Dieu peut-il ajouter à ce qu’il a révélé ?

 

 

Marc-Olivier R.



 

 

      Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre : Si quelqu'un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre ;

 

      Et si quelqu'un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l'arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre. (Apocalypse 22:18-19) 

 

      Certaines personnes ont vu en Apocalypse 22:18-19 la preuve que le canon des Écritures est fermé et restreint aux seuls livres de la Bible. La question de savoir si cette affirmation est justifiée est particulièrement importante lorsque l'on sait que les saints des derniers Jours croient en d'autres révélations que celles contenues dans cet ouvrage, à commencer par le Livre de Mormon : ils le considèrent comme étant la parole de Dieu, au même titre que la Bible. Les détracteurs du Livre de Mormon le condamnent en s’appuyant sur ces deux versets de l’Apocalypse de Jean.

 

     Je désire ici répondre brièvement à cette interprétation, a posteriori erronée.

     Le lecteur inattentif pourrait aisément interpréter l’expression « ce livre » comme faisant référence à la Bible - ce qui voudrait dire qu'elle seule contient la parole de Dieu. Je vais expliquer pourquoi une telle présomption est infondée.

 

     Je commencerai par démontrer que « ce livre » se réfère non pas à la Bible mais à l'Apocalypse, après quoi je passerai brièvement en revue la chronologie de la rédaction des livres du Nouveau Testament pour démontrer que certains d'entre eux seraient condamnés par Apocalypse 22:18-19 dans la logique précédemment expliquée. Je continuerai en faisant une analogie entre Apocalypse 22:18-19 et Deutéronome 4:2, puis reviendrai sur la question de savoir si Dieu peut ajouter ou retrancher quoi que ce soit à sa parole. Enfin, je m'arrêterai sur ceux que j'appelle les idolâtres de la Bible - qui placent la Bible au-dessus de tout – avant de faire une conclusion.

 

 

"...ce livre..."

 

      Est-il envisageable que l’expression « ce livre » se réfère à la Bible ? Pour cela, il faudrait soit que :

 

      a) Jean ait été en possession de la Bible, soit

 

      b) qu'il ait eu une vision des Saintes Écritures telles qu'elles seraient compilées.

 

      Pour ce qui est du point a), est-il utile de mentionner ici que la Bible n'a été assemblée, du moins telle que nous la connaissons actuellement, que vers la fin du IVe siècle après Jésus-Christ ? Sachant cela, il est inenvisageable que Jean ait été en possession de la Bible ; toute considération contraire serait absurde, puisque l'Apocalypse de Jean a été rédigé, semble-t-il en 95 ap. J.-C. (la date peut différer légèrement en fonction des estimations des exégètes). S'il n'est pas improbable que Jean, bien qu'exilé sur Patmos au moment de sa grande vision, ait été en possession d'écrits d'autres apôtres et évangélistes, il n'est absolument pas possible qu'il ait été en possession d'une Vulgate, puisque celle-ci est plus récente de presque 300 ans.

 

      Encore pourrait-on affirmer que le contenu d'Apocalypse 22:18-19 est le fruit d'une vision de la Bible achevée, et que c'est dans cette perspective que cet avertissement a été formulé. Cette affirmation, cependant, ne peut résister à une approche consciencieuse et critique de la seconde partie du verset 19 que je cite ici :

 

      ... Dieu retranchera sa part de l'arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre.

 

      Où sont mentionnés ce fameux « arbre de la vie », et cette « ville sainte » tous deux décrits dans « ce livre » ? Dans l'Apocalypse justement, plus précisément dans Apocalypse 13:8 (pour ce qui est du livre de vie), et dans la deuxième partie du chapitre 21 (pour ce qui est de la ville sainte). « Ce livre » ne peut donc que s'appliquer au livre de l'Apocalypse, et non à la Bible dans son ensemble.

