De la nécessité de nouvelles révélations


prouvée par la Bible



John Taylor


Paris, 1852






1. Le monde s'est étrangement égaré

Dans une brochure publiée à Paris et adressée « aux Amis de la vérité religieuse », j'ai fait mention de la découverte d'anciennes annales trouvées sur le continent américain, du ministère de saints anges et de l'organisation d'une nouvelle Église conformément au modèle ancien. J'ai dit que de nos jours les hommes jouissent des dons du Saint-Esprit comme anciennement. J'ai parlé du pouvoir de Dieu manifesté parmi les hommes et d'un message qui doit être proclamé à notre époque à toute famille, nation, langue et peuple de la terre.

Je sais qu'une telle annonce est de nature à produire de l'étonnement parmi les hommes, qu'elle est contraire à leurs usages et à leurs opinions, et qu'elle tend, au premier abord, à faire naître le doute et l’incrédulité.

Le fanatisme a grandement prévalu durant les divers siècles du monde. De faux prophètes et de faux docteurs s'y sont multipliés, et les hommes ont été si fréquemment trompés par les imposteurs, qu'ils sont portés à considérer tout ce qui leur arrive sous la forme d'un message de Dieu, comme une tromperie.

II est de notre devoir de nous tenir en garde, car les Écritures disent que « de faux christs et de faux prophètes viendront et en séduiront beaucoup. » Mais, en rejetant tout ce qui est faux et non scripturaire, nous devons, d'un autre côté, suivre le conseil que Paul donnait aux Thessaloniciens en ces termes : « Éprouvez toutes choses. Retenez ce qui est bon. » Et pendant que nous sommes fermement résolus à maintenir la vérité, nous devons toujours avoir soin de ne pas nuire, par un zèle outré, à cette vérité même que nous voulons maintenir.

Le monde s'est étrangement égaré sur les questions scientifiques et religieuses. L'histoire de Christophe Colomb en est un exemple éclatant. L'illustre navigateur ayant le pressentiment, touchant presque à une certitude, qu'il existait un autre continent, eut à lutter pendant plusieurs années contre des opinions admises depuis des siècles en Europe. II eut à combattre les préjugés, la superstition, les sarcasmes et surtout l'ignorance. Ses idées furent qualifiées de romanesques, et ses projets considérés comme ceux d'un visionnaire. On lui objecta qu'ils étaient opposés à l’Écriture sainte, à la raison, à l'histoire et à la géographie. Mais son esprit gigantesque brisa les chaînes dont on voulait le garrotter. Après avoir vaincu tous les obstacles, il eut enfin la gloire de dévoiler aux hommes le mystère du monde occidental.

II découvrit de nouvelles régions où furent fondés des empires qui, d’après le cours ordinaire des événements humains, sont destinés à éclipser complètement tout ce qui existe ailleurs sur la terre. La religion, les saintes Écritures, l'histoire et la philosophie eurent à se plier à sa théorie, et, bien qu'à regret, on fut contraint d'avouer qu'il avait raison. Et ses idées qui, avant leur réalisation, furent tant ridiculisées par les princes et tant bafouées par les philosophes, ouvrirent une voie de salut aux populations surabondantes de l'Europe, procurèrent le nécessaire à des millions d'hommes, développèrent les ressources du plus riche et du plus fertile pays de la terre, et ouvrirent un débouché commercial d'une telle étendue que jamais le monde n'en eut de pareil.

Le système astronomique, dit newtonien, mais découvert par Copernic, ne rencontra d'abord que mépris et dédain, parce qu'il était contraire aux idées reçues du siècle. On le considéra comme étant ridicule, extravagant et anti-scripturaire. Et de même qu'on objectait à Colomb qu'il ne pouvait exister d'autre terre, par la raison qu'il avait été commandé aux apôtres de prêcher l’Évangile sur tout le globe et qu'ils n'avaient pourtant jamais découvert le continent de l’Amérique, de même on supposait faux le système de Copernic qui déclarait que la terre tournait autour du soleil, tandis que les Écritures disent que « le soleil s’arrêta ».

Newton, vivant dans un siècle où régnait plus de liberté, se livra à de profondes recherches et démontra victorieusement que le système de Copernic est vrai. Et de nos jours tous les savants et les philosophes admettent cette théorie pour laquelle l'inventeur subit des persécutions, la prison et une condamnation. Il en a été de même avec presque tous les principes de la philosophie et les découvertes de la science.

Pour se faire accepter, ils ont eu à combattre la savante ignorance de ceux qui tenaient opiniâtrement aux idées reçues et aux usages établis de longue date, comme il leur a fallu lutter aussi contre ceux qui, au lieu d'employer le raisonnement, recouraient au mépris et ne savaient manier que le sarcasme, et jamais l'argument.

Si ce que nous venons de dire de la philosophie et de la science est vrai, le même phénomène dans le domaine de la religion est fortement confirmé par l'Ancien et le Nouveau Testament. Du temps de Noé, quand ce prophète, avant le déluge, prêchait aux hommes que le monde était sur le point d’être détruit par un cataclysme universel, sa prédication leur parut comme un conte ridicules, et quoique Noé leur eut prophétisé durant cent trente ans, ils ne surent rien du déluge jusqu’à ce qu'il vint les surprendre et les engloutir tous sous les eaux.

Quand Moïse apporta son témoignage au roi Pharaon, ce dernier endurcit son cœur contre le message divin. Et même les enfants d’Israël qui avaient été délivrés de la servitude par le pouvoir de Dieu, se révoltèrent dans le désert et contre Moïse et contre Dieu.

Lorsque notre Rédempteur vint sur la terre pour racheter les hommes, son témoignage fut rejeté, et on le crucifia comme un imposteur. Ses disciples furent bannis, emprisonnés ou mis a mort. Et dans la ville de Rome même, à laquelle on donne aujourd'hui le titre fastueux de capitale de la chrétienté, un nombre incalculable de chrétiens furent martyrisés.

Les hommes ont été généralement si hostiles contre tout message venant de Dieu, et ce fait est en quelque sorte tellement universel que saint Étienne, le martyr, disait aux Juifs : « Quel est le prophète que vos pères n'aient pas mis a mort ? lis ont même tué ceux qui avaient prédit l’avènement du Juste, que vous avez livré, et dont vous avez été les meurtriers ! »

Ce qui précède nous apprend la nécessité de ne point juger une œuvre ou une matière sans une sérieuse investigation, afin de ne pas nous exposer à combattre contre Dieu.

On trouve de nos jours un grand nombre de docteurs et professeurs de christianisme qui prétendent que nous ne devons plus avoir de révélations, que le canon des Écritures saintes est complet, et que la seule mention d'une révélation nouvelle suffit pour qu'ils la rejettent immédiatement. Je demande à ces personnes de bien réfléchir et d'examiner s'il ne serait pas possible qu'elles fussent dans l'erreur. Le christianisme qu'elles professent, est-il la vraie représentation du pur Évangile institué par notre Seigneur ? Est-ce que ses progrès et son influence sont en proportion des moyens qu'on y emploie ?

Qu'on me montre la beauté, l'harmonie, l'unité, l'amour fraternel et le pouvoir qui ornaient l’Église primitive. Où sont les dons spirituels, les grâces et les manifestations de l'Esprit de Dieu (voir 1 Corinthiens 12) ? Où sont l'esprit de prophétie, les dons de guérison, de vision et de prophétie qui, autrefois, étaient l’héritage des saints ? Où est l'espoir d'amener l’avènement de la paix universelle, le règne millénaire de la justice et de la sainteté ? Où est maintenant l’espérance qu'un peuple sera prêt quand « le Fils de l'homme viendra dans les nuées du ciel avec une grande puissance et une grande gloire » (Marc 13:26) ?

Pour la réalisation de toutes ces choses, pour dévoiler tout mystère, vaincre le doute et dissiper les ténèbres épaisses qui couvrent la terre, pour rassembler et cimenter l'union du peuple du Seigneur, pour affermir le royaume de Dieu, et pour l'accomplissement des prophéties, je démontrerai qu'il nous est absolument nécessaire d'avoir de nouvelles révélations et que, sans cela, les Écritures que nous avons déjà ne sauraient être accomplies.

En premier lieu, nous devons chercher à reconnaître d'où nous avons obtenu la parole de Dieu ou la connaissance du Seigneur. Les Écritures nous apprennent que « la prophétie ne nous a point été apportée autrefois par la volonté humaine, mais que les saints hommes de Dieu, étant poussés par le Saint-Esprit, ont parlé » (2 Pierre 1:21). Or, puisque toute vraie prophétie est venue directement de Dieu, c'est à lui que nous sommes redevables de toutes celles qui sont contenues dans la Bible.

Ces saints hommes étaient remplis de l'esprit de prophétie et de révélation. Ils eurent des songes et des visions. Ils furent visités par des anges. Pour eux les cieux s'ouvrirent, et même quelquefois ils furent enseignés par le Seigneur qui leur parla lui-même en personne. Adam, Hénoch, Abraham et Moïse virent le Seigneur et conversèrent avec lui. Ésaïe (6:4) « vit aussi le Seigneur assis sur un trône haut et élevé, et sa suite remplissait le temple ». Saint Étienne vit « les cieux ouverts et le Fils de l'homme étant à la droite de Dieu » (Actes 7:56).

Abraham, Jacob, Moise, Gédéon, Zacharie, Marie, Pierre, Jean, Paul et beaucoup d'autres reçurent le ministère des anges. Paul « fut ravi jusqu'au troisième ciel où il entendit des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à l'homme de rapporter ». Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel, Zacharie, Paul, Pierre et Jean eurent des visions et reçurent la parole du Seigneur.

Osée, Habacuc, Joël, Malachie, Pierre, Jean et les Églises primitives eurent l'esprit de prophétie et reçurent la parole du Seigneur et des révélations. Un grand nombre de ces songes, visions, manifestations, ministères d'anges, révélations, prophéties et instructions d'hommes inspirés ont été écrits. Et ces Écritures, jointes à un récit historique de actes de Dieu envers son peuple, portent le nom de Bible.

Le monde chrétien fait partout grand cas de la Bible. On l'appelle la sainte Bible, les saintes Écritures, la parole de Dieu, les Écritures de la vérité divine, et on lui donne d'autres noms tout aussi respectueux.Elle sert comme de régie suprême dans le monde chrétien, et c'est elle qui tranche les questions religieuses dans les controverses.

Nous apprenons dans la Bible l'histoire de la création du monde, des hommes, des oiseaux, des poissons et de tous les animaux. Elle nous dévoile le mystère de la chute de l'homme et celui de sa rédemption par Jésus-Christ, notre Sauveur. Elle nous fait connaître les actes de Dieu touchant diverses parties du genre humain, les bénédictions qu'il répandait sur les justes, et les châtiments qu'il infligeait aux impies. Elle donne l'histoire des temps les plus reculés, et, soulevant le voile qui nous cache l'avenir, elle nous prédit les grandes destinées qui doivent s'accomplir. Elle contient un récit de la mission divine de Jésus-Christ, notre Sauveur, de ses préceptes, de sa vie, de sa mort et. de sa résurrection, ainsi que la doctrine, les instructions et les ordonnances de ses apôtres. Elle renferme (mis à part les dernières révélations données aux hommes) tout ce que sait la génération actuelle sur Dieu, les anges, les démons, les récompenses et les châtiments à venir, les cieux et la terre, la destinée de l'homme et de la création. Elle est souvent appelée le phare, le guide ou la voie du chrétien, pour le conduire à la vie éternelle.

