REPENTEZ-VOUS OU PÉRISSEZ


Spencer W. Kimball


 
« …si vous ne vous repentez, vous périrez tous également » (Luc 13:3)
 
 
Le repentir est la clef du pardon. Il ouvre la porte du bonheur et de la paix et montre le chemin du salut dans le royaume de Dieu. Il libère l'esprit d'humilité dans l'âme de l'homme et le rend contrit de cœur et soumis à la volonté de Dieu.
 
« Le péché est la transgression de la loi » (1 Jean 3:4), et dans le cadre de la loi éternelle, un châtiment est prévu pour une telle transgression. Toute personne normale est responsable des péchés qu'elle commet et serait de même assujettie au châtiment prévu pour ces lois enfreintes. Cependant, la mort du Christ sur la croix nous exempte du châtiment éternel pour la plupart des péchés. Il a pris sur lui le châtiment des péchés du monde entier, étant entendu que ceux qui se repentent et viennent à lui se verront pardonner leurs péchés et seront libérés du châtiment.
 
Le message des siècles
 
Dans ces circonstances, il n'est pas étonnant que, par ses prophètes, Dieu, dans son amour, ait constamment souligné l'appel au repentir. Il serait intéressant d'avoir dans l'ordre un enregistrement de chaque dispensation de l'Évangile et d'entendre les invitations et les commandements à se repentir répétés au cours de six millénaires. Il serait impressionnant de voir l'orateur et d'entendre l'intonation de sa voix : forte, pénétrante, douce, suppliante, avertissante et plaidante. Ce seraient des paroles prodigieuses. Nous entendrions la voix de Jacob s'acquittant de la responsabilité qui pesait lourdement sur lui :  
 
« Il est utile et même nécessaire que je vous enseigne les conséquences du péché » (2 Néphi 9:48).
 
Et du haut de l'Aréopage, où les intellectuels athéniens discutaient de leurs nombreux dieux, nous entendrions les paroles de Paul dénonçant leurs divinités et expliquant leur ‘dieu inconnu’ : 
 
« Dieu, sans tenir compte des temps d'ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu'ils aient à se repentir » (Actes 17:30).
 
Il y aurait aussi les voix d'Adam, de Noé, de Léhi, d'AIma, d'Abraham et d'Ésaïe et de beaucoup d'autres, toutes comme Jean-Baptiste prêchant dans le désert : 
 
« produisez donc du fruit digne de la repentance” (Matt. 3:8). 
 
Et nous entendrions surtout la voix de Jésus-Christ lui-même, donnant la priorité à cet appel capital, quand il ouvrit la dispensation du Midi des temps par ces paroles : 
 
« Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » (Matt. 4:17).
 
Le châtiment des impénitents
 
Le message prophétique a toujours été accompagné du même châtiment, car nul ne peut rejeter impunément l'appel du Dieu de loi et de justice. C'est pourquoi le Seigneur nous a donné le choix : nous repentir ou périr !
 
Abinadi donne cet avertissement solennel :
 
« Mais pour vous, craignez et tremblez devant Dieu, car vous devriez trembler, car le Seigneur ne rachète point ceux qui lui sont rebelles, et meurent dans le péché ; oui, même tous ceux qui, depuis le commencement du monde, sont morts dans leurs péchés, qui se sont volontairement révoltés contre Dieu, qui ont connu les commandements de Dieu et ne les ont point observés ; ce sont ceux qui n'ont point de part à la première résurrection » (Mosiah 15:26).
 
Cette misère et cette souffrance sans fin attendent le pécheur non repentant ; c'est ce que montrent très bien les saintes Écritures. Par exemple :
 
« Et si leurs œuvres sont mauvaises, elles leur sont rendues pour le mal. Ainsi, toutes choses seront remises dans leur ordre propre, chaque chose dans sa forme naturelle - la mortalité ressuscitée à l'immortalité, la corruption à l'incorruptibilité - ressuscitées à une félicité sans fin pour hériter du royaume de Dieu, ou à une misère sans fin pour hériter du royaume du diable, l'un d'un côté, l'autre de l'autre » (Alma 41:4).
 
