniers
jours révélaient les mêmes principes que les
apôtres d’autrefois avaient enseignés.
Le Livre de Mormon donne
aussi des indications précises sur plusieurs sujets que les
Écritures chrétiennes semblent avoir laissés peu
clairs, notamment le baptême par immersion et les promesses
selon lesquelles tous les croyants, et pas simplement les apôtres,
peuvent « être remplis du Saint-Esprit »,
que les croyants chrétiens peuvent être rendus purs de
cœur (comme John Wesley l’avait souligné le siècle
précédent), que tout le monde, et pas simplement les
« élus », peut faire l'expérience
de recevoir le salut en répondant librement à une grâce
accordée gratuitement et que l’obéissance et les
œuvres de justice sont le fruit de cette expérience. Le
livre affirme aussi la véracité des récits
bibliques concernant la dispersion d'Israël en affirmant que les
indigènes Américains proviennent de descendants de
Joseph et de Juda.
Le pouvoir de persuasion
des nouvelles Écritures et des missionnaires qui les ont
exposées résidait donc dans leur témoignage de
croyances qui étaient essentielles pour les sectes
protestantes évangéliques tant dans l’Amérique
jacksonienne que dans l’Angleterre victorienne de l’époque.
Parley P. Pratt, l’un de ces premiers missionnaires mormons,
disait à ses auditeurs anglais que deux erreurs dans
l'interprétation de la Bible avaient causé une
incertitude généralisée. L’une d’elles
était la croyance que l'inspiration directe par le
Saint-Esprit n'était pas prévue pour toutes les époques
de l'Église et l'autre était que les Écritures
juives et chrétiennes contenaient toute la vérité
nécessaire au salut ainsi qu’une règle suffisante
pour la foi et la pratique.
Certains diacres et
anciens du XIXe siècle et un petit nombre de pasteurs
évangéliques se débattaient contre la tentation
grave de douter de la vérité et de la pertinence de
grandes parties du livre sur lequel on leur avait enseigné à
faire dépendre leur destin éternel. C’est vrai
que les détails des histoires racontées dans les deux
livres sacrés étaient radicalement différents.
Mais ils s’adaptaient merveilleusement l’un à
l’autre. Et leur structure morale, l'histoire qu'ils
racontaient sur Jésus, leur promesse de salut et leur
description des derniers jours de l'humanité étaient
remarquablement semblables. Bien que les nouvelles Écritures
eussent des ressemblances avec l’arminianisme évangélique
aux dépens des idées calvinistes longtemps dominantes
dans l’Amérique coloniale, il en allait de même
des enseignements dispensés au début du XIXe siècle
par beaucoup de protestants, même presbytériens, sans
parler des méthodistes et des disciples du Christ. Les saints
des derniers jours déclaraient que, par la voix de deux
témoins, la Bible et le Livre de Mormon, la vérité
était confirmée, tout comme le prophète Néphi
1 l’avait prédit (cf. 2 Né. 29:8).
Aux yeux de certains qui
ne sont pas membres de l'Église, le Livre de Mormon renforce
l'autorité de l'Écriture sainte de cinq manières
importantes. La toute première en importance est l'affirmation
du volume que la religion chrétienne est basée sur les
Ancien et Nouveau Testaments. Le livre affirme ce que les recherches
bibliques récentes rendent certain : la continuité
de la théologie, de l'éthique et de la spiritualité
que les deux testaments ont proclamées. Dans le Livre de
Mormon, Jésus est le Seigneur qui a donné la loi à
Moïse et le Christ ressuscité est identique au Messie
d'Ésaïe le prophète. Il remet exactement le même
message de rédemption, de foi et d'une nouvelle vie de justice
par le Saint-Esprit que le Nouveau Testament lui attribue.
Deuxièmement, le
Livre de Mormon renforce la vision unificatrice de la religion
biblique, la fondant sur la conviction d'une humanité commune
que les histoires de la création déclarent, que la
promesse de Dieu à Abraham implique et que Jésus
affirme. Le millénarisme puritain a pu inspirer une conception
ethnocentrique de la destinée anglo-saxonne, mais l'image du
futur dans le Livre de Mormon va tout à fait à
l’opposé. Elle envisage une conversion mondiale des
croyants et leur rassemblement final dans le royaume de Dieu. Cela
commence là où la « paroisse mondiale »
de John Wesley s’arrête.
Troisièmement, le
lien biblique qui rattache la sainteté à l'espérance
de salut, tant individuel que social, trouve aussi sa confirmation
dans le Livre de Mormon. Il est certain que les méthodistes
n'avaient pas l’exclusivité de ce rattachement, car les
prédicateurs baptistes, les congrégationalistes de
Charles G. Finney, les disciples du Christ d'Alexander Campbell et
des unitariens comme William E. Channing l'ont affirmé. Les
anciens Néphites écoutaient la parole de leurs
prophètes et attendaient la seconde venue de Jésus-Christ,
le Fils de la Justice. Quand il est apparu à leurs descendants
dans le Nouveau Monde, Jésus a répété
d’une manière encore plus claire les paroles du sermon
sur la montagne qu'il avait proclamé dans le Vieux.
Quatrièmement, la
traduction par Joseph Smith d'un livre sacré ancien a
contribué à amener à maturité un autre
mouvement, qui grandissait depuis longtemps chez les puritains, les
piétistes, les quakers et les méthodistes, celui de
restaurer dans la doctrine chrétienne l'idée de la
présence du Saint-Esprit dans la vie des croyants. Charles G.
Finney en vint finalement à croire, par exemple, que le
baptême du Saint-Esprit ou l'expérience de la
sanctification complète remédierait aux insuffisances
de la justice et de l’amour qu’il voyait chez ses
convertis. C’était, bien entendu, aussi le cas pour
presque tous les méthodistes. Les observateurs tant de
l’intérieur que de l’extérieur de l'Église
rétablie ont témoigné que dans les premières
années quelque chose d’apparenté aux phénomènes
de pentecôte modernes se produisait au moins le cercle
intérieur des saints. Dans les années 1830, les
évangéliques de plusieurs traditions ont
considérablement étendu leur utilisation de l'exemple
du jour de la Pentecôte pour déclarer que la puissance
de Dieu est à l’œuvre dans le monde.
Cinquièmement, le
Livre de Mormon a eu sa part dans le rétablissement de
certaines espérances chrétiennes que dans les derniers
temps les prophéties bibliques s’accompliront
littéralement. Ceux qui par la foi et le baptême
deviennent des saints seront inclus parmi le peuple de Dieu, choisis
à la « onzième heure ». Eux aussi
doivent se rassembler en Sion, une nouvelle Jérusalem pour le
Nouveau Monde, et dans une Jérusalem rétablie dans le
Vieux ; et le Christ reviendra effectivement.
Quelles que soient les
interprétations de la King James Version des Écritures
que les saints des derniers jours aient élaborées plus
tard, le rôle de soutien mutuel de la Bible et du Livre de
Mormon était au cœur de la pensée de Joseph
Smith, des premiers missionnaires et de leurs convertis.
Bibliographie
Kimball, Heber C.
Journal. Nauvoo, Ill., 1840.
Smith, Timothy L. "The
Book of Mormon in a Biblical Culture." Journal of Mormon History
7 (1980) :3-21.
TIMOTHY L. SMITH
Livre
de Mormon – Économie et technologie
Auteur :
Peterson, Daniel C.
Le Livre de Mormon donne
des renseignements sur trois peuples américains
préhispaniques. Bien que ses auteurs ne donnent pas une image
détaillée de la culture économique et matérielle
de leurs sociétés, de nombreux détails
accessoires sont préservés dans le récit. Dans
beaucoup de cas, bien que pas dans tous, l'archéologie
confirme les détails généraux. Les problèmes
que l’on a encore à faire entrer le Livre de Mormon dans
son cadre ancien présumé sont dus sans aucun doute à
la rareté des informations fournies dans le livre lui-même
et au caractère incomplet des données archéologiques.
Tester ce que le Livre de
Mormon dit au sujet de la culture matérielle précolombienne
est plus difficile qu’on pourrait le croire au premier abord.
Par exemple, c'est un fait historiquement bien établi que les
techniques artisanales peuvent se perdre ; on ne peut donc pas
considérer sans risque de se tromper que les technologies
mentionnées pour les populations limitées du Livre de
Mormon ont survécu après la destruction des Néphites.
On ne peut pas non plus considérer que l’on a réussi
à transférer les technologies du Vieux Monde dans le
Nouveau. Beaucoup d’artisanats devaient être inconnus des
petits groupes de colons, et même parmi les techniques qui ont
été transportées de l’autre côté
de la mer, beaucoup ont pu ne pas s’avérer utiles ou
adaptables dans le nouvel environnement. On ne peut même pas
avoir la certitude que les techniques attestées dans les
premières parties du Livre de Mormon ont survécu dans
l'histoire ultérieure au sein du livre lui-même.
L'économie des
peuples du Livre de Mormon paraît, dans l'ensemble, avoir été
relativement simple. Bien que beaucoup de Néphites et de
Jarédites aient vécu dans des villes de taille modeste
(un fait dont la plausibilité a été augmentée
par les recherches récentes), leurs sociétés
étaient basées sur l’agriculture. Le commerce est
mentionné pour certaines époques, mais il était
entravé par des guerres fréquentes. Dans les périodes
rarement mentionnées de liberté de déplacements,
les barrières aux échanges commerciaux tombaient et les
Lamanites et les Néphites prospéraient comme on pouvait
le prévoir (par exemple, Hél. 6:7-9).
En dépit de la
base agraire de l'économie, la richesse se manifestait sous
forme de troupeaux de gros et de petit bétail, de vêtements
coûteux, d’or, d’argent et de « choses
précieuses » plutôt que de terres (Jcb.
2:12-13 ; Én. 1:21 ; Jm. 1:8 ; Mos. 9:12 ;
Al. 1:6, 29 ;17:25 ;32:2 ; Ét. 10:12).
L'idéologie des principaux peuples du Livre de Mormon a sans
aucun doute contribué à ce phénomène :
Ils se considéraient comme un reste juste obligé
d’abandonner ses demeures confortables et de partir dans le
désert à cause de ses convictions religieuses. Puisque
des populations entières semblent s'être déplacées
souvent, les terres ne devaient pas être une source stable de
richesse (2 Né.. 5:5-11 ; Om. 12-13, 27-30 ;
Mos. 9 ;18:34-35 ; 22 ; 24:16-25 ; Al. 27 ;
35:6-14 ; 63:4-10 ; Hél. 2:11 ; 3:3-12 ;
4:5-6, 19 ; 3 Né. 3:21-4 :1 ; 7:1-2).
Idéalement, la richesse devait être partagée avec
les pauvres et pour le bien commun, mais ce que l’on observe le
plus souvent, ce sont les contrastes marqués entre riches et
pauvres.
L'agriculture dans le
Livre de Mormon portait sur le bétail et la culture. Par
exemple, au cinquième siècle av. J.-C., le peuple
néphite « laboura la terre, et cultiva toutes
sortes de grains, et de fruits, et éleva de nombreux
troupeaux, et des troupeaux de toutes sortes de bétail de
toute espèce, et des chèvres, et des chèvres
sauvages, et aussi beaucoup de chevaux » (Én.
1:21). Au deuxième siècle av. J.-C., le peuple de Zénif
cultive le maïs, le blé, l'orge, le « néas »
et le « shéum » (Mos. 9:9 ; cf. Al.
11:7). Le maïs était et est l’aliment de base du
régime alimentaire de la plupart des populations indigènes
d'Amérique. Certains des autres points énumérés
restent moins sûrs. Ce n’est qu’en 1982 que l’on
a publié des éléments de preuve démontrant
la présence de cultures d’orge précolombiennes
dans le Nouveau Monde (Sorenson, 1985, p. 184). Le « néas »
n'est pas identifiable ; mais le mot « shéum »
semble apparenté au vieux she-um akkadien, un grain
probablement du type orge.
La mention dans le Livre
de Mormon de chevaux en Amérique précolombienne a donné
lieu à beaucoup de critiques et l’on ne dispose à
ce jour d’aucune réponse définitive à
cette question. Les données linguistiques suggèrent que
le « cheval » du Livre de Mormon ne doit pas
forcément désigner l'equus, mais pourrait désigner
un autre quadrupède pouvant être monté par
l’homme, comme le donne à penser l'art mésoaméricain
(Sorenson, 1985, p. 295). Il existe, en outre, des données
archéologiques auxquelles on n’a pas prêté
grande attention qui tendent à montrer que dans certaines
régions le cheval du pléistocène américain
a pu survivre jusque dans les temps du Livre de Mormon (Update, juin
1984).
La plupart des transports
se faisaient manifestement à dos d’homme ; dans les
deux contextes où le Livre de Mormon mentionne des « chars »
il s'avère que leur utilisation a été très
limitée (Al. 18:9-12 ;20:6 ; 3 Né.
3:22). Les chars ne sont jamais mentionnés dans un contexte
militaire. La roue n’est mentionnée nulle part dans le
Livre de Mormon (sauf dans une citation d'Ésaïe). Cela
veut dire qu’on ne sait pas ce que pouvaient être les
« chars » néphites. On nous dit que les
Néphites utilisaient des « routes » et
des « grandes routes » (3 Né..
6:8). Certains saints des derniers jours pensent qu’il doit
s’agir là des systèmes routiers considérablement
attestés du Mexique antique. Des « bateaux »
de forme inconnue ont été utilisés au milieu du
premier siècle av. J.-C. pour faire du cabotage dans « la
mer de l’ouest » (Al. 63:6) et pour transporter le
bois de construction vers le nord (Hél. 3:10) et il semble
évident que les voyages maritimes étaient parfois
importants (Hél. 3:14). Le texte mentionne aussi les perles
fines comme articles coûteux (4 Né. 1:24).
Il est question de
« soie » et de « fin lin retors »
(par exemple dans Al. 1:29 ; Ét. 10:24) en même
temps que du tissu simple (de coton ?). Il est peu probable que
la « soie » ait été produite par
des vers à soie comme en Chine, mais des tissus du même
genre étaient connus, du moins en Mésoamérique.
Par exemple, au Guatemala on se servait de la fibre de la plante
d'ananas blanc, et chez les Aztèques de poils de lapin pour
faire des tissus semblables à la soie. Bien que le lin n'ait
apparemment pas été connu en Amérique avant
l'arrivée des Espagnols (le linge était fait de lin
dans le Vieux Monde), plusieurs tissus d’origine végétale
ayant des caractéristiques semblables sont bien attestés
en Amérique antique (Update, nov. 1988).
Quand on lit le Livre de
Mormon ou n'importe quel autre texte provenant d'une culture
étrangère ou antique, il faut veiller à éviter
de se méprendre sur ce qui est inconnu sur la base de ce qui
est connu. Par exemple, on dit que les Néphites se servaient
d’ « argent » mais comme les Israélites
du temps de Léhi ne savaient pas battre monnaie, « l’argent »
néphite n’était probablement pas sous forme de
pièces.
Alma 11 décrit un
système bien intégré de mesures de capacité
pour matières sèches et d’unités de métal
pesé ; certains analystes ont fait remarquer que le
système esquissé est étonnamment simple,
efficace et rationnel (Smith). Dans sa configuration mathématique
binaire et son utilisation d'orge et d'argent comme moyens monétaires
de base, le système néphite rappelle les systèmes
semblables connus en Égypte et dans les lois babyloniennes
d'Eshnunna (personnel de F.A.R.M.S., « Weights and
Measures » ; Update, mars 1987).
Les Néphites ne
parlent de fabrication d’armes en « acier »
et en « fer » que pendant leurs quelques
premières générations (2 Né. 5:15 ;
Jm. 1:8) ; le fer n’est mentionné que comme un
métal ornemental « précieux » du
temps de Mosiah (Mos. 11:8). On ne sait pas au juste ce que ces
termes signifient à l'origine. De l’ »
acier » et du « fer » et d'autres
métaux jarédites sont mentionnés deux fois mais
ne sont pas décrits (Ét. 7:9 ;10:23). Les armes du
soldat ordinaire étaient nettement plus simples : des
pierres, des massues, des lances et l'arc et la flèche (par
exemple, Al. 49:18-22).
La simplicité
relative de la société dans le Livre de Mormon
n'implique pas une absence d’évolution selon les normes
antiques. Par exemple, il semblerait que l'instruction n'ait pas été
rare parmi les Néphites ou les Jarédites. Les
dirigeants fondateurs des migrations étaient à coup sûr
instruits et il est dit des Néphites, au milieu de leur
histoire, qu’ils avaient produit « beaucoup de
livres, et beaucoup d’annales de toute espèce »
(Hél. 3:15). Par contre, les Lamanites et les Mulékites
tenaient moins bien leurs annales (Om. 1:17-18 ; Mos.
24:4-6 ;
Hél. 3:15). Les Jarédites et les Néphites
tenaient leurs annales les plus sacrées sur des plaques de
métal presque impérissables, bien que certains de leurs
livres aient été écrits sur des supports
inflammables (Al. 14:8). Les plaques que Joseph Smith avait en sa
possession, et que lui et d'autres témoins oculaires
contemporains ont décrites, semblent tout à fait
relever de la compétence des métallurgistes
préhispaniques (Putnam ; Sorenson, 1985, p. 278-288) et
il y a, pour la façon dont elles ont été
enterrées, de riches précédents dans le Vieux
Monde (Wright).
Livre de Mormon –
Éditions (1830-1981)
Auteur : Skousen,
Royal
Les deux grands objectifs
de chaque édition du Livre de Mormon ont été (1)
de reproduire fidèlement le texte et (2) de rendre le texte
accessible au lecteur. L’objectif de la fidélité
au texte a amené les vérificateurs ultérieurs à
retourner aux éditions plus anciennes et, là où
ils étaient accessibles, au manuscrit original et à
celui de l'imprimeur. L’objectif de l'accessibilité a
conduit à une certaine modernisation et à une certaine
standardisation du texte lui-même et à l’ajout
d’aides au lecteur (texte introductif, division en versets,
notes de bas de page, sommaires de chapitre, dates, guide de
prononciation et index).
Quatre éditions
ont été publiées du vivant de Joseph Smith :
1. 1830 : 5.000 exemplaires édités par E. B.
Grandin à Palmyra (New York). D’une manière
générale, la première édition est une
copie fidèle du manuscrit de l'imprimeur (bien qu'à un
moment donné, ce soit le manuscrit original plutôt que
celui de l'imprimeur qui ait été utilisé pour la
composition). Pour l’essentiel, cette édition reproduit
ce que John H. Gilbert, le compositeur, considérait comme des
« erreurs grammaticales ». Gilbert a ajouté
la ponctuation et déterminé la division en paragraphes
pour la première édition. Dans la préface,
Joseph Smith explique la perte du livre de Léhi, 116 pages du
manuscrit. Les témoignages des trois et des huit témoins
sont placés à la fin du livre. Dans cette édition
et toutes les autres éditions primitives, il n’y a pas
de division en versets.
2. 1837: 3.000 ou 5.000
exemplaires publiés par Parley P. Pratt et John Goodson à
Kirtland (Ohio). Pour cette édition, des centaines de
changements grammaticaux et quelques corrections ont été
apportés au texte. L'édition de 1830 et le manuscrit de
l'imprimeur ont été utilisés comme base pour
cette édition.
3. 1840 : 2.000
exemplaires publiés pour Ebenezer Robinson et Don Carlos Smith
(par Shepard et Stearns, Cincinnati, Ohio) à Nauvoo. Joseph
Smith a comparé le texte imprimé au manuscrit original
et a découvert un certain nombre d'erreurs commises lorsque le
manuscrit de l'imprimeur a été copié de
l'original. L'édition de 1840 rétablit donc certaines
des formulations du manuscrit originel.
4. 1841 : 4.050
(5.000 prévus au contrat) publiés pour Brigham Young,
Heber C. Kimball et Parley P. Pratt (par J. Tompkins, Liverpool,
Angleterre). Cette première édition européenne a
été imprimée avec la permission de Joseph
Smith ; elle est essentiellement une réimpression de
l'édition de 1837 avec l’orthographe britannique.
Deux autres éditions
britanniques, l’une de 1849 (publiée par Orson Pratt) et
l'autre de 1852 (publiée par Franklin D. Richards) comportent
des changements mineurs du texte. Dans l'édition de 1852,
Richards a ajouté des numéros aux paragraphes pour
aider à trouver les passages, créant de ce fait la
première division en versets, quoique primitive, du Livre de
Mormon.
Trois autres éditions
importantes comportent des changements majeurs de format ainsi que
des modifications mineures : 1. 1879: Publiée par Orson
Pratt. Les grands changements dans le format du texte consistent en
la division des longs chapitres du texte original, un véritable
système de versets (qui a été suivi dans toutes
les éditions suivantes de l’Église) et des notes
de bas de page (essentiellement des références
scripturaires).
2. 1920: Publié
par James E. Talmage. Autres changements : introduction, doubles
colonnes, sommaires de chapitres et de nouvelles notes de bas de
page. Une partie des retouches mineures que l’on trouve dans
cette édition se trouvaient déjà dans les
éditions de 1905 et de 1911, aussi sous la direction
rédactionnelle de Talmage.
3. 1981: Publiée
par un comité dirigé par des membres du Collège
des Douze. Cette édition est un remodelage important de
l'édition de 1920 : Le texte paraît de nouveau en
deux colonnes, mais contient une nouvelle introduction, de nouveaux
sommaires de chapitre et de nouvelles notes de bas de page. Une
vingtaine d’erreurs textuelles importantes qui s’étaient
glissées dans le manuscrit de l'imprimeur sont corrigées
grâce à un retour au manuscrit originel. D'autres
corrections ont été faites suite à une
comparaison avec le manuscrit de l'imprimeur et l'édition de
Nauvoo de 1840.
L'Église
réorganisée de Jésus-Christ des saints des
derniers jour (RLDS) a également sa propre tradition
textuelle. Avant 1874, les RLDS utilisaient une édition du
Livre de Mormon publiée par James O. Wright (1858, New York),
fondamentalement une réimpression de l'édition de
Nauvoo de 1840. Les première et deuxième éditions
RLDS (1874, Plano, Illinois et 1892, Lamoni, Iowa) suivaient le texte
de 1840 et avaient leur propre système de division en versets.
À la différence des éditions ultérieures
de l’Église, toutes les éditions des RLDS ont
maintenu les chapitres plus longs originaux.
En 1903 les RLDS ont
obtenu le manuscrit de l'imprimeur et l'ont utilisé pour créer
leur troisième édition (1908, Lamoni, Iowa). Le texte
de l'édition de 1908 rétablit beaucoup de formulations
qui se trouvent dans ce manuscrit, mais, d‘une manière
générale, ne touche pas aux changements grammaticaux
apportés dans l'édition de Kirtland de 1837. Cette
édition comporte aussi une nouvelle division en versets, qui
est restée sans changement dans toutes les éditions
RLDS suivantes. En 1966, les RLDS ont publié un texte
complètement modernisé du Livre de Mormon. On peut se
procurer les éditions de 1908 (avec des retouches mineures) et
de 1966, mais seule l'édition de 1908 est autorisée
pour utilisation dans l'Église réorganisée.
Un texte critique du
Livre de Mormon a été publié en 1984-1987 par la
Foundation for Ancient Research and Mormon Studies. C'est le premier
texte publié du Livre de Mormon qui montre l'histoire précise
de nombreuses variantes textuelles. Bien que cette étude
textuelle des éditions et des manuscrits du Livre de Mormon
soit inachevée et préliminaire, elle est utile comme
aperçu général de l'histoire textuelle du Livre
de Mormon.
Bibliographie
Anderson, Richard L.
"Gold Plates and Printer's Ink." Ensign, 6 (Sept. 1976),
p.71-76.
Heater, Shirley R. "Gold
Plates, Foolscap, & Printer's Ink ; Part II : Editions
of the Book of Mormon." Zarahemla Record 37-38 (1987), p. 2-15.
Larson, Stanley R. "A
Study of Some Textual Variations in the Book of Mormon Comparing the
Original and the Printer's Manuscripts and the 1830, the 1837, and
the 1840 Editions." Mémoire de maîtrise, université
Brigham Young, 1974.
Matthews, Robert J. "The
New Publication of the Standard Works 1979, 1981." BYU Studies
22 (1982), p. 387-424.
Skousen, Royal. "Towards
a Critical Edition of the Book of Mormon." BYU Studies 30
(1990), p. 41-69.
Stocks, Hugh G. "The
Book of Mormon, 1830-1879: A Publishing History." Mémoire
de maîtrise, UCLA, 1979.
Stocks, Hugh G. "The
Book of Mormon in English, 1870-1920: A Publishing History and
Analytical Bibliography." Thèse de doctorat., UCLA, 1986.
ROYAL SKOUSEN
Livre
de Mormon – Enseignements et pratiques en matière de
religion
Auteur :
Welch, John W.
La majeure partie du
Livre de Mormon traite d’un groupe d'Israélites qui
était guidé par des prophètes, qui avait la
doctrine et les ordonnances de l'Évangile de Jésus-Christ,
mais qui a pratiqué la loi de Moïse jusqu'à
l’avènement du Christ. Après sa résurrection,
Jésus est apparu à certains d'entre eux et a organisé
son Église et, pendant quatre générations, ils
ont vécu dans la paix et le bonheur. Beaucoup de détails
sur les enseignements et les pratiques religieuses de ces gens sont
donnés dans le Livre de Mormon. Les saints des derniers jours
croient que ces enseignements chrétiens sont applicables dans
le monde d’aujourd'hui, parce que la doctrine éternelle
de Dieu fait autant force de loi sur une génération que
sur la suivante et parce que le contenu du Livre de Mormon a été
sélectionné et préservé par des prophètes
qui avaient le monde moderne à l'esprit. On trouve aussi ces
enseignements dans les révélations qui ont fondé
les pratiques et les ordonnances des saints des derniers jours
contemporains.
Dans 3 Néphi
et Moroni, des documents enregistrés par des témoins
oculaires conservent beaucoup de paroles de Jésus ressuscité
et donnent les points de doctrine, les alliances et les ordonnances
de base de son Église. En voici les points principaux :
1. Jésus a défini
sa doctrine. Les hommes doivent « se repentir et…
croire en moi… et être baptisés en mon nom, et
devenir semblables à un petit enfant…. c'est ma
doctrine » (3 Né. 11:32, 38-39). La promesse
est donnée que Dieu visitera ces personnes « de feu
et du Saint-Esprit » (3 Né. 11:35).
2.
Jésus a
commandé au peuple de se faire baptiser par immersion et a
donné les paroles de la prière baptismale (3 Né.
11:26-27). Seuls ceux qui étaient « responsables et
capables de commettre le péché » étaient
baptisés (Mro. 8:9-15 ; cf. 6:3).
3. Jésus a ordonné
douze disciples et leur a donné l'autorité de baptiser
(3 Né. 11:21-22). Moroni 2:2 conserve les mots que Jésus
a prononcés quand il a posé les mains sur ces disciples
et leur a donné le pouvoir de conférer le Saint-Esprit
(3 Né. 18:36-37). Les paroles utilisées par les
disciples lors d’ordinations ultérieures de prêtres
et d’instructeurs se trouvent dans Moroni 3:1-4.
4. Les prières de
la Sainte-Cène se trouvent dans Moroni 4-5. Les mots de ces
prières dérivent des expressions à la première
personne que Jésus a prononcées quand il a administré
la Sainte-Cène dans 3 Néphi 18:6-11.
5. L'Église
néphite se réunissait souvent « pour jeûner
et pour prier, et pour se parler l’un à l’autre du
bien-être de leur âme, et… pour prendre le pain et
le vin en souvenir du Seigneur Jésus » (Mro.
6:5-6).
6. Ces chrétiens
renouvelaient régulièrement leur alliance de garder les
commandements que Jésus leur avait donnés : par
exemple, de n’avoir ni querelles, ni colère, ni
dérision, d’offrir le sacrifice d'un cœur brisé
et d'un esprit contrit, de respecter la loi de chasteté dans
la pensée et dans les actes, d’aimer leurs ennemis, de
donner de leurs biens aux pauvres, d’accomplir des actes de
charité en secret, de prier seuls et avec les autres, de ne
servir que Dieu, pas les choses du monde et de s’efforcer
d’être rendus parfaits comme Dieu et Jésus (3 Né.
11-14). Ils avaient la promesse que l'esprit de Jésus
resterait avec eux et qu'ils seraient ressuscités au dernier
jour.
7. Cette Église
était dirigée par Néphi 3, l’un des douze
disciples choisis par Jésus et envoyés pour prêcher
les choses qu'ils l'avaient entendu dire et l'avaient vu faire
(3 Né.
27:1). Le peuple a reçu cette exhortation : « Prêtez
attention aux paroles de ces douze » (3 Né.
12:1).
8. Sur l’ordre du
Seigneur, l'Église a reçu le nom de Jésus-Christ
et les membres ont invoqué le Père au nom du Christ en
toutes choses (3 Né. 27:8-9).
9. Les disciples ont
guéri les malades et accompli des miracles au nom de Jésus
(4 Né. 1:5 ).
- Ils ont suivi
l’exemple de Jésus et ont prié, révéré et loué Dieu, demandé le pardon
et prié pour que la volonté de Dieu se fasse (3 Né. 13:9-13 ;
19:16-35). Le peuple a reçu le commandement : « Priez… dans
vos familles » (3 Né. 18:21).
11. « Ils
avaient tout en commun, tous agissant avec justice l’un envers
l’autre… c’est pourquoi il n'y avait ni riches ni
pauvres » (3 Né. 26:19 ; 4 Né.
1:3).
12.
Comme Jésus
l’avait commandé, ses disciples étaient stricts à
garder l'iniquité hors de leurs communautés et de leurs
synagogues, « trois témoins de l'Église »
étant requis pour excommunier les contrevenants ;
néanmoins, tous étaient aidés, et ceux qui se
repentaient sincèrement étaient pardonnés (3 Né.
18:28-32 ; Mro. 6:7-8).
Pendant les siècles
qui précédèrent le Christ, les prophètes
néphites avaient enseigné la plénitude de
l'Évangile et avaient préparé le peuple à
la venue de Jésus-Christ. En ce qui concerne les points
mentionnés ci-dessus, comparez les antécédents
suivants dans l'histoire néphite. Certains peuvent remonter à
l'Israël antique, d'autres ont été introduits à
diverses occasions par l'inspiration ou la révélation :
1. La doctrine du Christ
– la foi au Seigneur Jésus-Christ, le repentir, le
baptême et la purification du péché par le feu du
Saint-Esprit – est enseignée dans le Livre de Mormon dès
le temps de Néphi 1 (2 Né. 31). Les prophètes
néphites parlaient souvent du « plan de
rédemption » ou, comme Alma l'appelait : « le
grand plan du bonheur » (Al. 42:8). Ils attendaient
l’avènement de Dieu lui-même sur la terre pour
racheter l'humanité de son état perdu et déchu.
Ils savaient qu'il expierait la transgression d'Adam et tous les
péchés de ceux qui ne différeraient pas le jour
de leur repentir (voir Al. 34:33) et que toute l'humanité
ressusciterait physiquement et serait ensuite jugée selon la
justice et la miséricorde de Dieu (Al. 40-42).
2. Des baptêmes
d’alliance ont été accomplis dès le début
des annales, notamment par Alma 1 aux eaux de Mormon (Mos. 18). Sa
prière baptismale demandait la sanctification du cœur,
tandis que celui qui contractait l’alliance promettait de
servir Dieu « même jusqu'à la mort »
pour se voir accorder la vie éternelle par la rédemption
du Christ (Mos. 18:12-13). Le groupe d'Alma resta intact même
après son, installation chez les autres Néphites et les
Néphites qui s’étaient soumis au baptême
« comme il [avait baptisé] ses frères dans
les eaux de Mormon » appartinrent à cette Église
(Mos. 25:18).
3. Des siècles
avant le temps du Christ, des prêtres et des instructeurs
néphites furent consacrés (2 Né. 5:26),
désignés (Mos. 6:3 ; Al. 45:22-23) ou ordonnés
par l’imposition des mains (Al. 6:1 ; cf. No. 27:23). Ils
veillaient sur l'Église, incitaient le peuple à se
rappeler ses alliances (Mos. 6:3), prêchaient la loi et la
venue du Fils de Dieu (Al. 16:18-19) et offraient les premiers-nés
de leurs troupeaux « afin d’offrir des sacrifices et
des holocaustes, selon la loi de Moïse » (Mos. 2:3 ;
cf. De. 15:19-23), qu'ils savaient être un symbole du Christ
(2 Né. 11:4). Les Néphites et les Lamanites
avaient des temples, le premier étant construit « à
la manière du temple de Salomon » (2 Né.
5:16). L'autel était un lieu de culte où le peuple se
réunissait, « veillant et priant continuellement,
afin d’être délivré[s] de Satan, et de la
mort, et de la destruction » (Al. 15:17). Les prêtres
néphites enseignaient aussi dans les synagogues ou lieux de
réunion et idéalement personne n’était
exclu (2 Né. 26:26 ; Al. 32:2-12). Parce qu'ils
détenaient la Prêtrise de Melchisédek (Al.
13:6-19), ils pouvaient fonctionner dans les ordonnances de la
Prêtrise d’Aaron bien que n’étant pas
Lévites. Les prêtres néphites étaient
ordonnés de telle manière que « le peuple
pût ainsi attendre le Fils de Dieu, [l’ordination étant]
une figure de son ordre » (Al. 13:16).
- La terminologie de
l’alliance employée par le roi Benjamin (v. 124 av. J.-C.) était
semblable à la celle des prières de la Sainte-Cène néphite. Le peuple
de Benjamin témoignait qu'il était disposé à toujours garder les
commandements de Dieu, prenait sur lui le nom du Christ et promettait
de « [se souvenir] de toujours retenir le nom écrit dans [leur]
cœur » (Mos. 5:5-12 ; cf. No. 6:27).
5.
Les Néphites se
réunissaient pour jeûner et prier pour avoir des
bénédictions spirituelles (Mos. 27:22 ; Hél.
3:35). En outre, comme leurs ancêtres israélites, ils
jeûnaient lors du deuil pour les morts (Hél. 9:10 ;
cf. 2 S. 3:35).
6. Les renouvellements
d'alliances faisaient de longue date partie de la Loi de Moïse,
conformément à laquelle tous les hommes, femmes et
enfants étaient tenus de se réunir autour du temple à
des moments désignés pour entendre la loi de Dieu et
s’engager de nouveau à la respecter (De. 31:10-13 ;
cf. Mosiah 2:5). La loi religieuse néphite du temps d'Alma 2
interdisait la sorcellerie, le culte des idoles, l'oisiveté,
le babillage, l'envie, les querelles, le port de vêtements
coûteux, l’orgueil, le mensonge, la duperie, la
méchanceté, les moqueries, le vol, le brigandage, la
fornication, l'adultère, le meurtre et toutes les espèces
de méchanceté (Al. 1:32 ; 16:18). En outre, Néphi
2 mettait en garde contre l’oppression des pauvres, le refus de
nourriture aux affamés, le sacrilège, le refus de
reconnaître l'esprit de prophétie et la désertion
vers les Lamanites (Hél. 4:12).
7. Les justes parmi les
Néphites étaient habitués à être
dirigés par des prophètes, des rois inspirés,
des grands prêtres et des grands juges. Ces dirigeants tenaient
les annales sacrées qui étaient fréquemment
citées dans les observances religieuses néphites. Les
institutions de la prophétie néphite changeaient de
temps en temps : certains prophètes étaient
également des rois ; des prophètes secondaires
travaillaient sous le roi Benjamin (Pa. 1:17-18) ; d'autres,
comme Abinadi, étaient des voix solitaires appelant au
repentir. Néanmoins ceux de leurs messages qui nous sont
parvenus étaient constants et précis : ils
prêchaient l'Évangile et la venue du Christ et ils
savaient que quand il viendrait il ordonnerait douze dirigeants
autorisés tant à l’Est (1 Né. 1:10 ;
11:29) que dans l'Ouest (1 Né. 12:7-10).
8. Le nom de Jésus-Christ
fut révélé aux premiers prophètes
néphites (2 Né. 10:3 ; 25:19) et ensuite les
Néphites prièrent et agirent au nom de Jésus-Christ
(2 Né. 32:9 ; Jcb. 4:6). Alma 1 appelait ses
disciples « l'Église du Christ » (Mos.
18:17).
9. Comme les prophètes
israélites, les prophètes néphites faisaient des
miracles au nom du Seigneur. Comme Élie (1 R. 17), par
exemple, Néphi 2 ferma les cieux et causa une famine (Hél.
11:4) et Néphi 3 ressuscita les morts et guérit les
malades (3 Né. 7:19-22).
10. Les Néphites
veillaient et priaient continuellement (Al. 15:17). Il leur était
conseillé de prier trois fois par jour, matin, midi et soir,
pour la miséricorde, pour être délivrés de
la puissance du diable, pour la prospérité et pour le
bien-être de leurs familles (Al. 34:18-25 ; cf. Ps.
55:17). Ils enseignaient que pour être efficace, la prière
devait s’accompagner d’actes charitables (Al. 34:26-29),
qui sont nécessaires pour conserver le pardon des péchés
(Mos. 4:26).
11. Concernant la
richesse et les possessions, beaucoup des premiers prophètes
du Livre de Mormon condamnaient la perversion qu’était
la recherche du pouvoir et de la richesse. Le cycle qui menait de la
prospérité à l’orgueil, à la
méchanceté et ensuite à la catastrophe se
répétait souvent, faisant écho à des
formules caractéristiques du Deutéronome. Les justes
parmi les Néphites faisaient alliance de donner libéralement
aux pauvres et de supporter les fardeaux les uns des autres.
12. Typiquement, ceux qui
contractaient l'alliance requise étaient « comptés »
parmi les Néphites. S'ils transgressaient, leurs noms étaient
« effacés », vraisemblablement retirés
d’une liste (Mos. 5:11 ; 6:1). Des procédures
détaillées pour excommunier les transgresseurs furent
créées par Alma 1, qui avait reçu du roi Mosiah
2 l’autorité de juger les membres de l'Église. Le
pardon devait être accordé « toutes les fois
que [le] peuple se repentira[it] » (Mos. 26:29-30).
Des enseignements et des
pratiques de ce type ont spécifiquement préparé
la voie à la venue personnelle de Jésus-Christ après
sa résurrection. En dépit d’années de
préparation, la réaction immédiate d'une partie
de la multitude néphite aux premières paroles du Christ
ressuscité fut quand même de se demander « ce
qu'il voulait concernant la loi de Moïse » (3 Né.
15:2). Malgré le fait que les prophètes avaient
expliqué depuis longtemps la fonction limitée de la
loi, elle continua à faire partie intégrante et sacrée
de leur vie jusqu'à ce qu'elle fût accomplie par Jésus
(par exemple, 2 Né. 25:24-25 ; Al. 30:3 ; 3 Né.
1:24). Quand Jésus parla, il devint évident que les
vieilles choses « étaient devenues nouvelles »
(3 Né. 15:2).
La diversité des
expériences religieuses du Livre de Mormon ressort aussi du
grand nombre des communautés religieuses qu’il mentionne
dans des situations variables. En dehors des cercles néphites
orthodoxes (dont le succès variait de temps en temps), il y
avait le culte royal extravagant du roi Noé et de ses prêtres
du temple (Mos. 11) ; une Église rivale fausse à
Zarahemla constituée par Néhor (Al. 1) ; des
centres de culte chez les Lamanites (Al. 23:2) ; le méchant
et agnostique Korihor (Al. 30) ; une étonnante chaire de
prière aristocratique et apostate (une plate-forme élevée
recevant un seul adorateur à la fois) des Zoramites (Al.
31:13-14) et des combinaisons ou sociétés secrètes
avec des adhérents assermentés convaincus résolus
à assassiner et à obtenir du gain (3 Né.
3:9). Des missionnaires tels qu’Alma 2, Ammon et Néphi
2, firent des efforts fréquents pour convertir les personnes
appartenant à ces groupes à l’Évangile de
Jésus-Christ et pour les organiser en Églises et en
communautés justes. Il arrivait que les convertis deviennent
plus justes que tous leurs contemporains. Même parmi les
justes, il y avait des niveaux variables de compréhension et
de connaissance, parce que les mystères de Dieu étaient
donnés par Dieu et par ses prophètes selon la diligence
des auditeurs (Al. 12:9-11).
Beaucoup de points
doctrinaux et d’idées pratiques remplissent les pages du
Livre de Mormon. En voici quelques-uns : Alma 2 explique que
Jésus a souffert « afin qu’il sache, selon la
chair, comment secourir son peuple » (Al. 7:12). Alma 2
décrit comment on peut nourrir la foi pour qu’elle
devienne connaissance (Al. 32). Benjamin définit le péché
comme une « rébellion contre Dieu »
(Mos. 2:36-37) et propose de belles perspectives d’avenir à
tous ceux qui « se rende[nt] aux persuasions de
l'Esprit-Saint et… se dépouille[nt] de l'homme
naturel » (Mos. 3:19). Alma 2 décrit la situation
des esprits après la mort quand ils retournent à Dieu,
« qui leur a donné la vie » (Al. 40:11).
Jacob parle de manière émouvante de la nudité de
ceux qui sont impénitents, qui resteront souillés
devant le jugement de Dieu (2 Né. 9:14). Benjamin exalte
« l'état béni et bienheureux »
des justes qui goûtent l'amour et la bonté de Dieu (Mos.
2:41 ; 4:11). Et Léhi énonce le but de
l'existence : « Les hommes sont pour avoir la joie »
(2 Né. 2:25). Le Livre de Mormon enseigne l'unique chemin
du bonheur éternel à l’aide de nombreuses images,
instructions et exemples inspirants.
Beaucoup d’enseignements
prophétiques du Livre de Mormon se sont déjà
accomplis (par exemple, 1 Né. 13 ; 2 Né.
3 ; Hél. 14), mais plusieurs concernent toujours le
futur. Une raison pour laquelle certains furent intrigués
quand Jésus déclara qu’il avait accompli la loi
et les prophètes était que beaucoup de prophéties
d'Ésaïe, de Néphi 1 et d'autres restaient en
suspens : en particulier, les Néphites n'avaient pas
encore été réunis à un peuple d'Israël
racheté. Jésus expliqua : « Je ne
détruis pas ce qui a été dit concernant les
choses qui sont à venir » (3 Né. 15:7).
Doivent encore s’accomplir dans la perspective prophétique
du Livre de Mormon, les promesses que les branches de l'Israël
dispersé seront rassemblées dans le Christ et
combineront leurs annales en une seule (2 Né. 29:13-14),
que les restes des descendants de Léhi seront considérablement
renforcés dans le Seigneur (2 Né. 30:3-6 ;
3 Né. 21:7-13), et qu’une grande division se
produira : les justes édifieront une nouvelle Jérusalem
sur le continent américain (3 Né. 21:23 ;
Éther 13:1-9), tandis que les méchants seront détruits
(1 Né. 30:10). « Alors, dit Jésus, le
pouvoir du ciel descendra parmi eux, et je serai aussi au milieu »
(3 Né. 21:25).
Bibliographie
La plupart des écrits
doctrinaux des saints des derniers jours se rapportent au Livre de
Mormon sur des sujets déterminés, mais aucune analyse
complète de l'expérience religieuse néphite en
tant que telle n'a été écrite.
Voir généralement
Sidney B. Sperry, Book of Mormon Compendium, Salt Lake City, 1968, et
Rodney Turner, "The Three Nephite Churches of Christ" dans
The Keystone Scripture, dir. de publ. P. Cheesman, p. 100-126 (Provo,
Utah, 1988).
On trouvera le point de
vue d'un anthropologue sur les institutions et les pratiques
religieuses néphites dans John L. Sorenson, An Ancient
American Setting for the Book of Mormon, Salt Lake City, 1985.
JOHN W. WELCH
Livre
de Mormon et Proche-Orient
Auteur :
Nibley, Hugh W.
Selon le Livre de Mormon,
les Jarédites, les Néphites et les « Mulékites »
émigrèrent du Proche-Orient vers le continent américain
dans l'Antiquité, une affirmation qui a été
contestée. Les spécialistes du Livre de Mormon
reconnaissent volontiers qu'il n'existe actuellement aucune preuve
directe et concrète qui confirme les liens avec le
Proche-Orient antique indiqués dans le livre, mais on peut
citer des indices – en grande partie externes et indirects –
qui imposent le respect pour les affirmations du Livre de Mormon en
ce qui concerne son enracinement dans le Proche-Orient antique (CWHN
8:65-72). Quelques exemples donneront une idée de la nature et
de la force de ces liens, en particulier parce que Joseph Smith, le
traducteur du Livre de Mormon, n’aurait pu trouver aucun de ces
détails dans aucune des sources qui existaient au début
du XIXe siècle.
1. Léhi (v. 600
av. J.-C.) était un homme juste et de bonne naissance de la
tribu de Manassé, qui vivait à ou près de
Jérusalem. Il voyageait beaucoup, avait une riche propriété
à la campagne et s’y connaissait en beaux ouvrages en
métal. Sa famille était fortement influencée par
la culture égyptienne contemporaine. À une époque
où les tensions allaient croissant à Jérusalem
(les édiles tenaient des réunions secrètes la
nuit), il était pour le parti de la réforme religieuse
de Jérémie, alors que les membres de sa famille étaient
déchirés par les options politiques. Faisant partie des
nombreux prophètes qui annonçaient le malheur sur le
pays, visionnaire, il fut forcé de se sauver avec sa famille,
craignant d’être poursuivi par les troupes d'un certain
Laban, haut fonctionnaire militaire de la ville. Des documents
importants dont Léhi avait besoin étaient conservés
chez Laban (1 Né. 1-5 ; CWHN 6:46-131 ;
8:534-535). Une situation qui a des parallèles étroits
avec celle de Lakisch à l’époque, comme la
décrivent les documents contemporains découverts en
1934-1935 (H. Torczyner, The Lachish Letters, 2 vols., Oxford,
1938 ;
cf. CWHN 8:380-406). Les lettres de Bar Kochba, découvertes en
1965-1966, racontent la manière dont les riches fuyaient
Jérusalem dans des circonstances semblables au cours des
siècles précédents et ultérieurs (Y.
Yadin, Bar Kokhba, chapitres 10 et 16, Jérusalem, 1971 ;
Cf, CWHN 8:274-288).
2. La fuite de Léhi
fait penser à la décision que prirent plus tard les
membres de la secte qui se retira dans le désert près
de la mer Morte, les deux groupes visant à « garder
les commandements du Seigneur » (cf. 1 Né.
4:33-37 ; Rouleau de la Guerre [1QM] x. 7-8). Parmi les
sectaires du désert, tous les volontaires prêtaient
serment par alliance (Rouleau de la Guerre [1QM] vii. 5-6). Dans le
cas de Néphi 1, fils de Léhi, il est accusé
d’avoir « pris sur lui d'être notre gouverneur
et notre instructeur… Il dit que le Seigneur a parlé
avec lui… [pour] nous entraîner dans quelque désert
étrange » (1 Né. 16:37-38). Plus tard,
dans le Nouveau Monde, Néphi, puis Mosiah 1 et ensuite Alma 1
(vers 150 av. J.-C.) emmèneront d’autres adeptes, par
exemple, le dernier cité, dans un lieu d’arbres près
des « eaux de Mormon » (2 Né.
5:10-11 ; Om. 1:12-13 ; Mos. 18). L'organisation et les
pratiques mises sur pied par Alma sont semblables à celles des
communautés du Vieux Monde : serment, baptême, un
prêtre pour cinquante membres, des instructeurs ou inspecteurs
itinérants, un jour spécial pour l'assemblée,
tous travaillent et partagent de la même façon, appelés
« enfants de Dieu », tous se réclament
d’un Maître prééminent et ainsi de suite
(Mos. 18 ; 25). Les parallèles avec les communautés
des manuscrits de la mer Morte sont frappants, jusqu’aux
colonies rivales de la mer Morte menées par le Faux Maître
(CWHN 6:135-144, 157-167, 183-193 ; 7:264-270 ; 8:289-327).
3. « Et mon
père demeurait sous une tente » (1 Né.
2:15). Mentionnée quatorze fois dans 1 Néphi, la
tente du cheik est le centre de tout. Quand les fils de Léhi
reviennent sains et saufs de Jérusalem après s'être
enfuis devant les hommes de Laban et s'être cachés dans
des cavernes, « ils se réjouirent… et
offrirent des sacrifices… [sur] un autel de pierres… et
rendirent grâces » (1 Né. 2:7 ;5:9).
Prenant des « semences de toutes sortes » pour
un séjour prolongé « dans les parties plus
fertiles du désert », ils chassent en cours de
route, ne faisant « pas beaucoup de feu »,
vivant de viande crue, parfois guidés par un « Liahona »,
une boule d’airain « d’une exécution
habile » avec deux flèches de divination qui
montrent le chemin. Un campement de longue durée a lieu « à
l’endroit que nous avions appelé Shazer »
(cf. arabe shajer, arbres ou lieu d’arbres) ; et ils
enterrent Ismaël à Nahom, où ses filles pleurent
et réprimandent Léhi (1 Né. 16 ; cf.
l’arabe Nahm, gémissements ou soupirs collectifs,
réprimande). Léhi décrit de manière
vivante un sayl, une crue subite « d’eau souillée »
sortant d’un oued ou du lit d’un cours d’eau qui
peut balayer un camp (1 Né. 8:13, 32 ; 12:16), un
événement courant dans la région où il
voyageait. À leur première « rivière
d'eau », Léhi récite un « qasida »,
une vieille forme de poésie de désert, à ses
fils Laman et Lémuel, les exhortant à être
semblables au cours d’eau et à la vallée dans le
respect des commandements de Dieu (1 Né. 2). Il décrit
la terreur de ceux qui dans « un brouillard de ténèbres…
perdirent leur chemin, de sorte qu’ils s’éloignèrent
et se perdirent. » Il voit « un grand et
spacieux édifice » semblant se dresser haut « en
l’air … rempli de gens… et leur façon de
s’habiller était très raffinée »
(1 Né. 8 ; cf. les « gratte-ciel »
de l'Arabie méridionale, par exemple, la ville de Shibam). Le
bâtiment tombe dans tout son orgueil comme le château
fabuleux de Ghumdan. Il y a de nombreuses autres images du désert
(CWHN 5:43-92).
4. Parmi des récits
d’une certaine longueur, Moroni 1 (vers 75 av. J.-C.), menant
un soulèvement contre un oppresseur, « s’en
alla parmi le peuple, agitant la partie déchirée de son
vêtement » pour montrer ce qui était écrit
dessus (Al. 46:19-20). Le héros perse légendaire Kawe
fait la même chose avec son vêtement. Le peuple de Moroni
« accourut … déchirant ses vêtements…
comme alliance [disant]… [Dieu] peut nous jeter aux pieds de
nos ennemis… pour être foulés aux pieds »
(Al. 46:21-22). Déchirer et piétiner les vêtements
étaient des pratiques antiques (CWHN 6:216-218 ;
7:198-202 ; 8:92-95). L'inscription sur l’étendard,
« en souvenir de notre Dieu, de notre religion, et de
notre liberté, et de notre paix, de nos épouses, et de
nos enfants » (Al. 46:12), ressemble aux étendards
et aux trompettes des armées dans le Rouleau de la Guerre
([IQM] iii. 1 iv.2). Avant la bataille, Moroni va devant l'armée
et consacre le pays situé du côté du sud du pays
de Désolation comme « pays de choix, et terre de
liberté » (Al. 46:17). Dans le Rouleau de la Guerre
([1QM] vii.8 et suiv.) le grand prêtre va pareillement devant
l'armée et consacre le pays de l'ennemi à la
destruction et celui d'Israël au salut (CWHN 6:213-216). Moroni
compare son vêtement-étendard déchiré à
la tunique de Joseph, dont la moitié a été
préservée et dont l’autre s’est
décomposée : « Souvenons-nous des
paroles de Jacob avant sa mort… Comme ce reste [de la tunique]
a été préservé, de même un reste de
[Joseph] sera préservé. » C’est ainsi
que Jacob a connu simultanément la tristesse et la joie (Al.
46:24-25). Une histoire presque identique est racontée par
Tha'labi, savant du dixième siècle, collectionneur des
traditions des réfugiés juifs en Perse (CWHN
6:209-221 ; 8:249, 280-281).
5. Il y a, dans le Livre
de Mormon, une description détaillée d'un couronnement
qui n’a de parallèles que dans les sources non bibliques
antiques, particulièrement la description par Nathan haBablil
du couronnement du Prince de la Captivité. La version du Livre
de Mormon dans Mos. 2-6 (vers 125 av. J.-C.) est un compte rendu
classique du « Rite de l'année »
antique, un rite bien attesté : (a) Le peuple se réunit
au temple, (b) apportant des prémices et des offrandes (Mos.
2:3-4) ; (c) il campe par familles, toutes les ouvertures des
tentes faisant face au temple ; (d) une tour spéciale est
érigée, (e) du haut de laquelle le roi s'adresse au
peuple, (f) lui dévoilant « les mystères »
(le vrai souverain est Dieu, etc.) ; (g) tous acceptent
l'alliance dans une grande acclamation ; (h) c'est
l'anniversaire universel, tous naissent de nouveau ; (i) ils
reçoivent un nouveau nom, sont dûment scellés et
enregistrés dans un recensement national ; (j) il y a une
musique chorale émouvante (cf. Mos. 2:28 ; 5:2-5), (k)
ils festoient par familles (cf. Mos. 2:5) et rentrent chez eux (CWHN
6:205-310). Ce schéma n’est reconnu que depuis les
années 1930.
6. Les indications
littéraires des liens entre le Vieux Monde et le Livre de
Mormon sont centrées sur les influences égyptiennes, ce
qui nécessite un traitement spécial. Le colophon
d'ouverture de l'autobiographie de Néphi dans le Livre de
Mormon est caractéristique : « Moi Néphi…
je les fais de ma propre main » (1 Né. 1:1,
3). Les caractères de l’écrit originel du Livre
de Mormon ressemblent très fort au méroïtique,
« un égyptien reformé » utilisé
par une colonie égyptienne établie à la même
période dans le cours supérieur du Nil. Parmi les noms
propres du Livre de Mormon il y a Ammon (le nom le plus commun tant
dans l’Égypte de la XXVIe Dynastie [664-525 av. J.-C.]
que dans le Livre de Mormon) ; Alma, dont on s’est
longtemps moqué pour son utilisation comme nom d'homme (que
l’on trouve maintenant dans les lettres de Bar Kochba dans
l’expression « Alma, fils de Juda ») ;
Aha, général néphite (cf. l’égyptien
aha, « guerrier ») ; Paankhi (nom royal
important de la période égyptienne récente
[525-332 av. J.-C.]) ; Hermounts, région de bêtes
sauvages (cf. l’égyptien Hermonthis, dieu des lieux
sauvages) ; Laman et Lémuel, « noms jumeaux »
généralement donnés aux fils aînés
(cf. Qabil et Habil, Harout et Marout) ; Léhi, nom propre
(trouvé sur un tesson de poterie antique à Ebion Guézer
vers 1938) ; Manti, forme du dieu égyptien Month ;
Korihor (cf. l’égyptien Herhor, Horihor) ; et
Giddianhi (cf. l’égyptien Djhwti-ankhi, « Thoth
est ma vie »), etc. (CWNH 5:25-34 ; 6:281-292 ;
7:149-152, 168-172 ; 8:281-282).
7. L'authenticité
des Plaques d'or sur lesquelles le Livre de Mormon était gravé
a souvent été mise en doute jusqu'à la
découverte des plaques de Darius en 1938. Depuis lors, on a
trouvé beaucoup d'autres exemples d'écrits sacrés
et historiques sur des plaques métalliques (C. Wright dans By
Study and Also by Faith, 2:273-334, dir. de publ. J. Lundquist et S.
Ricks, Salt Lake City, 1990). Les plaques d’airain (de bronze)
rappellent le rouleau de cuivre des manuscrits de la mer Morte, le
métal étant employé pour préserver les
informations particulièrement précieuses, à
savoir les cachettes des trésors – manuscrits, argent,
ustensiles sacrés – cachés à l'ennemi. Il
est commandé aux Néphites : « [ils]
cacheront leurs trésors lorsqu’ils fuiront devant leurs
ennemis » mais si ces trésors sont employés
par la suite à des fins privées, « parce
qu'ils ne les cacheront pas pour [Dieu], maudits soient-ils et aussi
leurs trésors » (Hél. 13:19-20 ; CWHN
5:105-107 ; 6:21-28 : 7:56-57, 220-221, 272-274).
8. Contrairement aux
autres cultures du livre, les Jarédites conservent les
techniques guerrières des steppes de l'Asie sur « ce
pays du nord » (Ét. 1, 3-6). Originaires du centre
de dispersion bien connu des grandes migrations d’Asie
occidentale, ils ont accepté tous les volontaires pour une
migration massive (Ét. 1:41-42). Parcourant l'Asie centrale,
ils traversent les mers peu profondes dans des barques (Ét.
2:5-6). Ces grandes mers intérieures étaient ce qui
restait de la dernière période glaciaire (CWHN
5:183-185, 194-196). Arrivés à la « grande
mer » (probablement le Pacifique), ils construisent des
bateaux munis de ponts fermés et d’extrémités
pointues, « comme l'arche de Noé » (Ét.
6:7), ressemblant fort aux « magours »
préhistoriques de la Mésopotamie. Les huit bateaux sont
éclairés par des pierres lumineuses, comme l’était
l'arche de Noé selon le Talmud palestinien, les pierres
mentionnées dans le Talmud et ailleurs étant produites
par un processus particulier décrit dans les légendes
antiques. Ces dispositions étaient nécessaires en
raison du « vent furieux… [qui] ne cessa jamais de
souffler » (Ét. 6:5, 8). À ce propos, il y a
beaucoup de récits anciens sur le « Déluge
de vent » – des vents terribles et soutenus pendant
tout un temps – qui suivirent le Déluge et détruisirent
la Tour (CWHN 5:359-379 ; 6:329-334 ; 7:208-210).
9. La société
du livre d'Éther est celle « du milieu épique »
ou de « l'âge héroïque », un
produit du bouleversement du monde et des migrations forcées
(cf. descriptions dans H. M. Chadwick, The Growth of Literature, 3
vols., Cambridge, 1932-1940). Sur les plaines illimitées, la
fidélité doit être garantie par des serments, qui
sont violés parce que les individus recherchent toujours plus
de puissance et de gain. Les fils ou les frères des rois se
rebellent pour former de nouvelles armées et de nouveaux
empires, assignant parfois le roi et sa famille à résidence
à vie, tout en « détournant » des
partisans à coups de cadeaux et de terres à la manière
féodale. La splendeur royale s’édifie sur le
travail effectué en prison ; il y a des complots et des
contre complots, des querelles et des vendettas. La guerre se joue
comme un jeu d'échecs, avec des moments et des endroits fixés
pour la bataille et des défis à coups de trompette et
de messagers, le tout aboutissant au duel personnel des souverains,
le gagnant s’emparant de tout. Cela conduit à des
guerres d'extermination et à une désintégration
sociale totale, « chacun avec sa bande combattant pour ce
qu'il désirait » (Ét. 7-15 ; CWHN
5:231-237, 285-307).
10. Des éléments
du matriarcat archaïque sont apportés du Vieux Monde par
les peuples du Livre de Mormon (Ét. 8:9-10). Par exemple, une
reine jarédite complote de mettre un jeune successeur sur le
trône par traîtrise ou un duel et puis le supplante par
un autre, tout en gardant les choses en main comme l’éternelle
Grande Mère antique dans une cour royale (cf. CWHN 5:210-213).
La déesse-mère apparaît apparemment aussi chez
les Néphites dans un endroit de culte (Siron), où la
prostituée Isabel et ses disciples reçoivent la visite
d’une foule d’adeptes (Al. 39:3-4, 11) ; Isabel
était le nom de la grande hiérodule des Phéniciens
(CWHN 8:542).
Livre de Mormon –
Études
Auteur : Ricks,
Stephen D.
Depuis la publication du
Livre de Mormon en 1830, on a publié un nombre considérable
d’écrits qui l’analysent, le défendent et
l'attaquent. Les études de ce document complexe ont abordé
la question de diverses manières, parce que le livre lui-même
invite à un approfondissement minutieux et récompense
les recherches patientes et réfléchies.
Pour la plupart des
saints des derniers jours le but premier de l'étude des
Écritures n'est pas de se prouver à eux-mêmes la
véracité des documents scripturaires – ils les
acceptent déjà – mais d’acquérir de
la sagesse et la compréhension des enseignements de ces
Écritures sacrées et d’appliquer à la vie
quotidienne les principes de l'Évangile qu’ils y ont
appris. Cependant, à cause de l’origine du Livre de
Mormon, beaucoup de gens ont également exploré les
composants secondaires de ce document : son vocabulaire, son
style, les faits qu’il avance, ses thèmes principaux et
ses nuances subtiles.
Les recherches dans le
Livre de Mormon ont généralement suivi les mêmes
formes que la recherche biblique. Dans les deux domaines, les écrits
vont des textes narratifs aux commentaires doctrinaux, historiques,
géographiques, textuels, littéraires et comparatifs.
Mais il y a également plusieurs différences marquées.
Par exemple, à la différence des auteurs de la Bible,
les prophètes, les compilateurs et les abréviateurs du
Livre de Mormon donnent souvent de manière explicite les dates
auxquelles ils ont travaillé, les buts de leurs écrits
et les sources dans lesquelles ils ont puisé, clarifiant ainsi
beaucoup de questions relatives à la rédaction et à
l’interprétation ; en outre, les études
scientifiques et archéologiques du Livre de Mormon sont plus
limitées que dans la recherche biblique parce que le texte le
plus ancien qui existe est la traduction anglaise de 1829 faite par
Joseph Smith et que l’emplacement exact des concentrations de
population du Livre de Mormon est inconnu. Néanmoins, un grand
nombre d'analyses internes et comparatives a été fait.
Les travaux les plus notables sont ceux des personnes suivantes.
ALEXANDER CAMPBELL.
Fondateur des Disciples du Christ et collègue de Sidney Rigdon
avant que celui-ci ne se convertisse au mormonisme, Alexander
Campbell (1788-1866) a rédigé une réponse au
Livre de Mormon qu'il a publiée le 7 février 1831 dans
son périodique le Millennial Harbinger (réimprimé
sous forme d’une brochure intitulée Delusions). Il y
conteste l'idée que le Livre de Mormon ait été
écrit par des prophètes antiques multiples et attaque
la personnalité de Joseph Smith. Pour lui, le livre est
l’œuvre du seul Joseph Smith, écrit uniquement par
lui et « certainement conçu dans un seul crâne »
(p. 13). Il affirme que le livre représente simplement les
réflexions de Joseph Smith sur les polémiques sociales,
politiques et religieuses de son temps : « le baptême
des petits enfants, l’ordination, la Trinité, la
régénération, le repentir, la justification, la
chute de l'homme, l'Expiation, la transsubstantiation, le jeûne,
le châtiment, le gouvernement de l'Église, l’expérience
religieuse, l'appel au ministère, la résurrection
générale, le châtiment éternel, qui peut
baptiser et même la question de la franc-maçonnerie, le
gouvernement républicain et les droits de l'homme »
(p. 13). Il affirme aussi que le Livre de Mormon se méprend
sur l’histoire israélite et juive (du fait qu’il
décrit les Néphites comme étant chrétiens
des centaines d'années avant la naissance du Christ) et qu’il
est écrit dans une grammaire anglaise épouvantable. Il
qualifie Joseph Smith de « filou ignorant et effronté »
(p. 11). Delusions est important parmi les études du Livre de
Mormon parce qu’à bien des égards il détermine
le programme de la plupart des détracteurs ultérieurs
du Livre de Mormon (par exemple, que le livre découle de, ou
correspond à diverses tendances existant au début du
dix-neuvième siècle dans le nord de l’État
de New York). Plus tard, cependant, Campbell changera d’attitude
et adoptera la théorie Spaulding-Rigdon, selon laquelle Sidney
Rigdon aurait volé un exemplaire d'un manuscrit écrit
par Solomon Spaulding, en aurait élaboré ce qui allait
devenir le Livre de Mormon, qu'il transmit à Joseph Smith vers
la fin des années 1820, prétendant plus tard avoir
rencontré Joseph pour la première fois en 1830.
ORSON PRATT. Dans Divine
Authenticity of the Book of Mormon (1850-1851), une série de
six brochures, Orson Pratt (1811-1881), membre du Collège des
douze apôtres, rassemble les idées des premiers saints
des derniers jours sur le Livre de Mormon. Il argumente, pour des
raisons logiques, en faveur de l'authenticité divine du Livre
de Mormon, affronte les critiques qu’on en fait et présente
les éléments en faveur de sa véracité en
s’appuyant fortement sur les preuves bibliques et historiques.
Il ne traite pas directement du contenu du Livre de Mormon, mais des
idées des autres Églises qui les empêchent
d’accepter ou même d’examiner sérieusement
le Livre de Mormon.
Les trois premières
brochures traitent de la nature de la révélation,
avançant des arguments étayant l’affirmation de
Pratt que la communication continue de la part de Dieu est nécessaire
et scripturaire. Les trois dernières brochures signalent les
nombreux témoins qui ont reçu des visions célestes
confirmant les affirmations de Joseph Smith et déclarent que
la divinité du Livre de Mormon est confirmée par les
nombreux miracles, semblables à ceux que l’on trouve
dans la Bible, vécus par les saints des derniers jours. Enfin,
il fait appel aux éléments prophétiques en
faveur du Livre de Mormon, tirés de Daniel et d'Ésaïe.
Dans un discours prononcé en 1872, Pratt propose une
géographie pour le Livre de Mormon qui a considérablement
influencé la pensée des saints.
GEORGE REYNOLDS ET JANNE
M. SJODAHL. Pendant le dix-neuvième siècle, la plupart
des défenses du Livre de Mormon et des attaques contre lui ont
été basées principalement sur la raison, sur
l’examen de l’environnement contemporain du livre ou sur
la Bible. Mais George Reynolds (1842-1909) et Janne M. Sjodahl
(1853-1939), dans leur Commentary on the Book of Mormon en sept
volumes (réédité 1955-1961), ont étudié
la plausibilité des affirmations du Livre de Mormon en
examinant des éléments de preuve externes à
caractère historique, culturel, linguistique ou religieux du
Vieux Monde et du Nouveau. Bien que leurs exemples et leurs
explications soient souvent insuffisamment documentés et
soient parfois erronés, cet ouvrage a été le
premier grand effort fait pour étudier les contextes culturels
et historiques du Livre de Mormon (c.-à-d., pour placer le
livre dans un contexte historique en faisant intervenir la
documentation correspondante en provenance du monde antique).
Alors que dans The Story
of the Book of Mormon, un précédent ouvrage, Reynolds
s’était montré d’accord avec Orson Pratt
sur la géographie du Livre de Mormon, dans leur
Commentary,Sjodahl et lui donnent peu de place à la géographie
et s’intéressent surtout à élaborer une
carte, ayant une cohérence interne, de tous les emplacements
du Livre de Mormon, sans essayer de les faire correspondre à
des emplacements modernes (Reynolds, p. 19, 49, 301-330 ;
Reynolds et Sjodahl, vol. 1, p. Ix-xi). Reynolds sera par la suite
l’auteur de près de trois cents articles et de plusieurs
ouvrages de référence sur le Livre de Mormon. Sjodahl
publiera An Introduction to the Study of the Book of Mormon
comportant une grande variété de théories
culturelles et linguistiques.
B. H. ROBERTS. Parmi les
auteurs mormons les plus influents de son temps, B. H. Roberts
(1857-1933) a beaucoup écrit sur toutes sortes de sujets
relatifs à l’Église, dont le Livre de Mormon.
Comme Reynolds et Sjodahl, il s’intéresse non seulement
aux implications théologiques du Livre de Mormon mais
également à son cadre historique, géographique
et culturel (1909, vol. 2, p. 143-144, 162, 347-458 ; Vol. 3, p.
3-92). Roberts n'avait pas peur de poser des questions difficiles –
et parfois sans réponse pour lui – au sujet du Livre de
Mormon, mais il affirmera jusqu’à la fin de sa vie sa
foi au livre (1985, p. 61-148 ; J. Welch, Ensign 16, mars 1986,
p. 58-62).
FRANCIS KIRKHAM. Dans son
étude en deux volumes A New Witness for Christ in America
(1942), Francis Kirkham (1877-1972) examine les faits historiques des
années 1820 concernant la parution du Livre de Mormon. Il
montre que les témoignages de Joseph Smith et de ses amis sont
cohérents et fidèles à eux-mêmes, alors
que ceux de ses ennemis sont fréquemment contradictoires et
incohérents. Il étaie soigneusement sa démonstration
que les autres explications de l'origine du Livre de Mormon ont
parfois changé ou ont été abandonnées.
Tout en favorisant la conception traditionnelle de l’origine du
Livre de Mormon, il permet à tout le monde de s’exprimer,
avec peu de commentaires. Il présente généreusement
les documents primaires, publiés ou non, provenant des
bibliothèques et des archives de partout aux États-Unis.
L’utilisation qu’il a faite du plus grand éventail
de sources primaires existantes a créé une nouvelle
façon de travailler dans l'étude des origines du Livre
de Mormon.
Le deuxième tome
de A New Witness for Christ in America de Kirkham (1951) examine les
autres explications de l’origine du Livre de Mormon. Concernant
l'affirmation que Joseph Smith a écrit le livre lui-même,
il présente les déclarations de personnes qui
connaissaient bien Joseph, avec des points de vue représentant
les deux côtés de la question de savoir s'il était
capable d'écrire un tel livre. Il avance aussi d’abondants
arguments pour montrer que l'hypothèse Spaulding est bourrée
de problèmes. La théorie ne fournit que les éléments
les plus indirects et les plus douteux concernant le vol du manuscrit
par Rigdon et son transfert à Joseph Smith à l’insu
de tous. Bien que, ces quelques dernières décennies la
théorie Spaulding ne soit plus retenue comme explication du
Livre de Mormon, on la ressort encore de temps en temps.
HUGH W. NIBLEY. Dans son
grand nombre d’écrits sur le Livre de Mormon, rédigés
sur une période d’une quarantaine d’années,
Hugh W. Nibley (1910-2005) a adopté plusieurs méthodes,
principalement la mise en contexte historique sur la base des
affirmations internes du Livre de Mormon considéré
comme annales d’un peuple venu du Proche-Orient antique, mais
examinant aussi l'authenticité du livre sur la base des
données internes uniquement et voyant dans l'effondrement
fatal de grandes civilisations un avertissement menaçant pour
les hommes d’aujourd'hui.
Dans Léhi dans le
Désert (1949-1952), après avoir passé en revue
les critères du grand archéologue américain
William F. Albright pour déterminer la plausibilité
historique des récits antiques, Nibley pose ces questions sur
l'histoire de Léhi : « Reflète-t-elle
correctement ‘l’horizon culturel et les idées et
les pratiques religieuses et sociales de l’époque’ ?
A-t-elle un cadre historique et géographique authentique ?
La mise en scène est-elle mythique, tout à fait
imaginaire ou improbable par son extravagance ? Sa couleur
locale est-elle correcte et ses noms propres sont-ils
convaincants ? » (CWHN 5:4). La façon correcte
d’aborder le Livre de Mormon, selon Nibley, est simplement de
donner au livre le bénéfice du doute, lui accordant
qu'il est ce qu’il prétend être (les annales
antiques historiquement authentiques d'un peuple provenant de
l'Israël ancien) et examinant ensuite les données
internes du livre lui-même (les noms, les idées
culturelles et religieuses) en les comparant à ce que l’on
sait du Proche-Orient antique. Quand on fait ceci, il se dégage
une image qui correspond de manière saisissante à ce
qu’on peut savoir du Proche-Orient antique. La plupart des
exemples de Nibley viennent des Arabes, des Égyptiens et des
Israélites.
Avec beaucoup d'esprit et
d'érudition, Nibley argumente contre les autres explications
du Livre de Mormon. Par exemple, en traitant de la théorie
environnementale de Thomas O'Dea que le livre est de toute évidence
un ouvrage américain, Nibley considère que les
sentiments américains qui sont censés imprégner
l’œuvre devraient être plus précis et mieux
ressortir (CWHN 8:185-86). À l’aide de parades habiles
et dans un style vigoureux, Nibley va de l’avant dans ses
études sur le Livre de Mormon, tantôt défendant
certains points du livre, tantôt passant à l'offensive
contre ceux qui l'attaquent, enrichissant toujours la compréhension
qu’a le lecteur de son cadre. En tant qu'enseignant,
conférencier et auteur, Nibley a exercé une très
grande influence sur les études faites plus tard sur le Livre
de Mormon.
JOHN L. SORENSON. John L.
Sorenson (1924-) examine le texte du Livre de Mormon en consacrant
son attention à la Méso-Amérique pour mieux
comprendre le cadre géographique, anthropologique et culturel
des peuples du livre. Il analyse soigneusement les données
méso-américaines, en particulier la géographie,
les conditions climatiques, le mode de vie et la guerre, ainsi que
les restes archéologiques dans Un environnement pour le Livre
de Mormon dans l’Amérique ancienne, afin de créer
une matrice plausible et cohérente pour la compréhension
du livre. En ce qui concerne la géographie du Livre de Mormon,
Sorenson conclut que les événements rapportés
dans le Livre de Mormon se sont produits dans une région assez
restreinte du sud du Mexique et du Guatemala : L‘étroite
bande de terre est l’isthme de Tehuantepec. La mer de l’est
est le Golfe du Mexique ou son composant, le Golfe de Campeche. La
mer de l’ouest est l’océan Pacifique à
l’ouest du Mexique et du Guatemala. Le pays situé du
côté du sud comprend la partie du Mexique située
à l’est et au sud de l’isthme de Tehuantepec…
Le pays situé du côté du nord consiste pour une
partie du Mexique à l’ouest et au nord de l'isthme de
Tehuantepec… Le champ de bataille final où les peuples
jarédite et néphite ont péri se trouvait autour
des monts Tuxtla dans la partie centrale et méridionale de
Veracruz [p. 46-47].
Un environnement pour le
Livre de Mormon dans l’Amérique ancienne a placé
l'étude du cadre américain antique du Livre de Mormon
sur un niveau scientifique comme aucun des ouvrages qui l’ont
précédé.
ORIENTATIONS ACTUELLES
DES ÉTUDES SUR LE LIVRE DE MORMON. Une grande partie du
travail spécialisé sur le Livre de Mormon a été
consacrée à une compréhension plus complète
de sa richesse théologique ou s’est occupée de
mettre en pratique le principe énoncé par le livre d’
« appliqu[er] toutes les Écritures à nous »
(1 Né. 19:23). Certaines des publications récentes
du Religious Studies Center à l’université
Brigham Young se sont concentrées sur divers aspects
théologiques du Livre de Mormon et sur la recherche
d’applications du livre à la vie (par exemple, les
essais de divers auteurs dans Cheesman, dans McConkie et Millet, et
dans Nyman et Tate).
Sous l’impulsion de
Nibley, de Sorenson et d'autres, plusieurs études récentes
sur le livre se sont occupées d’améliorer la
compréhension de ses racines dans le Vieux Monde et dans son
cadre américain. Les recherches et les publications de la
Fondation pour les Recherches dans l’Antiquité et les
Études mormones (F.A.R.M.S.), de la Société pour
l'archéologie historique ancienne (SEHA) et de l'Institut de
Recherche archéologique se sont tout particulièrement
concentrées sur le contexte historique et géographique
du Livre de Mormon.
Dans certains cercles,
l’un des grands points focaux de l’étude actuelle
du Livre de Mormon est son historicité. Alors que, par le
passé, les positions vis-à-vis du Livre de Mormon se
répartissaient en gros entre ceux qui l'acceptaient comme un
document antique historiquement authentique et inspiré et ceux
qui le rejetaient à ces deux points de vue, plusieurs angles
d’approche différents sont apparus.
Selon l’un des
points de vue, une position qui existait déjà avant sa
publication, le Livre de Mormon est une invention délibérée
de Joseph Smith. Les tenants de cette thèse ne voient aucune
inspiration dans le livre ni aucune valeur historique, tout en
voulant bien lui accorder une certaine valeur religieuse en tant
qu’énoncé des sentiments religieux de Joseph
Smith. La philosophie qui sous-tend cette conception peut être
le rejet doctrinaire de toute intervention divine dans les affaires
des hommes ou le rejet spécifique des affirmations de Joseph
Smith concernant ses expériences avec le divin. Ceux qui
entretiennent ce point de vue peuvent accepter soit la théorie
Spaulding, soit, plus communément, diverses explications
environnementales du contenu du livre (voir View of the Hebrews). Une
explication environnementaliste qui a suscité, il y a quelque
temps, un certain intérêt tant parmi les croyants que
les non-croyants est basée sur la soi-disant « conception
magique du monde » qui aurait imprégné
l'environnement dans lequel Joseph Smith a grandi. Cependant, ce
point de vue a été fortement critiqué et n’a
pas rencontré un grand succès.
Une autre conception du
Livre de Mormon accepte son inspiration mais rejette son authenticité
historique, le considérant comme inspiré dans un
certain sens mais pas comme un produit de l'Antiquité et
venant plutôt de la plume de Joseph Smith.
Une troisième
vision des choses accepte des parties du Livre de Mormon comme
antiques, mais voit dans d'autres parties du livre des expansions
inspirées sur le texte. Cette conception a souffert du fait
que concéder qu’une partie quelconque du livre est
authentiquement antique (et au-delà de la capacité de
Joseph Smith d’y parvenir par la recherche), c’est
reconnaître que le Livre de Mormon est ce qu’il prétend
être et ce qui est traditionnellement affirmé à
son sujet, à savoir qu'il est antique.
S’il est vrai que
ces idées ont été formulées par certains
membres de la communauté mormone, la majorité des
saints des derniers jours qui étudient le Livre de Mormon
acceptent la conception traditionnelle de son authenticité
divine et l'étudient à la fois comme document antique
et comme un traité pour l’époque moderne, ce qui
fortifie leur appréciation pour le livre et le profit qu’ils
en retirent.
Bibliographie
On trouvera des
bibliographies dans les numéros annuels de la Review of Books
on the Book of Mormon et John W. Welch, Gary P. Gillum et DeeAnn
Hofer, Comprehensive Bibliography of the Book of Mormon, F.A.R.M.S.
Report, Provo, Utah, 1982. Pour les essais sur Pratt, Reynolds,
Roberts, Kirkham, Sperry et Nibley, voir les articles dans l’Ensign,
1984-1986.
Bush, Lester E., Jr. "The
Spalding Theory Then and Now", Dialogue 10, Automne 1977, p.
40-69.
Cheesman, Paul R. , dir.
De publ. The Book of Mormon : The Keystone Scripture. Provo,
Utah, 1988.
Clark, John. "A Key
for Evaluating Nephite Geographies" (critique de F. Richard
Hauck, Deciphering the Geography of the Book of Mormon). Review of
Books on the Book of Mormon, 1 1989, p. 20-70.
Kirkham, Francis W. A New
Witness for Christ in America, éd. rév., 2 vols. Salt
Lake City, 1959-1960.
McConkie, Joseph Fielding
et Robert L. Millet. Doctrinal Commentary on the Book of Mormon, 2
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Nibley, Hugh. Lehi in the
Desert/The World of the Jaredites/There Were Jaredites ; An
Approach to the Book of Mormon ;Since Cumorah ; et The
Prophetic Book of Mormon. Dans CWHN 5-8.
Nyman, Monte S. et
Charles D. Tate, dir. de publ. The Book of Mormon : First Nephi,
The Doctrinal Foundation ; Second Nephi, The Doctrinal
Structure ; Jacob Through Words of Mormon, to Learn with Joy.
Provo, Utah, 1988-1990.
Reynolds, George. The
Story of the Book of Mormon. Salt Lake City, 1888.
Id. et Janne M. Sjodahl.
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de pub. Book of Mormon Authorship : New Light on Ancient
Origins. Provo, Utah, 1982.
Ricks, Stephen D., et
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Roberts, B. H. New
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Id., Studies of the Book
of Mormon, dir. de pub. B. Madsen, Urbana, Ill., 1985.
Sjodahl, Janne M. An
Introduction to the Study of the Book of Mormon. Salt Lake City,
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Sorenson, John L. An
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1985.
Sperry, Sidney B. Book of
Mormon Compendium. Salt Lake City, 1968.
STEPHEN D. RICKS
Livre
de Mormon – Géographie
Auteur :
Clark, John E.
Bien que le Livre de
Mormon soit principalement un document religieux des Néphites,
des Lamanites et des Jarédites, on trouve assez de détails
géographiques dans le récit pour permettre la
reconstitution d’au moins une géographie rudimentaire
des pays du Livre de Mormon. Dans le sens technique du terme
« géographie » (par exemple, physique,
économique, culturelle ou politique), aucune géographie
du Livre de Mormon n'a encore été écrite. La
plupart des saints des derniers jours qui écrivent des
géographies ont à l'esprit l’une des deux
activités suivantes ou les deux : premièrement, la
reconstitution interne de la taille et de la configuration relatives
des pays du Livre de Mormon sur la base des affirmations ou des
allusions du texte ; deuxièmement, des tentatives de
faire correspondre la géographie interne à un endroit
d’Amérique du Nord ou du Sud. Nous traitons ici de trois
questions concernant la géographie du Livre de Mormon :
(1) Comment peut-on reconstituer une géographie du Livre de
Mormon ? (2) À quoi la géographie du Livre de
Mormon ressemble-t-elle ? (3) Quels endroits hypothétiques
a-t-on proposés pour les pays du Livre de Mormon ?
RECONSTITUTION DE LA
GÉOGRAPHIE INTERNE DU LIVRE DE MORMON. Bien que les dirigeants
de l’Église prennent officiellement et uniformément
leurs distances par rapport aux questions relatives à la
géographie du Livre de Mormon pour concentrer l'attention sur
le message spirituel du livre, les supputations privées et les
recherches spécialisées dans ce domaine ont été
abondantes. En se basant sur les indices fournis par le texte,
amateurs et savants ont formulé plus de soixante géographies
possibles. Les désaccords entre eux proviennent de différences
dans (1) l'interprétation des passages scripturaires et des
déclarations des Autorités générales ;
(2) de la manière de procéder pour harmoniser les
renseignements donnés par les Écritures ; (3) les
hypothèses de départ concernant le texte et
l'identification traditionnelle dans l’Église de
certains lieux mentionnés (particulièrement la colline
Cumorah et « l’étroite bande de terre »
qui jouent un rôle important dans le texte) ; et (4) les
préférences personnelles et la formation
professionnelle.
Ceux qui croient que la
reconstitution d'une géographie du Livre de Mormon est
possible doivent d'abord régler les problèmes habituels
d'interprétation des textes historiques. Il faut attribuer un
poids différent à divers passages en fonction de la
quantité et de la précision des renseignements fournis.
Beaucoup de villes du Livre de Mormon ne peuvent pas être
situées parce que l’on ne dispose pas de renseignements
suffisants ; cela vaut particulièrement pour les villes
lamanites et jarédites. Le Livre de Mormon est essentiellement
un document néphite et la plupart des éléments
géographiques mentionnés sont en territoire néphite.
Sur la base des données
fournies par le texte, on peut localiser approximativement les unes
par rapport aux autres diverses caractéristiques naturelles et
certaines villes. Les distances dans le Livre de Mormon sont données
en termes du temps requis pour voyager d'un endroit à l'autre.
Les meilleurs renseignements pour reconstituer la géographie
interne viennent des récits des guerres entre Néphites
et Lamanites pendant le premier siècle av. J.-C., avec des
données plus limitées provenant des voyages
missionnaires néphites. Les distances parcourues peuvent être
évaluées dans une certaine mesure en tenant compte, là
où c’est possible, de la nature du terrain (par exemple,
montagnes plutôt que plaines) et de la vitesse relative (par
exemple, la marche d'une armée par rapport à un
déplacement avec des enfants ou des animaux). La géographie
interne élémentaire présentée ci-dessous
est basée sur une interprétation des distances évaluées
de cette façon et de directions basées sur le texte.
GÉOGRAPHIE INTERNE
DU LIVRE DE MORMON. De nombreuses tentatives ont été
faites pour créer des plans représentant les
géographies physiques et politiques décrites dans le
texte, mais ceci exige beaucoup d’hypothèses
supplémentaires et est difficile à faire sans donner
l’impression que les localisations sont précises alors
qu’elles sont en réalité approximatives
(Sorenson, 1991). La description présentée ci-dessous
de la taille et de la configuration des pays du Livre de Mormon et de
l’emplacement des concentrations de population résume
les données les moins ambiguës.
Les pays du Livre de
Mormon étaient plus longs du nord au sud que d'est en ouest.
Ils se composaient de deux entités territoriales reliées
par un isthme (« une étroite bande de terre »)
flanqué d'une « mer de l’est » et
d'une « mer de l’ouest » (Al. 22:27, 32).
Le pays situé au nord de l‘étroite bande de terre
était appelé « le pays situé du côté
du nord » et celui du sud « le pays situé
du côté du sud » (Al. 22:32). Le récit
jarédite se situe entièrement dans le pays situé
du côté du nord (Om. 1:22 ; Ét. 10:21), mais
nous n’avons pas suffisamment de détails pour situer
leurs villes les unes par rapport aux autres. D’autre part, la
majeure partie du récit néphite s’est déroulée
dans le pays situé du côté du sud. Les récits
de voyage dans le pays situé du côté du sud
indiquent que les Néphites et les Lamanites occupaient une
région qu’il était possible de parcourir du nord
au sud lors d’un voyage normal en une trentaine de jours.
Le pays situé du
côté du sud était divisé par « une
bande étroite de désert » qui allait de la
« mer de l’est » à la « mer
de l’ouest » (Al. 22:27). Les Néphites
occupaient le territoire au nord de ce désert et les
Lamanites, celui du sud. Sidon, le seul cours d’eau dont le nom
soit donné, coulait vers le nord entre les déserts de
l’est et de l’ouest et prenait sa source dans la bande
étroite de désert (Al. 22:29). Le Sidon se déversait
probablement dans la mer de l'est si l’on se base sur la
description du désert de l’est comme étant une
zone côtière plutôt large, mais son embouchure
n’est indiquée nulle part.
On peut déduire du
texte l’emplacement de quelques villes néphites
importantes. Zarahemla était la capitale néphite au
premier siècle av. J.-C. La partie du pays situé du
côté du sud occupée par les Néphites était
appelée « le pays de Zarahemla » (Hél.
1:18). La ville de Néphi, la colonie néphite
originelle, avait entre-temps été occupée par
les Lamanites et était parfois l’une de leurs capitales
pour le pays situé au sud de l’étroit désert
qui servait de séparation (Al. 47:20). Si l’on se base
sur le récit de migration d'Alma 1, la distance entre les
villes de Zarahemla et de Néphi peut être estimée
à environ vingt-deux jours de voyage pour un groupe comprenant
des enfants et des troupeaux, la plupart du temps par terrain
montagneux (cf. Mos. 23:3 ; 24:20, 25).
La distance de Zarahemla
à la bande étroite était probablement inférieure
à celle séparant Zarahemla et Néphi. La
concentration de population principale près de l’étroite
bande de terre était la ville d’Abondance, située
près de la mer de l’est (Al. 52:17-23). Cette ville
située dans les terres basses était le verrou qui
commandait l'accès au pays situé du côté
du nord en venant du côté de la mer de l’est.
L'emplacement relatif de
la colline Cumorah est très ténu du fait que le temps
de voyage d’Abondance, ou de l’étroite bande de
terre, jusqu’à Cumorah n’est indiqué nulle
part. Cumorah était près de la mer de l’est dans
le pays situé du côté du nord et les indications
limitées dont nous disposons donnent à penser qu’elle
n’était probablement pas à beaucoup de jours de
voyage de l’étroite bande de terre (Mos. 8:8 ; Ét.
9:3). Il est également probable que la partie du pays situé
du côté du nord occupée par les Jarédites
était plus petite que le pays néphite-lamanite au sud.
Les pays du Livre de
Mormon comportaient des déserts montagneux, des plaines
côtières, des vallées, un grand fleuve, un lac de
montagne et des marécages dans les terres basses. La région
connaissait apparemment aussi des éruptions volcaniques et des
tremblements de terre occasionnels (3 Né. 8:5-18).
Culturellement, le Livre de Mormon décrit un peuple urbanisé
et agricole connaissant la métallurgie (Hél. 6:11),
l’écriture (1 Né. 1:1-3), des calendriers,
lunaires et solaires (2 Né. 5:28 ; Om. 1:21), des
animaux domestiques (2 Né. 5:11), divers grains (1 Né.
8:1), l’or, l’argent, les perles et « des
vêtements somptueux » (Al. 1:29 ; 4 Né.
1:24). Sur la base de ces critères, beaucoup de savants
considèrent actuellement le nord de l'Amérique Centrale
et le sud du Mexique (la Mésoamérique) comme l’endroit
le plus susceptible d’être les pays du Livre de Mormon.
Cependant, ce point de vue est privé et ne représente
pas la position officielle de l'Église.
LOCALISATION PRÉSUMÉE
DES PAYS DU LIVRE DE MORMON. Deux questions valent d’être
étudiées en ce qui concerne les correspondances
externes possibles de la géographie du Livre de Mormon. Quelle
est la position officielle de l'Église et que pensent
généralement ses membres ?
Au début de
l'histoire de l’Église, l'opinion la plus courante parmi
les membres et les dirigeants de l’Église était
que les pays du Livre de Mormon englobaient toute l’Amérique
du Nord et du Sud, bien que certains aient entretenu pendant un
certain temps une autre conception plus limitée. La position
officielle de l'Église est que les événements
relatés dans le Livre de Mormon se sont produits quelque part
en Amérique, mais que l'endroit spécifique n'a pas été
révélé. Cette position s'applique aux
géographies internes et aux correspondances externes. Aucune
géographie interne n'a encore été proposée
ou approuvée par l'Église et aucune des géographies
internes ou externes proposées par différents membres
(y compris celle proposée ci-dessus) n'a reçu
l'approbation. Les efforts faits par les membres dans cette direction
ne sont ni encouragés ni découragés. Pour
employer les termes de John A. Widtsoe, un apôtre :
« Toutes les études de ce genre sont légitimes,
mais les conclusions qui en sont tirées, bien qu'elles
puissent être correctes, doivent être considérées
tout au plus comme des conjectures intelligentes » (vol.
3, p. 93).
Trois déclarations
parfois attribuées au prophète Joseph Smith sont
souvent citées comme preuve d'une position officielle de
l’Église. Une déclaration de 1836 affirme que
« Léhi et son groupe… ont débarqué
sur le continent de l'Amérique du Sud, au Chili, à
trente degrés de latitude sud » (Richards, Little,
p. 272). Ce point de vue était accepté par Orson Pratt
et a été imprimé dans les notes de bas de page
de l'édition de 1879 du Livre de Mormon, mais il n’y a
pas de preuves suffisantes pour l'attribuer formellement à
Joseph Smith (« Did Lehi Land in Chili ? » ;
cf. Roberts, vol. 3, p. 501-503, et Widtsoe, vol. 3, p. 93-98).
En 1842, un éditorial
dans le journal de l’Église affirmait que « Léhi…
a débarqué un peu au sud de l'isthme de Darien
[Panama] » (T&S 3 [15 septembre 1842], p. 921-922).
Ceci déplacerait l'emplacement du débarquement de Léhi
d’environ 5.000 kilomètres au nord de celui proposé
au Chili. À ce moment-là, c’était Joseph
Smith qui avait la responsabilité de la rédaction du
périodique, mais on ne sait pas si c’est lui qui est à
l’origine de cette déclaration ni même si elle
représente son opinion. Deux semaines plus tard, un autre
éditorial paraissait dans le Times and Seasons, qui
constituait en fait une critique du livre Incidents of Travel in
Central America, Chiapas and Yucatan, de John Lloyd Stephens. C'était
le premier livre accessible en anglais contenant des descriptions et
des dessins détaillés des ruines maya antiques. Des
extraits en furent reproduits dans le Times and Seasons avec le
commentaire que « ce ne serait pas une mauvaise idée
de comparer les villes ruinées de M. Stephens à celles
du Livre de Mormon : la lumière s’attache à
la lumière et les faits sont étayés par les
faits. La vérité ne nuit à personne »
(T&S 3 [1er oct. 1842], p. 927).
Dans les déclarations
faites depuis lors, les dirigeants de l’Église ont
généralement refusé de donner un avis quelconque
sur les questions de géographie du Livre de Mormon. Quand on
lui a demandé d’examiner une carte montrant le lieu de
débarquement supposé du groupe de Léhi, le
président Joseph F. Smith a déclaré que le
« Seigneur ne l'avait pas encore révélé »
(Cannon, p. 160 n.). En 1929, Anthony W. Ivins, conseiller dans la
Première Présidence, a ajouté : « On
n’a encore jamais rien proposé qui règle de
manière définitive cette question [de la géographie
du Livre de Mormon]… Nous attendons simplement de découvrir
la vérité » (CR, avr. 1929, p. 16). Bien que
l’Église n'ait pas pris de position officielle en ce qui
concerne la localisation des lieux géographiques, les
autorités ne découragent pas les efforts privés
de traiter le sujet (Cannon).
L'éditorialiste
non identifié du Times and Seasons semble avoir favorisé
l'Amérique Centrale moderne comme cadre des événements
du Livre de Mormon. Comme nous l’avons dit, les géographies
récentes de certains membres de l’Église sont en
faveur de cette identification, mais d'autres considèrent que
c’est le nord de l’État de New York ou l'Amérique
du Sud qui sont le cadre correct. La diversité des avis reste
considérable parmi des membres de l’Église
concernant la géographie du Livre de Mormon ; cependant,
la plupart de ceux qui ont étudié le problème
conviennent que les centaines de références
géographiques du Livre de Mormon sont remarquablement
cohérentes, même si les spécialistes ne peuvent
pas toujours se mettre d’accord sur des endroits précis.
Parmi les nombreuses
géographies externes proposées pour le Livre de Mormon,
aucune n'a été confirmée positivement et sans
équivoque par l’archéologie. Chose plus
fondamentale, il n'y a aucun accord sur le point de savoir si
pareille identification incontestable est possible ou, si c’était
le cas, quelle forme une « preuve » devrait
revêtir ; ce qui n’est pas clair non plus, c’est
ce qui constituerait une « falsification » ou
une « réfutation » de diverses
géographies proposées. Tant que ces problèmes de
méthodologie n’auront pas été résolus,
toutes les géographies internes et externes, y compris leurs
tests archéologiques supposés, ne pourraient être
considérés tout au plus que comme des conjectures
intelligentes.
Bibliographie
Allen, Joseph L.
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Cannon, George Q. "Book
of Mormon Geography." Juvenile Instructor 25 (1er janv. 1890),
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Clark, John E. "A
Key for Evaluating Nephite Geographies." Review of Books on the
Book of Mormon 1 (1989), p. 20-70.
Hauck, F. Richard.
Deciphering the Geography of the Book of Mormon. Salt Lake City,
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Palmer, David A. In
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Ancient Mexico. Bountiful, Utah, 1981.
Richards, F., and J.
Little, eds. Compendium of the Doctrines of the Gospel, éd.
rév. Salt Lake City, 1925.
Roberts, B. H. New
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Sorenson, John L. An
Ancient American Setting for the Book of Mormon. Salt Lake City,
1985.
Sorenson, John L. A
Hundred and Fifty Years of Book of Mormon Geographies : A
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Warren, Bruce W., et
Thomas Stuart Ferguson. The Messiah in Ancient America. Provo, Utah,
1987.
Washburn, J. Nile. Book
of Mormon Lands and Times. Salt Lake City, 1974.
Widtsoe, John A.
Evidences and Reconciliations, 3 vols. Salt Lake City, 1951.
JOHN E. CLARK
Livre
de Mormon, gouvernement et histoire juridique dans
Auteur :
Reynolds, Noel B.
Étant donné
que le Livre de Mormon se concentre sur des thèmes religieux,
les informations sur les institutions politiques et juridiques
n’apparaissent qu’en toile de fond par rapport au récit
religieux. Néanmoins, il est évident que plusieurs
institutions politiques caractérisaient les sociétés
néphite, lamanite et jarédite.
Les Néphites
furent gouvernés par des rois héréditaires de v.
550 à 91 av. J.-C., quand le gouvernement passa au règne
des juges. Après la venue du Christ, deux siècles de
paix sous le gouvernement de son Église furent suivis de la
désintégration de la société en unités
tribales et finalement de la destruction des Néphites.
Dès le
commencement, le système juridique néphite fut basé
sur la loi de Moïse telle qu’elle était écrite
dans les Écritures, telle qu’elle était
probablement pratiquée par Israël au septième
siècle av. J.-C., et telle qu’elle fut modifiée
(légèrement) au cours des années jusqu'à
l’avènement de Jésus-Christ. Comme les prophètes
néphites l’avaient longtemps prédit (2 Né.
25:24), Jésus accomplit la loi de Moïse. Après son
avènement, la loi néphite fut constituée des
commandements du Christ.
GOUVERNEMENT. Après
avoir emmené sa famille et quelques autres hors de Jérusalem,
Léhi établit sa colonie sur le continent américain
comme une branche d'Israël dans une nouvelle terre promise, mais
son organisation était instable en elle-même, parce
qu’elle semble n'avoir donné aucun principe clair pour
résoudre les conflits politiques. Les sept groupes de lignées
créés à la mort de Léhi et mentionnés
de manière constante dans le Livre de Mormon étaient
les Néphites, les Jacobites, les Joséphites, les
Zoramites, les Lamanites, les Lémuélites et les
Ismaélites (Jcb. 1:13 ; 4 Né. 1:36-38 ;
Mrm. 1:8 ; Welch, 1989, p. 69). Quand ce système se
révéla incapable de maintenir la paix, Néphi 1
emmena les quatre premiers de ces groupes de familles, qui croyaient
aux révélations de Dieu, fonda une nouvelle ville et
accepta le poste de roi néphite par acclamation populaire. Les
trois autres groupes élaborèrent par la suite un
système monarchique, avec un roi lamanite recevant le tribut
d'autres rois vassaux ismaélites, lamanites et lémuélites.
Cette scission originelle
constitua le thème politique de base d’une grande partie
de l'histoire néphite et lamanite. Laman et Lémuel
étaient les fils aînés de Léhi, et ils
revendiquaient naturellement le droit de régner. Mais ce fut
Néphi, un frère cadet, qui fut choisi par le Seigneur
pour être leur gouverneur et leur instructeur (1 Né.
2:22) et le récit fait par Néphi de ces débuts a
été écrit en partie pour justifier son appel
comme gouverneur (Reynolds). Le conflit sur le droit de régner
continua, fournissant une grande partie de la base rhétorique
pour les guerres récurrentes entre les Lamanites et les
Néphites des centaines d'années plus tard.
C’est probablement
à cause de la controverse qu’a suscité
l’établissement de la royauté néphite que
son idéologie a été claire dès les temps
les plus reculés. Les rois néphites étaient
acclamés par le peuple (2 Né. 5:18). Ils avaient
un temple comme centre religieux (2 Né. 5:16) et
veillaient à conserver les symboles vénérables
d’une royauté divinement désignée
qu’étaient l'épée de Laban, le Liahona et
les annales antiques (2 Né. 5:12-14 ; cf. Ricks).
Seuls le premier roi
néphite (Néphi 1) et les trois derniers rois (Mosiah 1,
Benjamin et Mosiah 2) sont appelés par leur nom dans le Livre
de Mormon. Ces quatre rois remplissaient les fonctions de chefs
militaires et de prophètes et travaillaient en collaboration
étroite avec d'autres prophètes pour rappeler au peuple
ses obligations vis-à-vis de Dieu et les uns envers les
autres. Par exemple, dans son discours final à son peuple, le
roi Benjamin fait rapport au peuple d’une révélation
de Dieu et lui fait contracter l'alliance de prendre sur lui le nom
du Christ et de garder les commandements de Dieu et du roi.
Certains rois néphites
étaient impies. Noé, roi d'un sous-groupe néphite
(le peuple de Zénif), exploita les faiblesses du système
néphite, assurant son entretien et celui de son conseil de
prêtres corrompus dans une vie de débauche par les
travaux du peuple. Les doutes concernant l’institution de la
royauté devinrent aigus quand l’oppression exercée
par Noé fut rapportée au groupe principal des Néphites.
Le roi Mosiah 2, quand ses fils refusèrent la monarchie,
résolut la crise de succession en proposant de remplacer la
royauté par un système de juges inférieurs et
supérieurs. Cette forme de gouvernement fut acceptée
par le peuple en 91 av. J.-C. (Mosiah 29) et dura, malgré
plusieurs crises et corruptions, pendant approximativement cent ans.
Bien que le poste de grand juge continuât à avoir la
prééminence militaire et religieuse et fût
fréquemment passée de père en fils, il différait
de la royauté en ce que les juges supérieurs pouvaient
être jugés par les juges inférieurs s'ils
violaient la loi ou opprimaient le peuple (Mosiah 29:29).
Alma 2 devint le premier
grand juge et a fut simultanément grand prêtre,
gouverneur et capitaine en chef militaire. Comme ces postes
exigeaient l'approbation du peuple, qui avait rejeté la
monarchie, les détracteurs ont eu tendance à confondre
le système néphite avec la démocratie des
États-Unis. Il n’y avait cependant pas de législature
représentative, qui est l’institution essentielle de
l'idéologie républicaine américaine. En outre,
les postes principaux passaient habituellement du père au
fils, sans élections (Bushman, p. 14-17) ; on nous dit
bien souvent que « la voix du peuple »
autorisait ou confirmait les nominations aux postes de direction et
les autres actes civiques ou politiques.
Il apparaît que
pendant les deux premiers siècles après l’avènement
du Christ, les Néphites fonctionnèrent sous un système
ecclésiastique sans juges ni rois, avec des tribunaux
constitués seulement des anciens de l’Église
(4 Né. 1:1-23 ; Mro. 6:7). Avec l'apostasie et
l'effondrement de l'Église néphite, aucune institution
civile n'était plus en place pour préserver la loi et
l'ordre. Les tentatives d'organiser et de gérer les affaires
publiques par le retour au système tribal et, plus tard, au
gouvernement par les militaires, n'empêchèrent pas la
destruction finale de la civilisation.
Le Livre de Mormon fait
également une brève histoire des Jarédites, une
civilisation beaucoup plus ancienne, qui commença à
l’époque de la grande Tour et fut monarchique de bout en
bout. Les rois jarédites semblent avoir été des
autocrates et la succession était plus souvent déterminée
par l'aventurisme politique et militaire que par des procédures
légales.
LÉGISLATION.
Jusqu'à la venue du Christ, les Néphites et les
Lamanites convertis respectèrent strictement la loi de Moïse
telle qu'ils la connaissaient et la comprenaient (2 Né.
5:10 ; 25:24-26 ; Jm. 1:5 ; Jcb. 4:4-5 ; Al.
25:15 ; 30:3 ; Hél. 13:1 ; 3 Né.
1:24-25). Conservée sur les plaques d'airain, la loi de Moïse
était la base de leur droit pénal et de leur code
civil, aussi bien que des règles de pureté, des
sacrifices au temple et de l’observances des fêtes
néphites ; ils savaient, cependant, que la loi de Moïse
serait remplacée lors de la future ère messianique
(2 Né. 25:24-27).
Des publications récentes
(Welch, 1984, 1987, 1988, 1989, 1990) ont mis au jour une grande
panoplie de renseignements juridiques dans le texte du Livre de
Mormon. Les aspects procéduraux et administratifs de la loi
néphite évoluèrent d'un siècle à
l'autre, alors que la substance de la loi coutumière changeait
très peu. Les dirigeants néphites semblent avoir
considéré toute nouvelle législation comme
présomptueuse et généralement mauvaise (Mosiah
29:23) et tout changement non autorisé de la loi de Dieu comme
blasphématoire (Jacob 7:7). Leurs lois religieuses
comportaient de nombreuses dispositions et protections humanitaires
pour les personnes, pour leur liberté religieuse et leurs
biens. Ces règles étaient basées sur un principe
fort d'égalité juridique (Al. 1:32 ; 16:18 ;
Hél. 4:12).
Lors de deux incidents au
début de l’histoire, Jacob, frère de Néphi
1, fut impliqué dans des polémiques au sujet de la loi.
La première concernait le droit revendiqué par certains
Néphites d'avoir des concubines (Jcb. 2:23-3:11), et la
seconde se produisit quand Shérem accusa Jacob de profaner la
loi de Moïse (Jcb. 7:7).
Le procès
d'Abinadi (Mosiah 11-17) indique que, au moins dans le cas de Noé,
le roi avait pouvoir sur les questions politiques mais se faisait
conseiller sur les sujets religieux par une assemblée de
prêtres : Des chefs d’accusation furent lancés
contre Abinadi pour avoir maudit le souverain, porté un faux
témoignage, fait une fausse prophétie et avoir
blasphémé (Mos. 12:9-10, 14 ; 17:7-8, 12). Les
sanctions légales dans le Livre de Mormon étaient
souvent conçues de manière à correspondre à
la nature du délit ; ainsi, Abinadi fut brûlé
pour avoir insulté le roi dont il avait dit que la vie serait
estimée comme un vêtement dans une fournaise (Mosiah
12:3 ; 17:3).
Lorsque les Néphites
abandonnèrent la monarchie, Mosiah 2 institua une réforme
importante de la procédure néphite. Un système
de juges et d'autres officiers fut institué ; les juges
inférieurs étaient jugés par un juge supérieur
(Mos. 29:28) ; les juges étaient payés pendant le
temps passé au service du public (Al. 11:3) ; un système
normalisé de poids et mesures fut institué (Al.
11:4-19) ; l'esclavage fut formellement interdit (Al. 27:9) et
les débiteurs défaillants risquaient l'exil (Al. 11:2).
Il y avait des officiers (Al. 11:2) et des avocats qui aidaient, mais
leurs fonctions officielles ne sont pas claires. Il semble que seuls
les citoyens ordinaires avaient le pouvoir d’intenter des
procès (sinon les juges en auraient intenté un à
Néphi 2 dans Hél. 8:1).
Le procès de Néhor
fut un précédent important, fixant la juridiction
plénière et de première instance du grand juge
(Al. 1:1-15). Il apparaît qu’en vertu de Mosiah 29, les
juges supérieurs n’étaient censés juger
que si les juges inférieurs portaient un faux jugement. Mais
dans le procès de Néhor, Alma 2 s’empara
directement de l’affaire, augmentant le pouvoir du grand juge.
La réforme
protégeait aussi la liberté de croyance, mais certains
comportements publics étaient punis (Al. 1:17-18 ;
30:9-11). Le cas de Korihor fixa la règle que certaines formes
de parole (blasphème, incitation du peuple à pécher)
étaient punissables en vertu de la loi néphite, même
après la réforme de Mosiah.
Pendant tout ce temps, la
loi néphite sous-jacente restait la loi de Moïse
interprétée à la lumière de la
connaissance de l'Évangile. Les décrets publics
interdisaient régulièrement le meurtre, le pillage, le
vol, l'adultère et toute iniquité (Mos. 2:13 ; Al.
23:3). Le meurtre était défini comme le fait de « tuer
délibérément » (2 Né.
9:35), ce qui excluait les cas où l’on ne se mettait pas
à l’affût (sur le meurtre de Laban par Néphi,
cf. Ex. 21:13-14 et 1 Né. 4:6-18). Le vol était
habituellement une infraction mineure, mais le brigandage était
un crime capital (Hél. 11:28) ordinairement commis par des
étrangers organisés et des brigands violents et
politiquement motivés, qui étaient traités par
les forces militaires (comme ils l’étaient typiquement
dans le Proche-Orient antique).
Il est évident que
l’on observait systématiquement les principes techniques
de la loi de Moïse dans la civilisation néphite. Par
exemple, la résolution juridique d'un meurtre sans témoins
dans le cas de Séantum dans Hélaman 9 prouve que les
Néphites reconnaissaient une exception technique à la
règle interdisant de témoigner contre soi-même
comme le firent plus tard les juristes juifs, comme quand la
divination détectait un corpus delicti (Welch, février
1990). L'exécution de Zemnarihah par les Néphites
préfigurait un point obscur attesté plus tard dans la
loi juive qui exigeait que l'arbre auquel un criminel avait été
pendu soit abattu (3 Né. 4:28 ; Welch, 1984). Le cas
de l'exemption des Ammonites du service militaire donne à
penser que la compréhension rabbinique de Deutéronome
20 à cet égard était probablement identique à
celle des Néphites (Welch, 1990, p. 63-65).
On peut aussi déduire
de preuves indirectes que les Néphites observaient les lois
rituelles traditionnelles des fêtes israélites. Un
exemple pourrait être l'assemblée du peuple de Benjamin
dans des tentes autour du temple et de la tour du haut de laquelle il
parle. Il y a des choses dans le récit qui sont semblables aux
fêtes du nouvel an entourant la fête des tabernacles et
le jour des expiations (Tvedtnes, dans Lundquist et Ricks, By Study
and Also by Faith, Salt Lake City, 1990, 2:197-237).
Avec l’avènement
du Christ ressuscité, rapporté dans 3 Néphi,
la loi de Moïse fut accomplie et reçut un sens nouveau.
Les dix commandements étaient toujours d’application
sous une nouvelle forme (3 Né. 12) ; « les
observances et les ordonnances » de la loi devinrent
périmées (4 Né. 1:12), mais pas la « loi »
ni les « commandements » comme Jésus les
avait reformulés dans 3 Néphi 12-14.
Bibliographie
Bushman, Richard L. "The
Book of Mormon and the American Revolution." BYU Studies 17,
Automne 1976, p. 3-20.
Reynolds, Noel B. "The
Political Dimension in Nephi's Small Plates." BYU Studies 27,
automne 1987, p. 15-37.
Ricks, Stephen D. "The
Ideology of Kingship in Mosiah 1- 6." F.A.R.M.S. Update, août
1987.
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Execution of Zemnarihah." F.A.R.M.S. Update, novembre 1984.
Welch, John W. "The
Law of Mosiah." F.A.R.M.S. Update, mars 1987.
Welch, John W. "Statutes,
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1988.
Welch, John W. "Lehi's
Last Will and Testament : A Legal Approach." Dans The Book
of Mormon : Second Nephi, the Doctrinal Structure, dir. de publ.
M. Nyman et C. Tate, p. 61-82. Provo, Utah, 1989.
Welch, John W. "The
Case of an Unobserved Murder." F.A.R.M.S. Update, Feb. 1990.
Welch, John W. "Law
and War in the Book of Mormon." Dans Warfare in the Book of
Mormon, dir. de publ. S. Ricks et W. Hamblin, p. 46-102. Salt Lake
City, 1990.
NOEL B. REYNOLDS
Livre
de Mormon – Histoire de la guerre dans
Auteur :
Hamblin, William J.
Une grande partie du
Livre de Mormon traite de conflits militaires. Dans des récits
divers, instructifs et moralement édifiants, le Livre de
Mormon rapporte une grande variété de coutumes, de
techniques et de tactiques militaires semblables à celles que
l’on trouve dans beaucoup de sociétés
pré-modernes (avant 1600-1700 apr. J.-C.), particulièrement
certaines croyances et conventions typiquement israélites
adaptées à la région de la Méso-Amérique.
Le Livre de Mormon
enseigne que la guerre est le résultat de l'iniquité.
Des guerres et des destructions s’abattent sur les Néphites
à cause des querelles, des meurtres, de l'idolâtrie, des
fornications et des abominations « qui existaient parmi
eux », tandis que ceux qui étaient « fidèles
à garder les commandements du Seigneur furent délivrés
en tout temps » de la captivité, de la mort ou de
l'incrédulité (Al. 50:21-22).
Le Livre de Mormon
condamne implicitement les guerres d'agression. Jusqu'à leur
calamité finale, tous les objectifs militaires néphites
étaient strictement défensifs. Tous les Néphites
de sexe masculins qui étaient aptes avaient l’obligation
formelle et sacrée de défendre leurs familles, leur
pays et leurs libertés religieuses (Al. 43:47 ; 46:12),
mais seulement quand Dieu le leur commandait (voir Guerre et paix).
GUERRE. Dans le Livre de
Mormon, hormis les convertis ammonites qui ont fait serment de ne
plus jamais verser le sang et la période remarquable de paix
qui suit la visite du Christ, les conflits armés à
différents niveaux d'intensité sont un phénomène
presque constant. Plusieurs prophètes et héros du Livre
de Mormon sont des militaires qui combattent pour défendre
leur peuple, témoins des réalités sinistres de
la guerre dans l'histoire antique.
La religion et la guerre
ont des liens étroits dans le Livre de Mormon. Certains
éléments du principe de la « guerre sainte »
israélite s’y retrouvent, comme l'idée importante
dans l’antiquité que le succès à la guerre
était dû fondamentalement à la volonté de
Dieu et à la justice du peuple (Al. 2:28 ; 44:4-5 ;
50:21 ; 56:47 ; 57:36 ; 58:33 ; Mrm. 2:26). Les
armées néphites consultaient les prophètes avant
d'aller au combat (Al. 16:5 ; 43:23-24 ; 3 Né.
3:19) contractaient des alliances avec Dieu avant la bataille. À
une certaine occasion, les soldats néphites font le serment
solennel d’obéir aux commandements de Dieu et de
combattre vaillamment pour la cause de la justice, jetant leurs
vêtements par terre aux pieds de leur chef et invitant Dieu à
les jeter de la même façon aux pieds de leurs ennemis
s'ils violent leur serment (Al. 46:22 ; cf. 53:17). Dans
l’histoire des jeunes guerriers d’Hélaman on peut
voir un code de pureté pour les guerriers (Al. 56-58).
Comme c’était
le cas dans toutes les situations pré-modernes, la guerre dans
le Livre de Mormon était étroitement liée à
l'environnement et à l'écologie naturels : temps,
altitude, terrain, approvisionnements en nourriture, caractère
saisonnier et cycles agricoles. La géographie détermine
dans une certaine mesure la stratégie et les tactiques
(Sorenson, 1985, p. 239-276). Le moment favorable pour les campagnes
militaires dans le Livre de Mormon semble avoir été
entre les onzième et quatrième mois, que l’on a
comparé au fait que les actions militaires avaient souvent
lieu pendant les mois frais et secs succédant à la
moisson, soit à partir de novembre jusqu’en avril en
Méso-Amérique (voir Alma 16:1 ; 49:1 ; 52:1 ;
56:27 ; Ricks et Hamblin, p. 445-477).
Les animaux, utilisés
comme bêtes de somme ou montés pour aller au combat,
n'étaient de toute évidence ni très disponibles
ni d’usage pratique dans le monde néphite : le
Livre de Mormon ne mentionne jamais l’utilisation d’un
animal à des fins militaires.
Du point de vue de la
technique, les soldats néphites se battaient, d’une
façon ou d’une autre, avec des armes de jet ou de corps
à corps et portaient fréquemment une armure. Ils se
servaient de la métallurgie pour faire les armes et les
armures et du génie pour dresser des fortifications. Dans le
Livre de Mormon, Néphi enseigne à son peuple à
faire des épées sur le modèle de l'épée
de Laban (2 Né. 5:14-15). Les innovations décrites
comportent une prolifération des fortifications (que l’on
croyait jadis inexistantes dans l’Amérique antique) et
des armures néphites au premier siècle av. J.-C. (Al.
43:19 ; 48), bientôt copiées par les Lamanites (Al.
49:24). On a fait remarquer que les armes (épées,
cimeterres, arcs et flèches) et les armures (plastrons de
cuirasse, boucliers, écus et casques [le mot casque a été
utilisé dans la version française à cause de la
difficulté de rendre l’anglais « headplate »,
littéralement « plaque de tête »])
mentionnés dans le Livre de Mormon sont comparables à
ceux qui ont été trouvés en Méso-Amérique ;
les cottes de mailles, les casques, les chars de combat, la cavalerie
et les machines de siège complexes sont absents dans le Livre
de Mormon et en Méso-Amérique, en dépit de leur
importance dans les descriptions bibliques (Ricks et Hamblin, p.
329-424).
La capacité de
recruter, d’équiper, de former, d’alimenter et de
déplacer de grands groupes de soldats représentait une
entreprise importante pour ces sociétés, les poussant
souvent au-delà de leurs limites et contribuant de ce fait à
leur effondrement final. Comme l’illustre l'histoire de Moroni
1 et de Pahoran, la guerre exerçait une pression sociale et
économique terrible sur la société néphite
(Al. 58-61). La taille des armées néphites coïncidait
avec la croissance démographique générale :
Les armées comptaient des milliers d’hommes au premier
siècle av. J.-C. et des dizaines de milliers au quatrième
siècle apr. J.-C.
Il apparaît que
l'organisation militaire dans le Livre de Mormon était
aristocratique et dominée par une élite héréditaire
hautement entraînée. Ainsi, par exemple, des chefs
militaires tels que Moroni 1, son fils Moronihah et Mormon deviennent
chacun capitaine en chef à un jeune âge (Al. 43:17 ;
62:39 ; Mrm. 2:1).
Les armées du
Livre de Mormon étaient organisées selon un système
décimal de centaines, de milliers et de dix mille, comme
c’était typiquement le cas dans l’Israël
ancien et dans beaucoup d'autres organisations militaires antiques.
Le livre d'Alma fait
d’une manière vivante et réaliste le récit
des sombres réalités, des tensions et des souffrances
de la guerre (CWHN 7:291-333). Les préparatifs pour la guerre
étaient complexes : il y est souvent question
d'approvisionnements, de marches et de contre-marches. La main
d'œuvre était recrutée dans les rangs des
citoyens ordinaires ; les soldats devaient être équipés
et organisés pour les marches et la tactique et mobilisés
à des endroits centraux.
Certaines batailles
étaient menées à des moments et dans des
endroits arrangés au préalable, comme quand Mormon
rencontre les Lamanites à Cumorah (Mrm. 6:2 ; cf. 3 Né.
3:8). Mais une grande partie du temps on a affaire à de la
guérilla ou à des attaques surprise : Les brigands
de Gadianton ont l’habitude de piller les villes, d’éviter
les conflits ouverts, lancent des exigences terroristes et
assassinent secrètement les autorités gouvernementales.
Les opérations
proprement dites sur le champ de bataille ne représentent
habituellement qu’une petite partie d'une campagne. Les
éclaireurs et les espions partaient en reconnaissance pour
trouver de la nourriture, des pistes et l'endroit où se
trouvaient les troupes ennemies. Les plans de bataille étaient
généralement faits peu avant la rencontre avec l'ennemi
et ils avaient fréquemment la forme d'un conseil, comme celui
tenu par Moroni dans Alma 52:19.
Quand le combat lui-même
commençait, il s’avérait sans aucun doute qu’il
était difficile de contrôler l'armée. Les soldats
combattaient généralement dans des unités
distinguées par des bannières tenues par un officier.
L’étendard de Moroni, ou « titre de la
liberté », a apparemment rempli de telles fonctions
(Al. 43:26, 30 ; 46:19-21, 36).
Dans la mesure où
l’on peut le déterminer, les attaques commençaient
traditionnellement par un échange de missiles visant à
blesser et à démoraliser l'ennemi ; venait ensuite
le combat en corps à corps. La bataille décrite dans
Alma 49 fait une bonne description des duels d’archers
précédant des mêlées en corps à
corps. Quand la panique commençait à se répandre
dans les rangs, l'effondrement complet pouvait être soudain et
dévastateur. La mort du roi ou du commandant menait
habituellement à la défaite ou à la reddition
immédiate, comme cela se passe dans Alma 49:25. La mort d'un
roi lamanite pendant la nuit précédant la nouvelle
année se révéla particulièrement
démoralisante (Al. 52:1-2). La plupart des pertes se
produisaient pendant la fuite et la poursuite après la
désintégration des unités principales ; il
y a, dans le Livre de Mormon, plusieurs exemples de déroute,
de fuite et de destruction d'une armée (par exemple, Alma
52:28 ; 62:31).
Des lois et un
comportement coutumier géraient également les relations
militaires et la diplomatie. Les serments militaires étaient
pris très au sérieux. Les serments de fidélité
de la part des troupes et les serments de reddition des prisonniers
sont mentionnés fréquemment dans le Livre de Mormon et
les traités étaient principalement conclus avec des
serments de non-agression (Al. 44:6-10, 20 ; 50:36 ;
62:16 ; 3 Né. 5:4-5). Légalement, les
brigands étaient considérés comme des cibles
militaires au contraire des contrevenants ordinaires (Hél.
11:28). Parmi les autres éléments de loi martiale dans
le Livre de Mormon il y a la suspension des processus juridiques
ordinaires et le transfert de l'autorité légale aux
officiers militaires commandants (Al. 46:34), les restrictions aux
déplacements, les avertissements avant le commencement des
hostilités (3 Né. 3 ; cf. De. 20:10-13),
l'octroi extraordinaire de l'exemption militaire à condition
que les exemptés fournissent des approvisionnements et un
appui (Al. 27:24 ; cf. De. 20:8 ; Talmud babylonien, Sotah
43a-44a) et des exigences de traitement humanitaire pour les captifs
et les femmes.
GUERRES. On peut
distinguer quatre-vingt-cinq conflits armés dans le Livre de
Mormon (Ricks et Hamblin, p. 463-474). Certains sont de brèves
escarmouches, d'autres, de longues campagnes. Certains sont des
guerres civiles, d'autres sont interethniques. Les causes des guerres
varient et les alliances fluctuent en conséquence. Les guerres
principales sont les suivantes :
Dans les premiers
conflits tribaux (v. 550-200 av. J.-C.), les conflits sociaux,
religieux et culturels donnent lieu à des agressions lamanites
répétées après que les Néphites se
sont séparés des Lamanites. Les Néphites ne
s'épanouissent pas dans ces circonstances et, pour échapper
à d'autres attaques, ils finissent par quitter le pays de
Néphi et se dirigent vers le nord jusqu’à
Zarahemla.
Le fils du roi Laman (v.
160-150 av. J.-C.), envieux de la prospérité néphite
et irrité contre eux parce qu’ils avaient pris les
annales (particulièrement les plaques d’airain, Mosiah
10:16), attaque le peuple de Zénif (des Néphites qui
sont revenus au pays de Néphi) et le peuple de Benjamin
(Néphites et Mulékites au pays de Zarahemla). Suite à
ces campagnes, Zénif devient vassal des Lamanites. La victoire
de Benjamin unit plus fermement le pays de Zarahemla sous son règne
(Pa. ; Mosiah 9-10).
La guerre d'Amlici (87
av. J.-C.) est une guerre civile à Zarahemla, déclenchée
par le remplacement de la fonction royale à celle de juge et
par l'exécution de Néhor. Amlici, partisan de Néhor,
milite en faveur du retour à la royauté. Cette guerre
civile est la première fois, à notre connaissance, que
des dissidents néphites s'allient à des Lamanites ;
elle débouche sur une paix instable (Al. 2-3).
La destruction soudaine
d'Ammonihah (81 av. J.-C.), un centre des partisans récalcitrants
de Néhor, est déclenchée par la colère
lamanite envers certains Néphites qui ont amené
certains Lamanites à en tuer d'autres (Al. 16 ;24-25).
Le passage des Ammonites
(77 av. J.-C.) du territoire lamanite au pays de Jershon pour
rejoindre les Néphites conduit à une invasion lamanite
majeure des terres néphites (Al. 28).
Trois ans après,
beaucoup de Zoramites pauvres sont convertis par les Néphites
et passent d'Antionum (la capitale zoramite) à Jershon (pays
donné aux Ammonites par les Néphites avec des garanties
de protection). La perte de cette main d’œuvre va
provoquer l'attaque des Zoramites alliés aux Lamanites et
d'autres contre les Néphites (Al. 43-44). De nouvelles formes
d'armure introduites par les Néphites caractérisent
cette guerre.
Pendant cette décennie
turbulente, un homme politiquement ambitieux appelé
Amalickiah, avec des alliés lamanites, va chercher à
rétablir une royauté à Zarahemla après la
disparition d'Alma 2. Amalickiah est battu (72 av. J.-C.), mais il
jure de revenir et de tuer Moroni 1 (Al. 46-50). Il s’ensuit
une campagne de sept ans (67-61 av. J.-C.), avec des combats dans
deux arènes, une au sud-ouest de Zarahemla et l'autre sur le
bord de mer au nord de Zarahemla. Les villes périphériques
tombent et la capitale est infestée de conflits civils. À
la longue, les Néphites remporteront une victoire coûteuse
(Al. 51-62).
Lors de la courte guerre
de Tubaloth (51 av. J.-C.), Tubaloth, fils d'Ammoron, et Coriantumr
(un descendant du roi Zarahemla) s’emparent du pays de
Zarahemla, mais ne peuvent pas le conserver, pendant le chaos
politique qui suit la rébellion de Paanchi après la
mort du grand juge Pahoran (Hél. 1). Suite à cela, les
brigands de Gadianton parviennent au pouvoir et certains Néphites
commencent à émigrer vers le nord.
La guerre de Moronihah
(38, 35-30 av. J.-C.) suit la nomination de Néphi 2 comme
grand juge (Hél. 4). Les dissidents néphites, de
concert avec les Lamanites, occupent la moitié des terres
néphites et Néphi 2 démissionne du siège
du jugement.
Les guerres de Gadianton
et de Kishkumen (26-19 av. J.-C.) commencent par l’assassinat
de deux grands juges consécutifs, Cézoram et son fils ;
la cupidité et les luttes pour le pouvoir suscitent des
conflits avec les brigands de Gadianton autour de Zarahemla. Les
Lamanites s'unissent aux Néphites contre ces brigands jusqu'à
ce qu’une famine, appelée du ciel par le prophète
Néphi 2, apporte une victoire néphite temporaire (Hél.
6-11).
Giddianhi et Zemnarihah
(13-22 apr. J.-C.) lancent des campagnes menaçantes contre les
quelques Néphites et Lamanites justes qui restent et ont uni
leurs forces à ce moment-là (3 Né. 2-4). À
court d’approvisionnements, les brigands de Gadianton
deviennent plus visibles et plus agressifs ; ils revendiquent
des droits sur les terres et sur le gouvernement néphites. La
coalition des Néphites et des Lamanites finit par battre les
brigands.
Les guerres néphites
finales (322, 327-328, 346-350 apr. J.-C.) commencent après
qu’une croissance de population et une infestation de brigands
causent un conflit frontalier, et les Néphites sont refoulés
jusqu’à une étroite bande de terre. Les Néphites
fortifient la ville de Sem et parviennent à obtenir un traité
de paix de dix ans (Mrm. 1-2), mais ils finissent par contre-attaquer
dans le sud. Une grande méchanceté existe des deux
côtés (Mrm 6 ; Mro. 9), jusqu'à ce que sur
un champ de bataille convenu d’avance, les Néphites
affrontent les Lamanites et soient annihilés (v. 385 apr.
J.-C.).
Il y a plusieurs raisons
pour lesquelles beaucoup de chapitres du Livre de Mormon traitent de
guerre.
1. L'inévitabilité
de la guerre était un souci fondamental dans pratiquement
toutes les civilisations antiques. Les ressources économiques
disponibles étaient souvent en grande partie consacrées
à entretenir une force militaire ; la conquête est
un facteur important dans la transformation et le développement
des sociétés du Livre de Mormon comme elle l’a
été dans la croissance de la plupart des civilisations
du monde.
2. Le Livre de Mormon est
un document religieux, et pour le peuple du Livre de Mormon, comme
pour presque toutes les cultures antiques, la guerre est
fondamentalement sacrale. On la fait dans un mélange complexe
d'idéologie et de rituel religieux.
3. Mormon, qui a compilé
et abrégé le Livre de Mormon, était lui-même
un commandant militaire. Beaucoup de dirigeants politiques et
religieux du Livre de Mormon étaient étroitement
associés si pas identiques à leurs commandants ou
élites militaires.
4. Ces récits
faisaient passer des messages religieux importants. Les guerres dans
l'histoire néphite vérifient les paroles de leurs
prophètes tels qu'Abinadi et Samuel le Lamanite (Mrm. 1:19).
Les guerres étaient les instruments du jugement de Dieu (Mrm.
4:5) et de la délivrance accordée par Dieu (Al.
56:46-56). Elles sont, en fin de compte, un témoin
contraignant mettant en garde les hommes d’aujourd'hui contre
le danger d’être victimes du même sort que les
Néphites et les Jarédites ont fini par s’infliger
à eux-mêmes (Mrm. 9:31 ; Ét. 2:11-12).
Bibliographie
De Vaux, Roland. Ancient
Israel. New York, 1965.
Hillam, Ray. "The
Gadianton Robbers and Protracted War." BYU Studies 15, 1975, p.
215-224.
Ricks, Stephen D., et
William J. Hamblin, dir. De publ. Warfare in the Book of Mormon. Salt
Lake City, 1990. (On trouvera une bibliographie supplémentaire
aux pages 22-24.)
Sorenson, John L. An
Ancient American Setting for the Book of Mormon, p. 239-276. Salt
Lake City, 1985.
WILLIAM J. HAMBLIN
Livre
de Mormon – Langue
Auteur :
Stubbs, Brian Darrel
La langue du Livre de
Mormon présente les caractéristiques typiques d'une
traduction d'un texte provenant du Proche-Orient antique aussi bien
que la marque de l’anglais du XIXe siècle et le style de
la King James Version (KJV) de la Bible. Que la langue du Livre de
Mormon ressemble à celle de la KJV semble tout naturel puisque
du temps du prophète Joseph Smith, la KJV était le
livre le plus lu en Amérique et constituait la langue
religieuse standard de la plupart des anglophones (voir CWHN
8:212-18). En outre, le Livre de Mormon a certaines affinités
avec la KJV : les deux contiennent des œuvres de prophètes
anciens d'Israël aussi bien que des récits d'une partie
du ministère de Jésus-Christ, les deux sont des
traductions en anglais et les deux doivent devenir « un »
dans la main de Dieu comme recueils de sa parole à ses enfants
(Éz. 37:16-17 ; 1 Né. 13:41 ; D&A
42:12).
LANGUES UTILISÉES
PAR LES NÉPHITES. Les déclarations que l’on
trouve dans le Livre de Mormon ont engendré des conceptions
différentes en ce qui concerne la langue dans laquelle le
livre a été écrit à l'origine. Vers 600
av. J.-C., Néphi 1, le premier auteur du Livre de Mormon,
quelqu’un qui avait passé sa jeunesse à
Jérusalem, écrit : « Je fais [les
petites plaques de Néphi] dans la langue de mon père,
consistant en la science des Juifs et la langue des Égyptiens »
(1 Né. 1:2). Mille ans plus tard, Moroni 2, le dernier
prophète néphite, remarque au sujet des plaques de
Mormon que « nous avons écrit ces annales …
dans les caractères qui sont appelés parmi nous
l'égyptien reformé, transmis et altérés
par nous, selon notre manière de parler. Et si nos plaques
[feuilles en métal] avaient été suffisamment
grandes, nous aurions écrit en hébreu ; mais
l’hébreu a été altéré aussi
par nous … Mais le Seigneur sait… qu’aucun autre
peuple ne connaît notre langue » (Mrm. 9:32-34). À
la lumière de ces deux passages, il est évident que
ceux qui tenaient les annales néphites connaissaient l’hébreu
et un peu d’égyptien. On ne sait pas si Néphi,
Mormon ou Moroni écrivaient de l'hébreu en caractères
égyptiens modifiés ou gravaient leurs plaques en langue
égyptienne et en caractères égyptiens ou si
Néphi a écrit dans une langue et Mormon et Moroni, qui
ont vécu quelque neuf cents ans plus tard, dans une autre. La
mention de « caractères » appelés
égyptien réformé tend à confirmer
l'hypothèse de l’hébreu en caractères
égyptiens. Bien que l’observation de Néphi (1 Né.
1:2) contrecarre un peu cette idée, la déclaration est
ambiguë et peu concluante pour les deux thèses.
Les auteurs néphites
semblent avoir modelé leur écriture sur les plaques
d’airain, un document contenant les textes bibliques composés
avant 600 av. J.-C., qui était en la possession des
descendants de Joseph d'Égypte (1 Né. 5:11-16).
Certaines parties au moins de ce document étaient écrites
en égyptien, puisque la connaissance de « la langue
des Égyptiens » a permis à Léhi, père
de Néphi, de « lire ces inscriptions »
(Mos. 1:2-4). Mais on ne peut encore une fois pas dire si c'était
de l’égyptien ou de l'hébreu écrit en
égyptien. L'égyptien était employé
couramment du temps de Léhi, mais parce que les écrits
poétiques sont déformés dans la traduction,
parce que les écrits prophétiques étaient
généralement considérés comme sacrés
et parce que l'hébreu était la langue des Israélites
au VIIe siècle av. J.-C., il aurait été étonnant
que l’on ait traduit, dès ce moment-là, de
l’hébreu en une langue étrangère, les
écrits d'Ésaïe et de Jérémie dont
une partie substantielle se trouvait sur les plaques d’airain
(1 Né. 5:13 ; 19:23). Ainsi donc, des parties
hébraïques écrites en hébreu, des parties
égyptiennes en égyptien et des parties hébraïques
en égyptien sont toutes des possibilités. Si les
plaques d'airain ont été créées tandis
que les Israélites étaient toujours en Égypte,
les parties les plus anciennes (p.ex. les prophéties de Joseph
en Égypte) ont pu être écrites en égyptien
et les parties plus tardives (par exemple, les paroles de Jérémie)
en hébreu.
Pour ce qui est de la
composition du Livre de Mormon, Mrm. 9:33 indique que l'espace limité
sur les plaques d'or imposait l’utilisation de caractères
égyptiens plutôt que l'hébreu. Du temps de Léhi,
l'hébreu et l'égyptien s’écrivaient
uniquement avec les consonnes. À la différence de
l'hébreu, l'égyptien avait des signes représentant
deux voire même trois consonnes. L’utilisation de tels
caractères, surtout sous forme modifiée, devait faire
gagner de la place.
Les caractères ont
été transmis et modifiés selon la façon
de parler des Néphites (Mrm. 9:32). Ce commentaire donne à
penser que les générations ultérieures de
Néphites au moins ont utilisé des caractères
égyptiens pour écrire leur langue parlée
contemporaine, une forme altérée d'hébreu. Il
est extrêmement peu probable qu’un peuple isolé de
tout contact simultané avec les deux langues ait pu conserver
le bilinguisme dans ces deux langues sur une période de mille
ans. Donc, si les caractères égyptiens ont été
modifiés à mesure que la langue vivante changeait, cela
veut dire que les Néphites utilisaient probablement de tels
caractères pour écrire leur langue parlée, qui
était essentiellement l’hébreu.
Bien qu'une partie du
groupe de Léhi qui a quitté Jérusalem ait pu
parler l’égyptien, l’aptitude à lire les
inscriptions figurant sur les plaques d'airain devait leur permettre
de « lire ces inscriptions gravées »
(Mos. 1:4). Mais il est tout à fait improbable que la colonie
de Léhi ait pu conserver pendant mille ans l'égyptien
parlé comme deuxième langue sans le fusionner avec
l’hébreu ou le perdre. Par conséquent, le fait
que les Néphites avaient « altéré »
les caractères égyptiens selon leur « manière
de parler » renforce la probabilité qu'ils
écrivaient l'hébreu avec des caractères
égyptiens. En outre, la langue de Moroni (v. 400 apr. J.-C.)
était sans doute suffisamment différente de celle de
Léhi (v. 600 av. J.-C.) pour que la lecture de la langue de
Léhi exige autant d’étude du temps de Moroni
qu’il n’en faut à ceux qui parlent l’anglais
moderne pour comprendre le vieil anglais.
LANGUE DES INDIGÈNES
AMÉRICAINS. Étant donné que l’époque
de Moroni se situe presque à égale distance entre celle
de Léhi et la nôtre, il pourrait être utile
d’examiner notre bout de cette ligne du temps. L'image vague
que nous proposent les passages du texte pourrait être rendue
plus précise par l’examen des langues amérindiennes.
La profondeur de champ du latin aux langues romanes modernes n’est
que légèrement moindre que de celle de Léhi à
l’époque actuelle. Les ressemblances entre les langues
romanes sont abondantes et évidentes. Bien que certains
professionnels aient fait allusion à des similitudes, aucune
étude n'a encore convaincu les savants qu’il y ait des
liens entre le Proche-Orient et l’une quelconque des langues
américaines précolombiennes.
Il y a pourtant une étude
qui promet de démontrer des liens avec la famille des langues
uto-aztèques (Stubbs, 1988). Bien que d'autres groupes de
langues proposent des pistes suggestives, l’uto-aztèque
présente plus de sept cents ressemblances avec l'hébreu
dans des structures phonologiques, morphologiques et sémantiques
cadrant avec les méthodes linguistiques modernes. Si une
poignée de mots égyptiens sont identifiables, ils sont
minimes si on les compare à leurs correspondants hébreux.
HÉBRAÏSMES
DANS LE LIVRE DE MORMON. On a trouvé beaucoup de structures
typiques de l’hébreu dans le Livre de Mormon, bien que
plusieurs soient également caractéristiques d'autres
langues du Proche-Orient. Par exemple, l’accusatif interne,
littérairement superflu en anglais, est utilisé en
hébreu pour marquer l’insistance : « Ils
tremblent de tremblement » (Ps. 14:5, texte hébreu,
[trad. Chouraqui en français]). Des structures semblables
apparaissent dans le Livre de Mormon : « craindre
extrêmement de crainte » (Alma 18:5 [traduction
littérale de l’anglais ; ce genre de forme est
impossible en français]), autre traduction possible du même
accusatif interne (cf. 1 Né. 3:2 ; 8:2 ; Én.
1:13).
L'hébreu utilise
comme adverbes des locutions prépositives plus fréquemment
que des adverbes, un trait typique de la langue du Livre de
Mormon :
« avec précipitation » (3 Né.
21:29) au lieu de « rapidement » et « avec
joie » (2 Né. 28:28) au lieu de
« joyeusement ».
Tvedtnes relève un
exemple possible d'accord hébreu : « Ce peuple
est un peuple libre » (Alma 30:24). En anglais
« people »
est habituellement considérés grammaticalement comme un
pluriel, mais en hébreu il est souvent singulier. Cette
expression dans Alma a pu être dépourvue de verbe, mais
elle a également pu contenir le pronom de la troisième
personne du singulier /hou/ placé entre les deux groupes
nominaux ou à l'extrémité comme démonstratif
anaphorique jouant le rôle de verbe copule. Les langues
indiennes uto-aztèques ont également le mot /hou/, qui
est un pronom de la troisième personne du singulier dans
quelques langues mais un verbe « être »
dans d'autres.
En anglais, la possession
se rend par deux constructions « the man’s house »
et « the house of the man », mais l’hébreu
ne connaît que cette dernière construction. L’absence
de « cas possessif » dans le [texte anglais du]
Livre de Mormon correspond bien à une traduction de la
construction hébraïque. De plus, la construction avec
« de » est courante pour les rapports
adjectivaux en hébreu. On retrouve ceci dans le [texte anglais
du] Livre de Mormon qui utilise uniformément des expressions
telles que « plates of brass » [plaques
d’airain] (1 Né. 3:12) au lieu de « brass
plates » et « walls of stone » [murs
de pierre] (Alma 48:8) plutôt que « stone walls ».
La structure de la phrase
et les mécanismes de combinaison des propositions en hébreu
diffèrent de ce qui se pratique en anglais. Les longs
chapelets de propositions subordonnées et d’expressions
verbales tels que ceux d’Hél. 1:16-17 et de Mos. 2:20-21
et 7:21-22, sont acceptables en hébreu, mais peu orthodoxes et
déconseillés en anglais : « Vous êtes
tous témoins… que Zénif, qui fut fait roi…
était animé d’un zèle excessif… il
fut trompé par… [le] roi Laman, qui conclut un traité…
et céda [diverses villes]… et le pays alentour –
et tout cela il le fit dans l’unique but de réduire ce
peuple… en servitude » (Mos. 7:21-22).
Les expressions
fréquentes comme « de devant » et « de
la main de » représentent des traductions plutôt
littérales de l'hébreu. Par exemple, « il
s'enfuit [de] devant eux » [anglais : he fled from
before them] (Mos. 17:4) au lieu du plus typiquement anglais « he
fled from them » est une illustration d’une
préposition composée hébraïque courante
/millifne/.
Si beaucoup de mots et de
noms qui se trouvent dans le Livre de Mormon ont des équivalents
exacts dans la Bible hébraïque, certains autres
présentent des caractéristiques sémitiques, bien
que leur orthographe ne corresponde pas toujours à des formes
hébraïques connues. Par exemple, « Rabbanah »
avec le sens de « grand roi » (Al. 18:13) peut
avoir des affinités avec la racine hébraïque
/rbb/, signifiant « être grand ou beaucoup ».
« Raméumptom » (Al. 31:21), signifiant
« sainte chaire », contient des structures
consonantiques suggérant les racines /rmm/ramah/, « être
haut » et/tmm/tam/tom/, « être complet,
parfait, saint ». Le /p/entre le /m/ et le /t/ découle
de manière linguistiquement naturelle d'une bilabiale /m/
couplée à une occlusive /t/, comme le /p/ dans
/assomption/, de /assumer + tion/ et le /b/ dans l'espagnol /hombre/
du latin /homere/.
Les affirmations selon
lesquelles Joseph Smith aurait composé le Livre de Mormon en
imitant tout simplement l’anglais de la King James, en
utilisant des noms bibliques et en en inventant d'autres, démontrent
une insensibilité typique à l’égard de son
caractère linguistique. On a cru que des noms tels que
« Alma » étaient des inventions
farfelues. Or, la découverte du nom « Alma »
dans un texte juif (deuxième siècle apr. J.-C.), les
sept cents ressemblances relevées entre l'hébreu et
l’uto-aztèque, des structures telles que le chiasme et
les nombreuses autres structures littéraires relevées
dans les études faites depuis 1830 s’unissent pour faire
de l‘invention du livre un problème insoluble pour
n'importe quel contemporain de Joseph Smith. [Voir aussi Livre de
Mormon – auteurs ; Livre de Mormon – littérature ;
Livre de Mormon – Noms ; Livre de Mormon – Source au
Proche-Orient ; Livre de Mormon – Traduction par Joseph
Smith.]
Bibliographie
Hoskisson, Paul Y.
"Ancient Near Eastern Background of the Book of Mormon."
F.A.R.M.S. Reprint. Provo, Utah, 1982.
Nibley, Hugh. Lehi in the
Desert and the World of the Jaredites. CWHN 5.
Nibley, Hugh. An Approach
to the Book of Mormon. CWHN 6.
Sperry, Sidney B. "The
Book of Mormon as Translation English." IE 38 (Mar. 1935) :
141,187-188.
Sperry, Sidney B. "Hebrew
Idioms in the Book of Mormon." IE 57 (Oct. 1954) : 703,
728-729.
Sperry, Sidney B. Book of
Mormon Compendium. Salt Lake City, 1968. Stubbs, Brian D. "A
Creolized Base in Uto-Aztecan." F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah,
1988.
Tvedtnes, John A.
"Hebraisms in the Book of Mormon : A Preliminary Survey."
BYU Studies 11 (Autumn 1970), p. 50-60.
BRIAN D. STUBBS
Livre de Mormon –
Littérature
Auteur : Rust,
Richard Dilworth
Bien que minimisé
comme littérature à cause de son langage clair et
simple, le Livre de Mormon présente une grande variété
de formes littéraires, notamment de la poésie hébraïque
complexe, des récits mémorables, des sermons à
la rhétorique efficace, des lettres diverses, de l'allégorie,
du langage figuré, de la symbolique et de la littérature
de sagesse. Ces dernières années, ces aspects de la
traduction anglaise de Joseph Smith de 1829 ont été de
plus en plus appréciés, particulièrement par
comparaison avec les formes bibliques et les autres formes antiques
de littérature.
Il y a beaucoup de
raisons d'étudier le Livre de Mormon en tant que littérature.
Au lieu d'être « informe », comme le
prétend un détracteur (Bernard DeVoto, American Mercury
19, 1930, p. 5), le Livre de Mormon est à la fois cohérent
et soigneusement écrit (quoique pas ostensiblement). Il
raconte « une histoire compacte au rythme rapide qui
entrelace des dizaines d’intrigues avec une fertilité
d'invention inépuisable et une cohérence
extraordinaire, qui ne se laisse jamais surprendre par un faux pas ou
une contradiction » (CWHN 7:138).
En dépit de son
vocabulaire restreint d'environ 2.225 mots racine en anglais, le
livre distille beaucoup d'expérience humaine et de contact
avec le divin. Il présente habilement ses thèmes à
l’aide d’images simples et cependant profondes, de
discours directs et cependant complexes et de structures évidentes
et cependant élaborées. Lire le Livre de Mormon en tant
que littérature, c’est découvrir comment ces
techniques littéraires sont utilisées pour transmettre
les messages de son contenu. Si l’on fait attention à la
forme, au langage figuré et aux techniques rhétoriques,
on acquiert une sensibilité plus grande pour la structure du
texte et de l'appréciation pour le travail des divers auteurs.
Le but explicite du Livre de Mormon est de montrer aux Lamanites, un
reste de la maison d'Israël, les alliances faites avec leurs
pères et de convaincre Juif et Gentil que Jésus est le
Christ (voir le Livre de Mormon : Page de titre du Livre de
Mormon). Mormon a choisi les matériaux et a donné au
livre une forme littéraire permettant de présenter ces
messages d’une manière émouvante et mémorable.
Si la discipline
permettant de dégager et d'évaluer les composants
littéraires du Livre de Mormon est très jeune et ne
supplante pas la lecture spirituelle du texte, ceux qui analysent le
livre sous cet angle constatent que c’est un travail
d’immédiateté qui montre autant qu’il
raconte comme c’est habituellement le cas dans la grande
littérature. Il ne répond plus à la définition
de Mark Twain qu'un classique est essentiellement un livre dont tout
le monde parle mais que personne ne lit ; c’est au
contraire un ouvrage qui « vient à bout de vous
avant que vous ne veniez à bout de lui » (J. Welch,
« "Study, Faith, and the Book of Mormon »,
BYU 1987-88 Devotional and Fireside Speeches, p. 148, Provo, Utah,
1988). On voit de plus en plus en lui un ouvrage sans pareil qui
révèle et exprime admirablement et irrésistiblement
l’essence de la condition humaine.
POÉSIE. Intégrée
au récit du Livre de Mormon, la poésie donne les
meilleurs exemples du lien fondamental qui existe entre la forme et
le contenu dans le livre. Quand on analyse les nombreuses paroles
inspirées du Seigneur, des anges et des prophètes selon
les formes antiques de versification, on perçoit plus aisément
leur signification. Ces formes sont celles des lignes, la symétrie,
le parallélisme et les structures chiastiques, comme définis
par Adele Berlin (The Dynamics of Biblical Parallelism, Bloomington,
Ind., 1985) et par Wilford Watson (Classical Hebrew Poetry,
Sheffield, 1984). Les textes du Livre de Mormon passent avec beaucoup
de naturel de la narration à la poésie, comme dans ce
passage conçu pour exprimer une intensification :
« Mais voici,
l'Esprit m'a dit ceci : Crie à ce peuple, disant :
Repentez-vous, et
préparez le chemin du Seigneur, et marchez dans ses sentiers,
qui sont droits ; car voici, le royaume des cieux est proche, et
le Fils de Dieu vient sur la surface de la terre » [Alma
7:9].
Certains ont critiqué
le style du Livre de Mormon qu’ils déclarent verbeux et
redondant, mais dans la plupart des cas ces répétitions
sont à leur place et efficaces. Par exemple, les
parallélismes, qui abondent dans le Livre de Mormon,
remplissent diverses fonctions. Ils soulignent les notions par la
répétition et permettent des contrastes fortement
marqués. Il y a un parallélisme synonyme typique dans
2 Néphi 9:52 :
« Priez-le
continuellement le jour,
et rendez grâces à
son saint nom la nuit. »
Le discours de Néphi,
qui vise ses frères obstinés, contient un parallélisme
fortement antithétique :
« Vous êtes
prompts à commettre l'iniquité,
mais lents à vous
souvenir du Seigneur, votre Dieu. [1 Né. 17:45.]
On trouve aussi plusieurs
beaux exemples de chiasmes (un schéma a-b-b-a) dans le Livre
de Mormon. Dans le psaume de Néphi (2 Né.
4:15-35), les premiers appels à l'âme et au cœur
s’accompagnent de négations, alors que l’équivalent
miroir qui suit utilise le cœur et l'âme assortis
d’affirmations fortes, ce qui rend les contrastes
littérairement efficaces et paroxysmiques :
« Éveille-toi,
mon âme ! Ne languis plus dans le péché.
Réjouis-toi, ô
mon cœur, et n'accorde plus de place à l'ennemi de mon
âme.
Ne t'irrite plus à
cause de mes ennemis.
N'affaiblis plus mes
forces à cause de mes afflictions.
Réjouis-toi, ô
mon cœur, et invoque le Seigneur, et dis :
Ô Seigneur, je te
louerai à jamais ; oui, mon âme se réjouira
à cause de toi, mon Dieu, rocher de mon salut. »
[2 Né. 4:28-30.]
On repère
facilement d'autres exemples précis de chiasmes étendus
(a-b-c-c-b-a) dans Mos. 5:10-12 et Al. 36:1-30 et 41:13-15. Cette
forme littéraire dans Alma 36 attire efficacement l’attention
sur le passage central du chapitre (Alma 36:17-18) ; dans Alma
41, elle fait très bien passer la notion même de justice
distributive exprimée dans le passage (cf. Lé.
24:13-23, qui utilise de même le chiasme pour faire passer une
notion semblable de justice).
Une autre figure appelée
a fortiori est utilisée pour communiquer une impression
exagérée de multitude, comme dans Al. 60:22, où
un « parallélisme de nombre » est
encadré de manière chiastique par une expression
paraissant deux fois :
« Oui,
resterez-vous assis dans l'oisiveté
pendant que vous êtes
entourés de milliers de gens,
oui, et de dizaines de
milliers,
qui sont aussi assis dans
l'oisiveté ? »
On peut analyser des
dizaines de passages du Livre de Mormon comme poésie. Cela va
des brefs poèmes du désert de Léhi (1 Né.
2:9-10, une forme dans laquelle Hugh Nibley voit une quasida arabe)
[CWHN 6:270-275] aux longs sermons de Jacob, d'Abinadi et de Jésus
ressuscité (2 Né. 6-10 ; Mos. 12-16 et 3 Né.
27).
TEXTES NARRATIFS. Dans le
Livre de Mormon, les textes narratifs sont souvent rendus vivants par
des conflits vigoureux et des dialogues passionnés ou des
récits personnels. Néphi relate ses actes héroïques
pour se procurer les plaques d'airain de Laban ; Jacob résiste
aux accusations fausses de Shérem, sur qui le jugement du
Seigneur tombe ; Ammon combat les pillards aux eaux de Sébus
et gagne la confiance du roi Lamoni ; Amulek doit affronter
l'avocat beau parleur Zeezrom ; Alma 2 et Amulek sont protégés
tandis que leurs accusateurs sont écrasés par
l’effondrement des murs de la prison ; le capitaine Moroni
1 s'engage dans une épreuve de force avec le chef lamanite
Zérahemnah ; Amalickiah monte au pouvoir par la trahison
et la malveillance ; un prophète ultérieur appelé
Néphi 2 révèle à une foule incroyante le
meurtre de son grand juge par le propre frère de celui-ci ;
et les deux derniers rois jarédites combattent jusqu’à
la destruction mutuelle de leurs peuples.
Vu dans son ensemble, le
Livre de Mormon est un récit épique de l'histoire de la
nation néphite. D’une grande envergure, avec un héros
éponyme, il présente une action impliquant de longs et
laborieux voyages et des actes héroïques, avec la
participation active d’êtres surnaturels. À cette
histoire millénaire de la fondation, de l’épanouissement
et de la destruction des Néphites est intégrée
une épopée condensée de la naissance et de la
chute des Jarédites, qui les ont précédés
dans le genre et dans le temps. (Pour son milieu épique, voir
CWHN 5:285-394.) Le point culminant du livre est le récit
spectaculaire de la visite de Jésus ressuscité à
une assemblée de Néphites justes.
SERMONS ET DISCOURS. Le
discours prophétique est une forme littéraire dominante
dans le Livre de Mormon. Des discours tels que celui du roi Benjamin
(Mos. 1-6), le défi lancé par Alma 2 au peuple de
Zarahemla (Al. 5), et les enseignements de Mormon sur la foi,
l'espérance et la charité (Mro. 7) sont travaillés
avec art et font passer leurs objectifs religieux avec une grande
efficacité rhétorique. Le discours public de Samuel le
Lamanite (Hél. 13-15) est un discours de jugement prophétique
classique. Quand on prend la critique rhétorique pour guide,
on peut voir comment le discours rituel de Benjamin vise d'abord à
persuader l’auditoire de réaffirmer un point de vue
actuel et emprunte ensuite la rhétorique délibérative
« qui vise à pousser à une décision
concernant une action future, souvent dans un futur très
immédiat » (Kennedy, New Testament interpretation
Through Rhetorical Criticism [1984], p. 36). Le discours du roi
Benjamin est également chiastique dans son ensemble et dans
plusieurs de ses parties (Welch, p. 202-205).
LETTRES. Les huit épîtres
du Livre de Mormon ont le ton de la conversation, révélant
les personnalités respectives de leurs auteurs. Ces lettres
sont du capitaine Moroni 1 (Al. 54:5-14 ; 60:1-36), d’Ammoron
(Al. 54:16-24), d’Hélaman 1 (Al. 56:2-58:41), de Pahoran
(Al. 61:2-21), de Giddianhi (3 Né. 3:2-10) et de Mormon
(Mro. 8:2-30 ; 9:1-26).
ALLÉGORIE,
MÉTAPHORE, LANGAGE FIGURÉ ET TYPOLOGIE. Ces formes sont
également répandues dans le Livre de Mormon.
L'allégorie de Zénos sur l'olivier (Jcb. 5) intègre
de manière vivante des dizaines de détails horticoles
pendant qu'elle dépeint l'histoire des relations de Dieu avec
Israël. On trouve une malédiction comparative frappante,
qui a des parallèles dans le Proche-Orient, quand Abinadi, en
sa qualité de prophète, lance sa dénonciation :
La vie du roi Noé sera « comme un vêtement
dans une fournaise de feu… comme une tige, comme une tige
desséchée du champ, qui est renversée par les
bêtes et foulée aux pieds » (Mos. 12:10-11).
Une métaphore
étendue efficace, c’est celle que fait Alma quand il
compare la parole de Dieu à une semence plantée dans le
cœur, qui grandit ensuite pour devenir un arbre de vie plein de
fruits (Al. 32:28-43). En développant cette métaphore,
Alma utilise un exemple saisissant de synesthésie : Une
fois que la parole leur éclaire l’esprit, ses auditeurs
peuvent savoir que c'est vrai : « Vous avez goûté
cette lumière » (Al. 32:35).
La répétition
d’archétypes tels que l'arbre, la rivière, les
ténèbres et le feu confirme de manière très
réaliste que Léhi comprenait bien qu'il y a une
« opposition en toutes choses » (2 Né.
2:11) et cette opposition sera salutaire pour les justes.
Le Livre de Mormon
insiste, sans toujours la développer, sur l’interprétation
figurée des paroles données par Dieu et des personnes
ou des événements dirigés par Dieu. « Tout
ce qui a été donné par Dieu à l'homme
depuis le commencement du monde est une figure [du Christ] »
(2 Né. 11:4) ; toutes les observances et ordonnances
de la loi de Moïse « étaient des figures de
choses à venir » (Mos. 13:31) ; et le Liahona,
ou compas, était considéré comme un symbole :
« Car tout aussi sûrement que ce directeur a amené
nos pères, lorsqu'ils ont suivi sa direction, à la
terre promise, de même les paroles du Christ, si nous suivons
leur direction, nous transporteront au-delà de cette vallée
de tristesse dans une terre de promission bien meilleure »
(Al. 37:45). Dans sa grande structure typologique, le Livre de Mormon
répond bien aux sept phases de la révélation
élaborées par Northrop Frye : création,
révolution ou exode, loi, sagesse, prophétie, évangile
et apocalypse (The Great Code : The Bible and Literature, New
York, 1982).