De là ces nombreuses sociétés organisées dans divers pays et ces millions de Bibles qu'on fait gratuitement circuler partout dans le but d’éclairer les hommes par les Écritures et de les amener, prétend-on, à la connaissance de Dieu. Nous dirons plus tard avec quel succès.

D'où a-t-on obtenu ce saint livre ? Tout ce qui concerne le salut du genre humain n'est connu que par révélation divine. Si le Seigneur ne se fut jamais révélé à ses créatures, nous n'eussions pas eu la Bible. Considéré par les chrétiens comme une des plus grandes bénédictions données au monde, ce livre a été obtenu par révélation directe.

À toutes les époques. des hommes justes reçurent avec joie les manifestations de la volonté du Seigneur, ainsi que toutes les communications qu'il se plut à leur faire. Et si des faveurs si précieuses furent accordées à l'homme par révélation directe, pourquoi ceux qui croient à la Bible s'opposeraient-ils à ce que Dieu fit encore de nouvelles révélations pour le salut, le bonheur et l'exaltation du genre humain ? Si Dieu n'a déclaré nulle part, dans la parole déjà donnée, qu'il ne ferait plus de révélations aux hommes, déclaration ce qu'il n'a pas fait, comme je suis prêt à le démontrer, pourquoi, plus que tous les autres hommes, les chrétiens, qui font profession de croire à la Bible, font-ils des objections à ce que Dieu continue à manifester sa bonté et sa miséricorde envers le genre humain ?

Or, dans le prochain chapitre, je démontrerai qu'une telle réaction est contraire aux voies de Dieu à toutes les époques, que son plan a toujours été de donner des révélations adaptées aux besoins des nations, des Églises ou des individus qui les recevaient, et qui, à l'exception de la doctrine et des prophéties que nous aurons l'occasion de mentionner ci-après, n'étaient pas adaptées à autre peuple.


2. Les révélations données à un peuple ne sont pas adaptées à un autre peuple

Quand le Seigneur donna une révélation à Noé, lui déclarant qu'un déluge devait détruire les habitants de la terre, cette révélation lui fut donnée pour son propre salut et pour celui de ceux à qui il l’annonça. Car « il était prédicateur de la Justice » (2 Pierre 2:5). La construction de l'arche, les aménagements pour les animaux, sa délivrance et celle de sa famille furent autant de révélations pour eux et destinées à eux seuls. C’était là, en effet, des circonstances qui ne devaient jamais plus se renouveler, et qui ne devaient nullement s'appliquer à d'autres. Car Dieu fit alliance avec Noé, après le déluge, et lui déclara qu'il ne détruirait jamais plus les habitants de la terre par un déluge (voir Genèse 9:8).

Quelque temps après, le Seigneur détruisit les villes de Sodome et de Gomorrhe. Mais auparavant il révéla son projet à Abraham et à Lot. Sans cette révélation, comment Lot aurait-il pu se mettre à l'abri du feu du ciel ? (voir Genèse 18:19). Une arche, comme celle qui fut construite par Noé, ne lui eut été d'aucun usage, et aucune des instructions données à ce prophète ne pouvaient lui être applicables, non plus qu'aux habitants de Sodome et de Gomorrhe, ou des plaines environnantes. II dut recevoir une révélation spécifique, à lui particulière, qui ne consista point à bâtir une arche, mais « à se sauver sur une montagne et ne point s’arrêter en aucun endroit de la plaine. »

Quand les enfants d’Israël gémissaient sous le joug de fer des Égyptiens, il leur fallut aussi des révélations d'une nature toute particulière. Moïse fut donc suscité pour être leur révélateur et leur libérateur. L'ange du Seigneur lui apparut dans une flamme de feu, et le Seigneur lui dit : « En vérité, j'ai vu les afflictions de mon peuple qui est en Égypte, j'ai entendu leurs cris et j'ai connu leurs douleurs. Aussi suis-je descendu pour les délivrer de la main des Égyptiens et pour les faire remonter de ce pays-là en un pays fertile et spacieux où coulent le lait et le miel… Maintenant donc, viens… Et tu emmèneras mon peuple, les enfants d’Israël, hors d’Égypte. » (Exode 3)

Maintenant, je le demande, de quel usage les révélations données à Noé ou à Lot eussent été aux enfants d’Israël ? Le monde n'allait pas être détruit par un déluge, ni l’Égypte par le feu ; mais les circonstances étaient entièrement différentes. Le peuple du Seigneur se trouvait cruellement opprimé par les Égyptiens, qui lui imposaient des fardeaux accablants ; et c’était le dessein de Dieu de le délivrer de cet esclavage, de le soustraire à cette condition et de le mener au pays de Canaan pour en faire une nation distincte et puissante. Dans ce but, Dieu suscita Moïse, le dota d'intelligence et le remplit de son Saint-Esprit.

Moïse devint le libérateur des Israélites. II reçut de fréquentes révélations pour opérer leur délivrance et guider leurs pas dans le désert. II sentait si bien la nécessité de la présence du Tout-Puissant et celle de recevoir constamment de lui des conseils et des révélations, qu'il dit au Seigneur : Si ta présence ne vient pas avec moi, ne nous fais point monter d'ici ; préférant rester où il était que d'en partir sans le secours de la révélation directe de Dieu, ou de se fier à son propre jugement et même aux révélations déjà données. Et, chose bien certaine, depuis lors les enfants d’Israël ne furent jamais châtiés pour avoir méprisé les paroles de Noé, d'Abraham ou de Lot, mais ils le furent sévèrement pour s’être révoltés contre Dieu et Moïse, contre les révélations spécifiques qui leur étaient données pour les guider.

Quand, par suite de leurs transgressions, les Israélites furent condamnés à être menés captifs à Babylone, Jérémie révéla au roi Sédécias la volonté du Seigneur. II déclara au peuple qu'il irait en captivité à Babylone et y demeurerait soixante-dix ans, ce qui s'accomplit effectivement. Et depuis, les Israélites furent délivrés, selon les paroles du prophète. Cette prophétie, ainsi que les précédentes, n’était applicable qu'aux circonstances particulières où se trouvait le peuple à qui elle fut donnée. Cette nouvelle révélation lui devenait d'une nécessité indispensable, bien qu'il eut en sa possession les révélations des temps passés, que nous avons déjà mentionnées, ainsi que des centaines d'autres. De même sa délivrance de Babylone, sous la conduite d'Esdras et de Néhémie, fut tout aussi particulière.

Quand la parole du Seigneur vint à Ésaïe touchant la chute de Babylone (voir Ésaïe 13), ce fut tout à fait distinct de toute autre révélation antérieure. De même avec le message de Jonas à Ninive : il fut exclusivement adressé à cette ville. Les révélations dont je viens de parler ne pouvaient s'appliquer à Tyr, à Sidon, à l'Égypte, ou à aucune autre nation, mais uniquement à celles auxquelles elles étaient destinées.

Lorsque notre Sauveur prédit la destruction de Jérusalem, les circonstances qui devaient accompagner cette époque étaient de nouveau d'une nature bien différente de toutes les autres. Les Juifs allaient être dispersés parmi toutes les nations ; leur temple, leur gouvernement et leur nation allaient être détruits, et Jérusalem rasée. Les disciples de notre Seigneur reçurent alors de sa bouche des instructions spécifiques sur ce qu'ils avaient à faire pour échapper aux terribles calamités qui devaient frapper ce peuple maudit de Dieu. « Et quand vous verrez Jérusalem environnée par les armées, sachez que sa désolation est proche. Alors, que ceux qui seront dans la Judée s'enfuient aux montagnes, que ceux qui seront dans Jérusalem s'en retirent ; et que ceux qui seront à la campagne ne rentrent point dans la ville. Car ce seront alors les jours de la vengeance, afin que toutes les choses qui sont écrites s'accomplissent. » (Luc 21:20-22)

Cette dernière révélation, comme toutes les précédentes, fut donnée aux disciples d'autrefois pour leur bien particulier ; elle nous démontre, de même que les autres, la nécessité absolue de révélations continues pour la conduite du peuple du Seigneur. Car, puisque les circonstances dans lesquelles se sont trouvées ces nations à diverses époques et en divers lieux ont été différentes, il s'ensuit qu'elles ont dû recevoir des révélations propres à ces circonstances particulières, comme il s'ensuit que les révélations données à telle nation n’étaient pas suffisantes pour une autre.

Cela n'est pas seulement vrai relativement aux nations, mais l'est également pour les individus. Quand la parole du Seigneur était envoyée à un homme seul ou quand cet homme était visité par un ange, le message divin ne s'adressait qu'à lui et ne concernait que sa nation ; elle ne s'adressait jamais à une autre personne ou a une autre nation. Exemple : lorsque le prophète se présenta à Éli pour lui annoncer le sort prochain qui lui était réservé, ainsi qu'a sa famille, ce message n’était que pour Éli et ne s'appliquait nullement à Samuel (voir 1 Samuel 2 et 3). Éli avait négligé ses enfants et avait fermé les yeux à leurs transgressions. Samuel n'avait point d'enfants.

Le message de Dieu à Pharaon différait entièrement de celui donné à Nabuchodonosor. Le message à Pharaon fut délivré en ces termes : « Ainsi a dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Laisse aller mon peuple, afin qu'il me célèbre une fête solennelle au désert » (Exode 5:1). Le message au roi de Babylone fut délivré comme suit : « On te chassera d'entre les hommes, ton habitation sera avec les bêtes des champs, et tu seras nourri d'herbe comme les bœufs pendant sept ans » (Daniel 4). Quand la parole du Seigneur fut donnée a Élie, à Élisée, à Ésaïe, à Jérémie, à Ézéchiel, à Zacharie, et à bien d'autres encore, ils eurent chacun une mission particulière à remplir, un témoignage à rendre, un message à annoncer, soit aux Juifs, soit aux Gentils.

Si nous faisons des recherches dans le Nouveau Testament, nous y trouverons les mêmes principes. L'ange qui vint annoncer à Zacharie la naissance de Jean (Luc 1:11-20) avait un tout autre message que l'ange qui vint annoncer à Marie la naissance de notre Sauveur (voir Luc 1:26-28). Et ces deux messages étaient différents de celui qu'un autre ange vint porter à Joseph, en lui ordonnant de s'enfuir en Égypte pour un peu de temps avec sa famille (voir Matthieu 2:13). Un ange vint délivrer un message à Paul, lorsqu'il fut en danger de faire naufrage. Un ange visita Pierre en prison. Mais ces deux envoyés célestes, ainsi que tous les autres, avaient chacun un message particulier à annoncer aux hommes, selon les circonstances et leurs situations respectives.

Ce même principe est clairement développé dans les différents genres de messages délivrés par les apôtres aux diverses Églises. Comme leurs circonstances, leur position et leur fidélité variaient, de même leurs instructions variaient aussi. Les conseils et les admonestations qu'ils donnaient à une Église ne convenaient pas à une autre. Lorsque Jean eut un message à délivrer aux sept Églises de l'Asie, ce message ne fut pas le même pour toutes et ne pouvait s'appliquer à toutes. Pourquoi ? Simplement parce que leurs circonstances, leur foi et leur position devant Dieu étaient différentes. II lui fut donc commandé de leur écrire selon leurs diverses situations.

