Joseph Smith était-il envoyé de Dieu ?


Louis Bertrand (1808-1875)

Rédacteur au journal socialiste Le Populaire, baptisé à Paris par John Taylor le 1er décembre 1850


Article publié en 1851 sous forme de brochure (voir le fac-similé de l'original), alors que l'auteur était président du district de Paris





Il est du devoir de tout homme qui croit posséder la vérité, qui a embrassé des croyances nouvelles, inconnues dans sa patrie, d'exposer à ses amis et au public les bases sur lesquelles reposent des convictions profondes. C'est ce que je me propose de faire dans ce traité.

J'ai parcouru tout le globe, j'ai cherché à résoudre bien des problèmes, j'ai examiné de nombreux systèmes, j'ai étudié les utopies du jour, j'ai dévoré des milliers de volumes : La vérité, telle qu'une ombre fugitive, s'est, constamment dérobée à mes recherches. Que faire, que devenir sans boussole sur cet océan tumultueux et insondable de la vie ?

Quand on considère l'état actuel du monde, on est frappé de la confusion extrême qui y règne, et l'on se demande, avec anxiété, comment l'humanité, qui semble abandonnée à elle-même, pourra se relever et sortir de ce chaos ténébreux, inextricable.

Dieu, principe et fin de toutes choses, prenant pitié de ma détresse, a fait luire sur moi un rayon lumineux de son intelligence. Un écrit de quelques pages m'a dessillé les yeux. Le flambeau de la révélation, a éclairé soudain mon esprit de ses clartés ineffables. J'ai reçu le baptême d'eau et de feu. Je suis croyant, j'ai la foi.

Il y a quelques mois, je rencontrai sur mon chemin des hommes vertueux, simples, candides, arrivant de l'Amérique, du fond des montagnes Rocheuses, qui me tinrent cet étrange langage :

Nous sommes envoyés par le Seigneur pour prêcher en France l'Évangile éternel. Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu de Moïse, des prophètes et des apôtres a daigné de nouveau se manifester aux hommes. Il a suscité Joseph Smith, notre compatriote, et l'a investi de son autorité pour rétablir sur la terre le christianisme primitif dans toute sa pureté, sa plénitude, sa beauté et sa puissance. Parée de son originaire simplicité naturelle, notre religion est une révélation directe de Dieu à nous et au monde.

Mais, leur dis-je, ce ne sont là que de simples affirmations. L'Église primitive chrétienne avait à montrer des preuves vivantes de son origine céleste : Elle avait des apôtres inspirés comme Paul et Pierre, des diacres inspirés comme Étienne, des évangélistes inspirés comme Matthieu, des prophètes inspirés comme Agabus, et même des prophétesses inspirées comme les filles de Philippe. Tous ces signes surnaturels et d'autres encore, qui abondaient dans son sein, provenaient de l'Esprit qui était en elle et avec elle, en autorité et en puissance. Votre Église doit posséder les mômes dons, puisqu'elle a des prétentions à la même origine. Aucune des Églises modernes, que je sache, ne saurait apporter de telles preuves ; ce ne sont donc là que des sectes, ce ne sont à mes yeux que des institutions purement humaines.

L'Église des saints des derniers jours a non seulement la même organisation que le christianisme primitif, mais encore la même puissance apostolique. Voici nos preuves écrites. Lisez et jugez.

Parmi les divers ouvrages anglais qu'ils me mirent entre les mains, se trouvait une brochure intitulée : Autorité divine, ou la question : Joseph Smith était-il envoyé de Dieu? Par Orson Pratt, l'un des douze apôtres. Ce qui suit n'en est pas précisément une traduction fidèle et scrupuleuse, mais j'y ai largement puisé des arguments à l'appui de ma thèse.

D'après ce qui précède, il me reste à prouver que Joseph Smith, fondateur de notre Église, a réellement reçu une mission divine. En effet, toute la question est là, question d'une importance capitale, puisqu'elle embrasse la destinée de toute la génération actuelle.

Premièrement, il est évident que si Joseph Smith n'a pas été l'envoyé et le prophète de Dieu sur la terre, notre Église ne saurait être l'Église du Christ, et que les centaines de milliers de personnes qui en ont reçu le baptême n'ont pas obtenu la rémission de leurs péchés et sont exactement dans le même cas que les milliards d'âmes qui nous ont précédés dans l'éternité. La forme, sans l'autorité, n'a pas plus de valeur que ces innombrables systèmes religieux inventés par les hommes, qui n'ont aucun trait de ressemblance avec l'Église primitive apostolique. Cette forme est même plus dangereuse, parce qu'elle est plus susceptible d'égarer les esprits.

Les autres Églises n'ont pas la prétention d'avoir des apôtres inspirés, des prophètes, des évangélistes, etc.; d'où nous savons, si le Nouveau Testament est vrai, qu'elles ne peuvent être l'Église de Dieu. Mais les saints des derniers jours affirment qu'ils ont ces ministres et ces dons parmi eux, et ils affirment qu'ils ont l'autorité d'administrer toutes les ordonnances et de conférer toutes les bénédictions de l'ancienne Église ; d'où nous savons qu'en admettant comme preuves de sa mission les divers ministères, les principes doctrinaux, les ordonnances et les cérémonies du culte, cette Église peut produire un parfait modèle. En ces choses, les saints anciens et modernes sont exactement semblables. Donc, nous ne saurions être condamnés par le Nouveau Testament.

Si les saints des derniers jours ne sont pas ce qu'ils prétendent être, il y a une chose certaine, c'est que personne ne sera jamais capable de réfuter leur doctrine par les Écritures ; quelle que soit l'imperfection de nos frères, leur doctrine est infaillible. Peut-on en dire autant de tout autre peuple qui, depuis 1700 ans, a existé sur l'hémisphère oriental ? Non. Leurs doctrines ont été un mélange hétérogène de vérité et d'erreur, qui ne saurait supporter un instant d'examen de la part d'hommes inspirés de Dieu; il serait facile d'y découvrir quelque disparité, quelque déviation, soit dans l'organisation, soit dans les ordonnances de l'Évangile.

Et maintenant, après tant de siècles, quand la sagesse humaine a déployé toutes ses forces, quand les plus grands talents ont fait les efforts les plus gigantesques pour préparer une base solide à l'édifice à construire, quelle n'est pas notre surprise en découvrant que tout cela n'est qu'une simple parade, une ombre vaine, un vrai fantôme créé par l'homme, sans presque aucun vestige de l'ancienne forme, pour ne rien dire de l'autorité. Au milieu de tant de ténèbres, un jeune homme obscur, inconnu, illettré, sans expérience, annonce un message du ciel, qui répand sur le monde des flots de lumière, détruit les dogmes humains, renverse de fond en comble des traditions séculaires, et ébranle jusqu'en leurs fondements une infinité de systèmes religieux enfantés par l'esprit de secte.

D'où vient cela ? Si Joseph Smith n'est qu'un imposteur, où a-t-il donc puisé sa sagesse incomparable ? Qui a pu lui suggérer la pensée de fonder une Église exactement conforme au christianisme primitif ? Comment cet imposteur a-t-il surpassé tellement la sagesse combinée de dix-sept siècles, qu'il ait pu créer un système religieux entièrement différent de tous ceux qui existent, et qui pourtant s'harmonise en tout point avec la doctrine de Jésus et de ses apôtres ? Comment notre imposteur dissipe les ténèbres épaisses accumulées depuis tant de siècles, et prêche en même temps une doctrine si parfaite sous tous les rapports, qu'aucun argument scripturaire ne saurait l'atteindre ! La pureté et l'infaillibilité de la doctrine de ce grand prophète moderne sont assurément des indices probants en faveur de sa mission divine.

Nous ne prétendons pas qu'une doctrine parfaite est une preuve infaillible en faveur de l'autorité divine de celui qui l'enseigne. Nous concevons même qu'il soit possible, quoique improbable, qu'un homme enseigne une doctrine pure de toute erreur, sans avoir l'autorité d'en administrer les ordonnances. Swedenborg, par exemple, et bien d'autres encore, ont enseigné des doctrines vraies à quelques égards, et fausses sous d'autres rapports ; ce qui nous donne le droit de rejeter leur autorité, quand même ils feraient des miracles. Il n'y a pas d'exemple dans l'histoire qu'une doctrine, parfaite sous tous les rapports, ait été enseignée par une personne ou par des personnes, sans qu'elles fussent inspirées de Dieu et revêtues de l'autorité divine.

Si Joseph Smith a enseigné une doctrine fausse en quelque point, on doit le rejeter comme un imposteur ; quand même il aurait changé les eaux des rivières en sang, comme les magiciens d'Égypte, ou quand même il aurait ressuscité des morts, comme la sorcière d'Endor. D'un autre côté, s'il a enseigné une doctrine vraiment parfaite, il a dû être envoyé de Dieu, même s'il n'avait opéré aucun miracle, comme Jean-Baptiste, ou le prophète Noé, ou plusieurs autres anciens prophètes. Dans les temps anciens, plusieurs grands prophètes furent successivement envoyés de Dieu. Rien ne nous annonce qu'ils firent des miracles, bien que leurs divers messages fussent d'une importance telle, qu'on ne put les rejeter sans condamnation.

Quel est l'homme de nos jours, quels que soient sa science et ses talents, capable de démontrer que la doctrine de Joseph Smith est fausse ? Les chrétiens primitifs enseignaient-ils que le baptême est d'une indispensable nécessité pour le pécheur repentant ? C'est ce qu'a fait Joseph. Enseignaient-ils la nécessité de l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit ? C'est ce qu'a fait Joseph. Enseignaient-ils que les apôtres, les prophètes, les évangélistes, les évêques, les anciens, les pasteurs, les diacres, etc., sont nécessaires dans l'Église ? C'est ce qu'a fait Joseph. Enseignaient-ils que les songes, les visions, les nouvelles révélations, le ministère des anges, les guérisons, les langues, l'interprétation des langues, et tous les autres dons spirituels sont nécessaires dans l'Église ? C'est encore ce qu'a fait ce prophète moderne.

Où est donc la différence entre la doctrine des anciens saints et celle des saints des derniers jours ? Nulle part. Les préceptes des uns sont rigoureusement identiques à ceux des autres. Nous affirmons de nouveau que cette parfaite coïncidence des deux doctrines, sous tous les rapports possibles, est un indice probant pour démontrer que Joseph Smith était envoyé de Dieu.

Deuxièmement, de quelle manière Joseph a-t-il déclaré que la dispensation de l'Évangile lui avait été confiée ? Il a rendu ce témoignage, qu'un ange du Seigneur, du nom de Moroni, lui était apparu, et que cet ange était autrefois un ancien prophète parmi les descendants de la tribu de Joseph sur le continent américain. Il atteste que Moroni lui révéla l'endroit où, il y a quatorze cents ans, il avait déposé les annales sacrées de sa nation, et que ces annales contenaient « l'Évangile éternel » tel qu'il fut enseigné et écrit par cette partie de la maison d'Israël. Il donna le pouvoir à Joseph Smith de révéler le contenu de ces annales aux nations de la terre.

Voyons maintenant comment ce témoignage de Joseph concorde avec le livre des révélations que Jean reçut de Dieu dans l'île de Patmos. Jean a prédit que lorsque l'Évangile serait de nouveau propagé à toutes les nations, ce serait un peu avant la chute de la grande Babylone et par le moyen d'un ange du ciel. Citons le texte : « Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, portant l'Évangile éternel, pour l'annoncer à ceux qui habitent sur la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue et à tout peuple ; et il disait d'une voix forte : Craignez le Seigneur, et rendez-lui gloire, parce que l'heure de son jugement est venue ; et adorez celui qui a fait le ciel et la terre, la mer et les sources des eaux. » (Apocalypse 14:6-7)

Joseph affirme que la propagation de l'Évangile à toutes les nations lui avait été confiée par un ange. Jean a fait la prophétie, Joseph en établit l'accomplissement par son témoignage. Malgré toute la perfection de sa doctrine, si Joseph n'eût pas déclaré qu'elle lui avait été révélée par un ange, nous saurions tous par cela seul qu'il n'aurait été qu'un imposteur. S'il avait été un imposteur, par quel prodige étrange autait-t-il pu formuler une doctrine si parfaite et découvrir en même temps quelle était l'entremise formelle par laquelle l'Évangile devait être rétabli sur la terre ?

Est-ce que Swedenborg, Wesley, et tant d'autres réformateurs modernes ont enseigné une doctrine pure et déclaré en même temps qu'elle leur avait été révélée par un ange du ciel ? Aucun d'eux n'a jamais eu cette prétention. Quelles que soient la pureté et la sainteté de leur doctrine, ils n'ont pas reçu l'autorité divine d'administrer des sacrements.

