Le monde des esprits,
notre prochaine demeure
Dale C. Mouritsen
Directeur régional
des séminaires et instituts de San José en Californie
En parlant avec des
étudiants et des familles dans diverses parties de l’Église
et en conversant avec eux sur ce qui se passe après la mort,
j’ai presque toujours constaté que
deux sentiments étaient
mis en relief : un grand désir d’être informé
sur le monde d’esprit post-terrestre (que j’appellerai
dorénavant le monde des esprits ) et une sorte de malaise,
justement parce qu’on
pose ces questions, comme si le monde des esprits était un
sujet dont on ne devrait pas discuter.
Je considère qu’il
faut toujours faire preuve de retenue quand on discute d’un
sujet sacré, surtout lorsque l’on sait que, dans notre
société contemporaine, « les connaissances »
relatives au monde des esprits consistent en histoires de fantômes
à sensation, en culte du démon et autres zones d’ombre.
Cependant le désir de savoir est bon en lui-même. Notre
parenté bien-aimée qui est décédée
habite ce monde et nous l’y rejoindrons bientôt. Le sujet
est sain et sacré et c’est dans cet esprit qu’il
faut en discuter.
En outre, le prophète
Joseph Smith a dit que les saints doivent étudier le but de la
vie et de la mort, et en fait doivent l’étudier «
plus que n’importe quel autre » sujet, « l’étudier
nuit et jour ». Il ajoute que « si nous avons droit à
quoique ce soit de la part de notre Père céleste, c’est
à des lum ières sur ce sujet si important »
(Enseignements du prophète Joseph Smith, p. 455).
Nous avons donc le droit
de comprendre la nature véritable de notre existence. Nous
avons aussi la responsabilité d’effectuer les
recherches, car plus nous nous rendons
compte que le monde des
esprits est véritablement une suite à notre existence
mortelle, moins nous risquerons d’attacher notre coeur aux
trésors de ce monde.
Une des plus belles
histoires de notre héritage, quelque chose qui est arrivé
au président Heber J. Grant, montre qu’un témoignage
concernant les relations exactes entre la vie, la mort et le monde
des esprits peut nous consoler en temps de deuil, nous aider à
comprendre les desseins de Dieu et nous enseigner la vraie nature de
notre existence. Le président Grant écrit :
« J’ai eu la
bénédiction d’avoir deux fils seulement. L’un
d’eux mourut à cinq ans et l’autre à sept.
Mon second fils mourut d’une maladie à la hanche.
J’avais grandement espéré qu’il répandrait
un jour l'Évangile au pays et à l’étranger
et serait un honneur pour moi. Une heure environ avant qu’il ne
mourût, j’eus le songe que sa mère, qui était
morte, venait le chercher, et qu’elle amenait un messager, et
elle dit à ce messager de prendre le garçon pendant que
je dormais ; et dans le songe, je crus m’éveiller et je
saisis mon fils et me battis pour le garder et je réussis
finalement à l’arracher au messager qui était
venu le chercher et je rêvai que, ce faisant, je trébuchais
et tombais sur lui.
« Je rêvai
que je tombais sur sa hanche blessée, et les hurlements
terribles et l’affreuse douleur de l’enfant me rendirent
presque fou. Je ne pus le supporter, me relevai d’un bond et
sortis de la maison en courant pour ne pas entendre sa détresse.
Je rêvai qu’après être sorti de la maison en
courant, je rencontrais frère Joseph E. Taylor et lui
racontais ce qui s’était passé.
« Il dit :
'Savez-vous ce que je ferais, Heber, si ma femme venait chercher un
de ses enfants ? Je ne lutterais pas pour garder cet enfant ; je ne
m’opposerais pas à ce qu’elle me l’enlève.
Si une mère qui a été fidèle est passée
de l’autre côté du voile, elle doit connaître
les souffrances et la torture que son enfant aura à subir,
elle saura si cet enfant va traverser la vie comme un invalide et
s’il serait mieux ou plus sage qu’il soit soulagé
de la torture que représenterait la vie ; et lorsque vous
prenez le temps de réfléchir, frère
Grant, que la mère
de ce garçon est descendue dans l’ombre de la mort pour
lui donner la vie, c’est elle qui devrait avoir le droit de le
prendre ou de le garder'.
