Où
est la colline de Cumorah ?
Joseph
Fielding Smith
Membre
du collège des Douze de 1910 à 1950
Président
suppléant du collège des Douze de 1950 à 1951
Président
du collège des Douze de 1951 à 1965
Membre
de la Première Présidence de 1965 à 1970
Historien
de l'Église de 1921 à 1970
Président
de l’Église de 1970 à 1972
Spéculation
sur la géographie du Livre de Mormon
Ces
dernières années est née parmi certains
étudiants du Livre de Mormon une théorie selon
laquelle, au cours de la période couverte par le Livre de
Mormon, les Néphites et les Lamanites se situent presque
entièrement dans les limites du territoire constituant
l'Amérique centrale et la partie méridionale du Mexique
— l'isthme de Tehuantepec étant probablement « l'étroite
bande » de terre dont il est parlé dans le Livre de
Mormon (Alma 50:34 ; 52:9 ;
63:5 ; Mormon 2:29 ; 3:5) plutôt que l'isthme de Panama.
Cette
théorie repose sur la supposition qu'il était
impossible à la colonie de Léhi de se multiplier et de
remplir le continent en mille ans, ou depuis la venue de Léhi
de Jérusalem jusqu'au moment de la destruction des Néphites
à la colline Cumorah. De plus, ils affirment que le récit
des migrations, de la construction de villes et des guerres et des
querelles, dont parle le Livre de Mormon, exclut pour le peuple toute
possibilité de se disperser sur de grandes distances telles
que nous en trouvons sur le territoire de l'Amérique du Nord
et du Sud.
La
Terre fut peuplée rapidement
Si
nous sommes disposés à accepter la Bible, qui est
confirmée par les Doctrine et Alliances, la civilisation toute
entière de la terre fut détruite dans le déluge
à l'exception de Noé et de sa famille (Gen. 6 ;
7 ; 8 ; Moïse 7:36-43, 51-52 ; 8:22-30 ;
Alma 10:22 ; 3 Néphi 22:9 ; Éther 6:7).
De plus, cette destruction a eu lieu il y a moins de cinq mille ans
et aujourd'hui la population de la terre, en dépit des guerres
et des destructions est estimée à plus de 2 milliards
d'âmes [7 milliards en 2017, ndlr].
La
population de l'Europe, sur la base des meilleurs documents
disponibles, s'est accrue d'une manière énorme par
rapport à celle qu'elle avait lors de la découverte de
l'Amérique ; et cependant on y trouve des centaines de
millions de personnes descendant d'ancêtres européens et
asiatiques qui ne savaient rien de l'Amérique avant qu'elle ne
fût découverte par Colomb. L'augmentation rapide d'une
postérité est connue de tout généalogiste
qui a remonté le lignage des premiers colons américains.
L'emplacement
de Cumorah, de Ramah et de Ripliancum
Cette
théorie moderniste, pour être logique, doit
nécessairement situer les eaux de Ripliancum et la colline de
Cumorah en un endroit situé à l'intérieur du
territoire limité de l'Amérique centrale, et ceci en
dépit de l'enseignement diamétralement opposé
que l'Église donne depuis plus de cent ans. Du fait de cette
théorie, certains membres de l'Église ne savent plus
que penser, et leur foi dans le Livre de Mormon est considérablement
perturbée. C'est pour cette raison que je vous présente
ici des preuves montrant que non seulement ces endroits pouvaient
être situés là où l'Église prétend
depuis un siècle qu'ils sont, mais que tel est authentiquement
le cas.
