D'aucuns
prétendent que la doxologie du Notre Père (« Car
c'est à toi qu'appartiennent, dans tous les siècles, le
règne, la puissance et la gloire. Amen. ») ne faisait
pas partie du modèle de prière donné par le
Sauveur, mais a été ajoutée par quelqu'un qui
copiait ou traduisait la Bible.
Si tel est le cas, comment se fait-il
qu'elle apparaisse dans le Livre de Mormon exactement telle qu'elle
apparaît dans Matthieu ?
Joseph
Fielding Smith
Il
n'y a rien dans cette doxologie qui ne soit pas vrai, ni parfaitement
raisonnable et vous pouvez être certain que le Seigneur ne
termina pas sa prière aussi brusquement ; quelque chose
manquerait donc sans cette bénédiction pour terminer la
prière.
Il
peut être vrai que ce passage ne se trouve pas dans beaucoup de
manuscrits connus, mais cela ne prouve pas que le passage est faux et
qu'il ait été inséré par des traducteurs
qui étaient conscients de la nécessité d'une
telle terminaison. Il faut se souvenir que les manuscrits que l'on
connaît sont d'une date assez récente. Il n'y a pas de
manuscrits originels connus. Il se peut que les traducteurs anglais
aient eu un manuscrit, car assurément les paroles contestées
sont celles que le Sauveur utiliserait en faisant la prière, à
laquelle il manquerait beaucoup si ces paroles étaient
éliminées.
Ces
paroles se trouvent dans les traductions danoise, suédoise,
norvégienne, hollandaise, espagnole et allemande. Ceci est
important. Ont-ils copié la version du roi Jacques ? Ces mots
contestés sont sans aucun doute l'Évangile pur. Voici
une citation tirée du commentaire de la Bible du Dr Adam
Clarke, qui est l'un des meilleurs commentaires :
«
Car c'est à toi qu'appartiennent… le royaume, etc.
Cette doxologie est rejetée tout entière par Wetstein,
Griesbach et les critiques les plus éminents. Les arguments en
fonction desquels elle est rejetée, apparaissent dans
Griesbach et Wetstein, en particulier dans la deuxième
édition… elle est écrite de diverses manières
dans les divers manuscrits et omise par la plupart des pères
grecs et latins. Étant donné que la doxologie est au
moins très ancienne et était en usage parmi les Juifs,
aussi bien que toutes les autres demandes de cette excellente prière,
elle ne doit pas, à mon avis, être exclue du texte, pour
la simple raison que certains manuscrits l'ont omise, et qu'elle a
été écrite de manières diverses dans
d'autres. » (Clarke, Commentary on the Bible, vol. 5, p. 73, à
propos de Matthieu 6:13)
Voilà
donc l'un des meilleurs ouvrages de commentaire de la Bible qui
affirme que ce passage se trouvait dans certains manuscrits et est
une expression courante.
Si
vous souhaitez d'autres renseignements, je vous renvoie au «
Commentary » de Scott, autre célèbre traité
sur la Bible. J'en cite le passage suivant : « Cette phrase (la
doxologie finale) ne se trouve pas dans st Luc, ni dans de nombreux
exemplaires de st Matthieu. Cependant il y a des raisons suffisantes
de l'accepter comme faisant partie du Notre Père, car elle est
dans la version syriaque et reconnue dans les liturgies grecques et
elle se trouve dans la plupart des exemplaires antiques. Et parce
qu'il est très peu vraisemblable que les saints pères
de l'Église grecque aient pris sur eux d'ajouter leurs propres
inventions à une forme composée par notre Seigneur
lui-même. Mais il est probable que notre Seigneur ait énoncé
cette forme deux fois, en des occasions différentes, ait
ajouté cette phrase la première fois et ne l'ait pas
utilisée la seconde ; et que les copies latines, qui sont
pleines d'erreurs (je souligne) aient pu la supprimer dans les deux
cas de peur de donner l'impression que l'évangéliste se
soit trompé sur un point aussi considérable…Elle
est parfaitement scripturale, et abonde tellement en instructions,
que les preuves internes de son authenticité sont
irréfutables. » (Scott, Commentary on the Bible, vol. 3,
p. 23, à propos de Matthieu 6:13)
Vous
voyez donc qu'il y avait des manuscrits qui contenaient ceci et par
conséquent les traducteurs anglais avaient effectivement accès
à des manuscrits où cela se trouvait et ils ne
l'insérèrent pas de leur propre initiative.
(Improvement
Era de 1953 à 1970, rubrique « Votre question »)