« Je dis : 'Je
crois que vous avez raison, frère Taylor, et si elle revient,
elle aura l’enfant sans protestation de ma part'.
« Lorsque j’eus
pris cette décision, je fus éveillé par mon
frère, B. F. Grant, qui logeait cette nuit-là avec nous
pour aider à veiller l’enfant malade. Il me fit entrer
dans la chambre
et me dit que mon enfant
était mourant. J’allai au salon et m’assis. Il y
avait une chaise vide entre moi et ma femme qui vit maintenant, et je
sentis la présence de la mère décédée
de cet enfant, assise sur cette chaise. Je ne dis à personne
ce que je ressentais, mais me tournai vers ma femme vivante et dis :
'Ressens-tu quelque chose d’étrange ?' Elle dit : 'Oui,
je suis certaine que la mère de Heber est assise entre nous et
attend pour l’emmener'.
« Je crois que je
suis, de par ma nature, un homme de sentiment. J’ai été
élevé comme enfant unique avec toute l’affection
qu’une mère pouvait déverser sur un garçon.
Je crois que, de par ma nature, je suis affectueux et sentimental et
j’ai versé des larmes pour mes amis, des larmes de joie
quand ils réussissaient, des larmes de chagrin lorsque le
malheur les frappait. Mais je suis resté assis près du
lit de mort de mon petit garçon et je l’ai regardé
mourir sans verser une larme. Ma femme vivante, mon frère et
moi avons ressenti en cette occasion, dans ma maison, une influence
douce, paisible et céleste, la plus grande que j’aie
jamais connue de ma vie. » (Improvement Era, juin 1940, p. 330,
383)
Selon la doctrine des
saints des derniers jours, le monde des esprits est l’endroit
où résideront tous ceux qui sont morts et attendent la
résurrection, dans laquelle leur esprit
et leur corps seront
inséparablement liés. Ce n’est donc pas l’endroit
où demeurent Dieu le Père, le Seigneur ressuscité
et les autres êtres ressuscités. C’est plutôt
une situation ou
un état
intermédiaire où les gens attendent la résurrection
– un endroit où les esprits désincarnés
vivent selon un des différents états correspondant à
ce que leur vie mortelle a
mérité.
À propos de ces
états, Alma dit à son fils Corianton qu’un ange
lui avait révélé « que les esprits de tous
les hommes, dès qu’ils ont quitté ce corps
mortel, oui, les esprits de tous
les hommes, qu’ils
soient bons ou mauvais, retournent à ce Dieu qui leur a donné
la vie » (Alma40:11). Cela ne veut pas dire qu’ils sont
conduits littéralement en la présence de
Dieu ou sur la planète
où il réside (voir Joseph Fielding Smith, Answers to
Gospel Questions, Deseret Book Company, 1958, vol. 2, p. 84-87), mais
plutôt dans le monde des esprits.
Alma continue : «
Les esprits de ceux qui sont justes seront reçus dans un état
de félicité, appelé paradis, un état de
repos, un état de paix où ils se reposeront de tout
souci et de toute peine » (Alma 40:12). Peu avant sa mort,
Moroni se vit entrer dans ce même état béni dans
le monde des esprits. Il écrivit : « Je vais bientôt
me reposer dans le paradis de Dieu, jusqu’à ce que mon
esprit et mon corps soient réunis de nouveau, et que je sois
ramené triomphant dans les airs, pour vous rencontrer devant
la barre agréable du grand Jéhovah, le Juge éternel
des vivants et des morts » (Moroni 10:34).
Mais tout le monde n’aura
pas droit au repos et au paradis. Alma spécifie : « Les
esprits des méchants ou des pécheurs —car ils
n’ont ni part ni portion dans l’esprit du Seigneur ; car
voici, ils ont choisi les oeuvres du mal au lieu de celles du bien ;
c’est pourquoi, l’esprit du diable est entré en
eux et a pris posession de leur maison et ceux-ci seront rejetés
dans les ténèbres du dehors. Il y aura là des
pleurs, des gémissements et des grincements de dents, et cela
à cause de leur propre iniquité, parce qu’ils
sont emmenés captifs à la volonté du diable »
(Alma 40:13).
