Est-ce que les guérisons sont réelles si elles ne sont pas accomplies par la prêtrise ?


William E. Berrett


En réfléchissant à cette question, rappelez-vous qu'un apôtre du Seigneur lui a dit un jour : « Maître, nous avons vu un homme qui chasse les dém ons en ton nom ; et nous l'en avons empêché, parce qu'il ne nous suit pas. « Ne l'en empêchez pas, lui répondit Jésus ; car qui n'est pas contre vous est pour vous » (Luc 9:45-50).

Il est certain que guérir est une bonne chose. Et il y a de nombreuses façons de guérir, mis à part les bénédictions de la prêtrise : par une bonne hygiène, par les plantes, par les médicaments et par les prières de la foi.

Dieu nous a donné la Parole de Sagesse comme code de santé. Il a également créé des plantes qui servent à guérir. Le Livre d'Alma dit que « il y en eut qui moururent des fièvres, qui étaient très fréquentes dans le pays à certaines saisons de l’année — mais ce n'était pas tellement des fièvres qu’on mourait, à cause des excellentes qualités de nombreuses plantes et racines que Dieu avait préparées pour supprimer la cause des maladies auxquelles les hommes étaient sujets par la nature du climat » (Alma 46:40).

Depuis des temps immémoriaux, les guérisseurs de toutes les cultures ont utilisé les remèdes de la nature et guéri beaucoup de gens. À notre époque, Dieu a déversé sur la terre des connaissances que la profession médicale a utilisées pour soulager efficacement les malades et les affligés, allant heureusement beaucoup plus loin que ne le permettaient les remèdes à base de plantes dont disposaient les cultures qui nous ont précédés.

Dieu entend que nous utilisions tout ce qu'il nous a donné pour nous guérir de nos maux. La question qui tracasse le plus les hommes se rapporte aux guérisons où aucun des remèdes naturels connus ou des soins médicaux n'ont été donnés au malade. C’est ce qu’on appelle généralement des guérisons par la foi, c’est-à-dire qu’elles se sont produites soit grâce au pouvoir que l’esprit a sur le corps ou par le pouvoir de Dieu.

Bien que ces deux méthodes soient légitimes, on les confond souvent ; on croit souvent à tort que des guérisons imputables au contrôle que l’esprit a sur le corps sont des bénédictions de la prêtrise. Plus nous en apprenons sur le pouvoir que l’esprit a sur le corps et mieux nous comprenons que jusqu’à un certain point par des moyens que nous ne connaissons pas bien, l’esprit joue un grand rôle dans le choix de ce qui peut améliorer notre santé. Toutefois, nous commençons tout juste à entrevoir ces capacités et nous ne sommes pas en mesure de les utiliser.

Un nombre incalculable de guérisons se sont produites en exerçant le pouvoir de l’esprit sur le corps. Les guérisseurs aborigènes, par exemple, ont employé parfois des méthodes tortueuses pour que le malade ait la foi afin qu’il puisse être guéri. Des guérisons ont souvent suivi, et elles n’avaient pas pour cause les incantations du guérisseur, mais une loi naturelle où l’esprit peut influencer le corps.

Le grand prédicateur George Fox, fondateur de la Société des Quakers, préconisait les guérisons par la foi avec un certain succès, quoique trop souvent la maladie revenait, ce qui était, d ’après lui, une punition pour avoir désobéi à Dieu. D’autres guérisons se sont produites dans des lieux saints comme la Mecque, en Arabie Saoudite, mais seulement une toute petite proportion des malades guérissent réellement. Il y a eu des guérisons par la foi à des réunions du groupe du renouveau, mais on doute de la permanence de certaines d’entre elles. Qui plus est, les scientistes chrétiens avancent que la souffrance n’existe pas, qu’elle est seulement une erreur de l’esprit.

Je crois que nombre de gens guéris par le pouvoir de l’esprit sur le corps n’ont pas été menés par des hommes influencés par le diable, mais par des personnes ayant de bonnes intentions, et que la foi qui a entraîné des guérisons dans les lieux saints, par exemple, n’est pas obligatoirement l’oeuvre de l'adversaire, mais simplement l’application d’un principe de vie venant de Dieu et qui n’est pas reconnu.

Je crois également que lorsque nous disons que toutes les guérisons de ce genre sont diaboliques, nous sommes injustes envers ce groupe de personnes bien intentionnées qui ont poussé le malade à exercer la foi, même s’il est évident que les incantations et les exhortations utilisées dans certains endroits et par certaines gens ne montrent pas l’Esprit de Dieu.