Le meilleur résumé de la multitude d'Écritures qui mettent en garde contre les châtiments qui tomberont sur les impénitents est sans doute la comparaison que le Seigneur fait entre ces châtiments et sa propre souffrance sacrificatoire :
 
« C'est pourquoi je te commande de te repentir - repens-toi de peur que je ne te frappe de la verge de ma bouche, de ma colère et de ma fureur et que tes souffrances ne soient cruelles - et tu ne sais pas combien elles sont cruelles, tu ne sais pas combien elles sont extrêmes, oui, tu ne sais pas combien elles sont intolérables. Car voici, moi, Dieu, j'ai souffert ces choses pour tous, afin qu'ils ne souffrent pas s'ils se repentent. Mais s'ils ne veulent pas se repentir, ils doivent souffrir tout comme moi. Et ces souffrances m'ont fait trembler moi-même, moi, Dieu, le plus grand de tous, à cause de la douleur, et elles m'ont fait saigner à chaque pore, m'ont torturé à la fois le corps et l'esprit...” (D&A 19:15-18).
 
Civilisations détruites par le péché
 
On aurait pu croire que tous les appels et tous les avertissements que le Seigneur a lancés par ses prophètes au cours des siècles, produiraient un niveau général de justice très élevé. Il n'en est malheureusement rien. Apparemment il est plus facile à l'homme de pécher que de mener une vie de justice ; par conséquent il faut faire un plus grand effort pour éviter le mal et conformer notre vie aux principes édifiants de l'Évangile. Ceci est compréhensible, étant donné que
 
« l'homme naturel est l'ennemi de Dieu, l'a été depuis la chute d'Adam et le sera pour toujours et à jamais, à moins qu'il ne se rende aux persuasions du Saint-Esprit, qu'il ne se dépouille de l'homme naturel, ne devienne un saint par l'expiation du Christ, le Seigneur, et ne devienne comme un enfant, soumis, doux, humble, patient, plein d'amour, disposé à se soumettre à toutes les choses que le Seigneur jugera bon de lui infliger, tout comme l'enfant se soumet à son père » (Mosiah 3:19).
 
Cet ascendant de l'homme naturel, ce rejet de l'appel de Dieu au repentir, a provoqué la destruction de civilisations entières. Dans les premières générations, il est vrai que ceux qui étaient suffisamment justes suivirent Énoch dans sa translation ; mais il n'y en eut que huit, Noé, ses fils et leurs quatre femmes qui furent protégés plus tard dans le grand déluge, tous les autres étant noyés. Dans leur débauche, les Babyloniens non repentants perdirent leur royaume et les habitants de cette nation mirent leur âme en grave danger quand ils ne se repentirent pas. De même Sodome et Gomorrhe, les villes de la plaine, furent détruites. Elles avaient aussi eu leur chance de se repentir, mais refusèrent d'écouter la voix d'avertissement des prophètes qui vinrent vers elles.
 
Pourra-t-on jamais oublier les tribulations des tribus d'Israël quand les nations étrangères les attaquèrent, pillèrent leurs villes et leur pays, violèrent leurs femmes, crevèrent les yeux à leur roi et les emmenèrent captifs pour servir d'esclaves ? Leur temple fut profané, leurs vases sacrés expropriés, leur identité nationale annihilée. Nous lisons, le cœur triste, le chant de regret, d'angoisse et de solitude chanté par les survivants juifs :
 
« Sur les bords des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion. Aux saules de la contrée, nous avions suspendu nos harpes. Là, nos vainqueurs nous demandaient des chants et nos oppresseurs de la joie. Chantez-nous quelques-uns des cantiques de Sion ! Comment chanterions-nous les cantiques de l'Éternel sur une terre étrangère ? Si je t'oublie Jérusalem, que ma droite m'oublie ! Que ma langue s'attache à mon palais, si je ne me souviens de toi, si je ne fais de Jérusalem le principal sujet de ma joie » (Psaumes 137:1-6).
 
Malgré cela, quand les exilés reçurent plus tard la permission de rentrer dans leur pays natal, ils oublièrent la leçon, le mal domina la vie du peuple et tous les avertissements et toutes les menaces ne servirent à rien. Les Juifs rejetèrent et crucifièrent même leur Seigneur et Maître. Alors tout le poids du châtiment tomba finalement sur eux, sous la forme des légions romaines qui les écrasèrent, détruisirent leurs palais, tuèrent et dispersèrent le peuple.
 
