Angelo Scarpulla


Prêtre catholique devenu membre de l'Église après toute une vie de recherche



Angelo Scarpulla vient d’un petit village de Sicile. Il y passe des années à se préparer à devenir prêtre catholique. Il entre au petit séminaire à l’âge de dix ans, puis, après avoir terminé le lycée, poursuit des études de théologie poussées dans diverses villes de Sicile. Il est un bon élève et un bon séminariste.

Après son ordination à la prêtrise en 1950, sa foi dans l’Église catholique commence à chanceler. À une époque, il croit même qu'il a perdu complètement la foi. Cela est la première de nombreuses crises. Il n’en parle cependant à personne ; il ne sait pas si ses collègues ou ses supérieurs sont conscients de son déchirement intérieur.

Extérieurement, il continue comme auparavant : il dit la messe, fait des prières en public, et donne la communion régulièrement. Ses supérieurs lui donnent des postes de confiance. Il est notamment nommé doyen des séminaires et devient un prédicateur très demandé. Mais il est profondément malheureux, parce qu’au fond de lui, son ancienne foi s’est effondrée.

Il demande à bénéficier de la possibilité de poursuivre ses études de théologie à l’université du Saint-Siège, à Rome, espérant dissiper ses doutes. Sa demande lui est accordée, et il passe quatre ans à obtenir son doctorat au département de théologie dogmatique.

Mais au lieu de dissiper ses doutes et de renforcer sa foi, cette expérience a l’effet contraire. Il rentre en Sicile, muni d’un doctorat supplémentaire, mais avec une foi totalement ébranlée.

Il ne considère plus sa situation comme une crise passagère mais comme une réalité permanente. Profondément malheureux, il envie les croyants sans instruction qui conservent leur foi simple. Non seulement il subit l’angoisse du doute religieux, mais il est dans une impasse morale et professionnelle : comment peut-il rester au service d’une Église aux enseignements de laquelle il ne croit pas ?
Quelqu’un lui conseille de faire preuve de prudence et de continuer ses études en priant. Il s'inscrit alors à la faculté de lettres et de philosophie de l’université publique. Pendant plus de quatre ans, il analyse ses questions. Mais sa foi ne fait que continuer de se dégrader. Il ne parvient pas à trouver de réponse à sa principale interrogation.

Ses recherches historiques sur son Église l'ont convaincu qu’une apostasie s’est produite dès la fin du premier siècle après le Christ. Mais comment concilier ce fait avec la nature immuable de Dieu ?
Pour lui, il ne fait aucun doute qu’ayant établi son Église, Dieu ne l’a pas laissée disparaître à jamais après seulement un siècle d’existence ; elle devait durer éternellement. Mais où est la solution à l’apostasie ? Il doit sûrement y avoir une autre Église chrétienne qui a hérité de la doctrine de la véritable Église du Christ.

Ayant accompli une étape supplémentaire, Angelo se retrouve à la croisée de chemins : il n’y a que deux possibilités : rester prêtre d’une Église avec laquelle sa conscience est en désaccord, ou quitter son Église et son métier pour rester en accord avec ses convictions religieuses.

Il sait pertinemment que la première option n’est pas morale, mais elle est la plus commode. Il sait aussi que la seconde option va entraîner d’énormes difficultés. Cependant, il n’hésite pas. Le 25septembre 1965, il fait ses adieux officiels et définitifs à son Église et à son métier.

Comme il s'y attendait, sa décision provoque un immense vide autour de lui ; même de proches parents le rejettent. Seul et sans argent, il part pour le nord de l’Italie, où il commence une nouvelle vie. Il y trouve rapidement un poste de professeur de lettres dans un lycée technique de Bologne.