On
sait que la colline de Cumorah où les Néphites furent
exterminés est la colline où les Jarédites
furent également exterminés. Cette colline, les
Jarédites l'appelaient Ramah. C'est aux environs des eaux de
Ripliancum, ce qui veut dire, selon le livre d'Éther, « par
interprétation, vaste ou qui surpasse tout » (Éther
15:8-11). Mormon ajoute : « Et nous allâmes au
pays de Cumorah et nous plantâmes nos tentes autour de la
colline de Cumorah, et c'était dans un pays d'eaux, de
rivières et de sources nombreuses ; et là, nous
avions l'espoir de prendre de l'avantage sur les Lamanites. »
(Mormon 6:4)
Les
premiers frères situent Cumorah dans l'ouest de l'État
de New York
Il
faut concéder que cette description correspond parfaitement à
la région de Cumorah dans l'État de New York, telle
qu'on la connaît depuis que Moroni a rendu visite au prophète
Joseph Smith, car la colline se trouve à proximité des
grands lacs ainsi que dans la région aux nombreuses rivières
et aux nombreuses sources. De plus, le prophète Joseph Smith
lui-même a écrit expressément que la colline
appelée actuellement Cumorah est exactement la colline dont
parle le Livre de Mormon (voir History of the Church, vol. 2, p. 79,
80).
En
outre, le fait que tous ses collaborateurs ont dit depuis le
commencement que c'était exactement dans cette colline que
Mormon et Moroni cachèrent les annales, doit avoir un certain
poids. Il est difficile à une personne raisonnable de croire
que des hommes tels qu'Oliver Cowdery, Brigham Young, Parley P.
Pratt, Orson Pratt, David Whitmer et beaucoup d'autres aient pu
souvent donner à l'endroit où le prophète Joseph
Smith obtint les plaques le nom de colline de Cumorah sans que le
prophète ne les corrige si tel n'était le fait. C'est
un fait historique bien établi qu'on a ainsi qualifié
cette colline du temps du
prophète.
Oliver
Cowdery situe Cumorah dans l'ouest de New York
La
première mention du genre se trouve dans le Messenger and
Advocate, journal publié par l'Église en 1834-35. Dans
un bref historique de la naissance de l'Église, composé
par Oliver Cowdery, il est fait allusion dans les termes suivants à
cet endroit :
« En
ouvrant le Livre de Mormon aux 529e et 530e pages [Mormon 5:6, ndlr],
vous lirez le récit fait par Mormon de la dernière
grande bataille qui se déroula tandis qu'ils campaient autour
de cette colline de Cumorah. C'est dans cette vallée que tomba
ce qui restait de la force et de l'orgueil d'un peuple jadis
puissant, les Néphites, autrefois si hautement favorisés
du Seigneur, mais à ce moment-là dans les ténèbres,
condamnés à être exterminés par leurs
frères barbares et non-civilisés. Après la
bataille, Mormon et quelques autres contemplèrent avec
horreur, du sommet de cette colline, les restes mutilés de
ceux qui la veille encore étaient remplis d'impatience,
d'espérance ou de doute. Quelques-uns s'étaient enfuis
vers le sud, mais furent pourchassés par les vainqueurs, et
tous ceux qui refusèrent de renier le Sauveur et sa religion
furent mis à mort. Mormon lui-même, selon le récit
de son fils Moroni, fut également mis à mort.
« Mais
il ressort de son propre récit que longtemps avant ce désastre
national, il avait prévu la destruction imminente. En fait,
s'il étudiait les annales de ses pères qui étaient
en sa possession, il aurait pu apprendre que tel était le cas.
Aima, qui vivait avant la venue du Messie, l'avait prophétisé.
