Le
mariage céleste
Joseph Fielding Smith
(1876-1972)
Membre du collège
des Douze de 1910 à 1950
Président
suppléant du collège des Douze de 1950 à 1951
Président du
collège des Douze de 1951 à 1965
Membre de la Première
Présidence de 1965 à 1970
Historien de l'Église
de 1921 à 1970
Président de
l’Église de 1970 à 1972
Le
mariage et l'exaltation
Le mariage, tel que le
comprennent les saints des derniers jours, est une ordonnance qui
doit être éternelle. Il est le fondement de l'exaltation
éternelle, car sans lui il ne pourrait pas y avoir de
progression éternelle dans le royaume de Dieu.
Le Seigneur a enseigné
à Joseph Smith la doctrine de l'éternité de
l'alliance du mariage et de la perpétuité de la famille
après la mort. Cette révélation a donné
un choc étonnant, sinon terrible, à ceux qui croient à
la doctrine qu'à la mort l'homme et sa femme sont
éternellement séparés et que l'union familiale
prend fin à tout jamais. Et cependant il y en a très
peu, s'ils ont des sentiments normaux, qui n'espèrent pas que
l'éternité de la famille se réalisera (voir D&A
132).
Il n'est pas d'ordonnance
liée à l'Évangile de Jésus-Christ qui
soit plus importante, ou d'une nature plus solennelle et plus sacrée,
et plus nécessaire à la joie éternelle de
l'homme que le mariage. Et cependant il n'est pas de principe qui ait
été la cible de plaisanteries plus grossières,
dont se soient davantage moqué les vulgaires et les impurs et
même beaucoup qui se croient raffinés, que celui du
mariage.
Le mariage est un
principe qui, quand on le contracte, présente des problèmes
plus graves que n'importe quel autre. Il faut le recevoir dans
l'esprit de patience et d'amour, et même de cet amour supérieur
que l'on acquiert par le pouvoir de l'Esprit Saint. Rien ne préparera
autant l'humanité à la gloire dans le royaume de Dieu
que la fidélité à l'alliance du mariage.
C'est probablement grâce
à cette alliance plus qu'à n'importe quelle autre que
nous réalisons le décret parfait de la volonté
divine, mais cette alliance n'est qu'une des nombreuses alliances
requises de celui qui cherche à faire la volonté de son
Père.
Si on la reçoit
correctement, cette alliance devient le moyen d'atteindre le plus
grand bonheur. Le plus grand bonheur dans cette vie et dans la vie à
venir — l'honneur, la domination et le pouvoir d'un amour
parfait — sont les bénédictions qui en découlent.
Ces bénédictions de gloire éternelle sont
réservées à ceux qui sont disposés à
respecter cette alliance et toutes les autres alliances de
l'Évangile. Les autres n'auront pas cette bénédiction.
Le mariage est le
principe le plus grandiose, le plus glorieux, le plus exaltant qui se
rattache à l'Évangile. C'est celui que le Seigneur
tient en réserve pour ceux qui deviennent ses fils et ses
filles ; tous les autres ne sont que des serviteurs, même s'ils
obtiennent le salut. Ils ne deviennent pas membres de la maison de
notre Père et de notre Dieu s'ils refusent de recevoir
l'alliance céleste du mariage (voir D& A 76:50-70 ;
131:1-4 ; 132:1-32).
Le Seigneur nous a appris
par ses serviteurs les prophètes que tout est gouverné
par la loi. Sa maison est une maison d'ordre parce que tout ce qui
s'y trouve obéit à la loi. Il n'acceptera pas de la
part de l'homme une offrande, un vœu, un contrat qui ne soient
pas conclus conformément aux lois qui gouvernent son royaume
et que lui, le Seigneur, a établies. Les obligations et les
accords conclus par l'homme auxquels le Seigneur n'a aucune part et
qui n'ont pas été faits par lui ou par sa parole, qui
est sa loi, prendront fin lorsque les hommes seront morts.
C'est pourquoi tous les
contrats de mariage, ainsi que tous les autres contrats et
obligations que souscrivent dans cette vie les personnes qui n'ont
pas accepté l'Évangile éternel prendront fin
lorsque les parties contractantes auront quitté cette
existence. Pour que le contrat de mariage soit valable et reste en
vigueur pour l'éternité aussi bien que pour le temps,
les parties contractantes doivent accepter les liens conjugaux en
obéissant et en se conformant aux lois sur lesquelles reposent
ces bénédictions (voir D&A 132:5-17).