LITTÉRATURE DE
SAGESSE. Les dictons des sages qui ont été transmis
sont parsemés dans tout le Livre de Mormon, particulièrement
dans les recommandations faites par les pères à leurs
fils. Alma conseille : « Oh ! souviens-toi, mon
fils, et apprends la sagesse dans ta jeunesse ; oui, apprends
dans ta jeunesse à garder les commandements de Dieu »
(Al. 37:35 ; voir aussi 38:9-15). Benjamin dit : « Et
voici, je vous dis ces choses afin que vous appreniez la sagesse ;
afin que vous appreniez que lorsque vous êtes au service de vos
semblables, vous êtes simplement au service de votre Dieu »
(Mos. 2:17). Un aphorisme mémorable est donné par
Léhi : « Adam tomba pour que les hommes
fussent ; et les hommes sont pour avoir la joie »
(2 Né. 2:25). Les saints des derniers jours répètent
souvent des formules percutantes telles que « Les insensés
se moquent, mais ils se lamenteront » (Ét. 12:26)
et « la méchanceté n'a jamais été
le bonheur » (Al. 41:10).
LITTÉRATURE
APOCALYPTIQUE. La vision de 1 Né. 11-15 (VIe siècle
av. J.-C.) est comparable par sa forme à la littérature
apocalyptique ancienne. Elle contient une vision, est donnée
sous forme de dialogue, comporte un médiateur ou un
accompagnateur appartenant à l’autre monde, contient un
commandement d’écrire, traite de l’état
d’esprit du bénéficiaire, prophétise des
persécutions, prédit les transformations cosmiques et a
une place dans l'au-delà en tant que son axe spatial.
L’évolution juive ultérieure avec une angélologie
complexe, une numérologie mystique et du symbolisme est
absente.
STYLE ET TON. Les auteurs
du Livre de Mormon montrent un souci intense pour le style et le ton.
Alma voudrait pouvoir « parler avec la trompette de Dieu,
d'une voix qui fait trembler la terre » et cependant il se
rend compte qu’il est « un homme, et [qu’il]
pèche dans [s]on souhait ; car [il] devrai[t se]
contenter des choses que le Seigneur [lui] a assignées »
(Al. 29:1-3). Moroni 2 exprime son impuissance à écrire :
« Seigneur, les Gentils se moqueront de ces choses à
cause de notre faiblesse à écrire…. Tu as aussi
rendu nos paroles puissantes et grandes au point que nous ne pouvons
les écrire ; c'est pourquoi, lorsque nous écrivons,
nous voyons notre faiblesse et trébuchons à cause de
l'arrangement de nos paroles » (Ét. 12:23-25 ;
cf. 2 Né. 33:1). Pourtant les mots écrits par
Moroni ne sont pas faibles. Dans des cadences d’une force
croissante il déclare hardiment :
« Ô
souillures, hypocrites, instructeurs, qui vous vendez pour ce qui se
corrompra, pourquoi avez-vous souillé la sainte Église
de Dieu ? Pourquoi avez-vous honte de prendre sur vous le nom du
Christ ? … qui peut résister aux œuvres du
Seigneur ? Qui peut nier ses paroles ? Qui s'élèvera
contre la toute-puissance du Seigneur ? Qui méprisera les
œuvres du Seigneur ? Qui méprisera les enfants du
Christ ? Voici, vous tous qui méprisez les œuvres
du Seigneur, car vous serez dans l'étonnement et vous
périrez » [Mrm. 8:38,9:26].
Les styles utilisés
par les différents auteurs du Livre de Mormon passent du tout
simple au sublime. Le ton va des condamnations virulentes de Moroni
aux supplications les plus humbles de Jésus : « Voici,
le bras de ma miséricorde est étendu vers vous, et
celui qui viendra, je le recevrai » (3 Né.
9:14).
Jésus est un
modèle de communication, qui, rapporte Moroni, « m’a
parlé de ces choses avec une humilité évidente,
comme un homme parle à un autre, dans ma propre langue ;
et je n'en ai écrit que quelques-unes à cause de ma
faiblesse à écrire » (Ét. 12:39-40).
Deux notions de ce rapport sont répétées dans
tout le Livre de Mormon : un discours clair et l’incapacité
d'écrire sur certaines choses. « Je vous ai parlé
clairement », dit Néphi, « afin que vous
ne puissiez vous méprendre » (2 Né.
25:28). « Mon âme fait ses délices de la
clarté », poursuit-il, « car c'est de
cette manière que le Seigneur Dieu agit parmi les enfants des
hommes » (2 Né. 31:3). Pourtant Néphi
met aussi ses délices dans les paroles d’Ésaïe,
qui « ne sont pas claires pour vous, néanmoins
elles sont claires pour tous ceux qui sont remplis de l'esprit de
prophétie » (2 Né. 25:4). Contenant
aussi bien du langage clair que des termes voilés, le Livre de
Mormon est un livre spirituellement et littérairement puissant
qui est direct et pourtant complexe, simple et pourtant profond.
Bibliographie
England, Eugene. "A
Second Witness for the Logos : The Book of Momon and
Contemporary Literary Criticism." Dans By Study and Also by
Faith, 2 vols., dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2 p.
91-125. Salt Lake City, 1990.
Jorgensen, Bruce W.,
Richard Dilworth Rust et George S. Tate. Essays on typology dans
Literature of Belief, dir. de publ. Neal E. Lambert. Provo, Utah,
1981.
Nichols, Robert E., Jr.
"Beowulf and Nephi : A Literary View of the Book of Mormon"
Dialogue 4 (Autumn 1969), p.40-47.
Parry, Donald W. "Hebrew
Literary Patterns in the Book of Mormon" Ensign 19 (Oct. 1989),
p. 58-61.
Rust, Richard Dilworth.
"Book of Mormon Poetry" New Era (Mar. 1983), p. 46-50.
Welch, John W. "Chiasmus
in the Book of Mormon." Dans Chiasmus in Antiquity, dir. de
publ. J. Welch, p. 198-210. Hildesheim, 1981.
RICHARD DILWORTH RUST
DONALD W. PARRY
Livre
de Mormon – Manuscrits
Auteur :
Skousen, Royal
Les versions imprimées
du Livre de Mormon proviennent de deux manuscrits. Le premier, appelé
le manuscrit original (O), a été écrit par au
moins trois secrétaires pendant que Joseph Smith traduisait et
dictait. Le secrétaire le plus important a été
Oliver Cowdery. Ce manuscrit a été commencé au
plus tard en avril 1829 et a été terminé en juin
1829.
Une copie de l'original a
ensuite été faite par Oliver Cowdery et deux autres
secrétaires. Cette copie est appelée le manuscrit de
l'imprimeur (P), parce que c’est celle qui a été
normalement utilisée pour la composition de la première
édition (1830) du Livre de Mormon. Elle a été
commencée en juillet 1829 et finie au début de 1830.
Le manuscrit de
l'imprimeur n'est pas une copie exacte du manuscrit original. Il y a
en moyenne trois changements par page du manuscrit original. Ces
changements semblent être des erreurs de copie normales ;
il n’y a quasiment aucune indication de modification délibérée.
La plupart des changements sont mineurs et une sur cinq environ cause
une différence perceptible dans la signification. Comme elles
étaient toutes relativement mineures, la plupart des erreurs
ainsi introduites dans le texte sont restées dans les éditions
imprimées du Livre de Mormon et n'ont pas été
détectées ni corrigées sauf par référence
au manuscrit original. Une vingtaine de ces erreurs ont été
corrigées dans l'édition de 1981.
Le compositeur de
l'édition de 1830 a ajouté la ponctuation, la division
en paragraphes et d'autres marques d’impression sur un tiers
environ des pages du manuscrit de l'imprimeur. Ces mêmes
marques apparaissent sur un fragment de l'original, indiquant qu'il a
été utilisé au moins une fois dans la
composition de l'édition de 1830.
En vue de la deuxième
édition (1837), des centaines de changements grammaticaux et
quelques corrections de texte ont été apportés
dans P. Après la publication de cette édition, P a été
conservé par Oliver Cowdery. Après sa mort en 1850, son
beau-frère, David Whitmer, a conservé P jusqu'à
sa mort en 1888. En 1903, le petit-fils de Whitmer a vendu P à
l'Église réorganisée de Jésus-Christ des
saints des derniers jours, qui le possède aujourd'hui. Il
existe dans sa totalité excepté deux lignes au bas de
la première feuille.
Le manuscrit original n'a
pas été consulté pour les corrections de
l'édition de 1837. Cependant, pour l'édition de 1840,
Joseph Smith a utilisé O pour rétablir certains de ses
termes originaux. En octobre 1841, Joseph Smith a placé O dans
la pierre angulaire de la Nauvoo House. Plus de quarante ans plus
tard, Lewis Bidamon, second mari d'Emma Smith, a ouvert la pierre
angulaire et a constaté que les infiltrations d'eau avaient
détruit la majeure partie d'O. Les pages restantes ont été
distribuées à diverses personnes au cours des années
1880.
Il reste aujourd'hui
approximativement 25 pour cent du texte d'O : 1 Néphi
2 jusqu’à 2 Néphi 1 avec des lacunes, Alma
22 à Hélaman 3 avec des lacunes, et quelques autres
fragments. Toutes les pages authentiques d’O sauf une et tous
les fragments authentiques se trouvent dans les archives du
département historique de l’Église ; une
demi feuille (de 1 Néphi 14) appartient à
l'université d'Utah.
Livre
de Mormon – Noms
Auteur :
Hoskisson, Paul Y.
Le Livre de Mormon
contient 337 noms propres et 21 formes analogues basées sur
des noms propres. Dans ce calcul sont compris des noms que l’on
ne qualifierait normalement pas de noms propres, comme les espèces
animales, s'ils apparaissent comme translittérations dans le
texte anglais et pas comme traductions. Réciproquement, les
noms propres qui apparaissent seulement sous forme de traduction ne
sont pas inclus, comme Abondance et Désolation. Sur ces 337
noms propres, 188 ne se trouvent que dans le Livre de Mormon, tandis
que 149 sont communs au Livre de Mormon et à la Bible. Si les
passages textuels communs au Livre de Mormon et à la Bible
sont exclus, 53 noms apparaissent dans les deux livres.
La solution pratique
serait de diviser la liste des noms du Livre de Mormon en trois
groupes parce qu'il mentionne (1) les Jarédites, (2) la
communauté fondée par Léhi (qu’on pourrait
appeler « Léhites ») et (3) le peuple
désigné sous le nom de peuple de Zarahemla (qu’on
pourrait appeler « Mulékites »), qui ont
tous contribué à l'histoire du Livre de Mormon et donc
à la liste de noms propres (voir Livre de Mormon –
Peuples). Si l’on peut faire cette répartition avec une
certaine exactitude pour des noms jarédites, il n'est pas
facile de maintenir la distinction entre Léhites et Mulékites,
parce qu'une partie des Léhites s’est unie à un
moment donné avant 130 av. J.-C. aux Mulékites ;
on ne sait pratiquement rien des noms mulékites d’avant
ce moment-là. Pour le moment, les noms léhites et
mulékites doivent être traités ensemble. Étant
donné ce regroupement des noms du Livre de Mormon, 142 des 188
noms propres au Livre de Mormon sont léhites-mulékites,
41 sont jarédites et 5 sont communs aux deux groupes.
Il reste encore beaucoup
de travail préliminaire à effectuer sur les noms du
Livre de Mormon. Le système de translittération du
texte anglais doit être clarifié : est-ce que le j
du texte indique seulement le phonème néphite /y/ ou
peut-il également représenter le /h/ dans le nom
« Job » comme c’est le cas une fois dans
la KJV ? Une analyse critique fiable du texte est
nécessaire :
quelle est la gamme des orthographes possibles de Cumorah qui
pourraient indiquer des valeurs phonémiques ? Les
phénomènes linguistiques nécessitent une
explication : il n'y a pas de noms appartenant exclusivement au
Livre de Mormon qui commencent par /b/, mais plusieurs commencent par
/p/. Q et x n’apparaissent dans aucun nom du Livre de Mormon.
V, w et y n’apparaissent dans aucun nom appartenant
exclusivement au Livre de Mormon. D, f et u ne commencent aucun nom
appartenant exclusivement au Livre de Mormon.
Les noms
léhites-mulékites montrent souvent une très
grande affinité avec les langues sémitiques (CWHN
6:281-94). Par exemple, Abish et Abinadi ressemblent à ab,
père, des noms en hébreu ; Alma apparaît
dans une lettre de Bar Kochba (v. 130 apr. J.-C.) trouvée dans
le désert de Judée ; Mulek pourrait être un
diminutif du mlk sémitique occidental, signifiant roi ;
Omni et Limhi semblent avoir la même morphologie que Omri et
Zimri dans l’Ancien Testament ; Jershon est
remarquablement proche d'une forme de nom de la racine hébraïque
yrs (voir ci-dessous). Certains noms léhites-mulékites
ressemblent davantage à l'égyptien : Ammon,
Korihor, Pahoran et Paanchi (CWHN 5:25-34). Les noms jarédites
ne présentent aucune affinité linguistique uniformément
évidente.
Comme les noms propres de
la plupart des langues, ceux du Livre de Mormon avaient probablement
des significations sémantiques pour les peuples du Livre de
Mormon. Ces significations ressortent clairement de plusieurs cas où
le Livre de Mormon fournit la traduction d’un nom propre. Par
exemple, Irréantum signifie « de nombreuses eaux »
(1 Né. 17:5), et Rabbanah est interprété
comme voulant dire « roi puissant ou grand roi »
(Al. 18:13). Le plus grand de tous les obstacles à la
compréhension des possibilités sémantiques des
noms propres du Livre de Mormon reste l’absence du texte
néphite d’origine. Les translittérations du texte
anglais ne permettent que des conjectures et des approximations quant
à la nature des noms et de leur plage sémantique
possible. En outre, si l’on veut qu’elles aient une
valeur quelconque, de telles suppositions doivent être basées
sur une connaissance des origines linguistiques possibles des noms,
comme l’hébreu et l’égyptien de l'âge
du fer pour les noms léhites et mulékites.
Les noms propres du Livre
de Mormon peuvent fournir des informations au sujet du texte et de
la/les langue/s employés pour le composer. Une fois qu’on
les étudie en employant la méthodologie qui convient,
ces noms témoignent de l'origine ancienne du Livre de Mormon.
Par exemple, Jershon est le toponyme d’un pays donné par
les Néphites à un groupe de Lamanites comme terre
d’héritage ; sur la base de la correspondance
habituelle dans la KJV entre j et le phonème hébreu
/y/, le Jershon du Livre de Mormon pourrait correspondre à la
racine hébraïque yrs signifiant « hériter »,
ce qui donnerait un jeu de mots approprié dans Al. 27:22 :
« et ce pays de Jershon est le pays que nous donnerons en
héritage à nos frères. » De même,
Alma, un nom du Livre de Mormon qui, utilisé pour un homme,
pourrait sembler maladroit, est maintenant attesté dans deux
documents hébreux du IIe siècle apr. J.-C., de l’époque
de Bar Kochba (Yadin, p. 176) et milite donc pour une présence
hébraïque forte et continue parmi les peuples du Livre de
Mormon.
Bibliographie
Hoskisson, Paul Y. "An
Introduction to the Relevance of and a Methodology for a Study of the
Proper Names of the Book of Mormon." Dans By Study and Also by
Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol.2, p. 126-35. Salt
Lake City, 1990.
Tvedtnes, John A. "A
Phonemic Analysis of Nephite and Jaredite Proper Names."
F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1977.
Yadin, Y. Bar Kokhba, p.
176. Jerusalem, 1971.
PAUL Y. HOSKISSON
Livre
de Mormon – Personnalités
[Les expériences,
pensées, sentiments et personnalités de plusieurs
individus sont mis en évidence dans le Livre de Mormon.
Jésus-Christ est au centre du livre ; voir Jésus-Christ
dans les Écritures : Jésus-Christ dans le Livre de
Mormon.
Le prophète
fondateur est Léhi. On trouvera des articles à son
sujet et au sujet des membres de sa famille dans Léhi, Laman,
Néphi 1, Jacob, fils de Léhi et Ismaël. Pour ce
qui est de Sariah, épouse de Léhi, et des autres femmes
du Livre de Mormon, voir Femmes dans le Livre de Mormon.
Le dernier roi néphite
(153-90 av. J.-C.) est Mosiah 2. On trouvera des articles sur son
grand-père, son père et son frère dans Mosiah 1,
Benjamin, Hélaman 1. De 90 av. J.-C. à 321 apr. J.-C.,
les annales néphites ont été tenues par des
descendants d'Alma 1 ; voir Alma 1 , Alma 2, Hélaman 2,
Hélaman 3, Néphi 2, Néphi 3, Néphi 4. Les
derniers prophètes, chefs militaires et historiens néphites
sont Mormon et son fils, Moroni 2, baptisé du nom d'un
précédent capitaine en chef, Moroni 1.
Quatre autres prophètes
ont une place importante dans le Livre de Mormon ; voir Abinadi,
Amulek, Samuel le Lamanite et Frère de Jared. Les prophètes
du Vieux Monde cités dans le Livre de Mormon sont Ézias,
Ésaïe, Joseph, Moïse, Néum, Zénock et
Zénos. Concernant les divers groupes de personnes du Livre de
Mormon, voir Livre de Mormon – Peuples, Jarédites,
Lamanites, Mulek et Néphites. Voir aussi Livre de Mormon –
Noms.]
Livre
de Mormon – Peuples
Auteur :
Sorenson, John L.
Quinze groupes distincts
de peuples au moins sont mentionnés dans le Livre de Mormon.
Quatre (Néphites, Lamanites, Jarédites et le peuple de
Zarahemla [Mulékites]) ont joué un rôle de
premier plan ; cinq sont secondaires et six autres tertiaires.
LES NÉPHITES. Le
noyau de ce groupe est constitué des descendants directs de
Néphi 1, fils du père fondateur Léhi. La
direction politique dans l'aile néphite de la colonie
« n’avait été conféré[e]
qu’à ceux qui étaient descendants de Néphi »
(Mos. 25:13). Ce ne sont pas seulement les premiers rois et juges
mais même Mormon, le dernier commandant militaire des Néphites,
qui se qualifient à cet égard (il note de manière
explicite qu'il est « pur descendant de Léhi »
[3 Né. 5:20] et « descendant de Néphi »
[Mrm. 1:5]).
Dans un sens plus large,
« Néphites » est le nom donné à
tous ceux qui sont gouvernés par un souverain néphite,
comme dans Jcb. 1:13 : « Ceux qui n'étaient
pas Lamanites était Néphites ; néanmoins,
ils étaient appelés [quand c’était
spécifié selon le lignage] Néphites, Jacobites,
Joséphites, Zoramites, Lamanites, Lémuélites et
Ismaélites. » Il est intéressant de noter
que les groupes sans liens ancestraux directs peuvent se retrouver
sous l’égide sociopolitique néphite. Ainsi,
« tout le peuple de Zarahemla était compté
avec les Néphites » (Mos. 25:13). Ce processus
d'amalgame politique a, dans beaucoup de cas, une connotation de
parenté comme quand un groupe de Lamanites convertis « prirent
sur eux le nom de Néphi, afin d’être appelés
les enfants de Néphi et d’être comptés
parmi ceux qui étaient appelés Néphites »
(Mos. 25:12). L'expression « peuple néphite »
ou « peuple de Néphi » dans des passages
tels que Al. 54:14 et Hél. 1:1 suggère une structure
sociale dans laquelle des populations probablement diverses (« le
peuple ») sont dominées par une élite (« les
Néphites »).
Être Néphite
peut également impliquer un ensemble de croyances et de
pratiques religieuses (Al. 48:9-10 ; 4 Né. 1:36-37)
aussi bien que la participation à une tradition culturelle
(Én. 1:21 ; Hél. 3:16). On pouvait apparemment
distinguer la plupart des Néphites des Lamanites (Jcb. 3:5 ;
Al. 55:4, 8 ; 3 Né. 2:15).
L'unité
socioculturelle et politique qu’implique l'utilisation du titre
général « Néphites » est
démentie par le contexte historique qui révèle
une longue série de « dissensions » par
rapport au gouvernement néphite, des groupes importants allant
périodiquement rejoindre les Lamanites (Al. 31:8 ;43:13 ;
Hél. 1:15).
Le Livre de Mormon,
l’histoire à orientation religieuse d’une lignée,
est avant tout un compte rendu tenu par des Néphites, lesquels
en sont les acteurs principaux. Étant donné que le
récit a été écrit du point de vue de ce
peuple (en réalité, de ses dirigeants), tous les autres
groupes sont compris et représentés comme les voient
les élites néphites. Il n’y a, dans les annales
néphites, que des fragments qui indiquent directement le point
de vue d'autres groupes ou même d’hommes du peuple
néphite.
LES LAMANITES. Ce nom
est, lui aussi, appliqué de plusieurs manières. Les
descendants directs de Laman, fils aîné de Léhi,
constituent, en termes généraux, l'ossature des
Lamanites (Jcb. 1:13-14 ; 4 Né. 1:38-39). Les
« Lémuélites » et les
« Ismaélites », qui se sont alliés
aux descendants de Laman en matière de croyance et de
comportement, sont également appelés Lamanites (Jcb.
1:13-14). C’est aussi le cas de « tous les
dissidents des Néphites » (Al. 47:35). Cette
terminologie est employée dans les annales néphites,
bien qu'on ne puisse pas être sûr que tous les dissidents
s’appliquaient le terme à eux-mêmes. Cependant,
l’un de ces dissidents au moins, Ammoron, un Zoramite, se
vante : « Je suis un fier Lamanite » (Al.
54:24).
Les souverains dans le
système lamanite semblent avoir eu plus de difficultés
que les souverains néphites à unir les groupes
composant leur société sous un même régime
(Al. 17:27-35 ; 20:4, 7, 9, 14-15 ; 47:1-3). On a
l’impression qu’ils comptent plus sur le charisme ou sur
la contrainte que sur une tradition commune, des idéaux ou un
appareil de fonctionnaires. Nous ne savons pas s’il existait
une règle selon laquelle les rois lamanites devaient être
descendants de Laman. Au début du deuxième siècle
av. J.-C., deux rois lamanites successifs s’appelaient Laman
(Mos. 7:21 ; 24:3) ; étant donné que c’est
un chroniqueur de culture néphite qui interprète cette
désignation de l’autre côté d’une
frontière culturelle, il est possible que « Laman »
ait vraiment été un titre de fonction, de la même
manière que les rois néphites portaient le titre
« Néphi » (Jcb. 1:9-11). Cependant, plus
tard, Lamoni, souverain lamanite local, est décrit comme « un
descendant d'Ismaël », pas de Laman (Al. 17:21) et
son père, roi de tout le pays de Néphi (patrie
originelle des Néphites prise et occupée par les
Lamanites pendant une grande partie du reste de l’histoire du
Livre de Mormon), devait avoir la même ascendance. De toute
évidence, s'il y avait une règle que les descendants de
Laman héritent du trône, elle n’était pas
appliquée systématiquement. De plus, Amalickiah et son
frère, tous deux dissidents néphites, vont obtenir le
trône lamanite et prétendre à la légitimité
(Al. 47:35 ; 52:3).
Il est dit à
plusieurs reprises que les Lamanites sont beaucoup plus nombreux que
les Néphites (Jm 1:6 ; Mos. 25:3 ; Hél.
4:25), un fait qui pourrait sembler contredire la description que
font d’eux les Néphites au commencement quand ils les
traitent de chasseurs sauvages, ce qui nécessite normalement
beaucoup plus de territoire par personne qu’il n’en faut
aux fermiers (Én. 1:20 ; Jm 1:6). L'expression « peuple
des Lamanites » (Al. 23:9-12) peut indiquer que des élites
lamanites dominaient une paysannerie disparate.
Les quelques aperçus
directs que l'histoire néphite nous donne des Lamanites
indiquent un niveau bien au-delà d’une culture
« sauvage », bien qu’inférieure à
la « civilisation » attribuée aux
Néphites. Leur sophistication était peut-être due
un peu à l'influence des dissidents néphites parmi eux
(voir Mos. 24:3-7). Apparemment certains Lamanites se sont montrés
prompts à apprendre auprès de cette source ; de
plus, ceux qui se convertissent à la religion prophétique
enseignée par les missionnaires néphites sont
habituellement décrits comme exemplaires (Al. 23:5-7 ;
56 ; Hél. 6:1).
LE PEUPLE DE ZARAHEMLA
(MULÉKITES). Au troisième siècle av. J.-C.,
quand le dirigeant néphite Mosiah 1 et son peuple descendent
du pays de Néphi jusqu’au fleuve Sidon, « ils
découvrirent un peuple qui s’appelait le peuple de
Zarahemla » (Om. 1:13-14) parce que leur souverain porte
ce nom. Ces gens descendent d'un groupe qui a fui la conquête
babylonienne de Jérusalem en 586 av. J.-C., et dont faisait
partie Mulek, un fils du roi juif Sédécias. C’est
pour cela que les saints des derniers jours appellent souvent
Mulékites les descendants de ce groupe, bien que le Livre de
Mormon n'emploie jamais le terme. Au moment où les Néphites
le découvrent vers 200 av. J.-C., ce peuple est « extrêmement
nombreux » bien que culturellement dégénéré
à cause de l'analphabétisme et de la guerre (Om.
1:16-17). Le récit néphite dit que l’ensemble de
la population accueillit Mosiah comme roi.
Mosiah apprend que le
peuple de Zarahemla a découvert le dernier survivant connu des
Jarédites peu avant sa mort. Grâce à cela ou par
des survivants non mentionnés, des éléments de
la culture jarédite semblent avoir été apportés
aux Néphites par le peuple de Zarahemla (CWHN 5:238-247). Le
fait que le peuple de Zarahemla parle une langue inintelligible pour
les Néphites est une indication complémentaire d’un
mélange ethnique plus diversifié que le laisse entendre
le court récit, qui suppose une origine purement juive.
Les Mulékites sont
peu mentionnés par la suite, probablement parce qu'ils ont été
complètement amalgamés dans une société
néphite éclectique (Mos. 25:13). Il n’empêche
qu’en 51 av. J.-C. encore, un homme affilié aux
Lamanites, qui est un descendant du roi Zarahemla, attaque la
capitale néphite et s’en empare brièvement (Hél.
1:15-34)
LES JARÉDITES. Le
peuple le plus ancien mentionné dans le Livre de Mormon
provient de la Mésopotamie, de la « grande tour »
mentionnée dans Genèse 11. C’est de là
qu'un groupe de probablement huit familles a voyagé jusqu’en
l'Amérique sous la direction divine.
L’histoire
existante est un résumé, fait par Moroni 2, le dernier
gardien des annales néphites, d'une histoire écrite sur
des plaques d'or par Éther, dernier prophète jarédite,
vers la moitié du premier millénaire av. J.-C. Composée
et retravaillée par Éther, Moroni 2 et Mosiah 2 (Mos.
28:11-17) et tributaire du manque de place, l’histoire ne fait
qu’un récit squelettique couvrant plus de deux
millénaires d'histoire jarédite. La majeure partie ne
concerne qu’une des huit lignées, celle de Jared, la
lignée régnante à laquelle appartenait Éther,
d’où le nom Jarédites (voir Livre de Mormon –
Plaques et annales).
Une tradition culturelle
florissante finit par se développer (Ét. 10:21-27),
bien que le maintien d'une population viable semble parfois n’avoir
pas été une mince affaire (Ét.
9:30-34 ;11 :6-7). À la fin, ce sont des millions
qui sont déclarés victimes des guerres d'extermination
dont Éther, le prophète, est témoin (Ét.
15:2). Le peuple de Zarahemla trouvera un unique survivant,
Coriantumr, le dernier roi, peu avant 200 av. J.-C., bien qu'il soit
plausible que plusieurs groupes isolés aient aussi pu survivre
pour fusionner, à l’insu des historiens, avec les
successeurs mulékites et lamanites.
GROUPES SECONDAIRES. Les
sept mêmes lignées mentionnées parmi les
descendants de Léhi vers le commencement des annales néphites
le sont de nouveau 900 ans plus tard (Jcb. 1:13 ; Mrm. 1:8).
Chacune a été baptisée du nom d'un ancêtre
de la première génération et se compose
vraisemblablement de ses descendants. Parmi les Néphites il y
en a quatre : les Néphites proprement dits, les
Jacobites, les Joséphites et les Zoramites. Au sein de la
faction lamanite, les Lémuélites et les Ismaélites
se sont joints aux descendants proprement dits de Laman. Cette
division disparaît après l’apparition du Christ à
Abondance (il n'y avait ni « Lamanites, ni aucune sorte
d’-ites » [4 Né. 1:17]), mais cette
descendance ne sera pas oubliée, parce que les vieilles
lignées vont réapparaître plus tard (4 Né.
1:20, 36-37). Ce qui a pu se produire, c’est que certaines
fonctions publiques que les groupes avaient remplies ont été
reprises pendant plusieurs générations par l'Église
chrétienne, dont ils étaient tous devenus membres. Si
l’on se base sur ce qui se pratiquait dans les systèmes
sociaux des nations du même genre, il est possible que
l'appartenance à l’un de ces sept groupes gouvernait les
choix matrimoniaux et les droits en matière de succession et
peut-être la résidence (Al. 31:3). Les Lémuélites
avaient de toute évidence leur propre ville (Al. 23:12-13) et
c’est la descendance qui a déterminé l’endroit
où les Néphites et le peuple de Zarahemla se sont assis
lors de l’assemblée politico-religieuse de Mosiah 2
(Mos. 25:4 ; cf. 25:21-23). Ces fonctions ont également
pu être remplies par des groupes autres que les sept lignées.
Les sept lignées
peuvent être qualifiées de « tribus »,
comme dans 3 Né. 7:2-4. Juste avant les catastrophes
naturelles qui vont marquer la crucifixion de Jésus-Christ,
l'unité sociale néphite s'effondre, et ils « se
séparèrent les uns des autres en tribus, chaque homme
selon sa famille, et sa parenté, et ses amis… c’est
pourquoi leurs tribus devinrent extrêmement grandes »
(3 Né. 7:2-4).
Les Jacobites sont
toujours cités les premiers parmi les trois peuples
secondaires chez les Néphites. Ils sont descendants de Jacob,
frère cadet de Néphi. On ne nous dit rien sur ce
groupe, si ce n’est qu'il est considéré,
politiquement et culturellement, comme néphite. Puisque Jacob
lui-même est prêtre principal sous le règne de son
frère Néphi, et puisque c’est lui et ses
descendants qui tiennent les annales religieuses commencées
par Néphi, il est possible que les Jacobites, en tant que
lignée, aient eu certaines responsabilités
sacerdotales.
Les Joséphites
sont, semble-t-il, descendants de Joseph, frère cadet de
Néphi. Le texte est silencieux sur les caractéristiques
distinctives du groupe.
Les Zoramites descendent
de Zoram, le serviteur de Laban qui a accepté sous la
contrainte de se joindre au groupe de Léhi après le
meurtre de Laban à Jérusalem (1 Né.
4:31-37). Tant à la fin qu’au début du récit
(Jcb. 1:13 et 4 Né. 1:36), les Zoramites sont comptés
parallèlement aux descendants de Néphi, bien que vers
75 av. J.-C., certains d'entre eux au moins aient fait dissidence
pendant un certain temps et se soient joints à l'alliance
lamanite (Al. 43:4). Étant donné qu’on les a
alors nommés « … capitaines en chef »
des armées lamanites (Al. 48:5), il est possible qu’ils
aient précédemment joué un rôle militaire
officiel chez les Néphites. Une raison de leur scission d’avec
les Néphites est évidemment le souvenir de ce qui est
arrivé à leur ancêtre fondateur : Ammoron,
dissident néphite et roi des Lamanites au premier siècle
av. J.-C., rappelle : « Je suis… un descendant
de Zoram, que tes pères ont enrôlé de force et
ont fait sortir de Jérusalem » (Al. 54:23).
Pendant leur dissidence,
leur culte, caractérisé comme idolâtre et
pourtant adressé à un Dieu d'esprit, a lieu dans des
« synagogues » d’où les riches ont
chassé les pauvres (Al. 31:1, 9-11 ; 32:5). Leurs
pratiques se sont écartées de la manière d’agir
des Néphite et de la loi de Moïse (Al. 31:9-12). Peu de
temps après les signes marquant la naissance du Christ et
presque huit ans après la mention la plus ancienne de leur
séparation d’avec les Néphites, ces Zoramites
sont toujours dissidents et incitent, à l’aide de
« mensonges » et de « paroles
flatteuses » (3 Né. 1:29), les Néphites
naïfs à se joindre aux brigands de Gadianton. Pourtant
deux siècles plus tard ils seront de retour dans la bergerie
néphite (4 Né. 1:36).
La liste des peuples
secondaires parmi les Lamanites commence par les Lémuélites.
Ils sont vraisemblablement la postérité de Lémuel,
deuxième fils de Léhi. On ne nous dit rien du groupe en
tant qu’entité séparée à part les
listes habituelles des ennemis des Néphites (Jcb. 1:13-14 ;
Mrm. 1:8-9), bien qu'une « ville de Lémuel »
soit mentionnée dans Al. 23:12.
Les Ismaélites
sont descendants du beau-père de Néphi et de ses frères
(1 Né. 7:2-5). On ne nous dit nulle part pourquoi les
fils d'Ismaël (1 Né. 7:6) n'ont pas fondé des
lignées à eux. Comme pour les autres groupes
secondaires, nous n’avons pas grand chose permettant de les
caractériser. À un moment donné, ils vont
occuper un pays dit d'Ismaël au sein du pays de Néphi, où
l’un d’eux, Lamoni, est roi (Al. 17:21).
D’une façon
ou d'une autre, à l’époque d'Ammon et de ses
collègues missionnaires (premier siècle av. J.-C.), les
Ismaélites sont au pouvoir dans tout le pays de Néphi
ainsi que sur certains royaumes qui le composent. (Dans Al. 20:9, le
grand roi laisse entendre que les frères de Lamoni sont, eux
aussi, des souverains.) Pourtant le roi revient avec la sempiternelle
plainte lamanite que dans la première génération
Néphi a privé ses pères du droit de régner
(Al. 20:13). C’est, de toute évidence, un Lamanite
culturellement loyal, même s’il fait partie d’une
lignée mineure.
L'information finale que
nous avons sur les Ismaélites et les Lémuélites
est leur présence dans les armées combinées
luttant contre les Néphites du temps de Mormon (Mrm. 1:8). On
peut supposer que leurs contingents ont été impliqués
dans le massacre final des Néphites à Cumorah.
GROUPES TERTIAIRES. Six
autres groupes se qualifient comme peuples, même s'ils ne
montrent pas la puissance des sept lignées.
Les premiers décrits
sont le peuple de Zénif (Zénifites). Zénif, un
Néphite, un demi-siècle environ après que Mosiah
a découvert le peuple et le pays de Zarahemla, emmène,
hors de Zarahemla, un groupe de gens qui désirent vivement
recoloniser « le pays de Néphi, ou pays du premier
héritage de nos pères » (Mos. 9:1).
Accueillis au début par les Lamanites locaux, ils se
retrouvent avec le temps forcés de payer un impôt élevé
à leurs suzerains. Une longue section sur eux dans le livre de
Mosiah (Mos. 9-24) relate leurs expériences temporelles et
spirituelles dramatiques sur trois générations jusqu'à
ce qu'ils réussissent à s'échapper et à
retourner à Zarahemla. Là, ils redeviennent Néphites,
bien que conservant peut-être une certaine autonomie
résidentielle et religieuse en tant que l'une des « sept
Églises » (Mos. 25:23).
Deux groupes se sont
détachés du peuple de Zénif. Le peuple d'Alma 1
est constitué de réfugiés religieux qui ont cru
aux paroles du prophète Abinadi et ont fui l'oppression et la
méchanceté existant sous le roi Noé, deuxième
roi zénifite (Mos. 18, 23-24). Au nombre de quelques
centaines, ils conservent un statut social et politique indépendant
pendant moins de vingt-cinq ans avant d'échapper à la
domination lamanite et de retourner en territoire néphite, où
ils fondent l’ « Église de Dieu »
à Zarahemla (Mos. 25:18), mais ne tardent pas à
disparaître du récit en tant que groupe identifiable.
Le deuxième
fragment zénifite commence quand les prêtres du roi Noé,
dirigés par Amulon, s’enfuient dans le désert
pour éviter de se faire exécuter par leurs sujets
rebelles. Au cours de leur fuite, ils enlèvent des femmes
lamanites et les prennent pour femmes, fondant ainsi les Amulonites
dans un pays où ils créent leur propre version de la
culture néphite (Mos. 24:1). Avec le temps, ils vont adopter
l’ordre religieux de Néhor (voir ci-dessous), usurper la
direction politique et militaire et « exciter »
les Lamanites pour qu’ils attaquent les Néphites (Al.
21:4 ; 24:1-2 ; 25:1-5). Eux et les Amalékites (voir
ci-dessous) aident les Lamanites à construire une ville
appelée Jérusalem dans le pays de Néphi. À
en juger par les brèves déclarations des Néphites
(Mos. 12-13 ; Al. 21:5-10), les Amulonites et les Amalékites
se considèrent comme les défenseurs d'un système
de croyances basé sur l’Ancien Testament, ce qui
explique certainement le nom qu’ils donnent à leur
ville.
Un des groupes de
dissidents néphites les plus anciens, ce sont les Amlicites.
L’ambitieux Amlici, disciple de Néhor, se réclamant
vraisemblablement d’une naissance noble (Al. 51:8), rassemble
un grand nombre de partisans et défie le système
néphite innovateur du règne des juges institué
par Mosiah 2 ; Amlici veut être roi. Quand son projet est
contrecarré par « la voix du peuple »,
il complote une attaque coordonnée avec les Lamanites grâce
à laquelle il réussit presque à s’emparer
de Zarahemla, la capitale néphite. Les forces loyalistes
commandées par Alma 2 finissent par détruire ou
disperser l'ennemi (Al. 2:1-31). Amlici est tué, mais on ne
sait pas quel sort sera réservé à ses forces. Il
est vraisemblable que certains de leurs éléments auront
accompagné l'armée lamanite battue au pays de Néphi.
Le nom Amlicite n'est plus utilisé après cela.
Un autre groupe de
dissidents néphites, les Amalékites, vit au pays de
Néphi (Al. 21:2-3 ; 43:13). Leur origine n'est expliquée
nulle part. Cependant, si l’on se base sur les noms et les
dates, il est possible qu'ils aient constitué le reste
amlicite précédemment mentionné, leur nouveau
nom étant peut-être une « lamanitisation »
de l'original. [Voir aussi, « Les ennemis d’Alma »,
dans http ://idumea.org/Etudes/Ecritures/LM/Ennemi_Alma.htm] Ils
sont mieux armés que les Lamanites ordinaires (Al. 43:20) et,
comme certains Zoramites, sont désignés comme chefs
militaires dans l'armée lamanite en raison de leurs
« dispositions plus méchantes et plus meurtrières »
(Al. 43:6). Les annales des missionnaires néphites nous
apprennent qu'ils croient en un Dieu (Al. 22:7). Bon nombre d'entre
eux, comme les Amlicites, appartiennent à l'ordre religieux de
Néhor et construisent des sanctuaires ou des synagogues où
ils rendent le culte (Al. 21:4, 6). Comme les Amulonites, ils
refusent absolument d’accepter la religion orthodoxe néphite
(Al. 23:14). Au lieu de cela, ils croient que Dieu sauvera tout le
monde. Entre leur première et leur dernière mention, il
ne s’écoule que quinze ans.
Pendant une mission de
quatorze ans au pays de Néphi, les missionnaires néphites
Ammon et ses frères font beaucoup de convertis lamanites (Al.
17-26). Lamoni, un roi lamanite qui fait partie de ces convertis,
donne aux convertis lamanites le nom d'Anti-Néphi-Léhis.
Ces gens se distinguent singulièrement par leur engagement
ferme vis-à-vis de l'Évangile de Jésus-Christ,
notamment les commandements du Sauveur d’aimer ses ennemis et
de ne pas résister au méchant (3 Né. 12:39,
44 ; Mt. 5:39, 44). Ammon affirme que ces gens surpassent les
Néphites pour ce qui est de l’amour chrétien (Al.
26:33). Après leur conversion, dit le Livre de Mormon, ils
« n'avaient plus le désir de faire le mal »
(Al. 19:33) et « ne combattirent plus Dieu, ni aucun de
leurs frères » (Al. 23:7). Ayant précédemment
versé le sang humain, ils font alliance, en tant que peuple,
de ne plus jamais ôter la vie à un être humain
(Al. 24:6) et enterrent même toutes leurs armes (Al. 24:17).
Ils ne veulent pas se défendre quand ils sont attaqués
par les Lamanites et 1.005 d'entre eux se font tuer (Al. 24:22).
Ammon exhorte les Anti-Néphi-Léhis vulnérables à
s’enfuir en territoire néphite. Chez les Néphites,
on va les appeler peuple d'Ammon (ou Ammonites ; voir Al.
56:57). Ils aboutissent dans un lieu séparé en pays
néphite, le pays de Jershon (Al. 27:26). Plus tard, ils vont
s’installer en masse au pays de Mélek (Al. 35:13), où
les rejoindront de temps en temps d'autres réfugiés
lamanites.
Quelques années
plus tard, désirant aider les armées néphites à
défendre le pays, mais ne souhaitant pas rompre son alliance
(Al. 53:13), le peuple d'Ammon envoie 2.000 de ses fils volontaires
comme soldats, puisque ceux-ci n'ont pas, comme lui, contracté
l’alliance de la non-violence. Ces « deux mille
jeunes soldats » (Al. 53:22) seront connus comme fils
d’Hélaman, leur chef néphite et auront beaucoup
de succès au combat (Al. 56:56). Bien que tous aient été
blessés, aucun ne sera jamais tué, une bénédiction
remarquable attribuée « au pouvoir miraculeux de
Dieu, à cause de leur foi extrême » (Al.
57:26 ; cf. 56:47).
Selon Hél. 3:11,
une génération plus tard, certains du peuple d'Ammon
vont émigrer au « pays situé du côté
du nord ». C'est la dernière fois qu’on parle
d’eux dans le Livre de Mormon.
AUTRES GROUPES. Parmi les
autres groupes mentionnés dans le Livre de Mormon, il y a les
combinaisons secrètes ou « brigands »
très répandues. Pourtant ces groupes ne se qualifient
pas comme « peuples » mais comme associations,
auxquelles les gens peuvent se joindre ou qu’ils peuvent
quitter de leur propre gré.
Un autre groupe, l’
« ordre de Néhor », est un culte centré
sur les idées que les prêtres doivent être payés
et que Dieu rachètera tout le monde. Ce n'est pas vraiment un
« peuple » au sens technique : le terme
implique une continuité biologique qu’une secte ne
possède pas.
Les habitants des
différentes villes sont parfois appelés peuples. Il est
certain que des croyances et des coutumes locales les distinguaient
les uns des autres, mais nous ne disposons pas de détails
suffisants pour décrire des unités à cette
échelle.
Bibliographie
Nibley, Hugh W. Lehi in
the Desert ; The World of the Jaredites ; There Were
Jaredites. CWHN 5. Salt Lake City, 1988.
Sorenson, John L. An
Ancient American Setting for the Book of Mormon. Salt Lake City,
1985.
Welch, John W. "Lehi's
Last Will and Testament : A Legal Approach." Dans The Book
of Mormon : Second Nephi, The Doctrinal Structure, dir. de publ.
M. Nyman et C. Tate, p. 61-82. Provo, Utah, 1989.
JOHN L. SORENSON
Livre
de Mormon – Plaques et annales
Auteur :
Hardy, Grant R.
Le Livre de Mormon est un
texte complexe avec une histoire compliquée. C'est
principalement l’abrégé de plusieurs documents
plus anciens fait par son rédacteur en chef et homonyme,
Mormon. Tous ces documents sont qualifiés de « plaques »
parce qu'ils ont été gravés sur de fines
feuilles de métal. Mormon s’est servi de divers
documents sources dans sa compilation, ce qui est à l’origine
de transitions brusques et de disjonctions chronologiques qui peuvent
perturber le lecteur. Cependant, quand on connaît bien
l'histoire du texte, elles sont cohérentes et ont du sens. Les
diverses plaques et annales mentionnées dans le Livre de
Mormon et utilisées pour le composer sont (1) les plaques
d’airain, (2) les annales de Léhi, (3) les grandes
plaques de Néphi 1, (4) les petites plaques de Néphi,
(5) les plaques de Mormon et (6) les vingt-quatre plaques d'or
d’Éther.
LES PLAQUES D'OR. Les
plaques d'or que le prophète Joseph Smith a reçues et
traduites sont les plaques de Mormon sur lesquels celui-ci et son
fils Moroni 2 avaient fait leur abrégé. Mormon, un
prophète et chef militaire qui a vécu à la fin
de l'ère néphite (v. 385 apr. J.-C.), était
l’avant-dernier gardien des annales des prophètes et
souverains néphites précédents. Il avait en
particulier les grandes plaques de Néphi, qui étaient
la chronique néphite officielle et qu’il reçut le
commandement de continuer (Mrm. 1:4). Il fit plus tard ses propres
plaques de Mormon, sur lesquelles il compila un abrégé
des grandes plaques de Néphi (Pa. 1:3-5 ; 3 Né.
5:9-10), qui couvrent 985 ans d'histoire néphite, depuis le
temps de Léhi jusqu’au sien. Les grandes plaques
puisaient dans des annales encore plus anciennes et dans les écrits
de divers prophètes et contenaient fréquemment diverses
sources telles que lettres, bénédictions, discours et
mémoires.
Après avoir fait
son abrégé jusqu’au règne du roi Benjamin
inclus (v. 130 av. J.-C.), Mormon découvrit les petites
plaques de Néphi, une histoire séparée de la
même période de temps focalisée sur les
événements spirituels de ces années et citant
considérablement les plaques d’airain. Poussé par
l’inspiration à ajouter les petites plaques de Néphi
à ses propres annales, Mormon inséra une brève
explication de ce double récit des débuts de l'histoire
néphite (Pa. 1:2-9).
Mormon continua son
abrégé, choisissant parmi les grandes plaques,
paraphrasant et ajoutant souvent ses propres commentaires,
poursuivant le récit jusqu’à son époque.
Prévoyant sa mort, il passa les plaques à son fils
Moroni. Pendant les quelques décennies suivantes, Moroni erra
en solitaire, faisant des ajouts aux annales de son père,
notamment deux chapitres maintenant inclus dans un livre précédemment
abrégé par son père (Mrm. 7-8) et l’histoire
des Jarédites qu'il avait abrégée des
vingt-quatre plaques d'or d’Éther. Il copia aussi une
grande vision des derniers jours qui avait été écrite
par l’un des premiers prophètes jarédites, le
frère de Jared, et qu’il avait été
commandé à Moroni de sceller (Ét. 4:4-5). Il
ajouta aussi de brèves notes sur des rituels de l’Église
(Mro. 1-6), un sermon et deux lettres de son père (Mro. 7-9),
et une exhortation aux futurs lecteurs (Mro. 10). Finalement, Moroni
prit cette collection quelque peu hétérogène
d’annales – les plaques de Mormon, les petites plaques de
Néphi, son abrégé des plaques d’Éther
et la partie scellée contenant la vision du frère de
Jared – et les enterra. Quelque 1.400 ans plus tard, en 1823,
Moroni, alors ressuscité, apparut au prophète Joseph
Smith et révéla l'endroit où se trouvaient ces
annales. Les plaques de Mormon, qui, à l’exception de la
partie scellée, ont été traduites par après
par Joseph Smith, sont appelées aujourd'hui les plaques d'or.
Cependant, le Livre de
Mormon anglais actuel n'est pas simplement la traduction de toutes
ces plaques d'or. Joseph Smith et Martin Harris commencèrent
par traduire les plaques de Mormon et quand ils furent parvenus au
règne du roi Benjamin, ils avaient 116 pages de traduction.
Harris emprunta ces pages pour les montrer à sa femme, puis
les perdit, et on ne les retrouva jamais (voir Manuscrit, 116 pages
perdues). Il fut commandé à Joseph de ne pas retraduire
ces pages (D&A 10:30-46), mais de leur substituer la traduction
des petites plaques parallèles de Néphi comprenant les
livres de 1 Néphi, 2 Néphi, Jacob, Énos,
Jarom et Omni. Le Livre de Mormon actuel ne contient donc que le
deuxième récit du début de l'histoire néphite.
Vient ensuite la
traduction du reste des plaques de Mormon, abrégé des
grandes plaques de Néphi, qui comporte les livres de Mosiah,
d'Alma, d’Hélaman, de 3 Néphi, de 4 Néphi
et de Mormon (dont les deux derniers chapitres ont été
écrits par Moroni). Ils sont suivis de l’abrégé
de l'histoire jarédite (le livre d’Éther) par
Moroni et de ses notes de clôture (le livre de Moroni). Joseph
Smith reçut le commandement de ne pas traduire la vision
scellée du frère de Jared, qui constituait apparemment
une partie substantielle des plaques d'or (Ludlow, p. 320). Bien que
Joseph Smith n’ait traduit que les plaques d'or, lui et ses
associés ont vu beaucoup d'autres annales (JD 19:38 ;
Millennial Star 40, 1878, p. 771-772).
LES PLAQUES D’AIRAIN.
On sait maintenant que beaucoup d'anciens du monde méditerranéen
écrivaient sur des plaques en métal. « Quand
le document était d’importance majeure, on se servait de
plaques de cuivre, de bronze ou même de métaux précieux
au lieu des tablettes habituelles de bois, de plomb ou d'argile »
(CWHN 5:119 ; voir aussi H.C. Wright, dans Journal of Library
History 16, 1981, p. 48-70). L’un de ces documents sur métal
était dans la possession d'un certain Laban, un dirigeant de
Jérusalem en 600 av. J.-C. On ne sait pas d’où
Laban tenait ces plaques ni comment il les avait obtenues à
l'origine. Plusieurs théories ont été avancées,
notamment la possibilité que les plaques d’airain
provenaient du temps de Joseph d'Égypte (Ludlow, p. 56). Le
Livre de Mormon dit que Laban et son père avaient hérité
des annales et les conservaient parce qu'ils étaient
descendants de ce Joseph (1 Né. 5:16).
Ce que le Livre de Mormon
dit, c’est comment le prophète Léhi a obtenu la
possession des plaques d’airain. Après avoir fui
Jérusalem, Léhi reçut de Dieu le commandement de
renvoyer ses fils à la ville pour se procurer les plaques
auprès de Laban. Quand il les reçut, il constata
qu'elles contenaient les cinq livres de Moïse, les annales des
juifs depuis le commencement jusqu’au règne de Sédécias,
les prophéties des saints prophètes au cours de cette
même période (y compris certaines des prophéties
de Jérémie) et la généalogie des pères
de Léhi (1 Né. 3-5).
Néphi et les chefs
spirituels successifs tenaient les plaques d’airain en haute
estime. Elles furent transmises par les prophètes principaux
depuis Néphi jusqu’à Mormon et comme elles
étaient écrites sous une forme adaptée de
l'égyptien (voir Livre de Mormon – Langue), ceux qui les
tenaient apprenaient à lire cette langue (Mos. 1:2-4). Les
plaques d’airain furent les écritures de base de la
nation néphite et pendant des siècles leurs prophètes
les lurent, les citèrent dans leurs sermons et en utilisèrent
des extraits pour enrichir leurs propres écrits. Par exemple,
quand le prophète Abinadi cite les dix commandements dans une
controverse avec les prêtres de Noé, sa connaissance des
dix commandements est due, au moins indirectement, aux plaques
d’airain (Mos. 12-13). Comme Mosiah 2 le dit : « Car
il n’aurait pas été possible à notre père,
Léhi, de se souvenir de toutes ces choses, pour les enseigner
à ses enfants, s’il n’y avait pas eu l’aide
de ces plaques » (Mos. 1:4).
Les annales du Livre de
Mormon, en particulier les petites plaques de Néphi, citent de
temps en temps en long et en large les plaques d’airain et ces
citations contiennent vingt et un chapitres complets d'Ésaïe.
Bien que la traduction de ces citations suive généralement
la formulation de la King James Version de la Bible, il y a beaucoup
de différences importantes, qui peuvent indiquer l'existence
de sources textuelles plus anciennes (Tvedtnes, p. 165-177). Il
ressort également des citations scripturaires du Livre de
Mormon que les plaques d’airain contenaient davantage des
écrits des prophètes hébreux que l’Ancien
Testament actuel. Par exemple, le Livre de Mormon mentionne des
prophéties de Joseph d'Égypte qui ne se trouvent pas
dans la Bible, ainsi que des écrits de Zénos, de
Zénock, de Néum et d'Ézias, des prophètes
qui ne sont pas mentionnés dans l’Ancien Testament.
LES ANNALES DE LÉHI.
Malheureusement, l’abrégé fait par Mormon des
annales de Léhi est le texte traduit dans les 116 pages de
manuscrit qui ont été perdues et par conséquent
il n'est pas disponible dans le Livre de Mormon actuel. Léhi a
écrit un récit de sa vie et de ses expériences
spirituelles qui fut inclus dans les grandes plaques de Néphi
(1 Né. 19:1). Mormon a abrégé ces annales
dans ses plaques et Joseph Smith les a traduites, mais comme elles
ont été perdues par Martin Harris, on n’en sait
quasiment rien maintenant excepté ce que l’on peut
déduire des allusions faites dans d'autres textes (Brown, p.
25-32 ; voir aussi la préface de la première
édition [1830] du Livre de Mormon). Quand ils citent les
paroles de Léhi, Néphi et Jacob semblent citer ce texte
aujourd’hui perdu et les huit premiers chapitres de 1 Néphi
(une partie des petites plaques) au moins semblent être basés
sur les annales de Léhi. D'autres passages des petites plaques
pourraient aussi provenir de ces annales.
LES GRANDES PLAQUES DE
NÉPHI. Néphi commença les grandes plaques peu
après son arrivée dans le Nouveau Monde. Elles furent
la chronique continue officielle des Néphites depuis le moment
où ils quittèrent Jérusalem (v. 600 av. J.-C.)
jusqu'à leur destruction (385 apr. J.-C.). Apparemment les
grandes plaques étaient divisées en livres, chacun
portant le nom de son auteur principal. Ces plaques « contenaient
‘le récit complet de l'histoire [du people de Néphi]’
(1 Né. 9:2, 4 ; 2 Né. 4:14 ; Jcb.
1:2-3), la généalogie de Léhi (1 Né.
19:2) et ‘la plus grande partie’ des enseignements de
Jésus-Christ ressuscité à la nation néphite
(3 Né. 26:7) » (Ludlow, p. 57). Commencées
comme histoire fondamentalement profane, elles devinrent plus tard un
document mixte, mélangeant mille ans d'histoire et
d'expériences religieuses néphites.
Les grandes plaques
mettent l’accent sur les alliances faites avec la maison
d'Israël et citent des prophéties messianiques des
prophètes du Vieux Monde que l’on ne trouve pas dans
l’Ancien Testament. Cette information a été
extraite des plaques d’airain apportées par la colonie
de Léhi de Jérusalem. Elles rapportent aussi des
guerres et des querelles et contiennent de la correspondance entre
chefs militaires et des informations sur divers voyages
missionnaires. Les interventions et la puissance miraculeuse de Dieu
imprègnent cette histoire. Les sermons enregistrés du
roi Benjamin, d’Abinadi, et d’Alma 2 sont une indication
de la compréhension profonde que ces hommes avaient de
l'Évangile de Jésus-Christ et de leur foi en son
avènement prédit. Ces plaques contiennent un récit
du ministère du Christ et des enseignements qu’il a
donnés après sa résurrection aux habitants du
monde américain (3 Né. 11-28).
Les grandes plaques de
Néphi furent transmises de roi en roi jusqu'à ce
qu'elles parviennent à Mosiah 2. Il y ajouta des annales
telles que celles de Zénif et d'Alma 1, puis il les donna à
Alma 2. Les plaques passèrent ensuite par une lignée de
prophètes jusqu'à l’époque d'Ammaron au
début du quatrième siècle apr. J.-C. Ammaron
choisit Mormon, qui était encore enfant, pour continuer les
annales quand il serait mûr. Mormon écrivit les
événements de son temps sur les grandes plaques puis
les utilisa comme source pour son abrégé, lequel fut
plus tard enterré dans la colline Cumorah. Joseph Smith ne
reçut pas les grandes plaques, mais le Livre de Mormon laisse
entendre qu’elles pourraient un jour être publiées
au monde (3 Né. 26:6-10).
LES PETITES PLAQUES DE
NÉPHI. Une vingtaine d’années après avoir
commencé les grandes plaques, Néphi reçut le
commandement de faire un autre jeu. Ce deuxième jeu devait
être réservé au récit du ministère
de son peuple (1 Né. 9 ; 2 Né. 5:28-33).
Elles devaient contenir les choses considérées comme
étant les plus précieuses : « une
prédication qui était sacrée, ou une révélation
qui était grande, ou de la prophétie » (Jcb.
1:2-4).
Les petites plaques ont
été tenues pendant plus de quatre siècles, un
peu moins que la moitié du temps
couvert par les grandes plaques, par neuf auteurs : Néphi,
Jacob, Énos, Jarom, Omni, Amaron, Chémish, Abinadom, et
Amaléki. Tous ces auteurs étaient les fils ou les
frères de leurs prédécesseurs. Bien que ces
plaques contiennent les écrits de plusieurs personnes sur une
longue période de temps, 80 pour cent du texte ont été
écrits par Néphi, le premier auteur, et les 12 pour
cent restants par son frère Jacob.
Mormon annexa les petites
plaques à ses annales quand il remit les plaques de Mormon à
son fils Moroni parce que leur témoignage du Christ lui
plaisait et parce qu'il était poussé par l'Esprit du
Seigneur à les inclure « dans un but sage »
(Pa. 1:3-7). Cependant, étant donné que les petites
plaques couvraient la période historique déjà
gravée dans son abrégé des annales de Léhi
(à savoir, de Léhi au règne du roi Benjamin) et
que le livre de Mosiah commençait par la fin du règne
du roi Benjamin, Mormon estima nécessaire d'écrire une
brève explication pour montrer comment les petites plaques de
Néphi se rattachaient au livre de Mosiah. Il intitula cette
explication « Paroles de Mormon ».
Bien que conscients de la
nécessité de fournir un récit historique, les
auteurs des petites plaques avaient pour but principal de parler du
Christ, de prêcher le Christ, et de prophétiser sur le
Christ (2 Né. 25:26). Préoccupé d’enseigner
à son peuple les alliances et les promesses faites à
l’Israël antique, Néphi tira ces enseignements de
prophètes plus anciens dont les textes se trouvaient sur les
plaques d’airain. Il cita copieusement le prophète Ésaïe
(2 Né. 12-24 ; cf. És. 2-14) puis en fit un
commentaire, prédisant l’avenir des juifs, des Lamanites
et des Gentils et prophétisant sur beaucoup de choses qui se
produiraient dans les derniers jours (2 Né. 25-30).
Jacob poursuivit la
méthode de son frère en enregistrant ses propres
sermons et une longue citation d'une prophétie de Zénos
et son explication. Les écrits des auteurs ultérieurs
des petites plaques sont beaucoup plus brefs et moins préoccupés
de questions spirituelles.
Amaléki note dans
ses écrits que les petites plaques étaient pleines et
il les confia au roi Benjamin (Om. 1:25, 30), qui posséda
ainsi les grandes et les petites plaques de Néphi aussi bien
que les plaques d’airain. Tous ces jeux de plaques furent
transmis de génération en génération
jusqu'à ce qu'ils fussent confiés à Mormon.
LES PLAQUES DE MORMON.
Après avoir reçu les plaques, Mormon fit un nouveau jeu
sur lequel il grava son abrégé des grandes plaques de
Néphi (3 Né. 5:10-11). C'est cet abrégé,
avec quelques ajouts de Moroni, fils de Mormon, qui constitue les
plaques d'or données à Joseph Smith. Il les décrit
comme suit : Ces annales étaient gravées sur des
plaques qui avaient l'apparence de l'or, chaque plaque avait quinze
centimètres de large et vingt centimètres de long et
n’était pas tout à fait aussi épaisse que
du fer blanc ordinaire. Elles étaient remplies d’inscriptions
gravées, en caractères égyptiens et reliées
en un volume, comme les feuilles d'un livre, trois anneaux traversant
le tout. Le volume avait quelque chose comme quinze centimètres
d'épaisseur à peu près, dont une partie était
scellée. Les caractères de la partie non scellée
étaient petits et admirablement gravés [Jessee, p.
214].
Les descriptions
rapportées par d'autres témoins ajoutent des détails
qui donnent à penser que les plaques étaient
constituées d’un alliage d'or (probablement du tumbaga)
et qu'elles pesaient environ vingt-deux kilos (Putnam, p. 788-789,
829-831). Chaque plaque était aussi épaisse que du
parchemin ou du papier épais.
La majeure partie du
temps, Mormon tirait ses renseignements des grandes plaques de Néphi.
Une grande partie du récit historique du Livre de Mormon
semble être une paraphrase de sa part d’annales plus
anciennes, mais de temps en temps des documents à la première
personne sont insérés dans le texte. Par exemple, dans
Mos. 9 et 10, le récit contient subitement une histoire à
la première personne de Zénif (apparemment un document
plus ancien que Mormon a simplement copié) et puis, au
chapitre 11, la paraphrase de Mormon reprend. En outre, beaucoup de
sermons, de bénédictions et de lettres semblent avoir
été reproduits tels quels.
Néanmoins,
certains passages peuvent être attribués à coup
sûr à Mormon : l’abrégé de ses
contributions aux grandes plaques (Mrm. 1-7), son sermon et ses
lettres enregistrés par Moroni (Mro. 7-9) et les commentaires
explicatifs qu'il insère dans son récit. Il s’identifie
dans certaines de ces interpolations (Pa. ; 3 Né.
5:8-26 ; 26:6-12 ; 28:24 ; 4 Né. 1:23),
mais il semble probable que les fréquents commentaires
introduits par « et ainsi nous voyons » sont
aussi de Mormon essayant de mettre l’accent sur les sujets
ayant une importance spirituelle particulière pour ses
lecteurs (par exemple, Al. 24:19, 27 ; 50:19-23 ; Hél.
3:27-30 ;12:1-2).
LES VINGT-QUATRE PLAQUES
D'OR D'ÉTHER. Ces vingt-quatre plaques d'or étaient des
annales des anciens Jarédites, habitants de l’Amérique
avant les Néphites. Ce peuple en particulier avait quitté
la tour de Babel au moment de la confusion des langues. Leurs
dirigeants prophètes furent conduits jusqu’à
l'océan où ils construisirent huit barques étranges.
Celles-ci furent poussées par le vent à travers les
eaux jusqu’en Amérique, où les Jarédites
devinrent une grande et puissante nation. Après de nombreux
siècles, la méchanceté et les guerres
débouchèrent sur une guerre d’extermination
finale. Pendant cette guerre finale, Éther, un prophète
de Dieu, écrivit leur histoire et leurs expériences
spirituelles sur vingt-quatre plaques d'or, peut-être en se
basant sur des annales jarédites plus anciennes (voir J.
Welch, « Preliminary Comments on the Sources behind the
Book of Éther », dans F.A.R.M.S. Manuscript
Collection, p. 3-7. Provo, Utah, 1986).
Après avoir été
témoin de la destruction de son peuple, Éther cacha les
vingt-quatre plaques d'or. De nombreuses années plus tard, (v.
121 av. J.-C.), elles furent découvertes par une petite
expédition d’exploration néphite et données
à Mosiah 2, roi prophète, qui les traduisit en langue
néphite à l’aide de pierres de voyant (Mos.
8:8-9 ; 28:11-16). Beaucoup plus tard (v. 400 apr. J.-C.),
Moroni abrégea cette histoire des Jarédites comme son
père Mormon en avait eu l’intention, se concentrant sur
les questions spirituelles et ajoutant des commentaires inspirés.
Moroni inclut cet abrégé, maintenant connu sous le nom
de livre d'Éther, à ce que son père et lui
avaient déjà écrit. (Les vingt-quatre plaques
d'or d’Éther n'étaient pas parmi les plaques
reçues par Joseph Smith.)
CARACTÉRISTIQUES
DE L'INTERVENTION RÉDACTIONNELLE DE MORMON. Le Livre de Mormon
est fort compliqué. Le résumé ci-dessus des
plaques et d'autres annales dont est tiré le livre provient
d'un certain nombre de commentaires dispersés mais cohérents
inclus dans le texte actuel. Le récit lui-même est
souvent complexe. Par exemple, dans Mos. 1-25, Mormon relate
l’histoire de trois groupes et sous-groupes distincts –
principalement les peuples de Mosiah, de Limhi et d’Alma –
avec leur histoire et leurs interactions respectives entre eux et
avec les Lamanites (voir Livre de Mormon – Peuples). L'histoire
aurait pu être tout à fait embrouillée, parce
qu’elle saute d'un peuple à l'autre et fait des sauts
dans les deux sens dans le temps, mais Mormon est resté
remarquablement clair. Al. 17-26 est un long retour en arrière
racontant l’histoire de plusieurs missionnaires à
l'occasion de leurs retrouvailles avec de vieux amis et Al. 43-63
relate l'histoire d'une guerre avec les Lamanites sans s’embrouiller
dans des événements qui se passent sur deux fronts.
Le récit de Mormon
aurait pu être beaucoup plus complexe. Il souligne qu'il
présente moins d'un centième de la documentation dont
il dispose (par exemple, Pa. 1:5 ; 3 Né. 26:6-7). En
outre, ses sources donnent l’histoire d’une seule lignée
familiale, celle de Léhi et de ses descendants, et n'englobe
pas tous les événements du monde américain
antique (Sorenson, 1985, p. 50-56). Mormon simplifie encore ses
annales en continuant la pratique de Jacob de fusionner des peuples
divers en deux groupes principaux : « Or, ceux qui
n'étaient pas Lamanites étaient Néphites ;
néanmoins, ils étaient appelés Néphites,
Jacobites, Joséphites, Zoramites, Lamanites, Lémuélites
et Ismaélites. Mais moi, Jacob, je ne les distinguerai
dorénavant plus par ces noms, mais j'appellerai Lamanites ceux
qui cherchent à détruire le peuple de Néphi, et
ceux qui sont amicaux envers Néphi, je les appellerai
Néphites, ou peuple de Néphi, selon les règnes
des rois. » [Jcb. 1:13-14 ; voir également
Mrm. 1:8-9].
Le choix des textes à
inclure dans le vaste projet rédactionnel qui a produit le
Livre de Mormon devait reposer sur une politique bien précise.
Mormon est tout à fait explicite quant au but de son abrégé.
Comme Néphi, il écrit une histoire pour conduire les
gens au Christ, et il écrit spécifiquement pour les
hommes du futur (2 Né. 25:23 ; Mrm. 7). Les plaques
de Mormon ont été créées pour paraître
dans les derniers jours. Ce qui intéresse Mormon, c’est
faire ressortir les principes qui seront les plus utiles à de
telles personnes et son travail soigneux de rédaction et ses
passages introduits par « ainsi » et « ainsi
nous voyons que » visent tous à faciliter
l’identification et la compréhension des leçons
morales.
En conclusion, Mormon a
pris très au sérieux son travail d’historien et
d’abréviateur. Il reçut de Dieu le commandement
de faire ses annales (page de titre du Livre de Mormon ;
3 Né.
26:12). Par ailleurs, la société néphite avait
une tradition forte de l'importance des documents écrits et
c'était l'un des critères par lesquels ils se
distinguaient de la majorité mulékite (Om. 1:14-19). De
plus, les diverses plaques semblent avoir été
transmises d'un prophète ou roi à l'autre à
titre de reliques sacrées et de symboles d'autorité
(Mos. 28:20 ; 3 Né. 1:2). En outre, les Néphites
procédaient à un échange cérémoniel
de documents quand différentes branches de la famille étaient
réunies (Mos. 8:1-5 ; 22:14). La chose la plus importante
était que les Néphites savaient qu'ils seraient tenus
pour responsables et jugés en fonction de ce qui était
écrit dans les annales, comme le seront tous les hommes (2 Né.
25:21-22 ; 33:10-15 ; Mrm. 8:12).
Livre
de Mormon – Témoins
Auteur :
Anderson, Richard Lloyd
À partir de la
première édition de 1830, le Livre de Mormon a
généralement contenu deux groupes de témoignages :
le « Témoignage de trois témoins »
et le « Témoignage de huit témoins ».
Quand Joseph Smith est entré en possession des plaques d'or,
il lui a été dit de ne les montrer à personne.
Pendant que la traduction avançait, lui et ceux qui l'aidaient
ont appris, dans les pages du livre et par révélation
supplémentaire, que trois témoins spéciaux
sauraient, par la puissance de Dieu, « que ces choses sont
vraies » et que plusieurs en plus de lui-même
verraient les plaques et témoigneraient de leur existence (Ét.
5:2-4 ; 2 Né. 27:12-13 ; D&A 5:11-13). Les
témoignages des témoins affirment que ces choses se
sont produites.
Les témoins
étaient des hommes connus pour leur honnêteté et
leur sérieux. Chacun des trois témoins fut par la suite
excommunié de l'Église (deux d’entre eux y
retournèrent), mais aucun d’eux ne renia ni ne rétracta
jamais son témoignage publié. Chacun d’eux
réaffirma à chaque occasion la véracité
de son témoignage et la réalité de ce qu'il
avait vu et éprouvé.
Une révélation
de juin 1829 confirma qu'Oliver Cowdery, David Whitmer et Martin
Harris seraient les trois témoins (D&A 17). Peu de temps
après, ils se retiraient avec Joseph Smith dans les bois près
de Fayette (New York) et prièrent pour avoir la manifestation
divine promise. Le « Témoignage de trois témoins »
résume l'événement surnaturel qui suivit quand
un ange apparut et leur montra les plaques et les inscriptions et
qu’ils entendirent le Seigneur déclarer que le Livre de
Mormon « a été traduit par le don et le
pouvoir de Dieu ». Ils dirent que la même voix
divine leur « a commandé d’en rendre
témoignage ».
La mère de Joseph
Smith raconta plus tard le grand soulagement de Joseph de ne plus
être le témoin unique des expériences divines du
Rétablissement (voir Loi des témoins). Le fait que
d'autres aient également vu un ange et devraient « témoigner
de la véracité de ce que j'ai dit car ils savent
maintenant eux-mêmes » le soulagea d'un grand
fardeau (manuscrit préliminaire de Lucy Smith, archives de
l’Église).
Peu après, à
la ferme des Smith à New York, huit autres furent autorisés
à voir et à manipuler les plaques : Christian
Whitmer, Jacob Whitmer, Peter Whitmer, fils, John Whitmer, Hiram
Page, Joseph Smith, père, Hyrum Smith et Samuel H. Smith. Leur
« Témoignage de huit témoins »,
signé, déclare que Joseph Smith a montré à
ces huit hommes les plaques en métal, qu'ils les ont
« soupesées » tout en tournant les
« feuilles » une à une, et qu’ils
ont examiné les inscriptions, qui étaient « d’une
exécution habile ». Cinq de ces huit témoins
restèrent fermement dans l'Église ; John Whitmer
fut excommunié en 1838 et son frère Jacob Whitmer et
son beau-frère Hiram Page devinrent alors non pratiquants.
La plupart de ces onze
témoins étaient membres des grandes familles Smith et
Whitmer, des familles qui avaient aidé à garder et à
traduire les annales antiques. On ne s’étonnera pas que
d'autres membres de ces familles aient signalé un contact
indirect avec les plaques et la traduction. Le jeune William Smith
aida un jour son frère Joseph à porter les plaques
enveloppées dans un sarrau. Emma Smith, femme de Joseph, palpa
les plaques flexibles pendant qu'elle époussetait autour des
annales couvertes d’un tissu sur la table de traduction de son
mari. La maman Whitmer (femme de Peter Whitmer, père),
accablée de corvées quotidiennes à s'occuper de
sa famille et des visiteurs travaillant à la traduction, vit
les plaques que lui montra un messager céleste pour lui
assurer que l’œuvre était de Dieu.
Martin Harris, un fermier
prospère de Palmyra (New York), qui avait longtemps cherché
une religion qui accomplissait les prophéties bibliques, aida
à la traduction avant son expérience comme témoin.
En 1828, il passa deux mois à écrire pendant que Joseph
Smith dictait la première grande section de la traduction du
Livre de Mormon, 116 pages manuscrites. Après avoir perdu ces
pages, Martin n’écrivit plus pour le prophète,
mais il finança plus tard la publication du livre.
Oliver Cowdery fut le
secrétaire principal pour le Livre de Mormon. Instituteur, il
apprit l’existence des plaques d'or et de la traduction tandis
qu’il était en pension chez les parents de Joseph Smith
près de Palmyra (New York). Au début d'avril 1829,
Oliver se rendit à pied de chez les Smith jusqu’à
Harmony (Pennsylvanie), où Joseph Smith traduisait. En route,
il rendit visite à son ami David Whitmer, qui se prit, lui
aussi, d’un intérêt intense pour la nouvelle
Écriture. Quand les persécutions augmentèrent à
Harmony, David arriva comme on le lui avait demandé et
déménagea Joseph et Oliver jusque dans sa ferme
familiale près de Fayette (à plus de 150 kilomètres
de là), vers le 1er juin.
Joseph Smith parla plus
tard des supplications insistantes de Harris, de Whitmer et de
Cowdery lorsqu’ils apprirent que trois personnes seraient
autorisées à voir les plaques. La révélation
de juin 1829 confirma qu'ils seraient les trois Témoins et
qu'ils devraient alors témoigner tant par leur connaissance de
première main que par « le pouvoir de Dieu »
afin que « mon serviteur, Joseph Smith, fils, ne soit pas
détruit » (D&A 17:3-4). Sur les quelque deux
cents interviews enregistrées avec les trois témoins,
un pourcentage important met l’accent sur l'intensité
spirituelle des témoins quand ils décrivaient l'ange et
les plaques. À eux seuls, la réputation et les
affirmations du prophète étaient vulnérables,
mais le témoignage d’autres témoins honorables et
formels, qui faisaient part d’une expérience divine,
apportaient de la crédibilité.
L'autobiographie de Lucy
Smith rapporte l’immense gratitude des trois témoins
quand ils revinrent à la maison des Whitmer après avoir
connu cette expérience. C’est la propre histoire de
Joseph Smith qui donne les détails les plus complets de
l'événement : des prières répétées
suivies d'une vision donnée simultanément au prophète,
à Cowdery et à Whitmer, et peu après une vision
presque identique vécue par le prophète avec Harris.
Selon Joseph, la gloire intense de Dieu enveloppa les environs
naturels, et dans cette lumière divine l'ange apparut, exposa
soigneusement les plaques, recommanda expressément à
David Whitmer – le seul des trois à ne pas revenir
finalement dans l’Église – à persévérer
jusqu’à la fin et la voix de Dieu déclara le
livre divin (HC 1:54-56).
Au début de 1838,
des désaccords sur les règles de l’Église
furent à l’origine du mécontentement et de
l'excommunication de chacun des trois témoins, et ils se
séparèrent ; Cowdery mourut en 1850, Harris en
1875 et Whitmer en 1888. Sa vie durant, chacun des témoins
répondit sans hésiter aux questions concernant son
expérience directe de l'ange et des plaques. Ne se basant
manifestement pas sur le récit de Joseph Smith, qui ne fut
écrit qu’au cours des mois qui suivirent leur
excommunication, chacun d’eux parla spontanément et
indépendamment et cependant les détails s’accordaient
entre eux et avec l'histoire de Joseph Smith.
L'aliénation des
témoins par rapport à l'Église découla en
grande partie de conflits concernant l'autorité. Ayant reçu
une révélation, les trois témoins estimaient
qu'ils avaient une part égale à celle de Joseph Smith
dans les expériences fondatrices et leur certitude d’avoir
eu une vision dans le passé contribua à leur
inflexibilité vis-à-vis de futures révélations.
Ils prirent le parti des détracteurs du prophète qui
réagirent négativement lors de la faillite de la
Kirtland Safety Society (voir Kirtland – Économie) et
ils s’opposèrent au leadership doctrinal et
administratif vigoureux de Joseph Smith. Après leur
excommunication, chacun eut un sentiment de rejet profond, ce qui eut
pour résultat prévisible de dures critiques à
l’égard des dirigeants de l’Église. Même
dans ces circonstances, chacun des trois témoins continua à
défendre vigoureusement l'authenticité de son
témoignage publié. Aucun d’eux n'exprima le
moindre doute vis-à-vis de ce dont ils avaient témoigné.
Oliver Cowdery et Martin Harris revinrent à l'Église à
la fin de leur vie ; David Whitmer resta religieusement
indépendant, mais défendit agressivement le Livre de
Mormon jusqu’au bout.
Les sceptiques ont écarté
le « Témoignage de trois témoins »
en l’imputant à de la connivence ou de la tromperie. Or,
chacun des trois fut un membre respecté et indépendant
d’une société qui n’était pas
mormone et fut actif dans sa communauté. Leur vie, pleinement
documentée, démontre clairement leur honnêteté
et leur intelligence. David Whitmer réagit à diverses
reprises contre les accusations de possibilité d’
« illumination ». Il répondit à
un sceptique : « C’est évident que nous
étions dans l'esprit quand nous avons eu la vision…
mais nous étions dans le corps également et tout était
aussi naturel pour nous qu’à n’importe quel autre
moment » (Anderson, p. 87). On peut aller jusqu’à
dire que leur aliénation ultérieure les rend bien plus
crédibles comme témoins, parce qu’aucune
connivence n’aurait pu résister aux années
passées loin de l’Église et les uns des autres.
Les témoignages
des trois et des huit témoins équilibrent le surnaturel
et le naturel, l’un mettant l’accent sur l'ange et la
voix céleste, l'autre sur l'existence d'un document tangible
sur des plaques d'or. Jusqu’à la fin de sa vie, chacun
des trois a déclaré qu'il avait vu les plaques, et
chacun des huit a insisté sur le fait qu'il les avait
manipulées. La plupart des huit témoins et les trois
témoins ont réitéré leur témoignage
du Livre de Mormon juste avant de mourir. Avec Joseph Smith ils
accomplissent la prophétie de Néphi : « Ils
témoigneront de la vérité du livre et des choses
qui s’y trouvent » (2 Né. 27:12).
Bibliographie
Les apports des trois
témoins à la traduction du Livre de Mormon sont
détaillés dans Lucy Mack Smith, Biographical Sketches
of Joseph Smith the Prophet and His Progenitors for Many Generations,
Liverpool, 1853, réimprimé en 1902 à Salt Lake
City sous le titre History of Joseph Smith by his Mother Lucy Mack
Smith. On trouve les souvenirs de Joseph Smith concernant les
événements de 1829 dans Dean C. Jessee, dir. de publ.,
The Papers of Joseph Smith, vol. 1, Salt Lake City, 1989 (voir les
transcriptions de l’avant-projet de 1839 et de l’histoire
manuscrite de 1839). Voir aussi la History of the Church publiée
par Joseph Smith.
Pour les témoignages
des témoins et leur vie en dehors de l’Église,
voir Richard Lloyd Anderson, Investigating the Book of Mormon
Witnesses, éd. corr., Salt Lake City, 1989. Les documents
primaires concernant leurs témoignages apparaissent dans
Preston Nibley, Witnesses of the Book of Mormon, éd. corr.
Salt Lake City, 1953. On trouvera des notices biographiques dans
Andrew Jenson, Latter-day Saints Biographical Encyclopedia, vol. 1,
Salt Lake City, 1901. Le profil de la plupart des témoins se
trouve aussi dans Lyndon Cook, Revelations of the Prophet Joseph
Smith, Salt Lake City, 1985.
Livre
de Mormon – Traduction de Joseph Smith
Auteurs :
Rathbone, Tim et Welch, John W.
Comme il le dit lui-même,
le Livre de Mormon est la traduction d'un livre antique ;
pourtant Joseph Smith ne connaissait aucune langue ancienne lorsqu'il
a dicté ce texte à ses secrétaires. Plusieurs de
ses proches collaborateurs et lui ont témoigné que la
traduction a été faite « par le don et le
pouvoir de Dieu » (HC 1:315 ; voir aussi D&A
1:29 ; 20:8).
On ne sait pas grand
chose du processus de traduction proprement dit. On ne peut glaner
que peu de détails dans les commentaires faits par les
secrétaires et les proches collaborateurs de Joseph. Seul
Joseph Smith connaissait le processus réel et il a refusé
de le décrire en public. À une conférence de
l’Église en 1831, Hyrum Smith invita le prophète
à expliquer plus complètement comment le Livre de
Mormon avait paru. Joseph Smith répondit qu’il « n’était
pas prévu de raconter au monde tous les détails de la
parution du Livre de Mormon ; et… il ne s’indiquait
pas qu’il relate ces choses » (HC 1:220).
On sait cependant
beaucoup de choses sur la période et les lieux où le
travail de traduction a eu lieu. Les événements sont
racontés par plusieurs témoins oculaires indépendants.
Joseph Smith obtint les plaques d'or sur la colline Cumorah, dans
l’État de New York, au petit matin du 22 septembre 1827.
Pour éviter le harcèlement local et les émeutiers,
il alla s’installer, en décembre 1827, à Harmony,
en Pennsylvanie. Là il copia et traduisit certains des
caractères des plaques, avec sa femme Emma et son beau-frère
Reuben Hale comme secrétaires. En 1856, Emma raconta que
Joseph lui dictait la traduction mot à mot, épelait les
noms propres et corrigeait les erreurs qu’elle commettait en
écrivant alors même qu’il ne pouvait pas voir ce
qu'elle avait écrit. À un moment donné au cours
de la traduction, Joseph eut la surprise d'apprendre que Jérusalem
était entourée de murailles (E. C. Briggs, « Interview
with David Whitmer », Saints’ Herald 31, 21 juin
1884, p. 396-397). Plus tard, lors d’une autre interview, on
demanda à Emma si Joseph utilisait des livres ou des notes
pendant qu’il dictait. Elle répondit : « Ni
l’un ni l’autre » et comme son intervieweur
insistait, elle ajouta : « S'il avait eu quoi que ce
soit de la sorte il n’aurait pas pu me le cacher »
(Saints’ Herald, 26, 1er octobre 1879, p. 290).
Martin Harris se rendit à
Harmony en février 1828 et, peu de temps après, emporta
une transcription et une traduction de certains des caractères
à New York City, où il les montra au professeur Charles
Anthon au Columbia College (voir Anthon – Transcription). Il
revint entièrement convaincu que Joseph disait la vérité
et, du 12 avril au 14 juin 1828, fit fonction de secrétaire
pendant que Joseph Smith traduisait le livre de Léhi.
Le 15 juin 1828, le fils
aîné de Joseph et d'Emma naquit mais mourut quelques
heures plus tard. Vers le 15 juillet, Joseph apprit que Martin Harris
avait perdu les 116 pages qu'ils avaient traduites (voir Manuscrit –
116 pages perdues), après quoi l'ange Moroni reprit
provisoirement les plaques et les interprètes à Joseph,
qui fut réprimandé mais assuré par le Seigneur
que l’œuvre continuerait (D&A 3:15-16).
Le 22 septembre 1828, les
plaques et les outils de traduction furent rendus à Joseph
Smith et au cours de cet hiver il traduisit « encore
quelques pages » (D&A 5:30). Le travail avança
lentement jusqu'au 5 avril 1829, quand Oliver Cowdery, un instituteur
qui avait vu le Seigneur et les plaques dans une vision (PWJS, p. 8),
arriva à Harmony et offrit ses services à Joseph.
Pratiquement tout le texte anglais du Livre de Mormon fut alors
traduit entre le 7 avril et la dernière semaine de juin, soit
moins de soixante jours ouvrables.
La dictée se
déroula sans heurts. Il ressort des parties encore existantes
du manuscrit original que Joseph dictait environ une douzaine de mots
à la fois. Oliver redisait ces mots à haute voix pour
vérification, ensuite ils continuaient. Emma ajouta plus tard
qu'après un repas ou une nuit de repos, Joseph commençait
sans rien relire là où il s’était
précédemment arrêté (Saints’ Herald
26, 1er octobre 1879, p. 290). Aucun temps n'était consacré
à faire de la recherche, à vérifier la logique
interne ou à réécrire le texte. En 1834 Oliver
écrivit : « Ce furent là des jours
inoubliables ! Cela éveillait en mon sein la gratitude la
plus profonde que de pouvoir être là à écouter
le son d’une voix parlant sous l'inspiration du ciel. Jour
après jour, je continuai, sans interruption, à écrire
l’histoire… telle qu’elle tombait de ses lèvres,
tandis qu'il traduisait » (Messenger and Advocate 1,
octobre 1834, p. 14).
Pendant les mois d’avril,
mai et juin 1829, beaucoup d'événements se produisirent
en même temps que la traduction du Livre de Mormon. À la
date du 15 mai, le récit du ministère du Christ dans
3 Néphi était traduit. Ce texte mentionne
explicitement la nécessité d'être baptisé
par l’autorité appropriée et ce commandement
inspira Joseph Smith et Oliver Cowdery à prier, ce qui
conduisit au rétablissement de la Prêtrise d’Aaron,
le 15 mai (JS–H 1:68-74) et, peu de temps après, à
celui de la Prêtrise de Melchisédek (voir Prêtrise
d'Aaron – Rétablissement ; Prêtrise de
Melchisédek – Rétablissement de la Prêtrise
de Melchisédek). Il fallut aussi consacrer du temps à
des voyages jusqu’à Colesville (New York), située
à cinquante kilomètres de là, pour aller
chercher des provisions et aussi pour gagner de l'argent afin
d’acheter du papier, pour obtenir le copyright fédéral
le 11 juin 1829, pour baptiser Samuel et Hyrum Smith, pour prêcher
à plusieurs personnes intéressées et, pendant la
première semaine de juin, pour déménager et
s’installer à la ferme de Peter Whitmer, à
Fayette (New York), à cent cinquante kilomètres de là,
où les quelque cent cinquante dernières pages furent
traduites, avec la collaboration de certains des Whitmer comme
secrétaires. Le travail fut terminé avant la fin du
mois de juin, et à ce moment-là, il fut permis aux
trois et aux huit témoins de voir les plaques (voir Livre de
Mormon – Témoins).
La plupart des données
dont nous disposons soutiennent l'idée que Joseph et Oliver
commencèrent leur travail en avril 1829 par le discours de
Benjamin (Mosiah 1-6), traduisirent jusqu’à la fin du
livre de Moroni en mai, puis traduisirent la page de titre et
finalement les petites plaques de Néphi (1 Néphi-Omni)
et les Paroles de Mormon avant la fin de juin (Welch et Rathbone). Le
texte de la page de titre, « la dernière feuille »
des plaques de Mormon (HC 1:71), fut utilisé comme description
du livre sur le formulaire de copyright introduit le 11 juin 1829.
Beaucoup de facteurs, y
compris des sources divines de connaissance et les efforts spirituels
et le vocabulaire personnel de Joseph ont apparemment joué un
rôle dans l’élaboration du texte anglais du Livre
de Mormon. Certains récits mettent l’accent sur le
facteur divin. Des années plus tard, David Whitmer déclara
que les mots apparaissaient à Joseph sur quelque chose qui
ressemblait à un morceau de parchemin et qu'il lisait les mots
à haute voix à son secrétaire (An Address to All
Believers in Christ, 1887, p. 12). D'autres récits disent que
des efforts humains étaient également requis. Quand
Oliver Cowdery essaya de traduire en avril 1829, le Seigneur lui
dit : « Tu dois l'étudier dans ton esprit ;
alors tu dois me demander si c’est juste » (D&A
9:8). Selon David Whitmer, Joseph ne pouvait traduire que quand il
était humble et fidèle. Un matin quelque chose était
allé de travers dans la maison ; Joseph ne put traduire
une seule syllabe jusqu'à ce qu'il fût allé dans
un verger, eût prié et se fût réconcilié
avec Emma (CHC 1:131). La capacité de Joseph de traduire
augmenta apparemment à mesure que le travail avançait.
La plupart des comptes
rendus déclarent que pendant toute l’entreprise Joseph
utilisa les « interprètes néphites »
ou alors, par facilité, il se servait d’une pierre de
voyant (voir CHC 1:128-30). Les deux instruments étaient
parfois appelés par d'autres l'Urim et le Thummim. On rapporte
qu’en 1830, Oliver Cowdery témoigna devant un tribunal
que ces outils permettaient à Joseph « de lire en
anglais les caractères égyptiens réformés
qui étaient gravés sur les plaques »
(Benton, Evangelical Magazine and Gospel Advocate 2, 9 avril 1831, p.
15). Dans une interview de 1891, William Smith dit que quand son
frère Joseph utilisait les « interprètes »
(qui étaient comme un arc argenté tordu en forme de
huit avec deux pierres entre les bords de l'arc reliées par
une tige à un plastron de cuirasse), cela lui laissait les
mains libres pour tenir les plaques. D’autres rapports tardifs
mentionnent divers autres détails, mais on ne peut pas les
confirmer ou les infirmer historiquement.
Pour ce qui est de la
nature de la traduction anglaise, sa langue est sans ambiguïté
et directe. Joseph a dit un jour que le livre a été
« traduit dans notre langue » (EPJS, p. 17 ;
cf. D&A 1:24). Dans plusieurs chapitres, pour de bonnes et utiles
raisons, cela signifiait que la langue respectait l'idiome de la King
James Version de l’époque (voir CWHN 8:212-216 ;
Welch, 1990, p. 134-163). Cela voulait aussi dire que le manuscrit
allait contenir des fautes d'orthographe humaines et des singularités
grammaticales, impliquant que s'il avait été traduit au
cours d’une autre décennie sa phraséologie et le
vocabulaire auraient pu être légèrement
différents.
En même temps, des
preuves indirectes dans le texte anglais donnent à penser que
la traduction était très précise. Par exemple,
les traductions indépendantes et identiques de 1 Néphi
1:8 et Alma 36:22 (citant avec précision vingt et un des mots
de Léhi dans 1 Néphi 1:8) sont typiques de la
précision interne manifestée dans ce document long et
complexe. Par ailleurs, plusieurs termes stéréotypés,
hébraïsmes, indices stylistiques révélateurs
de l’intervention de plusieurs auteurs, une diversité de
parallélismes et de chiasmes étendus (voir Livre de
Mormon – Auteurs ; Livre de Mormon – Littérature),
ainsi que certains noms propres sémitiques et quelques
variantes textuelles, pas du tout évidents dans la King James
Bible, corroborent l’affirmation que la traduction était
fidèle à un texte cohérent sous-jacent.
Naturellement, il est
rarement possible de traduire exactement, mot à mot, la même
gamme de significations d'une langue à l’autre et par
conséquent les avis ont varié au sujet de la nature de
la correspondance du texte antique avec la traduction anglaise. Une
citation de David Whitmer lui fait dire que « il arrivait
souvent qu’un seul caractère fasse deux lignes de
manuscrit tandis que d'autres ne faisaient qu’un mot ou deux
mots » (Deseret News, 10 novembre 1881). On ne peut
cependant pas établir le rapport linguistique entre la
traduction anglaise et les caractères des plaques sans
consulter l'original néphite, qui a été rendu en
1829 à l'ange Moroni (voir Moroni – Visites de).
Bibliographie
Roberts, B. H.
"Translation of the Book of Mormon." IE 9 (avril 1906), p.
706-736.
Ricks, Stephen D. "Joseph
Smith's Means and Methods of Translating the Book of Mormon."
F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1984.
Welch, John W. "How
Long Did It Take Joseph Smith to Translate the Book of Mormon ?"
Ensign 18 (janvier 1988), p. 46.
Welch, John W. The Sermon
at the Temple and the Sermon on the Mount, p. 130-163. Salt Lake
City, 1990.
Welch, John W., et Tim
Rathbone. "The Translation of the Book of Mormon : Basic
Historical Information." F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1986.
JOHN W. WELCH
TIM RATHBONE
Loi
[Quatre articles traitent
de divers aspects des croyances et des expériences des saints
des derniers jours par rapport à la loi. Deux des articles
sont groupés ci-dessous :
Loi : Aperçu
Loi : Loi divine et
éternelle
L’Aperçu
traite du concept mormon de la loi en général et de la
loi divine et éternelle en particulier. Loi divine et
éternelle récapitule et décrit les mentions dans
les Écritures modernes du rôle central de la loi en ce
qui concerne Dieu.
L’article Loi de la
Nature traite de l’absence d’une tradition élaborée
d’une loi morale naturelle chez les saints des derniers jours
et décrit leurs efforts limités pour fournir une
explication raisonnable aux lois de la nature telles que les
décrivent les sciences naturelles. Loi constitutionnelle
résume le respect des saints pour la loi civile en général
et les lois constitutionnelles américaines en particulier.
L’expérience
des saints des derniers jours et de l’Église devant les
tribunaux est rapportée dans Histoire juridique et judiciaire.
Les traditions et l’expérience juridiques du Livre de
Mormon sont décrites dans Livre de Mormon, Gouvernement et
histoire juridique dans le. Concernant les idées des saints
sur des aspects spécifiques de la loi civile, voir aussi
Église et État ; Devoirs civiques ; Droits
civiques ; Constitution des États-Unis d’Amérique ;
Liberté ; Politique : Enseignements politiques. On
trouvera des renseignements sur d’autres sujets en rapport avec
la loi dans Justice et miséricorde ; Loi de Moïse ;
Témoins, loi des. Les commandements et les principes de
l’Évangile sont souvent qualifiés de « lois » ;
sur ces sujets, voir des rubriques telles que Commandements ;
Consécration : Loi de consécration ;
Obéissance.]
Loi :
Aperçu
Auteur :
WELCH, JOHN S.
Il y a trois types de
lois : les lois spirituelles ou divines, les lois de la nature
et les lois civiles. Les saints des derniers jours sont profondément
et uniformément axés sur la loi parce que les lois,
qu’elles soient spirituelles, physiques ou civiles, sont les
règles qui définissent l’existence et guident
l’action. Ils s’attendent à ce qu’en
obéissant aux lois ils reçoivent des bénédictions
et des récompenses et à ce qu’en cas de violation
des lois se produisent la souffrance, les privations et même le
châtiment.
L’attitude
fondamentale des saints vis-à-vis de la loi et de la
jurisprudence est façonnée principalement par les
révélations contenues dans les Doctrine et Alliances et
par les explications données par les présidents de
l’Église. Dieu est, par définition, un Dieu
d’ordre : « Voici, ma maison est une maison
d’ordre, dit le Seigneur Dieu, et pas une maison de confusion »
(D&A 132:8). Dieu et la loi sont inséparables, parce que
s’il n’y a pas de loi, il n’y a pas de péché ;
et s’il n’y a pas de péché, il n’y a
pas de justice, « et si ces choses ne sont pas, il n’y
a pas de Dieu » (2 Né. 2:13). La loi émane
de Dieu par le Christ. Jésus a dit : « Je suis
la loi et la lumière » (3 Né. 15:9) et
la parole de Dieu est sa loi (D&A 132:12).
Dans une révélation
de 1832, Joseph Smith a appris que la loi est une manifestation
omniprésente de la lumière et de la puissance de Dieu :
« La lumière qui est en tout… est la loi par
laquelle tout est gouverné » (D&A 88:12-13). À
propos de la loi spirituelle et de la loi naturelle, il n’existe
aucun espace ou relation où la loi soit inexistante. « Il
y a beaucoup de royaumes ; car il n’est pas d’espace
dans lequel il n’y ait pas de royaume… Et à tout
royaume est donnée une loi ; et à toute loi il y a
certaines limites et certaines conditions » (D&A
88:37-38).
Il y a autant de lois
qu’il y a de royaumes, qui reflètent plus ou moins de
lumière et de vérité. Certaines lois sont
supérieures, d’autres inférieures. Le Royaume de
Dieu fonctionne selon des lois supérieures correspondant à
la position exaltée de Dieu, alors que la terre, toute la
condition mortelle et les autres royaumes appartiennent à des
sphères inférieures et fonctionnent donc sous des lois
différentes. Le degré de gloire qu’une personne
ou une chose peut supporter dépend du niveau de loi qu’il
ou elle peut supporter (D&A 88:22-25).
Les lois inférieures
sont englobées dans les lois supérieures. Si le peuple
garde les lois de Dieu, il « n’a pas besoin
d’enfreindre les lois du pays » (D&A 58:21). De
même, quand la loi de Moïse a été accomplie
par Jésus-Christ, elle a été engloutie en lui.
L’existence est un
processus par lequel on apprend progressivement à obéir
à la loi supérieure. L’obéissance et la
soumission à la loi sont considérées comme un
signe de progrès, de maturité et de compréhension,
et une obéissance plus grande à la loi produit une plus
grande liberté (D&A 98:5) et les bénédictions
qui vont de pair (D&A 130:20-21).
Les principes du libre
arbitre et de la responsabilité fonctionnent à tous les
niveaux : les gens peuvent choisir les lois auxquelles ils vont
obéir et celles qu’ils vont ignorer, mais Dieu les
tiendra pour responsables et les récompensera en conséquence
(D&A 82:4). Ceci n’est pas considéré comme
menace ; le but de la loi n’est pas de forcer ou de punir
mais de guider et d’assurer une structure.
Dans la sphère
divine ou spirituelle, la loi n’est pas le produit d’une
recherche philosophique ou théorique de ce qui est juste ou
bon. Elle émane de la Divinité et est révélée
par Jésus-Christ et ses prophètes.
Les lois spirituelles
données par Dieu à l’humanité sont
généralement appelées commandements et sont
constituées d’interdits, d’obligations et de
prescriptions. Les commandements sont uniformément associés
aux bénédictions promises en cas d’obéissance
fidèle. Ainsi, les saints des derniers jours se décrivent
comme un peuple de l’alliance qui peut être récompensé
maintenant, et dans l’au-delà, pour sa fidélité.
Beaucoup de ces alliances sont bilatérales, c’est-à-dire
que les membres prennent l’engagement personnel dans diverses
ordonnances officielles de se conformer à certains
commandements.
On considère
généralement que les lois spirituelles ou les
commandements de Dieu ont été décrétés
à bon escient par un Père céleste aimant, qui
désire réaliser l’exaltation de ses enfants
d’esprit. Ainsi, « il y a une loi, irrévocablement
décrétée dans les cieux avant la fondation de ce
monde, sur laquelle reposent toutes les bénédictions »
(D&A 130:20). Les saints des derniers jours croient que Dieu sait
ou stipule tous les types d’actes et de retenues requis de tous
les hommes pour atteindre cet état éternel béni
d’exaltation et qu’il a révélé ces
exigences à l’humanité par ses serviteurs. Aucune
loi donnée de Dieu n’est temporelle (D&A 29:34).
Le caractère
« irrévocable » évoqué
dans la citation ci-dessus a une connotation de permanence et
d’immuabilité. Puisque Dieu ne peut pas mentir, les
commandements et les promesses contenus dans ses alliances avec le
peuple ne seront pas révoqués, bien qu’il puisse
le faire pour un commandement bien déterminé pour ceux
qui désobéissent (D&A 56:3-6). Les principes
fondamentaux ne sont pas conjoncturels et ne fluctuent pas avec les
notions changeantes de la moralité ou de la théologie
en dehors de l’Église. Le président de l’Église
est un prophète de Dieu qui reçoit des révélations
et l’inspiration pour interpréter et appliquer ces
principes de base pendant que les circonstances humaines changent.
Selon le principe du
libre arbitre, Dieu commande, mais il ne contraint pas. Aucun
mécanisme terrestre n’existe qui impose l’application
des lois de Dieu. Le prophète enseigne aux membres des
principes corrects et ils sont censés se gouverner eux-mêmes.
L’œuvre missionnaire et l’éducation des
membres de l’Église se font de telle sorte que les gens
puissent choisir en connaissance de cause. On leur enseigne qu’un
choix fait en connaissance de cause a pour résultat soit une
bénédiction (immédiate ou différée)
soit une conséquence indésirable (immédiate ou
différée). L’ignorance de la loi est considérée
comme une excuse légitime. À cause de l’expiation
de Jésus-Christ, le repentir n’est pas exigé de
ceux « qui ont péché par ignorance »
ou « qui sont morts sans connaître la volonté
de Dieu à leur sujet » (Mosiah 3:11), même si
le fait de ne pas respecter le commandement peut avoir comme
conséquence la perte des bénédictions qui
découleraient de la conduite appropriée. Dans la
plupart des cas, les violateurs de la loi divine peuvent échapper
au châtiment lié à l’offense par le
repentir, les exigences de la justice ayant été
satisfaites par l’expiation du Christ dans l’intérêt
de tous (voir Justice et miséricorde).
Bibliographie
Firmage, Edwin B., et
Christopher L. Blakesley. "J. Reuben Clark, Jr. : Law and
International Order." BYU Studies 13, printemps 1973, p.
273-346.
Garrard, LaMar E. "God,
Natural Law, and the Doctrine and Covenants." Dans Doctrines for
Exaltation, p. 55-76. Salt Lake City, 1989.
JOHN S. WELCH
Loi :
Loi divine et éternelle
Auteurs :
PARKER, DOUGLAS H. et HAWKINS, KARL S.
La révélation
moderne souligne l’existence et le caractère
indispensable de la loi. La relation entre la loi divine et les
autres espèces de loi n’a pas été traitée
de manière systématique dans la pensée mormone
comme elle l’a été dans la théologie
chrétienne traditionnelle (par exemple, la Somme théologique
de Thomas d’Aquin). Mais on peut déduire, des Écritures
modernes et des sources apparentées, des observations
distinctives au sujet de la loi divine et de la loi éternelle.
Thomas d’Aquin
distingue quatre catégories de loi : (1) la loi
éternelle, qui coexiste avec la volonté divine et avec
le but et le plan globaux de Dieu ; (2) la loi naturelle, qui
concerne la participation appropriée de l’humanité
à la loi éternelle mais se découvre par la
raison sans l’aide de la révélation ni de la
promulgation ; (3) la loi positive divine, qui fait aussi partie
de la loi éternelle, qui a trait aux sacrements et aux
ordonnances nécessaires à l’accomplissement du
but surnaturel de l’humanité communiqué par la
révélation ; et (4) la loi positive créée
par l’homme, qui régit les affaires de l’humanité
dont ne traite pas expressément la loi de Dieu (par exemple,
les lois qui régissent des choses telles que les sociétés
commerciales, les titres, les actes, les testaments et les dépôts)
ou qui imposent la loi naturelle par le pouvoir de l’État.
Les sources chez les
saints affirment des lois correspondant en gros à chacun de
ces quatre types. Mais à la différence des théologies
juive et chrétienne traditionnelles, qui situent Dieu en
dehors de la nature et antérieurement à elle, la
théologie des saints situe Dieu au sein de la nature.
Les lois « divines »
sont instituées par Dieu pour régir ses créations
et ses royaumes et pour prescrire le comportement de sa postérité.
Une telle loi, selon les termes des catégories de Thomas
d’Aquin, serait une loi positive divine (c.-à-d., une
loi existant en vertu du fait qu’elle est posée en
principe ou décrétée par Dieu). Certains saints
des derniers jours croient que la loi « éternelle »
est une loi auto-existante, sans auteur, que Dieu lui-même
honore et administre parce que c’est la condition de sa
perfection et de son état divin. Il convient de noter que les
adjectifs « divin » et « éternel »
n’ont pas d’usage fixe dans les écrits (voir Temps
et éternité).
Les Écritures et
autres sources modernes ne disent pas explicitement que la loi
éternelle existe indépendamment ou coéternellement
avec Dieu. Toutefois, cette caractéristique de la loi
éternelle est parfois déduite de deux concepts qui
trouvent un appui dans les Écritures et d’autres sources
chez les saints :
1. Dieu est régi
(lié) par la loi. Les Écritures disent que « Dieu
cesserait d’être Dieu » s’il devait
permettre à la miséricorde de détruire la
justice ou à la justice de l’emporter sur la miséricorde
ou au plan de rédemption de s’accomplir à des
conditions injustes (Al. 42:13). Les Écritures disent en
outre : « Moi, le Seigneur, je suis lié
lorsque vous faites ce que je dis » (D&A 82:10), ce
qui implique que Dieu, par nature et par définition, et non
par une coercition externe, est juste et digne de confiance. Certains
auteurs de l’Église ont dit que « [Dieu]
lui-même gouverne et est gouverné par la loi »
(MD, p. 432) et que « le Seigneur agit en accord avec la
loi naturelle » (DS 2:27). Ils parlent de même de
« lois supérieures » qui expliquent la
providence et les miracles.
2. L’intelligence
et la vérité n’ont pas été créées ;
elles sont coéternelles avec Dieu. « L'intelligence,
ou la lumière de la vérité, n'a été
ni créée ni faite et ne peut assurément pas
l'être. Toute vérité est indépendante dans
la sphère dans laquelle Dieu l'a placée, libre d'agir
par elle-même ; et il en va de même pour toute
intelligence ; sinon il n'y a pas d'existence » (D&A
93:29-30). Joseph Smith s’est étendu sur cet
enseignement dans son discours sur King Follett, disant que « nous
en déduisons… que Dieu avait des matériaux pour
organiser le monde à partir du chaos…. L’élément
existait depuis que Dieu existait. Les principes de l’élément…
n’ont jamais eu de commencement et ne peuvent avoir de fin…
L’esprit ou intelligence que l’homme possède est
[coéternel avec] Dieu lui-même » (EPJS, p.
284-286). Si la vérité et l’intelligence n’ont
pas été créées par Dieu et sont
coéternelles avec lui, il se peut qu’elles soient
ordonnées par et fonctionnent selon des lois ou des principes
éternels qui sont auto-existants. C’est ce qu’on
peut déduire de l’expression de Joseph Smith :
« lois des principes éternels et existant par
eux-mêmes » (EPJS, p. 145).
Conformément aux
lois éternelles, Dieu façonne et décrète
des lois éternelles qui fonctionnent dans les mondes qu’il
crée et qui fixent les règles de conduite qu’il
faut observer pour obtenir la bénédiction promise pour
l’obéissance à cette loi. Joseph Smith a enseigné
que « [Dieu] a été le premier Auteur de la
loi ou de son principe pour l’humanité »
(EPJS, p. 41).
Les Écritures
modernes soulignent la nature omniprésente de la loi divine :
« [Dieu] a donné une loi à toutes choses,
par laquelle elles se meuvent en leurs temps et leurs saisons »
(D&A 88:42). « C’est là la lumière
du Christ… qui sort de la présence de Dieu pour remplir
l'immensité de l'espace — la lumière qui est en
tout, qui donne la vie à tout, qui est la loi par laquelle
tout est gouverné, oui, la puissance de Dieu, qui est assis
sur son trône » (D&A 88:7, 12-13).
Ces mêmes sources
donnent cependant à penser que la loi divine fonctionne dans
le domaine dont elle relève en elle-même ou auquel Dieu
l’affecte et a donc des limites ou des bornes : « Tous
les royaumes ont reçu une loi. Et il y a beaucoup de
royaumes ; car il n'est pas d'espace dans lequel il n'y ait pas
de royaume ; et il n'y a pas de royaume dans lequel il n'y ait
pas d'espace, que ce soit un grand ou un petit royaume. Et à
tout royaume est donnée une loi ; et à toute loi
il y a certaines limites et certaines conditions » (D&A
88:36-38).
Les références
ci-dessus ont apparemment trait à la loi descriptive,
c’est-à-dire à la loi divine qui agit directement
sur les ordres physiques et biologiques ou à travers eux (voir
Nature, Loi de).
D’autres lois de
Dieu sont normatives. Elles ont trait à la volonté
libre de l’homme, définissant les normes et les règles
de conduite nécessaires au salut et à l’entente
sociale. Les saints des derniers jours adhèrent aux
commandements normatifs de Dieu qui se trouvent dans les dix
commandements et le sermon sur la montagne. La révélation
moderne confirme également que les bénédictions
et le salut découlent de l’application des lois
divines : « Il y a une loi, irrévocablement
décrétée dans les cieux avant la fondation de ce
monde, sur laquelle reposent toutes les bénédictions ;
et lorsque nous obtenons une bénédiction quelconque de
Dieu, c'est par l'obéissance à cette loi sur laquelle
elle repose » (D&A 130:20-21). « Et ceux
qui ne sont pas sanctifiés par la loi que je vous ai donnée,
c'est-à-dire la loi du Christ, doivent hériter un autre
royaume, un royaume terrestre ou un royaume téleste »
(D&A 88:21).
De ces lois ou
commandements normatifs de Dieu, les enseignements des saints tendent
à souligner les caractéristiques suivantes : (1)
l’ampleur des lois divines révélées à
l’humanité peut varier d’une dispensation à
l’autre, selon les besoins et la situation de l’humanité
comme Dieu le décrète ; (2) ils sont donnés
par l’intermédiaire de ses prophètes et
interprétés par eux ; (3) ils sont relativement
concis, mais « doux » ou bienveillants, donnés
pour favoriser le bonheur qu’il a conçu pour ses enfants
(EPJS, p. 206-207) ; et (4) ils sont efficaces pour l’humanité
comme l’harmonie de Dieu avec la loi éternelle était
et est efficace pour lui, et ils réaliseront l’exaltation
de ses enfants justes.
Bibliographie
D’Aquin, Thomas.
Somme théologique 1266-1273, trad. En anglais des Pères
de la province dominicaine anglaise. Londres, 1915.
Widtsoe, John A. A
Rational Theology. Salt Lake City, 1952.
CARL S. HAWKINS
DOUGLAS H. PARKER
Loi
de la Nature
Auteur :
MIDGLEY, LOUIS C.
L’étude
rationnelle de la nature (physis) était, pour les philosophes
grecs, la manière de connaître la réalité.
À l’origine on distinguait radicalement le naturel de la
loi (nomos), qui ne faisait que distinguer les conventions purement
humaines. Ainsi, par exemple, il est naturel que les humains parlent,
mais il n’est pas naturel de parler grec. Par conséquent,
ces philosophes ne considéraient pas au départ la loi
comme naturelle, même s’il était naturel que les
humains soient régis par de telles conventions. Plus tard, on
commença à relier les termes « nature »
et « loi » pour décrire un âge
d’or prépolitique sans règles, contrats,
propriété ou mariage. Comprise de cette façon,
« la loi naturelle » après le déclin
de l’âge d’or, ne fournit pas le modèle de
la loi civile, mais désigna plutôt un domaine accessible
à la raison qui dépasse le monde. Les théologiens
catholiques ont fini par emprunter l’expression « loi
naturelle » à la philosophie païenne pour
servir de base à une éthique sociale structurée.
Thomas d’Aquin, dans sa restructuration aristotélicienne
du christianisme, distingue quatre niveaux de loi : éternel,
divin, naturel et humain. La loi éternelle, volonté de
Dieu et structure de la réalité, affirme-t-il, est
connue à la fois par la révélation en tant que
loi divine et par la raison en tant que loi naturelle, et la loi
humaine doit s’efforcer de refléter la loi naturelle.
Bien que les saints des
derniers jours se livrent parfois à des suppositions sur les
raisons de la loi positive donnée par la révélation
divine ainsi que sur le sens moral de l’humanité (voir
Éthique), il n’y a pas de loi morale naturelle qui soit
clairement définie dans le canon de l’Église.
Certains pensent qu’on pourrait dégager de l’Écriture
l’équivalent général d’une loi
morale naturelle. Mais la théologie, fondée sur la
spéculation philosophique, est habituellement considérée
comme concurrente de la révélation divine. Pareille
spéculation demeure expérimentale et incertaine. Par
conséquent, on ne parle guère de loi morale naturelle
chez les saints des derniers jours.
Les Écritures
modernes, plutôt que de se reposer sur les notions d’une
loi morale naturelle, parlent de commandements, de prescriptions et
d’ordonnances de Dieu, de la volonté de Dieu et de ses
plans et de ses buts, de l’ordonnancement du monde (notamment
ses bornes et ses limites) de loi donnée par Dieu et ainsi de
suite. Les lois mentionnées dans les Écritures semblent
plutôt être des exemples de loi positive divine, bien
qu’elles ne soient pas arbitraires, puisque en tant que
prescriptions morales elles forment les conditions de l’alliance
contractée dans l’espoir que des bénédictions
découleront de l’obéissance à Dieu. Les
commandements de Dieu sont censés être basés sur
des raisons qui ne sont pas entièrement accessibles à
la recherche ou à l’interprétation humaine.
Il y a, cependant, un
autre courant de pensée chez les saints des derniers jours, un
courant qui affirme ce qu’on pourrait appeler les « lois
de la nature » où ce terme désigne les
régularités trouvées par les sciences. Ces lois
sont considérées comme descriptives, pas normatives. On
les conçoit ou bien comme mises en place par Dieu ou comme
ayant une existence indépendante de la volonté de Dieu
et par conséquent fonctionnant comme des conditions qu’il
faut gérer lorsque l’homme élabore des plans en
coopération avec Dieu. Beaucoup de saints des derniers jours,
particulièrement ceux qui sont formés dans les sciences
naturelles, entretiennent cette conception, mais elle n’a pas
été exposée systématiquement ni intégrée
aux enseignements des Écritures.
C’est le don
prophétique qui met à disposition les conditions de
l’alliance avec Dieu et ces alliances s’accompagnent de
bénédictions et de malédictions. Les saints des
derniers jours mettent donc l’accent sur l’obéissance
à ce qui revient à être une loi positive divine
et pas aux exigences de la nature telles que les connaît la
raison humaine.
Bibliographie
d’Entreves, A. P.
Natural Law. London, 1951.
Madsen, Truman G. "Joseph
Smith and the Problems of Ethics." Dans Perspectives in Mormon
Ethics, dir. de publ. Donald E. Hill, p. 29-48. Salt Lake City, 1983.
LOUIS C. MIDGLEY
Loi
de l’adoption
Auteur :
BLOXHAM, V. BEN
La maison d’Israël,
dans une perspective spirituelle et éternelle, finira par
inclure tous ceux qui sont les vrais disciples de Jésus-Christ.
Bien que ceux qui sont de la lignée directe par le sang de la
maison d’Israël soient, d’un point de vue
généalogique, les brebis du troupeau de Dieu, ils
doivent remplir toutes les conditions spirituelles d’un
disciple. Ceux qui ne sont pas du sang d’Israël peuvent
devenir Israël par l’adoption (cf. Ro. 8:14 ; Ga.
3:7, 29 ; 4:5-7 ; Mt. 3:9 ; TJS Lu. 3:8 ; Abr.
2:10) grâce aux principes et aux ordonnances de l’Évangile :
la foi au Seigneur Jésus-Christ, le repentir par rapport aux
péchés, le baptême d’eau et la réception
du Saint-Esprit et la persévérance jusqu’à
la fin.
Dans un sens plus large,
tout le monde doit être adopté dans la famille de Dieu
pour jouir de la plénitude de ses bénédictions
dans le monde à venir. Fils unique du Père dans la
chair, Jésus est le seul héritier naturel et donc le
seul qui, de par sa naissance, ait droit au royaume de son Père.
Si d’autres veulent se qualifier pour être cohéritiers
avec le Christ dans le royaume de son Père, ils doivent être
totalement adoptés par Dieu.
Le processus d’adoption
est, pour employer les termes du prophète Joseph Smith, « une
création nouvelle du Saint-Esprit » (EPJS, p. 117).
Comme résumé dans les Doctrine et Alliances, les gens
qui contractent l’alliance et « magnifient leur
appel » « sont sanctifiés par l’Esprit
à tel point que leur corps est renouvelé. Et ils
deviennent les fils de Moïse et d’Aaron, la postérité
d’Abraham, l’Église et le royaume, et les élus
de Dieu » (D&A 84:33-34).
Bibliographie
Irving, Gordon. "The
Law of Adoption : One Phase in the Development of Mormon Concept
of Salvation, 1830-1900." BYU Studies 14, printemps 1974, p.
291-314.
V. BEN BLOXHAM
Loi de Moïse
Auteurs : FALK,
ZE’EV W. et PARKER, DOUGLAS H.
Le Livre de Mormon et les
Doctrine et Alliances exposent des idées caractéristiques
au sujet de la loi de Moïse et de son rapport avec le Christ et
avec l’accomplissement du salut individuel. L’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours enseigne que
cette loi a été donnée par Dieu à Moïse,
qu’elle faisait partie d’une alliance particulière
d’obéissance et de faveur entre Dieu et son peuple,
qu’elle symbolisait et préfigurait les choses à
venir et qu’elle avait été accomplie dans
l’expiation de Jésus-Christ.
La loi de Moïse se
comprend mieux au sens large. Elle se compose
d’« ordonnances »,
de « lois », de « prescriptions »
et de « commandements ». Le Livre de Mormon les
mentionne aussi avec divers « observances »,
« sacrifices » et « holocaustes ».
Nulle part dans l’Écriture son ampleur, sa profondeur,
sa diversité et sa définition ne sont rendues
complètement explicites. Sur de tels sujets, on peut tirer des
renseignements du Pentateuque lui-même (la Torah) et des
sciences de la Bible, mais on ne peut que faire des conjectures sur
ce que signifiaient ces termes pour les auteurs du Livre de Mormon.
Une définition
étroite confinerait la loi de Moïse à un ensemble
d’interdits et d’impératifs exposés dans
des unités littéraires séparées et sans
rapport entre elles dans les cinq premiers livres de la Bible. Cette
façon de voir ne permet guère de parler de « loi
biblique » puisque ces dispositions ne sont pas rattachées
entre elles comme unité par la Torah elle-même. Les
codes et les séries dispersés incluent le Code de
l’Alliance (Ex. 20:23-23:19), la Loi deutéronomique (De.
12-26), le Code de Sainteté (Lé. 17-26), les lois de
pureté (Lé. 11-15), les rituels de fête (De. 16),
les règlements concernant les sacrifices (No. 28-29) et les
dix commandements (Ex. 20:2-17 ; De. 5:6-21). Certains savants
bibliques concluent que « c’étaient par le
passé des unités indépendantes, ayant leur
existence propre, chacune ayant son propre but et sa propre sphère
de validité, et ayant été transmise au départ
individuellement pour elle-même » (North, p. 7),
mais les saints des derniers jours acceptent généralement
telles quelles les déclarations de la Bible qui en attribuent
l’origine à Moïse, mais l’Église n’a
pris aucune position officielle au sujet de la collection et de la
transmission de ces textes légaux dans le Pentateuque. Les
scribes et les copistes ont évidemment apporté des
changements après le temps de Moïse (par exemple,
comparez Moï. 1-5 et Ge. 1-6).
Quelque chose qui
complique encore la question de ce que l’on entendait par le
terme « Loi de Moïse » dans le Livre de
Mormon est le fait que les « cinq livres de Moïse »
que les Néphites possédaient antidatent la rédaction
et la canonisation du Pentateuque par Esdras (444 av. J.-C.). Les
passages cités (par exemple, Mosiah 13:12-24) indiquent
cependant que les lois néphites étaient essentiellement
semblables aux textes bibliques que les juifs et les chrétiens
ont aujourd’hui.
Dès le troisième
siècle apr. J.-C., la conception juive était que les
commandements s’élevaient à 613. On dit que Rabbi
Simlai aurait déclaré que « 613
commandements ont été révélés à
Moïse au Sinaï, 365 étant des interdictions dont le
nombre équivalait aux jours solaires, et 248 étaient
des prescriptions correspondant en nombre aux membres [sic] du corps
humain » (Encyclopedia Judaica 5:760, citant Talmud Bavli,
Makkot 23b). Un tiers environ de ces commandements sont périmés
depuis longtemps, comme ceux qui ont trait au tabernacle et à
la conquête de Canaan. D’autres concernaient des classes
spéciales, telles que les naziréens, les juges, le roi
ou le grand prêtre, des circonstances qui se produisaient
rarement. À l’exclusion de ces derniers, une centaine
s’appliquent à l’ensemble de la population et vont
du spirituellement sublime au trivial. Parmi les exemples de
commandements éternellement pertinents de la loi de Moïse,
il y a les dix commandements et ceux qui concernent l’amour de
Dieu, le culte de Dieu, l’amour du prochain, l’amour de
l’étranger, la charité envers les pauvres,
l’honnêteté dans les relations, la renonciation à
la vengeance et à la rancune. Les autres commandements
couvrent un kaléidoscope de sujets quotidiens, notamment le
respect des maisons et des champs, les droits de succession, le
payement des salaires, l’agriculture, l’élevage et
les aliments interdits. Les savants juifs les classifient comme
commandements vis-à-vis de Dieu et comme commandements
vis-à-vis de ses semblables (Mishnah Yoma 8:9).
Deux autres définitions
devraient être mentionnées. L’une d’elles
fait remonter la Loi de Moïse au Pentateuque. Vers le temps du
Christ, les auteurs du Nouveau Testament appelaient parfois le
Pentateuque « la loi » (Luc 24:44 ; Ga.
4:21), même si le mot « torah » avait un
sens plus large (c.-à-d., « enseignements »)
et que le Pentateuque contient de la poésie et des récits
en plus des commandements, et que certains passages s’adressent
à toutes les personnes et à toutes les nations (Ge.
9:1-7). L’autre définit la Loi comme théologiquement
synonyme de la croyance doctrinale, erronée ou pas, que le
salut dépend du respect des commandements, distinguant ainsi
la loi de la grâce, ce qui pour beaucoup de chrétiens
élimine la tâche de devoir faire le tri des lois
mosaïques qui sont toujours en vigueur.
Rejoignant à
certains égards et s’écartant à d’autres
des conceptions juives ou chrétiennes traditionnelles, les
traits principaux des croyances des saints au sujet de la Loi de
Moïse sont les suivants :
1. Jésus-Christ
était Jéhovah, le Dieu de l’Ancien Testament qui
a donné la Loi à Moïse (3 Né. 15:5 ;
EPJS, p. 222). Jésus, parlant après son expiation et sa
résurrection, dit : « La loi qui fut donnée
à Moïse est accomplie. Voici, je suis celui qui a donné
la loi, et je suis celui qui a fait alliance avec mon peuple
d'Israël » (3 Né. 15:4-9).
2. La loi tout entière
a été, à plusieurs égards, accomplie,
complétée, supplantée et vivifiée par
Jésus-Christ. Jésus a dit : « en moi
elle a été toute accomplie » (3 Né.
12:17-18). Ses « vérités d’Évangile
grandes et éternelles » (MD, p. 398) sont
applicables par Jésus-Christ à toutes les
dispensations, car il continue à révéler sa
volonté à des prophètes « comme
Moïse » (2 Né. 3:9-11).
3. Les saints des
derniers jours croient que la Loi de Moïse a été
donnée aux Israélites comme Évangile
préparatoire pour être un pédagogue pour les
conduire au Christ et à la plénitude de son Évangile
(Ga. 3:24 ; cf. Jacob 4:5 ; Al. 34:14). L’autorité
d’agir au nom de Dieu est incorporée dans deux
prêtrises, celle de Melchisédek, la plus haute, qui
englobe toute autorité divinement déléguée
et s’étend jusqu’à la plénitude de
la loi de l’Évangile, et celle d’Aaron, la
moindre, qui ne porte que sur les choses inférieures comme la
loi des commandements charnels et du baptême (D&A
84:26-27). Tandis que Moïse et ses prédécesseurs
avaient la prêtrise supérieure et la plénitude de
l’Évangile du Christ, qui devaient toutes deux être
données aux enfants d’Israël, mais « ils
s'endurcirent le cœur et ne purent supporter sa présence
[de Dieu] ; c'est pourquoi, le Seigneur, dans sa colère…
prit Moïse de leur milieu, ainsi que la Sainte Prêtrise ;
et la moindre prêtrise continua » (D&A
84:23-24 ; voir Hé. 3:16-19 ; Mos. 3:14 ; EPJS,
p. 44).
4. Le peuple du Livre de
Mormon a apporté la loi de Moïse avec lui de Jérusalem.
Malgré le fait qu’il se soit efforcé de
l’observer strictement jusqu’à l’avènement
du Christ (par exemple, 2 Né. 5:10 ; Al. 30:3), il
croyait au Christ et savait que le salut ne venait pas de la Loi
seule, mais par le Christ (2 Né. 25:23-24) et comprenait
que la loi serait supplantée par le Messie (Mos. 13:27-28 ;
2 Né. 25:23-25).
5. Pour les saints des
derniers jours, tout est donné de Dieu à l’homme
comme type et préfiguration des actes rédempteurs et
expiatoires du Christ (2 Né. 11:4 ; Mos. 13:31).
Ainsi, la Loi de Moïse symbolise divers aspects de l’expiation
du Christ.
6. La conclusion
d’alliances, les promesses et l’obéissance aux
commandements font partie de la plénitude de l’Évangile
du Christ : « Grâce au sacrifice expiatoire du
Christ, tout le genre humain peut être sauvé en
obéissant aux lois et aux ordonnances de l’Évangile »
(3e A de F). Pour les saints des derniers jours et pour ce qui est de
l’observance juive de la loi de Moïse, la grâce, la
foi et les œuvres sont toutes essentielles au salut :
« C’est par la grâce que nous sommes sauvés,
après tout ce que nous pouvons faire » (2 Né.
25:23). Aucun mortel ne peut obéir parfaitement à la
loi. Par la loi seule, personne ne sera sauvé. La grâce
de Dieu compense le déficit. L’Église ne souscrit
pas à la notion d’une grâce indépendante
sans aucun rapport avec les instructions et les attentes exigées
de l’homme. Elle a des commandements concernant le régime
alimentaire (voir Parole de Sagesse), la pudeur et la chasteté,
aussi bien que beaucoup d’ordonnances telles que le baptême,
l’imposition des mains, les ablutions et l’onction. Si
l’homme était parfait, le salut viendrait de là ;
on marcherait parfaitement à la manière du Seigneur.
Puisque l’homme est mortel et imparfait, Dieu dans son amour
fait connaître la voie que ses enfants devraient suivre et
donne la grâce « après tout ce qu’ils
peuvent faire ».
Bibliographie
Daube, David. Studies in
Biblical Law. New York, 1969.
Falk, Ze'ev. Hebrew Law
in Biblical Times. Jerusalem, 1964.
Jackson, Kent P. "The
Law of Moses and the Atonement of Christ." In Studies in
Scripture, Vol. 3, p. 153-72. Salt Lake City, 1985.
Noth, Martin. The Laws in
the Pentateuch and Other Studies. Edinburgh, 1966.
Patrick, Dale. Old
Testament Law. Atlanta, 1985.
DOUGLAS H. PARKER
ZE'EV W. FALK
M
Mal,
Le
Auteur :
PAULSEN, DAVID L.
[Le concept du mal chez
les saints est également expliqué dans l'article
Démons. L'article suivant traite d’une vue de la raison
d’être du mal et présente une réaction
mormone aux traitements traditionnels du problème du mal.]
Dans le discours
ordinaire, le terme « mal » a une définition
très large et, avec le terme « mauvais »,
est utilisé le plus souvent pour désigner des
intentions, des choix, et des actions moralement inacceptables de
personnes agissantes (mal moral), des actions de nature non humaine
telles que la maladie, les tremblements de terre, les éruptions
volcaniques et les tornades (mal naturel) et la douleur et la
souffrance humaines et animales (mal psychologique) que le mal moral
et le mal naturel peuvent causer. Dans un discours philosophique plus
technique, il s’applique également aux limites et aux
défauts inhérents aux humains (mal métaphysique).
Le terme est utilisé
avec des significations supplémentaires dans les Écritures
et le discours des saints. Dans l'Ancien Testament, il est la
traduction de l’hébreu ra’ et de termes
apparentés, dont les applications couvrent tout un éventail
de sens depuis (1) ce qui a mauvais goût ou est laid,
déplaisant ou triste, en passant par (2) la méchanceté
morale et la détresse, le malheur et les tragédies qui
en découlent, jusqu’à (3) la désobéissance
délibérée à Dieu et à ses
intentions pour les êtres humains. Les deux derniers sens du
terme prédominent dans le Nouveau Testament et dans les
Écritures modernes. Étant donné la grande
diversité de ses significations, le sens précis du mal
doit être recherché dans son contexte.
L'Écriture moderne
jette un éclairage supplémentaire sur les indices
bibliques au sujet des desseins de Dieu pour ses enfants et aide, de
ce fait, à rendre clair un sens fondamental du mal. Dieu a
révélé à Moïse : « Voici
mon œuvre et ma gloire : réaliser l'immortalité
[la résurrection avec la durée éternelle du
corps] et la vie éternelle [qualité ou mode d’existence
divin] de l'homme » (Moï. 1:39). Ainsi, tout ce qui
est en contradiction avec la réalisation de ces buts, y est
contraire ou y est opposé, serait mauvais.
Il ne semble y avoir
aucune base dans les Écritures modernes pour les idées
privatives ou relativistes du mal préconisées par
certains philosophes. Au Ve siècle, St-Augustin, embarrassé
par l'existence du mal dans un monde qui avait été créé
par Dieu, en tirait la conclusion que le mal ne devait pas être
une substance ou une réalité concrète en soi,
mais seulement l'absence de bien (privatio boni). Or, dans les Ancien
et Nouveau Testaments, le mal est dépeint comme une réalité
menaçante, une conception que partage l’Écriture
moderne. Il n’y a aucune indication non plus dans les Écritures
que le bien et le mal soient simplement une affaire de préférence
personnelle. Rejetant ce genre de relativisme, les Proverbes
déclarent : « Telle voie paraît droite à
un homme, mais son issue, c’est la voie de la mort »
(Prov. 14:12) et Ésaïe avertit : « Malheur
à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui changent
les ténèbres en lumière, et la lumière en
ténèbres, qui changent l’amertume en douceur, et
la douceur en amertume ! » (És. 5:20). Le
relativisme est également rejeté dans les Écritures
modernes (2 Né. 28:8).
Les non-croyants comme
les croyants demandent souvent pourquoi Dieu permet que le mal, quel
qu’il soit, existe. La question devient particulièrement
aiguë dans une conception augustinienne des choses qui affirme
que Dieu est le créateur ex nihilo ou créateur absolu
de tout ce qui existe à part lui-même. Sur cette base,
il s'avère que Dieu est la source ou cause finale de tout le
mal ou, du moins, est sciemment complice par instigation et, par
conséquent, intégralement responsable de tout le mal
qui se produit.
Les saints des derniers
jours rejettent la prémisse gênante de la création
ex nihilo (à partir du néant), affirmant, au contraire,
qu'il y a des réalités qui sont coéternelles
avec Dieu. Ces réalités coéternelles sont les
intelligences (parfois perçues comme étant les entités
pensantes originelles), la matière chaotique (ou
masse-énergie) et les lois et les principes (peut-être
mieux considérés comme étant les propriétés
et les relations de la matière et des intelligences). Étant
donné cette pluralité d’entités incréées,
il ne s’ensuit pas, dans la conception que les saints ont des
choses, que Dieu soit la source finale du mal. L’origine du mal
peut être imputée soit aux choix d'autres agents
autonomes (tels que Lucifer, le diable) qui sont également
coéternels avec Dieu, soit, peut-être, même à
des propriétés récalcitrantes de la matière
chaotique incréée.
Bien qu’il soit
clair, sur la base de la révélation moderne, que Dieu
n’est ni la source ni la cause du mal moral ou naturel, la
question se pose toujours de savoir pourquoi il ne l'empêche
pas ou ne l'élimine pas. Le philosophe antique Épicure
pose le problème sous forme de dilemme : Ou bien Dieu
n’est pas disposé à empêcher le mal qui se
produit ou bien il ne peut pas l'empêcher. S'il ne le peut pas,
il n'est pas omnipotent ; s'il n’y est pas disposé,
alors il n'est pas parfaitement bon. L’énoncé du
dilemme par Épicure est basé sur deux hypothèses :
(1) un être parfaitement bon empêche tout le mal qu'il
peut ; et (2) un être omnipotent peut faire n'importe quoi
et, par conséquent, peut empêcher le mal.
Du point de vue des
saints, la première hypothèse est fausse. Un Être
parfaitement bon souhaiterait certainement maximiser le bien, mais
si, de par la nature des choses, permettre l’expérience
du mal était une condition nécessaire pour parvenir au
bien le plus grand, un Être parfaitement bon le permettrait.
Par exemple, il semble évident que l'existence de l'opposition
et de la tentation est une condition nécessaire à
l'expression d’une liberté moralement significative et à
l’élaboration de personnalités véritablement
justes (voir 2 Né. 2:11-16 ; Moï. 6:55).
Les saints des derniers
jours rejettent aussi la deuxième hypothèse. Puisqu'il
y a des réalités qui sont coéternelles avec
Dieu, son omnipotence doit être comprise non comme étant
le pouvoir de susciter n'importe quel état de choses de
manière absolue, mais plutôt comme étant le
pouvoir de susciter n'importe quel état de choses compatible
avec la nature des réalités coéternelles. Cette
vision des choses permet une conception instrumentaliste du mal. Une
fois les hypothèses de base d'Épicure ainsi modifiées
par la révélation moderne, il semble possible de
construire un concept mormon cohérent de la nature, de
l'utilisation et de l'existence du mal (voir Théodicée).
[Voir aussi Grande et abominable Église ; Péché ;
Guerre dans les cieux.]
DAVID L. PAULSEN
Manuscrits
de la mer Morte
[Cette rubrique comprend
deux parties :
Manuscrits de la mer
Morte : Aperçu
Manuscrits de la mer
Morte : Vus par les saints.
Manuscrits
de la mer Morte : Aperçu
Auteur :
CROSS, FRANK MOORE
Le gros des rouleaux de
la mer Morte, environ 600 manuscrits, date de v. 250 av. J.-C. à
68 av. J.-C. Les autres ouvrages du Rift du sud de la Jordanie,
principalement du Nahal Hever et du Nahal Seelim, datent de 131 à
135 av. J.-C. Massada a donné des documents du premier siècle
av. J.-C. à 73 apr. J.-C.
Les manuscrits
contiennent des extraits de toutes les Écritures hébraïques
(excepté Esther ; voir Ancien Testament), et plus d'une
variante d’un grand nombre d’entre elles. Par exemple,
les trois manuscrits de Samuel trouvés à Qumran sont
des textes beaucoup plus complets que ceux de la Bible massorétique
(le texte traditionnel). On a aussi trouvé des fragments de
livres apocryphes et pseudépigraphiques, ainsi que des
manuscrits d’ouvrages religieux précédemment
inconnus, notamment un rouleau du temple, un manuel de discipline et
un rouleau d'actions de grâces.
Les rouleaux ont
nécessité une réévaluation des
connaissances dans trois catégories : (1) le
développement des Écritures hébraïques
avant la formation du canon ; (2) la datation et l'influence
dominante de la pensée apocalyptique et (3) le milieu
religieux du Nouveau Testament.
1. La bibliothèque
« biblique » de Qumran représente une
étape fluide du texte biblique. Ces documents ne montrent
aucune influence de la révision rabbinique du canon, l'ancêtre
direct de la bible hébraïque traditionnelle. Les rouleaux
permettent de situer le texte et le canon pharisaïques à
l’époque de Hillel, en gros, le temps de Jésus.
Dans leur choix de livres canoniques, les rabbins ont exclu ceux
attribués aux prophètes ou aux patriarches d’avant
Moïse (par exemple, la littérature sur Hénoc, les
ouvrages écrits au nom d'Abraham et d'autres patriarches). Ils
ont suivi la succession des prophètes de Moïse aux
personnalités de la période perse. Les oeuvres tardives
ont été exclues, excepté Daniel, que les rabbins
ont vraisemblablement attribué à la période
perse.
2. La littérature
de Qumran comprend des apocalypses et des œuvres teintées
d’apocalyptique. Les auteurs voyaient l'histoire du monde aux
prises avec une guerre finale entre l'esprit de vérité
et l'esprit du mal ; ce conflit est à la fois cosmique et
terrestre. Ils se considéraient comme les héritiers
légitimes d'Israël et contractèrent une nouvelle
alliance, comme Fils de Lumière, d’affronter les Fils
des Ténèbres. Ils avaient une lecture stricte de la
loi, vivaient dans le renoncement quotidien, pratiquaient des
ablutions et avaient des repas cérémoniels. Leur Manuel
de Discipline reflète leur espoir de voir la venue immédiate
du royaume céleste. Un « Maître de justice »
était apparemment le chef sacerdotal de la communauté
terrestre de Dieu ; les forces du bien étaient également
menées par une puissance cosmique ou Saint-Esprit appelé
le « Prince de Lumière ». Les auteurs
considéraient leur époque comme celle de la fin. Le
Messie était sur le point d'apparaître, « apportant
l'épée ». L'effondrement des autres
structures sociales était imminent avant la nouvelle ère.
Les habitants de Qumran, probablement des Esséniens,
s’attendaient à ce que le Messie davidique ou royal
apparaisse pour battre les puissances terrestres et cosmiques de la
méchanceté. Les commentaires sur les textes bibliques,
trouvés dans la même région, traitent des
prophéties traditionnelles dans ce contexte eschatologique.
Leur Église était une Église d'anticipation.
Le Rouleau du Temple
montre que ces prêtres juifs étaient des séparatistes
qui prétendaient que le culte du temple était périmé.
Ils avaient remplacé le calendrier lunaire par un calendrier
solaire pour les fêtes et avaient introduit des fêtes
d'huile et de vin mentionnées nulle part dans le Pentateuque.
Se considérant comme des guerriers dans la dernière
guerre sainte, combattant aux côtés de saints anges, ils
interdisaient toute impureté (ce qui, à leurs yeux
comprenait les boiteux, les aveugles et les malades) dans le temple
espéré et dans la ville du temple. Au moins pour la
durée de la guerre, ils étaient célibataires.
Il faut maintenant se
rendre compte que l’apocalypticisme doit dorénavant être
considéré comme un élément majeur de la
matrice complexe qui a constitué la base du développement
du judaïsme tannaïque et du christianisme primitif.
Guershom Scholem a choqué les savants de cette génération
en démontrant l'existence et l'importance du mysticisme
apocalyptique à l’époque de Rabbi Akiba. Il est
maintenant nécessaire de faire remonter la pensée
apocalyptique plus tôt que les savants ne le pensaient
jusqu’alors, peut-être dès le quatrième
siècle av. J.-C. et qu’elle a duré la moitié
d’un millénaire.
3. Le Nouveau Testament
reflète ces tendances théologiques apocalyptiques que
les savants ont jusqu'ici traitées à la légère.
Par exemple, il s'avère maintenant que la pensée et les
enseignements de Jean-Baptiste et de Jésus de Nazareth sont
plus apocalyptiques que prophétiques dans leur caractère
essentiel. Le cadre dualiste, apocalyptique et eschatologique marque
Jean comme étant le plus juif des quatre Évangiles.
Dans l'Évangile de Jean, l'esprit de vérité est
appelé Paraclet ou Avocat. Il est le Saint-Esprit, mais, comme
à Qumran, il n'est pas tout à fait identique à
l’esprit de Dieu, ce qui explique pourquoi il ne parle pas de
sa propre autorité (Jn. 16:13). L'accent mis sur la lumière
et les ténèbres, l’unité, la communauté
et l’amour est réitéré et étendu.
Le thème du savoir religieux dans un sens eschatologique est
comparable aux déclarations que l’on trouve dans les
épîtres de Paul et l'Évangile de Matthieu.
L'évangile de Luc cite presque mot à mot une apocalypse
pré-chrétienne de Daniel, trouvée dans la grotte
4, qui parle d’un roi eschatologique, que nous pensons être
le Messie royal d’après les titres « Fils de
Dieu » et « Fils du Très-Haut ».
Dans la parabole du festin dans Luc 14:15-24, Jésus condamne
ceux qui cherchent des places d’honneur dans son royaume,
peut-être en réponse polémique à la
pratique des Esséniens d’exclure tout le monde de leur
banquet sauf l'élite du désert qui partageait ses
marchandises et était des « hommes de renom ».
Pour les Esséniens,
l’Âge Nouveau était encore à venir. Pour
les premiers chrétiens, Jésus avait été
ressuscité pour être le Messie qui apportait l’Âge
Nouveau. Les deux communautés vivaient dans l’attente du
plein avènement de la rédemption ou de la consommation
du royaume de Dieu. Les Esséniens constituaient une communauté
d’apocalyptiques sacerdotaux. Le mouvement chrétien
primitif était constitué en grande partie
d’apocalyptiques laïques, un peu comme le parti des
pharisiens. Les uns et les autres sondaient les prophètes pour
trouver chez eux des allusions aux événements de leur
temps, qu'ils considéraient comme étant les « derniers
temps » et les uns et les autres parlaient une langue
imprégnée de la terminologie de l'apocalyptique juive.
FRANK MOORE CROSS, JR.
Manuscrits
de la mer Morte : Vus par les saints
Auteur :
CLOWARD, ROBERT A.
Comme beaucoup de juifs
et comme d'autres chrétiens, les saints des derniers jours ont
été profondément intéressés par
l'annonce que des manuscrits antiques, datant de l’époque
du Nouveau Testament, avaient été découverts en
1947 en Palestine. L'ardeur initiale a donné lieu à
quelques traitements superficiels, à du sensationnalisme et à
des malentendus. Mais dans les décennies qui ont suivi les
premières découvertes, les saints des derniers jours
qui ont suivi les analyses plus soigneuses en sont venus à
apprécier plusieurs apports des manuscrits de la mer Morte,
notamment des aperçus de la diversité littéraire
et religieuse du judaïsme du temps de Jésus, de nouveaux
éléments relatifs à l'histoire et à la
conservation du texte biblique, des avancées dans la science
de la datation des documents hébraïques et araméens
sur la base des changements dans l’écriture et les
ajouts précieux à la collection des textes et des
genres littéraires juifs.
Certains aspects des
rouleaux ont particulièrement intéressé les
saints des derniers jours. Par exemple, les Esséniens de
Qumran acceptaient les notions de révélation continue
et de canon ouvert comme le font les saints des derniers jours,
contrairement à l'enseignement courant de la plupart des
chrétiens et juifs. Les commentaires de Qumran sur les livres
de Habacuc, de Nahum et d'autres prophètes de l'Ancien
Testament contiennent de nouvelles interprétations
prophétiques esséniennes des événements
mondiaux des derniers jours, et le Rouleau du Temple de Qumran se dit
être une révélation directe donnée à
Moïse. De même, les saints des derniers jours croient que
la Bible ne contient pas toute la parole de Dieu, mais qu'il a révélé
sa volonté aux prophètes dans le Livre de Mormon et à
Joseph Smith et qu’il continue à révéler
de nouvelles vérités aux prophètes modernes.
Les saints des derniers
jours font remarquer que la Bible n’exige pas l’exclusivité.
Maintenant la bibliothèque de Qumran a montré que
certains des juifs les plus pieux et les plus pratiquants des
environs de la période du Christ consultaient non seulement
des textes extra-bibliques mais aussi une variété de
textes différents des livres bibliques. Pour les Esséniens,
le caractère sacré de l'Écriture n'imposait pas
un texte fixe ou standard. Par exemple, leur bibliothèque
contient plusieurs versions du livre d'Ésaïe, avec des
différences mineures dans les mots. Ils utilisaient les
versions longue et courte de Jérémie. Ils avaient des
collections variables des Psaumes. Cette ouverture d'esprit à
l’égard des paroles et des éditions des Écritures
est semblable à celle des saints (voir, par exemple, les
divers récits de la création chez les saints). Les
manuscrits de la mer Morte montrent que les concepts théologiques
successifs (1) d'un texte faisant autorité, (2) d'un texte
fixe, et finalement (3) d’un texte infaillible ont commencé
avec le judaïsme pharisaïque ou rabbinique.
Certains ont fait grand
cas des comparaisons entre les pratiques des Esséniens et
celles de l'Église du Nouveau Testament, ou entre ces deux-là
et des éléments du mormonisme. Par exemple, les rituels
de purification des Esséniens sont, par certains côtés,
semblables aux baptêmes du Nouveau Testament et les repas
rituels des Esséniens peuvent être interprétés
comme sacramentels. Certains voient l'idée chrétienne
de la conversion dans la doctrine des Esséniens qu'une
personne est élue dans la communauté par un choix et
une initiation délibérés plutôt que par la
naissance et la circoncision des nourrissons. Certains relient le
conseil communautaire des Esséniens, avec ses douze hommes et
ses trois prêtres, à l'appel, par Jésus, de douze
apôtres et à la préférence accordée
parmi eux à Pierre, Jacques et Jean ou à l'organisation
des saints des derniers jours avec douze apôtres et une
Première Présidence composée de trois membres.
Le rôle des évêques du Nouveau Testament ou des
évêques mormons modernes semble correspondre à
beaucoup de fonctions du maskil qumranique ou « tuteur ».
Pour les saints des
derniers jours, l'apparition de tels parallèles n'a rien
d’étonnant. Les alliances de l’Ancien et du
Nouveau Testament ont plus de ressemblances que de différences
(voir Dispensations de l'Évangile). Elles procèdent du
même Dieu. Cependant, les similitudes sont contrebalancées
par des différences radicales entre les pratiques esséniennes
et les enseignements de Jésus-Christ, de Paul ou de l'Église
dans les temps modernes. Notamment, les Esséniens enseignaient
à leurs adhérents à haïr leurs ennemis.
Leur secte était stricte et exclusive. Leurs idées de
pureté rituelle revenaient à interdire aux femmes
l’accès au temple et à Jérusalem, ville du
temple. Ces points de doctrine esséniens vont à
l’encontre des enseignements chrétiens et mormons
ultérieurs. Il convient donc d’expliquer les
ressemblances entre l’essénisme et les concepts
chrétiens ou mormons comme une dispersion d’idées
parmi des groupes qui ont en commun des connexions antiques plutôt
que comme la preuve de rapports plus intrinsèques.
Les manuscrits de la mer
Morte ont encore beaucoup à nous apprendre. Beaucoup de
fragments et certains rouleaux ne sont toujours pas publiés ou
ne sont pas encore entièrement compris. Beaucoup de lumière
peut encore être versée sur les formes du culte des
juifs antiques, sur la littérature apocalyptique, sur
l'angélologie et sur le sectarisme au-delà de ce qui
nous est accessible dans les récits bibliques.
Bibliographie
On trouvera une
déclaration générale plus ample dans S. Kent
Brown, "The Dead Sea Scrolls : A Mormon Perspective",
BYU Studies 23, hiver 1983, p. 49-66. Hugh Nibley fait un traitement
dans les grandes lignes dans An Approach to the Book of Mormon, Since
Cumorah, et The Prophetic Book of Mormon, dans CWHN, vols. 6-8. On
trouvera une liste des éditions des rouleaux dans Robert A.
Cloward, The Old Testament Apocrypha and Pseudepigrapha et The Dead
Sea Scrolls : A Selected Bibliography of Text Editions and
English Translations, Provo, Utah, 1988.
ROBERT A. CLOWARD
Mariage
[Cette rubrique se
compose de deux articles : Le premier, Mariage :
Considérations sociales et comportementales, est un aperçu
du concept des types de mariage dans la société des
saints. Le deuxième article, Mariage : Mariage éternel,
porte sur les croyances propres aux saints concernant le mariage
pratiqué par les membres de l’Église dans leurs
temples. L’un des objectifs religieux les plus élevés
pour les saints des derniers jours, hommes et femmes, est de se
marier pour l’éternité dans un temple mormon et
de s’efforcer continuellement de fortifier les liens de l’amour
et de la justice dans le mariage. Le mariage civil est reconnu comme
légal et salutaire, mais il ne continue pas après la
mort.]
Mariage :
Considérations sociales et comportementales
Auteur :
HOLMAN, THOMAS B.
Le mariage est plus
qu’une question de conventions sociales ou de réalisation
d’un besoin individuel dans la société et le mode
de vie des saints des derniers jours ; il est essentiel à
l’exaltation de chaque personne : « Si un homme
épouse une femme par ma parole qui est ma loi, et par la
nouvelle alliance éternelle, et que leur union est scellée
par le Saint-Esprit de promesse, par celui qui est oint, à qui
j’ai donné ce pouvoir et les clefs de cette prêtrise,
et… [s’] ils demeurent dans mon alliance… [ce
mariage] sera pleinement valide lorsqu’ils seront hors du
monde… Alors ils seront dieux, parce qu’ils n’ont
pas de fin ; c’est pourquoi, ils seront de toute éternité
à toute éternité » (D&A
132:19-20). Les saints des derniers jours considèrent donc
qu’il est de la plus haute importance « 1. d’épouser
la bonne personne, au bon endroit, par la bonne autorité et 2.
de respecter l’alliance faite en rapport avec cet ordre saint
et parfait du mariage » (MD, p. 118).
Au centre de la théologie
de l’Église, il y a la croyance que les hommes et les
femmes ont existé comme progéniture d’esprit de
parents célestes dans une vie prémortelle. Les saints
des derniers jours considèrent la vie sur terre comme un temps
pour se préparer à rencontrer Dieu (Al. 12:24) et pour
s’efforcer de devenir comme lui (Mt. 5:48 ; 3 Né.
12:48). Pour devenir comme Dieu, il est essentiel de contracter
« le
mariage céleste » pour « le temps et
toute l’éternité », car en fin de
compte tous les êtres exaltés seront entrés dans
cet ordre patriarcal, le plus élevé de la prêtrise.
Les saints des derniers jours croient que le lien matrimonial et
familial peut continuer dans la vie post-terrestre et est en fait
nécessaire à la vie éternelle, qui est la vie
dans le royaume céleste avec Dieu le Père, la Mère
céleste, Jésus-Christ et les autres êtres
glorifiés.
Étant donné
ces points de doctrine, le mariage, chez les saints, est distinct et
différent à plusieurs égards du mariage dans
d’autres confessions et le mariage chez les saints des derniers
jours fidèles diffère de celui des membres de l’Église
moins engagés. Les recherches sur le mariage chez les saints
révèlent des distinctions dans quatre domaines :
l’attitude et le comportement vis-à-vis du sexe, la
formation au mariage, le divorce et le rôle des sexes dans le
mariage.
ATTITUDE ET COMPORTEMENT
VIS-À-VIS DU SEXE. À cause de l’importance du
lien conjugal et des relations familiales dans cette vie et la vie à
venir, les relations sexuelles prénuptiales ou
extra-conjugales sont considérées comme totalement
inacceptables. Le pouvoir de procréation est essentiel pour le
Plan du Salut tout entier. Il est tenu pour sacré, pour n’être
utilisé que « comme le Seigneur l’a
commandé » ; comme tel il est considéré
comme « la clef même » du bonheur
(Packer, « Why Stay Morally Clean », Ensign,
juillet 1972, p. 113). Les études faites au cours des années
70 et des années 1980 ont uniformément prouvé
que les saints des derniers jours ont une attitude plus restrictive
vis-à-vis des relations sexuelles avant le mariage et il y
moins de risques qu’ils aient eu des rapports sexuels avant le
mariage que les membres d’autres confessions religieuses. Les
saints des derniers jours pratiquants ont également une
attitude plus conservatrice à l’égard des
rapports sexuels avant le mariage et sont moins susceptibles de s’y
être livrés que ceux qui sont moins pratiquants dans
l’Église (voir Sexualité).
Un échantillonnage
récent des ménages aux États-Unis a montré
que les mormons approuvaient sensiblement moins l’idée
que les adolescents aient des relations sexuelles ou pratiquent la
cohabitation avant le mariage que les non-mormons (Heaton etc.,
1989). Une autre étude portant sur plus de 2.000 adolescents
dans les lycées publics de l’Ouest des États-Unis,
a prouvé que 17% des saints des derniers jours avaient eu des
rapports sexuels avant le mariage, par comparaison avec les 48% des
catholiques, 51% des gens sans affiliation religieuse et 67% des
protestants (Heaton, 1988). La différence continue quand on
prend en considération l’activité dans l’Église
et que l’on compare les saints des derniers jours pratiquants
avec les non-pratiquants. L’attitude et le comportement des
mormons non pratiquants ressemblent davantage à ceux des
autres cultes (pratiquants ou non) qu’aux saints des derniers
jours pratiquants (Heaton, 1988).
L’attitude des
saints des derniers jours concernant le sexe dans le mariage et la
fréquence des rapports sexuels dans le mariage sont semblables
à celles des autres cultes. Bien qu’il n’existe
pas de données concernant la fréquence de la sexualité
extra-conjugale, les saints des derniers jours en général
approuvent moins les relations extra-conjugales que les autres
populations américaines (Heaton etc., 1989).
FORMATION AU MARIAGE. Les
membres de l’Église aux États-Unis et au Canada
sont plus susceptibles de se marier et de se remarier que les
catholiques, les protestants conservateurs, les protestants libéraux
ou ceux qui n’ont pas d’affiliation religieuse (Heaton et
Goodman, 1985). Une étude des Canadiens indique que les
catholiques canadiens sont trois fois, les protestants deux fois et
les gens sans affiliation religieuse quatre fois plus susceptibles
que les saints des derniers jours de ne pas s’être mariés
avant l’âge de trente ans (Heaton, 1988). Les données
nationales les plus récentes aux États-Unis montrent
que les saints des derniers jours sont plus susceptibles d’être
mariés actuellement et moins susceptibles de ne jamais s’être
mariés que les autres Américains dans la même
situation (Heaton etc., 1989). En outre, les mêmes données
montrent que les hommes chez les saints se marient environ un an et
demi plus tôt que les non-mormons, mais les femmes se marient à
peu près au même âge que les autres femmes.
Bien que les résultats
ne soient pas concluants, il semble bien que les mormons moins
pratiquants (ceux qui ne se marient pas dans un temple) se marient à
un plus jeune âge que ceux qui se marient dans un temple
(Thomas, 1983). Cette différence s’explique en partie
par le nombre de saints des derniers jours pratiquants qui font une
mission au cours de leur jeunesse. La plupart des jeunes saints des
derniers jours célibataires qui vont en mission le font entre
dix-neuf et vingt et un ans.
Étant donné
la nécessité d’épouser un autre saint des
derniers jours dans un temple pour réaliser le plus grand
bonheur dans cette vie et l’exaltation dans le plus haut niveau
du Royaume céleste dans l’au-delà, on pourrait
s’attendre à ce que les mormons en général
et les saints des derniers jours pratiquants en particulier aient un
pourcentage inférieur de mariages interconfessionnels à
celui des membres d’autres confessions ou des personnes qui
n’ont aucune affiliation. Le peu de recherches qui ont été
faites sur les mariages interconfessionnels des saints tend à
être basé sur de petits échantillons localisés.
Il apparaît toutefois qu’en général (1) les
mormones ont plus de chances de se marier en dehors de l’Église
que les mormons ; (2) les mormons pratiquants risquent moins
d’épouser des non-mormons que les mormons non
pratiquants et (3) les conjoints non mormons (particulièrement
les maris non mormons) ont plus de chances de se convertir à
l’Église que les mormons de se convertir à la
religion du conjoint non mormon (Barlow, 1977).
DIVORCE. Sur la base de
recherches faites dans les années 1970 et le début des
années 1980, on a conclu que les saints des derniers jours
risquent moins de divorcer que les catholiques et les protestants et
bien moins que ceux qui n’ont pas d’affiliation
religieuse. D’une étude comparant les mormons des
États-Unis et du Canada avec les protestants, les catholiques
et ceux qui n’ont aucune affiliation religieuse, il découle
que 14% des mormons et 19% des mormones avaient divorcé. Les
chiffrer comparables parmi les autres groupes étaient de 20%
et de 23% pour les catholiques masculins et féminins 24% et
31% pour les protestants libéraux, hommes et femmes, 28% et
31% pour les protestants conservateurs et 39% et 45% respectivement
pour les personnes sans affiliation religieuse (Heaton et Goodman,
1985).
Les saints des derniers
jours mariés dans une cérémonie au temple
risquent beaucoup moins de divorcer que ceux qui sont mariés
en dehors du temple (Thomas, 1983). Parmi les hommes et les femmes
qui étaient mariés dans le temple, 6% des hommes et 7%
des femmes ont divorcé, alors que parmi les hommes et les
femmes non mariés dans le temple les chiffres étaient
de 28% et de 33% respectivement (Heaton, 1988).