Pendant ses loisirs, il continue sa recherche. Il commence par étudier le protestantisme, ce qui le déçoit et l'aigrit encore davantage. Aucune Église ne semble posséder les caractéristiques nécessaires de la véritable Église de Jésus-Christ. Il étudie alors d’autres religions, en plus du christianisme : l’islam, le bouddhisme et l’hindouisme, et finit par négliger sa recherche de la véritable Église de Jésus-Christ. Il devient expert en philosophies orientales, et finit par croire qu’il se peut qu’une religion en vaut une autre. Après toute son étude, il tombe pour ainsi dire dans l’indifférence à l’égard de la religion.

Mais il croit toujours en Dieu et a foi en la divinité de Jésus-Christ. C’est pour cette raison qu'il continue à rechercher Dieu.

Entre temps, il s'est marié. Sa femme, Inès, est issue d’une famille catholique, mais elle n’est pas pratiquante. Ils décident de ne pas donner à leurs deux enfants l’enseignement d’une religion particulière, mais de leur laisser le choix.

Avec les années, Angelo se rapproche du Christ. Il prie régulièrement et lit la Bible. Il est un chrétien sans Église, mais reste sengagé dans la recherche de la véritable Église de Jésus-Christ.
Il a maintenant plus de soixante ans. C’est à cette époque que le Seigneur lui donne la prémonition, sous forme de rêves, que sa chance arrive bientôt.

Par une claire matinée de septembre, comme il vient de descendre de sa voiture, il voit, au loin, deux garçons. Ils le regardent comme s’ils le reconnaissaient et l’attendaient. Étrangement, Angelo n’adopte pas l’attitude défensive qu'il prend habituellement pour éviter le contact ennuyeux des vendeurs ou missionnaires. À sa grande surprise, il se sent attiré vers eux, comme si, lui aussi, attendait depuis longtemps de les rencontrer.

Bien que ne les connaissant pas, il se montre ouvert et amical vis-à-vis de ces jeunes gens sincères et à la présentation soignée. Ce sont deux missionnaires de l'Église de jésus-Christ des saints des derniers jours. En l’apprenant, il est comme frappé par la foudre, et il les écoute, le coeur rempli d’une grande joie. Il a le sentiment que Dieu a enfin répondu à ses questions. Il accepte volontiers le Livre de Mormon qu’ils lui proposent et commence à le lire impatiemment le soir-même.

Assis seul à son bureau avec ce livre, il est gagné par une grande joie et un grand amour. Il est presque étourdi, rendu à demi inconscient par une douceur qu'il n’a jamais ressentie jusque-là. Cet état dure près d’une heure. Dieu lui donne l’assurance qu'il trouvera dans ce livre la vérité qu'il cherchait depuis tant d’années. La lecture du Livre de Mormon le captive immédiatement. Le Livre de Mormon et la Bible lui indiquent tous deux une unique révélation divine : l’Église chrétienne, qui est tombée dans l’apostasie, a été rétablie ! Non, le Christ n’a pas abandonné son Église – c’est l’homme qui a été l’auteur de l’apostasie, et à présent le Seigneur a placé de nouveau son Église sur la terre ! Et lui aussi, à sa petite échelle, a l’impression d’avoir été restauré. Sa longue nuit, qui a duré de nombreuses années, se termine enfin ! Grâce à Dieu, il est enfin heureux.

Son témoignage grandit chaque jour tandis qu'il étudie les Écritures et qu'il discute de la doctrine de l’Église avec les missionnaires et le président de branche, Ezio Caramia.

Quelques mois après avoir rencontré les missionnaires, Angelo sa fait baptiser et devient membre de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Ajoutant à son bonheur, sa femme décide elle aussi à se faire baptiser quelques mois plus tard.

Par la suite, Angelo reçoit la Prêtrise d’Aaron puis la Prêtrise de Melchisédek.

Pour lui, l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est la véritable et seule Église de Jésus-Christ. Il est reconnaissant d’avoir le témoignage qu’il y a aujourd’hui un prophète et douze apôtres.

Son témoignage plein de joie, né de bien des souffrances, est que l’Église est éternelle, comme toutes les oeuvres de Dieu. Qu'elle est son chef-d’oeuvre.

(Source : L'Étoile, juin 1993, p. 17-20)