Le repentir



James K. Lyon




Le repentir est le processus par lequel les humains délaissent ou surmontent les péchés en changeant les mentalités, les comportements et les actes qui sont en contradiction avec les enseignements de Dieu, conformant ainsi davantage leur vie à sa volonté. Pour employer les termes d’un prophète moderne, le repentir, c’est « changer d’avis en ce qui concerne les actions ou la conduite passées ou envisagées » (McKay, p. 14). Paul observe que « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Ro. 3:23).

Pour cette raison, le Seigneur « a donné le commandement que tous les hommes doivent se repentir » (2 Né. 2:21 ; Moï. 6:57). Cela signifie que le repentir est exigé de toute âme qui n’a pas atteint la perfection.

Le repentir joue un rôle essentiel dans les relations de Dieu avec ses enfants depuis qu’ils ont été mis sur la terre. Les prophètes de l’Ancien Testament ont constamment appelé les enfants d’Israël, individuellement et collectivement, à se repentir, à se détourer de la rébellion, de l’apostasie et du péché et à se tourner vers Dieu et vers une vie juste.

L’œuvre de Jésus-Christ sur terre, à l’époque du Nouveau Testament, peut être décrite comme un ministère de repentir, c’est-à-dire comme une invitation aux enfants de Dieu à
retourner à leur Dieu en changeant de mode de pensée et de comportement et en devenant plus semblables à Dieu. Le Sauveur a enseigné : « Soyez donc parfaits, comme
votre Père céleste est parfait » (Mt. 5:48). Les apôtres du Christ ont été appelés principalement à prêcher la foi au Christ et à déclarer le repentir au monde entier (Mc. 6:12). De nos jours, peu de thèmes apparaissent de manière aussi généralisée que celui-ci dans les révélations du Seigneur. Il a donné aux prophètes modernes et à tous les messagers de son Évangile le commandement répété de ne parler « que de repentir à cette génération » (D&A 6:9). Le prophète Joseph Smith a dit du repentir et de la foi en Jésus-Christ que c’étaient les deux principes fondamentaux de l’Évangile (4e A de F). Et l’Évangile lui-même a été appelé « un Évangile de repentir » (D&A 13 ; 84:27).

Aujourd’hui comme hier, le terme « repentir » signifie littéralement tourner le dos au péché et inverser son attitude et son comportement. Son but est de développer la nature divine dans toutes les âmes mortelles en les libérant des pensées et des actions mauvaises ou nuisibles et de les aider à devenir plus semblables au Christ en remplaçant « l’homme animal » (1 Co. 2:14) par « l’homme nouveau » en Christ (Ép. 4:20-24).

Ce processus est non seulement nécessaire pour préparer les humains à retourner vivre avec Dieu, mais il augmente leur capacité d’aimer leurs semblables. Ceux qui se sont réconciliés avec Dieu ont la compréhension spirituelle, le désir et le pouvoir nécessaires pour se réconcilier avec leurs semblables. Dieu a commandé à tous les humains de se pardonner: « Moi, le Seigneur, je pardonne à qui je veux pardonner, mais de vous il est requis de pardonner à tous les hommes » (D&A 64:10). Comme Dieu montre son amour en pardonnant (« Je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché », Jé. 31:34), de même ses enfants, en pardonnant aux autres, reflètent également cet amour.

Le vrai repentir, quoique rarement facile, est essentiel au bonheur personnel, à la progression émotionnelle et spirituelle, et au salut éternel. C’est la seule manière efficace à la disposition des mortels pour se libérer des effets permanents du péché et du fardeau inévitable de culpabilité qui l’accompagnent. Pour ce faire, plusieurs changements bien déterminés doivent se produire. Il faut d’abord que l’on reconnaisse qu’une attitude ou une action est contraire aux enseignements de Dieu et que l’on en éprouve un chagrin et un remords sincères. Paul l’appelle « la tristesse selon Dieu » (2 Co. 7:10). D’autres Écritures décrivent cet état d’esprit comme étant « un cœur brisé et [un esprit] contrit » (Ps. 51:17 ; 2 Né. 2:7 ; 3 Né. 9:20). Cette prise de conscience doit produire un changement d’attitude intérieur. Le prophète Joël a exhorté Israël ainsi : « Déchirez vos cœurs et non vos
vêtements » (Joël 2:12-13), produisant ainsi la transformation intérieure nécessaire pour entamer le processus du repentir.

Une certaine forme de confession est également nécessaire au repentir. Dans certains cas, le transgresseur peut devoir confesser à la personne ou aux personnes lésées ou
blessées et demander pardon ; dans d’autres cas, il peut être nécessaire de confesser les péchés à un dirigeant de l’Église autorisé à recevoir de telles confessions ; dans d’autres
cas encore, une confession à Dieu seul peut être suffisante ; et parfois les trois formes de confession peuvent être nécessaires.

En outre, le repentir exige des réparations auprès des tiers qui ont souffert à cause du péché. Autant que possible, ceci devrait être fait par la réparation des pertes ou des dommages physiques ou matériels. Même lorsque ce n’est pas possible, le repentir exige d’autres actions tout aussi importantes, telles que des excuses, de plus grands actes de bonté et de service envers les personnes offensées, un engagement intensifié envers l’œuvre du Seigneur ou tout cela ensemble.

Enfin, pour que le repentir soit complet, on doit abandonner le comportement pécheur. Un changement de cœur commence le processus ; un changement extérieur de direction
manifeste, se traduisant par de nouveaux modes de comportement, doit le compléter (Mos. 5:2). Lorsque les actes extérieurs ne changent pas, cela signifie que le pécheur ne
s’est pas repenti et le poids de l’ancien péché revient (D&A 82:7 ; cf. Mt. 18:32-34).

