Nous voilà sur terre



M. Russell Ballard



Nous voilà maintenant sur terre où nous faisons chaque jour et continuellement des choix. De l'instant où le réveil sonne le matin à celui où nous nous couchons, nous avons des décisions à prendre. Certes, beaucoup de ces choix sont sans conséquence. Que nous mangions du pain ou des croissants au petit déjeuner n'a probablement pas une incidence éternelle, pas plus que la décision de prendre le bus ou la voiture pour aller au travail. En revanche, beaucoup de choix quotidiens ont leur importance car ils affectent directement la qualité de notre vie.

« Une vie de qualité » est un concept intéressant. Je crois que la plupart des gens pensent à ce concept en terme de commodités matérielles et de confort mais je préfère l'envisager sur le fond plutôt que sur la forme. Une vie de qualité est une vie qui influence positivement celle des autres et rend le monde meilleur. Une vie de qualité est une vie qui évolue toujours vers des horizons plus larges et qui repousse les frontières. Une vie de qualité est remplie d'amour et de loyauté, de patience et de persévérance, de bonté et de compassion. Une vie de qualité n'est pas limitée à cette vie seulement mais cherche à atteindre tout son potentiel éternel. Une vie de qualité est une vie bien vécue.

Toutefois, ce n'est pas nécessairement une vie parfaite. Bien que le Sauveur incite ses disciples à être « parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5:48), lui et son Père comprennent que durant cette épreuve mortelle, nous, pauvres humains, n'y parvenons pas. C'est la raison d'être du ministère terrestre du Christ : expier nos mauvais choix lorsque nous en sommes coupables. Le Seigneur, dans sa sagesse infinie, comprend qu'aucun de nous ne mènera une vie parfaite et que nous aurons tous besoin de son pardon.

Ce n'est bien sûr pas une raison pour désobéir à Dieu. En tant que disciples de Jésus-Christ, nous aspirons sincèrement à suivre son exemple en toutes choses, y compris dans le degré de perfection mortelle qu'il a atteint. Cependant, nous sommes conscients que l'objectif réalisable de cette vie consiste à faire de notre mieux pour obéir à ses commandements. Si, au fil de la vie, nous apprenons à utiliser de façon positive ce merveilleux don qu'est le libre arbitre non seulement pour notre propre bien mais aussi pour le bien d'autrui, alors notre voyage aura été un succès, peu importe sa durée ou le nombre de choses accomplies.

Faire face à l'adversité

Peu de temps après être rentrés de notre mission à Toronto, l'un de mes jeunes amis missionnaire est apparu sans s’annoncer sur le pas de ma porte. Il avait été un missionnaire exemplaire, un des dirigeants les plus solides, et il avait terminé sa mission à son tour. Il était prêt pour continuer sa vie.

« Président, dit-il, vous souvenez-vous nous avoir tous fait promettre de vous présenter la personne que nous souhaitions épouser ? »

« Oui, dis-je en souriant, je m'en souviens. »

« Eh bien, dit-il avec un plaisir évident, j'aimerais vous présenter ma fiancée ! »

Il nous a présenté une délicieuse jeune femme et nous avons passé quelques minutes à faire plus ample connaissance. Il me paraissait évident qu'elle était tout aussi fidèle et engagée que lui. Quel beau couple, si agréable, si pur, si amoureux. Ils m'ont fait l'honneur de me demander de les marier au temple trois mois plus tard environ. J'ai entouré la date dans mon agenda et nous nous sommes quittés.

Le lendemain soir, j'ai reçu un coup de fil m'informant que le jeune missionnaire qui était debout dans mon salon la veille au soir, en compagnie de sa fiancée, venait de perdre la vie dans un accident de voiture. J'étais choqué. Au lieu d'officier à son mariage, j'allais devoir parler à ses funérailles.

Pour ceux dont la perspective se limite à la condition mortelle, la mort peut paraître terriblement cruelle et capricieuse. La vie elle-même est remplie de dures réalités qui vous arrachent le cœur : la maltraitance d'enfants, le sida, les catastrophes naturelles comme les tornades et les tremblements de terre, la famine, le racisme et l'intolérance, les comportements inhumains de l’homme envers les autres.