RÔLES DES SEXES.
« Dieu a décrété que le père
doit présider au foyer. Il doit assurer la subsistance, aimer,
enseigner et diriger. Mais le rôle de la mère est
également ordonné par Dieu. La mère doit
concevoir, enfanter, nourrir, aimer et former. C’est ce que
déclarent les révélations » (Benson,
p. 2). Cette déclaration, faite par Ezra Taft Benson,
président de l’Église, est un exemple de
l’enseignement des saints que les hommes et les femmes ont des
rôles différents, mais étroitement liés et
se soutenant mutuellement, des rôles dans le cadre matrimonial
et familial. Les recherches confirment cette distinction. Les
mormons, hommes et femmes, ont tendance à être plus
conservateurs et plus traditionnels dans leur attitude et leur
comportement que les membres des autres cultes (Brinkerhoff et
Mackie, 1988 Heaton, 1988 Heaton et autres, 1989). Les saints
masculins passent une quantité de temps à peu près
identique à accomplir des tâches ménagères
que les non-mormons de sexe masculin, mais les mormones consacrent
sensiblement plus de temps à ce genre de tâches que des
non-mormones. Les mormones passent plus de temps non seulement à
accomplir des tâches traditionnellement féminines, mais
également à des tâches traditionnellement
masculines (par exemple, des tâches à l’extérieur,
le paiement des factures et l’entretien du véhicule) que
les non-mormones. Ni les mormons ni les mormones ne considèrent
ces différences d’attitude et de comportement comme
négatives. Ils ont autant de chances d’être
satisfaits de leur mariage et de leur rôle dans le mariage que
leurs homologues non mormons (Heaton et autres, 1989).
Bibliographie
Bahr, Howard M., et
Renata Tonks Forste. "Toward a Social Science of Contemporary
Mormondom." BYU Studies 26 (1986), p. 73-121.
Barlow, Brent A. "Notes
on Mormon Interfaith Marriages." Family Coordinator 26 (1977),
p. 143-150.
Benson, Ezra Taft. To the
Mothers in Zion. Salt Lake City, 1987.
Brinkerhoff, Merlin B.,
et Marlene MacKie. "Religious Sources of Gender Traditionalism."
Dans The Religion and Family Connection, dir. de publ. D. Thomas.
Provo, Utah, 1988.
Heaton, Tim B. "Four
C's of the Mormon Family : Chastity, Conjugality, Children, and
Chauvinism." Dans The Religion and Family Connection, dir. de
publ. D. Thomas. Provo, Utah, 1988.
Heaton, Tim B., et
Kristin L. Goodman. "Religion and Family Formation." Review
of Religious Research 26 (1985), p. 343-359.
Heaton, Tim B., Darwin L.
Thomas et Kristin L. Goodman. "In Search of a Peculiar People :
Are Mormon Families Really Different ?" Society for the
Scientific Study of Religion, oct. 1989.
Thomas, Darwin L. "Family
in the Mormon Experience." Dans Families and Religion, dir. de
publ. W. D'Antonio et J. Aldous. Beverly Hills, Calif., 1983.
THOMAS B. HOLMAN
Mariage :
Mariage éternel
Auteur :
DUKE, JAMES T.
Le principe du mariage
éternel et les ordonnances qui le mettent en application
constituent un élément très distinctif et
précieux de l’Église. Il comporte une cérémonie
accomplie dans un saint temple par un officiant doté de
l’autorité sacerdotale de faire contracter des alliances
qui doivent être efficaces pendant le temps et l’éternité.
C’est une cérémonie sacrée et simple
unissant le mari et la femme dans les liens de l’amour éternel
et dans l’espérance de l’éternité.
Le président Joseph Fielding Smith a enseigné que ce
genre de mariage implique « un principe éternel
ordonné dès avant la fondation du monde et institué
sur cette terre avant que la mort n’y soit introduite »
(Smith, p. 251), parce que Adam et Ève ont été
donnés l’un à l’autre en mariage par Dieu
dans le jardin d’Éden avant la Chute (Ge. 2:22-25 Moï.
3:22-25). Cet acte sacré du mariage a été l’acte
suprême de toute la création : « Lorsque
Dieu créa l’homme, il le fit à la ressemblance de
Dieu. Il créa l’homme et la femme, il les bénit »
(Ge. 5:1-2). Avec sa bénédiction, ils pouvaient
vraiment donner l’exemple à leurs descendants qui
dorénavant pouvaient, deux par deux, un homme et une femme,
quitter leurs père et mère, s’attacher l’un
à l’autre et devenir « une seule chair »
(Ge. 2:24). C’est ainsi qu’a commencé le grand
plan de Dieu pour le bonheur de tous ses enfants.
Les saints des derniers
jours croient que la vie est plus sécurisée et plus
joyeuse quand elle est vécue dans les liens sacrés de
la famille éternelle. Ceux qui entretiennent des rapports
aussi dignes sur terre vivront en famille dans le Royaume céleste
après la résurrection. Ainsi, une personne qui mène
une vie juste dans la condition mortelle et qui a contracté un
mariage éternel peut s’attendre à vivre, dans le
monde postmortel, avec un conjoint digne et avec ceux qui étaient
sur la terre enfants, pères, mères, frères et
sœurs terrestres. Bruce R. McConkie, un apôtre, a
expliqué que la famille éternelle commence par « un
mari et une femme, unis en une cellule familiale. Elle s’étend
ensuite à nos enfants, les esprits que Dieu nous donne comme
membres de notre famille, à nos petits-enfants et ainsi de
suite jusqu’à la dernière génération.
Elle remonte également jusqu’à nos parents et à
nos grands-parents jusqu’à la première
génération » (p. 82). Le président
Brigham Young a déclaré que le mariage éternel
« est le fil qui va du commencement à la fin du
saint Évangile de salut, de l'Évangile du Fils de Dieu
il est d'éternité en éternité »
(Discours de Brigham Young, John A. Widtsoe, dir. de publ., Salt Lake
City, 1971, p. 195).
De même que le
mariage marque le point culminant du processus créateur de
Dieu, de même il est pour chaque personne le point culminant
sacré des alliances et des ordonnances de la prêtrise de
Dieu et est, en effet, vraiment une nouvelle alliance éternelle
(D&A 131:2). Le mariage éternel est une alliance, une
promesse sacrée que la femme et le mari se font entre eux et
avec Dieu, certifiée à la fois par des témoins
mortels et par des anges célestes. Dans les conditions
appropriées, ce genre de mariage est scellé par le
Saint-Esprit de promesse et le couple, par sa fidélité,
peut par la suite hériter l’exaltation et la gloire dans
le Royaume céleste de Dieu (D&A 132:19). Les Écritures
confirment que le mariage éternel, accompli par l’autorité
de la prêtrise, scellé ou affirmé par le
Saint-Esprit et soutenu par une vie juste « sera
pleinement valide » après la mort (D&A 132:19 ;
cf. 1 Co. 11:11). L’expression « jusqu’à
ce que la mort vous sépare » est considérée
comme une formule tragique qui prédit la dissolution finale du
mariage et cette phase n’est pas annoncée dans la
cérémonie du mariage au temple.
La cérémonie
sacrée du mariage au temple a lieu dans le recueillement et la
simplicité et l’événement est quelque
chose de beau et de joyeux pour les saints des derniers jours. La
jeune mariée et le jeune marié se réunissent
avec la famille et les amis dans une salle de scellement du temple.
L’officiant accueille le couple par quelques mots de bienvenue,
de conseils et de recommandations paternelles. Il peut exhorter le
couple à se traiter durant toute la vie avec le même
amour et la même gentillesse qu’il ressent en ce moment
et peut ajouter d’autres encouragements, avec sa bénédiction
sur l’aventure qu’ils vont vivre à deux. Le couple
est invité s’avancer et à s’agenouiller en
se faisant face de part et d’autre d’un autel situé
au milieu de la salle. Le scelleur attire parfois l’attention
des personnes présentes sur les miroirs placés sur des
murs opposés, qui reflètent à l’infini
l’image du couple à l’autel et en explique le
symbolisme. Ensuite le scelleur prononce les mots simples de la
cérémonie, qui promettent, sous condition d’obéissance,
des liens durables avec le potentiel d’une joie éternelle
pour ces deux personnes scellées pour l’éternité.
Le président Ezra Taft Benson a déclaré :
« La fidélité à l’alliance du
mariage apporte la joie la plus complète ici-bas et de
merveilleuses récompenses dans l’au-delà »
(p. 533-534). À la fin de la cérémonie, le
couple s’embrasse par-dessus l’autel et peut alors se
lever et quitter l’autel pour échanger les alliances.
Par cette ordonnance du
mariage éternel, l’homme et la femme s’engagent
avec un amour pur à rester fidèles l’un à
l’autre et à Dieu pour toute l’éternité.
Le divorce est déconseillé et on enseigne aux couples à
limiter leurs relations intimes à eux-mêmes.
Entreprendre et honorer les alliances du mariage au temple exige que
l’on vive d’une manière qui contribue à une
vie de famille heureuse et réussie. Le futur d’un couple
peut comporter des conflits et même le divorce, qui, quand il
se produit, est souvent le résultat de la violation des
alliances du temple ; mais le taux des divorces parmi les
couples qui ont été scellés dans un temple est
très bas (voir Divorce ; Statistiques démographiques).
Bien entendu, le mariage
éternel n’est pas simplement pour le bien, le bonheur ou
le profit des conjoints. C’est un acte de service, d’engagement
et d’amour qui est une bénédiction pour la
génération suivante. Dieu a commandé à
Adam et Ève : « Soyez féconds,
multipliez, remplissez la terre » (Ge. 1:28). Un but
essentiel du mariage au temple dans cette vie est la progression et
la maturation dans la participation à l’œuvre
créatrice de Dieu en élevant des enfants dans la
justice. Les parents entrent dans un partenariat avec Dieu en
participant à la procréation de corps mortels, qui
abritent les enfants d’esprit de Dieu. À une époque
future, tous les fils et toutes les filles dignes de Dieu seront
réunis à leurs Parents célestes comme une
famille étendue éternelle dans un état de gloire
ressuscitée.
Les gens qui mènent
une vie digne mais qui ne se marient pas dans un temple pour
différentes raisons indépendantes de leur volonté,
parmi lesquelles le fait de ne pas se marier du tout, de ne pas avoir
entendu l’Évangile ou de ne pas avoir accès à
un temple pour que le mariage puisse être scellé pour
l’éternité, en recevront un jour l’occasion
(voir Baptême pour les morts ; Salut des morts ;
Scellement). Les saints des derniers jours croient qu’ils ont
l’honneur et le devoir d’accomplir ces ordonnances
sacrées par procuration pour les ancêtres décédés
et pour d’autres, et ce dans la mesure du possible. La plupart
des ordonnances de scellement (cérémonies de mariage au
temple) accomplies pour les défunts sont pour des couples qui
étaient mariés par l’autorité civile dans
la condition mortelle, mais sont morts sans entendre la plénitude
de l’Évangile. Dans ce programme de service par
procuration, des hommes et des femmes se réunissent sur
rendez-vous dans le temple où ils jouent le rôle de
représentants pour leurs parents, grands-parents ou d’autres
qui sont passés dans l’autre monde, et font les
alliances solennelles qui entreront en vigueur pour tous ceux qui les
acceptent dans le monde d’esprit, pour trouver leur point
culminant au jour de la résurrection.
Tous les dirigeants de
l’Église encouragent les couples à faire leurs
vœux de mariage dans un saint temple. Pour ceux qui ne le font
pas, qu’ils soient convertis à l’Église,
des couples de membres qui connaissent un regain de spiritualité
à l’âge mûr ou les jeunes couples de saints
qui se sont mariés en dehors du temple et ont ensuite ressenti
le désir de faire les alliances éternelles, le mariage
au temple est un renouvellement des vœux prononcés
d’abord lors d’une cérémonie de mariage
civil. Pour que ces engagements soient honorés pendant toute
l’éternité, les couples doivent être mariés
par un officiant ayant le pouvoir de lier sur terre et dans le ciel
(Mt. 16:19 ; D&A 124:93). Ils doivent donc se rendre dans un
temple où se trouvent ceux qui sont ordonnés et ont
reçu le pouvoir de sceller des alliances pour le temps et
l’éternité.
Pour les saints des
derniers jours, le mariage éternel est un accès à
la joie éternelle. Matthew Cowley, un apôtre, a exprimé
sa conviction que c’est « une chose merveilleuse…
de se mettre à genoux devant un autel dans le temple de Dieu
en étreignant la main de la personne qui va être votre
conjoint non seulement pour le temps, mais également pour
toute l’éternité et de voir ensuite naître,
dans cette alliance sacrée et éternelle, des enfants
pour l’éternité. Dieu est amour. L’amour
est éternel. Le mariage est l’expression la plus belle
et la plus sacrée de l’amour, par conséquent le
mariage est éternel » (Cowley, p. 444).
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. The
Teachings of Ezra Taft Benson. Salt Lake City, 1988.
Brown, Hugh . You and
Your Marriage. Salt Lake City, 1960.
Burton, Theodore M.
Good’s Greatest Gift. Salt Lake City, 1976.
Cowley, Matthew. Matthew
Cowley Speaks. Salt Lake City, 1954.
McConkie, Bruce R. “The
Eternal Family Concept”. Dans Genealogical Devotiopnal Address,
p. 81-93. Second Annual Priesthood Genealogical Research Seminar,
université Brigham Young. Provo, Utah, 1967.
Smith, Joseph Fielding.
The Way to Perfection. Salt Lake City, 1931.
JAMES T. DUKE
Mariage
plural
Auteurs :
BACHMAN, DANEL et ESPLIN, RONALD K.
Le mariage plural est la
pratique des saints des derniers jours du XIXe siècle de se
marier avec plus d’une femme. Généralement
qualifiée de polygamie, c’était en fait de la
polygynie. Bien que la polygamie ait été pratiquée
pendant une grande partie de l’histoire dans beaucoup de
régions du monde, cette pratique, dans l’Amérique
« éclairée » du XIXe siècle,
était considérée par la plupart des gens comme
incompréhensible et inacceptable, ce qui en fit la pratique de
l’Église la plus controversée et la moins
comprise. Bien que le principe ait été vécu
pendant une période relativement brève, il a eu un
impact profond sur la perception que les saints ont d’eux-mêmes,
contribuant à les définir comme un « peuple
à part ». La pratique a aussi amené beaucoup
de non-membres à prendre leurs distances par rapport à
l’Église et à voir les saints des derniers jours
d’une manière plus négative que cela aurait
autrement été le cas.
Les rumeurs de mariage
plural parmi les membres de l’Église dans les années
1830 et 1840 ont conduit à des persécutions, et
l’annonce publique de la pratique après le 29 août
1852 en Utah a donné aux ennemis une arme puissante pour
exciter l’hostilité publique contre l’Église.
Les saints des derniers jours croyaient que leur pratique du mariage
plural basée sur la religion était protégée
par la Constitution des États-Unis, mais les adversaires l’ont
utilisée pour retarder l’accession de l’Utah au
rang d’État jusqu’en 1896. Une législation
de plus en plus rigoureuse contre la polygamie a dépouillé
les saints des derniers jours de leurs droits de citoyens, a dissout
l’Église et a permis la saisie de ses biens jusqu’à
ce que le Manifeste de 1890 annonce la cessation de la pratique.
Le mariage plural a
également été un problème pour les
membres de l’Église. Descendants spirituels des
Puritains et conservateurs dans le domaine de la sexualité,
les premiers à pratiquer le mariage plural ont d’abord
dû se débattre avec cette perspective et n’ont
adopté le principe par la suite qu’après avoir
reçu personnellement la confirmation spirituelle qu’ils
devaient le faire.
En 1843, un an avant sa
mort, le prophète Joseph Smith dicta une longue révélation
sur la doctrine du mariage pour l’éternité (D&A
132 ; voir Mariage : Mariage éternel). Cette
révélation enseignait aussi que, sous certaines
conditions, un homme pouvait être autorisé à
avoir plus d’une épouse. La révélation fut
mise par écrit le 12 juillet 1843, mais tout porte à
croire que le principe du mariage plural avait été
révélé à Joseph Smith plus d’une
décennie plus tôt lors de son étude de la Bible
(voir Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)), probablement
début 1831. Les passages montrant que des patriarches et des
prophètes vénérés d’autrefois
étaient polygames suscitèrent des questions qui
incitèrent le prophète à interroger le Seigneur
sur le mariage en général et sur la pluralité
des épouses en particulier. Il apprit alors que quand le
Seigneur le commandait, comme il le fit avec les patriarches
d’autrefois, un homme pouvait avoir plus d’une épouse
vivante à la fois sans être condamné pour
adultère. Il comprit également que l’Église
serait un jour invitée à vivre la loi (D&A 132:1-4,
28-40).
Il y a peu de données
sur la pratique du mariage plural pendant les années 1830.
Seul un petit nombre de personnes était au courant de la
révélation encore non écrite et il se peut que
le seul mariage plural connu ait été celui entre Joseph
Smith et Fanny Alger. Il y avait cependant des bruits qui couraient
qui annonçaient les problèmes futurs.
En avril 1839, Joseph
Smith sortit de six mois d’emprisonnement à la prison de
Liberty avec le sentiment qu’il était urgent qu’il
mène à bien sa mission (voir Histoire de l’Église
1831-1844, périodes de l’Ohio, du Missouri et de
Nauvoo). Depuis qu’il avait reçu d’Élie la
clef du scellement dans le temple de Kirtland (D&A 110:13-16) en
avril 1836, le prophète avait travaillé pour préparer
les saints pour des enseignements et des ordonnances supplémentaires,
dont le mariage plural.
Joseph Smith se rendait
compte que l’introduction du mariage plural susciterait
immanquablement de violentes critiques. Après l’expérience
de Kirtland, il savait les tensions que cela créerait dans sa
propre famille ; même si Emma, qui avait foi en son appel
prophétique, avait accepté la révélation
comme venant de Dieu et pas de son propre chef, elle ne pouvait pas
se résoudre à la pratique. En outre, cela risquait de
diviser l’Église et d’augmenter l’hostilité
de l’extérieur. Malgré tout, il se sentait obligé
d’aller de l’avant. « Mon but est d’obéir
et d’apprendre aux autres à obéir à Dieu
exactement dans tout ce qu’il nous dit de faire, enseigna-t-il
plusieurs mois avant sa mort. Peu importe que le principe soit
populaire ou impopulaire, je soutiendrai toujours un principe juste,
même si je dois le faire seul » (EPJS, p. 269).
Bien que certain que Dieu
l’exigerait de sa part et de l’Église, Joseph
Smith ne l’aurait pas introduit quand il le fit sans la
conviction que Dieu l’exigeait à ce moment-là.
Plusieurs de ses confidents dirent plus tard qu’il n’alla
de l’avant avec le mariage plural à Nauvoo qu’après
une lutte intérieure et un avertissement divin. Lorenzo Snow
devait se rappeler distinctement plus tard une conversation en 1843
au cours de laquelle le prophète décrivit la bataille
qu’il menait pour « surmonter la répugnance
de ses sentiments » à l’égard du
mariage plural. Il connaissait la voix de Dieu – il savait que
le commandement du Tout-Puissant était qu’il devait
aller de l’avant – donner l’exemple et établir
le mariage plural céleste. Il savait qu’il avait non
seulement ses propres préjugés et idées
préconçues à combattre et à surmonter,
mais aussi ceux du monde chrétien tout entier… mais
Dieu… avait donné le commandement [The Biography and
Family Record of Lorenzo Snow, p. 69-70 (Salt Lake City, 1884)].
Malgré tout, Snow
et d’autres confidents s’accordent pour dire que Joseph
Smith n’agit à Nauvoo que quand un ange lui eut déclaré
qu’il devait le faire sinon son appel serait donné à
quelqu’un d’autre (Bachman, p. 74-75). Après ceci,
Joseph Smith dit à Brigham Young qu’il était bien
décidé à aller de l’avait même si
cela devait lui coûter la vie, parce que « c’est
l’œuvre de Dieu, et il a révélé ce
principe, et ce n’est pas à moi de le censurer ou de le
dicter » (Discours de Brigham Young, 8 oct. 1866, Archives
de l’Église).
Ce ne fut pas non plus
aveuglément ou simplement parce que Joseph Smith l’avait
dit que d’autres contractèrent le mariage plural, en
dépit des précédents bibliques. Les récits
personnels confirment que la plupart de ceux qui contractèrent
le mariage plural à Nauvoo connurent une crise de la foi qui
ne fut résolue que par un témoignage spirituel
personnel. Ceux qui participèrent ne le firent généralement
qu’après avoir été rassurés et y
voyaient un devoir religieux.
Même les plus
proches de Joseph Smith furent choqués par la révélation.
Lorsqu’il apprit l’existence du mariage plural, Brigham
Young dit qu’il enviait le cadavre d’un cortège
funèbre et qu’il lui fallut longtemps pour s’en
remettre (voir JD 3:266). Hyrum Smith, frère du prophète,
résista obstinément à la possibilité même
jusqu’à ce que les circonstances le forcent à
s’adresser au Seigneur pour comprendre. Tous deux enseignèrent
plus tard le principe à d’autres. Emma Smith vacillait,
se répandant un jour en injures contre lui et donnant le
lendemain son consentement pour que Joseph soit scellé à
une autre épouse (voir les commentaires d’Orson Pratt,
JD 13:194).
Le fait de devoir
enseigner le nouveau mariage et les nouvelles dispositions familiales
là où les principes ne pouvaient pas être traités
ouvertement ne faisait que multiplier les problèmes. Ceux qui
étaient autorisés à enseigner la doctrine
mettaient l’accent sur les alliances, les obligations et les
responsabilités strictes qui s’y rattachaient –
l’antithèse de la licence. Mais ceux qui ne faisaient
qu’entendre les rumeurs ou qui avaient choisi de déformer
l’enseignement imaginaient souvent et parfois pratiquaient
quelque chose de tout à fait différent. John C.
Bennett, maire de Nauvoo et conseiller de Joseph Smith, était
de ceux-là et il déforma l’enseignement à
son propre avantage. Profitant des rumeurs et du manque de
compréhension parmi les membres de l’Église en
général, il enseigna une doctrine d’ « épouses
spirituelles ». Ses comparses et lui cherchèrent à
avoir des rapports sexuels illicites avec des femmes en leur disant
qu’ils étaient mariés « spirituellement »
même s’ils n’avaient jamais été
mariés officiellement et que le prophète approuvait cet
arrangement. Le scandale Bennett eut comme conséquence son
excommunication et la défection de plusieurs autres. Bennett
voyagea alors dans tout le pays, parlant contre les saints des
derniers jours et publiant une dénonciation violente et
antimormone accusant les saints de libertinage.
Le scandale Bennett fut à
l’origine de plusieurs déclarations publiques visant à
armer les saints contre les mauvais traitements. Deux ans plus tard,
des ennemis et des dissidents, dont certains avaient fréquenté
Bennett, publièrent le Nauvoo Expositor pour démasquer,
entre autres, le mariage plural, déclenchant ainsi les
événements qui aboutirent à la mort de Joseph
Smith (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith).
Or, loin d’impliquer
le libertinage, le mariage plural était un système
soigneusement réglementé et ordonné. L’ordre,
les accords mutuels, la régulation et les alliances étaient
au centre de la pratique. Comme l’écrivit Parley P.
Pratt en 1845: « Ces ordonnances saintes et sacrées
n’ont rien à voir avec l’impudicité, les
relations illégitimes, la confusion ou le crime ; mais
tout le contraire. Elles ont des lois, des limites et des frontières
de la manière la plus stricte, et seuls ceux qui ont le cœur
pur, les strictement vertueux ou ceux qui se repentent et deviennent
tels, sont dignes d’y prendre part. Et… une condamnation
sévère attend ceux qui les pervertissent ou en font
mauvais usage » [The Prophet, 24 mai 1845 ; cf. D&A
132:7].
Le Livre de Mormon montre
bien que même si le Seigneur commande à des hommes par
ses prophètes de vivre la loi du mariage plural à des
moments précis pour des buts qui lui sont propres, la
monogamie est la règle générale (Jcb. 2:28-30) ;
la polygamie non autorisée était et est considérée
comme de l’adultère. Une autre sauvegarde était
que les mariages pluraux autorisés ne pouvaient être
accomplis que par le pouvoir de scellement administré par
l’autorité présidente de l’Église
(D&A 132:19).
Une fois que les saints
eurent quitté Nauvoo, le mariage plural fut pratiqué
ouvertement. À Winter Quarters, par exemple, les commentaires
sur le principe étaient un « secrets de
Polichinelle » et les familles plurales étaient
reconnues. Dès 1847, les gens qui visitaient l’Utah
parlaient de la pratique. Malgré cela, peu de nouveaux
mariages pluraux furent autorisés en Utah avant l’achèvement,
en 1855, de la Maison des Dotations à Salt Lake City.
Une fois les saints bien
installés dans le Grand Bassin, Brigham Young annonça
publiquement la pratique et publia la révélation sur le
mariage éternel. Sous sa direction, le dimanche 29 août
1852, Orson Pratt commenta et défendit publiquement la
pratique du mariage plural dans l’Église. Après
avoir examiné les précédents bibliques (Abraham,
Jacob, David et d’autres), frère Pratt déclara
que l’Église, comme héritière des clefs
autrefois requises pour que les mariages pluraux soient approuvés
par Dieu, était tenue d’accomplir ce genre de mariage
parce que cela faisait partie du Rétablissement. Il proposa
des raisons à cette pratique et mentionna plusieurs avantages
possibles (voir JD 1:53-66), un précédent suivi plus
tard par d’autres. Mais ces commentaires venaient après
le fait et n’en étaient pas la justification. Les saints
des derniers jours pratiquèrent le mariage plural parce qu’ils
croyaient que Dieu le leur commandait.
D’une manière
générale, le mariage plural ne comportait que deux
épouses et rarement plus de trois ; les familles plus
nombreuses comme celles de Brigham Young ou de Heber C. Kimball
étaient des exceptions. Parfois les épouses
partageaient simplement les maisons, chacune ayant sa propre chambre
à coucher, ou vivaient dans un système « duplex »,
chacune avec une moitié de la maison identique à
l’autre. Dans d’autres cas, les maris construisaient des
maisons séparées pour leurs épouses, parfois
dans des localités séparées. Bien que les
circonstances et les mécanismes de la vie de famille fussent
divers, en général le mode de vie était
simplement une adaptation de la famille américaine du XIXe
siècle. Les mariages polygames étaient semblables aux
normes nationales pour ce qui est des taux de fertilité et de
divorce. Les épouses d’un mari tissaient souvent de
forts liens d’amour entre elles ; cependant, de profondes
antipathies pouvaient également apparaître entre
épouses.
En butte à une
campagne nationale contre la polygamie, les femmes de l’Église
étonnèrent leurs sœurs de l’Est des
États-Unis qui assimilaient la polygamie à l’oppression
des femmes, en faisant des manifestations publiques en faveur de leur
droit de vivre le mariage plural en tant que principe religieux. À
en juger par les prédications, les femmes étaient au
moins aussi disposées à contracter le mariage plural
que les hommes. Au lieu d’exhortations publiques invitant les
femmes à contracter le mariage plural, on en trouve beaucoup
invitant les hommes dignes à « faire leur devoir »
et à entreprendre de prendre soin d’une épouse
plurale et d’enfants supplémentaires. Bien que certains
fussent réticents à accepter une telle responsabilité,
beaucoup répondirent et cherchèrent une autre épouse.
Il n’était pas rare qu’une épouse prenne
l’initiative et insiste que son mari prenne une autre femme ;
par contre, dans d’autres cas, un premier mariage se dissolvait
parce que le mari insistait pour se marier de nouveau.
Comme pour les familles
en général, certaines familles plurales fonctionnaient
mieux que d’autres. Des détails anecdotiques et les
enfants sains provenant de beaucoup de ménages pluraux
témoignent que certains fonctionnaient très bien. Mais
certaines épouses plurales n’aimaient pas l’arrangement.
Les plaintes les plus courantes des deuxième et troisième
épouses venaient de ce que le mari se montrait trop peu
sensible aux besoins des familles plurales ou ne les traitait pas de
manière égale. Il n’était pas rare que les
épouses se plaignent que le mari passait trop peu de temps
avec elles. Mais lorsque les maris distribuaient consciencieusement
une même quantité de temps et que les épouses
acquéraient un amour et un respect profonds entre elles, les
enfants grandissaient comme membres de grandes familles harmonieuses.
Le mariage plural a
contribué à façonner l’attitude de
l’Église vis-à-vis du divorce dans l’Utah
pionnier. Bien que Brigham Young détestât le divorce et
le déconseillât, quand des femmes demandaient le
divorce, il l’accordait généralement. Il estimait
qu’une femme piégée dans une relation impossible
sans solution de rechange méritait une chance d’améliorer
sa vie. Mais quand un mari demandait à être dispensé
de ses responsabilités familiales, le président Young
lui recommandait systématiquement de faire son devoir et de ne
pas vouloir divorcer de toute épouse disposée à
le supporter.
Contrairement aux
caricatures d’une presse mondiale hostile, le mariage plural
n’a pas eu comme conséquence une progéniture aux
capacités réduites. Des hommes et des femmes normaux
sont sortis de foyers pluraux et leurs descendants sont des gens
éminents dans tout l’Intermountain West. Certains
observateurs pensent que les responsabilités supplémentaires
qui tombaient tôt sur certains enfants dans de tels ménages
ont contribué aux réalisations exceptionnelles qui
allaient être les leurs. Le mariage plural a aussi aidé
beaucoup d’épouses. La flexibilité des ménages
pluraux a contribué au grand nombre de femmes accomplies de
l’Église qui ont été des pionnières
dans la médecine, la politique et d’autres carrières
publiques. En fait, le mariage plural a permis aux épouses de
faire une carrière professionnelle qui ne leur aurait sinon
pas été accessible.
Le pourcentage exact de
saints des derniers jours qui ont participé à la
pratique n’est pas connu, mais les études permettent
d’estimer qu’un maximum de 20 à 25 pour cent
d’adultes de l’Église étaient membres de
ménages polygames. À son point culminant, le mariage
plural n’a probablement impliqué que le tiers des femmes
parvenant à l’âge du mariage, bien que parmi les
dirigeants de l’Église le mariage plural ait été
la norme pendant un certain temps. L’opposition publique à
la polygamie a mené, en 1862, à la première loi
contre la pratique et, dans les années 1880, les lois furent
de plus en plus punitives. L’Église contesta la
constitutionnalité de ces lois, mais la Cour suprême
soutint la législation (voir Reynolds contre les États-Unis),
ce qui déboucha sur une campagne antipolygame fédérale
dure et efficace que les saints des derniers jours appelèrent
« le Raid ». Maris et femmes se réfugièrent
dans la « clandestinité » et des
centaines furent arrêtés et condamnés à
des peines de prison en Utah et dans plusieurs prisons fédérales.
Cette campagne eut un impact désastreux sur les familles
concernées et l’attaque menée en parallèle
contre l’organisation et les biens de l’Église
diminua considérablement sa capacité de fonctionner
(voir Histoire de l’Église : 1878-1898, fin de la
période pionnière d’Utah). Après une
vision lui montrant que continuer le mariage plural mettait en danger
les temples et la mission de l’Église, et pas simplement
l’accès de l’Utah au rang d’état, le
président Wilford Woodruff publia le Manifeste en octobre
1890, annonçant la fin officielle à de nouveaux
mariages pluraux et facilitant la résolution pacifique finale
du conflit.
Les familles polygames
déjà existantes continuèrent à exister
jusque dans le vingtième siècle, causant encore
d’autres problèmes politiques pour l’Église
et les nouveaux mariages pluraux ne cessèrent pas entièrement
en 1890. Après avoir vécu le principe pendant un
demi-siècle au prix de certains sacrifices, beaucoup de saints
des derniers jours dévots trouvèrent que mettre fin au
mariage plural était une épreuve presque aussi complexe
que l’avait été sa création dans les
années 1840. Dans les années 1890, certains nouveaux
mariages pluraux furent contractés dans les colonies de saints
au Canada et dans le nord du Mexique et quelques-uns ailleurs. Comme
l’attention nationale était de nouveau attirée
sur la pratique au début des années 1900 pendant
l’enquête relative au Député-élu
B.H. Roberts et les travaux de la commission sénatoriale
concernant le Sénateur-élu Reed Smoot (voir Procès
Smoot), le président Joseph F. Smith publia son « Second
Manifeste » en 1904. Depuis lors, la politique de l’Église
est d’excommunier systématiquement quiconque pratique ou
préconise ouvertement la pratique de la polygamie. Ceux qui le
font aujourd’hui, principalement les membres des groupes
fondamentalistes, le font en dehors de l’Église.
Bibliographie
Bachman, Danel W. "A
Study of the Mormon Practice of Plural Marriage before the Death of
Joseph Smith." M.A. thesis, Purdue University, 1975.
Bashore, Melvin L. "Life
Behind Bars : Mormon Cohabs of the 1880s." Utah Historical
Quarterly 47 (Winter 1979) : 22-41.
Bennion, Lowell ("Bell’).
"The Incidence of Mormon Polygamy in 1880: ‘Dixie’
versus Davis Stake." Joumal of Mormon History Il (1984) :
27-42.
Bitton, Davis. "Mormon
Polygamy : A Review Article." Journal of Mormon History 4
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1987.
Foster, Lawrence.
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Oneida Community. Oxford, 1981.
James, Kimberly Jensen.
"‘Between Two Fires’ : Women on the
‘Underground’ of Mormon Polygamy." Joumal of Mormon
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Van Wagoner, Richard S.
Mormon Polygamy : A History. Salt Lake City, 1986.
Whittaker, David J.
"Early Mormon Polygamy Defenses." Journal of Mormon History
Il (1984) : 43-63.
DANEL W. BACHMAN
RONALD K, ESPLIN
Messie
Auteur :
GALBRAITH, DAVID B.
Messie est un terme
hébreu signifiant « oint ». L'équivalent
grec est christos, d'où le nom Christ. Jésus, le nom du
Sauveur donné par Dieu (Mt. 1:21), dérive de l’hébreu
Yechoua ou Yehochoua (ou Josué, comme on le trouve
généralement en français), d'une racine
signifiant « sauver ». Avec les autres
chrétiens, les saints des derniers jours sont d'accord pour
dire que dans le nom Jésus-Christ se trouve implicitement la
doctrine qu'il est le Messie, l’Oint qui sauve.
Comme le Nouveau
Testament, le Livre de Mormon identifie clairement Jésus comme
étant le Messie (1 Né. 10:4-17 ; 2 Né.
25:16-20 ; Hél. 8:13-17). Il déclare également
qu'une connaissance du Messie a existé « depuis le
commencement du monde » (1 Né. 12:18 ;
Mos. 13:33-35) et prophétise des détails de sa vie et
de sa mission. Par exemple, le Messie apparaîtrait dans un
corps (1 Né. 15:13), son nom serait Jésus-Christ
(2 Né. 25:19 ; Mos. 3:8) et il serait baptisé
comme exemple d'obéissance (2 Né. 31:4-9). En
outre, des signes accompagneraient sa naissance, sa mort et sa
résurrection (2 Né. 26:3 ; Hél.
14:2-8, 20-28). Il serait mis à mort et ressusciterait d’entre
les morts, réalisant la résurrection (1 Né.
10:11 ; 2 Né. 2:8). Au dernier jour, il apparaîtra
en puissance et en gloire (2 Né. 6:14) pour régner
comme roi et législateur (D&A 45:59 ; 1 Ti. 6:14-15).
[Voir aussi Jésus-Christ, noms et titres de.]
DAVID B. GALBRAITH
Messie :
Concept et espérance messianiques
Auteur :
OGDEN, D. KELLY
C’est un point de
doctrine chez les saints que la connaissance du rôle de
Jésus-Christ en tant que Messie existe sur la terre depuis le
commencement. Dieu a instruit Adam et Ève au sujet du Messie
qui rachèterait l'humanité. Appelé « Fils
unique » et « Fils de l'Homme »,
même son nom Jésus-Christ a été révélé
(Moï. 5:7-11 ; 6:52-57) Ce sont là, naturellement,
des mots francisés signifiant « Sauveur Oint ».
Dieu a également enseigné à Hénoc que le
« Messie, le roi de Sion » mourrait sur une
croix (Moï. 7:53-55).
D'autres sources montrent
clairement que le peuple hébreu croyait en un rédempteur,
bien que les détails varient. La Bible parle de lui à
l’aide d’images telles que « le berger, le
rocher d'Israël » (Ge. 49:24), « une
pierre éprouvée » ou « une
pierre… solidement posée » (És.
28:16), le « rameau… d’Isaï »
et le « rejeton » (És. 11:1 ; Jé.
33:15-16). Il est aussi appelé Rédempteur, Saint
d'Israël, Sauveur, Seigneur des armées, le Premier et le
Dernier (És. 43:1-15 ; 44:6), et même un serviteur
(És. 42:1 ; 49:3 ; 50:10 ; 52:13).
Puisque la prophétie
biblique utilise l’image de la royauté, certains ont cru
qu’à sa première venue, le Messie les sauverait
de la servitude politique. Jacob prédit que le Schilo
viendrait, et que le peuple irait à lui (Ge. 49:10). Moïse
prophétise : « Un astre sort de Jacob, un
sceptre s’élève d’Israël »
(No. 24:17). Ésaïe voit naître un enfant et « la
domination reposera sur son épaule…. de
l'accroissement… une paix sans fin au trône de David et
à son royaume » (És. 9:6-7). Michée
écrit que de Bethlehem « sortira pour moi Celui qui
dominera sur Israël » (Michée 5:2). Jérémie
voit que « Il régnera en roi… il pratiquera
la justice et l’équité » (Jé.
23:5). Cependant, les prophéties royales comme celles-là
concernant un roi, un souverain, allaient s’accomplir dans le
rôle éternel du Messie plutôt que dans son rôle
terrestre.
Les prophètes ont
planté les semences de la croyance en un Messie, des semences
qui fleuriraient bien plus tard. Les manuscrits de la mer Morte
révèlent l’espérance en deux Messies qui
mèneraient un renouveau religieux. L'exemple de Judas Maccabée
(m. 160 av. J.-C.), renversant les Grecs et rétablissant
l'indépendance juive, a engendré l'espoir au début
de la période romaine (63 av. J.-C.- 70 apr. J.-C.) qu'un
Messie délivrerait la nation juive. Bien que les images de
royauté et de bataille dans la Bible aient été
interprétées comme signifiant la délivrance
politique, ces images portaient sur le salut spirituel. Jésus
a dit : « Mon royaume n'est pas de ce monde »
(Jn. 18:36).
Le titre Messie (machiah
en hébreu, christos en grec) signifie « l’oint ».
Chez les anciens Israélites, les personnes mises à part
pour l’œuvre de Dieu étaient ointes d'huile,
notamment les prophètes, les prêtres et les rois. Jésus,
citant une prophétie messianique d'Ésaïe (61:1),
dit à ses auditeurs à Nazareth : « L'Esprit
du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne
nouvelle… pour guérir ceux qui ont le cœur brisé,
pour proclamer aux captifs la délivrance » (Lu.
4:18).
Ésaïe dit du
« serviteur » qu'il sera frappé (És.
50:6), même « blessé pour nos péchés,
brisé pour nos iniquités » mais « il
a intercédé pour les coupables » (53:3-5,
12). Zacharie ajoute qu'il sera blessé dans la maison de ses
amis (Za. 12:10 ; 13:6-7). Les auteurs du Nouveau Testament
comprenaient également que Jésus devait souffrir avant
d'entrer dans sa gloire (par exemple, Lu. 24:26 ; Ac. 3:18).
Dans tout son ministère,
Jésus a clairement compris qu’il était le Messie
(cf. 3 Né. 15:20-23). Par exemple, quand la Samaritaine
reconnaît : « Je sais que le Messie doit
venir », Jésus répond : « Je
le suis, moi qui te parle » (Jn. 4:25-26). Peter déclare :
« Tu es le Christ [Messie] » (Mt. 16:16) ;
et André, frère de Pierre, annonce : « Nous
avons trouvé le Messie » (Jn. 1:41). On rapporte
que même les démons disent : « Tu es le
Christ, le Fils de Dieu » (par exemple, Lu. 4:41).
La description que fait
la Bible d'un Messie mortel méprisé plutôt que
gouvernant, rejeté plutôt que régnant est
amplifiée dans le Livre de Mormon. Comme son sous-titre
moderne l’indique, le Livre de Mormon est un autre témoignage
de Jésus-Christ ou de Jésus le Messie. Les auteurs du
Livre de Mormon enseignent que tous les prophètes ont parlé
du Messie (Jcb. 7:11 ; Mos. 13:33). Vers 600 av. J.-C., Léhi
enseignait que « la rédemption vient dans et par
l'intermédiaire du saint Messie… Voici, il s'offre en
sacrifice pour le péché… afin de réaliser
la résurrection des morts » (2 Né.
2:6-10).
Néphi 1 écrit
que puisque tous sont dans un état déchu, ils doivent
s’appuyer sur le Messie, le Rédempteur. Il a appris que
le Fils de Dieu était disposé à venir en tant
que Messie, prêcher l'Évangile, donner l’exemple
d’une vie juste et être mis à mort pour les péchés
de tous (1 Né. 10:4-6, 11 ; 11:26-33 ; 19:9 ;
2 Né. 25:11-19 ; 31:9-16).
Le roi Benjamin explique
que Jésus-Christ viendra du ciel pour demeurer dans un corps
mortel, « accomplissant de grands miracles, tels que
guérir les malades… Et il chassera les démons »
et subira les tentations et la fatigue. Même du sang lui
sortira « de chaque pore, si grande sera son angoisse pour
la méchanceté et les abominations de son peuple. »
Et on dira qu’il n’est qu’un homme et que « il
a un démon, et on le flagellera, et on le crucifiera »
(Mos. 3:5-10).
Alma le Jeune dit à
propos du ministère du Messie : « Et il ira,
subissant des souffrances, et des afflictions, et des tentations de
toute espèce… Et il prendra sur lui la mort, afin de
détacher les liens de la mort qui lient son peuple ; et
il prendra sur lui ses infirmités… afin qu'il sache,
selon la chair, comment secourir son peuple selon ses
infirmités. »
(Al. 7:11-12).
Plus de cinq siècles
avant la naissance du Christ, Jacob écrivait : « Car
c'est dans ce but que nous avons écrit ces choses, afin qu'ils
sachent que nous avions connaissance du Christ et que nous avions
l'espérance de sa gloire bien des centaines d'années
avant sa venue ; et non seulement nous avions nous-mêmes
l'espérance de sa gloire, mais aussi tous les saints prophètes
qui ont été avant nous. » (Jcb. 4:4).
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The
Promised Messiah. Salt Lake City, 1978.
D. KELLY OGDEN
Miracles
Auteur :
HEDENGREN, PAUL C.
Un miracle est un
événement bénéfique causé par la
puissance divine que les mortels ne comprennent pas et qu’ils
ne peuvent pas reproduire par eux-mêmes. Les membres de
l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours
croient que les miracles existent parce qu’ils croient en
l'existence de Dieu et en son pouvoir et sa bonté.
Tout comme un berger
s’occupe de ses troupeaux, veille sur eux et utilise son
pouvoir pour les aider, Jésus-Christ a utilisé son
pouvoir et sa connaissance pour aider les autres quand il était
sur terre. Par exemple, quand le vin est venu à manquer lors
des noces de Cana, Jésus, à la demande de sa mère,
a fourni miraculeusement du vin (Jn. 2:1-10). Ce geste était
le fait de son amour et de sa compassion, mais nous ne comprenons pas
comment il s’y est pris pour changer l'eau en vin et les hommes
ne peuvent pas reproduire cela par eux-mêmes. C’est pour
cela qu’on le qualifie de miracle. Parmi les nombreux autres
exemples de résultats bénéfiques des miracles
accomplis par Jésus il y a la résurrection du fils de
la veuve de Naïn (Lu. 7:11-16), la purification des dix lépreux
(Lu. 17:12-19) et le recouvrement de la vue de l'aveugle à
Bethsaïda (Mc. 8:22-26).
Les saints des derniers
jours apprécient les miracles à cause de leur caractère
salutaire. Comme le dit le Livre de Mormon : « C'est
ainsi que Dieu a fourni à l'homme le moyen d'accomplir, par la
foi, de grands miracles ; et c'est pourquoi il devient un grand
bienfait pour ses semblables » (Mos. 8:18). Bien que Dieu
provoque des événements merveilleux pour le bien de
l'humanité, on sait que toutes les manifestations spirituelles
ne viennent pas nécessairement de Dieu (EPJS, p. 163-172 ;
Ap. 13:13-14 ; voir aussi Signes, Recherche de).
La foi est considérée
comme nécessaire pour susciter l’intervention divine en
faveur de ceux qui sont dans le besoin. Par exemple, comme le
remarque Alma le Jeune, prophète du Livre de Mormon, le
liahona, une sorte de compas, a été donné à
Léhi et à son groupe d'émigrants pour diriger
leurs déplacements vers une nouvelle terre promise. « Et
il marchait pour eux selon leur foi en Dieu ; c'est pourquoi,
s'ils avaient la foi pour croire que Dieu pouvait faire que ces
aiguilles indiquent le chemin qu'ils devaient suivre, voici, cela se
faisait ; c'est pourquoi ils voyaient, jour après jour,
ce miracle et aussi beaucoup d'autres miracles s'accomplir par le
pouvoir de Dieu » (Al. 37:40).
Dieu désire faire
du bien à ses enfants et il le fait parfois d’une
manière qui exige la manifestation d’un pouvoir
extraordinaire. Il n’est retenu que par leur manque de foi.
L'absence de miracles est donc la preuve d’un manque de foi
parmi ses enfants, « car c'est par la foi que les miracles
s'accomplissent ; et c'est par la foi que les anges apparaissent
aux hommes et les servent ; c'est pourquoi, si ces choses ont
cessé, malheur aux enfants des hommes, car c'est à
cause de l'incrédulité, et tout est vain »
(Mro. 7:37). « Car s'il n'y a pas de foi parmi les enfants
des hommes, Dieu ne peut faire aucun miracle parmi eux ; c'est
pourquoi, il ne s'est montré qu'après leur foi »
(Ét. 12:12).
Quand les fidèles
reçoivent une bénédiction de Dieu,
particulièrement une qui nécessite une manifestation de
son pouvoir extraordinaire, il convient qu’ils aient de la
gratitude envers Dieu pour la bénédiction (D&A
46:32). Les manifestations du pouvoir extraordinaire de Dieu ne se
produisent habituellement qu’une fois que l’on a la foi
et ne créent pas nécessairement celle-ci (cf. Ét.
12:7) ; il ne convient donc pas d’étaler en public
des expériences aussi sacrées comme démonstration
de sa croyance religieuse. La recherche de manifestations du pouvoir
extraordinaire du divin pour susciter la foi est considérée
comme une recherche de signes inacceptable.
Le Seigneur dit à
propos des dons miraculeux de l’Esprit qui sont accordés
aux justes : « Car en vérité, je vous
le dis, ils sont donnés pour le profit de ceux qui m'aiment et
qui gardent tous mes commandements, et de celui qui cherche à
faire ainsi ; afin que puissent en profiter tous ceux qui
cherchent ou qui me demandent, qui demandent, mais pas pour avoir un
signe dans le but de satisfaire leurs passions… Et tous ces
dons viennent de Dieu pour le profit des enfants de Dieu »
(D&A 46:9, 26).
Un don miraculeux
particulièrement apprécié est la guérison
des malades. Cela ne veut cependant pas dire que toutes les âmes
fidèles qui sont malades guériront, car le Seigneur a
dit : « Et tous ceux d'entre vous qui sont malades et
n'ont pas la foi pour être guéris, mais croient, seront
nourris en toute tendresse avec des herbes et une nourriture légère…
Et les anciens de l'Église, deux ou plus, seront appelés,
prieront pour eux et poseront les mains sur eux en mon nom. S'ils
meurent, ils mourront pour moi, et s'ils vivent, ils vivront pour
moi » (D&A 42:43-44). Ainsi, bien que les malades
puissent être guéris (D&A 46:19), si cela ne se
produit pas, ils doivent être soignés par tous les
moyens prudents, notamment ceux qui sont proposés par la
médecine moderne. Les anciens de l'Église accomplissent
cette ordonnance de l'imposition des mains aux malades, comme les
Écritures le prescrivent (cf. Ja. 5:14-15 ; D&A
46:20), et la guérison ou d'autres bénédictions
sont alors accordées selon la volonté de Dieu.
L’expérience
personnelle d’un miracle peut confirmer la foi des
bénéficiaires. Elle peut, en outre, donner à
d'autres une confiance accrue dans les histoires de miracles
rapportées dans les Écritures.
De tous les dons
miraculeux de Dieu accordés à ses enfants, celui qui
apporte le plus grand bien est l'expiation de Jésus-Christ.
Par des pouvoirs et des moyens que ne comprennent pas les simples
mortels, Jésus a pu prendre sur lui les péchés
du monde et permettre à chacun, par le repentir, d’échapper
aux souffrances sinon inévitables du péché et à
la condamnation à la mort, et de retourner ainsi en la
présence de Dieu. « Car voici, moi, Dieu, j'ai
souffert ces choses pour tous afin qu'ils ne souffrent pas s'ils se
repentent… Et ces souffrances m'ont fait trembler de douleur,
moi, Dieu, le plus grand de tous, et elles m'ont fait saigner à
chaque pore et m'ont fait souffrir de corps et d'esprit »
(D&A 19:16, 18). Le miracle du pardon et la merveille de la
résurrection sont véritablement sublimes.
Bibliographie
Kimball, Spencer W. Faith
Precedes the Miracle, chap. 1. Salt Lake City, 1972.
PAUL C. HEDENGREN
Mormon
Auteur :
ROUNDY, PHYLLIS ANN
Mormon est un prophète,
auteur et dernier commandant militaire néphite (vers 310-385
apr. J.-C.). Le Livre de Mormon porte son nom parce qu'il a été
le principal auteur-abréviateur des plaques d'or dont il a été
traduit. Les expériences de sa jeunesse le préparent à
devenir prophète : il apprend « la science de
[son] peuple », est « un enfant sérieux »
et « rapide à observer » et, dans sa
quinzième année, est « visité par le
Seigneur » (Mrm. 1:2, 15). À seize ans, il devient
général de toutes les armées néphites et
réussit en grande partie à préserver son peuple
de la destruction jusqu'en 385 apr. J.-C., quand quasiment tous sauf
son fils Moroni 2 sont détruits dans les batailles avec les
Lamanites (6:8-15 ; 8:1-3). Comme gardien des annales néphites,
Mormon abrège les grandes plaques de Néphi, les relie
avec les petites plaques de Néphi et y ajoute sa propre brève
histoire (Pa. 1:1-5 ; Mrm. 1:1). Avant sa mort, il cache dans la
colline Cumorah les annales qui lui ont été confiées,
« sauf ces quelques plaques que [qu’il donne] à
[s]on fils Moroni » (Mrm. 6:6). Le prophète Joseph
Smith reçut et traduisit l'abrégé de Mormon, les
petites plaques de Néphi et quelques autres documents, et les
édita en 1830 sous le titre Livre de Mormon.
Mormon aura surtout été
un prophète pour son peuple, l’exhortant à se
repentir et à être baptisé au nom de Jésus,
et de se saisir de l'Évangile du Christ » (Mrm.
7:8). Il lui enseigne qu'il est « un reste de la postérité
de Jacob » (7:10) et pourra avoir les bénédictions
d'Israël s'il vit de manière à les mériter.
Il souligne aussi la relation de soutien mutuel de la Bible et du
Livre de Mormon : « Car voici, ceci [le Livre de
Mormon] est écrit dans l'intention que vous croyiez cela [la
Bible] ; et si vous croyez cela, vous croirez ceci aussi »
(7:9).
Moroni 2, fils de Mormon,
terminera les annales, notamment l’un des discours de Mormon et
deux de ses épîtres dans son propre livre de Moroni. Le
discours de Mormon sur la foi, l'espérance et la charité
(Mro. 7) enseigne que la charité, la plus grande de ces trois
vertus, est « l'amour pur du Christ, et elle subsiste à
jamais ; et tout ira bien pour quiconque sera trouvé la
possédant au dernier jour » (7:47). Une des lettres
de Mormon (Mro. 8) condamne le baptême des petits enfants qu’il
dénonce comme une pratique qui nie l'expiation de
Jésus-Christ, disant que « c'est une moquerie
solennelle devant Dieu que vous baptisiez les petits enfants »
(8:9). Au contraire, les petits enfants n'ont pas besoin de se
repentir, mais « sont vivants dans le Christ depuis la
fondation du monde » (8:12). Dans l'autre épître
(Mro. 9) Mormon note que la destruction des Néphites est un
châtiment juste de leur méchanceté, qui est si
grave qu'il ne peut les « recommander à Dieu, de
peur qu'il ne [le] frappe » (9:21).
Abréviateur des
annales néphites, Mormon a accès à une véritable
bibliothèque de documents gravés et il va lui être
commandé de faire un abrégé des grandes plaques
de Néphi pour que Lamanites, Juifs, et Gentils modernes
puissent connaître les alliances du Seigneur et ce qu'il a fait
pour leurs ancêtres et soient ainsi convaincus que Jésus
est le Christ (voir Livre de Mormon : Page de titre du Livre de
Mormon). En faisant son abrégé, Mormon fait souvent
remarquer qu'il ne pourrait pas inclure ne serait-ce qu’une
centième partie de ses sources (par exemple, Hél.
3:14). Il recherche régulièrement l'occasion de tirer
des leçons spirituelles du cours des événements
vécus par son peuple. L'expression « et nous voyons
ainsi que » présente fréquemment l’une
des observations interprétatives de Mormon (cf. Hél.
3:27-30). L’un des passages les plus importants écrits
de sa main apparaît dans Hélaman 12 où il propose
des idées très convaincantes sur le caractère
souvent vain et inconstant de la nature humaine, particulièrement
en réponse à la prospérité matérielle.
En tant qu'auteur, Mormon
exprime ses sentiments, affligé de devoir vivre dans une
société perverse (Mrm. 2:19), et admet avoir aimé
son peuple et avoir prié pour lui (3:12), mais qu’il a
enfin perdu tout espoir (5:2). Il mesure la civilité par le
sort réservé aux femmes et aux enfants (4:14, 21),
cherchant à les unir aux maris et aux pères même
dans les pires situations (6:2, 7). Quand les derniers Néphites
tombent, il écrit une lamentation intense en souvenir d’eux
(6:16-22).
En tant que général
des armées néphites (Mrm. 2-6), Mormon s’efforcera,
pendant quelque cinquante-huit ans, de protéger son peuple de
la destruction par les Lamanites, mais il commencera ensuite à
les perdre d'abord à cause du péché et puis de
la mort (Mrm. 2:11-15). Néanmoins, il enseigne aux survivants
qu'ils seront épargnés s’ils se repentent et
obéissent à l'Évangile de Jésus-Christ,
« mais ce fut en vain, et il [le peuple] ne se rendait pas
compte que c'était le Seigneur qui l'avait épargné
et lui accordait une occasion de se repentir » (3:3). À
un moment donné, les Néphites deviennent si méchants
et endurcis que Mormon refuse de les mener au combat (3:11). Mais il
ne peut supporter de les voir périr et, bien qu'il n'ait aucun
espoir qu'ils puissent survivre, il se radoucit (5:1) et les dirige
dans leur dernière bataille à laquelle seuls lui, son
fils Moroni 2 et quelques autres survivent (8:2-3). Ce sera Moroni 2
qui finira les annales de son père (8:1).
Bibliographie
Holland, Jeffrey R.
"Mormon : The Man and the Book". Ensign 8, mars 1978,
p. 15-18 ; avril 1978, p. 57-59.
PHYLLIS ANN ROUNDY
Moroni
1
Auteur :
THORNE, MELVIN J.
Le premier Moroni
mentionné dans le Livre de Mormon (mort vers 56 av. J.-C.) a
vingt-cinq ans quand il est nommé capitaine des armées
néphites (Al. 43:16). Il défend la liberté des
Néphites contre les menaces que constituent les armées
d’envahisseurs et les « hommes-du-roi »
qui essaient de rétablir une monarchie par la force après
avoir échoué dans leur tentative d’obtenir
l'appui populaire. Moroni mobilise son peuple pour une lutte de sept
ans en brandissant « le titre de la liberté »,
une bannière sur laquelle il a écrit ses raisons de se
défendre et en invitant son peuple à faire alliance de
défendre sa liberté et d’obéir aux
commandements de Dieu (Al. 46:12-13, 20).
En dépit de
nombreuses batailles, Moroni ne deviendra pas sanguinaire. Il va agir
dans la légalité et, quand il obtient l'avantage sur
l’ennemi, il lui propose la liberté s'il dépose
les armes et fait serment de ne plus faire la guerre. Il crée
de nouvelles armes et de nouvelles fortifications et recherche les
directives d'un prophète sur ce que ses armées doivent
faire (Al. 43:23 ; voir aussi Livre de Mormon, histoire de la
guerre dans). Cinq cents ans plus tard, Mormon, principal rédacteur
et compilateur du Livre de Mormon, écrira : « Si
tous les hommes avaient été, et étaient, et
devaient être un jour semblables à Moroni, voici, les
puissances mêmes de l'enfer auraient été
ébranlées à jamais » (Al. 48:17).
Mormon ira jusqu’à donner son nom à son fils,
Moroni 2.
Moroni
2
Auteur :
PETERSON, H. DONL
Moroni 2 est le dernier
prophète et l’auteur du dernier livre du Livre de
Mormon. Sa vie couvre la dernière partie du IVe siècle
et le début du cinquième. Il est à la tête
d’une armée de dix mille hommes lors de la dernière
bataille contre les Lamanites sous la direction de son père
Mormon, commandant en chef. Avant la guerre finale, Mormon a abrégé
les plaques de Néphi qui couvrent mille ans de l'histoire de
son peuple. Il a commandé à Moroni de terminer les
annales néphites en écrivant « la triste
histoire de la destruction de [leur] peuple » (Mrm. 8:3)
et de préserver tous les écrits sacrés (Mro.
9:24).
Après avoir écrit
le post-scriptum demandé aux annales de son père et
avoir prophétisé sa découverte future (Mrm.
8-9), il y ajoute un abrégé d’inscriptions
jarédites antiques, les annales d’une nation qui avait
habité le continent américain pendant approximativement
1.700 ans avant l'arrivée des Néphites ou peut-être
en chevauchant leur arrivée (livre d'Éther). « Selon
la volonté du Seigneur », il ajoute enfin dix
chapitres de conclusion sur des ordonnances, des principes et des
pratiques religieuses, qu'il appelle le livre de Moroni.
Moroni parle avec une
assurance prophétique de la situation dans les derniers jours
parce que « Jésus-Christ vous a montrés à
moi, et je sais ce que vous faites » (Mrm. 8:35). Avec
ferveur, il proclame que le Christ est un Dieu de miracles qui est le
même à toutes les époques à moins que
l'incrédulité fasse cesser les miracles. Il parle avec
assurance de la divinité et des enseignements de Jésus-Christ
parce que « j'ai vu Jésus, et qu'il a parlé
face à face avec moi… comme un homme parle à un
autre, dans ma propre langue » (Éther 12:39).
Il note aussi les
prophéties du frère de Jared, un prophète
jarédite, qui a conduit sa colonie vers le Nouveau Monde. Ces
prophéties sont « scellées » pour
paraître un jour futur (Éther 4:1-7).
Sa dernière
inscription dans le Livre de Mormon a probablement été
faite vers 421 apr. J.-C., trente-six ans après la bataille
finale. Il finit alors d'écrire la page de titre du Livre de
Mormon et enterre les plaques du Livre de Mormon pour les préserver
pour une future génération.
Quatorze cents ans plus
tard, ce même Moroni, alors ressuscité et « envoyé
de la présence de Dieu », apparaîtra à
Joseph Smith, dix-sept ans, la nuit du 21 septembre 1823, et lui
parlera des annales sacrées déposées dans un
coffre en pierre dans une colline voisine (la colline Cumorah) dans
ce qui est maintenant le comté d'Ontario (New York), à
quelques kilomètres de chez Joseph dans l’arrondissement
de Manchester. Il lui apparaîtra plus de vingt fois pendant les
six années suivantes pour le former pour son appel comme
prophète et lui donner des conseils et des informations
concernant l’obtention, la traduction et la garde des plaques
du Livre de Mormon (Joseph Smith–Histoire 1:27-54).
Moroni est fréquemment
associé à l'Église parce qu’il est souvent
représenté sonnant de la trompette, manipulant les
plaques d'or ou instruisant Joseph Smith – par exemple sur les
flèches des temples, sur la couverture de plusieurs
impressions du Livre de Mormon et dans des peintures. La
représentation de Moroni avec une trompette est l'emblème
officiel sur les tombes des soldats mormons américains.
Moroni est couramment
représenté avec une trompette à cause d’une
interprétation d'une prophétie de Jean le Révélateur
dans laquelle il a vu un ange annonçant le retour de
l'Évangile éternel sur la terre dans les derniers
jours : « Je vis un autre ange qui volait par le
milieu du ciel, ayant un Évangile éternel, pour
l’annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, à
toute tribu, à toute langue, et à tout peuple. Il
disait d'une voix forte : Craignez Dieu, et donnez–lui
gloire, car l'heure de son jugement est venue ; et adorez celui
qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources
d'eaux »
[Ap. 14:6-7]. [Voir aussi Statue de l’ange Moroni.]
Bibliographie
Peterson, H. Donl.
Moroni : Ancient Prophet, Modern Messenger. Bountiful, Utah,
1983.
H. DONL PETERSON
Moroni,
Ange
Auteur :
ROMNEY, JOSEPH B.
L'ange Moroni est le
messager céleste qui a rendu visite au prophète Joseph
Smith en 1823. En tant que mortel appelé Moroni (2), c’est
lui qui a terminé la compilation et la rédaction du
Livre de Mormon. Il a exercé son ministère auprès
de Joseph Smith comme être ressuscité, en accord avec sa
responsabilité à l’égard du Livre de
Mormon, puisque « les clefs des annales du bois
d'Éphraïm » lui avaient été
confiées par le Seigneur (D&A 27:5). Conformément à
cette responsabilité, il apparaît à Joseph Smith
la nuit du 21 au 22 septembre 1823 (JS–H 1:29-49 ; D&A
128:20) et lui parlera ensuite lors de plusieurs nouvelles
apparitions jusqu'à ce que le livre soit publié en
1830. Pendant ce temps, il va instruire Joseph Smith, témoigner
aux trois témoins du Livre de Mormon et aider à l’œuvre
de rétablissement de l'Évangile.
À cause de son
rôle dans le rétablissement de l'Évangile éternel
qui doit être prêché au monde entier (cf. Ap.
14:6-7 ; D&A 133:31-39), l'Église a placé une
statue le représentant comme héraut du rétablissement
sur le temple de Salt Lake City et, plus tard, sur la colline Cumorah
près de Palmyra (New York) où il avait autrefois
enterré les plaques du Livre de Mormon. Des copies de la
statue ont été également été
placées sur les autres temples de l’Église [Voir
aussi Moroni – Statue de l’ange ; Moroni,
Visitations de.]
Moroni,
Visitations de
Auteur :
RICKS, ELDIN
De 1823 à 1829,
l'ange Moroni apparut au moins vingt fois à Joseph Smith et à
d'autres. Ces apparitions ouvrirent la voie à la traduction et
à la publication du Livre de Mormon et posèrent les
fondements de beaucoup des enseignements les plus caractéristiques
de l'Église. En tant que messager ressuscité de Dieu,
Moroni parla à Joseph Smith des annales néphites sur
plaques d'or et l'instruisit au sujet du rassemblement d'Israël,
de la visite future d'Élie, de l'imminence de la seconde venue
de Jésus-Christ et des jugements qui allaient se déverser
sur le monde avant cet événement.
Joseph Smith écrivit
à propos de l'apparition de Moroni, la nuit du 21 septembre
1823: « Après m'être mis au lit pour la nuit,
je commençai à prier et à supplier le Dieu
Tout-Puissant de me pardonner tous mes péchés et toutes
mes sottises et aussi de m'accorder une manifestation pour que je
connusse mon état et ma situation vis-à-vis de lui…
Tandis que j'étais ainsi occupé à invoquer Dieu,
je m'aperçus qu'une lumière apparaissait dans ma
chambre ; elle s'accrut jusqu'à ce que la chambre fût
plus claire qu'à l'heure de midi, et, tout à coup, un
personnage parut à mon chevet ; il se tenait dans les
airs… Il était vêtu d'une tunique ample de la
plus exquise blancheur, d'une blancheur qui surpassait tout ce que
j'avais jamais vu de terrestre… Il avait les mains nues, les
bras aussi, un peu au-dessus des poignets ; il avait également
les pieds nus et les jambes aussi, un peu au-dessus des chevilles. La
tête et le cou étaient nus également…
toute sa personne était glorieuse au-delà de toute
description » [JS–H 1:29-32].
L'ange se présenta
sous le nom de Moroni et, pendant qu'il parlait des annales néphites,
de leur contenu et des interprètes enterrés avec elles,
Joseph eut la vision de l’endroit où elles se trouvaient
dans la colline Cumorah. Moroni avertit Joseph qu’il ne devait
montrer les plaques ni les interprètes à qui que ce
soit excepté à ceux que le Seigneur désignerait.
Il cita aussi certaines prophéties de la Bible, notamment
Malachie 3-4, Ésaïe 11 et Actes 3:22-23.
Après le départ
de l'ange, Joseph resta couché à réfléchir
à cette expérience. Moroni revint et répéta
mot à mot tout ce qu’il avait dit lors de sa première
visite, ajoutant plus de détails sur les jugements à
venir, puis une troisième fois pour répéter ses
instructions et pour avertir Joseph qu'il devait mettre de côté
toute idée de richesse profane et se concentrer uniquement sur
la traduction des annales et l'établissement du royaume de
Dieu.
Joseph dit que quand
Moroni l’eut laissé pour la troisième fois, il
entendit le coq chanter, les visitations ayant occupé la nuit
entière. Il se leva et se rendit aux champs avec son père
et son frère aîné Alvin, mais se sentit fatigué
et faible. Son père, remarquant l'état de son fils, lui
dit de retourner à la maison. Tandis qu’il franchissait
une clôture, il tomba par terre sans connaissance.
La première chose
qu'il se rappela avoir vue, ce fut Moroni debout au-dessus de lui,
répétant ses instructions de la nuit précédente,
ajoutant que Joseph devait maintenant parler des visitations à
son père. Joseph s’exécuta et son père,
assuré que la vision venait de Dieu, dit à Joseph de
suivre les instructions de l'ange (JS–H 1:46-50).
Joseph Smith se rendit
alors à la colline et trouva l'endroit qui lui avait été
montré en vision la nuit précédente. Il dégagea
les plaques et était sur le point de les prendre quand Moroni
lui apparut de nouveau pour lui dire que le moment n’était
pas encore venu. Au lieu de cela, il commanda à Joseph de
retourner à cet endroit au même moment l'année
suivante et de continuer ainsi jusqu'à ce que le moment fût
venu d’obtenir les plaques (JS–H 1:51-54).
Il semblerait que,
pendant ces années, Joseph Smith reçut aussi des
visites de Mormon, de Néphi et d'autres « anges de
Dieu dévoilant la majesté et la gloire des événements
qui allaient se produire dans les derniers jours » (HC
4:537 ; cf. JD 17:374 ; Peterson, p. 131). Joseph raconta
certaines de ses expériences à sa famille. Sa mère,
Lucy Mack Smith, écrit : « À partir de
ce moment-là, Joseph continua à recevoir des
instructions du Seigneur et nous continuâmes à
rassembler les enfants chaque soir pour l'écouter nous en
parler… Il décrivait les anciens habitants de ce
continent, leurs habits, leur façon de se déplacer et
les animaux qu’ils montaient, leurs villes, leurs bâtiments,
avec tous les détails, leur façon de faire la guerre et
aussi leur culte religieux. Cela, il le faisait apparemment avec
autant de facilité que s’il avait passé sa vie
entière parmi eux » (p. 82-83).
Moroni reprit
temporairement les plaques et les interprètes lorsque Martin
Harris perdit les 116 premières pages de manuscrit de la
traduction. Plus tard, quand Joseph Smith quitta Harmony
(Pennsylvanie) pour Fayette (New York) en juin 1829, Moroni les lui
rendit là-bas (Smith, p. 149-150). Plus tard encore, il montra
les plaques aux trois témoins (HC 1:54-55), les reprit une
fois la traduction terminée (JS–H 1:60) et les remit
encore une fois brièvement à Joseph pour qu’il
les montre aux huit témoins (voir Livre de Mormon, Témoins).
En plus de Joseph et des
trois témoins, Mary Whitmer vit aussi l'ange et parla avec
lui. Elle dit que Moroni lui montra les plaques d'or quand elle
conversa avec lui (Peterson, p. 114, 116). Selon d'autres sources,
Moroni apparut également à W. W. Phelps, Heber C.
Kimball, John Taylor et Oliver Granger (Peterson, p. 151-152).
Mort
Auteur :
Gillespie, L. Kay
À
la mort, l'esprit et le corps se séparent et « les
esprits de tous les hommes, dès qu'ils quittent ce corps
mortel, oui, les esprits de tous les hommes, qu'ils soient bons ou
mauvais, sont ramenés auprès de ce Dieu qui leur a
donné la vie » (Alma 40:11 cf. Ecclésiaste
12:7). Alma le Jeune décrit comment les esprits des « justes
seront reçus dans un état de bonheur, qui est appelé
paradis, un état de repos, un état de paix, où
ils se reposeront de toutes leurs difficultés, et de tous les
soucis, et de toute tristesse » (Alma 40:12 ; voir
Paradis; Monde des esprits ). Par contraste, les méchants, qui
« ont choisi les œuvres mauvaises plutôt que
les bonnes », subissent la crainte de la colère de
Dieu (voir Alma 40:13). Ceux qui sont au paradis, comme ceux qui sont
dans la prison d’esprit, attendent la résurrection et le
jugement de Dieu (voir Prison d’esprit : Jugement, jour
du, final).
LA
RÉSURRECTION. Grâce à l'expiation du Christ, tous
les mortels seront ressuscités indépendamment de leur
justice personnelle. Leur esprit récupérera leur corps
physique : il y aura donc une unité permanente de
l'esprit avec un corps immortel incorruptible (Jean 5:28-29 ;
Alma 11:42-45 ). À l'exception de la résurrection du
Christ, « cette chair aurait dû se coucher pour
pourrir et se désagréger, et retourner à la
terre, sa mère, pour ne plus se relever » et les
esprits des hommes seraient devenus des démons, assujettis à
Satan pour l'éternité (2 Né 9:7-9 ).
NATURE
DE LA MORT. Les Écritures enseignent que la mort ne change pas
notre personnalité (Alma 34:34). L’identité de
chacun est éternelle (D&A 18:10 ; 93:29). Donc tous
ceux qui ont été obéissants aux commandements de
Dieu à n'importe quelle époque du monde peuvent
s'attendre à des retrouvailles avec leurs proches et à
la fréquentation de leurs ancêtres et de leurs
descendants. Les saints des derniers jours croient que la mort ne
doit pas forcément mettre fin à la conscience
personnelle ou aux relations entre personnes. Pour les justes, les
liens familiaux peuvent continuer au-delà de la mort grâce
aux scellements dans le temple. Ainsi, les membres de la famille qui
ont reçu l'Évangile dans la condition mortelle
recherchent leurs ancêtres et accomplissent les ordonnances par
procuration nécessaires dans le temple pour les membres de la
famille décédés (voir Temple, Ordonnances).
Beaucoup de saints des derniers jours se sentent proches de leurs
ancêtres des générations passées parce
qu'ils ont étudié leur vie et que certains les ont
représentés dans les ordonnances du temple (voir Moïse
6:45-46). Les parents affligés savent que les enfants qui
meurent avant l'âge de responsabilité et d'autres tels
que les handicapés mentaux, reçoivent l'amour et le
salut éternels par la grâce du Christ et retrouvent une
plénitude pour continuer leurs relations familiales (Mro.
8:17, 22 ; D&A 137:10 ).
Néanmoins, les saints des
derniers jours ne sont pas attirés
par la mort et ne la recherchent pas (voir Prolonger la vie). Ils
condamnent le suicide mais laissent le jugement au Seigneur (Ballard,
p. 6-9). L'avortement est considéré, lui aussi, comme
un péché grave dans la plupart des cas et peut causer
beaucoup de chagrin.
La meilleure préparation pour
la mort est de se repentir et de
vivre dans la justice. Ceux qui ont le sentiment que leur vie est
menacée par la maladie peuvent recevoir des bénédictions
par les anciens de l'Église, qui, détenant la prêtrise
de Dieu, «prieront pour eux et poseront les mains sur eux en
mon nom. S'ils meurent, ils mourront pour moi, et s'ils vivent, ils
vivront pour moi » (D&A 42:44 ; Voir aussi
Malades, Bénédiction des). Ceux qui connaissent des
souffrances extrêmes dans une maladie en phase terminale
peuvent invoquer le Seigneur pour avoir du réconfort ou pour
être soulagés de la douleur et s’en remettre à
lui pour prolonger ou raccourcir leurs jours sur la terre. Permettre
à une personne qui est en phase terminale de décéder
plutôt que de maintenir une existence végétative
par un soutien artificiel n'est pas l'équivalent spirituel de
ne pas sauver la vie d'une personne face à la mort dans
d'autres circonstances. Le Seigneur est, toutefois, en fin de compte,
celui qui donne et reprend la vie.
Pour les saints des derniers
jours, comme pour tout le monde, la mort
peut être tragique, inattendue ou même un terme bienvenu
à la souffrance. La perte d'êtres chers est une occasion
de deuil. Toutefois, dans la doctrine des saints, la mort est aussi
une occasion d'espoir, une naissance dans la prochaine vie, une étape
dans le Plan du Salut qui a commencé dans l'existence
prémortelle et conduit, si l'on est juste, à la vie
éternelle avec Dieu dans le royaume céleste. Le deuil
des fidèles se ,manifeste, et c’est naturel, par le
chagrin et l’espoir, pas par le désespoir et la
dépression. Pourtant, la perte d'un être cher ne doit
pas être pris à la légère ni froidement.
Le chagrin et l'amour sont compatibles – si pas essentiels –
dans les émotions des fidèles. Et les saints des
derniers jours qui affrontent eux-mêmes la mort, tout en
éprouvant une incertitude et de l’inquiétude pour
ceux qui restent, peuvent trouver de l’espoir dans le Plan du
Salut et la promesse du Seigneur que « ceux qui meurent en
moi ne goûteront pas la mort, car elle leur sera douce »
(D&A 42:46).
MORT DE
NOURRISSONS. Joseph et Emma Smith affrontèrent des pertes
personnelles, notamment la mort de plusieurs de leurs enfants. Joseph
écrit : « J'ai médité sur ce
sujet et j’ai posé la question : comment se fait-il
que des bébés, des enfants innocents, nous sont
enlevés, en particulier ceux qui semblent être des êtres
extrêmement intelligents et les plus intéressants ?
Les raisons qui se présentent à mon esprit sont les
suivantes… Ils étaient trop purs et trop beaux pour
vivre sur la terre...[mais] nous les retrouverons bientôt »
(EPJS, p. 158).
MORT DE
JEUNES. Joseph Smith a fait ce commentaire sur la mort prématurée
des jeunes lors de l'enterrement du jeune Ephraim Marks :
« [Cette occasion] me rappelle la mort de mon frère
aîné, Alvin, qui mourut à New York, et de mon
frère cadet, Don Carlos Smith, qui mourut à Nauvoo. Il
m’a été dur de vivre sur la terre et de voir
enlevés d’auprès de nous, en pleine jeunesse, ces
jeunes gens, sur le soutien et la consolation desquels nous nous
sommes reposés. Oui, il a été difficile de se
faire à cette idée... cependant je sais que nous
devrions nous taire et savoir que c’est de Dieu »
(EPJS, p. 174). Le prophète a également trouvé
un grand réconfort dans ce que dit l'Évangile sur les
rapports de la condition mortelle avec l'éternité: « De
tous les peuples de la terre, c’est nous qui avons des raisons
d'avoir la plus grande espérance et la plus grande consolation
à l’égard de nos morts ; car nous les avons
vus marcher en dignité parmi nous et les avons vus s’endormir
dans les bras de Jésus ; et ceux qui sont morts dans la
foi sont maintenant dans le royaume céleste de Dieu »
(EPJS, p. 291).
Le deuil n’est pas seulement
approprié ; c'est
aussi l’une des expressions les plus profondes de l'amour pur :
«Vous vivrez ensemble dans l'amour, de sorte que vous pleurerez
la perte de ceux qui meurent » (D&A 42:45). Alma
l’Ancien a enseigné que dans le cadre de l'alliance du
baptême, les saints doivent « pleurer avec ceux qui
pleurent ; oui, et… consoler ceux qui ont besoin de
consolation » (Mosiah 18:9). Le deuil peut augmenter notre
foi et nos espoirs. Joseph Smith, le prophète, a dit :
« L’espérance de voir mes amis le matin de la
résurrection réjouit mon âme et me permet de
faire face aux maux de la vie. C'est comme s’ils partaient pour
un long voyage et à leur retour nous les retrouverons avec une
joie accrue » (EPJS, p. 238).
OBSÈQUES.
Les obsèques chez les saints sont des occasions solennelles et
douloureuses, mais elles projettent aussi un esprit d'espoir fondé
sur l'attente des retrouvailles avec le défunt après
cette vie. Elles ont habituellement lieu dans une chapelle de
l’Église ou dans une morgue sous la direction de
l'évêque de la paroisse (Packer, p. 18). Elles
commencent et finissent par de la musique sacrée et une
prière, comportant parfois des chants par l’assemblée
ou par une chorale (Packer, p. 19). Certain cantiques de l’Église
décrivent la vie après la mort comme un retour en la
présence de Dieu (Cantiques, p.185) ou comme un état de
repos loin des soucis mortels et comprennent souvent un rappel que
les vicissitudes de la condition mortelle sont temporaires :
« Et si la mort nous arrête en chemin, heureux jour,
tout est bien ! Fini l’effort et fini le chagrin car le
ciel est atteint. » (Cantiques, p. 18).
Lors des obsèques on évoque
des réminiscences et
des éloges et il y a aussi des discours sur l'Expiation, la
résurrection, la vie après la mort et des points de
doctrine sur ce genre de sujets qui réconfortent et inspirent
les personnes en deuil. Certaines familles demandent à des
membres de la famille ou à des amis de parler de la vie du
défunt ou de chanter un cantique approprié. Il est de
coutume qu’une prière soit faite au nom de la famille
par un de ses membres avant le début de la cérémonie
publique.
CÉRÉMONIE
AU BORD DE LA TOMBE. Après les obsèques, on organise
habituellement un service de dédicace au bord de la tombe
auquel n’assistent que les parents et les amis intimes.
Quelqu’un qui détient la Prêtrise de Melchisédek,
habituellement un membre ou un ami proche de la famille, consacre la
tombe en demandant à Dieu de la protéger contre les
éléments ou toute autre perturbation comme un lieu de
repos sanctifié jusqu'à la résurrection.
Dans certains pays, les lois
locales peuvent imposer l’incinération
plutôt que l'enterrement, mais en l'absence d'une telle loi,
l’enterrement est préférable en raison de son
symbolisme doctrinal (Packer, p. 19). Les circonstances peuvent
également dicter un service commémoratif ou un service
au bord de la tombe uniquement. Il est conseillé aux évêques
de tenir compte des souhaits de la famille en accord avec la nature
spirituelle et respectueuse de l'événement (Packer, p.
19-20).
RÉSUMÉ.
Tout comme la mort a commencé avec la Chute, elle prendra fin
avec l'Expiation, grâce à laquelle tous seront
ressuscités et la terre elle-même deviendra immortelle
(D&A 29:22-29 ; 1 Corinthiens 15:19-26 ; Apocalypse
21:1-4). L'espoir engendré chez les saints des derniers jours
par cette perspective à longue portée d’un
Sauveur aimant, ayant triomphé de la mort, se reflète
dans une lettre de Joseph Smith à l'Église en 1842 :
« Or, qu'entendons-nous dans l'Évangile que nous
avons reçu? Une voix d'allégresse! Une voix de
miséricorde venant du ciel et une voix de vérité
sortant de la terre, de bonnes nouvelles pour les morts, une voix
d'allégresse pour les vivants et les morts, de bonnes
nouvelles d'une grande joie » (D&A 128:19). Bien
qu'elle cause du chagrin à ceux qui restent, la mort fait
partie du « plan miséricordieux du grand Créateur »
(2 Né 9:6), c'est « un mécanisme de
sauvetage » (Packer, p.21), une étape essentielle
dans le « grand plan du bonheur » du Seigneur
(Alma 12.25). [Voir aussi Au-delà ; Autopsie ;
Enterrement ; Incinération.]
Bibliographie
Ballard, M. Russell. "Suicide:
Some Things We Know, and Some
We Do Not." Ensign 17, oct. 1987, p. 6-9.
Barlow, Brent A.
Understanding Death. Salt Lake City, 1979.
Hinckley, Gordon B.
"The Empty Tomb Bore Testimony." Ensign 18, mai 1988, p.
65-68.
Cantiques de l’Église de
Jésus-Christ
des Saints des Derniers Jours. Salt Lake City, 1985.
Kimball,
Spencer W. "Tragedy or Destiny?" IE 69, mars 1966, p.
178-180, 210-214, 216-217.
Madsen, Truman G. "Distinctions
in
the Mormon Approach to Death and Dying." In Deity and Death,
dir. de publ. Spencer J. Palmer, p. 61-74. Provo, Utah.
Packer,
Boyd K. "Funerals-A Time for Reverence." Ensign 18, nov.
1988, p. 18-21.
L. KAY GILLESPIE
N
Nauvoo
Auteur :
LEONARD, GLEN M.
Nauvoo, Illinois, siège
social de l’Église et lieu de résidence de
beaucoup de ses membres de 1839 à 1846, a commencé et a
fini en tant que communauté en exil. En 1838-1839, les saints
des derniers jours fuirent le Missouri à la recherche d’un
asile religieux pour échapper aux persécutions des
émeutiers. Ils trouvèrent un abri dans l’est de
l’Iowa et l’ouest de l’Illinois où ils
créèrent de nouvelles collectivités. Joseph
Smith appela la ville principale Nauvoo, qui signifiait, disait-il
« un bel endroit, un lieu de repos ». Lorsque,
sept ans plus tard, les saints quittèrent Nauvoo pour les
montagnes Rocheuses, ils étaient une fois de plus des exilés
religieux à la recherche d’une patrie.
La population de Nauvoo
grandit rapidement sur les terres achetées à des colons
et à des spéculateurs disposés à vendre
sur contrat. Joseph Smith, agissant en tant qu’agent pour
l’Église, acheta les fermes en Illinois à Hugh et
William White et des terres d’investissement à Isaac
Galland et Horace Hotchkiss, 240 hectares en tout. Il revendit des
lots de 40 ares à Nauvoo délimités sur les
marécages le long du fleuve en concurrence avec d’autres
promoteurs membres de l’Église qui lotissaient des
terrains sur les promontoires voisins. Un relevé fixa des rues
de quinze mètres de large sur le territoire urbain recouvrant
les villes existant « sur papier » de Commerce
et de Commerce City. En décembre 1840, Nauvoo devint une
personne morale en vertu de la charte de Nauvoo décernée
par le gouvernement de l’Illinois et assurant aux saints la
meilleure protection juridique qu’ils eussent jamais connue.
Nauvoo était maintenant une patrie.
Tandis que les saints des
derniers jours exilés du Missouri et d’Ohio se
rassemblaient dans leur nouveau pieu de Sion, les missionnaires des
États-Unis et de Grande-Bretagne baptisaient beaucoup de
convertis (voir Missions des Douze aux îles Britanniques).
Encouragés par Joseph Smith, les convertis américains
et canadiens vinrent s’installer à l’ouest, à
Nauvoo. Certains utilisèrent les voies navigables, d’autres
des chariots bâchés et des chevaux, et quelques-uns
allèrent simplement à pied. À partir de 1840,
des milliers traversèrent l’océan Atlantique
depuis Liverpool et remontèrent le Mississippi à partir
de la Nouvelle-Orléans. C’était une émigration
religieuse, une réaction individuelle et familiale à
une croyance religieuse, facilitée par les agents d’émigration
de l’Église à Liverpool, qui organisèrent
des convois et désignèrent des bergers pour ceux
fuyaient en Sion (voir Immigration et émigration).
Les nouveaux venus
étaient accueillis à Nauvoo par leurs amis, leurs
parents, les missionnaires et le prophète Joseph Smith
lui-même. Pendant les années de forte progression, de
1841 à 1843, il devint de plus en plus difficile de louer une
maison ou de trouver d’autres logements provisoires. Aussi
rapidement que possible, les nouveaux colons engageaient les rares
entrepreneurs et artisans pour construire des maisons. Le bois de
construction récolté dans les forêts voisines non
exploitées ou importé et, plus tard, les briques faites
à Nauvoo, allèrent dans des centaines de maisons
confortables mais petites. Nauvoo devint une ville champignon.
Les jardins des lots
municipaux donnaient des légumes, des herbes, des fruits et
des baies. La viande et les pommes de terre, quand on en avait, et le
maïs –– moulu en farine pour bouillir, cuire et
frire ––étaient la base de l’alimentation de
tout le monde. Dans les prairies voisines, les fermiers labouraient,
clôturaient en coopérative et ensuite semaient des
centaines d’hectares de maïs, de blé et de pommes
de terre. Les artisans trouvaient sans peine du travail à
Nauvoo, de même que les négociants désireux
d’importer les produits manufacturés de St-Louis, de
Cincinnati et de la côte Est.
Les partisans de Nauvoo
et leurs adversaires politiques des localités voisines ont
exagéré, pour différentes raisons, leurs
évaluations de la population de Nauvoo. En 1845, les
recenseurs de l’Illinois ont compté 11.057 résidants.
Si l’on y ajoutait la croissance jusqu’à la fin
1845 et si l’on y incluait les environs de la ville, cela
pousserait l’estimation à 15.000 à l’apogée
de Nauvoo, ce qui était presque l’équivalent d’un
Chicago en croissance plus rapide.
Pour satisfaire les
besoins publics, les groupes municipaux construisirent uns salle de
musique et une salle culturelle, et les collèges de prêtrise
projetèrent leurs propres salles de réunion. La
construction, commanditée par l’Église, de la
Maison de Nauvoo, d’un grand hôtel et du temple de Nauvoo
donna à la croissance de Nauvoo une signification religieuse.
Bien que tous les membres
contribuassent, selon que le leur permettaient leurs moyens et leur
foi, à la construction du temple, ils ne vivaient pas tous à
Nauvoo. Certains restèrent dans leur localité natale à
cause de pressions économiques ou familiales. D’autres
se joignirent à la Marche vers Nauvoo, mais trouvèrent
de quoi construire et des terres à l’écart du
siège de l’Église. Sur un terrain de 5.200
hectares acheté par l’Église dans le comté
de Lee (Iowa), juste en face de Nauvoo, de l’autre côté
du fleuve, les saints fondèrent une ville appelée
Zarahemla et neuf autres colonies plus petites. Joseph Smith organisa
un pieu d’Iowa et y approuva la colonisation ainsi que dans
plusieurs nouvelles localités dans l’ouest de
l’Illinois. En plus de Nauvoo, les membres de l’Église
du comté de Hancock vivaient à Ramus (maintenant
Webster) ; dans le comté d’Adams à Lima,
Quincy, Mount Hope (maintenant Columbus) et Freedom (près de
Payson) ; dans le comté de Morgan à Geneva ;
dans le comté de Sangamon à Springfield ; et dans
le comté de Spike à Pleasant Vale (maintenant Canton).
En plus, les frères présidents organisaient des
branches de l’Église partout où il y avait des
concentrations de membres en Amérique du Nord et dans les îles
Britanniques.
Partout où ils
vivaient, les saints des derniers jours se tournaient vers le
prophète Joseph Smith pour ce qui était de la direction
religieuse. Ses révélations et ses sermons publiés
à Nauvoo étaient distribués dans toute l’Église.
Pour les résidants, le prophète offrait en direct la
prédication, l’enseignement et les recommandations. En
plus de cela, son influence à Nauvoo était accrue par
ses rôles d’agent immobilier, de maire, de chef de la
milice, de magistrat et de négociant. Il n’est donc pas
étonnant qu’après sa mort et l’abrogation
de sa charte, la ville aient été renommée la
Cité de Joseph.
Pendant ses dernières
années à Nauvoo, le prophète révéla
des aspects supplémentaires de l’Évangile
rétabli. Il répondit aux questions sur les croyances de
base des saints par treize articles de foi, qui décrivaient
les points de doctrine fondamentaux. Il publia un autre ouvrage
scripturaire révélé, le livre d’Abraham.
Il enseigna de nouvelles idées sur les origines communes de
toute l’humanité et son destin éternel, en
particulier lors de l’éloge funèbre d’un
membre appelé King Follett (voir Discours sur King Follett).
Beaucoup parmi les nouveaux enseignements portaient sur le temple et
envisageaient un effort collectif pour accomplir les ordonnances pour
le salut des ancêtres décédés et
l’exaltation des saints fidèles. Les premiers baptêmes
pour les morts furent accomplis dans le Mississippi, mais dès
la fin novembre 1841, les baptêmes par procuration commençaient
dans les fonts baptismaux du temple. En attendant, alors que le
temple n’était pas encore achevé, plusieurs
hommes, dont deux des Douze, reçurent, le 4 mai 1842, les
premières dotations du temple dans une pièce à
l’étage du magasin-bureau du président. L’année
suivante leurs épouses et d’autres hommes et femmes
reçurent les mêmes ordonnances, constituant un groupe
d’initiés qui, à partir de décembre 1845,
allaient administrer les ordonnances du temple à des milliers
d’autres personnes dans le temple de Nauvoo.
Le temple était au
centre de la vie religieuse à Nauvoo. Les saints en soutinrent
la construction par la dîme en temps et en moyens, et ils
aspiraient à recevoir les bénédictions du temple
promises. Pour ceux qui avaient la chance d’habiter Nauvoo, le
temple et la théologie qui lui était associée
donnèrent un sens nouveau et éternel à la
naissance, au mariage, à la vie et à la mort.
Bien que la direction
personnelle de Joseph Smith dominât la vie religieuse à
Nauvoo, une structure institutionnelle soutenait ses efforts et
continua après sa mort en 1844 (voir Martyre de Joseph et de
Hyrum Smith). Pendant les années de Nauvoo, le Collège
des Douze accepta un rôle accru. Organisé en 1835, ses
membres acquirent de l’expérience d’abord comme
dirigeants de mission en Angleterre et puis comme administrateurs à
Nauvoo. Avec la Première Présidence et d’autres
autorités, ils avaient des occasions de faire, en chaire dans
le bosquet près du temple, des commentaires scripturaires le
dimanche et de s’adresser aux saints lors des conférences
générales. Ces conférences d’avril et
d’octobre, qui étaient parmi les réunions les
plus importantes à Nauvoo, rassemblaient des milliers de
saints pour traiter des affaires et donner des instructions. Des
réunions semblables se produisaient ailleurs pour les branches
dispersées. Les procès verbaux publiés dans le
Millennial Star en Grande-Bretagne et dans le Times and Seasons de
Nauvoo aidaient les membres qui étaient ailleurs à se
tenir au courant des affaires de l’Église, de la
croissance du nombre des membres et de la prédication. Les
périodiques de l’Église publièrent les
premières livraisons de la History of the Church, de Joseph
Smith, un projet auquel il travailla diligemment avec ses secrétaires
de 1838 jusqu’à sa mort en 1844.
La Société
de secours des femmes, organisée en 1842, pourvoyait aux
besoins des pauvres et enseignait les principes de la pureté
sexuelle. En cela, elle aidait les évêques des paroisses
débutantes de Nauvoo, des entités administratives
toutes neuves à vaquer aux besoins temporels et à
superviser la dignité religieuse. Après que Brigham
Young et les Douze eurent succédé au prophète
comme dirigeants, les soixante-dix et les autres collèges de
la Prêtrise de Melchisédek grandirent rapidement en
nombre et en importance. Les soixante-dix construisirent un bâtiment,
patronnèrent une bibliothèque et se préparèrent
pour des missions et pour les bénédictions du temple.
Si la loyauté des
saints des derniers jours de Nauvoo allait avant tout à leur
appartenance religieuse, leur vie n’en reflétait pas
moins les expériences typiques des autres citoyens de
l’Amérique jacksonienne. Les non-mormons vivant dans et
autour de Nauvoo se joignaient à eux pour la fête de
l’Indépendance. Les cortèges militaires, les
fanfares, les discours patriotiques et les autres festivités
attiraient les citoyens qui arrivaient à cheval, en chariot et
par bateau. Les festivités de Noël étaient des
points culminants pour la famille et les amis, avec des dîners
par étapes, des chants et des danses. L’appartenance aux
loges maçonniques, organisées en 1841-1842, affirmait
la loyauté de groupe dans l’Église et incitait
aux liens fraternels avec les autres. Malheureusement et
contrairement à ce à quoi l’on s’attendait,
la croissance rapide des loges créa une polémique qui
durcit les rapports avec les autres francs-maçons (voir
Franc-maçonnerie à Nauvoo).
La société
mormone américaine à Nauvoo, travaillée de plus
en plus par l’influence des immigrants britanniques et
scandinaves, se livrait aux divertissements typiques du XIXe siècle.
Des fanfares jouaient lors des bals et des rassemblements
patriotiques, accompagnaient les chœurs de l’Église
et jouèrent pour la cérémonie de la pose de la
pierre angulaire du temple. Des chorales d’adultes et de
jeunes, des instrumentistes et des chanteurs distrayaient et
édifiaient lors des assemblées festives et religieuses.
La musique interprétée venait des sociétés
organisatrices, mais certains cantiques étaient nouvellement
écrits pour les services religieux de l’Église.
Les poètes mormons commémoraient régulièrement
les événements et les personnes et mettaient des
messages religieux importants en vers pour les périodiques
bimensuels. Les comédiens de Nauvoo jouaient des pièces
de théâtre populaires ou patronnaient des troupes
d’acteurs itinérants dans la maison de la culture de
Nauvoo. Les autres attractions occasionnelles étaient les
expositions artistiques, le cirque et les excursions en bateau
fluvial (voir Histoire sociale et culturelle).
Les enfants avaient peu
de jouets, la plupart du temps des chariots, des toupies et des
poupées faits maison. Ils faisaient des jeux tels que le
renard et les oies ou le saute-mouton. Les jeunes se livraient à
des passe-temps tels que jouer aux billes, la lutte, la course à
pied, la chasse, la pêche, la traction au bâton, le jeu
de quilles et le base-ball. Les adultes participaient à
beaucoup de ces activités récréatives et
passaient parfois le temps à jouer aux cartes, à rouler
en chariot ou à des rencontres de salon. Quand ils ne
vaquaient pas aux besoins du moment, les habitants de Nauvoo
faisaient également des études. Pour obtenir une
formation de base dans la lecture, l’écriture et
l’arithmétique pour leurs familles, les parents
engageaient des précepteurs ou inscrivaient les enfants dans
une des dizaines de classes proposées par les instituteurs à
temps partiel de Nauvoo. On payait les instituteurs en leur assurant
la pension complète et un peu d’argent. L’université
de Nauvoo n’existait que dans quelques classes dispersées.
Les adultes masculins et les jeunes hommes organisaient des salles et
des sociétés de conférences pour développer
l’art oratoire. Ils traitaient de sujets politiques aussi bien
que de sujets religieux pour préparer les participants au
service missionnaire et au service civique. Les livres étaient
rares dans les maisons privées, mais une bibliothèque
de prêt à ses membres proposait deux cents ouvrages
reçus en don sur la science, les religions, l’histoire
et la littérature mondiales. Les journaux religieux et
profanes de Nauvoo, le Times and Seasons et le Nauvoo Neighbor (à
l’origine The Wasp), édités par des citoyens
mormons éminents, circulaient parmi les saints des derniers
jours sur deux continents. À « l’ère
de l’homme du commun », la vie sociale et éducative
de Nauvoo était faite d’agréments et de
participation.
Comme ailleurs dans la
société américaine, la famille était le
centre de la vie quotidienne. Les femmes satisfaisaient aux besoins
domestiques en combinant leur propre travail et les revenus du
travail de leurs maris. La famille produisait et cuisinait la
nourriture, mais les négociants de Nauvoo importaient ou
échangeaient aussi beaucoup de produits alimentaires. Les
femmes faisaient souvent les vêtements d’usage courant,
les couvertures de lit, les tapis et des choses telles que des
serviettes et des rideaux dans du tissu acheté. Les meubles,
les ustensiles de cuisine et les outils des artisans étaient
importés ou apportés par les immigrants. Les remèdes
domestiques, complétés par des bénédictions
de prêtrise, étaient administrés avec foi en la
guérison. La mortalité infantile était élevée
et la mort était une possibilité constante pour tout le
monde à cause de maladies apparentées à la
malaria, des maladies incurables et des accidents.
Pour les saints des
derniers jours de Nauvoo, la famille prenait un nouveau sens
religieux. La conversion divisait malheureusement souvent les
familles, même si les lettres envoyées de Nauvoo
entretenaient des liens et invitaient aux retrouvailles. Les
ordonnances du temple par procuration donnaient la possibilité
d’unir les familles à travers les générations
et au-delà de la tombe. Des associés choisis
acceptèrent le défi privé du prophète de
contracter l’alliance du mariage avec des épouses
plurales (voir Mariage plural), bien que ce point de doctrine n’ait
pas été prêché publiquement avant 1852 en
Utah. En vue du temple, l’enseignement du principe de la
famille éternelle apportait une touche spéciale à
la vie de famille des saints. Les ordonnances de scellement pour les
maris et les femmes donnaient au mariage et à la famille à
Nauvoo une perspective éternelle.
Au moment même où
la vie semblait être revenue à la normale après
le martyre, la perte de la charte de Nauvoo et le harcèlement
des émeutiers en 1845 menacèrent la paix de la Belle
Ville de Joseph Smith. Les adversaires politiques et schismatiques
prédirent « la fin du mormonisme ». Des
saints des derniers jours mécontents menaçaient l’unité
religieuse et proposaient une tutelle et une nouvelle direction
prophétique par opposition aux Douze. L’Église
survécut, mais la position de Nauvoo comme centre de l’Église
prit fin. Le Collège des Douze annonça, à la
conférence d’octobre 1845, ses plans d’évacuation
au printemps suivant.
Tout au long de l’hiver,
les résidants s’organisèrent pour l’exode
tout en se pressant de terminer leur temple pour en recevoir les
ordonnances (voir Émigration vers l’Ouest :
Planification et prophétie). Ils achetèrent des bœufs,
firent des chariots, vendirent leurs propriétés et
s’équipèrent pour le long voyage dans le désert
de l’ouest tout en faisant des vêtements pour le temple
et en effectuant les travaux de finition à l’intérieur
du temple sur la colline. Brigham Young et les Douze nommèrent
des agents pour liquider les propriétés invendues et
organisèrent des convois d’émigration tout en
supervisant les détails de la construction du temple. En
décembre, juste avant que le départ ne commence, des
milliers de fidèles de Nauvoo commencèrent à
recevoir leur dotation du temple qu’ils attendaient depuis si
longtemps. Avant la fin de l’hiver, plus de 6.000 personnes
avaient reçu les ordonnances du temple et étaient donc
disposées à partir. Après sept années
mouvementées, les saints des derniers jours repartaient une
fois de plus, transplantant leur société de l’alliance
dans une nouvelle terre promise.
Nauvoo
– Charte de
Auteur :
KIMBALL, JAMES L., JR.
Par une législation
signée en force de loi le 16 décembre 1840, l’Assemblée
générale de l’Illinois accorda à Nauvoo le
statut de ville. Parmi littéralement des centaines de colonies
de l’Illinois, seules Alton, Chicago, Galena, Quincy et
Springfield avaient un statut juridique aussi distinctif. Les saints
des derniers jours et leurs voisins s’attendaient à ce
que cela ait des conséquences importantes.
Beaucoup d’Illinoisans,
choqués par le traitement féroce que les Missouriens
avaient fait subir aux saints des derniers jours (voir Conflit au
Missouri), cherchèrent à secourir les disciples
assiégés de Joseph Smith en les aidant politiquement et
en leur fournissant des sauvegardes juridiques. De plus, le tissu
économique de l’État souffrait des effets de plus
en plus graves des paniques de 1837 et de 1839, et beaucoup de
législateurs voyaient un avantage économique à
l’immigration future de plusieurs milliers de nouveaux colons.
Encouragés par les dirigeants politiques de l’état,
les saints croyaient qu’une charte municipale leur garantirait
un genre de sécurité qu’ils n’avaient
encore jamais eu. Même Stephen A. Douglas, juge à la
Cour suprême de l’état, en dépit de
décisions judiciaires précédentes allant en sens
contraire, était d’avis qu’une charte était
irrévocable et perpétuelle.
Le document de Nauvoo,
qui n’était ni la charte la plus longue ni la plus
courte, ressemblait beaucoup aux chartes d’autres villes de
l’Illinois. Plus de la moitié des sections étaient
rédigées sur le modèle de la charte de
Springfield. Le statut de ville permettait le gouvernement par un
conseil choisi par un électorat ; à la différence
des autres conseils municipaux d’Illinois, le Conseil de Nauvoo
se composait d’échevins, de conseillers municipaux et
d’un maire. Le document de Nauvoo différait également
des autres en ce qu’il était non une mais trois chartes,
accordant à la ville le statut de corporation, une université
et une milice municipale. La pratique précédente était
de créer des écoles et également des unités
de milice par des actes séparés. L’université
de la ville de Nauvoo, régie par le conseil municipal, était
la seule université de l’État administrée
par une ville.
Une disposition
importante disait que le Conseil de Nauvoo pouvait passer toutes les
ordonnances non contraires à la constitution des États-Unis
ou à celle de l’Illinois. Ceci avait pour effet de
donner aux autorités de Nauvoo un pouvoir équivalent à
l’Assemblée générale de l’Illinois.
Les ordonnances passées par le Conseil de Nauvoo pouvaient
être en violation directe ou ne pas tenir compte de la loi de
l’État et être malgré tout valides à
Nauvoo, à condition de ne pas être en conflit avec les
pouvoirs spécifiques accordés par les constitutions
fédérales et d’état. Les dirigeants de la
milice municipale, connue sous le nom de Légion de Nauvoo, et
les administrateurs de l’université pouvaient également
décréter des lois qui n’étaient limitées
que par les constitutions de l’État et fédérales.
Presque immédiatement
ce pouvoir se retrouva au centre de malentendus et d’une
polémique, bien que la même délégation
d’autorité existât également dans trois des
cinq autres chartes municipales. Puisque cette disposition n’était
pas unique, la réaction négative suscitée par
elle avait beaucoup à voir avec la façon dont les
autres considéraient les saints des derniers jours et la mise
en application de la disposition par Nauvoo et ses dirigeants. Le
tribunal municipal de Nauvoo, le troisième tribunal du genre
autorisé par l’Assemblée générale
de l’Illinois, devint aussi un sujet de controverse. Alors que
les tribunaux municipaux de Chicago et d’Alton agissaient sous
la direction d’un seul juge, le juge principal de Nauvoo était
le maire de la ville, siégeant comme premier magistrat, avec
les échevins municipaux comme juges associés. Pour les
adversaires, la manière dont Joseph Smith, comme maire de
Nauvoo, utilisait les pouvoirs législatif et judiciaire
accordés par la loi avait comme conséquence des abus
« anti-républicains ».
En accordant la charte,
certains législateurs avaient peut-être espéré
protéger les saints des derniers jours contre les
persécutions, mais cela s’avéra être une
épée à deux tranchants. Quand la majorité
de l’Illinois se tourna contre Nauvoo sans disposer des outils
légaux pour limiter le pouvoir et l’influence de la
ville, elle eut recours à des moyens extralégaux. Plus
tard, après des violences, elle réussit également
à faire abroger la charte de Nauvoo. Bien que basée
solidement sur des précédents non qualifiés d’
« anti-républicains » jusqu’à
ce que les saints des derniers jours les aient obtenus et utilisés,
la charte de Nauvoo ne réussit néanmoins pas à
assurer aux saints la paix et la protection qu’ils désiraient.
Bibliographie
Kimball, James L., Jr.
"The Nauvoo Charter : A Reinterpretation." Journal of
the Illinois State Historical Society 54, printemps 1971, p. 66-78.
JAMES L. KIMBALL, JR.
Nauvoo
– Économie de
Auteur :
FLANDERS, ROBERT B.
Nauvoo, qui fut pendant
sept années le siège social de l’Église,
était une ville fluviale avec un arrière-pays agricole,
installée parmi une société préétablie
de seconde génération de non-mormons. Fondée en
1839 par des saints réfugiés du conflit au Missouri,
elle n’a existé en tant que communauté de saints
que jusqu’en 1846. Les ajouts à sa population en
croissance rapide étaient dus surtout à de nouveaux
convertis, beaucoup venus d’Angleterre, qui apportaient presque
toujours des qualifications et parfois de la richesse. Bien que le
commerce de marchandises et de services ait été actif,
la principale importation de Nauvoo était les convertis (voir
Immigration et émigration), et son exportation principale, les
missionnaires.
Nauvoo n’était
ni communal ni communautaire. Toutefois, les influences de la société
de l’Église imprégnaient la société
et l’économie. À Nauvoo, Joseph Smith exprima, en
tant que prophète, l’extrême urgence de construire
la ville et son temple, une urgence qui l’emportait sur tout.
Nauvoo était le premier modèle à échelle
humaine du royaume de Dieu sur terre tel qu’envisagé par
Joseph Smith. Les saints de Nauvoo consacrèrent donc une
grande énergie à « édifier le
royaume », ce qui, en termes économiques,
signifiait construire la ville et établir son infrastructure.
Comme d’autres
collectivités de son époque, Nauvoo avait des
forgerons, des tonneliers, des potiers, des armuriers et des
étameurs, mais ce qui était le plus recherché,
c’était les scieurs, les fabricants de briques et les
menuisiers. La construction était l’industrie
principale. Le hameau de Commerce, dont Nauvoo occupait
l’emplacement, avait peu de bâtiments, aussi la demande
de logements était grande. Les saints n’envisageaient
pas de logements de groupe à la manière des moraves,
des shakers et d’autres sociétés communautaires,
mais ils voulaient des logements unifamiliaux séparés
selon la tradition rurale anglo-américaine. Il en allait de
même des bâtiments commerciaux et industriels. Avec ses
nombreux petits bâtiments érigés sur de grandes
parcelles dans des rangées plus ou moins ordonnées,
organisées en un damier de rues larges avec entre elles du
terrain libre pour des annexes, des jardins, des vergers et des prés,
Nauvoo devint le prototype de la ville mormone (voir Urbanisme).
Les travaux publics
constituaient la majeure partie des constructions à Nauvoo. On
ne mit jamais à exécution un plan ambitieux d’endiguer
le Mississippi pour faciliter le développement industriel,
mais on commença les travaux pour creuser un canal à
travers la péninsule de la ville. Le projet visait à
contourner les Rapides de Des Moines du Mississippi, un obstacle qui
transformait l’emplacement en portage de fleuve une grande
partie de l’année ; mais le projet fut abandonné
quand les ouvriers rencontrèrent un soubassement calcaire. La
pierre fut plus tard extraite pour le temple de Nauvoo.
Le temple, point focal de
la vie religieuse et économique de Nauvoo, était
essentiel pour que Nauvoo soit une manifestation littérale du
royaume. La construction du temple mit à l’épreuve
le zèle religieux et les ressources économiques de tous
les saints, de Nauvoo et d’ailleurs. Les résidants
étaient censés « payer la dîme pour le
temple » en temps, en marchandises ou en argent. Les
saints qui n’avaient pas encore rallié Nauvoo furent
exhortés à le faire rapidement pour pouvoir participer
à l’entreprise. Ceux qui ne pouvaient pas le faire
devaient soutenir la construction du temple avec de l’argent
liquide. Les douze apôtres écrivirent en 1841 aux saints
anglais : « Le premier grand objectif devant nous et
devant les saints en général, c’est
[l’achèvement] du temple… pour assurer le salut
de l’Église » (HC 4:449). Pour Joseph Smith,
l’achèvement du temple était la priorité
absolue. La révélation de 1841 autorisant le temple
menaçait également de rejeter l’Église si
l’édifice n’était pas achevé dans un
temps suffisant (voir D&A 124:30-32). Malgré tout, quand
Joseph Smith fut tué en 1844, les murs n’étaient
construits qu’à moitié.
Bien que la construction
du temple fût un travail d’amour, son coût
économique épuisa les ressources de la ville. Des
capitaux furent retirés d’entreprises nécessaires
pour fournir des marchandises et de l’emploi. Même Joseph
Smith, quoique enthousiaste pour le temple, reconnaissait le
problème. « Je prophétise, dit-il en 1843,
que dès que nous aurons construit le temple, pour que nous ne
soyons plus obligés d’épuiser nos moyens
là-dessus, nous aurons le moyen de rassembler les saints par
milliers et par dizaines de milliers » (HC 5:255).
L’économie
de Nauvoo se développa pendant la dépression nationale
de 1839-1843. Les fondateurs réfugiés étaient
pratiquement indigents, mais peu d’Américains, quel que
fût leur milieu, avaient du bon argent pendant cette période.
Les banques avaient fait banqueroute et l’argent liquide avait
disparu. Les saints inventèrent un système d’échanges
ingénieux mais précaire basé sur le troc, les
lettres de crédit, des reconnaissances de dette non
officielles et des « bonds-for-deed », des
engagements de vendre des terres au lieu d’actes, une nécessité
parce que tout le territoire de Nauvoo avait été acheté
en vertu d’un contrat à long terme sans acte jusqu’à
paiement intégral. Le système fonctionnait parce que
l’économie était en augmentation générale
et que les saints se faisaient mutuellement confiance et étaient
liés par un but commun.
L’achat de terres,
le temple, la Maison de Nauvoo (un grand hôtel), et tout le
projet d’édification du royaume dont les saints
croyaient que leur salut dépendait étaient dirigés
par Joseph Smith et son organisation ecclésiastique. Parce que
Nauvoo représentait un mélange du sacré et du
profane sous la direction d’un prophète, quand il fut
tué en 1844, la survie du projet allait dépendre de la
façon dont la succession allait se passer (voir Succession
dans la présidence). Ceux qui acceptèrent la direction
de Brigham Young et du Collège des Douze transplantèrent
dans l’Ouest le système d’économie
politique façonné à Nauvoo (voir Économie
pionnière ; Migration vers l’Ouest :
Planification et prophétie). Certains qui ne l’acceptèrent
pas et qui décidèrent de s’écarter du
modèle de Nauvoo se joignirent plus tard à l’Église
réorganisée de Jésus-Christ des saints des
derniers jours.
Nauvoo
Expositor
Auteur :
DURHAM, REED C. Jr.
Le Nauvoo Expositor était
l’organe des apostats décidés à causer la
perte du prophète Joseph Smith et de l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours au printemps de
1844. Pendant les derniers mois de la vie de Joseph Smith, un parti
d’opposition de membres mécontents, d’apostats et
d’excommuniés créa une Église dissidente.
Les dirigeants prétendaient croire au Livre de Mormon et au
rétablissement de l’Évangile, mais rejetaient ce
qu’ils appelaient les innovations de Nauvoo, notamment le
mariage plural. Affirmant que Joseph était un prophète
déchu, les dissidents se mirent en devoir, par l’intermédiaire
de l’Expositor, de démasquer les soi-disant faux
enseignements et les abominations du prophète. Ils tinrent des
réunions secrètes, dressèrent des plans et
firent le serment de renverser l’Église et de tuer
Joseph Smith. La publication du journal était essentielle à
leur stratagème.
Quand elle arriva à
Nauvoo le 7 mai 1844, la presse de l’Expositor provoqua une
grande excitation aussi bien parmi les mormons que parmi les
non-mormons, mais il n’y eut aucune intervention immédiate.
Dans les trois jours, les propriétaires, tous dirigeants du
mouvement d’opposition, publièrent un prospectus pour
leur journal. Un mois plus tard, le 7 juin, le seul et unique numéro
du Nauvoo Expositor parut et causa une fureur immédiate dans
la communauté. Les résidants de Nauvoo furent exaspérés
de ce qu’ils considéraient comme étant ses
prétentions sensationnelles à propos de la religion, de
la politique et de la moralité à Nauvoo. Ils
ressentirent également un pressentiment inquiétant.
Francis Higbee, l’un des propriétaires du journal, donna
un ton sinistre quand il décrivit Joseph Smith comme étant
« le plus grand bandit que l’on n’ait pas
encore pendu ».
La qualité
littéraire du journal était inférieure. Un
critique non mormon contemporain la décrit comme « terne
ou risible » avec « une grammaire boiteuse et
une rhétorique ampoulée » (Oaks, p. 868).
Mais la polémique de l’Expositor contre l’Église
et Joseph Smith était menaçante et polarisante. Les
anti-mormons exultèrent au sujet de l’Expositor, mais
les membres de l’Église exigèrent que l’on
fasse quelque chose.
En tant que maire de
Nauvoo, Joseph Smith convoqua le conseil municipal. Après
quatorze heures de délibération en trois sessions
différentes, le conseil résolut, le lundi 10 juin, vers
18h30, que le journal et son imprimerie étaient « une
nuisance publique » et ordonna au maire de « la
faire disparaître… sans tarder ». Joseph
Smith commanda promptement au city marshal de détruire la
presse et de brûler toutes les copies du journal. À
20h00, le marshal exécuta les ordres du maire (HC 6:432-449).
Cette mesure, justifiée ou pas, fit le jeu de l’opposition.
Elle exacerba le sentiment antimormon dans tout le comté de
Hancock et alimenta les accusations portées par l’opposition
pour retenir Joseph Smith dans la prison de Carthage, où il
fut assassiné le 27 juin 1844 (voir Martyre de Joseph et de
Hyrum Smith).
Bibliographie
Godfrey, Kenneth W.
"Causes of Mormon/Non-Mormon Conflict in Hancock County,
Illinois, 1839-1846." Thèse de doctorat, université
Brigham Young, 1967.
Oaks, Dallin H. "The
Suppression of the Nauvoo Expositor." Utah Law Review 9, hiver
1965, p. 862-903.
Oaks, Dallin H., et
Marvin S. Hill. Carthage Conspiracy : The Trial of the Accused
Assassins of Joseph Smith. Urbana, Ill., 1979.
REED C. DURHAM, JR.
Nauvoo
– Légion de
Auteur :
FLAMMER, PHILIP M.
Le décret
législatif de l’Illinois de décembre 1840 qui
donnait statut à la ville de Nauvoo autorisait également
la création d’un corps militaire ou milice, qui prit le
nom de Légion de Nauvoo. Peut-être influencées
par le dégoût véritable de la manière dont
les saints des derniers jours avaient été traités
par les autorités du Missouri, celles de l’Illinois
agirent libéralement. En vertu de la charte de Nauvoo, les
saints des derniers jours pouvaient gérer leurs propres
affaires s’ils ne violaient pas la constitution de l’État
ou la constitution fédérale.
L’organisation
d’une unité de milice était habituelle dans les
colonies ayant suffisamment de population, une pratique aussi vieille
que la République. Les résidants de Nauvoo étaient
particulièrement désireux d’avoir leur propre
protection militaire après avoir été victimes de
la violence d’émeutiers et avoir connu l’expulsion
hors du Missouri (voir Massacre de Haun’s Mill ; Conflit
au Missouri). Dès 1840, ils s’étaient rendu
compte qu’ils ne pourraient pas toujours compter sur les
autorités fédérales ou d’État pour
les protéger contre de telles violences.
La cour martiale de
Nauvoo composée des officiers de la légion, reçut
une autorité considérable. Entre autres, elle pouvait
« faire, ordonner, établir et exécuter
toutes les lois et ordonnances pouvant être considérées
comme nécessaires dans l’intérêt et pour la
gestion et l’administration de ladite Légion à
condition que ladite cour martiale ne passe aucune loi ou acte
contraire ou opposé à la constitution des États-Unis
ou de cet État [l’Illinois] » (HC 4:244).
En tant qu’élément
de la milice d’état, la Légion de Nauvoo était
à la disposition du gouverneur de l’Illinois « pour
la défense publique et l’exécution des lois de
l’État ou des États-Unis ». Chose
significative, elle était également à la
disposition du maire de Nauvoo pour « exécuter les
lois et les ordonnances de la ville » (HC 4:244).
L’ordonnance du
conseil municipal qui avait créé la Légion de
Nauvoo autorisait à son officier commandant de détenir
le rang de lieutenant général, une autorisation
extraordinaire, puisque aucun autre officier de milice aux États-Unis
ne détenait de rang au-dessus de celui de général
major. La cour martiale élut Joseph Smith commandant de la
Légion.
Les défilés
et les autres activités de la Légion, parmi lesquelles
des simulacres de batailles, attiraient les visiteurs de près
et de loin. En fait, la légion devint si populaire que
beaucoup de non-mormons y entrèrent. Il semblerait qu’à
son apogée elle ait compté 5.000 hommes, la plus grande
unité de ce genre en Illinois. Mais il y avait des problèmes.
Selon l’historien B.H. Roberts : [La Légion de
Nauvoo] suscita la jalousie et l’envie du reste de la milice
dans les comtés environnants et tous les efforts louables de
la Légion pour devenir un corps efficace pour aider à
l’exécution des lois de l’État et des lois
nationales, si cela s’avérait nécessaire, furent
interprétés par leurs ennemis comme signe de ce qu’elle
se préparait pour la rébellion… Par conséquent
ce qui devait être un rempart pour la ville et une protection
pour les saints fut transformé par leurs ennemis en activité
offensive et en excuse pour se méfier d’eux [CHC
2:59-60].
Joseph Smith mobilisa la
Légion de Nauvoo pour défendre la ville et déclara
la loi martiale en juin 1844 comme la tension montait entre les
saints des derniers jours, les dissidents et les voisins hostiles.
Joseph Smith et son frère Hyrum furent parmi ceux qui furent
arrêtés par une autre milice de l’Illinois et
enfermés à la prison de Carthage où ils furent
tués par les membres d’une autre milice (voir Martyre de
Joseph et de Hyrum Smith). Six mois plus tard, la législature
de l’Illinois révoquait la charte de Nauvoo. À ce
moment-là, la Légion de Nauvoo cessa d’exister en
tant que milice d’état, bien qu’en tant qu’unité
officieuse, elle continuât à assurer une certaine
protection aux saints des derniers jours assaillis.
Pendant l’exode
vers l’Ouest qui eut lieu plus tard, certains anciens membres
de la Légion de Nauvoo firent partie du bataillon mormon. Ce
corps de 500 hommes, autorisé par le gouvernement des
États-Unis en 1846 en tant qu’élément de
la campagne contre le Mexique, marcha de Council Bluffs jusqu’à
San Diego.
Le nom Légion de
Nauvoo fut rétabli en Utah et appliqué à la
milice organisée de l’État de Deseret et plus
tard du Territoire d’Utah. Appel fut fait à cette légion
en 1849 pour soumettre les maraudeurs indiens et ses membres
participèrent à la guerre dite contre Walker de
1853-1854, du nom de Wakara, un chef indien ute. Lors de l’approche
de l’expédition d’Utah en 1857-1858, la milice
d’Utah harcela et brûla les convois d’approvisionnement
de l’armée américaine et se prépara, s’il
le fallait, à empêcher l’entrée des troupes
des États-Unis dans Salt Lake City. En 1862, pendant la guerre
de Sécession américaine, deux unités de la
Légion de Nauvoo protégèrent les lignes de
courrier et de télégraphe. Plus tard, avec une force
d’environ 2.500 hommes, elle combattit les Indiens dans la
guerre d’Utah contre Black Hawk (1865-1868).
Toujours plus sensible à
la direction mormone qu’aux fonctionnaires fédéraux
qui succédèrent à Brigham Young comme
gouverneurs de l’Utah, la Légion fut rendue inactive en
1870 par une proclamation du Gouverneur faisant fonction, J. Wilson
Shaffer, qui interdit les rassemblements de la milice sauf sur ordre
exprès de sa part. La Légion de Nauvoo fut finalement
licenciée à la suite de la Loi Edmunds-Tucker de 1887.
En 1894, la garde nationale d’Utah fut organisée comme
milice de l’Utah.
Nauvoo
– Maison de
Auteur :
HOLT, HELENE
Une révélation
donnée à Joseph Smith en janvier 1841 commandait aux
saints de construire le temple de Nauvoo et la Maison de Nauvoo, un
hôtel qui serait « une habitation agréable
pour l'homme et un lieu de repos pour le voyageur fatigué »
(D&A 124:60). Les saints ne devaient pas s’isoler du monde,
mais fournir un logement attrayant aux étrangers et aux
touristes tandis qu’ils « contempl[aient] la parole
du Seigneur — et la pierre angulaire que j'ai désignée
pour Sion » (D&A 124:23).
Joseph Smith fit don du
terrain pour la Maison de Nauvoo et beaucoup de saints des derniers
jours achetèrent des actions. Les plans des architectes Lucien
Woodworth et William Weeks prévoyaient un bâtiment de
briques en L de douze mètres de profondeur et haut de deux
étages. La construction commença au printemps de 1841
et progressa (avec des interruptions) jusqu’en 1845. Par la
suite, les travaux furent abandonnés pour terminer le temple
de Nauvoo.
Quand les saints
quittèrent Nauvoo en 1846, les murs de la Maison de Nauvoo
étaient plus hauts que les fenêtres du premier étage.
Le grand bâtiment inachevé à l’extrémité
sud de Main Street face au Mississippi devint la propriété
d’Emma Smith, veuve de Joseph. Plus tard, Lewis C. Bidamon, le
deuxième mari d’Emma, démolit les extrémités
de l’édifice en L et se servit des briques pour finir la
partie centrale et en faire un plus petit hôtel, que l’on
appela tantôt la Bidamon House, tantôt la Riverside
Mansion. Emma et lui y vécurent de 1871 jusqu’à
leur décès. Après la mort de Bidamon, l’Église
réorganisée de Jésus-Christ des saints des
derniers jours acheta la Maison de Nauvoo et la possède
toujours.
Nauvoo
Neighbor
Auteur :
HAYES, DARWIN L.
Le Nauvoo Neighbor fut un
hebdomadaire édité et publié par John Taylor à
Nauvoo du 3 mai 1843 au 29 octobre 1845. Il remplaça The Wasp
(commencé le 16 avril 1842 avec William Smith comme
rédacteur). Financé par des abonnements et de la
publicité, le Neighbor proposait régulièrement
de la littérature, des sciences, de la religion, de
l’agriculture, de la manufacture, du commerce et des nouvelles
locales, nationales et internationales. Il rapportait les décisions
du gouvernement de l’état, du conseil municipal de
Nauvoo et des tribunaux locaux.
Avocat de la vérité,
le Neighbor détaillait les conflits impliquant les membres de
l’Église, leurs voisins, leurs ennemis, le gouvernement
de l’État et le fédéral. Il publiait
également la correspondance entre le prophète Joseph
Smith et Henry Clay (tous deux candidats à la présidence
des États-Unis) ainsi que les lettres entre Emma Smith et le
gouverneur Thomas Carlin au sujet du harcèlement de Joseph
Smith par les autorités du Missouri. Il donna les détails
de l’affaire du Nauvoo Expositor et les événements
de l’assassinat de Joseph et de Hyrum Smith à la prison
de Carthage, y compris les récits et la correspondance
d’autres journaux. Le Nauvoo Neighbor est un compte rendu
précieux des événements et des comportements
dans et autour de Nauvoo de 1843 à 1845.
Bibliographie
Nauvoo Neighbor.
Microfilm, Lee Library, université Brigham Young.
DARWIN L. HAYES
Nauvoo
– Politique
Auteur :
HAMPSHIRE, ANNETTE P.
Le pouvoir politique joua
un rôle important dans le développement et la fin de la
communauté des saints en Illinois. La situation politique
était complexe et incitait à la rivalité et à
la polémique.
La veille de l’arrivée
des saints des derniers jours, Commerce (Nauvoo), dans le comté
de Hancock (Illinois), était situé dans une enclave
pro-Whig dans un État où les Démocrates
dominaient toutes les fonctions politiques excepté la Cour
suprême. Mais dans le comté de Hancock, les deux partis
étaient tellement au coude à coude que quelques
centaines de voix pouvaient être décisives. Mais dans la
législature d’état, même en votant en bloc,
une communauté de la taille de celle des saints des derniers
jours ne pouvait avoir qu’une influence modérée.
Les postes du comté étaient plus vulnérables ;
le nombre de voix nécessaires à l’élection
à des postes tels que celui de shérif, de commissaire
du comté et de juge aux successions était de moins de
mille. Une disposition libérale de la constitution de
l’Illinois accordait la citoyenneté à tous les
immigrés adultes après six mois seulement de résidence,
un sujet à polémique dans un État où les
limites entre les partis étaient nettement tracées,
particulièrement avec l’arrivée régulière
de nouveaux immigrés britanniques à Nauvoo (voir
Immigration et émigration).
La décision de
Joseph Smith d’utiliser le pouvoir du vote des saints découlait
d’un désir de protection contre les persécutions
et d’autonomie. Conscient de l’impératif divin de
rassembler les saints et d’édifier le royaume physique
de Dieu sur terre, il en vint à considérer la politique
comme un moyen d’agrandir et de protéger sa communauté.
Au début, les saints furent politiquement neutres. Mais en
1840-1841 ils votèrent Whig en bloc en Illinois, bien qu’ayant
voté Démocrate au Missouri. Ceci aliéna certains
Démocrates, mais la plupart des politiciens recherchèrent
le vote en bloc des saints en Illinois, tout comme d’autres
recherchaient le vote catholique à New York.
Le premier exemple de
« troc des voix » par les saints des derniers
jours fut le vote législatif en faveur de la charte de Nauvoo
en décembre 1840, poussé par les Démocrates mais
également voté par le Whig Abraham Lincoln. Le tribunal
municipal de Nauvoo, la Légion de Nauvoo et l’Association
agricole et industrielle qui en résultèrent formèrent
l’épine dorsale d’une théocratie autonome,
qui était anathème pour les Illinoisans de la
« frontière ».
La prédominance
des avocats politiciens et la fréquence des mandats d’arrêt
du Missouri embourbèrent Joseph Smith dans le troc de voix. Un
exemple clair fut le soutien des saints au Whig John T. Stuart lors
de l’élection parlementaire de 1841, résultat
direct de l’aide apportée à Joseph Smith par les
Whigs Orville H. Browning et Cyrus Walker quand Smith fut arrêté
à la suite d’un ordre d’extradition du Missouri.
Joseph Smith était techniquement un fugitif, s’étant
sauvé du Missouri après six mois à la prison de
Liberty en attente d’un jugement (voir Smith, Joseph :
Procès judiciaires de Joseph Smith). Cependant, tous les
avocats n’étaient pas des Whigs. Le juge du procès
de 1841 était Stephen A. Douglas, un démocrate
ambitieux décidé à s’acquérir le
vote des saints. Ses efforts furent couronnés de succès
en décembre 1841 quand Joseph Smith se déclara pour les
Démocrates. Le comté de Hancock perdit ensuite son
identité whig.
Voyant en Nauvoo une
menace politique, les non-mormons du comté de Hancock
s’organisèrent politiquement sur un programme électoral
antimormon. Victorieux lors des élections de comté en
1841 (il n’y eut guère d’opposition contre eux),
ils échouèrent particulièrement en 1842 à
propos de nominations pour la législature de l’état.
Les affiliations partisanes existantes étaient trop fortes
pour l’apparition d’un troisième parti et les
Whigs avaient usurpé la cause antimormone lors des élections
pour la nomination d’un gouverneur en 1842. Thomas Ford, le
candidat démocrate au poste de gouverneur, un adversaire de la
charte de Nauvoo, remporta l’élection.
Le gouverneur Ford
conseilla à Joseph Smith de rester en dehors de la politique.
Smith semblait enclin à cela jusqu’à ce que Ford,
en juin 1843, lance un nouveau mandat d’arrêt contre le
prophète à la requête du Missouri. Après
que le Whig Cyrus Walker, un avocat d’assises éminent,
utilisant les dispositions controversées d’habeas corpus
de la charte de Nauvoo, eut fait libérer Joseph Smith, le
prophète lui promit son vote. Mais son frère, Hyrum
Smith, qui était Démocrate, annonça qu’il
pensait que les saints devraient voter pour Joseph P. Hoge,
l’adversaire de Walker. Les saints des derniers jours de
Nauvoo, qui faisaient partie du sixième district
parlementaire, votèrent pour Hoge, mais ceux qui faisaient
partie du cinquième district parlementaire votèrent
pour le Whig O.H. Browning, faisant campagne contre Douglas.
Ce fut le commencement de
la désillusion, dans les deux partis en ce qui concerne le
vote des saints. Les Whigs, en particulier, qui s’étaient
retirés de l’antimormonisme en 1842-1843 dans l’espoir
d’être bien vus, s’opposèrent maintenant
ouvertement au pouvoir politique et judiciaire des saints. En 1843,
même à l’intérieur de Nauvoo, Joseph Smith
constata que la politique posait un problème. Il y eut des
désaccords internes concernant les élections
municipales de février et, en août, le maire Smith se
plaignit d’être rudoyé par des pro-Démocrates
aux élections municipales. En outre, William Law, dirigeant
éminent dans l’Église, contesta publiquement le
« témoignage de Hoge » de Hyrum.
En janvier 1844, après
avoir prospecté les candidats à la présidence
des États-Unis pour avoir leur appui pour obtenir réparation
pour les déprédations du Missouri et n’en avoir
trouvé aucun, Joseph Smith annonça sa propre
candidature. Certains y virent une volonté d’obtenir le
pouvoir politique, dans le but de promouvoir le royaume politique de
Dieu ; d’autres estimèrent que parce que Joseph
Smith ne risquait pas de remporter l’élection nationale,
il voulait simplement un programme pour présenter son message.
Le Warsaw Signal, principal journal antimormon d’Illinois,
accueillit le projet avec la dérision habituelle mais y vit
néanmoins une évolution audacieuse et menaçante.
Toutes les tentatives de
Joseph Smith d’acquérir de l’influence politique
étaient contestables pour le groupe d’apostats qui
lancèrent le Nauvoo Expositor, dont la destruction déclencha
les événements qui conduisirent à la mort de
Smith en juin 1844 (voir Martyre de Joseph et de Hyrum Smith). Dans
cette atmosphère volatile, les antimormons se renforcèrent
en accusant le gouverneur Ford de se livrer à des activités
promormones afin de s’assurer des votes démocrates. Les
saints des derniers jours perdirent graduellement leurs appuis
jusqu’à ce qu’en janvier 1845 leur charte soit
abrogée, ôtant à Nauvoo son statut. Cependant des
élections municipales non autorisées continuèrent
à Nauvoo et les saints des derniers jours votèrent lors
des élections du comté et de l’état,
toujours en faveur des Démocrates. À partir de ce
moment-là et jusqu’à ce que les saints partent en
1846 (voir Migration vers l’Ouest : Planification et
prophétie), cette participation persistante des mormons à
la politique continua à enflammer les non-mormons et à
les rassembler pour pousser à l’expulsion des mormons.
La politique et le
pouvoir politique furent indispensables à la naissance et à
la force de Nauvoo et à la protection du prophète
Joseph Smith. Mais la mauvaise gestion du pouvoir politique a pu
également contribuer à la chute de la ville. [Voir
aussi Politique : Histoire politique.]
Bibliographie
Flanders, Robert B.
Nauvoo : Kingdom on the Mississippi. Urbana, Ill., 1965.
Gayler, George R. "The
mormons and Politics in Illinois : 1839-1844". Journal of
the Illinois State Historical Society 49, 1956, p. 48-66.
Hampshire, Annette P.
Mormonism in Conflict : The Nauvoo Years. New York, 1985.
ANNETTE P. HAMPSHIRE
Nauvoo
– Temple de
Auteur :
COLVIN, DON F.
Le temple de Nauvoo, sa
tour et sa flèche visibles jusqu’à trente
kilomètres, était l’édifice principal de
la ville de Nauvoo. Orienté vers l’ouest, il se trouvait
au sommet d’un promontoire en pente douce dominant la partie
basse de la ville et le Mississippi.
Il était construit
en un calcaire gris-blanc à brun clair de haute qualité
et ses murs imposants furent érigés et finis avec
beaucoup d’habileté. Ils avaient quatre-vingt-dix
centimètres d’épaisseur au niveau du sol et
certaines de ses pierres pesaient près de deux tonnes. Le
bâtiment avait 38 mètres de long et 26 de large. Le
sommet de la tour était à 47 mètres au-dessus du
niveau du sol et était orné d’une statue dorée
d’un ange volant en position horizontale (sans aucun doute
inspiré de la prophétie d’Apocalypse 14:6-7).
Les murs de pierre
étaient caractérisés par la présence de
trente hauts pilastres fortement ornementés, neuf de chaque
côté et six à chaque bout. Chaque pilastre était
embelli par une grande pierre de lune à la base et une pierre
de soleil au sommet. Les pierres de lune et de soleil étaient
des bas-reliefs, ciselés à la main dans la pierre
massive. Une étoile en pierre ornait aussi chaque pilastre.
Ces symboles cosmiques représentaient les trois degrés
de gloire dans la vie à venir (1 Co. 15:41 ; D&A 76).
La construction du
bâtiment commença en automne 1840. Les pierres
angulaires furent posées le 6 avril 1841 lors de cérémonies
impressionnantes au cours d’une conférence générale.
Les revers financiers et les persécutions gênèrent
continuellement la construction, jusqu’aux jours mêmes de
son achèvement et de sa consécration.
William Weeks devint
l’architecte officiel et supervisa la majeure partie de la
construction. Le bâtiment était un composite de styles
architecturaux et pourtant une grande partie en était
également originale, inspirée par ce que le prophète
Joseph Smith avait vu en vision. Il guida soigneusement Weeks dans la
conception du temple tel qu’il l’avait vu, exigeant, par
exemple, qu’il ait des fenêtres rondes au deuxième
niveau (HC 6:196-197).
L’appel à
construire un édifice aussi grand mit rudement à
l’épreuve les ressources d’un peuple démuni.
Le coût final dépassa $1.000.000. Les fonds venaient en
grande partie de la dîme et des offrandes des membres de
l’Église, certains faisant don des économies de
toute une vie. Beaucoup firent don de mois de travail avec peu ou pas
de rémunération, travaillant de l’aube jusqu’au
crépuscule, même dans les intempéries.
La pierre pour le
bâtiment était près de la ville. Le bois était
amené du Wisconsin sous forme de radeaux énormes de
bois de construction scié, que l’on faisait flotter sur
le Mississippi jusqu’à Nauvoo. Certains convertis
britanniques firent don d’une grande cloche pesant plus de 700
kilos. Quand les saints quittèrent Nauvoo, la cloche fut
descendue et emportée dans l’Ouest lors de la migration,
où elle fut plus tard montée sur une tour sur Temple
Square à Salt Lake City.
L’élément
principal au niveau du sous-sol était un grand bassin en
pierre calcaire blanche reposant sur le dos et les épaules de
douze bœufs en pierre grandeur nature. C’étaient
les fonts baptismaux qui devaient être utilisés en
particulier pour l’ordonnance du baptême pour les morts.
Le sous-sol était pavé de briques. Le rez-de-chaussée
contenait une grande salle au centre, qui servait d’auditoire.
À chaque extrémité de cette grande salle, il y
avait des pupitres complexes, ayant chacun quatre gradins de sièges
pour recevoir les dirigeants de la Prêtrise d’Aaron et de
la Prêtrise de Melchisédek. Le rez-de-chaussée
était équipé de sièges dont le dos
pouvait être retourné, permettant aux assemblées
de se tourner dans les deux sens. Le premier étage était
la reproduction exacte du rez-de-chaussée. Le grenier
contenait deux sections principales. Un demi-étage à
l’extrémité ouest était divisé par
des cloisons de tissu et utilisé pour les ordonnances de
dotation. La section principale du grenier, sous la pente du toit,
était utilisée pour les ordonnances de scellement et
les mariages célestes ou éternels. Le grenier tout
entier était plafonné et peint et les planchers étaient
couverts de tapis.
De temps en temps des
utilisations cérémonielles eurent lieu pendant la
construction, particulièrement des baptêmes pour les
morts. Quoique pas entièrement terminé, le temple fut
complètement rempli par les membres venant pour les
ordonnances pendant les mois précédant immédiatement
l’exode, des ordonnances tant pour les morts que pour les
vivants. En plus de ses utilisations sacrées, le temple
servait de lieu de réunion multifonctions. Des services
réguliers du dimanche et même certaines conférences
générales furent tenus dans le bâtiment.
L’édifice contenait également quelques locaux en
tant que bâtiment administratif de l’Église. La
planification et l’organisation de la migration vers l’Ouest
eurent lieu dans le temple.
Quand la plupart des
saints quittèrent Nauvoo, au début de février
1846, sous la menace de violences de la part des émeutiers,
une équipe spéciale resta derrière et finit le
temple. Trois mois plus tard le bâtiment était considéré
comme achevé et était consacré publiquement le
1er mai 1846. Les services de consécration furent répétés
sur une période de trois jours et des milliers de personnes y
assistèrent. Les visiteurs payaient un dollar pour l’entrée
et les fonds furent utilisés pour aider les ouvriers à
déménager leurs familles et à rejoindre le gros
de l’Église sur les plaines à l’ouest.
Quand la plupart des
membres restants de l’Église eurent été
chassés de la ville en septembre 1846, le temple fut
temporairement abandonné. Les émeutiers profanèrent
et souillèrent l’édifice sacré. Il y eut
quelques dommages matériels, mais pas beaucoup. Des tentatives
furent faites plus tard de vendre le temple, mais en vain. Un
incendie criminel détruisit le bâtiment en octobre 1848.
Il ne resta que les murs nus. Une communauté de Français
icariens acheta l’emplacement et se préparait à
remettre l’édifice en état quand il fut frappé
par une tornade, qui fit s’écrouler certains des murs et
en endommagea tellement d’autres qu’il fallut les raser.
Une grande partie des pierres fut plus tard réutilisée
dans d’autres bâtiments de Nauvoo.
DON F. COLVIN
Néphi
1
Auteur :
REYNOLDS, NOEL B.
Le premier de plusieurs
dirigeants appelés Néphi dans le Livre de Mormon, Néphi
1 est un prophète influent, fondateur du peuple néphite.
Il est apparemment instruit, fidèle et obéissant à
Dieu, courageux et hardi. Prophète inspiré, il a des
visions de Jésus-Christ et du futur du monde ; il
interprète également les prophéties faites par
d'autres comme son père, Léhi, et Ésaïe. Il
est l’auteur des deux premiers livres du Livre de Mormon, où
se trouve quasiment tout ce que nous savons de lui. C’est un
artisan et un dirigeant habile et il succède à Léhi
comme chef de la famille (passant avant ses trois frères
aînés). Par-dessus tout, il fait confiance à
Dieu : « Ma voix montera à jamais vers toi,
mon rocher et mon Dieu éternel » (2 Né.
4:35).
HISTOIRE. Néphi
naît vers 615 av. J.-C. Son père, le prophète
Léhi, emmène toute la famille de Jérusalem juste
après 600 av. J.-C., à travers le désert
d’Arabie, et à travers l'océan jusque sur le
continent américain. Tandis qu’il est dans le désert,
Néphi a une vision qui va façonner beaucoup de ses
idées de base ; elle est partiellement rapportée
dans 1 Néphi 11-14. Dans la terre promise, son père
le désigne pour lui succéder comme dirigeant de la
famille (2 Né. 1:28-29), mais Laman et Lémuel, ses
frères aînés, se rebellent et la moitié du
groupe prend leur parti. Néphi est inspiré de se sauver
avec tous ceux qui croient aux avertissements et aux révélations
de Dieu (2 Né. 5:6) et fonde une nouvelle ville, la ville
de Néphi.
Néphi établit
son peuple sur des bases politiques, juridiques, économiques
et religieuses saines. Celui-ci l'acclame comme roi malgré son
opposition de départ. Il lui enseigne à être
travailleur et à pourvoir à ses besoins et il le
prépare par l’entraînement et les armes à
se défendre contre ses ennemis. Il respecte la loi de Moïse,
construit un temple comme celui de Salomon (toutefois sans
« autant
de choses précieuses ») et oint ses frères
cadets Jacob et Joseph prêtres et instructeurs pour former le
peuple et le diriger dans le domaine spirituel (2 Né.
5:10, 16, 26). Avant de mourir, il nomme un nouveau roi (appelé
« deuxième Néphi », Jacob 1:11)
et désigne son frère Jacob comme gardien des annales
religieuses (Jcb. 1:1-4, 18).
VISIONS. À cause
des grandes visions et révélations qu'il reçoit,
Néphi partage le rôle de prophète fondateur avec
son père. Dès sa jeunesse, il reçoit
l’inspiration du Saint-Esprit et croit aux paroles de son père.
Il entend la voix du Seigneur lui dire qu'il deviendra gouverneur et
instructeur de ses frères (1 Né. 2:22). Il est
témoin de la vision de l'arbre de vie donnée
précédemment à son père (1 Né.
8), qui lui montre la naissance, le baptême et le ministère
futurs de Jésus-Christ, ainsi que la naissance et la fin
futures de son peuple. Il voit, en outre, l’arrivée
future des Gentils en Amérique et le rétablissement de
l'Évangile parmi eux (1 Né. 11-14). Grâce à
ces révélations, Néphi est en mesure d’enseigner
à son peuple l'Évangile ou la « doctrine du
Christ », le moyen par lequel il peut aller au Christ et
être sauvé (2 Né. 30:5 ; 31:2-32:6).
L’enseignement soigneusement formulé qu’il fait de
cette doctrine constitue un modèle que d'autres prophètes
néphites vont invoquer à plusieurs reprises (voir
Évangile de Jésus-Christ).
Les Néphites ayant
reçu la plénitude de l'Évangile de Jésus-Christ,
leur respect scrupuleux de la loi de Moïse va être orienté
vers son accomplissement final en Jésus et Néphi
explique à son peuple qu'il doit observer la loi de Moïse
comme moyen de toujours avoir à l’esprit l’Expiation
future du Christ (2 Né. 25:29-30). La loi elle-même
est devenue « morte » pour ceux qui sont
« rendus vivants en Christ » et qui savent que
Jésus est celui vers qui ils peuvent se tourner directement
« pour obtenir la rémission de leurs péchés »
(2 Né. 25:25-27).
TENUE DES ANNALES ET
INSTRUCTION. Néphi est à l’origine de
l’importante tradition néphite de tenue des annales
(voir Livre de Mormon, Plaques et annales). Il est inspiré à
tenir deux récits séparés, qui vont être
continués pendant des siècles. Les annales officielles
tenues par les rois, connues sous le nom de grandes plaques de Néphi,
commencent avec le livre de Léhi et contiennent les chroniques
historiques des Néphites pendant mille ans. Les plaques d'or
données à Joseph Smith contiendront la version abrégée
par Mormon des grandes plaques de Néphi et constitueront la
majeure partie du texte du Livre de Mormon (du livre de Mosiah au
livre de Mormon). Cependant, trente ans après avoir quitté
Jérusalem, Néphi reçoit de Dieu le commandement
de rédiger un deuxième document traitant spécialement
des questions spirituelles. Appelé petites plaques de Néphi,
ces annales contiennent le récit rétrospectif fait par
Néphi des événements fondateurs et les
prophéties ultérieures d'une lignée de prophètes
et de prêtres descendant de Jacob jusque vers 200 av. J.-C. Les
premiers livres du Livre de Mormon actuel, de 1 Néphi à
Omni, viennent de ces annales. Les révélations et les
enseignements inspirés de Néphi façonneront les
conceptions religieuses de ses disciples, les Néphites.
Quand Néphi
commence à écrire ses petites plaques, il est un
roi-prophète mûr. Les annales révèlent son
souci d’aider son peuple et les descendants de celui-ci à
comprendre la future expiation de Jésus-Christ et la
légitimité de son propre appel en tant que leur
gouverneur et instructeur. Néphi compose ces annales à
l’aide de celles de son père et de ses propres annales
précédentes et plus considérables que nous
n’avons plus aujourd’hui.
L'instruction
exceptionnelle des dirigeants néphites ultérieurs est
peut-être due au fait que Néphi était un homme de
lettres. Le texte donne à penser qu'il devait parler
couramment l'hébreu et l'égyptien et dit qu'il avait
été « instruit quelque peu dans toute la
science » des Juifs et de son père (1 Né.
1:1-3).
Néphi fait preuve
de capacités littéraires dans la manière dont il
organise ses écrits et dans la diversité des formes et
des techniques littéraires qu’il utilise, notamment
celles du récit, de la rhétorique et de la poésie,
entre autres un psaume. Les techniques, les histoires, les prophéties
et les enseignements de Néphi seront des modèles et
fourniront de la substance à ses successeurs (voir Livre de
Mormon, Littérature). Il aime les écrits d'Ésaïe
et les a cite abondamment (par exemple, 1 Né. 20-21 ;
2 Né. 12-24), en en donnant souvent l’interprétation.
L'HOMME ET SES MESSAGES.
Néphi a construit le livre de 1 Néphi sur un
ensemble rigoureusement équilibré et coordonné
d'histoires et de révélations fondatrices, le tout
conçu pour montrer « que les tendres miséricordes
du Seigneur sont sur tous ceux qu'il a choisis à cause de leur
foi, pour les rendre puissants au point même d'avoir le pouvoir
de délivrance » (1 Né. 1:20). Néphi
soutient cette thèse dans 1 Néphi à l’aide
d’histoires sur la façon dont Dieu est intervenu dans
les affaires humaines pour délivrer ses disciples fidèles,
et Néphi en particulier, de leurs ennemis. Mais ce ne sont que
des types et des préfigurations. La véritable preuve de
Néphi est donnée dans 2 Néphi, où il
dit que l'Expiation de Jésus-Christ rend accessible à
tous ceux qui ont la foi au Christ une libération du péché
et une rédemption spirituelle de l'enfer et du diable, leur
plus grand ennemi. Tous les hommes et toutes les femmes qui suivent
l'exemple du Christ et prennent son chemin par le repentir et le
baptême auront en bénédiction un baptême de
feu et du Saint-Esprit – qui apporte la rémission des
péchés et une guidance individuelle – pour qu’ils
puissent persévérer jusqu'à la fin avec foi et
recevoir la vie éternelle (2 Né. 31).
Dans le récit plus
spirituel de ses petites plaques, Néphi intègre aussi
une défense animée de sa primauté politique à
l’aide d’allusions à Moïse et à Joseph
d'Égypte (Reynolds, 1987). Pour défendre sa situation
dominante quoique étant un fils cadet, Néphi dit
comment les deux fils les plus âgés ont rejeté
leur père et le Seigneur et comment lui (Néphi) a été
choisi et béni par le Seigneur et par son père. Il
raconte comment, avec l'aide du Seigneur, il a acquis les plaques
d'airain (1 Né. 3-4), a persuadé Ismaël et sa
famille de se joindre au groupe de Léhi (1 Né. 7),
a empêché la famille de mourir de faim dans le désert
(1 Né. 16) et a construit un bateau et réussi à
lui faire franchir l'océan (1 Né. 17-18). Au cours
de ces exploits, Néphi subit systématiquement
l’opposition et les menaces, et même des menaces de mort,
de la part de Laman et de Lémuel ; mais dans chaque
crise, il est miraculeusement délivré par le pouvoir du
Seigneur et a la bénédiction de pouvoir mener à
bien sa tâche.
Quoique incapable de
combler le fossé entre lui et ses frères, Néphi
se révèle être, dans ses écrits, un homme
doté d’une gamme impressionnante de sensibilités
humaines, et il aspire à leur bien-être. Il a acquis son
immense foi en son père et au Seigneur à un jeune âge
et n'a jamais flanché. En conséquence, il obéit
sans murmurer. Il médite les prophéties de son père
et demande à plusieurs reprises au Seigneur de l’aider à
comprendre et de le guider. Il a un amour et un sens profond de
responsabilité pour son peuple : « Je prie
continuellement pour lui le jour, et mes yeux mouillent mon oreiller
la nuit à cause de lui » (2 Né. 33:3).
Il a également de la charité pour tous les autres. Il
met ses délices dans la clarté et dans la vérité
et il sait que ses paroles sont dures contre les pécheurs
impénitents (2 Né. 33:5-9). Il est profondément
angoissé à cause des tentations et de ses propres
péchés et en particulier à cause de ses
sentiments de colère contre ses ennemis (2 Né.
4:26-29). Sa force et sa profondeur spirituelles sont basées
sur la connaissance que Jésus-Christ a entendu ses
supplications et a racheté son âme de l'enfer (2 Né.
33:6).
Bibliographie
Bergin, Allen E. "Nephi,
A Universal Man" Ensign 6, sept. 1976, p. 65-70.
Cannon, George Q. The
Life of Nephi. Salt Lake City, 1883 ; réimpr. 1957.
Reynolds, Noel B.
"Nephi's Outline." BYU Studies 20, hiver 1980, p. 131-149.
Reynolds, Noel B. "The
Political Dimension in Nephi's Small Plates" BYU Studies 27,
automne 1987, p. 15-37.
Sondrup, Steven P. "The
Psalm of Nephi : A Lyric Reading." BYU Studies 21, été
1981, p. 357-372.
Turner, Rodney. "The
Prophet Nephi". Dans The Book of Mormon : First Nephi, the
Doctrinal Foundation, ed. M. Nyman et C. Tate, p. 79-97. Provo, Utah,
1988.
NOEL B. REYNOLDS
Néphi
2
Auteur :
THORNE, MELVIN J.
Néphi 2 succède
à son père Hélaman 3 en 39 av. J.-C. en tant que
grand juge des Néphites, manifestement à un jeune âge.
À cause de la méchanceté parmi les Néphites,
il démissionne du siège du jugement en 30 av. J.-C. et
va avec son frère cadet Léhi prêcher l'Évangile
de Jésus-Christ chez les Lamanites. Bien qu'emprisonné
et menacé de mort, il est préservé par le
pouvoir de Dieu et convertit des milliers de Lamanites (Hél.
5).
Il retourne ensuite à
Zarahemla, condamne hardiment les dirigeants néphites
corrompus, révèle miraculeusement l'identité
d'un meurtrier et exerce le pouvoir de Dieu pour appeler une famine
sur les Néphites. Bien que les Néphites se repentent de
temps en temps, leur conversion et la paix qui s’ensuit ne
durent pas. Quand le moment où la prophétie de Samuel
le Lamanite concernant la naissance du Christ est sur le point
d’arriver, Néphi passe les annales à son fils
Néphi 3 et part, et l’on n’entendra plus jamais
parler de lui (3 Né. 1:3 ; 2:9).
Bibliographie
Welch, John W. "Longevity
of Book of Mormon People and the Age of Man." Journal of the
Collegium Aesculapium 3, 1985, p. 34-42.
MELVIN J. THORNE
Néphi
3
Auteur :
THORNE, MELVIN J.
Néphi 3 est l’aîné
des fils de Néphi 2. Il se voit confier la responsabilité
de toutes les annales néphites en 1 av. J.-C. (3 Né.
1:2). À cause de sa grande foi et de ses préoccupations
pour son peuple, la voix de Jésus lui dit, la veille de la
naissance de celui-ci, que le Sauveur naîtra « demain ».
Plus tard, il va regrouper, mener et défendre les justes, les
faisant passer au pays d'Abondance. Il survit aux destructions qui se
produisent en Amérique à la mort du Sauveur (2 Né.
8-9) et est le premier à qui le Christ ressuscité donne
le pouvoir de baptiser (3 Né. 11:18-12). Il devient le
principal disciple dans l'Église dont il est question dans
cette partie du Livre de Mormon et voit son peuple connaître
des années de paix et de justice.
Bibliographie
Arnold, Marilyn. "The
Nephi We Tend to Forget." Ensign 8, janv. 1978, p. 68-71.
MELVIN J. THORNE
Néphi
4
Auteur :
THORNE, MELVIN J.
Néphi 4 est fils
de Néphi 3. C’est lui qui tient les annales néphites
pendant l'ère extraordinairement bénie qui suit la
venue de Jésus-Christ auprès des Néphites. Il
voit son peuple vivre dans l'amour, l'unité (ayant tout en
commun), la justice et l'obéissance parce que l'amour de Dieu
abonde dans leur cœur. Le peuple pratique pendant ce temps un
type d'Ordre uni ou de loi de consécration. Les villes sont
reconstruites, il y a la prospérité, des miracles, la
paix et le bonheur. On ne sait pas grand chose d’autre de sa
vie. Il meurt quelque temps après 110 apr. J.-C. (voir 4 Né.
1:1-19).
MELVIN J. THORNE
Nouveau
Testament
Auteur :
PATCH, ROBERT C.
Pendant les premiers
siècles de l’ère chrétienne, les évangiles
du Nouveau Testament furent les principaux témoignages écrits
de ce que Jésus était le Christ. Aucun autre recueil
d’écrits ne contenait les notions, la force
d’enseignement et, par conséquent, l’attrait
spirituel pour les chrétiens. Le Nouveau Testament est aussi
le fondement du rétablissement de l’Évangile dans
les derniers jours. C’est pendant qu’il lisait l’épître
de Jacques (1:5) que le jeune Joseph Smith fut inspiré à
prier le Seigneur à propos de son incertitude en matière
religieuse, ce qui donna lieu à sa première vision
(JS–H 1:7-20). Le Nouveau Testament est l’un des ouvrages
canoniques des saints des derniers jours, qui recherchent dans ses
pages la force et la lumière spirituelles. De plus, ils
considèrent que les données fournies par le Nouveau
Testament décrivent avec précision la vie et le
ministère de Jésus-Christ aussi bien que le ministère
de ses apôtres et de leurs associés, qui révèlent
une grande partie de l’ordre et de l’organisation de
l’Église du Nouveau Testament. Par ailleurs, le Nouveau
Testament contient beaucoup d’alliances et de commandements de
Dieu donnés personnellement par Jésus et, après
son ascension, par ses apôtres. Les saints des derniers jours
chérissent également les prophéties du Nouveau
Testament au sujet des derniers jours.
Les écrits du
Nouveau Testament ont vraisemblablement tous été
rédigés au premier siècle de l’ère
chrétienne. Néanmoins, son recueil de textes est passé
par trois siècles de changements et d’inclusions ou
d’exclusions avant d’acquérir sa forme reconnue
actuelle reprise pour la première fois en 367 apr. J.-C. dans
la lettre de Pâques d’Athanase d’Égypte. Le
troisième synode de Carthage (397 apr. J.-C.) canonisa les
livres du Nouveau Testament tels que mentionnés dans la lettre
d’Athanase parce que chaque écrit avait trois
qualifications : l’autorité apostolique, l’appui
d’une communauté chrétienne importante et une
absence de faux enseignements.
L’apparition de ce
que l’on a appelé les hérésies au deuxième
siècle prouve la perte de la révélation donnée
aux prophètes et marque le besoin des chrétiens de se
tourner de nouveau vers les apôtres pour avoir des écrits
faisant autorité. Marcion (v. 130 apr. J.-C.), l’un des
hérétiques, limitait son recueil d’Écritures
à un seul évangile, Luc, et aux épîtres de
Paul, qu’il retouchait fortement.
LES ÉVANGILES. Il
y a au moins deux raisons pour lesquelles les saints des derniers
jours considèrent les évangiles du Nouveau Testament
comme des récits essentiellement exacts de la vie et du
ministère de Jésus-Christ. D’abord, beaucoup de
prophéties préchrétiennes, particulièrement
dans le Livre de Mormon, détaillent des événements
précis de la vie de Jésus, notamment le nom de sa mère,
les circonstances de sa naissance, son baptême, son choix de
douze apôtres, les miracles qu’il a accomplis, son rejet
et ses souffrances, et sa mort et sa résurrection (par
exemple, 1 Né. 11:13-36 ; Mos. 3:5-11 ; voir
Jésus-Christ : Ministère de Jésus-Christ).
