Que faire lorsque nos enfants prennent la mauvaise voie ?


John Carmack


Malgré tous nos efforts pour enseigner à nos enfants à aimer le Seigneur, à suivre ses commandements et à mener une vie heureuse, productive et saine, il arrive que nos fils et nos filles s’égarent. S’égarer peut signifier se droguer, commettre des délits, être immoral ou même infliger des sévices à ses parents ou à d’autres. Parmi les autres formes de rébellion, peut-être moins graves mais néanmoins préoccupantes, il y a l’apathie, l’abandon des études, et le dégoût de la vie.

Les réactions des parents sont généralement le chagrin, le désespoir, la dépression, les sentiments de culpabilité, d’indignité et d’échec. Dans ce genre de situation, les parents peuvent aussi être emportés par la colère ou se sentir impuissants, et peuvent avoir envie de baisser les bras. Ces réactions ne font généralement qu’empirer la situation et aggraver les problèmes.

Ma femme et moi avons des amis qui, à cause de la conduite de leur fils, sont passés par presque toutes les émotions mentionnées ci-dessus. Les cinq ou six dernières années n’ont été qu’un cauchemar pour eux. Ils ont tenté toutes les méthodes possibles ; ils ont même fait suivre à leur fils des cures de désintoxication coûteuses qu’il abandonnait à chaque fois au bout de quelques jours, malgré ses bonnes intentions.

Le père faisait part de son chagrin et de ses espoirs en ces termes : « Il n’existe pas de manuel pour les parents ayant des enfants comme le nôtre. On ne peut que prier le Seigneur de guider nos réflexions et nos actions, puis espérer prendre des décisions judicieuses. » Sa femme et lui, fermes dans leur foi, déclaraient : « Comme notre fils nous a été scellé dans le temple, nous avons l’espoir que les liens des alliances éternelles seront finalement plus forts que les liens de l’adversaire qui semblent actuellement enchaîner notre enfant. Nous vivons dans l’espoir de le voir un jour revenir à sa famille éternelle et se repentir de son mode de vie. »

Nos amis sont l’exemple de milliers d’autres qui se trouvent dans une situation similaire et qui ont des épreuves presque au-dessus de leurs forces. Les difficultés que rencontrent les parents se produisent le plus souvent lorsque les enfants sont jeunes, mais elles peuvent arriver avec des enfants de n’importe quel âge. Nos soucis de parents ne s’arrêtent pas lorsque nos enfants atteignent l’âge adulte.

Afin de mieux comprendre et de mieux aider les parents qui souffrent de la conduite de leurs enfants, je pense qu’il pourrait être utile (1) d’aborder deux problèmes liés que rencontrent certaines familles, (2) d’examiner les points de doctrine qui jouent un rôle fondamental dans l’aide que peuvent recevoir les parents pour faire face à ces problèmes et à d’autres tout aussi graves, et (3) voir comment les parents peuvent rester forts durant les années de tourmente.

L'ALCOOL ET LA DROGUE

L’alcool

Je connais des parents qui ont été profondément affligés et ont souffert une bonne partie de leur vie parce que leur fils à l’âge de treize ans a commencé à consommer régulièrement de grandes quantités de boissons alcoolisées. Il n’a jamais guéri de son alcoolisme, qui a fini par l’emporter prématurément.

Peu de temps avant que la maladie ne mette fin à sa vie tourmentée, un frère a demandé à ce fils : « Quand as-tu bu de l’alcool pour la première fois ? » La réponse était à la fois étonnante et révélatrice. Il a expliqué qu’un jour, alors qu’il n’avait que cinq ans et qu’il jouait chez un camarade dont les parents étaient sortis, on lui a proposé de la bière. Ne sachant rien des boissons alcoolisées et pensant que son camarade parlait d’un soda, il a goûté sa première boisson alcoolisée. Il a aimé le goût et l’effet que lui a fait cette boisson. À treize ans il était alcoolique.

