Histoire de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours
au Luxembourg


Michaël Ulrich


Note de la Rédaction

Quand l'auteur émet des réserves sur l'exactitude d'une source, il le mentionne par une note que nous n'avons pas reproduite. Par exemple, lorsqu'il dispose d'informations discordantes à propos de la date d'un événement, il choisit la plus probable et argumente son choix dans une note. Le chercheur intéressé par ces notes peut s'adresser à la Rédaction.


Introduction

Qui connait le Luxembourg ? Lorsqu’on en a entendu parler, c’est souvent comme d’un paradis fiscal, ou d’une place forte financière, voire éventuellement comme capitale européenne, même si l’on a plus volontiers tendance à penser d’abord à Bruxelles, au détriment de ses deux autres collègues capitales. On n’envisage pas le Grand-Duché comme un endroit particulièrement propice pour connaitre Dieu. Et pourtant, nous le verrons, l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours y a trouvé un terreau particulièrement fertile, un endroit où des gens de toutes origines ont fini par trouver dans l’Évangile rétabli une relation plus intime avec leur Dieu.

Mais qu’est-ce que le Luxembourg, au juste ? Au croisement de la Belgique, de la France, des Pays-Bas et de l’Allemagne, son histoire et sa culture reflètent cette position centrale. Ce qui fut à l’origine un comté (le titre apparaît au Xe siècle), puis un duché, fut pendant longtemps rattachée à la maison d’Autriche. Mais les tourmentes qui secouèrent l’Europe occidentales de la fin du XVIIIe siècle et tout au long du XIXe siècle eurent également leur effet sur le duché, qui fut un temps français (le département des Forêts), puis rattaché aux Pays-Bas. Finalement, la crise luxembourgeoise de 1867 aboutira à l’indépendance du pays.

Si son histoire se situe au croisement des différentes sphères culturelles européennes – romanes et germaniques – il en est de même pour sa culture et ses trois langues officielles : l’allemand, le français et le luxembourgeois. Plus précisément : seul le luxembourgeois est considéré comme langue nationale, alors que trois langues administratives sont reconnues : luxembourgeois, français et allemand. Le luxembourgeois, qui a statut officiel depuis 1984, est une langue germanique. En plus de ces trois langues, et du fait de la présence d’une forte immigration liée au travail, le portugais, l’italien et l’anglais sont des langues très parlées.


L’époque des Luxembourgeois à Paris (XIXe siècle)

La première rencontre entre des Luxembourgeois et l’Évangile rétabli semble avoir lieu à Paris au XIXe siècle. Les archives dont nous disposons nous permettent en effet de faire la connaissance de deux familles luxembourgeoises qui font parties de la branche de Paris : les familles Heyrend et Weyland.

Jean Heyrend est né au Grand-Duché le 26 novembre 1818. Quand et pour quelles raisons arrive-t-il à Paris ? On peut supposer que les troubles que connut la région tout au long du XIXe siècle n’y ont pas été étranger, peut-être conjointement à des raisons professionnelles. Quoi qu’il en soit, il se marie à Paris, le 20 décembre 1847, avec une concitoyenne, Catherine Schmit, née le 27 juin 1823 à Mondorff. Se connaissaient-ils déjà avant leur émigration ? Se sont-ils rencontrés dans la communauté luxembourgeoise parisienne ? Autant de questions qui resteront sans doute à jamais sans réponse.

On ne sait pas grand-chose sur la façon dont ils rencontrent l’Église de Jésus-Christ, si ce n’est qu’ils sont baptisés (peut-être dans la Seine) le 1er juin 1857. Leur arrivée dans la branche de Paris ne se passe sans doute pas au moment le plus tranquille, car cela correspond à peu près à la période où sévissait un certain Jean Hérail, qui s’était fait élire président de branche et cherchait à mettre les autres membres sous sa coupe, avant que le problème ne soit réglé par Louis Bertrand. 

Michel Weyland est né à Meysembourg le 27 septembre 1812. Il épouse Suzanne Noesen alors qu’il habite encore au Luxembourg. Mais la situation pour les habitants de cette petite ville n’est pas simple : le seigneur du lieu imposait des intérêts exagérés pour les dettes que les habitants avaient à son endroit. Ils doivent donc partir et c’est en 1846 que les derniers habitants plient bagages, certains pour les Etats-Unis, mais Michel et sa famille se dirigent vers Paris. On sait qu’ils se font baptiser en septembre 1857. La proximité des dates de baptêmes pour les familles Weyland et Heyrend ne peut que laisser songeur. Se connaissaient-ils ? Les Heyrend auraient-ils partagé l’Évangile rétabli avec des compatriotes qu’ils fréquentaient par ailleurs ? Là encore, seules des conjectures peuvent être émises.

La famille Heyrend émigre en Sion, c’est-à-dire en Utah, comme on avait alors l’habitude de le dire, en mai 1862. Quant à la famille Weyland, elle fait le voyage en juin 1864, durant lequel un de leurs fils, Peter, décède.

Ces deux familles représentent, en l’état actuel des connaissances, le seul contact qu’eurent des Luxembourgeois au XIXe siècle avec l’Évangile rétabli. Il faudra attendre le XXe siècle pour que ce dernier atteigne leur patrie.

L’époque des Américains au Luxembourg (1945-1982)

Lorsque ce sera enfin le cas, ce sera en particulier par l’entremise d’Américains. On pense en particulier aux missionnaires, elders et sœurs missionnaires. Mais, nous le verrons, des soldats vinrent aussi dans la région, et de nos jours la position de place forte financière que peut être le Luxembourg signifie que beaucoup viennent pour raisons professionnelles.

Nous prenons le parti de délimiter cette époque en la faisant commencer en 1945 avec le décès, lors de la Seconde Guerre Mondiale, d’un soldat saint des derniers jours qui sera enterré au Grand-Duché, et de la faire finir en 1982, avec l’arrivée d’une famille anglaise, les Sarsfield, symbolisant ainsi le début d’une nouvelle ère, celle de l’internationalisation.

Un soldat américain

L’histoire des saints des derniers jours au Luxembourg ne commence pas avec l’arrivée de missionnaires, mais plutôt avec l’engagement pendant la deuxième guerre mondiale d’un jeune soldat américain. C’est une histoire touchante, parce que discrète et peu connue, que celle de Willis A. Jensen, soldat américain décédé lors de la Seconde Guerre Mondiale et enterré au cimetière américain du Luxembourg. Sans doute son histoire n’est-elle pas connue des membres des paroisses du Luxembourg, mais même si c’est une histoire individuelle, l’Histoire, avec « sa grande hache », comme dirait George Perrec, n’est-elle pas tissée du fil de tant d’histoires individuelles ?

D’après les informations que l’on peut recueillir sur le soldat Jensen, il a combattu en France, en République tchèque, en Autriche, puis en Allemagne. Il décède le 16 mars 1945, près du Luxembourg.