En second lieu, le travail inspiré de Joseph Smith dans la
Traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS) l’a amené à
ajouter des détails précisant le contexte et le contenu
de certaines histoires au sujet de Jésus et à
considérer beaucoup de paraboles et d’enseignements de
Jésus comme applicables aux derniers jours.
L’évangile
de Matthieu se caractérise par deux particularités
distinctes : l’utilisation fréquente de références
de l’Ancien Testament et six des discours de Jésus (voir
Matthieu, Évangile de). On suppose que l’utilisation
fréquente par Matthieu de références de l’Ancien
Testament indique à la fois un auditoire juif et la notion que
le christianisme était l’accomplissement du judaïsme
prophétique.
Chose importante pour les
saints des derniers jours, des parties de cet Évangile
retiennent l’attention d’Écritures extrabibliques.
Par exemple, le Livre de Mormon signale que quand il a rendu visite à
des disciples sur le continent américain (v. 34 apr. J.-C.),
Jésus, ressuscité, a prononcé un sermon presque
identique au sermon sur la montagne, ce qui met en évidence la
validité et l’universalité du sermon (3 Né.
12-14 ; Mt. 5-7 ; voir aussi Béatitudes). En plus,
le travail de Joseph Smith sur la TJS l’a amené à
faire des révisions inspirées, dont celles qui sont le
plus souvent citées se trouvent dans le sermon sur la montagne
et dans le discours de Jésus sur le sort de Jérusalem
et sur sa seconde venue (Mt. 24 ; voir Joseph Smith–Matthieu).
Si relativement peu
d’attention a été accordée à
l’évangile de Marc dans les écrits des érudits
de l’Église, les saints ont traditionnellement estimé
que l’étude de ses pages avait une grande valeur. Sa
description de Jésus est sans doute la plus dynamique et
pourrait remonter aux souvenirs de témoin oculaire de Pierre,
le chef des apôtres.
L’évangile
de Luc, que certains savants appellent « le livre le plus
beau » au monde, retient, pour plusieurs raisons,
l’intérêt spécial des saints des derniers
jours, notamment son récit de l’histoire de Noël,
ses dix-sept paraboles non reprises ailleurs, le fort accent qu’il
met sur la rémission des péchés et sur sa
compassion pour tout le monde, son récit de l’appel et
de la mission des soixante-dix disciples, et la prééminence
distincte qu’il donne aux femmes.
L’évangile
de Jean a été écrit « afin que vous
croyiez que Jésus est le Christ » (Jn. 20:31).
Outre qu’il présente une série de discours de
Jésus non contenus dans les autres évangiles, Jean
utilise une série de métaphores messianiques pour
révéler la nature et la mission divines de Jésus :
parole, agneau, eau vive, je suis, pain de vie, pain vivant, lumière
du monde, bon berger, résurrection, le chemin, la vérité
et la vie, et le vrai cep. Beaucoup de ces métaphores
apparaissent également dans les Doctrine et Alliances, une
Écriture moderne où ce langage est amplifié et
appliqué à l’Église rétablie. De
plus, le commentaire de Jésus sur « les autres
brebis », dont ne parle que Jean 10:14-16, Jésus
ressuscité le mentionne de manière explicite pendant sa
visite aux disciples sur le continent américain quand il veut
faire une déclaration au sujet de ceux à qui il a été
envoyé exercer son ministère (3 Né.
15:12-24). Pendant cette même visite après sa
résurrection, Jésus utilise plusieurs expressions et
descriptions – particulièrement de lui-même et de
son œuvre – qui sont caractéristiques de
l’évangile de Jean (par exemple, 3 Né.
11:10-11, 14, 27, 32-36).
LES ACTES DES APÔTRES.
Du récit de l’ascension de Jésus jusqu’au
récit du ministère de Paul, le livre des Actes relate
le ministère spirituel des témoins apostoliques pendant
les premières années du christianisme. Les saints des
derniers jours trouvent intéressant le fait que l’on ait
voulu remplacer Judas et qu’un apôtre ait été
choisi pour compléter les Douze et que Pierre ait fixé
les qualifications des apôtres : Ils doivent connaître
le ministère de Jésus, ils doivent être ordonnés
et ils doivent être témoins de sa résurrection
(Ac. 1:21-22). Les apôtres modernes de l’Église
sont également « les témoins spéciaux
du nom du Christ dans le monde entier » (D&A 107:23 ;
cf. 27:12 ; 84:108). En outre, le livre des Actes mentionne le
riche déversement du Saint-Esprit dans l’Église
primitive, tant sous forme de révélations directrices
que de manifestations des dons de l’Esprit, des
caractéristiques que les saints des derniers jours connaissent
et chérissent. De plus, certaines déclarations
prophétiques ont une signification particulière. Par
exemple, les saints des derniers jours considèrent que la
prophétie de Paul aux anciens d’Éphèse au
sujet des problèmes de rébellion dans l’Église
primitive comme une déclaration inspirée au sujet de
l’apostasie imminente (Ac. 20:29-30). En outre, ils estiment
que la prédiction de Pierre sur le retour de Jésus du
ciel « aux temps du rétablissement de toutes
choses » commence avec le rétablissement moderne de
l’Évangile (3:19-21). Par ailleurs, le livre des Actes a
beaucoup à dire au sujet de l’organisation, de la
doctrine et du caractère de la prédication de l’Église
chrétienne primitive.
LES ÉPÎTRES.
Les lettres du Nouveau Testament sont traditionnellement divisées
en deux groupes, les écrits de Paul et les épîtres
générales.
Le style des écrits
de Paul varie de l’exposé presque officiel dans les
Romains à la persuasion charmante dans Philémon. En
plus des enseignements chers aux autres chrétiens, les saints
des derniers jours manifestent un intérêt particulier
pour certains points de doctrine, fonctions ecclésiastiques et
pratiques notés dans les ouvrages de Paul. Par exemple, la
place des Gentils dans l’histoire du salut (Ro. 9-11) est
également traitée dans le Livre de Mormon (par exemple,
1 Né. 13:20-14:7 ; 22:6-11 ; 2 Né.
10:8-18 ; voir Gentils, Plénitude des) ; la notion
d’être cohéritier avec le Christ (Ro. 8:16-17) est
enseignée dans la révélation moderne (D&A
84:35-38 ; voir Héritiers) ; l’adoption dans
le peuple de l’alliance de Dieu (Ro. 8:14-15) est enseignée
dans le Livre de Mormon (par exemple, 2 Né. 30:2 ;
voir Loi de l’adoption) ; la valeur des dons spirituels (1
Co. 12 ; cf. 1 Th. 5:19-20) est soulignée dans l’Écriture
moderne (D&A 46) ; l’importance de la charité
ou de l’amour (1 Co. 13) est soulignée en particulier
dans ce que dit le prophète Mormon (Mro. 7:40-48) ; la
liste donnée par Paul des vertus à rechercher (Ph. 4:8)
est à la base du treizième article de foi de Joseph
Smith ; l’apostasie qui s’insinue (Ga. 1:6-9) et la
désunion dans l’Église primitive (1 Co. 1:10-13),
aussi bien que la prophétie de Paul au sujet de
l’inévitabilité de l’apostasie (2 Th.
2:1-4 ; cf. 1 Ti. 4:1-3), constitue un thème important
des paroles de Jésus ressuscité à Joseph Smith
lors de la Première Vision (JS–H 1:18-19) ;
l’accomplissement de la loi de Moïse dans le Christ (par
exemple, Ga. 3) est affirmée formellement par Jésus
ressuscité dans le Livre de Mormon (3 Né.
15:3-10 ; cf. 9:19-20) et sa résurrection physique
littérale, accompagnée de nombreuses preuves (1 Co.
15), est soulignée et amplifiée par les apparitions de
Jésus ressuscité aux disciples sur le continent
américain (v. 34 apr. J.-C. ; 3 Né. 11-28) et
dans des déclarations faites à Joseph Smith (cf. D&A
130:22). En matière d’organisation de l’Église,
les saints des derniers jours trouvent les commentaires de Paul sur
la direction apostolique (Ga. 1:18-19 ;2:9-10) et sa mention
d’offices dans la prêtrise tels qu’apôtres,
prophètes, évangélistes (Ép. 2:19-21 ;
4:11-13), évêques et diacres (1 Ti. 3) importants pour
l’administration de l’Église. Pour ce qui est des
pratiques ou des ordonnances, les saints des derniers jours
apprécient les déclarations de Paul sur la Sainte-Cène
(1 Co. 10:14-21 ; 11:23-30 ; cf. 3 Né.
18:28-29 ; Mro. 4-5), sa mention du baptême pour les morts
(1 Co. 15:29) et ses instructions sur l’imposition des mains (1
Ti. 4:14 ; 5:22). Tout cela existe dans l’Église
des saints suite à la révélation moderne et les
épîtres du Nouveau Testament certifient leur présence
dans l’Église primitive.
Parmi les épîtres
générales, c’est celle de Jacques qui ressort
pour les saints à cause de son influence sur le jeune Joseph
Smith. En plus du passage qui va l’amener à prier pour
être guidé par Dieu (Ja. 1:5), les saints des derniers
jours chérissent l’enseignement que la qualité de
la foi d’un homme au Christ se reflète dans ses actions
quotidiennes (Ja. 2:14-26 ; voir Foi en Jésus-Christ ;
Grâce) et la pratique de bénir les malades (Ja.
5:14-15). Parmi les écrits de Pierre, ceux qui sont sans doute
le plus souvent cités sont ceux qui parlent de la mission de
Jésus parmi les esprits des morts tandis que son corps était
au tombeau (1 Pi. 3:18-20 ; 4:6), un sujet important dans la
révélation moderne (D&A 138 ; voir Salut des
morts). En outre, les passages qui parlent de la Transfiguration (2
Pi. 1:17-18) et du moyen inspiré par lequel la prophétie
doit être interprétée (2 Pi. 1:19-21) sont
intéressants pour les saints des derniers jours. Comme ils
sont dirigés par des apôtres et croient qu’une
apostasie s’est produite dans l’Église chrétienne
primitive, les saints des derniers jours ont été
attirés par les composants du témoignage apostolique
des épîtres de Jean (1 Jn. 1:1) et par les indications
qu’une grave apostasie était déjà en cours
dans l’Église primitive (1 Jn. 4:1-3 ; 3 Jn.
1:9-10).
L’APOCALYPSE. En
plus de désigner l’apôtre Jean comme l’auteur
de cet ouvrage (1 Né. 14:18-28), les Écritures
modernes se sont concentrées à la fois sur les thèmes
mentionnés dans l’Apocalypse (D&A 77) et sur le
texte supplémentaire écrit par Jean (D&A 7 ;
voir Jean, Révélations de). L’intérêt
des saints a porté sur les sujets qui ont trait aux derniers
jours (cf. EPJS, p. 230-236), notamment le traitement de la
disparition finale du mal et du règne millénaire du
Christ et de ses disciples justes (Ap. 19-20), l’attente de la
nouvelle Jérusalem (Ap. 21) et la vision d’un « autre
ange [volant] par le milieu du ciel, ayant un Évangile
éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre »
(Ap. 14:6). Ce dernier passage est habituellement interprété
comme se rapportant à l’ange Moroni, qui a visité
Joseph Smith en 1823 et lui a révélé l’endroit
où les plaques d’or étaient enterrées. En
outre, les saints des derniers jours comprennent la mise en garde
contre le fait d’ajouter au livre ou d’en retirer (Ap.
22:18-19) comme s’appliquant expressément au livre de
l’Apocalypse plutôt qu’à un canon croissant
d’Écritures qu’ils chérissent (cf. De.
4:2 ; 12:32 ; 2 Né. 29:3-14).
Bibliographie
Anderson, Richard L.
Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
Bruce, Frederick Fyvie.
New Testament History. Garden City, N.Y., 1972.
Conybeare, W. J., et John
S. Howson. The Life and Epistles of St. Paul. Grand Rapids, Mich.,
1968 (reprint).
Edersheim, Alfred. The
Life and Times of Jesus the Messiah, 2 vols. Grand Rapids, Mich.,
1950 (reprint).
Jackson, Kent P., et
Robert L. Millet, dir. de publ. Studies in Scripture, Vol. 5. Salt
Lake City, 1986.
McConkie, Bruce R.
Doctrinal New Testament Commentary, 3 vols. Salt Lake City,
1965-1973.
McConkie, Bruce R. The
Promised Messiah : The First Coming of Christ. Salt Lake City,
1978.
McConkie, Bruce R. The
Mortal Messiah : From Bethlehem to Calvary, 4 vols. Salt Lake
City, 1979-1981.
Millet, Robert L., dir.
de publ. Studies in Scripture, Vol. 6. Salt Lake City, 1987.
Sperry, Sidney B. Paul's
Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
Talmage, James E. JC.
Salt Lake City, 1915.
ROBERT C. PATCH
O
Opposition
Auteur :
EDWARDS, KAY P.
L’opposition et le
libre arbitre sont des principes éternels et entrelacés
dans la théologie de l’Église de Jésus-Christ
des saints des derniers jours. Le libre arbitre est le pouvoir inné
de l’homme de choisir entre diverses options et finalement
entre des modes de vie entiers. L’opposition est le cadre dans
lequel ces choix et leurs conséquences sont possibles.
Dans son récit de
la chute d’Adam, Léhi enseigne que la philosophie des
opposés est au cœur du plan de rédemption. S’ils
étaient restés dans un état d’innocence
prémortelle, Adam et Ève n’auraient éprouvé
« aucune joie, car ils ne connaissaient aucune misère,
[n’auraient fait] aucun bien, car ils ne connaissaient aucun
péché » (2 Né. 2:23). Par
conséquent, conclut Léhi, « il doit
nécessairement y avoir une opposition en toutes choses. S'il
n'en était pas ainsi… la justice ne pourrait pas
s'accomplir, ni la méchanceté, ni la sainteté ni
la misère, ni le bien ni le mal » (2 Né.
2:11).
Pour les saints des
derniers jours, le contraste et l’opposition existaient dans la
vie prémortelle aussi bien que sur la terre (Abr. 3:23-28 ;
Moï. 6:56) et la distinction entre le bien et le mal est
éternelle. Avant la vie terrestre, les esprits de tous les
hommes ont eu des occasions de choisir Dieu et de démontrer
leur amour pour lui en obéissant à sa loi (Mt. 22:37)
ou de céder aux propositions sataniques de rébellion et
de coercition (2 Né. 2:11-15 ; cf. Lu. 16:13 ;
2 Né. 10:16). Des conséquences différentes,
opposées même, ont suivi ces choix (Abr. 3:26).
L’Écriture
rattache le principe de l’opposition aux situations
essentielles de l’expérience humaine. Parmi elles, la
vie et la mort, la connaissance et l’ignorance, la lumière
et les ténèbres, la croissance et l’atrophie.
LA VIE ET LA MORT. Parce
qu’Adam et Ève ont mangé du fruit de l’arbre
de la connaissance du bien et du mal, eux et toute leur postérité
sont devenus sujets à la mort physique et aux afflictions et à
la dégradation du corps mortel (2 Né. 9:6-7). Ils
sont également devenus sujets à la mort spirituelle,
qui signifie la séparation spirituelle d’avec Dieu à
cause du péché. Néanmoins, par l’intermédiaire
du Christ, des dispositions avaient déjà été
prises pour assurer leur rédemption (2 Né. 2:26),
vaincre les deux morts et les ramener en la présence de Dieu.
Dans la perspective de l’éternité, la pire forme
de mort est la soumission à Satan et, de ce fait, l’exclusion
hors de la présence de Dieu (2 Né. 2:29). Le
Christ est venu pour apporter la vie en abondance, la vie éternelle
avec Dieu (Jn. 10:28 ; 17:3 ; D&A 132:23-24).
LA CONNAISSANCE ET
L’IGNORANCE. L’opposition était et est une
nécessité pour qui veut avoir une connaissance
authentique, « car s'ils n'avaient jamais ce qui est amer,
ils ne pourraient pas connaître ce qui est doux »
(D&A 29:39 ; cf. 2 Né. 2:15). Pareille
connaissance est participative. Parce qu’il « est
impossible à un homme d’être sauvé dans
l’ignorance (D&A 131:6), a enseigné le prophète
Joseph Smith, un homme n’est pas sauvé plus vite qu’il
n’acquiert [pareille] connaissance » (EPJS, p. 175 ;
cf. 289). On peut aspirer à toute la vérité (D&A
93:28), mais pas sans affronter les hauteurs et les profondeurs de
l’expérience de la vie sur terre, que ce soit par
procuration ou réellement.
LA LUMIÈRE ET LES
TÉNÈBRES. Les saints des derniers jours trouvent un
parallèle entre la lumière et les ténèbres,
le concept des « deux voies » et l’idée
des « fils des ténèbres » en
guerre avec les « fils de la lumière »
mentionnés dans les manuscrits de la mer Morte. Jésus
enseigne : « Si donc la lumière qui est en toi
est ténèbres, combien grandes sont ces ténèbres ! »
(Mt. 6:23) et celui « qui pèche contre une lumière
plus grande recevra une condamnation plus grande » (D&A
82:3). En conclusion, les fils et les filles de Dieu doivent
atteindre un stade où « il n’y aura pas de
ténèbres [en eux] » (D&A 88:67).
LA CROISSANCE ET
L’ATROPHIE. Le principe de l’opposition implique
également que les gens ne peuvent être mis à
l’épreuve et fortifiés que s’il y a une
véritable alternative (Abr. 3:23-25) et de vraies résistances.
La vie est une situation difficile dans laquelle il y a de vrais
risques, de vrais gains et de vraies pertes. De ces mises à
l’épreuve découlent la responsabilité, le
jugement et la progression spirituelle. Les saints des derniers jours
croient que cette rencontre avec le choix et les conditions pour la
progression continuera éternellement. Il s’ensuit que
dans le cadre de l’Évangile, une fois qu’on est
engagé, il n’y a plus de neutralité ni
d’immobilisme. Joseph Smith a enseigné : « Si
nous ne nous approchons pas de Dieu par le principe, nous nous
éloignons de lui » (EPJS, p. 174).
On peut se tromper dans
la religion en essayant de réconcilier l’irréconciliable ;
on peut ainsi voir de l’opposition là où il n’y
en a pas. Dans certaines formes de judaïsme et de christianisme,
par exemple, l’idée règne que la chair et
l’esprit sont opposés et antithétiques. Paul est
souvent cité à ce propos. Mais quand on lit
attentivement Paul et d’autres auteurs, on constate que, la
plupart du temps, la « chair » s’applique
à l’homme lié par le péché, et
« l’esprit » à quelqu’un qui
a été régénéré par le
Christ. Ainsi, ce n’est pas la chair, mais les vices de la
chair qui doivent être évités. Et ce n’est
pas la terre, mais l’amour du monde (la méchanceté)
qu’il faut dépasser (TJS Ro. 7:5-27). De même, les
saints des derniers jours n’opposent pas en fin de compte la
foi à la raison, l’esprit aux sens ou la vie
contemplative à une vie d’activité et de service.
Ce n’est que quand on les déforme qu’ils
s’opposent, parce que quand le moi est uni sous le Christ, ils
sont réconciliés.
Dans le plan de
rédemption, l’opposition n’est pas effacée
mais surmontée : le mal par le bien, la mort par la vie,
l’ignorance par la connaissance, les ténèbres par
la lumière, la faiblesse par la force.
Bibliographie
Roberts, B. H. The
Gospel. Liverpool, 1888.
Roberts, B. H.
Comprehensive History of the Church. Vol. 2, p. 403-406. Salt Lake
City, 1930.
KAY P. EDWARDS
Ordination
à la prêtrise
Auteur :
BREWSTER, HOYT W., Jr.
Dans l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours, l’ordination
à la prêtrise est requise de tous ceux qui administrent
les ordonnances de l’Évangile de Jésus-Christ.
La pratique d’ordonner
des hommes à des offices et à des appels dans la
prêtrise apparaît dans la Bible aussi bien que dans
l’histoire sacrée. Josué a été
ordonné par Moïse (No. 27:18-23) et le Christ a choisi et
ordonné ses apôtres (Jn. 15:16). Les saints des derniers
jours croient que ces ordinations se faisaient par l’imposition
des mains. Le principe de l’ordination des anciens prophètes
permettant de transmettre ainsi l’autorité d’Adam
à Noé est décrit dans la révélation
moderne (D&A 84:6-16 ; 107:40-52).
Les officiers de l’Église
font remonter leur « ligne d’autorité »
jusqu’au Seigneur Jésus-Christ. Ceux qui confèrent
aujourd’hui l’autorité dans la prêtrise le
font sur la base d’une succession d’ordinations dont les
premières ont été faites par ceux qui détenaient
l’autorité dans les temps anciens (voir Prêtrise
d’Aaron : Rétablissement ; Prêtrise de
Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise
de Melchisédek). L’autorité dans la prêtrise
et le pouvoir d’en haut peuvent être transmis par
l’imposition des mains à tous les hommes qui se
qualifient pour cela dans un esprit d’humilité. Ceux qui
sont ordonnés par un agent autorisé de Dieu considèrent
que leur ordination vient du Seigneur lui-même (cf. Al. 13:1).
Une révélation de 1830 déclare par la voix du
Seigneur : « Je poserai la main sur toi par la main
de mon serviteur » (D&A 36:2).
L’efficacité
de l’ordination ne dépend pas simplement de la formule
ou des mots, mais de la dignité et de la sanction de l’Esprit.
On peut perdre son autorité dans la prêtrise en en
faisant mauvais usage. La prêtrise n’est pas un pouvoir
de domination. « Aucun pouvoir, aucune influence ne
peuvent ou ne devraient être exercés en vertu de la
prêtrise autrement que par la persuasion, par la longanimité,
par la gentillesse et la douceur, et par l'amour sincère »
(D&A 121:41).
Du point de vue des
saints, ceux qui sont ordonnés à la prêtrise ne
sont pas une élite ni une classe sacerdotale professionnelle
distincte des laïques. Tous sont des laïques. Il leur est
enseigné que « un homme doit être appelé
de Dieu par prophétie et par l’imposition des mains »
par ceux qui détiennent l’autorité (5e A de F ;
cf. 1 Ti. 4:14). « Par prophétie »
signifie le droit de recevoir et le pouvoir d’interpréter
les manifestations de la volonté divine.
À l’âge
de douze ans, tous les saints dignes de sexe masculin peuvent
recevoir la Prêtrise d’Aaron et être ordonnés
à l’office de diacre. Une fois plus âgés,
ils peuvent être ordonnés instructeurs puis prêtres.
Les convertis masculins adultes sont généralement
ordonnés prêtres peu de temps après le baptême.
Un évêque ordonné est mis à part pour
présider la Prêtrise d’Aaron et pour remplir les
fonctions de grand prêtre président de sa paroisse. Il
autorise toutes les ordinations dans la Prêtrise d’Aaron
de sa paroisse, qui sont accomplies par un prêtre ou un membre
de la Prêtrise de Melchisédek, souvent le père.
D’autres détenteurs de la prêtrise se joignent
habituellement à l’ordination en se mettant en cercle
autour de la personne assise et en posant les mains sur sa tête.
Celui qui est porte-parole mentionne l’autorité de la
prêtrise et le nom de Jésus-Christ et prononce
l’ordination spécifique, qu’il accompagne de
recommandations et de promesses.
Les hommes dignes de
dix-huit ans et plus peuvent recevoir la Prêtrise de
Melchisédek et être ordonnés anciens. Les hommes
appelés à des postes de présidence dans l’Église
tels que les épiscopats, les grands conseils et les
présidences de pieu, ainsi que les patriarches et les apôtres,
sont ordonnés grands prêtres.
À l’heure
actuelle, seuls ceux qui sont appelés comme Autorités
générales dans un collège de soixante-dix sont
ordonnés à l’office de soixante-dix. Les membres
du Collège des douze apôtres sont ordonnés
apôtres. Les conseillers dans la Première Présidence
détiennent généralement, mais pas toujours,
l’office d’apôtre. Le prophète de l’Église
est le doyen des apôtres. Quand il devient l’officier
président, il est ordonné et mis à part comme
président de l’Église par le Collège des
douze apôtres.
HOYT W. BREWSTER, Jr.
Ordonnances
[Cette rubrique se
compose de deux articles : Ordonnances : Aperçu, un
traitement général de la nature des ordonnances au sens
le plus large, et Administration des ordonnances, les procédés
ecclésiastiques proprement dits utilisés pour
l’autorisation et l’accomplissement des ordonnances dans
l’Église.]
Ordonnances :
Aperçu
Auteur :
LUSCHIN, IMMO
Le mot « ordonnance »
est dérivé du latin « ordinare »,
qui signifie mettre en ordre ou en séquence ou agir par
autorisation ou commandement. Les membres de l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours considèrent
les ordonnances religieuses non comme fixées arbitrairement
mais comme instituées dans un but précis par Dieu et
comme ayant une portée éternelle.
Le pouvoir d’accomplir
des ordonnances dont la validité est reconnue par Dieu est
inséparablement lié à l’autorité
divine conférée à l’homme mortel,
c’est-à-dire la prêtrise de Dieu, « laquelle
prêtrise continue dans l'Église de Dieu dans toutes les
générations… C'est pourquoi, le pouvoir de la
divinité se manifeste dans ses ordonnances. Et sans ses
ordonnances, et l'autorité de la prêtrise, le pouvoir de
la divinité ne se manifeste pas aux hommes dans la chair »
(D&A 84:17, 20-21).
Les ordonnances dans
l’Église contiennent des instructions et un symbolisme
riche. L’onction d’huile consacrée (par exemple,
comme dans le temple) rappelle l’utilisation d’huile
sacrée lors du couronnement des rois et l’appel des
prophètes dans les temps anciens. L’imposition des mains
aux malades suggère symboliquement l’invocation et la
transmission du pouvoir d’en haut. Les « eaux du
baptême » symbolisent d’une manière
riche la réalité de la nouvelle naissance.
Les Écritures
modernes montrent abondamment que Dieu a fixé des ordonnances
immuables et éternelles en tant qu’éléments
essentiels du plan de salut et de rédemption (És.
24.5 ; Mal. 3:7 ; Al. 13:16 ; D&A 124:38). Le
prophète Joseph Smith a enseigné que « les
ordonnances de l’Évangile… ont été
posées avant les fondations du monde » et « il
ne faut pas les altérer ou les changer. Tous doivent être
sauvés selon les mêmes principes » (EPJS, p.
298, 249).
On peut trouver un
exemple biblique de la nécessité des ordonnances dans
la déclaration du Seigneur à Nicodème qu’on
doit « naître de nouveau » (Jn. 3:3). Le
prophète Joseph Smith a enseigné que « c’est
par l’Esprit de Dieu, par l’intermédiaire des
ordonnances qu’on naît de nouveau » (EPJS, p.
129). Le processus du salut se vit comme un « grand
changement dans votre cœur » (Al. 5:14) sous l’égide
et avec l’aide de l’Esprit de Dieu en gardant les
ordonnances divines. L’épreuve de l’obéissance
est réitérée dans les temps modernes, un
processus dont il est dit qu’il s’applique « dans
tous les cas sous tous les cieux ». On n’est
entièrement accepté de Dieu et on n’est « de
Dieu » que si on « obéit à [s]es
ordonnances » (D&A 52:14-19). Certaines ordonnances
sont universelles de nature (cf. Lé. 18:4 ; Ro. 13:2 ;
Al. 30:3 ; D&A 136:4), alors que d’autres sont des
rites et des cérémonies décrétés à
des fins spéciales au sein de l’œuvre du Seigneur
(par exemple, No. 18:8 ; Hé. 9:10 ; Al. 13:8 ;
D&A 128:12).
Les ordonnances, dans le
sens des rituels et des cérémonies, embrassent la vie
terrestre tout entière des fils et des filles de Dieu et sont
accomplies par les représentants autorisés du Seigneur,
les détenteurs de sa prêtrise. En effet, les ordonnances
sont l’aspect visible de l’efficacité de la
prêtrise, l’action de l’autorité divine
appropriée conférée à l’homme
mortel.
Certaines ordonnances
sont des conditions requises pour entrer dans la gloire céleste
(baptême, don du Saint-Esprit) et pour l’exaltation
(ordination dans la prêtrise, dotation au temple, mariage
céleste). Chaque humain qui vit, qui a jamais vécu, ou
qui vivra un jour sur la terre a besoin de ces ordonnances. Par
conséquent, des ordonnances doivent être accomplies par
procuration en faveur de ceux qui n’ont pas eu l’occasion
de les recevoir pendant leur vie ici-bas.
D’autres
ordonnances augmentent le bien-être physique, émotionnel
et spirituel de leurs bénéficiaires sans être des
conditions requises pour la gloire céleste ou pour entrer dans
la présence de Dieu le Père. Ces ordonnances
supplémentaires sont l’attribution d’un nom aux
enfants, la confirmation, la consécration d’huile, la
consécration de bâtiments et la consécration de
tombes. L’imposition des mains aux malades contribue à
la santé et au bien-être ainsi qu’au soulagement
et au réconfort émotionnels. Les bénédictions
patriarcales et paternelles données aux enfants les guident
spirituellement. Un renouvellement essentiel des alliances se produit
lorsque l’on prend la Sainte-Cène et que l’on
s’engage solennellement à se conduire comme il sied à
quelqu’un qui porte le nom du Christ, à toujours se
souvenir de lui et à garder les commandements qu’il a
donnés. Pareille obéissance augmente la sensibilité
aux directives et à la sanctification de l’Esprit.
Les ordonnances reflètent
la vérité que l’Église du Seigneur est une
maison d’ordre. Elles rappellent également aux membres
leur situation dans le royaume de Dieu sur terre.
Non seulement celui qui
accomplit une ordonnance doit se qualifier pour le faire, mais ceux
qui reçoivent l’ordonnance doivent se préparer
pour l’événement. Le quatrième article de
foi dit : « Nous croyons que les premiers principes
et ordonnances de l'Évangile sont : premièrement
la foi au Seigneur Jésus-Christ, deuxièmement le
repentir, troisièmement le baptême par immersion pour la
rémission des péchés, quatrièmement
l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit. » Ces
étapes préliminaires sont dans un ordre précis
et divinement prévu et, en les suivant, on avance « de
grâce en grâce » comme cela a été
le cas du Fils de Dieu lui-même (D&A 93:13 ; cf. Lu.
2:52). En effet, la révélation moderne enseigne :
« Si un homme obtient une plénitude de la prêtrise
de Dieu, il faut qu’il l’obtienne de la même
manière que Jésus-Christ, c’est-à-dire en
gardant tous les commandements et en obéissant à toutes
ordonnances de la Maison du Seigneur » (EPJS, p. 249).
Quand elles sont
accomplies avec autorité et pouvoir, les ordonnances sont
suivies de bénédictions divines. Elles ont
« efficacité, vertu, [et] force » (D&A
132:7). Elles éclairent l’esprit et vivifient l’âme
tout entière (JS–H 1:74). Après être entré
dans le processus du baptême, le premier homme a été
« vivifié dans l’homme intérieur »
(Moï. 6:65). Les ordonnances unissent l’homme à
Dieu et l’homme à l’homme : « Voici,
tu es un en moi, un fils de Dieu ; et c'est ainsi que tous
peuvent devenir mes fils » (Moï. 6:68).
Bibliographie
Smith, Joseph F. GD.
IMMO LUSCHIN
Ordonnances :
Administration des ordonnances
Auteur :
LUSCHIN, IMMO
Il faut que les
ordonnances accomplies dans l’Église de Jésus-Christ
des saints des derniers jours « soient faites dans
l’ordre » (D&A 20:68) par quelqu’un qui
est ordonné. La racine linguistique commune des mots
« ordonnance », « ordre »
et « ordonner » implique une succession, un
droit et une responsabilité solennelle fixes.
L’administration de
toutes les ordonnances présuppose la dignité de
l’administrateur et du bénéficiaire. La plupart
se font par l’imposition des mains de quelqu’un qui a été
dûment ordonné. Il faut que ce soit quelqu’un
« dont l'Église sait qu’il a l’autorité »
(D&A 42:11), que l’on peut faire remonter par un lignage
démontré à la source de toute autorité,
Jésus-Christ. Toutes les ordonnances se font au nom du Fils,
Jésus-Christ, et par l’autorité de la Prêtrise
d’Aaron ou de la Prêtrise de Melchisédek. Pour
certaines ordonnances, telles que le baptême et
l’administration de la Sainte-Cène, les Écritures
prescrivent les mots exacts. Pour d’autres, telle que
l’imposition des mains aux malades, on prononce le nom du
bénéficiaire et on déclare l’autorité
de l’officiant, après quoi l’on donne une
bénédiction spontanée suivant l’inspiration.
Les ordonnances qui sont
essentielles au salut doivent être accomplies sous la direction
de ceux qui détiennent les clefs pour désigner ceux qui
doivent les accomplir (voir Hé. 5:4 ; cf. D&A 132:7).
La validité des ordonnances accomplies et leur ratification ou
scellement divins nécessitent cette approbation.
Conformément aux
précédents bibliques et aux commandements modernes,
toutes les ordonnances du salut et de l’exaltation, du baptême
au mariage au temple, se font en présence de témoins et
un rapport approprié et fidèle est fait et conservé
dans les archives de l’Église (2 Co. 13:1 ; cf. D&A
128:2-5). Ainsi, les ordonnances deviennent une « loi sur
la terre et dans les cieux » et, à moins que les
alliances soient violées, elles ne peuvent pas être
annulées, « conformément aux décrets
du grand Jéhovah » (D&A 128:6-10).
Bibliographie
Manuel de la Prêtrise
de Melchisédek. Salt Lake City, 1989.
IMMO LUSCHIN
Ordre
patriarcal de la prêtrise
Auteur :
McKINLEY, LYNN A.
Pour les saints des
derniers jours, l’ordre patriarcal de la prêtrise est le
pouvoir et le principe organisateur de la vie de famille céleste.
C’est la forme finale et idéale de gouvernement. Il
répond à la question de Parley P. Pratt : « Qui
peut supporter d’être banni et séparé pour
toujours de son père, de sa mère, de son conjoint, de
ses enfants et de toutes les affections analogues et de tous les
liens familiaux ? » (Pratt, Utah Genealogical and
Historical Magazine 23, avr. 1932, p. 59).
Dans l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours il y a deux
divisions de la prêtrise : celle d’Aaron et celle de
Melchisédek. L’ordre suprême de la Prêtrise
de Melchisédek est l’autorité patriarcale.
L’ordre a été divinement établi avec notre
père Adam et notre mère Ève. Ils sont la source
et les ancêtres de tous les vivants et ils apparaîtront
au point culminant de l’histoire de la terre à la tête
de toute la famille scellée des rachetés. Les promesses
faites à Abraham et à Sara appartiennent à ce
même ordre.
Trois principes sont à
la base de l’ordre patriarcal. Premièrement, les tout
premiers parents du genre humain étaient, dans leur état
paradisiaque en Éden, unis dans des liens éternels
avant que la mort ne s’introduise dans leur vie. Deuxièmement,
la chute de l’homme et la source continuelle de dégénérescence
en ce monde ont eu comme conséquence l’aliénation
des parents d’avec Dieu, l’un d’avec l’autre
et d’avec leurs enfants. Troisièmement, la raison d’être
de la vie éternelle aussi bien que la perpétuation des
pouvoirs de création et de procréation –
l’accroissement éternel – est que c’est ce
qui va mettre fin à cette rupture d’harmonie.
L’ordre patriarcal
est, pour employer les termes de James E. Talmage, un état de
choses dans lequel « la femme partage avec l’homme
les bénédictions de la prêtrise », où
mari et femme exercent leur ministère « en voyant
et en comprenant de la même façon et en coopérant
entièrement au gouvernement du royaume qu’est leur
famille » (Young Woman’s Journal 25, oct. 1914, p.
602-603). Un homme ne peut pas détenir cette prêtrise
sans épouse et une femme ne peut pas jouir des bénédictions
de cette prêtrise sans un mari auquel elle est scellée
dans le temple.
Pour ce qui est de
l’autorité patriarcale, le prophète Joseph Smith
a exhorté les saints : « Allez et terminez [le
temple de Nauvoo], et Dieu le remplira de pouvoir et vous recevrez
alors plus de connaissance au sujet de cette prêtrise »
(EPJS, p. 261, cf. D&A 107:18, 20). Cette prêtrise et les
pouvoirs qui l’accompagnent furent présentés en
1843 à Nauvoo. Elle fut conférée en premier à
la Première Présidence, aux apôtres et à
leurs épouses (WJS, p. 244-245).
Aujourd’hui maris
et femmes engagés entrent dans cet ordre dans le temple dans
une alliance avec Dieu. Les bénédictions de cette
prêtrise sont données seulement au mari et à la
femme ensemble. Leurs alliances se prolongent au-delà de cette
vie (D&A 76:59, 60), au-delà de la mort (D&A
132:20-24) et dans la résurrection, jusqu’aux vies
éternelles, à savoir le don et la réception
éternels de la vie.
Ainsi unis, ils œuvrent
dans l’amour, la foi et l’entente à la
glorification de leur famille. S’ils ne sont pas unis dans un
amour obéissant, s’ils ne sont pas un, ils ne sont pas
du Seigneur. Par la suite, par cet ordre, la famille sera liée
par des liens indissolubles en remontant jusqu’aux premiers
parents et, dans l’autre sens, jusqu’au dernier enfant né
dans ce monde. Cet ordre de la prêtrise sera à la fois
le moyen et l’aboutissement de la réconciliation, de la
rédemption, de la paix, de la joie et de la vie éternelle.
LYNN A. MCKINLAY
P
Papyrus
de Joseph Smith
Auteur :
TODD, JAY M.
L’expression
« papyrus de Joseph Smith » désigne très
exactement douze morceaux existants du papyrus égyptien que le
prophète Joseph Smith a acheté en juillet 1835 à
Michael H. Chandler. Situés dans les archives de l’Église,
ces fragments ont une taille qui va de 18,5 x 31 cm à 16 x 11
cm. Le fac-similé n° 1 du livre d’Abraham vient d’un
de ces fragments. Au sens large, l’expression désigne
aussi les fac-similés 2 et 3 du même livre et les
papiers et tous les documents égyptiens de la période
de Kirtland de l’histoire de l’Église contenant de
petites sections de texte copiées des papyrus. La découverte
et la transmission des momies et des papyrus sont traitées
dans Livre d’Abraham : origine.
L’origine des
écrits antiques est passionnante à retrouver. En 1798,
la conquête de l’Égypte par Napoléon
réveilla l’intérêt de l’Europe pour
les trésors de l’Égypte. Antonio Lebolo, un
collectionneur italien, fit des fouilles en Égypte entre 1817
et 1821. En 1820 il travailla à Thèbes, près
d’El Gourna ; Chandler dit que les momies de Lebolo
venaient de là (Todd, p. 45, 130). Vers 1822, Lebolo retourna
en Italie où il mourut le 19 février 1830. En 1831, son
fils, Pietro, fit une enquête pour sa voir
pourquoi Albano Oblasser, le marchand transporteur ne l’avait
pas remboursé pour onze momies. En 1833, son fils Pietro
autorisa Francesco Bertola, à Philadelphie, à vendre
onze momies qu’Oblasser avait envoyées à un
associé à New York (Peterson, p. 145-147).
On ne sait pas comment
Chandler s’est procuré ses possessions. On sait que les
momies et les papyrus de Lebolo furent exposés à
Philadelphie (avril-mai 1833) et à Baltimore. Au mois de
septembre 1833, six avaient été montrées à
Harrisburg et une avait été publiquement disséquée
à Philadelphie. En juin 1835, quatre momies et papyrus furent
exposés à Cleveland, à trente kilomètres
au sud-ouest de Kirtland (Todd, p. 108-143).
Au début de
juillet 1835, Chandler visita Kirtland où il rencontra Joseph
Smith à qui il demanda « s’il avait un
pouvoir par lequel il pouvait traduire l’égyptien
ancien. M. Smith répondit que oui » (P. Pratt,
Millennial Star, juillet 1842). Chandler lui montra quelques
hiéroglyphes que d’autres avaient prétendument
interprétés. Joseph Smith s’en alla et revint
avec une traduction écrite en anglais correspondant à
l’interprétation que Chandler avait déjà
reçue. Le prophète manifesta de l’intérêt
pour les papyrus, mais Chandler ne voulait pas dépareiller son
exposition. Peu après, des membres de l’Église
achetèrent pour $2.400 « quatre formes humaines…
avec deux rouleaux de papyrus ou davantage » (HC 2:235).
Oliver Cowdery se rappela plus tard que c’étaient « deux
rouleaux… [avec] deux ou trois autres petits morceaux »,
le texte écrit « à l’encre ou avec de
la peinture noire et une petite partie à l’encre rouge »
(Messenger and Advocate, 31 déc. 1835). En trois jours, Joseph
Smith traduisit « quelques hiéroglyphes et, à
notre grande joie, constata qu’un des rouleaux contenait les
écrits d’Abraham et un autre, les écrits de
Joseph d’Égypte ». Joseph Smith travailla du
17 au 31 juillet à « continuellement…
traduire un alphabet… et arranger une grammaire »
de l’égyptien (HC 2:236-238). Le 1er octobre, alors
qu’il travaillait sur l’alphabet, « les
principes de l’astronomie tels qu’ Abraham les
comprenait… furent dévoilés » (HC
2:286). Le 17 novembre, il « montra l’alphabet »
(HC 2:316). Il écrit qu’il traduisit « les
documents égyptiens » le 7 octobre, les 19 et 20
novembre (le 20: « J’ai avancé rapidement »)
et du 24 au 26 novembre (HC 2:289, 318, 320). Les archives de
l’Église contiennent les textes du livre d’Abraham
(Abr. 1:1-2:18) de cette période.
En 1837, un visiteur
écrivit : « Ces documents étaient
déchirés… certaines parties entièrement
perdues, mais Smith doit traduire le tout par l’inspiration
divine et ce qui est perdu, comme le songe de Nebucadnetsar, peut
être interprété aussi bien que ce qui est
préservé. » Joseph Smith fit transférer
les momies et les papyrus dans des localités voisines et, en
1836, ils étaient dans le temple de Kirtland. Malgré
les soins, les papyrus avaient été endommagés.
En conséquence, ils furent coupés en morceaux et
certains furent collés sur du papier pour les conserver. Le 4
janvier 1838, il y avait au moins « deux tiers non
divisés ». Pendant la période 1838-1839, les
papyrus et les momies passèrent l’hiver à Quincy
(Illinois), où ils furent exposés, pratique qui
continua jusqu’en 1856 (Todd, p. 197-203).
En 1842, Joseph Smith
s’occupa de préparer les fac-similés pour la
publication et écrivit vraisemblablement ses
« Explications »,
qui sont imprimées avec eux ; le 23 février, il
donna des instructions à l’imprimeur sur la façon
de faire la plaque pour le fac-similé n° 1, qui fut, avec
son « explication », imprimé dans le
numéro du 1er mars du Times and Seasons avec Abraham 1:1-2:18.
Le 4 mars, il donna des instructions à l’imprimeur sur
les fac-similés n° 2 et 3 ; les 8 et 9 mars, il fit
de la « traduction » et de la « révision »
(HC 4:518, 543-548). La partie finale du livre d’Abraham
(2:19-5:21) et le fac-similé n° 2 avec son « explication »
furent imprimés dans le numéro du 15 mars ; le
fac-similé n° 3 et son « explication »
furent imprimés le 16 mai.
Bien que les rouleaux de
papyrus aient été raccourcis, un visiteur vit en
février 1843 « un long rouleau de manuscrit, [et on
lui dit que] c’était « l’écrit
d’Abraham » et on lui montra « un autre
rouleau » (Todd, p. 245). Après la mort de Joseph
Smith, les objets égyptiens furent tenus principalement par sa
mère et puis par Emma Smith après la mort de Lucy, le
14 mai 1856. Le 25 mai 1856, Emma vendit « quatre momies
égyptiennes avec les documents qui les accompagnaient »
à M. Abel Combs (IE, janv. 1968, p. 12-16). (Les pionniers
transportèrent un fragment dans l’Ouest.) Combs vendit
ensuite deux momies avec quelques papyrus, qui furent envoyés
au musée de St-Louis (1856) ; ils finirent au musée
de Chicago (1863) où ils brûlèrent apparemment en
1871. Le sort des deux autres momies et papyrus de Combs est inconnu,
mais certains papyrus restèrent car, en 1918, Mme. Alice
Heusser, de Brooklyn, une fille de la femme de charge de Combs, alla
trouver le musée métropolitain d’art de New York
avec des papyrus ayant appartenu à Joseph Smith. En 1947, le
musée acheta les papyrus à son mari devenu veuf. En mai
1966, Aziz S. Atiya, de l’université d’Utah, vit
onze fragments de Heusser au musée. Il en informa les
dirigeants de l’Église et, le 27 novembre 1967, l’Église
acheta les fragments ; l’un d’eux est le fac-similé
n° 1.
Les égyptologues
qui ont étudié les fragments ces dernières
années les identifient généralement comme étant
des textes religieux, certains du Livre des Morts, datant de 500-300
av. J.-C., d’autres du Livre des Respirations, datant d’environ
100 apr. J.-C. Depuis la redécouverte des fragments, les
chercheurs ont cherché à apprendre si l’un
d’entre eux, autre que le fac-similé n° 1, est lié
au livre d’Abraham. [Voir aussi Livre d’Abraham :
Fac-similés du livre d’Abraham.]
Bibliographie
Nibley, Hugh. The Message
of the Joseph Smith Papyri. Salt Lake City, 1975.
Peterson, H. Donl.
“Sacred Writings from the Tombs of Egypt”. Dans The Pearl
of Great Price : Revelations from God, dir. de publ. D. Peterson
et C. Tate, Provo, Utah, 1989.
Pâques
Auteur :
Jamison, Mary Ellen Stewart
Pâques
est la fête chrétienne qui célèbre la
résurrection de Jésus-Christ. Après sa mort sur
la croix, son corps fut placé dans un sépulcre, où
il resta, séparé de son esprit, jusqu'à sa
résurrection, quand son corps et son esprit furent réunis.
Les saints des derniers jours affirment et témoignent que
Jésus-Christ est ressuscité et vit aujourd'hui avec un
corps de chair et d'os glorifié et rendu parfait. Après
sa résurrection, Jésus apparut d'abord à Marie
de Magdala et ensuite aux autres disciples. Certains n'étaient
pas convaincus de sa résurrection, estimant que ses
apparitions étaient celles d'un esprit désincarné.
Jésus leur assura : « Voyez mes mains et mes
pieds, c’est bien moi ; touchez-moi et voyez : un
esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai »
(Luc 24:39). Il mangea ensuite du poisson et du miel en leur
présence, dissipant encore davantage leurs doutes.
Pâques célèbre non seulement
la résurrection
du Christ, mais aussi la résurrection universelle. Grâce
à l'expiation de Jésus-Christ, tous les hommes
ressusciteront. Leur corps et leur esprit seront réunis pour
ne plus jamais être séparés. Les saints savent
que ce que Paul a dit est vrai : « Mais maintenant
Christ est ressuscité des morts, il est les prémices de
ceux qui sont morts... comme tous meurent en Adam, de même
aussi tous revivront en Christ » (1 Corinthiens 15:20; cf.
Alma 11:42-45).
Les saints des derniers jours
ont un service le dimanche de Pâques,
mais ne suivent pas les observances religieuses du mercredi des
cendres, du carême ou de la semaine sainte. Lors du service de
Pâques chez les saints, on revoit traditionnellement les récits
du Nouveau Testament et du Livre de Mormon concernant la crucifixion
du Christ, sa résurrection et les événements qui
les entourent. Pour ces services, les chapelles sont souvent ornées
de lys blancs et d’autres symboles de la vie. La chorale de
paroisse présente fréquemment des cantates de Pâques
et l’assemblée chante des cantiques de Pâques.
Comme lors des services religieux des autres dimanches, les emblèmes
de la Sainte-Cène (voir Communion) sont distribués à
l’assemblée.
Certaines familles ajoutent,
pour le plus grand plaisir des enfants,
des œufs de Pâques à leur fête familiale.
Ces traditions ne sont pas officiellement déconseillées,
bien qu’elles n’aient aucune signification religieuse
pour les saints des derniers jours. L'objectif de la fête est
religieux. Pour les saints des derniers jours, Pâques est une
fête de la promesse de la vie éternelle grâce au
Christ. Ils partagent la conviction de Job : « Mais
je sais que mon rédempteur est vivant, Et qu’il se
lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau sera détruite,
il se lèvera ; Quand je n’aurai plus de chair, je
verrai Dieu. » (Job 19:25-26).
Bibliographie
Kimball,
Spencer W. "The Real Meaning of Easter." Instructor 93,
avr. 1958, p. 100-101.
MARY ELLEN STEWART JAMISON
Paraboles
Auteur :
HOWE, SUSAN
Une parabole est un bref
récit didactique qui utilise des personnages, des situations
et des coutumes que l’auditoire connaît bien. Elle vise à
transmettre un message spirituel, mais le lecteur doit habituellement
déduire le message de l’histoire, laquelle présente
généralement un certain aspect de la vie quotidienne.
Du fait que c’est une histoire, la parabole est parfois plus
mémorable et plus intéressante que l’exhortation
directe. On lui prête plusieurs niveaux de signification et
elle peut être interprétée différemment
selon la sensibilité et la préparation spirituelle de
l’auditeur. Pour les saints des derniers jours, il est
significatif que le Seigneur, par l’intermédiaire du
prophète Joseph Smith, ait proposé quelques paraboles
supplémentaires et ait utilisé celles données
pendant le ministère de Jésus pour enrichir la partie
du message du rétablissement de l’Évangile qui
touche aux événements des derniers jours.
Dans sa traduction de la
Bible (TJS), Joseph Smith a retravaillé certaines des
paraboles du Christ rapportées dans les Évangiles
synoptiques. En outre, il a souvent fait allusion aux paraboles du
Christ dans ses discours et ses articles. Dans les révélations
du Seigneur, il a reçu au moins trois paraboles originales qui
ne sont pas dans le Nouveau Testament (D&A 38:26-27 ;
88:51-61 ; 101:43-62). Pour celles du Nouveau Testament qu’il
a retravaillées, parce qu’il était conscient de
ce que la signification d’une parabole réside dans
l’intérêt qu’elle peut avoir pour son
auditoire d’origine, il a utilisé comme clef pour son
interprétation la situation qui a amené le Christ à
raconter sa parabole (EPJS, p. 223-224). Ensuite, sous l’inspiration,
il a interprété pratiquement toutes les paraboles de
Matthieu 13 selon leur application aux derniers jours ou à la
mission de l’Église rétablie qui est d’aider
à préparer les gens à la seconde venue du Christ
(cf. D&A 45:56 ; 63:53-54 ; EPJS, p. 72-77).
Joseph Smith a montré
que beaucoup de paraboles du Christ concernaient la mission moderne
de l’Église. Par exemple, la section 86 des Doctrine et
Alliances voit dans la parabole de l’ivraie (cf. Mt. 13:24-30,
36-43) une description de l’apostasie et du rétablissement
du véritable Évangile du Christ : « les
apôtres étaient les semeurs du bon grain »
mais « lorsqu'ils se sont endormis… l'ivraie
étouffe le bon grain et chasse l'Église dans le
désert » (D&A 86:2-3). Cependant, le bon grain,
qui est la véritable Église du Christ, germe à
nouveau : « En ces derniers jours… le Seigneur
commence à faire sortir la parole et… la pousse croît
et est encore tendre » (D&A 86:4). La TJS applique
cette parabole aux derniers jours : « En ce jour,
avant que le Fils de l’homme vienne, il enverra ses anges et
ses messagers du ciel » (TJS, Mt. 13:42). Ces anges et ces
messagers sont appelés à fortifier le bon grain dans
les derniers jours avant que les méchants soient détruits.
Cette parabole porte donc sur la période précédant
immédiatement la fin du monde (cf. D&A 101:65-66).
D’autres mentions
continuent à rattacher les paraboles du Christ à
l’Église des derniers jours. La version TJS de la
parabole des dix vierges (Mt. 25:1-13) commence ainsi : « Ce
jour-là, avant que le Fils de l’homme vienne, le royaume
des cieux sera semblable à dix vierges » (TJS, Mt.
25:1). Les Doctrine et Alliances font, elles aussi, allusion à
cette parabole : « Le jour de la venue du Fils de
l'Homme… il y aura des vierges folles parmi les sages ;
et à cette heure-là, il se produira une séparation
complète des justes et des méchants » (D&A
63:53-54 ; cf. 45:56-57). À propos de la parabole du
grain de sénevé (Mt. 13:31-32) : « C’est
la plus petite de toutes les semences ; mais, quand il a poussé,
il est plus grand que les légumes » (Mt. 13:32),
Joseph Smith a écrit : « Nous pouvons ici
clairement découvrir que cette image est donnée pour
représenter l’Église telle qu’elle paraîtra
dans les derniers jours » (EPJS, p. 75). Il y voit aussi
une comparaison avec le Livre de Mormon :
« Prenons le
Livre de Mormon qu’un homme prit et cacha dans son champ…
pour qu’il reparaisse dans les derniers jours, en temps voulu ;
voyons-le sortir de terre… oui, devenir gigantesque, avec
d’immenses branches et une majesté divine, jusqu’à
ce qu’il devienne, comme le grain de sénevé, la
plus grande de toutes les plantes. Et il est la vérité,
et il a germé, et il est sorti de la terre et la justice
commence à regarder du haut des cieux et Dieu envoie d’en
haut ses pouvoirs, ses dons et ses anges pour habiter dans ses
branches » [EPJS, p. 75].
En commentant d’autres
paraboles, Joseph Smith compare les trois mesures de farine dans
lesquelles une femme met du levain (Mt. 13:33) aux trois témoins
du Livre de Mormon (EPJS, p. 76-77). Le trésor caché
dans un champ pour lequel un homme « va vendre tout ce
qu’il a, et achète ce champ » (Mt. 13:44) est
comparé aux saints qui « vendent tout ce qu’ils
ont et se rassemblent en un endroit qu’ils peuvent acheter
comme héritage » (EPJS, p. 78). Au « maître
de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des
choses anciennes » (Mt. 13:52), le prophète Joseph
Smith compare « le Livre de Mormon sort[i] du trésor
du cœur… les alliances données aux saints des
derniers jours [et] la traduction de la Bible, faisant ainsi sortir
du cœur des choses nouvelles et anciennes » (EPJS,
p. 102)
D’autres paraboles
ont été utilisées dans les Doctrine et Alliances
pour proposer des conseils pour des incidents particuliers. En 1833,
les saints des derniers jours du comté de Jackson (Missouri)
furent chassés de chez eux par des émeutiers armés.
Dans une révélation reçue le 16 décembre
1833 par Joseph Smith, deux paraboles proposent les mesures à
prendre. La première parabole (D&A 101:43-62) est
originale, bien qu’elle fasse écho à la parabole
du Christ sur les vignerons (cf. Mt. 21:33-44). Un noble envoie des
serviteurs dans sa vigne planter douze oliviers et ensuite protéger
la vigne en dressant une haie, en plaçant des gardes et en
érigeant une tour. Ses serviteurs obéissent au début
mais deviennent ensuite paresseux. Un ennemi vient la nuit, abat la
haie et les oliviers et s’empare de la vigne. Le noble appelle
les serviteurs à rendre des comptes et puis demande à
tous les hommes de sa maison d’aller « directement
dans la terre de [sa] vigne et de la racheter » (D&A
101:56). Cette parabole, interprétée deux mois plus
tard dans une révélation ultérieure (D&A
103), va servir de base pour le camp de Sion, une milice de saints
appelés à marcher d’Ohio au Missouri afin de
récupérer le pays de leurs coreligionnaires.
L’autre parabole
citée dans la révélation de décembre 1833
(D&A 101:81-91) est celle de la femme et du juge inique (Lu.
18:1-8). Le juge fait justice à la femme parce qu’elle
ne cesse de l’importuner. De même, les saints expulsés
de l’époque sont exhortés à
« importune[er] aux pieds du juge » puis du
gouverneur, puis du président des États-Unis, jusqu’à
ce qu’ils aient obtenu réparation (D&A 101:85-89).
Ces paraboles, ainsi que
d’autres qu’il a utilisées (cf. D&A 35:16 ;
38:24-27 ; 45:36-38 ; 88:51-61), enrichissent les
enseignements de Joseph Smith.
Bibliographie
Brooks, Melvin R.
Parables of the Kingdom. Salt Lake City, 1965.
Burton, Alma P., dir. de
publ. Discourses of the Prophet Joseph Smith, p. 196-204. Salt Lake
City, 1965.
Jeremias, Joachim. The
Parables of Jesus. Londres, 1954.
SUSAN HOWE
Patriarche
[Cette rubrique se
compose de deux articles : Patriarche : Patriarche de pieu
et Patriarche : Patriarche de l'Église. Un patriarche est
un appel dans la prêtrise de l’Église. Chaque pieu
a un ou plusieurs patriarches et leurs devoirs sont expliqués
dans le premier article. Le deuxième article donne l’histoire
de la fonction de patriarche de l’Église.]
Patriarche :
Patriarche de pieu
Auteur :
BALLIF, ARIEL S.
Chaque pieu dans l'Église
a au moins un patriarche ordonné, comme le prophète
Joseph Smith l’a écrit, « au profit de la
postérité des saints comme c’était le cas
pour Jacob quand il a donné sa bénédiction
patriarcale à ses fils » (WJS, p. 6). L'âge
n'intervient pas et l'appel, qui est un appel de service bénévole
consistant à donner des bénédictions
patriarcales aux membres du pieu, peut être donné à
tout grand prêtre digne et spirituellement mûr.
Les pères, d'Adam
à Jacob, sont considérés comme des patriarches
de cet ordre. Le mot « patriarche » est souvent
employé dans la Bible comme titre honorifique pour les
premiers dirigeants des Israélites. C’est peut-être
dans ce sens que Pierre parlait du « patriarche David »
(Ac. 2:29). Étienne disait des fils de Jacob qu’ils
étaient les « douze patriarches » (Ac.
7:8-9). Ces hommes ont sans doute été des patriarches
naturels, étant des pères, et certains d'entre eux ont
pu également avoir été ordonnés à
la prêtrise patriarcale. En vertu de cette prêtrise et
sous l'inspiration, ils pouvaient conférer à leurs fils
et à leurs filles des promesses, des droits et des devoirs
semblables à ceux de la famille d'Abraham.
Les Doctrine et Alliances
parlent de « ministres évangéliques »
que l’on comprend comme étant des patriarches. Le
Conseil des douze apôtres a la responsabilité d’appeler
et d'ordonner les patriarches de pieu « qui leur seront
désignés par révélation » (D&A
107:39). Cette responsabilité est maintenant généralement
déléguée aux présidents de pieu. Un
patriarche de pieu peut aussi donner des bénédictions
patriarcales en dehors de son pieu aux membres de sa famille. S'il va
s’installer dans un autre pieu, il faudra l’accord du
Conseil des Douze pour qu’il puisse y exercer ses fonctions.
La formation et la
préparation des patriarches comprennent un renforcement
spirituel par la prière et une vie juste, l'étude
constante de l'héritage scripturaire et historique de l'appel
et des réunions occasionnelles où ils sont instruits
par leurs dirigeants.
Pour recevoir une
bénédiction d'un patriarche de pieu, les membres de
l'Église ont besoin d’une recommandation de leur évêque,
qui leur est remise à la suite d’un entretien. L’évêque
donne son accord après s’être assuré que
l’intéressé désire la bénédiction
et est préparé à la recevoir et que sa fidélité
à l'Évangile et son service dans l’Église
montrent qu’il en est digne. La bénédiction est
donnée dans un lieu paisible, habituellement une salle au
centre de pieu ou chez le patriarche. Les parents, le conjoint ou
d'autres membres de la famille immédiate peuvent être
invités à assister à la bénédiction.
Le bénéficiaire est assis. Le patriarche pose les mains
sur la tête de la personne et invoque l'inspiration du
Saint-Esprit. Dans l'esprit du jeûne et de la prière,
toutes les personnes présentes sont unies dans la foi pour
obtenir une perspective inspirée des bénédictions
du droit de naissance et de la destinée du bénéficiaire.
Le patriarche recherche également l'inspiration pour indiquer
le lignage familial dominant qui remonte à Abraham. Ensuite,
comme cela lui est manifesté par l'Esprit, le patriarche
prononce des exhortations, fait des promesses et donne des
assurances.
Le patriarche de pieu
enregistre et transcrit toujours les bénédictions qu'il
donne. L’original est envoyé à la division
patriarcale du Département d’histoire de l'Église.
L’exemplaire remis au bénéficiaire devient un
document permanent considéré comme sacré. Il est
habituellement réservé au seul bénéficiaire
ou, plus tard, à sa famille et à ses descendants.
La désignation de
patriarches de pieu ne supplante pas l'appel et le droit de tout père
dans l'Église qui détient la Prêtrise de
Melchisédek de donner également des bénédictions
paternelles à chacun de ses enfants. Les pères
détenteurs de la prêtrise ont, au même titre que
les patriarches ordonnés, le pouvoir, par l'inspiration
spirituelle, de donner une bénédiction de prêtrise
tournée vers l’avenir qui amplifiera la vision,
fortifiera la foi et rendra plus claire la mission que devra remplir
dans la vie la personne qui reçoit la bénédiction.
Bibliographie
Widtsoe, John A.
Evidences and Reconciliations, chap. 16, p. 321-325. Salt Lake City,
1967.
ARIEL S. BALLIF
Patriarche :
Patriarche de l’Église
Auteur :
STEPHENS, CALVIN R.
Avant 1979, le patriarche
de l'Église était un dirigeant dont le devoir principal
était de conférer des bénédictions
patriarcales aux membres de l’Église qui n’avaient
pas facilement accès aux services des patriarches de pieu. Le
prophète Joseph Smith a expliqué qu'un « évangéliste »
(comme dans Éphésiens 4:11) est un « patriarche »
(EPJS, p. 151), c'est-à-dire qu’il confère les
bénédictions d'un patriarche aux membres de l'Église.
Actuellement, on ordonne des patriarches dans les différents
pieux de l'Église, mais pendant de nombreuses années,
il y a eu un patriarche pour l'Église tout entière. Il
était considéré comme l’une des Autorités
générales.
Le 18 décembre
1833, à Kirtland (Ohio), Joseph Smith, père, fut
ordonné premier patriarche de l'Église (D&A
107:39-56) avec juridiction sur toute l'Église. À sa
mort, Hyrum Smith, son fils aîné encore en vie, lui
succéda jusqu’à son martyre le 27 juin 1844.
William Smith, un frère cadet, fut ordonné, le 24 mai
1845, patriarche de l'Église par le Collège des douze
apôtres, mais l'Église le rejeta le 6 octobre 1845 pour
mauvaise conduite. L’office resta vacant jusqu'au 1er janvier
1849, quand John Smith, frère de Joseph Smith, père,
fut appelé. Il remplit l’appel jusqu'à sa mort,
le 23 mai 1854.
Un deuxième John
Smith, fils de Hyrum Smith, fut patriarche de l'Église du 18
février 1855 au 6 novembre 1911. Hyrum Gibbs Smith, petit-fils
du deuxième John Smith, remplit alors cette fonction du 9 mai
1912 au 4 février 1932. Pendant dix ans, on appela des
patriarches suppléants qui n'étaient pas dans la lignée
héréditaire directe. Il s’agit de Nicholas G.
Smith (octobre 1932 à octobre 1934), Frank B. Woodbury (juin
1935 à octobre 1937) et George F. Richards (octobre 1937 à
octobre 1942).
L'appel revint à
la lignée héréditaire le 3 octobre 1942, avec
l'appel de Joseph Fielding Smith (1899-1964), arrière-petit-fils
de Hyrum Smith. Il fut relevé le 7 octobre 1946, à sa
demande pour raison de santé. Eldred G. Smith, fils aîné
de Hyrum Gibbs Smith, fut appelé en avril 1947.
En 1979, l’office
de patriarche de l'Église fut supprimé « à
cause de la grande augmentation du nombre de patriarches de pieu et
de l’accessibilité au service patriarcal dans le monde
entier ». Eldred G. Smith « reçut
l’éméritat, ce qui veut dire qu'il est relevé
honorablement de toutes les fonctions et responsabilités
relatives à l’office de patriarche de l'Église »
(CR, oct. 1979, p. 25).
Bibliographie
Smith, Joseph Fielding.
Dans Doctrines du Salut, comp. par Bruce R. McConkie, vol. 3, p.
99-103, 148-156.
CALVIN R. STEPHENS
Paul
Auteur :
SCHAELLING, J. PHILIP
L’Église
reconnaît en Paul un véritable apôtre de
Jésus-Christ. Aucun des autres apôtres originels n’a
eu le même impact que lui sur les croyants ultérieurs
par son exemple personnel et ses écrits. Cet ancien apôtre
chrétien auprès des païens, nous fournit, dans ses
épîtres du Nouveau Testament, une source riche en points
de doctrine chrétienne et a exercé l’influence
doctrinale de loin la plus importante sur beaucoup de confessions de
la chrétienté moderne. Sans Paul, la doctrine de la
justification par foi au Christ serait essentiellement absente de la
Bible et on en saurait considérablement moins sur la grâce,
la Cène du Seigneur, la structure de l’Église,
l’Apostasie ou le rôle des dons de l’Esprit dans
l’Église.
NOTICE BIOGRAPHIQUE. On
trouve des détails de la vie de Paul dans ses épîtres
et dans le livre des Actes. Né à Tarse de Cilicie
(sud-est de la Turquie moderne), Paul est multiculturel. En tant que
juif, il est connu sous le nom de Saul et est éduqué à
Jérusalem comme pharisien sous le célèbre rabbin
Gamaliel. Il est également citoyen romain de naissance,
privilège rare pour un juif à ce moment-là.
Enfin, il connaît bien la langue et la culture grecques grâce
à l’environnement de sa jeunesse dans la ville
hellénistique de Tarse. Ceci lui permet de traiter avec les
Juifs, les Romains et les Grecs dans leur propre culture, un grand
avantage pour son oeuvre missionnaire ultérieure.
Pharisien travaillant
pour le souverain sacrificateur juif, Saul est un des premiers
persécuteurs des chrétiens et approuve personnellement
l’exécution d’Étienne (Ac. 7:58-8:3).
Cependant, tandis qu’il se rend à Damas pour y arrêter
des chrétiens, le Christ ressuscité lui apparaît
en vision. Suite à cette expérience, il va adopter la
cause du Christ et passer le reste de sa vie à son service.
Après son baptême,
il « par[t] pour l’Arabie. Puis [il revient] encore
à Damas » (Ga. 1:17). Il prêche le Christ
avec une telle efficacité qu’il provoque beaucoup
d’opposition chez les juifs et qu’il est par la suite
obligé de se sauver pour ne pas se faire tuer. De retour à
Jérusalem après trois ans, il a une brève
réunion avec Pierre et Jacques, frère du Seigneur, puis
se rend en Cilicie et en Syrie, où il passe à peu près
la décennie suivante à prêcher l’Évangile.
Barnabas amène
Saul à Antioche, d’où ils partent pour leur
premier voyage missionnaire. C’est au cours de ce voyage qu’il
commence à utiliser son nom romain, Paul, et met au point sa
stratégie de base pour l’œuvre missionnaire.
Toutes les fois qu’il entre dans une ville, il va d’abord
trouver les juifs, prêchant le Christ dans leurs synagogues.
Habituellement ils rejettent son message, mais les païens
fréquentant les synagogues sont souvent convertis ; Paul
se consacre alors à enseigner les païens de cette ville
et crée une branche de l’Église constituée
de païens et peut-être de quelques convertis juifs.
Les Actes décrivent
deux autres voyages missionnaires de plus de trois ans chacun et Paul
réussit à enseigner l’Évangile et à
fonder des Églises dans une grande partie de la Turquie et de
la Grèce actuelles. De retour à Jérusalem après
son troisième voyage missionnaire, il se butte à une
opposition tellement intense de la part des juifs à sa
présence dans le temple qu’il est arrêté
par les Romains et gardé pendant deux ans en prison à
Césarée avant d’être envoyé à
Rome pour y être jugé. En cours de route, il fait
naufrage et est finalement emprisonné à Rome où
il est exécuté vers 64 apr. J.-C., pendant le règne
de l’empereur Néron.
Le prophète Joseph
Smith a donné une description de Paul : un mètre
cinquante, cheveux noirs, yeux perçants et orateur puissant
(EPJS, p. 144 ; WJS, p. 59). Il a également dit que Paul
connaissait Hénoc (EPJS, p. 136) et qu’Abel « fut
envoyé du ciel à Paul pour lui apporter des paroles de
consolation et pour lui apporter la connaissance des mystères
de la piété » (EPJS, p. 135).
ENSEIGNEMENTS DE PAUL. Un
des plus grands apports de Paul au Nouveau Testament est sa
déclaration puissante concernant la justification
(c’est-à-dire, le fait d’être affranchi de
la culpabilité) par la foi au Christ (cf. Ga. 2-3 ; Ro.
2-5). Très vite, il enseigne à ses convertis païens
qu’ils n’ont pas besoin de vivre la loi de Moïse
pour être justifiés devant Dieu. Il suffit de contracter
et de garder l’alliance de l’Évangile, l’alliance
de la foi, alors que l’observance extérieure de la loi
de Moïse ne justifie pas (Ga. 2:16). En particulier, après
l’expiation du Christ, il n’y a plus aucune nécessité
d’observer la loi et l’alliance précédentes
de Moïse rendues obsolètes par la loi et l’alliance
de l’Évangile (cf. Hé. 8:6-13 ; 3 Né.
9:17-20). Les convertis païens de Paul n’ont donc pas
besoin de devenir juifs pour devenir chrétiens (cf. Ac.
15:5-29), parce que les humains sont « justifiés
par la foi, sans les œuvres de la loi » (Ro. 3:28).
L’engagement total à l’Évangile de
Jésus-Christ, l’alliance de la foi, respecte
automatiquement toutes les obligations précédentes
devant Dieu, notamment les obligations de la loi de Moïse.
Paul enseigne aussi la
doctrine parallèle du salut par la grâce. Les saints des
derniers jours reconnaissent au moins quatre manières dont
Paul définit le salut comme un effet de la grâce de
Dieu. Premièrement, grâce à l’expiation du
Christ, un don gratuit, la postérité d’Adam n’est
pas responsable de la transgression de celui-ci (Ro. 5:18-21).
Deuxièmement, il s’ensuit naturellement que la mort,
conséquence de la transgression d’Adam, sera supprimée
par le don de la résurrection qui sera accordé
gratuitement à tous les êtres humains (1 Co. 15:21-22).
Troisièmement, le fait que Dieu ait offert une nouvelle
alliance de la foi à la place des anciennes règles des
statuts et des observances, que l’humanité de l’époque
ne pouvait pas vivre parfaitement, est en soi un acte de grâce.
Et quatrièmement, le fait que le Sauveur se soit offert pour
souffrir et mourir pour les autres est la plus grande expression de
la grâce de Dieu. Ainsi, le salut n’est accessible à
l’humanité que par les actes et les dons gratuits de
Dieu. Comme le dit Paul : « … à qui
nous devons d’avoir eu par la foi accès à cette
grâce, dans laquelle nous demeurons fermes, et nous nous
glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu »
(Ro. 5:2). Cependant, dans la théologie de Paul, les points de
doctrine du salut par la grâce et de la justification par la
foi n’éliminent pas mais exigent la nécessité
absolue d’un niveau de conduite personnelle élevé
(1 Co. 6:9-11 ; Ga. 5:19-21).
Il enseigne aussi que la
connaissance de Dieu est illimitée et que le plan de Dieu a
prévu tous les événements futurs et ne peut pas
être contrecarré. Dieu connaît la fin depuis le
commencement et a déjà préparé l’héritage
de ceux qui choisissent de respecter sa volonté (Ép.
1:4-14). Bien que la Bible utilise le mot « prédestinés »
(Grec, proorizo), les saints des derniers jours ne le comprennent pas
comme voulant dire que certains sont sauvés et que les autres
sont damnés en vertu d’une décision préalable
de Dieu. Ils préfèrent le mot préordination à
prédestination et insistent sur le fait que la prescience de
Dieu n’empiète pas sur le libre arbitre des êtres
humains.
Toutes les épîtres
de Paul, peut-être même la plupart d’entre elles
n’ont pas été conservées. Les saints des
derniers jours croient que si un recueil plus complet des épîtres
de Paul avait survécu, il s’en dégagerait une
théologie très semblable à celle de l’Évangile
rétabli à notre époque. Ce qui les conforte dans
cette idée, ce sont les allusions que Paul fait à des
points de doctrine qui sont maintenant propres aux saints des
derniers jours, comme le baptême pour les morts (1 Co. 15:29),
les trois degrés de gloire (1 Co. 15:39-41 ; 2 Co. 12:2),
la vie prémortelle (Ép. 1:4) et la nécessité
d’une organisation ecclésiastique comprenant des apôtres
et des prophètes (Ép. 2:19-20 ; 4:11-13). Les
saints supposent que Paul ne s’est pas étendu sur ces
sujets dans ses écrits existants parce qu’il s’adressait
à des gens qui les connaissaient déjà.
Paul est une source
importante de prédictions sur l’apostasie de l’Église
chrétienne primitive. Actes 20:29-30 le montre avertissant les
anciens d’Éphèse et de Milet que des loups cruels
s’introduiront après son départ, « qui
n’épargneront pas le troupeau » et que des
membres mécontents déchireraient l’Église
de l’intérieur. Il avertit les Thessaloniciens qu’ils
ne doivent pas s’attendre à l’avènement du
Christ avant que l’apostasie ait eu lieu (2 Th. 2:2-3). Chose
importante, il rappelle aux deux groupes que cet avertissement fait
partie de sa prédication depuis le commencement (2 Th. 2:5 ;
Ac. 20:31).
Les saints des derniers
jours ne voient pas chez Paul d’opposition aux femmes, au sexe
ou au mariage. La déclaration générale de
principe de Paul sur le mariage est plutôt « que
chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari » (1
Co. 7:2 ; cf. Hé. 13:4). Paul traite ensuite de
circonstances spéciales (1 Co. 7:8-16) et exhorte les gens à
s’inquiéter d’abord des choses de Dieu (versets
25-38), mais ses conseils concernant les situations particulières
ne doivent pas être confondus avec sa politique générale.
Les maris doivent aimer leur femme et vice-versa (Ép. 5:28),
car « dans le Seigneur, la femme n’est point sans
l’homme, ni l’homme sans la femme » (1 Co.
11:11). Il est clair que les femmes étaient des compagnes
appréciées et détenaient des postes responsables
dans les assemblées de Paul (cf. Ro. 16:1-4).
L’influence de Paul
sur Joseph Smith et les saints des derniers jours est perceptible en
de nombreux endroits. Joseph Smith fait allusion à
« l’exhortation de Paul » (cf. Ph. 4:8)
quand il décrit les aspirations morales les plus élevées
des saints des derniers jours (13e A de F). Le langage de Paul est
perceptible dans la plupart des articles de foi (par exemple, dans le
4e A de F sur les premiers principes de l’Évangile [cf.
Hé. 6:1-2], dans le 5e A de F sur l’ordination à
la prêtrise [cf. 1 Ti. 4:14], dans le 6e A de F sur les
dirigeants de l’Église primitive [cf. Ép. 4:11]
et dans le 7e A de F sur les dons de l’Esprit [cf. 1 Co.
12:8-12]), et on trouve aussi une partie de l’hymne sublime à
la charité (1 Co. 13:4-8) dans le Livre de Mormon (Mro.
7:45-46). On voit là que c’est Jésus qui est la
source finale de tous ces enseignements.
Le prophète Joseph
Smith a observé à propos de la vie de Paul :
« Suivez les
travaux de cet apôtre depuis le moment de sa conversion
jusqu’au moment de sa mort, et vous aurez un bon exemple
d’industrie et de patience à promulguer l’Évangile
du Christ. On se moquait de lui, on le fouettait et on le lapidait,
mais dès l’instant où il échappait aux
mains de ses persécuteurs, il proclamait avec plus de zèle
que jamais la doctrine du Sauveur… Paul mettait son espérance
dans le Christ parce qu’il avait gardé la foi et avait
aimé son avènement, et il avait la promesse de recevoir
de sa main une couronne de justice [EPJS, p. 48]. [Voir aussi la
Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)) ; Nouveau
Testament.]
Bibliographie
Anderson, Richard Lloyd.
Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
McConkie, Bruce R.
Doctrinal New Testament Commentary, Vols. 2-3. Salt Lake City,
1970-1973.
Sperry, Sidney B. Paul's
Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
J. PHILIP SCHAELLING
Péché
Auteurs :
BROWN, BRUCE L. et OLSON, TERRANCE D.
Pécher c’est
mal agir délibérément. Jacques dit que ce peut
également être le refus obstiné de bien faire :
« Celui donc qui sait faire ce qui est bien, et qui ne le
fait pas, commet un péché » (4:17). Le péché
est la transgression de la loi (1 Jn. 3:4), mais on n’est pas
jugé responsable des péchés commis contre une
loi qu’on n’a pas eu l’occasion de connaître.
Orson F. Whitney, un apôtre, explique :
« Le péché
est la transgression de la loi divine, telle que définie par
la conscience ou par la révélation. L’homme pèche
quand il viole sa conscience et agit à l’encontre de la
lumière et de la connaissance – non de la lumière
et de la connaissance données à son voisin, mais de
celles qui lui ont été données, à lui. Il
pèche quand il fait l’opposé de ce qu’il
sait être juste. Jusqu’à ce stade-là il ne
fait que commettre des bêtises. On peut subir des conséquences
douloureuses simplement pour avoir fait une bêtise, mais on ne
peut commettre de péché que si l’on est
suffisamment informé pour faire une autre chose que celle en
laquelle le péché consiste. On doit avoir une
conscience avant de pouvoir la violer » [p. 241-242].
Dieu ne tient pas
quelqu’un pour responsable du mal commis dans l’ignorance
ou le mal fait involontairement à d’autres, parce que de
telles actions ne constituent pas un péché.
L’ignorance, le manque de maturité ou même
l’imprudence d’une personne peut en léser d’autres
et les individus peuvent être responsables des conséquences
qu’ils contribuent à provoquer. Mais dans de telles
situations, où il n’y a aucune intention mauvaise, il
n’y a pas de péché. Cela ne veut pas dire que les
gens qui font du tort dans l’ignorance ne souffrent pas, soit
physiquement, soit dans leurs rapports avec les autres. De plus,
quand on prend conscience du fait qu’on a contribué à
créer des problèmes, ce serait habituellement considéré
comme un péché que de s’abstenir de réparer
ou de refuser d’aider à régler les difficultés
que l’on a créées.
Le verbe grec utilisé
dans le Nouveau Testament pour « pécher »
est hamartanein. Ce mot évoque l’image de l’archer
et peut signifier « manquer la cible ». Quand
ils pèchent, les gens regardent « au-delà du
point marqué » vers des buts inférieurs ou
égoïstes. Les Écritures définissent le
point marqué suprême de l’humanité comme le
fait d’ « avoir la joie » (2 Né.
2:25). On peut avoir la certitude que Dieu, qui connaît une
plénitude de joie (cf. 3 Né. 28:10), connaît
le bon chemin qui mène au bonheur. Il offre à ses
enfants tout ce qu’il a. Il a envoyé son Fils « pour
sauver son peuple de ses péchés » (Mt.
1:21). Pécher sciemment c’est transgresser ou
outrepasser les limites du chemin de la paix et du bonheur, et
rejeter la mission du Sauveur.
Tous les mortels
possèdent en eux-mêmes un cœur qui peut être
accordé sur les profondeurs de l’amour, de la paix et de
la pureté (cf. Mro. 7:14-18). Mais par le péché
(faire intentionnellement le mal), les humains tuent la joie et
favorisent la haine, la violence et le malheur (voir 2 Né.
2:26-27 ; Mos. 3:19 ; Hél. 14:30-31). Le péché
dévaste, corrompt, attriste et détruit. Il dissipe
« l’espérance d’une pureté
parfaite » offerte par le Christ (2 Né. 31:20)
et la remplace par le désespoir (Mro. 10:22). Son aiguillon
n’anime ni ne réjouit le cœur, mais éveille
« la conscience vive de [la] culpabilité »
(Mos. 2:38), qui est la conséquence indésirable mais
inévitable pour l’impénitent.
Le premier goût du
péché est amer. Quand les enfants mûrissent, « le
péché est conçu dans leur cœur, et ils
goûtent à l’amer » (Moï. 6:55).
Or, expérimenter le péché est quelque chose de
trompeur car cela provoque une dépendance. Tandis que la
sensibilité de la personne au spirituel s’émousse,
l’aiguillon peut sembler diminuer avec le temps. Pour quelqu’un
qui est dans le péché, les choses ne sont pas comme
elles le paraissent. C’est comme si l’on dormait. La
répétition du péché (que les Écritures
appellent la méchanceté) obscurcit la vision et les
effets du péché sont plus amers à mesure que la
vie passe. Ésaïe compare cela à « celui
qui a faim [qui] rêve qu’il mange, puis s’éveille,
l’estomac vide » (És. 29:8). Et Paul observe
que les pécheurs « ayant perdu tout sentiment…
se sont livrés à la dissolution, pour commettre toute
espèce d’impureté jointe à la cupidité »
(Ép. 4:19).
Le péché
inclut la violation délibérée des alliances
faites avec Dieu. Il brise les relations familiales et sociales, sème
le désordre et la méfiance et invite à la
satisfaction égoïste de ses propres buts au détriment
de la communauté. Les alliances donnent une impression de
stabilité et de permanence – elles signalent ce à
quoi il faut s’attendre les uns des autres. Mais le péché
crée l’incertitude et l’instabilité. Il ne
mène jamais au bonheur attendu mais à la déception.
Comme Jacob en témoigne, le fait de rompre les alliances est
source de souffrance pour les innocents : « Vous avez
brisé le cœur de vos tendres épouses… et
les sanglots de leur cœur montent à Dieu contre vous…
beaucoup de cœurs sont morts, percés de blessures
profondes » (Jacob 2:35).
Le péché
est l’expression de la résistance à Dieu et aux
choses de l’esprit. « Un homme méchant ne
peut pas faire ce qui est bien » (Mro. 7:10) parce que son
comportement provient d’un cœur dur ou aigri. On ne peut
cesser d’être mauvais que par un changement de cœur ;
il ne s’agit pas simplement d’une modification ou de la
maîtrise des actes externes (cf. Mosiah 5:2-15). Ou bien l’on
reçoit la vérité ou bien l’on y résiste.
Quand la Samaritaine qui a parlé avec le Sauveur au puits
rapporte sa conversation aux autres, elle dit : « Venez
voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait »
(Jn. 4:29). Ce que le Sauveur lui a dit comprenait ses péchés
actuels : « Et celui que tu as maintenant n’est
pas ton mari » (Jn. 4:18). Cependant, elle a reçu
ses déclarations ; elle a accepté son témoignage
qu’il était le Christ et a invité ses amis à
voir par eux-mêmes (Jn. 4:25-26, 29). Si elle avait eu le cœur
endurci ou s’était accrochée à ses péchés,
elle n’aurait pas accepté ses déclarations à
son sujet ou son témoignage de sa divinité à
lui. Elle n’aurait pas emprunté le chemin du repentir et
du pardon.
Pour échapper aux
effets du péché, l’humanité doit accepter
l’Expiation et se repentir. Amulek, un prophète du Livre
de Mormon, explique que l’Expiation sauve les hommes de leurs
péchés, pas dans leurs péchés (Alma
11:37). C’est dans une grande mesure nos propres péchés
qui produisent des sentiments d’affliction et de désespoir,
peut-être davantage que ce que nous subissons à la suite
du mal que les autres nous font. Les mortels sont punis par leurs
péchés plutôt que pour eux. Les Écritures
décrivent cet état de choses comme « la
servitude du péché » (D&A 84:49-51 ;
Mrm. 8:31).
Ceux qui sont dans cette
servitude vivent en opposition aux deux grands commandements sur
lesquels reposent toute la loi et les prophètes : « Tu
aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton
âme, et de toute ta pensée » et « Tu
aimeras ton prochain comme toi–même » (Mt.
22:37, 39). Si ce sont les plus grands des commandements, le péché
le plus débilitant est sans doute le refus d’aimer.
L’égoïsme, la cupidité, l’envie,
l’orgueil, l’hypocrisie, le ressentiment, l’hostilité,
la suffisance, l’apitoiement sur soi et la convoitise sont tous
des manières de refuser d’aimer. L’indulgence
souvent demandée par les pécheurs à ce propos
peut contribuer davantage qu’on le pense à créer
des relations familiales négatives ou même au niveau de
la criminalité dans une société. L’incivilité
peut se muer en hostilité et celle-ci risque à son tour
de dégénérer en violence.
Les pécheurs sont
offensés par la vérité et trouvent qu’elle
est un fardeau, comme quand Laman et Lémuel, après que
leur frère Néphi leur a expliqué le plan du
salut, se plaignent : « Tu nous as déclaré
des choses dures, plus que nous n’en pouvons supporter »
(1 Né. 16:1). Ceux qui refusent de vivre la vérité
trouvent des raisons pour justifier leurs mauvaises actions. Caïn,
ayant déjà commis le meurtre, répond au Seigneur
qui lui demande où est Abel par un mensonge (« Je
ne sais pas ») et ensuite il provoque hypocritement Dieu :
« Suis-je le gardien de mon frère ? »
(Ge. 4:9 ; Moï. 5:34).
Le péché
rend aveugle à la vérité dans n’importe
quelle situation. Nathan, le prophète, raconte au roi David
l’histoire d’un homme qui possède beaucoup de
troupeaux de moutons, mais qui, néanmoins, tue l’agneau
d’une famille pauvre pour nourrir un invité. David se
met en colère. Il juge qu’un tel homme devrait rendre au
quadruple à la famille lésée et être
exécuté. Nathan déclare : « Tu
es cet homme-là » (2 S. 12:7). Spirituellement
aveuglé par son adultère avec Bath-Schéba et le
meurtre de son mari Urie (2 S. 11), David ne se voit plus comme le
prophète le voit ou, apparemment, comme n’importe qui
disposé à examiner la situation sur la base des
commandements du Seigneur le verrait.
« Si nous
disons que nous sommes en communion avec lui [le Christ], et que nous
marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne
pratiquons pas la vérité… Si nous disons que
nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons
nous–mêmes, et la vérité n’est point
en nous » (1 Jn. 1:6, 8). Quand on ne pratique pas une
vérité, on la voit sous un faux jour. Celui qui ne se
repent pas considère même que sa culpabilité pour
le péché lui est imposée par quelqu’un
d’autre, pas que c’est un symptôme de son propre
endurcissement contre la vérité. Que le péché
soit « grand » comme le meurtre, l’adultère
ou le détournement de fonds ou « petit »
comme l’orgueil, la dureté ou la jalousie, ses effets se
manifestent dans des modes de comportement prévisibles. Ces
comportements consistent généralement à être
affligé par ce qu’on sait être vrai, y être
aveugle ou s’en exonérer.
Il est rare que les
Écritures fassent une liste détaillée des
péchés. Habituellement elles donnent des exemples à
titre d’illustration (cf. Al. 1:32 ; 16:18 ; Hél.
4:12). Le président Ezra Taft Benson a décrit
l’attitude liée à ce péché
universel qu’est l’orgueil : « Notre
inimitié envers Dieu prend beaucoup de formes, comme la
rébellion, la dureté de cœur, l’obstination,
l’impénitence, la suffisance, la susceptibilité
et la recherche de signes » (Benson, p. 4). Le roi
Benjamin fait la réflexion : « Je ne peux pas
vous dire toutes les choses par lesquelles vous pouvez commettre le
péché ; car il y a divers voies et moyens, oui,
tant que je ne peux les énumérer. Mais il y a une chose
que je peux vous dire, c’est que si vous ne… ne
continuez pas dans la foi de ce que vous avez entendu concernant la
venue de notre Seigneur jusqu’à la fin de votre vie,
vous périrez. Et maintenant, ô homme, souviens-toi, et
ne péris pas » (Mosiah 4:29-30).
Naître
spirituellement de Dieu c’est être réveillé,
être libéré des fardeaux du péché
(voir Pardon ; Homme naturel ; Repentir). Le Livre de
Mormon rapporte l’histoire d’un peuple qui, pendant un
certain temps, a surmonté la servitude du péché.
Il dit à son sujet : « Et il arriva qu’il
n’y eut pas de querelles dans le pays, à cause de
l’amour de Dieu qui demeurait dans le cœur du peuple. Et
il n’y avait pas d’envies, ni de discordes, ni de
tumultes, ni de fornications, ni de mensonges, ni de meurtres, ni
aucune sorte de lasciveté ; et assurément il ne
pouvait y avoir de peuple plus heureux parmi tout le peuple qui avait
été créé par la main de Dieu »
(4 Né. 1:15-16).
Surmonter le péché
et être pardonné c’est délaisser l’impiété,
reconnaître sa dépendance vis-à-vis de Dieu et
chercher à faire sa volonté. L’aide de Dieu est
indispensable pour abandonner le péché : « Il
a changé leur cœur… il les a éveillés
d’un profond sommeil, et ils se sont éveillés à
Dieu » (Al. 5:7). Ceux qui abandonnent le péché,
leur « visage est… empreint de son image »
et ils font preuve de foi en la rédemption du Christ (cf. Al.
5:14-19) ; ils sont pleins d’amour (Mos. 3:19 ; Jn.
13:35 ; 15:10).
Vu du point de vue de
l’éternité, il n’y a de tragédie que
dans le péché. Les mortels ne sont pas sur terre pour
se prouver l’un à l’autre mais à Dieu.
Cette vie terrestre est une période probatoire, un test pour
voir si les hommes « feront tout ce que le Seigneur leur
Dieu leur commandera » (Abr. 3:25 ; cf. Al. 34:34).
Ceux dont le « cœur se porte… vers les choses
de ce monde et aspire… aux honneurs des hommes » ou
qui couvrent leurs péchés, assouvissent leur orgueil,
entretiennent une vaine ambition ou cherchent à avoir une
emprise sur les autres et les dominer « avec quelque degré
d'injustice que ce soit » affligent l’Esprit du
Seigneur (D&A 121:35, 37).
Échapper au péché
est simple mais pas facile. Le repentir exige une souffrance
profonde, le dernier « quadrant », tout ce
qu’on est capable de faire : « Nul n'est sauvé,
sauf ceux qui sont vraiment pénitents » (Al.
42:24 ; cf. D&A 19). « Nous sommes sauvés
[par la grâce] après que tout ce que nous pouvons
faire » (2 Né. 25:23). Ceux qui abandonnent le
péché sont caractérisés comme marchant
« résolument, avec constance dans le Christ, ayant
une espérance d'une pureté parfaite et l'amour de Dieu
et de tous les hommes » (2 Né. 31:20).
Bibliographie
Benson, Ezra Taft
« Beware of Pride », Ensign 19, mai 1989, p.
4-6.
Kimball, Spencer W. Le
Miracle du Pardon. Salt Lake City, 1969.
Kimball, Spencer W. The
Teachings pof Spencer W. Kimnball, dir. de publ. Edward L. Kimball,
p. 80-114. Salt Lake Cikty, 1982.
Whitney, Orson F.
Saturday Night Thoughts. Sale Lake City, 1927.
BRUCE L. BROWN et
TERRANCE D. OLSON
Perle
de grand prix
La Perle de grand prix
consiste en un recueil de divers ouvrages sacrés que les
saints des derniers jours acceptent comme Écriture. L’article
Perle de grand prix : Contenu et publication donne une vue
d'ensemble des différents textes du recueil ainsi que des
détails sur la façon dont les documents ont été
rassemblés et ensuite reçus comme Écriture par
les membres de l’Église.
Perle
de grand prix : Contenu et publication
Auteur :
BALDRIDGE, KENNETH W.
La Perle de grand prix,
l’un des quatre ouvrages canoniques admis comme Écriture
par l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours, contient divers documents portant les titres « Extraits
du livre de Moïse », « livre d'Abraham »,
« Joseph Smith – Matthieu », « Joseph
Smith – Histoire » et « Articles de
foi ».
Elle fut publiée à
Liverpool en 1851 par Franklin D. Richards, alors président de
la mission britannique et membre du Collège des douze apôtres,
en réponse aux demandes des convertis d’avoir de plus
amples informations sur leur nouvelle Église. En plus d’un
choix de révélations provenant de la Genèse dans
la traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS) et du livre
d'Abraham, l'édition de 1851 contenait Matthieu 24 tel que
révélé au prophète Joseph Smith en 1831
(actuellement intitulé Joseph Smith – Matthieu), « Une
clef de l’Apocalypse de saint Jean » (maintenant D&A
77), une révélation reçue par Joseph Smith le 25
décembre 1832 (maintenant D&A 87) et le récit fait
par Joseph Smith en 1838 de ses premières visions et de la
traduction du Livre de Mormon (maintenant Joseph Smith –
Histoire). Elle contenait aussi certains extraits des Doctrine et
Alliances (sections 20, 107 et 27), treize déclarations sans
titre précédemment publiées en mars 1842 dans le
Times and Seasons, appelées aujourd’hui articles de foi,
et un poème intitulé « Oh Say, What is
Truth » qui est devenu plus tard le cantique « Ô
toi, vérité ».
Le livre de Moïse se
composait à l'origine de plusieurs révélations
données à Joseph Smith pendant qu'il révisait la
Bible sous l'inspiration à partir de juin 1830. Dans l'édition
de 1851 de la Perle de grand prix, ces extraits étaient
dépourvus de titre. L'édition de 1878 ajoute les titres
« Visions de Moïse » (chap. 1) et « Écrits
de Moïse » (chap. 2-8). Ces révélations
furent publiées dans les journaux de l’Église
entre 1832 et 1851 (Clark, p. 9-17).
Le livre d'Abraham est
lié au travail de Joseph Smith sur les rouleaux de papyrus que
l'Église obtint en 1835. Peu après avoir commencé
à étudier les manuscrits, il composa un document sur la
vie du patriarche Abraham avec une description de la création
du monde semblable à celle de la Genèse et du livre de
Moïse. En 1842, le Times and Seasons de Nauvoo et le Millennial
Star en Angleterre imprimèrent le texte et les fac-similés
disponibles. Il est certain que les textes intégrés
dans les livres de Moïse et d'Abraham étaient des
extraits et qu’il existait plus d'informations que ce que l’on
trouve dans les éditions imprimées de la Perle de grand
prix.
La deuxième
édition de la Perle de grand prix, la première édition
américaine, fut publiée en 1878 à Salt Lake City
et ajouta « Une révélation sur l'éternité
de l'alliance du mariage, notamment la pluralité des épouses »
qui est maintenant Doctrine et Alliances, section 132. Le 10 octobre
1880, lors de la conférence générale à
Salt Lake City, les membres de l'Église acceptèrent la
Perle de grand prix comme ouvrage canonique. Quand des changements
supplémentaires furent apportés, notamment la taille et
le format de page, un nouveau vote en 1890 réaffirma
l'acceptation de la Perle de grand prix comme Écriture.
À la demande de la
Première Présidence, James E. Talmage, plus tard membre
du Collège des douze apôtres, divisa l’ouvrage en
chapitres et versets, ajouta des titres (comme « livre de
Moïse ») et élimina certains éléments
comme les textes également publiés dans les Doctrine et
Alliances. Ces changements furent officiellement approuvés par
les membres de l’Église à la conférence
d'octobre 1902.
À la conférence
générale du 3 avril 1976, la vision du royaume céleste
reçue par Joseph Smith le 21 janvier 1836 dans le temple de
Kirtland et la vision de la rédemption des morts reçue
par le président Joseph F. Smith (le 3 octobre 1918) furent
ajoutées à la Perle de grand prix. En 1979, ces deux
révélations furent transférées aux
Doctrine et Alliances en tant que sections 137 et 138.
Persévérer
jusqu'à la fin
Auteur :
Madsen, John M.
Persévérer jusqu'à la fin ou
rester tout au long
de sa vie fidèle aux lois et aux ordonnances de l'Évangile
de Jésus-Christ est une exigence fondamentale pour le salut
dans le Royaume de Dieu. Cette croyance distingue les saints des
derniers jours de nombreuses autres confessions chrétiennes,
qui enseignent que le salut est donné à tous ceux qui
tout simplement croient et confessent que Jésus est le Christ.
Les saints des derniers jours croient que, pour être sauvé,
on doit avoir la foi en Jésus-Christ, montrer qu’on se
repent de ses péchés, se soumettre au baptême par
immersion et recevoir le don du Saint-Esprit par l’imposition
des mains par ceux qui détiennent la véritable autorité
de la prêtrise, puis rester fidèle à toutes les
alliances, mener une vie juste et persévérer fidèlement
jusqu'à la fin de la vie ici-bas (Hébreux
3:6-14;6:4-15 ; Marc 13:13). Cette fidélité
permanente permet de recevoir pleinement la grâce du Christ.
Les Doctrine et Alliances déclarent : « Si tu
gardes mes commandements et persévères jusqu'à
la fin, tu auras la vie éternelle, don qui est le plus grand
de tous les dons de Dieu » (D&A 14:7).
Le prophète Néphi 1, dans le
Livre de Mormon, enseigne
que le principe de la persévérance jusqu'à la
fin est une condition requise pour le salut: « Lorsque
vous vous êtes repentis de vos péchés et que vous
avez témoigné au Père, par le baptême
d'eau, que vous êtes disposés à garder mes
commandements, et avez reçu le baptême de feu et du
Saint-Esprit... et après cela me reniez, il aurait mieux valu
pour vous que vous ne m’ayez pas connu... Celui qui persévère
jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé »
(2 Néphi 31:14-15 ; cf. Hébreux 6:4-6). Comme
l'explique Néphi, pour persévérer jusqu'à
la fin il faut avoir la foi, l'espérance et la charité,
suivre fidèlement l'exemple de Jésus-Christ et toujours
abonder en bonnes œuvres (cf. Alma 7:23-24) : « Si
un homme ne persévère pas jusqu'à la fin à
suivre l’exemple du Fils du Dieu vivant, il ne peut être
sauvé... C'est pourquoi, vous devez marcher résolument,
avec constance dans le Christ, ayant une espérance d’une
pureté parfaite et l'amour de Dieu et de tous les hommes ;
c'est pourquoi, si vous marchez résolument, vous faisant un
festin de la parole du Christ, et persévérez jusqu'à
la fin... vous aurez la vie éternelle » (2 Néphi
31:16-20).
Persévérer jusqu'à la fin
c’est être
disposé et prêt à endurer fidèlement les
épreuves de la vie à l'instar de Job, d’Étienne
(Actes 7), de Paul (2 Timothée 4:5-7), de Pierre (1 Pierre
1-4) et de Moroni 2 (Moroni 1:1-3). Le Seigneur a donné cette
assurance à Joseph Smith, le prophète, après
plusieurs mois d'incarcération dans la prison de Liberty:
« Mon fils, que la paix soit en ton âme ! Ton
adversité et tes afflictions ne seront que pour un peu de
temps ; et alors, si tu les supportes bien, Dieu t'exaltera en
haut ; tu triompheras de tous tes ennemis » (D&A
121:7-8).
Bibliographie
Ashton,
Marvin J. "If Thou Endure It Well." Ensign 14, nov. 1984,
p. 20-22.
Maxwell, Neal A. "Endure It
Well." Ensign 20,
mai 1990, p. 33-35.
JOHN M. MADSEN
Pierre
Auteur :
HALL, JEAN FRANKLIN
Simon, fils de Jonas,
connu plus tard sous le nom de Céphas ou Pierre, devint le
premier et principal apôtre de Jésus-Christ. Il fut de
toute évidence l’officier président de l’Église
ancienne après la mort du Christ. Dans la dispensation
actuelle, étant ressuscité, il a rendu l’autorité
apostolique au prophète Joseph Smith et à Oliver
Cowdery.
Le Nouveau Testament
contient plus d’informations sur Pierre que sur n’importe
quel autre apôtre. Cela donne une indication sur son ministère,
sa personnalité et ses relations avec le Sauveur.
Contrairement au jeune Pierre parfois impulsif dépeint dans
les évangiles, le ministère et les épîtres
ultérieurs de l’apôtre révèlent un
dirigeant mûr à la foi pleine de patience dont le souci
sincère est celui du bien-être spirituel du troupeau que
Jésus lui a confié (Jn. 21:15-17). Des différences
persistent cependant dans les portraits de Pierre qui ressortent des
divers récits bibliques, et elles sont extrapolées dans
les analyses faites par les savants à propos du rôle et
de la théologie de Pierre. Le recours aux écrits
chrétiens ultérieurs des deuxième et troisième
siècles révèle d’autres idées sur
la place de Pierre dans l’Église primitive. On ne peut
donc pas présumer que tout ce qui est écrit à
son sujet correspond clairement à la réalité.
Originaire de Bethsaïda,
petit port de pêche quelque part sur le rivage nord de la mer
de Galilée, Pierre vivait à Capernaüm avec sa
femme et sa belle-mère au moment de son appel apostolique. Il
se prénommait Simon et son patronyme était fils de
Jonas (Mt. 16:17). Son nom, Simon, et celui de son frère,
André, correspondent à la forme grecque de leur nom.
Vivant dans une région où, en plus de l’araméen
indigène, le grec était employé couramment comme
langue des affaires et du commerce, Pierre connaissait sans doute
bien la langue dans laquelle ses écrits scripturaires ont plus
tard été rédigés. Bien que Pierre ait été
pêcheur de métier et en dépit de la description
que les anciens du sanhédrin font de Pierre et de Jean qu’ils
considèrent comme « sans instruction »
(Ac. 4:13), les apôtres galiléens étaient des
hommes qui savaient lire et écrire, qui n’avaient sans
doute pas de formation rabbinique mais une culture générale
de base.
Pierre fut l’un des
premiers disciples de Jésus. À l’époque où
il s’appelait encore Simon, il reçut un appel spécial,
marqué par la réception d’un nouveau nom, ce qui,
dans la tradition juive, « signifiait la charge d’une
mission divine spéciale » (Winter, p. 5). Jean
raconte que le Christ conféra à Simon, fils de Jonas,
le titre « Céphas, ce qui signifie Pierre »
(Jn. 1:42). L’araméen kepha et son équivalent
grec, petros, sont des noms communs qui, avant ce temps, étaient
inutilisés comme noms propres. Une vieille controverse
persiste entre les savants catholiques et protestants (Winter, p.
6-25 ; Horsley, p. 29-41) au sujet du sens à donner à
petros, « un roc ou une pierre » et petra, « un
rocher massif », ces mots concernant le nom de Pierre et
son lien avec le jeu de mots du Christ : « Tu es
Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église »
(Mt. 16:18). Selon la doctrine mormone, c’est la révélation
qui est la pierre à laquelle Jésus fait allusion et ce
qui est prédit ici, c’est l’appel de Pierre à
devenir le prophète qui va diriger l’Église
primitive. À propos de ce passage, Joseph Smith a appliqué
le terme « voyant » pour définir Céphas
(TJS Jn. 1:42), et Bruce R. McConkie (p. 133, 380-383) relie ceci à
la voyance, au pouvoir de la révélation continue, qu’il
rattache en outre aux clefs du royaume (Mt. 16:19) conférées
à Pierre, le chef des apôtres, sur la montagne de la
Transfiguration, dont le récit suit immédiatement dans
Mt. 17:1-13.
La primauté de
Pierre dans l’Église antique découle de
l’autorité apostolique. Sa première place parmi
les douze apôtres ressort clairement d’un certain nombre
de contextes : toutes les listes d’apôtres du
Nouveau Testament mentionnent Pierre en premier ; l’expression
« Pierre et ceux qui étaient avec lui »
décrit les apôtres (par exemple, Lu. 8:45) ; et
Pierre se fait leur porte-parole quand il s’agit de poser des
questions à Jésus (par exemple, Lu. 12:41). Les
miracles, les incidents didactiques et les événements
spéciaux (par exemple, Mt. 14:25-31 ; Mc. 14:26-42 ;
Lu. 5:1-10) tournent autour de Pierre uniquement ou sur lui en tant
qu’apôtre principal concerné (Muren, p. 150).
Après la comparution de Jésus devant Caïphe, c’est
Pierre qui reste tout près dans le noir et le froid. Il est
vrai que pendant le procès de Jésus il nie quand on lui
dit qu’il fait partie des disciples et qu’il connaît
Jésus, mais c’est quand même Pierre qui est le
premier apôtre à qui le Christ ressuscité soit
apparu (Lu. 24:33-35 ; 1 Co. 15:5).
Les saints des derniers
jours voient dans la place prééminente de Pierre un
poste de présidence. Deux présidents de l’Église
ont comparé le poste de Pierre à celui de président
du Collège des douze apôtres (McKay, p. 20 ;
Kimball).
Les apôtres Jacques
et Jean avaient la seconde place par rapport à Pierre. Il a
été donné à ces trois-là
d’accompagner Jésus en trois occasions des plus
sacrées : à la résurrection de la fille de
Jaïrus (Mc. 5:35-43), à la glorification sur la montagne
de la Transfiguration (Mt. 17:1-13 ; Mc. 9:2-9) et lors de ses
souffrances dans le jardin de Gethsemané (Mc. 14:26-42). Les
saints des derniers jours attribuent la présence de Pierre,
Jacques et Jean en ces occasions à la fonction qu’ils
occupaient parmi les apôtres. Joseph Smith a enseigné
qu’au moment de la Transfiguration le Sauveur, Moïse et
Élie ont donné les clefs de la Prêtrise de
Melchisédek à Pierre, Jacques et Jean (EPJS, p. 123 ;
voir Montagne de la Transfiguration).
C’est en vertu de
cette autorité que Pierre, Jacques et Jean dirigèrent
l’Église au nom de Jésus-Christ après sa
mort. Pierre présida au choix d’un nouvel apôtre
pour remplacer Judas (Ac. 1:15-26) et lors de la prédication
du jour de la Pentecôte (Ac. 2). Ce fut Pierre qui affronta le
Sanhédrin, accomplit des miracles et prêcha l’Évangile
du Christ (Ac. 3-4). Dans beaucoup de ces activités Jean fut
le compagnon de Pierre, mais c’était Pierre qui assumait
la direction. L’appel de Pierre comme prophète, voyant
et révélateur ressort bien dans des révélations
aussi importantes que celle qui concerne l’extension de la
prédication de l’Évangile aux païens (Ac.
10 ; Muren, p. 150-152). Bien que la révélation
moderne fournisse beaucoup d’éclaircissements à
cet égard, le rôle de Pierre de présider les
conseils de l’Église et de diriger l’effort
apostolique en général est facile à démontrer
quand on examine le Nouveau Testament et d’autres sources
chrétiennes antiques (Brown, p. 9-16, 1973).
C’est à
cause de sa fonction d’autrefois que Pierre, aidé de
Jacques et de Jean, fut chargé de restituer l’autorité
apostolique à une nouvelle dispensation de l’Évangile
et de doter Joseph Smith des mêmes clefs de la prêtrise
que le Christ lui avait données, autorisant ainsi de nouveau
l’accomplissement des ordonnances du salut par l’autorité
de la prêtrise (voir Prêtrise de Melchisédek :
Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek).
Les deux épîtres
de Pierre dans le Nouveau Testament contiennent une abondance
d’enseignements et d’exhortations inspirés et
inspirants. L’intégralité de 1 et 2 Pierre
exprime sa préoccupation pour le salut et la sanctification du
troupeau, rappelant aux fidèles qu’on ne peut l’obtenir
que par la connaissance de Jésus-Christ et l’accomplissement
des ordonnances de la prêtrise (cf. EPJS, p. 239, 244-246 ;
Muren, p. 153-156). Pierre donne aussi des informations sur le salut
des morts (1 Pi. 3:18-22 ;4:6) et recommande instamment à
tous les membres de l’Église d’être saints,
de paître le troupeau, d’être humbles et d’assurer
leur salut en affermissant leur vocation et leur élection (1
Pi. 4-5 ; 2 Pi. 1). Finalement, il exprime sa préoccupation
pour le bien-être spirituel de l’Église avec
l’avertissement qu’elle connaîtra bientôt
l’enseignement de fausses doctrines qui menaceront le salut des
personnes (2 Pi. 2-3). Joseph Smith a dit à propos de ces
épîtres : « De tous les apôtres,
c’est Pierre qui a écrit dans la langue la plus
sublime » (EPJS, p. 243).
Bibliographie
Brown, Raymond E. Karl
Donfried et John Reumann, dir. de publ. Peter in the New Testament.
Minneapolis, Minn., 1973.
Brown, S. Kent. "James
the Just and the Question of Peter's Leadership in the Light of New
Sources". Dans Sperry Lecture Series, p. 9-16. Provo, Utah,
1973.
Horsley, A. Burt. Peter
and the Popes. Salt Lake City, 1989.
Kimball, Spencer W.
"Peter, My Brother". Dans BYU Speeches of the Year. Provo,
Utah, 1971.
McConkie, Bruce R.
Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 1. Salt Lake City, 1978.
McKay, David O. Ancient
Apostles. Salt Lake City, 1964.
Muren, Joseph C. "Peter".
Dans A Symposium on the New Testament. Salt Lake City, 1980.
Winter, Michael M. Saint
Peter and the Popes. Westport, Conn., 1960.
JOHN FRANKLIN HALL
Plan
de salut, plan de Rédemption
Auteur :
LUND, GERALD N.
Les saints des derniers
jours croient qu’il y a des éternités, Dieu, dans
sa sagesse infinie et sa miséricorde sans bornes, a conçu
un plan grâce auquel ses enfants pourraient connaître une
existence physique, notamment la condition mortelle, et ensuite
retourner vivre en sa présence dans la félicité
et la gloire éternelles. Ce plan, également appelé
« le plan de salut » (Jm. 1:2 ; Al 42:5 ;
Moï. 6:62), « le plan de rédemption »
(Jcb. 6:8 ; Al 12:25 ; 42:11), et le « grand
plan du bonheur » (Al 42:8), fournissait le moyen à
chacun de recevoir le salut et de gagner la vie éternelle. La
vie éternelle est le plus grand don de Dieu à ses
enfants (D&A 6:13) et le plan de salut est sa manière de
la leur rendre accessible. Bien que le terme « plan de
salut » soit utilisé à plusieurs reprises
dans les Écritures modernes, il n’apparaît pas
dans la Bible, bien que l’on puisse découvrir dans ses
pages des points de doctrine à ce sujet.
Le Père est
l’auteur du plan de salut ; Jésus-Christ est son
principal avocat ; le Saint-Esprit aide à le réaliser
en communiquant la volonté de Dieu aux hommes et en les aidant
à vivre correctement.
L’EXISTENCE
PRÉMORTELLE. Les saints des derniers jours croient que tous
les humains sont des enfants d’esprit de parents célestes
(voir Dieu le Père ; Mère céleste) et
qu’ils ont demeuré avec eux avant la naissance sur cette
terre (Hé. 12:9 ; cf. Jé. 1:5 ; Ép.
1:4). Dans cette vie prémortelle ou premier état, ces
enfants d’esprit ne pouvaient pas progresser pleinement. Ils
avaient besoin d’un corps physique pour avoir une plénitude
de joie (D&A 93:33-34) et les esprits avaient également
besoin d’être placés dans un environnement où,
par l’exercice du libre arbitre, ils pourraient prouver leur
disposition à garder les commandements de Dieu (Abr. 3:25).
D’autre part, s’ils succombaient à la tentation,
ils seraient exclus de la présence de Dieu, parce que « rien
d’impur ne peut demeurer auprès de Dieu »
(1 Né. 10:21 ; Ép. 5:5). Pour ramener ceux
qui cédaient à la tentation en la présence de
Dieu, un plan de rédemption devait être mis en place et
il fallait pour cela un rédempteur.
Un Conseil de tous les
esprits fut réuni dans les cieux, et deux personnes se
proposèrent pour remplir la fonction de rédempteur.
L’une d’elles était Lucifer, un fils du matin (És.
14:12 ; D&A 76:26), qui déclara qu’il
« rachèterai[t] toute l’humanité, de
sorte que pas une seule âme ne sera[it] perdue »
mais elle n’aurait aucun choix dans l’affaire. Son libre
arbitre serait détruit (Moïse 4:1-3). Pareille
proposition était inconciliable avec le plan du Père,
parce que le libre arbitre de l’humanité est une
condition absolument nécessaire au progrès. Jéhovah,
le Jésus-Christ prémortel, s’avança et se
proposa pour donner sa vie comme paiement de tous les péchés.
Il ne proposait aucun plan ni aucune condition de son cru, mais
dit :
« Père, que ta volonté soit faite, et que la
gloire t’appartienne à jamais » (Moï.
4:2). C’est lui qui fut choisi par le Père.
Quand Lucifer ne voulut
pas accepter le choix du Père, il s’ensuivit une guerre
dans le ciel et il fut chassé pour rébellion (Moï.
4:3 ; D&A 76:25) avec ceux qui l’avaient suivi, qui
représentaient environ le tiers des esprits (Ap. 12:4, 7-9 ;
D&A 29:36-38). Après l’expulsion de Satan, le plan
du Père fut mis à exécution. Trois événements
ordonnés et institués par Dieu avant la création
de la terre constituent la base sur laquelle le plan de salut repose.
Ce sont la création, la chute d’Adam et l’expiation
de Jésus-Christ. « Ces trois événements
divins – les trois piliers de l’éternité –
sont inséparablement entrelacés en une seule grande
tapisserie connue sous le nom de plan éternel de salut »
(McConkie, p. 81).
LA CRÉATION. Un
des buts de la création de cette terre était que les
enfants d’esprit de Dieu obtiennent un corps physique et
apprennent à marcher par la foi. La vie terrestre est le
deuxième état. Les Écritures enseignent que par
le pouvoir de son Fils unique, le Père a créé
des « mondes sans nombre » (Moï. 1:33 ;
cf. Jn. 1:3 ; Hé. 1:2), mais ce n’est que sur ce
monde que le Seigneur nous a révélé des
informations détaillées (Moï. 1:40).
L’Ecclésiaste
dit que « tout ce que Dieu fait durera toujours »
(Ec. 3:14). Dieu ne travaille pas à des fins temporelles (D&A
29:34-35). Les Écritures précisent que quand Dieu a
créé la terre, elle était dans un état
paradisiaque où la mort n’existait pas. Si Adam et Ève
n’avaient pas transgressé et n’étaient pas
tombés, « toutes les choses qui avaient été
créées auraient dû rester exactement dans l’état
dans lequel elles étaient après avoir été
créées ; et elles auraient dû rester à
jamais et ne pas avoir de fin » (2 Né. 2:22 ;
cf. Moï. 3:9 ; DS, p. 75-77).
LA CHUTE. Une terre dans
un état paradisiaque et exempte de mort ne remplissait pas les
conditions requises pour assurer la progression des enfants de Dieu
(voir But de la vie terrestre : Perspective des saints). Le
Livre de Mormon donne quelques raisons pour lesquelles la chute
faisait partie du plan préordonné de Dieu. Le libre
arbitre est d’une importance primordiale dans le processus de
mise à l’épreuve. Le libre arbitre a absolument
besoin de choix ou d’alternatives. Léhi enseigne que
« il doit nécessairement y avoir une opposition en
toutes choses » (2 Né. 2:11). Mais dans l’état
dans lequel Adam et Ève se trouvaient, il n’y avait
aucune opposition de ce genre. Ils avaient un corps physique, mais
étaient dans un état d’innocence. Il n’y
avait ni mort, ni péché, ni souffrance, ni chagrin. En
outre, dans cet état ils n’auraient pas eu d’enfants
(2 Né. 2:22-23). Il apparaît qu’une raison
importante pour laquelle Lucifer et ses disciples avaient accès
à ceux qui étaient sur terre était la nécessité
que chacun soit attiré par le bien et le mal (2 Né.
2:16).
Satan incita Ève à
prendre du fruit défendu, elle exerça son libre arbitre
et en prit. Adam décida, lui aussi, d’en prendre, se
rendant compte que s’il ne le faisait pas, Ève et lui
seraient séparés et que le commandement de multiplier
et de remplir la terre serait contrecarré. Par conséquent,
« Adam tomba pour que les hommes fussent »
(2 Né. 2:25). « Ayant mangé du ‘fruit
défendu’, Adam et Ève devinrent mortels, le péché
entra, du sang se forma dans leur corps et la mort s’intégra
à la vie… Après la chute d’Adam, la
création entière tomba et devint mortelle. La chute
d’Adam introduisit la mort physique et spirituelle dans le
monde pour toute l’humanité » (Bible
Dictionary, p. 670 ; DS1:80 ; Hél. 14:16-17 ;
voir aussi Mort spirituelle). Plus tard, Adam et Ève se
réjouirent tous deux des possibilités qui s’étaient
ouvertes à eux grâce à la chute (Moï.
5:10-11).
La chute faisait partie
du plan de Dieu pour l’humanité et ne constitue donc pas
une surprise. « Tout a été fait dans la
sagesse de celui qui sait tout » (2 Né. 2:24).
Les saints des derniers jours affirment qu’Adam et Ève
étaient des êtres réels, les premiers parents, et
que la chute a été un événement littéral
tant dans le temps que dans le lieu. Joseph Fielding Smith
explique :
« Si Adam n’est pas tombé, il n’y a pas
eu de Christ, parce que l’expiation de Jésus-Christ est
basée sur la chute d’Adam » (DS1:121). James
E. Talmage a écrit : « Il est devenu pratique
courante, parmi les hommes, d’accabler de reproches les
progéniteurs de la famille humaine et de décrire l’état
soi-disant béni dans lequel nous vivrions s’il n’y
avait pas eu la chute, alors que nos premiers parents ont droit à
notre plus profonde gratitude pour l’héritage qu’ils
ont laissé à leur postérité »
(AF, p. 89).
L’EXPIATION.
L’Expiation est la phase suprême du plan de salut, sans
laquelle tout le reste n’aurait eu aucun sens et tous auraient
été perdus. L’expiation c’est la
réconciliation ou la réunion de la famille humaine avec
notre Père céleste. Pour comprendre la réconciliation,
il faut examiner le fonctionnement des lois de la justice et de la
miséricorde.
L’amour parfait, la
patience, la longanimité et la sollicitude de Dieu pour le
bien-être éternel de l’humanité sont des
manifestations de sa miséricorde. Dieu est également
juste et ne peut donc pas considérer le péché
avec « la moindre indulgence » (Al. 45:16). La
justice parfaite exige que toute violation de la loi de Dieu soit
punie et que tout acte d’obéissance à la loi soit
récompensé ou béni (D&A 130:20-21). La
miséricorde et la justice sont fondamentales dans la nature de
Dieu et ni l’une ni l’autre ne peuvent être
ignorées. Si les exigences de la justice seules comptaient et
si la miséricorde était ignorée, personne ne
pourrait retourner en la présence de Dieu, parce que « tous
ont péché et sont privés de la gloire de Dieu »
(Ro. 3:23). Si Dieu devait excuser le péché, la
miséricorde dépouillerait la justice. Cela ne peut
être. « Quoi, penses-tu que la miséricorde
puisse frustrer la justice ? Je te dis que non, en aucune façon.
S'il en était ainsi, Dieu cesserait d'être Dieu »
(Alma 42:25).
Dans l’expiation de
Jésus-Christ, la justice et la miséricorde sont
combinées pour réaliser le plan de rédemption.
En tant que Fils unique d’un Père divin et d’une
mère mortelle (voir Marie, mère de Jésus), Jésus
subissait les effets de la chute d’Adam (condition mortelle,
tentations, douleur, etc.), mais avait le pouvoir de mener une vie
parfaite et sans péché (Hé. 3:15 ; D&A
45:4) et de donner sa vie et de la reprendre (Jn. 5:26 ; 10:17).
La doctrine des saints, la conception miraculeuse et la naissance
virginale de Jésus-Christ sont acceptées comme
littéralement vraies et absolument essentielles au
fonctionnement du plan de salut. Grâce à sa vie exempte
de péché, la justice n’avait aucun droit sur lui.
À cause de son pouvoir infini et divin, il pouvait payer le
prix des péchés de tous les enfants de Dieu et
satisfaire la justice en leur faveur (D&A 45:3-5). Son sacrifice
n’était pas un sacrifice humain, mais un sacrifice
infini et éternel (Al. 34:40). Il a expié non seulement
la chute d’Adam mais également les péchés
de chaque personne. Il accorde le pardon à tous sous condition
de repentir.
À Gethsemané,
le Christ a pris sur lui le fardeau des péchés du monde
et a souffert pour eux d’une manière incompréhensible
pour les mortels. « Il subit les souffrances de tous les
hommes, oui, les souffrances de tous les êtres vivants, tant
des hommes que des femmes et des enfants, qui appartiennent à
la famille d'Adam » (2 Né. 9:21). Cette agonie
incompréhensible était si intense que, comme le dit
Jésus lui-même, elle « m'[a] fait trembler de
douleur, moi, Dieu, le plus grand de tous, et [elle m’a] fait
saigner à chaque pore et [m’a] fait souffrir de corps et
d'esprit » (D&A 19:18 ; Mos. 3:7 ; cf. Lu.
22:42).Parce qu’il avait pouvoir sur la mort, Jésus
supporta tout (JC, p. 745-747). La honte, la souffrance, les procès,
la flagellation et la crucifixion étaient telles qu’un
mortel limité ne peut se faire aucune idée du prix
exigé avant que le Rédempteur puisse dire : « Tout
est accompli ! » (Jn. 19:30). Le grand plan de
rédemption de Dieu a été mis en application, et
la justice n’a pas été dépouillée
par la miséricorde, mais plutôt a été
payée entièrement par le sang expiatoire de
Jésus-Christ. Ce paiement pour les péchés de
chacun est appelé la grâce de Jésus-Christ. Sans
elle, tous sont voués à la damnation éternelle.
C’est pour cela que Néphi 1 dit : « C’est
par la grâce que nous sommes sauvés, après tout
ce que nous pouvons faire » (2 Né. 25:23).
Paul a également enseigné la doctrine du salut par la
grâce (Ép. 2:8-9) c’est-à-dire que, sans
l’expiation du Christ, rien de ce que les mortels pourraient
faire ne suffirait.
Certains aspects de
l’expiation du Christ sont inconditionnels. Tous les êtres
mortels seront ressuscités et ramenés en la présence
de Dieu pour le jugement indépendamment du genre de vie qu’ils
auront mené (1 Co. 15:22 ; 2 Né. 9:12-15 ;
Hél. 14:16-17), rachetant ainsi toute l’humanité
des morts physique et spirituelle occasionnées par la chute
d’Adam. Un autre aspect inconditionnel de la miséricorde
du Christ s’applique aux enfants en bas âge qui ne sont
pas capables de comprendre la différence entre le bien et le
mal et ne sont donc pas responsables. Ils ne peuvent pas pécher
ni être tentés par Satan (D&A 29:47 ; Mro.
8:8). « Ils sont tous vivants en lui [le Christ] à
cause de sa miséricorde » (Mro. 8:19 ; cf. D&A
29:46). La doctrine de l’Église dit que tous les enfants
qui meurent avant l’âge de responsabilité (huit
ans) sont sauvés dans le royaume céleste (D&A
137:10). La miséricorde est également accordée à
ceux qui, pour raison de handicap mental, n’atteignent pas
l’âge mental de huit ans, qui est le niveau de la
responsabilité (D&A 29:50).
Cependant, pour ceux qui
sont mentalement responsables, une partie de leur aliénation
par rapport à Dieu est le résultat direct de leurs
propres péchés en plus de la transgression d’Adam.
Si rien n’est fait pour eux, il ne leur sera pas permis de
retourner en la présence de Dieu après leur jugement,
parce que rien d’impur ne peut y entrer (1 Né.
10:21). Le Seigneur a mis en place certains principes et ordonnances
appelés l’Évangile, qu’il faut suivre pour
que la plénitude du sacrifice expiatoire du Christ s’applique
à leurs péchés : (1) la foi en
Jésus-Christ, (2) le repentir, (3) le baptême par
immersion pour la rémission des péchés par
quelqu’un ayant l’autorité et (4) le don du
Saint-Esprit par l’imposition des mains (voir Articles de foi).
Paul et d’autres ont souligné que les humains sont
sauvés par la grâce et pas par leurs propres œuvres
(Ép. 2:8). C’est vrai parce qu’aucun mortel ne
peut travailler assez parfaitement pour se sauver. Aucun mortel n’a
ni ne peut avoir le pouvoir de surmonter les effets de la chute
d’Adam ou même de ses propres péchés. Le
salut de tout le monde dépend du sang expiatoire du Sauveur.
Avec la même clarté et la même fermeté, le
Sauveur et ses serviteurs ont enseigné que la façon
dont les gens vivent est une des conditions qui permettent au pouvoir
de l’expiation d’agir dans leur vie. « Ceux
qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n'entreront pas tous
dans le royaume des cieux, mais celui–là seul qui fait
la volonté de mon Père qui est dans les cieux »
(Mt. 7:21). « Ce ne sont pas… ceux qui écoutent
la loi qui sont justes devant Dieu, mais ce sont ceux qui la mettent
en pratique qui seront justifiés » (Ro.
1:18 ;2:13). « Ceux qui commettent de telles choses
[les oeuvres de la chair] n’hériteront point le royaume
de Dieu » (Ga. 5:21). « Voici, [le Christ]
s'offre en sacrifice pour le péché, pour satisfaire aux
exigences de la loi, pour tous ceux qui ont le cœur brisé
et l'esprit contrit ; et il ne peut être satisfait aux
exigences de la loi pour personne d'autre » (2 Né.
2:7).
LE MONDE D’ESPRIT
ET LES TROIS DEGRÉS DE GLOIRE. Quand les mortels ont terminé
leur séjour sur terre et franchissent le portail appelé
la mort, ils entrent dans le monde d’esprit postmortel. Dans le
cadre du plan de salut, le Seigneur a fixé un moment entre la
mort et la résurrection où hommes et femmes peuvent
continuer leur progression et en apprendre davantage sur les
principes de la perfection avant d’être amenés au
jugement final (Al. 40:6-21). Jésus-Christ est allé
dans le monde d’esprit postmortel, tandis que son corps était
au tombeau, pour lui prêcher l’Évangile (1 Pi.
3:19-20 ; 4:6 ; D&A 138:11-37) pour que les esprits qui
étaient dans le monde d’esprit postmortel puissent
entendre et accepter ou rejeter l’Évangile. Puisque le
baptême, le don du Saint-Esprit, la dotation du temple et le
scellement sont des ordonnances terrestres, les saints des derniers
jours accomplissent les ordonnances par procuration pour les morts
dans leurs temples (voir Salut des morts). Parce que les hommes
diffèrent tellement dans leur obéissance aux
commandements de Dieu, la théologie de l’Église
rejette la notion chrétienne traditionnelle du choix unique
entre le ciel ou l’enfer quand elle explique la destinée
finale des âmes (voir Âme). Par une vision donnée
au prophète Joseph Smith (D&A 76), le Seigneur a montré,
comme il l’a également révélé à
Paul, qu’il y a plusieurs degrés de gloire dans la
récompense éternelle de l’humanité (D&A
76 ; cf. 1 Co. 15:42).
Le plan de salut a été
créé par le Père, réalisé par le
sacrifice expiatoire de son Fils bien-aimé et facilité
par les dons du Saint-Esprit. Il englobe la Création, la Chute
et l’Expiation, y compris la Résurrection, et traverse
tous les temps depuis l’existence prémortelle jusqu’à
l’état final d’immortalité et de vie
éternelle.
Bibliographie
McConkie, Bruce R. A New
Witness for the Articles of Faith, p. 81-104, 144-159. Salt Lake
City, 1985.
Packer, Boyd K. Our
Father's Plan. Salt Lake City, 1984.
Taylor, John. The
Mediation and Atonement of Our Lord and Savior Jesus Christ. Salt
Lake City, 1882.
GERALD N. LUND
Première
Présidence
Auteurs :
ENGLAND, J. LYNN et WARNER, W. KEITH
La Première
Présidence est le niveau de direction et le collège
ayant le rang le plus élevé dans l'Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours. Son autorité,
ses devoirs et ses responsabilités s’étendent sur
toutes les personnes et sur toutes les affaires de l'Église.
Ce collège se compose habituellement de trois personnes :
le président de l'Église et deux conseillers choisis
par lui. Joseph Smith, le premier président, a appelé
plus de deux hommes pour l'aider. D'autres présidents ont de
temps en temps également utilisé cette pratique de
prendre des conseillers supplémentaires quand ils en avaient
besoin. Spencer W. Kimball a parfois été aidé
par trois conseillers.
La Première
Présidence fut créée en mars 1832, deux ans
après la fondation de l'Église. Jesse Gause et Sidney
Rigdon furent appelés à être conseillers de
Joseph Smith. Gause ne remplit ce poste que jusqu'au mois de décembre
suivant, quand il se montra infidèle et fut excommunié.
L'appel fut donné plus tard à Frederick G. Williams,
qui fut ordonné le 18 mars 1833 (D&A 81, 90). D’autres
directives concernant l'organisation de la Première Présidence
furent données en 1835 dans une révélation sur
la prêtrise. Trois hommes devaient être choisis et
nommés, et ordonnés à cet office par le Collège
des douze apôtres, « et soutenus par la confiance,
la foi et la prière de l'Église » (D&A
107:22).
Les saints des derniers
jours croient que les apôtres du Nouveau Testament, Pierre,
Jacques et Jean, constituaient une Première Présidence
avec Pierre comme officier président et Jacques et Jean comme
conseillers. En tant que Première Présidence dans les
temps anciens, ils fonctionnaient d’une manière
semblable à la Première Présidence
d’aujourd'hui. Par exemple, la Bible décrit des
situations où Jésus traitait uniquement avec Pierre
(Mt. 18:19 ; Lu. 24:34) et d'autres où les trois apôtres
participaient (Mt. 17:1-3 ; 26:37-39 ; Mc. 5:37-42). Ces
passages donnent à penser que le rôle de ces trois
hommes était différent de celui des autres apôtres.
En tant que Première Présidence, Pierre, Jacques et
Jean possédaient l'autorité spéciale de donner à
Joseph Smith et à Oliver Cowdery les clefs du ministère
dans la dispensation de la plénitude des temps. Ce sont ces
clefs qui commandent l'exercice de la prêtrise par tous les
autres dans les fonctions essentielles de l'Église à
l’époque actuelle.
Les membres de la
Première Présidence ne sont pas égaux.
L'autorité repose uniquement sur le président, les
conseillers ayant un rôle subalterne, le premier conseiller
ayant la préséance sur le deuxième conseiller.
En l'absence du président, les conseillers président
lors des réunions avec le Conseil ou Collège des douze
apôtres et les autres Autorités générales
et dans les conférences de l'Église. Si le président
est malade et incapable de remplir toutes ses fonctions, les
conseillers peuvent gérer les affaires de l'Église sous
sa direction. Dans ce cas, les conseillers agissent en étroite
consultation avec le président du Conseil des douze. Le
président de l'Église reste cependant l'autorité
finale.
Le choix des conseillers
est la prérogative du président. Un nouveau président
peut ou peut ne pas choisir de conserver les conseillers de son
prédécesseur. Les conseillers sont habituellement des
apôtres, mais dans quelques cas des hommes qui n'étaient
pas ordonnés apôtres ont été appelés,
les premiers d’entre eux étant Sidney Rigdon (1832) et
Frederick G. Williams (1833). Plus récemment, Thorpe B.
Isaacson a été appelé en 1965 à faire
partie de la Première Présidence sous David O. McKay.
Dans certains cas, les conseillers ont été des apôtres
mais pas des membres des Douze, tels que Alvin R. Dyer, autre
conseiller du président McKay.
L'ensemble des membres de
l’Église vote pour soutenir la Première
Présidence mais ne l’élit pas. Parce que les
membres de l'Église croient que l'appel et l'autorité
de la Première Présidence viennent de Dieu, leur vote
est un vote de consentement commun pour ratifier un choix qui a déjà
été fait ou s’y opposer.
Doctrine et Alliances
107:9 dit : « La Présidence de la Haute
Prêtrise selon l'ordre de Melchisédek a le droit
d'officier dans tous les offices de l'Église. »
Étant au plus haut niveau d'autorité, le Collège
de la Première Présidence a le dernier mot en matière
de nomination, de présidence, d'interprétation de la
doctrine et dans toutes les autres affaires de l'Église.
Ainsi, tous les autres collèges, conseils et organisations de
l'Église fonctionnent sous l'autorité de ce collège.
Les affaires administrées
directement par la Première Présidence comprennent la
planification des conférences générales et
d’interrégion et des assemblées solennelles ;
les départements du budget, des apurements, de l’enseignement,
d’histoire, du personnel et les autres départements
généraux de l'Église, ainsi que les temples.
Toutes les autres affaires sont administrées par le Conseil
des douze, l'Épiscopat Président ou les soixante-dix
sous la direction de la Première Présidence.
Dans la Première
Présidence, la prise de décision doit se faire à
l’unanimité. La consultation étroite et soigneuse
entre le président et ses conseillers permet d’assurer
le consensus (Hinckley, p. 50).
La Première
Présidence se réunit normalement au moins une fois par
semaine, pour tenir ensuite une réunion avec le Collège
des douze apôtres pour examiner les questions requérant
leur attention. C’est lors de ce conseil de la Première
Présidence et du Collège des douze apôtres que
tous les changements d'administration ou de politique pour l'Église
sont examinés et approuvés.
La Première
Présidence se réunit aussi hebdomadairement avec
l'Épiscopat Président. Des réunions se tiennent
chaque mois avec toutes les Autorités générales,
réunions au cours desquelles celles-ci sont informées
de tout changement de programme ou de procédure. En outre, la
Première Présidence se réunit, selon les
besoins, avec d'autres conseils, bureaux et groupes auxquels diverses
responsabilités ont été déléguées.
À la mort du
président, le collège de la Première Présidence
est automatiquement dissous et l'autorité finale dans l’Église
passe immédiatement aux Douze, l’officier président
étant le président du Collège des douze apôtres.
Les conseillers, s'ils sont apôtres, reprennent leur place
respective dans ce collège en fonction de leur ancienneté
comme apôtres. La Première Présidence est
reconstituée à l'appel d'un nouveau président,
qui, dans tous les cas, aura été président du
Collège des douze apôtres, et qui choisit alors ses
conseillers. Cela fait, l'autorité suprême revient à
la Première Présidence.
Première
Vision
Auteur :
BACKMAN, MILTON V.
La Première Vision
du prophète Joseph Smith est le point de départ du
rétablissement de l'Évangile dans cette dispensation.
Cette théophanie s’est produite dans un bosquet près
de Palmyra (New York) au printemps de 1820.
Les récits de
Joseph rapportent que quand il était dans sa douzième
année, il commença à sentir le besoin de
rédemption et étudia plusieurs groupes religieux. Peu
de temps après l’installation de sa famille à
Manchester (New York), il fut témoin d’une excitation
religieuse particulièrement intense dans la région, qui
causa des divisions dans sa communauté et dans sa famille. Il
remarqua que quand les convertis commencèrent à
s’affilier à une confession ou à une autre, les
bons sentiments qu’ils professaient éprouver les uns
pour les autres se perdaient « dans une querelle de mots
et un combat d'opinions » (JS–H 1:5-8). Perplexe et
préoccupé, il se demanda « Si l’un de
ces partis a raison, lequel est-ce et comment le
saurai-je ? »
(Backman, p. 156, 162, 168 ; Jessee, p. 198).
Tandis qu’il
sondait les Écritures, Joseph fut influencé par une
exhortation à la prière dans l'épître de
Jacques. « Si quelqu’un d’entre vous manque de
sagesse, qu’il la demande à Dieu » (Ja. 1:5).
« Jamais, raconta-t-il plus tard, aucun passage de
l'Écriture ne toucha le cœur de l'homme avec plus de
puissance que celui-ci ne toucha alors le mien » (JS–H
1:12). Il se retira dans un bosquet isolé près de la
ferme en rondins de son père et se mit à genoux pour
prier (Backman, p. 156).
Il s’ensuivit une
lutte contre une influence satanique, mais avec l'aide divine, il y
survécut. Il écrit que tandis qu’il continuait à
invoquer Dieu, il vit « exactement au-dessus de [s]a tête,
une colonne de lumière, plus brillante que le soleil,
descendre peu à peu jusqu'à tomber sur [lui] ».
Immédiatement il fut délivré des ténèbres
qui l’enserraient (JS–H 1:16). Dans la lumière, il
vit deux Personnages « dont l’éclat et la
gloire défient toute description » et qui « se
ressemblaient exactement par les traits et l’apparence »
(JS–H 1:17 ; Lettre à Wentworth, Backman, p. 169).
L'un d'eux prononça son nom, montra l'autre, et dit :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoute-le ! »
(JS–H 1:17). Dans ce qui suivit, Joseph apprit que, grâce
au Christ, qui avait pris sur lui les péchés de
l'humanité, ses péchés lui étaient
pardonnés. « Voici, je suis le Seigneur de gloire.
J'ai été crucifié pour le monde pour que tous
ceux qui croient en mon nom aient la vie éternelle »
(Backman, p. 157). Il fut également assuré de la
réalité et de l'imminence de la seconde venue du Christ
« pour réaliser ce qui avait été dit
par la bouche des prophètes et des apôtres »
(Backman, p. 157, 167, 169 ; Jessee, p. 6). Quand il reprit ses
esprits, Joseph demanda à quelle Église il devait se
joindre et il lui fut dit de ne se joindre à aucune parce
qu'elles enseignaient toutes des « doctrines
incorrectes » ; elles avaient une forme de piété,
mais elles en niaient la puissance (cf. 2 Ti. 3:5). De plus, il lui
fut dit « que la plénitude de l'Évangile
[lui] serait révélée plus tard »
(JS–H 1:17-20 ; Backman, p. 163, 169 ; Jessee, p.
213). Tandis qu’il quittait le bosquet, se rappelle-t-il,
« [s]on âme était remplie d’amour »
et pendant bien des jours « [il éprouva] une grande
joie et le Seigneur était avec [lui] » (Backman, p.
157).
La tranquillité de
Joseph fut de courte durée. Tout d’abord, excepté
de la part de sa famille, il ne rencontra que le mépris de
ceux qui étaient mis au courant de son expérience. Il
n'avait pas prévu les dénonciations violentes que cet
événement allait provoquer.
En plusieurs occasions,
entre 1832 et 1842, le jeune prophète écrivit ou dicta
des récits de la vision, chacune dans un cadre différent,
les deux derniers en vue de la publication. Chaque texte omet ou
ajoute certains détails. En 1832, par exemple, Joseph Smith
écrivit qu'avant sa Première Vision, il avait sondé
les Écritures et en avait conclu qu'aucune société
n'enseignait le christianisme du Nouveau Testament (Backman, p.
156 ;
Jessee, p. 5). Dans le récit de 1838, il note qu'il se disait
souvent : « Lequel de tous ces partis a raison ?
Ou ont-ils tous tort, autant qu'ils sont ? » Plus
loin dans ce même récit, il ajoute entre parenthèses
« (car à l'époque, il ne m'était
jamais venu à l'idée qu'elles étaient toutes
dans l'erreur) » (JS–H 1:10, 18 ; Jessee, p.
198, 200).
Les saints des derniers
jours considèrent cette vision comme authentique et
révélatrice de la nature de Dieu. Dans le contexte
biblique et scripturaire, ils y voient un parallèle avec les
visions de Moïse ou avec les théophanies rapportées
dans le Livre de Mormon. Joseph lui-même a comparé ses
expériences dans et après la vision à celles de
Paul (JS–H 1:24 ; EPJS, p. 118).
L'enseignement dans
l’Église est, pour employer les termes de Stephen L.
Richards (ancien conseiller dans la Première Présidence),
« imprégné de la véracité de
la Première Vision ». Elle sous-tend la doctrine
d’un Dieu anthropomorphe et d'un homme théomorphe, des
rapports entre les personnes de la Divinité et de la
révélation continue. Les prières, les cantiques,
les formes de culte et l'eschatologie sont, chez les saints, ancrés
dans cette conception. Elle renouvelle le témoignage des
prophètes hébreux que les visions ne sont pas l'accès
le plus minimal mais au contraire le plus fiable de l’homme au
divin, que la majesté, la gloire et la puissance de Dieu sont
« au-delà de toute description », que
les descriptions bibliques de communion face à face avec Dieu
sont plus qu'une métaphore tirée par les cheveux. Elle
confirme le témoignage des apôtres du Nouveau Testament
que Dieu le Père et Jésus-Christ sont des personnes
distinctes qui se manifestent telles qu’elles sont aux fils et
aux filles de Dieu et que le Fils est à la ressemblance du
Père et le Père à la ressemblance du Fils. [Voir
aussi Joseph Smith, Visions de ; Expérience religieuse.]
Bibliographie
Backman, Milton V. Jr.
Joseph Smith’s First Vision. Salt Lake City, 1980.
Smith, Joseph. The
Personal Writings of Joseph Smith. Dean C. Jessee, comp. et dir. de
publ. Salt Lake City, 1984.
MILTON V. BACKMAN, JR.
Préordination
Auteur :
TOP, BRENT L.
La préordination
est le choix effectué dans l’état prémortel
de faire venir des personnes dans la condition mortelle à des
moments spécifiés, dans certaines conditions et pour
accomplir des responsabilités désignées à
l’avance. Selon l'interprétation des saints,
« préordonné » ne signifie pas
prédéterminé (voir Prédestination). C'est
le résultat d’un choix volontaire, pas de sa violation
ou de son abrogation. L'idée de la préexistence et de
la préparation prémortelle à la vie terrestre
fait l’objet d’allusions dans les sources bibliques et on
en voit des indications dans certaines sources judéo-chrétiennes
anciennes. Mais elle a eu une place moins importante dans la pensée
ultérieure.
Il a été
dit à Abraham qu'il était parmi les esprits vaillants
et qu’il avait été, pour cette raison, choisi ou
préordonné avant sa naissance pour être un
dirigeant dans le royaume de Dieu sur terre (Abr. 3:22-23). Le
Seigneur a, de même, dit à Jérémie :
« Avant que je t’eusse formé dans le ventre
de ta mère, je te connaissais, et… je t’avais
consacré, je t’avais établi prophète des
nations » (Jé. 1:5). Alma le Jeune a enseigné
que les prêtres appartenant à un « saint
ordre » avaient été préordonnés
« selon la prescience de Dieu, à cause de leur foi
extrême et de leurs bonnes œuvres » (Al. 13:1,
3). Le prophète Joseph Smith a conclu que « quiconque
est appelé à exercer un ministère auprès
des habitants du monde a été ordonné à ce
but même dans le grand conseil des cieux avant que le monde
fût » (EPJS, p. 296). Et en plus de ces
préordinations à des appels dans la prêtrise,
beaucoup d'esprits ont pu être préordonnés auprès
de pays et de générations spécifiques, que Paul
appelle « les bornes de leur demeure » (Ac.
17:26), aussi bien qu'auprès de familles et à toutes
sortes de tâches, de travaux ou de missions sur terre.
Bien que chacun de ces
choix soit en dernier ressort basé sur l'omniscience et la
prescience de Dieu, plusieurs facteurs peuvent influencer notre
situation sur terre. La préordination se présente comme
une bénédiction ou une récompense pour une
justice prémortelle et un engagement vaillant vis-à-vis
de Jésus-Christ. Le fait de naître dans la maison
d'Israël et d’hériter de toutes bénédictions
d'Abraham, d'Isaac et de Jacob est souvent considéré
comme le droit de naissance des âmes dévouées
(voir Ép. 1:4-5 ; Ro. 9:4). Ces droits et ces
bénédictions peuvent encore être obtenus par
quiconque décide de les recevoir, que ce soit dans cette vie
ou dans l’au-delà. Les hommes manifestent tôt ou
tard, comme l’a enseigné B. H. Roberts, des
soixante-dix, « la force de cette intelligence et de cette
noblesse à laquelle leur esprit était parvenu dans le
royaume céleste avant de prendre un corps sur la terre »
(T. Madsen, Defender of the Faith, Salt Lake City, 1980, p. 2). Les
Doctrine et Alliances enseignent que les hommes et les femmes peuvent
aller à Dieu par la justice et la diligence et être
ainsi comptés parmi ceux qui sont « les fils [et
les filles] de Moïse et d'Aaron, la postérité
d'Abraham, l'Église et le royaume, et les élus de
Dieu » (D&A 84:34).
Par la fidélité
sur terre, quelles qu’aient été la préordination
prémortelle ou les alliances antérieures, on peut,
comme Paul l’a enseigné, être adopté dans
le lignage élu : « tous ceux qui descendent
d’Israël ne sont pas Israël » (Ro. 9:6).
C'est-à-dire que beaucoup peuvent être préordonnés
à des missions importantes dans la condition mortelle, mais
peuvent, par le péché et la rébellion, échouer
dans leur préordination et abandonner leurs bénédictions.
L'obéissance aux alliances et aux ordonnances de l'Évangile
est le facteur essentiel qui permet de décider de l'élection
finale dans le lignage élu.
Les saints des derniers
jours croient en outre que le moment, le lieu et les circonstances de
la naissance dans la condition mortelle peuvent être le
résultat d'anciennes alliances et décisions aussi bien
que de ce qui serait le mieux, dans la sagesse divine, pour fournir
des occasions et défis à surmonter dans l’intérêt
de la progression et de l’épanouissement de l'individu.
En outre, la préordination peut également être
basée sur les desseins et les plans de Dieu pour faire du bien
à tous ses enfants. Les détails de ces facteurs restent
inconnus. En conséquence, on ne peut en aucun cas juger de la
personnalité prémortelle de quelqu’un en fonction
de sa situation actuelle dans la vie. Il est possible que certaines
des circonstances les plus pénibles et les plus ardues soient,
dans la perspective de l'éternité, les meilleures
situations et peut-être même celles dans lesquelles des
hommes et des femmes ont accepté d’entrer. La
préordination n'exclut pas l'exercice du libre arbitre. C’est
une affectation conditionnelle préalable à l’octroi
de certaines bénédictions et responsabilités.
Après Augustin et
Calvin, certains ont interprété le mot « prédestinés »
dans Romains 8:29-30 et Éphésiens 1:4-5 comme étant
la volonté préalable de Dieu. Selon cette thèse,
Dieu est l'agent causal final, tandis que l'homme est toujours et
seulement un effet. Les saints des derniers jours rejettent cette
interprétation. Ils croient que ni les sources grecques ni les
sources scripturaires dans ce domaine n’autorisent cette
interprétation. Paul utilise ce terme pour désigner le
fait d’être préordonné à une
filiation divine par l’intermédiaire du Christ. En
outre, puisque Dieu « connaît toutes les choses, car
toutes… sont présentes devant [s]es yeux »
(D&A 38:1-2), il prévoit nos choix. Cependant, il ne fait
pas les choix pour nous. Sachant notre potentiel, il préordonne
ceux qui aideront à réaliser ses buts. Les saints des
derniers jours étendent cette notion de manière à
englober la préordination à tout ministère ou
fonction divinement désignés.
Bibliographie
Maxwell, Neal A. "Meeting
the Challenges of Today". Speeches of the Year, p. 149-56.
Provo, Utah, 1978.
Top, Brent L. The Life
Before. Salt Lake City, 1988.
Winston, David.
"Preexistence in the Wisdom of Solomon and Mormon Sources".
Dans Reflections on Mormonism, dir. de publ. Truman Madsen, p. 13-35.
Salt Lake City, 1978.
BRENT L. TOP
Préparation
aux situations d'urgence
Auteur :
Richardson, Frank D.
Les saints des derniers jours
reçoivent un enseignement qui
les prépare pour les problèmes potentiels. Étant
donné que l'Évangile s’occupe du bien-être
temporel et spirituel de l'humanité, l'Église considère
toutes les situations d'urgence possibles qui auraient un mauvais
impact sur la qualité de vie ou qui causeraient de la
souffrance comme une raison de se préparer à titre
préventif. Ceci comprend les catastrophes naturelles, le
chômage, la maladie, les blessures et les autres circonstances
susceptibles de menacer la vie ou le bien-être personnel.
L'Église enseigne à ses membres de se préparer à
de telles situations d'urgence.
La philosophie qui est à la
base de la préparation pour
les situations d’urgence est qu'en vivant de manière
prévoyante et en acquérant à l'avance les
compétences et les ressources nécessaires pour faire
face efficacement aux difficultés, les saints des derniers
jours peuvent ramener au minimum, voire éviter la souffrance
qui accompagne l'imprévu. Cela leur donne aussi le sentiment
de sécurité et de tranquillité d'esprit (D&A
38:30) qui sont essentiels à l’épanouissement
spirituel. Ils apprennent également à travailler à
l’autonomie, à pourvoir de manière adéquate
à leurs besoins, à aider ceux qui sont dans le besoin
et à éviter de dépendre inutilement des efforts
ou des ressources des autres. On leur dit de mettre de côté
quand les temps sont bons, afin de pouvoir s'occuper d’eux-mêmes
et des autres quand les temps sont mauvais. Pour les saints des
derniers jours, la préparation aux situations d'urgence est
plus apparentée à l'épargne en vue d’une
période de vaches maigres que pour survivre à la fin du
monde (Kimball, p. 78).
Depuis plus de cent ans, les
dirigeants de l'Église enseignent
aux membres de stocker des céréales et d’autres
produits essentiels qui pourraient les aider à survivre en
période de sécheresse ou de famine (Essentials of Home
Production and Storage, p. 17). Les lignes directrices actuelles pour
les réserves au foyer sont d’application à
l'échelle internationale. Il s'agit notamment d'avoir des
réserves de nourriture, de vêtements et, si possible, de
combustible nécessaires à la vie pendant un an (Benson,
p. 33). Les directives de l'Église disent : « Nous
n’avons jamais stipulé une formule exacte de ce que l’on
doit mettre en réserve. Peut-être que si nous
n’envisageons pas une année de réserves de ce que
nous utiliserions normalement et envisagions plutôt ce qu'il
faudrait pour nous maintenir en vie dans le cas où nous
n'aurions rien d’autre à manger, ce serait là
quelque chose de très facile à mettre en réserve
pour un an »(Essentials, p. 6).
Lors des leçons d'arts
ménagers et des journées
de travail, la Société de Secours recommande depuis
longtemps aux femmes d’entretenir un potager et de faire des
conserves et de la couture. Il est conseillé aux saints de
faire des études et de rechercher des occasions de se former
qui les préparent à s'adapter aux changements dans le
monde du travail, d'éviter l'endettement personnel, de rester
en bonne santé en mangeant correctement et en faisant du
sport, d’apprendre les premiers soins et de savoir comment
protéger leur vie et leurs biens contre les incendies, les
inondations et le vol. Il leur est conseillé de prendre une
assurance-vie, une assurance soins de santé et une assurance
habitation là où cela existe. On leur recommande en
outre d'éviter les achats sous l’effet de la panique,
d’acheter des ressources d'urgence à crédit, de
céder aux marottes du jour et de faire de la publicité
pour des marques, des fournisseurs ou des techniques spécifiques.
Sur
le plan institutionnel, l'Église pratique les principes de la
préparation. Sous l'égide de ses services d’entraide,
les fermes et les conserveries d’entraide et les magasins de
l'évêque cultivent, traitent, et distribuent des
produits destinés à la consommation par les nécessiteux
dans l'Église. Ces installations maintiennent un inventaire
d’une année de réserves tant en produits cultivés
et traités qu’en produits finis. Les réserves de
céréales appartenant à l'Église sont
stockés pour aider à subvenir aux besoins de récolte
en récolte, avec une marge de sécurité
appropriée pour ceux qui pourraient se trouver dans le besoin
lors de mauvaises conjonctures économiques plus prolongées.
L'Église ne tente cependant pas de maintenir des réserves
d'urgence pour tous ses membres. La sécurité à
long terme contre les urgences lors de catastrophes dépend de
la préparation consciencieuse des personnes et des familles de
par le monde.
Cet état de préparation
constant a permis à
l'Église de participer à des projets humanitaires pour
soulager les souffrances résultant de catastrophes telles que
la Seconde Guerre mondiale, la rupture du barrage de Teton dans
l'Idaho en 1976, les pénuries alimentaires en Pologne en 1982,
les inondations au Brésil en 1983, les tremblements de terre à
Mexico en 1985, les ouragans dans les Caraïbes et la Caroline du
Sud en 1989 et d’autres catastrophes naturelles et causées
par les hommes.
Les unités ecclésiastiques de
l'Église
(paroisses, pieux, régions et interrégions) ont pour
instructions de mettre par écrit et d’entretenir un plan
d'intervention d'urgence. L’ampleur et la précision dans
le détail de ces plans varient selon la nature et la gravité
des situations d'urgence susceptibles de survenir dans chaque région.
Les plans d'intervention d'urgence traitent en général
des questions de gestion et de communication, de retour
d’information, de l'emplacement et de l’importance des
ressources disponibles pour les interventions d'urgence, des lignes
directrices pour l'utilisation des bâtiments de l'Église
comme refuges, ainsi que les nom et adresse des spécialistes
de l'intervention d'urgence.
Les officiers présidents de
toutes les unités de
l'Église sont invités à coordonner la
planification pour les situations d'urgence et les mesures à
prendre avec les organismes compétents de la collectivité.
Il va de soi qu’il est important que tous les membres de
l'Église se comportent en bons citoyens en cas de besoin.
Bibliographie
Benson,
Ezra Taft. « Prepare for the Days of Tribulation. »
Ensign 10, nov. 1980, p. 32-34.
Essentials of Home Production
and
Storage. Salt Lake City, 1979.
Kimball, Spencer W. Welfare
Services : The Gospel in Action ». Ensign 7, nov.
1977, p. 76-79.
FRANK D. RICHARDSON
Prescience
de Dieu
Auteur :
FAULCONER, JAMES E.
L'Écriture moderne
parle sans équivoque de la prescience de Dieu : « Toutes
les choses sont présentes devant mes yeux » (D&A
38:2). Elle affirme que Dieu a la plénitude de la vérité,
« la connaissance des choses telles qu'elles sont, telles
qu'elles étaient et telles qu'elles sont à venir »
(D&A 93:24, italiques ajoutés).
La prescience divine
comprend la capacité de connaître même les pensées
et les intentions du cœur humain : « Il n'y a
personne d'autre que Dieu qui connaisse tes pensées et les
intentions de ton cœur » (D&A 6:16). La
prescience divine est, au moins en partie, la connaissance de ses
propres desseins pour le cosmos et pour l'humanité, et « on
ne peut faire échouer les œuvres, les desseins et les
intentions de Dieu, ni les réduire à néant »
(D&A 3:1). « Elles [ses œuvres lui] sont connues
de toute éternité » (Ac. 15:18 ; Abr.
2:8). Parmi elles, les conditions du plan du salut. Par exemple,
« Dieu a assurément élu ou décidé
à l’avance que tous ceux qui seraient sauvés,
seraient sauvés en Christ Jésus et par l'obéissance
à l'Évangile » (EPJS, p. 151-152). Il est
également connu d’avance que toute l'humanité
mourra, ressuscitera et comparaîtra en jugement.
Dans l'Écriture,
les termes de base désignant le savoir divin suggèrent
plus qu'une relation cognitive entre un sujet et un objet ; ils
impliquent une connaissance intime, directe, participative et
affective. La prescience divine est la connaissance d'un Père
céleste, pas la connaissance d'une abstraction métaphysique.
Les Écritures qui parlent de la prescience divine soulignent
la compréhension que Dieu a de son expérience avec son
peuple et de la destinée de celui-ci plutôt que du
contenu et de la logique de cette connaissance. Quiconque cherche à
comprendre la prescience divine doit commencer par reconnaître
que l’Écriture ne traite pas directement de la question
comme cela a été formulé en philosophie et en
théologie, où l'accent est sur le contenu et la logique
de la connaissance. Les Écritures disent de manière
explicite que Dieu sait tout et que nous pouvons lui faire confiance.
