QUESTION : Qu'y avait-il
dans les credo des hommes que le Seigneur trouvait abominable, comme
il le dit lors de la Première Vision ?
RÉPONSE de Hoyst W.
Brewster, directeur du département de la Prêtrise de
Melchisédek dans les années 1980
Lors de la Première
Vision, Jésus déclara à Joseph Smith, à
propos des confessions religieuses de l'époque, que leurs
credo étaient une abomination à ses yeux et que leurs
docteurs étaient tous corrompus. Comment explique-t-on ces
propos du Seigneur ?
En au moins quatre
occasions, le prophète Joseph Smith a écrit ou dicté
un compte rendu de la Première Vision. Un seul, un bref récit
noté en 1835 par Warren Cowdery, ne fait pas mention des faux
credo qu'enseignaient alors les hommes (voir Milton V. Backman, fils,
Joseph Smith's First Vision, Sait Lake City, Bookcraft, 1980).
Dans un compte rendu dicté
en 1832 à Frederick G. Williams, le prophète Joseph
raconta comment le Sauveur lui avait dit : « Le monde est
en ce moment dans le péché, et nul ne fait le bien. »
Le Seigneur avait ajouté : « Ils s’approchent de
moi des lèvres, mais leur cœur est loin de moi. »
(Backman, First Vision, page 157)
Le récit qui se
trouve aujourd'hui dans la Perle de grand prix a été
écrit en 1838. Il y est dit que le jeune Joseph demanda à
Dieu « laquelle de toutes les confessions avait raison ».
Le Fils de Dieu répondit qu'« elles étaient
toutes dans l'erreur… que tous leurs credo étaient une
abomination à ses yeux ; que ces docteurs étaient tous
corrompus », ajoutant : « Ils s'approchent de moi des
lèvres, mais leur cœur est loin de moi ; ils enseignent
pour doctrine des commandements d'hommes, ayant une forme de piété,
mais ils en nient la puissance. » (Joseph Smith, Histoire
18-19)
Dans un récit de
1842, appelé la lettre à Wentworth, le prophète
écrivit : « Deux personnages glorieux… me dirent
que toutes les confessions religieuses croyaient en des doctrines
erronées, et qu'aucune d'elles n'était reconnue par
Dieu comme son Église et son royaume. » (Backman, First
Vision, p. 169)
D'après ces récits
de l'expérience du prophète dans le Bosquet sacré
en ce matin du printemps 1820, il est clair que Dieu le Père
et son Fils étaient mécontents des doctrines enseignées
dans les Églises.
Peut-être l'une des
principales raisons du mécontentement du Seigneur
était-elle que les préceptes des hommes ne pouvaient
sauver. Autrefois, l'apôtre Paul avertit qu'il viendrait des
temps dangereux où beaucoup de pratiques apostates
inventées par les hommes seraient répandues. Il prévint
que ceux qui prôneraient ces pratiques auraient une «
forme extérieure de piété », mais qu'ils
en « nieraient la puissance ». Il exhorta à «
s'éloigner de ces hommes-là. » (2 Timothée
3:5 ; voir aussi Joseph Smith, Histoire 1:19)
Tout credo, toute doctrine,
toute philosophie, tout précepte, toute pratique, toute
ordonnance ou tout enseignement qui éloigne, délibérément
ou non, les gens du pouvoir salvateur du Christ et de son Évangile
est une abomination. En ce sens, tout ce qui dévie de la
vérité ou de l'autorité divine de Dieu, ne
serait-ce que légèrement, n'a pas de piété,
et nous devons nous en écarter.
Le Seigneur a révélé
au prophète Joseph Smith que le pouvoir de la piété
se manifeste dans les ordonnances de sa prêtrise, et que «
sans ses ordonnances et l'autorité de la prêtrise le
pouvoir de la piété ne se manifeste pas aux hommes dans
la chair. » (D&A 84:20-21)
Les ordonnances de
l'Évangile qui ressemblent dans la forme à celles dont
la Divinité a déclaré qu'elles sont nécessaires
au salut, mais qui n'ont pas l'autorité divine de la prêtrise,
ne sont pas acceptées par Dieu et ne peuvent sauver les âmes.
De plus, quelle que soit la sincérité de la personne
qui accomplit ou reçoit une ordonnance de l'Évangile,
si cette ordonnance est effectuée sans autorité
reconnue de Dieu, elle ne peut sauver.