À l'une il écrivit qu'ils s’étaient « relâchés de leur première charité » ; à une autre, que « quoiqu'ils se disaient pauvres, cependant ils étaient riches, et qu'ils auraient la couronne de vie s'ils restaient fidèles jusqu’à la mort ». Il dit a une autre, qu'ils « se disaient riches et qu'ils ne savaient pas qu'ils étaient pauvres, etc. » ; à une autre qu'ils avaient permis à une femme qui se disait prophétesse « de séduire ses serviteurs, de les porter à commettre la fornication et de leur faire manger des choses sacrifiées aux idoles » ; à une autre, qu'ils « étaient tièdes, et qu'il les vomirait de sa bouche, à moins qu'ils ne se repentent. » (Apocalypse 2 et 3)

Nous voyons par là qu'un esprit continuel de révélation était absolument nécessaire pour dévoiler les iniquités qui existaient dans les diverses Églises, et pour leur donner des conseils, des avertissements et des instructions selon leurs besoins. Quand Paul, écrivant aux Galates, leur dit : « Galates insensés ! Qui vous a ensorcelés pour faire que vous n’obéissiez point à la vérité ? » (Galates 3:1), c’était une toute autre déclaration que celle aux Romains, à qui il écrivait : « Je rends grâces à mon Dieu par Jésus-Christ, pour vous tous, de ce que votre foi est renommée par tout le monde » (Romains 1:8). Et cela différait encore de ce qu'il reprochait aux Corinthiens, savoir : Que la fornication existait parmi eux, « telle qu'on n'en faisait pas même mention parmi les Gentils » (1 Corinthiens 5:1) Et lorsque Paul écrivit aux Corinthiens : « Je n'ai pu vous parler comme à des hommes spirituels. » (1 Corinthiens 3:1). Nous voyons que leurs circonstances étaient bien différentes de celles de l’Église à qui Jean écrivait : « Vous avez reçu l'onction du Très-Saint, et vous connaissez toutes choses. » (1 Jean 2:20)

Pour ne point donner attention à ces choses, des chrétiens d'aujourd'hui s'appliquent à eux-mêmes certains passages des Écritures, auxquels ils n'ont point le moindre droit quelconque. Ce n'est pas chose rare, que des hommes appliquent aux chrétiens des promesses faites aux Juifs. Mais, je vous le demande, qu'ont à faire les chrétiens des bénédictions promises aux Juifs ? Ils rejettent sur la tête des enfants d’Israël les malédictions qui ont été prononcées contre eux, et ils veulent leur dérober leurs bénédictions. Non. Les promesses annoncées aux Juifs, le furent à eux seuls, et non pas aux Gentils ; et les Juifs seront obligés à tout subir, bénédictions ou malédictions.

II nous est souvent répété qu'il est nécessaire de bien savoir dispenser la parole de la vérité. Mais qui peut dire de nos jours ce que Jean écrivit à l’Église : « Nous avons reçu l'onction du Très-Saint, nous connaissons toutes choses, et nous n'avons pas besoin qu'aucun homme nous enseigne ? »

Nous parlons d’être justifiés par la foi. Mais ne voyez-vous pas que ces personnes-là, ainsi justifiées, avaient obéi aux ordonnances de l’Évangile, qu'elles avaient été baptisées par immersion, au nom de Jésus-Christ, pour la rémission de leurs péchés, qu'elles avaient reçu l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit et qu'elles s’étaient conformées à tous les premiers principes de l’Évangile ? Elles étaient justifiées par leur foi en Jésus-Christ, pour avoir obéi à l’Évangile, et non pas par la loi mosaïque.

Jean dit dans l'Apocalypse : « Soyez fidèles jusqu’à la mort, et je vous donnerai la couronne de vie. » À qui ? à l’Église de Smyrne, non pas à l’Église de Pergame ou de Laodicée, ni a aucune Église ou gens qui, de nos jours, jugent à propos de s'appliquer à eux-mêmes ces paroles. Afin de pouvoir réaliser cette promesse, une personne ou une Église devait se trouver placée dans des circonstances semblables. On pourrait tout aussi bien s'appliquer d'autres passages, tels que ceux-ci : « Tes œuvres n'ont pas été trouvées parfaites devant Dieu. » « Parce que tu es tiède, ni chaud ni froid , je te vomirai de ma bouche. » « Souviens-toi donc d'où tu es tombé, repens-toi et fais tes premières œuvres, ou je viendrai à toi et j’ôterai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes. »

Mais comme ces derniers passages ne leur conviennent pas autant que ceux cités plus haut, on les applique en général aux Églises asiatiques, et on applique les passages favorables aux Églises de nos jours. Or, les promesses de l’Évangile furent faites à ceux qui avaient obéi à l’Évangile. Ces promesses furent faites par des hommes inspirés « qui parlèrent selon qu'ils étaient inspirés du Saint-Esprit » (2 Pierre 1:21).

Car l’Église avait alors des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pasteurs et des docteurs, tous soumis à l'influence de l'esprit de Dieu. Ces hommes avaient des songes, des visions, recevaient la visite d'anges, et comprenaient les mystères de Dieu. Ces choses « furent mises dans l’Église pour le perfectionnement des saints, pour l’œuvre du ministère et pour l’édification du corps du Christ » (Éphésiens 4:11, 12).

Et combien de temps ces choses devaient-elles exister dans l’Église ? « Jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu ; à l’état d'homme parfait et à la mesure de la stature parfaite de Christ ; afin que nous ne soyons plus des enfants, ni flottants, ni emportés par le vent de toutes sortes de doctrines, par la tromperie des hommes, et par l'adresse qu'ils ont de séduire artificieusement. » (versets 13, 14). En d'autres termes : il nous a été donné des apôtres, des prophètes, etc., tous hommes inspirés qui, par révélation et par la parole de Dieu, seront à même de nous guider continuellement dans la voie de la vérité et de nous garantir de tout mal.

Et à cause du manque de cette intelligence et de cette communication, tout homme a pris le chemin qui lui convenait. Ils ont abandonné la pureté des principes de l’Évangile, ils sont tombés dans le labyrinthe de l'ignorance, de la superstition et de l'erreur et, au lieu d’être revêtus de sagesse, de puissance, d'intelligence et d'assurance, au moyen des révélations, ils sont semblables à l'une des Églises d'Asie qui prétendait qu'ils étaient riches, qu'ils avaient accru leurs richesses et n'avaient besoin de rien, et ils ne savent pas qu'ils sont malheureux, pauvres, misérables, aveugles et nus, dépourvus d’apôtres et de prophètes, privés de révélations, de l'administration d'anges, privés de la connaissance de Dieu, ignorant son pouvoir, son plan et ses desseins, ignorant cette gloire, cette vie et ces lumières qui caractérisèrent autrefois ses saints.

De là découle la grande nécessité de nouvelles révélations pour rétablir son Église dans toute sa plénitude, sa gloire et sa puissance, avec les dons spirituels, la guérison des malades et les autres bénédictions, comme elles existaient anciennement ; afin de ne plus être ni flottants, ni emportés par le vent de toutes sortes de doctrines, ni d’être obligés de n'avoir uniquement recours pour notre direction qu'aux choses anciennes ; mais afin que nous puissions avoir des révélations directes pour nous guider à travers le labyrinthe de cette vie et nous faire obtenir la vie éternelle.

Mais on pourra nous objecter : Si cela est vrai, à quoi bon les saintes Écritures ? Je réponds : Elles sont d'une valeur inappréciable indépendamment des nouvelles révélations, elles sont pour les hommes le trésor le plus précieux qu'ils puissent posséder. Elles contiennent de grands événements et d'importantes vérités à l'usage du genre humain, dans leur partie historique, dans leur doctrine, leurs ordonnances et leurs prophéties. Elles sont une voix d'avertissement, un étendard et un guide pour le voyageur égaré. Mais elles sont la lettre morte, pas le témoignage vivant.

II nous est fort agréable de lire dans les Écritures que les hommes étaient autrefois visités par des anges. Mais à qui se montrent-ils de nos jours ? Nous y lisons le récit d'hommes qui avaient des visions prophétiques, pouvaient contempler les desseins de Dieu et prophétiser des événements devant se réaliser dans les siècles futurs. II y est question de révélateurs et de voyants. Mais tous ces prophètes, ces révélateurs et ces voyants vécurent dans les temps anciens. Nous voyons qu'il y avait des apôtres, des prophètes et des hommes inspirés au midi du temps. Ils ne sont pas les nôtres, mais ils furent les officiers, les administrateurs d'un autre peuple.

Nous lisons avec joie leurs instructions, leur doctrine, leurs ordonnances et leurs prophéties, mais c’étaient là les apôtres, les prophètes et les officiers d'une autre époque. Leurs instructions s'adressaient à un autre peuple. Leur doctrine et leurs ordonnances nous servent comme d'une lumière pour rendre manifestes les ténèbres du monde chrétien actuel, et leurs prophéties indiquent son apostasie.

Les Écritures nous parlent des dons spirituels, des guérisons, de la foi, des miracles, de l’unité, de la puissance et de la certitude qui existaient autrefois dans l’Église. Mais les Églises de nos jours en sont privées, et ces choses ne servent qu'à dévoiler leur situation et à rendre plus manifestes leur pauvreté, leur nudité, leur indigence et le manque absolu de ces dons qui furent anciennement la gloire de l'Église.

Les Écritures sont un phare pour le voyageur, une pierre de touche pour distinguer les principes vrais et les prophéties. Au cours de son ministère terrestre, Jésus avait souvent recours aux Écritures et il commanda de les lire et de les scruter soigneusement (voir Jean 5:39). Ses apôtres firent de même. Paul nous apprend : que « toutes les choses qui ont été écrites autrefois l'ont été pour notre instruction afin que, par la patience et par la consolation que les Écritures nous donnent, nous retenions notre espérance » (Romains 15:4). Ce sont enfin les Écritures saintes qui dévoilent les immenses événements de notre époque avec tant de clarté et de précision qu'il est impossible de s'y tromper.

Mais avant d'aborder ce sujet, nous démontrerons succinctement que nous devons comprendre ou entendre les Écritures d'une manière littérale, à l'exception des figures et paraboles, et là où elles se trouvent elles sont toujours clairement définies. Nous montrerons aussi que quand une révélation était donnée pour la direction d'un peuple, cette révélation était toujours précise, explicite et facile a comprendre.

3. De la clarté des prophètes

On a l'habitude de nos jours de spiritualiser les saintes Écritures et de leur donner un sens et des significations que leurs auteurs n'ont certainement jamais voulu leur donner. C'est ainsi que les passages les plus clairs, les plus lumineux, sont rendus obscurs et ténébreux, et qu'on leur fait signifier tout ce qu'on veut, ou même rien, selon le caprice du lecteur. Cette perversion de la parole de Dieu aveugle l'esprit de milliers de personnes qui cherchent sincèrement la vérité. Or, cet usage est devenu tellement universel qu'il est indispensable de poser des règles sûres et bien déterminées d’interprétation avant que nous n'abordions la question des prophéties qui attendent encore leur accomplissement.

Je vais démontrer, par les Écritures, que les prophéties qui ont été accomplies l'ont été littéralement. Il s'ensuit que les prophéties qui doivent recevoir leur accomplissement dans l'avenir, le recevront aussi littéralement. Et je démontrerai que nulle prophétie n'est d'aucune interprétation particulière et que les Écritures ne disent pas une chose pour signifier une autre chose, ou , si l'on nous permet cette trivialité, ne disent pas blanc pour signifier noir.