Elles ne disent pas de manière explicite ce que cela signifie
sur le plan philosophique ou théologique. En conséquence,
à défaut de révélation nouvelle, toute
réponse à la question théologique de la
prescience de Dieu ne peut être que théorique.
Afin d'essayer de
concilier la prescience divine avec la liberté humaine, les
grands théologiens et philosophes juifs et chrétiens
ont proposé trois possibilités. La première
affirme les deux pôles du dilemme : « Tout est
prévu et la liberté de choix est donnée. »
C'est la position de Rabbi Akiba et de Maïmonide (Aboth 3, 19 ;
Yad, Teshuvah 5:5), ainsi que celle d'Augustin et d’Anselme (La
Cité de Dieu 5.9-10 ; L'harmonie de la Prescience, de la
Prédestination et de la Grâce de Dieu avec le libre
choix 1.3). Maïmonide avance l’argument que bien qu'il
soit logiquement impossible que la prescience humaine de nos actes
soit compatible avec la liberté, la prescience de Dieu, qui
est d'une sorte différente et mystérieuse, est
compatible avec la liberté.
Dans la deuxième,
la prescience de Dieu est limitée. Puisque les hommes sont
libres, Dieu connaît les possibilités et les
probabilités du choix humain, mais pas les inévitabilités.
Dieu est omniscient en ce sens qu’il sait tout ce qui peut être
connu, mais pas dans le sens de savoir exactement à l'avance
comment les hommes utiliseront leur liberté, puisqu’il
est impossible de le savoir étant donné que les
événements contingents futurs n'existent pas. C'est le
point de vue du talmudiste Gersonide (Lévi Ben Gershon,
1288-1344 ; Milhamot Adonaï, III, 6) et, avec quelques
modifications, de Charles Hartshorne et des « process
philosophers ».
Dans la troisième,
les humains ne sont pas véritablement libres. La liberté
est une illusion qui découle de l'ignorance humaine de la
cause et de la nécessité divines. Tout ce que les
individus font est en réalité déterminé
et prédéterminé. Dieu pré-connaît
et pré-cause tout ce qui se produit. C'est la thèse de
Spinoza et de Calvin.
Historiquement, la
plupart des saints des derniers jours ont adopté la première
position générale : tout est prévu et la
liberté reste. Certains ont opté pour la deuxième,
à savoir que la prescience de Dieu n’est pas absolue. La
troisième possibilité, à savoir que la liberté
humaine est illusoire, est incompatible avec la croyance des saints
au libre arbitre et à la responsabilité véritables.
L'éloge et le blâme, la responsabilité et le
jugement n’ont pas de sens si les humains ne sont pas libres.
Toute doctrine de la prescience qui va à l’encontre de
ce principe viole l'esprit et la lettre des Écritures
mormones.
Par conséquent, la
prescience divine, quelle qu’en soit la définition
finale, n'est pas de la prédestination. Pour cette raison, ce
que Dieu voit d’avance n'est pas divinement causé, même
si c’est connu dans un certain sens (Talmage, p. 317). La
prescience divine est l’arrière-plan de la
préordination. Mais, encore une fois, préordination
n'est pas pré-causalité. Au contraire, « la
préordination est l’octroi conditionnel d'un rôle,
d'une responsabilité ou d'une bénédiction qui,
de même, prévoit mais ne fixe pas le résultat »
(Maxwell, p. 71).
Bibliographie
Hartshorne, Charles, and
William L. Reese. Philosophers Speak of God. Chicago, 1953.
Maxwell, Neal A. "A
More Determined Discipleship". Ensign 9, févr. 1979, p.
69-73.
Talmage, James E. The
Vitality of Mormonism, p. 317 ff. Boston, 1919.
JAMES E. FAULCONER
Président
de l’Église
Auteurs :
ENGLAND, LYNN et WARNER, KEITH W.
Le président de
l’Église est le prophète, voyant et révélateur
qui est autorisé à diriger les affaires de l’Église
sur toute la terre. Il parle et agit selon les instructions divines
de Jésus-Christ, qui est le chef de l’Église. Les
présidents de l’Église à ce jour ont été
Joseph Smith, Brigham Young, John Taylor, Wilford Woodruff, Lorenzo
Snow, Joseph F. Smith, Heber J. Grant, George Albert Smith, David O.
McKay, Joseph Fielding Smith, Harold B. Lee, Spencer W. Kimball, Ezra
Taft Benson, Howard W. Hunter, Gordon B. Hinckley et Thomas S.
Monson.
En principe et dans la
pratique, aucun autre office ou appel ne suscite le même amour
et le même respect des membres de l’Église que
celui de président de l’Église. Le président
est le prophète et, en tant que tel, est vénéré
par les membres de l’Église. Il est la seule personne
dans l’Église qui peut diriger et autoriser toutes les
utilisations des clefs de la prêtrise. Il en est le dirigeant
administratif en chef, aidé par ses conseillers dans la
Première Présidence et les membres du Collège
des douze apôtres. Ils dirigent le travail des autres Autorités
générales et des dirigeants laïques agissant dans
des centaines d’appels.
Les Doctrine et Alliances
spécifient que le devoir du président est « d’être
semblable à Moïse » (D&A 107:91-92 ;
28:2), transmettant la volonté de Dieu à son peuple et
lui enseignant l’Évangile. Son œuvre est assez
semblable à celle de Pierre, qui présidait les apôtres
et l’Église chrétienne primitive. Quand Pierre
déclara que Jésus était le Fils de Dieu, Jésus
précisa que ce témoignage lui avait été
divinement révélé, en disant : « Tu
es Pierre, et… sur cette pierre je bâtirai mon Église »
(Mt. 16:13-20). Les saints des derniers jours voient dans cette
« pierre » la révélation divine
par laquelle les prophètes anciens et modernes ont dirigé
les membres de l’Église du Christ (EPJS, p. 221).
Les saints des derniers
jours croient que la connaissance révélée de la
part de Dieu est nécessaire pour diriger les affaires de
l’Église et permettre de comprendre la volonté de
Dieu aujourd’hui tout comme autrefois. Les révélations
données au président de l’Église peuvent
comporter une déclaration ou un éclaircissement de
points de doctrine ou des directives au sujet des problèmes
théologiques, des questions d’organisation, de la
conduite morale et de la gestion pratique. L’unité de
l’Église dans le monde entier est renforcée par
le prophète dans son action comme porte-parole de Dieu. En
tant que tel, le président peut parler avec autorité de
sujets tels que l’interprétation des Écritures,
les questions spirituelles et les sujets temporels. Les déclarations
officielles qu’il fait en son temps peuvent avoir la préséance
sur les révélations apparaissant dans les Écritures
relevant d’autres époques ou sur les déclarations
faites par des présidents précédents de
l’Église, bien qu’en fait celles-ci soient
rarement en conflit (cf. Benson, p. 27-28).
Le président
possède la capacité inspirée de discerner entre
la vérité et l’erreur pour l’Église.
En conséquence, il peut reconnaître et dénoncer
les croyances et les mouvements erronés dans l’Église
et dans le monde. Il est bien entendu qu’il peut parfois parler
ou agir en tant que particulier en dehors de son appel de prophète
(EPJS, p. 224), mais le point de vue général est que
les recommandations du président de l’Église
doivent toujours être prises au sérieux.
Toutes les fois que de
nouveaux points de doctrine doivent être introduits, ils sont
d’abord présentés par le président à
ses conseillers et puis au Collège des douze apôtres
lors d’une réunion du conseil de la Première
Présidence et du Collège. S’ils sont approuvés
à l’unanimité, ils sont alors présentés
aux membres de l’Église lors d’une conférence
générale pour un vote de soutien.
On enseigne aux saints
des derniers jours qu’il est sage de suivre le prophète,
même dans les questions privées (voir Suivre les
Frères). Le Seigneur ne permettra jamais au président
de l’Église, comme prophète, de conduire les
saints dans l’apostasie ou l’erreur (D&A, Déclaration
officielle – 1).
Le président de
l’Église est la seule personne sur terre à gérer
l’utilisation de toutes les clefs de la prêtrise, bien
que ces clefs soient également détenues par les apôtres
ordonnés et soient dirigées par leur collège à
la mort du président et jusqu’à ce qu’une
nouvelle Première Présidence soit organisée.
Ceci signifie que le président détient le pouvoir et
l’autorité de gérer toutes les affaires de
Seigneur sur terre dans l’Église. Tous les membres
masculins dignes dans l’Église qui ont douze ans ou plus
peuvent également recevoir les pouvoirs associés à
divers offices de la prêtrise, mais tout acte accompli en vertu
de cette autorité doit être exercé de la manière
appropriée. Le pouvoir de diriger ces actes à n’importe
quel niveau est appelé les clefs de la prêtrise. Bien
que la totalité des clefs soit exercée par le président
seulement, il délègue l’utilisation de certaines
d’entre elles à d’autres dirigeants sous sa
direction. L’autorité pour accomplir des ordonnances et
pour enseigner l’Évangile vient du Seigneur, mais
l’utilisation ordonnée en est réglée par
ceux qui détiennent les clefs données à Joseph
Smith et transmises à ses successeurs (D&A 1:38 ;
28:2 ; voir aussi Prêtrise de Melchisédek :
Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek).
Institué par la
révélation, le poste ou appel du président de
l’Église s’est développé en même
temps que l’ensemble de l’organisation de l’Église.
Avant l’organisation officielle de l’Église en
1830, Joseph Smith détenait le rôle dirigeant central
comme prophète du Rétablissement. Dans une révélation
donnée le 15 mai 1829, il est dit à Joseph Smith
qu’Oliver Cowdery et lui devaient être ordonnés
premier et deuxième anciens quand l’Église serait
officiellement organisée (JS–H 1:72). Ceci se produisit
le 6 avril 1830.
Au cours de la réunion
d’organisation, Joseph Smith reçut une révélation
dans laquelle il recevait les titres de voyant, traducteur, prophète,
apôtre de Jésus-Christ et ancien de l’Église
de Jésus-Christ. Il lui fut également dit comment poser
les fondements de l’Église (D&A 21:1-2). Les
personnes qui assistaient à la première réunion
votèrent unanimement d’accepter Joseph Smith comme
premier ancien et prophète. Lors de cette réunion, le
précédent fondamental pour le gouvernement de l’Église
fut établi : Les appels, notamment celui du prophète,
exigent que la volonté de Dieu soient rendus manifestes et que
la volonté et le consentement du peuple de la respecter soient
indiqués par un vote de soutien (voir Consentement commun).
Tandis que l’Église
était dans ses premières années, Joseph Smith,
Oliver Cowdery et un petit groupe d’anciens se réunirent
trimestriellement et prirent les décisions fondamentales de
politique pour l’Église. En septembre 1830, le caractère
unique de la position de Joseph Smith dans l’Église fut
affirmé quand Hiram Page, un membre de l’Église,
prétendit avoir reçu des révélations pour
l’Église. Joseph Smith consulta le Seigneur et reçut
une révélation de clarification selon laquelle lui seul
devait recevoir les commandements et les révélations
pour l’Église entière (D&A 28:2, 11-14).
En janvier 1832, lors
d’une petite conférence des anciens à Amherst
(Ohio), Joseph Smith fut soutenu comme président de la haute
prêtrise et ordonné à cet office par Sidney
Rigdon. En mars de cette même année, l’office de
président de l’Église fut de nouveau précisé
par l’annonce de l’organisation d’une présidence
constituée d’un président et de conseillers (D&A
81:1-3). Le 26 avril 1832, une conférence générale
de l’Église se tint au comté de Jackson
(Missouri) où Joseph Smith fut soutenu et reconnu comme
président de la haute prêtrise.
Les présidents de
l’Église sont nommés à vie et ne sont pas
relevés pour cause d’âge ou de santé.
L’autorité pour désigner un successeur après
réception d’une révélation du Seigneur, se
situe entre les mains des Douze, qui se réunissent dans ce but
après la mort du président. Une fois qu’il a été
désigné et approuvé à l’unanimité
par les apôtres, le nouveau président choisit ses
conseillers, qui sont également soutenus par les Douze. Ces
actions sont ensuite soutenues par les membres de l’Église
à la conférence générale qui suit.
La manière de
procéder à la succession dans la présidence
s’est développée graduellement depuis
l’organisation de l’Église. Après
l’assassinat du prophète Joseph Smith, certains membres
pensèrent que son conseiller ou même son fils devrait
être son successeur ; mais les Douze savaient qu’ils
détenaient les clefs et que c’était le doyen des
apôtres qui devait présider. En conséquence,
Brigham Young, président du Collège des douze apôtres,
dirigea l’Église en vertu de son poste pendant trois ans
et demi jusqu’à ce qu’il fût installé
et soutenu avec des conseillers en tant que Première
Présidence. Les deux présidents suivants furent
également ordonnés après un délai à
peu près identique ; mais depuis 1898, le processus de
succession est appliqué sans tarder après la mort d’un
président.
Bibliographie
Allen, James. et Glen M.
Leonard, The Story of the Latter-day Saints. Salt Lake City, 1976.
Benson, Ezra Taft.
« Fourteen Fundamentals in Following the Prophet ».
Dans 1980 Devotional Speeches of the Year. Provo, Utah, 1981.
Esplin, Ronald K.
« Joseph, Brigham, and the Twelve : A Succession of
Continuity ». BYU Studies 21. Été 1981, p.
301-341.
Kimball, Spencer W. « We
Thank Thee, O God, for a Prophet : The Privilege of Sustaining
the Leaders of the Church ». Ensign 3, janv. 1973, p.
33-35.
Peterson, Mark E.
« Follow the Prophets », Ensign 11, nov. 1981,
p. 64-66.
Tanner, N. Eldon. « The
Administration of the Church ». Ensign 9, nov. 1979, p.
43-48.
J. LYNN ENGLAND
W. KEITH WARNER
Prêtrise
Auteurs :
ELLSWORTH, RICHARD G. et LUTHY, MELVIN J.
[Autres articles traitant
de divers aspects de la prêtrise : Autorité ;
Clefs de la Prêtrise ; Clergé ; Collèges
de la Prêtrise ; Conseils de la Prêtrise ;
Divinité ; Fraternité ; Grand Prêtre
président ; Hommes, rôles des ; Magnifier son
appel ; Participation et direction laïque ;
Présidence, concept de ; Prêtrise d’Aaron ;
Prêtrise de Melchisédek ; Prêtrise
lévitique ; Serment et alliance de la Prêtrise.
Concernant les offices
spécifiques de la Prêtrise, voir Ancien ; Apôtre ;
Diacre, Prêtrise d’Aaron ; Évêque ;
Grand Prêtre ; Instructeur, Prêtrise d’Aaron ;
Offices de la Prêtrise ; Patriarche : Patriarche de
l’Église ; Prêtre, Prêtrise d’Aaron ;
Prêtrise de Melchisédek ; Prophète ;
Soixante-dix.
Diverses ordonnances de
la prêtrise sont traitées sous Baptême ;
Bénédictions de la Prêtrise ; Bénédictions
paternelles ; Bénédictions patriarcales ;
Confirmation ; Consécrations ; Enfants :
Bénédiction des enfants ; Imposition des mains ;
Malades, bénédiction des ; Mise à part ;
Ordination à la Prêtrise ; Ordonnances ;
Ordonnances du temple ; Prière du baptême ;
Rebaptême ; Sainte-Cène : Prières de
Sainte-Cène ; Scellement.]
SOURCE DU POUVOIR DE LA
PRÊTRISE. Jésus-Christ est le souverain grand prêtre
de Dieu ; il est donc la source de toute véritable
autorité et de tout véritable pouvoir de la prêtrise
sur cette terre (Hé. 5-10). L’homme ne s’attribue
pas un tel pouvoir ; il doit être conféré
par Dieu par l’intermédiaire de ses serviteurs (Hé.
5:4 ; D&A 1:38).
Avant que le monde ne
soit créé, Jésus-Christ, le grand Jéhovah
et Premier-né de Dieu le Père dans le monde d’esprit,
a fait alliance d’employer le pouvoir qu’il avait obtenu
du Père pour mettre en application le programme de Dieu pour
le bonheur éternel de tous les enfants de Dieu (cf. EPJS, p.
152). Le nom véritable de la prêtrise est « la
Sainte Prêtrise selon l’Ordre du Fils de Dieu » ;
mais pour éviter la répétition trop fréquente
du nom de la Divinité, elle s’appelle aussi autrement,
en particulier Prêtrise de Melchisédek ; c.-à-d.,
que c’est la même autorité que celle détenue
par ce roi et grand prêtre juste (Ge. 14:18 ; Hé.
5:6 ; Al. 13:6, 17-19 ; D&A 107:1-4 ; 124:123).
En tant que Sauveur,
Médiateur et Rédempteur divin, Jésus donne
l’exemple pour toutes les actions de la prêtrise. « C’est
pourquoi, quelle sorte d’hommes devriez-vous être ? »
demande Jésus aux disciples néphites qu’il a
ordonnés : « En vérité, je vous
le dis, tels que je suis » (3 Né. 27:27).
DÉFINITIONS.
Joseph Smith a défini la prêtrise comme étant
« un principe éternel, [qui a] existé avec
Dieu de toute éternité et existera à toute
éternité, sans commencement de jours ni fin d’années…
détenant les clefs du pouvoir et des bénédictions.
En fait, [la Prêtrise de Melchisédek] est une loi
parfaite de théocratie » (EPJS, p. 125, 261). C’est
le pouvoir et l’autorité par lesquels l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours est organisée
et dirigée.
Le mot « prêtrise »
a plusieurs significations pour les saints des derniers jours :
1. La prêtrise est
un pouvoir, le pouvoir de Dieu, une source essentielle de force et
d’énergie éternelles déléguées
aux hommes pour agir en tout pour le bien-être de l’humanité,
tant dans le monde qu’en dehors (DS 3:80 ; Romney, p. 43).
2. La prêtrise est
l’autorité, le droit exclusif d’agir au nom de
Dieu en tant que ses agents autorisés et d’accomplir des
ordonnances afin de rendre certaines bénédictions
spirituelles accessibles à tous les hommes.
3. La prêtrise est
le droit et la responsabilité de présider au sein de la
structure d’organisation de l’Église, mais
seulement d’une manière conforme au libre arbitre des
autres.
4. Parfois le mot
prêtrise est employé pour désigner les hommes de
l’Église en général (comme dans « la
prêtrise se réunira dans la salle de Sainte-Cène »).
Le pouvoir de la prêtrise
ne peut être exercé que sous la direction de celui qui
détient le droit ou les clefs pour en autoriser l’utilisation.
Le pouvoir de la prêtrise fonctionne en accord avec les
caractéristiques et les attributs de Dieu lui-même, à
savoir la persuasion, la longanimité, la gentillesse,
l’humilité, l’amour vrai, la droiture, la vertu,
la connaissance, la justice, le jugement, la miséricorde et la
vérité (D&A 121:41 ; Lectures on Faith 4). Il
cesse d’exister chez un homme qui l’emploie pour obtenir
les honneurs du monde ou pour satisfaire l’orgueil ou couvrir
les péchés ou le mal, ou exercer une domination injuste
(D&A 121:33-37).
La prêtrise englobe
toutes les formes de la puissance de Dieu. C’est le pouvoir par
lequel le cosmos a été ordonné, que les univers
et les mondes ont été organisés et que les
éléments dans toutes leurs structures et leurs rapports
divers ont été mis en place. C’est par la
prêtrise que Dieu régit tout. C’est par ce pouvoir
que l’Évangile est prêché et compris et que
les ordonnances de l’exaltation pour les vivants et les morts
sont accomplies (voir Plan de salut, Plan de rédemption). La
prêtrise est le canal par lequel on obtient la révélation,
le canal par lequel Dieu se révèle, lui et sa gloire,
ses intentions et ses desseins, à l’humanité :
La prêtrise détient « la clef des mystères
du royaume, oui, la clef de la connaissance de Dieu » (D&A
84:19-20 ; cf. EPJS, p. 133). Elle transmet la volonté de
Dieu ; et, quand elle est utilisée par ses serviteurs à
sa demande, elle agit comme si c’était par sa propre
bouche et sa propre main (D&A 1:38).
Ainsi, la doctrine
mormone de la prêtrise diffère de toutes les autres
conceptions. La prêtrise n’est pas une affaire de
vocation ou de métier (voir Clergé). Elle n’est
pas héréditaire, passant par héritage de père
en fils (même la prêtrise lévitique était
conférée par ordination). Elle n’est pas offerte
pour de l’argent (voir Intrigues de prêtres). Elle n’est
pas détenue par un groupe de spécialistes qui sont
séparés de la communauté (tous les saints des
derniers jours masculins sont éligibles pour être
ordonnés à la prêtrise). Et pourtant elle n’est
pas une « prêtrise de tous les croyants »
comme dans la conception protestante (ER 11:529).
HISTOIRE, ORDRES ET
OFFICES DE LA PRÊTRISE. Toutes les fois que le gouvernement de
Dieu a existé sur la terre, il a fonctionné par
l’intermédiaire de ce pouvoir de la prêtrise
détenu par des hommes justes choisis de Dieu, comme Aaron (Hé.
5:4) et Josué (No. 27:18-19). En période d’apostasie
et de méchanceté, Dieu n’a pas permis à
ses serviteurs de conférer la prêtrise à ceux qui
étaient indignes et elle a disparu de la terre. Quand cela a
été nécessaire, la prêtrise a été
rétablie avec chaque nouvelle dispensation de l’Évangile.
Après l’ascension
de Jésus-Christ et la mort de ses apôtres, l’apostasie
s’est produite dans l’Église chrétienne et
l’autorité de la prêtrise a été
retirée de la terre. Cependant, après une préparation
par Dieu, grâce à la vie de réformateurs et de
chercheurs sérieux et sincères, l’humanité
a de nouveau reçu l’autorité de la prêtrise
des mains des anges qui détenaient les clefs de ce pouvoir. À
partir du 15 mai 1829, des messagers célestes ont conféré
l’autorité de la prêtrise à Joseph Smith et
à Oliver Cowdery dans une série de visitations (voir
Prêtrise d’Aaron : Rétablissement ;
Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de
la Prêtrise de Melchisédek ; Doctrine et
Alliances : Sections 109-110). Ces rétablissements
concernent la Prêtrise d’Aaron (D&A 13), la Prêtrise
de Melchisédek (D&A 27), les clefs du rassemblement
d’Israël (D&A 110:11), les clefs de l’accomplissement
de l’alliance abrahamique (D&A 110:12), les clefs du
pouvoir de scellement (D&A 110:13-16) et les clefs de toutes les
dispensations de l’Évangile « de Michel ou
Adam jusqu’à nos jours » (D&A 128:21).
Ces clefs de l’autorité présidente ont été
à leur tour conférées à chaque prophète
et président successif de l’Église. Tous les
pouvoirs et autorités de la prêtrise fonctionnent
aujourd’hui sous la direction du président de l’Église,
qui détient toutes les clefs et tous les pouvoirs de la
prêtrise (voient Première Présidence ;
Collège des douze apôtres ; Succession dans la
présidence).
« Il est
question ici [dans l’épître aux Hébreux] de
trois grands ordres de prêtrise » (EPJS, p. 260 ;
HC 5:554-55) : celle de Melchisédek, la patriarcale et
celle d’Aaron :
1. La Prêtrise de
Melchisédek est « la prêtrise supérieure »
qui incorpore toutes les prêtrises (EPJS, p. 144). Elle
« détient le droit de présidence et a
pouvoir et autorité sur tous les offices de l'Église à
toutes les époques du monde, pour administrer les choses
spirituelles » (D&A 107:8). Cet ordre d’ordination
est un ordre immuable qui a été présent dans
toutes les dispensations (cf. Mt. 10:1 ; 16:19 ; Jn.
20:23 ; Ép. 4:11 ; Hé. 7:24 ; voir aussi
Hébreux, épître aux). D’Adam à
Moïse, tous les grands prophètes ont détenu la
Prêtrise de Melchisédek ; Joseph Smith a enseigné
que les prophètes après la mort de Moïse et avant
le temps du Christ détenaient cette même prêtrise
et « furent ordonnés par Dieu lui-même »
(EPJS, P. 144). Cette autorité est supérieure à
la moindre prêtrise ou Prêtrise d’Aaron, qui a
fonctionné sous la loi de Moïse. Les Néphites
détenaient la Prêtrise de Melchisédek et
observaient la Loi de Moïse sous cette autorité (cf. Al.
13:6-18).
2.L’ordre
patriarcal de la prêtrise est le droit des pères dignes
détenteurs de la prêtrise de présider sur leurs
descendants à toutes les époques ; il comprend les
ordonnances et les bénédictions de la plénitude
de la prêtrise partagées par les maris et les femmes qui
sont scellés dans le temple (voir Scellement :
Scellements du temple).
3.La Prêtrise
d’Aaron, y compris la Prêtrise lévitique, a été
instituée sous la loi de Moïse au moment où Israël
a rejeté les pouvoirs, les bénédictions et les
responsabilités supérieurs de la Prêtrise de
Melchisédek. Dieu leur a donné une « moindre
prêtrise » comportant des domaines spécifiques
d’autorité traitant des sacrifices et des aspects
temporels du salut (Ex. 20:19 ; TJS Ex. 34:1-2). Cette autorité
fut accordée pour toujours comme un droit à Aaron et à
ses descendants linéaux. La Prêtrise lévitique a
trait à certaines fonctions dans la Prêtrise d’Aaron
qui ont été déléguées aux membres
masculins dignes de la tribu de Lévi (voir Prêtrise dans
les temps bibliques).
Au sein des Prêtrises
de Melchisédek et d’Aaron, les hommes peuvent être
ordonnés à divers offices. Ceux qui détiennent
certains offices peuvent alors être appelés et mis à
part à des postes particuliers dans l’Église. À
partir de l’âge de douze ans, les jeunes gens, s’ils
sont dignes et le désirent, peuvent se voir conférer la
Prêtrise d’Aaron et être ordonnés à
l’office de diacre ; ils peuvent être ordonnés
instructeurs à l’âge de quatorze ans et prêtres
à l’âge de seize ans. À dix-huit ans, on
peut leur conférer la Prêtrise de Melchisédek et
les ordonner à l’office d’ancien. Plus tard, selon
que le requièrent les besoins et l’appel, ils peuvent
être ordonnés à d’autres offices dans la
Prêtrise de Melchisédek. L’office d’évêque
est une annexe de la Prêtrise de Melchisédek (D&A
84:29), mais sa fonction est de présider la Prêtrise
d’Aaron (D&A 107:87-88). L’office de patriarche est
un office au sein de la Prêtrise de Melchisédek.
Tous les saints des
derniers jours masculins fidèles et dignes peuvent être
ordonnés à la prêtrise et être autorisés
à agir et à participer à n’importe lequel
des offices, pouvoirs, bénédictions et autorités
de la prêtrise (voir Ordination dans la prêtrise ;
Doctrine et Alliances : Déclaration officielle –
2). L’ordination à chaque office différent de la
prêtrise se fait par l’autorité et sous la
direction de l’officier président de la prêtrise
dans la paroisse, branche, pieu ou mission de l’Église
où la personne réside, par l’imposition des mains
par quelqu’un détenant l’office approprié
de la prêtrise et autorisé à agir en tant que
tel.
Pour tous les détenteurs
de la Prêtrise de Melchisédek ou d’Aaron,
l’activité, la formation, le service et les relations se
situent dans des collèges de la prêtrise, organisés
selon l’office dans la prêtrise avec des officiers
présidents appropriés (voir D&A 20 ; 107).
LA PRÊTRISE ET LA
FAMILLE. C’est dans la famille que la prêtrise accomplit
ses plus hautes fonctions. Dans la famille, le mari et père
préside en justice et utilise sa prêtrise pour faire du
bien aux membres de sa famille, enseignant par le précepte et
par l’exemple, donnant des conseils et prenant des décisions
justes, exprimant ouvertement de l’amour et de la sollicitude
et donnant des bénédictions de prêtrise par
l’imposition des mains quand cela s’indique pour diriger,
guérir et réconforter sa famille. En tant que détenteur
président de la prêtrise chez lui, il est responsable
devant le Seigneur : Mari et femme sont tous deux responsables
devant Dieu de leurs devoirs respectifs concernant le bien-être
spirituel et temporel de leur famille.
L’exaltation et la
vie éternelle dans le degré le plus élevé
du royaume céleste ne se réalisent que lorsque la
plénitude de la prêtrise est atteinte par l’édification
et la réalisation d’un mariage éternel (voir
Mariage : Mariage éternel). Le développement
intellectuel et spirituel le plus élevé de l’homme
et de la femme est de devenir comme Dieu. Homme et femme sont à
l’image de Dieu (Ge. 1:27) ; l’homme ou la femme
seuls ne peuvent pas parvenir à l’état divin.
Chacun dans la vie prémortelle a été engendré
en tant qu’enfant d’esprit de parents célestes
avant de naître dans la condition mortelle de parents
terrestres, et la vie sur terre fait partie de la progression des
hommes et des femmes pour devenir comme leurs parents célestes.
Ce n’est que par les ordonnances de scellement de la sainte
prêtrise, accomplies dans les temples du Seigneur et par une
vie juste et fidèle qu’homme et femme peuvent s’unir
en un mariage éternel dans lequel ils peuvent atteindre
ensemble la plénitude de la prêtrise et de l’exaltation.
On ne parvient à
la plénitude de la prêtrise, qui est l’ordre le
plus élevé de la prêtrise, que par l’union
éternelle de l’homme et de la femme, sanctifiée
par l’ordonnance du scellement dans un temple du Seigneur et
ratifiée par le Saint-Esprit de promesse (D&A 132:18-19).
Ceux qui sont ainsi unis, qui honorent leurs alliances l’un
avec l’autre et avec le Seigneur, hériteront dans la
Résurrection l’exaltation et la vie éternelle,
consistant en une union et une famille éternelles, y compris
l’accroissement éternel, les enfants d’esprit et
la création et la possession de mondes et d’univers.
Ainsi, toutes les
bénédictions, tous les avantages et tous les héritages
de la prêtrise sont partagés et atteints de manière
égale par le mari et la femme s’ils s’acquittent
de leurs responsabilités respectives dans la foi, l’amour,
l’entente et la coopération dans le Seigneur. L’apôtre
Paul a dit : « Dans le Seigneur, la femme n’est
point sans l’homme, ni l’homme sans la femme »
(1 Co. 11:11).
Dans les temples du
Seigneur, les ordonnances sacrées de la prêtrise (par
exemple, les ablutions, l’onction, l’habillage) sont
données aux hommes par des hommes et aux femmes par des femmes
qui ont reçu la dotation de la prêtrise dans le temple
(EPJS, p. 273) et ont reçu cette responsabilité
spécifique de la prêtrise. Les femmes peuvent agir ainsi
avec le pouvoir de la prêtrise une fois appelées, mises
à part et autorisées par ceux qui détiennent les
clefs ; cependant, les officiantes ne sont pas ordonnées
à la prêtrise ou à un office dans la prêtrise
pour accomplir ce travail.
LA PUISSANCE DE DIEU POUR
L’EXALTATION. Joseph Smith a dit : « Je
conseille à tous de tendre à ce qui est parfait…
Un homme ne peut rien faire rien par lui-même si Dieu ne le
dirige pas de la bonne façon, et la prêtrise est là
dans ce but » (EPJS, p. 295). On accède à la
perfection par l’obéissance aux principes et aux
ordonnances de l’Évangile. Sans l’autorité
de la prêtrise, aucune ordonnance, peu importe comment, quand,
où ou par qui elle est accomplie, n’est valide, ratifiée
par le Saint-Esprit ou enregistrée dans le ciel (D&A
132:7). Le pouvoir de scellement, le pouvoir de lier sur terre et
dans le ciel (Mt. 16:19 ; 18:18 ; D&A 132:46),
appartient seulement à la prêtrise de Dieu ; et le
baptême approprié, le don du Saint-Esprit, la sainte
Dotation, le mariage éternel et les scellements familiaux ne
sont rendus possibles que par les serviteurs autorisés du
Seigneur. Par ces pouvoirs et autorités de la sainte prêtrise,
l’œuvre du salut va de l’avant telle qu’elle
a été projetée dans les grands conseils des
cieux avant que le monde soit.
Sous la direction et
l’autorité de la prêtrise dans cette dernière
dispensation, la Dispensation de la Plénitude des Temps,
l’œuvre de la prêtrise comprend la proclamation de
l’Évangile, le perfectionnement des saints et
l’accomplissement des ordonnances pour la rédemption des
morts. Les détenteurs de la prêtrise sont chargés
d’enseigner l’Évangile à toutes les nations
et à tous les peuples, de proclamer la connaissance du salut.
L’accomplissement de cette œuvre missionnaire est une
responsabilité de tous les membres de l’Église et
une obligation particulière pour les détenteurs de la
prêtrise. Ils sont également chargés de veiller
sur les saints de partout, d’œuvrer pour augmenter la
foi, la compréhension et le témoignage et d’améliorer
le bien-être spirituel et le confort physique de tous ceux qui
les reçoivent. Les détenteurs de la prêtrise sont
en outre chargés de « racheter les morts »
par le pouvoir de scellement de la prêtrise(D&A 128:14-18).
On enseigne aux saints des derniers jours à rechercher les
noms et les registres de leurs ancêtres décédés,
à se livrer activement à la recherche généalogique,
à tourner leur cœur vers leurs ancêtres, afin que
chaque personne soit scellée par les ordonnances sacrées
du temple dans une famille éternelle et finalement dans la
famille d’Adam, qui devient la famille de Jésus-Christ
(D&A 39:4-6 ; 42:52).
Essentiellement et
éternellement, l’œuvre de la prêtrise est
celle du Christ déléguée à ses serviteurs
justes. « Voici mon œuvre et ma gloire, dit le
Seigneur à Moïse, « réaliser
l’immortalité et la vie éternelle de l’homme »
(Moï. 1:39). L’œuvre de la prêtrise est
d’aider à amener des âmes au Christ et de ce fait
à l’exaltation dans le royaume du Père.
Le grand but de tous les
saints des derniers jours fidèles est de parvenir à la
plénitude de la prêtrise du Fils de Dieu, parce que
c’est la puissance de Dieu pour le salut et les vies
éternelles. C’est le pouvoir par lequel le corps mortel
ressuscitera immortel, pour être possédé pour
toujours par l’esprit qui y a demeuré, glorifié
par Dieu selon les œuvres accomplies pendant la condition
mortelle. C’est le pouvoir par lequel on peut parvenir à
la joie éternelle, mais toujours et seulement par l’obéissance
aux lois et aux principes de la justice dont le Sauveur a donné
l’exemple et qu’il a enseignés.
Bibliographie
Kimball, Spencer W. et
autres Priesthood. Salt Lake City, 1981.
McConkie, Bruce R. “The
Doctrine of the Priesthood”. Ensign 12, mai 1982, p. 32-34.
Romney, Marion, G.
“Priesthood”. Ensign 12, mai 1982, p. 42.
Smith, Joseph F. GD, Salt
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130-151. Salt Lake City, 1954.
RICHARFD G. ELLSWORTH et
MELVIN J. LUTHY
Prêtrise
d’Aaron
Prêtrise
d’Aaron : Pouvoirs et offices
Auteur :
BALLANTYNE, VERDON W.
Les deux divisions de la
prêtrise dans l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours sont celles d’Aaron et de
Melchisédek. Les jeunes gens de douze à dix-huit ans et
les hommes plus âgés qui sont de nouveaux convertis sont
ordonnés à des offices dans la Prêtrise d’Aaron,
« qui détient les clefs [autorité
gouvernante ou mandante] du ministère d’anges, de
l’Évangile de repentir et du baptême par immersion
pour la rémission des péchés » (D&A
13). C’est l’autorité dans la prêtrise par
laquelle Jean-Baptiste a préparé la voie à
Jésus-Christ, en enseignant la foi, le repentir et le baptême
pour la rémission des péchés (Mt. 3:1-17 ;
Mc. 1:1-11 ; Lu. 1:5-80 ; Jn. 1:15-34 ; Ac.
8:14-17 ;
D&A 84:25-28). La Prêtrise d’Aaron n’a pas le
pouvoir de conférer le Saint-Esprit (Mt. 3:11 ; Mc.
1:7-8 ; Jn. 1:33-34 ; JS–H 1:70) ou d’administrer
totalement les affaires du royaume de Dieu. C’est le pouvoir et
l’autorité que Dieu a donnés à l’homme
pour le préparer, lui et ceux qu’il sert, à
recevoir le pouvoir, l’autorité et les bénédictions
supérieurs de la Prêtrise de Melchisédek.
Les saints des derniers
jours ont des origines de la Prêtrise d’Aaron une
perception particulière qui provient des révélations
modernes montrant que quand Moïse a fait sortir Israël
d’Égypte, le Seigneur avait l’intention de
conférer aux hommes dignes de toutes les tribus la Prêtrise
de Melchisédek ou prêtrise supérieure.
Malheureusement la désobéissance et la perte de leur
foi et de leur dignité firent que les Israélites
s’endurcirent le cœur contre le Seigneur et contre Moïse.
« C'est pourquoi, il prit Moïse de leur milieu, ainsi
que la Sainte Prêtrise ; et la moindre prêtrise
continua, laquelle prêtrise détient la clef du ministère
d'anges et de l'Évangile préparatoire ; lequel
Évangile est l'Évangile de repentir et de baptême,
la rémission des péchés et la loi des
commandements charnels, que le Seigneur, dans sa colère, fit
continuer dans la maison d'Aaron, parmi les enfants d'Israël,
jusqu'à Jean[-Baptiste], que Dieu suscita » [D&A
84:25-27].
Ne voulant pas respecter
la loi supérieure de la plénitude de l’Évangile
avec sa plus grande prêtrise, les Israélites reçurent
la loi des commandements charnels, comme partie de la loi de Moïse,
avec son accent sur l’offrande de sacrifices rédempteurs
symboliques pour les préparer à recevoir le divin
Rédempteur et ils reçurent la moindre prêtrise
pour administrer cette loi. Le Seigneur appela Aaron et ses fils à
être prêtres et à présider cette moindre
prêtrise (No. 8). Seuls les descendants directs d’Aaron
pouvaient être ordonnés prêtres. Le premier-né
d’entre les fils d’Aaron devait présider les
autres prêtres. Pour aider Aaron et sa postérité,
en particulier avec le tabernacle et la préparation et
l’offrande de sacrifices, le Seigneur appela aussi les autres
membres masculins de la tribu de Lévi (pas de la famille
d’Aaron) pour recevoir et effectuer des tâches dans la
moindre prêtrise (No. 3:5-13). Les Lévites détenaient
les fonctions inférieures de la Prêtrise d’Aaron
et agissaient en vertu des clefs ou autorité directrice de
cette prêtrise conférées à Aaron et à
ses fils (Widtsoe, p. 12-17). Pour cette raison, la moindre prêtrise
fut appelée la Prêtrise d’Aaron, d’après
Aaron, mais une partie de cette prêtrise portait également
le nom de prêtrise lévitique parce que tous ceux à
qui elle était donnée appartenaient à la tribu
de Lévi. Ce type d’organisation et de service de
prêtrise continua en Israël jusqu’à la venue
de Jésus-Christ.
Jean-Baptiste, descendant
d’Aaron par ses deux parents et donc lévite, était
fils de Zacharie, un prêtre juste en Israël à
l’époque de la naissance du Christ. Ce fut ce Jean que
Dieu choisit pour préparer la voie au ministère du
Christ sur terre. Dès la naissance de Jean, sa mission était
fixée et ses fonctions dans la prêtrise attendues (D&A
84:28 ; Lu. 1:5-17).
Après avoir été
baptisé par Jean, Jésus appela ses apôtres
(certains d’entre eux de parmi les disciples de Jean) et les
ordonna (Jn. 15:16) ; plus tard, il conféra à
Pierre, Jacques et Jean les clefs du royaume de Dieu et une prêtrise
supérieure (voir Montagne de la Transfiguration). Après
sa mort, sa résurrection et son ascension, le Christ continua
à diriger son Église en donnant des commandements aux
apôtres par le pouvoir du Saint-Esprit (Ac. 1:2) et par
l’autorité de la Prêtrise de Melchisédek,
la prêtrise supérieure qu’il leur avait conférée.
Après la mort des apôtres, il s’ensuivit une
apostasie générale, pendant laquelle beaucoup de
principes de l’Évangile furent perdus et tous les
pouvoirs de la prêtrise retirés de la terre (2 Th.
2:1-4 ; 2 Ti. 3:1-5).
Le 15 mai 1829,
Jean-Baptiste apparut à Joseph Smith et à Oliver
Cowdery en tant que messager ressuscité de Dieu et leur
conféra l’antique « Prêtrise d’Aaron »
(D&A 13). Tandis que l’organisation de l’Église
évoluait au cours des mois et des années qui suivirent,
beaucoup de membres masculins reçurent la Prêtrise
d’Aaron et furent organisés en collèges de
prêtres, d’instructeurs et de diacres. Dans le
Rétablissement, la Prêtrise d’Aaron n’a pas
été limitée à ceux qui sont descendants
littéraux d’Aaron ou de Lévi, puisque ces lignées
ne sont pas actuellement identifiées et que l’autorité
dans la prêtrise qui a mis en application les ordonnances de la
loi de Moïse a été remplacée par la
prêtrise supérieure et les lois et les ordonnances de
l’Évangile de Jésus-Christ. À partir de la
réorganisation de la prêtrise en 1877, l’Église
a introduit la pratique actuelle de conférer la Prêtrise
d’Aaron aux garçons au début de leur adolescence,
les organisant au niveau de la paroisse en collèges de
prêtrise par groupe d’âge et d’office dans la
prêtrise, et les avançant périodiquement à
de plus hauts offices et par la suite à la prêtrise
supérieure. L’évêque de chaque paroisse
préside la Prêtrise d’Aaron de la paroisse.
Le président de la
Prêtrise d’Aaron, « doit être évêque ;
car c’est l’un des devoirs de cette prêtrise »
(D&A 107:88), mais les évêques sont aussi ordonnés
grands prêtres de la Prêtrise de Melchisédek parce
qu’ils président et ne sont pas descendants littéraux
d’Aaron. Les trois autres offices de la Prêtrise d’Aaron
sont diacre, instructeur et prêtre. Sous la direction de
l’évêque, quelqu’un qui a l’autorité
compétente confère la Prêtrise d’Aaron à
un jeune homme digne quand il a douze ans, l’ordonnant à
l’office de diacre. S’il reste fidèle et digne, il
est ordonné à l’office d’instructeur quand
il a quatorze ans et reçoit des responsabilités
supplémentaires. S’il reste fidèle et digne, il
est ordonné à l’office de prêtre dans la
Prêtrise d’Aaron quand il a seize ans, recevant encore
des responsabilités accrues. Pendant qu’ils progressent
dans la prêtrise, les jeunes hommes conservent tous les droits
et devoirs des offices inférieurs.
Le Seigneur a commandé
à l’Église d’organiser les détenteurs
de la prêtrise en collèges (D&A 107:85-88), ceci
pour qu’il y ait de l’ordre, pour faciliter un
enseignement efficace des principes de l’Évangile et des
devoirs de la prêtrise et pour les préparer pour un plus
grand service et une plus grande capacité de diriger dans
l’Église. Dans la Prêtrise d’Aaron, un
président et deux conseillers, choisis parmi les membres du
collège, président chaque collège de diacres et
d’instructeurs. Cette présidence est mise à part
(reçoit les pouvoirs de présidence) pour présider,
siéger en conseil et enseigner leur devoir aux membres du
collège. L’évêque est président du
collège des prêtres. Il choisit un ou plusieurs garçons
comme dirigeants sous sa présidence et les forme pour diriger
les autres membres du collège. Bien qu’il détienne
toutes les clefs de la Prêtrise d’Aaron pour la paroisse,
l’évêque appelle habituellement un consultant
adulte pour aider à former les jeunes dirigeants et à
instruire les membres du collège. Toutefois, le consultant n’a
aucune autorité de présidence.
Ainsi la Prêtrise
d’Aaron conserve son rôle de prêtrise préparatoire,
formant les jeunes gens aux principes de l’Évangile et
aux pouvoirs de la prêtrise pendant qu’ils mûrissent
dans un service lié à l’Évangile
préparatoire : la foi au Seigneur Jésus-Christ, le
repentir, le baptême pour la rémission des péchés
et l’amour de Dieu et de leur prochain. C’est quand les
jeunes gens préparent, bénissent et distribuent la
Sainte-Cène chaque jour de sabbat lors des réunions de
Sainte-Cène de l’Église et qu’ils aident
l’évêque en servant les membres de la paroisse que
ces responsabilités sont le plus en évidence.
Aujourd’hui, la
Prêtrise d’Aaron donne aux jeunes gens de l’expérience
et les prépare à recevoir la Prêtrise de
Melchisédek quand ils auront dix-huit ans, avec les droits et
les responsabilités plus grands de son serment et de son
alliance (D&A 84:33-40). La Prêtrise de Melchisédek
augmente leur capacité de servir, d’accomplir les
ordonnances salvatrices de l’Évangile et de diriger dans
l’Église quand ils sont appelés à le
faire.
Un programme d’activité
important pour les garçons de la Prêtrise d’Aaron
dans beaucoup de régions du monde est le scoutisme. Pour
coordonner efficacement les activités de la prêtrise et
du scoutisme, l’évêque organise le programme des
jeunes gens dans la paroisse. Un adulte est appelé à
remplir les fonctions de président des Jeunes Gens sous la
direction de l’évêque. Là où le
scoutisme est organisé, ses deux conseillers et lui sont
généralement aussi les dirigeants scouts. Dans les
paroisses qui comptent beaucoup de garçons, d’autres
adultes peuvent être appelés à aider au programme
scout.
L’évêque
organise également les filles de la paroisse en un programme
des Jeunes Filles, avec des consultantes adultes, et en groupes d’âge
correspondant aux âges des garçons des collèges
de la Prêtrise d’Aaron. Des activités communes
sont projetées et ont lieu régulièrement avec
les jeunes gens de la Prêtrise d’Aaron. [On trouvera une
histoire plus détaillée de la Prêtrise d’Aaron
dans Evêque, Histoire de l’office.]
Bibliographie
Hartley, William. "The
Priesthood Reorganization of 1877: Brigham Young's Last Achievement."
BYU Studies 20 (Fall 1979) :3-36.
McConkie, Oscar W.
Aaronic Priesthood. Salt Lake City, 1977.
Palmer, Lee A. Aaronic
Priesthood Through the Centuries. Salt Lake City, 1964.
Widtsoe, John A.
Priesthood and Church Government, éd. révisée.
Salt Lake City, 1954.
VERDON W. BALLANTYNE
Prêtrise
d’Aaron : Rétablissement
Auteur :
PORTER, LARRY C.
Le 15 mai 1829,
Jean-Baptiste apparut à Joseph Smith et à Oliver
Cowdery près d’Harmony, en Pennsylvanie, et leur conféra
la Prêtrise d’Aaron (voir Prêtrise d’Aaron :
Pouvoirs et offices). Cette ordination donnait aux deux hommes
l’autorité de baptiser (voir Baptême), et ils
accomplirent immédiatement cette ordonnance l’un pour
l’autre dans le fleuve Susquehannah. Le prophète Joseph
Smith n’avait reçu aucune révélation
précédente l’autorisant à baptiser ;
pour accomplir l’ordonnance correctement, il fallait
l’autorisation expresse de Dieu. Le retour de Jean pour
conférer la Prêtrise d’Aaron confirmait que
l’autorité divine avait disparu de la terre et qu’une
visitation céleste était nécessaire pour la
rétablir.
Joseph Smith et Oliver
Cowdery étaient occupés à traduire le Livre de
Mormon (voir Livre de Mormon : Traduction par Joseph Smith) à
la ferme du prophète près du fleuve Susquehannah à
Harmony quand la question du baptême se posa. Un passage de
3 Néphi 11 (voir Livre de Mormon : Trois Néphi),
dans lequel le Sauveur ressuscité donnait des instructions aux
Néphites sur le sujet, amena les deux hommes à
s’interroger sur leur propre baptême. Ils décidèrent
de prier à ce sujet et se rendirent dans les bois où,
comme Oliver devait le raconter plus tard, « Tout à
coup, comme si elle venait du sein de l'éternité, la
voix du Rédempteur apaisa notre esprit. Le voile fut soulevé,
et l'ange de Dieu descendit, revêtu de gloire, et remit le
message tant attendu et les clefs de l'Évangile de repentir »
(JS–H 1:71 n). Joseph dit que l’ange posa les mains sur
eux et les ordonna en disant : « À vous, mes
compagnons de service, au nom du Messie, je confère la
Prêtrise d'Aaron, qui détient les clefs du ministère
d'anges, de l'Évangile de repentir et du baptême par
immersion pour la rémission des péchés ; et
cela ne sera plus jamais enlevé de la terre, jusqu'à ce
que les fils de Lévi fassent de nouveau une offrande au
Seigneur selon la justice » (JS–H 1:69 ; D&A
13).
L’ange les informa
que la Prêtrise d’Aaron n’avait pas le pouvoir
d’imposer les mains pour le don du Saint-Esprit, mais que cette
autorité leur serait donnée plus tard. Il dit à
Joseph de baptiser Oliver et à Oliver de baptiser Joseph, et à
chacun d’ordonner l’autre à la Prêtrise
d’Aaron. Le messager « dit qu'il se nommait Jean,
celui-là même qui est appelé Jean-Baptiste dans
le Nouveau Testament, qu'il agissait sous la direction de Pierre,
Jacques et Jean, lesquels détenaient les clefs de la Prêtrise
de Melchisédek » qui serait conférée
plus tard (JS–H 1:72 ; voir Prêtrise de
Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise
de Melchisédek).
Du temps de Jésus,
Jean-Baptiste prêchait le repentir aux juifs et baptisait dans
le Jourdain. Il baptisa Jésus (Mt. 3:13-17 ; cf. 2 Né.
31:4-13). Jean était descendant direct d’Aaron, à
la fois par son père Zacharie, qui était prêtre,
et par sa mère Élisabeth, l’une des « filles
d’Aaron » (Lu. 1:5). Une révélation
ultérieure à Joseph Smith lui apprit qu’un ange
avait conféré à Jean l’autorité
d’accomplir sa mission terrestre quand il était âgé
de huit jours (D&A 84:28).
Par ordination et appel,
Jean-Baptiste détenait les clefs de la Prêtrise d’Aaron.
Celles-ci comprennent les clefs du « ministère
d’anges », ce qui veut dire que les détenteurs
de la Prêtrise d’Aaron sont éligibles pour que les
anges les servent. Cette prêtrise détient également
les clefs de l’Évangile préparatoire, qui
embrasse « l'Évangile de repentir et de baptême,
la rémission des péchés et la loi des
commandements charnels » (D&A 84:27).
Comme d’autres
devaient également jouir des bénédictions liées
au baptême pour la rémission des péchés
pratiqué sous l’autorité de la prêtrise,
une révélation fut donnée en 1829 concernant les
paroles et la façon de faire qu’il fallait respecter
pour pratiquer l’ordonnance pour ceux qui se repentent et
demandent le baptême. « Voici, vous descendrez et
vous vous tiendrez dans l’eau et vous les baptiserez en mon
nom. Et maintenant voici, tels seront les mots que vous emploierez en
les appelant par leur nom : Ayant reçu l’autorité
du Jésus-Christ, je te baptise au nom du Père et du
Fils et du Saint-Esprit, amen. Et alors, vous les immergerez dans
l’eau » [Cowdery, ms. 1829].
Dans l’Église
d’aujourd’hui, seuls ceux qui ont l’office de
prêtre dans la Prêtrise d’Aaron ou la Prêtrise
de Melchisédek peuvent baptiser.
Des monuments commémorant
le rétablissement de la Prêtrise d’Aaron ont été
érigés à Temple Square, à Salt Lake City
(1958) et à Harmony, en Pennsylvanie (1960).
Bibliographie
Cowdery, Oliver. "Written
in the year of our Lord & Savior 1829-A True copy of the articles
of the Church of Christ." Ms. De la main d’Oliver Cowdery,
Archives de l’Église.
McConkie, Oscar W.
Aaronic Priesthood. Salt Lake City, 1977.
Palmer, Lee A. The
Aaronic Priesthood Through the Centuries. Salt Lake City, 1964.
Porter, Larry C. "The
Priesthood Restored." Dans Studies in Scripture, dir. de publ.
R. Millet et K. Jackson, Vol. 2, p. 389-409. Salt Lake City, 1985.
LARRY C. PORTER
Prêtrise
de Melchisédek
Cette rubrique se compose
de deux articles : Prêtrise de Melchisédek :
Pouvoirs et offices dans la Prêtrise de Melchisédek est
un traitement général de la Prêtrise de
Melchisédek, et Prêtrise de Melchisédek :
Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek est
un traitement historique du rétablissement de cette prêtrise
dans cette dispensation.
Prêtrise
de Melchisédek : Pouvoirs et offices dans la Prêtrise
de Melchisédek
Auteur :
BALLIF, JAE R.
La Prêtrise de
Melchisédek est l’autorité, la responsabilité
et le pouvoir d’agir au nom de Jésus-Christ et
d’organiser et de diriger une partie de son œuvre. Grâce
aux occasions fournies par cette prêtrise, les hommes et les
femmes, en partenariat avec Dieu, peuvent gérer l’œuvre
de la famille et de l’Église. « C’est
le devoir de ce vaste groupe d’hommes détenant la sainte
prêtrise … d’exercer son influence et son pouvoir
de faire le bien parmi le peuple d’Israël et le peuple du
monde… de prêcher et d’accomplir la justice, tant
au pays qu’à l’étranger »
(Smith, p. 157).
Pour employer les termes
du prophète Joseph Smith : « Toute prêtrise
est de Melchisédek, mais il en existe différentes
fractions ou degrés » (EPJS, p. 144). Toutefois le
terme Prêtrise de Melchisédek est utilisé le plus
souvent dans l’Église pour décrire la prêtrise
supérieure et ses offices. « Il y a, dans l’Église,
deux prêtrises, celle de Melchisédek et celle d’Aaron….
La Prêtrise de Melchisédek détient le droit de
présidence et a pouvoir et autorité sur tous les
offices de l’Église à toutes les époques
du monde, pour administrer les choses spirituelles » (D&A
107:1, 8). La Prêtrise de Melchisédek détient les
clefs du royaume, et « le pouvoir de la divinité se
manifeste dans ses ordonnances » (D&A 84:20).
ORDINATION À LA
PRÊTRISE DE MELCHISÉDEK. Tout homme fidèle et
digne dans l’Église peut recevoir la Prêtrise de
Melchisédek. Comme dans le cas de la Prêtrise d’Aaron,
la Prêtrise de Melchisédek est conférée à
ceux qui se sont qualifiés et ont été appelés
par ceux qui ont l’autorité.
Les normes spécifiques
de dignité auxquelles il faut satisfaire pour recevoir la
Prêtrise de Melchisédek sont l’intégrité
personnelle, la chasteté, l’obéissance aux lois
divines en matière de santé et la fidélité
dans le paiement de la dîme à l’Église.
Outre ces points précis, il est attendu des hommes qu’ils
progressent dans l’acquisition de qualités morales.
Comme tous les disciples du Christ, ils doivent être fidèles,
diligents et ouverts à tout changement, à toute
connaissance et à tout amour justes : « Nous
ne pouvons progresser qu’en vertu des principes de la vérité
éternelle. C’est dans la mesure où nous
construisons sur le fondement de ces principes qui ont été
révélés des cieux dans les derniers jours et
sommes déterminés à réaliser les buts du
Seigneur, que nous progressons, et le Seigneur nous n’en
exaltera et magnifiera que davantage » (Smith, p. 141).
Le prophète et
président de l’Église détient et exerce
toute l’autorité et toutes les clefs de la Prêtrise
de Melchisédek. Il délègue aux présidents
de pieu et aux évêques et à d’autres
l’autorité pour en ordonner d’autres aux offices
de la prêtrise. Le don de la Prêtrise de Melchisédek
par l’imposition des mains doit également être
approuvé par le consentement commun des détenteurs de
la prêtrise ou de l’ensemble des membres du pieu ou du
district du candidat.
Une fois que la Prêtrise
de Melchisédek leur a été conférée,
tous les détenteurs de la prêtrise sont ordonnés
à un office dans la prêtrise, habituellement celui
d’ancien. Ils peuvent plus tard être ordonnés aux
offices de grand prêtre ou de patriarche selon que leur appel
dans l’Église le réclame. Ceux qui sont appelés
pour être des Autorités générales pour
toute l’Église sont ordonnés soixante-dix ou
apôtres. L’ordination à un office dans la prêtrise
donne des responsabilités spécifiques dans l’Église.
Finalement, un homme peut
être mis à part pour accomplir une tâche, comme
être président d’un collège d’anciens,
président de pieu ou membre du Collège des douze
apôtres. Si cela s’indique, il recevra les clefs de
l’autorité nécessaires pour effectuer cette
tâche. Ce procédé permet que chaque acte accompli
en vertu de l’autorité de la prêtrise se fasse le
moment venu, à l’endroit voulu et de la manière
appropriée. L’autorité pour diriger ces activités
spécifiques constitue les clefs de la prêtrise.
Une personne accepte son
ordination à la Prêtrise de Melchisédek en
faisant alliance avec Dieu dans son esprit et dans son cœur
(EPJS, p. 261 ; voir aussi Serment et alliance de la prêtrise).
EIle fait alliance d’honorer, d’accomplir dignement et
d’apprendre les devoirs de sa prêtrise, de garder les
commandements de Dieu, de vivre selon les recommandations de Dieu et
de marcher en droiture et vertueusement dans l’accomplissement
de ses responsabilités. Dieu promet que si l’homme garde
ses engagements, il recevra la vie éternelle et sera exalté
dans un état divin, héritant de tout ce que le Père
a, et participera avec Dieu et le Sauveur à leur œuvre
constante (D&A 84:39).
FONCTIONNEMENT DE LA
PRÊTRISE DE MELCHISÉDEK. Tous ceux qui détiennent
la prêtrise peuvent l’utiliser pour en faire bénéficier
d’autres, indépendamment de leur tâche dans
l’Église ou de leur office dans la prêtrise. Par
exemple, en travaillant avec leur famille, les hommes sont autorisés
à s’acquitter de leurs responsabilités
patriarcales (voir Paternité), notamment en bénissant
les membres de la famille. En outre, ils sont autorisés à
guérir les malades, à rechercher la connaissance
personnelle et à donner une aide et un réconfort
généraux à ceux avec qui ils entrent en contact.
Pour superviser et
accomplir les ordonnances de la prêtrise dans l’Église,
il est nécessaire d’avoir la Prêtrise de
Melchisédek et les clefs appropriées. Par exemple, pour
confirmer les membres baptisés et leur conférer le don
du Saint-Esprit, il est nécessaire d’avoir le pouvoir de
la Prêtrise de Melchisédek et d’être
autorisé à l’utiliser. De cette façon, il
y a de l’ordre et l’œuvre accomplie sur terre est
acceptable pour le Sauveur dans la condition mortelle et dans
l’au-delà (voir Scellement).
En plus de fournir
l’autorité pour représenter le Christ sur terre,
la Prêtrise de Melchisédek fournit un canal pour la
révélation par lequel des instructions et de la
doctrine venant du Christ peuvent être communiquées.
Toute personne a accès à Dieu et a le droit de recevoir
la révélation personnelle concernant sa vie et ses
appels, mais quand il est nécessaire d’avoir la
révélation sur des principes ou la mise en œuvre
de principes pour l’Église ou l’une de ses unités
de prêtrise, Dieu ne donne cette révélation que
par les dirigeants de la prêtrise compétents. Le
prophète et président de l’Église reçoit
la révélation pour l’Église entière.
L’évêque reçoit la révélation
nécessaire pour gérer la paroisse. Cette manière
de faire connaître la vérité souligne le droit et
la responsabilité de chacun de rechercher et d’obtenir
la révélation et préserve en même temps
l’ordre et la bonne entente en agissant via la structure de la
prêtrise que le Christ a mise en place.
« Les droits
de la prêtrise sont inséparablement liés aux
pouvoirs du ciel ; … [ces pouvoirs] ne peuvent être
maîtrisés ou utilisés que selon les principes de
la justice » (D&A 121:36). On ne peut officier pour
Dieu qu’en accomplissant l’œuvre avec sagesse et
amour, d’une manière conforme à la façon
de procéder de Dieu. Les tâches doivent être
accomplies avec patience, gentillesse, humilité, bonté,
amour sincère, connaissance pure et charité envers
tous. De cette façon, Dieu promet que « la doctrine
de la prêtrise se distillera sur ton âme comme la rosée
des cieux » (D&A 121:41-45).
On peut perdre la
prêtrise suite à une mesure disciplinaire pour péché
grave. Quand un homme est excommunié, il perd sa prêtrise.
La disqualification ou la mise à l’épreuve
peuvent empêcher un homme d’utiliser sa prêtrise
jusqu’à ce que le processus du repentir soit complet. En
outre, « lorsque nous entreprenons de couvrir nos péchés
ou d'assouvir notre orgueil, notre vaine ambition, ou d'exercer, avec
quelque degré d'injustice que ce soit, une emprise, une
domination ou une contrainte sur l'âme des enfants des hommes,
voici, les cieux se retirent ; l'Esprit du Seigneur est
attristé, et lorsqu'il est retiré, c'est la fin de la
prêtrise ou de l'autorité de cet homme » (D&A
121:37).
HISTOIRE ANCIENNE DE LA
PRÊTRISE DE MELCHISÉDEK. La Prêtrise de
Melchisédek est une prêtrise éternelle. Avant la
condition mortelle, Dieu a délégué l’autorité
et la responsabilité à des personnes dignes. Cette
sainte prêtrise est le moyen par lequel cette mesure a été
prise. Après cette vie, ceux qui ont été
vaillants et ont honoré leur prêtrise continueront à
la détenir et à avoir la responsabilité de
l’utiliser au service des autres.
Adam, le premier des
enfants d’esprit de Dieu à vivre sur terre, a reçu
la sainte prêtrise avec tout son pouvoir, autorité et
clefs. « Tout fut confirmé pour Adam par une sainte
ordonnance » (Moï. 5:59). Cette autorité a été
déléguée à d’autres en une chaîne
ininterrompue d’un prophète à l’autre.
« Tous les prophètes avaient la Prêtrise de
Melchisédek » (EPJS, p. 144).
Abraham rechercha les
bénédictions de ses pères et le droit d’être
ordonné à la prêtrise. Puisqu’il s’était
qualifié pour la prêtrise, même si ce n’était
pas le cas de son père, Abraham obtint la prêtrise des
mains de Melchisédek, roi de Salem et prêtre de Dieu
(Abr. 1:2-5). Melchisédek rencontra Abraham et le bénit,
et Abraham lui donna la dîme de tout ce qu’il avait (Hé.
7:1-3). Melchisédek exerça une grande foi et utilisa sa
prêtrise pour amener au repentir un peuple qui pratiquait
l’iniquité. Personne ne fut plus grand que lui (Alma
13:17-19). À l’origine, la prêtrise s’appelait
« la sainte prêtrise selon l’ordre du Fils de
Dieu » (D&A 107:3). Pour éviter l’utilisation
trop fréquente du nom de Dieu, l’Église, dans les
temps anciens, appela la prêtrise du nom de ce dirigeant de
prêtrise remarquable qu’était Melchisédek
(D&A 107:2-4).
Moïse reçut
la Prêtrise de Melchisédek de son beau-père,
Jéthro (D&A 84:6) et la détint jusqu’à
ce qu’il fût enlevé, lorsque les clefs de la
prêtrise supérieure furent retirées avec lui, et
ce qui resta au peuple, ce fut une annexe de la Prêtrise de
Melchisédek appelée la Prêtrise d’Aaron,
une prêtrise ayant une autorité limitée. Après
le temps de Moïse, différents prophètes reçurent
de Dieu la sainte prêtrise à diverses époques,
mais le commun de la population n’y avait pas accès.
Le Livre de Mormon
signale que les prophètes néphites détenaient la
prêtrise appelée selon l’ordre du Fils de Dieu, la
Prêtrise de Melchisédek (Alma 13:10). Ceux qui avaient
l’autorité dirigeaient l’œuvre de Dieu parmi
le peuple (Alma 29:13).
Les apôtres
reçurent de Jésus-Christ la Prêtrise de
Melchisédek tandis qu’il exerçait son ministère
sur terre. Il leur donna l’autorité et la responsabilité
de diriger son Église. Après son départ, les
apôtres continuèrent à officier pour lui et
conférèrent la Prêtrise de Melchisédek à
d’autres quand cela s’indiquait (Ép. 4:11-13 ;
Ac. 1:22-26 ; voir aussi Organisation de l’Église à
l’époque du Nouveau Testament). Avec le temps, les
principes, l’autorité dans la prêtrise et les
clefs furent perdus à cause de l’apostasie.
HISTOIRE MODERNE DE LA
PRÊTRISE DE MELCHISÉDEK. La Prêtrise de
Melchisédek fut donnée à Joseph Smith et à
Oliver Cowdery (voir ci-dessous). Comme cela leur avait été
commandé, ils s’ordonnèrent mutuellement premier
et deuxième anciens de l’Église le 6 avril 1830
(voir Ancien, Prêtrise de Melchisédek). À leur
tour, ils conférèrent la prêtrise à
d’autres, les ordonnèrent et les mirent à part
aux offices et aux appels dans la prêtrise (voir Organisation
de l’Église, 1830). Le premier évêque fut
ordonné en 1831 pour prendre soin des pauvres et des
nécessiteux et pour gérer les affaires temporelles de
l’Église. Le 3 juin 1831, Joseph Smith fit ordonner plus
de vingt hommes « à la haute prêtrise »
en tant que président de cette haute prêtrise. Des
conseils de grands prêtres régirent l’Église
jusqu’en 1834.
En 1835, la structure
d’Église fut adaptée pour tenir compte des
révélations supplémentaires et de
l’accroissement du nombre ; des collèges de
prêtrise composés d’hommes ordonnés à
des offices particuliers entrèrent en activité (voir
Doctrine et Alliances : Section 107). Trois grands prêtres
présidents furent installés comme Collège de la
Première Présidence. Le Collège des douze
apôtres était un grand conseil voyageur dirigé
par la Première Présidence. Les soixante-dix devaient
voyager internationalement pour prêcher. Des grands conseils de
pieu furent créés pour gouverner au sein de leurs pieux
et des évêques s’occupaient des affaires
temporelles de l’Église.
Il fallait que des clefs
supplémentaires de la Prêtrise de Melchisédek
soient rétablies pour accomplir les ordonnances supérieures
du temple. Des messagers de Dieu apportèrent ces clefs et ces
instructions le 3 avril 1836 (Doctrine et Alliances : Sections
109-110).
Le 12 juillet 1843,
Joseph Smith écrivit la révélation au sujet des
relations éternelles du mariage, où le Christ disait :
« Je vais te donner la loi de ma Sainte Prêtrise
telle qu'elle fut ordonnée par moi et par mon Père
avant que le monde fût » (D&A 132:28). Il
conféra à Joseph « les clefs et le pouvoir
de la prêtrise » (D&A 132:45 ; voir aussi
Ordre patriarcal de la prêtrise).
La Première
Présidence préside la Prêtrise de Melchisédek
et dirige l’œuvre de l’Église. Le Collège
des douze apôtres partage cette responsabilité selon les
clefs données aux apôtres. De leur côté,
les présidents de pieu supervisent les paroisses et les
branches de l’Église par l’autorité de la
Prêtrise de Melchisédek et les clefs spécifiques
qui leur ont été données.
Tous les hommes qui ont
la Prêtrise de Melchisédek sont membres d’un
collège de la prêtrise. Ces collèges sont créés
à l’intérieur de limites géographiques
bien déterminées et sont composés d’un
groupe d’hommes qui détiennent le même office dans
la prêtrise ou qui sont du même groupe d’âge
et détiendront bientôt cet office. Les collèges
administrent l’œuvre de l’Église qui leur
est confiée, forment les membres dans leur responsabilité
de prêtrise et fournissent des occasions de service et la
fraternité pour ceux qui œuvrent à des buts
communs.
Dans chaque pieu il y a
un collège de grands prêtres. Le président de
pieu et ses conseillers constituent la présidence du collège.
Un groupe de grands prêtres fonctionne dans chaque paroisse,
présidée par un chef de groupe, un ou plusieurs
assistants et un secrétaire. Un collège d’anciens,
ayant à sa tête un président, deux conseillers et
un secrétaire, est organisé dans chaque paroisse et
branche indépendante. La présidence de pieu et les
membres du grand conseil supervisent toutes les activités des
collèges de la Prêtrise de Melchisédek du pieu.
Bibliographie
Backman, Milton V., Jr.
The Heavens Resound : A History of the Latter-day Saints in Ohio
1830-1838, p. 237-256. Salt Lake City, 1983.
Critchlow, William J.,
Jr. “Priesthood – Asset or Liability ?” IE 66,
déc. 1963, p. 1067-1069.
Hartley, William G. “The
Priesthood Reform Movement, 1908-1922” BYU Studies 13, Hiver
1973, p. 137-156.
Kimball, Spencer W. et
autres Priesthood. Salt Lake City, 1981.
Smith, Joseph F. GD, p.
136-200.
Widtsoe, John A.
Priesthood and Church Government, éd. rév. Salt Lake
City, 1954.
Prêtrise
de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise
de Melchisédek
Auteur :
BALLIF, JAE R.
Pour agir pour Dieu dans
l’organisation de son Église et l’administration
de toutes les ordonnances, Joseph Smith a reçu la Prêtrise
de Melchisédek de la manière établie par Dieu.
L’autorité et la responsabilité vis-à-vis
de tâches bien déterminées sont essentielles (D&A
18:9, 27-32, 35-37 ; 27:12 ; voir Clefs de la prêtrise).
En outre, Joseph Smith et d’autres reçurent et
enseignèrent l’importance de chaque ordonnance et clef.
Puisque personne sur terre ne possédait cette autorité
à ce moment-là, le prophète Joseph Smith et son
associé Oliver Cowdery reçurent et les instructions et
l’ordination de la part de Dieu et de ses messagers.
Le 15 mai 1829, le
prophète et Oliver Cowdery reçurent la Prêtrise
d’Aaron de Jean-Baptiste. Il les informa qu’il agissait
sous la direction de Pierre, de Jacques et de Jean, qui détenaient
les clefs de la Prêtrise de Melchisédek, et que cette
prêtrise leur serait donnée (JS–H 1:72). Bien que
la date précise de ce rétablissement ne soit pas
connue, il est certain qu’il se produisit après le 15
mai 1829 et avant août 1830 (D&A 27:12). Les documents
existants et la date de l’organisation officielle de l’Église
donnent à penser que ce rétablissement eut lieu avant
le 6 avril 1830. Certains spécialistes ont conclu que la fin
mai ou le début juin 1829 est la tranche de temps la plus
probable (HC 1:40 n-42n ; Porter, p. 5-10).
Quelque temps avant le 14
juin 1829, le Seigneur donna des instructions à Joseph Smith
et à Oliver Cowdery au sujet de leur ordination comme anciens,
qui est un office de la Prêtrise de Melchisédek (HC
1:60-61). En outre, quand ils apparurent à Joseph et à
Oliver, Pierre, Jacques et Jean les ordonnèrent également
apôtres (D&A 27:12) et leur confièrent « les
clefs du royaume et de la dispensation de la plénitude des
temps » (D&A 128:20 ; cf. 27:13).
Plusieurs documents
confirment la réalité et l’importance de cette
visitation. On trouve rapidement une confirmation de la réception
des pouvoirs apostoliques dans une révélation de 1829
écrite de la main d’Oliver Cowdery dans laquelle le
Seigneur dit : « Je commande à tous les hommes
de partout de se repentir, et je vous parle comme j'ai parlé à
Paul, mon apôtre, car vous recevez le même appel que
lui » (Cowdery, 1829 ; cf. D&A 18:9). Dans sa
History of the Church de 1832, le prophète Joseph Smith
déclare avoir reçu « la sainte prêtrise
par les anges chargés d’un ministère pour
administrer la lettre de l’Évangile » et
qu’il avait reçu « la confirmation et la
réception de la haute prêtrise selon le saint ordre du
Fils du Dieu vivant, pouvoir et ordonnance d’en haut de prêcher
l’Évangile dans l’administration et la
démonstration de l’Esprit les Clefs du Royaume de Dieu
conférées sur lui et la continuation sur lui des
bénédictions de Dieu » (Jessee, p. 3).
À diverses
occasions, Oliver Cowdery rendit témoignage qu’il était
« présent avec Joseph quand un saint ange de Dieu
descendit du ciel et conféra, ou rétablit, la Prêtrise
d’Aaron et… [qu’il était] également
présent avec Joseph quand la Prêtrise de Melchisédek
[leur] fut conférée mutuellement par la volonté
et le commandement de Dieu » (Anderson, p. 22).
Joseph Smith dit que
Pierre, Jacques et Jean firent leur visite « dans le
désert entre Harmony, comté de Susquehanna, et
Colesville, comté de Broome, sur le fleuve Susquehanna »
(D&A 128:20).
Le 3 avril 1836, Joseph
Smith et Oliver Cowdery s’agenouillèrent pour prier dans
le temple de Kirtland et reçurent une autre vision d’une
grande importance dans laquelle certaines clefs de la Prêtrise
de Melchisédek furent rétablies. Moïse apparut et
remit les clefs du rassemblement d’Israël. Élias
leur donna les clefs de la dispensation de l’Évangile
d’Abraham. Finalement, Élie se tint devant eux comme
promis par Malachie et Moroni et leur conféra les clefs du
scellement des familles (D&A 110:11-16 ; 2:1-3).
Bibliographie
Anderson, Richard L.
« The Second Witness of Priesthood Restoration ».
IE 71, sept. 1968, p. 15-24.
Barney, Ronald O.
“Priesthood Restoration Narratives in the Early LDS Church”.
Planifié pour BYU Studies 31, été 1991.
Bushman, Richard L.
Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism. Urbana, Ill., 1984.
Cowdery, Oliver.
« Written in the year of our Lord & Savior 1829–A
true copy of the articles of the Church of Christ » Ms.
1829. LDS Church Archives. Ms. de la main d’Oliver Cowdery.
Hartley, William G. “Upon
You My Fellow Servants : Restoration of the Priesthood”.
Dans The Prophet Joseph : Essays on the Life and Mission of
Joseph Smith, dir. de publ. Larry C. Porter et Susan Easton Black, p.
49-72. Salt Lake City, 1988.
Jessee, Dean C. “Dating
the Restoration of the Melchizedek Priesthood”, Ensign 9, juin
1979, p. 5-10.
Prêtrise
lévitique
Auteur :
Ballantyne, Verdon W.
Le terme Prêtrise
lévitique est aujourd’hui rarement utilisé et on
l’applique parfois à la Prêtrise d’Aaron
(Hé. 7:11 ; D&A 107:1, 6, 10). Moïse et son
frère Aaron appartenaient à la tribu de Lévi. La
révélation moderne montre qu’avant la mort de
Moïse, la Prêtrise de Melchisédek et la loi
supérieure de l’Évangile furent ôtées
aux Israélites à cause de leur désobéissance.
Aaron et ses fils reçurent alors une moindre prêtrise
pour administrer la loi inférieure de Moïse comme prêtres
en Israël (D&A 84:18-28 ; Ex. 28:1). Pour aider Aaron
et ses fils, d’autres membres masculins dignes appartenant à
la tribu de Lévi reçurent également de
l’autorité dans la moindre prêtrise, mais ils ne
pouvaient pas être prêtres. Les clefs de cette prêtrise
demeurèrent chez Aaron et sa postérité directe
(MD, p. 9-10 ; Widtsoe, p. 12-17). Par conséquent, la
moindre prêtrise fut appelée Prêtrise d’Aaron,
d’après Aaron, mais est parfois appelée prêtrise
lévitique parce que tous ceux qui la possédaient dans
les temps anciens appartenaient à la tribu de Lévi (No.
3:12-13). À strictement parler, la prêtrise lévitique
est une moindre partie de la Prêtrise d’Aaron, détenue
parmi ceux qui étaient Lévites, mais pas de la famille
d’Aaron. Les Doctrine et Alliances disent : « Il
y a, dans l'Église, deux prêtrises, celle de Melchisédek
et celle d'Aaron, qui comprend la Prêtrise lévitique »
(D&A 107:1). Il est prévu que dans le rétablissement
de toutes choses, les fils de Lévi fonctionneront de nouveau
dans la prêtrise lévitique sur la terre (Mal. 3:2-3).
Bibliographie
Palmer, Lee A. Aaronic
Priesthood Through the Centuries. Salt Lake City, 1964.
Widtsoe, John A.
Priesthood and Church Government, éd. rév. Salt Lake
City, 1954.
VERDON W. BALLANTYNE
Prière
Auteur :
BLANCH, MAE
C’est une prière
qui a marqué le commencement de l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours quand Dieu le Père
et son Fils Jésus-Christ sont apparus en réponse à
la supplication de Joseph Smith, le prophète, pour savoir à
laquelle des Églises voisines il devait se joindre. Le jeune
Joseph Smith avait suivi l’invitation de Jacques : « Si
quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la
demande à Dieu, qui donne à tous simplement…
Mais qu’il la demande avec foi, sans douter » (Ja.
1:5-6). Dieu a répondu à la demande sincère et
fervente du garçon (JS–H 1:5-20). Et cette première
vision montre que la prière est la manière de
communiquer avec Dieu et de recevoir la révélation de
sa part. La foi, la sincérité, l’obéissance
et la recherche sont des attributs qui élèvent l’âme
vers Dieu ; c’est là le caractère essentiel
de la prière pour le saint des derniers jours.
Adam et Ève ont
commencé à prier Dieu après avoir été
chassés du jardin d’Éden. « Et Adam et
Ève, sa femme, invoquèrent le nom du Seigneur, et ils
entendirent la voix du Seigneur venant de la direction du jardin
d’Éden, leur parlant, mais ils ne le virent pas »
(Moï. 5:4). Bien qu’ils fussent séparés de
Dieu, la communication avec lui était possible et importante,
parce que le Seigneur a commandé : « Tu feras
tout ce que tu fais au nom du Fils, tu te repentiras et invoqueras
dorénavant Dieu au nom du Fils » (Moï. 5:8).
Chez les saints des
derniers jours, ce commandement de prier est toujours d’application.
Le Seigneur commande : « Demandez et vous recevrez,
frappez et l’on vous ouvrira » (D&A 4:7 ;
cf. Mt. 7:7). Les instructeurs au foyer, par exemple, doivent
« rendre visite à chaque membre et…
l’exhorter à prier à haute voix et en secret et à
remplir tous ses devoirs de famille » (D&A 20:47).
D’autres Écritures soulignent ces commandements
importants : « Priez toujours de peur que le Malin
n’ait pouvoir sur vous et ne vous enlève de votre
place » (D&A 93:49). « Prie toujours de
peur d’entrer en tentation et de perdre ta récompense »
(D&A 31:12). « Car si vous écoutiez l’Esprit,
qui enseigne à l’homme à prier, vous sauriez que
vous devez prier ; car l’esprit malin n’enseigne pas
à l’homme à prier, mais lui enseigne qu’il
ne doit pas prier. Mais voici… vous devez toujours prier, et
ne pas vous relâcher… vous ne devez rien faire pour le
Seigneur sans tout d’abord prier le Père, au nom du
Christ, qu’il consacre votre œuvre à vous-mêmes,
afin que votre œuvre soit pour le bien-être de votre
âme » (2 Né. 32:8-9). Les Écritures
précisent donc que la prière est un commandement aussi
bien qu’une occasion de communiquer avec Dieu et de recevoir
des bénédictions et des directives de lui.
L’Église
n’utilise des prières fixes que dans les ordonnances du
temple, dans les deux prières de Sainte-Cène et dans la
prière du baptême. « Par révélation,
le Seigneur a donné à l’Église… des
prières fixes pour nos ordonnances sacrées….
[Celles-ci] ont trait à l’expiation du Seigneur
Jésus-Christ, à sa crucifixion, à son
ensevelissement et à sa résurrection. Toutes les
ordonnances dans lesquelles nous utilisons ces prières nous
placent sous l’alliance solennelle d’obéir à
Dieu » (Kimball et autres, p. 56). Dans tous les autres
cas, les saints des derniers jours s’expriment dans leurs
propres termes.
Bien qu’il y ait
peu de prières fixes dans leur culte, les saints des derniers
jours suivent un schéma quand ils prient. On s’adresse à
son Père céleste, selon l’exemple donné
par le Christ quand il a enseigné à ses disciples
comment prier (Mt. 6:9 ; 3 Né. 13:9). Sa prière
sert de modèle : Les disciples doivent louer et remercier
Dieu, demander ce dont ils ont physiquement besoin au jour le jour et
demander d’avoir le pouvoir spirituel de pardonner, d’être
pardonnés et de résister à la tentation. Dans
ses prières, Jésus employait des termes simples et
expressifs, évitant les vaines répétitions et
les expressions fleuries (Mt. 6:5-13 ; 3 Né.
13:5-13 ; 19:20-23, 28-29 ; cf. 3 Né.
17:14-17 ; 19:31-34). Ce qui est plus important que les mots,
c’est le sentiment qui accompagne la prière. Le Christ a
réitéré un avertissement clair et prophétique :
« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son
cœur est éloigné de moi » (Mt. 15:8 ;
cf. És. 29:13). Quand on loue Dieu, qu’on le remercie,
que l’on demande ce dont on a besoin – en n’oubliant
pas de prier que la volonté de Dieu soit faite – le
langage doit être respectueux, humble et sincère. Il
faut éviter de répéter inutilement le nom de
Dieu, de même que les clichés vides. On termine la
prière en disant qu’on la fait au nom de Jésus-Christ,
concluant par amen. Quand quelqu’un prie en faveur d’un
groupe, les membres répètent d’habitude l’
« amen » final à haute voix, exprimant
l’acceptation de ce qui a été dit. En privé,
la personne ou les membres de la famille se mettent à genoux,
la tête baissée et les yeux fermés. En public,
celui qui prie est habituellement debout, mais respecte aussi le
comportement qui convient à la prière. La longueur
d’une prière est plus ou moins déterminée
par l’occasion, mais généralement la prière
est raisonnablement concise, remerciant Dieu et lui demandant ce dont
le groupe a besoin, évitant de faire un sermon ou de parler
avec emphase. Pour les prières d’ouverture et de
clôture, l’Église enseigne que la personne qui
prie doit exprimer l’adoration plutôt que de se donner en
spectacle ou de faire un sermon.
La prière est une
forme de culte aussi bien familiale qu’individuelle.
Habituellement, la journée commence et finit par une prière.
Une fois par jour au moins, les familles de l’Église
doivent prier ensemble (voir Prière en famille). Le père,
ou la mère en son absence, invite un membre à prier
pour la famille. Au fil des jours, chaque membre de la famille a
l’occasion de diriger la prière en famille. Une
bénédiction sur la nourriture qui remercie Dieu précède
aussi chaque repas, les enfants en bas âge faisant souvent
cette prière simple, au début avec l’aide d’un
des parents. En outre, on est invité à prier toutes les
fois que le désir ou le besoin s’en fait sentir :
pour remercier pour une bénédiction spéciale,
pour demander de l’aide dans des circonstances difficiles ou
pour parler avec Dieu de préoccupations quelconques. Toutes
les réunions officielles de l’Église commencent
et finissent par une prière et d’autres événements
dont les saints des derniers jours ont la responsabilité, tels
que les compétitions sportives, les concerts et les pièces
de théâtre patronnées par l’Église
commencent par une prière.
Une autre pratique
associée à la prière est le jeûne respecté
le premier dimanche du mois. Les saints des derniers jours
s’abstiennent de deux repas consécutifs, finissant leur
jeûne par une réunion de jeûne et de témoignage,
témoignant publiquement de Dieu et du Christ et rendant grâces
de la bonté et des bénédictions de Dieu. En
outre, toutes les fois que les circonstances l’indiquent, le
jeûne s’accompagne de supplications spéciales à
Dieu et est parfois observé par une assemblée entière
pour demander des bénédictions spéciales en
dehors du cours ordinaire des événements (voir D&A
27:18).
La portée
universelle de la prière a été décrite
par le prophète Alma le Jeune dans le Livre de Mormon :
« Je voudrais que vous soyez humbles… demandant
tout ce dont vous avez besoin, tant spirituellement que
temporellement, rendant toujours grâces à Dieu de tout
ce que vous recevez » (Alma 7:23). Amulek, un maître
remarquable dans le Livre de Mormon, suit ces qualités
essentielles de la prière quand il conseille aux hommes et aux
femmes de prier au sujet des besoins physiques : « Invoquez
[Dieu] lorsque vous êtes dans vos champs, oui, pour tous vos
troupeaux. Invoquez-le dans vos maisons, oui, pour toute votre
maison, le matin, à midi et le soir… Invoquez-le pour
les cultures de vos champs, afin que vous en retiriez la prospérité.
Invoquez-le pour les troupeaux de vos champs, afin qu’ils
s’accroissent » (Alma 34:20-21, 24-25). Ainsi, un
étudiant peut prier pour ses études, un commerçant
pour ses affaires, une mère et un père pour le
bien-être de leurs enfants. Même si l’on prie pour
des besoins matériels, des résultats spirituels peuvent
également se produire et vice-versa. Un étudiant qui
prie pour ses études ne risque pas de tricher aux examens ;
un commerçant qui prie pour ses affaires ne risque pas d’être
malhonnête.
Alma le Jeune recherchait
d’autres bénédictions spirituelles encore :
« Ô Seigneur, j’ai le cœur extrêmement
attristé ; veuille consoler mon âme dans le Christ.
Ô Seigneur, veuille m’accorder d’avoir de la force
afin que je souffre avec patience ces afflictions qui vont tomber sur
moi à cause de l’iniquité de ce peuple… Ô
Seigneur, veuille nous accorder [à Alma et à ses
compagnons missionnaires] de réussir à te les ramener
[les Lamanites] dans le Christ. Voici, ô Seigneur, leur âme
est précieuse… c’est pourquoi, donne-nous, ô
Seigneur, du pouvoir et de la sagesse, afin que nous te ramenions
ceux-ci, qui sont nos frères » [Alma 31:31-35].
L’intention de la
prière d’Alma est à la base du programme
missionnaire de l’Église. Amulek, le disciple d’Alma,
a également dit à son peuple : « Invoquez-le
[Dieu] contre le diable, qui est l’ennemi de toute justice »
(Alma 34:23). Les bénédictions spirituelles pour
lesquelles on pourrait prier sont le réconfort quand on est
dans l’affliction, la force de résister à la
tentation, la sagesse de discerner le bien du mal, la compassion pour
pardonner aux autres et comprendre la volonté de Dieu pour la
vie de la personne. Un but important de la prière est de
remercier Dieu de la vie elle-même et de tout ce qui la rend
précieuse. L’ingratitude est une offense envers Dieu
parce que c’est le refus de reconnaître son pouvoir et
son amour (D&A 59:14-21). Rendre grâces est une manière
de louer Dieu en reconnaissant sa main toujours présente.
On enseigne aux saints
des derniers jours qu’une préparation est nécessaire
si l’on veut communiquer efficacement avec Dieu. Un moment et
un endroit calmes permettent la réflexion tranquille
concernant les demandes précises que l’on peut faire.
Joseph Smith est allé dans un bosquet voisin prier pour avoir
la réponse à sa question et a reçu sa vision
glorieuse. Il a été dit à Job : « Pour
toi, dirige ton cœur vers Dieu, étends vers lui tes
mains » (Job 11:13). Alma le Jeune a énuméré
les qualités d’un cœur préparé pour
la prière : « Je voudrais que vous soyez
humbles, et que vous soyez soumis et doux, faciles à supplier,
pleins de patience et de longanimité… diligents à
garder en tout temps les commandements de Dieu…Et veillez à
avoir la foi, l’espérance et la charité, et alors
vous abonderez toujours en bonnes œuvres » (Alma
7:23-24). Moroni 2 a souligné le besoin « d’un
cœur sincère… [d’une] intention réelle…
[et de] foi au Christ » (Mro. 10:4).
Les saints des derniers
jours croient que les rapports avec les autres doivent également
s’harmoniser avec les enseignements du Christ. Le Christ a
enseigné que le pécheur ne peut obtenir le pardon de
Dieu que s’il est disposé à pardonner à
ceux qui ont péché contre lui (Mt. 6:14-15 ; Mc.
11:25-26). Un cœur préparé est également
un cœur qui donne. Amulek a parlé de cette qualité :
« Je vous le dis, ne pensez pas que ce [prier] soit là
tout ; car… si vous renvoyez les nécessiteux et
les nus, et ne visitez pas les malades et les affligés, et ne
donnez pas de vos biens, si vous en avez, à ceux qui sont dans
le besoin — je vous le dis, si vous ne faites rien de cela,
voici, votre prière est vaine et ne vous sert de rien, et vous
êtes comme des hypocrites qui renient la foi » (Alma
34:28).
Quand le cœur est
préparé, Dieu promet une réponse. Les anciens du
début de l’Église ont reçu la promesse que
« si vous êtes purifiés et lavés de
tout péché, vous demanderez ce que vous voudrez au nom
de Jésus, et cela se fera » (D&A 50:29). Cette
assurance est répétée en des termes encore plus
forts à tous ceux qui prient : « Moi, le
Seigneur, je suis lié lorsque vous faites ce que je dis ;
mais lorsque vous ne faites pas ce que je dis, vous n’avez pas
de promesse » (D&A 82:10). Cependant, il est sage de
prier que la volonté de Dieu soit faite, même si cela
signifie qu’une demande sera refusée. Dieu avertit que
demander ce qui « ne vous est pas utile »
tournera à la « condamnation » (D&A
88:64-65).
On trouve un exemple de
réponse à une prière faite avec foi dans
l’expérience d’Oliver Cowdery, l’un des
premiers anciens de l’Église, quand il a essayé
d’aider à la traduction du Livre de Mormon. Il lui a été
dit de « l’étudier dans [son] esprit »
et, si sa traduction était exacte, cela lui serait confirmé
par une brûlure dans sa poitrine ; si c’était
faux, il aurait un « engourdissement de pensée »
(D&A 9:8-9). Quand une prière est exaucée, on
éprouve la paix de l’esprit et l’assurance que
Dieu a entendu, même si la réponse est non. La
soumission du Sauveur quand il prie à Gethsemané montre
la voie : « Toutefois, que ma volonté ne se
fasse pas, mais la tienne » (Lu. 22:42).
Bibliographie
Kimball, Spencer W. Faith
Precedes the Miracle, p. 21-58. Salt Lake City, 1972.
Kimball, Specer W. The
Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball, p.
115-127. Salt Lake City, 1982.
Kimball, Spencer W.,
Prayer. Salt Lake City, 1977
McConkie, Bruce R.
Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 1, p. 233-237. Salt Lake
City, 1975.
Proclamations
de la Première Présidence et du Collège des
douze apôtres
Auteur :
Matthews, Robert J.
Dans l’accomplissement
de leur appel d’apôtres, prophètes, voyants,
révélateurs et porte-parole de l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours, la Première
Présidence et le Collège des douze apôtres ont de
temps en temps publié des proclamations, des déclarations,
des lettres et diverses annonces publiques officielles. Celles-ci ont
parfois été adressées aux membres de l’Église
(comme une sorte d’épître générale)
et parfois au grand public. Toutes les déclarations de ce
genre ont été solennelles et sacrées de nature
et ont été publiées avec l’intention de
faire avancer, édifier et régler les affaires de
l’Église, royaume de Dieu sur la terre. Parmi les
thèmes, il y a des instructions sur la doctrine, la foi et
l’histoire, des avertissements à propos des jugements à
venir, des invitations à aider à l’œuvre et
des déclarations sur la croissance et les progrès de
l’Église.
Quelques-unes seulement
des nombreuses déclarations officielles ont été
qualifiées de « proclamations ».
D’autres ont été qualifiées de
« Déclaration officielle », « Exposé
doctrinal » ou « Epître ».
Certaines ont la signature de la Première Présidence,
d’autres de la Première Présidence et des Douze,
d’autres encore des Douze seulement. Cet article examine quatre
documents : (1) la proclamation de la Première Présidence
du 15 janvier 1841, à Nauvoo, (2) la proclamation des douze
apôtres du 6 avril 1845 à New York et du 22 octobre 1845
à Liverpool, (3) la proclamation de la Première
Présidence et des douze apôtres du 21 octobre 1865 à
Salt Lake City et (4) la proclamation de la Première
Présidence et du Collège des douze apôtres du 6
avril 1980, publiée à Fayette, New York.
1. Proclamation de la
Première Présidence de l’Église aux saints
dispersés au dehors (15 janvier 1841, Nauvoo, Illinois)
[Ce document, signé
par Joseph Smith, Sidney Rigdon et Hyrum Smith passe en revue les
progrès faits par l’Église en dépit des
difficultés et des persécutions et parle longuement des
perspectives d’installation à Nauvoo, comme l’illustrent
les extraits suivants.]
Frères
bien-aimés : Les relations que nous avons avec l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours font qu’il
est nécessaire que nous fassions de temps en temps connaître
les circonstances, la situation et les perspectives d’avenir de
l’Église et que nous donnions les instructions qui
peuvent être nécessaires au bien-être des saints
et à l’avancement des objectifs susceptibles de
favoriser leur bonheur actuel et éternel.
Nous devons féliciter
les saints pour les progrès de la grande œuvre des
« derniers jours », car non seulement elle
s’est répandue de toutes parts sur ce vaste continent,
mais aussi sur le continent européen et sur les îles de
la mer, elle se répand d’une manière totalement
sans précédent dans les annales du temps. Ceci nous
apparaît d’autant plus agréable quand nous
considérons qu’il ne s’est passé que peu de
temps depuis que nous avons été impitoyablement chassés
de l’État du Missouri après avoir subi des
cruautés et des persécutions sous des formes diverses
et horribles…
Il serait impossible
d’énumérer tous ceux qui, dans notre période
de détresse profonde, se sont noblement portés à
notre secours et, comme le bon Samaritain, ont versé de
l’huile sur nos plaies et contribué généreusement
à nos besoins et les citoyens de Quincy en masse et la
population de l’Illinois ont semblé généralement
rivaliser entre eux dans cette œuvre d’amour…
Nous voudrions de même
mentionner les autorités de cet État qui, sans
considération de parti, sont sans hésitation,
généreusement, ouvertement, hardiment et noblement
venus à notre aide, nous ont accueillis comme citoyens et
amis, nous ont pris par la main et nous ont donné toutes les
bénédictions de la liberté civile, politique et
religieuse, en nous accordant, à la date du 16 décembre
1840, l’une des chartes les plus libérales, avec les
pouvoirs les plus pléniers jamais conférées par
une assemblée législative à des citoyens libres,
« la Ville de Nauvoo », la « Légion
de Nauvoo » et « l’Université de
la Ville de Nauvoo »…
Le nom de notre ville
(Nauvoo) est d’origine hébraïque et signifie une
belle situation ou endroit, contenant aussi l’idée de
repos, et décrit véritablement l’endroit le plus
ravissant qui soit. Il est situé sur la rive est du fleuve
Mississippi, en amont des rapides de Des Moines, dans le comté
de Hancock, bordé à l’est par une vaste prairie
d’une beauté sans pareille et au nord, à l’ouest
et au sud par le Mississippi…
Ayant été
un instrument entre les mains de notre Père céleste
pour jeter les fondements du rassemblement de Sion, nous dirions que
tous ceux qui apprécient les bénédictions de
l’Évangile et sont conscients de l’importance
d’obéir aux commandements du ciel, qui ont eu en
bénédiction la possession des biens de ce monde, se
préparent d’abord au rassemblement général ;
qu’ils liquident leurs biens aussi rapidement que les
circonstances le permettent, sans faire de trop grands sacrifices et
viennent s’installer dans notre ville et notre comté ;
qu’ils fondent et exploitent des fabriques en ville, achètent
et cultivent des exploitations agricoles dans le comté. Cela
nous assurera notre héritage permanent et préparera la
voie au rassemblement des pauvres. Ceci est conforme à l’ordre
du ciel et le seul principe en vertu duquel le rassemblement peut
être accompli. Donc que les riches et tous ceux qui peuvent
aider à édifier cet endroit fassent tous les
préparatifs pour avancer sans tarder, fortifier nos mains et
contribuer au bonheur des saints…
Le Temple du Seigneur est
en cours de construction ici, où les saints viendront adorer
le Dieu de leurs pères selon l’ordre de sa maison et le
pouvoir de la sainte prêtrise, et il sera construit de manière
à permettre l’exercice de toutes les fonctions de la
prêtrise et à être un lieu où les
instructions du Très-Haut seront reçues et, de cet
endroit, envoyées dans les pays lointains. Concentrons donc
tous nos pouvoirs, en vertu des dispositions de notre grande charte
accordée par le gouvernement de l’Illinois, à la
« Ville de Nauvoo » et à la région
environnante et efforçons-nous d’imiter l’action
des anciens pères et patriarches de l’alliance, dans ces
choses qui sont d’une telle importance pour cette génération
et toutes les générations qui suivront…
Les plus grandes
bénédictions temporelles et spirituelles qui découlent
toujours de la fidélité et de l’effort concerté
n’ont jamais accompagné les efforts ou les entreprises
individuelles. L’histoire de toutes les époques passées
certifie abondamment ce fait. En plus de toutes les bénédictions
temporelles, il n’y a aucune autre manière de sauver les
saints en ces derniers jours [que par le rassemblement], comme le
prouvent les témoignages concordants de tous les saints
prophètes, parce qu’il est écrit : « Ils
viendront de l’orient et seront rassemblés de
l’occident ; le septentrion donnera et le midi ne
retiendra pas. » « Les fils de Dieu seront
rassemblés de loin et ses filles des extrémités
de la terre. »
Les témoignages de
tous les prophètes concordent aussi pour dire que ce
rassemblement de tous les saints doit avoir lieu avant que le
Seigneur vienne « se venger des impies » et
soit glorifié et admiré par tous ceux qui obéissent
à l’Évangile. Le cinquantième psaume, du
premier au cinquième verset inclus, décrit la gloire et
la majesté de cet événement.
« Dieu, Dieu,
l’Éternel, parle, et convoque la terre, depuis le soleil
levant jusqu’au soleil couchant. De Sion, beauté
parfaite, Dieu resplendit. Il vient, notre Dieu, il ne reste pas en
silence ; devant lui est un feu dévorant, autour de lui
une violente tempête. Il crie vers les cieux en haut, et vers
la terre, pour juger son peuple : Rassemblez–moi mes
fidèles, qui ont fait alliance avec moi par le sacrifice ! »
Nous pourrions proposer
beaucoup d’autres citations des Écritures, mais nous
nous abstiendrons, les pensant bien connus des saints.
Nous souhaiterions que
les saints comprennent que, quand ils viennent ici, ils ne doivent
pas s’attendre à la perfection ou que tout sera entente,
paix et amour ; s’ils entretiennent cette idée, ils
seront assurément déçus, parce qu’il y a
ici des personnes, non seulement de différents états,
mais de différentes nations qui, bien qu’éprouvant
un grand attachement à la cause de la vérité,
ont les préjugés de leur éducation et, par
conséquent, il faut un certain temps pour surmonter tout cela…
Que ceux qui viennent ici soient donc décidés à
garder les commandements de Dieu et ne se laissent pas décourager
par ces choses que nous avons énumérées et alors
ils prospéreront – l’intelligence du ciel leur
sera communiquée et ils finiront par voir les choses de la
même façon et par se réjouir dans le plein
épanouissement de cette gloire qui est réservée
aux justes.
Pour construire le Temple
du Seigneur, de grands efforts seront requis de la part des saints,
de sorte qu’ils puissent construire une maison qui sera
acceptée par le Tout-Puissant, dans laquelle sa puissance et
sa gloire se manifesteront. Par conséquent, que ceux qui
peuvent faire généreusement sacrifice de leur temps, de
leurs talents et de leurs biens, pour la prospérité du
royaume et pour l’amour qu’ils ont pour la cause de la
vérité, fassent leurs adieux à leurs maisons et
aux endroits plaisants où ils demeurent, s’unissent à
nous dans la grande œuvre des derniers jours et prennent part
aux tribulations, afin de participer finalement à la gloire et
au triomphe.
Nous souhaitons de même
qu’il soit bien clair que nous ne prétendons à
aucune bénédiction que nous ne soyons joyeusement
disposés à partager avec nos concitoyens de toutes les
confessions et de toutes les options religieuses et nous disons donc
que loin de nous limiter à notre propre foi, que tous ceux qui
désirent s’installer en ce lieu ou dans les environs
viennent et nous les accueillerons comme citoyens et amis, et non
seulement nous nous ferons un devoir, mais que ce sera aussi un
honneur, de rendre la bonté que nous ont manifestée les
citoyens bienveillants de l’État de l’Illinois.
Joseph Smith, Sidney
Rigdon, Hyrum Smith, présidents de l’Église [HC
4:267-273].
2. Proclamation des douze
apôtres de l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours (6 avril et 22 octobre 1845)
[La Proclamation de 1845
fut publiée par les Douze seulement, parce qu’à
ce moment-là il n’y avait pas de Première
Présidence à cause du martyre du prophète Joseph
Smith le 27 juin 1844. Une nouvelle Première Présidence
ne fut organisée qu’en décembre 1847. La
proclamation fut apparemment faite en réponse à une
révélation donnée le 19 janvier 1841 (D&A
124:1-11). Elle fut imprimée pour la première fois dans
une brochure de seize pages le 6 avril 1845 à New York et de
nouveau le 22 octobre 1845 à Liverpool. Elle était
adressée aux souverains et aux peuples de tous les pays. Ce
document annonçait que Dieu avait parlé du haut des
cieux et avait rétabli l’Évangile de Jésus-Christ
sur la terre. Il parlait des bénédictions et des
châtiments à venir, lançait une voix
d’avertissement et invitait tous ceux qui étaient
intéressés à aider à l’édification
du royaume de Dieu sur la terre en vue de la seconde venue du
Sauveur. Le 3 octobre 1975, le président Ezra Taft Benson,
président du Collège des douze apôtres, parla de
cette proclamation et en cita des parties dans son discours à
la conférence générale (Ensign 15, oct. 1975, p.
32-34). On trouvera ci-après des extraits de la Proclamation
de 1845.]
À TOUS LES ROIS DU
MONDE, AU PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE,
AUX GOUVERNEURS DES ÉTATS RESPECTIFS ET AUX SOUVERAINS ET
PEUPLES DE TOUS LES PAYS. Salutations. Sachez que le royaume de Dieu
est venu, comme prédit par les prophètes d’autrefois
et demandé dans les prières à toutes les
époques, à savoir ce royaume qui remplira la terre
entière et demeurera à jamais…
Nous vous envoyons donc,
avec l’autorité d’en haut, et vous commandons à
tous de vous repentir et de vous humilier comme de petits enfants
devant la majesté du Saint et d’aller à Jésus
le cœur brisé et l’esprit contrit, et d’être
baptisés en son nom pour la rémission des péchés
(c’est-à-dire, être ensevelis dans l’eau, à
la similitude de son ensevelissement et en ressortir en nouveauté
de vie à l’image de sa résurrection) et vous
recevrez le don du Saint-Esprit, par l’imposition des mains des
apôtres et des anciens, de cette grande et dernière
dispensation de miséricorde envers l’homme.
Cet Esprit attestera de
la véracité de notre témoignage, éclairera
votre esprit et sera en vous comme l’esprit de prophétie
et de révélation ; il vous fera comprendre et vous
rappellera les choses passées et vous montrera les choses à
venir…
Par la lumière de
cet Esprit, reçue par le ministère des ordonnances –
par le pouvoir et l’autorité du Saint Apostolat et de la
Sainte Prêtrise, vous serez rendus capables de comprendre et
d’être les enfants de la lumière et vous serez
ainsi préparés à échapper à tout
ce qui va venir sur la terre, et ainsi vous tenir devant le Fils de
l’homme.
Nous témoignons
que la doctrine ci-dessus est la doctrine ou l’Évangile
de Jésus-Christ dans sa plénitude et que c’est le
seul Évangile vrai, éternel et immuable et le seul plan
révélé sur terre par lequel l’homme puisse
être sauvé…
Et nous témoignons
en outre que le Seigneur a commandé la construction d’une
ville et d’un temple saints sur ce continent, pour la Dotation
et les ordonnances relatives à la prêtrise et pour que
les Gentils et le reste d’Israël s’y rendent afin
d’adorer le Seigneur et être instruits de ses voies et
marcher dans ses entiers ; en bref, afin de terminer leurs
préparatifs pour la venue du Seigneur…
Les saints des derniers
jours, depuis leur organisation en 1830, ont été un
peuple pauvre, persécuté, maltraité et affligé.
Ils ont sacrifié libéralement leur temps et leurs biens
pour poser les fondements du royaume de Dieu et étendre sa
domination par le ministère de l’Évangile. Ils
ont connu les privations, la faim, l’emprisonnement et la perte
de maisons, de terres, et de droits domestiques et politiques pour
leur témoignage.
Et ce n’est pas
tout. Leur fondateur, M. Joseph Smith, que Dieu a suscité
comme prophète et apôtre, puissant en paroles et en
actes, et son frère Hyrum, qui était également
prophète, ainsi que beaucoup d’autres, ont subi un
martyre cruel pour la cause de la vérité et ont scellé
leur témoignage de leur sang, mais néanmoins, l’œuvre
ne fait, pour ainsi dire, que commencer.
Une œuvre grande,
glorieuse et vaste doit encore être réalisée, qui
est de propager la vérité et le royaume parmi les
Gentils – de rétablir, organiser et instruire les Juifs
– de rassembler, instruire, soulager, civiliser, éduquer
et apporter le salut au reste d’Israël sur ce continent –
d’édifier Jérusalem en Palestine, et les villes,
les pieux, les temples et les sanctuaires de Sion en Amérique ;
et de rassembler les Gentils dans la même alliance et la même
organisation – de les instruire en toutes choses pour leur
sanctification et leur préparation, afin que toute l’Église
des saints, Gentils, Juifs et Israël, soient préparés
comme une épouse à la venue du Seigneur…
Nous le disons encore,
par la parole du Seigneur, au peuple comme aux souverains, votre
aide, votre assistance sont requises dans cette grande œuvre ;
et vous êtes invités par la présente, au nom de
Jésus, à y prendre dorénavant une part active.
Ouvrez vos églises,
vos portes et votre cœur à la vérité ;
écoutez les apôtres et les anciens de l’Église
des saints quand ils se rendent dans vos villes et vos quartiers ;
lisez et sondez soigneusement les Écritures et voyez si ces
choses sont ainsi ; lisez les publications des saints et aidez à
les diffuser à d’autres ; recherchez le témoignage
de l’Esprit et venez et obéissez à la plénitude
glorieuse de l’Évangile et aidez-nous à
construire les villes et les sanctuaires de notre Dieu…
Les Gentils convergeront
vers cette ville [Sion ou la nouvelle Jérusalem] et vers ses
différentes branches ou pieux comme vers une bannière
de lumière et de connaissance ; oui, les nations et leurs
rois et nobles diront : Allons, rendons-nous à la
montagne de Sion et au temple du Seigneur, où se trouve sa
sainte prêtrise pour servir continuellement devant le Seigneur
et où nous pouvons être instruits plus complètement
et recevoir les ordonnances de la rémission, de la
sanctification et de la rédemption, et être ainsi
adoptés dans la famille d’Israël et identifiés
dans les mêmes alliances de la promesse….
La ville de Sion, avec
son sanctuaire et sa prêtrise, et la plénitude glorieuse
de l’Évangile, constituera une norme qui mettra un terme
aux credo discordants et aux querelles politiques en unissant les
républiques, les états, les provinces, les territoires,
les nations, les tribus, les familles, les langues, les peuples et
les sectes de l’Amérique du Nord et du Sud en un grand
lien commun de fraternité tandis que la vérité
et la connaissance les rendront libres et que l’amour cimentera
leur union.
Le Seigneur sera
également leur roi et leur législateur, tandis que les
guerres cesseront et que la paix régnera pendant mille ans…
Nous disons donc, que ce
soit dans la vie ou dans la mort, dans les chaînes ou la
liberté, que le grand Dieu a parlé à notre
époque. – Et nous le savons.
Il nous a donné la
sainte prêtrise, le saint apostolat et les clefs du royaume de
Dieu pour réaliser le rétablissement de toutes choses
comme promis par les saints prophètes d’autrefois. –
Et nous le savons.
Il a révélé
l’origine et les annales des tribus indigènes de
l’Amérique et leur destinée future. – Et
nous le savons.
Il a révélé
la plénitude de l’Évangile, avec ses dons, ses
bénédictions et ses ordonnances. – Et nous le
savons…
Il nous a commandé
de rassembler ses saints, sur ce continent, et d’édifier
des villes saintes et des sanctuaires. – Et nous le savons.
Il a dit que les Gentils
iraient à ce même Évangile et cette même
alliance et seraient comptés avec la maison d’Israël
et seraient à jamais un peuple béni sur cette bonne
terre, s’ils se repentent et l’acceptent. – Et nous
le savons…
Il a dit que le temps est
proche où les Juifs seront rassemblés à
Jérusalem. – Et nous le savons.
Il a dit que les dix
tribus d’Israël devraient également être
révélées dans le pays du nord, ainsi que leurs
oracles et leurs annales, en vue de leur retour et de leur union avec
Juda pour ne plus être séparés. – Et nous
le savons.
Il a dit que quand ces
préparatifs seraient faits, tant dans ce pays qu’à
Jérusalem, et que l’Évangile dans toute sa
plénitude aurait été prêché à
toutes les nations à titre de témoignage, il viendrait,
et tous les saints avec lui, pour régner mille ans sur la
terre. – Et nous le savons.
Il a dit qu’il ne
viendra pas dans sa gloire détruire les méchants tant
que ces avertissements n’auront pas été donnés
et que les préparatifs de sa réception n’auront
pas été faits. – Et nous le savons…
Par conséquent,
nous le répétons à tous les hommes :
repentez-vous et soyez baptisés au nom de Jésus-Christ
pour la rémission des péchés et vous recevrez le
Saint-Esprit, et vous saurez la vérité, et vous serez
comptés avec la maison d’Israël…
New York, 6 avril 1845
AU LECTEUR ANGLAIS. Il ne
faut pas oublier que ce qui précède a été
écrit aux États-Unis d’Amérique et qu’il
convient par conséquent de se rendre compte que la langue, que
nous n’avons pas changée, est celle qui est utilisée
là-bas… W. Woodruff. Liverpool, 22 octobre 1845
[brochure de Liverpool, bibliothèque de BYU, Provo, Utah :
voir aussi MFP 1:252-66].
3. Proclamation de la
Première Présidence et des douze apôtres (21
octobre 1865)
[Ce document s’adresse
aux membres de l’Église pour corriger certaines théories
au sujet de la nature de Dieu que l’un des Douze avait publiées
dans la littérature officielle de l’Église sans
faire approuver ces déclarations par la Première
Présidence et les Douze. Le but principal manifeste de cette
Proclamation était de mettre en évidence l’ordre
établi de l’Église qui veut que tout nouveau
point de doctrine soit annoncé uniquement par la Première
Présidence. Un paragraphe vers la fin de la Proclamation
dit :]
Il devrait être
connu, depuis des années, de toute personne dans l’Église
– car des enseignements suffisants ont été donnés
sur ce point – qu’aucun membre de l’Église
n’a le droit de publier un quelconque point de doctrine comme
point de doctrine de l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours sans le soumettre préalablement à
l’examen et à l’approbation de la Première
Présidence et des Douze. Il n’y a qu’un seul homme
à la fois sur la terre qui détienne les clefs pour
recevoir les commandements et les révélations pour
l’Église et qui ait l’autorité de mettre
par écrit des points de doctrine comme commandement à
l’Église. Et quiconque oublie l’ordre institué
par le Seigneur au point d’écrire et de publier ce qui
peut être qualifié de nouveau point de doctrine, sans
consulter la Première Présidence de l’Église
à son sujet, se met dans une situation fausse et s’expose
au pouvoir des ténèbres en violant sa prêtrise
(MFP 2:239).
[La Proclamation est
signée par Brigham Young, Heber C. Kimball, Orson Hyde, John
Taylor, Wilford Woodruff, George A. Smith, Amasa M. Lyman, Ezra T.
Benson, Charles C. Rich, Lorenzo Snow, Erastus Snow, Franklin D.
Richards, George Q. Cannon (MFP 2:235-40).]
4. Proclamation de la
Première Présidence et du Collège des douze
apôtres de l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours (6 avril 1980)
[Ce document fut élaboré
pour la commémoration du 150e anniversaire de l’organisation
de l’Église. Le dimanche 6 avril 1980, une partie de la
session du dimanche matin de la conférence générale
fut diffusée depuis la maison de Peter Whitmer, père,
nouvellement reconstruite à Fayette, New York. Le président
Spencer W. Kimball parla brièvement de l’organisation de
l’Église qui avait eu lieu à cet endroit précis.
Il annonça ensuite que l’Église avait une
proclamation à faire. Le président conclut en disant :
« Maintenant,
mes frères et sœurs, avec l’avenir devant nous,
profondément conscients des responsabilités et de la
mission divine de l’Église rétablie en cette
occasion sacrée, la Première Présidence et le
Collège des douze apôtres lancent une proclamation au
monde. Nous avons estimé convenable de publier cette
déclaration de cet endroit où l’Église a
commencé. En conséquence, je demanderai à Gordon
B. Hinckley, du Collège des douze apôtres, de parler en
mon nom et en celui de mes frères et de vous lire cette
Proclamation, à vous et au monde (CR, avr. 1980, p. 74.)
Gordon B. Hinckley a
alors lu la Proclamation depuis la maison des Whitmer à
Fayette, New York, proclamation qui a été transmise par
satellite au Tabernacle à Salt Lake City et publiée
dans le Church News du 12 avril 1980, dans l’Ensign de mai 1980
et dans le Rapport de conférence d’avril 1980. Voici le
texte intégral de la proclamation.]
L’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours fut organisée
il y a 150 ans aujourd’hui. En ce cent cinquantième
anniversaire, nous publions au monde une proclamation au sujet de ses
progrès, de sa doctrine, de sa mission et de son message.
Le 6 avril 1830, un petit
groupe se réunissait dans la ferme de Peter Whitmer dans la
circonscription de Fayette (État de New York). Six hommes
prirent part aux formalités officielles d’organisation,
avec Joseph Smith comme dirigeant. Depuis ce début modeste
dans une région rurale, cette œuvre a grandi de manière
constante et importante, des hommes et des femmes de beaucoup de pays
adoptant la doctrine et entrant dans les eaux du baptême. Il y
a maintenant près de quatre millions et demi de membres
vivants et l’Église est plus forte et grandit plus
rapidement qu’à n’importe quel autre moment de son
histoire. Il y a des assemblées de saints des derniers jours
dans toute l’Amérique du Nord et du Sud, dans les pays
d’Europe, en Asie, en Afrique, en Australie et dans les îles
du Pacifique Sud ainsi que dans d’autres régions du
monde. On enseigne actuellement l’Évangile rétabli
par l’entremise de Joseph Smith en quarante-six langues et
quatre-vingt-un pays. Depuis cette petite réunion tenue dans
une ferme il y a un siècle et demi, l’Église
s’est développée au point de compter aujourd’hui
presque 12.000 assemblées organisées.
Nous témoignons
que cet Évangile rétabli a été introduit
dans le monde par l’apparition merveilleuse de Dieu, le Père
éternel, et de son Fils, le Seigneur Jésus-Christ
ressuscité. Cette glorieuse manifestation a marqué le
début de l’accomplissement de la promesse de Pierre, qui
a prophétisé le « temps du rétablissement
de toutes choses, dont Dieu a parlé anciennement par la bouche
de ses saints prophètes », ceci en vue de
l’avènement du Seigneur pour régner
personnellement sur la terre (Ac. 3:21).
Nous affirmons
solennellement que l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours est en fait le rétablissement de
l’Église fondée par le Fils de Dieu, quand il a
organisé son œuvre sur la terre, qu’elle porte son
nom sacré, le nom de Jésus-Christ, qu’elle est
édifiée sur le fondement des apôtres et des
prophètes, lui-même étant la pierre principale de
l’angle, que sa prêtrise, dans les ordres d’Aaron
et de Melchisédek, a été rétablie sous
les mains de ceux qui la détenaient dans les temps anciens :
Jean-Baptiste, dans le cas de la Prêtrise d’Aaron, et
Pierre, Jacques et Jean dans le cas de celle de Melchisédek.
Nous déclarons que
le Livre de Mormon a paru par le don et le pouvoir de Dieu et qu’il
accompagne la Bible comme autre témoin de Jésus-Christ,
le Sauveur et Rédempteur de l’humanité. Ensemble
ils témoignent qu’il est le Fils de Dieu.
Nous donnons notre
témoignage que la doctrine et les pratiques de l’Église
englobent le salut et l’exaltation non seulement pour ceux qui
vivent, mais également pour les morts, et que dans des temples
sacrés construits à cette fin il se fait une grande
œuvre par procuration en faveur de ceux qui sont morts pour que
tous les hommes et femmes de toutes les générations
puissent devenir bénéficiaires des ordonnances
salvatrices de l’Évangile du Maître. Cette grande
œuvre désintéressée est l’un des
traits distinctifs de cette Église rétablie de
Jésus-Christ.
Nous affirmons que la
famille, création divine, est sainte et déclarons que
Dieu, notre Père éternel, tiendra les parents pour
responsables de l’éducation de leurs enfants dans la
lumière et la vérité, leur apprenant « à
prier et à marcher en droiture devant le Seigneur »
(D&A 68:28). Nous enseignons que ces relations familiales entre
mari et femme et entre parents et enfants, les plus sacrées de
toutes, peuvent se poursuivre éternellement quand le mariage
est contracté en vertu de l’autorité de la sainte
prêtrise exercée dans des temples consacrés à
ces fins divinement autorisées.
Nous rendons témoignage
que tous les hommes et femmes sont fils et filles de Dieu, chacun
responsable devant lui ; que notre vie ici sur terre fait partie
d’un plan éternel ; que la mort n’est pas la
fin, mais plutôt le passage de ce monde à un autre monde
d’activité utile rendue possible par l’expiation
du Rédempteur du monde et que nous y aurons l’occasion
de travailler et de progresser vers la perfection.
Nous témoignons
que l’esprit de prophétie et de révélation
est parmi nous. « Nous croyons tout ce que Dieu a révélé,
tout ce qu’il révèle maintenant et nous croyons
qu’il révélera encore beaucoup de choses grandes
et importantes concernant le Royaume de Dieu » (9e Article
de foi). Les cieux ne sont pas scellés ; Dieu continue à
parler à ses enfants par un prophète autorisé à
déclarer sa parole, maintenant comme autrefois.
La mission de l’Église
aujourd’hui, comme depuis le commencement, est d’enseigner
l’Évangile du Christ au monde entier en obéissance
au commandement donné par le Sauveur avant son ascension et
répété dans la révélation
moderne : « Allez dans le monde entier, prêchez
l'Évangile à toute la création, agissant dans
l'autorité que je vous ai donnée, baptisant au nom du
Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (D&A
68:8).
Par le prophète
Joseph Smith, le Seigneur a révélé cet
avertissement solennel :
« Écoutez,
peuples lointains, et vous qui êtes dans les îles de la
mer, prêtez tous l'oreille. Car, en vérité, la
voix du Seigneur s'adresse à tous les hommes, et il n'en est
aucun qui puisse s'y dérober ; et il n'est pas d'œil
qui ne verra, pas d'oreille qui n'entendra, pas de cœur qui ne
sera pénétré. Et les rebelles seront transpercés
d'un grand chagrin, car leurs iniquités seront publiées
sur les toits, et leurs actions secrètes seront révélées.
Et la voix d'avertissement s'adressera à tous les peuples, par
la bouche des disciples que je me suis choisis en ces derniers
jours » [D&A 1:1-4].
Il est donc de notre
obligation d’enseigner la foi au Seigneur Jésus-Christ,
d’inviter les habitants de la terre au repentir individuel,
d’administrer les ordonnances sacrées du baptême
par immersion pour la rémission des péchés et de
l’imposition des mains pour le don du Saint-Esprit, tout cela
en vertu de l’autorité de la prêtrise de Dieu.
Il est de notre
responsabilité d’adopter et de suivre un programme
inspiré d’instructions et d’activité et de
construire et d’entretenir les locaux qui en permettront
l’accomplissement, pour que tous ceux qui entendent et
acceptent puissent progresser dans la compréhension de la
doctrine et se développer dans les principes du service
chrétien à leurs semblables.
Aujourd’hui que
nous nous trouvons au faîte de 150 ans de progrès, nous
contemplons humblement et avec reconnaissance les sacrifices de ceux
qui nous ont précédés, dont beaucoup ont donné
leur vie en témoignage de cette vérité. Nous
sommes reconnaissants de leur foi, de leur exemple, des grandes
choses qu’ils ont faites et de ce qu’ils ont été
disposés à consacrer à cette cause qu’ils
ont considérée comme plus précieuse que la vie
elle-même. Ils nous ont passé un héritage
remarquable. Nous sommes résolus à construire sur cet
héritage pour le bien-être et le profit de ceux qui
suivent, qui constitueront un nombre sans cesse croissant d’hommes
et de femmes fidèles sur toute la terre.
C’est l’œuvre
de Dieu. C’est son royaume que nous établissons. Daniel,
le prophète, en a dit autrefois qu’il était comme
une pierre détachée de la montagne sans le secours
d’aucune main, qui allait rouler pour remplir la terre entière
(voir Da. 2:31-45). Nous invitons tous ceux qui ont le cœur
honnête à écouter les enseignements de nos
missionnaires qui sont envoyés comme messagers de la vérité
éternelle, à étudier, à apprendre et à
demander à Dieu, notre Père éternel, au nom de
son Fils, le Seigneur Jésus-Christ, si ces choses sont vraies.
« Et si vous
demandez d’un cœur sincère, avec une intention
réelle, ayant foi au Christ, il vous en manifestera la vérité
par le pouvoir du Saint-Esprit. Et par le pouvoir du Saint-Esprit,
vous pouvez connaître la vérité de toutes
choses » [Mro. 10:4-5].
Nous invitons tous les
hommes et toutes les femmes à abandonner le mal et à se
tourner vers Dieu, à œuvrer ensemble pour établir
cette fraternité qui doit être reconnue quand nous
apprenons vraiment que Dieu est notre Père et que nous sommes
ses enfants, et à l’adorer, lui et son Fils, le Seigneur
Jésus-Christ, le Sauveur de l’humanité. Avec
l’autorité de la sainte prêtrise dont nous sommes
investis, nous bénissons ceux qui cherchent la vérité
partout où ils peuvent être et nous invoquons la faveur
du Tout-Puissant sur tous les hommes et toutes les nations dont Dieu
est le Seigneur, au nom de Jésus-Christ, amen [CR, avr. 1980,
p. 75-77 ; voir aussi Ensign 10, mai 1980, p. 51-53].
Bibliographie
Messages of the First
Presidency, James R. Clark, comp., 5 vols. Salt Lake City, 1965-1975.
ROBERT J. MATTHEWS
Prophète
[Cette rubrique se
compose de deux articles : Prophète : Prophètes
présente la croyance des saints aux prophètes passés
et présents comme partie intégrante de l’Église,
et Prophète : Prophètes bibliques traite du
phénomène des prophètes et de la prophétie
comme élément distinctif de la religion biblique.]
Prophète :
Prophètes
Auteurs :
BRITSCH, RALPH A. et BRITSCH, TODD A.
La croyance aux prophètes
et à leurs messages est au cœur de la doctrine des
saints (4e, 5e, 6e, 7e, 9e A de F). Ils reconnaissent les prophètes
bibliques et ceux du Livre de Mormon, aussi bien que les prophètes
modernes, comme des serviteurs de Jésus-Christ et acceptent
comme Écritures la Bible, le Livre de Mormon, la Perle de
grand prix et les Doctrine et Alliances. Ils croient que Joseph Smith
et tous les présidents de l’Église qui lui ont
succédé étaient et sont des prophètes et
des représentants de Jésus-Christ.
Le mot « prophète »
vient du grec prophetes, qui signifie « instructeur
inspiré ». Bien que ni le terme grec ni son
équivalent hébreu, nabi, n’impliquent au départ
la fonction de prédiction (Smith, p. 3), toute prophétie
est tournée vers le futur. Puisque le Seigneur a choisi
certains de ses serviteurs pour faire des prédictions –
pour révéler, parfois en termes précis, des
événements importants qui doivent se produire –
l’élément prédictif éclipse souvent
les autres implications du mot dans l’esprit de certains (voir
Révélation ; Jésus-Christ : Prophéties
au sujet de Jésus-Christ).
Mais le don de prophétie
n’est pas limité à ceux dont les paroles ont été
enregistrées dans les Écritures. Par définition
scripturaire, un prophète est quiconque a le témoignage
de Jésus-Christ et est mû par le Saint-Esprit (Ap
19:10 ; cf. EPJS, p. 93, 127). Moïse, exprimant son
approbation concernant deux hommes qui avaient prophétisé,
s’écrie : « Puisse tout le peuple de
l’Éternel être composé de prophètes ;
et veuille l’Éternel mettre son esprit sur eux ! »
(No. 11:26-29). Beaucoup d’écoles des prophètes
et de « fils » (disciples) des prophètes,
les uns faux, les autres vrais, existaient à l’époque
de l’Ancien Testament. À l’époque moderne,
à propos de Brigham Young, Wilford Woodruff a dit : « il
est prophète, je suis prophète, vous l’êtes
et est prophète quiconque a le témoignage de
Jésus-Christ, parce que c’est l’esprit de
prophétie » (JD 13:165 ; voir Esprit de
prophétie). Il s’ensuit que cet esprit n’agit pas
dans tout ce que dit celui qui l’a. Le prophète Joseph
Smith explique que « un prophète [n’est] un
prophète que quand il agit comme tel » (HC 5:265).
En 1820, un passage de
Jacques (1:5) a été à l’origine de la
Première Vision de Joseph Smith (JS–H 1:11-20). Trois
ans après, tout en instruisant Joseph Smith,
l’ange-prophète-messager Moroni a cité les
prophètes Malachie, Joël et Ésaïe, qui
parlaient de la mission future du Messie et du rôle des
prophètes, notamment Élie, dans le rétablissement
moderne de l’Évangile. Les révélations
données ensuite à Joseph Smith mentionnent souvent les
prophètes des Ancien et Nouveau Testaments. Les plus souvent
cités, en plus de ceux mentionnés ci-dessus, sont
Hénoc, Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, Pierre,
Jacques, Jean et Jean-Baptiste. En avril 1836, les prophètes
Moïse, Élias et Élie sont apparus à Joseph
Smith et à Oliver Cowdery et leur ont conféré
les clefs de la prêtrise (voir D&A 110:11-16). D’autres
messagers célestes, tous prophètes, avaient contribué,
à partir de 1829, au rétablissement des Prêtrises
d’Aaron et de Melchisédek (JS–H 1:68-73).
Joseph Smith eut l’esprit
de prophétie après qu’Oliver Cowdery et lui
eurent été baptisés en mai 1829 (JS–H
1:73-74), et son office prophétique fut officiellement reconnu
quand l’Église fut organisée le 6 avril 1830. Une
révélation reçue par lui déclare :
« Tu… seras appelé voyant, traducteur,
prophète, apôtre de Jésus-Christ, ancien de
l’Église… étant inspiré par le
Saint-Esprit à en poser les fondations » (D&A
21:1-2). En mars 1836, sous la direction prophétique de Joseph
Smith, les membres de l’Église soutinrent la Première
Présidence et le Collège des douze apôtres comme
prophètes, voyants et révélateurs (HC 2:417).
Leurs successeurs ont aussi été soutenus comme tels.
Une série
ininterrompue de prophètes a dirigé l’Église
depuis la mort de Joseph Smith en 1844: Brigham Young (1844-1877),
John Taylor (1877-1887), Wilford Woodruff (1887-1898), Lorenzo Snow
(1898-1901), Joseph F. Smith (1901-1918), Heber J. Grant (1918-1945),
George Albert Smith (1945-1951), David O. McKay (1951-1970), Joseph
Fielding Smith (1970-1972), Harold B. Lee (1972-1973), Spencer W.
Kimball (1973-1985), Ezra Taft Benson (1985-1994), Gordon B. Hinckley
(1995-2008) et Thomas S. Monson(2008-). Depuis 1847, ces prophètes
administrent les affaires de l’Église depuis son siège
à Salt Lake City. Ils se consacrent à la mission à
laquelle ils ont été appelés d’aider les
habitants de la terre à se préparer à la vie
éternelle et à l’avènement de
Jésus-Christ. Ils assurent la direction du programme
missionnaire international de l’Église et de la
construction de temples. Le prophète vivant continue à
recevoir des révélations, à choisir et à
ordonner des dirigeants par l’esprit de prophétie et à
être l’instructeur principal de l’Église,
enseignant à ses membres la doctrine et une vie juste.
Les prophètes et
leurs messages occupent depuis le début une place centrale
dans les relations de Dieu avec ses enfants. Bruce R. McConkie, un
apôtre, a écrit qu’un prophète préordonné
s’est tenu à la tête de l’Église de
Dieu dans toutes les dispensations de l’Évangile depuis
Adam (voir Moï. 5:9, 10) jusqu’à ce jour,
notamment, Noé, Abraham, Moïse, Pierre et Joseph Smith (A
New Witness for the Articles of Faith, Salt Lake City, 1985, p. 2).
Les prophètes sont
toujours des témoins de Jésus-Christ, un fait qui est
particulièrement évident dans le Livre de Mormon.
L’expérience commune à tous ses prophètes
est le témoignage qu’ils rendent de Jésus-Christ,
de sa filiation divine et de sa mission terrestre. Un certain nombre
d’entre eux, notamment Léhi, Néphi 1, Jacob,
Benjamin, Abinadi, Alma le Jeune et Samuel le Lamanite, ont prédit
sa venue (1 Né. 1:19 ; 10:4 ; 19:7-8 ;
Jcb. 4:4-5 ; Mos. 3:5-8). Ils ont prédit son sacrifice
expiatoire et sa résurrection (Mos. 3:10-11 ;15). Avant
cela, Néphi avait parlé de prophètes antiques,
de Zénos, de Néum et de Zénock (1 Né.
19:10 ; 3 Né. 10:14-16), qui ont également
prédit la visitation de Jésus-Christ en Amérique
après sa résurrection (3 Né. 11-26). Étant
donné que les saints des derniers jours identifient
Jésus-Christ à Jéhovah, ils reconnaissent que
les prophètes de l’Ancien Testament ont rendu ce même
témoignage (voir Jéhovah, Jésus-Christ).
Indépendamment de
sa fonction en tant qu’histoire, le Livre de Mormon est
essentiellement un compte rendu des relations de Dieu avec une longue
série de prophètes, depuis Léhi, au VIe siècle
av. J.-C. jusqu’à Moroni 2, mille ans après. En
tant que témoins de Jésus-Christ, tous ont été
appelés à être des maîtres de justice. Bien
que leurs enseignements soient tous basés sur l’Évangile
de Jésus-Christ et qu’ils aient enseigné
essentiellement les mêmes choses, le document que nous
possédons met l’accent sur des points particuliers :
Abinadi souligne que l’on doit vivre la loi de mosaïque
avec l’esprit approprié (Mos. 12, 13) ; Néphi
1 et Alma le Jeune prêchent le baptême et le repentir
(2 Né. 31 ; Mos. 18), de même que les fils
d’Alma (Al. 17-29). Beaucoup, notamment Néphi 1, Énos,
Éther et Moroni, sont poussés à écrire et
à parler de la foi et du don du Saint-Esprit (par exemple,
2 Né. 26:13 ; 32:2-3). Dans ses recommandations à
son fils Jacob, Léhi enseigne les principes de « l’opposition
en toutes choses » et du libre arbitre (2 Né.
2). Le roi Benjamin invite son peuple à servir Dieu en se
servant mutuellement (Mos. 2:17). Comme leurs homologues de l’Ancien
Testament, lui et d’autres prophètes du Livre de Mormon
mettent en garde contre la vanité, la cupidité,
l’immoralité sexuelle, le matérialisme et les
péchés de ce genre ; mais ils conseillent aussi
l’amour, la bonté, la patience, l’humilité
et tout ce qui procure la paix.
Les prophètes
hébreux ont parlé pour Dieu pendant de nombreux siècles
jusqu’à l’ère post-apostolique, du deuxième
au dix-neuvième siècle, quand la foi en la prophétie
continue a disparu dans cette partie du monde et quand les gens ont
supposé, comme déjà certains du temps de Jésus,
que les prophètes étaient morts (Jn. 8:53) et leurs
fonctions abolies. Croire que Dieu avait parlé aux hommes de
son époque était « le test que la génération
du Christ ne put réussir » (CWHN 3:7).
« Celui qui
prophétise, écrit Paul, parle aux hommes, les édifie,
les exhorte, les console » (1 Co. 14:3) – ce genre
de personne enseigne, exhorte et donne l’assurance de l’amour
de Dieu. Les prophètes ont proclamé de diverses façons
ces messages donnés par Dieu et en insistant sur différents
points. Leurs messages, bien qu’intemporels dans leur teneur,
s’appliquaient à la vie quotidienne des collectivités
et des nations. Certains ont combiné leur fonction de prophète
avec d’autres activités, telles qu’être
juges, chefs militaires, historiens, poètes et administrateurs
religieux et civils.
Certains prophètes
ont été des figures populaires et des dirigeants
charismatiques – Moïse, Samuel et Alma le Jeune, par
exemple. Mais beaucoup ont connu les mauvais traitements et la
trahison. Pour chaque prophète qui a été honoré
pendant sa vie terrestre, beaucoup ont souffert les persécutions
et même le martyre (2 Chr. 36:15-16 ; Mt. 5:11-12 ;
Mos. 17:20 ; D&A 135). Il est clair que les messages des
prophètes n’étaient pas conçus pour gagner
la faveur populaire. Un thème fondamental et commun à
tous ces messages est l’appel au repentir. Bien que les
prophètes aient conseillé la miséricorde, la
fraternité et l’humilité, et bien qu’ils
aient promis la vie et la joie à ceux qui ont cherché à
aimer Dieu et à recevoir son amour, ils ont prédit que
la douleur et le désespoir seraient les conséquences
inévitables de l’immoralité, de la cupidité,
de l’idolâtrie, de la méchanceté, de
l’orgueil et d’autres péchés. Ils ont
aspiré à paix, mais ils ont condamné les faux
prophètes qui ont crié : « Paix !
paix !…Et il n’y a pas de paix » (Jé.
6:14). La suffisance prétentieuse, le matérialisme
compulsif et le culte d’autres dieux étaient les
caractéristiques principales des faux prophètes et de
leurs disciples.
Les messages des
prophètes ont revêtu beaucoup de formes. Les principales
sont les instructions et les commandements directs de Dieu à
ses enfants, comme dans une grande partie du Pentateuque et les
Doctrine et Alliances. Beaucoup ont eu la forme de sermons et de
cérémonies de renouvellement d’alliances, comme
ceux de Moïse et de Josué (De. 4-11 ; Jos. 24). On
trouve des vérités importantes dans les recommandations
des prophètes à leurs propres familles, comme dans les
paroles de Léhi et d’Alma le Jeune à leurs
enfants (2 Né. 1-4 ; Al. 36-42). Certains messages
de prophètes apparaissent dans des lettres telles que les
épîtres de Paul, de Jacques, de Pierre et de Jean dans
le Nouveau Testament et celles de Joseph Smith dans Doctrine et
Alliances 127 et 128. Certains s’expriment sous forme de
prière, comme la prière d’actions de grâces
de David (2 S. 7:18-29), d’autres sont présentés
dans des symboles et de la poésie : le symbolisme
d’Ézéchiel et de Jean le Révélateur,
les chants de David, les passages poétiques d’Ésaïe
et de Jérémie, le langage figuré de Paul (Ép.
6:10-18) et des formules poétiques telles que le « chant
nouveau » dans Doctrine et Alliances 84:98-102.
Aucun vrai prophète,
ancien ou moderne, ne s’est jamais appelé lui-même
à son poste. Certains, tels que Moïse, Amos et Jérémie,
ont même accepté l’appel à contre-cœur.
D’autres, notamment Jean-Baptiste, Samuel, Néphi 1 et
Joseph Smith, ont été appelés dans leur enfance
ou leur jeunesse.
Les appels faits à
différents prophètes et les communications ultérieures
de Dieu avec et par eux se sont produits de diverses manières :
par le ministère d’anges, par des songes, par des
visions de jour ou de nuit, par l’inspiration prophétique,
par une conviction intense confirmée par les événements
qui ont suivi, par la voix littérale de Dieu et dans des
visitations en tête à tête comme celles que Moïse
(Ex. 33:11), Hénoc (Moïse 7:4) et Joseph Smith (JS–H
1:17) ont connues. Tantôt l’appel vient avec une
intensité aveuglante, comme dans ceux de Paul et d’Alma
le Jeune, tantôt, comme dans le cas d’Élie, le
prophète entend « un murmure doux et léger »
(1 R. 19:12). Dieu parle souvent à ses prophètes en
réponse à leurs prières, mais les vrais
prophètes ne sont pas des mystiques qui essayent d’entrer
en contact avec l’invisible par des transes auto-induites ou
des moyens de ce genre.
L’appel d’un
prophète a toujours été fait, et ses messages
écrits ou prononcés par le pouvoir du Saint-Esprit,
parfois appelé l’Esprit du Seigneur (Ac. 2:1-4, 37-42).
Ananias a imposé les mains à Paul pour qu’il
recouvre la vue et soit rempli du Saint-Esprit. « Et
aussitôt il prêcha… que Jésus est le Fils
de Dieu » (Ac. 9:17-20). C’est ce qu’ont
également fait les prophètes avant Paul et c’est
ce qu’ils ont tous fait depuis. Quelque chose qui va de pair
avec le don du Saint-Esprit, c’est le pouvoir de la prêtrise
qui a été exercé par les représentants de
Dieu dans toutes les dispensations.
Bibliographie
Madsen, Truman G. Joseph
Smith the Prophet. Salt Lake City, 1989.
Nibley, Hugh W. The World
and the Prophets. Vol. 3 des CWHN.
Smith, J. M. Powis. The
Prophets and Their Times. Chicago, 1925.
Welch, John W. "The
Calling of a Prophet." Dans The Book of Mormon : First
Nephi, The Doctrinal Foundation, dir. de publ. M. Nyman et C. Tate,
p. 35-54. Provo, Utah, 1988.
RALPH A. BRITSCH
TODD A. BRITSCH
Prophète :
Prophètes bibliques
Auteur :
FREEDMAN, DAVID NOEL
Le phénomène
prophétique est un trait distinctif de la religion biblique.
Sous sa forme complètement développée, il met la
religion biblique à part des autres religions du Proche-Orient
antique. Comme dans d’autres sujets apparentés, tels que
le culte, le sacrifice, les principes moraux et les pratiques, Israël
avait beaucoup en commun avec ses voisins. Mais souvent, et
spécifiquement dans le domaine de la religion, les peuples de
la Bible ont formé et forgé quelque chose de distinctif
et de différent de tous ceux qui les ont précédés
ou ont continué côte à côte avec eux. Et
c’est particulièrement vrai de la prophétie
biblique.
À peu d’exceptions
près, les reliques de l’antiquité païenne ne
suscitent qu’un intérêt marginal chez les savants
– rappels désuets qu’ils sont d’un passé
lointain – tandis que les prophètes de la Bible parlent
à travers les siècles avec des mots et à partir
d’expériences qui ont une portée directe sur la
vie moderne et une signification pour la civilisation moderne.
Les prophètes
bibliques prétendent être à la fois des
« prédicteurs » et des prédicateurs
et basent leurs prétentions sur leur accès privé
au Dieu d’Israël, qui est le maître de l’histoire
passée, présente et future. La prophétie comme
partie essentielle de la structure théopolitique d’Israël
et le mouvement prophétique comme phénomène
historique réel commencent avec Samuel et son groupe de
disciples au XIe s. av. J.-C., au moment du passage de l’ère
des juges aux débuts de la monarchie avec l’installation
de Saül comme chef royal de la confédération
israélite ou ligue des tribus. Les prophètes, à
partir de Samuel, jouent un rôle important, sinon décisif,
dans la création mais aussi la censure de la monarchie et
continuent à être partie intégrante de la société
israélite tant que la monarchie survit et même au-delà,
quand il y a encore l’espoir de rétablir la royauté
de la maison de David. Bien que Dieu parle généralement
aux prophètes par des visions, des manifestations audibles et
même des songes, avec Moïse il parle face à face
(De. 34 ; Ex. 33). Et tandis que d’autres prophètes
souvent ne font que sentir la présence de la Divinité,
Moïse, lui, voyait sa forme et sa personne proprement dites (No.
12 ; cf. Ex. 33-34).
D’après les
comptes rendus bibliques des prophètes et de leurs
expériences, on peut se faire une idée des prophètes
et de leur appel.
L’APPEL. L’appel
et le mandat divins marquent le commencement de la carrière du
prophète. Dans tous les cas dont nous avons connaissance, les
détails sont saisissants et distinctifs ; il n’y a
pas deux situations prophétiques qui soient exactement
identiques, bien que toutes partagent des éléments
importants. Nous avons des données suffisantes pour des gens
tels que Moïse, Samuel, Élisée (mais pas Élie)
et les grands prophètes littéraires tels que Amos,
Osée, Ésaïe, Jérémie et Ézéchiel
pour nous constituer une image composite. Mais les renseignements
nous manquent en ce qui concerne l’appel de prophètes
comme Nathan et Achija. L’appel, de manière classique,
est lancé par Dieu et est souvent accompagné d’une
ou plusieurs visions, avec l’un ou l’autre événement
extraordinaire ou miraculeux (par exemple, le buisson ardent). C’est
la combinaison des circonstances qui persuade le prophète (ou
la prophétesse) qu’il (ou elle) n’a pas des
hallucinations mais est en contact avec le Dieu vivant.
LE MANDAT. L’appel
est toujours accompagné d’un mandat. Le but est
d’enrôler le prophète pour qu’il mène
à bien une mission ou un devoir, qu’il fasse quelque
chose en réponse à l’appel. Certains prophètes
sont réticents à prendre une telle responsabilité
et se trouvent donc des excuses ou essaient d’autres façons
d’éluder leur appel (par exemple, Moïse, Jérémie
et, surtout, Jonas). D’autres prophètes sont impatients
d’accomplir leur tâche et s’empressent de le faire
(par exemple, Ésaïe, Ézéchiel, peut-être
Osée). Les règles de base pour le prophète –
disons, l’ordre de marche – sont données
succinctement et avec éloquence dans le livre de Jérémie :
« Tu iras vers tous ceux auprès de qui je
t’enverrai, et tu diras tout ce que je t’ordonnerai »
(Jé. 1:7). En bref, le prophète est l’ambassadeur
ou le messager de Dieu et son seul devoir est de remettre le message
tel qu’il l’a reçu.
LE MESSAGE. Dans la
plupart des cas, le message est pour les autres et particulièrement
pour la nation, ses dirigeants et le peuple en général.
Souvent, il contient des avertissements et des menaces, parfois des
promesses et de l’encouragement. Inévitablement il y a
un élément prédictif, car les messages sont la
plupart du temps orientés vers le futur mais enracinés
dans le passé. Pour la plupart, les prédictions sont
conditionnées moralement, sur la base de l’alliance
entre Dieu et Israël, laissant le choix entre la vie et la mort,
avec le succès comme résultat de l’obéissance
et l’échec comme conséquence de la désobéissance
et de la rébellion. De temps en temps, les oracles sont
prononcés de manière absolue, garantissant l’avenir,
qu’il s’agisse de destruction ou de rétablissement.
Parfois ils sont limités dans le temps, c’est-à-dire
que les événements décrits se produiront au
cours d’une période désignée, mais souvent
aucune tranche de temps n’est mentionnée. Même
lorsque les conditions morales ou temporelles ne sont pas
explicitées, elles peuvent être sous-entendues par
l’orateur ou déduites par les auditeurs. Un cas notable
est la prédiction claire de Michée (Mi. 3:12) que
Jérusalem sera détruite. Un siècle plus tard,
Jérémie cite le passage non pour prouver que la
prophétie ne s’est pas accomplie (Jérusalem n’a
pas été détruite et est toujours debout) et
encore moins pour accuser Michée d’être un faux
prophète, mais pour prouver que suite à la prophétie,
le roi (Ézéchias) et le peuple se sont repentis et que
par conséquent Yahweh (Jéhovah) leur a pardonné
et a épargné la ville (Jé. 26:16-19). C’est
le message du prophète qui a produit le résultat, ce
qui confirme que son message et lui venaient de Dieu.
LE PROPHÈTE COMME
THAUMATURGE. Les miracles sont clairement et fortement associés
à des prophètes tels que Moïse, Samuel et
particulièrement Élie et Élisée –
ainsi qu’Ésaïe parmi les prophètes écrivains
– mais il y a beaucoup de prophètes chez qui ce lien
n’existe pas (par exemple, Jérémie, Amos, Osée,
Michée, etc.). Les miracles semblent se rattacher à des
personnalités particulièrement charismatiques qui
étaient également prophètes mais pas
nécessairement au rôle ou à l’office de
prophète. Dans le cas de Moïse, ils avaient pour but de
fortifier et de confirmer ses prétentions à avoir reçu
un message de Dieu authentique et faisant autorité, et ils
servaient à renforcer la fonction et le but des visions et des
expériences du même genre d’autres prophètes.
SUCCÈS ET ÉCHEC.
Dans l’ensemble, les résultats de l’expérience
prophétique sont eux-mêmes imprévisibles, et le
succès ou l’échec chez les différents
prophètes n’affecte guère leur statut de vrais
prophètes de Dieu. On rapporte que des prophètes tels
que Samuel et Élisée ont connu beaucoup de succès
dans l’accomplissement de leur mission. Chez Élie et
peut-être chez Ésaïe, les résultats sont
mitigés, ainsi que chez Amos, Osée et Michée.
Finalement, ils ont tous été reconnus comme vrais
prophètes, pas parce que les dirigeants et le peuple ont
écouté leurs paroles (souvent ils ne les écoutaient
pas), mais parce qu’ils ont fidèlement rapporté
ce qu’ils ont entendu de la bouche de Dieu, indépendamment
des conséquences pour eux-mêmes ou pour le peuple à
qui ils ont remis le message. On voyait que la survie de la nation
était en jeu et il était de la plus haute importance de
distinguer les vrais des faux prophètes. Ce n’était
pas un simple exercice théorique, mais cela exigeait le
meilleur jugement de la part des dirigeants comme du peuple.
TESTS DES VRAIS
PROPHÈTES. Le Deutéronome propose la manière de
procéder pour trancher la question du vrai et du faux. Il y a
deux principes de base, pratiques et applicables : (1) si le
prophète parle au nom d’un autre dieu ou d’autres
dieux et remet des messages de leur part, il est automatiquement
condamné pour apostasie et doit être mis à mort
(De. 13:1-5) (2) si le prophète fait une prédiction et
qu’en temps voulu la prédiction ne se réalise
pas, le prophète est considéré comme faux et
doit être exécuté (De. 18:20-22).
Mais il y a beaucoup de
situations où les règles deutéronomiques ne
fonctionnent pas et le jury doit s’en remettre à
d’autres ressources. En fin de compte, la décision ne
peut pas attendre jusqu’à ce que l’on dispose de
tous les éléments de preuve et doit être basée
sur d’autres facteurs. Le facteur principal (après le
test de base de l’orthodoxie : au nom de quel Dieu le
prophète parle-t-il ?) doit être l’effet que
le prophète fait sur son auditoire : son honnêteté,
son courage, sa fiabilité – la capacité de rendre
réelle pour les auditeurs l’expérience de Dieu et
ses messages au prophète et par lui au peuple. Plus tard il
peut y avoir confirmation et justification.
LE PROPHÈTE COMME
GARDIEN DE L’ALLIANCE ET DE LA COMMUNAUTÉ. Du début
à la fin, l’accent, dans les messages des prophètes,
est mis sur la dimension morale de la religion biblique et sur
l’effet qu’elle a sur le bien-être de la nation et
de ses différents membres. Contrairement aux prêtres,
qui se préoccupent de questions de culte, les prophètes
mettent l’accent sur les exigences morales de la Divinité
et les conditions morales requises par l’alliance. La survie et
le succès de la communauté dépendent davantage
de la justice de la nation que du rituel des prêtres ou des
exploits militaires, politiques, sociaux et économiques du roi
et de sa coterie. La bataille contre l’idolâtrie et
l’apostasie est ininterrompue pendant toute la période
biblique et ce sont les prophètes qui mènent la lutte.
En second lieu par rapport à cela, et c’est tout aussi
difficile et important, il y a les obligations vis-à-vis de
son prochain et de l’ensemble de la communauté. C’est
sur ces deux bases que le message des prophètes est bâti
et les prophètes ne cesseront jamais de proposer les vérités
élémentaires au sujet de la religion biblique et des
relations de Dieu avec son peuple.
PROPHÈTES ET
UNIVERSALISME. Avec les grands prophètes du VIIIe siècle
av. J.-C. et des siècles suivants, il y a un changement
important, bien que les vérités de base restent
intactes. Les mêmes exigences et les mêmes principes sont
conservés et appliqués avec plus de sévérité
encore à un Israël enclin à la défection et
aux manquements. À la suite de l’apparition des grandes
puissances mondiales : l’Assyrie aux VIIIe et VIIe siècles
av. J.-C. et la Babylonie vers la fin du VIIe et au VIe, la question
de la survie des petits royaumes d’Israël et de Juda (et
de leurs voisins) devient pressante. Pour la première fois
depuis le temps des patriarches, les prophètes soulèvent
le problème avec vigueur et d’une nouvelle manière,
avec une perspective plus étendue sur la scène du monde
et le rôle de Yahweh comme souverain des nations. Ils
définissent la place d’Israël et de Juda dans le
tableau d’ensemble et annoncent une théorie de l’ordre
du monde et d’un cadre temporel. Ils élaborent les
implications de l’existence d’un Dieu unique régnant
sur l’univers mais ayant des liens spéciaux avec une
petite nation (ou deux royaumes). Ils définissent avec plus de
rigueur les dangers et les menaces pour le peuple de Dieu, mais
également les espoirs et les promesses d’avenir.
Finalement, le Dieu du monde, qui est également Dieu de la
manière qui lui est propre, et un Israël rétabli
et révélé prendront leur place parmi les nations
dans une résolution harmonieuse des conflits, pour créer
le Royaume de Paix. La vision finale englobe toutes les nations et
tous les peuples, avec une place spéciale pour Israël,
toujours tenu par les stipulations essentielles de l’alliance,
mais dirigeant et modèle pour tous les autres. La foi et la
moralité personnelles sont au cœur de la religion
prophétique, mais les implications et les ramifications sont
sociales, nationales et, en fin de compte, mondiales.
LE PROPHÈTE COMME
PORTE-PAROLE DU PEUPLE DE DIEU. Normalement on conçoit les
prêtres comme ceux qui offrent des prières et des
sacrifices à Dieu en faveur du peuple et l’on pense
particulièrement au rôle du grand prêtre le jour
des Expiations. De la même manière, les prophètes
peuvent exercer le rôle de médiateur, mais dans un
contexte différent. Jérémie mentionne deux
médiateurs, Moïse et Samuel, tout en confirmant que Dieu
lui-même a refusé ce rôle à Jérémie.
Le cas le plus spectaculaire est celui de Moïse dans l’épisode
du veau d’or (Ex. 32). Seul Moïse a la témérité
et une proximité suffisante avec Dieu pour exiger un
changement de cœur et d’esprit de la part de la Divinité.
Seul Moïse peut exiger le repentir de la part de Dieu (mais voir
TJS, Ex. 32:14). Et il réussit, comme le rapporte le texte.
Israël est épargné. Une version poétique
différente du même événement est le Psaume
90:13. Ce n’est pas par hasard que ce soit le seul psaume de la
Bible qui est directement attribué à Moïse.
Moïse reste le
modèle unique d’un prophète d’Israël à
cause de son inspiration, de sa direction et, en fin de compte, de
ses pouvoirs d’intercession. Les derniers mots du Deutéronome
rappellent cette particularité : « Il n’a
plus paru en Israël de prophète semblable à Moïse,
que l’Éternel connaissait face à face. »
(De. 34:10 ; cf. Ex. 33:11). Et Yahweh parlait à Moïse
face à face, comme les hommes et les femmes parlent à
leurs semblables (cf. aussi No. 12:8) : « Je lui
parle bouche à bouche… et il voit la forme de Yahweh »
(traduction de l’auteur).
Bibliographie
Friedrich, Gerhard, dir.
de publ., et Geoffrey W. Bromiley, dir. de publ. et trad. Theological
Dictionary of the New Testament, Vol. 6, p. 781-861. Grand Rapids,
Mich., 1964-1974.
Nibley, Hugh. The World
and the Prophets. CWHN 3.
Sawyer, John F. A.
Prophecy and the Prophets of the Old Testament. Oxford, 1987.
DAVID NOEL FREEDMAN
R
Relations
diplomatiques
Auteur :
Hickman, Martin B.
Joseph
Smith entreprit sa première mission diplomatique pour l'Église
lorsqu'il se rendit à Washington, D.C., en 1839, et rencontra
le président des États-Unis, Martin Van Buren, pour
demander une intervention fédérale en faveur des
membres de l'Église qui avaient perdu la vie ou leurs biens
pendant les persécutions du Missouri. Depuis alors, les
contacts diplomatiques de l'Église avec les gouvernements du
monde ont visé principalement à obtenir la
reconnaissance juridique de l'Église et la liberté pour
ses membres de prêcher l'Évangile aux autres, de se
réunir pour le culte religieux et de vivre selon leurs
préceptes religieux.
Pendant un siècle et demi,
l'Église n'a pas eu de
fonction diplomatique officielle ; les présidents de
mission ou des Autorités générales en mission
spéciale étaient chargés de créer un
climat favorable à l’effort missionnaire de l'Église
et de résoudre les problèmes avec les gouvernements
hôtes. En 1842, Lorenzo Snow, un apôtre, chercha à
créer une impression favorable des saints en présentant
un exemplaire joliment relié de la première édition
britannique du Livre de Mormon à la Reine Victoria et à
Albert, le Prince Consort. Quand l'Église commença à
pratiquer le mariage plural, la tâche de maintenir une image
publique favorable devint plus difficile. Cet effort ne fut pas aidé
par une note envoyée en 1887 par le gouvernement américain
aux gouvernements de Grande-Bretagne et de Scandinavie, leur
demandant de freiner l'immigration des saints des derniers jours aux
États-Unis, une mesure visant à endiguer la croissance
de la polygamie. Étant donné que les pays scandinaves
ne firent pas grand-chose et que la note fut ridiculisée par
la presse britannique, l'Église ne jugea pas utile de prendre
une initiative diplomatique quelconque.
Cinquante ans plus tard, une
loi adoptée par le législateur
au Tonga, interdisant l'entrée des missionnaires mormons, fit
l'objet d'une protestation diplomatique de l'Église auprès
du gouvernement britannique. L'affaire atterrit sur le bureau de
Winston Churchill, qui était alors ministre des colonies. Il
ne prit aucune mesure parce que le gouvernement britannique ne
pouvait pas opposer son veto à une loi du Tonga, et parce que
le Foreign Office [ministère des affaires étrangères]
l'avait informé que le gouvernement américain ne
protesterait pas si la loi ne s'appliquait pas rétroactivement
aux missionnaires déjà dans le pays, mais seulement à
ceux qui introduiraient dorénavant une demande de visa.
L'Église n’intervint pas, le président de la
mission ayant réussi à convaincre le gouvernement
tongan d'abroger la mesure.
Le caractère plutôt restreint
des relations
diplomatiques de l'Église avec les gouvernements d'Europe du
Nord, où l'effort missionnaire de l'Église était
concentré au XIXe siècle, céda, au XXe siècle,
à des contacts plus étendus, l'Église devenant
plus ambitieuse dans l’ampleur de son programme missionnaire.
