QUESTION : Les prophètes
du Livre de Mormon savaient avant la naissance de Jésus qu’il
s’appellerait Jésus-Christ. Est-ce que les prophètes
de l’Ancien Testament le savaient aussi ?
RÉPONSE de Stephen D.
Ricks, Professeur-assistant d’hébreu et de langues
sémitiques à l’université Brigham Young :
Le nom Jésus-Christ
ainsi que ses formes abrégées, le Christ et Jésus,
sont mentionnés de nombreuses fois dans le Livre de Mormon
avant la naissance du Seigneur dans la chair. Le Sauveur est apparu
au premier prophète du Livre de Mormon, le frère de
Jared, vers les années 2000 av. J.-C. et lui a dit : «
Voici, je suis celui qui fut préparé depuis la
fondation du monde pour racheter mon peuple. Voici, je suis
Jésus-Christ » (Éther 3:14). Néphi a
probablement appris le nom du Sauveur à partir des plaques
d’airain (les Écritures qu’il avait) et par la
révélation personnelle. « Selon les paroles des
prophètes et la parole de l’ange de Dieu… il aura
nom Jésus-Christ » (2 Néphi 25:19).
D'autres prophètes du
Livre de Mormon qui vécurent par la suite mais avant la
naissance du Christ, Jacob, le roi Benjamin, Alma et Hélaman,
par exemple, connaissaient et utilisaient également le nom du
Seigneur (voir Jacob 1:6 ; 4:4 ; Mosiah 3:5-11 ; Alma 5:44 ; Hélaman
5:12).
Nous apprenons dans la Perle
de grand prix que beaucoup des premiers prophètes de l’Ancien
Testament connaissaient aussi le nom du Sauveur. II fut révélé
a Adam qu’il devrait être baptisé « au nom
du Fils unique… lequel est Jésus-Christ » (Moïse
6:52). Énoch pria « au nom [du] Fils unique,
Jésus-Christ » (Moïse 7:50). Noé, dans sa
prédication, déclara : « Croyez, repentez-vous de
vos péchés et soyez baptisés au nom de
Jésus-Christ, le Fils de Dieu » (Moïse 8:24).
Bien que la vie, la mission,
la souffrance et la mort du Rédempteur soient prédites
dans l’Ancien Testament, « dans la loi de Moïse,
dans les prophètes et dans les psaumes » (Luc 24:44), il
n’y est pas identifié par le nom de Jésus-Christ.
Pourquoi ?
Il y a peut-être une
explication logique à la mention du nom de Jésus-Christ
dans le Livre de Mormon mais pas dans l’Ancien Testament.
Jésus-Christ est la
forme française du nom du Sauveur en grec, la langue du
Nouveau Testament. Mais les plaques d’airain furent apparemment
écrites en égyptien (voir Mosiah 1:3 ,4 ; également
1 Néphi 1:2, 3 ; 3:19), les grandes et probablement les
petites plaques de Néphi en hébreu (voir Mormon 9:33),
et les annales abrégées de Mormon et de Moroni en «
égyptien réformé » (Mormon 9:32).
Pour cette raison il est peu
probable que le nom grec du Sauveur apparut sur des annales a partir
desquelles Joseph Smith traduisit le Livre de Mormon puisque ces
annales étaient en grande partie écrites en «
égyptien réformé », l’hébreu
formant la base de la langue.
Le nom Jésus-Christ
servit plutôt au prophète comme équivalent le
plus proche du mot ou des mots utilisés par ceux qui ont écrit
le Livre de Mormon. En traduisant leurs écrits, le prophète
Joseph Smith utilisa le nom que lui et les autres Chrétiens
connaissaient.
Bien que la version grecque
du nom du Sauveur n’apparaisse pas dans les écrits des
anciens patriarches hébreux et américains, les
prophètes hébreux ont utilisé une version du
nom, et cette version peut s’être trouvée sur les
plaques d’airain, et de là dans les écrits
néphites. Jésus et Christ ont des équivalents
hébreux.
