Les prophéties sur Israël


Parley P. Pratt

1837



Au sujet du rassemblement d'Israël, nous prions le lecteur de lire les chapitres 36, 37, 38, et 39 d'Ézéchiel. Il trouvera dans le 36e chapitre que la promesse est faite aux enfants d'Israël qu'ils seront retirés d'entre les nations où ils avaient été dispersés, pour être ramenés sur la terre qui avait été donnée à leurs pères ; Jérusalem sera remplie d'une nombreuse population, et toutes les villes de la Judée seront rebâties, fortifiées et habitées ; le sol sera si bien cultivé, et ensemencé, qu'on dira : « Cette terre-ci, qui était désolée, est devenue comme le jardin d'Éden… Les villes en ruines seront remplies de troupeaux d'hommes… et ils sauront que je suis l'Éternel » (Ézéchiel 36:35-38).
 
Le lecteur verra dans le 37e chapitre qu'après la vision de la résurrection des morts, le prophète nous apprend que les deux nations ne formeront qu'une seule nation sur les montagnes d'Israël, qu'un seul roi régnera sur eux tous et qu'ils ne seront plus désormais divisés en deux royaumes. Le tabernacle de l'Éternel sera avec eux, et son sanctuaire à jamais au milieu d'eux ; il sera leur Dieu, et ils seront à jamais son peuple. « Et les nations sauront que je suis l'Éternel, qui sanctifie Israël, lorsque mon sanctuaire sera pour toujours au milieu d'eux » (Ézéchiel 37:28). Or, c'est un fait parfaitement connu que Juda et les dix tribus n'ont jamais formé une seule nation sur les montagnes d'Israël, depuis l'époque reculée à laquelle ils furent divisés en deux royaumes. 
 
Mais quand cela se réalisera, les païens eux-mêmes l'apprendront, et ils seront initiés à la connaissance du vrai Dieu, comme le fut Cyrus.
 
Les chapitres 28 et 29 nous offrent le spectacle de plusieurs nations, réunies sous un grand chef, qu'il plaît au Seigneur d'appeler Gog. C'est une immense croisade à cheval armée de toutes pièces, qui, semblable à une nuée couvrant la terre, marche contre les montagnes d'Israël, pour se livrer au pillage, pour en emporter de l'or et de l'argent, du bétail, et en faire un grand butin.
 
Cette prise d'armes doit avoir lieu après le retour des Juifs en Palestine et la reconstruction de Jérusalem, alors que les villes du pays seront encore sans murailles et dépourvues de toute fortification. Mais au moment où cette innombrable armée est sur le point d'engloutir les Juifs et de ravager leurs terres, la colère monte au visage du Seigneur : soudain la terre tremble jusqu'en ses fondements ; les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bêtes des champs, tout reptile qui rampe, tous les hommes sur la surface de la terre, trembleront en sa présence ; les montagnes seront renversées, toute muraille tombera par terre, et dans l'armée ennemie l'épée de chacun sera tirée contre son frère. Et le Seigneur fera pleuvoir sur Gog et ses nombreuses bandes de grandes pluies, de la grêle, du feu et du soufre. C'est ainsi qu'il se glorifiera, et qu'il se sanctifiera, à la vue de plusieurs nations, et elles sauront qu'il est le Seigneur ; c'est ainsi que Gog et toute son armée, chevaux et cavaliers, seront exterminés sur les montagnes d'Israël.
 
Alors les Juifs sortiront et ramasseront les armes de guerre, les lances, les écus, les boucliers, les arcs, les flèches et les javelines ; ces armes serviront de bois à brûler durant sept ans aux villes d'Israël, et on n'aura pas à couper du bois des forêts pendant ces années. Et ils spolieront ceux qui les avaient spoliés ; ils dépouilleront ceux qui les avaient dépouillés, et ils amasseront de l'or et de l'argent, et des vêtements en abondance. 
 
Les oiseaux des cieux et les bêtes des champs feront un grand festin ; ils mangeront leur saoul de la graisse et de la chair, et ils boiront du sang jusqu'à en être ivres. Ils auront à se repaître du cadavre des rois, des généraux, des officiers, et tous les hommes de guerre.
 
Mais les Juifs auront un travail rude à faire durant sept mois de temps, ce sera la sépulture de leurs ennemis. Ils choisiront un lieu, à l'orient de la mer, nommé la Vallée des Passants ; c'est là qu'on enterrera Gog et toute la multitude de ses gens, et on l'appellera la Vallée d'Hammon Gog. L'odeur de tant de cadavres sera telle que les paysans s'en boucheront le nez ; et c'est ainsi que le pays sera purifié et nettoyé.
 
