Le
ministère de Jésus-Christ
Daniel C. Peterson
Le rôle central
joué par le ministère terrestre de Jésus dans la
doctrine et la croyance des saints des derniers jours est bien
exprimé dans la déclaration de Joseph Smith que « les
principes fondamentaux de notre religion sont le témoignage
des apôtres et des prophètes concernant Jésus-Christ,
qu’il est mort, a été enterré et est
ressuscité le troisième jour et est monté au
ciel ; et toutes les autres choses qui ont trait à notre
religion n’en sont que des annexes » (EPJS, p. 95 ;
HC 3:30).
Les saints des derniers
jours partagent avec beaucoup d’autres chrétiens la
conviction que les quatre évangiles du Nouveau Testament et
Ac. 1:1-11 sont essentiellement des récits historiques exacts
du ministère terrestre de Jésus-Christ. Sans être
des inerrantistes bibliques, leur confiance en la Bible est renforcée
de deux manières uniques : D’abord, ils croient que
des éléments bien précis du ministère
terrestre du Christ ont été révélés
à l’avance aux prophètes préchrétiens.
Ces révélations s’accordent avec les récits
ultérieurs des évangiles. En second lieu, ils croient
que Jésus ressuscité a lui-même affirmé
beaucoup de détails de ce récit biblique. Ainsi, le
Livre de Mormon et d’autres textes du canon des Écritures
propre aux saints des derniers jours sont considérés
comme « prouvant au monde que les Saintes Écritures
sont vraies » (D&A. 20:11 ; cf. 1 Né.
13:39).
Beaucoup de prophètes
savaient, par exemple, d’avance que le Fils de Dieu viendrait
sur terre prendre un corps physique (1 Né. 13:42 ;
Én. 1:8 ; Mos. 3:5 ; Hél. 8:13-22 ; Ét.
3:15-17). La date approximative de son avènement était
également connue (1 Né. 10:4 ;19:8 ;
2 Né. 25:19 ; Hél. 14:2). Plusieurs croyants
de l’antiquité ont eu la faveur de le voir avant son
avènement dans la condition mortelle (2 Né.
2:4 ;11:2 ; Al. 19:13 ; Ét. 3:14 ; 9:22 ;
D&A. 107:49, 54 ; Moï. 1:2 ; 7:4 ; Abr.
2:6-11 ; cf. És. 6:1-3). Son nom-titre, Jésus-Christ
(c.-à-d., « Sauveur oint ») était
connu longtemps à l’avance, de même que le nom et
la virginité de sa mère, et le lieu de sa naissance
(1 Né. 11:13-14, 18-20 ; 2 Né. 25:19 ;
Mos. 3:8 ; Al. 7:10 ; Ét. 3:14 ; Moï.
6:52, 57 ; 7:50 ; cf. Mi. 5:2). Les prophètes de
l’antiquité ont annoncé son baptême,
prédisant même l’endroit et des détails
précis de la mission de Jean-Baptiste (1 Né.
10:8-10). Néphi 1 savait que le Sauveur appellerait douze
apôtres pour l’aider dans son ministère (1 Né.
11:34-36 ; 12:9 ; 13:26, 40-41 ; 14:20, 24, 27) et le
roi Benjamin a prophétisé sur ses nombreux miracles
(Mos. 3:5-6). La mort expiatoire de Jésus par la crucifixion
était bien connue des prophètes préchrétiens,
qui comprenaient qu’elle s’accompagnerait de trois jours
de ténèbres précédant sa résurrection
(1 Né. 10:11 ; 11:33 ; 19:10 ; 2 Né.
25:14 ; Mos. 3:9-10 ; Al. 7:11 ; Hél. 14:14,
20, 27 ; Moï. 7:55). En fait, les pratiques sacrificatoires
à partir d’Adam, notamment les rituels de la loi de
Moïse, préfiguraient le Christ et, en outre, ont été
reconnues comme telles par beaucoup de ceux qui les ont accomplies
(Jcb 4:5 ; Moï. 5:5-7).
Les Écritures
ultérieures de l’Église, notamment les paroles de
Jésus ressuscité lui-même, confirment des détails
du Nouveau Testament tels que l’unité du sermon sur la
montagne (3 Né. 12-14) et l’authenticité de
certaines de ses paroles séparées (3 Né.
15:12-24). Sa souffrance dans le jardin de Gethsémané
est attestée (D&A. 19:18 ; cf. Mos. 3:7), de même
que sa crucifixion (D&A. 20:23 ; 21:9 ; 35:2 ;
45:52 ; 46:13 ; 53:2), sa résurrection le troisième
jour (Mrm. 7:5 ; D&A. 18:12 ; 20:23) et le fait qu’il
est le Sauveur plein de souffrances attendu depuis longtemps (3 Né.