Et que dire du triste sort de la postérité de Léhi, qui apparemment oublia très vite ses afflictions après en avoir été soulagé ? Persistant dans sa méchanceté, il lui fallut être réprimandée de nombreuses fois et elle fut finalement retranchée. Il nous semble entendre les gémissements de Mormon pleurant sur elle :
 
« Ô belles créatures, comment avez-vous pu quitter les voies du Seigneur ! Ô belles créatures, comment avez-vous pu rejeter ce Jésus qui se tenait pour vous recevoir à bras ouverts. Voici, si vous ne l'aviez pas fait, vous ne seriez pas tombés ! Mais voici, vous êtes tombés, et je pleure votre perte » (Mormon 6:17, 18).
 
Ma femme et moi avons passé une année nos vacances en pays maya. Nous avons passé des journées à Chichen Itza et à Uxmal et nous avons escaladé les vieilles pyramides et les ruines des civilisations antiques. En montant ces marches abruptes, en tâtonnant dans les couloirs sombres et en contemplant cette vaste région, la pensée me hantait : Pourquoi, pourquoi ces indiens mayas ne continuent-ils pas à construire des temples et d’autres merveilleux édifices ?
 
Nous sommes entrés dans quelques-unes des petites maisons mayas d'aujourd'hui. Ce sont de petites maisons de forme elliptique, deux fois plus longues que larges, n'ayant qu'un sol en terre battue. Elles sont faites de piquets couverts de boue. Elles ont des toits de chaume faits avec l'herbe qui pousse dans la jungle omniprésente.
 
Je me suis de nouveau demandé : Pourquoi rampent-ils aujourd'hui sur la terre, alors que dans le passé lointain ils avaient leurs observatoires et regardaient dans les cieux ? La réponse revient avec force : Parce qu'ils ont oublié le but de la vie ! Ils ont oublié pourquoi ils étaient venus sur la terre et y ont vécu et ont mené une vie terrestre. Et le moment est venu où Dieu n'a pas pu le tolérer plus longtemps et a permis qu'ils soient décimés et détruits.
 
Quand nous sommes allés à l'étranger, parmi les choses intéressantes que nous avons vues en Italie, il y avait la ville de Pompéi. Lorsque j'étais enfant, au début de mon adolescence, j'avais lu dans la bibliothèque de mon père “Les derniers jours de Pompéi”. Cela m'intriguait. Je l'ai lu bien des fois. Et ce jour-là quand nous avons traversé la frontière pour aller en Italie, j'étais impatient de voir Pompéi.
 
Après avoir passé quelques jours parmi les ruines de Rome, nous sommes allés à Naples pour monter sur le Vésuve et voir Pompéi. Nous sommes allés le plus haut que nous pouvions sur la montagne en taxi, et puis nous avons fait à pied le reste du chemin jusqu'au sommet. Nous sommes allés dans le cratère et à moins d'un mètre sous nos pieds, il y avait la masse bouillonnante de la lave. Nous pouvions en sentir le souffle enflammé, nous pouvions en voir la riche couleur. Le Vésuve était toujours actif. Et puis nous nous sommes souvenus qu'en 79 de notre ère, le Seigneur, l'a laissé entrer en éruption.
 
Cette ville de Pompéi, comme nous avons pu le constater par nous-mêmes, était une ville profane. Les politiciens, les riches, les mondains venaient de Rome à Pompéi, près de la côte méditerranéenne. Ils y dépensaient leur argent et leur temps en une vie luxueuse et dissolue.
 
