Une discussion amicale

 


Ben E. Rich (1855-1913)

 

 

 

     L’histoire suivante se passe dans un village du sud-ouest de l'État de Tennessee, que nous appellerons Westminster. Dans ce joli village se trouve une belle demeure. On pourrait difficilement lui donner le nom d'hôtel, tant elle a le caractère d'une maison privée qui ne peut recevoir qu'un nombre limité d'hôtes, et les visiteurs y sont attirés par son caractère familial. Cette propriété, appelée Harmony Place, appartient à un planteur nommé M. Marshall.

 

     Au moment où se passe notre histoire, trois hôtes seulement habitent la maison : un avocat, M. Brown, qui s’est installé à Westminster pour y exercer sa profession ; un médecin, M. Slocum, qui s’y trouve pour la même raison, et un touriste, M. Fitzallen, qui voyage pour sa santé et son plaisir.

 

     C'est à ce moment qu'apparaît un autre visiteur, bel homme d'environ 30 ans, aux manières aimables, et qui a l'art, au cours d'une conversation, de présenter ses pensées d'une façon claire et frappante. Il s'appelle M. Charles Durant, et il est originaire de l'Ouest.

 

     Le soir de son arrivée, les quatre hommes se trouvent réunis sur la véranda de Harmony Place, après le dîner.

 

     Ils discutent, passant d’un sujet à l’autre.

 

 

Le sujet de la religion

 

     Deux sujets qui agitent l’actualité – la politique et la religion – ont jusque-là échappé à la discussion ; cependant, ce dernier sujet est abordé quand le touriste dit :

 

M'intéressant particulièrement à l'Église, je suis heureux de pouvoir dire que, tant en matière d'organisation, de discipline, que de lieux de culte, l'Amérique est totalement christianisée.

 

Je suis d'accord avec vous, en partie, dit Brown, et pourtant je n'appartiens à aucune Église. En fait, je ne considère pas le christianisme comme un élément indispensable de la vie civilisée.

 

Comment cela se fait-il ? dit Fitzallen. Je pensais que presque tout le monde dans ce pays était, plus ou moins, orthodoxe...

 

Ce n'est pas mon cas, je vous assure, répond Brown, et le plus étrange, c'est que mes vues actuelles sont le résultat de recherches et d’explications que j'ai reçues de ceux qui font vocation de l'enseignement de la religion. Ceux qui acceptent les credo fondés sur la Bible ne vivent pas, me semble-t-il, à la hauteur de ce qu'ils professent être.

 

   L'étranger de l'Ouest écoute tout cela d'un air profondément intéressé. C'est comme si l'occasion espérée était arrivée, et il n’est pas réticent à répondre quand il est questionné à son tour sur son point de vue. C’est Fitzallen qui s’adresse à lui en disant :

 

Je ne sais pas si vous serez ou pas de mon avis dans cette discussion, mais comme vous venez d'un endroit que nous, gens de l'Est, avons tendance à considérer comme la région où les contraintes ne sont pas sévères, je suppose que vous serez disposé à soutenir le point de vue de M. Brown plutôt que le mien.

 

 

M. Durant est d’accord de discuter religion

 

Eh bien, messieurs, dit Durant, ce sujet m'intéresse, et, bien que mes opinions ainsi que moi-même vous soyons encore inconnus, je tâcherai, si cela vous est agréable, d'apporter quelque chose à la discussion. Je crois en la religion, et revendique un témoignage de source divine de la vérité de l'Évangile du Christ, et pourtant je me trouve souvent en conflit avec les ecclésiastiques.

 

Je ne vois vraiment pas pourquoi ce serait le cas, dit Fitzallen, si vous êtes, comme vous le dites, un vrai croyant, et avez un témoignage du Christ.

 

Si, au cours de votre conversation avec M. Brown, vous me permettez de poser des questions, je serai peut-être à même de prendre part à la discussion, à la condition, toutefois, que si nous sommes en désaccord sur un point quelconque, ce soit d'une manière amicale.

 

Certainement, répond Fitzallen. Votre participation à la conversation sera un plaisir pour moi, et je ne doute pas qu’il en sera de même pour nous tous.

 

Les autres interlocuteurs approuvent.

 

Alors, M. Brown, dit Fitzallen, quels sont les points de la foi chrétienne qui vous apparaissent particulièrement difficiles à comprendre ?

 

 

Une conception erronée de Dieu

 

J'avoue qu'il y en a beaucoup. Je commencerai par l'un des principes de votre religion. Dans l'un des livres de prières, on trouve la déclaration suivante : « Il n'y a qu'un seul Dieu vrai et vivant, éternel, sans corps, sans parties, ni passions ; d'un pouvoir, d'une sagesse, d'une bonté infinis ; le créateur et gardien de toutes choses visibles et invisibles ; et dans l'unité de cette divinité, il y a trois personnes d'une seule substance, pouvoir et éternité – le Père, le Fils et le Saint-Esprit ». D’après cette déclaration, vous croyez que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont une personne sans corps, sans parties, ni passions, n’est-ce pas ?

 

Vous avez certainement cité correctement le Livre de Prières, je n'y vois rien d'inexact. Je vous écoute.

 

Je ne peux concevoir un Dieu sans corps, ni parties, ni passions. Et je ne vois pas quels passages de la Bible vous permettent de tirer une telle conclusion.

 

Eh bien, M. Brown, faisons ce qu'Ésaïe commande : allons à « la loi et au témoignage » (Ésaïe 8:20), et je vous convaincrai bientôt que la Bible établit clairement le fait que le Père et le Fils sont un. En fait, Jésus lui-même déclare que son Père et lui sont un (Jean 10:30). N'est-ce pas ?

 

 

Unité du Père et du Fils

 

Je m'excuse, interrompt Durant, mais n'est-il pas plus raisonnable de croire qu'il a voulu dire que son Père et lui sont unis en toutes choses ? et non qu'ils sont une seule et même personne ?

 

Certainement pas, dit Fitzallen, notre Sauveur a voulu dire exactement ce qu'il a dit, quand il déclara que son Père et lui étaient un.

