QUESTION : Pourquoi la preuve scientifique n'est pas la méthode prévue par le Seigneur et l'Église pour convertir les gens ?



RÉPONSE de Dallin H. Oaks, président de l'université Brigham Young de 1971 à 1980, juge à la cour suprême d’Utah de 1980 à 1984, membre du collège des Douze de 1984 à 2018, membre de la Première Présidence depuis 2018 :

La méthode scientifique, qui a si bien servi l'avancée des connaissances séculières, s'appuie fortement sur l'observation. Les scientifiques étudient et mesurent les événements physiques, les expériences attentivement préparées et les phénomènes naturels. Leurs méthodes diffèrent entre elles, mais pour tous les scientifiques, la preuve de l'exactitude des réponses qu'ils recherchent se trouve dans leur observation et dans leur mesure détaillée. Nous pouvons donc avancer que les scientifiques cherchent à progresser dans la connaissance et à apprendre la vérité par l'observation physique et la mesure des signes. Ceci sans vouloir nier le fait que l’œuvre des scientifiques a été guidée par des choses non mesurables comme l'intuition et l'inspiration.

La religion des saints des derniers jours n'est pas hostile à toute vérité trouvée par quelque moyen que ce soit. Les saints des derniers jours ont été parmi les utilisateurs les plus efficaces de la méthode scientifique et, par ce moyen (et par la révélation, quand ils étaient qualifiés pour la recevoir), ont beaucoup contribué à la connaissance du monde dans lequel nous vivons. Mais les saints des derniers jours fidèles savent que la méthode scientifique n'est pas appropriée pour connaître Dieu ou déterminer les vérités de son Évangile.

Un membre de l'Église qui comptait parmi les scientifiques les plus renommés au monde, Henry Eyring, maîtrisait parfaitement la méthode scientifique qui permet d’obtenir de la connaissance mais il savait aussi que cette méthode a ses limites et qu'il existe une autre manière de trouver des réponses aux questions qui importent le plus. Son attitude a été décrite par son fils, Henry B. Eyring :

« Maintenant, quand quelqu'un vous dit que les questions qui importent relèvent seulement d'une analyse rationnelle quelconque, souvenez-vous que les réussites étonnantes de la raison ces trois cents dernières années sont sorties de ce qu'on appelle la 'méthode scientifique'. J'espère que vous vous souviendrez, comme je me souviendrai toujours, du scientifique Henry Eyring à genoux, quand les questions qui importaient le plus relevaient de la méthode pour trouver la vérité qu'il avait apprise sur les genoux de sa mère alors qu'il était un petit garçon à Old Mexico. C'était longtemps avant qu'il ne prenne le train pour Tucson, puis Berkeley, puis Madison, et ensuite pour Berlin et Princeton pour appliquer la méthode scientifique dans la création de théories qui ont changé le monde de la science. Ce qu'il apprit à genoux lui apporta la paix et changea ma vie. » (Henry B. Eyring, Going Home, dans Brigham Young University 1986-87 Devotional and Firesides Speeches, Provo, Utah, University Publications, 1987, p. 76, 77)

Les Écritures rejettent l'idée que les hommes peuvent utiliser la méthode scientifique ou les signes pour acquérir la foi : une expérience mise en scène ou suscitée par la volonté de l'homme et au moment choisi par lui. Le Seigneur décrète que quand des signes seront donnés, ils le seront selon ses conditions : par la volonté de Dieu et au moment et dans les conditions qu'il aura choisis ; « Oui, les signes viennent par la foi, non pas par la volonté des hommes, ni selon leur bon plaisir, mais par la volonté de Dieu. » (D&A 63:10)

Pourquoi en est-il ainsi ? La réponse se trouve dans le but de la vie. Nous, les mortels, ne sommes pas envoyés sur terre pour prouver l'existence de Dieu. Nous sommes ici pour être mis à l'épreuve. Pour réaliser notre destinée éternelle, nous devons développer notre foi.

Comme l'apôtre Paul l'enseigna : « Or, sans la toi, il est impossible [d'être] agréable [à Dieu] ; car il faut que celui qui l'approche croie que Dieu existe, et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent » (Hébreux 11:6).