Si Joseph eût déclaré qu'il avait trouvé ces annales par hasard, et qu'il avait été inspiré d'en révéler le contenu à l'aide de l'Urim et du Thummim, ou s'il eût déclaré qu'il avait reçu le message divin par l'inspiration du Saint-Esprit, ou par l'Urim et le Thummim, ou de toute autre manière que celle du ministère d'un ange, nous saurions, sans autre examen, qu'il n'avait aucune autorité. Si Joseph est un imposteur, comment a-t-il pu songer à tout cela ? D'où vient que ni Luther, ni Calvin, ni Wesley, ni Swedenborg, ni aucun docteur moderne ne se soient avisés de cela dans leurs conceptions religieuses ? D'où lui sont donc venues, à lui modeste paysan, à lui pauvre illettré, ce rare savoir, cette intelligence supérieure, cette profondeur de jugement, cette prescience extraordinaire, qui éclipsent si complétement tous les prétendus réformateurs depuis dix-sept siècles ?

N'est-ce pas un fait unique dans l'histoire de voir un jeune homme sans éducation poser ainsi les bases d'un vaste système religieux, qui bouleverse de fond en comble toutes les élucubrations de nos sublimes docteurs contemporains ? Jean prophétise que lorsque l'Évangile éternel sera rétabli sur la terre, il le sera par un ange. Joseph Smith rend témoignage qu'il a été rétabli par un ange, et non d'une autre manière. Voilà un indice probant en faveur de la divinité de son appel.

Troisièmement, une révélation et le rétablissement sur la terre de l'« Évangile éternel » par l'ange déjà mentionné sous le nom de Moroni au commencement de cet exposé, n'eussent été d'aucun bénéfice pour les nations, à moins que quelqu'un eût reçu l'autorité de prêcher cet Évangile et d'en administrer les sacrements.

Moroni pouvait fort bien révéler un livre contenant un glorieux et magnifique système de salut, mais personne n'en aurait accepté les principes doctrinaux, même les plus élémentaires, sans qu'un homme eût reçu l'ordination et l'autorité légale de prêcher, de baptiser, d'imposer les mains pour le don du Saint-Esprit, etc.

Est-ce que Moroni ordonna Joseph Smith apôtre et lui donna l'ordre d'administrer les ordonnances de l'Évangile ? Nullement. Mais pourquoi ne lui conféra-t-il pas l'autorité par l'ordination comme il lui avait révélé l'Évangile éternel ? Parce que, selon toute probabilité, il n'avait pas le droit de le faire. Les anges n'ont pas tous la même autorité ni le même ministère. Moroni avait été prophète, mais rien ne nous indique qu'il eût rempli le ministère d'apôtre ; il n'avait donc pas le droit de conférer un ministère qu'il n'avait pas exercé lui-même. Il ne fit indubitablement que ce qu'il était autorisé à faire, à savoir, révéler le rouleau d'Éphraïm ou annales de ses pères contenant l'Évangile éternel.

Mais de quelle manière Joseph fut-il revêtu de l'apostolat, puisque Moroni n'avait pas l'autorité de le lui conférer ? Joseph Smith a rendu ce témoignage que Pierre, Jacques et Jean lui apparurent sous la forme d'anges, l'ordonnèrent apôtre en lui imposant les mains, lui commandèrent de prêcher, de baptiser, d'imposer les mains pour le don du Saint-Esprit et d'administrer toutes les autres ordonnances de l'Évangile, ainsi qu'ils l'avaient fait eux-mêmes sur la terre lors de la fondation du christianisme.

Est-ce que les apôtres de Swedenborg, pour ne citer que ceux-là, est-ce que tous ceux qui parurent successivement durant les ténèbres du Moyen Âge, ont un jour affirmé que l'apostolat leur avait été conféré par ceux qui, les derniers, ont exercé ce ministère, par ange ayant été lui-même apôtre ? Non. Ce ne sont donc pas là des apôtres. Si Joseph avait eu la prétention d'avoir reçu l'apostolat par révélation du Saint-Esprit, sans avoir été ordonné par les mains d'un apôtre, nous aurions su par cela seul qu'il n'était qu'un imposteur.

Comment a-t-il pu découvrir cela ? Pourquoi ne s'est-il pas attribué lui-même l'apostolat ? D'où lui sont venues soudain sa rare sagacité et sa profonde science ? Qui a pu lui suggérer l'idée qu'il ne pouvait être apôtre sans avoir été ordonné par un apôtre. Si Joseph a été un faux apôtre, il faut avouer qu'il a su déployer un degré de perspicacité auquel n'atteignirent jamais tous les soi-disant apôtres qui l'ont précédé, en dépit de leurs talents et de leur science. N'est-ce pas là un autre indice probant en faveur de sa mission divine ?

Une exactitude si minutieuse sur des sujets d'une si grande importance, sur des points de doctrine où des millions d'hommes se sont égarés, annonce une sagesse plus qu'humaine. Elle annonce une intervention divine. La pureté de la doctrine de Joseph Smith, la parfaite coïncidence de son témoignage avec celui de Jean sur la manière dont l'Évangile éternel devait être rétabli sur la terre et la profondeur de son témoignage sur le mode correct du rétablissement de l'apostolat sont autant d'indices probants qui s'harmonisent parfaitement et se fortifient mutuellement. Ainsi, les preuves s'accumulent et acquièrent une force nouvelle à mesure que nous avançons dans notre démonstration.

Quatrièmement, non seulement Joseph nous assure qu'il a reçu, des mains mêmes de messagers célestes, l'Évangile éternel et l'autorité de l'apostolat, mais il affirme qu'il a reçu, par révélation et commandement de Dieu, le pouvoir de rassembler les saints de toutes les nations. Or, la doctrine du rassemblement des saints dans les derniers jours est fausse ou vraie. Si elle est fausse, Joseph Smith n'est qu'un imposteur. Il n'y a pas d'autre alternative. Qu'importe qu'il ait été correct sur tous les autres points de son système ? S'il s'est trompé sur ce seul point, si la doctrine du rassemblement des saints est fausse, il peut être considéré comme un imposteur. Pourquoi ? Pour l'unique raison qu'il affirme avoir reçu cette doctrine par révélation directe et par commandement de Dieu. D'un autre côté, si la doctrine du rassemblement des saints est une doctrine vraie et scripturaire, nous aurons là un nouvel indice probant de la mission divine du fondateur de notre Église.

Cependant, une doctrine peut être vraie et ne pas être scripturaire. Par exemple, la loi newtonienne de la gravitation universelle des corps est un principe vrai, mais il n'est pas scripturaire, c'est-à-dire qu'il ne saurait être prouvé ou réfuté par les saintes Écritures. Ainsi, la prophétie de Noé qui l'amena à se mettre à l'abri des eaux du déluge dans une arche, celle de Lot à quitter Sodome pour se garantir d'un déluge de feu, celle du Christ à sortir de Jérusalem et à se réfugier dans les montagnes pour éviter la mort, toutes ces prédictions étaient parfaitement vraies, bien qu'elles ne pussent être prouvées ou réfutées par aucune Écriture antérieure donnée à d'anciens prophètes.

De la même façon, la doctrine de Joseph Smith sur le rassemblement des saints dans les derniers jours pourrait être vraie sans aucune Écriture antérieure pour prédire un tel événement. Ce faisant, cette doctrine ne prouverait aucunement que Joseph Smith, pour l'avoir enseignée, était envoyé de Dieu. Mais si nous pouvons démontrer que sa doctrine est parfaitement scripturaire, c'est-à-dire si le rassemblement des saints a été prédit dans les anciennes Écritures comme un événement devant avoir lieu à une certaine époque, d'une certaine manière, et par certains moyens, et que Joseph Smith vienne, à cette époque, annoncer qu'il a reçu un message divin pour rassembler les saints de la même manière et par les mêmes moyens que ceux prédits dans les Écritures, une telle coïncidence parfaite entre le message annoncé par Joseph et les prophéties scripturaires qui prédisent ce message et cette œuvre, serait assurément une indice de poids en faveur du caractère divin de sa mission.

La doctrine du rassemblement des saints dans les derniers jours, y compris le rassemblement de la Maison d'Israël, a été si clairement et si manifestement prédite par les anciens prophètes, que ce serait tout à fait superflu de citer ici les nombreux passages que nous pourrions invoquer. L'œuvre par laquelle tous les enfants de Dieu doivent être réunis en un seul peuple, est appelée par Paul « la dispensation de la plénitude des temps » (Éphésiens 1:10, Bible du roi Jacques) qu'il présente comme un événement devant avoir lieu dans l'avenir.

Environ cent ans après la naissance de notre Sauveur, Jean, l'apôtre bien-aimé, vit se dérouler devant lui, dans toute leur majestueuse grandeur, les événements surprenants et les scènes merveilleuses dont seraient acteurs et témoins les générations futures. Il vit les Églises de l'Asie, alors sous sa direction personnelle, déjà tièdes, indifférentes, corrompues, et comme sur le point d'être frappées de destruction. Il vit l'universelle apostasie qui devait bientôt naître et couvrir durant de longs siècles toutes les nations de la terre. Il vit qu'après que les nations auraient croupi durant des siècles dans les ténèbres les plus épaisses, privées de l'Église de Dieu, sans apôtres, sans prophètes, sans visitation d'anges, sans aucun message céleste, il y aurait de nouveau une immense proclamation de miséricorde à tous les peuples — une nouvelle dispensation de bonnes nouvelles du haut des cieux, qui serait accomplie par le ministère d'un ange, suivie d'un appel général et solennel à tous les habitants de la terre de sortir de Babylone, un message d'avertissement.

Ne perdons jamais de vue que cette voix était une voix venant du ciel. Ce n'était pas un de ces plans conçus par des réformateurs sans direction divine. Ce n'était pas une théorie purement humaine mais c'était une voix du ciel — un message envoyé de Dieu — une nouvelle révélation qui commandait aux saints de sortir de Babylone avant sa chute.

Après toutes les particularités si remarquables que nous avons déjà énumérées, comment Joseph Smith, ce prétendu charlatan, a-t-il encore découvert qu'une émigration générale des saints devait avoir lieu à partir de Babylone, et que cette œuvre devait immédiatement suivre l'introduction de l'Évangile par un ange ? Pourquoi n'a-t-il pas dit : Ma doctrine est vraie, embrassez-la pour votre salut, mais que chacun de vous demeure en paix dans sa patrie ? Quelle que fût la perfection de sa doctrine sur tous les autres points, s'il avait tenu ce langage à ses disciples, s'il leur avait permis de vivre et de mourir parmi les nations de la terre au lieu de les rassembler de toutes parts sur un point désigné, nous aurions été en droit de suspecter sa mission. Pire : Cela seul aurait prouvé qu'il n'était qu'un imposteur.

Les innombrables novateurs depuis dix-sept siècles, nos grands docteurs modernes ont tous omis ce point capital dans leurs prétendues réformes religieuses. Aucun d'eux n'a insisté sur la nécessité de réunir en un lieu tous les croyants, preuve certaine qu'ils étaient dépourvus de toute autorité, qu'ils n'avaient reçu aucune mission de prêcher l'Évangile, et que jamais une voix du ciel ne leur avait donné l'ordre de faire sortir les saints de Babylone.

Il n'y a rien là d'étonnant. Avant le rétablissement de l'Évangile par un ange, Dieu n'avait pas de peuple dans « Babylone ». Il ne pouvait donc pas l'inviter à en sortir. Une prêtrise sans autorité, sans inspiration divine, prêchant un évangile dénaturé, n'aurait jamais pu créer un peuple dans Babylone, car elle-même et ses nombreux affiliés font partie inrégrante de la grande Babylone. C'est uniquement lorsque l'Évangile, l'apostolat et l'autorité sont rétablis de la manière prédite, qu'un peuple de Dieu peut être formé des peuples de la terre. C'est alors, et alors seulement, qu'une voix se fait entendre du haut du ciel pour faire sortir ce peuple du milieu des diverses nations.

Il est merveilleusement étrange que Joseph Smith ait su ainsi combiner dans son système toutes les particularités caractéristiques de la grande dispensation des derniers jours. Que lui importe que les divers points de sa doctrine soient en opposition directe avec les préjugés populaires du jour ? Que lui importe de heurter de front les grandes théories religieuses contemporaines les plus en vogue ? On dirait, en effet, qu'il s'est complu à formuler son système sans faire la moindre attention s'il serait populaire ou impopulaire, s'il plairait aux savants ou aux ignorants, et s'il contrarierait ou non ses adhérents dans leur position sociale.