 

Je ne suis pas de votre avis, répond Durant. Car il a aussi demandé à son Père de faire que ses disciples soient un, tout comme son Père et lui sont un, comme vous le verrez en vous référant à Jean 17:20 et 21. Et d'après votre argument, son désir aurait été que chacun de ses disciples perde son identité séparée et distincte.

 

J’adhère à votre raisonnement, dit Brown.

 

Permettez, dit Fitzallen, mais Jésus n'a-t-il pas dit : « Celui qui m'a vu a vu le Père » (Jean 14:9) ?

 

Oui, dit le citoyen de l'Ouest, car Paul a dit que Jésus était « l'empreinte de sa personne », c’est-à-dire l’empreinte de la personne du Père (Hébreux 1:3). Jésus étant l’empreinte du Père, il pouvait très bien leur donner à comprendre que quand ils avaient vu l'un, ils avaient vu l'autre. Quand Jésus alla à Gethsémané pour prier, il dit : « Mon Père, s'il est possible, que cette coupe s'éloigne de moi. Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » (Matthieu 26:39). Ainsi donc, qui notre Sauveur priait-il ? Demandait-il une faveur à lui-même ?

 

Oh, non ! À ce moment-là, il priait le Saint-Esprit.

 

 

Des personnes séparées dans la Divinité

 

En admettant cela, réplique Durant, vous avez séparé un des trois de Jésus, car, au commencement, vous avez déclaré que les trois étaient un. Maintenant que nous avons l'un des trois séparé des autres, voyons si nous pouvons séparer les deux autres. Pour ce faire, je vous renvoie au récit du martyre d'Étienne. Tandis qu'il était lapidé, il leva les yeux vers le ciel, et il vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu (Actes 7:55). Comment une personne pourrait-elle se tenir debout à sa propre droite ? Comme preuve supplémentaire que Jésus est une personne distincte du Père, examinons le récit de son baptême. Alors qu'il émergeait de l'eau, qu'est-ce qui est descendu, comme une colombe, et est venu sur lui ? (Matthieu 3:16).

 

C'était l'Esprit de Dieu.

 

Exactement ! Et de qui était la voix venant du ciel et qui dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection » (Matthieu 3:17) ? Il y avait Jésus, qui venait de sortir de l'eau, soit une personne ; le Saint-Esprit, qui descendait du ciel et se posa sur lui comme une colombe, ce qui fait deux personnages ; et est-ce que l'idée ne s'impose pas à vous que la voix venant du ciel appartenait à une troisième personne ?

 

Fitzallen dit :

 

Ce sont des choses qu'on ne nous demande pas de comprendre, et, mes amis, je vous suggère que nous ne nous attardions pas sur des questions qui ne sont pas indispensables à notre salut.

 

 

Connaître Dieu est la vie éternelle

 

Excusez-moi, continue Durant, avez-vous dit : qui ne sont pas indispensables à notre salut ? Mais, mon cher monsieur, il nous est dit dans la Bible : « La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17:3). Notre premier devoir devrait être de découvrir le caractère et l'être de Dieu. Vous dites qu'il ne nous est pas demandé de comprendre ces choses, alors que la Bible dit que ce sont ces choses que nous devons comprendre si nous désirons la vie éternelle. Elle dit aussi que nous pouvons comprendre les choses de l'homme par l'esprit de l'homme, mais que pour comprendre les choses de Dieu, nous devons avoir l'Esprit de Dieu ; et, comme vous professez être un serviteur de Dieu, vous êtes supposé être en possession de la lumière nécessaire pour comprendre le Dieu vrai et vivant, ainsi que Jésus-Christ qu'il a envoyé. Vous dites que Dieu n'a pas de corps ; notre Sauveur en avait-il un ? Si oui, son Père en a un aussi, parce que Paul dit que le Christ était l'empreinte de la personne de son Père (Hébreux 1:3). Jésus apparut au milieu de ses disciples après sa résurrection avec un corps de chair et d'os et donna à ses disciples l’occasion de dissiper leur doute à ce sujet en les invitant à le toucher. « Car » dit-il, « un esprit n'a ni chair, ni os, comme vous voyez que j'ai... » (Luc 24:39). Alors il demanda quelque chose à manger et il mangea (versets 42-43) et, avec son corps tangible, il monta au ciel et se tint comme Étienne le dit, à la droite de Dieu (Actes 7:55). Maintenant s'il n'a pas de corps, qu'advint-il du corps qu'il emporta au ciel ?

 

C'est un non sens ! réplique Fitzallen. Vous savez que Dieu est un esprit, et je pense que nous ferions mieux de ne pas creuser trop profondément dans des choses qu'il ne nous est pas permis de comprendre.

 

 

Dieu a un corps et un esprit

 

Durant continue :

 

Écoutez juste un instant, s’il vous plaît, à propos de ce que vous qualifiez de non-sens. Entre parenthèses, si c'en est un, je dois souligner que c'est un non-sens de la Bible. Vous dites que Dieu est un esprit ; cela prouve-t-il qu'il n'a pas de corps ? Il nous est dit aussi que nous devons l'adorer en esprit. Dois-je en déduire que nous devons quitter notre corps pour l’adorer ? Avez-vous un esprit ? Oui. Avez-vous un corps ? Oui. Avez-vous été fait à l'image de Dieu, corps et esprit ? C’est ce que dit la Bible. L'homme a été créé à l'image de Dieu (Genèse 1:26-27). Par conséquent Dieu a un corps. La Bible nous apprend que ce corps a une forme et est doté de facultés. En effet, Dieu parla à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami (Exode 33:11). Dieu dit qu’il parlait à Moïse bouche à bouche (Nombres 12:8). Il nous est dit, dans le cinquième chapitre du Deutéronome, qu'il a une main et un bras (Deutéronome 5:15). Psaume 139:16 nous dit qu'il a des yeux, et Ésaïe dit qu'il a des lèvres et une langue (Ésaïe 30:27). Jean décrit sa tête, ses cheveux et ses yeux (Apocalypse 1:14). Et la Bible dit qu'il fait preuve d'amour et est un Dieu jaloux. Ne peut-on pas alors parler de parties et de passions ? Il semblerait que tous ceux qui croient aux Écritures doivent conclure que le Créateur est un Dieu à l'image duquel nous sommes faits.