Les formes hébraïques
du nom Jésus, Yehoshua, Yeshua et Yeshu, se rencontrent
fréquemment dans l’Ancien Testament, bien que ne
renvoyant pas au Sauveur (voir, par exemple, Exode 17:9 ; 1
Chroniques 24:11 ; Ezra 2:40). Le nom Josué est la
transcription française de l’hébreu Yehoshua.
Jésus en français est l'équivalent de la forme
grecque de Yeshua et Yeshu.
L’équivalent
hébreu du mot Christ, Messie, apparaît aussi dans les
Écritures hébraïques. Mashiab, qui signifie «
oint » et qui est traduit par Christos en grec, est souvent
employé dans l’Ancien Testament en référence
au souverain sacrificateur oint (voir Lévitique 4:3, 5, 16,
par exemple, où « mashiab » est traduit par l’idée
de recevoir l’onction). II sert aussi pour designer le roi oint
par Dieu, par exemple Saul et David (voir 1 Samuel 24:6 ; 26:9, 11,
16, 23 ; 2 Samuel 19:21 ; 23:1). Le terme est également arrivé
à servir précisément pour l’Oint de Dieu
qui devait venir pour accomplir la prophétie. Le mot «
Messie » sert également dans l'évocation de la
vision de Daniel ou l'on parle du « prince-messie » (voir
Daniel 9:25).
Puisque Néphi qui a
étudié les plaques d’airain a probablement appris
le nom de Jésus-Christ a partir des « paroles des
prophètes » (2 Néphi 25:19), il est vraisemblable
qu’une version du nom du Sauveur, peut-être équivalent
hébreu de Jésus le Messie traduit en égyptien,
ait figuré sur les plaques d’airain. Ces plaques
contenaient beaucoup des renseignements que l’on trouve dans
notre Ancien Testament : « les cinq livres de Moïse, qui
donnent l’histoire de la création du monde, et aussi
d’Adam et d’Ève… et également une
histoire des Juifs depuis le début jusqu'au commencement du
règne de Sédécias, roi de Juda. » (1 Néphi
5:11, 12)
La raison pour laquelle
certains renseignements précis se trouvant sur les plaques d
’airain, l’utilisation du nom du Sauveur dans la
prophétie, par exemple, ne figurent pas dans les annales qui
sont maintenant l’Ancien Testament, n’est pas claire. II
est possible que le nom du Seigneur figurait à l’origine
dans les écrits des prophètes mais faisait partie des «
choses claires et précieuses [qui] ont été ôtées
de ce livre, qui est le livre de l’Agneau de Dieu » (1
Néphi 13:28).
Comme l’ange le
prophétisa à Néphi, le Livre de Mormon, qui
comprend les renseignements tirés des plaques d’airain,
« [fera connaitre] les choses claires et précieuses qui
en ont été retranchées [qui ont été
retranchées des annales des Juifs] ; et [il fera savoir] à
toutes les familles, langues et peuples, que l’Agneau de Dieu
est le Fils du Père éternel et le Sauveur du monde ; et
que tous les hommes doivent aller à lui, sinon ils ne peuvent
être sauvés » (1 Néphi 13:40).
Que le nom de Jésus-Christ
apparaisse dans l’Ancien Testament ou pas, l’Écriture
demeure un témoignage important de lui. Jésus a dit à
ceux qui le questionnaient de sonder les Écritures. « Ce
sont elles qui rendent témoignage de moi » (Jean 5:39).
Le terme Écriture est, à quelques exceptions près,
utilisé dans le Nouveau Testament pour parler de l’Ancien
Testament (voir, par exemple Luc 24:44, 45). Ces Écritures
trouvèrent leur signification et leur accomplissement en Jésus
(voir Luc 4:21). II était le Fils de l’homme triomphant
(comparez avec Daniel 7:13, 14 ; Marc 13:26), le fils et l’héritier
de David (voir Marc 12:35-37 ; 15:2), le grand souverain
sacrificateur (voir Hébreux 4:14).
C’est pourquoi la
Bible, Ancien et Nouveau Testament, et le Livre de Mormon témoignent
ensemble de Jésus-Christ, se complétant, se soutenant,
se clarifiant et se confirmant mutuellement dans leur témoignage
du Christ.
(L'Étoile,
septembre 1984, p. 13-15)