Le but du temple

 

 

David O. McKay (1873-1970)

 

Membre du collège des Douze de 1906 à 1934

Conseiller dans la Première Présidence de1934 à 1950

Président du Collège des Douze de 1950 à 1951

Président de l’Église de 1951 à 1970

 

 

 

     L'une des principales questions posées par les reporters, journalistes et autres visiteurs est généralement : « Quelle différence y a-t-il entre votre temple et les autres édifices de votre Église ? » Comme tous les membres de l'Église le savent, la réponse est que les temples sont édifiés pour y accomplir des ordonnances sacrées - non pas secrètes, mais sacrées. Un temple n'est pas une maison d'adoration publique. Il est construit dans un but précis. En fait, après qu'un temple a été consacré, seuls les membres de l'Église qui satisfont à certaines conditions peuvent y pénétrer.

 

     L'une des caractéristiques distinctives de l'Église rétablie de Jésus-Christ est la nature éternelle de ses ordonnances et cérémonies. Par exemple dans le monde, en général, aussi bien que dans les Églises, les couples sont mariés « pour cette vie » seulement, « jusqu'à ce que la mort les sépare ». Mais l'amour est aussi éternel que l'esprit de l'homme ; et si l'homme existe après la mort, ce qui est bien le cas, il en est de même pour l'amour.

 

     Ceci intéresse pratiquement chaque membre de la famille humaine, particulièrement lorsqu'il ou elle comprend cette vérité : que l'amour - l'attribut divin de l'âme humaine -  sera tout aussi éternel que l'esprit lui-même. Chaque fois que quiconque meurt, la vertu de l'amour perdure, et toute personne qui croit en l'immortalité de l'âme ou en la continuation de la personnalité après la mort doit admettre que l'amour continuera éternellement.

 

     Il s'ensuit logiquement une autre question : Qui aimerons-nous dans l'autre monde ? En réponse à cette question, une dame que j'avais rencontrée, en compagnie de son mari, il y a bien des années lors d'un voyage dans les mers du sud, répondit : « Nous aimerons tout le monde ». « Oui, dis-je, nous devrions aussi aimer tout le monde, ici-bas ». C'est l'exhortation du Sauveur d'aimer notre prochain comme nous-mêmes. Mais si les choses terrestres ressemblent aux choses célestes, dans le monde des esprits nous reconnaîtrons nos bien-aimés et nous les aimerons là-bas comme nous les aimons ici. J'aime ma femme davantage que quiconque. J'aime les enfants, je peux avoir de la sympathie, je peux avoir le désir d'aider toute l'humanité, mais j'aime tout particulièrement ma femme. Les expériences que nous avons vécues ensemble lient nos coeurs, et la pensée que la mort ne peut séparer les coeurs ainsi liés est une pensée glorieuse ; car chacun d'entre vous, maris, reconnaîtrez votre femme dans l'autre monde, et vous l'aimerez là-bas comme vous l'aimez ici, et vous atteindrez une nouveauté de vie éternelle par la résurrection. Pourquoi la mort devrait-elle vous séparer alors que l'amour continue après la mort ?

 

     Il n’en sera pas ainsi, et il n'y a pas besoin qu’il en soit ainsi, car Jésus a dit à l'un de ses apôtres : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux » (Matthieu 16:19). Et grâce au rétablissement de la sainte prêtrise sur la terre, l'Église déclare que ce pouvoir a été à nouveau confié à des hommes choisis, et que, dans la maison du Seigneur où la cérémonie du mariage est accomplie par ceux qui sont dûment autorisés à représenter notre Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ, l'union entre mari et femme, et entre parents et enfants, est effectuée pour le temps et pour toute l’éternité, et que, pour ceux qui ont ainsi été mariés, la famille durera au cours des éternités.

 

     Voilà l'un des buts des temples.

 

     Il existe un autre but - plus difficile à comprendre par nos interlocuteurs, jusqu'à ce qu'ils entrevoient la justice de Dieu, ou jusqu'à ce que nous leur demandions : « Pensez-vous qu'un Dieu juste requerrait de moi que je me conforme à certains principes et ordonnances pour pouvoir entrer dans le royaume de Dieu, et qu'il vous permettrait d'y entrer sans vous soumettre à ces principes et ordonnances ? »

 

     Ceux qui acceptent Jésus-Christ, notre Seigneur, comme auteur du salut, ceux qui acceptent ses déclarations concernant la nécessité de l'obéissance à certains principes, sont forcés d'admettre que tout le monde doit se soumettre à certaines ordonnances fondamentales, ou que sinon personne n'a besoin de s'y soumettre.

 

     Comme vous le savez, nous trouvons, dans les saintes Écritures, d'abondantes évidences de l'idée que le Sauveur faisait allusion à un plan éternel. Par exemple, lorsque Nicodème, un membre du Sanhédrin - un homme qui, de toute évidence, avait entendu le Sauveur parler, et qui l'avait probablement suivi - se rendit vers Jésus, poussé par le désir de savoir ce qu'il avait et ce que les Sadducéens et les Pharisiens n'avaient pas, il rendit son témoignage en disant « Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire les miracles que tu fais, si Dieu n'est avec lui ». Poursuivant alors la conversation, au cours de laquelle Nicodème avait sans doute demandé : « Que dois-je faire ? », nous trouvons l'une des déclarations les plus remarquables que nous ayons dans les Écritures, donnée comme réponse : « Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu ». Et « Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? » Tous les Chrétiens croient où devraient croire aux paroles que Jésus prononça alors : « ...si un homme ne naît d'eau et d'esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jean 3:2-5).