Pour nous permettre de développer cette foi, les paramètres de la condition mortelle furent, comme Bruce C. Hafen l'a dit, « attentivement et délibérément prévus pour ne pas obliger à croire » (Bruce C. Hafen, The Believing Heart, Salt Lake City, Deseret Book, 1986, p. 6). Par exemple, après que le texte du Livre de Mormon a été rédigé, les plaques d'or furent enlevées afin de ne plus être accessibles pour servir de preuve au Livre de Mormon. La foi ne vient pas des preuves scientifiques ou des signes miraculeux. Si c'était le cas, l'ordre prescrit par Dieu serait renversé et la progression spirituelle qui vient du développement et de l'exercice de la foi serait empêchée. (op. cit., p. 46-48)

La foi vient comme le Seigneur l’a prévu : par le désir, les tâtonnements et la confiance, par la prière et le service. Dieu nous a placés dans un contexte terrestre où nous pouvons acquérir la foi de la façon qu'il a prévue. Les preuves et les signes viennent plus tard, selon d’autres critères. Comme le président George Q. Cannon a dit : « Le témoignage fiable doit venir de l'intérieur ; c'est-à-dire que les saints doivent avoir le témoignage du Saint-Esprit en eux. Les signes extérieurs et les preuves vont confirmer et fortifier le témoignage intérieur. » (George Q. Cannon, Gospel Truth, éd. Jerreld L. Newquist, Salt Lake City, Deseret Book, 1987, p. 152)

Ceci nous aide à comprendre pourquoi la méthode scientifique ne s'applique pas pour établir la véracité de l'Évangile, la réalité du rétablissement ou l'origine et l'authenticité du Livre de Mormon. Le président Ezra Taft Benson a déclaré : « La véracité du Livre de Mormon n'a jamais été prouvée, hier comme aujourd'hui, par des études d'experts. L'origine, la préparation, la traduction et la vérification de la véracité du Livre de Mormon ont toutes été conservées entre les mains du Seigneur. » (Ezra Taft Benson, A Witness and a Warning, Salt Lake City, Deseret Book, 1988, p. 31)

Le manque de preuves scientifiques décisives des vérités scripturaires n'empêche pas les défenseurs de l'Évangile d'avoir accès à des contre-arguments de même nature. Quand des opposants attaquent l'Église ou sa doctrine en présentant des soi-disant preuves, les défenseurs loyaux les contrent avec des arguments d'une nature similaire. Comme Neal A. Maxwell a dit : « Nous pouvons être assurés que suffisamment de données et de preuves extérieures plausibles apparaîtront pour empêcher les moqueurs de s'amuser avec les Écritures, mais ne seront pas suffisantes pour enlever la nécessité de la foi. » (Neal A. Maxwell, But for a Small Moment, Salt Lake City, Bookcraft, 1986, p. 35)

Tout comme la science ne prouvera pas la vérité religieuse, elle ne pourra pas la réfuter. Les vérités éternelles de la religion ne seront pas réfutées, même par les toutes dernières preuves ou les lois les plus solides de la science. La science est trop expérimentale pour cela.

Au cours du XIXe siècle, de grandes avancées ont été faites dans la compréhension humaine en ce qui concerne la nature de l'univers physique et de ses éléments vivants. Des scientifiques parmi mes amis me disent que les lois de Newton ne sont actuellement applicables que sous un nombre restreint de conditions ; par exemple, elles ne correspondent pas au comportement des micro-particules à grande vitesse. La nature atomique de la matière était loin d'être acceptée il y a cent ans. De nos jours, la description la plus précise d'un atome correspond à une équation mathématique complexe. Des avancées comparables ont été faites dans notre compréhension de la photosynthèse, un processus de base utilisé par le monde végétal qui permet la continuation de toute vie sur la planète. Il y a seulement quelques décennies, les scientifiques croyaient que l'oxygène produit par ce processus venait du dioxyde de carbone ; aujourd'hui, ils sont sûrs qu'il vient de l'eau. Il y a moins d'un demi siècle, les scientifiques croyaient que les protéines présentes dans une cellule étaient le composant génétique de la cellule. Les manipulations d'ADN rendues possibles, les scientifiques furent rapidement convaincus que le composant génétique des cellules était l'ADN, et non pas les protéines.