Tout comme le paradis
n’est pas la demeure éternelle des justes, l’enfer
dans le monde des esprits n’est pas la demeure éternelle
des méchants. Lorsqu’il consigna par écrit sa
vision du monde téleste, le prophète JosephSmith dit :
« Ce sont ceux qui ne seront délivrés des mains
du diable qu’à la dernière résurrection,
quand le Seigneur, c’est-à-dire le Christ, l’Agneau,
aura terminé son oeuvre » (D&A76:85).
Il ajoute : « Ce
sont ceux qui sont précipités en enfer et qui subissent
la colère du Dieu tout-puissant, jusqu’à la
plénitude des temps quand le Christ aura mis tous ses ennemis
sous ses pieds et aura parachevé son oeuvre » (D&A
76:106 ; voir aussi Apocalypse 20:13).
L’enfer dans le
monde des esprits finira pourt ous les hommes quand ils
ressusciteront. Du fait de l’expiation du Christ, ils seront
finalement libérés (voir 2 Néphi 9:6-12). Ceux
qui « demeurent impurs » (les fils de perdition)
resteront en enfer, mais ce sera un lieu séparé de
l’enfer du monde des esprits (voir D&A 76:43-49). Lorsque
les fils de perdition ressusciteront, le monde des esprits n’aura
plus d’habitants (voir Bruce R. McConkie, Mormon Doctrine, 2e
édition, p. 762).
Pierre appelle le monde
des esprits une « prison », et c’en est une pour
certains (1 Pierre 3:18-20 ; 4:6). Toutefois c’est
essentiellement un endroit d’étude et d’attente et
non un lieu de souffrance. C’est là que ceux qui
n’auront pas eu l’occasion dans la mortalité de
recevoir l’Évangile et ceux qui n’en ont eu qu’une
occasion partielle, mais l’ont rejetée, seront
instruits. En 1893, le président Lorenzo Snow, alors président
du collège des Douze, déclara à la conférence
générale qu’il croyait fermement « que
lorsque l’Évangile sera prêché aux esprits
en prison, le succès que connaîtra cette prédication
sera bien plus grand que celui que connaît la prédication
de nos anciens dans cette vie. Je crois qu’il y aura vraiment
très peu de ces esprits qui ne recevront pas avec joie
l’Évangile quand il leur sera porté. Les
circonstances y seront mille fois plus favorables. »
(Millennial
Star, vol. 56, p. 50).
Bref, le monde des
esprits est la résidence temporaire des esprits de toute
l’humanité, qu’ils soient bons ou mauvais. C’est
ainsi que Joseph Smith pouvait déclarer que « les
justes et les méchants
iront tous dans le même monde des esprits jusqu’à
la résurrection » (Enseignements, p. 435).
Pourtant certains se sont
demandé pourquoi Jésus avait promis au malfaiteur
mourant qu’après sa mort il rejoindrait le Sauveur au
paradis. Le prophète Joseph a enseigné : « Ce
sont les traducteurs qui disent paradis. Mais qu’est-ce que le
paradis ? C’est un mot moderne ; il ne correspond pas du tout
au mot original employé par Jésus. Trouvez l’original
du mot paradis, il est plus facile de trouver une aiguille dans une
meule de foin. Voici l’occasion d’une querelle, hommes
savants !Il n’y a rien dans le mot original grec, dont ce mot
(paradis) a été tiré, qui signifie paradis. Mais
il dit : Ce jour tu seras avec moi dans le monde des esprits, et je
t’enseignerai tout à ce sujet et je répondrai à
tes interrogations. Et Pierre dit que le Seigneur alla prêcher
au monde des esprits (aux esprits en prison) (1 Pierre 3:19), afin
que ceux qui recevraient l’Évangile pussent bénéficier
des ordonnances par procuration grâce à ceux qui
vivaient sur terre, etc. » (Enseignements, p. 434). De plus le
prophète ajouta : « Hadès, en grec, ou Schéol,
en hébreu, signifient tous deux un monde d’esprit.
Hadès, Schéol, paradis, et esprits en prison, c’est
tout un : c’est un monde des esprits » (Enseignements, p.