Le Seigneur dit en ce qui
concerne le mariage : « Car tout ce qui reste est de moi ; et
tout ce qui n'est pas de moi sera ébranlé et détruit.
C'est pourquoi si un homme épouse une femme en ce monde, mais
ne l'épouse pas par moi ni par ma parole, et fait alliance
avec elle aussi longtemps qu'il est dans le monde, et elle avec lui,
leur alliance et mariage ne sont pas valables lorsqu'ils sont morts
et hors du monde ; ils ne sont donc liés par aucune loi
lorsqu'ils sont hors du monde. » (D&A 132:14,15)
C'est-à-dire
qu'ils ne sont liés par aucune loi de l'Évangile. Il
n'a aucun droit sur eux ; lorsqu'ils sont morts leur contrat, leurs
obligations et leurs liens prennent fin ; ils n'ont pas droit l'un à
l'autre et n'ont pas droit à leurs enfants. Leurs enfants
restent sans parents à moins que par leur fidélité
ils soient eux-mêmes adoptés dans la famille d'un autre
homme.
« C'est pourquoi,
lorsqu'ils sont hors du monde, les hommes ne peuvent prendre de
femmes ni les femmes de maris, mais ils deviennent des anges dans les
cieux ; lesquels anges sont des serviteurs au service de ceux qui
sont dignes d'une part de gloire beaucoup plus grande, incomparable
et éternelle.
« Car ces anges ne
se sont pas conformés à ma loi ; c'est pourquoi, ils ne
peuvent s'accroître, mais restent à toute éternité
séparés et célibataires, sans exaltation, dans
leur état sauvé. Et dès lors, ils ne sont pas
dieux, mais anges de Dieu, pour toujours et à jamais. »
(D&A 132:16, 17)
Qu'est-ce que cela
implique ? C'est que ceux qui sont purs dans leur vie, qui sont
vertueux, qui sont honorables, mais qui ne veulent pas accepter cette
alliance du mariage éternel dans la maison du Seigneur se
lèveront — et ils pourront même entrer dans le
royaume céleste, mais quand ils y entreront ce sera comme
serviteurs — pour servir ceux
« qui sont dignes
d'une part de gloire beaucoup plus grande, incomparable et
éternelle ».
Si nous nous marions pour
le temps et pour toute l'éternité et que c'est scellé
sur notre tête par ceux qui détiennent l'autorité
de sceller et si nous gardons alors nos alliances et sommes fidèles
jusqu'à la fin, nous pouvons nous lever dans la résurrection
des morts et recevoir les bénédictions promises
suivantes :
« Alors ils seront
dieux, parce qu'ils n'auront pas de fin ; c'est pourquoi ils seront
de toute éternité à toute éternité,
parce qu'ils continuent. Alors ils seront au-dessus de tout, car tout
leur sera soumis. Alors ils seront dieux, parce qu'ils auront tout
pouvoir et que les anges leur seront soumis. » (D&A132:20)
Qui sont les anges ? Ceux
qui n'ont pas voulu vivre la loi.
« En vérité,
en vérité, je te le dis, si tu ne respectes pas ma loi,
tu ne pourras atteindre cette gloire. » (D&A 132:21)
Respecter quelle loi ? La
loi de la nouvelle alliance éternelle, c'est-à-dire
toutes les alliances.
« Car étroite
est la porte, resserré le chemin qui mènent à
l'exaltation et à la continuation des vies, et il y en a peu
qui les trouvent, parce que vous ne me recevez point dans le monde,
et que vous ne me connaissez point. Mais si vous me recevez dans le
monde, alors vous me connaîtrez et vous recevrez votre
exaltation, afin que là où je suis, vous soyez aussi. »
(D&A 132:22, 23)
Quelle merveilleuse
promesse ! Et elle nous est faite, c'est un don gratuit ; elle ne
nous coûte rien : seulement la justice, la foi, l'obéissance
; et assurément nous pouvons payer ce prix-là. Cela
signifie, bien entendu, qu'il faut renoncer aux choses du monde ;
mais est-ce là un sacrifice ? Y a-t-il quelqu'un qui considère
qu'abandonner les choses qui appartiennent à ce monde est un
sacrifice ? Il y a des gens qui verraient les choses de cette façon,
mais ce n'est pas le cas. On ne peut rien sacrifier pour l'Évangile
de Jésus- Christ. Ce serait aussi logique si un homme donnait
un franc et que je lui donne dix centimes, et que je m'en aille
ensuite dire à tout le monde quel grand sacrifice j'ai fait.
