Notre conception de Dieu

 

 

Samuel O. Bennion (1874-1945)

 

Membre du premier conseil des soixante-dix de 1904 à 1933

Membre de la présidence des soixante-dix 1933 à 1945 

 

 

 

 

      Nous lisons dans la Genèse qu'au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Il rassembla les eaux et les appela mers, et le sec il l'appela terre. Pour embellir la terre qu'il avait formée, il y plaça la vie végétale dans ses innombrables aspects. Il plaça dans la mer la vie marine sous toutes ses espèces, la vie animale sur la terre, et « des oiseaux [qui] volent sur la terre vers l'étendue du ciel. » (Genèse 1:20). Il donna à chaque forme de vie, qu'elle soit végétale ou animale, le commandement de se reproduire, chacune selon son espèce, pour que la vie puisse se perpétuer sur la terre.

 

      « Dieu vit que cela était bon » (Genèse 1:10,12,17,21,25), dit l'Écriture.

 

      « Puis Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme. » (Genèse 1:25-27).

 

      La formation de l'homme fut l'acte qui couronna la création tout entière, et ressortit comme son trait le plus significatif. Nombreuses sont les leçons qu'on peut en tirer, dont une des plus importantes est qu'elle nous donne la connaissance directe de ce à quoi Dieu ressemble, car Dieu fit l'homme à son image, à sa ressemblance (voir Genèse 1:26,27).

 

      Cette vérité importante est soulignée à plusieurs reprises dans les Écritures. Au chapitre 5 de la Genèse, nous lisons de nouveau : « Lorsque Dieu créa l'homme, il le fit à la ressemblance de Dieu. Il créa l'homme et la femme, il les bénit et les appela du nom d'homme, lorsqu'ils furent créés. » (Genèse 5:1,2).

 

      [À cet endroit, l'auteur démontre l'exactitude de ses citations, prises de la Version du Roi Jacques (King James Version), en citant les passages correspondants des 3 versions en langue anglaise suivantes : la Bible Révisée d'Oxford, la Traduction Américaine publiée en 1927 par l'Université de Chicago, et la Bible de Douay, ndt]

 

      Comme pour ne laisser subsister aucun doute que l'homme, dans sa forme, fut fait à la ressemblance de Dieu, selon son image, l'Écriture donne une autre comparaison qui définit indiscutablement le sens transmis par la parole écrite. Elle parle maintenant de la naissance de Seth, fils d'Adam, et dit :

 

      « Adam, âgé de cent trente ans, engendra un fils à sa ressemblance, selon son image, et lui donna le nom de Seth. » (Genèse 5:3).

 

      D'autres versions de l'Écriture donnent la même idée, mais la Traduction Américaine va encore plus loin, si c'est possible, pour clarifier sans possibilité d'erreur, la signification importante qui se trouve dans les mots « à la ressemblance de Dieu, selon son image ».

 

      Concernant la naissance de Seth, cette version des Écritures dit :

 

      « Après avoir vécu cent trente ans, Adam eut un enfant à sa propre image, qui lui ressemblait, et il lui donna le nom de Seth. » (traduction aussi littérale que possible - ndt)

 

      Il n'est pas possible de faire erreur sur l'intention de la parole sacrée quand elle applique cette expression à Seth, qui ressemblait tellement à Adam, qu'il semblait être l'image et la ressemblance mêmes de son père. Ou pour parler comme la Traduction Américaine, Seth ressemblait si fort à Adam dans son apparence personnelle, qu'il était le vrai portrait d'Adam.

 

      Le fait que l'Écriture, en décrivant Adam et Seth, emploie identiquement la même terminologie que pour expliquer la ressemblance d'Adam avec le Créateur, ne peut vouloir dire qu'une chose : Qu'Adam, dans son apparence physique, était l'image et la ressemblance de la Déité, tout comme Seth, le fils d'Adam, était à l'image et à la ressemblance de son père.