 

Eh bien, répond Fitzallen, je n'imaginais pas, en commençant cette conversation avec M. Brown, que j'allais trouver un tel adversaire en vous. On en arriverait naturellement à la conclusion que vous avez fait une étude approfondie de la Bible.

 

En tant que chrétien, j'ai étudié le livre, répond le citoyen de l'Ouest. En fait, quand j'étais enfant, mes parents m’ont fait apprendre par coeur un verset très important de ce bon vieux livre. Il se trouve dans le cinquième chapitre de l'Évangile selon Saint Jean : « Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle : ce sont elles qui rendent témoignage de moi. » (Jean 5:39)

 

Cela est vrai, mais je dois encore vous mettre en garde, avertit Fitzallen, contre le danger de plonger dans des mystères que nous ne pouvons comprendre.

 

 

Les prophéties n’ont pas d’interprétation particulière

 

Mais, répond Durant, Pierre nous dit qu'aucune prophétie de l'Écriture ne peut être un objet d'interprétation particulière (2 Pierre 1:20) et ce sont là des sujets que nous devons approfondir ; car le manque d'information sur ces points est, en grande partie, la raison pour laquelle tant de personnes ont la même position que M. Brown vis-à-vis de la religion.

 

Si votre assertion est vraie, il vaudrait peut-être mieux que je me retire, et laisse M. Brown entre vos mains.

 

Je vous demande pardon, dit M. Durant, je n'ai pas voulu vous offenser. Je m'efforcerai d'être plus modéré pendant le reste de la conversation.

 

Nous reprendrons la discussion une autre fois. Ce soir, j'avais l'intention de rester seulement quelques minutes, ayant un rendez-vous assez important. Aussi, si vous voulez bien m'excuser, je veux vous souhaiter une bonne nuit… Sur ce, M. Fitzallen se retire.

 

Eh bien, dit M. Brown, j’en ai entendu plus de votre part, M. Durant, sur la religion, que jusqu'à présent durant toute ma vie. Et je dois aussi admettre que si dans ma jeunesse mon éducation religieuse avait eu ce caractère, je crois que j'aurais été chrétien. Je suis un peu familiarisé avec les doctrines des différentes sociétés chrétiennes et, d'après la manière dont vous vous exprimez sur la personnalité de Dieu, j'aimerais bien connaître votre point de vue sur d'autres thèmes religieux. Y a-t-il d’autres points de doctrine sur lesquels vous êtes en désaccord avec ce que je pourrais appeler les croyances populaires ?

 

J'ai peur que ma divergence de vue soit aussi grande sur beaucoup d’autres principes importants. Mais si vous souhaitez, ainsi que vous, messieurs, m’entendre dans ces questions, cela me fera grand plaisir.

 

 

À la loi et au témoignage

 

L'avocat et le docteur expriment ensemble leur approbation, et M. Brown dit :

 

J’avoue que je suis impatient d’en entendre davantage.

 

Eh bien, dit M. Durant, nous prendrons la Bible comme livre de la loi, et si nous y trouvons, avant de finir, que les enseignements des hommes sont différents des enseignements du Christ, je serai quelque peu justifié en appliquant à notre époque la prophétie disant que les habitants de la terre « transgressaient les lois, violaient les ordonnances, rompaient l'alliance éternelle » (Ésaïe 24:5 ; Jérémie 2:13).

 

Très bien, dit M. Brown, en se levant, vous pouvez continuer. Et, en allant chercher sa Bible de famille, il poursuivit : Et si les choses que vous dites s'avèrent justes, cela nous expliquera les raisons de l'augmentation de l'abandon de la religion, et cela pourrait en amener d'autres aussi bien que moi à réfléchir.

 

C'est alors que M. Slocum, qui n’était pas encore intervenu, se mêle à la conversation :

 

Cette discussion m’intéresse moi aussi et je vais chercher ma Bible.

 

     Une fois chacun muni de sa Bible, Durant commence en disant :

 

Examinons l'Évangile de Jésus-Christ, principe par principe. Afin de placer le sujet dans une bonne perspective, nous devons remonter à Adam. Par la transgression de nos premiers parents, la mort vint dans la famille humaine, et les hommes ne purent la surmonter d'eux-mêmes pour obtenir l'immortalité (Genèse, chap. 1, 2, 3 ; Romains 5:12 ; 1 Corinthiens 15:21,22). Pour délivrer les hommes du pouvoir de la mort,  Dieu a envoyé son Fils Jésus-Christ dans le monde (Jean 3:16 ; Romains 5:8 ; Jean 4:10). De même que tous étaient devenus sujets à la mort par Adam, de même tous les hommes seront ressuscités de la mort par l'expiation du Christ (1 Corinthiens 15:20-23 ; Romains 5:12-19) et se tiendront debout devant le siège du jugement de Dieu pour répondre de leurs propres péchés et non de la transgression d'Adam (Actes 17:31 ; Apocalypse 20:12-15 ; Matthieu 16-27). Est-ce que vous me suivez jusqu'ici ?

 

Oui, dit Slocum, j’ai suivi vos citations et je les trouve exactes. Continuez.

 

 

Suivre le Christ pour trouver le salut

 

Eh bien, je viens de montrer l’inexactitude d’un principe que beaucoup croient justes. En effet, beaucoup croient que les méchants n’auront pas la même chance d'être ressuscités que les justes.