 

      Relevons encore que le terme « Bible » est tiré du latin et du grec biblia, qui signifient littéralement « livres (sacrés) », au pluriel bien entendu. La Bible est un ensemble de livres saints, mis ensemble, et l'Apocalypse en est un parmi d'autres. L’expression « ce livre » se réfère à un livre précis, à savoir le livre de l'Apocalypse, et non à un recueil d'ouvrages mis en broche. Ceci est encore confirmé par le verset 18 :

 

      ...les paroles de la prophétie de ce livre...

 

      Remarquez qu'ici Jean emploie le mot « prophétie » pour décrire le livre dont il parle ; par comparaison, peut-être devrions-nous nous demander ce que veut dire « apocalypse » ?

 

      Le mot « apocalypse » est la transcription d'un terme grec signifiant : révélation ; toute apocalypse suppose donc une révélation faite par Dieu aux hommes de choses cachées et connues de lui seul, spécialement de choses concernant l'avenir (Bible de Jérusalem, éd. du Cerf, 1998, introduction à l'Apocalypse, p. 2061).

 

      Quand Jean parle des « paroles de la prophétie de ce livre », il pense au livre de l'Apocalypse qui est, par excellence, un livre prophétique, de révélation pure, contrairement aux évangiles et aux épîtres qui, dans leur globalité, n'ont pas une telle vocation.

 

 

L'ordre de rédaction des livres bibliques

 

      Nous pourrions en rester là, mais il me semble judicieux de passer en revue les arguments qui appuient ce qui précède.

 

      Pour commencer, l'Apocalypse de Jean n'a pas été le dernier livre, considéré comme canonique dans nos Bibles, à avoir été rédigé (bien qu'il soit placé à la fin de nos Écritures). Il suffit d'ouvrir n'importe quel tableau chronologique qui se trouve dans presque toutes les bonnes Bibles pour s'en rendre compte. Par exemple, si je prends ma Bible de Jérusalem, on y apprend que l'Évangile selon Jean et le premier épître de Jean auraient tous deux été écrits entre 95/98 et 100 ap. J.-C., soit après l'Apocalypse. Si l'on doit admettre qu'Apocalypse 22:18-19 marque la fin du canon, alors les chrétiens sont dans l'obligation de rejeter tous les écrits qui lui ont succédé, y compris l'Évangile selon Jean et le premier épître de Jean (tous deux écrits vraisemblablement à Éphèse, après l'exil de Patmos). Les choses s'aggravent si l'on doit accepter que l'exil de Jean sur Patmos s'est faite sous Néron, comme l'affirment certains, soit dans les années 50-60 ap. J.-C. : dans ce cas, presque tous les livres du Nouveau Testament devraient être rejetés (les épîtres aux Hébreux, de Jude, 2e de Pierre, de Jean, les évangiles de Matthieu, de Luc, les Actes des apôtres, etc.). Impensable ! Apocalypse 22:18 ne peut faire référence à la Bible.

 

      Mentionnons encore que le canon a subi des changements divers au fil des années et des siècles, et ce tout spécialement avant la création de la Vulgate par St-Jérôme au IVe siècle. Parmi les « catalogues », citons le « canon » de Marcion (env. 140 ap. J.-C.) qui, par exemple, n'avait pour Évangile que celui de Luc, et ne contenait pas le livre des Actes ni aucun épître de Pierre ou de Jean. Beaucoup plus tard mais toujours avant la Vulgate, le catalogue d'Eusebius (325 ap. J.-C.) contient tous les évangiles, mais il manque des épîtres, tels que ceux de Philémon, Hébreux, Jacques, 2 Pierre, 1 et 2 Jean, etc. Plus ennuyeux encore : l'Apocalypse lui-même semble ne pas avoir fait partie de ce « canon » (pour approfondir la question, voir le document lui-même).

