Preuves
en
faveur du Livre de Mormon
Louis
Bertrand
Introduction
Notre conversion, fruit d’une
conviction sincère et persistante, exprime mieux que tout ce
que nous pourrions dire, notre opinion sur l’authenticité,
l’importance sociale et religieuse de ce livre. Aucun autre,
depuis le Coran, n’a donné naissance à un peuple.
Nous avons lu attentivement presque tous les écrits qui ont
été publiés contre le Livre
de Mormon. Tout ce que nous avons lu
peut se résumer dans l’argument que voici : Ce
livre est une imposture, parce que c’est une imposture.
Sans chercher à
établir ici l’authenticité divine du Livre
de Mormon, voici des preuves externes
qu’on pourrait invoquer en sa faveur. En 1830, sa publication
excita un concert unanime de sarcasmes. Les savants en général
se récrièrent contre cette hypothèse que les
Indiens de l’Amérique descendaient des enfants d’Israël,
et l’ouvrage fut même considéré comme peu
propre à faire des dupes, tant l’imposture semblait
grossière. Tel est le sort de toutes les vérités
qui parviennent à se faire jour çà et là
à travers le chaos des productions de l’esprit humain.
Accueillies d’abord par l’incrédulité et le
mépris, elles finissent par ébranler les certitudes
acquises ; quelques esprits droits veulent voir le fond des
choses, s’assurer si l’invraisemblable ne serait pas par
hasard la vérité ; ils se mettent à
l’œuvre. C’est ce qui arriva, non pas en vue de
vérifier les données du Livre
de Mormon, mais par suite
d’investigations scientifiques sur l’histoire de ces
intéressantes contrées.
Traditions indiennes
Dès l’année
1833, M. C. Colton publiait à Londres un ouvrage dans lequel
on lit au sujet des Indiens : « Ils affirment qu’ils
possédaient autrefois un livre, et ils savent par tradition
que le Grand-Esprit prédisait habituellement à leurs
pères les événements, et qu’il dirigeait
la nature en leur faveur ; qu’à une certaine
époque, les anges leur parlaient ; que toutes les tribus
indiennes descendaient d’un seul homme qui avait eu douze
fils ; que cet homme était un prince célèbre,
possesseur de vastes contrées, et que les Indiens, qui sont sa
postérité, recouvreront un jour le même pouvoir
et la même influence. Ils croient, par tradition, que l’esprit
de prophétie et le privilége d’intervention dont
leurs ancêtres ont joui leur sera rendu, et qu’ils
retrouveront le livre perdu depuis si longtemps. » Il y a
dans ce passage, ce me semble, des analogies assez frappantes avec
l’apparition du Livre de Mormon
et avec les faits qu’il rapporte. Mais poursuivons.
L’ouvrage de
M. Boudinot sur l’origine des aborigènes de l’Amérique
confirme pleinement tout ce qui précède. Les
principales tribus indiennes ont pieusement conservé ces
traditions de leurs nobles ancêtres. Parmi ces tribus, celle
des Stockbridges se distingue par la pureté de ses souvenirs.
Une tradition existe encore parmi ces Indiens, que « leurs
pères avaient autrefois en leur possession un
livre sacré, qui leur était
transmis de génération en génération ;
qu’à la fin ce livre fut caché dans la terre, et
que depuis cette époque, ils sont foulés aux pieds de
leurs ennemis. Mais ces divins oracles doivent revenir encore dans
leurs mains, et alors
ils triompheront de leurs ennemis en reconquérant tous leurs
droits et privilèges. »
Dans son docte
ouvrage, M. Boudinot fait cette remarque sur la langue des Indiens :
« Leur langue, en ses racines, idiomes et construction
particulière, paraît avoir tout
le génie de l’hébreu ;
et, chose remarquable et bien digne d’attirer la sérieuse
attention des savants, elle a la plupart des particularités de
cette langue, et spécialement celles par lesquelles elle
diffère de presque toutes les langues. »
Découvertes archéologiques
Tout le monde,
jusqu’à ces derniers temps, considérait les
Indiens comme une race sauvage restée en dehors du mouvement
civilisateur, et qui avait traversé les siècles sans
jamais avoir connu les sciences ni les arts, sans avoir eu d’autre
moyen que la tradition pour transmettre à la postérité
son histoire. Quand le Livre de Mormon
vint révéler au monde que ces peuplades errantes
étaient un reste d’Israël, que ces sauvages avaient