Nous considérerions comme une chose étrange si un homme écrivait à son agent de lui acheter un cheval, et qu'au lieu d'un cheval il achetât un bœuf ; ou s'il lui donnait l'ordre d'acheter un chapeau, qu'il fit emplette d'un manteau. On dirait d'un tel agent qu'il n'est pas digne de confiance et qu'il est incapable de remplir son emploi. Mais comment qualifier sa conduite si cet homme, répondant à son maître, prétendait que celui-ci ne voulait pas lui-même les objets qu'il avait demandés, et que ce serait très vulgaire, dans ce siècle de lumières, d’écrire simplement les choses dont on avait besoin ; qu'en conséquence, il avait spiritualisé les lettres de son maître, selon la science du jour, et lui avait acheté les choses dont il avait réellement besoin, et non pas celles qu'il lui avait demandées.

Quand Noé fut averti que le monde allait être détruit par un déluge, cela s'effectua littéralement. Ce ne fut pas un déluge spirituel, mais un déluge réel, littéral, et Noé le comprit ainsi car il se mit à préparer une arche, selon le commandement du Seigneur. S'il ne l'eut pas fait, il eut péri avec le reste du monde. II en fut de même avec Lot, quand les villes de Sodome et de Gomorrhe furent détruites par le feu du ciel : S'il eut pris dans un autre sens que le sens littéral l'avertissement des anges, lui et sa famille eussent été engloutis dans la ruine générale de ces villes.

Quand l'ange du Seigneur apparut à Abraham et lui annonça que sa femme Sarah enfanterait un fils, cette promesse fut littéralement accomplie. Lorsque Pharaon, roi d’Égypte, eut un songe dont Interprétation lui fut donnée par Joseph, qui annonça qu'il y aurait sept années d'abondance suivies de sept années de disette (voir Genèse 41), il comprit que ces choses arriveraient littéralement. En conséquence, les greniers furent remplis de froment durant les sept années de fertilité, afin de pouvoir subvenir aux besoins publics durant les sept années de stérilité, et par ses sages mesures le peuple fut sauvé ; tandis que si Pharaon avait rejeté l’interprétation de Joseph, s'il s’était imaginé qu'il s'agissait d'une abondance spirituelle, d'une famine spirituelle et de blé spirituel, ses sujets seraient morts de faim.

Quand le Seigneur dit a Moise : « En vérité, j'ai vu l'affliction de mon peuple qui est en Égypte ; j'ai entendu leurs cris et, sachant quelles sont leurs douleurs, je suis descendu pour les délivrer des mains des Égyptiens, et pour les faire passer de cette terre en une terre bonne et spacieuse, en un pays où coulent le lait et le miel, où sont les Cananéens, les Hétiens, etc. » (Exode 3:7, 8), tout cela s'accomplit littéralement, comme l'histoire juive le rapporte.

Qu'on lise les prophéties dont j'ai fait mention dans le dernier chapitre, tant celles prises dans l'Ancien Testament que celles prises dans le Nouveau Testament, et on trouvera qu'elles furent toutes accomplies à la lettre. En effet, la prophétie, c'est l'histoire à rebours ou en sens contraire. Elle donne un récit d’événements futurs, comme l'histoire les donne du passé.

II y a une prophétie que je ne dois pas omettre de mentionner ici. C'est celle de Jérémie sur Jérusalem (voir Jérémie 25). Voici ce qu'il en dit : « Voici, j'enverrai et j'assemblerai tous les peuples de l'aquilon, dit le Seigneur, avec Nabucadnetsar, roi de Babylone, mon serviteur, et je les ferai venir contre ce pays-ci et contre ses habitants… et tout ce pays sera un désert et un étonnement ; et ces nations seront assujetties au roi de Babylone pendant soixante-dix ans, et lorsque les soixante-dix ans seront accomplis, je visiterai dans ma colère le roi de Babylone et son peuple, dit le Seigneur, pour punir leur iniquité. Je visiterai la terre des Chaldéens, et je la réduirai à une éternelle solitude. »

L'histoire nous rapporte que les Juifs furent, quelque temps après, assujettis par Nabucadnetsar et emmenés captifs à Babylone où ils demeurèrent soixante-dix ans, et qu'ils en furent alors délivrés par Cyrus, qui, à son tour, avait conquis Babylone, conformément à une prophétie d'Ésaïe donnée avant la naissance de Cyrus (voir Ésaïe 45).

Parley P. Pratt dit, à propos de ces événements : « En effet, un lecteur du dix-neuvième siècle, tenant à sa main l'histoire des Babyloniens, des Mèdes, des Perses, des Grecs, des Romains et des Égyptiens, ainsi que celle des Juifs, ne se mettra guère plus au courant des événements qui se sont passés parmi ces nations, que ne l’étaient les prophètes bien des années avant leur accomplissement. »

Ce serait ici le lieu de parler aussi de l'accomplissement exact et littéral des prophéties sur les nations des Gentils, telles que Ninive, Tyr, Sidon, les Philistins, Askalon, Azath, Ekron, Édom, Moab, Amnion, Declan, Tenia, Buz, l'Arabie et d'autres encore. Mais, comme ce serait un sujet trop vaste pour le but que je me suis proposé, je renvoie le lecteur aux Écritures saintes.

Cependant je ferai mention d'une vision qu'eut Daniel, et qu'il rapporte dans le chapitre 8, versets 19 à 25 : « Voici, je te ferai savoir ce qui arrivera à la fin de l'indignation, car au temps arrêté la fin viendra. Le bélier que tu as vu, qui avait deux cornes, ce sont les rois des Mèdes et des Perses, et le bouc velu, c'est le roi des Grecs, et la grande corne qu'il avait entre ses deux yeux, c'est le premier roi ; et de ce qu'elle s'est rompue et que quatre cornes sont venues à sa place, ce sont quatre royaumes qui s’établiront de cette nation, mais non pas avec la force et la puissance de cette corne. Et vers la fin de leur règne, lorsque leurs iniquités seront au comble, il s’élèvera un roi, d'un visage sévère, qui pénétrera des mystères, et sa puissance s’établira, mais non point par sa propre force ; et il fera de merveilleux dégâts, et réussira dans tout ce qu'il entreprendra, et il détruira les puissants et le peuple saint ; et par la subtilité de son esprit, il fera prospérer la fraude en sa main ; et il s'exaltera en son cœur, et par la paix en détruira plusieurs ; il s’élèvera contre le Prince des princes, mais il sera brisé sans mains. »

Cette vision représente les Mèdes et les Perses dans leur capacité nationale, jusqu’à ce qu'ils furent vaincus par Alexandre le Grand, qui subjugua cette puissante nation et le monde entier, comme avaient fait avant lui les Mèdes et les Perses. II est représente sous la forme « d'un bouc velu » dénommé « le roi des Grecs », la première grande corne. Après une longue suite de victoires, et n'ayant plus de nations à vaincre, il vint mourir à Babylone à l'âge de trente-deux ans. À sa mort, son royaume fut partagé entre quatre de ses généraux. Et ainsi cette grande corne fut rompue, et à sa place surgirent quatre autres cornes, mais sans avoir la force et la puissance de la grande corne. Et vers la fin de leur empire, quand les transgressions de la nation juive furent à leur comble, un autre roi au visage sévère devait « détruire le peuple saint. » Ce fut l'empire romain qui détruisit la nation juive, prit Jérusalem, fit cesser le sacrifice quotidien et massacra les apôtres et les premiers chrétiens.

Ainsi, nous pouvons tracer l'accomplissement de ces prophéties de la manière la plus claire et la plus littérale. Événements qui existaient, pour ainsi dire, dans l'avenir, et qui étaient de la plus haute importance pour plusieurs des plus puissantes nations du monde. Et cependant ils furent prédits longtemps à l'avance, précisément comme l'histoire en a fait le récit après leur accomplissement.

Les prophéties touchant l’avènement du Sauveur furent toutes littéralement accomplies en ce qui concerne les circonstances de son avènement, sa naissance, ses souffrances, sa mort et sa résurrection.

Jésus-Christ devait avoir un précurseur, un messager pour préparer le peuple à son avènement (voir Malachie 3:1). Jean-Baptiste vint comme son précurseur et son messager. Jésus naquit à Bethléem (voir Michée 5 et Matlhieu 2). Le Messie devait naître d'une vierge. II naquit de la vierge Marie (voir (voir Ésaïe 7:14 et Matthieu 1:22, 23). Le Messie devait être méprisé et rejeté par les hommes, homme de douleurs, sachant ce que c'est que la langueur (voir Ésaïe 53 et Matthieu 26). Le Messie devait faire son entrée à Jérusalem, monté sur une ânesse, en signe d’humilité. Jésus entra de cette manière dans cette ville (voir Zacharie 9:9 et Matthieu 21:1-4).

Le Messie devait être vendu pour trente pièces d'argent. II fut vendu pour cette somme (voir Zacharie 11:10 et Matthieu 26:14 a 16). Le Messie devait être méprisé et affligé, et il ne devait point ouvrir la bouche. II devait être mené comme une brebis qu'on va égorger. II devait être percé de plaies pour nos transgressions. Et tout cela, ainsi que toute autre Écriture, a reçu son accomplissement de la manière la plus exacte (voir Ésaïe 53 et Matthieu 27). Aucun de ses os ne devait être brisé. On devait partager ses vêtements et jeter au sort sa tunique ; il devait ressusciter le troisième jour : toutes ces prédictions ont été littéralement accomplies.

Le fait est qu'aucune autre idée que celle de l'accomplissement littéral des prophéties n'est jamais entrée dans la pensée des apôtres. Voilà pourquoi ils se bornaient, dans tous les cas pareils, à citer les Écritures et à constater leur accomplissement. Jamais l’idée de spiritualiser la parole de Dieu ne vint leur traverser l'esprit.

Ce même principe (l'accomplissement littéral des prophéties) est clairement démontré dans les prophéties du Christ touchant la destruction de Jérusalem. La ville sainte devait être assiégée, le temple devait être détruit, et Jérusalem devait être foulée aux pieds des Gentils, jusqu'à ce que les temps des Gentils fussent accomplis. Les Juifs devaient être emmenés captifs et dispersés parmi toutes les nations (voir Luc 21:20, 24).

Voyons maintenant ce que l'histoire nous apprend sur ces prophéties.

Les écrits de Josèphe, historien juif, attestent de l'accomplissement exact et littéral de toutes ces prophéties. Nous lisons dans son histoire que les Romains assiégèrent et prirent la ville de Jérusalem dont les habitants furent exterminés par la peste, la famine et l’épée : des maisons furent remplies de morts faute d'un lieu pour les ensevelir ; des femmes mangèrent leurs propres enfants, par le manque total de nourriture. Quinze cent mille Juifs périrent dans les horreurs du siège, leur pays fut désolé, leur ville détruite, leur temple brûlé, et enfin l'emplacement du temple fut labouré avec la charrue. Les Juifs ont tenté plusieurs fois de rebâtir Jérusalem, mais vains ont été leurs efforts : leur ville devait être foulée aux pieds des Gentils, jusqu'à ce que les temps des Gentils fussent accomplis. Moïse avait prédit ces événements des milliers d’années auparavant (voir Deutéronome 28).

Paul, lisant dans l'avenir par l'esprit de prophétie, a dit : « Car il viendra un temps ou les hommes ne pourront plus souffrir la saine doctrine ; au contraire, ayant une extrême démangeaison d'entendre ce qui les flatte, ils auront recours à une foule de docteurs propres à satisfaire leurs désirs ; et fermant l'oreille à la vérité, ils l'ouvriront à des fables (2 Timothée 4:3-4)

Quel est l'homme qui, jetant un coup d’œil sur le monde chrétien actuel, ne peut voir l'accomplissement strictement littéral de cette prophétie ? Partout les hommes ont recours à une foule de docteurs qu'ils se choisissent eux-mêmes pour satisfaire la multiplicité de leurs propres idées, des docteurs non choisis de Dieu, ni envoyés de Dieu. Ne pouvant plus souffrir la saine doctrine, enseignée par notre Sauveur et par ses disciples, ils ont une extrême démangeaison pour écouter les dogmes, les théories et les professions de foi inventés par des hommes. Bref, ils ne prêtent l'oreille qu'à des fables.