Pompéi a maintenant été mise à jour. Les routes de pierre révèlent les marques des roues de chariot. Les routes sont plus basses que les trottoirs et nous avons pu voir les endroits où les moyeux des chariots étaient entrés dans les pierres au coin des pâtés de maisons. Nous avons pénétré dans leurs boulangeries où on avait préparé de la nourriture. Nous sommes entrés dans leurs maisons où ils avaient vécu. Nous sommes allés dans leurs théâtres et dans leurs bains. Leurs maisons de prostitution vides étaient cadenassées et portaient des panneaux en italien : ‘Réservé aux hommes.’ Ces lieux de honte étaient encore là après dix-neuf siècles, témoins de leur dégradation ; et sur les murs dans ces bâtiments, encore conservées en couleurs, pendant près de deux millénaires, il y avait des représentations de tous les vices que pouvaient commettre les êtres humains, tous les péchés vicieux qui se sont accumulés depuis que Caïn a commencé ses actes pervers.
 
Je me suis alors rendu compte de la raison pour laquelle Pompéi avait été détruite. Il vint un temps où il fallait tout simplement qu'elle le fût. Et quand le Vésuve entra en éruption, il éclata et les cendres se répandirent dans le ciel sur des kilomètres et des kilomètres : il y en eut des millions de tonnes. La lave descendit le long du bord de cet édifice conique et poussa devant elle tout ce qui était sur son chemin, brûlant les vignes, les vergers et certaines des maisons. Elle détruisit tout sur son passage, et certaines petites villes furent complètement brûlées ou totalement couvertes.
 
Mais Pompéi ne brûla pas tout à fait. Elle n'était pas sur le chemin de la lave, mais les cendres qui étaient dans l'air retombèrent finalement, recouvrant complètement la ville. Les gens furent étouffés dans leurs bâtiments. On retrouva plus tard leurs corps, se serrant mutuellement en une étreinte mortelle. Des chats et des chiens étaient là dans les bâtiments. On les trouva tels qu'ils étaient morts couverts de cendre, de sorte que quand les fouilles furent terminées, les maisons et leur contenu étaient à leur place. Il n'y avait pas eu d'incendie généralisé, mais beaucoup de toits avaient brûlé. Pompéi était détruite. Je crois savoir pourquoi. C'était à cause de sa méchanceté, de sa dépravation. Je pense que Pompéi devait être à peu près dans la même situation lamentable que Sodome et Gomorrhe longtemps auparavant.
 
Les pécheurs modernes s'exposent à des châtiments semblables
 
Il paraît étrange que, malgré tous ces exemples historiques de peuples qui ont été détruits parce qu'ils ne se repentaient pas de leurs péchés, tant de gens suivent la même voie aujourd'hui, même en Amérique. Et pourtant la promesse a été faite aux grandes nations d'Amérique qu'elles ne tomberont jamais tant qu’elles serviront Dieu. Ceux qui sont au service du Seigneur dans ces nations ne représentent qu'un nombre symbolique. Le diable règne ; le péché est partout dans les cercles politiques, religieux, sociaux. Le mal est appelé bien et le bien mal.
 
« Mangeons, buvons et réjouissons-nous, car demain nous mourrons », tel a été le slogan des sages selon le monde depuis le commencement des temps. Pour employer une terminologie plus moderne ‘Donnons-nous du bon temps.’ Cela veut dire : Amusons-nous aujourd'hui, nous verrons bien de quoi demain sera fait. Il y a les amateurs de plaisir qui s'asseyent à la table de banquet, boivent leur alcool chez eux et dans leurs clubs, enfreignent les lois morales. Et puis, il y a une autre catégorie de gens qui ont pour obsession d'accumuler les richesses profanes, même au prix de la spiritualité et de la morale. Le Seigneur a donné à ceux-là la parabole du riche insensé :
 
« Et il leur dit cette parabole : Les terres d'un homme riche avaient beaucoup rapporté. Et il raisonnait en lui-même ; disant : Que ferai-je ? car je n'ai pas de place pour serrer ma récolte. Voici, dit-il, ce que je ferai : j'abattrai mes greniers, j'en bâtirai de plus grands, j'y amasserai toute ma récolte et tous mes biens ; et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années ; repose-toi, mange, bois et te réjouis. Mais Dieu lui dit : Insensé ! cette nuit même ton âme te sera redemandée ; et ce que tu as préparé, pour qui sera-t-il ? Il en est ainsi de celui qui amasse des trésors pour lui-même, et qui n'est pas riche pour Dieu » (Luc. 12:16-21).
 