11:10-11). Il est dit que ses douleurs terrestres le qualifient comme
Médiateur entre Dieu et l’homme (D&A. 45:4 ;
cf. És. 53:12). Dans des textes tels que la section 7 des
Doctrine et Alliances et la traduction de la Bible par Joseph Smith
(TJS), les saints des derniers jours croient qu’ils se sont vu
accorder des renseignements plus complets sur le ministère
palestinien de Jésus (chose intéressante, la TJS
précède l’accent mis par les savants modernes sur
le caractère individuel des évangiles du Nouveau
Testament en qualifiant chacun comme « témoignage »
de son auteur respectif. Cette même vue semble être à
la base de Doctrine et Alliances 88:141.)
Les récits des
évangiles documentent et soulignent la compréhension
que les saints des derniers jours ont du ministère terrestre
de Jésus, en qui ils voient Dieu physiquement parmi son
peuple. Non seulement Jésus a accompli des miracles, exprimant
de ce fait son pouvoir tant sur les démons que sur les
éléments naturels, mais il a explicitement affirmé
son unité de but avec le Père (Jn. 14:8-10 ;
17:21) et le fait qu’il est le Jéhovah de l’Ancien
Testament (Jn. 8:56-59). Alors que Moïse est monté la
montagne pour recevoir la vieille loi, Jésus est monté
sur une montagne pour en proclamer une nouvelle (cf. 3 Né.
15:4-5). Moïse lui-même était présent lors
de la transfiguration (Mt. 17:1-8). Les Écritures modernes
confirment en outre le portrait chaleureux que les évangiles
du Nouveau Testament font de la compassion de Jésus pour les
pécheurs, de son souci pour les pauvres et de son amour pour
les enfants. Ils le dépeignent comme un Maître populaire
qui enseignait à l’aide de paraboles, prêchait
dans les synagogues, affrontait l’hypocrisie et s’attirait
l’amour et l’admiration de beaucoup de ses auditeurs.
Les saints des derniers
jours se rappellent aussi la réaction des auditeurs de Jésus
lors du sermon sur la montagne : « Car il enseignait
comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes »
(Mt. 7:29). De même qu’il ne faisait pas appel aux
pouvoirs d’autres personnes pour accomplir des miracles, Jésus
n’avait besoin d’aucun précédent pour
justifier ses enseignements. Il avait en lui-même pouvoir sur
la mort, tant sur celle des autres (comme dans la guérison de
Lazare, de la fille de Jaïrus et du fils de la veuve de Naïn)
que sur sa propre mort (Jn. 5:26 ; 10:17-18). Les saints des
derniers jours partagent donc avec les autres chrétiens la
conviction que Jésus de Nazareth est celui qui les rachète
de la mort. Mais il est également la source de l’autorité
dans la prêtrise, qui a appelé et a autorisé des
hommes ordinaires et non formés à le servir dans une
Église nouvellement organisée et, agissant pour lui en
sa qualité de « bon Berger », de
« paître ses brebis » (Jn. 21:15-17) tant
par les enseignements que par les ordonnances de la prêtrise.
Ils rejettent l’affirmation selon laquelle il existerait une
dichotomie entre le sacerdotal et le prophétique dans son
ministère. Ils notent qu’il a enseigné la
nécessité du baptême et qu’il s’est
soumis lui-même à cette exigence (Jn. 3:1-5 ; Mt.
3:15). Ils se rappellent qu’il révérait le temple
de son époque et attendait des autres qu’ils fassent de
même (Lu. 2:41-50 ; Jn. 2:13-17).
La compréhension
qu’ont les saints des derniers jours du rôle de la foi et
des œuvres dans le salut est fondée sur l’insistance
de Jésus que l’amour pour lui s’exprime par
l’obéissance à ses commandements (Jn. 14:15 ;
cf. Jn. 15:14 ; Mt. 5-7). Son invitation à ses disciples
d’être parfaits (Mt. 5:48) est rendue plausible par le
fait qu’il a surmonté les mêmes tentations qui les
assaillaient (Hé. 4:15-16 ; Mt. 4:1-11 ; Lu. 4:1-13)
et qu’il a souffert pour leurs transgressions (Mos. 3:7 ;
És. 53:3-12). En effet, les saints des derniers jours
apprennent par leurs Écritures que c’est au moins en
partie grâce à l’expérience acquise et à
l’empathie obtenue pendant son séjour terrestre que
Jésus sait comment pourvoir aux besoins de ceux qui ont
confiance en lui (Al. 7:12 ; D&A. 62:1 ; 88:6).
Bibliographie
•
McConkie, Bruce R.
The Mortal Messiah, 4 vols. Salt Lake City, 1979-1981.
•
Talmage, James E.
JC Salt Lake City 1915.
•
Taylor, John, The
Mediation and Atonement of Jesus Christ. Salt Lake City, 1882,
réimpr. 1964.
Article tiré de l'Encyclopédie du mormonisme, Macmillan Publishing Company, 1992, traduction Marcel Kahne, source www.idumea.org, avec autorisation