Il ne s'arrêta pas pour considérer si l'émigration et le rassemblement des saints seraient des mesures agréables aux propriétaires de riches domaines, de belles maisons, et aux autres hommes entourés de tous les agréments de la vie. Ne prenant nul souci de toutes ces choses, il dit : « Ainsi a dit le Seigneur », formule qu'il employa constamment pour tous les points de doctrine qu'il eut à promulguer. Or, voir un tout jeune homme, illettré, sans expérience, annoncer ainsi la parole de Dieu sur des sujet d'une si haute importance, révéler une doctrine en opposition directe, non seulement à ses propres traditions, mais aux dogmes et aux enseignements des nombreuses confessions, les plus populaires et les plus influentes de l'époque, doctrine ayant une coïncidence parfaite non seulement avec l'ancien Évangile, mais avec tous les minutieux détails prédits par Jean sur la dispensation des derniers jours, voir tout cela, n'est-ce pas un spectacle capable de faire une impression profonde sur l'esprit de tout homme ? N'est-ce pas là une preuve que Joseph, le modeste fondateur de notre Église, était réellement envoyé de Dieu ?

En plus de « l'Évangile éternel » que renferme le Livre de Mormon, il contient l'histoire sommaire, mais fidèle, d'une petite branche de la tribu de Joseph, ainsi que les révélations qui lui furent données avant et après le Christ et qui furent successivement écrites par divers prophètes, descendants directs de Joseph. Ce livre contient donc, dans toute la force du mot, les Écritures ou annales de la tribu de Joseph. On y lit de nombreuses et importantes prophéties qui annoncent expressément et positivement que le siècle où ces annales seront révélées aux nations par le pouvoir de Dieu , sera également celui où la maison d'Israël sera rassemblée, et que ces annales, réunies à celles des Israélites, deviendront un puissant instrument entre les mains des serviteurs de Dieu pour réaliser cette grande oeuvre.

Voyons maintenant comment ceci est conforme à la parole qu'Ézéchiel reçut du Seigneur sur ce même sujet. Ce prophète reçut l'ordre d'écrire sur deux rouleaux, l'un pour Juda et l'autre pour Joseph, et de les réunir pour n'en faire qu'un seul livre. Et lorsque les enfants d'Israël lui demanderaient ce que signifient ces Écritures de Juda et de Joseph, il aurait à leur dire que l'Éternel réunirait un jour les annales de Joseph à celles de Juda et qu'immédiatement après il prendrait les enfants d'Israël répandus parmi les Gentils et les rassemblerait de toutes parts pour les ramener sur leur propre terre, qu'il n'en ferait qu'une seule nation sur les montagnes d'Israël, qu'il n'y aurait qu'un seul roi pour toutes les tribus et qu'elles ne seraient jamais plus divisées en deux nations ou royaumes.

Ézéchiel a témoigné que les annales de Joseph seraient un jour réunies aux annales de Juda. Joseph Smith présente à notre génération un livre de plusieurs centaines de pages faisant profession de contenir les Écritures sacrées des prophètes inspirés de la tribu de Joseph, qui ont jadis habité le grand hémisphère occidental. Ézéchiel a témoigné que les enfants d'Israël seraient un jour rassemblés pour ne plus être jamais séparés, immédiatement après la réunion de ces deux annales. Les annales de Joseph, mises au jour par le fondateur de notre Église, attestent de la manière la plus positive que l'époque actuelle est celle où les enfants d'Israël seront rassemblés par la parole et le pouvoir de Dieu, que contiennent les deux annales. Ézéchiel a fait la prophétie, Joseph Smith en présente l'accomplissement. Voilà un nouvel indice probant en faveur de l'autorité divine de sa mission.

En effet, si le rassemblement d'Israël n'eut pas été compris dans sa mission, comme une partie importante, essentielle, de la grande œuvre de la dernière dispensation, nous aurions eu pleinement raison de le rejeter sans autre examen. Le ministère d'un ange, le rétablissement de l'Évangile, l'investiture de l'apostolat, la fondation du royaume de Dieu, le rassemblement des saints, la révélation des annales de Joseph et leur réunion aux annales juives, enfin le rétablissement de toute la maison d'Israël sur sa propre terre, tels sont les merveilleux événements qui doivent s'accomplir dans la grande « dispensation de la plénitude des temps ». Toute personne ou toutes les personnes chargées d'une mission divine dans l'accomplissement de cette dispensation doivent être investies de l'autorité légale pour pouvoir coopérer à cette œuvre.

Si Joseph Smith eût inclus tous ces grands événements dans sa mission, à l'exception d'un seul, cette seule exception eût été pour nous une preuve suffisante qu'il avait agi sans autorité. Mais, nous le demandons, où trouver cette omission ? Quel événement ou circonstance particulière, appartenant à la dispensation dont il a fait profession de détenir les clefs, a-t-il exclu de son système ?

Jean a-t-il prophétisé le rétablissement de l'Évangile par un ange ? Ce rétablissement est compris dans le système de notre prophète. Jean a-t-il prédit que les saints recevraient un message du ciel leur enjoignant de sortir de Babylone ? Le rassemblement des saints est aussi compris dans le système de Joseph, et nos frères répandus sur toute la terre se disposent à partir pour Sion. Le prophète Ézéchiel a-t-il prédit le rassemblement final de la maison d'Israël, comme devant être le résultat immédiat de l'union des annales de Joseph à celles de Juda ? Cela est également compris dans le système de Joseph Smith. Les deux annales, formant déjà par leur réunion un double témoignage, accompliront promptement l'œuvre pour laquelle elles ont été mises au jour.

Que manque-t-il donc ? Y a-t-il un prophète, y a-t-il un des écrivains inspirés des anciens temps qui ait indiqué quelque autre voie à suivre pour l'accomplissement de la dernière dispensation ? Qui pourra nous démontrer que l'Évangile ne devait pas être rétabli par un ange sur la terre, ou qu'un message du ciel ne devait pas ordonner aux saints de sortir de Babylone ? Ou que les annales de Joseph ne seraient pas un jour réunies aux annales juives, c'est-à-dire à la Bible ? Ou que la maison d'Israël ne serait pas rassemblée sur sa propre terre par la voie d'une nouvelle révélation ? Ou que le royaume de Dieu ne serait pas fondé dans les derniers jours ? Ou que le ministère des apôtres et celui des prophètes ne seraient pas rétablis sur la terre comme au temps de l'Église primitive ?

Si toutes ces choses sont possibles, probables et scripturaires, si tous ces événements doivent s'accomplir en leur temps, et de la manière qui a été prédite, qui pourra nous prouver que ce temps-ci n'est pas l'époque désignée par les anciennes prophéties, et que le Livre de Mormon n'est pas le livre sacré de Joseph dont Ézéchiel a prophétisé ?

Qui pourra nous démontrer que Joseph Smith ne devait pas recevoir le ministère d'un ange, et qu'il ne devait pas être ordonné apôtre ou prophète, ou recevoir des révélations et des commandements du Seigneur ? Si l'Évangile doit être rétabli sur la terre par un ange, il faut nécessairement que ce ministère soit d'abord confié à un homme. Pourquoi Joseph Smith ne serait pas cet homme ? Si les annales de deux différentes tribus doivent être réunies ensemble pour ne former qu'un seul livre, pourquoi le Livre de Mormon et la Bible ne seraient pas ces annales ? Pourquoi Joseph Smith n'aurait pas été l'instrument dont Dieu se serait servi pour accomplir cette prophétie ?

Si ces choses ne sont pas l'accomplissement des prophéties, est-ce que la génération qui vivra lorsque cet accomplissement aura lieu, sera plus disposée à croire à cette œuvre que ne le font nos contemporains ? Sera-t-elle plus disposée à recevoir de nouvelles révélations, à croire aux visions, aux anges, et à adopter d'anciennes annales sacrées ? Quand Dieu établira son royaume sur la terre, est-ce que le genre humain montrera plus de dispositions à reconnaître l'autorité des apôtres, des prophètes et des autres ministres inspirés de ce royaume que n'en montrent de nos jours les incrédules ?

Une chose est certaine : Si l'ange n'est pas venu, si l'Évangile n'a pas été rétabli, si les annales de Joseph n'ont pas été révélées, il n'y a pas de royaume de Dieu sur la terre, il n'existe parmi les hommes aucune autorité pour prêcher l'Évangile et en administrer les ordonnances, tout n'est partout que confusion, ténèbres épaisses, incertitude cruelle. Notre seule alternative est d'attendre jusqu'à ce que la voix de l'ange se fasse entendre, et que commence la grande œuvre de la dernière dispensation. Mais alors serons-nous mieux disposés à accueillir la vérité ? Est-ce que nos préjugés ne seront pas alors aussi profonds, aussi répandus qu'ils le sont de nos jours contre notre Église ? Est-ce que son fondateur a manqué de quelques qualifications indispensables à son ministère ? A-t-il professé une doctrine contraire à celle des saintes Écritures ? Quels sont les principes compris dans son système qui soient incompatibles avec les anciennes prophéties ?

Si la perfection en toutes choses est le trait caractéristique dans le vaste plan de salut tracé par ce moderne prophète, qui pourra donc nier qu'il ait été envoyé de Dieu ? Qui osera faire de l'opposition à cette œuvre sublime, sans pouvoir d'aucune manière en démontrer la fausseté ? Quel est l'homme assez dépourvu de raison et d'intelligence pour ne pas se rendre aux preuves irréfragables que nous trouvons partout et que nous développons ici, pour établir la mission divine de Joseph Smith ? Quel est celui qui, après avoir examiné avec impartialité sa mission ou son système, pourra trouver une seule objection pour les combattre ?

Pourquoi les philosophes, les savants, les théologiens, les puissants de la terre, les incrédules de haut et bas étage, n'ont-ils recours qu'aux armes de l'ironie et de la calomnie pour combattre et entraver une œuvre d'une telle importance ? Pourquoi tant d'ignobles vociférations contre notre Église ? Que nos adversaires emploient des moyens honorables ou bien qu'ils se taisent !

Sixièmement, l'accord parfait entre la prophétie d'Ésaïe 29 et la manière dont Joseph Smith a trouvé et traduit le Livre de Mormon est une autre preuve en faveur de sa mission divine.

Joseph a déclaré que les plaques, dont ce livre est la fidèle traduction, avaient été retirées par lui de la terre, du même endroit où elles avaient été primitivement déposées par le prophète Moroni, qu'elles étaient renfermées dans une boîte en pierre construite de manière à préserver son intérieur de l'humidité du sol, et qu'il trouva avec les plaques un Urim et Thummim, à l'aide duquel il put ensuite traduire ce livre en anglais. Après avoir obtenu ces plaques, il copia sur papier un certain nombre de caractères dont elles étaient couvertes, qu'il envoya à divers savants des États-Unis pour savoir s'ils pourraient les traduire. Parmi ces érudits, nous mentionnerons M. Anthon, professeur au collège de Columbia, dans la ville de New-York. Mais personne ne fut capable de les lire ou de les déchiffrer.

Notre prophète illettré, Joseph, a rendu ce témoignage qu'il reçut, par l'inspiration du Saint-Esprit, l'ordre de traduire les caractères sacrés des plaques, à l'aide de l'Urim et Thummim, et que le Livre de Mormon est cette traduction. Or, le prophète Ésaïe dit à Israël : « Tu seras abaissé, et tu parleras de la terre, et ta parole sera comme venant de la poussière, et ta voix sera comme celle d'une personne ayant un esprit familier, elle sortira de la terre, et ta parole chuchotera du fond de la poussière. » (Ésaïe 29:4)

Qui n'aperçoit ici la parfaite harmonie entre la prédiction d'Ésaïe et le témoignage de Joseph ? Ésaïe, comme pour le graver dans l'esprit des générations futures, ne répète pas moins que quatre fois la même prédiction dans le même passage, pour nous informer, dans le langage le plus précis, qu'après l'abaissement de la maison d'Israël, elle nous ferait entendre sa voix de la terre et nous parlerait bas de la poussière.

Joseph a été l'instrument dont le Seigneur s'est servi pour accomplir cette prophétie à la lettre. II a retiré de la terre l'histoire ancienne d'une hémisphère de notre globe, les annales sacrées d'une grande nation d'Israël, les archives d'un reste de la tribu de Joseph, peuple jadis puissant et florissant dans l'hémisphère occidental.

Les ruines de leurs anciennes fortifications, de leurs nombreuses villes, aussi vastes que magnifiques, proclament à l'univers leur grandeur passée et forment un désolant contraste avec l'état actuel de leurs descendants. Ils ont été abattus et humiliés comme les autres enfants de la maison d'Israël, mais les paroles de leurs anciens prophètes parlent maintenant « de la terre » et se font entendre aux oreilles de la présente génération comme si elles sortaient de la poussière. Elles révèlent aux hommes d'une façon très « familière » l'histoire de l'ancienne Amérique, jusqu'alors entièrement inconnue aux nations de la terre.