Certains se laissent séduire par la prospérité des méchants. Ils avancent que beaucoup obtiennent leurs richesses de façon malhonnête et qu'en négligeant les commandements du Seigneur, ils connaissent des profits constants. Cette conception se limite à tort à une vision à court terme. Les méchants peuvent sembler triompher temporairement, comme le semblaient ceux qui crucifièrent le Maître, mais la parabole de l'ivraie prévoit cette situation. Comme l'ivraie, les méchants peuvent mûrir... pour être finalement détruits.
 
Le péché entraîne des conséquences naturelles
 
S'il y a des lecteurs qui pensent que le Seigneur est un Dieu colérique et cruel qui se venge sur les gens parce qu'ils n'obéissent pas à ses lois, qu'ils réfléchissent à nouveau. Il a organisé un plan qui était naturel, un programme de cause à effet. Il est inconcevable que Dieu désire punir ou voir ses enfants souffrir moralement ou physiquement ou être dans la détresse. C'est un Dieu de paix et de sérénité. Il offre la joie, la progression, le bonheur et la paix. Par l'intermédiaire d'Ézéchiel, le Seigneur demande : 
 
« Ce que je désire, est-ce que le méchant meure ? dit le Seigneur, l'Éternel. N'est-ce pas qu'il change de conduite et qu'il vive ? » (Ézéchiel 18:23). 
 
Et le psalmiste ajoute :
 
« Que les méchants tombent dans leurs filets... » (Psaumes 141:10).
 
Oui, les causes entraînent inévitablement des effets. On peut éviter les fils à haute tension, ayant appris qu'ils sont dangereux, ou bien on peut les toucher et en subir les conséquences. De même, on peut apprendre en obéissant de bon cœur aux lois de Dieu ou bien on peut apprendre par la souffrance. Et ceci s'applique à n'importe quelle époque : en 4 000 av. J.-C., en 2 000 av. J.-C., du temps du Sauveur ou au vingtième siècle.
 
Beaucoup de gens ont du mal à accepter la responsabilité de leurs malheurs. Il faut toujours qu'il y ait un bouc émissaire. S'ils tombent, ils regardent autour d'eux pour voir qui les a poussés. S'ils échouent, ils attribuent l'échec à ceux qui les ont gênés ou ne les ont pas aidés. C'est ainsi que si ce qu'ils appellent ‘la malchance’ s'abat sur eux, ils ont tendance à maudire le sort plutôt qu'eux-mêmes. Et en fin de compte, le Seigneur est blâmé pour beaucoup de nos malheurs, et rarement remercié pour nos réalisations.
 
À ce propos, deux des prophètes du Livre de Mormon remettent les choses en place. AIma dit à son fils Corianton : 
 
« et ainsi ils résistent ou tombent ; car voici, ils sont leurs propres juges, que ce soit pour faire le bien ou pour faire le mal » (Alma 41:7). 
 
Et Mormon nous apprend que :
 
« … c'est par les méchants que les méchants sont punis » (Mormon 4:5).
 
Malgré ses efforts, l'homme ne peut échapper aux conséquences du péché. Elles s'ensuivent comme la nuit suit le jour. Parfois les châtiments tardent à venir, mais ils sont aussi certains que la vie elle-même. Le remords et l'angoisse viennent. Même l'ignorance des lois n'empêche pas le châtiment bien qu'elle puisse l’atténuer. Le remords peut être rejeté avec défi et à force d’auto-persuasion, mais il reviendra pour pincer et tourmenter. On peut le noyer dans l'alcool ou le matraquer temporairement dans les péchés croissants qui suivent, mais la conscience finira par s'éveiller, le remords et le chagrin seront suivis par la douleur physique et morale et, finalement, une torture et une détresse à ce degré d’atrocité dont parle le Seigneur dans le passage que nous avons précédemment cité dans ce chapitre. Plus on relègue le repentir dans les coulisses, plus atroce sera le châtiment quand il envahira finalement la scène.
 