 

      Encore aujourd'hui, le contenu des Saintes Écritures peut différer d'une Bible à une autre. Prenez la Bible de Jérusalem, par exemple ; elle est de source catholique et on y trouve de nombreux apocryphes, tels que le livre de Tobie, de Judith, deux livres des Maccabées, la Sagesse de Salomon, l'Ecclésiastique (à ne pas confondre avec l'Ecclésiaste), le Livre de Baruch, et les 13e et 14e chapitre du livre de Daniel. Les Bibles protestantes (Louis Segond par exemple) ne les contiennent pas. Comment doit-on considérer ces apocryphes ? Sont-ils des ajouts, ou sont-ce les Bibles protestantes qui ont « retranché » quelque chose ? Si l'on doit appliquer Apocalypse 22:18-19 à la Bible, ces questions risquent d'être embarrassantes pour ceux qui ne « jurent » que par leur canon.

 

 

Deutéronome 4:2

 

      Un verset qui s'apparente presque comme deux gouttes d'eau à Apocalypse 22:18 est Deutéronome 4:2 :

 

      Vous n'ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n'en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l'Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris. (Deutéronome 4:2)

 

      Ce verset, très semblable à celui de l'Apocalypse, signifie donc, si l'on doit accepter la logique des détracteurs du Livre de Mormon, que tout écrit qui lui succède ne peut être considéré comme doctrinal et inspiré. Pourtant, de nombreux prophètes sont venus après Moïse et ses enseignements pour ajouter leurs propres livres. Les enseignements du Christ lui-même, le Fils de Dieu, sont compilés dans les évangiles qui se font l’écho des changements qu'il préconisait. Car même s’il n'est pas venu pour annuler la loi, mais pour l'accomplir, ses enseignements différaient néanmoins du judaïsme de son époque.

 

      Aucune Église chrétienne n'est prête à abandonner les Écrits du Nouveau Testament simplement parce qu'un verset dans le Deutéronome sous-entend que rien ne peut être retranché ou ajouté à la loi de Moïse... ou plutôt que personne ne doit se permettre une telle chose.

 

      Personne… y compris Dieu lui-même ? 

 

 

Dieu peut-il ajouter ?

 

      Même en admettant, malgré tout ce qui précède, qu'Apocalypse 22:18 se réfère à la Bible, et à la Bible uniquement, la question se pose : s'il est vrai que l'homme ne peut retrancher ni ajouter quoi que ce soit aux écrits bibliques, Dieu s’est-il lui-même restreint par cette règle ?

 

      Pour moi, la question ne se pose même pas : s'il plaît à Dieu d'ajouter des livres au canon, ou des Écritures, ou même de corriger certains versets, ou encore d'appeler un prophète et de lui donner de nouvelles révélations, de nouveaux commandements, etc. - s'il plaît donc à Dieu d'agir de la sorte, cela se fera.

 

      On pourrait rétorquer qu'il n'y a pas eu de précédent. Cette affirmation est cependant réfutée par le récit biblique suivant :

 

      La parole de L'Éternel fut adressée à Jérémie, en ces mots, après que le roi eut brûlé le livre contenant les paroles que Baruc avait écrites sous la dictée de Jérémie :

 

      Prends de nouveau un autre livre, et tu y écriras toutes les paroles qui étaient dans le premier livre qu'a brûlé Jojakim, roi de Juda. Et sur Jojakim, roi de Juda, tu diras : Ainsi parle l'Éternel : Tu as brûlé ce livre [...].

 

      Jérémie prit un autre livre, et le donna à Baruc, fils de Nérija, le secrétaire. Baruc y écrivit, sous la dictée de Jérémie, toutes les paroles du livre qu'avait brûlé au feu Jojakim, roi de Juda. Beaucoup de paroles semblables y furent encore ajoutées. (Jérémie 36:27-29,32)

 

      Ces versets sont très importants. Ils nous informent qu'après la destruction du livre des prophéties de Jérémie (voir début du même chapitre), Dieu ordonne à son prophète de réécrire les paroles avec, en plus, une sentence contre le roi. Ainsi, d'autres paroles furent indexées au livre initial.

 

      Dieu peut-il donc ajouter des Écritures ? Oui. Il l'a fait avec Jérémie. Il l'a sûrement fait en d'autres occasions avec d'autres prophètes. Il peut certainement le faire encore aujourd'hui. Dieu n'est sûrement pas limité par la mise en garde d'Apocalypse 22:18-19.