Les missionnaires

Si l’histoire du soldat Jensen fut une histoire individuelle, qui ne semble pas avoir eu d’influence sur la présence de l’Église de Jésus-Christ au Luxembourg, le véritable début de cette dernière au Grand-Duché peut être daté de l’arrivée des premiers missionnaires. Il semble que la première venue de missionnaires sur les terres luxembourgeoises date de la présidence d’Ernest Rossiter comme président de la Mission française. Il y envoya, le 19 octobre 1925, les missionnaires Alon Stocks Fife (1905-1985) et Arthur Legrand Newman (1905-1974). Malgré une autorisation du gouvernement pour prêcher, ils furent emprisonnés le 16 novembre. Cette opposition des autorités, en plus du fait que peu de Luxembourgeois à l’époque parlent le Français, fut cause de l’abandon de la tentative le 29 novembre.

Une nouvelle tentative est faite le 1er octobre 1963, sous la direction du président de mission Joseph T. Edmunds. À la demande de ce dernier, Pierre Grégoire, ministre de l’Intérieur et des Cultes l’assure qu’il n’y a pas de problème concernant leur présence, car il s’agit d’un « pays libre et ouvert ». Les premiers missionnaires semblent être Lynn Farnsworth, Robert Weeks, Raymond Ridge, Clarence Haws, LeRoy Billings, Lynn Martin, Russell Minson et Guy Frost. La ville de Luxembourg est consacrée à l'oeuvre missionnaire le 19 novembre 1963 par les elders Hyrum Mack Smith et Gerald E. Malmrose, jeunes missionnaires et, respectivement, second et premier conseillers dans la présidence de mission.

Bien que le pays soit officiellement et légalement tolérant, ce n’est pas forcément le cas de la population, qui se demande qui sont ces nouveaux venus, et qui possède quelquefois des préjugés à l’encontre des « mormons ». C’est une histoire qui se répète certainement dès lors qu’une nouvelle religion arrive dans un nouvel endroit. Ainsi, l’histoire de la paroisse de Luxembourg contient-elle des mentions de la difficulté qu’ont pu avoir les missionnaires à trouver un logement, ou de menaces qu’ont pu recevoir les personnes enseignées et qui les ont finalement décidées à ne pas « sauter le pas » en se faisant baptiser.

Malgré tout, la branche est bénie par l’arrivée de Mark E. Petersen, du Collège des douze apôtres, qui arrive au Luxembourg le 28 mai 1964 pour commencer un tour de la mission franco-belge.

Il n’y a cependant que peu de convertis à cette époque. Les réunions ont lieu à l’hôtel Kons, en face de la gare, mais du fait des difficultés, les missionnaires sont retirés de la région au courant des années 1970.

L’époque de l’internationalisation (1982-)

L’histoire du renouveau

On l’a vu, le Grand-Duché est un lieu de rencontre entre différentes cultures, celles germanique et française tout d’abord, mais aussi, du fait de l’immigration, portugaise, italienne, etc. Cela se traduit également au niveau de l’Église au Luxembourg.

Ainsi, en 2018, le solde migratoire au Grand-Duché était de 16.3 pour mille, à comparer aux 2.6 pour mille de l’Union Européenne. On estime que la croissance de la population est due à plus de 80% à l’immigration. On identifie plusieurs phases : une première immigration, d’origine italienne, dans les années soixante, supplantée à la fin des années soixante et particulièrement dans les années soixante-dix par une immigration portugaise. On dénote une diversification de plus en plus grande de l’immigration à partir des années 80.

Il n’est donc pas étonnant que l’on puisse distinguer une troisième époque dans l’histoire de l’Église au Luxembourg, qui se caractérise aussi par une internationalisation croissante, au sens où les membres proviennent d’horizons de plus en plus diverses et où la croissance est due non seulement à des missionnaires américains, mais aussi à l’impulsion donnée par les membres, venant des régions les plus diverses de l’Europe, d’Outre-Atlantique, et d’ailleurs.

Cette période commence donc en 1982, quand Jeremiah Sarsfield vient travailler pour le parlement européen. Jeremiah, connu comme « Jerry », est né le 5 juillet 1947 à Belfast, en Irlande, d’une famille de tradition catholique. Il est baptisé le 21 mars 1969. Sa mère et sa sœur Susan seront baptisé peu de temps après. À cette époque, il était très préoccupé par la situation internationale. Le 9 juin 1973, il épouse Elizabeth Claire Crehan, originaire de Northern Moor Wythenshawe à Manchester et qui s’est fait baptiser en avril 1971. Son père était irlandais et sa mère de Manchester.

Jerry vient d’abord seul, mais sa famille le suit rapidement. Ils vivent dans un premier temps dans une ville frontière allemande, mais déménagent rapidement à Bertrange, dans le Grand-Duché. En plus d’eux, il y avait deux membres au Luxembourg, Catherine Staunton, qui travaillait à l’ambassade d’Irlande, et Nico Bové, luxembourgeois. Ensemble, ils assistent aux réunions de la branche de Thionville, en France. Une première réunion du dimanche au Luxembourg a alors lieu le premier dimanche de juillet 1983 au domicile des Sarsfield. Sont présent le président de branche de Thionville, frère Weider, le président de pieu, John Keith Bishop, et le président de mission. Les Sarsfield partiront par la suite du Luxembourg pour s’installer à Bruxelles, en Belgique, mais la sœur de Jeremiah, Susan Howarth, arrivera avec sa famille en 1987 et est resté jusqu’à ce jour dans la paroisse.

Le retour des missionnaires a finalement lieu en octobre 1983. Ils sont quatre à recommencer le travail, les elders Scott Daines, Steven Morrison, Eddie Anderson et Bran Twede. L’œuvre de propagation de l’Évangile peut à présent aller beaucoup plus vite de l’avant. Au début, les réunions sont faites en commun avec la branche de Thionville (en France), en alternant les lieux : une fois sur deux à l’hôtel Kons, au Luxembourg, et l’autre fois à Thionville. Mais dès 1984, une première chapelle est louée. Et c’est en janvier 1993, que le célèbre local du 57, rue de Beggen, est loué. Celui-ci sera utilisé jusqu’au 25 mars 2018, quand le bâtiment acheté par l’Église, sur trois étages, sera consacré par le président du pieu de Nancy, Carlos Rodriguez. Il y a là d’ailleurs un beau symbole que cela ait lieu au moment où le pieu est présidé par un natif du Luxembourg.

C’est aussi l’époque des premiers départs en mission de membres résidants au Luxembourg, à commencer par Catherine Staunton, qui part à Paris. En novembre 1991, Marcello Ferreira partira en mission au Portugal et en janvier 1993, Bernard Terwei part en Angleterre.