Les paroles d'AIma nous donnent ce qui est peut-être la meilleure description scripturale des souffrances intenses du pécheur :
 
« Mais j'étais torturé d'un tourment éternel, car mon âme était déchirée au plus haut degré et torturée par tous mes péchés. Oui, je me rappelais tous mes péchés, toutes mes iniquités, et j'en subissais les peines de l'enfer ; je voyais que j'avais été rebelle à mon Dieu, et que je n'avais pas gardé ses saints commandements. J'avais tué un grand nombre de ses enfants, ou plutôt je les avais conduits à la destruction ; oui, et enfin mes iniquités avaient été si grandes que la seule pensée d'entrer en présence de mon Dieu torturait mon âme d'une horreur inexprimable. O, pensais-je, que ne puis-je être banni et anéanti corps et âme, afin de n’être point amené en présence de mon Dieu pour être jugé de mes œuvres. Ainsi, pendant trois jours et trois nuits je fus torturé des tourments d'une âme damnée » (Alma 36:12-16).
 
Si seulement les hommes laissaient leurs péchés les troubler très tôt, quand ces derniers sont petits et peu nombreux, quelle angoisse leur serait épargnée ! Ceux qui n'ont jamais connu la douleur et ‘les grincements de dents’ par lesquels doit passer le pécheur ne peuvent comprendre. Les dirigeants de l'Église reçoivent beaucoup de personnes qui commencent à prendre conscience de la gravité de leurs erreurs. Les voir se tordre et brûler mentalement dans leurs souffrances, c'est connaître un peu de ce que le Seigneur voulait dire quand il dit que leurs souffrances seraient cruelles et intolérables. Malheureusement beaucoup de transgresseurs endurcissent leur conscience et persistent dans leurs péchés jusqu'à ce que vienne un jour de jugement.
 
Malheureusement aussi les conséquences naturelles du péché ne se limitent pas aux transgresseurs. L'une des caractéristiques les plus tristes du péché, c'est qu'il fait du tort à ceux qui aiment le pécheur les enfants innocents, l'épouse consciente de ses devoirs, le mari lésé et les vieux parents. Tous ceux-là subissent des châtiments.
 
On ne peut échapper aux conséquences
 
Celui qui essaie d'échapper à la réalité et d'éviter les châtiments, d'éviter d'affronter la situation, est un peu comme le roublard qui avait commis des délits graves et fut incarcéré au pénitencier avec une condamnation à perpétuité. Il estimait qu'il avait été très malin dans ses manipulations et que ce n'était que par une erreur ou un tour du sort qu'il avait été pris.
 
Pendant les longues heures impitoyables derrière les barreaux, il prépara sa fuite. Avec beaucoup d'organisation et d'efforts, il se fit une scie minuscule, et il travailla presque sans cesse au milieu de la nuit jusqu'a ce qu’il eût finalement scié un barreau. Il attendit ce qui lui sembla être un moment propice dans le calme de la nuit pour se glisser par l'ouverture ; comme il se dégageait des barreaux, la pensée lui vint à l'esprit : « Ah, enfin, je suis libre ! » Il se rendit compte alors qu'il n'était que dans les couloirs et qu'il n'était pas encore sorti.
 
Il se glissa furtivement le long du couloir jusqu'à la porte et resta dans l'ombre d'un coin jusqu'à ce qu'arrive le garde. Il l'assomma, lui prit les clefs et ouvrit la porte. En aspirant l'air frais du dehors, la pensée lui vint de nouveau à l'esprit : « Je suis libre ! Je suis intelligent. Personne ne peut me retenir, personne ne peut m'obliger à payer le châtiment. » En sortant silencieusement, il remarqua qu’il était toujours dans les cours extérieures de l'enceinte de la prison. Il était toujours prisonnier.
 
Mais il avait bien fait ses plans. Il trouva une corde, la jeta pardessus le mur, l'accrocha et se hissa au sommet du mur. « Enfin, je suis libre, se dit-il, je n'ai pas besoin de payer le châtiment. Je suis assez malin pour échapper à mes poursuivants ». A ce moment-là, les lumières s'allumèrent au mirador, des armes se mirent à crépiter et on donna l'alerte. Il sauta vite au bas du mur à l'extérieur, dans le noir, et courut se mettre à l'abri. Pendant qu'il s'éloignait de la prison, il entendit les chiens aboyer, mais il brouilla sa piste en marchant pendant quelque temps dans le ruisseau. Il trouva une cachette dans la ville jusqu'à ce que ses poursuivants eussent perdu sa trace.
 