Mais lui, sur ordre divin, fit de ces annales un abrégé
dans son style et sa langue, un bref récit des points les plus
importants et les plus saillants depuis le temps de Léhi
jusqu'à son propre temps, après quoi il déposa,
comme il le dit, à la 529e page [Mormon 6:6, ndlr], toutes les
annales dans cette même colline, Cumorah, et après cela
donna ses petites annales à son fils Moroni, qui, comme il
découle du même texte, le termina, après avoir
été témoin de l'extinction de son peuple en tant
que nation…
La
colline de Ramah se trouvait dans l'ouest de New York
« Cette
colline, les Jarédites l'appelèrent Ramah ; c'est
près d'elle ou autour d'elle que la célèbre
armée de Coriantumr planta la tente. Coriantumr était
le dernier roi des Jarédites. L'armée adverse se
trouvait à l'ouest et dans cette même vallée et
tout près, de jour en jour, cette race puissante versa le
sang, dans sa colère, luttant, pour ainsi dire, frère
contre frère, et père contre fils. C'est à ce
même endroit, bien en vue du sommet de cette colline, que l'on
peut contempler avec étonnement le sol qui a été
couvert à deux reprises par les morts et les mourants de nos
semblables…
« Dans
cette vallée sont mêlées, dans une seule masse de
destruction, les cendres de milliers d'hommes, et dans cette vallée
les corps vigoureux et beaux de dizaines de milliers d'êtres
humains étaient destinés à se consumer —
le sang mélangé au sang, la chair à
la chair, les os aux os, la poussière à la poussière. »
(Messenger and Advocate,
juillet 1835, p. 158-59)
Le
prophète approuve les idées d'Oliver Cowdery
Celui
qui est disposé à ergoter pourrait dire que cette
déclaration d'Oliver Cowdery est simplement l'opinion d'Oliver
Cowdery et non celle du prophète Joseph Smith. Il faut se
souvenir que ces lettres dans lesquelles ces phrases sont énoncées,
étaient sous sa supervision personnelle. Il est certain que,
dans de telles circonstances, il n'aurait pas permis qu'une erreur de
ce genre se glissât dans le document sans la corriger.
Au
commencement de ces lettres historiques, on trouve ce qui suit :
« Pour que notre récit soit correct, en particulier
l'introduction, il convient d'informer nos lecteurs que notre frère
J. Smith, fils, a proposé de nous aider. En effet il y a
beaucoup de points relatifs à la première partie de ce
sujet qui rendent sa collaboration indispensable. Avec sa
collaboration et avec les documents authentiques qui sont maintenant
en notre possession, nous espérons faire de ceci un récit
agréable, digne d'être examiné et lu par les
saints. » (Messenger and Advocate, octobre 1834, p.
13)
Plus
tard au cours de la période de Nauvoo de l'Église, et
de nouveau sous la direction du prophète Joseph Smith, ces
mêmes lettres d'Oliver Cowdery furent publiées dans le
Times and Seasons (voir Times and Seasons, 15 avril
1841, vol. 2, p. 379) sans envisager le moins du monde une correction
si cette description de la colline de Cumorah avait été
une erreur.
Le
témoignage de David Whitmer à propos de la colline de
Cumorah
Un
autre témoignage intéressant est celui de David
Whitmer, rendu en septembre 1878 aux frères Orson Pratt et
Joseph F. Smith, lorsqu'ils lui rendirent visite chez lui à
Richmond. Il dit à ces frères : « Tandis
que je retournais à Fayette, avec Joseph et Oliver, tous
montés dans le chariot, Oliver et moi sur un siège en
bois à ressorts à la mode ancienne et Joseph derrière
nous, tandis que nous roulions dans un endroit tout à fait
dégagé, un vieil homme très aimable, à
l'aspect sympathique, apparut soudain au côté du chariot
et nous adressa ce salut : « Bonjour ; il fait
très chaud », s'épongeant en même
temps le visage ou le front de la main. Nous lui rendîmes son
salut, et, sur un signe de Joseph, je l'invitai à monter s'il
allait dans notre direction. Mais il dit très aimablement :
« Non, je vais à Cumorah ! » Ce nom
était quelque peu nouveau pour moi, et je ne savais pas ce que
Cumorah voulait dire. Nous le regardâmes tous, et nous nous
regardâmes, et comme je me retournais pour interroger Joseph,
le vieillard disparut instantanément, de sorte que je ne le
revis plus. »
Joseph
F. Smith demanda : « Avez-vous remarqué son
aspect ? »
David
Whitmer : « Je pense bien. Il avait, me semble-t-il,
un mètre soixante-dix ou soixante-douze et était
d'aspect trapu… Ses cheveux et sa barbe étaient blancs,
comme ceux de frère Pratt, mais sa barbe n'était pas
aussi épaisse. Je me souviens aussi qu'il avait sur le dos une
sorte de sac de voyage avec quelque chose dedans, ayant la forme d'un
livre. » (Millennial Star, vol. 40, p. 772)
« De
bonnes nouvelles de Cumorah »
Qui
peut lire les paroles de Joseph Smith rapportées à la
section 128 des Doctrine et Alliances sans avoir le sentiment qu'il
parlait de la colline de Cumorah située dans l'ouest de l'État
de New York ?