Dans l’œuvre passionnante des scientifiques, les anciennes explications sont présentées comme moins exactes que les plus récentes. Les anciennes explications admises sur des relations diverses, s'avèrent fausses ou d'une application limitée. Le processus dynamique se poursuit, et comme nous l'avons dit, la connaissance s'accroît. Mais la connaissance obtenue par la méthode scientifique est toujours expérimentale et n'est pas une fondation suffisante pour réfuter l'existence ou l’œuvre de Dieu. Le professeur Hugh Nibley donne cette conclusion :

« Les paroles des prophètes ne peuvent être soumises aux essais expérimentaux et imparfaits que les hommes ont préparés pour les mettre à l'épreuve. La science, la philosophie et le bon sens sont tous utilisés par les tribunaux. Mais ils n'ont pas le dernier mot. Chaque fois que les hommes, dans leur sagesse, ont eu le dernier mot, d'autres derniers mots ont rapidement suivi. Le dernier mot est le témoignage de l'Évangile qui ne vient que par la révélation directe. Notre Père céleste le prononce. S'il était en accord parfait avec la science d'aujourd'hui, il serait sûrement en désaccord avec la science de demain. En conséquence, ne cherchons pas à comparer Dieu aux avis éclairés du moment alors qu'il parle le langage de l'éternité. » (Hugh Nibley, The World and the Prophets, Salt Lake City, Deseret Book et Foundation for Ancient Research and Mormon Studies, 1987, p. 134)

L'apôtre Paul a dit : « Mais examinez toutes choses et retenez ce qui est bon » (1 Thessaloniciens 5:21). De même, en réaffirmant le commandement de la dîme par l'intermédiaire du prophète Malachie, le Seigneur dit : « Mettez-moi de la sorte à l'épreuve, dit l'Éternel des armées. Et vous verrez si je n'ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la bénédiction au-delà de toute mesure » (Malachie 3:10). Par la bouche de Malachie, le Seigneur a donné des promesses spécifiques à ceux qui apporteraient leur dîme (par exemple : « Pour vous je menacerai celui qui dévore »). Ces passages scripturaires invitent le fidèle à mettre le Seigneur à l'épreuve en gardant ses commandements et en recherchant la bénédiction promise.

Puisque le genre de preuve qui provient de l'obéissance aux commandements et de la recherche de la bénédiction promise est le résultat de l'exercice de la foi, les signes qui suivent ceux qui croient ne sont pas des signes interdits mais appropriés. Ceci est évident dans ce qui est peut-être la plus puissante invitation, parmi toutes les Écritures, à rechercher une preuve : « Et quand vous recevrez ces choses, je vous exhorte à demander à Dieu, le Père éternel, au nom du Christ, si ces choses ne sont pas vraies ; et si vous le demandez avec un cœur sincère et avec une intention réelle, ayant foi au Christ, il vous en manifestera la vérité, par le pouvoir du Saint-Esprit » (Moroni 10:4).

Moroni fait la promesse explicite d'une manifestation spirituelle à celui qui cherche à connaître la véracité du Livre de Mormon. Mais, il faut le noter, cette promesse est faite seulement à la personne qui demande « avec un cœur sincère et avec une intention réelle, ayant foi au Christ ». La manifestation qui est donnée en réponse, suite à cette promesse, n'est pas un signe donné pour convertir l'incroyant, mais un signe qui suit la foi et l'engagement personnel.

Lors d'une récente conférence générale, le président Howard W. Hunter, réaffirmant l'avertissement de James E. Talmage concernant l'arrogance de ceux qui rejettent la véracité des miracles et des signes dont ils n'ont pas fait l'expérience, et qu'ils ne peuvent comprendre, a dit : « La science et l'intelligence humaine n'ont pas encore fait suffisamment de progrès pour analyser et expliquer ces prodiges. Frère Talmage a averti qu'il est de toute évidence arrogant d'affirmer que les miracles n'existent pas, que les résultats et les manifestations ne peuvent être qu’imaginaires puisque nous ne pouvons comprendre les moyens par lesquels ils se produisent… En fait, ceux qui ont été les bénéficiaires de ces miracles en sont les témoins les plus convaincants. » (L’Étoile, juillet 1989, p. 14)

Ce conseil s'applique particulièrement au témoignage sacré que le Saint-Esprit rend à celui qui recherche la vérité. Ceux qui ne sont pas prêts spirituellement à recevoir ce témoignage devraient prendre garde à ne pas affirmer que, parce qu'ils n'en ont pas fait l'expérience, il n'existe pas.

L'approche purement intellectuelle de la religion rejette les miracles modernes et suspecte toute vérité religieuse qui ne peut être prouvée par la méthode scientifique.

La connaissance de la vérité à propos de Dieu et de ses commandements à ses enfants vient par la foi et la révélation du Saint-Esprit, ce qui ne peut pas être prouvé par la science.

(Dallin H. Oaks, The Lord's Way, Deseret Book, 1991, Éditions françaises LDS, 2008, p. 92-105)