Ésaïe a prophétisé qu'Israël « parlerait de la terre ». Joseph Smith a attesté qu'il avait obtenu les annales de la tribu de Joseph « du sein de la terre ». S'il nous eût déclaré tenir son livre comme Swedenborg prétendait avoir obtenu le sien, ou les Shakers les leurs, c'est-à-dire s'il nous eût déclaré qu'il avait été mis en possession de son livre de toute autre manière que du sein de la terre, nous aurions eu raison de mettre en doute sa véracité et de le considérer comme un charlatan.

En parlant de ce même livre, le prophète Ésaïe s'exprime en ces termes si remarquables : « Et toutes les visions vous sont devenues comme les paroles d'un livre cacheté, qu'on donnerait à un homme qui saurait lire, en lui disant : Nous te prions, lis ceci ; et qui répondrait : Je ne saurais, car il est cacheté ; puis si on le donnait à quelqu'un qui ne sait pas lire, en lui disant : Nous te prions, lis ceci ; il répondrait : Je ne sais pas lire. C'est pourquoi, le Seigneur dit : Puisque ce peuple s'approche de moi de sa bouche, et qu'ils m'honorent de leurs lèvres, mais qu'ils ont éloigné leur cœur de moi, et que la crainte qu'ils ont de moi est un commandement qui leur a été enseigné par des hommes ; à cause de cela, voici, je m'en vais faire une œuvre étrange parmi ce peuple, même une œuvre étrange et merveilleuse ; car la sagesse de ses sages périra, et l'intelligence de ses hommes intelligents s'évanouira. » (Ésaïe 29:11-14)

Tout cela fut accompli avant que Joseph eut connaissance que le prophète Ésaïe en avait clairement fait la prédiction. Il envoya « les paroles d'un livre » qu'il avait trouvé, comme nous l'avons dit, à plusieurs savants américains, entre autres au professeur Anthon. Mais ce fut comme un livre cacheté pour ces hommes érudits : aucun d'eux ne put déchiffrer les caractères de la langue aborigène de l'ancienne Amérique. Ils se trouvèrent dans un aussi grand embarras que les Mages de Babylone pour interpréter l'écriture qu'une main mystérieuse grava sur le mur de la salle du festin. La science et la sagesse humaine furent, dans ce cas, tout à fait insuffisantes. Il fallut un autre Daniel pour interpréter les paroles divines. Il se trouva dans la personne de Joseph Smith.

Oeuvre étrange et merveilleuse ! Combien la sagesse des sages et la science des savants furent confondues par le don d'interprétation accordé à ce jeune paysan illettré ! Si les prétentions du Livre de Mormon sont fondées, s'il contient les annales sacrées de la tribu de Joseph, il ne peut être que le livre même dont il est question dans la prédiction d'Ésaïe.

Si le Livre de Mormon est réellement ce qu'il fait profession d'être — une histoire sacrée — il ne peut être autre chose que le Livre mentionné dans la prédiction d'Ésaïe. Car le prophète Néphi, l'un des écrivains sacrés du Livre de Mormon, qui vivait il y a plus de 2400 ans, nous apprend que ces annales parviendraient aux hommes aux derniers jours, en accomplissement de la prédiction d'Ésaïe. En outre, il nous donne une prophétie sur ce même Livre, et il prédit plusieurs événements qui s'y rattachent, non mentionnés par Ésaïe. Voici un extrait remarquable de sa prédiction, ainsi que des citations qu'il emprunte à Ésaïe :

« Mais dans les derniers jours, aux jours des Gentils, toutes les nations des Gentils et les Juifs aussi, tous ceux qui viendront sur cette terre, comme ceux qui habiteront d'autres terres, oui, tous les pays de la terre, voici, ils sont ivres d'iniquités et de toutes sortes d'abominations ; et quand ce temps viendra, ils seront visités par le Seigneur des armées, avec le tonnerre, les tremblements de terre, un grand bruit, avec des ouragans, des tempêtes, et des flammes d'un feu dévorant. Et toutes les nations, qui combattent contre Sion et qui l'oppriment, seront comme un songe d'une vision nocturne.
 
« Oui, il leur arrivera ce qui arrive à l'homme affamé qui songe qu'il mange, qui s'éveille et son âme est vide ; ou ce qui arrive à l'homme altéré, qui songe qu'il boit, qui se réveille et se trouve languissant, et l'âme assoiffée. Oui, il en sera ainsi de toutes les nations qui combattent contre le mont Sion. Vous tous qui commettez l'iniquité, arrêtez-vous et soyez stupéfaits, car vous pousserez de grands cris, et vous vous écrierez ; vous serez ivres, mais non pas de vin ; vous chancellerez, mais non pas de cervoise. L'Éternel a répandu sur vous un esprit de profond sommeil : vous avez fermé les yeux, et vous avez rejeté les prophètes ; et il a aveuglé vos dominateurs et vos voyants, à cause de vos iniquités.

« Et il arrivera que le Seigneur Dieu vous fera parvenir les paroles d'un livre ; et ce seront les paroles de ceux qui ne sont plus. Le livre sera scellé ; et dans ce livre, il y aura une révélation de Dieu, depuis le commencement du monde jusqu'à la fin. C'est pourquoi, à cause des choses qui y sont scellées, celles qui sont scellées ne seront point dévoilées durant le temps de la perversité et de l'abomination des peuples.

« Le livre leur sera tenu caché. Mais il sera livré à un homme ; et il donnera à un autre les mots de ce livre, qui sont les paroles de ceux qui reposent dans la poussière ; mais il ne donnera ni le livre, ni les mots qui y sont scellés. Car il sera scellé par la puissance de Dieu, et la révélation qu'il contient sera scellée jusqu'au temps arrêté par le Seigneur, où il devra être mis au jour. Car il révèle toutes choses, depuis le commencement du monde jusqu'à la fin.

« Alors les paroles du livre, qui auront été scellées, seront lues sur les toits des maisons, et ce sera par le pouvoir du Christ ; et toutes choses seront révélées aux enfants des hommes, tant celles qui ont été que celles qui seront parmi les enfants des hommes jusqu'à la consommation des temps.

« C'est pourquoi, au jour où le livre sera livré à l'homme dont j'ai parlé, le livre sera caché aux regards du monde, en sorte que personne ne le verra, hors les trois témoins qui le verront par le pouvoir de Dieu, et celui à qui le livre aura été livré ; et ils témoigneront de la vérité du livre et des choses qui y sont contenues.

« Et nul autre ne l'examinera, si ce n'est un petit nombre, selon la volonté de Dieu, pour porter témoignage de sa parole aux enfants des hommes ; car le Seigneur Dieu a dit que les paroles des fidèles parleraient comme si elles provenaient des morts. Et le Seigneur Dieu commencera à faire connaître les paroles du livre ; et il établira sa parole par la bouche d'autant de témoins qu'il lui semblera bon ; et malheur à celui qui rejettera la parole de Dieu.

« Et le Seigneur Dieu dira à celui à qui il aura livré le livre : Prenez ces mots qui ne sont pas scellés, et donnez-les à un autre pour qu'il les montre au savant, disant : Lisez ceci, je vous en prie. Et le savant dira : Apportez ici le livre et je le lirai ; et ce n'est que pour la gloire du monde et pour obtenir du gain qu'il parle ainsi, et non pour la gloire de Dieu. Et l'homme dira : Je ne puis apporter le livre, car il est scellé. Alors le savant dira : Je ne puis le lire.

« C'est pourquoi le Seigneur Dieu livrera le livre et les mots à celui qui n'est pas savant ; et l'homme qui n'est pas savant dira : Je ne suis pas instruit. Alors le Seigneur Dieu répondra : Les savants ne les liront point, car ils les ont rejetés, et je suis capable de faire ma propre œuvre ; ainsi tu liras les mots que je te donnerai.

« Ne touche pas aux choses scellées, car je les manifesterai dans le temps arrêté : je veux montrer aux enfants des hommes que je puis faire ma propre œuvre. Ainsi, quand tu auras lu les mots que je t'ordonne de lire, et que tu auras les témoins que je t'ai promis, alors tu scelleras de nouveau le livre, et tu le cacheras pour moi, pour que je conserve les mots que tu n'auras pas lus, jusqu'à ce que je juge convenable, dans ma sagesse, de révéler toutes choses aux enfants des hommes.

« Voici, je suis Dieu, un Dieu de miracles, et je montrerai au monde que, toujours, je suis le même, aujourd'hui, hier et à l'éternité ; et je n'agis envers les enfants des hommes, que selon le degré de leur foi.

« Et le Seigneur dira encore à celui qui lira les mots qui lui auront été livrés : Parce que ce peuple m'approche de bouche et m'honore des lèvres, quand son cœur est éloigné de moi, et parce qu'il n'a crainte de moi qu'à cause des maximes des hommes, je commencerai et je continuerai une œuvre qui sera merveilleuse parmi ce peuple ; oui, une œuvre merveilleuse qui sera une cause d'étonnement ; car la sagesse de leurs sages et de leurs savants périra, et l'intelligence de leurs hommes prudents sera voilée.

« Et malheur à ceux qui cherchent profondément à cacher leurs desseins au Seigneur. Leurs œuvres sont dans les ténèbres, et ils disent : Qui nous voit ? qui nous connaît ? Ils disent encore : Assurément, votre œuvre, qui tourne les choses sens dessus dessous, sera estimée comme une terre à potier. Mais je leur montrerai, dit le Seigneur des armées, que je connais leurs œuvres. Car l'œuvre dira-t-elle de celui qui l'a faite : Il ne m'a pas faite ? Ou la chose créée dira-t-elle de celui qui l'a créée : Il n'avait point d'intelligence.

« Mais, dit le Seigneur des armées, je montrerai aux enfants des hommes, qu'encore très peu de temps et le Liban sera changé en champ fertile ; et le champ fertile sera réputé une forêt. Et en ce temps-là, les sourds entendront les paroles du livre ; les yeux des aveugles seront délivrés de l'obscurité et des ténèbres ; ceux qui sont doux et humbles croîtront et se réjouiront dans le Seigneur ; et les pauvres parmi les hommes, seront dans l'allégresse du Très-Saint d'Israël.

« Car assurément, comme Dieu vit, ils verront que le terrible est anéanti, que le moqueur n'est plus, et que tous ceux qui veillent pour l'iniquité sont retranchés ; eux et tous ceux qui considèrent un homme comme un offenseur pour un mot, ceux qui tendent un piége pour celui qui reprend à la porte, et repoussent les justes pour rien.

« C'est pourquoi, ainsi dit le Seigneur qui racheta Abraham, touchant la maison de Jacob : Désormais, Jacob n'aura plus de honte, et sa face ne pâlira pas. Mais, lorsqu'il verra ses enfants, les œuvres de mes mains, au milieu de lui, ils glorifieront mon nom, et sanctifieront le Très-Saint de Jacob, et craindront le Dieu d'Israël. Et ceux dont l'esprit était égaré viendront à l'intelligence, et ceux qui murmuraient apprendront la doctrine. »

On voit, parce qui précède, qu'il faut que le Livre de Mormon soit réellement le livre prédit par Ésaïe, sinon ce n'est qu'une imposture. Le livre dont parle Ésaïe devait avoir tous les caractères qui semblent accompagner le Livre de Mormon.

Ésaïe a-t-il prédit que les sourds entendraient les paroles du livre, et que les yeux des aveugles, délivrés de l'obscurité et des ténèbres, verraient ? Cela s'est accompli par l'avénement du Livre de Mormon. Ésaïe a-t-il dit que, lorsque ce livre parlerait de la terre, alors ceux qui erraient en esprit comprendraient, et que ceux qui murmuraient, apprendraient la doctrine ? Cela s'est encore accompli strictement à la lettre par l'avénement du Livre de Mormon.

Des centaines de milliers de personnes honnêtes, qui s'étaient égarées dans un labyrinthe d'aberrations humaines, ont été amenées à comprendre. Divers points de doctrine qui avaient été en controverse durant des siècles, ont été parfaitement élucidés dans le Livre de Mormon. Et alors, ceux qui murmuraient à cause de l'obscurité et des ténèbres que le savoir humain avait si sagement répandues sur les Écritures, ont compris la doctrine.

Ésaïe a-t-il prophétisé que, lorsque ce livre ferait son apparition, alors la maison d'Israël n'aurait plus de honte, et que le visage de Jacob ne serait plus pâle ? Le Livre de Mormon nous annonce positivement que le temps est arrivé où la maison de Jacob sera rassemblée, pour ne plus être dispersée. Ésaïe a-t-il prédit qu'au jour de la révélation d'un certain livre, le terrible sera réduit au néant, le moqueur sera consumé, ceux qui recherchent l'iniquité seront retranchés et finalement que toutes les nations qui combattent contre le Mont Sion passeront comme le songe d'une vision nocturne et seront détruites par des tremblements de terre et par les flammes d'un feu dévorant ? Le Livre de Mormon vient en témoignant que l'heure de ces jugements est proche.