« Je manifesterai ma gloire parmi les nations ; et toutes les nations verront les jugements que j'exercerai, et les châtiments dont ma main les frappera. La maison d'Israël saura que je suis l'Éternel, son Dieu, dès ce jour et à l'avenir. Et les nations sauront que c'est à cause de ses iniquités que la maison d'Israël a été conduite en captivité, à cause de ses infidélités envers moi ; aussi je leur ai caché ma face et je les ai livrés entre les mains de leurs ennemis, afin qu'ils périssent tous par l'épée. Je les ai traités selon leurs souillures et leurs transgressions, et je leur ai caché ma face. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : maintenant je ramènerai les captifs de Jacob, j'aurai pitié de toute la maison d'Israël et je serai jaloux de mon saint nom. Alors ils oublieront leur opprobre, et toutes les infidélités qu'ils ont commises envers moi, lorsqu'ils habitaient en sécurité leur pays, et qu'il n'y avait personne pour les troubler. Quand je les ramènerai d'entre les peuples, quand je les rassemblerai du pays de leurs ennemis, je serai sanctifié par eux aux yeux de beaucoup de nations. Et ils sauront que je suis l'Éternel, leur Dieu, qui les avait emmenés captifs parmi les nations et qui les rassemble dans leur pays ; je ne laisserai chez elles aucun d'eux, et je ne leur cacherai plus ma face, car je répandrai mon esprit sur la maison d'Israël, dit le Seigneur, l'Éternel » (Ézéchiel 39:21-29). 
 
Les nations devront apprendre que les enfants d'Israël avaient été menés en captivité, à cause de leur iniquité ; et qu'après avoir porté leur ignominie pour toutes leurs transgressions, ils ont été ramenés sur leur terre par la main du Seigneur. Et nous voyons que les enfants d'Israël connaîtront que c'est le Seigneur leur Dieu qui les avait fait disperser parmi les nations, et c'est lui qui les a ramenés et défendus, et qu'il ne cachera jamais plus sa face d'eux, mais répandra sur eux son Esprit.
 
Certains déclarent que ces prophéties ne pourront jamais être comprises, si ce n'est après leur accomplissement. Mais le Seigneur nous a avertis par la bouche de Daniel que beaucoup de gens courront çà et là, que la connaissance sera augmentée, que les sages comprendront ces choses, mais qu'aucun des méchants n'aura de l'intelligence (Daniel 12:4-10).  
 
Dans son 14e chapitre, le prophète Zacharie nous donne de longs détails sur la grande bataille et la déroute des nations qui combattront contre Jérusalem. Il dit en termes précis que le Seigneur apparaîtra au moment de l'extermination de cette armée ; oui, à l'heure même où les troupes ennemies, après avoir déjà pris la moitié de Jérusalem, seront entrées dans la ville, et seront occupées à piller les maisons et à violer les femmes. C'est alors que leur Messie, qu'ils attendent depuis tant de siècles, apparaissant soudain, mettra le pied sur la montagne des Oliviers, un peu à l'est de Jérusalem, pour combattre contre les assiégeants et délivrer les enfants d'Israël. Le prophète Zacharie dit que la montagne des Oliviers se fendra en deux par le milieu, de l'est à l'ouest, et qu'une moitié de la montagne se retirera vers le nord, et l'autre moitié vers le midi, formant tout à coup une immense vallée vers laquelle se précipiteront les Juifs pour se mettre à l'abri de leurs ennemis, comme ils s'enfuirent de devant le tremblement de terre sous le règne d'Hosias, roi de Juda. Alors viendra le Seigneur, et tous les saints avec lui. Et c'est alors que les Juifs verront le Messie, ce Messie si longtemps ardemment désiré, venant à leur secours avec une grande puissance, tel qu'ils l'ont toujours attendu. Il exterminera leurs ennemis, et les délivrera de leurs mains à l'instant même où, consternés, réduits à la dernière extrémité, ils allaient périr sous leurs coups.
 
Mais quelle ne sera pas leur surprise, lorsque, sur le point de tomber aux pieds de leur Sauveur, et de reconnaître en lui leur Messie, ils apercevront les plaies qui furent faites autrefois à ses mains, à ses pieds et à son côté : et qu'après information, ils reconnaîtront en lui Jésus de Nazareth, le Roi des Juifs, cet homme qu'ils avaient si longtemps rejeté. Combien le prophète a raison de dire qu'ils pleureront et qu'ils se lamenteront, chaque famille à part, et les femmes à part. Mais, grâce au ciel, il y aura une fin à leurs lamentations ; car il leur pardonnera leurs iniquités, et les purifiera de toute souillure. Désormais, Jérusalem sera une ville sainte, et toute la Palestine deviendra comme une plaine depuis Guébah jusqu'à Rimmon ; elle sera élevée et habitée en sa place, les hommes y demeureront en sûreté. Jérusalem ne sera plus détruite ; « en ce jour-là, l'Éternel sera le seul Éternel, et son nom sera le seul nom, et il sera roi de toute la terre » (Zacharie 14:9). 
 