Pendant le reste de la vie de leur fils, les parents ont passé une grande partie de leur temps à prier, à se faire du souci et à s’efforcer sans succès de le faire changer et de l’aider. Ils l’ont retrouvé dans des salles de jeux, dans des bars, avec des compagnons de boisson, et en prison. Certaines années ils ne savaient pas où il se trouvait, une triste situation dans laquelle ce qu’on imagine est souvent pire que la réalité. D’autres années, avec l’aide des Alcooliques Anonymes et d’autres personnes attentionnées qui avaient eu les mêmes problèmes, il avait été sobre et avait mené une existence fructueuse.

Tout au long de ces années de douleur, les parents n’ont jamais abandonné. Ils ont passé des heures innombrables à genoux en prière pour leur fils, souvent à supplier pour savoir où il se trouvait. Quand sa mère est tombée gravement malade, personne ne savait où se trouvait son fils, mais l’Esprit a poussé le jeune homme à téléphoner et à rentrer chez lui. C’est lui qui a aidé son père et sa sœur à prendre soin de sa mère mourante durant ses derniers jours sur la terre.

La drogue

Durant les années où j’ai été dirigeant de la prêtrise à Los Angeles, de nombreux parents avaient des enfants qui s’étaient laissés prendre à l’apologie de la drogue qui prévalait dans les années 1960. Un père était venu me trouver pour avoir des conseils et du réconfort. Deux de ses fils étaient dépendants de drogues dures. C’était un véritable cauchemar pour sa femme et pour lui.

Durant les années où ils avaient élevé leurs enfants, malgré quelques erreurs d’éducation comme nous en faisons tous, ils avaient constamment montré l’exemple avec amour et avaient fait de leur mieux pour enseigner les principes de l’Évangile dans leur foyer. Pourtant deux de leurs fils avaient fait des choix tragiques.

Quand la gravité des problèmes s’était révélée, les parents s’étaient jugés durement et le père s’était senti indigne de garder son appel dans la prêtrise. Je l’avais persuadé de continuer à servir dans l’Église et je lui avais fait part de ma confiance en l’avenir de ses enfants.

Ce que je lui ai dit à l’époque, j’aimerais le dire maintenant à tous les parents, particulièrement à ceux qui ressentent du chagrin et de la frustration en voyant s’évanouir les rêves qu’ils faisaient pour leurs enfants. Ce sont quelques réflexions sur des points de doctrine qui touchent ce sujet et qui apportent l’aide et le baume nécessaires.

POINTS DE DOCTRINE

Certains parents souffrent énormément parce qu’ils se reprochent indûment d’avoir été de mauvais parents. Ils font en cela une application erronée de la merveilleuse déclaration prophétique de David O. McKay citant J. E. McCulloch : « Aucune réussite ne peut compenser l’échec au foyer » (J. E. McCulloch, Home: The Savior of Civilization, 1924, p. 42 ; cité par david O. McKay lors de la conférence générale d'avril 1964). Ils semblent tirer la conséquence inverse disant que s’ils ont un enfant qui se drogue ou qui boit, c’est qu’ils doivent avoir échoué en tant que parents, et qu’ainsi, quels que soient leurs efforts, le bien qu’ils peuvent avoir fait par ailleurs ou leurs réussites, rien ne peut compenser leur échec au foyer.

Mais cette déclaration avait pour objectif d’inciter les parents à s’occuper de leurs enfants. On ne doit pas lui faire dire que les parents qui ont réellement consacré leur temps, leur énergie et se sont sacrifiés pour élever leurs enfants sans avoir récolté les récompenses désirées, ont échoué. En examinant de plus près d’autres conseils et points de doctrine on pourra peut-être obtenir la compréhension si nécessaire.

Faire confiance à notre Père céleste

Notre vie est faite, pour la plupart, de joies et de peines, de plaisirs et de douleurs, de bien et de mal. Notre Père céleste comprend pleinement notre situation dans la condition mortelle parce que c’est lui qui l’a permise en nous donnant notre libre arbitre, créant ainsi les conditions qui permettraient aux hommes de progresser. Il a même dû personnellement faire l’expérience de toutes les situations et de tous les sentiments que nous avons car, comme Joseph Smith l’a enseigné : « Dieu lui-même a jadis été tel que nous sommes maintenant » et « a demeuré sur une terre » (Enseignements du prophète Joseph Smith, p. 279, 280).