L’Église s’est fait connaitre dans cette période via la victoire au concours Eurovision de la Chanson des frères Herrey’s le 6 mai 1984. Le succès de ce trio de chanteurs membres de l’Église lors de l’édition du concours qui a lieu au Luxembourg ne pouvait que se refléter favorablement sur l’image de l’Église elle-même.

Toute histoire a également son lot de tragédie, et ainsi en est-il aussi de l’histoire des missionnaires au Luxembourg. En 1986, alors que les missionnaires rentrent d’une visite, l’un d’eux, Elder Heinze, est gravement blessé sur la route. Un conducteur ivre l’a écrasé sur le trottoir. L’accident a lieu au Rollingergrund vers 20h du soir. L’état du missionnaire semble grave, mais toute la branche a prié et jeûné pour qu’il reste en vie. Malheureusement, il mourra dans la nuit, à 3h50 le vendredi 15 février. Une réunion à sa mémoire fut organisée par les membres de la branche. Cette réunion fut enregistrée et l’enregistrement, sur une cassette, envoyée à sa mère.

Le faire-part de décès publié dans le journal Courier-Post du New-Jersey en date du 22 février 1986 nous informe qu’il s’agissait de James D. Heinze, 20 ans, habitant de Millville, dans le New-Jersey. Son évêque l’y décrit comme un « jeune homme bon qui a pu grandir en servant les autres ». Sœur Barthel le décrit comme un missionnaire très dévoué et humble.

Suivons les souvenirs de quelques anciens présidents de branche. Il existe en réalité une certaine divergence concernant le premier président de la branche. Selon les informations en possession de Lewis Howarth, évêque actuel de la paroisse, le premier président fut Martin Schneider, appelé le 15 novembre 1988. Mais ce dernier, à présent membre de la paroisse de Metz, se souvient avoir été appelé en septembre 1989, plus précisément après la conférence multi-pieux qui avait eu lieu à Evry le 3 septembre. Les Wilcox auraient été un couple missionnaire, et frère Wilcox aurait été le premier président de branche. Cela pourrait expliquer qu’ils n’apparaissent pas sur le document de Howarth, qui ne mentionne pas les présidents de branche lorsqu’ils étaient missionnaires. Cependant, il reste la différence de dates, sur laquelle il est, à ce stade, difficile de se faire une opinion.

Quoi qu’il en soit, Martin est sinon le premier président de branche, du moins le premier à ne pas être un missionnaire. Il se convertit à l’Église dans sa jeunesse et est baptisé à l’âge de 13 ans dans la piscine municipale de Strasbourg le 19 janvier 1969 en même temps que sa grande sœur et son petit frère. À 17 ans, il décide que son témoignage « d’emprunt » n’est pas suffisant et qu’il doit en acquérir un plus fort. Il va donc à vélo dans la forêt située derrière le Château de Pourtalès – un château de Strasbourg. Dans un endroit tranquille, il prit à genoux et à haute voix. Il entend alors l’Esprit lui dire qu’il a dans sa chambre tout ce qu’il faut. De retour dans sa chambre, il y prend la brochure « Joseph Smith raconte son histoire » qui s’y trouve, et, bien qu’il l’ait déjà lue par le passé, la relit plus attentivement que jamais.

Il part en mission – après avoir été reçu au CAPES pratique d’éducation musicale, à la demande de sa mère, qui souhaitait qu’il finisse d’abord ses études – dans la Mission suisse de Genève, où il sert d’octobre 1982 à avril 1984 sous la présidence du président Hutchings. Il y sert d’ailleurs un temps comme président de la branche de Béziers. Durant ses jeunes années, il participa aussi à la construction de l'église de Strasbourg.

Ainsi, en septembre 1989 ou en novembre 1988, Martin Schneider est appelé à un entretien à Strasbourg avec John Keith Bishop, un natif de l’Angleterre et premier président du pieu de Nancy depuis sa création le 24 avril 1983. Le président Bishop lui explique que, dans la mesure où il travaille à Aumetz, une localité proche de la frontière luxembourgeoise, il est appelé comme président de la branche du Grand-Duché.

Il se souvient des conditions. Les réunions ont lieu dans un ancien garage au 11, rue Adolphe Fischer. C’était avant de pouvoir se réunir dans un appartement du quartier gare, sans doute le local de la rue Glesener dont font mention les autres témoignages. Il se souvient des membres fidèles, comme son conseiller Fernando Da Silva, le secrétaire financier Nico Bowé ou encore la présidente de la Société de Secours, Annette Schilling, qui invite régulièrement tout le monde chez elle pour manger. D’un commun accord, les réunions ont lieu en français, même si différentes langues sont présentes. Ainsi, des membres comme Nico Bowé, Béatrice Barthel, Annette Schilling ou Alex Hinterscheidt parlent souvent luxembourgeois entre eux, mais recourent très volontiers au français pour s’adresser aux autres membres, même si certains ont pu proposer un temps de séparer la branche en deux, une partie francophone et une partie luxembourgophone. Frère Da Silva, le conseiller, parle également le portugais. Enfin, il y a une jeune Philippine, Ophelia, ainsi qu’une sœur Italienne, Olimpia Cavallaro. On reconnaît là aussi l’internationalité de la branche.

Le service ne va pas sans sacrifice. Ainsi, Martin est souvent au Luxembourg le dimanche de 7h à 22h. Par ailleurs, au moment de son appel, il n’est pas encore marié, et n’épousera Sophie que vers la fin février 1990. Cette dernière ne peut d’ailleurs venir de Bretagne pour habiter avec son mari que vers l’été de cette même année. Il aura par ailleurs deux accidents sur l’autoroute pendant son service, heureusement sans conséquences sur sa santé, mais aux conséquences financières lourdes.

Le 16 février 1991, il est relevé de son appel, pour continuer à servir dans la branche de Thionville. Il sera remplacé par Philippe Lauber, qui servira jusqu’au 1er janvier 1992. Schneider se rappelle de lui comme d’un Français né en Guyane, qui arriva pendant la présidence de Martin et servit alors comme dirigeant missionnaire de branche, faisant un travail remarquable et impressionnant.

Après le service de Lauber, il semble que des missionnaires furent présidents de branche, jusqu’à l’appel de Peter Woodman, qui fut président de branche à partir de 1994-1995 et jusqu’au 13 avril 1996. Son parcours est international : né en 1970 dans le sud de l’Angleterre, ses parents s’installent rapidement à Apeldoorn, aux Pays-Bas. Il déménage de nouveau en Californie à ses 17 ans, avant de partir en mission à 19 ans dans la mission belge de Bruxelles. Ce sera son premier contact avec le Luxembourg, puisqu’il y terminera sa mission, dans les derniers mois de 1991.