Paul nous a encore peint un tableau lamentable sur la situation de la chrétienté, dans sa deuxième épître à Timothée, chapitre 3 : « Or, sachez qu'aux derniers jours il surviendra des temps fâcheux ; car les hommes seront amoureux d’eux-mêmes, avares, vains, orgueilleux, blasphémateurs, désobéissant à leurs pères et à leurs mères, ingrats, profanes, sans affection naturelle, sans fidélité, calomniateurs, incontinents, cruels, haïssant les gens de bien, traîtres, téméraires, enflés d'orgueil, amateurs des voluptés plutôt que de Dieu, ayant la forme de la sainteté, mais en reniant la puissance. »

Quel tableau déplorable d'un monde qui fait profession d’être chrétien ? car c'est de ces soi-disant chrétiens qu'il parle, et non de ceux qui ne professent aucune religion : il parle de ceux qui ont une forme de sainteté, mais qui en nient la puissance.

De nos jours, il existe partout une forme de religion. Mais où trouvons-nous l'union, l'amour, la paix, la puissance, et les purs principes de l’Évangile, tels qu'ils existaient au temps de l'Église primitive ? Nulle part sur la terre. Avec toute notre charité, notre libéralité, avec toutes nos aspirations pour le bien-être de nos semblables, nous sommes contraints d'avouer que Paul a peint un tableau malheureusement trop fidèle des temps actuels.

Ce que nous avons sous les yeux, les discussions, les contestations, les divisions, l'orgueil, la fierté, les amers sarcasmes, l’impiété, l’incrédulité, et tout cela avec une forme de sainteté mais sans sa puissance, sans les bénédictions, sans les dons spirituels et cette assurance qui existaient dans l’Église primitive, cela ne nous démontre-t-il pas clairement la nécessité de nouvelles révélations pour nous ramener dans la bonne voie, pour nous purifier de la corruption, rétablir le pur Évangile de Jésus-Christ et préparer un peuple pour l’avènement du Seigneur ?

Ce qui précède montre comment nous devons considérer l'accomplissement des prophéties. De même qu'il a été pleinement démontré que les prophéties de l'Ancien et du Nouveau Testament ont été strictement et littéralement accomplies, nous allons entretenir nos lecteurs de quelques prophéties touchant l'avenir, qui n'ont pas encore reçu leur accomplissement, et qui seront aussi littéralement accomplies que les précédentes.

4. Les saintes Écritures nous enseignent que nous devons avoir de futures révélations et en parlent aussi clairement que sur tout autre sujet ; et elles ne peuvent être accomplies que par de nouvelles révélations

Notre première citation sur ce sujet sera une prophétie remarquable du prophète Daniel, ou, pour mieux dire, l’interprétation d'un songe qu'eut le roi Nabucadnetsar. Ce roi vit en songe comme une statue qui ressemblait à un homme, et composée de divers métaux. Sa tête était d'or et représentait emblématiquement Nabucadnetsar ou l'empire babylonien dont il était le chef. Sa poitrine et ses bras étaient d'argent, emblème de l'empire des Mèdes et des Perses qui devait subjuguer et succéder à l'empire de Babylone.

À cette époque, Nabucadnetsar était le plus puissant monarque de la terre, et Babylone, la merveille du monde, était la capitale de son royaume ; et cependant, soixante ans après cette prophétie, cet empire fut renversé, et Babylone fut prise par Cyrus le Grand, qui devint roi des Perses.

Le ventre et les cuisses de la statue étaient d'airain, symbole d'un troisième empire qui devait succéder à l'empire de Babylone et des Perses. Alexandre, roi de Macédoine, faible État au nord de la Grèce, après avoir défait les Perses dans trois batailles rangées, renversa le deuxième grand empire. Celui-ci figure aussi dans la vision du bélier. Ainsi, l'empire grec fut le troisième. Le quatrième empire était représenté par « les jambes de fer » ; c’était l'empire romain. Car ce furent les Romains qui vainquirent les quatre successeurs d'Alexandre et qui réduisirent ces royaumes en provinces romaines.

Les pieds et les doigts des pieds de la statue étaient composés en partie de fer et en partie d'argile. Les dix doigts des pieds représentaient dix royaumes en lesquels l'empire romain devait être divisé, et le fer mêlé d'argile représentait la faiblesse de ces royaumes. Si nous comparons cela avec la vision que Daniel eut de quatre bêtes, la dernière ayant dix cornes , et si nous comparons son interprétation de cette vision avec celle qu'il donna du songe de Nabucadnetsar, nous trouverons là une ressemblance frappante, bien qu'il eut cette vision environ quarante ans après. Les dix cornes y sont représentées comme étant dix royaumes (voir Daniel 7). Ce sont les royaumes européens qui naquirent de l'empire romain.

Ainsi, toutes ces prophéties ont été littéralement accomplies, tous les hommes d'intelligence en conviendront. Et c'est plus particulièrement avec ce qui suit que nous avons affaire actuellement, car toutes nos recherches sur les prophéties n'ont pour but que de démontrer l'absolue nécessité de nouvelles révélations.

Daniel dit : « Dans le temps de ces royaumes le Dieu du ciel suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit. » La question surgit naturellement : Où est ce royaume ? Il y en a qui s'imaginent que ce royaume fut suscité aux jours du Christ mais cela ne saurait être, car Jésus-Christ est venu durant la période du quatrième royaume ou « des jambes de fer ». Or, ce royaume, au contraire, doit être suscité au temps de l'existence « des dix doigts des pieds » ou cornes ou royaumes qui devaient succéder à l'empire romain. Ce royaume devait frapper la statue dans ses orteils de fer et d'argile. Si c'eut été l’Évangile que Jésus vint établir, comment pouvait-il frapper la statue dans ses orteils, puisque, comme nous l'avons déjà dit, l’Évangile fut établi durant la splendeur de l'empire romain, bien avant que les royaumes, qui en sont issus, ne fussent formés ? Or, comment pouvait-il frapper ce qui n'existait pas encore ?

À propos de ce royaume, Daniel dit, au chapitre 7, que « le royaume, la puissance et l’étendue de l'empire de tout ce qui est sous le ciel soit donné au peuple des saints du Très-Haut ; car son royaume est un royaume éternel, auquel tous les empires seront assujettis avec une entière soumission. » Est-ce que toutes les nations furent assujetties et obéirent au Christ lorsque l’Évangile fut introduit par lui sur la terre, ou l'ont-elles été depuis ? Comment soutenir alors que la prophétie de Daniel a reçu son accomplissement ? Puisqu'il est évident qu'elle n'a pas été accomplie à cette époque-là, nous demanderons : Quand a-t-elle été accomplie ? Quand et où ?

II faut se rappeler que ce royaume doit être suscité par le Seigneur. II doit être fondé par Dieu, non par les hommes. « Dans le temps de ces royaumes le Dieu du ciel suscitera un royaume. » Non-seulement il doit être fondé par Dieu, mais Dieu doit aussi l'organiser et le soutenir. Si donc le Seigneur fonde un royaume, l'organise et le soutient, comment peut-il faire tout cela sans révélation ? Qui fonda, organisa et instruisit la nation juive ? Le Seigneur. Qui révéla l’Évangile ? Le Seigneur. Qui doit susciter ce royaume ? Le Seigneur.

De quelle manière a-t-il suscité ou fondé et affermi la nation juive ? Par révélation. Comment a-t-il établi l’Évangile ? Encore par révélation. Et comment suscitera-t-il un royaume aux derniers jours ? Par révélation. Et, à moins de donner de nouvelles révélations, il ne pourrait le fonder. Car les hommes, laissés à leurs lumières et à leur propre sagesse, ne sauraient jamais le faire ; leurs royaumes sont comparés au fer et à l'argile, qui ne peuvent jamais s'allier, s'unir. Comme je me propose de traiter plus tard ce sujet, je le laisse de côté pour le moment.

Dans le chapitre 11 d'Ésaïe, le prophète dit : « En ce jour-la il y aura un rejeton de Jesse qui sera exposé comme un étendard devant tous les peuples. Les Gentils y accourront, et son repos sera glorieux. Et il arrivera en ce jour-là que le Seigneur étendra encore sa main une seconde fois pour rassembler les restes de son peuple… Et il élèvera un étendard pour les nations, et il ramènera les emmenés d’Israël et rassemblera les dispersés de Juda des quatre coins de la terre où il les avait dispersés… Et le Seigneur détruira entièrement la langue de la mer égyptienne, il lèvera sa main sur le fleuve, il l'agitera par son souffle puissant ; il le frappera dans ses sept branches, de sorte qu'on le passera à pied sec, et il y aura un chemin pour le reste de mon peuple, de même qu'il en fût pour Israël au jour où il sortit du pays d’Égypte. »

II doit donc y avoir un étendard, une enseigne élevée pour les nations. Qui devra l’élever ? le Seigneur lui-même qui, comme nous l'avons déjà dit, suscitera un royaume. Cet étendard doit être élevé pour les nations, cette enseigne pour les peuples. Et à l’époque où les nations recevront cette faveur, les emmenés d’Israël, les dix tribus, doivent revenir ; et d'autres restes de la maison d’Israël, dont nous aurons l'occasion de parler plus tard, doivent revenir aussi. Les Juifs, ou dispersés de Juda, retourneront également, et tout cela doit s'effectuer au moyen de cette enseigne élevée pour les nations.

La puissance de l’éternel se manifestera, comme ce fut le cas pour Israël dans les temps anciens. « La langue de la mer égyptienne sera complètement détruite, le fleuve sera frappé dans ses sept branches, et les hommes passeront à pied sec, précisément comme le fit Israël à sa sortie d’Égypte. » Maintenant, je le demande, est-ce qu'un étendard ou une enseigne peuvent être élevés pour les nations par le Seigneur, la langue de la mer égyptienne frappée, un chemin préparé, les emmenés d’Israël et les dispersés de Juda ramenés et rétablis, comme ils l'ont déjà été une première fois, tout cela peut-il s'accomplir sans révélation ?

On m'objectera peut-être : Est-ce que toutes ces choses n'ont pas reçu leur accomplissement par l’avènement de notre Sauveur ? Nullement. La langue de la mer égyptienne n'a pas été asséchée depuis cette époque ; Israel et Juda n'ont pas été, non plus, rassemblés et ramenés, ils ont toujours été et sont encore dispersés sur tout le globe.

Mais on me dira : Tout cela ne pourrait-il pas être spirituel ? Oui, si la première sortie des enfants d’Israël du pays d'Égypte fut une sortie spirituelle ; s'ils quittèrent une Égypte spirituelle, s'ils traversèrent une mer spirituelle, voyagèrent à travers un désert spirituel, éprouvèrent de terribles châtiments purement spirituels, vinrent dans un pays spirituel, combattirent spirituellement contre un peuple spirituel avec des armes spirituelles ; si toutes ces choses ne furent que spirituelles, alors les événements prédits par le prophète seront aussi spirituels, car ils seront « précisément comme ceux-là. » Mais si, au contraire, les hommes, la terre, la mer et tous les autres faits furent des événements littéraux, alors ceux annoncés par le prophète s'accompliront également d'une manière littérale.