Si vous voulez donc
entrer dans l'exaltation et devenir comme Dieu, c'est-à-dire
fils de Dieu ou fille de Dieu, et recevoir une plénitude du
royaume, il faut que vous respectiez sa loi — pas simplement la
loi du mariage, mais tout ce qui a trait à la nouvelle
alliance éternelle — et alors vous aurez à jamais
la « continuation des vies », car le Seigneur dit :
« Ce sont là
les vies éternelles : connaître le seul Dieu sage et
vrai, et celui qu'il a envoyé, Jésus-Christ. Je suis
Jésus-Christ. Recevez donc ma loi. » (D&A 132:24)
Et les autres ? Voyons ce
que le Seigneur dit : « Large est la porte et spacieux le
chemin qui mènent aux morts, et il y en a beaucoup qui entrent
par là, parce qu'ils ne me reçoivent pas et qu'ils ne
demeurent pas dans ma loi. » (D&A 132:25)
Qu'est-ce que le Seigneur
entend par « les morts » ? Cela ne veut pas dire
l'annihilation ; cela ne veut pas dire qu'ils ne vont pas obtenir
l'immortalité. Tout homme obtiendra l'immortalité. Tout
homme obtiendra l'immortalité, vivra éternellement.
C'est un don gratuit de Dieu. La résurrection sera accordée
à toute âme. Alors que veut dire le Seigneur quand il
dit que ceux qui entrent par le chemin large entrent dans « les
morts » ?
Il veut dire qu'ils
entrent dans le monde à venir « séparés et
célibataires » et ils n'ont pas de continuation des «
vies », pas d'accroissement. Cela c'est la mort. Ils ne
continuent pas ; pour ce qui est de la progression, ils prennent
fin. Le Seigneur appelle cela « les morts » et je
suis certain, je suis sûr, que quiconque reçoit ce
commandement du Seigneur et entre sur le chemin large, découvrira,
quand il entrera dans les éternités, qu'il est
véritablement entré dans « les morts »,
qu'il a atteint la fin : pas la fin de sa vie, mais la fin de
l'accroissement.
Le don promis à
ceux qui reçoivent cette alliance du mariage et restent
fidèles jusqu'à la fin, qu'ils « n'auront pas de
fin », signifie qu'ils auront le pouvoir de s'accroître
éternellement. Seuls ceux qui ont ce pouvoir pourront
véritablement « connaître le seul Dieu sage et
vrai, et celui qu'il a envoyé, Jésus-Christ ».
Les autres pourront voir le Seigneur et être instruits par lui,
mais ils ne le connaîtront pas vraiment, ni son Père,
s'ils ne deviennent comme eux.
Qui désire entrer
dans le monde éternel et être un serviteur, alors que la
promesse est offerte que nous pouvons être fils et filles de
Dieu ?
Puisque le mariage est
voulu de Dieu, et que, dans le Seigneur, la femme n'est point sans
l'homme, ni l'homme sans la femme (voir 1 Cor. 11:11), il ne peut pas
y avoir d'exaltation dans la plénitude des bénédictions
du royaume céleste en dehors de l'union du mariage. Un homme
ne peut pas être exalté seul et célibataire, pas
plus qu'une femme. Chacun doit avoir un conjoint pour partager les
honneurs et les bénédictions de cette grande
exaltation. Le mariage pour le temps et toute l'éternité
réalise la gloire suprême du royaume de notre Père,
grâce à laquelle ses enfants deviennent ses héritiers
entre les mains desquels il remet tout.