 

     Les paroles du Sauveur à Nicodème sont acceptées dans leur sens littéral par les membres fidèles de l'Église. Les Écritures ne font pas de distinction entre les vivants et les morts. Cette loi est d'application universelle ; seuls les enfants qui meurent en bas âge, n'ayant pas de péchés à expier, en sont exempts. Pour fournir le moyen du salut à tous les enfants de notre Père céleste, le temple est organisé de façon à ce que les vivants puissent être baptisés en faveur de ceux qui sont décédés.

 

     On trouve une évidence que ce travail par procuration était accompli dans l'Église chrétienne primitive dans les paroles de Paul aux Corinthiens : « Autrement, que feraient ceux qui se font baptiser pour les morts ? Si les morts ne ressuscitent absolument pas, pourquoi se font-ils baptiser pour eux ? » (1 Corinthiens 15:29). Le monde chrétien a trébuché sur la signification de ce simple texte, et de nombreux commentateurs ont tenté de déformer sa véritable signification selon les enseignements du Sauveur pour l'humanité tout entière.

 

     Une fois encore, si le baptême est essentiel pour un homme, il est essentiel pour tous. On peut alors se poser la question, que se posa un étudiant chinois, diplômé d'une de nos universités qui, conversant avec un ministre protestant, demanda : « Qu'en est-il de mes ancêtres qui n'ont jamais entendu le nom de Jésus-Christ ? »

 

     « Oh, ils sont perdus » fut la réponse.

 

     Cette réponse ne satisfit pas le sens de justice de l'étudiant chinois, car il dit aussitôt : « Je ne veux rien avoir à faire avec une religion aussi injuste ». Si ce jeune homme avait posé la même question à un saint des derniers jours, celui-ci lui aurait répondu : « Ils auront l'occasion d'entendre l'Évangile, et d'être baptisés, de naître d'eau et d'Esprit, afin qu'ils puissent aussi entrer dans le royaume de Dieu ».

 

     Qu'en est-il de vos aïeux qui n'ont jamais entendu parler de Jésus-Christ ?

Qu'en est-il des millions de personnes qui sont mortes sans avoir entendu parler de lui ? Ils sont tous les enfants de notre Père, aussi bien que vous et moi. Cela ressemble-t-il à un Père aimant, de les condamner à jamais à être exclus du royaume de Dieu parce qu'ils n'ont pas eu l'occasion d'entendre le nom de Jésus-Christ ?

 

     Certainement pas. Nous croyons que tout le genre humain peut être sauvé, en obéissant aux lois et ordonnances de l'Évangile. Nous croyons également que ceux qui sont morts sans avoir entendu parler de l'Évangile ici dans la vie mortelle auront une occasion de le connaître dans l'autre monde.

 

     Où alla l'esprit du Christ pendant que son corps gisait dans le tombeau ? L'apôtre Pierre nous dit qu'il prêcha aux esprits qui étaient en prison, ceux qui avaient été incrédules aux jours de Noé, pendant la construction de l'arche (Voir 1 Pierre 3:19-20). Ceux qui moururent il y a des milliers d'années vivaient toujours dans le monde des esprits, et l'Évangile leur fut apporté, comme il sera apporté à tous les enfants de notre Père.

 

     Voilà donc un autre but du temple. Vous pouvez avoir l'occasion de réunir les noms de vos ancêtres qui, étant baptisés par procuration, pourront devenir membres du royaume de Dieu dans l'autre monde, comme nous en sommes membres dans celui-ci.

 

     Depuis le rétablissement de ce principe et de cette pratique, les membres de l'Église ont scruté avec zèle les archives du monde entier pour trouver l'histoire de leurs ancêtres, afin que leurs ascendants puissent recevoir, par procuration, les bénédictions de l'Évangile de Christ. En relation avec cette oeuvre, l'Église dispose d'une société généalogique à la pointe du progrès.

 

     Ces deux grands buts, - le mariage éternel (liant la famille pour le temps et l'éternité) et l'ouverture de la porte du royaume à ceux qui sont morts sans avoir eu l'occasion d'accepter l'Évangile de Jésus-Christ et ses ordonnances essentielles - lorsqu'ils sont prêchés convenablement, sincèrement à ceux qui sont honnêtes de cœur, toucheront ceux qui aiment la justice et la vérité.

 

     Il existe aussi la « dotation » du temple, qui est une ordonnance liée au voyage éternel de l'homme et aux possibilités illimitées de progression qu'un Père juste et aimant a offertes aux enfants qu'il a créés à sa propre image - à la famille humaine tout entière.

 

     Voilà pourquoi nous construisons des temples.

 

     Dieu, dans sa justice, sa miséricorde et son glorieux plan éternel, nous aide à apprécier l'Évangile rétabli de Jésus-Christ. Le but entier et la signification de la vie se trouvent au sein de ses grandes ordonnances salvatrices et anoblissantes qui mèneront l'individu à ses possibilités les plus élevées ici-bas et dans l'au-delà, ainsi qu'à une association éternelle avec ses êtres chers, en présence de Dieu.

 

     Je prie de toute mon âme pour que tous les membres de l'Église, leurs enfants, et les enfants de leurs enfants - et tous les hommes, partout - puissent ne serait-ce qu’entrevoir la gloire de la maison du Seigneur, qu’ils aient la sagesse de comprendre et la force d'appliquer les principes de l'Évangile de Jésus-Christ, qui sont éternels et peuvent être mis en pratique par chaque être humain, et qu’ils développent cette spiritualité qui amène la paix sur terre aux hommes de bonne volonté. 

 

 

Source : Le but du temple, Propos de David O. McKay tenus lors de la consécration du temple de Suisse en 1955, complétés par des propos du même auteur tirés d’autres sources, le tout édité sous forme de brochure dans les années 1950-60. Propos partiellement repris dans Enseignements des présidents de l'Église, David O. McKay, 2003, p. 137-144.