   Mais continuons : Jésus-Christ est mort pour nos péchés individuels, mais nous ne bénéficions de son sacrifice qu'en nous conformant aux conditions qu'il a données pour la rémission de nos péchés. Par exemple, il nous demande, entre autres preuves de notre amour pour lui, de garder ses commandements (Jean 14:15). Et si nous disons que nous aimons Dieu, mais que nous ne gardons pas ses commandements, nous sommes des menteurs et la vérité n'est pas en nous (1 Jean 2:4). Nous devons par conséquent suivre le Christ. Ensuite, lorsqu’il quitta ses disciples, Jésus devait leur envoyer le Consolateur qui les conduirait dans « toute la vérité » (Jean 16:13). Nous devons par conséquent non seulement suivre le Christ mais accepter les principes enseignés par ses disciples sous l’influence du Saint-Esprit.

 

Jusqu'à présent, je vous suis, dit Brown, et vos arguments sont en accord avec les Saintes Écritures ; et, comme il n'y a pas d'autre nom que celui du Christ qui nous ait été donné par lequel nous puissions être sauvés (Actes 4:12), voulez-vous nous dire quelles conditions le Christ a données pour le salut.

 

 

La foi est essentielle au salut

 

M. Durant continue :

 

Nous allons les examiner. La première condition est celle-ci : Croire qu'il y a un Dieu – le Dieu qui a créé l'homme à sa propre image – et avoir la foi en ce Dieu et en Jésus-Christ qu'il a envoyé.

 

Continuez, disent ensemble les auditeurs.

 

Eh bien, poursuit Durant, le genre de foi requis pour le salut est celui qui rend les hommes capables, en toutes circonstances, de dire : « Je n'ai point honte de l'Évangile : c'est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » (Romains 1:16). C'est le genre de foi par lequel le monde fut formé, par lequel Noé construisit l'arche, par lequel la mer Rouge fut traversée à pied sec, par lequel les murs de Jéricho tombèrent ; c'est par cette foi que les royaumes furent assujettis, que les œuvres de la justice furent accomplies, que les promesses furent obtenues et que les gueules des lions furent fermées (Hébreux 11). Cette foi vient en entendant la parole de Dieu (Romains 10:17). Par manque de foi, de prière et de jeûne, les apôtres ne réussirent pas, un jour, à chasser des démons (Matthieu 17:14-20). Rien d'étonnant alors, que sans la foi, il soit impossible d'être agréable à Dieu (Hébreux 11:6). La foi est la première grande étape sur le chemin qui mène au salut.

 

     Plus nous avançons dans la recherche des vérités éternelles, plus nous découvrons que Dieu agit selon des principes naturels. Tout ce qu'il exige de nous est simple à comprendre. Combien il est naturel que le principe de la foi soit le premier principe de notre salut. Avec quel principe sommes-nous le plus familiarisés ? La foi est le premier grand principe qui gouverne toutes choses. Mais, sans les œuvres, elle est morte (Jacques 2:14-17). Nous ne pouvons espérer le salut simplement en ayant la foi que Jésus est le Christ, car les démons sont assez avancés eux-mêmes pour le croire (Jacques 2:19). En fait, si vous lisez le deuxième chapitre de Jacques en entier, vous verrez que la foi sans les œuvres est aussi morte et impuissante que le corps, après que l'esprit l'a quitté. Nous ne pouvons gagner le salut en présence de Dieu à moins d'obéir aux principes qu'il nous a donnés (Matthieu 7). Personne ne peut prétendre être un disciple du Christ sans garder ses commandements (Jean 8:31). Nous ne pouvons aimer Jésus-Christ et ne pas garder ses commandements (Jean 14:12-21).

 

 

Pas de salut par la croyance seule

 

N'est-il pas dit dans les Saintes Écritures, demande M. Slocum, que, si nous croyons au Seigneur Jésus-Christ, nous serons sauvés ?

 

C’est ce qu’ont dit Paul et Silas au geôlier, réplique Durant. Le geôlier leur avait demandé ce qu'il devait faire pour être sauvé. Et la réponse fut : « Crois au Seigneur Jésus, et tu sera sauvé, toi et ta famille ». Mais immédiatement après, les disciples présentèrent à ces gens les principes qui permirent à cet homme et à sa famille d’obtenir et d’adopter la vraie foi et de s’en réjouir (Actes 16:31-33). Nous voyons, par cet exemple, que nous ne devons pas nous tromper nous-mêmes en pensant que nous pouvons écouter la parole sans l'accomplir (Jacques 1:22,23).

 

Mais, dit Brown, voici un passage qui se trouve dans le dixième chapitre de Romains et qui, je pense, vous sera plus difficile à expliquer. Ce passage est le suivant : « Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé ». Alors, il me semble bien que le salut, ici, est promis par la foi seulement ?

 

Examinons ce passage dans tous ses détails. D'abord, cette lettre fut écrite par Paul à des gens qui étaient déjà membres de l'Église. Ils avaient obéi aux lois du salut et, s'étant conformés à ces exigences, étaient à même d'obtenir le salut, si leur témoignage demeurait en eux comme une source vivante ; et, pour qu'ils ne deviennent pas tièdes, Paul les exhorte à continuer de rendre témoignage de la divinité du Christ et à ne pas laisser leur cœur oublier que Dieu avait ressuscité son Fils des morts, et, aussi longtemps qu'ils se garderaient en ces conditions, le salut serait à eux. Il n'y a pas de doute que Paul s'adressait aux membres sincères de l'Église qui avaient été correctement initiés dans le troupeau du Christ, et non aux étrangers vivant 1800 ans après.

 

Cela semble exact, concède Brown, mais, plus loin, dans le même chapitre, nous trouvons cette expression : « Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Romains 10:13). Il semble que le salut soit accordé non seulement à ceux qui embrassent l'Évangile et à ceux qui ont la foi, mais à quiconque invoque le nom du Seigneur.

 

Exactement, mais les versets suivants disent : « Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n'ont pas cru ? Et comment croiront-ils en celui dont ils n'ont pas entendu parler ? Et comment en entendront-ils parler s'il n'y a personne qui prêche ? Ainsi la foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la parole du Christ » (Romains 10:14,17). En d'autres termes, s'il y a la foi, c’est qu’il y a eu des œuvres. En ayant la vraie foi, personne ne restera sans se conformer aux œuvres auxquelles elle mène.