Si un homme et sa femme
sont sauvés dans des royaumes séparés, par
exemple le céleste et le terrestre, automatiquement le
scellement est brisé ; il est brisé à cause des
péchés d'une des parties. Nul ne peut être privé
de l'exaltation s'il reste fidèle. En d'autres termes un mari
déméritant ne peut empêcher son épouse
fidèle d'obtenir l'exaltation et vice-versa. Dans ce cas le
serviteur fidèle sera donné à quelqu'un qui est
fidèle.
L'éternité
et la famille
Non seulement le Seigneur
a institué le mariage pour qu'il dure éternellement,
mais il s'ensuit naturellement qu'il en va de même de la
famille. Le plan que donne l'Évangile pour le gouvernement de
l'homme sur notre terre est caractéristique des lois qui
gouvernent le royaume de Dieu. Est-il possible d'imaginer une source
plus grande de chagrin que de rester dans le monde éternel
sans pouvoir prétendre à un père, à une
mère ou à des enfants ?
C'est une chose horrible
que d'imaginer une nation qui n'aurait pas pour base fondamentale la
cellule familiale, où tous les citoyens seraient plus ou moins
étrangers l'un à l'autre et où on ne trouverait
pas l'affection naturelle, où aucun lien familial ne lierait
les groupes les uns aux autres. Pareille situation ne pourrait
conduire qu'à une seule fin : l'anarchie et la
dissolution. N'est-il pas raisonnable de croire qu'il en va de même
pour le royaume de Dieu ? Si dans ce royaume il n'y avait pas de
liens familiaux et si tous les hommes et toutes les femmes étaient
des « anges » privés des liens de parenté
naturels, comme le croient beaucoup de gens, pourrait-il être
un lien de bonheur — un ciel ?
Les théories
classiques qui affirment que ces liens n'existent pas et que le sexe
disparaît quand le salut est accordé aux justes ne sont
certainement pas en accord avec les Écritures. Le Seigneur a
dit à Jean : « Celui qui vaincra héritera ces
choses ; je serai son Dieu, et il sera mon fils. » (Apoc. 21:7)
De plus, Paul écrivant
aux saints d'Éphèse, leur dit : « À cause
de cela, je fléchis les genoux devant le Père duquel
tire son nom toute la famille dans les cieux et sur la terre »
(Éph. 3:14, 15, version du roi Jacques ; la version Segond dit
: « toute famille », ndt). Étant donné que
tous ceux qui obéissent à l'Évangile dans la
plénitude doivent devenir héritiers, membres de la
maison de Dieu, pourquoi n'existerait-il pas une famille de Dieu dans
les cieux ?
Les Écritures nous
apprennent que nous sommes de la race de Dieu (voir Actes 17:29 ;
Hébr. 12:9). Il nous a invités à l'appeler Père
: non pas dans un sens mystique, mais littéralement comme
notre Père. C'est de cette façon que Jésus a
enseigné à ses disciples à prier (voir Matt.
6:9), et quand il est apparu à Marie après sa
résurrection, il lui a dit : « Ne me touche pas ; car je
ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver
mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et
votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20 :17).
Ceci n'est-il pas le reflet d'une organisation familiale ?
Grâce au
rétablissement de la prêtrise détenue par Élie,
l'Église a appris que chaque cellule familiale où les
parents ont été mariés pour le temps et pour
l'éternité restera intacte à toute éternité.
De plus, chaque cellule familiale sera liée à la
génération qui l'a précédée,
jusqu'à ce que tous les fidèles qui auront prouvé
qu'ils ont droit à être membres d'une famille par
l'obéissance à l'Évangile seront unis en une
grande famille depuis le commencement jusqu'à la fin des temps
et auront place dans le royaume céleste de Dieu. De cette
façon, tous ceux qui reçoivent l'exaltation deviennent
héritiers de Dieu et cohéritiers de Jésus-Christ
dans la possession des relations familiales éternelles.
Le monde peut ne pas voir
les choses ainsi, mais cela est et cela doit être dans l'Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours. La famille est
la cellule dans le royaume de Dieu.
