Albert Roustit
La Prophétie Musicale
dans l'Histoire de l'Humanité
Éditions Horvath, 1970
Préface
par Olivier Messiaen
L'ouvrage d'Albert ROUSTIT porte un
titre étrange : « la Prophétie musicale
dans l'histoire de l'humanité ».
Le contenu du livre est plus étrange
encore. Il s'adresse particulièrement aux musiciens tout
d'abord, puis aux théologiens et aux chrétiens,
finalement à tous les hommes de notre temps. Chaque catégorie
de lecteur y trouvera matière à réflexion -
sujet d'inquiétude aussi...
Peut-être s'étonnera-t-on
que j'ai accepté de préfacer ce livre ? De fait,
plusieurs affirmations de l'auteur, tant sur le plan religieux que
sur le plan musical, s'opposent à mes opinions personnelles.
Albert Roustit est protestant - je suis catholique. Il croit aux
modes antiques, à la tonalité majeure, à la
série - je n'ai jamais été certain de
l'existence absolue de ces choses (sauf dans l'esprit des théoriciens
de la musique). Quant aux musiques de la nature (harmonies du vent et
de l'eau, rythme des montagnes et des arbres, chants des oiseaux de
différents pays et de différents habitats, mélodie
de timbres, volumes et allures de tous ces sons qui nous entourent),
il les situe dans le domaine du bruit. Toutes mes œuvres
musicales témoignent de l'opinion contraire (et j'ai derrière
moi Berlioz, Wagner et Debussy et devant moi les musiques concrète
et électronique…).
Même dans ses interprétations
de symboles connus, il suit une seule explication ; par exemple,
il présente la figure communément appelée
« sceau de Salomon » uniquement sous son aspect
hébraïque : le triangle divin, tourné vers le bas,
signifie Dieu qui descend vers l'homme - le triangle humain,
tourné vers le haut, signifie l'homme qui monte vers Dieu (en
ce cas on l'appelle « étoile de David »).
Or ce signe existe aussi dans les « yantras »
hindous où il représente le principe masculin ou
Personne cosmique, et le principe féminin ou Nature cosmique.
D'ailleurs, l'étoile à six branches ainsi formée
était déjà connue des Égyptiens
antiques ; on peut y voir aussi l'emblème de «
l'inspir » et du « respir », et on y
retrouve la plus ancienne figure chinoise (celle du taoïsme et
du Yi-King) : « t'ai tchi », ou complémentarité
de la force et de l'inertie. En entourant ce même signe d'un
cercle, on représente le Temps.
D'autre part, en étudiant les
secrets des « decî-tâlas » de
l'Inde, j'ai dû forcément m'intéresser aux
différentes symboliques des nombres, et là encore je
m'écarte de la voie unique suivie par Albert Roustit.
Si j'ajoute qu'il fut autrefois mon
élève (et premier prix de ma classe d'analyse musicale
et rythmique au Conservatoire de Paris), on pensera que j'ai préfacé
son ouvrage par affection, et tout sera dit...
Il n'en est rien.
J'avoue tout d'abord que j'ai été
bouleversé - c'est le terme exact - par les
extraordinaires coïncidences qui éclatent à chaque
page de ce livre entre l'histoire du langage musical et de son
évolution d'une part, l'histoire de l'humanité et les
prophéties bibliques qui annoncent son essor, sa perte, son
châtiment et sa résurrection, d'autre part.
Mais, et je le dis très haut,
ce qui m'a décidé, c'est la terrible, l'effrayante
actualité du livre.
Je sais bien que l'Église
catholique s'est toujours montrée très prudente
vis-à-vis des visionnaires, des prophètes de second
plan, des manifestations surnaturelles insuffisamment contrôlées.
Cependant, Anna-Maria Taïgi a bien annoncé « trois
jours et trois nuits de ténèbres » ; la
fameuse « Prophétie des Papes » de Saint
Malachie, irlandais, ami de Saint Bernard de Clairvaux, prévoit
bien trois Papes après Paul VI avant que vienne la fin. Et le
plus célèbre des « signes »
précédant les bouleversements de l'agonie du monde :
le retour des Juifs en Israël - ce signe est accompli. La
Sainte Vierge elle-même s'est montrée à maintes
reprises pour pleurer sur la folie des hommes (La Salette), réclamer
la Pénitence (Lourdes), et donner à Fatima « un
signe dans le soleil ». Et la Sainte Vierge est revenue :
il y a eu Pont-Main, Beauraing, Banneux, et tout près de
nous : Barabandal (où elle a parlé de la fin du
Temps), San Damiano où elle apparaît encore à
l'heure qu'il est pour réclamer l'amour des hommes pour son
Divin Fils, et l'amour des hommes entre eux. Bien sûr, personne
n'est absolument obligé de croire à ces choses... Mais
toute la Bible est là, tout entière inspirée de
l'Esprit-Saint, tout entière article de foi. Et partout, des
Prophètes de l'Ancien Testament à l'Apocalypse, en
passant par Saint Paul et les paroles même de notre Seigneur
Jésus-Christ dans les Évangiles, partout c'est le même
cri d'alarme, réclamant la conversion de tous avant les
terribles convulsions qui précèderont la Résurrection
de la chair et le Jugement Final. Ce qui pouvait paraître
relativement loin aux Prophètes d'Israël et à
Saint Paul lui-même, tout nous en annonce la proximité.
La fin du Temps, la fin de l'Espace, l'entrée dans
l'Éternité : tout cela vient vers nous, à
grands pas - et avant, le cortège des terreurs :
l'antichrist, les cataclysmes, le triomphe mensonger de la Bête
de l'Apocalypse.
Il est prudent de se préparer...
C'est ce qu'on lit dans chacune des
pages qui suivent...
Voilà pourquoi j'ai préfacé
ce livre.
Olivier MESSIAEN
Compositeur,
Membre de l'Institut de France,
Professeur au Conservatoire National
de Musique de Paris.