Comment peut-on efficacement s'élever spirituellement ?


Jacob de Jager



On peut établir un parallèle très net entre l’ascension régulière d’un aérostat et notre essor spirituel.

La première ascension en ballon a été un vol sans passagers lancé par les frères Montgolfier à Lyon en 1783 ; il fut suivi peu après par le premier vol connu avec passagers à partir du Bois de Boulogne à Paris. Les ballons dirigeables ont donné au genre humain une vision nouvelle de sa planète-mère ainsi qu’un essor physique et spirituel en un vol silencieux.

J’ai fait personnellement l’expérience, bien qu’une seule fois, de la joie d’un vol réel en ballon. C’était pendant la période passionnante qui suivit immédiatement la Deuxième Guerre mondiale aux Pays-Bas, mon pays d’origine. Un ami m’a appris beaucoup à propos des vols en ballon pour me préparer à un vol auquel on avait promis de m’inviter quand les conditions atmosphériques seraient par la suite appropriées.

J’ai appris que nous irions dans un ballon de la classe A, rempli de méthane, et qu’il monterait jusqu’à ce que son poids soit en équilibre avec l’air qui l’entourait. J’ai aussi appris que dans la nacelle d’osier sous le ballon se trouvaient des instruments de navigation, des cartes et des sacs de sable servant de lest, que l’on pouvait vider par-dessus bord pour permettre au ballon de prendre de l’altitude. En outre, j’ai découvert que si le gaz était lâché par une soupape, le ballon descendait.

Tout comme le gaz est nécessaire pour emplir un ballon afin de le faire s’élever, nous devons être empli de motivations intérieures afin de nous élever. Tout comme le ballon peut aller encore plus haut en jetant du lest par-dessus bord, on doit être disposé à se débarrasser du lest inutile qui limite une ascension spirituelle.

Quand j’ai fait mon vol en ballon, c’est étrange, je n’avais pas l’impression de m’élever. J’avais l’impression de rester au même niveau, pour ainsi dire, et que le monde s’éloignait silencieusement de moi. Par la suite, quand je suis entré dans l’Église grâce aux efforts des missionnaires, j’ai acquis ce sentiment paisible d’être mis en sécurité dans le cadre d’une vie selon l’Évangile et de voir que Babylone s’était éloignée de moi. Comme l’a exprimé un des premiers navigateurs européens en ballon : « J’ai senti que j’avais laissé derrière moi tous les soucis et les passions qui inquiètent le genre humain. »

Je témoigne que nous pouvons tous avoir cette paix de l’esprit si nous sommes disposés à nous débarrasser du lest qui nous empêche de nous élever vers de plus hautes cimes spirituelles. Cela facilitera notre ascension vers notre Père céleste qui nous aime et qui, au moment choisi, attendra notre retour après notre traversée de la vie.

1. Se délester de l'impatience

Débarrassons-nous donc de nos sacs de sable d’impatience et apprenons à avoir plus de patience avec notre conjoint et nos enfants, avec nos amis et voisins, parce que le Seigneur nous a conseillé de perséverer avec patience, jusqu’à ce que nous soyons rendus parfaits (D&A 67:13). Et pour ceux qui ne connaissent pas ce que le mot patience signifie vraiment, voici la définition simple que je propose : La patience, c’est apprendre à cacher son impatience.

2. Se délester de la critique

Combien d’entre nous traversent encore la vie en portant le fardeau de la critique ? Nous devrions plutôt féliciter partout et chaque fois que c’est possible parce que l’on nous a dit et redit : « Cessez de vous critiquer les uns les autres » (D&A 88:124). Rappelons-nous aussi à ce propos que les fautes et les imperfections que nous voyons chez les membres de notre paroisse ou de notre branche ont moins de conséquence pour nous que l’une des plus petites des nôtres.

3. Se délester de l'inimitié

En outre, avons-nous encore un sac de lest de l’inimitié dans notre nacelle bien que le Seigneur nous demande d’être amical et rempli d’amour ? Comme il a dit : « Vous êtes ceux que mon Père m’a donnés, vous êtes mes amis » (D& A 84:63).