Cette organisation est
réservée à ceux qui sont disposés à
respecter toutes les alliances et toutes les obligations que nous
sommes invités à recevoir pendant que nous séjournons
dans cette vie mortelle. Nous croyons que la famille continuera. Cela
me réconforte beaucoup de penser que si je suis fidèle
et digne d'une exaltation, mon père sera mon père et je
lui serai soumis à toute éternité en tant que
son fils ; que je reconnaîtrai et connaîtrai ma mère
et qu'elle sera ma mère à toute éternité,
et que mes frères et soeurs seront mes frères et soeurs
à toute éternité, et que mes enfants et mes
épouses m'appartiendront dans l'éternité. Je ne
sais pas ce que pensent certaines personnes, mais pour moi c'est là
une pensée merveilleuse. Cela contribue à me fortifier.
Tout homme marié
est à la tête de sa maison, c'est-à-dire, de sa
famille immédiate. Ainsi moi, par exemple, je serai à
la tête de mon groupe familial en vertu du scellement pour le
temps et l'éternité, et mes enfants m'appartiendront.
J'appartiendrai à mes parents dans leur groupe familial. De
même, mon père, avec ses frères et ses soeurs,
appartiendra à la cellule de son père dans ce groupe
familial et son père à son père qui l'a précédé
— tous liés les uns aux autres de génération
en génération comme une chaîne. Ainsi en
sera-t-il des justes depuis les jours d'Adam — Adam étant
à la tête parce qu'il est Michel, ayant autorité
et juridiction sur sa postérité dans ce vaste groupe
familial qui aura gardé les commandements de Dieu. Tel est
l'ordre de la prêtrise. Bien entendu, il y aura des chaînes
qui seront brisées, des chaînons qui manqueront, parce
que nous ne pouvons pas forcer les gens à entrer dans le
royaume. Ceux qui sont indignes d'être unis à ce
groupement des familles devront se tenir sur le côté, et
ceux qui en sont dignes seront réunis, et la chaîne
continuera de toutes façons. (voir D&A 78:15, 16 ; Dan.
7:9-14, 21-27)
Finalement, lorsque cette
œuvre sera menée à bien et que le Christ remettra
à son Père les clefs et fera son rapport et que la mort
sera détruite, alors cette grande famille de tous les justes
depuis le temps d'Adam, ceux qui ont gardé les commandements
de Dieu, verront qu'ils sont une seule famille, la famille de Dieu,
etc., ayant droit à toutes les bénédictions qui
appartiennent à l'exaltation.
Ceux qui parviennent à
l'exaltation dans le royaume céleste auront le pouvoir
d'accroître éternellement leur postérité,
et ils seront « au-dessus de tout, car tout leur sera soumis »
(D&A 132:20). Les enfants nés de parents qui ont obtenu
par leur fidélité la plénitude de ces
bénédictions seront des enfants d'esprit qui ne seront
pas revêtus d'un corps de chair et d'os. Ces enfants seront
tels que nous étions avant de venir dans ce monde. On nous
enseigne dans les Écritures que nous sommes la postérité
de Dieu dans l'esprit, Jésus-Christ étant le Premier-né
de notre Père éternel dans ce monde d'esprit.
Adam
et le mariage céleste
Le Seigneur a créé
l'homme à sa propre image, homme et femme, et la femme a été
donnée comme compagne à l'homme parce que le Seigneur a
dit : « Il n'est pas bon que l'homme soit seul » (Gen.
2:18 ; Moïse 3:18).
Lorsque Ève fut
donnée à Adam, cette union était éternelle.
Il n'y avait pas de mort dans le monde, car la chute de l'homme vint
plus tard (voir 2 Néphi 2:22-25). Lorsque les germes de la
mort furent semés et que l'homme fut banni de la présence
du Seigneur à cause de sa transgression, l'union précédemment
contractée ne fut pas annulée.
Les Écritures
disent que : « Adam commença à cultiver la terre,
à dominer sur tous les animaux des champs et à manger
son pain à la sueur de son front », et « Ève,
sa femme, travaillait également avec lui » (Moïse
5:1). Cette union sacrée est destinée à durer
éternellement. On appellera Adam le « prince de tous,
l'Ancien des jours » (D&A 27:11), et Ève sera
appelée « la mère de tous les vivants »
(Gen. 3:20 ; Moïse 4:26). À toute éternité,
tous deux seront honorés par leur postérité.
Il n'était pas «
bon » que l'homme fût seul au commencement, et il n'a
jamais été et ne sera jamais « bon » que
l'homme soit seul. L'homme ou la femme qui reste « séparé
et célibataire » (D&A 132:17) à toute
éternité aura perdu la plus grande bénédiction
que le Seigneur a préparée pour ceux qui l'aiment.