Jérémie dit : « Voici, le temps vient, dit le Seigneur, où je ferai une nouvelle alliance avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda, non selon l'alliance que je fis avec leurs pères au jour où je les pris par la main pour les tirer d’Égypte, alliance qu'ils ont violée, quoique je fusse leur maître, dit l’Éternel. Mais, voici l'alliance que je ferai avec la maison d’Israël, après que ce temps-là sera venu, dit le Seigneur : Je mettrai ma loi dans leurs entrailles, je l'inscrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. » (Jérémie 31:31-33). Le prophète dit de plus que Dieu leur pardonnera leurs iniquités et ne se souviendra plus de leurs péchés, et que quand cette alliance sera faite, les enfants d’Israël seront, dans leur capacité nationale, aussi inébranlables que le soleil, la lune et les étoiles.

Je sais qu'il se trouve des gens qui supposent que cette alliance fut faite lorsque Jésus était sur la terre. Mais qu'on lise tout ce chapitre de Jérémie, qu'on prenne en considération les bénédictions qui sont promises à Israël, et puis qu'on se demande si toutes ces choses ont été accomplies. Est-ce qu'ils habitent leur propre pays ? est-ce que leurs iniquités leur ont été pardonnées ? Est-ce qu’Israël et Juda sont constitués devant le Seigneur dans leur capacité nationale ?

À propos de cette alliance, Ésaïe (chapitre 61) dit : « Je ferai avec eux une alliance éternelle, et leur race sera connue parmi les Gentils et leurs rejetons parmi les peuples, et tous ceux qui les verront les reconnaîtront pour la race que le Seigneur a bénie. » Je le demande, est-ce que la maison d’Israël ou les Juifs se trouvent dans ce cas-là maintenant ? En vérité, non ! Bien loin de là, tous ceux qui les voient de nos jours les reconnaissent pour la race que le Seigneur a maudite. Donc, l’avènement du Christ ne saurait être en aucune manière l'alliance dont parle le prophète ; car ils ont été dispersés, pillés et chassés de nation en nation, ils ont été un objet de moquerie et de dérision, le mot Juif est passé en proverbe et est devenu une insulte, et leur terre a été déserte depuis le Christ jusqu’à ce jour.

À propos des Juifs, Paul dit qu'ils ont été rompus de l'olivier franc et que les Gentils y ont été greffés à leur place, puis il ajoute que « l'aveuglement est survenu en partie à Israël jusqu’à ce que les Gentils aient comblé la mesure de leurs iniquités ; et ainsi tout Israël sera sauvé, selon ce qui est écrit : Le Libérateur sortira de Sion, et il détournera de Jacob les impiétés ; et c'est la l'alliance que je ferai avec eux, quand j’ôterai leurs péchés. » (Romains 11:26, 27)

Voila donc qu’après l’avènement de notre Sauveur et l’établissement de l'Évangile, et après que les Juifs auront été rompus, Paul nous déclare qu'ils seront greffés de nouveau, et que, quand ils le seront, alors « tout Israël sera sauvé. » Et pour accomplir cela, Dieu fera avec eux une nouvelle alliance. Rien de plus clair, de plus explicite que ces paroles. Les enfants d’Israël, loin d’être sauvés, sont encore dispersés sur toute la surface de la terre. L'aveuglement leur est survenu en partie, mais non en totalité. lis rejetèrent le Messie dans son humiliation, et ils en ont sévèrement subi la peine. Néanmoins, ils attendent toujours son avènement dans sa gloire et l’époque où le Seigneur fera cette nouvelle alliance avec eux.

II est donc certain qu'une alliance doit être faite, alliance de la plus haute importance, non seulement pour Israël et Juda, mais aussi pour toutes les nations. Cette alliance doit ramener les enfants d’Israël de leur longue dispersion, les rétablir sur leur propre terre, afin que la promesse faite par Dieu à Abraham soit accomplie. Elle doit aussi les sauver et les racheter comme nation, et doit verser sur leurs têtes des bénédictions d'une nature si remarquable que tous ceux qui les verront les reconnaîtront pour le peuple que le Seigneur a béni ; et les Gentils y accourront aussi pour leur salut.

C'est là une matière de la première importance et qui concerne le monde entier. Et tout cela doit s'accomplir par une nouvelle alliance qui sera faite. Or, comment une alliance peut-elle se contracter sans révélation ? II n'y a que trois manières de contracter une alliance : de vive voix, par écrit, ou par une ambassade. Supposons que la reine d'Angleterre veuille faire une alliance avec la France, elle aurait à en mettre les conditions par écrit, ou a les communiquer en personne, ou à envoyer un ambassadeur ; sans employer l'un de ces trois modes, elle ne pourrait jamais contracter une alliance. De même, à moins que le Seigneur ne parle, ou n’écrive, ou n'envoie un messager, l'alliance dont il est ici question ne saurait nullement se faire ; car il ne s'agit pas d'une ancienne, mais d'une nouvelle alliance, et elle exige des communications.

Comment le Seigneur fit-il alliance avec Abraham ? En lui parlant. Avec Lot ? En lui parlant. Avec les enfants d’Israël ? En parlant à Moïse et en lui donnant des révélations. De quelle manière l'alliance de l'Évangile fut-elle établie ? Par révélation. La nouvelle alliance doit être faite de la même façon, sinon les saintes Écritures ne seront pas toutes accomplies.

Pour mettre cette question hors de toute contestation, voyons ce que le prophète Ézéchiel nous apprend sur cette nouvelle alliance. II dit (20:33 à 37) : « Il (Dieu) les rassemblera de tous les pays ou ils ont été dispersés… Et je vous ferai venir dans un désert, et la je contesterai avec vous face à face, de la même manière que j'ai contesté avec vos pères au désert du pays d’Égypte ; ainsi je contesterai avec vous, dit le Seigneur et je vous ferai entrer dans les liens de mon alliance. »

Le Seigneur doit donc contester face à face, de même qu'il l'a fait anciennement avec les enfants d’Israël. Examinons un instant comment il a agi envers eux. II conversa avec Moïse de temps en temps. Moïse et soixante-dix Anciens d’Israël montèrent sur le Sinaï et virent la face du Dieu d’Israël. Le Seigneur apparut a Moïse dans le buisson ardent, divisa les eaux de la mer Rouge, fit arrêter le soleil, nourrit les Israélites avec la manne et contesta avec eux face à face. Et Dieu déclare qu'il le fera encore. « Je contesterai avec vous face à face, de la même manière que j'ai contesté avec vos pères au désert du pays d’Égypte. »

De pareilles scènes étaient assurément merveilleuses, mais l'avenir nous en présentera de bien plus grandes encore. Et un homme ne saurait mieux manifester sa profonde ignorance des Écritures saintes qu'en disant : II ne doit plus y avoir de révélations ! Car d’après le témoignage des Écritures, il s'accomplira prochainement sur la terre de plus grands miracles, signes et merveilles, et de plus éclatantes manifestations du pouvoir de Dieu qu'en aucun autre siècle de l'histoire humaine. Le fait est que les événements prophétisés sur la maison d’Israël pour les derniers jours sont tellement plus considérables que tous ceux qui ont reçu leur accomplissement dans le passé, que ceux-ci seront totalement oubliés dans la grandeur des derniers. Jérémie dit : « Voici, les jours viennent, dit le Seigneur, où l'on ne dira plus : L’Éternel vit, qui a fait remonter les enfants d’Israël du pays d’Égypte. Mais on dira : L’Éternel est vivant, qui a retiré les enfants d’Israël du pays du nord et de tous les pays ou il les avait chassés. » (Jérémie 16:14, 15)

Nous apprenons de tout ce qui précède qu'un royaume sera établi, et qu'un étendard sera élevé pour les nations, une enseigne pour les peuples : une nouvelle alliance sera faite, Israël sera rassemblé, la ville de Jérusalem rebâtie, et les Juifs l'habiteront. Le Seigneur contestera avec eux face à face. Les révélations succéderont aux révélations, et le pouvoir de Dieu sera pleinement manifesté. En vérité, l'avenir est gros d’événements de la plus haute importance pour les hommes ; et les desseins, la volonté, la puissance et la miséricorde de Dieu se révéleront avec plus d’éclat que dans aucun siècle précédent. Et quand les Juifs auront été ramenés sur la terre de leur héritage, les nations du monde se coaliseront et marcheront contre eux avec des forces immenses ; elles attaqueront et prendront Jérusalem. C'est alors que le Seigneur paraîtra et combattra contre ces nations, comme il combattit au jour de la bataille.

« En ce jour-la il posera ses pieds sur la montagne des Oliviers, qui est vis-a-vis de Jérusalem vers l'Orient ; et la montagne des Oliviers se divisant en deux par le milieu vers l'est et vers l'ouest, il y aura une très grande vallée ; et une moitié de la montagne se retirera vers le nord, et l'autre moitié vers le sud. Et vous fuirez dans celte vallée entre les montagnes, car cette vallée s’étendra jusqu’à Atsal. Et vous fuirez, comme vous avez fait devant le tremblement de terre, aux jours de Hozias, roi de Juda. Alors le Seigneur mon Dieu viendra et tous les saints avec lui. » (Zacharie 14)

Voilà une grande manifestation de la puissance de Dieu. Une montagne sera divisée en deux par le milieu, et Jésus lui-même viendra et tous ses saints avec lui. Mais de peur que quelqu'un put supposer que c'est là le jugement final, nous ajoutons ce que dit encore Zacharie dans le même chapitre : « Jérusalem sera habitée, et elle ne sera plus frappée d’anathème ; mais elle sera habitée en toute sûreté… Le Seigneur sera Roi sur toute la terre… Tous ceux qui seront restés de tous les peuples qui auront combattu contre Jérusalem, viendront chaque année pour adorer le Roi, le Seigneur des armées. »

Jean, dans l'Apocalypse, parle aussi de cet événement. II parle de deux prophètes qui prophétiseront durant trois ans et demi dans Jérusalem, qui seront revêtus d'une puissance plus grande que celle d'aucun des prophètes qui les auront précédés. « Et si quelqu'un veut leur nuire, le feu sortira de leur bouche et dévorera leurs ennemis ; si quelqu'un veut leur nuire, il faut qu'il soit tué de cette sorte. Ils ont le pouvoir de fermer les cieux, afin qu'il ne tombe point de pluie durant le temps qu'ils prophétiseront », comme l'avait fait Élie, avec cette différence que son pouvoir n’était que sur le pays de Canaan, tandis que le leur s’étend sur toute la terre.

« Ils ont aussi le pouvoir de changer les eaux en sang, et de frapper la terre de toute sorte de plaies, toutes les fois qu'ils le voudront », ainsi que faisait Moïse en Égypte : mais le pouvoir de Moïse était borné à l’Égypte, et le leur s’étendra à toute la terre.

Ces prophètes prophétiseront à Jérusalem, à l'endroit « qui est appelé spirituellement Sodome et Égypte » (Apocalypse 11:8). Quand le Seigneur dit spirituellement, c'est qu'il veut dire spirituellement. Mais est-ce que toutes les choses mentionnées dans ce chapitre sont spirituelles ? Non. Le nom de l'endroit est appelé spirituellement Sodome et Égypte, et nous en avons l'explication dans les paroles qui suivent : « Où aussi notre Seigneur fut crucifié. » Est-il nécessaire de dire où le Christ fut crucifié ? C'est donc à Jérusalem.