Non seulement l’un de ses fils de valeur s’est rebellé durant notre existence prémortelle, mais ce fils a également persuadé un tiers des enfants du Père de suivre le chemin du démon.

Si vous ressentez l’immense chagrin des parents qui ont un enfant prodigue, souvenez-vous des parents qui en ont aussi souffert dans les Écritures. Il y a Adam et Ève dont le fils Caïn a assassiné son frère Abel ; Léhi et Sariah dont les deux fils aînés se sont rebellés ; les grands personnages que sont Abraham, Isaac et Jacob, qui ont beaucoup soufferts, avec leurs femmes, à cause de leurs enfants ; Alma le jeune, qui a eu un fils rebelle, Corianton ; et Mosiah qui a eu plusieurs fils rebelles.

En 1929, Orson F. Whitney, du Collège des Douze, a dit :

« Parents, si vos enfants sont obstinés et rebelles, ne les abandonnez pas à leur sort. Ne les rejetez pas. Ils ne sont pas perdus à tout jamais. Le Berger retrouvera ses brebis. Ils étaient à lui avant d ’être à vous, bien avant qu’il ne vous les confie ; et vous ne pouvez les aimer comme il les aime. Ce n’est que par ignorance qu’ils se sont écartés du chemin de la justice, et Dieu est miséricordieux envers les ignorants.

« Ce n’est que lorsqu’on a la plénitude de la connaissance que l’on est pleinement responsable. Notre Père céleste est bien plus miséricordieux, infiniment plus charitable que même les meilleurs de ses serviteurs, et l’Évangile éternel est plus puissant à sauver que notre intelligence limitée ne peut le concevoir. » (Conférence Report, avril 1929, p. 110).

En fait, à toutes les époques, de nombreux parents ont rencontré de grandes difficultés à cause de leurs enfants et ont reçu du soutien, de l’aide et des directives de notre Père céleste lorsqu’ils ont cherché le moyen de toucher leurs enfants.

Respecter le libre arbitre

Un élément fondamental de la marche de l’univers, applicable à toutes les époques y compris aux éternités avant que Dieu ne forme la terre, est le libre arbitre que Dieu a accordé aux êtres, le droit de choisir entre le bien et le mal. Comme nous avons notre libre arbitre, il est juste que nous rendions compte à Dieu de l’utilisation, bonne ou mauvaise, que nous en faisons. Si nous n’avions pas notre libre arbitre, Dieu serait responsable de nous et de tout ce que nous ferions, ce qui aurait pour résultat que nous ne connaîtrions jamais la profondeur de nos convictions personnelles concernant le bien ou le mal.

Nous ne sommes pas dans un monde neutre. Le bien et le mal nous assaillent, nos enfants et nous. En enseignant à nos enfants des principes corrects, nous leur permettons de faire des choix en connaissance de cause. Mais, lorsque des enfants font des choix contraires aux enseignements de l’Évangile, ils en subissent toujours les conséquences, dont certaines sont graves.

Dans les Doctrine et Alliances nous lisons : « Et il faut que mon peuple soit châtié jusqu’à ce qu’il apprenne l’obéissance, s’il le faut, par les choses qu’il endure » (105:6). Bien qu’ils aient pris le chemin le plus dur, les jeunes qui sont prisonniers d’attitudes dont ils sont devenus dépendants ne sont pas oubliés par le Seigneur ; il veille patiemment sur eux tandis qu’ils apprennent par leur propre expérience la différence entre le bien et le mal.

En paraphrasant Joseph Smith, Orson F. Whitney, des Douze, a dit :

« Le scellement éternel des parents fidèles, et les promesses divines qui leur sont faites pour leur service vaillant dans la cause de la vérité, ne les sauveront pas eux seulement, mais également leur postérité. Bien que certaines des brebis errent aujourd’hui, le Berger garde un œil sur elles, et tôt ou tard elles sentiront la main de la divine Providence les ramener au troupeau.

