Les
saints du Togo
par Elizabeth Maki, le 23 juillet 2015
Dieudonné
Attiogbe travaillait pour l’ambassade du Togo à Londres
en 1989 lorsqu’il a rencontré les missionnaires de
l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours. Au début, il ne souhaitait pas en savoir davantage sur
d’autres religions en-dehors de son éducation
catholique. Mais après avoir lu le Livre de Mormon, il a
accepté l’Évangile rétabli et s’est
fait baptiser. À sa connaissance, il était le seul
membre de l’Église de son pays.
« Le
lendemain de mon baptême, quand je suis allé à
mon travail, je me suis mis à pleurer à chaudes larmes.
J’ai pleuré presque toute la journée. En
pleurant, je pensais beaucoup au peuple de mon pays. Lorsque je me
suis fait baptiser, ma première intention a été
de répandre cet Évangile au Togo. Pour l’apporter
à ma famille d’abord, ainsi qu’à mes
amis ».[1]
De
retour à la maison
À
la fin des années 1980, l’Église était
déjà établie dans des pays d’Afrique de
l’Ouest comme le Ghana et le Nigeria depuis plus de dix ans,
mais lorsqu’Attiogbe retourna au Togo, il était seul
dans sa nouvelle religion. Il sentait que quelque chose lui manquait
profondément.
« L’Église
me manquait beaucoup », dit-il « Je ne savais
pas où aller parce que l’Église faisait partie de
ma vie quotidienne et qu’il me manquait quelque chose, alors
j’ai commencé à chercher. »
Ne
sachant que faire, Attiogbe visita des congrégations déjà
établies dans la banlieue d’Accra au Ghana, ainsi que
plus à l’ouest, en Côte d’Ivoire. Attiogbe
explique qu’il s’y rendit « simplement pour
ressentir l’esprit de l’Église là-bas »,
mais ses visites s’avérèrent fructueuses pour une
autre raison. Au Ghana, Emmanuel Kissi, un dirigeant de l’Église,
encouragea Attiogbe pour qu’il poursuive son rêve de voir
l’Église organisée au Togo en prenant contact
avec le siège de l’Église en Afrique, à
Johannesburg en Afrique du Sud, pour demander de l’aide.
« Kissi
m’a demandé de leur écrire une lettre ».
Grâce aux encouragements de Kissi, Attiogbe se sentit moins
seul. « Il insistait, pour que nous fassions quelque chose
au Togo. Il m’a dit que comme je parlais le français et
un peu l’anglais je pourrais aider l’Église à
grandir au Togo. » La perspective d’implanter
l’Église dans un pays de près 5 millions
d’habitants était intimidante, mais Attiogbe prit son
courage à deux mains. « OK, pourquoi pas ?
Essayons », dit-il à Kissi.
Relier
et rassembler
Il
s’est en fait avéré qu’Attiogbe n’était
pas si seul que cela au Togo, comme il l’avait craint. En
réponse à ses efforts, le Bureau de l’Église
de Johannesburg envoya à Attiogbe une liste de plusieurs
togolais qui avaient été baptisés à
l’étranger, ainsi que leurs adresses. Attiogbe écrivit
des lettres à chacun d’eux et au bout d’un certain
temps, les rencontra pour discuter avec eux de l’Évangile.
Avec
Koffi Afangbedji, qui était devenu membre de l’Église
au Danemark et Didier Agnon, Attiogbe forma un petit groupe de saints
des derniers jours du Togo vers 1996. Le groupe se réunit dans
une petite pièce qu’Attiogbe avait trouvé dans le
village de Nkafu, avec parfois tellement de monde que trois personnes
devaient se partager une chaise, et les cantiques joués par le
fils d’Attiogbe sur un piano jouet.
Pourtant
Nowah Afangbedji, qui était enfant à ce moment-là,
garda de bons souvenirs des premiers jours de l’Église
au Togo.
« Nous
aimions beaucoup cela. C’était vraiment beau. Quand je
me rappelle ces moments... ahhh...c’est quelque chose. »
Organiser
l’Église
Avec
l’aide de Kissi et celle de John Buah, un dirigeant de l’Église
au Ghana, Michel Avegnon - originaire du Togo, qui s’était
joint à l’Église au Ghana en 1991 et y avait
servi une mission à plein temps entre 1993 et 1995 - rencontra
Attiogbe au début de l’année 1997 et aida le
groupe à s’organiser.[2]
Le
président de l’interrégion d’Afrique James
Mason organisa officiellement le groupe de Lomé, au Togo, en
juillet 1997, avec Didier en tant qu’ancien président et
Avegnon comme assistant responsable de l’œuvre
missionnaire.[3] Mais avant même qu’Avegnon n’ait
reçu son appel, Attiogbe avait déjà des amis de
l’Église qui faisaient la queue. Les premiers baptêmes
au Togo eurent lieu quelques mois plus tard, le 20 septembre 1997,
dans la piscine d’un hôtel.[4]
« Ce
fut un moment particulier pour nous, se souvient Attiogbe. Nous avons
préparé nos familles, celles des personnes qui avaient
été baptisées. Puis le missionnaire est venu, et
nous leur avons enseigné les leçons et les avons
préparés au baptême. Au cours du premier service
de baptême, quatorze personnes se sont faites baptiser. Ce fut
un jour vraiment particulier pour nous. »
Pour
Nowah Afangbedji, qui était l’un des quatorze baptisés,
c’est un jour qu’il n’oubliera jamais.