« Et
qu'entendons-nous encore ? De bonnes nouvelles de Cumorah !
Moroni, un ange du ciel, proclamant l'accomplissement des
prophéties : le livre qui devait être révélé.
Une voix du Seigneur dans le désert de Fayette, comté
de Seneca, déclarant aux trois témoins de rendre
témoignage du livre ! » (D&A 128:20)
S'il
n'est pas dit d'une manière affirmative dans cette déclaration
que la colline de Cumorah est l'endroit où Joseph Smith obtint
les plaques, le texte implique d'une manière écrasante
que tel est le cas. Moroni déclarant de Cumorah le livre qui
allait être révélé !
Joseph
Smith situe Cumorah dans l'ouest de New York
On
pourrait en rester là, mais la question de savoir si le
territoire qui est actuellement englobé dans les États-Unis
a été possédé par les Néphites et
les Lamanites avant la mort de Mormon a une certaine importance dans
la solution de ce problème. À la lumière de la
révélation, il est absurde de prétendre que les
Néphites et les Lamanites ne possédaient pas l'Amérique
du Nord. Tandis que le camp de Sion était en route pour le
comté de Jackson, près de la rive du fleuve Illinois,
il rencontra un tertre contenant le squelette d'un homme. Voici
l'histoire de cet événement :
« Les
frères allèrent chercher une pelle et une houe et,
enlevant la terre sur une profondeur d'environ trente centimètres,
découvrirent le squelette presque entier d'un homme, et entre
ses côtes la tête en pierre d'une flèche lamanite,
qui avait manifestement causé sa mort. Frère Burr Riggs
conserva la flèche. À contempler le tableau qui nous
entourait, nous éprouvâmes des sensations étranges
en nous ; plus tard, les visions du passé ayant été
ouvertes à mon intelligence par l'Esprit du Tout-Puissant, je
découvris que la personne dont le squelette se trouvait devant
nous était un lamanite blanc, homme grand et trapu, et homme
de Dieu. Il s'appelait Zelph. Il était guerrier et chef de
tribu sous le grand prophète Onandagus, qui était connu
de la colline de Cumorah, ou de la mer de l'est jusqu'aux Montagnes
Rocheuses. La malédiction avait été ôtée
à Zelph, ou du moins en partie : un de ses fémurs
fut brisé par une pierre lancée par une fronde au cours
d'une bataille, des années avant sa mort. Il fut tué au
combat par la flèche découverte dans ses côtes
durant le dernier grand conflit des Lamanites et des Néphites. »
(Times and Seasons, 1er janvier 1846 )
Heber
C. Kimball parle de la mort de Zelph
Frère
Heber C. Kimball qui était là inscrivit ce qui suit
dans son journal : « Pendant que nous étions
en route, nous fûmes pris du vif désir de savoir qui
était la personne qui avait été tuée par
cette flèche. Il fut révélé à
Joseph qu'il avait été un officier qui était
tombé pendant la bataille, lors de la dernière
destruction parmi les Lamanites, et qu'il s'appelait Zelph. Ceci nous
réjouit beaucoup de penser que Dieu se souvenait de nous au
point de montrer ces choses à son serviteur. Frère
Joseph avait interrogé le Seigneur et cela lui fut révélé
dans une vision. » (Times and
Seasons, vol. 6, p. 788)
L'ancienne
ville de Manti était au Missouri
Ce
qui suit est également extrait de l'histoire des voyages du
camp de Kirtland : « Le camp traversa Huntsville,
dans le comté de Randolph, qui a été désigné
comme un des pieux de Sion, et est l'ancien emplacement de la ville
de Manti, et dressa la tente à Dark Creek, Sait Licks,
vingt-sept kilomètres. On nous fit savoir au camp que cent dix
hommes de Randolph s'étaient portés volontaires et
étaient allés à Far West pour régler les
difficultés. » (Millennial Star, vol. 16, p.