Dans de nombreux pays, le droit de faire du prosélytisme était
limité non seulement par la loi mais aussi par l’usage
et la tradition, découlant en partie de l'influence d'une
Église d'État établie avec un statut juridique
particulier. En outre, la propagation du communisme avait dressé
des barrières idéologiques contre l’œuvre
missionnaire en général. L'Église maintint
cependant sa politique de laisser la gestion des relations
diplomatiques nécessaires entre les mains des présidents
de mission ou d'Autorités générales situées
de façon permanente ou temporaire dans le pays. Cette
politique changea après 1975 quand Spencer W. Kimball devint
président de l'Église. Il était déterminé
à augmenter l'effort missionnaire de l'Église et
notamment d’obtenir la reconnaissance juridique dans les pays
où cette reconnaissance avait été refusée,
soit par politique gouvernementale, soit du fait de l'opposition de
l'Église d'État établie. Cette décision
déboucha sur une politique qui nécessitait des
changements organisationnels au siège de l'Église. Ces
changements avaient été examinés pendant le
mandat du président Harold B. Lee, mais aucune mesure n'avait
été prise avant sa mort. N. Eldon Tanner, qui fut
premier conseiller à la fois du président Lee et du
président Kimball, examina avec ce dernier les discussions
précédentes. Ils décidèrent de nommer un
représentant spécial, responsable devant la Première
¨Présidence, qui négocierait avec les gouvernements
en dehors des États-Unis la suppression des lois restrictives
en matière de visa et la reconnaissance juridique de l'Église
là où elle avait été refusée. Le
représentant spécial servirait également d’agent
de liaison entre l'Église et les ambassades des États-Unis
à l'étranger.
Le président Kimball nomma
David M. Kennedy comme représentant
spécial de la Première Présidence. Kennedy avait
une vaste expérience de travail avec les gouvernements et les
dirigeants internationaux comme banquier international, comme
secrétaire au Trésor américain sous le président
américain Richard Nixon, comme ambassadeur itinérant et
comme ambassadeur de l'organisation du traité de l'Atlantique
Nord (OTAN).
L'Église voulant obtenir la
reconnaissance juridique aussi
rapidement que possible, la Première Présidence et son
représentant spécial examinèrent les pays un par
un, explorant les possibilités que chacun offrait. Des
barrières existaient dans chaque pays. Certains avaient des
lois limitant la liberté de culte. Il y avait depuis longtemps
des barrières culturelles et religieuses dans d'autres. Dans
certains, la reconnaissance juridique était possible, mais les
lois limitaient strictement le droit de faire du prosélytisme.
Quand il décida que la reconnaissance juridique devrait être
le premier but, le président Kimball envoya Kennedy en Grèce,
où la reconnaissance avait longtemps été refusée
malgré les efforts vigoureux des dirigeants de l'Église.
Kennedy apprit par ses contacts au gouvernement grec et à
l'ambassade des États-Unis que pour obtenir la reconnaissance
comme «maison de prière », il fallait
l'approbation de l'archevêque d'Athènes et de toute la
Grèce, sa Béatitude Séraphim. Au cours d’un
entretien crucial, Kennedy fit remarquer que l'Église
orthodoxe grecque jouissait d’une pleine liberté de
culte aux États-Unis, que le gouvernement grec avait honoré
le président David O. McKay pour l'aide que l'Église
avait envoyée à la Grèce après le
tremblement de terre de 1953 et que l'Église était
pleinement reconnue par la plupart des autres pays d'Europe
occidentale. La Grèce finit par accorder la reconnaissance
juridique à l'Église. Les autres pays où la
reconnaissance allait être demandée et finalement
accordée étaient la Yougoslavie, le Portugal et la
Pologne.
Lorsque l’on apprit que
l'Église cherchait à
être reconnue dans les pays communistes, les représentants
des médias commencèrent à demander comment cette
initiative pourrait être compatible avec l’opposition
idéologique de l'Église au communisme. Kennedy répondit
à ces questions en se référant à la
croyance de l'Église que l’on doit se « soumettre
aux rois, aux présidents, aux gouverneurs et aux magistrats,
et que nous devons respecter, honorer et défendre la loi »
(12e A de F). La réalité essentielle, soulignait
Kennedy, est que l'Église puisse entrer et prospérer
dans tout pays qui « nous permettrait d'offrir nos
sacrements... qui nous permettrait dans nos maisons d’avoir
notre organisation familiale et de vivre selon nos habitudes
religieuses" (Hickman, p. 340). Ces libertés minimales
étaient tout ce dont les saints des derniers jours avaient
besoin pour vivre en accord avec leurs croyances générales.
Kennedy fit également la distinction entre les systèmes
économiques et politiques que les membres de l'Église
préféraient en tant que particuliers et les
restrictions aux libertés individuelles qui rendraient
l’existence de l'Église impossible en tant
qu'institution ou empêcheraient ses membres de suivre ses
préceptes fondamentaux. Par le biais de Kennedy, l'Église
remit l’accent sur le fait que sa mission était de
prêcher l'Évangile rétabli au monde entier et de
contribuer à ce que la vie de ses membres soit marquée
par la progression morale et spirituelle et non d’importer les
systèmes politique et économique américains.
Dans chaque pays visité, le
premier but de l'Église
était d’être reconnue, ce qui comprenait le droit
d'ouvrir une mission, le droit d'entrée pour les
missionnaires, le droit de faire ouvertement du prosélytisme
et le droit de tenir des réunions de culte public. Le succès
le plus notable dans la réalisation de ces objectifs fut fait
au Portugal, où la révolution de 1974 aboutit à
l'adoption d'une loi accordant la liberté de religion. Dans
d'autres pays, notamment la Pologne, l'Église réussit à
obtenir la reconnaissance juridique lui permettant de posséder
des biens, de tenir des réunions religieuses et d’envoyer
des représentants de l'Église dans le pays, mais le
droit de faire du prosélytisme fut refusé. Malgré
cette restriction, les dirigeants de l'Église croyaient que la
reconnaissance juridique était une avancée importante
et que l'offre du gouvernement polonais devrait être acceptée
même si elle ne contenait pas le droit de faire du
prosélytisme. L'Église obtint la reconnaissance
juridique en Yougoslavie, essentiellement aux mêmes conditions.
Dans chaque pays où l'Église entreprenait des
négociations, Kennedy, en tant que représentant spécial
de la Première Présidence, soulignait que l'Église
était reconnue dans de nombreux pays du monde et qu’aux
États-Unis des membres occupaient des postes importants au
gouvernement, dans l'éducation et les affaires. Il soulignait
également que les membres de l'Église étaient
connus aux États-Unis pour leur honnêteté, leur
fiabilité et leur éthique du travail.
Ces dernières années se sont
produits plusieurs
changements qui ont amélioré les relations
diplomatiques de l'Église. Les changements en Europe de l'Est
ont permis à l'Église de se faire reconnaître
plus facilement qu’en 1975 et les restrictions en matière
de prosélytisme ont également été
supprimées. La révélation annoncée par le
président Kimball en 1978 accordant la prêtrise à
tous les membres masculins dignes de l'Église a été
suivie de la création de plusieurs missions en Afrique (voir
Afrique, l’Église en ; Doctrine et Alliances :
Déclaration officielle n° 2). Suite à ces
changements, la Première Présidence a décidé
que la mission confiée à son représentant
spécial avait atteint son but ; par conséquent, en
1990, Kennedy a été libéré de cet appel
et n’a pas été remplacé. Les
responsabilités du représentant spécial ont été
assumées par les présidences d’interrégion
et les présidents de mission.
Bibliographie
Hickman,
Martin B. David Matthew Kennedy: Banker, Statesman, Churchman, pp.
334-365. Salt Lake City, 1987.
Kimball, Edward L., et Andrew
E.
Kimball. Spencer W. Kimball. Salt Lake City, 1977.
Palmer, Spencer
J., dir. de publ. The Expanding Church. Salt Lake City, 1978.
MARTIN
B. HICKMAN
Relations
interconfessionnelles
[Cette rubrique comporte
trois articles :
Rapports
interconfessionnels : Chrétiens
Rapports
interconfessionnels : Juifs
Rapports
interconfessionnels : Autres cultes
Les articles traitent des
efforts de l’Église pour établir des rapports,
assister, comprendre et coopérer avec les autres cultes dans
les préoccupations sociales, morales et religieuses qu’ils
ont en commun.]
Rapports
interconfessionnels : Chrétiens
Auteur :
LINDSAY, RICHARD P.
L’Église n’a
jamais existé dans l’isolement par rapport aux autres
confessions chrétiennes. Ses racines et son contenu sont et
restent dans l’héritage chrétien. Mais son
affirmation que les cieux se sont à nouveau ouverts, que le
rétablissement du rayonnement et du pouvoir perdus de
l’Évangile complet de Jésus-Christ est en cours à
l’initiative divine et son rejet de nombreuses traditions
séculaires ont causé des malentendus et de la
malveillance. Dans la première génération aux
États-Unis, la solidarité des saints des derniers jours
a été considérée comme opposée au
pluralisme et a en même temps suscité la colère
des tenants des autres confessions. Les efforts missionnaires par le
contact personnel plutôt que par le recours aux médias
et à la création d’une image de marque ont
parfois aggravé le problème. À certaines époques
et dans certaines circonstances, il n’y a eu aucune volonté
ou du moins aucune résolution durable de part et d’autre
de tendre la main et de coopérer.
Ces tensions sont en
train de se réduire de trois manières :
1. Du point de vue
institutionnel. Les dirigeants de l’Église participent
maintenant avec les dirigeants d’autres confessions à
des échanges chrétiens. Les dirigeants de l’Église
de plusieurs pays sont accueillis aux réunions spirituelles
interconfessionnelles avec leurs homologues protestants, catholiques
et orthodoxes. Ceci est en accord avec les préceptes et
l’exemple des premières autorités de l’Église
(voir Tolérance). À des fins de soutien mutuel, ils se
réunissent et s’organisent dans toutes sortes de
domaines, par exemple, les aumôneries de beaucoup de nations du
monde libre, le mouvement des boy-scouts, le Conseil national des
chrétiens et des juifs et les clubs locaux et internationaux
de service s’occupant des questions sociales, éthiques
et morales.
2. Du point de vue
éducatif. L’Église patronne le plus vaste
programme d’enseignement pour adultes du monde. Beaucoup de ces
cours se rattachent à la Bible et certains se concentrent sur
l’histoire et les institutions chrétiennes. Pour les
étudiants en âge de lycée et d’université,
qui dépassent maintenant le demi-million, l’Église
dispense des cours semblables dans ses séminaires et ses
instituts voisins des lycées et des grandes universités.
Les instructeurs du Département d’Éducation de
l’Église reçoivent des suppléments
financiers pour visiter la Terre sainte, étudier les origines
des trois grandes religions monothéistes, se familiariser avec
le vocabulaire et les conceptions philosophiques des autres
institutions chrétiennes et comprendre et reconnaître
les points communs dans la vie des jeunes qu’ils instruisent.
Les savants mormons de beaucoup de disciplines sont de plus en plus
impliqués dans les programmes d’études
religieuses d’organisations académiques et
professionnelles.
L’Église a
ouvert ses importantes installations audiovisuelles aux
programmations représentatives de tout l’éventail
des groupes chrétiens (voir Bonneville International
Corporation ; Radio KSL). Elle a aussi été une
participante importante aux émissions religieuses du VISN
Religious Interfaith Cable Television Network, qui représente
la plupart des grandes confessions des États-Unis.
Pour créer des
échanges bilatéraux, la Chaire de Compréhension
chrétienne Richard L. Evans a été créée
à l’université Brigham Young. Financée et
conseillée par divers groupes chrétiens (le premier à
s’engager a été un presbytérien), cette
Dotation patronne des colloques d’études religieuses,
des conférences, des forums, des programmes d’échange
et des professorats associés. Elle patronne aussi des réunions
interconfessionnelles où des questions théologiques
communes aussi bien que controversées sont présentées
par les représentants de chaque tradition et où des
ateliers aident à résoudre les tensions dans une
atmosphère de bonne volonté.
Le Religious Studies
Center à l’université Brigham Young publie des
ouvrages éminents utilisant les savants de diverses
confessions qui représentent des spécialisations
interdisciplinaires et comparatives. Bien qu’il y ait toujours
une littérature de dénigrement venant tant de la gauche
que de la droite (voir Publications antimormones), les dirigeants de
l’Église rappellent continuellement aux membres que quoi
que l’on puisse dire de ceux qui se font une religion de
l’antimormonisme, leur répondre sur le même ton
n’est ni sage ni chrétien.
3. De manière
pratique dans l’humanitaire chrétien. La manière
de vivre des saints, que ce soit au niveau institutionnel ou
individuel, n’a jamais été d’exiger des
droits mais de les mériter, jamais de réclamer
l’intégration et la bonne volonté mais de les
manifester et de donner de l’énergie et du temps
par-delà la rhétorique. Dans un discours important aux
dirigeants régionaux de l’Église, l’ancien
président Spencer W. Kimball a donné le ton :
« Nous
invitons les membres à faire leur devoir civique et à
assumer leurs responsabilités de citoyens dans la recherche
des solutions aux problèmes qui assaillent nos villes et nos
communautés.
« Avec notre
vaste mission en ce qui concerne l’humanité, les membres
de l’Église ne peuvent pas ignorer les nombreux
problèmes pratiques qui réclament une solution si nous
voulons que nos familles vivent dans un environnement qui favorise la
spiritualité.
« Quand les
solutions à ces problèmes pratiques nécessitent
une action coopérative avec ceux qui ne sont pas de notre
religion, les membres ne doivent pas être réticents à
faire leur part en se joignant à ces efforts où ils
peuvent apporter une contribution individuelle aux causes qui sont
conformes aux principes de l’Église »
[Kimball, Ensign 8, mai 1978, p. 100].
Les exemples de projets
récents encouragés par l’Église qui
collaborent avec différentes affiliations sont l’aide
coopérative de secours d’urgence, le soutien pour les
foyers pour sans abris dans beaucoup de villes et un lien avec le
travail de l’Armée du salut. À BYU, des étudiants
d’autres cultes sont souvent élus à des offices
estudiantins et divers clubs de service luttent contre l’intolérance
et l’esprit de clan. Dans le même esprit, l’Église
a été parmi les premiers à octroyer de l’aide,
avec d’autres groupes chrétiens, aux victimes de
catastrophes naturelles dans des endroits tels que la Chine, le
Salvador, le Nicaragua, Los Angeles, le Pérou, l’Arménie,
le Japon, l’Iran, le Chili et la Grèce. Grâce à
deux jeûnes spéciaux, l’Église a levé
$11 millions pour les populations frappées de famine en
Afrique et en Éthiopie et a utilisé les services
catholiques comme système de livraison (voir Service
humanitaire).
Parce qu’il y a
tant de choses dans la société contemporaine qui sont
dissonantes, centrifuges et facteurs de discorde, la compréhension
et la réciprocité interconfessionnelles semblent
indispensables. L’histoire des saints montre que ce qui semble
être des affrontements politiques, sociaux et économiques
insurmontables est souvent, à la base, religieux. Surmonter
les divisions inutiles et guérir les blessures de la vie
moderne, notamment la vie religieuse, n’est pas simplement la
mission des saints des derniers jours mais celle de tous ceux qui
prennent au sérieux le message et le ministère de
Jésus-Christ. S’il n’y a pas chez certains un
souci chrétien pour tous, il y a peu d’espoir pour qui
que ce soit.
Bibliographie
Arrington, Leonard.
"Historical Development of International Mormonism."
Université d’Alberta, Religious Studies and Theology 7
(1) janvier. 1987.
Keller, Roger R. Reformed
Christians and Mormon Christians : Let’s Talk. Ann Arbor,
Mich., 1986.
Madsen, Truman G. "Are
Christians Mormon ?" BYU Studies 15, automne 1974, p.
73-94.
RICHARD P. LINDSAY
Rapports
interconfessionnels : Juifs
Auteur :
ROSENBLATT, JOSEPH
Le point de rencontre
principal pour les relations interconfessionnelles entre juifs et
saints des derniers jours a été Salt Lake City. Il y a
aussi eu un certain nombre de contacts dans l’État
d’Israël aussi bien que dans des villes des États-Unis
comptant des populations juives importantes, telles que Los Angeles
et New York. Généralement, les relations entre les
membres des deux groupes ont été caractérisées
par un respect et une bonne volonté mutuels. Les exceptions
sont les divergences importantes entre les mormons et certains juifs
sur la question du but du Centre d’Études du
Proche-Orient de l’université Brigham Young à
Jérusalem (dédié en 1989 ; voir Université
Brigham Young : Centre d’Études du Proche-Orient à
Jérusalem). Il règne cependant des relations de
travail.
L’un des contacts
directs les plus anciens entre les communautés fut lancé
par Orson Hyde, un apôtre de l’Église, qui, en
1841, traversa l’Europe pour atteindre la Terre sainte. À
de rares exceptions, au lieu de demander audience aux dirigeants
juifs européens pour faire du prosélytisme auprès
d’eux, il les avertit des difficultés qu’ils
rencontreraient et les exhorta à émigrer en Palestine.
Orson Hyde poursuivit sa route jusqu’en Terre sainte où,
le 24 octobre 1841, il pria sur le mont des Oliviers pour « dédier
et consacrer cette terre… pour le rassemblement des restes
dispersés de Juda » (HC 4:456-459).
Des contacts plus
importants commencèrent après 1853 avec l’arrivée
de la première famille juive en Utah. Quoique ayant tendance à
s’aligner politiquement avec les non-mormons, les juifs
jouissaient de la bonne volonté de leurs voisins mormons.
Alors que certains immigrés juifs en Utah –
particulièrement d’Europe de l’Est et de Russie –
étaient ridiculisés à cause de leur langue et de
leur manque de connaissance de la vie de frontière, ils ne
trouvèrent aucune cruauté, aucune restriction dans
leurs mouvements et pas d’intolérance honteuse. Il n’y
eut ni aumône ni charité, mais ils ne furent l’objet
d’aucune discrimination chez les saints des derniers jours.
En 1900, quand le
dirigeant juif d’Utah Nathan Rosenblatt et ses collaborateurs
décidèrent de construire une synagogue pour une
deuxième assemblée, l’aide principale vint de la
Première Présidence de l’Église. Quand le
bâtiment ouvrit en 1903, Rosenblatt proclama sa gratitude pour
la bénédiction et le bonheur d’habiter en Utah
avec les hommes et les femmes tolérants et compréhensifs
de la religion mormone. Ses collaborateurs et lui les avaient
toujours trouvés dévoués à leur culte
tout en étant un peuple qui respectait la Torah juive et
savait ce qu’avait voulu dire le célèbre maître
Hillel quand il avait enseigné : « Ne faites
pas à votre voisin ce que vous ne feriez pas à
vous-même. »
L’université
Brigham Young à Provo propose régulièrement des
cours qui portent sur la religion et l’histoire des juifs et du
judaïsme. En outre, des savants juifs ont fait des conférences
et donné des cours à l’université,
particulièrement ces dernières années. En 1921
le président Heber J. Grant mit clairement les saints des
derniers jours en garde contre l’antisémitisme :
« Il ne devrait y avoir aucune mauvaise volonté…
dans le cœur d’aucun vrai saint des derniers jours à
l’égard du peuple juif » (dans Gospel
Standards, Salt Lake City, 1941, p. 147).
Un indicateur du respect
réciproque qui a existé entre les juifs d’Utah et
les mormons est le nombre de fonctionnaires juifs élus pour
servir l’état. Parmi ceux-ci il y a le quatrième
gouverneur de l’État (Simon Bamberger, 1917-1921), un
juge de district (Herbert M. Schiller, 1933-1939), un maire de Salt
Lake City (Louis Marcus, 1931-1935) et plusieurs législateurs.
[Voir aussi Religions du monde (non chrétiennes) et
Mormonisme : Judaïsme ; Sionisme.]
Bibliographie
Brooks, Juanita. History
of the Jews in Utah and Idaho. Salt Lake City, 1973.
Zucker, Louis C. Mormon
and Jew : A Meeting on the American Frontier. Provo, Utah, 1961.
Zucker, Louis C. "Utah."
Encyclopaedia Judaica, Vol. 16, p. 33-34. Jerusalem, 1972.
Zucker, Louis C. "A
Jew in Zion." Sunstone 6, sept.-oct. 1981, p. 35-44.
JOSEPH ROSENBLATT
Rapports
interconfessionnels : Autres cultes
Auteur :
COX, SOREN F.
En août 1852, alors
que l’Église s’efforçait toujours de
s’établir dans l’Ouest des États-Unis, le
président Brigham Young lança un appel hardi pour que
des missionnaires aillent en Chine, en Inde, au Siam (Thaïlande),
et à Ceylan (Sri Lanka). Les dix-sept missionnaires qui furent
envoyés prirent certains des tout premiers contacts que les
saints des derniers jours aient eus avec des non-chrétiens
(voir Asie, l’Église en : Asie de l’Est). À
cause de des guerres civiles, du rejet et des difficultés
linguistiques et culturelles, l’œuvre dans la plupart des
pays ne dura que quelques mois ; néanmoins, l’œuvre
en Inde continua jusqu’en 1856. Bien que quelques tentatives
eussent été faites au début du vingtième
siècle, l’Église n’entreprit plus aucun
effort d’envergure pour s’établir dans les pays
non chrétiens, notamment en Asie, jusqu’après la
Deuxième Guerre mondiale.
Stimulée par
l’expérience des militaires de l’Église en
Asie pendant et après la guerre, l’Église ouvrit
des missions en Asie de l’Est à la fin des années
1940. Depuis lors, des paroisses et des pieux dirigés par les
membres locaux ont été créés au Japon, en
Corée du Sud, à Hong-Kong, à Taiwan et aux
Philippines ; des temples ont été construits dans
tous ces endroits.
Dans les années
1970 et 1980, l’Église a grandi dans les pays du sud-est
asiatique tels que Singapour, la Thaïlande, l’Indonésie
et la Malaisie et dans les pays du sud asiatique, l’Inde et le
Sri Lanka. Bien que de petits débuts aient été
réalisés dans quelques pays musulmans, la croissance de
l’Église dans ces pays a été limitée.
Les programmes des
services de santé de l’Église aux Philippines et
l’aide aux réfugiés en Thaïlande ont eu un
accueil favorable. Les contacts de haut niveau avec les autorités
gouvernementales dans beaucoup de pays ont donné lieu à
une réponse positive aux valeurs de l’Église et
de ses membres. De façon générale, l’Église
a fait des efforts soutenus pour rester sensible aux lois et aux
coutumes locales, notamment les règlements basés sur le
sentiment religieux.
La croissance de l’Église
en Afrique s’est principalement produite dans le dernier
trimestre du vingtième siècle, particulièrement
après la révélation de 1978 permettant à
tous les hommes dignes de détenir la prêtrise (voir
Afrique, l’Église en ; Doctrine et Alliances :
Déclaration officielle–2). Des assemblées ont été
établies dans plusieurs pays et la population de l’Église
se développe rapidement. Ces dernières années,
l’Église s’est jointe à diverses
organisations caritatives pour envoyer des secours contre la famine
aux pays en détresse du continent africain (voir Aide
économique).
Dans le domaine éducatif,
les centres de formation pour les missionnaires enseignent beaucoup
de langues étrangères et donnent des cours sur les
religions et les cultures des pays non occidentaux, et à des
fins éducatives, des « culturegrams »
ont été mis au point qui sont maintenant utilisés
par les organismes gouvernementaux des États-Unis. En outre,
des cours sont donnés sur les religions du monde dans les
institutions d’enseignement supérieur. De plus, des
colloques sur l’islam et sur les religions d’Afrique ont
été accueillis à l’université
Brigham Young avec la participation d’un certain nombre de
dirigeants et de savants religieux distingués.
Dans beaucoup de pays,
l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours est regardée comme une Église américaine.
Cependant, les dirigeants de l’Église ont fortement
souligné qu’elle est universelle, une Église pour
tous les hommes de partout (voir Religions du monde (non chrétiennes)
et mormonisme). Un exposé magistral fait en 1974 par le
président Spencer W. Kimball a souligné la
responsabilité de l’Église de parler de
l’Évangile à tous les enfants de Dieu (Ensign 4,
oct. 1974, p. 2-14). En conséquence, dans la dernière
moitié du vingtième siècle, l’Église
a fait des efforts plus importants pour s’établir dans
le monde entier.
D’une manière
générale, l’ouverture des saints aux
non-chrétiens a eu un effet positif et vivifiant sur les
membres de l’Église, a fortement renforcé la
population de l’Église et a suscité une prise de
conscience accrue des différences culturelles aussi bien que
la bonne volonté de travailler en tenant compte de ces
différences.
Bibliographie
Palmer, Spencer J. The
Expanding Church. Salt Lake City, 1978.
Palmer, Spencer J., dire.
de publ. mormons and Muslims. Provo, Utah, 1983.
SOREN F. COX
Repentir
Auteur :
LYON, JAMES K.
Le repentir est le
processus par lequel les humains délaissent ou surmontent les
péchés en changeant les mentalités, les
comportements et les actes qui sont en contradiction avec les
enseignements de Dieu, conformant ainsi davantage leur vie à
sa volonté. Pour employer les termes d’un prophète
moderne, le repentir, c’est « changer d’avis
en ce qui concerne les actions ou la conduite passées ou
envisagées » (McKay, p. 14). Paul observe que
« tous ont péché et sont privés de la
gloire de Dieu » (Ro. 3:23). Pour cette raison, le
Seigneur « a donné le commandement que tous les
hommes doivent se repentir » (2 Né. 2:21 ;
Moï. 6:57). Cela signifie que le repentir est exigé de
toute âme qui n’a pas atteint la perfection.
Le repentir joue un rôle
essentiel dans les relations de Dieu avec ses enfants depuis qu’ils
ont été mis sur la terre. Les prophètes de
l’Ancien Testament ont constamment appelé les enfants
d’Israël, individuellement et collectivement, à se
repentir, à se détourner de la rébellion, de
l’apostasie et du péché et à se tourner
vers Dieu et vers une vie juste. L’œuvre de Jésus-Christ
sur terre, à l’époque du Nouveau Testament, peut
être décrite comme un ministère de repentir,
c’est-à-dire comme une invitation aux enfants de Dieu à
retourner à leur Dieu en changeant de mode de pensée et
de comportement et en devenant plus semblables à Dieu. Le
Sauveur a enseigné : « Soyez donc parfaits,
comme votre Père céleste est parfait » (Mt.
5:48). Les apôtres du Christ ont été appelés
principalement à prêcher la foi au Christ et à
déclarer le repentir au monde entier (Mc. 6:12). De nos jours,
peu de thèmes apparaissent de manière aussi généralisée
que celui-ci dans les révélations du Seigneur. Il a
donné aux prophètes modernes et à tous les
messagers de son Évangile le commandement répété
de ne parler « que de repentir à cette génération »
(D&A 6:9). Le prophète Joseph Smith a dit du repentir et
de la foi en Jésus-Christ que c’étaient les deux
principes fondamentaux de l’Évangile (4e A de F). Et
l’Évangile lui-même a été appelé
« un Évangile de repentir » (D&A
13 ; 84:27).
Aujourd’hui comme
hier, le terme « repentir » signifie
littéralement tourner le dos au péché et
inverser son attitude et son comportement. Son but est de développer
la nature divine dans toutes les âmes mortelles en les libérant
des pensées et des actions mauvaises ou nuisibles et de les
aider à devenir plus semblables au Christ en remplaçant
« l’homme animal » (1 Co. 2:14) par
« l’homme nouveau » en Christ (Ép.
4:20-24).
Ce processus est non
seulement nécessaire pour préparer les humains à
retourner vivre avec Dieu, mais il augmente leur capacité
d’aimer leurs semblables. Ceux qui se sont réconciliés
avec Dieu ont la compréhension spirituelle, le désir et
le pouvoir nécessaires pour se réconcilier avec leurs
semblables. Dieu a commandé à tous les humains de se
pardonner : « Moi, le Seigneur, je pardonne à
qui je veux pardonner, mais de vous il est requis de pardonner à
tous les hommes » (D&A 64:10). Comme Dieu montre son
amour en pardonnant (« Je pardonnerai leur iniquité,
et je ne me souviendrai plus de leur péché »,
Jé. 31:34), de même ses enfants, en pardonnant aux
autres, reflètent également cet amour.
Le vrai repentir, quoique
rarement facile, est essentiel au bonheur personnel, à la
progression émotionnelle et spirituelle, et au salut éternel.
C’est la seule manière efficace à la disposition
des mortels pour se libérer des effets permanents du péché
et du fardeau inévitable de culpabilité qui
l’accompagnent. Pour ce faire, plusieurs changements bien
déterminés doivent se produire. Il faut d’abord
que l’on reconnaisse qu’une attitude ou une action est
contraire aux enseignements de Dieu et que l’on en éprouve
un chagrin et un remords sincères. Paul l’appelle « la
tristesse selon Dieu » (2 Co. 7:10). D’autres
Écritures décrivent cet état d’esprit
comme étant « un cœur brisé et [un
esprit] contrit » (Ps. 51:17 ; 2 Né.
2:7 ; 3 Né. 9:20). Cette prise de conscience doit
produire un changement d’attitude intérieur. Le prophète
Joël a exhorté Israël ainsi : « Déchirez
vos cœurs et non vos vêtements » (Joël
2:12-13), produisant ainsi la transformation intérieure
nécessaire pour entamer le processus du repentir.
Une certaine forme de
confession est également nécessaire au repentir. Dans
certains cas, le transgresseur peut devoir confesser à la
personne ou aux personnes lésées ou blessées et
demander pardon ; dans d’autres cas, il peut être
nécessaire de confesser les péchés à un
dirigeant de l’Église autorisé à recevoir
de telles confessions ; dans d’autres cas encore, une
confession à Dieu seul peut être suffisante ; et
parfois les trois formes de confession peuvent être
nécessaires.
En outre, le repentir
exige des réparations auprès des tiers qui ont souffert
à cause du péché. Autant que possible, ceci
devrait être fait par la réparation des pertes ou des
dommages physiques ou matériels. Même lorsque ce n’est
pas possible, le repentir exige d’autres actions tout aussi
importantes, telles que des excuses, de plus grands actes de bonté
et de service envers les personnes offensées, un engagement
intensifié envers l’œuvre du Seigneur ou tout cela
ensemble.
Enfin, pour que le
repentir soit complet, on doit abandonner le comportement pécheur.
Un changement de cœur commence le processus ; un
changement extérieur de direction manifeste, se traduisant par
de nouveaux modes de comportement, doit le compléter (Mos.
5:2). Lorsque les actes extérieurs ne changent pas, cela
signifie que le pécheur ne s’est pas repenti et le poids
de l’ancien péché revient (D&A 82:7 ;
cf. Mt. 18:32-34).
Un but du repentir est de
servir l’intérêt des personnes en fournissant, par
le pardon, le seul et unique moyen de soulager la souffrance qui
accompagne le péché : « Voici, moi,
Dieu, j'ai souffert ces choses pour tous afin qu'ils ne souffrent pas
s'ils se repentent. Mais s'ils ne se repentent pas, ils doivent
souffrir tout comme moi » (D&A 19:16-17).
Le Seigneur a à
plusieurs reprises promis que tous ceux qui se repentent complètement
trouveront le pardon de leurs péchés, ce qui, de son
côté, apporte une grande joie. Les paraboles de la
brebis perdue et de la drachme perdue sont des exemples de la joie
qu’il y a dans les cieux pour un seul pécheur qui se
repent (Lu. 15:4-10) ; la parabole du fils prodigue illustre la
joie qu’il y a dans les cieux et le même genre de joie
dans le cercle de famille et d’amis et chez le fils repentant
lui-même d’avoir abandonné le péché
(Lu. 15:11-32).
Bien que le repentir soit
indispensable au salut éternel et au bonheur terrestre, il ne
suffit pas en lui-même pour réunir une personne avec
Dieu. Le repentir complet exige d’abord la foi au Seigneur
Jésus-Christ, laquelle suscite à son tour la motivation
et le pouvoir forts pour se repentir. Les deux sont nécessaires
pour le baptême, la réception du don du Saint-Esprit et
l’appartenance au royaume du Seigneur et doivent donc les
précéder. Après avoir éveillé la
foi au Christ dans le cœur de ses auditeurs le jour de la
Pentecôte, Pierre leur a fait cette exhortation :
« Repentez–vous, et que chacun de vous soit baptisé
au nom de Jésus–Christ, pour le pardon de vos péchés ;
et vous recevrez le don du Saint–Esprit » (Ac.
2:38). Ce n’est qu’avec le repentir requis, symbolisé
par « un cœur brisé et un esprit contrit »
et l’abandon d’anciennes façons d’agir et de
penser que l’on est prêt à être baptisé,
à recevoir le Saint-Esprit et à avoir la rémission
de tous les péchés précédents. Par le
baptême, la personne repentante entre dans le royaume de Dieu
en faisant l’alliance de se souvenir toujours du Christ et de
garder ses commandements. La rémission des péchés
se fait « par le feu et par le Saint-Esprit »
(2 Né. 31:17 ; D&A 20:37).
Puisque le repentir est
un processus continu dans les efforts que nous faisons ici-bas pour
ressembler au Christ, sa nécessité ne diminue jamais.
Il doit être appliqué activement et quotidiennement par
les humains qui reconnaissent et s’efforcent de surmonter le
péché et l’erreur et persévèrent
ainsi jusqu’à la fin. Pour cette raison, le Seigneur a
institué un moyen par lequel toute personne qui s’est
repentie et a contracté l’alliance du baptême peut
la renouveler en prenant la Sainte-Cène en mémoire de
lui. Cette période d’examen de conscience permet de
réfléchir aux promesses faites au baptême, qui
étaient de prendre sur soi le nom du Christ, de se souvenir
toujours de lui et de garder ses commandements. Ainsi, le processus
du repentir est maintenu vivant grâce à cette période
fréquente de réflexion pendant que le participant prend
les symboles du corps et du sang du Christ en souvenir de son
sacrifice pour expier les péchés humains.
Les Écritures nous
informent que « cette vie est le moment où les
hommes doivent se préparer à rencontrer Dieu »
et que le prétendu repentir sur le lit de mort n’est
habituellement pas efficace :
« Vous ne
pouvez pas dire, lorsque vous êtes amenés à cette
crise affreuse : Je vais me repentir, je vais retourner à
mon Dieu. Non, vous ne pouvez pas le dire ; car ce même
esprit qui possède vos corps au moment où vous quittez
cette vie, ce même esprit aura le pouvoir de posséder
votre corps dans le monde éternel… si vous avez différé
le jour de votre repentir jusqu'à la mort, voici, vous vous
êtes assujettis à l'esprit du diable, et il vous scelle
comme siens » [Alma 34:32-35].
Pour retourner dans la
présence de Dieu, les mortels doivent s’efforcer pendant
cette vie d’atteindre les qualités chrétiennes,
que l’on ne peut acquérir qu’en se détournant
du péché. Le fait de remettre ce genre d’efforts
à plus tard bloque l’exercice de la foi essentiel au
repentir, empêche l’action du Saint-Esprit et retarde
l’acquisition des qualités personnelles qui se reflètent
dans le « cœur brisé et l’esprit
contrit » nécessaire pour vivre en la présence
de Dieu.
Le repentir est l’un
des principes rédempteurs les plus puissants de l’Évangile
rétabli de Jésus-Christ. Sans lui, il n’y aurait
aucune progression éternelle, aucune possibilité de
ressembler au Christ, aucun soulagement du fardeau de culpabilité
que chaque humain endosse dans une vie. Avec lui, il y a la promesse
glorieuse exprimée par Ésaïe que le pardon est
possible même pour les péchés graves : « Si
vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront
blancs comme la neige ; s’ils sont rouges comme la
pourpre, ils deviendront comme la laine » (És.
1:18).
Bibliographie
Gillum, Gary P.
"Repentance Also Means Rethinking." Dans By Study and Also
by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, vol. 2, p. 406-437.
Salt Lake City, 1990.
Kimball, Spencer W. Le
Miracle du Pardon. Salt Lake City, 1969.
Kimball, Spencer W. The
Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Kimball, Edward L., p.
80-114. Salt Lake City, 1982.
McKay, David O. Gospel
Ideals, p. 12-14. Salt Lake City, 1953.
JAMES K. LYON
Résurrection
Auteur :
CALLISTER, DOUGLAS L.
La résurrection
est la réunion de l'esprit avec un corps physique immortel. Le
corps déposé au tombeau est mortel ; le corps
physique ressuscité est immortel. La totalité de
l'homme, l'esprit et le corps unis, est définie dans
l'Écriture moderne comme étant « l’âme »
de l'homme. La résurrection des morts constitue la rédemption
de l'âme (D&A 88:15-16).
Bien que l'idée de
résurrection ne soit pas exprimée explicitement dans
l'Ancien Testament, il y a quelques allusions nettes (par exemple, 1
S. 2:6 ; Job 14:14 ; 19:26 ; Es. 26:19 ; Da.
12:2). Et dans le Nouveau Testament, la résurrection de
Jésus-Christ, prototype de toutes les résurrections,
est un message essentiel et central : « Je suis la
résurrection et la vie » (Jn. 11:25).
La preuve de la
résurrection du Christ est considérablement renforcée
pour les saints des derniers jours par d'autres comptes-rendus de
visitations du Christ après sa résurrection (voir
Jésus-Christ : Ministère de Quarante Jours et
autres apparitions ultérieures à la Résurrection
de Jésus-Christ). Par exemple, dans le récit de 3 Néphi
dans le Livre de Mormon, une multitude entière le voit,
l’entend et le touche quand il lui apparaît dans sa
gloire transcendante d’être ressuscité. Les saints
des derniers jours acceptent ce document comme texte sacré
antique. À la tendance de certaines écoles de savants
extérieurs à l'Église de séparer
radicalement le « Jésus de l'histoire »
et le « Christ de la foi » et d'attribuer la
foi en la résurrection à des interprètes tardifs
s’opposent ces documents ultérieurs et par la révélation
moderne.
Les témoins
antiques, dont Paul, ont acquis leur certitude de la réalité
de la Résurrection en voyant le Christ ressuscité.
C’est de la part de ce genre de témoins que les saints
des derniers jours acceptent l’information qu'à la
résurrection du Christ « les sépulcres
s’ouvrirent » dans le vieux monde et le nouveau et
« plusieurs corps des saints qui étaient morts
ressuscitèrent » (Mt. 27:52 ; 3 Né.
23:9-10). Dans la dispensation actuelle, des êtres ressuscités,
notamment Jean-Baptiste, Pierre, Jacques et Moroni 2 sont apparus et
ont servi Joseph Smith et Oliver Cowdery.
Dans la théologie
du judaïsme et de certaines confessions chrétiennes, la
résurrection a souvent été comprise
figurativement, c’est-à-dire redéfinie comme
symbole d’immortalité d'un certain aspect de l'homme tel
que l'intelligence active ou de l'âme considérée
comme une entité immatérielle. Par contre, le
naturalisme scientifique tend à rejeter le concept de l'âme
et de la résurrection corporelle. Les saints des derniers
jours ne partagent pas les suppositions qui sont à la base de
ces dogmes. Selon la compréhension des saints, l'esprit de
l’individu n'est pas immatériel, mais est constitué
d’une matière pure et raffinée : « Elle
existait avant le corps, peut exister dans le corps et existera
séparément du corps, lorsque le corps tombera en
poussière, et lui sera de nouveau réunie dans la
résurrection » (EPJS, p. 167). L'identité et
la personnalité persistent avec l'esprit et, après la
résurrection, l'esprit demeurera pour toujours dans un corps
physique.
Pour le platonisme et le
gnosticisme, incarnation signifie emprisonnement, descente ou
association avec ce qui est intrinsèquement mauvais. Par
contre, les Écritures enseignent que le corps physique est une
étape ascendante dans la progression et la perfection de tous.
Le corps est sacré, un temple (1 Co. 3:16 ; D&A
93:35). La Rédemption n'est pas une fuite par rapport à
la chair mais sa consécration et sa transformation. Joseph
Smith enseigne : « Nous sommes venus sur cette terre
afin d’avoir un corps et de le présenter pur devant Dieu
dans le royaume céleste » (EPJS, p. 145). D'autre
part, s’il est souillé, déformé et
maltraité, le corps peut être un instrument de
dégradation, un ennemi de la spiritualité véritable.
Contrairement à la
notion que les pouvoirs subtils de l'intellect ou de l'âme
doivent finalement dépasser le corps ou tout ce qui est
corporel, le prophète Joseph Smith enseigne que tous les êtres
« qui ont un corps ont du pouvoir sur ceux qui n'en ont
pas » (EPJS, p. 152 ; 2 Né. 9:8). Au
minimum, ceci est interprété comme signifiant que les
pouvoirs intellectuels et spirituels sont augmentés par
l’association avec la chair. Il s’ensuit que le fait pour
l’esprit d’être longtemps absent du corps dans le
royaume des esprits désincarnés en attendant la
résurrection est considéré non comme un état
béatifique ou bienheureux, mais comme une servitude (D&A
45:17 ; 138:50). De plus, « l’esprit et
l’élément [le corps d'esprit et le corps
physique], inséparablement liés, [peuvent recevoir] une
plénitude de joie ; et lorsqu’ils sont séparés,
l'homme ne peut recevoir de plénitude de joie »
(D&A 93:33, 34).
Contrairement à
l’idée que le corps, une fois enterré ou
incinéré, n'a aucun résidu identifiable, Joseph
Smith a enseigné que « il n'y a aucun principe
fondamental appartenant à un système humain qui entre
jamais dans un autre en ce monde ou dans le monde à venir »
(HC 5:339). La désintégration chimique n'est pas une
destruction finale. Le corps ressuscité est tangible, mais
quand la chair est vivifiée par l'Esprit il y aura « de
l’esprit dans leurs [veines] et pas du sang » (WJS,
p. 270 ; voir également EPJS, p. 298).
La résurrection
est aussi universelle que la mort. Tous doivent mourir et tous
doivent ressusciter. C'est un don gratuit à tous les hommes.
Ce n'est pas le résultat de l'exercice de la foi ou de bonnes
œuvres accumulées. Le prophète Amulek du Livre de
Mormon déclare : « Ce rétablissement se
fera pour tous, jeunes et vieux, esclaves et libres, hommes et
femmes, méchants et justes » (Al. 11:44 ; cf.
EPJS, p. 160-161, 236-239, 250-251, 258-260, 261-263).
Tous ne ressusciteront
pas en même temps, « mais chacun en son rang. Christ
comme prémices, puis ceux qui appartiennent à Christ,
lors de son avènement » (1 Co. 15:23). « Voici,
il y a un temps fixé où tous se lèveront d'entre
les morts » écrit Alma, pour se tenir incarnés
devant Dieu pour être jugés pour leurs pensées,
leurs paroles et leurs actes (Al. 40:4).
« Tous les
hommes sortiront du tombeau tels qu’ils s’y sont couchés,
qu’ils soient vieux ou jeunes » (EPJS, p. 161). Et
celui qui vivifie tout « transformera le corps de notre
humiliation, en le rendant semblable au corps de sa gloire »
(Ph. 3:21). « Le corps se lèvera tel qu’il a
été déposé, parce qu’il n'y a ni
croissance ni développement dans la tombe. Il se lèvera
tel qu’il aura été déposé et les
changements vers la perfection se produiront en vertu de la loi de la
restitution. Mais l'esprit continuera de s’accroître et
de se développer, et le corps, après la résurrection,
se développera pour atteindre la stature complète de
l'homme » (Joseph F. Smith, IE 7, juin 1904, p. 623-624).
Le corps ressuscité
sera adapté aux conditions et à la gloire auxquelles la
personne est affectée le jour du jugement. « Certains
demeurent dans une gloire plus haute que d'autres » (EPJS,
p. 298). Les Doctrine et Alliances enseignent : « Votre
gloire sera cette gloire par laquelle votre corps sera vivifié »
(D&A 88:28) et trois gloires sont indiquées (D&A 76).
Paul (1 Co. 15:40) a également mentionné trois gloires
de corps ressuscités : une semblable au soleil (céleste),
une autre semblable à la lune (terrestre) et la troisième
semblable aux étoiles. Dans une révélation
donnée à Joseph Smith, la gloire des étoiles est
qualifiée de téleste (D&A 76). L’éclat
de ces gloires diffère tout comme celui du soleil, de la lune
et des étoiles tel que vu de la terre. « Ainsi en
est–il de la résurrection des morts » (1 Co.
15:40-42).
Dans un sens général,
la résurrection peut être divisée en résurrection
des justes, également appelée première
résurrection, et la résurrection des injustes ou
dernière résurrection. La première résurrection
a débuté avec la résurrection du Christ et de
ceux qui sont sortis des tombeaux immédiatement après.
De manière beaucoup plus considérable, elle précédera
le règne millénaire inauguré par « la
seconde venue » du Sauveur (D&A 45:44-45 ; cf. 1
Th. 4:16-17). À ce moment-là, certains ressusciteront
pour aller à sa rencontre au moment où il descendra en
gloire. Cette première résurrection continuera en bon
ordre pendant tout le millénium. Les justes qui vivent sur
terre et qui meurent pendant le millénium connaîtront
une résurrection immédiate. Leur transformation aura
lieu en un « clin d’œil » (D&A
63:51). La première résurrection concerne les gloires
céleste et terrestre.
La résurrection
finale, ou résurrection des injustes, se produira à la
fin du millénium. Pour employer les termes de l'Apocalypse :
« Les autres morts ne revinrent point à la vie
jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis »
(Ap. 20:5). Cette dernière résurrection concernera ceux
qui sont destinés à la gloire téleste et à
la perdition.
Le prophète Joseph
Smith dit à propos des aperçus visionnaires qu’il
a eus de la Résurrection : « Le même
esprit glorieux leur donne l’aspect de la gloire et de
l’épanouissement ; le vieil homme aux cheveux
argentés sera glorieux dans l’épanouissement et
la beauté. Personne ne peut vous le décrire, personne
ne peut l'écrire » (EPJS, p. 298). Pour ce qui est
de la doctrine de la résurrection en tant que « principes
de consolation », il plaide : « Que ces
vérités descendent donc dans notre cœur, afin que
nous commencions dès à présent à jouir de
ce qui sera un jour dans la plénitude. » Il
ajoute : « Toutes vos pertes seront compensées
pour vous dans la résurrection à condition que vous
continuiez à être fidèles. Je l’ai vu par
la vision du Tout-Puissant » (EPJS, p. 238).
L'espoir d'une
résurrection glorieuse sous-tend le rayonnement qui a
caractérisé la foi des saints du Nouveau Testament
aussi bien que de ceux qui ont depuis fait en sorte que cette foi
reste vivante dans le monde, notamment les saints des derniers jours.
Bibliographie
Ballard, Melvin J. "The
Resurrection". Dans Melvin Ballard… Crusader for
Righteousness, dir. de publ. Melvin R. Ballard. Salt Lake City, 1966.
Nickelsburg, George W.
Resurrection, Immortality, and Eternal Life in Intertestamental
Judaism. Cambridge, Mass., 1972.
Smith, Joseph F. GD.
Talmage, James E. AF.
DOUGLAS L. CALLISTER
Révélation
Auteur :
RIDDLE, CHAUNCEY C.
La réception de
révélations personnelles est une partie essentielle et
distinctive de l’expérience religieuse des saints des
derniers jours. La réponse à la révélation
personnelle est considérée comme la base de la vraie
foi au Christ et la force de l’Église consiste en cette
réponse fidèle des membres à leurs révélations
personnelles. Le but de la révélation et de la réponse
de la foi est d’aider les enfants des hommes à aller au
Christ et à apprendre à s’aimer les uns les
autres de ce même amour pur dont le Christ les aime.
TYPES DE RÉVÉLATION.
Une dispensation de l’Évangile de Jésus-Christ
est une série de révélations personnelles venant
de Dieu. Ces révélations peuvent être des
manifestations directes de Dieu, comme dans les cas typiques
suivants :
1. Les théophanies
(voir Dieu face à face), comme dans la première vision
du prophète Joseph Smith, qui s’est produite au début
de la dispensation (JS–H 1:15-20)
2. La connaissance
révélée par le Père que Jésus est
« le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt.
16:13-17 ; voir aussi Esprit de prophétie)
3. Les visitations
d’anges comme l’apparition de l’ange Moroni à
Joseph Smith (JS–H 1:30-32)
4. Les révélations
par l’urim et le thummim, moyen par lequel Joseph Smith a
traduit le Livre de Mormon
5. Les visions, comme
quand Joseph Smith et Sidney Rigdon ont vu les royaumes de l’au-delà
(voir Doctrine et Alliances : Section 76)
6. Une perception audible
de la voix de Dieu, comme dans 3 Néphi 11
7. La réception du
murmure doux et léger du Saint-Esprit, comme dans l’expérience
d’Élie (1 Né. 19)
8. La réception
les dons de l’Esprit (D&A 46)
9. La sensation d’une
brûlure dans la poitrine indiquant la volonté de Dieu,
comme dans l’explication donnée à Oliver Cowdery
(D&A 9:8)
10. Un songe (1 Né.
8:2-32)
11. Les manifestations de
la lumière du Christ, par laquelle tous les hommes distinguent
le bien du mal (Alma 12:31-32 ; D&A 84:46-48).
Les manifestations
directes de la volonté de Dieu comme celles-là sont
qualifiées de dons et font contraste avec les signes. Les dons
ont toujours un composant spirituel, même lorsqu’ils ont
un aspect physique. Les signes sont des manifestations physiques de
la puissance de Dieu et sont une forme de révélation de
Dieu, mais ils peuvent être contrefaits et mal interprétés.
Les signes peuvent prouver que Dieu est à l’œuvre,
mais il faut les dons spirituels pour savoir comment y répondre.
RÉVÉLATION
À L’ÉGLISE. Dans chaque dispensation, Dieu nomme
son prophète pour guider son peuple. Le but du prophète
n’est pas d’être un intermédiaire entre Dieu
et les autres, bien qu’il doive souvent l’être. Son
but est plutôt d’aider les autres à recevoir de
Dieu la révélation personnelle que lui, le prophète,
a enseigné la vérité de Dieu qui montrera la
voie vers le Christ.
Le prophète, comme
chef de l’Église de Jésus-Christ des saints des
derniers jours, et toutes les autres personnes qui président
dans l’Église : les Autorités générales,
les présidents de pieu, les évêques, les
présidences générales et les parents, peuvent
recevoir la révélation au profit de ceux sur lesquels
ils président. Ces révélations peuvent être
transmises aux membres de l’Église par les discours de
conférence et autres et lors d’entretiens personnels.
Mais toute personne a le droit de savoir par révélation
personnelle que les messages donnés par les autorités
présidentes sont vraiment du Sauveur lui-même. Le
président Brigham Young a dit son inquiétude que le
peuple des saints des derniers jours « ait tellement
confiance en ses dirigeants » qu’il « s’installe
dans un sentiment de sécurité aveugle »,
abandonnant la responsabilité d’obtenir sa propre
révélation : « Que tous sachent, par
l’inspiration que leur donne l’Esprit de Dieu, si leurs
dirigeants marchent ou non sur le chemin que Dieu impose »
(JD 9:150 ; DBY p. 137).
Les collèges
présidents de l’Église ont droit à la
révélation pour l’Église en matière
de doctrine, de règles, de programmes, d’appels et de
mesures disciplinaires, selon que chacun de ces points relève
d’un collège donné. Les décisions de ces
collèges ne peuvent se faire que par la révélation
personnelle et individuelle de Dieu à chaque membre de ce
collège. « Et toute décision prise par l’un
ou l’autre de ces collèges doit l’être à
l’unanimité des voix qui le composent ;
c’est-à-dire que chaque membre de chaque collège
doit être d’accord avec ses décisions pour que les
décisions prises aient le même pouvoir ou la même
validité dans l’un que dans l’autre »
(D&A 107:27).
Les Écritures
contiennent les écrits inspirés des prophètes
désignés par Dieu et sont communiquées aux
autres pour leur édification (D&A 68:2-4). C’est par
ce moyen que les hommes ont reçu les paroles inspirées
qui se trouvent dans les Ancien et Nouveau Testaments. C’est
par la révélation que le prophète Joseph Smith a
traduit le Livre de Mormon (voir Livre de Mormon : Traduction
par Joseph Smith) et a reçu ce qui est exposé dans les
Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix. Les saints des
derniers jours s’attendent à ce que d’autres
écrits prophétiques soient un jour révélés
et que les écrits des prophètes d’autrefois que
le monde a maintenant perdus soient restaurés (2 Né.
29:11-14 ; D&A 27:6 ; voir aussi Écritures :
Écritures à venir). Le vrai sens de toutes les
Écritures doit être révélé, par le
pouvoir du Saint-Esprit, à chaque lecteur ou auditeur (2 Pi.
1:20 ; D&A 50:17-24).
RÉVÉLATION
PERSONNELLE. Après le baptême et la confirmation, chaque
membre a droit, quand il est digne, à la compagnie constante
du Saint-Esprit (voir Don du Saint-Esprit). C’est grâce à
cette compagnie que tous les dons de l’Esprit sont révélés
aux personnes fidèles qui accomplissent leurs oeuvres sur
terre en justice par les dons et le pouvoir de Dieu qui leur sont
révélés, à eux, et par leur intermédiaire
(Mro. 10:25). Les difficultés qui attendent celui qui veut
vivre selon la révélation personnelle sont : (1)
distinguer la révélation de Dieu par son Saint-Esprit
des pensées et des désirs personnels et de l’influence
de Satan (voir Démons) ; (2) suivre les enseignements et
les directives du prophète vivant de Dieu ; et (3) vivre
selon chaque parole qui sort de la bouche de Dieu (Mt. 4:4 ; Jn.
3:5-8 ; D&A 50:13-24 ; 98:11-13 ; De. 8:3).
Dans les sociétés
modernes, l’idée d’une révélation
divine est généralement discréditée pour
beaucoup de raisons, notamment les actes violents que certains ont
commis tout en prétendant à la direction divine. Mais
Dieu a fait savoir par le rétablissement de l’Évangile
que la révélation est à la disposition de tous
ceux qui la cherchent et que le fait de ne pas rechercher les
recommandations et les directives spirituelles est en soi une erreur
et une forme de vœu pieux. Les humains ont un esprit éternel
et chaque personne ressent les influences surnaturelles qui agissent
sur son esprit. Il y a mieux à faire qu’ignorer le côté
spirituel de soi-même et c’est d’étudier les
expériences spirituelles que l’on a personnellement
jusqu’à ce qu’elles aient un sens. Ceux qui
reconnaissent les expériences spirituelles sont appelés
« ceux qui ont le cœur honnête » et
ils sont candidats aux richesses révélées de la
piété (D&A 8:1 ; 97:8).
La révélation
fondamentale de Dieu est la connaissance du bien par la Lumière
du Christ (Jean 1:9). Le prophète Léhi a enseigné
à ses enfants qu’à cause des choix faits par Adam
et Ève, leurs descendants reçoivent la connaissance
surnaturelle du bien et du mal, rendant nécessaire le choix
entre les deux pour que soit atteint le but de la vie terrestre.
Après la condition mortelle, Dieu rend éternellement à
chaque être humain le bien ou le mal que chacun a choisi dans
la vie (Alma 41:1-5 ; 2 Né. 2:27).
Mais avant tout jugement
final, l’Évangile de Jésus-Christ sera enseigné
à tout le monde par le pouvoir du Saint-Esprit. Cet Évangile
est la bonne nouvelle que le Fils de Dieu aidera toutes les personnes
à cesser de faire le mal et les sauvera des conséquences
de tout le mal qu’elles ont fait si elles croient en lui et se
repentent. Le fait d’accepter cette révélation
constitue la foi en Jésus-Christ, qui, si elle continue, peut
apporter des révélations supplémentaires de
Dieu : davantage d’instructions, les dons de l’Esprit,
la connaissance donnée par les ordonnances salvatrices de la
nouvelle alliance éternelle, les visitations d’anges,
les visions, la révélation qui consiste à
connaître Dieu lui-même face à face et,
finalement, la révélation que c’est de recevoir
la plénitude de l’état divin, de devenir
cohéritiers du Christ (D&A 121:29).
Le concept mormon qui
veut que la révélation individuelle soit le fondement
de toute l’expérience humaine permet d’expliquer
d’autres enseignements distinctifs des saints. Ce qui permet de
faire la distinction qui s’impose entre la révélation
surnaturelle et sa contrefaçon est cette connaissance
fondamentale du bien et du mal. Les hommes doivent expérimenter
en étant aussi honnêtes de cœur et d’esprit
que possible, jusqu’à ce qu’ils puissent voir
clairement ce qui est bon et ce qui est mauvais. Ceux qui apprennent
à distinguer le bien du mal dans cette vie peuvent alors
distinguer le bon esprit de l’esprit mauvais. Ils peuvent alors
distinguer le véritable Évangile de Jésus-Christ
de ses contrefaçons, le vrai chemin de la justice des fausses
routes que sont la violation et la trahison des alliances et le Dieu
vrai et vivant de l’image de Dieu produite par leurs propres
vœux pieux (Mro. 7:5-19).
Joseph Smith a enseigné
aux saints comment reconnaître et recevoir la révélation :
« On peut en
profiter en faisant attention au tout premier signe de l’Esprit
de révélation ; par exemple, lorsque vous sentez
l’intelligence pure couler en vous ; elle peut vous donner
des inspirations soudaines, de sorte qu’en le remarquant vous
pouvez le voir s’accomplir le même jour ou bientôt ;
(c.-à-d.) les choses qui ont été présentées
à votre esprit par l’Esprit de Dieu se réaliseront,
et ainsi en apprenant l’Esprit de Dieu et en le comprenant,
vous pouvez progresser dans le principe de la révélation
jusqu’à ce que vous deveniez parfaits en Christ Jésus »
[EPJS, p. 118].
Apprendre à
communiquer avec les autres par les dons de ce Saint-Esprit permet
d’être prophète ou prophétesse de Dieu. Les
saints des derniers jours croient que par la révélation
divine chaque enfant du Christ peut, et devrait, devenir un prophète
ou une prophétesse pour l’intendance qui lui a été
divinement confiée (No. 11:29), se tenant à ce qui est
bon et rejetant ce qui est mal (1 Th. 5:19-21).
Ainsi, le problème
humain n’est pas d’obtenir la révélation,
mais de comprendre la révélation que l’on reçoit,
de ne répondre qu’à ce qui est bon et de ne
donner que ce qui est bon. Il est conseillé aux serviteurs du
Christ de rechercher chez lui et chez lui uniquement la lumière
et la vérité. Il leur est dit qu’ils ne doivent
recevoir l’avis d’aucun être ni écouter
aucune personne à moins qu’elle ne parle par le pouvoir
du Saint-Esprit. La vérité, la lumière, le
pouvoir juste et le salut viennent d’en haut, de Dieu lui-même,
par la révélation divine, et pas des êtres
humains ou d’en bas (2 Né. 28:30-31).
Bibliographie
Backman, Milton V., Jr.
The Heavens Resound, p. 284-309. Salt Lake City, 1983.
Oaks, Dallin H.
“Revelation”. Dans Brigham Young University 1981-82
Fireside and Devotional Speeches, p. 20-26. Provo, Utah, 1982.
Packer, Boyd K.
“Revelation in a Changing World”. Ensign 19, nov. 1989,
p. 14-16.
Wright, H. Curtis. “The
central Problem of Intellectual History”. Scholar and Educator
12, automne 1988, p. 52-68.
CHAUNCEY C. RIDDLE
Révélations
non publiées
Auteur :
CALDWELL, C. MAX
Toutes les révélations
de Dieu à ses prophètes modernes n’ont pas été
officiellement publiées et encore moins acceptées par
consentement commun de l'Église comme Écritures
canoniques. De même que les compilateurs de la Bible ont dû
décider des textes qu’il fallait inclure, le même
genre de décision a été pris dans cette
dispensation en ce qui concerne les révélations
modernes. Au départ, ce processus a été suivi
par ceux que le prophète Joseph Smith avait désignés
pour rassembler les textes révélés, les
organiser et, sous sa supervision, imprimer le Livre des
Commandements (1833) et les Doctrine et Alliances (1835). Ils y ont
inclus les révélations qui concernaient
« l'établissement et… l’administration
du royaume de Dieu sur la terre dans les derniers jours »
(D&A [1981], « Introduction »). Les saints
des derniers jours croient que l'inspiration divine a joué un
rôle dans ces choix (DS 3:202).
Cependant, beaucoup de
révélations ne sont pas incluses dans les ouvrages
canoniques ; par exemple, celles données à des
personnes déterminées dans des circonstances
particulières contenant des instructions personnelles plutôt
que des points de doctrine pour l'Église. On en trouve
beaucoup dans la History of the Church ou dans les recueils de
documents de l'Église. Il y a, par exemple, une révélation
appelant John E. Page à aller à Washington, D.C. (HC
6:82), et une révélation sur la division de la Firme
unie (Kirtland Revelation Book, p. 111). Sont aussi exclues les
ordonnances du temple et d'autres sujets sacrés non publiés
pour le monde.
L'Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours considère
son canon d'Écritures comme ouvert et deux révélations
anciennes ont été ajoutées au canon en 1979 (D&A
137 et 138). Les saints des derniers jours croient que Dieu
« révélera encore beaucoup de choses grandes
et importantes concernant le royaume de Dieu » (9e A de
F).
Un autre exemple de
révélation reçue mais non publiée est
celle qui sous-tend l'annonce faite par la Première Présidence
étendant, en juin 1978, la prêtrise à tous les
membres masculins de l'Église qui sont dignes. Seule une
déclaration officielle au sujet de cette révélation
a été publiée (voir Doctrine et Alliances :
Déclaration officielle – 2). D'autres changements dans
l'Église, telle que l'extension récente du rôle
des soixante-dix, l’accélération de la
construction de temples et l’accroissement de l’activité
missionnaire, sont considérés par les saints des
derniers jours comme des manifestations de la direction divine. La
base révélée de ces changements n'est pas
toujours publiée, comme ce l’était plus souvent
dans les premières années de l'Église. Comme
James E. Faust l’a déclaré, « À
notre époque, Dieu a révélé comment
administrer différemment une Église qui a plus de six
millions de membres que quand il n’y avait que six membres dans
l'Église » (Faust, p. 8).
Quelques auteurs ont
essayé de rassembler et de publier des révélations
qui sont attribuées aux prophètes mais qui ne sont pas
publiées dans les Écritures. Certains de ces textes
sont basés sur des sources crédibles, d'autres viennent
de sources qui sont suspectes, sinon sans valeur. Quand une prétendue
révélation contient des déclarations qui sont
clairement en contradiction avec les ouvrages canoniques et les
déclarations officielles de la Première Présidence,
elle doit être considérée comme fausse.
À l’époque
biblique, il arrivait que de faux prophètes parlent et
écrivent au nom d'autres et prétendent avoir des
révélations de Dieu (cf. De. 18:20-22 ; Mt. 7:15).
De même, aujourd'hui, il y a des gens qui trouvent des journaux
intimes ou des documents contenant de soi-disant révélations.
Le critère principal utilisé pour les évaluer
est le suivant : « nul ne sera désigné
pour recevoir des commandements et des révélations dans
cette Église, si ce n'est mon serviteur Joseph Smith, fils,
car il les reçoit tout comme Moïse… jusqu'à
ce que [j’en] désigne un autre à sa place »
(D&A 28:2, 7). Les saints des derniers jours croient que le droit
de recevoir la révélation pour l'Église entière
est réservé au président de l'Église.
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The
Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, 1981.
Faust, James E.
"Continuous Revelation." Ensign 19 (Nov. 1989) :8-11.
C. MAX CALDWELL
Rigdon,
Sidney
Auteur :
VAN ORDEN, BRUCE A.
Sidney Rigdon (1793-1876)
fut l’un des amis et des conseillers les plus proches de Joseph
Smith. Il fut aussi un des premiers convertis à l’Église
à jouir d’une certaine renommée, son orateur le
plus persuasif dans la première décennie et premier
conseiller dans la Première Présidence de 1832 à
1844. Après le martyre de Joseph Smith, le prophète,
Rigdon devint l’un des apostats les plus connus de l’Église.
Rigdon naquit le 19
février 1793, dans une ferme dans l’arrondissement de
St-Clair, près de Pittsburgh (Pennsylvanie), quatrième
enfant et dernier fils de William Rigdon et de Nancy Briant. En 1817,
tandis qu’il subvenait aux besoins de sa mère veuve à
la ferme familiale, il connut une conversion chrétienne et, un
an plus tard, se qualifia pour devenir prédicateur autorisé
chez les Regular Baptists. Il alla s’installer dans l’ouest
de l’Ohio pour prêcher sous la tutelle d’Adamson
Bentley, pasteur baptiste populaire et, en juin 1820, il épousa
Phebe Brooks, belle-sœur de Bentley. Après son
ordination comme pasteur baptiste, Rigdon devint, en 1821, pasteur de
la First Baptist Church à Pittsburgh. Réputé
pour sa prédication dynamique, Rigdon attira des auditeurs
jusqu’à ce que son assemblée devienne l’une
des plus grandes de la ville. William Hayden, l’un de ses
critiques, le décrit comme étant « de taille
moyenne, rondelet, d’aspect ouvert et charmeur quand il
parlait, avec une petite touche de la mélancolie. Ses gestes
étaient gracieux, son langage copieux, son débit
éloquent, avec une articulation claire et musicale »
(cité dans Chase, p. 24).
Pendant toute la première
phase de son ministère, Rigdon continua à rechercher
l’Église pure du Nouveau Testament qui pratiquait
l’imposition des mains pour le don du Saint-Esprit et la
guérison des malades. Attiré vers Alexander Campbell et
vers Walter Scott, des collègues dans le ministère qui
entretenaient le même genre d’idées, Rigdon
fréquenta les principaux membres de l’Association
baptiste de Mahoning, précurseur du mouvement
restaurationniste des Disciples du Christ (voir Restaurationnisme
protestant). En 1826 il devint pasteur d’une assemblée
de la Grand River Association à Mentor (Ohio). Mais en 1830,
Rigdon rompit avec Campbell et Scott, lesquels constituèrent
les Disciples du Christ, tandis que Rigdon créait une
« famille » communale près de Kirtland.
À la fin d’octobre
1830, quatre missionnaires mormons rendirent visite à Rigdon
en Ohio. L’un d’eux était Parley P. Pratt, que
Rigdon avait converti aux baptistes réformés un an plus
tôt. Pratt lui parla du Livre de Mormon et du rétablissement
de l’Évangile par l’intermédiaire de Joseph
Smith. Après deux semaines d’étude fervente,
Rigdon annonça qu’il croyait que la nouvelle Église
était la véritable Église apostolique rétablie
sur la terre. À la mi-novembre 1830, il fut baptisé et
ordonné ancien. Plus de cent membres de son assemblée
communautaire de Kirtland entrèrent avec lui dans l’Église.
Rigdon, avec Edward
Partridge, un jeune chapelier qui s’intéressait au
mormonisme, partit presque immédiatement pour Fayette (New
York), pour rencontrer Joseph Smith. Après leur arrivée,
une révélation donnée à Joseph félicita
Rigdon pour tout ce qu’il avait déjà fait, mais
l’appela à « une œuvre plus grande »,
notamment celle de secrétaire du prophète sur sa
« nouvelle traduction » de la Bible alors en
cours (D&A 35 ; voir aussi Traduction de la Bible par Joseph
Smith – TJS). En décembre 1830, Smith, avec l’aide
de Rigdon, travailla au manuscrit qui devint par la suite les
septième et huitième chapitres du livre de Moïse
dans la Perle de grand prix.
Le compte-rendu fait par
Rigdon de la moisson d’âmes dans la région de
Mentor-Kirtland en Ohio a pu inciter Joseph à demander à
être guidé pour déplacer le siège de
l’Église ; en décembre 1830, une révélation
leur commanda de quitter New York pour l’Ohio (D&A 37 ;
cf. 38). Le 1er février 1831, Joseph et Sidney arrivèrent
à Kirtland où ils reprirent leur travail sur la
traduction inspirée de la Bible.
Au cours de l’été
de 1831, Joseph, Sidney et d’autres dirigeants voyagèrent
vers Independence (Missouri), dont une révélation
disait que c’était le lieu de la Sion moderne et de la
nouvelle Jérusalem. Sidney reçut le commandement de
consacrer le pays de Sion au rassemblement des saints et d’écrire
une description du pays pour la publier (D&A 58:50). À
leur retour en Ohio, Joseph et Sidney reprirent la traduction des
Écritures et, le 16 février 1832, ils reçurent
conjointement la vision des degrés de gloire, qui est
maintenant Doctrine et Alliances, section 76. En mars 1832, ils
furent brutalement attaqués par des émeutiers et
enduits de goudron et de plumes. Sidney reçut des blessures à
la tête qui affectèrent de temps en temps sa stabilité
émotionnelle pour le reste de sa vie. Son ami Newel K. Whitney
dit qu’après cela il était « soit au
fond de la cave, soit tout en haut à la fenêtre du
grenier » (Chase, p. 115).
En mars 1833, Sidney
Rigdon et Frederick G. Williams furent officiellement mis à
part comme conseillers de Joseph Smith dans la Première
Présidence. Sidney avait déjà été
appelé comme conseiller de Joseph un an plus tôt, avant
qu’il y ait une Première Présidence. En 1833,
Rigdon fut également appelé comme « porte-parole »
de l’Église et de Joseph Smith. Rigdon reçut la
promesse qu’il serait « puissant dans l’explication
de toutes les Écritures » (D&A 100:11). À
ce même moment, Joseph disait de lui : « Frère
Sidney est un homme que j’aime, mais il n’est pas capable
d’avoir l’amour pur et constant pour ceux qui sont ses
bienfaiteurs qui devrait caractériser un président de
l’Église du Christ. Cela, avec quelques autres petites
choses, telles que l’égoïsme et l’indépendance
d’esprit… sont ses défauts. Mais malgré
cela, c’est un homme très grand et très bon, un
homme qui manie les mots avec une grande puissance et qui peut gagner
très rapidement l’amitié de ses auditeurs. C’est
un homme que Dieu soutiendra s’il reste fidèle à
son appel » (HC 1:443).
En 1834, Rigdon aida au
recrutement de volontaires pour le camp de Sion et, tandis que Joseph
était parti pour cette entreprise, eut la charge des affaires
à Kirtland, notamment la construction du temple (voir Temple
de Kirtland). Il fut l’instructeur principal à l’école
de Kirtland et aida à arranger les révélations
pour la publication de l’édition de 1835 des Doctrine et
Alliances (voir Écoles des prophètes). Sous la
direction du prophète, Sidney aida à la rédaction
et à la diffusion de plusieurs des Lectures on Faith
[Conférences sur la Foi] doctrinalement riches. Il faisait
souvent de longs sermons extravagants basés sur la Bible,
notamment un lors de la consécration du temple de Kirtland.
Lors des persécutions qui suivirent, en 1838, la faillite de
la Kirtland Safety Society, Rigdon s’enfuit, en même
temps que Joseph Smith et d’autres saints, vers Far West
(Missouri). Là, Rigdon prononça deux discours explosifs
célèbres, le Salt Sermon (le sermon sur le sel) et le
discours solennel du jour de l’Indépendance, deux
sermons qui suscitèrent des craintes et de la polémique
au Missouri et débouchèrent sur l’ordre
d’extermination et sur la bataille de Far West (voir Conflit au
Missouri). Avec Joseph et Hyrum Smith, Rigdon fut fait prisonnier et
enfermé à la prison de Liberty, mais fut rapidement
libéré à cause de graves crises d’apoplexie.
Rigdon prit une part
active à la fondation de Nauvoo et, en 1839, accompagna Joseph
Smith à Washington, D.C, pour présenter les griefs des
saints au gouvernement fédéral. Il fut élu au
conseil municipal de Nauvoo et remplit également les fonctions
de conseiller juridique municipal, de receveur des postes et de
professeur d’histoire à l’université
embryonnaire projetée pour la ville. Néanmoins, en
dépit de ses nombreuses fonctions, il fut presque silencieux
pendant ce temps et souvent malade. On l’accusa de s’être
associé à John C. Bennett et à d’autres
ennemis de l’Église dans leurs plans séditieux
pour déposer Joseph Smith, mais ce fut quelque chose qu’il
nia toujours. Il n’approuva pas le principe du mariage plural,
tout en ne s’y opposant jamais ouvertement. Joseph Smith finit
par perdre confiance en lui et, en 1843, voulut le rejeter comme
conseiller, mais à cause de l’intercession de Hyrum
Smith, le maintint à son poste.
Au début de 1844,
quand Joseph Smith se porta candidat pour devenir président
des États-Unis, Rigdon fut désigné comme
candidat à la vice-présidence et il élut
domicile à Pittsburgh pour continuer la campagne. C’est
là qu’il était quand il apprit la nouvelle du
meurtre de Joseph Smith. Il se hâta de retourner à
Nauvoo pour se proposer comme « tuteur de l’Église »,
promettant d’agir en tant que tel jusqu’à ce que
Joseph Smith ressuscite d’entre les morts. Ses prétentions
furent dûment examinées, mais lors d’une réunion
mémorable qui eut lieu le 8 août 1844 à Nauvoo,
les membres de l’Église le rejetèrent comme
tuteur (voir Succession dans la présidence). Les douze apôtres
(voir Collège des douze apôtres) furent soutenus à
la tête de l’Église. Quand il entreprit de mettre
sur pied une direction rivale, Rigdon fut excommunié en
septembre 1844 et partit avec quelques disciples pour la
Pennsylvanie, où ils organisèrent une Église du
Christ. Agissant de manière fantasque, il perdit la plupart de
ses disciples en moins de deux ans. En 1863, il fit un autre effort,
fondant l’Église de Jésus-Christ des enfants de
Sion, qui continua jusque dans les années 1880. De 1847 à
sa mort en 1876, Rigdon résida à Amity (New York)
habituellement dans un état de déséquilibre
émotionnel et de chagrin.
En 1834, dans Mormonism
Unvailed, Eber D. Howe attaqua l’authenticité du Livre
de Mormon en adoptant l’argument de Philastus Hurlbut que
Sidney Rigdon avait volé la « Manuscript Story »
de Salomon Spaulding (voir Manuscrit Spaulding), l’avait plagié
pour composer le Livre de Mormon et l’avait donné à
Joseph Smith pour qu’il le publie à son nom. De son
vivant, Rigdon et les membres de sa famille nièrent
systématiquement tout lien avec Spaulding, et après la
découverte, en 1885, d’un des manuscrits de Spaulding,
l’histoire fut discréditée.
Bibliographie
Backman, Milton V., Jr.
The Heavens Resound : A History of the Latter-day Saints in
Ohio, 1830-1838. Salt Lake City, 1983.
Chase, Daryl. “Sidney
Rigdon–Early Mormon”. Mémoire de maîtrise,
université de Chicago, 1931.
McKiernan, F. Mark. The
Voice of One Crying in the Wilderness : Sidney Rigdon, Religious
Reformer 1793-1876. Lawrence, Kan., 1971.
BRUCE A. VAN ORDEN
S
Sabbat
Auteur :
SMART, WILLIAM B.
Le sabbat est un jour mis
à part pour le repos et le renouvellement spirituel.
L’importance de l’observance du sabbat, enseignée
depuis la Création et pendant toute l’histoire de la
religion, est confirmée de nouveau dans les Écritures
modernes et dans les enseignements des dirigeants de l’Église.
Les éléments fondamentaux du respect du sabbat sont la
prière, l’étude de l’Évangile, le
culte lors des réunions du sabbat, les activités
édifiantes en famille et le service d’autrui.
Dieu a donné le
ton quand, après six jours d’œuvre créatrice,
il s’est reposé le septième (Ge. 2:2 ; Moï.
3:2). Après l’exode, Moïse a dit aux Israélites
de récolter une double part de manne le jour précédant
« le jour du repos, le sabbat consacré à
l’Éternel » (Ex. 16:23). En effet, le mot
« sabbat » est dérivé de l’hébreu
shabbath, signifiant « s’interrompre »,
« s’arrêter » ou « se
reposer ». Les dix commandements contiennent l’ordre :
« Souviens–toi du jour du repos, pour le sanctifier.
Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le
septième jour est le jour du repos de l’Éternel,
ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage » (Ex. 20:8-10).
Le Nouveau Testament
abonde en références au sabbat. Entre-temps, certains
avaient perdu l’esprit de la loi et l’avaient enfermée
dans une obéissance inflexible. Le Sauveur les réprimanda :
« Le sabbat a été fait pour l’homme,
et non l’homme pour le sabbat. C’est pourquoi le sabbat a
été donné à l’homme comme jour de
repos et aussi pour que l’homme puisse louer Dieu… Car
le Fils de l’homme a fait le jour du sabbat, de sorte que le
Fils de l’homme est maître même du sabbat »
(TJS Mc. 2:25-27). Après le ministère terrestre de
Jésus, les premiers chrétiens se réunirent le
jour du Seigneur, le premier jour de la semaine, en mémoire de
sa résurrection (cf. Ac. 20:7 ; Ap. 1:10).
Depuis son commencement,
l’Église observe le sabbat le premier plutôt que
le septième jour de la semaine (pour quelques exceptions au
Proche Orient, voir Dimanche). La révélation-clef
donnant le modèle, la portée et le but de l’observance
du sabbat fut donnée à Joseph Smith le 7 août
1831, un dimanche :
« Et afin de
te préserver plus complètement des souillures du monde,
tu iras en mon saint jour à la maison de prière et tu y
offriras tes sacrements ; car en vérité, c'est ce
jour qui t'est désigné pour que tu te reposes de tes
labeurs et pour que tu présentes tes dévotions au
Très-Haut… Mais souviens-toi qu'en ce jour… tu
ne feras rien d'autre que de préparer ta nourriture en toute
simplicité de cœur, afin que ton jeûne soit
parfait, ou, en d'autres termes, que ta joie soit complète »
[D&A 59:9-13].
Dans toute l’histoire
de l’Église, les dirigeants ont souligné
l’importance de l’observance du sabbat, enseignant que le
sabbat est un jour saint de culte où les fidèles
renouvellent leurs alliances avec le Seigneur, se réunissent
et s’enseignent les choses de l’Esprit, visitent et
fortifient les faibles et les affligés et étudient et
contemplent la parole du Seigneur. Tout en évitant les
interdits spécifiques arbitraires, les dirigeants de l’Église
ont donné des directives claires, comme dans ces instructions
du président Kimball :
« Le but du
commandement n’est pas de priver l’homme de quelque
chose. Chaque commandement que Dieu a donné à ses
serviteurs est pour le profit de ceux qui le reçoivent et y
obéissent…
« Le sabbat
n’est pas un jour pour flâner avec nonchalance dans la
maison ou jardiner, mais est un jour pour assister régulièrement
aux réunions pour le culte du Seigneur, buvant à la
source de la connaissance et de l’instruction, jouissant de la
famille et trouvant de l’élévation dans la
musique et la chanson.
« Le sabbat
est un jour saint pour faire des choses de valeur et saintes.
S’abstenir du travail et des amusements est important mais
insuffisant. Le sabbat réclame des pensées et des actes
constructifs, et si l’on ne fait que flâner sans rien
faire le sabbat, on l’enfreint. Pour l’observer, on sera
à genoux pour prier, on préparera des leçons, on
étudiera l’Évangile, on méditera, on
visitera les malades et les affligés, on écrira aux
missionnaires, on fera un petit somme, on lira des ouvrages sains et
on assistera à toutes réunions de ce jour auxquelles on
est censé être…
« Il est vrai
que certaines personnes doivent travailler le sabbat. Et en fait, une
partie du travail qui est vraiment nécessaire – prendre
soin des malades, par exemple – peut servir à sanctifier
le sabbat. Cependant, dans de telles activités, ce sont nos
mobiles qui sont déterminants.
« Quand les
hommes et les femmes sont disposés à travailler le
sabbat pour augmenter leur richesse, ils brisent les commandements
car l’argent gagné le sabbat, si le travail n’est
pas nécessaire, est de l’argent impur…
« Enfreignent
aussi le sabbat ceux qui achètent des produits ou des
divertissements le sabbat, encourageant ainsi les lieux de
distraction et les commerces à rester ouverts – ce qui
ne serait sinon pas le cas. Si nous achetons, vendons, commerçons
ou soutenons ces établissements le jour du Seigneur, nous
sommes aussi rebelles que les enfants d’Israël »
[« The Sabbath – A Delight », Ensign 8,
janv. 1978, p. 4-5].
La façon des
saints d’observer le sabbat a évolué au cours des
années, mais les principes sont demeurés les mêmes.
Joseph Smith a écrit à propos de la première
réunion de conférence de l’Église, le 9
juin 1830 : « Après avoir ouvert par un
cantique et une prière, nous avons pris ensemble les emblèmes
du corps et du sang de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous nous
sommes ensuite mis en devoir de confirmer plusieurs personnes qui
avaient été récemment baptisées, après
quoi nous en avons appelé et ordonné plusieurs aux
divers offices de la prêtrise. Beaucoup d’exhortations et
d’instructions ont été données »
(HC 1:84). Le chant, la prière, la Sainte-Cène, et
l’enseignement sont restés les éléments
fondamentaux des réunions de sabbat des saints des derniers
jours.
Pendant de nombreuses
années, après l’organisation de l’école
du dimanche en 1849, les services religieux du sabbat ont consisté
en une école du dimanche le matin et une réunion de
Sainte-Cène l’après-midi ou en début de
soirée. Les réunions hebdomadaires de prêtrise de
paroisse se tenaient le lundi soir et la réunion de jeûne
et de témoignages le premier jeudi de chaque mois. En 1896, le
jour jeûne fut remplacé par le premier dimanche pour
faciliter l’assistance et moins perturber les membres dans leur
emploi ; dans les années 1930, la réunion de
prêtrise passa au dimanche matin.
Un autre grand changement
se produisit en 1980 avec le regroupement de toutes les réunions
du dimanche en un seul bloc, généralement de trois
heures, comprenant la Société de secours, les Jeunes
Filles et la Primaire qui s’étaient tenues jusque là
au milieu de la semaine. Le changement fut introduit pour épargner
du temps, des déplacements et des frais, pour permettre à
plusieurs paroisses de se réunir plus commodément dans
un seul bâtiment, pour fortifier les foyers en permettant aux
familles de passer plus de temps ensemble pendant la semaine et pour
laisser aux membres de l’Église plus de temps à
consacrer au service de la collectivité.
En annonçant le
changement, la Première Présidence souligna à
nouveau les principes fondamentaux de l’Église
concernant le sabbat : « Une plus grande
responsabilité sera confiée aux membres
individuellement et aux familles d’observer correctement le
jour du sabbat. » Elle proposa que chaque famille se livre
à une heure d’étude de l’Évangile le
dimanche et à « d’autres activités
convenant au sabbat, comme fortifier les liens familiaux, rendre
visite aux malades et à ceux qui doivent garder la maison,
rendre service aux autres, écrire son histoire personnelle et
celle de la famille, faire l’œuvre généalogique
et l’œuvre missionnaire » (Church News, 2
févr. 1980, p. 3).
Le Seigneur a promis des
bénédictions à ceux qui sanctifient le sabbat.
Dans les temps anciens, il a promis de leur envoyer la pluie en sa
saison, de les aider à vaincre leurs ennemis, de leur donner
la paix, de les multiplier et d’établir son alliance
avec eux (Lé. 26:2-9). « Je marcherai au milieu de
vous, je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple » (v.
12 ; cf. És. 58:13-14). Dans des temps modernes, il a
réaffirmé ces promesses : « En vérité,
je dis que si vous le faites, la plénitude de la terre est à
vous » (D&A 59:16). [Voir aussi Réunions
principales de l’Église ; Vie et culte des
pionniers ; Culte.]
Bibliographie
On trouvera dans Ensign
8, janv. 1978, un recueil d’articles traitant de l’observance
du sabbat dans l’Église, notamment des aperçus de
doctrine et de pratique historique.
WILLIAM B. SMART
Saint
des saints
Auteur :
Cahoon, Lyle
Dans les temps anciens,
sur ordre divin donné à Moïse, le saint des saints
fut créé au centre de la tente d’assignation (Ex.
25-27). C'était un cube de quatre mètres cinquante que
l’on avait constitué en pendant des voiles de poils de
chèvre, de peaux de bélier et d'autres peaux teintes.
Certains étaient brodés de motifs de chérubins
en bleu, pourpre et écarlate. Le saint des saints devait
recevoir un coffre appelé l'arche de l'alliance. C’était
dans ce coffre, fait de bois d'acacia plaqué or, que se
trouvaient les tables de pierre gravées de la main de Dieu et
son couvercle était le propitiatoire. Façonné
d'une seule pièce d'or fin, ce propitiatoire, au-dessus duquel
étaient sculptés des chérubins, formait le trône
visible de la présence de Dieu. Une fois par an, le jour des
Expiations, le souverain sacrificateur entrait dans le saint des
saints et aspergeait le propitiatoire du sang des sacrifices comme
expiation des péchés d’Israël. Bien que
l'arche ait disparu, ce rituel s’est poursuivi dans les temples
de Zorobabel et de Hérode.
Un saint des saints
moderne a été consacré dans le grand temple de
Salt Lake City. C'est une chambre centrale contiguë à la
salle céleste. Au-delà de ses portes coulissantes, il y
a six marches menant à des portes du même genre,
symbolisant le voile qui gardait le saint des saints dans les temps
anciens. Le sanctuaire a une forme circulaire avec un plafond voûté.
Il est décoré de bois marqueté, de feuilles
d'or, de vitraux peints et d’un éclairage qui lui est
propre. Le grand prêtre président, président de
l'Église, détient l'accès à ce
sanctuaire.
Bibliographie
Encyclopedia Judaica,
vol. 15, cols. 681-682, 748-749. Jérusalem, 1971.
Talmage, James E. House
of the Lord, p. 162-163. Salt Lake City, 1974.
LYLE CAHOON
Saint-Esprit
Auteur :
McConkie, Joseph Fielding
L'Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours enseigne que le
Saint-Esprit est un homme d'esprit, un fils d'esprit de Dieu le Père.
C’est un point de doctrine fondamental de l'Église que
Dieu est le Père de l'esprit de tous les hommes et femmes, que
Jésus est littéralement le Fils de Dieu dans l'esprit
et dans la chair et que le Saint-Esprit est un personnage d'esprit
séparé et distinct du Père et du Fils. Le
Saint-Esprit est le troisième membre de la Divinité
éternelle et on lui donne aussi les noms d’Esprit-Saint,
d’Esprit de Dieu, d’Esprit du Seigneur et de Consolateur.
Chacun des trois membres de la Divinité s’est manifesté
lors du baptême de Jésus (Mt. 1:9-12 ; voir aussi
Colombe, signe de la). Le prophète Joseph Smith a enseigné
à leur sujet : « Le Père a un corps de
chair et d'os aussi tangible que celui de l'homme, le Fils aussi ;
mais le Saint-Esprit n'a pas de corps de chair et d'os, c'est un
personnage d'esprit. S'il n'en était pas ainsi, le
Saint-Esprit ne pourrait demeurer en nous. » (D&A
130:22). Dans un sens figuré, le Saint-Esprit demeure dans le
cœur des saints justes de toutes les dispensations (D&A
20:18-21).
Joseph Smith a également
dit que « une alliance éternelle fut faite entre
trois personnages avant que notre terre ne fût organisée,
et elle a trait à ce qu’ils devaient dispenser aux
hommes sur la terre ; ces personnages… sont appelés
Dieu le premier, le Créateur ; Dieu le second, le
Rédempteur ; et Dieu le troisième, le témoin
ou testateur » (EPJS, p. 152).
Les saints des derniers
jours comprennent que par l’obéissance aux lois et aux
ordonnances de l'Évangile, Adam a reçu le Saint-Esprit
et a ainsi appris que la rédemption de la Chute sera donnée
par le Christ à tous ceux qui l'acceptent (Moïse 5:6-9).
Ainsi, l'Évangile est prêché depuis le
commencement, étant déclaré par des anges, par
la voix de Dieu et par le don du Saint-Esprit (Moïse 5:58-59 ;
cf. 2 Pi. 1:21). Néphi 1 (v. 600 av. J.-C.) a témoigné
que le Saint-Esprit est « le don de Dieu à tous
ceux qui le recherchent diligemment, aussi bien dans les temps
anciens qu'au moment où il se manifestera aux enfants des
hommes… Car celui qui cherche diligemment trouve ; et les
mystères de Dieu lui seront dévoilés par le
pouvoir du Saint-Esprit, aussi bien en ces temps-ci que dans les
temps anciens, et aussi bien dans les temps anciens que dans les
temps à venir » (1 Né. 10:17-19).
Joseph Smith a enseigné
que l'influence du Saint-Esprit, qui est le pouvoir de Dieu qui
convainc de la véracité de l'Évangile, peut être
reçu avant le baptême, mais que le don ou la compagnie
constante du Saint-Esprit, qui se reçoit par l’imposition
des mains, ne s’obtient qu’après le baptême
(EPJS, p. 160). « Vous pourriez aussi bien baptiser un sac
du sable qu'un homme, si ce n’est en vue de la rémission
des péchés et de l'obtention du Saint-Esprit. Le
baptême d'eau n’est qu’un demi-baptême et
n’est bon à rien sans l'autre moitié,
c’est-à-dire le baptême du Saint-Esprit »
(EPJS, p. 254). On s'attend donc à ce qu'une personne reçoive,
avant le baptême, le témoignage du Saint-Esprit
concernant la véracité de l'Évangile de
Jésus-Christ, de l'Écriture et des paroles des
prophètes vivants ; toutefois l’Esprit ne se
déverse pleinement que quand la personne se conforme au
commandement d'être baptisée. Ce n’est qu’après
le baptême que le don peut être conféré par
quelqu’un qui a l'autorité (Mro. 10:3-5 ; D&A
76:52). Et même alors, le Saint-Esprit ne peut pas être
reçu par quelqu'un qui n'est pas digne de lui, puisque le
Saint-Esprit ne demeure pas dans le cœur d'une personne
injuste. On peut donc recevoir la compagnie réelle du
Saint-Esprit juste après le baptême ou plus tard, quand
celui qui reçoit la promesse devient un compagnon convenable
pour cet être saint. Si la personne cesse ensuite d'être
pure et obéissante, le Saint-Esprit se retire (1 Co. 3:16-17).
Le Saint-Esprit est un
sanctificateur. Étant donné que rien d’impur ne
peut demeurer en la présence divine, le système entier
du salut est centré sur le processus de sanctification ;
les hommes sont sauvés dans la mesure où ils sont
sanctifiés. La sanctification et la sainteté sont
inséparables. « Être sanctifié c’est
devenir pur et sans tache, être exempt du sang et des péchés
du monde, devenir une nouvelle créature du Saint-Esprit,
quelqu’un dont le corps a été renouvelé
par la renaissance de l'Esprit. La sanctification est un état
de sainteté, un état que l’on n’atteint
qu’en se conformant aux lois et aux ordonnances de l'Évangile »
(MD, p. 675).
Le Saint-Esprit est un
révélateur. Le prophète Joseph Smith a enseigné
que « nul ne peut recevoir le Saint-Esprit sans recevoir
des révélations » (EPJS, p. 265). Jouir de
la compagnie du Saint-Esprit c’est jouir de l'esprit de
révélation (D&A 8:2-3). Sans la révélation,
il ne peut y avoir de témoin compétent du Christ ou de
son Évangile (Ap. 19:10). Le Saint-Esprit est la source de
toute connaissance salvatrice. Ceux qui cherchent cette connaissance
sincèrement et dans l'esprit de la prière ont la
promesse que tout ce qui est nécessaire leur sera révélé
(D&A 18:18). Néphi témoigne que le Christ « se
manifeste par le pouvoir du Saint-Esprit à tous ceux qui
croient en lui, oui, à toutes les nations, tribus, langues et
peuples, accomplissant de grands miracles, signes et prodiges parmi
les enfants des hommes, selon leur foi » (2 Né.
26:13 ; cf. 1 Co. 2:11-13 ; D&A 76:116).
Le Saint-Esprit est un
instructeur. Tous ceux qui seront sauvés doivent être
formés par lui. Les choses de l'Esprit ne peuvent être
comprises qu’une fois enseignées et apprises par
l'Esprit (D&A 50:11-24). La mission divine d’enseigner les
vérités du salut est confiée au Saint-Esprit.
Jésus était rempli du pouvoir du Saint-Esprit (Luc
4:1). « Il ne parlait pas comme les autres homes, et on ne
pouvait pas non plus l’instruire, car il n’avait pas
besoin que quiconque l’instruisît » (TJS Mt.
3:25). Le Père a donné au Christ l'Esprit sans mesure
(Jean 3:34). Les anges parlent aussi par le pouvoir du Saint-Esprit
(2 Né. 32:3). Telle est la norme pour tous ceux qui vont
au nom du Christ. « Vous n'êtes pas envoyés
pour être enseignés, a dit le Sauveur aux premiers
saints des derniers jours, mais pour enseigner aux enfants des hommes
ce que j'ai mis entre vos mains par le pouvoir de mon Esprit. Et vous
allez être enseignés d'en haut. Sanctifiez-vous et vous
serez dotés de pouvoir, afin de donner tout comme je l'ai
dit » (D&A 43:15-16).
En décrivant
l'influence du Saint-Esprit quand il est descendu sur lui et sur
Oliver Cowdery, le prophète Joseph Smith a dit : « Nous
étions remplis du Saint-Esprit et nous nous réjouissions
du Dieu de notre salut. Notre esprit étant maintenant éclairé,
nous commençâmes à voir les Écritures se
dévoiler à notre entendement, et la véritable
signification et le sens des passages les plus mystérieux se
révéler à nous d'une manière à
laquelle nous n'avions jamais pu parvenir précédemment,
à laquelle nous n'avions même jamais pensé
auparavant. » (JS–H 1:73-74 ; cf. Alma 5:46).
Le Saint-Esprit remet aussi en mémoire ce qui a été
précédemment appris (Jean 14:26), indique ce pour quoi
il faut prier (D&A 46:30) et fait connaître ce qu’il
faut dire quand on prêche et qu’on enseigne (D&A
84:85).
Le Saint-Esprit est le
Consolateur. Une caractéristique distinctive des vérités
du salut est qu'elles s’accompagnent d’un esprit de
consolation et de paix. C'est la fonction du Saint-Esprit d’alléger
les fardeaux, de donner du courage, de fortifier la foi, d’accorder
la consolation, d’apporter de l'espoir et de révéler
ce qui est nécessaire à ceux qui ont droit à sa
compagnie sacrée (Moï. 6:61).
Jésus a enseigné
qu'il n’y a pas de plus grand péché que le péché
contre le Saint-Esprit (Mt. 12:31-32). Une révélation
moderne explique : « Le blasphème contre le
Saint-Esprit, qui ne sera pas pardonné dans le monde ni hors
du monde, consiste à commettre un meurtre dans lequel on verse
le sang innocent et consent à ma mort après avoir reçu
la nouvelle alliance éternelle, dit le Seigneur Dieu »
(D&A 132:27). Joseph Smith a ajouté que ce genre de
personne rejette le Fils après que le Père l'a révélé,
renie la vérité et défie le plan du salut. « À
partir de ce moment-là il commence à être un
ennemi…. Il reçoit l'esprit du diable – ce même
esprit qu'avaient ceux qui crucifièrent le Seigneur de la vie
– le même esprit qui pèche contre le Saint-Esprit.
On ne peut pas sauver de telles personnes, on ne peut pas les amener
à la repentance, elles font une guerre ouverte, comme le
diable, et terrible est la conséquence » (EPJS, p.
290 ; cf. D&A 76:31-38, 43-48 ; voir aussi Péché
impardonnable).
Le Saint-Esprit est un
pouvoir tellement édifiant et une telle source de connaissance
nécessaire de l'Évangile qu'avoir sa compagnie et son
influence constantes est le plus grand don qu’une personne
puisse recevoir dans la condition mortelle (cf. D&A 121:46). On
rapporte qu'un jour que l’on demandait au prophète
Joseph Smith « en quoi [l'Église mormone] différait
des autres religions de l’époque », il a
répondu que c’était dans « le don du
Saint-Esprit par l’imposition des mains… [et] que toutes
les autres considérations étaient contenues dans le don
du Saint-Esprit » (HC 4:42).
Bibliographie
McConkie, Bruce R. A New
Witness for the Articles of Faith, chaps. 28-31. Salt Lake City,
1985.
McConkie, Joseph Fielding
et Robert L. Millet. The Holy Ghost. Salt Lake City, 1989.
JOSEPH FIELDING MCCONKIE
Saint-Esprit
de Promesse
Auteur :
Flake, Lawrence R.
Le Saint-Esprit de
Promesse est l'un des nombreux noms-titres descriptifs du
Saint-Esprit et a trait à l’une de ses fonctions
spécifiques. Dans Jean 14:16, le Sauveur, qui avait été
un consolateur pour ses disciples, leur assure qu’après
son départ au ciel ils recevront un autre Consolateur :
« Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un
autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec
vous. » Le verset suivant dit que ce Consolateur est
« l’esprit de vérité » qui
« demeure avec vous, et il sera en vous »
(verset 17). Le Seigneur précisera plus tard que ce
Consolateur promis est le Saint-Esprit (verset 26). Doctrine et
Alliances 88:3 réitère et éclaircit :
« C'est pourquoi, je vous envoie maintenant un autre
Consolateur, oui, sur vous, mes amis, afin qu'il demeure dans votre
cœur, oui, le Saint-Esprit de promesse ; lequel autre
Consolateur est celui-là même que j'ai promis à
mes disciples, comme c'est écrit dans le témoignage de
Jean. »
Le Saint-Esprit de
Promesse est le pouvoir par lequel les ordonnances et les autres
actes justes accomplis sur cette terre, tels que le baptême et
le mariage éternel, sont ratifiés, validés et
scellés dans le ciel aussi bien que sur la terre. Paul
enseigne aux Éphésiens qu'après avoir agi en
fonction de leur foi au Christ ils ont « été
scellés du Saint–Esprit qui avait été
promis » ce qui était le gage de leur « héritage,
pour la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis »
(Ép. 1:12-14). Le scellement des alliances et des ordonnances
terrestres est conditionnel et dépend de l'engagement
personnel et de la dignité du bénéficiaire. Si
une personne qui a reçu le Saint-Esprit de Promesse devient
plus tard mauvaise, le scellement est rompu jusqu'à ce qu’il
y ait repentir et pardon complets (DS 1:60 ; 2:95-100).
La nécessité
du scellement par le Saint-Esprit est soulignée dans le
passage suivant : « tous contrats, alliances,
conventions, obligations, serments, vœux, actes, unions,
associations ou attentes qui ne se font pas et ne sont pas contractés
et scellés par le Saint-Esprit de promesse… n'ont
aucune validité, vertu ou force dans et après la
résurrection d'entre les morts ; car tous les contrats
qui ne sont pas faits dans ce sens prennent fin quand les hommes sont
morts » (D&A 132:7). Les représentants
terrestres du Seigneur, tels que les évêques et les
anciens, peuvent être trompés par une personne indigne,
mais personne ne peut tromper le Saint-Esprit, qui ne ratifiera pas
une ordonnance reçue dans un état d’indignité.
Cette sauvegarde est attachée à toutes les bénédictions
et alliances liées à l'Évangile de Jésus-Christ.
La manifestation suprême
du Saint-Esprit de Promesse se produit quand une personne voit sa
vocation et son élection assurées, c’est-à-dire
qu’elle reçoit « la parole prophétique
plus certaine » témoignant qu'elle est scellée
à la vie éternelle (D&A 131:5). Le Saint-Esprit de
Promesse valide cette bénédiction ou la scelle sur la
personne. À propos du Saint-Esprit de Promesse, le Seigneur
dit : « Ce Consolateur est la promesse que je vous
fais de la vie éternelle, c'est-à-dire la gloire du
royaume céleste » (D&A 88:4 ; cf. MD, p.
361-362).
Bibliographie
McConkie, Bruce R.
Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 3, p. 333-37. Salt Lake
City, 1973.
LAWRENCE R. FLAKE
Sainteté
Auteur :
Bell, Elouise M.
Dans la pensée
mormone, comme dans la plupart des religions, c'est Dieu qui investit
une personne, un lieu ou un objet d’une sainteté :
« Car je suis capable de vous rendre saints, et vos péchés
vous sont pardonnés » (D&A 60:7). On dit donc
que les temples de l'Église sont saints parce qu'ils sont
consacrés à la Divinité qui s'est manifestée
en eux. Les saints des derniers jours disent que le sabbat est saint
parce que Dieu a mis son esprit dans ce jour. Le lieu boisé où
Joseph Smith a reçu sa Première Vision est qualifié
de bosquet sacré parce que le Père et le Fils y sont
apparus. Le mariage et les autres ordonnances de la prêtrise
sont considérés comme saints parce que Dieu est
directement et personnellement partie prenante dans de telles
alliances. Les Écritures sont saintes parce qu'elles
contiennent la parole de Dieu.
Bien qu'ils utilisent
rarement le terme « saint » (sauf un cantique
bien-aimé qui supplie Dieu « Ah, donne à mon
âme plus de sainteté »), les saints des
derniers jours essayent de parvenir à un certain degré
de sainteté et de perfection dans la condition mortelle :
« L’homme peut être parfait dans sa sphère…
la perfection individuelle est relative… La loi de l'Évangile
est une loi parfaite et la perfection est le résultat certain
d’une obéissance complète » (Talmage,
p. 169).
Le processus par lequel
on devient saint est basé sur trois points de doctrine :
la justification, qui satisfait aux exigences de la justice pour les
péchés de l'individu par l'expiation de Jésus-Christ ;
la purification, rendue possible par cette même expiation et
symbolisée par le pain et l’eau de la Sainte-Cène,
qui nécessite que l’on se purifie constamment des taches
et des imperfections terrestres ; et la sanctification, qui est
le processus par lequel on est rendu saint. Une fois que l’on
s’est purifié au maximum des imperfections, on est
investi, au cours de toute une vie, de la sainteté de Dieu.
Alma le Jeune est un exemple de quelqu’un que Dieu a reconnu
comme saint (Al. 10:7-9).
Ces principes sont
récapitulés dans l’avant-dernier verset du Livre
de Mormon : « Et en outre, si, par la grâce de
Dieu, vous êtes parfaits dans le Christ, et ne niez pas son
pouvoir, alors vous êtes sanctifiés dans le Christ, par
la grâce de Dieu, grâce à l'effusion du sang du
Christ, qui est dans l'alliance du Père pour le pardon de vos
péchés, afin que vous deveniez saints, sans tache »
(Mro. 10:33).
Sainte-Cène
[Cette rubrique est en
deux parties : Sainte-Cène et Sainte-Cène :
Prières de Sainte-Cène. La première partie
explique la pratique de la Sainte-Cène dans l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours, la deuxième
donne l’histoire et le contenu des prières de
Sainte-Cène utilisées dans la bénédiction
de la Sainte-Cène.]
Sainte-Cène
Auteur :
PIXTON, PAUL B.
L’expression
Sainte-Cène, telle que l’utilise l’Église,
désigne l’ordonnance instituée par Jésus-Christ
comme moyen mis à la disposition des saints dignes pour
renouveler leurs alliances avec leur Rédempteur et avec Dieu
le Père (cf. Mos. 18:8-10 ; JC, p. 642-643 ; AF, p.
217). La veille de son procès et de sa crucifixion à
Jérusalem, entouré de ses disciples les plus intimes,
les douze apôtres, Jésus prit le pain, le bénit,
le rompit puis le leur donna en disant : « Prenez,
mangez, ceci est mon corps. » Jésus prit de même
la coupe, la bénit et la leur donna en disant :
« Buvez–en tous ; car ceci est mon sang, le
sang de l’alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour
la rémission des péchés » (Mt.
26:26-28). Le Livre de Mormon rapporte que Jésus ressuscité
institua cette même ordonnance en souvenir de son corps et de
son sang quand il se montra aux justes du continent américain
après son ascension à Jérusalem (3 Né.
18:7 ; 20:3 ; 26:13).
Paul note que le sauveur
a donné le commandement d’accomplir régulièrement
cette ordonnance, « a Car toutes les fois que vous mangez
ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez [témoignez
de] la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne »
(1 Co. 11:26). Le Nouveau Testament indique que l’injonction
était respectée dans l’Église chrétienne
primitive (cf. Ac. 2:42 ; 20:7). Paul écrit clairement
aux saints de Corinthe à propos de l’ordonnance simple
qu’il a reçue du Seigneur, soulignant qu’elle se
fait « en mémoire de [Jésus-Christ] »
(1 Co. 11:19-26 ; cf. Lu. 22:19 ; 3 Né. 18:7).
Le moment et l’endroit
choisis par Jésus pour donner la Sainte-Cène à
ses disciples de Jérusalem rattachent cette ordonnance à
l’observance plus ancienne de la pâque, y compris le pain
et le vin qu’il a utilisés, et auxquels il donna un
nouveau symbolisme (Mt. 26:26-28 ; Lu. 22:15-20). Par son
expiation, le Christ a accompli le but de l’ordonnance des
sacrifices d’animaux que l’on trouve dans l’Ancien
Testament, qui préfigurait le sacrifice final du Fils de Dieu.
La nouvelle ordonnance a remplacé la nécessité
des sacrifices d’animaux par le sacrifice, de la part des
disciples du Christ, d’un cœur brisé et d’un
esprit contrit (3 Né. 9:18-20).
Le sermon de Jésus
sur le sujet du « pain de vie » dans l’évangile
de Jean s’inspire du symbolisme du Seigneur lui-même
comme étant « le pain vivant qui est descendu du
ciel ». Il préfigure également l’ordonnance
de la Sainte-Cène qu’il introduira plus tard pour
rappeler à tout le monde que le salut n’est possible que
par « le pain vivant » et « l’eau
vive » (cf. Jean 6:48-58). Mais à l’époque
post-apostolique, les théologiens transformèrent la
nature symbolique de la cène du Seigneur en dogme de la
transsubstantiation [la présence réelle], introduisant
ainsi la notion que ceux qui prennent le pain et le vin ingèrent
miraculeusement et littéralement le corps et le sang du
Christ, même si l’aspect extérieur des emblèmes
ne change pas. Les saints rejettent ce dogme et affirment que la
Sainte-Cène a pour but de les aider à se souvenir de
Jésus et que la transformation dont il s’agit est la
rénovation de l’âme humaine par l’Esprit
(D&A 20:75-79).
La Sainte-Cène,
selon la croyance des saints, ne sert pas principalement de moyen
d’obtenir la rémission des péchés. Ce
qu’elle fait, c’est concentrer l’attention sur le
sacrifice pour le péché accompli par le Sauveur et sur
la nécessité, pour tous ceux qui ont été
baptisés, de garder leur vie constamment en harmonie avec ses
enseignements et ses commandements. Pour cette raison, il y a de
nombreuses injonctions scripturaires commandant à ceux qui
prennent la Sainte-Cène de se conformer aux commandements de
Dieu (1 Co. 11:22-23 ; 3 Né. 18:28-29 ; D&A
46:4). Toutefois, les enfants non baptisés, comme ils sont
sans péché, ont le droit de prendre la Sainte-Cène
pour préfigurer l’alliance qu’ils contracteront
eux-mêmes à l’âge de responsabilité,
qui est de huit ans (voir Enfants : Salut des enfants). En
bénissant la Sainte-Cène lors de son dernier repas, le
Christ lui-même a utilisé les emblèmes qu’il
avait sous la main : du pain et du vin. Le Seigneur a dit à
Joseph Smith : « Peu importe ce que vous mangez ou ce
que vous buvez lorsque vous prenez la Sainte-Cène, si vous le
faites l’œil fixé uniquement sur ma gloire, vous
souvenant devant le Père de mon corps qui a été
déposé pour vous et de mon sang qui a été
versé pour la rémission de vos péchés. »
(D&A 27:2). Dans la pratique, les saints des derniers jours
utilisent du pain et de l’eau.
L’ordonnance de la
Sainte-Cène est administrée par « ceux qui
ont l’autorité », c’est-à-dire
par des détenteurs de la prêtrise. Selon la révélation
moderne, les prêtres de la Prêtrise d’Aaron et
n’importe quel détenteur de la Prêtrise de
Melchisédek peuvent officient à la table de
Sainte-Cène ; d’une manière générale,
la table est préparée par les instructeurs de la
Prêtrise d’Aaron, et le pain et l’eau sont bénis
par les prêtres et distribués aux membres de l’Église
par les diacres de la même prêtrise.
Les prières dites
sur ces emblèmes sont parmi les rares dont les paroles soient
prescrites par les Écritures. Ceux qui prennent la Sainte-Cène
contractent l’alliance avec le Seigneur de prendre sur eux le
nom du Christ, de toujours se souvenir de lui et de garder ses
commandements. De son côté, le Seigneur fait alliance
qu’ils peuvent toujours avoir son Esprit avec eux (D&A
20:75-79 ; Mro. 4-5 ; Jn. 6:54). [Voir aussi Expiation de
Jésus-Christ ; Communion ; Dernière Cène.]
Bibliographie
Madsen, Truman G.
« Christ and the Sacrament » and « The
Sacramental Life ». Christ and the Inner Life, p. 39-42.
Salt Lake City, 1981.
PAUL B. PIXTON
Sainte-Cène :
Prières de Sainte-Cène
Auteur :
TANNER, JOHN S.
Les prières de
Sainte-Cène, qui ont été révélées
par le Seigneur au prophète Joseph Smith, sont parmi les rares
prières fixes dans l’Église et les seules qu’il
est commandé aux membres d’offrir « souvent »
(D&A 20:75). On les fait régulièrement pendant
l’administration de l’ordonnance de la Sainte-Cène
à la réunion de Sainte-Cène, ce qui les fait
occuper une place centrale dans la vie religieuse des saints des
derniers jours. Elles sont d’usage ancien et, à une
exception près (l’utilisation actuelle d’eau au
lieu de vin), conservent les paroles des prières
sacramentelles des Néphites :
« Ô
Dieu, Père éternel, nous te demandons, au nom de ton
Fils, Jésus-Christ, de bénir et de sanctifier ce pain
pour l’âme de tous ceux qui en prennent, afin qu’ils
le mangent en souvenir du corps de ton Fils, et te témoignent,
ô Dieu, Père éternel, qu’ils veulent
prendre sur eux le nom de ton Fils, se souvenir toujours de lui et
garder les commandements qu’il leur a donnés, afin
qu’ils aient toujours son Esprit avec eux. Amen »
[Moroni 4:3].
Ô Dieu, Père
éternel, nous te demandons, au nom de ton Fils, Jésus-Christ,
de bénir et de sanctifier ce vin pour l’âme de
tous ceux qui en boivent, afin qu’ils le fassent en souvenir du
sang de ton Fils, qui a été versé pour eux, afin
qu’ils te témoignent, ô Dieu, Père éternel,
qu’ils se souviennent toujours de lui, et qu’ils aient
son Esprit avec eux. Amen » [Moroni 5:2].
Les prières, quant
à elles, ritualisent les termes utilisés par le Sauveur
ressuscité quand il a visité l’Amérique
(3 Né. 18:5-11 ; cf. D&A 20:75-79). Suite à
une révélation donnée en août 1830 (D&A
27), on a utilisé l’eau au lieu du vin.
Il n’existe aucune
formulation exacte des prières dans le Nouveau Testament comme
celle que nous avons. Cependant, un savant a détecté
des parallèles entre les prières de Sainte-Cène
des saints des derniers jours et les formules eucharistiques antiques
(Barker, p. 53-56). La Traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS)
confirme que les éléments principaux des prières
de Sainte-Cène faisaient partie de la dernière cène
originelle : Jésus y inclut des obligations par alliance
semblables à celles qui se trouvent dans les prières
(TJS Mt. 26:25) et précisa que ce qu’il faisait
introduisait une « ordonnance » officielle
qu’ils devaient répéter souvent (TJS Mc. 14:24).
De plus, dans la TJS, Jésus ne dit pas : « Ceci
est mon corps » ni « Ceci est mon sang »,
des métaphores dont l’interprétation a
historiquement divisé les chrétiens sur la question de
la « transsubstantiation ». Il a dit au
contraire : « Ceci est en souvenir de mon corps »
et « ceci est en souvenir de mon sang » (TJS
Mt. 26:22, 24 ; cf. TJS Mc. 14:21, 23).
Les prières de
Sainte-Cène invitent à l’introspection, au
repentir et à la reconsécration et pourtant elles sont
également communales, unissant les personnes en des assemblées
qui attestent conjointement et publiquement de leur volonté de
se souvenir du Christ. Cet engagement commun à devenir comme
le Christ, répété chaque semaine, définit
l’aspiration suprême de la vie des saints des derniers
jours.
Bibliographie
Barker, James L. The
Protestors of Christendom. Independence, Mo., 1946.
Tanner, John S.
"Reflections on the Sacrament Prayers." Ensign 16, avr.
1986, p. 7-11.
Welch, John W. "The
Nephite Sacrament Prayers." F.A.R.M.S. Update. Provo, Utah,
1986.
JOHN S. TANNER
Scellement
[Cette rubrique se
compose de trois articles : Scellement : Pouvoir de
scellement ; Scellement : Scellements dans le temple ;
Scellement : Annulation de scellement. Le premier article,
Pouvoir de scellement, explique la signification du scellement dans
l’Église et l’autorité requise pour
accomplir une ordonnance pour qu’elle soit considérée
comme scellée ; le deuxième article, Scellements
dans le temple, explique ce qu’est un scellement dans le temple
et comment on l’obtient ; et le troisième article,
Annulation de scellement, explique brièvement qui peut annuler
un scellement.]
Scellement :
Pouvoir de scellement
Auteur :
YARN, DAVID H., Jr.
Les signets et les sceaux
sont utilisés depuis le début de l’Antiquité
pour certifier l’autorité. Le mot « sceau »
apparaît de nombreuses fois dans les Écritures.
Jésus-Christ a été marqué du « sceau »
de Dieu le Père (Jn. 6:27) et Paul a rappelé aux saints
d’autrefois que Dieu les avait oints et les avait marqués
d’un sceau (2 Co. 1:21-22) et a dit à d’autres :
« Vous avez été scellés du
Saint–Esprit qui avait été promis, lequel est un
gage de notre héritage, pour la rédemption »
(Ép. 1:13-14). Jean dit des serviteurs de Dieu que leur front
était marqué du sceau (Ap. 7:3). Dans l’apocryphe
les Actes de Thomas (verset 131), Thomas prie pour que sa femme, sa
fille et lui « reçoivent le sceau » et
deviennent « serviteurs du vrai Dieu ».
Aujourd’hui encore, les diplômes, les documents
juridiques et les autres de ce genre portent des sceaux qui
certifient officiellement leur authenticité.
Pour les saints des
derniers jours, le pouvoir de scellement suprême est le pouvoir
de la prêtrise donné aux serviteurs autorisés du
Seigneur pour accomplir certains actes sur terre et pour les faire
reconnaître (sceller) ou valider dans les cieux. Ils croient
que c’est cette autorité que le Seigneur Jésus-Christ
décrit quand il dit à Pierre : « Je te
donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur
la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras
sur la terre sera délié dans les cieux »
(Mt. 16:19).
Le président de
l’Église détient et exerce les clefs du
scellement sur la terre. Quand un homme est ordonné apôtre
et mis à part en tant que membre du Collège des douze
apôtres, le scellement est l’un des pouvoirs qui lui sont
accordés. D’autres Autorités générales
de l’Église, les présidences des temples et un
nombre limité d’officiants dans chaque temple reçoivent
ce pouvoir de scellement pendant leur mandat. Une fois que l’on
a l’approbation de la Première Présidence pour
recevoir le pouvoir de scellement, le président de l’Église,
l’un de ses conseillers ou un membre des douze apôtres
expressément désigné par le président lui
confère le pouvoir de scellement par l’imposition des
mains. C’est l’autorité expresse d’accomplir
les ordonnances de scellement au temple.
C’est l’autorité
par laquelle « tous contrats, alliances, conventions,
obligations, serments, vœux, actes, unions, associations ou
attentes » peuvent être « contractés
et scellés par le Saint-Esprit de promesse » et
recevoir « validité, vertu ou force dans et après
la résurrection d’entre les morts » (D&A
132:7).
Dans cette dispensation
de la plénitude des temps, le pouvoir de scellement a été
rétabli par Élie, le dernier prophète de la
période de l’Ancien Testament à le détenir
(EPJS, p. 274-275). Il conféra cette autorité à
Joseph Smith et à Oliver Cowdery le 3 avril 1836 dans le
temple de Kirtland (D&A 110). Quand chaque homme qui a été
président de l’Église a été ordonné
apôtre et est devenu membre du Collège des Douze, il
s’est vu conférer le pouvoir de scellement lequel a
ainsi été transmis jusqu’à nos jours (D&A
110:13-16 ; 128:11).
Le président de
l’Église est investi de ce que l’on pourrait
qualifier de pouvoir général de scellement. Quiconque
reçoit la prêtrise obtient dans une certaine mesure ce
pouvoir général de scellement. Par exemple, comme Bruce
R. McConkie le dit : « Tout ce qui n’est pas
scellé par ce pouvoir prend fin quand les hommes sont morts.
Si un baptême n’a pas ce sceau durable, il n’admettra
pas une personne dans le royaume céleste…. Tout
acquiert une force et une validité durables grâce au
pouvoir de scellement » (MD, p. 615-616).
Bibliographie
Packer, Boyd K. The Holy
Temple. Salt Lake City, 1980.
Smith, Joseph Fielding.
"Elijah : His Mission and Sealing Power." DS, Vol. 2,
p. 115-128. Salt Lake City, 1955.
DAVID H. YARN, JR.
Scellement :
Scellements dans le temple
Auteur :
HYER, PAUL V.
Un « scellement »,
au sens général du terme, est le fait d’assurer,
de déterminer ou de créer une légitimité.
Chez les membres de l’Église, le mot scellement désigne
le mariage d’un mari et d’une épouse et la
création, entre les enfants et les parents, de rapports qui
doivent durer éternellement. Ce type spécial de
scellement du mari et de la femme dans le mariage porte le nom de
« mariage éternel » ou « mariage
céleste ». Il diffère du mariage civil et du
mariage religieux, qui sont des cérémonies reconnues
seulement par l’autorité terrestre et ne sont que pour
la durée de cette vie.
Le scellement du mari, de
la femme et des enfants en une cellule familiale éternelle est
l’ordonnance suprême de la prêtrise par rapport à
laquelle toutes les autres sont préparatoires. Elle doit être
accomplie par quelqu’un qui détient le pouvoir de
scellement et, aujourd’hui, dans un temple de l’Église
consacré à Dieu. C’est à ce pouvoir de
scellement que le Sauveur fait allusion quand il donne à son
apôtre Pierre les clefs du royaume des cieux, en disant que
« ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les
cieux » (Mt. 16:19). À l’époque
moderne, cette autorité de scellement a été
rétablie sur la terre le 3 avril 1836, dans le temple de
Kirtland, par le prophète Élie, qui était
l’ancien gardien de ce pouvoir (D&A 110:13-16).
Les prophètes
anciens et modernes ont observé que si les familles ne sont
pas scellées ensemble en cellules éternelles, si les
cœurs des enfants et des pères ne sont pas tournés
les uns vers les autres (comme mentionné dans Malachie 4:5-6),
l’œuvre et la gloire finales de Dieu ne sont pas
atteintes et les buts les plus élevés de la création
de la terre ne sont pas réalisés. « Car sans
eux [nos ancêtres, nos aïeux] nous ne pouvons parvenir à
la perfection, et sans nous ils ne peuvent pas non plus parvenir à
la perfection » (D&A 128:16-18).
Pour les saints des
derniers jours, le monde d’esprit est aussi réel que ce
monde-ci. De par la volonté divine, le scellement au temple
est accessible non seulement aux personnes en vie, mais est également
accessible aux ancêtres décédés d’une
famille grâce aux ordonnances accomplies par procuration dans
les temples. Ce processus est appelé salut des morts. Les
enfants nés de parents qui ont été scellés
dans le temple naissent dans l’alliance et sont ainsi liés
à leurs parents pour l’éternité sans
ordonnance séparée de scellement.
Pour recevoir les
ordonnances de scellement du temple, les membres de l’Église
doivent obtenir, d’une autorité compétente de
l’Église, une recommandation à l’usage du
temple certifiant qu’ils pratiquent les principes prescrits par
l’Église. Ils vont alors dans un temple et reçoivent
les ordonnances préparatoires et la bénédiction
appelée dotation du temple. Cela consiste à recevoir
des enseignements et à faire alliance d’obéir à
des lois éternelles stipulées par Dieu dont le respect
assure un niveau supérieur de moralité, de mariage et
de vie de famille. On peut alors administrer les ordonnances de
scellement dont on ne peut retirer tout le profit qu’en
obéissant constamment aux lois divines énoncées
dans l’Évangile de Jésus-Christ.
La cérémonie
de scellement est une ordonnance inspirante et solennelle accomplie
dans une salle spécialement désignée et
consacrée d’un temple. Le couple qui va être marié
ou la famille qui va être scellée s’agenouille à
un autel. L’officiant est quelqu’un qui a reçu le
pouvoir de scellement sous la plus haute autorité de la
prêtrise de l’Église (voir Prophète, voyant
et révélateur ; Scellement : Pouvoir de
scellement).
Pour les membres de
l’Église, le scellement dote la vie d’un but plus
grand et donne au mariage la qualité d’un partenariat
divin avec des sauvegardes spirituelles. Mettre des enfants au monde
devient une intendance divinement inspirée. Le scellement peut
soutenir la famille dans la vie et la consoler dans la mort. Il crée
une continuité dans la vie, ici et dans l’au-delà.
Bibliographie
Derrick, Royden G. In
Temples in the Last Days, chap. 3. Salt Lake City, 1988.
Smith, Joseph Fielding.
DS 2:119. Salt Lake City, 1954-1956.
Talmage, James E. The
House of the Lord, p. 84-91. Salt Lake City, 1976.
PAUL V. HYER
Scellement :
Annulation de scellement
Auteur :
POELMAN, RONALD E.
Les clefs du royaume des
cieux conférées à Pierre par le Seigneur
Jésus-Christ (Mt. 16:19) et rétablies sur terre à
notre époque (D&A 110) par le prophète Élie,
qui était autrefois gardien de ce pouvoir (voir Mal. 4:5-6),
comportent l’autorité de « lier et délier »
sur terre, avec un effet correspondant dans les cieux. Ce pouvoir
n’est actuellement détenu et exercé que par le
président de l’Église et les autres personnes à
qui il est conféré par lui ou sous sa direction. Une
fois qu’une ordonnance de scellement est accomplie, seule la
Première Présidence peut approuver un changement dans
le statut du scellement, notamment l’annulation du scellement
(Manuel d’instructions générales, 6-5 à
6-7).
La Première
Présidence peut annuler un scellement dans le temple quand les
circonstances d’une demande d’annulation le justifient.
Bibliographie
Manuel d’instructions
générales. Salt Lake City, 1989.
RONALD E. POELMAN
Schismatiques
Auteur :
TANNER, MARTIN S.
Comme tous les groupes
religieux importants, l’Église de Jésus-Christ
des saints des derniers jours a vu un certain nombre de membres,
mécontents pour des raisons diverses, la quitter. Certains ont
emmené un groupe de membres et ont créé des
organisations rivales, basées sur leur interprétation
des enseignements de Joseph Smith. Il y a eu quelque 130 groupes de
ce genre ; quelques-uns seulement ont duré plus de dix
ans.
Le premier prit le nom
d’Église pure du Christ, fondée en 1831 par Wycam
Clark, Northrop Sweet et d’autres. Affirmant que Joseph Smith
était un faux prophète, Clark affirma qu’il était
le vrai dirigeant de l’Église. Le groupe ne tint que
deux ou trois réunions avant de disparaître.
Le groupe schismatique le
plus important organisé du vivant de Joseph Smith fut l’Église
du Christ, fondée en 1837 à Kirtland par Warren
Parrish. Quelques mois plus tôt, Parrish avait été
accusé de détourner des fonds de la banque de l’Église,
la Kirtland Safety Society, et avait été excommunié.
Prétendant que Joseph était déchu de son appel
divin comme dirigeant de l’Église, Parrish revendiqua
l’autorité de la diriger. Il reçut l’appui
de trois membres du Collège des douze apôtres, de
certains des présidents des soixante-dix et de plusieurs
autres dirigeants influents qui s’étaient détachés
de Smith pendant la crise économique de 1837-1838 à
Kirtland. Ce groupe se désagrégea en moins d’un
an (CHC 1:403-407).
La mort de Joseph Smith
en 1844 produisit encore un foisonnement de nouveaux groupes
cherchant à tirer profit de la perte du dirigeant de l’Église.
Il y avait, dans ces organisations, des gens qui convenaient que
Joseph Smith avait été un vrai prophète, mais
beaucoup d’entre eux rejetaient ou ignoraient certains des
points de doctrine ou des pratiques qu’il avait établis ;
la question qui se posait à eux était de savoir qui
était censé prendre sa place.
Sidney Rigdon, conseiller
de Joseph dans la Première Présidence, fut un des
premiers à avancer ses prétentions, disant aux saints
que Joseph Smith ne pouvait pas avoir de successeur et qu’il
devait être appelé tuteur de l’Église pour
veiller sur elle au nom de Joseph et l’édifier en
mémoire du prophète assassiné. Ses prétentions
furent rejetées par la plupart des membres, qui soutinrent
Brigham Young et le Collège des douze apôtres. Rigdon
fut excommunié et retourna à Pittsburgh (Pennsylvanie)
où il fonda l’Église du Christ, une Église
qui dura moins de deux ans. En 1863, il organisa l’Église
de Jésus-Christ des Enfants de Sion. Ce groupe dura jusque
dans les années 1880.
En août 1844, James
J. Strang, qui ne s’était converti que quelques mois
avant la mort de Joseph Smith, sortit une lettre censée avoir
été de Joseph Smith, le nommant pour diriger le
troupeau (voir Contrefaçons de documents historiques) et
affirma qu’un ange lui était apparu peu de temps après
le martyre et l’avait ordonné à cet appel. Il fut
immédiatement excommunié. Quelques semaines plus tard,
il alla s’installer avec un groupe de convertis à Voree,
dans le Wisconsin, la région qu’il affirmait être
le nouveau lieu de rassemblement pour l’Église. Parmi
ses disciples, il y avait deux apôtres, John E. Page et William
Smith (frère cadet de Joseph Smith), ainsi que William Marks,
ancien président du pieu de Nauvoo. Pendant une courte
période, Martin Harris accompagna un dirigeant strangite en
mission en Angleterre.
Strang alla s’installer
avec son groupe à Beaver Island, une petite île dans le
nord du lac Michigan où il se fit couronner roi en 1850 en
grande cérémonie. Il y fonda une théocratie qui
prospéra pendant la majeure partie de la décennie avec
quelque 3.000 membres ; il continua également la pratique
du mariage plural. Le 16 juin 1856, deux assassins, qui faisaient
partie d’une conspiration, tirèrent sur lui ; il ne
désigna pas de successeur avant sa mort onze jours plus tard.
Son groupe fut dissous par l’action combinée des forces
fédérales et locales et la majorité fut exilée
de force de l’île. Il existe cependant toujours un petit
reste de l’ordre de Strang dans le Wisconsin, au Michigan, au
Colorado et au Nouveau-Mexique (Van Noord, p. 48-177, 233-266 ;
Lewis, p. 274-291).
Un mouvement pour créer
une réorganisation plus importante commença au début
des années 1850. Quelques anciens strangites, entre autres
William Marks, Jason Briggs et Zenas H. Gurley, se réunirent
en 1850 pour décider d’un nouveau dirigeant. Briggs et
Gurley avaient été membres du groupe de William Smith,
appelé l’Église de Jésus-Christ des saints
des derniers jours, qui avait été organisée en
1846 après que William Smith eut été excommunié
par les strangites. Marks, Briggs et Gurley étaient convaincus
que la succession à la présidence de l’Église
devait être en ligne directe, de père en fils. Dans un
effort de prosélytisme intense, ils attirèrent à
eux un certain nombre d’autres mormons et d’anciens
mormons dans le Midwest. Un groupe se réunit à Beloit
(Wisconsin), les 12-13 juin 1852, pour s’organiser. En 1853,
ils organisèrent une autre conférence et des apôtres
furent choisis. En 1859, Joseph Smith III accepta officiellement
l’appel à devenir le nouveau président et
prophète et, en avril 1860, le groupe fut officiellement
enregistré sous le nom d’Église réorganisée
de Jésus-Christ des saints des derniers jours. La plus grande
partie de la famille immédiate de Joseph Smith, fils, se
joignit au début des années 1860 à cette Église
et beaucoup de descendants en restent des membres pratiquants
aujourd’hui (Launius, p. 77-139).
D’autres groupes se
détachèrent pendant l’administration de Brigham
Young en Utah. Un des plus importants fut celui des Godbeites,
organisé en 1868 sous la direction de William S. Godbe.
Plusieurs années plus tôt, Godbe s’était
joint à E.L.T. Harrison, Edward W. Tullidge, Eli B. Kelsey,
William H. Shearman et d’autres hommes d’affaires et
intellectuels mormons mécontents pour protester contre la
politique d’autonomie économique de Brigham Young. Godbe
et son groupe étaient en faveur d’une société
moins structurée, du libre-échange à l’intérieur
du territoire d’Utah et du commerce non réglementé
avec le monde extérieur. Leur protestation sociale ne tarda
pas à se transformer en un rejet complet de la doctrine et de
la pratique. Ils abandonnèrent intégralement la
structure théologique de l’Église, rejetant toute
allégeance à quelque prophète ou ensemble
d’Écritures que ce soit. Au lieu de cela, ils
proclamèrent la fraternité universelle de l’homme
et l’amour universel de Dieu. Ceci les amena à se
rapprocher du mouvement spirite, qui avait du succès au
dix-neuvième siècle. Ils participèrent à
un certain nombre de séances, croyant parler avec les
dirigeants décédés de l’Église,
avec Jésus-Christ et avec les apôtres d’autrefois.
Le grand conseil du pieu de Salt Lake City excommunia Godbe et
Harrison le 25 octobre 1869. D’autres du groupe finirent par
provoquer leur propre excommunication. En 1870, ils organisèrent
officiellement l’Église de Sion, une organisation
ouvertement antimormone, religieusement et économiquement, qui
fonda le journal Salt Lake Tribune. Le mouvement ne réussit
pas à attirer beaucoup de nouveaux disciples et disparut en
1880 (Walker, 1974, 1982).
D’autres groupes
dissidents ont suivi de temps en temps, particulièrement après
la fin du mariage plural en 1890 (pour d’autres commentaires
voir « Fondamentalistes »).
Bibliographie
Anderson, C. Leroy. For
Christ Will Come Tomorrow : The Saga of the Morrisites. Logan,
Utah, 1981.
Carter, Kate B.
Denominations That Base Their Beliefs on the Teachings of Joseph
Smith. Salt Lake City, 1969.
Launius, Roger D. Joseph
Smith Ill : Pragmatic Prophet. Urbana, Ill., 1988.
Lewis, David Rich. "'For
Life, the Resurrection, and the Life Everlasting' : James J.
Strang and Strangite Mormon Polygamy, 1849-1856." Wisconsin
Magazine of History 66 (été 1983), p. 274-291.
Morgan, Dale L.
Bibliographies of the Lesser Mormon Churches. Salt Lake City, n.d.
Rich, Russell R. Those
Who Would Be Leaders : Offshoots of Mormonism. Provo, Utah,
1959.
Shields, Steven L.
Divergent Paths of the Restoration : A History of the Latter Day
Saint Movement, 3e éd. Bountiful, Utah, 1982.
Van Noord, Roger. King of
Beaver Island : The Life and Assassination of James Jesse
Strang. Urbana, Ill., 1988.
Walker, Ronald W. "The
Commencement of the Godbeite Protest : Another View." Utah
Historical Quarterly 42 (été 1974), p. 216-244.
Id. "When the
Spirits Did Abound : Nineteenth-Century Utah's Encounter with
Free-Thought Radicalism." Utah Historical Quarterly 50 (automne
1982), p. 304-324.
MARTIN S. TANNER
Sermon
sur la montagne
Auteur :
UPDEGRAFF, ROBERT TIMOTHY
Le sermon sur la montagne
(Mt. 5-7) est, pour les saints des derniers jours aussi bien que pour
tous les autres chrétiens, la source principale des
enseignements de Jésus et des règles du comportement
chrétien. Le fait que des récits parallèles
apparaissent dans le Livre de Mormon (3 Né. 12-14) et la
traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS Mt. 5-7) donne à
la fois l’occasion de mieux comprendre le sermon et
l’obligation de réfuter les accusations de plagiat pur
et simple portées contre le prophète Joseph Smith. La
comparaison soigneuse des textes révèle des différences
importantes qui sont attribuables avant tout au cadre propre au
sermon du Livre de Mormon.
Dans le récit du
Livre de Mormon, Jésus ressuscité apparaît aux
survivants les plus justes d’un terrible orage et d’un
violent tremblement de terre en Amérique, des gens qui se sont
réunis au temple au pays appelé Abondance. On accomplit
à cette occasion des ordonnances, parce que le peuple se
prépare pour le baptême, d’abord le baptême
d’eau par douze hommes que Jésus a ordonnés,
suivi de celui de feu de la part du Seigneur lui-même (3 Né.
12:1). Le sermon au temple permet ainsi à la multitude
assemblée de comprendre ses devoirs et ses obligations. Il lui
fait aussi connaître la plénitude de l’Évangile
que Jésus a établie parmi eux parce qu’il a
accompli la loi « qui a été donnée à
Moïse » (3 Né. 15:4-10) sous laquelle
elle avait vécu. L’obéissance à l’Évangile
de Jésus va donner au peuple du Livre de Mormon, lors de sa
diffusion dans toutes ses terres, deux cents ans de paix et d’entente
(4 Né. 1:17-23). Puisque Jésus lui-même
déclare qu’il a fait un sermon semblable en Palestine
avant de monter vers son Père (3 Né. 15:1), les
saints des derniers jours n’ont aucun doute que le sermon sur
la montagne constitue un exposé unifié que le Sauveur a
probablement fait en plusieurs occasions (TJS Mt. 7:1-2, 9, 11) et
pas simplement un recueil constitué par Matthieu ou ses
sources. Comme cela arrive souvent en matière de discours,
l’orateur peut répéter le message de base en
l’adaptant à l’auditoire concerné.
CADRE DES SERMONS. Bien
qu’une grande partie du texte de 3 Néphi 12-14 soit
identique à Matthieu 5-7, il y a des différences
nombreuses et importantes. La plupart des différences
proviennent du cadre spécifique dans lequel le sermon est
prononcé dans le Livre de Mormon. Tout d’abord, Jésus
ressuscité ouvre son sermon du Livre de Mormon par trois
béatitudes supplémentaires qui en soulignent le but
comme discours aux croyants : « Bénis
êtes-vous si vous prêtez attention aux paroles de ces
douze que j'ai choisis… bénis êtes-vous, si vous
croyez en moi et êtes baptisés… plus bénis
sont ceux qui croiront en vos paroles… et seront baptisés…
[et] recevront le pardon de leurs péchés »
(3 Né. 12:1-2). De plus, le récit du Livre de
Mormon est post-résurrectionnel et l’accent est mis sur
le fait que le Seigneur a complètement accompli sa mission
salvatrice. Ainsi, Jésus peut résumer la série
d’antithèses rapportées dans 3 Néphi
12:21-45: « Les choses anciennes, qui étaient sous
la loi, sont toutes accomplies en moi » (3 Né.
12:46). En outre, plutôt que de commander au peuple « Soyez
donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait »
(Mt. 5:48), Jésus lui dit, en des termes significativement
modifiés : « C'est pourquoi, je voudrais que
vous soyez parfaits tout comme moi, ou comme votre Père qui
est dans les cieux est parfait » (3 Né.
12:48). Au lieu de la déclaration à réalisation
future « il ne disparaîtra pas de la loi un seul
iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout
soit arrivé » (Mt. 5:18), le passage du Livre de
Mormon remplace l’expression « jusqu’à
ce que tout soit arrivé » par « mais en
moi elle a été toute accomplie » (3 Né.
12:18).
D’autres
changements correspondent au cadre du Livre de Mormon et à
l’absence des déclarations antipharisaïques qui ont
une place si importante dans le récit de Matthieu. Deux
exemples du premier changement sont le remplacement du
« quadrant »
(Mt. 5:26) par la « sénine » (3 Né.
12:26), qui était la plus petite mesure d’or des
Néphites (Alma 11:3, 15-19) et l’absence de mention du
serment « par Jérusalem… la ville du grand
roi » (Mt. 5:35). De même, le sermon au temple à
Abondance ne parle pas de surpasser la justice des scribes et les
pharisiens, comme dans Matthieu 5:20, ou celle des publicains qui
sont aimés de leurs amis (Mt. 5:46-47). Au lieu des allusions
aux scribes et aux pharisiens (Mt. 5:20), le Seigneur dit aux
Néphites : « À moins de garder les
commandements, ce que je vous donne maintenant, vous n'entrerez en
aucun cas dans le royaume des cieux » (3 Né.
12:20). En outre, le récit du Livre de Mormon ne contient
aucune des mentions d’automutilation que l’on trouve dans
Matthieu 5:29-30 (cf. 3 Né. 12:22).
ÉCLAIRCISSEMENTS.
Un autre type de différences consiste en des ajouts au texte
du sermon sur la montagne qui fournissent souvent des
éclaircissements sensés. On en trouve plusieurs
exemples dans les Béatitudes. La version du Livre de Mormon
note que ce sont « les pauvres en esprit qui viennent à
moi » qui héritent le royaume des cieux (3 Né.
12:3 ; Mt. 5:3). À la fin de 3 Néphi 12:6
(cf. Mt. 5:6), on trouve : « Bénis sont tous
ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront remplis du
Saint-Esprit ». On pourrait croire que ce sont là
de petits changements, mais ils n’en permettent pas moins de
mieux comprendre le sens des paroles de Jésus.
Pour les saints des
derniers jours, le message du sermon sur la montagne porte sur sa
valeur normative. Peuple de l’alliance, ils assument
l’obligation d’imiter le Sauveur dans leur vie
personnelle et de travailler au but final qui est de devenir comme
lui. Bien que les exigences soient importantes, elles constituent une
incitation à devenir comme leur modèle divin (cf. 2 Né.
31:7-10, 16 ; 3 Né. 27:27). Les mots et les
enseignements simples que Jésus a donnés à ses
disciples en Palestine et aux survivants du Livre de Mormon sont
encore applicables à ses saints d’aujourd’hui.
[Voir aussi Notre Père.]
Bibliographie
Stendahl, Krister. "The
Sermon on the Mount and Third Nephi." Dans Reflections on
Mormonism, dir. de publ. T. Madsen, p. 139-154. Provo, Utah, 1978.
Thomas, Catherine. "The
Sermon on the Mount : The Sacrifice of the Human Heart."
Dans Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson et R. Millet,
Vol. 5, p. 236-50. Salt Lake City, 1986.
Welch, John W. The Sermon
at the Temple and the Sermon on the Mount. Salt Lake City, 1990.
ROBERT TIMOTHY UPDEGRAFF
Sexualité
Auteur :
Olson, Terrance D.
Dans la vie et la pensée
des saints, la sexualité consiste en une attitude, des
sentiments et des désirs qui sont donnés par Dieu et
sont essentiels au plan de Dieu pour ses enfants, mais qui ne sont
pas la force motivante centrale dans l’agir humain. Chacun doit
gérer ses pulsions sexuelles dans les limites que le Seigneur
a fixées. La sexualité ne se définit pas comme
un besoin ou une privation qu’il faut satisfaire, mais comme un
désir qui ne doit être assouvi que dans le mariage avec
des égards et de la sensibilité pour le bien-être
de son conjoint hétérosexuel. En tant que progéniture
de Dieu, les humains portent la lumière divine du Christ, qui
est le moyen par lequel doit se mesurer l’expression correcte
du désir sexuel. Selon que les hommes et les femmes sont
fidèles ou infidèles à cette lumière, ils
sont les maîtres ou les victimes des pulsions sexuelles. Ces
désirs ne doivent être assouvis que dans le mariage
hétérosexuel légal dans lequel l’activité
sexuelle doit être une expression de l’unité, de
la compassion, de l’engagement et de l’amour. La
réciprocité et l’égalité doivent
être la caractéristique de l’intimité
physique d’un couple marié.
Les objectifs des
relations sexuelles bien comprises dans le mariage sont entre autres
l’expression et l’édification de la joie, de
l’unité et de l’amour. Être « une
seule chair », c’est connaître l’unité
émotionnelle et spirituelle. Cette unité est un but
aussi fondamental des relations sexuelles que la procréation.
Le président Spencer W. Kimball a dit :
« L’union
des sexes, du mari et de la femme (et seulement du mari et de la
femme), a pour but principal de faire venir des enfants au monde. Le
Seigneur n’a jamais voulu que les relations sexuelles soient un
simple jouet ou servent simplement à satisfaire des passions
et des pulsions. Nous ne connaissons aucune directive du Seigneur
stipulant que pour être légitimes les relations
sexuelles entre mari et femme doivent se limiter strictement à
la procréation, mais nous avons d’amples indications
depuis Adam jusqu’à nos jours que le Seigneur n’a
jamais accordé de place aux relations sexuelles ‘libres’ »
[1975, p. 4].
En outre, comme Paul le
fait remarquer, « Que le mari rende à sa femme ce
qu’il lui doit, et que la femme agisse de même envers son
mari. La femme n’a pas autorité sur son propre corps,
mais c’est le mari ; et pareillement, le mari n’a
pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme »
(1 Co. 7:3-4). Ainsi donc, l’intimité physique est une
bénédiction pour les couples mariés quand elle
est l’expression de leur engagement mutuel au bien-être
l’un de l’autre, une affirmation de leurs efforts pour
être émotionnellement et spirituellement un. La clef en
matière sexuelle est la générosité. La
recherche égocentrique du désir physique détruit
l’unité et l’amour qui caractérisent les
relations matrimoniales saines. Ce genre d’amour ou de charité
est patient, plein de bonté, n’est pas envieux, « ne
fait rien de malhonnête… ne cherche point son intérêt…
ne s’irrite point… ne soupçonne point le mal »
(1 Co. 13:4-5) et est compatible avec la lumière du Christ,
qui dirige tout le monde dans les voies de la justice.
Le fait d’amener
des enfants dans un foyer aimant est considéré comme
une bénédiction et une responsabilité sacrées
du mari et de la femme. Étant donné ce contexte, la
régulation des naissances est une question laissée à
la décision commune, prise dans l’esprit de la prière,
par un couple qui est droit devant Dieu, avec la recommandation que
le mari doit être prévenant vis-à-vis de sa
femme, qui est la personne qui subit les exigences physiques et
émotionnelles les plus grandes dans la mise au monde
d’enfants. La santé et la force de la femme doivent être
préservées dans la grossesse ; la sagesse doit
donc régir la façon dont mari et femme s’acquittent
de la responsabilité de devenir parents et de s’occuper
de leur progéniture.
Les pulsions sexuelles
chez l’homme ou la femme mûrs sont relativement fortes et
constantes, et elles ne sont pas mauvaises. Parley P. Pratt, l’un
des premiers apôtres de notre dispensation, a fait cette
réflexion :
« Certains
pensent que nos affections naturelles sont le résultat d’une
nature déchue et corrompue et qu’elles sont ‘charnelles,
sensuelles et diaboliques’ et qu’il faut donc y résister,
les soumettre ou les surmonter comme autant de maux qui empêchent
notre perfection ou notre progression dans la vie spirituelle…
Nos affections naturelles sont implantées en nous par l’Esprit
de Dieu dans un but sage et elles sont la source même de la vie
et du bonheur, elles sont le ciment de toute société
vertueuse et céleste, elles sont l’essence de la charité
ou de l’amour… Il n’existe pas de principe plus
pur et plus saint que l’affection qui brûle dans la
poitrine d’un homme vertueux pour sa femme » [p.
52].
Comme pour n’importe
quel appétit ou passion, le désir physique peut être
déformé, perverti ou devenir obsessionnel. Spencer W.
Kimball a observé que, comme dans tous les autres aspects du
mariage, il y a des vertus à observer dans le domaine sexuel :
« Il y a des gens pour dire que tout est permis dans
l’alcôve. Ce n’est pas vrai et le Seigneur ne le
tolérerait pas » (Kimball, 1982, p. 312).
L’Église
interdit les relations sexuelles excepté entre un homme et une
femme qui sont légalement mariés l’un avec
l’autre. Les saints des derniers jours sont censés
s’abstenir de rapports sexuels avant le mariage et d’honorer
l’alliance du mariage en limitant les relations sexuelles au
seul conjoint (voir Chasteté, loi de ; Relations
sexuelles avant le mariage). La morale sexuelle exige également
que l’on s’abstienne d’activités qui
éveillent des désirs qui ne peuvent s’exprimer
avant le mariage. L’abstinence sexuelle avant le mariage est
considérée non seulement comme juste et possible mais
également salutaire. L’abstinence n’est pas
regardée comme une répression, et il n’y a pas
non plus de conséquences négatives particulières
à vivre ainsi.
Les parents ont
l’obligation d’enseigner à leurs enfants à
la fois la nature bonne – le caractère sacré –
du pouvoir de créer la vie (voir Procréation) et les
principes de la maturation et du développement sexuel. Les
dirigeants de l’Église encouragent les parents à
discuter ouvertement de la sexualité avec leurs enfants, en
répondant franchement à leurs questions et en
contrastant le plan du Seigneur pour ses enfants – qui inclut
leur capacité d’avoir un jour eux-mêmes des
enfants – avec la façon dont ce pouvoir de créer
la vie peut être profané ou mal utilisé. Les
enfants doivent être préparés dans leur jeunesse
et, en fonction de leur développement, instruits de la
reproduction humaine et des significations émotionnelles et
spirituelles du pouvoir de procréation et du désir
sexuel qui se développeront en eux (voir Éducation
sexuelle). Il est attendu des parents qu’ils enseignent des
principes corrects et donnent l’exemple de ce qu’ils
enseignent, se traitant avec compassion et charité et vivant
dans des relations de fidélité absolue.
À la base de tout
enseignement parental il doit y avoir des relations d’amour et
de confiance entre parents et enfants. Les jeunes sont vulnérables
aux tentations sexuelles à cause de la force de leurs pulsions
grandissantes et parce qu’ils en sont encore à se
développer dans la compréhension et la responsabilité.
La pleine compréhension des conséquences – pour
eux-mêmes et pour les générations suivantes –
du refus d’abstinence sexuelle ne va pas forcément de
pair avec leur intérêt sexuel. La confiance et le
respect pour les parents peuvent aider à isoler les
adolescents des tentations pendant que leur capacité d’exercer
tous leurs droits et responsabilités mûrit.
La responsabilité
des parents d’éduquer les enfants avec tact et de
manière directe ne doit pas être déléguée
à l’école ou à d’autres organismes
extérieurs au foyer. Quand des programmes publics d’éducation
sexuelle sont offerts, il est recommandé aux parents de
l’Église de s’assurer qu’ils reconnaissent
suffisamment la sainteté du mariage et sont en faveur de
valeurs et de principes axés sur la famille. Quand des
organismes de ce genre entreprennent l’éducation
sexuelle, les parents de l’Église devraient avoir
préparé et instruit leurs enfants de telle manière
que les programmes scolaires soient tout au plus un supplément
aux fondements posés dans le cercle de famille.
Le niveau de moralité
sexuelle approuvé par l’Église s’applique
de manière égale aux hommes et aux femmes. Étant
donné que le pouvoir de créer la vie est au centre du
plan de Dieu pour ses enfants, les transgressions sexuelles sont
d’une gravité extrême (voir Adultère). Ceux
qui enfreignent la loi de chasteté peuvent faire l’objet
de sanctions disciplinaires de l’Église dont le but est
de les aider à mettre fin à leurs transgressions et de
les réintégrer complètement. Que ce soient
l’adultère, la fornication, la maltraitance sexuelle,
l’inceste, le viol, la perversité ou toute autre
pratique impure, ces comportements doivent être vigoureusement
combattus par les autorités locales de l’Église,
qui cherchent à obtenir le repentir des délinquants et
la protection des victimes éventuelles. Les relations
homosexuelles sont interdites (voir Homosexualité). Dans ces
cas-ci, l’Église affirme que de telles distorsions dans
les pulsions ou le comportement sexuels peuvent, avec l’aide de
Seigneur, être surmontées. Les dispositions prises par
l’Église doivent être motivées par un
intérêt compatissant pour le bien-être des
transgresseurs et la guérison des relations. L’inconduite
sexuelle ne doit pas être pardonnée, ignorée ou
traitée avec légèreté. Les transgresseurs
eux-mêmes peuvent être pardonnés, mais seulement
en se repentant et en allant au Christ (voir Repentir) et en se
détournant, par son expiation, de leurs croyances et de leurs
pratiques destructrices.
Les victimes de viol ou
d’inceste sont souvent traumatisées et éprouvent
des sentiments de culpabilité, mais elles ne sont pas
responsables du mal fait par d’autres, et elles méritent
et doivent retrouver leur sentiment d’innocence grâce à
l’amour et aux conseils des dirigeants de l’Église.
En termes pratiques, les
avantages qu’il y a à mener une vie chaste avant le
mariage et à être fidèle dans le mariage
s’appliquent à tous les aspects du mariage et des
relations familiales. En restant chaste avant le mariage et
totalement fidèle à son conjoint dans un mariage
hétérosexuel, on peut éviter certaines maladies
physiquement débilitantes, des grossesses extra-conjugales, et
la transmission d’infections vénériennes à
ses enfants. Le sentiment de confiance, de fidélité,
d’amour et d’engagement essentiel à l’idéal
de l’unité dans le mariage et la vie de famille n’est
pas entamé ou tendu. En outre, cela renforce les relations que
l’on a avec Dieu et la confiance que l’on a en lui. En
gérant le pouvoir de créer la vie, on plante le décor
pour l’exercice de ces désirs, pas sur le caprice du
moment, mais avec respect pour le caractère sacré des
pouvoirs divins de création.
Bibliographie
Foster, Lawrence.
Religion and Sexuality : Three American Communal Experiments of
the Nineteenth Century. New York, 1981.
Kimball, Spencer W. "The
Lord's Plan for Men and Women." Ensign 5, octobre 1975, p. 2-5.
Kimball, Spencer W. The
Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball.
Salt Lake City, 1982.
Pratt, Parley P. Writings
of Parley Parker Pratt, dir. de publ. Parker P. Robison. Salt Lake
City, 1952.
Rytting, Marvin. "On
Sexuality." Dialogue 7, hiver 1972, p. 102-104.
"Sexuality and
Mormon Culture." Dialogue 10, automne 1976, p. 9-93. Le numéro
tout entier est sur la sexualité.
TERRANCE D. OLSON
Smith,
Joseph, fils
[Cette rubrique se
compose de quatre parties :
Smith, Joseph : Le
prophète
Smith, Joseph :
Enseignements de Joseph Smith
Smith, Joseph :
Écrits de Joseph Smith
Smith, Joseph :
Procès de Joseph Smith
Smith, Joseph : Le
prophète est une biographie de Joseph Smith ; Smith,
Joseph : Enseignements de Joseph Smith esquisse sa pensée
et ses enseignements ; Smith, Joseph : Écrits de
Joseph Smith examine ses écrits personnels et l’ensemble
des Écritures, des révélations et de l’histoire
résultant de son ministère ; et Smith, Joseph :
Procès de Joseph Smith raconte son histoire judiciaire et
juridique. Voir aussi Visions de Joseph Smith.
Les aperçus
historiques de l’histoire des saints des derniers jours à
l’époque de Joseph Smith sont Histoire de l’Église :
1820-1831, Cadre, Fondation, Période de New York ;
Histoire de l’Église : 1831-1844, Périodes
d’Ohio, du Missouri et de Nauvoo. Pour les rubriques traitant
de son appel de prophète, on consultera Prophète Joseph
Smith. Pour le cadre de la famille de Joseph Smith, voir Smith,
Famille et Smith, Ancêtres ; voir aussi les rubriques sur
sa mère, Smith, Lucy Mack ; son père, Smith,
Joseph, père ; son frère, Smith, Hyrum, et son
épouse, Smith, Emma Hale.]
Smith,
Joseph : Le prophète
Auteurs :
BUSHMAN, RICHARD L. et JESSEE, DEAN C.
Joseph Smith, fils
(1805-1844), souvent désigné sous le nom de Joseph
Smith, le prophète, est le prophète fondateur de
l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours. Les saints des derniers jours l’appellent « le
prophète » parce que, dans la tradition des
prophètes de l’Ancien et du Nouveau Testament, ses
enseignements dépendaient de la révélation de
Dieu, pas de sa culture. Ils acceptent ses révélations,
dont beaucoup ont été publiées sous les titres
Doctrine et Alliances et Perle de grand prix, Écritures
parallèles à la Bible. Dans sa jeunesse, Joseph Smith a
également traduit un document sacré provenant de
l’Amérique ancienne, appelé Livre de Mormon. Ces
révélations et ces documents ont rétabli sur la
terre l’Évangile pur du Christ. Le rôle de Joseph
Smith dans l’histoire a été de fonder l’Église
de Jésus-Christ basée sur cet Évangile rétabli
en vue de la seconde venue du Christ.
Ses origines ne
laissaient rien présager de cette vie hors normes. Les
ancêtres de Joseph Smith étaient des fermiers ordinaires
de la Nouvelle-Angleterre. Ses ancêtres Smith avaient émigré
au dix-septième siècle d’Angleterre en Amérique
et s’étaient installés à Topsfield
(Massachusetts), où ils s’étaient fait un nom.
Son grand-père, Asael Smith, incapable alors de payer les
dettes de la ferme familiale, vendit la ferme, liquida les dettes et
émigra en 1791 à Tunbridge (Vermont), où il
acheta suffisamment de terres pour pourvoir aux besoins de ses fils.
Les ancêtres Mack de Joseph Smith, venus d’Écosse,
s’installèrent à Lyme (Connecticut), prospérèrent
un certain temps, puis rencontrèrent des temps difficiles.
Solomon Mack, grand-père de Joseph, tenta diverses entreprises
en Nouvelle-Angleterre et à New-York avec peu de succès
financier. L’un des fils Mack s’installa à
Tunbridge, ce qui permit à Lucy Mack de rencontrer Joseph
Smith, père, l’un des fils d’Asael. Le couple se
maria en 1796. Il eut onze enfants dont neuf vécurent jusqu’à
l’âge adulte. Joseph Smith, fils, né le 23
décembre 1805, à Sharon (Vermont), fut le troisième
fils qui resta en vie et le quatrième enfant.
Le jeune Joseph eut peu
de scolarité. En 1803, ses parents perdirent leur ferme de
Tunbridge suite à l’échec d’une entreprise
commerciale et, pendant les quatorze années qui suivirent,
déménagèrent d’une ferme louée à
l’autre. En 1816, ils émigrèrent à Palmyra
(New-York), juste au nord des Finger Lakes, où ils achetèrent
en 1817 une ferme à Farmington (plus tard Manchester),
l’arrondissement directement au sud de Palmyra. La nécessité
de défricher des terres et de produire de quoi vivre
chichement laissait peu de temps pour l’école. « Comme
il fallait bien les efforts de tous ceux qui étaient capables
d’apporter la moindre aide pour l’entretien de la
famille, écrit Joseph en 1832, nous avons été
privés du bénéfice des études. Qu’il
suffise de dire que j’ai simplement appris à lire, à
écrire et les bases de l’arithmétique, ce qui a
constitué tous mes acquis littéraires »
(Jessee, 1989–, 1:5). Sa mère le décrit comme
« beaucoup moins enclin à la lecture des livres que
le reste des enfants, mais beaucoup plus adonné à la
méditation et à l’étude approfondie »
(Smith, p. 84). Sa connaissance de la Bible et sa façon
biblique d’écrire donnent à penser qu’une
grande partie de ses études primaires est venue de cette
source.