Finalement il se rendit dans l'est de l'État et se fit embaucher comme berger. Il était bien loin dans les montagnes. Personne ne semblait le reconnaître. Il changea d'aspect en se laissant pousser les cheveux et la barbe. Les mois passèrent. Tout d'abord il se réjouit de sa liberté et s'enorgueillit de sa ruse, de la façon dont il avait échappé à tous les poursuivants et n'avait maintenant ni témoins, ni accusateurs, et qu'il était libre et ne devait rien à personne. Mais les mois étaient stériles et ternes, les moutons monotones, le temps n'en finissait pas ; ses rêves n'en finiraient jamais. Il se rendit enfin compte qu'il ne pouvait échapper ni à lui-même ni à sa conscience accusatrice. Il finit par savoir qu'il n'était pas libre, qu'il était en fait enchaîné et esclave ; et il lui semblait qu'il y avait des oreilles qui entendaient ce qu'il disait, des yeux qui voyaient ce qu'il faisait, des voix silencieuses qui l'accusaient constamment de ce qu'il avait fait. La liberté dont il s'était réjoui s'était transformée en chaîne.
 
L'évadé finit par quitter ses moutons, alla au village et dit qu'il ne voulait plus travailler. Puis il retourna à la grande ville, alla trouver les officiers de la loi et leur dit qu'il était prêt à payer pour pouvoir être libre.
 
Cet homme apprit le prix du péché. Beaucoup n'apprennent pas ce prix dans cette vie, simplement parce que les paiements peuvent être différés. Quel effet cela aurait-il si les paiements étaient toujours effectués ‘rubis sur l'ongle’ ? C'est ce qu'envisage un commentaire pénétrant, dont je ne connais pas l'auteur :
 
« Je suis convaincu que si chaque acte mauvais que nous avons fait portait une étiquette avec le prix, le monde connaîtrait un changement phénoménal. C'est-à-dire si nous pouvions voir ce que coûte chacune de ces mauvaises actions, nous réfléchirions à deux fois avant de la commettre. Malheureusement, nous n'avons souvent qu'une vague idée du prix terrible à payer, ou bien nous laissons Satan embellir notre conception des circonstances. Mais prenons le temps d'examiner quelques-uns de ces prix. Il est tout à fait certain que si toutes les récompenses des bonnes actions étaient immédiatement mises à notre disposition et si tous les châtiments des mauvaises actions étaient immédiatement infligés et subis, on recommencerait rarement, mais cela nuirait à notre précieux libre arbitre. »
 
Nous pourrions ajouter que le poste que l'on détient ne change rien au fait que l'on ne peut échapper aux conséquences du péché. Dans l'Église, l'évêque, le président de pieu, l'apôtre, tous sont sujets aux mêmes lois de vie correcte ; les châtiments suivent leurs péchés au même titre que pour les autres membres de l'Église. Nul n'est exempt des résultats du péché en ce qui concerne l'action de l'Église contre l'offenseur ou les effets du péché sur l'âme.
 
Ne mourez pas dans le péché
 
Quand nous pensons au grand sacrifice de notre Seigneur Jésus-Christ et aux souffrances qu'il a endurées pour nous, nous serions des ingrats si nous ne l'appréciions pas dans la mesure de nos possibilités. Il a souffert et est mort pour nous, et cependant si nous ne nous repentons pas, toutes les angoisses et toute la douleur qu'il a connues pour nous sont futiles. Il a déclaré :
 
« Car voici, moi, Dieu, j’ai souffert ces choses pour tous afin qu'ils ne souffrent pas s'ils se repentent. Mais s'ils ne veulent pas se repentir, ils doivent souffrir tout comme moi. Et ces souffrances m'ont fait trembler moi-même, moi, Dieu, le plus grand de tous, à cause de la douleur, et elles m'ont fait saigner à chaque pore, m'ont torturé à la fois le corps et l'esprit... » (D&A 19:16-18).
 