Enfin, il n'y a aucune circonstance dans cette prédiction d'Ésaïe, ayant trait à la révélation et à la traduction du livre dont il parle, qui ne s'applique exactement au Livre de Mormon. Si Joseph Smith est un imposteur, et qu'il ait voulu singer le rôle du grand prophète qui doit préparer la voie pour l'avénement du Seigneur, comment a-t-il pu découvrir toutes ces minutieuses particularités contenues dans la prédiction d'Ésaïe, de manière à les adapter toutes si parfaitement, sans en oublier une seule, à son grand plan d'imposture ? Si ce jeune illettré est un trompeur, il faut avouer qu'il a surpassé tous les profonds docteurs ou imposteurs des derniers dix-huit siècles : Il a su harmoniser sur tous les points son vaste système, non seulement avec l'ancien Évangile, mais avec les anciennes prophéties ; et cela d'une façon si habile que nul ne saurait découvrir la fourberie.

Lecteur, est-ce qu'un pareil plan n'exhale pas un suave parfum de vérité ? Ne faut-il pas un plus grand effort d'esprit pour ne pas croire à un tel système que pour y croire ? Si ce plan ne mérite pas votre confiance, où trouver dans le monde entier un plan ou un système plus digne de notre considération ? Où trouver un plan de salut plus parfait que celui de Joseph Smith ? Peut-on en trouver un autre qui l'égale en perfection ? Peut-on en trouver un qui contienne la vingtième partie de vérité que renferme son système ? Si vous mettez en doute l'autorité divine de Joseph, combien plus vous devez suspectez l'autorité de tout autre homme sur la terre ? Si l'on doit rejeter la doctrine parfaite de Joseph, assurément tous les autres systèmes ou doctrines, que l'on peut démontrer comme étant dix fois plus imparfaits, doivent être rejetés. Si un système mérite d'être adopté, c'est assurément celui qui paraît réunir tous les éléments d'une doctrine vraie, et dans lequel on ne peut découvrir la moindre trace d'imposture.

Inventer un système admirablement approprié à la dernière dispensation ou à l'œuvre préparatoire pour le deuxième avènement du Seigneur, faire concorder ce système sur tous les points avec les innombrables circonstances et les événements sans nombre prédits par les anciens prophètes, annonce une sagesse de beaucoup supérieure à celle de l'homme ; on ne peut voir là que la sagesse de Dieu. Cette suite continuelle de circonstances, toutes s'harmonisant, toutes se combinant, toutes se concentrant comme dans un seul foyer, porte avec elle une telle évidence irrésistible de vérité, qu'il est presque impossible à un lecteur attentif de rejeter la divinité de la mission de Joseph Smith. De même qu'en explorant les œuvres de la nature, plus on examine ce système, et plus on aperçoit la sagesse de Dieu gravée sur toutes ses composantes.

Septièmement, d'après le Livre de Mormon, tout le grand continent occidental, avec ses vallées, ses collines, ses montagnes, ses richesses et ses ressources naturelles, fut donné au reste de la tribu de Joseph, comme sa « terre promise ». Le Tout-Puissant scella cette alliance et promit par un serment de lui donner ce pays à toujours. Le monde occidental, comprenant l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud, est la « terre promise » du reste de Joseph, dans le même sens que la Palestine est la terre promise des douze tribus d'Israël.

Or, ce témoignage du Livre de Mormon s'accorde admirablement avec la bénédiction prophétique que le patriarche Jacob prononça sur la tête de Joseph. Nous savons tous, qu'avant sa mort, il fit appeler ses fils et qu'il prophétisa sur chacun d'eux ce qui leur arriverait, ou à leur tribu, « aux derniers jours ». Voici la bénédiction sur la tribu de Joseph (Genèse 49:22-26) : « Joseph est un rameau fertile, même un rameau fertile près d'une fontaine, dont les branches ont dépassé la muraille : les archers lui ont donné beaucoup d'amertume, ont tiré contre lui, et l'ont haï ; mais son rameau est demeuré en sa force, et ses bras et ses mains ont été fortifiés par les mains du puissant Dieu de Jacob (il est ainsi devenu le pasteur, le rocher d'Israël), même par le Dieu de ton père, qui t'aidera ; et par le Tout-Puissant, qui te comblera des bénédictions des cieux en haut, des bénédictions de l'abîme en bas, des bénédictions des mamelles et de la matrice : les bénédictions de ton père ont surpassé celles de mes aïeux, jusqu'aux limites extrêmes des collines éternelles : elles seront sur la tête de Joseph, et sur le sommet de la tête de celui qui était séparé de ses frères. »

Dans ce chapitre de la Genèse, il dit en bénissant les deux fils de Joseph : « Qu'ils deviennent une multitude au milieu de la terre. » Et encore : « Sa postérité (celle d'Éphraïm, fils de Joseph) sera une multitude de nations. » Nous voyons d'après ces prophéties que Jacob avait obtenu de Dieu une plus grande bénédiction en faveur de la tribu de Joseph que celle qu'Abraham et Isaac, ses aïeux, avaient obtenue. Tandis que la bénédiction des aïeux de Jacob fut limitée à la terre de la Palestine, Joseph reçut, lui, une bénédiction, une région bien autrement considérable que la Palestine, un lointain pays, représenté par les limites extrêmes des collines éternelles.

Quelques-unes des « branches » du « rameau fertile » de Joseph devaient s'élancer loin de l'arbre paternel ; elles devaient dépasser la muraille de l'immense océan ; et elles devaient devenir une multitude de nations au milieu de la terre. Là, au milieu des « collines éternelles », elles devaient « être fortifiées par les mains du puissant Dieu de Jacob ». C'est là, au milieu d'une « multitude de nations » de la postérité de Joseph, que le « pasteur, le rocher d'Israël », devait établir un royaume, qui briserait en pièces tous les autres royaumes, et « remplirait toute la terre ».

Il y a en Amérique une multitude de nations, que nous appelons Indiens. Aucune autre partie du monde ne présente ce singulier spectacle de tant de nations diverses, parlant deux mille langues parfaitement distinctes. C'est là un phénomène unique au monde, bien digne d'attirer l'attention des savants. Ces Indiens sont évidemment sortis de la même origine, comme l'indiquent leur couleur, leurs traits, leurs coutumes, leurs dialectes, etc. Il est également évident que cette origine est Israélite d'après leurs cérémonies religieuses, leur langue, leurs traditions, la découverte d'inscriptions hébraïques, etc.

Si l'Amérique n'est pas le pays donné à une branche de Joseph, en quel lieu, ou en quelle partie du monde cette tribu recevra l'accomplissement de la prédiction de Jacob ? Quelle est la région, si ce n'est en Amérique, qui ait été peuplée d'une multitude de nations issues de la postérité de Joseph ? Trouve-t-on une multitude de nations d'origine Israélite en Europe, en Asie, en Afrique, ou dans une des îles adjacentes ? Si cela n'existe nulle autre part, il faudra donc convenir que l'Amérique est l'unique pays au monde où cette grande prophétie a dû recevoir son accomplissement.

Le Livre de Mormon déclare que l'Amérique est « la terre de Joseph » donnée à ses descendants par promesse. N'est-ce pas là une preuve supplémentaire que Joseph Smith a été envoyé de Dieu ? Si Joseph Smith était un imposteur, comment a-t-il pu découvrir que la tribu de Joseph devait recevoir un héritage immensément plus riche que celui des autres tribus d'Israël ?

On m'objectera peut-être qu'il était facile de découvrir cela dans les Écritures. Mais, je le demande, pourquoi ni Swedenborg, ni Wesley, ni Irving, ou aucun des Réformateurs modernes n'a-t-il fait cette découverte scripturaire, et ne l'a incorporée dans sa prétendue dispensation ?

À la première vue, il eût été sans doute bien plus naturel de supposer que les Indiens américains étaient les dix tribus d'Israël perdues ; c'est là, en effet, l'opinion de bien des savants contemporains. Pourquoi ce prophète moderne, s'il était un imposteur, n'a-t-il pas mis son perfide système plus en harmonie avec les opinions du monde érudit ? ou pourquoi a-t-il été choisir un reste de la tribu de Joseph pour peupler l'ancienne Amérique ? Parmi les douze tribus d'Israël, pourquoi n'a-t-il fait choix que d'une simple branche d'une tribu pour peupler ce vaste continent ?

Tout le monde peut voir maintenant pourquoi le Livre de Mormon fait profession d'être l'histoire d'un reste d'une tribu, au lieu d'être l'histoire des dix tribus. Chacun peut voir pourquoi l'Amérique devait être représentée comme une terre promise à Joseph, et non à Ruben, à Siméon, ou à l'une des autres tribus. Chacun peut voir maintenant, chose qu'on ne pouvait voir auparavant, que si le Livre de Mormon était différent de ce qu'il est réellement, c'est-à-dire, s'il avait fait profession de contenir une histoire des dix tribus perdues, ou s'il avait donné le grand continent occidental à tout autre peuple, ou à toute autre tribu que celle de Joseph, il eût prouvé par cela seul que ce n'était qu'une imposture. Ce n'eût pas été le livre ou les annales prédits par les prophètes pour amener la grande dispensation des derniers jours.

Un imposteur eût été forcé de prendre en considération toutes ces minutieuses circonstances, dont plusieurs sont en opposition directe aux opinions reçues de nos jours ; et pourtant il lui eût été impossible d'en négliger une seule sans porter atteinte à son système. Mais notre Joseph, avec toute l'exactitude d'un profond mathématicien, a su combiner tous ces divers éléments de doctrine ou de prophétie dans son merveilleux plan : rien n'y manque. Quelque partie de son système qu'on examine, tout est invulnérable. Quelle inestimable accumulation de preuves pour établir la divinité de la mission de Joseph Smith !

Huitièmement, dans le Livre de Mormon sont donnés les noms et les situations locales de nombreuses villes d'une vaste étendue, qui jadis étaient florissantes parmi les anciennes nations de l'Amérique. La partie septentrionale de l'Amérique du Sud, ainsi que l'Amérique centrale, avaient la plus nombreuse population. De splendides édifices, des palais, des tours, des forteresses et des villes s'y élevaient dans toutes les directions. Un lecteur attentif de ce livre peut découvrir la situation et la distance de beaucoup de ces villes les unes des autres ; et si les caractéristiques géographiques et l'état actuel de ces pays lui sont familiers, il peut, au moyen des descriptions données dans ce livre, déterminer presque entièrement le point précis que ces villes occupaient autrefois.

Et chose bien digne de remarque, depuis la publication de ce livre inestimable, les ruines d'un grand nombre de superbes édifices, de fortifications et de villes d'une vaste étendue, ont été découvertes par messieurs Stephens et Cafherwood dans les solitudes intérieures de l'Amérique Centrale, dans cette région même où existaient les anciennes cités décrites dans le Livre de Mormon. Voilà une preuve supplémentaire que le jeune traducteur illettré du Livre de Mormon était inspiré de Dieu.

La traduction de Joseph Smith décrit un pays où de grandes et populeuses cités existaient anciennement, ainsi que leur situation et leur distance approximative les unes des autres. Des années après, messieurs Stephens et Cathenvood découvrent les ruines de quarante-quatre de ces mêmes villes, situées dans le même endroit où elles sont décrites. Qui, si ce n'est par le pouvoir de Dieu, aurait pu révéler d'avance ce fait inconnu, démontré plusieurs années après par une découverte réelle ? La récente découverte faite en Californie de splendides ruines, qui, soit par leur antiquité, soit par l'immensité de leur étendue, n'ont pas d'égales sur toute la terre, sont une autre preuve extérieure de la divinité du Livre de Mormon. Nous reviendrons sur ces ruines.

Neuvièmement, l'accomplissement d'un nombre considérable de prophéties données par Joseph Smith est une autre preuve de sa mission divine. Parmi les centaines de ses prédictions accomplies, nous donnerons les suivantes pour exemples.

1. Après avoir trouvé les plaques, Joseph en commença bientôt la traduction. Il n'y avait pas fait de grands progrès, quand il découvrit, en traduisant la prophétie de Néphi déjà mentionnée, que « trois témoins », outre lui-même, verraient le livre par le pouvoir de Dieu, connaîtraient sa véracité et en rendraient témoignage. Quelque temps après, c'est-à-dire au cours du mois de juin 1829, le Seigneur donna une révélation, par Joseph Smith, à Olivier Cowdery, David Whitmer, et Martin Harris, leur promettant que, s'ils voulaient exercer leur foi, ils verraient les plaques, ainsi que l'Urim et Thummim.

Cette prédiction fut ensuite accomplie, et ces trois personnes envoyèrent leur témoignage écrit, conjointement avec le Livre de Mormon, à toutes nations, familles, langues et peuples, déclarant qu'un ange de Dieu était descendu du ciel, avait pris les plaques et les leur avait montrées, et qu'en même temps la voix du Seigneur leur avait témoigné des cieux de la vérité de ces annales traduites par Joseph Smith. Or, un imposteur pourrait sans doute prédire l'apparition de « trois témoins », mais il ne pourrait jamais appeler un ange du ciel, en présence de ces témoins, pour accomplir sa prédiction.