« Elles reviendront, et si ce n’est pas dans cette vie ce sera dans l’autre… Elles souffriront pour leurs péchés ; elles devront peut-être suivre un chemin semé de ronces, mais s’il mène, à la fin, comme pour le fils prodigue repentant, au foyer d’un père aimant et miséricordieux, alors la douloureuse expérience n’aura pas été vaine. Priez pour vos enfants insouciants et désobéissants ; accrochez-vous à eux avec foi. Continuez à espérer et à avoir confiance jusqu’à ce que vous voyiez le salut de Dieu. » (Conference Report, avril 1929, p. 110).

Nous pouvons et nous devons attendre beaucoup de nos enfants, mais nous ne pouvons pas les faire entrer de force dans le moule du Seigneur. Nos enfants ne continueront à venir à l’Église et à vivre l’Évangile que s’ils le veulent. Lorsque les enfants rebelles deviennent adultes, il faut parfois modifier les attentes et l’approche que nous avions, accepter les choses telles qu’elles sont plutôt que de continuer dans la tourmente. Nous ne devons pas attendre la perfection de nos enfants, mais accepter avec patience et amour la vision éternelle du Seigneur.

S’abstenir de juger les autres injustement

Seuls Dieu et Jésus-Christ (voir D&A 76:68) peuvent juger pleinement ce qui se trouve dans le cœur des gens. Eux seuls peuvent avec sagesse et perfection allier la justice et la miséricorde si notre cœur a été adouci et si nous nous repentons de nos péchés. C’est pour cela que l’on nous met en garde de ne pas juger les autres injustement. Le fait de condamner durement les autres amènera sur nous la même condamnation de la part de notre Père céleste (voir Matthieu 7:1-3, Traduction de Joseph Smith). Dieu, de même que son Fils, est un juge totalement juste et entièrement digne de confiance, rendu parfait par la lumière, la connaissance et la compréhension.

Le fait que nos enfants suivent une voie différente de celle que nous leur avons enseignée ne nous donne pas le droit de les rejeter. Nous pouvons rarement savoir quelles sont toutes les forces qui les ont poussés à perdre le contrôle de leur vie. Seul Dieu possède tous les moyens et toute la connaissance pour identifier les forces qui produisent des effets indésirables. Lui seul, par l’intermédiaire de son Fils (voir Jean 5:22), en a la capacité et « amènera toute oeuvre en jugement, au sujet de tout ce qui est caché, soit bien, soit mal » (Ecclésiaste 12:16).

Notre relation avec nos enfants est importante. Nous ne devons pas les rejeter ou les juger trop rapidement ou trop durement au point de causer des dommages presque irréversibles.

Se tourner vers le Sauveur

Nous choisissons tous parfois le bien parfois le mal et nous transgressons tous à un degré ou à un autre, et comme Dieu connaît les conséquences inévitables du libre arbitre, il a prévu un Sauveur pour nous arracher à notre situation dangereuse.

Le Sauveur a pris sur lui le fardeau de nos péchés, de nos douleurs, de nos infirmités et de nos sentiments de désespoir, et nous pouvons bénéficier du pouvoir guérisseur de son expiation si nous nous adoucissons le cœur, nous repentons de nos péchés et devenons une personne différente.

Il pleure avec nous lorsque nous sommes dans la détresse, même lorsque, du fait de sa vision à long terme, il sait que, dans certaines situations et pour le bien que nous en recevrons finalement, il ne doit pas soulager nos fardeaux trop rapidement.

L’esprit des enseignements du Sauveur nous aide à comprendre comment nous devons réagir quand nos enfants s’égarent. Nous devons nous préparer à en laisser « quatre-vingt-dix-neuf » pour en rechercher un (voir Luc 15:1-7), à chercher dans toute la maison la pièce de monnaie perdue (voir Luc 15:8-10) et à accueillir au foyer même celui qui a gaspillé nos biens en menant une mauvaise vie (voir Luc 15:11-32).