296)
Le
récit suivant du même événement est tiré
du journal quotidien du camp de Kirtland et a été écrit
par Samuel D. Tyler : « 25 septembre 1838. Nous avons
traversé Huntsville, siège du comté de Randolph,
population 450, et, cinq kilomètres plus loin, nous avons
acheté 400 litres de maïs à un des frères
qui réside en ce lieu. Il y a plusieurs des frères par
ici et ici se trouve l'antique emplacement de la ville de Manti, dont
il est question dans le Livre de Mormon et l'endroit est désigné
pour être un des pieux de Sion, et c'est dans le comté
de Randolph, Missouri, à cinq kilomètres à
l'ouest du siège du comté. » (Journal de
Samuel D. Tyler, 25 septembre 1838, Archives de l'Église)
Guerres
néphites et jarédites dans l'ouest de l'État de
New York
Vu
ces éléments de preuve venant du prophète Joseph
Smith, d'Oliver Cowdery et de David Whitmer, nous ne pouvons pas dire
que les Néphites et les Lamanites ne possédaient pas le
territoire des États-Unis et que la colline de Cumorah est en
Amérique centrale. Nous ne pouvons pas non plus dire que la
grande lutte qui eut pour résultat la destruction des Néphites
se produisit en Amérique centrale. Si Zelph, un juste, luttait
sous la direction d'un grand général-prophète
dans les dernières batailles entre les Néphites et les
Lamanites, si ce grand général-prophète était
connu des Montagnes Rocheuses à « la colline de
Cumorah ou la mer de l'est » alors certaines de ces
batailles, et manifestement les batailles finales, eurent lieu sur le
territoire de ce qui est maintenant les États-Unis.
Après
la mort de Moroni, il n'y avait pas de prophète juste sauf les
trois Néphites, et nous apprenons que Zelph fut tué au
cours d'une de ces batailles pendant le dernier grand conflit entre
les Néphites et les Lamanites et fut enseveli près du
fleuve Illinois.
Dans
l'histoire racontée par le Livre de Mormon, les Lamanites
repoussaient constamment les Néphites vers le nord et l'est.
Si les batailles auxquelles Zelph prit part eurent lieu dans le pays
traversé par le Camp de Sion, nous avons toutes raisons de
croire, d'après ce qui est écrit dans le Livre de
Mormon, que les Néphites furent repoussés de plus en
plus vers le nord et l'est jusqu'au moment où ils se
trouvèrent dans le pays de Ripliancum, qu'Éther et
Mormon nous disent tous les deux avoir été le pays de
Ramah ou de Cumorah, un pays de «nombreuses eaux» qui
signifie, « par interprétation, vaste, ou qui
surpasse tout » (Éther 5:8-11).
Ceci
étant, qu'y aurait-il de plus naturel de la part de Moroni que
de déposer, comme son père Mormon, les plaques dans le
pays où les batailles prirent fin et où les Néphites
furent mis à mort ? C'est ce que Moroni dit avoir fait,
et d'après tous les éléments fournis par le
Livre de Mormon, augmentés par le témoignage du
prophète Joseph Smith, ces batailles finales eurent lieu dans
le territoire qui porte le nom d'États-Unis et dans le
voisinage des grands lacs et des collines de l'ouest de l'État
de New York. C'est là que Moroni trouva le lieu de repos pour
les instruments sacrés qui avaient été confiés
à ses soins. (Church News, 10 septembre 1938, p. 1, 6 ;
réimprimé le 27 février 1954, p. 2-3)
Le
Seigneur conduisit la famille du prophète au pays de Cumorah
Quand
je me suis trouvé en ces lieux sacrés, j'ai eu des
sentiments étranges que je ne peux décrire. J'éprouve
toujours ces sentiments : j'ai visité à d'autres
occasions la colline de Cumorah et le bosquet sacré. Tandis
que je me trouvais dans la maison des Smith, j'ai pensé aux
premières difficultés de la famille, je me suis demandé
quels moyens le Seigneur aurait pu utiliser pour les inciter à
partir du Vermont ou du New Hampshire s'ils n'avaient pas été
forcés de quitter ces États par la pauvreté.