 

Je vois, dit Brown. L'autre auditeur reste silencieux, quoique intéressé.

 

Maintenant, messieurs, dit Durant, je maintiens, comme je l'ai déjà dit, que la foi est le premier principe de l'Évangile qui conduise au salut ; mais elle n’est que le premier.

 

 

La repentance est essentielle au salut

 

Supposons que nous acceptons cela comme le premier échelon ; où trouverons-nous le deuxième ? demande Slocum.

 

Le deuxième suit aussi naturellement que le deuxième pas suit le premier quand un enfant apprend à marcher. Dès que la foi en Dieu a été suscitée en nous, vient le sentiment que, dans notre vie, nous avons fait des choses déplaisantes à ses yeux. Tout naturellement, le repentir fait son apparition comme deuxième principe de l'Évangile. Quand Jean alla prêcher dans le désert, comme prédécesseur du Christ, son message au peuple fut « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » (Matthieu 3:2). Quand Jésus vint en Galilée pour prêcher l'Évangile du Royaume de Dieu, ce fut avec un message qui les appelait au repentir (Marc 1:15). Quand il choisit ses disciples et commença à les envoyer prêcher, c'était pour exhorter les hommes à se repentir (Marc 6:7-12). Quand il fit des reproches aux villes où pourtant la plus grande partie de ses œuvres puissantes avaient été accomplies, ce fut parce qu'elles ne se repentaient pas (Matthieu 11:20). Le vrai repentir est celui qui incite un homme qui a volé à ne plus voler ; qui ôte de nos propos les paroles corruptrices ; qui nous amène à vivre de manière à ne pas attrister l'Esprit de Dieu ; qui chasse de nous toute amertume, toute animosité, toute colère et médisance, et nous rend aimables, charitables, compatissants et capables de pardonner aux autres comme Dieu, pour l'amour du Christ, nous a pardonnés (Éphésiens 4:28-32). Quand celui qui a commis un péché ne le commettra plus, alors il se sera repenti dans la tristesse selon Dieu, qui produit une repentance à salut, et non avec la tristesse du monde qui produit la mort (2 Corinthiens 7:10). Quand un pécheur se repent ainsi, il y a plus de joie dans le ciel que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentir (Luc 15:7). La repentance est le deuxième principe de l'Évangile, sans lequel la foi est stérile.

 

Votre raisonnement est à la fois juste et logique, dit Brown. Notre monde serait sûrement plus agréable si ces principes étaient suivis. Et quand une personne est animée de ce genre de foi et s'est vraiment repentie, elle a droit au salut.

 

 

Le baptême est essentiel au salut

 

Seulement en passant par les étapes suivantes, réplique Durant. La Bible enseigne d’autres principes auxquels cette personne doit se conformer. Si ma foi m’amène à admettre que j'ai péché contre vous, et que cette connaissance me cause un repentir sincère, je dois m’efforcer d’obtenir votre pardon et je ne peux pas avoir l’esprit en paix le temps que vous ne m’avez pas pardonné pour le tort que je vous ai causé. Il en va de même des péchés contre Dieu et ses lois ; Il a tracé la voie du repentir et nous devons suivre cette voie divine jusqu'à ce que nous obtenions le pardon. Le péché doit être pardonné avant qu'il puisse être effacé. Pour recevoir la rémission de nos péchés, Dieu, dans sa sagesse, a prévu et commandé que nous soyons baptisés dans son Église.

 

Et croyez-vous réellement que le baptême apporte la rémission des péchés ? demande Brown.

 

Certainement. À condition, toutefois, que la foi honnête et le repentir sincère le précèdent et que le sacrement du baptême soit accompli par quelqu'un qui en a reçu l'autorité divine, sans quoi il n'a aucune valeur.

 

Il me semble, dit Slocum, que vous entourez le principe du baptême de plus de sauvegardes que la plupart des gens.

 

Peut-être, et pourtant ce ne devrait pas être le cas. Chaque principe de l'Évangile devrait être soigneusement protégé, et la négligence dont les hommes font preuve à ce propos est la cause principale des nombreuses différences entre Églises chrétiennes, alors qu’il devrait y avoir une seule foi et un seul baptême (Éphésiens 4:5), comme à l’époque du Christ.

 

Il semble effectivement étrange qu'il y ait, comme on le prétend, tant de chemins qui mènent au salut. J'avoue que je n'avais encore jamais pensé à cela.

 

Nous allons, si vous voulez, discuter de ces principes. Commençons par le baptême. Le Seigneur, dans sa sagesse et son amour, a prévu ce sacrement pour la rémission des péchés. Jean a prêché ce principe (Marc 1:4). Pierre également (Actes 2:38). Ananias l’a prêché à Saul (Actes 22:16). Le baptême fut enseigné par les différents disciples comme étant le moyen par lequel Dieu remettait les péchés.

 

Et, comme vous l'avez déjà dit, ajoute Brown, il y a plusieurs modes de baptême parmi les différentes Églises. Quelle est votre méthode ?

 

 

Le baptême par immersion

 

La seule forme correcte est celle qui est expliquée dans la Bible. Le baptême était fait anciennement par immersion ; on ne pensa à aucun autre mode de baptême pendant plusieurs siècles après Jésus-Christ. Le mot baptiser vient du grec « baptizo » ou « bapto » qui veut dire plonger, ou immerger, et des écrivains renommés tels que Polybe, Strabon, Dion Cassius, Mosheim, Luther, Calvin, Bossuet, Schaaf, Baxter, Jeremy Taylor, Robinson et d'autres sont unanimes pour dire que chez les anciens, l'immersion, à l’exclusion de toute autre forme, était le mode de baptême.