« C'était
merveilleux », raconte-t-il. « Les sentiments
que j’ai éprouvés, le pouvoir purificateur que
j’ai ressenti, et l’Esprit du Seigneur qui a parcouru mon
âme et toute l’assemblée. La joie que nous avons
ressentie ce jour-là était vraiment unique. »
Pour
Attiogbe, c’était l’aboutissement de plusieurs
années de rêves et d’efforts.
« Ce
jour-là, ma joie était immense parce que je repensais à
la façon dont j’avais reçu l’Évangile.
« Cela n’a pas été facile lorsqu’ils
m’ont parlé de l’Évangile, mais quand je
l’ai accepté, je l’ai accepté pleinement et
mon intention était de le faire connaître et de partager
mon enthousiasme avec mes amis togolais, une fois de retour à
la maison. Et ce jour-là, je me suis souvenu de tout cela et
j’ai ressenti une grande joie en voyant que mon désir
s’accomplissait. Des personnes se faisaient baptiser et j’ai
compris que ce n’était qu’un début, et que
tout se passerait bien avec la bénédiction du Seigneur.
Le
Royaume va de l’avant
Moins
de deux ans plus tard, en février 1999, le Togo a été
intégré à la Mission d’Abidjan
Côte-d’Ivoire et un couple missionnaire, Demoine et Joyce
Findlay, a débuté l’œuvre missionnaire dans
le pays. La branche de Lomé a été formée
le même mois, avec Dieudonné Attiogbe comme premier
président.
Ce
jour-là, « l’enthousiasme des membres était
évident, la plupart étaient assis à leur place
avec plus d’une heure d’avance », se souvient
Joyce Findlay. « Les adultes et les enfants étaient
assis avec révérence, écoutant la musique
enregistrée dans le nouvel appareil récemment acquis et
magnifiquement préparé par le département des
affaires temporelles du Bureau de l’interrégion
d’Afrique de l’Ouest. La joie que les dirigeants
éprouvaient se sentait dans leur témoignage. Dieudonné
Attiogbe, le nouveau président de branche, a expliqué :
« J’ai dit à tout le monde qu’un jour
l’Église serait présente au Togo et nous y voici
aujourd’hui. »[5]
Des
années plus tard, en 2009, seulement deux semaines après
que Nowah Afangbedji soit rentré d’une mission à
plein temps au Nigéria, le premier district du Togo fut créé.
« Désormais
je me rends compte que les petites choses que nous faisions à
l’époque ont constitué une fondation sûre
pour la grande œuvre que nous vivons à présent,
raconte Nowah. « La deuxième semaine après
mon retour de mission, le district a été organisé
et j’ai vu l’assemblée tout entière, les
quatre branches réunies, chantant ensemble et je me suis
souvenu que nous étions si peu, réunis dans une petite
salle, seulement quelques années auparavant. Comment
pouvions-nous être une si grande assemblée désormais ?
Et j’ai vraiment ressenti qu’aucune main impie ne pouvait
empêcher l’œuvre de notre Père céleste
de progresser. »
Pour
Attiogbe, les 1500 saints des derniers jours du Togo aujourd’hui[6]
sont l’accomplissement de la prophétie qu’il a eu
le privilège de voir se réaliser personnellement.
« Aujourd’hui,
je sais que l’Évangile qui se répand ici à
Lomé n’est qu’une partie de la pierre dont Daniel
a parlé dans la Bible ». « Ce morceau de
pierre vient à nous maintenant. «C’est ce que je
ressens. « Je sens que la prophétie de Daniel est
en train de s’accomplir dans mon propre pays et j’en suis
très heureux. »[7]
NOTES
[1]
Johnson, Jill, “Togo,” part 3, “Africa Pioneers:
Benin, Togo, Côte d’Ivoire,” DVD, prod. Jill
Johnson, LDS Church Historical Department, Salt Lake City, Utah.
[2]
Michel D. Avegnon Oral History, interviewed by Clinton D.
Christensen, 2005, p. 25-26, The James Moyle Oral History Program,
Archives Division, Family and Church History Department of The Church
of Jesus Christ of Latter-day Saints, Salt Lake City, Utah.
[3]
Michel D. Avegnon Oral History, interviewed by Clinton D.
Christensen, 2005, p. 26, The James Moyle Oral History Program,
Archives Division, Family and Church History Department of The Church
of Jesus Christ of Latter-day Saints, Salt Lake City, Utah.; LDS
Newsroom, Facts and Statistics, Togo.
[4]
Johnson, Jill, “Togo,” part 3, “Africa Pioneers:
Benin, Togo, Côte d’Ivoire,” DVD, prod. Jill
Johnson, LDS Church Historical Department, Salt Lake City, Utah.
[5]
Joyce Findlay, “First Unit of the Church in Togo,”
DeMoine and Joyce Findlay mission papers, Church Archives.
[6]
LDS Newsroom, Facts and Statistics, Togo.
[7]
Johnson, Jill, “Togo,” part 3, “Africa Pioneers:
Benin, Togo, Côte d’Ivoire,” DVD, prod. Jill
Johnson, LDS Church Historical Department, Salt Lake City, Utah.