Dans le onzième chapitre de ses Révélations, Jean nous donne plusieurs autres particularités de ces mêmes évènements. Il nous apprend qu'après la reconstruction de Jérusalem et du temple par les Juifs, les Gentils fouleront aux pieds la ville sainte pendant quarante-deux mois et que, durant ce temps, deux prophètes y prophétiseront continuellement et y feront de puissants miracles. Les assiégeants ne pourront prendre la ville, aussi longtemps que vivront ces deux prophètes. Mais, après un siège de trois ans et demi, ils parviendront enfin à tuer les deux prophètes, et à prendre en partie possession de la ville : ils s'enverront des présents les uns aux autres à cause de la mort des prophètes, et, ne permettant pas de mettre leurs corps dans le sépulcre, ils les laisseront exposés dans les rues de Jérusalem trois jours et demi, pendant lesquels l'armée des Gentils, composée de différents peuples, de diverses nations, tribus et langues, verra leurs cadavres exposés dans les rues, en parcourant la ville pour en faire le pillage. Mais après ces trois jours et demi, soudain l'Esprit de vie, envoyé de Dieu entrera en eux, ils se relèveront sur leurs pieds, et une grande terreur saisira ceux qui les verront. Et alors une voix du ciel leur criera : « et ils monteront au ciel dans la nuée, et leurs ennemis les virent ». Après avoir décrit toutes ces choses, le tremblement de terre dont parle Ézéchiel éclate, et la montagne des Oliviers se fend en deux, comme nous l'apprend Zacharie. Jean dit : « À cette heure-là, il y eut un grand tremblement de terre, et la dixième partie de la ville tomba ; sept mille hommes furent tués… ». Et dans une des scène qui suivent, de grandes voix se font entendre, disant : « Le royaume du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ ; et il régnera aux siècles des siècles » (Apocalypse 11:13, 15).
 
Après avoir résumé la description de ces grands évènements dont nous ont parlé ces prophètes, je me borne à remarquer qu'il n'y a aucune difficulté à reconnaître qu'ils sont tous parfaitement clairs et que leur accomplissement se fera d'une manière littérale. 
 
Qu'il me suffise de dire que les Juifs reviennent habiter la Palestine, et rebâtissent Jérusalem. Les nations des Gentils forment une coalition pour leur faire la guerre. Leurs armées assiègent Jérusalem avec plus ou moins de succès, durant trois ans et demi. Deux prophètes juifs, par leurs puissants miracles, empêchent la ville de tomber entre les mains des assiégeants : mais enfin, tués par l'ennemi, la ville est livrée pendant trois jours et demi au pillage ; les deux prophètes ressuscitent des morts et montent au ciel. Le Messie vient, il bouleverse la terre, défait l'armée des Gentils, délivre les Juifs, purifie Jérusalem, extirpe toute iniquité de la terre, ressuscite les saints d'entre les morts, les amène avec lui, et commence son règne de mille ans, durant lesquels son esprit sera répandu sur toute chair ; hommes et bêtes, oiseaux et serpents deviendront parfaitement inoffensifs, la paix et la connaissance de la gloire de Dieu couvriront la terre, comme les eaux couvrent la profondeur des mers ; et le royaume et la grandeur des royaumes, sous toute l'étendue des cieux, seront donnés aux saints du Très-Haut.
 
Durant ces mille ans, Satan sera lié et n'aura aucun pouvoir pour tenter les enfants des hommes. Et la terre elle-même sera délivrée de la malédiction qui provient de la Chute. Les endroits raboteux deviendront unis, les déserts fertiles, les montagnes seront abaissées, et les vallées exaltées, plus de ronces ni d'épines, mais la terre, purifiée, donnera ses fruits en abondance aux saints de l'Éternel. À la fin des mille ans, Satan sera délié de sa prison ; il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre, il les assemblera pour combattre et les conduira pour attaquer le camp des saints. C'est alors que se livrera la grande et dernière bataille entre Dieu et Satan, pour l'empire de la terre. Satan et ses alliés seront vaincus. Alors viendront la fin du monde, la résurrection des méchants et le jugement dernier. Et il y aura un nouveau ciel et une nouvelle terre, car le premier ciel et la première terre seront passés, c'est-à-dire qu'ils seront changés de leur état temporel en un état éternel, et rendus propres à servir de demeure à des êtres immortels.
 