 

     Les Saintes Écritures elles-mêmes décrivent le mode de baptême de telle sorte qu’il n’est une énigme pour personne. Jean choisit un endroit particulier pour baptiser parce qu'il y avait beaucoup d'eau (Jean 3:23). Le Christ lui-même fut baptisé dans un fleuve, après quoi il sortit de l'eau (Marc 1:5,9,10). Philippe et l'eunuque descendirent tous deux dans l'eau (Actes 8:38-39) et Paul compara le baptême à l'ensevelissement et à la résurrection du Christ, la personne baptisée étant ensevelie dans l'eau et se relevant à une vie nouvelle (Romains 6:3-5). Jésus déclara qu'un homme doit naître d'eau aussi bien que d'esprit (Jean 3:5). En étant immergés, nous naissons d'eau. Accompli d’une autre manière, le baptême ne peut être comparé à la naissance.

 

     Après avoir examiné l'objet et le mode du baptême, voyons qui est apte à recevoir le baptême.

 

Mais tous ceux qui ont une âme à sauver, je pense, dit Slocum.

 

 

Ceux qui sont éligibles pour le baptême

 

Oui, après qu’ils soient passés par les deux étapes précédentes, à savoir : la foi et le repentir. Le Christ a commandé à ses apôtres d'enseigner avant de baptiser (Matthieu 28:19-20). Le candidat au baptême doit croire pour qu'il puisse être baptisé (Marc 16:16). Avant que Philippe eût baptisé les gens de Samarie, ils avaient cru à l'Évangile comme il le leur avait enseigné (Actes 8:12). Quand l'eunuque demanda à être baptisé par ce même disciple, Philippe répondit : « Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible » (Actes 8:37).

 

     Par conséquent, tous ceux qui ont cru et se sont repentis sont aptes à être baptisés, s’ils le désirent. Nul n'est exempt du baptême. Même Corneille, qui était si généreux qu'un récit de ses bonnes actions monta jusqu'au trône de Dieu, n’en fut pas exempté. Ses prières étaient d’une telle foi qu'elles attirèrent un ange du ciel ; pourtant, ce n’est que par le baptême qu’il lui fut possible de devenir membre du troupeau du Christ (Actes 10). Tous, sauf les petits enfants, sont aptes au baptême s'ils ont la foi et se sont sincèrement repentis de leurs péchés.

 

Prétendez-vous que les petits enfants sont exemptés du baptême ? dit Slocum.

 

Oui. Le baptême est pour la rémission des péchés et les petits enfants, étant sans péchés, sont nécessairement exemptés de la nécessité du baptême.

 

Je ne saisis pas comment vous pouvez harmoniser cette doctrine avec les enseignements de la Bible. Jésus n'a-t-il pas dit : « Laissez venir à moi les petits enfants et ne les en empêchez pas ? » (Luc 18:16).

 

Il l'a dit, mais au lieu de les baptiser il les a pris dans ses bras et les a bénis en déclarant qu'ils étaient purs et sans péché, comme ceux qui se trouvent dans le royaume des cieux. Un petit enfant est sans péché et pur de cœur ; il est le grand exemple de pureté que le Christ nous a demandé de suivre (Marc 10:13-16). Le baptême est pour les gens qui sont assez âgés pour le recevoir en appréciant sa signification. Les petits enfants, quant à eux, n’ont pas besoin d’être baptisés pour hériter du royaume des cieux.

 

 

Le don du Saint-Esprit est promis

 

Nous venons d'examiner trois des principes fondamentaux de l'Évangile du Christ. Il en reste un, continue Durant, que j'aimerais mentionner, après quoi je vous propose de discuter d’un sujet qui aura peut-être encore plus d'intérêt pour vous que tout ce dont nous aurons discuté. Le principe dont je voudrais vous parler à présent est le don du Saint-Esprit qui, aux temps anciens, suivait toujours le baptême et amenait les dons de l'Esprit. Quand le premier discours fut prononcé, après la crucifixion du Christ, au temps où les apôtres furent dotés du pouvoir d'en haut, une multitude de gens eurent le cœur touché et demandèrent à Pierre et aux autres apôtres ce qu'ils devaient faire. Nous devons admettre que parmi tous les hommes de son temps, Pierre était le plus capable d’administrer les affaires du royaume, étant en possession des clefs du royaume de Dieu, que le Christ lui-même lui avait conférées. Il était le premier des apôtres par l'importance et, avec ses frères, avait été doté du pouvoir d'en haut. Par conséquent, il était mieux placé qu'aucun ministre de la religion de nos jours pour répondre correctement et avec autorité à la multitude.

 

Vous exposez le cas très justement ; mais que leur a-t-il répondu ? demande Brown.

 

Sa réponse se trouve dans le deuxième chapitre des Actes et commence au 38e verset. Vous observerez que, aussitôt qu'il eût découvert qu'ils avaient la foi, il leur enseigna le repentir, puis le baptême pour la rémission des péchés et, enfin, le don du Saint-Esprit.

 

Je l'ai ici, dit Slocum qui avait consulté sa Bible ; Pierre leur dit : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de ses péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera » (Actes 2:38-39).

 

 

Des signes accompagneront les croyants

 

Mais comment devaient-ils recevoir le Saint-Esprit ? demande M. Brown.

 

Par l'imposition des mains, répond Durant. Quand Pierre alla à Samarie dans le but d'accorder ce don à ceux que Philippe avait baptisés, il le fit par l'imposition des mains (Actes 8:17). Ananias le conféra à Paul de la même manière (Actes 9:17). Et Paul fit de même pour ceux qui furent baptisés à Éphèse (Actes 19:2-6). Quand les gens eurent reçu cette naissance de l'esprit (Jean 3:5), ils reçurent aussi les bénédictions qui accompagnaient ce don, les signes promis aux croyants : « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils saisiront les serpents ; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades et les malades seront guéris » (Marc 16:17-18). Maintenant, résumons les quatre étapes préparatoires au salut : la foi, le repentir, le baptême pour la rémission des péchés et l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit.

 

Slocum réplique :

 

Vous devez vous souvenir, mon ami, que les signes n'étaient donnés que pour établir l'Église à l'époque des apôtres, mais maintenant ils n'existent plus et nous n'en avons plus besoin.

 

À la loi et au témoignage, répond Durant. Veuillez, s’il vous plaît, étayer votre affirmation par la Bible.