Abinadi a montré qu'il était dangereux de remettre son repentir à plus tard :
 
« Mais souvenez-vous que celui qui persiste dans sa nature charnelle et qui continue dans les voies du péché et de la révolte contre Dieu, reste dans son état de déchéance, et le diable a tout pouvoir sur lui ; c'est pourquoi, il est comme si aucune rédemption n'avait été faite, étant ennemi de Dieu ; et de même, le diable est un ennemi de Dieu » (Mosiah 16:5).
 
Ceci ne fait que souligner l'importance capitale de se repentir dans cette vie, de ne pas mourir dans ses péchés. Dans une entrevue que j'eus avec un jeune homme à Mesa (Arizona), je vis qu'il ne regrettait qu'un peu d'avoir commis l'adultère ; je n'étais pas certain qu'il voulait se purifier. Après de longues discussions dans lesquelles il me semblait que je n'avançais guère contre son esprit rebelle, je dis finalement : “Au revoir, BilI, mais je t'avertis, n'enfreins pas la limitation de vitesse, fais attention à ce que tu manges, ne risque pas ta vie. Fais attention dans la circulation, car tu ne dois pas mourir avant d'avoir réglé cette affaire. Ne t'avise pas de mourir.” Je citai cette Écriture :
 
« C’est pourquoi, s'ils mouraient dans leur iniquité, ils seraient rejetés aussi, quant aux choses qui sont spirituelles, qui appartiennent à la justice ; c'est pourquoi, ils devraient être amenés à comparaître devant Dieu pour être jugés selon leurs œuvres... et rien d'impur ne peut entrer dans le royaume de Dieu ; c'est pourquoi, il faut nécessairement qu'il y ait un lieu d'impureté préparé pour ce qui est impur » (1 Néphi 15:33, 34).
 
Une mort lente a ses avantages sur le décès subit. La victime du cancer qui est chef de famille, par exemple, utilisera son temps pour conseiller ceux qui vont lui survivre. La période d'inactivité qui suit le moment où le patient apprend qu'il n'y a plus d'espoir pour lui, peut être une période de grande productivité. Comme c'est plus vrai encore de quelqu'un qui s'est laissé aller à pécher délibérément ! Il ne doit mourir que quand il a fait la paix avec Dieu. Il doit faire attention de ne pas avoir d'accident.
 
Comment s'éloigner du péché
 
Ce qui est le plus triste dans le péché, c’est sans doute le fait que nos mauvaises actions font du tort aux autres. Les enfants innocents, les épouses, les parents, les maris lésés, tous ressentent l'acuité du chagrin. Adam S. Bennion a ressenti ceci à propos d'un de ses amis. Je l'ai entendu raconter l'histoire quand j'étais très jeune et je m'en suis souvenu pendant toute ma vie. Cet ancien ami à lui était dans le couloir des condamnés, au pénitencier. Adam S. Bennion lui rendit visite et avant de partir lui posa cette question : « Quel message puis-je remettre de votre part aux jeunes de Sion ? » La réponse fut prompte et positive. « Dites-leur, dit le condamné, de garder leur vie si pleine de bonnes œuvres, qu'il n'y ait pas de place pour le mal. »
 
Par bonheur il est possible à la plupart d'entre nous de sortir du brouillard du péché. Dieu qui est sage et juste, nous a donné le moyen d'éliminer la dégradation morale qui s'abat sur les êtres humains à cause du péché. En d'autres termes, le grand médecin a rendu le remède du repentir adéquat pour contrecarrer la maladie du péché.
 
On raconte qu'un vaisseau s'échoua au large de la côte d'Amérique du Sud. Son capitaine demanda par signaux à un bateau qui passait de partager son eau avec ses passagers, car ceux-ci souffraient de la soif. L'autre bateau lui répondit par signaux, lui disant de descendre son seau dans l'eau où il s'était échoué, parce qu'ils étaient à l'embouchure de l'Amazone et que l'eau était fraîche.
 
Le message séculaire lancé à tous ceux qui sont échoués dans leurs péchés est qu'ils sont en territoire ami et que tout ce qu'ils ont besoin de faire, c'est de descendre leur seau et d'étancher leur soif. Le Maître est toujours prêt à écouter le cri d'une personne repentante et à la faire boire libéralement à la source de la vie.


Source : Spencer W. Kimball, Le miracle du pardon, 1969, chapitre 10