La ville lui avait tellement plus, qu’à peine rentré aux Pays-Bas, il négocie avec son président de pieu, responsable d’une franchise de nettoyage de moquette, de pouvoir ouvrir la filiale luxembourgeoise, et c’est ainsi qu’il revient en janvier 1992 dans ce pays qu’il aime tant.

Il servira donc relativement courtement comme président de branche, puisqu’il sera relevé en 1996 pour être appelé comme président de district. C’est en effet durant ses années de mission que les quatre congrégations du Luxembourg, de Thionville, de Metz et de Forbach furent séparées du pieu de Nancy pour former le district de Metz. Il en est le troisième et, comme l’avenir le montrera, dernier président, puisqu’un ou deux ans avant son départ du Luxembourg, en 2004, le district est de nouveau rattaché au pieu de Nancy.

S’il aime servir dans l’Église et admire la force spirituelle des membres du Luxembourg, ces années ne furent pas simples sur un plan personnel, faisant face à des défis d’ordre familiaux. Il trouvera de la force auprès des frères avec lesquels il sert, comme son conseiller Serge Brun (de Forbach), et lors des visites d’Autorités générales. Il se rappelle ainsi comme temps fort une visite à Madrid de Boyd K. Packer, du Collège des douze apôtres, dans le cadre d’une formation à destination des présidents de mission, de pieu et de district. 

Benjamin Gleason, son conseiller dans la présidence de branche, va le remplacer à la direction de la branche à partir du 13 avril 1996. Trentenaire natif du Colorado et ancien missionnaire de la mission de Milan, il est arrivé au Grand-Duché en mars 1995 avec sa famille pour son travail pour Guardian Industries. Il est appelé presque immédiatement comme conseiller de la présidence de branche, avant d’être appelé président de branche, appel dans lequel il servira jusqu’à son départ du Grand-Duché en décembre 1997. De manière intéressante, il est ordonné comme grand-prêtre au moment de son appel comme conseiller, en même temps que Peter Woodman et Kevin Kimball, par le président de mission, président Eccles. Comme cela n’est pas nécessaire pour un président de branche, lorsque on lui demanda pourquoi, le président Eccles répondit que c’était du fait de leur fidélité.

Il est appelé à un moment de sa vie professionnelle qui était très rempli et est donc reconnaissant à ses conseillers pour leur soutien. De manière générale, comme c’est une petite branche, les membres sont très sollicités et ils ont souvent plusieurs appels, non seulement au niveau de la branche, mais aussi du district. Ainsi, on se repose beaucoup sur les missionnaires, qui fournissent une aide cruciale. Ses objectifs en tant que président de branches sont, premièrement, de permettre aux jeunes d’avoir de bonnes expériences, et ensuite, d’élever le niveau spirituel des membres. Dans ce cadre, un programme est mis en place : un dessin du Capitaine Moroni est fourni aux membres. Chaque fois qu’ils finissent un chapitre du Livre de Mormon, ils peuvent en colorier une petite partie. Ainsi, le but est de motiver chacune et chacun à avoir des expériences spirituelles en lisant les Écritures.

Il y a à l’époque, d’après les souvenirs de frère Gleason, entre 60 et 80 membres participant régulièrement à la réunion de Sainte-Cène, qui se répartissaient en environ 17 nationalités différentes, dont sans doute 10% d’Américains et entre 10 et 20% de Luxembourgeois. Les réunions ont lieu dans un local d’une zone commerciale. Malgré des conditions matérielles plutôt chiches, l’Esprit est présent et il y a un véritable sentiment d’unité, comme une petite famille.

À l’époque, comme nous l’avons déjà mentionné, le Luxembourg fait partie du district de Metz. Comment le Grand-Duché s’y intègre-t-il, alors qu’il s’agit d’un pays différent, avec une carte linguistique différente ? Le sentiment d’unité était un peu moins fort au niveau du district d’après Gleason, sans doute parce qu’il y avait moins de réunions qu’au niveau de la branche. En ce qui concerne les Anglophones, les réunions principales lors des réunions de district étaient traduites, mais pas les réunions plus petites. Peut-être cela a-t-il aussi contribué à un plus faible sentiment d’unité ? Mais des choses ont lieu, ainsi par exemple un camp de jeunes filles du district qui a lieu à Clervaux, petite ville du Grand-Duché qui abrite une célèbre abbaye et un château. Par ailleurs, Teresa Kimball souligne que la taille plus réduite d’un district, par rapport à un pieu, a permis d’avoir davantage le sentiment d’une famille, même au niveau du district. Mais cela ne l’empêche pas de réaliser également que la situation est bien différente de celle des États-Unis, à laquelle elle est habituée : en tant que dirigeante de district des jeunes filles, elle est consciente de la difficulté de faire des activités régulières, pour lesquelles il faut souvent aller chercher les jeunes en voiture, par exemple, à Metz, ce qui fait des allers-retours de 2h. Il ne s’agit pas d’appliquer aveuglément les programmes de l’Utah, mais de s’adapter aux besoins et aux capacités locales.

Il faut se rappeler aussi les échelles en jeu. À l’époque, le territoire de la branche occupe presque 7800 km2, dont seulement environ un tiers correspond au Luxembourg. Le reste sont des parties de la France et de la Belgique, mais qui font partie de la branche du Luxembourg.

Faire partie d’un petit pays, siège d’institutions internationales, a cependant des avantages : ainsi, Benjamin Gleason se rappelle avoir eu la visite d’une Autorité générale, Elder Neil L. Andersen, qui faisait alors partie du premier collège des soixante-dix, mais aussi d’un sénateur américain saint des derniers jours, Orrin Hatch.

Notons enfin un dernier événement marquant de la présidence de Gleason : le baptême de Ronny Wies, qui devait devenir le premier président de branche natif du Luxembourg. Nous aurons l’occasion de parler de lui dans un instant.

Après la relève de frère Gleason, il semble que deux missionnaires d’âge mûr se soient succédé comme présidents de branche pendant des périodes relativement courtes. Puis, Pierre Kahne est appelé. Il s’agit d’un fils de Marcel Kahne, qui est issu d’une famille juive non pratiquante et qui avait perdu ses parents lors de la Seconde Guerre mondiale, ayant été déportés au camp d’Auschwitz. Marcel rencontrera par la suite les missionnaires de l’Église de Jésus-Christ et deviendra connu parmi les membres de l’aire francophone en Europe pour ses traductions de la littérature de l'Église, notamment des Écritures. Il fera une correction du Livre de Mormon en 1962 et en fera une retraduction complètepubliée par l'Église depuis 1998.