 

 

Les idolâtres de la Bible

 

      Tirons quelques leçons de notre étude, qui devraient aller bien plus loin que la réelle signification d'Apocalypse 22:18-19.

 

      Dans un premier temps, j'aimerais préciser quelque chose d'important : le Livre de Mormon, les Doctrine & Alliances et la Perle de Grand Prix n'ont nullement la prétention d'être des ajouts à la Bible. Ils sont la parole de Dieu, au même titre que la Bible. Chaque livre a ses particularités. Ils diffèrent entre eux par leur origine géographique, l’objectif de leur contenu, ou encore l'époque à laquelle ils ont été rédigés. Les Doctrine & Alliances, par exemple, sont un recueil d'Écritures qui se situe dans un temps (XIXe et XXe siècle) et un espace (Amérique du Nord) totalement différents de l'antiquité juive, et son but - principalement le rétablissement de l'Église primitive - est tout autre. Il en est de même du Livre de Mormon qui, s'il a été écrit à la même époque que la Bible, a été rédigé sur un autre continent (Amérique du Sud, centrale, et Amérique du Nord), et son histoire est tout autre. Comprendre cette notion nous permettra de mieux approcher le problème suivant, à savoir celui du canon biblique.

 

      Le canon biblique n'a pas toujours été fermé. Et pour cause : la Bible n'a pas existé en tant que telle avant le IVe siècle ap. J.-C., comme mentionné plus haut. Même après cette date, le canon chrétien a sensiblement évolué. Arrêter donc la parole de Dieu à la Bible est déjà un non-sens, puisque son contenu a été et est aléatoire.

 

      Le bref aperçu historique que donne James E. Talmage de la constitution de la Bible est particulièrement intéressant :

 

      Depuis la dernière partie du quatrième siècle de notre ère, il ne s'est guère élevé de question importante au sujet de l'authenticité des livres du Nouveau Testament, tel qu'il est constitué à présent. Pendant des siècles, le Nouveau Testament a été accepté comme canon des Écritures par ceux qui professent la foi chrétienne. On trouve couramment, au quatrième siècle, des listes des livres du Nouveau Testament tels que nous les possédons maintenant ; nous pouvons mentionner, parmi ces listes, les catalogues d'Athanase, d'Épiphane, de Jérôme, de Rufin, d'Augustin d'Hippone, et la liste publiée par le troisième Concile de Carthage. À ces catalogues on peut en ajouter quatre autres qui diffèrent des précédents en ce qu'ils omettent l'Apocalypse de Jean dans trois cas et l'épître aux Hébreux dans un.

 

      Cette abondance de preuves au sujet de la constitution du Nouveau Testament au quatrième siècle est un résultat de persécutions anti-chrétiennes de cette époque. Au début du siècle en question, les mesures d'oppression de Dioclétien, empereur de Rome, étaient dirigées non seulement contre les chrétiens individuellement et collectivement, mais aussi contre leurs écrits sacrés, que le monarque fanatique essaya de détruire. Certaines mesures de clémence étaient prévues à l'intention de ceux qui livraient les livres saints confiés à leur garde ; et pas mal de gens saisirent cette occasion de sauver leur vie. Lorsque les rigueurs de la persécution se relâchèrent, les églises essayèrent de juger ceux de leurs membres qui avaient faibli dan leur fidélité à la foi, en livrant les Écritures, et tous furent frappés d'anathème pour trahison. Étant donné qu'un grand nombre de livres ainsi livrés sous menace de mort n'étaient pas, à cette époque, acceptés généralement comme sacrés, ce devint une question de première importance de décider quels livres au juste étaient reconnus à ce point sacrés que leur abandon ferait d'un homme un traître. C'est de là que nous trouvons Eusèbe répartissant les livres de l'époque messianique et apostolique en deux classes : (1) ceux dont la canonicité était reconnue ; les évangiles, les épîtres de Paul, les Actes, 1 Jean, 1 Pierre et probablement l'Apocalypse ; (2) ceux dont l'authenticité était discutée : les épîtres de Jacques, 2 Pierre, 2 et 3 Jean, et Jude. À ces deux catégories, il en ajouta une troisième comprenant les livres qui étaient reconnus comme faux. (James E. Talmage, Les Articles de Foi, Chapitre 13, pp. 301-302, réimpression 1983 de l'édition de 1962, édition originale anglaise 1890)

