Histoire des temples de l’Église de 1831 à 1990



Richard O. Cowan



 
Les saints des derniers jours sont un peuple constructeur de temples. Ils ont une histoire de temples projetés et construits, souvent sous une opposition intense. L’une des premières révélations déclare : « Il est toujours commandé à mon peuple de construire [des temples] à mon saint nom » (D&A 124:39-40). Dans les dernières semaines de sa vie, le prophète Joseph Smith a affirmé : « Nous avons plus besoin du temple que de toute autre chose » (Journal History of the Church, 4 mai 1844).
 
Les fonctions des temples modernes correspondent dans certains aspects à celles du tabernacle antique et des temples bibliques, qui étaient consacrés comme lieux sacrés où Dieu pouvait se révéler à son peuple (Ex. 25:8, 22) et où les sacrifices et les ordonnances sacrées de la prêtrise pouvaient être accomplis (D&A 124:38). Bien que la Bible n’indique pas clairement la nature et l’ampleur précises de ces rites, il est clair que le sacrifice par effusion de sang annonçait le sacrifice suprême de Jésus-Christ.
 
Le Nouveau Testament utilise deux mots qui sont traduits par temple : naos pour le sanctuaire, et hieron pour les esplanades et les cours en général. Bien que condamnant vigoureusement les abus pratiqués dans la cour du temple, Jésus n’en avait pas moins la plus haute estime pour le saint sanctuaire qu’il considérait comme la maison de son Père » (Jn. 2:16) ou comme sa maison (Mt. 21:13). Quand il purifie le temple et condamne les abus (Jn. 2:13-16 ; Mt. 21:12-13) c’est du hieron qu’il s’agit plutôt que du naos.
 
RÉTABLISSEMENT DU CULTE ET DES ORDONNANCES DU TEMPLE. Les saints des derniers jours ont construit leur premier temple à Kirtland (Ohio). Une cérémonie de pose de la première pierre en 1833 a marqué le commencement de la construction. Pendant environ trois ans, les saints sacrifièrent leurs moyens, leur temps et leur énergie pour construire la Maison du Seigneur (le mot « temple » n’était pas généralement utilisé à ce moment-là). Quoique l’extérieur du temple ressemblât beaucoup à une église typique de la Nouvelle-Angleterre, son intérieur avait des caractéristiques qui lui étaient propres. Une révélation spécifiait que le bâtiment devrait comporter deux grandes salles, celle du bas étant une chapelle, alors que celle du haut était à des fins éducatives (D&A 95:8, 13-17). Rien n’était prévu pour les cérémonies sacrées qui devaient encore être révélées.
 
Des bénédictions spirituelles remarquables suivirent les années de sacrifice. Les semaines précédant immédiatement la consécration du temple de Kirtland connurent des manifestations spirituelles remarquables. Le 21 janvier 1836, quand Joseph Smith et d’autres se réunirent dans le temple presque terminé, ils reçurent des ablutions et des onctions et eurent beaucoup de visions, notamment une vision du royaume céleste. Ils apprirent que tous ceux qui étaient morts sans connaître l’Évangile, mais qui l’auraient accepté si l’occasion leur avait été donnée, étaient héritiers de ce royaume (D&A 137:7-8). Ce fut la toute première révélation moderne au sujet du salut des morts, un principe doctrinal important lié aux ordonnances des temples de l’Église.
 
Le dimanche 27 mars 1836, le temple de Kirtland était consacré. Vers la fin du service, qui dura toute la journée, Joseph Smith lut la prière de consécration qu’il avait précédemment reçue par révélation (D&A 109). Après cette prière, le chœur chanta « L’Esprit du Dieu Saint », un cantique écrit pour l’occasion par William W. Phelps. Après que la Sainte-Cène eut été bénie et que plusieurs témoignages eurent été rendus, l’assemblée se leva et poussa le cri de « Hosanna, Hosanna, Hosanna, à Dieu et à l’Agneau ! » Les prières de consécration officielles, l’interprétation de ce cantique et le cri de Hosanna caractérisent toutes les consécrations de temples depuis lors.
 
Des manifestations importantes se produirent dans le temple de Kirtland le 3 avril, une semaine après sa consécration. Jésus-Christ apparut et accepta le temple. Moïse, Élias et Élie apparurent ensuite et rétablirent des pouvoirs spécifiques de la prêtrise (D&A 110). Grâce aux clefs de scellement rétablies par Élie, les ordonnances de la prêtrise accomplies sur terre pour les vivants et les morts pouvaient être liées ou scellées dans le ciel, aidant ainsi à tourner le cœur des pères et des enfants les uns vers les autres (Ma. 4:5-6).
 