Alors la sainte Jérusalem descendra du ciel d'auprès de Dieu, après avoir été renouvelée comme le ciel et la terre. « Car, dit-il, voici, je fais toutes choses nouvelles. »
 
Placée sur la nouvelle terre, cette ville nouvelle, ayant au milieu d'elle Dieu et l'Agneau, sera le séjour éternel de l'homme ; si bien que comme a dit le poète, après toutes nos ardentes aspirations vers un lieu au-delà des bornes du temps et de l'espace, nous sommes enfin ramenés au sentiment du vrai, et il nous est donné à comprendre que l'homme est destiné à hériter à jamais de cette même planète où il fut d'abord créé, planète qui sera rachetée, sanctifiée, renouvelée, purifiée, et préparée afin de devenir un héritage éternel d'immortalité et de vie éternelle, avec la ville sainte pour capitale ; ayant au centre le trône de Dieu pour siège de son gouvernement ; et arrosée d'un fleuve d'eau vive, claire comme du cristal, qui sort du trône de l'Éternel, et dont les deux rives sont ornées d'arbres d'une beauté immortelle.
 
« Heureux ceux qui lavent leurs robes, afin d'avoir droit à l'arbre de vie, et d'entrer par les portes dans la ville ! » (Apocalypse 22:14). Maintenant, nous commençons à comprendre ces paroles du Sauveur : « Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre » (Matthieu 5:5). Nous régnerons sur la terre (Apocalypse 5:9-11). Et vous, lecteurs, soyez sans crainte. Supposez que vous soyez enlevés au ciel, et que là vous vous mêliez au chœur innombrable des rachetés de toute nation, de toute tribu, de toute langue et de tout peuple, pour chanter des cantiques : Quel ne serait pas votre étonnement de voir tous ces êtres bienheureux, remplis d'allégresse, accorder leur lyre immortelle, en joyeuse anticipation de régner un jour sur la terre ! Sur la terre, maintenant sous la domination de Satan, séjour de profonde misère, d'où votre esprit joyeux vient de s'envoler pour lui dire, comme vous le supposiez, un éternel adieu. Vous seriez d'abord frappés, et vous vous demanderiez peut-être : pourquoi n'ai-je jamais entendu chanter ce thème sur la terre ?  
 
Abraham vous dirait au ciel que vous auriez dû lire la promesse que Dieu lui fit, au 8ème verset du 17e chapitre de la Genèse, où le Seigneur donne la terre de Canaan en possession perpétuelle, non seulement à sa postérité, mais à lui-même. De plus, vous auriez dû lire le témoignage d'Étienne (Actes 7:1-7) par lequel vous vous seriez assurés qu'Abraham n'avait jamais hérité les choses qui lui avaient été promises, mais qu'il attendait encore d'être ressuscité des morts et ramené sur la terre de Canaan pour hériter. Oui, vous dirait Ézéchiel, si vous aviez lu le 37e chapitre de mes prophéties, vous y auriez trouvé la promesse positive que Dieu ouvrirait les sépulcres de tous les enfants de la maison d'Israël, qui étaient morts ; qu'il réunirait leurs os secs, qu'il mettrait sur eux des nerfs, ferait croître de la chair et étendrait de la peau sur eux, que son Esprit entrerait en eux et qu'ils renaîtraient tous à la vie ; et qu'alors, au lieu d'êtres enlevés au ciel, ils seraient ramenés sur la terre de Canaan, donnée à eux par le Seigneur, et que leur héritage serait là.
 
Dans votre surprise, vous pourriez vous adresser à Job qui, non moins étonné que vous de rencontrer quelqu'un ignorant des choses si claires, s'écrierait : mais n'avez-vous donc jamais lu les versets 23 à 27 de mon 19ème chapitre où, exprimant le vœu que mes discours soient écrits dans un livre, je déclare que mon Rédempteur viendra sur la terre aux derniers jours, que je le verrai, que mes propres yeux le verront, et non un autre, bien que mon corps devienne la pâture des vers ? David lui-même, David le chantre harmonieux d'Israël, vous rappellerait son 37e Psaume, où il déclare à diverses reprises que les débonnaires hériteront à jamais de la terre, après que les méchants en auront été exterminés. Enfin, pour trancher tout à fait la question, prêtez l'oreille à cette parole décisive que le Sauveur laisse tomber de ses lèvres, dans son sermon sur la montagne : « Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre » (Matthieu 5:5).