Les droits de l'homme et la liberté de religion


Article diffusé à l'occasion de la Journée des droits de l'homme


du 10 décembre 2014




« C'est une magnifique affirmation de la possibilité de régler les conflits par la raison et la bonne volonté. » (Mary Ann Glendon, Facing History and Ourselves, « Mary Ann Glendon and the Universal Declaration of Human Rights », 4 août 2008)



Il y a soixante-six ans aujourd'hui a vu le jour un document qui a ouvert de nouveaux horizons aux relations entre les hommes. Ce document, la Déclaration universelle des droits de l'homme, a été la première expression mondiale du genre.


Des dirigeants de diverses nations, cultures, religions et régimes politiques se sont entendus pour fixer des normes d'humanité qui s'appliquent à chacun, partout. Le préambule proclame que « la dignité inhérente » et les « droits égaux et inaliénables » des « membres de la famille humaine » constituent « le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde. » (Déclaration universelle des droits de l'homme, Préambule)


Née des cendres de la Deuxième Guerre mondiale et de l'Holocauste, cette déclaration exprimait une aspiration collective à établir des « relations amicales entre les nations » (Ibid.) et à faire ressortir ce qui est le plus élevé et le meilleur dans notre civilisation commune sur la terre.


Pourquoi les droits de l'homme sont-ils importants ?


Toute personne, sans distinction de religion, de race, de sexe ou de nationalité, possède des droits fondamentaux, du simple fait qu'elle est un être humain. Ces droits sont, entre autres, le droit à la vie, à la liberté, à la sécurité, à une égale protection par la loi, ainsi que la liberté de pensée, de parole et de religion.


Ces droits de l'homme protègent le faible des mauvais traitements infligés par la tyrannie. Ils servent de tampon et d'arbitre entre l'individu seul et la concentration de pouvoir. Ces normes et principes défient la tendance naturelle à dominer autrui. Les droits de l'homme nous aident à dépasser l'idée néfaste que le pouvoir justifie tout.


La force de la déclaration universelle réside non pas dans l'application de ces droits mais dans son rôle de pédagogue qui façonne les idéaux et les élans qui portent au bien commun. Les droits de l'homme promeuvent nos obligations les uns envers les autres et confèrent de la dignité à la manière dont nous travaillons, adorons Dieu, agissons au sein de nos sociétés et élevons nos enfants. Ainsi, les droits de l'homme complètent notre engagement civique et démocratique. Des droits non assortis de relations et de responsabilités ne peuvent pas accomplir grand-chose.


Garder la foi, en privé et en public


L'article 18 de la déclaration est bref mais d'une grande force : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites. » (Déclaration universelle des droits de l'homme, Article 18)


La liberté de religion n'est pas qu'un vague concept abstrait qui flotte dans l'esprit des hommes de loi et des législateurs. En fait, elle se meut et pousse dans le sol commun de notre vie quotidienne. Nous emportons nos croyances partout où nous allons. Elles forment notre personnalité et nous poussent à en faire part aux autres. Nous voulons influencer notre société et le monde qui nous entoure. Ainsi notre vie privée et notre vie publique sont-elles étroitement liées. De fait, une liberté qui ne nous permet que de pratiquer et d'exprimer notre foi dans l'intimité de notre foyer, mais pas de l'exprimer ouvertement dans la sphère publique, n’est qu’illusoire.


L'héritage de la déclaration universelle


L'établissement de droits de l'homme est un accomplissement dont nous pouvons être fiers. Ils jouent un rôle essentiel dans la résolution des conflits et des différends si répandus dans notre monde pluraliste. Ils contribuent à une civilisation commune. Les buts qu'ils promeuvent ennoblissent l'existence humaine, inspirent la décence et incitent à la responsabilité.


Mary Ann Glendon, éminente juriste, a expliqué : « Presque toutes les constitutions du monde qui comportent une déclaration des droits sont inspirées ou influencées dans une certaine mesure par les principes essentiels qui ont été jugés fondamentaux » dans la Déclaration universelle des droits de l'homme (Mary Ann Glendon, Facing History and Ourselves, « Mary Ann Glendon and the Universal Declaration of Human Rights », 4 août 2008). Les cadres juridiques et les normes morales des pays du monde se sont inspirés de ce document. Il continue de contribuer à plus d'équité dans les relations internationales.


Le monde honore bien imparfaitement les droits de l'homme. Il continue de se produire des injustices et des atrocités, mais la Déclaration universelle permet de les prévenir, de les contenir ou de les réduire. Comme tout ce qui vaut la peine d'être sauvegardé, les droits de l'homme requerront toujours notre foi et notre vigilance.