 

      Comme ce passage le précise, le canon est le fruit d'une lente évolution, d'études, de conciles, etc. Bien candide est celui qui croit encore que ce recueil de livres saints nous est tombé du ciel, comme par enchantement ; son contenu est bien la parole de Dieu, mais il y a eu de nombreuses interventions humaines dans le processus de copiage, traduction et réunification des livres, et de leur acceptation au statut d'Écritures Saintes.

 

      Pendant que je servais en tant que missionnaire pour l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours en France, j'ai rencontré des hommes qui attribuaient à la Bible toutes sortes de vertus : autorité pour l'exercice du sacerdoce, autorité pour le ministère et l'enseignement de l'Évangile, guérison, protection, etc. Le Livre de Mormon nous met en garde contre une adoration excessive de la Bible qui découle notamment d’une fermeture du canon et qui a pour conséquence un rejet net de toute nouvelle révélation de Dieu :

 

      Et parce que mes paroles [celles du Seigneur] siffleront, beaucoup de Gentils [non Israëlites] diront : Une Bible ! Une Bible ! Nous avons une Bible, et il ne peut y avoir davantage de Bible.

 

      Mais ainsi dit le Seigneur Dieu : Ô insensés, ils auront une Bible ; et elle sortira des Juifs, le peuple ancien de mon alliance. Et comment remercient-ils les Juifs de la Bible qu'ils reçoivent d'eux ? [...]

 

      Ô Gentils, vous êtes-vous souvenus des Juifs, le peuple ancien de mon alliance ? Non ; mais vous les avez maudits, et les avez haïs, et n'avez pas cherché à les recouvrer. [...]

 

      Insensé, qui diras : une Bible, nous avons une Bible, et nous n'avons pas besoin de davantage de Bible. Avez-vous obtenu une Bible autrement que par les Juifs ?

 

      Ne savez-vous pas qu'il y a plus d'une nation ? Ne savez-vous pas que moi, le Seigneur, votre Dieu, j'ai créé tous les hommes, et que je me souviens de ceux qui sont dans les îles de la mer, et que je règne dans les cieux en haut et sur la terre en bas, et que je fais parvenir ma parole aux enfants des hommes, oui, à toutes les nations de la terre ?

 

      Pourquoi murmurez-vous parce que vous allez recevoir davantage de ma parole ? Ne savez-vous pas que le témoignage de deux nations est le témoignage pour vous que je suis Dieu, que je me souviens d'une nation comme d'une autre ? C'est pourquoi, je dis les mêmes paroles à une nation qu'à l'autre, et lorsque les deux nations s'uniront, les témoignages des deux nations s'uniront aussi.

 

      Et je fais cela afin de prouver à beaucoup que je suis le même hier, aujourd'hui et à jamais, et que j'envoie mes paroles selon mon bon plaisir. Et parce que j'ai dit une parole, vous ne devez pas supposer que je ne peux en dire une autre ; car mon oeuvre n'est pas encore finie, et elle ne le sera pas avant la fin de l'homme, ni à partir de ce moment-là, ni jamais.

 

      C'est pourquoi, parce que vous avez une Bible, vous ne devez pas penser qu'elle contient toutes mes paroles ; et vous ne devez pas non plus penser que je n'en ai pas fait écrire davantage.

 

      Car je commande à tous les hommes, à la fois à l'est et à l'ouest, et au nord et au sud, et dans les îles de la mer qu'ils écrivent les paroles que je leur dis ; car c'est d'après les livres qui seront écrits que je jugerai le monde, chacun selon ses oeuvres, selon ce qui est écrit. (2 Néphi 29:3-11. Crochets ajoutés par nos soins)

 

      Les « idolâtres » de la Bible ont ainsi cette tendance à lui attribuer des pouvoirs et des vertus auxquels ces écrits ne prétendent nullement. La Bible, comme le Livre de Mormon (et je pourrais ajouter Doctrine & Alliances, la Perle de Grand Prix, et toutes les paroles qui sortent de la bouche des prophètes modernes) sont « inspir[és] de Dieu, et utile[s] pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre » (voir 2 Timothée 3:16-17).