L’un des sujets
qu’il méditait était la religion. Ses parents
avaient été élevés sous l’influence
du Congrégationnalisme de la Nouvelle-Angleterre mais,
mécontents des prédicateurs des environs, ils
n’allaient pas régulièrement à l’église.
Les deux parents eurent des expériences religieuses profondes
et un désir ardent de salut sans avoir une manière
satisfaisante de rendre le culte. Quelques années après
leur installation à Palmyra, Lucy Smith et trois des enfants
entrèrent chez les presbytériens ; Joseph, père,
et les autres, notamment Joseph, fils, restèrent chez eux. Le
jeune Joseph était profondément préoccupé
par la question de savoir à quelle Église se joindre et
la prédication des pasteurs lors des réveils dans la
région augmentait son incertitude.
Au printemps de 1820,
alors qu’il venait d’avoir quatorze ans, Joseph demanda
directement à Dieu de le guider. La réponse fut
étonnante. Tandis qu’il priait dans les bois près
de chez lui, le Père et le Fils lui apparurent. L’assurant
que ses péchés lui étaient pardonnés, le
Seigneur lui dit qu’aucune des Églises n’était
la bonne et qu’il ne devait se joindre à aucune. Les
saints des derniers jours appellent cela la Première Vision de
Joseph Smith, l’événement qui a été
à l’origine du rétablissement de l’Évangile.
À l’époque, cela fit peu d’impression sur
les contemporains de Joseph Smith. Il parla de la vision à un
pasteur et se fit rabrouer. Croyant que la Bible suffisait, les
pasteurs étaient sceptiques vis-à-vis de la révélation
directe. Le dédain affiché irrita Joseph, qui avait
seulement essayé de raconter ce qui lui était arrivé,
et l’éloigna encore plus des Églises.
Au bout de trois ans sans
autres révélations, Joseph se demanda s’il avait
toujours la faveur de Dieu et pria de nouveau pour être dirigé
et pardonné. La vision qu’il reçut le 21
septembre 1823 allait orienter le cours de sa vie pendant les sept
années suivantes. Un ange lui apparut et lui parla d’annales
sacrées d’un peuple antique. Cet ange, Moroni, dit à
Joseph qu’il allait recevoir ces annales, écrites sur
des plaques d’or, et les traduire. Il lui dit aussi que
l’alliance faite autrefois par Dieu avec Israël était
sur le point de s’accomplir, que la préparation de la
seconde venue du Christ était sur le point de débuter
et que l’Évangile devait être prêché
à toutes les nations pour préparer les hommes pour le
règne millénaire du Christ. Dans une vision, Joseph vit
la colline près de sa maison où les plaques étaient
enterrées. Quand il s’y rendit le lendemain pour prendre
possession des plaques, l’ange l’arrêta. Il lui dit
qu’il devait attendre quatre ans pour obtenir les plaques et
qu’entre-temps, il devait retourner tous les ans pour recevoir
des instructions. Le 22 septembre 1827, il obtint les plaques à
partir desquelles il traduisit le Livre de Mormon (voir Moroni,
Visitations de).
La découverte des
plaques d’or à flanc de coteau faisait étrangement
écho à d’autres expériences de la famille
Smith. Comme beaucoup d’autres habitants de la
Nouvelle-Angleterre, elle connaissait bien la pratique de la
recherche de trésors perdus à l’aide de moyens
surnaturels. Le père de Joseph Smith passait pour être
l’un de ces chercheurs de trésors et Joseph Smith
lui-même avait trouvé une pierre, appelée pierre
de voyant, qui était censée lui permettre de trouver
les objets perdus. Les chercheurs de trésors voulaient
l’utiliser pour les aider dans leurs recherches. L’un
d’eux, un nommé Josiah Stowell (parfois écrit
Stoal), engagea Joseph et son père en 1825 pour faire des
fouilles pour trouver un trésor espagnol supposé se
trouver près d’Harmony (Pennsylvanie). L’entreprise
n’aboutit pas et les Smith rentrèrent chez eux, mais les
voisins continuèrent à voir dans les Smith des membres
des chercheurs de trésors. Joseph Smith dut apprendre, pendant
ses quatre années d’attente, à apprécier
les plaques uniquement pour leur valeur religieuse, pas pour leur
valeur monétaire. L’ange interdit à Joseph de
prendre les plaques lorsqu’il les vit pour la première
fois parce que des pensées concernant leur valeur commerciale
lui avaient traversé l’esprit. Joseph dut apprendre à
se concentrer sur le but religieux des plaques et à laisser de
côté toute considération sur leur valeur en or.
En 1825, pendant qu’il
travaillait à Harmony, Joseph Smith rencontra Emma Hale chez
celle-ci où son père et lui avaient pris pension. Il
continua de la voir au cours de l’année suivante tout en
faisant d’autres travaux dans la région et, le 18
janvier 1827, ils se marièrent. Elle était grande,
droite et mince et avait les cheveux noirs ; lui avait plus d’un
mètre quatre-vingts, était solidement bâti et
avait les cheveux châtain clair et les yeux bleus. Après
le mariage, ils allèrent vivre avec la famille Smith à
Manchester, près de la colline Cumorah, où les plaques
étaient toujours enterrées.
Le 22 septembre 1827,
Joseph Smith se rendit pour la cinquième fois à la
colline. Cette fois-ci, l’ange lui permit de prendre les
plaques, avec pour ordre strict de ne les montrer à personne.
Mais il y eut des complots pour les lui enlever et on ne le laissa
pas commencer la traduction en paix. Finalement, Emma et lui durent
déménager, pour leur sécurité, et
s’installer à Harmony, près de la famille d’Emma.
Pendant les trois années
qui suivirent, l’œuvre de Joseph dépendit de
l’appui d’un petit nombre d’amis fidèles qui
vinrent à son aide et le protégèrent des
curieux. Son attitude ouverte inspirait confiance et la franchise
avec laquelle il relatait tout simplement ce qui lui était
arrivé désarmait les sceptiques. Son frère
écrivit plus tard que la jeunesse de Joseph, son manque
d’instruction et « sa personnalité et sa
manière d’être » convainquirent la
famille qu’il était incapable de « dire autre
chose que la vérité » (William Smith on
Mormonism, Lamoni, Iowa, 1883, p. 9-10). Le temps que la traduction
fût terminée et le Livre de Mormon publié, une
quarantaine ou une cinquantaine de personnes avaient cru en sa
mission et en ses dons divins.
Martin Harris, un fermier
prospère de Palmyra, fut l’un de ces amis. Il aida
Joseph à aller s’installer à Harmony avant de s’y
installer lui-même pour aider à la traduction. Avec les
plaques, Joseph avait reçu, pour lui permettre de traduire, un
instrument spécial appelé interprètes ou urim et
thummim. Martin Harris écrivait sous la dictée (voir
Traduction du Livre de Mormon par Joseph Smith). Au printemps de
1828, après trois mois de travail, Martin Harris reprit chez
lui les 116 pages de traduction pour les montrer à sa femme et
elles furent perdues ou volées. Ceci interrompit la traduction
et plongea Joseph dans la détresse. Peu après, il se
faisait vertement réprimander dans une révélation
(D&A 3). C’est vers ce moment-là, le 15 juin 1828,
que le fils aîné de Joseph et d’Emma mourut le
jour de sa naissance, ce qui fut un déchirement supplémentaire
pour Joseph.
La traduction reprit à
l’automne de 1828, continuant par intermittence jusqu’au
printemps de 1829. C’est alors qu’Oliver Cowdery, un
instituteur qui avait appris l’existence des plaques par les
parents de Joseph, crut en celui-ci et accepta d’écrire
sous la dictée. Ils travaillèrent ensemble d’avril
à juin 1829. Quand les deux amis prièrent, le 15 mai,
pour comprendre le baptême, un messager, qui se présenta
comme étant Jean-Baptiste apparut, leur conféra
l’autorité dans la prêtrise et leur commanda de se
baptiser mutuellement (voir Prêtrise d’Aaron :
Rétablissement). Oliver écrivit plus tard : « Ce
furent là des jours inoubliables ! Cela éveillait
en mon sein la gratitude la plus profonde que de pouvoir être
là à écouter le son d'une voix parlant sous
l'inspiration du ciel » (JS–H 1:71 n).
Oliver ne fut pas le seul
témoin supplémentaire des révélations.
Quand l’opposition commença à monter à
Harmony, Oliver et Joseph partirent en juin 1829 à Fayette,
New York, pour la maison familiale de David Whitmer, ami d’Oliver.
Ici encore, Joseph reçut le soutien nécessaire de
personnes qui croyaient en lui. Une fois la traduction terminée,
il fut dit à Joseph que d’autres seraient autorisés
à voir les plaques, qu’il avait été
jusqu’alors le seul à voir. L’ange Moroni apparut
à Martin Harris, à Oliver Cowdery et à David
Whitmer et leur montra les plaques d’or tandis qu’une
voix venue du ciel déclarait que la traduction avait été
faite par le pouvoir de Dieu et était vraie (voir Témoins
du Livre de Mormon). La mère de Joseph écrit que Joseph
rentra à la maison après cette révélation
et se laissa tomber sur un siège près d’elle en
s’exclamant qu’enfin quelqu’un d’autre avait
vu les plaques. « Maintenant ils savent par eux-mêmes
que je ne passe pas mon temps à tromper les gens »
(Smith, p. 139). Des mots qui en disent long sur la tension qu’il
avait en lui de savoir qu’il était le seul témoin
de ses expériences remarquables.
En mars 1830, le Livre de
Mormon fut publié, ce qui mit fin à une phase de la vie
de Joseph mais pas de sa mission divine. En 1829, des révélations
lui commandèrent d’organiser une Église. Le 6
avril 1830, chez les Whitmer à Fayette, l’Église
du Christ fut organisée avec Joseph Smith et Oliver Cowdery
comme premier et deuxième anciens (voir Organisation de
l’Église, 1830).
Le fait de devoir diriger
l’Église donna à la vie de Joseph Smith une
orientation nouvelle. Jusqu’alors il avait été un
jeune homme avec un don divin et la mission de traduire le Livre de
Mormon ; maintenant, sans aucune expérience antérieure
comme organisateur, il se retrouvait responsable d’organiser
une Église et de diriger un peuple. Il dut s’appuyer sur
la révélation. Au cours des six années qui
suivirent, il reçut beaucoup de révélations,
dont 90 remplissent 190 pages des Doctrine et Alliances. Elles vont
d’instructions portant sur de menus détails
d’administration à des descriptions sublimes de la vie
dans l’au-delà. Habituellement, quand il y avait des
problèmes à résoudre, qu’ils soient
administratifs ou doctrinaux, le prophète recherchait l’aide
divine et, grâce à elle, dirigeait l’Église.
La voie tracée à
la nouvelle Église par les révélations était
extraordinairement difficile. Le prophète reçut pour
instructions de se lancer dans des projets qui s’étendaient
sur la moitié du continent et qui impliquaient une
réorganisation de la société. Le grand objectif
était l’établissement de Sion. Les enseignements
du Livre de Mormon sur le Christ parlaient d’une nouvelle
Jérusalem, une ville de Sion qui serait fondée en
Amérique (3 Né. 20:22). Des révélations
ultérieures décrivaient la nature du nouvel ordre. Le
concept central était le rassemblement des gens purs et
honnêtes d’entre les nations dans des communautés
où ils pourraient apprendre à vivre dans l’unité
et l’amour sous la direction divine et où des temples
pourraient être construits pour administrer les ordonnances
sacrées du salut.
En septembre-octobre
1830, des missionnaires furent appelés pour instruire les
Amérindiens qui vivaient près de la frontière
occidentale du Missouri (voir Mission lamanite de 1830-1831). Il fut
dit à ces missionnaires que la ville de Sion serait située
quelque part dans cette région. Plus tard, des révélations
portèrent sur un rassemblement au Missouri pour organiser Sion
et un nouvel ordre économique conçu pour permettre aux
saints de vivre ensemble dans l’unité (voir
Consécration : Loi de consécration). Joseph et
d’autres dirigeants de l’Église se rendirent au
comté de Jackson (Missouri) pendant l’été
de 1831, et là apprirent par révélation que la
ville devait être construite et un temple érigé
près d’Independence (Missouri) (voir Missouri :
Communautés de saints dans les comtés de Jackson et de
Clay). Le rassemblement devait commencer immédiatement.
Quand on se rappelle que
Joseph Smith n’avait pas encore vingt-six ans et que cinq ans
plus tôt il n’était qu’un paysan sans
instruction connu seulement pour ses dons spirituels, il est
difficile de comprendre l’audace de ces plans. L’ampleur
de ses conceptions ne le dérangea jamais. « J’ai
l’intention de poser des fondements qui révolutionneront
le monde entier », devait-il dire plus tard (HC 6:365). Il
agissait avec la certitude que ses directives venaient de Dieu et que
l’Église triompherait en dépit de tout.
Au printemps de 1831,
pratiquement tous les saints des derniers jours quittèrent
l’État de New York pour l’Ohio. Joseph et Emma
s’installèrent à Kirtland (Ohio), près
d’un groupe de nouveaux convertis et, pendant les six années
suivantes, ce fut le siège de l’Église. L’autre
point focal de la vie de l’Église jusqu’en 1838
fut le Missouri, d’abord Independence, emplacement de la future
ville de Sion, puis le nord du Missouri. À mesure que les
saints des derniers jours émigraient au Missouri, les tensions
avec les vieux colons augmentèrent. Au comté de
Jackson, en 1831-1833, et de nouveau au comté de Caldwell, en
1836-1838, les efforts pour établir Sion suscitèrent
une opposition violente contre ce que les non-mormons percevaient
comme une menace contre leur mode de vie (voir Conflit au Missouri).
Joseph Smith fit
également des efforts pour réaliser sa vision de Sion
pendant les sept années que les saints des derniers jours
furent en Ohio. Il organisa les premiers pieux et installa la
structure de la présidence de la prêtrise de l’Église.
Le prophète créa une banque, un journal et une
imprimerie ; il supervisa la construction du premier temple de
l’Église et lança une œuvre missionnaire
considérable aux États-Unis, au Canada et en
Angleterre. Ses révélations, notamment une loi de santé
(voir Parole de Sagesse), orientèrent les saints dans la
gestion de leur vie quotidienne. Il fit une traduction de la Bible
(voir Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)). Il instaura un
système scolaire pour préparer les saints pour les
rôles de direction et de mission et étudia lui-même
l’hébreu à l’école. L’apogée
des années de Kirtland fut la consécration du temple.
Bien qu’ayant reçu l’autorité dans la
prêtrise plusieurs années plus tôt, en 1836, dans
le temple de Kirtland, Joseph Smith reçut des clefs d’autorité
supplémentaires importantes de Moïse, d’Élias
et d’Élie relatives au rassemblement d’Israël
et au scellement éternel des familles.
L’opposition avait
harcelé le prophète depuis le moment où il avait
parlé pour la première fois de ses visions. En 1832, il
fut enduit de goudron et de plumes et battu par des émeutiers
qui s’introduisirent dans la maison où il logeait à
Hiram (Ohio), intrusion qui fut à l’origine de la mort
d’un enfant. À Kirtland, des querelles se produisirent
dans l’Église concernant la nature de la nouvelle
société et de l’implication du prophète
dans le domaine économique et la politique ; certains
l’accusèrent d’essayer de s’immiscer dans
leur vie privée et le qualifièrent de prophète
déchu. Au début de 1838, l’opposition,
particulièrement parmi les dirigeants en Ohio, s’intensifia
à tel point que le prophète et les membres fidèles
partirent au Missouri.
Joseph Smith arriva avec
sa famille à Far West (comté de Caldwell, Missouri) en
mars 1838, et là il chercha de nouveau à créer
un lieu de rassemblement pour les saints et à construire un
temple (voir Missouri : Localités de saints dans les
comtés de Caldwell et de Daviess). Mais, comme précédemment,
l’afflux d’étrangers ayant des pratiques sociales,
religieuses et économiques différentes fut inacceptable
pour les vieux colons. L’opposition dégénéra
en violence, le 6 août 1838, à Gallatin (comté de
Daviess) quand les ennemis de l’Église essayèrent
d’empêcher les saints des derniers jours de voter. La
bagarre qui s’ensuivit fit des blessés des deux côtés.
Un malentendu qui se produisit ensuite avec un juge de paix local
donna lieu à des accusations contre le prophète. Les
rumeurs se répandant, les citoyens de plusieurs comtés,
puis des milices se mobilisèrent pour expulser les saints des
derniers jours (voir Conflit au Missouri ; Ordre
d’extermination).
La crise atteignit son
paroxysme le 31 octobre 1838, quand Joseph Smith et plusieurs autres,
pensant pouvoir négocier des manières de désamorcer
la situation volatile existante, furent arrêtés. Ce fut
le début de cinq mois d’emprisonnement. Une commission
d’enquête, en novembre, à Richmond (comté
de Ray), accusa le prophète et d’autres d’actes de
trahison liés au conflit et les fit emprisonner à la
prison de Liberty en attendant leur procès. Entre-temps, les
saints étaient chassés de l’état.
Cet emprisonnement dans
des conditions pénibles aggravées par le fait qu’il
était séparé de force de sa famille et de
l’Église, laissa à Joseph le temps de réfléchir
à la signification de la souffrance humaine. Les écrits
rédigés en prison contiennent certains des passages les
plus sublimes de son ministère. Des extraits de ses lettres
furent ajoutés au recueil de ses révélations
(voir Doctrine et alliances : Sections 121-123). Reconnaissant
tout ce par quoi il était passé, l’une des
révélations lui rappelait qu’aussi grandes que
fussent ses souffrances, elles ne dépassaient pas celles du
Sauveur : « Le Fils de l’Homme est descendu
plus bas que tout cela. Es-tu plus grand que lui ? »
(D&A 122:8).
Au mois d’avril
suivant, pendant qu’on les emmenait au comté de Boone
(Missouri), pour un changement de juridiction, on laissa le prophète
et ses codétenus s’échapper. Dans le mois qui
suivit son retour auprès de sa famille et de ses amis à
Quincy (Illinois), Joseph Smith avait autorisé l’achat
de terres sur le fleuve Mississippi près de Commerce (comté
de Hancock, Illinois) et avait installé sa famille dans une
cabane de rondins de deux pièces. Pendant l’été
de 1839, les saints commencèrent à s’installer
dans leur nouveau lieu de rassemblement, qu’ils appelèrent
Nauvoo.
Comme beaucoup de
terrains longeant les fleuves, Nauvoo fut au départ mal
drainée et infestée par la maladie. Pendant une
épidémie de malaria, le prophète abandonna sa
maison aux malades et vécut sous une tente. Des témoins
rapportèrent des guérisons miraculeuses sous son
administration. « Il y avait beaucoup de malades parmi les
saints des deux côtés du fleuve et Joseph est passé
parmi eux, les prenant par la main et leur commandant d’une
voix forte, au nom du Jésus-Christ, de se lever de leur lit et
d’être guéris » (Journal intime de
Wilford Woodruff, 22 juillet 1839, manuscrit, archives de l’Église).
Les décès étaient si fréquents que des
obsèques collectives furent organisées.
Vers la fin de 1839, le
prophète se rendit à Washington, D.C, pour obtenir, de
la part du gouvernement fédéral, réparation pour
les pertes subies par son peuple au Missouri. Tandis qu’il
était là, il obtint des entretiens avec le président
Martin Van Buren et des membres éminents du Congrès,
mais en sortit déçu et les mains vides.
Nauvoo fut rapidement
légalisée en vertu de la charte de Nauvoo autorisée
par l’état. Dans les quelques années qui
suivirent, la ville grandit au point de rivaliser avec Chicago comme
étant la plus grande de l’Illinois. Joseph fit partie du
conseil municipal et devint maire par la suite. En sa qualité
de maire, il remplit aussi les fonctions de juge président du
tribunal municipal et comme receveur de l’enregistrement. Avec
le rang de lieutenant-général, il dirigea la Légion
de Nauvoo, la milice municipale. Il était également
propriétaire d’un magasin de marchandises et devint
rédacteur et éditeur du périodique Times and
Seasons.
La sécurité
relative de Nauvoo donna à Joseph Smith la possibilité
de faire avancer, avec une vigueur renouvelée, l’œuvre
du royaume. Il envoya le Collège des douze apôtres en
Grande-Bretagne, où ils augmentèrent l’œuvre
missionnaire et lancèrent un programme d’émigration
qui amena un flot d’immigrés dans le nouveau lieu de
rassemblement (voir Missions des Douze aux îles Britanniques).
À Nauvoo, le prophète organisa les premières
paroisses. Il étendit l’autorité ecclésiastique
des Douze pour y inclure une juridiction dans les pieux, les plaçant
pour la première fois dans une situation d’autorité
universelle sur l’Église sous la Première
Présidence. Il supervisa la construction du temple de Nauvoo
et créa la Société de secours des femmes de
Nauvoo.
Le prophète
rencontra un dilemme pendant qu’il commençait à
rétablir des principes divins perdus depuis longtemps. Poussé
par le pressentiment que son temps était compté, il
souhaita accélérer ses efforts, mais parce que beaucoup
ne comprenaient pas sa mission et s’opposaient à lui, il
devait avancer lentement. « Je pourrais en expliquer cent
fois plus que je ne l’ai jamais fait sur les gloires des
royaumes qui m’ont été manifestées…
si le peuple était prêt à le recevoir »,
écrivit-il en 1843 (HC 5:402). Pour résoudre ce
dilemme, le prophète présenta quelques principes en
privé à un nombre restreint de membres fidèles
dans l’intention de planter les semences avant sa mort. Dès
1841, il introduisit le mariage plural, une partie nécessaire
du rétablissement de l’ordre ancien des choses, aux
membres des Douze et à quelques autres. Bien que comprenant le
principe depuis 1831 et s’étant apparemment marié
avec une femme plurale plusieurs années plus tôt, ce fut
en 1841 qu’il épousa Louisa Beaman, la première
femme plurale pour laquelle nous ayons un écrit. Pendant les
années qui lui restaient, il en épousa au moins
vingt-sept autres.
En mai 1842, le prophète
introduisit la Dotation complète, des ordonnances religieuses
pratiquées par la suite dans tous les temples des saints, à
un petit groupe dans la salle à l’étage de son
magasin de Nauvoo. Un an plus tard, il accomplit les premiers
scellements de couples mariés pour le temps et l’éternité.
En outre, il enseigna aux saints des points de doctrine importants
concernant la nature de Dieu et l’homme (voir Discours sur King
Follett). En mars 1844, il organisa le conseil des cinquante, bras
politique du royaume de Dieu. Lorsqu’il mourut, trois mois plus
tard, il avait accompli tout ce qu’il estimait être
essentiel pour la continuation du royaume. Entre-temps, il avait
transféré aux Douze les clefs de l’autorité,
assuré que le programme qu’il avait lancé allait
maintenant continuer quoi qu’il lui arrive (voir Succession
dans la présidence).
L’enseignement de
ces principes en privé à un petit cercle permit à
Joseph Smith d’accomplir sa mission mais compliqua la situation
à Nauvoo et déclencha des forces qui finirent par
causer sa mort. Certains saints eurent du mal à accepter ces
enseignements peu communs. Brigham Young dit que quand on lui
enseigna le mariage plural, ce fut la première fois de sa vie
qu’il aurait préféré mourir. À un
moment donné, Emma, la femme de Joseph, devint « très
hostile et pleine du ressentiment » [« déclaration
de William Clayton », Woman’s Exponent 15, 1er juin
1886, p. 2]. Lorsque les informations sur ces enseignements privés
filtrèrent dans la collectivité, les suppositions et
les rumeurs déformées proliférèrent.
Tandis que le prophète
poursuivait ses objectifs, les forces extérieures à
l’Église s’organisèrent contre lui. Les
autorités du Missouri essayèrent trois fois de
l’extrader de l’Illinois, ce qui déboucha sur de
longues périodes de harcèlement judiciaire. À
cause de la perte de propriétés lors des persécutions
précédentes, il ne pouvait pas payer ses dettes et dut
éluder ses créanciers. Quand les dirigeants politiques
de l’Illinois se tournèrent contre les saints des
derniers jours et qu’aucun des dirigeants nationaux ne voulut
soutenir leur cause, le prophète annonça sa candidature
au poste de président des États-Unis, ce qui lui donna
accès à une plate-forme lui permettant de traiter des
droits de son peuple (voir Politique à Nauvoo).
En avril 1844, les
dissidents défièrent ouvertement la direction de Joseph
Smith en organisant une Église de réforme et en éditant
un journal, le Nauvoo Expositor, afin de le dénoncer. Voyant
dans l’Expositor une menace à la paix de la communauté,
le conseil municipal de Nauvoo, que Joseph Smith présidait
comme maire, l’autorisa à commander la destruction de la
presse – une mesure qui fit flamber l’opposition. Le 12
juin, le prophète fut accusé d’émeute pour
avoir détruit la presse. Après une série de
manœuvres judiciaires, Joseph se laissa arrêter à
Carthage, le siège du comté, située dans le
voisinage, avec la promesse du gouverneur qu’il serait protégé.
Joseph ne se sentait pas en sécurité et les menaces
verbales des excités des localités voisines
confirmaient ses appréhensions. Le 27 juin 1844, alors qu’ils
étaient en prison à Carthage, en attendant une
comparution au tribunal, Joseph Smith et son frère Hyrum
furent tués au cours d’un assaut donné à
la prison par des émeutiers au visage noirci (voir Martyre de
Joseph et de Hyrum Smith). Le lendemain, les corps des frères
furent ramenés à Nauvoo où dix mille saints des
derniers jours se rassemblèrent pour pleurer la perte de leur
prophète.
En dépit de
l’adversité qui le poursuivit de sa jeunesse jusqu’à
sa mort, Joseph Smith n’était pas le genre de personnage
austère et rébarbatif que ses contemporains imaginaient
généralement chez un prophète. Un converti
anglais écrit que Joseph « n’était pas
un type au visage renfrogné et dégageant un air de
sainteté, bien au contraire » [John Needham à
Thomas Ward, 7 juillet 1843, Latter-Day Saints’ Millennial Star
4, oct. 1843, p. 89]. Il n’était pas rare de le voir se
livrer à des activités sportives avec les hommes jeunes
et vigoureux d’une localité. On sait qu’il faisait
de la lutte, de la traction au bâton, des combats de boules de
neige, qu’il jouait au ballon, glissait sur la glace avec ses
enfants, jouait aux billes, tirait sur une cible et allait à
la pêche. Grand et bien bâti, Joseph Smith n’hésitait
pas à utiliser sa force. Une fois, dans sa jeunesse, il rossa
un homme qui battait sa femme. En 1839, tandis qu’il était
en route pour Washington, D.C, en diligence, les chevaux
s’emballèrent en l’absence du cocher. Le prophète
ouvrit la portière du véhicule en marche, grimpa
jusqu’au siège du conducteur, s’empara des rênes
et arrêta les chevaux.
Joseph était
également profondément spirituel. Sa mère dit de
lui que dans sa jeunesse, il « semblait réfléchir
plus profondément que les personnes ordinaires de son âge
sur tout ce qui avait un caractère religieux »
(Lucy Smith, Biographical Sketches of Joseph Smith, manuscrit
préliminaire, p. 46, Archives de l’Église). Il
venait d’avoir douze ans, écrivit-il plus tard, quand
son esprit « commença à se préoccuper
sérieusement des questions importantes relatives au bien-être
de mon âme immortelle » (PJS 1:5). Des années
après avoir commencé à recevoir des révélations,
il continua à rechercher du réconfort spirituel. En
1832, tandis qu’il était en voyage, écrit-il :
« Je me rendais presque tous les jours dans un bosquet
juste derrière la ville où je pouvais échapper
aux regards de tout mortel et y exprimer tous les sentiments de mon
cœur dans la méditation et la prière »
(PWJS, p. 238). C’est clair qu’il parlait du fond du cœur
quand il dit que « les choses de Dieu ont une profonde
importance ; il n’y a que le temps, l’expérience
et des pensées soigneuses, réfléchies et
solennelles qui peuvent les trouver » (HC 3:295).
Joseph Smith aimait
profondément sa famille et ses écrits personnels sont
remplis d’épanchements de tendresse et de sollicitude
accompagnés de prières. « Ô Seigneur,
bénis mes petits enfants en leur donnant la santé et
une longue vie pour faire du bien dans cette génération
pour l’amour du Christ amen » (PWJS, p. 28). Sa
famille comptait onze enfants, dont des jumeaux adoptés. Cinq
d’entre eux, quatre fils et une fille, moururent peu près
leur naissance ou dans leur prime enfance ; cinq vivaient quand
leur père fut tué et un sixième, un fils, naquit
quatre mois après sa mort. Les aperçus occasionnels que
nous avons de sa vie de famille le montrent glissant sur la glace
avec son fils Frederick, faisant faire à ses enfants un tour
en carriole sur un traîneau et allant au cirque.
Il était également
un ami fidèle et se souciait profondément des autres.
Il tendit à plusieurs reprises la main du pardon à des
prodigues, dont certains lui avaient causé des souffrances et
du malheur. « Je me sens tenu d’être l’ami
de tous… qu’ils soient justes ou injustes ; ils ont
une part de ma compassion et de ma sympathie » (PWJS, p.
548). Un observateur a noté que le prophète n’allait
jamais au lit s’il savait qu’il y avait une personne
malade qui avait besoin d’aide. Il enseignait que « l’amour
est l’une des principales caractéristiques de la
Divinité et doit être manifesté par ceux qui
aspirent à être les fils de Dieu. Un homme qui est
rempli de l’amour de Dieu ne se contente pas de faire du bien à
sa famille seulement, mais parcourt le monde, vivement désireux
de faire du bien à la totalité de la famille humaine »
(PWJS, p. 481). Un membre de l’Église qui avait logé
chez les Smith et avait assisté aux « prières
ferventes et humbles [du prophète]… nourrissant,
calmant et réconfortant sa famille, ses voisins et ses amis »
considéra que c’était un plus grand témoignage
de la divinité de l’appel de Joseph Smith d’observer
sa vie privée que d’observer ses actions publiques (JD
7:176-77).
Joseph Smith consacra sa
vie à introduire une nouvelle dispensation de connaissances
religieuses et ce, à un coût personnel élevé.
Il écrivit que « l’envie et la colère
de l’homme » avaient été son sort
ordinaire et que « l’eau profonde » était
ce en quoi il avait l’habitude de nager (D&A 127:2). Un peu
plus d’un an avant sa mort, il dit à un auditoire à
Nauvoo : « Si je n’avais pas vraiment entrepris
cette œuvre et été appelé de Dieu, je me
retirerais. Mais je ne peux pas me retirer : je n’ai aucun
doute sur sa véracité » (HC 5:336). Il vécut
dans l’espoir de donner vie à cette vérité
dans une société de saints et mourut victime d’ennemis
qui ne comprenaient pas sa vision.
Bibliographie
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Smith, Lucy. Biographical
Sketches of Joseph Smith the Prophet. Liverpool, 1853.
Smith,
Joseph : Enseignements de Joseph Smith
Auteur :
MADSEN, TRUMAN G.
Le contenu écrit
et verbal des révélations données à
Joseph Smith est direct et clair et pourtant il est difficile de
caractériser ou de résumer ses enseignements,
puisqu’ils ne s’intègrent pas facilement dans les
catégories théologiques traditionnelles et qu’ils
présupposent toujours que Dieu peut en révéler
et en révélera probablement davantage. Ses auditoires
écoutaient avec avidité les proclamations et les
raisonnements hardis du prophète sur des centaines de sujets,
malgré le fait que ce qu’il faisait n’était
pas un travail d’analyse ou de synthèse systématiques.
Ses enseignements, ses paroles, ses recommandations, ses
instructions, ses bénédictions, ses réponses et
ses commentaires de 1820 à 1844 sont dispersés sur des
milliers de pages de révélations, d’écritures,
d’histoires, de journaux, de lettres et de procès
verbaux (voir Smith, Joseph : Écrits de Joseph Smith).
On peut aborder les
enseignements de Joseph Smith de diverses façons. Certains
recueils les arrangent par sujets ; d’autres commentaires
se concentrent sur le cadre historique de ses révélations
et de ses discours ; d’autres encore comparent les
versions éditées aux souvenirs enregistrés de
ses déclarations. De toutes façons, on y trouve de la
continuité et de l’uniformité plutôt que
des ruptures ou des contradictions manifestes.
Les documents que nous
possédons montrent que l’accès de Joseph Smith
aux sources et sa propre compréhension ont nécessité
un processus de croissance. En 1842, deux ans avant sa mort, il dit
qu’il avait « le plan tout entier du royaume »
devant lui (HC 5:139). Ce que nous ne savons pas, c’est quand
dans sa vie « le plan tout entier » est parvenu
à maturité dans son esprit.
Certains de ses
enseignements ont maintenant valeur d’Écriture ;
d’autres font autorité mais ne sont pas soutenus comme
Écriture. Comme il l’explique lui-même, « un
prophète n’est pas toujours prophète ;
uniquement quand il agit comme tel » (EPJS, p. 224). Une
étude soigneuse permet de faire la distinction entre les
paroles originales du prophète et les ajouts ultérieurs ;
en outre, certaines déclarations qu’il n’a pas
faites ou n’a pas approuvées ont été
éditées sous son nom. L’esquisse qui suit traite
de ses révélations, de ses traductions scripturaires et
des déclarations les plus caractéristiques qui
constituent ses enseignements.
Joseph Smith n’a
jamais prétendu fonder une nouvelle religion mais lancer un
nouveau commencement, un rétablissement de l’Évangile
éternel de Jésus-Christ. « Les principes
fondamentaux de notre religion sont le témoignage des apôtres
et des prophètes concernant Jésus-Christ, qu’il
est mort, a été enterré et est ressuscité
le troisième jour et est monté au ciel ; et toutes
les autres choses qui ont trait à notre religion n’en
sont que des annexes » (EPJS, p. 95). Il attendait « une
union et un rattachement complets et parfaits de dispensations, de
clefs, de pouvoirs et de gloires… depuis le temps d'Adam
jusqu'à nos jours » (D&A 128:18). Ce
rétablissement allait englober « toute la vérité
que le monde chrétien possédait » (EPJS, p.
304), notamment beaucoup de choses qui avaient été
perdues ou abandonnées et, en outre, des révélations
« cachées depuis la fondation du monde »
(EPJS, p. 250). Ses enseignements faisaient souvent contraste avec
les ajouts, les soustractions et les changements post-bibliques. Il
dit qu’il avait l’intention « de jeter une
base qui révolutionnera le monde entier » (EPJS, p.
296).
Nous vous proposons
ci-après un choix parmi les dizaines de sujets et d’idées
qui sont typiques des enseignements du prophète Joseph Smith :
DIEU ET LA DIVINITÉ.
Joseph Smith enseignait qu’il est approprié d’appeler
Dieu Père. C’est une personne glorifiée et
exaltée qui a des attributs personnels. Jésus-Christ
est le Médiateur entre Dieu et l’homme. Il n’est
pas identique à Dieu, mais est devenu comme le Père.
Ceci élimine le mystère de beaucoup de croyances
classiques. Ce point de doctrine est un anthropomorphisme raffiné
et il imprègne les Écritures antiques et modernes.
Dieu étant la
personne par excellence, on peut l’aborder, le rencontrer et le
connaître. Il est impliqué dans les efforts de l’homme.
On peut avoir l’assurance qu’il se meut, agit, répond,
aime, sert et donne. De la présence de Dieu et de son Fils
sort un Esprit qui donne la lumière à tous ceux qui
entrent dans la condition mortelle. Cette lumière est en tout,
donne la vie à tout et est la loi par laquelle tout est régi,
même le pouvoir de Dieu (D&A 88:13).
LA VÉRITÉ.
L’expérience suggère un univers plural. La
connaissance la plus haute est celle des choses, des existences dans
toute leur variété (D&A 93:24-25). Les révélations
données à Joseph Smith parlent de sphères
indépendantes d’existence et d’une série de
degrés de gloire (D&A 76 ; cf. 88:37). Par
conséquent, toute tendance mystique à croire en une
union métaphysique dans laquelle l’individualité
serait perdue est abandonnée.
LES ÉCRITURES. Le
prophète enseignait que les Écritures sont le compte
rendu écrit d’expériences de révélation.
Il rejetait de la même façon les dogmes de
l’infaillibilité verbale, de l’origine « purement
humaine » et de l’excès allégorique
dans l’interprétation des Écritures. Les limites
du canon sont liquides telles qu’elles l’étaient à
l’origine dans le judaïsme et le christianisme anciens.
L’Écriture, orale ou écrite, est une lumière
pour ceux qui sont vivifiés par la vie et la lumière
divines. La nécessité de prophètes vivants pour
compléter, éclaircir et appliquer les sources écrites
aux besoins contemporains est continuelle. « J’ai
dit aux frères que le Livre de Mormon était le plus
correct de tous les livres de la terre et la clef de voûte de
notre religion, et qu’un homme se rapprocherait davantage de
Dieu en en suivant les préceptes que par n’importe quel
autre livre » (EPJS, p. 156).
LA CRÉATION ET LE
COSMOS. On a qualifié les enseignements de Joseph Smith
d’« éternalisme » : « Tout
principe venant de Dieu est éternel » (EPJS, p.
145). « Les principes purs d’élément »
et d’intelligence coexistent éternellement avec Dieu :
« On peut les organiser et les réorganiser, mais
pas les détruire » (EPJS, p. 285). Dieu a créé
l’univers à partir du chaos, « lequel est
élément et dans lequel réside toute gloire »
(WJS, p. 351). « Les éléments sont le
tabernacle de Dieu » (D&A 93:35). Dieu est lié
à l’espace et au temps et ne les a pas créés
de rien. Le changement se produit par l’intelligence. L’univers
est régi par la loi. Il y a eu deux créations :
Tout a été fait « spirituellement »
avant de l’être « naturellement »
(Moï. 3:5). Par son Fils, Dieu est le Créateur de mondes
multiples. Dieu est le Père des esprits humains qui habitent
ses créations. Ses créations n’ont pas de fin.
LA NATURE DE L’HOMME.
En tant qu’intelligence éternelle, « l’homme
était au commencement avec Dieu » (D&A
93:29-30). Mais son épanouissement de grâce en grâce
dépend de ce que Dieu fait pour lui. Grâce à
l’Évangile et à l’Expiation, les enfants de
Dieu sont héritiers de tout ce que le Père a et est, et
peuvent devenir eux-mêmes des dieux (D&A 76:58-61 ;
84:35-39 ; 88:107).
L’esprit est une
matière raffinée. L’esprit « existait
avant le corps, peut exister dans le corps et existera séparément
du corps, lorsque le corps tombera en poussière, et lui sera
de nouveau réun[i] dans la résurrection »
(EPJS, p. 167). Ainsi, le dualisme extrême entre l’esprit
et la matière est rejeté.
L’homme est libre
de résister aux pouvoirs de Dieu ou à ceux du mal ou de
les adopter. Dieu, l’homme, Satan et ses armées sont
indépendants. L’un ne peut pas forcer l’autre.
LE PLAN DU SALUT. Se
trouvant au milieu des esprits et de la gloire, Dieu a jugé
bon d’instituer des lois grâce auxquelles ses enfants
pourraient avancer comme lui-même et avoir gloire sur gloire
(voir Plan du salut, Plan de Rédemption). « Lors de
la première organisation dans le ciel, nous étions tous
présents et nous avons vu choisir et nommer le Sauveur et
établir le plan du salut et nous l’avons sanctionné »
(EPJS, p. 145). Les semblables s’attirent (D&A 88:40), les
harmonies sont rétablies : la connaissance remplace
l’ignorance, la sainteté remplace le péché
et la vie remplace la mort.
LA CHUTE. Le prophète
rejetait la théorie traditionnelle du péché
originel et en était revenu à la doctrine de
l’innocence de l’homme avant la Chute. Adam et Ève
transgressèrent, comme prévu, pour ouvrir la voie aux
expériences contrastantes de la condition mortelle. La Chute
n’était pas inévitable, mais libre. Tous les
hommes et femmes sont, dans leur prime enfance, innocents devant
Dieu. Il s’ensuit que le baptême des petits enfants est
inutile, que la responsabilité vient plus tard (à l’âge
de huit ans) et que la responsabilité pour le péché
est personnelle, pas héréditaire (D&A 68:25-27 ;
93:38). On devient ce qu’on décide de devenir.
Dieu lui-même a un
corps « aussi tangible que celui de l’homme »
(D&A 130:22), et le corps humain est un temple. « Le
grand principe du bonheur consiste à avoir un corps »
(EPJS, p. 145, 239). La Rédemption est celle de l’âme
entière, signifiant l’esprit et le corps.
L’EXPIATION. Le
pouvoir de la rédemption est l’expiation de
Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Au fil des événements,
le Fils a hérité de la plénitude du Père ;
il n’a pas été « éternellement
engendré » et il n’y a pas eu non plus deux
natures absolument différentes inhérentes en la
personne du Christ.
L’expiation de
Jésus-Christ était nécessaire pour réconcilier
les exigences de la justice et celles de la miséricorde. Le
Christ a répondu à cette nécessité par un
acte volontaire, une descente afin de monter (D&A 88:6).
Le Christ n’aurait
pas pu connaître autrement que par l’expérience
les profondeurs de la compassion. Il a subi des souffrances, des
afflictions et des tentations « afin que ses entrailles
soient remplies de miséricorde, selon la chair »,
car ce n’est qu’ainsi qu’il peut « secourir
son peuple selon ses infirmités » (Alma 7:12).
Gethsémané fut l’endroit et le moment de sa
douleur la plus intense pour l’humanité ; la croix
fut son heure finale (D&A 19:16-20 ; TJS Mt. 27:54).
Le Christ sauve les
hommes de leurs péchés, pas dans leurs péchés.
Il n’impute pas la justice là où il n’y en
a pas. Celui qui ne veut en faire qu’à sa tête et
qui demeure dans le péché ne peut pas être
sanctifié sans se repentir (D&A 88:35).
L’Expiation infinie
vise à apporter la vie et la rédemption à tous
les enfants du Père éternel, y compris ceux d’autres
mondes qui « sont sauvés par le même Sauveur
que nous » (T&S 4:82-85).
LA CONNAISSANCE.
L’intelligence, en tant que lumière et vérité,
est la gloire de Dieu (D&A 93:36). L’esprit est éternel
et a accès aux vastes étendues des éternités,
et la connaissance est essentielle au salut : « L’homme
n’est pas sauvé plus vite qu’il n’acquiert
de la connaissance » (EPJS, p. 175) et il n’acquiert
pas plus vite la connaissance des vérités de l’Évangile
qu’il est sauvé, c’est-à-dire, pas plus
vite qu’il reçoit le Christ dans sa vie. « La
connaissance par l’intermédiaire de notre Seigneur et
Sauveur Jésus-Christ est la grande clef qui ouvre la gloire et
les mystères du royaume des cieux » (EPJS, p. 240).
« Dieu n’a rien révélé à
Joseph qu’il ne révélera aux Douze, et même
le moindre des saints peut tout savoir aussi vite qu’il est
capable de le supporter » (EPJS, p. 117).
La connaissance de Dieu
et des choses divines est donnée par l’Esprit. La
révélation inclut la présence visible, les
visions, les songes, les visitations d’anges et d’esprits,
des impressions, des voix, des illuminations prophétiques
d’inspiration et de lumière et l’afflux
d’intelligence pure dans l’esprit et dans le cœur.
Les communications directes de ce genre sont essentielles à la
vie religieuse de toute personne. Il y au moins un don de l’Esprit
qui est accordé à chaque personne qui a la foi. « Il
est impossible de recevoir le Saint-Esprit et de ne pas recevoir la
révélation » (EPJS, p. 206). « Personne
ne peut savoir que Jésus est le Seigneur que par le
Saint-Esprit » (WJS, p. 115). « Aucune
génération n’a été jamais sauvée
ni détruite sur un témoignage mort, ni ne peut l’être,
mais bien par un vivant » (WJS, p. 159). Dans certaines
limites, ces expériences peuvent être exprimées
et communiquées.
LE BUT DE LA VIE :
LA JOIE. Le « bonheur est l’objet et le but de notre
existence » (EPJS, p. 206). « Nous sommes venus
sur cette terre afin d’avoir un corps et de le présenter
pur devant Dieu dans le royaume céleste » (EPJS, p.
145). Les corps glorifiés ont des pouvoirs et des avantages
sur ceux qui ne le sont pas et se voir refuser un corps ou en être
séparé est une servitude. La combinaison du corps
d’esprit et du corps physique peut donner la plus grande des
joies (D&A 93:33-34).
La gloire de Dieu est de
travailler au profit d’autres êtres. De même,
l’homme ne peut pas se trouver tant qu’il ne se perd pas
dans le désir chrétien d’élever les autres
et de leur faire du bien (PWJS, p. 483). Même dans la condition
mortelle, les membres de la famille de Dieu peuvent commencer à
éprouver la joie qui sera entière dans l’au-delà
(EPJS, p. 239).
LES ÉPREUVES ET
LES AFFLICTIONS. Le mal et la souffrance sont réels, les
pertes sont réelles, la tentation est réelle, vaincre
est réel. Le risque et la récompense sont tous deux
inhérents à l’expérience mortelle. Ce sont
les conditions de la croissance de l’âme. Le but de Dieu
est d’édifier ses enfants, mais il ne peut pas le faire
sans leur coopération ; et il ne peut pas non plus
intervenir d’une manière qui élimine le besoin
d’expérience, même d’expérience
cruelle.
La vie est une épreuve :
« Toutes ces choses te donneront de l’expérience »
(D&A 122:7). Le fait qu’Abraham soit prêt à
sacrifier Isaac était une similitude du sacrifice, par le
Père, de son Fils unique. On ne peut pas atteindre l’héritage
du Fils sans être disposé à sacrifier tout ce qui
est terrestre. La capacité de surmonter de telles épreuves
est le fondement d’un amour rendu parfait, et tant qu’on
n’a pas l’amour parfait, on risque de tomber (EPJS, p.
5). La notion que toute souffrance dans le monde est un châtiment
pour le péché est « un principe impie »
(EPJS, p. 129). Les saints doivent s’attendre à passer
par beaucoup de tribulations, mais les afflictions peuvent être
tournées à leur profit.
LA PRÊTRISE. La
prêtrise est une autorité et un pouvoir centrés
sur le Christ. Elle n’est conférée que par une
ordination tangible, par l’imposition des mains de quelqu’un
ayant l’autorité. Joseph Smith a enseigné
l’importance des clefs de la prêtrise : Jésus-Christ
« détient les clefs sur le monde entier »
(EPJS, p. 261). Jean-Baptiste, Pierre, Jacques, Jean, Moïse,
Élie et Élias détenaient les clefs de diverses
fonctions de la prêtrise et les ont rendues à la terre
en les conférant à Joseph Smith et à Oliver
Cowdery.
La prêtrise n’est
pas indélébile ; elle peut être perdue. Elle
n’est pas infaillible ; ce n’est que sous
l’influence de l’Esprit que l’on peut parler pour
et avec l’approbation de Dieu.
La possibilité
d’obtenir la plénitude des bénédictions de
la prêtrise est accordée à la fois aux hommes et
aux femmes quand ils font et gardent des alliances inconditionnelles
avec Jésus-Christ et puis entre eux comme mari et femme (voir
Paternité ; Maternité).
Dans l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Joseph Smith a
expliqué et fixé le rôle des apôtres, des
prophètes, des évêques, des évangélistes,
des pasteurs, des instructeurs et ainsi de suite, en analogie avec
leurs fonctions dans le Nouveau Testament. Il a supprimé la
distinction entre laïcs et religieux : Tous les prêtres,
instructeurs et administrateurs sont laïques et tous les laïcs
dignes sont des détenteurs de la prêtrise.
LES ORDONNANCES. Joseph
Smith a rétabli et a enseigné une série
progressive d’ordonnances qui confèrent un éclairage
et un pouvoir spirituels. Ces ordonnances « ont été
instituées dans les cieux avant la fondation du monde »
(EPJS, p. 249). « C’est par l’Esprit de Dieu,
par l’intermédiaire des ordonnances, qu’on naît
de nouveau » (EPJS, p. 129). Toutes les ordonnances
essentielles, depuis le baptême jusqu’au mariage au
temple, comportent la prière, des alliances et la ratification
divine.
LES TEMPLES. Certaines
ordonnances concernent le saint temple, où « le
pouvoir de la divinité… se manifeste » (D&A
84:20). Les temples incarnent et manifestent des vérités
sacrées, « les mystères et les choses
paisibles » (D&A 42:61). Ils permettront aux enfants
de Dieu de surmonter les éléments corruptibles de leur
vie et d’entrer dans les royaumes de lumière et de feu,
la présence du Père et du Fils. Toutes les fonctions et
tous les pouvoirs du temple sont rétablis aujourd’hui,
avec l’autorité de la haute prêtrise : ce
sont essentiellement le baptême pour les morts, la sainte
dotation et le scellement des familles. « Nous avons
davantage besoin du temple que de toute autre chose »,
enseignait Joseph Smith (Journal History, 4 mai 1844).
Toutes les ordonnances du
temple nous tournent vers le Christ. Le temple est actuellement,
comme il l’était anciennement, son sanctuaire, doté
de sa gloire, béni de son nom et, en fin de compte, de sa
présence. Le Christ est un temple vivant et, par lui, on peut
devenir un temple vivant (D&A 93:35 ; cf. Ap. 21:22).
LE MARIAGE, LA FAMILLE ET
LE FOYER. Inversant la tradition augustinienne que le célibat
est préférable au mariage dans cette vie et universel
dans l’au-delà, le prophète enseignait que la vie
chrétienne atteint son zénith dans le mariage et le
fait d’être parents. Les plus grands prophètes et
prophétesses sont également des patriarches et des
matriarches. L’ordonnance la plus élevée est le
mariage, où le roi et la reine commencent le royaume éternel
de leur famille : les symboles sont l’ordination, le
couronnement et le scellement.
PENSÉE SOCIALE,
ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE. Le gouvernement terrestre de Dieu
prévoit une théo-démocratie : un royaume
sous alliance mené par Jésus-Christ, le bienveillant
Roi des rois. Le royaume de Dieu sur terre doit devenir comme la
ville de Sion de Hénoc, avec une pensée et une culture
idéales réalisées dans une communauté de
gens ayant le cœur pur.
Joseph enseigna une loi
d’intendance et de consécration. Toute la terre
appartient au Seigneur ; avoir une propriété en
Sion revient à détenir une intendance pour
l’établissement de Sion. Dans la prime enfance de
l’Église, les saints tentèrent de vivre ce
système économique et échouèrent,
achoppant sur ce qu’il était censé devoir
surmonter : la cupidité, la convoitise, la jalousie. En
conséquence, il fut commandé au prophète d’y
substituer la loi de la dîme pour préparer les saints à
vivre cette loi supérieure.
« La
Constitution des États-Unis est un étendard glorieux,
est basée sur la sagesse de Dieu » (EPJS, p. 115).
Les protections offertes par le gouvernement constitutionnel
devraient être accordées à tous (voir Politique :
Enseignements politiques). Wilford Woodruff se rappelait que Joseph
Smith disait « que s’il était l’empereur
du monde et avait le contrôle de la totalité du genre
humain, il soutiendrait chaque homme, femme et enfant dans l’exercice
de leur religion » (Journal History, 12 mars 1897). Ceci
permettrait, sans usage de la force, la croissance d’un royaume
de Dieu qui serait finalement administré dans deux capitales
mondiales, Jérusalem en Orient et la nouvelle Jérusalem
en Occident.
L’Église est
l’ensemble des membres qui ont fait l’alliance et ont
formé une communauté pour le perfectionnement de ses
différents membres. Les prophètes, voyants et
révélateurs vivants sont le noyau d’autorité
du royaume de Dieu, mais l’Église accomplit son œuvre
dans des communautés intimes : la famille, la paroisse et
le pieu.
LA RÉSURRECTION.
La vie de famille éternelle n’est rendue parfaite que
dans le plus haut degré du royaume céleste de Dieu.
Lors de la résurrection et du jugement, tous les corps, à
de rares exceptions près (voir Fils de perdition), recevront
un degré de gloire. Chacun conservera à toute éternité
son identité d’esprit et de corps. L’Être
céleste rendu parfait et glorifié qu’est Dieu est
l’idéal. La terre elle-même, après avoir
été baptisée d’eau et puis de feu, mourra,
ressuscitera, sera glorifiée (D&A 88:25-26) et ramenée
dans la présence de Dieu. La beauté, la gloire, la
perfection et les pouvoirs d’un corps ressuscité
glorifié sont indescriptibles : « Personne ne
peut vous le décrire, personne ne peut l’écrire »
(EPJS, p. 298). « Toutes vos pertes seront compensées
pour vous dans la résurrection à condition que vous
continuiez à être fidèles. Je l’ai vu par
la vision du Tout-Puissant » (EPJS, p. 238).
ESCHATOLOGIE. Joseph
Smith a prononcé de nombreuses déclarations
prophétiques au sujet du futur. Son eschatologie est étendue
et globale. L’Évangile sera enseigné à
toute l’humanité, que ce soit sur cette terre ou dans le
monde d’esprit, de sorte que tous pourront le recevoir. La
famille d’Abraham, qui a imprégné toutes les
races humaines, sera unie. Les familles de Juda et de Joseph se
donneront la main en une réalisation rédemptrice.
Beaucoup de ces attentes et de ces réalisations se situent
au-delà de ce que l’homme a le pouvoir de réaliser
ou d’empêcher. L’œuvre est « destinée
à provoquer la destruction des pouvoirs des ténèbres,
le renouvellement de la terre, la gloire de Dieu et le salut de la
famille humaine » (EPJS, p. 187).
Bibliographie
Burton, Alma P., comp.
Discourses of the Prophet Joseph Smith, 3e éd. Salt Lake City,
1968 (arrangé par sujet).
Ehat, Andrew F., et
Lyndon W. Cook, dir. de publ.. The Words of Joseph Smith : The
Contemporary Accounts of the Nauvoo Discourses of the Prophet Joseph.
Provo, Utah, 1980 (extraits de 173 discours).
Roberts, B. H. Joseph
Smith : The Prophet Teacher. Salt Lake City, 1908 ;
reimpr., Princeton, N.J., 1967.
Smith, Joseph Fielding,
comp. Enseignements du Prophète Joseph Smith. Salt Lake City,
1938 (arrangé par ordre chronologique).
Widtsoe, John A. Joseph
Smith : Seeker After Truth, Prophet of God. Salt Lake City,
1957.
TRUMAN G. MADSEN
Smith,
Joseph : Écrits de Joseph Smith
Auteur :
JESSEE, DEAN C.
La carrière
d’écrivain de Joseph Smith, le prophète, débute
quand il a vingt-deux lorsqu’il entreprend la traduction du
Livre de Mormon. À sa mort en 1844, dix-sept ans plus tard, il
laisse des archives substantielles pour l’étude de sa
vie et de l’Église qu’il a contribué à
fonder. En plus du Livre de Mormon, ses documents comportent des
journaux intimes couvrant par intermittence la période de 1832
à 1844, de la correspondance, des comptes rendus de discours,
plus de cent trente révélations, publiées sous
le titre de Doctrine et Alliances, un livre d’Abraham, une
révision de la Bible avec, entre autres, quelques écrits
rétablis de Hénoc et de Moïse et les débuts
d’une Histoire de l’Église documentaire de
plusieurs tomes basée sur ses archives.
Plusieurs facteurs
influencent et vont, au départ, limiter l’ampleur des
écrits de Joseph Smith et le style littéraire de sa
prose. À cause de l’indigence de sa famille, il va très
peu à l’école, les bases de la lecture, de
l’écriture et de l’arithmétique
constituant, pour reprendre ses termes, tout son bagage scolaire.
Certains de ses auditeurs ont noté qu’il semble avoir
peu de talent ou de formation comme orateur. Il ne se sent pas à
la hauteur comme rédacteur et ira un jour jusqu’à
parler de « petite prison étroite, les ténèbres
presque totales du papier, de la plume et de l’encre ».
Mais ce qui manque au
prophète en matière de formation scolaire est compensé
par son message. Dès sa jeunesse, les expériences
religieuses lui inspirent un profond sentiment de mission qui va le
propulser dans l’arène de la controverse publique. Pour
lui, sa mission consiste à jeter des bases qui vont
révolutionner le monde entier, pas par l’épée
ou le pistolet mais par « la puissance de la vérité ».
L’articulation de cette vérité est ce qui va
donner l’impulsion à ses écrits. Beaucoup de ses
auditeurs seront impressionnés par sa capacité de
rendre claire la voie de la vie et du salut. Beaucoup de non-mormons
trouveront ses idées frappantes et magnétiques. On
trouve dans ses écrits la même impression de message et
de conviction.
L’étude des
premières sources mormones montre que nous n’avons
qu’une fraction des écrits et des enseignements de
Joseph Smith. Cela tient au fait que dans la première partie
de sa vie, la tenue des registres se fait de manière
aléatoire, à l’incompétence ou au décès
prématuré de certains de ses secrétaires, à
de longs emprisonnements, à des procès vexatoires et
répétés, à la pauvreté et aux
conflits qui forcent les saints des derniers jours à émigrer
à travers les deux-tiers du continent américain.
Une autre chose qui
complique la situation est le fait que Joseph Smith dépend de
ceux qui écrivent pour lui. Sa philosophie est que « un
prophète ne peut pas être son propre secrétaire ».
Par conséquent, la plupart de ses écrits sont dictés,
et certains écrits anonymement, mais approuvés et
acceptés par lui. Si la présence d’écrits
faits par des secrétaires dans ses documents permet de dater
les sources, elle obscurcit l’image que nous avons de lui et
nous oblige à examiner soigneusement les sources pour trouver
celles qui permettent de faire la distinction entre l’esprit et
la personnalité du prophète et ceux des personnes qui
l’aidaient.
Les écrits de
Joseph se caractérisent par de longues phrases ininterrompues
reliées par des conjonctions, des images descriptives et un
sens subtil de la narration. Étant donné qu’il
étudie avidement les Écritures, sa prose est entremêlée
de formulations et d’exemples bibliques et il s’en dégage
une ambiance positive teintée de vitalité et d’amour.
C’est dans ses écrits holographes qu’apparaissent
le plus clairement son style rédactionnel et sa personnalité.
On y rencontre un style conversationnel, contraire au style plus
officiel de certains de ses associés comme Sidney Rigdon. Cet
extrait d’une lettre écrite en 1838 à sa femme
Emma tandis qu’il est en prison à Richmond, dans le
Missouri, est typique de sa prose manuscrite :
« …
Frère Robison est enchaîné à côté
de moi il a un cœur loyal et l’esprit ferme, viennent
ensuite frère Whight, puis fr. Rigdon, ensuite Hyram, ensuite
Parely, ensuite Amasa, et ainsi nous sommes liés ensemble dans
les chaînes aussi bien que les liens de l’amour éternel,
nous sommes de bonne humeur et nous nous réjouissons d’être
considérés comme dignes d’être persécutés
à cause du Christ, dis au petit Joseph qu’il doit être
sage, Papa l’aime d’un amour parfait, il est l’aîné
et il ne doit pas faire du mal à ceux qui sont plus petits que
lui, mais les consoler dis au petit Frederick que Papa l’aime,
de tout son cœur, c’est un gentil garçon. Julia
est une belle petite fille, je l’aime C’est un enfant
prometteur, dis-lui que Papa veut qu’elle se souvienne de lui
qu’elle soit bien sage, dis à tous les autres que je
pense à eux et que je prie pour eux tous… je n’arrête
pas de penser au petit bébé Elexander Oh ma chère
Emma, je veux que tu te rappelles que je suis un ami loyal et fidèle,
à toi et aux enfants, pour toujours, mon cœur est
entrelacé autour des vôtres pour toujours et à
jamais, oh, puisse Dieu vous bénir tous amen vous je suis ton
mari et je suis dans les liens et les tribulations &c- »
[Jessee, 1984, p. 368].
Écrits
de Joseph Smith
Écrits
|
Dates
|
Secrétaires*
|
Ms. du
Livre de Mormon
Ms. originel
Ms. de l’imprimeur
Journaux
Révélations
Livre de révélations de Kirtland
Révélations non reliées
Révision de la Bible
Livre d’Abraham
Correspondance
Recueil de lettres 1
Recueil de lettres 2
Correspondance reliée
Ms. égyptiens
Écrits autobiographiques/
historiques |
1827-1829
1832-1844
1828-1844
1829-1844
1835 ?-1841
1832-1844 |
Oliver
Cowdery et d’autres
William Clayton, Oliver Cowdery, Warren A. Cowdery, James Mulholland,
Warren Parrish, Parley P. Pratt, Willard Richards, Sidney Rigdon,
George W. Robinson, Joseph Smith, Sylvester Smith et d’autres
William Clayton, Oliver Cowdery, Warren A. Cowdery, Orson Hyde, James
Mulholland, Edward Partridge, William W. Phelps, Sidney Rigdon, Joseph
Smith Sr., John Whitmer, Newel K. Whitney, Frederick G. Williams et
d’autres
Thomas Bullock, William
Clayton, Howard Coray, Oliver Cowdery, Warren A. Cowdery, James
Mulholland, Willard Richards, Sidney Rigdon, James Sloan, Joseph Smith,
Joseph Smith, Robert B. Thompson, John Whitmer, Frederick G. Williams
et d’autres
Oliver Cowdery, Warren
Parrish, William W. Phelps, Joseph Smith, Willard Richards
Oliver Cowdery, Warren A. Cowdery, James Historical Writings
Mulholland, Warren Parrish, William W. Phelps, Willard Richards, Joseph
Smith, Robert B. Thompson, Frederick G. Williams et d’autres |
*Secrétaires de
Joseph Smith avec, entre parenthèses, les dates de naissance
et de décès et les années approximatives de leur
activité comme secrétaires : Thomas Bullock
(1816-1885), 1843-1844 ; William Clayton (1814-1879),
1842-1844 ; Howard Coray (1817-1908), 1840-1841 ; Oliver
Cowdery (1806-1850), 1829-1838 ; Warren A. Cowdery (1788-1851),
1836-1838 ; Orson Hyde (1805-1878), 1833-1836 ; James
Mulholland (1804-1839), 1838-1839 ; Warren Parrish (1803-1887),
1835-1837 ; William W. Phelps (1792-1872), 1831-1844 ;
Willard Richards (1804-1854), 1841-1844 ; Sidney Rigdon
(1793-1876), 1830-1838 ; George W. Robinson (1814-1878),
1836-1840 ; James Sloan (1792- ?), 1840-1843 ;
Sylvester Smith (c.1805- ?), 1834-1836 ; Robert B. Thompson
(1811-1841), 1839-1841 ; John Whitmer (1802-1878),
1829-1838 ;
Newel K. Whitney (1795-1850), 1831-1838 ; Frederick G. Williams
(1787-1842), 1832-1839.
Bibliographie
Écrits
de Joseph Smith
Ehat,
Andrew F. et Lyndon W. Cook, comp. et dir. de publ. The Words of
Joseph Smith : The Contemporary Accounts of the Nauvoo
Discourses of the Prophet Joseph. Provo, Utah, 1980. Compilation de
comptes rendus originaux des discours de Joseph Smith pendant les
années de sa vie à Nauvoo (1839-1844).
Faulring,
Scott H., comp. et dir. de publ. An American Prophet's Record :
The Diaries and Journals of Joseph Smith. Salt Lake City, 1987.
Compilation des journaux intimes de Joseph Smith, mais il y manque
son journal de 1842, l’un de ses plus volumineux.
Jessee,
Dean C., comp. et dir. de publ. The Personal Writings of Joseph
Smith. Salt Lake City, 1984. Compilation de tous les écrits
holographes connus de Joseph Smith et textes essentiels dictés
par lui.
Id.
The Papers of Joseph Smith, Vol. 1, Autobiographical and Historical
Writing. Salt Lake City, 1989. Premier tome d’une édition
complète des papiers de Joseph Smith.
Smith,
Joseph, dir. de publ. History of the Church of Jesus Christ of
Latter-day Saints. Period 1. Histoire de Joseph Smith, le Prophète,
par lui-même. Introduction et notes par B. H. Roberts. 2e éd.,
6 vols., Salt Lake City, 1964. Écrit sous la forme d’un
journal quotidien à la première personne, utilisant le
texte des journaux de Joseph Smith parsemé de sa
correspondance et d’autres documents, cet ouvrage est la
publication la plus importante des papiers du Prophète à
ce jour. Son défaut principal est la façon démodée
de traiter les sources.
Smith,
Joseph Fielding, comp. et dir. de publ. Teachings of the Prophet
Joseph Smith. Salt Lake City, 1938. Compilation d’extraits de
sermons de lettres et d’autres écrits de Joseph Smith
tirée presque exclusivement de History of the Church et
arrangée par ordre chronologique.
Littérature
secondaire
Jessee,
Dean C. "The Writing of Joseph Smith's History." BYU
Studies 11, été 1971, p. 439-473.
King,
Arthur Henry. The Abundance of the Heart. Salt Lake City, 1986.
Partridge,
Elinore H. “Characteristics of Joseph Smith's Style." Task
Papers in LDS History, No.4, 1976. Manuscrit dactylographié,
Archives de l’Église.
Searle,
Howard C. "Early Mormon Historiography : Writing the
History of the mormons 1830-1858." Thèse de doctorat,
UCLA, 1979.
Smith,
Joseph : Procès de Joseph Smith
Auteur :
BENTLEY, JOSEPH I.
Joseph Smith croyait que
ses ennemis détournaient la procédure judiciaire et
s’en servaient comme outil de persécution religieuse
contre lui, tout comme elle avait été utilisée
contre beaucoup d’apôtres du Christ et d’autres
martyrs passés. Il était souvent rapidement acquitté,
mais les nombreux procès « vexatoires et méchants »
lui coûtaient cher en temps et en argent, lui valurent
plusieurs incarcérations et finirent par causer son martyre.
Cela commença peu après le début de son
ministère et continua sa vie durant et cela lui valut de
devoir subir quelque trente procès au pénal et au moins
autant de procès au civil pour recouvrement de dettes ou en
rapport avec des entreprises financières avortées.
La première
accusation portée contre lui pour trouble à l’ordre
public concernait une recherche de trésor moyennant salaire à
South Bainbridge (New York), en 1826, et venait d’un
prédicateur méthodiste mécontent, parent de
Josiah Stowell, l’employeur de Joseph. Quand Stowell refusa de
témoigner contre lui au procès, Joseph fut libéré.
En juillet 1830, dans la même juridiction, Joseph fut jugé
et acquitté par un autre magistrat de l’accusation de
« trouble à l’ordre public, de mettre le
comté sens dessus dessous en prêchant le Livre de
Mormon, etc. » (HC 1:88). Le procès finit à
minuit. Le lendemain, il fut saisi et jugé dans le comté
voisin de Broome pour la même accusation, assortie de
l’accusation d’avoir chassé un démon et
d’avoir recours à de prétendues visitations
d’anges pour soutirer des biens aux autres. Après un
procès de vingt-trois heures où l’on entendit une
quarantaine de témoins, Joseph fut de nouveau acquitté
(HC 1:91-96).
Après
l’installation de l’Église à Kirtland
(Ohio) en 1831, plusieurs actions de nature religieuse furent
intentées contre Smith et d’autres dirigeants, mais
furent rejetées pour les raisons données après
chaque accusation : coups et blessures (légitime
défense), accomplissement de mariages sans licence valide (on
en obtint une), tentative de meurtre ou conspiration (absence de
preuves) et servitude involontaire sans rémunération
pendant la croisade militaire du camp de Sion au Missouri (gagné
en appel). Pour leur part, les dirigeants de l’Église
intentèrent un procès, qu’ils gagnèrent,
et furent indemnisés pour des dommages subis lors d’agressions
qui se produisirent tandis qu’ils agissaient à titre
religieux. Cependant, la panique financière de 1837 inonda le
prophète et d’autres de litiges civils pour des
recouvrements de dettes. Pires encore furent les procès pour
violation des lois de l’Ohio sur les opérations
bancaires quand la Kirtland Safety Society Anti-Banking Company (voir
Économie de Kirtland) fit faillite peu après avoir été
organisée en 1836 sans charte d’état. Des
accusations de fraude et d’enrichissement personnel furent
lancées mais pas prouvées ; il y eut appel d’une
condamnation par jury, mais Joseph Smith quitta l’Ohio pour le
Missouri avant l’audition.
Au Missouri, la plupart
des actions contre les saints des derniers jours furent extralégales,
intentées par des comités de vigilance non mormons
montés contre les saints à cause de l’opposition
de ceux-ci à l’esclavage, de leur afflux massif et des
enseignements religieux de Smith au sujet de la révélation
moderne et de l’établissement territorial de Sion dans
le comté de Jackson. Les magistrats civils refusèrent
systématiquement de délivrer des ordres de maintien de
la paix pour les mormons ou d’accorder réparation pour
leurs blessures ou leurs dégâts matériels. Par
exemple, malgré le fait qu’il avait été
battu, enduit de goudron et de plumes et avait vu détruire son
imprimerie, l’imprimeur de l’Église reçut
moins que ses honoraires légaux et l’évêque
président reçut « un penny et un grain de
poivre ». Les trois pouvoirs du gouvernement de l’État
semblaient paralysés ou en faveur de l’action des
émeutiers, et les saints furent à diverses reprises
dépossédés et expulsés de comté en
comté.
Finalement, le 6 août
1838, des violences éclatèrent un jour d’élections
entre mormons et non-mormons à Gallatin (comté de
Daviess, Missouri). Joseph Smith et d’autres firent appel au
juge de paix Adam Black pour obtenir de sa part une « convention
de paix » pour qu’il défende la loi et ne
s’attache à aucun groupe d’émeutiers. Cela
eut comme conséquence que Joseph Smith et Lyman Wight furent
arrêtés sur la base d’une déclaration sous
serment selon laquelle ils se seraient rendus coupables d’émeute
et d’agression pendant qu’ils obtenaient les mandats de
Black (HC 3:61). Smith et Wight comparurent devant le juge Austin
King et furent cités à comparaître à
l’audience suivante du jury d’accusation dans le comté
de Daviess (HC 3:73).
Le 25 octobre 1838, Moses
Rowland, un homme de la milice de l’État du Missouri,
fut tué lors de la bataille de la Crooked River au cours d’un
affrontement avec une compagnie de saints qui essayaient de sauver
trois frères enlevés. En apprenant cette escarmouche,
ajoutée à d’autres rapports, Lilburn W. Boggs,
gouverneur de l’état, publia son ordre infâme
d’extermination. Joseph et d’autres dirigeants des saints
furent arrêtés et comparurent, du 12 au 29 novembre
1838, en audience préliminaire devant le juge Austin King à
Richmond (Missouri). Joseph Smith et quelques autres défendeurs
furent enfermés pendant quatre mois et demi à la prison
de Liberty en attendant leur mise en examen par un jury d’accusation
pour des raisons telles que meurtre, incendie criminel, vol,
rébellion et trahison. Tandis qu’ils étaient en
route pour être jugés par une instance plus impartiale,
on laissa Joseph et d’autres s’échapper pour
éviter à l’État de se trouver dans une
situation publiquement embarrassante.
En 1838-1839, les saints
s’installèrent à Nauvoo (Illinois) après
leur expulsion injustifiée du Missouri. Pour éviter les
persécutions « légales » subies
dans les États précédents, ils obtinrent une
charte libérale pour la ville de Nauvoo, qui accordait des
pouvoirs étendus de habeas corpus aux tribunaux locaux.
Ceux-ci aidèrent à libérer Joseph Smith et
d’autres saints des derniers jours quand ils étaient
recherchés par des policiers agissant sur mandat, qui
n’étaient pas de Nauvoo. En 1841, Stephen A. Douglas,
juge ayant juridiction au niveau de l’état, écarta
un mandat du Missouri visant à extrader Joseph pour des
accusations toujours en cours là-bas et, en 1843, un juge
fédéral fit la même chose pour une requête
semblable après la tentative d’assassinat supposée
de l’ex-gouverneur Boggs. Cependant, l’utilisation
croissante du mandat d’habeas corpus par les magistrats de
Nauvoo, qui bloquait même l’autorité de l’État
et l’autorité fédérale, ne fit
qu’augmenter la méfiance parmi les non-mormons, qui
estimaient que Joseph Smith se considérait comme étant
au-dessus de la loi.
La dernière fois
que le prophète eut recours à l’habeas corpus fut
après son arrestation en juin 1844 par un agent de police du
comté pour incitation à une « émeute »
en commandant la suppression du Nauvoo Expositor. Cette action fut le
point culminant d’une série de procès entre le
prophète et plusieurs apostats, qui l’avaient accusé
de parjure et d’adultère ; il avait contre-attaqué
en les accusant de parjure, de coups, de diffamation et de refus de
se laisser arrêter. Un jugement avait statué sur les
mérites de l’affaire et Joseph avait été
acquitté à Nauvoo. À la suite de cela, le
gouverneur persuada le prophète de se laisser arrêter et
d’être à nouveau jugé pour « émeute »,
cette fois à Carthage, où il fut incarcéré
sans caution pour une nouvelle accusation de « trahison »
pour avoir déclaré la loi martiale et avoir fait appel
à la milice de Nauvoo pour maintenir la paix. Les ennemis de
Joseph Smith l’accusèrent de lancer une offensive contre
les citoyens de l’Illinois. Deux jours plus tard, son frère
Hyrum et lui étaient tués par des émeutiers
déguisés.
Même après
la mort, les procès relatifs au prophète continuèrent.
Sur soixante assassins potentiels cités devant un jury
d’accusation, neuf furent mis en examen et cinq furent jugés
à Carthage pour le meurtre de Joseph (un procès
distinct allait suivre pour le meurtre de Hyrum). Après six
jours de procès, tous les accusés furent acquittés
en juin 1845 pour manque de preuves. L’injustice judiciaire
finale à l’égard de Joseph Smith et de l’Église
en Illinois fut une série de décrets des tribunaux
fédéraux en 1851 et 1852 qui liquidèrent tous
les avoirs personnels et appartenant à l’Église
détenus par Joseph Smith de son vivant, afin d’exécuter
un jugement rendu par défaut en 1842. Il avait garanti un
billet à ordre au gouvernement fédéral lors
d’une transaction d’affaires dans les premiers temps de
Nauvoo ; quand le billet resta impayé, il s’ensuivit
une succession de procès, empêchant une déclaration
de faillite et donnant lieu à des accusations de fraude et
d’inconduite. Bien que mal conseillé et jouant de
malchance dans le domaine des affaires, le prophète ne fut
jamais déclaré coupable d’aucune inconduite.
Bibliographie
Firmage,
Edwin B. et Richard C. Mangrum. Zion in the Courts : A Legal
History of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints,
1830-1900. Urbana, Ill., 1988.
Gentry,
Leland H. "A History of the Latter-day Saints in Northem
Missouri from 1836 to 1839," p. 167-85, 352-401. Thè !se
de doctorat, université Brigham Young, 1965.
History
of the Church, Vol. I, p. 88-96, 377, 390-493 ; Vol. 2, p.
85-450 ; Vol. 3, p. 55-465 ; Vol. 4, p. 40-430 ; Vol.
5.
Madsen,
Gordon A. "Joseph Smith's 1826 Trial : The Legal Setting."
BYU Studies 30, printemps 1990, p. 91.
Oaks,
Dallin H. "The Suppression of the Nauvoo Expositor." Utah
Law Review 9, hiver 1965, p. 862-903.
Oaks,
Dallin H. et Joseph I. Bentley. "Joseph Smith and Legal
Process : In the Wake of the Steamboat Nauvoo." BYU Law
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hiver 1979, p. 167.
Oaks,
Dallin H. et Marvin Hill. Carthage Conspiracy. Urbana, Ill., 1975.
Walters,
Wesley P. "Joseph Smith’s Bainbridge, N. Y. , Court
Trials." Westminster Theological Journal 36, hiver 1974, p.
123-155.
JOSEPH
I. BENTLEY
Suivre
les Frères
Auteur :
McConkie, Mark L.
Les
saints des derniers jours croient que Dieu donne des révélations
aux prophètes vivants et que leurs paroles, lorsqu’elles
sont ainsi inspirées, doivent être reçues comme
étant les siennes (D&A 1:38). Il est donc devenu courant
dans l'Église de dire que le Christ et ses prophètes
sont un parce qu'ils le représentent (cf. Jean 17:21-23). Cela
signifie que les prophètes, en tant qu'agents du Christ,
annoncent son Évangile et sont un avec lui dans
l'enseignement, le témoignage et le but (voir Unité).
Ainsi, l'injonction biblique de suivre Jésus et l'alliance
baptismale d'obéir à ses commandements nécessitent
également que l’on suive ses prophètes.
Chez les saints des derniers
jours l'injonction de « suivre
les Frères » dérive de cette exigence de
l'obéissance à Jésus et aux instructions des
prophètes. Dans ce contexte, « les Frères »
sont les Autorités générales, particulièrement
la Première Présidence et le Collège des douze
apôtres, qui sont officiellement soutenus comme prophètes,
voyants et révélateurs. Le principe peut être
étendu de manière à inclure les dirigeants
locaux de la prêtrise tels que les présidences des
collèges de la prêtrise, les évêques et les
présidents de pieu et les présidences des organisations
auxiliaires : la Société de Secours, les Jeunes
Filles et la Primaire, dans leur juridiction respective. Cette
extension du principe à tous les dirigeants de l'Église
à tous les niveaux est basée sur la considération
que tous les officiers de l'Église ont droit à la
révélation dans leurs appels, étant acquis
qu'ils sont en accord avec les Frères. Parlant expressément
du prophète qui est actuellement président de l'Église,
le Seigneur a commandé aux membres : « Vous
prêterez l'oreille à toutes ses paroles et à tous
les commandements qu'il vous donnera à mesure qu'il les
reçoit, marchant en toute sainteté devant moi. Car vous
recevrez sa parole, en toute patience et avec une foi absolue, comme
si elle sortait de ma propre bouche » (D&A 21:4-5).
Les saints des derniers jours
affirment recevoir toute une variété
de bénédictions quand ils suivent les instructions des
prophètes. Non seulement le fait de suivre les Frères
unit les saints, leur permettant de faire avancer plus efficacement
les objectifs du Rétablissement, mais il leur permet également
de recevoir les récompenses de cette obéissance, parmi
lesquelles les dons de l'Esprit.
Toutefois le fait de suivre
les Frères n'implique pas une
obéissance aveugle, car tout membre de l'Église a droit
au témoignage de l'Esprit Saint que les dirigeants de l'Église
sont inspirés de Dieu. C'est pourquoi, suivre le prophète
vivant implique de la part des membres qu’ils vivent de manière
à être dignes de recevoir l'inspiration et la révélation
personnelles. Cela donne un sens contemporain au désir de
Moïse : « Puisse tout le peuple de l’Éternel
être composé de prophètes » et donc
bénéficier de l'inspiration (Nombres 11:29), et à
la parole du Sauveur disant que tout le monde devrait « vivr[e]
de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (D&A
84:44; Deutéronome 8:3; Matthieu 4:4).
Du fait que les membres de
l’Église ont droit à
la confirmation divine de ce que disent les prophètes, il
n'est pas question, chez les saints, d’infaillibilité
pour ceux-ci. Comme Joseph Smith l’a enseigné :
« Un prophète n’est pas toujours prophète ;
uniquement quand il agit comme tel » (EPJS, p. 224). Les
prophètes ont leurs opinions personnelles et privées et
ils sont des hommes « de la même nature que »
tous les autres (voir Jacques 5:17; Mosiah 2:10-11). Toutefois,
lorsqu'ils agissent sous l'influence de l'Esprit Saint dans le rôle
prophétique, « tout ce qu’ils diront... sera
la volonté du Seigneur » (D&A 68:3-4; Voir
Écriture). Comme le Sauveur l’a dit à Joseph
Smith : « Celui qui reçoit mes serviteurs me
reçoit ; et celui qui me reçoit reçoit mon
Père » (D&A 84:36-37; voir aussi Matthieu
10:40; 3 Né 28:34).
Bibliographie
Christiansen,
ElRay L. "Sustaining the Authorities of the Church." Relief
Society Magazine 44, févr. 1957, p. 76-79.
Packer, Boyd K.
"Follow the Brethren." Speeches of the Year, pp. 1-10.
Provo, Utah, 1965.
Stapley, Delbert L. "Respect
for
Authority." IE 60, déc. 1957, p. 914-915, 938.
MARK L.
MCCONKIE
T
Temple
de Kirtland
Auteur :
PERKINS, KEITH W.
Le commandement divin qui
fut à l’origine de la construction du temple de Kirtland
fut donné au prophète Joseph Smith en janvier 1831, au
moment où l'Église était en butte à la
pauvreté et aux remous. À ce moment-là, les
saints devaient se rassembler en Ohio, où le Seigneur
promettait qu'il les doterait « du pouvoir d'en haut »
(D&A 38:32 ; cf. D&A 88:119 ; 95:3, 8, 11). C’est
ainsi qu’ils commencèrent à construire le premier
des temples des saints des derniers jours.
L'Église ne
comptait alors que quelques centaines de membres, hommes, femmes et
enfants, qui travaillèrent ensemble sur le temple et y mirent
tout leur cœur et toutes leurs forces, « tous vivant
aussi sobrement que possible » afin que « chaque
cent puisse être consacré au grand objectif »
(Tullidge, p. 82). Selon Benjamin F. Johnson, « il était
quasi impossible de se procurer un racleur ou une charrue parmi les
saints » pour préparer le sol pour les fondations
du temple (Benjamin Johnson, My Life’s Review, p. 16). Le bois
de charpente était apporté des forêts voisines.
La pierre était taillée dans une carrière
locale.
De même que le
modèle exact du tabernacle de Moïse et du temple de
Salomon fut révélé d'en haut (Ex. 25:9 ; 1
C. 28:11-12), de même la conception, les dimensions et les
fonctions du temple de Kirtland furent révélées.
L’intérieur devait avoir seize mètres de large et
vingt mètres de long et avoir une salle en bas et une en haut.
La partie inférieure de la salle intérieure devait être
consacrée « pour votre offrande de Sainte-Cène
et pour votre prédication, votre jeûne, vos prières
et pour m'offrir vos désirs les plus saints, dit votre
Seigneur. » La partie supérieure de la salle
intérieure devait être « consacrée
pour l'école de mes apôtres » (D&A
95:13-17).
La pierre angulaire fut
posée le 23 juillet 1833. Brigham Young expliqua plus tard que
la première pierre fut posée au coin sud-est, le point
de la plus grande lumière et, à midi, le moment où
le soleil brille le plus fort (JD 1:133). C'était un rappel
symbolique de ce que la Maison du Seigneur est un centre de lumière
et de vérité.
La conception de
l’extérieur du temple de Kirtland est typique des autres
maisons de culte de l’époque, mais la disposition de
l'intérieur est unique. À chacun des deux étages
principaux il y a deux séries de pupitres à quatre
gradins, une du côté ouest, l'autre à l'est.
Elles symbolisent les offices des Prêtrises de Melchisédek
et d'Aaron et recevaient leurs présidences.
La construction du temple
fut brutalement ralentie avec l'appel du Camp de Sion vers le
Missouri, quoique beaucoup parmi les femmes, les hommes plus âgés
et les infirmes restèrent à Kirtland. Sidney Rigdon, de
la Première Présidence, écrit avoir longé
les murs du temple « de nuit et de jour, mouillant
fréquemment les murs » de ses larmes, priant pour
l'achèvement du temple. À d'autres moments, les travaux
étaient ralentis à cause du harcèlement et des
menaces des ennemis de l'Église. George A. Smith raconte qu’il
arrivait que les gardes soient jour et nuit au temple et travaillent
une truelle dans une main et un pistolet dans l'autre.
Les femmes, qui, avait un
jour observé Joseph, étaient « les premières
dans les travaux sur le temple », filaient, tricotaient et
cousaient pour que les ouvriers du temple aient des vêtements à
porter. Pour donner au revêtement extérieur un aspect
étincelant, les femmes fournirent du verre à casser en
petits morceaux et à appliquer au stuc. Dans sa prière
de consécration, Joseph mentionna les sacrifices des saints :
« Car tu sais que nous avons accompli ce travail au milieu
de grandes tribulations, et que c'est dans notre pauvreté que
nous avons donné de nos biens pour bâtir une maison à
ton nom, afin que le Fils de l'Homme ait un lieu pour se manifester à
son peuple » (D&A 109:5).
Une foule estimée
à mille personnes assista, le 27 mars 1836, à la
consécration. Une cérémonie de répétition
de la consécration eut lieu le 31 mars. Ce fut un moment de
grandes réjouissances. Des hymnes de consécration
furent chantés, notamment « L'Esprit du Dieu saint
brûle comme une flamme », écrit pour
l'occasion. La Sainte-Cène fut bénie et distribuée.
La prière de consécration inspirée, remplie
d’allusions hébraïques, est devenue le modèle
de toutes les consécrations de temples qui ont suivi. Le
prophète y supplie le Seigneur d’accorder la
manifestation de sa présence divine (la shékhina),
comme dans le tabernacle de Moïse, au temple de Salomon et le
jour de la Pentecôte, « et que ta maison soit
remplie de ta gloire comme d'un vent puissant et impétueux »
(D&A 109:37 ; cf. Ex. 29:43 ; 33:9-10 ; 2 C.
7:1-3 ; Ac. 2:1-4). Beaucoup mirent par écrit
l'accomplissement de cette prière. Eliza R. Snow écrit :
« On peut reparler des cérémonies de cette
consécration, mais aucune langue mortelle ne peut décrire
les manifestations célestes de ce jour mémorable. Des
anges apparurent à certains, tandis que toutes les personnes
présentes avaient la sensation de la présence divine et
chaque cœur était rempli d’une « joie
inexprimable et pleine de gloire » (Tullidge, p. 95).
Après la prière, l'assemblée tout entière
se leva et, les mains élevées, cria des hosannas « à
Dieu et à l'Agneau » (voir Cri de Hosanna).
Le point culminant du
déversement spirituel se produisit le 3 avril 1836 quand le
Sauveur apparut dans le temple de Kirtland à Joseph Smith et à
Oliver Cowdery et dit : « Car voici, j'ai accepté
cette maison, et mon nom sera ici ; et je me manifesterai avec
miséricorde à mon peuple dans cette maison »
(D&A 110:7). Puis trois autres personnages appartenant à
d'anciennes dispensations, ou ères, vinrent rétablir
les clefs de la prêtrise : Moïse rétablit les
clefs du rassemblement d'Israël, Élias les clefs de
l'Évangile d'Abraham et Élie les clefs du scellement.
Ces clefs représentent trois aspects différents de la
mission de l'Église.
Sans les clefs rétablies
dans le temple de Kirtland, les saints des derniers jours n'auraient
pas l'autorité d’accomplir les ordonnances dans leurs
nombreux temples. Des ablutions et des onctions avaient été
données en janvier 1836. Après avoir accompli le
lavement des pieds, Joseph assura aux collèges qu'il « leur
avait donné toutes les instructions dont ils avaient besoin »
pour aller de l’avant et édifier le royaume de Dieu,
étant « passés par toutes les cérémonies
nécessaires » (EPJS, p. 85). Ces cérémonies
étaient préliminaires à la plénitude des
ordonnances et de la dotation du temple administrées plus tard
dans le temple de Nauvoo.
Abandonné par les
saints après de violentes persécutions, le temple de
Kirtland fut pendant un certain temps dans les mains de dissidents.
Il appartient aujourd'hui à l’Église réorganisée
de Jésus-Christ des saints des derniers jours [devenue la
Communauté du Christ] et est utilisé comme centre pour
visiteurs. Il a été reconnu comme site historique
national.
Bibliographie
Anderson,
Karl Ricks. Joseph Smith’s Kirtland : Eyewitness
Accounts.Salt Lake City, 1989.
Backman,
Milton V., Jr. The Heavens Resound : A History of the Latter-day
Saints in Ohio, 1830-1838. Salt Lake City, 1983.
Madsen,
Truman G. Joseph Smith, the Prophet, p. 67-82. Salt Lake City, 1989.
Tullidge,
Edward W. The Women of Mormondom. New York, 1877.
KEITH
W. PERKINS
Temples
[Les articles contenus
sous cette rubrique sont :
Temples : Culte et
activité des temples des saints des derniers jours
Temples : Histoire
des temples de l’Église de 1831 à 1990
Temples :
Consécration des temples de l’Église
Temples :
Administration des temples
Temples :
Significations et fonctions des temples
Temples : Les
temples au cours des siècles
Les quatre premiers
articles ont trait aux temples qui se situent dans la tradition de
l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours. Voir aussi Maisons des dotations, Temple de Kirtland,
Franc-maçonnerie et temple, Temple de Nauvoo et Temple de Salt
Lake City. Le cinquième article traite des significations et
des fonctions des temples dans les religions du monde en général
et l’article final traite des temples antiques en particulier,
ainsi que des continuités entre les temples israélites
antiques et les temples des saints des derniers jours.
Voir aussi Baptême
pour les morts, Dotation, Histoire familiale, Sous-vêtements,
Saint des saints, Mariage : Mariage éternel, Cercle de
prière, Salut des morts, Scellement, Ordonnances du temple et
Ablutions et Onctions.]
Temples :
Culte et activité des temples des saints des derniers jours
Auteur :
LUSCHIN, IMMO
L’accomplissement
d’ordonnances et la recherche de la volonté du Seigneur
dans le temple sont une forme sacrée et importante du culte
dans la vie religieuse des saints des derniers jours. Dans le temple,
des vérités saintes sont enseignées et des
alliances solennelles sont contractées au nom de Jésus-Christ,
tant par les membres pour eux-mêmes que par ceux qui agissent
par procuration en faveur de personnes décédées
(celles-ci ayant le choix dans le monde d’esprit d’accepter
ou de rejeter ce service par procuration). Le respect des alliances
du temple et le respect manifesté lors de l’accomplissement
des ordonnances du temple donnent de la paix en ce monde et la
promesse de la vie éternelle dans le monde à venir.
Il y a, à
l’intérieur de chaque temple, des locaux spéciaux
pour les diverses ordonnances. On utilise de grands fonts baptismaux
reposant sur le dos de douze bœufs sculptés (cf. 1 R.
7:25) pour le baptême pour les morts. Dans d’autres
locaux, il y a des cabines dans lesquelles des personnes sont
rituellement lavées et ointes avant que la dotation ait lieu.
Dans les temples plus anciens, des salles plus grandes sont décorées
pour représenter la création, le jardin d’Éden,
ce monde-ci et le royaume terrestre, et dans ces salles de dotation,
les participants assistent à des présentations
symboliques dans lesquelles se jouent des scènes qui décrivent
par qui et pourquoi la terre a été créée
et comment on peut rentrer en la présence de Dieu. Les
participants font des alliances et reçoivent des promesses et
des bénédictions. On appelle cela recevoir la dotation.
Le prophète Joseph Smith a enseigné que cette dotation
était nécessaire pour donner le pouvoir « de
vaincre toutes choses » (EPJS, p. 70). Un voile sépare
symboliquement la salle terrestre de la salle céleste qui
suggère par l’ameublement et le décor la paix, la
beauté et la gloire du degré le plus élevé
des cieux. Il y a aussi dans le temple des salles plus petites, dites
salles de scellement, où l’on célèbre les
mariages et les scellements pour les vivants et, par procuration,
pour les morts. Un temple peut aussi avoir une salle d’étage
où peuvent se réunir des assemblées solennelles.
La première visite
au temple pour sa propre dotation est un événement
important dans la vie d’un saint des derniers jours. (Les
enfants n’entrent dans le temple que pour être scellés
à leurs parents ou, après l’âge douze, pour
être baptisés pour les morts.) Les missionnaires à
plein temps reçoivent leur dotation peu de temps avant le
début de leur service ; les autres membres le font
généralement peu avant le mariage au temple ou, s’ils
ne sont pas mariés, à une époque de maturité
dans la vie. Tous les saints des derniers jours qui vont au temple
doivent être dignes et les hommes doivent détenir la
Prêtrise de Melchisédek.
Une fois qu’il a
reçu sa dotation personnelle, le membre de l’Église
est invité à retourner souvent refaire les mêmes
ordonnances pour des personnes qui sont mortes sans les avoir reçues.
Lors de chacune de ses visites au temple, le visiteur fait fonction
de représentant d’une personne de son sexe. Ce service
désintéressé de « sauveurs…
sur la montagne de Sion » (cf. Ab. 1:21) est motivé
par la foi en la résurrection et la survie littérales
de tous les êtres humains.
Après avoir été
consacrés, les temples ne sont pas ouverts au public mais sont
limités aux saints des derniers jours. Même entre eux,
les saints des derniers jours ne parlent pas des détails de la
cérémonie du temple en dehors de celui-ci, parce qu’ils
sont sacrés. Dans le temple, les fidèles passent par
plusieurs étapes qui symbolisent le retrait par rapport au
monde et l’entrée dans la demeure de la Divinité.
Ils présentent leur recommandation à l’usage du
temple à l’entrée, se changent pour s’habiller
tout de blanc et ne se parlent qu’à voix basse quand ils
sont dans le bâtiment sacré. Le temple n’est pas
ouvert le dimanche, parce que le jour du sabbat est consacré
au culte du Seigneur au foyer et dans les assemblées à
l’église.
Pour ceux avec qui
entrent dans la maison du Seigneur « les mains innocentes
et le cœur pur » (Ps. 24:4), « le cœur
brisé et l’esprit contrit » (3 Né.
9:20 ; cf. Ps. 51:17), et sans mauvais sentiments à
l’égard des autres (Mt. 5:23-24), le temple est un
endroit idéal pour le culte par la méditation, le
renouvellement, la prière et le service discret. Le Seigneur a
décrit sa maison comme étant « une maison de
prière, une maison de jeûne, une maison de foi, une
maison de connaissance, une maison de gloire, une maison d’ordre,
une maison de Dieu » (D&A 88:119). Le recueillement
dans le temple favorise l’humble esprit de culte et de
sainteté. Dans le calme de la maison du Seigneur, ceux qui
aspirent à entendre la parole du Père et à être
entendus de lui prient silencieusement ou se joignent à des
supplications solennelles en faveur des malades et des affligés
et de ceux qui recherchent l’inspiration et les conseils (cf. 1
R. 8:30-49 ; voir aussi Cercle de prière).
Les paroles prononcées
lors de la dotation du temple donnent « les réponses
de l’éternité » (Hinckley, p. 37), une
éternité qui figure dans les perspectives de tous les
enfants de Dieu. Les paroles exposent les principes éternels à
utiliser pour résoudre les dilemmes de la vie et indiquent la
manière de devenir plus chrétien et de se qualifier
progressivement pour vivre avec Dieu. Les lois de la nouvelle
alliance éternelle y sont enseignées – des lois
d’obéissance, de sacrifice, d’ordre, d’amour,
de chasteté et de consécration. Dans le temple, on
apprend le rôle sacré des hommes et des femmes dans le
plan éternel de Dieu le Père et de l’un envers
l’autre, on reçoit une perspective stable du processus
répétitif de la vie et on acquiert un plus grand amour
pour les ancêtres et pour toute l’humanité.
Ce refuge par rapport au
monde fait partie, pour des saints des derniers jours, de
l’accomplissement de la prophétie antique que « dans
la suite des temps… la maison de l’Éternel sera
fondée… et que toutes les nations y afflueront »
(És. 2:2). Dans la maison du Seigneur, les membres fidèles
de l’Église cherchent à comprendre qui ils
adorent et comment adorer, de sorte qu’en temps voulu ils
puissent aller au Père au nom du Christ, recevoir de la
plénitude du Père (D&A 93:19).
Bibliographie
Derrick, Royden G.
Temples in the Last Days. Salt Lake City, 1987.
Edmunds, John K. Through
Temple Doors. Salt Lake City,1978.
Hinckley, Gordon B. “Why
These Temples ?” Ensign 4, août 1974, p. 37-41.
Leone, Mark P. The New
Mormon Temple in Washington, D.C., dans Historical Archaeology and
the Importance of Material Things. Charleston, S. C., 1977.
Madsen, Truman G. “The
Temple and the Restoration”. Dans The Temple in Antiquity. dir.
de publ. Truman G. Madsen, Provo, Utah, 1984.
Packer, Boyd K. Le Temple
sacré, Salt Lake City, 1980.
Talmage, James E. La
Maison du Seigneur. Salt Lake City, 1976.
Temples :
Histoire des temples de l’Église de 1831 à 1990
Auteur :
COWAN, RICHARD O.
Les saints des derniers
jours sont un peuple constructeur de temples. Ils ont une histoire de
temples projetés et construits, souvent sous une opposition
intense. L’une des premières révélations
déclare : « Il est toujours commandé à
mon peuple de construire [des temples] à mon saint nom »
(D&A 124:39-40). Dans les dernières semaines de sa vie, le
prophète Joseph Smith a affirmé : « Nous
avons plus besoin du temple que de toute autre chose »
(Journal History of the Church, 4 mai 1844).
Les fonctions des temples
modernes correspondent dans certains aspects à celles du
tabernacle antique et des temples bibliques, qui étaient
consacrés comme lieux sacrés où Dieu pouvait se
révéler à son peuple (Ex. 25:8, 22) et où
les sacrifices et les ordonnances sacrées de la prêtrise
pouvaient être accomplis (D&A 124:38). Bien que la Bible
n’indique pas clairement la nature et l’ampleur précises
de ces rites, il est clair que le sacrifice par effusion de sang
annonçait le sacrifice suprême de Jésus-Christ.
Le Nouveau Testament
utilise deux mots qui sont traduits par temple : naos pour le
sanctuaire, et hieron pour les esplanades et les cours en général.
Bien que condamnant vigoureusement les abus pratiqués dans la
cour du temple, Jésus n’en avait pas moins la plus haute
estime pour le saint sanctuaire qu’il considérait comme
la maison de son Père » (Jn. 2:16) ou comme sa
maison (Mt. 21:13). Quand il purifie le temple et condamne les abus
(Jn. 2:13-16 ; Mt. 21:12-13) c’est du hieron qu’il
s’agit plutôt que du naos.
RÉTABLISSEMENT DU
CULTE ET DES ORDONNANCES DU TEMPLE. Les saints des derniers jours ont
construit leur premier temple à Kirtland (Ohio). Une cérémonie
de pose de la première pierre en 1833 a marqué le
commencement de la construction. Pendant environ trois ans, les
saints sacrifièrent leurs moyens, leur temps et leur énergie
pour construire la Maison du Seigneur (le mot « temple »
n’était pas généralement utilisé à
ce moment-là). Quoique l’extérieur du temple
ressemblât beaucoup à une église typique de la
Nouvelle-Angleterre, son intérieur avait des caractéristiques
qui lui étaient propres. Une révélation
spécifiait que le bâtiment devrait comporter deux
grandes salles, celle du bas étant une chapelle, alors que
celle du haut était à des fins éducatives (D&A
95:8, 13-17). Rien n’était prévu pour les
cérémonies sacrées qui devaient encore être
révélées.
Des bénédictions
spirituelles remarquables suivirent les années de sacrifice.
Les semaines précédant immédiatement la
consécration du temple de Kirtland connurent des
manifestations spirituelles remarquables. Le 21 janvier 1836, quand
Joseph Smith et d’autres se réunirent dans le temple
presque terminé, ils reçurent des ablutions et des
onctions et eurent beaucoup de visions, notamment une vision du
royaume céleste. Ils apprirent que tous ceux qui étaient
morts sans connaître l’Évangile, mais qui
l’auraient accepté si l’occasion leur avait été
donnée, étaient héritiers de ce royaume (D&A
137:7-8). Ce fut la toute première révélation
moderne au sujet du salut des morts, un principe doctrinal important
lié aux ordonnances des temples de l’Église.
Le dimanche 27 mars 1836,
le temple de Kirtland était consacré. Vers la fin du
service, qui dura toute la journée, Joseph Smith lut la prière
de consécration qu’il avait précédemment
reçue par révélation (D&A 109). Après
cette prière, le chœur chanta « L’Esprit
du Dieu Saint », un cantique écrit pour l’occasion
par William W. Phelps. Après que la Sainte-Cène eut été
bénie et que plusieurs témoignages eurent été
rendus, l’assemblée se leva et poussa le cri de
« Hosanna, Hosanna, Hosanna, à Dieu et à
l’Agneau ! » Les prières de consécration
officielles, l’interprétation de ce cantique et le cri
de Hosanna caractérisent toutes les consécrations de
temples depuis lors (voir Cri de Hosanna).
Des manifestations
importantes se produirent dans le temple de Kirtland le 3 avril, une
semaine après sa consécration. Jésus-Christ
apparut et accepta le temple. Moïse, Élias et Élie
apparurent ensuite et rétablirent des pouvoirs spécifiques
de la prêtrise (D&A 110). Grâce aux clefs de
scellement rétablies par Élie, les ordonnances de la
prêtrise accomplies sur terre pour les vivants et les morts
pouvaient être liées ou scellées dans le ciel,
aidant ainsi à tourner le cœur des pères et des
enfants les uns vers les autres (Ma. 4:5-6).
Au moment où il
projetait le temple de Kirtland, Joseph Smith accordait également
son attention à ce qui se passait au Missouri. En 1831, il
avait posé la pierre angulaire d’un futur temple à
Independence, dans le comté de Jackson, qui avait été
indiqué comme « lieu central » de Sion
(D&A 57:3). En juin 1833, il élabora un plan pour la ville
de Sion, indiquant que vingt-quatre temples ou bâtiments sacrés
seraient construits au cœur de la ville pour remplir une
variété de fonctions de prêtrise. Quand les
saints des derniers jours furent expulsés du comté de
Jackson cet automne-là, les projets de construction de la
ville de Sion et de ses temples furent remis à plus tard.
En 1838 les pierres
angulaires furent posées pour un temple à Far West,
dans le nord du Missouri. Cet édifice devait servir au
rassemblement des saints pour le culte (D&A 115:7-8). Toutefois,
les persécutions en empêchèrent la construction.
Le temple de Nauvoo,
consacré en 1846, fut le premier temple conçu pour les
ordonnances sacrées récemment rétablies pour les
vivants et les morts. Les baptêmes par procuration pour les
morts furent inaugurés en 1840. Ils furent d’abord
accomplis dans le Mississippi jusqu’à ce que des fonts
fussent construits dans le sous-sol du temple. En 1842, le prophète
donna les premières dotations dans la salle d’assemblée
au-dessus de son magasin de briques rouges (EPJS, p. 191). Cette
cérémonie qui, à ce moment-là n’était
donnée qu’aux personnes vivantes, passait en revue
l’histoire de l’humanité depuis la création,
soulignant les principes élevés exigés pour
retourner en la présence de Dieu. Les premiers scellements ou
mariages de couples pour l’éternité furent
également accomplis vers ce moment-là. Ensuite toutes
les ordonnances de cette sorte furent arrêtées jusqu’à
ce que le temple fût terminé.
Les murs extérieurs
principaux du temple n’étaient que partiellement achevés
quand Joseph Smith et son frère Hyrum furent assassinés
en 1844. Le martyre ne fit toutefois que causer une suspension
provisoire de la construction du temple. Quoique sachant qu’ils
seraient bientôt forcés de quitter Nauvoo et n’auraient
plus accès au temple, les saints étaient disposés
à dépenser près d’un million de dollars
pour réaliser la vision de leur prophète d’ériger
la Maison du Seigneur. Dès décembre 1845, les salles du
temple étaient suffisamment achevées pour que des
dotations puissent y être accomplies. Pendant les huit semaines
qui suivirent, 5.500 personnes reçurent ces bénédictions
alors même qu’elles se préparaient fiévreusement
pour leur exode vers l’Ouest. Brigham Young et d’autres
officiants restèrent jour et nuit dans le temple. Pour
maintenir l’ordre, Heber C. Kimball insista sur le fait que
seuls ceux qui avaient une invitation officielle devaient être
admis au temple, ce qui fut peut-être le commencement de
l’émission des recommandations à l’usage du
temple.
TEMPLES AU SOMMET DES
MONTAGNES. La construction de temples resta prioritaire pour les
pionniers mormons pendant qu’ils se rendaient dans les
montagnes Rocheuses. Quatre jours à peine après leur
entrée dans la vallée du lac Salé, Brigham Young
y choisit l’emplacement du temple. Des dispositions provisoires
furent prises pour donner la dotation jusqu’à ce que ce
temple soit achevé, et une Maison des Dotations en adobes fut
ouverte en 1855 à Temple Square. Le président Young
expliqua cependant que toutes les ordonnances ne pouvaient y être
convenablement accomplies, de sorte qu’au milieu des années
1870, il encouragea les saints à aller de l’avant dans
la construction d’autres temples en Utah.
L’emplacement pour
le temple de St-George était marécageux, mais Brigham
Young tint absolument à ce qu’il fût construit là
parce que l’endroit avait été consacré par
les prophètes antiques du Livre de Mormon (déclaration
de David H. Cannon, Jr., 14 oct. 1942, cité dans Kirk M.
Curtis, « History of the St. George Temple »,
thèse de maîtrise, université Brigham Young,
1964, p. 24-25). Un vieux canon, rempli de plomb, devint un marteau
pilon improvisé pour enfoncer des roches dans la terre
détrempée. En 1877, le temple de St-George, premier
d’Utah était achevé. On y inaugura des dotations
pour les morts en janvier de cette année-là, permettant
aux saints d’accomplir ces rites importants par procuration en
faveur de leurs ancêtres.
Avec l’accroissement
du nombre des dotations pour les morts, la conception de base des
temples fut modifiée pour que l’ordonnance puisse avoir
lieu. Les temples de Logan et de Manti (respectivement consacrés
en 1884 et 1888) contiennent de grandes salles d’assemblée
à l’étage et une série de salles plus
petites en bas, spécialement conçues pour présenter
les instructions de la dotation. Les peintures murales dépeignent
différentes étapes de la progression éternelle
de l’homme. À cause de l’hostilité
politique extérieure en 1888, les dirigeants de l’Église
consacrèrent d’abord le temple de Manti en des
cérémonies privées. Lors de la consécration
publique, qui eut lieu un peu plus tard, les membres de l’assemblée
signalèrent des expériences spirituelles peu communes,
entendant notamment des chœurs célestes.
L’achèvement
du temple de Salt Lake City fut un encouragement pour les saints
pendant les jours sombres des persécutions. Les pierres
symboliques sur l’extérieur du grand temple représentent
les degrés de gloire éternelle et d’autres
principes de l’Évangile. La flèche centrale à
l’est est complétée par une statue de l’ange
Moroni, symbolisant la prophétie de Jean qu’un héraut
céleste apporterait l’Évangile à la terre
(Ap. 14:6). L’intérieur contient des salles de conseil
pour les Autorités générales. L’après-midi
précédant sa consécration, le 6 avril 1893, de
nombreux visiteurs de tous les cultes furent invités à
visiter le temple. Ces portes ouvertes précédant la
consécration ont pris de l’importance et sont devenues
la norme pendant le vingtième siècle.
TEMPLES DU XXe SIECLE.
Pendant le premier tiers du vingtième siècle, des
temples furent construits de plus en plus loin du siège de
l’Église, reflet de l’expansion et de la
croissance de l’Église. Le président Joseph F.
Smith parla de la nécessité d’apporter les
bénédictions du temple aux saints dispersés sans
les obliger à parcourir souvent des milliers de kilomètres
jusqu’aux montagnes Rocheuses pour les recevoir. Les temples
construits à l’époque étaient relativement
petits, sans tours ni grandes salles d’assemblée.
Le président
Smith, qui, dans sa jeunesse, avait fait une mission à Hawaï,
choisit un emplacement de temple à Laie sur l’île
d’Oahu. Comme les matériaux de construction
traditionnels étaient rares sur l’île, le temple
fut construit en béton armé. Il fut consacré en
1919, un an après la mort du président Smith.
Entre-temps, la construction d’un temple avait également
commencé à Cardston (Alberta, Canada). Après sa
consécration en 1923, les membres de l’Église
d’Oregon et de Washington organisèrent des caravanes
annuelles pour aller dans ce temple, précurseurs de voyages au
temple qui devinrent une facette de plus en plus importante de
l’activité religieuse pour les membres qui ne vivaient
pas près de ces édifices sacrés.
Lors de la consécration
du temple de Mesa, en Arizona, en 1927, le président Heber J.
Grant demanda la bénédiction divine sur les Indiens
d’Amérique et les autres descendants modernes des
peuples du Livre de Mormon. En 1945, la dotation et les autres
bénédictions du temple y furent données en
espagnol, la première fois que ces cérémonies
étaient faites dans une langue autre que l’anglais. Les
décennies suivantes, les membres du sud-ouest des États-Unis,
du Mexique et jusqu’en Amérique Centrale se déplacèrent
pour assister aux sessions du temple en espagnol à Mesa.
Le président Grant
approuva aussi des emplacements pour des temples en Californie et en
Idaho. La construction du temple d’Idaho Falls commença
en 1937, mais le manque de matériaux pendant la Deuxième
Guerre mondiale retarda son achèvement jusqu’en 1945.
La croissance rapide de
la population de l’Église dans le sud de la Californie
pendant et après la Deuxième Guerre mondiale aboutit à
la construction du temple de Los Angeles, le plus grand de l’Église
à l’époque. Consacré en 1956, c’était
le premier au vingtième siècle à avoir une
grande salle d’étage pour permettre aux dirigeants de la
prêtrise d’y mener des assemblées solennelles,
ainsi qu’une statue de l’ange Moroni sur sa tour de 85
mètres. Les plans d’architecte prévoyaient que
l’ange soit tourné vers le sud-est, comme le temple
lui-même, mais le président David O. McKay insista pour
que la statue soit orientée directement à l’est.
La plupart des temples de l’Église (mais pas tous) sont
tournés vers l’est, symbolisant l’avènement
attendu du Christ, que Jésus a comparé à l’aube
à l’orient d’un jour nouveau (Mt. 24:27). Les
membres de Californie considérèrent ce temple comme
l’accomplissement de la prophétie de Brigham Young que
l’on dominerait un jour les rivages du Pacifique du haut de la
maison du Seigneur et que les temples auraient une tour centrale et
des bassins réfléchissants et auraient des plantations
sur leur toit.
LES PREMIERS TEMPLES
D’OUTRE-MER. La décision de construire des temples à
l’étranger constitua une nouvelle impulsion. Pendant des
décennies les dirigeants de l’Église avaient
conseillé aux saints d’outre-mer ne pas se rassembler en
Amérique, pour édifier l’Église là
où ils étaient, les bénédictions du
temple n’étaient pas accessibles dans leur patrie. Le
temple de Suisse près de Berne en 1955 et les temples de
Nouvelle-Zélande et de Londres en 1958 répondirent
partiellement à ce besoin. L’utilisation du cinéma
permit de présenter l’ordonnance de la dotation dans une
seule salle d’enseignement plutôt que dans une série
de salles décorées de peintures murales. Le président
McKay avait annoncé que les futurs temples seraient plus
petits, de manière à ce que l’on pût en
construire davantage de par le monde. En outre, sous forme de film,
ces cérémonies pouvaient être présentées
en plusieurs langues avec seulement un petit groupe de servants des
ordonnances du temple pour assurer le service.
Les personnes qui avaient
reçu la responsabilité de localiser ces temples étaient
convaincues qu’elles avaient l’aide divine. Les
dirigeants de la mission suisse connurent de longues difficultés
en voulant acquérir un emplacement qu’ils avaient choisi
et demandèrent l’aide du Seigneur. Ils trouvèrent
immédiatement un emplacement plus grand pour la moitié
du prix ; ils ne tardèrent pas à apprendre que
l’emplacement qu’ils avaient d’abord choisi était
devenu inutilisable à cause de la construction inattendue
d’une grande route sur une partie du lot. Quand le prix demandé
à l’origine pour la parcelle de terrain du temple de
Nouvelle-Zélande parut excessif, les hommes de loi
représentant les propriétaires et l’Église
revirent la question et parvinrent indépendamment exactement
au même chiffre moins élevé. Les ingénieurs
déconseillèrent la construction du temple de Londres
sur le terrain choisi par le président McKay parce qu’il
était trop marécageux, mais on découvrit de la
roche à la profondeur qui convenait pour soutenir les
fondations.
TEMPLES MODERNES EN
AMÉRIQUE DU NORD. Pendant la décennie 1964-1974, quatre
temples supplémentaires furent consacrés aux
États-Unis. Le temple d’Oakland (1964) avait été
impatiemment attendu par les saints du nord de la Californie.
Quarante ans plus tôt, George Albert Smith avait parlé
tandis qu’il était à San Francisco du jour où
un beau temple surmonterait les collines de l’East Bay et
serait un fanal pour les bateaux naviguant le Golden Gate. Pendant la
Deuxième Guerre mondiale, un terrain devint libre dans les
collines d’Oakland. Cependant, deux décennies passèrent
en attendant que la croissance de l’Église dans la
région justifie la construction d’un temple. Le temple
d’Oakland utilise maintenant la projection de film pour
présenter la cérémonie de la dotation. Trois
salles spacieuses permettent à de grands groupes de recevoir
ces instructions simultanément.
Quoique les anciens
dirigeants eussent parlé de futurs temples à Ogden et à
Provo, l’annonce, faite en 1967, de la construction de ces deux
temples d’Utah surprit beaucoup de saints des derniers jours.
Les dirigeants de l’Église expliquèrent que le
temple de Salt Lake City était utilisé au-delà
de sa capacité, de sorte que la construction de deux nouveaux
temples dans le voisinage soulagerait la pression et réduirait
également le temps de voyage pour les saints d’Ogden et
de Provo. Quand les temples furent terminés cinq ans après,
chacun comptait six salles de dotation, ce qui allait permettre à
un nouveau groupe de commencer la présentation toutes les
vingt minutes pour un total maximum de soixante sessions
quotidiennement.
Le temple de Washington
D.C. non seulement répondait aux besoins des saints habitant
l’Est des États-Unis et le Canada mais, étant
situé près de la capitale des États-Unis, devint
un monument pour l’Église rétablie. Les
architectes le conçurent comme adaptation moderne et
facilement reconnaissable du modèle bien connu à six
tours du temple de Salt Lake City. Avec sa flèche centrale du
côté est, haute de 87 mètres, il est le plus
grand de tous les temples de l’Église dans le monde. Le
temple de Washington comprenait un complexe de six salles de dotation
et devint le deuxième temple du vingtième siècle
à avoir la grande salle d’assemblée de la
prêtrise à l’étage.
Pendant les années
1970, le temple d’Arizona et plusieurs autres temples furent
transformés en vue de la projection de film dans la
présentation de la dotation. Comme les transformations avaient
été considérables, des portes ouvertes furent
organisées avant la reconsécration des temples. Pendant
cette même décennie, on commença la construction
de trois autres grands temples en Amérique du Nord :
celui de Seattle (consacré en 1980), le premier dans le
Nord-ouest Pacifique des États-Unis, celui de Jordan River
(1981), le deuxième de la vallée du lac Salé et
celui de Mexico (1983), qui se caractérise par un style
architectural maya. Tandis qu’il assistait à la
consécration du temple de Mexico, Ezra Taft Benson se sentit
poussé à mettre l’accent sur le Livre de Mormon,
un thème qui devait plus tard caractériser son
administration comme président de l’Église.
EXPANSION MONDIALE. En
1976, deux révélations (maintenant D&A 137 et 138)
furent ajoutées aux ouvrages canoniques. L’une d’elles
rapportait la vision que Joseph Smith avait eue du royaume céleste
en 1836. L’autre racontait la vision que le président
Joseph F. Smith avait eue en 1918 montrant le Sauveur organisant les
justes pour prêcher son Évangile dans le monde des
esprits des morts. Les deux contribuaient à la compréhension
que les saints avaient du salut pour les morts et donnèrent un
élan nouveau à une construction sans précédent
de temples.
Des plans avaient déjà
été annoncés pour des temples à Sao Paulo
et à Tokyo, les premiers en Amérique du Sud et en Asie,
respectivement. Puis, en 1980, une accélération
spectaculaire se produisit quand la Première Présidence
annonça que l’on allait construire sept nouveaux
temples. Il s’agissait du premier temple du sud-est des
États-Unis, de deux autres temples en Amérique du Sud
et de quatre dans le Pacifique. L’année suivante, les
plans pour neuf autres temples étaient annoncés :
deux aux États-Unis, en Europe et en Amérique latine,
plus un temple en Corée, aux Philippines et en Afrique du Sud.
Dès 1984, des plans pour construire dix temples de plus
étaient annoncés, notamment un en République
démocratique allemande. Ces temples étaient plus petits
que la plupart de ceux qui avaient été construits les
décennies précédentes. Comme beaucoup furent
construits en même temps, ils sont de conception semblable.
La plupart de ces
nouveaux temples se trouvaient là où ils pouvaient
rendre les bénédictions du temple accessibles aux
vivants même s’ils ne pouvaient pas contribuer un grand
nombre d’ordonnances pour les morts. Plus que jamais
auparavant, les temples étaient à la portée des
saints des derniers jours vivant de par le monde, qui accueillirent
la construction de ces temples avec reconnaissance et joie. Quand le
président Spencer W. Kimball annonça l’intention
de construire le temple de Sao Paulo, par exemple, un ah !
parcourut l’immense assemblée réunie pour la
conférence de région du Brésil ; les larmes
aux yeux, les familles, partout dans la salle, s’embrassèrent
à cette nouvelle. Les dirigeants de l’Église
dirent que plutôt que de sacrifier les gains de toute une vie
pour atteindre un temple éloigné, les membres devraient
maintenant faire une autre sorte de sacrifice : trouver du temps
pour aller régulièrement à leur temple.
Les saints des derniers
jours comptent que cette expansion rapide de la construction de
temples continuera. Les ordonnances sacrées du temple doivent
être rendues accessibles à tous. Brigham Young a
prophétisé que pendant le millénium, des
milliers de temples parsèmeraient la terre. À ce
moment-là, des dizaines de milliers de fidèles y
entreront pour accomplir les ordonnances sacrées vingt-quatre
heures sur vingt-quatre.
BÉNÉDICTIONS
DU TEMPLE POUR LES MORTS. Quand ils faisaient des baptêmes par
procuration pour leurs proches parents, les saints de Nauvoo
disposaient aisément des informations à leur sujet. Des
recherches généalogiques plus difficiles s’avérèrent
pourtant nécessaires quand les membres de l’Église
durent s’acquitter de leur responsabilité de fournir les
bénédictions du temple à tous leurs ancêtres
décédés aussi loin qu’ils pouvaient
remonter. L’introduction des dotations pour les morts en 1877,
qui prenait bien plus de temps que les baptêmes, représenta
une expansion importante dans l’engagement des membres de
l’Église vis-à-vis du temple.
Jusqu’alors les
saints n’avaient accompli les ordonnances par procuration que
pour leurs propres parents ou amis décédés. Or,
tandis qu’il dirigeait la mise en œuvre du service par
procuration au temple de St-George, Wilford Woodruff avait déclaré
que le Seigneur permettrait aux membres de s’entraider dans
cette œuvre importante.
Une autre innovation se
produisit au début du vingtième siècle lorsque
les gens qui vivaient dans des champs de mission lointains furent
autorisés à envoyer au temple les noms de leurs proches
décédés où d’autres représentants
accompliraient les ordonnances. Les dirigeants de l’Église
exhortèrent alors les membres vivant près d’un
temple de consacrer du temps pour assurer ce service altruiste. Dans
le temple de Salt Lake City, par exemple, il n’y avait eu au
début qu’une session de dotation par jour. Mais en 1921,
il y en avait jusqu’à quatre et en 1991, dix.
Avec le nombre de plus en
plus important des temples, le nombre des dotations effectuées
augmenta. À partir des années 1960, les dirigeants de
l’Église demandèrent donc aux employés de
la Société généalogique d’Utah de
se procurer des noms à l’aide de microfilms des
registres d’état civil et de les rendre disponibles pour
l’œuvre du temple. Dès le début des années
1970, des trois-quarts de tous les noms pour des ordonnances du
temple étaient envoyés de cette manière.
Pour permettre aux
membres de jouer un rôle plus grand dans l’envoi de noms
pour les temples, on leur permit, en 1969, d’envoyer des noms
séparés plutôt que seulement dans une feuille de
groupement de famille. Les ordinateurs pouvaient ensuite aider à
déterminer les liens familiaux. À partir de 1978, de
petits groupes de membres de l’Église furent appelés
à passer quelques heures chaque semaine à participer au
programme d’extraction des noms, c’est-à-dire à
copier les noms et les données figurant sur les archives
microfilmées. De cette façon, la plupart des noms pour
l’œuvre du temple étaient fournis par des membres
plutôt que par des professionnels au siège de l’Église.
En 1988, la cent millionième dotation pour les morts était
accomplie ; on en fit plus de cinq millions cette année-là.
LA MAISON DU SEIGNEUR.
Comme l’Israël antique, les saints des derniers jours
considèrent les temples comme des lieux sacrés mis à
part comme endroits où ils peuvent aller se rapprocher de Dieu
et recevoir de lui des révélations et des bénédictions
(D&A 97:15-17 ; 110:7-8). Ce n’est pas l’édifice
en tant que tel qui est la source de sa sainteté. C’est
plutôt le fait de la personnalité de ceux qui entrent et
des ordonnances et des instructions sacrées qu’ils y
reçoivent qui nourrissent l’atmosphère
spirituelle que l’on trouve dans le temple. Quand les membres
entrent dans cette sainte maison et centrent leurs pensées sur
le service d’autrui, leur propre compréhension
s’éclaircit et ils reçoivent la solution à
leurs problèmes.
À cause de la
nature spirituelle de l’activité du temple, la
préparation personnelle est essentielle. Les saints des
derniers jours insistent sur le fait que les cérémonies
du temple sont sacrées. Ceci est conforme à la pratique
antique, par exemple, de n’admettre que des personnes
spécifiquement qualifiées dans l’enceinte la plus
sacrée du Tabernacle. La fonction des dirigeants locaux de
l’Église, quand ils délivrent des recommandations
à l’usage du temple, est non seulement d’établir
la dignité et la préparation de la personne mais
d’assurer également la sainteté du temple.
Bibliographie
Ouvrages traitant des
temples et de leurs ordonnances : James E. Talmage, La Maison du
Seigneur ; Boyd K. Packer, Le Temple sacré, explique
l’esprit et l’importance de l’œuvre du
temple ; Richard O. Cowan dans Temples to Dot the Earth, Salt
Lake City, 1989, donne l’historique des temples de l’Église
et du service du temple. Il y a une étude en profondeur sur
l’origine ancienne dans Hugh Nibley, Message of the Joseph
Smith Papyri : An Egyptian Endowment, Salt Lake City, 1975 ;
N. B. Lundwall, Temples of the Most High, Salt Lake City, 1971,
contient les prières de consécration et des
descriptions de certains temples ; Royden G. Derrick dans
Temples in the Last Days, Salt Lake City, 1987 contient un recueil
d’essais sur des sujets liés au temple ; Laurel B.
Andrew explique les influences architecturales dans son Early Temples
of the mormons (Albany, N.Y., 1989).
RICHARD O. COWAN
Temples :
Consécration des temples de l’Église
Auteur :
HAYCOCK, D. ARTHUR
La consécration
d’un temple est un acte cérémoniel suprêmement
sacré dans l’Église, qui consacre le bâtiment
au Seigneur avant que ne commence l’œuvre des ordonnances
du temple. Depuis la consécration du temple de Kirtland en
1836 jusqu’en 1990, quarante-six temples ont été
consacrés.
La consécration
d’un temple est un moment de grandes réjouissances et de
célébrations spirituelles. Les hommes, les femmes et
parfois les enfants qui vivent dans le district qui va être
desservi par le temple et ont une recommandation à l’usage
du temple sont invités aux sessions tenues dans ou à
côté du temple. Ces cérémonies sont
répétées plusieurs fois afin de recevoir tous
ceux qui peuvent participer. La plupart viennent dans l’esprit
du jeûne et de la prière. Les cérémonies
comportent des hymnes choraux sacrés et des discours spéciaux
de la part des Autorités générales. Une prière
de consécration officielle est faite sous l’autorité
apostolique. Traditionnellement, ces prières traitent de la
totalité de la dispensation moderne, invoquant les
bénédictions divines sur toute l’humanité,
les vivants et les morts. Elles ont souvent été
prophétiques en ce qui concerne les événements
du monde (voir D&A 109).
À un certain
moment, dans toutes les consécrations de temples, l’assemblée
se lève et, tout en agitant des mouchoirs blancs, pousse
ensemble trois fois le cri : « Hosanna, hosanna,
hosanna, à Dieu et à l’Agneau » (voir
Cri de Hosanna). Cette expression solennelle a été
présentée par Joseph Smith à Kirtland (voir D&A
19:37 ; 36:3 ; 39:19). Elle rappelle les louanges criées
par les disciples de Jésus tandis qu’il descendait du
mont des Oliviers (Mt. 21:1-11) et les cris des multitudes en
Amérique entourant le temple au pays d’Abondance :
« Béni soit le nom du Dieu Très-Haut »
(3 Né. 11:17) ; il fait également écho
au « pour célébrer et pour louer l’Éternel »
par des voix et des instruments lors de la consécration du
temple de Salomon (2 Ch. 5:11-14).
La consécration
d’un temple est en fin de compte la consécration du
peuple. Dans l’esprit du sacrifice, il le construit et dans le
même esprit il y accomplit les ordonnances sacrées. La
consécration met le bâtiment à part de tous les
autres édifices de l’Église. Il devient un
sanctuaire consacré non pour des sessions ordinaires du culte
du sabbat mais pour l’accomplissement quotidien des ordonnances
du temple.
Tous les dons de l’Esprit
et de la sainte prêtrise mentionnés dans l’Écriture
se sont manifestés à un moment ou l’autre dans
les déversements spirituels qui ont accompagné les
consécrations de temples, dont des visions, des révélations,
des guérisons, le discernement et la prophétie de même
que les fruits de l’Esprit : amour, joie, paix,
longanimité, gentillesse, humilité, foi. Pour les
saints des derniers jours, en de telles occasions c’est comme
si les temples terrestres et célestes se réunissaient
et comme si les réjouissances des hommes dignes d’autrefois
se mêlaient à celles des mortels. Ces expériences
et le service qui se fait ensuite dans les temples mènent à
« la communion et [à] la présence de Dieu le
Père, et de Jésus, le médiateur de la nouvelle
alliance » (D&A 107:19). Ce sont des démonstrations
terrestres de l’unité céleste. Le président
Wilford Woodruff a écrit : « Le plus grand
événement de l’année [1893] a été
la consécration du temple du Grand Lac Salé. Le pouvoir
de Dieu s’est manifesté… et beaucoup de choses
ont été révélée »
(journal de Wilford Woodruff, 31 déc. 1893, HDC).
Bibliographie
Woodbury, Lael. « The
Origin and Uses of the Sacred Hosanna Shout ». Sperry
Lecture Series, Provo, Utah, 1975.
D. ARTHUR HAYCOCK
Temples :
Administration des temples
Auteur :
SIMPSON, ROBERT L.
L’administration et
le fonctionnement interne d’un temple sont conçus pour
refléter la foi des membres de l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours que chaque temple
est à tous égards « la maison du Seigneur ».
Ce n’est que dans les temples consacrés que certaines
ordonnances sacrées peuvent être accomplies, que
certaines alliances peuvent être contractées entre
l’homme et Dieu et que peut être faite la promesse de
certaines bénédictions. Grâce à eux, une
personne peut comprendre plus complètement le but de la vie
terrestre, la destinée finale de l’humanité et
l’importance d’acquérir des qualités
chrétiennes dans notre condition mortelle.
ENTRÉE DANS LE
TEMPLE. Tous ceux qui entrent dans le temple doivent venir en tant
que membres dignes dûment certifiés par les dirigeants
ecclésiastiques : l’évêque et le
président de pieu. La recommandation à l’usage du
temple ou attestation autorisant la personne à entrer dans le
temple est présentée à l’arrivée au
préposé du bureau des recommandations. Les signatures
sont vérifiées ainsi que la date d’échéance.
La recommandation est délivrée pour une période
de deux ans.
Chacun dans le temple,
les servants du temple aussi bien que les visiteurs, s’habille
de blanc et ne porte pas d’ornements profanes. Tous sont
invités à parler à voix basse et à
s’abstenir de pensées et de conversations étrangères
à ces lieux, qui nuisent à l’ambiance spirituelle
du sanctuaire.
Le temple n’est pas
utilisé pour le culte du dimanche mais est plutôt un
édifice sacré où des ordonnances peuvent être
accomplies et des alliances faites dans une dignité paisible,
loin des soucis et du vacarme du monde extérieur. Le temple
est fermé le dimanche, le jour où les membres rendent
le culte et étudient dans leurs églises de paroisse. Le
temple est normalement fermé le lundi aussi pour les travaux
de nettoyage et d’entretien en vue des jours où il
fonctionne.
SUPERVISION GÉNÉRALE.
Tous les temples sont administrés sous la direction de la
Première Présidence de l’Église et du
Collège des douze apôtres. Le Département des
Temples, sous la direction de la Première Présidence et
avec les conseils du Conseil exécutif de la Prêtrise est
l’organisme responsable de la supervision de tous les temples.
Une attention particulière est accordée à ce qui
suit : • Accomplissement correct de toutes les ordonnances
du temple selon les formes scripturaires telles qu’approuvées
par la Première Présidence • Entretien et sécurité
des temples et des espaces verts • Équipement technique
de tous les temples, particulièrement l’équipement
audiovisuel et les ordinateurs • Relations entre les personnes
dans tous les temples • Questions budgétaires •
Supervision des inventaires des vêtements du temple •
Gestion des blanchisseries et des cafétérias dans les
temples
PRÉSIDENCE DU
TEMPLE ET SERVANTS. Le président du temple est choisi et
appelé à son poste par la Première Présidence
de l’Église. C’est un appel de l’Église
habituellement pour deux à trois ans. Normalement l’épouse
du président du temple remplit les fonctions d’intendante
du temple. Le président est aidé par deux conseillers
et l’intendante par deux assistantes. Chaque temple a un
greffier.
LE CONSEIL EXÉCUTIF
DU TEMPLE. Le président du temple, ses conseillers,
l’intendante du temple et le greffier constituent le comité
exécutif du temple. Ils se réunissent chaque semaine
pour faire toute la planification principale. Quand c’est
nécessaire, d’autres personnes clefs sont invitées
à cette réunion.
SERVANTS BÉNÉVOLES.
Chaque temple dépend fortement sur l’aide de servants
bénévoles pour l’administration des ordonnances
du temple. Un grand temple peut avoir jusqu’à deux mille
servants bénévoles. Ces servants des ordonnances, qui
se voient habituellement affectés à deux équipes
de six heures par semaine, aident les visiteurs pendant qu’ils
participent aux baptêmes, aux confirmations, à la
dotation et aux scellements dans le temple.
Tous ces servants sont
recommandés par leurs dirigeants locaux de la prêtrise.
Chaque personne recommandée est autorisée par la
Première Présidence de l’Église, nom après
nom. Ce procédé souligne l’importance de ceux qui
sont choisis pour aider dans le temple. Chaque servant des
ordonnances est finalement interviewé avec soin par le
président du temple ou l’un de ses conseillers qui, une
fois satisfait quant à la dignité, à l’attitude
et aux aptitudes personnelles, met la personne à part par
imposition des mains pour lui conférer l’autorité
essentielle pour officier dans les ordonnances du temple.
FORMATION DES SERVANTS DU
TEMPLE. Le président du temple tient absolument à ce
que tout ce qui se passe dans le temple soit en accord complet avec
les désirs et les stipulations des Écritures et de la
Première Présidence de l’Église. Le temple
est une « maison de gloire », « d’ordre »,
« de Dieu » (D&A 88:119). Chaque servant
des ordonnances passe par un premier programme de formation où
les actions et les termes des ordonnances et des alliances qui
doivent être administrées sont mémorisés
et répétés. En plus des instructions initiales,
il y a une formation continue destinée à garantir que
tout se fait chaque jour d’une façon acceptable. Toute
la formation se fait d’une façon paisible et gentille.
Chaque équipe
(quarante à quatre-vingts servants) commence la journée
par une réunion de prière qui donne une ambiance
spirituelle et permet de donner les instructions pour le travail qui
est à faire. Habituellement, quelques minutes de chaque
réunion de prière sont consacrées à un
suivi de formation. Toutes les personnes chargées de former
les autres sont choisies avec soin et dans l’esprit de la
prière par la présidence du temple et l’intendante.
SCELLEURS DU TEMPLE. Un
scelleur dans le temple a l’autorité de sceller les
familles pour le temps et pour toute l’éternité,
maris et épouses entre eux et enfants aux parents. Le
processus de scellement des familles pour le temps et l’éternité
est l’essence même de l’œuvre du temple et
une pierre de fondation importante de la théologie des saints
des derniers jours. Les membres masculins dignes dont la fidélité,
les capacités et l’intégrité sont
démontrées peuvent être appelés à
être scelleurs dans le temple. Tous les appels et toutes les
autorisations de ce genre viennent de la Première Présidence
de l’Église.
LE BAPTISTÈRE. Le
baptistère du temple est utilisé pour les baptêmes
par procuration, les personnes vivantes étant baptisées
pour et en faveur des personnes décédées qui ont
vécu dans la condition mortelle sans avoir l’occasion de
recevoir cette ordonnance sacrée.
Le programme fondamental
recommandé est que les membres de l’Église
accomplissent cette œuvre pour leurs ancêtres décédés ;
il n’est cependant pas essentiel qu’il y ait une relation
de parenté démontrée pour que l’œuvre
soit valide. Les hommes sont représentants pour les hommes,
les femmes pour les femmes.
Les baptêmes pour
les morts font souvent participer les jeunes de douze à
dix-sept ans. Sur rendez-vous, ils passent deux à trois heures
dans la salle du baptistère du temple, chaque personne étant
habituellement baptisée pour une vingtaine de personnes
décédées ou davantage. Ils s’habillent de
vêtements de baptême entièrement blancs, assistent
à un bref service de culte et puis participent aux baptêmes
par procuration. Ceux qui accomplissent le baptême sont souvent
les adultes masculins qui voyagent avec le groupe et l’encadrent.
Il est entendu que dans
le monde d’esprit, toutes les personnes pour qui l’œuvre
du temple par procuration est effectuée auront entendu parler
de l’Évangile et de ses ordonnances (voir Salut des
morts ; Temples : Significations et fonctions des temples).
Bibliographie
Packer, Boyd K. Le temple
sacré.
Talmage, James E. La
Maison du Seigneur.
ROBERT L. SIMPSON
Temples :
Significations et fonctions des temples
Auteur :
NIBLEY, HUGH W.
Le temple est le lieu
saint par excellence consacré au culte de Dieu et au
perfectionnement de son peuple de l’alliance. Dans le temple,
ses fidèles peuvent contracter des alliances avec le Seigneur
et invoquer son saint nom de la façon qu’il a désignée
et de la manière pure et originelle rétablie et mise à
part du monde. Le temple est construit de manière à
représenter les principes organisateurs de l’univers.
C’est l’école où les mortels s’instruisent
sur ce sujet. Le temple est un modèle, une présentation,
en termes figurés, du schéma et du voyage de la vie sur
terre. C’est un schéma stable, qui rend sa comparaison
avec d’autres formes et traditions, notamment les plus
antiques, valable et instructive.
LE PLAN COSMIQUE. Depuis
les temps les plus anciens, on construit des temples qui sont des
modèles réduits de l’univers. C’est chez
Varron (116-27 av. J.-C.) que l’on trouve la première
mention du mot latin templum. Il représentait pour lui un
bâtiment particulièrement conçu pour interpréter
les signes dans les cieux, une sorte d’observatoire où
l’on prend ses repères sur l’univers. La racine
« tem » dénote en grec et en latin
l’intersection de deux lignes à angle droit et par
conséquent l’endroit où les quatre régions
du monde se rencontrent, les temples antiques étant
soigneusement orientés pour exprimer « l’idée
de l’harmonie préétablie entre une image céleste
et une image terrestre » (Jeremias, cité dans CWHN
4:358). Selon Varron, il y a trois temples : un dans le ciel, un
sur terre et un sous la terre (De Lingua Latina 7.8). Dans le concept
du temple universel, ces trois sont identiques, l’un étant
bâti exactement par-dessus l’autre, le temple sur terre
étant au milieu de tout, représentant « le
Pôle des cieux, autour duquel tous les mouvements célestes
tournent, le nœud qui attache entre eux la terre et le ciel, le
siège de la domination universelle » (Jeremias,
cité dans CWHN 4:358). C’est ici que les quatre points
cardinaux se rejoignent et c’est ici que les trois mondes
entrent en contact. Que ce soit dans le Vieux Monde ou le Nouveau,
l’idée des trois niveaux verticaux et des quatre régions
horizontales dominait toute l’économie de tels temples
et des sociétés qu’ils formaient et guidaient.
Les éléments
essentiels du temple de Salomon n’étaient pas d’origine
païenne mais étaient un point de contact avec l’autre
monde, présentant « un symbolisme cosmique riche
qui a été en grande partie perdu dans la tradition
israélite et juive ultérieure » (Albright,
cité dans CWHN 4:361). Les douze bœufs (1 R. 7:23-26)
représentent le cercle de l’année et les trois
degrés du grand autel représentent les trois mondes.
Selon le Talmud, le temple de Jérusalem, comme le trône
de Dieu et la loi elle-même, existait avant la fondation du
monde (Pesahim 54a-b). Ses dimensions étaient toutes sacrées
et prescrites, avec des règles strictes concernant son
orientation vers l’est.
Sa nature en tant que
centre cosmique est rappelée de manière vive dans
beaucoup de passages de l’Ancien Testament et dans les
représentations médiévales de la ville de
Jérusalem et du Saint Sépulcre. Celles-ci montrent le
temple comme centre exact ou nombril de la terre. C’est dans
une imitation délibérée des idées juives
et chrétiennes que les musulmans ont conçu la Kaaba à
la Mecque comme « non seulement centre de la terre, [mais]
centre de l’univers… Tout ciel, toute terre a son centre
marqué par un sanctuaire qui est son nombril » (Von
Grunebaum, cité dans CWHN 4:359). Ce qui est lié sur
terre est lié dans le ciel. Du temple de Jérusalem sont
sorties des idées et des traditions que l’on trouve
partout dans les mondes juif, chrétien et musulman.
LE LIEU DE CONTACT. Comme
centre rituel de l’univers, le temple était considéré
anciennement comme le point par excellence sur terre où les
hommes et les femmes pouvaient établir le contact avec les
sphères supérieures. Les temples les plus anciens
n’étaient pas, comme on le croyait autrefois, la
résidence permanente de la divinité, mais étaient
des endroits dans lesquels les humains essayaient, à des
moments précis, d’entrer en contact avec les puissances
d’en haut. Le temple était un bâtiment « que
les dieux franchissaient pour passer de leur habitation céleste
à leur résidence terrestre… La ziggourat n’est
donc rien d’autre que le support de l’édifice qui
la surmonte et l’escalier qui mène entre les mondes
supérieur et inférieur » ; elle
ressemblait à une montagne parce que « la montagne
elle-même était à l’origine un lieu de
contact entre ce monde-ci et le monde d’en haut »
(Parrot, cité dans CWHN 4:360).
Les recherches sur les
temples les plus anciens représentés sur les sceaux
préhistoriques concluent que ces édifices étaient
également des « autels gigantesques »
construits à la fois pour attirer l’attention des
puissances d’en haut (l’holocauste étant une sorte
de signal de fumée) et pour fournir « les escaliers
que le dieu, en réponse aux prières, utilisait pour
descendre sur la terre… apportant un renouvellement de la vie
sous toutes ses formes » (Amiet, cité dans CWHN
4:360). Dès le début, semblerait-il, on a construit des
tours et des marches pour des autels dans l’espoir d’établir
le contact avec le ciel (Ge. 11:4).
En même temps, le
temple est le lieu de rencontre avec le monde inférieur et le
seul point où le passage entre les deux est possible. Dans les
documents chrétiens les plus anciens, les portes et les clefs
sont étroitement liées au temple. Certains savants ont
noté que les clefs de Pierre (Mt. 16:19) ne peuvent être
que les clefs du temple et beaucoup d’études ont
démontré l’identité du tombeau, du temple
et du palais comme endroit où les puissances de l’autre
monde sont exercées pour le profit éternel du genre
humain (cf. CWHN 4:361). Les portes de l’enfer ne l’emportent
pas contre celui qui détient ces clefs, quelles que soient les
souffrances que l’Église puisse endurer sur terre.
Invariablement les rites du temple sont ceux des ancêtres et
les personnages principaux sont les premiers parents de l’espèce
(voir, par exemple, Huth, cité dans CWHN 4:361, note 37).
LE DRAME RITUEL. Les
rites primitifs et originaux du temple sont des répétitions
théâtrales des événements qui ont marqué
le commencement du monde. Ce drame de la création n’était
pas simple, parce qu’une partie indispensable de l’histoire
est la mort et la résurrection rituelle du roi, qui représente
le fondateur et le premier père de l’espèce et
son triomphe final sur la mort comme prêtre et roi, suivi d’une
certaine forme de hieros gamos ou mariage rituel, afin d’engendrer
l’espèce. Ce « drame de l’année »,
maintenant bien connu, se retrouve en beaucoup d’endroits –
dans la théologie memphite d’Égypte, dans les
rites babyloniens du nouvel an, dans la grande célébration
profane des Romains, dans le panagyris et les débuts du
théâtre grec, dans les textes du temple de Ras Shamra,
et dans les cycles mythologiques celtiques. On accomplissait ces
rites « parce que la Divinité – le Premier
Père de l’espèce – le faisait au
commencement et nous a commandé de faire la même chose »
(Mowinckel, cité dans CWHN 4:362).
Le spectacle du temple
est essentiellement une pièce présentant un problème,
comportant un combat central, qui peut prendre diverses formes
mimétiques – jeux, courses, simulacres de batailles,
déguisements, danses ou scènes. Le héros est
temporairement battu par les puissances des ténèbres et
vaincu par la mort, mais invoquant Dieu des profondeurs, « il
se relève et met à mort le faux roi, le faux Messie »
(Weinsinck, cité dans CWHN 4:363). Ce motif de la résurrection
est essentiel à ces rites, dont le but est la victoire finale
sur la mort. Ces rites sont répétés annuellement
parce que le problème du mal et de la mort persiste pour le
genre humain.
INITIATION. Les pèlerins
qui peinaient pour atteindre les eaux de la vie qui sortaient du
temple n’étaient pas des spectateurs passifs. Ils
venaient pour obtenir connaissance et régénération,
l’accession personnelle à la vie éternelle et à
la gloire. Ce but, ils s’efforçaient de l’atteindre
par la purification (ablutions), l’initiation et le
rajeunissement, qui symbolisent la mort, la renaissance et la
résurrection.
Dans le temple de
Salomon, on se servait d’une vaste cuve de bronze pour les
ablutions rituelles et, à l’époque du Second
Temple, les gens à Jérusalem passaient beaucoup de leur
temps à des immersions et à des ablutions. Le baptême
est une ordonnance spécifique toujours mentionnée en
liaison avec le temple. « Quand on est baptisé, on
devient chrétien, écrit Cyrille, exactement comme en
Égypte par le même rite on devient un Osiris »
(Patrologiae Latinae 12:1031), c’est-à-dire, par
initiation dans l’immortalité. Le baptême en
question est une ablution plutôt qu’un baptême,
puisqu’il n’est pas par immersion. Selon Cyrille, ceci
est suivi d’une onction, faisant en quelque sorte de chaque
candidat un messie. L’onction du front, du visage, des
oreilles, du nez, de la poitrine, etc., représente « le
revêtement par le candidat de la panoplie protectrice du
Saint-Esprit » ce qui n’empêche cependant pas
l’initié de recevoir un vrai vêtement à
cette occasion (CWHN 4:364). En outre, selon Cyrille, on rappelait au
candidat que l’ordonnance entière était « à
l’imitation des souffrances du Christ » dans
lesquelles « nous souffrons sans douleur par la seule
imitation sa réception des clous dans ses mains et ses pieds :
l’antitype des souffrances du Christ » (Patrologiae
Graecae 33:1081). Les juifs enseignaient autrefois que Michel et
Gabriel feront remonter tous les pécheurs du monde inférieur :
« Ils les laveront et les oindront, les guérissant
de leurs blessures de l’enfer et les revêtiront de beaux
vêtements purs et les introduiront dans la présence de
Dieu » (R. Akiba, cité dans CWHN 4:364).
PERTE DES ORDONNANCES DU
TEMPLE. La compréhension du temple et de ses rites antiques
finit par être corrompue et perdue pour plusieurs raisons.
Les juifs et les
chrétiens souffrirent considérablement, les uns et les
autres, de la part de leurs ennemis à cause du secret de leurs
rites qu’ils refusaient fermement de mentionner ou de divulguer
à cause de leur sainteté. Cela causa des malentendus et
ouvrit la porte à des falsifications effrénées :
des sectes gnostiques prétendirent avoir les rites et les
ordonnances perdus des apôtres et des patriarches du passé.
Des dissidences et des factions apparurent. Une cause courante de
schisme, tant parmi les juifs que parmi les chrétiens, étaient
les prétentions d’un groupe particulier qu’il
était encore le seul à posséder les mystères
de Dieu.
Les rites devinrent
l’objet de diverses écoles d’interprétation.
En effet, la mythologie est en grande partie une tentative
d’expliquer l’origine et la signification des rituels que
les gens ne comprennent plus. Par exemple, le Talmud parle d’un
juif pieux qui quitta Jérusalem dégoûté,
se demandant : « Que répondront les Israélites
à Élie quand il viendra ? » puisque les
savants n’étaient pas d’accord sur les rites du
temple (Pesahim 70b ; sur le rôle d’Élie,
voir A. Wiener, The Prophet Elijah in the Development of Judaism,
Londres, 1978, p. 68-69).
Des éléments
rituels étaient largement copiés et usurpés. Les
premiers pères chrétiens prétendaient que des
équivalents païens avaient été volés
dans des sources légitimes plus anciennes et pratiquement
toutes les grandes mythologies parlent d’un grand usurpateur
qui gouverne le monde.
Les études
comparatives ont découvert un schéma commun à
toutes les religions antiques et ont remonté les processus de
diffusion qui ont répandu les idées dans le monde
entier. La tâche de reconstruire le prototype original à
partir des fragments dispersés a été longue et
laborieuse, et elle est loin d’être achevée, mais
un processus indubitable s’en dégage (CWHN 4:367).
Les reconstructions des
grands rassemblements de population dans des complexes cérémoniels
imposants pour des rites consacrés au renouvellement de la vie
sur terre sont étonnamment uniformes. D’abord, il y a
les preuves tangibles, la scène, les accessoires de la pièce :
les mégalithes, les tertres géants artificiels ou
pyramides semblables à des montagnes artificielles, les
alignements de pierres et de fossés d’une complexité
mathématique coordonnant le temps et l’espace, les
tombes à couloir et les grands tholoï ou tombeaux voûtés,
les routes sacrées, les restes de cabanes, de tribunes, de
chemins processionnels et de portails, tout cela survit dans une
combinaison impressionnante, avec tout son symbolisme cosmique.
En second lieu, il y a
les preuves moins tangibles des coutumes, des légendes, des
fêtes populaires et des écrits antiques, qui, pris
ensemble, évoquent le souvenir de célébrations
théâtrales et chorales de la Création, trouvant
leur point culminant dans le grand Cantique de la Création,
les combats rituels entre la vie et la mort, le bien et le mal, la
lumière et les ténèbres, suivis du couronnement
triomphal du roi devant régner pendant la nouvelle ère,
le géniteur de l’espèce par un mariage sacré,
les alliances, les initiations (comprenant des ablutions et des
onctions), les sacrifices et les boucs émissaires pour
débarrasser le peuple d’une année de culpabilité
et de souillures, et divers types de divination et de consultation
d’oracles pour le nouveau cycle de vie.
AUTRES FONCTIONS DU
TEMPLE. Beaucoup de choses entourant le temple n’étaient
pas essentielles à sa forme ni à son fonctionnement,
mais étaient les produits inévitables de son existence.
Les mots « hôtel », « hôpital »
et « Templier » remontent à ces
organisations charitables qui s’occupaient des pèlerins
malades et las voyageant vers les lieux saints. Les opérations
bancaires apparurent au temple puisque les pèlerins
apportaient des offrandes et avaient besoin d’échanger
leur argent contre des animaux à sacrifier, et le mot
« monnaie » vient donc du temple de Junon
Moneta, le centre sacré du monde romain. En plus de cela, le
troc et l’échange animés des marchandises lors
des grands rites d’année donna naissance à la
foire annuelle où tous les contrats devaient être
renouvelés et où les marchands, les artisans, les
interprètes et les charlatans étalaient leurs articles.
Les acteurs, les poètes,
les chanteurs, les danseurs et les athlètes faisaient
également partie de la vie du temple, l’élément
de concurrence (l’agonal) étant essentiel à la
lutte contre le mal et fournissant les aspects les plus populaires et
les plus excitants des fêtes. Le spectacle principal du temple,
l’actio, était joué par les acteurs sacerdotaux
du temple et les membres de la famille royale. La Création
était célébrée par un cantique de la
création ¬– ou poema, le mot poème signifiant
« création » – chanté par
un chœur qui, comme le mot grec le montre, formait un cercle et
dansait tout en chantant (CWHN 4:380).
Le temple était
également le centre de la connaissance, en commençant
par les instructions célestes qu’on y recevait. C’était
le Museon ou demeure des muses, représentant toutes les
branches que l’on étudiait : l’astronomie,
les mathématiques, l’architecture et les beaux-arts. Les
gens voyageaient d’un sanctuaire à l’autre,
échangeant la sagesse avec les sages, comme Abraham le fit en
Égypte. Étant donné que le jardin d’Éden
ou le motif de « l’âge d’or »,
était essentiel à ce paradis rituel, les terrains des
temples contenaient des arbres et des animaux, souvent amenés
de loin. L’élément central de l’école
du temple était la bibliothèque contenant des documents
sacrés, notamment les « Livres de Vie »,
les noms de tous les vivants et de tous les morts, aussi bien que les
ouvrages liturgiques et scientifiques.
Les rites du temple
reconnaissaient le règne de Dieu sur terre par son agent et
descendant, le roi, qui représentait à la fois le
premier homme et tous les hommes quand il siégeait en
jugement, faisant du temple le siège et la sanction finale de
la loi et du gouvernement. Le peuple se réunissait au lieu
saint pour faire les contrats et les alliances et pour régler
les conflits.
LE TEMPLE ET LA
CIVILISATION. Tout ceci indique que le temple est la source et pas un
dérivé du processus de civilisation. S’il n’y
a pas de temple, il n’y a pas de véritable Israël ;
et là où il n’y a pas de vrai temple, la
civilisation elle-même n’est qu’une coquille vide –
une structure matérielle de convenance et de tradition
uniquement, privée, à son centre, de l’organe
qui, par le passé, lui avait donné la vie et l’avait
fait s’épanouir.
Beaucoup d’institutions
profanes occupent aujourd’hui des édifices fidèlement
copiés des temples antiques. L’économie du temple
a été pervertie avec tout le reste : les fêtes
de la joie et de l’abondance sont devenues des orgies, les
rites sacrés du mariage ont été pervertis, les
maîtres de sagesse sont devenus hautains et pharisaïques,
démontrant que tout peut être corrompu en ce monde, et
comme le remarque Aristote, plus l’original est meilleur, plus
la version corrompue est plus méchante.
LE RÉTABLISSEMENT
ET LE TEMPLE. Les temples des saints des derniers jours incarnent
entièrement les fonctions et les significations non corrompues
du temple. Le prophète Joseph Smith a-t-il réinventé
tout ceci en rassemblant les fragments – juifs, orthodoxes,
maçonniques, gnostiques, hindous, égyptiens et ainsi de
suite ? En fait, peu de ces fragments étaient accessibles
de son temps et ces fragments pauvres ne s’assemblent pas
d’eux-mêmes pour faire un tout. Les saints des derniers
jours voient dans le caractère complet et la perfection des
enseignements de Joseph Smith concernant le temple une indication
sûre de révélation divine. Cela se voit aussi
dans la conception du temple de Salt Lake City. On peut noter ses
trois niveaux, son orientation à l’est, son emplacement
en Sion, la mer de bronze sur le dos de douze bœufs contenant
les eaux par lesquelles les morts, par procuration, passent à
la vie éternelle, les salles désignées pour des
cérémonies répétant la création du
monde et beaucoup d’autres éléments symboliques.
L’œuvre
proprement dite que l’on accomplit dans le temple, est un
exemple de l’idée de temple, avec des milliers d’hommes
et de femmes qui œuvrent sans arrière-pensée. Ici
le temps et l’espace se retrouvent, les barrières
disparaissent entre ce monde et l’autre, entre le passé,
le présent et le futur. Des prières solennelles sont
offertes au nom de Jésus-Christ au Tout-Puissant. Ce qui est
lié ici est lié là-bas, et ce n’est qu’ici
que l’on peut ouvrir les portes pour libérer les morts
qui attendent les ordonnances salvatrices. C’est ici que toute
la famille humaine se réunit pour une entreprise commune ;
les archives du genre humain sont assemblées aussi loin dans
le temps que les recherches peuvent les trouver, pour une œuvre
accomplie par la génération actuelle pour s’assurer
qu’elle et ses ancêtres décédés
passeront les éternités ensemble dans le futur. C’est
ici que, pour la première fois depuis bien des siècles,
on peut voir un temple véritable, fonctionnant comme temple
dans le sens le plus plein et le plus pur du mot.
Bibliographie
Nibley, Hugh W.
“Christian Envy of the Temple”. Dans CWHN 4:391-434.
Id. « What Is
a Temple ? » Dans CWHN 4:355-387.
Id. « The
Hierocentric State », Western Political Quarterly 4, juin
1951, p. 226-253.
Id. Message of the Joseph
Smith Papyri. Salt Lake City, 1975.
Packer, Boyd K. Le temple
sacré.
Talmage, James E. La
Maison du Seigneur.
On trouvera une longue
bibliographie sur les temples dans Donald W. Parry, Stephen D. Ricks
et John W. Welch, Temple Bibliography, Lewiston, N. Y., 1991.
HUGH W. NIBLEY
Temples :
Temples au cours des siècles
Auteur :
RICKS, STEPHEN D.
Le centre de la
communauté dans l’Israël antique et dans d’autres
parties du Proche-Orient antique était le temple, institution
de la plus haute antiquité. Sa construction représentait
régulièrement l’accomplissement suprême du
règne d’un roi. Ainsi, ce fut l’événement
central du règne du roi Salomon, éclipsant de loin
n’importe laquelle de ses autres réalisations (1 R.
6-8), et ce fut un événement crucial dans
l’établissement de la monarchie néphite (2 Né.
5:16-18). La présence du temple représentait la
stabilité et la cohésion dans la communauté, et
ses rites et cérémonies étaient considérés
comme essentiels au fonctionnement correct de la société.
Par contre, la destruction d’un temple et la cessation de ses
rites présageaient et symbolisaient la dissolution de sa
communauté et le retrait de la faveur de Dieu. La chute de
Jérusalem et de son temple (586 av. J.-C.), avec le pillage de
ses trésors sacrés, a symbolisé, comme aucun
autre événement, la catastrophe qui est arrivée
à Juda. Après le retour des juifs de l’exil à
Babylone (v. 500 av. J.-C.), les prophètes Aggée et
Zacharie rappelèrent constamment à leur peuple
qu’aucune autre réalisation ne compenserait sa
négligence à reconstruire un temple. Les temples
étaient si importants que, quand la distance ou d’autres
circonstances rendaient le culte au temple de Jérusalem
impraticable, on en construisait d’autres. Ainsi, des temples
israélites furent construits à Arad près de
Beer-Schéba, à Éléphantine et à
Léontopolis, en Égypte, et un temple néphite fut
érigé au pays de Néphi.