Mais les autres choses ne seront-elles pas spirituelles ? Non, elles s'accompliront littéralement. « Les nations de la terre se rassembleront contre eux (contre ces prophètes). Une certaine puissance les vaincra et les tuera, et leurs corps morts demeureront étendus dans les rues durant trois jours et demi. Les habitants de la terre en seront tout joyeux ; ils feront des réjouissances et s'enverront des présents les uns aux autres. » Mais après trois jours et demi Dieu répandit sur eux l'esprit de vie… ils montèrent au ciel sur une nuée, « et un grand nombre de leurs ennemis seront tués » (Apocalypse 11:3-13), comme Zacharie l'avait déjà prédit.

II y aura non seulement de vrais prophètes, mais de faux prophètes aussi. Paul parle d'une certaine puissance « qui viendra accompagnée du pouvoir de Satan, avec toute sorte de déceptions, de signes et de miracles mensongers, et qui sera anéantie par l’éclat de l’avènement du Christ » (2 Thessaloniciens 2). Jean fait aussi mention d'un être mystérieux qu'il appelle « une bête » qui doit posséder une grande puissance : « Et elle faisait de grands prodiges, même jusqu’à faire descendre le feu du ciel sur la terre devant les hommes, et elle séduisait les habitants de la terre à cause des prodiges qu'il lui était donné de faire devant la bête. » (Apocalypse 13)

De plus, il dit : « Et je vis sortir de la gueule du dragon, et de la gueule de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits immondes, semblables à des grenouilles. Car ce sont des esprits de démons, qui font des prodiges, et qui vont vers les rois de la terre et de tout le monde, afin de les assembler pour le combat du grand jour du Dieu tout-puissant. » (Apocalypse 16:13-14)

Que l'on compare ces textes avec le chapitre 14 de Zacharie déjà cité, et avec le chapitre 11 de l'Apocalypse, et on verra que les mêmes temps et événements y sont indiqués. Zacharie dit : « J'assemblerai toutes les nations en bataille contre Jérusalem… » Puis le Seigneur combat contre ces nations, et il s'ensuit une des plus terribles destructions d'hommes que l’humanité ait jamais vues. Lisez tout le chapitre. Jean, dans le chapitre 11 de l’Apocalypse, décrit aussi le rassemblement des nations et leur extermination.

Examinons maintenant comment s'accompliront ces événements et comment devra s’opérer ce rassemblement des nations. Paul nous apprend que « une certaine puissance viendra accompagnée du pouvoir de Satan, avec toute sorte de déceptions, de signes et de miracles mensongers » (2 Thessaloniciens 2). Jean, dans le chapitre 13 de 1'Apocalypse, parle d'une certaine bête qui, par des prodiges, séduira toutes les nations de la terre ; et il dit dans le chapitre 16 que, par l'influence qu'elle obtiendra de ces signes et de ces miracles, les rois et les nations de la terre seront trompés et seront rassemblés pour le combat du grand jour du Dieu tout-puissant.

C'est la la bataille où, dit Zacharie (chapitre 14), « le Seigneur sortira et combattra contre ces nations-là. » Séduites par des miracles, les nations de la terre se rassembleront et marcheront contre Jérusalem. Les deux prophètes, dans Jérusalem, prophétiseront et seront aussi revêtus d'un grand pouvoir (voir Apocalypse 11). Voilà donc pouvoir contre pouvoir, signes contre signes, la puissance de Satan contre la puissance de Dieu, comme il en fut jadis avec les mages et Moïse en Égypte.

Les deux témoins succomberont, après avoir fini de rendre leur témoignage ; mais auparavant ils exerceront sur leurs ennemis toute leur puissance. À leur mort, il y aura de grandes réjouissances parmi les nations, parce que leur pouvoir aura prévalu sur celui des prophètes. Mais l'Esprit descendra sur eux, et ils ressusciteront. Une voix se fera entendre du ciel : « Montez ici » et ils seront enlevés en présence de leurs ennemis.

Un tremblement de terre aura lieu. Zacharie (chapitre 14) nous apprend que la montagne des Oliviers se fendra en deux. Puis il décrit une des plus terribles calamités qui soient jamais survenues : « Or ce sera ici la plaie dont l'Éternel frappera tous les peuples qui auront combattu contre Jérusalem ; leur chair se fondra, eux étant sur leurs pieds, leurs yeux se fondront dans leur orbite, et leur langue se fondra dans leur bouche. Et il arrivera en ce jour-là qu'il y aura un grand trouble par l’Éternel entre eux ; chacun saisira la main de son prochain, et sa main s’élèvera contre la main de son prochain. »

Voilà certes des événements plus terribles que tous ceux qui soient jamais survenus sur la terre. Qu'on parle de révélations ! Voila des pouvoirs, des signes, des prodiges, des miracles, qui bouleverseront le monde, détruiront des empires et des royaumes, enivreront les hommes, et séduiront des rois, des princes, des peuples, des nations, familles et langues. Voila aussi des manifestations de la puissance de Dieu pour protéger, surveiller, défendre son peuple et exterminer les agresseurs.

Mais, dira-t-on, comme ces choses sont si clairement décrites, est-ce que les hommes n'en prendront pas connaissance dans la Bible ? Non, malheureusement ; car, ou ils ne lisent pas du tout leur Bible, ou, s'ils la lisent, ils croient en général que ces choses sont spirituelles et que nous ne devons plus avoir de révélation. C'est pour cela que « Jésus-Christ viendra comme un larron dans la nuit. » Heureux celui qui aura sa lampe pleine d'huile et allumée, et qui sera prêt à aller au-devant de l’Époux !

Ce qui précède est un tableau déplorable de ce qui va se passer sur la terre, mais le tableau n'en est pas moins fidèle et vrai. Et Jésus-Christ a dit que « jusqu'à ce que la terre et le ciel soient passés, il n'y aura rien dans la loi qui ne s'accomplisse, jusqu’à un seul iota, et à un seul trait de lettre » (Matthieu 5:18). Qui pourrait contempler, sans douleur, ces terribles éventualités ? car il faut que ces choses s'accomplissent.

Par l'esprit de prophétie, Jésus-Christ vit Jérusalem détruite, ses habitants chassés, dispersés, pillés, massacrés, et il en pleura ; mais ils furent frappés par ce jugement, et Jérusalem et les Juifs en sont un vivant monument, même jusqu’à nos jours. Quand ces choses arriveront, quand la fraude, les déceptions, les signes et les miracles en tout genre abonderont, qui pourra se tenir ferme au milieu de cette confusion générale ? Qui pourra diriger sûrement sa barque parmi les sables, les rochers et les tempêtes, sans être éclairé par des révélations ? Un temps vient qui mettra les hommes à de rudes épreuves, et qui éprouvera l'intelligence des plus savants parmi eux, alors que des jugements terribles frapperont les nations, et qu'en conséquence des miracles, des signes et des prodiges, les élus même, s'il était possible, seront séduits et trompés.

Qui gouvernera, alors, le peuple de Dieu ? Qui sera notre Moïse, notre Joseph, notre Daniel, notre Jésus-Christ, nos apôtres ? Qui, rempli de l'Esprit du Seigneur, s’écriera : Voici la vraie voie, marchez-y ! Qui peut diriger sans révélation ? Ce sont là de graves questions ; mais je dépasserais les limites que je me suis proposées dans cet écrit si j'entrais dans ces détails. Toutefois, je dirai brièvement qu'un étendard doit être élevé pour les nations, et une nouvelle alliance doit être faite : Le Seigneur doit « révéler l'abondance de paix et de vérité. » II y aura de vrais prophètes, en même temps que de faux prophètes. « La loi sortira de Sion, et la parole du Seigneur de Jérusalem ».

Jean dit dans l'Apocalypse (14:6, 7) : « Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, portant l’Évangile éternel, pour l'annoncer à ceux qui habitent sur la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue et à tout peuple ; et qui disait d'une voix forte : Craignez Dieu, et lui donnez gloire, car l'heure de son jugement est venue ».

L’Évangile éternel devait être rétabli sur la terre et être proclamé à toute famille, nation, langue et peuple. Les créatures humaines doivent être averties de ces choses, toutes doivent les entendre. Le cri doit être : « Craignez Dieu et lui donnez gloire, car l'heure de son jugement est venue. »

Cet ange, je l'ai déjà dit ailleurs, est venu sur la terre ; cet Évangile est rétabli dans son ancienne pureté ; les révélations et les prophéties sont de nouveau l’héritage des saints ; la vérité, la certitude, les bénédictions, l'autorité et les droits sont de nouveau rétablis, et le genre humain est encore une fois invité à écouter le cri des serviteurs de Dieu et à prêter l'oreille aux paroles de la vie éternelle.


5. Réponse à quelques objections contre la nécessité de nouvelles révélations

Le texte suivant est souvent cité par ceux qui s'opposent à ce qu'il y ait de nouvelles révélations de nos jours : « Je déclare à quiconque entendra les paroles de la prophétie de ce livre que si quelqu'un ajoute à ces choses, Dieu fera tomber sur lui les plaies écrites dans ce livre ; et si quelqu'un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu lui enlèvera la part qu'il a dans le livre de vie, dans la sainte cité et dans les choses qui sont écrites dans ce livre. » (Apocalypse 22:18)

On s'obstine à conclure de ce passage que nous ne devons plus avoir de révélations. Mais pourquoi tirer de là cette conclusion ? Jean ne dit pas que Dieu ne donnera jamais plus de révélations, mais il déclare que si aucun homme ajoute ou fait des retranchements aux paroles de la prophétie de ce livre, Dieu fera tomber sur lui les plaies écrites dans ce livre. » Or, il y a une grande différence entre si l'homme ajoute, ou si Dieu ajoute. Je dirai que tout homme qui ajoutera ou fera des retranchements aux paroles de ce livre sera maudit.

Qu'est-ce que le livre de l'Apocalypse ? Voici ce qu'on lit en tête de ce livre : « Révélation de Jésus-Christ que Dieu lui a donnée pour révéler à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt, et qu'il a déclarées et envoyées par son ange à Jean son serviteur » (Apocalypse 1:1). Ce sont donc les révélations de Jésus-Christ et non pas des hommes ; ces révélations concernent des choses qui doivent bientôt s'accomplir, parmi lesquelles il s'en trouve beaucoup dont l'accomplissement ne peut avoir lieu sans de nouvelles révélations. Remarquons qu'il ne s'agit que de ce livre.

Oui, mais puisque ce livre est à la fin de la Bible, et que ce texte est à la fin du livre, ne pourrait-on pas l'expliquer de cette manière, et ne signifie-t-il pas que nous ne devons plus avoir de révélations ? En aucune manière. Et il n'y a qu'un ignorant capable d'une telle supposition ; car ce livre ne fut réuni avec les autres de la Bible que des centaines d’années après qu'il fut écrit. Comment pourrait-il donc se rapporter à des livres dont il ne faisait pas encore partie intégrante ?

Et si, depuis ce temps-là, Dieu eut parlé ou donné des visions à d'autres de ses serviteurs, c'eut été la parole de Dieu tout autant que celle de Jean, et l'acte d’écrire ces révélations ne les eut pas rendues fausses ; et il eut été aussi dangereux pour Jean d'ajouter à leurs paroles qu'il l'eut été pour eux d'ajouter aux siennes, d’après la théorie de ceux qui falsifient ce passage.

Et, de plus, c'est un fait historique bien connu que Jean, l’écrivain de l'Apocalypse, écrivit ses trois épîtres plusieurs années après avoir écrit son livre de révélations. Cette malédiction s'appliquerait donc à Jean tout aussi bien qu'à un autre, si la susdite interprétation de ce passage était correcte.

