Dans l’Ancien Testament, nous lisons l'expression « œil pour œil, dent pour dent » (Exode 21:24).
Pourquoi le Seigneur a-t-il donné une telle loi de châtiment aux enfants d’Israël ?


Ermel J. Norton

 

Comme il est intéressant de le constater, ce passage n’entend pas permettre la vengeance et les représailles. Sous la forme que le Seigneur lui donne dans l’Ancien Testament, cette formule est une métaphore qui illustre le principe des conséquences. Paul exprime cette idée avec concision : « Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi » (Galates 6:7).

À l’époque de l’Ancien Testament, le concept d’œil pour œil fut donné comme principe pour guider les juges, pour que leurs jugements soient justes et pour que les personnes ne cherchent pas à se faire justice elles-mêmes. Comme l’explique Alma à son fils Corianton, ce principe était celui de la restauration : « restaurer le mal au mal, le charnel au charnel, …le bien à ce qui est bien…, le juste à ce qui est juste » (Alma 41:13). Ou, comme le Sauveur le dit dans le sermon sur la montagne : « L’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez » (Matthieu 7:2).

Au jugement final, on rendra œil pour œil, dent pour dent, miséricorde pour miséricorde, bienveillance pour bienveillance, et dans l’au-delà, le mal pour une mauvaise vie.

Quand le Sauveur a donné le sermon sur la montagne, il a cité « œil pour œil, dent pour dent » pour enseigner : « Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre » (Matthieu 5:38, 39). Le Seigneur ne retirait pas le principe de justice divine qu’il avait donné à Moïse sur le Sinaï. Il dénonçait plutôt les enseignements des scribes et des pharisiens de son époque qui se méprenaient sur l’intention de l’Écriture. Au lieu de laisser le jugement à ceux qui en avaient l’autorité, ils interprétaient le principe d’œil pour œil comme une justification personnelle pour se venger d’une blessure ou d’une insulte.

Les enfants d’Israël avaient reçu ce commandement spécifique, qui faisait partie de la loi de Moïse : « Tu ne te vengeras point, et tu ne garderas point de rancune contre les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19:18). Ainsi, on leur interdisait non seulement de se venger, mais aussi de nourrir toute rancune qui pourrait les mener aux représailles. Leur devoir était d’aimer, en laissant la vengeance au Seigneur (voir Deutéronome 32:35 ; Psaumes 94:1).

Ainsi, quand le Sauveur, dans le sermon sur la montagne, disait au peuple de ne pas chercher à se venger, il rétablissait simplement un principe qu’il avait donné par l’intermédiaire de Moïse et il tentait d’éliminer une tradition qui s’en était éloignée.


Source : L'Étoile, mars 1982, p. 9-10