4. Se délester de l'orgueil

Pendant que nous accomplissons notre vol spirituel, vidons complètement notre sac de lest de l’orgueil, et soyons plus humbles en toutes choses en nous rappelant tout le temps la promesse glorieuse que le Seigneur fait à tous : « Et puisque vous vous êtes humiliés devant moi, les bénédictions du royaume sont à vous » (D&A 61:37).

5. Se délester de l'envie

Et nous élèverons-nous vraiment dans notre ballon spirituel si nous ne sommes pas préparés à délaisser notre sac de sable de l’envie ? Les prophètes vivants nous ont conseillé de payer une dîme honnête et de donner une offrande de jeûne généreuse ; et, en outre, les Écritures révèlent avec franchise : « Malheur à vous… qui ne voulez pas donner de votre substance aux pauvres » (D&A 56:16). Et, malheureusement, certains pensent qu’ils sont généreux parce qu’ils donnent tant de conseils gratuits.

6. Se délester des contrariétés

Enfin, nous devons nous libérer du lest pesant des contrariétés, que nous pouvons tous trouver dans la nacelle d’osier de notre ballon spirituel : contrariétés contre lesquelles nous devons toujours être sur nos gardes parce que cela nous a été révélé : « On ne peut faire échouer les œuvres, les desseins et les intentions de Dieu, ni les réduire à néant… Souviens-toi que ce n ’est pas l’œuvre de Dieu qui échoue, mais celle des hommes » (D&A 3:1, 3).


Le seul moyen de nous élever au-dessus de notre niveau et de nos résultats spirituels actuels, c’est de nous débarrasser du lest qui nous retient. Nous devons apprendre à vivre les commandements, non seulement pour notre propre bien mais aussi pour le bien des autres parce que nous réformons inconsciemment les autres quand nous gardons les commandements de Dieu et quand nous vivons selon les enseignements de l’Église. C’est un autre moyen de faire oeuvre missionnaire et d’élever la spiritualité de ceux qui nous entourent.

C’est pourquoi, commençons notre vol aujourd’hui. Si nous sommes encore au niveau du sol, coupons les amarres ; et notre ascension commencera immédiatement ! Cependant, même cela ne garantira pas notre mouvement spirituel constant. Notre ballon ne s’élèvera qu’à une certaine hauteur, puis nous stagnerons. Nous devons alors rechercher le lest que nous devons lâcher afin de nous élever davantage.

Si vous avez des difficultés à larguer les amarres, vous en aurez encore davantage à vous débarrasser des sacs de sable pour alléger votre charge. Le tour en ballon spirituel est une aventure exigeante et parfois difficile ; seul celui qui persévère vraiment atteindra le royaume le plus élevé !

À tous ceux qui sont déjà dans la nacelle d’osier de leur ballon spirituel parce qu’ils sont entrés dans le royaume de Dieu par le baptême mais qui se contentent d’y rester assis en attendant sans bouger que des choses se passent : Coupez les amarres qui vous empêchent de décoller.

Pour ceux qui dérivent tranquillement au même niveau sans beaucoup s’élever : Regardez attentivement le lest qui vous empêche d’accéder à un plus haut niveau d’accomplissement. Prenez une décision et libérez votre vol spirituel du poids qui vous retient. Je vous fais la promesse solennelle que si vous le faites, vous connaîtrez la joie spirituelle parce que vous vous élèverez.

Je témoigne, en tant que baptisé dans le royaume de Dieu à Toronto il y a vingt-trois ans, que mon vol depuis mon baptême a été merveilleux, que j’ai vu des scènes et des panoramas spirituels à vous couper le souffle et que je sais, sans douter, que mon plan de vol quotidien m’est accordé par notre Père céleste qui nous comprend, nous aime et nous pardonne. Cela est vrai aussi pour nous tous !

Je sais de tout mon cœur que Dieu vit et que Jésus est le Christ. C’est lui le Sauveur du genre humain, le grand médiateur pour le salut et l’exaltation de tous les enfants de notre Père céleste, si nous sommes disposés à suivre le plan de vol qu’il nous a présenté. J’en témoigne avec reconnaissance et bonheur.

(Source : L'Étoile, octobre 1983, p. 134-137)