Lorsque l'esprit quitte le corps


Brigham Young



Le corps doit retourner à la terre qui l'a donné

Quelqu'un qui possède le principe de la vie éternelle doit considérer son corps comme quelque chose de terrestre. Notre corps doit retourner à la terre qui l'a donné. Pour la plupart des gens, il est vrai, il est affligeant de penser que notre esprit doive, pendant un temps plus ou moins long, être séparé de notre corps, et que des milliers et des millions de personnes ont été, leur vie durant, affligées par cette idée. S'ils comprenaient le but de notre épreuve et les vrais principes de la vie éternelle, les souffrances et la mort du corps ne seraient que peu de chose.

Il a plu au Seigneur d'organiser des tcorps physiques ici-bas, d'y mettre des esprits et ils deviennent alors des êtres intelligents. Bientôt, tôt ou tard, le corps, ce qui est tangible pour vous, que vous pouvez sentir, voir, manipuler, etc., retourne a la poussière d'ou il vient. L'esprit est-il mort ? Non. L'esprit existe encore, alors que notre corps s'est décomposé dans la terre, et l'esprit que Dieu met dans le corps va dans le monde des esprits.

M. B. Me dit : « Si vous avez ce grand pouvoir, , si vous pouvez guérir les malades par l'imposition des mains, accompagnez-moi et guérissez les malades de notre quartier ; et d'ailleurs comment se fait-il qu'il vous arrive, à vous, les 'mormons' de mourir ? » Pas si vite, M. B. ! La Bible m'enseigne que je suis poussière, et que je dois retourner à la poussière. Il ne m'appartient pas de contrecarrer les plans de l'Éternel ou de supprimer un point de doctrine que le Seigneur m'a enseigné. Car je suis poussière, et je dois retourner à la poussière. Il en va de même de tous, nous mourrons tous et serons ensevelis dans le tombeau silencieux.

Nous ne souffrirons pas plus, lorsque nous abandonnerons notre chair et laisserons l'esprit sans demeure que l'enfant lorsqu'il fait ses premiers efforts pour aspirer le souffle de cette vie mortelle.

Notre corps, comme vous le savez tous, est composé de matières visibles et tangibles ; vous savez aussi qu'il vient au monde. Il commence alors à absorber les éléments adaptés à son organisme et à sa croissance, devient adulte, vieillit, se décompose et retourne à la poussière. Tout d'abord, et ceci je l'ai expliqué de nombreuses fois, ce que nous appelons la mort est une fonction de la vie, inhérente à la matière dont le corps est composé, et qui provoque la décomposition lorsque l'esprit a quitté le corps. S'il n'en était ainsi, le corps dont l'esprit est parti resterait à toute éternité tel qu'il était lorsque l'esprit l'a quitté et ne se décomposerait pas.

Ce que l'on appelle ordinairement la mort ne détruit pas le corps, elle ne provoque qu'une séparation de l'esprit et du corps, mais le principe de vie, inhérent aux éléments natifs dont le corps est composé, demeure dans les particules de ce corps et le fait se décomposer, se dissoudre dans les éléments dont il a été constitué, et ceux-ci continuent à avoir la vie.

Lorsque l'esprit donné à l'homme quitte le corps, le corps commence à se décomposer. Est-ce une mort ? Non, la mort ne fait que séparer l'esprit du corps, et un principe de vie fonctionne toujours dans le corps déserté, mais d'une manière différente, et produit des effets différents de ceux que l'on pouvait constater lorsqu'il était habité par l'esprit.

Il n'est pas une particule d'élément qui ne soit remplie de vie, et l'espace tout entier est rempli d'élément ; l'espace vide n'existe pas, en dépit de ce que prétendent certains philosophes. Dans des proportions, des combinaisons, des situations, etc. diverses, la vie remplit toute la matière. Y a-t-il de la vie dans un arbre lorsqu'il cesse de donner des feuilles ? Vous le voyez se tenir droit, et lorsqu'il cesse de porter des feuilles et des fruits vous dites qu'il est mort, mais c'est une erreur. Il a toujours la vie, mais cette vie agit autrement sur l'arbre et continue à agir jusqu'à ce qu'il se décompose en ses parties constituantes. C'est une vie dans une autre situation qui commence à agir sur l'homme, l'animal, la végétation et les animaux lorsque nous voyons le changement appelé la dissolution.