 

 

LA CONCLUSION DU DR S. R. Driver

 

      Après une étude soigneuse de l'hébreu originel dans lequel ces passages ont été écrits, le Dr. S. R. Driver, professeur d'hébreu à l'Université d'Oxford, aboutit à la conclusion que non seulement Adam avait la forme du Seigneur et était à sa ressemblance, mais que Seth l'était aussi, puisqu'il était à l'image d'Adam qui était à l'image de Dieu. Dans son œuvre intitulée « Le Livre de la Genèse », ce savant dit :

 

      « Seth, étant à l'image d'Adam, est aussi à l'image de Dieu. Il s'ensuit que l'image de Dieu est transmise aux descendants d'Adam. »

 

      Ceci est une déclaration extrêmement importante quand on pense à une autre phase significative de la création.

 

      Veuillez vous rappeler que toutes les formes de vie, après qu'elles furent placées sur la terre, reçurent le commandement de se reproduire, chacune selon son espèce. C'est là une grande loi naturelle qui n'a trouvé aucune exception, pas même chez l'homme, qui reçut aussi le commandement de se multiplier et de remplir la terre.

 

      Notre propre existence d'hommes et de femmes, établit l'immuabilité de cette loi. Nous sommes descendants d'Adam ; nous naissons à sa ressemblance, selon sa forme physique. C'est ainsi que nous constituons la race humaine et nous distinguons des autres formes de vie.

 

      Mais appliquons davantage cette loi.

 

      Se trouvant un jour face à face avec un groupe de Pharisiens, Jésus posa la question : « Que pensez-vous du Christ ? De qui est-il fils ? » (Matthieu 22:42). « Ils lui répondirent : De David. Et Jésus leur dit : Comment donc David, animé par l'Esprit, l'appelle-t-il Seigneur, lorsqu'il dit : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied ? Si donc David l'appelle Seigneur, comment est-il son fils ? Nul ne put lui répondre un mot. Et, depuis ce jour, personne n'osa plus lui proposer des questions. »

 

      Je vous demande maintenant, à vous qui m'écoutez, Que pensez-vous du Christ ? De qui est-il Fils ?

 

      Luc, dans sa description de la nativité du Christ, dit :

 

      « L'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d'une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie... L'ange lui dit : ne crains point, Marie ; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut... La puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre : C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. » (Luc 1:26,27,30-32,35).

 

 

ANNONCÉ COMME SAUVEUR

 

      Quand l'enfant naquit, les anges annoncèrent qu'il était le Sauveur - Christ le Seigneur. Au moment de commencer son ministère, Jésus alla vers Jean et fut baptisé par lui, et lorsqu'il fut sorti de l'eau, « une voix fit entendre des cieux ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection. » (Matthieu 3:17). C'était la voix du Très-Haut reconnaissant son Fils.

 

      « Jésus, étant arrivé dans le territoire de Césarée de Philippe », dit Matthieu, demanda à ses disciples : Qui dit-on que je suis, moi, le fils de l'homme ? Ils répondirent : Les uns disent que tu es Jean-Baptiste ; les autres, Elie ; les autres, Jérémie, ou l'un des prophètes. Et vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis ? Simon Pierre répondit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Jésus, reprenant la parole lui dit : Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, c'est mon Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 16:13-17).

 

      Voici donc Simon Pierre annonçant que Jésus est le Fils du Dieu vivant et Jésus reconnaissant la véracité de la déclaration, et disant en outre que cette connaissance avait été donnée à Pierre, pas par l'homme mortel, mais par la révélation du propre Père du Christ qui était dans les cieux.

 

      Jésus appela de nombreuses fois Dieu : son Père. Il le pria, dit fréquemment de lui qu'il était son Père, et même sur la croix, dans son dernier souffle, il cria à lui, disant : « Père, je remets mon esprit entre tes mains. » (Luc 23:46).

 

 

L'IMAGE PHYSIQUE

 

      Pour en revenir maintenant au point démontré plus haut dans la discussion, permettez-moi de vous demander : Puisque le Christ est le Fils de Dieu, ressemblait-il, dans son aspect physique, à son Père, comme Seth, le fils d'Adam ressemblait à son père ?