435). Cet éclaircissement du prophète nous aide à
comprendre les paroles du Sauveur.
La révélation
moderne nous aide aussi à comprendre le genre de vie que l’on
mène dans le monde des esprits. D’abord les esprits sont
des entités tangibles. Le président Brigham Young a dit
: « Les esprits connaissent aussi bien les esprits que les
corps connaissent les corps, bien que les esprits soient composés
d’une matière tellement raffinée qu’elle
n’est pas tangible pour notre organisme brut. » (Discours
de Brigham Young, p. 39 ; voir aussi D&A 131:7-8)
Pour ce qui est de
l’endroit, le prophète Joseph Smith a enseigné
que le monde des esprits est très proche de nous. Pendant un
sermon funèbre, il déclara que les esprits des justes «
sont promus à une oeuvre plus grande et plus importante. C’est
pourquoi ils sont bénis lorsqu’ils se rendent dans le
monde des esprits. Enveloppés de flammes, ils ne sont pas loin
de nous » (Enseignements, p. 458).
Une soeur qui alla dans
le monde des esprits et fut rappelée à la vie mortelle
par le président Lorenzo Snow eut l’expérience
personnelle de ce que le prophète enseigna : « Certains
me questionnèrent concernant leurs amis et leur parenté
sur la terre. Parmi eux il y avait mon cousin. Il me demanda comment
allaient ses parents et dit que cela lui faisait de la peine
d’apprendre que quelques-uns des garçons faisaient usage
de tabac, d’alcool et de beaucoup de choses qui leur étaient
nocives » (LeRoi C. Snow, « Raised from the Dead »,
histoire d’Ella Jensen, Improvement Era, octobre 1929, p. 974).
Effectivement ceux qui nous sont chers et qui sont morts se soucient
considérablement de notre bien-être et de notre bonheur
et peuvent être désignés, lorsque c’est
nécessaire, pour nous apporter des messages d’avertissement,
de répimande ou d’instructions (voir Joseph
F. Smith, Gospel
Doctrine, p. 436).
Le président Young
a confirmé que le monde des esprits « est sur la terre »
(Discours de Brigham Young, p. 386). Lors d’une récente
conférence générale, le président Ezra
Taft Benson a déclaré que « le monde des esprits
n’est pas éloigné de nous. Parfois le voile entre
cette vie et l’autre devient très mince. Ceux qui nous
sont chers et qui sont décédés ne sont pas loin
de nous » (Ensign, juin 1971, p. 33).
Apparemment le monde des
esprits est incorporé au monde physique. La terre contient un
esprit au même titre que notre corps physique contient un
esprit. Parley P. Pratt a écrit que le monde des esprits «
est ici sur la planète même où nous sommes nés
; ou en d’autres termes la terre et d’autres planètes
du même genre ont leur sphère intérieure
spirituelle aussi bien que leur sphère extérieure ou
temporelle. L’une est peuplée de corps temporels,
l’autre d’esprits. Un voile est tiré entre les
deux sphères et à cause de cela tous les objets de la
sphère spirituelle sont rendus invisibles à ceux de la
sphère temporelle » (Key toTheology, 9e édition,
Deseret Book, 1965, p.126-27).
Apparemment les justes du
monde des esprits sont organisés exactement comme ils le sont
ici, arrangés par familles et par collèges. La prêtrise
y agit comme elle agit ici. Le président Brigham Young a dit :
« Quand les anciens fidèles, qui détiennent cette
prêtrise, vont dans le monde des esprits, ils emportent le même
pouvoir et la même prêtrise qu’ils avaient tandis
qu’ils étaient dans leur tabernacle mortel »
(Discours de Brigham Young, p. 134 ; voir aussi D&A 124:130). Les
bénédictions de la prêtrise sont donc présentes
dans le monde des esprits.
Un ancien qui a traversé
le voile et en est revenu a parlé de l’ordre qu’il
y a vu : « Pendant que j’étais dans le monde des
esprits, je remarquai que les gens y étaient occupés,
et qu’ils étaient parfaitement organisés pour
l’oeuvre qu’ils accomplissaient. Cela me parut être
la continuation de l’oeuvre que nous faisons ici, un peu comme
aller d’un pieu à un autre. Il n’y avait rien
là-bas qui me parût particulièrement étrange,
tout étant naturel » (Peter E. Johnson, Relief Society
Magazine, août 1920, p. 455).