Leur pauvreté n'était pas le résultat de
l'indolence, comme les hommes pervers l'ont proclamé, mais la
pauvreté et les revers de la Providence, envoyés pour
donner de l'expérience et conduire la famille dans un pays
meilleur où le Seigneur pouvait accomplir son oeuvre par
l'intermédiaire du jeune Voyant qu'il allait susciter.
Lorsque
la famille Smith arriva à Palmyra, elle marchanda
immédiatement l'achat de 40 hectares de terre. C'est ce qu'on
appelle aujourd'hui la ferme de Joseph Smith qui est propriété
de l'Église. En ce temps-là la région était
couverte de forêts épaisses. Il fallut les couper pour
pouvoir ensemencer et cultiver pour payer la ferme. Tandis que je me
trouvais sur ce terrain, je pensai aux luttes que ceci dut entraîner.
Mon grand-père, Hyrum Smith, et son frère aîné,
Alvin, furent appelés à faire une grande partie de
cette tâche pénible. Le frère cadet, Joseph,
était trop jeune à ce moment-là pour être
bien utile, puisqu'il n'avait que dix ans environ. Néanmoins
il fut appelé à aider, et quelques années plus
tard — au moment de la vision — se trouvait dans la
nécessité d'accomplir les travaux exigés d'un
homme.
La
maison qui se trouve sur la propriété fut construite
par ces fils de Joseph Smith, père ; mais ce n'est pas la
maison, comme on l'a dit à beaucoup, où l'ange Moroni
apparut à Joseph Smith. Cette maison-là, plus ancienne,
a disparu depuis longtemps et se trouvait à plusieurs dizaines
de mètres au nord de la maison actuelle. Après la
proclamation de la visite de l'ange, la persécution fit rage
et il ne fut pas permis longtemps à la famille de jouir des
terres dont la préparation leur avait coûté tant
de travail, ceci à cause d'autres qui, par méchanceté,
en récoltèrent un certain temps les fruits.
Cumorah
fut jadis un lieu de carnage et de destruction
Tandis
que je me trouvais au sommet de la colline de Cumorah, au milieu
d'une vaste foule, dont un petit nombre seulement appartenaient à
l'Église, j'essayai de m'imaginer les scènes du passé.
Ici s'assemblèrent de vastes armées remplies de haine
et de la volonté de détruire. Je pensai aux grandes
promesses que le Seigneur avait faites par l'intermédiaire de
ses prophètes concernant ceux qui posséderaient cette
terre de choix et au fait que ces promesses ne se réalisèrent
pas parce que les gens avaient enfreint ses commandements. Un peuple
avait péri ici à cause de son extrême méchanceté.
Il faut qu'il y ait quelque chose dans le destin des hommes qui fait
que cette haine terrible se répète des siècles
plus tard au même endroit. J'ai réfléchi et je me
suis demandé s'il n'arriverait jamais un moment malheureux
comme celui-là où un autre peuple encore plus puissant
s'attirerait la colère de Dieu à cause de sa méchanceté
et périrait de même. Si oui, ce même endroit
serait-il témoin de sa destruction ? Je pensai aux
prophètes Éther, Mormon, Moroni et essayai de me rendre
compte de la tristesse de leurs sentiments, tandis qu'ils assistaient
à la course folle de leurs peuples vers l'annihilation.
C'est
ici que Moroni, sur commandement du Seigneur, cacha les annales
sacrées de son peuple. C'est ici que 1400 ans plus tard il
apparut, ressuscité, à Joseph Smith et confia ces mêmes
annales aux soins du jeune homme.
Source :
Joseph Fielding Smith, Doctrine du Salut, volume 3, 1956, p. 209-218
de l'édition française de 1980