Rechercher le Seigneur

Les problèmes que nous pouvons avoir avec les enfants rebelles sont généralement compliqués, et ils varient d’un enfant à l’autre. Il n’y a pas qu’un seul moyen de les atteindre. Demander l’aide du Seigneur par la prière peut être la meilleure ou la seule façon de recevoir les directives dont nous avons besoin dans notre situation particulière.

Dans Romains 8:26, l’apôtre Paul explique que « nous ne savons pas ce qu’il nous convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables. » Le fait de nous rapprocher du Seigneur et de chercher à être guidés par l’Esprit peut nous aider à savoir quoi faire.

Reconnaître l’Esprit

Après nous être rapprochés du Seigneur par des prières intenses et sincères, nous devons apprendre à reconnaître les indications de l’Esprit. Dans les Doctrine et Alliances, le Seigneur promet : « Je te donnerai de mon Esprit, ce qui éclairera ton intelligence » (D&A 11:12-14). Nous pouvons recevoir des instructions spécifiques par l’Esprit sur ce dont notre enfant a besoin a un moment donné.

Tenir compte de l’inspiration

Lorsque nous avons reçu une indication de l’Esprit, il faut aller fermement de l’avant. « Confie-toi en l’Éternel de tout ton cœur, dit le proverbe, et ne t’appuie pas sur ta sagesse » (Proverbes 3:5). Parfois les choses que nous nous sentons poussés à faire peuvent requérir de la foi de notre part. Seul le Seigneur a une vision d’ensemble. Si nous tournons vers lui notre esprit et notre cœur, nous pouvons obtenir la vision qui nous permettra d’agir avec sagesse envers notre enfant à n’importe quel moment précis. Le fait de savoir que nous sommes guidés par le Seigneur nous apporte une grande force intérieure dans les moments difficiles.

Souvenez-vous que nous ne sommes pas abandonnés à nous-mêmes. Les Écritures promettent espérance et paix. La magnifique parabole du fils prodigue montre que Jésus-Christ comprend parfaitement ce que les parents d’enfants rebelles peuvent endurer. Dans cette parabole, le Seigneur montre clairement que nous pouvons finir par triompher de presque tous les obstacles en faisant preuve de patience et en développant notre sagesse et notre compréhension (voir Luc 15:11-32).

Ne jamais abandonner

Si vous ne pouvez pas atteindre votre fille ou votre fils maintenant, vous pouvez au moins continuer d’essayer, continuer de l’aimer, car le simple désir de toucher, de soutenir et d’aider quelqu’un est un acte d’am our qui n’est pas toujours ignoré.

Joseph F. Smith avait donné un conseil qui m’a aidé dans des moments difficiles :

« Pères, si vous voulez que vos enfants soient instruits des principes de l’Évangile, si vous voulez qu’ils aiment la vérité et la comprennent, si vous voulez qu’ils vous obéissent et soient unis avec vous, aimez-les ! … Quelque rebelles qu’ils puissent être… lorsque vous leur parlez, ne le faites pas avec colère ni avec dureté, dans un esprit de condamnation. Parlez-leur avec gentillesse… Vous ne pouvez pas les forcer ; ils ne se laisseront pas mener de force. » (Gospel Doctrine, 5e édition, 1939, p. 316).

Ce conseil prophétique du président Smith et les points de doctrine résumés dans cet article doivent donner aux parents l’espoir de pouvoir finalement triompher s’ils prient toujours, sont toujours prêts à aider et laissent la porte ouverte à leurs enfants. Nous devons édifier nos enfants et les soutenir. Si, durant leurs jeunes années, nous établissons dans la famille des rapports d’amour qui les fortifient et les soutiennent, nous aurons plus de chance de pouvoir les aider par la suite quand ils auront des épreuves et des tentations.