Je crois que nous devons admettre qu’il y a des charlatans, aux desseins condamnables, qui utilisent le principe véridique du rapport de l’esprit et du corps de manière diabolique. Satan ne peut pas faire le bien, et les hommes qui ont de mauvaises intentions mélangent parfois le bien et le mal. Ceci poussa Brigham Young à faire le commentaire suivant : « Montrez-moi un principe qui ait commencé grâce au pouvoir du diable. Vous ne pouvez le faire. Je dis que le mal est le bien inversé, ou un principe correct dont on fait mauvais usage. » (Journal o f Discourses, 3:156-57)

Il y a des exemples d’un mauvais usage de principes vrais dans les récits bibliques et historiques. Par exemple, en utilisant des pouvoirs démoniaques, les magiciens égyptiens purent reproduire beaucoup de miracles accomplis par Moïse par le pouvoir de Dieu (voir Exode 7-8). Au temps des premiers apôtres, Simon le magicien fit croire avec tant de conviction que ses pouvoirs diaboliques venaient de Dieu que bien des gens, « depuis le plus petit jusqu’au plus grand, l’écoutaient attentivement, et disaient : Celui-ci est la puissance de Dieu, celle qui s’appelle la grande » (Actes 8:10).

En 1830, Hiram Page, l’un des huit témoins du Livre de Mormon, prétendit qu’il recevait des « révélations » pour l’Église grâce à une pierre qu’il s’était procuré. Quoique ces « révélations » aient contredit celles que Joseph Smith avait reçues du Seigneur, sa façon de les recevoir trompa plusieurs membres de l’Église, y compris Oliver Cowdery. Le Seigneur commanda à Oliver de dire à frère Page « que ce qu’il a écrit d’après cette pierre n’est pas de moi et que Satan le séduit » (D&A 28:11).

Huit ans après, Hiram Page quitta l’Église. Il est certain que dans les cas ci-dessus, Satan a donné à des hommes de grands pouvoirs ressemblant tant à ceux que possédaient les véritables serviteurs de Dieu que beaucoup de gens furent trompés. Il me semble donc que de vrais principes peuvent être utilisés pour faire le bien ou le mal.

Maintenant que nous comprenons les autres genres de guérisons, qui peuvent être bonnes ou venir de l'adversaire, examinons celles de la prêtrise. Il y a des limites aux guérisons produites par la foi seule. Cependant, quand à la foi du malade s’ajoute une bénédiction de la prêtrise, il n’y a aucune limite sur le plan des résultats possibles. Écoutez l’invitation que le Christ a lancée aux Néphites :

« Avez-vous des malades parmi vous ? Amenez-les ici. Avez-vous des estropiés, des aveugles, des boiteux, des mutilés, des lépreux, des desséchés, des sourds ou des gens affligés de toute autre manière ? Amenez-les ici et je les guérirai, car j’ai compassion de vous ; mes entrailles sont remplies de miséricorde » (3 Néphi 17:7).

Dans les bénédictions de la prêtrise, la foi de l’affligé est aussi un facteur vital, mais c’est une foi véritable en un pouvoir véritable : la prêtrise. Dans de tels cas, la foi est une sorte de catalyse qui entraîne la réaction physique désirée.

Marc, dans son évangile, a écrit que le Seigneur ne pouvait accomplir que peu de guérisons quand il se rendait dans son village, à Nazareth, parce que les habitants étaient incrédules (voir Marc 6:5).

Ainsi, quand la prêtrise de Dieu bénit les malades fidèles, un élément de guérison puissant passe du détenteur de la prêtrise à l’esprit et au corps du receveur. Cela influe sur le corps physique aussi réellement qu'un rayon ultraviolet ou un rayon laser, mais avec bien plus de puissance, quand les bonnes conditions sont réunies. C’est en ces termes que Brigham Young explique ceci :

« Lorsque je pose les mains sur les malades, je m’attends à ce que le pouvoir et l’influence guérisseurs de Dieu passent par moi jusque dans le malade, et que la maladie s’en aille. » (Discours de Brigham Young, p. 163)

Bien que ce pouvoir de guérir qui découle des bénédictions appropriées de la prêtrise ne soit pas compris par le monde, le peuple de Dieu le connaît et en rends témoignage. Ainsi, tout en reconnaissant le pouvoir de la foi sans les bénédictions de la prêtrise, les saints des derniers jours recherchent le pouvoir de guérison beaucoup plus puissant de la prêtrise de Dieu, qui comprend les autres formes de guérison et, quand c’est nécessaire, va beaucoup plus loin que n'importe laquelle d’entre elles pour ce qui est de sa capacité de guérir (voir D&A 43:44).


Source : L'Étoile, août 1981, p. 22-25