 

 

Le don de prophétie doit rester dans l’Église

 

Si vous voulez lire le treizième chapitre de 1 Corinthiens, vous apprendrez que « les prophéties prendront fin, les langues cesseront » (1 Corinthiens 13:8), réplique Slocum.

 

C'est juste, répond Durant, mais, si vous prenez la peine de lire les deux versets suivants, vous verrez que « nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie ; quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra ». Mon ami, cette citation, au lieu de prouver que ces choses sont disparues, établit le fait qu'elles resteront jusqu'à ce que la perfection soit venue. Or, vous conviendrez avec moi que nous ne sommes pas arrivés à la perfection.

 

Hum ! hésite Slocum. J'ai toujours cru que ces dons n'étaient plus nécessaires. Ceci est probablement la conclusion à laquelle sont arrivés les ministres de la religion. Je dois admettre que vous m'avez convaincu que le baptême est une nécessité. Quand je serai baptisé, je veillerai à l’être de la manière prescrite.

 

 

L’autorité est nécessaire pour accomplir le baptême

 

Je suis heureux de l'apprendre, mais j'ai une autre surprise en réserve. Puis-je vous demander : par qui avez-vous l'intention d’être baptisé ?

 

Par mon prêtre, je suppose ; pourquoi ?

 

Si les paroles de la Bible sont vraies, il peut exister un doute quant à la question de savoir si votre prêtre a l'autorité de vous baptiser.

 

Voulez-vous dire que ces hommes, les ministres de l'Évangile, n'ont aucune autorité pour en accomplir les sacrements ? Je me demande ce que vous allez nous révéler maintenant. Nous sommes désormais préparés aux surprises. Nous vous écoutons !

 

Je vous assure, cher monsieur, que je veux seulement me reporter à la doctrine de la Bible, qu'il nous est nécessaire de comprendre, afin que nous puissions obtenir la vie éternelle. Jusqu'à présent, nous avons examiné les premiers principes de l'Évangile. Maintenant nous parlerons des officiers que le Christ a placés dans son Église, et nous nous pencherons sur la façon dont ces hommes ont reçu l'autorité d'agir au nom de Dieu. Paul nous dit que Dieu a placé « premièrement des apôtres, secondement des prophètes, troisièmement des docteurs, ensuite ceux qui ont le don des miracles, puis ceux qui ont les dons de guérir », etc. (1 Corinthiens 12:28). Il dit aussi que l’œuvre est édifiée sur le fondement des apôtres (Éphésiens 2:20). Il déclare, en outre, que ces officiers ont été placés dans l'Église en vue de l’œuvre du ministère, et qu'ils resteront jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus à la connaissance de la vérité (Éphésiens 4:11-13). Je vous le demande : Est-ce que toute l'humanité est arrivée à la connaissance de la vérité ?

 

On penserait que non, d'après les choses que nous venons de discuter, répond Brown. Mais, continuez !

 

 

L’apostasie depuis l’Église primitive

 

Si nous ne sommes pas parvenus à la perfection, pourquoi les officiers, c'est-à-dire toute la hiérarchie que Dieu avait placée dans l'Église primitive (apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs, docteurs, etc.) dans le but de nous amener à l'unité de la foi ont-ils été supprimés ? Paul dit que ces officiers avaient pour devoir de nous garder d'être « des enfants flottants et emportés à tout vent de doctrine par la tromperie des hommes » (Éphésiens 4:12-14). De nos jours, les Églises sont divisées dans leurs croyances et, en même temps, déclarent qu'elles n'ont pas besoin d'apôtres ou de prophètes. Avec la disparition de ces officiers, l'autorité divine fut perdue ; toutes les grâces et tous les dons de l'Église furent, pendant des siècles, enlevés de la terre ; avec, comme résultat, que les diverses Églises d'aujourd'hui sont privées des richesses spirituelles de l'Église primitive. Certaines croient même que ces dons, ces grâces et ces sacrements sont inutiles à notre époque. Je vous demande : le Christ a-t-il établi l'ordre véritable, ou non ?

 

Certainement.

 

Alors, continue Durant, un homme a-t-il le droit de le changer ? Et si un homme ou même un ange des cieux l'altérait aussi peu que ce soit, ne tomberait-il pas sous la condamnation mentionnée par Paul quand il a dit : « Mais quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous avons prêché, qu'il soit anathème ! » (Galates 1:8). Le Christ a prévu ces officiers et ces sacrements dans l'Église pour le perfectionnement des saints. Prétendre autre chose revient à changer le véritable Évangile de Jésus-Christ. Or, dans quelle Église trouvons-nous des apôtres et des prophètes ?

 

 

Pas de ministres légaux dans les Églises

 

Slocum répond :

 

Il n'y en a aucune. Mais vous devez vous souvenir qu'il doit y avoir un prédicateur. En effet, « comment en entendront-ils parler, s'il n'y a personne qui prêche ? » (Romains 10:14).

 

Et dans le verset suivant, enchaîne Durant, Paul demande : « Comment y aura-t-il des prédicateurs, s'ils ne sont pas envoyés ? » Ce même apôtre dit que nul homme « ne s'attribue cette dignité, s'il n'est appelé de Dieu, comme le fut Aaron » (Hébreux 5:4). Aaron fut appelé par la révélation (Exode 4:14-17). Nous voyons que nul homme ne doit prêcher l'Évangile s'il n’est appelé de Dieu par révélation. Mais de nos jours les hommes, au lieu d'être appelés par révélation – comme la Bible dit qu'ils doivent l'être – déclarent que Dieu ne s'est pas révélé depuis 1800 ans, et que nous n'avons plus besoin de telles manifestations.

 

Mais, demande Slocum, Jésus n'a-t-il pas dit : « Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création » ?