Au moment où il projetait le temple de Kirtland, Joseph Smith accordait également son attention à ce qui se passait au Missouri. En 1831, il avait posé la pierre angulaire d’un futur temple à Independence, dans le comté de Jackson, qui avait été indiqué comme « lieu central » de Sion (D&A 57:3). En juin 1833, il élabora un plan pour la ville de Sion, indiquant que vingt-quatre temples ou bâtiments sacrés seraient construits au cœur de la ville pour remplir une variété de fonctions de prêtrise. Quand les saints des derniers jours furent expulsés du comté de Jackson cet automne-là, les projets de construction de la ville de Sion et de ses temples furent remis à plus tard.
 
En 1838 les pierres angulaires furent posées pour un temple à Far West, dans le nord du Missouri. Cet édifice devait servir au rassemblement des saints pour le culte (D&A 115:7-8). Toutefois, les persécutions en empêchèrent la construction.
 
Le temple de Nauvoo, consacré en 1846, fut le premier temple conçu pour les ordonnances sacrées récemment rétablies pour les vivants et les morts. Les baptêmes par procuration pour les morts furent inaugurés en 1840. Ils furent d’abord accomplis dans le Mississippi jusqu’à ce que des fonts fussent construits dans le sous-sol du temple. En 1842, le prophète donna les premières dotations dans la salle d’assemblée au-dessus de son magasin de briques rouges (EPJS, p. 191). Cette cérémonie qui, à ce moment-là n’était donnée qu’aux personnes vivantes, passait en revue l’histoire de l’humanité depuis la création, soulignant les principes élevés exigés pour retourner en la présence de Dieu. Les premiers scellements ou mariages de couples pour l’éternité furent également accomplis vers ce moment-là. Ensuite toutes les ordonnances de cette sorte furent arrêtées jusqu’à ce que le temple fût terminé.
 
Les murs extérieurs principaux du temple n’étaient que partiellement achevés quand Joseph Smith et son frère Hyrum furent assassinés en 1844. Le martyre ne fit toutefois que causer une suspension provisoire de la construction du temple. Quoique sachant qu’ils seraient bientôt forcés de quitter Nauvoo et n’auraient plus accès au temple, les saints étaient disposés à dépenser près d’un million de dollars pour réaliser la vision de leur prophète d’ériger la Maison du Seigneur. Dès décembre 1845, les salles du temple étaient suffisamment achevées pour que des dotations puissent y être accomplies. Pendant les huit semaines qui suivirent, 5.500 personnes reçurent ces bénédictions alors même qu’elles se préparaient fiévreusement pour leur exode vers l’Ouest. Brigham Young et d’autres officiants restèrent jour et nuit dans le temple. Pour maintenir l’ordre, Heber C. Kimball insista sur le fait que seuls ceux qui avaient une invitation officielle devaient être admis au temple, ce qui fut peut-être le commencement de l’émission des recommandations à l’usage du temple.
 
TEMPLES AU SOMMET DES MONTAGNES. La construction de temples resta prioritaire pour les pionniers mormons pendant qu’ils se rendaient dans les montagnes Rocheuses. Quatre jours à peine après leur entrée dans la vallée du lac Salé, Brigham Young y choisit l’emplacement du temple. Des dispositions provisoires furent prises pour donner la dotation jusqu’à ce que ce temple soit achevé, et une Maison des Dotations en adobes fut ouverte en 1855 à Temple Square. Le président Young expliqua cependant que toutes les ordonnances ne pouvaient y être convenablement accomplies, de sorte qu’au milieu des années 1870, il encouragea les saints à aller de l’avant dans la construction d’autres temples en Utah.
 
L’emplacement pour le temple de St-George était marécageux, mais Brigham Young tint absolument à ce qu’il fût construit là parce que l’endroit avait été consacré par les prophètes antiques du Livre de Mormon (déclaration de David H. Cannon, Jr., 14 oct. 1942, cité dans Kirk M. Curtis, « History of the St. George Temple », thèse de maîtrise, université Brigham Young, 1964, p. 24-25). Un vieux canon, rempli de plomb, devint un marteau pilon improvisé pour enfoncer des roches dans la terre détrempée. En 1877, le temple de St-George, premier d’Utah était achevé. On y inaugura des dotations pour les morts en janvier de cette année-là, permettant aux saints d’accomplir ces rites importants par procuration en faveur de leurs ancêtres.
 