Son fils, Pierre, né en 1973, remplit une mission en France, dans la mission de Marseille, puis suit une formation en Sciences Politiques à l’Université de Louvain-La-Neuve, en Belgique. Encore célibataire, il déménage au Luxembourg en juin 1999, car il a trouvé un emploi comme trader dans une branche de la banque Dexia. Dès son premier dimanche, il montre son désir de servir, puisque, alors qu’il ne connait personne, il se déclare volontaire pour aider à un déménagement. Il sera alors rapidement appelé comme président de branche – le 5 décembre 1999 – malgré sa jeunesse, puisqu’il a 26 ans. Il servira avec Marco Glaesener comme unique conseiller et avec Ronny Wies comme greffier.

Frère Kahne cherchera en particulier à donner une place à la langue luxembourgeoise dans les réunions. Comme beaucoup de membres étaient natifs du Luxembourg, il les a encouragés à donner leurs discours et rendre leur témoignage en luxembourgeois. 

Il cherche également à suivre la directive du président de l’Église d’alors, Gordon B. Hinckley, visant à une standardisation des églises. Ainsi, ils remplacent la vieille vaisselle, complétement dépareillée et ébréchée, pour la remplacer par des couverts inox et des assiettes blanches. Cela donne un sentiment de renouveau pour l'église.

Au courant 2000, Pierre se rend cependant compte qu’une carrière en banque ne lui correspond pas et déménage à Toulouse.

Ce sera donc son ancien greffier, Ronny Wies, qui sera appelé comme dirigeant spirituel de la congrégation, ce qui en fait, comme nous l’avons déjà dit, le premier natif du Grand-Duché à servir dans ce rôle. Il est né dans le nord du pays, à Clervaux, ville abritant la célèbre abbaye bénédictine Saint-Maurice-et-Saint-Maur, mais sa famille déménage rapidement à Esch-sur-Alzette, dans le sud. Ses parents étant des catholiques très croyants, il les suit d’abord, avant de commencer à se poser des questions sur l’Église de sa famille. Il se demandait en particulier pourquoi Dieu accepte qu’il y a différentes Églises sur terre. Dans tout ce processus, cependant, il garde toujours son espérance en l’existence d’un Dieu. Il décide alors, un jour, alors qu’il a la trentaine, de prier et de demander à Dieu la direction dont il a besoin. Alors qu’il part de sa maison, après la prière, il rencontre deux missionnaires de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Aujourd’hui encore, Ronny y voit la réponse à sa prière. Bien que son épouse ne partage pas l’enthousiasme de son mari – elle sera baptisée en 2019 – Ronny devient membre de l’Église avec son consentement en 1996.

En particulier, une des premières choses qui a impressionné frère Wies est le fait que, malgré les origines très diverses des membres de la branche, on avait l’impression d’être avec des frères et des sœurs. Il y avait alors déjà des membres luxembourgeois, comme Marco Glaesener.

A peine baptisé, il reçoit rapidement des responsabilités, puisqu’il est appelé comme conseiller du président de branche, Benjamin Gleason. Bien que son premier sentiment soit alors la peur, il se rend rapidement compte que la mise à part qu’il a reçu pour cet appel lui donne la qualification dont il a besoin pour s’en acquitter.

Lorsqu’il est ensuite appelé comme président de branche – le 16 juillet 2000 – il se réjouit de l’occasion de servir ses frères et sœurs, mais il vit aussi des moments plus difficiles. Un dimanche en particulier, il se sent abattu en voyant le petit nombre des fidèles et fait une prière dans son cœur pour demander à Dieu de lui prendre son appel si c’est lui la cause du fait que la branche ne progresse pas. Tout de suite après la réunion de Sainte-Cène, il reçoit un appel du président de mission, le président Harrison, qui lui dit qu’il avait le sentiment de devoir l’appeler et lui témoigner de son appréciation pour lui. On voit ici l’humanité inhérente au fait de remplir un tel appel de dirigeant : un appel divin adressé à un humain, et qui ne peut donc être rempli qu’avec un soutien divin constant.

Lorsque Ronny est relevé de son appel en octobre 2004, c’est Jean-Luc Marichal, originaire de Belgique qui lui succède. Ce dernier est né le 1er mai 1968 à Liège, en Belgique, de parents convertis à l’Évangile rétabli depuis quelques années. Il part de 1993 à 1994 comme missionnaire dans la mission française de Bordeaux, après avoir fini son cursus de mathématiques. À son retour, il commence un doctorat de mathématiques à l’université de Liège. C’est aussi pendant cette période, dans les dernières années de ses études doctorales, le 13 février 1997, qu’il épouse Pascale Sourdais, originaire du sud-est de la France. Jean-Luc continue alors sa brillante carrière universitaire, en enchainant par un post-doc, puis par une position de professeur-visiteur à l’université Brigham Young de Provo (Utah) de 2001 à 2003. Après ce contrat temporaire de deux ans, c’est le Grand-Duché, par l’intermédiaire de son université, qui lui tend les bras.

Jean-Luc Marichal a été un témoin privilégié d’un événement marquant de l’Église au Luxembourg, puisqu’après avoir servi comme président de branche pendant quatre ans, il sera appelé comme premier évêque au moment où la branche devient une paroisse le 14 janvier 2007, et servira dans cet appel pendant encore trois ans. Il sera alors remplacé comme évêque par Carlos Rodriguez, dont nous avons déjà parlé comme président du pieu de Nancy de 2013 à 2022, et dont nous aurons encore l’occasion de parler.

Pendant ces sept années de service, Jean-Luc a pu voir une progression très nette, en passant d’une assistance d’environ quarante personnes au début de son ministère, pour arriver à environ quatre-vingt à la fin. Il en voit la cause avant tout dans la main du Seigneur, qui s’est manifestée à la fois par des familles membres de l’Église qui sont arrivées (par exemple, les Mputu, dont nous reparlerons) et dans un intense travail missionnaire (il y avait à un moment six missionnaires à plein temps assignés à la branche).

En termes démographiques, frère Marichal se rappelle d’une congrégation très jeune, avec beaucoup d’enfants. Il n’y avait à l’époque pas autant de membres américains que maintenant. Il semblerait que cela ait été un développement plus récent.

Lorsqu’en 2013, Carlos est appelé comme président de pieu, Aphy Mputu devient le nouvel évêque. Aphy Ilonga Mputu est né à Bruxelles, d’une mère Belge et d’un père zaïrois. Sa grand-mère maternelle fut le première membre de l’Église de sa famille, étant baptisée en 1962. Il servira dans la mission française de Marseille et il y apprendra la valeur d’accueillir ceux qui sont dans la difficulté, ou brisés par la vie ; une leçon qui lui servira encore par après dans son appel d’évêque. Avec son épouse Bérénice, belge comme lui, et leurs enfants, ils arrivent au Luxembourg le 1er janvier 2003.