Ella Jensen eut une
expérience semblable lorsqu’elle se rendit dans le monde
des esprits. Frère Rudger Clawson, à l’époque
membre du Collège des Douze, qui parla de l’expérience
de cette soeur, dit que « un guide était venu à
sa rencontre et il la conduisit dans un très vaste bâtiment
où il y avait beaucoup de gens qui paraissaient tous être
extrêmement occupés ; il n’y avait aucune
apparence d’oisiveté quelconque » (LeRoi C. Snow,
Improvement Era, octobre 1929, p. 977).
Mais il est possible que
tous les habitants du monde des esprits ne soient pas organisés
ainsi, puisque tous n’ont
pas reçu les ordonnances nécessaires à
l’exaltation.
Le président
George Albert Smith, après avoir eu une expérience du
monde des esprits, décrivit la partie de ce monde qu’il
vit :
« Unjour... je
perdis conscience des lieux où je me trouvais et il me sembla
que j’étais passé de l’autre côté.
Je me trouvai debout, le dos à un beau grand lac, face à
une grande forêt. Il n’y avait personne en vue et il n’y
avait pas de bateau sur le lac ni aucun autre moyen visible pour me
montrer comment j’étais arrivé là-bas. Je
me rendis compte, ou crus me rendre compte, que j’avais terminé
mon oeuvre dans la mortalité et que j’étais
retourné chez moi. Je commençai à regarder
autour de moi pour voir si je ne pouvais trouver quelqu’un.
Personne ne paraissait vivre là, il n’y avait que ces
beaux grands arbres en face de moi et le merveilleux lac derrière
moi.
« Je commençai
à explorer et découvris bientôt un sentier
traversant le bois qui paraissait avoir été très
peu utilisé, et qui était presque enseveli sous
l’herbe.» (Improvement Era, mars1947, p.139). Le
président Smith suivit le sentier et au bout d’un
certain temps rencontra son grand-père avec qui il conversa.
Manfestement il n’y
a ni bébé, ni enfant dans le monde des esprits. Tous
ceux qui y résident ont la stature d’hommes et de femmes
adultes, le même aspect qu’ils possédaient avant
la naissance dans cette vie mortelle. Si des bébés ou
des enfants meurent, leur esprit reprend immédiatement son
ancienne stature d’adulte quand il est dans le monde des
esprits. Toutefois quand il retourne dans son corps au moment de la
résurrection, c’est naturellement un enfant qui est
ressuscité pour être élevé par des parents
justes et dignes jusqu’à maturité. Le président
Joseph F. Smith a expliqué cette idée :
« L’esprit de
nos enfants est immortel avant de venir à nous et, après
la mort du corps, il est semblable à ce qu’il était
avant de venir. Il est tel qu’il serait apparu s’il avait
vécu dans la chair pour atteindre l’âge adulte ou
développer son corps à la pleine stature de l’esprit.
Si vous voyez un de vos enfants qui est décédé,
il vous apparaîtra peut-être sous la forme sous laquelle
vous le reconnaîtrez, la forme de l’enfance ; mais s’il
vient à vous comme messager porteur d’une vérité
importante, il viendra sans doute comme l’esprit du fils de
l’évêque Edward Hunter (qui mourut petit enfant),
qui lui apparut sous forme d’un adulte, se révéla
à son père et lui dit : 'Je suis ton fils'.
« L’évêque
Hunter ne comprit pas cela ; il alla trouver mon père et dit :
'Hyrum, qu’est-ce que cela veut dire ? J’ai enterré
mon fils alors qu’il n’était qu’un petit
garçon, mais il m’est apparu adulte, un jeune homme
noble et glorieux, et s’est déclaré être
mon fils. Qu’est-ce cela veut dire ?'
« Mon père
(Hyrum Smith, le patriarche) lui dit que l’esprit de
Jésus-Christ était adulte avant sa venue au monde ; et
ainsi nos enfants étaient adultes et possédaient leur
pleine
stature dans l’esprit
avant d’entrer dans la mortalité, cette même
stature qu’ils posséderont après avoir quitté
la mortalité et tels qu’ils apparaîtront après
la résurrection quand ils auront terminé leur mission.