 

      Paul, dans son épître aux Hébreux, souligne, dans sa déclaration, le fait que Jésus est à l'image expresse du Père. Ecoutez ses paroles :

 

      « Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses, par lequel il a aussi créé le monde, et qui, étant le reflet de sa gloire, et l'empreinte de sa personne (la King James Version, employée par l'auteur, dit : « étant l'éclat de sa gloire et l'image expresse de sa personne », ndt), et soutenant toutes choses par sa parole puissante, a fait la purification des péchés et s'est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts. » (Hébreux 1:1-3).

 

      En s’adressant aux Colossiens, Paul réitéra cette doctrine, disant que le Christ « est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. » (Colossiens 1:15).

 

      Pourquoi Jésus ressemblerait-il tellement à son Père dans son aspect personnel ? Demandons d'abord, pourquoi Seth ressemblait-il tellement à Adam ? Il ne peut y avoir qu'une seule réponse : parce qu'Adam était le père de Seth.

 

      On peut expliquer la ressemblance entre le Christ et son Père de la même manière. Il était « l'empreinte » de la personne de Dieu parce qu'il était le Fils du Dieu vivant lui-même. Puisque Jésus avait la forme humaine comme nous, son Père, à l'image duquel il apparut, doit l'avoir aussi.

 

      Maintenant permettez-moi de vous poser une question, à vous qui m'écoutez. Pourquoi l'homme fut-il formé à la ressemblance de Dieu, selon son image, comme l'enseignent les Saintes Écritures ?

 

      Nous avons établi le fait que Jésus ressemblait au Tout-Puissant, dans son aspect, à cause de son rapport avec Lui. L'homme fut formé à l'image et à la ressemblance de la Déité pour une raison similaire. Mais comment l'homme est-il apparenté à Dieu, pour que nous, les membres de la famille humaine, portions son image ?

 

      Combien de fois Jésus parla-t-il aux hommes de leur « Père Céleste » ? Ces allusions se retrouvent dans tous ses enseignements. Ne dit-il pas : « Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi » (Matthieu 6:14) ? Et « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n'amassent rien dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit » (Matthieu 6:26) ? Ne nous enseigna-t-il pas à prier de cette façon : « Notre Père qui es aux cieux » (Matthieu 6:9) ?

 

      Que voulait-il dire lorsque, après sa résurrection, il dit à Marie dans le jardin : « Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » ? (Jean 20:17).

 

      Il ne pouvait vouloir dire qu'une seule chose : Qu'il est notre Frère Aîné, et que son Père est également notre Père.

 

      L'homme est un être double. Dans son corps de chair et d'os réside un esprit qui, dans sa forme, ressemble au corps dans lequel il habite. Cet esprit, si on le voit séparément, a l'aspect du corps physique ; c'est là une chose évidente que l'on peut déduire d'un incident qui se produisit peu après la résurrection du Christ. Vous vous rappelez que les apôtres furent témoins de la mort de notre Seigneur sur la croix, et que, bien que Jésus les eût enseignés concernant sa résurrection, ils ne la comprenaient pas pleinement. C'est pourquoi, lorsque le Seigneur leur apparut dans son état ressuscité, « Saisis de frayeur et d'épouvante », dit Luc, « ils croyaient voir un esprit. » Mais le Seigneur calma leurs craintes en disant : « Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi pareilles pensées s'élèvent-elles dans vos cœurs ? Voyez mes mains et mes pieds, c'est bien moi, touchez-moi et voyez : un esprit n'a ni chair ni os comme vous voyez que j'ai. » (Luc 24:36-43).

 

      Nos esprits sont nés de Dieu, étant de « sa race », enseigna Paul aux Athéniens. Écoutez ses paroles. « En lui, nous avons la vie, le mouvement et l'être. C'est ce qu'ont dit aussi quelques-uns de vos poètes : Nous sommes de sa race... Ainsi donc, étant la race de Dieu, nous ne devons pas croire que la divinité soit semblable à de l'or, à de l'argent, ou à de la pierre, sculptés par l'art et l'industrie de l'homme. » (Actes 17:28,29).