 

Certes. Mais quand il donna à ses apôtres l'autorité de prêcher, cela donnait-il la même autorité à tout homme qui se sent enclin à la prendre sur lui ? Il dit à ses apôtres que ce n’est pas eux qui l’avaient choisi, mais lui qui les avait choisis (Jean 15:16). De nos jours, les hommes renversent la situation. De plus, il envoya ses serviteurs prêcher son Évangile sans « bourse ni sac » (Luc 10:4). Paul, en parlant de lui-même, dit ce qu’est sa récompense : « C'est d'offrir gratuitement l'Évangile que j'annonce, sans user de mon droit de prédicateur de l'Évangile » (1 Corinthiens 9:18). Or ces principes ont été abandonnés par les Églises de nos jours.

 

Mais alors, qu’en est-il aujourd’hui du véritable Évangile ? demande Brown.

 

 

Les prophètes ont prédit l’apostasie

 

La Bible, répond Durant, donne la clé de cela. Paul dit que l'avènement de Jésus-Christ ne sera pas avant qu'il y ait eu l'apostasie (2 Thessaloniciens 2:3) et que « dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles » (2 Timothée 3:1). Les hommes « ne supporteront pas la saine doctrine, mais ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l'oreille de la vérité et se tourneront vers les fables » (2 Timothée 4:3,4), « ayant l'apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force » (2 Timothée 3:5). Pierre dit aussi que ces faux docteurs, par cupidité, « trafiqueront de vous au moyen de paroles trompeuses » (2 Pierre 2:1-3). Michée dit : « Ses chefs jugent pour des présents, ses sacrificateurs enseignent pour un salaire, et ses prophètes prédisent pour de l'argent ; et ils osent s'appuyer sur l'Éternel, ils disent : L'Éternel n'est-il pas au milieu de nous ? » (Michée 3 :11). Or, mes amis, les diverses Églises d'aujourd'hui ne sont-elles pas l’accomplissement littéral de ces prophéties ? N'ont-elles pas transgressé les lois, violé les ordonnances, rompu l'alliance éternelle ? (Ésaïe 24:5). John Wesley dit dans son 94e sermon, à propos de la situation de l'Église après qu'elle eût quitté le droit chemin et perdu les dons : « La vraie raison pour laquelle les dons extraordinaires du Saint-Esprit n'existaient plus dans l'Église chrétienne fut que les chrétiens étaient redevenus païens, et n'avaient plus qu'une forme morte ».

 

Il semblerait, dit Brown, que Dieu ait abandonné l'humanité.

 

 

Le rétablissement de l’Évangile fut prédit

 

Non, mais cette perte est venue du fait que les hommes se sont éloignés de Dieu et ont changé son Évangile. Cependant, il a promis par l'intermédiaire de ses serviteurs « que les temps seraient accomplis, de réunir toutes choses en Christ » (Éphésiens 1:10) et « qu'il y aura un rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses saints prophètes » (Actes 3:20-21). Daniel, qui reçut par révélation l'interprétation du rêve de Nébucadnetsar, vit ce qui se passerait dans les temps à venir, quand le Dieu des cieux susciterait un royaume (Daniel 2:44). Jean le Révélateur, tandis qu'il était sur l'île désolée de Patmos (environ 90 ans après Jésus-Christ), vit que cet Évangile serait rétabli lorsqu’un ange l'apporterait du ciel (Apocalypse 14:6). Avant lui, le Christ dit que « cette bonne nouvelle du royaume sera prêché dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors, viendra la fin » (Matthieu 24:14). Dieu n’est pas un être changeant. Son plan pour la rédemption de la famille humaine est toujours le même. Le même Évangile, contenant les mêmes promesses, sera prêché de la même manière. Alors je demande : Où trouvons-nous l’Évangile appliqué comme dans les temps anciens ? Avant de répondre, souvenons-nous que ce qui arriva du temps de Noé arrivera de même à l'avènement du Fils de l'homme (Matthieu 24 37 ; Luc 17:26-27). Noé fut envoyé par le Seigneur pour prédire la venue du déluge, mais les peuples rejetèrent son témoignage ; en réalité, chaque fois que, dans le passé, Dieu a révélé sa volonté et la vérité aux hommes, le monde, au lieu d’accepter son message, l’a rejeté, a maudit les prophètes et, la plupart du temps, les a tués, comme ce fut le cas pour le Christ lui-même.

 

 

L’Évangile rétabli à l’époque moderne

 

     Eh bien, mes amis, nous vivons à cette époque dans laquelle Dieu a réuni toutes choses en Christ. Un ange est venu du ciel et a apporté l'Évangile éternel (Apocalypse 14:6), et le 6 avril 1830, Dieu – par révélation à l'homme – a organisé l'Église de Jésus-Christ sur le modèle exact de l’Église du temps du Christ, avec les apôtres et les prophètes. Depuis ce jour-Ià, les serviteurs de Dieu ont voyagé partout dans le monde pour prêcher l’Évangile de Jésus-Christ et témoigner de sa venue qui est proche.

 

     Ils exhortent les hommes à faire preuve de foi en Dieu, notre Père éternel, et en son Fils Jésus-Christ ; et aussi à se repentir, à se détourner de leurs péchés, à être baptisés par quelqu'un qui a été appelé de Dieu par révélation, et à recevoir l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit. Comme serviteurs de Dieu, ils promettent que le converti saura si la doctrine est de Dieu ou de l'homme (Jean 7:17) et que les signes qui accompagnèrent les croyants à l'époque des anciens apôtres accompagneront les croyants d'aujourd'hui.

 

     Mes amis, étant moi-même serviteur de Dieu, je vous invite à vous conformer à ces principes, et vous en recevrez les bénédictions promises. Je suis membre de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Je suis de Salt Lake City, en Utah.

 

     Brown et Slocum sont très surpris. Ils ont lu les citations de la Bible qui confirment les arguments de M. Durant. En le remerciant pour l'explication patiente de ses croyances, ils reçoivent de lui une carte contenant les articles de foi de son Église et après s'être dit bonsoir, tous se retirent. 

 

 

Source : M. Durant, of Salt Lake City (1906) ; édité en français sous le titre Une discussion amicale et diffusé en brochure dans les années 1950