Le samedi 6 juillet 2013 au matin, il est appelé par le président de pieu pour un entretien à la chapelle. L’appel d’évêque lui est alors proposé. Bien qu’il avait été conscient auparavant qu’un nouvel évêque devrait être appelé, suite à l’appel de Carlos comme président de pieu, et que c’était possible que ce soit lui, il avait voulu rester neutre, considérant qu’il est important qu’aucune sorte d’orgueil n’entre dans le processus des appels. En tous cas, cet entretien avec Rodriguez l’a marqué. Sa première tâche sera de choisir des conseillers. Il se retire alors, conscient de la structure linguistique de la paroisse – du fait que certains membres ne parlent qu’anglais, ou portugais, etc. – et y voit une forme de contrainte qui l’amène à chercher dans son choix de conseillers à pouvoir être sûr de pouvoir communiquer avec tout le monde. Mais l’inspiration ne vient pas. Finalement, il se rend compte que là n’est pas l’essentiel car c’est l’œuvre du Seigneur, et peu après, l’inspiration nécessaire vient.

Une des premières choses qui lui tient à cœur, et qui l’accompagnera durant tout son ministère, est le fait de commencer tout nouveau défi avec une page blanche. Ainsi en est-il de ses débuts en tant qu’évêque : il prend à cœur de chercher à découvrir le potentiel de chacun lors de leurs premiers entretiens, sans tenir compte de ce qu’il aurait pu savoir ou penser de la personne à partir de leurs interactions d’avant son appel.

Concernant la composition sociologique de la paroisse, Aphy est conscient du fait que beaucoup de membres viennent de l’étranger, mais il voit non seulement des différences ethniques et culturelles, mais également économiques, dans ces groupes d’expatriés : ceux qui sont à l’aise financièrement et ceux qui ne le sont pas. Les premiers sont ceux qui sont recrutés par des compagnies, souvent avec des avantages financiers ou matériels (logements de fonctions, etc.), tandis que les autres sont ceux qui arrivent au Luxembourg avec tout le poids des difficultés qu’ils ont pu vivre. L’Église doit pouvoir s’adresser à ces deux catégories de personnes.

Enfin, deux événements méritent d’être cités. D’une part, le gouverneur Herbert, gouverneur de l’état d’Utah, visite le Grand-Duché en 2015. Il invite l’évêque à un déjeuner d’affaire avec plusieurs officiels du Grand-Duché.

Enfin, le second événement impactera très fortement la vie de l’Église au Luxembourg. La chapelle de la rue de Beggen était devenue trop petite par rapport à la forte croissance démographique de la paroisse et n’offrait de ce fait plus les conditions de sécurité requises. Le bâtiment est donc abandonné, et pendant quelques années, les réunions se tiennent dans un hôtel du quartier Kirchberg. La décision n’a pas été facile. En particulier, dans des cas semblables, l’assistance aux réunions a tendance à diminuer, et cela a pu être une inquiétude, mais le cas du Luxembourg aura fait démentir ces statistiques. L’évêque Mputu décrit ces années comme le fait d’être dans le désert et de devoir monter une tente les dimanches pour les réunions. Mais cela s’est fait dans la joie et la bonne humeur. Trouver le bâtiment actuel ne se sera pas fait sans peine et sans échecs, mais finalement, en 2018, le nouveau bâtiment est consacré.

Frère Mputu sera relevé cette même année, le 24 juin 2018. Ce sera Lewis Howarth qui prendra la relève.

Frère Howarth est né le 17 septembre 1988 à Luxembourg, d’un père anglais originaire de Manchester et d’une mère irlandaise, Susan Howarth, dont nous avons déjà parlée, née à Bielefeld en Allemagne. Il grandit au Grand-Duché jusqu’à ses 18 ans, puis étudie à l’Université Brigham Young et sert dans la mission allemande de Berlin. Il travaille actuellement pour Amazon et est marié à Justine, de nationalité américaine. On voit que la diversité de ses origines reflète le côté international de la paroisse, que nous avons déjà maintes fois eu l’occasion de souligner.

On remarquera que Lewis est né à l’époque où la branche de Luxembourg fut organisée, dans les années 1988-1989. Il a ainsi pu grandir avec la paroisse et ses souvenirs couvrent l’entièreté de l’expérience de la branche. Il faut noter qu’au début, pendant un ou deux ans, la famille va à la branche de Bitburg en Allemagne, afin de bénéficier du programme de la Primaire, qui n’existait pas encore à Luxembourg. Il se rappelle avoir eu dans sa jeunesse des classes de l’Église dans la cuisine ou la salle de bain de l’appartement qui était loué au Grand-Duché.

Les missionnaires à plein temps jouent un grand rôle pour sa croissance dans l’Église, d’autant que son père n’est pas pratiquant et que les dirigeants locaux sont encore très jeunes dans leur expérience ecclésiastique. Souvent, ils enseignent les classes de la Primaire. La mère de Lewis les invite d’ailleurs régulièrement à manger à la maison. L’autre chose qui le soutient est son désir de progresser dans l’Évangile, car il ressent que cela lui procure de la paix.

En juin 2018, il est appelé comme évêque et servira jusqu’au 5 juin 2022. De manière intéressante, quelques temps auparavant, alors qu’il se trouvait au temple de Las Vegas (États-Unis), en voyage d’affaire, les images de deux frères lui viennent à l’esprit, sans qu’il n’en comprenne entièrement la raison. Lorsque le président de pieu, Carlos Rodriguez, l’informe de son appel, il sait qui appeler comme conseiller. Il se rend compte que des expériences qu’il a eu dans sa vie, par exemple professionnelle, l’aide à assumer sa tâche d’évêque. Il souhaite également préparer la prochaine génération. Il aime le fait d’être avec les membres et de pouvoir les aimer.

Dans son expérience, le fait de dire que « ce n’est pas l’Utah ici », bien que ce soit vrai, est parfois utilisé comme excuse pour ne pas faire tout ce qui pourrait être fait. Il se rend compte que la paroisse a été très bénie mais est aussi conscient que lorsque les bénédictions viennent, il y a toujours le risque que les membres de l’Église ne lèvent le pied de la pédale et ne se contentent de ce qui a été obtenu. Parmi ses objectifs figure le fait d’étendre l’œuvre à la ville d’Arlon – en Belgique, mais qui fait partie de la paroisse – ainsi qu’à Longwy, du côté français.

Suite à son appel comme conseiller dans la présidence du pieu de Nancy, Lewis sera relevé le 5 juin 2022 et son frère ainé, Paul, lui succède dans la charge d’évêque.

Le succès est donc finalement au rendez-vous : le passage de branche à paroisse en 2007, l’achat d’un bâtiment en 2018, et enfin la création d’une branche supplémentaire, le 1er novembre 2020, desservant les personnes lusophones et hispanophones, avec Frank Elenes comme premier président.

Une communauté aux origines très diverses

Une conversation de l’auteur avec l’évêque Howarth en 2020 (avant la création de la seconde branche) a permis de faire ressortir que dans l’estimation de ce dernier, il y a actuellement environ 500 membres, qui se répartissent en environ 69 nationalités différentes, dont les plus représentées sont : luxembourgeoise, américaine, française, portugaise, belge, cap-verdienne, brésilienne et britannique. Et ces nationalités ne sont pas mutuellement exclusives….