 

      Nous avons déjà cité Paul pour montrer que Jésus fut « le premier-né de toute la création » (Colossiens 1:15). En quel sens est-il né le premier ? Beaucoup naquirent avant lui dans la chair. On trouve la réponse dans le fait que Jésus vécut avant de naître dans la chair, et que l'esprit de l'homme vécut avant la mortalité. C'est dans sa vie pré-terrestre que l'esprit de l'homme devint la race de Dieu, et que Jésus devint « le premier-né de toute la création ».

 

      Quand, dans la création, notre Père Céleste essaya de donner des corps physiques de chair et d'os à ses enfants spirituels, il fit naturellement ces corps de manière à les adapter aux esprits qui allaient y habiter. Et puisque ces esprits étaient, comme l'explique Paul, « la race de Dieu », ils ressemblaient tout naturellement à la Déité par la forme, tout comme Seth ressemblait à son père Adam.

 

      La raison pour laquelle l'homme fut formé à l'image et à la ressemblance de son Créateur devient donc claire.

 

      Beaucoup enseignent que la Déité est un esprit sans forme répandu à travers tout l'espace. D'autres croient qu'il est un esprit ou une intelligence universelle, qui n'est pas limitée à une dimension, ou à une forme.

 

      De la discussion que nous venons d'avoir ce soir, il ressort clairement que notre Père céleste a une forme personnelle définie à la ressemblance de laquelle nous sommes faits.

 

      Puisque nous sommes à son image et à sa ressemblance, Il est donc inversement à l'image et à la ressemblance de l'homme. De même, puisque Jésus était à l'image expresse de la personne de son Père, comme Paul l'enseigne, inversement, le Père est à l'image expresse de la personne du Christ. Ainsi le Tout-Puissant est un être personnel, séparé et distinct du Sauveur, tout comme un père quelconque est séparé et distinct de son fils.

 

 

L’UNITÉ

 

      Jésus et son Père sont un seulement dans le sens d'une unité de but et d'amour, car Jésus ne pria-t-il pas, comme le rapporte le chapitre 17 de Jean, que ses disciples puissent être un comme son Père et lui étaient un ? Personne ne supposera qu'il pria, à ce moment-là, que ses apôtres pussent fusionner physiquement en une entité dans laquelle chacun perdrait son individualité propre. Il pria pour qu'un esprit d'unité existe parmi eux.

 

      Il pria de même : « Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même », montrant clairement qu'il considérait le Père comme un être séparé et distinct de lui-même, bien qu'il fût un avec lui en esprit, en but et en amour.

 

      Il y a trois personnes dans la Divinité - le Père, le Fils, et le Saint-Esprit. De même que le Père et le Fils sont séparés l'un de l'autre, de la même façon ils sont séparés du Saint-Esprit qui est également un individu déterminé, en fait, un troisième membre de la Trinité.

 

      L'individualité des trois personnes fut illustrée lors du baptême du Christ, lorsque Jésus, l'un des membres, se tint dans l'eau, que le Père parla des cieux, et que le Saint-Esprit, le troisième membre, descendit sous le signe d'une colombe.

 

      Voilà donc la conception mormone de Dieu : Qu'il est un être personnel, glorifié au-delà de la conception humaine, mais possédant, cependant, un corps physique dont le corps ressuscité du Christ était l'image expresse et la ressemblance, et à l'image duquel nous fûmes aussi créés. Que Jésus-Christ est son Fils, et que le Saint-Esprit, personnage d'esprit, s'unit au Père et au Fils pour former la grande Trinité du ciel ; un en but et en amour, cependant trois personnages séparés et distincts.

 

      Que Jésus, le représentant de Dieu, fut le Créateur du ciel et de la terre, et cependant qu'il est notre frère aîné, qui vint sur terre nous sauver de nos péchés.

 

      Que Dieu est notre Père, et que, dans le genre humain, nous sommes tous frères ; que, étant ses enfants, nous avons vécu avant de venir sur cette terre, et que si nous le servons et gardons ses commandements, nous pouvons retourner après la mort dans sa présence.

 

      Pour expliquer davantage nos rapports avec la Déité, et le but de notre existence terrestre, je répondrai dimanche prochain, à la même heure, à la question : « Pourquoi sommes-nous ici ? D'où venons-nous, et où allons-nous ? »