Jean fait mention de deux prophètes qui prophétiseront trois ans et demi ; s'ils le font, ce sera la parole de Dieu et aussi vraie que les révélations de Jean ; et s'ils ne le font pas, alors la déclaration de Jean est fausse.

Moïse a dit aussi : « Vous n'ajouterez ni n’ôterez rien aux paroles que je vous annonce » (Deutéronome 4:2). Et pourtant nous avons nombre de prophètes et d'apôtres qui ont écrit depuis cette époque. Devons-nous rejeter toutes leurs prophéties, parce que Moïse a dit : « Vous n'ajouterez ni ôterez rien aux paroles que je vous annonce » ? Quelle est donc la vraie position ? Laissons à Moïse le soin de nous l'expliquer. II dit : « Vous aurez soin de faire tout ce que je vous commande. Tu n'y ajouteras rien et tu n'en diminueras rien » (Deutéronome 12:32). II est parfaitement clair que Dieu ne dit pas qu'il ne parlera jamais plus, mais que l'homme ne devait pas ajouter à sa parole.

On fait encore cette objection : Nous avons les Écritures des apôtres, l'histoire de l'organisation de l’Église et un précis des doctrines enseignées par Jésus-Christ et ses disciples. Tout cela n'est-il pas suffisant et ne nous dispense-t-il pas de nouvelles révélations ? Voilà, par exemple, une manière bien singulière de raisonner. L’Église primitive avait des apôtres vivants, des prophètes vivants, un Dieu vivant, une religion vivante. Elle possédait le don de révélation et de prophétie et avait enfin la certitude.

Comme nous l'avons déjà mentionné, dans les temps anciens, il était toujours nécessaire d'instruire les peuples selon leurs besoins et leur situation particulière. Pour rendre cette idée plus claire, je me servirai d'une figure familière. Supposons que des personnes aient assisté à un riche festin, et que quelques-unes d'entre elles aient fait par écrit une description détaillée des mets, des fruits, de la pâtisserie, etc., qu'elles aient décrit la manière d'arranger la table, de la servir, en mentionnant le nom du seigneur qui l'avait offert et celui de quelques-uns des convives, etc.

Supposons que longtemps après une troupe de gens se trouve dans un désert où ils demeurent plusieurs jours sans nourriture. L'un dit à l'autre : Je crains que nous ne mourions ici de faim, car nous voilà depuis longtemps privés de toutes provisions, et même sans espoir d'en obtenir jamais. — Ah ! bah ! répond l'autre, il n'y a pas de danger ; n'avons-nous pas avec nous l'histoire de ce grand festin qui a eu lieu il y a longtemps ? — Oui, nous l'avons. — Alors lisez-nous-la, et apaisez notre faim. — Quoi ! Avec du papier ? mais vous vous moquez de moi.

C'est là justement ce que je dis au monde. Quoi ! vous voulez apaiser votre faim en lisant la description d'un festin donné à d'autres ? Lire le récit des bénédictions, des miséricordes, des révélations, du ministère d'anges, des manifestations du pouvoir de Dieu, sans pouvoir les goûter nous-mêmes, et néanmoins nous dire satisfaits ; vivre d'une description sans la réalité, d'une ombre sans la substance ! Autant dire à un homme de rassasier son appétit avec de l'air ou avec les rayons de la lune. II nous faut des apôtres vivants, des prophètes vivants, des révélations vivantes et des communications continues avec le Seigneur.

II nous est souvent répété que les dons, les signes, les miracles, les prophéties, etc. furent placés dans l’Église pour établir le christianisme, et que, cela fait, il n'y avait plus eu besoin de ces choses. Écoutons ce que dit l'apôtre à ce sujet : « Lui-même a donne les uns pour être apôtres, les autres pour être prophètes, les autres pour être évangélistes, les autres pour être pasteurs et instructeurs » (Éphésiens 4:11). Pourquoi ? Était-ce pour établir le christianisme ? Nullement. Mais « pour le perfectionnement des saints, pour l’œuvre du ministère, pour l’édification du corps du Christ » (verset 12). Et combien de temps ces choses devaient-elles exister dans l’Église ? Était-ce seulement jusqu’à ce que le christianisme fut établi ? Non, mais « jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d'homme fait, et à la mesure de la stature parfaite de Christ. »

Sommes-nous tous « parvenus à l’unité de la foi ? » Le monde au contraire est divisé et subdivisé en une infinité de partis, confessions, opinions et croyances. Or, si Dieu a donné les uns pour être prophètes, ils doivent nécessairement prophétiser, et nous aurons alors de nouvelles révélations. Oh ! Combien la sagesse de Dieu est plus propre à régler les affaires de son Église que les notions, les théories et les croyances des hommes !

Jésus-Christ avait dit à ses disciples : « Allez par tout le monde, et prêchez l’Évangile à toute créature humaine. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé ; mais celui qui ne croira point sera condamné. Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : ils chasseront les démons en mon nom ; ils parleront de nouvelles langues ; ils chasseront les serpents ; quand ils auront bu quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et ceux-ci seront guéris. » (Marc 16:15-18)

Je demande maintenant : Où est-ce que l’Évangile devait être prêché ? La réponse est : Par tout le monde, à toute créature humaine. Où est-ce que les signes devaient suivre ceux qui croiraient ? Là où l’Évangile serait prêché. Mais Jésus-Christ n'a jamais dit qu'ils suivraient la prédication d'un autre évangile.

Le jour de la Pentec6te, Pierre, après avoir reçu le don du Saint-Esprit, et après que son influence se fut manifestée et eut été vue par la foule, s’écria : « C'est ici de ce qui a été prédit par le prophète Joël : Et il arrivera aux derniers jours, dit le Seigneur, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair, et vos fils et vos filles prophétiseront… » (Actes 2:16, 17). Que voulait dire par là l’apôtre ? II voulait parler du don du Saint-Esprit et de la manifestation de pouvoir de Dieu. Et que devait produire le don du Saint-Esprit ? Voici : « Vos jeunes gens auront des visions et vos vieillards auront des songes, et les serviteurs et les servantes de Dieu prophétiseront. » Et à qui le don du Saint-Esprit était-il destiné ? Pierre continue (verset 39) : « Car la promesse est à vous. » Et puis à qui ? « et à vos enfants. » À qui encore ? « et à tous ceux qui sont éloignés, autant que le Seigneur notre Dieu en appellera. » Qui sont ceux qui sont appelés par le Seigneur ? « Allez par tout le monde, et prêchez l’Évangile à toute créature humaine. » (Marc 16:15)

Que les hommes ne cherchent donc plus à défendre un évangile perverti en l'appelant l’Évangile de Jésus-Christ. Qu'ils ne cherchent plus à rejeter le pouvoir de Dieu et à dénaturer la parole de Dieu pour la faire plier à leurs systèmes corrompus. Pourquoi ne pas convenir de la vérité, comme le fit un jour le réformateur Jean Wesley. Dans un de ses sermons, en déplorant la déchéance de l’Église, il déclara que si nous avions perdu les dons et les bénédictions qui appartiennent de droit à l’Église, comme elle les avait anciennement, c'est que « l’Église avait abandonné Dieu et s’était tournée vers le paganisme. »

On nous objecte encore cette phrase de Paul : « Les prophéties n'auront plus lieu ; les langues cesseront et la science sera abolie. » Est-ce que cela n'est pas dans la Bible ? Oui, mais lisons un peu plus loin : « Car maintenant nous connaissons en partie, et nous ne prophétisons qu'en partie ; mais quand ce qui est parfait sera venu, alors ce qui est en partie sera aboli » (1 Corinthiens 13:9-10). Est-ce que ce qui est parfait est venu ? Non. Donc nous avons encore besoin de ces choses. Est-ce que « nous voyons comme nous sommes vus et nous connaissons comme nous sommes connus » ? (verset 12) ; car c'est alors que ces choses doivent être abolies. Cela n'exige aucune réponse.

Oh ! combien deviennent ridicules les subterfuges des hommes, quand ils sont soumis à l’investigation. On cherche à nous dérober la lumière, la gloire, la certitude et l'intelligence de l’Évangile, pour y substituer les croyances, les dogmes et les folles théories des hommes, qu'on décore du nom d’évangile. Maintenant nous connaissons en partie, voilà pourquoi ces choses nous ont été données. Nous prophétisons maintenant en partie, car nous ne voyons que confusément et comme dans un miroir. Mais quand la perfection sera venue, cet épais nuage qui obscurcit l’atmosphère se dissipera, et alors nous serons entourés de la lumière, de la gloire et de l'intelligence célestes. L’éclat du jour céleste sera manifesté, « nous verrons comme nous sommes vus, et nous connaîtrons comme nous sommes connus. »

Certains ministres m'ont gravement fait remarquer qu'il serait extrêmement dangereux d'avoir de façon continue dans l’Église des prophéties et des manifestations du pouvoir de Dieu. Quel dommage qu'ils n'aient pas vécu au temps des apôtres, car ils auraient pu donner à Jésus-Christ et à ses disciples des instructions à cet égard pour les empêcher d'enseigner de telles doctrines. Quant à moi, j'ai toujours compris que Jésus et ses apôtres étaient les instructeurs des pasteurs, et non pas leurs élèves ; car le système religieux qu'ils font profession de croire est celui de Jésus et de ses apôtres.

Quoi ! il serait dangereux d’être enseigné de Dieu ! de recevoir des révélations de lui ! Pauvre humanité ! Pauvres docteurs d'un monde soi-disant chrétien ! sont-ils donc tellement aveugles par l'orgueil et la présomption, qu'ils veuillent mettre Dieu hors de question et se présenter eux-mêmes comme les seuls interprètes de l’Évangile, de la parole et des desseins de Dieu, avec leur jargon, avec toutes leurs divisions, leurs contestations et leurs querelles. Ils se croisent les bras, en nous disant que nous pouvons fort bien nous passer de Dieu en cela, que les peuples se trouvent à merveille de leur direction, mais que ce serait très dangereux que Dieu se révélât de nos jours. Je pense que Satan est du même avis, car il s'est toujours opposé aux nouvelles révélations, et s'est constamment acharné contre les prophètes et les serviteurs de Dieu.

Néanmoins les prophètes ont toujours professé une opinion contraire. L'un d'eux a déclaré « que le Seigneur Dieu ne fera rien, qu'il n'ait révélé son secret aux prophètes ses serviteurs » (Amos 3:7). Un autre prophète a dit : « Où il n'y a point de visions le peuple périt » (Proverbes 29:18).

Les théories de ces docteurs peuvent être fort bien accueillies dans ce monde, mais l’éternité nous dévoilera comment elles soutiendront les yeux scrutateurs du Tout-Puissant. Quoi de plus absurde que de faire profession de conduire les hommes à Dieu, et puis de vouloir arrêter la lumière et l'intelligence qui viennent de lui.

Je pourrais ainsi répondre à beaucoup d'autres questions tout aussi frivoles. Mais, comme la Bible, depuis la Genèse jusqu’à l'Apocalypse, abonde en témoignages très explicites à cet égard, je m'en abstiens. Si on accepte le témoignage de la Bible, je crois avoir amplement démontré dans ce traité que nous aurons de nouvelles révélations, que les hommes le croient ou non. Et « si les hommes ne croient ni à Moïse ni aux prophètes, ils ne croiront pas non plus, quand même quelqu'un ressusciterait des morts. »

Ainsi a dit Jésus-Christ.



Source : John Taylor, De la nécessité de nouvelles révélations prouvée par la Bible (Paris, 1852), fac-similé