De nos jours, la paroisse du Luxembourg accueille entre autres beaucoup d’Américains qui viennent professionnellement. L'entreprise Amazon, en particulier, est un employeur important, mais c’est le cas également de sociétés financières. La venue de membres américains est un soutien pour la paroisse, car ils viennent souvent avec leur vécu de personnes dont déjà plusieurs générations sont membres de l’Église, mais cela suscite également des défis différents : linguistique, d’abord, car il faut rendre les réunions accessibles à des personnes ne parlant pas le français, ce qui passe par l’organisation d’une traduction des réunions, mais aussi organisationnel, car ces membres américains ne restent parfois que pour quelques années. Il faut donc procéder régulièrement à une rotation des responsabilités. Enfin, notons que le défi linguistique se pose aussi au niveau du pieu, qui est le pieu de Nancy depuis le début des années 2000. Il n’a pas forcément été évident d’organiser systématiquement des traductions en anglais aux réunions de pieu, ce qui pose un problème évident d’intégration de ces membres.

Un exemple des difficultés linguistiques apparait dans les souvenirs de Benjamin Gleason, qui vécut dans la branche de 1995 à 1997 et qui fut président de la branche à partir du 13 avril 1996. Son épouse, Susan, était présidente de la Primaire pendant un certain temps, avec des enfants parlant français, anglais, allemand et luxembourgeois. Il raconte : « vous parliez en anglais et vous attendiez la traduction en français et parfois dans d’autres langues parlées par les enfants avant de pouvoir continuer. L’attention des enfants ne durait généralement pas jusqu’à la fin de la traduction ». 

Néanmoins, frère Gleason relativise le problème : il s’agissait surtout des enfants. En ce qui concerne les adultes, il y avait toujours une façon de se comprendre, soit en utilisant une langue commune, soit parce qu’une autre personne aidait à trouver les mots justes. Finalement, malgré la diversité des langues et cultures, c’est bien le sentiment d’une grande famille qu’il retient, et qu’il vient encore parfois à regretter, maintenant qu’il n’habite plus au Grand-Duché.

Si ce caractère international a pu aussi se traduire au niveau institutionnel – ainsi, la branche a été rattachée à différentes missions : Mission franco-belge, Mission de Genève, ou encore Mission de Paris, comme c’est le cas actuellement ; mais aussi à différents districts ou pieu : district de Strasbourg, district de Metz, pieu de Namur, et à présent, pieu de Nancy – il est intéressant de voir comment des histoires individuelles, prenant leurs origines dans des parties différentes d’Europe, se sont finalement rejointes au Luxembourg, y ont accepté l’Évangile – ou ont apporté ce en quoi ils croyaient déjà – et ont pris sur eux de fonder le Royaume de Dieu dans cette partie-ci du monde, transcendant leurs propres différences culturelles. Ainsi, le renouveau de 1982 dont nous parlions plus haut a-t-il eu lieu au moment où une famille britannique, les Sarsfield, qui étaient déjà membre de l’Église, décida de s’établir au Grand-Duché. Nous analyserons deux autres histoires individuelles qui dénotent cet ancrage résolument européen et international de l’Évangile rétabli au Luxembourg.

Carlos Rodriguez Castro

Carlos est, du 26 mai 2013 au 20 mars 2022, président du pieu de Nancy. C’est la première fois que ce pieu est présidé par un natif du Luxembourg, et cela en soi est un symbole important de la progression de l’Église au Grand-Duché.

Ses parents, espagnols, se sont établis au Luxembourg pour échapper à l’ère franquiste. En 1985, alors que sa mère fait les courses, elle se rend compte qu’une femme, qui parle manifestement espagnol, ne trouve pas ce qu’elle cherche. Elle décide alors de l’aider. Reconnaissante, la femme en question, qui se trouve être d’origine sud-américaine, invite la mère de Carlos à manger chez elle quelques jours plus tard. C’est à l’occasion de ce repas qu’elle fait la connaissance des missionnaires de l’Église, qui sont aussi présents.

Carlos, sa mère, ses frères et son cousin sont convaincus. Si le baptême des enfants ne pose pas de problème pour le père, celui-ci refuse le baptême de sa femme. Elle doit donc le faire en cachette. Quand le mari l’apprendra, il interdira pendant trois ans à sa femme de se rendre à l’église… mais, avec le « bon caractère espagnol » qui était le sien, elle lui dira : « si tu ne veux pas que j’aille à l’église, je vais faire venir les missionnaires tous les dimanches manger ! ». Et c’est ce qui se passe. Cette femme, qui avait été une fervente catholique, très croyante, depuis sa jeunesse, mettra la même ferveur dans sa nouvelle foi. Aux questions de son fils Carlos, elle explique qu’elle invite les missionnaires, car ceux-ci apportent un esprit que personne d’autre ne peut apporter. Aujourd’hui encore, alors qu’elle est retournée vivre en Espagne, quand son fils vient lui rendre visite, elle lui demande toujours s’il est bien fidèle à faire ses prières.

Carlos se rappelle sa jeunesse à l’Église. Il avait vécu la dernière année des réunions à l’hôtel Kons, puis l’Église a déménagé pour un appartement à la rue Glesener. La classe de la Primaire a lieu dans une ancienne salle de bains. Souvent, ce sont des couples missionnaires qui sont présidents de branche. Un couple américain fait un voyage une fois par mois pour le temple de Francfort et Carlos vient souvent avec eux.

Ainsi, il a le souvenir d’une petite branche, mais avec des membres pleins de bonne volonté, qui se soutiennent l’un l’autre. À cet égard, lorsque le Luxembourg fut assigné au pieu de Nancy, il se rappelle avoir été particulièrement impressionné quand il est allé à Nancy pour la première fois, avec une chapelle si grande. D’une certaine façon, il avait presque l’impression de ne pas être à sa place à ce moment-là.

On l’a vu, les débuts de l’Église au Grand-Duché, dans les années soixante, avaient été très humbles. Et pourtant, récemment, des avancées impressionnantes ont pu avoir lieu : le passage de branche à paroisse, l’acquisition d’une chapelle, la création d’une seconde branche. À la question de savoir où il situait ce changement de paradigme, Carlos le voit dans la période autour de son retour de mission en 2001, à l’époque où Jean-Luc Marichal était d’abord président de branche, puis évêque lorsque la branche est devenue paroisse. Il reconnait qu’il y a comparativement peu de membres d’origine luxembourgeoise dans la paroisse, mais il voit l’explication dans le fait que le Grand-Duché est avant tout une terre d’immigration. Lorsqu’on est immigré, c’est que l’on est allé ailleurs pour chercher une meilleure vie. Cette démarche de recherche peut aussi amener à une recherche spirituelle, et donc à être ouvert pour accepter une nouvelle foi.