2. Avant que l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours ait une existence sur la terre, la prophétie de Moroni fut traduite et imprimée dans le Livre de Mormon. Il est formellement prédit dans cette prophétie qu'au jour où ce livre serait révélé, le sang des saints crierait au Seigneur de la terre, à cause de la perversité du peuple, et que le temps arriverait bientôt que, à cause des cris et des lamentations des veuves et des orphelins, dont les maris et les pères auraient été mis à mort par des mains criminelles, le Seigneur vengerait le sang de ses saints.

En août 1831, la parole du Seigneur vint à Joseph, disant que a les saints seraient maltraités et chassés de ville en ville, de synagogue en synagogue, et que « peu » de ceux qui appartiendraient alors à l'Église « resteront fermes pour recevoir un héritage » (Doctrine et Alliances 63:31). Le sang de plusieurs centaines de saints qui ont été tués et martyrisés dans cette Église est une preuve incontestable de la vérité de la prédiction. Joseph devait être assurément un prophète de Dieu pour avoir prévu non seulement la naissance de l'Église des saints, mais aussi que leur sang crierait hautement vengeance de la terre sur la nation qui aurait commis ces actes sanguinaires. Aucune prévision humaine n'aurait pu prévoir les scènes de sang qui devaient avoir lieu après la fondation de l'Église.

Toutes les apparences naturelles dans les États-Unis étaient contre l'accomplissement de cette terrible prédiction. Toutes les sociétés religieuses de l'Union étaient fortement protégées contre toute espèce de persécution et garanties de l'intolérance par le bras puissant de la loi civile. La Constitution de ce grand peuple libre assurait la liberté religieuse à tous les enfants du sol américain. Eh bien, au milieu de cette terre tant vantée de la liberté humaine, où la paix universelle semblait avoir choisi son asile, on entend la voix d'un grand prophète qui prédit la fondation de l'Église des saints, et les persécutions sanguinaires qui la suivraient « de ville en ville, et de synagogue en synagogue ». Jamais depuis la création du monde, des prophéties ne furent plus littéralement et plus visiblement accomplies.

Si prédire des événements futurs qu'il était impossible à la sagesse humaine de prévoir, événements que toute les apparences extérieures semblaient rendre très improbables ; si la prédiction de tels événements et leur accomplissement subséquent constituent un vrai prophète, alors Joseph a dû être un vrai prophète ; et s'il a été un vrai prophète, il a dû être envoyé de Dieu.

Dixièmement, il y a des milliers de témoins vivants qui affirment que Dieu leur a révélé la vérité du Livre de Mormon, par des songes, des visions, des révélations du Saint-Esprit, le ministère d'anges, et par sa propre voix. Or, si Joseph Smith a été un imposteur, tous ces témoins sont aussi des imposteurs. On dira peut-être que ces témoins ne sont pas des imposteurs, mais qu'ils ont été trompés eux-mêmes. Mais, je le demande, un homme peut-il témoigner qu'il sait qu'une doctrine fausse est vraie, et ne pas être un imposteur ? Il arrive souvent que des hommes se trompent en émettant leurs propres opinions, mais ils ne se trompent jamais quand ils témoignent qu'ils ont une connaissance positive, qu'ils ont la certitude de tel ou tel fait. De deux choses l'une, de tels hommes doivent être des imposteurs, ou bien leur témoignage doit être vrai.

Or, ne serait-ce pas une chose merveilleusement étrange, si trois ou quatre hommes, nullement liés ensemble, étrangers les uns aux autres entreprenaient de tromper le genre humain en témoignant qu'un ange de Dieu est descendu des cieux en leur présence, ou qu'ils ont eu une vision céleste, ou que Dieu leur a manifesté d'une autre manière miraculeuse l'authenticité divine du Livre de Mormon ? Si le témoignage de trois ou quatre imposteurs paraissait merveilleux, combien ne doit pas être infiniment plus merveilleux le témoignage de dizaines de milliers d'imposteurs dans différents pays, séparés au loin les uns des autres, sans s'être jamais vus, et qui pourtant s'efforcent tous d'imposer à l'univers cette même grande imposture ? Si des milliers de témoins affirment hardiment, et avec sincérité, que Dieu leur a révélé que c'est là l'Église ou le royaume qui doit être fondé aux derniers jours, nous aurons alors une masse écrasante de preuves collatérales pour établir la mission divine de Joseph Smith.

Onzièmement, les nombreux miracles que faisait Joseph ne sont pas des preuves de peu d'importance pour établir son autorité divine. Au nom du Seigneur, il chassait les démons, guérissait les malades, parlait de nouvelles langues, interprétait d'anciennes langues, et prédisait de futurs événements. Un grand nombre de ces miracles furent opérés devant de nombreuses multitudes de croyants et d'incrédules, et sur des personnes qui n'appartenaient pas à notre Église.

Et les innombrables miracles opérés par des milliers d'elders et de membres de cette Église sont de nouvelles preuves additionnelles que l'homme qui l'a fondée devait être envoyé de Dieu. Les milliers de malades qui ont été miraculeusement guéris dans toutes les parties de la terre où cet Évangile a été prêché, sont un témoignage éclatant et presque irrésistible que l'autorité de Joseph émanait du ciel.

Mais bien que la grande majorité des hommes considère les miracles comme une preuve infaillible en faveur de l'autorité divine de celui qui les fait, nous sommes d'une opinion diamétralement opposée.

Si les miracles sont admis comme une preuve infaillible, on doit admettre aussi que tous ceux qui ont fait des miracles avaient été envoyés de Dieu. Les magiciens d'Égypte opérèrent de brillants miracles devant leur nation ; ils créèrent des serpents et des grenouilles, et changèrent les eaux des rivières en sang.

Si les miracles sont admis comme une preuve infaillible, les Égyptiens étaient tenus de recevoir les messages contradictoires de Moïse et des magiciens comme émanant tous de l'autorité divine. D'après cette idée, la sorcière d'Endor aurait dû établir victorieusement sa mission divine, en évoquant du tombeau un homme mort en présence de Saül, roi d'Israël. Un certain pouvoir satanique, dont parle Jean dans l'Apocalypse (chapitre 13), devait faire des miracles et de grandes merveilles, et faire descendre le feu du ciel sur la terre à la vue des hommes.

Si les miracles sont des preuves infaillibles, assurément nul homme ne devrait rejeter l'autorité divine de la bête de l'Apocalypse. Jean vit encore (Apocalypse 16) trois esprits immondes, semblables à des grenouilles, qui, selon son expression formelle, sont des esprits de démons faisant des prodiges, et qui vont vers les rois de la terre et de tout le monde, afin de les assembler pour le combat du grand jour de Dieu tout-puissant.

Les savants docteurs et membres du clergé du dix-neuvième siècle affirment hardiment que les miracles sont une preuve infaillible de la mission divine de celui qui les fait. S'il en est ainsi, qui pourrait blâmer les « rois de la terre », ces sublimes docteurs et tous leurs disciples, de recevoir le message de ces démons divinement inspirés. Car, d'après leurs arguments, ils ne pourraient nullement les rejeter, puisqu'ils prouvent leur mission par des témoignages qui, disent-ils, sont infaillibles.

À ce compte, nous espérons voir dans quelques années une armée innombrable de prêtres et de ministres de toutes les confessions partir avec les rois, et se mettre en marche pour la grande vallée d'Armaguédon, près de Jérusalem, et prouver ainsi par leurs œuvres qu'ils croient réellement à l'infaillibilité des miracles.

Les démons peuvent faire des miracles aussi bien que Dieu, et comme ils ont déjà persuadé au monde religieux que les miracles sont des preuves infaillibles de l'autorité divine, il leur sera facile d'établir la divinité de leur mission aux yeux des enfants de la Babylone moderne.

Mais les saints des derniers jours ne croient pas à l'infaillibilité des miracles. Nous croyons fermement que les dons miraculeux du Saint-Esprit sont absolument nécessaires dans l'Église du Christ, sans lesquels elle ne peut exister sur la terre. Les miracles, joints à une doctrine pure, sainte et parfaite, à une doctrine raisonnable et scripturaire, sont une forte preuve collatérale en faveur de cette doctrine, et de l'autorité divine de ceux qui la prêchent.

Mais des miracles seuls, pris séparément, et sans être liés à d'autres témoignages, au lieu d'être des preuves infaillibles, ne prouvent absolument rien. Ainsi le baptême pour la rémission des péchés est essentiel dans l'Église du Christ, et, pris conjointement avec les autres points de doctrine compris dans l'Évangile, il est un indice probant en faveur de l'autorité divine de celui qui le prêche. Mais le baptême « pour la rémission des péchés », sans être raccordé aux autres parties de la doctrine du Christ, ne saurait servir de preuve ni pour ni contre l'autorité divine d'aucun homme.

Les milliers de miracles opérés dans cette Église, réunis à une doctrine infaillible et à un nombre considérable d'autres preuves, ont porté une conviction presque irrésistible dans l'esprit d'une multitude innombrable d'hommes, qui ont obéi à l'Évangile, et sont ainsi devenus les heureux dépositaires du pouvoir de Dieu, par lequel ils peuvent eux-mêmes guérir les malades et opérer par la foi au nom du Seigneur, se démontrant à eux-mêmes la vérité de cette promesse du Sauveur : que certains signes miraculeux suivraient ceux qui croiraient (voir Marc 16).

Mais il y a une chose appartenant au message de Joseph Smith qui tranchera la question de savoir s'il a été un imposteur ou un vrai prophète. C'est une certaine promesse contenue dans une révélation qu'il reçut du Seigneur, en 1832, pour les apôtres de cette Église. En voici les termes :

« Allez par tout le monde, et envoyez dans tous les lieux, afin que votre témoignage puisse se répandre sur toute la terre et parvenir à toute créature humaine. Et ce que j'ai dit à mes apôtres, je le dis à vous, car vous êtes mes apôtres, et même les grands prêtres de Dieu ; vous êtes ceux que mon Père m'a donnés, vous êtes mes amis. C'est pourquoi, ce que j'ai dit à mes apôtres, je le dis de même à vous : toute âme qui croira en vos paroles et qui sera baptisée d'eau pour la rémission des péchés, recevra le Saint-Esprit.
 
« Et ces signes suivront ceux qui croiront : Ils feront en mon nom beaucoup de choses merveilleuses ; en mon nom, ils chasseront des démons ; en mon nom, ils guériront les malades ; en mon nom, ils rendront la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds et l'usage de la parole aux muets ; et si quelqu'un leur donne du poison, ils n'en recevront aucun mal ; et le venin du serpent n'aura sur eux aucun pouvoir. En vérité, en vérité, je vous le dis, ceux qui ne voudront pas croire en vos paroles, et qui ne seront pas baptisés dans l'eau en mon nom pour la rémission de leurs péchés, afin qu'ils puissent recevoir le Saint-Esprit, ceux-là seront condamnés, et ils n'entreront point dans le royaume céleste, où mon Père et moi nous trouvons. Et cette révélation et commandement sont dès à présent en force sur toute la terre. » (Doctrine et Alliances 84:75)

Voilà en quels termes non équivoques ce grand prophète moderne se présente au monde, en faisant ouvertement une promesse à toute âme qui croira à son message, promesse que nul imposteur n'aurait osé faire avec le moindre espoir de succès. Un imposteur aurait pu sans doute faire une telle promesse à ses disciples, mais ceux-ci n'auraient pu la voir se réaliser.

Si ces signes miraculeux ne s'étaient pas manifestés conformément à la promesse, les dizaines de milliers de personnes qui ont obéi à l'Évangile auraient alors reconnu que Joseph n'était qu'un imposteur ; elles l'auraient toutes abandonné, et là aurait fini l'imposture. Mais le simple fait que de grandes multitudes entrent constamment dans l'Église et continuent d'augmenter d'année en année le nombre de ses membres, est une preuve concluante que la promesse est remplie, que le Saint-Esprit est donné, ainsi que les signes miraculeux.

Est-ce que les autres sociétés religieuses dans tout l'univers osent faire une pareille promesse à leurs membres ? Elles s'en garderaient bien, car elles savent parfaitement que ce serait la chute rapide et l'anéantissement de leurs vaines prétentions à l'autorité divine.