Avec l’accroissement du nombre des dotations pour les morts, la conception de base des temples fut modifiée pour que l’ordonnance puisse avoir lieu. Les temples de Logan et de Manti (respectivement consacrés en 1884 et 1888) contiennent de grandes salles d’assemblée à l’étage et une série de salles plus petites en bas, spécialement conçues pour présenter les instructions de la dotation. Les peintures murales dépeignent différentes étapes de la progression éternelle de l’homme. À cause de l’hostilité politique extérieure en 1888, les dirigeants de l’Église consacrèrent d’abord le temple de Manti en des cérémonies privées. Lors de la consécration publique, qui eut lieu un peu plus tard, les membres de l’assemblée signalèrent des expériences spirituelles peu communes, entendant notamment des chœurs célestes.
 
L’achèvement du temple de Salt Lake City fut un encouragement pour les saints pendant les jours sombres des persécutions. Les pierres symboliques sur l’extérieur du grand temple représentent les degrés de gloire éternelle et d’autres principes de l’Évangile. La flèche centrale à l’est est complétée par une statue de l’ange Moroni, symbolisant la prophétie de Jean qu’un héraut céleste apporterait l’Évangile à la terre (Ap. 14:6). L’intérieur contient des salles de conseil pour les Autorités générales. L’après-midi précédant sa consécration, le 6 avril 1893, de nombreux visiteurs de tous les cultes furent invités à visiter le temple. Ces portes ouvertes précédant la consécration ont pris de l’importance et sont devenues la norme pendant le vingtième siècle.
 
TEMPLES DU XXe SIECLE. Pendant le premier tiers du vingtième siècle, des temples furent construits de plus en plus loin du siège de l’Église, reflet de l’expansion et de la croissance de l’Église. Le président Joseph F. Smith parla de la nécessité d’apporter les bénédictions du temple aux saints dispersés sans les obliger à parcourir souvent des milliers de kilomètres jusqu’aux montagnes Rocheuses pour les recevoir. Les temples construits à l’époque étaient relativement petits, sans tours ni grandes salles d’assemblée.
 
Le président Smith, qui, dans sa jeunesse, avait fait une mission à Hawaï, choisit un emplacement de temple à Laie sur l’île d’Oahu. Comme les matériaux de construction traditionnels étaient rares sur l’île, le temple fut construit en béton armé. Il fut consacré en 1919, un an après la mort du président Smith. Entre-temps, la construction d’un temple avait également commencé à Cardston (Alberta, Canada). Après sa consécration en 1923, les membres de l’Église d’Oregon et de Washington organisèrent des caravanes annuelles pour aller dans ce temple, précurseurs de voyages au temple qui devinrent une facette de plus en plus importante de l’activité religieuse pour les membres qui ne vivaient pas près de ces édifices sacrés.
 
Lors de la consécration du temple de Mesa, en Arizona, en 1927, le président Heber J. Grant demanda la bénédiction divine sur les Indiens d’Amérique et les autres descendants modernes des peuples du Livre de Mormon. En 1945, la dotation et les autres bénédictions du temple y furent données en espagnol, la première fois que ces cérémonies étaient faites dans une langue autre que l’anglais. Les décennies suivantes, les membres du sud-ouest des États-Unis, du Mexique et jusqu’en Amérique Centrale se déplacèrent pour assister aux sessions du temple en espagnol à Mesa.

Le président Grant approuva aussi des emplacements pour des temples en Californie et en Idaho. La construction du temple d’Idaho Falls commença en 1937, mais le manque de matériaux pendant la Deuxième Guerre mondiale retarda son achèvement jusqu’en 1945.
 
La croissance rapide de la population de l’Église dans le sud de la Californie pendant et après la Deuxième Guerre mondiale aboutit à la construction du temple de Los Angeles, le plus grand de l’Église à l’époque. Consacré en 1956, c’était le premier au vingtième siècle à avoir une grande salle d’étage pour permettre aux dirigeants de la prêtrise d’y mener des assemblées solennelles, ainsi qu’une statue de l’ange Moroni sur sa tour de 85 mètres. Les plans d’architecte prévoyaient que l’ange soit tourné vers le sud-est, comme le temple lui-même, mais le président David O. McKay insista pour que la statue soit orientée directement à l’est. La plupart des temples de l’Église (mais pas tous) sont tournés vers l’est, symbolisant l’avènement attendu du Christ, que Jésus a comparé à l’aube à l’orient d’un jour nouveau (Mt. 24:27). Les membres de Californie considérèrent ce temple comme l’accomplissement de la prophétie de Brigham Young que l’on dominerait un jour les rivages du Pacifique du haut de la maison du Seigneur et que les temples auraient une tour centrale et des bassins réfléchissants et auraient des plantations sur leur toit.
 