» (Gospel Doctrine, 5e édition, Deseret Book Company,
1939, p.455)
Certains se font du souci
parce que les enfants décédés ont apparemment
perdu l’occasion de connaître les fiançailles et
le mariage et d’autres possibilités. Mais les
révélations concernant le monde des esprits nous
assurent que les relations normales menant au scellement éternel
se poursuivent dans l’autre monde. Melvin J. Ballard a dit :
« Mères, vous
vous faites du souci pour vos petits enfants (qui sont morts). Nous
n’accomplissons pas de scellements pour eux. J’ai perdu
un fils de six ans et je l’ai vu après sa mort sous la
forme d’un homme dans le monde des esprits et j’ai vu
comment il avait utilisé sa liberté de choix et
obtiendrait de sa propre volonté une épouse, et en
temps voulu lui et tous ceux qui en sont dignes recevront toutes les
bénédictions et tous les scellements de la Maison du
Seigneur. Ne vous en faites pas pour cela. Ils ne courent aucun
risque, tout va bien pour eux.
« Quelle est donc
la situation de vos filles qui sont mortes et qui n’ont pas été
scellées à un homme ?... Le pouvoir de scellement
appartiendra éternellement à l’Église et
les dispositions seront prises pour elles. Nous ne pouvons courir
plus vite que ne le prévoit le Seigneur. Elles recevront leurs
bénédictions en temps voulu. Entre-temps tout va bien
pour elles. » (Bryant S. Hinckley, Sermons and Missionary
Services of Melvin J. Ballard, Deseret Book Company, 1949, p. 260)
Dans sa vision du royaume
céleste, Joseph Smith vit « que tous les enfants qui
meurent avant de parvenir à l’âge de
responsabilité sont sauvés dans le royaume céleste
de Dieu » (verset 10). De plus le président Joseph F.
Smith a donné l’explication suivante :
« Joseph Smith
enseigna la doctrine que le bébé qui mourait
reviendrait bébé dans la résurrection ; et,
désignant la mère d’un enfant décédé,
il lui dit : 'Vous aurez la joie, le plaisir et la satisfaction
d’élever cet enfant après sa résurrection
jusqu’à ce qu’il atteigne la pleine stature de son
esprit'. Il y a restitution, il y a croissance, il y a développement
après la résurrection. J’aime cette vérité.
Elle suscite une immense quantité de bonheur, de joie et de
reconnaissance dans mon âme. Le Seigneur soit loué de
nous avoir révélé ces principes. » (Gospel
Doctrine, p. 455-56 ; Enseignements du prophète Joseph Smith,
p. 272-73, 277, 519).
Nous devons donc
comprendre que, pour employer les termes de Joseph Smilh :
« La seule
différence entre ceux qui meurent vieux et ceux qui meurent
jeunes, c’est que ceux-ci vivent plus longtemps dans les cieux,
et dans la gloire et la lumière éternelles que ceux-là,
et sont délivrés un peu plus tôt de ce monde
misérable et rempli d’iniquités. Nonobstant toute
cette gloire, nous la perdons de vue momentanément, et nous
pleurons notre perte, mais nous ne pleurons pas comme ceux qui n’ont
pas d’espérance. » (Enseignements du prophète
Joseph Smith, p.274)
Cela n’implique pas
que l’on doit être vivement désireux de quitter la
mortalité, mais cela suggère que les parents qui ont
perdu leurs enfants peuvent être consolés par les
vérités de l’Évangile. En effet, nous
devons être occupés avec zèle à mener à
bien notre mission dans la vie. Par exemple, lorsque Phoebe, la jeune
épouse de Wilford Woodruff, décéda, il fut
inspiré de lui faire l’imposition des mains et de
réprimander le pouvoir de la mort. Il écrivit à
ce sujet :
« Son esprit
réintégra son corps et dès cet instant, elle fut
guérie ; et nous éprouvâmes tous le désir
de louer le nom du Seigneur, d’avoir confiance en lui et de
garder ses commandements.
