Viracocha, le dieu blanc barbu

 

 

Milton R. Hunter

 

 

 

      En 1527, lorsque les conquistadors espagnols arrivèrent dans l'un des ports de la côte ouest de l'Amérique du Sud, Pedro de Candia, l'un des lieutenants de l'armada de flibustiers du puissant Pizarro, descendit du bateau, portant son casque et sa cuirasse qui venaient d'être polis et qui brillaient, son fusil sur l'épaule, et une énorme épée à sa ceinture. Sa taille gigantesque, ses épaules puissantes et son accoutrement faisaient de lui un personnage impressionnant. D'autres hommes du bateau le suivirent.

 

      Lorsque Pedro s'avança, une foule d'autochtones à peau sombre tomba à genoux et se traîna dans la poussière comme si tous ces gens rendaient hommage à un Dieu descendu des cieux. Pedro était médusé, embarrassé, perplexe. La tête et les épaules droites, il marcha entre deux rangées de personnages imberbes qui le saluaient et dont les fronts touchaient le sol de chaque côté du chemin. Tout autour de lui on les entendait murmurer : « Viracocha, Viracocha ».

 

      Pedro de Candia n'avait pas la moindre idée de ce que voulaient dire les indigènes. Il se sentait mal à l'aise, troublé et même irrité. Soudain, il leva son fusil de son épaule et tira un coup de feu en l'air.

 

      Les indigènes furent terrifiés et saluèrent encore plus bas, murmurant : « Illa Tiki, Illa Tiki ! » ce qui voulait dire : « Le Dieu jette des éclairs ». Pedro fut encore plus troublé. Il ne savait pas du tout que les indigènes imberbes à la peau sombre pensaient qu'il était le « grand dieu blanc », Viracocha ou Kon Tiki, que les ancêtres des Indiens des Andes avaient si bien connu et tellement révéré.

 

      Alors qui est Viracocha et que représente-t-il ?

 

      En résumé, selon les traditions péruviennes, il était le dieu qui créa les cieux et la terre, mit la famille humaine sur la terre, lui donna sa religion et sa culture, qui revint soudain visiter les anciens Péruviens et vécut parmi eux pendant quelque temps, fit de nombreuses choses miraculeuses, et disparut ensuite aussi soudainement qu'il était venu.

 

 

Source : Improvement Era, vol. 59, p. 168-170, mars 1956