Il est impossible d'observer la souffrance humaine, quelles qu'en soient les causes, sans ressentir de la souffrance et de la compassion. Il est donc facile de comprendre qu'une personne sans perspective éternelle se révolte contre les cieux quand elle voit un reportage horrifiant sur la famine en Afrique ou les ravages causés par une tornade.

L'observateur compatissant dira : « S'il y a un Dieu, comment peut-il permettre que de telles choses se produisent ? »

La réponse n'est pas simple mais pourtant, elle n'est pas très compliquée non plus. Dieu a mis son plan en action. Il se déroule selon les lois de la nature, qui sont en fait les lois de Dieu. Et parce que ce sont ses lois, il se doit de les respecter, tout comme nous. Dans ce monde imparfait, des choses terribles peuvent se produire. Les plaques tectoniques glissent et occasionnent des tremblements de terre. Certains phénomènes météorologiques causent des ouragans, des tornades, des inondations ou de la sécheresse. Cela vient de la nature de notre vie sur terre. Cela fait partie de l'épreuve de notre aptitude à affronter les difficultés.

Quelquefois, l'adversité est causée par l'homme lui-même, par l'exercice de son libre arbitre. Nous tous avons oublié que, tellement heureux lorsque le plan de notre Père céleste et de Jésus-Christ nous a été annoncé, nous avons littéralement poussé « des cris de joie. » (Job 38:7) L'idée de la mortalité et la notion du libre arbitre nous enthousiasmaient, mais n'ayant jamais été mortels auparavant, je ne suis pas certain que nous comprenions pleinement l'effet que le libre arbitre aurait sur notre vie.

En général, quand nous pensons libre arbitre, nous pensons à nous personnellement. Demandez à quelqu'un de définir ce terme et il vous dira certainement quelque chose du genre : « Le libre arbitre signifie que je suis libre de choisir par moi-même. » Mais nous oublions que le libre arbitre offre ce même droit aux autres et que quelquefois, la liberté de choix des autres nous fait du tort.

Notre Père céleste est tellement attaché à protéger notre libre arbitre qu'il permet à tous ses enfants de l'exercer, que ce soit pour faire le bien ou pour faire le mal. Il a bien sûr une perspective éternelle qui lui permet de savoir que quelles que soient les souffrances que nous endurons dans cette vie et quelle qu'en soit la cause, elles ne durent qu'un instant, en comparaison à notre existence éternelle.

Pour illustrer cela, disons que vous voyez une corde qui s'étend des deux côtés à l'infini dans le cosmos. Au milieu, vous prenez un fil et vous le nouez autour de la corde. La partie de la corde à gauche du fil représente votre vie prémortelle. La partie de la corde à droite du fil représente votre vie après la mort. Le fil représente la durée de votre vie sur terre.

Certes, nous mortels, avons rarement cette perspective de notre vie. Nous ressentons la douleur, l'angoisse devant l'épreuve, la nôtre ou celle des autres mais la foi en notre Père céleste et en son plan peut être une source de force intérieure qui nous permettra de retrouver la paix, le réconfort et le courage de nous battre. En combinant la foi et la confiance, nous trouverons l'espérance. L'espérance vient de la foi et donne un sens et un but à tout ce que nous faisons. Elle peut nous donner le réconfort face à l'adversité, la force au moment de l'épreuve et la paix quand nous avons toutes les raisons d'être angoissés et de douter.

C'est ce réconfort, cette force et cette paix que j'ai ressentis en m'adressant à l'auditoire de personnes très nombreuses venues rendre un dernier hommage à mon jeune missionnaire. En observant les visages de sa famille, de sa fiancée et de ses amis, j'ai remarqué combien le réconfort vient de la connaissance et de la soumission au plan éternel de Dieu. Bien qu'il nous manque à tous, nous partageons la certitude que la vie est éternelle et que mon missionnaire n'est séparé de nous que pour un temps. Nous savons qu’un jour nous serons tous ensemble dans le royaume de Dieu si nous choisissons de vivre aussi dignement et fidèlement que ce jeune homme.

Ainsi illuminée par la lumière de la foi, l'adversité n'est qu'un véhicule de croissance et la mort n'est qu'une porte menant d'une phase de notre existence éternelle à une autre.

(Source : M. Russell Ballard, À la recherche du bonheur)