Il y a de la vie dans la matière du corps de chair, indépendant de l'esprit donné de Dieu pour subir l'épreuve de la vie. Il y a de la vie dans toute la matière, dans l'immensité des éternités ; elle se trouve dans le roc, le sable, la poussière, l'eau, l'air, les gaz, bref dans toutes les formes et toutes les organisations de la matière, qu'elle soit solide, liquide ou gazeuse, une particule opérant sur l'autre.

J'ai entendu certains philosophes dire que du fait qu'un corps ne pouvait bouger sans déplacer de la matière, il devait y avoir de l'espace vide. Ce raisonnement est insensé à mon avis parce que l'éternité est, a été et continuera à être pleine de matière et de vie. Nous mettons un bateau en mouvement sur l'eau : Avons-nous créé un espace vide ? Non, nous n'avons fait que changer la position de la matière. Les hommes et les animaux bougent sur la terre, les oiseaux et les poissons fendent les éléments pour lesquels ils sont conçus, mais laissent-ils un sillage d'espace vide ? Non, car l'éternité tout entière est remplie de matière et de vie. L'élément, il est vrai, est capable de se contracter et de s'étendre, mais cela ne veut absolument pas dire qu'il y ait de l'espace vide.

Vous voyez la vie dans les êtres humains et dans la végétation qui pousse, et lorsque cet esprit de vie s'en va, immédiatement un autre état de vie commence à agir sur l'organisme qui reste. Je citerai en guise d'exemple un passage du livre de Job, qui, dans ses afflictions, reçut la visite de plusieurs amis, et lorsqu'il fut parvenu à la conclusion qu'ils étaient de pauvres consolateurs, il s'exclama : « Même si les vers détruisent mon corps, néanmoins dans ma chair je verrai Dieu. » Pour vous permettre de mieux comprendre ce passage, je vais en donner la paraphrase : même si mon esprit quitte mon corps, et même si les vers en détruisent l'organisation actuelle, néanmoins, le matin de la résurrection, je verrai le visage de mon Sauveur, et ce, dans ce même corps. Voilà comment je comprends l'idée que Job a si brièvement exprimée.

L'homme doit vivre le nombre de jours qui lui est imparti

Le Père ne désire pas que la vie terrestre des hommes se termine avant qu'ils aient vécu le nombre de jours qui leur a été imparti, et la raison pour laquelle un si petit nombre de gens vivent leur vie, réside dans la force du péché qui règne dans le monde et le pouvoir de la mort sur la famille humaine. C'est à ces causes, et non au dessein du Créateur, que l'on peut attribuer le fait que la maladie est à l'affût dans le monde, abattant par millions les vieillards, les gens mûrs, les jeunes et les bébés, et la famille humaine en général.

Vivez de telle manière que lorsque vous vous éveillerez dans le monde des esprits vous puissiez dire en vérité : « Je ne pourrais rendre meilleure ma vie mortelle, même si je devais la revivre. » Je vous exhorte, pour l'amour de la maison d'Israël, pour l'amour de Sion que nous devons édifier, à vivre dorénavant et à tout jamais, de telle manière que les êtres saints pourront examiner votre personnalité avec plaisir. Menez une vie sainte, ce que vous ne pourrez faire sans vivre moralement.

Nous ne devons pas être affligés pour les justes qui sont morts

Ceux qui ont honoré leur appel et leur prêtrise jusqu'à la fin meurent dans le Seigneur, et leurs œuvres les suivent.

C'est une grande cause de joie, de réjouissance et de consolation pour ses amis que de savoir que quelqu'un a quitté cette vie en paix et s'est assuré une glorieuse résurrection. La terre, sa plénitude et tout ce qui s'y rapporte ne supportent pas la comparaison avec la gloire, la joie, la paix et le bonheur de l'âme qui meurt en paix.

L'affliction à cause de la mort des justes est le résultat de l'ignorance et de la faiblesse qui sont semées dans le corps mortel, la maison organisée comme demeure pour l'esprit. Quelle que soit la souffrance que nous éprouvions, quoi que nous devions subir, nous sommes attachés à la terre d'où nous venons et n'aimons pas voir un de ses enfants nous quitter. Nous aimons conserver les rapports familiaux de société que nous avons entre nous et n'aimons pas nous séparer les uns des autres ; mais si nous avions la connaissance et si nous voyions dans l'éternité, si nous étions parfaitement libérés de la faiblesse, de l'aveuglement et de la léthargie dont nous sommes revêtus dans la chair, nous ne serions pas tentés de pleurer ou de nous affliger.