« Comme ma femme me
le raconta plus tard, son esprit quitta son corps, et elle le vit
couché sur le lit, et les soeurs occupées à
pleurer. Elle les regarda, elles, moi et son bébé, et
tandis qu’elle contemplait ce tableau, deux personnes entrèrent
dans la chambre... un de ces messagers lui dit qu’elle pouvait
choisir : elle pouvait aller reposer dans le monde des esprits, ou
bien, mais à une condition, pouvait retourner dans son corps
et poursuivre son oeuvre sur la terre. La condition était
qu’elle devait être sûre qu’elle pourrait
soutenir son mari et traverser avec lui tous les soucis, toutes les
épreuves, toutes les tribulations et toutes les afflictions de
la vie qu’il serait appelé à connaître
jusqu’à la fin à cause de l’Évangile.
Lorsqu’elle vit la situation de son mari et de son enfant, elle
dit : 'Oui, je le ferai !'
« Au moment où
cette décision fut prise, le pouvoir de la foi reposa sur moi,
et lorsque je lui fis l’imposition des mains, son esprit entra
dans son corps... » (Leaves from My Journal, 4e édition,
The Deseret News, 1909, p.59-60)
La conception qu’ont
les saints des derniers jours du monde des esprits révèle
qu’on y accomplit une oeuvre missionnaire. Le programme
missionnaire le plus splendide et le plus étendu que l’homme
puisse imaginer est centré sur le monde des esprits.
Le président
Brigham Young a déclaré : « Comparez ces
habitants de la terre qui ont entendu l’Évangile de nos
jours aux millions de personnes qui ne l’ont jamais entendu ou
ne se sont jamais vu présenter les clefs du salut, et vous en
conclurez immédiatement comme moi qu’il y a une oeuvre
immense à accomplir dans le monde des esprits. »
(Journal of Discourses, vol. 4, p. 285).
Comment cette grande
oeuvre vat-elle être accomplie ? Quelques étails
sublimes sont révélés à ce sujet dans la
vision de la rédemption des morts accordée au président
Joseph F. Smith (voirspécialement les versets 29-37).
Qui acceptera le message
de ce ministère divin ? La vision du royaume céleste
donnée à Joseph Smith nous fournit la réponse.
Se demandant comment son frère décédé
Alvin pouvait avoir droit à un héritage céleste,
puisqu’il était mort avant le rétablissement de
l’Évangile, Joseph Smith entendit la voix du Seigneur
dire :
« Tous ceux qui
sont morts san sconnaître l’Évangile, qui
l’auraient reçu s’il leur avait été
permis de demeurer, seront héritiers du royaume céleste
de Dieu. En outre, tous ceux qui mourront dorénavant sans le
connaître, qui l’auraient reçu de tout leur coeur,
seront héritiers de ce royaume, car moi, le Seigneur, je
jugerai tous les hommes selon leurs oeuvres, selon les désirs
de leur coeur. » (versets7-9)
Et cependant ce ministère
dans le monde des esprits ne suffit pas pour réaliser le salut
final des justes décédés. Pourquoi ? Parce qu’il
en faut autant pour sauver un mort qu’un vivant. Joseph Smith a
dit que « les ordonnances instituées dans les cieux
avant la fondation du monde, dans la prêtrise, pour le salut
des hommes, ne peuvent pas être altérées ou
changées. Tous doivent être sauvés en vertu des
mêmes principes » (Enseignements, p. 432). En outre, le
prophète a dit que « si un homme obtient, dans sa
totalité, la prêtrise de Dieu, il doit l’obtenir
de la même façon que Jésus l’a obtenue, et
c’est en gardant tous les commandements et en obéissant
à toutes les ordonnances de la Maison du Seigneur »
(Enseignements, p. 432). Les morts ne font pas exception. Nous
pouvons seulement accomplir les ordonnances pour eux. Ils doivent
croire, se repentir et obéir eux-mêmes à
l’Évangile.
En résumé,
le monde des esprits est l’endroit où vont les esprits
désincarnés. C’est un endroit physique incorporé
à notre terre, point focal d’un effort missionnaire
massif auquel nous prenons part. C’est un monde plus proche de
nous que nous ne le pensons, et il est relié à nous par
les lignages familiaux de beaucoup de parents tendrement aimés.
(L'Étoile,
décembre 1977)