Béatrice Barthel

Le grand-père maternel de Béatrice était Italien, de la ville de Paganica, dans les Abruzzes, en Italie. À cause du chômage, il émigre au Luxembourg, d’abord seul, puis il fait venir sa femme et sa première fille. Ses autres enfants naissent alors dans le Grand-Duché, dont la mère de sœur Barthel, en 1932. Il travaille dans la sidérurgie, comme du reste aussi son futur gendre, le père de Béatrice.

C’est son cousin, Nicolas (dit Nico) Bowé, qui a le premier contact avec l’Église et devient le premier membre de sa famille. Il invite Béatrice, en 1981, à assister aux réunions de l’Église à Trèves, en Allemagne. Si elle a d’abord eu quelque peu peur, ne connaissant pas ce dont il s ‘agissait, elle se sent très rapidement à l’aise et se sent également touchée par les témoignages des membres. Cependant, là aussi, il y eut de l’opposition de la part de sa famille, et c’est pourquoi elle assiste aux réunions pendant deux ans, à Trèves, mais aussi à Thionville et finalement à Luxembourg, lorsque finalement des réunions ont lieu là-bas, avant de pouvoir se faire baptiser, ce qui arrive le 29 décembre 1983 à Metz, en même temps que quatre autres personnes. On voit ici aussi comment l’histoire spirituelle des membres de l’Église au Luxembourg fait intervenir différents pays : l’origine italienne d’une sœur Luxembourgeoise, un baptême dans la ville française de Metz, des réunions tant en Allemagne (Trèves), qu’en France (Thionville) et finalement au Grand-Duché.

On sent déjà, en étudiant ces deux histoires personnelles, comment, ici peut-être plus encore qu’ailleurs, le cheminement spirituel est presque indissociable d’un cheminement « physique ». Une immigration, qui permet, soit pour la personne elle-même (on pensera à la mère de Carlos), soit pour ses descendants (le grand-père de Béatrice ne connut jamais l’Église de son vivant), d’être réceptif à la nouvelle foi proposée par l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours.

Il serait certainement intéressant d’étudier les relations entre l’Évangile et l’émigration/immigration. Nous pouvons brièvement fournir quelques éléments qui permettront de saisir la pertinence d’une telle comparaison. De 1847, date de l’arrivée des premiers pionniers saints des derniers jours dans la vallée du lac Salé, jusqu’au début du XXe siècle, l’émigration vers l’État du Deseret – qui devint plus tard l’Utah – était non seulement encouragée, mais pouvait même être vu comme un devoir religieux. Il s’agissait de rejoindre Sion, afin de pouvoir y recevoir toutes les bénédictions disponibles, parmi lesquels les bénédictions du temple. A partir des années 1890, l’ampleur du phénomène diminua, et, à la fin de la Première Guerre Mondiale, la directive de rester dans son pays fut énoncée clairement, par exemple dans un article du Millenial Star, journal des saints britanniques, au titre évocateur : Stand Where You Are.

Mais la fin de l’émigration vers l’Utah de larges groupes de saints n’a pas marqué la fin des processus d’émigrations et d’immigration dans l’histoire de l’Église. Ainsi, on a pu mettre en évidence un phénomène d’outmigration, c’est-à-dire l’exode d’un certain nombre de membres de l’Église, « en-dehors des régions traditionnellement mormones vers les quatre coins des États-Unis pour les études et pour la recherche de travail » (Johnson and Johnson, « On the Trail of the Twentieth-Century Mormon Outmigration »). Ce phénomène, qui a commencé au début du XXe siècle, a permis à l’Église de s’installer dans des régions où elle n’était que peu ou pas implantée, en particulier en fournissant des membres ayant de l’expérience qui pouvaient servir comme dirigeants. Bien que l’outmigration soit un concept qui s’applique traditionnellement à une migration vers d’autres parties des États-Unis, l’arrivée de membres américains au Luxembourg peut certainement se lire dans un tel cadre, avec bien sûr des particularités, telles que la barrière linguistique.

Par ailleurs, on a pu remarquer l’influence que des soldats saints des derniers jours, par exemple, ont pu avoir pour établir ou fortifier l’Église dans certaines régions. Mais il serait certainement intéressant d’étudier la continuation de ce phénomène de nos jours et à un niveau global.

Enfin, ce ne sont pas toujours des saints des derniers jours qui migrent : parfois ce sont les migrants qui découvrent l’Évangile rétabli et deviennent par après saints des derniers jours, comme nous l’avons vu à l’aune des histoires personnelles de la famille Rodriguez et de la famille Barthel. Cela est vrai à tel point que l’Église envoie parfois des missionnaires pour cibler une population spécifique. On peut penser par exemple aux missionnaires sinophones envoyés à Paris, à Toronto, etc. D’où vient ce phénomène ? Il faudrait attendre une étude la plus exhaustive possible avant de pouvoir répondre, mais nous pouvons émettre l’hypothèse qu’une personne qui a changé de pays, dont tous les cadres de référence ont été bousculés, sera peut-être plus ouverte à réfléchir à ses besoins et désirs spirituels qu’une personne vivant dans la routine d’une vie qu’elle connait bien.

Conclusion : La promesse d’un brillant futur

Si l’on regarde en arrière, on voit d’abord le développement lent et incertain d’une petite branche, qui s’est finalement accéléré, dans une période que nous avons estimé, en suivant les indications de frère Rodriguez, au début des années 2000. Cette accélération a finalement permis l’achat d’une chapelle large et commode et la création d’une branche lusophone et hispanophone. Il est toujours difficile de se projeter dans le futur, car c’est par essence une entreprise périlleuse, qui se fonde sur des éléments mouvants, sur ce qui n’est pas encore, mais il est raisonnable de supposer que cette croissance va continuer. La présence d’entreprises sur le sol luxembourgeois qui amèneront des Américains membres de l’Église signifie que ceux-ci pourront apporter leurs connaissances et leur vécu de familles qui ont fait partie de l’Église depuis plusieurs générations. Bien qu’impliquant un défi d’ordre linguistique, cela signifie aussi une certaine stabilité que ces familles peuvent apporter. La création d’une branche desservant les membres parlant espagnol et portugais signifie également une plus grande attractivité pour les personnes parlant ces langues et l’on sait combien ces communautés sont nombreuses au Grand-Duché. Peut-être, alors, sera-ce la réalisation de la promesse énoncée par Jeffrey R. Holland dans sa prière de consécration de la Belgique et du Luxembourg le 26 mai 1998 à Tervuren : « Nous prions, Père… qu’aujourd’hui soit la marque d’une nouvelle façon de voir la vie en Belgique, au Luxembourg, … ».


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