Il ne nous reste rien d'autre à faire ici que de rendre notre dernier hommage à ce qui est venu de la terre. Il a été formé et façonné et un esprit y a été mis, il a grandi et est devenu ce qu'il est, et l'esprit étant parti, le corps est prêt à retourner dans le sein de sa mère, pour y reposer jusqu'au matin de la résurrection. Mais la vie et l'intelligence qui ont autrefois demeuré dans ce corps continuent à vivre et sœur Aurelia se meut, parle, marche, connaît et voit ce que nous ne pouvons connaître et voir pendant que nous sommes dans nos corps de chair. Elle est dans la gloire : elle a traversé les épreuves et est parvenue à une situation dans laquelle le pouvoir de Satan n'a pas d'influence sur elle.

L'avantage de cette prêtrise est que lorsqu'on y obéit, on s'assure la sanction de celui qui en est l'auteur et qui l'a conférée aux enfants des hommes. Son pouvoir les entoure et les défend, et lorsqu'ils passent dans le monde des esprits, ils sont hors de portée de la puissance de Satan. Là où sont ceux qui ont le cœur pur, les méchants ne peuvent aller. Tel est l'état du monde des esprits.

Lorsque la mort est passée, le pouvoir de Satan n'a plus d'influence sur quelqu'un qui est fidèle ; cet esprit est libre et peut dominer la puissance de Satan. Le châtiment exigé par la chute est tout à fait payé ; tout est accompli dans ce domaine, lorsque le corps d'une personne fidèle retourne à la terre. Tout ce qui a été perdu est passé, et cette personne retrouvera son corps. Lorsqu'elle est dans le monde des esprits, elle est à l'abri des influences contaminatrices et condamnatoires de Satan auxquelles nous sommes actuellement assujettis.

Ici notre corps peut être tué par nos ennemis, notre nom peut être retranché comme étant mauvais. Nous sommes persécutés, haïs, et je suppose que nous sommes autant haïs ici que le sont les esprits des saints dans l'autre monde par les esprits qui haïssent la justice. C'est la même guerre, mais nous aurons pouvoir sur eux. Ceux qui ont passé le voile ont le pouvoir de commander aux esprits mauvais, et ceux-ci doivent obéir.

Nous réjouirons-nous d'avoir l'occasion de rendre les derniers honneurs dus à cette argile sans vie, qui, il y a quelques jours, était vivante et active, pleine d'esprit, assistant aux réunions du grand conseil, rendant des décisions pleines de connaissance ? Oui, nous nous réjouirons. C'est une occasion de nous réjouir davantage que le jour de sa naissance.
Il est vrai qu'il est affligeant de quitter nos amis. Nous sommes des créatures pleines de sentiments, de sympathie, d'amour, et il nous est douloureux de nous séparer de nos amis. Nous voudrions les garder dans la demeure mortelle, même s'ils souffrent. Ne sommes-nous pas égoïstes en cela ? Ne devrions-nous pas plutôt nous réjouir du départ de ceux dont la vie a été consacrée à faire le bien jusqu'à un âge avancé ?

Frère Spencer a dépassé de quatre ou cinq ans ce que l'on considère être l'âge ordinaire d'un homme ; sa raison était aussi active qu'il y a vingt-cinq ans. Il a été fidèle dans cette guerre sainte. Il a appris à vivre à tous ceux qu'il rencontrait. Il n'a jamais donné de conseils qui ne montraient le chemin de la vie éternelle.

Notre identité sera conservée

La pensée d'être anéantis, d'être annihilés, est atroce, même pour cette classe que l'on appelle les infidèles.

Notre intelligence est faite pour durer.

L'Évangile de vie et de salut révèle à tous ceux qui l'acceptent que notre monde n'est qu'un lieu dont la durée, l'existence, les épreuves, etc. sont temporaires. Sa forme et son usage actuels ne sont que pour quelques jours, alors que nous avons été créés pour exister éternellement.

Nous savons que lorsque nous sommes dévêtus dans notre état actuel, nous sommes prêts à être revêtus d'immortalité, que lorsque nous abandonnons notre corps, nous revêtons l'immortalité.


Discours de Brigham Young, chapitre 32