Un but du repentir est de servir l’intérêt des personnes en fournissant, par le pardon, le seul et unique moyen de soulager la souffrance qui accompagne le péché : « Voici, moi,
Dieu, j'ai souffert ces choses pour tous afin qu'ils ne souffrent pas s'ils se repentent. Mais s'ils ne se repentent pas, ils doivent souffrir tout comme moi » (D&A 19:16-17).

Le Seigneur a à plusieurs reprises promis que tous ceux qui se repentent complètement trouveront le pardon de leurs péchés, ce qui, de son côté, apporte une grande joie. Les paraboles de la brebis perdue et de la drachme perdue sont des exemples de la joie qu’il y a dans les cieux pour un seul pécheur qui se repent (Lu. 15:4-10) ; la parabole du fils prodigue illustre la joie qu’il y a dans les cieux et le même genre de joie dans le cercle de famille et d’amis et chez le fils repentant lui-même d’avoir abandonné le péché (Lu. 15:11-32).

Bien que le repentir soit indispensable au salut éternel et au bonheur terrestre, il ne suffit pas en lui-même pour réunir une personne avec Dieu. Le repentir complet exige d’abord la foi au Seigneur Jésus-Christ, laquelle suscite à son tour la motivation et le pouvoir forts pour se repentir. Les deux sont nécessaires pour le baptême, la réception du don du Saint-Esprit et l’appartenance au royaume du Seigneur et doivent donc les précéder. Après avoir éveillé la foi au Christ dans le cœur de ses auditeurs le jour de la Pentecôte, Pierre leur a fait cette exhortation : « Repentez–vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus–Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint–Esprit » (Ac. 2:38). Ce n’est qu’avec le repentir requis, symbolisé par « un cœur brisé et un esprit contrit » et l’abandon d’anciennes façons d’agir et de penser que l’on est prêt à être baptisé, à recevoir le Saint-Esprit et à avoir la rémission de tous les péchés précédents. Par le baptême, la personne repentante entre dans le royaume de Dieu en faisant l’alliance de se souvenir toujours du Christ et de garder ses commandements. La rémission des péchés se fait « par le feu et par le Saint-Esprit » (2 Né. 31:17 ; D&A 20:37).

Puisque le repentir est un processus continu dans les efforts que nous faisons ici-bas pour ressembler au Christ, sa nécessité ne diminue jamais. Il doit être appliqué activement et quotidiennement par les humains qui reconnaissent et s’efforcent de surmonter le péché et l’erreur et persévèrent ainsi jusqu’à la fin. Pour cette raison, le Seigneur a institué un moyen par lequel toute personne qui s’est repentie et a contracté l’alliance du baptême peut la renouveler en prenant la Sainte-Cène en mémoire de lui. Cette période d’examen de conscience permet de réfléchir aux promesses faites au baptême, qui étaient de prendre sur soi le nom du Christ, de se souvenir toujours de lui et de garder ses commandements. Ainsi, le processus du repentir est maintenu vivant grâce à cette période fréquente de réflexion pendant que le participant prend les symboles du corps et du sang du Christ en souvenir de son sacrifice pour expier les péchés humains.

Les Écritures nous informent que « cette vie est le moment où les hommes doivent se préparer à rencontrer Dieu» et que le prétendu repentir sur le lit de mort n’est habituellement pas efficace : « Vous ne pouvez pas dire, lorsque vous êtes amenés à cette crise affreuse : Je vais me repentir, je vais retourner à mon Dieu. Non, vous ne pouvez pas le dire ; car ce même esprit qui possède vos corps au moment où vous quittez cette vie, ce même esprit aura le pouvoir de posséder votre corps dans le monde éternel... si vous avez différé le jour de votre repentir jusqu'à la mort, voici, vous vous êtes assujettis à l'esprit du diable, et il vous scelle comme siens » [Alma 34:32-35].

Pour retourner dans la présence de Dieu, les mortels doivent s’efforcer pendant cette vie d’atteindre les qualités chrétiennes, que l’on ne peut acquérir qu’en se détournant du péché. Le fait de remettre ce genre d’efforts à plus tard bloque l’exercice de la foi essentiel au repentir, empêche l’action du Saint-Esprit et retarde l’acquisition des qualités personnelles qui se reflètent dans le « cœur brisé et l’esprit contrit » nécessaire pour vivre en la présence de Dieu.

Le repentir est l’un des principes rédempteurs les plus puissants de l’Évangile rétabli de Jésus-Christ. Sans lui, il n’y aurait aucune progression éternelle, aucune possibilité de ressembler au Christ, aucun soulagement du fardeau de culpabilité que chaque humain endosse dans une vie. Avec lui, il y a la promesse glorieuse exprimée par Ésaïe que le pardon est possible même pour les péchés graves : « Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige ; s’ils sont rouges comme la pourpre, ils
deviendront comme la laine » (És. 1:18).

Bibliographie

Gillum, Gary P. "Repentance Also Means Rethinking." Dans By Study and Also by
Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, vol. 2, p. 406-437. Salt Lake City, 1990.
Kimball, Spencer W. Le Miracle du Pardon. Salt Lake City, 1969.
Kimball, Spencer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Kimball,
Edward L., p. 80-114. Salt Lake City, 1982.
McKay, David O. Gospel Ideals, p. 12-14. Salt Lake City, 1953.

Article tiré de l'Encyclopédie du mormonisme, Macmillan Publishing Company, 1992, traduction Marcel Kahne, source www.idumea.org, avec autorisation