été jadis une nation civilisée, qu’ils
avaient connu le vrai Dieu, bâti de grandes villes, qu’ils
avaient l’habitude de graver leurs annales sur des tablettes
d’or ou de cuivre pour les léguer à la postérité,
et que la langue dans laquelle ils écrivaient s’appelait
l’égyptien réformé, les sages rirent
beaucoup de ces absurdités,
s’étonnant qu’il y eût des gens assez
stupides pour y croire. Et tout d’un coup, en 1839 M. Stephens
surprit le monde (Incidents of Travel in
Central America, Chiapas and Yucatan,
2 vol., in-8°) en annonçant qu’il avait découvert
les ruines de quarante-quatre puissantes cités, de temples
magnifiques, de monuments gigantesques, de statues couvertes de
caractères glyphiques, et cela dans les lieux mêmes où
le Livre de Mormon,
publié huit années auparavant, avait indiqué que
s’élevaient jadis de grandes et superbes villes. Depuis
cette époque, d’autres importantes découvertes
ont été faites sur divers points du territoire des
États-Unis. Mais il s’en faut de beaucoup que les ruines
de ces cités antiques, qui sont généralement
ensevelies dans des forêts impénétrables, et
disséminées sur un si vaste continent, soient
aujourd’hui toutes connues. L’avenir nous garde de très
importantes révélations du même genre.
M. Garnay,
explorateur français, a présenté récemment
à l'empereur Napoléon, et ensuite à la Société
de géographie de Paris, cinquante épreuves
photographiques d'une grande valeur sur les antiquités de
l'Amérique centrale. Il serait à désirer que le
gouvernement français le chargeât officiellement d'une
nouvelle exploration dans cette intéressante région.
Parmi les dernières
découvertes, nous devons mentionner celles que fit un voyageur
américain, il y a onze ans, vers le confluent du Gila et du
Colorado dans le Nouveau-Mexique, découvertes de la plus haute
importance, mais qui, faute de publicité, sont presque
inconnues en Europe. Publiée dans le New
York Herald et traduite par nous en
partie dans l’Étoile
du Deseret (cette feuille a
été publiée à Paris, par John Taylor, de
mai 1851 à avril 1852. Sa collection forme un volume de 192
pages), la relation de l’explorateur place les ruines en
question parmi les plus remarquables antiquités américaines.
Pyramides colossales, temples, obélisques, colonnes, tablettes
de marbre, etc., monuments précieux, tous plus ou moins
couverts de caractères glyphiques, il y a là de quoi
fournir aux recherches des antiquaires de l’Europe un champ
d’étude presque inépuisable. La grande pyramide
de Chéops ne serait, à côté du principal
monument de la vallée Nahago, qu’un véritable
jouet d’enfant (a boy's toy).
Le vandalisme des conquérants espagnols a détruit dans
le Mexique et dans le Pérou des trésors archéologiques
d’une richesse inappréciable. Les forêts encore
inexplorées du Brésil nous révèleront
tôt ou tard des antiquités non moins importantes. Ces
découvertes, au fur et à mesure qu’elles se
produiront, seront autant de nouveaux témoignages muets, mais
très éloquents, en faveur de l’authenticité
divine du Livre de Mormon.
Phénomène social
Une considération
que nous avons déjà indiquée plus haut nous
semble capitale, et l’on nous pardonnera d’y insister.
Depuis le Coran, aucun livre profane ou sacré n’a servi
de base à une nationalité nouvelle sur l’ancien
continent. Le Livre de Mormon,
au milieu des éclatantes lumières du XIXe
siècle, a servi de fondement à un peuple en Amérique.
Qui nous expliquera cet étrange phénomène social
d’un roman religieux pouvant, en présence des progrès
inouïs de notre âge, accomplir un tel prodige ?
L’enfantement d’un peuple n’est pas chose si
commune. Depuis Luther, les interprètes
de la Bible dans les deux mondes n’ont su créer que des
sectes, et les philosophes des écoles ; Joseph Smith est
le seul qui ait jeté les bases d’une société
nouvelle. Au milieu de l’anarchie des opinions, les hommes
sérieux de tous les partis ne devront juger son œuvre
que par ses résultats. En dehors des lumières
historiques et apocalyptiques du Livre
de Mormon, l’Amérique a
été, est et restera un problème insoluble pour
les savants de l’Europe.
Source :
Louis Bertrand, Mémoires d'un mormon, Paris, 1862,
chapitre 1