LES PREMIERS TEMPLES D’OUTRE-MER. La décision de construire des temples à l’étranger constitua une nouvelle impulsion. Pendant des décennies les dirigeants de l’Église avaient conseillé aux saints d’outre-mer ne pas se rassembler en Amérique, pour édifier l’Église là où ils étaient, les bénédictions du temple n’étaient pas accessibles dans leur patrie. Le temple de Suisse près de Berne en 1955 et les temples de Nouvelle-Zélande et de Londres en 1958 répondirent partiellement à ce besoin. L’utilisation du cinéma permit de présenter l’ordonnance de la dotation dans une seule salle d’enseignement plutôt que dans une série de salles décorées de peintures murales. Le président McKay avait annoncé que les futurs temples seraient plus petits, de manière à ce que l’on pût en construire davantage de par le monde. En outre, sous forme de film, ces cérémonies pouvaient être présentées en plusieurs langues avec seulement un petit groupe de servants des ordonnances du temple pour assurer le service.
 
Les personnes qui avaient reçu la responsabilité de localiser ces temples étaient convaincues qu’elles avaient l’aide divine. Les dirigeants de la mission suisse connurent de longues difficultés en voulant acquérir un emplacement qu’ils avaient choisi et demandèrent l’aide du Seigneur. Ils trouvèrent immédiatement un emplacement plus grand pour la moitié du prix ; ils ne tardèrent pas à apprendre que l’emplacement qu’ils avaient d’abord choisi était devenu inutilisable à cause de la construction inattendue d’une grande route sur une partie du lot. Quand le prix demandé à l’origine pour la parcelle de terrain du temple de Nouvelle-Zélande parut excessif, les hommes de loi représentant les propriétaires et l’Église revirent la question et parvinrent indépendamment exactement au même chiffre moins élevé. Les ingénieurs déconseillèrent la construction du temple de Londres sur le terrain choisi par le président McKay parce qu’il était trop marécageux, mais on découvrit de la roche à la profondeur qui convenait pour soutenir les fondations.
 
TEMPLES MODERNES EN AMÉRIQUE DU NORD. Pendant la décennie 1964-1974, quatre temples supplémentaires furent consacrés aux États-Unis. Le temple d’Oakland (1964) avait été impatiemment attendu par les saints du nord de la Californie. Quarante ans plus tôt, George Albert Smith avait parlé tandis qu’il était à San Francisco du jour où un beau temple surmonterait les collines de l’East Bay et serait un fanal pour les bateaux naviguant le Golden Gate. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, un terrain devint libre dans les collines d’Oakland. Cependant, deux décennies passèrent en attendant que la croissance de l’Église dans la région justifie la construction d’un temple. Le temple d’Oakland utilise maintenant la projection de film pour présenter la cérémonie de la dotation. Trois salles spacieuses permettent à de grands groupes de recevoir ces instructions simultanément.
 
Quoique les anciens dirigeants eussent parlé de futurs temples à Ogden et à Provo, l’annonce, faite en 1967, de la construction de ces deux temples d’Utah surprit beaucoup de saints des derniers jours. Les dirigeants de l’Église expliquèrent que le temple de Salt Lake City était utilisé au-delà de sa capacité, de sorte que la construction de deux nouveaux temples dans le voisinage soulagerait la pression et réduirait également le temps de voyage pour les saints d’Ogden et de Provo. Quand les temples furent terminés cinq ans après, chacun comptait six salles de dotation, ce qui allait permettre à un nouveau groupe de commencer la présentation toutes les vingt minutes pour un total maximum de soixante sessions quotidiennement.
 
Le temple de Washington D.C. non seulement répondait aux besoins des saints habitant l’Est des États-Unis et le Canada mais, étant situé près de la capitale des États-Unis, devint un monument pour l’Église rétablie. Les architectes le conçurent comme adaptation moderne et facilement reconnaissable du modèle bien connu à six tours du temple de Salt Lake City. Avec sa flèche centrale du côté est, haute de 87 mètres, il est le plus grand de tous les temples de l’Église dans le monde. Le temple de Washington comprenait un complexe de six salles de dotation et devint le deuxième temple du vingtième siècle à avoir la grande salle d’assemblée de la prêtrise à l’étage.
 