Prenez premièrement soin de vous-mêmes

Il se peut que vos enfants aient besoin de vos conseils, de votre maturité et de votre aide pour affronter des situations difficiles. Si vous n’allez pas bien physiquement et émotionnellement à ces moments critiques, vous aurez moins de chance de pouvoir les aider. Ne laissez pas le chaos de leur vie détruire la vôtre. Continuez à accomplir tout ce que vous faisiez de bien dans toute la mesure du possible.

Les enfants peuvent vous mettre au défi et remettre en cause vos règles de vie et votre jugement. Soyez prêts à partager avec eux vos convictions et votre sagesse. Parfois, le moment de discuter surviendra tard le soir alors que vous êtes fatigués, mais réagissez positivement à ces moments où le courant passe entre vous et votre enfant.

Demandez de l’aide

Au cours des dernières années, la médecine a beaucoup progressé dans le domaine de l’alcoolisme, de la drogue et d’autres attitudes et situations graves. J’incite fortement les parents de ceux qui se droguent ou qui boivent à s’informer des dernières méthodes et assistances disponibles pour aider et désintoxiquer les jeunes en difficulté. Selon le cas, parlez-en à vos instructeurs au foyer, à vos dirigeants de collège et à votre évêque ou votre président de branche.

N’essayez pas de vous réaliser par l’intermédiaire de vos enfants

Certains parents placent à tort leurs espoirs et leurs attentes dans les réalisations de leurs enfants. Il est bien de se réjouir des réussites des enfants, mais le fait de trop insister sur ses attentes de parents peut infliger une pression et une tension excessives aux enfants. Les conflits entre parents et enfants peuvent être graves lorsque les parents ne comprennent pas et ne respectent pas les aspirations et les désirs personnels de

leurs enfants.

Soutenez votre enfant prodigue avec sagesse

Il y a souvent d ’autres personnes qui ont plus d’influence que vous sur vos enfants durant les moments difficiles. L’une d’elles pourra finir par être l’étincelle qui déclenchera le processus de retour de votre fils ou de votre fille. Il peut s’agir d’un camarade, d’une petite amie, d’un enseignant, d’un dirigeant scout, d’un instructeur de séminaire ou d’un dirigeant de la prêtrise, des Jeunes Filles ou de la Société de Secours.

Parfois les jeunes remettent en cause leurs choix ou leur mode de vie après avoir subi les dures leçons infligées par le système judiciaire ou pénal. Néanmoins, les jeunes finissent souvent par retourner auprès de leur famille. Comme dans la parabole du fils prodigue, parfois le fils ou la fille rebelle reprend ses esprits et rentre chez lui pour chercher la guérison et le soutien. Lorsque cela se produit, après l’avoir reçu à bras ouverts, nous avons la possibilité d’aider notre fils ou notre fille à prendre un nouveau départ.

Ne refusez pas l’évidence et ne reportez pas la culpabilité sur vous-mêmes

Tous les parents font des erreurs mais la plupart ont le profond désir de s’acquitter honorablement de leurs responsabilités de parents. Toutefois, certains refusent de voir ce que font leurs enfants. Ils leur trouvent des excuses, espèrent que les apparences sont trompeuses. Il est préférable pour tout le monde de déterminer rapidement si le problème est grave et d'intervenir tôt pour résoudre un problème de mauvaise conduite.

D’autres parents s’apitoient sur leur sort ou se laissent accabler par la honte. Ces émotions peuvent se substituer à leur amour pour leur fille ou leur fils. Pensez à ce que ressent un enfant qui se rend compte que ses parents ont honte de lui. Cela peut creuser un fossé entre parents et enfant, et empêcher tout retour. Si nous ne faisons pas face aux difficultés qui peuvent nous permettre de progresser, nous perdons des occasions d’améliorer notre capacité de comprendre, d’aimer, d’élever et de servir les autres. Ainsi par nos efforts pour aider nos enfants à obtenir leur salut, nous obtenons aussi le nôtre.