Plusieurs études
ont prouvé que certaines caractéristiques
réapparaissent régulièrement dans les temples du
Proche-Orient antique. Parmi les caractéristiques qui ont été
identifiées, qui distinguent le temple des bâtiments de
culte ordinaires comme la synagogue ou l’église, il y
a : (1) le’ fait que le temple est construit sur un espace
séparé, sacré et mis à part ; (2) le
temple et ses rituels sont enrobés de secret ; (3) le
temple est orienté vers les quatre régions du monde ou
points cardinaux ; (4) le temple exprime par son architecture
l’idée d’ascension vers le ciel ; (5) les
plans du temple sont révélés par Dieu à
un roi ou à un prophète ; et (6) le temple est un
lieu de sacrifice (Lundquist, p. 57-59).
Les saints des derniers
jours reconnaissent parmi ces caractéristiques plusieurs qui
sont celles des temples israélites antiques aussi bien que des
leurs. Par exemple, l’emplacement des temples israélites
antiques et des temples modernes des saints des derniers jours est
considéré comme saint, avec accès limité
à certaines personnes dont il est attendu qu’elles aient
« les mains innocentes et le cœur pur »
(Ps. 24:3-6 ; cf. Ps. 15 ; És. 33:14-16 ; voir
Recommandation à l’usage du temple). Comme le tabernacle
et le temple dans l’Israël antique, beaucoup de temples
des saints des derniers jours sont orientés de manière
à ce que l’entrée cérémonielle
principale (indiquée par l’inscription « HOLINESS
TO THE LORD » sur les temples modernes) soit face à
l’est. Les temples israélites antiques étaient
divisés en trois sections, chacune représentant une
étape progressivement plus élevée, allant du
monde d’en bas jusqu’au ciel ; on peut reconnaître
le même genre de symbolisme dans les temples de l’Église.
Les plans du temple de Salomon ont été révélés
au roi Salomon. De même, les plans de beaucoup de temples des
saints des derniers jours ont été reçus par
révélation.
Que se passait-il dans
les temples de l’Antiquité ? Le temple est un lieu
de sacrifice, une pratique qui est bien attestée dans l’Israël
antique. On ne trouve pas de sacrifices d’animaux dans les
temples des saints des derniers jours parce que les sacrifices
sanglants ont trouvé leur accomplissement dans la mort de
Jésus (3 Né. 9:19). Il n’empêche que
les saints des derniers jours apprennent dans leurs temples à
observer les principes éternels du sacrifice d’un cœur
brisé et d’un esprit contrit (3 Né. 12:19).
En outre, à l’intérieur des temples du
Proche-Orient antique, les rois, les prêtres du temple et les
fidèles recevaient des ablutions et l’onction et étaient
vêtus, couronnés et symboliquement initiés dans
la présence de la Divinité et donc dans la vie
éternelle. Dans l’Israël antique, comme ailleurs,
c’est dans la consécration du prêtre et le
couronnement du roi que l’on voit le mieux ces détails.
Les ordonnances du temple dans l’Église sont accomplies
dans un contexte chrétien de royauté masculine et
féminine et de prêtrise éternelles.
On retrouve aussi les
caractéristiques du culte du temple décrites ci-dessus
dans beaucoup d’autres cultures depuis les temps anciens
jusqu’aux temps modernes. Il y a plusieurs explications
possibles à cela. Selon le président Joseph F. Smith,
on comprend mieux certaines de ces ressemblances si on considère
qu’elles se sont répandues par diffusion à partir
d’une source antique commune :
« Il ne fait
pas de doute que la postérité d’Adam a emporté
la connaissance de cette loi [de sacrifice] et des autres rites et
cérémonies dans tous les pays et qu’elle l’a
conservée plus ou moins pure, jusqu’au déluge et,
par Noé, qui était un « prédicateur
de justice », l’a transmise à ceux qui lui
ont succédé, se répandant dans toutes les
nations et tous les pays… Si les païens ont des points de
doctrine et des cérémonies ressemblant… à
ceux… des Écritures, tout ce que cela prouve …
c’est que ce sont les traditions des pères transmises
par eux… et qu’elles resteront attachées aux
enfants jusqu’à la dernière génération,
bien qu’elles puissent s’égarer dans les ténèbres
et la perversion, jusqu’à ne plus avoir qu’une
légère ressemblance avec leur origine, qui était
divine » [JD 15:325-326].
Quand Jésus chassa
les changeurs du temple qu’il appelait « la maison
mon Père » (Jn. 2:16), ce fut la démonstration
de ce qu’il tenait à la sainteté des sanctuaires
de l’Israël antique. Les déclarations d’Étienne
et de Paul que « le Très-Haut n'habite pas dans ce
qui est fait de main d'homme » (Ac. 7:48 ; 17:24 ;
cf. És. 66:1-2) n’impliquent ni l’une ni l’autre
un rejet du temple, mais plutôt un argument contre l’idée
que Dieu puisse être confiné dans un bâtiment.
Lors de la dédicace du temple de Jérusalem, Salomon dit
de même : « Les cieux et les cieux des cieux ne
peuvent te contenir : combien moins cette maison que je t'ai
bâtie ! » (1 R. 8:27 ; 2 Ch. 6:18).
Jusqu’au quatrième siècle apr. J.-C., les
chrétiens pouvaient encore montrer l’endroit sur le mont
des Oliviers « où l’on dit que le sanctuaire
du Seigneur, c’est-à-dire le temple, doit être
construit et où il se tiendra pour toujours… quand,
comme on le dit, le Seigneur viendra avec la Jérusalem céleste
à la fin du monde » (Nibley, p. 393).
Bien que l’idée
du temple ait été quelque peu submergée par la
suite dans la conscience des juifs et des chrétiens, on ne l’a
jamais complètement oubliée. Comme Hugh Nibley le fait
remarquer, l’Église chrétienne sentait qu’elle
ne possédait rien qui pût remplacer adéquatement
le temple. Jérusalem est restée au centre des cartes
médiévales du monde et l’emplacement du temple
était parfois aussi indiqué sur ces cartes. Quand ils
libérèrent les lieux saints à Jérusalem,
les Croisés visitèrent l’emplacement du temple
juste après celui du saint Sépulcre, alors qu’il
n’y avait plus eu de temple là-bas pendant plus de mille
ans (Nibley, p. 392, 399-409).
Les juifs et les
chrétiens qui prennent au sérieux et littéralement
la vision de la reconstruction du temple dans Ézéchiel
s’attendent à ce que dans le plan de Dieu un futur
temple y soit reconstruit, comme ils espèrent la
reconstitution des tribus distinctes d’Israël (Ricks, p.
279-280). Après la destruction du temple par les Romains en 70
apr. J.-C., les juifs ont continué à vivre sans lui,
mais il a conservé un rôle important dans leur pensée
et leur étude. À notre époque, le temple reste
important pour certains juifs, qui continuent à étudier
leurs textes sacrés à son sujet.
Bibliographie
Lundquist, John M. « The
Common Temple Ideology in the Ancient Near East ». Dans
The Temple in Antiquity, dir. de publ. T. Madsen, p. 53-74. Provo,
Utah, 1984.
Nibley, Hugh W.
“Christian Envy of the Templer”. Dans CWHN 4:391-433.
Ricks, Stephen D. “The
Prophetic Literality of Tribal Reconstruction.” Dans Israel’s
Apostasy and Restoration : Essays in Honor of Roland K.
Harrison, dir. de publ. A. Gileadi, p. 273-281. Grand Rapids, Mich.,
1988.
STEPHEN D. RICKS
Terre
Auteur :
Petersen, Morris S.
Les
saints des derniers jours croient que Dieu a créé la
terre afin de fournir à ses enfants, le genre humain, la
possibilité de recevoir un corps physique et d’entendre
et accepter son Évangile afin de se préparer à
vivre un jour avec lui sur une terre célestialisée. Ils
croient également que cette terre deviendra finalement un
monde céleste glorifié. Jésus-Christ, sous la
direction de Dieu le Père, a été le Créateur
de la terre et de tout ce qui s’y trouve (Jean 1:1-3).La
Création a tout d'abord été une création
d’esprit suivie de la création physique de la planète
et de ce qui y vit. Un érudit, membre de l’Église,
a observé : « Les saints des derniers jours
sont le seul peuple de tradition biblique à avoir toujours
appris que des choses se sont produites longtemps, longtemps avant
qu’Adam ne fasse son apparition. » (Cwhn 1:49) Parce
que Dieu a créé la terre en vue de ces objectifs
éternels, les saints des derniers jours considèrent ses
ressources naturelles et ses formes de vie comme une intendance
sacrée qu’il faut utiliser de manière à
assurer leur disponibilité pour toutes les générations
futures. Les écritures modernes enseignent aussi la pluralité
des mondes. En soi, ce n'est pas un concept unique parmi les
religions du monde, mais la doctrine mormone est distinctive (Crowe,
p. 241-246).
L'âge de la terre. Les
Écritures ne disent pas quel âge
a la terre, et l'Église n'a pris aucune position officielle
sur cette question (Ancien Testament, p. 28-29). Elle ne considère
pas cela non plus comme quelque chose d’essentiel au salut.
Les avis sur l'âge de la terre
proposent différentes
interprétations du mot « jour » dans les
récits de la création. Très peu de saints des
derniers jours soutiennent la théorie selon laquelle les jours
de la création auraient été de vingt-quatre
heures. Certains ont tenté d'associer les théories
scientifiques aux récits bibliques de la création en
étendant la longueur des jours de la création à
mille ans chacun. Il y aurait un soutien potentiel pour ce point de
vue dans les Écritures là où elles disent que
« devant le Seigneur, un jour est comme mille ans »
(2 Pierre 3:8 ; cf. Abr 3:2-4 ; 5:13 ; Fac-similé
nº 2).
Mais comme même sept mille ans
n’ont aucun rapport avec
les milliards d'années avancées par les calculs
scientifiques contemporains, beaucoup de saints des derniers jours
ont soulevé la possibilité que les jours mentionnés
dans les récits de la création aient pu être des
périodes de temps bien plus vastes. Ils relèvent le
fait que « le mot hébreu traduit par jour…
peut également être utilisé dans le sens d'une
durée indéterminée » et le fait que
dans son récit de la création Abraham dit « que
les Dieux appelèrent jours les périodes de la
création » (Ancien Testament, p. 28-29 ; voir
Eyring ; Abr 4:5, 8).
Origine et destin de la terre.
Joseph Smith a écrit, « Nous
croyons... que la terre sera renouvelée et recevra sa gloire
paradisiaque » (10e A de F). La révélation
moderne déclare que la terre est destinée à
devenir un corps céleste, apte à être la demeure
des êtres les plus exaltés ou les plus célestes
(D&A 88:18 -20, 25-26). Ceci diffère totalement des
croyances chrétiennes traditionnelles que le paradis est le
lieu d'habitation pour tous les êtres sauvés et qu'après
l'accomplissement de son rôle utile la terre deviendra
inhabitée ou sera détruite. Doctrine et Alliances130:9
enseigne que la terre sera finalement sanctifiée et
immortalisée et rendue semblable à un cristal. La « mer
de verre » dont il est question dans Apocalypse 4:6 « est
la terre, dans son état sanctifié, immortel et
éternel » (D&A 77:1). James Talmage a écrit
à propos de cette régénération
terrestre : « Quant à la parole révélée
concernant la régénération de la terre et
l'acquisition d'une gloire céleste par notre planète,
la science n'a rien à offrir que ce soit à titre de
preuve ou de contradiction » (AF, p. 463).
Pour les saints des derniers
jours, l'histoire tout entière de
la terre est directement liée à son rôle dans le
Plan de salut de Dieu pour ses enfants, son œuvre et sa gloire,
« réaliser l'immortalité et la vie éternelle
de l'homme » (Moïse 1:39). La terre a été
créée comme un paradis. À cause de la chute
d'Adam et Ève, elle fut transformée en un astre
téleste, la terre mortelle telle qu’elle est maintenant.
Cet intervalle s'achèvera avec le retour du Sauveur, après
quoi la terre sera changée et recevra un état terrestre
et préparée pendant le Millénium pour sa
transformation finale en une sphère céleste après
le Millénium (D&A 88:18-19). Dans la notion ancienne des
Néphites, dérivée des enseignements du Christ,
il y a l'idée qu’avant le jugement final, la terre sera
« roulée comme un livre et… les éléments
embrasés se dissoudront » (Mormon 9:2) « et
les cieux et la terre [passeront] » (3 Néphi 26:3).
Ce récit historique est linéaire, marqué par des
événements uniques et importants qui relient l'histoire
théologique et physique de la terre, c'est-à-dire la
création, la chute, le renouvellement au second avènement
du Christ et la gloire finale.
Cette histoire progressive est
l’arrière-fond sur lequel
se détache la permanence des lois spirituelles et physiques
affectant de manière immanente des générations
d'enfants de Dieu sur la terre. Dans ce contexte, le président
John Taylor a dit : « Les changements se succèdent
dans les affaires des hommes, mais les lois de Dieu en tout sont
correctes et vraies ; dans chaque stade et phase de la nature,
tout sur la terre, dans les eaux et dans l'atmosphère est régi
par des lois immuables et éternelles"(Gospel Kingdom, p.
70, Salt Lake City, 1987 ; voir Loi).
Le grand déluge. L'Ancien
Testament rapporte une inondation
d’un peu plus de quinze coudées de profondeur (parfois
supposées être d’environ huit mètres), qui
recouvrit tout le paysage: « Et toutes les hautes
montagnes qui sont sous le ciel entier furent couvertes »
(Genèse 7:19). Scientifiquement ce récit laisse
beaucoup de questions sans réponse, notamment comment une
profondeur mesurable pourrait couvrir des montagnes. John A. Widtsoe,
écrivant en 1943, propose cette façon de voir les
choses : Le fait est que la nature exacte du déluge n'est
pas connue. Nous avançons des hypothèses, basées
sur notre connaissance, mais nous ne pouvons faire plus. Nous devons
nous rappeler que lorsqu’ils traitent d’incidents
historiques, les écrivains inspirés rapportent ce
qu'ils ont vu ou ce qui a pu leur avoir été dit, sauf
si le passé leur a été ouvert par la révélation.
Les détails de l'histoire du
déluge ont sans aucun
doute été tirés les expériences de
l'auteur. En cas de pluie diluvienne, quand on a l’impression
que le ciel s’ouvre, il peut facilement se former un torrent
destructeur de huit mètres ou plus de profondeur. L'auteur de
la Genèse rapporte fidèlement des faits connus de lui
concernant le déluge. Dans d'autres localités, la
profondeur de l'eau aurait pu être plus ou moins grande. En
fait, les détails du déluge nous sont inconnus
[Widtsoe, p. 127].
Considérations particulières
pour les saints des
derniers jours. Le président Brigham Young a enseigné :
« Le but tout entier de la création de ce monde est
d'exalter les intelligences qui y sont placées, afin qu’elles
vivent, durent et progressent pour toujours et à jamais. Nous
ne sommes pas ici pour nous quereller et nous disputer pour les
choses de ce monde, nous sommes ici pour le soumettre et
l’embellir"(JD 7:290). Se considérant comme des
locataires sur la terre, les saints des derniers jours considèrent
ses ressources comme un dépôt sacré confié
par Dieu pour l'usage de tous pendant qu’ils sont sur la
terre : « Moi, le Seigneur, je [rends] chaque homme
responsable comme intendant de bénédictions terrestres
que j’ai faites et préparées pour ceux que j’ai
créés » (D&A 104:13). La terre a été
créée par le Christ à des fins spécifiques :
« Nous prendrons de ces matériaux, et nous ferons
une terre sur laquelle ceux-là pourront habiter ; nous
les mettrons ainsi à l’épreuve, pour voir s’ils
feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera »
(Abr 3:24-25). Le président Brigham Young a enseigné
que la domination que Dieu donne aux êtres humains est conçue
pour les tester, ce qui leur permet de se montrer à eux-mêmes,
à leurs semblables et à Dieu comment ils agiraient si
on leur confiait la puissance de Dieu (Nibley, 1978, p. 90 ;
voir But de la vie terrestre : Perspective mormone). Brigham
Young a supervisé la délocalisation de l'Église
dans l'Ouest américain, qui, à la fin des années
1840, était peu habité. Son engagement énergique
vis-à-vis de la préservation de l'environnement et de
l'utilisation rationnelle de toutes les ressources naturelles a
influencé les efforts des premiers colons de l’Église.
Ce genre de prudence et de sagesse dans l'utilisation des terres, de
l’eau, de l’air et des êtres vivants est toujours
encouragé dans toute l'Église. À notre époque
actuelle de préoccupation généralisée
pour la préservation des relations fragiles entre la terre et
sa biosphère, la recommandation de Brigham Young garde toute
sa force : il y a un grand travail à faire pour les
saints. Progresser, améliorer et embellir tout ce qui est
autour de nous. Cultiver la terre et nous cultiver l’esprit.
Construire des villes, décorer notre habitat, faire des
jardins, des vergers et des vignobles et rendre la terre agréable
au point d’avoir du plaisir à contempler ce que nous
avons accompli et que les anges soient ravis de venir visiter nos
beaux endroits [JD 8:83].
Bibliographie
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Earth?" IE 67, oct.
1964, p. 827-830, 852.
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Widtsoe, John A. Evidences and
Reconciliations. Salt
Lake City, 1987.
MORRIS S. PETERSEN
Théâtre
Auteur :
Metten, Charles
Tout
au long de leur histoire, les saints ont apporté leur soutien
et leur participation aux activités théâtrales.
Des membres de l'Église créèrent, dans les
années 1840, l'un des premiers théâtres
municipaux des États-Unis à Nauvoo (Illinois). Joseph
Smith, le prophète, ordonna la création d’une
troupe théâtrale locale. Il enseigna aux saints qu’ils
devaient rechercher tout ce qui était « vertueux,
aimable, tout ce qui mérite l’approbation »
(13e A de F). Cela comprenait le théâtre et ce qui y
avait trait : la musique, la danse, la peinture, le chant, la
comédie et l'écriture. Il y eut du théâtre
à Nauvoo jusqu'en 1846, quand la ville fut assiégée
et les saints chassés.
Peu après leur arrivée dans la
vallée du lac
Salé en 1847, les saints des derniers jours érigèrent
ce qu'ils appelaient une tonnelle (un abri temporaire fait de
branches d'arbre posées sur une charpente) dans le coin
sud-est de ce qui allait devenir le Temple Square. Trois tonnelles de
plus en plus grandes remplacèrent la première. Il y eut
là des concerts, des pièces de théâtre et
des danses. Brigham Young a fait cette réflexion : « Si
on me mettait sur une île de cannibales et si on me confiait la
tâche d’en civiliser les habitants, je construirais
aussitôt un théâtre » (Skidmore, p.
47).
Le Social Hall à Salt Lake
City fut officiellement consacré
en 1853, à peine plus de cinq ans après l'arrivée
des pionniers mormons dans la vallée. Dans Utah and the
Mormons, Benjamin G. Ferris décrit les représentations
qui y eurent lieu : « Pendant l'hiver, ils continuent
à donner des représentations au Social Hall et elles
sont généralement mieux soutenues dans toutes leurs
parties que dans les théâtres des villes atlantiques »
(cité dans Maughan, p. 5).
Le Salt Lake Theater, l’un des
plus beaux théâtres
de son temps, fut consacré en 1862. Brigham Young croyait
qu'il avait été créé dans un but
ennoblissant. Pendant le service de dédicace, il dit :
« Sur la scène d'un théâtre on peut
représenter le mal et ses conséquences, le bien et ses
résultats heureux et ses récompenses, les faiblesses et
les sottises de l'homme et la magnanimité de la vie
vertueuse » (cité dans Maughan, p. 84).
La tradition du théâtre se
poursuit aujourd'hui dans
l'Église. Des saints des derniers jours écrivent et
produisent des pièces de théâtre, des comédies
musicales et des roadshows. Un roadshow est une mini-comédie
musicale originale, créée et produite localement sous
l'égide des comités d'activités de paroisse et
de pieu. L'Église parraine également des
reconstitutions historiques religieuses, notamment celles présentées
annuellement à Palmyra-Manchester (New York), Nauvoo
(Illinois), Independence (Missouri), Temple View (Nouvelle-Zélande),
Calgary (Canada), Oakland (Californie), Mesa (Arizona) et Manti et
Clarkston (Utah) (voir « Reconstitutions historiques »).
L’université Brigham Young en
Utah et le Ricks College
en Idaho ont des départements de théâtre qui
forment des dramaturges, des acteurs, des réalisateurs et des
concepteurs. Le Promised Valley Playhouse à Salt Lake City
appartient à l'Église et est géré par
elle. Il met en scène ses propres productions, et ses locaux
sont également disponibles pour les représentations de
pieu et de paroisse.
Bibliographie
Clinger, Morris M. « A
History of Theatre at Mormon Colleges and Universities ».
Thèse de doctorat, université du Minnesota,
1963.
Gledhill, Preston R. “Mormon
Dramatic Activities”.
Thèse de doctorat, université du Wisconsin,
1950.
Maughan, Ila Fisher, Pioneer
Theatre in the Desert, Salt
Lake City, 1961.
Skidmore, Rex A. “Mormon
Recreation in
Theory and Practice: A Study of Social Change”, thèse de
doctorat, université de Pennsylvanie, 1941.
CHARLES L.
METTEN
Traduction
de la Bible par Joseph Smith (TJS)
Auteur :
MATTHEWS, ROBERT J.
Joseph Smith, le premier
prophète de l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours, a fait une « nouvelle
traduction » de la Bible, utilisant le texte de la King
James Version (KJV). Ce travail diffère de la KJV dans au
moins 3.410 versets et se compose d’additions, de suppressions,
de réarrangements et d’autres modifications qui font
qu’elle diffère non seulement de la KJV mais aussi
d’autres textes bibliques. Les changements vont de détails
mineurs à des chapitres entièrement reconstitués.
Cet article présente les déclarations de Joseph Smith
disant pourquoi il a fait une traduction de la Bible, fournit des
renseignements concernant l’évolution et la production
du travail, examine un certain nombre de variantes importantes et
considère quelques résultats doctrinaux et implications
historiques.
VISION DE LA BIBLE. La
position officielle de l’Église est énoncée
dans son huitième article de foi : « Nous
croyons que la Bible est la parole de Dieu dans la mesure où
elle est traduite correctement. » Le message de la Bible
est tenu pour vrai, alors que le caractère exact et complet
des détails est accepté dans certaines limites. Le
prophète Joseph Smith a expliqué : « Je
crois la Bible telle qu’elle devrait être, telle qu’elle
est sortie de la plume des auteurs originels. Des traducteurs
ignorants, des copistes négligents ou des prêtres
conspirateurs et corrompus ont commis beaucoup d’erreurs »
(EPJS, p. 327). En outre : « D’après
diverses révélations qui avaient été
reçues, il était clair que beaucoup de points
importants concernant le salut des hommes avaient été
enlevés de la Bible ou perdus avant qu’elle ne fût
compilée » (EPJS, p. 6).
Joseph Smith employait
souvent les mots « traduit » et « traduction »,
non dans le sens restreint de rendre un texte d’une langue dans
une autre, mais dans le sens plus général de
« transmission », c’est-à-dire de
copie, d’édition, d’ajout, de suppression, de
reformulation et d’interprétation. On est ici
sensiblement au-delà de la signification habituelle de la
« traduction ». Quand il dit que la Bible n’a
pas été traduite correctement, il ne fait pas seulement
allusion à la difficulté de rendre la Bible dans une
autre langue, mais il fait aussi remarquer que les manuscrits
contenant le texte de la Bible ont souffert, au cours de siècles
de transmission, de la part des rédacteurs, des copistes et
des révisionnistes. Ainsi, les textes existants de la Bible ne
sont ni aussi complets ni aussi précis que lors de leur
rédaction originelle.
Le Livre de Mormon
présente le récit d’une vision dans laquelle un
ange, regardant dans l’avenir, décrit la Bible comme les
« annales des Juifs » contenant les écritures
des « prophètes » et des « douze
apôtres de l’Agneau ». La vision affirme (1)
que les auteurs antiques écrivaient sous l’inspiration
du Saint-Esprit, (2) qu’à l’origine leurs paroles
contenaient la plénitude de l’Évangile et étaient
claires et faciles à comprendre, mais (3) que beaucoup de
choses qui étaient claires et précieuses, et beaucoup
d’alliances seraient « ôtées »
des manuscrits originaux ; en conséquence, par après
(4) beaucoup de personnes, même avec une Bible, ne
comprendraient pas la plénitude de l’Évangile,
mais (5) les textes perdus seraient rétablis par « d’autres
annales » que le Seigneur ferait paraître (1 Né.
13:21-41). Une déclaration à peu près parallèle
fut faite en juin 1830 à Joseph Smith tandis qu’il
rétablissait une révélation reçue par
Moïse, déclarant que beaucoup de choses seraient ôtées
« du livre » que Moïse écrirait,
mais que l’information manquante serait rétablie par un
autre prophète et serait ainsi de nouveau parmi ceux qui
croient (Moï. 1:41). Les saints des derniers jours croient que
les « autres annales » visées
comprennent le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances, la Perle
de grand prix, la TJS, et d’autres annales qui doivent encore
paraître et que le prophète divinement suscité
pour commencer à rétablir les textes perdus est Joseph
Smith (voir Écritures : Écritures à venir).
À la lumière de ce qui vient d’être dit, il
vaut la peine d’observer que la difficulté principale
dans la Bible, ce sont apparemment les omissions. Le reste du texte
est sans doute généralement correct en soi, mais
beaucoup de points doctrinaux importants (résultant de la
perte d’un simple mot, d’un verset, d’un passage
plus long ou même de livres entiers dans certains cas) manquent
maintenant.
AUTORITÉ DE
TRADUIRE. Le prophète Joseph Smith affirme avoir reçu
de Dieu la mission de faire un rendu inspiré ou, comme il
appelle cela, une « nouvelle traduction » de la
Bible. Cette mission peut être illustrée par des
extraits de ses écrits. Après avoir travaillé
par intermittence pendant dix mois sur les premiers chapitres de la
Genèse, Joseph Smith reçut, le 7 mars 1831, une
révélation du Seigneur lui commandant de commencer à
travailler au Nouveau Testament : « Il ne vous sera
pas donné d'en savoir plus sur ce chapitre jusqu'à ce
que le Nouveau Testament soit traduit, et toutes ces choses y seront
révélées. C'est pourquoi, je vous donne
maintenant de le traduire » (D&A 45:60-61). Le
manuscrit de la TJS montre que Joseph Smith commença la
traduction de Matthieu le jour suivant. Le 1er décembre 1831,
le prophète note ce qui suit dans son journal intime :
« J’ai repris la traduction des Écritures et
j’ai continué à travailler dans cette branche de
mon appel avec Sidney Rigdon comme secrétaire » (HC
1:238-239). Le 16 février 1832, il note une révélation
au sujet de la résurrection des morts qui contient la mention
suivante concernant sa mission divine de traduire : « Tandis
que nous [Joseph Smith et Sidney Rigdon] faisions le travail de
traduction que le Seigneur nous avait confié, nous arrivâmes
au vingt-neuvième verset du cinquième chapitre de
Jean » (D&A 76:15). Le 8 mars 1833, il rapporte comme
suit la parole que le Seigneur lui a adressée : « Et
quand tu auras terminé la traduction des prophètes [de
l’Ancien Testament], tu présideras, à partir de
ce moment-là, les affaires de l'Église »
(D&A 90:13). Le 6 mai 1833, c’est la révélation
suivante qu’il note : « Ma volonté est
que vous vous hâtiez de traduire mes Écritures »
(D&A 93:53). Bien que ce ne soit pas une liste complète,
ce qui précède illustre les prétentions de
Joseph Smith à une mission divine de traduire l’Ancien
et le Nouveau Testament.
FAÇON DE PROCÉDER
ET DURÉE. Quand il commença son travail en 1830, Joseph
Smith ne connaissait pas les langues bibliques. Sa traduction ne se
fit pas comme le font habituellement les savants, mais ce fut une
expérience révélatoire qui n’utilisait que
le texte anglais. Il n’a pas laissé de description du
processus de traduction, mais il apparaît qu’il lisait
dans la KJV et dictait des révisions à un secrétaire.
Il se fit aider par de
divers secrétaires. Le manuscrit montre qu’Oliver
Cowdery fut le premier et travailla entre juin et octobre 1830 ;
il enregistra une révélation d’introduction (Moï.
1) et la traduction de Genèse 1:1 à Genèse 4:18
de la KJV. Vint ensuite John Whitmer, à partir d’octobre
jusqu’en décembre 1830, qui enregistra la traduction de
Genèse 4:19 jusque vers Genèse 5:20 de la KJV. Sidney
Rigdon fut le suivant, qui devint le secrétaire principal du
début décembre 1830 jusqu’à la fin de la
traduction, le 2 juillet 1833. Il écrivit la majeure partie de
la traduction de Genèse 5:21 de la KJV jusqu’à la
fin de la Bible avec, toutefois, l’intervention de quelques
autres pour de petites parties.
Ils se servirent d’une
édition grand format de la KJV (22,5 sur 27,5 sur 5 cm),
imprimée en 1828 par H. et E. Phinney Company de Cooperstown,
New York, qui contenait les Apocryphes de l’Ancien Testament.
(Une note sur la page de garde, dans ce qui semble être
l’écriture de Joseph Smith, déclare qu’elle
avait été achetée le 8 octobre 1829 à la
librairie d’Egbert B. Grandin à Palmyra pour $3.75).
Dans cet exemplaire de la Bible de Phinney, il y a les centaines de
notes au crayon et à l’encre consistant principalement
en coches ou en croix marquant les passages à réviser.
De même, un certain nombre de mots imprimés en italique
dans le texte de la KJV, qui représentent habituellement des
mots implicitement compris dans le grec ou l’hébreu,
sont rayés. Les mots de la révision n’étaient
pas écrits sur les pages de la Bible elle-même, mais
notés sur des feuilles de papier et identifiés par la
citation ad hoc. Le manuscrit est écrit intégralement
de Genèse 1:1 à Genèse 24 inclus et de Matthieu
1:1 à Jean 5, dont des chapitres entiers dans lesquels il n’y
a aucune correction. Un système plus rapide et plus efficace
fut utilisé par la suite qui consistait à n’écrire
que les révisions proprement dites. Celles-ci se composaient
parfois d’un ou deux mots seulement. Les marques dans la Bible
qui indiquent les versets à traduire n’apparaissent que
dans les parties où la méthode plus courte a été
utilisée. Les feuilles de manuscrit, 42,5 sur 35 cm. pliées
pour donner des surfaces de 20 sur 35 cm, furent autrefois cousues
entre elles au pli dans des épaisseurs commodes. Le manuscrit
entier se compose de 477 pages.
La date exacte à
laquelle la traduction a été commencée n’est
pas connue, mais elle est étroitement associée à
la révélation de juin 1830 qui contient le récit
de visions données à Moïse avant qu’il ne
compose le livre de la Genèse (voir Moï. 1). Le travail
avança à partir de juin 1830 jusqu’au 2 juillet
1833. Genèse 1-17 fut traduit d’abord, entre juin 1830
et le 7 mars 1831. À cette dernière date Joseph Smith
reçut la révélation lui commandant de
« traduire » le Nouveau Testament (D&A
45:60-62), ce qu’il commença à Matthieu 1:1. Il
semble que pendant quelques jours la traduction ait continué à
la fois dans la Genèse et dans Matthieu, mais l’Ancien
Testament fut ensuite mis de côté, probablement à
la fin de Genèse 24, en faveur du travail sur le Nouveau
Testament. Le travail se poursuivit ensuite de manière suivie
dans le Nouveau Testament tout entier jusqu’au 2 février
1833. Le reste de l’Ancien Testament (Genèse 25 à
Malachie) fut alors traduit et terminé cinq mois plus tard. En
réponse à une prière pour savoir s’il
devait traduire les Apocryphes, Joseph Smith rapporte une révélation
datée du 9 mars 1833, disant qu’il ne devait pas s’en
occuper : « Ils sont en majeure partie traduits
correctement », mais il s’y trouve des erreurs et
« des interpolations de la main des hommes »
(D&A 91:1-2).
Quand on compare les
dates sur les manuscrits de la TJS avec celles des révélations
portant sur le sujet dans les Doctrine et Alliances et avec les dates
et les événements notés dans le journal
personnel de Joseph Smith, on voit qu’il y a des allées
et venues entre l’Ancien et le Nouveau Testament, comme
expliqué ci-dessus, plutôt qu’une progression
linéaire de la Genèse à l’Apocalypse. De
même, les différents styles d’écriture
manuscrite correspondent aux allées et venues connues de ceux
qui faisaient fonction de secrétaires. Bien que la majeure
partie de la traduction fût faite dès le 2 juillet 1833,
ce travail représentait un avant-projet. Par la suite, le
manuscrit fut revu et préparé en vue de la publication,
et d’autres révisions, améliorations et
modifications furent apportées.
Après la mort de
Joseph Smith en juin 1844, la Bible marquée de Phinney et le
manuscrit de 477 pages furent conservés par sa veuve, Emma
Smith. Elle permit au Dr. John M. Bernhisel d’examiner les
documents au printemps de 1845 à Nauvoo. Bernhisel déclara
plus tard qu’il avait fait une copie complète des
marquages dans la Bible et une copie considérable mais
inachevée des notes du manuscrit (Matthews, 1975, p. 118). Le
manuscrit de Bernhisel est à la Bibliothèque de
l’Historien de l’Église à Salt Lake City,
mais on ne sait pas où se trouve la Bible marquée par
Bernhisel. Emma Smith donna, en 1866, la Bible de Phinney et le
manuscrit original à un comité de publication
représentant l’Église réorganisée
de Jésus-Christ des saints des derniers jours (aujourd’hui
Communauté du Christ). Ceux-ci sont maintenant sous la garde
de la Communauté du Christ à Independenc (Missouri).
PUBLICATION. Des extraits
de la TJS furent publiés dans les journaux de l’Église
et sous forme de brochure du vivant de Joseph Smith, mais l’ouvrage
complet ne fut pas publié de son temps, malgré le fait
qu’il eût eu l’intention de le faire et eût
fait des efforts considérables pour l’accomplir. Les
perturbations causées par les persécutions, les
exigences des affaires de l’Église et le manque de
moyens financiers l’empêchèrent de terminer et
d’autoriser la mise sous presse du manuscrit (Matthews, p.
57-63).
En 1867, après des
efforts et des dépenses considérables, l’Église
Réorganisée publia une édition sous copyright de
la Bible, sous le titre Holy Scriptures, qui intégrait la
traduction du prophète au format d’un texte de la King
James. Elle fut suivie de nombreuses réimpressions, provenant
toutes des clichés. En 1936, la même Église
publia une édition pour enseignants contenant des aides à
l’étude. À cette occasion on ajouta un
sous-titre : « Inspired Version », bien
que le texte fût resté le même que l’édition
de 1867. En 1944, l’Église réorganisée
publia une « nouvelle édition corrigée »
dans laquelle au moins 352 versets avaient été modifiés
pour corriger des erreurs typographiques et de jugement dans
l’édition de 1867. Ces corrections étaient des
points de détail, mais dans quelques cas elles affectaient de
manière significative le sens des passages et rapprochèrent
le texte imprimé du manuscrit. En 1970, une édition à
parallèles comprenant l’Inspired Version et la King
James Version fut publiée par la maison d’édition
de l’Église réorganisée.
L’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours n’a jamais
publié la traduction entière de la Bible par Joseph
Smith. Des parties de la Genèse et de Matthieu, réparties
sur la période de Joseph Smith à Kirtland et à
Nauvoo, sont incluses dans la Perle de grand prix sous le titre livre
de Moïse (TJS Ge. 1-8:18) et Joseph Smith–Matthieu (TJS
Mt. 24). De longues parties de TJS Genèse 1-5 et un extrait
unique de Romains et d’Hébreux sont utilisés dans
les Lectures on Faith et y sont toujours publiées. En 1979,
l’Église a publié une édition de la King
James Version avec des centaines de notes de bas de page de la TJS et
une annexe de dix-sept pages contenant des extraits de la TJS (voir
Bible : Édition mormone de la Bible).
AMPLEUR DES CHANGEMENTS.
Joseph Smith a apporté de nombreuses corrections et additions
aux livres de la Genèse, de l’Exode, des Psaumes,
d’Ésaïe, de Matthieu, de Luc, des Romains, de 1
Corinthiens 1, de Galates, d’Hébreux, de Jacques, de 2
Pierre et de l’Apocalypse. Il également apporté
beaucoup de changements aux écrits des prophètes de
l’Ancien Testament ainsi que dans Marc, Jean, les Actes et
plusieurs des épîtres. Il n’a rien changé
dans Ruth, Esdras, Esther, Ecclésiaste, Lamentations, Abdias,
Michée, Habacuc, Sophonie, Aggée, Malachie, Philémon,
2 Jean, et 3 Jean. Il a fait quelques corrections dans tous les
autres livres de la Bible et a rejeté le Cantique des
Cantiques comme n’étant pas une Écriture
inspirée.
TITRE. Le travail de
Joseph Smith sur la Bible a porté divers titres. Les
révélations des Doctrine et Alliances l’appellent
« traduction » (D&A 37:1 ; 90:13).
Joseph Smith l’appelle la « nouvelle traduction »
et c’est sous ce titre qu’on la connaît dans les
premiers documents de l’Église. Il a été
publié par l’Église réorganisée
sous le titre « Holy Scriptures » avec, plus
tard, le sous-titre : « Inspired Version ».
Beaucoup l’appellent « révision inspirée ».
En 1978, l’Église lui a officiellement donné le
nom de « Traduction de Joseph Smith », TJS en
abrégé.
APPORTS DE LA TJS. Pour
évaluer les apports de la TJS, il faut faire la différence
entre le procédé et le produit. Le procédé
de traduction était révélatoire et éducatif,
et était le moyen d’augmenter la connaissance et la
prise de conscience doctrinale de Joseph Smith, le prophète
(cf. D&A 45:60-61). Les apports vont donc au-delà du texte
biblique qui a pu avoir lancé le processus. Parmi les points
de doctrine de l’Église qui se sont dégagés
du processus de traduction de la TJS, il y a l’édification
de Sion, modelée sur la ville de Hénoc, l’âge
de responsabilité des enfants avec le baptême à
huit ans, la longue révélation sur les degrés de
gloire et le mariage plural (dont le mariage céleste et
éternel) et divers points d’organisation et de
responsabilité de la prêtrise. Ces points de doctrine et
d’autres étaient souvent introduits pendant le processus
de traduction et développés plus tard par des
révélations ultérieures maintenant contenues
dans les Doctrine et Alliances. Les révélations des
Doctrine et Alliances reçues pendant le processus de
traduction sont les sections 76, 77, 86 et 91 et des parties de 107
et de 132. De cette façon, la TJS a affecté la vie
spirituelle de chaque membre de l’Église, même si
la plupart des membres ne connaissaient pas l’existence de la
TJS.
Le produit tangible –
la TJS imprimée – consiste en une Bible portant des
milliers de corrections, d’additions et d’interprétations.
Bien que beaucoup de saints des derniers jours considèrent
ceci comme la version la plus correcte de la Bible à l’heure
actuelle et l’utilisent donc comme source précieuse pour
la compréhension de la Bible, l’apport le plus important
a probablement été l’effet d’illumination
que le processus a eu sur Joseph Smith et les révélations
suivantes données par son intermédiaire qui ont façonné
la doctrine et la pratique de l’Église. La plupart des
révélations doctrinales et organisationnelles qui ont
régi l’Église et qui sont maintenant éditées
dans les Doctrine et Alliances ont été données à
Joseph Smith pendant la période où il traduisait la
Bible (1830-1833).
Beaucoup de points dans
les Doctrine et Alliances sont en relation directe avec le processus
de la TJS. Ils ont dirigé le prophète dans les
questions relatives à la traduction, le choix des secrétaires,
quand poursuivre la traduction, quelles parties de la Bible faire
ensuite, quand mettre le travail de côté pour d’autres
choses et d’autres informations de ce genre, mais ne
contiennent pas les textes de la TJS. On voit ce type d’information
dans les chapeaux éditoriaux des sections 35, 71, 76, 77, 86
et 91 ; et dans le texte de D&A 9:2 ; 35:20 ;
37:1 ; 41:7 ; 42:56-58 ; 45:60-62 ; 73:3 ;
76:15-18 ; 77:1-15 ; 86:1-11 ; 93:53 ; 94:10 ;
104:58 et 124:89. La Perle de grand prix présente une partie
du résultat et contient deux extraits du texte de la TJS, du
livre de Moïse et Joseph Smith–Matthieu.
PRINCIPAUX THÈMES
DOCTRINAUX. La plupart des passages révisés ou ajoutés
par Joseph Smith sont d’importance doctrinale. Les sujets sont
nombreux, mais les thèmes principaux sont (1) l’accent
dans l’Ancien et le Nouveau Testament sur la mission et la
divinité de Jésus-Christ, (2) la nature de Dieu, (3)
l’innocence des enfants, (4) le plan du salut, (5) la vie
prémortelle, (6) la sainte prêtrise et les
qualifications des patriarches, (7) les ministères de Hénoc
et de Melchisédek et (8) la clarification de passages ambigus,
l’élimination de certaines contradictions entre les
textes bibliques et des explications de termes et d’expressions.
Des passages
représentatifs des types d’information que l’on ne
trouve que dans la Traduction de la Bible faite par Joseph Smith
constituent le reste de cet article.
Le but de la TJS est
d’apporter une connaissance que l’on ne trouve pas dans
d’autres Bibles. Elle est donc déclarative et
informative de par sa nature.
1. Accent sur
Jésus-Christ. La TJS souligne que l’Évangile de
Jésus-Christ a été enseigné dans les tout
premiers temps de l’humanité. Selon TJS Genèse
1-8 (Moïse 1-8 dans la Perle de grand prix), Adam, Hénoc,
Noé et les autres patriarches étaient des prédicateurs
de justice et ont enseigné l’Évangile de
Jésus-Christ, et notamment la foi, le repentir, le baptême
et la réception du Saint-Esprit.
La
TJS dit qu’un
ange céleste commanda à Adam d’offrir des
sacrifices d’animaux comme type et symbole du sacrifice
expiatoire que le Fils de Dieu allait accomplir. Il lui fut commandé
de tout faire au nom du Fils. L’Évangile lui fut
enseigné, il fut baptisé par immersion, reçut le
Saint-Esprit et naquit de l’Esprit (Moïse 5, 6).
Hénoc connut, lui
aussi, l’Évangile de Jésus-Christ, fut ordonné
à la même prêtrise qu’Adam et enseigna ces
principes à d’autres. Il eut droit à une vision
où il était question du monde d’esprit et des
événements futurs sur terre à partir de son
temps jusqu’à la seconde venue de Jésus-Christ.
Il présida dans une ville de justes appelée Sion, qui
fut enlevée au ciel (Moïse 6-7 ; voir Êtres
enlevés).
Noé était,
lui aussi, un prédicateur de justice, ordonné à
la même prêtrise que celle détenue par Adam et
Hénoc et il enseigna l’Évangile de Jésus-Christ
à ses contemporains, notamment la foi en Jésus-Christ,
le baptême et la réception du Saint-Esprit (Moï.
8:12-25).
La TJS du Nouveau
Testament donne une image légèrement plus forte de
Jésus que la KJV. Exemples : Dans la KJV les mages
interrogent Hérode sur la naissance du « roi des
Juifs » (Mt. 2:2) ; dans la TJS ils posent une
question plus pointue : « Où est l’enfant
qui est né, le Messie des Juifs ? » (TJS Mt.
3:2). Quand Hérode interroge les scribes, on lui dit que le
Christ devait naître à Bethlehem : « Car
de toi sortira un chef qui paîtra Israël, mon peuple »
(Mt. 2:6) ; la TJS dit : « Car de toi sortira le
Messie, qui sauvera mon peuple Israël » (TJS Mt.
3:6).
Dans la TJS un passage de
transition sans équivalent dans la KJV est inséré
entre la fin du chapitre 2 de KJV Matthieu et le commencement du
chapitre 3 de Matthieu :
« Et il arriva
que Jésus grandit avec ses frères, et devint fort, et
fut dans l’attente du Seigneur et du moment de son ministère.
Et il travailla sous son père, et il
ne parlait pas comme les autres hommes, et on ne pouvait pas non plus
l’instruire, car il n’avait pas besoin que quiconque
l’instruisît. Et après de nombreuses années,
l’heure de son ministère approcha » [TJS Mt.
3:24-26].
À l’âge
de douze ans, quand Jésus enseignait dans le temple, la KJV
dit (Lu. 2:46) qu’il était « assis au milieu
des docteurs, les écoutant et les interrogeant ».
La TJS dit : « ils l’écoutaient et
l’interrogeaient » (TJS Lu. 2:46).
Le récit des
quarante jours de Jésus dans le désert dans la KJV dit
que Jésus s’y rendit « pour être tenté
par le diable. Après avoir jeûné quarante jours
et quarante nuits, il eut faim » (Mt. 4:1-2). La TJS dit :
« Jésus fut emmené par l’Esprit dans
le désert, pour être avec Dieu. Et quand il eut jeûné
quarante jours et quarante nuits, et eut communié avec Dieu,
il eut faim et fut livré aux tentations du diable »
(TJS Mt. 4:1-2). Selon Luc (KJV), Jésus fut « fut
tenté par le diable pendant quarante jours » (Lu.
4:2). La TJS dit : « et après quarante jours,
le diable se présenta à lui pour le tenter »
(TJS Lu. 4:2).
La KJV dit que « Le
diable le transporta dans la ville sainte, le plaça sur le
haut du temple » et également sur une « montagne
très élevée » (Mt. 4:5-8 ; Luc
4:5-9). La TJS dit que ce fut « l’Esprit »
qui le transporta à ces endroits (TJS Mt. 4:5-8 ; Lu.
4:5-9).
Dans KJV Jean 3:23 il est
dit que Jésus accomplit des baptêmes, mais Jean 4:2
conteste en grande partie l’activité de Jésus
comme baptiseur en disant : « Toutefois Jésus
ne baptisait pas lui-même, mais c'étaient ses
disciples ». La TJS dit : « Quoiqu’il
n’en baptisât pas autant que ses disciples ; mais il
les laissait faire pour qu’ils fussent des exemples, usant de
prévenances réciproques » (TJS Jn. 4:3-4).
Les paraboles de Jésus
sont évoquées dans beaucoup de passages de la TJS. Une
des plus importantes est une déclaration, présentée
comme étant les paroles de Jésus lui-même,
expliquant pourquoi il utilisait des paraboles pour voiler le message
spirituel en parlant à certaines personnes : « Écoutez
une autre parabole ; car à vous qui ne croyez pas, je
parle en paraboles afin que vous soyez récompensés de
votre injustice » (TJS Mt. 21:34).
Dans Marc 7:22-24 (KJV)
Jésus entre dans une maison « désirant que
personne ne le sût ; mais il ne put rester caché ».
TJS Marc 7:22-23 dit : « et aurait voulu que personne
n’aille à lui. Mais il ne pouvait pas le leur refuser,
car il avait compassion de tous les hommes ».
Luc dit que tandis que
Jésus était sur la croix, il s’écria :
« Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils
font » (KJV Lu. 23:34). La TJS ajoute un éclaircissement
entre parenthèses : « (entendant par là
les soldats qui l’avaient crucifié) » (TJS
Lu. 23:35).
2. Les relations de Dieu
avec l’humanité. Les passages de la TJS portant sur les
relations de Dieu avec l’humanité contiennent ce qui
suit : Genèse 6:6 (KJV) dit que « L’Éternel
se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il fut
affligé en son cœur ». TJS Genèse 8:13
(Moï. 8:25) rend ainsi ce passage : « Et Noé
regretta, et il fut affligé en son cœur de ce que le
Seigneur avait fait l’homme sur la terre ». Exode
7:3, 13 ; 9:12 ; 10:1, 20 (KJV) disent tous que Dieu
endurcira le cœur du pharaon. Dans chacun de ces passages la
TJS dit que c’est le pharaon qui s’endurcira le cœur :
Esaïe 63:17 (KJV)
dit : « Pourquoi, ô Éternel, nous
fais–tu errer loin de tes voies, et endurcis–tu notre
cœur ? » La TJS dit : « Pourquoi,
ô Seigneur, pourquoi as-tu souffert que nous errions… et
que nous nous endurcissions le cœur ? »
Matthieu 6:13 (KJV) dit :
« Ne nous induis pas en tentation », tandis que
la TJS dit : « Ne nous laisse pas induire en
tentation » (TJS Mt. 6:14).
3. Innocence des enfants.
Beaucoup de passages concernent la nature de l’homme par
rapport à la chute d’Adam, son libre arbitre et sa
responsabilité vis-à-vis de Dieu. Par exemple, au sujet
de l’innocence des petits enfants, la TJS dit que du temps
d’Adam le Seigneur révéla que « le
Fils de Dieu a expié la faute originelle, à la suite de
quoi les péchés des parents ne peuvent tomber sur la
tête des enfants, car ils sont purs dès la fondation du
monde » (TJS Ge. 6:56 ; Moï. 6:54). À
Abraham le Seigneur dit : « Les enfants ne sont
responsables devant moi que quand ils ont huit ans » (TJS
Ge. 17:11). Matthieu 18:11 KJV dit concernant les enfants :
« Car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui
était perdu ». La TJS ajoute : « et
appeler les pécheurs au repentir ; mais ces petits n’ont
pas besoin de repentir, et je les sauverai. »
4. Écrits de Paul.
La TJS offre beaucoup d’éclaircissements concernant les
enseignements attribués à Paul dans le Nouveau
Testament. En voici quelques-uns :
1 Corinthiens 14:35 (KJV)
fait écrire à Paul : « Il est malséant
à une femme de parler dans l’Église ».
La TJS dit « que les femmes gouvernent dans l’Église ».
Hébreux 6:1 (KJV)
dit : « C'est pourquoi, laissant les éléments
de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait ».
La TJS dit : « sans laisser… ».
Hébreux 7:3 (KJV)
donne l’impression que le prophète Melchisédek
n’était « sans père, sans mère,
sans généalogie, qui n'a ni commencement de jours ni
fin de vie ». La TJS dit que ce n’était pas
Melchisédek, l’homme, mais sa prêtrise, qui était
sans lignage ou descendance, par contraste avec la prêtrise
lévitique.
1 Timothée 3:15-16
(KJV) fait écrire à Paul que l’Église est
« la colonne et l’appui de la vérité ».
Dans la TJS, c’est Jésus, en tant que Dieu manifesté
dans la chair, qui est « la colonne et l’appui de la
vérité ». [Voir aussi d’autres
passages de la TJS dans les annexes.]
Bibliographie
Durham, Reed Connell, Jr.
"A History of Joseph Smith's Revision of the Bible." Thèse
de doctorat, université Brigham Young, 1965.
Howard, Richard P.
Restoration Scriptures. Independence, Mo., 1969.
Matthews, Robert J. "A
Plainer Translation" : Joseph Smith's Translation of the
Bible. Provo, Utah, 1975.
Matthews, Robert J. A
Bible ! A Bible ! Salt Lake City, 1990.
Matthews, Robert J.
"Joseph Smith's Efforts to Publish His Bible Translation."
Ensign 13, janv. 1983, p. 57-63).
Nyman, Monte S., et
Robert L. Millet, dir. de publ. The Joseph Smith Translation. Provo,
Utah, 1985.
ROBERT J. MATTHEWS
Transfiguration,
Montagne de la
Auteur :
MOURITSEN, DALE C.
La montagne de la
Transfiguration est la scène d'un événement
transcendant dans le Nouveau Testament. Elle est mise en évidence
par des révélations données au prophète
Joseph Smith et décrite avec un certain nombre de détails.
Tout d'abord, Jésus converse avec Moïse et Élie,
qui sont à ce moment-là des êtres enlevés
(Mt. 17:3-4). Ensuite Jésus-Christ lui-même y est
transfiguré, ce qui confirme, à ses trois apôtres
principaux, Pierre, Jacques et Jean, sa nature et son appel divins
(Mt. 17:1-2). Troisièmement, ces apôtres sont également
transfigurés temporairement pendant cette expérience
(EPJS, p. 125). Quatrièmement, ces apôtres ont une
vision dans laquelle ils voient la terre, dans son futur état
transfiguré, comme héritage des fidèles (D&A
63:20-21). Cinquièmement, ces mêmes apôtres
reçoivent certaines clefs de la prêtrise du royaume de
Dieu, qu'ils vont utiliser pendant leur ministère terrestre
(HC 3:387). Sixièmement, Moïse et Élie, qui sont,
eux aussi, sur la montagne de la Transfiguration, vont, le 3 avril
1836, conférer des clefs de la prêtrise à Joseph
Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland (D&A
110:11-16).
Il est certain que la
manifestation sur la montagne va fortifier le Sauveur au moment où
il aborde les derniers mois précédant son sacrifice
expiatoire. Moïse et Élie lui rendent visite pendant
qu'il se prépare aux souffrances infinies de Gethsemané
et aux tortures du Golgotha (Lu. 9:30-31 ; JC, p. 373).
La transfiguration de
Jésus devant Pierre, Jacques et Jean fait d’eux des
témoins oculaires de sa majesté (voir 2 Pi. 1:16).
Pendant leur visite, la voix du Père rend témoignage de
la mission du Sauveur, donnant à Pierre, à Jacques et à
Jean l'assurance qu’il approuve et aime Jésus (Mt.
17:5-8). Comme ces apôtres vont bientôt constituer la
Première Présidence de l'Église primitive (MD,
p. 571-572), l'événement est le témoignage
personnel inoubliable de ce que le Père accepte la mission
rédemptrice de Jésus. Jean témoignera plus
tard : « Nous avons contemplé sa gloire, une
gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père »
(Jn. 1:14).
La transfiguration
temporaire de Pierre, Jacques et Jean leur permet d’entendre la
voix du Père et de voir le Fils transfiguré (cf. Moï.
1:9-11). Cette expérience extraordinaire va les préparer
à assumer le fardeau futur de la direction de l'Église
après le départ de Jésus à la fin de son
ministère terrestre. Pierre a bien raison de déclarer :
« Seigneur, il est bon que nous soyons ici »
(Mt. 17:4).
Pierre, Jacques et Jean
vont également voir l’époque millénaire où
la terre sera transfigurée, ce qui la ramènera à
son état d’avant la chute d'Adam (EPJS, p. 7-8 ;
cf. 10e A de F). La transfiguration de la terre aura lieu au moment
de la seconde venue du Christ (MD, p. 795-796).
L'octroi des clefs de la
prêtrise aux apôtres présidents constitue un
cinquième but de la transfiguration. Pendant son ministère,
Jésus a conféré la Prêtrise de Melchisédek
aux Douze, les autorisant à agir sous sa direction (Mc.
3:14-15 ; Jn. 15:16 ; cf. JD 25:207). Mais avec la
perspective de son départ, les Douze ont besoin d'une autorité
indépendante pour diriger les affaires de l'Église.
Pour tenir sa promesse que Pierre recevrait les clefs du royaume (Mt.
16:13-20), Jésus va emmener les principaux apôtres sur
la montagne, où ils vont recevoir ces clefs.
Après avoir vu
Jésus transfiguré et avoir eux-mêmes subi la
transfiguration, les apôtres vont voir Moïse et Élie
(et peut-être d'autres ; cf. McConkie, p. 400), qui ont
été enlevés de manière à pouvoir
apparaître avec un corps physique pour accorder des clefs de la
prêtrise par l'imposition des mains, ce qui va permettre, entre
autres, la prédication de l'Évangile dans le monde
entier (Mt. 18:19-20) et l’accomplissement des ordonnances
salvatrices pour les vivants et les morts (cf. 1 Co. 15:29).
Certains de ces
événements se sont accomplis à notre époque
dans le temple de Kirtland. La Prêtrise de Melchisédek
et l’appel et les clefs de l'apostolat ont été
conférés à Joseph Smith et à Oliver
Cowdery probablement fin mai ou début juin 1829 (cf. D&A
27:12) et comprenaient l'autorité pour fonder l'Église
(D&A 128:20). Le 3 avril 1836, des clefs supplémentaires
ont été données à Joseph et à
Oliver dans le temple de Kirtland par Moïse et par Élie,
ceux-là mêmes qui étaient apparus autrefois sur
la montagne, et par un messager supplémentaire appelé
Élias, qui a conféré la « dispensation
de l'Évangile d'Abraham » (D&A 110:12). Le
rétablissement de ces clefs a donné le coup d’envoi
de la mission moderne de l'Église, l’œuvre
missionnaire et toutes les ordonnances pour les vivants, ainsi que la
rédemption des morts par l’œuvre des ordonnances
par procuration dans des temples.
Bibliographie
Haight, David B. ""We
Beheld His Glory"'. Ensign 7, mai 1977, p. 7-10.
Matthews, Robert J.
"Tradition, Testimony, Transfiguration, and Keys". Dans
Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson et R. Millet, Vol. 5,
p. 296-311. Salt Lake City, 1986.
McConkie, Bruce R.
Doctrinal New Testament Commentary, Vol. 1, p. 397-404. Salt Lake
City, 1965.
DALE C. MOURITSEN
V
Vie
éternelle
Auteur :
PARRY, CATHERINE CORMAN
Les Écritures
disent
clairement que la vie éternelle vient de Dieu par son Fils
Jésus-Christ (Jn. 3:16 ; 14:6 ; Hé. 5:9 ;
2 Né. 31:20-21 ; Al. 11:40 ; Ét. 3:14 ;
D&A 45:8) et est le « plus grand de tous les dons de
Dieu » (D&A 14:7 ; voir aussi Exaltation ;
État divin). Pour les saints des derniers jours, l'expression
« vie éternelle » désigne non
seulement le fait de vivre à tout jamais, mais également
et plus particulièrement la qualité de vie que Dieu
vit. La vie éternelle est accessible à tous ceux qui
ont vécu sur terre qui acceptent ce don par leur obéissance
aux lois et aux ordonnances de Dieu.
L’œuvre
de Dieu, et la source de sa gloire, est de « réaliser
l'immortalité et la vie éternelle » de ses
enfants (Moï. 1:39). En d'autres termes, Dieu agit pour
permettre à ses enfants de retourner en sa présence de
sorte qu'ils puissent vivre avec lui et vivre comme il vit.
Le
Christ est tellement allié au Père que les Écritures
disent parfois que la vie éternelle c’est « les
connaître » : « La vie éternelle,
c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu
as envoyé, Jésus-Christ » (Jn. 17:3 ;
D&A 132:24).
On
connaît le Christ en ce monde en les recevant, lui et sa loi
(D&A 132:23-24). Jérémie dit au nom du Seigneur :
« Mais voici l'alliance que je ferai avec la maison
d'Israël, après ces jours–là, dit
l'Éternel : Je mettrai ma loi au-dedans d'eux, je
l'écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu,
et ils seront mon peuple. Celui-ci n'enseignera plus son prochain, ni
celui-là son frère, en disant : Connaissez
l'Éternel ! Car tous me connaîtront, depuis le plus
petit jusqu'au plus grand, dit l'Éternel ; car je
pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de
leur péché » (Jé. 31:33-34).
Avoir
la loi écrite dans son cœur implique une acceptation qui
pousse à l'action ; en effet, les Écritures
mentionnent beaucoup de choses qu’il faut faire pour recevoir
le don de la vie éternelle. Pour entrer dans le chemin menant
vers la vie éternelle, on doit faire preuve de foi au Christ
(Jn. 3:36 ; 6:47 ; Mro. 7:41), se repentir, être
baptisé pour la rémission de ses péchés
(2 Né. 31:17-18) et recevoir le don du Saint-Esprit. Les
Écritures disent qu’une fois qu’il est sur le
chemin, le croyant doit s’efforcer de garder les commandements
(2 Né. 31:19-20 ; Al. 7:15-16), c’est-à-dire
faire les œuvres de la justice (D&A 59:23), dont la
première est la charité (1 Co. 13 ; Mt. 25:34-36).
Le croyant doit aussi persévérer jusqu'à la fin
(2 Né. 31:20-21 ; D&A 50:5 ; cf.
l’expression de Paul « par la persévérance
à bien faire » Ro. 2:7), et faire des alliances en
liaison avec les ordonnances du temple (D&A 124:55 ;
128:12).
Tandis
qu’ils sont dans la condition mortelle, les personnes peuvent
en arriver à un stade de la connaissance du Père et du
Fils qui permet au Seigneur de leur promettre la vie éternelle.
Cet événement est décrit dans l'Écriture
comme étant la réception du Saint-Esprit de promesse
(D&A 88:3-4) et l’autre Consolateur (Jn. 14:16 ; D&A
88:2-4 ; voir aussi Jésus-Christ, Autre Consolateur) ;
avoir la parole prophétique plus certaine (D&A 131:5) ;
et voir assurer sa vocation et son élection (2 Pi. 1:10 ;
D&A 131:5).
Dieu
invite tous les hommes à rechercher et à demander avec
ferveur la vie éternelle et assure à tous ceux qui le
font qu’on ne leur donnera pas une pierre (cf. Mt. 7:7-11). Il
leur est promis « révélation sur révélation,
connaissance sur connaissance » ce qui permet de
comprendre « les choses paisibles, ce qui apporte la joie,
ce qui apporte la vie éternelle » (D&A 42:61).
Ceux qui reçoivent la vie éternelle dans son sens le
plus complet se lèvent dans la première résurrection
(Mos. 15:21-25) et héritent le plus haut degré de
gloire dans le royaume céleste (D&A 76:50-59 ; 88:4 ;
101:65).
Le
prophète Joseph Smith ne trouvait pas les mots pour décrire
la splendeur éternelle de Dieu le Père et de son Fils
Jésus-Christ, « dont l’éclat et la
gloire défient toute description » (JS–H
1:17). La langue ne peut décrire qu’insuffisamment les
gloires de la vie éternelle par des métaphores parlant
d’une lumière ou d’un feu d’un éclat
accablant (Ex. 24:17 ; Ac. 26:13-15 ; Ap. 21:23 ;
1 Né. 1:8-10 ; D&A 110:1-4 ; cf. « comme
la splendeur du ciel » Da. 12:3), la vérité
pure (Jn. 14:6 ; Ét. 4:12 ; D&A 84:45-48 ;
93:36 ; Moï. 7:29-40) ; du verre ou du cristal (Ap.
4:6 ; D&A 130:9) ; et l’intemporel (Ps. 90:4 ;
2 Pi. 3:8 ; Ap. 10:6 ; Al. 40:8 ; D&A 88:110).
Paul précise à quel point la vie éternelle
dépasse la capacité descriptive de la langue quand il
dit : « Ce sont des choses que l’œil n’a
point vues, que l’oreille n’a point entendues, et qui ne
sont point montées au cœur de l’homme, des choses
que Dieu a préparées pour ceux qui l’aiment »
(1 Co. 2:9). [Voir aussi Immortalité et Vie éternelle.]
Vies
éternelles, accroissement éternel
Auteur :
RICKS, SHIRLEY S.
« Les
vies éternelles »
est un terme qui désigne le droit et le pouvoir d'engendrer
des enfants après la résurrection, accordés à
ceux qui sont exaltés au plus haut degré du royaume
céleste. C'est un aspect de la progression éternelle.
« Il y a, dans la gloire céleste, trois cieux ou
degrés. Pour obtenir le plus haut, l'homme doit entrer dans
cet ordre de la prêtrise [à savoir : la nouvelle
alliance éternelle du mariage], sinon, il ne peut l'obtenir.
Il peut entrer dans l'autre, mais c'est là la fin de son
royaume ; il ne peut avoir d'accroissement » (D&A
131:1-4).
Ce point de
doctrine distinctif de l'Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours a été
enseigné par Joseph Smith et a été
particulièrement explicité les 16-17 mai 1843, à
Ramus (Illinois), localité qu’il visitait et où
il prêchait souvent. Conversant sur des sujets spirituels avec
un petit groupe d’amis, le prophète Joseph Smith
illumine le concept de l'accroissement éternel : « Si
un homme et sa femme ne contractent pas une alliance éternelle
et ne sont pas ma¬riés pour l’éternité
par le pouvoir et l’autorité de la Sainte Prêtrise
pendant qu’ils sont dans cette épreuve, ils cesseront de
s’accroître quand ils mourront ; c’est-à-dire
qu’ils n’auront pas d’enfants après la
résurrection. Mais ceux qui sont mariés par le pouvoir
et l’autorité de la prêtrise dans cette vie et
continuent sans commettre le pé¬ché contre le
Saint-Esprit continueront à s’accroître et à
avoir des enfants dans la gloire céleste » (EPJS,
p. 242. La section 131 des Doctrine et Alliances traite en grande
partie de ce sujet et a été incluse en 1876.
Le
mari et sa femme qui sont mariés dans la nouvelle alliance
éternelle et sont scellés par le Saint-Esprit de
promesse en vertu de l'autorité appropriée de la
prêtrise ont la promesse qu'ils hériteront « des
trônes, des royaumes, des principautés, des puissances »
et que leur « gloire sera une plénitude et une
continuation des postérités pour toujours et à
jamais » (D&A 132:19). Ils sont comparés à
des dieux, n'ayant pas de fin. Ils participent aux promesses de
postérité éternelle faites à Abraham et à
Sara : « [Ils continueront] dans le monde et hors du
monde aussi innombrables que les étoiles » (D&A
132:30).
Brigham
Young a parlé en 1862 des vies éternelles, disant que
l'occasion de devenir héritiers de tout et de devenir un « Roi
de rois et Seigneur de seigneurs… est promise aux fidèles
et ce ne sont qu’autant d’étapes dans cette
progression incessante de vies éternelles… Il n'y aura
pas de fin à l’accroissement des fidèles »
(JD 10:5). Il considère pareille situation comme agréable,
créant un bonheur qui dépasse la compréhension
des mortels. En 1864, il ajoute ces détails : « De
la même manière, tout fils fidèle de Dieu
devient, pour ainsi dire, l’Adam de la race qui sort de ses
reins quand ils sont englobés dans les alliances et les
bénédictions de la sainte prêtrise… dans
la progression des vies éternelles… Nous n'avons pas
encore reçu nos royaumes, et nous ne les recevrons que quand
nous aurons fini notre œuvre sur la terre, traversé les
épreuves, aurons été ressuscités par le
pouvoir de la résurrection et couronnés de gloire et de
vies éternelles » (JD 10:355).
Les
saints des derniers jours croient que tous les hommes et femmes
dignes, en menant une vie juste et en étant scellés par
le pouvoir de la prêtrise, hériteront, dans la vie
éternelle, avec Adam et Ève, Abraham et Sara, et tous
les fidèles, ces mêmes bénédictions et
connaîtront la continuation des postérités pour
toujours ou accroissement éternel.
SHIRLEY S. RICKS
Vie
et mort spirituelles
Auteur :
BERGIN, SUE
À
la différence de la vie et de la mort physiques, sur
lesquelles les gens n’ont guère de prise, la vie et la
mort spirituelles sont des pôles opposés entre lesquels
un choix est exigé. Les Écritures modernes disent que
tous les hommes « sont libres de choisir la liberté
et la vie éternelle, par l'intermédiaire du grand
Médiateur de tous les hommes, ou de choisir la captivité
et la mort, selon la captivité et le pouvoir du diable »
(2 Né. 2:27). Cette opposition entre la vie et la mort
est la dichotomie fondamentale de toute existence.
À
l’un des pôles, il y a Jésus-Christ, qui est
décrit dans toutes les Écritures comme étant la
lumière et la vie (par exemple, Jn. 1:4 ; 3 Né.
15:9 ; D&A 10:70). Il est l'auteur de la vie physique, en
tant que créateur de la terre et de son soleil qui y permet la
vie (D&A 88:7), et de la vie spirituelle, étant celui qui
donne la vie éternelle (3 Né. 15:9). Choisir la
vie, c’est le suivre sur un chemin qui conduit à la
liberté et à la vie éternelle.
Satan,
au pôle opposé, est ténèbres et mort (par
exemple, Ro. 6:23 ; Al. 15:17 ; D&A 24:1). Il est
l'auteur de la mort temporelle, étant celui qui a incité
Adam et Ève à provoquer la Chute, et de la mort
spirituelle, étant le tentateur qui pousse les hommes à
se séparer de Dieu par le péché. Choisir de
suivre Satan en succombant au péché et résister
aux supplications du Christ de se repentir, c’est choisir la
mort.
La
liberté de choisir efficacement entre la vie et la mort est un
résultat de la rédemption du Christ (2 Né.
2:27) et c'est l’œuvre et la gloire de Dieu de « réaliser
l'immortalité et la vie éternelle de l'homme »
(Moï. 1:39).
Les
Écritures parlent de deux morts spirituelles. La première
s’est déjà abattue sur tous les humains suite à
la Chute, séparant « toute l'humanité…
de la présence du Seigneur » (Hél. 14:16).
La seconde ne sera que pour ceux qui, après avoir une fois
connu le Christ, le renient obstinément et refusent de se
repentir, étant « de nouveau retranché[s] de
ce qui a trait à la justice » (Hél. 14:18).
La mort spirituelle ne signifie pas que l'esprit d'une personne meurt
au sens littéral du terme (l'esprit est immortel), mais que
l'on est dans « un état d'aliénation
spirituelle par rapport à Dieu » (Smith, vol. 1, p.
45), une mort « quant à ce qui a trait à la
justice » (Al. 12:16 ; 40:26).
Comme
les petits enfants ne sont pas capables de pécher (Mro.
8:10-14), la première mort spirituelle ne commence pour un
individu sur la terre que lorsqu’il atteint l'âge de
responsabilité (huit ans ; D&A 68:27). Généralement,
en acquérant de la maturité, les hommes commencent à
reconnaître les conséquences de leurs actes et à
en devenir responsables (D&A 18:42). Dans la mesure où ils
n'harmonisent pas leur comportement avec leur compréhension de
la vérité et de ce qui est bon, ils créent un
gouffre entre eux et Dieu, c’est à dire la mort
spirituelle.
Paradoxalement,
la première mesure prise pour surmonter cette situation l’a
été avant que la Chute ne se produise : dans la
vie prémortelle. Tous ceux qui sont nés ou qui naîtront
sur cette terre ont choisi la vie physique et spirituelle lorsque, en
tant qu’enfants d'esprit de Dieu, ils ont choisi de suivre le
plan du Père pour la vie terrestre. Une fois qu’ils ont
atteint l'âge de responsabilité pendant la vie
terrestre, ils doivent de nouveau choisir.
Selon
la compréhension des saints, le choix entre la vie et la mort
spirituelles se fait au moment du baptême et de la
confirmation, les ordonnances qui réconcilient symboliquement
une personne avec Dieu et entament un processus de renaissance
spirituelle qui va durer toute la vie. Une fois que l’alliance
du baptême est faite et que le don du Saint-Esprit a été
conféré, la nouvelle naissance symbolique doit être
rendue réelle par l’effort quotidien pour se repentir et
choisir la vie : le Christ et la justice. On ne fait pas le
choix une fois pour toutes, mais de nombreuses fois pendant toute une
vie.
Les
saints des derniers jours ne considèrent pas une vie juste
simplement comme une manière d'éviter un au-delà
désagréable et de gagner une récompense céleste.
Suivre le Christ est également le chemin du bonheur dans la
condition mortelle. En conformant leur vie aux lois de Dieu, les
hommes « sont bénis en tout, tant dans le temporel
que dans le spirituel » (Mos. 2:41). C’est dans le
Christ qu’est la vie abondante (Jn. 10:10) ; « Si
tu veux entrer dans la vie, observe les commandements »
(Mt. 19:17).
Dans
le sens de la vie au quotidien, le choix de la vie implique, pour les
saints des derniers jours, aimer et servir les autres, prier et
étudier chaque jour la parole de Dieu, répandre autour
de soi la connaissance du Christ et de son plan, dire la vérité,
rester chaste avant le mariage et fidèle après le
mariage, élever des enfants avec patience et amour et être
honnête en toutes choses. La vie abondante, c’est cela.
Dans
la période postmortelle, la « vie »
dépend de nouveau de l'expiation du Christ, qui surmonte la
première mort spirituelle en donnant la possibilité à
tous les hommes et femmes d’entrer en la présence de
Dieu pour être jugés. À ce stade, tout le monde
sera jugé digne d'un degré de gloire et de sa qualité
de vie, à l’exception des fils de la perdition. Ceux-là
subissent la seconde mort spirituelle pour avoir commis le péché
impardonnable, qui est de nier le Christ en pleine connaissance de
cause (D&A 76:30-38 ; HC 6:314). [Voir aussi Vie
éternelle ;
Mode de vie ; Opposition ; Mort
spirituelle.]
Bibliographie
Hunter, Howard
W. "The
Golden Thread of Choice". Ensign 19, nov. 1989, p. 17-18.
Smith,
Joseph Fielding. DS, 3 vols.
SUE BERGIN
Vie
prémortelle
Auteur :
BROWN, GAYLE OBLAD
Avant leur
naissance, les êtres
humains ont existé comme hommes et femmes dans un état
spirituel et ont donc coexisté avec le Père et le Fils.
Cette période de la vie est également
appelée premier état ou préexistence.
La
Bible introduit la notion que l’humanité a eu une
période de préparation avant la naissance sur terre. Le
Seigneur dit à Jérémie : « Avant
que je t’eusse formé dans le ventre de ta mère,
je te connaissais, et avant que tu fusses sorti de son sein, je
t’avais consacré, je t’avais établi
prophète des nations » (Jé. 1:5), et
l’Ecclésiaste affirme que « l’esprit
retourne à Dieu qui l’a donné » (Ec.
12:7). Dans d’autres Écritures, telles qu’Alma
13:3, il est écrit que les prêtres « étaient
appelés et préparés dès la fondation du
monde, selon la prescience de Dieu, à cause de leur foi
extrême et de leurs bonnes œuvres ».
Il
y a en effet des indications que l’intelligence qui habite
chaque personne est coéternelle avec Dieu. Elle a toujours
existé et n’a jamais a été créée
ni faite (D&A 93:29). En temps voulu cette intelligence a reçu
un corps d’esprit, devenant enfant d’esprit de Dieu, le
Père éternel, et son épouse bien-aimée,
notre mère céleste. Cet esprit, habité par
l’intelligence éternelle, a pris la forme de ses
créateurs et est à leur image (Ballard, p. 140).
Il
a été révélé au prophète
Joseph Smith que nous sommes tous fils et filles spirituels littéraux
de parents célestes. Il a reçu la révélation
d’une information donnée autrefois à Moïse :
« Je suis Dieu ; j’ai fait le monde, et les
hommes avant qu’ils ne fussent dans la chair » (Moï.
6:51). Ceci correspond à ce que laisse entendre Nombres 16:22,
que Dieu est le Père de tous et est par conséquent « le
Dieu des esprits de toute chair ».
Les
intelligences ont été organisées avant que le
monde soit et parmi elles il y en avait beaucoup de grandes et de
nobles comme Abraham et Moïse. Dieu s’est tenu parmi
elles, a vu qu’elles étaient bonnes et les a choisies
pour recevoir des responsabilités sur terre et tout au long de
l’éternité (Abr. 3:21-23). Jésus, l’esprit
premier-né, était prééminent parmi elles.
« Jésus… existait avec le Père avant
sa naissance dans la chair ; et… dans l’état
pré-existant il fut choisi et ordonné pour être
le seul et unique Sauveur et Rédempteur du genre humain »
(JC, p. 7).
La
révélation montre que tout, même la terre
elle-même, a eu une existence d’esprit avant la création
physique. Joseph Fielding Smith écrit : « Ce
n’est pas seulement l’homme qui a un esprit, et par là
une âme vivante, mais, de même, les animaux des champs,
les oiseaux du ciel et les poissons de la mer ont un esprit et sont
par conséquent des âmes vivantes… Les poissons,
les oiseaux, les animaux des champs ont vécu avant d’être
mis naturellement sur cette terre, ainsi que les plantes qui sont sur
la face de la terre. L’esprit qui possède le corps des
animaux est à la similitude de leur corps »
(DS1:68). « Car moi, le Seigneur Dieu, je créai
spirituellement toutes les choses dont j'ai parlé, avant
qu'elles fussent naturellement sur la surface de la terre… Et
moi, le Seigneur Dieu, j'avais créé tous les enfants
des hommes, mais pas encore d'homme pour cultiver le sol ; car
c'est dans le ciel que je les avais créés »
(Moï. 3:5).
Le
prophète Joseph Smith a enseigné que « Dieu
lui-même, se trouvant au milieu des esprits et de la gloire,
vit, parce qu’il était plus intelligent, qu’il
était utile d’instituer des lois grâce auxquelles
le reste [des intelligences] aurait la possibilité d’avancer
comme lui » (EPJS, p. 287). Son plan était
d’envoyer ses fils et ses filles sur la terre (le second état)
pour obtenir un corps de chair et d’os et apprendre par
expérience par les vicissitudes terrestres, sans aucun
souvenir du premier état et avec la possibilité
d’échouer ou de réussir.
Lors
d’un Conseil dans les cieux réuni pour donner un aperçu
de la vie terrestre, le Seigneur convoqua ses enfants d’esprit
et présenta le plan du salut par lequel ils allaient venir sur
cette terre, connaître la vie terrestre avec un corps physique,
passer par une épreuve dans la condition mortelle et
progresser vers une exaltation plus élevée. Il fut
expliqué comment et selon quel principe le salut, l’exaltation
et la gloire éternelle des fils et des filles de Dieu seraient
réalisés (cf. DS1:58). Le Premier-né de Dieu se
proposa pour mettre en application le plan du salut (Abr. 3:27).
Lucifer, qui était également un fils du Père, se
présenta avec une contre-proposition : « Me
voici, envoie-moi, je serai ton Fils et je rachèterai toute
l'humanité, de sorte que pas une seule âme ne sera
perdue, et je le ferai certainement ; c'est pourquoi donne-moi
ton honneur » (Moï. 4:1). Alors qu’il jouissait
déjà d’une position élevée, Lucifer
voulait encore aller plus haut sans souci des droits et du libre
arbitre des autres, cherchant à détruire le libre
arbitre de l’homme (JC, p. 7-8). Le Père dit :
« J’enverrai le premier » (Abr. 3:27).
Cette
décision amena les armées du ciel à prendre
position et un tiers se rebella et, avec Lucifer, fut chassé
du ciel. « Ils se virent refuser l’avantage de
naître dans ce monde et de recevoir un corps mortel… Le
Seigneur les chassa sur la terre où ils devinrent les
tentateurs de l’humanité » (DS 1:69 ;
cf. Jude 1:6).
James
E. Talmage a écrit : « L’offre du
Premier-Né d’établir l’évangile de
salut par son ministère parmi les hommes, et de se sacrifier,
par le travail, l’humiliation et la souffrance jusqu’à
la mort, fut acceptée et devint le plan préordonné
grâce auquel l’homme serait racheté de la mort,
serait finalement sauvé des effets du péché et
pourrait être exalté par une vie d’activité
et de justice » (JC, p. 21-22). Joseph Fielding Smith
explique : « Dieu a donné à ses enfants
leur libre arbitre déjà dans le monde d’esprit,
grâce à quoi chaque esprit avait la possibilité,
tout comme les hommes ici-bas, de choisir le bien et de rejeter le
mal, ou de faire le mal pour souffrir les conséquences de
leurs péchés » (p. 318-319).
Alma
le Jeune, prophète du Livre de Mormon explique encore plus en
détail les possibilités présentées aux
enfants d’esprit de Dieu dans l’existence prémortelle :
« Ils étaient laissés libres, dès le
départ, de choisir le bien ou le mal ; et ayant alors
choisi le bien et exerçant une foi extrêmement grande,
ils sont appelés d'un saint appel… à cause de
leur foi, tandis que d'autres rejetaient l'Esprit de Dieu à
cause de l'endurcissement de leur cœur et de l'aveuglement de
leur esprit, alors que, sans cela, ils auraient pu avoir une
bénédiction aussi grande que leurs frères. En
bref, au départ, ils étaient sur le même pied que
leurs frères ; ainsi, ce saint appel fut préparé
dès la fondation du monde pour ceux qui ne s'endurciraient pas
le cœur, dans et par l'expiation du Fils unique »
(Alma 13:3-5 ; italiques ajoutés). Le « premier
état » désigne ici notre premier état
ou l’existence prémortelle.
Nous
voyons dans la doctrine de la préordination suggérée
dans le passage ci-dessus que beaucoup viennent probablement sur
terre avec des appels et des responsabilités déjà
désignés. Le prophète Joseph Smith a enseigné :
« Quiconque est appelé à exercer un
ministère auprès des habitants du monde a été
ordonné à ce but même dans le grand conseil grand
des cieux avant que le monde fût » (EPJS, p. 296).
Des esprits prémortels nobles et grands furent montrés
à Abraham et le Seigneur lui dit : « Abraham,
tu es l'un d'eux ; tu fus choisi avant ta naissance »
(Abr. 3:22-23). Le livre apocryphe de Tobit suggère aussi
l’idée qu’il y a eu, dans une vie prémortelle,
des tâches qui pourraient affecter la condition mortelle
(6:17). Cependant, même si certains peuvent être
préordonnés à des missions spéciales sur
terre, Joseph Fielding Smith dit que « personne n’a
été préordonné ou nommé pour
pécher ou pour accomplir une mission mauvaise »
(DS1:66). Les préordinations et les nominations ne proscrivent
pas le libre arbitre de l’individu.
La
façon dont on a vécu dans le monde d’esprit
influence probablement les dispositions et les désirs dans la
condition mortelle. Parmi ceux qui étaient nobles et grands
dans ce monde précédent, le Seigneur en choisit pour en
faire ses prophètes et ses gouverneurs sur terre dans le
second état, parce qu’il les connaissait avant leur
naissance et qu’il savait qui serait susceptible de le servir
dans la condition mortelle. Les caractéristiques de l’esprit,
qui ont été acquises pendant les expériences de
l’ancienne existence, peuvent jouer un rôle important
dans la progression de l’homme durant la vie terrestre (cf.
DS1:60). « Avant même de naître, ils avaient
reçu, avec bien d'autres, leurs premières leçons
dans le monde des esprits et avaient été préparés
pour paraître au temps fixé du Seigneur pour travailler
dans sa vigne au salut de l'âme des hommes » (D&A
138:56).
Cette
notion que les enfants d’esprit de Dieu ont acquis certaines
capacités caractéristiques, mais sont pourtant venus
sur terre dans l’oubli, est semblable à celle exprimée
dans le poème de Wordsworth « Ode :
Prémonitions d’immortalité à partir de
réminiscences de la tendre enfance » : « Notre
naissance n’est que sommeil et oubli… C’est en
traînant derrière nous des nuées de gloire que
nous venons de Dieu, qui est notre demeure » (versets 58,
64-65). Orson Hyde, un apôtre, dit que l’absence de
souvenirs ne signifie pas que l’humanité n’a pas
eu de vie prémortelle. Il explique que beaucoup de gens
quittent leur patrie pour vivre dans un autre pays, et pourtant après
un certain nombre d’années, le souvenir de ce pays
d’origine peut être presque effacé comme s’il
n’avait jamais existé. « Nous avons oublié !…
Mais notre manque de mémoire ne peut pas changer les faits »
(JD 7:315).
Ainsi,
pour les saints des derniers jours, la vie prémortelle est
caractérisée par l’individualité, le libre
arbitre, l’intelligence et la possibilité de progresser
éternellement. C’est un point de doctrine fondamental de
la théologie de l’Église et il permet de mieux
comprendre la question historique : « D’où
vient l’homme ? »
Bibliographie
Ballard,
Melvin J. Sermons and Missionary Services of Melvin J. Ballard, comp.
Bryant S. Hinckley, p. 140. Salt Lake City, 1949.
Smith, Joseph
Fielding. "Is Man Immortal ?" IE 19, févr.
1916, p. 318-319.
GAYLE OBLAD
BROWN
Visions
Auteur :
BERGIN, ALLEN E.
Une
vision de Dieu est une forme de révélation par laquelle
Dieu se révèle lui-même et sa volonté.
C'est un mode visuel de communication divine, contrairement aux
situations dans lesquelles on entend prononcer des mots ou reçoit
des impressions dans son esprit. L’expérience des saints
des derniers jours est conforme aux précédents
bibliques dans son affirmation que les visions constituent une marque
de l'approbation divine. C’est ce genre de manifestations
célestes qui ont informé et ont dirigé les
prophètes de l'Ancien Testament (par exemple, Daniel, Ésaïe)
et les apôtres du Nouveau Testament (par exemple, Pierre,
Paul). Elles ont pareillement fait partie du fondement de révélation
sur lequel les prophètes et les apôtres modernes ont
affirmé leur témoignage du Seigneur. Les visions de
Joseph Smith et des prophètes du Livre de Mormon sont
comparables à celles des autres ères testamentaires.
Ces périodes historiques de témoignage –
l’Ancien, le Nouveau, le Livre de Mormon et les Derniers jours
– présentent des formes semblables de la révélation
de Dieu. Chacune de ces dispensations de l'Évangile a comporté
des visions qui communiquaient la volonté du Seigneur pour
l’époque.
Une
expérience d'une vision du temps de l'Ancien Testament est
« L’Éternel parlait avec Moïse face à
face, comme un homme parle à son ami » (Ex. 33:11).
De même, Moïse « vit Dieu face à face et
parla avec lui, et la gloire de Dieu fut sur Moïse ; c'est
pourquoi Moïse put supporter sa présence »
(Moï. 1:2). La vision d’Étienne dans Actes 7:55-56
n’en est pas moins frappante : « Mais Étienne,
rempli du Saint–Esprit, et fixant les regards vers le ciel, vit
la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu.
Et il dit : Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de
l’homme debout à la droite de Dieu. » La
vision de Joseph Smith et de Sidney Rigdon rapportée dans D&A
76:19 est du même genre : « Le Seigneur toucha
les yeux de notre entendement, et ils furent ouverts… Et nous
vîmes la gloire du Fils, à la droite du Père. »
Chaque vision est sans équivoque et est accompagnée de
l'Esprit du Seigneur (voir Visions de Joseph Smith).
Ces
témoignages distinctifs ancrent tout reste de la communion de
Dieu par un lien visuel avec un monde habituellement invisible qui
dirige le destin de l'humanité. Ils donnent une impression
vive de la nature de Dieu et de son dessein pour le monde qui donne
une cohérence à toutes les autres Écritures et
inspirations. L'illumination spirituelle, visuelle ou autre, est
dépendante de la foi et de la confiance au Seigneur ainsi que
de l'obéissance. Quand ils rejettent la volonté du
Seigneur ou s’en écartent, les hommes se retirent de son
Esprit (Mos. 2:36) et les visions cessent.
Dans
la doctrine des saints des derniers jours, les visions sont des
perceptions, facilitées par l'Esprit, de quelque chose
d'habituellement invisible aux êtres humains. Les choses
révélées sont considérées comme
faisant partie de la réalité universelle. Ce processus
est conforme à la loi naturelle et n'est pas « surnaturel »
dans le sens habituel du terme. Il est analogue au fait que certains
phénomènes physiquement réels, tels que les
rayons X et les particules atomiques, ne sont pas visibles par les
sens ordinaires mais peuvent être détectés par
les instruments scientifiques. Dans le cas des visions, l'instrument
est la personne et le mécanisme de l'observation est la foi
aidée par l'Esprit de Dieu.
Il
est essentiel de distinguer les visions authentiquement révélées
des images auto-induites, des rêves où les souhaits se
réalisent, des erreurs de perception, des tromperies
sataniques et des hallucinations pathologiques, toutes choses qui ont
été abondantes dans l'histoire humaine. Les fausses
visions sont le résultat d’une recherche de « signes » ;
les visions authentiques se produisent habituellement à
l’improviste. « Celui qui cherche des signes verra
des signes, mais pas pour le salut… la foi ne vient pas par
les signes, mais les signes suivent ceux qui croient »
(D&A 63:7, 9).
Certains
critères aident à juger de l'authenticité d’une
révélation quelconque, y compris d’une vision :
•
Elle fortifie la foi en Jésus-Christ, le Fils de Dieu, et en
sa mission et sa doctrine divines.
•
Elle est confirmée par le témoignage du Saint-Esprit
donné au chercheur sincère.
•
Elle est habituellement reçue et rapportée par un
serviteur ordonné du Seigneur, souvent au nom du Seigneur.
Elle est déclarée clairement et sans équivoque
et est d’application générale à un peuple
ou à une époque ou à tous les hommes à
toutes les époques. D’autres peuvent avoir des visions
inspirées, mais elles s’appliquent expressément à
ces personnes ou à ces situations.
•
Le témoignage est habituellement soutenu par des témoignages
supplémentaires tels que l'accompagnement de l'Esprit de Dieu,
d'autres manifestations ou la parole d’autres testateurs.
•
Elle est conforme aux principes scripturaires et à la doctrine
établie.
•
Celui qui reçoit et remet le message est moralement droit,
honnête et humblement obéissant aux commandements de
Dieu.
•
Le contenu révélé et le comportement recommandé
se présentent comme bons et vrais.
•
Les conséquences, quand on suit l'information ou la directive,
sont salutaires pour la personne et pour les autres, excepté
dans les cas où la vision contient une réprimande pour
iniquité ou une prophétie de destruction.
•
Une impression d’illumination, d'édification et de paix
plutôt que d'inquiétude ou de confusion suit la
réception ou la prise de conscience de la vision.
•
Elle n'est pas induite par des drogues, de l’érotisme,
des rituels violents ou surexcités ni par le culte de faux
esprits.
On
affirme souvent que les visions ne sont que le résultat normal
de la psychologie, de la biologie, de la culture ou de l’emploi
de drogue, mais ce point de vue n’a jamais été
étayé de manière convaincante. De telles
interprétations sont utiles pour une gamme étroite de
phénomènes explicables mais n'atteignent pas le domaine
transcendant et inspirant des vraies visions. Les théories
depuis la psychanalyse freudienne jusqu’à la
psychobiologie moderne des rêves et des états de
conscience altérés ne suffisent pas pour comprendre les
concepts divinement donnés.
Bibliographie
Flusser,
David. "Visions". Dans Encyclopaedia Judaica, Vol. 16, p.
166-168. Jérusalem, 1972.
Nibley, Hugh W.
Enoch the
Prophet. Dans CWHN, Vol. 2.
ALLEN E. BERGIN
Visions de
Joseph Smith
Auteur :
PORTER, LARRY C.
Les
prophètes antiques étaient habituellement appelés
par un processus de révélation : des visions et/ou
des révélations : « Lorsqu’il y
aura parmi vous un prophète, c’est dans une vision que
moi, l’Éternel, je me révélerai à
lui, c’est dans un songe que je lui parlerai » (No.
12:6). Le prophète Joël a prédit que les visions
augmenteraient dans les derniers jours, disant : « Vos
vieillards auront des songes, et vos jeunes gens des visions »
(Joël 2:28-32).
Le
prophète Joseph Smith eut sa première vision à
l'âge de quatorze ans tandis qu’il priait dans un bosquet
dans l’ouest de l’État de New York (voir Première
Vision). L'apparition du Seigneur, dans son cas comme dans celui de
Saul de Tarse, s’accompagna d’une lumière
brillante venue du ciel (Ac. 9:3). Le Seigneur parla face à
face avec Joseph et l'appela à son service. Ce fut la première
d'une série de visions que Joseph Smith reçut, dont
beaucoup furent racontées à d'autres personnes. Béni
comme Jean sur l'île de Pathmos et Paul qui parla du troisième
ciel, le prophète Joseph Smith a affirma : « Si
vous pouviez regarder cinq minutes dans le ciel, vous en sauriez plus
que vous n’en sauriez en lisant tout ce qui a jamais été
écrit sur le sujet » (EPJS, p. 262 ; cf. HC
6:50). Il a également déclaré que « la
meilleure manière d'obtenir la vérité et la
sagesse n'est pas de la demander à des livres, mais d’aller
trouver Dieu dans la prière et d’obtenir l'enseignement
divin » (EPJS, p. 154).
Le
président John Taylor a dit que Joseph Smith avait des
contacts avec des prophètes de toutes les dispensations :
« Puisqu'il
[Joseph] était à la tête de la dispensation de la
plénitude des temps, qui comprend toutes les diverses
dispensations qui ont existé sur la terre, et que comme les
Dieux dans les mondes éternels et la Prêtrise qui
officiait dans le temps et l'éternité avaient déclaré
qu'il était temps de faire paraître ces choses, ils
s’étaient tous unis pour lui donner les clefs de leur
mission respective » [JD 18:326].
Une
nouvelle dispensation exige que soient conférées
prêtrise et clefs, selon la loi des témoins :
« Toute affaire se réglera sur la déclaration
de deux ou de trois témoins » (2 Co. 13:1). Pendant
la période de rétablissement où la prêtrise
et les clefs furent conférées par des messagers
célestes, le prophète était accompagné
d'un ou de plusieurs témoins. Oliver Cowdery était une
figure principale dans l'accomplissement de cette loi des témoins
(voir Témoins, loi des) ; les autres furent David
Whitmer, Martin Harris et Sidney Rigdon. Faisant la distinction entre
les rêves et les visions et associant les visions et les
visitations, Joseph dit : « Une vision ouverte
manifestera ce qui est le plus important » (EPJS, p. 128).
Les visions cruciales reçues par le prophète Joseph
Smith sont la source de beaucoup de points de doctrine et
d’enseignements essentiels des saints des derniers jours.
LA
PREMIÈRE VISION. Lucy Mack Smith raconte que pendant que la
famille de Joseph Smith, père, exploitait sa ferme à
Manchester (New York) pendant la période de 1820, « il
y eut un grand réveil religieux qui s'étendit à
toutes les confessions chrétiennes des environs »
Lucy et trois des enfants se rallièrent à la Western
Presbyterian Church de Palmyra, mais Joseph ne s’affilia à
rien. Il devait écrire plus tard : « Il était
impossible… de décider d'une manière sûre
qui avait raison et qui avait tort. » (JS–H 1:8).
Réagissant au conseil biblique : « Si
quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la
demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans
reproche, et elle lui sera donnée » (Ja. 1:5),
Joseph se retira dans les bois et fit ce qu'il appela sa
« première
prière à haute voix » Sa prière
pleine de foi fut exaucée. Joseph écrit : « Je
vis deux Personnages dont l'éclat et la gloire défient
toute description, et qui se tenaient au-dessus de moi dans les airs.
L'un d'eux me parla, m'appelant par mon nom, et dit, en me montrant
l'autre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoute-le ! »
Répondant à sa question sur le point de savoir à
quelle Église il devait se joindre, le Seigneur lui dit de ne
se joindre à aucune d’elles, disant qu’il devait
rester comme il était « jusqu'à ce que je
reçusse d’autres directives » (JS–H
1:17-19, 26). Quand Joseph sortit du bosquet, il possédait la
connaissance que Dieu et son Fils étaient les personnalités
réelles, que la Divinité se composait de personnes
distinctes et que Dieu entend les prières et y répond.
Il savait aussi qu'il ne devait pas s’affilier aux confessions
existantes (Backman, 1971, p. 206-208). Cette vision déclencha
une succession de visitations de la part de messagers célestes
qui guidèrent le jeune prophète dans le processus du
rétablissement de l'Évangile de Jésus-Christ.
VISITATIONS
DE MORONI. Le prophète continua à vaquer à ses
activités ordinaires jusqu'au 21 septembre 1823, tout en
« subissant constamment de dures persécutions de la
part de toutes sortes de gens » en partie à cause
de ses affirmations au sujet de sa Première Vision (JS–H
1:27). Tandis qu’il priait ce soir-là pour savoir où
il en était devant Dieu, un ange apparut à son chevet,
disant qu'il avait été envoyé de la présence
de Dieu et que son nom était Moroni. Il expliqua « que
Dieu avait une œuvre à [lui] faire accomplir, et que
[son] nom serait connu en bien et en mal parmi toutes les
nations »
(JS–H 1:33). Il lui parla d'un livre qui avait été
écrit sur des plaques d'or, racontant l’histoire des
anciens habitants du continent. Le livre contenait la plénitude
de l'Évangile éternel telle qu’elle avait été
remise par le Sauveur à ces gens. Une vision fut également
accordée à Joseph d’une colline voisine et de
l'endroit où les plaques contenant ces annales étaient
déposées.
Le
jour suivant, Joseph se rendit à la colline, que ses disciples
appelèrent plus tard Cumorah, enleva un couvercle de pierre et
vit le contenu du coffre qui était dessous, les plaques,
l'urim et le thummim, et un pectoral. L'ange reparut et l'informa que
le moment de déplacer les plaques n'était pas arrivé
et qu'il devait le retrouver pendant quatre années au même
endroit pour recevoir des enseignements complémentaires (JS–H
1:53). Une autre vision s’ouvrit à la vue de Joseph et
il vit « le prince des ténèbres, entouré
par son innombrable suite de complices ». Le messager
céleste dit : « Tout ceci t’est montré,
le bien et le mal, le saint et l’impur, la gloire de Dieu et le
pouvoir des ténèbres, afin que tu les distingues
dorénavant et ne te laisses jamais influencer ou vaincre par
le malin » (Messenger and Advocate 2:198).
De
1824 à 1827, Joseph retourna tous les ans à la colline
comme stipulé. Le 22 septembre 1827, il rencontra l'ange et
reçut ses instructions finales concernant les annales. Moroni
les lui donna à traduire. Joseph dit : « Le
même messager céleste me les remit avec cette consigne :
que j'en serais responsable ; que si je les perdais par
insouciance ou négligence de ma part, je serais retranché ;
mais que si j'employais tous mes efforts à les conserver
jusqu'à ce que lui, le messager, vînt les réclamer,
ils seraient protégés » (JS–H 1:59).
Le messager ne limita pas son enseignement à ces seules
rencontres annuelles, mais prit contact avec Joseph à de
nombreuses occasions (Peterson, p. 119-120). En tout, l'ange Moroni
visita Joseph Smith au moins vingt fois (voir Moroni, Visitations
de). Joseph affirma à ses collaborateurs que d'autres
prophètes du Livre de Mormon lui avaient également
rendu visite, notamment Néphi, fils de Léhi (Cheesman,
p. 38-60). Lucy Mack Smith écrit que, grâce à
cette formation, son fils Joseph était en mesure de décrire
« avec beaucoup de facilité » les
anciens habitants de l'Amérique, « leur
habillement, leur façon de voyager et les animaux qu’ils
montaient ; leurs villes, leurs bâtiments dans le détail,
leur façon de faire la guerre et également leur culte
religieux » (p. 83).
JEAN-BAPTISTE.
Le 15 mai 1829, tandis qu’ils traduisaient le Livre de Mormon à
Harmony (Pennsylvanie), Joseph Smith et Oliver Cowdery se mirent à
se poser des questions au sujet du baptême pour la rémission
des péchés décrit dans 3 Néphi 11.
Ils allèrent dans les bois pour prier afin d’être
éclairés. Tous deux écrivent qu'un messager
céleste, qui se dit être Jean-Baptiste, posa les mains
sur eux et les ordonna à la Prêtrise d'Aaron en disant :
« À vous, mes compagnons de service, au nom du
Messie, je confère la Prêtrise d'Aaron, qui détient
les clefs du ministère d'anges, de l'Évangile de
repentir et du baptême par immersion pour la rémission
des péchés ; et cela ne sera plus jamais enlevé
de la terre, jusqu'à ce que les fils de Lévi fassent de
nouveau une offrande au Seigneur selon la justice » (JS–H
1:69 ; D&A 13 ; cf. EPJS, p. 138).
PIERRE,
JACQUES ET JEAN. Jean-Baptiste informa aussi Joseph et Oliver que
« cette Prêtrise d'Aaron n'avait pas le pouvoir
d'imposer les mains pour le don du Saint-Esprit, mais que cela nous
serait conféré plus tard ». Jean dit « qu'il
agissait sous la direction de Pierre, Jacques et Jean, lesquels
détenaient les clefs de la Prêtrise de Melchisédek,
Prêtrise qui, dit-il, nous serait conférée en
temps voulu » (JS–H 1:70-72).
Ce
rétablissement se produisit vers la fin mai ou le début
juin 1829, quelque part entre Harmony et Colesville sur le fleuve
Susquehanna (voir Prêtrise de Melchisédek :
Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek).
Joseph Smith devait témoigner plus tard à propos de
cette visitation : « La prêtrise est éternelle.
Le Sauveur, Moïse et Élie ont donné les clefs à
Pierre, Jacques et Jean sur la montagne quand ils ont été
transfigurés devant lui…. Comment sommes-nous arrivés
à la prêtrise dans les derniers jours ? Elle est
descendue, descendue en une succession régulière.
Pierre, Jacques et Jean l'ont reçue et ils nous l'ont
donnée. » (WJS, p. 9)
TROIS
TÉMOINS DU LIVRE DE MORMON. Par révélation,
Oliver Cowdery, David Whitmer et Martin Harris furent choisis pour
être témoins des plaques et de l’authenticité
de la traduction du Livre de Mormon (2 Né. 11:3 ;
27:12 ; Ét. 5:2-4 ; D&A 5:11-18 ; D&A
17). Pendant la dernière partie de juin 1829, en compagnie de
Joseph Smith, ces trois hommes se rendirent dans les bois attenants à
la maison Whitmer à Fayette (New York) et s’agenouillèrent
pour prier. Comme ils ne recevaient pas immédiatement la
révélation promise, Martin Harris dit qu'il pensait que
c’était peut-être lui la cause de leur échec.
Après que Martin Harris se fut retiré, les autres se
remirent à genoux pour prier. David Whitmer décrit la
visitation de Moroni :
« L'ange
se tint devant nous. Il était vêtu de blanc et parla et
m'appela par mon nom et dit : « Béni celui qui
garde ses commandements… » Une table fut mise
devant nous et dessus les annales des Néphites dont le Livre
de Mormon avait été traduit, les pectoraux [et
également l'urim et le thummim], la boule directrice
[Liahona], l'épée de Laban et d'autres plaques. Tandis
que nous les regardions, la voix de Dieu parla des cieux, disant que
le livre était vrai et que la traduction en était
correcte [cité dans « Letter from Elder W. H.
Kelley », Saints’ Herald 29, 1er mars 1882, p.68].
Par
la suite, Joseph alla retrouver Martin Harris et ils eurent ensemble
une manifestation semblable. Les trois témoins approuvèrent
plus tard une déclaration décrivant leur expérience
qui accompagne tous les exemplaires du Livre de Mormon. Ils jurèrent
qu'ils avaient vu l'ange et les plaques et que « nous
savons aussi qu'elles ont été traduites par le don et
le pouvoir de Dieu, car sa voix nous l'a déclaré »
(voir Témoins du Livre de Mormon). Plus tard, huit autres
eurent le privilège de voir et de manipuler les plaques, mais
sans la présence de l'ange et sans avoir entendu la voix de
Dieu.
VISION
DES GLOIRES. Pendant qu’il rédigeait le texte de sa
traduction de la Bible, Joseph Smith alla s’installer avec
Sidney Rigdon chez John Johnson à Hiram (Ohio), le 12
septembre 1831. Pendant que les deux hommes travaillaient à
l'évangile de Jean, il devint évident pour eux que
beaucoup de points importants au sujet du salut des hommes avaient
été perdus dans la Bible. Joseph écrit :
« D’après les vérités qui
restaient, il semblait qu’il allât de soi que si Dieu
récompensait chaque homme selon les actions accomplies dans le
corps, le terme ‘ciel’, signifiant la demeure éternelle
des saints, devait comprendre plus d’un royaume »
(HC 1:245). Le 16 février 1832, dans une pièce à
l’étage de la maison Johnson, tandis que Sidney Rigdon
et lui examinaient le passage de Jean 5:29, ils eurent une vision à
plusieurs facettes (D&A 76), débutant par une vision du
Père et du Fils dans la gloire la plus élevée.
Cette scène fut suivie d'une série de visions, dont la
Perdition et les fils de Perdition et puis des royaumes de gloire
céleste, terrestre et téleste. Un témoin, Philo
Dibble, qui se trouvait dans la pièce, devait se souvenir que
les deux hommes restèrent immobiles pendant environ une heure.
L’un disait : « Qu’est-ce que je vois »
et le décrivait, et l'autre disait : « Je vois
la même chose » (Juvenile Instructor 27, 15 mai
1892, p. 303-304).
Il
est clair que le prophète Joseph Smith ne communiqua pas tout
ce qu’il avait vu dans la vision, car il dit plus tard :
« Je pourrais en expliquer cent fois plus que je ne l’ai
jamais fait sur les gloires des royaumes qui m’ont été
manifestées dans la vision, si cela m’était
permis et si le peuple était prêt à le recevoir »
(EPJS, p. 246).
VISIONS
DU TEMPLE DE KIRTLAND. Du 21 janvier au 1er mai 1836, beaucoup de
saints de Kirtland connurent un déversement de l'Esprit, « une
période de Pentecôte ». Le 21 janvier, le
prophète se réunit avec d'autres dans la salle de
classe ouest du deuxième étage du temple de Kirtland.
Joseph y eut une vision du royaume céleste de Dieu (D&A
137). Il vit le Père et le Fils et plusieurs personnalités
antiques, notamment Adam, Abraham et sa propre mère et son
père (tous les deux encore en vie) et son frère Alvin,
qui était mort en 1823 (verset 5). Comme Joseph s'étonnait
de la place d'Alvin dans le royaume céleste, la voix du
Seigneur déclara : « Tous ceux qui sont morts
sans connaître l'Évangile, qui l'auraient reçu
s'il leur avait été permis de demeurer, seront
héritiers du royaume céleste de Dieu »
(verset 7). Il fut également instruit sur le destin des petits
enfants. Le prophète écrit : « je vis
aussi que tous les enfants qui meurent avant de parvenir à
l'âge de responsabilité sont sauvés dans le
royaume céleste de Dieu » (verset 10).
Pendant
la consécration du temple de Kirtland, qui eut lieu le 27 mars
1836, beaucoup témoignèrent de la présence
d’anges. Le prophète identifia explicitement les anciens
apôtres Pierre et Jean comme étant présents parmi
eux (Backman, The Heavens Resound, 1983, p. 299-300 ; cf. JD
9:376).
Une
semaine plus tard, le 3 avril 1836, Joseph Smith et Oliver Cowdery
s'étaient retirés aux pupitres de la Prêtrise de
Melchisédek du côté ouest du rez-de-chaussée
du temple. Les rideaux furent baissés autour de la zone des
pupitres tandis que les hommes priaient. « Le voile fut
enlevé de notre esprit, et les yeux de notre entendement
furent ouverts » (D&A 110:1). Le Seigneur se tint
devant eux sur la balustrade du pupitre. « Ses yeux
étaient comme une flamme de feu, ses cheveux étaient
blancs comme la neige immaculée, son visage était plus
brillant que l'éclat du soleil et sa voix était comme
le bruit du déferlement de grandes eaux, oui, la voix de
Jéhovah » (D&A 110:3). Le Sauveur accepta le
nouvel édifice et promit que son nom et sa gloire seraient
présents et que des milliers de personnes recevraient un
déversement de bénédictions à cause du
temple et de la Dotation reçue par ses serviteurs dans cette
maison (D&A 110:6-9).
Après
l'apparition du Sauveur, trois autres messagers se présentèrent.
Chacun conféra aux deux dirigeants des clefs spécifiques
de la prêtrise. Moïse vint et « [leur] remit
les clefs du rassemblement d'Israël » (verset 11).
Lorsque Moïse partit, Élias, qui possédait les
clefs « de l'Évangile d'Abraham »,
apparut et remit les clefs de cette dispensation, disant « qu'en
nous et en notre postérité toutes les générations
après nous seraient bénies » (verset 12).
D'autres clefs de la prêtrise furent rétablies par Élie,
qui déclara : « Voici, le temps est pleinement
arrivé, ce temps dont il a été parlé par
la bouche de Malachie, lorsqu'il a témoigné qu'il
[Élie] serait envoyé… pour tourner le cœur
des pères vers les enfants, et les enfants vers les pères »
(versets 14-15 ; voir aussi Alliance abrahamique ; Évangile
d'Abraham).
AUTRES
MANIFESTATIONS CÉLESTES. Divers récits affirment que
d'autres personnes furent également témoins de telles
apparitions non seulement par rapport au temple de Kirtland mais
précédemment lors de réunions dans l'école
de rondins à la ferme d'Isaac Morley et à l'école
des prophètes tenue dans le magasin de Newel K. Whitney (K.
Anderson, p. 107-113, 169-177 ; Backman, The Heavens Resound,
1983, p. 240, 264-68, 284-309).
Les
visions mentionnées ci-dessus ne sont que quelques-unes des
manifestations innombrables qui guidèrent le prophète.
Joseph mentionne en avoir vu d’autres en vision, notamment
Michel, Gabriel et Raphaël, mais ne donne pas de détails
(D&A 128:20-21). Le président John Taylor identifie encore
d'autres personnages qui servirent le prophète, notamment
Adam, Seth, Hénoc, Noé, Abraham, Isaac et Jacob (JD
17:374 ; 18:325-26 ; 21:65, 94, 161 ; 23:48).
Un
auteur a fait ce commentaire : « Il avait des visions
du passé aussi bien que du futur. Comme voyant, il connaissait
des choses sur le passé qui ne font pas partie de nos
Écritures, mais qu’il mentionnait dans ses discours »
(Madsen, p. 44). « J'ai vu Adam dans la vallée
d'Adam-ondi-Ahman » (EPJS, p. 158). À Joseph
Knight, père, le prophète commenta sur les perspectives
que lui ouvraient l'urim et le thummim, qu'il avait trouvés
déposés avec les plaques d'or. Knight explique :
« Il semblait penser plus des lunettes ou de l'urim et du
thummim… il dit : « Je peux tout voir ;
elles sont merveilleuses » (Jessee, 1976, p. 33). En
conséquence, après avoir lu le Livre des Martyrs de
Foxe, Joseph fit la réflexion qu'il « avait vu ces
martyrs et ils étaient des disciples honnêtes et dévoués
du Christ, selon la lumière qu’ils possédaient et
ils seront sauvés » (Stevenson, p. 6). Il vit en
vision des marcheurs du camp de Sion qui avaient péri du
choléra dans le comté de Clay, au Missouri. Il relata
leur situation, observant aux survivants : « Frères,
j'ai vu ces hommes qui sont morts du choléra dans notre camp ;
et le Seigneur sait que si j'obtiens une demeure aussi lumineuse que
la leur, je n’en demande pas plus » (HC 2:181 n).
L’organisation du Collège des douze apôtres et du
premier collège des soixante-dix lui fut révélée
« par la vision et par le Saint-Esprit » et il
créa ces offices dans la prêtrise en février 1835
(HC 2:182). Dans une vision plus ancienne, il vit « les
douze apôtres de l'Agneau, qui sont maintenant sur la terre,
qui détiennent les clefs de ce dernier ministère ;
ils étaient dans des pays étrangers, debout ensemble en
cercle, très fatigués, les vêtements en lambeaux
et les pieds enflés, les yeux baissés, et Jésus
debout au milieu d’eux, et ils ne le voyaient pas. Le Sauveur
les contemplait et pleurait » (HC 2:381). Il eut une
vision qui lui permit d'indiquer « le lieu central »
à Independence (Missouri) (EPJS, p. 60). Il expliqua à
propos d'une vision de la résurrection des morts : « La
vision était si claire que j’ai réellement vu des
hommes, avant qu’ils ne fussent sortis de la tombe, comme s’ils
se levaient lentement » (EPJS, p. 238). Il eut également
la vision des temples de Kirtland et de Nauvoo avant leur
construction et donna des instructions détaillées aux
architectes, décrivant les fenêtres et leur illumination
(JD 13:357 ; 14:273 ; HC 6:196-97). Il vit d’avance
les difficultés rencontrées par les saints lors de la
traversée des plaines, leur installation dans les montagnes
Rocheuses et le futur état des saints (HC 5:85 n-86n).
Vers
la fin de sa vie, il fit cette réflexion : « C'est
ma méditation tout le jour et davantage que ma nourriture et
ma boisson que de savoir comment faire comprendre aux saints de Dieu
les visions qui déferlent comme une vague débordante
devant mon esprit » (WJS, p.
196).
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LARRY C. PORTER
Y
Young,
Brigham
[Cette rubrique
se
compose de deux articles :
Young,
Brigham : Brigham Young
Young,
Brigham : Enseignements
de Brigham Young
Brigham Young
est une biographie du célèbre
dirigeant pionnier et deuxième président de l’Église.
Enseignements de Brigham Young donne un aperçu de la diversité
et de l’importance de ses
enseignements conservés dans ses discours. Les aperçus
Histoire de l’Église : 1831-1844, Périodes
d’Ohio, du Missouri et de Nauvoo et Histoire de l’Église :
1844-1877, Périodes de l’exode
et du début de l’histoire de l’Utah passent en
revue l’histoire de l’Église du vivant de Brigham
Young et du temps de sa présidence. Il est le personnage
principal des sujets traités dans Migration vers l’Ouest :
Planification et prophétie ; Vie et culte pionniers ;
Immigration et émigration ; et Colonisation.]
Young,
Brigham : Brigham Young
Auteur :
ARRINGTON, LEONARD J.
Colonisateur,
gouverneur territorial et président de l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Brigham Young
(1801-1877) naquit le 1er juin 1801 à Whitingham (Vermont). Il
était le neuvième des onze enfants de John Young et
Abigail (Nabby) Howe. Après son service dans l’armée
révolutionnaire de George Washington, John Young s’installa
dans une ferme à Hopkinton (Massachusetts). Après avoir
passé seize ans à Hopkinton, John et Nabby partirent
pour le sud du Vermont, où Brigham naquit. Quand il eut trois
ans, la famille partit pour le centre de l’État de New
York et, quand il eut dix ans, pour Sherburne (au sud du centre de
l’État de New York). Brigham aida à défricher
des terres à cultiver, prit au piège des animaux à
fourrure, pêcha, construisit des hangars et creusa des caves et
aida aux semailles, à la culture et aux récoltes. Il
soigna également sa mère, qui était gravement
atteinte de la tuberculose.
Elle
décéda en 1815, quand il avait quatorze ans. Peu de
temps après, à la recherche de quelqu’un pour
s’occuper de ses enfants en bas âge, John Young épousa
une veuve, Hannah Brown, qui introduisit ses propres enfants dans la
famille. Brigham décida de partir de chez lui. Vivant un
certain temps chez une sœur, il devint apprenti menuisier,
peintre et vitrier à Auburn, une localité voisine. Au
cours des cinq années qui suivirent, il aida à créer
à Auburn le premier marché, la prison, le séminaire
de théologie et la maison du « Squire »
William Brown (plus tard occupée par William H. Seward, qui
fut gouverneur de l’État de New York et Secrétaire
d’État de Lincoln). Devenu maître menuisier,
Brigham construisit des garnitures de porte et des vasistas à
claire-voie et sculpta des manteaux de cheminée ornementés
pour beaucoup de maisons. Aujourd’hui encore, beaucoup de
vieilles maisons de la région ont des chaises, des bureaux,
des escaliers, des portes et des manteaux de cheminée faits
par Brigham Young.
Brigham
quitta Auburn au printemps de 1823 pour travailler à Port
Byron (New York), où il répara des meubles et peignit
des péniches. Il inventa un système pour mélanger
les peintures et fabriqua beaucoup de chaises, de tables, de canapés,
d’armoires et de portes. Il aida aussi à organiser la
société d’art oratoire locale. Le 5 octobre 1824,
à l’âge de vingt-trois ans, Brigham épousa
Miriam Works. Ils s’installèrent dans la commune
d’Aurelius où ils entrèrent dans l’Église
méthodiste. Dans l’année qui suivit, leur premier
enfant, Elizabeth, naquit.
Après
quatre ans à Port Byron, Brigham et Miriam partirent pour
Oswego, un port sur le lac Ontario, où il ajouta à sa
réputation de bon artisan, d’homme honnête et
industrieux. Il rejoignit un petit groupe de chercheurs religieux qui
faisaient des prières ferventes et chantaient des cantiques
entraînants. Une de ses connaissances d’Oswego témoigna
que sa conduite était exemplaire, humble et contrite.
Vers
la fin de 1828, Brigham emmena sa famille à Mendon (New York),
à soixante-cinq kilomètres de Port Byron, près
de son père et d’autres parents. À Mendon, Miriam
donna le jour à une deuxième fille, Vilate, mais
contracta une tuberculose chronique et devint à moitié
invalide. Brigham faisait les repas, habillait les enfants, nettoyait
la maison et, le matin, portait Miriam jusqu’à un
fauteuil à bascule devant la cheminée et la remettait
au lit le soir. A Mendon, il construisit un atelier et un moulin,
fabriqua et répara des meubles et installa des vitres, des
embrasures de portes, des escaliers et des manteaux de cheminée.
Au
printemps de 1830, Samuel Smith, frère de Joseph Smith, passa
par Mendon lors d’un voyage pour distribuer le Livre de Mormon.
Il en laissa un exemplaire à Phineas, frère aîné
de Brigham, un prédicateur ambulant. Phineas fut favorablement
impressionné par le livre et le prêta à son père,
puis à sa sœur Fanny, qui le donna à Brigham.
Bien qu’impressionné, Brigham recommanda néanmoins
la prudence : « Attendez un peu … je [veux]
voir s’il y a du bon sens là-dedans » (JD
3:91 ; cf. 8:38). Après près de deux ans de
recherche, Brigham, touché par le témoignage d’un
missionnaire mormon, fut baptisé au printemps de 1832. Toute
la famille immédiate de Brigham fut également baptisée
et tous restèrent saints des derniers jours fidèles
leur vie durant. Miriam, qui devint également membre, ne vécut
que jusqu’en septembre 1832.
Une
semaine après son baptême, Brigham fit son premier
sermon. Il déclara : « [Après mon
baptême] je voulais tonner et rugir l’Évangile aux
nations. Cela me brûlait dans les os comme un feu mal contenu,
alors j’ai commencé à prêcher… Rien
d’autre ne pouvait me satisfaire que crier partout dans le
monde ce que le Seigneur était en train de faire dans les
derniers jours » (JD 1:313). Brigham se sentait à
ce point poussé à « crier partout »
qu’il enrôla l’aide de Vilate et de Heber C.
Kimball pour s’occuper de ses filles et abandonna son commerce
pour se consacrer de tout cœur à l’édification
du « royaume de Dieu ». Cet automne-là,
après la mort de Miriam, Heber Kimball, lui et plusieurs
parents se rendirent à Kirtland, où il rencontra pour
la première fois le prophète Joseph Smith, qui avait
alors vingt-six ans. Invité à la prière du soir
chez les Smith, Brigham fut poussé par l’Esprit et parla
en langues, la première fois que le Prophète voyait
quelqu’un le faire.
Les
voyages missionnaires suivants de Brigham le conduisirent vers le
nord, l’est, l’ouest et le sud de Mendon. Avec son frère
Joseph Young, il fit plusieurs voyages de prédication dans la
campagne de New York et d’Ontario (Canada). Pendant l’été
de 1833, il se rendit avec plusieurs de ses convertis canadiens à
Kirtland où il entendit Joseph Smith parler du rassemblement,
soulignant que l’édification du royaume de Dieu exigeait
plus que simplement la prédication. Ainsi instruit, Brigham
retourna à New York et, avec les Kimball, déménagea
son ménage à Kirtland pour pouvoir participer à
l’édification d’une nouvelle société.
Parmi
ceux que Brigham rencontra à Kirtland il y avait Mary Ann
Angell, originaire de Seneca (comté d’Ontario, New
York), qui avait travaillé dans une usine à Providence
(Rhode Island) jusqu’à sa conversion à l’Église
et son déménagement à Kirtland. Brigham l’épousa
le 18 février 1834. Elle prit soin des deux filles que Brigham
avait eues de Miriam et eut plus tard six enfants à elle.
En
1834, Brigham et son frère Joseph participèrent au camp
de Sion, une petite armée qui fit à pied le trajet
d’Ohio au Missouri pendant l’été de 1834
pour aider ceux qui avaient été chassés de chez
eux par des émeutiers hostiles. Brigham trouva que cette
expédition difficile, dirigée par Joseph Smith, avait
été une éducation superbe et dit plus tard que
« ce fut là que je commençai à savoir
comment diriger Israël » (Arrington, p. 45-46).
Ce
furent le dévouement et le potentiel, plus que les
réalisations, qui qualifièrent Brigham Young pour être
choisi en février 1835 comme membre du Collège des
douze apôtres originel de l’Église. Les Douze
étaient « un grand conseil voyageur »
chargé porter l’Évangile « à
toutes nations, familles, langues et peuples ». Ils
présidaient non pas « au pays » mais « à
l’étranger » où aucun pieu local
n’était établi. Ce groupe devint plus tard le
collège dirigeant dans l’Église après la
Première Présidence.
Chaque
été Brigham entreprenait des missions de prosélytisme
dans l’Est ; chaque hiver il s’occupait de sa
famille et aidait à l’édification de Kirtland. Il
aida à la construction du temple de Kirtland, assista à
l’école des prophètes, participa au déversement
de Pentecôte qui accompagna la consécration du temple de
Kirtland au printemps de 1836 et se lança dans les activités
économiques liées à l’Église dont
Joseph Smith le chargeait. Quand la communauté de Kirtland se
divisa à propos de la façon dont Joseph Smith
dirigeait, la défense vigoureuse du prophète assurée
par Brigham Young exaspéra tellement les critiques que Brigham
dut fuir Kirtland pour sa propre sécurité.
Quand
arriva l’été de 1838, la plupart des fidèles
de Kirtland, dont Brigham et sa famille, étaient allés
s’installer au comté de Caldwell, dans le nord du
Missouri. L’arrivée d’un nombre de plus en plus
important de saints des derniers jours ralluma les antagonismes avec
les vieux colons et des violences éclatèrent (voir
Conflit au Missouri). Désarmés, violés et
dépouillés de la plupart de leurs possessions, les
saints des derniers jours furent chassés de l’état.
Joseph Smith, son frère Hyrum, Sidney Rigdon et d’autres
dirigeants de l’Église ayant été jetés
en prison, Brigham Young, doyen du Collège des Douze, dirigea
l’évacuation des saints vers Quincy et d’autres
localités de l’Illinois. Pour garantir que les membres
sans attelages ni chariots ne fussent pas abandonnés, il
rédigea l’Alliance du Missouri. Tous ceux qui la
signèrent acceptaient de mettre leurs ressources à
disposition pour déménager tout le monde en lieu sûr.
Au
printemps de 1839, Joseph Smith désigna Commerce (renommé
Nauvoo) (Illinois), comme nouveau lieu central de rassemblement des
saints. La famille de Brigham était à peine installée
dans la région que lui et d’autres membres des Douze
partaient faire une mission en Grande-Bretagne. En dépit de la
pauvreté et de la mauvaise santé ambiantes, Brigham
quitta sa femme et ses enfants en septembre, bien décidé
à aller coûte que coûte en Angleterre. Ses
compagnons et lui arrivèrent finalement à Liverpool en
avril 1840 (voir Missions des Douze aux îles Britanniques).
Comme
président de collège, Brigham dirigea le travail de son
collège en Grande-Bretagne pendant une année étonnante
au cours de laquelle ils baptisèrent entre 7.000 et 8.000
convertis, imprimèrent et distribuèrent 5.000
exemplaires du Livre de Mormon, 3.000 livres de cantiques, 1.500
exemplaires du Millennial Star et 50.000 brochures, créèrent
une agence de navigation et aidèrent près de 1.000
personnes à émigrer à Nauvoo. Brigham se rendit
dans les villes principales d’Angleterre et prit le temps de
visiter le palais de Buckingham, la cathédrale Saint-Paul,
l’abbaye de Westminster, le Lake District, des villes
industrielles, les Potteries, des musées, des galeries d’art
et, naturellement, les convertis, riches et pauvres. Plus tard, il
devait souvent commenter sur ce qu’il avait vu et appris en
Angleterre.
Un
succès aussi saisissant, la première expérience
de ce genre pour un collège uni, prépara les Douze à
des responsabilités supplémentaires. De retour à
Nauvoo, Brigham reçut la tâche de diriger les Douze dans
leur supervision de l’œuvre missionnaire, de l’achat
de terres et de l’installation des immigrés, ainsi que
de divers projets de construction. Avec d’autres, le principe
du mariage plural lui fut enseigné ; il l’accepta
après avoir beaucoup hésité, réfléchi
et prié. Avec le consentement de Mary Ann, il épousa
Lucy Ann Decker Seeley en juin 1842 et eut plus tard d’autres
épouses plurales. Il fut parmi les premiers à recevoir
la dotation complète du temple en 1842 et, plus tard, avec
Mary Ann, participa avec d’autres qui avaient reçu les
ordonnances du temple à des sessions au cours desquelles
Joseph Smith donna des instructions supplémentaires sur les
principes de l’Évangile.
Étant
maintenant président du collège qui venait directement
en second après la Première Présidence en
autorité et en responsabilité, Brigham Young était
quelqu’un de très éminent et influent à
Nauvoo. Néanmoins, tout en contribuant à tout diriger,
depuis la construction du temple de Nauvoo jusqu’à
l’œuvre missionnaire à l’étranger, il
conserva l’habitude qu’il avait prise à Kirtland
d’entreprendre personnellement des missions de prédication
chaque été. En février, Joseph Smith donna
d’autres instructions à Brigham Young et à
d’autres de son collège sur un déplacement futur
vers les montagnes Rocheuses. En mars 1844, Brigham participa à
la création du conseil des cinquante, une organisation qui
annonçait le modèle de gouvernement d’une future
société théocratique et qui fut le dernier
modèle d’organisation de ce genre laissé par
Joseph Smith. Peu après, comme s’il pressentait sa mort
imminente, Joseph Smith donna à Brigham et aux autres membres
des Douze la mission solennelle de « emporter ce
royaume », leur disant qu’ils avaient maintenant
toutes les clefs et toutes les instructions nécessaires pour
le faire avec succès (CR, avr. 1898, p. 89 ; MS. 5, mars
1845, p. 151).
En
mai 1844, Brigham et d’autres apôtres partirent pour des
missions d’été. Pendant leur absence, les
événements se dégradèrent à
Nauvoo. Joseph Smith fut arrêté et, le 27 juin, tué
avec son frère Hyrum quand des émeutiers donnèrent
l’assaut à la prison où ils étaient
détenus (voir Prison de Carthage ; Martyre de Joseph et
de Hyrum Smith). Brigham était dans la région de Boston
et n’apprit l’assassinat avec certitude que le 16
juillet. Ses compagnons et lui revinrent précipitamment à
Nauvoo, où ils arrivèrent le 6 août. Après
un affrontement spectaculaire avec Sidney Rigdon le 8 août,
Brigham et les Douze furent soutenus pour diriger l’Église
(voir Succession à la Présidence). Brigham resta le
dirigeant jusqu’à sa mort en 1877.
Bien
que décidés, en privé, à quitter Nauvoo,
Brigham et ses collaborateurs étaient déterminés
à finir le temple pour que les saints puissent recevoir leurs
ordonnances. Alors même qu’ils travaillaient pour se
défendre et pour finir le temple, ils tinrent des réunions
pour décider quand et où partir plus vers l’ouest.
Peu après que des violences eurent éclaté en
septembre 1845, ils annoncèrent publiquement leur intention de
partir le printemps suivant. En décembre, le temple fut prêt
pour les ordonnances et dès février, près de
6.000 membres avaient reçu les bénédictions du
temple. Les saints avaient également passé l’automne
et l’hiver à se préparer pour l’exode. Des
comités furent nommés et une Alliance de Nauvoo fut
signée pour garantir que ceux qui avaient des biens aident
ceux qui n’en avaient pas.
En
partie par crainte d’une intervention gouvernementale, Brigham
Young entreprit l’émigration dans le froid et la neige
de février 1846 plutôt que d’attendre le
printemps. Par centaines, puis par milliers, les gens, les animaux et
les chariots traversèrent le fleuve Mississippi et pataugèrent
dans la boue de l’Iowa jusqu’à des Quartiers
d’Hiver (Winter Quarters, maintenant Florence, dans le
Nebraska) sur le fleuve Missouri. À la fin du printemps, près
de 16.000 saints étaient sur la route.
Brigham
dirigea personnellement cette odyssée massive, qui nécessitait
l’attribution de produits alimentaires, de chariots, de bœufs
et de biens de l’Église aux convois organisés qui
se mettaient en route sur la piste. La préparation et la
traversée de l’Iowa prirent si longtemps qu’aucun
des convois ne put atteindre les montagnes Rocheuses cette année-là,
comme on l’avait espéré. Cette expérience
exigeante de l’Iowa donna à Brigham Young des leçons
précieuses sur les hommes et l’organisation, leçons
dont il se servit tout au long de ses années de direction. Il
apprit aussi à nouveau que quand les ressources humaines se
révèlent insuffisantes, on doit se tourner avec foi
vers Dieu. Cet hiver-là, Brigham annonça la « parole
et [la] volonté du Seigneur » (D&A 136) pour
aider à organiser les saints et à les préparer
pour le voyage vers l’Ouest.
Brigham
Young se mit en route, le 5 avril 1847, avec une avant-garde de 143
hommes, 3 femmes et 2 enfants. Retardé par maladie, il arriva
dans la vallée du lac Salé le 24 juillet, quelques
jours après le groupe d’exploration. Lorsqu’il eut
vu la vallée de ses propres yeux, il annonça que
c’était le bon endroit pour un nouveau siège de
l’Église et confirma que la région serait le
nouveau lieu de rassemblement. Il désigna aussi l’endroit
exact pour un temple. Il dirigea l’exploration de la région,
aida au levé et au lotissement des terrains pour les maisons,
les jardins et les fermes, appela la nouvelle colonie « Great
Salt Lake City, Grand Bassin, Amérique du Nord »,
tint des réunions où il nomma John Smith dirigeant
religieux de la nouvelle colonie et marqua son accord pour des règles
de base de travail et de partage coopératifs. Le 26 août,
Brigham rejoignit le groupe qui s’en retournait à Winter
Quarters.
À
Winter Quarters, en décembre 1847, Brigham et les autres
membres des Douze réorganisèrent la Première
Présidence de l’Église, avec Brigham comme
président. Le mois d’avril suivant, lui, sa famille et
quelque 3.500 autres saints se mirent en route pour la vallée
du lac Salé. Les activités de Brigham, qui devait
organiser les convois, construire des ponts, réparer
l’équipement et dresser les bœufs, développèrent
des capacités qui allaient se manifester tout le reste de sa
vie.
Brigham,
qui avait maintenant quarante-sept ans, dut affronter une série
de problèmes tandis qu’il s’installait
définitivement dans la vallée du lac Salé. Le
premier fut de loger sa famille. Sur un lot jouxtant City Creek dans
ce qui est maintenant le centre de Salt Lake City, il construisit,
pour ses femmes et ses enfants, une rangée de maisons de
rondins qui, collectivement, fut appelée Harmony House. Au sud
de ceci il construisit plus tard la Maison Blanche, une construction
d’adobes séchées au soleil couverte de plâtre
blanc. Plus tard encore, il construisit une grande maison d’adobes
avec étage dont la façade donnait sur ce qu’on
finit par appeler Brigham Street (maintenant South Temple Street). Ce
bâtiment, qui était muni d’une tour surmontée
d’une ruche dorée, fut appelé la Beehive House et
fut la résidence officielle de Brigham comme gouverneur et
président de l’Église. En 1856, Brigham ajouta un
édifice impressionnant d’adobes de deux étages
auquel on donna le nom de Lion House à cause de la statue d’un
lion couché sur le portique. Plusieurs de ses familles
vécurent dans ce bâtiment, juste à l’ouest
de la Beehive House. Il construisit plus tard des maisons dans le sud
de Salt Lake City, à Provo et à St-George. Les maisons
de Brigham étaient toutes bien construites et finement
meublées.
Le
plus grand problème public était de trouver des
endroits pour recevoir les saints qui arrivaient. Salt Lake City fut
divisée en pâtés de quatre hectares et chaque
chef de famille recevait un lot d’un demi-hectare sur un des
pâtés de la ville. Les gens y gardaient leur bétail,
leur potager et leurs autres accessoires « de maison »
(voir Urbanisme). Un pâté de quatre hectares situé
juste à l’ouest de Brigham fut désigné
comme Temple Block (voir Temple Square) et on y installa la Bowery
(tonnelle), un abri provisoire fait de branches d’arbre, où
les saints tinrent d’abord leurs services religieux, le
tabernacle et divers ateliers utilisés pour la construction de
bâtiments publics. La construction du temple de Salt Lake City
commença en 1853.
À
l’extérieur de la ville, des lots de deux et de quatre
hectares furent distribués à ceux qui voulaient
cultiver. Sous la direction de Brigham Young, des équipes
coopératives furent chargées de creuser des fossés
et des canaux pour irriguer les cultures et pour fournir de l’eau
aux maisons. D’autres brigades clôturèrent les
zones résidentielles, construisirent des routes, coupèrent
du bois de construction et ouvrirent des ateliers. D’autres
groupes choisirent de nouveaux lieux à coloniser et aidèrent
à mettre les gens dans les meilleurs endroits. D’autres
encore furent appelés en mission aux États-Unis, en
Europe ou dans le Pacifique.
Au
printemps de 1849, Brigham Young organisa Salt Lake City en dix-neuf
paroisses, créa des paroisses dans d’autres colonies,
fonda l’État de Deseret avec lui-même comme
gouverneur et mit sur pied le Fonds perpétuel d’émigration
pour aider les saints de Grande-Bretagne, de Scandinavie et d’Europe
continentale à émigrer.
Avec
les milliers de saints qui arrivaient de l’Est des États-Unis
et d’Europe, la colonisation exigea l’attention de
Brigham Young. Sous sa direction, quatre sortes de colonies furent
créées : premièrement, les colonies prévues
comme lieux provisoires de rassemblement et de recrutement, tels que
Carson Valley au Nevada ; deuxièmement, les colonies
devant servir de centres de production, comme le fer à Cedar
City, le coton à St-George, le bétail à Cache
Valley et les moutons à Spanish Fork, tous en Utah ;
troisièmement, les colonies devant servir de centres pour
convertir et aider des Indiens, comme à Harmony, dans le sud
de l’Utah, Las Vegas, dans le sud du Nevada, Lemhi, dans le
nord de l’Idaho et ce qui est aujourd’hui Moab, dans
l’est de l’Utah ; quatrièmement, des colonies
permanentes en Utah et dans les États et territoires voisins
pour fournir des maisons et des fermes aux centaines de nouveaux
immigrés qui arrivaient chaque été. En dix ans,
près de 100 colonies avaient été implantées ;
en 1867, il y en avait plus de 200 et avant sa mort en 1877, il y en
avait près de 400. Il est clair qu’il fut l’un des
plus grands colonisateurs de l’Amérique.
Comme
président de l’Église, Brigham dirigeait
régulièrement l’office du dimanche à Salt
Lake City et rendait visite tous les ans au plus grand nombre de
communautés périphériques possible. Il nomma des
évêques pour chaque paroisse et colonie et invita chaque
paroisse à organiser pour ses membres des activités
culturelles telles que bals, théâtre, récitals de
musique et, surtout, des écoles. Il écoutait les
personnes qui avaient à se plaindre, répondait aux
innombrables questions sur des affaires personnelles et de famille
aussi bien que sur la religion et dicta des milliers de lettres
contenant des instructions, des recommandations, des conseils amicaux
et des réflexions occasionnelles sur les affaires de l’Église
et du pays. C’était un saint des derniers jours ferme et
un conseiller sage.
Brigham
prononça, dans l’Utah des pionniers, quelque 500 sermons
qui furent enregistrés mot à mot par un sténographe.
Ces sermons, tous prononcés sans texte préparé,
peuvent donner l’impression d’être décousus,
mais ils étaient bien pensés et révèlent
un pouvoir mental remarquable. Ils étaient bien adaptés
à ses auditoires. Ses discours étaient comme des
« causeries de veillée », une
conversation à bâtons rompus avec son auditoire.
Entremêlant des sujets aussi divers que la mode féminine,
l’expiation du Christ, des souvenirs de Joseph Smith et la
façon de faire du bon pain, Brigham maintenait son auditoire
suspendu à ses lèvres, fasciné, amusé et
en larmes, parfois pendant des heures. Il inspirait, motivait,
enseignait et encourageait.
Les
saints des derniers jours s’étaient installés
parmi diverses tribus d’Amérindiens. Tenant à les
aider, à les convertir et à éviter les effusions
de sang, Brigham créa des fermes indiennes, prit des Indiens
dans sa propre maison, préconisa une politique basée
sur le principe que « les nourrir coûte moins cher
que les combattre » et tint des réunions
périodiques avec les chefs. Ses politiques n’étaient
pas toujours couronnées de succès, mais il cherchait
systématiquement les solutions pacifiques et s’opposait
fermement à la pratique trop courante sur la « frontière »
de tuer les Indiens pour des vétilles.
En
1851, Brigham fut nommé gouverneur et surintendant des
affaires indiennes du Territoire d’Utah par Millard Fillmore,
président des États-Unis. Son problème principal
comme gouverneur fut de traiter avec les fonctionnaires fédéraux
« extérieurs », dont beaucoup étaient,
à tous points de vue, hostiles à l’Église
et d’une incompétence inexcusable. Il y eut des
problèmes pour les petites dépenses fédérales,
le fait que les saints n’avaient pas recours aux juges fédéraux
dans les cas de conflits civils, le manque de tact des fonctionnaires
nommés par le fédéral quand ils parlaient de
l’Église, leur opposition à l’union de
l’Église et de l’État et leur idée
toute faite que les saints des derniers jours étaient immoraux
parce qu’ils toléraient le mariage plural. [On trouvera
d’autres événements qui retinrent l’attention
de Brigham Young en 1856 dans Convois de charrettes à bras ;
Réforme de 1856-1857.]
Cette
polémique incessante finit par amener James Buchanan,
président des États-Unis, à prendre la décision,
en 1857, de remplacer Brigham Young par un gouverneur
« extérieur »,
Alfred Cumming, de Géorgie. En même temps, le président
Buchanan, qui avait été informé (incorrectement)
que les mormons étaient « dans un état de
rébellion substantielle contre les lois et l’autorité
des États-Unis » envoya une grande partie de
l’armée américaine en Utah pour installer le
nouveau gouverneur et garantir l’exécution des lois des
États-Unis (voir Expédition d’Utah). Le
gouverneur Young ne fut pas avisé de cette action, mais on
repéra des forces armées secrètement en route
pour l’Utah. Craignant une répétition de la
« voyoucratie » du Missouri et de l’Illinois,
il rappela les personnes vivant dans les colonies périphériques
et mobilisa les saints pour défendre leurs foyers. Finalement,
avec l’aide de Thomas L. Kane, il négocia un règlement
pacifique en vertu duquel l’armée occupa Camp Floyd, un
poste situé à une soixantaine de kilomètres de
Salt Lake City. L’armée américaine fut une source
d’irritation, mais pas un obstacle, à la poursuite de
l’expansion et du développement de l’Église.
Le président Young resta, comme s’en vantait son
entourage, gouverneur du peuple, tandis que ses remplaçants ne
faisaient que gouverner le territoire. L’armée quitta
l’Utah en 1861 avec le début de la guerre de Sécession.
Convaincu
qu’il fallait adapter la technologie la plus récente au
profit de la société des saints, Brigham Young signa un
contrat en 1861 pour construire le télégraphe
transcontinental du Nebraska à la Californie, puis il se mit à
construire les deux mille kilomètres du Deseret Telegraph de
Franklin (Idaho) jusqu’au nord de l’Arizona. Celui-ci
relia presque tous les villages mormons à Salt Lake City et,
par ce raccordement, au monde. Tandis que le chemin de fer
transcontinental était en construction, il négocia des
contrats avec la Union Pacific et la Central Pacific pour que des
entreprises mormones construisent les assiettes de la route à
l’est de Salt Lake City jusque dans la région du Wyoming
et à l’ouest jusque bien loin au Nevada. Il organisa
ensuite les lignes de chemin de fer du Utah Central, Utah Southern et
Utah Northern Railroad pour prolonger la ligne au sud d’Ogden
jusqu’à Frisco dans le sud de l’Utah et vers le
nord jusqu’à Franklin (Idaho) et par la suite jusqu’au
Montana.
Conscient
du fait que l’achèvement du chemin de fer mettrait en
danger l’économie sociale indépendante de son
peuple, le président Young inaugura un mouvement protecteur
qui cherchait à préserver, autant que possible, le mode
de vie qui lui était propre. Il organisa des coopératives
pour gérer la vente et la fabrication locales, lança
plusieurs nouvelles entreprises pour développer les ressources
locales, promut des sociétés de secours dans chaque
paroisse pour créer des occasions d’épanouissement,
de socialisation et de services compatissants pour les femmes, ouvrit
les portes de l’université de Deseret (plus tard
l’université d’Utah) aussi bien aux jeunes filles
qu’aux jeunes gens, encouragea les femmes à se former
professionnellement, particulièrement en médecine et
donna le vote aux femmes. En 1875, il fonda l’Académie
Brigham Young (plus tard l’université Brigham Young), en
1877 le Brigham Young College (Logan, Utah) et le Latter-day Saints
College (voir LDS Business College). En 1874, il promut aussi le
mouvement de l’Ordre Uni pour encourager la coopération,
la production et la consommation locales (voir Histoire économique
de l’Église).
Brigham
Young resta vigoureux jusqu’à sa mort en août
1877. Juste avant sa mort, il consacra le temple de St-George et y
lança la totalité des ordonnances du temple, quelque
chose qu’il se réjouissait de faire depuis Nauvoo, et il
révisa l’organisation de l’Église à
tous les niveaux, mettant pour la première fois en forme des
pratiques qui allaient caractériser l’Église
pendant près d’un siècle.
Brigham
était un homme bien bâti et trapu (les dernières
années corpulent) d’un mètre soixante-quinze,
légèrement plus grand que la moyenne pour son temps. Il
y avait très peu de gris dans ses cheveux brun clair. Les
visiteurs remarquaient ses yeux bleu-gris perçants bordés
de sourcils minces. S’il finit par porter la barbe, Brigham
resta glabre jusque dans les années 1850, quand il commença
à porter des favoris jusqu’au menton. Sa bouche et son
menton étaient fermes, annonçant, pensaient les
visiteurs, sa volonté de fer. Il était généralement
posé et calme, mais il pouvait tonner du haut de la chaire.
Parfois appelé le « Lion du Seigneur »,
il pouvait également rugir quand on l’irritait.
Les
manières de Brigham Young étaient plaisantes et
courtoises. Ses habits, généralement soignés et
simples, étaient souvent de fabrication domestique. Il
combinait une énergie et une assurance vibrantes avec de la
déférence pour les sentiments des autres et avec une
absence complète de prétention. Lorsqu’il mourut,
il avait épousé vingt femmes, dont seize lui avaient
donné cinquante-sept enfants. Il mourut le 29 août 1877
d’une péritonite consécutive à une rupture
d’appendice.
Les
réalisations les plus manifestes de Brigham furent le produit
du talent qu’il eut toute sa vie de prendre des décisions
pratiques. Il institua des méthodes de gouvernement de
l’Église qui persistent à ce jour. Quand il fit
traverser l’Iowa aux saints, il publia des instructions
détaillées qui furent suivies par les centaines de
convois qui traversèrent les plaines jusqu’à la
vallée du lac Salé au cours des années qui
suivirent. Dans le Grand Bassin, il dirigea l’organisation de
plusieurs centaines de colonies de saints, fonda plusieurs centaines
d’entreprises coopératives de vente au détail, de
vente en gros et de production et lança la construction
d’églises, de tabernacles et de temples. Tout en faisant
tout cela, il mena un combat ininterrompu avec le gouvernement des
États-Unis pour préserver le mode de vie propre aux
saints.
Mais
pour Brigham Young c’étaient là des moyens, pas
la fin. Sa priorité absolue était de bâtir sur la
base posée par Joseph Smith pour établir un empire dans
le désert où son peuple pourrait pratiquer l’Évangile
de Jésus-Christ dans la paix, améliorant de ce fait ses
perspectives dans cette vie et dans la prochaine. Il aimait le Grand
Bassin parce que sa rigueur et son isolement en faisaient l’endroit
idéal pour « faire des
saints ».
Bibliographie
Arrington,
Leonard J.
Brigham Young : American Moses. New York, 1985.
Bringhurst,
Newell G. Brigham Young and the Expanding American Frontier. Boston,
1986.
Palmer, Richard
F. et Karl D. Butler, Brigham Young :
The New York Years. Provo, Utah, 1982.
Walker, Ronald
W. et Ronald
K. Esplin. « Brigham Himself : An Autobiographical
Recollection ». Journal of Mormon History 4, 1977, p.
19-34.
LEONARD J.
ARRINGTON
Young,
Brigham :
Enseignements de Brigham Young
Auteur :
NIBLEY, HUGH W.
En
dirigeant les saints des derniers jours pendant plus de trente ans,
Brigham Young n’a écrit que relativement peu, à
l’exception de ses lettres, mais il a parlé fréquemment
et sur de nombreux sujets. Il était constamment obligé
de parler ex cathedra sur beaucoup de sujets relatifs à la vie
dans ce monde et dans l’autre. Ses discours étaient
vigoureux et directs, remplis d’un réalisme franc et de
bon sens et beaucoup de ses discours étaient enregistrés
en sténographie par des secrétaires. Outre ses
réalisations pratiques et ses qualifications mécaniques,
c’était un des hommes les plus discursifs et les plus
lucides qui soient. C’était un homme qui avait subi
l’épreuve du feu (par exemple, il fut littéralement
chassé cinq fois de chez lui) et qui avait connu toutes les
épreuves de la vie, depuis les allées du pouvoir
jusqu’aux avant-postes les plus rudes de la civilisation. Il
lui arrivait de dire des choses qui étonnaient ou même
choquaient ceux qui avaient tendance à prendre pour doctrine
tout ce qu’il disait, mais avec cette passion d’enseigner
et d’apprendre des gens de la Nouvelle-Angleterre, il fonçait
tête baissée.
Tous
les commentateurs concèdent que Brigham Young a été
l’un des dirigeants les plus capables et les plus dynamiques de
l’histoire américaine. Il était l’un des
hommes les plus pratiques de son époque, un réaliste,
un homme qui avait la tête sur les épaules, qui était
équilibré et plein de bon sens qui veillait à ce
que les choses se fassent. Mais, pour lui, tout cela était
secondaire. Ce qui était important, c’était que
les gens sachent ce qu’ils faisaient et pourquoi. Ses ordres et
ses recommandations s’accompagnaient d’explications
complètes et convaincantes.
Ses
enseignements commencent par la foi en Jésus-Christ :
« Ma foi est placée dans le Seigneur Jésus-Christ,
et ma connaissance, je l’ai reçue de lui »
(JD 3:155). « Jésus est notre capitaine et notre
dirigeant ; Jésus, le Sauveur du monde – le Christ
en qui nous croyons » (JD 14:118). « Notre foi
est placée dans le Fils de Dieu et par lui dans le Père,
et le Saint-Esprit est leur ministre pour ramener des vérités
à notre souvenir » (JD 6:98).
Brigham
Young acquit une grande partie de sa connaissance de Jésus-Christ
grâce à sa fréquentation constante du prophète
Joseph Smith : « Ce que j’ai reçu du
Seigneur, je l’ai reçu par Joseph Smith » (JD
6:279). Jusqu’à la fin de sa vie, Young témoigna
que la mission de Joseph Smith avait été de rendre la
connaissance du Christ à la terre. « J’aime
sa doctrine, disait-il. J’ai envie de crier alléluia
tout le temps quand je pense que j’ai un jour connu Joseph
Smith, le prophète que le Seigneur a suscité et
ordonné » (JD 13:216 ; 3:51). Ses derniers
mots furent : « Joseph, Joseph, Joseph. »
Sur
cette base, Brigham Young enseigna avec force la loi de la
progression éternelle. Cette vie est une partie de l’éternité.
La connaissance et la gloire éternelles doivent être
obtenues et favorisées sur cette terre. L’amélioration,
l’instruction, la formation, l’édification et
l’épanouissement sont la joie de la vie : « Nous
ne comptons pas cesser d’apprendre tandis que nous vivons sur
terre ; et quand nous aurons traversé le voile, nous
comptons continuer à apprendre » (JD 6:286). Et la
progression éternelle mène à l’état
divin : « Les fidèles deviendront des dieux,
oui, les fils de Dieu » (JD 6:275).
Brigham
Young était conscient de ce que beaucoup de gens n’étaient
pas prêts à comprendre les mystères de Dieu et de
l’état divin. « Je pourrais vous en dire
beaucoup plus à ce sujet », dit-il en parlant du
rôle d’Adam, mais il se ravisa en se rendant compte que
le monde se méprendrait probablement sur son enseignement (JD
1:51).
Tous
les descendants d’Adam (hommes, femmes et enfants) doivent
travailler. « Quel est ce travail ? »
demande Brigham. « L’amélioration de la
condition humaine. Ce travail doit continuer jusqu’à ce
que les gens qui vivent sur cette terre soient préparés
à recevoir notre Seigneur à son arrivée »
(JD 19:46).
Pour
Brigham, l’amélioration signifiait « édifier
dans la force et la stabilité, embellir, orner, réjouir
et embaumer la Maison du Seigneur avec de beaux instruments de
musique et de la belle mélodie » (MS 10:86). Plus
spécifiquement, la manière par excellence dont l’homme
peut laisser sa marque sur la face de la nature sans causer de
dommages, c’est de planter. Le président Young
conseillait constamment à son peuple de faire ce qui avait été
commandé à Adam de faire dans le jardin d’Éden
quand il cultivait le jardin et en prenait soin : Notre travail
est « d’embellir la face de la terre jusqu’à
ce qu’elle devienne comme le jardin d’Éden »
(JD 1:345).
En
prenant soin du monde, « Toutes les réalisations,
toutes les grâces raffinées, toutes les réa¬lisations
utiles dans les mathématiques, la musique et dans toutes les
sciences et tous les arts appartiennent aux saints, et ils doivent
pro¬fiter aussi vite que possible des trésors de
connaissances que les sciences offrent à tous les étudiants
diligents et persévérants, et c’est là
notre devoir…. C’est le devoir des saints des derniers
jours, selon la révélation, de donner à leurs
enfants la meilleure éducation possible, tant dans les livres
du monde que dans les révélations du Seigneur »
(JD 10:224). « Si un Ancien nous fait un discours sur
l'astronomie, la chimie ou la géologie, notre religion
embrasse tout cela. Peu importe le sujet, du moment qu'il tend à
améliorer l'esprit, à élever les sentiments et à
agrandir les capacités. La vérité qui se trouve
dans tous les arts et toutes les sciences fait partie de notre
religion » (JD 2:93 - 94).
La
fascination du président Young pour les choses de l’esprit
allait jusqu’aux expériences de la vie de tous les
jours. Le plaisir des sens est, disait-il, l’une de nos grandes
bénédictions sur la terre et une source merveilleuse de
plaisir.
Le
destin de Brigham Young le conduisit dans l’aridité du
désert de l’Ouest, mais il sentait une beauté
spirituelle dans ce pays. « Vous débutez ici à
nouveau, dit-il au peuple. Le sol, l’air, l’eau sont purs
et sains. Ne permettez pas qu’ils soient souillés par la
méchanceté. Efforcez-vous d’empêcher que
les éléments soient contaminés par la conduite
mauvaise et impure de ceux qui pervertissent l’intelligence que
Dieu a accordée au genre humain » (JD 8:79). Pour
Brigham, la propreté et la souillure morales et physiques sont
aussi inséparables que l’esprit et le corps :
« Faites en sorte que votre vallée reste pure,
gardez nos villes aussi pures que vous le pouvez, gardez le cœur
pur et travaillez régulièrement autant que vous le
pouvez, mais pas au point de vous faire du mal. » (JD
8:80).
Brigham
Young avait également une passion de Yankee pour l’économie,
mais elle reposait sur le respect généreux de la valeur
des choses matérielles, pas sur le désir mesquin de
simplement les posséder. Quand il disait : « Autant
que je sache, pendant ces trente dernières années, il
ne m’est jamais arrivé de porter un manteau, un chapeau
ou un vêtement quelconque, ou de posséder un cheval, un
chariot, etc, sans demander au Seigneur si je l’ai mérité
ou non – Est-ce que je vais porter ceci ? Est-ce que je
peux l’utiliser ou pas ? » (JD 8:343), il
exprimait le plus haut degré sollicitude et de responsabilité
humaines.
Brigham
Young parlait souvent de Sion et d’édifier le royaume de
Dieu. Il utilisait le nom Sion pour décrire la situation
idéale et avait constamment Sion à l’esprit :
« Il ne manque pas une seule chose dans toutes les œuvres
des mains de Dieu pour créer une Sion sur la terre lorsque le
peuple décidera de la faire » (JD 9:283). Il se
rendait bien compte que l’idéal de Sion allait à
l’encontre des valeurs économiques contemporaines :
« Beaucoup pensent que la possession d’or et
d’argent leur donnera le bonheur… en cela ils se
trompent » (JD 11:15). « Si, par des habitudes
industrieuses et des transactions honora¬bles, vous obtenez des
milliers ou des millions, peu ou beaucoup, vous avez le devoir
d'utiliser, aussi judicieusement que vous le pouvez, tout ce qui est
mis entre vos mains pour l'édification du royaume de Dieu sur
la terre » (JD 4:29).
Sion
devait être établie sur la base de la coopération :
« La doctrine qui veut que nous nous unissions dans nos
travaux temporels et œuvrions tous pour le bien de tous existe
depuis le commencement, de toute éternité, et elle
existera pour toujours et à jamais » (JD 17:117).
En cela il n’y avait aucune place pour la discussion ou la
controverse, encore moins pour la rancœur : « Chassez
toute aigreur de votre cœur – toute colère,
fureur, différends, convoitise et concupiscence et sanctifiez
le Seigneur Dieu dans votre cœur, afin de jouir du
Saint-Esprit » (JD 8:33).
Le
contraste entre la lumière et les ténèbres était
vif chez le président Young : « D’où
vient le mal ? Il vient quand nous faisons du bien un mal. À
propos des éléments de la création de Dieu, leur
nature est aussi pure que les cieux, et nous la détruisons. Je
voudrais que vous compreniez que le péché n’est
pas un attribut de la nature de l’homme, mais une inversion des
attributs que Dieu a placés en lui » (JD 10:251).
Il reconnaît un agent conscient et actif dans la propagation du
mal : « Satan n’a jamais possédé
la terre ; il n’en a jamais fait la moindre particule ;
son travail n’est pas de créer, mais de détruire »
(JD 10:320).
La
vraie stature de Brigham Young apparaît si l’on cherche à
créer une liste de ses pairs. Il a emmené une bande de
loqueteux appauvris, dépouillés de pratiquement tous
leurs biens terrestres, dans un territoire inconnu. Ses critiques et
ses biographes notent que l’homme était unique parmi les
dirigeants de l’histoire moderne, car à lui tout seul,
sans aucun soutien politique ni financier, il a créé de
rien dans le désert une société ordonnée
et travailleuse, n’ayant d’autre autorité que la
prêtrise et la force spirituelle avec lesquelles il dispensait
ses enseignements. Par des exhortations et des instructions
constantes, il a uni son peuple et l’a inspiré à
s’acquitter du mandat divin d’édifier le royaume
de Dieu sur la terre.
Bibliographie
Le Journal of
Discourses contient plus de 350 discours de Brigham Young. On
trouvera un choix de passages organisés par sujet dans John A.
Widtsoe, comp., Discours de Brigham Young, Salt Lake City,
1954.
Melville J.
Keith. « The Reflections of Brigham
Young on the Nature of Man and the State » BYU Studies 4,
1962, p. 255-267.
Melville J.
Keith. “Brigham Young’s
Ideal Society : The Kingdom of God” BYU Studies 5, 1962,
p. 3-18.
Nibley, Hugh W.
“Educating the Saints – A
Brigham Young Mosaic” BYU Studies 11, automne 1970, p.
61-87.
Nibley, Hugh W.
“Brigham Young on, the Environment”
Dans To the Glory of God, dir. de publ. T. Madsen et C. Tate, p.
3-29. Salt Lake City, 1972.
Walker, Ronald
W. “Brigham Young
on the Social Order”, BYU Studies 28, été 1988,
p. 37-52.
HUGH W. NIBLEY
Mise
à jour du 27/09/2019