C'est un désir inhérent ou donné de Dieu, quand
un homme devient adulte, qu'il « quitte son père et sa
mère » et « s'attache à sa femme »
(Gen. 2:24 ; Moïse 3:24) dans une union qui en toute justice
devrait durer éternellement.
Paul a déclaré
que « toutefois, dans le Seigneur, la femme n'est point sans
l'homme, ni l'homme sans la femme » (1 Cor. 11:11). Et le
Seigneur a dit qu'il donnerait à l'homme une compagne qui
serait une aide qui lui convienne (voir Gen. 2:18 ; Moïse 3:18),
c'est-à-dire une aide qui répondrait à toutes
les conditions, non seulement au point de vue compagnie, mais
également grâce à laquelle la plénitude
des desseins du Seigneur pourrait s'accomplir concernant la mission
de l'homme au cours de la vie mortelle et jusque dans l'éternité.
Ni l'homme ni la femme
n'étaient capables de remplir seuls la mesure de la création.
L'union des deux était nécessaire pour compléter
l'homme à l'image de Dieu. Le Seigneur a dit : « Faisons
l'homme à notre image, selon notre ressemblance... Dieu créa
l'homme à son image, il le créa à l'image de
Dieu, il créa l'homme et la femme. » (Gen. 1:26, 27 ;
Moïse 2:26, 27).
De plus, lorsque la femme
fut présentée à l'homme, Adam dit : «
Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair »
(Gen. 2:23 ; Moïse 3:23). Nous en déduisons que son union
avec Ève devait être éternelle. Le Sauveur
confirma cette doctrine lorsqu'il dit aux Juifs : « C'est
pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et il
s'attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule
chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair »
(Matt. 19:5, 6). Alors comment mari et femme peuvent-ils être
séparés comme nous le voyons si souvent parmi les gens
d'aujourd'hui et être justifiés aux yeux de Dieu ? Quand
un homme et sa femme se séparent, la loi de Dieu a été
enfreinte.
Le prophète Joseph
a enseigné : « Le mariage est une institution du ciel,
instituée dans le jardin d'Éden ; il faut qu'il soit
célébré par l'autorité de la prêtrise
éternelle. » (Era, vol. 34, p. 704-705).
Le mariage établi
au commencement était une alliance éternelle. Le
premier homme et la première femme n'ont pas été
mariés jusqu'à ce que la mort les sépare, car à
l'époque la mort n'était pas entrée dans le
monde. En cette occasion, la cérémonie a été
accomplie par le Père éternel lui-même dont
l'œuvre dure éternellement. La volonté du
Seigneur est que tous les mariages soient de la même nature et
qu'en devenant « une seule chair » l'homme et la femme
demeurent mariés selon le plan du Seigneur à toute
éternité aussi bien que dans cette vie mortelle.
Le
mariage au ciel
Les parents justes de par
le monde aspirent à voir leur union l'un avec l'autre et avec
leurs enfants continuer au-delà du tombeau. Les poètes,
tout au long des siècles, ont chanté ce genre d'union.
On peut dire sans crainte de se tromper qu'un mari qui aime
tendrement sa femme et qui a été appelé à
l'enterrer ne l'a jamais fait sans aspirer à la retrouver et à
renouveler éternellement leur union dans l'éternité.
Un père ou une
mère n'a jamais enterré un enfant, si l'amour demeurait
dans son coeur, sans avoir cette même aspiration. Cependant les
enseignements du monde d'aujourd'hui lui refusent cette bénédiction.
Cette fausse doctrine,
qui a causé tant de chagrin inutile, est le résultat de
l'apostasie et est basée en grande mesure sur la mauvaise
compréhension de professeurs de religion non inspirés,
qui interprètent de travers les paroles du Seigneur aux
sadducéens incrédules.
Ces sadducéens,
qui niaient la résurrection, essayant de prendre le Seigneur
au piège dans ses paroles, lui tendirent un piège. Dans
la question qu'ils posèrent, ils dirent qu'une femme avait été
mariée sept fois, ou du moins avait vécu avec sept
hommes qui furent probablement ses maris, conformément à
la loi de Moïse. Puisque ces sadducéens ne croyaient pas
en la résurrection, ils ne croyaient pas non plus au mariage
pour l'éternité ; et ils pensaient qu'il ne pouvait pas
y avoir de réponse convenable à leur question.