Souvenez-vous de la dernière liberté humaine

Chaque matin, les parents dont les enfants se sont égarés se posent la dure question de savoir s’ils vont pouvoir continuer à assumer leur rôle de parents, à aimer et à servir malgré toute leur douleur. Je leur suggère de se souvenir de la manière dont Viktor E. Frankl, un Juif, a survécu dans un camp de concentration nazi. Bien qu’un seul prisonnier sur vingt-huit ait survécu, Viktor Frankl a écrit :

« Un homme peut garder un vestige de liberté spirituelle et d’indépendance d’esprit, même dans des conditions aussi terribles de tension psychique et physique. Nous, qui avons vécu dans les camps de concentration, pouvons nous souvenir des hommes qui parcouraient les baraques pour réconforter les autres et donner leur dernier morceau de pain. Il y en avait peut-être peu, mais ils ont fait la preuve que l’on peut tout enlever à un homme à l’exception d’une chose : la dernière des libertés humaines, celle de décider de l’attitude que l’on aura quelle que soit la situation, celle de choisir sa propre voie. » (Mun’s Search for Meaning, 1981, p. 74-75)

Il a ajouté que les prisonniers qui affrontaient quotidiennement la cruauté, la sauvagerie et le manque de respect pour la vie et la dignité humaine, soit périssaient, soit apprenaient que « ce qui importe n’est pas ce que nous attendons de la vie, mais ce que la vie attend de nous » (Mans Search for Meaning, p. 85).

Comme les parents d’enfants rebelles, ces prisonniers étaient éprouvés par la vie, chaque jour et à chaque heure. Les difficultés étaient différentes pour chacune et chacun, et elles étaient différentes suivant les moments. Ils ont appris que les conditions, aussi dures soient-elles, ne peuvent pas détruire la paix intérieure et la dignité. Ils ont découvert que la bonne attitude les libérait de certains des tourments qu’ils devaient endurer.

Nos amis qui ont tant souffert à cause de leur fils m’ont dit : « Nous avons passé beaucoup plus de temps à lire les Écritures et à prier que jamais auparavant. » Les parents deviennent souvent plus forts spirituellement et émotionnellement quand ils se consacrent à aider et à récupérer leurs enfants rebelles. Beaucoup de parents n’auront pas à affronter des tempêtes semblables à celles dont nous venons de parler, mais certains, dont les miens, rencontrent ou rencontreront des difficultés effrayantes.

Ne cédez pas aux sentiments paralysants de culpabilité et de désespoir. Recherchez l’aide spirituelle et la paix. Soyez forts et courageux. Vous vous en sortirez. À la conférence générale de 1919, Alonzo A. Hinckley, qui était président du pieu de Sion de Deseret, a cité ces paroles de James E. Talmage, du Collège des douze :

« Je promets aux saints du pieu de Sion de Deseret que s’ils mènent une vie qui leur permette de regarder en face leurs fils et leurs filles, et que si l’un de ces derniers s’étant égaré, les parents peuvent dire : c’est contraire à mes enseignements et à l’exemple de

ma vie, ce garçon ou cette fille s’est égaré malgré tous mes efforts d’amour, de patience, de foi, de prière et de dévouement ; alors je vous promets, pères et mères, que cet enfant ne sera pas perdu à moins d’avoir, par son péché, perdu le pouvoir de se repentir. » (Conference Report, octobre 1919, p. 161).

Cette promesse est pleine de réconfort et d’espérance. Nous ne comprenons pas exactement comment cela se réalisera dans cette vie, mais nous pouvons voir que la force des relations entre les parents justes et leurs enfants dépasse notre entendement actuel et qu’il existe plus de solutions aux problèmes qui surgissent dans ces relations que nous ne le pensons avec notre logique terrestre. Nous ne sommes pas seuls dans nos efforts pour sauver et préserver le scellement qui nous unit à nos enfants.

J’espère que tous les parents d’enfants rebelles feront de leur mieux pour aider leurs enfants et aussi pour garder en eux l’espoir vif de la réussite finale de la mission de parents qu’ils ont reçue de Dieu.

(L'Étoile, mars 1999)