Pendant les années 1970, le temple d’Arizona et plusieurs autres temples furent transformés en vue de la projection de film dans la présentation de la dotation. Comme les transformations avaient été considérables, des portes ouvertes furent organisées avant la reconsécration des temples. Pendant cette même décennie, on commença la construction de trois autres grands temples en Amérique du Nord : celui de Seattle (consacré en 1980), le premier dans le Nord-ouest Pacifique des États-Unis, celui de Jordan River (1981), le deuxième de la vallée du lac Salé et celui de Mexico (1983), qui se caractérise par un style architectural maya. Tandis qu’il assistait à la consécration du temple de Mexico, Ezra Taft Benson se sentit poussé à mettre l’accent sur le Livre de Mormon, un thème qui devait plus tard caractériser son administration comme président de l’Église.
 
EXPANSION MONDIALE. En 1976, deux révélations (maintenant D&A 137 et 138) furent ajoutées aux ouvrages canoniques. L’une d’elles rapportait la vision que Joseph Smith avait eue du royaume céleste en 1836. L’autre racontait la vision que le président Joseph F. Smith avait eue en 1918 montrant le Sauveur organisant les justes pour prêcher son Évangile dans le monde des esprits des morts. Les deux contribuaient à la compréhension que les saints avaient du salut pour les morts et donnèrent un élan nouveau à une construction sans précédent de temples.
 
Des plans avaient déjà été annoncés pour des temples à Sao Paulo et à Tokyo, les premiers en Amérique du Sud et en Asie, respectivement. Puis, en 1980, une accélération spectaculaire se produisit quand la Première Présidence annonça que l’on allait construire sept nouveaux temples. Il s’agissait du premier temple du sud-est des États-Unis, de deux autres temples en Amérique du Sud et de quatre dans le Pacifique. L’année suivante, les plans pour neuf autres temples étaient annoncés : deux aux États-Unis, en Europe et en Amérique latine, plus un temple en Corée, aux Philippines et en Afrique du Sud. Dès 1984, des plans pour construire dix temples de plus étaient annoncés, notamment un en République démocratique allemande. Ces temples étaient plus petits que la plupart de ceux qui avaient été construits les décennies précédentes. Comme beaucoup furent construits en même temps, ils sont de conception semblable.
 
La plupart de ces nouveaux temples se trouvaient là où ils pouvaient rendre les bénédictions du temple accessibles aux vivants même s’ils ne pouvaient pas contribuer un grand nombre d’ordonnances pour les morts. Plus que jamais auparavant, les temples étaient à la portée des saints des derniers jours vivant de par le monde, qui accueillirent la construction de ces temples avec reconnaissance et joie. Quand le président Spencer W. Kimball annonça l’intention de construire le temple de Sao Paulo, par exemple, un ah ! parcourut l’immense assemblée réunie pour la conférence de région du Brésil ; les larmes aux yeux, les familles, partout dans la salle, s’embrassèrent à cette nouvelle. Les dirigeants de l’Église dirent que plutôt que de sacrifier les gains de toute une vie pour atteindre un temple éloigné, les membres devraient maintenant faire une autre sorte de sacrifice : trouver du temps pour aller régulièrement à leur temple.
 
Les saints des derniers jours comptent que cette expansion rapide de la construction de temples continuera. Les ordonnances sacrées du temple doivent être rendues accessibles à tous. Brigham Young a prophétisé que pendant le millénium, des milliers de temples parsèmeraient la terre. À ce moment-là, des dizaines de milliers de fidèles y entreront pour accomplir les ordonnances sacrées vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
 
BÉNÉDICTIONS DU TEMPLE POUR LES MORTS. Quand ils faisaient des baptêmes par procuration pour leurs proches parents, les saints de Nauvoo disposaient aisément des informations à leur sujet. Des recherches généalogiques plus difficiles s’avérèrent pourtant nécessaires quand les membres de l’Église durent s’acquitter de leur responsabilité de fournir les bénédictions du temple à tous leurs ancêtres décédés aussi loin qu’ils pouvaient remonter. L’introduction des dotations pour les morts en 1877, qui prenait bien plus de temps que les baptêmes, représenta une expansion importante dans l’engagement des membres de l’Église vis-à-vis du temple.
 