 

      Je tente nullement d’amoindrir la valeur de la Bible. Je pense simplement que d'entourer cet ouvrage de superstitions diverses, de l'idolâtrer et de mépriser tout ce qui prétendrait se hisser à son « rang », c'est faire de son contenu quelque chose qui ne lui correspond pas. Ses paroles nous sont données pour nous aider à nous rapprocher de Dieu par la connaissance et la reconnaissance du sacrifice expiratoire du Christ, et par l'obéissance aux commandements Dieu. En cela, la Bible doit être vénérée et respectée car elle a cette vertu de nous rapprocher de notre Père céleste, à la fois de manière directe - par l'influence du Saint-Esprit - et de manière indirecte - par son effet dans notre vie de tous les jours.

 

 

Conclusion

 

       Ceux qui soutiennent que la Bible s'oppose à toute nouvelle révélation de Dieu n'ont à ce jour pas pu corroborer cette affirmation par un verset biblique. Pour ce qui est d'Apocalypse 22:18-19, je résume ici les raisons pour lesquelles Jean ne fait pas référence à la Bible :

 

•   La Bible n'existait pas en tant que telle lors de la révélation que constitue le Livre de l'Apocalypse.

 

•   La Bible est composée de plusieurs livres ; l’expression « ce livre » (verset 18) fait référence spécifiquement au livre de l'Apocalypse.

 

•   En mentionnant « la prophétie de ce livre », Jean parle clairement du livre de l'Apocalypse, dont le titre même signifie révéler, mettre à jour.

 

•   L'Apocalypse de Jean n'a, jusqu'au IVe siècle ap. J.-C., fait partie d’aucun des catalogues chrétiens.

 

•   L'Apocalypse de Jean n'est pas le dernier livre de la Bible : chronologiquement, la rédaction de l'Évangile selon Jean (pour ne citer que celui-ci) est postérieure.

 

•   Deutéronome 4:2 s'apparente en tous points à Apocalypse 22:18-19, ce qui n'a pas empêché des prophètes d'ajouter et de changer des Écritures.

 

•   Encore aujourd'hui, les canons bibliques diffèrent d'une version à une autre.

 

•   Si les hommes sont sujets à la condamnation dont il est question dans Apocalypse 22:18-19, on peut raisonnablement penser qu’elle ne s’applique pas à Dieu.

 

      Le fait d'accepter d'autres Écritures n'a aucun effet négatif sur la Bible. À titre personnel, je sais que la Bible est la parole de Dieu. Je le sais parce que quand je la lis, je ressens le Saint-Esprit m’accompagner dans cette lecture et me confirmer sa véracité. Je me souviens d'une occasion particulière ou l'Esprit du Seigneur a pesé avec force sur mon coeur pour m'affirmer avec douceur l'aspect sacré de ces Écrits. La Bible est un témoignage de notre Sauveur Jésus-Christ, et le Livre de Mormon en est un autre. Je sais que ces deux Écrits tout spécialement peuvent nous aider à retourner vivre en la présence de notre Père Céleste si nous suivons leurs préceptes, et si nous leur accordons l'attention qu'ils méritent. Je suis reconnaissant pour toutes les paroles que le Seigneur a révélées à ce jour, que ce soit dans l'Antiquité ou dans les temps modernes, et je me réjouis, avec les autres chrétiens, du temps où la « terre sera remplie de la connaissance de [Dieu] » (Ésaïe 11:9).

 

 

Note : Sauf indication contraire, les citations bibliques sont tirées de la traduction de Louis Segond, version 1910

 

 

Première parution : 30 mars 2003

Mise à jour : 7 novembre 2005

 

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