Cela a pour conséquence
de faire obstacle à l'œuvre de Dieu, qui est de «
réaliser l'immortalité et la vie éternelle de
l'homme » (Moïse 1:39). Ainsi, tout ce qui fait obstacle à
l'œuvre de Dieu, intentionnellement ou non, est une
abomination.
John Widtsoe a fait la
déclaration suivante à propos des abominations
mentionnées lors de la Première Vision :
« Jésus dit à
Joseph que toutes les Églises étaient dans l'erreur, et
que leurs credo étaient une abomination à ses yeux, et
que ces docteurs étaient tous corrompus. Cette déclaration
a offensé beaucoup de gens. Elle ne doit pourtant pas nous
étonner, si nous nous rappelons que Joseph recherchait la
vérité. Son esprit était habité par le
doute. Tout ce qui n'est pas vérité est abomination.
Éliminons du monde ce qui n'est pas vrai, et le monde sera
meilleur. Les pasteurs n'étaient pas nécessairement
corrompus personnellement, mais étant donné qu'ils
prêchaient et professaient des idées fausses, ils
étaient corrompus en tant qu'instructeurs. Il y a une nuance
entre celui qui est égaré et celui qui enseigne
délibérément des idées fausses. Il ne
faut pas se méprendre sur la déclaration du Sauveur. La
vérité est la seule chose qui soit sacrée ; ceux
qui enseignent la vérité altérée sont
alors corrompus. » (« Joseph Smith - The Significance of
the First Vision », The Annual Joseph Smith Memorial Sermons,
Volume 1, Logan, Utah, Institute of Religion, 1966, p. 28)
Les Écritures nous
conseillent très justement de ne pas nous attacher à
des « fables... et à des commandements d'hommes qui se
détournent de la vérité. » (Tite 1:14)
Il n’est pas dans
l'intention des saints des derniers d'offenser qui que ce soit en
disant des fausses croyances d'autrui qu'elles sont des abominations.
Mais nous devons être inébranlables dans notre
attachement à la vérité. Il n'y a « qu'un
seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. »
(Éphésiens 4:5)
Nous reconnaissons que les
efforts sincères et dévoués d'instructeurs et de
pasteurs d'autres confessions accomplissent beaucoup de bien
dans le monde. Sidney Rigdon fut, par exemple, pasteur d'une autre
Église avant de connaître l'Évangile de
Jésus-Christ rétabli. Le Seigneur lui dit, après
sa conversion : « Mon serviteur Sidney : Je vous ai observés,
toi et tes œuvres. J'ai entendu tes prières et t'ai
préparé pour une œuvre plus grande. » (D&A
35:3)
Il est clair que Sidney
Rigdon avait rendu de grands services dans son précédent
ministère, mais, après avoir accepté l'Évangile
rétabli et avoir reçu l'autorité divinement
rétablie de la prêtrise, il fut en mesure d'accomplir «
une œuvre plus grande », en enseignant les révélations
de Dieu et en administrant les ordonnances salvatrices de l'Évangile.
Il est certain que ceux qui
œuvrent pour le bien, parmi lesquels de nombreux pasteurs
d'autres Églises, comptent parmi les hommes et les femmes
honorables de la terre. Cependant, la révélation nous
rappelle que même « les hommes honorables de la terre »
seront parmi ceux qui ne recevront pas l'exaltation dans le royaume
céleste s'ils n'ont pas accepté les principes et les
ordonnances salvatrices de l'Évangile de Jésus-Christ,
qui ne sont disponibles que par l'intermédiaire de son Église
rétablie (voir D&A 76:75-78).
La vertu personnelle et les
bonnes intentions ne suffisent pas pour sauver les âmes dans le
royaume céleste de Dieu. Le Sauveur lui-même a fait une
distinction entre les récompenses quand il a dit : « Qui
reçoit un prophète en qualité de prophète
obtiendra une récompense de prophète, et qui reçoit
un juste en qualité de juste obtiendra une récompense
de juste. » (Matthieu 10:41)
En suivant les enseignements
d'un pasteur honorable et juste qui n'a pas l'autorité
d'accomplir les ordonnances salvatrices de l'Évangile, on
recevrait la récompense de cet homme juste, mais on ne
recevrait pas le salut. Le Seigneur a clairement répété
à maintes reprises que certaines ordonnances sont nécessaires
pour obtenir le salut (voir Jean 3:5 ; D&A 132:18-19).