Le fait même qu'ils
posèrent la question montre que la doctrine du mariage pour
l'éternité était enseignée et acceptée
par ceux qui n'appartenaient pas à leur secte. Sinon ils
n'auraient jamais proposé cette question au Sauveur. Sa
réponse fut exactement la réponse que nous donnerions
aujourd'hui, que nous donnons effectivement et que le Seigneur a
donnée dans les révélations à l'Église.
Voici la réponse :
le mariage, comme le baptême, est une ordonnance qui doit être
accomplie dans cette vie ; on ne peut l'accomplir lorsque les hommes
sont morts, sauf dans le cas de baptême par procuration, et
c'est pourquoi le Seigneur dit qu'ils ne prendront ni maris ni femmes
au ciel. Il aurait pu répondre à ceux qui contestaient
la nécessité du baptême en disant : il n'y a pas
de baptême au ciel. Toutes les ordonnances de l'Évangile
qui nous sont données ici appartiennent à cette épreuve
mortelle, et il faut que les parties contractantes y vaquent ici-bas
ou que quelqu'un les fasse en leur faveur après leur mort...
Mais il faut que cela se fasse ici.
Le Seigneur leur
répondant selon leur folie, dit : « Les enfants de ce
siècle [c'est-à-dire le monde auquel ces sadducéens
appartenaient] prennent des femmes et des maris. » J'attire
votre attention sur le fait que le Seigneur a dit que lui et ses
disciples n'appartenaient pas à ce monde (voir Jean 17:9-16) ;
les sadducéens, si.
Ensuite il ajouta : «
Mais ceux [ceux de « ce monde » qui ne gardent pas la loi
complète] qui seront trouvés dignes d'avoir part au
siècle à venir [c'est-à-dire même ceux qui
obtiennent le royaume céleste mais qui, n'étant pas
mariés, n'obtiennent pas l'exaltation dans ce royaume] et à
la résurrection des morts ne prendront ni femmes, ni maris.
Car ils ne pourront plus mourir, parce qu'ils seront semblables aux
anges, et qu'ils seront fils de Dieu, étant fils de la
résurrection. » (Luc 20:27-37)
C'est la seule réponse
que le Seigneur aurait pu donner à ces incroyants. Elle cadre
parfaitement avec la révélation donnée au
prophète Joseph Smith dans laquelle le Seigneur dit que «
lorsqu'ils sont hors du monde, les hommes [ceux de « ce monde »
qui ne gardent pas la loi tout entière] ne peuvent prendre de
femmes ni les femmes de maris, mais ils deviennent des anges dans les
cieux ; lesquels anges sont des serviteurs au service de ceux qui
sont dignes d'une part de gloire beaucoup plus grande, incomparable
et éternelle. Car ces anges ne se sont pas conformés à
ma loi ; c'est pourquoi, ils ne peuvent s'accroître, mais
restent à toute éternité séparés
et célibataires, sans exaltation, dans leur état sauvé.
Et dès lors, ils ne sont pas dieux mais anges de Dieu, pour
toujours et à jamais. » (D&A 132:16, 17)
Les réponses sont
exactement les mêmes et s'appliquent à ceux qui peuvent
être dignes d'un certain salut, malgré le fait qu'ils
ont rejeté l'alliance éternelle du mariage.
Il ne sera pas question
de prendre de mari ou de femme parmi ceux qui rejettent la vérité
de l'Évangile éternel. Ce droit est limité à
ceux qui gardent les commandements du Seigneur dans leur plénitude
et qui obéissent aux lois de Dieu.
Des restrictions seront
imposées à ceux qui entrent dans les royaumes terrestre
et téleste, et même à ceux du royaume céleste
qui n'obtiennent pas l'exaltation ; il se produira dans leur corps
des changements qui correspondront à leur état et on ne
prendra ni femme, ni mari, et, à cause de ces restrictions,
les hommes et les femmes ne vivront pas ensemble.
Source
: Joseph Fielding Smith, Doctrine du salut, volume 2, 1955, chapitre
24