Jusqu’alors les saints n’avaient accompli les ordonnances par procuration que pour leurs propres parents ou amis décédés. Or, tandis qu’il dirigeait la mise en œuvre du service par procuration au temple de St-George, Wilford Woodruff avait déclaré que le Seigneur permettrait aux membres de s’entraider dans cette œuvre importante.
 
Une autre innovation se produisit au début du vingtième siècle lorsque les gens qui vivaient dans des champs de mission lointains furent autorisés à envoyer au temple les noms de leurs proches décédés où d’autres représentants accompliraient les ordonnances. Les dirigeants de l’Église exhortèrent alors les membres vivant près d’un temple de consacrer du temps pour assurer ce service altruiste. Dans le temple de Salt Lake City, par exemple, il n’y avait eu au début qu’une session de dotation par jour. Mais en 1921, il y en avait jusqu’à quatre et en 1991, dix.
 
Avec le nombre de plus en plus important des temples, le nombre des dotations effectuées augmenta. À partir des années 1960, les dirigeants de l’Église demandèrent donc aux employés de la Société généalogique d’Utah de se procurer des noms à l’aide de microfilms des registres d’état civil et de les rendre disponibles pour l’œuvre du temple. Dès le début des années 1970, des trois-quarts de tous les noms pour des ordonnances du temple étaient envoyés de cette manière.
 
Pour permettre aux membres de jouer un rôle plus grand dans l’envoi de noms pour les temples, on leur permit, en 1969, d’envoyer des noms séparés plutôt que seulement dans une feuille de groupement de famille. Les ordinateurs pouvaient ensuite aider à déterminer les liens familiaux. À partir de 1978, de petits groupes de membres de l’Église furent appelés à passer quelques heures chaque semaine à participer au programme d’extraction des noms, c’est-à-dire à copier les noms et les données figurant sur les archives microfilmées. De cette façon, la plupart des noms pour l’œuvre du temple étaient fournis par des membres plutôt que par des professionnels au siège de l’Église. En 1988, la cent millionième dotation pour les morts était accomplie ; on en fit plus de cinq millions cette année-là.
 
LA MAISON DU SEIGNEUR. Comme l’Israël antique, les saints des derniers jours considèrent les temples comme des lieux sacrés mis à part comme endroits où ils peuvent aller se rapprocher de Dieu et recevoir de lui des révélations et des bénédictions (D&A 97:15-17 ; 110:7-8). Ce n’est pas l’édifice en tant que tel qui est la source de sa sainteté. C’est plutôt le fait de la personnalité de ceux qui entrent et des ordonnances et des instructions sacrées qu’ils y reçoivent qui nourrissent l’atmosphère spirituelle que l’on trouve dans le temple. Quand les membres entrent dans cette sainte maison et centrent leurs pensées sur le service d’autrui, leur propre compréhension s’éclaircit et ils reçoivent la solution à leurs problèmes.
 
À cause de la nature spirituelle de l’activité du temple, la préparation personnelle est essentielle. Les saints des derniers jours insistent sur le fait que les cérémonies du temple sont sacrées. Ceci est conforme à la pratique antique, par exemple, de n’admettre que des personnes spécifiquement qualifiées dans l’enceinte la plus sacrée du Tabernacle. La fonction des dirigeants locaux de l’Église, quand ils délivrent des recommandations à l’usage du temple, est non seulement d’établir la dignité et la préparation de la personne mais d’assurer également la sainteté du temple.

 
Bibliographie

Ouvrages traitant des temples et de leurs ordonnances :

James E. Talmage, La Maison du Seigneur ;

Boyd K. Packer, Le Temple sacré, explique l’esprit et l’importance de l’œuvre du temple ;

Richard O. Cowan dans Temples to Dot the Earth, Salt Lake City, 1989, donne l’historique des temples de l’Église et du service du temple.

Hugh Nibley, Message of the Joseph Smith Papyri : An Egyptian Endowment, Salt Lake City, 1975, étudie en profondeur l’origine ancienne du temple

N. B. Lundwall, Temples of the Most High, Salt Lake City, 1971, contient les prières de consécration et des descriptions de certains temples ;

Royden G. Derrick dans Temples in the Last Days, Salt Lake City, 1987 contient un recueil d’essais sur des sujets liés au temple ;

Laurel B. Andrew explique les influences architecturales dans son Early Temples of the mormons (Albany, N.Y., 1989).


Article tiré de l'Encyclopédie du mormonisme, Macmillan Publishing Company, 1992, traduction Marcel Kahne, source www.idumea.org, avec autorisation