En rejetant les credo
erronés et les ordonnances accomplies sans autorité,
nous ne jugeons pas les gens. Nous reconnaissons qu'il y a dans
toutes les Églises des gens aux grandes qualités
morales, droits et bons. James E. Talmage a fait remarquer : «
Lorsque nous disons que le Seigneur n'est pas satisfait de ces
Églises, nous ne voulons pas dire qu'il n'est pas satisfait de
leurs membres… Une Église peut être entièrement
corrompue du fait de ses fausses affirmations, et pourtant au sein de
cette Église, il peut y avoir des gens qui font tout le bien
possible. » (Conférence Report, octobre 1928, p.
120)
Boyd K. Packer, du Collège
des douze apôtres, a dit : « Nous savons qu'il y a des
personnes convenables, respectables et humbles dans beaucoup
d'Églises, chrétiennes ou autres. Et il est triste à
dire qu'il y a, en comparaison, des saints des derniers jours pas
aussi dignes, car ils ne gardent pas leurs alliances. Mais il n'est
pas question de comparer les individus… La bonne conduite
sans les ordonnances de l'Évangile ne sauvera ni n'exaltera
jamais le genre humain ; les alliances et les ordonnances sont
essentielles. Nous devons enseigner toutes les parties de la
doctrine, même les moins populaires. » (Conférence
générale, octobre 1985)
Nous ne demandons pas aux
gens de renoncer à des vérités qu'ils possèdent
déjà. Ce que nous voulons, c'est proclamer à
tout le genre humain la vérité de l'Évangile de
Jésus-Christ dans sa plénitude et mettre à la
disposition de chacun la plénitude de son pouvoir salvateur.
En proclamant ce message,
nous ferions bien de nous rappeler deux avertissements de serviteurs
de Dieu. Alma, le prophète néphite, conseilla à
son fils Shiblon de faire preuve « de hardiesse mais pas
d'arrogance » en prêchant la parole de Dieu (Alma
38:12). D'un autre côté, tous les saints des derniers
jours devraient avoir sur les lèvres et dans le cœur les
paroles de l'apôtre Paul : « Car je n'ai point honte
de l'Évangile ; c'est une puissance de Dieu pour le salut
de quiconque croit. » (Romains 1:16)
Tout en déclarant
avec hardiesse que les préceptes des hommes sont une
abomination aux yeux de Dieu, nous reconnaissons humblement notre
responsabilité sacrée de proclamer l'Évangile
dans sa plénitude et d'inviter tous les hommes à venir
au Christ. Faire moins nous ferait tomber sous le coup de la
condamnation. Avoir la vérité, être les gardiens
des ordonnances salvatrices et ne pas être disposés à
les faire connaître aux autres serait aussi une abomination aux
yeux du Seigneur.
Ajoutons encore un point à
propos de la vérité et de l'abomination. Les membres du
royaume du Christ sur la terre, qui ont reçu les ordonnances
salvatrices de l'Évangile par l'autorité appropriée
de la prêtrise, ne doivent pas être suffisants du fait de
leur appartenance à l'Église.
Le Seigneur en personne a
déclaré que l'Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours est la seule Église vraie et vivante
sur toute la surface de la terre et en laquelle lui, le Seigneur se
complaît. Mais il a ajouté : « Et je dis ceci à
l'Église entière et non à chaque membre. »
(D&A 1:30)
L'appartenance à
l'Église du Seigneur ne garantit pas à ses membres
qu'il seront exaltés dans son royaume dans l'au-delà.
Ils doivent pour cela respecter les alliances sacrées
contractées avec le Seigneur et chercher à faire sa
volonté en toute chose. Les ordonnances accomplies avec
l'autorité sont indispensables au salut, mais c'est le cas
aussi du respect des commandements et des alliances liés
à ces ordonnances.
Un prophète
d'autrefois nous rappelle que lorsque nous sommes entrés dans
la voie droite et étroite, nous devons « avancer avec
fermeté dans le Christ », que si nous avançons
avec fermeté, nous « faisant un festin de la parole du
Christ » et endurons jusqu'à la fin, le Père nous
promet la vie éternelle (voir 2 Néphi 31:19-20).
Cela fait peu de différence
que l'on ait suivi des credo erronés ou que l'on ait rejeté
la vérité. Dans un cas comme dans l'autre, il n'y a pas
de pouvoir de sauver et le résultat est le même : on ne
sera pas exalté.
« Car à quoi
sert-il à un homme qu'un don lui soit accordé, s'il ne
reçoit pas le don ?... Celui qui… ne se conforme pas à
la loi, mais cherche à se la faire à lui-même
veut demeurer dans le péché… ne peut être
sanctifié par la loi, ni par la miséricorde, la justice
ou le jugement. » (D&A 88:33-35)
(L’Étoile,
mai 1989, p. 10-12)