Oh ! quelle immense différence entre la religion établie par Joseph Smith et celle des innombrables confessions qui se disent chrétiennes, entre son autorité et celle de leurs docteurs enflés d'orgueil ! L'un promet tous les dons miraculeux du Saint-Esprit, et l'autre est aussi impuissante que du chaume sec destiné à être brûlé. Tandis que les disciples de ce grand prophète chassent les démons, parlent de nouvelles langues, guérissent les malades, rendent la vue aux aveugles, font marcher les boiteux, ont des visions célestes, et conversent avec les anges, les ministres de ces confessions sans autorité, ainsi que leurs fidèles, non seulement nient ces dons glorieux ou les attribuent au pouvoir du démon, mais ils courent aux armes pour exterminer les saints, et les chassent brutalement de ce qu'ils appellent la société civilisée.

Tandis que les uns souffrent le martyre par centaines pour leur témoignage, leurs ennemis nagent dans les richesses et se pavanent dans toute la splendeur de la grande Babylone, avec de gros salaires.

Comme nous venons d'examiner quelle est la nature des preuves qu'on peut apporter à l'appui de la mission divine de Joseph, il serait peut-être bon de donner à la fin de ce travail un précis de nos arguments.

1. La doctrine de Joseph Smith est raisonnable, scripturaire, parfaite, et infaillible dans tous ses préceptes, commandements, ordonnances, promesses, dons et bénédictions. Dans son organisation de l'Église, aucun des ministères mentionnés dans la Bible n'est omis. Les apôtres et les prophètes inspirés y sont considérés comme aussi nécessaires que les pasteurs, les instructeurs, ou toute autre fonction.

2. Le récit de Joseph sur le rétablissement de l'Évangile par un ange, la découverte dans la terre des annales sacrées de la tribu de Joseph, leur traduction en anglais par le pouvoir de Dieu, le fait que le grand continent occidental avait été donné à un reste de Joseph où il était devenu une multitude de nations, sont tous des événements clairement prédits par les anciens prophètes et apôtres juifs, ainsi que toutes les circonstances minutieuses qui s'y rattachent. Le temps et l'époque auxquels ces événements viendront à la connaissance des hommes, et les desseins qu'ils accompliront en leur étant révélés, y sont également prédits d'une manière positive. Joseph Smith en présente au monde l'accomplissement au temps prédit, de la manière prédite et pour le temps prédit, tel qu'il fut anciennement spécifié.

3. Joseph Smith comprend dans sa mission le rassemblement des saints de Babylone, ainsi que tous les autres événements prédits qui doivent caractériser la grande dispensation préparatoire pour le deuxième avènement de notre Seigneur Jésus.

4. Les révélations dans le Livre de Mormon indiquant la situation locale de beaucoup d'anciennes villes, dont les ruines ont été plus tard découvertes par messieurs Stephens et Catherwood ; l'accomplissement précis et formel de plusieurs prophéties de Joseph Smith, que nulle sagacité humaine n'aurait pu prévoir, et que toutes les apparences et circonstances naturelles semblaient rendre tout à fait improbable ; l'apparition d'un grand nombre d'autres témoins qui ont témoigné du ministère d'anges et des manifestations du pouvoir de Dieu en confirmation de ce message ; les nombreux et puissants miracles opérés par Joseph Smith et ses disciples, et la promesse formelle des dons spirituels à tous ceux qui croiraient et embrasseraient ce message, sont autant de preuves que nul imposteur ne donna jamais, ou ne pourrait jamais donner. Ce sont là des preuves d'une telle force, qu'elles assureront le salut à toute âme qui recevra le message, et la damnation à celles qui le rejetteront.

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Credo de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours

par Louis Bertrand


Depuis que j'appartiens à l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, depuis surtout que les journaux politiques et religieux de Paris se sont occupés des mormons, on m'a fait bien souvent cette question : Qu'est-ce donc que le mormonisme ? C'est à mes yeux le plus grand mouvement religieux qui ait jamais éclaté sur la terre. Telle est ma réponse invariable.

Mais, poursuit-on, quelles sont les principes généraux de doctrine que professe votre Église ? Expliquez-nous, par exemple, comment vous entendez la Rédemption, etc. C'est en vue de répondre à ces nombreuses questions, que je vais donner à nos lecteurs un aperçu sur nos croyances religieuses. Le voici :

Premièrement, nous croyons qu'il n'y a qu'un seul vrai système de principes et de culte religieux, révélé du ciel aux hommes, par lequel ils puissent être dirigés et gouvernés, et obtenir la vie éternelle (voir Galates 1:6-11).
 
Deuxièmement, nous croyons que ce seul vrai système a été révélé au commencement du monde par le Créateur et le Père du genre humain, en se manifestant lui-même à ses enfants et en conversant avec eux, en leur envoyant des anges et en leur donnant des visions et l'esprit de révélation et de prophétie.
 
Troisièmement, nous croyons que cet unique plan de salut a été souvent perverti et perdu de vue par l’homme, à tel point qu'il devint nécessaire que le Père du ciel et de la terre, le révélât de nouveau, par les mêmes voies qu'au commencement. De là la nécessité de diverses dispensations et manifestations de la miséricorde divine envers les hommes, à différentes époques et en divers pays (Noé, Abraham, Moïse, Jean-Baptiste).

Quatrièmement, nous croyons que Jésus-Christ, le Messie, après sa résurrection, remplit un ministère en personne auprès des Juifs en Palestine (voir Jean 20:19-26), du reste de Joseph en Amérique, des dix tribus perdues d'Israël dans les pays du nord (voir Livre de Mormon, 3 Néphi 15:11 à 16:4), des esprits en prison (voir 1 Pierre 3:19, 20 ; 4:6), c'est-à-dire ceux qui étaient morts sans la connaissance de l'Évangile, et que l’Évangile et le royaume de Dieu furent établis par ce moyen dans les différentes parties de la terre.
 
Cinquièmement, nous croyons que les Gentils aussi eurent part à ce plan de salut, après Jésus-Christ, non par son ministère personnel parmi eux, mais par celui de ses apôtres, et par le Saint-Esprit qui le révélait et rendait témoignage à leur esprit qu'il était ressuscité des morts comme Roi et Sauveur des hommes (voir Actes 10-11 ; 13:46).
 
Sixièmement, nous croyons que cet unique plan de salut a été corrompu, altéré, par les Juifs et les Gentils, au point que ses vrais principes et son pouvoir ont été perdus de vue depuis de longs siècles, et qu'ils ne sont nulle part compris et possédés dans leur plénitude parmi les hommes. De là, cette anarchie universelle, ces guerres sans fin, qui ont désolé la terre et fourvoyé l'esprit humain (voir Ésaïe 24).
 
Septièmement, nous croyons que de nos jours cet unique système a été de nouveau rétabli sur la terre, par les mêmes moyens qu'autrefois, c'est-à-dire, par la voix de Dieu, par le ministère des anges, par des visions et des révélations du Seigneur (voir Apocalypse 14:6, 7 ; Joël 2:28, 32).
 
Voici maintenant quels sont les principes de la plénitude de l'Évangile, telle qu'on l'avait aux anciens jours, et telle qu'elle a été rétablie.
 
D'abord, nous croyons en Dieu le Père éternel, en Jésus-Christ son Fils unique, et au Saint-Esprit, qui sont un Dieu à travers tous les siècles et à tout jamais (voir Matthieu 28:19).
 
Nous croyons que tous les hommes, par la transgression de nos premiers parents, et non point par leurs propres péchés, avaient été amenés sous la malédiction et la pénalité de cette transgression, qui les condamnait à un éternel bannissement de la présence de Dieu, leur corps à un sommeil sans fin dans la poussière, et leur esprit à une misère perpétuelle sous la domination de Satan ; et que, dans cette affreuse situation, ils étaient totalement déchus et perdus, sans pouvoir en sortir par eux-mêmes (voir Romains 5).
 
Nous croyons que par les souffrances, la mort et l'expiation de Jésus-Christ, tous les hommes, sans aucune exception, ont été pleinement rachetés, corps et esprit, du bannissement éternel et de la malédiction que leur avait valus la transgression d'Adam (voir 1 Corinthiens 15:22) ; et que cette rédemption universelle de la famille humaine tout entière de la pénalité du péché originel, est effectuée sans aucune condition quelconque de leur part : c'est-à-dire, qu'ils ne sont pas tenus de croire, de se repentir, d'être baptisés, ou de faire tout autre chose, pour être rachetés de cette pénalité ; car, qu'ils croient on ne croient pas, qu'ils se repentent on restent dans leur impénitence, qu'ils soient baptisés ou non, qu'ils gardent les commandements ou les violent, qu'ils soient vertueux ou corrompus, tout cela ne fera aucune différence pour ce qui concerne la rédemption, soit de leur âme, soit de leur corps, de la pénalité de la transgression d'Adam.

L'homme le plus saint qui ait jamais vécu sur la terre, et l'être le plus dépravé de toute la famille humaine, étaient placés tous les deux sous la même malédiction sans aucune transgression de leur part, et ils seront tous les deux également rachetés de cette malédiction, sans aucun acte ou une quelconque condition de leur part. Paul dit : « C'est pourquoi, comme c'est par un seul péché que la condamnation est sur tous les hommes, de même c'est par une seule justice que tous les hommes recevront la justification qui donne la vie » (Romains 5:18). Voilà pourquoi tous les hommes sont rachetés du sépulcre. Voilà pourquoi l'esprit de tout homme est rendu à son corps. Voilà pourquoi tous les hommes sont rachetés de leur premier bannissement et ramenés en la présence de Dieu. Et c'est pourquoi le Sauveur a dit : « Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi » (Jean 12:32).

Après cette rédemption, pleine, entière, universelle, après cette restauration de toute la race d'Adam, par l'expiation de Jésus-Christ, sans foi, repentance et baptême, ou sans autre oeuvre quelconque, alors tous et chacun, s'ils n’ont commis aucun péché, posséderont la vie éternelle et jouiront d'une félicité sans fin, pour ne plus être jamais bannis de la présence de Dieu : La pénalité du péché originel ne peut plus avoir de pouvoir sur eux, car Jésus a détruit ce pouvoir ; il a brisé les liens de la première mort, remporté la victoire sur le sépulcre, en a délivré tous les captifs et les a ramenés de leur premier bannissement en la présence de son Père. Voilà pourquoi la vie éternelle sera leur partage, s’ils n'ont transgressé aucune loi.
 
Nous croyons que tous les hommes, dans leur bas âge, sont incapables de discerner le bien du mal et d'obéir ou de désobéir à une loi ; que par conséquent aucune loi ne leur a été donnée, et que là où il n'y a pas de loi il n'y a pas de transgression (voir Romains 4:15) ; qu'ils sont donc innocents et que s'ils mouraient tous en bas âge, ils jouiraient de la vie éternelle, n'étant pas transgresseurs ni responsables du péché d'Adam (voir Matthieu 18:2, 6 ; 19:14).
 
Nous croyons que tous les hommes, par suite de la Chute, après avoir atteint l'âge de raison, connaissent le bien et le mal, et deviennent capables d'obéir ou de désobéir à une loi (voir Jean 1:9) ; qu'une loi est donnée contre la perpétration du mal, et que la pénalité qui y attachée est un deuxième bannissement de la présence de Dieu, qui est infligée au corps et à l'esprit, après avoir été rachetés du premier bannissement et ramenés en sa présence (voir Jean 5:29).
 
Nous croyons que tous ceux qui ont commis le mal, en ayant connaissance de la loi, ou qui plus tard viennent à la connaître en cette vie, sont soumis à sa pénalité, qui n'est pas infligée dans ce monde, mais dans le monde à venir. C'est pourquoi, après leur mort, ceux-là sont mis et gardés en prison selon les prescriptions de la loi ; et ils y attendent avec une crainte extrême l'heure du jugement (voir Ésaïe 24:22 ; Hébreux 10:27), quand la pénalité leur sera infligée qui les condamnera à un deuxième bannissement de la présence de leur Rédempteur, qui les avait rachetés de la pénalité de la première loi.

Mais, dira le pécheur, ne reste-t-il aucune voie pour mon évasion ? Ma situation est-elle sans espérance ? Ne pourrai-je trouver un moyen pour m'affranchir de la pénalité de cette deuxième loi et échapper à ce deuxième bannissement ? Je réponds : Si tu ne peux te cacher aux yeux scrutateurs d'un Dieu partout présent pour qu'il ne puisse te trouver, ou si tu ne peux faire en sorte que sa justice n'ait pas son cours, ou si tu ne peux t’armer de puissance et lutter contre le Tout-Puissant pour l'empêcher d'exécuter la sentence de la loi, alors tu ne saurais lui échapper. Si tu ne peux faire que le repentir, ou le baptême dans l'eau, ou aucune œuvre de ta part, expient la moindre de tes transgressions, alors tu es hors d'état d'échapper de toi-même au terrible châtiment qui t'attend. Mais sois bien convaincu, ô pécheur, que tu ne saurais rien imaginer par toi-même ni rien faire pour expier tes péchés. Ta situation est donc sans espérance, à moins que Dieu n'ait trouvé le moyen de te délivrer.

Mais garde-toi de t'abandonner au désespoir : car quoique tu sois justement condamné pour avoir transgressé la loi, quoique tu ne puisses expier tes péchés et t'en racheter toi-même, il y a encore de l'espoir dans ta situation ; celui qui a donné la loi a trouvé un moyen pour te délivrer. Ce même Jésus, qui a expié le péché originel, et qui en rachètera tout le genre humain, a aussi expié tes péchés, et t'offre le salut et la délivrance à certaines conditions auxquelles tu dois te soumettre.
 
Nous croyons que la première de ces conditions indispensables de la part de tout pécheur, est de croire en Dieu (voir Hébreux 11:6) ; aux souffrances et à la mort de Jésus-Christ son Fils unique, pour l'expiation des péchés de toute la terre (voir Jean 1:29) ; à sa résurrection et à son ascension au ciel où il est assis à la droite du Père (voir Actes 2:32, 33 ; Marc 16:19), pour intercéder pour les enfants des hommes (voir Hébreux 7:25) ; et au Saint-Esprit, qui est donné à tous ceux qui obéissent à l'Évangile (voir Actes 2:38).
 
Que la deuxième condition est de se repentir (voir Actes 2:38) : c'est-à-dire, que tous ceux qui croient conformément à la première condition, sont tenus de venir humblement devant Dieu, de lui confesser leurs péchés (voir 1 Jean 1:9) avec un coeur brisé et un esprit contrit, de les abandonner, de renoncer à tout mal, et de faire restitution pour tout le dommage qu'ils ont causé, autant que cela est possible.
 
Que la troisième condition est d'être baptisé par immersion dans l'eau (voir Actes 8:38) au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit (voir Matthieu 28:19) pour la rémission des péchés (voir Actes 2:38) ; que cette ordonnance doit être administrée par un homme appelé et autorisé de Jésus-Christ pour baptiser (voir Héb. 5:4 ; Actes 19:5), qu'autrement elle est illégale, sans aucun avantage, et non acceptée par lui ; et qu'elle ne doit être administrée qu'aux personnes qui croient et se repentent, conformément aux deux conditions précédentes (voir Marc 1:4 ; 16:16).
 
Et que la quatrième condition est de recevoir l’imposition des mains, au nom de Jésus-Christ, pour le don du Saint-Esprit (voir Actes 8:47) ; que cette ordonnance doit être administrée par les apôtres ou les anciens, que Jésus-Christ a appelés, et à qui il a donné l'autorité d'imposer les mains, autrement elle serait sans aucun avantage, étant illégale aux yeux de Dieu (voir Actes 19:13, 46) ; et qu'elle ne doit être administrée qu'aux personnes qui croient, se repentent et sont baptisées dans cette Église, conformément aux trois conditions précédentes.

Voilà les premières conditions de l'Évangile. Tous ceux qui s'y conforment, ont leurs péchés pardonnés et reçoivent le don du Saint-Esprit (voir Actes 2:38). Par ces conditions, ils deviennent les fils adoptifs de Dieu (voir Romains 8:14, 17). Par ces ordonnances ils naissent de nouveau, d'abord de l'eau, ensuite de l'Esprit (voir Jean 3:5) ; ils deviennent les enfants du royaume, les héritiers de Dieu, les saints du Très-Haut, l'Église du Premier-né, le peuple élu, et héritiers du céleste héritage éternel en présence de Dieu (voir Hébreux 12:22, 24 ; Romains 8:17).
 
C'est le devoir et le droit sacré des saints, ainsi organisés d'après l'Évangile éternel, de croire et de posséder tous les dons, les pouvoirs et les bénédictions qui viennent du Saint-Esprit. Tels sont, par exemple, les dons de révélation et de prophétie, les visions, le ministère des anges, la guérison des malades par l'imposition des mains au nom de Jésus-Christ, les miracles, enfin tous les dons mentionnés dans les Écritures, ou comme les avaient les anciens saints (voir 1 Corinthiens 12). Nous croyons que les apôtres et les prophètes inspirés, ainsi que tous les ministères mentionnés dans le Nouveau Testament, sont de nos jours nécessaires dans l'Église (1 Corinthiens 12:28 ; Éphésiens 4:11).
 
Nous croyons qu'il y a eu une apostasie universelle de la religion du Nouveau Testament (voir 1 Timothée 4:1, 3), de telle sorte que tout le monde connu a été privé durant des siècles de l'Église de Jésus-Christ, et d'une prêtrise autorisée de Dieu pour administrer les ordonnances (voir Ésaïe 29:9, 10) ; et que l’Évangile a été dénaturé par les Églises, les unes d'une manière les autres d'une autre (voir 2 Timothée 4:3, 4).

Par exemple, presque toutes les Églises ont abandonné le baptême par immersion pour la rémission des péchés (voir Actes 8:38). Les quelques-uns qui l'administrent encore pour la rémission des péchés, ont mis de côté l'ordonnance de l'imposition des mains sur les croyants baptisés pour le don du Saint-Esprit (voir Actes 2: 38 ; 19:6). D'une part, les quelques-uns qui ont conservé cette dernière ordonnance ont dénaturé la première, ou ils ont perdu les anciens dons, les pouvoirs et les bénédictions qui viennent du Saint-Esprit (voir Marc 16:17), ou bien ils ont dit aux apôtres et aux prophètes inspirés (voir Actes 11:27 ; 13:1) : Nous n'avons pas besoin de vous de nos jours dans le corps de l'Église.

D'autre part les quelques-uns qui ont reconnu la nécessité des dons miraculeux et du pouvoir du Saint-Esprit, ont dénaturé les ordonnances ou les ont abandonnées. Paul dit : « Mais si quelqu'un vous annonce un autre Évangile que celui que nous vous avons annoncé, quand ce serait nous-mêmes, ou un ange du ciel, qu'il soit anathème » (Galates 1:8). C'est ainsi que toutes les Églises qui prêchent de fausses doctrines, au lieu d'être investies de l'autorité de Dieu pour en administrer les ordonnances, sont sous sa malédiction pour avoir dénaturé l'Évangile.
 
Nous croyons qu'il y a beaucoup de gens, humbles, sincères et honnêtes, qui font de leur mieux pour se sauver mais que, sous bien des rapports, ils ont été égarés par de faux docteurs et par des théories purement humaines (voir 2 Timothée 4:1, 4), et qu'ils recevront avec joie la plénitude de l'Évangile aussitôt qu'elle leur sera annoncée.
 
L'Évangile du Livre de Mormon (voir 3 Néphi 11 à 26) est le même que celui du Nouveau Testament : il est révélé dans ce livre avec une grande simplicité, au point que tous ceux qui le lisent ne peuvent se méprendre sur ses principes. Il a été révélé par un ange, pour être prêché comme un témoignage à toutes les nations, d'abord aux Gentils, ensuite aux Juifs ; et alors viendra la chute de Babylone, en accomplissement de la vision que Jean eut dans l'île de Pathmos :

« Et je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, portant l'Évangile éternel, pour l'annoncer à ceux qui habitent sur la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple ; et qui disait d'une voix forte : Craignez Dieu, et lui donnez gloire, car l'heure de son jugement est venue ; et adorez celui qui a fait le ciel, la terre, la mer, et les sources des eaux. Et un autre ange le suivit qui disait : Elle est tombée, elle est tombée Babylone, cette grande ville, parce qu'elle a fait boire à toutes les nations du vin de la fureur de son impudicité. » (Apocalypse 14:6-8)
 
Un grand nombre de révélations et de prophéties ont été données à cette Église depuis son origine, et livrées au public. Elles contiennent aussi l'Évangile dans toute sa simplicité et des instructions d'une importance infinie pour les saints. Elles dévoilent les grands événements qui attendent cette génération, les terribles jugements qui frapperont les méchants (voir Ésaïe 11:4 ; Jérémie 25:31, 33), et la gloire et les bénédictions qui seront données aux justes (voir Malachie 4:1, 3).

Nous croyons que Dieu continuera de donner des révélations par des visions, par le ministère des anges, et par l'inspiration du Saint-Esprit ; jusqu'à ce que les saints soient initiés à toute vérité, c'est-à-dire, jusqu'à ce qu'ils aient obtenu la possession de toute la vérité qui existe, ainsi que la perfection et le savoir absolu (voir Éphésiens 4:13). Ainsi, aussi longtemps qu'ils ignoreront quelque chose du passé, du présent, et de l'avenir, aussi longtemps, croyons-nous, ils jouiront du don de révélation (voir 1 Corinthiens 13:10).

Et lorsqu'ils auront atteint l'état de perfection et d'immortalité, lorsqu'ils seront parvenus « à la mesure de la stature de la plénitude du Christ » (Éphésiens 4:13), lorsqu'ils seront tous devenus parfaits dans l'unité, et semblables à leur Sauveur, alors ils seront en possession de toute connaissance, de toute sagesse, de toute intelligence ; alors toutes choses seront à eux, principautés ou puissances, trônes ou dominations (voir Colossiens 1:16), alors enfin ils seront remplis de la plénitude de Dieu. Et qu'auront-ils de plus à apprendre ? Qu'auront-ils de plus à connaître ? Qu'auront-ils à posséder ? Alors seulement ils n'auront plus besoin de révélation.
 
Nous croyons que partout où les hommes ont possédé la religion du Nouveau Testament, ils ont aussi possédé les dons de visions, de révélation, le ministère des anges, etc. ; et que là où cessent ces bénédictions, là disparaît aussi la religion du Nouveau Testament (voir Marc 16:10, 17).
 
Nous croyons que Dieu a suscité cette Église, afin de préparer un peuple pour son deuxième avènement dans les nues du ciel, en grande gloire et en puissance (voir Luc 21:27 ; 2 Thessaloniciens 1:7, 10) ; et que les saints qui dorment dans la tombe seront alors ressuscités (voir 1 Thessaloniciens 4:13, 17) et régneront avec lui sur la terre pendant mille ans (voir Apocalypse 20:4 ; 5:9, 10).
 
Nous croyons que de grands et terribles jugements surprendront les nations de la terre, et que si elles rejettent le message après qu'on le leur aura suffisamment annoncé, elles seront désolées et détruites au point de disparaître de la scène du monde (voir Ésaïe 24:1, 6). Des fléaux inouïs, sans précédents, décimeront les peuples, en déjouant l'habileté des médecins les plus savants et les plus expérimentés ; dépeuplant des villes entières, et emportant des millions de misérables créatures sur toute la surface du globe. Les nations, n'étant plus retenues par l'Esprit de Dieu, qui cessera de les influencer, s'élèveront les unes contre les autres jusqu'à ce que la terre entière, comparativement parlant, soit remplie de sang et de carnage (voir Apocalypse 6:8). « Les trônes et les empires s'écrouleront » (Daniel 2:44 ; Ésaïe 24:21, 22), les nouveaux gouvernements qui les remplaceront auront le même sort. La paix sera enlevée de parmi les nations (voir Apocalypse 6:4).
 
Mais les justes échapperont (voir Joël 2:32), car Dieu les rassemblera de toutes les nations dans un lieu de paix et de sûreté (voir Marc 13:27) ; il étendra ses bras pour les protéger et sa gloire brillera pour leur défense : « ils seront le seul peuple sur la terre qui ne sera pas en guerre avec les autres peuples », car ainsi a dit le Seigneur.
 
Nous croyons que dans cette génération une maison du Seigneur sera bâtie par les saints sur la montagne de Sion (voir Michée 4), qu'un nuage de gloire reposera sur elle le jour et un feu flamboyant durant la nuit (voir Ésaïe 4:5), que la face du Seigneur y sera dévoilée et que les bommes au coeur pur le verront et pourront vivre. De grandes foules viendront à Sion pour apprendre à marcher dans les voies du Seigneur ; car de Sion sortira une loi parfaite qui établira le règne de la justice sur la terre (voir Ésaïe 2:2, 5).
 
Nous croyons que les dix tribus d'Israël, avec les dispersés de Juda, seront bientôt ramenés sur leurs propres terres, conformément aux alliances que Dieu a contractées autrefois avec leurs pères (voir Jérémie 30:3, 4 ; Ézéchiel 28:23, 26) et que lorsque cette oeuvre importante de rétablissement aura lieu, le pouvoir du Seigneur se manifestera par des signes, par des prodiges et de puissants actes, laissant bien loin derrière eux ceux qui signalèrent leur sortie du pays d'Égypte (voir Jérémie 16:14, 15). Jérusalem sera rebâtie, ainsi que son glorieux temple (voir Jérémie 30:18) et le Seigneur les visitera, aussi bien que les saints à Sion (voir Malachie 3:1). En ce jour-là, le nom de l'Éternel sera devenu grand jusqu'aux extrémités de la terre (voir Zacharie 19:9), et toutes les nations le serviront et lui rendront hommage.